Palace Costes 47

Page 1

00_UnePalaceCMokNad:Palace

19/04/13

15:12

Page 1

t s et e s , a r Pa r i s d o M ions à c ré a t

ancetsranquille d n e t s téo derence, star e é d M o La ifer Law M des 2013 s t Jenn e n r anouveautébeau LeosnC du res, M etrmanenceobiles ès parisien La p ux autom ’agenda tr Bijoacescope, l Pal

N U M É R O

4 7

Englisht Tex


Musclez votre programme minceur !

N O U V E AU

Lift Minceur Anti-Capitons Rebelles et naissants

Votre programme minceur ? Un peu de volonté et le nouveau Lift Minceur Anti-Capitons de Clarins, expert de la minceur. Sa formule est enrichie en puissants extraits de plantes qui sont capables d’agir à tous les niveaux de formation des capitons*. L’action correctrice de la célosie associée à l’action préventive de la menthe aquatique aide à réduire l’apparence des capitons rebelles et à prévenir leur réapparition*. Résultat, votre silhouette est redessinée. Votre peau est plus lisse, plus ferme**. Maintenant, à vous de jouer ! Clarins, N°1 Européen des soins de beauté haut de gamme***. Tests in vitro. **Test de satisfaction – 126 femmes – 4 semaines. ***Source : European Forecasts.

*

Votre boutique en ligne : www.clarins.com

AP DP LIFT MINCEUR 410x275mm FR.indd 1

18/04/13 09:50


AP DP LIFT MINCEUR 410x275mm FR.indd 2

18/04/13 09:51


Hublot_PalaceCostes_BoaBrown_410x275.indd 2

16.04.13 09:35


Boa Bang Gold Brown. Chronographe en or rouge 18K orné de pierres précieuses andalousites, quartz fumés foncés et transparents taille baguette. Cadran imprimé python serti de 8 diamants. Bracelet caoutchouc et python. Série limitée à 250 pièces. www.hublot.com •

Hublot_PalaceCostes_BoaBrown_410x275.indd 3

twitter.com/hublot •

facebook.com/hublot

16.04.13 09:36


P47_SommaireCMok_SR.qxd:Palace20_

22/04/13

18:33

Page 6

Sommaire

le magazine cadeau

N°47

Avril/Mai 2013

10

La Météo des Tendances

10. Suit and tie. 12. Inspiration voyages. 14. Papiers, s’il vous plaît. 16. Complètement chocolat. Repères express.

18

Talents

Jennifer Lawrence. Star tranquille

22. Frédéric Lopez. Quand on rêve très fort, ça se réalise. 24. Sabine Devieilhe.Soprano coloratur. 26.Solange. Comique digital. 28. Christian Astuguevieille.«J’aime déconcerter». 30. Cyril Hanouna. Télé star. 32. Dora Moutot. Miss Mauvais goût. 34. Frédérique Morrel. La chasse au kitch. 37. Alex Beaupain. Chanteur tendre.

38

Montres

Nouveautés 2013 46

Carnet

de Mode 46. Les carnets de Djemila.

48

Morning light

Retrouvez votre magazine Palace Costes sur

Photographies Ralph Wenig

62. Pièce d’Anarchive. Duo libre 68. Dévastée. Glamour noir 72. Tom Ford. 76. Bottes d’été. 77. Corto Moltedo. Photographie de couverture: Ralph Wenig/Artsphere PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

6

et


Namani_Ete2013_PalaceCostes_V1.indd 1

2, rue de Castiglione 75001 Paris

4, rue Marbeuf 75008 Paris

2, rue du Mont-Blanc Genève

Tél.: 0033 (0)1 49 27 05 53

Tél.: 0033 (0)1 49 52 86 95

Tél.: 0041 22 732 70 15

11/04/13 12:31


P47_SommaireCMok_SR.qxd:Palace20_

22/04/13

18:33

Page 8

Sommaire

Carnet de Mode

78. Charlotte Olympia. 80. Escarpins en fête. 81. Theyskens’ Theory.

82. IsabelleBordji. Ernest reprend de la hauteur 84. Agent Provocateur. 86. Alexandre Vauthier. 87. Burberry Prorsum. 88. Léonard. 90. Peter Pilotto.

China Fashion 92

92. Uma Wang. 94. Macha Ma. 96. Xander Zhu. 98. Liu Fang. 100. Ling Liu/Dawei Sun. 102. Shiatzy Chen. 104. Riko Manchit Au.

106

La permanence du beau Photographies Sabine Pigalle

118

Infomania

Bijoux automobiles

126. Lenzi. Les lumières de Paris. 128. Fratz & Gio. Pop artistes. 130. L’école du Cancan.Boules de rêve. 131. Phyléa. Hot couture. 132. Perles de cuir. Armes d’élégance. 133. Gris-gris ethno-chics. 134. Ekaterina Sotnikova.L’art du temps. 135. Fleurs d’ananas. 136. Eclats de cuir.137. Luigi Li. Le rire du cœur. 138. La vie rêvée des livres. 139. Glamour dark. Les plus belles fesses du Louvre. 140. Emmanuelle Dupont. Dentelle botanique. 142. Parures sauvages. Odeurs d’ambiances. Tout Paris en un pack. 143. Audi S3. 144. Dessous tricolores. Styles d’été. 145.Le shopping de colette. 146. Anaïs Bouton. «Paris Première est une “love marque”».

147 Palacescope

148. Expositions. Ron Mueck. Keith Haring. Patrick Demarchelier. Paul Jacoulet. La saga Mirkine. Jean-Marie Périer. Icônes. Félix Ziem. Rodin, la chair, le marbre. Fred Eerdekens. Gilles Ouaki. Charles Fréger. Eugène Boudin. Jan Groover. Nathalie Obadia. Du côté de la création. Leïla Voight. L’art comme une aventure. 168. Bonnes adresses. 182. Musique & Night.

PalaceCostesest édité par la société PalacePresse. Gérant Claude Maggiori Rédaction: 64rue Tiquetonne 75002 Paris. 0144 88 24 94 palace@palacepresse.com

Directeur de la rédaction, directeur de la création Claude Maggiori Graphisme, mise en page et retouches Nader Kassem Responsable photo Lucie Gouze Direction mode Anne Delalandre English Text Tom Ridgway Secrétariat de rédaction Philippe Bottini Assistante et assistante de rédaction Lucie Tigoulet contact@palacepresse.com

Ont collaboré à ce numéro: Virginie Bertrand Sarah Bouasse Anne-Laure Brougalay Anne Carpentier Christian Caujolle Daphné Deguines Anne Delalandre Lucie Gouze Djemila Khelfa Antoine Laurain Jean-Pierre Lavoignat Oscar Léon Juliette Michaud Pierre-Paul Monnet Robert Puyal Bertrand Raison Michel Rebichon Max Robert Sandra Serpero Patrick Thévenin Lucie Tigoulet Nadine Vasseur Ellen Willer Photographies Sabinne Pigalle www.louise-alexander.com Ralph Wenig www.ralphwening.com Publicité: Figaro Médias 9, rue Pillet Will 75009 Paris 01 56 52 26 93 Sibylle Dubost-Foisil, Directrice de la Publicité sdubostfoisil@figaromedias.fr

Bertille de la Pontais, Chef de Publicité blapontais@figaromedias.fr

Imprimerie SEGO, 95150 Taverny Fabrication Annick Torrès/Rivages Chromie&gravure Nader Kassem nader@naderkassem.com

ISSN 1955-9380 Dépôt légal à parution PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

8


Costes 205x275.indd 1

18/04/13 15:59


10_P47_MeteoDesTendancesCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:31

Page 10

La Météo des Tendances Suit and tie

e costume, trois-pièces de préférence, fait un come-back. Bien sûr,Justin Timberlake n’est pas L étranger à la chose, avec son titre en forme

Et vous, les filles, ne riez pas : il y en a aussi pour vous. Des chaussettes, oui, et pas du meilleur goût. On voit du strass, des broderies et de la bimbeloterie. Et si ça ne vous suffit pas à vous montrer indulgentes vis-à-vis des hommes et de leurs nouvelles lubies, on vous le dit sans détour : c’est aussi le revival du chouchou. L’accessoire capillaire emblématique des années 1990 nous revient dans des collections directement empruntées au vestiaire de Beverly Hills pour raviver de bien étonnantes nostalgies.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

10

Suits are back as Justin T. and Déborah Neuberg have proved. Her website De Bonne Facture is developing collections that mix contemporary looks and historic savoir-faire by asking specialist artisans to make each product. Over to more doubtful taste: the shirtsleeved shirt is being pushed by labels including APC and Topshop, and there’s a chance that Hawaiian shirts might be worn without irony. But there’s worse. As hems rise for men, white sports socks are taking center stage. And ladies shouldn’t laugh: the scrunchie has returned to planet fashion.

Tom Munro. A.P.C, collection printemps/été 2013

de prédiction : Suit and Tie. Il y a du Fred Astaire là-dedans, du Cary Grant, de l’homme, du vrai, qui ne sort jamais sans son veston, sa cravate, et bientôt, peut-être, son chapeau. Il y a aussi du dandy, du british, du bien fait : l’esprit «sartorial» devait bien finir par se concrétiser en silhouette qui court les rues et les plateaux. Sur celui du Grand Journal de Canal, le groupe de rap français 1995 a fait son live en costume et cravate noirs sur chemise blanche. C’est dans cette mouvance que s’inscrit De Bonne Facture, un site Web qui se veut à la fois marque et label. Déborah Neuberg explique que, pour elle, le «madein» gagne à devenir «made with» et souhaite mettre au premier plan celui qui fabrique le produit. Elle développe donc des collections qui mêlent esthétique contemporaine et savoir-faire historique en s’appuyant sur des spécialistes du savoir-faire français dans des domaines variés : chemiserie, bonneterie, maille, confection. L’atelier est mentionné sur chaque pièce grâce à un double étiquetage, et on peut sur le site découvrir son histoire, ses valeurs, ses techniques. Et comme on sait que chaque mouvement amorce le suivant avec une même énergie,rassurez-vous, nous ne sommes pas non plus condamnés au bon goût, ce qui serait lassant. Figurez-vous que la chemisette, petite sœur à manches courtes de la chemise tout court, menace de revenir. Cette pièce contestée de la garderobe masculine opère une percée qui connaîtra son apogée cet été, d’A.P.C. à Topshop. Et, puisqu’il s’agit de tout vous dire, sachez qu’elle entend même faire son grand retour dans des tissus imprimés. Vous pensiez avoir touché le fond? Vous vous trompiez. Vu que les pantalons raccourcissent, que les chinos masculins se portent retroussés, voilà que les chaussettes oublient les bonnes manières et se montrent. Loin de rester à leur place, discrètes et modestes, elles affichent fièrement leurs couleurs et leurs motifs. Ce qui n’est rien face à l’autre option possible cette saison : la chaussette de sport portée en ville. Oui, la blanche, épaisse, râpeuse, avec un hideux logo.


PALACE COSTE 25-02-13.indd 1

22/03/13 17:20


10_P47_MeteoDesTendancesCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:31

Page 12

La meteo des tendances

Inspiration voyages

e n’est pas tant le voyage qui est C au programme, mais l’envie de s’y référer comme à une évasion. En décoration, les valises et les coffres renoncent à leur mobilité pour se poser. Dans une version utilitaire, ils s’affichent fermés et deviennent les nouveaux buffets et boîtes à malices où ranger ses affaires façon vide-poche géant, comme les modèles Liberty chez Merci ou les commodes de James and Plumb. Les malles et les « trunks » s’ouvrent pour devenir les galeries d’expositions des objets qu’on a envie de montrer, comme les étonnantes compositions de Hanemaai pour le projet My Infinite Home Tool. Dans une version détournée, c’est l’imaginaire de la valise, comme une référence au dépaysement, qui fait style : elles s’empilent, décoratives, dans un coin, sur des étagères, ou même en trompe-l’œil, comme chez Waouf Design.Enfin, elles deviennent les modules détournés de multiples mécanos décoratifs, bureaux, fauteuils, canapés, comme chez Erik de Nijs, Maarten De Ceulaer ou BeDesign. Les tissus eux aussi s’inspirent de cette aspiration, qui, pour la saison à venir, se décline en trois thèmes, comme autant d’explorations. Le premier restitue l’atmosphère d’un périple exotique : des couleurs d’épices, de vanille, de tabac, de cannelle, une ambiance végétale de jungle tropicale. Le deuxième serait une sorte d’expédition dans la Voie lactée, avec des tissus aux reflets changeants, et des effets poudrés scintillants qui imitent la surface des planètes et l’aspérité

«A Pile of Suitcases», «A Desk of Briefcases», «Wall Installation of Suitcases», pour Nilufar, Maarten De Ceulaer. www.maartendeceulaer.com

des cratères. Equipée en voilier pour finir, avec l’indigo, le bleu, marine forcément, mais aussi les bleus aquatiques, délavés, passés, qui tirent jusqu’au vert. Les parfums eux aussi sont du voyage. Avec toute une livraison de parfums d’ailleurs, villes ou villégiatures, comme des cartes postales odorantes. Elles sont signées par les maisons les plus illustres, comme Dior, qui fait escale à Pondichéry, Portofino, Les Marquises, Parati,comme Guerlain, avec ses senteurs capitales, Moscou, Tokyo, New York, Londres, et plus récemment Shanghai. Elles sont aussi parfois adressées par les marques les plus confidentielles, comme TheScent of Departure de Gérald Ghislain, un créateur globe-trotter qui invente des parfums aux flacons ironiques qui reprennent les étiquettes de bagages et captent la tension fébrile et délicieuse des aéroports.

This season has travel trunks that don’t move but serve as tables, exhibition cases or decorative elements and fabrics with three travel themes. There’s “Exotic expedition”: think Brazil, precious woods, spices, strong colors, rattan prints and a luxury artisan feeling; “To infinity and beyond”: meteorites, reflections, glittery powder effects, tiny tweeds and abstract jacquards; and “Yacht”: navy blue, indigo, canvas, linen and hemp. For an olfactory escape, try globetrotting Gérald Ghislain’s Scent of Departure.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

12



10_P47_MeteoDesTendancesCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:31

Page 14

La meteo des tendances

Papiers, s’il vous plaît

REPÈRESEXPRESS

e tout-digital devait forcément donner L naissance à son antithèse : le tout-papier. Une tendance que chacun a pu observer avec le retour des

Sex friend

invitations et des vœux sur support papier après une dictature du mail et du texto pendant plusieurs années. Il faut ajouter à cela ces cartes qui portent des «quotes», citations, pensées, devises et proverbes en tout genre, souvent bien mis en page et graphiquement désirables, parfois développées par les concept stores eux-mêmes, qui renouvellent le genre et viennent ranimer l’offre morose et prévisible des spécialistes historiques des cartes de vœux. Comme une nouvelle morale, comme de nouveaux ex-voto, ces cartes redonnent envie de poster des messages, ou plus simplement de les collectionner. La folie papier s’exprime aussi bien sûr par l’ouverture de points de vente pointus, physiques et sur site, qui réactivent le désir pour des fournitures scolaires et de bureau dont on avait perdu le goût, du japonais Delfonics, un pionnier en ligne, dont la boutique du Carrousel du Louvre est devenue incontournable, à l’anglais J. Glinert, et jusqu’au charmant Present&Correct, l’e-shop référent du vintage et du désuet, créé par deux graphistes amoureux des gommes, des règles et des papiers, qui dédient leur boutique en ligne à leurs trouvailles rétro comme à leurs propres créations. Tendance confirmée parles cours de calligraphie qui pullulent, art consacré par l’expo «Architecture de papier» à la Cité de l’architecture et du patrimoine, qui a mis en lumière le travail d’artistes virtuoses, et exposé de plus en plus dans les vitrines marchandes, mis en scène par des scénographes spécialisés, comme Marianne Guélypour les Galeries Lafayette, Roger Vivier et Mathilde Nivet pour Chanel et MarieHélène de Taillac, LeCreative Sweatshop pour Hermès. On peut aussi signaler les paper dolls de Louis Vuitton, qui ont lancé la collection SS13. A Taiwan, le dirigeant d’une papeterie locale a ouvert le Carton King, un restaurant où tout, murs, tables, chaises, vaisselles, est en carton. Et l’imprimante 3D fait naître de drôles de vêtements en papier plastifié, d’autant plus spectaculaires qu’ils sont créés au millimètre près pour épouser le corps de Dita Von Teese.

BWF, «bang with friends», c’est une application qui permet de cocher sur son smartphone, dans la liste de ses amis, ceux avec qui on aurait bien un petit moment d’abandon. Si, de leur côté, ils ont la même application et ont coché votre nom, vous recevez tous les deux une notification. Et la rencontre peut avoir lieu. A vous de savoir ensuite ce que vous en ferez…

Poudre canon

Terry de Gunzburg reprend la main sur le terrain où elle règne en maître : le maquillage. Hyaluronic Hydra-Powder signé ByTerry est partout en rupture et on ne s’en étonne pas. Cette drôle de poudre blanche ultra-fine, même pas parfumée, fait un teint comme on n’en rêvait plus, 100% perfection. L’effet retouche sur la peau, sans Photoshop.

La couleur qui allume.

Le deep red. Rouge profond, en maquillage, en mode, en déco. Addictif et ravageur. BWF, a new app to make it easier to “bang with friends.” Terry de Gunzberg’s Hyaluronic HydraPower by Terry touches up the skin without Photoshop. Deep red is the new black. It’s official.

Papers, please The future is paper. Written invitations and

Illustrations Kerrie Hess ©Louis Vuitton

thank-you and birthday cards are returning to replace the impersonality of an e-mail or text. Stationery shops are making a comeback, too, such as Japanese label Delfonics and Present & Correct, the old-school e-store par excellence for thecharming and vintage. Calligraphy is popping up everywhere, too, as well as amazing paper window displays seen at Galeries Lafayette, Chanel and Hermès. There is also 3D-printer paper clothing – designed to fit Dita Von Teese like a second wood-based skin. PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

14


www.ba-sh.com 215 rue St HonorĂŠ 75001 Paris - 22 rue des Francs Bourgeois 75003 Paris (Ouvert le dimanche)

Palace Costes_27_02 & 29_04.indd 1

03/04/13 11:32


10_P47_MeteoDesTendancesCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:32

Page 16

La meteo des tendances

Complètement chocolat

U

ltra-désirable, gourmand par nature, le chocolat, grand classique de l’épicerie, prend un nouvel essor et opère sa mutation mode. Une fois de plus, c’est de New York que pointe la tendance. Des codes graphiques contemporains, des saveurs élaborées, une origine souvent «made in sur place» : les marques se multiplient, dans la lignée de la désormais immanquable chocolaterie de Brooklyn Mast Brothers, mais aussi Dandelion à San Francisco, Woodblock Chocolate de Portland. Et les tablettes sont les indispensables goodies de tous les concept stores. En France, il commence à se faire mousser. Passionné déclaré de chocolat, David Holder, le président de Ladurée, lui donne le premier rôle et lui laisse toute la place dans sa nouvelle boutique, rue de Castiglione. LesMarquis de Ladurée présente le chocolat dans tous ses états, dans tous ses émois, bonbons, pâtisseries, évidemment macarons et œufs de saison. Patrick Rogerle sculpte, entre l’œuf et la poule. Christophe Felderen fait un livre monomaniaque. Alain Ducasse, de son côté, fonde la Manufacture rue de la Roquette. Dans cette chocolaterie, il confie à Nicolas Berger le soin de la torréfaction de la fève de cacao, qui se fait donc sur place. Une douzaine de provenances, d’identités, de goûts spécifiques, travaillés selon leur caractère : plus ou moins de conchage (le brassage), cuissons subtiles, très peu d’ajout de beurre de cacao, moins de sucre… Et un joli choix de 44 tablettes différentes, un genre de record. La tendance déborde de son territoire, puisqu’elle inspire jusqu’aux couleurs de la prochaine saison, entre sensorialité et sophistication. On va donc fondre pour le Dark Chocolate, qui glissera avec gourmandise sur la palette des bruns chauds et déclinera toutes les saveurs, des tonalités caramel beurre salé à l’ultra-noir cacao, amer et pur.

REPÈRESEXPRESS Jeux de bois

Le boisest au centre de toutes les convoitises. Devenu l’apanage des designers tous terrains confondus, il donne lieu à des croisements, des ponts entre science et création, chacun se mettant au service de l’autre. Les résultats sont souvent surprenants, inattendus, surtout quand la matière joue la transformation : jeux d’effets, de trompel’œil, d’impression. Anoter : la démarche de Dan Webb avec ses créations sculpturales.

Si nos cheveux blancs repoussaient colorés ?

De nombreux soins capillaires s’élaborent en s’inspirant de leur analogie avec le végétal : le terrain, la racine, la tige, la pousse, la croissance. Pouvons-nous parler d’«engrais» cosmétiques ? Non, mais la biologie et la technologie s’allient à des laboratoires pour cloner les racines, inventer des molécules à mémoire, des repiquages, des cellules de croissance. Les essais sont en cours pour faire repousser les dents, pourquoi pas les cheveux ? E L L E N W I L L E R avec Pierre-François Le Louët, président de l’agence NellyRodi. www.nellyrodilab.com Designers, such as Dan Webb, are turning to wood to create forms that link science and art. What if gray hair could grow back your real color? If scientists can mess around enough to get our teeth to grow back, why not our locks?

Designer chocolate is here. After

Shroud, 2008, Dan Webb

Mast Brothers in Brooklyn and Dandelion in San Francisco, Paris is going loco for cocoa. Ladurée has made it the center of its new store; Patrick Roger is sculpting it; Christophe Felder has written a book about it; and Alain Ducasse has opened his Manufacture, a “factory”-store that produces 44 different types. It was also seen on the catwalk in next season’s sensual and sophisticated palette: warm browns and dark, dark blacks.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

16



18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:45

Page 18

Talents Jennifer Lawrence

Star tranquille

A

scension fulgurante pour cette superbe nature qui, en trois ans, de Winter’s Boneà Happiness Therapy,en passant par Hunger Games,s’est hissée au top de la A-list et fait partie des très rares actrices à recevoir (en trébuchant !) une statuette de la meilleure actrice à 22 ans ! Interviewée juste après la cérémonie des Oscars alors qu’elle venait d’avaler un shot de vodka, il fallait voir la belle Jennifer remettre chacun à sa place: Jack Nicholson qui venait de l’interrompre et à qui elle a lâché, de sa voix narquoise un peu rauque : «Vous n’êtes pas très poli»; à un journaliste : «Est-ce que tout ce succès arrivé si vite me pèse? Non. Jusqu’à cette question, ça allait. Maintenant, je vais m’inquiéter !» Mais, aujourd’hui, elle est tout sourire ! Elle arrive vêtue d’une combinaison-pantalon grise avec une ceinture Elie Saab, cheveux miel lâchés… Une bête de mode! Elle est devenue, ce printemps, la nouvelle égérie des sacs Dior ! Tous, le cinéma, la mode, Bradley Cooper, avec qui elle vient de tourner un deuxième film, sont à ses pieds. Nous aussi.

On vous sent un peu intimidée par l’idée d’être une star. C’est assez rafraîchissant ! JENNIFER LAWRENCE. La célébrité, c’est un phénomène tellement prévisible. Vous faites un métier où les gens, parce qu’ils vous reconnaissent, pensent que vous êtes différent d’eux. Je suis la première à perdre mes moyens devant une idole. J’ai rencontré John Travolta l’autre jour, et l’émotion a failli me faire vomir… Bref : être une star ne m’a pas changée. Mais je suis encore jeune, alors restez à l’affût, vous me verrez peut-être péter les plombs dans quelques années !(Rires) Quel type d’adolescente étiez-vous ? Qui admiriez-vous ? J’avais une affiche deDrôle de couple, avec Jack Lemmon et Walter Matthau, dans ma chambre, une autre des ‘NSync. Et des posters de petits chiots. Bizarre, non ? Quel déclic vous a donné envie d’être actrice ? Je me revois juste tanner ma famille, dans le Kentucky, pour aller prendre des cours de théâtre à New York. C’était cela ou jouer au foot pour ressembler à mes frères. J’ai passé une audition de télé que j’ai décrochée du premier coup. Ma formation, c’est d’avoir tourné avec Charlize Theron(Loin la terre brûlée) et Jodie Foster(Le Complexe du castor).Je fonctionne à l’instinct. Je ne sais pas annoter un scénario. Tout se précise sur le plateau. C’est peut-être ce type d’inconscience qui m’a permis, dans Happiness Therapy, de balancer ce monologue d’une page et demie à la tête de Robert DeNiro. Je ne m’étais vaguement préparée que la veille au soir. En arrivant devant cet acteur iconique, je n’en menais pas large, mais la caméra m’a paru amicale, et j’ai lu une immense gentillesse dans le regard de DeNiro.

et sublime

Dans «Happiness Therapy», votre rôle de veuve un peu piquée qui s’improvise danseuse a révélé votre don pour la comédie. Cette Tiffany vous ressemble-t-elle un peu ? Oui, dans la mesure où Tiffany n’a pas peur d’être ridicule. Je m’efforce aussi de suivre ma nature, de ne pas toujours vouloir être bien polie. C’est pourquoi j’aime tous les films de David O. Russell : il sait rendre les gens perdus et maladroits attachants. Il montre qu’il faut s’accepter, même si vous êtes dépressif ou cinglé.(Rires) Vous êtes une bonne danseuse ? Un véritable albatros. Pauvre Bradley! Lui danse comme un dieu et devait prétendre qu’il ne sait pas bouger… J’adore le final du film, très ballroom dancing… Vous venez de faire un deuxième film avec Bradley Cooper, «Serena», de Susanne Bier : comment voyez-vous votre couple de cinéma ? Désormais, il va sembler bizarre de faire un film sans lui! La réalisatrice danoise Susanne Bier est une femme magnifique d’intelligence et de sensibilité. Serena est un film en costumes qui se déroule dans les années 1920. Bradley et moi jouons un couple marié confronté au problème terrible de ne pas pouvoir avoir d’enfant. Et votre alchimie avec lui ? Les meilleures osmoses au cinéma naissent entre acteurs qui n’en ont aucune dans la vie. Bradley et moi sommes amis, mais le cinéma, c’est comme un camp de vacances. Tout est intense pendant deux mois, et puis ensuite chacun retourne dans sa famille. Que préférez-vous, dans le fait de jouer ? Il y a un côté apaisant. Jouer dans un film d’horreur (House at the End of the Street) m’a permis d’avoir moins peur de mon ombre. Si je fais une scène où je dois crier, pleurer, la montée d’adrénaline qui jaillit est réelle, et je tremble encore de tous mes membres après la prise. Je redeviens normale, je demande ce qu’il y a pour le déjeuner, mais à l’intérieur je continue à être en état second. C’est un phénomène de dédoublement que je ne cerne pas encore bien.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

18


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:45

Page 19

«La célébrité, c’est un phénomène tellement prévisible. Vous faites un métier où les gens, parce qu’ils vous reconnaissent, pensent que vous êtes différent d’eux.»

Photographie Philippe Quaisse / Pasco PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

19


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:45

Page 20

{ Talents }

«La mode qui s’intéresse à vous,c’est un pur rêve. Mais les tapis rouges ne sontpas marrants. J’aime revêtir une robe merveilleuse tant que je suis seule avec l’habilleuse. Dès qu’il faut aller dans l’arène sur destalons hauts, tout se gâte.»

Mais vous devenez, malgré vous, une référence en matière de mode… La mode qui s’intéresse à vous, c’est un pur rêve. Mais les tapis rouges ne sont pas marrants. J’aime revêtir une robe merveilleuse tant que je suis seule avec l’habilleuse. Dès qu’il faut aller dans l’arène sur des talons hauts, tout se gâte. Mon style personnel évolue. Funky et classique. J’aimerais être plus funky… Comment voyez-vous l’avenir ? Je n’ai pas de plan de carrière. Je sais que rien de tout ce que je vis actuellement ne va durer. J’en ai pour deux ou trois ans, peut-être un peu plus. Autant en profiter ! Propos recueillis par

Tourner le second volet de «Hunger Games» était excitant? J’étais triste que le réalisateur Gary Ross se désiste, mais son remplaçant, Francis Lawrence, nous a laissé une liberté totale. Tournage à Hawaï, entraînement de spartiate, cascades, yoga, musculation : je me suis régalée. Jouer dans la saga Hunger Games, c’est comme sauter à pieds joints dans un de mes livres préférés. Quel genre de vie menez-vous ? Popote. J’habite dans le même deux-pièces de LosAngeles qu’à mes débuts, où je regarde des séries de téléréalité. J’écoute de la musique: Ray LaMontagne, que je chante sous la douche, les Pink Floyd, les White Stripes (Jack White est mon préféré), les Black Keys, Mumford & Sons… Mais je ne suis pas branchée. Si j’entends une fête à la porte à côté, je pense: «Bon sang, il est 11heures du soir, ces gosses devraient avoir envie d’aller se coucher !»

In just three years Jennifer Lawrence has gone from a small indie film (Winter’s Bone) to teen blockbuster Hunger Games to the A-list with an Oscar for Silver Linings Playbook. Recently in Paris as the new face of the Miss Dior bag, she arrived at our interview wearing a grey pantsuit with an Elie Saab belt. Far from being blasé after her Oscar win, she say she still gets weak at the knees when she meet other stars (most recently John Travolta). Originally from Kentucky, her career began when she was spotted while in New York and passed an audition for a TV show. She says that while she mainly functions on instinct, she always learns more from her co-stars, who have included Charlize Theron and Jodie Foster. She’s just finished Serena, with Danish director Susanne Bier (“an amazing woman”) and has shot the Hunger Games sequel in Hawaii. Jennifer Lawrence still lives in her one-bedroom apartment in Los Angeles where she says she watches reality TV and listens to bands such as the White Stripes and the Black Keys. Definitely not a fan of the red carpet (she loves dressing up but only when it’s just her and the stylist), she says that her everyday style is funky yet classic. As for her career, she hasn’t got a plan – she’s just going to make the most of time she has!

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

20

©Studio Canal, Metropolitan FilmExport

JULIETTE MICHAUD


28.02.2013

14:44

PDF_QUADRI_300dpi_txvecto


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:45

Page 22

U

Frédéric Lopez

«Quand on rêve très fort, ça se réalise»

Fred Meylan / Adenium TV France

n père croupier de casino et une mère au foyer, une enfance «assez tristouille et assez violente», une personnalité bien trempée et un public qui le suit où qu’il aille : aujourd’hui, Frédéric Lopez est à l’origine d’une des émissions phares de la télévision, Rendez-vous en terre inconnue, instigateur d’un beau succès hebdomadaire, La Parenthèse inattendue, et animateur d’une quotidienne sur France Inter qui réunit 2millions d’auditeurs chaque jour. Itinéraire d’un enfant qui rêvait grand. Quelle enfance avez-vous eue? FRÉDÉRIC LOPEZ. J’étais très angoissé. Par la vie. Par l’existence. Par le regard des autres. Vers 15 ans, vous commencez à vous épanouir et vous découvrez que le monde est moins hostile que vous ne pensiez. J’ai commencé à exister dans le regard des autres. J’avais enfin un regard bienveillant posé sur moi. Je voulais être écrivain, parce que j’étais bon en rédaction. Mais, un écrivain, c’est un solitaire avec sa machine à écrire, ce n’était pas moi. Donc, journaliste. Jeune, vous rêviez de quoi? Quand on vit dans une atmosphère anxiogène, on se réfugie dans les rêves. J’ai beaucoup, beaucoup rêvé, et j’ai appris aujourd’hui que, quand on rêve très fort, ça se réalise. A 20ans, j’ai pris un avion pour la première fois et je suis allé aux Etats-Unis. Je suis devenu photographe pour les plus grandes agences de mannequins, Ford, Elite. Et je me suis dit: «Quoi ? Il suffit de le faire ? Donc, c’est fastoche.» Quand mon fils était petit, je lui disais : «Pour réaliser un rêve, il faut en avoir.» Pas des petits rêves, ça ne sert à rien. C’est la fameuse phrase d’Oscar Wilde, qui résume ma vie : «Il faut viser la lune, car, même en cas d’échec, on arrive dans les étoiles.» Quel a été le déclic pour passer à l’action? J’étais à l’armée, j’ai assisté à l’entrée des Césars. On était sous la pluie, dans la gadoue derrière les barrières et les flics, alors que les stars étaient sur un tapis rouge avec des parapluies. Je ne comprenais pas pourquoi. Je voulais aller vers ces gens et leur poser des questions. Tous ceux qui sont passés sur le tapis, je les ai interviewés. J’avais grandi avec un manque d’estime de moi très fort, on m’avait beaucoup traité de bon à rien et j’ai passé ma vie à vérifier que ce n’était pas vrai. Que j’avais le droit de voir le monde entier, de rencontrer les gens que je voulais, qu’ils soient présidents, stars ou dans la jungle… C’est le privilège de ma vie aujourd’hui. L’existence que j’ai eue est au-delà du rêve, en fait… Aujourd’hui, vous rêvez de quoi? Par exemple, de travailler moins. Dans mon métier, ou bien vous n’avez rien, et je suis quand même resté deux ans au chômage, ou alors je me retrouve avec une quotidienne sur France Inter, une hebdo sur France 2 et Terre inconnue deux fois par an. C’est trop. J’essaie de diminuer. Mais c’est addictif. Je suis dans un métier assez comique, pour ne pas dire ridicule. Vous faites 29% de parts de marché avec Terre inconnue sur une chaîne qui est à 13% de moyenne, et, quand

vous faites 27% le suivant, des journalistes viennent vous dire : «Tu baisses un peu. Tu n’as pas peur ?» Toutes les questions des journalistes démarrent par : «Vous n’avez pas peur…?» Non, je n’ai plus peur. Quand j’étais anxieux, je passais à côté des moments forts de ma vie. A présent, je «kiffe» chaque seconde. Vous êtes connu, mais on sait peu de choses sur vous… Un itinéraire, c’est universel, ça n’a rien à voir avec la vie privée. Je n’ai jamais posé une seule question à quelqu’un

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

22


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:46

Page 23

{ Talents }

J’avais grandi avec un manque d’estime de moi très fort, le pire des cyniques, laissez-moi l’emmener en on m’avait «terre inconnue», et vous verrez, il va chialer comme nous. Et si il chiale pas, c’est qu’il faut vite beaucoup qu’il aille voir un psy. traité de bon à rien, Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui? et j’ai passé Je suis triste quand j’apprends que la France est le pays le plus pessimiste du monde, devant l’Afma vie ghanistan et l’Irak. Vous allez dans le désert où il y à vérifier que ce n’était a la famine, le sida, et pourtant les gens rient plus que nous, et pourtant il y a la joie, pour ne pas dire pas vrai. Que j’avais le mot bonheur, qui est plus complexe. Qu’est-ce le droit de voir qui gâche la joie ? La compétition, la compale monde raison, avoir, parce que ça crée la peur de perdre. entier, En fait, avec mes émissions, je me suis fabriqué de rencontrer un monde, qui énerve parfois, qu’on traite de les gens que Bisounours, mais qui est un monde sans vioje voulais, lence. Je me bats dans la vie pour montrer que le qu’ils soient monde n’est pas seulement celui de CNN. Dans présidents, Terre inconnue, mon métier, c’est de filmer l’attastars ou dans chement. Et tous les jours sur France Inter, je la jungle… reçois des scientifiques, des gens extrêmement C’est le érudits, qui sont anxiolytiques à l’extrême, parce privilège qu’ils donnent une vision de l’humanité plus de ma vie large que ce moment, cet instant: un sentiment aujourd’hui. d’appartenance au genre humain. L’existence que j’ai eue Propos recueillis par E L L E N W I L L E R est au-delà The power of dreams du rêve, Frédéric Lopez says his childhood was “quite sad en fait… and quite violent.” Today, the TV and radio pre-

sur sa vie privée. Je peux demander à mes invités de parler de leur premier baiser, parce que c’est révolu et qu’il y a prescription. Mais je ne leur demande pas qui ils ont embrassé pour la dernière fois. Est-ce que vous connaissez la vie sentimentale de votre boulanger ? Non. Par définition, dans «vie privée», il y a «privé». Et c’est la même chose pour moi. Les gens ont compris que ce qui m’intéresse, c’est de parler de ce que je fais, pas de ce que je suis, même s’il y a forcément beaucoup de ce que je suis dans ce que je fais. Parfois, les gens me disent qu’ils m’aiment. Je dis: non, vous aimez ce que je fais, puisque vous ne me connaissez pas. Vous aimez la télévision? La télévision, c’est de la forme et du fond. Et le fond, pour moi, sera toujours le même : les gens qui sont admirés, j’ai envie de savoir de quel bois ils sont faits. Et je veux montrer au public qu’en fait c’est le même bois qu’eux, qu’ils ont eu la même enfance, les mêmes peurs, les mêmes angoisses, les mêmes complexes, sauf qu’il y a eu un rêve et qu’à un moment donné quelque chose a fait qu’ils y sont allés. Je connais tellement de gens qui disent: «Si j’avais pu, j’aurais aimé…» Pour moi, le monde est divisé en deux : ceux qui font les choses, et ceux qui commentent. Je suis fasciné par les gens qui réalisent leurs rêves. J’aime les aider à transmettre leur secret. J’ai été viré deux fois en plein succès. Dans l’histoire de la télévision, c’est unique. J’ai un problème avec l’autorité, et je ne m’étais pas bien entendu avec les patrons. Aujourd’hui, je suis condamné au succès, parce que je ne suis pote avec personne qui dirige. Ou ça marche, ou c’est fini. Tant que le public regarde, ça va. Pour Terre inconnue, j’ai eu beaucoup de chance, la presse a été formidable avec moi. Ça passait quatre fois dans l’année sur France 5: si on n’avait pas eu autant de presse, l’émission n’aurait pas changé de chaîne et ne serait pas devenue ce qu’elle est. C’est une émission très éprouvante affectivement, et, à la fin, c’est déchirant à chaque fois. Donnez-moi

senter has created an audiovisual “world without violence, which people say is rose-tinted, but I’m fighting to show that the world is not just the one on CNN.” As a child, he says, “I was extremely anxious. About life, existence, other people’s opinions of me. Around 15, you begin to discover that the world is less hostile than you think. When you live in a distressing environment, you take refuge in your dreams. I dreamed a lot –and I realized that when you dream big it comes true. Aged 20 I took a plane for the first time and went to the US. I became a photographer for the biggest modeling agencies, and I thought, “What? You just have to do it? That’s easy.” No small-time dreams, they’re useless if you want them to come true. I grew up with lack of self-esteem and I was often treated as good for nothing, so I spent my life checking it wasn’t true. That I had the right to see the world, meet the people I wanted to meet, whether they’re presidents or stars or the jungle. When I was more anxious, the most important moments of my life passed me by. Now, I love every second. I wanted to be a writer, but it’s solitary, so it’s not me. So, journalist. I’m fascinated by people who make their dreams come true. I love helping them pass on their secret. Every day on [radio station] FranceInter I talk to scientists, extremely erudite people, who are calming because they have a vision of humanity that’s wider than the present moment. They pass on a feeling of belonging to the human race.”

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

23


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:46

Page 24

Alice de Sagazan

{ Talents }

Sabine Devieilhe

Soprano coloratur V

ous avez peut-être entendu Sabine Devieilhe à la télévision en février : elle a remporté, en direct, une victoire de la musique classique dans la catégorie révélation lyrique de l’année. L’air de la Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée de Mozart, qu’elle a interprété sur la scène de l’Opéra de Bordeaux, a scotché toute la salle : un choix doublement tactique, puisque cet air très technique, qu’elle maîtrise de façon impressionnante, lui a permis de se concentrer sur le seul chant et de ne pas céder au trac : «La semaine qui a précédé, j’ai traversé une petite névrose, je me demandais ce que j’allais faire là-bas, si j’avais envie que ce genre d’événement très médiatisé me représente. Mais la cérémonie m’a prouvé que c’était avant tout un grand concert, une sorte de miroir de ce qu’est le milieu de la musique aujourd’hui. Le fait d’avoir choisi de chanter l’air de la Reine de la Nuit, c’était une façon pour moi de m’obliger à ne penser qu’au chant : je ne pouvais pas faire ça en dilettante, parce que c’est un air très difficile et très court. Ce sont trois minutes vingt de pyrotechnie et de colère, une émotion que ne véhicule pas naturellement ma voix, légère et agile, mais pas forcément dramatique.»

