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FICTION DU RÉEL

FICTION DU RÉEL Apesanteur

P R É A M B U L E

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Chers lecteurs,

La quarantaine nous ayant tous plongé dans une « Fiction du réel », ce texte de la série s’appuie donc sur des expériences vécues et partagées avec d’autres Strasbourgeois et citoyens du monde qui m’ont aidé à imaginer le personnage principal.

Plus de nouvelles de Dimitri. Depuis le soir du déconfinement du 11 mai. On n’oubliera pas la date. Ce soir ils ont échangé deux sms où ils s’étaient dit que les bateaux seront bientôt à l’eau sur l’Ill et la vie allait enfin recommencer à couler tranquille… comme avant, ou presque.

Mais le jour de la reprise de Batorama, on ne l’a pas revu pour le départ à la Citadelle. Il n’était même pas en retard, comme ça lui était déjà arrivé quelques fois. Certes, Dimitri avait l’habitude de disparaître des réseaux sociaux et de faire le mort, mais pour le boulot il était réglo. On savait que parfois il entrait en période d’écriture et n’allait pas rejoindre les potes pour une soirée bière. On leur pardonne aux artistes, ces éternels déplacés !

Lui en plus, l’avait dans les gênes, la maladie de la liberté, sixième génération de mariniers alsaciens qu’il était. Ces gitans du fleuve, les Wassertsiginiers, s’appelaient eux-mêmes des Scheffisch, des gens de l’eau, et n’avaient pas l’habitude de se mêler aux sédentaires. Mais leur temps s’était écoulé avec la mondialisation dans les années 80’, les péniches Freycinet gisaient depuis, découpées dans les cours de certains qui affectionnaient le goût rouillé de la nostalgie.

Dimitri était né avec ce goût sous la langue. Il rêvait de devenir écrivain, mais n’avait ni les pistons, ni le caractère de fréquenter de près le monde de l’édition. En loup solitaire, il avait fini le Lycée de Navigation, avait bossé ensuite dans la flotte commerciale un moment, puis a trouvé ce boulot qu’il considérait très « lyrique » : conducteur de bateau-mouche à Strasbourg. Servir l’émerveillement des gens qui découvraient Strasbourg depuis le fleuve, ça lui remplissait le cœur. Pendant les quatre tours d’une heure et quart par jour il était seul derrière le gouvernail, sans la présence d’une hiérarchie quelconque, juste lui, le matelot et les gens en arrière. Il avait l’impression d’être un conteur qui tournait pour son public reconnaissant les pages d’histoire de Strasbourg. Un poème ! C’était un très bon capitaine qui aimait soigner le bateau et les gens à bord, mais ne s’entendait pas toujours avec la direction… Normal, à 44 ans, il en avait avalé des livres, avait écrit une vingtaine de nouvelles et trois recueils de poésie, bref, il sortait du moule. Même pour sa famille avec laquelle il n’entretenait plus trop de relations.

Aujourd’hui, à la reprise, François était saisi d’inquiétude. Après le travail, il allait sonner chez Dimitri pour se rassurer que tout allait bien. Il avait les clés de réserve de son appart rue des Serruriers, parce que distrait comme il est, Dimitri avait trinqué plus d’une fois pour se faire dépanner après avoir claqué la porte en sortant la poubelle.

Étrange, la porte-fenêtre de la cuisine donnant sur le petit balcon est ouverte sur une vraie prairie de plantes aromatiques. Tout est rangé, paisible dans la lumière orange du couchant. Le rouge des géraniums en pot flambe sur le frigo. Il l’avait vidé, à l’exception d’une bière. Le lit dans le salon-chambre aux murs remplis de livres, est défait. Sur la tablebureau derrière la fenêtre, François perçoit un rayon de présence, un cahier ouvert. Il s’approche, la page tourne toute seule et ferme le cahier. Il le prend alors en main et lit, depuis le début :

