les potentiels ambiantaux des territoires inondables : La digue Habitée

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Jury Christian Drevet, architecte, enseignant ENSA de Saint Etienne Jacques Schmitt, Direction du Développement et de l’Aménagement Université de Grenoble Nicolas Dubus, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Eric Seguin, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Catherine Pierre, rédactrice en chef adjointe de la revue AMC Hubert Guillaud, architecte, enseignant ENSA de Grenoble Grégoire Chelkoff, architecte, enseignant ENSA de Grenoble (directeur d’études) Magali Paris, ingénieure paysagiste, enseignante associée ENSA de Grenoble (représentant de l’UE)

Encadrement du master ACSE : Grégoire Chelkoff, responsable du Master ACSE, architecte, professeur Yann Blanchi, architecte, maître-assistante associée Jacques Scrittori, architecte d’intérieur, maître-assistant associé Magali Paris, ingénieure paysage, maître-assistante associée

Avec les participations de : Nicolas Tixier, architecte, maître-assistant Walter Simone, architecte, vacataire

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« L’occurrence des aléas est certes aveugle à la vulnérabilité, mais les logiques d’urbanisation dessinent largement les contours des situations de risques. »

Julien REBOTIER 1 Du fait du changement climatique, les phénomènes naturels à risques tels que les inondations vont augmenter ces prochaines décennies tant par leurs fréquences, que dans leurs durées et leurs intensités. Il faut prendre en compte la part des responsabilités de l’action humaine dans l’effet du réchauffement climatique. D’après les dernières estimations des experts, le climat pourrait se réchauffer de 1.1°C à 6.4°C en moyenne d’ici la fin du siècle et devenir plus instable. Le caractère fluctuant des phénomènes naturels « se manifestera par une augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des phénomènes climatiques tels que des vagues de chaleur, des sécheresses, des précipitations entraînant des inondations ».2 Une résultante de ces changements climatiques est l’aléa naturel. Celui-ci s’immisce dans notre quotidien, le plus souvent brutalement, comme nous l’ont montré dernièrement le séisme d’HAÏTI ou encore le tsunami de FUKUSHIMA. Ces aléas sont généralement dévastateurs tant d’un point de vue humain, qu’économique, c’est pourquoi nous pouvons nous questionner sur la manière de gérer ces risques sur nos territoires. Notre environnement est en plein changement et le cadre bâti dans lequel nous évoluons aujourd’hui n’est pas en mesure de les accepter. Nous allons, dans cette réflexion, nous intéresser plus particulièrement au risque d’inondation. Il faut être conscient que les inondations « représentent chaque année 40% des catastrophes naturelles dans le monde, affectent 250 000 personnes et occasionnent plusieurs dizaines de milliers de morts. »3 Ce constat pose la question de la gestion du risque d’inondation sur nos territoires. Jusqu’à présent la majorité des chercheurs envisageaient le risque sous une seule forme ou à partir d’une seule discipline. Cependant, lorsque l’on parle d’un risque naturel c’est tout notre environnement qui est questionné. L’environnement dont on parle ici n’est pas seulement le lieu où se passe la catastrophe mais l’environnement social qui s’y rapporte, le bâti qui l’entoure, les liens ou encore la mobilité qui s’y développe. 1 NOVEMBER, Valérie, PENELAS, Marion et VIOT, Pascal (2011), Habiter les territoires à risque, espace en société logique territoriale, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes 2 Ministère de l’Écologie, du développement durable, des Transports et du Logement (2011), La démarche française de prévention des risques majeurs, Direction Générale de la Prévention des risques, p.48 3 BESSON Liliane, REQUILLART Jean Pierre. Collab. (2010), Les risques naturels : de la connaissance pratique à la gestion administrative, Voiron,Techni.Cités ( ré edition complété de2005),p.109

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On peut voir que la prise en compte du risque devient pluridisciplinaire comme nous le montre Julien REBOTIER lorsqu’il écrit que « Le risque est certes une conjonction territoriale de danger et de présence humaine, mais il est situé dans le social, le temporel et le spatial. »4 Ce qu’il essaie de définir ici c’est le rapport étroit que le danger entretient avec l’Homme. Celui-ci étant considéré comme la rencontre entre l’aléa naturel et l’enjeu humain. Les thèmes abordés dans la première partie du mémoire permet de comprendre ce qu’est le phénomène naturel, la vulnérabilité à travers les enjeux et enfin les outils mis en place par le gouvernement afin de proposer une protection contre le risque d’inondation en France. Ce questionnement aborde les notions de culture du risque et de mémoire collective. Quelle place voulons-nous donner au risque dans les villes de demain ? Doit-on cacher ce risque ou au contraire chercher à le rendre qualitatif tout en mettant la population à l’abri? Effectivement il y a une dualité entre le fait de vouloir protéger les populations du risque et l’attrait que porte la population des villes à l’eau. Mais alors comment cette dualité entre l’enjeu et l’attrait de l’aléa peut être pris en compte lors des aménagements de protection ? La prise en compte de l’inondabilité d’un territoire peut-elle apporter une valeur ajoutée au milieu urbain par le biais des ambiances ? Pour tenter d’apporter une réponse à ce questionnement nous allons porter notre regard sur des projets européens qui proposent une vision novatrice. En effet le corps, dans son rapport au danger, est placé au centre des projets ce qui porte les ambiances des sens au cœur de la réflexion. A travers une typologie de 25 projets nous allons voir quels sont les différentes manières proposées afin de se positionner face au risque et les potentiels ambiantaux que cela développe. Cette typologie est classée selon 3 types : le risque comme évènement, la pédagogie du risque et en fin éviter les risque. Cette recherche permet de faire ressortir des outils de conception pour la prise en compte du risque d’inondation dans les projets urbains tel que la biodiversité perçue, le surplomb, la matérialité et l’imaginaire de l’eau.

4 NOVEMBER, Valérie, PENELAS, Marion et VIOT, Pascal (2011), Habiter les territoires à risque, espace en société logique territoriale, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes

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En effet le risque, dans son rapport du corps aux éléments et son esthétique du danger, ne peut-il pas être moteur de la conception ? La réflexion développée dans cette deuxième partie pose la question d’une possible valeur ambiantale du phénomène d’inondation alors que celui-ci n’était considéré jusqu’à présent que de manière négative. Le Projet de Fin d’Etude Mention Recherche est une manière d’expérimenter la réflexion menée tout au long du mémoire sur les potentiels ambiantaux des territoires submersibles. Le site choisit est le Domaine Universitaire Grenoblois qui se trouve sur les communes de SAINT MARTIN d’HERES et GIERES. La problématique du campus repose sur une incohérence entre la forme du bâti et le risque d’inondation encouru. Afin d’apporter une réponse à cette question la solution envisagée est la création d’un champ d’inondation contrôlé. Cette approche interroge la manière de gérer le risque et les enjeux humains importants présents sur le campus. Nous verrons ainsi comment ce type de prise en compte du risque apporte des changements morphologiques et ambiantaux de l’échelle du territoire en passant par la « Digue Habitée » jusqu’à l’échelle du corps. La réflexion retranscrite dans ce mémoire a pour but de définir plus précisément le risque d’inondation afin de voir comment le risque d’inondation peut permettre à un espace d’être valorisé. Cela grâce aux potentiels ambiantaux des territoires submersibles.

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I . Entre l’aléa et le risque, une question d’enjeu A _ Connaitre l’aléa pour s’en protéger

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- Définition du risque d’inondation dans les cours d’eau et ses composantes. - Phénomène d’occurrence des crues. - Les protections physiques contre les inondations. - La culture du risque comme outil de prévention

B _ Liens entre aléa, enjeu et risque : que faire face à ce dernier ?

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- Relation entre l’aléa et le risque : l’enjeu. - Mise en avant du phénomène de vulnérabilité - L’exposition Qui l’eut cru(e) ? - Historique de la prise en compte du risque d’inondation en France - Deux exemples d’outils pour les intervenants 37

C _ Gestion du risque, un jeu d’acteurs - Les différents acteurs de la protection contre les inondations - Controverse entre l’Etat et le pouvoir communal - Vers une gestion européenne du risque d’inondation - Exemple anglais du projet « LIFE »

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II . Les potentiels ambiantaux d’un projet de protection d’inondation A _ Les ambiances d’environnements extrêmes

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- Les ambiances des sens - La multisensorialité - L’architecture de l’extrême

B _ Typologie des méthodes de gestion du risque

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- Méthode de recherche - Le risque comme évènement - La pédagogie du risque - Éviter le risque

C _ Les caractéristiques ambiantales - La biodiversité perçue - Le surplomb - La matérialité de l’eau - L’imaginaire du rapport homme/eau - Une gestion à différentes échelles

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III . Expérimentation en projet : « la digue habitée » A _ Échelle territoriale

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- Le projet SYMBHI - Le campus comme champs d’inondation contrôlé 88

B _ Échelle du campus - La corrélation entre le risque et le bâti - La gestion des flux - L’identité du campus

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C _ Échelle de la digue habitée - Une typologie de composition - La programmation - La digue : une rupture et un lien

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D _ Échelle de la digue habitée - La ludothèque - Les principes d’organisation - Le rapport à l’eau

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I . Entre l’aléa et le risque, une question d’enjeu

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Lit mineur

Lit moyen

Lit majeur

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A _ Connaitre l’aléa pour s’en protéger Chaque phénomène naturel à ses spécificités, or avant de pouvoir agir contre celui-ci il faut savoir le connaitre et le reconnaitre afin de capter les subtilités de son intervention et comprendre en quoi il constitue un risque pour l’homme. Nous allons nous intéresser au risque d’inondation car c’est l’aléa « qui couvre le plus de terrain, fait le plus de victimes et de dégâts. Il représente chaque année 40% des catastrophes naturelles dans le monde, affecte 250.000 personnes et occasionne plusieurs dizaines de milliers de morts. »5

Définition du risque d’inondation dans les cours d’eau et ses composantes L’inondation de crue est « une submersion, rapide ou lente d’une zone habituellement située hors d’eau. » Lors d’une inondation de moyenne intensité le cours d’eau sort de son lit majeur pour investir son lit moyen, l’eau passe sur les berges. Par contre lorsque l’inondation est plus importante on dit qu’elle investit totalement son lit majeur. L’eau dépasse les berges et vient s’étendre dans la plaine. Dans ce cas la nappe phréatique est très souvent saturée et augmente le risque car l’eau de déordement ne peut être absorbée et évacuée par celle-ci. Ce phénomène naturel résulte de plusieurs composantes. Pour qu’il y ait inondation consécutive à une crue il faut une conjugaison entre l’intensité et la durée des pluies puis un type de comportement hydrologique du bassin versant qui favorise les inondations. Les inondations se manifestent sous différentes formes : l’affaiblissement de l’endiguement, les remontées d’eau par les nappes phréatiques ou encore les écoulements d’eau de pluie. 5 BESSON Liliane, REQUILLART Jean Pierre. Collab. (2010), Les risques naturels : de la connaissance pratique à la gestion administrative, Voiron,Techni.Cités ( ré edition complété de2005),p.109

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Surverse

Renard Hydrolique

Pour se protéger des crues l’Homme a voulu enfermer le fleuve dans son lit mineur par de grands endiguements. Cependant lors des grandes crues la pression de l’eau est tellement forte qu’elle arrive à traverser les digues par différents moyens.

La première forme de dépassement des digues est l’inondation par surverse. Dans ce cas l’eau passe par-dessus les digues de protection pour se répandre de l’autre côté. Généralement ce type d’inondation engendre la destruction de la digue en créant des brèches conséquentes qui deviennent des couloirs d’intrusion d’eau de forte puissance. En effet ce phénomène engendre une érosion progressive de la crête de levée, qui aboutit à une brèche qui finit par s’élargir avec l’érosion de part et d’autre de la digue. La digue est sensibilisée à ce phénomène par sa composition plus ou moins sableuse du remblai et l’hétérogénéité de sa compacité. La seconde forme est l’érosion interne de la digue appelée phénomène de renard hydraulique. Il consiste en une petite infiltration de l’eau dans la digue qui finit par s’engorger d’eau lors, de crues avec la vitesse et la force de l’eau, puis finit par faire s’écrouler la levée de crête. Les facteurs aggravant sont l’hétérogénéité des matériaux constituant le remblai ou la fondation, la mauvaise étanchéité du remblai, les excavations ou galeries dans l’ouvrage fait par des animaux tels que le ragondin, le castor, ou encore les racines d’arbres morts qui lorsqu’ils pourrissent laissent s’infiltrer l’eau. La dernière forme d’inondation vient de la digue elle-même. En effet lorsque le calcul de la pente de celle-ci n’est pas effectué correctement dans le lit mineur du cours d’eau on peut assister à un effet d’affouillement. C’est la partie immergée de la digue qui est sujette à l’érosion suite à de fortes pressions hydrauliques. Cela entraine un affaissement des matériaux constituant la digue qui engendre des perturbations hydrauliques sous forme de tourbillons. Ainsi les endroits du cours d’eau où le lit se rétrécit considérablement favorisent les vitesses hydrauliques accrues et par conséquent l’affouillement. L’inondation des plaines par les cours d’eau est donc très souvent une réponse à un endiguement du lit mineur mais on a vu précédemment que la donnée hygrométrique du bassin versant jouait un rôle dans la nature de l’inondation.

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Affouillement

Remontée de nappe

Les remontées de nappes sont une forme d’inondation. En effet lorsque la vitesse d’écoulement du cours d’eau augmente et que les ouvrages de protection fonctionnent il est possible que la pression dans le lit mineur dû à l’endiguement soit si forte que l’eau remonte par les nappes phréatiques déjà saturées. Ces inondations sont moins importantes au niveau de la hauteur de submersion mais elles touchent une grande étendue. La dernière forme d’inondation est liée à la précédente car il s’agit de la gestion des écoulements d’eau de pluie qui doivent en temps normal rejoindre la nappe phréatique par infiltration. Cependant une part de plus en plus grande des sols des villes est imperméabilisée et empêche cet écoulement naturel. Lors de fortes pluies, l’eau ne pouvant plus rejoindre les nappes phréatiques s’accumule et produit l’inondation. On a vu que l’Homme avait sa part de responsabilité dans la venue des crues que ce soit par l’endiguement des cours d’eau et la gestion de celui-ci ou par l’imperméabilisation des sols des villes mais il y aussi une composante de l’aléa qui est plus naturel : l’occurrence des crues.

Phénomène d’occurrence des crues « Une crue est l’augmentation du débit d’un cours d’eau dépassant plusieurs fois le débit moyen. Phénomène limité dans le temps, elle comprend trois phases caractéristiques : la montée de crue, le maximum et la décrue. Il y a inondation lorsque le débit de crue, supérieur à la capacité du lit mineur, déborde dans le lit majeur.»6 Le débit est calculé à un point donné, il équivaut à la quantité d’eau (en m3) passant en ce point par seconde, il s’exprime en seconde. En France les crues sont générées par de fortes pluies dans un laps de temps plus ou moins long. Les pluies ont un régime très irrégulier qui entraine la variation des débits de cours d’eau très forts. Cependant nous avons constaté que le phénomène de crue a une fréquence d’apparition suivant l’importance de son débit. 6 BESSON Liliane, REQUILLART Jean Pierre. Collab. (2010), Les risques naturels : de la connaissancepratique à la gestion administrative, Voiron,Techni.Cités ( ré edition complété de2005),p.109

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Champ d’inondation Controlé

C’est ce que l’on appelle l’occurrence. Elle est exprimée en fréquence. On caractérise une crue en disant qu’elle est décennale, centennale ou bicentennale par exemple. Ce qui veut dire qu’il y a une chance sur cent qu’elle se produise chaque année pour une crue centennale ou une chance sur deux cent chaque année pour une crue bicentennale. Ces indications ne sont que des probabilités, en effet il se peut qu’une crue décennale se produise à un intervalle plus réduit. Ces crues peuvent donc se produire avec une fréquence relativement connue indépendamment des phénomènes météorologiques. Nous allons voir de quelle manière l’Homme a tenté de gérer ces crues avec des infrastructures de protection.

