Picsou-Soir n°7

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PI CSOU N°7

SOI R

PRINTEMPS 2021

BRELAN DE DAMES : GOLDIE, BELLA ET BRIGITTE


SOMMAIRE 03. ACTUALITÉS

03. Don Rosa et Picsou Magazine brouillés... 04. Donald en long, en large et en travers 05. DoubleDuck rempile pour un troisième... La couv' de Mikkel Hagen

06. ANALYSES

06. Brelan de dames 10. Une famille formidable 13. Histoire et gloire d'un canard 14. L'Inducks fête ses 25 ans

16. EXPRESSIONS

16. Coin-coin : les fan-arts des lecteurs 17. Duckollector : Paris-Match n°924 18. Gag : Une goutte de trop 20. Gag : Collectionneur du dimanche

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L'Édito

par Corey, rédacteur en chef Dans l'entourage du canard le plus riche du monde, les femmes ont un rôle relativement mineur... mais pas absent pour autant. Trois en particulier ont croisé sa route, à des fréquences différentes : Goldie, Brigitte et Bella. C'est donc un portrait croisé de ces trois personnages, qui ne se sont d'ailleurs pas souvent rencontrés, à retrouver en page six qu'illustre la couverture de ce PicsouSoir n°7. Par ailleurs, vous pourrez également retrouver un tour d'horizon des traitements d'un sujet aussi vieux que le donaldisme, à savoir la généalogie des canards ; un éclaircissement sur la brouille entre Don Rosa et la presse Disney française ; un article sur une célèbre saga italienne qui ne s'est malheureusement que très peu exportée chez nous (ceci est un appel à la rédaction de Picsou Magazine ! ) ; un retour sur l'histoire de la base INDUCKS qui fête en ce moment ses vingt-cinq années d'existence... Et vous remarquerez de même l'apparition d'une petite rubrique dans nos pages Expressions : le « Duckollector ». Il s'agit tout simplement de partager vos trouvailles sur l'univers des Ducks : magazines anciens, albums rares, objets de collection, etc. N'hésitez pas à nous contacter pour y participer ! Précisons enfin que le Picsou-Soir n°6 sera très prochainement disponible en version papier et que le n°5, lui, l'est toujours. Bonne lecture !

PICSOU-SOIR N°7 - PRINTEMPS 2021 www.picsou-soir.com Rédacteur en chef Corey Couverture Mikkel Hagen

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Ont collaboré à ce numéro Kylian Bourichet-Passier • Simone Cavazzuti • Alban Leloup • Mathias Lenarduzzi • Loris Maiolino • Soupic • et un grand merci à Adrien Miqueu et François Willot !

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ENVIE DE PARTICIPER AU PROJET ? CONTACT@PICSOU-SOIR.COM

Contact E-mail : contact@picsou-soir.com Les images Disney sont © Walt Disney Company, Picsou-Soir n'y est pas affilié. Toute reproduction, totale ou partielle, du contenu du numéro est interdite. Première édition. Version numérique. En collaboration avec Picsou Wiki


COUAC-TUALITÉ

DON ROSA ET PICSOU MAGAZINE BROUILLÉS...

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l semble bien qu'il y ait (encore) de l'eau dans le gaz entre l'auteur de la Jeunesse de Picsou et les magazines Disney français. Si les fans connaissent les coups de gueule réguliers de Don Rosa contre la presse Disney française – et contre Disney en général, d'ailleurs – qui n'a longtemps pas respecté ce qu'il considère comme « ses » couleurs et traductions (dans les versions des années 1990-2000), un autre sujet est récemment apparu sur la table. Il a en effet publié le 26 février dernier un message sur son groupe Facebook où il demandait à ceux qui avaient repéré des numéros où étaient publiés des dessins non-officiels (c'est-à-dire réalisés à l'occasion de conventions ou de séances de dédicace pour des fans) de les lui signaler. Il faut dire que ce genre de dessins ne sont pas déposés chez Disney et n'entrent donc pas dans la licence habituelle qui permet à n'importe quel magazine de la firme à la souris de les utiliser : ils appartiennent légalement aux fans qui en ont fait l'acquisition. Don Rosa reproche surtout à la rédaction de Picsou Magazine de n'avoir jamais demandé la permission à quiconque avant de les utiliser. Pis, un de ces dessins a été utilisé en 2013 pour la couverture du quinzième numéro des Trésors de Picsou ! Mais cette affaire concerne aussi la bande dessinée The Annual Speedskating Race of the Burg of Ducks réalisée en 1999 pour un magazine de patinage et dans laquelle les noms des personnages Disney ne sont pas mentionnés puisque l'histoire n'est pas officielle. Or, elle a a priori été publiée sans l'accord de l'auteur...

D'après le principal intéressé, ses relations avec la France ont commencé à se détériorer vers 2005, au moment où il a déposé la marque « Don Rosa » pour pouvoir protéger son travail et avoir son mot à dire sur la manière dont étaient publiées ses histoires. Jusque-là, il collaborait régulièrement avec Picsou Magazine pour qui il avait créé deux histoires de douze pages et un épisode de la Jeunesse de Picsou, ainsi que des dizaines d'illustrations inédites (les fameuses « pin-up », publiées de 1997 à 2001 puis de nouveau en 2004). Il a même fait une apparition très remarquée lors du festival d'Angoulême 2005 où un pavillon lui était consacré. Mais cette même année, il s'est étonamment mis à ne plus recevoir de réponses de la part de la rédaction alors qu'il n'avait, selon ses dires, nullement l'intention de cesser son travail avec Picsou Magazine. Don Rosa en parle ainsi : « Je pense qu'ils ont eu du ressentiment à l'idée qu'un auteur ou un artiste puisse être assez égoïste et déraisonnable pour essayer de contrôler l'utilisation de son nom ou qu'il s'attende à avoir son mot à dire dans la façon dont son travail est utilisé ou modifié. Mais ce n'est qu'une supposition ! Ce silence soudain a toujours été un grand mystère pour moi. Je ne saurai jamais ce qu'il s'est passé. » Toujours est-il que le même Don Rosa a conclu dans un autre message avoir à présent assez de pièces pour pouvoir déposer une plainte... Dans tous les cas, cela va probablement créer une juris-

La couverture des Trésors de Picsou n°15 et le dessin d'origine.

prudence « Don Rosa c. Picsou Magazine » et ce genre d'affaire ne devrait pas recommencer de sitôt. Dossier à suivre... Corey

DANS L'ACTU

Deux nouvelles concernant Don Rosa sont récemment tombées. D'abord, une version française de l'intégrale des « Pertwillaby Papers » devrait sortir d'ici la fin de l'année (pour plus d'infos : pertwillabyfr@gmail.com). Ensuite, une édition collector de la Jeunesse de Picsou en un volume (plus de 560 pages) sera disponible en octobre... au prix de 250 $ ! Au menu : les histoires et illustrations accompagnées des commentaires de l'auteur, un autographe, un sou fétiche réalisé pour l'occasion...

