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La tornade
beyoncé Jennifer lawrence channing Tatum
Special
Hommes N U M É R O
Masculin fEminin PALACEscope l’agenda tres parisien
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poEsie d’images Modes, arts et création à Paris
MAGAZINE CADEAU
Manchette et Bague Route de Tennessee. Bague à partir de 325
Paris. 15, rue de la Paix - 66, av. des Champs Elysées Information points de vente: 01 80 18 15 90 - Liste complète des points de vente sur mauboussin.fr/boutiques
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Sommaire
62 Avril Mai 2016
12 La Météo Parisienne 12Black Power. Nouvelles envies. Bars a roulettes. 14Smudge stick. Velours. Sans. Collages. 16 Service PalaceLa perle des lunettiers. Les kebabs. 22 Les Puces résolument à la mode. 26 Talents
26 La tornade Beyoncé. 30 Jennifer Lawrence. «Au début, la célébrité me tétanisait. Je suis devenue plus calme. J’apprends doucement à apprécier ma vie.» 34 Mathieu MadénianComique tranquille.
36 Channing Tatum. «J’ai toujours abordé le monde de façon physique.» 40 Patrick NaggarL’âme des meubles. 44 Frédéric BonnaudDes journaux et un musée. 46 Karoline RoseCœur de rock. 48 Alexandre TharaudMagicien du clavier. 50 Edgar MoreauProdige du violoncelle. 52 Patricia Petibon Soprano atypique. 54 Gérard Rancinan La photographie en grand. 57 Quentin Sannié L’avenir du son. 58 Stéfi Celma. Dean de La Richardière. 59 Sacha Béhar. Humour différent. 62 Les gens que j’aime. Frédéric Beigbeder. 64 Yulia Yanina. L’âme et le style russes. 67 Alex Beaupain. Joliment triste. Photographie de couverture : Columbia / Sony PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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udoin Desforges est un photoA graphe parisien. Il a réalisé dans ce numéro le portrait de Barnabé Hardy, directeur artistique des lignes masculines chez Carven. Il aime mettre en scène ses portraits, pour que les choses aient un sens et que les images ne soient pas gratuites. «Lorsque la personne se reconnaît à travers ma photo, c’est pour moi la meilleure récompense. Pour cette photo, c’était très spontané, j’ai essayé de trouver ce qui racontait Barnabé Hardy, en l’occurrence toutes ces plantes qu’il y a chez lui, qu’il affectionne et que l’on retrouve sous forme de ginko dans sa dernière collection.»
ISSN 1955-9380 Dépôt légal à parution
Collection Possession
E-boutique piaget.fr 01 58 18 14 15
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Sommaire
62 Avril Mai 2016
PalaceCostes est édité par la société PalacePresse. Gérant Claude Maggiori Rédaction: 64rue Tiquetonne, 75002 Paris. 0144 88 24 94 palace@palacepresse.com
Directeur de la rédaction, directeur de la création Claude Maggiori Direction mode Anne Delalandre Mise en page, chromie et retouche image Nader Kassem Responsable photo Lucie Gouze English texts Tom Ridgway Secrétariat de rédaction Philippe Bottini Assistante et assistante de rédaction Lila Vandeput contact@palacepresse.com
Maquette Jules Sérac
68 Méli Mélomecs 92 Lucas Ossedrijver«Voilà ce que j’aime dans la mode: la remise en question constante des choses.» 98 Barnabé Hardy«L’idée d’être libre pour s’habiller et s’exprimer est esentielle.»
102 Masculin Féminin Photographies Antoine Blum et Balthazar Brigaud. 116 Philippe Gassmann «Engagé pour l’image.»
117palacescope L’agenda très parisien
118 Poésie d’images Collages Vincent Junier. 126 Galeries & Musées 138 Restos & Bars
148 Paris cocktails Retrouvez aussi votre magazine PalaceCostes sur facebook, issuu.com, instagram et pinterest
Nos 10 cocktails préférés 154 Concerts & Fêtes 164 Envies & Plaisirs
166 Nouveautés à l’essai Maserati Levante Porsche Mission E. 188 Les shopping maps. Opéra, Madeleine, place Vendôme. Palais-Royal, place des Victoires, Etienne-Marcel. Rue Saint-Honoré. 193 Les lieux exclusifs PalaceCostes PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Ont collaboré à la rédaction Sarah Bouasse, Clémence Cahu, Anne Carpentier, Alice de Chirac, Maximilien Delvallée, Sabine Euverte, Charlotte Guillemin, Patricia Khenouna, Philippe Latil, Antoine Laurain, Didier Lestrade, Juliette Michaud, Robert Puyal, Bertrand Raison, Floriane Rey, Patrick Thévenin, Lila Vandeput, Nadine Vasseur, Ellen Willer Photographies Antoine & Balthazar Audoin Desforges www.pascoandco.com
Flavien Prioreau Catalina Sour Vasquez Sophie Mei Dalby Illustrations Pierre Serieis Claire Le Meil PUBLICITÉ Directrice commerciale Marianne Tran mariannetran@palacepresse.com
0620997757 Imprimerie Imaye Graphic ZI des Touches 53022 Laval Cedex Annick Torrès/Rivages Gravure Nader Kassem
Collection Possession
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La meteo parisienne L’observatoire des modes d’ E L L E N W I L L E R et P I E R R E - F R A N Ç O I S L E L O U E T
Black power
Nouvelles envies a tête de veau s’inscrit de nouveau sur les cartes des restaurants. A l’Apicius, notamment, à Paris, dans le VIIIe. Le sirop d’érable devient incontournable dans les cocktails. La distillerie Julhès propose un alcool à partir de cette sève réconfortante. We want… tête de veau or calf’s head on our plates. And maple syrup in cocktails.
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Bars a roulettes es cocktails sont de retour et le trolley d’appartement refait son apparition, avec sa collection de bouteilles d’alcool. Les designers se prêtent à l’exercice à grands coups de clins d’œil aux intérieurs d’une autre époque, matières précieuses à l’appui. L’éditeur milanais Giulio Cappellini s’appuie sur un cliché unique pour fabriquer le trolley Steel Pipe designé par Shiro Kuramata en 1968. Les grandes maisons de vente aux enchères ressortent de leurs réserves les meubles-bars et trolleys de collection, qui montent jusqu’à des sommes dépassant les 10 000 euros… Everyone should have a drinks trolley, such as Cappellini’s Steel Pipe, a reissue of Shiro Kuramata’s classic 1968 design.
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Illustration Pierre Serieis
e noir est partout et investit des territoires qui lui étaient jusqu’ici interdits. En cuisine, il n’effraie plus personne, ni les chefs ni les gourmets. Au contraire, il attire et aimante, promesse de saveurs détonnantes. Nombreuses déclinaisons en provenance du Japon: ramen au riz noir, œufs noirs d’Owakudani, purée d’ail noir de Tottori. Et la cuisine occidentale s’en empare à sa façon: madeleines Black Orange au charbon végétal et à la marmelade d’orange d’Akrame Benallal chez Mad’leine, chips de radis noir par Mamie Boude, macaron au caviar chez Prunier, bière au chocolat noir de la Brooklyn Brewery… Après les ongles noirs qui résistent depuis plusieurs saisons, le voilà qui s’étire sur les lèvres, du rouge vin au noir pur, en passant par les violets profonds. Après avoir fait ses classes pendant la dernière Fashion Week chez Marc Jacobs, Rodarte, Fenty Rihanna x Puma ou encore Sibling, on le voit descendre dans la rue, pour un look spectaculaire. Quant auVantablack, un noir si profond qu’il absorbe près de 100% de la lumière, produit depuis 2014 par la société Surrey NanoSystems, il sera désormais réservé au seul usage du créateur Anish Kapoor, qui s’en est assuré l’exclusivité dans le domaine artistique. Black is the new black. It’s in food: Japanese black rice, black eggs from Owakudani; Akrame Benallal’s Black Orange madeleines; and Prunier’s caviar macaroons. It’s on lips at Marc Jacobs, Rodarte and Rihanna’s Fenty x Puma. It’s in art: Surrey NanoSystems’ Vantablack is a black so black that it absorbs 99.96 percent of light. Anish Kapoor has the exclusive rights for its artistic use.
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L a M e t e o Pa r i s i e n n e
Smudge stick e smudge stick, c’est le bâton de fumigation, en provenance des régions amérindiennes notamment, composé de feuilles de sauge blanche et de cèdre. La fumée produite s’élevait vers le ciel, dans le but de rendre les dieux bienveillants. Il revient aujourd’hui sous diverses formes, avec une promesse de bien-être lié à l’autoréparation de l’esprit. Ce sont en général des bouquets de fleurs et de plantes séchées, dont la composition doit autant à l’intention esthétique qu’au bienfait recherché. Aux Etats-Unis, le smudge stick devient une alternative aux bougies et autres parfums d’intérieurs. Amainstay of Native American tribal culture, smudge sticks are bunches of herbs and aromatics burned slowly during mystical ceremonies. Today they are used as an alternative way to make your house smell nice.
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saison Velours près un retour retentissant sur les défilés en 2015, c’est la déco qui orchestre le revival du velours. On l’aime pour sa douceur, son aspect précieux, ses reflets qui jouent avec la lumière. Héritage des seventies, mais aussi clin d’œil au style british, il s’associe parfaitement aux matières à fort caractère, comme le marbre veiné, le laiton, le bois cérusé: canapés pour Antropologie; fauteuils par Jacques Garcia, qui lui est toujours resté fidèle; galerie du restaurant Sketch à Londres, par India Mahdavi; lobby de l’Hôtel Providence à Paris; salons du 5-étoiles Yndo à Bordeaux… Velvet is now returning to interior design. With a nod to the 1970s and classic British design, the fabric works perfectly with marble, copper and dark woods, as seen in the lobby of Hôtel Providence in Paris and in India Mahdavi’s design for Sketch in London.
’allergie serait-elle une nouvelle tendance? En tout cas, elle semble concerner près d’une personne sur trois aujourd’hui. Intolérance ou souci de se libérer de tout ce qui n’est pas utile à l’organisme, la mouvance du «sans» émerge avec force. Sans conservateurs, sans sucre, sans caféine, et bien sûr sans gluten… C’est ainsi que fleurissent les adresses aux concepts assez contradictoires, comme le coffee-shop Swiss Water Coffee Studio à New York, qui ne propose que du décaféiné, la pâtisserie sans sucre Romeo Sugar Free Bakery à Londres, la fromagerie sans produit laitier Vromage à Los Angeles, la boucherie sans viande Herbivorous Butcher à Minneapolis. A Paris, les restaurants sans gluten prolifèrent, développant des trésors d’inventivité pour faire aussi bon qu’avec: Noglu, qui fait également épicerie, Soya, dont le nom dit presque tout, ou même Nous, qui propose carrément une adresse fast-food. Nouveaux arrivés sur ce trend en hausse: La Crème de Paris et Maison Bon. Fashion Vegan. Rien d’étonnant à ce que la mode s’y mette aussi: l’arrivée de matériaux novateurs permet de débarrasser le «simili» de ses considérations péjoratives, tout en ouvrant la voie à des vestiaires sans produit animal. Et le synthétique devient le nouveau chic: chez Adolfo Dominguez et Vaute Couture pour le prêt-à-porter, chez Shrimps et Helen Moore pour les fausses fourrures. Quant au cuir, il est remplacé par le cuir-vegan chez Matt&Nat et LaBante London pour les sacs, chez Mats Rombaut et Good Guys pour les chaussures. Allergies are on trend, meaning ever-more -free products: sugar-free, caffeine-free, and of course, gluten-free. Which leads to absurdities such as decaf-only coffee shops (Swiss Water Coffee Studio, New York), sugar-free bakeries (Romeo Bakery, London), dairy-free cheese shops (Vromage, Los Angeles), and meatfree butchers (The Herbivorous Butcher, Minneapolis). In fashion, you can enjoy cruelty-free fur (Helen Moore) and leather-free leather (Matt & Nat).
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collages e collage s’impose. Avec son esthétique qui fait référence aux mouvements constructiviste et surréaliste, il est revu à travers les codes du numérique. Les œuvres qui en émergent oscillent entre réalité et fiction. A une époque hantée par la multitude des images, le collage permet de les détourner, de se les réapproprier. Collage is everywhere: when people mix reality and fiction, and in the way that images are being twisted and reappropriated across media.
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Illustration Pierre Serieis
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L’ère du sans
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Service palace Les adresses très parisiennes d’ A N N E C A R P E N T I E R
La perle des
lunettiers ’artisanat d’art et les savoir-faire français sont plus que jamais à la page. Nombre de récents ouvrages les célèbrent : Parisian Gentleman : éloge de l’élégance à la Française par Hugo Jacomet et Andy Julia, Savoir-faire extraordinaires de France par Maud Tyckaert, Made in France : la France qui résiste, par Jean-Sebastien Petitdemange et Anthony Vitorino… A lire le nez chaussé d’une paire de lunettes hors pair. La renaissance deRevel Paris participe de cette dynamique. Cette «nouvelle» lunetterie de luxe s’annonce comme un hit de l’été, tendance tropiques chics. Au départ, en 1851, Revel rimait avec ombrelle. En 2016, la maison sonne avec reconversion, voire objets de collection. Stanislas Belliard et Gaël Courroye ont causé le réveil de cette belle endormie. Stanislas est celui qui a commencé, intrigué par une ancienne affiche publicitaire Revel lors d’un voyage au Vietnam. Il découvre que Revel fut une grande entreprise lyonnaise au XIXe siècle, spécialisée dans les parapluies et ombrelles destinés aux élégantes expa-
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triées des confins des colonies françaises, ceux-là mêmes que l’on découvre dans le film L’Amant, refabriqués pour l’occasion. Du passé, Stanislas et Gaël conservent l’ADN (artisanat de luxe et savoir-faire français) et l’inspiration (les épopées tropicales). Pour leur première collection, ils se sont concentrés sur sept solaires, avec vingt-deux combinaisons possibles. Elles ont été imaginées par leur designer accessoires Vincent Ternaux, formé chez Céline pendant dix ans et réclamé, entre autres, par Berluti et Acne Studios. Chaque paire est ensuite confectionnée à la main, dans des ateliers du Jura, où l’acétate est marquetté comme un précieux objet de bois. Un travail si précis qu’il ne pourrait être remplacé par une machine industrielle. Notez que les verres peuvent se décliner en or 24 carats, imparables pour contrer les mauvais UV et éclairer votre regard… La première maison à porter le titre de «haute lunetterie» est Bonnet, la fausse discrète nichée dans un charmant passage adossé au Palais-Royal (5 rue des Petits-Champs, passage des Deux-Pavillons, Paris Ier). Lunettiers de grand-père en fils, les Bonnet manient l’écaille comme l’acétate à la perfection. Si bien que Christian Bonnet est honoré du prestigieux titre de maître d’art depuis l’an 2000. Point de marque affi-
chée sur la branche, le sur-mesure se devine au mariage parfait de la lunette au visage. A ce point de perfection, il en devient même un membre supplémentaire, comme en témoignent les silhouettes iconiques de Le Corbusier, Jackie Kennedy, Yves Saint Laurent et Jacques Chirac. Cette sélection ne saurait être parfaite sans la citation de ces trois vieilles branches : E. B. Meyrowitz (5 rue de Castiglione, Paris Ier), «opticiens depuis 1875», Alain Mikli (quatre adresses à Paris, dans les IVe, VIIe, VIIIe et XIVe arrondissements), «créateurs de lunettes depuis 1980», et Pierre Marly (50 rue François-Ier, Paris VIIIe), le premier à introduire la mode en lunetterie, en 1951. Enfin, le lucanophile peut compter sur Charles Mosa et sa passion pour les montures vintage, des lunettes neuves dénichées dans des stocks anciens endormis (new old stocks) de par le monde. Il y a les rares Cazal, les anciennes créations folles de Pierre Cardin, les Persol 714 de Steve McQueen, les Vuarnet modèle vintage 006 d’Alain Delon dans La Piscine, les Ray-Ban Shooter Aviator de Johnny Depp dans Las Vegas Parano, autrefois accessoire de chasseurs qui en appréciaient le petit cercle de métal entre les deux verres
pour y insérer une cigarette… Des mythes à porter que l’on trouve dans les boutiquesPour Vos Beaux Yeux (10 passage du Grand-Cerf, Paris IIe). Earlier this year Stanislas Belliard and Gaël Courroye revived Revel, originally founded in 1851 in Lyon to produce umbrellas for expats in the French colonies. The two (new) founders have kept the brand’s DNA (artisanal French luxury) and its inspiration (the tropics) in the first collection: seven models of sunglasses handmade in France. At Bonnet (5 rue des Petits-Champs, Passage des Deux Pavillons, Paris Ier), the Bonnet family has been producing for generations made-to-measure, handmade frames that fit so well they become almost like a part of you. Three old-timers to mention: E.B. Meyrowitz (5 rue de Castiglione, Paris Ier), “opticians since 1875”; Alain Mikli (four locations in Paris), “glasses designer since 1980”; and Pierre Marly (50 rue François Ier, Paris VIIIe), the first to introduce fashion into eyewear. Finally, Charles Mosa (10 passage du Grand-Cerf, Paris IIe) features new old stock or never-worn historic frames.
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S e r v i c e Pa l a c e
Le top 7 des
kebabs
uelle palette de goûts, voire de formes, pour un seul sandwich ! De prime abord, il faut vous orienter vers les Batignolles, au Restaurant Bodrum (43 rue des Batignolles, Paris XVIIe). Le promeneur pressent la qualité du kebab à la queue quasi continue de clients sur le trottoir. Et s’il lit, à une lettre près, la devanture : «Meilleur kebap de Paris, spécialités turques ». Dans sa micro-boutique, la famille Kaya prépare, avec un large sourire, son döner kebab, soit une viande généreusement marinée et épicée débordant d’un petit pain cuit minute. Attention, les stocks sont souvent épuisés bien avant la fermeture. Urfa Dürüm(58rue du Faubourg -Saint-Denis, ParisXe) est une échoppe du même acabit, en version kurde. Elle rassemble, non pas les amateurs de kebab mais de dürüm (rouleau en turc), soit une galette pétrie à la main et cuite minute. Elle peut être garnie, au choix, de steak, de poulet, de foie ou d’agneau, puis chargée d’un combo saladetomates-oignons-persil-citron. Miznon(22 rue des Ecouffes, Paris IVe) est le duplicata de l’adresse à succès d’Eyal Shani à Tel-Aviv. Même décoration et accueil décontracté, mêmes natures mortes de choux-fleurs sur les étals, même ardoise bariolée du menu du jour. Le kebab d’agneau s’insère dans un pain pita aussi moelleux qu’un édredon. Il y a aussi la version poisson du jour, solidement escorté d’herbes fraîches. A côté de ces adresses traditionnelles, il y a désormais la mode des «kebabs gastronomiques», avec moult chichis. Le pionnier, c’est Our(41rue de Londres, ParisVIIIe et 12 rue du Paradis, Paris Xe), du nom de la ville où aurait été inventé le kebab il y a cinq mille ans. Son créateur, Damien Schmitz, a même déposé son slogan de «kebab chic». Les broches sont montées sur place à partir de viandes fraîches, veau d’un côté, bœuf-agneau de l’autre. Les marinades ont été élaborées avec un chef étoilé et les recettes contrôlées par une diététicienne.Du nom d’Ame Our, Glam Our ou Sav Our, les sandwichs invitent à des voyages gustatifs, avec un pain au pavot croustillant ou une fine galette de blé, la sauce moutarde-miel ou gingembre-citronnelle… Grillé (15 rue Saint-Augustin, Paris IIe) fait dans le kebab de luxe depuis 2013. Ici, la qualité est signée. Le veau de lait est fourni par Hugo Desnoyer, les herbes par Annie Bertin, le pain est de petit épeautre et le décor d’azulejos signé Clément Blanchet, élève de Rem Koolhaas. Alexandre Giesbert, après s’être attaqué à la cuisine de bistrot (Roca) et à la pizza (Roco), a repensé le kebab dans son Rococo (4 rue du Faubourg-Saint-Martin, Paris Xe), jusque dans les moindres détails, de la vaisselle en émail blanc aux chaises Marcel Breuer. Même le ketchup est fait maison.
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Le sandwich se décline en plusieurs versions : agneau broché, cochon broché, agneau braisé et falafel, subtilement marinés à l’orange-moutarde ou au citron-épices. In fine, on file chez Filakia (9 rue Mandar, Paris IIe) pour le souvlaki, une spécialité grecque subtilement revisitée par Chloé et Benjamin. Ces jeunes chefs rencontrés au Chardenoux des Prés de Cyril Lignac élèvent le sandwich de rue en mets raffiné. Le pain pita se garnit de poulet rôti aux aromates (du Coq Saint-Honoré), de porc rôti à la sauge ou d’agneau grillé (des Boucheries Nivernaises) nappé de crème d’olives de Kalamata… Le tout arrosé d’huile d’olive et de petits légumes grillés. La gourmandise va jusqu’aux pommes de terre confites au citron. Tout récemment, Chloé et Benjamin ont eu la bonne idée de solliciter Philip Chronopoulos, qui sévit au Restaurant du Palais Royal. Le chef grec s’est laissé aller à une création fusion : «souvlaki au sot-l’y-laisse façon coq au vin, crème de carottes confites, oignons frits et copeaux de champignons de Paris». Heureux est l’amateur de kebab, de l’écumé de lendemain de soirée comme du curieux qui aspire au beau voyage.
First up, the tiny Restaurant Bodrum (43 rue des Batignolles, Paris XVIIe), where the Kaya family prepares generous kebabs with well-marinated meat so good it often runs out before closing time. At Urfa Dürüm (58 rue du Faubourg Saint-Denis, Paris Xe), the specialties are Kurdish and the meat comes wrapped in dürüm, a flat bread. Miznon (22 rue des Écouffes, Paris IVe) is the Paris outpost of Eyal Shani’s Tel Aviv address and serves a lamb kebab in wonderfully soft bread. The traditional outlets are now competing with “gastronomic kebabs”. The pioneer was Our (41 rue de Londres, Paris VIIIe & 12 rue du Paradis, Paris Xe) with its Michelin-chef-concocted sauces. At Grillé (15 rue Saint-Augustin, Paris IIe) the meat is from star Parisian butcher Hugo Desnoyer. At Rococo (4 rue du Faubourg Saint-Martin, Paris Xe), marinades include orange and mustard, and everything is homemade, even the ketchup. Filakia (9 rue Mandar, Paris IIe) serves up souvlaki, the Greek specialty, using fantastic ingredients from the best suppliers and imaginative flavor combinations.
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ui n’a pas, un jour, rêvé de trouver «le» parfum qui lui ressemble ? Avoir sa propre signature olfactive est une idée forcément désirable… Mais pendant que la majorité d’entre nous doit écumer les rayons des parfumeries, narines en alerte, pour espérer trouver la perle rare, quelques privilégiés se paient les services personnalisés d’un parfumeur. A la manière d’un couturier, ce dernier conçoit une composition unique en fonction des envies, des goûts et de la personnalité de son client. Qui devient, à l’issue d’un processus de création long de plusieurs mois, l’unique propriétaire de son parfum : ce sillage sera le sien. Le parfum sur mesure est un service qui ne date pas d’hier : Pierre-François-Pascal Guerlain imagina pour Balzac une eau de toilette destinée à le mettre dans l’état d’esprit propice à l’écriture de son roman César Birotteau. Quant à l’Eau de Cologne Impériale qu’il composa en 1853 pour l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, elle est devenue un grand classique. Pourtant, aujourd’hui, les maisons qui à l’instar de Guerlain créent de véritables parfums sur mesure –c’est-à-dire, à partir d’une page blanche– se comptent sur les doigts de la main. «Il s’agit d’une démarche unique, car mon commanditaire entre au cœur de la création du parfum, en suivant toutes les étapes», explique le parfumeur Francis Kurkdjian, qui a composé sur commande plusieurs dizaines de fragrances, ainsi que des bougies et des parfums d’intérieur, depuis 2001. «J’entre dans la sphère intime de mon client. Je dois interpréter ses émotions et ses évocations, comprendre ses désirs, ses envies, celles qui sont évidentes, mais aussi celles qui sont enfouies au plus profond de lui.» Même processus chezCartier, où la créatrice de parfum maison Mathilde Laurent rencontre personnellement le client pour effectuer ce qu’elle appelle «une promenade dans sa biographie olfactive». «Je vais poser toutes les questions dont j’ai besoin. Je cherche. J’essaie de voir ses photos virtuellement, d’avoir plein d’éléments, d’explorer son enfance, ses voyages. Quand je fais un parfum sur mesure, c’est comme un coffret qui contiendrait vos souvenirs les plus chers. Ce parfum vous donnera la chair de poule justement parce qu’il est fait avec tout ça.» Parfum d’une vie, véritable acte de création, le parfum sur mesure s’adresse à des esthètes. Mais seulement les plus aisés d’entre eux, puisqu’il faut compter entre 15 000 et 50 000 euros pour s’offrir l’un de ces jus hors norme. Des prix vertigineux qui, pourtant, ne le rendent pas particulièrement lucratif pour les maisons de parfum qui le proposent. C’est ce qu’explique Bruno Cottard, PDG de Jean Patou, qui vient de se lancer dans l’aventure : «Notre service s’adresse à quelques milliers de clients potentiels dans le monde. Il n’est pas destiné à créer un business, puisqu’on ne pourra en faire qu’entre cinq et dix dans l’année seulement. Alors pourquoi le faisons-nous ? Pour les mêmes raisons que des maisons de couture font de la haute couture
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alors qu’on sait que ce n’est pas rentable : répondre à la demande d’une minorité de gens qui recherchent l’exception. Jean Patou est une maison de haute parfumerie depuis près de cent ans et nous estimons qu’elle se doit de fournir ce service à ses clients.» Dans ses boutiques, la maison By Kilian dévoile quelques parfums aboutis jugés trop segmentants pour être commercialisés à grande échelle. «Quand je travaille avec mon parfumeur un accord de pêche et de jasmin, c’est facile, mais si on part sur un accord héliotrope et cuir, par exemple, c’est moins évident de plaire à un grand nombre, explique le créateur Kilian Hennessy. Pour ne pas réduire au silence ces compositions à très forte identité olfactive, je les fabrique en toute petite quantité et je les fais voyager de boutique en
Parfums sur mesure boutique, dans un sublime coffret, jusqu’à ce qu’elles trouvent preneur. Celui-ci devient alors l’unique propriétaire de leur formule, et ce pour toute la vie.» Que ceux qui ne peuvent pas non plus débourser les quelques milliers d’euros que coûtent ces créations uniques se rassurent : ils peuvent toujours assouvir leur envie de se démarquer en poussant la porte d’Ex Nihilo, où l’on vous propose de personnaliser un parfum de la gamme en lui ajoutant, sous vos yeux, un ingrédient de votre choix (à partir de 290 euros). Ou se consoler plus modestement avec un flacon gravé à ses initiales, un service notamment proposé par Serge Lutens (46 euros les deux lettres). Pourvu qu’on ait l’ivresse… S A R A H B O U A S S E “It’s a totally unique process because my client enters into the heart of the creation of a perfume,” explains perfumer Francis Kurkdjian about making personalized scents . “I have to interpret their emotions, understand their desires, the most obvious and the most hidden.” At Cartier, Mathilde Laurent takes her clients on a “walk through their olfactive biography”. “A made-to-measure perfume is like a gift box that contains their most important memories,” she explains. “The perfume will give them goosebumps because it is made with them all.” That exclusivity comes at a cost, though: between €15,000 and €50,000. Even at those prices, it’s often not profitable. “So why are we doing it?” asks Bruno Cottard, CEO of Jean Patou. “For the same reason that houses create haute couture: to answer a demand from a minority of people who are looking for the exceptional.”
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Slava Vladzimirska
Le luxe absolu
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Le marché Paul Bert Serpette fête ses soixante-dix ans
ujourd’hui, il y a peu de gens qui s’amusent au boulot. Nous, on a cette chance-là, et ça, ça vaut de l’or ! Ici, il faut avoir la foi et la passion. J’ai commencé avec 3 000 euros réunis avec les amis et la famille. Aujourd’hui, ça va bien, je paye même le loyer de mon stand !» plaisante Aurélien Jeauneau, 30 ans, un des piliers de l’allée 6 du marché Paul Bert Serpette, une allée résolument moderne. Trois ans qu’il est là. Aurélien est un spécialiste du design français des années 1950-1960. «Les ambassadeurs des arts décoratifs français, c’est nous !» lance-t-il en contemplant son stand principalement constitué du mobilier de Pierre Guariche. Diplômé d’histoire de l’art, Aurélien a travaillé deux ans au sein de la Galerie Pascal Cuisinier avant de se lancer. «La nouvelle génération de marchands s’est installée jeune, entre 25 et 35 ans, avec un bagage scolaire assez important, souvent un master. Avant, beaucoup de marchands étaient autodidactes.» Aurélien veut faire redécouvrir et aimer ces créations aux lignes épurées qui posèrent les bases de la décoration moderne. Sa clientèle compte autant de jeunes couples que d’amateurs avisés. «Dans chaque allée, la proposition des stands est stimulante. Quand les gens passent trois heures à se promener après avoir déjeuné à MaCocotte, ils ressortent heureux.»
«A
MaCocotte, c’est bien sûr le restaurant de Philippe Stark, ouvert en 2012 à l’entrée du marché: 950 mètres carrés, architecture en bois, cheminées, esprit loft avec terrasse; 250 couverts matin et soir, sept jours sur sept… «MaCocotte ne se décrit pas. Ma Cocotte se vit. Ce qui compte, c’est ce qu’il y a dans le bol et avec qui on le mange», résume le designer. Derrière les murs de Paul Bert Serpette, 350 marchands. «Je fais de la biodiversité en marchands d’art !» s’amuse Marion Dufranc, la jeune et dynamique directrice du marché. Elle les connaît tous, les anciens comme les nouveaux. «Il faut préserver l’identité de ce lieu, ne pas le dénaturer, tout en tenant compte de l’offre et de la demande d’un nouveau public.» Désormais, les stands vont de l’art primitif au mobilier XVIIIe, en passant par la création, la mode vintage, avec des sacs et des vêtements, mais aussi le design du XXe siècle. «Nous aurions 350 stands de Napoléon III, on irait dans le mur, de même
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Photos Christian Baraja. Illustration Pierre Serieis
LesPuces résolument à la mode
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L’ambition, est de créer du beau en mélangeant les genres, les styles et les époques
que nous n’aurions que du XXe siècle, nous irions dans le mur aussi !» analyse Marion. La tendance est au mélange des styles, des genres, des époques. Un stand doit créer une émotion esthétique, intriguer, séduire la clientèle. «Mon ambition, c’est de créer du beau en mélangeant les genres», c’est ainsi que Pierre Bénard, dans l’allée 2, résume son métier. Fondateur d’une agence de pub qu’il a vendue à BDDP, ancien élève des Beaux-Arts du Havre, celui qui se rêvait en peintre maudit se consacre depuis plus de vingt ans à la chine. D’abord rue
Mouffetard, puis désormais aux puces, dans ces stands à ciel ouvert loin des boutiques aux portes closes de la rive gauche. Esthétisme et sérénité se dégagent de ce stand à la fois intemporel et moderne. «Je suis marchand, donc toujours très content de vendre, mais là où je suis le plus touché, c’est quand un couple de 25 ou 30 ans s’arrête dans mon stand, y chemine et découvre un lieu dans lequel ils peuvent se projeter et avoir envie de vivre.» C’est aussi ça, les puces : des histoires d’échanges et de rencontres. D’ailleurs, Pierre n’a pas eu à chercher bien loin
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La tendance est au nomre limité d’objets. La qualité doit primer sur la quantité
un camarade de chine, presque un disciple : son voisin d’en face, Augustin, passionné d’antiquités et de décoration, a ouvert son stand il y a peu. A tout juste 21 ans, celui-ci est le plus jeune marchand de toutes les puces. Aujourd’hui, l’heure est à la retransmission du savoir. Tous les marchands ne s’expliquent pas la rupture de la connaissance entre les générations . «La faute à Koh-Lanta, Secret Story… Ikea !» plaisante Stéphane Binet de l’allée 3, quadra souriant, arrivé à 17 ans aux puces grâce à une histoire d’amour. «Aujourd’hui, tu n’attends plus comme un pacha que l’amateur éclairé t’adresse la parole, tu dois montrer qui tu es, montrer ta marchandise et l’expliquer. Il faut faire de la pédagogie !» Fini les marchands mal lunés qu’on
avait l’impression de déranger à l’heure du thé. Stéphane peut tout raconter sur ses meubles, ses tableaux, ses objets, et il adore ça. Sur son stand se côtoient un scriban-bibliothèque XVIIIe, un totem tubulaire années 1960, un tableau post-surréalisme et un canapé anglais… La tendance est au nombre limité d’objets. La qualité doit primer sur la quantité. «Mon stand, c’est un dîner réussi. Quand je l’ouvre, j’ai envie d’être fier de ce que j’ai fait. C’est une mise en scène, comme au théâtre. Un stand, ça raconte une histoire.» S’il ne tient pas de stand, Jean-Cyrille Boutmy les connaît tous : le patron de Studyrama a racheté Paul Bert Serpette au duc de Westminster en 2014. Avait-il imaginé être un jour à la tête des puces ? «Jamais ! sourit cet
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homme élégant à la voix douce. Je venais d’achever la réfection d’une ancienne usine rue des Francs-Bourgeois qui est devenue une boutique Uniqlo. C’était passionnant, et je cherchais un autre projet, quand on m’a signalé que Paul Bert Serpette était à vendre. L’immobilier n’est pas mon métier, mais là, c’est un lieu dans lequel je viens depuis toujours, que je connais par cœur et dont je pouvais parler. A la fin, c’est notre candidature qui a été retenue. Quand je me promène, je n’éprouve pas un sentiment de possession mais d’affection. Ça s’est vraiment fait sur un coup de passion.» Aujourd’hui, les locaux Paul Bert Serpette vont fêter leurs 70 ans. Le marché Paul Bert est né en 1946 lorsque Louis Poré, après avoir fait construire un grand garage sur l’ancien pâturage à vaches qui lui appartenait décide de louer des parcelles du terrain encore disponible aux anciens brocanteurs de SaintOuen, privés de leurs échoppes par les spoliations de la Seconde Guerre mondiale. Très vite ces nouvelles puces vont s’organiser, croître, connaître le succès et bientôt être rejointes par le marché dit «Serpette», fondé par Alain Serpette en 1970 au cœur de Paul Bert… dans l’ancien garage Poré. On n’ose à peine imaginer en sept décennies combien d’objets sont passés par là, dans ces puces que le poète et écrivain Léo Larguier aimait à définir comme une «douane» dans la vie d’un objet, ajoutant, rêveur, qu’un jour ou l’autre ils y feraient tous un tour !
“Ibegan with €3,000 collected from friends and family, and today I can even pay the rent on my stand,” laughs Aurélien Jeauneau, one of the stallholders on Allée 6 at the Marché Paul Bert Serpette, part of Saint-Ouen’s famous flea market. Aurélien is a perfect example of the new generation of traders at the market. He says that it’s not just the dealers who know their stuff, the customers do, too. They often come, spend a few hours discovering the interesting selection in the allées, he says, “before having lunch at Ma Cocotte – and going home happy!” The Marché Paul Bert Serpetteplays host to 350 dealers. “I create the biodiversity of art dealers!” says Marion Dufranc, the market’s young and dynamic director. “We have to keep the market’s identity, while taking into account the supply and demand of our new customers.” Which means blending styles, interests, time periods. “My ambition,” says Pierre Bénardin Allée 2, “is to create beauty by mixing genres.” Over in Allée 3, Stéphane Binetsays times have changed – for the better. The stands are no longer packed to the rafters, but rather curated with a limited number of objects, and today, says Binet, “you have to showthe customers who you are and what you’re selling”. Jean-Cyrille Boutmy bought the Marché Paul Bert Serpettein 2014: “When I walk around I have a feeling of affection”. As the market celebrates its 70th birthday, it’s an emotion many of his customers undoubtedly share.
ANTOINE LAURAIN Marché Paul Bert Serpette.96-110 rue des Rosiers, Saint-Ouen. 01 40 11 54 14.
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Ta l e n t s
LaTornade
Beyoncé l est aujourd’hui impossible d’échapper à Beyoncé, ou plutôt à la tornade Beyoncé, devrait-on préciser, tant en à peine une vingtaine d’années d’une carrière sans fautes et commencée en famille avec les Destiny’s Child, Queen B, 34 ans, s’est imposée comme une des stars mondiales de la pop les plus influentes et puissantes, incarnant toutes les obsessions, libertés et fantasmes de notre époque, du virtuel au réel. La preuve : il suffit que la diva change de coupe de cheveux à New York pour que le monde tremble à Tokyo.
