PI CSOU N°6
SOI R
HIVER 2020
JOYEUX NOËL À DONALDVILLE !
SOMMAIRE 03. ACTUALITÉS
03. Un grimoire spécial Miss Tick 04. Don Rosa en live pour Noël 05. La couv' de Ville Tantu
06. ANALYSES
06. Les canards fêtent Noël 10. Onc' Picsou et Papa Noël 13. Can-art : Picsou contre les autres 14. La bande à Flairsou
16. EXPRESSIONS
16. Coin-coin : les fan-arts des lecteurs 17. BD : Le fantôme de Quacktown
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L'Édito
par Corey, rédacteur en chef Même si nous sommes plus proches de la Saint-Valentin que du 25 décembre, l'équipe vous propose pour ce n°6 un Picsou-Soir spécial Noël ! Au programme, une analyse que ce que la façon de nos amis canards de fêter Noël nous apprend d'eux, et un retour sur les grandes représentations de ce thème dans les bandes dessinées et dessins animés Disney (notamment au travers du Chant de Noël de Dickens). Mais vous pourrez également lire une chronique du live que Don Rosa a réalisé le 13 décembre 2020 – un autre est d'ailleurs programmé pour le 20 février à venir ! –, un essai généalogique sur la famille de Flairsou... Et exceptionnellement, la rubrique sur les fan-arts est plus courte que d'habitude, car nous vous proposons une histoire en quatre pages réalisée par Ville Tanttu, un finlandais qui a aussi dessiné la couverture du numéro. Nous espérons que tout cela vous plaira ! Profitons-en de même pour remercier la rédaction de Picsou Magazine qui a consacré deux pleines pages à Picsou-Soir dans son dernier numéro ! Ce qui a probablement contribué à faire rapidement augmenter notre nombre d'abonnés sur nos différents réseaux (presque 600 sur Facebook ! )... et les demandes de réimpression des précédents numéros. À ce propos, cela pourrait bien arriver avant la fin de l'année...
PICSOU-SOIR N°6 - HIVER 2020 www.picsou-soir.com Rédacteur en chef Corey
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Couverture Ville Tanttu Ont collaboré à ce numéro Kylian Bourichet-Passier • Jacques Bressin • Simone Cavazzuti • Alban Leloup • Loris Maiolino • Soupic
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ENVIE DE PARTICIPER AU PROJET ? CONTACT@PICSOU-SOIR.COM
Contact E-mail : contact@picsou-soir.com Les images Disney sont © Walt Disney Company, Picsou-Soir n'y est pas affilié. Toute reproduction, totale ou partielle, du contenu du numéro est interdite. Version numérique. En collaboration avec Picsou Wiki
COMPTE-RENDU
UN GRIMOIRE SPÉCIAL MISS TICK
D
ernier hors-série en date dans la collection du Meilleur du Journal de Mickey, ce deuxième numéro du « Grimoire Magique » poursuit la compilation d’histoires Disney aux ambiances fantastiques teintées de magie, déjà parues dans le Journal de Mickey et Mickey Parade Géant. Sur les treize (malédiction ! ) histoires rassemblées, huit mettent en avant l’enchanteresse Miss Tick (à l’image de la belle couverture faite par le français Morgan Prost). On retiendra notamment le scénario fantaisiste de 13 sortilèges maléfiques où la famille Duck subit les transformations rocambolesques d’une baguette magique, ou encore le dessin toujours expressif de Giorgio Cavazzano, malgré un scénario classique, dans Tuteurs à gages. Les machinations de la fameuse sorcière pour s’emparer du sou fétiche de Picsou sont soit inventives, avec ce sort qui embrume la tête du plus riche des canards dans Brume d’embrouille, soit astucieuses, comme dans Perdu sur le toit du monde qui met en vedette Daisy sous un angle plutôt
intelligent. Quant à Passe ton diplôme d’abord et G.A.S.P. contre S.P.L.A.T., les auteurs fusionnent de manière étonnante la science et la sorcellerie avec le duo Géo Trouvetou – Miss Tick, tandis que L’Alchimiste et Tout s’explique exploitent la naïveté de Donald face aux phénomènes magiques. Les cinq autres épisodes de ce volume délaissent la sorcière napolitaine pour des aventures où règnent le fantastique : de manière réussie comme avec les inventifs (à la limite de l’expérimental) Echange standard et L’ombre d’un doute, plutôt basique mais rythmé dans Retour aux sources où Massimo De Vita s’inspire de Jumanji, ou bien davantage raté avec L’abruti sorcier et son scénario fourre-tout. La palme revient à Kandelor le Dragon qui associe le scénario original et riche en rebondissements de Dick Kinney avec le beau dessin, expressif et fluide, de Romano Scarpa. Cette histoire de 1972 n’a pas pris une ride et reste toujours aussi plaisante à lire, grâce au traitement intelligent ré-
ET AUSSI...
Une ce HS aine iz , e idé une d a Ding e n u n bon men 'Indian ites e u ed ca néd ave istoir deux i ce. n d'h ont Fra d
servé à ses personnages et à la diversité des gags qui viennent porter le récit. Après la lecture de ces 282 pages de BD, on a tout de même l’impression de rester un peu sur notre faim : l’ensemble de ce volume, de bonne facture, demeure anecdotique, la faute à une trop grande diversité des histoires compilées, ce qui ne rend pas vraiment hommage aux soixante ans de création de cette obstinée de Miss Tick. Loris Maiolino Réédition d'un hors-série de 2016, avec des histoires 100 % Rapetou, dont 8 classiques de Barks et quelques bons crus de l'école italienne...
Une ine a ur Don l l e fig fficielle t 20 e v u i no rès o le fa t la t ction ! El kilo et n i o j n re Colle s d'u Rosa pèse prè 349€ ! e cm, coût
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REPORTAGE
DON ROSA EN LIVE POUR NOËL !
L
e 13 décembre dernier, Don Rosa a organisé un live sur Internet pour échanger avec ses fans, accompagné de son fidèle Jano. Ce fut l'occasion pour lui de revenir sur de nombreux points de sa carrière, et pas seulement liés aux canards. En voici un rapide résumé, pour un peu plus de deux heures de vidéo.
