Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire - PoCa Post-Carbone - Eav&t

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Cahiers du DPEA PoCa Post-Carbone 2018 – 2019

Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire

Florentin Cornée Paul de Greslan Iliana Skaragkou

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire Commanditaires de l’étude Mairie de Dolus d’Oléron Plan Urbanisme Construction Aménagement Étudiants Florentin Cornée Paul de Greslan Iliana Skaragkou

Cahiers du DPEA PoCa Post-Carbone 2018 – 2019 École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.

MICHAUX, Henri, « Clown », dans Peintures (1939), repris dans L’Espace du dedans, Gallimard, 1966, p. 249.


Sauf indication spécifique, toutes les photos, y compris aériennes, ont été prises par les auteurs. Tous les documents présentés ont été réalisés par les auteurs, à partir des données citées.


Avant-propos

Ce livret, réalisé par trois architectes étudiants en formation Post-Carbone à l’école d’architecture de la ville & des territoires à Marne-Vallée (Éav&t), est le fruit de 6 mois d’études de septembre 2018 à mars 2019. Il a été commandé par la Mairie de Dolus d’Oléron et le Plan Urbanisme Construction Aménagement (PUCA). Ce cadre universitaire ouvre des pistes de réflexion à destination des décideurs, des constructeurs et des usagers de l’île, habitants tout autant que touristes. Son objectif est de renseigner le débat collectif aux sujets de la notion de qualité paysagère, de la réglementation liée aux risques naturels, de l’impact actuel du tourisme sur l’île et de sa possible évolution, du développement péri-urbain de Dolus ou encore de la capacité à produire localement des alternatives frugales et bio-sourcées à la construction contemporaine oléronaise. Ce travail s’inscrit au cœur d’un processus réflexif sur la transition environnementale engagé par la mairie depuis quelques années. En 2015, la ministre de l’Écologie lance l’appel à projet Littoral 2070. Le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) engage alors le programme Laboratoire d’aménagement littoral1. La ville de Dolus d’Oléron s’étant portée volontaire en qualité de site pilote, leur collaboration a donné lieu, en 2017, à une étude du DSA Architecte Urbaniste de l’Éav&t, intitulée Préparer le littoral à la montée des eaux - Dolus d’Oléron comme laboratoire d’un aménagement résilient1. Appelant à « considérer l’adaptation au changement climatique comme un levier de développement pour les territoires littoraux », cette précédente étude souhaitait rendre désirable un littoral malmené par les effets du dérèglement climatique. Le présent ouvrage prolonge l’étude du DSA pour dépasser la seule question du littoral. Il s’applique dès lors à identifier, dans les caractéristiques propres de Dolus d’Oléron, les enjeux et les supports pour le développement de démarches d’habiter environnementalement et socialement soutenables. 1.

http://www.marnelavallee.archi.fr/publications/cahiers-du-dsa/preparer-le-littorala-la-montee-des-eaux-br-dolus-doleron-comme-laboratoire-dun-amenagementresilient

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Avant-propos Oléron et Dolus Oléron serait une île? Les défis du territoire

7 11 17 33

A. Le littoral atlantique

51 57 69 79

L’échappée littorale Vers une nouvelle présence touristique Ode au démontable

B. Les terres hautes

119 125 137 147

C. Les pertuis et leurs marais

175 181 193 205

D. Pour une solidarité territoriale  Conclusion

231 247

Glossaire Bibliographie Remerciements

250 254 257

Un paysage habité Vers un village accessible La sympathie du quéreu

L’adaptation comme paysage Diversifier l’activité ostréicole De la culture en claire à la culture des claires


Estran vaseux* Marais doux* Claires* Bâtis Forêts Plages 3500 m

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Oléron et Dolus

Située dans le Golfe de Gascogne, à l’ouest des côtes de la Charente-Maritime, l’île d’Oléron est la deuxième plus grande île métropolitaine française derrière la Corse. Son territoire s’étend du nord-ouest au sud-est sur 30 kilomètres de long et 8 kilomètres de large. Avec un point culminant à 32 m d’altitude, la hausse des températures et la topographie affleurante rendent le territoire vulnérable à la montée des eaux et aux tempêtes hivernales. Plusieurs sites archéologiques sur la commune de Saint-Georges d’Oléron et Dolus témoignent d’une présence humaine dès le Néolithique. Les Gallo-romains s’établissent sur la dorsale calcaire en traçant un axe qui relie bourgades et camps fortifiés entre eux. Au XIIe siècle, les villages se fixent définitivement autour d’édifices religieux et constituent les agglomérations actuelles. Aujourd’hui, Oléron compte plus de 22 000 habitants à l’année répartis sur les huit municipalités de l’île. Longtemps agricole, l’économie oléronaise se fonde aujourd’hui en grande partie sur l’ostréiculture et le tourisme. Bénéficiant d’un climat de type midi atlantique qui se caractérise par des températures particulièrement douces en hiver et rafraîchissantes en été, l’île attire depuis le développement du tourisme de masse de nombreux visiteurs. Cette tendance explose en 1966, date à laquelle est inauguré le pont d’Oléron qui attache l’île au continent. Les polarités économiques de l’île, entre tourisme et conchyliculture, conduisent à une forte saisonnalité des activités. La période estivale entraîne ainsi une multiplication par quatorze de la population, tandis que l’hiver correspond à une intensification du travail dans les marais.

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1000 m

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Dolus d’Oléron est une des 8 communes de l’île, d’une superficie de 29.02 km². Tout comme Saint-Georges et SaintPierre, elle traverse l’île de part en part et en présente toute la palette de paysages. L’analyse particulière de Dolus permet donc une compréhension plus générale d’Oléron, et la démarche de conception aura de fait vocation à être transposée aux situations similaires.

D’après le Plan de paysage du Pays Marennes-Oléron (voir bibliographie), Oléron présente trois unités paysagères issues des effets de l’humain et de la nature. Les terres hautes se situent tout au long de la dorsale calcaire. Les bourgs principaux et les champs de culture y sont implantés. Au sud-ouest, le littoral atlantique, le plus touristique, se distingue par ses plages et ses dunes de sable poussé par les courants et la houle du large. Des forêts napoléoniennes y ont été plantées pour fixer la sédimentation. Au nord-est, les pertuis et leurs marais sont caractérisés par le dépôt de sédiments de rivière dans l’entonnoir formé par le pertuis de Maumusson. Les terres et estrans vaseux résultants ont été façonnés pour accueillir l’ostréiculture en claire. N 8000 m

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Port d’Arceau

Dolus, bande de terre entre deux eaux La commune de Dolus d’Oléron est vue ici dans son ensemble depuis son littoral nord-est.

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La RĂŠmigeasse Centre-bourg

Les Allards

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Fond de carte : Carte de L’Aiguillon à La Tremblade, Atlas des ports de France, Paris, Imprimerie Sarazin, 1895 N 8000 m

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Oléron serait une île?

Si Oléron fut assurément un jour une île, elle est aujourd’hui sur le continent. Oléron est aujourd’hui sur le continent. Non pas qu’elle y soit géographiquement, mais depuis presqu’un siècle cependant, des prothèses l’y rattachent toujours plus. Le pont, les réseaux sous-marins ou encore les technologies de télécommunication luttent ensemble contre son insularité à mesure qu’ils amarrent de plus en plus fortement l’île à son port d’attache. Tout le métabolisme s’en trouve bouleversé : en lieu et place du pays des « paysans de la mer » où chacun subsistait de l’océan comme des champs, Oléron fait aujourd’hui face à une incorporation radicale à une France homogénéisatrice. C’est à la fois la fortune et la détresse d’Oléron. La fortune de cette île est d’avoir pu profiter de la solidité de ses amarres pour mettre en place un échange ininterrompu du quai au navire. L’attractivité des plages oléronaises a ainsi trouvé un écho dans les aspirations littorales des métropolitains, toujours plus nombreux à fouler le sable de leurs pieds libérés. La soute s’est remplie insatiablement grâce aux baignassouts*, lui assurant une prospérité certaine. Mais amarres trop serrées ne résistent à la houle. C’est là sa détresse. Oléron, alourdie jusqu’à la ligne de flottaison et ayant perdu le pied marin, prend l’eau et peine à s’adapter aux changements de son milieu. Ces changements, climatiques, environnementaux et sociétaux, constituent pourtant une réelle menace pour la pérennité de ce territoire millénaire et ses habitants. Comment faire dans ce contexte pour aller de l’avant, laisser un peu de mou et prendre les vagues du XXIe siècle ? Comment faire pour garantir aux insulaires des perspectives d’avenir sereines ? La mission passée par la Mairie de Dolus d’Oléron et le PUCA est une « étude transcalaire sur le métabolisme de la ville et de l’île en relation avec le territoire Pays Marennes Oléron, et le développement d’une offre résidentielle (permanente et saisonnière) bas carbone et en circuit court1».

* 1.

Les termes en italique suivis d’une astérisque renvois au glossaire illustré en page 250 Note de cadrage de la présente étude, 1 octobre 2018

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Étudier le métabolisme de l’île, c’est d’abord considérer Oléron comme un organisme singulier, avec ses propres aspirations, sa personnalité, ses consommations, ses rejets. Par extension, la vision métabolistique invite même à oublier les limites administratives pour considérer Oléron en tant que biorégion : « Une entité spatiale cohérente traduisant une réalité géographique, sociale et historique […]2. » En dehors de toute géographie administrative, la biorégion est intègre et se distingue des autres par ses spécificités sociaux-environnementales. Elle invite à reconsidérer la faune, la flore, les milieux naturels, les paysages, la géologie, l’économie, les interactions sociales et l’histoire comme des composantes essentielles au développement d’un projet sociétal cohérent. En effet comme le rappelle Serge Latouche : « Constituée d’un ensemble complexe de systèmes territoriaux locaux, dotée d’une forte capacité d’autosoutenabilité écologique, [la biorégion] vise à la réduction des déséconomies externes et de la consommation d’énergie3. » Il s’agit là d’apprendre à vivre avec les dons et les limites du lieu que l’on habite : sa biocapacité4. Définie comme la capacité d’un organisme à assurer son propre renouvellement, elle peut être appréhendée par divers facteurs : la part d’énergies renouvelables productibles directement sur l’île, le nombre de touristes jugé soutenable pour en maîtriser l’impact, le ratio au sein des parties non inondables de l’île entre terres productives et surfaces artificialisées … Dans un deuxième temps, la mission se focalise sur le « développement d’une offre résidentielle (permanente et saisonnière) bas carbone et en circuit court ». La question de l’hébergement semble en effet émerger comme étant cruciale pour Dolus et Oléron. Plusieurs facteurs y contribuent. À court terme, la disponibilité et la qualité de l’hébergement des saisonniers pèche chaque Été, de nombreuses demandes restant sans réponse. Du côté des habitants, le Programme Local de l’Habitat de la Communauté de Communes de l’Île d’Oléron rappelle qu’il existe une carence en logements T2 et T35 adaptés à des jeunes souhaitant accéder à la propriété et à des personnes âgées souhaitant se rapprocher des services et des commerces. À plus long terme, la perspective d’un retrait progressif des zones en risque submersion comme proposé par l’étude du DSA engage à la conception d’alternatives, adaptées aux aspirations de chacun et à l’évolution des pratiques de villégiature. 2. 3. 4. 5.

LATOUCHE, Serge, Petit traité de la décroissance sereine, Mille et une nuits, Paris, 2008, p.73 Idem Biocapacité, Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocapacité (consultation le 04/12/18) PLH 2018-2023, Communauté de Communes de l’Île d’Oléron


Afin d’apporter des éléments de réponse à la problématique d’hébergement, cette étude s’emploiera à déployer trois types d’offres résidentielles adaptées à différents publics, à différents contextes et à différentes temporalités. La capacité de concilier ces offres avec la volonté de construction bas carbone et circuit court a été interrogée en faisant appel à la notion écologique du Facteur 46, à savoir deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Ce postulat exprimé par le club de Rome en 1997 correspond à une nécessité face à l’urgence climatique que l’on connait aujourd’hui. Il ne s’agit pas simplement de décroissance mais également d’efficience. Pour être désirable, une transition vers un mode de vie décroissant ne doit pas faire perdre les qualités de vies acquises depuis les dernières décennies. Il faut donc réussir à améliorer l’efficience écologique pour pouvoir au moins maintenir notre confort tout en préservant au maximum les ressources disponibles sur Terre. En suivant cette idée les architectes Philippe Madec et Dominique GauzinMüller avec l’ingénieur Alain Bornarel ont réinterprété les principes du Facteur 4 sous l’expression d’une « frugalité heureuse7 » qui viserait à réduire au strict minimum les besoins énergétiques par une conception bioclimatique, tout en construisant des bâtiments agréables à vivre. La démarche frugale est aussi celle d’une conception vernaculaire contemporaine, il s’agit de s’emparer de ce qui est déjà-là de façon à minimiser au maximum les importations. En favorisant le circuit court on réduit de façon importante les émissions de gaz à effets de serres et l’utilisation d’énergie fossile. L’autre point clef de la démarche de la présente étude se développe à partir du mouvement permaculturel 8 . En préférant des cultures diverses et interdépendantes à des monocultures, l’objectif est d’assurer chaque fonction par plusieurs supports et de conférer à chaque élément plusieurs fonctions. L’application de cette thèse facilite dès lors la mise en place d’un système flexible et absorbant des changements inattendus. Sa réorganisation étant facilitée, ce système acquière une résilience maximale, notamment pour s’adapter aux changements climatiques. La présente étude réemploie cette notion en tant que cap à suivre pour l’aménagement de Dolus d’Oléron. Ce faisant, elle fait émerger des exemples de dispositifs solidaires à l’échelle de la commune. 6. 7. 8.

Facteur 4, Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Facteur_4 (consultation le 15/01/19) BORNAREL, Alain, GAUZIN-MÜLLER, Dominique, MADEC, Philippe, Manifeste pour une Frugalité Heureuse, architecture et aménagement des territoires urbaines et ruraux, www.frugalite.org (consultation le 10/12/18) La permaculture est un mouvement agricole fondé au milieu des années 1970 par Bill Mollison et David Holmgren en Australie. Lire à ce sujet leur ouvrage fondateur : Perma-Culture 1, une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, 1978

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Chenal d’Oulme


Dans un premier temps, il s’agira de caractériser Oléron et Dolus à grands traits, puis de faire émerger des enjeux primordiaux que l’on appellera « défis ». Afin de relever ces défis à leur juste hauteur, l’on s’appliquera ensuite à dépasser l’échelle architecturale seule pour faire appel à l’ensemble des qualités de la commune de Dolus d’Oléron, dans le but de formuler les propositions les plus adaptées. Pour cette raison, chacune des trois unités paysagères9 qui constituent l’île sera détaillée, rendant compréhensibles, en sus des caractéristiques naturelles, les usages qui y sont attachés, les changements auxquels elles sont soumis et les leviers qui y sont disponibles. Des sites témoins seront dès lors sélectionnés et mis en projet, démontrant les avantages environnementaux et sociaux de l’utilisation des principes de facteur 4 et de permaculture. Enfin, les interactions et interdépendances entre ces différents projets et les démarches existantes sur la commune seront explicitées et permettront de rendre palpable et souhaitable une nouvelle solidarité territoriale entre les trois unités paysagères constitutives de l’île d’Oléron. Cette solidarité s’appuiera sur une nouvelle économie tissée d’échanges de matériaux, de circulation des usagers et de flux économique dans toute l’épaisseur de la commune. De cette façon, les actions présentées, ciblées et localisées, auront la capacité de répondre au-delà de la pression démographique, à des questions énergétiques, climatiques et économiques.

9.

Une unité paysagère est définie comme un « agencement particulier d’un ensemble de motifs, de perceptions sociales et de dynamiques paysagères spécifiques qui en font un paysage singulier. » Plan de paysage du Pays Marennes-Oléron, Cabinet de curiosité, Blezat consulting, Les Possibilistes, TerrOïko, 2017, p.3

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Ce que le vent nous raconte La brise de Noroît, de nord-ouest, est fraîche et se manifeste en fin de matinée pour prévenir d’un beau temps durable. Surnommée « balais de la côte », elle éloigne le varech et les poissons du littoral atlantique. Le vent de Nordet, de nord-est, annonce lui aussi le beau temps s’il souffle le matin. S’il s’étire parfois dans l’après-midi, c’est pour annoncer des orages pour la soirée, et s’il s’établit sur plusieurs jours, il dessèche alors les terres agricoles de la dorsale. Le vent de Suet, de sud-est, s’accompagne

de pluie fine et de brume, de vaguelettes cassées, et du tintement de la cloche de l’église de Saint-Georges d’Oléron s’il tend vers le sud. Enfin, le vent de Suroît, de sud-ouest, et aussi fréquent que mauvaise est sa réputation. Quand il souffle, c’est trop souvent pour apporter le mauvais temps, les vents les plus violents et les tempêtes en hiver. Il forme alors une houle terrible dont le fracas sur les dunes résonne à travers l’île et fait frissonner les thieuzines*. 1

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Une question d’orientation

N e al

rs

Do

45°

ca lca ire

Les points cardinaux n’ont guère d’importance pour Oléron, l’île elle-même nous le montre. Oléron résulte de l’agrégat de sédiments sur l’extrémité d’une dorsale calcaire griffant l’Aquitaine de sud-est en nord-ouest. Issue du Jurassique et du Crétacé supérieurs et soumise aux courants marins et fluviaux, c’est cette dorsale qui donne à Oléron sa forme linéaire et son orientation, marquée au sud-ouest par des plages et leur système dunaire, et au nord-est par un estran vaseux* et ses marais salés*. Ces deux côtes et les déplacements de l’une à l’autre façonnent le quotidien des Oléronais selon des orientations différentes des nord-sud-estouest habituels. Le touriste se rendant à la plage chemine vers le sud-ouest, l’ostréiculteur joignant sa cabane prend une route vers le nord-est, l’habitant ayant affaire sur le continent emprunte la départementale en direction du sudest, et l’inverse s’il se rend au phare. La météo semble aussi reprendre cette inflexion d’azimut de 45° par rapport au nord terrestre. La lecture des vents, transmise par voie orale à travers les générations, a même engendré l’invention de termes vernaculaires pour désigner leurs directions. Les vents de Nordet et de Suroît sont les vents dominants, ponctués parfois par les vents de Noroît ou de Suet. Il faut donc se l’admettre, Oléron n’est pas héliotropique. C’est le parti que prend cette étude, en admettant la primauté du Noroît, Nordet, Suet et Suroît vis-à-vis des axes cardinaux. 1.

Ces informations sont issues des panneaux explicatifs du Phare de Chassiron, au nord-ouest de l’île.