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COMPTE-RENDU

DONALD EN LONG, EN LARGE ET EN TRAVERS

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imez-vous vraiment Donald ? Bien sûr, me répondrez-vous, sinon pourquoi lirais-je Picsou-Soir ? Seulement voilà : si ce magazine porte le nom du vieux grincheux milliardaire plutôt que de son neveu, ce n'est pas un hasard. Donald est souvent délaissé, et ce Super Donald Géant tente de lui rendre hommage. Il faut dire qu'en la matière, ce nouveau magazine ne fait pas son travail à moitié. Là où, souvent, les recueils ne contiennent peu ou prou que des histoires de Carl Barks et de Don Rosa, Super Donald Géant ne lésine pas sur l'originalité. Bien sûr, on y retrouve, comme un passage obligé, le premier comic Donald de Barks, Le trésor du pirate, paru en 1942. Mais le recueil fait la part belle aux auteurs transalpins – Guido Martina, Romano Scarpa, Tito Faraci pour ne citer qu'eux – montrant une facette peu connue de l'école italienne : les récits fantastiques, comme le très touchant Donald et la reine Brunella, qui raconte les amours de Donald avec une souveraine extraterrestre, signé Giorgio Cavazzano. Eh oui, l'école italienne, ce ne sont pas que des histoires courtes sur la malchance de notre canard préféré ! En réalité, ce hors-série montre toutes les facettes – ou presque – de notre canard malchanceux qui a connu tant d'auteurs en 87 ans d'existence ; il y a le Donald justicier (Donald contre Donald), le Donald colérique (Donald à l'école des ennuis), le Donald bagarreur (Voisin contre voisin) mais aussi le Donald amusant (Les très ordinaires aventures de Donald), et même le Donald au carré (Do-

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nald et l'identité multiple). Il y a tellement de donalderie dans ce recueil qu'on nous propose même un « Donaldo-mètre » avant chaque histoire pour s'y retrouver ! Le seul aspect que l'on pourrait regretter, c'est l'absence d'histoire traitant de la relation entre Donald et ses neveux. En effet, dans la seule histoire où cette question apparaît, Donald à l'école des ennuis, Riri, Fifi et Loulou se comportent comme les sales gosses qu'ils étaient à leur apparition en 1937, dans les strips hebdomadaires de Ted Osborne et Al Taliaferro ; une BD traitant du dévouement de Donald à l'éducation de ses neveux, comme Super Donald contre Super Duflair, aurait sûrement complété cette vue d'ensemble déjà très aboutie. En dehors des histoires proprement dites, il y a très peu de contenu. Une page présentant chaque comics, avec des informations sur sa création et ses auteurs, un quizz en vingt questions pour tester vos connaissances, et un poster à double face, l'un des côtés reprenant le dessin de couverture, l'autre proposant un donaldorama, c'est-à-dire Donald passant par vingt émotions différentes. Rien de très original donc, mais si vous cherchiez une nouvelle décoration pour votre salon, la voilà toute trouvée. Même au niveau technique, ce « magazine 100% Donald Duck » est une réussite. Le grand format 21x25cm n'a rien à envier à certaines intégrales sorties en France, en permettant de bien apprécier la foule de détails qui se cachent dans le dessin. La très jolie couverture en relief, avec un dessin de Donald tirant le coin de

la page pour nous montrer son contenu, donne envie de se plonger tout de suite dans la lecture. Il y a même quelques détails amusants, comme le fait que l'histoire Donald et la reine Brunella alterne les doubles pages colorisées avec les doubles pages en noir et blanc, nous rappelant que c'était un mode de publication courant à une époque, pour économiser sur l'impression. En bref, ce Super Donald Géant est un hors-série original, avec de nombreuses histoires, souvent peu connues, une réalisation impeccable, et surtout un véritable amour du personnage, qui peut faire penser au double magazine qui était paru pour l'anniversaire des 80 ans du palmipède en tenue de marin (Les trésors de Donald). Si vous êtes un peu lassés des indémodables – mais publiées cent fois – histoires des maîtres américains, courez chez le marchand de journaux le plus proche et procurez-vous ce Super Donald Géant. C'est seulement après l'avoir lu que vous pourrez sérieusement vous poser la question : aimez-vous vraiment Donald ? Mathias Lenarduzzi


COMPTE-RENDU

DOUBLEDUCK REMPILE POUR UN TROISIÈME RECUEIL

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onald revêt une fois de plus son costume d’agent secret dans ce troisième numéro des intégrales de la série DoubleDuck en version presse, avec une compilation d’histoires déjà publiées en album cartonné chez Glénat. Le caractère ingénu de notre héros palmé est la couverture idéale pour résoudre des enquêtes où action et faux semblants règnent en maître. Les quatre premières histoires tournent autour du même thème de l'œuvre d'art dérobée qu'il faut absolument retrouver. Dans Traquenard pour un canard, Donald devra prouver son innocence dans le vol d'un tableau de Van Coq car ses empreintes ont été retrouvées sur le lieu du crime ! Chaos à Rio a pour toile de fond le monde de l'Art moderne avec la recherche d'un laser expérimental dissimulé dans une des œuvres. Puis, destination l'Italie avec Caméra à la romaine pour récupérer une caméra miniature cachée dans un tableau exposé au domicile du

chef de l'Organisation, Némésis de l'Agence. Quant au Triomphe de l'Amour, embarcation immédiate pour Berlin afin d'y protéger une peinture du Scaravage dans une enquête aux multiples rebondissements façon Mission Impossible. Chacun des auteurs s'amuse ainsi à parodier des artistes reconnus comme Van Gogh, Salvador Dali ou Le Caravage. Rythmées et assez richement documentées – certains bâtiments architecturaux sont au plus proches de la réalité –, ces aventures de bonne facture se lisent avec plaisir même si leurs ressorts scénaristiques sont un peu attendus : la faute à un nombre de pages trop restreint pour pouvoir développer une intrigue suffisante. Ce qui n'est pas le cas des deux dernières histoires, L'ennemi public et La machine à nuages qui, justement, du fait d'être divisées en plusieurs parties permettent au lecteur de s'immerger complètement dans une aventure riche où tous les éléments narratifs s'imbriquent naturellement afin de former un récit cohérent. Signés Francesco Artibani et Fausto Vitaliano (un des co-créateurs du personnage), ces deux épisodes embarquent notre canard dans la quête d'armes secrètes destructrices (un dissolvant universel et un canon électromagnétique) à ne pas mettre en toutes les mains, surtout les plus mauvaises ! C'est l'occasion pour notre James Bond à plumes de faire la connaissance de la « Division », une autre entité espionne et d'apprendre l'existence d'Axel Alpha, un ex-agent secret accessoirement ancien petit ami de Kay-K, la cane espionne

LA COUV' DE MIKKEL HAGEN Nos lecteurs réguliers reconnaîtront peut-être ce nom qui s'est déjà glissé plusieurs fois dans les pages fan-art du fanzine. Mikkel Hagen est donc un fan norvégien de 24 ans qui a découvert les canards Disney très tôt avec La Bande à Picsou puis avec les histoires publiées dans l'hebdomadaire Donald Duck & Co. Rapidement amoureux d'un auteur dont il apprendra plus tard qu'il s'appelle Carl Barks, il recopie ses cases et celles de Don Rosa pour progresser en dessin. Ce qui porte ses fruits puisque Mikkel a depuis réussi à se faire publier à six reprises dans des magazines Disney.

qui l'assiste dans toutes ses missions. Sur une mise en page assez comics, chaque dessinateur a la particularité d'allier le style cartoon de l'école italienne avec un trait plus adulte (notamment Andrea Freccero et Marco Gervasio). Accompagnées d'un double poster central, les 325 pages de ce nouveau hors-série de Super Picsou Géant sont une lecture agréable au ton plus sérieux et moins redondant que les tous premiers épisodes de la série. Loris Maiolino

