Louis CAUQUIL
DE NOUVELLES TOPOGRAPHIES POUR UN JARDIN DU PHILOSOPHE DE L’ ESPACE PUBLIC A LA MAISON DE L’ UNIVERSITE
Lundi 18 et Mardi 19 Juin 2012 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Master Architecture et Cultures Sensibles de l’Environnement
Jury : Christian Drevet, architecte, enseignant ENSA de Saint Etienne Jacques Schmitt, Direction du Développement et de l’Aménagement Université de Grenoble Nicolas Dubus, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Eric Seguin, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Catherine Pierre (sous réserve), rédactrice en chef adjointe de la revue AMC (pour Sarah Daran, Ellyn Achard et Charline Daud) Hubert Guillaud, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Grégoire Chelkoff, architecte, enseignant ENSA de Grenoble (directeur d’études) (pour Damien Roche et Nicolas Paolozzi) Philippe Liveneau, architecte, enseignant ENSA de Grenoble (directeur d’études) Cf. tableau pour votre représentant de l’UE : Yann Blanchi, architecte, enseignante ENSA de Grenoble (représentant de l’UE) Jacques Scrittori, architecte d’intérieur, enseignant associé ENSA de Grenoble (représentant de l’UE) Magali Paris, ingénieure paysagiste, enseignante associée ENSA de Grenoble (représentant de l’UE) Encadrement du master ACSE : Grégoire Chelkoff, responsable du Master ACSE, architecte, professeur (pour Damien Roche et Nicolas Paolozzi) Philippe Liveneau, co-responsable du Master ACSE, architecte, maître-assistant Yann Blanchi, architecte, maître-assistante associée Jacques Scrittori, architecte d’intérieur, maître-assistant associé Magali Paris, ingénieure paysage, maître-assistante associée Avec les participations de : Nicolas Tixier, architecte, maître-assistant Walter Simone, architecte, vacataire 1
« La croyance en l’importance de l’architecture est fondée sur l’idée que nous sommes, pour le meilleur et pour le pire, des personnes différents dans des lieux différents, et sur la conviction que c’est la tâche de l’architecture de rendre plus clair à nos yeux ce que nous pourrions idéalement être. » Alain DE BOTTON «L’architecture du bonheur»
Je remercie l’ensemble de l’équipe enseignante de Grégoire Chelkoff pour m’avoir fait apparaitre un nouveau regard sur l’architecture et la manière de l’aborder, et m’avoir apporté plus de logique dans la manière de représenter ses intentions.
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Introduction
Ville de grenoble, aménagement du domaine universitaire
Grenoble, ville des sociétés savantes a toujours été en pointe de la recherche dès la découverte à la fin du XIXème siècle de la Houille Blanche. Dans un mélange complémentaire de laboratoires de recherche, de campus, de pépinières d’entreprises inovantes. Elle a toujours inscrit l’université dans sa politique de développement durable, en prenant en compte la qualité de vie et le développement durable dès la prise de conscience de son intérêt pour l’avenir: volonté politique et réalisations pour lesquelle elle a été distinguée au niveau national. Soucieuse du rayonnement de ses universités au niveau international, elle a inscrit dans son plan de développement un projet de réaménagement du campus en adéquation avec sa politique de développement urbain. L’idée d’une maison de l’université en est née. La création d’un immeuble fédératif intégré dans le milieu naturel doit aboutir à plus d’interractivité, de coopération entre les unités d’enseignement et de recherche, plus de vie sociale, de services et une meilleure qualité de vie. Un manque d’infrastructures de services nous conduira a proposer un projet orienté vers le repositionnement des espaces publics. De par sa composition le campus, veritable poumon vert de la ville nous induit à traiter ces nouveaux aménagements dans une approche paysagère intégrée. Le courant architectural des nouv topo répond à ce type d’approche. En 1er nous étudierons la façon d’aborder ce contexte et les enjeux auxquels il doit répondre en valorisant l’existant Dans un second temps nous analyserons le camps en corrélation avec le procédé architectural retenu. La troisième partie traitera de son application en réponse au constat établi de 5
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Hybridation topographique
1.1 Introduction et Définition 1.2 Enjeux - Approche
...........................p.11
...............................................p.13
.....................................................................................p.15
Spatiale - Approche Sensible - Usages
1.3 Conclusion
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............................................................................p.29
Campus de Grenoble
2.1 Présentation globale
......................................p.33
........................................................p.35
Sommaire
- Situation géographique - De la création à la Maison de l’Université
2.2 Analyse
..................................................................................p.41
2.3 Constat
...................................................................................p.57
- Image, caractère du domaine universitaire - Servitude et Circulation - Usages
- Critique du campus (spatiale et sociale) - Apport du concept. Pourquoi cette forme sur le campus?
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Projet
.....................................................................................p.59
3.1 Intentions & Programme 3.2 Site
..............................................................................................p.67
3.3 Métaphore & Concept 3.4 Intervention 3.5 Apports
Sommaire
............................................p.61
....................................................p.69
..............................................................................p.71
......................................................................................p.77
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Conclusion
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Bibliographie
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Réflexions
.......................................................................p.81
..................................................................p.83
..........................................................................p.87
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Hybridation topographique
Hybridation Topographique
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1.1 Introduction et Définition
Hybridation Topographique
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e courant d’architecture que l’on qualifie de «nouvelle topographie» ou «hybridation topographique», amène chacun à questionner sur ses pratiques comportementales et sociales en milieu urbain et périphérique, voir rural. Chacun en tant qu’homme et citoyen doit être conduit à reconsidérer sa place et son rôle dans un équilibre recherché entre espace naturel et urbain nécessaire à la préservation d’une qualité de vie pour tous à long terme. Dans cet objectif auquel chacun aspire, se pose la question de l’étalement urbain, de l’aménagement du territoire. Comment la conception architecturale peut elle répondre à ce soucis d’harmonisation portant sous trois aspects déclinés en une approche spatiale, une approche sensorielle et la notion d’usage, de sociabilisation. Notre attention se concentrera spécifiquement sur l’échelle du bâtiment, pour mettre en évidence les réponses qu’apporte ce type de configuration spatiale. Hybridation: Rapprochement et valorisation des éléments naturels bruts ou façonnés, avec ceux rapportés par l’homme déjà existants ou à envisager, ou d’ éléments de même nature afin d’élaborer un nouvel ensemble de vie et d’activités dynamiques sur la base duquel pourra s’ancrer un avenir évolutif durable à long terme. Topographie: La topographie est l’art de la mesure puis de la représentation des formes et détails visibles sur le terrain, qu’ils soient naturels ou artificiels. Son objectif est de déterminer la position et l’altitude de n’importe quel point situé dans une zone donnée, à toute échelle. Hybridation Topographique: L’hybridation topographique est défni par le croisement entre différents niveaux, altitudes, de deux ou plusieurs bâtiments, zones, lieux; par la déformation des plans horizontaux qu’ils créent: elle est caractérisée par la liaison de ces éléments présentant des altitudes distinctes.
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1.2 Enjeux
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’un point de vue Spatial, l’hybridation topographique se veut d’entremêler l’espace vide urbain aux bâtiments qui le composent. C’est une prolongation de la promenade urbaine, qui génère de nouveaux parcours, créant une nouvelle dynamique par la modification du niveau d’un lieu. Il s’agit de créer une continuité du paysage, de rencontrer une zone prise entre les voiries, les parcs et le territoire naturel. Aller vers des formes, des directions non conventionnelles, à toute échelle. La construction ne devient plus un obstacle, elle permet au contraire de conserver l’usage et la qualification du sol existant, ou dans le cas d’une réhabilitation, venir au contraire en déceler de nouveaux. Les limites deviennent non-inscrites.