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Géologie et textures des sols

Plage de la Rémigeasse

Cordons littoraux actuels à prédominance sableuse

Centre-bourg

Dunes de type parabolique à apport aérien dominant

Calcaires détritiques et glauconieux

c3b c3a c2b c2a c1 j9c j9a-b

Crétacé

Jurassique

j8

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Alluvions fluviatiles siliceuses sables et graviers


Port de la Baudissière

Carte géologique simplifiée de l’île

Ju Cr

ét

Sa

ble

Vase brune (prise récente) : d’origine laguno-marine

Va

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Plan de coupe

Vases sableuses, alluvions à apport marin dominant

100 m

25

1000 m


Un enrochement en épi sur la plage de la Rémigeasse, perturbant la sédimentation des sables

Surf Club, plage de la Rémigeasse

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À Dolus, une lutte silencieuse se joue entre les terres agricoles délaissées et la forêt

Les parcelles à camper* isolées, comme ici au marais d’Avail, ont été abandonnées pour des zones viabilisées

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Le centre bourg de Dolus

La densité du bâti délimite des espaces partagés, avec le puits et sa bassée* d’un quéreu* aux Allards

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La colonie de vacances de la Cailletière a été transformée en tiers lieu, avec des activités sportives, culturelles, sociales, et de construction

Les potagers parfois accompagnés de serres s’implantent en bord de ville

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Végétation spontanée en bordure de ruisson*

Dans le marais de la Brande tout proche du bourg, la nature reprend ses droits avec l’abandon des claires*

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Cabane* de Mr. Pattedoie

L’intérieur immaculé de la cabane

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Timbre et cachet du jour de l’inauguration du pont, le 18 juin 1966, www.wikitimbres.fr

Il y avait un bras de mer. Le pont lui a donné la main ferme de l’accueil qui conduit le visiteur sans attente jusqu’au pays de son choix et qui rassure l’habitant oléronais, longtemps tracassé par les soucis de l’isolement. GUILLET, Michel, Le plus beau pont d’Europe relie à partir d’aujourd’hui l’île d’Oléron au continent, Sud-Ouest, 21 juin 1966


Les défis du territoire

La mise en perspective de nombreuses données permet de désigner la brusque augmentation du tourisme en 1966 comme le marqueur d’un changement généralisé sur Oléron. C’est en effet cette année que ce territoire insulaire devient presqu’île de France grâce à l’inauguration de son pont. À partir de cette date, le tourisme de villégiature déjà existant s’intensifie pour s’étendre aux masses et entraîne avec lui des mutations aussi bien dans les pratiques habitantes qu’au sein du territoire. Non content de guider les nouveaux voyageurs, le tablier du pont supporte aussi une canalisation de 60cm de diamètre pour l’eau et les câbles pour l’électricité et le téléphone1, formant une perfusion énergétique. Si les Oléronais ont oublié le tracas de leur isolement, les voilà bel et bien rattachés au continent. Ce grand bras de béton élancé se parcourant en voiture, précipite l’adaptation de l’île à cette mobilité synonyme de vitesse et d’indépendance ; les voiries goudronnées et les parkings prolifèrent. Les personnes âgées, attirées par le climat favorable de ce territoire désormais accessible, élisent villégiature dans les paysages atlantiques. Des maisons secondaires fleurissent jusque dans les dunes, voire dans des endroits reconnus comme à risque, à l’instar des marais doux*. À la fin du XXe siècle néanmoins, une prise de conscience secoue l’Europe. En 1987, le rapport Brundtland souligne la fragilité de la biodiversité et entraîne dans son sillage le tri, l’indexation puis le classement de zones à préserver. À Oléron, il s’agit d’enrayer l’artificialisation toujours plus grande du territoire, de façon à garantir la pérennité de ses richesses naturelles. Construire apparaît soudain comme un acte bien délicat ; zones de protection des oiseaux et d’intérêts écologiques, sites Natura 2000 et réserve naturelle de Moëze-Oléron se superposent avec les réglementations municipales jusqu’à arriver à un classement pratiquement total du territoire. Dans ce contexte très contraint, une nouvelle composante risque de précipiter des drames humains et environnementaux. En effet, la planète se réchauffe, le niveau des océans augmente, et l’île d’Oléron, bien que solidement amarrée au continent, court le risque de se voir en partie submergée. Cette étude fera émerger sept enjeux territoriaux présentés ci-après, qui ont semblé indispensables à aborder dans le cadre d’une réflexion sur l’habitat oléronais. 1.

Le pont de l’île d’Oléron, Entre terre et mer, 3 kilomètres au-dessus des eaux, www. oléron.fr, 21 janvier 2016 (consultation le 12/10/18)

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Stands de sports de mer à la plage de la Rémigeasse. De nombreuses structures touristiques ne s’activent que la saison d’été.

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Le tourisme : vecteur ponctuel mais crucial d’économie

Si l’île d’Oléron est connue pour la qualité de ses huîtres, elle s’inscrit aussi en tant que destination touristique privilégiée. L’excursionniste est motivé principalement par un loisir balnéaire favorisé par un climat propice. L’attractivité est la plus forte sur le littoral océanique sableux. Toutefois, les activités dites d’« expériences » sont de plus en plus recherchées, les touristes restent moins longtemps sur place et cherchent l’originalité. La Communauté de Communes met en place depuis plusieurs années des circuits favorisant la découverte des autres paysages : les marais, les forêts ou encore les vignes. Aujourd’hui, une part majeure de l’économie de l’île repose sur l’affluence des vacanciers de mai à septembre. À Oléron, un emploi sur cinq est ainsi en lien direct avec le tourisme, et la population est multipliée par 14 au plus haut de la saison. Cette explosion démographique entraîne un surdimensionnement des aménagements et des infrastructures permanentes. données: Bilan de saison 2015 pour l’île d’Oléron, Charente Maritime Tourisme

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Le pont d’Oléron vu de Pointe d’Oulme. Dans son tablier, eau, électricité et réseaux de télécommunications sont acheminés au sec jusqu’à l’île


L’énergie : une dépendance totale au continent Produits pétroliers 270 GWh/an

EnR thermique 68 GWh/an

Électricité 128 GWh/an

Consommation totale : 470GWh/an En raison de la proximité de la côte, les échanges commerciaux entre Oléron et le continent ont toujours existé. Par voie maritime, le sel, le vin et les huîtres étaient acheminés pour prendre le train à la pointe du Chapus. Si les exportations continuent encore aujourd’hui, l’île a pourtant perdu son autonomie avec l’évolution des modes de vie. Une large part des importations consiste en produits pétroliers (57 % de la consommation énergétique totale), satisfaisant les besoins de mobilités des Oléronais et d’une part de leur agriculture. Des initiatives telles que «Roule Ma Frite 17», qui valorise les huiles de fritures en carburant, offrent une alternative locale au tout pétrole, mais restent encore négligeables par rapport aux consommations. L’électricité, en majorité importée, assure notamment les besoins de chauffage de logements souvent très déperditifs. La production d’électricité sur l’île reste marginale malgré un potentiel photovoltaïque important. Seule l’utilisation de bois de chauffage valorise une énergie locale, bien que source de pollution atmosphérique. données : Évaluation des potentiels de développement des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie à l’horizon 2030, TEPOS, Communauté de Communes de l’île d’Oléron, 2018

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Le pont d’Oléron. D’une largeur de 11 mètres seulement, la section du pont n’accommode que dangereusement les modes de transport non-motorisés.


La mobilité : Une domination de la voiture individuelle

Vélo 8.6%

Voiture 79.5%

87 % des actifs de Marennes-Oléron travaillent dans ce même bassin (Bassin d’emploi de Marennes-Oléron). Pour autant, l’offre de transport collectif étant insuffisante, on constate que près de 83% des déplacements domicile-travail se font en voiture, si bien que plus de 1/3 des ménages sont multimotorisés. On constate donc une écrasante domination de la voiture comme moyen de locomotion sur l’île. L’usage du bus reste anecdotique alors que les mobilités douces prennent de l’importance sous l’impulsion de la Communauté de Communes et en particulier de ses trois « Plans Vélos » successifs favorisant ce type de déplacement. En haute saison, l’infrastructure routière révèle ses dysfonctionnements, et ce en particulier lors de la traversée des bourgs de Saint Georges, Saint Pierre et Dolus où occurrent des ralentissements fréquents. Les franges littorales sont elles aussi souvent saturées et la circulation y est difficile, car l’aménagement est en inadéquation avec les fortes fréquentations estivales. En plus de créer des points de blocages, ces anomalies entraînent une hausse des émissions de dioxyde de carbone sur le territoire. Néanmoins, des navettes touristiques circulent en été pour offrir une alternative à la voiture en desservant des points stratégiques du territoire. données : Plan Global de Déplacements de l’île d’Oléron, 2012, Communauté de Communes de l’île d’Oléron

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Un Oléronais retraité pêchant au carrelet. Les personnes âgées disposent de temps et de savoirfaire pour être moteurs d’activités liant alimentation et loisirs, comme la pêche ou le maraîchage.


Le vieillissement de la population : entre retraite en villégiature et départs forcés

Sur l’île d’Oléron, les courbes démographiques suivent la tendance nationale : la population vieillit. Pourtant, alors qu’en France on compte seulement 24 % de la population à la retraite d’après l’INSEE, cette part culmine à 44% à Oléron. L’arrivée de personnes âgées en quête de cocon de retraite, conjuguée à la part déjà importante de cette catégorie, contribue à renforcer encore le vieillissement de la population. Effectivement, attractive par son climat, l’île offre un lieu de villégiature qualitatif pour des personnes âgées. Ces nouveaux habitants intègrent la population et participent à une économie locale. Par ailleurs, le taux de chômage sur l’île est de six points supérieur à celui du continent. Cette situation n’encourage pas de jeunes actifs à venir s’installer à Oléron de façon définitive, d’autant plus que l’emploi est fortement lié au tourisme et reste donc saisonnier et ponctuel. Dès lors, le vieillissement de la population et le taux de chômage important incitent à questionner la valorisation d’emplois locaux et l’adaptation du territoire aux besoins spécifiques d’une population âgée. données : Atlas statistique 2016, INSEE

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Des pavillons sont construits jusque dans les zones humides, comme ici à Arceau, où une butte est nécessaire pour prévenir des inondations.


La périurbanisation : un étalement sans précédent

5000 4000 3000 2000 1000 0

1968

1975

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2009

2014

Le département de Charente-Maritime présente la plus forte augmentation du nombre de résidences secondaires en France. À Dolus, cette situation est d’autant plus vraie que le nombre de maisons a dépassé le nombre d’habitants dans les années 1990 ; 60 % des habitations sont aujourd’hui des résidences secondaires. Cette urbanisation est souvent réalisée en dépit du bon sens avec pour seul moteur la proximité immodérée du littoral. Si l’île voit fleurir les maisons secondaires, elle n’en doit pas moins pouvoir continuer à accueillir de nouveaux habitants. Le parc de logement a ainsi été multiplié par 4,5 sur la commune de Dolus depuis l’inauguration du pont. Les pavillons résultant sont d’ordinaire bâtis en périphérie des bourgs et aux dépens des terres agricoles. Cette périurbanisation s’oppose morphologiquement à l’empreinte bâtie d’origine, faite de densité, de venelles et d’espaces partagés. En complément d’une artificialisation des sols, l’étalement urbain induit souvent la nécessité du recours à la voiture pour les déplacements. données : Atlas statistique 2016, INSEE

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« Les oiseaux passent avant nous » Christophe Pattedoie, ostréiculteur

Le marais de la Brandes, avec le centre-bourg de Dolus en toile de fond. Ce marais inexploité agit comme un refuge et réservoir de biodiversité.


Les classements : une cohabitation difficile 16 % n

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Depuis 1966, l’île d’Oléron est impactée par un développement urbain et touristique exponentiel. Les collectivités se sont organisées et mobilisées pour protéger au plus vite le patrimoine faunistique, floristique et paysager de l’île. Tout d’abord, la réserve Moeze Oléron est instituée en 1985 sur 6 720 ha entre Oléron et le continent, sur la voie de migration « Est Atlantique ». Elle comprend plusieurs réserves intégrales sanctuarisées sur le littoral. Peu après et suite au sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, Oléron postule et obtient la création d’une Zone Spéciale de Conservation (ZSC) et d’une Zone de Protection Spéciale (ZPS). Ces deux zones, regroupent 26 142 ha formant le site Natura 2000 « Marais de Brouage ». Un autre site, « Dunes et forêts littorales de l’île d’Oléron », est aussi classé au titre de ZSC. Ces sites nécessitent pour tous travaux une « évaluation d’incidence appropriée » par leur gestionnaire. Enfin en 2011, 84% de l’île est déclaré « site classé » au niveau national. Pour cette raison, toute modification est soumise à autorisation spéciale (art. L. 341-10), délivrée soit par le ministre chargé des sites après avis de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites, soit par le préfet du département après avis de l’Architecte des bâtiments de France. Ces classements demeurent essentiels à la préservation de la biodiversité. Néanmoins, ils intègrent parfois des composantes subjectives, comme l’aspect des bâtiments, qui ne sont pas en lien direct avec l’environnement. En cela, ils contraignent et dissuadent toute adaptation à l’évolution des usages ou des contraintes, notamment climatiques, et amènent à des pratiques non déclarées. données : Élaboration du Plan Local d’Urbanisme soumis à évaluation environnementale, État initial de l’environnement, Commune de Dolus d’Oléron, Eau-Méga, 2017

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La plage de la Rémigeasse pendant la tempête Gabrielle. Au fil du temps, la houle a creusé l’anse et drainé le sable, phénomène accentué par les dispositifs de défense en épi.


Les changements climatiques : un territoire déjà impacté Maisons de la Rémigeasse en aléa submersion Xynthia + 60cm

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446

maisons principales maisons secondaires

Les changements climatiques semblent se manifester sur l’île d’Oléron de façon démonstrative. L’exemple le plus palpable en est le recul du trait de côte, amorcé depuis plusieurs décennies déjà ; Oléron voit reculer son littoral doucement, mais sûrement. L’érosion visible de la dune sensibilise l’arrière-pays aux submersions hivernales. Ainsi la montée des eaux projetée à l’horizon 2070 menace un bassin d’habitation de plus de 500 maisons rien que pour la Rémigeasse. Au-delà de la submersion, le réchauffement climatique laisse aussi planer le doute sur l’avenir des activités agricoles. D’un côté, les sécheresses répétées mettent à mal les vignes, de l’autre, elles provoquent, en favorisant le développement de bactéries, de fortes hausses de mortalité pour les huîtres. Enfin, la montée des eaux a aussi un impact invisible, mais certain, sur l’augmentation de la salinité des sources d’eau douce, créant notamment des problèmes pour l’irrigation agricole. Aujourd’hui, différentes initiatives, comme les bigbags d’hiver, sont en œuvre pour protéger la dune et favoriser le ré-ensablement par des méthodes douces. Par ailleurs, l’algorithme territorial de la Cerema est en phase d’expérimentation, pour pouvoir estimer le risque couru par chaque habitation dans les zones à fort aléa et offrir la possibilité aux propriétaires de s’adapter. données : Observatoire du Pays Marennes Oléron (18.04.03)

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changement climatique

tourisme

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classement

vieillissement

mobilité

urbanisation

« Rose des défis » : Au sein d’un contexte particulier, telle qu’une unité paysagère, ce cadran donne à voir l’ordre d’importance attribué à chacun des défis, et permet de rendre intelligible la hiérarchie opérée parmi eux.

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Introduction aux expérimentations

L’analyse de l’île d’Oléron et de Dolus a donc fait émerger 7 enjeux déterminants pour l’avenir du territoire et des habitants de la commune : le tourisme, la dépendance au continent, la mobilité carbonée, le vieillissement de la population, l’étalement urbain, les classements environnementaux ainsi que les changements climatiques. Ces enjeux ont vocation à être considérés en qualité de défis du territoire, qu’il s’agira de relever à leur juste mesure dans le cadre de chaque projet entamé sur l’île. L’étude propose à présent de s’appuyer sur ces défis pour guider trois expérimentations architecturales, urbaines et paysagères, permettant d’apporter des réponses spécifiques à leurs contextes, à la question: Comment habiter Oléron après l’aire du tout pétrole ? Ces expérimentations sont développées en premier lieu à partir de la lecture des trois unités paysagères de l’île et de leurs caractéristiques. Cette première approche paysagère permet ensuite de procéder à l’évaluation subjective du niveau d’affectation de chacun des défis, représentée grâce à l’outil ci-contre. Enfin, un projet spécifique détaillant une façon d’habiter l’unité paysagère est présenté. Il révèle les supports existants ainsi que les freins à une telle stratégie, et préfigure, dans les relations qu’il entretien avec son contexte, dans son métabolisme de fonctionnement, et jusque dans les filières de sa construction, une ambition de solidarité territoriale.

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La tente*


A. Le littoral atlantique

L’échappée littorale Vers une nouvelle présence touristique Ode au démontable

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La RĂŠmigeasse, le 2 novembre 2018



L’océan et sa plage sont les raisons d’être de cette unité paysagère. La dune* qui les borde retient l’eau et façonne les marais doux*, tandis que la route du littoral rend l’ensemble accessible à l’urbanisation.

L’HORIZON

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Marais de la Perrauche

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Pêche à pied dans une écluse à poisson, www.delcampe.net Moine au bord de la mer, Caspar David FRIEDRICH, 1808-18102

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L’échappée littorale

Près de 150 demandes de logements saisonniers n’ont pas pu être satisfaites pour la seule année 2018 à Oléron. Pour ceux qui ne sont pas hébergés sur leur lieu de travail ou en famille, les saisonniers expérimentent des conditions d’hébergements précaires : errance de points d’eau en parkings gratuits quand ils sont en camion, campement dans le jardin de connaissances quand ils en ont... Le logement saisonnier est une question primordiale pour Oléron, et la mairie de Dolus souhaite réfléchir à une offre municipale. Ce premier volet de l’étude a pour ambition de se saisir de ce sujet pour offrir un élément de réponse à la question plus large de l’occupation du littoral et des risques associés. Le désir du rivage Vue du ciel, la côte atlantique semble tachetée. Depuis le pont en 1966, une urbanisation galopante s’est répandue entre les champs agricoles, les forêts, sur les dunes et jusque dans les marais doux. Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, jusqu’au XIXe siècle et à travers la planète, le littoral est craint pour son instabilité, due à sa proximité avec un océan mystérieux et au caractère imprévisible. Il n’est le lieu de travail et plus rarement de résidence que des pêcheurs et autres marins. La mer pâtit d’une image négative dans l’imaginaire collectif, issue des nombreuses histoires de houle emportant les bateaux et leurs équipages, et de tempêtes mettant à besat* les arbres, les cultures et les habitations. En Oléron, c’est aussi le lieu de sévices des pirates de terre, qui trompent les bateaux la nuit par de fausses balises pour les faire s’échouer sur l’estran rocheux et les piller. La majeure partie de la population ne s’y aventure donc que prudemment lorsque les conditions sont réunies pour pratiquer des activités de subsistance comme la pêche à pied ou à l’écluse à poisson. Le littoral n’est alors qu’une frontière, un trait de contraste, d’échange ou d’affrontement entre ce qui rassure, la terre, et la haute mer qui porte toutes les craintes. Au début du XIXe siècle cependant, la mer et le littoral font l’objet d’un changement essentiel de perception. Avec l’émergence du mouvement artistique romantique, opposant la valeur des sentiments à celle classique de la rationalité, le littoral devient le lieu privilégié où s’abandonner dans l’abîme de son imagination, « non dans son infinité, mais à l’endroit où elle vient se briser1 » ; un point

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Bourgeoises sur la plage, www.delcampe.net Plage de la RĂŠmigeasse, www.delcampe.net

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fixe auquel s’accrocher en ressentant pleinement ses craintes et ses passions. Le littoral s’augmente ainsi en espace en soi, avec ses propres qualités le rendant désirable. Pendant cette période se développe par ailleurs le bain de mer, élevant le rapport au littoral en une expérience polysensorielle des forces de la nature. Tout d’abord, le bain thérapeutique est codifié dès le milieu du XVIIIe siècle par le Docteur Richard Russell. Il s’impose comme une solution pour remédier aux maux mélancolie, inquiétude, hystérie - de sociétés de plus en plus urbaines, en usant du rapport à la mer comme du plus puissant des remèdes. La balnéothérapie conduit la bourgeoise à souhaiter profiter des bienfaits du littoral, dans les prémices d’une nouvelle villégiature balnéaire. L’épanouissement des sens dans le rapport des corps et de l’eau conduit au désir de bain de rafraîchissement, ludique. Le littoral, ressuscité comme lieu de la libération progressive de la nudité et du plaisir, fait ainsi définitivement oublier les craintes historiques. La société de consommation et l’avènement d’un urbanisme littoral Si jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, l’urbanisation des bords de mer reste faible, l’emballement économique de l’après-guerre provoque son explosion. Plus de 60% de la population mondiale vit à moins de 100 km de la mer, jusqu’à 75% d’ici 20352. En France environ 200 000 personnes habitent même à moins d’un kilomètre de la mer, dans des zones basses potentiellement submersibles3. La situation actuelle est doublement renforcée par la généralisation de la société de consommation opérée après-guerre. En effet, deux activités économiques globalisées fleurissent sur les littoraux, et entraînent migration de populations, construction d’infrastructures et urbanisation. D’une part, la mise en concurrence des nations à l’échelle internationale met en branle la mondialisation des échanges de marchandises. Avec 80 % du volume de ces échanges réalisé par voie maritime4, les ports du monde entier deviennent des mégalopoles attractives. D’autre part, le tourisme de masse se développe, nourri par l’accroissement du pouvoir d’achat et l’ultra-mobilité des populations. En autorisant à tout un chacun son morceau de paysage littoral, il renforce d’autant la pression sur ce milieu fragile. Sont dès lors construites les infrastructures d’hébergement, de loisir et de mobilité répondant aux attentes du plus grand nombre. En France, la semaine de quarante heures et ses congés payés - accordés en 1936 à la veille de la guerre - permettent bientôt aux français de partir en vacances. Ces vacances sont indissociables de l’automobile familiale qui les rend possibles, et s’accompagnent d’une démocratisation de la résidence secondaire. 1. 2. 3. 4.