Le live commence à 19h00, heure de Paris. Tout de suite apparaît l'immense collection de Don Rosa, soigneusement stockée dans une grande pièce (qu'on imagine en sous-sol vu l'absence de fenêtres). Des étagères sur tous les murs et même au milieu de la pièce sont garnies de boîtes de protection, classées et numérotées par éditeur puis par année. L'auteur l'estime à plus de 40 000 numéros, sans avoir précisément le total. Cette vaste collection couvre la majorité des publications américaines sorties entre les années 1940 et les années 1970, avec quelques exceptions avant. C'est la période la plus intéressante pour lui, et il est très fier de sa collection. De plus, comme il a déjà pu le dire à travers ses histoires de canards (comme Mineur de coffre, planches 3 et 4), il collectionne pour le contenu et pour avoir un tout complet, mais en aucun cas parce que les numéros sont rares. Tout au long du direct, de nombreux fans essaient, sur indication de Don lui-même, de le « piéger » en lui demandant les titres les plus insignifiants ou rares possibles et, hormis des titres qui n'entrent pas dans sa période délimitée, il possède à chaque fois le numéro en question. Parmi les questions importantes, on retrouve évidemment l'histoire
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de ses deux rencontres avec Carl Barks, qu'il trouve humblement insignifiantes à raconter, mais qui ont permis de réunir le père des canards avec son premier disciple. D'autres sujets très variés sont amenés, comme la collaboration avec Tuomas Holopainen, qui a écrit un album à partir de la Jeunesse de Picsou en 2014 ; ses inspirations dans la littérature ; sa collection de figurines (en grande partie revendue) ou de livres ; ses premières histoires avec Lance Pertwillaby ; les comics pulp des années 1940 ; son goût pour la BD européenne, inassouvi faute de traductions en anglais ou enfin le dessin de la tombe de Picsou et son contexte. Trois sujets sont plus longuement abordés et méritent d'être détaillés. Premier point : la différence de notoriété actuelle des canards Disney entre les États-Unis et l’Europe (ou le monde). Aux ÉtatsUnis, elle était bien plus grande après-guerre, une époque plus propice aux comics, lus et consommés par tous sans a priori, alors qu'ils sont progressivement devenus un média de niche, plutôt adressé à des enfants. Là où un titre de Barks se tirait facilement à trois millions d'exemplaires, une
autre histoire de canards de nos jours atteint difficilement les 20 000 ! Cela coïncide avec un changement dans l'approche de la publication, principalement chez Marvel et DC, qui ont voulu relancer les ventes en liant de plus en plus les titres les uns aux autres, de telle sorte qu'au lieu d'avoir une histoire indépendante n'importe quand, il a fallu progressivement acquérir cinq, dix, quinze numéros pour avoir un tout cohérent. Dans le même temps, l'éditeur Disney de l'époque ne s'est pas inquiété et a diversifié ses parutions. Ajouté au changement drastique de méthode d'impression et distribution (faire acheter à l'avance un nombre fixe de numéros par les boutiques, pour coller au plus près des ventes et ne pas gérer des retours et invendus), le marché a considérablement changé aux ÉtatsUnis. Pendant ce temps, en Europe, on continuait à apporter les magazines directement dans les kiosques, au plus près des lecteurs, et tout le monde en achetait, sans se soucier d'une quelconque image ou de problèmes de vente. Enfin, l'attrait contemporain des lecteurs amé-
ricains semble uniquement tourné vers la nouveauté et éventuellement Star Wars, mais rien qui appartienne à un passé trop lointain. Deuxième point : le processus créatif et la méthode de travail de Don Rosa. En premier lieu, il décide du genre d'histoire, courte et humoristique ou longue et pleine d'aventures. Dans tous les cas, cela demande trois à quatre mois de travail. Il trouve une période ou un trésor perdu et se documente à la bibliothèque pendant deux semaines, en accumulant des notes et faits historiques. Puis vient l'intrigue, en insistant sur l'utilisation d'éléments historiques et avec l'idée de former un quelque chose de cohérent et d'intéressant. Don Rosa développe ensuite une ébauche d'histoire sur des petites feuilles pour avoir une première idée du découpage, en prenant en compte les deux instants les plus importants : la première et la dernière case. Il travaille ensuite à partir de la fin, à rebours jusqu'à la moitié. Puis il repart du début et progresse dans l'ordre pour joindre les deux, en agrémentant le tout de scènes d'actions ou de pointes d'humour. Enfin, vient l'agencement de chaque page, pour savoir comment couper au bon moment, puis y joindre le texte des personnages, avec leurs expressions et positions. Pour Don Rosa, c'est à l'opposé de la façon de travailler habituelle du secteur, où un auteur va voir son chef, lui présente une idée d'histoire en quelques lignes, et reçoit un feu vert (ou des changements à apporter) avant de se lancer. Il considère que ce n'est pas amusant, et préfère présenter une histoire la plus avancée possible, et non un brouillon, à son éditeur qui est un fan avant tout. Ce qui n'empêche pas des retouches ou des modifications (comme sur Le Prospecteur de la
vallée de l'Agonie blanche ou Une lettre de la maison). Généralement, même si une histoire était rejetée, elle était publiée ailleurs chez un autre éditeur, donc il n'a pas réellement perdu du temps. Sauf avec The Starstruck Duck, rejetée par Disney sous prétexte d'être trop commerciale.
Un extrait de The Starstruck Duck.
D'un point de vue plus technique, au lieu d'utiliser le papier fourni par l'éditeur, Don Rosa achetait lui-même celui qu'il préfère : du papier de type archive, grand format (90 × 60 cm), épais et qui dure dans le temps sans jaunir. Il y découpait sa propre page, ses marges et traçait ses cases, pour ensuite dessiner son histoire avec des crayons d'ingénieurs ( jusqu' à sept sortes par case). C'est une des raisons du temps demandé par son travail. Le tracé au crayon est ensuite repris et encré, sauf pour les bulles, taillées de façon à laisser une ligne en plus pour les textes étrangers (le finnois, surtout). Et une fois terminé, le travail était envoyé à l'éditeur, et Don Rosa enchainait avec une autre histoire en attendant la paie de la précédente. Troisième point : les griefs avec Disney. La firme aux grandes oreilles créait de plus en plus d'interférences pendant son travail chez Gladstone, et Don Rosa a fini par démissionner parce qu'ils ont l'habitude de conserver les planches originales alors que ce n'est pas légal, et que jusqu’à très récemment, ils ne créditaient
LA COUV' DE VILLE TANTTU Ville Tanttu est un fan finlandais, qui a commencé à lire Donald et Picsou vers ses quatre ans, avec les Aku Ankka que lui achetait sa mère chaque semaine. Parmi ses auteurs favoris, il y a évidemment Barks et ses longues chasses aux trésors, Don Rosa et sa Jeunesse de Picsou, mais aussi Giorgio Cavazzano dont le style reconnaissable entre tous lui plaît particulièrement. Il publie régulièrement ses dessins sur Twitter : @DuckUltimate. Ville Tanttu a co-réalisé une histoire en quatre pages que nous vous proposons à la fin de ce numéro, et son rêve est d'ailleurs de devenir un auteur Disney officiel ! jamais les auteurs. Ensuite, chez Egmont, après avoir réalisé L'argent coule à flots, il devait recevoir ses planches après publication, ce qui n'est jamais arrivé. Il a essayé de se faire payer pour le papier, car acheté par ses soins, mais contre environ dix dollars, ce qui était ridicule. De plus, les années suivantes, son travail était republié en changeant les couleurs, découpé différemment (en plusieurs parties) ou en modifiant le texte. Dès lors, Don Rosa a fait déposer son nom en tant que marque, pour protéger son travail. Ce qui n'a pas empêché Disney d'user et d'abuser de ses histoires dans de nombreux pays. Depuis une dizaine d'années, il a pu travailler en collaboration avec des éditeurs (Fantagraphics, Glénat...) pour rétablir sa vision de son œuvre, avec des indications de couleur, de mise en page ou de découpage. Jacques Bressin