Cet air, Sabine aura l’occasion de beaucoup le chanter dans les mois qui viennent, puisqu’elle sera la Reine de la Nuit à l’Opéra de Lyon en juin et juillet, puis –consécration– sur la scène de l’Opéra Bastille au printemps 2014. Sortie du Conservatoire national supérieur de musique de Paris avec les félicitations du jury en 2011, Sabine a jusqu’ici réalisé un parcours exceptionnel. «J’ai commencé le chant par la chorale, en pratique amateur, au conservatoire de Caen. A l’époque, j’étais violoncelliste et j’avais très envie de faire de la musique à plusieurs, de partager cette passion. Pour moi, le chant n’a donc pas été une illumination, c’est juste que mon degré d’exigence a augmenté au fil du temps : plus on me proposait des petits rôles solo avec la chorale, plus je me suis dit que, si je voulais réussir à faire ce que je voulais entendre, il allait falloir que je me mette à bosser. J’ai trouvé des profs qui ont réussi à préserver mon envie de chanter tout en me faisant bosser la technique.» L’année prochaine s’annonce comme un moment charnière, puisque Sabine commencera un cycle de grosses productions avec Lakmé, à l’Opéra-Comique dès janvier, tandis que son agenda se remplit jusqu’en 2017. Courtisée par les maisons de disques, Sabine s’apprête à enregistrer, sous la direction d’Alexis Kossenko, une sélection d’airs glanés dans l’œuvre de Rameau ; et le label Virgin Classics lui a récemment demandé ce qu’elle souhaiterait chanter sur un futur disque. «La chance que j’ai, avec ma tessiture de soprano coloratur, c’est que les rôles que je peux interpréter sont très différents. Ça va des jeunes princesses comme Lakmé à la poupée des contes d’Hoffmann, à des rôles de pouvoir comme la Reine de la Nuit, ou même des rôles de folie comme celui d’Ophélie. C’est vraiment multicolore, je ferai sûrement des choses très variées, et ça, c’est génial.» Propos recueillis par S A R A H B O U A S S E

Coloratura soprano Back in February, Sabine Devieilhe sang the Queen of the Night’s aria from The Magic Flute at Les Victoires de la Musique awards show – and won newcomer of the year. “Choosing that aria was a way to force myself to think only about singing,” she says. “I couldn’t do it half-heartedly because it’s extremely difficult and short. I was able to forget about the TV cameras under my nose.” Sabine’s early musical steps were as a cellist, but she later switched to singing, and studied at the conservatoire in Paris, graduating in 2011. Her diary is now full until 2017: she will be singing the Queen throughout June and July at the Opéra de Lyon, and in spring 2014, on the stage of Opéra Bastille in Paris. Before that, in January, she’ll take on Lakmé at the Opéra Comique. Not to mention the record companies lining up sessions for her. “I’m lucky because as a coloratura soprano I can sing extremely different roles, from Lakmé to Ophelia. It’s extremely varied; I’m sure I’ll do a wide variety of roles – and that’s wonderful.”

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

24


Projet3:Mise en page 1

9/04/13

14:17

Page 1


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:46

Page 26

{ Talents }

Solange

Comique digital S

olange te parle. Et vous feriez bien d’écouter. Solange te parle est un rendez-vous avec une jeune femme singulière à la diction ralentie et aux angoisses existentielles. Ina Mihalache a inventé un personnage, Solange –un peu ellemême–, qui est devenu, sur le Net, le catalyseur des solitaires et angoissé(e)s de l’époque. Solange-Ina est une jolie jeune femme sensible dont le phrasé en interview rappellerait parfois les hésitations de Patrick Modiano entrecoupées des sourires pudiques de Mylène Farmer… Originaire du Québec, où elle pratiqua la performance et la vidéo artistiques, elle est arrivée en France en 2004 et sans accent, car elle a appris à le perdre vers l’âge de 10 ans en écoutant les chaînes françaises à la télévision. Elève du cours Florent, elle est recalée à quatre reprises au conservatoire: «Je dois avoir quelque chose qui n’est pas assez lisse.» Puis, elle est remarquée par Mathieu Amalric, joue dans son court-métrage Deux cages et un oiseau, va au Festival de Cannes, puis, plus rien ou presque… Le chemin de croix des jeunes actrices pourrait commencer : casting, book, castings… Ina refuse. «La place de l’acteur me pose un problème, dans sa passivité, dans son attente qu’un metteur en scène le désire. En fait, globalement, être acteur, je trouve ça très dévalorisant.» Comme elle possède des compétences techniques en image, son et montage, elle va se réinventer : ce sera Solange. Les premières vidéos arrivent en novembre2011. Ina adopte dès le départ un ton décalé un brin intello psychotique qui détonne dans le paysage. «J’aime que la femme puisse faire rire dignement, je ne comprends pas pourquoi elle devrait se dénigrer pour faire rire.» Le principe suit celui de l’abécédaire, une lettre, un mot, un thème. «J’improvise plan par plan, j’écris devant la caméra, je n’ai pas de papier.» Quarante heures de travail entre l’idée et la vidéo de 2minutes enfin en ligne. «Je n’ai pas envie d’en faire pour en faire. Maintenant, j’ai un peu atteint mon objectif : celui d’être visible dans le paysage audiovisuel.» L’invention de Solange aura été payante : Ina a été contactée par les radios : elle lit des tweets sur France Inter

(Solange te tweete) ou enregistre des conversations dans le bus (Solange dans le bus). Poésie du quotidien, dans une démarche qui ne serait pas sans rappeler Sophie Calle. Et, sur LeMouv, Solange pénètre ta vie intime :de courts entretiens avec des femmes. Thèmes: amour et sexe. Des moments de vérité, en forme de pépites sensibles et impudiques. En ce moment, Ina est dans l’écriture de son long-métrage. Son personnage sortira de son appartement et sera confronté au monde extérieur. On attend de voir ça avec impatience. Le parcours de cette «curieuse bestiole», comme elle se définit, ressemble singulièrement à une phrase de Cocteau : «Après m’avoir longtemps dévisagé, j’aimerais bien que l’on m’envisage.» C’est chose faite. Propos recueillis par A N T O I N E L A U R A I N

www.solangeteparle.com

Virtual comedy “Overall, I find the idea of being an actor quite demeaning,” says the multi-talented, Quebec-born Ina Mihalache. So after acting in a short directed by Mathieu Almaric that was featured at Cannes, she decided to forget about the casting couch and created a character, Solange, and a website, Solange te parle (Solange is talking to you). Partly mad, partly intellectual, Solange discusses life, warts and all, in smartly funny videos that were noticed by the “mainstream” media and got her slots on two radio stations. Ina is currently writing a film that will see Solange leaving her apartment and meeting the real world.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

26


Paris 44 rue Etienne Marcel 75002 - 26 rue Danielle Casanova 75002 - 8 avenue George V 75008 - Le Bon MarchĂŠ 75007 Galeries Lafayette Haussmann 75009 - Printemps Haussmann 75009 - Franck et Fils 75016 Saint-Tropez Place de la Garonne 83990 gasbijoux.com


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:46

Page 28

{ Talents }

Christian Astuguevieille

«J’aime Déconcerter» V

ous n’êtes jamais allé à La Piscine, le Musée d’art et d’industrie de Roubaix ? C’est le moment de vous y rendre. Vous y découvrirez, jusqu’au 19mai, le travail d’un créateur polymorphe, en prise avec l’extrême contemporain et tout à la fois hors du temps. Christian Astuguevieille est directeur de la création des parfums Comme des Garçons,après avoir exercé chez Rochas et Nina Ricci. Et, depuis 1980, il réalise des objets inclassables et mystérieux qui évoquent les rites anciens d’une civilisation lointaine. Vases et paniers d’offrandes, statuettes de divinités, animaux mythologiques, bijoux de fêtes et de parades, mais aussi meubles, sont autant de traces de ce monde ancien. De quelle civilisation s’agitil? Inutile de le chercher. Si l’on repère çà et là l’influence de la culture japonaise, que Christian Astuguevieille connaît bien, ou

encore de l’Océanie, où il s’est rendu à plusieurs reprises, cette civilisation n’est autre qu’imaginaire. Elle n’appartient ni au passé ni au présent. A chaque visiteur d’y apporter sa propre culture. L’idée de cette civilisation fantasmée est née du travail qu’a mené Christian Astuguevieille à l’Atelier des enfants du Centre Georges Pompidou, dont il est l’un des créateurs. C’est dire si son monde s’éloigne de ce qu’on appelle communément «design». «Je ne suis pas un designer, je raconte des histoires à partir de meubles et d’objets souvent ludiques. Ce que j’aime, c’est déconcerter, créer de la perturbation.» Ses objets brouillent nos repères : s’agit-il d’un objet utilitaire, rituel ? Est-il lourd? léger ? luxueux ? pauvre, à l’image de la corde, son matériau privilégié ? Cette corde, tantôt il la laisse brute, ailleurs il la peint de couleur vive. Il la travaille de mille

«La corde offre des possibilités infinies de transformation, de recouvrement. C’est ce qui m’intéresse depuis toujours dans ce matériau.»

De haut en bas et de gauche à droite: «Coupe rituelle», 1989 ; «Coupe coiffure Baoulé», 1992 ; «Commode blanche à nœuds», 1992 ; «Bagage», 1987. PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

28


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 29

{ Talents }

Cédric Delaunoy

manières, enroulée comme un serpentin, nouée, coupée en longues ou petites mèches, pour un aspect ébouriffé qui confère à certains de ses objets l’apparence d’un animal. «La corde offre des possibilités infinies de transformation, de recouvrement, c’est ce qui m’intéresse depuis toujours dans ce matériau.» Il aime également l’éponge, dont il se sert notamment pour créer des bijoux portés dans des défilés de mode. L’usage qu’il fait de ces différents matériaux –il utilise aussi le tissu, le papier– n’est pas uniquement visuel. Christian Astuguevieille est l’auteur de nombreux objets tactiles faits pour être appréhendés par la main, comme cette divinité faite de tissu rembourré et d’éponge synthétique ou la rampe d’escalier qu’il a construite à Miami et qui fait alterner sur deux étages des touchers différents tous les 20centimètres. LaPiscine, désireuse d’initier ses visiteurs à cette approche tactile, a laissé carte blanche à Christian Astuguevieille, qui a réalisé deux meubles dont le contenu des tiroirs s’offre à notre toucher. Un voyage peu commun dans le lisse, le rugueux, le noueux, et les formes qu’on ne devine qu’à la main. Comme est peu commun cet autre parcours, olfactif cette fois, que l’artiste nous propose dans les collections de peinture du musée. Christian Astuguevieille est le créateur de parfums surprenants à l’odeur de dunes de sable, de carbone minéral ou de caoutchouc brûlé… Il a imaginé ici d’associer une dizaine de parfums à dix œuvres de la collection. Une odeur

ferreuse de sang pour L’Assassinat de Marat, une autre de cuir pour la senteur animale d’Uncombat de coqs, ailleurs encore l’odeur des savons de notre enfance pour LaPetite Châtelaine de Camille Claudel. Clin d’œil à l’usage premier du lieu, le bassin entouré de cabines Art déco que le musée a conservé est envahi toutes les vingt minutes par des cris d’enfants jouant dans l’eau. Une création sonore qui parachève l’approche sensorielle de Chrisitian Astuguevieille de l’espace et des objets. Propos recueillis par NADINE VASSEUR

Making senses Head to La Piscine in Roubaix before May 19 and you’ll find multitalented Christian Astuguevieille. Director of perfume design at Comme des Garçons, he has also, since 1980, created strange objects that appear to come from a distant civilization. Vases and baskets, statues of gods, mythological animals, jewelry, as well as furniture, all of which invites the viewer to touch them. “I’m not a designer,” says Astuguevieille, “I tell stories with furniture and objects that are often playful. I like to disconcert, create disturbances.” Which is what he’s done by also creating 10 perfumes for 10 works in the gallery, a sort of aesthetic scratch’n’sniff. And because Astuguevieille likes to engage all the senses, the area of the gallery that used to be a swimming pool is invaded every 20 minutes by his recorded work of children shouting as they play in water. You might say.

De gauche à droite: «Sellette», 1992 ; «Totem», 1989 ; «Divinité», 2009. Collection de l’artiste. Photos : A. Leprince © Adagp, Paris 2013. PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

29


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 30

{ Talents }

Cyril Hanouna

Télé Star

l est le présentateur télé dont tout le monde parle. Avec son émission quotidienne sur D8 qui s’amuse de la télévision, il attire de plus en plus de téléspectateurs. Rencontre avec le phénomène Hanouna. Vous avez animé, avec des succès divers, beaucoup d’émissions différentes, mais, cette année, avec «Touche pas à mon poste», sur D8, vous explosez ! Comment l’expliquez-vous ? CYRIL HANOUNA.Merci beaucoup, c’est gentil ! J’ai fait le pari d’aller en quotidienne à un horaire difficile, et le public est au rendez-vous. Nous en sommes à 1million de téléspectateurs et, tous les quinze jours, nous en gagnons 100 000… C’est une émission média, consacrée à la télé, mais «feuilletonnée», car on suit la vie de chaque chroniqueur. Il y a la téléréalité, mais moi, je prône la télé du vrai ! Nous ne jouons pas de rôle, je ne fais pas l’animateur. C’est de la vieille télé, ça. Le téléspectateur veut voir la vraie réalité. Quand une séquence est ratée, je le dis ! Quitte à critiquer «Nouvelle Star», sur D8 ? Touche pas à mon postese permet de juger les émissions des autres. Il est donc normal que nous jugions nos émissions ! Ce franc-parler va jusqu’à parler de votre salaire? Je préfère dire la vérité. Pourquoi me cacheraisje ? Bien sûr que c’est beaucoup plus dur d’être ouvrier ou boulanger. J’ai la chance de faire un métier plutôt facile et j’espère que ça va durer, car les carrières en télé sont souvent courtes. On ne le sait pas, mais vous êtes un animateur engagé. Je m’implique dans le travail d’associations, certaines juives, d’autres non, pour SOS Racisme ou encore pour Ni putes ni soumises. Mais ce qui me touche le plus, ce sont les Restos du cœur. Comme certains membres de ma famille, j’aurais voulu, si j’avais du temps, être bénévole aux Restos du cœur. Vous êtes producteur de vos émissions. Vos projets ? J’espère que Touche pas à mon posteva durer des années, car la matière –la télévision et l’actualité– est inépuisable. Nous serons sur D8 l’année prochaine, car, pour Canal+, c’est 100% de réussite. Avec LeGrand Journal , Canal+ dispose aujourd’hui des deux talk-shows

qui marchent le mieux en access prime time. Et, bien qu’à la même heure, nous ne sommes pas en concurrence. Je vais produire en radio et en télé Enora Malagré. Elle a un vrai potentiel, et c’est ma meilleure amie. J’ai aussi des projets avec Jean-Luc Lemoine, que je connais depuis quinze ans. J’ai envie de les mettre en avant. C’est la famille ! J’ai aussi très envie d’écrire un film sur le monde de la télévision… Si Jean-Marc Morandini est votre meilleur ennemi, Patrick Sébastien est votre nouveau meilleur ami ? Morandini, il me fait rire. On s’entendait bien avant, mais tout ça lui est monté à la tête. Et comme Touche pas à mon poste est largement devant son émission… Quant à Sébastien, je l’adore. Il dérange la France bien-pensante, mais c’est un génie. LeGrand Bluff, c’était énorme, et ça reste d’ailleurs le record d’audience de la télévision française: c’est formidable et c’est populaire. C’est pourquoi il est mal vu d’une certaine intelligentsia. Moi, je préfère être populaire qu’être à la mode. Ce qui est populaire le reste pour la vie. Votre père est médecin, et vous-même avez passé un bac scientifique… Je suis un fou de télé depuis toujours ! Ce bac scientifique, c’était pour rassurer mes parents, mais, dès que j’ai eu 18ans, j’ai voulu participer à des jeux télé. J’ai fait Que le meilleur gagne et LeJuste Prix, et j’étais comme un fou d’avoir parlé à Nagui et Philippe Risoli. Encore aujourd’hui, mes parents continuent à me demander ce que je ferai comme vrai métier quand je serai grand! C’est pour rire, mais, pour eux, la télé, ce n’est pas un vrai métier. Propos recueillis par M A X R O B E R T

Real TV Cyril Hanounais the star presenter of the morning show on Virgin Radio and Touche pas à mon poste!, an early-evening TV show on the D8 network. “I took a chance by having a daily show on D8 in a difficult time slot but the audience is there – we’re at 1 million viewers and gaining 100,000 every two weeks. It’s a show about TV and we also follow each of the co-presenters’ lives, which is interesting. We decided to tell the audience everything, which is rare on TV. I’m an advocate for ‘real TV,’ not reality TV. I prefer to tell the truth [such as revealing his salary]. Why would I hide? I’m lucky to do a pretty easy job. I hope that Touche pas à mon poste!will last for years, however, because the subject – TV and the news – is inexhaustible. I’d also really like to write a film about the world of TV.”

Xavier Lahache/D8

I


Audi RS 3 Sportback Concentré de hautes performances.

Moteur 2.5 TFSI d’une puissance de 340 ch

Transmission intégrale permanente quattro

Plus que 5 modèles disponibles... A partir de 55 400 €* *Prix TTC conseillé au tarif du 13/09/2012 de l’Audi RS 3 Sportback 2.5 TFSI 340 ch quattro S tronic. Modèle p présenté : Audi RS 3 Sportback 2.5 TFSI 340 ch quattro S tronic au prix de 60 870 € TTC avec options boîtiers de rétroviseurs laqués dans la couleur carrosserie (120 € TTC), pack esthétique noir (590 € TTC), peinture métallisée (750 € TTC), vitres latérales arrière et lunette arrière teintées gris (490 € TTC), jantes Audi exclusive (240 € TTC), sièges bacquets RS 3 à l’avant (3 280 € TTC), tarifs au 13/09/2012. Dans la limite des stocks disponibles chez votre partenaire Audi Bauer. Société du Garage Bosquet SA - RCS Bobigny B 775 669 401. Audi recommande Castrol EDGE Professional. Vorsprung durch Technik = L’avance par la technologie. Consommations en cycle urbain/routier/mixte (l/100 km) : 13,1 / 6,8 / 9,1. Emissions massiques en cycle mixte CO₂ (g/km) : 212.

www.audibauer.com - thierry.tanfin@audibauer.com - Tél. 06 70 27 22 90

Bauer Levallois

57, rue Marjolin - 92 Levallois 57 Levallois-Perret Perret Tél. 01 55 21 30 00

AP AUDI RS3 205X275.indd 1

Bauer Saint-Honoré

48, place du Marché Saint 48 Saint-Honoré Honoré - 75 Paris 1er Tél. 01 55 35 30 00

Bauer Saint-Ouen

80, rue du Docteur Bauer - 93 Saint 80 Saint-Ouen Ouen Tél. 01 49 18 30 00

15/04/13 14:25


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 32

{ Talents }

Dora Moutot

Miss «Mauvais goût» D

ora Moutot adore le kitsch… et Strasbourg-SaintDenis. «C’est super inspirant comme quartier, j’aime beaucoup cette énergie “mauvais-goûïste”.» Il y a quatre ans, quand elle lance LaGazette du mauvais goût, interface du meilleur du pire de la sous-culture Web, c’est un peu par ironie. Plus jeune, très influencée par le mouvement Emo et le courant Lolita, elle s’entend souvent dire qu’elle a mauvais goût, pendant ses études de stylisme, surtout ! Super geek («je crois que je serais encore vierge sans Internet !»), Dora explore les bas-fonds du Net. «On n’imagine pas les centres d’intérêt autour desquels les gens se retrouvent, du

habilement le lien entre tendance et actualité. Dora s’est aussi lancée dans un «nouveau projet artistique», Webcam Tears. Pour lequel elle rassemble des vidéos de filles qui pleurent devant leur ordinateur. «Ce que je voulais dire, c’est que ce n’est pas grave de chialer. C’est marrant, ajoutet-elle, pour se masturber, il suffit d’aller sur Uporn, il y en a dans tous les sens, mais les gens se cachent pour pleurer.» La génération 2.0 ne saurait plus gérer ses sentiments. Témoin d’une époque, Dora rêverait de devenir «reporter de style».

caniche grooming au fétichisme sexuel plus hardcore, c’est sans fin.» Rapidement, elle décèle une vraie tendance dans la mode. Comme le studs dont elle avait remarqué le retour à Londres avant qu’il soit repris par des marques comme Louboutin ou Burberry. «Avec Internet et son armée de suiveurs, plus rien ne reste subversif très longtemps», ironise Dora. Grâce à sa Gazette, elle a intégré le «Monde Académie», parrainé par Florence Aubenas et Serge Michel. Son papier, récemment mis en ligne, sur l’art digital du Sahel, faisait

Miss “Bad Taste” For Dora Moutot, “bad taste has a function.” Which is why

Propos recueillis par L U C I E G O U Z E

Natasha Ponomareva

www.lagazettedumauvaisgout.fr

she launched lagazettedumauvaisgout.com, a website dedicated to bad taste’s role as a laboratory for the good. After taking part in a journalism course run by French broadsheet Le Monde, Dora has launched her new project: Webcam Tears, a Tumblr of girls crying to and around the world.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

32


Laurence Laborie- Arywanka

PARIS

OUVERTURE PROCHAINE DE LA BOUTIQUE AKILLIS JOAILLERIE 332, RUE SAINT-HONORÉ PARIS 1ER LISTE DES DÉTAILLANTS SUR WWW.AKILLIS.COM +33 (0)1 47 03 83 80


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 34

Frédérique Morrel

La chasse au kitch


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 35

{ Talents }

Photographies Philippe Cluzeau

F

rédérique Morrel est une originale, au meilleur sens du terme. Non seulement parce qu’elle a donné naissance à un univers qui ne ressemble à aucun autre, mais par la vision décapante qu’elle a de son travail. Créative ? «Non, je n’ai pas envie d’être créative, ce n’est pas chez moi une volonté. Je n’ai jamais oublié la phrase d’un étudiant quand j’enseignais à l’école de mode Duperré : “Est-on vraiment obligé d’être créatifs ?” Etre créatif, c’est aujourd’hui le mot d’ordre, non seulement dans la mode, mais partout. Moi, je n’invente pas de nouvelles formes, je trouve qu’il y en a déjà trop. Mon travail consiste en une nouvelle approche des choses, une nouvelle manière de les combiner. En fait, c’est tout bête !» Bête comme celles qui peuplent son univers : biches, cerfs, chevaux, lapins, licornes et humains. Frédérique Morrel adore s’amuser à prendre les expressions au pied de la lettre. Ainsi de la règle qu’elle impose à toutes ses créatures d’être «grandeur nature». «C’est une expression qui me plaît, “grandeur nature”. L’idée de ne pas être en dessous, mais de ne pas vouloir non plus dépasser la nature, de rester à la dimension de ce qui existe.»

Enfant, Frédérique Morrel aimait regarder sa grand-mère broder des tapisseries au point de croix. C’est ainsi que plus tard l’idée lui est venue de récupérer chez Emmaüs toutes les tapisseries qu’elle trouvait et de redonner une valeur esthétique et commerciale à ces créations populaires décriées comme vulgaires. Elle en agence ensuite les motifs sur des mannequins de taxidermiste ou des mannequins de mode. Faire du beau avec du laid, du luxueux avec du bon marché, des objets uniques à partir des productions en série que sont les canevas de broderie en vente dans les merceries a été son challenge.

«Je n’invente pas de nouvelles formes, je trouve qu’il y en a déjà trop. Mon travail consiste en une nouvelle manière de les combiner.»

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

35


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:47

Page 36

{ Talents }

L’autre est de donner naissance à tout un monde empreint du mystère des contes et des mythes anciens. Un monde hybride où sont abolies les frontières entre les règnes humain, animal et végétal, entre l’hyperréalisme et le rêve. Ses créations, qu’on ne s’y trompe pas, sont aussi très savantes. Cette agrégée d’arts plastiques, ancienne élève de Normale sup, va chercher son inspiration tant dans les histoires de métamorphoses des mythes grecs que dans l’histoire de la peinture. «Les agencements de mes tapisseries obéissent parfois à une composition orthogonale à la Mondrian, d’autres relèvent du procédé de la marqueterie.» En témoignent aussi certains noms de ses créatures, comme Vermeer, l’un de ses peintres préférés, ou encore Jeff, ou Damien, clins d’œil à Jeff Koons et Damien Hirst. Rien de «Les agencements cuistre dans tout cela, simde mes tapisseries plement des références à

obéissent parfois à une composition orthogonale à la Mondrian, d’autres relèvent du procédé de la marqueterie.» son panthéon personnel, qui comprend tout aussi bien Audrey Hepburn que Le Docteur Jivago. Bien qu’étrange, le monde de Frédérique Morrel n’a rien d’inquiétant. Avec ses couleurs gaies, son humour, il distille autour de lui un réjouissant parfum d’enfance. Propos recueillis par N A D I N E V A S S E U R

www.frederiquemorrel.com

Second life “Being creative is a watchword today, not only in fashion, but everywhere,” says Frédérique Morrel. “I don’t want to be creative – I’m not inventing new forms; there are too many already. My work is about finding new ways to combine things.” Those new combinations entail taking thrift-store embroidery and samplers and covering taxidermists’ models of animals with them. Frédérique Morrel wants to make the beautiful from the ugly, the luxurious from the cheap, unique objects from the mass-produced, and in the process create a new world of old myths. With names such as Jeff or Damien (after Koons and Hirst), her work may not want to be creative but it’s definitely art.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

36


18_P47_TalentsCMok_SR2:Palace

20/04/13

14:48

Page 37

{ Talents }

A

lex Beaupain est un chanteur de variétés «au sens noble du terme» ! Un auteur-compositeur-interprète de chansons à textes comme on n’en fait (presque) plus. En écoutant ses albums «mélancoliques», on pourrait croire qu’Alex est quelqu’un de triste. A l’Hôtel Amour, je rencontre un jeune homme enjoué, drôle et «enthousiasmé» ! Il commande un thé avec du miel : «Ça fait chanteur, hein, de faire ça, mais hier, j’étais aphone, c’était horrible !» C’est Christophe Honoré –réalisateur et scénariste– qui le pousse à prendre le micro devant ses amis. «Tu veux être chanteur ? m’a-t-il dit, eh bien, sois chanteur. L’important, c’est de faire les choses, et du coup, après, les choses se font… Moi, j’ai commencé à écrire des chansons intéressantes, hélas, au moment de la mort de mon amoureuse. C’est assez culpabilisant, d’ailleurs…» C’est le point de départ du film Deschansons d’amour: Christophe Honoré a construit son scénario autour des chansons d’Alex. Sept mois pour écrire et filmer cette histoire de deuil fictionnée façon comédie musicale. «On a fait ça dans un tel état d’inconscience !» Quelques mois après, les deux amis reçoivent le césar de la meilleure musique. «On était jeunes. J’ai décroché le césar, c’était comme un tourbillon, le film sort, marche, on en parle, le disque se vend. On faisait les choses de manière spontanée. C’était joyeux.» Alex se concentre ensuite sur sa carrière solo. Christophe, lui, produit trois films. Leur amitié les réunit à nouveau pour Les Bien-Aimés. «Au début, c’était un livre inachevé. Christophe fait souvent ça, il commence des livres, puis ça le fait chier, donc il en fait un film !» Aujourd’hui, il sort Après moi, le déluge, un genre de bilan : «Ça fait dix ans que je fais ça, quatre albums, l’Olympia, un césar, je fais chanter des acteurs, on a fait des films. C’est pas les récompenses qui sont importantes, mais, pour un mec qui écrit des chansons, j’ai été un peu gâté quand même. On considère que je suis indie ou pas assez populaire. En fait, l’endroit où il faut être entre les deux, c’est Télérama! L’important, c’est de ne pas laisser la variété à ceux qui méprisent le genre. C’est ça, le combat !» Propos recueillis par L U C I E T I G O U L E T

En concert à l’Olympia, le 13 mai.

Rudy Waks

Tender Songs

Alex Beaupain came to Paris from Besançon aged 17 with his girlfriend to study at elite school Sciences Po. “I loved listening to songs, writing a few,” he says, “but I only began to write interesting songs around the time my girlfriend died. I did feel guilty.” The results were the basis of his friend, writer-director Christophe Honoré’s film Les Chansons d’Amour: a fictionalized musical about mourning written, sung and filmed in seven months. It was chosen for Cannes and the music won a César. Today Beaupain is releasing Après moi le déluge, an album that’s also an assessment of a decade’s career. The conclusion: “I’ve been spoiled!”

Alex Beaupain

Chanteur tendre


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:53

Page 38

Montres

A

Nouveautés

2013

Baselworld 2013 was increasingly sophistication, new complications and lots of minute repeaters. Montblanc is only making 28 Nicolas Rieussec Rising Hoursand its double chronograph; there will be 30Parmigiani’s Bugatti Super Sport, inspired by the Veyron car and with a movement at a 90° angle. The Clifton MOA 10057by Baume&Mercier has a polished steel case and satin-finish dial; Rolex’s Oyster Perpetual SkyDwellerhas an annual Saros calendar that allows it distinguish between 30- and 31day months.

près Bâle, toutes les nouveautés 2013 sont là. Les marques rivalisent de savoir-faire horloger: des montres de plus en plus sophistiquées, des complications inédites, de plus en plus de tourbillons, et la star de l’année: la répétition minute. Et une tendance forte: la haute horlogerie veut de plus en plus séduire les femmes. En haut à gauche, la Nicolas Rieussec Rising Hoursde Montblanc, boîtier en or rouge, cadran opalin grain d’orge, heures traînantes, chronographe à 2compteurs, série limitée à 28 exemplaires; à droite, la Bugatti Super Sport de Parmigiani, boîtier en or rose qui reproduit les lignes de tension des ailes de la Bugatti Veyron, mouvement présenté selon un angle de 90°, calibre à remontage manuel conçu en cascade sur 2 plans, bracelet en alligator signé Hermès, série numérotée à 30 exemplaires. En bas à gauche, la Clifton MOA 10057, de Baume&Mercier, boîtier en acier polisatiné, cadran bleu finition satiné soleil, décor colimaçonné et «côtes de Genève»; à droite, la Oyster Perpetual Sky-Dweller de Rolex en or jaune intègre le calendrier annuel Saros, un mécanisme exceptionnel inspiré d’un phénomène astronomique qui permet de distinguer les mois de 30ou 31 jours…

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

38


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:53

Page 39

E

n haut, à gauche, la Duomètre Unique Travel Time deJaeger-LeCoultre, boîtier en or gris, héritière de la ligne «Duomètre», elle a été spécialement conçue pour l’inauguration de la boutique place Vendôme, série limitée à 100 exemplaires; à droite, la Christophe Colomb Hurricane de Zenith,en or rose, dotée d’un calibre «El Primero» manuel, du système «Gravity Control» et d’un système de transmission «fusée-chaîne» rare qui permet de supprimer les écarts d’isochronisme, dômes protégeant le module, série limitée à 25 exemplaires. En bas, le modèle Safari RL67 Automotive de Ralph Lauren, collection «Sporting», un boîtier et un bracelet en titane surmoulé de résine vert safari, cadran en loupe d’orme, est inspiré du tableau de bord de la Bugatti 57SC Atlantic Coupé du créateur. Jaeger-LeCoultre’s Duomètre Unique Time Travel has a gray-gold case and only 100 will be made; Zenith’s Academy Christophe Colomb Hurricane has a El Primero manually wound movement and Gravity Control system, and only 25 will be built. Ralph Lauren’s Safari RL67 Automotive is part of the “Sporting” collection and was inspired by the fascia of the designer’s Bugatti 57SC Atlantic. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

39


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:53

Page 40

A. Lange & Söhne’s Saxonia Annual Calendar has a silver dial, platinum case and lunar calendar; Piaget’s Emperador cushionshaped tourbillon watch has the world’s thinnest self-winding repeater movement; Hamilton will only make 888 Jazzmaster Face2 and its rotating case and skeletonized rotors; while IWC’s Ingenieur Perpetual Calendar Digital Date-Monthand its titanium aluminide case were inspired by the instrument panel of Mercedes Formula 1 cars.

E

n haut, à gauche, la Saxonia Quantième Annuel de A.Lange & Söhne , cadran en argent rhodié, boîtier en platine, calendrier annuel et affichage des phases de lune; à droite, l’Emperador Coussin Répétition Minutes de Piaget, exceptionnellement fine pour une montre à répétition minutes: tant au niveau du calibre que du boîtier coussin en or rose. En bas, à gauche, la Jazzmaster Face2 de Hamilton, un boîtier rotatif en acier, rotors décorés et squelettés de leurs mouvements automatiques, édition numérotée à 888pièces; à droite, l’ Ingénieur Calendrier Perpétuel Digital Date et Mois d’IWC, inspirée des instruments de bord d’une F1, boîtier en aluminure de titane. La marque est partenaire officiel de Mercedes pour la saison de F1 et développe pour l’occasion la collection«IWC Ingénieurs». PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

40


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:55

Page 41

Richard Mille’s Tourbillon G-Sensor Jean Todt is a titanium model and a collaboration with FIA president Jean Todt; the Histoire de Tourbillon 4 by Harry Winston has tri-axial tourbillons, only 20 will be made; Bell & Ross’s BR01-97 has a power gauge on the dial; Greubel Forsey’s Quadruple Tourbillon with its asynchronous tourbillons will come in a limited edition of eight.

E

n haut, à gauche, la Capteur de G Tourbillon RM 036 Jean Todt de Richard Mille, modèle spécial conçu en association avec Jean Todt, la forme tonneau chère à la marque, boîtier qui intègre un mouvement tourbillon construit en titane ; au centre, la Tourbillon 4 de Harry Winston, un garde-temps dont la mécanique est d’un raffinement extrême, cadran tridimensionnel, édition limitée à 20 exemplaires ; à droite, la BR01-97 CLIMB de Bell & Ross, pièce de la collection «Aviation»,possède un graphisme inspiré du variomètre, indicateur de réserve de marche en jaune sur le cadran, l’aiguille des minutes est blanche et le boîtier en carbone noir mat antireflet. En bas, à gauche, la Quadruple Tourbillon Secret de Greubel Forsey,boîtier en or rouge, le spectacle des tourbillons n’est visible qu’à travers le fond saphir, édition limitée à 8 exemplaires ; au centre, la Tourbillon Chronographe Répétition Minutes Tradition d’Audemars Piguet, boîte de forme coussin, mouvement à remontage manuel, série limitée à 10 exemplaires. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

41


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:55

Page 42

Le temps des femmes E

Breguet’s Marie-Antoinette Dentelle has 70diamonds and a ruby to mimic lace and a mother-of-pearl dial; the Première from Chanel has a lacquer dial surrounded by 56diamonds; Chopard’s allblack Impériale Chrono is in DLC or diamond-like carbon.

n haut, à gauche, la Marie-Antoinette Dentelle de Breguet, en hommage à l’amour de la reine de France pour la haute couture et la dentelle, le bracelet est en satin rouge, le décor inspiré de la dentelle est serti de 70 diamants et d’un rubis, le cadran est en nacre naturelle; à droite, la montre Première de Chanel, constituée d’un cadran laqué noir et d’un bracelet chaîne en or blanc serti neige de diamants, calqué sur la silhouette du bouchon du parfum N° 5 et sur les formes géométriques de la place Vendôme. En bas, l’Impériale Chrono All Black de Chopard, en acier monochrome traité selon le procédé DLC (diamond like carbon), la lunette est sertie de diamants.


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:55

Page 43

Hublot’s Boa Bang has red gold, snake print strap, and a dial set with eight diamonds; Lady Arpels from Van Cleef & Arpels has white gold and a diamond-set flange; the new Girard-Perregaux 1966 Lady has grey gold underlined by diamond edging. The Montblanc Princess Grace of Monacohas a flange set with diamonds and a motherof-pearl dial; Blancpain’s Grande Date has a case in red gold and a white ostrich strap.

E

n haut, à gauche, la Boa Bang de Hublot, en or rouge, imprimé serpent, cadran rehaussé de 8chatons diamants, mouvement chronographe mécanique; au centre, la Lady Arpels Papillon Extraordinaire de Van Cleef & Arpels, en or blanc, lunette sertie de diamants, cadran en nacre sculptée, lapis-lazuli et émail plique-à-jour, série numérotée; à droite, la nouvelle GirardPerregaux 1966 Lady de Girard Perregaux, en or gris souligné par un liseré de diamants qui se prolonge sur les cornes, bracelet en cuir de veau noir. En bas, à gauche, laPrincesse Grâce de Monacode Montblanc, créée pour rendre hommage à Grace Kelly, boîtier en or rouge, lunette sertie de diamants, cadran en nacre avec un saphir rose, sur le fond du boîtier les initiales et la signature de Grace Kelly, à droite, la Chronographe Grande Date de Blancpain, boîtier en or rouge serti de diamants, bracelet en autruche blanc, cadran en nacre.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

43


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:55

Page 44

E

n haut, à gauche, le modèle Plume de Dior, issue de la ligne «Dior VIII Grand Bal»en céramique noire, habillage de plumes fauves, nacre noire et une pluie de diamants, édition limitée à 88pièces;au centre, la 867 Diamond Watchde Ralph Lauren, boîtier carré, bracelet en daim noir mâtiné de formes géométriques et de diamants. En bas, la Rendez-Vous Célestial de JaegerLeCoultre, or gris, voûte céleste sur une plaque précieuse de lapis-lazuli, indicateur de rendez-vous en forme d’étoile filante; à droite, la montre-bijou Limelight Gala de Piaget, inspirée d’un modèle de 1973, dont le boîtier rond a conservé les cornes serties allongées et effilées du modèle vintage. The Plume from Dior is part of the Dior VIII Grand Bal collection and limited to 88 watches; Ralph Lauren’s 867 Diamond Watch has a square 18-carat white-gold case; the Jaeger-LeCoultre Rendez-Vous Celestial features the constellations and a mysterious shooting-star hand to show your future rendezvous;the Limelight Gala from Piaget is inspired by a watch from 1973 and is perfect modern vintage.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

44


38_P47_MontresCMok_SR1:Palace22_

20/04/13

14:55

Page 45

E

n haut, à gauche, la Rotonde Panthère Granulation de Cartier, réinterprétation d’un savoir-faire ancestral, la «granulation»: des fils d’or roulés en billes dans de la poussière de charbon de bois chauffé à la flamme qui donnent le relief de la panthère, lunette sertie de diamants, aiguilles en acier bleui, série limitée à 20 exemplaires; à droite, la Malte Dame Pavée de Vacheron Constantin, première manufacture à adopter le boîtier forme tonneau, lunette sertie de diamants, cadran argenté sablé et pavé de diamants, boucle ardillon en demie-croix de Malte. En bas, la Ladymatic d’Omega, reprise d’une montre-bracelet de 1955, bracelet et boîtier en acier rehaussés de 11 index en diamants.