Les protections physiques contre les inondations Suites aux catastrophes naturelles précédentes l’Homme a essayé de mettre en place des dispositifs de protection contre l’aléa d’inondation. Ces dispositifs peuvent prendre la forme d’infrastructures lourdes ou de recommandations techniques pour les habitants. Les échelles de mise en place de ces dispositifs sont larges partant de l’échelle territoriale jusqu’à l’échelle de l’habitat. Le barrage C’est un ouvrage d’Art construit en travers d’un cours d’eau. Ces fonctions sont multiples, il peut servir à stocker l’eau, à réguler le débit (par conséquent protéger des crues), générer de l’électricité, ou encore servir de réserve d’eau potable. Il induit un fort impact environnemental, visuel et humain lors de sa construction.7 Les champs d’inondation contrôlée Ils permettent de gérer différents espaces qui servent de bassins de rétention. En effet lorsque le cours d’eau est en crue et que le débit augmente on peut décider d’ouvrir la digue ponctuellement à l’aide d’un déversoir d’alimentation pour permettre à l’eau d’investir le champ d’inondation contrôlée. 7 Wikipédia encyclopédie libre, http://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage, consultée le 10/04/2012

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Digue

Le débit du cours d’eau est ainsi réduit en étalant la crue sur de grandes étendues au lieu de la renfermer à l’intérieur des digues. Ce système n’est utilisé que pour les crues supérieures aux crues trentennales.8 La digue Une digue est un ouvrage destiné à contenir, à guider les cours d’eau ou s’en protéger. Il est installé longitudinalement au cours d’eau et il est constitué soit d’un remblai naturel ou artificiel, le plus souvent en terre. Ces digues sont construites de différentes manières. En effet les digues sont généralement réalisées avec les matériaux alentours de qualités très diverses. Ces ouvrages sont sujets aux intempéries et sont construits sur le long terme, ils font donc l’objet de rehaussement, renforcement et multiples réparations. Pour protéger les digues la surface est très souvent végétalisée ou recouverte d’enrochement. Lorsque la place nécessaire à la réalisation est trop étroite comme dans les villes les digues sont construites comme des murs, autrefois en maçonnerie et aujourd’hui en béton armé. Dans certains cas des ouvrages qui n’étaient pas destinés principalement à servir de digues jouent un rôle dans le maintien des eaux dans leurs cours comme par exemple certains tracés ferroviaires ou encore routiers.9

8 Symbhi.fr les rivières et nous, http://www.symbhi.fr/10437-les-champs-d-inondationcontrolee.htm , consulté le 16/03/2012 9 RATH, Aymeric (2010), Cohabitons avec la menace !, Paris, Ecole Nationale Supérieure d’ Architecture de Paris Val de Seine, p.18

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Noue

Zone de survie

Les digues de canaux Les canaux sont généralement alimentés artificiellement et les digues servent à maintenir l’eau à l’intérieur de ceux-ci. Ces canaux peuvent servir à l’irrigation ou à la production d’hydroélectricité. Esthétiquement ces digues de canaux ne sont en général pas beaucoup travaillées. Les noues paysagères C’est un espace régulièrement inondé qui peut avoir plusieurs fonctions. Il est régulièrement longitudinal, à ciel ouvert avec un faible encaissement. Ces ouvrages récoltent les ruissellements de pluies, et peuvent participer au développement de l’écosystème grâce à des plantes spécifiques soit pour la dépollution des eaux de pluies soit par la mise en place de végétation hydrophile. Elles servent principalement à filtrer les eaux et parfois peuvent servir aussi de bassin de rétention en laissant s’infiltrer l’eau mais de manière plus réduite. L’habitat Plusieurs réflexes à avoir en tant qu’habitant sont référencés par les communes et mis à disposition des habitants dans des mémentos. Ceux-ci consistent à protéger dans un premier temps les habitants puis les biens. Pour cela il est demandé de créer un espace refuge hors d’eau, de surélever les meubles précieux à l’aide de parpaing, d’installer des canalisations dotées d’un clapet anti-refoulement et de couper gaz et électricité lors de crues.10

Nous avons vu jusqu’ici des moyens de prévention physiques contre le risque d’inondation mais il existe aussi des moyens non négligeables de prévention qui sont la mémoire du risque et la pédagogie du risque.

10 Mémento pratique du particulier, http://www.mrn.asso.fr/system/files/Memento_inondations.pdf ,consulté le 20/03/2012

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PECH

La culture du risque comme outil de prévention La culture du risque est divisée en deux parties : la mémoire du risque et la pédagogie du risque. La mémoire du risque consiste à mettre à disposition des habitants des repères afin qu’ils puissent voir les risques auxquels est soumise la commune où ils habitent. Ces informations peuvent prendre différentes formes. Les repères de grandes crues sont des marquages apposés sur un support généralement scellé à un monument ou à un édifice public, mais parfois privé, qui matérialisent le niveau le plus haut atteint lors d’une crue historique, celle-ci est accompagnée de la date de l’évènement. Les échelles de crues sont des échelles mises en place le plus souvent sur les rives du cours d’eau qui a débordé et montrent les hauteurs d’eau exceptionnelles des crues passées (PECH Plus Hautes Eaux Connues).11 Lorsque les hauteurs renvoient aux dates précises de la crue alors cela devient des repères de grandes crues. Depuis l’arrêté du 09/02/2005 les repères contribuant à la prévention des risques ont été généralisés à l’ensemble de la France et répondent à une charte graphique particulière. La pédagogie du risque représente tous les moyens mis en œuvre par les différents acteurs de la prévention afin de permettre aux habitants soumis au risque d’inondation de mieux connaître les causes de l’évènement ainsi que les moyens de s’en protéger.

11 Les repères de crues, http://www.inondationsdoubs.fr/documents/documents/Quifaitquoi/Maire/reperes.pdf, consulté le 10/04/2012

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Aléa

Enjeu

Risque

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B _ Liens entre aléa, enjeu et risque : que faire face à ce dernier ? Nous avons vu précédemment que le risque d’inondation n’était pas un phénomène entièrement prévisible à cause de la base du problème qui est l’aléa et que seule une probabilité de celui-ci pouvait être démontrée. Mais alors quel est le lien entre l’aléa, et le risque ?

Relation entre l’aléa et le risque : l’enjeu Depuis toujours les plaines avec leurs cours d’eau ont attiré les populations. En effet la présence permanente de l’eau permet le développement de diverses activités telles que le transport, la navigation, l’eau potable, et l’artisanat, sans oublier tout le potentiel de développement industriel. Au 19ème et 20ème siècle l’industrialisation des villes bordées par les cours d’eau engendre la multiplication des installations dans les vallées. Durant les trente glorieuses (19451975) ce phénomène atteint son paroxysme, les industries s’installent en fond de vallée car les terrains sont facilement aménageables, de même que la ville. Dans un même temps les aménagements fluviaux donnent l’impression que tout risque d’inondation est écarté. C’est la grande illusion de l’Homme qui pense détenir la maîtrise totale des fleuves et celle-ci est renforcée par le fait qu’il n’y a pas eu de grandes inondations au cours de ces trois décennies. A partir de ce moment les industries, les commerces et les lotissements pavillonnaires se sont implantés très largement en fond de vallée sans précaution particulière vis-à-vis de l’inondation jusque dans les années 1980. En effet un nombre important d’inondations dans les années 1980-1990 a rappelé à tous que le risque d’inondation est toujours présent. L’effet indésirable de ce rappel à l’ordre de la nature est augmenté par la concentration des biens, des activités et des personnes dans les zones submersibles. C’est ainsi que le phénomène de risque nous est apparu.

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En effet, le rapport entre l’aléa d’inondation et le risque est une question d’enjeu. S’il n’y a pas d’enjeu alors l’aléa ne constitue pas un risque mais dès lors que l’aléa est conjugué avec des enjeux c’est qu’il représente un risque humain, économique, environnemental ou physique : « La définition du terme « enjeu » se rattache à ce que l’on peut perdre ou gagner dans n’importe quelle entreprise. » Autrement dit « L’enjeu correspond à la valeur totale (morale, financière, économique, sociale, psychologique...) attribuée à toute entité (prioritairement les personnes puis les biens, les activités, les moyens, le patrimoine...) susceptible d’être affectée par un phénomène naturel et d’en subir des préjudices ou des dommages. »12 Pour rendre compte de la notion d’enjeu liée à l’inondation nous ne pouvons pas nous contenter de regarder simplement les zones touchées directement par celle-ci car en réalité surtout sur le plan économique les enjeux peuvent toucher les habitants jusqu’à l’échelle d’un territoire. En effet si on regarde d’un point de vue économique les enjeux liés à la crise qui survient avec l’inondation on remarque que les implications peuvent être d’ordre beaucoup plus étendue que la simple zone où l’eau s’est propagée. « C’est tout un territoire qui est concerné de près ou de loin par l’inondation. »13 Ce dernier aspect fondamental dans la compréhension des enjeux liés à l’aléa n’est très souvent pas pris en compte. D’après le rapport de Mathieu SAINT MICHEL étudiant en master « Eau Potable et Assainissement » à l’Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg (ENGEES), on peut classer les enjeux selon deux types : les enjeux directs et indirects. Les enjeux directs sont ceux que l’on trouve en zone inondable, implantés par l’homme. On peut les classer par acteurs. Les particuliers sont les personnes directement concernées par l’aléa, la garantie de la sécurité humaine est le premier enjeu auquel il faut répondre. De plus les biens immobiliers et mobiliers sont aussi concernés car très souvent détériorés voire détruits lors des crues. Le secteur économique est un enjeu très important car il prend place durant la crise mais aussi à postériori. En effet les enjeux sont représentés par les stocks, le matériel, les pertes d’exploitation et les difficultés financières associées. 12 SAINT MICHEL Mathieu (2008), Analyse des enjeux et de la vulnérabilité au risque d’inondation du fleuve Charente : l’exemple de Saintes, http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:lnF2i 4ooc9sJ:engees-proxy.u-strasbg.fr/333/01/SAINT-MICHEL_rapport.pdf+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&clie nt=firefox-a ,consulté le 21/04/2012 13 SAINT MICHEL Mathieu (2008),ibid

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Les enjeux pour le secteur public sont les établissements d’éducation ou de soins et les infrastructures routières ou patrimoniales. Enfin les réseaux publics ou privés sont un enjeu important car ils permettent le bon fonctionnement du quotidien de chacun (eau potable, électricité, télécommunications, déchets, transports en commun …) Les enjeux indirects sont ceux qui lient l’évènement dans le temps et l’espace. En effet d’un point de vue spatial une inondation est une coupure entre deux parties d’un territoire comme peut l’être une rivière avec ces deux rives. D’un point de vue temporel il faut comprendre qu’une crise comme l’inondation se fait en deux temps. La crise durant laquelle, comme on l’a vue précédemment, plusieurs enjeux sont touchés directement et la phase post-crise durant laquelle des enjeux sont visibles mais généralement moins pris en compte par les acteurs de la gestion d’inondation comme par exemple le vieillissement prématuré des équipements ou la perte de clientèle…

Mise en avant du phénomène de vulnérabilité Nous avons vu que les enjeux peuvent se manifester de manières très diverses. La notion de vulnérabilité est liée à ces enjeux. Le Plan de Prévention des Risques Naturels définit la vulnérabilité comme étant « au sens le plus large, le niveau de conséquences prévisibles d’un phénomène naturel sur les enjeux »14. Le but étant par des principes de protection et de prévention de réduire au maximum les coûts humains, économiques et environnementaux pour la société. On voit apparaître de plus en plus le concept de mitigation. Ce mot est utilisé dans la réduction de la vulnérabilité dans le domaine du risque ou des études d’impact et surtout dans les pays anglo-saxons. L’étymologie de mitigation vient du latin mitigare qui signifie adoucir.

14 SAINT MICHEL Mathieu (2008), Analyse des enjeux et de la vulnérabilité au risque d’inondation du fleuve Charente : l’exemple de Saintes, http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:lnF2i4 ooc9sJ:engees-proxy.u-strasbg.fr/333/01/SAINT-MICHEL_rapport.pdf+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&clien t=firefox-a ,consulté le 21/04/2012p.48

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« La mitigation est la mise en œuvre de mesures destinées à réduire les dommages associés à desrisques naturels ou générés par les activités humaines. »15 C’est-à-dire réduire la vulnérabilité. La vulnérabilité des personnes dépend de plusieurs choses d’après le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement. Il s’agit premièrement de notre connaissance préalable du phénomène (information préventive), deuxièmement des caractéristiques du phénomène (intensité, rapidité, étendue…), puis de nos conditions d’exposition ou au contraire d’abri (intérieur ou extérieur d’un bâtiment, d’un véhicule, résistance du lieu de refuge, obscurité, froid, sommeil), de l’importance de notre formation aux premiers gestes de sécurité, et enfin de notre comportement durant le phénomène. Pour ce qui concerne la protection contre la vulnérabilité des biens, leur vulnérabilité « dépend du lieu, de leur localisation et de leur résistance intrinsèque. »16 La vulnérabilité n’est pas quelque chose de facile à entendre pour les personnes qui y sont soumises car « Faces à ces phénomènes (catastrophes naturelles) les habitants se trouvent souvent désemparées. Car habiter un lieu sûr, protégé et sans soucis particuliers demeure l’une des conditions essentielles à leur existence. Une inscription dans le droit international stipule d’ailleurs que chaque individu a droit à un logement convenable (art.11 du Pacte internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels de 1976). »17 Les personnes qui vivent, habitent dans des zones à risques sont confrontées d’un coté à la catastrophe et de l’autre au pouvoir décideur qui cherche à limiter la vulnérabilité. « Cependant, et les catastrophes nous le rappellent, rien n’est moins immuable qu’un environnement habité (Pattaroni et al., 2009). On peut en être délogé, il peut être dégradé et pollué, il peut même être totalement détruit... Pour peu que l’on y découvre la présence de risques, la relation à l’habitat devient radicalement différente. En effet, identifier des risques implique une (ré)action, qu’elle soit institutionnelle, fasse l’objet de politiques publiques, ou qu’elle relève de citoyens ou de résidents ; Quitter les lieux risqués, 15 Prim.net bouquet de prévention risques majeurs, http://www.risquesmajeurs.fr/comment-reduire-lesrisques-le-concept-de-mitigation, consulté le 25/04/2012 16 Prim.net bouquet de prévention risques majeurs, ibid 17 NOVEMBER, Valérie, PENELAS, Marion et VIOT, Pascal (2011), Habiter les territoires à risque,espace en société logique territoriale, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, p.2

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choisir d’y rester, en être expulsé ou ne pas pouvoir les quitter sont autant de modalités qu’il convient d’examiner de plus près. »18 Très souvent les personnes soumises au risque d’inondation ne mesurent pas exactement l’ampleur de leur vulnérabilité. On peut voir un exemple l’impact qu’à la vulnérabilité et l’incompréhension du phénomène de crue dans l’exposition Qui l’eut cru(e).

L’exposition Qui l’eut cru(e) Ce projet est une initiative institutionnelle qui utilise la culture pour questionner les rapports entre les riverains du fleuve du Rhône avec le phénomène de crue. C’est avec une démarche de chercheur que David DESALEUX et Jérôme HUGUET ont arpenté les bords du Rhône de septembre 2008 à juin 2009 afin de montrer leur projet itinérant et recueillir les paroles des habitants de ces territoires un peu particulier que sont les territoires soumis au risque d’inondation. Ces témoignages, au nombre de 16, permettent de voir le rapport possible qu’entretiennent ces personnes avec le fleuve et ses crues. De plus les étudiants de l’école de photographie de Gobelins ont été sollicités pour participer à l’exposition en créant des compositions photographiques qui expriment l’imaginaire du rapport de l’Homme à son fleuve et à ses crues suite aux entretiens effectués avec les riverains. L’exposition est donc constituée de témoignages qui sont présentés comme étant « des paysages sonores »19 sur les cinq territoires qui ont accueillis le projet itinérant : Brégnier-Cordon, Condrieu, La Voulte-sur-Rhône, Beaucaire et Port-SaintLouis-du-Rhône. L’exposition est constituée des vidéos de personnes interrogées ainsi que de tirages photos des étudiants.

18 NOVEMBER, Valérie, PENELAS, Marion et VIOT, Pascal (2011), Habiter les territoires à risque,espace en société logique territoriale, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, p.2 19 Qui l’eût cru(e) si le Rhône m’était conté, http://www.quileutcrue.com/, consulté le 3/03/2012

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Crédits photographiques : Qui l’eût cru(e) si le Rhône m’était conté, http://www.quileutcrue.com/, consulté le 3/03/2012

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Crédits photographiques : Qui l’eût cru(e) si le Rhône m’était conté, http://www.quileutcrue.com/, consulté le 3/03/2012

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Cette notion de prise de conscience de sa vulnérabilité nous amène à nous questionner sur les institutions qui sont là pour réduire la vulnérabilité des riverains des fleuves de France.

Historique de la prise en compte du risque d’inondation en France Lors de la journée d’éducation au Risque Inondation qui s’est tenue à Lyon à la maison du Fleuve Rhône en partenariat avec Le Grand Lyon et EPTB Etablissement Public Territorial du Bassin Saône et Doubs en novembre 2010, il a été présenté un document montrant les différentes étapes de la prise en compte de la gestion du risque d’inondation par le gouvernement.20 Les principaux textes fondateurs sont chronologiquement : 1982 : La loi CATNAT fait suite aux inondations de 1981-1982 de la Saône, de la Moselle… Elle ouvre droit à l’indemnisation des victimes et introduit le principe de solidarité internationale. 1992 : La loi sur l’Eau met en place la protection des cours d’eau et de l’environnement. 1995 : La loi Barnier a été créée après les inondations des cours d’eau de Vaison-la-Romaine plus l’Ardèche et la Drôme, elle met en place les plans de prévention et de contrôle de la construction en zone inondable (PPR). 2003-2004 : La loi « Risques » et la loi de Modernisation de la sécurité civile donne suite aux inondations de la Somme en 2001, du Gard en 2002 et du Rhône en 2003. Elle introduit le principe de réduction de la vulnérabilité, de culture du risque, de l’information préventive et dans un même temps organise les secours et met en place l’obligation d’information.