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DONALDISME
LES CANARDS FÊTENT NOËL
S
i Noël est toujours un grand moment à Donaldville, observer la façon dont les canards célèbrent cette fête nous en apprend beaucoup sur eux. Le thème de Noël a été particulièrement exploité par les auteurs de bandes dessinées, à commencer par Barks. C'est donc principalement sur son œuvre que nous allons nous appuyer pour dégager ce que la façon de fêter Noël de nos amis palmipèdes dit d'eux 1. Une fête païenne ? Comme l'ont montré plusieurs études donaldistiques (V. Svendsen, 2006 ; A. Miqueu, 2009), l'univers des canards Disney est chrétien – au moins dans son héritage, et quelquefois dans ses comportements. Leur pratique de Noël nous montre que cette fête chrétienne a été sécularisée, c'està-dire que ce qui appartenait au monde religieux et spirituel est passé dans le monde du matériel et du temporel. Si la sécularisation de Noël s'est historiquement produite dans tout l'Occident humain, elle y est toutefois relative, le caractère religieux du 25 décembre restant important pour de nombreuses familles. Mais à Donaldville, c'est une sécularisation à l'extrême, et donc une paganisation, qui a eu lieu : aucune référence n'est faite à Jésus, la crèche n'apparait dans aucune maison, la messe de Minuit semble inexistante… Une des seules réminiscences chrétiennes de Noël concerne les chants traditionnels, à l'image du Douce nuit, sainte nuit entonné par Donald
Toutes les histoires dont l'auteur n'est pas mentionné sont de Barks. 1
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dans Douce nuit (1976). V. Svendsen note que l'on trouve tout de même quelques très discrètes représentations d'un roi mage suivant l'étoile de Bethléem dans deux histoires de Noël (La lettre au père Noël p. 18 et Un Voir les Rapetou et la bande de Pat Hibulaire Noël pour Pauvrechanter avec la police, ça n'existe qu'à Noël ! ville p. 8), mais elles se situent « hors les cases » maîtres et ceux-ci deviennent et ne font donc pas vraiment par- leurs domestiques » (Lévi-Strauss, tie du récit. Comme nous le ver- 1952). D'autres manifestations rons plus loin, chez les canards, concrètes de cet esprit de trêve Noël est célébré dans le faste et existent : le fameux Noël 1914 où parfois dans l'excès : cela nous des soldats britanniques, français, indique que s'ils sont chrétiens, ils allemands et belges ont mit un ne semblent pas protestants, sans court terme aux combats ; la quoi ils adopteraient sobriété et tradition politique française de la recueillement. Le constat général, « trêve des confiseurs » durant lacelui d'un faible caractère reli- quelle les parlementaires évitent gieux de Noël, est donc assez co- les débats trop virulents et trop hérent dans le sens où l'État du sensibles. Calisota est situé sur la côte Ouest, qui se caractérise (chez Donaldville n'échappe donc pas à nous) par un catholicisme modéré cet esprit de trêve de Noël, qui passe d'abord par un esprit de ou une absence de religion. réconciliation à l'intérieur des faEntre trêve de Noël et milles. Mais la communion va règlements de comptes parfois bien plus loin, en réconciDans les sociétés chrétiennes, la liant policiers et bandits. Dans période de Noël est un moment Noël au violon (1993) de Brian d'apaisement des tensions, et est Claxton et Núñez, les Rapetou l'occasion de mettre de côté (pour décident pour une fois de bien se quelques temps) les rancœurs et comporter, mais ils sont tout de conflits habituels. Au Moyen Âge même arrêtés et envoyés en priexistaient par exemple des son, où les attendaient en fait les « trêves de Dieu » durant les- gardiens qui souhaitaient passer quelles la guerre était proscrite. Noël avec eux : « sans vous, ça Le Noël médiéval était d'ailleurs n'aurait pas été pareil ! ». Dans Un une sorte de communion ultime, Noël… pas comme les autres ! de solidarité accrue entre les ci- (1965) de Giampaolo Barosso et toyens : « la distinction entre les Giovan Battista Carpi, les Rapetou classes et les états est temporai- et la bande de Pat Hibulaire ont rement abolie, esclaves ou servi- essayé de cambrioler la maison teurs s’asseyent à la table des de vacances de Picsou, mais en
ont été empêchés par Donald et Mickey. Comme c'est le soir de Noël, ce dernier accepte de les laisser en liberté à la seule condition qu'ils aillent chanter à la chorale de la police pour le concert du réveillon. Cependant, la trêve n'est pas universellement respectée, et un certain nombre d'histoires montrent qu'au contraire, Noël peut aussi être le moment des règlements de comptes. En effet, le 25 décembre étant une date symbolique, on s'y reporte souvent pour les paris. Ainsi, dans Les deux vantards (1948), le cousin Gontran vient rappeler à Donald qu'il s'était engagé, par une chaude journée de juillet, à « nager dans le lac gelé à Noël » ou bien à céder sa maison. Et dans Les mésaventures d'un sapin de Noël (1958), on apprend qu'un hiver où Picsou s'était fait humilié par Ollie Eiderduck, il avait juré que son sapin serait plus grand que le beffroi au Noël suivant. De même, à la fin d'Un réveillon pour Pauvreville ! de Kirsten de Graaff et Mau Heymans, Donald et Gontran ne sont toujours pas réconciliés et continuent de se battre. Les traditions et l'esprit de Noël Le réveillon de Noël est souvent le moment de réunir la famille (au moins le cercle le plus proche) autour d'un bon repas, à l'instar du court Un sapin de luxe (1987) de Don Rosa ou des Assistants du père Noël (2001) de Marco Rota et Lars Jensen. D'ailleurs, il se passe souvent chez Grand-mère Donald, comme dans Noël glacial (1945) ou dans Un Noël dans savon (1956), et comporte des éléments incontournables, au premier rang desquels la dinde aux marrons (voir à ce sujet Le réveillon des magnats et Dinde rôtie, sauce stratosphérique) et la bûche, parfois aussi accompa-
gnées de homard, de caviar, de gâteaux (pancakes, pièces montées) et de confiseries en tout genre (sucres d'orge, caramels…). En ce qui concerne l'esprit de Noël, certaines On n'imagine pas faire un repas histoires tendent de Noël sans dinde chez les Duck ! à montrer que les traditions se perdent et que les neveux reçoivent quinze boîtes de fêtes deviennent de plus en plus jeux de construction – et il ne leur commerciales. C'est un regret par vient pas une seule fois à l'idée exemple exprimé par Donald d'en donner une partie à des endans Douce nuit (1976) : « Les ca- fants moins chanceux, comme ils deaux, quel matérialisme ! » s'ex- y avaient pensé au début de clame-t-il avant de se mettre en l'histoire –, Gontran se voit offrir tête d'aller chanter des chants « quelques milliers de dollars »… traditionnels dans les rues de Donaldville, quitte à réveiller les voi- Noël comme sins, pour faire comme au « bon événement public vieux temps ». Si ce récit est plutôt De nombreux événements publics satirique, plusieurs autres mettent sont organisés en cette période en avant l'idée que l'esprit de hivernale : les emblématiques Noël, c'est avant tout d'aider les banquets comme dans Les autres et de passer du bon temps mésaventures d'un sapin de Noël, ensemble, comme en témoigne la la « Fête du siècle » donnée par le conclusion des Nouveaux jouets maharadjah du Tumavustan dans (1949). Dans Mieux qu'au bon l'histoire éponyme de Kari Korhovieux temps ! (1958) de Tony nen, les bals et concours de danse, Strobl et Steve Steere, Daisy comme celui de cha-cha-cha qui passe les fêtes à la ferme avec a lieu tous les ans au pavillon de De même, les Grand-mère Donald, pour expé- Donaldville. concours de sculptures sur glace rimenter un Noël à l'ancienne. La fin de l'année est donc souvent ou sur neige sont un incontourmarquée par une volonté de re- nable : ils apparaissent par nouer à la fois avec le passé et la exemple dans La princesse des neiges (1957) de Barks, dans simplicité. Mésentente cordiale (1987) de Toutefois, une histoire de Barks se Jan Kruse et Mau Heymans, ou démarque complètement de ce encore dans Donald on the rock schéma par son cynisme et son (1999) de Stefan Petrucha et José matérialisme : Quel cadeau pour Colomer Fonts. Noël ? (1950). Comme le fait remarquer C. Fisher dans un article, Noël est aussi un enjeu pour les au lieu de se refermer sur une responsables politiques. C'est traditionnelle morale sirupeuse souvent le moment de grands comme on sait en faire chez Dis- travaux, comme dans La lettre au ney, elle se vautre dans l'excès père Noël (1949) avec le chantier avec un malin plaisir : Donald finit et ses pelleteuses géantes dans la par obtenir quatre voitures, les case d'ouverture, ou dans Un Noël