Cartier’s Rotonde Panthère is 18-carat rolled gold and diamonds, only 20 will be made; the Vacheron Constantin Malte Dame Pavée has a dial set with diamonds; while Omega’s Ladymatic reintroduces a line first created in 1955 and has a diamond-set bezel.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

45


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:07

Page 46

Carnet de

Mode

L

e nombrilisme résulte-t-il d’un cordon ombilical mal coupé ? J’avoue mon incapacité à répondre. L’unique certitude est que l’amour démesuré de sa propre image remonte à la plus haute antiquité. Voyez le Narcisse de la mythologie grecque ! Sa passion pour son reflet lui coûta la vie. Bonne nouvelle, Narcisse est ressuscité ! Dans son avatar 2013, on le retrouve âgé de 13 ans. Finie la Grèce, il est devenu danois. Désormais, il se nomme Benjamin Lasnier et vit à Copenhague, ville de la petite sirène du conteur Andersen. Copenhague, «Köbenhavn» en danois, signifie «ville des marchands». Or, réincarnation de Narcisse et nouvel Andersen, Benjamin est auteur et acteur d’un conte de fées de la société marchande. Sa gueule d’ange, il en fait une petite mine d’or. En un an à peine, il est devenu star de l’application Instagram. Ses 1600 photos reliques sont dévotement admirées par 762 000 followers fous de son visage, sosie juvénile de Justin Bieber. Paradoxe, car cette idole du Web reconnaît n’avoir aucun talent particulier. Modeste, car, dans le domaine du marketing, il a la précocité d’un Mozart. Tout commence en 2012 : un cousin le persuade de mettre sa photo sur Instagram. Une demiheure après publication, il reçoit 50 likes enthousiastes. Les surfeuses de Toile s’extasient devant ce beau gosse. En deux temps trois mouvements, Twitter le canonise. La machine est lancée et Ben touche le jackpot, Sony le verrouille avec un contrat ! Avis aux «adulescents», le royaume du relativisme triomphant, du «tout se vaut et rien ne vaut plus rien» a ouvert ses portes, au-delà de l’esthétique!

la rose constellée de collants au corsage. Le néo-vertugadin et la collerette élisabéthaine ont un petit air Mayflower. AThom Browne, l’un de ses couturiers préférés, Michelle Obama a déjà commandé cette robe !

R

www.djemila-k.com

Farid Goual

près cette success-story en courant d’air, les poupées de porcelaine créées par Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli pour Valentino m’invitent à prendre le thé en Hollande. Bleus et blancs «duplicatent» ceux de la faïence de Delft. Avec leur gracilité et leur teint transparent de Vénus des polders, les mannequins sont en harmonie. Tresse sage, patte de velours et peau douce, couleur bébé frais, quel feu couve sous ces apparences de candeur ? Attention, fragile ! Baudelaire les eût invitées au voyage ! Vivienne Westwood est anglaise, mais ses modèles donnent plus envie d’aller en club que de prendre le thé. Vivienne ne donne pas dans le british understatement. Tout est appuyé. Quant au tissu, j’aime les reflets changeants sous réserve qu’ils ne tournent pas à la sardine. Cheveux peroxydés, bagousées comme une bégum, peinture faciale digne d’un psittacé, ce festival bigarré est d’un bon goût paradoxal. Vivienne Westwood Red Label. Avec Thom Browne, on traverse l’Atlantique, mais on reste dans le féerique. Ses poupées semblent sortir du monde fantastique de Tim Burton. Très sweet seventeen, le chignon barbe à papa surmontant une couronne, c’est Rosa

Valentino, collection automne/hiver 2013

A

ue Debelleyme est l’une des artères les plus branchées du Marais. Avec Thaddeus Ropac et d’autres galeries, il s’agit d’un haut lieu de l’art contemporain. Perdu dans cette couvée de poussins, un étrange petit canard : le laboratoire Nouvelle Affaire de Pascal Humbert, 5rue Debelleyme, ParisIII e (01 44 61 27 71). Unique en son genre, ce labo, rose et non blanc, s’il ne fabrique pas des cachets, n’en a pas moins un cachet particulier. Singularité élégante qui allie le poète romantique et l’artisan. Grand couturier, il pourrait prétendre à ce titre, mais impliquant la parfaite finition du «chef-d’œuvre», la qualité d’artisan, voilà les lettres de noblesse qu’il revendique. Ajoutons-y la polyvalence! Ala demande de Philippe Starck, il dessine pour le personnel de l’hôtel SLS à LosAngeles, des uniformes sortant de l’uniformité. Il habille Laetitia Casta pour ses photos de mode prises par Dominique Issermann. Ensuite, avec la très parisienne styliste australienne Catherine Baba, il crée une collection inspirée de l’illustrateur Gordon Flores. Nouvelle Affaire, galerie-laboratoire, reflète cet éclectisme. On passe d’un casque à oreilles inspiré d’un MickeySM à une sculpture de Miguel Ortiz Berrocalintitulée Beautiful Things, puis, bien sûr, aux pièces de la collection griffée Pascal Humbert comme une jupe trompe-l’œil donnant l’illusion du cuir sous sa patine de jean noir. Fidèle à ses inspirateurs, Pierre Cardin entre autres, on retrouve les coupes sobres d’une géométrie futuriste, la finition pure de l’artisan et l’épure chromatique, le tout dissimulant l’audace outrée de la chair d’un Azzedine Alaïa. Bref, Pascal Humbert ne manque pas d’étoffe ! D J E M I L A K H E L F A

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

46

Portrait Djemila : Quentin Caffier

Les Carnets de Djemila


Ari Verluis

46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:07

Page 47

Does navel gazing begin with a badly cut umbilical cord? Narcissus, your name is Benjamin Lasnier and you’re 13years old. The Copenhagen-resident has 2,100photos of himself on Instagram and 762,000followers. It began with one image, 50likes, some Twitter-madness and ba-daboom, he had a contract with Sony. That’s not going to help him, it really isn’t. At Valentino, Maria Grazia Chiuri and Pierpaolo Piccioli

invited us to have tea with some Dutch masters. Blue and whites got all Delft china, while the models were like Venus from the polders. Vivienne Westwood is English, but she’s not having tea. Her models were grimed, rather than made, up, which might be perfect in London, but isn’t done in Paris. Thom Browne is Collection from across the «Catherine Baba for Atlantic and his Nouvelle baby dolls were Affaire». straight out of a Tim Burton film. Which oddly didn’t stop Michelle Obama ordering a dress. Nouvelle Affaire is Pascal Humbert’s fashion-design laboratory-conceptstore-gallery on Rue Debelleyme in Paris. A romantic poetfashion artisan Humbert has been designing clothes since 1990 (like the Gordon Flores-inspired collection with Australian stylist Catherine Baba), and his sober cuts with their futuristic geometry and perfect finishes bring to mind a certain Azzedine Alaïa. And now you can see them in the flesh.

PALACECOSTES AVRIL/MAI2013

47


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

Robe en dentelle Valentino. Collier, bracelet, bague et pendants d’oreilles Cartier.

20/04/13

14:58

Page 48


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:58

Morning

light Photographies Ralph Wenig RĂŠalisĂŠ par Anne Delalandre & Azadeh Zoraghi

Page 49


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 50

Cape et robe bustier en satin Burberry. Gants en cuir Georges Morand. Minaudière en cuir Club Monaco.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 51

Robe Ă franges en jersey, ceinture en cuir Bottega Veneta. Sac en cuir Nina Ricci.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

Trench en crĂŞpe de soie A.F.Vandevorst. Pull en maille Blumarine. Jupe en jacquard Nina Ricci.

20/04/13

14:59

Page 52


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 53

Robe brodée en laine, soie et organza métallique Christian Dior. Clutch en cuir et métal et sandales en cuir effet serpent Jimmy Choo.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

15:15

Page 54


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 55

Manteau en soie brodé, sac en cuir et métal brodé Nina Ricci. Combi-short en soie Emporio Armani.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

Trench en satin Louis Vuitton. Top en maille et jupe en viscose Azzedine Ala誰a. Pochette en cuir Zadig&Voltaire.

20/04/13

14:59

Page 56


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 57


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

14:59

Page 58

Manteau et brassière en satin de soie Miu Miu. Jupe en maille, sac en cuir et mÊtal, collier en perles Chanel.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

21/04/13

10:23

Page 59

Haut en cady de soie avec col brodÊ, boucles d’oreilles avec pendentifs et lunettes de soleil Gucci.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

20/04/13

15:00

Page 60

Robe en satin brodĂŠ Prada. Clutch en cuir verni Christian Louboutin. Escarpins en cuir et satin Casadei.


48_P47_SerieModeCMok:Palace22_

Trench en cuir Balli. Robe en cuir et mousseline Jitrois. Pochette en cuir ornée d’une calcédoine Sestra. Escarpins en cuir python Walter Steiger. Photographe : Ralph Wenig, Artsphere/Carole Dardanne Stylisme : Azadeh Zoraghi Maquillage/coiffure : Muriel Vancauwen/B Agency Mannequin : Svetlana Zakarov /Oui Management Assistant photo : Thomas Appert Assistante styliste : Elin Nyberg Assistante maquillage/coiffure : Amélie Salomon

20/04/13

15:00

Page 61


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 62

Un teddy en maille effet tweed, avec les manches tissées dans un point que les créatrices ont appelé «kaléidoscope».

A

ujourd’hui, la lumière est magnifique et l’air est léger. J’ai rendez-vous avec les créatrices de Pièce d’Anarchive dans leur repaire côté sud de la place des Vosges. Au premier étage d’un splendide hôtel particulier, elles m’accueillent dans cet atelier qui leur sert aussi de showroom. La vue sur le jardin est impressionnante. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

62


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 63

Carnet de

Mode

archive n ’A d e c è i P

Duo libre

L’espace est à l’image de la marque: un lieu d’histoire, empreint de mémoire parisienne. Priscilla et Deborah Royer sont sœurs: Priscilla est blonde, Deborah est brune, aussi belles l’une que l’autre. Elles ont créé leur marque en 2011 et travaillent en duo. Pièce d’Anarchive, un nom pour exprimer trois valeurs :

«archive» pour célébrer l’héritage d’un savoir-faire artisanal, «anarchie» car elles aiment mixer les matières et les techniques, bouleverser les conventions, entrechoquer les univers, et «pièce» pour leur attachement à une forme de rareté. Leurs collections, qu’elles intitulent «chapitres», sont concises. Des pièces résolument modernes, d’une

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

63


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 64

Carnet de

facture minutieuse. Une mode audacieuse, facile à porter. Des matières douces, beaucoup de maille, mais aussi des touches de cuir et des guipures de Calais. Des matières pur luxe, 100% made in France. Priscilla, vous vous définissez comme l’imaginative... Deborah est la pragmatique? PRISCILLA. C’est une étiquette, mais, oui, de par mes études et mon travail d’avant Pièce d’Anarchive. Je dessine mes inspirations et mes envies. C’est moi qui attaque la page blanche… et puis on étoffe ensemble. DEBORAH.Elle part en live avec des idées plus ou moins réalistes. Puis, moi, j’interviens pour cadrer de façon plus tangible et pour traduire ses inspirations. Etre sœurs, ça aide ? DEBORAH. Oui, on a toujours été ensemble. Petites, on dormait dans la même chambre… On n’a pas besoin de parler pour se comprendre. On se respecte, et il y a une admiration mutuelle des compétences et des visions de chacune. PRISCILLA. On définit toujours un thème, un univers qui parle à toutes les deux… DEBORAH. Quelque chose qu’on a vécu ensemble, quelque chose qui nous fait réagir. Par exemple, il y a eu ce ballet de William Forsythe, que je lui avais offert il y a dix ans et qu’on avait adoré. Le titre, The Vertiginous Thrill of Exactitude, était particulièrement évocateur pour la collection, et pour la marque en général. PRISCILLA. Moi, je peux développer une idée et m’en lasser très vite, je travaille plus sur la saisonnalité, et toi, sur le long

Mode

terme. La collection doit s’articuler autour d’un peu de saisonnalité, quand même, et d’intemporalité. DEBORAH. Tout se fait en même temps. La recherche du thème, des matières, des couleurs, les dessins… puis l’étau se resserre sur les matières, qui vont guider le design. Ce n’est pas l’inverse. On ne contraint pas un tissu, on ne force pas une finition pour que ça rentre exactement dans le dessin original. C’est là que Priscilla a une bonne approche, car elle accepte de remettre en cause ses envies de départ… si la technique l’impose. Les matières sont très importantes ? PRISCILLA. Oui, on aime les textures. Pour la collection hiver, on est parties d’un coup de cœur. C’est un tissu technique qui rappelle du cuir embossé. DEBORAH. On essaye de tisser un fil rouge entre chaque collection. Pour inscrire quelque chose qui dure, un peu anti-«fast fashion» ! Je me sens comme une résistante ! Car nous voulons installer une vraie signature, une identité. On essaye de faire de belles choses, mais il faut toujours aller plus vite, limiter les temps de développement, de production. L’ambition, c’est d’avoir de belles pièces qui durent, mais pas classiques. Très «Archive» ! Le toucher des matières est très important… DEBORAH. Oui, nos pièces, on les comprend et on les appréhende vraiment quand on les porte. Vous les portez pour les tester ? DEBORAH. Oui, toujours ! On les maltraite volontairement aussi. J’adore faire ça ! C’est indispensable, pour se rendre compte comment vit un fil. Un même fil peut donner des résultats très différents selon le point dont il est tricoté ou selon la serre de la machine. Un fil peut raconter mille

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

64


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 65

Une chemise en «guipure», sur une jupe assymétrique en maille.

histoires différentes. Vous travaillez avec des ateliers français ? DEBORAH. Oui, des ateliers dans l’ouest de la France, sauf deux accessoires réalisés avec des artisans kényans. Dans vos vidéos, les machines sont très présentes. DEBORAH. Oui, c’est une obsession ! On adore ça ! C’est

pour souligner notre attention toute particulière à la confection et au travail derrière chaque pièce… Ça explique aussi le prix. On est beaucoup sur place. Les gens dans les usines sont des techniciens qui connaissent parfaitement le langage des machines, mais qui, évidemment, ne sont pas dans nos têtes. Il faut expliquer, regarder.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

65


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 66

Une robe très emblématique : c’est la silhouette de la saison. La chemise est en guipure, une dentelle française, et, pour le bas, ce sont des plissés. L’ensemble est doublé en soie.

Vous avez fait un clip avec la danseuse Leonore Zurfluh, des photos avec Paolo Roversi, écrit un poème sur des doublures, vous appelez vos collections des «chapitres»... C’est une approche artistique globale… DEBORAH. C’est parce qu’on adore ! C’est beau de raconter une même émotion avec différents médiums. C’est l’envie

de créer une histoire, créer un lien émotionnel pour donner du sens à l’acte d’achat. La danseuse montrait aussi la portabilité de la pièce, le fait qu’on puisse bien bouger dedans. DEBORAH. Oui, c’est pour cela qu’elles sont numérotées. Qu’apporte un vêtement Pièce d’Anarchive à la femme qui le porte ?

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

66


62_P47_PieceAnarchiveCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:17

Page 67

Carnet de

PRISCILLA. Une forme d’équilibre. Une approche contemporaine du vêtement et quelque chose qu’elle pourra porter sur plusieurs saisons grâce à la sobriété qui s’en dégage. DEBORAH. La confiance. Qu’elle se sente bien. PRISCILLA. On se sent bien dans nos pièces. Il n’y a pas de contraintes dans nos vêtements. L’ambition est de redonner des lettres de noblesse à la maille. Souvent, on met le pull à la fin, après avoir choisi sa robe ou sa chemise. Notre ambition, c’est de commencer par la pièce maille ! Les Américaines racontent que nos pulls remplacent la veste qu’elles sont obligées de porter au bureau. C’est une tenue en soi… mais, en plus, très confortable. PRISCILLA. Et pas de repassage ! Quels sont vos rêves pour les prochaines années ? PRISCILLA. On adorerait développer le cuir. DEBORAH. Ce serait génial d’ouvrir une boutique ! C’est la meilleure façon de raconter l’histoire d’une marque. Le site Internet nous le permet un peu. On aimerait pouvoir présenter la collection en entier, mais aussi penser à l’architecture, la vidéo, la musique… Propos recueillis par A N N E D E L A L A N D R E Photographies Paolo Roversi Archives studio Pièce d’Anarchive

www.piecedanarchive.com En vente au Bon Marché, chez Colette et chez Merci.

Mode

Eternal beauty Sisters Priscilla and Deborah Royer founded Pièce d’Anarchive in 2004. The label’s name combines three values important to the pair: “piece” for rarity; “archive” for heritage and artisanal savoir-faire; “anarchy” for the mix of materials and techniques. From their Paris workshop-gallery overlooking Place des Vosges, they share design duties to produce easy to wear, yet daring fashion that’s made in France. “I sketch my inspirations and desires and then we flesh them out together,” says Priscilla. “I can develop an idea and get bored of it really quickly. I work on the seasonality and Deborah on the long term.” Says Deborah, “We’re trying to create a link between each collection, to create something that lasts and to establish a genuine identity. Our ambition is to make beautiful clothing that endures but isn’t too classic.” Says Priscilla, “You feel good in our clothing; there are no constraints in it. Our ambition is also to give knitwear some glory. People often finish up with a sweater, but we want them to start with it! Americans have told us that our jumpers replace the jackets they have to wear to work.” “It would be great to open a store,” says Deborah about their future plans. “We’d also like to think about architecture, video and music.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

67


68_P47_CarnetModeDevasteeCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:19

Page 68

Carnet de

Mode

Dévastée

Robe en soie martelée, qui donne un effet crépon.


68_P47_CarnetModeDevasteeCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:19

Page 69

Carnet de

Mode

Glamour noir

trouvé que ça donnait un sens très fort. C’est devenu le concept de la marque ! C’est quoi, une femme Dévastée ? FRANÇOIS. C’est un concept abstrait. «Dévasté», c’est pour définir un paysage. On a imaginé une forêt calme, noire et fumante, «dévastée» après l’incendie, lorsque les pompiers sont partis. On trouvait que c’était très beau. On a voulu l’imaginer pour une personne: une femme très belle. Ophélie, vous avez cousu seule la première collection… OPHÉLIE. Pour la première commande, j’ai produit toute la première collection ! Je me souviens, il y avait une veste de tailleur dans une toile à corset très dure que j’ai cousue avec une machine familiale ! C’était pire que coudre du cuir ! Puis on a eu un acheteur japonais, des points de vente au Japon,les choses se sont enchaînées. C’est quoi, le style Dévastée ? FRANÇOIS. Au début c’était très noir. Puis c’est devenu humoristique, très léger… OPHÉLIE. C’était très conceptuel dans la coupe : noir, avec des épaules structurées, sans fermetures, et surtout des peintures faites à la main sur les vêtements. C’était des pièces uniques ! Puis, petit à petit, il y a eu de l’autodérision, du «joyeux décalé». Ça s’est affiné avec les clientes. C’est devenu de plus en plus féminin, chic et graphique. François, vous dessinez les imprimés ? FRANÇOIS. Oui, tous ! Je travaille sur des thèmes particuliers, toujours en noir et blanc. Je dessine des cimetières, des cyprès, des pierres tombales… Cette fascination pour les cimetières provient du lieu de votre enfance… FRANÇOIS. Oui, des cimetières, mais seulement certains cimetières ! Ce n’est ni morbide ni idéologique. J’ai grandi dans un petit

Antoine Nicol

D

évastée est une marque sobre et chic, riche d’imprimés joyeux qui se déclinent en noir et blanc. Un univers à mi-chemin entre l’imaginaire «gothique» des pierres tombales, des cimetières, des cyprès… et celui plus poétique de l’enfance. Crée en 2004 par le duo François Alary et Ophélie Klère, Dévastée crée une mode graphique, souple, facile à porter, toujours pimentée d’une pointe d’humour. Originaires de Cahors, ils se sont rencontrés au lycée. Aujourd’hui, ils vivent en couple à Senlis dans une vieille bâtisse. Ophélie est la modéliste, François dessine les imprimés. Je les rencontre à Paris. Pourquoi ce nom, Dévastée ? OPHÉLIE.Dévastée était le nom de la collection présentée à Hyères en 2004. On voulait essayer de définir la beauté d’une femme «dévastée»… puis on a gardé le nom. On a mis «Dévastée» sur les vêtements, et on a

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

69


68_P47_CarnetModeDevasteeCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:19

Page 70

Carnet de

Mode

Vous envisagez d’autres collaborations ? OPHÉLIE. Oui, une collection d’éventails, de la petite maroquinerie. On commence une collection d’arts de la table dans la tradition française, qu’on aime développer à l’étranger. Et de la papeterie, des carnets, des livres… FRANÇOIS. On travaille beaucoup au Japon. Ils aiment regarder les dessins sur les vêtements. Ils prennent les dessins et nous proposent pleins de projets… Où se fait la production ? OPHÉLIE. Tout se fait en France, en région parisienne et en Vendée. Vos matières préférées : Du 100 % laine, ou 100 % soie ! Et des étamines de laine, des crêpes de chine, du velours pour cet hiver. Propos recueillis par A N N E D E L A L A N D R E

En vente sur l’exeption.com

Black Glamour François Alary and Ophélie Klère met at high school in

village du sud de la France. Au siècle dernier, ils ont déplacé les cimetières à la périphérie des villes, et moi, j’habitais sur le terrain du cimetière. Ils ont construit une grange avec les pierres tombales. Je regardai les inscriptions sur les pierres, on retrouvait même des os et des dents dans le sol, je trouvais ça drôle… Maintenant, j’aime les petits cimetières avec ces vieilles pierres. Dans ma tête, c’est un souvenir joyeux ! Et, lorsque je dessine des pierres tombales, c’est toujours avec des sourires dessus. Ce sont ces curieux fantômes qui sourient comme des smileys ? FRANÇOIS. Oui, au début ils étaient très dessinés. Maintenant, ils sont de plus en plus abstraits. Petit à petit, ils deviennent notre logo. Le cimetière est le point de départ, mais mon inspiration est toujours liée au paysage. De loin ou de près, comme les détails des feuilles de chêne, mais aussi les panneaux, les fils électriques, qui font partie de la beauté du paysage… Pourquoi des collections exclusivement en noir et blanc ? OPHÉLIE. On n’a jamais de couleurs ! Pour nous, la couleur, ce sont les motifs, les nuances de gris, de noir et de blanc. Pour cet hiver, vous avez collaboré avec le gantier Causse ? OPHÉLIE. Une mini-collection de gants en agneau. De longs gants blancs avec des paysages, et d’autres noirs légèrement évasés pour passer au-dessus du manteau, et toujours ces feuilles de chêne.

Cahors, southwest France, and in 2004 they created Dévastée. Ophélie designs the clothes, François creates the Gothic, yet witty prints. “To begin with Dévastée was conceptual in the cuts: black, with structured shoulders, and handpainted,” says Ophélie. “It gradually became more lighthearted, then more feminine, chic and graphic. But we never have colors. For us the colors are the prints, the nuances of grey, black and white.” Says François, “I work on particular themes, always in black and white. I draw cemeteries, cypress trees, and tombstones. It’s neither morbid nor ideological. Where I grew up there was a barn made with old tombstones and I would study the inscriptions. It’s a happy memory. Graveyards may be a starting point, but my inspiration is always based in the countryside.” Ophélie says that the label is branching out into “a fan collection and some small leather goods, as well as tableware, stationery, notebooks and books.” And, as always, it will all be made in France.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

70


68_P47_CarnetModeDevasteeCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:19

Page 71

Carnet de

Mode

Antoine Nicol

Du gris, du blanc et quelques touches de noir pour cette collection d’été très fraîche. Les robes ne sont jamais cintrées, pour donner une fluidité à la silhouette.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

71


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

Une e spectacuelair rob fourreau aux manche-s chauve souris

20/04/13

15:07

Page 72


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

21/04/13

13:33

Page 73

rd TomFo

C

hasteté et perversité!» annonce Tom Ford pour cette saison. Une femme dominatrice, qu’on a du mal à imaginer chaste, pour une collection noir et nude. Fidèle à lui même, sophistiqué, élégant et sexy, il réinterprète les codes des années 1970. Les photos sont de Tom Ford lui-même. “Chastity and perversity!” was how Tom describes his new collection, which is sophisticated, elegant and sexy, as ever.


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:08

Page 74

Résille brillanceets pour cette robe très «James Bond gir l»


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:08

Page 75

EvocatiogenÂť ÂŤbondaes avec c lacets qeuni t ensserr e la rob


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:08

Page 76

Carnet de

Mode

Bottes d’été B

ottes «open toe» à franges en veau velours blanc et sandales en veau velours rouge Giuseppe Zanotti ; cuissardes en peau de serpent Altuzarra. Open-toed boots and red velvet sandals, Giuseppe Zanotti; snakeskin thigh boots, Altuzarra.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

76


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:08

Page 77

Carnet de

Mode

Etonnants Créateurs

CortoMoltedo

Lechicfrançaisetlaqualitél’italienne

Daniele Tedeschi

«Q

uand je suis arrivé à Paris, ça a été le coup de foudre», m’explique Corto Moltedo devant une tasse de thé au café Villalys. C’est dans les jardins du Palais-Royal, juste en face, que le créateur italien a choisi d’installer sa toute première boutique et de présenter les sacs sublimes qu’il dessine depuis 2004. «J’étais étudiant en histoire de l’art à la New York University quand je suis tombé amoureux de Paris. J’étais venu y passer du temps dans le cadre de mes études, et je me suis dit que j’y reviendrais dès que je le pourrais», poursuit-il. Aujourd’hui, Corto Moltedo a exaucé son rêve: chaque matin lorsqu’il est dans la capitale, il se rend à sa boutique en traversant les colonnes de Buren qu’il aime tant. Et il partage le reste de son temps entre Milan, où il a ouvert une seconde adresse, et Florence, où est installé son atelier. Les huit personnes qui y travaillent fabriquent, à elles seules, tous les modèles qui trônent dans les vitrines du Palais-Royal, déclinés dans des couleurs incroyables. «C’est le chic français mélangé à la qualité italienne», sourit Corto. Priscilla, l’un des tout premiers modèles qu’il a conçus, emprunte son nom à l’ex-femme d’Elvis Presley et ses courbes étonnantes à un bon vieux cabas de courses. «C’est vrai qu’il ne ressemble à aucun autre, constate le créateur. Mes clients semblent avoir décidé qu’il était représentatif de mon style.» Le créateur, lui, ne revendique aucune esthétique particulière et m’explique qu’il travaille avant tout «au feeling», bien que la musique et la culture urbaine semblent compter parmi ses influences de toujours. L’un de ses modèles emblématiques est d’ailleurs une pochette en forme de cassette audio. Outre ces accessoires teintés d’esprit «street», Corto Moltedo propose une multitude de minaudières ultrasophistiquées, «parce que j’aime les imaginer au bras d’une femme qui porte une belle robe». Taillées dans des peaux d’autruche, d’agneau ou de python, elles sont parfois ornées de pierres semi-précieuses. Un raffinement hors norme que Corto semble porter dans son patrimoine génétique, puisqu’il est le fils des fondateurs de Bottega Veneta, l’une des plus luxueuses maisons de maroquinerie au monde. «Ma mère a

créé la maison en 1969. Enfant, je passais mes vacances à l’usine de Vicenza, puis j’y ai dégoté des boulots d’été. C’est là où j’ai acquis mon amour et ma connaissance du cuir. Quand mes parents ont revendu la maison, j’ai lancé la mienne», résume Corto. S’il ne cherche pas à mettre trop en avant cet héritage, Corto en est pourtant digne. Ses sacs sont taillés dans une peau de qualité exceptionnelle, glanée selon les modèles en France, en Espagne et en Italie. Tirés à très peu d’exemplaires –une dizaine de chaque, pas plus–, ils sont uniquement vendus dans les boutiques de Paris et Milan. «J’aime cette idée de ne pas pouvoir trouver mes créations partout. A Paris, ça permet aux clients étrangers de rapporter quelque chose de leur voyage qu’ils ne verront jamais ailleurs, un peu comme ils pouvaient le faire jusqu’à récemment en rapportant chez eux des macarons Ladurée.» Le luxe, comme on n’en fait presque plus. Propos recueillis par S A R A H B O U A S S E

Bag of chic “It was love at first sight,” says Corto Moltedo about Paris. The designer of sublime bags now shares his time between the city – and his store in Palais Royal – Milan, and Florence where each Corto Moltedo bag is produced by hand. “It’s French chic mixed with Italian quality,” says the designer who designs by instinct, rather than by following any particular style. Corto’s mother was one of the founders of Bottega Veneta and the Italian house’s obsession with the best leather is one he now shares. As well as its ideas of exclusive luxury: Corto’s bags are only available in his two stores and nowhere else. “It means,” he says, “that foreign customers can bring something back from their travels that they won’t find anywhere else.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

77


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 78

Carnet de

Mode

L

a créatrice britannique Charlotte Olympia adore Paris et a voulu rendre hommage à la capitale avec une collection printemps-été 2013 pleine d’humour et de fantaisie baptisée Breakfast in Paris, où elle a mis en scène le croissant, la tour Eiffel, et le caniche, qu’elle trouve «typiquement parisien»... British designer Charlotte Olympia loves the French capital, as you can see in her “Breakfast in Paris” collection with its croissants, poodles and Eiffel Tower.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

78


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 79

courtesy of Charlotte Olympia

Carnet de

Mode


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 80

Carnet de

Mode

E

scarpin en cuir rebrodé Barbara Bui ; modèle Miss Viv’ Choc en cuir métallisé Roger Vivier ; escarpin Birdie en satin noir Rupert Sanderson ; escarpin talon aiguille Angular Fur en fourrure jaune citron Céline ; modèle Blade en satin orange avec motif animalier et cristaux Swarovski cousu main Casadei ; escarpin Pigalle en crêpe, satin, dentelle strass voilette Christian Louboutin. Embroidered leather, Barbara Bui; metallic leather, Roger Vivier; black satin Birdie, Rupert Sanderson; yellow Angular Fur, Céline; Blade in orange satin and Swarovski-crystal animals, Casadei; Pigalle in crepe, satin and lace, Christian Louboutin.

Escarpins enfête

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

80


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 81

y s’Theor n e k s y e Th La résillee blanch apporteon si la dimeness ive r sg n a tr très à la mode cette saison

P

our cette collection de printemps, Olivier Theyskens évoque le «blues glacial, inspiré des méduses au fond des mers»… Des formes légèrement molles et rondes, et surtout des couleurs pâles et irisées. Les modèles sont perlés et pailletés, la coupe audacieuse, mais toujours ultra-contemporaine. “Glacial blues inspired by jellyfish” or soft, round shapes in pale and iridescent colors featuring pearls and sequins.


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 82

Carnet de

Mode

Etonnants Créateurs

IsabelleBordji

Ernest reprend de la Hauteur rnest, «maison française spécialiste du talon haut depuis 1904» est de retour ! Mythique mais assoupie depuis six ans, l’endormie de Pigalle a été réveillée par Isabelle Bordji, ex-directrice artistique de Cervin. «Le rapprochement était évident, et, quand les anciens propriétaires ont voulu vendre la marque, je n’ai pas hésité», raconte la jeune femme, styliste chaussures depuis le Studio Berçot et qui a collaboré avec plusieurs marques de luxe. «Ernest, c’est un talon intemporel, un univers sulfureux et un confort reconnu. Bien sûr, les talons de 12 ou 14cm se sont largement démocratisés, mais dénicher un escarpin très beau et confortable demeure difficile !» Un bref rappel historique s’impose. En 1904, Ernest Anselme ouvre une boutique de chaussures au 75 du boulevard de Clichy, à l’époque quartier des chausseurs. Pour une femme, porter des talons hauts est alors mal vu. Pourtant, les belles bourgeoises en réclament de plus en plus et Ernest décide de lancer sa propre marque. Pigalle change de couleurs, et bientôt les belles de nuit, les travestis, les danseuses de cabaret, les filles du Crazy Horse et toutes les héroïnes de la nuit parisienne accourent pour se fournir en Dandy, Monaco, Bengale, Mariette et autres Lalique,sans oublier les musts de la maison, les cuissardes et genouillères. Ernest devient «la» référence de ces articles de séduction et de fantasmes. «Nous chaussons tous les amoureux du talon haut, sans distinction de style, de sexe ou d’âge, précise Isabelle Bordji, Madame et Monsieur : Ernest les aime tous !» La famille Corassant poursuivra brillamment l’aventure pendant trente ans. Les derniers propriétaires, moins à l’aise dans l’univers fetish-mode, cèdent l’affaire à Isabelle Bordji, qui vise désormais très haut pour les talons Ernest. «Je ne vais pas révolutionner la marque, mais retrouver son âme, expose la jeune femme. Je reprends tout à zéro. Je veux redonner son look 1904 à la boutique historique de Pigalle, mais aussi en ouvrir rapidement d’autres à Paris, dans le circuit shopping mode, et sur la Côte d’Azur. De nouveaux modèles vont sortir, car le style s’était un peu égaré ces dernières années. J’ai déjà dessiné et produit dans nos ateliers, en France et en Italie, l’Isabelle, un escarpin à bride

Amélia Lobbé

E

avec un talon de 14 cm, très confortable en dépit de cette hauteur. Enfin, un important travail sur l’image d’Ernest a commencé, avec notamment la distribution, pour les Fashion Weeks parisiennes, d’un journal photo où des artistes posent avec leurs Ernest.» Mais si la marque reprend de la hauteur, bonne nouvelle, les prix, eux, ne flamberont pas. «Je veux qu’Ernest reste un rêve accessible !» promet Isabelle Bordji. M A X R O B E R T Ernest. 75 boulevard de Clichy, Paris IXe.

High hopes Ernest’s stilettos were loved by Helmut Newton, worn by Grace Jones and Jerry Hall, and seen on Gaultier and Lagerfeld’s catwalks. When Ernest Anselme set up his store in Pigalle in 1904, it was the home of Parisian cobblers; it went on to become the home of cabarets, transvestites and dancing girls and Ernest the place to go for high, high heels. Shuttered six years ago, the label is now back, thanks to creative director Isabelle Bordji: “When the old owners wanted to sell the brand, I didn’t hesitate.” New models will soon be out and Isabelle is hoping to open other stores in Paris and on the Côte d’Azur. But the basis remains unchanged: “We sell our shoes to all lovers of high heels, whatever their style, sex or age!”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

82


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 83

Photographie Mathieu César

«Ernest, c’estuntalon intemporel, ununivers sulfureux etunconfort reconnu. Biensûr, lestalonsde 12ou14cm sesont largement démocratisés, maisdénicher unescarpin trèsbeauet confortable demeure difficile!»


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:09

Page 84

Carnet de

Mode

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

84


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

22/04/13

vocateur o r P t n e g A

L

a lingerie Agent Provocateur est toujours aussi irrésistible. Sarah Shotton, la directrice artistique de la marque, décrit la femme qui aime sa lingerie : «Elle est sexy, séduisante et dangereuse, sûre d’elle et de sa sexualité, joueuse, et elle rend son partenaire fou ! Tout en agissant comme une “lady” et en gardant une part de mystère. Quand je dessine, ce sont des femmes telles que Kim Basinger, Sharon Stone ou Elizabeth Taylor qui m’inspirent… Cela me fait frissonner de dessiner des modèles “coquins” qui aident les femmes à trouver de la lingerie dans laquelle elles se sentent bien et qui les rend sûres d’elles. En ce moment, ma matière préférée, c’est la dentelle Sophie Hallette –qui est la dentelle utilisée pour faire la robe de mariée de la duchesse de Cambridge–, avec une dentelle façon résille que nous utilisons pour la ligne Jaccinta.» Le 21 mai, Agent Provocateur Ouverture ouvre un corner de 90 m2 aux Galeries Lafayette. An Agent Provocateur woman is “sexy, seductive and dangerous,” says creative director Sarah Shotton. “She is sure of her sexuality, while remaining slightly mysterious.” She can now find an Agent Provocateur corner in Galeries Lafayette.

Joséphine de la Baume pour Agent Provocateur.

17:55

Page 85


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

22/04/13

18:32

Page 86

Carnet de

authier V e r d n a x e Al

F

atale et sexy! Avec des coupes strictes et largement échancrées, la collection haute couture d’Alexandre Vauthier dévoile le corps avec des transparences et des échancrures comme découpées au scalpel. De longues robes fluides et asymétriques laissent dévoiler un sein, un nombril, une chute de reins… Les colliers en métal doré sont réalisés par Goossens. His femme fatale wears low necklines and extremely revealing long, flowy and asymmetrical dresses.

Mode

La pièce maîtresse de la collection haute couture printemps-été: une combinaison chair rebrodée de perles et de cristaux Comme Swarovski toutes les pièces de la collection, cette longue robe fourreau est reten e par un annuea doré autouru du cou

Plastronorté p en visonêm à m e. la peau Le », «side-blloeotéb déco l, latéra est très tendancoen cette sais


P47_CarnetMode2CM13_SR2:Palace22_

22/04/13

18:00

Page 87

Carnet de

ri IrisCantab

Photographies Laurent de Broca

D

epuis 2012, Guillaume Michel, jeune couturier, s’inspire de la région espagnole de la Cantabrie pour livrer sa vision de la féminité, entre nouvelles technologies et métiers d’art séculaires. Since 2012, young designer Guillaume Michel’s feminine and modern clothes have been inspired by northern Spanish region Cantabria.

Mode


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

Body auexs découpes franch sur un kimono plissé aérien

20/04/13

15:10

Page 88

d Leonar

P

our ce printemps, la maison Leonard, célèbre pour ses imprimés, poursuit ses recherches sur le motif et la couleur. Des fleurs et des feuilles multicolores, pour une collection de robes bustiers, bodys et kimonos. Its famous prints feature flowers and multicolored layers in a collection of bustier dresses, leotards and kimonos.


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:10

Page 89

Carnet de

La coupe en diagonale dynamise la ligne

Mode


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:10

Page 90

Carnet de

Des illusion d’optique s vibrantes grâ des «coclleaàge d’impriméss» graphiques

Mode


46_P47_CarnetMode1CMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:10

Page 91

La créatieon d’un «vibratiqoune» esthéti à grâce n l’imbricoatitifso de m contrastcéhses et les touleurs de cou y flash

ilotto P r e t e P

A

vec Mary Katrantzou, Erdem, Christopher Kane et Peter Pilotto, Londres est devenue en quelques saisons la ville des imprimés flashy. Le duo Christopher De Vos et Peter Pilotto propose ce printemps une collection ultracolorée, ultra-décorée. Proche de l’op art,cette mode dégage une énergie vibrante et énergisante! Op-art style prints from Christopher De Vos and Peter Pilotto for vibrant and energy-giving fashion.

Les vo sur les folarnmts cintrées es accentuent l’impa graphiqcute


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:23

Page 92

Carnet de

Mode

#

China Fa s h i o n U

ma Wang est l’une des figures de proue de la jeune génération de créateurs chinois. Si elle a étudié à la China Textile University, elle s’est formée à la prestigieuse Central Saint Martins en Angleterre. Et c’est finalement à Londres, en 2005, qu’elle a lancé le label qui porte son nom. Acclamées par la critique internationale, ses créations reflètent son génie pour la maille et sa connaissance pointue des tissus et matières, qu’elle mélange avec talent. Simples et élégants, ponctués de détails très travaillés, les volumes d’Uma Wang dessinent la féminité absolue. Quelles sont les inspirations de votre dernière collection ? Avec cette collection, je voulais représenter une femme qui voyage à travers le temps : du matin vers le soir, de la naissance vers la mort, de la fraîcheur vers la décadence. Le concept de changement est très important pour moi : les choses bougent et changent en permanence, elles ne sont jamais figées, et c’est là toute leur beauté. Je trouve un charme tout particulier à la décadence et à la vieillesse, qui rendent visibles toutes les choses que l’on a traversées dans la vie, ce qui est beaucoup plus intéressant qu’un objet neuf mais sans histoire… Vos racines asiatiques influencent-elles votre travail ? Oui, principalement à travers la philosophie qui imprègne la culture chinoise. Cela dit, il n’y a pas d’éléments visuels qui rappellent la Chine dans mes vêtements, même si j’espère qu’ils peuvent en transmettre une impression. On parle de vous comme d’un «leader» de l’industrie de la mode en Chine. Quel exemple souhaiteriezvous être pour les autres créateurs ? Merci pour ce compliment, je suis flattée ! Vous savez, le monde a découvert ce que je faisais au bon moment, alors que la Chine était très forte d’un point de vue économique, que tout le monde se tournait vers elle pour y découvrir des choses innovantes et qu’il se passait des choses partout. L’un des objectifs que je me suis fixés est de montrer aux gens que Chine ne rime pas seulement avec produits mal façonnés, de mauvaise qualité : la qualité est aussi importante pour nous, et nous avons une réelle exigence vis-à-vis de nos produits, jusque dans les petits détails. J’espère que les gens ressentent cela lorsqu’ils portent mes vêtements.