CORBIN, Alain, « La mer et l’émergence du désir de rivage », Aménagement et Nature, n°125, p.5 Littoral, www.wikipedia.fr (consultation le 28/02/19) Ministère de la Transition écologique ITF Transport Outlook 2015, OECD Publishing, p. 22

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changement climatique

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tourisme

classement

énergie

vieillissement

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urbanisation

L’unité paysagère du littoral atlantique est impactée de façon majeure par trois des enjeux précédemment explicités. Premièrement, la côte ouest est le support d’un fort tourisme balnéaire. Depuis l’ouverture du pont, ce territoire s’est urbanisé de manière importante avec la construction de nombreuses résidences secondaires. Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, ces constructions sont menacées. Une réflexion est d’ores et déjà amorcée pour estimer les risques et organiser un repli progressif et stratégique vers l’arrière-pays.

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classement

vieillissement


Offrant un pied à terre au plus près des plages, le nombre de ces maisons bondit ainsi de 250 000 à 1 700 000 en seulement trente ans, encouragé par des politiques nationales des Trente Glorieuses5. De bateau ivre à terre d’accueil du tourisme, le cas oléronais. Selon Heidegger, le pont ferait apparaître les rives. Cela ne saurait se révéler plus vrai que pour Oléron. Si l’île a, par son insularité, été tenue à l’écart de l’effervescence d’après-guerre, la construction du pont en 1966 rend brusquement accessible ce « bateau ivre de soleil et de vent [...]. Tout ici, la beauté de la côte, l’air chargé d’iode et de senteurs de forêt, la pureté du ciel, indique que le tourisme y a trouvé une terre d’élection6. » Le tourisme offre à Oléron un troisième pilier économique, en support de la viticulture et de l’ostréiculture : un emploi sur cinq y est lié au tourisme, contre 3,9 % à l’échelle nationale. Et tant pis si les vacanciers doivent « se disputer maintenant chèrement les quelques miettes7 » de ce qu’il reste de solitude. Avec le tourisme prolifèrent les maisons secondaires, les camping-cars*, les mobiles homes*, et leurs routes. À elles seules, les maisons secondaires représentent les deux tiers de l’hébergement touristique estival, supplantant de très loin le camping pourtant plébiscité au sortir de la guerre, quand la légèreté était la condition de vacances insulaires. Le paysage de la côte atlantique est transformé en 50 ans plus vigoureusement qu’il ne le fut pendant toute son histoire, et présente aujourd’hui une urbanité quasi ininterrompue sur l’ensemble de la côte. À Dolus, la Rémigeasse et la Perrauche sont les témoins les plus marquants de cette mutation. Mais le paysage n’est pas la seule composante à être affectée. Depuis l’ouverture du pont, le tourisme s’imprime jusque dans le rythme de vie des ex-insulaires, dicté par les grandes migrations estivales. Le temps ne se mesure plus en quatre saisons mais en deux : la saison estivale, intense, et le reste de l’année, calme. Le contraste est flagrant, la population estivale représente jusqu’à quatorze fois la population résidente, pour fleureter avec les 350 000 personnes. Les touristes et les excursionnistes se révèlent dès lors comme le facteur conditionnant l’aménagement du territoire et dimensionnant l’ensemble de ses infrastructures, telles que les réseaux d’électricité ou les stations d’épuration. L’empreinte qu’ils laissent sur ce territoire est gigantesque et perdure une fois les derniers estivants partis. L’hiver cependant, un drame se joue sur le littoral, faisant de cette empreinte une charge pour ceux qui restent.

5.

ROBIN, Jean-Pierre, « Les Français sont les rois de la résidence secondaire », Le figaro Économie, 29/05/11 6.,7. GUILLET, Michel, Le plus beau pont d’Europe relie à partir d’aujourd’hui l’île d’Oléron au continent, Sud-Ouest, 21 juin 1966

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La Plage de la Rémigeasse, entre érosion dunaire, épis et enrochements

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Le parking de la passe de l’Écuisière, où triomphe la voiture sur le paysage

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L’HORIZON !

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La zone à camper des Sablons, un lotissement miniature singeant sa mobilité

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Travaux d’enrochement réalisés à la Rémigeasse par la Communauté de Communes le 13 mars 2019 - 14h22 Webcam de la plage, www.viewsurf.com

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Vers une nouvelle présence touristique Si l’on considère le temps long, le littoral actuel est la représentation d’une parenthèse optimiste voire naïve d’une société pensant pouvoir tirer un trait sur son passé. Pourtant, les épisodes climatiques récents ont eu raison de cette insouciance, en rappelant durement à l’humanité sa responsabilité de ménagement. La montée du niveau des océans, le réchauffement des températures, ainsi que les épisodes climatologiques - cyclones, ouragans, sécheresses, inondations - d’une violence et d’une fréquence inouïe placent en grande détresse les populations des zones à risques, en particulier sur les littoraux de la planète. En Oléron, les tempêtes hivernales se multiplient et ont déjà marqués plusieurs fois les consciences : Martin en 1999 et Xynthia en 2010. Par ailleurs, la houle atteint des records de puissance, et met à rude épreuve la dune littorale, malgré les différentes tentatives de défense (big bags, enrochement et wave bumpers). Conjugué à l’urbanisation chaotique du littoral sous l’effet du tourisme, les changements climatiques représentent une menace pour Dolus, entre risques d’érosion et de submersion. Comment garantir alors un avenir à l’activité touristique conciliant les aspirations des estivants et les effets du dérèglement climatique ? Quel modèle proposer pour continuer à profiter du littoral atlantique tout en retrouvant une résilience à long terme? L’adaptation nécessaire de l’occupation du littoral est un sujet difficile, pavé d’histoires familiales et de convictions personnelles. Un indice favorable peut néanmoins être avancé. L’urbanisation du littoral est surtout composée de résidences secondaires. Ces résidences appartiennent à une population souvent retraitée, avec des propriétaires de 66 ans en moyenne, héritiers tardifs des Trente Glorieuses7. Dans déjà bien des cas, la question de l’héritage se pose, et peut être utilisée comme charnière dans un processus d’adaptation urbaine. Dominique Rudelle, de l’association Protégeons la Rémigeasse, habite une maison dans la dune, et constate les dégâts que celle-ci subit chaque hiver.

7.

Mes chiffres Clés, Charente Maritime Tourisme, 2015, tiré de Études Résidences Secondaires 2013-2014 : CMT-CCILR-CCIRS-LIENSs, Insee/RPG2006- RPG2012

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Aléa de submersion Xynthia +20

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Parlant de lucidité à avoir face à ce combat impossible, elle avance : « j’ai des enfants. C’est une chance si je peux les aider financièrement, plutôt que de leur léguer une maison dont on ne sait ce qu’il adviendra ». La jeunesse héritière quant à elle fait montre d’une souplesse dans sa présence sur l’île, plus ponctuelle et séquencée au gré de la météo et des disponibilités calendaires. La question posée est donc surtout celle du dédommagement, la crainte de l’expropriation étant palpable. Pour y répondre, la mairie s’est engagée avec la CEREMA à l’élaboration d’un algorithme territorial, permettant de subvenir au cas par cas aux aspirations de vie de chaque famille, tout en considérant la réalité économique d’un patrimoine immobilier menacé. Un premier quartier est en cours d’expérimentation, de façon à amender le processus de réalisation. La stratégie d’étude propose de faire de la résolution du problème des logements saisonniers, pointé du doigt par la Communauté de Communes de l’île d’Oléron, le laboratoire d’expérimentation d’un mode d’occupation estivale innovant, offrant une alternative à l’occupation permanente. Ce mode doit ainsi être ajusté à la période touristique et aux usages estivants, tout en étant plus mobile que le mobile home fixe à l’année, plus adapté au climat et aux ressources oléronaises que la tente* fabriquée en Asie du sud-est, avec une empreinte territoriale et environnementale plus faible que la résidence secondaire. En accoutumant l’architecture aux contextes et aux usages, l’objectif est de permettre la jouissance et la valorisation d’un territoire littoral changeant.

Les conséquences de la tempête Xynthia ont engagé la direction départementale des Territoires et de la Mer de Charente-Maritime à refondre le Plan de Prévention des Risques Naturels, pour y intégrer l’aléa submersion comme un risque majeur du territoire. Dans le cas du niveau de référence Xynthia +60 (60 cm en plus que la côte de Xynthia), un quart de la commune fait face à l’aléa submersion, avec par exemple

521 maisons seulement pour le secteur de la Rémigeasse. La prise en compte de l’aléa submersion invite à repenser le littoral non plus comme un trait (de côte) mais en tant qu’épaisseur. Ce terme permet en outre de mieux qualifier le statut des milieux entre terre et mer à l’instar du marais doux de la Perrauche ou des marais ostréicoles, et de rendre intelligible leur caractère instable et évolutif.

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Un étalement urbain sans précédent

Marais de la Perrauche

La Rémigeasse

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Les secteurs de la Remigeasse et de la Perrauche témoignent de la disruption urbaine depuis l’ouverture du pont. Les quelques hameaux et fermes, situés sur les points hauts, ont été les points de base du développement de la ville touristique littorale, dopée par la proximité à la mer. Le marais de la Perrauche n’a pas échappé à cette prolifération ; en 1720, la carte de Claude Masse avertissait pourtant que « ce marais est presque toujours inondé, et est si bas que l’on craint que la mer ne communique un jour dans les marais d’Arseau, et ne sépare l’Isle en deux. »

bâti avant le pont, en 1966 bâti construit depuis 1966 N 250 m

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La villĂŠgiature surreprĂŠsentĂŠe sur le littoral

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La grande majorité des constructions du littoral atlantique sont dédiées à la villégiature. Outre les campings, les hôtels et les hébergements collectifs, la Rémigeasse compte seulement 111 résidences principales pour 625 résidences secondaires. Le plus souvent inoccupées, ces dernières rendent la côte fantomatique pour ne l’animer que quelques mois par an. Ces résidences portent néanmoins un héritage immatériel, les souvenirs des nombreux évènements familiaux qui s’y sont déroulés.

parcelles de résidences secondaires parcelles de résidences principales parcelles en équilibre des résidences secondaires principales N 250 m

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Un milieu voué à s’adapter

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Construit en dépit des principes de précaution, de nombreuses constructions sont aujourd’hui soumises à la submersion, à cause de la montée des eaux et du renforcement des tempêtes hivernales. La carte du PPRN représentant l’aléa à court et moyen terme, avec Xynthia +20, le démontre et impose des mesures d’urgence pour garantir la sécurité des personnes. Le repli préconisé par l’étude Littoral 2070 du DSA a quant à lui pour objectif de favoriser le réensablement naturel de la dune par sa renaturation, et donc la protection des habitants. Cette stratégie devra être vérifiée par une étude sédimentaire dynamique. Ainsi, le littoral atlantique fait face à une phase de transition à moyen terme qui doit permettre, en adaptant ce milieu aux contraintes climatiques, d’expérimenter de nouveaux usages moins impactant pour le territoire.

aléa en cas de Xynthia +20 Épaisseur du littoral naturel, préconisée en 2070 par le scénario 3 de l’étude du DSA N 250 m

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Les différents éléments composant le kit

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Ode au démontable

La proposition présentée ici est celle d’une unité d’hébergement démontable et évolutive. Réfléchir au démontage implique d’abord une réflexion sur l’assemblage, de façon à permettre une manutention rapide et aisée, réalisable en petit groupe sans engin de levage. Faisant appel à l’économie de matière, il s’agit de composer le tout sous la forme d’un kit, avec un nombre réduit d’éléments distincts les plus légers possibles et construits à partir du minimum de matériaux différents. Sur l’île d’Oléron, une ressource est disponible et peu valorisée ; le pin maritime est considéré comme trop tortueux pour en faire du bois d’œuvre. Or, cet arbre permet la réalisation de bonnes planches, dont sont construites les anciennes charpentes. La planche de pin maritime s’impose ainsi avec évidence comme le produit étalon de base de ce projet. De façon similaire, l’échelle du module architectural choisi est très réduite, d’une dimension de 3 mètres par 3,6 mètres. La volonté, avec un aussi petit module, est de rendre possible un assemblage incrémental, pour accommoder un ensemble pléthorique d’usages et de situations : famille sur un terrain de camping, couple chez de la famille, colonie de vacance, points de surveillance ou de ventes sur la plage, point d’information en centrebourg ou accueil dans les marais. Le détachement du sol et la légèreté de l’unité permettent de s’adapter à une telle variété de nature de sol et de topographie, sans travaux de terrassement préparatoire. Les six fondations superficielles de chaque unité sont réalisables à la force des bras : des vis superficielles dans le sable ou la vase, ou des platines de fixation sur un sol maçonné. Enfin, l’unité d’hébergement, stockée et déployée en fonction des nécessités, permet de répondre au plus près des besoins et des évolutions de la saison touristique. Gérée par la municipalité, elle favorise la mise en place d’une gestion instantanée, flexible et cohérente de l’occupation littorale, indifférente aux aléas climatiques hivernaux. En complément d’une relocalisation de certaines résidences en cœur des bourgs protégés de la submersion, et du développement d’une activité touristique alternative sur les marais, l’unité d’hébergement démontable permet d’envisager un avenir au littoral atlantique.

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Un kit dĂŠmontable ...

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Le kit est constitué d’une structure primaire en planches de pin maritime de 150*36mm. Tout d’abord, deux travées identiques, pliantes et autostables sur le modèle du chevalet se font face. Elles collaborent par deux poutres à hauteur variable, composées de planches cintrées liées deux à deux, qui assurent le contreventement latéral. Le plancher, divisé en deux parties aboutées, ainsi que la toile de jute imperméabilisée et renforcée en toiture permettent de stabiliser l’ensemble, le tout étant fondé sur des vis superficielles. La cloison arrière en contreplaqué, facultative, se décline selon plusieurs modèles pour s’adapter à différents besoins. Elle intègre les rangements, l’électricité et l’éclairage, et peut intégrer à volonté un casier fermé, un lit double, des lits superposés ou encore des étagères. Dans le cadre d’une unité de chambre, l’espace habitable est délimité par une toile traitée contre l’humidité, permettant de se protéger du vent, des insectes et des regards.

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... à habiter

Photographies de la maquette à l’échelle 1/10.

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Un espace de vie minimaliste dessiné pour le confort d’été

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En permettant de s’implanter sur des sols de natures et de topographies différentes, les pieux vissés en fondation superficielle garantissent une empreinte minimale laissée sur site après démontage et départ du kit. Léger et montable en deux heures par une équipe de trois à quatre personnes sans engin de levage, l’ensemble du kit pèse moins de 450 kg. Conçu pour être déployé en période estivale, le kit est pensé pour garantir un confort thermique optimal. La stratégie bioclimatique s’oriente donc principalement vers l’utilisation du vent, la gestion de la surchauffe, et l’évitement des courants d’air. Le dédoublement des voiles en partie supérieur, avec un espacement entre la toiture étanche et le voilage en coton, permet de favoriser la circulation de l’air tout en évitant la gêne causée par un rayonnement vers l’intérieur. Des louvres orientables en bois sont quant à elles manipulables sur la façade arrière, autorisant l’utilisateur à régler le flux d’air selon son bon vouloir. Enfin, le détachement du sol, par un sur-sol en plancher bois, tient l’habitacle à l’abri de l’humidité, de la rosée et des insectes.

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Mise en valeur de la construction en circuit court ...

Volume de pin oléronais

Volume des matériaux du continent, transformés sur Oléron

L’ambition du projet est de favoriser au maximum le circuit court, afin de réduire l’empreinte carbone de la construction liée au transport des matériaux. Pour ce faire, une filière de ressource locale est disponible mais peu exploitée : il s’agit du pin maritime, représentant 62% du volume total de matériaux utilisés dans le kit. Serge Chaigneau, responsable de l’Office National des Forêts de l’unité territoriale de la Charente-Maritime et contacté par téléphone le 6 février 2019, nous informe. Issu des 1690 hectares de forêts Napoléonniennes gérées par l’Organisme National des Forêts, ce pin est exploité localement jusqu’en 1999 par la scierie Themier.

Il est depuis exporté sur le continent. À hauteur de 2 m3/ha/an, il s’agit ainsi de 3 400 m3 de pin dont Oléron est privé, dont le tiers pourrait être transformé en planches. À titre d’illustration, cela représente une production de plus de 2000 kits par an. Les autres matériaux utilisés sont fabriqués en France et représentent un tiers de l’ensemble. Leur transformation sur Oléron fait appel au savoirfaire historique de l’île pour la construction de bateau. Ainsi, voileries, corderies et menuiseries sont invitées à participer au façonnage du kit, créant une dynamique professionnelle élargie à l’échelle de l’île.

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...et d’un matériau local...