20 La Gestion du Risque Inondation aspects réglementaires et actions de protection collectives et individuelles, http://www.maisondufleuverhone.org/fichierspdf/grandlyon/CBorgetEPTBSD.pdf, consulté le 20/04/2012

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2007 : Réalisation d’une Directive Européenne « inondations » dont la transposition était en cours en 2010. Elle prévoyait une homogénéisation de l’évaluation des risques ( Q100), une cartographie, et une estimation des enjeux ainsi que leur hiérarchisation. On peut constater que les grandes initiatives émanent très souvent d’un phénomène naturel qui vient perturber les bons fonctionnements des enjeux et rappellent la vulnérabilité à laquelle ils sont soumis. Voici maintenant les grands principes classés par thème de ces lois fondatrices de gestion du risque d’inondation. La prévision et les alertes précisent la répartition des responsabilités et la centralisation des compétences, la responsabilité de l’Etat quant à la prévision sur les grandes rivières, le fait qu’il y ait un Service de Prévision des Crues (SPC) centralisé par bassin avec un appui technique à Toulouse, le règlement d’annonce (RIC) par bassin qui représente des seuils de vigilance par tronçon (vert/jaune/rouge), l’obligation pour le Maire d’alerter la population, la possibilité de surveiller les crues à venir sur le site internet de Vigicrues, et enfin la répartition des tronçons non couverts par le gouvernement, laissée à l’initiative des collectivités territoriales (commune). La surveillance et l’entretien des ouvrages montrent une tendance à responsabiliser au maximum les propriétaires et gestionnaires avec un classement des digues intéressant la sécurité publique, une obligation de surveillance et d’entretien, une traçabilité avec un dossier de digue, une inspection visuelle régulière, une étude de danger et des simulations de ruptures des digues ainsi que l’information des populations protégées. L’information préventive et la connaissance de l’aléa est l’introduction des grandes études sur l’Aléa avec des atlas sur les zones inondables et les Plans de Préventions des Risques réalisés par l’Etat, l’inventaire et la pose des repères de crues normalisées ensuite par l’Union Européenne, et une information biennale par le Maire avec des affichages et des réunions. L’organisation de la sécurité Civile et des secours. L’Etat fixe le cadre de l’implication des maires qui deviennent Directeurs des Opérations de secours en attendant l’intervention du Préfet, il précise aussi l’obligation de réaliser un Plan Communal de Sauvegarde (PCS), et la responsabilité pour chaque Maire de donner l’alerte, d’indemniser les victimes, en passant par la gestion de la sauvegarde et l’hébergement.

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Urbanisme et Construction : Application générale d’un principe de précaution. Effectivement on donne au Maire le droit d’interdire la construction en connaissance des risque encourus ( R111-2), réalisation des PPR qui sont des documents réalisés par l’Etat qui passent au-dessus du Plan Local d’Urbanisme en définissant des zones exposées au risque (zones inconstructibles en rouge et zone soumises à conditions en bleu) puis un rajout dans le PPR d’un objectif de préservation des zones d’expansion des crues et la prescription de travaux pour les particuliers et les collectivités ainsi que l’amélioration de la concertation au stade de la réalisation. On peut voir ici que beaucoup de domaines sont touchés par les grands principes de gestion du risque d’inondation et qu’ils mettent en synergie différents acteurs de création et préservation des paysages français. Cependant quels sont les outils mis à leur disposition ?

Deux exemples d’outils pour les intervenants Les deux outils dont il est question ici sont les Plans de Prévention des Risques (PPR) et le site internet Vigicrue. Ces dispositifs sont des principes de prévention à l’échelle du territoire et de la Commune. Le Plan de Prévention des Risques est, d’après le site du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement21, un document qui est réalisé par l’Etat afin de définir quelles sont les zones réglementées en fonction du risque d’aléa naturel. Il existe des Plans de Prévention des Risques Naturels et Technologiques qui regroupent les thématiques des différents aléas possibles comme, les éboulements, les avalanches ou encore les inondations pour les risques naturels. L’objectif de cette politique de prévention des risques est de « permettre un développement durable des territoires, en assurant une sécurité maximum des personnes et un très bon niveau de sécurité des biens. »22

21 Prim.net bouquet prévention risques majeurs, http://www.risquesmajeurs.fr/les-plans-de-preventiondes-risques-naturels-ppr, consulté le 24/04/2012 22 Prim.net bouquet prévention risques majeurs , ibid

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Et cela se fait à travers des objectifs particuliers qui sont la meilleure connaissance des phénomènes et de leurs incidences, l’assurance d’une surveillance des phénomènes naturels, la sensibilisation de la population quant au risque qu’elle encoure et les moyens pour elle de s’en protéger, la prise en compte du risque dans les principes d’aménagement, adapter et protéger les protections déjà en place sur le réseau, et tirer des leçons des catastrophes naturelles qui se produisent. La prévention des risques est une politique globale qui doit favoriser la prise de conscience des collectivités et aux habitants face au risque car « la protection des lieux habités, par des ouvrages réalisés par l’Etat ou par les Collectivités Locales, contribue à réduire la vulnérabilité de l’existant, et vise à améliorer les conditions de vie face aux risques. »23De plus elle instaure un schéma de cohérence territoriale afin de prendre en compte les risques naturels dans l’aménagement des villes, la gestion des territoires et la construction. A ce titre il doit figurer en complément du Plan Local d’Urbanisme. Le Plan de Prévention des Risques est un document élaboré à la suite des différentes concertations entre l’Etat et les communes et soumis à une enquête publique. Il est composé d’un rapport de présentation qui explique le phénomène pris en compte ainsi qu’une étude des impacts de celui-ci sur les biens existants et futurs, d’une carte qui délimite les zones soumises à la réglementation ainsi qu’un texte explicatif des recommandations à suivre pour chaque zone. Il réglemente les zones à fort risque du point de vue de la construction, de l’urbanisme et de la gestion d’espaces (agricoles par exemple) pour que le phénomène ne soit pas aggraver et ne soit pas vulnérable en cas de catastrophe. Cet outil de prévention (PPRI) à un coût qui est financé pour moitié par le fond de prévention des risques naturels majeurs. En décembre 2002 plus de 3 700 communes en étaient pourvus. D’autant plus que l’on constate une augmentation considérable des moyens financiers consacrés à leur réalisation ces dernières années. Ainsi on constate que l’Etat a réussi à bien réglementer les prises en compte du risque d’inondation en lien avec les Communes touchées ou susceptible de l’être par la catastrophe.

23 Prim.net bouquet prévention risques majeurs, http://www.risquesmajeurs.fr/les-plans-de-preventiondes-risques-naturels-ppr, consulté le 24/04/2012

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Carte Vigicrue (croquis)

Mais ce dispositif participe principalement à la conception des territoires français alors que VIGICRUE permet de mieux connaitre les particularités de l’aléa afin de réduire la vulnérabilité en temps réel. Vigicrue est un site internet élaboré par les services de l’Etat afin de pouvoir connaître en temps réel l’état d’alerte des cours d’eau dont il a la charge. Le principe de cet outil est d’informer la population et les acteurs de la gestion de crise en cas de risque d’inondation sur les cours d’eau qui sont à la charge de l’Etat. C’est-à-dire les cours d’eau dont l’Etat à la charge de surveillance, de prévision et d’information des crues. « La vigilance crue est fondée sur les mêmes principes que la vigilance météorologique mise en place par Météo France depuis 2001. »24L’information de prévision est transmise par une carte regroupant tous les cours d’eau dont il est question et les sépare en trois tronçons suivant si le risque est grand (en rouge), moyennement grand (orange), jaune s’il l’est encore moins et vert si il n’y a aucun risque de crue. Cette carte est utilisée par la sécurité civile, le Maire et le Préfet, lorsqu’ils doivent transmettre l’alerte nécessaire et déclencher les secours. Elle est de plus accompagnée par des bulletins d’information nationaux et locaux qui permettent d’avoir de plus amples informations quant à la crue : son intensité, sa chronologie, et des précisions pour quelques stations de références. Ces dossiers complémentaires peuvent aussi donner des indications sur les conséquences possibles de l’inondation et des conseils de comportement définis par les pouvoirs publics le cas échéant. En plus de la surveillance en temps réel cet outil permet d’enregistrer une banque de données sur les principales stations hydrologiques afin de développer un registre d’analyses et de retours d’expériences. On peut donc obtenir en tout temps un graphique ou un tableau concernant les dernières hauteurs d’eau connues et les derniers débits qui ont été enregistrés.

24 Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, http://www. developpement-durable.gouv.fr/Site-Vigicrues.html, consulté le 26/04/2012

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L’innovation de ce procédé est que la carte de prévision, est disponible en tout temps. Les données sont réactualisées deux fois par jour à 10h et 16h et parfois lors de crues conséquentes les données peuvent être complétées à tout moment si la rapidité d’évolution de la crue le demande. Nous avons vu que le gouvernement sait se munir d’outils de prévention et de conception en lien avec les risques auxquels la population est exposée. Cependant nous pouvons nous demander vers quelles tendances gouvernementales les autorités s’engagent afin d’améliorer la gestion de la prévention et de la protection en France.

Evolution des tendances gouvernementales Le gouvernement a pris en compte le risque d’inondation comme nous avons pu le voir avec les nouvelles lois et des outils mis à la disposition des pouvoirs publics et du citoyen et nous pouvons à présent voir quelles sont les tendances à venir dans cette gestion gouvernementale du risque de crue. Le gouvernement tend à répartir les responsabilités sur le plan juridique en les partageants entre l’Etat, les collectivités et les riverains. De manière générale c’est la prévention qui est mise en place avec le principe de précaution. Cette façon de gérer le risque implique la réglementation de l’information préventive et la prise en compte du risque de rupture des ouvrages collectifs. Ainsi l’Etat émet une réserve quant aux décisions, contrôles et réglementations des ouvrages de protection construits ultérieurement. La meilleure connaissance de l’aléa permet de comprendre le facteur aléatoire de celui-ci et d’en prendre cas dans les réglementations comme pour les évènements rares et les constats de réchauffement climatique.

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Enfin la gestion gouvernementale vise à faire attention à l’affectation de l’argent mis à disposition pour la prévention des crues avec des analyses des coûts et des bénéfices plus poussés ainsi qu’un investissement contrôlé et géré. Le but décrit par le gouvernement est de « limiter et fiabiliser les ouvrages collectifs ainsi que privilégier la prévention et la réduction de la vulnérabilité. »25 Nous avons vu que l’Etat met en place un certain nombre de lois ainsi que des outils de prévention dans le but de limiter les conséquences de l’aléa d’inondation sur le territoire. Ces réglementations mettent en relation différentes personnes qui sont en charge de gérer le risque sur le territoire français mais on peut alors se poser la question de responsabilité des différents acteurs de la gestion du risque d’inondation.

25 Etablissement Public Territorial du bassin saône et doubs, La gestion du risque inondation aspects réglementaires et actions de protection collectives et individuelles,p.12

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C _ Gestion du risque, un jeu d’acteur Les différents acteurs de la protection contre les inondations D’après un document du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement on peut voir que la gestion du risque d’inondation est gérée par une multitude d’acteurs.26 « La prévention des risques majeurs est une activité qui concerne plusieurs ministères, les Collectivités Territoriales et plusieurs organismes publics »27. Les différents niveaux d’interventions sont répartis au niveau national et local. Au niveau national les trois ministères qui interviennent principalement dans la gestion du risque sont le Ministère du Développement Durable, le Ministère de l’Intérieur, et le Ministère de l’Économie. On retrouve ainsi trois parties importantes dans la gestion du risque : l’introduction du développement durable, la protection des personnes et l’économie des ouvrages réalisés et des enjeux. Le rôle du Préfet du département Il est le représentant de l’Etat et dirige donc la mise en œuvre locale des politiques de l’Etat, reçoit et supervise les demandes d’autorisation. Le principal outil dont il dispose est un Service Interministériel de Défense et de Protection Civile (SIDPC). De plus il assure l’organisation des secours dans le cadre du centre opérationnel départemental. Ses missions sont de présider la Commission Départementale des Risques Naturels Majeurs (CDRNM), mettre en œuvre et diriger le dispositif Orsec départemental anciennement plan d’urgence et organiser au niveau départemental des réflexions sur la gestion des risques majeurs.

26 nMinistère de l’Écologie, du développement durable, des Transports et du Logement (2011), La démarche française de prévention des risques majeurs, Direction Générale de la Prévention des risques, 83p. 27 Prim.net bouquet prévention risques majeurs, http://www.risquesmajeurs.fr/definition-generale-durisque-majeur, consulté le 18/04/2012

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Le rôle du Conseil Général du département Il définit les politiques d’investissement et de financement de tous les services spécialisés permettant la gestion du risque. Le Préfet à la responsabilité du secours aux victimes avec l’appui du Service Départemental d’ Incendie et de Secours (SDIS) et du Service d’ Aide Médical Urgent (SAMU). Le rôle des collectivités territoriales D’après l’Etat « La gestion des risques est placée sous la responsabilité du Maire et du Préfet de Département, mais les Collectivités Territoriales jouent un rôle accru dans cette gestion »28 Le Maire est le lien direct entre l’Etat et le riverain. Il doit permettre le bon fonctionnement des réglementations à l’échelle communale et participe à l’élaboration et la négociation du Plan de Prévention des Risques (PPR).

28 Ministère de l’Écologie, du développement durable, des Transports et du Logement (2011), La démarche française de prévention des risques majeurs, Direction Générale de la Prévention des risques, p.12

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Controverse entre l’Etat et le pouvoir communal Nous avons pu voir comment l’Etat et les Maires doivent gérer le risque et la répartition des tâches de chacun seulement les choses ne sont pas aussi simples car très souvent l’Etat et les communes n’ont pas les même enjeux. Si l’on prend l’exemple de la mise en place des Plans de Prévention des Risques expliqué un peu plus tôt on se rend compte que l’Etat et les Maires ne sont pas toujours d’accord quant à la manière d’aborder les choses, c’est la controverse entre l’Etat et le pouvoir communal. D’après l’article de Mathilde GRALEPOIS, Maître de Conférences à l’Université de Tours et chercheuse au laboratoire CITERES (Centre Interdisciplinaire Cités, Territoires, Environnement et Sociétés) l’Etat et les Communes ont des divergences quant à la mise en place des zonages dans le Plan de Prévention des Risques Naturels et Technologiques.29 La controverse qui se met en place autour des plans de prévention induit un « rapport de force entre les autorités locales et les services de l’Etat. »30 Elle explique comment « les processus décisionnels issus des concurrences de légitimité modifient substantiellement la prise en compte des risques dans l’aménagement du territoire ».31 Elle prend l’exemple de Lyon. La Commune de Lyon a souhaité mettre en place un plan de prévention des risques seulement la cartographie réalisée par les services de l’Etat met en zone inconstructible une partie de la commune destinée à une utilisation commerciale. Dès lors, la scène de négociation des risques devient une scène de controverse. On assiste là, à un troc entre les enjeux et l’aléa considéré par certains comme enjeux économiques. Un autre exemple nous montre les tensions qui peuvent exister entre l’envie des Communes de bâtir pour répondre à la croissance et le principe de prévention des services de l’Etat. Il s’agit de la boucle des Sablons à Meylan. Lors d’un entretien avec Phillipe BELLEUDY chercheur au Laboratoire d’Études des Transferts en Hydrologie et Environnement à l’Université Joseph Fournier de Grenoble nous avons parlé de ce petit bout de terrain qui a été l’objet de 29 GRALEPOIS, Mathilde, « Négociation et controverse des périmètres de prévention des risques », BESSON Liliane, REQUILLART Jean Pierre. Collab. (2010), Les risques naturels : de la connaissance pratique à la gestion administrative, Voiron,Techni.Cités (réédition complété de 2005) 30 GRALEPOIS, Mathilde,ibid, p.121 31 GRALEPOIS, Mathilde, ibid

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controverses entre La Métro et La commune de Meylan lors de la mise en place d’un projet de prévention des risques à l’échelle de tout le bassin de l’Isère jusqu’au Grésivaudan. On peut voir que « dans le cas de planification des périmètres de risques collectifs, les services de l’Etat défendent leur identité en renfermant davantage la « boite noire » du calcul de l’aléa […] or les Collectivités Locales revendiquent leur pouvoir local d’aménagement des territoires. »32 Seulement, à la fin du processus de mise en place du Plan de Prévention des Risques, seul le Maire a décision suprême en ce qui concerne l’autorisation de construction dans sa Commune. Aussi pour des raisons économiques, sociales ou politiques, un Maire peut-il passer outre l’avis contraire des services de l’Etat, s’il estime que ces derniers ont surévalué les risques encourus dans cette zone ? Vers une gestion européenne du risque d’inondation Nous avons vu comment la gestion du risque était gérée en France mais qu’en est-t-il du reste de l’Europe ? Le compte rendu de la Commission Européenne du 12 juillet 2004 sur la gestion des risques liés aux inondations, prévention, protection et mitigation des inondations » fait l’état des risques d’inondation encourus en Europe et de la marche à suivre pour contrer ce phénomène à l‘échelle européenne. Entre 1998 et 2002 il y a eu plus de 1 000 inondations majeures en Europe, particulièrement celles du Danube et de l’Elbe en 2002. Ces inondations ont eu de gros impacts sur les personnes touchées, que ce soit sur le plan démographique (environ 700 tués depuis 1998), sur le plan social (environ un demi-million de personnes déplacées), sur le plan économique (au moins 25 milliards d’euros de pertes économiques en matière d’assurance) ou encore sur le plan environnemental.