I
Le 7 février dernier, en direct du Superbowl, l’émission de télévision la plus regardée des Etats-Unis, Beyoncé vole la vedette à tous les autres invités du show avec une performance de haute volée, tout en danses survoltées et bourrée de références aux Black Panthers, bérets noirs et poings symboliques levés fièrement en l’air à l’appui. Idéalement située à la frontière de l’entertainment et de la guérilla en body et jambes à que lorsque Beyoncé, la bête de mode se damner, Queen Bey scotche la terre entière et je me sens profite de l’exposition fantastique que repréDébut avril, juste armée de son compte Instaforte sente cet immense raout médiatique pour gram, Beyoncé dévoile les premières images de physiquement, lancer les hostilités et teaser à la fois son sixième sa campagne pour Ivy Park, sa nouvelle ligne de je suis album et sa tournée mondiale, The Formation sportswear chic. Elle n’hésite pas à se mettre en forte World Tour. Un tacle pop et politique renforcé par mentale- scène dans une série photo et une vidéo classe le clip de Formation, son nouveau single, charge et léchées, faisant subtilement référence à ment» en règle contre les violences policières récentes Helmut Newton. Elle est évidemment sublime contre la communauté black et soutien de poids au et n’a certainement jamais été aussi belle. Résultat, la temmouvement Black Lives Matter. Une vidéo dont la charge pérature des réseaux sociaux frôle l’ébullition : en quelques critique secoue, et divise, les Etats-Unis comme un ouragan, jours, plus d’un million de likes et des dizaines de milliers et ce dans un pays qui n’aime pas que les artistes tapent du de commentaires au bord de l’extase sont déposés comme poing sur la table, surtout quand ce sont des femmes, noires autant d’offrandes sur l’autel de la Reine. Il faut dire que la de surcroît. «L’expression artistique est souvent mal diva a une revanche à prendre avec le monde de la mode. comprise. Et encore plus quand il s’agit de grands artistes, Si elle s’y est déjà investie avec House of Dereon, une ligne de comme on le voit dans l’Histoire, explique la principale prêt-à-porter intergénérationnelle (et plutôt basique, pour intéressée au Elle américain. Mais, plus modestement, pour rester poli) qu’elle a fondée avec sa mère en 2005, les fashiorevenir à mon cas, tous ceux qui ont perçu mon clip comme nistas ne l’ont jamais vraiment prise au sérieux. Mais une critique des forces de l’ordre se trompent. J’ai beaucoup depuis, le style Beyoncé a évolué, elle a trouvé ses marques, de respect pour les policiers, qui prennent des risques laissé ses fautes de goût au placard, fait de son corps sa nouvelle conquête, et tient à le faire savoir. Sa nouvelle marotte, en partenariat avec le géant Topshop, sobrement intitulée Ivy Park («Ivy» pour le prénom de sa petite fille, «IV», les PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Beyoncé, la militante pop
importants pour notre sécurité. Mais, soyons clairs, je ne peux pas excuser pour autant la brutalité policière et l’injustice.» En s’affichant aux côtés des grands de ce monde, Barack Obama en tête, en se réclamant des mouvements civiques historiques en faveur des Blacks, en aidant des associations basées sur l’accès à l’éducation et la culture, comme Chime For Change et Global Citizen, ou en choisissant comme égérie pour sa ligne de merchandising Jillian Mercado, une jeune Américaine atteinte de «La véri- dysmorphie musculaire, une maladie génétable beauté, tique qui l’oblige à être en fauteuil roulant, c’est un Beyoncé remet de l’engagement politique et esprit, des senti- social dans un monde, la pop, qui avait baissé les bras et qui en a pourtant cruellement ments besoin. Bref, tour de force, Queen Bey rend le et un corps militantisme sexy et désirable. On ne lui dira sains. jamais assez merci ! Je sais
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deux premières lettres et le chiffre qu’elle affectionne particulièrement, «parc» pour l’endroit, obsessionnel chez elle, où elle se ressource… et dont on aimerait bien avoir l’adresse au passage), en magasin depuis mi-avril, devrait achever de la propulser au rang des faiseurs et défaiseurs de tendances question chiffons. «Mon but est de repousser les limites des vêtements de sport, d’apporter mon soutien et d’inspirer les femmes qui comprennent que la beauté dépasse l’apparence physique. La véritable beauté, c’est un esprit, des sentiments et un corps sains. Je sais que lorsque je me sens forte physiquement, je suis forte mentalement. Je voulais donc créer une marque qui permette aux autres femmes d’avoir le même état d’esprit.» En conjuguant sportswear et chic, urbain et style, nouvelles matières et coupes conçues pour les mouvements, à des prix honnêtes (aucune pièce ne dépasse les 150 euros), il y a fort à parier que celle qui a imposé le body comme la nouvelle petite robe noire risque de faire des vagues, notamment chez les femmes «curvy», comme elle aime tant se définir. La preuve, depuis le 14 avril dernier, date de commercialisation de sa ligne, la fashion-sphère regarde Beyoncé et les leggings d’un tout autre œil. Beyoncé, la grrl power
Depuis une poignée d’années, Beyoncé a compris qu’à l’époque d’Internet et des réseaux sociaux il était plus que nécessaire de maîtriser sa communication de A à Z, et ce dans ses moindres détails, surtout quand on est une femme, une femme de pouvoir (sa fortune est estimée à quelque 250 millions de dollars) et, bonus, une des plus belles au monde. Ainsi, depuis la sortie en2014, par totale surprise, de Beyoncé, son cinquième album, accompagné d’une vidéo par titre, la diva a fait du contrôle, et de la rétention d’infos, sa marque de fabrique, une stratégie qu’on étudiera certainement dans dix ans en école de commerce. Que ce soit en répondant aux rumeurs de divorce en postant une photo d’elle et Jay-Z enlacés, en submergeant Instagram de photos en concert avec sa troupe, en déminant le moindre clash, en accordant avec parcimonie les interviews, en s’improvisant mannequin pour promouvoir sa ligne Ivy Parkou en se servant de ses clips pour défendre ses prises de position militantes. Une stratégie de communication qu’elle assume tête haute jusqu’au bout des ongles, quitte à
mettre sa carrière en danger en faisant sienne ce mot encore péjoratif pour beaucoup qu’est le «féminisme». «J’ai voulu donner ma définition du féminisme, pas par militantisme, explique-t-elle, mais parce qu’il me semble qu’aujourd’hui encore certains saisissent mal sa signification. Elle me paraît pourtant simple. Est féministe toute personne qui pense que les hommes et les femmes sont égaux en droits. Je ne comprends pas que certaines personnes rejettent ce terme, ni pourquoi être féministe devrait exclure le sexe opposé. Si vous êtes un homme qui pense que sa fille doit avoir les mêmes chances que son fils, alors vous êtes féministe.» Beauté fatale, épouse comblée, mère de famille modèle, businesswoman sans pareille, concentré d’intelligence et porte-parole des laissés-pour-compte, Beyoncé a réussi à incarner à la perfection la diva de la génération 2.0, à faire partie de ces artistes qui changent le cours du futur et à s’imposer comme la pop star ultime du XXIe siècle. Bonne nouvelle pour nous, c’est une femme ! PATRICK THÉVENIN Beyoncé, The Formation World Tour, au Stade de France, le 21 juillet.
Not content with ruling music, Beyoncéis now set to take over the casual-fashion world with Ivy Park, a 50-50 joint venture with Topshop. An expression of Queen B’s desire to push the limits of athleticwear, she says that it is a long-term project, for which she helped develop custom technical fabrics and garments for active women. The resulting clothes are engineered to give women clothing that works whether they’re walking, running, dancing or cycling. The label’s first collection hits stores just as Beyoncé gets ready to head out on her Formation World Tour, which kicks off in Miami in late April and arrives in Paris in July. It takes its name from “Formation”, the song that caused such upset to the overly sensitive with its references to Black Panthers, police brutality and racism. “I’m an artist and I think the most powerful art is usually misunderstood,” she told US Elle recently about the controversy. “But anyone who perceives my message as anti-police is completely mistaken.” In fact, “Formation” is just another instance of Beyoncé standing up for what she believes in. Just think of her proud use of the word “feminism”, which to her simply means believing in equality between men and women. “If you are a man who believes your daughter should have the same opportunities and rights as your son,” she told Elle, “then you’re a feminist.”
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«Au début, lacélébrité me tétanisait. Je suis devenue plus calme. J’apprends doucement à apprécier mavie» superproduction dans l’espace, qui sortirait pour la période des fêtes, avec un acteur hypercool et sous la direction de Morten Tyldum à qui on doit l’excellent Imitation Game ?» Résultat, me voilà suspendue par des câbles en apesanteur à donner la réplique à Chris Pratt, l’acteur le plus adorable d’Hollywood, qui va devenir une énorme star. Passengers est une histoire d’amour spatiale très originale. Mais les détails sont ultra top secret ! (Rires) Je vais aussi faire le prochain film de Darren Aronofsky, aux côtés de Javier Bardem, une histoire de couple assez ambiguë… Ce qui m’a motivé, c’est l’opportunité de travailler avec un réalisateur unique. Vous avez fait trois films avec David O.Russell : Happiness Therapy, qui vous a valu l’Oscar, et American Bluff et Joy, qui vous ont obtenu deux nominations... J’avais 20 ans lors de ma première nomination aux Oscars, pour Winter’s Bone. Sans David, je ne sais pas si ce miracle se serait reproduit, et qu’en plus je gagnerais ! David O.Russell,
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Dennis Van Tine/Abacapress.com
l’écran, elle a ce visage de poupée troublant et ce jeu spontané et sexy qui lui a déjà valu quatre nominations aux Oscars… Dans la vie, son naturel désarmant et sa candeur exquise la rendent encore plus séduisante. Jennifer Lawrence est toujours plus vraie et toujours plus star! A 25 ans, elle est devenue l’actrice la plus puissante d’Hollywood. La mieux payée, la plus demandée. Et même la plus glamour depuis qu’elle est l’égérie de la maison Dior. Les franchises Hunger Games etX-Men, dont le nouveau volet X-Men : Apocalypse, de Bryan Singer, sort le 18 mai, y sont pour beaucoup, mais Jennifer Lawrence ne doit son succès qu’à elle, qu’à sa personnalité si particulière. C’est sur le tournage à Atlanta de Passengers, romance de science-fiction à gros budget de Morten Tyldum, que nous avons fait avec elle le point sur son extraordinaire parcours. Ça fait quel effet d’être devenue l’actrice la plus puissante d’Hollywood ? JENNIFER LAWRENCE. Le plus fou, c’est que j’y ai toujours cru. (Rires) Pas que j’arriverais aussi haut, mais que je réussirais. Avec Emma Stone, nous nous sommes un jour retrouvées à parler de nos chemins parcourus, et elle m’a dit la même chose : elle savait que ça allait arriver. Vous avez beaucoup d’amies actrices ? Non, mes amies ont juste en commun le fait d’être des filles normales et super drôles. Lena Dunham, ma grande copine, est aussi mon idole. J’ai contacté Amy Schumer après l’avoir vue dans Crazy Amy pour lui dire que je la trouvais géniale, et depuis nous avons écrit un scénario de comédie ensemble… Il est un peu tôt pour en parler, mais ça va se faire ! En quoi avez-vous le plus changé depuis vos débuts ? Au début, la célébrité me tétanisait. J’avais des palpitations lorsque je donnais tout devant une caméra… Je suis devenue plus calme. Je vis maintenant dans une maison à Beverly Hills, mon premier gros achat, que j’ai décorée dans un style très «Kentucky», pour me rappeler d’où je viens. J’apprends doucement à apprécier ma vie… Aujourd’hui, qu’est-ce qui guide vos choix de films ? L’instinct, l’émotion et un peu de stratégie. Par exemple : «Est-ce que ce ne serait pas une bonne idée de tourner une
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Jennifer Lawrence
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«Je ne peux jamais m’empêcher d’ouvrir ma grande bouche. Alors je fais des gaffes» Jennifer Lawrence says that she always knew she’d make it. But perhaps even she couldn’t have foreseen how by the age of just 25 she would become Hollywood’s best-paid and most in-demand actress. After the hugely successful Hunger Games franchise, she is now back in her other long-running role, Mystique, in X-Men: Apocalypse. “It’s just so much fun,” she says. “Being in this kind of film, next to great actors like Michael Fassbender, reminds you that cinema is above all entertainment.” Yet around that fun, there are some serious issues. Such as equal pay for men and women, a subject about which she has been outspoken. After the Sony email hack, which revealed that she was paid less than Bradley Cooper for American Hustle, her friend Lena Dunham asked her “to write a text for her newsletter. I didn’t stop to think, I just let my anger out. I’m in a delicate position because I earn a lot of money, too much money, and for some people it looks like I’m complaining. But my only point is that women shouldn’t be victims: we have to change the way we negotiate contracts”. Her next role will be in Passengers, which will see her up in space with Chris Pratt, “Hollywood’s most adorable actor, who is going to be a massive star”. The film, she says, is “a really original love story set in space – but the details are top secret!”
j’aime tous ses films, j’aime son courage, son humour… sa folie. Il m’a donné le courage de tenir tête à Robert De Niro, de chanter, danser… Sur le tournage deJoy, je plaisantais en disant que nous nous connaissions tellement bien maintenant que nous devrions faire une thérapie de couple. (Rires) Votre coup de gueule sur l’inégalité des salaires hommes-femmes à Hollywood, publié dans la newsletter de Lena Dunham, Lenny, a fait sensation… Après le scandale des e-mails piratés de Sony, qui avait révélé entre autres que Bradley Cooper était beaucoup mieux payé que moi sur American Bluff, Lena m’a demandé d’écrire un texte pour sa newsletter. Je n’ai pas réfléchi, j’ai laissé éclater ma colère contre tout ce sexisme ambiant. Je suis dans une position délicate, car je gagne beaucoup d’argent, trop d’argent, et pour certains j’ai eu l’air de me plaindre ! Mon seul propos était de dire que les femmes ne sont pas des victimes : nous devons changer la façon dont nous négocions nos contrats ! Les choses sont en train d’évoluer ? Le dialogue est engagé. Le plus merveilleux a été Bradley Cooper, qui a fait savoir qu’il n’accepterait plus un salaire plus élevé que celui de sa partenaire féminine. Difficile de ne pas comparer votre tempérament de battante à celui de Katniss, contrainte malgré elle à la rébellion dans la série des Hunger Games. Mon identification à ce personnage a peut-être contribué au succès de la série… Je ne peux jamais m’empêcher d’ouvrir ma grande bouche. Alors je fais des gaffes. Mais si je peux me servir de ma célébrité pour aider, c’est mon plus grand bonheur. Un mot sur la nouvelle aventure des X-Men ? Ce volet est génial, parce qu’il se déroule dans les années 1980, et j’adore cette période ! Jouer Mystique est un pur plaisir. Se retrouver dans ce genre de films, aux côtés de pointures comme Michael Fassbender, vous rappelle que le cinéma est avant tout du divertissement. … et sur votre désir de passer derrière la caméra ? Je parle vraiment beaucoup trop dans la presse! (Rires) Oui, je rêve de mettre en scène, mais je ne peux pas encore dire ce que j’ai en tête. Alors, finissons en beauté avec votre rôle d’ambassadrice Dior ! Avec joie ! Avoir été contactée, si tôt dans ma carrière, par une maison qui incarne la classe et la féminité, c’est le compliment ultime. J’essaie de faire honneur à leurs sublimes créations. Dior m’a fait apprécier la mode. Mais j’ai encore un problème sur les tapis rouges: c’est impossible de marcher sur d’immenses talons aiguilles ! Comment voulezvous ne pas trébucher en allant chercher votre Oscar sur scène ? (Rires) Propos recueillis par J U L I E T T E M I C H A U D «X-Men :Apocalypse», sortie le 18 mai.
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image fim: 20th Century Fox 2016
Jennifer Lawrence, Rose Byrne, James McAvoy, Lucas Till et Nicholas Hoult dans «X-Men : Apocalypse», réalisé par Bryan Singer.
Malgosia Bela par Mikael Jansson – messika.com
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MathieuMadénian
Comique tranquille ertains l’ont découvert dans leJamel Comedy Club. D’autres dans Les Agités du bocal sur France 4. Ou encore chez Drucker dans Vivement dimanche. A moins que ça ne soit cette année dans le Grand Journal de Canal+, dont il est la seule bonne surprise. Quoi qu’il en soit, en dix ans, Mathieu Madénian s’est imposé dans le paysage humoristique français, au point de devenir «le meilleur stand-upper français actuel», dixit son mentor, Kader Aoun. Assister à son one-man-show au Grand Point Virgule confirme que la réputation n’est pas usurpée. En une heure et quart, Madénian pilonne 250 spectateurs de blagues féroces, acides et totalement politiquement incorrectes, sur l’actualité, la société, le FN, les nains, les hommes-troncs, les femmes, les Noirs, les Arabes… Personne n’échappe à l’humour ravageur de ce quadragénaire à l’abattage impressionnant. Pour Madénian, rien d’extraordinaire: «Trop d’humoristes font ce métier pour la célébrité. Ils ont des plans de carrière, rêvent de faire du cinéma, par exemple, et doivent donc plaire au plus grand nombre et ne froisser personne. Je crois qu’un artiste monte d’abord sur scène pour lui. S’il y va pour faire venir le maximum de gens et vendre le plus de places, il ne fera plus certaines vannes pour ne vexer personne. Et en plus, s’il est malin, il saura quelles blagues faire pour plaire à tout le monde. Et là, pour moi, ce n’est plus la même histoire ! Deux cent cinquante personnes qui viennent me voir, ça me suffit. Je ne suis pas en demande de notoriété à tout prix.» Fausse modestie ou manque d’ambition ? Ni l’un ni l’autre, semble-t-il. Simplement un gars qui rit de ce qu’il veut. Et cela depuis l’enfance à Perpignan. «Chaque été, pendant quatre mois, je me cassais dans les clubs de vacances de la région pour jouer mes sketchs, raconte Madénian. Ensuite, j’ai fait des études de droit, en criminologie, et à la fin j’ai pris une année sabbatique pour monter à Paris et tenter ma chance.» En 2001, il devient la voix off d’Un gars, une fille, la série de France 2, et écume les petites scènes parisiennes, jusqu’au jour où Kader Aoun, le «parrain» de la nouvelle scène humoristique française, le repère. «Kader Aoun, c’est ma bonne fée ! Sans lui, je ne serais pas là.» Et c’est avec lui que Mathieu Madénian, depuis le Paname Art Café, fief de son mentor, écrit ses oneman-show. En tournée à travers la France en mai, le show partira ensuite au Québec en juillet, avant de revenir à Paris en septembre. «L’arnaque, dans ce métier, c’est que les plus marrants ne sont pas les plus connus, conclut Madénian. La réussite, c’est 10 % de talent, 80 % de boulot et 10 % de chance, mais ce sont ces 10 %-là qui font toute la différence !» P H I L I P P E L A T I L
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Pascalito
“Too many comedians do this job because they want to be celebrities,” says Mathieu Madénian, sometimes described as France’s best stand-up. “They have career plans and dream of moving into films, for example, so they have to try not to rub anyone up the wrong way. I think artists should get up on stage for themselves. Two hundred and fifty people come to see me, and that’s enough. I’m not looking to be famous at any price. The worst thing about this job is that it’s not always the funniest who are the best known. Success is 10 percent talent, 80 percent hard work, and 10 percent luck – but it’s that 10 percent that makes all the difference!”
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agic Mike de Steven Soderbergh, le rôle auquel on l’identifiait jusqu’à ce qu’il joue les Gene Kelly dans Ave César des frères Coen, c’est son histoire : celle d’un Apollon qui réparait des toitures en Floride le jour et se déshabillait devant un public féminin la nuit… L’ascension de Channing Tatum a été lente, mais elle n’en reste pas moins l’une des plus spectaculaires du moment à Hollywood. A 35 ans, après avoir conquis le box-office avec les comédies 21 Jump Street et 22 Jump Street, prouvé son talent dramatique dans Foxcatcher et fait partie de la bande des Huit Salopards de Quentin Tarantino, cet irrésistible ex-go-go dancer s’est hissé en haut du top ten d’Hollywood. C’est au Four Seasons de Beverly Hills que je le rencontre. Il a les cheveux longs pour la préparation du tournage du film de super-héros Gambit… Dès qu’il me fixe de ses yeux bleus, la magie opère. Il y a dix ans, on vous découvrait dans le film de danse Sexy Dance. Comment expliquez-vo us votre parcours ? CHANNING TATUM. J’ai eu une chance de malade ! J’ai grandi dans un milieu ouvrier entre l’Alabama, le Mississippi et la Floride, sans aucune éducation artistique. Lorsque Bennett Miller vous a proposé le rôle, dans Enfant, je souffrais de troubles d’hyperactivité et d’attenFoxcatcher, d’un lutteur olympique manipulé par un tion, et de dyslexie. Je n’entrais dans aucune case. Puis, j’ai milliardaire excentrique, vous vous êtes senti prêt ? eu une bourse pour jouer au football américain, ce qui m’a Non, je ne comprenais pas le script. Comment Bennett défoulé un peu… La suite est dans Magic Mike : je courais pouvait-il croire que j’avais les qualités nécessaires pour en après le rêve américain. Je suis tombé amoureux de la saisir les nuances ? Alors je me suis servi de tous les «manidanse, j’ai été mannequin à New York, j’ai fait quelques pulateurs» que j’ai pu rencontrer dans ma vie, et, avec l’aide pubs… ce qui a fini par me mener à Hollywood. J’ai tourné de Mark Ruffalo, qui jouait mon frère et mon entraîneur, j’ai dans Sexy Dance, puis j’ai coécrit le scénario de Magic Mike, pu incarner la souffrance du personnage. Steven s’y est intéressé… Je me suis enfin senti à ma place. Tourner avec Quentin Tarantino et les frères Coen, Et puis, jackpot, j’ai épousé ma partenaire de Sexy Dance, c’était votre rêve ? Jenna Dewan. Nous avons maintenant une petite fille de Et comment ! Le côté obsessionnel de Quentin est intimi3ans. C’est elle, ma plus belle réussite! dant. Les Coen, cela fait des années que je frappe à leur Votre physique a-t-il été un obstacle pour vous ? porte. J’avais essayé, sans succès, d’avoir un J’ai toujours abordé le monde de façon phy«Je suis rôle dans NoCountry for Old Men, et le simple sique. Mon père, qui était dans le bâtiment, devenu fait de passer une audition avec eux a fait de était comme ça. Mais on est vite catalogué. J’ai accro aux claquettes. moi un meilleur acteur. Quand ils m’ont tourné une bonne dizaine de films avant d’arJe milite river à me libérer de ce cliché. Ce sont les d’ailleurs envoyé le scénario d’Ave César, le numéro musical tenait en trois phrases. Ils avaient un succès, la même année, de MagicMike et de pour le retour des peu passé sous silence le fait que j’allais 21 Jump Street qui ont changé la donne. claquettes, devoir chanter et faire des claquettes, ce que que je juge bénéfiques je n’avais jamais fait de ma vie. Mais c’était pour trop tard pour reculer ! (Rires) Je me suis l’humanité» entraîné trois mois et demi, et on a tourné en
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Illustration Nader Kassem
«j’ai toujours abordé le monde de façon physique»
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«Je sculpte. trois jours. Depuis, je suis devenu accro aux L’argile m’émeut. claquettes, et je vais tourner dans une comédie Rodin est musicale avec Joseph Gordon-Levitt. Je milite mon héros. d’ailleurs, avec lui, pour le retour des claLa façon quettes, que je juge bénéfiques pour l’humadont vous vous nité! Notre film, qui n’a pas encore de réalisamodelez teur, mais qui a le feu vert d’Universal, sera pour un moderne, fou et étrange ! Parallèlement, je rôle est très proche développe avec ma femme, qui est une merde la veilleuse ballerine, une émission de compétisculpture» tion de danse pour la chaîne de télévision NBC. Avec George Clooney, vous avez parlé de la célébrité ? Nous avons parlé du système des studios. J’en ai eu un petit It was Steven Soderbergh’s Magic Mike that made Channing aperçu sur le film Coach Carter : la Paramount m’avait sous Tatum a star. Less well known perhaps is that Tatum helped contrat et m’a ensuite obligé à faire GI Joe, que je déteste. write the film. Because Channing Tatum knows what he Je me suis dit : plus jamais! C’est pour ça que j’ai monté ma wants. Which is why he created his own production compropre boîte de production, Iron Horse. J’aimerais pany, Iron Horse, and is now producing his next project: conserver la même humilité que George, et, comme lui, he’s playing superhero Gambit under the direction of Doug mettre en scène. C’est pour ça que j’espère tourner à nouLiman. Since Magic Mike, Tatum has also proved his acting veau avec Steven Soderbergh, avec qui j’ai déjà fait trois chops in Bennett Miller’s Foxcatcher, the Coen Brother’s Hail, films, Piégée, Effets secondaires et Magic Mike : j’apprends Caesar! (“just auditioning for them made me a better actor”), beaucoup en le regardant manier and Quentin Tarantino’s The la caméra. Hateful Eight (“Quentin’s obsesQuels sont vos projets ? sional side can be intimidating”). Je vais incarner Gambit,un superCurrently, as well as the Gambit héros, un des mutants de X-Men, movie, a character who, he says qui va avoir sa propre histoire et que “redefines the superhero”, he is ma société produit. C’est Doug working on a musical comedy Liman qui réalise. Léa Seydoux fait with Joseph Gordon-Levitt, a proaussi partie du casting. On tourne ject that emerged out of learning cette année à La Nouvelle-Orléans. tap dance for Hail, Caesar!: “I’m Ce personnage énigmatique, qui addicted! Our film, which doesn’t redéfinit le super-héros, me fashave a director yet, will be cine. Je me suis même mis au diamodern, crazy and strange!” Loolecte cajun… king back on his 10 years in the Et en dehors du cinéma ? business, he admits that he’s been Je sculpte. J’ai commencé sur le incredibly lucky: “I was born in a tournage de Piégée, au Nouveauworking-class environment betMexique. L’argile m’émeut, Rodin ween Alabama, Mississippi and est mon héros. La façon dont vous Florida. What happened next is in vous modelez pour un rôle est très Magic Mike: I went after the Ameproche de la sculpture. rican dream! I fell in love with dance, became a model in New Propos recueillis par J U L I E T T E York, did some ads, and ended up MICHAUD in Hollywood”. His greatest achievement? “My three-year-old daughter!”
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Gambit, le personnage que va bientôt incarner Channing Tatum, est un super-héros tourmenté, issu de la série des «X-Men». Il possède le super-pouvoir de la biokinésie: il peut charger un objet en énergie cinétique pour le transformer en arme qu’il va ensuite projeter. Les cartes sont ses armes préférées. Il utilise aussi un bâton pour le combat au corps à corps.
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PatrickNaggar L’âme des meubles care, Spinoza, Pythagore, mais aussi Chromosome, Turbulence… Clins d’œil aux champs les plus divers du savoir, les noms des meubles de Patrick Naggar sont à prendre au pied de la lettre. «Mon meuble bas recouvert de grosses lentilles s’appelle Spinoza car le philosophe gagnait sa vie en polissant des lentilles.» Quant au dossier de sa chaise Icare, il fait aisément penser aux ailes que le fils de Dédale s’est brûlées en s’approchant trop du soleil. Il pourrait s’agir de simples jeux de mots si les créations de Patrick Naggar ne frappaient d’abord par leur surprenante beauté: belles par la maîtrise des proportions, l’équilibre, l’harmonie des lignes dont cet architecte de formation est un artiste consommé; surprenantes par les rapprochements inédits de formes et de matériaux qu’elles opèrent. La chaise basse Icare repose sur des pieds en bronze pareils à des skis ou à des patins de catamaran. Le cabinet Turbulence–du nom du principe de physique–allie la forme d’un smartphone à une surface mouvante recouverte d’argenture puis teintée de résine rouge. Chez Patrick Naggar les meubles sont souvent des miroirs, tel son Speedesk, dont la forme et le matériau empruntent à l’industrie automobile. «J’aime les meubles et les objets qui réfléchissent, qui font réfléchir. J’aime les meubles qui ont du sens», aime-t-il à dire. Quand il ne s’amuse pas à créer des miroirs, comme son modèle Mercure, dont les formes biscornues ne peuvent rien refléter, Patrick Naggar se plaît à jouer des paradoxes, de l’ambiguïté. Il cultive surtout l’hybride, entre l’utile et le symbolique, les matières dites nobles et les matériaux industriels, et, plus que tout, entre la culture classique et l’art contemporain. Passionné d’archéologie, d’histoire des sciences, il fait dialoguer le passé avec les formes d’aujourd’hui. «Parce que, sans mémoire, il est impossible de construire du neuf. Plus on crée du nouveau, plus on a besoin de mémoire.» Son luminaire Chromosome pourrait être un cas d’exemple. Inspiré par la
forme scientifique du chromosome et le filament d’ADN qui le traverse, il allie le savoir-faire ancestral des souffleurs de verre de Murano et une technique inédite d’éclairage par fibre optique. «Celle-ci conduit la lumière mais est en général invisible. J’en montre ici la trajectoire et, du même coup, autre petit salut au passé, je rends hommage aux ampoules qui sont en voie de disparaître.» Il s’est inspiré du scarabée, symbole d’éternité dans l’Antiquité, pour créer le cabinet du même nom, dont la base en bronze est recou-
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Antoine Bootz
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«J’aime les meubles et les objets qui réfléchissent, qui font réfléchir. J’aime les meubles qui ont du sens»
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{Talents} verte de peinture dichroïque pour imiter les variations de couleur du vert au bleu de l’insecte… Est-il indispensable de connaître les coulisses de ses créations pour en apprécier le charme ? Sans doute que non. «Nous avons tous un cerveau, fait remarquer Patrick Naggar. Face à un objet chargé de symbole et de sens, on réagit instinctivement.» N A D I N E V A S S E U R Icarus, Spinoza, Pythagoras. Not to mention Chromosome and Turbulence. When Patrick Naggar chooses the names for his furniture designs he looks towards myth and science: “My cabinet covered in glass lenses, for example, is called Spinoza because the philosopher earned his living as a lens polisher”. Naggar’s creations, perfectly proportioned, balanced and harmonious, use surprising shapes and materials. His beautiful, bronze Icarus Low Chair, for example, sits on what look like skis, while the resin-covered doors of his Turbulences Cabinet feel as if they are moving. For Naggar, good design should be inspired by a dialogue between the past and present: “Without memory, it’s impossible to build anything new – and the more you create the new, the more you need memory”.
«Sans mémoire, il est impossible de construire du neuf. Plus on crée du nouveau, plus on a besoin de mémoire»
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FrédéricBonnaud
Des journaux et un musée F rédéric Bonnaud est un homme heureux et accompli. A 47 ans, ce journaliste touche-à-tout vient d’être nommé directeur de la Cinémathèque française, en décembre dernier, coiffant de peu Marc Nicolas, le directeur de la Fémis. «J’aime deux choses dans la vie, déclaret-il d’emblée: les journaux et les musées. J’ai travaillé à la Cinémathèque française quand j’avais 20 ans. Je reviens d’une certaine manière à mes premières amours.» Originaire d’Avignon, Bonnaud, un bac et une licence de cinéma en poche, a commencé par être assistant de Danièle Hibon à la programmation (on ne peut plus exigeante) du cinéma du Jeu de Paume, pour se retrouver à 28 ans journaliste cinéma aux Inrocks. Il y restera vingt ans, finissant par diriger l’hebdo, tout en s’imposant comme un trublion culturel, encensant autant le cinéma d’auteur que les blockbusters hollywoodiens, et trimbalant son franc-parler de la radio à la télévision, de France Inter à Europe 1, de France 2 à Arte, où il réalise toujours avec ses deux compères, Philippe Collin et Xavier Mauduit, l’hilarante pastille Personne ne bouge !, quand il ne présente pas les débats politiques de Mediapart. Bonnaud explique vouloir continuer en douceur le travail entrepris par son prédécesseur, y ajoutant son tropisme pour la pop. «J’ai envie de choses variées, qui font le lien entre ancien et contemporain. Ça sert à ça, la Cinémathèque, c’est un endroit où, sans trop de pression commerciale, on peut présenter une intégrale Raoul Ruiz, une exposition Gus Van Sant et, à côté, se demander ce que valent aujourd’hui les films de Pierre Richard.» On attendra donc le premier projet entièrement pensé par Bonnaud pour
juger de cette capacité à concilier cinéma d’auteur et mainstream. «Je prépare pour 2017 une grande exposition sur René Goscinny, car c’est quelqu’un qui a rêvé toute sa vie de faire du cinéma et qui s’est inspiré d’Hollywood pour écrire ses BD, car il était scénariste. Il a créé les studios d’animation Idefix tout seul, alors qu’à l’époque ça n’intéressait personne, et puis, après sa mort prématurée, il est devenu le premier pourvoyeur de personnages et d’histoires pour le cinéma populaire français. On peut dire qu’il vient du cinéma et qu’il y retourne. J’avais envie depuis longtemps de rendre hommage à celui que je considère comme un des plus grands génies français du XXe siècle.» On peut donc faire confiance à Bonnaud, dont la devise est que «la Cinémathèque ne doit pas être un lieu intimidant réservé aux seuls spécialistes, mais une maison ouverte en grand où tout le monde peut venir.» P A T R I C K T H É V E N I N Photographie Bruno Lévy
“La Cinémathèque française mustn’t be intimidating, a place only for specialists, but an open house for everyone,” says the institution’s new head,Frédéric Bonnaud. “I worked here when I was 20 and it’s like returning to my first love.” Originally from Avignon, Bonnaud’s first job was film programming at the Jeu de Paume, before spending 20 years at cultural magazine Les Inrocks, ending up as editor in chief. “At the Cinémathèque I want to link the old and the contemporary,” he explains. “It’s a place where without too much commercial pressure, you can show a complete Raoul Ruiz cycle, a Gus Van Sant exhibition, and also wonder what [popular French comic] Pierre Richard’s films are worth today.”
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cœur de rock uivre Karoline Rose est un jeu de pistes. Il y a d’abord cette voix, puissante, souvent énervée et pourtant toujours mélodieuse. Il y a aussi des bribes de vidéos, des photos de The Voice, des teasers mystérieux sur le Web. Aussi, quand on rencontre la mystérieuse chanteuse, dans un café de République, la première question est : qui es-tu, Karoline Rose ? «J’ai tellement multiplié les expériences musicales qu’un nettoyage sur Internet s’impose, explique la jeune femme de 29 ans. J’assume tout ce que j’ai fait, mais Internet est la carte de visite d’un artiste. Je devais repartir sur quelque chose de neuf, d’où ce changement d’initiale de mon prénom !» Karoline a baigné dès sa naissance dans un
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“I’ve done so many things in music that I had to clean up my Internet presence!” says Karoline Rose. “That’s why I changed the first letter of my first name.” Karoline began performing aged seven, the daughter of a 1980s German variety star. Aged 15 she moved to Paris, founded a deathmetal group, then attended music school, before appearing on the French version of The Voice, in a couple of musicals, and a pop opera based on La Bohème. A new album is on the way, as is the role of Nina Hagen in a play at the Avignon Festival in July. As she says, “I’ve already had lots of lives – my tastes are eclectic!”
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Bastien Burger
KarolineRose
univers musical puisque sa mère, Caroline Colson, est, dans les années 1980, une vedette de la variété allemande. Mais à 15 ans, c’est la cassure, avec un retour en France. «J’ai monté un groupe de death metal, car j’étais très en colère de revenir en France», raconte-t-elle. Mais la jeune fille est tenace : école de musique à Paris, finale du concours Paris Jeunes Talents, petite tournée outre-Atlantique à Nashville et New York, où elle teste ses propres chansons, retour à Paris, où la production de The Voice insiste pour qu’elle participe au télé-crochet, apparition dans 1789, la comédie musicale de Dove Attia, retour en Allemagne pour les sélections du concours Eurovision, spectacle de reprise des chansons de Piaf, et enfin une Bohème de Puccini, pop-lyrique, aux Bouffes du Nord avec Camélia Jordana ! «J’ai déjà eu plusieurs vies. Mes goûts sont très éclectiques : je viens du metal et du punk rock, j’aime aussi le jazz et la pop. Bref, je savais que ce que je ferais un jour serait assez spécial ! La rencontre de ma vie, c’est Babx, auteur, compositeur et patron du label BisonBison. Il travaillait avec Camélia Jordana, et il est venu me voir un soir. Il a aimé ce que je faisais et on a décidé de travailler ensemble sur mon premier album.» Le public découvre sa belle voix, son énergie et ses compositions punchy où français et allemand se mélangent harmonieusement. Et parce que Karoline Rose n’est décidément jamais là où on l’attend, elle sera en juillet au festival d’Avignon pour une pièce où elle incarnera Nina Hagen confrontée à un faux Michel Houellebecq ! P H I L I P P E L A T I L
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AlexandreTharaud Magicien du clavier ouer son propre rôle dans un film, voilà qui n’est pas banal, et quand le film en question, Amour de Michael Haneke, remporte la Palme d’or et un Oscar, un éclair de gloire éclaire brusquement le destin. Mais on ne change pas la trajectoire d’un artiste amoureux du clavier. Alexandre Tharaud, l’un des rares pianistes français à se produire aux quatre coins du monde, en restera à une seule apparition au cinéma. Sa vie, c’est la musique. Et tout s’est joué tôt, il en est sûr. «Ma mère était professeur de danse. A travers son ventre, j’entendais la vieille pianiste accompagner les cours. A 5 ans, j’ai eu ma première leçon de piano. Quand ma professeur a posé ma main sur le clavier, j’ai senti que j’étais en contact avec mon meilleur ami.» Entre deux concerts, il se ressource dans son nouveau havre de paix près de Bastille. Dans le salon, on note un absent de marque : le piano. Depuis de longues années, le virtuose ne joue plus chez lui. «C’est dans cette contrainte que j’ai trouvé un équilibre. Je travaille de manière beaucoup plus approfondie, plus concentrée. C’est même un conseil que je donne à beaucoup de pianistes.» Une discipline stricte régit sa vie de soliste. Avant un concert, il faut s’isoler. «Je me retrouve face à moi-même et face à l’œuvre que je vais interpréter. Je ne peux pas gambader. En fin de compte, ma vie c’est les hôtels et rien d’autre.» Son répertoire est large, du baroque à la musique contemporaine, sans négliger le romantisme et la musique française du XXe siècle. «J’ai creusé plusieurs sillons et je continue à les explorer. Si Bach est sûrement le père de tous les compositeurs, Rameau et Couperin sont peut-être les arrière-grands-pères de compositeurs que j’ai beaucoup joués, comme Ravel, Debussy, Darius Milhaud, Francis Pou-
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lenc.» Le pianiste vient de relever un défi de taille : livrer pour le label Erato son interprétation d’une œuvre que Glenn Gould rendit culte, les Variations Goldberg de Bach. «Je voulais les jouer depuis l’adolescence et je sentais qu’il fallait leur donner plus de temps, donc j’ai pris une année sabbatique pour les travailler, il y a six ans. Pouvoir donner cette place à l’œuvre la plus profonde et aboutie du répertoire pour clavier, c’était quelque chose de fort dans ma vie. Après, j’ai commencé à faire des tournées et, de concert en concert, elles ont pris vie jusqu’au moment où le temps était venu de les enregistrer.» Il nous donne rendez-vous à l’Opéra Bastille avec le Concerto en sol de Ravel. «C’est l’un des premiers concertos classiques à être inspiré par le jazz.» Pour la première fois de sa vie, le globe-trotter jouera au bout de sa rue ! A L I C E D E C H I R A C «Concerto en sol» de Ravel avec l’Orchestre de l’Opéra de Paris, sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra Bastille, le 15 juin. Récital «Variations Goldberg» de Bach à l’Opéra royal de Versailles, le 2 juillet.
“My mother was a dance teacher,” says concert pianist Alexandre Tharaud. He took his first piano lesson aged five and he was hooked. Now renowned across the world, Alexandre is slowly expanding his repertory to include French contemporary composers: “Bach is the father of all composers, but Jean-Philippe Rameau and François Couperin are the great-grandfathers of composers I’ve played a lot, such as Ravel, Debussy, Darius Milhaud and Francis Poulenc”. His latest project is a mammoth one: record Bach’s Goldberg Variations.“I’ve wanted to play them since I was teenager,” he says. “I took a year out six years ago to work on them. I’ve played them in concerts and now, the time is right to record them.”
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EdgarMoreau Prodige duvioloncelle ’était en novembre lors de l’hommage national aux victimes des attentats, les notes mélancoliques de la Deuxième suite pour violoncelle de Bach s’élevaient dans la cour des Invalides tandis que la France recueillie observait Edgar Moreau manier son archet. Agé d’à peine 21 ans, le nouveau prodige du violoncelle est devenu musicien presque par hasard. Un jour, au gré d’une promenade, il entre avec son père dans une boutique d’antiquités où une fillette prend un cours de violoncelle. Coup de foudre pour l’instrument, il a tout juste 4 ans. «Mon père a eu l’intelligence de prendre le numéro de téléphone du professeur.» Même s’il a étudié le piano pendant dix ans, le violoncelle conserve sa préférence. «Le contact charnel avec l’instrument me plaît énormément, et puis le son, chaud, très
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proche de la voix humaine. Il y a un “ambitus” large : des sons très graves et aussi très aigus.» Lauréat du concours Rostropovitch à 15 ans, puis du concours Tchaïkovski, aujourd’hui, tout s’accélère. Désormais, il joue un violoncelle de David Tecchler datant de 1711. Après avoir été révélation en 2013, les Victoires de la musique classique le sacrent soliste de l’année en 2015. Curieux de tous les répertoires, Edgar enregistre chez Erato un premier album de pièces courtes, Play, avant un nouvel opus, Giovincello, qui rend hommage à la période baroque. Le 18 avril, aux côtés du pianiste Sunwook Kim, il nous convie à un voyage de Beethoven à Ligeti avec le grand répertoire du violoncelle à la Philharmonie 2. A L I C E D E C H I R A C
«Le contact charnel avec l’instrument me plaît énormément, et puis le son, chaud, très proche de la voix humaine»
Julien Mignot
Edgar Moreau was four when he first fell in love with the cello. Today, he says, “I love the sensual contact with the instrument, and how the sound is close to the human voice.” A winner at the Rostropovich Competition aged 15, and later at the Tchaikovsky Competition, the now 21-year-old prodigy recently played at the national memorial service for the November attacks in Paris.
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PatriciaPetibon Soprano Atypique
our à tour femme fatale dans Lulu de Berg, novice dans Dialogues des carmélites de Poulenc, ensorceleuse d’hommes dans Alcina de Haendel, Patricia Petibon s’est glissée dans la peau d’héroïnes cruelles ou douces tout au long de sa carrière à l’opéra. Dans sa trajectoire atypique, la rencontre avec un personnage ou un metteur en scène est primordiale : «Je ne suis pas attirée par la performance vocale, mais par ce que l’œuvre évoque.» Le théâtre la timule, alors que cette soprano colorature, dont la voix se distingue par une large tessiture et des aigus sublimes, pourrait ne rechercher que les prouesses pyrotechniques. Celle qui fit ses premiers pas dans le répertoire baroque, puis continua avec Mozart, n’a pas eu peur d’affronter la musique contemporaine avec Au monde de Philippe Boes-
mans en 2014, incarnera Mélisande en 2017 au Théâtre des Champs-Elysées dans le Pelléas et Mélisande de Debussy. Mais elle rêve aussi de La Traviata de Verdi et de Salomé de Richard Strauss.Trois Victoires de la musique classique plus tard et des invitations sur les scènes les plus prestigieuses, Patricia songe à transmettre sa passion. Marraine de la 10e édition de Tous à l’Opéra, au cours de laquelle vingt-six maisons d’opéras ouvrent leurs portes gratuitement, elle assure une master class et se préoccupe de l’avenir. «Pour l’opéra, il faut que les publics changent, se renouvellent.» Une belle leçon d’altruisme. A L I C E D E C H I R A C «Tous à l’Opéra», les 7 et 8 mai. Récital «Magiciennes» avec l’ensemble Amarillis, à la Philharmonie 2, le 18 mai. Récital «Haendel» avec le Venice Baroque Orchestra, à l’Opéra royal de Versailles, le 14 juin.