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en or (1963) où le maire de Donaldville souhaiterait repaver la rue Couac – ce qu'il ne peut pas faire, faute de moyens. De façon plus générale, les grandes rues sont décorées, et un imposant sapin trône sur la Grand-Place à la vue de tous les habitants. Un portrait de l'Amérique post-1945 Le portrait de Donaldville que nous brossent les histoires de Noël (notamment celles de Barks) est celui d'une grande ville américaine de l'après-guerre, prospère et heureuse, pleinement entrée dans l'ère de la société de consommation. La grande majorité des habitants – à l'exception des plus démunis, qui sont souvent regroupés à Pauvreville – se presse pour faire les boutiques et acheter le plus de cadeaux possible. Un gag récurrent de Barks est d'ailleurs de les représenter les bras emplis de paquets, ne voyant plus où aller. Les magasins sont en effervescence, ce qui fait de Noël une bonne source de profits pour leurs propriétaires, comme le souligne Picsou dans Le père Noël n'est pas une ordure (2013) de Byron Erickson et Massimo Fecchi. Par ailleurs, dans cette histoire, Donald, Mickey et le reste de la famille qui vivent dans les années 2010 opèrent, grâce à une machine de Géo Trouvetou, un retour en décembre 1956 pour se rendre compte de l'allégresse des Noëls de cette époque.
Donald, qu'on estime appartenir à la classe moyenne basse du fait de son absence de travail fixe et qualifié, participe aussi de ce mouvement et offre à ses neveux des jouets plus ou moins chers et nombreux selon les histoires (trains électriques, vélos, patins à roulettes, outils de bricolage…). Certains récits montrent qu'il reçoit parfois des cadeaux très onéreux : Daisy lui offre par exemple des machines-outils dans Les nouveaux jouets et une voiture dans Quel cadeau pour Noël ?. Et comme beaucoup de Donaldvillois, il mange de la dinde au réveillon. Cependant, on constate que la situation de la famille Duck varie d'une année sur l'autre : les quatre canards doivent certains hivers se serrer la ceinture, comme dans Dinde en péril (1946) ou dans Le dindon de la force (1947). La charité Le réseau associatif est très développé à Donaldville, et la période de Noël est le moment idéal pour les œuvres de charité. On imagine ainsi que les gens sont plus généreux que le reste de l'année, et que l'on supporte encore moins la misère des plus pauvres à l'heure des réjouissances et des cadeaux (dans une logique qui se rapproche de la « passion pour l'égalité » de Tocqueville) : « Je ne saurais voir tant de malheur à Noël ! » s'exclame par exemple une dame très fortunée face à un
Avant Noël, les Donaldvillois passent tout leur argent dans l'achat de cadeaux, ce qui témoigne d'un niveau de vie général relativement élevé.
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Un des nombreux pères Noël récoltant des dons dans les rues.
Gontran sans le sou, dans Quel cadeau pour Noël ?. Le club féminin dont fait partie Daisy dans Un Noël pour Pauvreville (1951) cherche par exemple une bonne cause pour Noël. Dans la même histoire, un cow-boy demande à Donald s'il veut donner pour la « fête des cow-boys qui ne savent pas yodler ». Le Noël de Daisy... (2002) de Kirsten de Graaff et Mau Heymans met en scène le diner annuel de charité de ce même club. De plus, on apprend dans Donald et Picsou sont en froid ! (1964) que Mme Ramrodd organise tous les ans une collecte de fonds au profit de la troupe des Mésanges Juniors auprès des grands magnats de la ville comme Porkfeller, Grotchild ou Picsou. Un autre élément récurrent des histoires hivernales est la présence, dans les rues, de faux pères Noël qui réclament des dons. Ils sont inspirés des campagnes de « Christmas Kettle », organisées aux États-Unis par l'Armée du salut depuis 1891 : des chaudrons suspendus sont ainsi disposés dans les villes et les passants sont invités à les remplir d'argent. Et pour attirer les donateurs, les collecteurs se déguisent en père Noël et secouent leur clochette. Comme l'explique Donald à son oncle dans Le reclus du Manoir McPicsou (1994) de Don Rosa, « ces pères Noël collectent de l'argent pour ceux qui ne sont pas nés riches comme toi ! ».
Cette importante présence des œuvres de charité dans la vie donaldvilloise traduit un faible engagement de l'État et du politique dans l'économie. Et en cela, la ville est tout à fait cohérente avec l'Amérique des années 1950 dont elle fait partie. De plus, le don revêt une autre importance, plus symbolique, sur laquelle nous reviendrons plus bas. Croire au père Noël Selon les histoires, nos canards croient plus ou moins au père Noël. On peut identifier quatre cas de figure principaux 2. (1) Le père Noël universel : tout le monde semble y croire, et il devient même un personnage à part entière (exemple : Donald au pays des jouets). (2) Le père Noël générationnel : seuls les enfants y croient (exemple : La visite du père Noël). (3) Le père Noël absent : personne n'y croit, les enfants étant probablement trop âgés pour cela (exemple : Noël sur le Mont Ours). (4) Le père Noël évolutif : les personnages changent d'avis au cours de la même histoire. Si les histoires des types (2) et (3) s'expliquent tout simplement par un souci de réalisme et de vraisemblance des auteurs, que faire des histoires où les adultes croient au père Noël ? Le mythe du père Noël tient en effet de la « pensée magique », un mode de fonctionnement dans lequel la pensée permet l’accomplissement des désirs, sans vraiment d'intervention matérielle. Celle-ci est répandue dans les sociétés traditionnelles où superstitions, mythes et religions ont une grande importance, et chez les Cette typologie a ses limites, et ne peut pas appréhender des histoires comme Le facteur sonne toujours de froid de Freddy Milton où Donald est le seul adulte à croire au père Noël. 2
enfants, à chaque fois pour expliquer l'inexplicable. Or, dans une société moderne et désacralisée comme celle du Donaldville du XXe siècle, il est étrange qu'elle s'applique aux adultes. Nous proposons deux hypothèses explicatives qui se complètent. On peut d'abord y voir une sorte de retour en force du sacré et du magique face au désenchantement et à la rationalisation du monde (Max Weber), afin de maintenir la cohésion sociale et d'éviter un éclatement général. Comme le montre le sociologue J. Godbout, le père Noël « rétablit la filiation, le lien avec les ancêtres que la modernité rompt constamment, la référence dont nous nous sommes coupés ». Son rôle est ainsi particulièrement important dans un monde où cette même filiation est assez absente, puisque chez Disney, les canards (comme les souris, d'ailleurs) ont surtout des rapports d'oncles à neveux, de tantes à nièces, alors que les pères et mères n'apparaissent que très peu. Le père Noël comble en quelque sorte les espaces vides dans les rapports familiaux et dans la relation au passé. Le second élément est le rapport au don. Tandis que l'argent semble être au centre des rapports humains le reste de l'année, à travers le manque chez Donald, l'abondance chez Picsou, ou la recherche chez les Rapetou, le père Noël passe pour une sorte de Dieu du don – gratuit et désintéressé puisque sa nature est d'offrir sans attendre en retour. Il s'agirait alors de justifier l'omniprésence des rapports marchands dans la vie donaldvilloise par un relâchement de ceux-ci une fois par an, un peu comme la fonction de soupape qu'avaient autrefois le carnaval du Moyen Âge ou les Saturnales romaines, en inversant temporairement les rôles entre
Le père Noël a une grande importance dans la vie de Donaldville.