Étapes de transformation de l’arbre en bois d’œuvre

La transformation de la ressource de pin maritime en produits finis pour la construction du kit est réalisée en peu d’étapes. C’est le grand avantage du bois, qui ne nécessite qu’un façonnage sommaire et peu énergivore pour permettre son assemblage en filière sèche. De la même façon, le kit étant conçu pour être démontable, il peut être aisément réparé et les éléments de bois qui le constitue peuvent être réutilisés ou réemployés en consommant peu d’énergie. En fin de course et dans le cadre d’une filière maîtrisée comme à l’Écopôle de la Communauté de Communes, le bois pourra être recyclé par trituration pour servir de pâte à papier, de compost ou de granulés de chauffage.

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UN KIT À MONTER SOI-MÊME


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La Cailletière : centre technique du kit

La Cailletière

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Entretien

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Montage


La Cailletière présente une grande surface extérieure disponible, ainsi que de nombreux bâtiments existants. De plus, depuis son rachat par la mairie, c’est devenu un tiers lieu où se déroulent de différentes activités liées à la construction, comme les ateliers de réemplois de palettes ou de réparation de vélo. Ces facteurs, de même que la simplicité de fabrication du kit, invitent à sélectionner la Cailletière comme le lieu de fabrication, de réparation et d’entrepôt du kit.

Exploitation

Les éléments du kit sont donc pensés en fonction du gabarit routier, de façon à pouvoir être transportés par camion à travers la commune, et l’île, vers leur lieu d’exploitation. Assemblés en moins de deux heures par trois à quatre personnes, ils peuvent servir de nombreuses occasions, les rendant partie intégrante de l’image de Dolus d’Oléron. Une fois leur utilisation terminée, les kits sont de nouveau déplacés à la Cailletière où ils pourront être entretenus si besoin, avant d’être stockés jusqu’à une prochaine utilisation.

Camping

Événementiel

Démontage

Particulier

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Un kit modulable pensé pour être polyvalent

5. Série

1. Le kit

2. Extension

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Le kit est conçu pour abriter de nombreux usages. Seul, il permet de loger un saisonnier, un couple de touriste, ou un cousin dans le jardin. Sans sa toile intérieure, il se fait point d’information ou poste de surveillance de la plage. Appuyer contre une maison existante, il en devient le prolongement, et l’espace supplémentaire indispensable pour loger tout le monde en saison. Face à un autre kit, il forme l’espace de vie de la famille ou d’un groupe d’amis en vacances. Les murs-meubles peuvent accueillir d’un côté le lit double des parents, et de l’autre les lits superposés des enfants. La démultiplication de cette travée permet la création d’une halle d’appoint, ou d’une grande tente de colonie de vacance.

4. Halle

Enfin, quand il est répété en série, il se mut en buvette, en stands de dégustation. Le kit permet donc des combinaisons nombreuses, et s’adapte aux besoins estivaux en toute légèreté.

3. Duo

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L’ancien camping de la Rémigeasse : un exemple d’implantation

Le site de l’ancien camping de la Rémigeasse est abandonné depuis la tempête Martin de 1999. Il est repéré comme terrain potentiel par la marie pour l’implantation d’un village réversible destiné aux saisonniers d’été. L’installation du kit sur ce site est l’occasion de traiter les questions de gestion de l’eau, d’espace commun et d’organisation pratique du lieu de vie de travailleurs estivaux. N 250 m

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1

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Une friche au cœur des activitÊs touristiques ...

1

4

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Depuis la tempête Martin, le camping est à l’abandon. Premier camping à la Rémigeasse, il est situé à 250 mètres de la plage et est ouvert plusieurs années avant la construction du pont. Au cours des années 1980, il compte jusqu’à 150 emplacements de campings, répartis le long d’éléments historiques : des murs en pierre, des haies, ou des fossés. Les équipements communs (1) comme les douches, les sanitaires ou la maison d’accueil sont regroupés en trois emplacements.

Photo aérienne de 1979 remonterletemps.ign.fr

3

Le site a depuis été revendu en plusieurs morceaux au voisinage, qui aujourd’hui s’enfrichent pour la majeur partie, faute d’usage. Au nord-ouest, le site est plutôt herbacé avec quelques arbres tailles moyennes (4). Les haies, murs maçonnés et fossés sont toujours en place. Le sud-est est plus boisé, avec notamment un ancien alignement de pin (2,3). Les mats d’éclairage et les réseaux électriques sont encore présents, et il est possible qu’ils puissent être réparés et réutilisés.

2

N 30 m

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... colonisée par le kit pour un été



La renaissance d’un camping saisonnier

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Concevoir un camping pour les saisonniers, c’est imaginer un monde en soit, où trouver à la fois intimité et repos, ou partage et convivialité. C’est aussi tenir compte du rythme et de la façon de vivre de ces travailleurs. Tristan Morin, un saisonnier, nous informe : dans la restauration, l’embauche est à 10 heures et la débauche entre 23h et minuit. Ensuite, tout le monde se retrouve sur la plage jusqu’à 5h, pour enfin aller dormir et recommencer. Acceptant ce mode de vie atypique, la stratégie d’implantation positionne les lieux d’activités partagées au centre du site, à distance des habitations voisines. Les cuisines, un chapiteau ou encore un platelage sont mis en places pour favoriser la création d’une communauté. Les constructions existantes sont remises en état et acquièrent, tout comme les cuisines, des cuves de récupération d’eau de pluie. L’ensemble des eaux grises est collecté, traité et infiltré dans des bassins de phyto-épuration. Les cheminements historiques, tassés pendant des décennies, sont repris et composent une trame d’ensemble ouverte sur le quartier. La voie carrossable traversant le site est rénovée, permettant la collecte des poubelles et de la biomasse des toilettes sèches. Au sud-est, des platelages sous les arbres accommodent les tentes des voyageurs de passage. Au nordest, les résidents à long terme sont logés dans les kits, regroupés en dortoir ou disposés en unités individuelles le long des murs et des fossés existants. Le reste de l’année, le site fonctionne comme un parc, où pourraient paître des chèvres en résidence. N 30 m

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La mĂŠtabolisme du camping

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La gestion de l’eau est centrale dans la conception de l’aménagement du camping. La rareté des précipitations l’été, conjuguée au nombre de personnes présentes sur l’île en cette période, incitent à expérimenter de nouvelles solutions visant l’autonomie, de façon à soulager les réseaux et importer moins d’eau du continent. Le captage de l’eau de pluie à l’année, en toiture des bâtiments non démontés, permet à l’installation d’être autonome en eau toute la haute saison, pour tous les besoins en eau non potable douche, de vaisselle, de lessive - d’une centaine d’utilisateurs. Les cuves de récupérations d’eau de pluie, massives par nécessités, constituent ainsi un vocabulaire architectural commun aux équipements partagés, théâtralisant cet enjeu. Le captage de l’eau de pluie n’empêchant pas la production photovoltaïque, les mêmes surfaces de toitures permettent de produire sur l’année l’équivalent de la consommation du camping l’été. L’électricité est redistribuée sur le réseau, augmentant la part renouvelable de l’énergie consommée à Oléron.

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Pour une légèreté estivale



La maison basse*


B. Les terres hautes

Un paysage habitĂŠ Vers un village accessible La sympathie du quĂŠreu

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Le centre-bourg, le 31 octobre 2018



Les terres hautes sont terres d’agriculture et de vie partagée et intense, depuis des millénaires. La péri-urbanité automobile, faite de pavillons isolés, s’écrit en rupture avec l’histoire oléronaise.

LA MAIRIE

FRONT BÂTI

LE MAR

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CHÉ


LA FOR ÊT

gricole

Chemin a

LA PLAINE AUX VIGNES

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Chemin du bourg aux champs à Dolus, www.delcampe.net Le début du péri-urbain, au lendemain du pont : Dolus vu du ciel en 1967. www.remonterletemps.ign.fr

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Un paysage habité

Deux projets urbains sont actuellement à l’étude pour créer de nouveaux logements dans le bourg de Dolus : un petit lotissement aux Peux et un écohameau à la Cossarde. Par ailleurs, le Plan Local d’Urbanisme (P.L.U.) de la mairie et le Schéma de Cohérence Territoral (SCoT) du pays Marennes Oléron sont en cours de modification. L’objectif de la présente étude est de proposer un modèle urbain cohérent à l’échelle du bourg, vertueux et profondément inscrit dans le contexte local pour servir de bases à ces différents travaux. L’explosion d’un modèle péri-urbain Les terres hautes caractérisent la dorsale calcaire de l’île. Les bourgs historiques s’y regroupent le long de l’ancienne voie romaine, à l’abri des caprices du littoral. Autour, des terres agricoles fertiles favorisent une agriculture historiquement viticole. Cette viticulture constitue, avec l’ostréiculture*, une des richesses de l’île sous l’appellation « pineau des Charentes ». Génération après génération, la subdivision des parcelles provoque déprise agricole, friches et boisements spontanés. Le massif forestier originel se reforme et tait peu à peu les efforts multicentenaires des paysans vignerons, débutés à l’installation des communautés religieuses au Moyen-Âge. Le bourg de Dolus est situé le long de la route départementale reliant le continent. Le centre historique y fait preuve d’une grande densité urbaine, fruit d’une construction patiente et frugale réalisée sur plusieurs siècles, mètre carré après mètre carré au gré des besoins. Le commun y est privilégié à l’individuel, avec la place du marché, les quéreux* et leurs puits partagés ou les venelles reliant les différents espaces de productions aux habitations. Les maisons et leurs thieuzines* sont des lieux de repos ou de replis, l’activité se déroulant au dehors. En 53 ans depuis l’ouverture du pont, la surface du bourg a été multipliée plus de sept fois en passant de 0,16km² à 1,15km². Cela correspond à une augmentation annuelle des surfaces artificialisées de deux hectares par an, soit près de trois terrains de football. Cette explosion urbaine - motivée par l’idéal du pavillon à quatre façades – marque une rupture radicale avec les caractéristiques du centrebourg. À une consommation de plus en plus rapide d’espace répond en effet une densité bâtie de plus en plus faible, vecteur d’une péri-urbanité distendue.

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Construction d’un pavillon dans la ZAC des Fontaines MacDol contre Macdo, le bras de fer entre la municipalitÊ et la multinationale dure depuis 2014

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Ces nouveaux quartiers résidentiels ne dépassent guère les 15 logements à l’hectare, ce qui représente moins de la moitié de la densité historique d’environ 35 logements par hectares. Les liens sociaux s’étirent à mesure que la voiture individuelle devient le maître moyen de la planification urbaine, à grand renfort de voies de contournement, d’impasses et de raquettes de retournement. Dernier bastion pour habiter Oléron ? Les tempêtes récentes ont rappelé aux Oléronais le bénéfice de la prudence littorale. Cette prudence s’est cristallisée dans le PPRN par la définition de zones naturelles submersibles, impropres à la construction de logement. En outre, le repli stratégique - privilégié au sein des politiques de gestion du trait de côte laisse envisager la nécessité de construire des logements de substitution à ceux des zones à risques. En quelques années, la pression foncière s’est donc polarisée sur les terres hautes, à l’abri des submersions. Les impératifs de construction de résidences principales sont réels. Avec l’aide du cabinet d’étude Gheco et dans le cadre de la révision de son P.L.U, la municipalité chiffre à près de 16 résidences principales à construire par an, pour répondre seulement à l’accroissement de la population. Si l’on considère le desserrement des ménages, le renouvellement du parc, la variation du parc de logements vacants ainsi que la mutation de résidences principales en résidences secondaires, cela porte les besoins à plus de 20 logements neufs par an, soit 264 logements d’ici 2028. Jusqu’à présent, les besoins en logements neufs ont été comblés par l’urbanisation des terres agricoles périphériques, peu chères et facilement aménageables. Cette situation n’est pas endémique à Dolus : en France, d’après le Ministère de l’Environnement, ce sont ainsi 236 hectares de terres agricoles et naturels qui sont artificialisés chaque jour. À titre d’illustration, cela correspond à l’artificialisation de la surface totale de l’île d’Oléron tous les 73 jours. Cette pratique semble aujourd’hui révolue. En effet, pour éviter de nuire plus encore sur aux espaces naturels et à l’agriculture rescapée de la déprise agricole, la mairie étudie la possibilité d’utiliser au mieux le potentiel foncier résiduel dans l’emprise urbaine. Seule la préservation des terres agricoles autorise un renouveau de l’agriculture locale et en circuit court, comme le prône le mouvement pour l’alimentation citoyenne sur Dolus d’Oléron (MacDol) et sa zone d’alimentation durable (ZAD). Ce renouveau agricole constituant une composante essentielle de la transition environnementale et solidaire, il apparaît donc primordial d’endiguer l’étalement urbain. L’impératif est notamment souligné par la stratégie habitat de la Communauté de Communes, appelant à « s’engager dans une stratégie de réduction de la consommation foncière1 ». 1.

Habitat, Stratégies & grands projets, Communauté de Communes de l’île d’Oléron, www.cdc-oleron.com (consultation le 08/02/2019)

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changement climatique

énergie

mobilité

chang climat

tourisme

énergie

classement

vieillissement

mobilité

urbanisation

Traversée par la route départementale et implantée sur la dorsale géologique en dehors des risques de submersion, l’unité paysagère des terres hautes est le support privilégié de l’urbanisation. Pour répondre aux impératifs de logements neufs, le bourg de Dolus s’étend sur sa périphérie. Conjointement, le cœur de la commune accueille une population vieillissante, sans toutefois être adapté à ses besoins spécifiques. Une alternative à la mobilité automobile doit être formulée, pour autoriser la circulation sécurisante et agréable des populations vulnérables et réduire l’empreinte carbone de la ville.

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classement

vieillissement


De façon à assurer une gestion durable des dernières surfaces constructibles et maîtriser les prix de l’immobilier, la mairie de Dolus d’Oléron fait le choix du démembrement foncier-bâti. Inspiré du « Community Land Trusts » anglo-saxon, ce modèle connait une actualité à travers l’introduction en 2018 et par la loi ALUR de l’Organisme Foncier Solidaire2. Il a été mis en place par des métropoles comme Lilles ou Rennes dans une logique anti-spéculative. En dissociant le foncier (le sol) du logement (le bâti), il permet l’accession à la propriété des ménages modestes, avec des prix réduits de 15 à 40%. D’un côté, le foyer achète le logement, de l’autre, il loue le foncier à l’OFS en redevance de « droits d’usages » très faibles (0,15 €TTC/m²/mois SHAB à Rennes). Dans certains cas, le foncier peut appartenir directement à l’Organisme Foncier Solidaire qui rachète les parcelles aux différentes parties. Il existe aussi la possibilité de conserver la propriété foncière de chacun, dans ce cas les propriétaires reçoivent un loyer correspondant à la surface louée. Le remembrement parcellaire n’est pas obligatoire, et l’OFS représente une belle façon de rentabiliser des terrains trop grands ou non utilisés. À Dolus, il serait un outil précieux pour permettre la densification urbaine et apporter un revenu supplémentaire aux propriétaires fonciers.

2.

Code de l’urbanisme Article L329-1, Modifié par LOI n°2018-1021 du 23/11/18 art. 88 (V)

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La rue des jardins, territoire où il fait bon jouer et déambuler

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Venelle historique (3 m) ...

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Les potagers des petites marates, parce que l’eau est précieuse

3m3 d’eau pluviale stockée

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Un quéreu* à Arceau, Vivre ensemble est une force


voisinage proche (5 m)

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Opération de densification de cœur d’îlot, à Saintes. Les venelles, adossées aux murs existants, structurent le projet et ouvrent l’ensemble sur la ville. Europan 1994, à Saintes. © Patrick Tourneboeuf Vue d’ensemble du projet, dessin de Martin Étienne dans Comprendre, une visite de 15 opérations de logements denses remarquables, Conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement des Bouches-Du-Rhône, 2018

136


Vers un village accessible

Plutôt que de construire autour, il semble alors pertinent de construire par dedans et par-dessus, profitant du tissu lâche et des dents creuses laissées dans le bourg pour le densifier et ainsi en intensifier l’activité à l’année. Cet objectif est aussi porté au sein de la refonte du SCoT du pays Marennes Oléron, à travers l’identification d’un potentiel foncier regroupant des parcelles nues et des parcelles faiblement construites dans l’enveloppe urbaine existante. À bien des égards, la volonté de contenir Dolus peut contribuer à l’amélioration du cadre de vie pour tous ceux qui y habitent. Le premier intérêt de cette démarche est de lutter contre « la banalité3 » des quartiers pavillonnaires, la conception dans l’existant étant nécessairement plus complexe que sur une table rase. Si l’on prend à bras le corps les questions de voisinage par une résolution architecturale des vis-à-vis, des opérations en acupuncture sur le tissu existant permettent de créer de nouveaux logements tout en reconnectant le tissu viaire. L’offre de logements est destinée aux personnes en ayant le plus besoin : primo-accédant avec enfant en bas âge, habitants en replis du littoral, et personnes âgées ou en situation de handicap. Le traitement d’espaces partagés, avec la possibilité de mutualiser certains services, facilite les échanges intergénérationnels et renforce l’esprit de communauté. Relier les impasses et rendre accessible de façon sécurisée et agréable les services et commerces du bourg, à pied ou à vélo, favoriserait le maintien d’une activité à l’année. La densification s’inscrit par nature dans l’opération « redynamisation des centre-bourgs » de la Communauté de Communes, portée par l’association « Cœurs de Village ». De plus, ces nouvelles continuités douces offrent une alternative à la voiture individuelle aujourd’hui plébiscitée pour amener les enfants à l’école, aller faire ces courses ou rendre visite aux amis. Ces déplacements de courtes distances constituent une part importante des émissions de gaz à effet de serre liées à la mobilité.

3.

Charte paysagère & architecturale, Syndicat Mixte du Pays Marennes Oléron, 2010, p.18

137


Les venelles d’autrefois : de l’urbain aux cultures

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Jusqu’à la construction du pont en 1966, le bourg de Dolus est dense et des venelles le relient aux espaces de cultures agricoles. Elles constituent le bien commun de tous ceux qui les utilisent quotidiennement. Des fermes de riches propriétaires ponctuent le paysage, l’agriculture est omniprésente et l’activité ostréicole pénètre jusqu’au plus proche du bourg.

Venelles et chemins permettant de rejoindre les champs, la forêt et les marais Claires en utilisation Marais à l’abandon N 200 m

139


Les stigmates d’une péri-urbanité automobile

140


Le pont apporte un modèle d’urbanisation qui avait jusqu’alors épargné Oléron : le quartier pavillonnaire. Ce quartier est précédé par la voie de contournement, et enfante l’impasse avec raquette de retournement. La raquette de retournement est le point final de la collectivité. En rendant l’usage de la voiture plus pratique que la pratique piétonne de l’espace public, elle raréfie les interactions du voisinage et multiplie les passages à la pompe à essence. Le centre-bourg est ainsi boudé en faveur de la zone d’activité, seul espace vivant à l’année. La déprise agricole et ostréicole stimule le développement de friches qui accueillent de nombreuses espèces remarquables. La forêt se referme presque sur les dernières vignes cultivées.