UmaWang Le style des Chinoises, surtout à Shanghai, s’améliore en permanence. Elles sont de plus en plus sophistiquées et pointues. Les femmes savent de mieux en mieux ce qu’elles veulent, et ça transparaît dans leur style. Comment définiriez-vous le style de vos créations ? Je n’ai pas une ligne de conduite à laquelle je me restreins. Si je devais définir ma philosophie, je dirais qu’elle parle de féminité, de découvertes, et de l’art, de la littérature et de la musique que partagent les gens : ce sont les composantes éternelles de notre humanité. Mes créations sont motivées par un désir de relier le passé, le présent et le futur que nous partageons tous. Le tissu est tout. J’aime créer une distance, un espace entre le corps et le tissu d’un vêtement, de telle sorte que, lorsqu’une femme marche et bouge, le tissu touche son corps en différents points et crée des formes différentes selon la silhouette de la femme qui le porte. Propos recueillis par S A R A H B O U A S S E

“I don’t limit myself to any particular method,” says Uma Wang, a Chinese-born, Central Saint Martins graduate who launched her label in 2005. “My philosophy takes in femininity, art, literature and music – the timeless components of our humanity.” Her simple, elegant and functional clothes are, she says, “motivated by a desire to link our shared past, present and future. The concept of change is extremely important, too: things permanently move and change and that’s their beauty.” Wang also wants to shift perceptions of her homeland: “One of my goals is to show that China is about more than badly made products. Quality is also important and we are really demanding about our products, down to the tiniest detail. I hope that people feel that when they wear my clothes.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

92


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:23

Page 93


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

10:50

Page 94


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:23

Page 95

Carnet de

Mode

#

C h i n a Fa s h i o n

MashaMa es hauts près du corps, presque moulants, pour un buste élancé, un volant qui marque la taille, une ligne structurée et enlevée… Masha Ma sait si bien ce qu’elle veut qu’elle l’obtient. Son leitmotiv, c’est cette femme moderne qu’elle veut habiller : «C’est le genre de personnalité que je croise à Paris.» Et c’est ce qui lui a donné envie de défiler ici. Ça tombe bien, après Londres, c’est la fashion week parisienne qui l’accueillait, puisque, à seulement 28 ans, elle rejoignait le calendrier officiel. Avec sa grande mèche brune, Masha Ma a l’air à la fois sage et rebelle des enfants prodiges. A 16 ans, cette jeune fille déterminée quittait Pékin pour Londres et la Saint Martin’s School. Elle obtenait son diplôme en 2008, et défilait dès l’année suivante avec sa collection de fin d’études et un objectif : changer le préjugé qu’on se fait à propos du made in China. Wondergirl dela mode chinoise, elle se partage désormais entre Londres, Paris, Pékin et Shaghai, où elle a installé son studio. Cette créatrice cosmopolite est présente sur le site Yoox, une référence. Et Spiga 2, le multimarque milanais de Dolce & Gabbana, a acheté ses dernières collections. Consécration, c’est l’une de ses créations que Lana Del Rey porte dans son clip Born to Die. Autre signe de son ascension : Rem Koolhaas, l’architecte fondateur du label de chaussures United Nude, a créé pour elle et avec elle une collection capsule en édition limitée. Cette architecture compliquée de cuir et de métal qui soutient un arc de 20centimètres de haut incarne parfaitement son style et son ambition : une construction poussée jusqu’à la perfection, un excès voulu dans les proportions, des couleurs éclatantes qui animent le blanc, toujours dominant. ELLEN WILLER

Sh oj i Fu jii

D

Masha Ma and her trademark fringe left Beijing for Central Saint Martins aged 16. Her first collection – in 2009 – aimed to shake up ideas about “Made in China.” It worked. The majority of her designs are sold in 20 or so prestigious outlets around the world, including Spiga2, Dolce&Gabbana’s concept store in Milan. Ma now dresses both Chinese and international celebrities – Lana Del Rey wears Ma in the video for “Born to Die” – and she also recently collaborated with starchitect Rem Koolhaas’ shoe brand United Nude on a high heel that’s a perfectly judged exercise in excess.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

95


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:23

Page 96

#

C h i n a Fa s h i o n

XanderZhou

X

ander Zhou est déjà dans les petits papiers des journalistes mode du monde entier. Le créateur chinois de tout juste 30 ans a installé son label homme à Beijing en 2007 après avoir étudié le design de mode aux Pays-Bas. Un bagage éclectique qui transparaît dans l’aspect expérimental de ses pièces : Xander explore les frontières de la forme et de la fonction. Matériaux hors du commun, textures et volumes inattendus… Le créateur se pose pour seule limite une certaine élégance. Dans sa nouvelle collection, Homies, des hommes virils, affichant une décontraction insouciante.


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 97

Carnet de

Quelle est l’inspiration de votre collection ? Je me suis inspiré de la scène hip-hop et de la mode urbaine. Mais j’ai sorti tous ces éléments de leur contexte. Principalement parce que je n’y connais rien en culture hip-hop! Vos racines asiatiques influencent-elles votre travail? Je suis influencé et inspiré par ma vie de tous les jours, mes voyages, mes discussions avec mes amis, plus que par une culture en particulier. La mode est un langage universel. Je ne supporte pas le fardeau d’une prétendue responsabilité culturelle ou ethnique. Que pensez-vous de la scène mode chinoise actuelle ? La mode chinoise se connecte petit à petit à la mode internationale, où il s’agit beaucoup plus d’expression individuelle et beaucoup moins de nationalisme. Le style chinois doit gagner en confiance, oublier d’où il vient. Propos recueillis par S A R A H B O U A S S E

Mode

For Chinese designer Xander Zhou, “Fashion is a universal language.” After studying in the Netherlands he returned to Beijing in 2007 and set up his menswear label. His latest collection to explore the frontiers of form and function is inspired by hip hop and urbanwear but with their elements decontextualized, “mainly because I don’t know anything about hip-hop culture.”


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 98

Carnet de

D

irectrice artistique de Paluopo, un producteur chinois de cachemire qui a pour clients les plus grandes marques européennes et s’est fait une spécialité de l’innovation technique, Liu Fang propose une approche étrangement subversive du tricot. Elle conduit avec lui une démarche originale de traitement inédit de la maille : «Un précepte de la philosophie chinoise combine la force et la douceur. C’est ce que je veux faire : utiliser la douceur de la plus luxueuse des fibres pour la transformer en force, passer de l’un à l’autre, de la douceur du cocon à la force d’une armure.» Son studio est à Pékin et ses ateliers de production dans les provinces du sud de la Chine. Elle est l’un des jeunes designers chinois invités à défiler à Paris. Même si elle a remporté l’an dernier tous les prix décernés par la mode

Mode

chinoise, elle considère son invitation par la Fédération française de la mode comme une consécration: «J’étais très excitée à l’idée de montrer mes créations au monde entier. Pour moi, Paris est la scène incontournable de la mode internationale, et c’est là que je voulais défiler. Pour un designer chinois, c’est un rêve. Pour moi, le rêve est devenu réalité.» Ses collections proposent un travail en trois dimensions que seule sa connaissance technique du cachemire et du tricotage permet. Car la maille, ce sont des algorithmes, des codes, des aiguilles, des crochets, un fil qui se déroule et se noue, entre formule mathématique et projection onirique. On ne coupe pas, on n’assemble pas, tout est d’une pièce. C’est cette virtuosité sans équivalent qui lui a valu le titre de Sculptor of Soft Gold décerné par le Vogue chinois. Avec elle, le cachemire devient dense, contenu, concentré, comme rematérialisé, il change de registre grâce à un sens étonnant de la construction, à une maille architecturée, une structure minutieusement travaillée pour des sculptures molles et qui pourtant se tiennent. E L L E N W I L L E R

Paluopo manufactures cashmere; Liu Fang, its creative director, designs with it; and the resulting clothes were recently unveiled at the designer’s debut Paris show. (“Paris is the center of the international fashion scene; for a Chinese designer it’s a dream.”) Fang’s innovative collection was proof of her stated desire to make cashmere “as soft as a cocoon and as strong as armor,” while its technical virtuosity delivered support for Vogue China’s opinion that Fang is a “sculptor of gold.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

98


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

#

C h i n a Fa s h i o n

LiuFang

20/04/13

15:24

Page 99


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 100

Carnet de

Mode


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 101

#

C h i n a Fa s h i o n

LingLiu/DaweiSun

L

sens de la coupe et de la structure de Dawei. En 2011, leur talent est remarqué par le jury des Nouveaux Talents de la mode. Un coup de projecteur en forme de coup de chance, puisqu’il permet à Cacharel de les repérer et de leur proposer de prendre la direction artistique de la marque. C’est la première fois qu’une marque française confie son destin à des créateurs d’origine chinoise. Depuis, ils mènent les deux activités de front, en réussissant parfaitement à préserver à chacune son identité. Pour Cacharel, ils partent bien sûr des fondamentaux : la légèreté, une forme de simplicité, d’easy fashion, en se souvenant que les tissus frais aux imprimés irrésistibles comme le liberty ont toujours été la marque de fabrique de la maison. Pour Belle Ninon, ils restent fidèles à leur fascination : la Parisienne. Leurs vêtements ? «Nous les faisons pour une femme active, qui a du style. Elle peut aller travailler avec et les garder pour sortir le soir, en ajoutant un simple accessoire.» Comment la Chine les influence-t-elle ? «Sûrement pas dans notre style à proprement parler, mais plutôt par des valeurs : la persévérance, le sens du détail, le contrôle des volumes.»

ing Liuest née à Harbi, une ville chinoise florissante, carrefour économique et culturel.Dawei Sun,lui, est originaire de Dalian, un port sur la mer de Corée. Tous les deux sont fascinés par le «chic parisien». Et c’est à Paris qu’ils se rencontrent en 2001. Coup de foudre amical et professionnel. Après leur diplôme, ils ne se perdent pas de vue mais laissent leurs chemins se séparer. Elle chez Lolita Lempicka, Balenciaga, puis dans le studio de John Galliano. Lui chez Balenciaga avec Nicolas Ghesquière, et chez Yves Saint Laurent avec Stefano Pilati. En 2009, ils se retrouvent pour fonder Belle Ninon, leur marque de prêt-à-porter. Pourquoi ce nom ? Parce qu’il évoque la quintessence de l’esprit français. Un partenariat créatif qui repose sur leur complémentarité artistique : le goût pour les lignes fluides et féminines de Ling, associé au

ELLEN WILLER

Ling Liu was born in Harbin in northeast China; Da Wei Sun in Dalian on the West Korea Bay; they met at fashion school in Paris. Then they gained some fashion experience: she with Lolita Lempicka, Balenciaga and in John Galliano’s studio; he with Nicolas Ghesquière and Stefano Pilati at Yves Saint Laurent. In 2009, they founded their own label and called it Belle Ninon. Two years later, Cacharel spotted, then named them its new artistic directors. As the first Chinese designers for a major French house they say they “want to give young women the desire to be elegant.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

10 1


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 102

Carnet de

Mode

#

C h i n a Fa s h i o n

ShiatzyChen

O

n l’appelle la Chanel de l’empire du Milieu et, à Taipei, dont elle est originaire, elle a démarré un peu de la même façon que chez nous la grande Gabrielle. Figure incontournable de la mode chinoise, Wang Chen Tsai-Hsia a en effet débuté en cousant des robes pour ses clientes du voisinage. En 1978, elle crée sa maison de couture, Shiatzy Chen, avec une idée fixe : «Révéler au monde les richesses de la culture chinoise.» En 1990, pour s’imprégner des spécificités de la coupe occidentale, elle ouvre un studio et un atelier à Paris. Dotée d’une pugnacité sans égal, elle passe les étapes jusqu’à inaugurer son premier point de vente parisien en 2001, rue SaintHonoré. Une boutique entre galerie d’art et salon de mode, où tout fait envie, où chaque détail est pensé, voulu, choisi. Avec près de cent points de ventes, essentiellement en Asie, elle est la seule marque chinoise à se tenir au rang des plus grands. A Taipei, son magasin est situé entre les boutiques Gucci et Vuitton. Et elle est à ce jour, depuis 2008, le seul membre chinois de la Fédération française de la couture et du prêt-à-porter. Sa devise –«le nouveau style de la Chine»– indique bien son style hors du temps, influencé par la tradition chinoise: «Je travaille dans le vêtement depuis plus de trente ans, et j’ai toujours fait confiance au style chinois. J’espère que les Français peuvent être sensibles à la beauté de notre culture.» Sa mode est l’évocation moderne et graphique d’un lointain royaume d’Extrême-Orient aux couleurs riches et chaudes, aux tissus lumineux et changeants, aux emprunts culturels et historiques, aux superpositions étudiées et parfois compliquées, avec combinaison de satin lourd et d’organza flottant, rehaussés d’applications de cuir et de fourrure, de cristaux et de broderies. En 2011, au Musée des beaux-arts de Paris, elle présentait Sac à trésor, une collection inspirée d’une minaudière datant de plus de deux mille ans. En 2012, les flacons de tabac à priser lui servaient de point de départ. En 2013, elle met l’art du papier découpé façon dentelle à l’honneur. Ses silhouettes, évidemment interprétées et simplifiées, restent fidèles à une certaine idée du vêtement. Elle a à cœur de valoriser les savoir-faire ancestraux et recourt régulièrement aux broderies de la région de Suzhou. Mais elle n’hésite pas non plus à puiser ses sources dans les années 1960,

et de faire écho aux icônes intemporelles de cette époque, d’Audrey Hepburn à Jackie Kennedy : «Mon ambition, ditelle, est de développer de nouvelles formes, de nouveaux dessins, en laissant infuser l’esthétique traditionnelle dans l’eau fraîche, pure et limpide de la modernité.» Elle y réussit parfaitement. E L L E N W I L L E R

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

10 2


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Wang Chen Tsai-Hsia is a key player in the Chinese fashion industry and founded her house, Shiatzy Chen, in 1978 with the aim of revealing to the world “the riches of Chinese culture.” She opened a Parisian studio and workshop in 1990 to better understand Western cuts, and opened a store on haute-couture hub Rue Saint-Honoré in 2001. Her fashion is a modern evocation of China, all rich, warm colors and studied superimpositions, using Suzhou embroidery and fabrics such as satin and organza. “My ambition,” she says, “is to develop new forms and new designs by letting traditional aesthetics infuse in the fresh, pure, crystalline waters of modernity.”

Page 103


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 104

Carnet de

Mode

L

#

C h i n a Fa s h i o n

RikoManchitAu

e label est né à Guangzhou, mais c’est à un mot du dictionnaire italien qu’il emprunte son nom : ricostruzione. Il faut dire que sa fondatrice, la styliste chinoise Riko Manchit Au, est diplômée de l’Institut Marangoni, à Milan. Et, si elle choisit ce nom, qui veut dire «reconstruction» en français, c’est à la fois pour encapsuler sa volonté de développer, en équipe, une marque intemporelle et pour exprimer la force créative dont font aujourd’hui preuve les jeunes designers indépendants comme elle. Depuis son lancement en 2011, Ricostru s’est imposé comme l’un des labels émergents les plus prometteurs de Chine, avec son style minimaliste, attaché à une idée de «basique luxueux», doublé d’un engagement en faveur d’une mode intelligente et durable via une réduction maximum de l’empreinte carbone des vêtements. Simples mais magnifiquement structurées, portées par une philosophie tournée vers l’avenir, ces créations exaltent la pureté des lignes et un confort absolu. S A R A H B OUA S S E

Born in Guangzhou with an Italianinspired name (“ricostruzione” or reconstruction), Riko Manchit Au’s label Ricostru is about luxury basics: simple and comfortable, but magnificently structured clothes with a forward-looking philosophy that reduces their carbon footprint.


92_P47_CreateursChinoisCMok_SR2:Palace22_

20/04/13

15:24

Page 105

Carnet de

Mode

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

10 5


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:34

Page 106

Lapermanence

dubeau

S

abine Pigalle aime les images secouées. Ici, dans sa série Timequakes, elle a mélangé les époques, les tableaux, les peintures et les photographies, les visages d’aujourd’hui et les costumes d’hier… pour créer ces portraits d’un raffinement extrême… pensés juste après le tremblement de terre, le tsunami et l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima. «Disons que la référence au tremblement de terre est le point de départ de ma réflexion, nous dit l’artiste. Et si l’allusion est visuellement “discrète”, quoique les fonds de cieux lumineux soient des images de Tokyo by night, c’est que j’ai été animée par la volonté de montrer des images positives, en convoquant mon petit musée imaginaire plutôt qu’en ressassant les images catastrophiques dont les médias nous inondent… J’ai donc transposé le chaos matériel (qu’un empilement architectural donnerait à voir lors de la destruction d’une ville) en chaos temporel illustrant la sédimentation de notre

héritage culturel, ici sous la forme de compression de temps… Bien entendu, il s’agit d’un puzzle qui, au final, se cristallise en une seule pièce, à la façon d’un amoncellement de gravats d’immeubles. Plusieurs tableaux sont parfois remixés ensemble, une main provient d’un tableau, un animal d’un autre, une coiffe d’ici, un habit de là, et en recollant ensemble tous ces éléments disparates, j’évoque, à travers ces petits leurres, notre mémoire collective, en montrant quelque chose que tout le monde peut identifier avec plus ou moins d’acuité, mais sans certitude, exactement comme fonctionne le souvenir, faussement net et véritablement trouble. Les mélanges sont récurrents dans mon travail, on y trouve souvent un mix de genres, des caractères oxymores, hybrides… ainsi, dans ces images, un cardinal peut tout a fait prendre une apparence féminine, et l’anachronisme d’une

PALACE COSTES AVRIL / MAI 2013

10 6


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:34

Page 107

# 52. After Lorenzo di Credi. Portrait of Caterina Sforza.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:34

Page 108

# 49. After Domenico Ghirlandaio. Portrait of Giovanna Tornabuoni.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:34

Page 109

# 53. After Andrea del Sarto. Portrait of young woman reading Petrarque.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:34

Page 110

# 42. After Raffaello Sanzio. Portrait of Cardinal Alidosi, Bibbiena, Cybo or Trivulzio.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 111

# 61. After Rogier van der Weyden. Portrait of a lady.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 112

# 28. After Anonymous English School. Portrait of unknown lady.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 113

# 32. After Antonio Del Pollaiuolo. Portrait of a young lady.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 114

# 25. After Hans Holbein the Younger. Portrait of Anna Meyer, detail of Darmstadt Madonna.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 115

# 37. After Petrus Christus. Portrait of a young lady.


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 116

femme asiatique revêtant un costume européen du XVIe siècle sert parfaitement le propos de la série. C’est un hommage au sens du beau, en ce qu’il a d’universel, car nous portons en nous des archétypes qui nous viennent notamment de la renaissance, ellemême inspirée de l’âge classique. La préciosité de ces portraits illustre en effet le raffinement de notre culture… et aussi, à travers ces portraits, c’est une réflexion philosophique sur la place autocentrée de l’homme dans l’univers, mais encore, à travers ces cieux lumineux et tremblés, un hommage à la haute technologie des constructions japonaises. En somme, ce sont des images votives.» Sabine Pigalle le dit bien : ces mélanges, superbes ne sont pas qu’un jeu d’images ou un détournement, aussi habiles soient-ils. Ces images, très belles, sont un hommage. Un hommage à la beauté. Universelle. Un hommage à la permanence de la beauté. La terre tremble, pas notre culture, pas notre besoin de beau. Une façon de souligner que, malgré les dangers de notre monde, il y a une grande permanence du désir de beauté. Et qu’il faut rendre hommage à ce désir. Le raffinement n’est pas un luxe, mais une élévation.

Sabine Pigalle’s Timequakes series was conceived just after the Japanese earthquake and tsunami of March 2011. “The allusion is visually ‘discreet’ – the backgrounds are images of Tokyo by night. I transposed the material chaos into temporal chaos to illustrate the sedimentation of our cultural heritage. Different paintings are remixed together, a hand from one painting, an animal from another – and by bringing all these disparate elements together I evoke our collective memory to create something that everyone can identify with, exactly as memories function, falsely clear-cut and genuinely unclear. The images are a homage to a sense of beauty, in what it has of the universal. They’re votive images.”

CLAUDE MAGGIORI

Série «Timequakes», 2011-2013, tirages photographiques exécutés sur papier Ilfoflex, 120 x 140 cm (encadrées), édition de 3 ©Sabine Pigalle, courtesy Louise Alexander Gallery. PALACE COSTES AVRIL / MAI 2013

1 16


106_P47_SabinePigalleCM15_SR2:Palace22_

20/04/13

15:35

Page 117

# 58. After Piero di Cosimo. Portrait of Simonetta Vespucci.


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 118

Infomania

Bijoux

Des infos étonnantes et des objets excitants

Automobiles G

enève est le salon où s’exposent les plus belles voitures. Celui où l’industrie automobile met en avant sa créativité plutôt que ses problèmes, celui où, mieux que jamais, la voiture nous fait marcher. Voici quelques-unes des plus belles machines qui vous y attendaient cette année.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

118


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 119

FerrariLaFerrari INÉGALABLE ?

C

’est décidé : il faudra appeler la remplaçante de la F40 et de l’Enzo «LaFerrari», en un seul mot. Un peu comme on dit la Callas, avec ce même mélange de familiarité, de gratitude et de profonde déférence. Cette auto novatrice et splendide, qui ne sera jamais fabriquée qu’à 499 exemplaires, réservés à des clients connus de longue date, est tout à fait à part. Alors, ce nom souligne qu’elle matérialise le state of the art de concevoir des Ferrari. La maison de Maranello a la lourde tâche de satisfaire ses clients et d’émerveiller tous les autres ; comme un monument, ou en leur temps les cathédrales, une nouvelle Ferrari marque l’état des savoir-faire humains. Ceux qui la conduiront, connaisseurs de

toujours, exigeants du meilleur, avides du nouveau, ne seront sans doute pas déçus. Au côté du V12 éternel (et plus puissant que jamais : 800 chevaux), le moteur auxiliaire électrique Kers, comme en Formule 1 (une discipline que Ferrari connaît un peu), ajoute sa puissance à celle du V12 (963 chevaux en tout). Les performances affichées relèguent toute autre Ferrari et toute autre automobile à plusieurs secondes sur le 0 à 300 km/h départ arrêté. Nouvelle unité de mesure.

Ferrari LaFerrari Unsurpassable. LaFerrari is the F40 and Enzo’s replacement. Only 499 will be made, reserved for the company’s existing clients who will get a V12 with 800 horsepower to which Ferrari has added a KERS electric motor (like in Formula 1 cars) to crank up the horsepower to 963. And it’s 65 percent lighter than the F12.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

119


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 120


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 121

Infomania

AstonMartinRapideShootingBrake SI DÉSIRABLE

R

are comme une Aston Martin. Singulière comme l’Aston Martin Rapide, qui reprend le magnifique V12 des coupés DB9 mais y ajoute un habitacle pour quatre passagers en survitesse et une carrosserie à quatre portes. Mais cette rareté, cette singularité ne suffisent pas aux stylistes de la Carrozzeria Bertone. De la Rapide, ils ont extrapolé un break de chasse, ou Shooting Brake, selon la dénomination consacrée et l’orthographe en vieil anglais. Et aménagé une cinquième porte et une partie arrière transformable, aussi commode que sur n’importe quelle auto à tout faire, mais réalisée dans des bois et des cuirs à la hauteur du plus haut luxe espéré. Surtout, il y a la silhouette. Elle s’étire sans déséquilibre, se muscle, se sculpte, et, en la contemplant, on ne sait plus très bien quelle est, à bord, la place privilégiée… Au volant, comme dans toute Aston ? Ou à l’arrière, dans cette princière atmosphère qui n’existe nulle part ailleurs ? Une voiture unique, pour mieux la partager.

Aston Martin Rapide Shooting Brake Desirable. A one-off five-door sports car designed by coachbuilders Bertone for a private client, the Aston Martin Rapide Shooting Brake is stretched without being unbalanced, muscled without being misshapen. A unique car to be shared.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

1 21


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 122

Infomania

AlfaRomeoDiscoVolante INSATIABLE

C

’était au temps des belles voitures… On achetait d’abord un châssis nu, un moteur, un ensemble mécanique, sur sa réputation. Et puis on le faisait livrer chez un grand faiseur à qui l’on commandait la carrosserie de son choix, telle qu’on l’avait rêvée ou aperçue sur une voiture de course. Touring Superleggera, c’est le nom du carrossier italien qui remet cette pratique dans le champ des possibles… La première Disco Volante, en 1953, est née d’une intuition aérodynamique. La ligne de caisse descendant vers l’avant, les ailes en cloche, qui carènent le haut des roues, avaient marqué les esprits. Au point que, soixante ans plus tard, une officine milanaise les ressuscite. Les ateliers de Touring Superleggera, maison fort ancienne (1928), les refrappera pour vous, sur la base d’une des cinq cents AlfaRomeo 8C construites de 2008 à 2011. Si Ferrari, Lamborghini, Porsche ne savent pas vous fournir la voiture qui vous séduit, Touring y pourvoira, ainsi qu’à vos moindres caprices… Tout comme au temps des plus belles voitures.

Alfa Romeo Disco Volante Insatiable. This modern update of Alfa Romeo’s classic 1953 Disco Volante will be coachbuilt to order by Touring Superleggera. Based upon the two-seater Gran Turismo each one will have a 4.7-liter V8 and a top speed of 292kmph.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

122


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 123


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 124

PanameraSportTurismo SUBSTITUABLE

M

itja Borkert dessine des Porsche depuis… toujours. Ce jeune homme est notamment l’auteur du Type 981, le tout nouveau Boxster. En guise de récréation, les designers se voient parfois chargés d’un concept car, chef-d’œuvre suspendu en marge de la production, à la fois gratuit et hautement médiatisé. Pour attirer l’attention sur un nouveau système d’hybride rechargeable, bientôt produit sans doute, il a été commandé à Borkert un simple break Panamera. Mais il a redessiné la totalité de la voiture, avec une attention aux détails qui renouvelle l’allure de la grande Porsche. Le capot est surbaissé et les ailes avant relevées, comme sur une 911 ; les feux arrière sont rejoints par un mince catadioptre, le même dessin se reproduit à l’étage

en dessous, par les sorties d’échappement et la lèvre du diffuseur aérodynamique. Une surenchère dans le raffinement, qui fait soudain vieillir la Panamera de série ! Mais espérer la suivante… Un futur esquissé, qui sans doute ne verra jamais le jour sous cette forme exacte. Dès aujourd’hui, une future Porsche possible.

Panamera Sport Turismo Substitutable. A concept hybrid version of the Panamera designed by Mitja Borkert. The hood is lowered and the wings recall the 911, while the rear-light surround and Porsche logo are echoed in the shapes of the exhausts and spoiler. It makes the current Panamera look dated.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

124


118_P47_VoituresCMok_SR2:Palace22_

21/04/13

11:46

Page 125

Rolls-RoyceWraith IMPONDÉRABLE

F

ille de fantôme… La Wraith (esprit), plus petite que la Phantom, dérive de la Ghost (autre spectre). Ces automobiles bien tangibles, ancrées dans le réel, plantureuses même, portent des noms ailés, vaporeux. Qui conviennent à leur objectif : une Rolls met tout son savoirfaire à flotter, à préserver ses passagers des rugosités de la route. Au volant, c’est le règne du moindre geste. La porte s’ouvre pour vous, large et à l’envers : fantaisie pittoresque qui s’avère extrêmement commode. Et elle se referme automatiquement, avec la précision d’un domestique de style, vous laissant en tête à tête avec les raffinements des grandes anglaises, et avant elles des boudoirs et des clubs. Bois profonds, cuirs odorants, moquettes sensuelles. Richesses venues tout droit du tout début de siècle, le XXe, parse-

mées de modernismes fulgurants. Comme le pommeau de commande de l’ensemble des systèmes, dont la surface est tactile ; il suffit d’y tracer de l’ongle l’initiale du lieu recherché ou de numéro de téléphone souhaité. Imprononçable et ineffable…

Rolls-Royce Wraith Imponderable. Smaller than the Phantom, a cousin to the Ghost, the Wraith remains all Rolls. The doors open and close automatically giving you access to an interior in rich wood and leather, as well as a control center with a tactile screen.

Dossier réalisé par ROBERT P U YA L


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 126

Infomania

Lenzi

Les Lumières de Paris P

aris, on le sait, est la Ville lumière. Oui, mais qui l’éclaire ? C’est Lenzi! En 1933, Léopold Lenzi crée une petite entreprise de chaudronnerie dans la région parisienne. Dans les années 1950, à l’occasion de la grande entreprise de restauration des sites et des monuments de la capitale, c’est lui qui remporte le marché de la remise en état des luminaires anciens, en relation avec le ministère des Beaux-Arts. Certains modèles datent de Louis XIVet ont encore à leur sommet une «cheminée», le trou ménagé dans le chapeau pour laisser passer la fumée des bougies. Il revient à Lenzi forcément, pour les rénover, de recouler de nombreuses pièces, jusqu’à devenir capable de les fabriquer intégralement. Voilà comment il se spécialise peu à peu dans l’éclairage public de style et devient au final fournisseur officiel de la ville de Paris. Au point que son nom finit par devenir un nom commun: «On dit une lenzi comme on dit un kleenex ou un klaxon, explique Antoine Bonneville, le dirigeant actuel de l’entreprise. C’est une consécration.» Aujourd’hui, la bougie, l’huile et le gaz ont laissé la place au LED et au ballast, l’économie d’énergie revient comme un leitmotiv et l’entreprise a démenagé à Argenton-sur-Creuse. Les vasques, c’està-dire la partie translucide, ne sont plus en verre : «Le verre est interdit. C’était dangereux, la porte ouverte à tous les vandalismes. Les vasques sont à présent en plastique résistant aux chocs, aux jets de cailloux. On les propose en transparent, en opale, en fumé, ou même en “goutte d’eau”, c’est-à-dire comme s’il avait plu dessus, pour camoufler la lampe intérieure.» Et l’inox parfois se substitue au cuivre et au laiton. En revanche, l’obligation de conserver le patrimoine esthétique demeure: «L’Alexandre III est une lanterne de fonderie construite à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. C’est celle qu’on voit sur le célèbre pont. C’est elle qui lui donne son caractère unique. Il suffit de la voir pour la reconnaître. Mieux, pour reconnaître Paris. Il y a des dizaines de pubs qui se servent de ce seul marqueur pour indiquer où l’on se trouve. Alors,vous imaginez bien qu’on a un cahier des charges très précis. On doit respecter les

formes, les proportions. Par contre, pour certains modèles, nous pouvons les décliner en autant de versions qu’on veut, autant de couleurs. La Montmartre, notre modèle le plus vendu, a même été fait en rose bonbon.» Mais pour qui ? Pour où ? «C’était une commande spéciale. Pour l’Angleterre, je crois.» Les lanternes de Paris seraient donc ailleurs


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 127

tement la même chose avec les Emirats arabes unis. Ou le Maroc, les Pays-Bas, l’Espagne, la Roumanie.» Mais la Ville de Paris n’exige-t-elle pas d’exclusivité ? «En général, non. Même s’il y a des petites distinctions : le pied de laMontmartre, qu’on appelle l’araignée, a une forme spécifique qu’on ne fait que pour Paris. Mais on peut bien sûr nous demander de ne pas commercialiser certains modèles : les lanternes que nous refaisons pour la place de la République dans le cadre de sa rénovation n’existeront qu’en 25exemplaires en tout. Elles sont en bronze, elles font 90 kg chacune, et, si on veut les voir, ce sera là et nulle part ailleurs.» Propos recueillis par E L L E N W I L L E R

Photographies Thomas Launois/ Fotolia.com

Paris lights Who lights the City of

qu’à Paris ? «Nous exportons dans une cinquantaine de pays et sommes présents dans une vingtaine de capitales.» C’est ainsi qu’on peut découvrir la silhouette typique des lanternes de Paris aux quatre coins du monde, le long d’une autoroute ou au détour d’un parking : «Il y a deux ans, la Mosquée de Touba, la première du Sénégal, nous a passé commande. Nous avons proposé de créer un modèle spécial. Mais non, ce qu’ils voulaient, c’était des lanternes de Paris. Le modèle Rue de la Paix. Pourquoi? Parce que c’est Paris, justement. C’est un signe. Une référence. C’est exac-

Page de gauche: lanternes «Rue de la Paix» et «Alexandre-III», construite à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Ci-contre: la «Lavoisier», la première véritable lanterne de Paris, née au XVIIe siècle par une ordonnance du roi Louis XIV; la «Montmartre», une lanterne de ferronnerie à 4 faces, et la «Concorde».

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

127

Lights? Lenzi, the company that, back in 1953, won the contract to renovate the city’s historic streetlights. Today, candles and gas have given way to LEDs, glass has become unbreakable plastic, and stainless steel is preferred to copper and brass, but the shapes remain the same: the Montmartre, the Rue de la Paix, the Grand Palais, and the most famous, perhaps, the Alexandre III. “You just have to see it to recognize Paris,” says Antoine Belleville, Lenzi’s director. “There are dozens of ads in which it’s the only marker to show where you are.” While the streetlights are now also found across the world – Morocco, Senegal, Romania, Spain and Germany – some can only be seen in Paris. “There will only be 25 of the lights we’re making for the renovation of the Place de la République,” says Antoine. “If you want to see them it will be there and nowhere else.”


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 128

Infomania Etonnants Créateurs

FratzetGio, pop artistes «L

’art n’est pas risqué, il est audacieux !» Telle est la devise de Fratz et Gio, alias F&G, duo d’artistes gonflés qui se sont lancé le défi de réinventer les codes du pop art ! Et, effectivement, en déambulant dans leur ateliergalerie du 339 rue Saint-Martin, on s’extasie devant des bouteilles géantes de Coca-Cola ou de ketchup revisitées avec humour et beaucoup de plexiglas, d’aluminium et de néons. Un univers familier de couleurs et de logos explose aux yeux du visiteur, mais avec une touche nouvelle et différente, bien plus XXIe siècle que sixties ou seventies. On admire des portraits collet monté en plexi de Basquiat, Jim Morrison, John Lennon, Mickey, Amy Winehouse, Whitney Houston… et on flashe sur des sculptures flashy, particulièrement celles de Pitchou, le gangsta-clebs, la sculpture vedette de United We Art, le chien énervé armé de deux pistolets, qui trône, en différentes couleurs, au milieu de la galerie. On se dit alors que ces deux grands enfants sont en train de réussir leur audacieux pari. «Nous sommes des “architectes d’art” :

nous avons une âme d’artistes mais, à la différence d’autres, nous savons produire», se réjouit Gio, ancien styliste de mode, créateur de la marque de prêt-à-porter LC Waïkiki et grand fan de cartoons et autres super-héros. «Nous nous connaissons depuis vingt-cinq ans, et, après nos aventures textiles, nous avons décidé de nous exprimer dans la création et l’innovation artistiques en créant United We Art», poursuit Fratz, dessinateur de formation, fasciné par l’art et la mode, créateur du célèbre petit singe LC Waïkiki, véritable phénomène de mode dans les années 1990. F&G a déjà produit 80 œuvres, éditées chacune en petite série de huit exemplaires ou en pièces uniques, qui enthousiasment décorateurs d’appartements et amateurs d’art contemporain aux quatre coins du monde. «La galerie est en plein développement, et nous passons des partenariats avec des galeries à Miami, à New York et à Londres», confie le tandem.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

128

MAX ROBERT


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 129

Infomania

Pop Artists “Art is not risky… but daring!” say Fratz and Gio, two artists reinventing pop art. Their studio-gallery is full of giant CocaCola and Heinz ketchup bottles made of Plexiglas and aluminum, as well as Plexiglas portraits of Jim Morrison, John Lennon and Whitney Houston. “We’ve been friends for 25 years,” says Gio, “and with United We Art we decided to express ourselves through creation and artistic innovation. We’re ‘art architects’: we have the souls of artists but, unlike others, we know how to produce.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

129


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 130

Infomania

L’écoleducancan

L

e french cancan est encore à la mode ! «Certains pensaient que cette danse était obsolète, mais est-ce à cause de la crise, qui pousse à s’évader ou pas ? Toujours estil que nous notons un véritable engouement du public», se réjouit Marie-Sophie Tekian, directrice artistique de l’Atelier French Cancan qu’a lancé en janvier le Paradis Latin. «C’est un délire de deux heures où nous proposons aux femmes de rentrer dans la peau d’une danseuse de french cancan des années 1850 : elles sont accueillies par les danseuses, avec une coupe de champagne, puis maquillées et habillées dans les loges du cabaret avant de monter sur la scène pour apprendre à lever la jambe, froufrouter, siffler, crier… Bref, elles s’éclatent !» Sous la direction de MarieLaure Philippon, la plus grande chorégraphe spécialiste de danse de french cancan, et sur la musique de Jacques Offenbach, les apprenties cancanneuses s’essaient à tournoyer et à exécuter des figures, comme la «mitraillette», l’«assaut», le «port d’armes», le «saute-mouton», les «petits chiens»… Nul besoin d’être une grande danseuse, tout ceci demeure bon enfant et prétexte à un joli voyage dans le temps. Qui s’achève d’ailleurs par un cocktail maison, le Fresh Cancan, à base de champagne et d’absinthe, accompagné de quelques pâtisseries ! Une expérience inoubliable qui se déroule à 18heures, plongée dans l’ambiance électrique du spectacle qui va suivre dans la soirée, pour quelque 95 euros. «C’est la première fois qu’un des plus grands cabarets au monde fait partager son savoir-faire, et c’est très différent des cours de zumba ou de pole dance. Ici, c’est l’esprit de Paris !» conclut Marie-Sophie Tekian. M A X R O B E R T

Boulesderêve

T

Europe’s oldest crystal manufacturer Saint-Louis asked Claire Le Sage to design three paperweights; Boréal, Cyclades and Notus are now available in limited editions.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 0

Marie-Sophie Tékian

Since January Marie-Sophie Tekian of Atelier French Cancan has been offering women the chance to get their legs moving and try some French cancan: “It’s a total trip of two hours during which they become cancan dancers from the 1850s.” (Petticoats are included.) And after learning the moves (including the “machine gun”) at cabaret club Paradis Latin everyone gets to relax with a complementary Fresh Cancan Champagne and absinthe cocktail.

oujours au sommet de la technique et de l’art du verre, les cristalleries Saint-Louis sortent leur collection de boules presse-papiers annuelle. Cette fois, elles ont fait appel à la créatrice Claire Le Sage pour trois de ses modèles : Boréal, Cyclades et Notus. Cette alliance du savoir-faire des maîtres verriers et de la création contemporaine repousse une fois encore les limites esthétiques de ces objets cultes, produits en séries limitées, numérotés et millésimés par la plus ancienne manufacture de verre d’Europe. A L www.saint-louis.com


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 131

Infomania

L

a rue Quincampoix abrite la très attirante boutique Phyléa. «Passionné par la mode fétichiste, j’ai créé cette boutique en 1989 car il n’existait alors aucun endroit chic de ce genre à Paris», raconte Christian Bigeon, ex-financier décidé à sortir ses matières préférées des sex-shops un peu glauques de Pigalle. «Les trois quarts des vêtements venaient alors de Londres, où la scène fetish était beaucoup plus développée qu’ici. Un catalogue signé du photographe Christophe Mourthé, puis le film Rêve de cuir avec Zara Whites, dont nous avons fait toutes les tenues, nous ont fait connaître dans le milieu fetish.» En 1993, la boutique-boudoir prend une autre dimension avec l’arrivée d’Hervé Le Gal, styliste et relookeur. En véritable directeur artistique, il fait venir de jeunes créateurs anglais, américains ou hollandais et monte de splendides séances photo avec Helmut Newton, Bettina Rheims, Nick Knight ou Ellen von Unwerth. Phyléa a habillé, pour leurs clips, Madonna et Mylène Farmer et costumé de nombreux films, dont Irma Vep, Les Morsures de l’aube ou Prête-moi ta main. Depuis, de Lady Gaga à Rihanna, en passant par Dita Von Teese, le lieu, baroque, victorien ou Renaissance au fil des portants, ne désemplit pas. Tous les plus grands magazines de mode, désireux de mixer des pièces haute couture avec des vêtements plus «hot» se fournissent ici. «M. et Mme Tout-le-Monde viennent également chez nous, et pas forcément parce qu’ils seraient SM ou fetish. Ce sont certes souvent des gens aux mœurs affirmées et assumées, mais c’est souvent juste pour s’offrir une belle robe originale à porter en soirée», précise Christian Bigeon. «Notre force, ce sont nos pièces uniques, se félicite le directeur artistique. Avec certaines de nos marques préférées, je réalise un travail de styliste en leur faisant réaliser des vêtements uniques sur une thématique. Ainsi, après le film Black Swan, j’ai fait fabriquer cette magnifique robe bustier noire par Catwalk.» Le résultat est hors norme, d’une beauté surprenante et d’une qualité irréprochable. Deux éditions du prestigieux calendrier Pirelli sont d’ailleurs venues consacrer cette incontournable boutique du Paris chic et sexy. Enfin, n’hésitez pas à pousser le rideau au fond de la boutique. La Bibliothèque nationale n’est pas la seule à avoir son enfer. M A X R O B E RT

Phyléa

Hot couture

Emmanuelle Margarita

Fetichic In ancient Egypt, the temple of Hathor, goddess of love and pleasure, was on Philae. Today’s modern deities looking for chic latex head to Phyléa. “I opened the store in 1989 because I loved fetish fashion and there was no chic place for it in Paris,” says Christian Bigeon. In 1993 Hervé Le Gal arrived and the designer’s Phyléa clothes were featured in shoots by Helmut Newton and Ellen Von Unwerth, and on Madonna in a video. “Mr. and Mrs. Ordinary also come to us,” says Le Gal, “and not necessarily because they’re into S&M or fetishism. Often it’s just because they want an original and beautiful dress.” PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

131


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 132

Infomania

T

Perlesdecuir

atakit.m serait-elle la marque de petite maroquinerie qui monte ? Encore confidentielle il y a quelques mois, elle a su gagner le cœur de Parisiennes à la recherche d’accessoires contemporains qui sortent de l’ordinaire. Avec la coquille pour thématique déclinée en deux modèles phares : le poudrier-porte-monnaie La Précieuse et la minaudière L’Enjouée, la marque s’est assuré d’emblée une identité. La Précieuse comporte un miroir et un espace à secrets séparé par un volet. L’Enjouée, qui se porte au poignet, s’ouvre en double conque symétrique et comporte deux compartiments fermés ainsi qu’un très utile porte-carte et un miroir. La gamme de couleurs, tout en variations pastel et acidulées, transforme ces accessoires chics et ludiques en véritables bonbons de sac. Chaque modèle est gainé à la main de cuir d’agneau plongé. Qualité et exigence made in France sont les maîtres mots des multiples opérations que nécessite leur fabrication. Les créations sont réalisées en petites séries ou à la commande. Avec cette nouvelle marque, on sait désormais quel coquillage porter à son oreille pour entendre le bruit des vagues… et la rumeur de la mode! A L www.tatakitm.com

Up-and-coming bag maker Tatakit.m has two key models: La Précieuse, a wallet-compact, and L’Enjouée, a minaudière you can wear on your wrist. Both come in soft lambskin and bright pastel colors, and are made in small series or to order in France.