Hybridation Topographique
Ce procédé pose la question: - De l’emprise au sol des bâtiments qui, si on vient les traiter en prolongeant le sol par la toiture, peuvent conserver l’occupation totale de la parcelle concernée. Ou dans un cas inverse, en excavant ce sol, de n’en occuper qu’une partie, permettant de gagner des niveaux sur la construction. En jouant sur ces deux opposés, on peut obtenir une multitude d’emprises au sol différentes. Cela amène des nouvelles percées et ouvertures diverses, tant dans le contexte urbain qu’à l’extérieur de la ville. - Des limites de l’espace urbain, amenant à exploiter ce territoire comme espace libre, en contraste avec la solution des tours: alternative nouvelle à l’étalement urbain sur le grand territoire. - De la prise de position en milieu naturel. Rentrer dans le contexte physique qu’offre la nature, en s’intégrant au mieux et se détachant des formes et principes de construction créés par l’homme: de comment l’évolution de la nature transforme et conditionne l’image d’un bâtiment? Cette prise de position permet d’inscrire le bâtiment dans une certaine continuité (urbaine, naturelle) qui vient fluidifier l’ensemble de la zone dans laquelle il s’inscrit. C’est une nouvelle géométrie qui s’installe et enrichit la diversité dans la construction. Il aboutit également à la création de points de respiration de par les dégagements de vide verticaux comme horizontaux qu’il créé dans le contexte urbain: résultante qui s’inverse dans un contexte naturel où cette conduite de projet tente de s’intégrer au mieux, sans modifier le paysage. On observe plusieurs types d’interprétation physique de cette manière de concevoir l’espace, et notamment deux typologies récurentes, mis en évidence par les exemples de projets suivants: 15
Hybridation Topographique
L’université de Seoul de Dominique PERRAULT, présente une nouvelle topographie du type «vallée» ou «couloir». Le projet conserve toute la surface au sol de la parcelle comme un espace libre. Ce type d’hybridation topographique créé un espace extérieur coupé de son contexte. L’architecture s’approprie le territoire pour disparaitre.
Université féminine Ewha, Seoul, Korée, Dominique PERRAULT
Le centre d’apprentissage des métiers du foot de Chartier et Corbasson présente un type «colline», qui dynamise l’espace par le relief créé.
Centre d’apprentissage des métiers du foot, Amiens, Chartier et Corbasson
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Le prolongement de l’espace urbain par les toitures qui deviennent une 5ème façade, propose des différents trajets, des rythmes de parcours. Un nouveau type de dynamique s’installe. La structure d’un projet qui suit cette méthode est scellée dans le contexte culturel et naturel. La ville acquiert un nouveau visage, aux nouvelles géométries; En dehors des villes, un contexte accueillant des structures utilisant ce procédé, gagne en dynamisme et voit son caractère vivant accentué de par la complexification du lieu. Spatialement, une hybridation topographique couple, au niveau urbain densification et respiration dans des lieux étroits, l’espace public gagne du terrain et pourtant la ville habitée ne cesse d’augmenter en volume; au niveau du grand territoire ce type de projet, en tant que construction isolée vise une intégration paysagère totale.
Hybridation Topographique
D’un
point de vue sensible, au niveau du contexte urbain une hybridation topographique peut redonner un caractère ludique à la ville par la création de nouveaux espaces libres d’accès au piéton hautement voués à recevoir de la végétalisation.
Coulée verte à Manhattan (projet urbain de requalification d’une ancienne voie ferrée).
Il s’agit de retrouver la poésie du milieu naturel par des formes s’éloignant d’un caractère conventionnel tout en faisant varier les hauteurs, de raviver le sentiment de liberté que l’on peut ressentir hors territoire de la ville, de régénérer une présence végétale plus appropriée et plus forte à l’échelle de l’homme, moteur de création d’ambiances diverses, peu courante dans le milieu urbain contemporain. Les «nouvelles topographies» permettent de dissiper la lecture simple du bâti urbain en faisant réfléchir l’usager sur les choix de ses déplacements, en créant des cadrages précis, en proposant des choix de direction inédits, des alternatives aux points de vision et d’écoute. Ce nouveau courrant architectural invite à une visite du contexte plus intuitive, plus sensorielle, se rapprochant de l’esprit d’un parcours plus libre et plus optionnel. 19
Hybridation Topographique
Ces formes non conventionnelles ramènent à la vision du grand territoire, introduisant en milieu urbain des images, des métaphores de l’esprit de la montagne, des vallons, de la faille, des nouveaux types de reliefs qui donnent vie à ce milieu. Elles permettent à chacun d’approcher le caractère bucolique de la campagne, à l’échelle d’un bâtiment comme à celle de la ville. Dans un contexte naturel, agir selon cette méthode s’nscrit dans une recherche d’harmonie avec le lieu: La nature est au service de l’homme et l’homme est au service de la nature. Les constructions se fondent dans l’ensemble auquel elles semblent appartenir depuis toujours. Les nécessaires nécessaires adaptations aux évolutions de la civilastion humaine ne viennent pas heurter celles de la nature mais s’intègrent dans son développement comma autant d’éléments naturels adaptés aux besoins des hommes dans une symbiose continue respectueuse de la vie et de ses équilibres, de ses disparités complémentaires indissociables tant dans les formes et les fonctions que dans l’esprit. L’intervention de l’homme érigée en lutte contre la nature et ses éléments s’efface au profit d’une entre-aide, d’une mutualisation de leurs ressources, gage de garantie d’avenir durable à long terme. L’oeuvre devient commune et la propriété partagée. Sensiblement, il semble donc que l’ «hybridation topographique» tend à unifier l’artificiel et le naturel. Cette procédure amène à penser à l’un et l’autre chacun dans son contexte. Elle permet un meilleur aller-retour entre ces deux paysages distincts, aux caractéristiques si différentes. Pouvoir bénéficier de la campagne tout en habitant en ville et inversement, sans leur ôter les caractères qui les définissent, dans une fluidité attractive, intuitive, guidant les Winery Manincor, Caldaro, Walter pas sans forcer les choix à travers ces Angonese. mouvements de sol. Ainsi chaque usager du lieu est resensibilisé à son environnement dont beaucoup ont perdu conscience de par leur isolement accru par les nouvelles technologies de communication, un mode de vie accéléré dans un contexte peu propice à la sollicitation de leurs sens, à l’éveil de leur curiosité. Leur civisme, leurs responsabilités face à l’avenir à moyen et long terme de leur territoire et de la planète, leur comportement dans la société s’entrouve d’autant plus affectés. Un lieu ou la nature est réintroduite aide à relativiser sa place en tant qu’homme sur Terre, à retrouver le sens de la vie éphémère et vulnérable. Plus doux au 21
Hybridation Topographique
regard, plus diffus à l’oreille, plus agréable à respirer, il pondère l’agressivité. Il invite à plus de réflexion, de maîtrsie de soi, de ses jugements et agissements. Il enclint à prendre la réelle dimension de sa dépendance à l’environnement, des enjeux pour la survie de l’espèce humaine qui en découle. Il incite à un meilleur raisonnement de ses choix sociétaux individuels et communautaires, à leur conséquence à plus long terme.
The sea ranch, Sonoma County, California, Obi Bowman
Ces
jeux topographiques amènent de nouveaux usages, permettant de s’éloigner des activités que propose et impose l’agencement urbain actuel amplifiant les pollutions de toute nature, les restrictions de libertés et les traitements qu’elles imposent, le coût pour la société, les dégradations pour beaucoup irréversibles de l’environnement. Cette aire plurielle autogénère des ambiances multiples et contrastées offertes à l’inspiration du passant. Celui-ci peut ainsi au sein d’un même lieu sinuer à son rythme et à son libre choix selon ses impératifs, ses envies d’isolement ou de rencontre, ses besoins de concentration personnelle ou de contact... Pleine nature calme et espace de convergence et de circulation urbanisés et animés se cotoient et s’entremèlent. Lieux privés et lieux publics accueillent dans un croisement harmonieux les activités des populations de tout âge appelés à les fréquenter ou les emprunter. Les «nouvelles topographies» permettent de s’extraire de l’enclave collective créée par la rue, de sortir du conditionnement d’usager de la ville, de retrouver son identité, d’exprimer sa personnalité, de se libérer de tout mimétisme et automatisme régressif progressivement acquis sans justification évidente. 23
C’est l’apport d’un nouvel espace public, suivant la nature du sol: minéral, végétal; un théâtre urbain, un belvédère sur la ville. Un bâtiment ou une structure traitée selon cette méthode ofrre un nouveau point de vue, de nouvelles pratiques sociales, à l’instar de projet tel que l’opéra d’Oslo du groupe Snohetta qui a obtenu le prix Mies van der Rohe en 2009, conçu comme un grand espace public dominant la ville et le fjord.