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DUCK STORY

BRELAN DE DAMES

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our sa Duck Story de la saison, Picsou-Soir joue cartes sur table et vous dévoile sa main ! À travers ce brelan de dames, nous allons vous offrir un portrait croisé de Goldie O’Gilt, Brigitte McBridge et Belle Duck, trois véritables reines de Donaldville.. En des temps peut-être moins éclairés, un dossier consacré à Goldie, Brigitte et Belle aurait pu s'intituler « les femmes de Picsou », mais on se serait trompé de sujet. Avec un tel titre, on aurait donné l'impression que Picsou (personnage explicitement désigné) est au centre de l'analyse proposée, alors que « les femmes » (collectif anonyme) lui servent d'accessoires. Or, ça n'est pas l'objet de cet article ! Ce que nous voulons faire aujourd'hui, c'est braquer le projecteur sur trois figures féminines qui certes ont le point commun d'aimer ou d'avoir aimé Picsou, mais qui méritent qu'on souligne leurs qualités personnelles. Il ne sera pas ici question de shipping. On ne cherchera pas à déterminer qui ferait « la meilleure épouse pour Picsou » (quoi que ça puisse bien vouloir dire, d'ailleurs ! ), mais à expliquer pourquoi nous aimons voir Goldie, Brigitte et Belle mettre leur grain de sel dans le petit monde des canards. Goldie O'Gilt, entre évolution et constance « Je suis Goldie-la-Blonde ! La reine du grand Nord ! La flamme glacée du Yukon ! »

Goldie O'Gilt dite « l'Étoile du Nord » ( jadis rebaptisée Rayon d'Or, Doretta Dorémi, Lucette Bouclette ou Adélaïde Tirelire en France et Marie la Pépite en Bel-

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La tension est permanente entre les deux cœurs du Yukon, des canards au caractère bien trempé et qui refusent de se laisser aller à l'autre.

gique) est presque trop connue pour qu'on la présente encore. Elle est sans doute la plus populaire des anciennes flammes de Picsou, à tel point qu'elle a honoré le petit écran de sa présence dans les deux versions de La Bande à Picsou. C'est en lisant un rapport du très estimé Carl Barks (Retour au Klondike, 1953) que les lecteurs firent sa connaissance, mais d'autres sources signées par les non moins estimés Don Rosa, Romano Scarpa, Vicar et d'autres vinrent apporter plus d'éclairage sur cette « blonde étincelante » au cœur « aussi dur que la glace sur la toundra ». À ce jour, il existe en tout 49 rapports à son sujet. Nous ne prétendrons pas que Goldie est parfaite. Après tout, le rapport de Barks ne fait aucun mystère quant à son habitude de droguer et dépouiller les « argonautes » – ainsi qu'on surnommait les chercheurs d'or. Elle tendit d'ailleurs ce même piège à Picsou, mais dut en payer le prix quand il l'obligea à travailler sur sa concession pendant un mois en guise de réparation. Cependant, ses actions douteuses doivent

être comprises dans le contexte de la ruée vers l'or. Au milieu de tous ces rudes prospecteurs, la situation d'une femme indépendante (particulièrement une « fille de saloon », considérée comme non-respectable) était précaire et dangereuse. S'il est arrivé à Goldie, dans sa jeunesse, d'agir de manière peu reluisante, nous pensons que c'était par instinct de survie, et non par absence de moralité. En effet, lorsque Picsou la retrouva cinquante ans plus tard, l'Étoile du Nord était bien changée. Claquemurée dans une cahute dans la Vallée de l'Agonie Blanche en compagnie d'un ours apprivoisé, elle avait fait don de tous ses gains aux enfants devenus orphelins à la suite de catastrophes minières. Il est clair que Goldie s'est amendée et a su transformer sa cupidité en une générosité qui confine à la plus totale abnégation. Elle a donc évolué, ce qui est remarquable dans un monde où les caractères sont plutôt statiques. Un mot tout de même – c'est inévitable ! – sur sa relation avec Picsou. Nous ne chercherons pas à


résumer ici l'histoire intense qui unit Goldie et le canard le plus riche du monde, car nous ne saurions lui rendre justice (nous vous renvoyons plutôt aux épisodes 8, 8 bis, 8 ter et 8 quater de la Jeunesse de Picsou). Pour faire court, ils semblaient faits l'un pour l'autre, et pourtant ça n'a pas marché. Qu'y a-t-il d'étonnant à ça ? Quand on met face à face « deux cœurs froids du Klondike », qui voudraient fondre l'un pour l'autre mais ne s'y autorisent pas, c'est l'impasse. Mais l'histoire n'est pas que mélancolique pour autant. En l'absence de son amour de jeunesse, Goldie n'est pas restée coite, telle une princesse esseulée qui se languit au sommet de sa tour. Elle a fait sa vie – une vie difficile, mais bien remplie – sans pour autant exclure Picsou de son cœur. Nous savons même qu'elle a fini par devenir mère, puis grand-mère. Sa petite-fille Chris « Choupette » Yéyé, qui a malheureusement grandi en pension, est la prunelle de ses yeux. Pour elle, Goldie ne veut rien de moins que le meilleur, c'est pourquoi elle a convaincu Picsou d'accueillir la jeune fille parmi les siens à Donaldville. Elle s'est démenée pour donner à Chris la famille soudée qu'elle même n'a pas eue (R. Scarpa, Et voici Chris ! L'idole des jeunes !, 1966).

« Je suis le passé de Picsou et vous êtes son présent » explique une Goldie lucide à Brigitte.

On a parfois reproché à Goldie d'attendre le retour d'un amour perdu. Certains y voient l'aveu d'un échec à se construire en l'absence de l'autre. Pourtant, lorsque Goldie dit à Picsou « J'attendrai ! » (Don Rosa, Un petit cadeau très spécial, 1997), ce ne sont pas les mots d'une femme désespérée. En refermant la porte pour quitter le bureau, elle repart sereine et souriante, convaincue que leur réunion, si elle doit avoir lieu, arrivera en temps voulu. Du reste, ceux qui se souviennent de la fin de La Quête du Kalevala (Don Rosa, 1999) savent que cette conviction est partagée. Là où Goldie fait figure d'exemple, c'est donc dans le pragmatisme de ses sentiments. Elle nous montre qu'on peut être fidèle à quelqu'un sans se laisser enfermer ou définir par cette relation. Pour le dire autrement, on peut laisser une porte ouverte sans pour autant s'empêcher de vivre. C'est là, pensons-nous, une alternative noble et pleine d'espoir. Brigitte McBridge, la détermination incarnée « – Tu jettes toujours ton argent par la fenêtre ! – Je peux te démontrer que non. Suis-moi, tu verras que je suis une perle ! »

Ah, cette chère Brigitte McBridge (parfois appelée Cousudor, en France), c'est tout un programme ! Très populaire en Italie, où fut produit le premier rapport la concernant (R. Scarpa, Oncle Picsou et le dernier des Balabous, 1960), elle a eu droit à une apparition télévisée cinq ans avant Goldie – même s'il ne s'agissait « que » du générique des programmes Disney italiens. En revanche, elle apparaît dans un nombre vertigineux de documents, presque seize fois plus élevé que celui de Goldie !

Picsou cherchant à échapper à Brigitte, une scène commune...