Patricia Petibonis a coloratura soprano, with a large tessitura and sublime high notes. Indeed, her vocal range is as large as the roles she has played: from Alban Berg’s Lulu to Handel’s Alcina. “Opera,” she believes, “has to attract new audiences – it has to reinvent itself.” Which is why she will be giving a masterclass during the Tous à l’opéra festival, the first weekend in May.
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GérardRancinan on nom est un peu moins connu que ses œuvres, et pourtant, Gérard Rancinan, 63 ans, est le photographe français le plus coté sur le marché mondial, avec une vente record de 260 000 euros et des clichés dépassant souvent les 100 000 euros. Avec Le Radeau des illusions, Décadence ou Le Festin des barbares, il a imposé un style spectaculaire et théâtral, porteur de sens et d’une vision choc de notre société. Avec sa complice Caroline Gaudriault, journaliste-écrivain, Rancinan revendique des photographies engagées, «témoins éveillés des métamorphoses de notre humanité», dit-il. Gérard Rancinan est devenu le spécialiste des productions d’une richesse scénique étonnante. «Je n’aime pas trop le terme de superproduction ; les moyens engagés dans la réalisation d’une œuvre répondent juste à une idée ambitieuse, explique le photographe. C’est mon tempérament. Je me donne les moyens de réaliser mes rêves et je mets tout ce dont je dispose dans mon travail. Je n’ai pas de moyens colossaux non plus. C’est avant tout beaucoup d’audace, une volonté farouche d’aller au bout de l’histoire que je veux raconter et, parfois, des bouts de ficelle !» L’aventure débute en 1983. Rancinan imagine une ambitieuse série photographique sur les grands d’Espagne, suite de portraits des personnages importants du royaume, alors en pleine Movida. Figurent le roi Juan Carlos, mais aussi Pedro Almodovar, Julio Iglesias et Camilo José Cela. «C’était effectivement une production d’une dimension tout à fait inhabituelle pour l’époque dans le monde de la presse, se souvient le photographe. L’agence Sygma, pour qui je réalisais ce travail, avait «J’ai pensé que le détaché. J’ai pensé que le meilleur moyen de débloqué des moyens énormes. Je suis parti plusieurs mois avec deux assistants, une directrice de meilleur regarder le monde était de le faire avec mes moyen de projet et une voiture !» Le résultat est éblouissant et regarder propres yeux. Je voulais reprendre un peu de Les Grands d’Espagneconnaît un succès phénoménal. le monde hauteur et éditorialiser mon travail.» était de Sa rencontre avec Caroline Gaudriault, son Rancinan vient d’inventer une nouvelle «magazine le faire «double», sera capitale. Grand reporter, elle imaattitude», comme le dira Hubert Henrotte, patron avec mes de Sygma. «Je suis le premier à avoir eu cette propres gine avec le photographe, à la fin des années 1990, yeux» le projet Urban Jungle : voyage au pays de l’homme. démarche, mais elle était inspirée des grands L’artiste y saisit dans leur nudité des anonymes cahiers photo de Paris Match dans les années 1960. de la jungle urbaine de cinq mégalopoles (New York, Paris, Eux-mêmes inspirés de ceux du magazine américainLife.» Londres, Berlin, Tokyo). Réussite photographique et succès Né à Talence, en Gironde, Gérard Rancinan, est, à 18 ans, public, l’exposition à l’Espace Cardin propulse Rancinan le plus jeune photojournaliste de France. «Comme grand reporter, j’ai couvert pas mal de conflits dans le monde et j’ai dans le monde de l’art. «C’est Pierre Cornette de Saint Cyr, commissaire-priseur et directeur de musée, qui nous a appris le métier sur le dur. Quand on est journaliste, photopoussés dans cette direction. Il s’est toujours intéressé à la graphe, on regarde le monde de près, dans le détail: on n’a photographie. Un jour, il m’a dit qu’il avait vu mes portraits pas de recul. Ça sent la mort, mais on est prêt à tout pour de Castro, Jean-Paul II… et que ces photos allaient plus loin ramener des images. Mais, au fil des mois, j’ai ressenti de que de la photo de presse. Il pensait que l’on pouvait moins en moins de liberté. On a commencé à badger les montrer ce travail autrement, à travers des expositions. journalistes, à nous balader en bus… J’ai eu peur, je me suis PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Sandra Marie
la photographie en grand S
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Radeau des Illusions
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mer de sacs-poubelle noirs sur laquelle des J’avais cette ambition, alors j’ai foncé !» «Ces gens Depuis, la fabrique à images ne s’est jamais découvraient grosses palettes en bois, de celles qu’on voit que leur dans les supermarchés, s’entassent, formant arrêtée. Avec Caroline Gaudriault («je suis les projet yeux, elle est la tête»), Rancinan monte ses pro- s’effondrait ainsi un radeau. Avec le mât et la voile. jets et expose dans le monde entier. En créant son et devenait L’ensemble était superbe ! On aurait dit un studio, il s’offre la liberté de construire des his- une illusion. décor de cinéma, et pourtant ça avait vraiment Mais vivre été fait à l’économie. Comme pour les costoires de plus en plus grandes. Ce sera La Trilogie en Europe, tumes. J’ai appelé mon styliste, Ricardo. des modernes : Métamorphoses (2009), Hypothèses en France, demeurait Habitué à faire les shoppings pour des stars, il (2011) et Wonderful World(2012). Le Radeau des illutoujours trouve l’idée formidable. Mais quand je lui sions fait sensation. Un bon exemple de la leur rêve. «méthode Rancinan». «Mon job, c’est de C’est ce que annonce que je veux habiller mes naufragés avec des contrefaçons de marques pour mondécrypter le monde qui m’entoure. Un jour, dans nous avons voulu trer que le rêve occidental est faux, il est Libé, je tombe sur une petite photo montrant des montrer» effrayé ! Lui qui a l’habitude de travailler avec naufragés africains sur un radeau échoué sur une plage espagnole. Je dis à Caroline que c’est incroyable comme les plus grandes marques de luxe, acheter des contrefaçons, c’est un sacrilège ! Je lui ai donné 300 euros pour habiller cela évoque Le Radeau de la Méduse! Nous étions en2007, nous 25 personnes au marché Saint-Pierre, et le voilà parti. Il est avons pensé que c’était un sujet important et nous voulions revenu tout émoustillé de ses trouvailles. Il m’annonce qu’il travailler là-dessus.» Le duo part pour la jungle de Sangatte. Lui photographie au Leica, elle interviewe des migrants. Tous a explosé le budget. Je blêmis. “380€ !” éclate-t-il de rire. Il était fier comme tout.» fantasment l’Occident, son opulence, sa liberté. Mais tous A son enthousiasme communicatif, Rancinan ajoute le sont bloqués là, dans des camps de réfugiés, avec peu de sens du deal. Il se rend chez Canon qui lance alors un tout chances d’accéder au monde dont ils rêvent. «Ces gens découvraient que leur projet s’effondrait et devenait une illu- nouvel appareil. L’accord est rapidement trouvé : prendre la photo avec le dernier numérique high-tech de la marque. sion. Mais vivre en Europe, en France, demeurait toujours Canon souhaite aussi inviter quelques revendeurs sur l’évéleur rêve. C’est ce que nous avons voulu montrer.» nement… «Le jour de la séance, j’arrive sur le plateau, et là, Pour illustrer cette chimère, le photographe veut une horreur, je découvre une foule de 400 personnes derrière grande mise en scène. «J’appelle le décorateur avec qui j’ai l’habitude de travailler et je lui demande de me construire un radeau pour réinterpréter Le Radeau de la Méduse. Mais je lui annonce aussi que je n’ai pas d’argent ! Alors, on discute, et, quinze jours plus tard,il me montre dans un hangar une PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Le Messager I, Le Messager II
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des barrières, venues assister au shooting. J’étais «Nous avons Each one of Gérard Rancinan’s photographs du succès, effrayé : c’était la première fois que je travaillais looks like a superproduction, even if he doesn’t et cela au numérique… Mais j’ai vite oublié ce public. like the term. “The means I use are simply what nous permet Le radeau était superbe, les ventilateurs gon- de continuer. are needed for an ambitious idea,” he explains. flaient la voile et le casting était formidable. C’est Je réinvestis “I let myself make my dreams come true and I tout important : je choisis toujours des personnes put everything I have into my work.” This genre l’argent concernées par la réalité que je photographie. Soit gagné dans of work began in 1983, with an ambitious project elles ont vécu l’événement que je retranscris sur de nouveaux for which he photographed famous Spaniards projets» la pellicule, soit elles ont un parent qui l’a vécu. during the Movida. “The production was unuLe résultat fut splendide. C’était un drame sur la sually big at the time in press photography,” he mer, impressionnant, tragique. Un véritable “instant photo- says. “Sygma, the agency I was working for, gave me a huge graphique” d’où surgit une vérité.» L’accueil fut pourtant budget!” He began his career in the field aged 18: “As a photofroid. «On bousculait le ronronnement habituel. On cassait journalist, you’re near death, but you’re ready to do anything les codes, on mélangeait textes et photos, on était spectacuto get the images. As time went by I felt less and less free. So I laires. Et, en plus, la photo développait un propos intelligent!» thought the best way to see the world was to make it with my Suivront les recueils Hypothèses et Wonderful World avec own eyes.” Then he met Caroline Gaudriault, a foreign corquelques «tableaux» désormais célèbres : Décadence, Riots, respondent and his “double”. The pair created Urban Jungle: Batman… «Nous avons du succès et cela nous permet de Voyage au pays de l’homme, photographs of naked people in five continuer, savoure Rancinan. Je réinvestis tout l’argent world capitals. His Métamorphoses, Hypothèses and Wonderful gagné dans de nouveaux projets.» En février, le photoWorldtrilogy then became a sensation, particularly the image graphe sera à Los Angeles pour une photo coup de poing Le Radeau des Illusions, an updating of Géricault’s famous paindénonçant les ravages du tourisme de masse. Rancinan et ting. “My job is to decipher the world around me,” he says. “In Caroline ne s’arrêtent jamais. Ils viennent de tourner un 2007, we thought that immigation was an important subject”, «art movie», film expérimental dans la continuité de leur so the couple went to Sangatte and photographed migrants travail sur les anges. En mai prochain, le film s’exposera aux who all fantasized about the West, but “were discovering that Beaux-Arts de Florence, la ville de toutes les beautés. their projects were becoming an illusion”. To illustrate this «L’important n’est pas que l’image soit belle, conclut pourdream he built a raft like the one in The Raft of the Medusain a tant l’artiste, c’est qu’elle dise quelque chose. De belles studio and cast people “involved in the real-life situation”. photos, il y en a plein !» P H I L I P P E L A T I L “For me,” says the photograph, “what’s important is not that the image is beautiful, but rather that it says something. There are lots of beautiful photographs!” PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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QuentinSannié L’avenir du son uand on entre dans la boutique Devialet, on se retrouve face à une longue étagère. Sur laquelle est posée une vieille édition de l’Encyclopédie, l’amplificateur star de Devialet, et l’enceinte connectéePhantom. Le ton est donné. Devialet, c’est un fleuron de l’électronique française, une start-up du «Silicon Sentier» en passe de devenir grande grâce à un goût immodéré pour l’innovation. 2016 est une année charnière : ils viennent de décrocher un accord avec Apple pour distribuer leur toute nouvelle Phantom dans ses magasins US. Rencontre avec le PDG, Quentin Sannié, pour qu’il nous lise l’avenir du son. Cette année, on a beaucoup parlé du CES, le salon mondial de l’électronique à Las Vegas. Vous y étiez ? Les Français étaient là en masse ! Les entreprises «French Tech» bénéficient d’un degré de sympathie extrêmement fort. Contrairement à ce qu’on dit en France, on est aimés et attendus par le monde entier pour notre capacité à sortir des sentiers battus. Parmi nos fans, on compte Andy Rubin (Android), qui nous a acheté cent cinquante Phantom, Marc Benioff (Salesforces), Tony Fadell (Nest Labs), Astro Teller (Google X)… des gens qui ont soutenu le produit avant même qu’il soit sur le marché. Et vous avez décroché le Graal avec le deal Apple !Après une longue campagne de relations publiques ! Phantom a été mis en quelques mois dans les boutiques Apple, ce qui n’arrive jamais, un coup de chance extraordinaire !
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Chez Devialet, vous êtes très fiers de vos innovations. Devialet, c’est cinquante ingénieurs, quatre-vingt-huit brevets. Avec notre technologie d’amplification hybride, qui tire à la fois le meilleur du numérique et de l’analogique, on a fait un système dix à mille fois meilleur que les meilleurs systèmes au monde. Et on peut mettre cette technologie sur une toute petite carte mère. En bref, on a inventé le «microprocesseur» de l’audio. C’est quoi, le futur de Devialet ? Etre distribué dans les magasins Apple du monde entier. Et, dans un second temps, notre axe de développement est d’équiper toute sorte de produits : l’automobile, par exemple, car la valeur d’entertainment y est énorme, notamment avec la future voiture connectée. Et puis les home-cinemas. Le son, c’est primordial quand on regarde un film. Sans parler des ordinateurs ! Nous visons le leadership mondial de l’audio. On est au pied de l’Everest avec beaucoup d’envie ; on va souffrir dans la montée, mais la route est sublime. Propos recueillis par M A X I M I L I E N D E L V A L L É E
Devialetis a fine example of French technology: beautifully designed, stunningly innovative and increasingly popular. Particularly now that its products – the Phantomwireless speaker and Expertsound system – are available in Apple Stores the world over. “With our system of hybrid amplification we take the best of both digital and analog,” says CEO Quentin Sannié. “We basically invented the audio ‘microprocessor’ –and we’re aiming to be the world leader in audio.”
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DEAN de la
Richardière
’écoute des quatre titres de Pleasure Island, le premier EP de Dean de La Richardière, est totalement jouissive. Un mariage réussi entre groove et électro, percussions africaines en plus. Dean de La Richardière est née à Paris le 11 mai 1981, jour béni de la sortie du mythique Nightclubbing de Grace Jones, et jour funeste de la mort de Bob Marley… Elle a grandi dans le XVIe arrondissement parisien entre une mère aristocrate et un père issu de la bourgeoisie militaire qui voyage en Afrique. Elle découvre les rythmes de Babatunde Olatunji, le label Ze Records et les productions de Compass Point, le studio de Chris Blackwell… Après quelques années à se chercher, Dean intègre l’agence de DJ Tête d’Affiche. Elle devient DJ résidente du Baron, mixe au Festival de Cannes, à Dubaï, Londres et Tokyo. Elle rencontre Sébastien Tellier, figure de l’électro-pop hexagonale dont elle sera la compagne, puis l’épouse. Aujourd’hui, Dean veut composer sa propre musique. «A force de passer la musique des autres, tout DJ a le fantasme de créer le morceau ultime, idéal, explique-t-elle. Mais si beaucoup arrivent à la composition par le sampling, moi, je pars d’une mélodie que je crée. J’ai commencé sur ordinateur, en autodidacte, puis, je me suis mise à la composition au piano.» Début 2014, elle propose sa musique à Michel Esteban, qui, séduit par la fraîcheur des compositions, ressuscite Ze Records et l’envoie en Jamaïque, à l’ancien studio de Bob Marley, Tuff Gong. Pour l’épauler, une véritable dream team : le producteur Steven Stanley (Grace Jones, Talking Heads, B 52’s), Sly Dunbar (de Sly and Robbie et légendaire batteur de Prince, des Rolling Stones…) et Glen Brown, grand bassiste jamaïcain. «J’ai eu beaucoup de chance, ce fut l’une des plus belles expériences de ma vie. Magique !» sourit Dean. Tecknofobia, mix de dancehall, R’n’B et électro-pop, joyeux et luxuriant, a tout pour être le tube de l’été 2016 ! P H I L I P P E L A T I L Dean de La Richardière’s first EP Pleasure Island EP#1is a funky Grace Jones-meets-Chic-meets-electro-meets-African-percussion moment of pleasure. It’s like a musical bio in nine tracks. Amandine de la Richardière grew up in Paris’ chic 16th arrondissementlistening to the records her father brought her back from his business trips to Africa. After many peregrinations, she ended up as a DJ, before meeting and marrying Sébastien Tellier. In early 2014, she headed into the Tuff Gong studio in Jamaica with an all-star band and legendary producer Steven Stanley. The result, she says, is “magical”.
es beautés nature sont toujours les plus touchantes : plastique impeccable et pureté de l’âme s’y confondent avec une grâce désarmante. Regarder Stéfi Celma, à 29 ans, cette actrice d’origine martiniquaise est un soleil. Et une future star… Stéfi a grandi en région parisienne avec ses deux sœurs. «Je montais des petits sketchs, improvisais des chorégraphies et composais des chansons au piano. La musique a toujours fait partie de ma vie.» Stéfi pousse la chansonnette à l’âge de 4 ans et demi sur le plateau de L’Ecole des fans. «Sans le savoir, Jacques Martin a planté en moi une obsession : faire du spectacle.» Au début des années 2000, la jeune femme est repérée pour la tournée de Sol en Cirque, un conte musical écrit par Zazie. En 2009, elle rejoint la troupe de Je m’voyais déjà, juke-box musical de Laurent Ruquier inspiré des succès de Charles Aznavour. Le cinéma s’intéresse à cette fille sexy qui a le sens de la comédie. Fabrice Eboué et Thomas N’Gijol lui confient le rôle principal féminin de Case départ. Suivront entre 2011 et 2015 plusieurs comédies, dont les deux volets desProfs. Plus récemment, Stéfi a illuminé de sa présence la série Dix pour cent. «J’admire beaucoup Cédric Klapisch. Dès que j’ai appris qu’il signait la direction artistique, j’ai souhaité faire partie du casting ! C’est le cœur qui me guide en toute chose», explique la jeune femme, convaincue d’être sous la protection bienveillante de ses «deux petits anges». Allusion énigmatique aux décès prématurés d’une de ses sœurs et d’une amie très proche. «Je n’ai pas le droit de me plaindre, le métier que j’exerce est en phase avec mon tempérament. Je me contente de vivre à fond chaque seconde.» P A T R I C I A K H E N O U N A Stéfi Celmaloved to perform from an early age: “I would put on short sketches, improvise dances, and compose songs on the piano. Music has always been part of my life”. Indeed, her first break came in a touring musical back in 2000, then another in 2009. After starring in a series of comedy features, her most recent role has been on Dix pour cent, a TV series created by film director Cédric Klapisch.
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Valentine Reinhardt
STÉFI Celma
Laura Strauss
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«Si humainement je n’ai pas encore trouvé ma place, je l’ai trouvée dans l’humour avec mon public» mont et l’univers «à part» de David Lynch ! «Je ne voyais rien qui me plaise dans l’audiovisuel. Ce sont des films et des livres qui m’ont influencé», explique l’humoriste. En insistant un peu, Sacha Béhar avoue aimer Andy Kaufman («mais ce n’est pas une inspiration»), trouver «brillant» le dessinateur Claude Serre, rire aux blagues de Chris Equerre et admirer Julien Cazarre d’Action Discrète, «le meilleur d’entre nous, mais il faut aimer le foot» ! Logiquement, Kader Aoun, le parrain de la nouvelle scène comique française, et Canal+, toujours prompt à recruter les esprits décalés, se sont penchés sur le cas Béhar. Sans succès. «Dans les deux cas, ce fut un bide. Soit je ne savais pas encore comment mettre en place sur scène la forme d’humour que je pratique, soit nous n’avons pas trouvé la manière d’adapter mon travail au petit écran. Mais je ne prends pas cela comme un échec.» Encensé par Télérama, Sacha Béhar poursuit sa lente mais irrésistible ascension. En marge de ses fiches de lecture à regarder sur YouTube, et d’Ad vitam aeternam, à savourer sur le site de la Gaîté Lyrique, l’humoriste écrit son premier one man show et teste ses vannes sur de petites scènes, seulement annoncées sur sa page Facebook. P H I L I P P E L A T I L
SachaBéhar
Quentin Caffier
Humour différent I
l est «le huitième français le plus drôle» pour le magazine GQ, et pourtant il y a peu de chance que vous connaissiez Sacha Béhar. C’est que ce jeune Parisien de 25 ans pratique «un humour confidentiel pour fans confidentiels», comme il aime à dire. «Je ne cherche pas à ce que mes vidéos sur Internet fassent un million de vues. J’ai des fans fidèles et un succès critique : je trouve cela très satisfaisant. Ce qui m’a poussé à faire le comique, c’est le manque affectif. Ma famille, un père homme d’affaires et une mère secrétaire, n’avait pas le temps de s’occuper de moi. A l’école, j’aimais faire rire mes camarades, me faire remarquer, attirer l’attention. Bref, recevoir de l’amour.» Sacha Béhar va poursuivre sa thérapie en montant sur scène à 20 ans. «Si humainement je n’ai pas encore trouvé ma place, je l’ai trouvée dans l’humour avec mon public. Sinon, je n’ai pas grand monde à qui parler ; je suis quelqu’un de solitaire.» Sacha Béhar a bien suivi une école de cinéma, mais rapidement il va choisir un job purement alimentaire lui laissant le temps d’écrire et de faire de la scène: le huitième français le plus drôle de 2015 est ainsi très officiellement vendeur à mi-temps de fenêtres PVC chez Tryba ! «Ça va, mais, dans l’idéal, j’aimerais vivre de mon humour», soupire le jeune homme. On lui demande ses références humoristiques, et le jeune lâche Les Chants de Maldoror de Lautréa-
GQ says that Sacha Béhar is the “eighth funniest person in France”, despite the 25-year-old Parisian only doing what he describes as, “secret comedy for secret fans”. “I’m not aiming for millions of YouTube views,” he says. “I have loyal fans and critical success, which is really satisfying. I got into comedy due to a lack of affection: my businessman father and secretary mother didn’t have time to look after me. At school I liked making my classmates laugh and being the center of attention.” He’s now writing his first one-man show and preparing for the day when he becomes the seventh funniest person in France.
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Des gens que j’aime…
FRÉDÉRIC Beigbeder n peut changer d’avis. Au mépris de ses succès qu’on n’a pas lus, ne pas tenir le dandy Beigbeder pour un immense écrivain. Puis ouvrir Un roman français, se laisser ballotter par ce flot d’émotions contenues, et demander à voir son prochain film. Il peut changer d’avis. Annoncer sa cohorte de fantômes littéraires : Scott Fitzgerald, Françoise Sagan, J. D.Salinger, Boris Vian, Antoine Blondin, Jacques Rigaut… et commencer par : 1. ROGER VADIM. «Ma fascination, elle est d’abord jalouse devant son palmarès d’épouses : Brigitte Bardot, Jane Fonda, Catherine Deneuve, Marie-Christine Barrault… Il s’est marié aussi avec Annette Stroyberg, sublime créature de son adaptation des Liaisons dangereuses, aux côtés de Gérard Philipe. Petit garçon, ses femmes peuplaient mes fantasmes. Je veux réhabiliter la personne et l’œuvre de Vadim. On prend ses films pour des nanars. Il a su concilier une certaine exigence littéraire et une liberté visuelle : EtDieu… créa la femme a beaucoup contribué à la libération de la femme… Ah, les jambes de Bardot ! Et Fonda dans Barbarella ! Dans Don Juan 73, Don Juan (Brigitte Bardot) est une femme qui séduit des femmes… BB au lit avec Jane Birkin… Il savait s’entourer. J’aime aussi cet esprit de bande : les très cultes frères Marquand, potes de Brando, Paul Gégauff, scénariste de Chabrol… des gens qui ont l’air d’avoir énormément travaillé tout en rigolant, et toujours entourés de très jolies femmes…» 2. SIMON LIBERATI. «Je l’ai croisé quand j’avais 20 ans au journal Glamour, où on était tous les deux pigistes. Je l’ai vraiment connu quand j’ai reçu, éditeur chez Flammarion, son manuscrit Anthologie des apparitions. Immédiatement, je l’ai appelé, et on ne s’est plus quittés. C’est une des rares personnes que j’admire, avec un peu de jalousie aussi, comme envers Vadim… Il a un style éblouissant. C’est quelqu’un en accord, entièrement dans la vie comme dans ses livres. Disons que c’est bon signe quand un écrivain se ressemble… Cultivé, nostalgique, élégant, il voit une sorte de beauté dans la tristesse et la violence… J’ai de la chance d’avoir rencontré quelqu’un comme lui… De même que Houellebecq, dont j’aurais pu parler. Ces deux-là ne m’ont jamais déçu. Aussi, avec Simon, on a beaucoup bu ensemble. Lui, il a arrêté. J’avais peur qu’il devienne ennuyeux. Non. Même sobre, il ne change pas.» 3. GÉRARD MANSET. «Un type que j’aimerais bien rencontrer, c’est Gérard Manset. Il a sorti un album avec des textes de Pierre Louÿs : Opération Aphrodite. Libertin, Pierre Louÿs imaginait des poèmes sexy avec des figures de l’Antiquité :
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de jolies femmes entre elles, Bilitis… Mon grand-père avait ses œuvres complètes dans sa bibliothèque… Quelqu’un m’a téléphoné : “Gérard Manset voudrait que vous écoutiez son disque.” Je l’écoute en boucle. C’est complètement étonnant, comme une symphonie, la bande originale d’un film qui n’existe pas. On sent qu’il cherche… En alternance, on entend une très belle voix de jeune femme, c’est féerique. En plus de ça, l’autre jour, je lis un portrait de lui dans LeFigaro. Sur la photo, il pose dans la cour d’un immeuble… Je connais cet immeuble… C’est mon immeuble ! Il y a un studio. Il a dû enregistrer là, en bas de chez moi… Je le fais écouter à ma fille de 5 mois. Elle est fan de Gérard Manset. Elle sourit. Et puis, Pierre Louÿs, quelle langue : “De même que la vertu sincère ne se prive pas des joies éternelles que la volupté lui apporte, de même la mollesse irait mal sans une certaine grandeur d’âme”… C’est pas merveilleux, ça, pour le cerveau de ma fille ?» 4. EMILY DICKINSON. «Elle me fascine pour plein de raisons. D’abord, je trouve extraordinaire d’écrire toute sa vie pour n’être publiée qu’après sa mort. C’est comme une sorte de bonne sœur qui s’enferme pour se consacrer à quelque chose de supérieur, une quête qui touche une grâce absolue. Le génie artistique peut aller de pair avec un genre de folie, comme Artaud. J’ai comme une attirance pour mon contraire. Moi, je me suis trop montré… Ce sacrifice m’épate, me complexe. Elle écrit quelque chose sur l’absence qui est présence condensée… La définition de Dieu… Si j’étais un grand poète, je serais en longue robe blanche, comme elle, dans une maison de la NouvelleAngleterre, je marcherais pieds nus à l’aube dans les prairies… D’ici là, je reste un amuseur mondain…» 5. NADIA TOLOKONNIKOVA. «Récemment, j’ai rencontré Nadia, des Pussy Riot. Moi, avec Simon Liberati, j’ai passé deux nuits de garde à vue, j’en ai fait six cents pages. Pour sa prière punk à Poutine, elle a été enfermée deux ans dans un camp de travail, sans couverture, à -10 °C. On te réveille à 3 heures du mat’, tu travailles sur une machine à coudre jusqu’à minuit. Les gens se blessent, certains meurent. Elle avait 22 ans quand ils l’ont arrêtée, le jour de l’anniversaire de sa fille. Elle continue de se battre, à organiser à Moscou des manifs, des performances contre le pouvoir. Elle sourit, n’est pas flippée. Elle a écrit un livre, Désirs de révolution, un manifeste : soyez des super-héros !»
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JF Paga/Grasset
Writer, filmmaker and dandy, Frédéric Beigbederhas been a mainstay of the Parisian scene for decades. His literary influences include Scott Fitzgerald, Sagan and Salinger, but when we asked for the people he really appreciates, he gave us: Roger Vadim.“His films are seen as junk, but he managed to reconcile visual freedom and a certain literary discipline. He worked enormously while having fun–and always surrounding himself with beautiful women.” Simon Liberati.“One of the rare people I feel slightly jealous of–a writer with an astonishing style. Cultivated, nostalgic, elegant, I’m lucky to have met him.” Gérard Manset.“He made a sexy album, Opération Aphrodite, with lyrics by Pierre Louÿs, which I play my five-month-old daughter. I’d love to meet him: he has a studio in my building!” Emily Dickinson.“She fascinates me. I find extraordinary the idea of writing throughout your entire life and only being published posthumously. I am sort of attracted to my opposite.” Nadya Tolokonnikova.“I met Nadya of Pussy Riot recently. Aged22 when she was arrested, for her punk prayer to Putin. She was locked up for two years in a work camp, yet she continues to fight, organize demos in Moscow, and keep smiling!” Conquis par l’énergie des Pussy Riot, il les a intégrées dans L’Idéal, libre adaptation de son propre roman Ausecours pardon, qui sortira le 15 juin. «Je suis toujours le conseil de Salinger : écrire le livre qu’on a envie de lire… Ce film n’existe pas. Est-ce que je suis le seul à avoir envie de le voir ?» Souhaitons que non, tant ce film, affreusement réussi, fait exploser la tyrannie de la beauté plastique et de la superficialité à laquelle, dans la vie, nous participons, il participe. Egalement directeur de la rédaction de Lui, Fré-
déric Beigbeder est bourré d’inhibitions, de contradictions et de talent. Un talent, il en est conscient, qui se révèle à mesure qu’il cesse de faire le malin… En attendant, il file, car c’est l’heure du biberon d’Oona, comme Oona O’Neill, amour de jeunesse de Salinger, puis épouse de Charlie Chaplin, à qui il a aussi consacré un livre. Quant à son aînée, son prénom est Chloé. Amis lettrés et cinéphiles, devinez pour qui… S A B I N E E U V E R T E
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YuliaYanina «Dans chaque collection, on doit sentir l’âme et le style russes» PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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’ai deux amours, la Russie et la France : l’héroïne de ma collection a été élevée avec les classiques russes et les romans français, dans l’adoration de la peinture impressionniste et des Ballets russes de Diaghilev», explique Yulia Yanina, créatrice de la maison de couture qui porte son nom, à propos de son dernier défilé. Aujourd’hui vêtue d’un pull noir brodé d’oiseaux multicolores qui souligne l’extrême blondeur de ses cheveux, elle me raconte avec émotion sa nostalgie de la culture aristocratique russe et son impatient désir de réveiller les idéaux de passé.
Guillaume Collet
«J
Décrivez-moi votre maison de couture à Moscou… Notre maison est proche de la place Rouge, dans un bâtiment historique de la fin du XIXe siècle qui dégage une atmosphère magique, très haute couture. Mes invités s’y sentent protégés du monde extérieur. C’est une maison d’un style assez classique, très cosy, avec un immense plafond, des rideaux de taffetas de soie, beaucoup de photos anciennes, avec toujours des fleurs, du champagne et de grands plateaux traditionnels de fruits secs. «Je suis Jamais de vodka, bien sûr… Jamais de vodka, c’est totalement old née avant la peresfashion !Les femmes russes sont très troïka, les éduquées et sophistiquées. magasins Combien de personnes étaient travaillent dans vos ateliers ? vides. Il y a trente couturières, vingt bro- il fallait tout deuses, sept tailleurs… une grande équipe dont certains sont avec moi inventer. je pense depuis déjà plus de vingt ans. que notre maison Pourquoi la couture ? Mon père adorait mes dessins d’en- est responsable fant, il était si fier qu’il gardait tout… de la je me suis dit que je devais avoir du culture haute talent… J’adorais les contes de fées, couture» jouer à la poupée et leur créer des robes. Je suis née avant la perestroïka, nous n’avions rien. Les magasins étaient absolument vides. Il fallait tout imaginer, tout inventer, tout créer. Je pense que notre maison est responsable de la culture haute couture. Beaucoup de femmes ne savent pas ce que cela signifie. Pas à pas, nous leur apprenons comment s’habiller selon les occasions pour être en harmonie avec elles-mêmes. L’histoire russe marque vos créations… Dans chaque collection, on doit sentir l’âme et le style russes. Nous nous inspirons des costumes traditionnels, des archives, des techniques de broderie… mais avec une vision moderne et internationale. Pendant la révolution, toutes les femmes aristocrates ont quitté la Russie soviétique pour la France. C’était l’époque des Ballets de Diaghilev. La haute couture en Russie a toujours eu un lien très direct avec Paris : en 1976, Yves Saint Laurent crée la collection Opéra-Ballets Russes, une collection révolutionnaire, qui changera le cours de la mode dans le monde.
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Votre collection est, elle aussi, inspirée du ballet? Elle raconte mon amour pour le ballet, ma fascination pour l’art russe et les impressionnistes français. Les robes sont comme des fleurs tombées de leur tige, avec des empilements de tulle, des effets de semi-transparence, du taffetas, des voiles, velours et broderies de danseuses, dans une déclinaison de couleurs allant du gris perle au rose poudré. Il y a peu de femmes à la tête de maisons de couture. Pensez-vous que cela influence votre création ? C’est très important. Au fond de nous, nous sommes encore des jeunes filles qui se battent avec leurs complexes, et les robes doivent nous protéger. Je veux que les femmes se sentent parfaites, uniques, prêtes à avoir du succès. Les grandes politiciennes, les femmes d’affaires aux carrières brillantes, les célébrités, bien sûr, et aussi beaucoup de jeunes femmes. Nous recevons trois générations, avec les filles et petites-filles de nos premières clientes. Au XIXe siècle, une jeune fille issue d’une famille noble devait créer ses propres robes pour les grandes étapes de la vie : le premier bal, le premier rendez-vous, le mariage, le baptême… Aujourd’hui, c’est le rôle de notre maison de couture. Yanina Couture, c’est une histoire de famille… Ma fille aînée travaille avec moi. Un jour, elle dirigera la maison. Mes filles sont une grande source d’inspiration. Grâce à elles, la maison reste très moderne. La haute couture, c’est toujours une histoire magique, un conte de fées.
«Je veux que les femmes se sentent parfaites, uniques, prêtes à avoir du succès»
Propos recueillis par ANNE DELALANDRE
Anne Delalandre
“I have two loves: Russia and France,” says couture designer Yulia Yanina. “The heroine of my most recent collection grew up with Russian classics and French novels, adoring Impressionist painting and Diaghilev’s Ballets Russes. My couture house is close to Red Square, in a historic late-19th building that has a magical, extremely haute couture atmosphere. We have 30 couturières, 20 embroiderers, seven tailors; a big team, some of whom have been with me for more than 20 years. I want women to feel perfect, unique, ready to be successful. In the 19th century, a young woman from a noble family had to design her own dresses for the important steps in her life: the first ball, the first meeting, her wedding, a baptism. Today, that’s the role of our couture house.”
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SAINT- JEAN CAP-FERRAT GRAND-HÔTEL DU CAP-FERRAT + 33 (0) 4 93 76 50 24
LONDRES 165 SLOANE STREET LONDON SW 1X9QB + 44 (0) 20 77 52 02 46
« TIME SPACE »
Dessiné tout en rondeur, ce gardetemps de moins de 5 millimètres d'épaisseur joue la carte de l'épure. Il est doté du calibre 15, un mouvement mécanique manuel conçu par Frédéric Piguet et offrant une réserve de marche de 43 h. Son boîtier en or microbillé est assorti d'un bracelet alligator à grandes écailles. Designed all in roundness, this timepiece with the case thickness of less than 5 millimeters plays with an uncluttered style. It is empowered with a caliber 15, a manual winding movement conceived by Frédéric Piguet which provides a 43 hour power reserve. Its sandblasted gold case is supplied with a large-scale alligator strap.
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PARIS 50, RUE PIERRE CHARRON +33 (1) 47 20 72 40 30, AVENUE GEORGE V +33 (1) 49 52 98 88 3, RUE DE CASTIGLIONE +33 (1) 42 60 37 77
CANNES 50, BOULEVARD DE LA CROISETTE +33 (4) 93 68 47 73
SAINT- JEAN CAP-FERRAT GRAND-HÔTEL DU CAP-FERRAT + 33 (0) 4 93 76 50 24
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UN SYMBOLE DE L'EXPÉRIENCE HORLOGÈRE.
UNE SÉLECTION HORLOGÈRE ET JOAILLIÈRE D'EXCEPTION
Installée depuis 1980 au cœur du «Triangle d'Or» parisien, la Maison Arije s'est imposée comme référence incontournable de la Haute Horlogerie. Pour le plaisir des passionnés, elle en réinvente les codes depuis plus de 30 ans. En 2014 elle inaugure sa troisième boutique parisienne dans le cœur historique de la ville, sous les arcades de la Rue de Castiglione reliant la Place Vendôme au Jardin des Tuileries. Opening its first shop in the "Golden Triangle" of Paris in 1980, over the years Arije has established itself as an essential benchmark for high-end time pieces. For 30 years it has been reinventing the codes of timewear and jewellery for the greater pleasure of discerning customers. In 2014 Arije inaugurated its third Parisian store in the historical heart of the city, under the arches of the Castiglione street connecting Place Vendôme with the Tuileries gardens.
La Maison Arije anticipe les tendances. Sa prestigieuse sélection horlogère et joaillière allie l'inédit à la tradition. En partenariat avec les grandes manufactures, Arije présente ainsi en exclusivité des nouveautés et des séries limitées d'exception. Keeping ahead of trends, Arije spotlights a bold selection of prestige timewear and jewellery linking tradition with modernity. In partnership with the great manufactures, Arije offers exclusive new items and exceptional limited editions.
A symbol of the timewear experience
UN SERVICE APRÈS-VENTE PERSONNALISÉ
Impeccable, welcoming service
Dans chaque boutique, un personnel hautement qualifié est dédié au service après-vente, assurant révisions et réparations. Les horlogers Arije, agréés par les grandes manufactures, sont formés de manière continue aux dernières évolutions du secteur. The excellence of Arije brand also resides in the quality of its services and its welcome. Arije treats every customer as a person, the better to satistfy their wants. UN RÉSEAU DE BOUTIQUES
A network of stores
La Maison Arije, forte de son immense succès parisien, s'est implantée sur la Croisette ainsi qu'à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Pour sa première boutique à l'international, c'est Londres qu'elle a élu. Ces espaces sont uniques comme autant d'écrins lumineux, chacun exprimant à sa manière l'âme de la Maison. Success has led to growth and Arije has opened new outlets in legendary locations of the Côte d'Azur: on the Croisette in Cannes, in the Grand-Hôtel in Saint-Jean-Cap-Ferrat. London was Arije's choice for its first shop outside France. Though each of these light, bright stores are unique, the heart of Arije beats in each of them.
CONTACT@ARIJE.COM +33 1 47 20 72 40
A bold selection of timewear and jewellery
UN ACCUEIL ET UN SERVICE IRRÉPROCHABLES
Personalized after-sales service
L'excellence de la Maison Arije s'illustre à travers la qualité de ses services et de son accueil. Veillant à toujours répondre à ses clients de façon personnalisée, Arije s'engage à satisfaire pleinement les moindres de leurs attentes. Arije performs repairs and revisions of watches and jewellery to the highest standards. Each store has qualified staff whose sole job is to provide a personalised after-sales service. The watchmakers are handpicked and approved by elite manufactures where they regularly receive training. UN ATELIER CENTRAL DIGNE DES GRANDES MANUFACTURES
A central workshop worthy of the great manufactures
Pour les réparations hautement techniques, les montres sont acheminées vers l'atelier central Arije situé avenue George V. Celui-ci regroupe les dernières générations d'instruments de mesure assurant aux professionnels de la Maison un environnement de travail optimal. Ultra moderne, séparé de la boutique par une simple vitre, il offre la possibilité à qui le désire d'admirer le travail de précision des horlogers. For major repairs, watches are sent to the after-sales department on Avenue George V. The ultra-modern workshop is separated from the store by a clear glass pane, so customers can admire the watchmakers' precision work. The workshop boasts latest generation of measuring instruments providing Arije's watchmakers with the best possible working conditions.