Opéra National, Oslo, Norvège, Snohetta
Par l’intermédiaire de cette physique urbaine, c’est donc un nouvel espace urbain qui est mis en place, aux fonctions différentes bien qu’au coeur de l’actuel, une nouvelle promenade urbaine prolongeant l’existante. Ce dispositif architectural invite l’usager à se réapproprier la ville, à concourir à sa création, à vivre son territoire autrement. Par ailleurs, de manière individuelle ou collective, cette méthode peut notamment permettre à beaucoup d’accéder à un espace extérieur cultivable, retrouvant cet usage ancestral du travail de la terre. Un exemple parmi tous les usages que l’on ne peut réaliser en ville, qui rapproche le citadin des activités ancestrales de l’homme.
Nanyang Université, Bureau CPG Corporation
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Hybridation Topographique
Dans un contexte naturel, les usages en vigueur (complètement libres) restent inchangés, seule leur dynamique est renforcée. Ce dispositif peut également relier des zones de territoire difficilement accessibles de l’une à l’autre. A ce titre un simple pont de corde devient un élément d’hybridation topographique, à l’échelle d’un bâtiment, inséré dans une vallée, la toiture devient une passerelle entre deux points hauts. L’hybridation topographique permet aux usagers de se déplacer plus aisément d’un point A à un point B. Ce procédé posséde un vrai rôle fonctionnel au delà de l’effet esthétique.
Rustic Stone Home, Grèce, Deca Architects
«L’hybridation topographique» d’un point de vue des usages apporte une nouvelle manière de regarder l’espace construit, d’agir, de se comporter (découlant du gain de liberté), de se déplacer plus rapidement dans une zone, par l’apport de nouvelles ambiances et nouveaux parcours, en ville comme en pleine nature. Elle se mesure et se constate à toute échelle, sur tout type de structure et en tout lieu, de manière artificielle ou naturelle. Néanmoins, nous nous sommes appuyés principalement sur celle du bâtiment, là où ce procédé est source d’innovation, au niveau de la forme architecturale, des ambiances et des usages.
EDP Foundation Cultural Centre, Lisbonne, Amanda Levete
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Hybridation Topographique
Des enjeux principaux se dégagent de ce mouvement architectural: - Retrouver des lieux ludiques empreints de liberté, loin du caractère autoritaire et uniformisé de la ville, se réapproprier la ville par de nouveaux usages. - Permettre un espace urbain générateur d’ambiances variées détachées de celles de la rue routinières qui peinent à sortir de l’ordinaire de par leur nature. Aller chercher le caractère «extra-urbain», s’approchant du contexte naturel est le but poursuivi - Prolonger l’espace piéton, sans empiéter sur le foncier, évitant d’étaler la ville sur le territoire. C’est une alternative envisageable pour répondre aux besoins de densification urbaine tout en la laissant respirer. Solution préférable à des espaces juxtaposés à vocation spécifique tels ceux réservés à la concentration de tours et «gratte-ciels» d’une part de jardins d’agréments et de détente d’autre part. - Amener les usagers à réfléchir sur leur place au sein de la ville et de la planète par la modification de décor et des ambiances. - Accentuer le rapport entre l’espace intra et extra-muros de la ville.
Opéra National, Oslo, Norvège, Snohetta
1.3 Conclusion
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’une fracture tectonique rigide ou d’une déformation souple du sol, les mouvements telluriques artificiels générés par ce courant architectural des «nouvelles topographies», deviennent ainsi le cadre où sont insérés le contenu et le système du programme lesquels génèrant une autre dimension de reconnaissance spatiale et d’expérience tout en évitant une conception «générique». Le terrain déformé n’est pas seulement la représentation d’une forme physique, il émane d’un «terrain idéal» né lui-même d’un contexte culturel commun et partagé. Ainsi, la composition devient également une configuration culturelle, génératrice d’ambiances, une organisation spatiale, basée sur la condition hybride que représente les zones à caractère urbain empiétant sur la nature. Ce type de projet est basé sur la question du positionnement de l’homme au sein de nos sociétés. Notons que ce nouveau phénomène architectural, s’applique autant à une construction, qu’à la composition d’un jardin ou d’un paysage naturel. Il est ainsi autant utilisé par les architectes que les paysagistes. 29
Hybridation Topographique
Landscape architecture, Charles Jencks, cosmic paysagiste, garden design outdoor art topographie
Cependant ce type de procédé n’est pas applicable partout. La mise en oeuvre dépend du programme. Il ne peut que fonctionner si il y a une volonté d’inscription dans le site, si la structure est souhaitée comme élément liant, si il y a un souhait d’intégration, si il y a un besoin de gain d’espace, de neutralité et d’effacement. Dans le cas contraire, les différentes pentes créées deviennent non praticable, on aborde un type architectural sculptural. Certaines contraintes se dégagent: l’emprise et la hauteur de la structure concernée. La mise en oeuvre de ce type d’approche architecturale est conditionnée par son coût encadré par les budgets prévisionnels dédiés à la réalisation et au fonctionnement par la suite. Il doit s’inscrire dans les choix urbanistiques de la collectivité territoriale et respecter normes et règlements administratifs.
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Campus de Grenoble
Campus de Grenoble
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2.1 Présentation globale
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Campus de Grenoble
hef lieu du département de l’Isère, situé à 94km de Lyon capitale de la région Rhône Alpes à laquelle elle appartient, à 72km de Valence au Sud en bord du Rhône, à 120 km d’Annecy Genève au Nord-Est, lovée aux confins de la vallée du Grésivaudant, insérée dans les contreforts des Alpes, Grenoble de par ses voies de communication naturelles a toujours été un point d’attraction et de convergence régional pour les populations transalpines en transit: place propice au commerce et aux échanges culturels. Aujourd’hui elle est l’une des villes à la plus forte densité de population étudiante de France. Elle est aussi le premier pôle français de recherche publique et privée après Paris. Son campus réuni 61000 étudiants, 6600 personnes travaillent à l’université de Grenoble, 3800 enseignants ou chercheurs, 3500 doctorants, 9000 étudiants étrangers, 129 laboratoires de recherche.
- Situation géographique
A l’instar des grandes métropoles et leur organisation urbanistique, le domaine universitaire est situé sur les communes avoisinantes: Saint Martin d’hères et Gières, à l’Est de la ville. En application d’une politique urbaine des années 6070 consistant à transférer les universités du centre ville vers la périphérie. 35
Le domaine universitaire est replié sur lui même, enclavé entre des limites naturelles, ou des infrastructures routières: - L’Isère au Nord et à l’Ouest. - L’avenue Gabriel Péri au SUD (un axe routier important) coupe le site du centre de Saint-Matin d’Hères. L’ emplacement du campus offre néanmoins un cadre exceptionnel où se situent les trois massifs alpins qui entourent Grenoble. Avec l’Isère, ils constituent deux éléments prépondérants dans l’urbanisation du territoire.