faibles et puissants, à légitimer l'ordre social. Pour conclure, Noël est bien un moment d'effervescence collective dans tous les sens du terme : c'est d'abord une cristallisation de ce qu'il se passe le reste de l'année (consommation de masse, prospérité) ; mais c'est aussi et surtout un moyen de réaffirmation du lien social entre les donaldvillois et à l'intérieur-même des familles (par la trêve, le repas de réveillon, le don), en ramenant même un peu de sacré dans une société qui semble en être complètement sortie. Corey Références • Craig FISHER, « You Can't Guess » in The Complete Carl Barks Disney Library vol. 9, Fantagraphics, 2015. • Jacques T. GODBOUT, « Le père Noël » in L'esprit du don, La Découverte, 1992. • Claude LÉVI-STRAUSS, « Le Père Noël supplicié », Les Temps Modernes n°77, 1952. • Adrien C. MIQUEU, « Religions, beliefs and superstitions in Duckburg », Sydnordisk Akademi for Donaldisme, 2009. • Vidar SVENDSEN, « Religion in Duckburg », Vidarland.com, 2006. • Diane WINSTON, « How the Salvation Army’s red kettles became a Christmas tradition », TheConversation.com, 2019.
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DUCK STORY
ONC' PICSOU ET PAPA NOËL
P P
icsou et Noël, ça n’est pas un simple marronnier que l'on ressort tous les hivers. C’est une association fondamentale qui remonte aux origines mêmes du personnage ! Alors revenons ensemble sur l’histoire partagée de Noël et du canard le plus riche du monde !
Les deux Scrooge On aurait tendance à l’oublier, mais les liens qui unissent le multimilliardaire créé par Carl Barks et Noël sont étroits. Bien sûr, les traductions internationales de son nom effacent souvent ces liens pour les remplacer par d’autres : « Oncle Picsou » évoque sa cupidité, « Tío Rico » sa richesse et « Onkel Dagobert » son grand âge. Mais le nom original du personnage ne laisse aucune place au doute : Scrooge. Pour toute personne baignée de culture anglosaxonne, ce nom évoque immédiatement les rues enneigées du vieux Londres, où des messieurs en gibus et des dames en bonnets entament avec allégresse God Rest Ye Merry, Gentlemen.
Car avant d’être le prénom original de Picsou, Scrooge fut d’abord le nom de famille du protagoniste d’un des contes modernes les plus célèbres : Un chant de Noël (en anglais A Christmas Carol), de Charles Dickens. Depuis sa sortie en 1843, cette histoire a été, adaptée et parodiée à l’envi, vous
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la connaissez donc très certainement : Ebenezer Scrooge, un usurier égoïste et froid qui méprise jusqu’à sa propre famille, reçoit la visite de trois esprits qui l’emmènent dans un voyage à travers les Noëls du passé, du présent et du futur. Confronté à des visions aussi éprouvantes qu’instructives, Scrooge en ressort transfiguré et prêt à se reconnecter avec l’humanité. Mais venons-en à notre canard ! Pendant l’été 1947, l’éditeur Dell demanda à Carl Barks de produire une histoire spéciale Noël pour le Four Color Comics n°178 ; c’est ainsi qu’il créa Noël sur le Mont Ours, récit en 18 planches marquant la première apparition du vieil oncle de Donald. Que Barks ait cherché l’inspiration du côté de Dickens n’a rien d’original. En effet, Un chant de Noël avait été porté sur le grand écran par la MGM en 1938 et faisait l’objet d’une pièce radiophonique chaque année depuis 1934. Il s’agissait donc d’un choix évident, voire banal. Si nous en parlons encore aujourd’hui, c’est uniquement grâce à la destinée exceptionnelle de ce personnage, qui n’avait pourtant été imaginé que pour une seule histoire ! « Au départ, Picsou était juste l’idée que je me faisais d’un vieil oncle riche, rien d’autre » a reconnu Barks. Pour Noël sur le Mont Ours, il a voulu que son Scrooge représente la parfaite antithèse de Donald. Alors que ce dernier est triste de ne pouvoir offrir de belles fêtes à ses neveux, coincé dans sa petite maison, son oncle bouillonne de rage, seul dans son manoir, attendant que passe cette « période stupide où tout le monde aime tout le monde ». Mais comme le
Scrooge de Dickens, celui de Barks termine l’aventure changé : il renoue non seulement avec sa famille, mais aussi avec le bonheur en général. Notons cependant que la comparaison s’arrête là : point d’épiphanie mystique dans Noël sur le Mont Ours ! C’est un bon point pour Barks, qui a su résister à la tentation de copier trait pour trait le classique victorien. Spéculons un brin. Selon Don Rosa, Picsou serait né en 1867, vingt-quatre ans après la publication d'Un chant de Noël. Se pourrait-il que ses parents aient choisi ce prénom en hommage au héros dickensien ? Cette hypothèse nous semble avoir quelque mérite : Un chant de Noël a connu une immense popularité dès sa publication et son plaidoyer en faveur des classes laborieuses en aurait fait une lecture de choix pour le couple McPicsou. Précisons toutefois qu’à l’époque il était mal vu de célébrer Noël en Écosse, la fête avait même été quelques temps interdite au XVIe siècle. Et il a fallu attendre 1958 pour que cela devienne un jour férié en Écosse ! Il était plein de fois… Noël ! Dans les années qui suivirent la création et le développement de Picsou, Barks a créé d’autres histoires de Noël. Dans La lettre du Père Noël (1949), le vieil avare accepte à contrecœur de donner à son neveu de quoi acheter une pelleteuse pour Riri, Fifi et Loulou. Mais lorsqu’il apprend que Donald compte en attribuer le mérite au Père Noël, Picsou décide d’acheter une autre pelleteuse, sur laquelle il écrira son nom en gros ! Après avoir détruit les deux engins au cours d'un combat avec Donald, Picsou échafaude un plan : Donald doit se faire passer pour le
père Noël et expliquer aux trois neveux qu’il ne peut pas leur offrir leur cadeau. Mais Donald se retrouve coincé dans la cheminée. Son oncle prend le relai, et la situation s’envenime quand les deux imposteurs se retrouvent face à face. Le véritable père Noël finit par intervenir et offrir une pelleteuse miniature aux enfants. Dans Quel cadeau de Noël ? (1950), Donald menace de ne rien offrir aux triplés s’ils ne devinent pas ce qu'il veut pour Noël. Informé de la situation, Picsou est bien décidé à aider les petits... afin de ne pas avoir à leur acheter de cadeaux à la place de Donald ! Après de nombreuses péripéties, l’avare finit pourtant par montrer son bon cœur et délie les cordons de sa bourse pour offrir aux enfants des jeux de construction et même une voiture neuve à Donald. Dans Un Noël pour Pauvreville (1951), Picsou refuse de céder 50 dollars pour aider les enfants de Pauvreville. Mais quand le fond de son dépôt s’effondre, précipitant tout son argent dans une caverne souterraine, il doit s’en remettre à Riri, Fifi et Loulou qui imaginent alors un stratagème pour récupérer l’argent peu à peu, avec un petit train ! Reconnaissant, Picsou leur promet la première fournée d’argent qui sortira, et par chance, celle-ci contient cent billets de mille dollars, de quoi financer une