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AlexBeaupain
joliment triste hanteur au répertoire à la fois grave et doux, compositeur césarisé des films de Christophe Honoré, Alex Beaupainpoursuit sa belle trajectoire avec la sortie de son cinquième album, Loin. Si l’on y retrouve les obsessions du chanteur (les histoires d’amour qui finissent mal, l’absence, le deuil…), il y a cette fois un changement de taille, puisque, à l’exception de deux titres, il a choisi de confier l’écriture de la musique à d’autres : Vincent Delerm, Julien Clerc, la Grande Sophie et ses musiciens Victor Paimblanc et Valentine Duteil. Une manière pour ce jeune quadra de se surprendre. «J’ai mené, l’année dernière, beaucoup de projets, notamment la musique du film de Christophe Honoré Les Malheurs de Sophie, pour lequel j’ai dû composer beaucoup de thèmes. Pour ne pas me retrouver à écrire dix fois la même chanson, ou
Christophe Brachet
C
réécrire la musique du film, il fallait que je confie les musiques à d’autres.» Il a aussi confié la coréalisation de l’album à Antoine Gaillet, à qui il a donné ses chansons maquettées, avec les voix et les instruments séparés, sans autre consigne que de les arranger comme il le souhaitait. «Je leur ai dit que je leur laissais tout et que je ne serais pas avec eux en studio. Il fallait que j’“abandonne” mes chansons. Toutes les deux semaines, je passais en studio, j’écoutais, je disais juste ce que j’aimais, et ils m’ont arrangé quasiment tout l’album comme ça.» Le résultat est un album «monstre», dixit Alex Beaupain, d’une tristesse lumineuse. Un disque plus pop et sautillant que les précédents. Qui conserve ce qui a fait son succès : des textes mélancoliques («ça doit être une question de tempérament») et autobiographiques («quand j’essaye de me mettre à la place d’autres personnages, je trouve ça très mauvais»)… Alex Beaupain, qui n’avait jusquelà travaillé qu’avec Christophe Honoré, par peur de ne pas réussir à répondre aux attentes des réalisateurs, se sent désormais plus «légitime» en tant que compositeur de musique de film et s’apprête à signer la bande originale de plusieurs premiers longs-métrages. Il rêve aussi de monter une comédie musicale, projet qu’il porte depuis longtemps, avant, peut-être, d’écrire une chanson réussie sur le bonheur, «un graal pour un chanteur», dit-il en souriant. L I L A V A N D E P U T ALEX BEAUPAIN, à la Cigale, le 18mai.
Despite being an award-winning composer, Alex Beaupain didn’t write any of the music for his new album Loin. Instead he asked some of French music’s biggest names to bring his lyrics to life. “Over the past year, I’ve composed lots of music,” he explains, “and I didn’t want to find myself writing the same song 10 times or rewriting my film music.” Once he had all the sections of each song in place he gave them to producer Antoine Gaillet and told him to arrange them as he wished. The result? An album Beaupain calls, “a monster”.
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Meli Melo Mecs
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a mode commence à aimer les garçons. Et leur propose, avec une créativité renouvelée, une profusion de styles et de combinaisons: pour l’été, la taille des pantalons remonte et les jambes raccourcissent; les vestes sont de toutes les formes, étroites, amples, courtes ou longues; les costumes s’enivrent d’une totale liberté; les blousons, sur tous les tons, envahissent le vestiaire masculin; les chemises s’éclatent en fantaisie, de toutes les couleurs, imprimés léopard, à rayures, à fleurs, en dentelle transparente… Décidément, de plus en plus de garçons traînent dans le vestiaire des filles.
Photographie Antoine & Balthazar Mannequin Erik Nordin @ Marilyn Hommes Stylisme Clémence Cahu Maquilleuse Frédérique Van Espen @ Aurélien Coiffeur Martyn Foss Calder @ Airport
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Pantalon en laine, De Fursac. Veste «Moon»en coton et chemise oversize en soie, Saint Laurent par Hedi Slimane. Derbies «Franz», Giuseppe Zanotti Design.
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Carnets de
Mode
Des blousons sur tous les tons
Blouson en cuir bleu, pull bleu en coton et cachemire, pantalon gris en coton et lin, sneakers Playfield en suède gris et cuir Vitello Opaco blanc, Berluti
Blouson «Veste Souvenir», maillot de baseball en satin, pantalon classique à microtexture, Louis Vuitton
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Louis Vuitton/Ludwig Bonnet
Blouson en coton rouge, pull gris en laine et soie, pantalon bleu en coton et soie, slip-on Playtime en cuir Vitello Opaco blanc, Berluti
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Veste en velours, pull en coton et soie, pantalon en coton, Marc Jacobs
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Carnets de
Mode
our sa nouvelle collection baptisée Paris-Vegas, la jeune marque parisienne Maison Labiche propose des pièces brodées à l’effigie d’emblèmes américains, de la Cadillac aux dés de Las Vegas en passant par les hot-dogs, burgers et autres cornets de frites Ci-contre, le teddy YUM en serge de coton noir.
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Carnets de
Mode
Blouson «Veste Souvenir» en satin technique à broderies Hawaï, Valentino Hawaiian Couture Blouson «Veste Souvenir» à imprimés, chemise à imprimé Hawai, Valentino
Louis Vuitton/Ludwig Bonnet
Blouson «Veste Souvenir», maillot de baseball en satin, pantalon classique à microtexture, Louis Vuitton
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Des costumes de tous les styles Pantalon Ă pli chevron, veste en chevron Ă double col manches longues, Carven
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Carnets de
Mode
Costume en jacquard, chemise en soie imprimĂŠe, Gucci
Veste noire en nylon, sweat noir en coton, pantalon oversized en nylon, Juun.J
Costume en coton et polyester avec veste Ă multipoches, chemise et cravate en polyamide, Jil Sander
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Veste deux boutons en twill de laine gris anthracite, broderies fleurs «An Imagined State», bleu azur, chemise en popeline de coton à imprimé camouflage, broderies fleurs «An Imagined State», pantalon étroit en twill de laine à chevrons gris anthracite, broderies fleurs, derby en veau noir, semelle gomme noir et malt, Dior Homme
Veste trois boutons cachés couleur jade en serge de coton léger, débardeur sable en maille texturée, short classique couleur jade en serge de coton déperlant, boots «Atacama» kaki en veau velours délavé, toile et veau végétal, sac à dos «Philos» noir et taupe, en daim et veau mat, Balenciaga
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Dior/Patrick Stable
Veste à rayures bleue marine, sweat en coton, pantalon à rayures bleu marine, Juun.J
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Cory Vanderploeg
Veste, gilet et pantalon piedde-poule «cool wool», Thom Browne x Woolmark
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Carnets de
Mode
Des fantaisies de toutes les couleurs
Polo avec imprimé Jésus devant et derrière, pantalon en laine mohair, jupe en jersey avec imprimé Jésus, chaussures à bouton pression en cuir de veau noir, Givenchy par Riccardo Tisci
Costume en laine et coton, chemise en soie, Gucci Chemise en dentelle, pantalon flare en denim, Gucci
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Pantalon en crêpe de coton imprimé, mocassins en jacquard, Gucci
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Pull tricot Korian en laine, pantalon imprimĂŠ pontus H en coton, combinaison imprimĂŠ Sem en coton, Acne Studios
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Carnets de
Mode
Sweat oversized, joggers en laine, Juun.J
Sweat transparent brodé corde et œillets marron, saroual cuir daim marron, rangers hautes ouvertes lacées sur le devant daim marron, Balmain
Tee-shirt all over strass et ring en organza noir, tee-shirt manches longues liquettes en lin noir, pantalon thaï coton marron, rangers hautes ouvertes lacées sur le devant daim marron, sac à dos cuir wax noir métallerie or, Balmain PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Chemise Kimono, Marc Jacobs
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Manteau en peau façon poulain, chemise en coton imprimée, pantalon en coton et polyester effet froissé, Marni
Chemise imprimée bolster, tee-shirt imprimé bolster, pantalon cargo, Christopher Kane
Chemise en tissu technique, short en laine legère, maille zippée en laine, chaussettes en fil d’Ecosse et jersey, bottines en cuir Spazzolato, Prada PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Pantalon rayé, chaussures Skate à bouton pression en toile noir imprimé logo, Givenchy par Riccardo Tisci
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Veste ajustée en laine mohair, chemise en dentelle italienne, pantalon ajusté en laine et mohair, mocassins en veau velours, Burberry Prorsum
Pull en shetland, chemise en laine légère surpiquée, pantalon en tissu technique, tee-shirt rayé en jersey, derbies en cuir Spazzolato perforé, Prada
Veste en laine et cachemire, débardeur en dentelle italienne, pantalon fuselé en cachemire, mocassins en veau velours, porte-documents en cuir, écharpe laine et cachemire, Burberry Prorsum
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Des vestes de toutes les formes
Cory Vanderploeg
Veste et pantalon avec parties effrangĂŠes en laine, Thom Browne x Woolmark
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Veste croisée en laine noire, tee-shirt en coton, pantalon slim en coton et ramie turquoise, Paul Smith
Veste croisée en laine à carreaux, chemise en coton, pantalon en laine mélangée flamée, Paul Smith
Manteau en laine légère surpiquée, chemise en tissu technique, short en laine légère, maille zippée en laine, chaussettes en jersey et fil d’Ecosse, bottines en cuir Spazzolato, Prada
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De gauche à droite et de haut en bas : sac à dos hunting à imprimé palmiers au coucher de soleil en toile et cuir, Saint Laurent par Hedi Slimane. Sac à dos, Wooyoungmi. Sac à dos Time-Off-Su, en cuir de veau venezia, cuir de veau mat et cuir de veau camoscio, Berluti. Sac à dos «Obsedia» en cuir noir avec des imprimés tridents en relief, Givenchy par Riccardo Tisci
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Louis Vuitton/Ludwig Bonnet
Sac Ă dos ultralight XL, Louis Vuitton
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De gauche à droite et de haut en bas : sac bandoulière «Franky» bordeaux noirci, Jérôme Dreyfuss. Sac à dos «Sailor Backpack» kaki militaire, Florian Denicourt. Sac à dos «Cartoon», Kenzo. Sac à dos multicolore «Camocube», Pierre Hardy.
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De gauche à droite et de haut en bas : montre manuelle Palatial Classic Big Date en or rose, bracelet en alligator, Jacob & Co. Montre Jardin du Palais Royal en acier, bracelet en cuir, Mauboussin. Montre New Retro en or rose, bracelet en alligator noir, de Grisogono. Montre Oyster Perpetual Cosmograph Daytona, acier 904L, lunette Cerachrom monobloc en céramique noire, échelle tachymétrique avec numérotation circulaire, cadran laqué noir, compteurs azurés blancs, chronographie équipée du Calibre 4130, Rolex.
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Lucas
Ossendrijver «Voilà ce que j’aime dans la mode: la remise en question constante des choses» encontre avec Lucas Ossendrijver, directeur du style homme de Lanvin depuis dix ans. Homme passionné et réputé très discret, il nous explique son rapport à la mode et comment il réinterprète le vocabulaire Lanvin. Dans quelle ambiance travaillez-vous ?J’ai la chance d’avoir un bureau au septième étage qui offre une vue magnifique sur les toits bleu-gris de Paris. Mon studio est organisé comme un laboratoire de création où nous expérimentons de nouvelles techniques et idées. J’aime travailler dans une ambiance sereine où chacun est libre de s’exprimer. En écoutant souvent de la musique électronique… L’héritage de Jeanne Lanvin est-il important pour vous ? Oui, très important ! Lanvin Tailleur-Chemisier a été créé en 1926 par Jeanne Lanvin, et, depuis, l’«esprit tailleur» habite la maison. J’essaye de perpétuer ce précieux savoir-faire, mais également l’art de la coupe et du fait main ainsi que l’amour inconditionné pour les tissus. Je respecte et interprète cet héritage rare pour penser une mode contemporaine. Aujourd’hui, mon rôle est d’infuser de la créativité et de la modernité. Vous avez inventé un nouvel homme Lanvin… Nous ne souhaitons pas dicter ce qu’il faut porter, nous préférons proposer des options pour tous les hommes, peu importe qui ils sont, leur type ou leur carrure. Ils ont la liberté de mélanger les pièces et ainsi de trouver une manière de souligner leur personnalité. A l’occasion de ces dix ans, avez-vous imaginé une collection particulière ?Je n’ai pas voulu de rétrospective, j’ai regardé vers le futur. La seule chose que j’ai
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«J’essaie de perpétuer le précieux savoir-faire Lanvin, mais également l’art de la coupe et du fait main, ainsi que l’amour inconditionné pour les tissus. Je respecte et interprète cet héritage rare pour penser une mode contemporaine»
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conservée, ce sont les baskets, devenues iconiques. On a réédité mes modèles favoris et on les a bombés à la main, ce qui rend chaque pièce unique. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas de baskets chez Lanvin. Pour moi, elles font partie des essentiels de la garde-robe d’un homme, presque autant que le sac à main pour les femmes. Quels sont les essentiels du vestiaire de cet été ? Il y a beaucoup de recherches dans la construction et les détails, mais je ne voulais pas forcément les mettre en avant de façon ostentatoire. J’adore la fluidité des manteaux, comme celui qui est entoilé, surpiqué à la main avec des épaules basses. Il a été produit dans un mohair de laine légère. J’adore également la chemise «bowling» brodée qui est en popeline de coton et soie noire. Il y a quelques pièces, comme des manteaux ou des pièces en jersey, qui ont subi des lavages spéciaux afin de les vieillir et leur donner un côté vintage et délavé. Il y a également de faux accrocs recousus mains et de fausses coutures de bâti apparentes qui font référence au sur-mesure. Pourquoi des fils se détachent des vêtements ? J’aime les habits qui ont vécu. Il y a quelque chose de très touchant dans les vêtements qui ont une histoire. La perfection est ennuyeuse. Il y a de la
James Bort / But Sou Lai
«J’adore la fluidité des manteaux, comme celui qui est entoilé, surpiqué à la main avec des épaules basses»
James Bort
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beauté dans l’imperfection… Cela s’est retranscrit notamment avec ces fils qui dépassent. Comment se porte un costume aujourd’hui ?Les pièces doivent se porter dépareillées, dans un camaïeu de couleurs et dans des déclinaisons de matières différentes. Le costume peut également être composé de pièces gardées d’une saison à l’autre, cela donne un aspect «vécu», comme si le vêtement possédait une âme, une histoire. Je pense que le costume ne doit pas se porter comme un uniforme, mais doit exprimer la personnalité de l’homme qui le porte. Que pensez-vous de la mode masculine aujourd’hui ? Les hommes ne changent pas, c’est notre mode de vie qui change. Ce que j’ai pu constater, c’est qu’il y a beaucoup plus d’intérêt pour la mode masculine qu’il n’y en avait avant. Les hommes sont plus ouverts et réceptifs à la mode, qui s’est démocratisée. Les hommes ont commencé à consommer les vêtements de la même manière que les femmes, les achats sont moins basés sur le besoin, mais davantage sur l’envie. Voilà ce que j’aime dans la mode : la remise en question constante des choses. Qu’est-ce qui vous fascine dans votre métier ?Le métier dans son intégralité me fascine. Je trouve que je suis chanceux de rêver et de vivre dans cet univers qu’est la mode. C’est vraiment un monde fantastique, à part, qui me permet à ma façon de rendre la vie des autres un peu plus agréable. Avez-vous une devise ?«Travailler dur et rester humble». C’est la leçon la plus importante que j’ai apprise ces dix dernières années.
Dutch designer Lucas Ossendrijver, who this year celebrates 10 years as creative director of menswear at Lanvin says: “Lanvin Tailleur-Chemisier was created in 1926 by Jeanne Lanvin and tailoring has been part of the house since then. Today my role is to infuse that heritage with experimentation, creativity and modernity. I didn’t want a retrospective for the 10 years – I wanted to look towards the future. The only thing we’ve kept are the iconic sneakers, because they are now essentials in a man’s wardrobe, almost as much as a handbag for women. The goal for the Summer collection was to make the clothes light and easy to wear, even if they were often difficult to make. There was a lot of work put into the construction and details.My motto? ‘Work hard and stay humble.’ That’s the most important lesson I’ve learned ove r the past 10 years. I’m still fascinated by everything about this job. I’m lucky to be able to dream and live in this world of fashion. It’s a fantastic place – which lets me make other people’s lives a little better”.
Propos recueillis par ANNE DELALANDRE Portrait Vivianne Sassen
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But Sou Lai
«Les hommes sont plus ouverts et réceptifs à la mode. Ils ont commencé à consommer les vêtements de la même manière que les femmes»
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Carnets de
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Barnabé
Hardy «L’idée d’être libre pour s’habiller et s’exprimer est essentielle» endez-vous à l’étage du Café de Flore, à deux pas de la maison Carven, avec Barnabé Hardy, qui dévoile cet été sa première collection homme. Belle voix grave, chemise et petit pull marine, il arbore une fibule coccinelle, porte-bonheur hérité de sa grand-mère, qu’il porte pour les grandes occasions… Brièvement, votre parcours ?J’ai grandi dans un milieu atypique et créatif entouré par deux grands-mères couturières. Le jeu d’enfant est très vite devenu un métier. Après des études d’arts appliqués et de stylisme, j’ai assisté Nicolas Ghesquière à son arrivée chez Balenciaga et chez Callaghan en Italie; réalisé Minets par Barnabé, une ligne de sweat-shirts brodés à la main ; à 24 ans, j’ai pris en charge les collections homme chez Balenciaga. Ce fut une expérience magnifique et intense, il a fallu tout créer, et nous n’avions pas de limites. Puis, j’ai lancé ma marque de blousons en cuir pour hommes. J’ai rejoint la maison Carven il y a un an. Ce qui me plaît ici, c’est le positionnement malin et généreux : créatif, mais pas du luxe inaccessible. Après Guillaume Henry, quelle direction avez-vous choisie ?L’idée principale était que le garçon Carven devenait un homme. Je voulais apporter ce savoir-faire masculin, qui fait que lorsque l’on met une veste ou un pantalon, on sent que le vêtement a été pensé en termes de vêtement. C’est un travail qui tient au millimètre. Chez l’homme, il y a des règles de construction académiques à respecter. L’homme, à la différence de la femme, s’approprie un vêtement de façon très basique. Il l’enfile, et, immédiatement, il aime ou il n’aime pas ! Il a aussi besoin d’avoir un sentiment de puissance. Les hommes ont besoin de se rassurer. Ils ont des icônes, qui étonnamment ne changent pas: Marlon Brando, James Dean et Steve McQueen… J’en-
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Photographie Audoin Desforges pour PalaceCostes (Maquillage Meyloo@b-agency)
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Carnets de
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«Le look n’est plus associé à la sexualité, et j’aime l’idée que tout soit brouillé. L’homme n’a plus besoin d’être rasé de près et over musclé»
seigne à la chambre syndicale de la couture, et mes élèves de vingt ans ont eux aussi ces références, David Bowie en plus. Quel a été le point de départ de la collection ? Le processus créatif commence toujours chez Carven par une recherche et un développement de tissus que l’on crée en exclusivité. C’est important, car le vêtement reste classique, avec une proposition plus créative à travers les tissus. J’ai surtout commencé par dessiner le pilier de la silhouette : un soulier un peu hybride, à la fois chaussure de marche, de golf et sneaker. Avez-vous une pièce préférée ? Impossible de choisir ! J’aime toutes les pièces et je les porte avec plaisir. Peut-être le blouson en veau velours avec les feuilles de ginkgo, un arbre qui a résisté à Hiroshima. Lorsque ses feuilles tombent, elles font des tapis dorés, et c’est un porte-bonheur. J’aime sa poésie, ce côté délicat mais qui résiste. Existe-t-il une tribu Carven ?J’aime l’idée de tribu, de garçons qui s’assument et se sentent libres. Don’t Be Afraid of Freedom sera le titre de la collection d’hiver. Madame Carven était une femme radicale, qui travaillait pour des femmes qui n’avaient pas le gabarit de mannequin, j’aime cette audace ; aujourd’hui, Carven doit conserver cette liberté. On est tellement conditionnés, l’idée d’être libre pour s’habiller et s’exprimer est essentielle. Que pensez-vous du style des hommes à Paris ?Il y a une grande fantaisie, que l’on ne retrouve ni à Londres ni en Italie. C’est très récent et ça a été rendu possible grâce au développement des magasins vintage et un métissage des cultures, comme celui qu’on trouve dans mon quartier, rue du Faubourg-Saint-Denis. Je trouve captivant la manière dont tous ces garçons de 18-22 ans assument les choses. Le look n’est plus associé à la sexualité, et j’aime l’idée que tout soit brouillé. L’homme n’a plus besoin d’être rasé de près et over musclé. Lorsque j’avais cet âge, tout était codifié, cloisonné. Un conseil pour cet été ? Il faut mettre de la couleur, des imprimés, un sourire et s’amuser!
Barnabé Hardy joined Carven after working with Nicolas Ghesquière and doing menswear at Balenciaga, as well as creating his own line of sweatshirts. He arrived at the “creative but not inaccessible” luxury label a year ago with the idea that “Madame Carven was a radical woman who worked for women who didn’t have model bodies. Carven has to keep that freedom”. Today, he says, “the Carven boy is becoming a man. I want to bring some masculine know-how, because men make clothes their own in a basic way: they put it on and immediately they like it or don’t. The creative process at Carven always starts in the same way with R&D on exclusive fabrics. This is important because the pieces are classic so the creative proposition comes through the fabrics. For this summer, I began by designing the basis of the look, a hybrid shoe that combines a walking and golf shoe, and a sneaker. This summer, men should be wearing colors and prints, and a smile!”
Propos recueillis par A N N E DELALANDRE
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«A Paris, il y a une grande fantasie, que l’on ne retrouve ni à Londres ni en Italie»
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Ma sc ul in Fé mi ni n Photographies Antoine & Balthazar Direction artistique Anne Delalandre Stylisme Clémence Cahu
Chemise rayée bleue en soie, 3.1 Phillip Lim. Veste en coton broderies florales et fils de chaîne, Mary Katrantzou, collection femme. Pantalon rayé bleu et blanc en soie, Véronique Leroy, collection femme. Sandales noires en cuir, COS. Broche «Camélia Exotique» en or blanc serti de saphirs multicolores et diamants, Chanel Joaillerie.
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Pull blanc en laine, Aalto, collection femme. Pantalon noir en coton, Ami. Sneakers «Surf» blanches en cuir, Saint Laurent par Hedi Slimane. Bague «Ô Premier Jour» en argent black rhodié, Mauboussin.
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Demi-veste grise en coton, Jacquemus, collection femme. Pantalon de costume gris en laine, Paul&Joe. Pendentif «Blossom Star» en or jaune et cornaline, Louis Vuitton Joaillerie.
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Veste à micro-rayures bâton en toile de laine, dessous et retour de col en imprimé camouflage, et pantalon étroit, chemise manches courtes à imprimé camouflage en popeline de coton, broderie fleurs «An Imagined State» azur, Dior Homme. Collier «Plume de Paon» serti d’un diamant taille rose, pavé de diamants, sur or rose, Boucheron. Page de droite: polo violet en nylon, Miu Miu, collection femme. Pendentif «Bouton d’Or», transformable en clip, or jaune, diamants, onyx et chrysoprase, Van Cleef & Arpels.
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Débardeur bleu et blanc en coton mélangé, chemise noire en popeline de coton et soie, broderies contrastées, et chaussures «Monk» noir et blanc en veau tressé, Lanvin. Blouson en cuir, Saint Laurent par Hedi Slimane. Pantalon évasé en «Double Net», Ignacia Zordan, collection femme. Pendentif «Blossom Star» en or jaune et cornaline, pendentif «Blossom Sun» en or rose et nacre grise et pendentif «Blossom Sun» en or rose et nacre blanche, Louis Vuitton Joaillerie.
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Trench imprimé en lin, Gucci. Chemise blanche en coton, Fendi, collection femme. Pantalon marron en coton, Marni. Sandales noires en veau, Bottega Veneta. Collier «Amazone Skinny» en or rose et diamants, Messika.
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Pantalon marron en coton, Marni. Chemise blanche en coton, Fendi, collection femme. Collier «Amazone Skinny,» en or rose et diamants, Messika.
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Pantalon à plis en jean, Aalto, collection femme. Robe chemise «lingerie» en voile de coton, Dior, collection femme. Veste rayée en coton seersucker, Maison Kitsuné. Baskets en toile pailletée à clous, Gucci.
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Manteau gris clair en coton, Berluti. Chemise blanche en lin, Vilebrequin. Broche «Plume 1932» en or blanc serti de diamants, Chanel Joaillerie.
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Jupe à franges en daim, Valentino, collection femme. Tee-shirt en coton et pantalon en popeline de coton, Bottega Veneta. Trench effet croisé à boutons pression en agneau contrecollé et détails de découpes surpiquées, Lanvin. Spartiates en cuir velours et cuir lisse, Jean-Baptiste Rautureau.
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Chemise marron en dentelle suisse, Burberry Prorsum. Robe camel en maille de laine, Lanvin, collection femme. Pantalon noir en laine mélangée, IKKS. Pendentif «Bouton d’Or», transformable en clip, or jaune, diamants, onyx, chrysoprase, Van Cleef&Arpels. Chaussettes en laine vierge et coton, Falke. Richelieus en veau noir, semelle gomme malt, Dior Homme.
Photographes: Antoine & Balthazar Mannequin: Alastair George @Marilyn Hommes Directrice artistique: Anne Delalandre Styliste: Clémence Cahu Maquilleuse: Frédérique Van Espen @Aurélien Coiffeur: Martyn Foss Calder @Airport Opérateur numérique: Pierre-Etienne Huvenoit Assistante styliste: Laure Demonchy Assistante lumière: Cécile Huet Merci à la Galerie Patrick Seguin pour son formidable accueil.
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PhilippeGassmann «Engagé pourl’image»
uand mon grand-père Pierre Gassmann a fondé Pictorial Service dans les années 1950, ses clients étaient avant tout des copains. Il était le complice de tous les grands photographes de l’époque.» Au premier rang desquels Henri CartierBresson, qui lui restera fidèle sa vie entière. «Tu as l’air plus doué que moi pour faire des tirages, aurait dit Cartier-Bresson à mon grand-père. Et c’est comme ça qu’est née l’entreprise ! L’agence Magnum venait de naître. Très vite, tous les grands photographes sont venus faire tirer leurs photos chez Picto: Doisneau, Boubat, Koudelka…» Philippe Gassmann les a tous rencontrés enfant. Il en a gardé une tendresse particulière pour la photographie humaniste, le noir et blanc, le reportage sur le vif. La couleur, elle, c’est avec son père Edy qu’elle est entrée dans l’entreprise dans les années 1960. A sa disparition au début des années 2000, Philippe Gassmann prend donc la relève. Ingénieur en informatique de formation, il n’était pas a priori destiné à reprendre le flambeau. «Mais avais-je le droit d’arrêter cette formidable aventure ?» L’entreprise est alors en pleine tourmente. Arrivée du numérique oblige, certains métiers tendent à disparaître, il faut restructurer, investir dans de nouvelles machines. La maison tangue, mais Philippe Gassmann aime les challenges. C’est Michel Vaissaud, le directeur de production, qui a l’idée de proposer un service de tirage en ligne sur mesure. «A l’heure d’Internet, cela correspondait à un réel besoin. Notre chance a été d’être les premiers à le faire. Grâce au simple bouche à oreille, la victoire a été fulgurante.» Certains des plus grands photographes d’aujourd’hui ont recours à ce service en ligne, d’autres préfèrent venir travailler sur place leurs retouches et leurs tirages avec les professionnels maison. Sur place, c’est 1 200 m2 d’imprimantes laser à jet d’encre, de laboratoires photographique pour les tirages noir et blanc, de retouches numériques et traditionnelles. Un véritable temple de la photographie. Etre «engagé pour l’image», comme Philippe Gassmann aime à dire, c’est aussi poursuivre la vocation de Picto d’être un défricheur de talents. De la Bourse du talent au prix de la Jeune photographie de mode, qu’il a créés il y a dix-huit ans, du prix BayeuxCalvados des correspondants de guerre aux Rencontres photographiques de Vendôme, dont Picto est partenaire, c’est l’ADN d’une passion que Philippe Gassmann tient à incarner à son tour et à perpétuer.
“When my grandfather, Pierre Gassmann, founded Pictorial Service in the 1950s, the customers were above all his friends,” explains Philippe Gassmann about his photo laboratory. “Magnum had just been set up and all the photographers would come to Picto.” Philippe took over the business in the early 2000s, just as the entire industry was going through its digital revolution. He invested in new machines and began offering online services. “We were one of the first companies to do it,” he says, “and it was an immediate success.” As another way of investing in the future, Picto also sponsors competitions for young photographers.
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Stéphanie Saucez
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PALACESCOPE L’agenda très parisien Galeries&Musées Restos &Bars Concerts &Fêtes Envies &Plaisirs
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Poésied’images ous les morceaux d’un collage sont comme des petits bouts d’histoires qu’on assemble pour en faire une plus grande», dit Vincent Junier, l’artiste auteur de ces superbes collages. «Un bon collage, c’est quand des images associées font sens dans leur ensemble. Je pars toujours d’une image clé. J’ai un point de départ et un point d’arrivée, et je cherche les images qui vont me permettre de compléter l’histoire», ajoute-t-il. Vincent Junier construit des images étonnantes et très cohérentes avec des éléments très disparates: des vieilles photographies découpées dans des journaux, des bouts de papiers, des morceaux de tissus, des objets et matériaux
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trouvés dans la rue… auxquels il ajoute de la peinture. Il y a dans l’art du collage quelque chose du jeu et de la provocation: des images très différentes s’entrechoquent, provoquent une étincelle, bataillent, s’opposent, pour créer un choc parfois, une poésie souvent. Toujours dans une esthétique de la non-cohérence. Le collage est un exercice de liberté ou de résistance. Aujourd’hui, le collage est tendance. «Je pense que le collage est une manière de se réapproprier des images, de construire sa propre histoire, de se démarquer, à une époque où il y a une prolifération d’images», conclut l’artiste. C M
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Pink and blue on a leg
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2 Moons
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“Pieces of a collage are like tiny bits of a story. When put together, these pieces create a bigger story,” says collage artist Vincent Junier. He creates beautiful and coherent collages by assembling photographs taken from old magazines and newspapers, pieces of fabric, objects he found in the street, paint… “I think collage is a way to stand out at a time when images are everywhere,” adds Junier. vincentjunier.tumblr.com PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Rendez-vous
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Galeries &M u s é e s
Paul Klee es facettes de Paul Klee sont tellement innombrables que les expositions qui lui sont consacrées se succèdent sans se ressembler. Celle de l’Orangerie montrait les tableaux du peintre réunis par le goût sans faille d’Ernest Beyeler, et tout dernièrement la Cité de la musique explorait les résonances musicales de son univers. Et si, en2014, la Tate Modern de Londres rendait hommage à son amour de la couleur à travers une rétrospective exhaustive, le Centre Pompidou a choisi de suivre à travers 250 œuvres la pratique de l’ironie de cet autodidacte qui, depuis ses premiers travaux jusqu’à sa mort, en 1940, n’a cessé de creuser sa singularité. Compagnon de route de l’avant-garde de son temps, il a maintenu contre vents et marées son indépendance. Et, effectivement, il échappe aux étiquettes. S’il participe à l’aventure dadaïste du Café Voltaire, rejoint l’équipée du Blaue Reiter (le cavalier bleu) aux côtés de Vassily Kandinsky et enseigne au Bauhaus de Weimar, la prestigieuse école allemande d’architecture et d’arts appliqués, il se tient à part et n’arrête pas d’expérimenter, de produire, bref de se risquer sans concessions sur le chemin de ses convictions. Et l’ironie, à quoi correspond-elle ? Dans le cas de Paul Klee elle ne relève pas de la raillerie mais plutôt d’un détachement, d’une interrogation en accord avec l’étymologie même du mot. Le peintre interrogeant sa pratique interroge du même coup celui qui regarde. Et voilà la magie de la démarche, il suffit de quelques lignes, d’un entrecroisement des surfaces colorées pour que nous soyons emportés par l’énigme qu’elles composent et non par les catégories auxquelles elles sont supposées renvoyer. Prenons Insula Dulcamara (île douce-amère), une huile sur toile de 1938. Le titre rappelle le voyage fondateur qu’il fit en Tunisie à l’aube de la Première Guerre mondiale et qui détermina son entrée en peinture. Sur la droite, l’arabesque d’une calligraphie arabe se détache sur un fond coloré. Ces «friandises
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chromatiques», comme les appelait Klee, entrent en vibration avec les traits noirs qui dessinent tantôt la forme d’un serpent sur la partie supérieure ou un visage figuré au centre du tableau. Il y a là en suspension la réalité esquissée d’un souvenir éclatant et le rappel amer de son exil en Suisse où, chassé par les nazis, il trouva refuge. BERTRAND RAISON CENTRE POMPIDOU. Paul Klee. L’ironie à l’œuvre. Place
Georges-Pompidou, Paris IVe. 01 44 78 12 33. Jusqu’au 1er août. Before his death in 1940, Paul Klee had been part of Dada in Paris, the Blaue Reiter with Vassily Kandinsky in Munich, and had taught at the Bauhaus in Weimar. Yet, he never stopped experimenting and refusing to be classified, which is perhaps why he is so often the subject of exhibitions. After Tate Modern’s investigation of his use of color in 2014, the Centre Pompidou is now paying homage to the SwissGerman painter, with a show featuring 250 works around the theme of irony. It is a stance seen not in mocking but rather in detachment, a position that mirrors the “simulated ignorance” of the word’s roots.
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Hugo Erfurth, «Portrait de Paul Klee», 1922, photo Georges Meguerditchian/Centre Pompidou, MNAM-CCI/Dist. RMN-GP ©Adagp, Paris 2016. Paul Klee, «Schauspieler=Maske (Masque=comédien)», 1924 ©2016. Digital Image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence ; «Der Held mit dem Flügel, Le Héros à l’aile», 1905.
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sculptures, objets) venuesde tous les horizons géographiques sans aucun respect des temporalités. Le visiteur passant allègrement d’une idole du IVe millénaire av.J.-C. à un très contemporain Etui pour une mobylettede Wim Delvoye. «Et la cohérence, dans tout ça?» s’exclamaient nos furieux critiques d’autant plus énervés que les cartels n’étaient pas posés à proximité desœuvres; comme si nous devions connaître par avance tout ce que nous voyons. Le propos, outre l’aspect ludique de cette chasse au trésor dans les collections des institutions et des particuliers, consiste à proposer des correspondances, des associations, sans se soucier des contextes. Car la pensée visuelle ne se réduit pas à circuler à l’intérieur d’un monde ordonné, elle aime aussi les courts-circuits et la liberté des rapprochements. C’est précisément ce choc salutaire que procure «Carambolages». BERTRAND RAISON GRAND PALAIS.
Carambolages. 3 avenue du Général-Eisenhower, Paris VIIIe. 01 44 13 17 17. Jusqu’au 4 juillet.
Carambolages
Since 1989 and Les Magiciens de la Terre, an exhibition curated by JeanHubert Martin has been an event. His latest, Carambolages, now open at the Grand Palais, is like a modern-day Wunderkammer housing a selection of paintings, sculptures and objects from different times and backgrounds. Part of the pleasure of this artistic treasure hunt is creating your own links between the different works – because this an exhibition that resolutely refuses to tell you what to think.
e jour du vernissage de «Carambolages» au Grand Palais, les mécontents donnaient de la voix. Ça râlait, ça critiquait, «c’est du n’importe quoi», «de l’art pour l’élite»… Bref, rien n’allait. Mais quel était doncl’objet du délit? Une exposition de Jean-Hubert Martin, celui-là même qui, en1989, à l’occasionde la mythique exposition des«Magiciens de la terre», avait pour la première fois osé réunir des artistes du monde entier dans le sacro-saint cénacle de l’art occidental trop habitué à s’enfermer dans la tour d’ivoire de sa très hauteautorité. Et là où le bât blesse, c’est que, faisant fi des intouchables notions de l’espace et du temps, la présentation réunit quelque 185pièces (peinture,
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Ecole française, «Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, en paon», XVIIIe siècle, photo ©RMN-Grand Palais (Château de Versailles)/Hervé Lewandowski. Anonyme flamand, «Diptyque satirique», 1520-1530 ©Collections artistiques de l’Université de Liège.
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Miao Xiaochun ’artiste chinois Miao Xiaochun explore les relations entre le réel et le virtuel avec des œuvres entre l’art pictural et digital. Pour ses peintures les plus récentes, rassemblées ici, il a utilisé un logiciel qui permet de créer des images virtuelles en 3D à partir d’images en deux dimensions. GALERIE PARIS-BEIJING. Miao Xiaochun. Echo. 62 rue de Turbigo, Paris IIIe. 01 42 74 32 36. Du 12 mai au 18 août. Miao Xiaochun has been exploring the relationship between reality and virtuality.
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Christine Spengler hotographe autodidacte, Christine Spengler réalise sa première image au Tchad en 1970 avec un Nikon prêté par son frère Eric. Lorsque, trois ans plus tard, celui-ci se suicide en lui léguant son appareil, elle décide de devenir correspondante de guerre. Depuis, du Vietnam au Kosovo en passant par l’Irak et la jungle de Calais, Christine Spengler n’a cessé de photographier les victimes des conflits, sans jamais verser dans le sensationnalisme, préférant montrer les vivants plutôt que les morts. Les disparus, elle leur rend hommage à travers son travail d’artiste, entamé à la fin des années1980. Apartir de ses photos de famille, elle réalise des montages colorés, sorte d’autels funéraires baroques ornementés de plumes, de perles ou de coquillages. Ces deux facettes de son œuvre sont réunies dans une rétrospective inédite qui présente ses clichés noir et blanc les plus connus comme ses récents travaux en couleur. A noter que le livre de l’exposition, L’opéra du monde est disponible aux Editions du Cherche-Midi. MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE. Christine Spengler. L’opéra du monde. 1970-2016.5-7 rue de Fourcy, Paris IVe. 01 44 78 75 00. Jusqu’au 5 juin. Self-taught photographer Christine Spenglerbecame a war correspondent in 1973, following the suicide of her brother Eric, who left her his Nikon camera. She has since been traveling the world to document the conflicts of our times, choosing to focus on the living rather than the dead. She honors the deceased through her art: colorful shrines made of family photos, feathers, pearls and seashells.
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«Cimetière des martyrs de Qöm», Iran, 1979 (Cette photo inspirera les futures natures mortes de Christine Spengler) ©Christine Spengler/Corbis ; «Vierges aux poivrons», Madrid, 1988 («Lorsque j’arrivais petite à Madrid, les calendriers ornés de vierges et de Christ étaient accrochés dans les marchés au milieu des piments et des poivrons…») ©Christine Spengler. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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«The Cross», 2013©Miao Xiaochun/courtesy of Galerie Paris-Beijing.
Francesca Woodman algré sa disparition prématurée à l’âge de 22 ans, la photographe américaine Francesca Woodman laisse derrière elle une impressionnante production visuelle, constituée quasi-exclusivement d’autoportraits.
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FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON.
Francesca Woodman. On being an angel. 2 impasse Lebouis, Paris XIVe. 01 56 80 27 00. Du 11 mai au 31 juillet. American photographer Francesca Woodman, who took her own life aged 22, left behind numerous self-portraits. «From Space2», Providence, Rhode Island, 1976 ©George and Betty Woodman.