Campus de Grenoble
- De la création à la maison de l’Université Le premier embryon de l’université naît en 1339 sur le lieu de la tour de l’isle. Elle prend vraiment son essort à la fin du XIXe, après la découverte de la force hydraulique appelée «houille blanche», justifiant la formation de personnel et la création d’un centre de recherches. Une première tentative d’installation du campus sur les pentes de la colline du Rabot au flanc de la Bastille n’obtint pas l’adhésion de tous. Le choix de l’emplacement du domaine universitaire se porta sur des terrains maraîchers d’une superficie de 182 hectares, situés sur les communes de Saint-Martin-d’Hères et de Gières, sous l’impulsion de Louis Weil en 1961. Ainsi est né le premier campus universitaire de France devenu en 1968 établissement public à caractère scientifique culturel et proffessionnel (loi Edgar FAURE).
Photographie du domaine universitaire de Grenoble en 1950
Dans les années 90, l’architecte Peter Arhends établi un plan de composition urbaine, répondant à un cahier des charges qui met l’accent sur «l’implication du développement du campus dans le développement futur de l’agglomération» , mais aussi sur son «rôle de poumon vert». Référence en termes d’aménagement et de gestion concertée, le campus offre une grande qualité architecturale et paysagère, ainsi qu’un patrimoine artistique conséquent du au 1% culturel prévus dans la composition. 37
Campus de Grenoble
Sa gestion autonome a permis le regroupement de cinq composantes de l’ université de Grenoble à vocation différente sur le même emplacement: L’Université scientifique J. Fourier (UJF), l’Université littéraire Stendhal, l’Université des sciences humaines et sociales Pierre Mandès France (UPMF), l’Institut National Polytechnique de Grenoble (INP) et l’institut des Etudes Politiques de Grenoble (IEP). La volonté de renforcer la coordination des fonctionnements entre unités, a abouti en juin 2009 à la création d’ un Etablissement Public de Coopération Scientifique, connu sous le nom «P.R.E.S. Université de Grenoble» (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur). Dans cette logique de fédération, la ville de Grenoble souhaite aujourd’hui créer l’université de Grenoble qui regroupera les cinq entités du site, dans le but de créer un pôle dynamique d’enseignement, de recherche et d’innovation à rayonnement international. Cela permettra au domaine universitaire de rentrer dans le classement des universités de Shangaï, et renforcera sa reconnaissance internationale tant au niveau de l’enseignement supérieur que de la recherche. En 2008 découle de cette démarche le projet de maison de l’université destinée à rassembler les administrations de chaque université aujourd’hui encore dissociées. A cette fin un Groupement d’Intérêt Public de ces universités, le GIP, a été constitué. Il sera le maître d’ouvrage du projet. Cette maison de l’université doit être un emblème du campus à l’image de Grenoble, un projet phare, ouvert en direction des autres universités, des partenaires de la recherche et de l’économie au niveau national et international. Son objectif est d’atteindre une envergure mondiale reconnue de référence pour ses recherches et son enseignement de qualité, pôle d’excellence attractif pour les étrangers. Il se veut être un élément fédérateur entre le social et l’urbain, participe du développement socio-économique, point d’ouverture sur la ville en relation avec le campus santé à proximité immédiate implanté sur les communes de la Tronche et Meylan. Le projet se positionne en interface coopérative entre établissements dans un objectif de mutualisation des compétences et des travaux, d’amélioration de la gouvernance du site, de mise en commun des moyens.
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2.2 Analyse - Servitude et circulation
Campus de Grenoble
Il y a peu d’entrées sur le domaine universitaire, on en compte trois par voix
routière au SUD, et une par le tramway au NORD-OUEST. Par conséquent, le réseau de voiries au sein du campus est peu développé. Seuls des grands axes le traversent, canalisant les flux principaux. Le trafic routier est limité, le rythme de circulation s’accroît à des heures précises: tôt le matin, le midi et en début de soirée. Les transports en commun circulent quasi-continuellement, créant une ouverture sur les communes voisines. Les autobus d’une part qui utilisent certaines de ces voiries. Les trois lignes tramways défilant à une cadence régulière de deux minutes d’autre part. Leur cheminement se fait en grande partie le long de l’axe de circulation majeure EST-OUEST jusqu’au coeur du campus. Cet axe traverse le campus de part en part. De nombreuses pistes cyclables parcourent le campus, toujours le long des voiries. La majorité des aménagements piétons suit également ces axes majeurs. D’autres circulations naturellement créées par les piétons apparaissent là où les piétons ont décidé de ne pas contourner.
Plan circulatoire du campus
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Campus de Grenoble
Deux noeuds de circulation ressortent de ce shéma circulatoire: - Autour de la Place centrale. - A la rencontre des lignes de tramway B et C à l’Ouest du campus, un carrefour de circulation important sur cet axe Est-Ouest accesible à tout type de transport: tramway, voiture individuelle, cycles motorisés ou non, piétons. Cet espace constitue l’accès principal du campus.
Noeuds de circulation, espace de convergence
- Usages et pratiques La configuration spatiale du campus forçant son autonomie, on s’interressera en priorité aux pratiques internes au sein de son espace, afin de mettre en valeurs les pratiques générales des usagers du site: étudiants, enseignatns, chercheurs, employés du domaine ainsi que le public extérieur qui empreinte sa voirie. D’un point de vue circulatoire, le nombre faible de voiries et une seule ligne de tramway sur le vaste campus vert lui confèrent un carctère majoritairement piétonier. On observe chez eux des cheminements précis, Ils ont une forte tendance à suivre des parcours linéaires d’un point à un autre sur de grands espaces dégagés. Des chemins en terre se sont créés au cours du temps sous les pieds des étudiants qui ont eux même imposé au campus la marque de leurs déplacements usuels. Les usagers suivent les rythmes des horaires de cours et de travail et d’évènements divers organisés. Au fil du temps, il est devenu un lieu de passage obligé, traversé au plus court et au plus vite. 43
Campus de Grenoble
Chaque bâtiment du site génère un flux spécifique selon ses acteurs et ses spécialités. Cependant certaines zones de convergence réunissent tout type d’usager. Les arrêts de tramway génèrent d’importantes zones d’attraction et définissent dans les déplacements des points stratégiques incontournables du domaine universitaire. Le plus gros pôle de convergence est la grande place centrale du campus pensée comme un centre fédérateur de rencontres, un pôle central d’information et culturel. Une multitude de services s’offre aux étudiants, une mine de ressources, un lieu réservé de rencontre et d’échange, de détente, de convivialité au sein de la maison des étudiants E.V.E. ouverte vers l’extérieur avec sa terrasse café, laissée à leur autonomie de gestion, permettant animationsdiverses, expressions et expositions culturelles, débats, organisation ‘évènements ponctuels... L’implantation des bâtiments favorise la convergence des piétons vers ce pôint central où se concentre pléthore d’évènements. Depuis la place se développe sur l’axe Est-Ouest d’autres equipements, que l’on peut considérer comme zone de distribution du campus. L’ensemble des espaces verts du campus est utilisé comme espace de repos, de réflexion voire de travail, espace de détente, de divertissement, conduisant à des activités libres, créées par chacun. De nombreuses personnes extérieures sans rapport direct avec le domaine universitaire, des familles viennent se promener profiter de ces espaces et surtout les week-end et jours fériés. L’arboretum espace vert regroupant une grande variété d’espaces végétales et son parcours traité comme un aménagement pédagogique révèle particulièrement ces flux. Cependant leur fréquentation relève encore d’une démarche volontariste que l’accélération des rythmes de vie conduisent à délaisser malgré leurs intérêts évidents pour chacun qui les côtoit sans vraiment les voir et les vivre.
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L
- Composition et Langages du domaine universitaire
Campus de Grenoble
e fait que le domaine universitaire est été créé de toutes pièces sur un terrain vierge a permis de développer un parti architectural, celui d’un campus réparti en quartiers. Ainsi le campus est conçu tel un village en ilotage de bâtiments selon les spécialités ou destinations, autour d’une place centrale située sur un axe principal Est-Ouest qui scinde le domaine universitaire en deux parties, tel le décumanus des citées antiques. L’unité globale du campus se fait par l’intermédiaire de grands et larges espaces verts qui constituent son maillage et articulent le bâti.