grande fête pour Pauvreville. Naturellement, il existe bien d’autres aventures de Noël, écrites par des dizaines d’auteurs différents. Toute tentative d’inventaire serait vaine et laborieuse, mais voici quelques histoires à titre d’exemples : Onc' Picsou représentant officiel de Père Noël !, Pas de Noël pour Picsou ?, et Picsou lance le Rétro-Noël. Nous accordons, par goût personnel, une mention spéciale au Noël des orphelines de Knut Nærum, Tormod Løkling et Arild Midthun. Retours aux sources Si Barks s’était refusé à adapter trop directement Un chant de Noël avec ses chers canards, il était inévitable que quelqu’un chez Disney finirait par s’y coller… et plutôt six fois qu’une ! La première date de 1949, lorsque le magazine Rexall publia une version extra condensée de l’histoire – dix vignettes accompagnées de paragraphes explicatifs – où Donald prête son visage à l’usurier de Dickens. En 1960, la collection américaine Little Golden Books produisit Donald Duck and the Christmas Carol (en français Picsou et le conte de Noël), un livre de 22 pages écrit par Jane Werner Watson et illustré par... Barks ! Venu demander qu'on le conduise jusqu'à sa ferme pour y enterrer deux sacs d'argent, Picsou s’offusque de voir ses neveux « perdre du temps » à décorer leur maison et finit par quitter les lieux à pied. Les triplés s’inspirent alors du conte dickensien pour lui insuffler de meilleurs sentiments : interprétant les trois esprits, ils viennent surprendre
Picsou au pied de son lit, avant de l’attirer au salon, où Donald et Daisy l’attendent avec une montagne de cadeaux. Le vieil oncle, tout ému, décide alors d’aller distribuer le contenu de ses sacs aux malheureux ! Cette version, destinée à un très jeune public, n’offre pas grand intérêt pour un fan adulte, en dehors des illustrations dessinées au crayon par Barks et reprises en couleurs par Norman McGary. En 1974, Walt Disney Records édita An Adaptation of Dickens' Christmas Carol, un livre-disque où les personnages du conte sont interprétés par des héros et vilains de l’écurie Disney. Picsou y campe Scrooge, Mickey son employé Bob Cratchit, Dingo feu son associé Jacob Marley et Donald son neveu Fred. Quant aux fantômes des Noëls passés, présents et futurs, ils sont interprétés respectivement par Merlin, Willie le Géant, et la méchante sorcière de Blanche-Neige. D’une durée de 34
minutes, cette version audio comporte six chansons originales. Huit ans plus tard, l'Italien Guido Martina scénarisa sa propre adaptation, avec l'Espagnol José Colomer au dessin. Naturellement, Picsou y joue encore une fois le rôle de son inspirateur. Fred est toujours interprété par Donald, mais cette fois, c’est Flairsou qui revêt les défroques spectrales de Jacob Marley. Les autres rôles
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secondaires sont attribués à ces humanoïdes génériques à truffe de chien, typiques des BD Disney. Ce récit de 70 planches suit de près le conte original, mais ne lui apporte que peu de valeur ajoutée. Il demeure à ce jour inédit en français. Bien plus connu est le court-métrage d’animation de 1983 intitulé Mickey’s Christmas Carol (en français Le Noël de Mickey) bien que la souris n’en soit pas la protagoniste. Ce film est en réalité l’adaptation d’une adaptation, puisqu’il recycle le contenu du disque de 1974, les chansons en moins. Le casting est identique, à l’exception de Merlin et la Sorcière, qui sont remplacés par Jiminy Cricket et Pat Hibulaire. Si Le Noël de Mickey est trop court pour être vraiment satisfaisant, il est difficile de ne pas succomber à la nostalgie en le revoyant. De plus, il regorge de caméos amusants et inattendus. Malgré ses faiblesses, le film faillit remporter l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation l’année de sa sortie. Cette adaptation d’une adaptation sera elle-même adaptée sous trois formes différentes : un Little Golden Book, des bandes quotidiennes signées Carl Fallberg et un récit allemand en 22 planches d’auteur inconnu. Et ce n’est pas fini ! Depuis, des auteurs italiens nous ont encore adapté Un chant de Noël à deux reprises, avec Picsou et le bilan de
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Noël (Bruno Concina et Lucio Leoni, 1994) et Zio Paperone e il nuovo canto di Natale (Marco Bosco et Silvia Ziche, 2017). Et encore, notre liste n’inclut que les versions « canard »… On ne va pas se mentir, on frise l’indigestion. Certes, tout le monde aime les grands classiques, mais il faut savoir les laisser tranquilles au bout d’un moment ! La Bande à Picsou et la vendetta mystère Mais la version de Picsou la plus fortement liée à Noël qu’on ait vue depuis bien longtemps et sans doute celle de la Bande à Picsou de 2017. En effet, une « vendetta mystère » y est établie dès Le Sommet du Mont Neverrest, neuvième épisode de la première saison. Lorsque Loulou évoque le Père Noël en présence de son grand-oncle, celui-ci s’exclame, péremptoire : « Ce monsieur n’a pas le droit d’entrer chez moi, et il sait très bien pourquoi ! » Un peu plus tard, dans Les Dent$ du Coffre !, le portrait d’un ours en costume rouge et blanc figure parmi les ennemis de Picsou sur le tableau de Zaza... Dans Les Noëls passés !, sixième épisode de la saison 2, le milliardaire réitère son aversion pour Noël et va jusqu’à réduire en bouillie un automate à l’effigie du bon saint. Mais au hasard d’un couloir, Fifi découvre que son grand-oncle passe en réalité chaque réveillon en compagnie des trois esprits de Noël, qui l’ont rencontré pour la première fois parce qu’ils s’étaient trompés de Scrooge ! Sauf que cette annéelà, tout ne se passera pas comme prévu, car le fantôme du passé est
jaloux de l’attention que Picsou porte à sa famille… Si le générique de fin de cet épisode, imitant le style des gravures victoriennes, rappelle tant celui du Noël de Mickey, c'est parce qu'il est signé de la même main, celle du fabuleux Michael Peraza Jr. Au dernier acte du final de saison, Moonvasion!, Picsou est forcé de se déguiser en Père Noël afin de distraire le général Lunaris. SPOILER !