On ne va pas se mentir, sa principale caractéristique dans les sources ne semble pas l'ériger en modèle de féminisme. En effet, elle est surtout connue pour ses plans rocambolesques visant à mener son « Picsounet » au mariage… quitte à l'obtenir par la ruse (cf. par exemple M. De Vita, Le mariage de Picsou !, 1984). Son obsession pour un homme et sa volonté d'user de procédés trompeurs pour parvenir à ses fins ne la dépeignent pas sous un jour favorable. Pour autant, il faut bien se garder de ne voir en Brigitte qu'une sorte de Pépé le Putois au féminin, une figure narrative que le site TV Tropes appelle l'abhorrent admirer (« abominable admirateur-trice »). Sa personnalité est plus complexe que ce qui est perceptible au premier coup d'œil. Il est ainsi parfaitement clair que Brigitte est intelligente et compétente. Elle nous est présentée comme une femme d'affaires chevronnée, fréquemment capable de surpasser ses pairs. Par exemple, dans Le papillon de Christophe Colomb (R. Scarpa, 1962), nous voyons qu'elle parvient à damer le pion à Picsou dans un marché de niche, à savoir la conception et la vente de tissus d'art peints à la main. Bien que la manufacture de Picsou soit

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Brigitte et son fidèle acolyte Phil Ature, éternel duo en duel avec Picsou (ici dans Le secret de la gabardine !).

plus grosse et emploie des artistes prestigieux, la gestion exemplaire de Brigitte fait toute la différence. Son secret ? S'inspirer des motifs infiniment variés qui se dessinent sur les ailes des papillons exotiques. Alors que son rival délègue toutes les questions « triviales » à ses employés, Brigitte s'implique dans les procédés de fabrication. Cette touche personnelle lui permet non seulement de développer sa propre clientèle, mais aussi de récupérer tous les dégoûtés des tissus Picsou. Du reste, dans le même document, nous voyons Donald et les triplés travailler loyalement pour le compte de Brigitte plutôt que pour leur oncle, ce qui sous-entend qu'elle paie mieux que le canard le plus riche du monde. En fait, si Brigitte est souvent qualifiée de « dépensière », il faut voir les choses de son point de vue : à quoi bon gagner tant d'argent si c'est pour ne rien en faire ? À notre avis, c'est une attitude plus sensée que d'accumuler sans cesse des sommes astronomiques pour ensuite les couver comme une cane ses œufs – si vous nous passez l'expression. Son esprit entrepreneurial n'a d'ailleurs pas pour objectif premier la création de richesse. Lorsque Brigitte met

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en place une nouvelle affaire, c'est souvent pour promulguer une passion personnelle. C'est sans doute pour cela que ses commerces tournent souvent autour de la mode (cf. notamment sa boutique de haute couture dans R. Scarpa et L. Boschi, Le secret de la gabardine !, 2007). Brigitte veut faire de ce qu'elle aime son métier, et elle s'en donne les moyens. Il y a là un contraste saisissant entre son attitude et celle de Picsou, qui lui investit dans tous les marchés – son but ultime étant de rester l'homme le plus riche de tous les temps. Finalement, attirons l'attention sur le duo improbable que Brigitte forme avec Phil Ature (alias Jacques Humul ou Phil Actère), l'entrepreneur à la petite semaine qui ferait tout pour surpasser Picsou, ne fut-ce qu'une seule fois dans sa vie. Quoique Phil soit beaucoup moins doué qu'elle pour les affaires, Brigitte en fait régulièrement son partenaire privilégié ! Dans un univers où les relations homme-femme sont presque toujours présentées sous une dimension sentimentale, l'amitié platonique mais forte qui unit ces deux-là constitue une exception remarquable. Observezles s'immiscer, sans grand succès, dans les soirées mondaines (R.

Gagnor et S. Deiana, La puce à l'oreille, 2008) ou lancer ensemble un commerce de beignets géants (G. Bordini, Ça baigne pour Picsou, 1985) ; ça vaut son pesant d'or. Dans un rapport encore inédit en français (R. Gagnor et V. Held, Filo & Brigitta e la rimpatriata degli Sganga, 2009), notre businesswoman aide même Phil à monter rapidement une entreprise prospère pour lui éviter de perdre la face devant des parents en visite à Donaldville. Voilà une belle preuve d'amitié ! Belle Duck, la force de la gentillesse « – Vous ne vous faites donc jamais de souci, Miss Bella ? – Pourquoi se faire du souci quand on peut s'amuser ? »

Si Belle Duck (connue en France sous les pseudonymes de Bella Couac, Lulu Belle, Marie Belle ou encore Rose Pompon) n'est ni la plus célèbre ni la plus appréciée des dames dont il est ici question, elle gagne à être connue. La première étude qui nous parle d'elle (Al Hubbard, Une pièce de collection !, 1967) nous explique qu'elle était jadis, au temps du Mississippi, « la plus adorable jeune fille du comté » et « une fleur fine et délicate ». Lorsque Riri, Fifi et Loulou la rencontrèrent des décennies plus tard, ils furent d'abord désarçonnés par son apparence, qui ne semblait plus coller à la description d'une fleur fine. À ce stade, on pourrait craindre que les histoires mettant en scène Belle ne tournent autour d'un humour peu subtil… Heureusement, il n'en est rien. Bien qu'elle n'apparaisse que dans un nombre très limité de sources (seulement 24), Belle est un personnage plaisant. On la découvre à l'aise dans son corps, élégante et gaie. À peine a-t-elle rencontré les triplés qu'elle leur


propose de faire un tour sur son vapeur, le Gilded Lily (ou Lys d'or, en français). Car notre Belle est non seulement propriétaire d'un bateau, mais elle le manœuvre sans aucun équipage. C'est une excellente navigatrice, comme elle l'a prouvé à plusieurs reprises ; notamment, c'est elle qui est venue à la rescousse de Picsou et les triplés lorsqu'ils se sont échoués sur une île déserte en essayant d'atteindre Gouna-Gouna (D. Kenney et J. Fletcher, Chasse aux sauterelles !, 1967). Or, les spécialistes vous le diront, un vapeur fluvial n'est pas prévu pour naviguer en haute mer : il est trop étroit et pas assez profond, manque de franc-bord, et ses superstructures sont trop hautes. Il faut donc que Belle soit particulièrement douée et intrépide pour ne fut-ce qu'oser entreprendre une telle mission, et plus encore la réussir ! Tout comme Brigitte, Belle a un rapport à l'argent très différent de celui de Picsou. La somme rondelette dont elle a hérité de son père ? Elle ne l'a plus. « J'ai tout dépensé » dit-elle, « jusqu'au dernier cent ! C'est à cela que ça sert, l'argent ! » À ses yeux, l'argent n'a d'intérêt que pour rénover son cher bateau... et organiser de grandes fêtes. En effet, elle sait se montrer généreuse avec ses amis dans le besoin. Ainsi, voyant un

ami peintre triste de n'avoir nulle part où exposer, elle lui proposa spontanément de transformer le Lys d'or en galerie d'art, et organisa une grande exposition avec boissons et petite restauration gratuites (T. Strobl, Art moderne, drame antique, 1970). Même sa rivalité avec Annie, capitaine du Poisson volant, n'est que de façade. Si les deux collègues se disputent fréquemment le titre de meilleure navigatrice, elles se respectent et s'entraident. Lors d'une course aller-retour entre Donaldville et Zoieville, Belle offrit même à Annie son propre bois de chauffe quand cette dernière vint à en manquer (D. Kenney et T. Strobl, The Roundabout Rally, 1970). On nous a tellement habitués à une définition limitée de la « force », à coups de poings et de réparties cinglantes, qu'on a fini par oublier un point fondamental : répondre aux circonstances par la gentillesse – pas la servilité, pas la stupidité, mais simplement la bienveillance –, c'est une façon d'être fort, ou forte en l'occurrence.