Densité Bâti, Espaces verts
Du point de vue architectural, le langage des bâtiments s’appuie sur les principes de le Corbusier, notamment les pilotis et les toits terrasse, ainsi que l’architecture du Bauhaus, en jouant sur le béton brut et le verre. Il en découle un style dominant de bâtiments au tracé très linéaire ainsi caractérisés par leur horizontalité contrastant avec le relief accidenté des chaînes de montagne. Néanmoins d’autres styles sont présents, dus par exemple au bardage bois évoquant les chalets alpins, ou encore d’autres qualifiés «modernes» tels les bâtiments composant la place centrale qui lui donnent son caractère exprimé par le développement d’une d’une architecture tectonique soulignant le grand territoire. Les bâtiments les plus récents implantés le long de cet axe Est-Ouest jouent sur ce rapport au grand territoire. Ainsi chacun rend compte d’une zone précise du campus. 47
Campus de Grenoble
- Bâtiments disséminés sur le campus, du centre à la périphérie.
- Bâtiments de la place centrale
- Bâtiments le long de l’axe Est-Ouest
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Campus de Grenoble
La Place Centrale du domaine universitaire est constituée par les bâtiments d’Olivier-Clément Cacoub: la bibliothèque des sciences, le bâtiment administratif de la faculté des sciences et l’amphithéâtre Weil, bâtiments dialogant par leur forme ou toiture avec les montagnes. Conçue avec le concours du paysagiste japonnais Hatashita à l’origine de la place elle-même, cette place est l’emblème du campus. La sobriété minérale de la place reflète l’austérité des hauts sommets, renforcé par le contraste du dallage orienté selon les points cardinaux, blanc zébré de noir qui rappelle les fractures rocheuses des massifs montagneux, marquant son identité. Non sans évoquer le passage de Vauban, les talus en pierre sèche rappelent un élément de la géologie locale, déclinés sous forme de glacis délimitant la place harmonieusement intégrée dans un écrin minéral et verdoyant. L’ensemble a été réfléchi en réponse aux trois massifs alpins qui le sertisse de leurs pentes émaillées de pâturages, de sapinières en leur sommet d’où affleure la roche brute anguleuse. De cette conception ressortent les mouvements de sol, qui insuflent une dynamique émergente propre au campus.
Dynamique qui se décline en quelques points, répercutée jusqu’au sein des oeuvres artistiques qui ponctuent l’espace dès l’entrée sur le campus. Il s’en dégage une sensation d’énergie, affirmant le caractère du lieu, comme s’il tentait de s’affranchir de son sol plat et marécageux, d’établir un certain dialogue avec ses usagers, de se détacher de la platitude de la vallée du Grésivaudan et de son sol marécageux pour rivaliser avec les massifs alpins et porter son regard au delà. Dans un dialogue consensuel avec l’environnement, un langage propre émerge du sol.
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Campus de Grenoble
Estimant qu’il pouvait servir d’espace vert aux grenoblois, le doyen Louis Weil refusa de l’enclore. Cet espace vert, enrichi d’un arborétum comportant des espèces provenant du monde entier, constitue tout à la fois un espace d’étude pour la formation et la recherche, et un espace ouvert au public. La faible densité des différents bâtiments du domaine universitaire respectant une hauteur maximale de 27 mètres, laisse place à la végétation abondante et dominante jusqu’à leurs pieds, conférant au campus une grande qualité paysagère et environnementale, un caractère aéré permettant des dégagements visuels laissant percevoir le grand paysage grenoblois. L’ouverture des espaces et des points de vue varie en fonction des saisons par le feuillage des arbres. Ces espaces verts ont plusieurs fonctions: agrémenter le site et constituer des zones de respiration vitales entre les bâtiments, favoriser tout à la fois la détente et la méditation, instaurer un lien vivant entre la matérialité de la chose construite, l’homme et le milieu environnant.
Une quarantaine d’oeuvres d’art parsèment parvis et espaces publics du site. issues de La loi de mai 1951 appliquée à la construction de bâtiments universitaires a permis d’intégrer les arts plastiques à l’architecture et à l’environnement. Elles participent à la composition des espaces verts invitant tout usager à ouvrir leur sensibilité à la culture.
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L’ensemble du campus a été réalisé à l’image du jardin des philosophes.
Campus de Grenoble
Antal Strohmayer «Le jardin des Philosophe 1834» huile sur toile
Courant de la pensée liée à l’esthétique et aux arts, à l’art de vivre, porté par les philosophes grecs tel Epicure. Remis en exergue à la fin du XVIIIème, moitié XIXème: ciblé sur la place de la nature et de l’environnement nécessaire à l’équilibre de chacun, il est source de vie permanente, de rappel des cycles de la vie: tout naît, tout meurt pour mieux renaître dans une interdépendance et une complémentarité bien agencée qui pousse la réflexion au delà du regard... C’est un espace offrant le sepectacle de la nature, de la vie, animé par les jeux de lumière et d’ombres qu’elle engendre, une variante constante dans les formes, les couleurs, les odeurs, les sons, les ambiances lumineuses, sonores, thermiques, olfactives, changeantes selon les phases diurnes et nocturnes, les saisons, le climat. C’est un lieu d’expression des arts, un lieu de l’éphémère, un lieu d’évasion, de liberté. Un espace naturel pour prendre le temps de la réflexion, rêver, reconsidérer ses acquis, aide à la créativité, un lieu pour aiguiser sa curiosité et son esprit critique. Sur le campus cette pensée du lieu est suggérée par tous les espaces verts, les différentes espèces végétales, les oeuvres d’arts. L’arboretum à l’ouest du campus développe particulièrement l’idée du jardin du philosophe, par la multitude de tableaux paysagers tous composés d’espèces différentes. L’idée de jardin du philosophe a été introduite dès le départ dans l’aménagement du campus afin d’offrir un refuge de la pensée aux étudiants.
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2.3 Constat
Le G.I.P. souhaite regrouper ses université pour améliorer la dimension nationale
Campus de Grenoble
et internationale du campus.
Le modèle spatial du campus actuel favorise les échanges sociaux, mais manque de lieu d’échanges sociaux, d’espace de convivialité. Les bâtiments public et culturels, les lieux de rencontre comme la salle E.V.E. l’unique maison des étudiants ne peut palier aux besoins de chacun. Un manque crucial de structures freine son développement (en lieu de vie et animation sociale). Les étudiants habitent et sortent en ville pour la grande majorité. Le campus est étudié pour une vie étudiante, mais pas comme lieu de vie pour les habitants, étudiants résidents du campus, il n’y a pas de praticité fonctionnelle et lisible pour eux au niveau des services qui favorisent la connaissance et l’appel à leur services. Paroles d’étudiants: «On n’a pas de structure refuge» «Quand on sort de Eve le soir, on se retrouve dans un espace glauque» «J’ai mis au moins deux heures pour trouver mon bâtiment et ma salle de cours la première fois». Afin de palier les problèmes d’orientation, il nous faut mettre en valeur les éléments de lecture claire au sein du campus. Les arrêts de tramway fonctionnent comme repère sur le campus: gros point d’attraction, seul l’arrêt «Bibliothèques Universitaires» au seuil de la place centrale fonctionne avec des infrastructures publiques. Comment ce nouveau courant architectural des «nouvelles topographies» peut répondre aux problématiques actuelles du campus de Grenoble?