Ce matin je me réveille toujours dans le même cauchemar – le confinement. Pourtant, en m’endormant j’ai fait un beau rêve, comme si je muais, je m’élargissais par-delà les murs de l’appartement, de la ville même, je respirais avec la peau d’un avril puissant, s’il sortait, mon sperme aurait été vert avec cette odeur de sève végétale qui te fait tourner la tête. Je flottais rempli de la grâce des baleines blanches dans les nuages qui accrochent les étoiles au bout de leurs nez…les étoiles ou les satellites d’Elon Musk ? Je n’ai pensé cela qu’au réveil, au fond de mon lit, rétréci à la taille d’un chips cassé et gras. Je veux me sortir de ce cauchemar qui jaillit de l’écran plat, trop plat, de la télé, de l’ordi, de mon smart phone et de tous les smart asses d’experts de tout et de rien, mais aussi de la peur que mon mal de gorge m’annonce les premiers symptômes du Covid-19… Suis-je si peu de choses ?

Je commence un journal, oui c’est banal, plus que quand j’avais 17 ans. J’ai envie de retrouver mes dix-sept ans, voilà pourquoi je commence au 17 ème

jour, c’est grave docteur ? Elle n’avait que treize ans au début de son « confinement ». Suis-je déjà en train de m’imaginer dans la peau d’Anne Franck ? Voilà, je suis tombé sur son journal en fouillant la bibliothèque hier : « L’idée de ne jamais pouvoir sortir, m’oppresse… » ; « Je suis submergée d’alertes, je manque de sommeil et je n’ai pas envie de travailler… ». Moi je pourrais dire que je ne voudrais même pas me lever. « Beaucoup de choses nous manquent ici, beaucoup et depuis longtemps, et j’en suis privée autant que toi. Je ne veux pas dire physiquement, nous avons ce qu’il nous faut. Non, je parle des choses qui se passent en nous, tels les pensées et les sentiments. J’ai la nostalgie autant que toi de l’air, de la liberté. » ; « Je m’invente toujours de beaux rêves, mais la réalité c’est que

‘‘ Je m’invente toujours de beaux rêves, mais la réalité c’est que nous devons rester ici jusqu’à la fin de la guerre. ’’

JOUR 17

nous devons rester ici jusqu’à la fin de la guerre. » Ici, pas de bombes, pas de fusillades. Elle est où la guerre dont on nous parle à la télé ? Que signifie-le « nous » implicite dans ce « tous unis contre le virus » ? Tout me semble irréel, je m’accroche à l’écriture, la main. François tourne les pages pour voir plus loin…

JOUR 37

Plus j’essaie de comprendre ce qui se passe, plus je disjoncte. D’un article signé par un

sociologue, qui exerce comme psy aussi, j’ai compris que je souffre des effets de la « dissonance cognitive généralisée ».

Plein de gens en tombent victimes aux temps de la « guerre hybride », appelée encore « la guerre cognitive ». Le fait que je surfe sur le net en anglais, en russe et en l’italien en plus du français complique davantage mon cas. Dans ma tête, du matin au soir, raisonnent des affirmations contraires. Je n’arrive pas à me calmer l’esprit : ce virus est mortel, mais n’ayez pas peur de lui ! Il tue juste de très vieilles personnes, mais aussi des jeunes ; Il pourrait survivre sur une surface en plastique moins de trois heures, ou six heures ou vingt-quatre heures... Vous devrez rester à la maison ce printemps, mais sachez que seule la nature pourrait apaiser vos angoisses ; les masques sont inefficaces face au virus, mais vous devrez les porter parce qu’ils peuvent sauver des vies. On n’en a pas assez en France, mais on pense les rendre obligatoires. Aucune entreprise ne sera abandonnée par l’État à la faillite à cause du coronavirus à l’exception de celles qui feront faillite pour causes économiques. Hourra a a, le coronavirus a tué le capitalisme et le globalisme ! Merde, on s’achemine vers l’esclavage numérique : une dictature dotée de haute technologie de surveillance ! J’atteins un degré alarmant de pollution mentale et psychique. Je craque…

JOUR 41

Trois jours sans réseaux sociaux et télé. La paix. La poésie est revenue plus tôt que prévu, toute mouillée du fleuve. J’ai entendu hier son appel, entre les notes de Bach, les yeux fermés sur le canapé. Ses concertos pour piano me plongent dans un rythme qui dessine la respiration de la nature.