Voies de contournement Impasses et raquettes Marais à l’abandon N 200 m

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Reconquérir le foncier oublié

142


Ce modèle péri-urbain a pourtant un avantage non négligeable. Contrairement au centre-bourg, les quartiers pavillonnaires sont très peu denses et présentent de nombreux espaces résiduels, de plusieurs ordres : parcelles en friches ou fonds de jardins inexploités. Certains sont déjà ciblés par le PLU en servitudes pour le logement social, et d’autres sont en cours de projet. 17 ha existent donc au creux de la ville. Si l’on considère une densité de 15 logements par hectares, 255 logements peuvent ainsi être construits sans nécessiter de s’étendre sur les terres viticoles. Des venelles piétonnes pourraient franchir les clôtures pour rendre ce foncier accessible et reconnecter les Dolusien.ne.s à leurs services et commerces.

Connexions piétonnes à réaliser Cheminements sécurisés existants Servitudes L.123-2 (logements sociaux) : 2,1 ha Projets en démembrement foncier-bâti : 3,0 ha Parcelles entières non bâties : 11,2 ha Fonds de parcelles non utilisées : 0,7 ha 200 m

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N


Comparaisons des formes urbaines Centre-bourg, XVe au XVIIIe 40 logements La place du marché est l’élément central du centre-bourg, bordé par la poste et des restaurants. L’îlot est densément bâti, et dispose de moins de 15% de surface de pleine terre.

Surface/logement

Privé : 75%

Jardin : 88m² Bâti : 115m²

Public : 25% 36 logements/ha

Mixte : 68m² Equipement : 4m²

Les Petites Marates, 1966 31 logements Construit la même année que le pont, c’est un exemple de quartier pavillonnaire. L’espace public est voué à la voiture et les pavillons s’isolent toujours plus au centre des parcelles. Le voisinage se heurte aux palissades.

Surface/logement

Privé : 80%

Jardin : 447m²

Bâti : 134m²

Public : 20% 14 logements/ha

144

Esp. vert : 13m² Piéton : 56m² Voirie : 79m²


Quartier des Fontaines, 2008 42 lots Les connexions piétonnes avec le voisinage, la maison des associations, une crèche un bassin d’infiltration proposent une vision partagée et contextualisée de quartier pavillonnaire. L’emprise de la voirie se veut minimum et est mise en valeur par l’alignement d’un bâti dense.

Surface/logement

Privé : 55%

Jardin : 169m² Bâti : 93m² Esp. verts : 71m²

Public : 32% Commun : 13% 21 logements/ha

Piéton : 46m² Voiture : 52m² Équipement : 13m²

Les Quéreux Solidaires, 2020 ? 12 logements L’espace partagé se diversifie et accueille un potager, une gestion superficielle des eaux pluviales et grises, l’abri des voisins. Des quéreux sont composés par les maisons basses et les stationnements vélo, autours de bassin de phyto-épuration.

Surface/logement

Privé : 52%

Jardin : 125m² Bâti : 87m² Potager : 37m² Noues : 40m²

Commun : 48% 23 logements/ha

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Piéton : 126m² Équipement : 6m²


Un quéreu au coin d’une rue à la Brée-les-Bains, www.cartes-postales-ancienne.com

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La sympathie du quéreu

Le quéreu* a plusieurs avantages. « Revisiter cette organisation originale dans les opérations d’urbanisme4 », comme le propose la charte paysagère et architecturale, c’est aller au-devant de nombreux sujets influençant positivement la conception. Tout d’abord, la question essentielle du commun et du privé ; dans une logique préindustrielle comme dans une logique post-carbone, la mutualisation d’équipements et d’activités est un terreau fertile. Il y a longtemps, le quéreu était l’ « espace de solidarité et d’entraide pour le travail agricole5 ». Tondre sa pelouse, jardiner, bricoler, boire l’apéro, faire un barbecue ou laver son linge sont aujourd’hui autant d’activités dont les outils peuvent être partagés, en constituant à la fois des motifs de voisinage et d’économies pour le foyer. Dans un second temps, le quéreu est indissociable de la question de l’eau, de son captage, de son partage et de son écoulement. L’eau y était captée par des puits et stockée dans des bassées*. Une fois utilisée, elle ruisselait sur un hérisson de pierre jusqu’à un fossé planté. Conséquence de la montée du niveau des océans, de plus en plus de nappes souterraines sur l’île deviennent saumâtres, et empêchent le recours au puits. Le renforcement de l’intensité des précipitations impose pourtant de se saisir de la gestion de l’eau pluviale comme d’un impératif pour éviter les inondations. Il s’agit alors de reconsidérer le dessin d’un l’espace public au fil de l’eau, permettant le captage, l’utilisation, l’épuration et l’infiltration de l’eau. Ces principes urbains et architecturaux de bon sens, incarnés par le quéreu, permettraient en étant adoptés de façon systématique pour les nouvelles opérations de logements, de composer un vocabulaire cohérent et d’entretenir une « pensée d’ensemble pour les futures zones bâties6 ».

4. 5. 6.

Charte paysagère & architecturale, op.cit., p.29 Idem. Idem.p.19

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En arrière de l’école, entre historique et périurbain

Le site choisi se trouve à l’arrière de l’école municipale, au centre du bourg de Dolus. Entre le noyau historique dense et le périurbain étendu des Petites Marates, il est idéalement positionné pour servir de démonstrateur de la stratégie urbaine. N 200 m

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Aujourd’hui, des venelles sans-issues et des délaissés

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Le site d’implantation pour la démonstration de la stratégie urbaine est composé de parcelles non utilisées, de l’arrière de l’école primaire (1) et de quelques arrières jardins dont la rentabilisation pourrait intéresser les propriétaires (2). Il est situé entre le centrebourg dense et un quartier pavillonnaire de 1966. La construction de ce dernier a obstrué les issues des venelles historiques (3), ce qui a conduit à l’enfrichement de bon nombre de parcelles desservies (4). Une activité de maraîchage se déroule néanmoins dans certaines, qui sont préservées en état.

4

Les friches sont le foyer d’une grande biodiversité, dont le projet tient compte en offrant des zones de refuge. Enfin, les bons murs en pierre ainsi que les haies et les arbres constituent des supports évidents de conception, conférant à l’opération la valeur de son histoire.

N 25 m

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Maîtriser la densité perçue pour partager, simplement



Écrire un quartier de vie dans les interstices

Coupe 2

Coupe 1

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Tout d’abord, il faut relier les venelles. Leur maillage s’ouvre sur le quartier, offrant de nouveaux cheminements sécurisés pour les personnes âgées et les enfants. La venelle principale, appelée traverse du potager, longe la limite parcellaire de l’école et sert de voie pompier à l’opération. Aux intersections des venelles, l’espace public s’élargit pour accueillir la vie en communauté. Les douze logements de l’opération tiennent l’espace public et lui présentent un porche en guise d’accueil. À plusieurs, ils forment trois quéreux*, accommodant des bancs, des abris vélos, ainsi que les bassins phyto-épurant. Ces bassins sont mis en réseau de façon gravitaire par des noues plantées, et permettent de gérer l’ensemble des eaux grises à la parcelle. De pair avec les citernes de récupération d’eau de pluie de l’école et des logements, l’ensemble créé un nouveau paysage fédéré par l’importance de l’enjeu hydrique. Au centre du quéreu principal, la halle de voisinage est le support d’activités partagées ; le stockage des outils de jardinage du potager le long de l’école, un barbecue et une laverie favorisent les rencontres entre voisins.

Abri Communautaire, Moetz & Pelée, et la Gonflée

N 25 m

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Faire jaillir l’eau comme structure de l’espace public

État existant

État projeté

1 - Le sentier des écoliers Compléter la canalisation béton existante par une noue paysagère permet de récupérer le surplus d’eau pluviale. Le cheminement au fil de l’eau met l’accent sur cette ressource précieuse. 1,5 m

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État existant

État projeté

2 - L’arrière de l’école et la traverse du potager Une voie douce longe la limite séparative, et offre de nouvelles surfaces cultivées aux écoliers et aux habitants (25m² par logements). L’eau de pluie de l’école est recueillie pour les arroser, et les noues et leurs pontons dessinent un nouveau paysage.

3 m

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Le partage au cœur des rÊseaux

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Comme vu précédemment, l’eau constitue un enjeu fort, sa disponibilité étant menacée par les canicules et la pollution des nappes par l’eau salée. La pluviométrie oléronaise, contrastée au cours de l’année (jusqu’à 70mm en novembre contre 28mm en août), représente non moins une ressource non négligeable. Chaque maison dispose de deux citernes de 15m3 qui lui permettent d’être autonome en eau pour l’hygiène, le ménage et le jardin, et la récupération de l’eau de pluie sur la halle de voisinage couvre les besoins des 3 laves linges accessibles aux habitants. L’école voit ses nombreuses descentes d’eau pluviale côté sud-est dotées chacune de citernes plus petites, servant à l’arrosage du potager. Le raccordement des logements au réseau de chaleur servant l’école, la ludothèque, les locaux associatifs et des logements permettraient de répondre, moyennant le remplacement de la chaudière annexe, aux besoins de chauffage (14 mWh/annrj fin.) et d’eau chaude (36 mWh/annrj fin.) de l’opération. En effet, les foyers se chauffent et utilisent de l’ECS majoritairement la nuit et le weekend, quand les locaux publics sont en veille. La solarisation de la toiture de l’école est préférée à celle des logements neufs, la taille de l’installation garantissant la facilité et la fréquence de son entretien. Des pans photovoltaïques sur les surfaces disponibles (220 m² au suet et noroît, 542 m² au suroît) produisent, en comptant leurs orientations et leurs pentes, 160 mWh/an : la consommation électrique d’une soixantaine de logements tels que conçus ici (consommation électrique par logement de 2,5 mWh/an, à partir d’une moyenne de calculateurs de consommations sur internet).

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Des habitats implantés à l’Oléronaise Cas 1 : Ouverture au Suet

Loggia

Porche

Véranda

Cas 2 : Ouverture au Nordet

Jardin d’hiver

Porche

Appentis

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La stratégie urbaine détermine la position des maisons sur leurs parcelles. Ainsi les maisons, disposées en bordure des venelles, sont solidaires de l’espace public et participent de sa qualité. À l’arrière, elles disposent d’un jardin à l’abri des regards.

Cas 3 : Ouverture au Suroît

Pergola

Porche

Loggia et contrevents

Cas 4 : Ouverture au Noroît

Appentis

À première abord, les maisons ne sont donc pas orientées selon les carcans du bioclimatisme. Il s’agit d’un parti pris de conception, car, nous l’avons vu, le sud, le nord, l’est et l’ouest n’ont à Oléron pas la même valeur que les Suroît, Noroît, Nordet et Suet. Le vent et le soleil de l’après-midi invitent à considérer une approche bioclimatique alternative, adaptable selon les orientations. Deux approches combinées permettent de tirer profit de telles orientations. Tout d’abord, plutôt qu’une surface captante au sud, mais exposée plein vent, le projet privilégie des murs intérieurs masses, qui, avec l’inertie de 40 cm de terre, amortissent les variations de température sur plusieurs jours. Dans un second temps, les façades les plus longues s’épaississent pour recevoir des espaces tampons adaptés aux orientations. Vérandas, terrasses couvertes, appentis, jardins d’hiver ou pergolas se mobilisent pour associer plaisir du jardin et du climat. Côté venelle, un porche offre l’hospitalité.

6m

Porche

Jardin d’hiver

N 8 m

161


Pour un rapport ouvert, de l’intérieur à l’extérieur

Véranda

C.1

Salle de bain Séjour Entrée Chambre 1 Cuisine C.2

Banc Porche

162


Le plan des logements témoigne autant de volontés spatiales et sociales que constructives. Dans tous les cas, la maison s’organise autour de deux trames centrales. L’une correspond à la séquence d’entrée avec porche, lobby et salle de bain. L’autre est une réinterprétation de la thieuzine* historique ; c’est une pièce de vie polyvalente et centrale, alliant coin repas, espace détente et cuisine en relation avec la venelle. Les chambres se positionnent de chaque côté, celle flanquant l’entrée permettant une certaine autonomie et donc sa mise en location à des touristes. Contrairement à la thieuzine néanmoins, les différentes pièces sont traversantes et souvent prolongées d’espaces tampons, profitant de conditions intermédiaires entre intérieur et extérieur. Le plan démontre l’importance donnée aux contrevents*, les volets en bois, qui permettent d’ajuster à volonté la lumière et la ventilation. Fermés, ils font de la maison un lieu sûr pour passer les tempêtes.

Chambre 2

Les dimensions sont dictées par les matériaux disponibles. Dans la longueur, l’isolation en bottes de paille et ses montants en bois induisent une épaisseur de paroi de 40 cm et une trame structurelle de 60 cm. La largeur de 6 mètre est quant à elle dictée par l’utilisation du pin maritime en charpente de planches.

Citerne E.P 15m3

Cette solution d’hébergement réplicable met l’accent sur le partage, sur la qualité de l’espace habité, et sur les matériaux locaux.

1,5 m N

163


Construire frugal : matĂŠriaux locaux et bioclimatisme

C.3

164


Les matériaux mis en œuvre dans la construction sont majoritairement naturels. On retrouve par exemple les bottes de paille pour l’isolation, de la pierre pour le soubassement et les fondations, le pin maritime pour la charpente, la bauge (mélange terre paille) dans les murs masses et au sol avec le béton de chanvre (chaux/chanvre), et la terre cuite en toiture. En évitant les effets de parois froides, l’emploi de ces matériaux offre un excellent niveau de confort et limite les besoins de chauffage actif à environ 14 kWh/m²/an, soit inférieurs à ceux du label BPos (bâtiment à énergie positive). Pour se prévenir de l’humidité, le sol de la maison est rehaussé d’une vingtaine de centimètres, évitant par ailleurs une excavation coûteuse. De même, les murs extérieurs en paille sont protégées des remontées capillaires par un sous-bassement en pierres jointes et ventilées en arrière face.

C.4

1 m N

165


Une construction en matériaux naturels C.1 Composition de mur bauge en redent intérieur/extérieur. U = 0,52 W/(m²K) 734 kg/m²

C.2 Composition de la façade en isolation paille. U = 0,13 W/(m²K) 135 kg/m²

166


C.3 Composition de la toiture. U = 0,13 W/(m²K) 102,9 kg/m²

C.4 Composition du sol. U = 0,38 W/(m²K) 527 kg/m²

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Calcul des besoins de chauffage actif sur une année

PERTES

Transmission Parois verticales

U (W/m²/K) R (m²/K/W) 1,5

Portes Baie Fenêtres Paroi Légère Paroi Bauge Paroi Paille

Toit Sol

Ventilation

APPORTS

Solaire passif Baie Suet Fenêtres Suet Fenêtres Noroit Apports interne

Toit Sol Pont th. sol (W/ml/k) Pont th. toit (W/ml/k) Pont th. fen (W/ml/k)

0,67

1,2 1,2 1,5 0,524 0,129

0,83 0,83 0,67 1,91 7,75

0,13 0,38 0,05 0 0,1

7,69 2,63

Hauteur

2,1 2,1 1,2 2,4 2,4 1,2

Capacité thermique volumique Vol. Renouvellement Wh/(m3.K) m3/hab/h d'air (3hab) m3/h 0,34 23,0 48,9

Surface 2,52 5,76 3,456 Coef. apport int. kWh/m²

168

22,9

G transm. Ray. solaire Solaire (kWh/m²/an) 0,76 0,76 0,76 Surface 68,7

App. solaire kWh/an 353 957 595

677 4189 1563


Linéaire

1 6,6 4 4,8 27 4,8

43,2 43,2 46,4

Surface

2,1 13,9 4,8 0,0 11,5 64,8 5,8 73,3 68,7

H (W/K)

Ht (W/K) 3,2 16,6 5,8 0,0 6,0 8,4 0,0 9,5 26,1 2,2 0,0 4,6

Q kWh 82,4 4158

X = A/Q 1,76

B=Q*(1-F) Besoins kWh/m²/an 997,8 14,5

F (depuis abaque) 0,76

Degrés heures base 18 K.h/an

Hv (W/K) 16,6

As 5752 Ai

1573

169

42000


Une majorité des matériaux locaux et biosourcés ...

Volume de matériaux oléronais

Volume des matériaux importés

Les maisons sont construites à partir de matériaux majoritairement disponibles localement, ou biosourcés. Certains matériaux sont néanmoins plus difficiles à sourcer, comme les vitres ou les métaux. La présence d’un centre de récupération très actif, l’Écopôle, laisse envisager le développement d’une filière de récupération des matériaux de maisons déconstruites. Ainsi, Fabien Bobin, responsable l’Écopôle, nous l’affirme : « en 2019 il est prévu une zone de réemploi permanente ». Les matériaux étant « donnés en l’état sans garantie, et les quantités, variables selon la période et les flux », cette zone sera pour le moment destinée aux particuliers.

Néanmoins, il indique qu’« un projet de formation à l’attention des acteurs de la démolition est en cours pour la fin de l’année. » Propos échangés par courriel le 14 janvier 2019.

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... et une mise en valeur d’un délaissé

Étapes de transformation de la vase en bauge

En France, 50 millions de mètres cubes de sédiments marins (de vase) sont extraits chaque année, dont 95% sont rejetés au large faute de filière de réemploi. Fort de ce constat, Gwilen, une entreprise bretonne basée à Brest, cherche à valoriser cette vase dans la construction en terre crue en remplacement des bétons et terres cuites. À Oléron, la vase extraite de l’entretien des claires* ostréicoles est stockée sur les abotteaux*, sans valorisation autre. Si les expérimentations de Gwilen portent leurs fruits, elle constituerait une ressource pouvant être utilisée dans des murs en terre crue, mélangée à des gravats et de la paille.

Quoi qu’il en soit, la bauge, avec ou sans vase, représente une technique de construction en cours de redécouverte. Fondamentalement écologique, sa mise en œuvre ne nécessite aucune machine ni aucune énergie autre que humaine. Le processus fait d’ailleurs souvent l’objet de chantiers participatifs, grâce à son extrême simplicité. Dans le cadre des quéreux* solidaires, la participation des futurs habitants serait une occasion de plus de construire l’entente de voisinage, avant même d’y habiter.

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Pour un vernaculaire contemporain



Le carrelet*


C. Les pertuis et leurs marais L’adaptation comme paysage Diversifier l’activité ostréicole De la culture en claire à la culture des claires

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La route des huĂŽtres, le 30 octobre 2018



Les marais, issus de la sédimentation des pertuis, sont le fief des ostréiculteurs. Ce paysage est dessiné par l’utilisation de l’eau, par son stockage dans les claires* et son renouvellement par les chenaux* et ruissons*.