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Projet
Projet
3
59
3.1 Intentions & Programme - Intentions
C
réer un pôle administratif et un aménagement urbain qui le liera au pôle culturel: la place centrale centre historique du campus, en renforçant le langage et l’image du campus, affirmer une identité commune en prolongeant les composantes de cette place: le damier et les soulèvements de sol. Orienter, renforcer l’image du campus. Promotion d’une nouvelle zone urbaine, inscription dans le contexte urbain, participation au renouvellement urbain. - Donner aux résidences universitaires un lien plus direct avec le centre de vie sociale du campus qui favorisera aussi les échanges entre résidents, amener les acteurs du campus à se rencontrer, développer le centre d’échange, favoriser la zone d’échage en dynamisant l’espace. Aménager une partie de l’axe Est-Ouest afin de créer une zone de filtre social sur une base de mixité, d’égalité, d’ augmenter l’influence de la place centrale. - Tendre vers un campus reflet du jardin du philosophe. Afin de conserver cet esprit, l’architecture ira de pairs avec un travail paysager par le socle pour mettre en valeur les rapports et dialogues établis entre les usagers, les espaces verts, les bâtiments et le grand territoire. Le mouvement tellurique est le générateur primaire dans cette conception pour ce projet de maison de l’université et son aménagement au sol alentour. Ce procédé nous parle de la nature du sol environnant et fait echo au lieu. Il s’agit de créer une dynamique de vie, de renforcer les liens sociaux avec les habitants des quartiers limitrophes, par trois principes géométriques simples, dans l’esprit des «jardins du philosophe» soutenu par l’ambiance du campus.
Projet
- Attirer l’attention sur les processus et les mouvements qui animent la vie. Le projet vise à ne pas dissocier la conception d’un bâtiment de ses espaces extérieurs. Il découle d’une approche dans laquelle le paysage et non plus l’architecture, est le moyen pour voir, dessiner et réfléchir à l’environnement urbain. Le projet définit les termes d’un dialogue entre formes construites par l’homme et traits du paysage. - La présence de l’eau mis en évidence par les principes géométriques du projet nous rappelle la nappe phréatique proche du sol ainsi que l’origine marécageuse du sol. Chacun de ces principe génère des ambiances et des interractions avec l’eau, ils dirigent et guident les usagers de façon intuitive le long de l’axe Administration-Culture. Ses apparitions appuient l’idée de «jardin du philosophe» 61
en nous montrant ce que l’on ne voit pas, nous suggérant de penser à autre chose, de penser plus loin et de par sa nature. La présence de l’eau calme, apaise les gens, c’est la vie qui courre, la vie qui nait: la végétation découle de sa présence, elle apporte une paix paysagère. - Dégager de nouveaux usages, construits autour d’une dynamique de mouvements topographiques qui mettent en jeu les dimensions physiques et sensibles(vue, ouï, mouvement, sens thermique et tactile, odorat) associées aux usages de l’espace et les phénomènes physiques (chaleur, lumière, son), en cherchant une nouvelle expérience du corps par rapport aux formes, aux éléments et matériaux. Il s’agit de donner aux usagers l’opportunité de se confronter à un autre rapport à l’architecture que celui qu’ils expérimentent régulièrement. Dans un espace d’enseignement, il est important d’avoir de la diversité. Une architecture qui va de pair avec le dynamisme de l’apprentissage, la jeunesse, l’invation, la créativité. - Inviter à des formes d’expériences sensibles de l’eau, de l’air, de la terre, du ciel, des variations climatiques, des autres habitants, de jour et de nuit, en explorant toutes les modalités de la perception in situ est le but de cette recherche architecturale intégrée à la nature et au regard de l’envirronnement. - Pénétrer dans un forum, endroits ombragés, lumineux. Lieux de bouillonement d’idées, commentaires de presse, de discussions internationales, accueil des erasmus, pas d’individualisme à sens unique mais un débat. Des lieux conviviaux propices à la détente: petit théâtre, agora espace pour des cours magistraux en été., en parallèle seront prévus des aménagements extérieurs publics. - Afin de ramener «de la vie», le projet doit lier ambiances du campus et activités de la ville, apporter des services, lui faire eccho pour amplifier le lien entre les deux entités,
Projet
- La conception de l’aménagement se concentre sur la création d’un tissu de bâtiment qui articule les espaces, se sert des filtres végétaux comme un des moyens d’insonorisation, de création d’îlots de liberté laissés à la fréquentation des usagers, au gré de leurs envies et de leur besoin de silence relatif, d’animation constructive et créatrice de liens sociaux, de rencontre avec les autres. - Le parc public devient une oeuvre complète et complémentaire, développement urbain, un lieu d’expression des pratiques sociales, dimension de l’environnement et du paysage, en toute interférance et la nature, gage d’amélioration de la qualité de vie des urbains leur milieu d’évolution.
structurante du ouvert à la entre la ville sensibilisés à
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- Programme
La
maison de l’université constituera un nouveau pôle du campus, un pôle administratif, voué à l’accueil des visiteurs, des étrangers et chercheurs. Regroupant: - Espace d’accueil et de convivialité - Espaces d’échange et de rencontre - Espace de présentation et d’exposition - Espaces Doctorants - Services de Grenoble Université - Présidence et direction - Salle de conseil et réunion - Fonctions d’accompagnement, services de stockage
L’aménagement urbain est un parcours généré par des bâtiments: - Services Services pratiques, services de communication. Services de traduction, espace de création quelque chose, salle d’exposition libre, relais SNCF, relais TAG, relais METRO, relais vélosv distributeur de billets, boîte aux lettres. - Commerces: Sandwicherie et relais boulangerie, pizzeria et restaurant, kebab et snack, tabac et presse faisant aussi office relais postal, laverie, bar, animations musicales, épicerie ouverte en soirée
Projet
Grâce à ces fonctions, la place se compose d’éléments propres à la ville, elle devient attrayante et pratique, elle ser à même de répondre aux attentes de sa population.
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3.2 Site
Arrivée sur site depuis l’avenue Gabriel Péri au Sud.
L
Plan de situation
Projet
e site retenu pour l’intervention se trouve sur l’axe central EST-OUEST. Il part d’un noeud de circulation, convergence des flux à la rencontre des tramways, à la charnière des deux accés les plus proches de Grenoble, au croisement de la boucle. Cet accès principal est considéré comme l’entrée du campus, il s’enfonce jusqu’à la place centrale. Actuellement l’emplacement accueille un parking créant une zone tampon dans le campus. Le lieu sert déjà de repère aujourd’hui, mais présente néanmoins un gros potentiel de développement. une allée d’arbre «les maroniers» appui bordé par tout type de voirie. La Maison de l’université s’accroche au campus, en tête d’axe, en emblème signalétique. vitrine de la dynamique ouverte pour les universités et en relation avec le restaurant Barnave. Cette zone met en relation les espaces d’enseignements, les espaces public et privés.
Site étudié
Bâti existant
Enseignement
Restaurant universitaire
Résidences étudiantes
Voiries principales
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3.3 Métaphore & Concept
La
maison de l’Université se veut de regrouper les administrations des différentes facultés présentes sur le campus. L’édifice est un point de convergence. La forme prend naissance par un jeu de mouvement de strates traduisant le mouvement métaphorique des connaissances de chaque université en un point.(«savoirs» de chaque université) qui se rencontrent Emergence Monolithique en point. De ce point émerge un bâtiment monolithique. L’aménagement de l’espace public est conçu sur les mêmes principes physiques, ainsi le projet s’exprime ainsi à travers un jeu de soulèvement du sol qui caractérise l’enveloppe des différents bâtiments. Les principaux cheminements sur le site définissent les parcours et les noeuds de croisement nous indiquant sur quelle découpe géométrique du sol nous nous appuierons. Pour mettre en oeuvre le mouvement, l’intervention se fera par trois actions spécifiques: - CREUSER, on découvre l’eau aux points de convergences piétonnes les plus importants, dans une interraction rafraîchissante - INCISER, afin de mettre en évidence les directions de distribution du campus générales et créant des perspectives sur des éléments remarquables tel une oeuvre d’art du site.
Projet
- SOULEVER,
générer la forme des structures accueillant le programe.
Convergence des «forces»
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3.4 Intervention
Espace à traiter
Projet
«Coulée» du parvis de la place centrale vers l’ouest, utilisation du langage établi par le dallage de la place centrale.