Armes d’élégance

F

auré Le Page n’est pas une nouvelle maison, loin s’en faut : fondée en 1717 à Paris, elle s’illustre dès ses débuts comme arquebusier des plus grandes cours d’Europe en créant des pièces d’exception, notamment les fusils de chasse de Louis XVI et le sabre en vermeil de Napoléon. Ses maîtres artisans confectionnent également une luxueuse maroquinerie pour protéger et transporter les armes. En 1789 et 1830, Fauré Le Page inscrit son empreinte dans l’histoire de France en armant les révolutionnaires : son nom retentit jusque dans les pages des œuvres de Chateaubriand, Balzac et Dumas. Historique mais moderne, la maison vient d’ouvrir sa nouvelle adresse parisienne au 21 rue Cambon : bien qu’elle ne fabrique plus d’armes à feu, elle présente une nouvelle collection de maroquinerie comme un clin d’œil à son histoire détonante. Les pochettes prennent la forme d’un revolver, de fausses douilles ornent les ceintures, tandis que bagages et autres pochettes s’ornent de l’élégant motif écaille de la maison, façon monogramme.

S A R A H B OUA S S E

Founded in 1771, Fauré Le Page used to make guns. There are no weapons in its new Paris shop at 21 rue Cambon, but there are leather goods that hint at its armed past, including revolver-shaped purses.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 2


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 133

Infomania

Gris-grisethno-chics

D

elphine et Jenny se sont rencontrées au Brésil, et l’idée de leur marque, Hipanema, est née sur la plage du même nom. Avec des rubans de Bahia, perles et autres chaînes chinés sur les plages et marchés de Rio, elles imaginent des bracelets-manchettes hyper-colorés. Chaque pièce, faite à la main, nécessite entre 30 et 37 heures de travail. «C’est un vrai produit artisanal», insiste Jenny. L’engouement est immédiat pour ces accessoires ethno-chics. On se réjouit de l’arrivée de 25 nouveaux modèles (avec sa ligne «petits prix») pour le jour, la plage ou plus bling-bling pour le soir. Et le duo profitera de l’été pour lancer sa première collection de maillots de bain. Sans aucun doute, Hipanema, qui a déjà triplé ses productions en moins d’un an, devrait confirmer son joli succès, bien mérité. L G www.hipanema.com

At Hipanema Delphine

Arthur Delloye

and Jenny use ribbons, pearls and chains discovered in Rio to create brightly colored bracelets. The girls also now have a swimsuit line.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 3


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 134

Infomania

Ekaterina Sotnikova

L’art du temps

ette belle trentenaire russe ne jure que par les petits créateurs horlogers, qui peaufinent avec amour de véritables œuvres d’art produites à quelques exemplaires. «Le top du top !» s’enthousiasme la jeune femme. Ekaterina Sotnikova n’aime que l’horlogerie exceptionnelle, grandiose et sublime, celle des maîtres. Fidèle à cette logique artistique, elle crée, en 2011, une «galerie d’art d’horloger», l’Ekso Watches Gallery, la première et l’unique en son genre, installée près des Champs-Elysées. «J’ai toujours été passionnée par les montres que je voyais déjà, enfant, comme des bijoux, raconte la jeune femme. Mais je crois que le “flash”, je l’ai eu il y a dix ans en m’extasiant littéralement devant une montre squelette. Je suis restée fascinée par la technique horlogère !» Ekaterina Sotnikova a grandi à Saint-Pétersbourg, athlète de haut niveau, elle voit sa carrière brutalement stoppée à 16 ans, sur blessure. Sans grand enthousiasme, la jeune fille se tourne alors vers l’économie. «Ensuite, je suis tombée amoureuse de Paris, où je suis venue en touriste il y a sept ans. Comme rien ne me retenait vraiment en Russie, je suis restée», raconte-t-elle. Elle rencontre, son mari, un avocat d’affaires. «Il m’a dit de faire dans la vie ce qui me passionnait, et j’ai suivi cet excellent conseil en me lançant dans l’horlogerie.» Elle part se former à la Fondation de la haute horlogerie de Genève, car elle veut être crédible, et le devient. Puis débute la quête de l’hyper-luxe dans des petites manufactures indépendantes, à la recherche «d’une histoire, une culture horlogère». Elle en ramènera une petite dizaine d’artisans indépendants, maîtres horlogers fabricants à la main des pièces uniques ou en série limitée, et qui, justement, ne souhaitaient pas se mélanger, en boutique, avec les marques célèbres et «industrielles». Le concept de galerie d’art horloger était né… Les collectionneurs accourent dans sa galerie pour y trouver la perle rare de la haute horlogerie. Et se pâment devant le cadran nacré de l’Amadeo Fleurier de Bovet, admirent la Vénus de Botticelli gravée sur la face arrière de la Renaissance de Speake-Marin, s’extasient devant les trois cadrans révolutionnaires de l’Antiqua de Vianney Halter, s’étonnent de la virtuosité de l’Upside Down de Ludovic Ballouard. Sans oublier les créations extraordinaires de Voutilainen, De Bethune, Kudoke et Grönefeld, autres maîtres horlogers qu’Ekaterina Sotnikova, elle-même collectionneuse, est fière de mettre en lumière. «Je n’hésite pas à soutenir financièrement les horlogers indépendants en qui je crois, et je paie comptant les pièces de mon stock, sans attendre de les avoir vendues», précise-t-elle. Les prix, comme ceux des œuvres d’art, atteignent des sommets. La suite, logique, ne serait-elle pas, dès lors, de se lancer

elle-même dans la création de pièces horlogères ? «Oui, effectivement. J’ai d’ailleurs déjà participé à la création de quelques pièces, en donnant ici ou là des idées de motifs, révèle Ekaterina Sotnikova. Mais, pour me lancer sous mon nom, il faut que je trouve un concept, une idée globale. Et je sais déjà avec qui je le ferai !» Propos recueillis par M A X R O B E R T

The art of time Ekaterina Sotnikova opened Ekso Watches Gallery, her store selling unique, handmade watches, near the ChampsÉlysées, in 2011. “I’ve always loved watches but the ‘flash’ was 10 years ago when I found myself in heaven in front of a ‘skeleton’ watch,” she explains. “I’m still fascinated by watchmaking techniques!” Born in Latvia, she grew up in St. Petersburg, and, after studying economics, came to Paris and fell in love – with the city and her business-lawyer husband. She then began searching Europe for master watchmakers who still made unique or limited-edition timepieces and who did not want to be mixed up with more well-known but more “industrial” brands. Her discoveries began to attract collectors fascinated by items such as the pearly case of an Amadeo Fleurier de Bovet; Botticelli’s Venus engraved into the rear of the Renaissance by SpeakeMarin; and the revolutionary three dials of the Antiqua by Vianney Halter. Ekaterina’s next step is to launch her own line: “And I already know with whom I’ll make it!”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 4

Julio Piatti

C


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:51

Page 135

Fleurs d’ananas

Y

i Zhou, artiste plasticienne chinoise, vient de créer, pour la maison Gripoix, une nouvelle collection capsule en or et pâte de verre, intitulée Pineapple’s Secret. Parce que l’idée de la créatrice était d’«explorer les contours intérieurs et extérieurs de l’ananas». Les pièces ont été conçues dans un atelier à Shanghai et la réalisation s’est faite à Paris. www.gripoix.fr

Chinese artist Yi Zhou + Gripoix = capsule collection exploring fruit called Pineapple’s Secret.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 5


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 136

Infomania

Eclats decuir

C

’est dans la botterie et la sellerie de luxe que Fabien Ifirès, designer autodidacte, a fait ses armes. Fort d’une grande maîtrise des techniques traditionnelles de couture à la main, il a lancé, il y a bientôt trois ans, sa propre marque de bijoux autour de sa matière chérie, le cuir. Des pièces très contemporaines, issues d’une fabrication luxueuse dans son atelier parisien : produits entièrement à la main, les bijoux de Fabien Ifirès sont taillés dans des peaux exceptionnelles, sélectionnées auprès des meilleures tanneries françaises. Cet été, le créateur présente de magnifiques cuirs grainés ou lissés par tannage végétal, à partir de fleurs, de racines et de feuilles. Inspirée par la mythologie romaine, cette collection associe à un cuir argent miroir, brillant comme du métal, des pierres semi-précieuses dont l’éclat souligne, avec une élégance folle, l’aspect très brut du cuir. S A R A H B O U A S S E

Designer Fabien Ifirès began with boots and saddles, before he moved his love of leather in jewelry three years ago. The results are handmade in Paris in skins from the best French tanneries. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 6


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 137

Infomania

E t o n n a n t s Pa r i s i e n s

LuigiLi

L

Lerireducœur

Laugh Your Heart Out It all began when young comic Luigi Li wanted to help a homeless man he passed every day. So he made him a new sign: “I’m dating Rihanna! And it’s expensive paying for a girl like that!” It worked: people smiled and they gave money. Li and his photographer friend Little Shao decided to hit the streets of Paris and give more homeless people new signs. An exhibition of the resulting photos will be held in September with all proceeds going to a homeless charity. Little Shao

uigi Li est un jeune humoriste. Son truc à lui, c’est la bonne vanne, les mots qui décapent, les formules qui accrochent. Plus habitué à fouler les planches des théâtres, des scènes parisiennes et des plateaux de télévision, il décide au hasard d’une rencontre, le SDF devant lequel il passait chaque jour, de mettre sa plume au service de ce sansabri en inscrivant sur sa pancarte sa première punch line : «Je sors avec Rihanna !!! Et ça coûte cher d’entretenir une fille comme ça…!!!» Les passants sourient, entament le dialogue, un lien se crée et les pièces tombent. Luigi Li et son compère photographe Little Shao sillonnent depuis novembre 2012 les rues de la capitale pour aller à la rencontre des sans-abri et remplacer le traditionnel «J’ai faim» par une blague qui interpelle les passants. «On fait aussi une photo, précise Luigi. On le propose à chaque fois, certains refusent catégoriquement. Pour nous, c’est une façon de communiquer et de dire au plus grand nombre : regardez, sans être une grande association, on peut aider ces gens. Cette idée ne m’appartient pas, au contraire, si je communique sur ce projet, c’est pour que d’autres fassent comme nous !» Et sans site Internet, juste avec un lien tumblr qui parle de son projet, le buzz s’est fait : «J’ai reçu 2 000 messages en quelques jours, j’ai été contacté par des associations, par des écoles d’art et par la Fondation AbbéPierre, qui m’a proposé d’organiser une exposition qui verra le jour en septembre prochain et pour laquelle l’intégralité des fonds récoltés sera reversée à cette cause.»

SANDRA SERPERO unsouriresvp.tumblr.com PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 7


20/04/13

15:52

Page 138

Infomania

Lavie rêvéedes

livres

A

lexander Korzer-Robinson est un artiste berlinois qui découpe ses livres. En fait, il se sert de livres anciens pour réinventer de l’imaginaire et de la fiction. C’est-à-dire qu’il replonge dans les ouvrages qu’il a aimés, en découpant les pages autour d’images qui le séduisent, jusqu’à réaliser des mini-scénarios illustrés dans un décor multicolore. Alexander Korzer-Robinson réalise des collages en creux, comme des décors de théâtre où chaque plan participe à la «lecture» de l’histoire nouvelle que l’artiste raconte avec le vieux livre. Le résultat est tout simplement merveilleux.

Berlin-based Alexander Korzer-Robinson cuts illustrations out of books to create collages like mini stage sets. The results are enchanting.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 8

www.alexanderkorzerrobinson.co.uk ©Alexander Korzer-Robinson

126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 139

Infomania

Glamourdark harlotte Martyr, c’est un pseudonyme auquel la créatrice tient beaucoup, opposant un prénom enfantin à un nom fort et mystique. «C’est tout à fait moi», dit-elle. Charlotte Martyr, se sont des bijoux uniques avec une identité forte. Charlotte a commencé dans la sculpture et la céramique d’art. C’est une rencontre, en 2007, avec une joaillière qui a changé son destin. «J’ai eu un vrai coup de foudre pour ce moyen d’expression. Je n’avais pas encore terminé ma formation que je sortais déjà ma première collection !» confie-t-elle. Charlotte lance ce printemps la collection Capsule, créée en collaboration avec Solweig Lizlow. «J’ai rencontré Solweig sur un shooting en 2008. Elle était mannequin, et moi, j’accessoirisais le shooting avec mes bijoux. Je l’ai recontactée pour la féliciter d’avoir obtenu le poste de Miss Météo Canal+. A ce moment-là, elle m’a proposé de lui prêter des bijoux pour les porter à l’antenne. On a continué ainsi, jusqu’au moment où nous avons

parlé d’une collaboration. Solweig est une personnalité inspirée, un peu dark, très loin de l’image de Miss Météo. Elle a dessiné et baptisé les modèles, choisi les matériaux.» Les bijoux dessinés par Solweig ont été réalisés par Charlotte avec la technique de la cire perdue, en bronze et argent. Elle travaille le bronze –plaqué ou non–, mais aussi l’or 18 carats et les perles. «Des symboles de luxe que j’aime détourner...» L T www.charlottemartyr.com

Charlotte Martyr began in sculpture and ceramics. Then met a jewelry designer and “fell instantly in love with this means of expression,” even if she still feels more a sculptor. Her work can resemble “artifacts from archeological digs mounted on extremely pure and modern square rings,” which she attributes to her interest in contrasting the past and the present. She recently collaborated on a collection with TV presenter and model Solweig Lizlow.

Insolite & Amusant

L

LesplusbellesfessesduLouvre

’histoire de l’art est-elle la seule voie de compréhension des œuvres ? Bruno de Baecque propose, lui, un autre chemin, bien plus original, avec sa visite «Les plus belles fesses du Louvre» ! «Mon idée est de voir différemment et de faire participer le public en lui demandant d’exprimer ce qu’il ressent devant une peinture», explique ce guide, officiellement «breveté» par le ministère du Tourisme depuis 1994. Voici donc le visiteur parti à la rencontre des fesses, cuisses, ventres, dos ou lèvres du Louvre. Une balade atypique, mais érudite, via les icônes sensuelles que sont l’antiqueArès Borghèse par Alcamène, LaMort de Sardanapale de Delacroix, ou le Centaure enlevant une bacchante de Johan

Tobias Sergel… «Je distribue même un Rasec (regard amplifié par stimulation d’émission de concentration), qui est un œilleton que je fabrique dans du carton, confie Bruno de Baecque. Il aiguise la sensation du regard. C’est un excellent outil d’animation.» M R www.vusouscetangle.net A paraître : «Les Plus Belles Fesses du Louvre», Editions Atlantica.

If your French is up to it, you could join “The Louvre’s most beautiful bottoms,” one of Bruno de Baecque’s unusual guided tours. Atypical, sensual, and extremely erudite, it’s the world’s most visited tourist attraction as you’ve never seen it before, all bottoms, thighs and lips.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

13 9

Pauline Darley & Maxime Stange

C


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 140

Infomania Etonnants Créateurs

EmmanuelleDupont

Dentelle botanique E

mmanuelle Dupont vit dans un monde peuplé d’orchidées hybrides, des gorgones à mi-chemin entre la méduse et le nuage, des fleurs insectes… Emmanuelle est surtout une brodeuse d’exception. «Dès mon diplôme, j’ai suivi un sujet qui m’était cher : celui de l’hybridation, du mimétisme entre l’insecte et le végétal. J’emploie des techniques qui m’obligent à utiliser certains types d’aiguilles très fines, des numéro 15, devenues rares, avec du fil à gants, le plus fin qui soit. Des micro-perles aussi, qui ne sont plus fabriquées. Je chine beaucoup. Je ne suis pas la suiveuse d’une tradition, j’utilise la broderie comme un sculpteur utilisera le marteau sur le marbre. Finalement, c’est le sujet que je traite qui m’importe, plus que sa technique.» Lorsqu’on lui demande de définir son métier, elle répond «sculpteur à l’aiguille» ou «brodeuse du XXIe siècle». Au fil de ses expositions, Emmanuelle Dupont a tissé un lien avec les collectionneurs : «Je recherche un vrai rapport avec les gens à qui je vends, j’essaie toujours de garder un contact avec eux. Ils m’aident à analyser mon travail au fil du temps. L’art textile est pleinement reconnu en Europe, alors qu’en France il est souvent uniquement associé à la haute couture. Cela commence à changer… Il faudrait inventer la catégorie art contemporain textile!»

ANTOINE LAURAIN

www.emmanuelle-dupont.com

Botanical needlework “Since I graduated I’ve followed the subject I love: hybridization, the mimicry between insects and plants,” says Emmanuelle Dupont. “I use embroidery like a sculptor uses a hammer on marble. But it’s the subject that matters, not the technique. In France textile art is only associated with haute couture, but things are beginning to change.”


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 141

Jennifer Ryan

Infomania

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

14 1


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 142

Infomania

Odeursd’ambiances

C

raquez une allumette, fermez les yeux, et vous voilà installé dans un Chesterfield entouré de livres et de grimoires des plus belles bibliothèques du monde. De la magie ? Non, simplement le pouvoir de la bougie Bibliothèque, qui porte bien son nom, mélange ambitieux de pêche, violette, pivoine, patchouli, phimosis, cuir et vanille. Les bougies Byredo se déclinent au travers des univers évocateurs : Bohemia pour un souffle de liberté, Apocalyptic, après une rude journée, Ambre Japonais, savoureuse association de graines de coriandre, de poivre, de santal, de sésame et vanille Bourbon, pour un voyage en orient. La marque Byredo, créée par Ben Gorham, est basée à Stockholm, et tous les produits de la marque sont conçus en Suède. La marque décline ses fragrances en produits pour le corps. Si l’odeur des livres anciens vous convient dans votre salon, pour votre peau, laissez-vous tenter par l’odeur de Baudelaire, baie de genévrier, poivre noir, cumin, jacinthe, cuir, encens, papyrus, patchouli et ambre noir pour la touche de spleen d’une Parisienne femme fatale et discrète.

Parures Sauvages

C

’est Pamela Love, créatrice new-yorkaise, qui signe pour Zadig & Voltaire une collection capsule intitulée Wild Heart. On retrouve les codes de la maison mélangée à l’inspiration folk de Pamela : «Certains des motifs qui font ma griffe, mon style, auxquels j’ai apporté ce fameux twist de Zadig & Voltaire.» Ces bijoux mettent à l’honneur le laiton, le cuivre et l’argent noirci.

A N N E - L AU R E B R OUG A L AY En vente chez Colette et sur le site byredo.com

www.zadig-et-voltaire.com

“Wild Heart” is a jewelry

Peach, violet, peony, patchouli, leather and vanilla are mixed in the Bibliothèque candle from Swedish fragrance specialist Byredo to create the smell of a book-lined library. Other scents from the company founded by Ben Gorham include Apocalyptic (warm and woody), Ambre Japonais (peppery sandalwood) and Fleur Fantôme (rhubarby violet leaves).

collection created for Zadig & Voltaire by New York designer Pamela Love.

D

ToutParisenunpack

ébordés par le travail, les obligations familiales? Comme il serait vraiment dommage de ne plus profiter de l’exceptionnelle richesse artistique de Paris, Waheb Lekhal, un ancien responsable des groupes Canal+, lance Culture First, le prêt-à-sortir. «Culture First, c’est une sélection des meilleurs spectacles et expositions réunis dans un seul abonnement ! explique Waheb Lekhal. S’abonner à la programmation d’un lieu existe déjà, mais notre service est nouveau, car il propose un “pack” multidisciplinaire.» Et la vingtaine de partenaires embarqués dans l’aventure sont prestigieux : le Centre Pompidou, le Château de Versailles, les Musées d’Orsay et du Quai Branly, l’Opéra Comique, le Théâtre des Champs-Elysées, l’Athénée. Les formules

d’abonnement, avec 3, 6 ou 9 spectacles et expos, s’échelonnent de 45 à 470euros en solo et de 90 à 820euros en duo. Elles donnent aussi accès à des billets à prix réduit ainsi qu’aux activités du club (rencontres avec les artistes, visites guidées…). Deux mille Parisiens ont déjà craqué pour ce service culturel sélectif et centralisé. M R If you’re often in Paris, but always too busy to buy tickets to shows and exhibitions, then Waheb Lekhal’s Culture First can help. A cultural subscription service, in association with 20 or so partners, including the Pompidou Center, Château de Versailles and the Musée d’Orsay, it has the best seats for the best events, plus member-only specials.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

14 2


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 143

Infomania No u v e a u t é s à l ’ e s s a i

AudiS3

«A» plus «S»

C

hez Audi, le catalogue est étendu, mais la nomenclature toute simple. De 1 à 8, les chiffres montent selon la taille et le standing, de l’A1, citadine chic, à l’A8, longue et fine limousine. L’A3, c’est la berline, la compacte qui sait tout faire, de la route à la ville. Mais parfois, devant le chiffre, le A laisse la place à un S. Sportive ? Spéciale ? La S3 est tout cela, en trois ou cinq portes. A l’A3, la S3 ajoute un moteur et une atmosphère. L’habitacle, «fini comme une Audi» (la marque fait référence en la matière), incite le geste à la justesse. Le volant appelle la prise ferme, les sièges sont là pour vous tenir, on sent tout de suite que ça va bientôt bouger… A l’extérieur aussi, belle et discrète panoplie sportswear : de hautes roues chaussées plus large et plus bas, les discrètes lèvres aérodynamiques sous les portières, le bouclier avant aux plus grandes ouïes. La nouvelle S est plus basse, paraît plus longue. Elle a aussi minci de 70 kilos : aciers différents, aluminium… Prouesse d’ingénieurs, quand l’équipement augmente ! Voilà comment l’A3 devient une S3. «A» plus «S» font un

«as». Tenace ! Durable tradition, bien ordonnée, qui nous donne des S polyvalentes, qui elles aussi savent tout faire, la ville et le voyage, l’autoroute insipide et les rapides esses. Trois ou cinq portes, moteur 2000 cm3 turbo TFS, 300 ch, boîte manuelle 6 rapports ou S Tronic, transmission intégrale Quattro, 0 à 100 km/h en 5,1 secondes, 40 000 €.

Audi S3. To make an S3, take an Audi A3, lower and lengthen, shave off 70 kilograms (new types of steel, more aluminum), add some higher and wider wheels, discreet aerodynamic features, and generally “sportify” things. Beautifully finished – as are all Audis – the S3 is a car for the city or longer trips and handles snaky corners as well as it does straight motorway runs. 3 or 5 doors; 2-liter turbo TFS; 300hp; 6-speed manual or S Tronic, 0-100kmph in 5.1 seconds; €40,000

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

14 3


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:52

Page 144

Infomania

V

Dessoustricolores

ous trouvez le slip complètement ringard ? Pourtant, il est en train de (re)devenir le sousvêtement incontournable. A l’origine de ce phénomène : Guillaume Gibault, qui créé la marque Le Slip Français en septembre 2011. C’est au cours d’un dîner entre amis que ce jeune entrepreneur de 27 ans lance le pari qu’il arrivera à remettre le slip au goût du jour. Son idée? Faire du 100% made in France et jouer sur l’humour. C’est ainsi qu’il baptise ses différents modèles L’Intrépide, Le Redoutable, Le Vaillant, ou encore Le Triomphant, ou qu’en pleine campagne présidentielle il fait circuler sur le Web une vidéo qui parodie le slogan du PS en l’intitulant Le changement de slip, c’est maintenant ! Toutes les pièces sont confectionnées en Dordogne, et il les décline aux couleurs de la Nation, en bleu, blanc ou rouge. Son défi est relevé, puisqu’aujourd’hui sa marque est présente au BHV Homme, au Bon Marché, aux Galeries Lafayette et, bien sûr, sur son siteleslipfrancais.fr. En un peu plus d’un an, il a vendu 20 000 produits, et l’histoire ne devrait pas s’arrêter là, puisqu’il crée désormais maillots de bain, tee-shirts, culottes, caleçons, charentaises, chaussettes, sacs… pour elle, lui, les petits, afin d’être made in France de la tête aux pieds.

P

Styles d’été

our ce printemps, Best Mountain propose une silhouette moderne et sexy. En haut, un esprit «Woodstock», pour une veste courte brodée de sequins aux épaules et un mini-short à imprimé léopard. En bas, un esprit «Mad Men», avec une robe ceinturée à motif floral décolletée devant et derrière. This spring Best Mountain has a modern and sexy look with embroidered jackets and belted floral dresses.

DAPHNÉ DEGUINES

Founded in 2011 by 27year-old Guillaume Gibault, Le Slip Français makes trendy briefs and briefs trendy – and it makes them all in France. The brand creates underwear only in red, white or blue and in just over a year it’s sold over 20,000 pairs. Le Slip Français has now branched out into swimsuits, T-shirts, boxers and socks and is planning to head abroad.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

14 4


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

21/04/13

12:02

Page 145

Infomania

CASQUETTE«Chapeau» de Ceizer. CASQUEAtelier Ruby x III Studio. BIJOU PARFUMELisa Hoffman x Tom Binns. BONBONSSugarpova. POLOLacoste Live x Tezuka. CASQUE AUDIOExecutive Beats by Dre x colette, édité à 213 exemplaires.

Leshopping decolette colette. 213 rue Saint-Honoré, Paris I er. www.colette.fr

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

14 5


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

11:58

Page 146

E t o n n a n t s Pa r i s i e n s

AnaïsBouton

«ParisPremièreestune“lovemarque”» C

encore le choix d’Alexandra Golovanoffpour présenter la mode après le départ de Marie-Christiane Marek. «Plein de choses que j’assume et dont je suis fière ! sourit-elle. J’aime ce poste de directrice des programmes, car j’aime ParisPremière. J’ai démarré ici en 1993, en stage.»

Propos recueillis par M A X R O B E R T

Anaïs Boutonfinds herself head of programming at Paris Première at a strange moment for the TV network: it is awaiting a final answer from the Conseil d’État as to whether it can move from cable to free-to-view. (The regulator initially refused the request.) “If it says yes, editorially it will change everything,” says Bouton. “Paris Première will become a genuine alternative – cultural in an accessible way and popular in the best sense of the term.” She began at the network in 1993 as an intern. She moved onto other chains before returning 11 years later as editorial director: “So the controller job is a continuation; it doesn’t completely change my life.”

Marie Etchegoyen/Paris Premiere

’est à un drôle de moment de l’histoire de Paris Première qu’Anaïs Bouton devient directrice des programmes de la chaîne. A l’automne 2012, il y a eu l’explosion en plein vol de l’état-major de cette filiale de M6. La présidente, Karine Blouët, cédait son fauteuil à Jérôme Bureau, le directeur de l’information de M6, tandis que le directeur des programmes depuis onze ans, Jacques Expert, laissait le sien à Anaïs Bouton, sa directrice éditoriale. «J’avoue avoir été étonnée que M6 m’offre le poste, reconnaît la jeune femme. Je travaillais depuis longtemps avec Jacques Expert, et je ne pensais pas que je resterais sur la chaîne le jour où il la quitterait. De plus, étant à la fois une femme et une journaliste, j’étais persuadée que je n’aurais jamais le poste. M6 est un groupe qui fait confiance aux femmes. Bibiane Godfroid est bien directrice générale des programmes de M6.» Mais, si l’époque est particulière pour ParisPremière, c’est surtout que la chaîne est suspendue à une décision du Conseil d’Etat. Le groupe M6 a en effet déposé un recours devant l’autorité qui tranche les litiges administratifs après que le CSA lui a refusé le droit de diffuser ParisPremière sur la TNT gratuite. «Si le Conseil d’Etat nous dit oui, cela change tout éditorialement, réfléchit à voix haute Anaïs Bouton. Nous deviendrions alors une chaîne gratuite nationale avec un bassin d’audience plus grand. ParisPremière serait une véritable offre alternative: culturelle d’une façon abordable et populaire au meilleur sens du terme. Notre cinéma est très éditorialisé, et notre offre de magazines, notamment culturels, sans équivalent. A part l’information et le reportage, nous n’avons rien à envier aux “grandes” chaînes.» Un paysage audiovisuel français déjà bouleversé par le tremblement de terre qu’a représenté l’arrivée, l’hiver dernier, de six nouvelles chaînes de la TNT et la reprise de Direct8 par Canal+. «On est comme après un tsunami : on attend de voir avant de repartir, explique la responsable. Tout le monde se demande quelle sera la nouvelle économie des chaînes. Notre chance, c’est d’être une “love-marque”. Les gens adorent ParisPremière. Ils connaissent bien la chaîne: en vingt-six ans, ils ont grandi avec, et ils se souviennent de nos émissions, celles de Thierry Ardisson, par exemple. Et c’est rare, une chaîne du câble-satellite dont le public connaît les programmes ! C’est parce que nous avons toujours gardé la même ligne: être chic et apporter un peu de réflexion. ParisPremière a une identité, et c’est pour cela que c’est la chaîne la plus regardée le soir sur le câble-sat.» Avec la complicité de Jacques Expert, Anaïs Bouton peut revendiquer Ça balance à Paris, 17e sans ascenseur, Cactus, Zemmour& Naulleau, ou


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:11

Page 147

PALACESCOPE L’agenda très parisien

©Beboy. Fotolia

Expositions Bonnes adresses Musique Nuit

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

147


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:11

Page 148

Les Expositions

RonMueck Sculpteurdecontes L

es étiquettes de l’histoire de l’art traduisent certes la succession des mouvements et des courants qui se sont succédé, mais elles ne sauraient fort heureusement épuiser le sujet ni définir les artistes qu’elles sont censées répertorier. C’est le cas notamment des sculptures dites réalistes de Ron Mueck, face auxquelles le visiteur confondu par la virtuosité de la reproduction ne sait plus sur quel pied danser. On peut toujours appeler à la rescousse le pop art ou l’hyperréalisme, sans pour autant écarter le trouble qui, à chaque fois que des œuvres de Ron Mueck sont présentées, s’empare des spectateurs. Que dit en effet cet innocent baigneur enduit de crème solaire accroché à son matelas pneumatique (Drift, 2009) ? Suffit-il d’y voir la description d’un paisible bain de soleil, ou faut-il s’inquiéter de ce qui se cache derrière les lunettes noires du vacancier ? Tout va bien, sauf qu’il est littéralement pendu au mur, et qu’il disparaît presque sur un fond turquoise simulant l’océan. Il flotte ainsi à l’horizon au-dessus de la tête des spectateurs. S’abandonne-t-il à la rêverie, ou est-il laissé à l’abandon ?

Et ses deux bras qui pendent au ras de l’eau, n’est-ce pas là le souvenir diffus d’une référence pour le moins surprenante, si l’on associe l’image de cette dérive des loisirs modernes à la figure plus ancienne de la crucifixion ? A ce glissement fortuit des associations s’ajoute tout un jeu d’échelles des objets représentés, qui ne sont jamais à taille humaine. Du garçon accroupi de 5 mètres de haut (Boy, 1999) aux deux vieilles femmes qui ne dépassent pas le mètre (Two Women, 2005), le rapport des hauteurs perturbe constamment la perception. Flottement accentué par l’extrême précision de l’imitation, qui fait douter de la pertinence des oppositions entre la copie et l’original. Incertitude qui habite au plus haut point cette statuaire capable de façonner, par le biais des matériaux employés –fibre de verre, résine, silicone–, tous les signes de la véracité corporelle : des grains de beauté à la disposition parfaite des cheveux, sans oublier les veines et les rides. Pour un peu, comme dans le conte, la statue pourrait revenir à la vie. Et pourtant, non, la Belle au bois dormant ne sortira pas de son sommeil, mais, en attendant,

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

148


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:11

Page 149

Les Expositions

le monde conçu par Ron Mueck s’éveille bel et bien agité par l’ambiguïté affichée de ses personnages. Au premier rang de ceux-ci, son autoportrait (Mask II, 2001-2002) recompose son propre visage surdimensionné aux paupières baissées et incliné sur le côté droit. Assoupi, l’artiste, à mi-chemin du rêve et de la réalité, songe aux créations qu’il nous propose et surtout aux différents éléments narratifs qui accompagnent ses réalisations. Formes quasi romanesques que nous reprenons dans les multiples récits de nos vies partagées entre le réel et l’imaginaire, nous accordant ainsi aux mystères universels de ce sculpteur de contes. BERTRAND RAISON

FONDATION CARTIER.Ron Mueck. 261 boulevard Raspail, Paris XIVe. 01 42 18 5650. Jusqu’au 29 septembre.

Story sculptor Ron Mueck is about proving that looks can be deceiving. Take Drift, his 2009 sculpture of an ordinarylooking bather lying on an air mattress, whose arms Mueck puts out to the sides and who he hangs vertically on a turquoise wall. So our swimmer becomes suddenly Christlike, a leisure-time Crucifixion. The artist can’t resist playing around with the scale of his hyperrealistic sculptures (right down to veins and beauty spots), either: a squatting child (Boy, 1999) is five-meters tall, but a couple of old ladies (Two Women, 2005) don’t reach a meter. Then there’s Mask II (2001-2002), an oversized sleeping face. It’s a self-portrait halfway between dream and reality, impossible to classify – the perfect description of both the man and his work.

«Mask II», 2001 ©Ron Mueck Photo courtesy Anthony d’Offay, Londres. «Atelier de Ron Mueck», janvier 2013 ©Ron Mueck, Photo ©Gautier Deblonde. «Drift», 2009 ©Ron Mueck Photo courtesy Anthony d’Offay, Londres et Hauser & Wirth. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

149


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:12

Page 150

Les Expositions

KeithHaring C

omme Jean-Michel Basquiat (1960-1988) dont il était le strict contemporain, Keith Haring (19581990) a connu la grâce de la célébrité planétaire avant de disparaître dans l’éclat de sa jeunesse. Doué d’un talent d’improvisation impressionnant, ce dessinateur prolifique a commencé son aventure artistique dans le métro new-yorkais. De 1980 à 1985, il a réalisé plus de 5 000 dessins tracés à la craie blanche sur le fond noir des panneaux en attente de couverture publicitaire, courant le risque permanent de se retrouver au commissariat, ce qui d’ailleurs n’a pas manqué de lui arriver. Mais l’étiquette de graffeur ne lui convient pas plus qu’elle ne conve nait à Basquiat, parce qu’il se considère davantage comme un activiste politique qui recherche le meilleur moyen de rendre l’art accessible au plus grand nombre, plutôt que de se contenter d’être seulement apprécié par les amateurs d’art. Et puis, disait-il, «il y a plus de gens qui fréquentent le métro que les musées». Il a arrêté l’expérience dès que les collectionneurs se sont avisés d’arracher ses affiches. Entre-temps, la reconnaissance intervient sans crier gare. Dès 1982, il expose dans une des meilleures galeries de New York et en profite pour sillonner le monde et participer à la mise en place de peintures murales à Pise, Barcelone, Chicago, Paris… Très vite, il y a une signature Keith Haring, un vocabulaire, qui emprunte à la bande dessinée et aux aplats interconnectés de Dubuffet. Dans le sillage de Warhol, il transforme la pop culture, simplifie les formes avec cette manière bien à lui d’exploiter une série d’icônes récurrentes où l’on retrouve pêle-mêle des chiens et des hommes sur le qui-vive, tous gagnés par l’intensité explosive du trait, par cette dynamique des silhouettes qui déferle sur tous les supports. Artiste nomade, électron libre du marché de l’art, Keith Haring se déplace là où on ne l’attend pas et, fidèle à son programme politique, il s’investit. Pas de déclaration tonitruante, juste agir : dans une cour d’école, sur les murs d’une piscine ou à l’intérieur d’un hôpital. Il suffit d’oser, d’affirmer noir sur blanc que «le crack, c’est nul» ou de donner à plusieurs centaines d’adolescents la possibilité de dessiner sur les murs de leur ville ; une collaboration spectaculaire qui intégra, à Chicago, les œuvres des étudiants dans

l’immense fresque peinte par l’artiste. Cette générosité déborde à plus d’un titre, elle s’exprime tout aussi bien dans la volonté d’utiliser les lieux publics que dans celle de se dérober constamment à l’univers strict du musée, ce qui était la raison d’être du Pop Shop, ce magasin créé par Keith Haring, qui souhaitait que l’on puisse accéder directement à son univers. Pour prendre la mesure de cet appétit insatiable, on n’hésitera pas à se rendre au 104, qui, en collaboration avec le Musée d’art moderne, présente les œuvres grand format, et notamment Les Dix Commandements, un ensemble monumental rarement montré. B E R T R A N D R A I S O N MUSÉE D’ART MODERNE.Keith Haring. The political line. 11 avenue du Président-Wilson, Paris XVIe.01 53 67 40 00. Jusqu’au 18 août. «Untitled», 23 septembre 1986 ; «Untitled», 25 septembre 1985 ©Keith Haring Foundation.