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Lisa Roze
Araki
e Musée Guimet consacre une rétrospective événement à Nobuyoshi Araki, figure incontournable de la photographie japonaise, dont les portraits de femmes ligotées selon les règles du kinbaku, l’art du bondage japonais, ont fait le tour du monde. Organisée autour des thématiques récurrentes de l’œuvre d’Araki (les fleurs, l’érotisme, la mort), l’exposition retrace cinquante années de son travail à l’aide de 400 photographies, certaines inédites. En parallèle, la toute nouvelle galerie &co119 présente l’installation Polanography, qui regroupe une centaine de polaroids hybrides, coupés en deux puis recomposés, du photographe japonais. MUSÉE NATIONAL DES ARTS ASIATIQUES-GUIMET. Araki. 6 place d’Iéna, Paris XVIe. 01 56 52 53 00. Jusqu’au 5 septembre. GALERIE &CO119. Nobuyoshi Araki. Polanography. 119 rue Vieille-du-Temple, Paris IIIe. 01 42 77 68 98. Jusqu’au 25 juin. Two new exhibitions dedicated to Japanese photographer Nobuyoshi Araki: a large retrospective at Musée Guimet gathers 400 of his photographs, taken over the last 50 years, while over at Galerie &co119, you can see his hybrid Polaroid pictures. «67 Retour arrière (67 Shooting back)», 2007/2008 ©Nobuyoshi Araki/Courtesy Taka Ishii Gallery.
ink» est une série d’une trentaine de photographies que l’artiste a repeintes à la main (peinture et feuille d’or). «Ce projet me tient à cœur, explique Lisa Roze, parce qu’il exprime, sous toutes ses formes, une certaine notion du temps, une intemporalité. Un support qui n’existe plus aujourd’hui, car les photos ont été prises en argentique avec un appareil type chambre 4 x 5 avec un dos transformé, afin de faire un polaroïd instantané. Il s’agit d’ailleurs de films périmés, des toutes dernières boîtes ayant été fabriquées. Un projet commencé il y a six ans, interrompu pour mieux renaître ; le temps des amitiés et partages artistiques avec mes modèles. Des temps de préparation pour le maquillage, la coiffure, le stylisme, la scénographie créée à chaque fois sur mesure pour les artistes, afin de mettre en valeur les femmes. Le temps de la prise de vue, durant lequel les artistes “prennent la pose” Un temps de pose long. Un temps pendant lequel ils doivent rester immobiles, comme au XIXe siècle en photographie. Il y a aussi l’attente du développement de l’image, ces quelques minutes qui semblent éternelles. Et, la nuit, peindre sur les photos à la main et à la feuille d’or lorsque le temps semble à l’arrêt…» GALERIE MATHIAS COULLAUD. Lisa Roze. Pink. 12 rue de Picardie, Paris IIIe. 01 71 20 90 41. Du 27 mai au 9 juillet. “This project is close to my heart because it evokes a certain notion of time and timelessness,” says artist Lisa Roze about Pink, a series of 30 hand-colored photographs inspired by 19th-century photography. To create them her models have to stay still while Roze takes their pictures using a vintage large-format Polaroid camera. Once the photographs are developed, she paints and applies gold leaf on them.
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«Pink 1 Mélanie Laurent» ©Lisa Roze 2008/2016. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Galeries & Musées ien ne disposait Eric Philippe à devenir l’un des spécialistes reconnus et recherchés du design européen et américain du XXe siècle. Si l’on en croit l’affable créateur de la galerie qui, au centre de Paris, porte son nom depuis plus de trente-six ans, non, vraiment rien. D’ailleurs, c’était plutôt la photographie qui intriguait alors l’adolescent devenu parisien. Il rêve de devenir photographe, s’engage comme assistant et tourne autour des milieux de la mode et de l’édition. En filigrane, il reconnaît un attrait pour les objets. Mais le déclic survient avec la fréquentation des Puces. La fin des années 1970 n’avait pas encore standardisé le rituel et surtout le marché n’avait pas encore imposé le règne d’airain de ses évaluations. C’était alors tendance, pas cher et chic, on y côtoyait Andy Warhol, Saint Laurent, Karl Lagerfeld, et personne ne songeait à revendre ses trouvailles, parce que tout simplement les cotes n’existaient pas. Emporté par l’époque, Eric Philippe achète des pièces de Jean-Michel Frank et de Jean Dunand, qui attendront encore quelques années avant de briller au firmament des références de l’Art déco, devenant par le même coup inabordables. Dans la foulée, il signe un bail fin 1979, passage Véro-Dodat, à trois pas du Louvre. Dès ses débuts, il annonce la couleur. Pas de capharnaüm à l’image des antiquaires, mais un choix restreint qu’il inscrit dans une démarche privilégiant des expositions monographiques et thématiques accompagnées à chaque fois par la publication d’un catalogue. Inlassable chercheur, il impose la rigueur d’un œil et une insatiable curiosité qu’il alimente en arpentant les bibliothèques, feuilletant assidûment tout ce qui lui tombe sous la main. Et c’est ainsi qu’un beau jour de 1986, il découvre la formidable vitalité du design scandinave des années 1920, dont l’extraordinaire Swedish Grace, mouvement artistique qui embrasse la totalité des arts appliqués, de l’architecture au textile. Toutefois, inutile de l’enfermer dans une spécialité, car il peut tout aussi bien s’enticher du New-Yorkais James Mont, décorateur actif des années 1930 aux années 1960, fort prisé par la mafia
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nord-américaine et dont le style chinoisant n’a rien à voir avec le néoclassicisme impeccable des Danois de la même période. Eclectisme efficace, puisque toutes les pièces de chaque exposition sont vendues en une semaine. La clé de la réussite de cet esthète raffiné tient certainement à son goût de la mesure qui lui vient d’un autre talent qu’il exerce depuis vingt ans en tant que disciple d’un art martial, le shintaido, dont il dispense l’enseignement chaque jeudi. B E R T R A N D R A I S O N Galerie Eric Philippe.25 galerie Véro-Dodat, Paris Ier. 01 42 33 28 26.
Eric Philippe wasn’t meant to become a dealer and specialist in 20th-century European and US design. No, he came to Paris to become a photographer. But then one day, he realized he could turn his love of objects into a business. So in 1979, he opened a space near the Louvre and began selling pieces that nobody thought anything about – work by Jean Dunand and James Mont; 1950s Scandinavian design – and he did it in a different way. His shop featured a small number of pieces organized around a theme, like an exhibition, and with a proper catalogue. And it worked: he’s still at the top of his game, 37 years later.
Eric Philippe
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Tony Cragg nglais de Liverpool, Tony Cragg s’est fait connaître au cours des années 1970 par ses figures composées d’objets recyclés qu’il posait à même le sol ou sur les murs. Des morceaux d’origines diverses ramassés dans la rue ou sur les plages formaient des cartes de géographie, des bouteilles ou des tapis colorés assemblés selon la logique d’un puzzle étourdissant.Aujourd’hui, l’artiste n’a rien perdu de son mordant, et au lieu d’attaquer la sculpture en la mettant à plat, il travaille la hauteur et s’affronte aux matériaux dits nobles, tels que le bois, le bronze, le marbre, l’acier. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, l’esprit frondeur n’a pas déserté le travail. Car le Runner («Coureur», 2013) ne répond en rien aux règles traditionnelles. Ce sprinter, tout de bois rouge, du haut de ses 3,60 mètres apparaît comme dédoublé. Construit par les zigzags qui, se chevauchant, donnent une apparence humaine à ce marathonien adepte de la vitesse. A y regarder de près, cet anthropomorphisme semble se démultiplier, puisqu’à chaque angle de la sculpture le plissement des lignes évoque la structure indécise d’un visage, l’aspect flou d’un nez ou d’un front. Une vie dans les plis en quelque sorte qui fourmille dans cette œuvre agitée par les turbulences de la surface et de la profondeur.
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BERTRAND RAISON GALERIE THADDAEUS ROPAC. Tony Cragg. Sculptures. 69 avenue du
Général-Leclerc, Pantin. 01 55 89 01 10. Jusqu’au 30 juin. Liverpool-born artist Tony Craggbegan his career creating work from found objects arranged jigsaw puzzle-like into maps. Today he works in more noble materials, but his wit and desire to surprise remains. At his new show, his sculptures evoke geographical strata, while managing to create an incredible sense of movement. As his Runnershows: monumental and in rich red wood, it looks weathered by the waves over time, while creating infinite visions of speed. «Stroke», 2014 ; «Runner», 2013, courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg, photos Charles Duprat.
Monumenta 2016 A
près Anselm Kiefer, Christian Boltanski et Anish Kapoor, c’est au tour de l’artiste Huang Yong Ping de se confronter à la Nef du Grand Palais. Connue pour ses installations spectaculaires, cette figure de l’avant-garde chinoise a imaginé une nouvelle œuvre immersive intitulée Empires, constituée de huit îlots colorés surplombés d’une structure dont l’ombre portée se mêle à celle de la verrière. GRAND PALAIS. Monumenta2016. Huang Yong Ping. Empires.3avenue du Général-Eisenhower, ParisVIIIe. 0144131717. Du 8mai au 18juin. Chinese avant-garde artist Huang Yong Pingwill be filling the huge space of the Grand Palais with an immersive, site-specific installation called Empires. «Croquis préparatoire pour “Empires-Monumenta 2016” (détail)», 2015 ©Huang Yong Ping, ADAGP, Paris, 2016, courtesy the artist and kamel mennour, Paris, 2016.
Franz Ackermann C
ette année, la galerie Daniel Templon fête ses 50 ans et expose pour la première fois à Paris le travail de l’artiste allemand Franz Ackermann. Connu pour ses peintures grand format aux couleurs vives évoquant le modernisme et l’art abstrait, il montre ici son projet inspiré par dix grandes capitales mondiales et leur architecture. GALERIE DANIEL TEMPLON. Franz Ackermann. 30 rue Beaubourg, Paris IIIe. 01 42 72 14 10. Jusqu’au 28 mai. The Paris debut of German artist Franz Ackermann, best known for his colorful paintings inspired by abstract art and the modernist movement. «My Private Tarlabasi», 2013.
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rtiste contemporain majeur, Fabrizio Plessiest connu pour ses œuvres monumentales. Son sujet de prédilection ? L’eau. Tout a commencé en 1968, le mouvement Arte povera en est à ses balbutiements : un groupe d’artistes s’est mis en tête de défier l’industrie culturelle, et de façon plus globale la société de consommation, en refusant d’être connus et «jugés». Pas question de produire un objet fini qui sera vendu au plus offrant au gré des fluctuations du marché de l’art, mais de mettre en avant le processus artistique, le geste créateur. Résultat, un art mouvant, déroutant, et des expérimentations réalisées à base de produits dits «pauvres», c’est-à-dire trouvés, récupérés : sable, bois, corde, terre, tissus… En choisissant l’eau, Fabrizio Plessi, Vénitien d’adoption (il a étudié, et enseignera à l’Académie des beaux-arts de la ville), met en scène, inlassablement, une modernité liquide qui interroge une société dans laquelle les significations profondes se sont perdues au profit d’une parcellisation, d’un individualisme qui rend nos certitudes molles, fragiles, incertaines. L’eau, vitale et menaçante, fascinante, par
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essence insaisissable, est sublimée par l’utilisation de la vidéo. Car Fabrizio Plessi perçoit une complicité troublante, une connexion évidente, entre les deux : la couleur, bleue, la fluidité. L’artiste donne à admirer des installations mêlant Arte povera et high-tech, insufflant à l’élan artistique une contemporanéité, un influx et une énergie déroutants. Où le mouvement de l’eau, samplé en vidéo, se répète inlassablement et auquel font écho des projections lumineuses, bleues encore, bleues toujours, le tout accompagné de dessins qui sont autant de marquages du processus créatif, mémoire de l’énergie intérieure. Une poésie infinie et hypnotique. Dans le col du Brenner, à la frontière de l’Autriche et de l’Italie, un musée lui est entièrement consacré depuis 2013. C H A R L O T T E G U I L L E M I N Fabrizio Plessi’s art career began in 1968 in the tumult that was Arte Povera, the Italian art movement that highlighted the creative gesture above all. His chosen subject was water, whose movement he has sampled and set to repeat in numerous video installations, often echoing the effect in projected blue light, and accompanying it with drawings that track the creative process. Since 2013, his work has been on permanent display at the Plessi Museum built in an innovative motorway service station at the Brenner Pass, between Italy and Austria.
Fabrizio Plessi Galerie Pièce Unique.4 rue Jacques Callot, Paris VIe. Galerie Pièce Unique Variations. 26-28 rue Mazarine, Paris VIe. «Llaut Light 1», «Llaut Light 2», «Llaut Light 3», 2012 ; «TUTTOTAVOLI», 2015 ©Fabrizio Plessi, courtesy Galerie Pièce Unique Paris ; «Pièce Unique», photo Yves Géant.
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Robert Longo ’artiste new-yorkais Robert Longose fait connaître à la fin des années 1970 grâce à sa série Men in the Cities, de grands dessins noir et blanc au fusain représentant des hommes et femmes d’affaires dans des positions contorsionnées ou en train de tomber.«Luminous Discontent», rassemble ses œuvres les plus récentes : des dessins, toujours au fusain, réalisés d’après des images aux rayons X de peintures de grands maîtres comme Van Gogh et Rembrandt. GALERIE THADDAEUS ROPAC. Robert Longo. Luminous discontent. 7 rue Debelleyme, Paris IIIe. 01 42 72 99 00. Jusqu’au 21 mai. Robert Longo’s new solo show, Luminous Discontent, features his latest series of charcoal drawings based on X-rays of master paintings by Van Gogh, Rembrandt and such.
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«Untitled (Vatican Bishops)», 2016, courtesy de l’artiste et Thaddaeus Ropac, Paris/Salzburg.
Patrick Zachmann
remière exposition d’envergure consacrée au sculpteur et peintre allemand Heinz Macken France depuis quarante ans, Spectrum rassemble plus des travaux réalisés entre 1950 et 2016, choisis en collaboration avec l’historien de l’art Matthieu Poirier. L’occasion de (re)découvrir l’œuvre fascinée par les couleurs et la lumière de celui qui fut le cofondateur du mouvement artistique Zero. GALERIE PERROTIN. Heinz Mack. Spectrum. 76 rue de Turenne, Paris IIIe. 01 42 16 79 79. Jusqu’au 4 juin. German sculptor and painter Heinz Mack’s first major solo show in France for 40 years features more than 70 works made between 1950 and 2016.
e photographe français Patrick Zachmann, membre de l’agence Magnum, effectue son premier voyage en Chine en1982 pour un reportage sur le cinéma du pays. Depuis, il n’a cessé d’y retourner, photographiant les villes, les populations, mais aussi les événements de Tian’anmen et le séisme au Sichuan. Cette exposition rassemble plus de cent clichés noir et blanc et couleur qui témoignent des mutations de la société chinoise au cours de ces trente dernières années. MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE. Patrick Zachmann. So long, China. 1982-2015. 5-7 rue de Fourcy, Paris IVe. 01 44 78 75 00. Jusqu’au 5 juin. French photographer Patrick Zachmann has been traveling to China since 1982, documenting the changes that have occurred in the country over the past 30 years in hundreds of photographs.
«Vibration im Blau», 1959, photo Pierre Antoine ©Heinz MACK/ADAGP, Paris, 2016, courtesy Galerie Perrotin.
«Canton», 1992; «Tournage du film Liao Zhong Kaide Tang Xiao Dan, qui se déroule dans les années1920.», Shanghai, 1982©Patrick Zachmann/Magnum Photos.
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Chris Morin-Eitner Exposition du 11 mai au 15 juin 2016
Galerie W Paris 44 rue Lepic 75018 Paris www.galeriew.com
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Dans l’Intimité d’un Collectionneur
PAUL-EMMANUEL Reiffers
L’art, la vitalité du nouveau
es impressions d’Afrique, la sensation d’espace et de liberté, «l’ouverture aux autres et la tolérance» infusent l’enfance de Paul-Emmanuel Reiffers, qui grandit en Côte d’Ivoire. Son père, expatrié à Abidjan dans les années 1960, coopérant, y crée une entreprise de conseil et participe à l’essor économique fulgurant du pays, insufflant à son fils le goût de tous les possibles. L’esprit de collectionneur de ses grands-parents esthètes, qu’il visite chaque année, alimente encore son imaginaire. De cette ambiance de collections XVIIIe et de peintures impressionnistes, reste dans sa mémoire un tableau de Paul Gauguin, une fenêtre ouverte sur l’ailleurs, une échappée. A 14 ans, il vit le retour de la famille à Aixen-Provence comme un «carcan». A 16 ans, à Paris, il retrouve avec avidité l’esprit de brassage qui l’inspire et dont il a besoin : «A Paris, vous refaites votre vie tous les jours.»
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L’ART CONTEMPORAIN ? «La nouveauté est une nouvelle façon de concevoir aujourd’hui.» Pour Paul-Emmanuel Reiffers, fondateur du groupe de communication Mazarine, l’art contemporain est en prise directe avec la vitalité du nouveau.«Nous sommes une agence créative, et les artistes sont pour nous des précurseurs, ils ont un temps d’avance.» SES PREMIÈRES ŒUVRES ? A 26 ans, avec les premiers bénéfices de son agence, il commence à collectionner. En consultant la Gazette de Drouot, la Bible de l’époque, il est happé par deux gouaches de Victor Brauner, une poule et un poisson. Acheter de l’art lui procure une sensation de «plaisir inouï» ; acheter aux enchères, une émotion aiguë. Dans l’atelier de Claude et François-Xavier Lalanne, il a un coup de foudre pour un duo de singes, qu’il associe à sa collection de masques d’art africain. SA COLLECTION ? «Collectionner donne une vision de soi-même.» Depuis
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plus d’une vingtaine d’années, Paul-Emmanuel Reiffers formule et reformule sa collection dans le mouvement de l’âme, excluant tout danger de fossilisation. Les achats sont pensés à l’avance, décidés en dehors des turbulences du marché, comme cette sculpture bleue de Louise Bourgeois. D’autres pièces d’Antony Gormley, de Bertrand Lavier, de Tatiana Trouvéfont se télescoper les mémoires lointaines avec le présent. Les œuvres en miroir de Douglas Gordonou de la jeune artiste berlinoise Alicja Kwadetroublent le réel, renversent et traversent l’espace et le temps. «Je veux que l’art soit présent sur mon lieu de travail.» Les œuvres qui rythment ses bureaux sont à l’inverse choisies pour leur impact visuel fort, leur intensité stimulante. Après une première exposition personnelle de Claude Lévêqueorganisée en 2013 dans les locaux du groupe Mazarine en collaboration avec la Galerie Kamel Mennour, Paul-Emmanuel Reiffers pérennise l’expérience au Studio des Acacias, qu’il fait renaître en2014, lui redonnant une vocation artistique. Il l’envisage comme un lieu au croisement de l’art et du luxe; des expositions en collaboration avec de grandes galeries internationales, soutenues par des marques ; des œuvres résolument inédites dont une est toujours achetée pour sa collection : Mark Handforth, Matthew Day Jacksonet Rashid Johnson… L’ARGENT ? «L’art crée une dématérialisation de l’argent. C’est un exutoire.» Acheter, c’est aussi s’engager auprès des artistes ; un investissement responsable «non rationnel».
«L’art crée une dématérialisation de l’argent» Paul-Emmanuel Reiffersgrew up in Côte d’Ivoire in the 1960s, a place he remembers for its “open-mindedness and its tolerance”. It is a spirit he has carried forward to today both as head of communications group Mazarine and as an art collector. His love of art began as a child in his grandparents’ house with its 18th-century and Impressionist paintings, while his collecting began aged 26 when he bought two Victor Brauner watercolors (“an amazing feeling”). He believes that, “Collecting gives you a vision of yourself”, which is perhaps why his collection is always changing, adapting and being renewed. It now includes Lucio Fontana, Louise Bourgeois, Antony Gormley, Bertrand Lavier and Tatiana Trouvé. “Art dematerializes money,” he says. “It’s a release.” Buying it, he says is a sort irrational responsible investment.
VIRGINIE BERTRAND & NINA RODRIGUES-ELY Observatoire de l’art contemporain, plateforme de décryptage. www.observatoire-art-contemporain.co Page de gauche : Rashid Johnson/Matthew Day Jackson, exposition «New American Art», Studio des Acacias, Paris, octobre 2015 ©Photo Mario Palmieri. Paul-Emmanuel Reiffers devant un bronze de Thomas Houseago de 2013, intitulé «Yet to Be Titled (Helmet Head on Plinth)». Page de droite : Louise Bourgeois, «Couple», 2001 ; Mark Handforth, «English Rose», 2007 ©Photo Stéphane Gallois.
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Yann Deret
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matin dans le petit potager bio qui l faut parfois s’aventurer au-delà coup de cœur a pris racine derrière la terrasse. du périph’ pour découvrir des «Quitte à sortir de chez soi, autant pépites. Ici, le voyage vaut le détour ! trouver qualité et générosité !» Installée dans une ancienne halle clame Héléna Paraboschi, l’heuformat XXL, cette brasserie designée reuse propriétaire des lieux. Et, chez elle, il y a les deux ! par le Studio KO joue avec brio le mélange des styles, affectionne les matières naturelles et ponctue le tout de EUGÈNE EUGÈNE. 38-40 rue Eugène-Eichenberger, Puteaux. couleurs vivifiantes. Un magnifique espace joliment scé01 41 38 40 00. nographié jusqu’à sa terrasse, petit bijou arboré niché à Sometimes you have to go beyond the Paris ring road to l’abri des regards. A la carte : crème de topinambour aux discover treasures. Eugène Eugène, a beautifully designed cébettes, thon à la plancha, tartare de bœuf au couteau, brasserielocated in a former covered market, is well worth salade niçoise, pièce de bœuf de Salers, dos de cabillaud the trip! Everything is homemade and freshly prepared, et caviar d’aubergine, coquillettes au jambon et au using fruits, vegetables and herbs grown in an organic beaufort, mousse au chocolat grand-mère, tarte tropégarden behind the terrace. The menu features nicoise zienne… Tout est fait maison, ultra frais jusqu’aux fruits, salad, beef from Salers, cod with eggplant caviar, and cholégumes et herbes qui sont cultivés et prélevés chaque colate mousse. In a nutshell, it’s our new favorite spot!
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Eugène Eugène
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PALACE scope Sans gluten
Foucade
accords gourmands
ans gluten, oui, mais pas seulement, cette pâtisserie s’impose une charte nutritionnelle très stricte : très peu de lactose, moins de sucre et de graisses saturées, aucune gélatine de porc ni colorants. Des matières premières rigoureusement sélectionnées, des propositions innovantes qui privilégient les épices et les fruits de saison. On adore l’éclair revisité avec un pralin amande-noisette, une chantilly au clou de girofle et des pommes poêlées aux épices. Ou encore la tartelette aux fruits, twistée avec une alliance entre la mangue et la coriandre, sur une mousse banane-passion au poivre de Kampot. Une alternative surprenante à la pâtisserie traditionnelle, qui justifie des tarifs un peu élevés. F R FOUCADE. 17 rue Duphot, Paris Ier. 01 73 71 55 10. Du mardi au samedi de 8h30 à 19h30. Anew addition to Parisian gluten-free establishments, Foucadeproposes inventive pastries made from rigorously selected ingredients. We love their take on the classic eclair: almond and hazelnut praline, clove-flavored whipped cream and spiced fried apples.
G.IV
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ans un décor de poutres et de pierres apparentes, cosy avec son parquet et ses banquettes moelleuses, ce nouveau repaire gourmand planté dans le quartier du Sentier régale les becs fins. Au déjeuner, une petite carte smart qui déroule plat du jour, soupe et spécialités maison. Le soir, la carte joue sur les accords vin, bière et thé. Le principe ? On choisit sa boisson, et le maître des lieux compose un plateau de produits de saison en adéquation. Notre préféré : le plateau Sauvignon avec thon blanc fumé de L’Ile-d’Yeu, saumon fumé artisanal et rillettes de lotte aux agrumes. Le dimanche, c’est brunch, avec une belle panoplie de gourmandises home made, et tous les jours on peut piocher dans le corner épicerie fine et cave qui cultive l’amour des bons produits. G.IV. 3 rue Poissonnière, Paris IIe. 09 81 35 30 45. A cozy spot with hardwood floors and comfortable seats, G.IV proposes a small menu for lunch and fooddrink pairings in the evening. How does it work? The chef creates an assortment of seasonal products according to the drink (wine, beer, tea) of your choice. And on Sundays, it’s homemade brunch.
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délices japonais
Walaku ans un joli cadre épuré dessiné par l’architecte japonaise Shinku Noda (annexe du restaurant japonais étoilé Aida tout proche), on découvre les wagashi, ces délicieuses pâtisseries japonaises qui se dégustent au cours de la cérémonie du thé. Demandez une place au comptoir, face au chef qui prépare tout à la minute devant vous. On goûte les fameux dorayaki, ces petits pancakes fourrés à la pâte de haricot rouge (bio), les kinton (recouverts de petits vermicelles colorés) ou encore les sakura mochi (cœur au haricot rouge surplombé d’une feuille de cerisier). Le tout accompagné d’une belle sélection de thés japonais : sencha, genmaicha, hojicha ou sakura cha, aux fleurs de cerisier, très délicat. Jolie vaisselle en céramique traditionnelle rapportée du Japon. Très apaisant. F R WALAKU. 33 rue Rousselet, Paris VIIe. 01 56 24 11 02. Du mercredi au dimanche de 12h à 19h. (Attention, seulement huit places!) An annex to Michelin-starred Japanese restaurant Aida, Walakuis a tiny spot that specializes in wagashi, traditional cakes served during the Japanese tea ceremony. At the counter, the chef prepares delicious dorayaki(a pancake filled with red bean paste) in front of you, best enjoyed with a cup of Japanese tea, of course.
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chic français
Canard & Champagne élébrer la gastronomie tricolore en associant deux de ses produits emblématiques, telle est l’idée de Canard & Champagne, nouvelle adresse située dans l’emblématique passage des Panoramas, imaginée par le duo du restaurant Farago, Pierre Dutaret et Jean Valfort, associé à Jean-François Monfort, enthousiaste directeur de salle. Un spot qui a de l’allure dans un décor XIXe modernisé, où magret, confit et foie gras (servi avec chutney de saison, à la pomme ce jour-là) occupent naturellement le haut de l’affiche. Des produits 100 % français avec en prime une formule abordable à 26 euros. Pour parfaire l’expérience, rien de tel que l’accord mets-champagne (avec, entre autres, une cuvée maison de J-M Sélèque). Une bonne idée bien menée. CANARD & CHAMPAGNE. 57 passage des Panoramas, Paris IIe. 09 81 83 95 69. www.canardetchampagne.com Canard&Champagneis a new spot that celebrates French cuisine by pairing two of its most famous products: duck and Champagne. It offers confit of duck, duck filet and foie gras(served with a seasonal chutney), best enjoyed with a glass of bubbly. And did we mention that there’s a €26 set menu?
Stéphane Adam
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Portr ait de chef
Yves Camdeborde qui me désole le plus, c’est l’indifférence.» Celui qui croit à la dynamique positive pour motiver ses troupes combat la lassitude d’un métier parfois répétitif en regardant droit dans le cœur la beauté des produits de saison et porte haut une cuisine sensorielle : «Quelque chose se passe entre la matière et nous. En cuisine, rien ne doit se faire en force, il faut que les gestes soient fluides, qu’ils caressent les produits. Nos mains sont notre intelligence.» Et que de talent dans ces mains-là ! S A N D R A S E R P E R O LE COMPTOIR DU RELAIS, L’AVANT-COMPTOIR, L’AVANT-COMPTOIR DE LA MER.
3, 5 et 9 carrefour de l’Odéon, Paris VIe. “My mission has always been to break the rules of haute cuisine to prove that you can eat really well in a relaxed atmosphere,” says Yves Camdeborde, owner of Left Bank hotel Le Relais Saint-Germain, adjoining restaurants Le Comptoir, as well as the Avant Comptoir bistro and its seafood counterpart,Avant Comptoir de la Mer. “My cuisine is committed, daring,” he explains. “I want something to happen from the first taste, that the flavors create excitement. Something has to happen between us and the product. What depresses me most is indifference.”
Stéphane de Bourgies
e pape de la bistronomie étend son royaume au carrefour de l’Odéon et double la mise ! Déjà propriétaire du charmant hôtel quatre étoiles Relais Saint Germain et de son restaurant attenant, Le Comptoir, il a offert fin janvier à son Avant-Comptoir un voisin iodé où poissons, coquillages et crustacés assurent le festin. Animé par le même appétit d’honorer les meilleurs produits en version tapas, ce zinc marin a banni comme son grand frère les tabourets pour jouer la carte de la convivialité. Ici, on trinque et on mange debout, et la carte s’étudie les yeux en l’air sur des petits papiers illustrés qui descendent du plafond. C’est joyeux, inspiré et irrésistiblement chaleureux. Tout Camdeborde, en somme! Une ambiance chic canaille qui pourrait résumer la patte de ce chef béarnais qui a fait ses classes au Ritz, à la Tour d’Argent et aux côtés de Christian Constant au Crillon, avant de créer en 1992 La Régalade et d’inventer dans la foulée un nouveau genre de cuisine, réconfortant et décomplexé: «Casser les codes de la haute gastronomie et prouver que l’on peut très bien manger en étant décontracté, c’est mon leitmotiv depuis toujours. Ma cuisine est engagée, osée. Je veux qu’il se passe quelque chose dès la première bouchée, que les saveurs provoquent une excitation. Ce
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PALACE scope
gastro italien
Penati al Baretto longée dans un élégant décor feutré, cette table italienne est menée par un maître du genre : le chef transalpin Alberico Penati, auréolé d’une étoile, qui a œuvré entre autres auprès d’Angelo Paracucchi au Carpaccio (Royal Monceau) et au Harry’s Bar. Après avoir promené sa toque vingt-cinq ans à Londres, Alberico revient régaler les Parisiens gourmets en honorant la gastronomie de son pays natal. Forte de produits premium dénichés avec soin en Italie (veau Fassone du Piémont, agneau de lait des Pouilles, cochon de Sardaigne, pâtes Cav. Cocco des Abruzzes…), sa cuisine généreuse renoue avec la tradition. A l’arrivée, des plats de haute volée avec mention spéciale pour les pâtes signature : les spaghetti Kamut Verrigni aux sardines comme en Sicile. Nota bene : ne pas quitter cette table sans avoir goûté au granité de pamplemousse rose, étonnant de fraîcheur. Verdict ? Excellent de part en part jusqu’au café, un Giamaica Verona, vero vero ! PENATI AL BARETTO. 9 rue Balzac, Paris VIIIe. 01 42 99 80 00. After 25 years in London, Michelin-starred Italian chef Alberico Penati is back in Paris with a gourmet restaurant dedicated to his homeland’s food. Cooked with quality products coming straight from Italy, the generous dishes include the chef’s signature dish: Kamut Verrigni spaghetti with sardines. Don’t forget to try the grapefruit granita and a cup of Giamaica Caffè from Verona. Delizioso!
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beau et bon
Café de l’Homme ové dans le Palais de Chaillot et bénéficiant d’une des vues les plus emblématiques de la capitale, qui embrasse les jardins du Trocadéro, le Champ-de-Mars et la tour Eiffel, le Café de l’Homme a fait peau neuve sous la houlette du duo d’architectes Gilles & Boissier. Le lieu reprend avec brio les codes Art déco des années 1930 et offre en prime une spectaculaire terrasse de 300 m2. Côté cuisine, la carte met à l’honneur les produits et les recettes du terroir français, mais s’autorise de belles escapades sur les cinq continents. Ce jour-là : joli homard bleu, macédoine et curry à l’ancienne, énergique mignon de veau, épinards, mascarpone et truffe noire, et régressive brioche façon pain perdu, glace noisettes. En prime, une cave qui recèle trois mille références de vins comptant des nectars d’exception. CAFÉ DE L’HOMME. 17 place du Trocadéro-et-du-11-Novembre, Paris XVIe. 01 44 05 30 15. The ultra-chic Café de l’Hommehas 3,220 square feet of spectacular terrace offeringa stunning view of the Eiffel Tower. Foodwise, the menu offers French classics such as blue lobster, veal filet mignonwith spinach, mascarpone and black truffle, and brioche French toast with hazelnut ice cream.
Pierre Monetta
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restos & Bars salé-sucré
Mokonuts ’est dans une petite rue du quartier Faidherbe que ce charmant duo (Omar Koreitemaux assiettes salées, Moko Hirayama aux desserts sucrés) a décidé d’installer ce lieu caméléon aux allures de coffee shop. Mokonutsse transforme au fil de la journée: bakery pour le petit-déj’ (avec un granola maison, cafés et thés), restaurant le midi et salon de thé l’après-midi ! Lui, ex-Sergent Recruteur, d’origine libanaise, mitonne des assiettes audacieuses qui changent tous les jours. Ce midi-là : daurade grise, purée de courge délicata, épinards et orange sanguine ! Une assiette fraîche et par-faitement maîtrisée, pleine de saveurs. Elle, expâtissière de yam’Tcha, d’origine japonaise, concocte cookies au chocolat blanc et à l’olive confite, halva cake (pécan, muscovado et sésame), lemon cake et choux qui nous font de l’œil sur le comptoir en bois de la cuisine ouverte. Le pain (délicieux) est fait sur place et servi encore tout chaud. Du côté de la carte des vins, franche et bien sélectionnée, un minervois qui nous enchante. F R MOKONUTS. 5 rue Saint-Bernard, Paris XIe. 09 80 81 82 85. Fermé le week-end. Abakery in the morning, a restaurant at lunch and a tearoom in the afternoon, Mokonutsproposes a different set menu each day (a small selection of starters and a main course) imagined by Lebanese chef Omar Koreitem, and a selection of mouthwatering pastries, created by Japanese pastry chef Moko Hirayama, that, the day we went, included white chocolate and candied olive cookies, and lemon cake.
snacking de luxe
Petrossian
ppliquée à régaler les amateurs de saveurs iodées depuis 1920, cette maison d’excellence succombe à la modernité en offrant un sacré coup de jeune à sa carte. Revisités à la sauce Petrossian, les plats street food sont diablement gourmands : un croquemonsieur au caviar, un sandwich à l’esturgeon béluga façon pastrami ou encore un royal crab roll escorté de céleri et de gelée de jus de grenade. Des recettes pleines d’entrain servies en continu aux côtés des best of de la maison, comme le saumon fumé royal ou l’œuf coque au caviar, toujours aussi divins. PETROSSIAN. 106 boulevard de Courcelles, Paris XVIIe. 01 47 66 16 16. Renowned for its caviar since 1920,Petrossian is updating its menu with a gourmet take on street-food classics: caviar croque-monsieur, beluga sturgeon sandwich and crab roll with celery and pomegranate jelly.
Fabien Breuil
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Antonia Schroeder
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PALACE scope élégant
Kult P
cuisine de terroir
Félix Vigne et Pierre Lucet-Penato
Plume I
nstallée rive gauche dans le chic VIIe, cette jeune table est la première adresse du chef Youssef Gastli,passé chez Guy Martin, au Senderens et au Meurice. Celui qui défend une cuisine instinctive et naturelle, pioche dans le terroir local pour élaborer chaque jour des menus justes et équilibrés qui font la part belle aux produits et aux saveurs brutes. Ce midi-là, de pimpantes carottes fanes rôties et leur crumble d’anchois font l’ouverture. A suivre, un filet mignon de porc, poireaux Saint-Victor et jus acidulé parfaitement cuit. Pour finir, une attendrissante compote de pommes delblush rôties. Arrosé de vins nature, cet écrin de bon goût (vingt-trois couverts) tape dans le mille. Touchant jusqu’à ses prix, avec un menu déjeuner à 25 euros. PLUME. 24 rue Pierre-Leroux, Paris VIIe. 01 43 06 79 85. Located in the chic seventh arrondissement, Plume is chef Youssef Gastli’s first restaurant. The balanced menu changes every day and favors local produce. When we ate there, there were roasted carrot tops with anchovy crumbs followed by pork filet mignonwith Saint-Victor leeks and, for dessert, Delblush apple compote. On top of that, the wines are natural and the prices reasonable (€25 for the lunch menu).
péruvien Chic
Manko
éjà, il y a le lieu, l’ancienne salle des ventes Drouot entièrement revue dans un décor à l’atmosphère exotique signé Laura Gonzalez. L’espace vibre sous les couleurs chaudes et fait filer les beaux matériaux (bois précieux, feuilles d’argent vieillies, dorures) avec un chic tout parisien. Puis, une star derrière les fourneaux, le roi de la cuisine péruvienne Gaston Acurio, à la tête de quarantecinq restaurants sur trois continents, maestro des saveurs qui parachute les Parisiens en terre inca. La carte offre un exaltant tour d’horizon gustatif de ce terroir méconnu, avec promesse d’escales épicées et sauces savoureuses qui nimbent légumes, viandes et poissons. Assiettes équilibrées dans les goûts, parfaites dans les cuissons, exotiques dans l’audace : on y est ! Le bar à cocktails prolonge le voyage en faisant grimper la température autour de potions magiques aux noms énigmatiques. Et le week-end, place au show burlesque et provocateur, esprit second degré, voire au-delà… MANKO. 15 avenue Montaigne, Paris VIIIe. 01 82 28 00 15. Located near the Champs-Élysées, Manko is a Peruvian restaurant with an exotic decor designed by Laura Gonzalez. In the kitchen, chef Gaston Acurio, owner of 45 restaurants on three continents, offers a thrilling tour of discovery around Peruvian cuisine’s spicy and savory dishes. Combined with a trip to the bar for one of the mysterious cocktails and Manko is a complete change of scene.
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Alban Couturier et D. Delmas
renez un bel hôtel de SaintGermain, esprit maison de famille. Ajoutez-lui un restaurant à la déco bourgeoise et parisienne : petites chaises en bois noir Napoléon III, tables fifties cernées de laiton doré, parquet, moulures et bar en acajou. Aux manettes, le chef Guillaume Monnet, déjà à la tête de L’Affable, qui affectionne les grands classiques de la cuisine hexagonale mais s’autorise quelques savants métissages (tartare de bœuf aux figues, tataki de thon mi-cuit, bavette d’aloyau angus, grenailles et gingembre). Et pour le dessert ? Gourmand mont-blanc ou rafraîchissants agrumes en sirop, aloe vera. Le plus ? Un barman, qui a fait ses classes au Fouquet’s, signe une carte de dix cocktails signature bien balancés. KULT. 3 rue du Pré-aux-Clercs, Paris VIIe. 01 42 96 65 43. Located inside Hôtel Le Saint, Kult is chef Guillaume Monnet’s second restaurant. He proposes French classics (pumpkin cream soup with black truffle and croutons, blanquette de veau) and clever mixtures (beef tartare with figs, tuna tataki). For dessert, try the tasty Mont Blanc or the refreshing citrus fruit with aloe vera.