« Aimer à naviguer/ à caresser cette quiétude/ que seule la lenteur permet/ Sur les flancs de ta coque/ d’où jaillit ton bouillon/ fait danser les cygnes amoureux sur une valse à un temps/Aimer être Ill en flottant sur elle… »

JOUR 54

Inspiration en plein confinement, une bouffée d’oxygène, je crois que je suis au début d’un nouveau recueil de poèmes que je nommerai « Ballerines d’acier ». J’y coulerai toute la rouille de ma nostalgie des Freycinet et de l’air libre…

La ballerine d’acier est amarrée sur une berge désaffectée/ son étrave posé sur un épais matelas de feuillages et de roncessa proue surélevée envasée sur un lit soufré et visqueux/et au bout de la planche à débarquer/ les herbes hautes attendant de pouvoir monter à bord/ elles se bousculent pour la ballerine d’acier déchirée… Écrire sur la tristesse n’est pas négatif en soi. Ce qui m’importe c’est d’y ressentir le lien intime, singulier qui me relie au monde, de l’incarner dans des mots qui deviennent chair, qui échappent aux algorithmes qui auront toujours une infinité de longueurs d’avance sur nous. Il nous faut à tout prix nous évader du monde stérile, aplati sur nos écrans, privé de la profondeur de l’expérience vraie, tactile et personnelle de la nature et des humains. Dehors rôde le virus, dehors c’est dangereux ! Les gens sont des ennemis potentiels ! Restez derrière vos écrans pour travailler, vous soigner, vous éduquer, vous divertir…

Ce matin, soudainement, à l’odeur des fines herbes qui me parvenait du balcon s’est mêlée la puanteur âpre d’eau de javel. Je suis sortie et j’ai vu la voisine astiquer furieusement le balcon d’à côté. Elle a levé la tête un instant et j’ai vu que ses yeux me fixaient, inexpressifs, au-dessus du masque chirurgical qui cacherait même un minime rictus. Elle est rentrée de suite sans « bonjour »,

‘‘ Trois jours sans réseaux sociaux et télé. La paix. ’’

alors qu’on avait bu un café l’automne dernier sur mon balcon quand elle venait d’emménager dans l’immeuble…

JOUR 57

On dit qu’on est désormais déconfinés, mais moi je ne sors pas. On ne reprend pas encore les bateaux. J’ai repris la lecture sur le Net et c’est pire qu’avant. Je me suis cramé en deux jours. Mon cas s’aggrave… On ne sait toujours pas si le Covid-19 est le produit d’un laboratoire (dixit le grand professeur Montagnier) ou d’une zoonose partie du marché à Wuhan. Aucune analyse sérieuse dans les médias qui puisse faire la part des choses, de manière argumentée, entre ceux qui encensent le bienfaiteur de l’humanité Bill Gates et ceux qui l’accusent de vouloir déployer des puces de contrôle mental dans nos corps à l’aide des vaccins. Je suis tombé sur quelques articles dans Le Monde en ligne qui dénoncent la stigmatisation par les complotistes du pauvre milliardaire victime, mais le journal a perçu 2,2 millions de dollars en 2019 de la Fondation Bill et Melinda Gates, dixit Médiapart. Suit le scandale de la chloroquine, des vraies-fausses études qui essaient de défendre les intérêts des labos à tout prix…,