AU AARRCCEEAU

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178

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Le continent

LA BAUDISSIÈRE

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Mulon de sel sur l’île d’Oléron, avec en arrière-plan les marais salants. www.geneanet.org Paysage aquacole à Marennes, www.delcampe.net

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L’adaptation comme paysage

De nombreux facteurs s’assemblent pour indiquer que le réchauffement climatique menace à moyen terme l’ostréiculture*. Par ailleurs, les ostréiculteurs voient depuis peu se développer une activité culturelle dans les marais, avec laquelle la plupart n’ont que peu d’emprise. La stratégie présentée ci-après s’attache à démontrer les intérêts paysagers, sociaux, culturels et économiques d’une diversification des activités économiques, en renfort de l’ostréiculture. Il s’agit ainsi de construire, avec les ostréiculteurs, le renouvellement de leur pratique des marais oléronais. Les marais, une histoire rocambolesque Situé entre les terres hautes et fertiles et la mer intérieure des pertuis charentais, le paysage des marais ostréicoles du littoral nord-est de Dolus d’Oléron présente des contours découpés, enchevêtrés, superposés plus ou moins nettement, créant une dentelle de bassins saumâtres et de terre pelliculaires. Cette unité paysagère est issue d’une longue histoire, fruit de maintes adaptations de ses utilisateurs. Bien qu’il existe des traces d’utilisation des marais dès l’Antiquité, les vasières originelles connaissent une première transformation d’envergure au Moyen-Âge, lorsque les communautés religieuses récemment installées les façonnent pour en faire des marais salants. La saliculture nécessite en effet « l’aménagement d’un réseau hydraulique hiérarchisé et précis1», avec ses chenaux*, varaignes*, ruissons* et bassins. Les marais de Dolus sont ainsi aménagés au XIVe siècle. Avec les guerres, la dépendance aux propriétaires et les salaires au rabais, la vie des sauniers se durcit. Pour faire face à l’instabilité de la période, ils diversifient leurs activités une première fois en « s’ouvrant vers la mer avec la pêche au filet et aux coquillages2. » Quelques marais deviennent marais gâts* et d’autres, endigués, deviennent tannes* pour servir de terres d’agriculture et de pâturage pour le bétail. Au XIXe siècle, l’activité salicole d’Oléron connaît une nouvelle crise avec l’arrivée du chemin de fer en France, qui offre une supériorité écrasante aux territoires salicoles qui y ont accès. Les sauniers se reconvertissent une nouvelle fois, pour se tourner vers l’ostréiculture. Les salines retravaillées deviennent des 1.2. Marais [In]submersibles ?, Communauté de communes de l’île d’Oléron, 2016, p.7 3. NADEAU Charles, l’Histoire des huîtres Marennes-0léron, www.oleron.fr, 2015

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Ostréiculteurs rentrant des parcs à huîtres à Oléron, www.delcampe.net Cabane de Christophe et Cyril Pattedoie

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claires*, dont les conditions de salinité et les algues s’y épanouissant, permettent l’affinage des huîtres. Ces claires ont supporté le développement économique de l’île et font aujourd’hui encore sa renommée, consacrée par deux AOP. L’histoire de l’ostréiculture n’est pourtant pas, en elle-même, de tout repos. Ainsi, en un siècle et demi, les espèces d’huîtres n’ont eu de cesse de se substituer les unes aux autres. L’huître plate d’origine est remplacée par l’introduction en 1868 de l’huître portugaise, mieux adaptée aux claires. Pour faire face à l’hécatombe des huîtres portugaises en 1970, suite à une maladie, des huîtres japonaises sont importées4. En 1997, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) procède à la modification génétique des huîtres, les rendant stériles, ce qui leur permet de grossir plus vite et de présenter une texture constante toute l’année5, dans l’objectif d’augmenter la rentabilité. Ces huîtres fragilisées, dites triploïdes, constituent 50% de la production française. Enfin, depuis la fin du XXe siècle, des crevettes impériales entrent à leur tour dans les claires. Une vingtaine d’ostréiculteurs de Charente-Maritime ont développé cette nouvelle filière, parfaitement complémentaire dans le temps et dans l’espace avec l’ostréiculture, avec 25 tonnes produites par an soit 75% de la production française5. La crevette occupe les claires en période creuse de l’ostréiculture, l’été, et se nourrit seule des aliments trouvés dans la vase. Ainsi, l’histoire des marais comme celle de l’ostréiculture n’est pas linéaire, mais faite de crises, de diversifications et de rebondissements salutaires. L’injonction à retrouver la diversité L’accélération des changements climatiques que connait le début du XXIe siècle a des conséquences immédiates sur l’ostréiculture. La douceur des hivers ne permet pas à l’huître de procéder à son repos biologique annuel, le manque de pluie empêche les sels minéraux de parvenir à la mer et ralentit le développement du plancton, nourriture essentielle à la pousse des huîtres. Enfin, le soleil quant à lui fait s’évaporer de façon accélérée l’eau des claires et augmente leur salinité. Cyril Pattedoie témoigne : entre 2000 et 2018, la salinité mesurée est passée de 27/1000 à 46/1000, soit une augmentation de 170%6. L’ensemble de ses facteurs fragilisent l’huître, en particulier triploïde, et offre des conditions idéales pour le développement de certains virus. Les épizooties (épidémies animales) surviennent de plus en plus régulièrement, avec par exemple le virus de l’herpès en 2010 détruisant jusqu’à 70% des huîtres juvéniles, puis en 2013 une bactérie décimant 65 % des huîtres adultes. 4. 5. 6.

HUMBERT Florence, Huîtres, Les huîtres triploïdes sur la sellette, www.quechoisir. org, 2015 Crevette impériale des marais charentais, Agence de l’Alimentation NouvelleAquitaine, www.produits-de-nouvelle-aquitaine.fr, (consultation le 02/02/19) Propos recueillis au cours de la visite de l’exploitation familiale, le 30/10/18

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changement climatique

énergie

mobilité

tourisme

énergie

classement

vieillissement

mobilité

urbanisation

Écosystème fragile, l’unité paysagère des pertuis et de leurs marais est sensible à tout bouleversement, ce qui explique sa protection rapprochée. Ce milieu et la richesse de sa biodiversité dépendent pourtant essentiellement de son maintien en activité par l’humain, qui entretient son système d’irrigation et garde ses bassins en état. Les changements climatiques corrélés à la difficulté d’adaptation des activités ostréicoles, font courir le risque d’une transformation environnementale trop rapide, ne laissant pas la chance à la biodiversité de s’adapter. En outre, le tourisme, en particulier à vélo, y a trouvé une nouvelle terre promise. Pour qu’il ne nuise pas au paysage, son développement doit se faire avec les acteurs en place, dignes gardiens des marais.

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« À terme, une grande pandémie est à craindre, en France et dans les autres pays ostréicoles du globe (Etats-Unis, Hong Kong...).7 » Au-delà de la catastrophe économique que représenterait la disparition de l’ostréiculture dans le bassin de Marennes d’Oléron, la déprise ostréicole qui s’ensuivrait dans les marais menace d’affecter l’équilibre écologique fragile de ce milieu. La dégradation du système hydraulique pourrait entraîner un assèchement estival des bassins ou de brusques montées des eaux préjudiciables à la flore halophyte (adaptée aux milieux salés) et à la faune associée. Aujourd’hui et à l’inverse de son voisin atlantique, ce littoral atypique n’attire qu’une petite partie des touristes dont l’île fait le plein chaque été. S’il ne stimule pas encore le plus grand nombre, il est pourtant le berceau d’une riche biodiversité. La présence de marais gâts constitue un facteur essentiel de recolonisation naturelle par une flore unique, où de nombreuses espèces d’oiseaux rares et menacés nichent ou font halte lors de leur migration. Ces habitants à plume partagent l’espace avec les ostréiculteurs qui vont et viennent tout au long de l’année entre leurs cabanes*, leurs claires et les parcs à huître situés sur l’estran vaseux*. Cet univers atypique invite à la découverte. Il y a donc un enjeu capital à adapter, une nouvelle fois, la pratique des marais, en développant et en articulant les activités professionnelles aquacoles, les activités pédagogiques et les activités culturelles.

7.

NOUYRIGAT Vincent, GRACCI Fiorenza, Trouvera-t-on encore des huîtres dans nos assiettes à l’avenir ?, D’après Science & Vie QR n°20 « La mer & les océans », 2017

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Les marais en périphérie des Allards, espaces ouverts striés de claires et ponctués d’abris

Les marais à vélo o

Claires

186

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Pagaille d’abris et de véhicules

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Un carrelet en bordure du chenal de la Perrotine, entre icĂ´ne charentaise et outil de subsistance

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188

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Le port de la Baudissière témoin de l’évolution des pratiques ostréicoles

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190


Les cabanes*, de 20 à 50m²

Chenal, 8m

191


Carte peinte des marais sur une cabane du port de la Baudissière.

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Diversifier l’activité ostréicole

En observant les pratiques locales et les expérimentations des ostréiculteurs, deux moyens émergent pour permettre de diversifier l’activité dans les marais. Premièrement la diversification passe par une activité aquacole plus large, en élevant des espèces mieux adaptées aux fortes températures. Les crevettes impériales, des algues ou des seiches s’accommodent ainsi des mêmes claires et se révèlent parfois complémentaires du calendrier ostréicole. Le second moyen de diversifier l’activité passe par une valorisation culturelle et touristique de la culture ostréicole. Avec un point culminant à 36 mètres d’altitude, le paysage horizontal d’Oléron ne se veut pas escarpé. Pour autant, les marais salés forment de grands espaces ouverts et permettent d’apprécier l’étendue du territoire insulaire. Les cheminements tortueux entre les claires révèlent une à une les multiples broderies que forment les marais. Avec la volonté de valoriser les paysages de l’île, la Communauté de Communes de l’île d’Oléron a entrepris depuis 1995 la création d’un réseau cyclable structuré et hiérarchisé sur son territoire. En 2002 avec le Plan Vélo 1, 53 km de pistes sont réalisés pour former la dorsale, « voie rouge », reliant les bourgs. De 2005 à 2014, le Plan Vélo 2 ajoute 73 km supplémentaires, reliant les plages de la côte atlantique (voie bleue) et les principaux sites touristiques. Depuis, Le Plan Vélo 3 est en cours de réalisation. Il complète la continuité cyclable du littoral nord-est (voie verte) en réalisant la connexion le Château d’Oléron - Boyardville, via la requalification de la route des huîtres. Il entraîne dans son sillage l’adaptation du port de la Baudissière, engagé en 2018 par la commune de Dolus d’Oléron pour améliorer l’accueil du public en sécurisant les berges, en reconstruisant le pont de Tolbiac et en créant un cheminement et des ateliers ludo-éducatifs autour de claires. Les anciennes cabanes de ce port ont d’ores et déjà été rachetées et réhabilitées par la mairie pour les proposer à la location dans le cadre de résidences artistiques. Particulièrement intéressante pour valoriser le paysage des marais ostréicoles, la voie des huîtres, partagée entre professionnels et modes doux, favorise l’épanouissement d’un parcours touristique « ostréi-culturel » (néologisme de Jean-Marc Chailloleau). Cet itinéraire crée des opportunités de diversification et de partage pour les exploitations ostréicoles qui le ponctuent, et invite à mettre sur pied une stratégie de transformation adaptée aux réalités de terrain.

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Un paysage entre deux eaux

Port d’Arceau Port d’Arceau

Port de la Baudissière

Port de la Baudissière

Chenal de la Brande

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Chenal de la Brande


Deux géologies particulières forment ce littoral : l’estran vaseux* et les marais salés*. En connexion permanente par les chenaux*, drainant l’eau douce de l’intérieur ou apportant l’eau de mer, leur salinité et leurs caractéristique biotiques en font des milieux uniques, indissociables de l’ostréiculture en claire*. Historiquement, les cabanes* se regroupent sur les rives à l’embouchure des chenaux principaux, comme aux ports de la Baudissière et d’Arceau. Ces cabanes profitent d’une proximité avec l’estran vaseux, sur lequel les parcs ostréicoles sont établis. Cette proximité est salutaire pour s’arranger des marées avec des bateaux à voile ou à rames. Dans un second temps et avec l’arrivée du moteur, les cabanes s’implantent plus profondément dans les marais. Elles jouissent d’un lien direct avec les claires, ce qui facilite la logistique dans les périodes d’expédition.

Cabanes historiques Cabanes modernes ( > 1950) Claires ostréicoles Parcs à huîtres Vasière 600 m

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N


De l’importance de la micro-topographie

1

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La possibilité d’une reconversion de la route des huîtres en voie partagées entre cyclistes et professionnels est une chance à saisir pour développer des activités touristiques liées aux marais et à leurs usagers. Afin de rendre envisageable un tel développement, il s’agit d’abord de rendre compatibles occupations, qualité paysagère et submersion. Étudier la microtopographie est essentiel, car elle définit les relations hydrauliques et tamponne la submersion. La réalisation de coupes topographiques révèle deux reliefs importants : les digues*, construites pour assécher les tannes* proches du littoral, et certains abotteaux*. Pour Xynthia +20, ces éléments sont soit hors hauteur d’eau, soit légèrement recouverts. Ils constituent donc les sites privilégiés d’implantations d’activités nouvelles, en gardant à l’esprit leur vulnérabilité à long terme.

Voie des huîtres Digues* Grands abotteaux* 600 m

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N


Claires de la prise du Grand Champs et Tropele. Le Théâtre d’Ardoise offre un point de vue inégalable sur les marais et leur biodiversité.

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Coupes topographiques

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Les supports potentiels d’une valorisation

200


Si l’on considère la voie des huîtres comme le support de développement d’un parcours ostréi-culturel, de découverte des marais et de partage des savoir-faire, alors les cabanes qui la jalonnent ont une importance toute particulière. En complément de l’amélioration de l’accueil du public dans les ports d’Arceau et de la Baudissière, une première sélection de cabanes isolées et propices au développement d’activités alternatives, en support de l’ostréiculture, est présentée ici. Ces cabanes ont été choisies par leur proximité avec la voie des huîtres, la relation directe qu’elles entretiennent avec leurs claires d’affinage, et la présence de relief (digue ou abotteau) hors hauteur d’eau à moyen terme (Xynthia+20). Avant toute formulation programmatique ou architecturale, il s’agit à présent de comprendre les raisons du rejet du bâti récent par les associations de protection des marais.

Site d’implantation Cabane de rattachement Claires de rattachement N 600 m

201


D’une structure claire à un étalement désordonné

Port de la Baudissière Le port de la Baudissière est l’exemple criant de ce qui est qualifié comme positif pour l’architecture et l’organisation du bâti dans les marais, par les associations de défense du paysage et les architectes du patrimoine. En effet, le port prend la forme d’un village linéaire, implanté le long d’un élément structurant du territoire, le chenal. Les cabanes, bien que bariolées par leurs couleurs, présentent une

homogénéité dans leurs matériaux, le bois et la tuile. De même, elles sont toutes de dimensions modestes, entre 20 et 40 m². Enfin, les claires, d’une surface moyenne de 1500 m², sont parallèles et disposent toutes de ruissons et varaignes pour l’alimentation.

202


Exemple de la cabane de Mr. Chailloleau L’exploitation de Jean-Marc Chailloleau témoigne d’une organisation toute différente, qui lui vaut des plaintes annuelles de la Sppio, la Société de Protection des Paysages de l’île d’Oléron. Elle est la caricature d’une organisation jugée arbitraire du bâti. Le désordre est accentué par la construction d’un théâtre en vase et en ardoise, qui constitue un deuxième foyer diffusion du bâti. Les constructions

présentent une grande variété de formes et de matériaux (pierres, bois, tôle, tuiles, toile, ardoises et béton). Malgré tout, ces constructions artisanales restent de petites dimensions, ce qui contraste avec certaines cabanes industrielles de plus de 2000 m². Les claires ont quant à elles été remodelées pour s’adapter aux pratiques actuelles, et font en moyennes 4500 m².

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Extrait de la vidéo « Le Theâtre d’Ardoises 2014 Minimum Fanfares sur l’eau », notredameenlile www.youtube.com/watch?v=uZ5wKmMDwlY Les remontées d’une île, © Jean-Marc-Chailloleau, La belle d’Oléron, www.labelledoleron.com

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De la culture en claire à la culture des claires La stratégie d’étude propose de faire de certaines exploitations existantes et en fonctionnement, les foyers de développement d’activités valorisant la culture, le savoir-faire humain et le paysage des marais. Des exemples de telles activités existent déjà. Largement répandue sur Oléron, l’ouverture durant l’été des cabanes ostréicoles à la dégustation d’huîtres assure une vente directe et un premier échange culturel. Dans le bassin d’Arcachon, le pescatourisme va plus loin en amenant des particuliers à bord de bateaux de pêche, les dépaysant le temps d’une journée. Adaptant ce principe à Oléron, le chaland El Campo conduit quant à lui les touristes au cœur des parcs à huîtres. En outre, l’association du Site ostréicole de Fort Royer organise des visites à pied des parcs, et Jean-Marc Chailloleau propose régulièrement des balades le long des chenaux intitulées les « sources d’une île», en compagnie d’ornithologues. Plus déroutant encore, ce même ostréiculteur a fondé au bord de ses claires le Théâtre d’Ardoise. Avec une capacité de 570 places et une programmation artistique haute en insularité, cet équipement rayonnant à l’échelle de l’île renforce encore la mise en valeur des marais à la hauteur de 6 à 7000 personnes accueillies au cours de la vingtaine de dates estivales. Ces exemples sont encourageants, et invitent à pousser un cran plus loin le partage entre ostréiculteurs, résidents, visiteurs et touristes. Pour ce faire, la stratégie de conception s’appuie à la fois sur l’opportunité économique que représente la voie des huîtres, et sur un trait de caractère commun aux huit exploitations présélectionnées : la présence d’un relief linéaire à l’abri des submersions à moyen terme, digue ou abotteau. Structurés le long d’un cheminement sécurisé au sommet de celui-ci, des hébergements inspirés du carrelet charentais, et en symbiose avec l’exploitation ostréicole, permettent l’immersion totale dans la vie des marais, à la manière du tourisme à la ferme. Dans un contexte où les présidents d’associations de protection du paysage, les représentants de la zone Natura 2000 et des réserves naturelles, le ministre chargé des sites classés, la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites, le préfet du département, l’Architecte des bâtiments de France et les élus municipaux sont autant d’individus à convaincre, la mise en place d’une telle stratégie relève de la gageure. Le projet qui suit aspire pourtant à soumettre une vision de ce à quoi cela pourrait aboutir, de façon à dérouter le débat et s’autoriser le rêve.

205


Une hybridation à intégrer

La cabane choisie pour le développement de projet est celle Jean-Marc Chailloleau, au nord des marais de Dolus. Cet ostréiculteur a en effet franchi le pas en commençant la diversification de ses activités, mais se heurte aujourd’hui aux associations de protection et à la réglementation. Il s’agira de trouver les leviers d’action pour concilier diversité programmatique et qualité paysagère. N 600 m

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La cabane et le théâtre, deux foyers distincts.

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Ar

Si les deux premières cabanes de l’exploitation familiale ont été construites dans les années 1950, la cabane d’expédition (2) n’a guère que trente ans. Ces trois cabanes sont positionnées au bord du chenal d’Arceau, pour profiter de ce lien avec les parcs à huîtres. Le nivellement d’un morceau de rive permet l’accès aux chalands. Sur la dalle faisant face à la cabane principale, deux dégorgeoirs (3) préparent les huîtres à l’expédition. Jean-Marc Chailloleau et son frère exploitent ainsi 10ha de claires de façon extensive, avec une production annuelle de 5 à 6 tonnes vendues au détail. À l’extrémité de l’une des claires trône le Théâtre d’Ardoise (1). Après avoir entassé la vase issue de l’entretien des claires pendant 10 ans, Jean-Marc Chailloleau et ses proches lui donnent forme et façonnent des gradins, consolidés par d’anciennes ardoises utilisées pour l’élevage des huîtres (4). Dès 2009, le théâtre accueille, avec l’association Tous Aux Pieux, ses premiers « Estivases », permettant la rencontre culturelle entre touristes, les résidents secondaires et habitants permanents.

ce

au

Aujourd’hui, les plaintes répétées huit années consécutives par la présidente de la Sppio menace la pérennité des installations du Théâtre d’Ardoise. Depuis peu, la pression s’est focalisée sur les multiples structures annexes du théâtre, qu’il s’agit de démolir. Une solution de remplacement est donc à imaginer, avec pour mots d’ordres intégration paysagère et temporalité des différentes activités.