Un mot, enfin, sur son intellect. On pourrait croire Belle totalement naïve et insouciante, mais en vérité, elle est dotée d'un esprit affûté. Ainsi parvint-elle un jour à embobiner Miss Tick alors que la sorcière croyait se servir d'elle pour s'emparer du sou fétiche. Catapultée apprentie magicienne, Belle semblait accumuler les catastrophes, créant par accident divers objets magiques. Quoique Miss Tick fût d'abord irritée, Belle comprit immédiatement que la sorcière mettrait ses inventions à profit d'une façon ou d'une Un dialogue qui résumé parfaitement la autre. C'est alors que, différence de mentalités entre Belle et Picsou. dans un bel accès de

génie tranquille, la belle du Mississippi rendit à la magicienne ses gants anti-magie… en ayant pris le soin de les retourner discrètement. Résultat des courses, une bombe à pierre lancée dans la direction de Picsou revint frapper l'envoyeuse en pleine figure (L. Jensen et N. Van Horn, Bella et la bête, 2012). Notons cependant un détail important : lorsque Belle prend quelqu'un au piège, c'est toujours par « jeu », et non par duplicité. Plutôt que naïve, un terme à connotation péjorative, on ferait mieux de dire qu'elle est sans malice. Conclusion Vous l'aurez compris, nous n'avons fait qu'effleurer le sujet, et un numéro entier n'aurait pas suffi pour le traiter convenablement. Et encore, nous n'avons sélectionné que trois figures emblématiques ! En tout cas, nous pouvons désormais répondre à notre question de départ : « Pourquoi aimons-nous Goldie, Brigitte et Belle ? » Chacune à sa façon, elles amènent dans leurs bagages une force spécifique, qui son pragmatisme, qui sa détermination, qui sa générosité. Pas besoin des muscles d'un jeune « Buck » Picsou, de la grosse tête d'un Géo Trouvetou ou des gadgets d'un Fantomiald pour susciter l'intérêt ! Soulignons au passage que les qualités qu'incarnent ces dames ne sont pas sexuées, et que les leçons de Goldie, Brigitte et Belle nous concernent toutes et tous. Alban Leloup Remerciements L'auteur tient à remercier Elaine Branshaw, Justine Debaere et Caroline Delaey pour leurs précieux conseils, sans lesquels ce papier aurait manqué de légitimité, et David Gerstein, qui l'a aidé à mieux cerner le caractère de Brigitte.

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DONALDISME

UNE FAMILLE FORMIDABLE

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i la plupart des auteurs ne s'embarassent pas pour introduire de nouveaux personnages dans l'univers des Duck, de nombreux fans ont pourtant essayé de retracer les filiations qui les relient. Petit tour d'horizon de ces arbres généalogiques. Une généalogie complexe La nécessité de concordance des informations entre les différentes histoires et la volonté de réalisme n'est pas la priorité pour de nombreux auteurs Disney. De fait, quand on accumule les données familiales des différentes histoires canardesques, on se retrouve rapidement avec une quantité d'informations contradictoires, rendant l'établissement d'une généalogie claire et réaliste compliquée. Au-delà d'un nombre indéfini de neveux et de nièces, on trouve plusieurs grands-pères de Picsou, un désaccord sur la parenté entre le milliardaire et Grandmère Donald, etc. Autant de problèmes qui n'empêchent pas de pour autant de s'essayer à la construction de généalogies cohérentes. Carl Barks Le premier à s'être attelé à cette tâche est Carl Barks, avec un arbre esquissé en 1950 où il réfutait tout lien de parenté entre Picsou et Grand-mère Donald (ainsi, ils ne seraient pas de la même fratrie comme beaucoup le pensaient). Il établissait pour la première fois les noms des parents de Donald Duck : Rodolphe Duck et Hortense McPicsou, personnages qui seront repris par la suite par Don Rosa tout comme la sœur Matilda. Il imagina également quels liens pouvaient faire de Gontran le

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petit-fils de Grand-mère Donald et le neveu de Picsou : il serait donc le fils de Daphné Duck, elle même fille de Grand-mère Donald, et d'un certain Luc Glouton. Gontran se serait retrouvé orphelin un jour où ses parents avaient trop mangé lors d'un pique-nique gratuit, si bien qu'il fut recueilli par Matilda, mariée à un certain Gustave Bonheur et aurait ainsi pris le nom de son père adoptif. Une enfance donc bien triste pour le chanceux cousin de Donald, mais cette théorie ne sera en fait jamais reprise par aucun auteur ; même Barks abandonna finalement l'idée lorsqu'il transmit un brouillon de son arbre à Don Rosa au moment où ce dernier voulut réaliser le sien. En 1990, Mark Worden réalisa une version illustrée de cet arbre, en reprenant notamment les visages de certains personnages anonymes apparus dans des histoires de Barks. Marco Rota Marco Rota n'a jamais réalisé d'arbre à proprement parler, mais il paraît nécessaire de le citer puisqu'il a établi sa propre vision de la famille Duck dans l'histoire Bon anniversaire Donald ! (1984). Grand-mère Donald et Picsou seraient frères et sœurs, mais il se distingue en formulant l'idée selon laquelle Donald aurait été abandonné puis recueilli par ces deux-là. Ils l'auraient ainsi éduqué comme leur propre enfant, jusqu'à ce que Picsou ne découvre que Donald était réellement son neveu, ce qui supposerait l'existence d'un frère ou d'une sœur anonyme à Picsou et Grand-mère. Cette dernière se retrouvant par ailleurs être la tante du canard. Cette généalogie semble assez complexe, peu réaliste, et surtout contradictoire

avec de nombreuses histoires, ce qui fait qu'elle n'a jamais été vraiment reprise. Les donaldistes des années 1970-1980 En 1970, Michael Czernich, CarlLudwig Reichert et Ludwig Moos réalisent le premier arbre généalogique européen, qu'ils publient sous le pseudonyme de Grobian Gans dans un essai intitulé Die Ducks. Psykogramm einer Sippe, un classique du donaldisme allemand plusieurs fois réédité. Sous une apparence complexe, il s'avère en réalité assez complet, surtout lorsque l'on sait qu'il ne se base que sur les histoires publiées en Allemagne jusqu'aux années 1960. S'il est considéré par certains comme relevant du « donaldisme vulgaire », c'est-à-dire non-scientifique, il a eu une influence sur de nombreux autres arbres. En 1977, Walter Abriel met en évidence le vide existant entre la génération de Balthazar

L'arbre de Grobian Gans tel que publié d


Picsou et Grand-mère Donald et celle de Donald et Daisy Duck, dans un article du fanzine Der Hamburger Donaldist. En 1989, Marc Degens et Hajo Mönnighoff avancent une théorie très audacieuse dans un article intitulé « La vérité sur la famille Duck » : Grand-mère Donald aurait eu une relation incestueuse avec son propre père qui aurait donné naissance à deux fratries de triplés (une tradition génétique ! ) dont seraient issus Balthazar Picsou, les mères de Gontran et Daisy et les pères de Donald et Della. D'autres fans proposent leurs tentatives par la suite, et notamment Ed van Schuijlenburg en 1984, puis Volker Reiche en 1990, tous les deux dans des fanzines allemands. Malgré quelques différences, ces trois arbres suivent une même trame : Picsou et Grand-mère Donald se retrouvent à nouveau frère et sœur, et cette dernière est là aussi la tante de Donald – sachant que l'arbre de Gans a été réalisé douze ans avant Bon anniversaire Donald !, on peut imaginer que Rota s'en soit inspiré pour établir sa propre

dans un livre de 1970.