32 GRALEPOIS, Mathilde, « Négociation et controverse des périmètres de prévention des risques », BESSON Liliane, REQUILLART Jean Pierre. Collab. (2010), Les risques naturels : de la connaissance pratique à la gestion administrative, Voiron,Techni.Cités (réédition complété de 2005) p.137

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De plus la commission pense que la fréquence des inondations va augmenter du fait du changement climatique et de l’installation des personnes et des biens dans les zones à risque en augmentation. C’est pourquoi des plans de préventions transfrontaliers se mettent en place dans les pays riverains des grands fleuves européens tels que le Rhin, la Meuse, le Danube, la Saar, la Moselle ou encore l’Elbe. On va vers un programme d’actions européennes en matière de gestion du risque d’inondation. La commission propose aux Etats membres un programme d’action visant une gestion du risque d’inondation coordonnée pour la prévention, la protection et l’atténuation des effets des inondations.33 Ce projet comprendrait une coordination améliorée dans la gestion du risque, une amélioration des échanges d’informations et de partage d’expériences ainsi que la promotion des bonnes pratiques, le développement de liens forts dans la recherche et des autorités chargées de la gestion du risque, l’amélioration de la coordination des politiques communautaires pertinentes et pour finir une participation plus grande des pays concernés afin d’augmenter la prise de conscience générale sur les risques d’inondations. Ainsi on peut constater que la gestion du phénomène d’inondation est en passe d’être instrumentalisée par l’Europe toute entière afin de réduire au maximum le risque des populations en mutualisant les connaissances.

33 Europa synthèses de législation del’UE, http://europa.eu/legislation_summaries/environment/civil_ protection/l28146_fr.htm, consulté le 2/05/2012

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Exemple anglais du projet « LIFE » Afin de démarrer cette mutualisation des connaissances nous allons nous intéresser maintenant à un projet anglais de gestion du risque d’inondation : LIFE Project.34 Le LIFE Project (Long-term Initiatives for Flood-risk Environment) est un projet basé sur la prise en compte du critère d’inondation dans le développement durable. Ce projet a été développé par l’agence d’architectes BARKER AND COUTTS ARCHITECTES. Il est basé sur trois points essentiels : Une solution intégrée du risque d’inondation dans le développement à travers des infrastructures durables. Le territoire généré est ainsi multifonctionnel en intégrant des usages divers tels que la production d’énergie ou encore l’agriculture locale. La longévité et l’adaptabilité. L’aménagement du territoire se fait de manière à ne pas privilégier une solution à la gestion du risque qui pourrait s’avérer défaillante (comme nous l’a montré l’endiguement massif en France) mais une solution évolutive reposant sur plusieurs dispositifs concomitants. La prise en compte de l’aléa dans la continuité de la vie quotidienne. Nous avons vu les différentes phases de l’aléa d’inondation et le problème de vulnérabilité que cela engendre. Le projet se veut être en lien direct avec la prise en compte de la vulnérabilité et ainsi permettre une continuité de la vie quotidienne malgré la venue d’une inondation. Ceci permet de redonner confiance aux investisseurs dans les zones soumises aux risques et permet l’élaboration d’une politique et un investissement à long terme. Ainsi on peut constater que la prise en compte du critère d’inondabilité en Angleterre permet de redonner confiance aux populations dans une gestion du risque qui ne bloquerait pas l’urbanisation mais qui en ferait une force de projet.

34 KHOSRAVI Tony, LEROUX Romain, RENARD Grégoire, RUE Cyril (2009), La lutte contre les inondations et la montée des eaux, Université de Technologie de Compiègne, p.25

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Coupes de principes

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II. Les potentiels ambiantaux d’un projet de protection d’inondation

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A _ Les ambiances d’environnements extrêmes Nous avons vu que le phénomène d’inondation lié aux enjeux humains crée un risque pour la population. Cependant l’homme a toujours cherché à s’installer au plus près de l’eau afin d’en retirer des effets bénéfiques tels que la puissance, la fraîcheur, la navigation, sa faculté à nous transposer dans un imaginaire différent… Mais alors comment cette dualité entre l’enjeu et l’attrait de l’aléa peut être pris en compte lors des aménagements de protection ? Quelle est la place de la vulnérabilité du corps et des biens dans la création des ambiances des environnements extrêmes ?

Les ambiances des sens Dans l’hypothèse qu’un environnement extrême équivaut à un environnement qui serait hostile à l’homme nous allons nous questionner sur la manière dont le corps humain ressent l’espace et plus particulièrement les environnements extrêmes tels que les paysages inondables. Le corps est le support d’expérimentations spatiales. C’est à travers les sens que nous appréhendons l’espace dans lequel nous évoluons. Lorsque l’on se trouve dans un environnement extrême notre corps est soumis à ses propres limites. Si l’espace dans lequel on se trouve est extrême alors nos perceptions vont en être affectées. Nous pouvons ainsi penser que les limites de nos corps participent au dialogue entre l’environnement extrême et les ambiances qu’il en découle. Les sens sont l’interface entre le corps et l’environnement dans lequel il est plongé. C’est pourquoi il est important de comprendre en quoi les sens participent à la perception des ambiances en milieu extrême. La vue Le premier sens que nous utilisons pour comprendre l’espace est la vue. En effet JeanCOUSIN écrit dans L’espace vivant que « plus de 40% des impressions sensorielles sont dues à la vue »35.

35 COUSIN Jean (1980), L’espace vivant, Paris, Ed. du Moniteur

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L’œil humain doit s’adapter à différentes luminosités, éblouissement et obscurité. Il peut être mis à l’épreuve dans des espaces qui possèdent de forts contrastes de lumière, créant ainsi des phénomènes d’éblouissements, de perte de repères. Une très forte luminosité ou un espace obscur demande à l’œil humain un certain temps d’adaptation. C’est un effet que l’on retrouve dans les cours d’eau qui sont bordés par une forte végétation. Lorsque l’on passe du couvert végétal à l’espace du lit de rivière on peut avoir à faire face à un éblouissement dû à la luminosité du soleil reflété dans l’eau. Les matériaux peuvent être générateur d’ambiance car la cécité induit d’ajuster l’espace en corrélation avec cette limite du corps. Ceux-ci doivent être plus contrastés les uns par rapports aux autres. Par analogie nous pouvons dire que les matériaux participent aux ambiances des environnements submersibles par les traces que l’inondation provoque sur les différents matériaux qui composent les infrastructures de protection ou le bâti. Ce sont donc des repères visuels qui participent aux ambiances. De plus dans le cas d’environnement inondable la vue peut servir de système d’alerte grâce aux grandes percées visuelles sur le paysage. La morphologie d’un cours d’eau marque dans le paysage un grand couloir libre de tout obstacle à la vue et on peut ainsi contempler toute l’étendue du lit du fleuve ou de la rivière et voir l’environnement évoluer. Le son Le son est indissociable de l’espace. Il existe très peu d’endroits où le son est absent. Edith LECOURT l’explique bien en définissant le son comme étant « fugitif, insaisissable immatériel et que l’on a du mal à en percevoir les limites car le son passe à travers toutes nos «enveloppes» : le corps, la maison, la ville, il se répercute, s’amplifie, s’engouffre, s’éteint, ou nous revient en écho, sans que nous soyons en mesure de le délimiter, voire même de nous en protéger. »36 On peut donc s’intéresser au son dans l’environnement extrême. Dans l’espace le son peut rebondir et revenir en écho à notre oreille, la réverbération est ici quelque chose de quantifiable que l’on peut contrôler. Ces réverbérations servent de repère dans l’espace tel un radar. L’écho nous permet de nous rendre compte de l’espace qui nous entoure.

36 LECOURT Edith, Le sonore et les limites du soi. Bulletin de psychologie, Tome 36, n° 360. p. 577582

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Sans ce retour nous perdons nos repères, ainsi l’expérience d’un environnement extrême. Cet effet de radar peut participer aux ambiances des environnements submersibles car l’eau est un élément avec une grande faculté de réverbération lorsque celle-ci n’est pas en mouvement. Elle permet d’agrandir un espace par l’écho qu’elle génère à la manière d’un écho dans une vallée. A l’inverse lorsque l’eau est en mouvement comme dans la plupart des cas dans la nature alors il peut servir de point de repère. Par exemple lors de promenades dans une forêt on peut se repérer au bruit de l’écoulement de l’eau pour savoir où l’on se trouve. Pour comprendre comment le son de l’eau peut créer des ambiances nous pouvons regarder la vidéo réalisé par Olivier CAMPAGNE et Vivien BALZI, 5h46 am : Paris inondé. Cette vidéo créée pour la commémoration des 100 ans de la crue historique de 1910 à Paris montre une inondation très calme et sans mouvement. Dans les critiques de cette vidéo un internaute dit « je ne le trouve pas impressionnant de réalisme, l’eau est trop claire, presque trop pure, trop calme... rien ne bouge... » (Antoine, mercredi 21 septembre 2011). Cette critique montre que dans l’imaginaire des gens, dans la représentation qu’ils se font de l’inondation, le mouvement et donc, les sons qui découle de la propagation de l’eau, est importante et participe à l’ambiance de l’évènement.37 Le toucher Nous allons ici nous intéresser à l’humidité sur la peau. Elle se caractérise par l’hygrométrie c’est-à-dire la proportion d’eau sous forme gazeuse dans l’air. Lorsque l’on est près d’un cours d’eau on peut avoir la sensation que l’air est humide. Cette humidité ambiante peut donner une impression de fraîcheur à l’endroit surtout lorsque ce phénomène est lié au vent. Ainsi les espaces en bord d’eau portent une ambiance fraîche et humide. Les champs d’inondations contrôlés ont une terre très chargée en eau et sont particulièrement humides.

37 Le 20 minutes, http://parisecret.20minutes-blogs.fr/archive/2011/09/20/5-46-am-vision-de-paris-innondee-par-les-eaux-de-la-seine.html, consulté le 20 mai 2012

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La multisensorialité Nous avons premièrement considéré comme hypothèse que le corps, à travers chaque sens défini séparément, était l’outil qui nous permettait de sentir l’espace et comprendre les ambiances vécues. Or, après avoir vu que ceux-ci avaient des limites particulières nous pouvons penser que le corps tout entier est l’interface à travers lequel nous percevons les ambiances. Le CRESSON38, laboratoire d’architecture à l’ENSAG39, explore cette question de multi-sensorialité et son directeur Grégoire CHELKOFF nous explique que « l’on a pris l’habitude de penser le sensible en découpant les sens mais que les interactions entre différents registres sensoriels sont sans doute à mieux connaître et à imaginer. » 40 Richard SHUSTERMAN et David HOWES essaient de mettre en évidence les caractéristiques multisensorielles du corps. Dans l’article intitulé, Conscience soma-esthétique, perception proprioceptive et action, Richard SHUSTERMAN exprime le fait que nous parlons des différents sens en disant qu’ils ont leurs propres langages, mais il semble bien que certains d’entre eux au moins soient polyglottes, au sens où ce qui est donné dans une modalité sensorielle est immédiatement enregistré dans une autre, en d’autre terme qu’il existe des relations entre les sens qui permettent de sentir les ambiances. « Le système somesthésique, tel qu’il est définit par la neurophysiologie contemporaine, renvoi à la perception sensorielle qui passe par le corps lui-même et non par les organes des sens « individuels » qui nous sont familiers, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. »41

38 Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’Environnement Urbain 39 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble 40 CHELKOFF Grégoire, L’ambiance de tous les sens. in : Augoyard, Jean-François (2011) Faire une ambiance = creating an atmosphere : actes du colloque international Grenoble 10-12 septembre 2008. Grenoble : A la croisée, 2011, pp.133-134 41 SHUSTERMAN Richard (2010), Conscience soma-esthétique, perception proprioceptive et action, Communications, p.15-24

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Ainsi on peut voir qu’il est intéressant de considérer le corps dans son ensemble comme interface avec l’espace. Pour mieux comprendre comment ce corps, synthèse des sens, agit et perçoit son environnement on peut s’interroger sur la manière dont les sens se mêlent et interagissent entre eux pour lire l’espace. David HOWES tente de donner des exemples de ce mélange des sens pour comprendre l’espace qui nous entoure dans son livre L’esprit multi-sensoriel, ou la modulation de la perception. Dans « un environnement bruyant les gens qui parlent se font plus facilement comprendre s’ils se font voir »42, ici le lien est entre le sens de la vue et celui de l’ouïe. Il dit aussi que d’après les scientifiques « il est maintenant prouvé que des régions attachées spécifiquement à un sens peuvent être « recrutées » ou encore réorganisées par d’autres régions attachées spécifiquement à un autre sens dans le cas d’une privation sensorielle »,43 comme chez les aveugles. On peut prendre pour exemple le récit autobiographique d’Hellen KELLER44 où elle explique comment en étant sourde, muette et aveugle elle réussit à interagir avec les autres, ressentir l’espace et les choses, grâce à ses autres sens tels que le toucher ou l’odorat. Il est donc important de considérer le corps dans son ensemble pour questionner les ambiances en milieu extrême ainsi que le rôle de chaque sens dans l’expression des limites du corps afin de comprendre comment nous ressentons ces ambiances.

42 HOWES David (2010), L’esprit multisensoriel, ou la modulation de la perception, Communications, 37-46 p 43 HOWES David, ibid 44 HICKOK Lorena-A, L’histoire d’Helen Keller, Robert Lafond, Pocket Junior

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L’architecture de l’extrême. L’architecture de l’extrême est une architecture qui prend en compte les limites du corps pour en faire une valeur dans le projet. En effet est-il concevable de construire par des températures de -40 degrés sans prendre en compte le fait que le corps humain ne peut survivre longtemps lorsqu’il est soumis à de telles températures ? Il en va de même pour l’environnement extrême qu’est l’inondation. Comme nous l’avons vu précédemment l’homme est vulnérable à l’inondation ainsi que le bâti. Que ce soit d’un point de vue matériel, corporel, ou psychologique. Il est donc important que la réalisation de constructions ou d’aménagements du territoire fassent l’objet d’une attention particulière aux ambiances qu’ils donnent à voir, sentir, et ressentir en s’efforçant de prendre en compte la vulnérabilité.

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B _ Typologie des méthodes de gestion du risque Méthode de recherche La méthode de recherche envisagée pour questionner la prise en compte du risque d’inondation dans les projets d’aménagement de territoire et architecture est la création d’une typologie de gestion du risque. Celle-ci a été réalisée en puisant dans des ressources bibliographiques constituées d’articles de revue d’architecture et d’urbanisme. Les projets étudiés sont situés en Europe et s’étendent sur une période de 25 ans. Ils gèrent les inondations des fleuves et rivières ainsi que les inondations par les eaux pluviales. Pour permettre une bonne compréhension des différentes approches de gestion de l’inondation la typologie est composée de quatre catégories : composer avec le risque, éviter le risque, la pédagogie du risque et enfin le risque comme évènement. Ces catégories représentant les différentes manières de se positionner en tant que concepteur face au risque d’inondation découlent des différents projets recueillis. Le risque comme évènement Les projets classés dans cette catégorie prennent en compte la partie évènementielle de l’inondation qui découle directement de la définition de l’aléa. Dans cette notion le changement est une donnée primordiale. Il peut être révélé par la forme ou le climat. Cette prise en compte met en exergue le rythme des inondations et s’appuie dessus afin de permettre une vision différente d’un même lieu suivant s’il est en état d’immersion ou non. Parfois même, le rythme est poussé à l’extrême dans la prise en compte des évènements intermédiaires suivant l’occurrence des crues comme dans le projet Watersquares par De Urbanisten Studio Marco Vermeulen dont le parc urbain change au fur et à mesure de la force d’inondation suite aux écoulements des eaux pluviales.