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restos & Bars trattoria
Salsamenteria di Parma ambons suspendus, tables en bois et chaises paillées, le décor a tout de la bonne vieille trattoria italienne. Cette petite enseigne née à Milan s’offre une première adresse parisienne sous la houlette de Julien Poulet. Son ambition : amener l’Italie différemment avec une offre typique et variée, pour toutes les faims, tous les budgets et toutes les envies. Et ce dans la pure tradition parmesane, avec à la carte une sélection de produits (pour la plupart négociés en exclusivité avec des petits producteurs) qui font la réputation de cette région, parmesan et jambon de parme en tête. Les petites sauces salées à tartiner, offertes en début de repas, ouvrent l’appétit. S’ensuivent le copieux assortiment de charcuterie accompagné de polenta grillée, les tortelli di zucca (potiron et amaretti), le plateau de fromages et le salame di cioccolato con panna (saucisson au chocolat et
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crème fouettée) du menu dégustation, qui donnent un généreux aperçu de cette cuisine traditionnelle d’EmilieRomagne. Le tout arrosé d’un bon chianti à la bolée. Rien à dire, on est conquis. SALSAMENTERIA DI PARMA. 40 rue Saint-Georges, Paris IXe. 01 48 24 58 94. www.salsamenteriadiparma.com This trattoriais the first Parisian address of Milan-based chain Salsamenteria di Parma. The traditional products come from small suppliers in Parma and the tasting-menu includes a generous assortment of deli meats with a side of grilled polenta, tortelli di zucca(pasta with pumpkin and amaretti), a cheese plate and for dessert, chocolate salami. Add in the chianti –served in bowls –and consider ourselves seduced.
l donne rendez-vous au Floréal, café du quartier Goncourt. Il sort du chantier de sa future pâtisserie située juste en face. Depuis l’annonce de son départ en juillet du Prince de Galles, Yann Couvreurconsacre tout son temps à ce projet. La décision de quitter le palace, il l’avait prise avant même de commencer. «Mon envie a toujours été de me rapprocher des gens, expliquet-il. Moi qui suis fils de libraire, j’aime vraiment cette idée de commerce de quartier.» Il reconnaît que les trois ans passés au Prince de Galles ont été un bon exercice. «Mais je suis un cuisinier dans l’âme. La rigueur, j’ai tendance à la bafouer.» Il a choisi pour emblème un renard, qu’il arbore sur le sweat qu’il porte ce jour-là. «Cela me représente bien : il est libre, sauvage et un peu roux aussi, comme moi ! Et c’est aussi un animal omnivore.» Il a installé son atelier-laboratoire dans les bois, à Vincennes, une «vieille baraque retapée», aujourd’hui équipée d’un matériel très moderne, où règne une ambiance familiale. Il réfléchit toujours à ses futures recettes, mais on lui connaît déjà deux grands classiques : le Millefeuille, son gâteau signature qui a contribué à sa notoriété («Je suis d’origine bretonne, avec sa pâte à kouignamann travaillé à la farine de blé noir, il ne pouvait pas mieux me représenter»); et son fabuleux écrin Irish Coffee, un entremets qui joue sur le côté craquant de la meringue et les températures glacées, auquel s’ajoute une petite crème Chantilly pour l’onctuosité. Yann Couvreur fait construire dans sa boutique un comptoir street food pour des pâtisseries gastronomiques faites minute, «des envolées gustatives» à consommer tout de suite, dans la rue.
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Pâtisserie Yann Couvreur
LUCIE GOUZE PÂTISSERIE YANN COUVREUR. 137 avenue Parmentier,
Alban Couturier
Paris Xe. Until last July Yann Couvreurwaspâtissierat luxury Paris hotel Prince de Galles. But, he says, “I’m the son of a bookstore owner and I love the idea of neighborhood businesses”. So he’ll soon open apâtisseriein the north of Paris, with a fox as its logo: “It’s free, wild and a bit red, like me!” The new store will feature not only his fantastic cakes and pastries, but also a street-food counter for snacks he calls “flights of taste”. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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PALACE scope japonais inspiré
néo-bistrot
Mamagoto
Neige d’été
a régale pas mal du côté du Xe arrondissement, en ce moment. La preuve avec ce néo-bistrot au beau minois piloté par un trio expérimenté, Thomas Loustau (à la tête de Chez Graff), Guillaume Cazier et le chef Koji Tsuchiya installé aux fourneaux. Le genre ? Petits plats inspirés qui mixent les saveurs du monde : poulpe, radis, oseille-boudin noir, petits pois et compote de pomme-flan de gambas, navets et bouillon dashi. Et, pour la touche sucrée, une addictive espuma de parmentier, glace vanille et thym frais. Le tout s’arrose de vins nature réjouissants. MAMAGOTO. 5 rue des Petits-Hôtels, Paris Xe. 01 44 79 03 98. A lovely neo-bistrotlocated in the trendy 10th arrondissement, Mamagoto(Japanese for “light meal”) and its chef Koji Tsuchiyapropose inspired dishes that mix flavors from around the world: octopus with radish, sorrel-flavored black pudding and peas, and apple compote-king prawn custard tart.
ans un décor hautement minimaliste baigné de blanc et de gris ourlé de rideaux en voile de lin, cette adresse au nom poétique est le fief d’un jeune chez nippon talentueux, Hideki Nishi, qui a fait ses gammes chez Tailleventet au George V. De sa cuisine ouverte sur la salle, lui et sa brigade officient en silence dans un ballet de gestes graciles et délicats qui visent l’extrême précision dans l’assiette. Fort de produits de saison sourcés chez les meilleurs artisans de l’Hexagone, le menu en libre inspiration (quatre plats le midi, six le soir) tient ses promesses de la lecture à la dégustation avec des viandes extra, cuites au fameux charbon de bois japonais. NEIGE D’ÉTÉ. 12 rue de l’Amiral-Roussin, Paris XVe. 01 42 73 66 66. In a minimalist white and grey decor, young and talented Japanese chef Hideki Nishi gracefully creates delicate and precise dishes (four for lunch, six for dinner) according to the seasons and his inspiration. The Japanese grilled meats are especially delicious.
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Street food nippone
Oïshinoya
chinois raffiné
TaoKan
ême casting pour cette version 2 du TaoKan germanopratin qui débarque rive droite avec son alléchante panoplie de recettes. Mené tambour battant par un Christophe Daine plus désireux que jamais de prouver aux Parisiens que «oui, la haute gastronomie chinoise existe», cette nouvelle adresse fait savourer un cocktail de spécialités allant de Canton à Shanghaï. Le chef Tien Dat Au, féru d’esthétisme et virtuose des dim sum, réinterprète le genre à grand renfort de produits premium : langoustes et pomme verte ou brioche au foie gras. Et tandis que le cabillaud s’élance dans une sauce au thé blanc, que le bar flirte avec des crevettes royales, le canard laqué revisité ravit les adeptes. Une cuisine raffinée et élégante en parfaite harmonie avec le décor signé Hélène et Olivier Lempereur. On dit oui. TAOKAN. 1 rue du Mont-Thabor, Paris Ier. 01 42 61 97 88. This spot for Chinese gastronomy, sister of Left Bank restaurant TaoKan, proposes specialties from all over the country, from Guangzhou to Shanghai. In the kitchen, chef Tien Dat Au creates refined and elegant dishes: such as rock-lobster dim sum, Peking duck, cod with a white-tea sauce. We approve!
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près le réputé Passage53 et le Gyoza Bar, Guillaume Guedj et son associé, le chef Shinichi Sato,s’offrent une nouvelle adresse passage des Panoramas consacrée au gyudon. Une élégante cantine tout de bois et béton ciré pour déguster cet incontournable de la street food japonaise, qui consiste à servir un bol de riz chaud recouvert de lamelles de bœuf mijotées. Décliné ici en quatre délicieuses recettes : classique ou au porc de Dordogne, il s’affiche également à la carte dans sa version luxe avec un émincé de bœuf wagyu bio. Les végétariens (mais pas que !) opteront pour le tofu bio, étonnamment goûtu et fondant. Le tout relevé d’une sauce revisitée et accompagné de la parfaite soupe miso, ce gyudon a décidément tout bon. OÏSHINOYA. 24 galerie Montmartre, Paris IIe. 01 42 33 78 12. A new elegant canteen dedicated to gyudon, a Japanese dish consisting of a bowl of rice topped with simmered beef. Chef Shinichi Sato proposes updated versions of this street-food classic by using toppings such as pork from Dordogne, organic Wagyu beef, and organic tofu.
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restos & Bars exotique
La Maison du Saké
iloté par un maître du genre, Youlin Ly, qui chapeaute déjà le restaurant Sola et la pâtisserie Ciel, ce lieu inédit déclare sa flamme au saké, que l’on connaît si peu… Dès l’entrée, une remarquable sakéthèque nous met l’eau à la bouche en exhibant des centaines de bouteilles. Plus loin, l’espace restauration design et épuré avec son grand comptoir boisé laisse apparaître les cuisines où officie le chef et maître saké Makoto Inoue, complice d’une carte à sensations. Ce soir-là : stick de légumes au miso, tempura de crevettes, thon rouge, tranches de canard rôti, petite marmite de bœuf, encornets grillés sauce parmesan, des petits plats à la précision bien japonaise qui se succèdent sur la table et se ponctuent d’accords sakés aux notes subtiles et surprenantes de singularité. Joyeuse ivresse de la découverte qui fait arpenter le bitume d’un pas léger sur le chemin du retour ! LA MAISON DU SAKÉ. 11 rue Tiquetonne, Paris IIe. 09 67 61 97 03.
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l vient d’être sacré révélation de l’année par Omnivore, pour sa «capacité à remettre le goût en question et à dézinguer la monotonie». Lui, c’est Michele Farnesi, un jeune Toscan de 27 ans, aux commandes de Dilia. Secouant sa longue chevelure brune, il temporise: «Ça fait plaisir de savoir qu’on est sur la bonne voie, mais c’est juste un pont pour aller plus loin.» De la distance, Michele en a déjà parcouru avant de montrer sa cuisine d’auteur, bouillonnante d’idées. Poussé aux fourneaux par une mamma «incapable de cuisiner», Michele Farnesi préparait déjà la pasta en culottes courtes. La suite? Tatouée sur ses avant-bras. Les bébés rhinocéros, sur le poignet gauche: un hommage au Rino, où Michele «a appris vraiment à cuisiner». Le grand bec de gaz, sur son biceps: Paris, où il a débarqué en juillet2012 avec «une envie débordante de devenir un cuisinier français». Il passe chez Saturne(Sven Chartier), Thoumieux(Jean-François Piège), puis Heimat, où Pierre Jancou lui propose de gérer pour la première fois une cuisine. Aux pianos de Dilia, le Toscan fait la cuisine qu’il aime. Ce jour-là, au déjeuner, le chinchard, cuit à basse température et nimbé d’une émulsion de lait fermenté, se laissait câliner par la douceur croquante des segments d’oignon. Le grondin, émulsion de crustacés, s’encanaillait sous le pamplemousse et les agretti al dente. Et la saveur régressive d’une crème aux œufs au chocolat, espuma café, cacahuètes caramélisées, n’était pas sans rappeler une autre spécialité italienne: le bonheur du partage. PATRICIA KHENOUNA DILIA. 1 rue d’Eupatoria, Paris XXe. 09 53 56 24 14. www.dilia.fr The praise Michele Farnesi has been winning for the cooking at his restaurant Dilia isn’t going to his head: “It’s just a bridge to go even further”. After arriving in Paris in July 2012 with one suitcase and “an overwhelming desire to become a French chef”, Farnesi worked with some of Paris’ best chefs including Sven Chartier (Saturne) Jean-François Piège (Thoumieux), before opening Dilia in September 2015. The food? Delicious, natural and always evolving.
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Marco Varoli
haute gourmandise
Owned by serial restaurateur Youlin Ly, La Maison du Saké is a store, restaurant and bar entirely devoted to sake, the traditional Japanese liquor. In the kitchen, chef and master sake sommelier Makoto Inoue creates surprising and subtle food-sake pairings that will leave you feeling exhilarated.
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aris vit sa révolution cocktails ! Des bars ouvrent partout, dans tous les quartiers. Avec, dans de jolis verres, des cocktails toujours plus inventifs et raffinés. «C’est une tendance de la fin des années 1980 qui a d’abord émergé à New York, puis en Angleterre dans les années 1990, et qui s’est invitée à Paris dans les années 2000. Mais les choses se sont vraiment mises à évoluer depuis trois ans. Le cocktail est en train de s’inscrire dans la culture française en mettant en avant le riche patrimoine de spiritueux dont nous disposons. Paris gagne en notoriété sur la scène internationale. Nous sommes aujourd’hui clairement dans l’âge d’or du cocktail en France», explique Thierry Daniel, copropriétaire du bar Le Coq et organisateur du salon Cocktails Spirits (fondé en 2007) et de la Paris Cocktail Week qu’il organise en duo avec Eric Fossard. Un mouvement de fond qui modifie les habitudes des Parisiens, séduits à l’idée de savourer un cocktail comme ils dégusteraient le plat d’un chef étoilé. La preuve en dix lieux et dix cocktails.
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Dossier L U C I E G O U Z E et S A N D R A S E R P E R O
Paris cocktails Nos 10 cocktails préférés Apicius
e bar est une alcôve secrète et sereine fréquentée par une clientèle au beau pedigree, essentiellement parisienne. Ici, pas de carte de cocktails. Le chef barman se cale sur vos envies et vos goûts pour composer sur mesure une recette inspirée. Notre cocktail : le Bise au vert. Le conseil du chef barman, Gilles Dubreuil : «Toute l’élégance de ce cocktail, c’est qu’il ne soit ni trop sucré, ni trop fruité. Sa couleur verte interpelle tout de suite et évoque un côté frais qui colle bien à la saison. C’est un cocktail mixte, moderne et subtil, qui a un bon équilibre et qui déploie également une belle rondeur. Il est servi dans un verre à cocktail avec une tranche de kiwi qui rappelle le code couleur.» LA RECETTE : Dans un skaker, ½ concombre libanais + 5 feuilles de basilic que l’on pile avec de la glace. On y ajoute : 2 cl de jus de citron jaune, 5 cl de gin, 2 cl de liqueur St-Germain (liqueur de sirop de sureau), 5 cl de nectar de pomme verte, de la glace. Shaker, puis passez au strainer. Une fois le cocktail construit, on saupoudre d’un tour de poivre Sichuan vert qui va apporter une note de fraîcheur proche de la citronnelle. APICIUS. 20 rue d’Artois, Paris VIIIe. 01 43 80 19 66. Don’t expect to find a list of cocktails at Apicius, a bar located inside a gorgeous hôtel particulier. Instead, mixologist Gilles Dubreuilcreates customized drinks according to his customers’wishes and tastes. For us, he imagined a “modern, subtle and balanced” green cocktail called Bise au vert. A mix of gin, Saint-Germain liqueur, green-apple nectar, lemon juice, Lebanese cucumber, basil and crushed ice, it is poured in a cocktail glass, sprinkled with Sichuan pepper and served with a slice of kiwi fruit.
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Patrick Auffauvre / Lisa Klein
Dersou
remier du genre, ce restaurant piloté par un chef japonais, Taku Sekine, et un chef barman, Amaury Guyot, secoue les protocoles en proposant chaque soir un menu en cinq, six ou sept plats autour d’accords cocktails parfaitement calibrés. Décalé et rafraîchissant, Dersou a emporté l’adhésion d’une large clientèle, qui ne se lasse pas de ces associations frissons. Notre cocktail préféré : le Poppy Fields. Le mot du chef barman, Amaury Guyot : «C’est un cocktail qui a été créé pour s’accorder à notre entrée : les huîtres, chou kale, stracciatella. Nous sommes partis sur une note florale avec le gin, puis gourmande avec la noisette, et enfin on y a ajouté de la complexité avec des notes d’agrume apportées par la bergamote. Le Poppy Fields est un cocktail acidulé gourmand, pas très puissant, puisqu’il sert d’introduction au menu. Il est servi dans un verre old fashion sur un gros cube de glace taillé à la main.» LA RECETTE : Dans un shaker, 35 ml de gin, 15 ml de sherry manzanilla, 15 ml de sirop de noisette, 5 ml de sirop de bergamote, 20 ml de jus de citron jaune frais. On shake, on verse dans le verre, sur le gros cube de glaçon, on saupoudre de graines de pavot et on pose une fleur de pavot desséchée. DERSOU. 21 rue Saint-Nicolas, Paris XIIe. 09 81 01 12 73. Dersouwas the first restaurant to match cocktails to the different courses of its set menu. The surprising food-drink pairings imagined by chef Taku Sekineand mixologist Amaury Guyotcontinue to draw crowds. Poppy Fields, mixing gin, Manzanilla sherry, hazelnuts syrup, bergamot orange syrup and fresh lemon juice and served in an old-fashioned glass on ice, is a “sour and sweet drink created to match our first starter: oysters, kale and stracciatella,” explains Guyot.
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copperbay
mi-chemin entre le bar à cocktails et le bistrot, le CopperBay propose des cocktails simples à comprendre. Sa déco néomarine avec ses grandes baies vitrées en fait le repaire élégant d’une clientèle décontractée. Notre cocktail préféré : le Roquetini. Le mot du barman, Julien Lopez : «Ce cocktail est une création inspirée d’une vinaigrette dans laquelle on ne sent pas trop l’alcool. A mi-chemin entre cuisine et cocktail, c’est celui qui détonne et surprend le plus nos clients. C’est aussi le plus techniquement intéressant de la carte. Sa couleur varie selon la fraîcheur des produits, il peut être vert ou rouge.» LA RECETTE : 1 poignée de roquette fraîche, 3 tomates cerises, 5 cl de vodka, 1,5 cl de citron frais, 1 cl de sirop de sucre pour l’équilibre, 1 cl de vinaigre balsamique blanc (très important). On shake et on filtre le mélange. Puis, on poivre sur le dessus et on sert avec un pickle d’échalote macéré au piment fumé. COPPERBAY. 5 rue Bouchardon, Paris Xe. www.copperbay.fr A luminous and elegant spot,CopperBay proposes simple cocktails such as the surprising Roquetini, a vinaigretteinspired drink. It combines vodka, fresh arugula, cherry tomatoes, fresh lemon juice and white balsamic vinegar. “Its color varies,” says mixologist Julien Lopez. “Green or red, depending on the freshness of the ingredients.”
Gravity
e bar au singulier plafond en vagues de bois extralarges concocte des nourritures liquides de haute volée. Sa carte originale attire en nombre une clientèle cool branchée avide de sensations. Notre cocktail préféré : le Fruit du passé. Le mot du chef barman, Michael Mas : «Ce cocktail a été imaginé à partir d’un dessert qui associait céleri, fenouil et réglisse. On est allé un petit peu plus loin, poussés par l’envie de faire un clin d’œil à la montagne en associant du génépi et de la liqueur de plantes Strega. C’est un cocktail frais et herbacé dominé par les saveurs des plantes, assez balancé et relevé par le sirop de céleri que l’on fait nousmêmes. LeFruit du passé interpelle, c’est un breuvage curieux et élégant, servi dans un verre à pied fin.» LA RECETTE : Dans un shaker, 1 trait de blanc d’œuf, 2 cl de sirop de céleri, 2,5 cl de jus de citron jaune frais, 2,5 cl de liqueur Strega, 2,5 cl de génépi. On shake, on verse dans le verre et on ajoute 3 cl d’eau gazeuse. On saupoudre de grains de fenouil et de réglisse, et, pour la touche déco, on ajoute un rond de jaune d’œuf séché avec un ruban de citronnelle tenu par une pince à linge en bois. GRAVITY. 44 rue des Vinaigriers, Paris Xe. Pas de réservation. Gravityproposes original cocktails created by mixologist Michael Mas. Our favorite, the Fruit du passé,“a fresh,intriguing and elegant drink”, combines two Italian herbal liqueurs, Strega and Génépi, mixed with egg whites, celery syrup and fresh lemon juice. Pour the mixture into a wine glass, add a dash of sparkling water, sprinkle with fennel and licorice seeds and there you have it!
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Café moderne
e Café Moderne est un authentique bistrot, où meatballs côtoient cocktails de haute volée. Aux commandes, un trio de talent, dont Mido Ahmed Yahi, consacré troisième meilleur barman du monde en 2014. Notre cocktail préféré : le A l’ancienne. Le mot du chef barman, Mido Ahmed Yahi : «C’est un cocktail élégant qui nécessite une préparation minutieuse: un affinage en fût des quatre alcools, auxquels on va ajouter des touches d’agrume et un sirop de Madère pour apporter de la rondeur. Ce old fashionned revisité plaît aux hommes et séduit beaucoup de femmes.» LA RECETTE : Affinés dans un fût, 2 cl de rhum du Guatemala, 2 cl de bourbon, 1,5 cl de cognac, 0,25 cl de xérès. Dans un verre rafraîchi, mélanger 2 jets d’orange bitter, 2 jets de bitter maison et 0,5 cl de réduction de sirop de Madère à 6 cl de l’assemblage d’alcools affinés. Mélanger avec une cuillère de bar pour contrôler la dilution des arômes. Poser un gros glaçon clair avant de verser le mélange. Pour finir, exprimer un zeste d’orange au-dessus et autour du verre. CAFÉ MODERNE. 19 rue Keller, Paris XIe. 01 47 00 53 62. At Café Moderne, the world’s third best bartender Mido Ahmed Yahi creates inspired cocktails such as the elegant A l’ancienne, that combines four types of cask-aged alcohol (rum, bourbon, brandy and sherry), with a touch of citrus fruit and sugar-cane syrup. A new take on the classic old fashioned.
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Jean Brice Lemal
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Sherry Butt
Le très particulier
e Très Particulier est un salon de thé et bar à cocktails, situé en contrebas du confidentiel Hôtel Particulier Montmartre, petit bijou et havre de paix de la Butte. Un lieu cosy tout de velours rouge et décors végétaux, situé au cœur du jardin. A la carte, des classiques revisités et des créations audacieuses dans lesquelles se mêlent miel fait maison du maître des lieux Oscar Comtet et herbes tout juste cueillies. Notre cocktail préféré : le Satanico Pandemonium. Le conseil du chef barman, Francesco Giordanetto : «Ce cocktail est une référence au personnage de Salma Hayek dans Une nuit en enfer, écrit par Tarantino. C’est un film complètement déjanté, et le mezcal qui est utilisé ici est un alcool mexicain très fort. J’aime la persistance du goût et de l’arôme dans ce cocktail, c’est souvent l’effet que je recherche. Je reprends les techniques de la gastronomie en associant un ingrédient salé à du sucré, l’utilisation de la truffe blanche peut surprendre, mais c’est quelque chose de très naturel pour moi et de très répandu à Turin, ma ville d’origine. Le zeste d’orange ajoute une note d’amertume.» LA RECETTE : 5 cl de mezcal reposado infusé à la truffe noire, 2,5 cl de sirop de miel à la truffe blanche d’Alba, 3 dash de bitter au chocolat, 1 zeste d’orange. Mélanger avec une grande cuillère les ingrédients dans un verre tumbler rempli de glaçons. Servir, ajouter de la glace et le zeste d’orange. Note : pour préparer le mezcal à la truffe, on utilise la technique du fat wash, qui consiste à mélanger un corps gras à un spiritueux. Dans ce cas, le mezcal est cuit à vapeur à 60 °C sous vide avec un carpaccio de truffes noires de Nocia avant d’être congelé pour en extraire le goût. LE TRÈS PARTICULIER. 23 avenue Junot, Paris XVIIIe. 01 53 41 81 40. Opened a year ago, Le Très Particulier, the brainchild of Oscar Comtet, director of the discreet Hôtel Particulier Montmartre, is a cozy bar in a beautiful garden with a daring selection of cocktails, including one named Satanico Pandemonium, after Salma Hayek’s character in From Dusk Till Dawn. This stirred drink, created by Italian mixologist Francesco Giordanetto, combines black truffle infused Mezcal reposado, white-truffle honey syrup, chocolate-flavored bitters and a zest of orange.
Photographies Catalina Sour Vasquez
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evanture discrète, murs en pierres apparentes, petits canapés confortables, ambiance (très) feutrée, le trendy-cool Sherry Butt compte parmi les précurseurs de la capitale. Les fondateurs de l’époque, Amaury Guyot et Cathleen McGarry, ont laissé place au trio formé par Javier (chef barman), Jonathan et Guillaume. Ce bar à cocktails à très forte influence nippone propose une centaine de whiskys japonais et affiche à la carte douze créations pointues auxquelles s’ajoute un cocktail vieilli et premium. Notre cocktail préféré : le Ronin. Le conseil du barman, Guillaume Quenza : «C’est un cocktail assez puissant, qui a beaucoup de corps. La solution saline et le sirop de champagne vont lui donner un petit goût fumé, tandis que le madère va apporter de la douceur et une saveur complexe qui va rester sur le palais, qui sera complété par la touche très spéciale de l’oloroso sherry (de 20 ans d’âge) et de son léger goût de noix. Il est idéal avant le dîner, car il va ouvrir l’appétit, mais se déguste également très bien en fin de soirée, à condition bien sûr d’avoir l’habitude de consommer des cocktails secs. C’est un cocktail qui se doit d’être à la hauteur de celui qu’il va remplacer à la carte, leMystic River. C’est pour cette raison que nous lui avons choisi ce nom, en référence au samouraï sans maître, itinérant.»
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LA RECETTE : 3 cl de whisky japonais Nikka from the Barrel, 2 cl de madère dry infusé au pandan, 1 cl d’oloroso sherry, 1 bar spoon de sirop de champagne et thé fumé, 1 goutte de solution saline. On mélange à la cuillère (stir spoon) et on sert sur de la glace pure taillée dans un verre à whisky. SHERRY BUTT. 20 rue Beautreillis, Paris IVe. 09 83 38 47 80. A trendy bar specialized in Japanese whisky, Sherry Butt proposes 12 original cocktails, including Le Ronin (a nod to the samurai with no lord or master), a strong and complex stirred drink with a smoky, yet sweet taste, “best enjoyed before dinner because it whets the appetite”, according to bartender Guillaume Quenza.
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Night Flight ar inspiré des speakeasies new-yorkais, rock de l’extérieur avec ses affiches déchirées qui tapissent la vitrine, cosy à l’intérieur avec ses épais rideaux matelassés couleur gold et ses deux salons intimes, Le Syndicat s’érige en haut lieu de défense des spiritueux français et vise le premium côté qualité. Il attire une clientèle hétéroclite amatrice d’alcools tricolores. Notre cocktail préféré : le 1er Mai. Le conseil du chef barman, Sullivan Doh : «Ce cocktail exprime toute l’ambiguïté du Syndicat, son côté luxe-underground qui fait sa singularité. Il est à la fois printanier, avec beaucoup de fraîcheur apportée par le sirop pommecannelle et le jus de citron, et explosif avec l’armagnac, qui est très présent. C’est un cocktail mixte et une excellente introduction pour partir à la découverte des spiritueux français.» LA RECETTE : 2 cl de sirop pomme-cannelle (pour l’épaisseur), 2 cl de jus de citron jaune fraîchement pressé (note acide), 2 cl de vin d’Arbois, 4 cl d’armagnac de la maison Castarède (l’alcool star de ce cocktail), 1 blanc d’œuf (pour la mousse). On ajoute les glaçons, on shake et on passe au strainer. Une fois versé dans le verre, on râpe un bâton de cannelle pour parfumer le verre et imprégner la mousse. LE SYNDICAT. 51 rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris Xe. 06 66 63 57 60. Both cozy and rock’n’roll,Le Syndicatis a speakeasy-inspired cocktail bar that specializes in high-quality French spirits. Our favorite drink is Le 1er Mai(France’s version of Labor Day), a mix of Armagnac, Arbois wine, freshly squeezed lemon juice, egg whites and cinnamon-apple syrup. Both fresh and strong, this cocktail is “an excellent way to discover French spirits,” says mixologist Sullivan Doh.
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iloté par les garçons de l’Experimental Group, ce bar XS lové dans les murs de l’Hôtel Bachaumont joue la carte de l’élégance avec son comptoir en bois et en marbre, ses banquettes en velours et sa moquette. Notre cocktail préféré : le Vol de nuit. Le conseil du chef barman, Karim Hamadouche : «C’est le cocktail emblématique du lieu. Il s’adresse particulièrement aux femmes, fans de vodka, de champagne et de fraises… Un cocktail équilibré au niveau des saveurs puisqu’il déploie les quatre fondamentaux : le sucré, le sec, l’amer et l’acidulé.» LA RECETTE : Six alcools et jus + une fraise. Dans le blender, on commence par écraser la fraise. On ajoute deux gouttes de Spanish Bitter (un ingrédient comparable au poivre en cuisine), 2,5 cl de jus de rhubarbe frais, 2 cl de cordial Elderflower (note sucrée florale), 1 cl de Rabarbaro Nardini (un amer italien qui ressemble au Martini), 3 cl de vodka à base de quinoa. On shake. Une fois le cocktail construit, on ajoute 2 cl de champagne. NIGHT FLIGHT. 18 rue Bachaumont, Paris IIe. 01 81 66 47 55. Located inside the elegant Hôtel Bachaumont, Night Flightis a tiny spot managed by the Experimental Group. The signature cocktail, served in a Champagne glass with no ice, is “particularly designed for women who like vodka, Champagne and strawberries,” says mixologist Karim Hamadouche.
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Hexagone e bar à cocktails de l’Hexagone est un écrin moderne à l’atmosphère feutrée, avant-scène des restaurants tout juste étoilés de Mathieu Pacaud. En collaboration avec le chef, la carte des cocktails, inspirée de la grande cuisine, est réalisée par Thomas Girard. Notre cocktail préféré:le Madame Rose. Les conseils du chef barman, Thomas Girard : «Ce cocktail est inspiré d’un cocktail du XIXe siècle, pour son nom comme pour les goûts qu’il développe. C’est la boisson emblématique du lieu, elle plaît autant à notre clientèle féminine que masculine, probablement pour son côté gourmand et rafraîchissant.» LA RECETTE : 5 cl de vodka infusée à la rose, 1,5 cl de sirop de framboise maison, 2,5 cl de jus de citron frais, 3 traits de bitter infusé à la baie rose, 2,5 cl de blanc d’œuf (qui va lier les ingrédients). Placer les ingrédients dans un shaker. Mélanger sans glace. Ajouter les glaçons, secouer fort. Une fois servi, on exprime le zeste de pamplemousse sur la mousse et on saupoudre de baies roses. HEGAXONE. 85 avenue Kléber, Paris XVIe. 01 42 25 98 85. At Hexagonerestaurant’s cocktail bar, mixologist Thomas Girardcreates drinks in collaboration with Michelin-starred chef Mathieu Pacaud. The most popular is Madame Rose, a sweet and fresh drink made of rose-infused vodka, fresh lemon juice, pink berry-infused bitters, and egg whites.
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Xavier Pelissier / Jacques Gavard
Le syndicat
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C oncerts
&F êtes
Majid
ls sont deux, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont canadiens, ils appartiennent à ce que la hype appelle le nu-r’n’b, et leur premier album est d’une douceur sans nom, un dix sur dix au pays du beat lent et jouissif, de la nappe de synthé comme caresse intime, des lyrics introspectifs et de la soul à tous les étages. Peu surprenant que ces deux-là (le chanteur Majid Al Maskati et le producteur Jordan Ullman) aient été repérés par le team OVO, le label cofondé par Drake il y a quelques années. Pas étonnant qu’ils lui aient offert sur un plateau d’argent Hold On, We’re Going Home, hymne à la fois triste et enjoué, quintessence de la philosophie drakienne. Car il y a du Drake chez Majid Jordan, beaucoup, même, dans cette manière de ralentir le tempo, de s’appesantir sur la difficulté des relations amoureuses modernes, de
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composer des tracks qui se tiennent, timides, soigneusement sur le bord du dancefloor. Mais il y a un petit plus chez Majid Jordan, qui les place aujourd’hui à côté de The Weeknd, Disclosure ou Kelela, et qui doit être cette manière ensoleillée et naïve de réenchanter la soul américaine. MAJID JORDAN, au Yoyo, le 2 juin. Young and handsome Canadian duo Majid Jordan (singer Majid Al Maskati and producer Jordan Ullman) just released its debut album on Drake’s label Ovo. Full of smooth beats and introspective lyrics about the struggles of relationships today, the tracks bring to mind Drake himself, while the pair’s version of American soul music evokes The Weeknd, Disclosure and Kelela.
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’est la deuxième édition parisienne pour ce festival originaire de Brooklyn et qui entend porter les valeurs de la musique black et défendre la diversité dans l’art en général. Avec en line-up Morcheeba, Angel Haze, Saul Williams ou Cakes Da Killa, l’Afropunk Festival, étalé sur trois jours au Trianon, promet aussi d’envahir les bars et restos alentours pour des expériences plus intimes, même s’il ne faudra surtout pas manquer le Fancy Dress Ball, où il est conseillé d’être over-overlooké pour se sentir dans l’ambiance !
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Geordie Wood
au Trianon, du 3 au 5 juin. For the second year, the three days of Afropunk Festival will promote everything that’s multicultural, as guests including Morcheeba, Angel Haze, Saul Williams and Cakes Da Killa set to take the Trianon stage. More intimate concerts will take place in bars and restaurants close to the venue.
renez deux scènes d’un club XXL, ajoutez-y une grosse dose de live, assuré ce soir par le maître du genre Frank Wiedemann du duo Âme, ajoutez une pincée des expérimentations sonores de l’allemand Dominik Eulberg, saupoudrez des pépites de Job Jobse, figure prometteuse de la scène néerlandaise, et Daniel Börtz, réputé pour ses sets éclectiques. Remuez avec les dernières trouvailles du Hollandais Cinnaman du team Rush Hour. Et obtenez la parfaite potion magique, concoctée une fois encore par les sorciers des soirées Haïku, qui vous fera danser toute la nuit. HAÏKU #27, au Virgo, le 30 avril. For its next event at Virgo, Haïku is bringing us Âme (live), sets by DJs including Germany’s Dominik Eulberg and Dutch newcomer Job Jobse,as well as Daniel Börtz and Cinnaman. A sure-fire way to make us dance all night.
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AFROPUNK FESTIVAL,
Cassius O
Toiletpaper
Haïku #27
n attendait de leurs nouvelles et on n’est pas déçus. Avec Ibifornia, leur cinquième album, le duo français Cassius place la barre haut, dans un monde onirique, un pays fantastique où on danse comme on respire, croisement idéal entre l’hédonisme d’Ibiza et la nostalgie ensoleillée de la Californie. Ibifornia, quoi ! Accompagné de tous leurs potes (Cat Power, Mike D des Beastie Boys, Ryan Tedder, Jaw et leur grand ami Pharrell Williams), Cassius and the Family Stone part en virée à 140 à l’heure du Space à Los Angeles sans jet-lag, mais avec une furieuse envie d’en découdre avec le dancefloor. Entre une face où le funk torride le dispute au disco au galop et une autre où la pop se fait caressante et déchirante, Cassius balance, art work et vidéo par Toilet Paper à l’appui, son album le plus fou, déjanté et bandant. La bande-son idéale de l’été qui arrive. French duo Cassius’ highly anticipated fifth album, Ibifornia ( Ibiza meets California) is their craziest and sexiest yet. Full of sunny tracks that combine funk, disco and pop, and with guests including Cat Power, Mike D from the Beastie Boys and Pharrell Williams, it’s safe to say Ibifornia will be the soundtrack of our summer.
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Esra Rotthoff
Afropunk Festival
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Doc Gynéco n retard mais pas trop. Il arrive d’un pas nonchalant, en survêt et casque de scooter vissé sur la tête. Il est tel que toujours, rieur et sympathique. Une fois installé, il demande «un truc à boire de toutes les couleurs». Pour les vingt ans de son premier album, Première consultation, réédité en version collector, avec inédits et bonus, Bruno Beausir, aka Doc Gynéco, opère son grand retour. Celui qui peut se vanter d’avoir marqué une génération avec les paroles de ses chansons Viens voir le docteur, Nirvana et Vanessa, est un peu barré mais pas si déconnecté. «Je suis en phase permanente avec le peuple. J’ai senti une demande à laquelle j’ai répondu.» Le Doc s’apprête à démarrer une tournée dans toute la France. Sur scène, il sera entouré de musiciens. «On va mélanger les genres, comme si tu fumais un joint avec de l’herbe et de l’acide dedans.» Tout un programme. Il évoque un prochain album, qui serait déjà prêt, «très ambitieux et dans l’air du temps». Des faux pas pour lesquels les médias ne l’ont pas épargné, il s’en amuse aujourd’hui: «J’ai un petit côté Juif errant, on ne sait jamais où on va, je suis à moitié blanc, à moitié noir, je traverse des déserts en permanence. Mon originalité, c’est ma simplicité. Je ne me laisse pas avoir par les événements qui peuvent chambouler la vie. Je suis un Tuche, si je gagne au Loto, je reste le même.» Une chose est sûre, Doc Gynéco, est dans la place. L G
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Photographie Sophie Mei Dalby
DOC GYNÉCO, à l’Olympia, les 25 et 26 mai.
Au Zénith, le 18 novembre. “I’m permanently in tune with the people – and I felt a demand ,” says French rapper Doc Gynéco, about the decision to create a deluxe version of his first album, Première Consultation, 20 years after its release. He’s also going on tour during which “we’re going to mix up genres, like you were smoking a joint with acid in it”. His next album, he promises, is “really ambitious”.
Kiddy Smile ifficile de savoir qui se cache derrière Kiddy Smile, tant, à 29 ans, celui dont le pseudo sent bon les années 1990 accumule les casquettes et semble avoir déjà vécu des centaines de vie. Grand gaillard imposant de plus de 2 mètres, adepte des looks les plus excentriques et des vestes en fourrure («j’ai construit mon identité vestimentaire assez tôt, je suis grand, je suis black, je suis homo… autant que je prenne le contrôle sur ce que les gens vont penser»), Kiddy a grandi à Rambouillet dans une famille modeste d’origine camerounaise. Adolescent turbulent, pour qui l’école n’est pas une partie de plaisir, il trouve son exutoire dans le hip-hop, puis la danse contemporaine, ce qui lui vaut de figurer dès 16 ans dans les clips de George Michael et Michaël Youn, puis de se retrouver à auditionner à New York pour la tournée de Madonna («elle m’a demandé comment je m’appelais, mon signe du zodiaque et comment je me définissais sexuellement»). Les aventures de Kiddy au pays du dancefloor sont riches en rebondissements. En vrac : sa rencontre avec Beth Ditto de Gossip, désormais une de ses meilleures amies, sa découverte des balls de voguing, dont il va devenir un des acteurs les plus médiatiques, et son goût pour la house, Marshall Jefferson et Frankie Knuckles en tête. Il s’impose comme un des DJ les plus excitants du moment, un ambianceur sonore adoré par la mode (il s’occupe aussi de la musique pour Balmain, Rick Owens ou Versace) et un des nouveaux producteurs français parmi les plus torrides. La preuve avec son maxi Enough of You, où il distille son amour de la house 1990 et du kitch eurodance façon Blackbox, le tout accompagné de clips décalés et survitaminés qui donnent envie de se remettre très vite à l’aérobic ! P A T R I C K T H É V E N I N
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Photographie Sophie Mei Dalby
KIDDY SMILE, à la Java, le 30 avril, pour la House of Moda.
EP «Enough of You.»
“I created my clothing identity pretty young,” says Kiddy Smile, 29-year-old DJ, dancer and producer, about his eccentric style. “I’m tall, I’m black, I’m gay: I might as well control what people are going to think.” As a kid he discovered a love for hip-hop and dance and by age 16 he was appearing in George Michael videos. Then he met Beth Ditto, discovered voguing and house, and became the DJ that fashion loves to love. He’s now released an EP, Enough of You, all 1990s house and Blackbox Eurodance. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Jeremy Underground onnu pour son label My Love Is Underground et ses compilations, le français Jeremy Undergroundest un personnage déjà bien installé dans le paysage électronique parisien. Ses sets éclectiques oscillent entre house et jazz, en passant par la soul et la funk. Cette fois, il prend les platines du Rex pour sa première «All night long», un exercice particulier où il promet de nous faire découvrir de belles pépites et des bombes old school savamment mixées. F R JEREMY UNDERGROUND, au Rex Club, le 30 avril. Known on the Parisian electronic scene for his label My Love Is Underground, Jeremy Underground is making his all-nighter debut at the Rex Club this month with an eclectic DJ set.