après je tombe sur ce fameux rapport de la Fondation Rockefeller publié en 2010 avec son scénario n °4 décrivant une pandémie mondiale facilitant la mise en place d’une impitoyable dictature technologique... Troublant… C’est la faute aux Chinois ? Eux, ils aiment la dictature… Non, c’est les Américains et l’Etat profond qui ont tout manigancé, si ce n’est les Russes… Mais, non, France Culture est là pour m’apaiser avec la voix bien lisse d’un sociologue qui m’explique que seuls les gens peu éduqués tombent victimes des théories du complot en s’imaginant qu’une élite voudrait instaurer la dictature numérique en se servant du Covid-19 et des politiques de santé contraignantes. Les élèves de collège seraient d’après lui les plus vulnérables tant qu’ils restent à la maison et que les enseignants ne pourraient leur expliquer « la vérité » en face. D’ailleurs le 4 mai, au moment du déconfinement de certaines écoles, les enseignants en France ont été sollicités à remplir des fiches signalant les « propos inacceptables » des élèves sur le Covid-19. Pas d’inquiétude ! Dans cinq ans les élèves n’auront pas ce problème puisque « le langage humain sera devenu obsolète » si l’on en croit le milliardaire Elon Musk. Dans une interview au journal Independent le 9 mai il déclare que sa compagnie produit un engin appelé Neuralink qui se connectera au cerveau humain l’an prochain grâce à une puce électronique implantée délicatement dans le crâne. Cette technologie pourrait « fixer » tout ce qui ne va pas dans le cerveau, le connecter à

d’autres cerveaux à travers des interfaces contrôlées par des opérateurs et permettre ainsi la télépathie et le télétravail dans des neurogroupes. On n’aura d’ailleurs plus besoin de traducteurs. Alors, Elon Musk, dont on a vu les satellites prétendre à la vedette sur notre ciel étoilé pendant le confinement, serait devenu un conspirationniste en chef avec ses bobards ? Pourtant, en Russie aussi, l’Etat travaille avec des groupes privés pour créer le Neuronet : un système de gouvernance numérique qui « proposera » aux élèves de devenir des cyborgs pour mieux apprendre… Non, ça ce n’est pas des fake news, mon pote ! J’ai tellement envie de croire que le monde d’après le corona sera plus juste, sans CO 2 dans l’air, sans machistes, ni pesticides, avec des steacks qui poussent sur les arbres et un salaire minimum permettant à tous de devenir des artistes subventionnés ou de vivre au rythme des séries Netflix. On aura appris à respecter les animaux sauvages et en batterie, mais aussi les femmes qui ont fait tourner la marmite pendant le confinement, les médecins qui ont combattu sans masques en première ligne et un tas d’autres gens défavorisés qui du jour au lendemain retrouveront l’estime de la société…

Stop ! Je perds la boule. C’est décidé, je lâche pour du bon la lecture des journaux en ligne, Facebook, la télé… sinon, ma dissonance cognitive risque de se transformer en franche folie. La guerre entre dans sa phase paranoïaque.

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JOUR 63

Après l’arrêt de Facebook et des écrans en général, c’est le shutdown général. J’ai fini l’herbe qu’un copain avait oubliée à la maison. J’ai sombré. Je me suis réveillé en pleurs au milieu de la nuit et j’ai décidé de continuer à pleurer jusqu’à n’en plus pouvoir. Un homme ne pleure pas ? Suis-je déjà un homme, un vrai ? Je ne sais pas tout à fait qui je suis alors que tout me fait comprendre que je ne pourrais faire confiance qu’à moi-même, à ma propre intuition. Là aussi c’est trop féminin ça… intuition, faire confiance…