Like his contemporary Jean-Michel Basquiat, Keith Haring was always more than just a graffiti artist. He worked in the streets and in galleries from the get-go and his visual language – comic books meet Dubuffet – quickly became a trademark. Like Warhol, he was interested in breaking down the barriers between high and low art. So he opened his Pop Shop to give people easy access to his work and, right up until his death aged 31 in 1990, worked to bring his messages (“Crack is Wack”) to the people in murals from Brazil to Australia to Berlin to Paris to his final work in Pisa.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

150


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:12

Page 151

Les Expositions

N

icole Kidman, Elizabeth Hurley, Elton John, Céline Dion, Britney Spears, Scarlett Johansson, Demi Moore, Julia Roberts, Ashley Judd, parmi les stars. Christy Turlington, Eva Herzigova, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Gisele Bündchen, Natalia Vodianova, Kate Moss, Eugenia Volodina, parmi les top models. Le tableau est impressionnant, du plus beau chic, et correspond tout simplement à la partie spectaculaire de l’album de Patrick Demarchelier. A 70 ans tout ronds, ce natif du Havre qui commença à photographier à 17 ans est incontestablement l’une des quelques stars de l’image de mode, de beauté et de publicité. S’il a signé des films et des spots publicitaires pour les plus grandes marques du luxe, c’est essentiellement sa photographie, pure et élégante, qui retient l’attention. C’est elle qui lui donne accès aux cimaises des galeries et au marché de l’art. La photographie dite «appliquée» a longtemps été largement plus méprisée que le reste de l’image argentique, au nom d’une supposée collision entre argent et création qui aurait dévalorisé une supposée «pureté» de la démarche. Si l’image d’architecture commence à être acceptée, celles produites dans l’industrie sont toujours ignorées, comme l’ont longtemps été celles des photographes de studio. Quant à l’image de mode, censée n’avoir de sens –et certains photographes de grand talent, comme Guy Bourdin, ont défendu ce point de vue– que dans les pages glacées des magazines, les traitements de la mode par des regards aussi singuliers et inventifs que ceux d’un Richard Avedon, d’un Irving Penn, d’un Helmut Newton, d’une Lillian Bassman, d’une Sarah Moon, entre autres, ou avant eux d’un Cecil Beaton ou d’un Man Ray trouvent leur place chez des collectionneurs sérieux, voire fanatiques et spécialisés. Il a cependant fallu que des amateurs respectés, comme Sam Wagstaff, affirment qu’ils refusaient de considérer l’importance et la qualité d’une image en raison de son aspect «commercial» ou fonctionnel pour que cessent les approches négatives. Confirmation que n’a aucun sens de classer les photographes en catégories «de mode», «de reportage», «de nature morte» ou «de portrait», pour ne citer que quelques genres majeurs. On voit clairement que, comme dans tous

les métiers, il y a ceux qui ont du talent, ceux qui ont quelque chose en plus à dire, qui l’appliquent à tout ce qu’ils regardent et qui se différencient, de fait, des respectables techniciens, professionnels utiles et exécutants laborieux, qui sont la majorité. Patrick Demarchelier appartient évidemment au petit monde de ces faiseurs d’images qui savent apprivoiser la lumière pour inventer une image qui va révéler un corps, un vêtement, modeler un visage, faire surgir d’un geste une grâce rare. C’est en cela, dans sa façon de connaître la lumière et dans une belle organisation classique –mais jamais évidente dans son apparente simplicité– à l’intérieur du cadre, qu’il est photographe. Ce n’est pas parce que, sur son site, il propose de la mode, de la beauté ou de la publicité pour attirer et séduire des clients qu’il se nie en tant que créateur. Au contraire, c’est dans ces domaines d’autant plus difficiles qu’ils sont codés que son exigence dépasse l’apparence du propos. Et l’on oublie la liste des célébrités qui ont défilé devant son objectif pour laisser place au plaisir de portraits subtils et sensuels, on ignore la griffe des vêtements que portent ses mannequins pour se laisser aller à l’évidence de l’accord des élégances. On est heureux.

PatrickDemarchelier

CHRISTIAN CAUJOLLE.

A. Galerie. Patrick Demarchelier.Desire. 12 rue Léonce-Reynaud, Paris XVIe. 01 47 20 79 88. Jusqu’à fin juillet. ©Patrick Demarchelier, A. Galerie.

Patrick Demarchelier, native of Le Havre and now aged 70, has photographed them all – Kidman, Roberts, Johansson, Moore, Schiffer, Bündchen, Moss. Which makes some see him as “just” a fashion photographer, even if one look at his subtle and sensual portraits tells you the contrary. Demarchelier is one of the small group of photographers whose talent lets them to master light and create images that reveal bodies and clothing and model faces to reveal a rare grace. He takes the rules of fashion photography and transcends them through the strength of his pure, elegant talent.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

151


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:13

Page 152

Les Expositions

PaulJacoulet

L’enchantementdesmersduSud

N

ul n’est prophète en son pays : rien n’est plus vrai. Il aura fallu un demi-siècle à Paul Jacoulet (1896-1960) pour obtenir la reconnaissance de l’institution muséale française. Ses descendants, par le biais d’une extraordinaire donation de près de 3000 estampes, dessins, aquarelles et objets divers, se sont assurés contre les oublis de l’histoire. Reste à découvrir l’œuvre, ce qui prendra un peu plus de temps. Heureux bénéficiaire de la générosité des légataires, le Musée du quai Branly fête l’événement en montrant une partie de ce que l’artiste a ramené de ses voyages des mers du Sud. Au milieu des croquis, des carnets de notes, des couleurs, tout un monde insulaire rythmé par la lumière de l’océan Pacifique et baigné dans une végétation tropicale accompagne le visiteur tout au long de son parcours. Premier émerveillement : ces visages, ces parures, ces coiffures, ces tatouages, ces insectes décrivent-ils vraiment un état des lieux de ces îles de l’extrême telles qu’elles apparaîssaient au début des années 1930 ? Ou, plus simplement, sommesnous victimes de quelque vertige esthétique face à un univers imaginaire très bien, trop bien, dissimulé sous les traits de la précision documentaire? Le charme de Paul Jacoulet consiste-t-il à nous laisser dans cet état d’indécision, dans cet entre-deux de la séduction qui nous permettrait de contempler les derniers éclats d’une civilisation sur le point de disparaître ? Mais il y a plus : une connivence profonde lie le voyageur aux habitants de ces lagons et de ces atolls dispersés au nord de l’Australie. Car Jacoulet est, de par sa formation, le dernier héritier de la tradition japonaise des peintres d’estampes. Venu au Japon à la fin du XIXe siècle, ce Français de naissance a passé toute sa vie dans l’archipel. Formé aux techniques de la gravure sur bois par les maîtres du genre, il en a perpétué l’usage au point d’ouvrir un atelier à Tokyo et d’y connaître le succès. Or, et c’est tout à fait curieux, Jacoulet, tout au long de sa carrière, s’il connaît son art sur le bout des doigts, évitera les sujets japonais, il privilégiera la Chine, la Corée et, notamment, la Micronésie. On retrouve toutes les techniques de l’estampe, les plans rapprochés, l’absence de perspective, mais sans les références obligées des paysages et des figures du SoleilLevant, ce qui l’autorise à transposer très librement ses motifs dans d’autres contextes et à renouveler considérablement l’art traditionnel de l’estampe. La fascination du Sud ne cessera d’obséder l’artiste. D’autres avant lui, non sans nostalgie, ont été frappés par la grâce de ces terres australes, de Gaugin à Emil Nolde, pour ne citer que les plus flamboyants. Mais, alors que ceux-ci déplorent l’évanouissement de toute une société, Jacoulet va convoquer son immense savoir-faire pour recréer les conditions du mirage, pour mélanger étroitement tubéreuses et papillons multicolores aux poses alanguies d’une population vouée à la sensualité luxuriante des corps et des plantes. C’est cette mise en scène que nous contemplons, cette organisation méticuleuse qui, sous le prétexte de la description, magnifie les visages et les gestes, nous donnant à voir, par le biais d’un artifice consommé, la splendeur persistante du bonheur. B E RT R A N D R A I S O N

MUSÉE DU QUAI BRANLY.Un artiste voyageur en Micronésie. L’univers flottant de Paul Jacoulet.37 quai Branly, Paris VIIe. 01 56 61 70 00. Jusqu’au 19 mai. «Margarita, jeune femme de Truck», 1934 ; «Une Parisienne», 1934 ;«Vieil Aïno», octobre 1950 ©Musée du Quai Branly, photo Claude Germain ©Adagp, Paris 2013.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

152


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 153

Les Expositions

Paul Jacoulet (1896-1960) was a Frenchman who lived all but four years of his life in Japan, an artist who mastered Japanese woodblock printing but rarely featured anything Japanese in his work. Instead, Jacoulet travelled to islands of the South Pacific. A recent donation by his heirs to the Musée du Quai Branly in Paris means visitors can discover part of a 3,000-strong collection of prints, watercolors, sketches and

notebooks, which tracks a disappeared world of faces, jewelry, hairstyles and tattoos. The work, a sort of aesthetic ethnography, contains all the characteristics of Japanese prints – close-ups, a lack of perspective – but the change of subject creates not only a new vision of the islanders, but also expands the limits of woodblock printing.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

153


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 154

Les Expositions

C

Lasaga Mirkine

’est exactement sous le soleil de la Côte d’Azur, à Vence, les sunlights des studios de la Victorine à Nice et les flashs du Festival de Cannes qu’est née puis s’est forgée l’œuvre et la réputation légendaire des photographes Léo et son fils Yves, dit «Siki», Mirkine. Plus de 120 000 négatifs témoignent ainsi d’un demi-siècle de cinéma français vu par un tandem à nul autre pareil. Pour la première fois à Paris, et jusqu’au 25 mai, une exposition présente une sélection de photos signées Mirkine. Parmi elles, plusieurs tirages de Brigitte Bardot dans le cultissime EtDieu créa la femme, mais aussi des portraits, entre 1955 et 1976, de Grace Kelly, Simone Signoret, Catherine Deneuve, Sophia Loren, Romy Schneider et Alain Delon, Jane Birkin, Serge Gainsbourg ou encore Sharon Tate et Roman Polanski au Festival de Cannes… Léo Mirkine est né à Kiev, en Ukraine. Il a 9 ans quand sa famille, fuyant la révolution d’Octobre, s’installe à Nice. Après les Beaux-Arts et un peu de figuration à la Victorine, il devient assistant décorateur avant de s’imposer comme photographe de plateau. Ainsi donnera-t-il à vivre, de l’intérieur, le tournage de plus de 150 films. Parmi lesquels J’accuse d’Abel Gance, Les Diaboliques de Clouzot, Et Dieu créa la femme de Vadim et tous les longs-métrages de ChristianJaque jusqu’à Fanfan la Tulipe, en 1952, où il est rejoint par son fils Sirki… Sur les traces de son père, celui-ci devient à son tour photographe de plateau de José Giovanni pour La Scoumoune, Jean Cocteau pour Le Testament d’Orphée, avant d’opter pour le poste d’opérateur, notamment des films de Georges Lautner… Mais c’est le Festival de Cannes qui fera leur notoriété. Léo, dès la première édition, en 1946, son Rolleiflex en bandoulière, avec son fils, qui le rejoint dès 1951, seront les plus fidèles des abonnés, les témoins privilégiés et les ambassadeurs les plus glamour de la manifestation internationale. Père et fils, qui ont connu la guerre, la Résistance et ont échappé de peu à la déportation, ont toujours porté sur le monde un regard empreint d’humanité et de respect. Là est leur talent, leur patte, dans la complicité et l’intimité qu’ils ont su instaurer avec les acteurs et les réalisateurs. Aucun attaché de presse, agent ou publiciste ne vient interférer. Ici, l’échange est évident, le respect tangible, la confiance, mutuelle, et le naturel… naturel ! Pas de photos volées chez eux, mais des clichés au noir et blanc dense, à la luminosité subtile (ils avaient leur

propre studio de développement) qui immortalisent dans la beauté et l’innocence de leur jeunesse des stars alors en «libre accès». Des stars entre quatre yeux. Vulnérables et d’autant plus attachantes. Deux visionnaires témoins d’une époque à jamais révolue. Le secret ? «Se trouver avant les autres au bon endroit, disait simplement Léo Mirkine. Et deviner que ce qui semble aujourd’hui sans importance sera demain de l’histoire.»

MICHEL REBICHON

GALERIE PHOTO 12.Mirkine et Dieu aima la femme… 14 rue des Jardins-Saint-Paul, Paris IIe. 01 56 80 14 40. Jusqu’au 25 mai. «Jeanne Moreau», Festival de Cannes, 1958 ©Léo Mirkine.

Having survived both the Russian revolution and World War II, Leo Mirkine began photographing film stars in the late 1940s, on set and at the Cannes Film Festival. In the early 1950s he was joined by his son Yves. Their joint archive contains 120,000 negatives – some of which are now on show in Paris – and includes portraits of Brigitte Bardot, Grace Kelly, Simone Signoret, Catherine Deneuve, Sophia Loren, Romy Schneider, Alain Delon, Jane Birkin and Serge Gainsbourg. The pair’s work is the opposite of today’s stolen paparazzi shots; they are carefully posed portraits in dense black and white that reveal another time, when stars’ best friends weren’t their publicists.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

154


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 155

Antoine Desailly

Exposition du 4 juin au 10 juillet

Galerie W

44 rue Lepic Paris 18 www.galeriew.com / 01 42 54 80 24

Antoine Desailly Composition de vingt dessins Huile, acrylique et mixte sur toile 2011 Š Galerie W


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 156

E

Icônes

ncore une exposition consacrée aux stars du rock des années 1960 à 1980. Ici, ce sont les images de Gijsbert Hanekroot, auteur de l’ouvrage Abba… Zappa : Seventies Rock, et de Baron Wolman, photographe américain et rédacteur en chef de la photographie du magazine Rolling Stones dans les années 1960, qui sont présentées. GALERIE BLUMANN.Icônes. 4 place des Vosges, Paris IVe. 06 09 93 55 22. Jusqu’à fin juin. «David Bowie» ; «Keith Richards» ©Gijsbert Hanekroot, Amsterdam.

D

Jean-MariePérier

es tirages issus des archives de Jean-Marie Périer. Celui qui fut, avec Salut les copains, le témoin de l’explosion pop et yé-yé des années 1960 a su capter, avec ses images intimes des stars et ses mises en scène travaillées, tout l’esprit et le style d’une époque. POLKA GALERIE. Jean-Marie Périer. Rock’n’roll. 12 rue Saint-Gilles, Paris IIIe. 01 76 21 41 30. Jusqu’au 4 mai. «James Brown», Etats-Unis, avril 1967 ©Jean-Marie Périer.

French photographer Jean-Marie Périer’s work captures the birth of pop music in the 1960s. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

156

Rock star photos from 1960 to 1980s, the work of Gijsbert Hanekroot and Baron Wolman, the latter an exphoto editor at Rolling Stone.


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 157

Bernard Quentin «La vie est belle»

Bernard Quentin La vie est belle Sculpture suspendue en bois 270 x 220 cm 2011 © Galerie W

Exposition du 10 mai au 30 mai

Galerie W Matignon 35 avenue Matignon Paris 8

www.galeriew.com / 01 42 54 80 24


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 158

FélixZiem

L

e Petit Palais expose une centaine d’œuvres de Félix Ziem (1821-1911), artiste nomade et excentrique guidé par sa quête de nature idéale. Peintre de l’école de Barbizon, il resta toujours indifférent au courant réaliste. L’exposition est articulée autour de ses voyages et de son amour pour l’art du paysage. En particulier les paysages de Venise et Constantinople. LE PETIT PALAIS.Félix Ziem. J’ai rêvé le beau.Avenue Winston-Churchill, Paris VIIIe. 01 53 43 40 00. Jusqu’au 4 août. «Envol de flamants roses, étang du Vaccarès» ©Petit Palais/Roger-Viollet.

Eccentric and nomadic painter Félix Ziem was part of the Barbizon School and known for his studies of Venice and Constantinople.

Rodin,lachair,lemarbre

O

n pourra découvrir une cinquantaine de marbres qui retracent l’évolution stylistique de Rodin et témoignent de l’importance de ce matériau dans sa carrière. Il en fit l’un de ses moyens d’expression favoris, grâce à l’utilisation de la technique du «non finito», qu’il maîtrisait à merveille. On retrouve bien sûr ses sculptures les plus connues, Le Baiser et La Danaïde, toujours aussi émouvantes, car le marbre prend ici toute sa dimension sensuelle. MUSÉE RODIN. Rodin, la chair, le marbre.79 rue de Varenne, Paris VIIe. 01 44 18 61 10. Jusqu’au 1er septembre. «La Danaïde» ©Musée Rodin/ Photo : Christian Baraja.

Fifty marble sculptures by Rodin trace his stylistic evolution and his mastery of the medium.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

158


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 159

Bruno Pontiroli

Exposition du 4 juin au 30 juin Vernissage / Nocturne Rive Droite mercredi 5 juin

Galerie W Matignon 35 avenue Matignon Paris 8

www.galeriew.com / 01 42 54 80 24

Bruno Pontiroli Sans titre Huile sur toile 89 x 130 cm 2011 Š Galerie W


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 160

Les Expositions

FredEerdekens

F

red Eerdekens, artiste belge, déjà reconnu aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, présente pour la première fois à Paris son répertoire poétique. Se considérant lui-même comme un «sculpteur qui écrit», il utilise divers matériaux –souvent ceux issus du quotidien– pour créer des sculptures dont l’ombre, une fois éclairée, projette une phrase sur le sol ou le mur. Ainsi, un simple amas de vêtements se transforme en «Life itself is not enough» et incite le spectateur à s’interroger sur les apparences qui, parfois, peuvent être trompeuses ! GALERIE MAGDA DANYSZ.Fred Eerdekens.78 rue Amelot, Paris XIe. 01 45 83 38 51. Jusqu’au 8 juin. «Ecriture automatique» ©Fred Eerdekens, courtesy Magda Danysz Gallery.

Fred Eerdekens is a self-described “sculptor who writes,” whose work is being shown for the first time in Paris.

A

GillesOuaki

près s’être intéressé à la violence en France, Gilles Ouaki présente des œuvres plus douces: I Lock You est une série d’images des cadenas que les amoureux du monde entier de passage à Paris accrochent sur les grilles du pont des Arts; Street Art est le résultat d’une collaboration avec une quarantaine de grands noms du graff ; la dernière série, Les Panoramiques, offre des photographies extra-larges recueillies au gré de voyages. GALERIE MORETTI & MORETTI.Gilles Ouaki. I lock you & more.6 cour Bérard, Paris IVe. 09 50 90 29 01. Jusqu’au 22 juin.

«Cadenas 7», 2013 ;«Cadenas 8», 2013 ©Gilles Ouaki.

Gilles Ouaki’s latest exhibition features love padlocks from Paris’ Pont des Arts, graffiti artists, and panoramic travel shots.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

160


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 161

CharlesFréger

L

e MAC/VAL présente une exposition photographique de Charles Fréger. Sa série des Wilder Mann met en lumière des hommes sauvages vêtus de costumes en peau ou végétaux couverts d’ornements. Tel un anthropologue, Charles Fréger part aux quatre coins de l’Europe à la rencontre de ces hommes célébrant le cycle des saisons en revêtant des costumes «sauvages». Des rites et des traditions méconnues. On découvrira des hommes ours, chèvres, cerfs ou sangliers… LE MAC/VAL.Charles Fréger. Wilder Mann.Place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94). 01 43 91 64 20. Jusqu’au 26 mai. «Boes», Sardaigne, série «Wilder Mann» ©Charles Fréger 2010 -2011.

Photographer Charles Fréger’s Wilder Mann project saw him crisscross Europe in search of the mythical figure of the Wild Man. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

161


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

L

21/04/13

12:14

Page 162

EugèneBoudin

e Musée Jacquemart-André consacre une rétrospective à celui que Corot surnomma «le Roi des ciels». Considéré comme l’un des précurseurs de l’impressionnisme, Eugène Boudin a parcouru l’Europe pour restituer les atmosphères particulières dont il était témoin. Il fut l’un des premiers artistes français à peindre hors de l’atelier, et son style est reconnaissable à sa façon de restituer des éléments insaisissables, comme le ciel, les vagues, l’eau… Claude Monet écrivit à la fin de sa vie : «Je dois tout à Boudin.» MUSÉE JACQUEMART-ANDRÉ.Eugène Boudin. 158 boulevard Haussmann, Paris VIIIe. 01 45 62 11 59. Jusqu’au 22 juillet. «Plage aux environs de Trouville», 1864 ©Art Gallery of Ontario, Toronto, anonymous gift, 1991/AGO 2012.

Considered a precursor of the Impressionists, Eugène Boudin was an artist of atmosphere who worked in watercolors, pastels and paint.

L

JanGroover

a Galerie Paul Frèches consacre une rétrospective à Jan Groover, photographe américaine singulière, disparue récemment. Jan Groover débute sa carrière dans la peinture abstraite pour se tourner très vite vers la photographie, et notamment les natures mortes, genre qu’elle ne cessera de réinventer. En 1991, elle s’installe en France, après avoir acheté une caméra de banquet, un appareil photographique de format panoramique. Le MoMA de New York lui a rendu hommage en lui consacrant une exposition personnelle en 1987. GALERIE PAUL FRÈCHES.Jan Groover. 48 rue de Montmorency, Paris IIIe. 09 81 43 12 24. Jusqu’au 18 mai. «Untitled», 1978, Courtesy Galerie Paul Frèches.

Late American photographer Jan Groover’s still lifes are at the heart of this retrospective.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

162


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 163

Troy Henriksen «Let’s get wasted»

Troy Henriksen «Everyday Gangsta» Acrylique et mixte sur toile 120 x 120cm 2013

Exposition du 7 juin au 14 juillet

Galerie W

44 rue Lepic Paris 18 www.galeriew.com / 01 42 54 80 24


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:14

Page 164

Les Expositions E t o n n a n t s Pa r i s i e n s

NathalieObadia

Du côté de la Création collectionneurs s’est ouvert. Le collectionneur n’est plus e monde des marchands d’art est résolument masune figure marginale. Des chefs d’entreprise, des banculin. Rares sont les femmes qui ont su s’y faire un quiers collectionnent. Non parce que c’est une mode, mais nom qui traverse le temps et les frontières. Denise René, parce qu’ils y trouvent une valeur ajoutée intellectuelle. qui a disparu récemment presque centenaire, a été l’une Parce que collectionner est intéressant : on rencontre des d’entre elles. En France, on connaît aussi l’Américaine artistes, des galeristes.» Le métier a donc complètement Marian Goodman. Nathalie Obadia s’inscrit dans changé ? «Je dirais plutôt qu’en vingt-cinq ans il a beaucette lignée. A la tête de trois galeries, deux à Paris et une coup évolué. Il s’est sophistiqué. Mais il ne s’agit pas pour à Bruxelles, elle peut se féliciter d’avoir relevé le défi. D’autant que le métier a changé. Il s’est internationalisé, autant d’une révolution. Ce métier repose sur la relation entre le collectionneur et le marchand, l’artiste complexifié. Impossible de l’exercer sans passer «Paris et le marchand, et celle-ci ne peut pas, ne doit sa vie aux quatre coins du monde. De Paris à New estredevenu pas changer. Elle reste à l’échelle humaine.» York, de Bâle à Dubaï et Hongkong, de l’Inde à depuisdixans La deuxième galerie parisienne de Nathalie l’Australie, Nathalie Obadia est présente sur toutes uneplace les grandes foires internationales en quête de nou- incontournable Obadia, inaugurée il y a deux mois en plein Marais à deux pas de la première, reste à veaux artistes à découvrir et promouvoir. «Si cerdel’art tains grands artistes internationaux y sont partout contemporain, l’échelle humaine. Un cube de 300 m2 éclairé par présents, on peut aussi y découvrir des artistes de une verrière dans l’ancien atelier du peintre de etlesartistes la région, asiatiques à Hongkong, arabes à Dubaï.» l’abstraction constructiviste Jean Dewasne. étrangers, Sa galerie compte aujourd’hui plus de la moitié c’estnouveau, C’est ainsi que Nathalie Obadia a souhaité fêter d’artistes étrangers. De l’Indienne Rina Banerjee les 20ans de sa galerie. Une nouvelle jeunesse. ontenvie à la Franco-Portugaise Joana Vasconcelos, du FranPropos recueillis par N A D I N E V A S S E U R d’yexposer.» çais Guillaume Bresson à 3 rue du Cloître-Saint-Merri et l’Américaine Fiona Rae. Et 18 rue du Bourg-Tibourg, Paris IVe. ce dans les genres les plus divers, peinture, installaNathalie Obadia has two tion, vidéo, photographie… galleries in Paris, one in Des artistes qu’elle Brussels, and a presence at expose dans ses galeries, all the world’s biggest art mais aussi dans les plus fairs. “You can discover new prestigieuses institutions. artists in each region,” she Le photographe Youssef says, and her stable of artists Nabil a été exposé à la now includes Indian Rina Maison européenne de la Banerjee, French-Portuphotographie, Joana Vasguese Joana Vasconcelos, concelos au château de Verand American Fiona Rae. sailles, Rina Banerjee au “The job’s evolved in 25 Musée Guimet. Bientôt, ce years. Over the past decade sera Lorna Simpson au Jeu Paris has once again become de Paume. Une manière de central to contemporary art, les faire connaître par un and foreign artists want to public plus vaste, différent exhibit here. The world of du seul public des galeries. collectors has opened up, «Aujourd’hui, tout bouge : too, and not because it’s les galeries, les institutions fashionable – they find an muséales, qui s’ouvrent au intellectual added value in contemporain. Et bien sûr it. Yet,” she concludes, “it’s les artistes. Paris est redestill about the relationship venu depuis dix ans une between collector and place incontournable de dealer, artist and dealer.” l’art contemporain, et les artistes étrangers, c’est nouveau, ont envie d’y exposer. L’univers des PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

164

Luc Castel, courtesy Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

L


205-275_1 SPQ: 205L x 270H + 5mm 02/04/13 13:08 Page1

I d é e s - D e s i g n - É v a s i o n - A r c h i t e c t u r e - Te n d a n c e s / N ° 1 0 0 - a v r i l - m a i 2 0 1 3 - 5 €

Nos 100 plus belles photos

NUMÉ

ANNIV

COLLE

Le best of des dessins de Paolo Mariotti Les 100 icônes incontournables du design

City guide Paris bobo chic

E

CTOR

Les 100 meilleurs hôtels urbains dans le monde

Déco 12 intérieurs comme on les aime

RO

ERSAIR

100%

LIFESTYLE

L E M A G A Z I N E D É C O N O U V E L L E G É N É R AT I O N


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:15

Page 166

Les Expositions Dans l’Intimité d’un Collectionneur

LeïlaVoight

L’Art comme une Aventure

L

eïla Voight est née dans l’art. Elle s’est imprégnée d’une histoire familiale où se dessinent des personnages romanesques, aventuriers du Nouveau Monde, collectionneurs et mécènes. Elevée dans une ambiance bohème par ses grands-parents, au gré de maisons ouvertes aux amis artistes, elle garde en elle les «odeurs de cuisine mêlées aux odeurs de peinture et de colle». Claire Voight, sa grand-mère américaine, avait fait fortune en inventant le sous-titrage de l’image ; illettrée, elle deviendra érudite, vivra au cœur bouillonnant du Paris artistique des années 1930, fera revivre Vallauris après-guerre, aidée par Malraux, en y fondant le Festival de la céramique. Cette femme emblématique lui insuffle la force de «tous les possibles», tandis que son père, Robert J. Godet, s’il disparaît prématurément dans un accident d’avion à Bénarès, ville sacrée du Gange, en Inde, en 1960, laisse le parfum d’un esprit libre. Avec Pierre de Grèce, il aida le dalaï-lama à fuir la Chine ; il était aussi l’ami de jeunesse d’Yves Klein, complice de ses premières expériences artistiques, dont elle garde toujours les pépites précieuses dans son salon parisien : la toute première Peinture feu de 1958 et un petit Monochrome bleu de 1957 entouré d’un cadre or. Collectionner, pour Leïla Voight, est un peu comme le sang qui coule dans ses veines. Chez elle, tous les proches de ses grandsparents, Anton Prinner, Diego Rivera, Amédée Ozenfant, voisinent en intimité avec les amis de sa mère, Marguerite, artistes qu’elle connaît depuis l’enfance et qu’elle continue à acheter ou soutenir : R. Hains, J. Villeglé, B.Venet, G.Deschamps, J.P.Raynaud, Niki de Saint Phalle… Sans oublier la génération actuelle, Tony Oursler, Gabriel Orozco, Emmanuel Régent ou Miguel Chevalier. Un jour, Orlan lui présente un de ses élèves, Samuel Rousseau, à qui elle commande une œuvre gravée au feu sur son parquet; artiste inconnu alors, mais par la

suite révélé et nominé pour le prix MarcelDuchamp. Par instinct familial, avec l’œil affûté d’un chasseur, elle sait flairer les jeunes artistes prometteurs autant que choper les œuvres historiques dans les ventes publiques : cette peinture au tampon d’Arman datant de 1958 ou cette Victoire de Samothrace d’Yves Klein de la collection d’Iris Clert, qu’elle obtient pour 600 francs. L’argent ? «L’argent me permet d’être à toute heure en présence d’une œuvre que j’aime.» Sa première œuvre ? Elle ne s’en souvient pas. Et pour cause, il y en a trop ! Elle se souvient plutôt de son tout premier émoi : le Soulages de son oncle, qui trône aujourd’hui au centre du salon. Son dernier achat ?Un jeune artiste français, Emmanuel Régent, acheté en galerie pour soutenir son marché. Leïla Voight est habitée par l’idée de voir naître sur le vif des projets d’artiste depuis qu’elle a travaillé à plusieurs réalisations éphémères de Christo et JeanneClaude, dont l’empaquetage du Pont-Neuf à Paris. Elle a fondé au cœur des Alpilles un festival international d’art contemporain ouvert gratuitement au public l’été. Sous le soleil du Sud, le Festival a-part est devenu au fil des années un événement incontournable et un vivier d’artistes émergents et connus, où on peut venir les rencontrer et… suivre l’intime effervescence de Leïla Voight. V I R G I N I E B E RT R A N D & N I NA R O D R I G U E S E LY Observatoire de l’art contemporain, plateforme de décryptage (www.observatoire-art-contemporain.com)

The art of living Leïla Voighthas adventure and art collecting in her blood. Her American grandmother made a fortune by inventing subtitles; her father helped the Dalai Lama flee Tibet. Her grandparents bought Diego Rivera; her mother Jacques Villeglé; she bought an Yves Klein for 600 francs and worked on projects with Christo and Jeanne-Claude. Voight has always wanted be near artistic creation so she founded a free contemporary-art festival in Provence. Over the years the open-air event has become a breeding ground for emerging and established artists and an unmissable event for the public, all thanks to Leïla Voight. Au centre :«Hirnkoralle», 2012 ©Daniel Spoerri. Dans l’appartement : Robert Godet et Yves Klein, 1958; Jean-Pierre Raynaud, «Pot doré»,1986 ; Raymond Hains, «Palissade vidéo», 2000. Au-dessous: «Nébuleuse (Rebecca)», 2012, Emmanuel Régent ©E. Régent. «Lampe torche», 1961, céramique du Tapis Vert, Vallauris, Anton Prinner. A droite: «Parquet», 2006, Samuel Rousseau. En bas:«Monochrome IKB», 1957, cadre doré par l’artiste, Yves Klein. Toutes les photographies : Philippe Sébirot.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

166


146_P47_PalacecopeExposCMok_SR2:Palace21_

21/04/13

12:15

Page 167

Les Expositions

«L’argent mepermet d’être àtouteheure enprésence d’uneœuvre quej’aime.» Photo : Philippe Sébirot Fond : Arman, «Tampon», 1958. A gauche : Christo, «Les Champs-Elysées empaquetés», 1969.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

167


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:20

Page 168

Nos Bonnes Adresses

LeMaryCeleste

A

Valentine de Lagarde

l'angle de la rue Commines et de la rue Froissart, l'équipe de la Candelaria a installé son nouveau «vaisseau», le Mary Celeste. Qui semblerait déjà avoir été élu comme repaire incontournable du quartier, à en croire la foule qui s’y presse dès le lundi soir. Installés autour de l'îlot central qui fait office de bar ou en salle, tranquillement posés sur les banquettes, ne passez pas à côté de l’Oyster Bar, avec des huîtres à 1 euro l’unité pendant l’happy hour de 17 h à 19 h. Avec leur sauce citron vert-piment-coriandre, accompagnées d’un bon verre de cheverny, c’est sublime ! On aimait déjà la Candelaria et le Glass, on raffole du Mary Celeste. LE MARY CELESTE.1 rue Commines, Paris IIIe. reservations@lemaryceleste.com From the team at Candelaria, Le Mary Céleste is anything but a ghost ship, packed every night by people downing oysters (€1 each during happy hour).

Brunch Couture

L

e chef catalan doublement étoilé Sergi Arola donne rendez-vous chaque dimanche au W ParisOpéra aux gastronomes amateurs de mode. Au programme, un menu «Collection» avec, à l’honneur, des plats revisités par le chef inspirés par l’univers des créateurs invités. Des jeunes talents de la scène parisienne, triés sur le volet par le blogger Modissimo et l’agence Babbler, se succéderont ainsi jusqu’au 28 juillet. A venir : «Balibaris», «La Comédie Humaine» et «Forget Me Not». Un rendez-vous comme une rencontre inattendue entre mode et gastronomie soigneusement rythmé par une playlist concoctée par les créateurs. Inspirant. BRUNCH COUTURE.Au W Paris-Opéra, 4 rue Meyerbeer, Paris IXe. 01 77 48 94 94. Chaque dimanche de 11h à 16h. Each Sunday at the W Paris-Opéra hotel, Catalan chef Sergi Arola will take inspiration from designers and create a “Collection” menu. An unexpected meeting of food and fashion.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

16 8


20/04/13

16:20

Page 169

Jean Boutang

P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

DesBullesSinonRien

es Bulles Sinon Rien, nouvelle cave à dégustation dédiée au champagne, vient d’ouvrir dans le Marais. Une fois définie votre «approche champagne», guidé par les conseils avisés de Vladimir Gomel, vous pourrez choisir parmi les trente maisons référencées, essentiellement de petits récoltants. De très bonnes bouteilles (de 22 euros à 380 euros), introuvables en grande distribution, avec quelques exclusivités, comme le Fluteau (au prix très abordable de 30 euros). Au sous-sol, un bel espace de dégustation, dans des caves voûtées, où seront bientôt proposés des cours d’œnologie. L’adresse idéale des amateurs de bulles. DES BULLES SINON RIEN.16 rue Elzevir, Paris IVe. 09 83 74 25 04. Vladimir Gomel’s new wine shop is dedicated to Champagne and stocks bottles from €22 to €380.

RosaLuna

Q

uand on passe devant Rosa Luna, difficile de ne pas remarquer ses installations florales sophistiquées, car Olivier soigne toujours l’atmosphère de sa boutique. Fleuriste exigeant, il ne travaille que les fleurs de saison et favorise la production locale. Entre les pois de senteur, les lysianthus, les dahlias et les roses de jardin (selon Olivier, la plus belle, c’est la Prince Jardinier), difficile de faire son choix. Et, entre les mains de ce passionné, ces fleurs de grande qualité se transforment à coup sûr en bouquets somptueux. ROSA LUNA.24 boulevard Raspail, Paris VIIe. 01 42 22 00 22. Olivier uses only seasonal flowers – and tries to source them as locally as possible – in his stunning bouquets.

Nationale7

N

ationale 7, c’est la rencontre entre deux passionnés, Franck Pompidor, le disquaire de chez Ground Zero (et batteur du groupe HushPuppies) et Maximin Jacquier, brocanteur à Saint-Ouen. Ensemble, ils ont ouvert ce lieu dédié aux vinyles et au design vintage. Au mur et dans les bacs, les disques «essentiellement» rock (avec des nouveautés, rééditions et quelques occasions) côtoient les pièces de mobilier années 1950 et 1960 chinées en France et en Europe. Les amateurs apprécieront. Nationale7 distribue aussi les platines Pro-Ject Debut Cardon, qu’on achèterait bien dans toutes les couleurs (c’est décoratif, mais avant tout de bonne qualité, parole d’audiophile). On souhaite bonne route à Nationale 7. NATIONALE 7.114 rue du Faubourg-Poissonnière, Paris Xe. 09 83 20 84 42. Franck Pompidor who runs record store Ground Zero and drums for HushPuppies, and Maximin Jacquier, an antique dealer, have combined their expertise to open this vinyl (mainly rock) and vintage furniture emporium.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

16 9

Frédéric De Gasquet

D


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:20

Page 170

Creed

L

Jean Boutang

Jean Boutang

a maison de parfums londonienne fondée il y a plus de 250 ans a inauguré sa deuxième boutique rue des SaintsPères. 55 m2 d’un goût parfait avec marbre gris et blanc au mur pour découvrir les essences les plus nobles, véritables chefs-d'œuvre de composition de cette prestigieuse maison qui, depuis sa création, emballe les cœurs des cours d’Europe et des grandes personnalités de ce monde (de Napoléon III à la princesse Eugénie, en passant par Grace Kelly jusqu’à Michelle Obama…). Green Irish Tweed, Royal Oud, Millesime Imperial, Aqua Fiorentina, Love in White, Spring Flower, et le tout dernier Fleurs de Gardénia, chaque parfum Creed est un bonheur olfactif. A noter : en plus des précieuses fragrances, les hommes peuvent découvrir à cette adresse une sélection de boutons de manchette, foulards et autres accessoires au style très gentlemen. CREED. 74 rue des Saint-Pères, Paris VIIe. 01 42 84 06 44. London perfumer Creed has opened its second Paris store offering the scents so loved by the famous, from Napoleon to Michelle Obama.

LeParisien

Q

uand nous avons su que la fine équipe de Jeannette, l’institution de la rue du Faubourg-SaintDenis, venait d’inaugurer un nouveau bistrot, nous n’avons pas traîné pour aller voir de près. A l’arrivée, de belles surprises, avec tous les codes qu’on affectionne en ce moment, soit un lieu stylé comme il faut, avec ses petits néons de couleur, son agréable terrasse, son large comptoir au bar où l’on aime s’attabler. Au menu, la carte déroule une jolie farandole de gourmandises: des œufs fermiers bio qu’on agrémente de jambon de Paris au torchon ou de comté affiné, des sandwichs toastés au pain de chez Julhès, un tartare de bœuf Salers ou un steak de thon, huile aux aromates et condiments… On arrose le tout d’un bon vin bio, avant de finir son repas par un expresso mexicain ou par un affriolant dessert maison. LE PARISIEN. 337 rue Saint-Martin, Paris IIIe. 01 42 72 11 33. The team from Chez Jeannette’s new digs: brightly colored neon light illuminate a classic bistro menu, washed down with organic wines and finished off with Mexican espressos.