N 30 m

209


S’adapter grâce au paysage

210


211


Tirer un trait d’union de l’huître à la culture

Cou

pe 1

Cou

pe 2

Cou

pe 3

212


La stratégie propose d’utiliser l’abotteau comme affirmation manifeste de la relation entre le foyer ostréicole (la cabane d’expédition) et le foyer culturel (le Théâtre d’Ardoise). À la manière du port de la Baudissière le long de son chenal, un élément fort du paysage, l’abotteau, structure ici l’organisation de l’architecture, et permet son intégration au paysage.

Ch

en

al

d’

Un platelage en bois, hors de la hauteur d’eau Xynthia +20, y prend place et offre des vues sur le paysage. À proximité de la cabane, des abris directement inspirées du carrelet charentais accueillent des saisonniers, des apprentis en formation, des cyclotouristes ou des estivants, sur le modèle du tourisme à la ferme. L’axe de l’abotteau se termine au nord par un petit ponton donnant accès au chenal, facilitant la mise à l’eau.

Ar

Côté sud, des emplacements permettent d’implanter les kits démontables (présentés en première partie d’étude) pouvant être utilisés l’été pour l’accueil, la billetterie, les stands de dégustation ainsi que pour offrir des hébergements supplémentaires aux artistes et bénévoles. Le reste de l’année, il ne reste sur cette partie que le Théâtre d’Ardoise, présentant l’aspect d’une simple butte de terre depuis la route des huîtres.

ce

au

Emplacement prévisionnel d’un kit Citerne de récupération d’eau pluviale Claire expérimentale N 30 m

213


Accueillir l’immersion dans le monde ostrÊicole

214


La stratégie d’implantation est conçue en accord avec l’architecture, les natures de sols et les activités existantes. L’intérieur de la cabane d’expédition est réorganisé avec l’installation dans la partie nord d’une cuisine et d’une salle de vie commune entre employés, saisonniers, apprentis, et visiteurs. Les activités d’expéditions sont regroupées dans la partie sud, et le bureau à l’étage. Des citernes de récupération d’eau de pluie complètent cette cabane et permettent de réduire les consommations d’eau pour le nettoyage. En vis-à-vis, les dégorgeoirs sont couverts par une toiture basse en bois, d’une largeur et d’un revêtement en tuile identiques à la cabane d’expédition. Cette nouvelle toiture empêche le rayonnement solaire, réchauffant l’eau des bassins et augmentant leur salinité. Elle évite ainsi le recours à la climatisation, souvent utilisée par les ostréiculteurs. Au sud, la petite claire actuellement inutilisée est transformée en bassin d’expérimentation pour de nouvelles cultures : algues, crevettes ou seiches par exemple. La cabane la plus ancienne reçoit les douches, qu’elle satisfait en partie par un stockage d’eau de pluie indépendant. Une petite extension forme un accès couvert aux douches, et abrite des canoës et le stockage temporaire de la biomasse des toilettes sèches, avant leur collecte hebdomadaire.

N 10 m

215


L’apprentissage Pendant toute la période creuse, des carrelets peuvent accueillir des particuliers en formation. L’objectif est, aussi bien pour des futurs professionnels que pour des simples curieux français ou étrangers, de prendre part à l’activité ostréicole de l’intérieur, sur une période étendue. En partageant le quotidien des ostréiculteurs, ils acquièrent le savoir-faire et découvrent les valeurs traditionnelles oléronaises. Le travail est effectué contre gîte et couvert, à la manière du Wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms.).

216


L’expédition À l’approche des fêtes, l’activité ostréicole se renforce et nécessite plus de force de travail. Les cabanes font alors appels à des saisonniers, avec toutes les difficultés d’hébergements que l’on connaît l’été, renforcées par la fermeture des campings et le froid hivernal. Si les employeurs accordent parfois aux saisonniers l’autorisation de se garer sur site, cette situation est rare et inconfortable. Dans le cas présent, les carrelets peuvent loger les saisonniers employés directement sur site. Ceux-ci disposent ainsi de la cuisine et de la salle de vie commune, ainsi que du reste des services d’accueil.

217


Le cyclo-tourisme La complétude du réseau cyclable oléronais, avec la voie des huîtres, va certainement faire d’Oléron une destination cyclable privilégiée. Sur le tracé de la voie cyclable européenne EuroVélo 1 « côte Atlantique », elle offre en effet les conditions idéales pour une parenthèse insulaire. La cabane tire parti de cette situation, et propose un gîte étape atypique. Des ballades en canoë sur le chenal, des séances de dégustation liant produits du terroir et vins et des promenades botaniques dans le marais agrémentent le séjour. Quand la météo le permet, des kits démontables viennent renforcer l’offre d’hébergement.

218


Les Estivases Au cœur de l’été, en Juillet et en Août, les Estivases battent leur plein. Le Théâtre d’Ardoise est en ébullition et de nombreux kits sont livrés pour accueillir les différents stands de vente de ticket, de boissons etc... Les kits servent aussi d’hébergement d’appoint pour les artistes venus se produire sur scène, et les bénévoles venus prêter main forte. Les dégorgeoirs, inutilisés, deviennent le prolongement extérieur ombragé de la salle de vie de la cabane principale, et reçoivent, comme c’est parfois le cas aujourd’hui, de grandes tables de restauration.

219


Habiter l’abotteau*

Hauteur d’eau Xynthia +20

Coupe 1

Coupe 2

Coupe 3

220


La conception prend appui sur l’aléa submersion auquel sont soumis les marais. Le platelage, rehaussé de 75 cm par rapport au sommet de l’abotteau, accueille des assises et des plateformes d’observations avec panneaux d’informations. Ce mobilier offre autant de conditions pour s’arrêter, observer et apprendre du milieu riche et unique que sont les marais oléronais. La surélévation du platelage et des hébergements permet le développement au sol d’une végétation spontanée, foyer d’une biodiversité floristique halophile et d’insectes. La partie sud-est est conservée comme voie d’entretien de la claire, avec passage des tracteurs. Les hébergements disposent d’éviers individuels, alimentés par l’eau non potable collectée en toiture par une citerne. Suite à son utilisation, l’eau est acheminée en pied de carrelet dans un réseau de bassins de phyto-épuration et d’infiltration. En outre, les hébergements sont tous équipés de toilettes sèches. Les fèces mélangées à la sciure de bois sont collectées dans un bac, accessible directement depuis l’extérieur par une trappe, ce qui permet de le vider aussi souvent que souhaité.

2m

221


Une cabane bioclimatique

L’hébergement proposé ici a comme facteur de conception sa soumission au facteur submersion. Pour cette raison celui-ci se hisse sur des pieux en châtaigner, imputrescibles, à la manière des carrelets charentais. Ces pilotis lui permettent d’être à l’abri à moyen terme, hors de la hauteur d’eau Xynthia +20.

Concernant le confort d’été, le projet profite d’une fenêtre bandeau haute au sud-est, qui permet d’extraire l’air chaud et créer un mouvement d’air rafraîchissant. Le débord de toiture protège des rayons de soleil de l’après-midi, quand il fait le plus chaud.

Le reste du projet est constitué d’une ossature bois en pin maritime issu de la filière locale, en moisant des éléments de petites dimensions entres eux et avec une trame de 60 cm. L’isolation est faite par remplissage de cette trame avec de la laine de chanvre.

1m

222


Toilettes sèches

Citerne E.P 0.7 m3

Thieuzine 14 m²

Contrevents

Mur chauffant

Panneau solaire thermique

L’entrée du carrelet se situe au suet et sa large terrasse au noroît. Cette orientation est dictée par le site, le climat et l’usage. Avec une inclinaison de 33° par rapport au Nord, les ouvrants de l’hébergement sont à l’abri des vents dominants de suroît et de nordet. La terrasse bénéficie du soleil de fin de journée, et permet d’y étirer les après-midi. Conçu pour pouvoir héberger toute l’année sans chauffage actif, le carrelet dispose sur sa façade sud-ouest d’un système de chauffage passif : un réseau de fluide caloriporteur permet, l’hiver, de capter toute l’après-midi l’énergie des rayons du soleil et de transmettre par convection cette chaleur à l’intérieur de l’hébergement, via un mur chauffant.

Avec 8 degrés de température moyenne l’hiver à l’extérieur, ce système permet de maintenir une température intérieure de 20°C, avec + ou - 2°C au cours de la journée.

N 0,6 m

223


Calcul de l’écart de température intérieure/extérieure pour une journée froide : à 8°C dehors, 20°C dedans.

PERTES

Transmission Parois vert

2,5 1,2 1,2 0,26

R (m²/K/W)

0,40 0,83 0,83 3,85

Toit

Toit Chanvre

0,27

3,70

Sol

Sol Chanvre

0,258

3,88

Ventilation

APPORTS

U (W/m²/K)

Portes Baie Fenêtres Paroi Chanvre

Pont thermiques sol (W/ml/k)

0,05

Pont thermiques toit (W/ml/k)

0,1

Pont thermiques fen (W/ml/k)

0,15

Capacité thermique volumique Air pour deux Wh/(m3.K) Volume m3 personnes m3/h 0,34 23,0

Solaire passif Baie Noroit Fenêtres Suet Solaire actif

Surface

Apports interne Humain Appareil Eclairage

Puissance (W)

Surface captante

46,0

App. sola G transm. Sol Ray. solaire (kWh) kWh/jou 4,30 0,76 0,47 2,016 0,76 1,04 Rendement 3 0,3 2,69 200 15 100

224

Hauteur


2,1 2,05 0,7 2,2

Linéaire

1 2,62 3,6 10

Surface

2,1 5,4 2,5 21,7 12,3 11,5

H (W/K)

Ht (W/K) 5,3 6,4 3,0 5,6

Besoin = A-Q

3,3 3,0

10,96

0,5

7,8

0,8

17,9

2,7

15,6

As 1,5 1,6

130,3

2,4

100,9 Ai 315

225

Besoins kWh/m² 9,3

Tint Text Delta (TintText)

Hv (W/K)

aire ur

Q (Wh) 30,7 555

0,8 20 8 12,0


Des matériaux naturels...

Volume de matériaux oléronais

Volume des matériaux importés

Le fait que le volume de matériaux provenant du continent excède ici le volume produit sur l’île est en partie lié au contexte du carrelet. L’isolation compose la majeur partie du volume des matériaux utilisés. S’installer dans les marais nécessite néanmoins de pouvoir garantir la bonne tenue des isolants. Avec une résistance considérable à l’humidité, l’avantage d’être naturellement imputrescible, et sa résistance aux insectes et rongeurs, la laine de chanvre s’avère parfaitement adaptée à ce milieu, et a été préférée à l’emploi de paille locale. Par ailleurs, si les tuiles sont comptées dans l’importation, le développement d’une filière professionnelle de réemploi permet

d’imaginer l’utilisation des tuiles de bâtiments reconstruits. C’est le cas des pieux en châtaigner, qui existent en grand nombre dans les marais.

226


...avec un empreinte énergétique minimum

Étapes de transformation du chanvre en isolant

Comme vu précédemment, la laine de chanvre est choisie pour ses caractéristiques particulièrement adaptées aux conditions des marais. Bien que sa fabrication nécessite plus d’étapes de transformation que la paille, cette laine maintient une énergie grise (fabrication, transport, élimination) très faible comparée aux laines minérales ou pétrochimiques : Laine de chanvre : 40 kWh/m³ Laine de roche : 150 kWh/m³ Laine de verre : 250 kWh/m³ Polystyrène extrudé 850 kWh/m³ L’énergie grise des matériaux de construction, n°155, www.ecoconso.be, 2016

Par ailleurs, cette filière s’inscrit au sein d’une longue histoire indissociable de l’océan. En effet de l’Antiquité jusqu’à XIXe siècle, le chanvre est le matériau privilégié pour la fabrication des cordages et voiles des navires français1. Chacun en est alors composé à hauteur de 80 tonnes en moyenne, sous diverses formes. À Oléron, il est toujours utilisé dans le domaine maritime, notamment dans le chantier naval Robert Léglise au Château d’Oléron. Le Chanvre industriel - production et utilisation, Éditions France agricole, Paris, 2006, p.29

227


Pour un clair de lune sur les marais




D. Pour une solidaritĂŠ territoriale



Un territoire et ses spécificités

Trois paysages, trois situations, trois projets. Notre hypothèse pour la commune de Dolus d’Oléron pourrait sembler au premier abord être une réponse scolaire où la règle de tripartition serait motrice de conception. Pourtant, l’ambition derrière ces esquisses va au-delà d’une résolution ponctuelle d’enjeux spécifiques. Bien que répondant aux besoins qui leur sont propres, ces trois solutions d’habiter soulèvent par leur mise en œuvre des interrogations plus larges, à l’échelle de la commune tout autant qu’à celle de l’île d’Oléron. Ces propositions symbolisent l’expression d’un regard qui balaye de l’usage jusqu’au territoire, de l’habitant à la matière, de la ressource à l’orientation. En sus de résolutions ponctuelles, ces études se révèlent être des activateurs d’ensemble. Elles sont le fruit d’un processus de création où l’aller-retour permanent de la petite à la grande échelle offre un ancrage fort du projet à son territoire.

233


Chenal d’Arceau

Marais de la Perrauche

Plage de la Rémigeasse

Chenal de la Baudissière

Marais d’Avail

Chenal de la Brande


Dolus d’Oléron, du suroît au nordet

Si elle n’est pas indifférente à l’orientation nord-sud, l’implantation des projets s’appuie sur les orientations et expositions propres d’Oléron. En décalant de 45° l’axe cardinal, on s’explique mieux la morphologie de l’île, ses routes et son urbanité. La géologie de ses sols et les vents qui la dominent peuvent alors être pris en compte correctement dans les intentions. Grâce à cet exercice inspiré par le territoire lui-même, on peut désormais s’intégrer aux tissus vernaculaires, s’inscrire en continuité avec les tracés anciens et profiter de la brise ou se protéger des rafales.

Route Départementale Dune* Marais doux* Marais salé* et ostréiculture* Embouchure de chenal*

1000 m

235

N



Un territoire pour la mobilité décarbonée

L’ambition de la commande réside dans la volonté de réduire les émissions carbone sur Oléron. Les réponses ne peuvent donc pas faire l’impasse de la question la mobilité, ô combien source de gaz à effet de serre. Plutôt qu’une restructuration des réseaux viaires du territoire, l’enjeu est de proposer une stratégie tirant bénéfice des réseaux existants et des projets d’amélioration. La Communauté de Communes de l’île d’Oléron, qui prend en main cette exigence depuis plus de vingt ans, a ainsi déjà mis en œuvre de nombreux outils pour favoriser la mobilité douce sur son territoire. Les plans vélos successifs ont permis de créer un réseau cyclable maillé et efficace, que le dernier maillon Boyard-ville/ Le Château permettra de boucler en requalifiant de la route des huîtres. Les sites choisis profitent de ce réseau et favorisent leur utilisation, puisqu’ils s’implantent à proximité et densifient plutôt que ne s’étalent.

Dorsale avec transports en communs Axes principaux des plans vélos 1000 m

237

N


La Rémigeasse

Dolus


Habiter Dolus d’Oléron

L’île d’Oléron est confrontée à plusieurs problématiques d’usages autour de la question de l’habitat. Nombreux saisonniers d’été, aux conditions de travail difficiles, font face à la pénurie d’hébergements disponibles. Des constructions sont situées en zone à fort aléa de submersion, risque s’affirmant un peu plus chaque hiver. La périurbanisation, et la pression foncière sur les terres hautes, menace d’imperméabilisation des zones fertiles et cultivées à leur juste valeur … Les différentes épures d’hébergements imaginées proposent une possible résolution de ses différentes problématiques et répondent de façon spécifique aux besoins induits par et pour chaque usager. Les projets magnifient alors la façon d’habiter en prenant en compte l’habitant, mais aussi la culture constructive locale en la réinterprétant au prisme des nécessités actuelles.

Densification du centrebourg et quéreux* solidaires Développement touristique de la culture des claires* Adaptation littorale et légereté d’occupation 1000 m

239

N


Les Allards

La Rémigeasse

Écopôle

Scierie


Des filières à révéler

Favoriser les circuits courts constitue l’un des enjeux majeurs pour qui souhaite diminuer son empreinte carbone. Plutôt que d’importer un produit d’ailleurs, pourquoi ne pas s’emparer de ce qui se situe déjà là ? Les différents projets prennent en compte dès leur conception l’injonction du recours à la matière locale comme élément fondateur et fédérateur. Une telle stratégie de conception vise la formation d’un système vertueux qui permet de réduire ses émissions carbonées tout en ravivant voire en créant des filières locales. Elle s’oppose à la délocalisation, encourage l’emploi local, et valorise les savoir-faire. Les propositions sont ainsi faites de pin maritime pour leur ossature, de paille pour leur isolant, d’argile pour leur inertie, de gravats de démolition pour leurs terrassements… En s’appuyant sur l’Écopôle de l’île d’Oléron, déjà actif en matière de récupération de matériaux et en cours de développement sur les questions de réemploi, une véritable filière de construction locale peut se mettre en place. L’emploi de ces matériaux n’ajoute aucune complexité à l’édification si les gisements sont repérés en amont du chantier et intégrés dès la conception comme c’est le cas ici. Ressources en sédiments marins

Ressources en pin maritime Ressources en matériaux de déconstruction 1000 m

241

N


La Cailletière


Un élément, plusieurs fonctions

L’ambition des suggestions est de porter une économie de moyen en permettant à chaque élément de remplir plusieurs fonctions. Référence est ici-faite à l’un des principes permaculturels développés par Bill Mollison et David Holmgren, visant une forte résilience systémique. L’exemple le plus prégnant de ce concept dans la présente étude s’exprime par le module d’habitat démontable pour les saisonniers qui, par sa légèreté et sa conception, justifie d’être déployé sur l’ensemble du territoire en petites unités ou en regroupement pour devenir logement, extension, halle, stand… Polyvalent, souple et extrêmement versatile à partir de son point de base, la Cailletière, le kit remplit plusieurs fonctions et accorde un haut niveau de résilience et d’adaptation aux changements. Cette volonté d’ancrer la modularité dans les projets ambitionne de garantir une réalisation économique à condition, comme le prône la stratégie, de laisser la place à l’usager et d’offrir la possibilité de l’appropriation et du détournement. Dans un contexte où les changements climatiques induisent des bouleversements imprévisibles, la résilience demeure un enjeu majeur pour faire face à ces évolutions. Trajet imaginé d’une livraison du kit Le kit, unité d’hébergement démontable 1000 m

243

N


Écopôle


Des projets aux externalités positives

Au-delà de réduire leur consommation de matières importées et d’énergies, la stratégie de conception a aussi vocation à faire des projets eux-mêmes, des producteurs de ressources. Pour ce faire, ils profitent au maximum de leur contexte climatique et de leur destination d’usage. Tout d’abord, la question de l’eau apparait centrale dans les réflexions menées sur les différentes situations. Oléron connait une diminution de ses ressources en eaux potables, la montée du niveau des océans augmentant la salinité des nappes phréatiques, et induisant donc de l’eau saumâtre dans de plus en plus de puits. La récupération systématique de l’eau de pluie dans les différents projets, par un stockage à la hauteur de l’enjeu, offre une nouvelle ressource pour répondre à tous les besoins hors alimentaires, soulageant d’autant l’adduction en eau potable du continent. Ensuite, la stratégie généralise l’emploi de toilettes sèches. En s’appuyant sur une hypothèse, envisagée par la mairie, de développer une gestion communale de cette filière, les projets valorisent une nouvelle ressource dans le secteur agricole, tout en économisant l’eau. Enfin, l’installation ponctuelle de panneaux solaires photovoltaïques, comme sur les toits de l’école municipale ou les communs du camping de la Rémigeasse, permet d’atteindre une plus grande autonomie énergétique face au continent. Implantation possibles de toilettes sèches Céréales bénéficiant du compost Vignes bénéficiant du compost 1000 m

245

N



Conclusion

Composante essentielle de la loi NOTRe, la solidarité territoriale permet de profiter d’outils et de financements départementaux. Ces dispositifs concernent les « projets dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par les communes ou leurs groupements », le « maintien des services en milieu rural », « le domaine de l’eau, de l’assainissement, de la voirie, de l’aménagement et de l’habitat » et « l’équipement aux filières agricoles, forestières et halieutiques »1. La stratégie de la présente étude développe une toute autre vision de la solidarité territoriale, non pas depuis l’échelle départementale mais depuis l’habitat. Elle inscrit cette solidarité au-delà de l’aspect bureaucratique, dans la vie quotidienne des usagers et dans leurs pratiques du territoire, en construisant des liens tangibles au cœur de Dolus. Ces liens peuvent être de natures variées. Ils qualifient aussi bien les interactions sociales entre les utilisateurs par le circuit court que la valorisation de ressources propres au territoire. Ils portent l’architecture comme un élément fédérateur de la réorganisation territoriale. En s’appuyant sur l’observation fine des paysages et en détaillant leurs caractéristiques socio-environnementales, les propositions architecturales ouvrent un dialogue avec l’existant favorisant sa pleine adaptation au XXIe siècle.