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BOER, Florian (2010, mars), « Watersquares », Topos, n°70, p.42 à 47 image 1, 2, 3

En effet suite à une étude des hauteurs d’eau, l’architecte a privilégié une ambiance en créant une topographie qui permet une adaptation de l’espace à certains jeux et non à d’autres suivant le taux de remplissage du square. On passe alors d’un espace sec ou les jeux de ballons sont les bienvenus à un espace totalement rempli d’eau où il se pourrait que les enfants puissent évoluer sur l’eau dans des bateaux en passant par une phase moyennement inondée où le square se transforme en base nautique pour modèles réduit. La difficulté dans cette prise en compte de l’évènement est de créer un paysage aux ambiances modulables, qui permet une appropriation différente et le changement morphologique de l’espace dû à la proportion plus ou moins grande de l’expansion de l’eau. L’avantage est la redécouverte d’un espace connu sous différents aspects suivant l’occurrence des inondations. Dans ce cas de prise en compte de l’inondation il n‘y a pas de sens qui soit privilégié. C’està-dire que tout le paysage qui nous entoure est sujet au changement grâce à l’inondation. Ce positionnement du concepteur vis-à-vis de l’inondation fait appel à la multisensorialité et non à un sens en particulier. 1

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Rappenwôrt Conservation Center ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

La pédagogie du risque Dans cette gestion du risque d’inondation c’est la partie de prévention qui est mis en avant. La mémoire du risque ainsi que la culture du risque sont les vecteurs des projets. La mémoire du risque se traduit par la mise en avant des aléas passés alors que la culture du risque essaie de montrer autant les évènements passés que les évènements futurs à l’aide des inondations présentes. Ces projets sont donc porteurs d’un dialogue entre le risque d’inondation et les personnes qui viennent sur le territoire inondable. Le but étant de faire éprouver une sensation à la personne qui parcourt le site, que ce soit la peur ou au contraire une forme de connaissance sur le sujet afin de rassurer les personnes sur le risque encouru. Par exemple dans le projet Sulzer Area par l’architecte VESCHPARTNER à Winterthur en Suisse la mémoire prend une forme physique à l’aide d’une trace. C’est la trace des écoulements pluviaux passés qui configure le projet. Celles-ci sont réalisées à l’aide d’un sol chargé en particules oxydables et d’une topographie à peine perceptible à l’œil nu qui forment des flaques d’eau. Lorsque celle-ci s’évapore on a donc la trace sur le sol de la présence de l’eau auparavant grâce aux particules d’oxydation transportées par l’eau et regroupées à l’endroit des flaques. Ces traces donnent non seulement une temporalité à l’espace en montrant l’évènement passé mais il permet aussi de créer un système de révélation de l’action des eaux pluviales sur le bâti. C’est-à-dire que les habitants de l’immeuble peuvent voir si l’aléa constitue un risque ou non, c’est un système d’alerte à l’échelle du bâtiment et en contact avec les habitants. 45 SERON PIERRE, Catherine, « Détails eaux pluviales », AMC, n°189

45 Sulzer Area , Annexe 11, p. 126

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L’exemple du Rappenwört Conservation Center à Karlsruhe en Allemagne travaille plus sur la connaissance de l’aléa et des risques encourus lors d’inondation. Dans ce projet l’accent est mis sur l’expérience offerte aux visiteurs. En effet après que les visiteurs aient pu regarder une exposition sur le thème de l’inondation dans le musée au sein même du parc il leur est proposé d’arpenter le territoire du parc situé en zone inondable afin de voir les différents potentiels de celui-ci dus à la présence plus ou moins importante de l’eau. Ils peuvent ainsi découvrir des espaces de bord de rivière très lumineux et perméables aux rayons lumineux du soleil. En contraste avec les espaces plus inondés dans lesquels une forte végétation a poussée offrant un endroit frais en été et plus sombre grâce aux ombres de la végétation. Ces ambiances sont aussi différentes par la vue dégagée que l’on peut avoir côté berge alors que du côté forêt on est plus enveloppé par le végétal ce qui limite les échappées visuelles.46 La première difficulté qui peut être rencontrée dans une gestion du risque de manière pédagogique est de pouvoir émouvoir les personnes qui parcourent l’espace car le but est de transmettre la connaissance des risques de l’inondation et ses potentiels. En effet il faut arriver à transmettre un sentiment à l’interlocuteur et cela passe par les ambiances du projet. Deuxièmement il est compliqué de montrer une chose qui n’existe plus. Dans la culture du risque, la connaissance des aléas passés est très importante afin de ne pas oublier pourquoi on réalise tous ces aménagements et pour garder en tête que le risque est toujours présent même si il n’est pas visible. Lors de cette prise en compte du risque la totalité des sens est employée afin de transmettre une émotion aux personnes parcourant le lieu. La vue est très importante car elle est souvent le vecteur de l’action passé comme dans le système de trace. Dans ce mode de représentation du risque la matière est très importante car elle permet de révéler le risque.47 46 Rappenwört Conservation Center, Annexe 10, p. 125 47 Sulzer Area , Annexe 11,p.126

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House HQ 100 ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

Eviter le risque Cette manière de prendre position par rapport au risque d’inondation découle de la vulnérabilité des personnes face à la catastrophe. C’est l’opposition entre le fait d’intervenir en territoire à risque et l’envie de profiter de ce que ce même territoire peut apporter à l’urbanisation et la vie humaine. Cette tension peut prendre différents aspects mais le point commun est que l’on cherche à mettre une distance physique entre l’eau, qui représente un risque, et la population tout en cherchant à la rapprocher des bienfaits de l’eau. Cette manière de gérer le risque est très souvent utilisée à l’échelle de l’habitat particulier et collectif car c’est dans ce contexte que l’enjeu humain est le plus présent. Il faut donc prendre en compte cet aspect du risque (l’enjeu) afin de permettre aux personnes vivant en zones submersibles de cohabiter en toute tranquillité avec le danger. Les ambiances qui participent à cette cohabitation sont liées à la hauteur. Ce n’est pas une gestion horizontale mais plutôt verticale du risque. On retrouve donc des figures formelles d’élévation ou encore de surplomb du risque afin d’en être proche horizontalement mais éloigné verticalement. Dans le projet House Q100 de l’architecte Wolf GROSSRUCK à Grieskirchen en Autriche l’habitation est réglée par rapport au risque d’inondation. On peut ainsi voir que la partie habitée de la maison est surélevée par rapport au niveau des crues du cours d’eau afin de mettre en sécurité l’habitat. Le rapport au sol du bâtiment est très important car il participe aux ambiances du projet. Pour cette maison le parti pris a été de mettre le bâtiment sur des pilotis très fins en acier de sorte que ceux-ci ne marquent pas le paysage sous la maison et se fassent oublier. « De la rue les pilotis de la maison sont presque invisibles et cela donne l’impression que la maison plane »48 De plus le fait de porter l’espace habitable en hauteur permet d’avoir une vue privilégiée sur 48 House Q100, Annexe 18, p. 133

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le cours d’eau lorsqu’il n’est pas en crue. C’est cette tension entre la mise à l’écart du risque en élevant la maison et le rapprochement du cours d’eau (par la vue lointaine et dégagée de celui-ci offerte aux habitants lorsqu’il n’est pas en crue) qui représente la dualité de la gestion d’évitement du risque d’inondation.

La difficulté dans ce genre de prise en compte de l’inondation est la relation de proximité et d’éloignement avec l’eau qui montre à la foi un risque et une valeur. Les ambiances, lors de cette prise en compte du risque d’inondation, sont liées à la manière de gérer la tension entre le risque et les potentiels de l’eau. Ainsi les projets s’appuient beaucoup sur le rapport de supériorité en surplomb de l’évènement qui est un rapport très physique où le corps entier est mis à contribution. Le rapport de force des matériaux est donc important selon l’effet désiré. Le sens de la vue sert à prévenir l’incident, à le voir arriver grâce à la vue dégagée que procure un habitat en surplomb. Le fait de créer cette typologie permet de classer les projets selon le positionnement des concepteurs face au risque mais je me suis aperçue de la difficulté d’affecter ces projets à une seule catégorie. En fait chaque projet, même si il montre une direction plus qu’une autre, essaie de présenter tous les aspects de l’inondation. Que ce soit évènementiel dû à l’occurrence des crues pédagogique avec une envie de laisser transparaître la mémoire du lieu et les évènements passés, ou encore en faisant ressortir la vulnérabilité et en essayant de la combattre en évitant le risque. C’est pourquoi certains projets de catégories différentes ont des points communs dans leurs caractéristiques ambiantales liées à l’inondation. J’ai donc décidé de les regrouper en sous thématiques issues des différents projets qui composent la typologie.

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C _ Les caractéristiques ambiantales Nous avons vu dans la première partie la définition du risque d’inondation et par quel moyen celui-ci pouvait être atténué par des infrastructures. Cependant à la lumière de ce qui vient d’être présenté sur les ambiances nous pouvons nous questionner sur les différentes manières de gérer le risque d’inondation et les ambiances que cela peut créer. Ces ambiances sont perçues comme des valeurs ajoutées à l’infrastructure. Comme dans le projet Rhin embankment at Heidenfahrt par l’architecte paysagiste Bierbaum AICHELE à Heidesheim en Allemagne le projet a « donné un nouveau profil sinueux à l’espace grâce à des blocs de pierres et de gravier en vrac, tandis que les saules nouvellement plantés et les nouvelles passerelles donnent une atmosphère agréable dans un endroit jusqu’ici plutôt désolé, et pour les populations en quête de repos et de loisirs un endroit pour pique-niquer agréable ».49 Celles-ci ne sont pas directement liées à une seule manière de gérer le risque mais se retrouvent dans plusieurs catégories. Ce sont des outils qui peuvent servir à donner une valeur supplémentaire au projet de prise en compte du risque d’inondation.

La biodiversité perçue L’eau avec laquelle les concepteurs doivent travailler n’est pas une eau stagnante lorsque l’on parle d’inondations par surverse ou d’inondations dues à l’écoulement des eaux pluviales. Au contraire c’est une eau en perpétuel mouvement dû à l’occurrence des crues et des pluies. Il est donc tout naturel que dans les espaces soumis à ce genre d’inondations se développent une faune et une flore spécifique liées à cet environnement hydrologique changeant.

49 Rhin embankment at Heidenfahrt, Annexe 20, p. 135

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Vauban Neppert SERON PIERRE, Catherine, « Détails eaux pluviales », AMC, n°189

Le végétal peut ainsi être révélateur de la proportion d’eau contenue dans le sol. Cet aspect induit la temporalité du paysage. Suivant si il est plus ou moins soumis au risque d’inondation il va s’y développer certaines essences végétales. Il faut savoir que plus le sol est soumis à des changements hydrologiques, plus les espèces végétales qui vont pousser dans ces zones vont être rares car il existe peu d’endroits soumis aux changements hydrologiques comme les bords de rivières. Ces espaces très végétalisés induisent des ambiances ressenties à l’aide des sens évoqués précédemment. La vue par exemple est sollicitée par la lumière qui est filtrée à travers le couvert végétal donnant ainsi une lumière colorée suivant les essences de végétaux traversés. De plus ces espaces ne permettent pas une vision lointaine de l’environnement dans lequel on se trouve car la masse végétale empêche de porter son regard au loin. C’est donc un espace plutôt confiné où même la lumière est filtrée. Le vent participe à l’ambiance dans ces espaces très végétalisés car il met en action le feuillage des arbres et des plantes. Le son qui en découle nous enveloppe on ne sait pas quelle feuille fait tel ou tel bruit mais on prend conscience du couvert végétal par le vent qui le met en mouvement et crée un son. Le feuillage révèle le vent invisible à l’œil. Cet espace enveloppant n’en est pas pour autant un espace étouffant car la lumière exceptionnelle qu’il matérialise avec sa couleur est accompagnée d’une sensation de fraicheur en été. En effet le couvert végétal ne laisse passer que très peu de rayons solaires directs et permet de garder une relative fraîcheur dans ces espaces. L’agence Territoire qui conçoit le projet du Quartier Vauban Neppert à Mulhouse parle de ses « impluviums » en ces termes « La végétation liée aux impluviums constitue la partie la plus fraîche et la plus précieuse du jardin ».50

50 Qaurtier Vauban Neppert, Annexe 13, p. 128

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Deltawerke 2.0 (2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

Certaines zones sont qualifiées de « coulée verte ». Ces espaces sont généralement protégés juridiquement afin de permettre, en plus de gérer l’inondation, de participer à la préservation et à l’évolution de la faune et de la flore sur le territoire. C’est tout un écosystème qui peut être préservé grâce aux inondations. Pour des personnes vivant dans des espaces urbains c’est une ambiance très « nature » qu’ils peuvent trouver en bord de cours d’eau. Dans le Deltawerke 2.0 de l’architecte paysagiste Ronald RIEVELD à Amsterdam au Pays Bas51 toute la gestion du risque est basée sur la définition de « coulée verte ». Ainsi le territoire est marqué par une grande étendue agricole qui devient un couloir écologique et participe au bon fonctionnement de la biodiversité tout en gérant le risque d’inondation, car lors d’une crue cet espace est tout simplement rempli comme un champ d’inondation contrôlé.

51 Deltawerke 2.0, Annexe 7, p. 122

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Neuburg an der Donau ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

Le surplomb Cette forme de rapport à l’espace peut être mise en œuvre dans la gestion du risque d’inondation par une digue ou encore par une élévation du bâtiment. Lorsque l’on se trouve sur une digue on est à découvert. C’est-à-dire que l’on peut voir loin et entendre loin. Il n’y a pas d’obstacle, ni à la vue ni au son. Ce sont des configurations très longilignes qui étirent l’espace. De ce point de vue on donne à voir autant que l’on est vu. On permet à la personne qui parcourt l’espace d’avoir une relation privilégiée avec l’eau et le risque qu’elle représente. On peut éprouver une sensation de sécurité ou jouer avec cette relation à l’eau. C’est une ambiance sécuritaire qui est mise en avant, on se protège du risque et on va même jusqu’à le taquiner sur son territoire. On peut même être déstabilisé par ce rapport non traditionnel et ce jeu sur la vulnérabilité de l’homme aux inondations.52 La typologie met en avant trois types de surplombs auxquels sont associés trois effets. Le premier type de surplomb est le « balcon ». Celui-ci donne un effet de rapprochement entre la personne et l’eau. En effet dans le projet Neuburg an der Donau par l’agence Herle+Herrle Arkitekten à Donaukai en Allemagne on peut voir comment la relation homme/eau est matérialisée par le fait que l’espace sur lequel on marche est réellement un surplomb au-dessus de l’eau offrant ainsi une relation privilégiée de proximité à l’eau. On se trouve au plus près de l’eau sans pour autant être vulnérable aux inondations. Lorsque l’on parcourt ce type de surplomb le corps est sujet aux variations de température et d’humidité de l’eau. En effet la proximité avec l’eau emplie l’air d’humidité et permet de maintenir l’endroit frais même s’il est très exposé au soleil. De plus cet espace est très lumineux grâce à la réflexion de la lumière dans l’eau.

52 Neuburg an der Donau, Annexe 15, p. 130

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Le deuxième type de surplomb est la lévitation. Il donne un effet de mise à distance. Comme nous l’avons vu précédemment la House Q100 de l’architecte Wolf GROSSRUCK à Grieskirchen en Autriche53 permet grâce à une structure fine en acier de donner l’impression au bâtiment de planer. Ainsi c’est la gestion du risque qui donne une ambiance particulière à la maison. On a l’impression d’être coupé du monde, entouré par l’eau. Cette ambiance est due principalement à un rapport de force entre la partie la plus lourde du bâtiment qui est l’habitation et la partie la plus fine qui l’élève. On comprend qu’il y un rapport de masse entre la partie habitée et la partie qui permet de surélever le bâtiment. La mise à distance du bâtiment par rapport à l’inondation est due au fait que lorsqu’il y a submersion du terrain, le fonctionnement de la maison n’est pas entravé puisque l’espace submersible n’a pas de rôle défini contrairement au dernier type de surplomb développé ci-après.

53 House Q100, Annexe 18, p. 133

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Max 35 weekand House ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

Le dernier type de surplomb est le « dessus/dessous ». C’est un type qui a pour effet de créer une pièce extérieure. Effectivement lorsque l’on choisit de se protéger d’une inondation en surélevant un bâtiment on peut décider de le rendre habitable ou non. C’est-à-dire que le logement ne fonctionne plus seulement avec un dessus mais qu’il compose aussi un dessous qui appartient à l’habitation. Dans les deux projets suivant extrait de la typologie nous avons deux manières de rendre cet espace habitable. Le projet Max 35 weekand House54 par l’architecte Kritzendorf bei Wien de l’atelier DREER2 à Klosterneuburg en Autriche se sert de l’élévation du bâtiment pour offrir des vues sur le Danube en surplomb. L’espace dessous est alors constitué de deux parois qui créent une pièce extérieure sous la maison abritée de la chaleur et ombragée. Cet espace du dessous n’est pas clos et permet une appropriation du jardin en lien avec un ‘pièce extérieure ». Dans le projet Linving on the river du studio Wallner Architects à Cologne en Allemagne55 la mise en surplomb des logements permet de créer un espace social en dessous fait d’emmarchements en bord de cours d’eau. Cet espace donne à voir l’eau et permet d’avoir un espace extérieur abrité des intempéries. Ici la vue, permise par le surplomb, façonne l’espace et le développement d’un dessous créant des ambiances fraîches et de rassemblement.