Terroirsd’Avenir

T

erroirs d’Avenir, qui fournissait jusqu’ici les grands restaurants, a récemment ouvert au grand public trois petites boutiques dans la rue du Nil, avec son épicerie, sa boucherie et sa poissonnerie. Les fondateurs, Alexandre Drouard et Samuel Nahon, jeunes diplômés d’école de commerce, sont partisans du mouvement slow food. Ils sillonnent la France à la recherche des produits d’exception, variétés locales (le cresson de Méréville, les –vrais– champignons de Paris du Val-d’Oise…) ou légumes anciens. Les produits de la mer proposés sont issus de pêches côtières et locales. Triés sur le volet et en circuit court (sans intermédiaire), tous ces produits sont surtout vendus à des prix raisonnables. TERROIRS D’AVENIR.6, 7 et 8 rue du Nil, Paris IIe. 01 45 08 48 80. Until now Terroirs d’Avenirs only supplied restaurants, but with the opening of a grocer’s, a butcher’s and a fishmonger’s, founders Alexandre Drouard and Samuel Nahon can begin spreading their slow-food philosophy directly to the general public.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 0


20/04/13

16:20

Page 171

Valentina Frezzini

P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

Colorova

D

TheBrokenArm

François Coquerel

«L

Emmanuel Auger

ans un ancien salon de massage avec verrière converti en pâtisserie gourmande, Guillaume Gil et Charlotte Siles usent de leurs talents pour régaler les becs fins. Dans ce lieu impeccablement agencé avec cuisine apparente, tout porte leur signature : de la déco aux gâteaux, en passant par les plats salés. Guillaume, maître pâtissier, a déjà à son actif quelques best-sellers qui font saliver tout Paris. Difficile en effet de ne pas succomber à sa tartelette spéculoos caramel et cacahuètes ou à la Super Position, crème vanille, crème café, chocolat noir, praliné, café, sablé… le tout parsemé de chocolat rapé. On vient ici à l’heure du thé, mais aussi pour déjeuner ou bruncher le week-end, et, là encore, les papilles frétillent : gnocchi purée de carottes émulsion de parmesan, cabillaud poché à la citronnelle et crème de panais au raifort… La carte change chaque semaine, mais, heureusement, le pain perdu, lui, est toujours au rendez-vous. COLOROVA. 47 rue de l’Abbé-Grégoire, Paris VIe. 01 45 44 67 56. In an old massage parlor Guillaume Gil and Charlotte Siles produce beautiful cakes for teatime and great savory dishes for lunch, with a new menu each week.

Inaro

I

a mode que nous aimons, c’est celle qui offre à la fois du sens et du bon sens. Celle qui nous procure un maximum de plaisir… sans culpabilité.» C’est dans cet état d’esprit que Guillaume Steinmetz et ses deux complices, Romain Joste et Anaïs Lafarge, ont imaginé The Broken Arm. Dans un immeuble du XXe siècle, sur deux niveaux et 200 m2, on découvre les collections «mode» et «art de vivre». De Carven à Kenzo, en passant par Raf Simons et une palette de jeunes créateurs, la boutique offre une sélection de marques homme et femme, juste équilibre entre vestiaire du quotidien et pièces coup de cœur. Accessoires, livres, magazines et objets du quotidien complètent les jolies propositions mode. Coup de cœur pour l’espace café et sa cuisine simple et rassurante élaborée avec des produits extra-frais, et mention très spéciale pour le café et la barista maison qui veille au grain. THE BROKEN ARM.12 rue Perrée, Paris IIIe.01 44 61 53 60. A concept store on two levels: the “fashion” one has a terrific selection of clothes for men and women; while “living” has accessories, books, magazines and small objects. Plus there’s a great café.

naro, joli bar à vins dans son écrin de bois, propose des assiettes gourmandes de charcuterie, poissons fumés et fromages composées chaque soir par Johan Bonnet. On hésite à prendre la formule «Promis je ne reste qu’une heure» (à 9 euros) pour rapidement se laisser tenter par la plus alléchante «Ce soir, je refais le monde» (à 14 euros). Côté vins, le choix se porte entre «du bon», «du meilleur» et «de la balle». De la qualité dans l’assiette et dans son verre que l’on retrouve à l’épicerie avec une sélection d’huiles d’olive, de sels et des produits proposés à la carte. INARO.38 rue René-Boulanger, Paris Xe. 09 83 07 92 52. A pretty wine bar in which gourmet charcuterie, smoked fish and cheese accompany a fine choice of wine, plus a selection of olive oils and salt to take out.

Bucherer

L

e plus grand magasin de montres au monde vient d’ouvrir ses portes dans le triangle d’Or de la haute-horlogerie à 2 pas de l’Opéra. Ouverte par la Maison suisse Bucherer, ce mégastore de la montre contemporaine niché dans un immeuble emblématique classé monument historique s’étend sur 2 200 m2 et 3 niveaux. On y retrouve plus de 23 marques sans compter le corner de 80m2 réservé à la marque suisse. Façade en bois, sol et murs en marbre clair de Botticino, éclairage signé Valeria Nascimento et ornements qui jouent avec la symbolique du chiffre «8» très chèr à la marque. «Paris est la patrie du luxe et de l’élégance. Y ouvrir un magasin représente pour nous en tant qu’entreprise de luxe quelque chose de très spécial.» souligne le CEO de Bucherer, Guido Zumbühl. BUCHERER,12 bd des Capucines, Paris IXe. 0170991888 Swiss company Bucherer has just opened the world’s biggest watch shop: three floors stocking 24 brands, just next door to Opéra.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 1


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 172

Nos Bonnes Adresses

D

epuis plus d’un an, Rémi Dupeyrat et Naïs Calmettes, diplômés des Beaux-Arts, mettent en avant dans leur galerie la nouvelle garde artistique contemporaine. Sans compromis commercial, ni esthétique, ce jeune duo a séduit le paysage du design en proposant au public parisien des objets accessibles façonnés à la main par des designers prometteurs. Une jolie pléiade d’artistes tels qu’Alexandre Astier, Jean Daniel Bourgeois, Mathis Collins, Laure Manac’h… ont animé le convivial espace d’Artisan Social Designer, qui, hélas, aujourd’hui, est menacé de fermer ses portes si aucun investisseur ne veut le soutenir. Un appel aux dons a été lancé (à partir de 10 euros), relayé par l’influent site KissKissBankBank. ARTISAN SOCIAL DESIGNER. 68 rue des Gravilliers,Paris IIIe. 01 49 96 56 05. Pour les dons : www.kisskissbankbank.com . Open for just over a year, Rémy Dupeyrat and Naïs Calmettes’ gallery-store is a showcase for up-and-coming designers, but today it needs some investment to stay open, so give if you can at kisskissbankbank.com.

JoliDeli

O

uvert par deux amis de longue date, Florence et Jean-Pierre, JoliDeli est un lieu dédié à la (bonne) charcuterie. A la coupe ou à déguster sur place, ce delicatessen propose, en plus du bayonne («qui retrouve ses lettres de noblesse»), coppa corse et pastrami (qu’on retrouve dans l’incontournable de la maison, le JoliBurger). Ici, comme dirait Jean-Pierre, «on joue de la trancheuse». A la carte également, des œufs cocotte servis avec leur bagel, de copieuses salades et délicieux sandwichs. L’intérieur est cosy et joliment décoré, mais on se réjouit de l’arrivée du printemps pour profiter de l’agréable terrasse installée dans la très calme rue Borda. JOLIDELI.1 rue Borda, Paris IIIe. 01 42 71 64 04. Opened by two old friends Florence and Jean-Pierre this is the place for designer charcuterie, such as Bayonne ham, Corsican coppa and pastrami. You can also eat in: poached-egg bagels, generous salads and delicious sandwiches.

Ami

D

Odette

i le chou nous replonge dans nos souvenirs d’enfants, Frédéric Berthy le réinvente et innove avec des goûts nouveaux (thé vert, fruits des bois et autres parfums éphémères). On se laisse emporter par ces petites boules dorées fourrées de crème pâtissière, délicieusement nappées de toutes les couleurs. Profitez de la jolie terrasse située face à Notre-Dame pour déguster ces gourmandises définitivement tendance et qu’il est impossible de ne pas vouloir offrir dans leurs jolies boîtes rétro monogrammées. A L ODETTE.77 rue Galande, Paris Ve. 06 28 63 67 95. Chou pastry reinvented with new fillings (green tea, fruits of the forest) by Frédéric Berthy. A sugary, creamy moment of pleasure just opposite Notre Dame, also available to take out.

Yann Deret

S

eux ans après son lancement, AMI, la griffe de vêtements masculins chic et facile, animée par Alexandre Mattiussi, inaugure sa première adresse parisienne. Un espace de 75 m2, dans le haut Marais, dont l’aménagement a été confié au cabinet d’architecture Studio KO, à qui l’on doit, entre autres, le décor du Chateau Marmont à Los Angeles. On découvre un espace qui joue davantage la carte d’un lieu de vie que celui d’un espace commercial, avec son parquet en point de Hongrie, ses bureaux vintage et son armoire normande permutée en présentoir à chaussures. Sur les portants, on retrouve le talent d’Alexandre Mattiussi, qui est passé par les plus grands studios de mode masculine (Dior, Givenchy…) et qui a gardé le goût des belles matières et des coupes impeccables, ici posées sur des vêtements intemporels. AMI. 109 boulevard Beaumarchais, Paris IIIe. 09 83 27 65 28. Alexandre Mattiussi’s label now has a store where you can discover his easy-to-wear menswear with its chic cuts and beautiful fabrics. A friend, indeed.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 2

Valérian Goalec, série Empan

ArtisanSocialDesigner


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

MissKô

©Miss Kô

P

20/04/13

16:21

Page 173

hilippe Starck et Claude Louzon ont encore créé la surprise et le buzz en inaugurant cette adresse singulière au décor théâtral. Telle une ruelle s’étirant sur 500 m2 conduisant au spectacle d’une cuisine survoltée, l’espace de Miss Kô compte des éléments de décoration spectaculaires, comme l’immense bar d’écrans ou la gigantesque théière détournée en lampe, ainsi que des peintures murales particulièrement présentes. Dans l’assiette, c’est une cuisine fusion orchestrée par le chef Fabrice Monot, qui revisite les standards asiatiques et défriche de nouveaux sentiers culinaires. Coup de cœur pour la pizzetta sashimi thon rouge et crème de truffe et le (très original) bœuf bourguignon en pâte à gyoza. Ambiance bouillonnante avec des collaborations régulières annoncées avec de grands chefs et le collectif La Clique, que l’on retrouve à la direction artistique pour des happenings originaux. MISS KÔ. 49-51 avenue George-V, Paris VIIIe. 01 53 67 84 60. Philippe Starck and Claude Louzon have created this huge space with a massive bar and Asian fusion cuisine (bœuf bourguignon gyoza!) by Fabrice Monot.

Babel

E

n face du canal Saint-Martin, ce nouveau repaire de la jeune création créé par Vanessa Doger, propose une sélection mode, mobilier et déco très originale. Bohème, rock et trendy à la fois. Sur les portants, des créations mode dans l’air du temps, du tee-shirt à la robe de soirée, signés Mademoiselle Pimpante, Lallou, Tessa Delpech… et aussi des bijoux, accessoires et mobilier design. Et tandis que les murs de la boutique vibrent au rythme d’expositions thématiques, Costya Chen, créateur du restaurant Le 37 m2, revisite l’art traditionnel du bubble tea au corner-bar de la boutique. Et on attend avec impatience la mise en place dès les beaux jours d’une terrasse et de transats au bord du canal. BABEL,55 quai de Valmy, Paris Xe. 01 42 40 10 95 On the Canal Saint-Martin, Vanessa Doger’s new temple of design has a bohemian, rock’n’roll and trendy selection of clothes, furniture and design objects, as well as Costya Chen and her bubble-tea corner.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 3


21/04/13

12:59

Page 174

© Klay

P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

LeyogaTRX

F

MaisonGérardLaurent

L

’essentiel sans le superflu, c’est le credo de cette nouvelle adresse coiffure qui a posé ses ciseaux en plein cœur du Marais. Connus internationalement grâce à leurs shows prestigieux et récompensés par quatorze Hairdressing Awards, Gérard Kuchno et Laurent Delaloy offrent désormais leur savoir-faire aux chevelures parisiennes. Rue de Turenne, ils annoncent tout de suite la couleur dans leur espace entièrement décoré en noir et blanc. A l’œuvre, une équipe de professionnels experte, à l’écoute, qui respecte vos envies et n’a pas l’obsession de couper à tout prix. Et quand ça coupe, c’est aux ciseaux et au peigne uniquement. On aime : les bacs sont situés à l’étage, shampoings et couleurs y sont prodigués en toute discrétion, loin du regard des passants. Chic. MAISON GÉRARD LAURENT,92 rue de Turenne,Paris IIIe. 01 42 77 70 43. Gérard Kuchno and Laurent Delaloy’s new black-andwhite salon is the place to discover just why the two of them have 14 hairdressing awards between them.

Michel Figuet

Patrick Kuchno

usion entre le yoga Kurunta et le redoutable TRX, cette nouvelle discipline hybride tout droit importée des Etats-Unis vient d’arriver au Ken Club et au Klay. Avis aux corps engourdis, le yoga TRX va réveiller tous vos muscles, car il place le gainage au centre de l’activité. La séance de 1 h 30 coachée tout en souplesse par le sculptural Samuel Ganes enchaîne les postures de yoga réalisées à l’aide de la sangle TRX. Fixée au plafond, la sangle permet toutes sortes de flexions et de suspensions, même la tête en bas… C’est physique, intense et exigeant (et ça laisse quelques souvenirs les jours suivants !), mais on progresse rapidement. A la clé, une silhouette élancée et des muscles tonifiés. KLAY. 4 bis rue Saint-Sauveur, Paris IIe. 01 40 26 00 00. KEN CLUB. 100 avenue du Président-Kennedy, Paris XVIe. 01 46 47 41 41. Kurunta yoga meets TRX suspension training meets Paris; 90 minutes you’ll feel the next day for improved shape and muscle tone.

ConceptstoreKarlLagerfeld

A

près avoir exposé il y a un an sa marque «Karl » sur Internet et lancé un magasin à New York, le directeur artistique de Chanel vient de s’offrir un concept store au cœur de Saint-Germain. Un espace de 200 m2, tout de noir et blanc vêtu, qui met en scène les vêtements de la marque, mais aussi une foule d’accessoires, des objets en édition limitée, des livres de photos et de design. La particularité de cette boutique ? Sa fibre digitale. Le concept store Karl Lagerfeld fait en effet la part belle aux supports technologiques : sur les portants ou dans les cabines d’essayage, les écrans tactiles permettent aux visiteurs de faire l’expérience d’un shopping ludique, version 2.0, et même d’immortaliser leur look avec l’application Karl’s Booth avant de le partager sur Facebook ou Twitter ! Etonnant. CONCEPT STORE KARL LAGERFELD,194 boulevard SaintGermain, Paris VIIe. 01 42 22 74 99. After a year online and a store in New York, Karl has opened a Karl in Paris full of clothes, objects and books that is completely wired for a shopping experience 2.0.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

174


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 175

Nos Bonnes Adresses

Mussubï

ous en avez assez, des vrais ou faux restos japonais ? Cette nouvelle petite cantine japonaise de la rue d’Hauteville devrait vous plaire. Mussubï sert des bentos composés d’omossubis. Des boulettes de riz sont accompagnées de petites salades, de légumes assaisonnés ou de gratins (le menu change tous les jours), et on peut ajouter viande ou poisson, tofu si vous êtes végétarien. Les portions sont petites, la présentation appétissante et le style authentique. Juste peut-être un peu cher. MUSSUBÏ.89 rue d'Hauteville, Paris Xe. Ouvert du lundi au vendredi de 12h à 15h. 01 42 46 31 02. A new Japanese canteen serving bento boxes of omosubi: filled rice balls served with salads and vegetables. Perfect presentation, authentic style and small portions.

N15

P

ièces de créateurs, marques vintage, décoration, parfums, joaillerie, musique ou encore photographie, N15 est un vrai spot shopping éclectique, élégant et intimiste. Pensé par Natalia Tooke et designé par le cabinet d’architecte Bismut & Bismut, ce concept store de la place du Marché-Saint-Honoré fait frémir d’envie les modeuses les plus exigeantes. Et il y a de quoi, quand on sait que les designers, à grande majorité étrangers, sont vendus en quasi-exclusivité à cette adresse. Les portants s’animent des créations signées L’Wren Scott, Martin Grant, Lover, Bonheur… Les vitrines scintillent autour des bijoux Mawi, Erickson Beamon, Aaron Jah Stone… Tandis que les pieds graciles se glissent avec émoi dans les slippers et nu-pieds en soie ou python du chausseur italien Avec Modération. N15.15 place du Marché-Saint-Honoré,Paris Ier. 01 42 86 92 76. A new concept store stocking vintage pieces, decorations, perfumes, jewelry, music, photography, shoes, and, of course, clothing, from designers such as L’Wren Scott, Martin Grant, Lover, and Bonheur.

Pierre Monetta

I

l aura fallu plus de trois ans pour trouver le lieu idéal, et c’est dans le quartier de la Bastille que se sont récemment ouvertes les portes de la Manufacture de chocolat d’Alain Ducasse. Au fond d’une petite cour, l’ancien garage, transformé en loft industriel sous verrière, abrite désormais un atelier de torréfaction, dont les clés ont été confiées au chef chocolatier Nicolas Berger, avec ses machines monumentales et ses tonnes de fèves de cacao (que des crus d’origines). Dans la boutique-comptoir, les bonbons de chocolat exposés tels des bijoux côtoient un choix étourdissant de tablettes. Le projet était ambitieux, probablement à la hauteur de la réputation du chef multi-étoilé. LA MANUFACTURE DUCASSE.40 rue de la Roquette, Paris XIe. 01 48 05 82 86. It took three years to find the right space but Alain Ducasse’s chocolate factory has finally opened its doors near Bastille. You can buy the sweet treats made by Willy Wonka (aka, Nicolas Berger) in the store.

Nicolas Barek

LaManufactureAlainDucasse

MariaLoca

M

aria Loca est une affaire de potes. Aventuriers et passionnés, ces baroudeurs ont rapporté de leurs voyages aux quatre coins du monde, les trésors qui composent la carte de leur adresse parisienne. Max, œnologue, connaît ses vins sur le bout des doigts : il en parle avec les yeux qui brillent et avoue un petit faible pour les crus du Nouveau Monde. Derrière le bar, Mika concocte des cocktails hors du commun et voue un véritable culte à la cachaça venue du Brésil. Assiettes généreuse façon bistrot le midi, lieu rêvé pour un apéro tapas le soir. Entre potes, bien sûr. S B MARIA LOCA.31 boulevard Henri-IV, Paris IVe. 01 42 77 51 95. The owners like to travel and it shows. Max is a wine expert with something rare in France: knowledge of New World wines; while Mika behind the bar is crazy mad for cocktails featuring Brazilian cachaça. Bistro food for lunch; tapas the evening.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 5

Ayumi Shino

V


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 176

Nos Bonnes Adresses

LePromeneurde Paris

Le s pa rco urs con fid ent iel s de Pi err

D

ans une petite rue du XVe arrondissement se niche un atelier incroyable : Stanislas Bottier (9 rue Dombasle). Véritable antre du cuir, cette échoppe arbore sur ses étagères une collection inouïe d’objets : chaussures, bien sûr (en demi-mesure), lacets, ceintures, serviettes, sacoches pour moto, portefeuilles, étuis divers et diversement avouables. Ces artistes passionnés du cuir créent, cirent, patinent, colorent, et même tatouent leurs réalisa-

tions selon vos désirs ! Notez que, plusieurs fois par mois, autour de quelques bouteilles et charcuteries choisies, s’organisent entre connaisseurs des ateliers cirage où les maîtres enseignent les secrets de la belle patine. Depuis la rue Dante (Paris Ve), la façade complètement noire et sans enseigne du numéro 3 annonce, si l’on peut dire, la couleur : ce lieu est un véritable coffre-fort. Oubliez tous les codes des boutiques habituelles de marchands de vins (car c’est de cela qu’il s’agit), vous pénétrez ici dans un autre monde. Il faut en effet franchir une première porte blindée, puis traverser un sas pour entrer dans cette caverne d’Ali Baba pour œnophiles avertis. Hugues Rondouin, le propriétaire, a souhaité cette confidentialité (ni site Internet ni numéro de téléphone) pour réserver sa formidable collection aux véritables amateurs désireux d’enrichir leur cave. Parmi les lingots d’or de ce coffre, des Pétrus, des cuvées des années 1970 ou des eaux de vie antédiluviennes. Ah, oui, cela s’appelle The Wine Gallery. Du bouquet de vin au bouquet de parfum, il n’y a qu’un pas ou plutôt qu’une adresse ! Hervé Domar (48 rue Dauphine, Paris VIe)est un nez passionné et atypique : comme pourrait le faire votre médecin traitant, il note votre «parcours de parfum» sur de petites fiches et vous guide ainsi tout au long de votre vie pour vous proposer une évolution olfactive qui corresponde à votre évolution personnelle : étonnant de perspicacité ! Cerise sur le flacon, tous ses parfums sont sans alcool, élaborés à base d’essences naturelles, pour respecter au mieux la peau. Et si je vous dis que tous ces jus portent le nom de pierres précieuses (Turquoise, Diamant noir, Rubis…), vous comprendrez qu’il s’agit ici

e-P au l M on net

d’un véritable orfèvre de la parfumerie ! Montmartre a deux visages : celui des touristes et celui des habitués, qui vivent là comme dans un petit village depuis des années. Pour découvrir ce second visage, tout aussi coloré mais moins connu, n’hésitez pas à aller au syndicat d’initiative de Montmartre pour demander humblement la clé des vignes. Au milieu de ces vignes, un abri complètement construit en lierre vous transporte dans un cadre unique, bucolique et charmant. Rendez-vous, ensuite, à La Pomponnette (42 rue Lepic, Paris XVIIIe), où Dominique, femme de caractère au grand cœur, vous recevra dans ce restaurant «pur jus» du village d’en haut ! C’est ici, dans la partie café, que se réunissent toutes les associations de Montmartre. Avec un peu de chance, vous y viendrez en même temps que le fameux «gouvernement de Montmartre», qui préside aux destinées de la Butte… Pour finir la balade, un musée méconnu : le Musée d’art contemporain de Roland Garros (2 avenue Gordon-Bennett, Paris XVIe). J’aime y aller, car il expose, mine de rien, trente ans de collaboration entre la FFT et la galerie Lelong : trente ans d’affiches du tournoi qui ont été réalisées par des artistes sélectionnés par Daniel Lelong. Mais on trouve aussi des œuvres, une sélection moderne et avisée: Ernest Pignon-Ernest, Tàpies, Miró, Jan Voss, pour ne citer que mes préférés. PIERRE-PAU L MONNET est le fondateur de Pierre-Paul & Partners,société de conciergerie privée. 01 75 43 87 27. www.pppartners.fr

Leather heaven at Stanislas Bottier(9 rue Dombasle, Paris XVe), full of, among other objects, shoes, laces, belts, panniers and wallets. Go see what they could make for you or attend a shoe-shining workshop for a good polish. Forget about normal wine shops, the Wine Gallery (3 rue Dante, Paris Ve)is like Aladdin’s cave meets a cabinet of curiosities, full of Pétrus, bottles from the 1970s, and eaude-vie from before time began. At Parfumeur Domar(48 rue Dauphine, Paris VIe), Hervé Domar keeps scent sheets on his customers so he can guide them towards which of his noalcohol, natural-essence perfumes is right for them as time goes by. To get a glimpse of Montmartre’s hidden face, head to the Syndicat d’Initiative de Montmartre, ask for the key to the vinesand discover the ivy cabin in their midst. Then head over to La Pomponnette(42 rue Lepic, Paris XVIIIe)where Dominique rules her realm with character. TheMusée d’art contemporain de Roland Garros (2 avenue Gordon Bennett, 75016) is a collaboration between the French tennis federation and Galerie Lelong. Alongside 30 years of posters for the French Open, there are works by Ernest Pignon-Ernest, Tàpies, Miró and Jan Voss.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 6


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 177

Nos Bonnes Adresses

MaisonNordik

L

ignes pures, bois et matériaux naturels : Maison Nordik est une toute nouvelle boutique dédiée au mobilier scandinave. Passionnés de design, Louise et Grégory ont toujours été séduits par la simplicité de ces meubles venus du Nord, qui allient à une esthétique simple, inspirée par la nature, le confort et la fonctionnalité. Le couple sélectionne et importe aussi bien des classiques indémodables que des pièces vintage signées par de grands noms du design. Chaleureuse et lumineuse comme un intérieur scandinave, la vitrine de Maison Nordik est aussi tentante qu’elle en a l’air : sélection pointue, mais prix raisonnables. S B MAISON NORDIK.3 bis rue Marcadet, Paris XVIIIe. 06 22 07 21 07. Scandinavian furniture has a new Parisian outpost and Maison Nordik has a cutting-edge selection at reasonable prices.

Club79

E

LesPetitsPlatsd’Emile

C

ette bonne adresse de la rue Jean-Jacques-Rousseau a récemment été reprise pour devenir Les Petits Plats d’Emile. Le cadre n’a pas changé, mais la nouvelle carte est des plus alléchantes. La bonne idée ? les plats qui se déclinent en «petits plats», selon l’appétit du jour. Qui donnent aussi envie de tout goûter, du cevice de bar à l'émincé de saint-jacques, en passant par le cabillaud rôti servi avec son risotto crémeux aux coques et chorizo. Une belle carte de l’Aubrac est également proposée. Sophistiqué, mais sans chichis ! LES PETITS PLATS D’EMILE.8 rue Jean-Jacques-Rousseau, Paris Ier. 01 42 60 08 00. A new menu in a good restaurant: the dishes now come in “petits plats” versions so you can eat less or try more, depending on your mood.

SurfacetoAir

L

a marque pluridisciplinaire déjà présente à Paris dans le Marais, mais aussi à New York et São Paulo, a inauguré sa deuxième adresse parisienne rive gauche. Dans cet espace de 50 m2, qui reprend les codes visuels des magasins existants, les couleurs vives en prime, Surface to Air propose ses collections femme et homme. La griffe qui s’est imposée comme l’essence de l’allure parisienne et du sportswear américain poursuit ses collaborations avec des artistes internationaux autour de collections capsules attrayantes. A découvrir, les modèles d’Aaron Young et ceux de Kim Gordon, du groupe Sonic Youth, qui signe cette saison sa deuxième collaboration avec Surface to Air. SURFACE TO AIR. 22 rue de Grenelle, Paris VIIe. 01 42 22 48 40. An outpost south of the Seine for the Parisian brand in which you can discover Kim Gordon of Sonic Youth’s second capsule collection.

Rubrique «Nos Bonnes Adresses» réalisée par L U C I E G O U Z E et S A N D R A S E R P E R O PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 7

Surface to Air Studio

Vincent Martinez

n plein cœur du Triangle d’or, à deux pas des Champs-Elysées, le Club 79 a pris ses quartiers dans l’un des plus vieux dancing de Paris, autrefois appelé le Mimi Pinson. Entièrement refait à neuf, ce tout nouveau club piloté par le maestro de la nuit parisienne, Laurent de Gourcuff, part à la conquête des night-clubbers. L’espace multiplie les mètres carrés, avec trois bars et une vraie piste de danse ! Côté déco, le club joue la carte du chic feutré, avec des bars capitonnés en python noir, des luminaires signés Tom Dixon et des tables designées par Dom Pérignon. Aux platines, la troupe londonienne Cirque du Soir assure le show, et, le mercredi soir, c’est musique live avec le groupe Orchestra. CLUB 79.22 rue Quentin-Bauchard, Paris VIIIe. 01 47 23 69 17. A new club in an old venue (it used to be Le Mimi Pinson), Laurent de Gourcuff’s latest venture has three bars, a proper dance floor and Londoners Cirque du Soir on the decks.


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 178

Nos Bonnes Adresses

Service Palace

Le s con sei ls trè s pa ris ien s d’ Letop 5 desvélocistes

L

es beaux jours reviennent fatalement. Alors, dans un Paris embouteillé, déboucher d’un coin de rue sur son vélo, se glisser sur son cycle dans les rues de la capitale et tâter de la sonnette est un plaisir dopant ! Seriez-vous tentés de sortir du peloton pour une échappée belle où nous vous guidons parmi les meilleurs marchands de vélos ?

Abandonnez le moteur et recyclez-vous sur les voies ! La «Rolls» se trouve chez En selle Marcel(40 rue de Tiquetonne, ParisIIe), «marchand de beaux vélos et d’accessoires singuliers». Bruno Urvoy a créé un concept store réunissant le must de l’équipement du cycliste averti. On choisit son vélo comme une voiture de collection. D’ailleurs, l’une des marques vendues en exclusivité par la boutique est Cooper, dont on retrouve le charme sobritish de la Mini. On aime aussi les lignes élégantes et le look rétro des vélos Abici, fabriqués à la main près de Venise et vendus quasiment à la demande. En selle Marcelest aussi la seule boutique de Paris à proposer l’intégralité de la gamme Brompton, les vélos pliables qui se plient à toutes les contraintes urbaines. Agrémenté des bagages rétro Brooks ou ceux de Jojo Messenger, made in Paris, vous serez remarquables sur la piste cyclable ! Les plus exigeants choisiront le montage sur mesure dont Bruno s’est fait la spécialité: de la peinture à la ligne du cadre, en passant par le gainage du guidon, la couleur des roues, la disposition des rayons… il est possible de composer intégralement sa monture. Même qualité de service et d’expertise ès rustines chez Bicloune, le temple de la petite reine, composé entre

An ne Ca rpe nti er

show-room (93 boulevard Beaumarchais, Paris IIIe) et atelier (7 rue Froment, Paris XIe). Depuis 1982, on vient ici en famille acheter le premier vélo du petit dernier, investir dans un tricycle ou faire réparer le vélo hollandais de grand-mère. A quelques tours de pédaliers, il y a Bicycle Store (17boulevard du Temple, Paris IIIe), d’un tout autre genre. Ici, on trouve des vélos urbains contemporains, les derniers modèles design, les modèles performants : cadre Argon 18 Electron Pro, conçu pour les coureurs olympiques, lumières superpuissantes Knog, selle DiaCompe Air Light en nylon composite… Alexandre et Simon sont à votre disposition pour vous guider. Leur slogan : «Let’s ride!» Ceux qui recherchent d’authentiques vélos anciens empruntent la direction de La Bicyclette (10 rue Crozatier, Paris VIe), magasin réputé pour sa sélection d’articles de vélo vintage, les vieux Motobécane, Peugeot, Mercier… A La Bicyclette Electrique (51 rue Claude-Bernard, Paris Ve), comme pour La Vache qui rit, tout est dit dans le titre. Ceux qui sont hermétiques à toute forme de sport ou fébriles à la sortie de l’hiver trouveront un réconfort dans les montures motorisées. Le traditionnel Solex, les lignes sport du Matra, la qualité allemande des Kalkhoff équipés de la technologie Panasonic… Ainsi, que ce soit en montant ou en descendant, avec Jean-Loup ou Sébastien et puis Paulette : tous à bicyclette ! Topfivebikeshops The “Rolls-Royce” of Parisian bike shops is En Selle Marcel (40 rue de Tiquetonne, 75002), Bruno Urvoy’s concept store full of exclusive brands such as Cooper, Abici (handmade near Venice), and foldable Bromptons. He’ll also help you build your bike from scratch. The same customer service and expertise is on offer at Bicloune (93 boulevard Beaumarchais, 75003), where Parisians have been buying bikes since 1982. Round the corner is Bicycle Store (17 boulevard du Temple, 75003), selling hi-tech, performance frames and bikes; Alexandre and Simon will advise. At La Bicyclette (10 rue Crozatier, 75006), you’ll find vintage Motobécane, Peugeot and Mercier bikes. La Bicyclette Électrique (51 rue Claude Bernard, 75005), stocks, oddly enough, the latest in electric bikes.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 8


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 179

Oùtrouver d’élégantscarnets ?

A

l’heure du numérique, le carnet résiste, intemporel, par l’écriture incarnée, une calligraphie personnelle, des notes, des impressions ressenties ou des dessins esquissés… La papeterie-galerie Calligrane (6 rue du Pont-LouisPhilippe, Paris IVe) expose de précieux papiers. En plâtre et feuilles d’or, en papier de paille, les carnets sont ici des œuvres numérotées, parfois uniques. Délicatement reliés, certains d’entre eux sont composés de papiers qui n’existent plus, comme ces vieux papiers italiens récupérés chez un collectionneur. Là réside la beauté du papier, dans sa fragilité. Certains sont voués à disparaître, mais de nouveaux arrivent et la papeterie se renouvelle tous les six mois. En ce moment est attendue une commande de papier bleu du Japon fabriqué et teint à la main. Il est possible aussi de créer son carnet sur mesure, avec le papier et la reliure de son choix, le format… Cassegrain (109 boulevard Haussmann, Paris VIIIe et 18 avenue Mozart, Paris XVIe), bientôt centenaire, est une institution. On y édite toujours les très classiques articles de papeterie en maroquinerie et papier vergé crème sur lesquels des générations ont fait imprimer leurs initiales en or, en argent ou à sec. Deux adresses dans les petits papiers de Mon Chasseur d’Adresses, ex aequo sur l’échelle des éditions de papeterie design déclinées dans une multitude de teintes : Papier+ (9 rue du Pont-Louis-Philippe, Paris IVe) et Bookbinders Design (rue Vieille-du-Temple et rue du Bac, Paris VIIe). Wheretofindthebestnotebooks At stationery store-gallery Calligrane (6 rue du Pont Louis Philippe, 75004), notebooks are made in precious materials, such as antique Italian paper or Japanese hand-dyed blue paper. You can also create a notebook with the paper, binding and size of your choice. Cassegrain (109 boulevard Haussmann, 75008) is nearly a century old and home to classic leather-bound notebooks. Two other stores: Papier+ (9 rue du Pont Louis Philippe, 75004) and Bookbinders Design (53, rue Vieille du Temple, 75003).

Maisoù apprendre àrécolter lemiel ?

I

l existe un jardin suspendu au-dessus de la ville, au dernier étage d’un immeuble du boulevard BonneNouvelle, où cinq familles de 60 000 abeilles ont élu domicile. Il faut dire qu’elles sont ici aux petits soins. Diane Jos les abrite dans cinq ruches Warré, un modèle traditionnel qui reproduit leur habitat naturel. Apicultrice et cueilleuse d’essaim (les pompiers eux-mêmes font régulièrement appel à elle), elle connaît bien ses petits hôtes. Elle sait par exemple que ses abeilles quittent leurs ruches pour butiner à 3 km à la ronde, des arbres du boulevard, lorsqu’ils sont en fleurs, aux jardins des Tuileries ou des Buttes-Chaumont, dont les massifs rivalisent toujours plus de couleurs et d’actions écologiques, comme l’objectif «zéro pesticide» fixé par la Mairie de Paris. Elle récolte donc un miel très pur, uniquement pour sa consommation personnelle, ses amis ou ses élèves. Antenne d’un rucher-école normand (Ruchebio.com), sa tour de cire reçoit régulièrement des petits groupes de personnes avides de miel et tentés d’avoir leur propre ruche sur le balcon. En une journée, on sait tout sur l’abeille. Il y a aussi la chic Société centrale d’apiculture, qui dispense des cours dans le rucher du jardin du Luxembourg depuis 1856. Les inscriptions sont bisannuelles et, c’est une chance, les prochaines débuteront en juin. Wheretolearnbeekeeping Diane Jos regularly gives lessons to apprentice beekeepers (ruchebio.com). Her 60,000 Parisian bees live atop a building on Boulevard Bonne Nouvelle, and their honey is exceptionally pure thanks in part to the city’s parks being pesticide-free. South of the Seine, the Société centrale d’apiculture has been teaching beekeeping in the Jardins de Luxembourg since 1856; next enrollment in June. AN N E CAR PEN TIER est la fondatrice de Mon Chasseur d’Adresses.com,le service sur-mesure pour adresses d’exception à Paris.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

17 9


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

L

20/04/13

16:21

Page 180

’an dernier, elle a créé la surprise en jouant sur scène Oh les beaux jours de Samuel Beckett, qu’elle vient de reprendre au Théâtre de l’Atelier. Pas de quoi être étonné si l’actrice la plus populaire du cinéma français s’aventure sur les rives de l’absurde, tant ce texte qui mélange allégrement le burlesque et la tragédie, la légèreté et la profondeur, pourrait avoir été écrit pour elle. N’avez-vous pas hésité avant de reprendre «Oh les beaux jours», tant on a le sentiment que le rôle de Winnie appartient pour l’éternité à Madeleine Renaud ? CATHERINE FROT. Non, je n’ai pas hésité une seconde… puisque c’est elle qui m’a donné envie de le jouer. Je l’ai vue au Théâtre d’Orsay, j’avais 18 ans, elle était là sur son tas de sable comme un petit oiseau. Eblouissante. C’était un spectacle d’une beauté et d’une poésie infinies. Cela a été pour moi un tel choc, une telle émotion, que je me suis dit qu’un jour je jouerais ce texte… J’y pense depuis une dizaine d’années, j’attendais simplement d’avoir l’âge que Beckett lui a donné dans la pièce, c’est à dire 50 ans. Je suis heureuse de pouvoir reprendre ce rôle de Winnie, tant j’ai du plaisir à dire les mots de Winnie, tant j’ai du plaisir à donner ce texte de Beckett à entendre, tant j’ai moi-même le sentiment chaque soir de découvrir des choses nouvelles. Lorsqu’on aborde un texte pareil, il y a toujours un mystère qui reste, qu’on n’épuise jamais, un sens qui se perpétue à l’infini… C’est une pièce qui a encore un long avenir devant elle!

Vous retrouvez le Théâtre de l’Atelier où vous avez débuté sur scène en 1975 en jouant «L’Homme à la valise» de Ionesco… C’est émouvant. Je n’y avais pas rejoué depuis. Tant d’années ont passé… J’ai toujours pourtant le même trac. Et le même plaisir ! Ionesco était un personnage vraiment étonnant, tellement atypique. J’étais allée plusieurs fois chez lui, il aimait beaucoup le whisky.(Rires) Il m’avait raconté justement qu’il lui arrivait de déjeuner avec Samuel Beckett à la Coupole, mais qu’ils n’échangeaient quasiment aucune parole pendant le repas. Ils se serraient ensuite la main sur le trottoir, chacun content d’avoir vu l’autre... même s’ils ne s’étaient rien dit ! Ce qui caractérise Winnie, c’est sa capacité à trouver de la vie et du plaisir dans chaque instant. Ne pensez-vous pas que cela pourrait être une belle métaphore du métier de comédienne ? Absolument ! Michel Bouquet dit quelque chose que j’aime beaucoup : «Le spectateur ne vient pas vous voir jouer, il vient pour jouer avec vous.» C’est une idée à laquelle je pense souvent. Quel est votre meilleur atout pour jouer Winnie ? Ma voix, peut-être… J’aime bien la voix, j’aime bien les mots. Et comme c’est une pièce sur quelqu’un qui a plaisir à parler, la voix est importante. Avez-vous peur comme elle que «les mots vous lâchent» ? Il faudrait que j’aie des problèmes de mémoire pour qu’ils me lâchent, et… pour l’instant, je n’en ai pas ! (Rires)

Catherine Frot

«J’aime bien les mots»

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 0


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 181

Si vous deviez, comme elle, mettre dans un grand cabas noir des objets de votre vie, qu’y mettriez-vous ? Les mêmes choses qu’elle ! Un petit miroir, le rouge à lèvres, la brosse à dents, même si c’est curieux… Je ne sais pas. Pas le revolver, quand même ? Ah, voilà ! (Rires) Le revolver !… C’est trop drôle, le revolver ! Ce qui est amusant, c’est que cela a été écrit à l’époque où Godard a fait A bout de souffle, où tout d’un coup, dans le cinéma français, le héros qui n’est ni flic ni gangster sort un flingue. C’est la même chose dans cette pièce. La première fois qu’elle sort son revolver de son sac, elle fait : «Oh ! Ahah !», et puis elle le remet dans son cabas et se met à chercher autre chose. Ce sont des clins d’œil. N’y mettriez-vous pas des choses plus personnelles ? Qu’est-ce que j’ai dans mon sac ? Allez savoir ! Des photos peut-être. Une photo de quelqu’un… De qui ? Bon, puisque vous insistez… De ma fille.(Rires) Vous ne parlez jamais de votre vie privée, et vous êtes assez rare dans les médias, hormis les périodes de promotion… C’est indispensable pour moi de séparer ma vie professionnelle de ma vie personnelle. C’est nécessaire, et même obligatoire ! Je ne saurais pas vivre les choses autrement. J’ai beaucoup de plaisir à parler de mon travail et aucun à parler de ma vie. En même temps, je sais que, lorsque je parle de mon travail, je parle de moi, de ma sensibilité, de mes préoccupations, et… ça suffit !