Capero Gretschmann
Jos Kottmann
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Hyphen Hyphen
Lalaland by Badaboum !
epérés par les Inrocks et rodés sur les gros festivals français (Rock en Seine, Eurockéennes, Solidays…), les quatre Niçois d’Hyphen Hyphen ont opté pour une pop moderne où les synthés le disputent aux riffs de guitare. Racée et soignée, mélodique et hasardeuse, la new pop d’Hyphen Hyphen s’inscrit dans la lignée des Phoenix, Metronomy ou The Dø, même si on craque surtout pour la voix profonde et rocailleuse de Santa, qui a perfectionné son chant aux côtés du coach vocal de Beyoncé. Et ça s’entend ! HYPHEN HYPHEN, au Trianon, le 28 juin. French band Hyphen Hyphen is following in the footsteps of acts like Phoenix, Metronomy and The Dø, with its carefully crafted pop music full of synthesizers and guitar riffs. We especially love singer Santa’s husky voice: she trained with Beyoncé’s vocal coach.
e Love Greendonne carte blanche au Badaboum, et offre au club incontournable du quartier de la Bastille une scène au cœur de son festival. Pendant deux jours, la joyeuse bande installera sous un grand chapiteau son village hippie avec club intimiste et cabaret libertaire. Ambiance déjantée en perspective et line-up au top avec Âme, Matthew Dear, le suédois Axel Boman, Acid Pauli, Session Victimen live, les Fils du Calvaireou encore le duo Masomenos. LALALAND BY BADABOUM !, au Bois de Vincennes, les 4 et 5 juin, dans le cadre du festival We Love Green. Indie-electro-ecology festival We Love Green is giving carte blanche and its own scene to the Badaboum. The club’s line-up includes Âme, Matthew Dear, a live by Session Victim, Les Fils du Calvaire, Masomenos and many more.
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Fanny Schilchter
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Kenneth Cappello
Concerts & Fêtes
The Kills resque quinze ans déjà qu’on a succombé au duo anglo-américain The Killset à leur électro-rock dépouillé et aiguisé comme un diamant. Quinze ans et cinq albums, où le Britannique Jamie Hince, juste armé d’une guitare et d’une boîte à rythmes, et la yankee Alison Mosshart, avec sa voix rauque and roll et son paquet de cigarettes, distillent un blues-rock loin des gimmicks musicaux à la mode, dont les influences se perdent du côté de Suicide, le Velvet Underground, LCD Soundsystem ou le vétéran Captain Beefheart. Farouchement indépendant, anti-major et discret (malgré la longue histoire d’amour entre Jamie et Kate Moss), le groupe revient après trois ans de silence (et des expériences en solo diverses et variées) avec Ash&Ice. Un nouvel album qui ne déroge pas à leur sens du rythme minimaliste et du riff de guitare qui démange les mollets et qui sent le cuir des blousons de motards usés sur les routes… P T THE KILLS, à la Cigale, le 3 mai. It’s been 15 years since we first fell in love with The Kills. Now British guitarist Jamie Hince and American singer Alison Mosshart are back with a fifth album, Ash & Ice, that stays true to their stripped-down blues sound.
Rihanna
Paolo Reversi
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n n’y croyait plus : après une trop longue absence musicale, le temps que Riri s’éparpille entre son nouveau job de styliste, son rôle d’égérie pour Dior et ses amourettes avec Benzema, la diva a enfin sorti Anti, son huitième album, qui ressemblait à une arlésienne à force d’être annoncé puis retardé. Un disque mal compris, où pourtant Rihanna casse son style, se risque au rock avec Tame Impala, joue à la Motown à rendre jalouse Amy Winehouse, se frotte à la pop, sans jamais oublier son côté Riot grrrl. Reste à savoir ce que peut donner une créature devenue si chic plongée dans l’arène gigantesque qu’est le Stade de France ! RIHANNA, au Stade de France, le 30 juillet. After taking a (way too long) break from music, Rihanna finally released her eighth studio album, Anti, a misunderstood record on which she explores different styles of music – rock’n’roll, Motown, pop – without shedding her rebel persona. The question remains as to how she will at the Stade de France this summer.
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Pony Pony Run Run epuis 2010, une Victoire de la musique en poche et trois albums au compteur, ces cinq musiciens qui se sont rencontrés sur les bancs de la faculté des beaux-arts de Nantes n’ont pas cessé de tremper leur pop-rock d’origine dans la soupe discofunky. Avec Voyage Voyage, leur dernier LP sorti en début d’année, c’est groove, paillettes, dance et good vibes au programme, avec même quelques incursions post-French touch filtrée qui pourrait les faire passer pour les petits-enfants de Modjo. Et on plaisante à peine ! PONY PONY RUN RUN, à la Cigale, le 17 mai. In six years and three albums, award-winning band Pony Pony Run Run has never ceased to mix pop rock with disco and funk. Its latest LP, Voyage Voyage, is no exception, with some tracks even bringing to mind Modjo and the best of French house. Let’s get into the groove!
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PALACE scope
Bachar Mar-Khalifé
A-Wa L
ils de Marcel Khalifé, icône de la chanson arabe, le Franco-Libanais Bachar Mar-Khaliféa pris le temps de trouver sa voix, un pied dans la tradition, l’autre dans le futur, avec toujours le piano en ligne de mire. Avec son mix de notes blanches et noires intimiste, ses mélodies orientales, ses emprunts à l’électro et ses excursions autant vers le jazz que les comptines pour enfants, Bachar laisse la porte de sa musique grande ouverte aux expériences (on l’a vu ainsi collaborer avec le pianiste électro Francesco Tristano ou le maître techno de Detroit Carl Craig) tout en tissant des ballades absolument déchirantes.
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Kenneth Cappello
à la Gaîté Lyrique, le 10 mai. The son of famous Lebanese singer Marcel Khalifé, Bachar MarKhalifé took the time to find his own voice. A blend of piano, electronica and Arabic melodies, his music ranges from heartbreaking ballads to jazz and nursery rhymes.
a petite vingtaine, Antigone, le DJ français révélé par les soirées Concrete est la nouvelle star de la scène techno et sera du line-up du festival Weather. Questions. La Techno? «En 1998, j’avais 8ans, ma marraine m’a emmené pour la première fois à la Techno Parade. Ce fut mon baptême, j’ai commencé à acheter des disques, de la techno, de la house, même quelques titres de David Guetta… Mais les choses ont vraiment démarré vers 16 ans, quand j’ai commencé à produire. Je faisais régulièrement écouter mes démos à DJ Zadig, et un jour il m’a proposé de sortir mon premier disque sur son label. C’était en 2010.» Le Clubbing? «Je n’ai jamais été un gros clubber, et à l’époque je trouvais la nuit pas vraiment excitante. Et puis un jour, je me suis retrouvé en after à Concrete, et j’ai adoré. Peu de temps après, j’ai rencontré Brice Coudert, le boss, et on s’est tout de suite bien entendus. Je venais de sortir mon premier maxi, il m’a proposé de mixer sur le bateau, c’était mon entretien d’embauche, la première fois que je mixais en club devant 600 personnes. Ça a marché : je suis devenu un des DJ résidents avec François X.» Influences? «Jeff Mills, comme beaucoup de DJ, mais aussi Inigo Kennedy et surtout Luke Slater, qui produit une musique très complexe qui met du temps à se révéler.» Concrete?«Ce que j’aime à Concrete, c’est que c’est vraiment le club où tu n’es pas obligé de jouer ce que les gens attendent de toi. Quand on pense Antigone,
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Hassan Hajjaj
BACHAR MAR-KHALIFÉ,
a pop yéménite, ça vous parle moyennement ? C’est pourtant le choix opéré par les trois sœurs israéliennes d’A-Wa, qui ont décidé de moderniser le dialecte et la culture de leurs grands-parents en mariant paroles et sonorités traditionnelles avec des rythmiques world, trip-hop et synthétiques. Repérées sur YouTube par le leader du groupe Balkan Beat Box, elles viennent de signer un premier EP, parfaite mise en bouche en attendant l’album, qui donne envie d’osciller du bassin et de pousser des youyous de joie. A-WA, à la Gaîté Lyrique, le 26 mai. Discovered on YouTube, A-Wa is a band formed by three Israeli sisters who combine traditional Yemenite folk singing with trip hop and electronic music.
on pense techno, et la Concrete est un des rares clubs où je peux me permettre de jouer de la house en plein milieu d’un set techno. C’est un endroit ni sombre ni fermé, mais ouvert, où les gens manifestent leur joie. On peut donc, en tant que DJ, se laisser aller avec le flow, pas comme au Berghain à Berlin où la musique est dure et froide. Concrete, c’est le club à l’ancienne, quand j’y joue je me sens plus disc-jockey que DJ !» Paris, le nouveau Berlin ?«J’adore Berlin, mais c’est une ville sombre, la fête n’y est pas vraiment joyeuse, et leur politique d’entrée, franchement, je n’ai jamais vraiment compris. Ne cherchons pas à ressembler aux autres villes.»
Sasha Marro
Antigone
PATRICK THÉVENIN ANTIGONE (EN LIVE), au Bourget, le 4 juin,
dans le cadre du Weather Festival. EP «We Move As One» d’Antigone & Francois X.
“I was eight in 1998 when my godmother took me to my first techno parade,” says Antigone, DJ and resident at floating club Concrete in Paris. “I began producing aged 16. In 2010, DJ Zadig agreed to release one of my demos . Then I met Brice, the boss at Concrete. I played there and became a resident. It’s an open place where people can express their joy, an old-school club!”
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Concerts & Fêtes
Le portrait amoureux uand on cherche sur Google, Romain BNO n’a pas de page Wikipedia et finalement peu d’articles sur lui, ce qui est un signe révélateur de sa timidité, et de ses scrupules sur l’ego des DJ. Sur sa pageSoundcloud, une seule phrase, comme une épitaphe : «I was born very young.» Ce qui pourrait être détourné pour une campagne mondiale de Nike devient chez lui le comble de
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quand même pas rien. Comme un archange qui vous dirige vers la musique la plus sombre de Berlin. Dans notre bande d’alors, Romain avait une place à part. On aimait les disques qu’il passait car il était spécialiste du son Prelude du début des années 1980, ce disco rugueux et mélodique, bourré de synthés. On était tous silencieusement amoureux de lui. Il y a vingt ans, Romain était admiré des gays, un peu comme Philippe Zdar pendant la période French touch. Il est toujours aussi beau mais, à cette époque, il irradiait. Et pourtant il ne s’en est jamais offusqué. Il aurait pu développer un énervement du genre «J’en ai marre qu’on regarde ma belle gueule, je suis un DJ, merde», mais ce sexappeal était, lui aussi, un pont entre les gays et les hétéros quand il y en avait si peu. Historiquement, Romain connaissait par cœur le lien entre la disco gay et le funk hétéro et cela peut paraître extrêmement banal aujourd’hui mais ces ponts sont des ouvrages solides, leur mortier résiste au temps. Romain avait cette gueule d’ange brun qui fume, qui boit mais qui garde une ingénuité qui fait craquer garçons et filles. Il ressemble à ces personnages dont Morrissey parle dans ses chansons. This charming man, c’est ce qui résume Romain BNO, et, comme les classiques des Smiths qui n’ont pas vieilli, le style de Romain réapparaît dans la scène techno parisienne d’aujourd’hui, comme l’atteste le mix Panthatlon de 2014 sur son Soundcloud. D I D I E R L E S T R A D E
Romain BNO
l’understatement. En effet, Romain appartient à cette première génération de DJ hétéros, apparue au début des années 1990, qui a fouillé dans les trésors cachés des vagues musicales de sa naissance : disco, funk, soul, freestyle. Comme Ivan Smagghe, il a travaillé dans un des meilleurs magasins d’import house de Paris, en l’occurrence BPM Records, la boutique de Sal Russo, rue Keller. On allait dans ces boutiques en poussant nerveusement la porte, comme on entrait chez Black Market à Londres, toujours avec timidité. Je dis toujours qu’au début de la house pénétrer dans un magasin d’import était comme pousser la porte d’un sex-shop. C’était excitant mais très intimidant aussi, mais Romain était là, poli, réservé, souriant, en retrait malgré une aura qui l’entourait. C’est à BPM, par exemple, que je suis allé pour la première fois découvrir les premiers maxis de Maurizio. En fait, c’est Romain qui m’a montré les disques de Chain Reaction. Ce n’est
This charming man
Didier Lestrade a été chroniqueur musical à «Libération». Fondateur d’Act-Up Paris, et cofondateur du magazine «Têtu».
Photographie Sophie Mei Dalby
Romain BNO is discreet. He first appeared on the scene in the early 1990s, with old disco, funk, soul and freestyle, and worked in the best import stores. At the time they were like sex shops: both exciting and intimidating. But Romain was kind and guided you. And he was an angel with a dirty face for both boys and girls. And Romain hasn’t aged a bit, as his 2014 Panthatlon mix on Soundcloud proves.
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Solidays A
Omar-S
n se réjouit particulièrement de retrouver Omar-S derrière les platines du Badaboum. De son passage il y a un an pour la soirée Popcorn, on garde un souvenir particulier, il y a des nuits comme ça, plus folles et plus électriques que d’autres. Alors on compte sur le Dj de Detroit, qui vient de sortir sur son label FXHE son cinquième album sobrement intitulé The Best, pour enflammer le dancefloor de notre club préféré. OMAR-S, au Badaboum, le 14 mai. We are especially glad Detroit-based DJ Omar-S is coming back to our favorite club, the Badaboum, after his electrifying set last year. His fifth album, entitled The Best, is guaranteed to ignite the dancefloor.
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a programmation de la nouvelle édition du festival WeLoveGreenressemble à un feu d’artifice, avec le retour de LCD Soundystem et de PJ Harvey en concert, mais aussi Hot Chip, Savages, AIR ou Diplo. Clément Meyère, programmateur du festival, nous parle de ses cinq coups de cœur, et on peut lui faire confiance. PNL. Un projet qui fait l’objet de pas mal de fantasmes. Succès trop fulgurant pour être honnête, trop mature pour être spontané. Tout et n’importe quoi a été dit sur ce duo de rappeurs. Restent des tubes qui s’enchaînent depuis deux ans, des productions futuristes et electronica qui rappellent les fulgurances d’un Clams Casino. Shanti Celeste. En plus d’être une excellente DJ, la productrice de Bristol a sorti l’une des meilleures trilogies de maxis de 2015. House lo-fi et mélodies perchées, Shanti Celeste crée des passerelles inédites entre le classicisme de Chicago et l’éclectisme typiquement anglais. Kelela. Ça faisait longtemps que Kelela était vouée à jouer chez We Love Green. Elle fait partie de la dernière génération d’artistes à avoir signé sur le label Warp et de cette nouvelle scène de chanteuses R’n’B, qui, comme FKA twigs, sait combiner musique urbaine et froideur electronica.
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nnée après année, le festival de lutte contre le sida continue de réunir des milliers de fans à l’hippodrome de Longchamp. Au programme de cette édition rebaptisée Solidays of love : des légendes du groupe Cypress Hill aux revenants Louise Attaque en passant par la sensation du moment Jain, Ibrahim Maalouf, The Shoes, Synapson, Selah Sue, M83, Flume, Broken Back et bien d’autres, la programmation toujours aussi riche et éclectique promet une fois encore, trois jours de concerts exceptionnels. SOLIDAYS, à l’Hippodrome de Longchamp, du 24 au 26 juin. Programmation complète : www.solidays.org The 18th Solidays festival, renamed Solidays of Love, will host 80 concerts, spread over three days, by eclectic acts such as Cypress Hill, Louis Attaque, Jain, Ibrahim Maalouf, The Shoes, Synapson, Selah Sue, M83, Flume and Broken Back.
Jacques. C’est l’ovni du festival avec un grand «O». Sa musique électronique est un mélange d’expérimentation, de collage sonore, de happening dadaïste. Difficile à décrire, il vaut mieux le voir pour comprendre le personnage. Avec Flavien Berger, l’un des artistes français les plus surprenants et intéressants du moment. Fat White Family. Une bande de cinglés en provenance de Londres. Objet de perversion scénique, Fat White Family est mon dernier coup de cœur issu du sillon psyché-rock. C’est le genre de groupe que l’on programme parce qu’on sait que quelque chose d’inattendu va se produire. WE LOVE GREEN, au Bois de Vincennes, les 4 et 5 juin. This year’s We Love Green festival has a killer line-up : LCD Soundsystem, PJ Harvey, Hot Chip, Savages. Plus festival booker Clément Meyère’s alternative top-five acts. 1. PNL: “French rap, futurist electro production”. 2. Shanti Celeste: “Building bridges between lo-fi house and Chicago classicism”. 3. Kelela: “Combining urban music and electro cool”. 4. Jacques: “A musical ET and one of most interesting French artists out there”.5. Fat White Family: “Lunacy from London: anything can happen”.
We Love Green
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Concerts & Fêtes
Villette Sonique omme chaque année depuis onze ans, le festival Villette Sonique envahit le parc de la Villette avec une programmation qui nous fait pousser des cris de joie. Cette année, la set-list ne déroge pas à la règle avec les trop rares et radicalistes de la techno SmithnHack, le post-rock tourmenté de Tortoise, les sifflements dronesques de Suuns ou la nouvelle DJ-productrice venue de Hambourg dont tout le monde parle, Helena Hauff. Mais, cette année, l’événement du festival sera l’anniversaire de Versatile. En vingt ans, le label parisien farouchement indépendant, électro mais pas que, aura fédéré autour de lui les talents les plus insolents de la French touch, de I:Cube à Joakim, de Zombie Zombie à Acid Arab, de Château Flight à Pépé Bradock, infusant sur la musique contemporaine sa science du groove, sa philosophie de la liberté et son goût du risque. On sera là pour souffler les bougies de cet énorme gâteau. P T VILLETTE SONIQUE, à la Villette, du 27 mai au 1er juin. VERSATILE, 20TH ANNIVERSARY, les 28 et 29 mai. For the 11th year running, the Villette Sonique’s line-up is making us giddy with excitment. The solid bill features techno music radicals Smith & Hack, American post-rock band Tortoise and German electronica sensation Helena Hauff. But the festival’s main event is the 20th anniversary of Parisian independent label Versatile. The festivities will include live music, DJ sets and performances.
n avait laissé le fou chantant de la scène française avec Magnum, un album de disco gorgé de gags à tous les étages, évoquant aussi bien les bêtises de Jean Yanne que les paillettes des Village People ou le générique de La croisière s’amuse. Une excursion sur le dancefloor accompagnée d’un film du même nom où le chanteur laissait s’exprimer son goût pour la nudité, l’humour absurde et les tropiques. De retour avec Le Film, son nouvel album, Katerine a éliminé les fanfreluches et les effets de manche, remisé la boule disco à facettes à la cave, pour s’installer seul à son piano et composer, chanter, à la manière d’un artisan orfèvre, seize titres dépouillés et apaisés, qui prouvent que Katerine peut aussi être, pour ceux qui en douteraient, un clown triste et sentimental. KATERINE, au Flow, les 11, 12, 17, 18, 24, 25 et 26 mai. Le Film, Katerine’s new album, is a far cry from his previous disco-influenced effort, Magnum. For Le Film, the singer wrote and composed 16 stripped-down tracks, beautiful piano ballads that show his sentimental side.
Eric Garault
Katerine O
à ne pas manquer si vous y tenez... DJ Harvey, à Concrete, le 4 mai. Iggy Pop, au Grand Rex, le 15 mai. Andrew Weatherall, au Badaboum, le 20 mai. Haïku x Maeve,au Yoyo, le 22 mai, avec Mano Le Tough, Ripperton, Baikal, The Drifter. Flavien Berger, à la Cigale, le 26 mai. Nils Frahm, au Louvre, le 29 mai. Giorgio Moroder, à l’Olympia, le 11 juillet.
Weather Festival onne nouvelle, le Weather Festival est de retour au Bourget ! Ceux qui y étaient il y a deux ans le confirmeront, l’endroit est assez exceptionnel avec son dancefloor-tarmac et ses fusées Ariane et avions XXL en arrièreplan. Nouveauté de cette édition, le Tipi Village, une aire de camping aménagée, avec tipi tout confort, pour les marathoniens qui voudraient profiter de la musique presque non-stop pendant trois jours. A ne pas manquer cette année, le set hip-hop de Robert Hood, le b2b Onur Özeret Binh réunis sous le nom de Treatmentou encore l’alliance de choc entre Seth Troxleret les Martinez Brothers, baptisée Tuskegee. Et on ne boude pas notre plaisir de retrouver les incontournables et fidèles Marcel Dettmann, Nina Kraviz, Ricardo Villalobos, Richie Hawtinou encore le trio Apollonia. Vivement le décollage ! F R WEATHER FESTIVAL, au Parc des expositions du Bourget, du 3 au 5 juin. Programmation complète : www.weatherfestival.fr
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After a year out in Vincennes, the Weather Festival is back at Le Bourget, this time with a campsite full of teepees for those who don’t want to miss a second of the fantastic line-up: Robert Hood, Onur Özer on b2b with Binh, Tuskegee, not forgetting the always reliable Marcel Dettman, Nina Kravitz and Apollonia. Prepare for takeoff!
Rubrique «Concerts&Fêtes» réalisée par L U C I E G O U Z E avec P A T R I C K T H E V E N I N et D I D I E R L E S T R A D E PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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E nvies &P laisirs
Diamants de rêve
ondée par un couple de diamantairesjoailliers il y a vingt ans, la maison Blanchin Joaillerie revisite le classicisme à la française avec ses parures à la fois inspirées par la joaillerie des XVIIe et XVIIIe siècles et par l’art figuratif. Dans leur précieuse boutique-atelier située au cœur de SaintGermain-des-Prés, ces merveilleux artisans amoureux de la joaillerie proposent également un service sur mesure, où ils dessinent et conçoivent à la demande les bijoux de vos rêves.
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Blanchin Joaillerie.13 rue de Tournon, Paris VIe. 01 46 33 23 16.
Blanchin Joailleriewas founded 20 years ago by a couple of jewelers and diamond cutters. In their store located in the sixth arrondissement, they create custommade pieces according to their clients’ desires.
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PALACE scope
Exquises pochettes reciously Paris est une marque créée en 2010 par Carole Teissier, une architecte d’intérieur qui a souhaité allier deux de ses passions: la haute couture et l’art contemporain. Elle commence par personnaliser les jeans de ses clientes en les faisant broder sur mesure dans les ateliers de Jean-François Lesage. Il y a deux ans, elle décide de lancer une collection de pochettes au style ludique, destinées aux femmes lassées des it-bags. Confectionnées dans des matériaux luxueux (cuir, velours, denim importé du Japon, satin de soie d’Italie), les pochettes sont brodées à la main à Paris et éditées à 38 exemplaires numérotés. De véritables objets de collection à porter de jour comme de nuit.
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Created in 2010 by interior designer Carole Teissier, Preciously Pariscreates luxurious, yet playful clutch bags inspired by modern art. Each limited-edition model is hand-embroidered in Paris.
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Envies & Plaisirs
Nouveautés à l’Essai
Maserati Levante. Tout en haut! our ceux qui ont toujours associé le nom de Maserati à la vitesse, le premier dépaysement vient de la silhouette haute. Les Maserati, depuis plus de cent ans, sont basses, collées au sol, voitures de course ou de grand sport. Mais, avec la Levante, quelque chose se lève de nouveau, et s’élève plus haut qu’aucun autre modèle de la marque auparavant. Ses ingénieurs se sont penchés sur la question, puis ils ont pris de la hauteur. Et ont créé une machine efficiente, d’accord, mais d’abord jouissive, romanesque, jamais indifférente. D’autres dépaysements nous attendent : les escapades loin du tarmac habituel, les désirs d’arrière-pays escarpés et de plages secrètes… Les stylistes aussi ont réfléchi à l’altitude nécessaire et résisté à leur manière. La partie basse est celle d’un échassier: il s’agit de dominer un terrain malcommode, d’en remontrer aux fondrières.Mais voyez comme le pare-brise s’incline, comme
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le pavillon s’abaisse sur la «ceinture de caisse», comme les vitres fuient vers l’arrière, comme le capot cherche le vent, loin vers l’avant. Un 4 x 4, mais profilé, un SUV, mais élégant, un tout-terrain, mais de sport… Et d’autres ingrédients de la vieille légende devraient aussi perdurer : le plain-chant des moteurs, la richesse des matériaux, «l’exubérance discrète» de l’habitacle. Une atmosphère griffée… R O B E R T P U Y A L The Maserati Levanteis a 4x4 with style, an SUV with elegance, an offroader with a sporting edge. The Levanteis what happens when Maserati goes off piste and imagines an SUV through the prism of its design philosophy – one accompanied by the joyful noise of that legendary Maserati engine roar.
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Nouveautés à l’Essai
Porsche Mission E.La magie autrement ne Porsche sans moteur ? Vision d’un autre monde possible… Blanche, allongée, presque diaphane, la Mission E dévoile le futur: propre, élégant, rapide. Cette grande forme qui hante les salons 2016 en dit long sur ce qui nous occupe : les nécessités de rouler autrement, et l’envie de rouler toujours. Ses deux moteurs électriques totalisant 500 chevaux, la Mission E est capable, tel le fantôme auquel elle ressemble, de filer en silence de 0 à 100 km/h en 3,5 secondes, plus vite que n’importe quelle limousine, avec tellement plus d’élégance ! Porsche cultive en nous la gourmandise de la vitesse, même et surtout dans ses visions écologiquement correctes. La Mission E maîtrise aussi l’alchimique secret d’étapes de 500 kilo-
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mètres et de recharges éclair. Derrière les longues portes qui libèrent tout le profil, l’habitacle met à profit la petitesse des moteurs, donne leurs aises aux passagers sans léser le conducteur, servi par des compteurs holographiques. La technologie est discrète, presque évanescente. Vertige de road-trips silencieux et rapides. Et si c’était la mission des électriques de révéler l’essence du mouvement ? R O B E R T P U Y A L The Mission E concept car is a Porsche without an internalcombustion engine. Instead, it has two electric motors that generate 500 horsepower and take it from 0-100kmph in 3.5 seconds –in silence– while giving it 500 kilometers of autonomy. Discreet evanescent technology for the future.
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Envies & Plaisirs
Brough Superior, moto haute couture a mythique marque anglaise, celle qu’on appelle «la RollsRoyce de la moto», celle dont Lawrence d’Arabie possédait sept modèles, rugit de nouveau. C’est en 2008 que Mark Upham, grand collectionneur anglais, rachète Brough Superior, en sommeil depuis plus de soixante-dix ans, et fait appel à des Français, le bureau d’études toulousain Boxer Design. Ensemble, ils font renaître le modèle culte, la SS100. Une édition limitée à 300 exemplaires, 100% made in France, qui «a déjà séduit des collectionneurs, des fans de la marque qui souvent possèdent déjà un ancien modèle», raconte Albert Castaigne, directeur exécutif de la marque. Ce bijou haute couture garde son esprit rétro, mais intègre des technologies de pointe, pour un rendu très high-tech : un châssis en titane inspiré de l’aéronautique, un moteur bicylindre en V du concepteur de moteurs de course Akira, qui atteint entre 100 et 140 chevaux, une fourche Fior en aluminium (une technologie de Grand Prix jamais produite en série), des freins Beringer, le spécialiste du freinage haute performance de compétition… Des matériaux et des pièces de très haute qualité assemblés à la main qui font de cette nouvelle Brough Superior une moto unique. D’autres modèles sont déjà en préparation. Coût de cette merveille : 60 000 €. F L O R I A N E R E Y
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Iconic British motorcycle manufacturer Brough Superior, once known as the Rolls-Royce of motorbikes, is back thanks to new owner Mark Upham and Toulouse-based design office Boxer Design. Together they are launching an updated version of Brough’s legendary SS100 motorcycle. Made and hand-assembled in France, the SS100 has already seduced collectors with its retro look and hightech features – titanium frame, a V-twin engine producing 140 horsepower. The price of this beauty ? €60,000.
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Jérôme Dreyfuss/Jean-Paul Goude l faut grimper sur les hauteurs de Paris, puis encore monter les quatre étages de la maison pour accéder à l’atelier de Jean-Paul Goude et découvrir son incroyable vue sur Paris. Le lieu est magique : on est entouré de photos mythiques, de dessins, de sculptures et d’immenses maquettes de crocodiles en papiers… Jean-Paul est avec Jérôme Dreyfuss, célèbre créateur de sacs, qui aime «leur donner vie avec humour», dont il a réalisé la campagne de publicité. Jérôme, pourquoi avez-vous choisi Jean-Paul Goude pour réaliser vos images ? Jérôme Dreyfuss. Un rêve d’enfant ! A 14 ans, j’ai vu le défilé du Bicentenaire de la Révolution et je me suis promis de travailler un jour avec lui. «Enfin, tu l’as fait !» m’ont dit mes amis. J’ai toujours voulu garder une distance avec la mode, qui selon moi n’a d’importance que pour apporter du plaisir aux gens. Lui aussi a ce recul, cet humour et cette légèreté. J’aime toutes ses images ! Les séries à New York dans les années 1960, à l’époque où aucun mannequin noir ne faisait les couvertures des magazines, Grace Jones, les kodakettes… Son travail va droit au but, sans fumée devant l’écran. Peu de gens savent faire cela. Et qu’avez-vous en commun ? Jean-Paul Goude. Cette faculté à rire de soimême et des valeurs. Comme lui, j’ai toujours regardé la mode de loin, comme une nourriture pour mon travail. Si on m’avait demandé de faire de la publicité pour un sac, j’aurais refusé. Mais il m’a raconté l’histoire de ses sacs «amoureux», qui portent tous un nom d’homme : Billy, Edouard, Maurice, Diego… J’ai adoré et j’ai dramatisé l’histoire, car, lorsque je fais des images, je les mène à leur paroxysme. Je lui ai fait une démonstration chorégraphique en embrassant le sac fougueusement ! La danse, c’est une métaphore du sexe et de l’amour, j’ai donc imaginé un couple de danseurs et j’ai remplacé l’homme par un sac ! Je voyais bien Aurélie Dupont danser sa version
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de Diego, mon amour au lieu du Lac des cygnes. Il fallait que ce soit amusant. Je sais par expérience que les choses faites en s’amusant sont les meilleures. Il faut se faire son bonheur à soi. Les femmes avec qui vous avez travaillé sont devenues des icônes. C’est le tour d’Aurélie Dupont ? J-P.G. Elle est incroyablement professionnelle, tolérante, patiente. Elle l’a fait pour s’amuser, on n’a même pas écrit son nom. C’est plutôt le sac qui est la vedette. Sur le film, on a ajouté la chansonJ’ai deux amours car c’est une femme infidèle, elle passe d’un sac à l’autre, d’un homme à l’autre… J.D. Je reçois beaucoup de courriers très drôles, du style : «A cause de vous, ma vie est devenue un enfer, je viens de rencontrer Momo, mais je ne peux pas quitter Billy !» Jérôme, votre dernier sac porte le doux nom de «Jean-Paul»… J.D. Je jubilais de voir Aurélie serrant Jean-Paul (le sac) dans ses bras et JeanPaul (l’homme) qui lui soufflait : «Oh, mon Jean-Paul chéri…», les dialogues qu’elle devait dire dans le film. Lorsque j’ai travaillé avec Michael Jackson, j’ai rencontré un homme ultra sympathique et surtout un énorme travailleur. C’est comme avec Jean-Paul. Il ne faut jamais arrêter de travailler et d’avancer. Et son humour m’a beaucoup rassuré, je ne me suis pas senti seul. J-P.G. Moi, j’ai découvert Jérôme, si c’est ça la nouvelle génération, c’est formidable ! J.D. Vous l’écrivez bien, ça ! Propos recueillis par ANNE DELALANDRE
Dessins «L’amour vache» et «L’amour tendre» © Jean-Paul Goude.
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La crème des crèmes h My Cream !… Oh My Cream !…» Sur le trottoir du numéro 3 rue de Tournon, il ne se passe pas cinq minutes sans que les passants, amusés par le nom de cette nouvelle enseigne de beauté, s’exercent à le prononcer tout haut. Par la fenêtre de son bureau, juste au-dessus, Juliette Lévy observe avec bonheur les effets euphorisants du concept qu’elle a lancé fin 2013. Deux ans plus tard, le succès ne se dément pas. Que celle qui n’a jamais jeté un pot de crème de soin à peine entamé lève le doigt. «Manque d’efficacité, conseils inappropriés de la vendeuse… ce genre de déboire nous est arrivé à toutes, moi la première !» constate la jeune Parisienne de 28 ans. D’où son idée de réunir en un même lieu «la crème des crèmes» : des produits pour la peau (mais aussi les cheveux et les ongles) rigoureusement sélectionnés et testés. Oh My Cream !, c’est donc une trentaine de marques cultes issues du monde entier, parmi lesquelles Joelle Ciocco, Ren, Dermalogica ou encore Tata Harper. Critères exigés ? «Un beau packaging, une formule irréprochable contenant d’excellentes huiles végétales et un prix juste», précise Juliette, qui teste tout avec Fleur Bazin et Marion Massias, ses fidèles collaboratrices. «Il faut que ça suscite l’hystérie !» Son coup de cœur du moment : une huile de rosier sauvage qui rééquilibre la peau tout en atténuant taches et irrégularités. «Nos vendeuses établissent pour chaque cliente un diagnostic de peau avant de rédiger une prescription personnalisée et leur remettre des échantillons», explique Juliette. Aujourd’hui, Oh My Cream ! compte treize salariés, deux boutiques à Paris, une à Bordeaux et à Aix-en-Provence, et s’apprête à ouvrir son site Internet à l’international. Oh My God ! P A T R I C I A K H E N O U N A Tired of inefficient and just-plain-bad advice from salepersons,Juliette Lévy, a 28-year-old Parisian, had the idea for OhMy Cream!, a store that sells the crème de la crèmeof face, hair and nail creams from the like of cult brands such as Joelle Ciocco, Ren and Dermatologica. Juliette and two of her colleagues thoroughly test each product and select those that combine “beautiful packaging, irreproachable vegetable-oil formulas and a fair price”. Oh My Cream! now has three stores –two in Paris, one in Bordeaux. Up next is the launch of the brand’s international website.
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a maison de haute horlogerie Audemars Piguet vient d’inaugurer sa nouvelle boutique au cœur du VIIIe arrondissement, à deux pas des ChampsElysées et de l’avenue George-V. Un écrin luxueux où l’on retrouve l’intégralité de la collection de la marque ainsi que des modèles exclusifs. Partenaire d’Audemars Piguet depuis de nombreuses années, la maison Arije assure la direction de ce nouvel espace.
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Audemars Piguet. 46rue Pierre-Charron, ParisVIIIe. 0147208080.
n mai, la maison Lanson mettra en vente pour la première fois les 7 870 bouteilles numérotées de sa cuvée Clos Lanson 2006. Ce champagne millésimé exceptionnel est issu des vignes du clos Lanson, une parcelle à l’abri des regards située en haut d’une colline faisant face à la cathédrale Notre-Dame de Reims. Vinifié sous bois pendant plusieurs mois, ce champagne noble et tout en finesse ravira les palais les plus avertis.
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Etonnants Créateurs
Mira Mikati our Mira Mikati, tout a commencé avec Plum, un concept store basé à Beyrouth dans la veine d’un colette, avec des sapes urbaines chics, des griffes branchées, des objets surprenants… C’est après une collaboration avec Façonnable, qu’elle imagine une marque à la fois classique et parfaite dans ses coupes, mais avec une identité visuelle joyeuse, créative et surprenante, teintée d’humour et d’irrévérence. «Mon style ? Différent, facile à vivre, drôle et coloré», s’amuse-t-elle. Ainsi, dès sa première collection l’année dernière, Mira Mikati a fait mouche avec un bomber délirant co-brandé avec l’artiste Craig Redman. De petites bombes en technicolor, dont les imprimés dans tous les sens en ont mis plein les yeux de la fashion sphère et ont illico imposé la demoiselle dans la cour de celles que l’on suit. Elle réitère l’expérience cette année avec un blouson cette fois customisé par Kaws, artiste connu pour ses fameux toyz. Mais Mira Mikati, ce sont aussi des collections de prêt-à-porter fortement empreintes de cette gypsitude qui lui est chère : robes et jupes longues et vaporeuses, manteaux amples, mais aussi des petits spencers, des trenchs sans manches, des chemises, des sneakers… Le tout décliné dans des couleurs qui pètent et brodé d’imprimés qui splashent.
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CHARLOTTE GUILLEMIN
Mira Mikati began with concept store, Plum, in Beirut, a sort of Lebanese colette. Then, after a collab with Façonnable, she created her own label. The first collection, released last year, was fun, creative and surprising, featuring bomber jackets for which she collaborated with artist Craig Redman. This year she’s worked on jackets with toyz designer Kaws, and also produced some easy-to-wear ready-towear, including long skirts, shirts and sneakers.
Joaillerie et
architecture n puisant son inspiration sous les arcades parisiennes, David Gusky, jeune créateur américain de 27 ans, a donné vie à une remarquable collection de bijoux. Issu d’une famille de joailliers, ce féru d’architecture a fait de l’arche le symbole de sa maison baptisée Davidor. Une figure architecturale que l’on retrouve déclinée sur ses précieux bijoux frappés d’or, de diamants et de laque. La Maison Davidor a développé et déposé sa propre taille de pierre : l’«Arch Cut». Dans sa première collection, entièrement fabriquée en France, bagues, bracelets, pendentifs et créoles déclinent l’iconique arche qui joue avec la couleur et jongle avec les carats. Certaines pièces exceptionnelles visent même la haute joaillerie, comme cet éblouissant bracelet en platine serti de diamants arche et de diamants ronds taille brillant. Pour qui ? Une Parisienne, of course, vue par David Gusky comme «une femme sûre d’elle qui arbore une élégance chic et raffinée, sans en faire trop». Ce jeune Américain qui a posé ses valises depuis deux ans dans la capitale n’a pas fini de nous enchanter, puisque cet été il inaugurera sa boutique au numéro 2 de l’avenue Montaigne, où nature, architecture et joaillerie nous font la promesse de belles surprises. S A N D R A S E R P E R O
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Ouverture de la boutique cet été, 2 avenue Montaigne, Paris VIIIe.
David Gusky, a 27-year-old American designer from family of jewelers, has created a remarkable jewelry collection of his own. Passionate about architecture, he has chosen the arch as a symbol for his brand, Davidor, putting it on rings, bracelets, pendants and hoop earrings in gold or diamonds. The collection is made in France and aimed squarely at the Parisian woman, who David Gusky describes as, “confident, elegant, chic and sophisticated”.
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L’Hôtel de Charme par excellence… ur un chemin de traverse, entre Deauville et Trouville, l’hôtel 5 étoiles Les Manoirs de Tourgéville dresse ses colombages et ses pavillons circulaires à travers prés. Situés à Tourgéville, les Manoirs mettent en scène un art de vivre douillet à quelques encablures des légendaires planches de Deauville... Tour à tour mansardées ou ouvertes sur le parc de 7 hectares, les 57 chambres (dont 35 suites) invitent à y passer de doux moments de détente, en regardant au loin la campagne normande si relaxante.Une atmosphère cosy propice aux réunions de famille, aux fêtes amicales et aux escapades en amoureux. Rester dans sa chambre conçue comme un nid d’amour, se détendre au bar près de la cheminée, faire quelques longueurs dans la piscine chauffée, s’offrir un moment d’évasion au spa by Esthederm... Ou encore s’attabler au restaurant panoramique, le 1899, dédié à la gourmandise ! Plus surprenant, la salle de cinéma privée pour assister à plusieurs (50 places) ou en solo à la projection de quelques chefsd’œuvre du grand écran. Les Manoirs de Tourgéville (Deauville).
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Chambre double Manoir, à partir de 170 € la nuit. 02 31 14 48 68. www.lesmanoirstourgeville.com
Located near Deauville’s famous boardwalk, Les Manoirs de Tourgévillewelcomes you in a cozy setting in the heart of the Normandy countryside. The five-star hotel set in a 17-acre park offers a total of 57 rooms (including 35 suites), an indoor heated pool, a screening room, and a restaurant with a panoramic view, making it the perfect destination for a relaxing weekend with friends, family or your significant other. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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PALACE scope our l’été, Mad Lords a choisi de mettre en avant l’une des pierres précieuses les plus anciennes : la turquoise. De la Perse au désert du Sinaï en passant par les régions d’Arizona peuplées de tribus indiennes, cette pierre est considérée comme magique depuis l’Antiquité. Mad Lords a demandé à ses créateurs les plus talentueux d’imaginer des bijoux contenant cette pierre à l’esthétique estivale. Fidèle à la diversité de ses choix et de ses créateurs, Mad Lords saura vous proposer de nombreuses autres alternatives autour de pierres estivales toujours plus précieuses. This summer, Mad Lords, a store dedicated to rare designer jewelry for her and him, offers a selection of turquoise jewelry created by its most talented designers. Alongside turquoise, a precious gemstone believed to have magical properties, Mad Lords also has a selection of pieces made of other summery precious stones.