Enfin, l’épisode 6 de la troisième saison nous apporte la réponse au « mystère » de la vendetta. Si Picsou en veut tellement à ce bon Papa Noël, c’est parce qu’ils étaient autrefois amis et associés, jusqu’à ce qu’une divergence d’opinion fondamentale les sépare. Dans Comment le père Noël a volé Noël !, le vieillard en pelisse rouge et blanche, dépeint sous la forme d’un ours polaire, fait irruption dans la vie de Picsou après des décennies d’éloignement… Conclusion Il est clair que Picsou est tout aussi indissociable de Noël que les cadeaux, les guirlandes, la crèche, la bûche ou même Santa Claus en personne. Puisque nous sommes en février, il est trop tard pour accrocher une effigie de Picsou dans votre sapin, mais pensez-y peutêtre pour la prochaine fois... Alban Leloup Références • COLLECTIF, Tout Picsou de A à Z, 2017. • Charles DICKENS, Un chant de Noël, 1843. • Jared GARDNER, « Christmas on Bear Mountain » in The Complete Carl Barks Disney Library vol. 5, 2013. • Burny MATTINSON (réal.), Le Noël de Mickey, 1983. • Jane WERNER WATSON, Carl BARKS, Picsou et le conte de Noël, 1958 ( W LGBD 84-03).
CAN-ART
PICSOU CONTRE LES AUTRES
N
ouvelle étape dans l'exploration des peintures du Maître, avec deux toiles célèbres qui illustrent le schéma classique du « Picsou contre les autres ».
Nobody’s Spending Fool est une peinture de Carl Barks réalisée en 1974, inspirée par l’épopée de la ruée vers l’or du Klondike qu’a vécu Picsou. Elle reprend une scène de Juste un pauvre vieil homme pauvre…, lorsque le vieux canard raconte à ses neveux comment il est devenu riche alors qu’il n’était qu’un simple prospecteur : on le voit ainsi descendre la rue, dans sa tenue de chercheur d’or, tenant fermement un lourd sac, et observé par de nombreux hommes à l’allure peu recommandable. Ainsi, ce tableau reprend cette disposition. On y voit ces nombreux ivrognes effondrés dans la rue boueuse, de nombreux regards envieux se portant sur le canard, épuisé par le travail mais continuant toujours espérant toucher le pactole que tous souhaitent un jour obtenir. On note les innombrables bouteilles d’alcool, ce qui détonne dans un univers disneyien – même un pistolet jonche le sol. De tels éléments ne seraient pas acceptables pour les éditeurs s’ils apparaissaient dans une bande dessinée destinée à être publiée dans un magazine jeunesse (on se rappelle de la censure dont fut
victime Retour au Klondike, dont la scène de flash-back était estimée trop violente). Un personnage central, rayonnant dans une robe dorée, observe Picsou d’un air sévère : Goldie O’Gilt, l’amour de jeunesse du milliardaire, qui par ailleurs n’était pas apparue dans la scène originale
de Juste un pauvre vieil homme pauvre…, mais plutôt dans Retour au Klondike, où pour la première fois, les sentiments du canard étaient évoqués, alors qu’auparavant il ne paraissait être qu’un vieux pingre rongé par l’avidité.
regards joyeux des Donaldvillois fêtant Noël. Ce tableau rappelle d'ailleurs le Chant de Noël de Dickens (voir pp. 10-12). Le père Noël observe Picsou avec ce regard triste et si particulier, constatant l’incapacité du vieux canard à rejoindre sa famille pour fêter Noël comme le ferait chaque homme simple et heureux. Et malgré cette ambiance d’allégresse, la misère est toujours là, comme le montre ce mendiant alcoolique et son chien, et cette pauvre petite fille essayant de vendre ses boîtes d’allumettes. Se confrontent ainsi un Noël joyeux, lorsque l’on voit Donald et ses neveux, Daisy et ses nièces, ou encore Gontran qui respirent la joie, et un Noël où la misère et l’égoïsme d’un vieux pingre obnubilé par ses richesses jusqu’à en oublier ses proches perdurent. Soupic
Le plan global de cette œuvre fut repris la même année dans Season to Be Jolly. On y retrouve le milliardaire tenant un sac de pièces, toujours avec cet air sévère alors quil n’est plus entouré des regards envieux de ses compères mais des
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GÉNÉALOGIE
LA BANDE À FLAIRSOU
L
es (Mc)Picsou n'étant pas les seuls à avoir une grande famille, nous allons aujourd'hui essayer de retracer celle des Flairsou. Voici un essai généalogique, que nous avons voulu le plus complet et satisfaisant possible, sur l'un des grands rivaux de Picsou : Crésus Flairsou (que l'on retrouve parfois aussi sous le nom de John Flairsou, mais nous garderons ici la version francisée de Crésus), qui fit sa première apparition en 1961 dans l'histoire Pleins gaz de Carl Barks. Nous nous sommes concentrés sur les membres de sa famille la plus proche afin de pouvoir les réunir dans l'arbre cicontre, et nous avons fait le choix d’utiliser les prénoms originaux lorsque les noms français n'existaient pas. Première génération - Ilary Duck : introduite par Riccardo Pesce dans Un gol a passo di danza (2009), elle a le même âge que les nièces de Daisy et n'a fait que très peu d'apparitions. - Arsène Flairsou : créé par Dick Kinney et Carlo Chendi dans De l'or en bouteilles... (1972), il a le même âge que Riri, Fifi et Loulou, et son nom original (Pepito) signifie « pépite ». - George, Patrick et Siméon Flairsou : ces trois petits-neveux de CF sont apparus dans Sand konkurrence (1984) et ont le même âge que Riri, Fifi et Loulou. L'éditeur Egmont indique que leurs prénoms originaux sont « Franklin Weems Youry », « Patrick Carrol » et « Samuel Schwartz ». Deuxième génération - La mère d'Ilary Duck : jamais mentionnée, on suppose qu'elle est la nièce de CF car sa fille ne