vision de la généalogie des canards. On peut reconnaître à ces arbres le mérite d'avoir inclus différents personnages utilisés par de nombreux auteurs. L'arbre de Reiche établit également quatre origines à la famille Duck, une germano-néerlandaise, une grecque, une espagnole et une écossaise, ce qui ne s'avère aucunement absurde puisque de nombreux Américains ont des origines très variées ; les origines écossaises du clan McPicsou ont été les plus détaillées, mais il est évident que la famille Duck dispose d'autres origines. Barks a évoqué une origine britannique avec le personnage de Mathurin Duck, matelot de Sa Majesté ; Martina, a mis en évidence une origine égyptienne du côté du clan McPicsou avec Baltus Picsounius, oncle et grand trésorier de la reine d'Égypte Cleopat-Perina ; et nous revenions dans un précédent numéro (Picsou-Soir n°2) sur l'influence néerlandaise à Donaldville. Don Rosa En 1993, Don Rosa réalisa pour la Jeunesse de Picsou son propre arbre généalogique, fortement inspiré fortement de celui de Barks. Il essaya dans un fastidieux travail de reprendre tous les personnages de la famille Duck évoqués dans les différentes histoires de l'Homme des canards. Il souhaitait placer Donald Dingue comme le mari de Matilda McPicsou (ce qui aurait expliqué qu'il fût considéré comme l'oncle de Donald), mais en fût découragé par son éditeur Egmont qui considérait étonnement ce personnage comme officiellement « mort ». Toutefois, l'éditeur lui imposa d'insérer le personnage de Popop, très populaire chez les jeunes lecteurs, bien que non-créé par Barks mais par Kinney et Hubbard et utilisé principalement par les au-

teurs italiens ; Don Rosa en fit donc le frère d'Abner Duck, au caractère radicalement opposé à celui de Popop, qui semble avoir beaucoup plus pris du caractère de sa mère Lulubelle Loufy que de son père Barnabé. Aujourd'hui, cet arbre généalogique est considéré comme une référence, bien qu'incomplet : en effet, Don Rosa a ignoré des personnages récurrents comme Gédéon Picsou ou Léon Sanzun, respectivement frère et demi-frère de Picsou, car jamais utilisés par Barks, ou des personnages barksiens moins célèbres comme Susiebelle Lecygne. De plus, il fait abstraction de tout ce qui a pu être établi dans le Bon anniversaire Donald ! de Rota, bien que celui-ci soit un auteur reconnu dans le milieu (et un de ses préférés). Enfin, Rosa s'est permis d'introduire des personnages inédits, à l'instar de Lulubelle Loufy, Gertrude Guilleret, Daphnée Duck, Molly Mallard ou Gretchen Gribiche, une commodité pourtant peu scientifique et que ne s'autoriseraient pas des donaldistes... Les donaldistes des années 1990 En 1994, Christian Baron décida de repartir de l'arbre fait par Barks dans les années 1950 pour aboutir à une version améliorée qui sera publiée dans Der Donaldist n°88. Si le résultat n'est pas révolutionnaire, il reste pertinent et a la particularité d'introduire des nuances liées aux traductions d'Erika Fuchs. Sur la relation Balthazar Picsou-Grand-mère Donald, Baron suggère qu'ils sont nés du même père mais de mères différentes. Point intéressant : sont mentionnées explicitement les sources utilisées (les magazines allemands dans lesquels ont été publiées les histoires) sur les branches de l'arbre. Et Baron rejette explicitement le travail effectué par Don Rosa. En 1999,

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Johnny A. Grote publia dans le livre Der Stammbaum der Ducks un arbre établi uniquement à partir des histoires de Barks. Par ailleurs, tous les personnages n'étant jamais apparu physiquement dans une histoire se trouvaient affublés de portraits issus eux-mêmes des histoires de Barks, dans la galerie des nombreux portraits anonymes qui ornent les murs de la maison de Donald ou du coffre de Picsou. Daisy Duck devient étonnement la cousine germaine de Donald, et Flairsou se trouve un lien de parenté avec Cornélius Écoutum, lien théorisé uniquement par quelques fans allemands. Il s'inspire fortement d'un arbre de Christof Eiden et Ulrich Schröder offert dans Donald Duck Sonderheft n°137, un magazine Disney allemand publié quatre ans plus tôt, tout en le complexifiant (notamment au niveau du nombre de personnages) et en clarifiant les filiations. Grote a corrigé quelques années plus tard une erreur qui s'était glissé dans son arbre : Donald était montré comme le fils de Grand-

mère Donald, alors qu'il est en fait le fils d'une sœur de cette dernière (Der Donaldist n°109). Gilles Maurice L'arbre généalogique le plus impressionnant et le plus complet existant à ce jour est probablement celui de Gilles Maurice. Maurice est un fan français, qui, après avoir envoyé son premier arbre généalogique à Rosa, a été rapidement admis dans la communauté de l'héritier de Barks car ce dernier fut impressionné par son travail. Il se lança alors dans un fantastique projet, celui de réaliser un arbre cumulant tous les parents et ancêtres de Donald Duck apparus dans au moins une histoire, quelques soient les auteurs qui les aient créés. Partant de la généalogie établie par Rosa, il réalisa ainsi de 2001 à 2006 un arbre colossal, que l'on peut retrouver sur son site Internet « Calisota Online ». Maurice réussit à regrouper de nombreuses histoires dont certaines étaient totalement oubliées et enfouies dans d'obscurs magazines ; on

L'arbre généalogique réalisé par Christian Baron : la base établie directement par Barks est entourée par les pointillés.

peut cependant regretter que les sources de ces histoires ne soient pas indiquées, si bien qu'on ignore totalement l'origine de certaines branches. Même s'il comporte quelques imperfections, il s'avère être le plus complet jamais réalisé et sert aujourd'hui de référence chez une partie des fans et même des auteurs malgré son caractère non-officiel. Quelques autres arbres Giovan Battista Carpi eut l'occasion de réaliser un arbre, publié en 1994 dans le livre Walt Disney Presenta Paperina e le altre écrit par Luca Boschi. Assez imprécis sur les liens unissant les différents personnages, il se révèle en revanche esthétique et met en avant le beau style graphique d'un dessinateur italien parmi les plus réputés. Il inclut des personnages récurrents apparus aussi bien chez Barks que chez Scarpa ou Strobl. William van Horn a également dessiné en 1994 un arbre qui recherche plus la beauté que la précision. On relève aussi quelques arbres assez incomplets et ne présentant aucun intérêt esthétique ni généalogique, parus dans différentes magazines. D'autres peuvent être aperçus dans des histoires, souvent pour des nécessités d'intrigue et servant à intégrer un nouveau personnage et/ou justifier un lien de parenté, mais aucun n'est réellement utile. Pour conclure, on soulignera que la principale différence entre les arbres généalogiques établis par les fans tient aux sources qu'ils retiennent. Soupic et Corey Références • Jens P. Kutz, « Familie Duck », Jenspeterkutz.de. • Gilles MAURICE, « The Duck Family Trees », Calisota Online.

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SAGA

HISTOIRE ET GLOIRE D'UN CANARD

P

resque inconnue en France, une saga italienne a été consacrée il y a une cinquante-et-un ans à l'histoire de la famille de Picsou. En 1970, l'éditeur Mondadori passe un accord avec la Banca Commerciale Italiana, une grande banque italienne, pour l'émission de 6 500 livrets épargne « Topolino » avec un dépôt initial de dix mille lires (l'équivalent de cinq euros) chacun, à gagner dans un concours organisé par le magazine Topolino. La campagne baptisée « Operazione Miliardo » commence le 5 avril dans le Topolino n°749. Pour attirer les jeunes lecteurs vers cette affaire bancaire un peu complexe, on décide d'offrir avec les numéros des pièces de monnaies frappées pour l'occasion à l'effigie des personnages Disney. Guido Martina, l'un des auteurs les plus prolifiques de l'école italienne avec des centaines d'histoires au compteur depuis les années 1940, va alors donner une vie de papier à ces pièces, et c'est ainsi que naît la série « Storia e Gloria della Dinastia dei Paperi ». Il s'agit d'une saga en huit épisodes, publiée du numéro 749 au numéro 756 de Topolino. Le tout fait 275 pages, et a été réalisé par par Guido Martina au scénario et Romano Scarpa et Giovan Battista Carpi au dessin ! Cette longue histoire suit les vicissitudes de la famille McDuck depuis l'Égypte ancienne. Tout commence lorsque Picsou apprend qu'une expédition sur la Lune va avoir lieu, ce qui l'inquiète car il y a lui-même caché un mystérieux coffret quelques années auparavant, avec l'aide de