Découpe de la zone par les circulations majeures selon chaque entrée. L’organisation de l’aménagement de la bande essaye de dissoudre des frontières traditionnelles en créant les points multiples de raccordement autour de chaque programme extérieur.
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CREUSER
Projet
INCISER, des failles apparaissent.
SOULEVER, créant zones végétales reproduisant le jeu du parvis du pôle culturel et volume bâti. À chaque point publique, l’itinéraire de circulation bifurque, permettant de ce fait aux usagers l’option de la continuation dans le prochain espace d’échange ou de se relier à un des bâtiments externes.
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La Maison de l’université présente une convergence dans sa forme, créée par les mouvements topographiques.
Principe formel
Projet
Les volumes habitables de l’espace public émergent du sol, détourés par les failles notant la présence de l’eau et le filtre végétal à la lumière qui créé les ambiances intérieures.
Les éléments de compositions utilisés par le paysagiste japonais Hatashita s’infiltrent dans le campus. Le dallage en damier entre en jeu dans les soulèvements tout en conservant son intégrité visuelle et le principe mouvements telluriques prennent un nouvel essort autant dans le volume que la mise en relief apporté par l’eau et la végétation qui en découle.
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3.5 Apports
Plan Masse
C
Projet
haque soulèvement crée un parcours logique de la maison de l’université à la place centrale du campus, offrant une succession d’espaces aux différentes ambiances. L’eau provient des eaux de pluies récupérées par chaque plan oblique du projet. Cet élément développe le caractère végétal dans les failles et auprès des bassins. Les plantes rentrent en interraction avec le bâti, agissant sur la thermique et la luminosité de ses espaces intérieurs.
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Projet
Le projet de maison de l’université tend à prendre son image internationale en développant celle du domaine universitaire, des éléments qui le compose et de l’image philosophique qu’il véhicule par ses ambiances.
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4
Conclusion
Les
nouvelles topographies inspirent et sont inspirée par l’environnement avec lequel elles concourent. Un projet de se type établi donc un rapport étroit avec son site, offrant un large champ d’actions quant aux usages et ambiances qu’il est à même de créer.
- Campus 2050
Conclusion
S’appuyant sur la notion de «nouvelles topographies», le projet permet de développer des composantes du campus, et lui offrir de nouveaux intérêts, on peut envisager de développer ce langage tellurique comme une solution d’aménagement pour l’avenir du domaine universitaire et sa valorisation. Un projet de prolongement du nouveau langage global par le mouvement de sol et la propagation du dallage sur l’axe Est-Ouest en direction de l’arboretum, lieu propice de la philosophie du lieu en l’intégrant au projet et également dans un souci de développer la zone d’échange de l’axe et établir un lien plus fort avec l’Isère.
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- Livres et revues - Architecture à Vivre n° 63 Dominique Perrault - Université cachée de Seoul. Coulée verte à Manathan. - Magazine EXE Snohetta - Opéra d’Oslo Norvège. - «L’architecture verte» (ed. Taschen) Obi Bowman - Sea Ranch. - «Topography and Materiality» Fernando MENIS - «L’architecture du bonheur», Alain DE BOTTON - «Metropolis», Dominique PERRAULT - «Jardins, réflexions», Robert HARRISON - «Jardins publics», Pierre SANSOT
Bibliographie
- «Grenoble, le campus de la peur» Paris Match n°1153, 26 juin 1971
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- Références internet - Le courrier de l’architecte (site internet) Chartier & Corbasson - Centre des métiers du football Amiens. - Dezeen (Site Internet) Deca Arch. - Rustic Stone Home Grèce Bureau CPG Corporation - Nanyang Université. Sites officiels: - Big - Snohetta - Jean Nouvel (Musée guggenheim Tokyo, japon 2001) - Renzo Piano (musée Paul KLEE) - Fernando Menis (hormigón sacro en Adeje)
Bibliographie
parc de la Fondation Gulbenkian à Lisbonne, 2003, Gonçalo Ribeiro
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6 Réflexions Les Jardins – Chant 1 La bibliothèque libre Jacques Delille (1738-1813) Les Jardins 1782
Réflexions
L’ art innocent et doux que célèbrent mes vers, ____________________________________________________________________ ____ Remonte aux plus beaux jours de l’antique univers. Dès que l’homme eut soumis les champs à la culture, D’un heureux coin de terre il soigna la parure; Et plus près de ses yeux il rangea sous ses lois Des arbres favoris et des fleurs de son choix. Du simple Alcinoùs le luxe encore rustique Décorait un verger. D’un art plus magnifique Babylone éleva des jardins dans les airs. Quand Rome au monde entier eut envoyé des fers, Les vainqueurs, dans des parcs ornés par la victoire, Allaient calmer leur foudre et reposer leur gloire. La sagesse autrefois habitait les jardins, Et d’un air plus riant instruisait les humains : Un jardin, à mes yeux, est un vaste tableau. Soyez peintre. Les champs, leurs nuances sans nombre, Les jets de la lumière, et les masses de l’ombre, Les heures, les saisons, variant tour à tour Le cercle de l’année et le cercle du jour, Et des prés émaillés les riches broderies, Et des riants coteaux les vertes draperies, Les arbres, les rochers, et les eaux, et les fleurs, Ce sont là vos pinceaux, vos toiles, vos couleurs ; La nature est à vous ; et votre main féconde Dispose, pour créer, des éléments du monde. Pour donner aux jardins une forme plus pure, Observez, connaissez, imitez la nature. N’avez-vous pas souvent, aux lieux infréquentés, Rencontré tout-à-coup ces aspects enchantés Qui suspendent vos pas 87
Saisissez, s’il se peut, leurs traits les plus frappants, Et des champs apprenez l’art de parer les champs. offre-lui tout ce que je lui doi, Un fortuné loisir, une douce retraite. Les arts et l’amitié qu’il y mène à sa suite. Et si l’ombre, la paix, la liberté m’inspire, A l’auteur de ces dons je dévouerai ma lyre. J’ai dit les lieux charmants que l’art peut imiter; Mais il est des écueils que l’art doit éviter. L’esprit imitateur trop souvent nous abuse. Ne prêtez point au sol des beautés qu’il refuse: Avant tout connaissez votre site; et du lieu Adorez le génie, Ce que votre terrain adopte avec plaisir, Sachez le reconnaître, osez vous en saisir. C’est mieux que la nature, et cependant c’est elle;
Réflexions
Désirez-vous un lieu propice à vos travaux ? Loin des champs trop unis, des monts trop inégaux, J’aimerais ces hauteurs où, sans orgueil, domine Sur un riche vallon une belle colline. Là, le terrain est doux sans insipidité, Élevé sans raideur, sec sans aridité. Vous marchez : l’horizon vous obéit : la terre S’élève ou redescend, s’étend ou se resserre. Vos sites, vos plaisirs changent à chaque pas. Qu’un obscur arpenteur, armé de son compas, Au fond d’un cabinet, d’un jardin symétrique Confie au froid papier le plan géométrique; Vous, venez sur les lieux. Là, le crayon en main, Dessinez ces aspects, ces coteaux, ce lointain; Devinez les moyens, pressentez les obstacles: C’est des difficultés que naissent les miracles. Le sol le plus ingrat connaîtra la beauté. Est-il nu ? que des bois parent sa nudité: Couvert ? portez la hache en ses forêts profondes: Humide ? en lacs pompeux, en rivières fécondes, 89
Le sol le plus ingrat connaîtra la beauté. Est-il nu ? que des bois parent sa nudité: Couvert ? portez la hache en ses forêts profondes: Humide ? en lacs pompeux, en rivières fécondes, Changez cette onde impure ; et, par d’heureux travaux, Corrigez à la fois l’air, la terre et les eaux: Aride enfin ? cherchez, sondez, fouillez encore; L’eau lente à se trahir, peut-être est près d’éclore. Il est des soins plus doux, un art plus enchanteur. C’est peu de charmer l’œil, il faut parler au cœur. Avez-vous donc connu ces rapports invisibles Des corps inanimés et des êtres sensibles? Avez-vous entendu des eaux, des prés, des bois, La muette éloquence et la secrète voix? Rendez-nous ces effets. Que du riant au sombre, Du noble au gracieux, les passages sans nombre M’intéressent toujours. Simple et grand, fort et doux, Unissez tous les tons pour plaire à tous les goûts Là, que le peintre vienne enrichir sa palette; Que l’inspiration y trouble le poète; Que le sage du calme y goûte les douceurs; L’heureux, ses souvenirs ; le malheureux, ses pleurs.