Linving on the river ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

54 Max 35 weekand House, Annexe 16, p. 131 55 Linving on the river, Annexe 17, p. 132

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Art Mseum Lentos ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

La matérialité de l’eau L’eau est une matière : transparente parfois, colorée dans d’autre cas et réfléchissante. Dans le contexte de gestion du risque d’inondation le travail avec la matérialité de l’eau cherche à profiter de ses propriétés naturelles. Par exemple dans le projet Art Museum Lentos de l’agence Weber & Hofer à Linz en Autriche le revêtement du bâtiment a été choisi pour permettre le reflet de l’eau et du paysage créant ainsi des jeux de lumière avec la propriété réfléchissante de l’eau à la lumière. Cette matérialité de la façade est constituée à l’aide de parois de verre recouvertes d’un film de chrome qui augmente la réflexion.56 La réflexion de la lumière sur l’eau sert aussi dans certains projets à donner de l’ampleur au bâtiment et à l’environnement en formant un miroir. Cela met en scène l’espace dans une symétrie et met en valeur la surface de l’eau. En effet si elle est en mouvement il n’y aura pas le même parallélisme que si l’eau est stagnante. Une autre faculté de l’eau repose sur le contact entre celle-ci et d’autres matériaux tels que l’acier. En effet lorsque l’acier entre en contact plus ou moins longtemps avec l’eau, s’il n’est pas protégé de l’oxydation, cela forme une trace. Ce procédé peut être utilisé afin de transmettre la mémoire du risque. C’est la transformation visuelle de la matière qui indique la marque des crues précédentes et leurs occurrences suivant si la matière est très oxydée ou non. On peut voir ce phénomène dans le projet Sulzer Area par l’architecte VESCHPARTNER à Winterthur en Suisse.57

56 Art Museum Lentos, Annexe 14, p. 129 57 Sulzer Area, Annexe 11, p. 126

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BOER, Florian (2010, mars), « Watersquares », Topos, n°70, p.42 à 47

Une donnée importante lorsque l’on parle d’inondation est de considérer le caractère liquide de l’eau. Dans une gestion du risque d’inondation le concepteur va chercher à infiltrer l’eau par le sol ou au contraire gérer des retenues. La forme de ces infrastructures change en fonction de ces considérations. C’est-à-dire que si il est prévu que le sol absorbe l’eau on va plutôt retrouver des champs d’inondation contrôlé très végétalisés ou encore des bassins de rétention enherbés. Au contraire si on cherche à récupérer l’eau on sera plus dans une configuration de square comme dans le projet Watersquares par De Urbanisten Studio Marco Vermeulen où l’eau sert à différentes temporalités suivant les hauteurs retenues. Dans le premier cas on pourra sentir que le sol se charge en eau et devient marécageux comme dans le projet du Parc de Ougadougou par l’architecte ADP DUBOIS à Grenoble58 en France où au contraire dans le second cas un espace très minéral et sec lorsqu’il n’y a pas d’inondation. Nous avons vu en quoi la matière de l’eau pouvait aider à créer des ambiances mais il existe d’autres rapports de matière qui peuvent s’exprimer lors d’inondation. En effet le rapport entre l’infrastructure et l’eau est importante du point de vue de la matière afin de donner un sentiment de sécurité ou de vulnérabilité. Lorsque l’on s’intéresse aux digues la simple présence d’enrochement ou de parties maçonnées donne l’impression d’une structure renforcée et solide. Alors qu’une digue végétalisée ou réalisée en remblais de terre ou de sable peut paraître moins solide. La vulnérabilité des biens et de l’homme est ainsi travaillée avec les matériaux des infrastructures de protection. Parc Ouagadougou SERON PIERRE, Catherine, « Détails eaux pluviales », AMC, n°189

58 Ougadougou, Annexe 12, p. 127

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Parc Ouagadougou SERON PIERRE, Catherine, « Détails eaux pluviales », AMC, n°189

L’imaginaire du rapport homme/eau

Dans quelques projets on retrouve un imaginaire lié à l’eau. Lorsque l’on arrive à apporter un imaginaire à un lieu cela veut dire que l’on arrive à transposer une ambiance qui, à la base appartient à un environnement, dans un autre. Dans les projets présentés ci-dessous c’est la forme qui développe l’imaginaire du lieu. Le projet du Parc de Ougadougou par l’architecte ADP DUBOIS à Grenoble59 utilise la forme du ponton pour permettre de traverser les zones les plus humides du parc. Cette forme fait appel à l’imaginaire de la mer. Le rapport au sens se fait par une élévation au-dessus de la partie marécageuse d’où l’on peut observer le paysage. C’est un cheminement qui offre une ouverture sur l’espace à l’extrémité du ponton comme une jetée à la mer. Dans le projet Hugo-Bürkner-Park par l’artiste Joachim MANZ à Dresden en Allemagne60 c’est la forme de l’archipel qui donne l’ambiance au lieu. En effet lors d’inondations, de petites installations en bois sur lesquelles se trouvent un banc unique, une poubelle, un arbre et un lampadaire se transforment en de petites îles ou encore en radeaux. Ces petits espaces permettent de s’isoler du reste du parc et de la ville. Ce sont des espaces solitaires qui confèrent à ce lieu un caractère privilégié en contact avec l’eau où l’on peut trouver une relative tranquillité. L’avantage de ce dispositif est de transposer la personne dans un autre lieu plus serein alors qu’elle se trouve en pleine ville. C’est un peu poussé à l’extrême le rôle des parcs urbains qui sont une échappatoire à la ville oppressante. Même lorsque le parc n’est pas inondé l’étendue de la surface enherbée permet de sentir l’isolement des îles et donne à voir le caractère inondable du site.

Hugo-Burkner-Park ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

59 Ougadougou, Annexe 12, p. 127 60 Hugo-Bürkner-Park, Annexe 5, p. 120

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Another Place ( 2008), Riverscapes : Designing urbain embankments, Bassel, Boston Berlin, Birkaüser

Dans ce contexte les ambiances créées sont ressenties par le corps tout entier afin de faire voyager l’imaginaire des personnes parcourant le lieu. Lorsque l’on parle du rapport homme/eau il est question aussi de la vulnérabilité de celuici à l’inondation. Dans le projet suivant, pour donner plus d’impact à la prise de conscience du risque, c’est l’imaginaire de la noyade qui est utilisé. Le projet Another Place par l’artiste Anthony GORMLEY 61 met en scène des statues à l’effigie du concepteur et les dispose sur trois kilomètres de plage, sur une épaisseur de cent mètres de la plage. Ainsi les statues se font recouvrir par l’eau au gré des inondations. Bien que l’idée première du projet est de sensibiliser aux difficultés qu’ont les immigrants à entrer sur le territoire il apporte un réel questionnement sur la vulnérabilité de l’homme à la montée des eaux. Lorsque l’on voit ces silhouettes au loin se faire recouvrir par la mer on imagine très bien qu’elles se noient. Suite la prise de position des concepteurs sur la manière de gérer le risque on peut voir qu’il y a différentes manières d’ajouter de la valeur à l’infrastructure utilisée pour contrer le phénomène d’inondation. Ces outils sont porteurs d’ambiances car ils questionnent le rapport de l’homme à son environnement dans un contexte difficile qu’est le risque d’inondation. Ces outils sont utilisés indépendamment de la manière de gérer le risque ainsi on peut retrouver plusieurs ambiances dans un même projet. Ce résultat pose la question de l’échelle d’intervention.

61 Another Place, Annexe 2, p. 117

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Une gestion à différentes échelles Les différents projets retenus dans la typologie sont réalisés à différentes échelles. A l’échelle du territoire on retrouve le plus souvent un système de digue ou de champs d’inondation contrôlé qui donne au territoire une identité propre. Par exemple l’agence H+N+S Landscape Architects a créé le projet territorial de champs d’inondation contrôlé Ruimte Voor de Rivier 62 à partir d’une réflexion horizontale de l’inondation qui donne au paysage de grands espaces verts laissés à l’agriculture ou aux pâturages. On retrouve ainsi la forme de « coulée verte » expliquée précédemment. A l’échelle de la ville la prise en compte de l’inondation permet de créer des espaces de respiration où l’attention à la nature (cycle de l’eau) est retrouvée. Ainsi ces lieux particuliers forment des parcs, des squares ou encore des cœurs d’ilots aménagés. A l’échelle du bâtiment la prise en compte du risque d’inondation montre plus un aspect technique et matériel. Ainsi dans le projet Art Museum Lentos de l’agence Weber & Hofer à Linz en Autriche la structure même du bâtiment sert au maintien de la digue.

On retrouve également à l’échelle architecturale une multitude d’ambiances car comme on l’a vu précédemment ce projet pense aussi la matérialité vis-à-vis de l’inondation.

62 Ruimte Voor de Rivier, Annexe 6, p. 121

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III . Expérimentation en projet : « la digue habitée »

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Le projet d’architecture est réalisé comme une expérimentation de la réflexion développée lors des deux précédentes parties. Le site choisit est le domaine Universitaire de l’Agglomération Grenobloise qui se situe sur la ville de SAINT-MARTIN d’HERES et GIERES. Le projet de Maison de l’Université développé au premier semestre a permis de cerner les objectifs du campus dans une vision en 2050. L’idée est de renforcer l’identité particulière du campus afin de rivaliser dans les classements internationaux. De plus l’analyse a permis de découvrir une incohérence entre la gestion du risque d’inondation et la forme urbaine sur le campus. Le principe développé ci-après tente de s’appuyer sur la problématique de la gestion de l’inondation afin de redonner une identité particulière au campus en lien avec son environnement. Essayer de puiser dans les potentiels des territoires soumis à la submersion afin donner une autre vision du domaine Universitaire de Grenoble.

A _ L’échelle territoriale Le campus est soumis au risque d’inondation. Très souvent ce n’est pas une inondation par surverse mais le fait que l’Isère en crue crée une pression si forte dans le sol que l’eau est amenée sur le campus par remontée de la nappe phréatique. Afin de gérer l’aléa et les enjeux importants du campus la réflexion s’amorce à l’échelle territoriale.

Le projet SYMBHI Le SYMBHI est le Syndicat Mixte des Bassins Hydraulique de l’Isère ; Il a pour mission la gestion et la protection des grandes rivières de l’Isère contre les crues. Depuis 2009 un projet participatif en lien avec les citoyens a pour but de protéger les habitants de Grenoble et des environs contre les risques d’inondations de l’Isère. Ce projet prend place dans toute la vallée du Grésivaudan en amont de Grenoble.

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La gestion de l’inondation se fait de manière horizontale c’est-à-dire qu’il privilégie les champs d’inondations contrôlés qui permettent de redonner de l’espace au fleuve dans son lit majeur en amont de Grenoble. Le parti pris d’une gestion à l’échelle de la vallée du Grésivaudan pose des questions économiques car la réalisation d’un projet comme celui-ci à un coup important. C’est un budget de 112 millions d’euros environs qui va être investi dans ce système de protection. Le fait de continuer ce projet sur le campus ajoute des dépenses à ce budget fixé mais lorsque l’on regarde les analyses préparatoires au projet SYMBHI on atteindrait 400 à 500 millions de dommages 63si rien n’était réalisé et qu’une crue de même importance se produisait de nos jours. Et cela sans prendre en compte les risques humains liés à cette catastrophe. Erik OPRSANNA, romancier et membre de l’Académie Française parle de cet aspect économique et volontaire dans le film L’eau, la nature et la ville (regards croisés sur l’eau dans sa parenthèse urbaine)64 lorsqu’il dit que « dans 90% des cas la question de l’eau c’est pas un déficit physique, c’est pas un manque physique de l’eau, c’est un manque d’investissement. Et c’est dommage parce que tout dollars, tout euro investi dans l’eau est un des dollars ou des euros qui serait le plus efficace en terme de développement économique et bien sûr en terme de dignité humaine. » Après une étude des moyens employés par l’équipe du SYMBHI pour la gestion des inondations j’ai choisi de prolonger ce projet jusque sur le campus afin de protéger SAINT MARTIN d’HERES de la submersion lors de crue spectaculaire telle que la crue de référence de 1859 (occurrence 200 ans) qui avait submergée les territoires grenoblois jusqu’à une hauteur de 2 mètres environs.

63 Symbhi, http://www.symbhi.fr/10408-projet-isere-amont.htm, consulté le 20 mai 2012 64 L’eau , la nature et la ville( regard croisés sur l’eau dans sa parenthèse urbaine), film écrit par Bernard CHOCAT et Elodie BRELOT, réalisation Jérôme SURROCA et produit par Média-Pro et le Graie (Groupe de Recherche Rhône Alpes sur les Infrastructures et l’Eau) avec la participation de Michel CORAGOUD, Erik ORSENNA et Corinne LEPAGE, http://www.graie.org/graie/FilmENV.html ,consulté le 22 avril 2012, résumé du film disponible sur http://www.graie.org/graie/FilmENV.html

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Le domaine universitaire de Grenoble

Prolongation des champs d’inondations contrôlés sur le campus

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Le campus comme champs d’inondation contrôlé La première digue du campus qui borde l’Isère permet de résister à une crue trentenale en cas de surverse mais comme je l’ai expliqué précédemment la plupart des inondations plus fréquentes s’effectuent par remontée de nappe. Cela prouve qu’une gestion verticale du risque d’inondations sur le campus par rehaussement des digues n’est pas réalisable. La transformation du campus en champ d’inondation contrôlé induit l’aménagement en partie d’une digue favorable à la surverse et d’une digue de rétention. Une partie de la digue qui borde le campus est déjà aménagée pour permettre la surverse au niveau des terrains de sport. Celle-ci est conservée et calibrée pour une crue décennale. Une seconde partie de la digue va être aménagée pour permettre la surverse un peu plus en aval sur le campus.

Vue aérienne du projet

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B _ L’échelle du campus La corrélation entre le risque et le bâti Nous avons vu que ce n’est pas l’aléa seul qui constitue le risque mais bien la concomitance d’un aléa et d’un enjeu. Or sur le campus l’enjeu est grand. En effet c’est un espace très fréquenté et urbanisé. Le principal problème lorsque l’on décide de rendre le domaine universitaire inondable, c’est la forme du bâti. Dans les années 1960 lorsque le campus a été créé les urbanistes avaient pris en compte le risque d’inondation existant car ils préconisaient la création des bâtiments sur pilotis. Au fil du temps, les crues étant moins fréquentes et intenses, ces bâtiments ont été occupés, les RDC réaménagés afin de gagner de la place sans les rehausser. C’est pourquoi si on devait rendre le campus plus inondable qu’aujourd’hui nous devrions remettre en cohérence les bâtiments avec leur environnement. Pour voir quel impact cela aurait sur le bâti j’ai fait une analyse afin de déterminer quels sont les bâtiments sur pilotis, ceux dont les RDC ont été réaménagés et les bâtiments posés directement au sol. Cette analyse m’a permis de voir que la plupart des bâtiments étaient soit en pilotis occupés soit sur pilotis ce qui permet une mise en conformité plus mesurée vis-à-vis de l’inondation. Il faut aussi prendre en compte le fait que le campus étant situé en zone inondable, les communes de SAINT MARTIN d’HERES et GIERES ont dû réaliser des Plans de Préventions des Risques qui donnent des règles d’urbanisme afin d’avoir une cohérence entre l’urbanisation et le risque. Ce Plan de Prévention a été réalisé en 2011 et demande la mise aux normes des bâtiments soumis au risque tels que les bâtiments sur le campus qui doivent être rehaussés de 50 à 100 cm par endroit suivant la classification du risque. Ainsi tous les bâtiments qui étaient construits directement au niveau du sol devront être reconstruits ou réaménagés en fonction du risque. Pour le projet mis en place, ce changement de niveau ne serait pas de 1m mais de 2.5m.

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La gestion des flux La mise en place d’un champ d’inondation contrôlé sur le campus questionne les modes de fonctionnement de celui-ci. Comment accéder aux bâtiments universitaires si le campus est inondé ? La réflexion sur les flux est basée sur la dynamique de temporalité des crues. En effet lorsque le campus n’est pas inondé les tramways fonctionnent normalement et les étudiants peuvent profiter des grands espaces du campus pour y cheminer. A l’inverse lors d’une inondation les réseaux de tramway sont arrêtés aux portes du campus et les accès aux bâtiments sont assurés par un réseau de passerelles. Ce phénomène d’occurrence des crues apporte une temporalité dans le fonctionnement sur le campus. Lors des crues les déplacements s’effectueront plus lentement, à la vitesse du piéton. Ainsi les utilisateurs, professeurs ou étudiants, pourront profiter pleinement du nouveau paysage qui les entoure, qui se trouve sous leurs pieds. Effectivement, vu que le sol ne sera plus praticable, la circulation s’effectuera sur les passerelles à un niveau à 2.50 m au-dessus du sol. Ce sera une autre vision du campus qui sera offerte aux visiteurs. Une vision à la cime des arbres, un environnement sonore différent créé par les remous de l’eau, une luminosité transformée par les reflets de celle-ci et la présence d’une plus grande humidité dans l’air.