Happy days Catherine Frot made her stage debut, in Eugene Ionesco’s The Man with the Luggage, at the Théâtre de l’Atelier in Paris. She is now back there, starring as Winnie in Samuel Beckett’s Happy Days, the play that convinced her that she wanted to be an actress when she first saw aged 18: “It was a play of such infinite beauty and poetry. It was such a shock to me that I vowed I would one day play Winnie; I’ve just been waiting to be the same age as the character, 50. When I went to see Ionesco a few times, he told me that he would have lunch with Beckett at La Coupole, but they would hardly speak during the meal. Then afterwards they would shake hands on the sidewalk, both happy to have seen each other even if they’d said nothing. I only saw Beckett once, at a funeral [in 1984]. I was struck by his face, which looked carved from stone and was illuminated by his incredible blue eyes. He wrote Happy Days around the same time as Godard made Breathless, and at that time in French cinema the non-cop or gangster heroes were always getting out guns. The first time Winnie takes out the revolver from her bag, she’s surprised, puts it back and looks for something else. Beckett made those sort of injokes.”

Propos recueillis par J E A N - P I E R R E L A V O I G N A T

Pascal Victor / Artcomart

Au Théâtre de l’Atelier, Paris XVIIIe. www.theatre-atelier.com. 01 46 06 49 24. Du 21 mars au 1er juin.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

181


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:21

Page 182

Patrick Jeffords

Musique & Night

ToroyMoi 15 ans, l’américain Chazwick Bradley commençait à composer, à 24 ans on le donnait comme le meilleur ambassadeur du mouvement chillwave, ou le retour des mélodies sucrées, ralenties et ensoleillées, face à la dictature du beat dans la pop music. Pourtant, la musique de Chazwick ne se laisse pas enfermer dans des cases. Ses collaborations avec Tyler, The Creator, le démiurge du hip-hop américain en sont la preuve, comme son troisième album Anything in Return sorti en janvier dernier, et déjà sur la liste des concourables au titre de meilleur LP de l’année. Un disque qui prouve que Chazwick peut s’aventurer autant vers la pop, le dubstep, le r’n’b que la musique psychédélique, et sans scrupule. Mais surtout qui le positionne, aux côtés des Miguel, Frank Ocean, Dev Hynes (derrière l’album de Solange, la petite sœur de Beyoncé) ou Kendrick Lamar, parmi le top 10, des jeunes producteurs américains qui risquent le plus de faire parler d’eux ces prochaines années.

PAT R I C K T H ÉV E N I N

Au Cabaret Sauvage,le 3 juin. Chazwick Bradley began writing songs aged 15; by 24, he was seen as chillwave’s best ambassador. His third album Anything in Return came out in January and is proof that Bradley can mix pop, dubstep, R&B and psychedelia like no one else.

Andrew de Francessco

A

Bonobo

T

out juste sorti sur Ninja Tune, The North Borders (avec un bel artwork de Leif Podhajsky), le nouvel album de Simon Green, aka Bonobo, est le coup de cœur absolu de ce début de printemps. L’hypnotique Cirrus et la vidéo réalisée par Cyriac nous avaient donné un premier aperçu prometteur, on aime encore plus Heaven for the Sinners en featuring avec Erykah Badu ou le somptueux Sapphire. Au Trianon,le 6 juin. Out on Ninja Tune with a cover by Leif Podhajsky, Bonobo’s new album is cool before you’ve even heard it. You can on June 6.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 2


Disclosure

D

20/04/13

16:22

Page 183

ébusqué par le label Greco-Roman de Joe Goddard, une des deux âmes pensantes du groupe Hot Chip, le duo de très jeunes Anglais Disclosure puise allègrement son inspiration dans la house vocale de NY et de Chicago des années 1990. Des influences intelligemment digérées qu’ils mélangent aux rythmiques de la scène dubstep anglaise ou à celles de la nouvelle scène r’n’b américaine, faisant de Disclosure un des plus beaux espoirs à venir de la scène club vocale. A la Cigale, le 20 juin. Discovered by Hot Chip’s Joe Goddard, Disclosure is inspired by 1990s NYC and Chicago house, which the group mixes with British dubstep and US R&B.

TameImpala

E

n seulement deux ans, le trio australien qui décrit sa musique comme du «psychedelic hypno-groove melodic rock music», terme bien pratique parce qu’on peut y mettre ce qu’on veut, s’est forgé une jolie réputation auprès des oreilles branchées aimant la musique qui donne envie de gober des champignons magiques. Mais c’est surtout le talent du trio et son ingéniosité à marier influences 1970, pop et musiques électroniques, qui les imposent en nouvelles stars de la scène indie-rock. Venus défendre leur deuxième album, Lonerism, l’occasion est rêvée pour vérifier si le trip que propose le trio est à la hauteur de sa réputation. A l’Olympia, le 26 juin. Tame Impala’s second album Lonerism and its mix of 1970s influences and electronica has added new depths to the group’s self-described “psychedelic hypno-groove melodic rock music.”

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 3

Matthew C. Saville

P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 184

Musique & Night

Antoine Durand

VilletteSonique

Griefjoy

Ils ont lâché Quadricolor pour devenir Greifjoy. Les quatre Niçois Guillaume, Billy, David et Romain sont de retour avec un premier EP, Touch Ground, signé sur le nouveau label Arista. Avec trois titres originaux et deux remix de Yuksek et The Shoes, le quatuor tape juste, avec une pop moderne nourrie d’énergiques sonorités électro-rock. Ils devraient bientôt refaire parler d’eux avec la sortie de leur album annoncé pour septembre. A suivre donc… Au Nouveau Casino,le 30 avril. Guillaume, Billy, David and Romain left Quadricolor to form Griefjoy and the resulting modern electro-rock-pop suggests it was a good idea.

Décidément, Villette Sonique confirme chaque année un peu plus sa réputation de festival ultra-pointu. Des soirées à la Grande Halle (TNGHT en live et Jackson le 26 mai), au Cabaret Sauvage (le label Cómeme, avec Daniel Maloso, Matias Aguayo, le 24 mai) et au Trabendo (The Intelligence, le 26 mai). Et toujours des après-midi en plein air et gratuites, avec l’événement incontournable de cette saison (le 25 mai à 14 h 30), un set de 4 heures du trop rare et adulé DJ Harvey. A la Villette,du 23 au 26 mai. Programmation complète sur www.villettesonique.com Nights in the Grande Halle (TNGHT and Jackson), the Caberet Sauvage (Cómeme label), and the Trabendo (The Intelligence); free open-air musical afternoons (four hours of DJ Harvey); plus other events to discover on the site.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 4


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 185

l’occasion, en mettant en place une politique de communication et de logistique qui pourrait bien être l’occasion de montrer à tous nos amis étrangers comme on s’amuse ces temps-ci à Paris. A la carte de ce festival alléchant, des réjouissances pour le corps disséminées entre la Machine, le Rex, le Trabendo, une immense barge quai de Seine, le Palais des congrès et le Théâtre Berthelot de Montreuil. Des soirées, des afters, des rassemblements géants, des tremplins découverte pour les futurs talents, des événements pour les enfants… Mais surtout, une programmation de haut vol, alternant légendes vivantes (DJ Deep, Robert Hood, Kerri Chandler, Theo Parrish…) et nouvelles stars (Nina Kraviz, Marcel Dettmann, Tama Sumo…), bref, que du bon ! Espérons juste que les kids de 2013, comme tous les house lovers qui ont largement dépassé la trentaine, entendront ce sublime appel du pied à venir danser et suer de concert. P A T R I C K T H É V E N I N Weather festival, à Paris et Montreuil, les 17, 18 et 19 mai. www.weatherfestival.fr Other cities have dance-music festivals; Paris didn’t, until now. The Weather Festival, organized by Mecanik’s and Surprise, promises to be three days and nights of dub, sweat and cheers.

Gesaffelstein

A

A

lors que les plus grandes villes de France ont toutes leur festival dédié aux musiques électroniques (les Nuits Sonores à Lyon, Astropolis à Brest, le NAME à Lille, Marsatac à Marseille et Nördik Impakt à Caen) –et on ne compte pas les capitales étrangères–, Paris reste curieusement à la traîne. 2013 pourrait bien être l’année du changement et d’une réorganisation de la carte du clubbing au niveau européen, avec le premier festival parisien et techno digne de ce nom : le Weather Festival. Organisé par les collectifs Mecanik’s et Surprise (à qui l’on doit les fabuleuses soirées Concrete, Twisted et Weather), le projet ressemble à un pari risqué. En trois jours et trois nuits, en se répartissant dans des lieux situés entre Paris et Montreuil, et riche d’une programmation démentielle, Weather se veut le fer de lance d’une politique électro plus fidèle à l’esprit des origines de la house. Mais surtout ne compte pas que sur la France pour remplir l’objectif des 20 000 festivaliers attendus pour

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 5

Elina Kechicheva

WeatherFestival

même pas 30 ans, sexy et looké impeccablement en costume et chemise blanche, Gesaffelstein est la nouvelle icône qui affole le monde de l’électro. Un producteur sur qui tous les yeux sont tournés et qui s’est payé le luxe, alors qu’il n’a sorti qu’une poignée de tracks et de remixs (pour Lana Del Rey, Justice ou Laurent Garnier, quand même), de faire la une de magazine comme DJ Mag ou Tsugi, dont on ne peut contester les choix. En attendant son premier album prévu pour cette année, celui qui s’est spécialisé dans une techno lourde, violente et chorale (inspirée par la dark wave des eighties, Kraftwerk, la techno de Detroit des années 1990) s’offre en live le temps d’une soirée. L’occasion idéale de faire plaisir à ses yeux et ses oreilles d’un même élan. A la Cigale, le 2 mai. Not yet 30, sexy and impeccably dressed, Gesaffelstein is French electro’s new heartthrob. His first album is on its way; in the meantime, check out the live show.


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 186

Musique & Night

MissKittin

A

Phrank

près avoir reformé, il y a quatre ans et en grande pompe, le duo (qu’elle formait) avec son complice de toujours, The Hacker, point de départ d’une longue carrière (souvenez-vous du tube Frank Sinatra), Miss Kittin a continué d’arpenter la planète son sac de disques à la main, histoire de répandre la bonne parole techno. Celle qui cumule les casquettes de DJ, productrice, performeuse, et dont la voix est désormais gravée dans l’inconscient collectif, en a aussi profité pour composer toute seule (et pour la première fois) dans son petit home studio, tout en prenant son temps et ses aises, son troisième disque solo à ce jour. Le résultat, en forme de double CD, jouissif, est un véritable condensé des obsessions, et de l’univers musical d’une fille plongée dans un univers plutôt masculin, avec ses passions et ses doutes. Sur la partie chantée, Kittin distille une électro mélancolique et soutenue, pile-poil dans la lignée du premier extrait de l’album, le tubesque Bassline. Sur la deuxième partie, elle rend hommage au mouvement ambient qui fit les beaux jours des années 1990. Un disque yin et yang, calme et agité, méditatif et énervé, qu’elle présentera sur scène pour la première fois, avec une scénographie tout spécialement conçue par l’artiste contemporaine Dominique Gonzalez-Foerster. Autant dire que c’est une excellente idée.

PAT R I C K T H ÉV E N I N

Au Trianon, le 17 mai. She’s back with a double album composed in her home studio. On one half she sings over melancholic electro; on the other she pays homage to 1990s ambient. It’s a yin and yang, excited and calm record she’s playing live with visuals by Dominique GonzalezFoerster.

TheSuuns

ls sont quatre, ils viennent de Montréal, le NME, bible anglaise en la matière, les a proclamés parmi les meilleures révélations de 2011, et ils font partie des énièmes groupes de post-punk à revendiquer des influences techno, en l’occurrence pas les plus évidentes : Plastikman, Marc Houle ou Aphex Twin. Si, pour l’heure, The Suuns fait penser à un Radiohead première période, il fait partie aussi de ces groupes qui se donnent plus sur scène que sur disque. Au Trabendo, le 9 mai. Acclaimed by NME, the Suuns are another post-punkinfluenced-by-techno band who sound vaguely like early Radiohead. They’re damn good live, though. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 6

Joseph Yarmush

I


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 187

Musique & Night

Legends-Part 2

A

Phrank

l’occasion des 25 ans du Rex, l’initiateur des incontournables soirées Legends (lancées en 1997), DJ Deep, réunit les figures légendaires de la musique électronique. DJ Pierre, parrain de l’acid house, avec Phuture, son groupe fondé en 1985, succéderont à Kerri Chandler et Joe Claussel, venus en février, pour une nouvelle soirée revival. Phuture a par ailleurs annoncé la sortie d’un album, vingt-six ans après l’emblématique et indémodable Acid Tracks. Au Rex,le 8 juin. To celebrate the Rex Club’s 25th birthday, DJ Deep is getting together with acid godfather DJ Pierre of Phuture (who has a new album out soon).

CrosstownRebels

D

epuis dix ans, CrossTown Rebels, le label londonien fondé par le DJ Damian Lazarus, distille une house, agitée et sensuelle, qui se souvient de ses racines. Avec plus de cent sorties au programme, soutenues par des DJ comme Agoria, DJ Hell ou Miss Kittin, le label a le goût des fêtes intelligentes et chic. Damian Lazarus, Art Department et Deniz Kurtel, les trois énormes têtes d’affiche du label, profiteront de l’ouverture de la première édition du festival Marvellous Island sur l’île de la Porte Jaune, pour fêter l’anniversaire du label et lancer un marathon de cinq jours de folie. Festival Marvellous Island . Sur l’île de la Porte Jaune, le 7 mai. marvellous-island.fr Damian Lazarus’ label Crosstown Rebels has over 100 releases in just 10 years. Lazarus, Art Department and Deniz Kurtel, the label’s three headliners, will be at the Marvellous Island Festival.

Rendez-vous

L

e festival lancé par la fine équipe de Mercredi Productions, qui a par ailleurs entamé sa nouvelle saison, annonce une excitante troisième édition. Avec Dixon, Gaiser, Ame, Matador, John Roberts, Discodromo comme premiers noms annoncés, cette année encore, il sera difficile de passer à côté. Au Cabaret Sauvage,du 27 au 30 juin. So far announced for the third Rendez-Vous festival: Dixon, Gaiser, Ame, Matador, John Roberts and Discodromo. Sounds good.

MarbleNight

Rob Low

e label Marble investit le Showcase avec ses trois fondateurs, Surkin, Bobmo et Para One. Ce dernier sortait en mars dernier un EP de remix, par Canblaster et Girl Unit, de son morceau Every Little Thing, extrait de son album Passion. Une nouvelle version en featuring avec Cam’Ron, grande figure du hip-hop, venu y poser sa voix. La nuit promet d’être chaude. Para One sera également à la soirée Free Your Funk (à la Bellevilloise, le 30 avril) aux côtés de Just Blaze pour une nuit funk/hip-hop. Au Showcase, le 8 mai. A show with Marble label’s three founders, Surkin, Bobmo and Para One. Rock-hard hip hop. PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 7

The Imaginers

L


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 188

Musique & Night

ME.012Down&OutParty

Lucien Perochon

Pour le deuxième épisode de la saison, la ME.012 reçoit les trois patrons du label Items & Things, Magda, Marc Houle et Troy Pierce. Tomas More de Get The Curse sera également de la partie pour une soirée placée sous le signe de la techno. Au Cabaret Sauvage,le 30 avril. Magda, Marc Houle and Troy Pierce of the label Item & Things will join Tomas More of Get the Curse for a night of techno.

DavidShawandTheBeat

Q

Fields:MaxCooper&Guests

Le jeune Max Cooper, prolifique artiste réputé pour sa techno psychédélico-onirique, sort un deuxième EP sur le label Fields issu de la série Conditions. Après les Canadiens Braids, c’est avec la chanteuse jazz Kathrin deBoer du groupe Belleruche qu’il a collaboré sur ce nouveau projet. Au Social Club,le 25 mai. Max Cooper has collaborated with jazz singer Kathrin deBoer from Belleruche on his second EP of dreamy techno psychedelia.

JeffMills

Fort du succès de la précédente édition en novembre dernier, la légende de Detroit, Jeff Mills, est de retour pour une nouvelle date à la Machine avec Time Tunnel, son show inspiré de la série télé des années 1970 du même nom. A la Machine, le 31 mai. Detroit legend Jeff Mills is back at the Machine with Time Tunnel, his show inspired by the 1970s TV show.

Rubrique «Musique&Night» réalisée par L U C I E G O U Z E & P A T R I C K T H É V E N I N PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 8

Shauna Regan

uand il s’appelait encore Siskid, ce musicien né à Manchester et exilé à Paris, travaillait autant en solo que pour d’autres (Blackstrobe, par exemple), multipliant les jobs de patron de label, DJ ou producteur. Mais ce temps-là est révolu, Siskid est devenu entretemps David Shaw, un grand garçon décomplexé qui laisse enfin libre cours à son amour de la pop et de la new wave des années 1980, tout en gardant dans sa poche, à portée de main, son amour de la musique électronique. Si la tendance actuelle, emportée par des Lescop, Yan Wagner ou Perez, est à revisiter la pop des eighties en citant Daho, Taxi Girl ou Elli & Jacno, David Shaw, en bon citoyen britannique, se souvient plutôt de l’Angleterre des années 1980. So It Goes, son premier album sous le nom de David Shaw & The Beat, est ainsi une course poursuite sur la trace des garçons coiffeurs de Depeche Mode. Un hommage updaté en forme de best of de synthés mis en boucle, de mélodies imparables et de vocaux graves et menaçants dont on attend la transposition sur scène avec impatience. Bonne nouvelle : David et ses rythmes eighties partent en tournée. Autant y aller habillé en noir, histoire de ne pas faire tache. P A T R I C K T H É V E N I N Festival Marvellous Island / Ile de la Porte Jaune, le 10 mai. marvellous-island.fr A Macunian exiled in Paris, David Shaw used to be called Siskid, but that was then. Now, under the name of David Shaw and the Beat, he’s released So It Goes, a first album that reveals a serious love of Depeche Mode.


P47_PalacecopeAgendaCM15_SR2:Palace

20/04/13

16:22

Page 189

Musique & Night E t o n n a n t Pa r i s i e n

SoMe

Night and Style

«S

logos naïfs et fluo. Pour l’heure, il a laissé tomber ses feutres pour accompagner l’anniversaire des 10 ans d’Ed Banger d’un beau livre ironiquement intitulé Travail, Famille, Party. 300 pages, où le graphiste a sélectionné plusieurs centaines de clichés pris tout au long des tournées et des fêtes du label All Around the World. «Ce sont surtout des photos pas vues, des clichés inédits. Ce n’est pas un documentaire photographique de ce qui s’est passé pendant toutes ces années, mais quelque chose de plus intime.» En feuilletant cette succession d’images qui racontent en filigrane l’histoire d’une bande d’amis unis par la même envie de danser et de s’amuser, on se dit que SoMe est fin prêt pour s’attaquer à son premier longmétrage. Ça tombe bien, il y songe ! Propos recueillis par P A T R I C K T H É V E N I N

«Travail, Famille, Party», Ed Banger.

“I’m incapable of explaining how I work,” says So Me, aka Bertrand de Langeron. “It depends on the subject and the people I’m working with.” His best-known colleague is Pedro Winter, manager of Daft Punk, DJ and owner of record label Ed Banger. The pair met a decade ago, just after the label’s launch, and since then So Me’s aesthetic has become Ed Banger’s. So Me’s book, Travail, Famille, Party celebrates those 10 years in 300 pages of unseen photos from the Ed Banger world. His next dream: making a feature film.

Marco Dos Santos

Shauna Regan

i tu veux me faire parler de mon style, on ne va jamais y arriver, déclare d’emblée SoMe, aka Bertrand de Langeron. Je suis incapable d’expliquer la manière dont je travaille. Je n’ai pas de méthode, ça dépend du sujet et des gens avec qui je collabore. Je peux passer des semaines sur un projet précis et en boucler un autre en une après-midi, il n’y a pas de règles.» Tout a commencé il y a une dizaine d’années. Bertrand, 23 ans, rencontre Pedro Winter, DJ, organisateur de soirées et accessoirement producteur du duo de robots casqués français les plus célèbres au monde. Le coup de foudre est mutuel. A l’époque, SoMe travaille dans une agence de pub, mais, comme dessiner des packagings pour l’industrie agroalimentaire n’est pas vraiment la carrière dont il rêve, il saute sur la proposition de Pedro et devient sur-le-champ le directeur artistique d’Ed Banger, le label que Pedro vient juste de lancer. Dix ans plus tard, SoMe, avec ses pochettes naïves et colorées qui empruntent à l’esthétique graffiti, aux mangas, à la publicité et à l’art contemporain, a offert une charte graphique à Ed Banger, instantanément reconnaissable et qui a, pour beaucoup, participé au succès du label qui abrite Justice, SebastiAn, Uffie ou Mr Oizo… Touche-àtout génial, SoMe a aussi décliné en affiches, pochettes de disque, stickers, vidéoclips, documentaires sur la tournée de Justice (avec Romain Gavras) sa signature aux

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

18 9


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

15:53

Page 190

RejoignezleclubPalace

Faites-vousuncadeau!

Recevezle«magazinecadeau»chezvous. Abonnez-vousà«PalaceCostes»:6numérospour33euros Bon d’abonnement à renvoyer à : PalaceCostes, 64 rue Tiquetonne 75003 Paris Je m’abonne à Palace pour un an: 6 numéros, 33 euros (pour les frais d’envoi) Je règle mon abonnement par chèque bancaire à l’ordre de Palace Presse.

Date . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Coordonnées de l’abonné(e) Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cette offre réservée aux nouveaux abonnés ne bénéficie pas de la garantie de remboursement, en application de l’article 27 de la loi Informatique et Libertés du 16 janvier 1978. Vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant. Vous pouvez vous opposer à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement à des organismes extérieurs. Merci de nous le signaler par écrit.


PLC_300413_P1:Mise en page 1

10/04/13

13:53

Page 1

ANNONCES D’EXCEPTION

D

Bouches-du-Rhône - Sud Luberon

Eure-et-Loir

P

omaine d’exception à 30 mn d’Aix-en-Provence. Majestueuse bastide du XVIe à rénover. 31 ha de vignes, parc et bois. Nombreuses dépendancesetcavedevinification.Réf.:AIX-4702-VB.Classeénergie:D. Prix : 5 300 000 €.

aris à 1h40. Propriété située à proximité de Nogent-le-Rotrou. Belles réceptions avec vue sur le territoire de 30 ha. Dépendances aménagées.Possibilitéd’acquérirunétangensus.Ensemblehistoriquerare. Réf. : PPC-5051. Prix : 2 100 000 €.

EMILE GARCIN Aix-en-Provence TÉL. +33 (0)4 42 54 52 27 aix@emilegarcin.fr

EMILE GARCIN Propriétés& Châteaux TÉL. +33 (0)1 42 61 73 38 proprietes@emilegarcin.fr

Gironde - Bordeaux e

C

hartreuse du XVIII . Vue dominante Parc de 13 ha. Vaste cour avec chais, maisond'amis,orangerieetmaisondegardien.Réf.:BDX-1684.Prix:3490000 €.

PARIS - NEUILLY-SUR-SEINE ENVIRONS DE PARIS - SAINT-TROPEZ SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE DEAUVILLE - BRETAGNE - LUBERON AIX-EN-PROVENCE - CÔTE D’AZUR - UZÈS MARSEILLE & LITTORAL - PAYS VAROIS AVIGNON - DRÔME & VENTOUX CÔTE BASQUE - PÉRIGORD - BORDEAUX LYON - MEGÈVE - COURCHEVEL & MERIBEL LONDRES - GENÈVE - BOSTON - DUBLIN BRUXELLES - MARRAKECH - TANGER

www.emilegarcin.fr

EMILE GARCIN Bordeaux TÉL. +33 (0)5 59 01 59 59 bordeaux@emilegarcin.fr

S

Bouches-du-Rhône

L

Paris 4e - Ile eSaint-Louis

I

mmeuble fin XVII , bel appartement de 181 m² avec vue sur la Seine. Belles réceptions, 2 chambres, 2 bains. Service. Parking.Caves.Réf.:PRD-2045.Prix: c EMILE GARCIN Paris Rive Droite TÉL. +33 (0)1 58 12 02 02 parisrd@emilegarcin.fr

Var - Saint Tropez

aint-Rémy-de-Provence et Eygalières à 10 mn. Magnifique mas XVIIIe entièrement restauré. Prestations de qualité, superbes volumes, 8 chambres avec bains. Maison de gardien, piscine et tennis. Le tout sur 10 ha d’un seul tenant. Réf. : SRM-7726-PHB. Prix : c

esParcs,domaine privé.Exceptionnelle propriété« piedsdansl’eau» avecunebastideetsesterrassesfaceàlamer.11chambres.Maisond’amis, maison de gardien, orangerie. Parc de 7 000 m². Plage privée et piscine. Réf. : STZ-0128-PHB. Prix : c c

EMILE GARCIN Propriétés TÉL. +33 (0)4 90 92 01 58 provence@emilegarcin.fr

EMILE GARCIN Saint Tropez TÉL. +33 (0)4 90 92 01 58 provence@emilegarcin.fr

m - de 0,8 M€

m m 0,8 à 1,3 M€

m m m 1,3 à 2,3 M€

c 2,3 à 5 M€

c c 5 à 10 M€

c c c + de 10 M€

Retrouvez votre magazine Propriétés de France chez votre marchand de journaux et sur Internet | Mobile | Tablette


PLC_300413_P2:Mise en page 1

10/04/13

13:53

Page 1

ANNONCES D’EXCEPTION

S

Vaucluse - Alpilles

V

Paris 16e - Rare

uperbe maison de village XVIIIe rénovée bénéficiant d’une terrasse avec vue panoramique. Garage. Surface habitable environ 200 m². Réf. : 326-111vm. DPE : D. Prix : 595 000 €.

illa Montmorency. Maison de 200 m² en très bon état. Jardin de 150 m². 4 chambres, 3 salles de bains, 1 grande cuisine, 2 salons, 2 terrasses. Prestationshaut de gamme. Prix : 3 990 000 €.

JANSSENS IMMOBILIER TÉL. +33 (0)4 90 21 57 01 www.janssens-immobilier.com

VILLARET IMMOBILIER Mozart TÉL. +33 (0)1 600 59 555 www.villaret-immobilier.com

Paris 16e - Porte Dauphine

Vaucluse, eChâteauneuf-du-Pape à 10 km

E

C

xclusivité. Très bel appartement pierre de taille entièrement rénové. Une entrée, un vaste double séjour sans vis-à-vis avec une vue dégagée, 2 chambres, salle de bains, salle d'eau, cuisine équipée, dressing et cave. Luxueusesprestations.Prix : 2 500 000 €.

hâteau du XVII restauré, parc de 5,5 ha clos de murs. Parc à l’anglaise. Château en "U" traditionnel d’environ 2 000 m² aménagés plus 380 m² non aménagés. Chapelle, autel XIXe. Jardin d’hiver. Tennis, poolhouse.Parfait état, trèsfort potentiel. Réf. : LH01 784.Prix : 3990 000 €.

PARIS OUEST SOTHEBY’S TÉL. +33 (0)1 77 37 67 67 www.parisouest-sothebysrealty.com

IMMOBILIÈRE DULUBERON TÉL. 04 90 72 38 40 www.immobiliereduluberon.com

E

Vaucluse

B

Corse - Porto-Vecchio

n Provence, non loin du mont Ventoux, élégante bastide d’une quinzaine de pièces et ferme indépendante, des communs. Tennis. Piscine.Terrainde12haenparc,boisetchênestruffiers.Aquelquesminutes d’un village avec commerces et 15 mn d’une ville. Prix : 3 500 000 €.

aie de Santa-Giulia, villa "les pieds dans l'eau". Orientée plein sud, située au cœur d'un parc paysager clos et sécurisé, quelques mètres seulement vousséparent d'une plage de sableblanc et de seseaux turquoises. Matériaux et prestationsde haut niveau. Prix : m m m

CAMPAGNES DUSOLEIL TÉL. + 33 (0)4 75 01 66 33 www.campagnesdusoleil.com

AGENCE IMMOBILIÈRE DUGOLFE TÉL. 06 07 69 64 06 www.aggolfe.com - www.sables-santa-giulia.com

m - de 0,8 M€

m m 0,8 à 1,3 M€

m m m 1,3 à 2,3 M€

c 2,3 à 5 M€

c c 5 à 10 M€

c c c + de 10 M€

Retrouvez votre magazine Propriétés de France chez votre marchand de journaux et sur Internet | Mobile | Tablette


PLC_300413_P3:BAT

11/04/13

11:07

Page 1

ANNONCES D’EXCEPTION

U

Var

D

Montmartre... Unique.

njardindecontemplation faceaularge,2,5ha« piedsdansl'eau». La maisonprincipale,destylecontemporain(547m²),abrite5chambres et 2 studios indépendants. Maison d'amis (175 m²), maison de gardiens. 2 piscines. Réf. : ADR728. Prix : c c

alida y a inscrit son nom, et pour l'éternité, cette maison restera autant enchanteresse qu'en chanson ! Le bien se voit coiffé par un duplex de 100 m² avec balcon et terrasseplein sud. Vue imprenable surtout Parismais aussi sur le moulin de la Galette... Prix : 1 975 000 €.

AGENCE DUREGARD TÉL. 04 94 01 43 15 contact@agenceduregard.fr

Immo BestInternational TÉL. 06 98 26 8000 www.immobestinternational.com

A

Bouches-du-Rhône

ixcentre,aucœurd’unparc de2500m²aucalme,immeublecontemporain sécurisé : 4 appartements type 4 de 160 m² avec grande terrasse ou jardin, calme, sans vis-à-vis, prestations luxe sur mesure, garages en supplément. Prix : m m m

D

MAISON EMLIE TÉL. +32 473 803 503 www.maisonemlie.be

AIXCEPTION IMMOBILIER TÉL. 06 83 21 75 55 www.aixception-immobilier.com

H

Paris 16e - Cœur d'Auteuil

ôtel particulier exceptionnel par son emprise au sol, d'une superficie d'environ 565 m² avec terrasse de 45 m² de plain-pied, jardin de 350 m² sans vis-à-vis avec dépendance de 75 m². Belle hauteur sous plafond. Prestationsde qualité. Proche Jean-Baptiste Say. Prix : c c CONSULTANTS IMMOBILIER WAGRAM TÉL. 01 47 66 29 29 www.consultants-immobilier.com

m - de 0,8 M€

m m 0,8 à 1,3 M€

m m m 1,3 à 2,3 M€

Belgique - Propriété

omaine exceptionnel. Vente villa en exclusivité, à 15 mn du centre financier et européen de Bruxelles. Propriété exclusive de plus de 6 000 m², clôturée et sécurisée, quartier résidentiel et calme. Vue exceptionnelle sur un jardin magnifique. Prix : 3 750 000 €.

A

Hauts-de-Seine. Rueil-Malmaison

15 mn de l'Etoile. Loft de 723 m² réparti en 1 appartement de 247 m², avec terrasse, vaste réception avec cuisine américaine, 4 chambres avec leur salle de bains. Plateau brut de 130 m² avec terrasse. Plateau central de 285m²avecterrasse,ascenseur,monte-charge,àaménagerensalledesport, atelier professionnel... Prix : c CONSULTANTS IMMOBILIER PASSY TÉL. 01 42 88 96 96 www.consultants-immobilier.com

c 2,3 à 5 M€

c c 5 à 10 M€

c c c + de 10 M€

Retrouvez votre magazine Propriétés de France chez votre marchand de journaux et sur Internet | Mobile | Tablette


126_P47_InfomaniaCMok_SR2:Palace

20/04/13

16:35

Page 194

Infomania

LeslieuxexclusifsàParisoùtrouvervotremagazine

Paris Ier

HÔTEL COSTES.239rue Saint-Honoré, Paris I . 0142445000. TRÈS HONORÉ. 35 place du Marché Saint-Honoré, Paris Ier. 0144 86 97 97. er COLETTE.213rue Saint-Honoré, Paris I . 0155353390. CALL ZEUS. 16place Vendôme, Paris Ier. 0144506064. er JEU DE PAUME,site Concorde.1placedelaConcorde, ParisI . 0147031250. LACOSTE. 8rue de Castiglione, Paris Ier. 0144581258. er

Paris IIe

AU VIDE GOUSSET. 1rue Vide-Gousset, Paris IIe. 0142600278. WASKOLL. 19rue de la Paix, Paris IIe. 0144719894.

Paris IIIe

CAVES SAINT-GILLES. 4rue Saint-Gilles, Paris IIIe. 0148872262. CHEZ JANOU. 2rue Roger Verlomme, Paris IIIe. 0142722841. e GALERIE BAUDOIN LEBON. 8rue Charles-François Dupuis, Paris III . 0142720910. GALERIE DANIEL TEMPLON. 30rue Beaubourg, Paris IIIe. 0142721410. GALERIE EMMANUEL PERROTIN. 76rue de Turenne, Paris IIIe. 0142167979. GALERIE JOUSSE ENTREPRISE. 6rue Saint-Claude, Paris IIIe. 0153821360. GALERIE K. 21rue Notre Dame de Nazareth, Paris IIIee. 0615736177. GALERIE KARSTEN GREVE. 5rue Debelleyme, Paris III . 0142771937. GALERIEe LES FILLES DU CALVAIRE. 17rue des Filles-du-Calvaire, Paris III . 0142744705. GALERIE PARIS-BEIJING. 54rue du Vertbois, Paris IIIe. 0142743236. GALERIE PARTICULIÈRE. 16rue du Perche, Paris IIIe. 0148742840.e GALERIE RABOUAN MOUSSION. 121rue Vieille-du-Temple, Paris III . 0148877591. GALERIE THADDAEUS ROPAC. 7rue Debelleyme, Paris IIIe. 0142729900. GALERIE XIPPAS. 108rue Vieille-du-Temple, ParisIIIe. 01 40 27 05 55. GALERIE YVON LAMBERT. 108rue Vieille-du-Temple, Paris IIIe. 0142710933.

Paris IVe

Paris VIe

LA SOCIÉTÉ. 4place Saint-Germain-des-Prés, Paris VIe. 0153636060. PÈRES ET FILLES. 81 rue de Seine, Paris VIe. 0143 25 00 28. CHARLOTTE. 20rue du Cherche-Midi, Paris VIe. 0145493364. GALERIE HÉLÈNE BAILLY. 38rue de Seine, Paris VIe. 0143260135. GALERIE ARTY DANDY. 1rue de Furstemberg, Paris VIe. 01 43 54 00 36. GALERIEe CATHERINE ET ANDRÉ HUG. 40rue de Seine et 2rue de l'Echaudé, Paris VI . 0143269375. GALERIE DOWN TOWN. 16rue de Seine, Paris VIe. 0146338241. GALERIE G.-P. & N. VALLOIS. 36rue de Seine, Paris VIe. 0146346107. GALERIE KAMEL MENNOUR. 47rue St-André des Arts, Paris VIe. 0156240363.

Paris VIIe

L’ESPLANADE. 52rue Fabert, Paris VIIe. 0147053880. GALERIE HÉLÈNE BAILLY. 25 quai de Voltaire, Paris VIIe. 0142603647. LILY WANG. 40avenue Duquesne, Paris VIIe. 0153860909. LE TOURVILLE. 1place de l’Ecole-Militaire, Paris VIIe. 0144180508.

BOUDOIR ETERNAMÉ. 5rue Clément Marot, Paris VIIIe. 0140690800. GINGER. 11rue de la Trémoille, Paris VIIIe. 0147233732. L’AVENUE. 41avenue Montaigne, Paris VIIIe. 0140701491. LE MADRIGAL. 32avenue des Champs Elysées, Paris VIIIe. 0143599025. LE RIVAL. 20avenue Georges V, PariseVIIIe. 0147234099. LE VILLAGE. 25rue Royale, Paris VIII . 0140170219. GALERIE ACTE 2. 41rue d’Artois, Paris VIIIe. 0142895005. LE ROOSEVELT. 61avenue Franklin Roosevelt, Paris VIIIee. 0142257663. MONTAIGNE MARKET. 57avenue Montaigne, Paris VIII . 0142565858. GALERIE MATIGNON. 18avenue Matignon, Paris VIIIe. 0142666032. e GALERIE W MATIGNON. 35avenue Matignon, ParisVIII . 01425480 24. GALERIE JÉRÔME DE NOIRMONT. 38avenue Matignon, Paris VIIIe. 0142898900.

Paris IXe

LA SUITE GALERIES LAFAYETTE. 40boulevard Haussmann, Paris IXe. 0142828388. GALERIE VU’. Hôtel Paul Delaroche, 58rue St Lazare, Paris IXe. 01 53 01 85 85.

Paris Xe

MODE ESTAH. 32rue de Paradis, Paris Xe. 0153246434.

Paris XIe

GALERIE MAGDA DANYSZ. 78rue Amelot, Paris XIe. 0145833851. PICTO BASTILLE.53bis rue de la Roquette, Paris XIe. 0153362121.

Paris XIIe

LE CHINA. 50rue de Charenton, Paris XIIe. 0143460809. LE SQUARE TROUSSEAU. 1rue Antoine-Vollon, Paris XIIe. 0143430600.

Paris XIVe

FONDATION CARTIER. 261boulevard Raspail, Paris XIVe. 0142185650. FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON. 2impasse Lebouis, Paris XIVe. 0156802700.

Paris XVe

HÔTEL BOURG TIBOURG.19 rue du Bourg Tibourg, Paris IVe . 014278 47 39. GALERIE DU JOUR AGNÈS B. 44rue Quincampoix, Paris IV . 0144545590. LIBRAIRIE FLAMMARION POMPIDOU. Place Georges-Pompidou, Paris IVe. 01 44 78 12 33. MEP. 5-7rue de Fourcy, Paris IVe. 01 44 78 75 00. LE TEMPS DES CERISES. 31rue de la Ceriseraie, Paris IVe. 0142720863. e

Paris VIIIe

LA PLAGE PARISIENNE. Port de Javel haut, Paris XV . e0140 59 41 00.

Paris XVIe

CENTRE PORSCHE PARIS 16. 17rue Gros. Paris XVIe. 01 44 96 30 30. LE TOURNESOL. 2avenue Lamballe, Parise XVIe. 01 45 25 95 94. LE MURAT. 1boulevard Murat, Paris XVI . 0146513317.

Paris XVIIe

LA COMPAGNIE. 123 avenue de Wagram, Paris XVIIe. 0142 27e 61 50. GALERIE DAMIEN CLAUDEL. 83avenue de Wagram, Paris XVII . 0148889595.

Paris XVIIIe

GALERIE W. 44rue Lepic, Paris XVIIIe. 0142520018. AGENCE NELLY RODI. 28avenue de Saint-Ouen, Paris XVIIIe. 0142930406.

ToutprèsdeParis

CLARINS. 4rue Berteaux-Dumas, Neuilly. 0146419416. CENTRE PORSCHE BOULOGNE. 122bisavenue du Gal Leclerc, Boulogne-Billancourt. 0141102090. MOËT & HENNESY DIAGEO. 105boulevard de la Mission Marchande, Courbevoie. 0141883200. CENTRE PORSCHE PARIS LA DÉFENSE. 14-16VilladesFleurs, Courbevoie. 0149683434. YVES ROCHER. 101quai du Président Roosevelt, Issy les Moulineaux. 0141085500. GUERLAIN. 125rue du Président Wilson, Levallois Perret. 0141273216. PARIS PREMIÈRE. 89avenue Charles-de-Gaulle, Neuilly. 0141926886. CENTRE PORSCHE SAINT-GERMAIN. 2rue Ampère, Saint-Germain-en-Laye. 0139046900. CENTRE PORSCHE SAINT-MAUR. 2boulevard Maurice Berteaux, SaintMaur-des-Fossés. 0149767878. CENTRE PORSCHE VÉLIZY.21avenue LouisBréguet,Vélizy. 0130676200. VOITURES JAUNES. Taxis sur mesure. 0140100808.

PA L AC E C O ST E S AV R I L / M A I 2 0 1 3

19 4


Baldinini_PalaceCostes_PE13.pdf

C

M

Y

CM

MY

CY

CMY

K

1

21/02/13

18:19


LANCEL_SS13_PALACE COSTES_205x275_OK.indd 1

23/04/13 15:52


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.