JOUR 67

Je me dis, qu’un des noms de Dieu est abîme, le seul qui pourrait donner des ailes à une âme accrochée à la paroi, paralysée de peur… Faire confiance à la mort pour vaincre la peur et apprendre à vivre, faire confiance que nous ne sommes pas qu’une chair en proie aux virus. Dans le journal d’Anne Franck je lis : « En regardant au-dehors, donc Dieu, et en embrassant d’un regard droit et profond la nature, j’étais heureuse, rien d’autre qu’heureuse… On peut tout perdre, la richesse, le prestige, mais ce bonheur dans ton cœur ne peut que s’assombrir, tout au plus, et il te reviendra toujours, tant que tu vivras. Tant que tu lèveras les yeux, sans crainte, vers le ciel, tu seras sûr d’être pur et tu redeviendras heureux, quoi qu’il arrive. »

La nature, on nous l’interdit à présent…, mais elle, Anne, la percevait aussi à travers la fenêtre. Ma fenêtre c’est mes rêves éveillés qui me transportent dans les étés de mon enfance. Je me couche sous la fenêtre ouverte et je m’enfonce dans les profondeurs du silence de ma chambre d’enfant. Je goûte à l’extase transparente des fenêtres où la nuit appuie sa peau indigo tachée d’étoiles. Les murs, qui paraissent hauts, comme dans un temple, frissonnent du passage du train, son grondement lointain résonne comme le bâillement d’un monde derrière l’horizon. Soudain, on entend le crissement des roues en acier sur les rails, le parfum des tilleuls mêlée à la rosée qui s’évapore s’intensifie dans l’air. Je perçois comme des lumières éparses… des îles. Les maisons se sont nichées dans les secrets de la végétation de leurs cours humides et luxuriantes. L’été arrivera demain, je le sais, un matelot avec un léger pantalon blanc et un t-shirt rayé bleu. Il a le cœur franc et impétueux et le sourire d’un jeune Dieu qui s’offre au monde en entier et le monde entier s’offre à lui en retour. Là il est encore à quelques lieux d’ici, je le vois, il nous regarde à travers ses jumelles, mais son regard se perd loin derrière nous, dans notre immortalité.

JOUR 69

De plus en plus, je me rends compte que j’ai vécu confiné bien avant le confinement. Entouré de ce « vivant stérile que nous avons rencontré partout, le vivant stérile qui seul peut prétendre à la positivité dans un monde où l’apparence de la vie est utilisée pour travestir le travail de la mort. ». On chasse le rêve, le toucher, l’imprévisible beauté, on travestit la vérité, l’amour, la justice, même la mort… pour les rendre compatibles aux algorithmes sans âme.

La seule émotion admise c’est la peur de se déconnecter. Maintenant on est en ligne, on line, bien alignés dans l’univers plat des écrans qui cultivent « la pensée célibataire, pensée de l’efficacité qui n’a d’yeux que pour elle-même, pensée de la manipulation qui prétend se préserver de tout ce qui n’est pas elle, pensée de la stratégie qui n’a d’autre fin que d’imposer sa solitude pour prévenir tout embrasement passionnel. » Une gouvernance numérique, par les nombres, voilà le monde d’après, un empire de signes où plus rien n’a de sens, sauf pour donner des commandes de gestion, de plaisir ou de punition… Non, non, je ne veux pas me réveiller dans ce cauchemar édulcoré par notre naïveté consentante.

JOUR PAS COMME LES AUTRES

La ballerine d’acier/ seule sur des kilomètres/ vers la source/ des kilomètres jusqu’aux nuages/ de l’autre côté du monde/ ça sent le soufre.

François, au moment où je termine ce cahier, je suis certain que tu me liras…

Je pars suivre « les anciens rails », tu te rappelles Fahrenheit 451 de Ray Bradbury ? Je passerai « la nuit dans le collines », je rejoindrai « la petite minorité qui crie dans le désert », ces « clochards au-dehors, bibliothèques au-dedans » et je l’espère « les gens de la ville nous laisseront en paix… »

Je ne sais pas quand je rentre. Ferme la fenêtre en partant s’il te plaît !…

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