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L’identité du campus Afin de redonner une identité propre au domaine Universitaire j’ai essayé de m’appuyer sur la typologie développée dans la deuxième partie du mémoire. Celle-ci met en avant les potentiels ambiantaux des territoires soumis à l’inondation et me permet de faire ressortir des outils utiles au projet. Ainsi j’ai choisi d’utiliser le surplomb pour tous les bâtiments du campus. Cela permet de créer un dessous au bâtiment, des pièces extérieures en lien avec le bâtiment et l’environnement. De plus le fait de surélever les bâtiments induit un fonctionnement par passerelles lors des inondations qui ouvre l’imaginaire comme des jetées à la mer lorsque l’on est juché sur les pontons. Le travail avec les occurrences des crues permet de développer une temporalité dans le fonctionnement du campus. Cette temporalité d’inondation va renforcer le caractère très végétalisé du domaine et crée une biodiversité remarquable. L’aspect de la matérialité sera traité à l’échelle architecturale. L’identité du campus tient aussi au fait qu’il forme une unité. Après avoir étudié l’endroit le plus adapté pour l’implantation de la digue qui permet l’arrêt du champ d’inondation contrôlé certains bâtiments se retrouvaient de l’autre côté du domaine, partie Sud. Dans le but de garder cette unité j’ai j ai choisi de replacer tous ces bâtiments sur la digue afin d’unir d unir tout le domaine universitaire et de rapprocher la ville jusqu’à la digue afin de montrer le contraste entre ces deux espaces.

Coupe transversale à la digue

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C _ L’échelle de la digue La digue qui est créé pour permettre le bon fonctionnement du champ d’inondation contrôlé est constituée comme un mur de soutènement avec une partie maçonnée et un remblai de terre. Elle mesure 2 kilomètres 300 et à une largeur de 15 mètres. Pour permettre de résister à une inondation comme celle de la crue bi centennale elle est calibrée à une hauteur de 2.5m.

Une typologie de composition Les bâtiments du domaine universitaire qui se retrouvent accolés à la digue ont une fonction de renfort et de soubassement pour la digue en terre. Afin de voir comment ils pouvaient participer structurellement au maintien de la digue j’ai créé une typologie de forme architecturale correspondant à plusieurs types de renfort : Le contrefort, l’enjambement, l’encastrement et enfin le chevauchement. Le contrefort est décliné de sa forme la plus simple à la plus complexe inspiré par les formes des barrages. Il correspond à des bâtiments qui ont un rapport de servitude avec la digue. C’est-à-dire que la digue dessert les bâtiments mais qu’à part structurellement, les bâtiments n’ont pas une importance à faire valoir sur la digue. L’enjambement est une forme qui permet de relier la partie ville à la partie campus. Elle permet de faire le parallèle entre la forme bâti soumise au risque d’inondation d’une part et de l’autre une forme de bâti sans le risque. C’est la partie qui est soumise au risque d’inondation qui change selon les types développés. Il peut être géré par des pilotis en partie campus ou par un mur qui permet une élévation du bâtiment au-dessus de la côte du risque. Dans le cas intermédiaire les pilotis supportent le bâtiment sur la digue ce qui permet de renforcer celle-ci comme le font les armatures d’acier dans le béton. Ce type de morphologie de bâti crée une arche sur la digue qui invite à cheminer par-dessous et qui montre que le bâtiment à une importance. Dans le cas du campus universitaire le bâtiment agit comme une porte qui marque un évènement.

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L’encastrement est un principe basé sur l’échange. Le bâti apporte un aspect structurel à la digue et la digue permet d’apporter une certaine inertie au bâtiment. Lorsqu’il se répète, ce type de bâti forme des petits espaces entre les bâtiments sur la digue ce qui permet de hiérarchiser, des espaces plus publics au travers desquels tout le monde peut passer, et des espaces plus restreints. Typologie de bâtiment EnJAMBEment

CONTReFORT

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C


Le dernier type n’est décliné qu’une seule fois. Il se rapproche de l’enjambement car il permet d’échanger d’une part avec la ville et d’autre part avec le campus. Cependant il induit une obligation pour les personnes cheminant sur la digue de traverser le bâtiment pour continuer leur chemin. Ce type de morphologie de bâti correspond à un bâtiment dont l’affectation est destinée à un large public comme par exemple la Maison de l’Université dans le cas du campus.

TYPOlogie De BATI ENcastrement

HEVAUchement

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Skyline

La programmation Les bâtiments constitutifs de la digue sont les bâtiments appartenant à l’Université mais qui se trouvent derrière celle-ci au Sud du campus. Afin de réaliser au mieux le déplacement de ces bâtiments sur la digue j’ai effectué un relevé des destinations de chaque bâtiment ainsi qu’une estimation des surfaces à recréer. Cela représente au total environ 100 000 mètres carrés de surface répartie en 4 catégories. Le Domaine Universitaire (environ 70 000 m²), les logements étudiants (environ 28 000 m²), les sports (environ 4 500 m²), les services (environ 3 300 m²) et la vie étudiante (environ 18 000 m² regroupant les restaurants universitaires, les commerces, les associations universitaires et une ludothèque). J’ai choisi de regrouper les universités et de leur donner une hauteur importante afin de leur favoriser un impact visuel fort dans le skyline de la digue. Les autres pôles programmatiques sont répartis sur la digue offrant de la diversité pour la personne qui parcourt la digue. Le choix des typologies adaptées à chaque bâtiment selon la typologie développés dans le paragraphe précédent a été faite de manière à avoir une relation entre la destination du bâtiment et l’importance qu’il doit avoir sur la digue.

La digue : une rupture et un lien Par définition une digue est une infrastructure très linéaire. Cette linéarité à deux effets sur le site il permet de concevoir deux espaces distincts (la ville et le campus) composés comme un avant et un après. Ces deux espaces ont deux ambiances différentes l’une très bâtie : la ville et l’autre moins dense en bâti mais plus dense en végétation : le parc habité du campus. Cependant il crée aussi un lien longiligne entre les bâtiments qui composent la digue. Cette relation entre le lien et la rupture pose des questions de franchissement et de continuité. Comment gérer le fait que le campus doit être accessible en temps normal et puisse permettre la mise en place du champ d’inondation contrôlé en cas de surverse ?

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Pour permettre cet évènement de submersion du campus j’ai envisagé de créer trois portes d’accès dans la digue. La première se situe au niveau de la coulée verte d’entrée sur le campus où se trouvera la Maison de l’Université. Cet accès permet au tram A et B de passer ainsi qu’aux voitures et aux piétons. Le deux autres accès encadrent le Pôle Universitaire et permettent, pour le premier, de faire passer le tram et les piétons, pour le deuxième, de faire passer les voitures et les piétons. Ainsi le campus resterait accessible aux flux piéton et routier lorsqu’il n’y a pas de crue. Au contraire en cas de surverse les portes se refermerais comme des portes d’écluses ce qui permettrait de créer un espace totalement clos pour accueillir les surplus d’eau pendant les inondations de l’Isère. La hauteur de la digue de 2.5 permet de laisser passer les voitures sur le campus sans mettre d’obstacle à la linéarité de la digue mais le tram à besoin d’une hauteur plus conséquente c’est pourquoi j’ai créé un cheminement en béton le long du front bâti qui se soulève afin de gagner la hauteur suffisante de 4m pour le passage du tram. C’est par une pente douce de 3% sur 50 mètre et un franchissement entre les deux côtés de la digue que la continuité linéaire du cheminement sur la digue est préservée. On retrouve ainsi sur la digue un espace bétonné qui assure la continuité linéaire du cheminement côté ville et côté campus un espace plus végétalisé qui assure le maintien du talus de terre par l’enracinement des espèces végétales présent. Schémas de franchissement

La coulée verte

Le pole étudient

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D _ L’échelle architecturale Comme nous l’avons vu dans la partie recherche du mémoire, la gestion du risque d’inondation s’effectue à différentes échelles. Afin d’expérimenter toutes les échelles du projet sur le campus j’ai choisi de travailler sur la création d’une ludothèque.

La ludothèque Une ludothèque est un bâtiment public ouvert à tous et destiné à toutes les tranches d’âge. J’ai choisi de travailler sur un programme comme celui-ci car il permet de mettre en relation la population étudiante du campus et les habitants de la ville. La forme du bâti a donc été sélectionné au regard de cet aspect fédérateur entre les deux côtés de la digue. Le type d’enjambement est le plus approprié pour répondre à ce rapprochement. C’est un bâtiment public, donc, afin d’interpeler les gens qui parcourent la digue il doit créer un évènement dans la linéarité. La forme de porte du bâtiment constitue une différence par le fait que le passant circule en dessous de celui-ci.

Les principes d’organisation L’organisation du bâtiment par sa forme d’enjambement et par son orientation vis-à-vis de l’ensoleillement. En effet les bâtiments situés sur la digue et qui ont une forme transversale ont une orientation Nord/Sud qui induit une organisation spécifique. La circulation est regroupée au Sud. Elle est formée autour d’un noyau central qui constitue les pièces thématiques de la ludothèque.Les emmarchements sont calculés pour former d’un côté un gradin pour pouvoir jouer et de l’autre pour pouvoir circuler. Une protection spécifique du soleil est gérée par une double peau en façade.

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R+2

R+1

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Le corps du bâtiment qui traverse la digue est composé de grands espaces de jeux. Les parois latérales sont générées à l’aide d’une grande épaisseur qui à deux fonctions. Premièrement de diminuer l’impact direct des rayons lumineux sur les espaces de jeux et deuxièmement de permettre de ranger les jeux et le mobilier par encastrement. Cette modularité du mobilier permet aux participants du lieu de pouvoir s’amuser avec les dispositions et d’adapter l’espace de jeux soit pour les « grands jeux » soit pour les jeux à plus petite échelle. La dernière façade côté nord est entièrement vitrée afin de faire parvenir un maximum de lumière constante à l’intérieur du bâtiment et surtout de donner à voir le Domaine Universitaire dans un souci pédagogique du risque grâce aux évènements de submersion.

Coupe transversale à la digue

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Le rapport à l’eau Le rapport à l’eau est traité de manières différentes au sein même du bâtiment grâce à la matérialité. Les pilotis assurent ainsi deux fonctions. Bien sur une fonction structurelle de maintien du bâtiment mais aussi une fonction de mémoire du risque. En effet ces piliers sont réalisés en acier oxydable ce qui permet de générer une trace de l’évènement d’inondation et entretenir une mémoire commune du risque comme aurai pu le faire une échelle de crues. De plus la sous-face du bâtiment constitue l’espace d’un instant un toit à la digue. Celui-ci est recouvert d’un matériau réfléchissant qui permet lorsqu’il y a une inondation sur le campus de jouer avec les reflets de la lumière sur l’eau créant une ambiance particulière à ce lieu.

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Conclusion

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Le cadre environnemental que nous connaissons est en plein changement. Les risques de catastrophe naturelle tels que les inondations vont augmenter dans les années à venir. Face à ces changements climatiques et au risque que cela engendre nous nous sommes demandés comment il était possible de gérer les risques d’inondation dans les villes d’aujourd’hui. Les autorités commencent à chercher de nouvelles solutions afin de protéger la population. Dans la réflexion portée dans ce mémoire nous nous sommes attachés à voir quels pouvait être les potentiels ambiantaux des territoires inondables. Grâce à une typologie de 20 projets Européens nous avons pu dégager plusieurs types de protection tels que le risque comme évènement, la pédagogie du risque et la mémoire du risque. Chacun d’entre eux montre des qualités ambiantales en relation avec le rapport étroit qu’instaure le corps à l’environnement extrême, comme les territoires submersibles. Nous nous sommes aperçus que ces projets pouvaient être regroupés en facteurs ambiantaux liés à l’inondation. Ils ont été perçus comme des outils de conception lors d’aménagement pour la gestion des zones inondables. On peut retrouver : la biodiversité perçue, différents types de surplombs, la matérialité ou encore l’imaginaire du rapport homme/eau. Le fait de dégager ces outils de conception a permis de réaliser une expérimentation de gestion de l’inondation sur le Domaine Universitaire de SAINT MARTIN d’HERES. L’originalité de ce projet est qu’il cherche à mêler le risque et les enjeux très présents dans cette zone. Par le fait d’une gestion novatrice du danger de submersion en lien avec la vulnérabilité des hommes et des matériaux on peut voir que des ambiances relatives aux zones inondables prennent place sur le campus et permettent de redonner un caractère spécifique et une identité au campus afin d’entrée en compétition avec les autres grands campus mondiaux. Nous pouvons donc affirmer que la prise en compte de l’inondabilité d’un territoire peut apporter une valeur ajoutée en milieu urbain par le biais des ambiances. Mais il nous faut apporter des nuances à ce constat. La réflexion débutée dans ce mémoire exprime aussi la difficulté de gérer une prévention du risque en milieu urbain où les enjeux sont très concentrés. La vulnérabilité étant révélée, la pédagogie du risque prend tout son sens mais pose la question de l’appréhension des habitants de se voir si proche du danger. L’inconscient collectif est-il prêt à reconnaitre le paysage qui l’entoure même si celui-ci constitue un risque ?

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Dans le but d’étayer ce propos et de voir si les questions que me posait ce travail était justifier, je me suis rendue à une réunion publique en date du 29 mai 2012 sur la problématique de la gestion de l’eau à Grenoble. Cette rencontre entre la Métro et les citoyens fut pour moi l’occasion de vérifier que le citoyen n’est pas en mesure d’accepter le risque comme partenaire de son environnement. En effet lorsque j’ai souhaité exprimer la potentialité du campus de devenir un champ d’inondation contrôlé afin de prévenir les risques d’inondation de l’Isère la réponse fut celle que j’attendais. Le représentant de la Métro ainsi que les citoyens n’ont pas trouvé l’idée recevable, refusant catégoriquement de considérer le risque d’inondation comme potentiel. La conclusion que l’on peut tirer de cette expérience, est qu’il faut des projets comme ceux-ci pour bousculer les habitudes, afin d’amener une réflexion et une discussion sur le devenir de nos villes en cohérence avec leurs environnements.

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Annexes Typologie de gestion du risque Article de glossaire

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L’environnement extrême Transformation d’une contrainte en valeur urbaine Par Charline Daud,

L’architecte repousse les limites du possible en s’intéressant à l’urbanisation et l’architecture dans les milieux extrême. Ces environnements sont des espaces qui ne sont pas considérés comme des lieux favorables à l’installation humaine car ils mettent le corps et le bâtiment à l’épreuve. Le fait de s’intéresser à des environnements qui, de base, sont considérés comme n’étant pas appropriés à l’urbanisation pose la question de la prise en compte de cette contrainte dans les projets architecturaux. En effet est-il possible que la prise en compte de cette contrainte d’environnement extrême à la base du projet permette de la transformer en valeur urbaine ? L’extrême questionne les limites en architecture or, le corps est le support d’expérimentations spatiales et il nous permet de dialoguer avec lui. C’est à travers les sens de notre corps que nous sentons l’espace dans lequel nous évoluons. C’est pourquoi nous allons nous intéresser à différentes échelles en partant du corps pour arriver à l’échelle de l’urbain. Nous verrons premièrement, suivant les différents sens que le corps utilise pour percevoir l’espace, si les limites physiques de nos sens réduisent ou participent aux ambiances en milieu extrême. Puis nous nous intéresserons dans un deuxième temps à voir de quelle manière ces contraintes physiques sont prises en compte dans des environnements extrêmes. Enfin nous verrons dans un exemple précis d’environnement à risque comment cette contrainte de climat extrême peut devenir une valeur architecturale et urbaine porteuse d’ambiances.

Les limites du corps à travers les sens

La vue Le premier sens que nous utilisons pour comprendre l’espace est la vue. En effet Jean Cousin dit dans L’espace vivant que plus de 40% des impressions sensorielles sont dues à la vue1. L’œil humain doit s’adapter à différentes luminosités, éblouissement et obscurité. Il peut être mis à l’épreuve dans des espaces qui possèdent de forts contrastes de luminosité, créant ainsi des phénomènes d’éblouissement, de perte de repère. Une très forte luminosité ou un espace obscur demande à l’œil humain un certain temps d’adaptation. Dans des situations extrêmes le manque de repère visuel peut provoquer une sensation de vertige. La cécité peut être génératrice d’ambiance car elle induit d’ajuster l’espace en corrélation avec cette limite du corps. Par exemple les matériaux doivent être plus contrastés les uns par rapports aux autres. Le son Le son est indissociable de l’espace. Il existe très peu d’endroit où le son est absent. Edith Lecourt l’explique bien en définissant le son comme étant fugitif, insaisissable, immatériel et que l’on a du mal à en percevoir les limites car le son passe à travers 1

COUSIN Jean (1980), L’espace vivant, Paris, Ed. du Moniteur


toutes nos « enveloppes » : le corps, la maison, la ville, il se répercute, s’amplifie, s’engouffre, s’éteint, ou nous revient en écho, sans que nous soyons en mesure de le délimiter, voire même de nous en protéger.2 On peut donc s’intéresser au son dans l’environnement extrême. Dans l’espace le son peut rebondir et revenir en écho à notre oreille, la réverbération est ici quelque chose de quantifiable que l’on peut contrôler. Ces réverbérations servent de repère dans l’espace tel un radar. L’écho nous permet de nous rendre compte de l’espace qui nous entoure. Sans ce retour nous perdons nos repères, ainsi l’expérience d’un environnement extrême tel que de la Chambre Sourde dans laquelle on observe une absence totale de son extérieur à notre corps est très déstabilisante car on prend conscience des bruits intérieurs de celui-ci. Le son est donc une manière de se repérer dans l’espace ce qui peut être un appui lorsque l’on travaille dans un environnement extrême. Le toucher Nous allons ici nous intéresser aux sensations de chaleur ou de froid que peut ressentir le corps. C’est le sens que nous utilisons qui limite le plus l’expérience. Son spectre d’adaptation n’est pas très large ainsi on arrive vite dans des situations extrêmes où il faut rétablir une normalité de bien-être. Le corps est donc très sensible aux variations de températures et ainsi le concepteur peut jouer avec ces différentes sensations pour émouvoir l’acteur du lieu. On peut ainsi prendre comme hypothèse que le corps, à travers les sens que nous utilisons pour percevoir l’espace a certaines limites mais que ces sensations extrêmes peuvent amener à de multiples atmosphères dans le projet. Nous pouvons donc nous demander comment les architectes utilisent ces contraintes comme éléments moteurs de conception dans le but de fabriquer des espaces porteurs d’ambiances.