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Exclusif Mad Lords
Mad Lords. 316 rue Saint-Honoré, Paris Ier. 01 45 25 08 31. www.madlords.com
Accumulation bracelets M.Cohen en exclusivité chezMad Lords
Bague rectangulaire Jacquie Aiche, or rose et sugilite turquoise
Bague Jacquie Aiche, turquoise, or jaune et diamants blancs
Jonc Harpo,argent et turquoise
JoncSusanne Pascale Monvoisin, or rose, turquoise, diamants
Accumulation colliers Mad Lords
Bague ovale Harpo, turquoise et argent PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Envies & Plaisirs
ette année, la maison Piaget enrichit sa collection Possession, imaginée autour du concept de l’anneau mobile, de deux nouvelles bagues en or rose et diamants mais aussi d’une ligne de bracelets joncs. Déclinés en or rose et or blanc, ils peuvent être portés seuls ou en accumulation. Une collection lumineuse, à l’image de l’égérie de la maison, la divine Jessica Chastain.
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Luxe délicat ’ai souhaité un retour à l’essentiel, un luxe discret intemporel», raconte Sylvie Véron Hériard-Dubreuil, créatrice de la jeune maison de maroquinerie française Verbreuil. «L’important, c’est d’offrir aux femmes de beaux objets qui les accompagnent.» Des lignes pures qui dessinent avec légèreté la silhouette, des détails raffinés, comme une poignée ronde en alligator, et des associations de cuirs exotiques caractérisent la maison. Tous les sacs sont fabriqués à la main en France par des artisans formés aux techniques les plus pointues. Pour le printemps, la maison Verbreuil habille sonMini La Gare et son Mini Tranicq en karung d’un rouge éclatant.
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Les must have des Galeries Lafayette e n’est pas la mode qui fait l’été, mais l’été qui se la joue mode. Entre fun et légèreté, on accueille la saison des coups de soleil avec douceur. Juste le temps d’un summer break aux Galeries Lafayette. 40 boulevard Haussman, Paris IXe.
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Maillot de bain «Alix», Galeries Lafayette, 90% polyamide, 10% élasthanne, 49,99€. Eau de Cologne « Colonia Club » Aqua Di Parma, vaporisateur 180 ml, 134,50 €.
Sac, Michael Kors, cuir de vache, 500 €.
Robe, Jeremy Scott, coton, 349€.
Robe, Suncoo, base coton imprimé, 70% coton, 30% soie, 109€. Tee-shirt, Carhartt, coton, 39€.
Sandales, Fendi, cuir, semelle cuir, 750€. PA L AC E COS T E S AV R I L / M A I 2 0 1 6
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Envies & Plaisirs Etonnants Créateurs
GUILLAUME Michel
a marque de bagagerie de luxe allemande Rimowa lance une nouvelle ligne de bagages dérivés de son modèle phare Salsa, la première valise en polycarbonate au monde. Les modèles de la collection Salsa Deluxe allient un poids minimal à une robustesse maximale. Ils sont dotés d’une tige télescopique et d’un système de roulettes silencieux ainsi que d’un support permettant de fixer un bagage supplémentaire à la valise. Et se déclinent en différentes tailles et en quatre coloris. Pour voyager avec style et légèreté.
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Mode innovante
ris Cantabri, c’est une maison de couture qui nous prouve, une fois de plus, que Paris bouillonne de jeunes créateurs passionnés et talentueux. A l’origine de ce label qui monte, Guillaume Michel, lauréat de plusieurs concours internationaux. Après avoir fait ses classes chez Emanuel Ungaro et Alexis Mabille, ce créateur atypique décide de lancer sa propre marque, avec la volonté profonde de revenir à l’essentiel, de créer des vêtements intemporels. L’esprit Iris Cantabri, c’est la revendication de «l’intelligence de la main»: l’alliance entre l’innovation des matières et la défense d’un savoir-faire français d’exception, la passementerie. Des pièces aériennes aux formes organiques, où «l’innovation se situe dans son utilisation au cœur de la matière». La passementerie phosphorescente et les mailles double fonture sont ainsi à l’honneur dans la collection printemps-été 2016. Guillaume Michel est également l’auteur d’un concept innovant, le «prêt à personnaliser», qui permet d’associer un haut et un bas grâce à un zip à la taille. Véritable fil conducteur des collections, cette innovation laisse la liberté de créer des ensembles uniques. Une boutique éphémère vient d’ouvrir dans le Marais. Tous les mois, Iris Cantabri invitera une marque à se joindre à la boutique. Pour la première collaboration, c’est la créatrice anglaise de bijoux Sarah Angold qui a été choisie. Des pièces élégantes, dans la parfaite lignée de l’univers d’Iris Cantabri.
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FLORIANE REY
Guillaume Michel, the young, award-winning French designer behind couture house Iris Cantabri, unites innovative fabrics and ideas with traditional French savoir-faire. He creates fluid yet structured pieces inspired by art, architecture and even the news. His great innovation is the “prêt-à-personnaliser” concept: separates that can be joined together to create unique outfits.
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n craque pour les bijoux masculins de la marque londonienne Northskull, disponibles en exclusivité à la boutique Paul Smith du 3 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris VIIIe. Ci-contre, le bracelet en cuir et orAdikala et la bague en or Egun.
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Inspiration nature mbre & Louise, ce sont les deux grandsmères de Marc Ramanantsoa, banquier d’affaires, jeune et plutôt fortuné, qui prend un virage au carré et se lance dans la création de bijoux. «Je suis passionné de mode. La vie m’a fait rencontrer Jean Bousquet, “M. Cacharel” : ce fut un coup de foudre amical. J’ai vécu deux années merveilleuses à ses côtés. Puis, j’ai voulu passer au step suivant : créer ma propre histoire de mode.» Ce furent des bijoux, des pièces magistrales, vraies parures de princesse. Ses collections réinterprètent des motifs de fleurs, feuilles et branches. En tête, la capucine et le ginko. C’est féerique. Romantique aussi. Des pièces uniques, du laiton recouvert d’argent massif ou d’or 18 carats, réalisées à la main, sans moule, dans des ateliers parisiens par des orfèvres de haut vol. De vrais petits chefs-d’œuvre qui ont su attirer l’attention des grandes maisons. Marc a dessiné une collection de bijoux pour Balmainet a également conçu un écrin destiné à accueillir le nouveau parfum de Guerlain. Rien que de l’exceptionnel. C H A R L O T T E G U I L L E M I N Marc Ramanantsoanamed his jewelry brand Ambre & Louiseafter his grandmothers. The former merchant banker designs one-of-a-kind pieces inspired by nature in precious metals, such as 18-carat gold. His next projects include a line for Balmain and a jewelry box for Guerlain’s upcoming fragrance.
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HERVÉ Matejewski
Entre déco et sculpture
ervé Matejewski vit à Blaye, loin de la fureur et du bruit. Il pourrait y tenir un restaurant, puisqu’il a commencé comme cuisinier. Il crée d’autres plaisirs : des objets uniques, pas tout à fait sculptures, un peu plus que des objets de déco. Tôle percée et plumes collées. Puissance et légèreté. Extravagance et simplicité. «En 1999, pour le salon Maison & Objet, le stand était trop grand pour mes photophores. Pour occuper l’espace, j’ai fait mes premiers luminaires Totem, à partir d’énormes tubes en alu que j’ai perforés. J’ai reçu le prix “créateur de l’année scènes d’intérieur”. J’étais lancé. Aujourd’hui, la plume me colle à la peau et je n’ai pas fini de l’explorer. Depuis 2004, où j’ai découvert ce matériau rue du Mail, dans un vieil atelier qui sentait la naphtaline, j’ai tout de suite eu envie de plumes. C’était naturel, drôle, décalé, cabaret. Maintenant, mes abatjour en plumes sont copiés partout. Il y a aussi la toile de Jouy… J’étais gamin, ma mère faisait la sieste. Quand elle s’est réveillée, mes sœurs avaient décoré le papier peint. C’est beau dans le noir, comme une boîte de nuit… Je l’ai utilisée aussi pour des baskets. Et pour le pâtissier Lenôtre. Aujourd’hui, ma toile de Jouy est exposée au musée de Jouy-en-Josas. Mes créations les plus folles? Les fauteuils que je fais avec Gilles Nouailhac. Des choses qui ont mis trois ans à sortir… comme ma toile de tente avec les vaches imprimées et la couette Pour ne pas dormir seul avec un garçon nu recto verso… Pour une femme dont le mari voyage sans cesse… E L L E N W I L L E R
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Designer Hervé Matejewski began his professional life as a chef, before turning to fashion, product and interior design around the turn of the millennium. Today he runs his label Mat&jewski from Blaye, near Bordeaux, far from the Parisian sound and fury. His favorite material are feathers, which he uses on lampshades and chairs. “They’ve obsessed me since 2004 when I discovered them in a Parisian shop that smelled of mothballs,” he says. “They’re natural, funny, quirky and cabaret.”
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Arno Lam
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Etonnants Créateurs
ALICE Balas Interview cuir ingard, le perfecto ? C’était avant Alice Balas… La jeune créatrice parisienne relance l’iconique blouson de Marlon Brando avec une idée forte : en faire une pièce couture, personnalisée à l’envi et produite en France ! Ses perfectos ne ressemblent à aucun autre. D’où te vient ta passion du perfecto ?A Londres, je traînais dans un milieu rock, mais impossible d’en trouver de jolis, à part chez Saint Laurent et Céline, mais c’était beaucoup trop cher ! Un jour, je suis tombée sur un tout noir, classique, bien coupé, dans un vintage shop de Shoreditch. Le coup de cœur : j’ai réalisé que c’était le blouson fait pour moi, et je me suis mis à en dessiner. Ta première moto ? Pour mes 30 ans ! Une Triumph T-100 Black. Je l’aime d’amour. Ton perf fétiche dans tes collections ? Le numéro 54. Une pièce champagne or blanc et bleu marine en agneau. Inspiration Michael Jackson, évidemment ! J’ai un faible aussi pour une verte avec des clous dans le dos, la 26. Des clous que je me suis embêtée à sourcer le mieux possible: ce sont des Fourniture Diffusion, made in France, et mes zips sont des Excella (YKK haut de gamme) top niveau ! Ta peau préférée ? L’agneau de Nouvelle-Zélande légèrement bubble, une peau très rare ! Plus épais que le cuir plongé, il garde une souplesse que je trouve super agréable. Team Ramones ou Rolling Stones ? Stones forever ! L’homme ou la femme en cuir qui te fait fantasmer ? Debbie Harry portait vachement bien le perf, et elle avait une
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personnalité de folie sur scène. Aujourd’hui, Caroline de Maigret ou les bikeuses de l’Equipée, avec qui j’ai travaillé ! Pour tes fêtes, tu es plutôt backroom ou Ballroom ? Le Ballroom, ce n’est pas loin ! Une égérie que tu rêves d’habiller ? Mon rêve s’est déjà accompli ! Je suis très fière d’avoir habillée Kate Moss, qui aime beaucoup sa pièce, et Johnny, le plus rockeur des Français. Lui et ses amis portent mes perfs personnalisés dans un clip, réalisé par Mathieu César. Je leur ai brodé le nom de l’album De l’amour dans le dos, en or pour les femmes et en argent pour les hommes. Un perfecto Alice Balas, ça se porte où ? Le perf que j’essaye de faire va à tout le monde. Personnalisé, il devient une seconde peau qui nous accompagne dans tous les moments de la vie, sur une moto ou un tapis rouge. Propos recueillis par M A X I M I L I E N D E L V A L L É E
Parisian designer Alice Balashas brought the classic biker jacket back from the dead. “It was impossible to find pretty jackets except at Saint Laurent and Céline, but they were way too expensive,” she says. “Then I found a classic, well-cut example in a vintage store in Shoreditch. It was love at first sight and I began to design my own. My favorite is the Michael Jackson-inspired number 54; I also love number 26, which has studs on the back. I want to make jackets that suit everyone, so they become second skins suited to all occasions, whether on a motorbike or the red carpet.”
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La saison des couleurs
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age de gauche, de haut en bas : sac brodé, Dries Van Noten. Sac 11.12 en tweed multicolore avec un galon en silicone, Chanel. Sac seau Prismick Flowers, Roger Vivier. Page de droite, de haut en bas : sac à dos Rope Jungle en cuir jaune, Acne Studios. Grand sac Diorever en agneau froissé métallisé, Dior. Sac à main Square, petit modèle en crocodile noir, Céline. Left page, top to bottom: embroidered bag,Dries Van Noten; multicolored tweed 11.12bag with a silicone braid, Chanel; Prismick Flowersbucket bag, Roger Vivier. Right page, top to bottom: leather Rope Jungle Yellowbackpack, Acne Studios; large Dioreverbag in crinkled metallic lambskin, Dior; small Squarehandbag in black crocodile, Céline.
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ils des fondateurs de la marque Paul & Joe, Adrien Albou, 25 ans, baigne dans la mode depuis l’enfance. Après un passage par l’entreprise familiale et la création d’une griffe de shorts de bain pour hommes baptisée Piscine municipale en 2013, il se lance cette année dans le prêt-àporter avec Garçons infidèles, une ligne de vêtements unisexe. Inspiré par l’esthétique post-punk et new wave du New York des années 1980, il compose pour cette première collection printemps-été un vestiaire sexy et rock à coups de jeans ultra skinny, chemises fluides imprimées, marinières et tee-shirts troués sérigraphiés du nom de la marque.
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www.garconsinfideles.com
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Bottines de style ans la famille d’Arnaud, on est bottier de père en fils. Enfin, on était. Car l’entreprise familiale a mis la clé sous la porte au tournant des années 2000. Mais Arnaud, rejeton de la quatrième génération, avait le virus du soulier. Alors, quand il se retrouve contrôleur de gestion dans une grosse entreprise, poste pourtant très envié, il sait qu’il doit partir. «Une envie irrépressible de revenir à de vraies valeurs, de me rattacher à mon héritage culturel.» Il s’acoquine avec une de ses amies et fonde, à l’été 2014, Ateliers Tersi. Tersi, clin d’œil au nom de la famille inspiratrice, la sienne, Thersiquel. Une entreprise qui, donc, crée des souliers. Arnaud s’occupe du développement de la marque, Camille, de l’identité, et ils collaborent avec une styliste. «Nous produisons tout en France.» Le principe d’Ateliers Tersi? «Nous avons une base de huit formes, des fondations en quelque sorte, sandales, boots, bottines, escarpins, richelieus… que nous réinventons, réinterprétons à l’infini.» Ateliers Tersi a bâti sa notoriété avec Edition Tersi, une collection qui obéit à
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une démarche inédite. Arnaud et Camille ont,tout simplement armés de leur culot, frappé à la porte de personnalités et leur ont proposé de dessiner ensemble une collection de chaussures. Matali Crasset, designer, Marie Desplechin, écrivain, Gontran Cherrier, boulanger, ont répondu présents. Cela a donné des mini-séries de cinquante exemplaires qui reflétaient la personnalité de chacun de ses initiateurs. Ainsi, Matali Crasset a imaginé des souliers conceptuels autour du thème de la mutation de la société, Marie Desplechin s’est plongée dans l’esthétique rétro de la Comtesse de Ségur, et Gontran Cherrier a joué sur les quatre éléments, terre, feu, air, eau… «Nous sommes déjà en discussion avec d’autres artistes pour perpétuer l’aventure. Car c’est cela avant tout, Ateliers Tersi, une aventure humaine.» C H A R L O T T E G U I L L E M I N Arnaud Thersiquel’s family had been bootmakers for three generations when, in 2000, their business closed down. Despite that, he quit his job in 2014 and joined up with a friend to create Ateliers Tersi. “We have eight basic shapes,” explains Arnaud, “including sandals, boots, ankle boots, court shoes and brogues, foundations that we reinvent and reinterpret.”
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our sa collection printemps-été 2016, la marque italienne P.A.R.O.S.H. a puisé son inspiration dans les années 1960 et 1970 pour créer des vêtements à l’allure vintage, tout en restant dans l’air du temps. Des pièces audacieuses et colorées, chics et éclectiques, à retrouver dans la boutique parisienne de la marque inaugurée il y a quelques mois au cœur du Palais-Royal.
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P.A.R.O.S.H.138-139 galerie de Valois, Paris Ier.
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PALACE scope près l’ouverture de trois boutiques (rue du Four, rue de Passy et avenue des Ternes) l’hiver dernier, la marque italienne Liu Jo continue son expansion parisienne avec deux nouvelles adresses, à la Défense et aux Halles. D’une superficie respective de 125 et 167 m2, ces nouveaux espaces épurés au design moderne et aux tons champagne accueilleront les lignes Liu Jo PreCollection,Liu Jo Collection,Liu Jo Jeans, Liu Jo Accessories et Liu Jo Shoes. Des boutiques à l’image des collections de la griffe, glamour et féminines. Liu Jo Store. Les Quatre Temps, la Défense, niveau 2 / Forum des Halles, niveau 0.
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Italian brand Liu Jo keeps on expanding in Paris, and this spring is opening two new stores, one in La Défense, the other inLes Halles. Decorated in a minimal and modern style, the two boutiques will sell the Liu Jo precollection, Liu Jo and Liu Jo Jeans ranges, along with accessories and shoes.
Le printemps en Liu Jo
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Envies & Plaisirs ondée il y a vingt-cinq ans, la marque française IKKS se renouvelle et lance un nouveau style empreint de liberté. Cet été, les silhouettes, très masculines, mixent les codes et les matières. Pierre-André Cauche, PDG, s’est prêté au jeu du «Dico Mode». Que me répondez-vous, si je vous dis… LIBERTÉ. «C’est un principe fondateur de notre marque. C’est ce que nous défendons chaque jour pour nos client(e)s en leur proposant un choix large, loin des
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codes et des silhouettes imposées.» PLAISIR. «Celui que nous procure la cliente quand elle salue, par son envie et ses achats, le travail d’une chaîne de talents, qui a duré plusieurs mois. C’est l’objectif de notre engagement.» FÉMINITÉ. «A l’image de la femme française : une féminité naturelle et subtile.» STYLE. «Un moyen de faire vivre la marque et ses envies chaque saison.» INSPIRATION. «Les podiums, la vie, les matières, l’art, les voyages.» IMAGE. «Pas que… Des valeurs profondes aussi !» PARIS. «L’alliance du passé et de la modernité… Le mix and match.»
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u 2 mai au 5 juin, colette expose le travail de l’artiste américain Eric White, notamment sa série d’huiles sur toile inspirée de scènes de voiture de films cultes.
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Le shopping de colette colette. 213 rue Saint-Honoré, Paris I er. www.colette.fr Appareil Polaroid The Impossible Project. Coffret de pâtes en édition limitée Garofalo. Vélo Velosophy x Unicef. Montre Romain Jerome x XOIL.
’est dans un salon-boudoir du Café de l’Esplanade, spot chic de la rive gauche, que Sam Bobino, en charge des relations publiques du restaurant, avait convié la comédienne Axelle Laffont, le comédien et réalisateur Michaël Cohen, Gérard Sené, directeur artistique de la marque éponyme, et CharlElie Couture,
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Illustrations Claire Le Meil
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0039 Italy. 10 place des Victoires, Paris IIe 58 M. 58 rue Montmartre, Paris IIe & Other Stories. 35 rue Montmartre, Paris IIe Acne.124 galerie de Valois, Paris Ier Aesop.29 rue Tiquetonne, Paris IIe American Vintage.62 rue Tiquetonne, Paris IIe Angela Caputi.15 galerie Véro-Dodat, Paris Ier Aubade.10 rue du Colonel-Driant, Paris Ier Ba&sh.21 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Benefit.56 rue Tiquetonne, Paris IIe Berenice.28 rue Montmartre, Paris IIe By Marie.44 rue Etienne-Marcel, Paris IIe By Terry.36 galerie Véro-Dodat, Paris Ier Chez Maman.4 rue Tiquetonne, Paris IIe Christian Louboutin.19 rue Jean-Jacques-Rousseau, Paris Ier COS.68 rue Montmartre, Paris IIe Des Petits Hauts. 8-10 rue Montmartre, Paris IIe Didier Ludot.Jardin du Palais-Royal, 24 galerie de Montpensier, Paris Ier Diesel.25 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Espace Killiwatch.64 rue Tiquetonne, Paris IIe Fifi Chachnil.68 rue Jean-Jacques-Rousseau, Paris Ier Free Lance.54 rue Montmartre, Paris IIe Gérard Darel.3 place des Victoires, Paris IIe Harpo.19 rue de Turbigo, Paris IIe Hartford.8 place des Victoires, Paris Ier
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IKKS.3 rue d’Argout, Paris IIe Iro.46 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Jimmy Fairly.45 rue Montorgueuil, Paris IIe Kabuki.23 rue Etienne-Marcel, Paris Ier Kenzo.3 place des Victoires, Paris Ier La Droguerie.9-11 rue du Jour, Paris Ier La Sultane de Saba.8 bis rue Bachaumont, Paris IIe Les Petites.5 place des Victoires, Paris Ier Levi’s.44 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Maje.16 rue Montmartre, Paris Ier Manoush.12 rue du Jour, Paris Ier Marc Le Bihan.22 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Nose.20 rue Bachaumont, Paris IIe Parfums Nicolai.28 rue de Richelieu, Paris Ier Parosh.138-139 galerie de Valois, Paris Ier Petit Bateau.32 rue Montmartre, Paris Ier Pierre Hardy.156 galerie de Valois, Paris Ier Princesse Tam Tam.5 rue Montmartre, Paris Ier Sandro.7 rue Montpensier, Paris Ier Serge Lutens.142 galerie de Valois, Paris Ier Stella McCartney.114-121 galerie de Valois, Paris Ier The Kooples.44 rue Etienne-Marcel, Paris IIe Zadig & Voltaire.2 place des Victoires, Paris IIe
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PARIS IX - TRINITÉ - 1 410 000 € roche de la Trinité, dans un bel immeuble haussmannien, appartement de type loft, à la décoration industrielle, s’ouvrant de plain-pied sur une terrasse de 20 m². Il comprend une cuisine dînatoire/salle à manger, un séjour doté de 6 mètres de hauteur sous plafond et bénéficiant de baies vitrées, deux chambres dont une en mezzanine et un bureau. Rénovation de qualité avec matériaux haut de gamme. Réf : 892946 – Daniel Féau 9ème - +33(0)1 55319470 – feau-9eme@feau-immobilier.fr
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PARIS VI - SEINE / INSTITUT u deuxième étage d’un hôtel particulier du XVIIe siècle, au-dessus d’un entresol, appartement en duplex de 280 m². Il inclut une triple réception et cinq chambres dont une suite parentale climatisée. Un deux-pièces mitoyen se situe au 4e étage. Vues exceptionnelles sans vis-à-vis sur les jardins, le square et l’Institut. Triple exposition. Emplacement de parking autorisé dans la cour. Prix : sur demande. Réf : 785199 - Daniel Féau Saint-Germain - +33(0)1 44073000 – feau-saintgermain@feau-immobilier.fr
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Gianvito Rossi.40 rue du Mont-Thabor, Paris Ier Givenchy.28 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris XIIIe Goralska.8 rue de Castiglione, Paris Ier Goyard.233 rue Saint-Honoré, Paris Ier Guerlain.392 rue Saint-Honoré, Paris Ier Gucci.2 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris XIIIe Hermes.24 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris Paris XIIIe Jack Russell.1 rue d’Alger, Paris Ier Jo Malone.326 rue Saint-Honoré, Paris Ier Lanvin.22 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris Paris XIIIe Longchamp.404 rue Saint-Honoré, Paris Ier Madlords.316 rue Saint-Honoré, Paris Ier Marc Jacobs.19 place du Marché-Saint-Honoré, Paris Ier Messika.259 rue Saint-Honoré, Paris Ier Michael Kors.279 rue Saint-Honoré, Paris VIIIe Parfums Caron.99 rue du Faubourg-Saint-Honoré Paris XIIIe Philipp Plein.238 rue de Rivoli, Paris Ier Ralph Lauren.2 place de la Madeleine, Paris VIIIe Roger Vivier.29 rue du Faubourg-Saint-Honoré Paris, XIIIe Saint Laurent.32 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris XIIIe Stern.3 rue de Castiglione, Paris Ier Strellson. 250 rue de Rivoli, Paris Ier Tara Jarmon.400 rue Saint-Honoré, Paris Ier Tods.17- 21 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris XIIIe Tiffany.6 rue de la Paix, Paris IIe Vacheron Constantin. 2 rue de la Paix, Paris IIe Zadig&Voltaire.9 rue du 29-Juillet, Paris Ier
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L e s L i e u x E xc l u s i f s Pa l a c e C o st e s Paris Ier Hôtel Costes. 239rue Saint-Honoré. 0142445000. Atelier Cologne. 8rue Saint-Florentin. 0142600031. Au Vase de Delft. 2rue du Marché Saint-Honoré. 0142609249. Avril Gau. 46rue Croix des Petits-Champs, Paris. 0142612160. Caroline De Marchi. 217rue Saint-Honoré. 0953583573. Claus Paris. 14rue Jean-Jacques Rousseau. 0142335510. Caviar Ultreïa Salon Privé. 8place Vendôme Colette. 213rue Saint-Honoré. 0155353390. Corto Moltedo. Jardin du Palais Royal-Galerie de Valois. 0149279791. Da Rosa Epicerie-Cantine. 19bis rue du Mont-Thabor. 0177373787. De Grisogono. 358bis rue Saint-Honoré. 0144550440. Goralska. 8rue de Castiglione. 0144548387. Guerlain. 329rue Saint-Honoré. 0142606861. Institut Darphin. 350rue Saint-Honoré. 0147031770. Irakli. 6rue Villedo. 0142605617. Jack Russell. 1rue d’Alger. 0142368178. Jeu de Paume, site Concorde. 1placedelaConcorde. 0147031250. Kiehl’s. 217rue Saint-Honoré. 0149270344. La Barbière de Paris. 7rue Bertin-Poirée. 0140260101. La Pâtisserie des Tuileries de Sébastien Gaudard. 1rue des Pyramides. 0171182470. Les Jardins du Pont-Neuf. 19quai d’Horloge. 0630158302. Les Petites. 5place des Victoires. 0965308786. Loup. 44rue du Louvre. 0142367323. Mad Lords. 316rue Saint-Honoré. 0145250831. Manoush. 12rue du Jour. 0144882808. Messika Joaillerie. 259rue Saint-Honoré. 0170391800. Parosh. Jardin du Palais Royal-Galerie de Valois 138-139. 0142332037. Perrin Paris. 3rue d’Alger. 0142365354. Pizzeria Iovine’s. 7bis rue du Colonel Driant. 0973543352. Sandro. 269rue Saint-Honoré. 0158622875. Sarah Guetta. 28rue du Mont Thabor. 0158621010. Satellite. 314rue Saint-Honoré. 0142600130. Scc Vendôme. 22place Vendôme. 0153059480. Stella Luna. 318rue Saint-Honoré. 0140204737. Très Honoré. 35place du Marché Saint-Honoré. 0144869797. White Bird. 38rue du Mont-Thabor. 0158622586. Wine by One. 9rue des Capucines. 0142608576. Paris IIe 0039 Italy. 10place des Victoires. 0984387141. Angela Caputi. 15 galerie Véro-Dodat. 0140390119. By Marie. 44rue Etienne Marcel. 0142333604. Café Madam. 150rue Saint-Denis. 0140390145. Café Stern. 47passage des Panoramas. 0175436310. Chez Maman. 4rue Tiquetonne. 0140284609. Christophe Robin. 22rue Saint-Augustin. 0140209212. Gripoix. 14place des Victoires. 0951584953. Hôtel Bachaumont. 18rue Bachaumont. 0181664700. Kiehl’s. 56rue Tiquetonne. 0145088232. La Belle époque. 36rue des Petits-Champs. 0142963333. Le Klay. 4bisrue Saint-Sauveur. 0140260000. Le Moulin de la Vierge. 10place des Petits Pères. 0142600278. Lockwood. 73rue d’Aboukir. 0177329721. Nathalie Garçon. 15galerie Vivienne. 0140201400. The Paris Liquor Store. 29rue du 4septembre. 0140060236. Waskoll. 19rue de la Paix. 0144719894. Paris IIIe Almare Toscana. 75rue Charlot. 0183061493. Backslash Gallery. 29rue Notre-Dame de Nazareth. 0981396001. Café Pinson. 6rue du Forez. 0983825353. Caves Saint-Gilles. 4rue Saint-Gilles. 0148872262. Chez Janou. 2rue Roger Verlomme. 0142722841. Cuisine Attitude. 10cité Dupetit-Thouars. 0149960050. Elodie Euston By Cizor’s. 46rue de Turenne. 0140270889. Féau. 32rue de Turenne. 0144541530. Galerie Baudoin Lebon. 8rue Charles-François Dupuis. 0142720910. Galerie Cinéma. 26 rue Saint-Claude. 0142770626. Galerie Daniel Templon. 30rue Beaubourg. 0142721410. Galerie Emmanuel Perrotin. 76rue de Turenne. 0142167979. . Galerie Jousse Entreprise. 6rue Saint-Claude.01538210 18. Galerie Paris-Beijing. 54rue du Vertbois. 0142743236. Galerie Particulière. 16rue du Perche. 0148742840. Galerie Thaddaeus Ropac. 7rue Debelleyme. 0142729900. Galerie Xippas. 108rue Vieille-du-Temple. 0140270716. Galerie Yvon Lambert. 108rue Vieille du Temple. 0142710933. Guerlain. 10rue des Francs-Bourgeois. 0153010200. L’Habibliothèque. 61rue de Saintonge. 0142773679. Le Candelaria. 52rue de Saintonge. 0142744128. Le Salon by Thé des Ecrivains. 16rue des Minimes. 01 40 29 46 25. Les Petites. 98rue Vieille du Temple. 0142774907. Paris New York. 1rue Perré. School Gallery. 322rue Saint-Martin. 01 42 71 78 20. White Bird. 7boulevard des Filles du Calvaire. 0140242717. WM Models. 11rue des Arquebusiers. 0158622865.
Paris IVe Café Martini. 11rue du Pas-de-la-Mule. 0142715973. Hôtel Bourg Tibourg. 19rue du Bourg Tibourg. 0142784739. Hôtel Emile. 2rue Malher. 0142727617. Jean-Claude Biguine. 39rue des Archives. 0142724233. Kaviari. 13 rue de l’Arsenal. 0144618850. Le Temps des Cerises. 31rue de la Cerisaie. 0142720863. Les Petites. 43rue des Francs-Bourgeois. 0142770763. Les Petites. 6rue Malher. 0967518630. Librairie Flammarion Pompidou. Place Georges-Pompidou. 0144781233. MEP. 5-7rue de Fourcy. 01 4478 75 00. Satellite. 23rue des Francs-Bourgeois. 0140294577. Paris Ve Maison Marie. 222rue Saint-Jacques. 0143547868. Paris VIe Avril Gau. 17rue des Quatre-Vents. 0143294904. Carlotti. 40rue Saint-Sulpice. 0144071199. Desi Road. 14rue Dauphine. 0143264491. Féau Saint-Germain. 21rue Bonaparte. 0144073000. Galerie Arty Dandy. 1rue de Furstemberg. 01 43 54 00 36. Galerie Catherine et André Hug. 40rue de Seine et 2rue de l’Echaudé. 0143269375. Galerie Down Town. 33rue de Seine. 0146338241. Galerie G.-P. & N. Vallois. 36rue de Seine. 0146330086. Galerie jousse Entreprise. 18rue de Seine. 0153821360. Galerie Kamel Mennour. 47rue St-André des Arts. 0156240363. Géraldine Carfield. 10rue de Buci. 0964254101. Hôtel Montana. 26rue Saint-Benoît. 0153637920. Lapérouse. 51quai des Grands-Augustins. 0143266804. La Société. 4place Saint-Germain-des-Prés. 0153636060. Le Petit Lutetia. 107rue de Sèvres. 0145483353. Les Petites. 10rue du Four. 0155429878. Liu Jo. 182boulevard Saint-Germain. 0153711540. 25rue du Four. 0142035811. Lucia Iraci. 95boulevard Saint-Germain. 0142222986. Marc Deloche. 36rue Jacob. 0149270379. Marina Rinaldi. 56rue du Four. 0145486157. Mini. 89boulevard Raspail. 0139466448. Satellite. 10rue du Vieux Colombier. 0142221448. Paris VIIe Atelier Cologne. 38rue du Bac. Jean-Claude Biguine. 194rue de Grenelle. 0145517368. L’Esplanade. 52rue Fabert. 0147053880. Le Bon Marché Rive Gauche. Salon privé sur rendez-vous. 24rue de Sèvres. 0144398000. Le Moulin de la Vierge. 64rue Saint-Dominique. 0147059850. Le Tourville. 43avenue de la Motte-Picquet. 0144180508. Lily Wang. 40avenue Duquesne. 0153860909. Paris VIIIe By Marie. 8avenue GeorgeV. 0153238800. Crazy Horse. 12avenue GeorgeV. 0147233232. Féau. 140rue du Faubourg Saint-Honoré. 0153530707. Galerie Matignon. 18avenue Matignon. 0142666032. Galerie RX. 6avenue Delclassé. 0145631878. Galerie W Matignon. 35avenue Matignon. 0142548024. Jean-Claude Biguine. 10rue Marbeuf. 01 5367 8180. Karin Models. 9avenue Hoche. 0145630823. L’Avenue. 41avenue Montaigne. 0140701491. L’Hôtel du Collectionneur. 51-57rue de Courcelles. 0158366700. Le Bristol. 112rue du Faubourg Saint-Honoré. 0153434300. Le Madrigal. 32avenue des Champs Elysées. 0143599025. Le rendez-vous Toyota. 79avenue des Champs-Elysées. 0800869682. Le Roosevelt. 61avenue Franklin Roosevelt. 0145639403. Le Village. 25rue Royale. 0140170219. Marina Rinaldi. 20rue Royale. 0142861090. Martine de Richeville. 13boulevard Malesherbes. 0144940938. Montaigne Market. 57avenue Montaigne. 0142565858. Opéra Gallery. 62rue du Faubourg Saint-Honoré. 0142963900. Romain Colors. 27rue de la Boétie. 0140070158. Wine by One. 27rue de Marignan. 01456318 98. Paris IXe Braisenville. 36rue Condorcet. 0950912174. Epicerie Causses. 55rue Notre-Dame de Lorette. 0153161010. Fairy Cakes. 34rue Condorcet. www.fairycakesparis.fr Féau.52rue des Martyrs. 0155319470. Galerie VU’. Hôtel Paul Delaroche, 58rue St Lazare. 01 53 01 85 85. Grand Pigalle Hôtel. 29rue Victor Massé. 0185731200. La Barbière de Paris. 14rue Condorcet. 0145269245. La suite Galeries Lafayette. 40boulevard Haussmann. 0142828388. Le Glass. 7rue Frochot. 0980729883. Le Mansart. 1rue du Mansart. 0156920599. Le Sans Souci. 65rue Jean-Baptiste Pigalle. 0153161704. Le Sept Cinq. 54rue Notre-Dame de Lorette. 0983550595. Sam Rone. 31rue du Faubourg Poissonnière. 0142462100.
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L e s L i e u x E xc l u s i f s Pa l a c e C o st e s Paris Xe B A B E L. 55Quai de Valmy. 0142401095. Café Pinson. 58rue du Faubourg Poissonnière. 0145235942. Copperbay. 5rue Bouchardon. Gravity Bar. 44rue des Vinaigriers. Hôtel Providence. 90rue René Boulanger. 0146343404. Le Floréal. 73rue du Faubourg du Temple. 0140184679 Mems. 1rue de Marseille. 0142063231. Mode ESTAH. 32rue de Paradis. 0153246434. Paris New York. 50rue du Faubourg Saint-Denis. 0147701524. Paris XIe Aux Jardins du Marais. 74rue Amelot. 0140212000. Cizor’s. 9rue Jean-Pierre Timbaud. 0147006241.12rue Faidherbe. 0143481944. 16rue Jean-Pierre Timbaud. 0147009367. Fauve Paris. 49rue Saint-Sabin. 0155288090. Galerie Magda Danysz. 78rue Amelot. 0145833851. L’Atelier des Artistes. 4rue Rampon. 0147005571. Le Badaboum. 2bis rue des Taillandiers. Le Perchoir. 14rue Crespin du Gast. 0148061848. Paris New York. 96rue Oberkampf. Picto Bastille. 53bis rue de la Roquette. 0153362121. Paris XIIe Arlette. 20rue Saint-Nicolas. 0143440262. Le China. 50rue de Charenton. 0143460809. Le Square Trousseau. 1rue Antoine-Vollon. 0143430600. Paris XIVe Fondation Cartier. 261boulevard Raspai. 0142185650. Fondation Henri Cartier-Bresson. 2impasse Lebouis. 0156802700. Paris XVe Au Roi du Café. 59rue Lecourbe. 0147344850. Eclectic. 2rue Linois. 0177367000. Le Moulin de la Vierge. 166avenue de Suffren. 0147834555. Paris XVIe 50 Foch. 50avenue Foch. 0145001951. A.Galerie. 4rue Léonce Reynaud. 0620858585. BON. 25rue de la Pompe. 0140727000. Centre Porsche Paris 16. 17rue Gros. ParisXVIe. 0144963030. Franck et Fils. 80rue de Passy. 0144143800. Jean-Claude Biguine. 6avenue Mozart. 0142150140 Jean-Claude Biguine. 22rue Duban. 0142888504. Le Tournesol. 2avenue de Lamballe. 0145259594. Les Petites. 53galerie Passy-Plaza. 0142244888. Liu jo. 53galerie Passy-Plaza. 0142244888. Marina Rinaldi. 7avenue Victor Hugo. 0145017735. Mokus l’écureuil. 116avenue Kléber. 0142562356 Roméo. 6place Victor Hugo. 0145012222. Paris XVIIe Artnuptia. 70avenue de la Grande-Armée. 0142361071. La Compagnie. 123avenue de Wagram. 0142271683. Les Petites. 51rue Poncelet. 0147641772. Lexus. 4avenue de la Grande-Armée. Liu Jo. 10rue de Passy. 0142888152. Paris XVIIIe Agence NellyRodi. 28avenue de Saint-Ouen. 0142930406. Brasserie Barbès. 2boulevard Barbès. 0142645223. Galerie W. 44rue Lepic. 0142548024. Hôtel Particulier Montmartre. Pavillon D, 23avenue Junot. 0153418140. La Machine du Moulin Rouge. 90boulevard de Clichy. 0153418889. Le BAL. 6impasse de la Défense. 0144707550. Paris XIXe A La Folie. 26avenue Corentin Cariou. Tout près de Paris Centre Porsche (Boulogne). 122bisav. du Gal Leclerc, Boulogne-Billancourt. 0141102090. (Paris la défense). 14-16villadesFleurs, Courbevoie. 0149683434. (Saint-Germain). 2rue Ampère, Saint-Germain-en-Laye. 0139046900. (Saint-Maur). 2boulevard Maurice Berteaux, Saint-Maur-des-Fossés. 0149767878.(Vélizy).21avenue LouisBréguet,Vélizy. 0130676200 Clarins. 4rue Berteaux-Dumas, Neuilly. 0146419416. Guerlain. 125rue du Président Wilson, Levallois-Perret 0141273216. Jean-Claude Biguine. 7rue de Longchamp, Neuilly. 0146373273. Jean-Claude Biguine. 146bis avenue Charles de Gaulle, Neuilly. 0147478295. Jean-Claude Biguine. 56avenue du Roule, Neuilly. 0147226694. L’Oréal. 41rue Martre, Clichy. 0147567000. Ma Cocotte. 106rue des Rosiers, Saint-Ouen. 0149517000. Moët & Hennesy Diageo. 105boulevard de la Mission Marchande, Courbevoie. 0141883200. Paris Première. 89avenue Charles-de-Gaulle, Neuilly. 0141926886. Yves Rocher. 101quai du Président Roosevelt, Issy-les-Moulineaux 0141085500.
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