Réflexions
Variez les sujets, ou que leur aspect change : Rapprochés, éloignés, entrevus, découverts, Qu’ils offrent tour à tour vingt spectacles divers. Que de l’effet qui suit l’adroite incertitude Laisse à l’œil curieux sa douce inquiétude; Surtout du mouvement : sans lui, sans sa magie, L’esprit désoccupé retombe en léthargie; Sans lui, sur vos champs froids mon œil glisse au hasard. De mobiles objets sur la toile immobile, L’onde qui fuit, le vent qui courbe les rameaux, Saisissez leur secret, plantez en abondance Ces souples arbrisseaux, et ces arbres mouvants, Dont la tête obéit à l’haleine des vents; Quels qu’ils soient, respectez leur flottante verdure, 91
Voyez-la dessiner ces chênes, ces ormeaux; Voyez comment sa main, du tronc jusqu’aux rameaux, Des rameaux au feuillage, augmentant leur souplesse, Des ondulations leur donna la mollesse. A vos arbres laissez leur doux balancement. Qu’en mobiles objets la perspective abonde: Faites courir, tomber et rejaillir cette onde: Ainsi de la nature épuisant le trésor, Le terrain, les aspects, les eaux et les ombrages Donnent le mouvement, la vie aux paysages. Mais si du mouvement notre œil est enchanté, Il ne chérit pas moins un air de liberté. Laissez donc des jardins la limite indécise, Et que votre art l’efface, ou du moins la déguise. Où l’œil n’espère plus, le charme disparaît. Aux bornes d’un beau lieu nous touchons à regret: Chacun dans son donjon, de murs environné, Pour vivre sûrement, vivait emprisonné. Mais que fait aujourd’hui cette ennuyeuse enceinte Que conserve l’orgueil et qu’inventa la crainte? À ces murs qui gênaient, attristaient les regards, Le goût préférerait ces verdoyants remparts,
Réflexions
Mais les jardins bornés m’importunent encore. Loin de ce cercle étroit prenons enfin l’essor Vers un genre plus vaste et des formes plus belles, Il retouche en passant le tableau qui varie. Il sait, au gré des yeux, réunir, détacher, Éclairer, rembrunir, découvrir ou cacher. Il ne compose pas ; il corrige, il épure, Il achève les traits qu’ébaucha la nature. Le front des noirs rochers a perdu sa terreur; La forêt égayée adoucit son horreur; Un ruisseau s’égarait, il dirige sa course; Il s’empare d’un lac, s’enrichit d’une source; Il veut ; et des sentiers courent de toutes parts Chercher, saisir, lier tous ces membres épars, 93
Qui, surpris, enchantés du nœud qui les rassemble, Forment de cent détails un magnifique ensemble. Par de riches aspects agrandissez les lieux. D’un vallon, d’un coteau, d’un lointain gracieux, Ajoutez à vos parcs l’étrangère étendue; Possédez par les yeux, jouissez par la vue. Surtout sachez saisir, enchaîner à vos plants Ces accidents heureux qui distinguent les champs. Ici, c’est un hameau que des bois environnent; Là, de leurs longues tours les cités se couronnent; Et l’ardoise azurée, au loin frappant les yeux, Court en sommet aigu se perdre dans les cieux. Oublierai-je ce fleuve, et son cours, et ses rives? Votre œil de loin poursuit les voiles fugitives. Des îles quelquefois s’élèvent de son sein; Quelquefois il s’enfuit sous l’arc d’un pont lointain. Et si la vaste mer à vos yeux se présente, Montrez, mais variez cette scène imposante. Ici, qu’on l’entrevoie à travers des rameaux. Là, dans l’enfoncement de ces profonds berceaux, Comme au bout d’un long tube une voûte la montre. Au détour d’un bosquet ici l’œil la rencontre, La perd encore ; enfin la vue en liberté Tout-à-coup la découvre en son immensité. Sur ces aspects divers fixez l’œil qui s’égare; Mais, il faut l’avouer, c’est d’une main avare Que les hommes, les arts, la nature et le temps Sèment autour de nous de riches accidents.
Réflexions
Un nouveau monde éclos des débris du vieux monde! Que votre art les promette, et que l’œil les espère: Promettre, c’est donner ; espérer, c’est jouir. Il faut m’intéresser, et non pas m’éblouir. L’art d’avertir les yeux, et l’art de les surprendre. Deux genres, dès longtemps ambitieux rivaux, Se disputent nos vœux. L’un à nos yeux présente D’un dessein régulier l’ordonnance imposante, Prête aux champs des beautés qu’ils ne connaissaient pas, D’une pompe étrangère embellit leurs appas, 95
Donne aux arbres des lois, aux ondes des entraves, Et, despote orgueilleux, brille entouré d’esclaves. Son air est moins riant et plus majestueux. L’autre, de la nature amant respectueux, L’orne, sans la farder, traite avec indulgence Ses caprices charmants, sa noble négligence, Sa marche irrégulière, et fait naître avec art Les beautés, du désordre, et même du hasard. Des ornements de l’art l’œil bientôt se fatigue; Mais les bois, mais les eaux, mais les ombrages frais, Tout ce luxe innocent ne fatigue jamais. Des aspects où les yeux hésitaient à choisir, Variaient, suspendaient, prolongeaient leur plaisir. Sur l’émail velouté d’une fraîche verdure, Mille arbres, de ces lieux ondoyante parure, Charme de l’odorat, du goût et des regards, Élégamment groupés, négligemment épars, Se fuyaient, s’approchaient, quelquefois à leur vue Ouvraient dans le lointain une scène imprévue; Ou, tombant jusqu’à terre, et recourbant leurs bras, Venaient d’un doux obstacle embarrasser leurs pas; Ou pendaient sur leur tête en festons de verdure, Et de fleurs, en passant, semaient leur chevelure.
Réflexions
Heureux dans ses jardins, heureux qui, comme vous, Vivrait, loin des tourments où l’orgueil est en proie, Riche de fruits, de fleurs, d’innocence et de joie !
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L’université de Grenoble ville des sociétés savantes tend aujourd’hui à rentrer dans le classement des universités de Shangaï. En 2008 découle de cette démarche le projet d’une maison de l’université destinée à rassembler les administrations de chaque université encore dissociées aujourd’hui. Le projet d’aménagement devra être un emblême à l’image de la ville, ouvert en direction des autres universités, des partenaires de la recherche et de l’économie au niveau national et international. Son objectif d’atteindre une envergure mondiale. Le domaine universitaire est composé tel un village en îlotage de bâtiments selon les spécialités ou destinations de chacun, autour d’une place centrale située sur un axe Est-Ouest, axe principal du campus qui scinde le domaine en deux parties. Deux éléments forts lui confèrent son identité -ses grandes étendues de végétation constituent son maillage, dans une volonté de dégager l’esprit du «jardin du philosophe». -un langage physque fort par les mouvements telluriques du parvis en damier de la place centrale. Le projet tend à lier le nouveau pôle administratif au pôle culturel par l’aménagement d’un espace public. Il s’appui sur le courant architectural des «nouvelles topographies» qui permet par ses formes d’amplifier le caractère et l’image existante du campus. Par cette approche paysagère, le projet s’inscrit dans la composition du campus et tente de répondre aux critiques soutenables du domaine universitaire actuel.