1.

Réponse du Ministère de l’intérieur à la question écrite n° 03727 de M. François Bonhomme (Tarn-et-Garonne - Les Républicains), publiée dans le JO Sénat du 31/05/2018 - page 2703

247


La frugalité de leurs mises en œuvre renouvelle les filières locales et transforme le rôle de l’habitant en l’investissant d’une maîtrise plus ample de son milieu de vie ; à l’opposé de systèmes technicistes déresponsabilisants, il devient acteur en plus d’être usager. Au-delà de répondre à des besoins spécifiques, les fonctionnements interdépendants des projets encouragent la synergie et participe à la mise en place d’un métabolisme résiliant. Dans ce contexte, la commune de Dolus peut servir de territoire d’expérimentation pour Oléron dans son ensemble, les paysages et enjeux rencontrés sur le reste de l’île étant analogues à ceux de la commune. Plus largement, les stratégies d’étude et de conception peuvent être réinterprétées pour poser un regard neuf sur d’autres situations littorales. En révélant la fantastique richesse d’un tel territoire (paysagère, humaine, et en ressources), et en s’appuyant sur sa valorisation solidaire, l’objectif est d’esquisser un avenir optimiste face à l’avenir, résilient au changement climatique, sobre en énergie et en matière, et accueillant pour les habitants et les visiteurs.

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Glossaire

Abotteau : talus de terre séparant les claires, sans cesse rehaussé par la vase décapée du fond de claire (rouabler) ou prélevée au pied de l’abotteau (douer) Baignassouts : contraction de baigneurs à sous. Désigne les touristes estivants et leur capacité à entretenir l’économie oléronaise. Ballet : dépendance de l’habitation, lieu de stockage des récoltes. Bassée : Grosse pierre calcaire creusée, réceptionnant l’eau du puits. (À) besat : Expression témoignant un état de grand désordre, par exemple après le passage d’une tempête. Cabane : bâtiment abritant les travaux de l’ostréiculteur à terre, comme le détroquage, l’empaquetage ou les réparations de matériels. Une sous-catégorie, la cabane d’expédition, est utilisée pour préparer les huîtres à la vente. Camping-car : habitation motorisée, permettant au propriétaire d’être partout chez lui.

250


Carrelet : Filet de pêche à maille carrée. Par extension, petit abri sur pilotis le long des chenaux ou sur l’estran vaseux, disposant d’un carrelet de grande envergure. Chaland : embarcation plate permettant de naviguer dans les chenaux même quand la vase monte, des claires aux parcs ostréicoles. Chenal : voie navigable permettant les échanges d’eau, d’huîtres et de canoës entre les marais salés et l’océan. Claire : bassin d’eau de mer de faible profondeur et creusé dans la vase, où sont affinées les huîtres. Les huîtres y passent de huit semaines à trois mois, et se nourrissent d’une algue qui s’y développe, la navicule bleue. C’est le signe distinctif des ostréiculteurs oléronais. Contrevents : volets de la fenêtre de l’habitation. Ce nom témoigne de l’importance du vent pour les habitants. Dégorgeoir : petit bassin cimenté, où les huîtres rejettent la vase pendant quelques jours avant leur vente. Avec les canicules, les dégorgeoirs sont équipés de climatisation pour éviter le développement de bactéries. Digue : construction linéaire d’origine humaine permettant de protéger des vagues de l’océan. La route des huîtres est une ancienne digue. Dune : Formation sédimentaire, bosse de sable adossée à la plage et modelée par les effets de la houle et du vent.

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Estran rocheux : affleurement rocheux en pied de plage, découvert à marée basse. À Oléron, il est le support des écluses à poisson, une technique de pêche locale. Estran vaseux : Milieu naturel formé par l’accrétion des dépôts sédimentaires d’origine laguno-marine des pertuis, formant de la vase. Découvert par forte marée basse et bénéficiant de l’apport de sels minéraux des marais salés, l’estran vaseux est le lieu de culture des moules et des huîtres, avant leur affinage en claire. Maison basse : habitation vernaculaire, en rez-de-chaussée allongé. Ses murs sont en moellons calcaires et supportent une charpente en pin local de 5 à 6 mètres de portée. Marais doux : Milieu naturel humide formé par la rétention d’eau douce à l’arrière d’un cordon dunaire littoral. En Oléron, lieu de prédilection pour les campings et les zones à camper, trouvé dans l’unité paysagère du littoral atlantique. Marais gât : (gâté) Ensemble de bassins abandonnés, support d’une grande biodiversité. Marais salé : Milieu naturel humide au sol vaseux, anciens estrans vaseux. Par leurs caractéristiques propres que sont la malléabilité et la proximité avec l’océan, les marais salés ont été façonnés par l’homme pour y développer ses activités : saliculture, pâturage, pisciculture, et conchyliculture. Des bassins ont été creusés et irrigués par un maillage complexe de chenaux, fossés et ruissons. Mobile home : produit industriel d’habitation légère, dont le gabarit et les roues permettent le tractage sur route. Généralement élevées à l’année dans les zones à camper oléronaise.

252


Ostréiculture : ensemble des activités liées à la culture des huîtres, sur l’estran vaseux. Elle fait partie d’une catégorie plus large catégorisant l’élevage des coquillages comestibles, la conchyliculture. Parcelle à camper : monde en soit, parcelle forestière privée avec puits, toilette, barbecue et parfois même une dalle en béton accueillant le mobile home. Quéreux : forme urbaine traditionnelle, espace partagé par plusieurs habitations, où se trouve le point d’eau, en général un puits. Un voisinage intense y fleurit, stimulé par plusieurs activités : la cuisine, la lessive et le bavardage. Ruisson : petite voie d’eau irriguant les claires à partir du chenal. Tannes : Marais salé asséché par des digues, pour sa mise en culture agricole ou en pâturage. Tente : abri léger en toile pour dormir en été, offrant un repli au soleil, à la pluie et au vent. Ne laisse aucune trace après le démontage. Thieuzine : l’unique pièce de vie des maisons paysannes oléronaises. C’est le foyer de la famille, où l’on se rassemble pour cuisiner, manger, dormir et dépenser les jours de tempêtes. Zone à camper : reproduction miniature d’un quartier pavillonnaire, où les pavillons sont singés par des mobiles homes.

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Bibliographie

Ouvrages GRELON, Michel, Saintonge, pays des huîtres vertes, éditions Ruppela, La Rochelle, 1978 PAULIAN-PAVAGEAU Adeline, BERTHELOT Axel, Oléron, La Geste, 2017 Charte paysagère & architecturale, Syndicat Mixte du Pays Marennes Oléron, Saint-Pierre d’Oléron, 2010 Le bâti ancien en Augoumois, Aunis Saintonge, col. Connaisance de l’habitat existant, Électricité de France, Limoges, 1982 JEAN, Suzanne, Poitou, Pays Charentais, col. L’architecture rurale française, Musée national des arts et traditions populaires, Berge-Levrault, Paris, 1981 Architectures et paysages en pays Royannais, CAUE 17 et Agglomération Royan Atlantique, 2006 TOULIER Bernard (dir.), Tous à la plage, villes balnéaires du XVIII siècle à nos jours, Lienart, 2016 PASKOFF Roland, Les littoraux, impact des aménagements sur leur évolution, Armand Colin, 2006 REAULT-MILLE Sarah, Les marais charentais, géohistoire des paysages du sel, Presses universitaires de Rennes, 2003 BONNET Frédéric (dir.), Atout risques. Des territoires exposés se réinventent, Paris, Parenthèses, 2016 DUVAT Virginie, MAGNAN Alexandre, Des catastrophes... « naturelles » ? Le Pommier‐Belin, 2014 BECK Ulrich, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, trad. de l’allemand par L. Bernardi, Paris, Aubier, 2001 LEOPOLD, Aldo, Almanach d’un comté des sables, trad. de l’américain par Anna Gibson, Flammarion, Paris, 2000 VIRILION Paul, Le littoral, la dernière frontière, Paris, Édition sens & tonka, 2013 MEUR-FEREC Catherine, Trait urbain, cinq projets recomposent le littoral, 2016 Véronique Willemin Maison mobiles, collection anarchitecture, editions alternatives, 2014 LASANSKY Medina, MCLAREN Brian (dir.), Architecture and tourism : perception, performance and place, Berg, 2004

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Colloques ANEL (association nationale des élus du littoral), De la défense contre la mer à la gestion durable du système côtier, 29e journées de l’ANEL, Toreille, 2006 DUVAT Virginie, MAGNAN Alexandre Réduire les risques littoraux et s’adapter au changement climatique, Actes du Colloque, Université de La Rochelle, 2014 Travaux AMIOT Antonin, Réinventer (?) un paysage « sinistrable », Michel Boulcourt (dir), ENSNP Blois, 2012 Bilan de saison 2015 sur le territoire de l’île d’oleron, Charente Maritime Tourisme CARLIER Estelle, GARY Léo, LE RESTE Flora, MICHEL Coralie, MICHELET Mélanie, MOREAU Léon, SURUN Baptiste, Redynamisation du centre bourg de la ville de dolus d’oleron, cheminements par des liaisons douces, Agrocampus ouest DE CHAUNAC Camille, LACOSTE Romain, VALLOIR Lucie, Dolus d’Oléron : De la pratique d’un territoire à l’émergence d’un paysage, CAUE CharenteMaritime, 2013 Évaluation des potentiels de développement des énergies renouvelables et de la maîtrise de l’énergie à l’horizon 2030, TEPOS, Communauté des communes de l’île d’Oléron, 2018 GOUPIL Hortense, JOSSEAU Émilien, SCHLUMBERGER Oscar, Préparer le littoral à la montée des eaux : Dolus d’Oléron comme laboratoire d’un aménagement résilient, cahiers DSA, 2017 JOUINEAU, M. Les marais littoraux comme protection contre la submersion marine : le cas de la Charente Maritime dans un contexte post-Xynthia, Mémoire de stage au conseil Général de la Charente-Maritime, Université de La Rochelle, 2012 LEONE Frédérique, MESCHINET DE ROCHEMOND Nancy, VINET Freddy, Aléas naturels et gestion des risques, Presse Universitaire de France, 2010 Plan Global de Déplacements de l’île d’Oléron, Communauté de Communes de l’île d’Oléron, 2012 Plan de paysage du Pays Marennes-Oléron, Cabinet de curiosité, Blezat consulting, Les Possibilistes, TerrOïko, 2017 RICHER Jean, la prémonition d’Antioche, GOMEL Cyril (dir.), promotion Architectes Urbanistes d’État n° 20, projet de fin d’étude, École de Chaillot et École des ponts Paris-Tech, 2014 Expositions [R]évolution Littoral (2012), Littoral [In]domptable (2014) et Marais [In] submersibles ? (2016) Communauté de communes de l’île d’Oléron

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Remerciements

Nous tenons à remercier toutes les personnes ayant contribué à la réalisation de cette étude, et en particulier par ordre alphabétique : Lionel Arthur, chargé de mission mobilité de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron. Fabien Bobin, responsable Écopôle de l’île d’Oléron. Serge Chaigneau, responsable de l’Office National des Forêts de l’unité territoriale de la Charente-Maritime. Aurélien Chaumet, Pays Marennes Oléron, pour les informations sur le tourisme. Jean-Marc Chailloleau, ostréiculteur et comédien, pour la visite commentée de sa cabane, de ses claires et du théâtre d’Ardoise. Émilie Delage, Marie-Christine Guillaume et Christophe Robin, du service urbanisme de la Mairie, pour leurs explications précieuses et leurs conseils. Gregory Gendre, maire de Dolus d’Oléron, pour le temps pris à nous faire part de son expérience de la commune. Ludovic et Patrice Laforêt, directeurs de la Maison Oléronaise. Ana Maria Le Goff, chargé de mission politique territoriale et gestion des espaces naturels à la Communauté de Communes de l’île d’Oléron. Delphine Lepage, Pierre Lhuilier et Antonin Flausse, l’équipe TEPOS de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron. Tristan Morin, saisonnier à Oléron, pour son témoignage de l’intérieur. Christophe et Cyril Pattedoie, pour nous avoir présenté l’exploitation une matinée et nous avoir fait part de leurs préoccupations. Karine Pineau, de l’office du tourisme, pour son expérience oléronaise. Dominique Rudelle, « Association Protégeons la Rémigeasse », pour notre entretien dans sa maison dans la dune. Gaelle Schauner, responsable TPM à la Cerema, pour son intérêt et ses éclairages concernant l’Algorithme Territorial de Dolus d’Oléron. Laurent Schnell, Administrateur SIG au Pays Marennes-Oléron, pour notre formation SIG. Éric Themier, directeur de Themier Bois, pour la visite de sa scierie et sa franchise sur l’état de la foresterie oléronaise. Lucie Waels, de la Maison éco-paysanne de la Communauté de Communes d’Oléron, pour nous avoir fait découvrir l’histoire de la construction oléronaise.

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Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire Commanditaires de l’étude Mairie de Dolus d’Oléron Plan Urbanisme Construction Aménagement Étudiants Florentin Cornée Paul de Greslan Iliana Skaragkou Cette étude a été menée d’octobre 2018 à février 2019 dans le cadre de l’atelier de projet encadré par Jean-François Blassel, Julien Choppin, Raphaël Ménard, Benjamin Cimerman et Alice Barrois. La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Guillaume Nicolas.

Diplôme Propre aux Écoles d’Architecture (DPEA) PoCa Post-Carbone délivré par le Ministère de la Culture, dirigé à l’école d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée par Jean-François Blassel et Raphaël Ménard, architectes et ingénieurs Responsable du développement : Giovanna Togo, architecte Coordination administrative : Patricia Coudert tél. +33 (0)1 30 95 84 66 patricia.coudert@marnelavallée.archi.fr École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la -Vallée 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 www.marnelavallee.archi.fr/formations/post-master/ dpea-post-carbone



PoCa Post-Carbone est une formation postmaster de l’École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée. Elle est destinée à des concepteurs, architectes, urbanistes, paysagistes, designers et ingénieurs qui se préoccupent de l’impact des bâtiments, de la ville et des infrastructures sur l’environnement. Elle leur transmet savoirs, méthodes et outils pour interpréter et agir aux révolutions - climatique, démographique, énergétique, et de raréfaction des matériaux - qui bouleversent leurs pratiques. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales,

des institutions publiques ou des organismes privés. Ces études répondent à des problématiques spécifiques mais contribuent à faire émerger des questionnements, à proposer des pratiques et à expérimenter des approches dont la portée est plus générale. Les cahiers du DPEA PoCa Post-Carbone rendent compte de ces études. Ils permettent ainsi de partager leurs résultats auprès du monde professionnel et universitaire et avec tous ceux qui s’intéressent aux interactions entre, d’une part, transition énergétique et écologique, et de l’autre, bâtiments, villes et territoires.

Larguons les amarres, pour un Dolus solidaire Un tourisme inégalement réparti aussi bien dans le temps que dans l’espace, une dépendance énergétique au continent, une mobilité à prédominance carbonée, une population vieillissante, une périurbanisation sans précédent, des classements paysagers indénombrables et, finalement, les dérèglements climatiques. L’adaptation d’Oléron la Lumineuse à ses nombreux défis semble bien difficile à envisager. Inscrite dans cet environnement contraint, la présente étude fait de Dolus le théâtre de démonstrations embrassant le champ des possibles pour habiter Oléron demain. Il s’agit à présent de considérer les bienfaits d’une insularité ré-enchantée, porteuse d’un écologisme authentique. Le paysage offre une lecture du dialogue entre les humains et le territoire qu’ils ménagent. Les trois unités paysagères d’Oléron - le littoral atlantique, les terres hautes, les pertuis et leurs marais - forment alors les portes d’entrée de stratégies territoriales, urbaines, architecturales et paysagères, visant la production d’hébergements spécifiques à chacun : dolusien actif ou retraité, résident secondaire, touriste de passage, saisonnier... Tout d’abord, la courte histoire du tourisme de masse sur le littoral atlantique nous invite à prendre le parti de la légèreté, autorisant une occupation du sol résiliente aux usages et au climat. Dans un deuxième temps, l’explosion pavillonnaire récente du centre-bourg, conçue pour la mobilité automobile, interroge sa densification inspirée des qualités du tissu urbain historique. Dans un troisième temps, la diversification de l’activité dans les marais ostréicoles, historiquement inscrite dans la vase mainte fois remodelée, s’impose à nouveau comme garante du maintien écosystémique faisant la richesse de l’île. Ensemble, ces démonstrations portent un projet commun de mobilité, renouent avec les filières insulaires, et font la part belle aux savoir-faire. Par leurs interrelations, elles affirment la solidarité comme pièce faîtière de la construction oléronaise.


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