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s'appelle pas Flairsou. - Un neveu de Crésus : comme les quatre petits-neveux se ressemblent beaucoup, nous prenons le parti de dire qu'ils sont issus du même père. - Ricky Flairsou : il est apparu en 1994 dans l'histoire italienne Rockerduck e il nipote migliore. C'est un vieil ami de Donald Duck. Luciano Gatto (le dessinateur de l'histoire) a confirmé sur son blog que son nom était bien Flairsou. - Un neveu anonyme : il apparait rapidement dans La jeune classe prend la relève de Giorgio Figus et Marçal Abella Bresco. Troisième génération - Crésus Flairsou : l'origine de tout cet article. - Le frère de Crésus : il n'a jamais été mentionné, mais il est le père logique des neveux de la seconde génération. - Ocagliostro XI : il est à la fois le cousin au quatrième degré de Crésus et de Balthazar Picsou. Apparu dans une histoire de Giancarlo Tonna de 1978, son nom est un jeu de mot sur le fameux comte de Cagliostro, oca signifiant « pépite » en italien. Quatrième génération - Howard Flairsou : père de CF depuis L'aventurier de la colline de cuivre (1993) de Don Rosa. - La mère de CF : une infirmière surnommée « Ciccia », elle a été introduite par Guido Martina dans une histoire de 1970. - Nathaniel Flairsou : oncle de CF apparu dans Qui a coulé l'incoulable ? de Gian Giacomo Dalmasso et Giancarlo Gatti. - Edgar J. Flairsou : oncle de CF présenté par Augusto Macchetto dans Zio Paperone e la sfida del mattone (2000). - Soames Flairsou : riche oncle de
CF, introduit par Kari Korhonen dans le très récent Journal de Donaldville (2020). - Joséphine : à la fois la tante de Balthazar Picsou et de Crésus Flairsou, elle a fait son apparition dans Tante Catastrophe ! de Dick Kinney. Cinquième génération - Le grand-père de CF, accessoirement père d'Howard, Nathaniel, Edgar et Soames (ici dessiné par Scarpa dans une histoire de 1970). - Pat von Côncius : grand-père maternel de CF, dont on apprend le nom dans une histoire brésilienne de Rosana Rios et Átila de Carvalho de 1992. Son nom est un jeu de mot sur Patacôncio, à savoir le nom de Flairsou au Brésil. - La grande-tante de CF. - Molly Mallard : également grand-mère de Balthazar Picsou, d'après l'arbre de Don Rosa. - Oscar Maraucanar : un oncle de Donald, simplement mentionné par Barks en 1949 dans Pêche au yacht. Il est ici le frère de Molly (ce que son nom original, Marmaduke Mallard, rend plus évident). L'image proposée est un fan-art réalisé par Quackberg à ma demande. Bien sûr, d'autres ancêtres ont parfois été mentionnés, en particulier dans la production italienne (comme Jambe-en-Fer, apparu en 1971 sous la plume de Bottaro et Chendi), mais nous nous sommes ici limités à la famille directe pour éviter d'avoir trop de cases vides dans l'arbre. D'autres relations sont en revanche à creuser, comme celle qui lie par exemple Ocagliostro à « Guendalina McDuck » (qui apparaît dans l'histoire Zio Paperone e l'eredità indivisibile de 1974). Simone Cavazzuti
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DES FLAIRSOU
Grand-père de Crésus
Oscar Maraucanar
Molly Mallard
Grande-tante de Crésus
Pat von Côncius
Tante Joséphine
Soames Flairsou
Edgar J. Flairsou
Howard Flairsou
Nathaniel Flairsou
« Ciccia » von Côncious
Frère de Crésus
Nièce de Crésus
Neveu de Crésus
Ricky Flairsou
Crésus Flairsou
Neveu de Crésus
Ilary Duck Arsène Flairsou
George Flairsou
Patrick Flairsou
Siméon Flairsou
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COIN-COIN
LES FAN-ARTS DES LECTEURS Jacques Bressin nous propose dans ce dessin un Donald qui semble se remémorer un mauvais souvenir...
Laurent Ducrettet nous offre son interprétation de l'univers Disney à travers différents dessins mettant en scène les canards bien connus. Courrez découvrir le reste de son travail : @oncle_duc sur Instagram
Envoyez-nous vos plus belles Œuvres à l'adresse contact@picsou-soir.com
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BD
LE FANTÔME DE QUACKTOWN par Aki Veikkolainen et Ville Tanttu, 2018
DONALD ET SES NEVEUX SONT EN CHEMIN POUR REJOINDRE GRAND-MÈRE ET L'AIDER DANS LA RÉCOLTE DES POMMIERS.
POURQUOI EST-CE QU'ON NE PREND PAS LA ROUTE HABITUELLE POUR ALLER CHEZ GRAND-MÈRE ? CELLE-CI EST BEAUCOUP PLUS LONGUE !
COMME LE PONT DE L'ANCRE EST FERMÉ, L'AUTRE ROUTE EST NOIRE DE MONDE ! NOUS IRONS PLUS VITE EN PASSANT PAR LÀ !
QUACKTOWN
REGARDEZ ÇA, LES ENFANTS !
UN JOUR, LOUIS AVAIT CASSÉ LA FENÊTRE DE L'ÉTAGE EN JOUANT AU BASKET...
C'EST LA BOUTIQUE DU PÈRE DE MON VIEIL AMI LOUIS ! OH, TOUS MES SOUVENIRS REVIENNENT !
J'ENTENDS ENCORE SON PÈRE LUI CRIER DESSUS !
NOUS AUSSI !
! S I U LO O 17
TU AS ENCORE FAIT TOMBER UN POT ! ÇA VA FAIRE LA SEPTIÈME FOIS CETTE SEMAINE !
ET ENCORE UNE FOIS, ÇA N'ÉTAIT PAS MOI !
QUE SE PASSE-T-IL ? DONALD ! ÇA FAIT DES ANNÉES QU'ON NE S'EST PAS VUS ! JE SUIS VENU AIDER MON PÈRE AU TRAVAIL !
LOUIS, C'EST TOI ? COMMENT VAS-TU ?
ÇA N'EST PAS MOI QUI AI FAIT TOMBER LES POTS !
« AIDER » ? TU PASSES TON TEMPS À FAIRE TOMBER LES PRODUITS DES RAYONS !
ALORS QUI LES A FAIT TOMBER ? UN FANTÔME ?
OUPS !
TOI AUSSI ?!
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VOUS ÊTES VRAIMENT DES INCAPABLES !
JE JURE QUE JE N'AI TOUCHÉ À RIEN !
QU'EST-CE QUE C'EST QUE ÇA ?!
IL Y A QUELQUE CHOSE QUI BRILLE DERRIÈRE L'ÉTAGÈRE !
JE NE SAIS PAS, MAIS ÇA MONTE AU GRENIER !
AAAAAAAAH ! UN FANTÔME !
PFF... IL N'Y A RIEN ICI !
CALMEZ-VOUS, C'EST JUSTE UN VIEIL IMPERMÉABLE !
L'ORAGE A DÉCHIRÉ LA BÂCHE QUE J'AVAIS INSTALLÉE SUR LA FENÊTRE CASSÉE. JE VEUX BIEN QUE LE VENT S'ENGOUFFRE DANS L'IMPERMÉABLE, MAIS COMMENT PEUT-IL FAIRE TOMBER LES BOÎTES EN BAS ?
HÉ ! ÇA BOUGE DERRIÈRE CETTE COMMODE !
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OH, REGARDEZ : C'EST JUSTE UN PETIT CHATON !
DU COURAGE, LOULOU !
LE VOILÀ, VOTRE FANTÔME ! IL VOULAIT SIMPLEMENT S'ABRITER DE L'ORAGE ! IL EST SÛREMENT MONTÉ PAR LA FENÊTRE CASSÉE !
PLUS MAINTENANT EN TOUT CAS, IL PEUT RESTER S'INSTALLER ICI !
TU PENSES QU'IL EST ABANDONNÉ ?
ET PARDON DE VOUS AVOIR SOUPÇONNÉ !
AU MOINS LE MYSTÈRE A ÉTÉ RÉSOLU ! ET JE CROIS QU'IL EST TEMPS DE RÉPARER LA FENÊTRE ! C'EST L'HEURE DE REPRENDRE LA ROUTE LES ENFANTS, GRAND-MÈRE NOUS ATTEND !
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