Géo. Avec ses neveux, il retourne donc sur la lune pour récupérer son bien : le coffret contient en fait un millier de pièces magiques qui se mettent à raconter l'histoire et chanter la gloire de la famille (Mc)Duck dès qu'on les frotte un peu. Une fois rentrés sur Terre (ou plus précisemment, sur la mer), nos canards sont arrêtés par la police qui les prend pour des créatures extra-terrestres ; effrayé, Donald jette le coffret à l'eau, à 4 000 mètres de profondeur. Tandis que Picsou et Géo sont placés en quarantaine, les neveux retrouvent sept des pièces qui avaient été égarées dans la capsule spatiale dans laquelle leur oncle avait fait le voyage vers la Lune. En l'espace de 2 500 ans, l'histoire de la famille de Picsou prend place en Égypte, à Rome, en Écosse, en Espagne, en Floride, dans le Mississipi et au Canada. À chaque fois, nous retrouvons les ancêtres de Picsou, Donald, Riri, Fifi et Loulou devant faire face à des versions diverses et variées de Flairsou et des Rapetou. Le dernier épisode, qui se déroule en 1897 au Klondike, nous montre la naissance simultanée de Balthazar Picsou et de Crésus Flairsou tels que nous les connaissons. Contrairement au travail de Don Rosa, cette saga n'a pas de grande prétention et se soucie moins de la continuité. Si nous de-

vions prendre au pied de la lettre tout ce qui y est raconté, certains personnages auraient vécu pendant des siècles, et il n'y a pas beaucoup d'importance accordée à la question généalogique (des personnages changent de nom d'une génération à l'autre et on n'a affaire qu'à des copies conformes des canards que nous connaissons). Cependant, même si elle est née pour une raison d'abord commerciale et qu'elle présente parfois des incohérences, la série « Storia e Gloria della Dinastia dei Paperi » est considérée comme l'une des œuvres les plus importantes et les plus célèbres de la production Disney italienne. C'est pourquoi, en 2005, Alberto Savini et Andrea Freccero ont réalisé un nouvel épisode qui se situe juste avant le deuxième chapitre (même s'il a par erreur été présenté comme une préquelle au chapitre 3). Et en 2017, Topolino a publié une suite intitulée « Nuova Storia e Gloria della Dinastia dei Paperi » du numéro 3232 au numéro 3237. Divisée en sept parties scénarisées par Alessandro Sisti et dessinées par Claudio Sciarrone, elle se déroule dans le futur, entre l'an 2117 et l'an 2617. Alors que cela n'a pas été le cas pour la saga originale, cette suite a bénéficié d'un début de publication aux États-Unis, jusqu'à ce qu'elle soit mise en pause en juin 2020... En France, seuls deux des huits chapitres originaux ont été publiés (et très récemment) ! Mais la série devrait a priori être traduite pour rejoindre l'intégrale Romano Scarpa, lorsque la collection atteindra la période 1970. Simone Cavazutti

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HISTOIRE

L'INDUCKS FÊTE SES 25 ANS

L

ancée en mai 1994, la base de données sur les bandes dessinées Disney est aujourd'hui la référence pour tous, fans comme profesionnels. Adrien Miqueu et François Willot nous ont aidé à revenir sur son histoire.

Les débuts de l'histoire Dans les années 1990, un fan français du nom de François Willot commence à essayer de constituer une liste des histoires Disney. Il réussit à lister les rééditions de Barks en France, puis élargit son recensement à des magazines comme les Belles Histoires (avec l'aide de Michel Angot), Picsou Magazine, Super Picsou Géant... Mais alors que son fichier s'agrandit, il apprend en 1996 l'existence de la « Disney comics Database » (DcD) qu'il rejoint rapidement. Avec le Hollandais Harry Fluks, le Danois Ole Reichstein et les Italiens Frank Stajano et Marco Barlotti, ils sont à l'époque cinq à faire tourner la machine. La DcD se concentre surtout sur les publications américaines, les histoires françaises y sont très rares. Au départ, elle s'appuie sur des index, articles et listes publiés dans des fanzines (avec l'accord de leurs auteurs), mais elle s'enrichit rapidement d'informations exclusives provenant d'éditeurs comme l'américain David Gerstein et la maison hollandaise Oberon. Cette dernière permet ainsi d'obtenir les noms des scénaristes et dessinateurs de toutes les histoires réalisées aux PaysBas. Les pays d'Europe du Nord étaient déjà très avancés dans le travail d'indexation. La base, qui ne s'appellait pas encore Inducks, ne contenait aucun

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Le portail INDUCKS au début des années 2000. Il fallait passer par la section COA pour arriver à la page de recherche que l'on connaît tous.

scan et la plupart des rééditions d'histoires ne mentionnaient pas les crédits, ce qui rendait l'identification très difficile. Il fallait alors parcourir toute la DcD avec quelques mots-clés ou un titre seulement pour trouver ce que l'on cherchait. « C'était un travail fou » se rappelle François Willot. Vers 1997, un index italien réalisé par Franco Fossati et l'index français de Willot sont inclus dans la base ; peu après, c'est au tour d'un index brésilien, issu du travail d'Arthur Faria Jr., d'être rajouté : c'est un premier tournant majeur. Le deuxième arrive deux ans plus tard, en 1999, au moment où François Willot intègre une liste d'histoires « studio » jamais publiées jusque là, à partir d'un catalogue photocopié dans les locaux de la rédaction de Disney Hachette Presse. Et la France dans tout ça ? Pour le recensement des magazines français, François Willot a été rejoint au fil des années par un certain nombre de fans, deve-

nus des contributeurs importants d'Inducks : Gilles Garrigues, Xavier Vermenouze et Jacques Echegaray, qui ont chacun plus de mille numéros indexés à leur actif, mais aussi Adrien Miqueu, Francesco Gerbaldo, Yannick Lesaffre, Romain Pommier, Rémi Barnault, Olivier Michelet, Michel Angot, Olivier Maltret... qui en ont tous fait plusieurs centaines. « C'est donc une œuvre collective » note François Willot qui a, lui, indexé près de 3 000 magazines. Point important, toutes les contributions sont vérifiées : « Nous tenons à ce que notre base soit une base de qualité. Pour qu'elle ne perde pas de son intérêt il faut veiller à utiliser les bons codes des histoires, éviter les doublons... Notre plaisir est également d'inclure dans la base de données des histoires très rares provenant d'Égypte, du Royaume-Uni ou encore d'Argentine. » Si aujourd'hui, il s'agit surtout d'indexer les numéros qui sortent en temps réel, il a longtemps fallu « rattrapper le retard » pour des magazines qui avaient plusieurs


décennies d'existence derrière eux. Par exemple, l'indexation du Journal de Mickey s'est achevée au début des années 2010, et celle de Donald Magazine est en passe de l'être. Adrien Miqueu nous explique que les administrateurs peuvent à présent se pencher sur des détails plus fins comme le recensement des illustrations, jeux et articles. Mais il demeure quelques histoires non identifiées dans les vieilles publications, à l'instar des strips de Donald (car les éditeurs effaçaient à l'époque leurs codes). Identifier les auteurs Le fonctionnement de la Walt Disney Company fait que les auteurs des histoires ont très souvent été éclipsés derrière le nom « Walt Disney », ce qui ne facilite pas leur identification. Globalement, trois méthodes sont possibles pour cela. Les administrateurs disposent d'abord de listes d'histoires ou d'illustrations provenant des éditeurs et comportant parfois les crédits (c'est par exemple le cas pour Egmont). Ensuite, il s'agit aussi de s'adresser aux auteurs eux-mêmes (ou à leurs collaborateurs). C'est ainsi grâce à José Canovas que les dessinateurs de certaines histoires du studio espagnol Comicup ont pu être identifiés. Et François Willot a mené dans les années 2000 un gros travail en contactant des artistes comme Patrice Croci, Pierre Nicolas et Roger Beaubernard à propos des couvertures des magazines français. Enfin, des spécialistes de certains pays comme Alberto Beccatini, Luca Boschi ou David Gerstein peuvent donner des indications, issues de leurs déductions personnelles ou de contacts avec les auteurs. Plus récemment, des essais ont été faits avec des techniques d'analyse statistique pour reconnaître automatiquement les scénaristes d'histoires dessinées par Barks.