L’architecture extrême

Notre corps, limité par ces sens, est une des contraintes en milieu extrême. Nous allons voir suivant différents exemples comment le corps en tant qu’outil de compréhension de l’espace entre l’environnement extrême et l’espace sensible peut servir le projet et contribuer à créer des ambiances. L’échelle du bâtiment

La chaleur questionne l’intériorité, la relation à l’espace extérieur. Comment créer un espace qui permette au corps de retrouver un bien-être alors que les chaleurs sont extrêmes ? La maison RR, un projet de Andrade Morrettin Architecte à Sao Paulo au Brésil, se situe dans un environnement rude où il fait une température moyenne minimale de 20°C et maximale de 32°C avec une grande humidité. Les architectes apportent une réponse en lien à l’extrême chaleur du site. De chacun des côtés principaux du rectangle que constitue la maison ils rajoutent une pièce tampon entre intérieur et extérieur. Celle-ci permet la libre circulation de l’air à l’intérieur de la maison et donne en même temps l’impression d’appartenir à la maison comme une pièce extérieure. Cela forme une ambiance de fraicheur créé par l’ombre du plafond et les courants d’air. De même, grâce aux moustiquaires en fibre de verre, on se sent protégé de l’extérieur. 2

LECOURT Edith, Le sonore et les limites du soi


maison RR, Andrade Morrettin Architecte ,Sao Paulo au Brésil a

Le froid à l’inverse pose la question de l’isolement de l’enfermement. Dans l’igloo, habitat traditionnel des zones arctiques par exemple, on peut voir que la résistance au froid par l’abri de glace permet un isolement mais aussi au travers de cette matière de glace et de neige un lien avec le temps extérieur, avec des variations de luminosité. Dans un projet de Hugh Broughton Architects en antarctique, avec une température moyenne minimale de -55°C et +4°C, l’architecte a basé son projet sur la gestion du social dans un espace de petite taille. Il répond à ces températures extrêmes avec un projet de petits modules reliés par des passerelles extérieures, afin d’être au moins une fois dans la journée en contact avec l’environnement extérieur, et une répartition dans le module de vie d’espace dévolus aux différents types de relations sociales qui aménagent des possibilités d’intimité.3

Halley VI, Hugh Broughton Architects a

L’altitude est un autre environnement extrême pour lequel des architectes ont apportés des réponses originales et porteuses de sensations. Dans le projet de Jean Marie Massaud, le nuage habité, l’architecte étend le champ du possible de l’habitat au ciel. Ce nuage habité est un dirigeable de luxe au design sculptural avec lequel on va pouvoir avoir des vues sur des paysages encore non explorés par l’homme de ce point de vue. La lenteur du nuage habité est un facteur d’ambiance puisque le passager aura tout le 3

SLAVID Ruth (2009), Architecture des limites, Paris, Ed. Du Seuil


temps d’apprécier l’espace. Tout le travail technique pour pouvoir utiliser l’altitude et le ciel comme porteur du projet apporte une réponse pleine de légèreté.

Le nuage habité, Jean Marie Massaud a

Le projet de Mark Johnson, le Skywalk, est un belvédère au-dessus du grand canyon. Cette installation joue avec le vide et la perte de repère. Le sol est vitré ce qui permet au visiteur de voir le fond de l’abîme. La sensation d’être totalement suspendu dans vide, d’être en équilibre instable, répond à cet environnement d’extrême altitude. Le but étant d’oublier la structure imposante pour se sentir totalement dans le vide à 1200 mètre du sol. Le poids est une donnée avec laquelle on est obligé de composer lorsque l’on construit, et que l’on vit l’espace sur terre. Mais que se passe-t-il lorsque cette donnée n’est plus à prendre en compte, quand l’apesanteur est notre environnement? Pour comprendre quel est cet environnement extrême dans lequel il faut évoluer on peut voir la définition de Kitsou Dubois, chorégraphe. En micro gravité, comme tu n’as plus de repère de gravité, tu as la sensation d’être dilué dans l’environnement. Cela peut être jouissif pour certains et angoissant pour d’autres. C’est très difficile d’avoir conscience des limites du corps. En apesanteur, si tu n’as pas tes mains dans ton champ visuel, ni les pieds, tu ne sais pas où sont tes mains et tes pieds.[…]En microgravité il n’y a pas vraiment un dedans et un dehors. 4Une réponse particulière a été apportée par l’architecte Gille Ebersolt dans son projet de module martien boomerang dans lequel il prévoit une adaptation possible à tous les terrains difficiles grâce à une base flexible et à des éléments intérieurs suspendus aux parois internes, ils restent donc en place pendant de fortes secousses. L’échelle de la ville Les architectes urbanistes ont pensé les villes en fonction des situations extrêmes auxquelles elles sont confrontées et cela apporte une ambiance spécifique à la ville. 4

KUYPERS Patricia, Danse en apesanteur


La chaleur dans l’espace urbain est abordée avec un projet de Foster et Parteners dans le désert à Masdar. Ce projet urbain repose sur le fait que dans le désert la chaleur est sèche et par conséquent il faut utiliser des bâtiments massifs qui permettent, de par leur inertie thermique, de réguler l’ambiance thermique à l’intérieur des bâtiments. Un tissu urbain dense est donc choisit pour créer des rues abritées du soleil et agréables à vivre, rafraîchissantes. L’hiver étant plus froid les rues denses atténuent la déperdition thermique et les vents froids, permettant une utilisation continue de l’espace urbain.

Masdar, Foster et Parteners b

Le froid des hivers rigoureux est pris en compte à Québec. Cette ville est porteuse d’une ambiance feutrée, douce et lunaire lorsqu’elle revêt son manteau de neige. La ville étant très étendue, l’ambiance de l’hiver extrême avec ces 2 mètres de neige diffère totalement du reste de l’année. La ville est vidée de ces habitants, on ne sort que pour aller quelque part, dans un but précis. Lorsque l’on est dehors les bruits semblent étouffés par la neige, le calme présent est ahurissant. Le contexte climatique offre une réelle atmosphère à ces rues.

Québec c


La lumière est porteuse d’ambiance à l’échelle de la ville. Une ville comme New York brille de mille feux dans la nuit, elle paraît dynamique et festive. Si on regarde un panorama de la ville de New York de nuit celle-ci paraît impressionnante mais attirante. Cet environnement ultra lumineux donne une ambiance lourde mais énergisante. L’ambiance que la ville dégage donne une idée sur sa richesse.

New York b

L’obscurité des villes est quelque chose que l’on a cherché à repousser dans les villes d’aujourd’hui. L’éclairage urbain est ultra développé en occident et il est rare de trouver une ruelle « coupe-gorge » dans nos villes. Même si ce travail sur l’éclairage urbain est traité différemment dans chaque ville. On peut prendre le contre-exemple des favelas en Amérique du sud qui sont peu éclairées. Elles se dessinent mal dans le paysage et on ne peut pas repérer toutes les rues qui les composent.

Rue sombre d

Ainsi on constate que les projets d’architectures en milieux extrêmes peuvent tirer leur essence des difficultés que le corps a à s’adapter à lui. On peut remarquer que ce travail


permet la mise en place de procédés technologiques et d’expérimentations spécifiques. A l’échelle de la ville la composition urbaine liée à un environnement extrême est porteur de différentes ambiances. Tous ces exemples nous ont permis de poser l’hypothèse que l’on peut s’appuyer sur les limites de nos sens pour composer des espaces constitutifs d’ambiances et que l’on peut réfléchir un projet architectural en lien avec un environnement extrême. Cependant pour aller plus loin dans la réflexion nous allons nous demander si le fait de considérer la contrainte d’un environnement extrême à la base du projet peut transformer cette contrainte en valeur architecturale et urbaine en constituant des ambiances

Ambiances et inondation

Nous allons expérimenter cette hypothèse en s’intéressant à un type spécifique d’environnement extrême qui est l’inondation. Pour ce faire nous allons essayer de créer une typologie de réponses architecturales et urbaine en fonction du risque d’inondation. Les grands thèmes vont être : éviter le risque, composer avec le risque, la pédagogie du risque et enfin, le risque comme évènement. Nous allons regarder ici quelques exemples à l’échelle architecturale et urbaine de ces prises en compte de l’environnement extrême à risque. L’échelle du bâtiment On trouve deux grands types de gestion du risque d’inondation à l’échelle du bâtiment. La première est d’éviter le risque par la construction de maison sur pilotis. Avec cette technique c’est le sens de la vue qui est le plus solicité. En effet cela permet d’avoir un point de vue à partir de sa maison sur l’environnement qui est atteint par l’inondation. On peut ressentir une sensation de sécurité d’être hors d’eau, à l’abri sur les pilotis. Les espaces au RDC en contact avec le risque sont généralement utilisés comme garages ou terrasses ce qui induit la notion d’évènement dans la maison. On remarque ainsi la difficulté de classement car la gestion du risque est globale et induit souvent une mixité d’action.

Hind House, John Pardey Architects, Wargrave e


Dans le projet de maison amphibie de Massbommel plusieurs sens sont mis en éveille. La vue est stimulée par les paysages changeant. On n’a pas la même vue lorsque la maison monte avec les inondations que lorsque la maison est au point bas. Cet aspect changeant met aussi à contribution nos sens pour se repérer dans l’espace. En effet même si ces changement d’altitude peuvent être très subtils ils induisent un caractère mobile à la maison. De plus le fait de voir et de sentir la maison bouger au gré des fluctuations de l’eau donne une sensation de légèreté du bâtiment ce qui est remarquable quand on pense au poids de l’ensemble. Enfin le son est amplifié en présence de l’eau qui agit comme un réflecteur de son donc on peut imaginer que dans la vie des espaces extérieur de la maison le lien avec l’environnement est amplifié au niveau sonore lorsqu’il y a inondation.

Maison amphibie, Maasbommel f L’échelle urbaine L’environnement urbain est de plus en plus soumis au risque d’inondation de par le fait de l’étalement urbain qui, parfois, doit utiliser des terrains en zone à risque. Cet aléa est à la fois créé par les débordements des cours d’eau mais aussi par la gestion des eaux de pluies. Nous allons voir ici deux exemples de prise en compte de ce dernier cas à l’échelle urbaine. Le premier projet est un projet de square urbain à Rotterdam, le « Watersquares » par De Urbanisten et Studio Marco Vemeulen. Celui-ci se base sur les différents stades de montée des eaux suite aux intempéries. Le principe est de définir plusieurs occupations et des ambiances variées selon si le bassin est plus ou moins rempli. On passe ainsi d’une ambiance sèche avec un espace très minéral à un espace humide lorsque l’eau envahie le square. Ce principe joue avec les sensations des acteurs et met en valeur la richesse des évènements qu’il est possible de produire en prenant en compte l’inondabilite.


Watersquare inondé g

Watersquare fortement inondé g

Le second projet propose une adaptation d’un cœur d’îlot suivant l’écoulement des eaux de pluies dans le quartier de Vauban Neppert à Mulhouse. Le principe de ce projet de l’agence Territoires est de niveler le sol afin de créer un point bas dans lequel vont se rejoindre les écoulements d’eau des bâtiments. Cet endroit devient un point de rencontre intime, un espace de repos sous la végétation. Cet espace est apprécié pour sa fraicheur et son calme d’après l’article de Catherine Seron-Pierre5. En effet l’eau à proximité apporte de l’humidité et la végétation accrue atténue les sons extérieurs.

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Seron-Pierre, Catherine, « Détails eaux pluviales, Plan du quartier Vauban Neppert Mulhouse », AMC, n°189, p.132-133


Coupe sur le cœur d’îlot h

Pan de l’aménagement h Ces exemples nous montrent qu’il est possible de s’appuyer sur une contrainte à la base d’un projet pour en faire une force et l’importance de lier les différentes échelles d’intervention pour unir les sensations à l’environnement, pour créer des ambiances.

En conclusion on peut dire que de nos jours le corps par lequel nous ressentons l’espace peut être une contrainte à prendre en compte dans certaines architectures tel que l’extrême. On a vu comment les architectes qui travaillent en milieu extrême conçoivent avec cette contrainte et que cela façonne certaines atmosphères architecturales. L’expérimentation avec l’environnement extrême d’inondation montre comment il est possible de transformer cette contrainte d’agir en milieu extrême en valeur urbaine et architecturale en prenant cette donnée en compte dès la base du projet. Cependant ces exemples ne sont pas exhaustifs et nous pouvons nous attendre à rencontrer d’autres manières de gérer le risque d’inondation. Il faut noter l’importance d’une réflexion à toutes les échelles, passant de la relation des sens à l’environnement afin de créer des ambiances, des expériences dans l’architecture. Les conditions de changements climatique vont dans le sens d’une augmentation des contraintes environnementales c’est pourquoi il est important de montrer comment ces contraintes peuvent aider le projet plutôt que l’enfermer dans des interdictions, à nous de faire que l’architecture de demain ne soit pas l’architecture forcé c’est-à-dire une architecture soumises à des restrictions que lui imposerait la nature mais l’architecture du potentiel apprendrait des contraintes naturelles pour en faire une valeur ajoutée dans le projet.


Bibliographie : COUSIN Jean (1980), L’espace vivant, Paris, Ed. du Moniteur DENIZEAU Gérard et VIART Jean-Paul (2010), Villes de l’extrême, Paris, Gründ HICKOK Lorena-A, L’histoire d’Helen Keller, Robert Lafond, Pocket Junior LECOURT Edith (1983). Le sonore et les limites du soi, Bulletin de psychologie, Tome 36, n° 360. p. 577-582 KUYPERS Patricia, Danse en apesanteur RICHARDSON Phyllis (2009), XS extrême : grandes idées, petites structures, Londres, Thames and Hudson SLAVID Ruth (2009), Architecture des limites, Paris, Ed. du Seuil.

Crédit photographique a - SLAVID Ruth (2009), Architecture des limites, Paris, Ed. du Seuil. b - DENIZEAU Gérard et VIART Jean-Paul (2010), Villes de l’extrême, Paris, Gründ c - consulté le 10/12/2011, http://www.monquebec.net/photos.php?show_heading=detail&dir=Le%20Quebec%20en %20Hiver&photo=25 d - consulté le 08/12/2011, http://flo-et-co.blogspot.com/2008/01/une-srie-assez-sombre-ralise-dans-le.html e - consulté le 05/03/2012, Pardey, Jhone, http://www.johnpardeyarchitects.com/modern-architecture/one-off-housesarchitecture/hind-house/ f - consulté le 05/03/2012, Face au réchauffement climatique les Pays Bas testent la maison amphibie, Euronews, http://fr.euronews.com/2009/05/11/face-au-rechauffement-climatique-les-pays-bastestent-la-maison-amphibie/ g - BOER, Florian (2010, mars), « Watersquares », Topos, n°70, p.42-47 h – Seron-Pierre, Catherine, « Détails eaux pluviales, Plan du quartier Vauban Neppert Mulhouse », AMC, n°189, p.132-133


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Remerciements je tiens à remercier Yann Blanchi, Jacques Scrittori et Walter Simone pour leurs conseils durant toute l’élaboration du projet Merci à Grégoire Chelkoff et Magali Paris pour l’ investissement et l’ intérêt qu’ils ont montré à me faire découvrir la recherche tout en avançant sur le projet. Merci au Cresson de m’avoir accueilli. Merci à ma maman pour TOUT, pour m’avoir soutenue et aidée jusqu’au dernier moment. Merci à mon papa pour le soutien logistique et moral indispensable. Merci aux personnes fort sympatiques que j’ai rencontrées cette année et quim’ont aidées à avancer dans ma réflexion et tout particulièrement Sarah Daran, Ellyn Achard, Anne Sophie, Sébastien et Marine. Enfin merci à toutes les écoles qui m’ont accueillies durant mon cursus ( Lille, Laval et Grenoble)


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