Depuis quelques années, les auteurs sont directement mentionnés par les magazines qui les publient, ce qui facilite grandement le travail. « La recherche dans le domaine de l'identification évolue, les connaissances s'affinent, et on essaye de se tenir à jour des meilleures sources ». Pour preuve, on a récemment découvert que Victor Lagoutte avait réalisé un nombre incalculable d'illustrations dans les magazines des années 1970-1980, et Adrien Miqueu le soupçonne même d'être à l'origine de couvertures des débuts de Picsou Magazine jusque-là attribués à René Guillaume... Le travail d'indexation Les administrateurs d'Inducks maitrisent de A à Z toute la chaîne de traitement et décident donc d'adapter les règles en fonction de ce qui est indexé. La base de données est un ensemble de fichiers texte et le travail consiste à transformer ces fichiers en une base de donnée relationnelle (programme Dizni), ainsi que les scripts et le site web qui permettent de naviguer dans ces données (programme COA). Il y a donc une liberté de modification totale (tout est géré dans des codes faits maison) et de nouvelles fonctionalités sont régulièrement développées, comme le champ « Collecting » qui permet de dire qu'un numéro reprend intégralement le contenu d'un autre, hormis la couverture, et qui sert donc pour les albums et réimpressions. Les quatre membres de l'équipe française, François Willot, Gilles Garrigues, Adrien Miqueu et Rémi Barnault, communiquent par courriel entre eux et avec les indexeurs des autres pays (par exemple avec la Yougoslavie où de très nombreuses productions françaises ont été publiées).

Un regard sur aujourd'hui Pour conclure, nous avons demandé à nos deux indexeurs quel regard ils portaient sur le monde Disney français d'aujourd'hui. F.W. « Les magazines sont mille fois mieux que ce qui existait quand j'ai commencé à indexer des bandes dessinées. [...] Ils contiennent de plus en plus d'articles qui mettent en valeur les histoires et les auteurs. [...] Il me semble qu'en revanche la situation est plus difficile du point de vue des personnes qui travaillent dans l'édition de ces magazines, qui se fait de plus en plus à l'économie. En ce qui ce qui concerne la production française, celle-ci a eu son heure de gloire à la fin des années 1980. Il y avait une grande fantaisie dans les histoires de Michel Motti ou de Pierre-Yves Gabrion, et de beaucoup d'autres encore. Au bout d'un moment une certaine routine s'est installée et je crois que l'arrêt (ou le quasi-arrêt) était inéluctable, bien que très difficile pour les auteurs et dessinateurs. Glénat montre que si la production repartait, il y aurait sans doute moyen de faire quelque chose de neuf et d'intéressant. » A.M. « En toute honnêteté, cela fait des années que je n'achète plus les magazines Disney. J'ai décroché face aux republications ad nauseam des histoires de Barks et Don Rosa. C'est super que la jeune génération [...] puisse les découvrir, mais quand vous avez chaque histoire en quintuple dans votre collection, il est temps de passer à autre chose... Je me suis donc plutôt orienté vers les intégrales, celles de Glénat et puis de Fantagraphics, plus synthétiques et dont l'appareil critique est bien ficelé. [...] Et d'un point de vue personnel, la production italienne est ce qui ce fait de mieux, bien loin devant les récits lisses du danois Egmont... » Corey

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COIN-COIN

LES FAN-ARTS DES LECTEURS Deux magnifiques dessins signés Timothée Rouxel. Vous pouvez retrouver son travail minutieux en vidéo sur la chaîne Youtube Mr. Rouxel.

Vous aussi, Envoyez-nous vos plus beaux dessins !

Christian Menet reprend une case célèbrissime !

Le dragon poubellivore de Carl Barks revisité par Kiool.

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ssi, en u a s u os Vo nous v ! z e y vo illes trouva

La célèbre 313 de Donald dans une version un peu abîmée. Le tout a été brillamment modélisé par Gurra Tell.

DUCKOLLECTOR : PARIS-MATCH N°924

Pour ce premier rendez-vous du Duckollector, Wizyx nous offre un retour en 1966 avec le Paris-Match n°924 qui rendait hommage à Walt Disney, décédé le 15 décembre. Il revenait sur toute sa carrière et annonçait notamment la sortie du film Le Livre de la Jungle...

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BD

UNE GOUTTE DE TROP par Stefan Binter et Mathias Müller, 2012

DONALD, UNE FOIS DE PLUS, TU AS L'HONNEUR DE T'OCCUPER DE MA PLANTE CARNIVORE PENDANT QUE JE SUIS EN VACANCES.

NOM D'UN CANARD !

FLÉTRIE !

GÉNIAL...

UNE GOUTTE DE TROP

ADORABLE FLEUR DE LOTUS, TU ÉTAIS TOUT POUR MOI ! JOUR APRÈS JOUR, JE T’AI SOIGNÉE, ARROSÉE, NOURRIE ET FERTILISÉE !

VOYONS, VOYONS... DAISY EST DE RETOUR CET APRÈS-MIDI ! QUE FAIRE ? RÉFLÉCHISSONS...

MON CHER GÉO! J'IMAGINE QUE PAR UN HEUREUX HASARD, TU VIENS D'INVENTER UN SUPERENGRAIS, N'EST-CE PAS ?

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SÈCHE !

FANÉE !

QUE S'ESTIL PASSÉ ?!

ENFIN... PAS VRAIMENT !

N'Y AURAIT-IL PAS UNE GROSSE TÊTE N'AYANT RIEN DE MIEUX À FAIRE QUE DE METTRE EN ŒUVRE MES IDÉES SANS POSER DE QUESTION ?

NON, QU'EST-CE QUI TE FAIS DIRE ÇA ?


JE PLAISANTE : VOICI L'ENGRAIS QUE JE VIENS DE METTRE AU POINT !

AH SI, UNE DER-

EH BIEN, J'IMAGINE QUE TU M'AS TOUT DIT DE CE PRODUIT !

HA HA HA, MERCI GÉO !

NIÈRE CHOSE : DOSE-LE AVEC... ...PRÉCAUTION !

L'EXPÉRIENCE M'A APPRIS QUE LORSQUE J'UTILISE LES INVENTIONS DE GÉO, CELA SE FINIT SOUVENT EN CATASTROPHE CAR J'AI TENDANCE À SURDOSER ! IL SERAIT DONC PEUT-ÊTRE PLUS SAGE DE NE PAS TROP EN METTRE...

BAH ! MIEUX VAUT TROP QUE PAS ASSEZ ! QU'EST-CE QUI POURRAIT BIEN ARRIVER ?

OH...

OUPS !

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BD

COLLECTIONNEUR DU DIMANCHE par Léopol Bernier, 2021

SALUT POPOP ! OUI... ON ARRIVE POUR VOIR TES COLLECTIONS ! À TOUTE À L'HEURE !

ÇA VA ÊTRE TROP BIEN !

ON VA VOIR LA COLLECTION D'ART DE POPOP CET APRÈS-MIDI ! TU IMAGINES !?

ON NE VA PAS S'ENNUYER !

ET ICI, C'EST MA COLLECTION DE CHEWING-GUMS MACHÉS...

SI J'AVAIS SU...

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