Playsound Magazine #21

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MAI 2014 #21

something a la mode kraftwerk sophie tith damon albarn fort hope beaty hearts justin(e) the horrors we fall as one maladroit plague vendor royal blood drenge ET PLUS ENCORE...


_PS MAG _Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les différentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la promotion de jeunes talents.

_MAI 2014 #21 _RÉDACTEUR EN CHEF Elie Dib

_DIRECTEUR DE PUBLICATION Yannis Mouhoun

_RÉDACTION MAG

Sami Elfakir Martin Van Boxsom Elie Dib Marie-Audrey Esposito Matthias Meunier Maximilien de Boyer Alexis Dutrieux Evelyne Desmarres

_CONCEPTION GRAPHIQUE Matthias Meunier

_CONTACT

mag@playsound.fr

_SITE WEB

www.playsound.fr

_UN PROJET DE :

www.medias-culture.fr

_PLAYSOUND

Playsound est une plateforme culturelle dédiée aux cultures rock. Elle est dotée d’un site d’actualité réactif et moderne, où brèves côtoient chroniques de qualité. Playsound est également un lieu de découverte à l’heure du numérique. Notre démarche s’inscrit dans une volonté de promotion des talents peu connus et de mise en valeur de toutes les formes de créativité. L’équipe de rédacteurs de Playsound forme un ensemble de passionnés tous poussés par la même ambition : partager leur amour de la musique. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité musicale dans les styles rock (commerciaux ou non, la bonne musique reste de la bonne musique) : pop, alternatif, punk, heavy, électronique… Nous nous autorisons cependant quelques écarts : aucun dogme concernant les limites (qui sont très subjectives) de Playsound n’est instauré. Nous n’avons en aucun cas la prétention d’être les dictateurs légitimes du goût musical et artistique ; notre seul but est de vous conseiller car nous avons la conviction que la musique est un des grands plaisirs de la vie, forme d’expression de la pensée riche et complexe. Nous avons également à coeur de rendre hommage aux grands groupes et artistes qui ont contribué à la construction de la musique « contemporaine », et de décrypter certains phénomènes musicaux à travers dossiers improbables et éditos décapants.


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_NEWS _l'actu en 140 caractères _TALENTS _ZOOM : entreprise _live report : drenge à la maroquinerie _ça n'engage que moi _ILS L'ONT DIT _selection ps : sophie tith ×j'aime ça _rétro : kraftwerk _chronique : something a la mode × endless stairs _chronique en bref _souvenir


_Playsound × _Mai 2014 × _News en bref × _04

_NEWS EN BREF + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

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Retour en force pour le grand Jack White

On ne l’arrête plus ! Alors que le célèbre artiste (ex-White Stripes, entre autres) était récemment en studio avec The Dead Weather, voici qu’il s’apprête à faire son grand retour en solo avec un deuxième album intitulé Lazaretto. Celui-ci fera suite à Blunderbuss, sorti deux ans plus tôt. En attendant de pouvoir mettre la main sur ce nouvel effort le 9 juin prochain, les fans de White peuvent d’ores et déjà en découvrir deux extraits.

_Owl City présente son nouveau single

Aussi connu sous le nom d’Adam Young, l’artiste electro-pop est récemment sorti de son silence en livrant Beautiful Times, un titre inédit composé en collaboration avec la violoniste Lindsey Stirling. Il pourrait bien s’agir du titre central du premier EP d’une longue série. En effet, Young a fait part de son désir de sortir une série d’EPs tout au long de l’année au lieu du traditionnel long format. Affaire à suivre donc…

_Linkin Park lève le voile sur son nouvel opus

Après avoir agité la toile avec leur nouveau single Guilty All The Same le mois dernier, Linkin Park lève désormais le voile sur sa nouvelle et sixième galette. The Hunting Party, qui serait donc à priori bien plus rock que son prédécesseur, sortira le 17 juin prochain. Une sortie d’autant plus attendue qu’elle pourrait signer un retour aux sources pour le sextet californien après un Living Things qui avait divisé.

_Lana Del Rey dévoile son nouveau hit

La chanteuse américaine est enfin de retour ! Voici déjà un moment qu’on entend parler du successeur de Born To Die, le projet se concrétise à présent avec la sortie d’un nouveau single. West Coast, qui restitue pour le moins fidèlement l’univers de l’artiste, figurera sur Ultraviolence dont la date de sortie exacte n’est pas encore connue. Les fans ne devraient plus avoir bien longtemps à patienter…

_Muse se remet au travail

Dominic Howard, batteur de la formation, a tout récemment confié à la radio KROQ que le groupe allait commencer à travailler sur son septième album dès le mois prochain ! "Nous allons commencer à travailler sur de nouvelles compos en mai, alors je pense que nous commencerons à l’enregistrer cette année", annonce Howard. Si nous pouvons sortir quelque chose cette année, ce serait génial, mais sans aucun doute l’année prochaine, conclut le batteur.


_NEWS EN FIL ROUGE + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS Passenger, élevé au rang de véritable phénomène depuis la sortie de son album All The Little Lights en 2012, sortira son nouvel opus le 9 juin prochain. Les plus impatients peuvent déjà en savourer deux premiers extraits : Whisper, titre éponyme de la nouvelle galette, ainsi que Heart’s On Fire et son clip vidéo intimiste.

_Miles Kane livre un titre inédit

La deuxième moitié de The Last Shadow Puppets a récemment dévoilé Why, un titre inédit composé pour la vidéo promotionnelle accompagnant la nouvelle collection d’Yves Saint Laurent. L’Anglais a d’ores et déjà annoncé via Twitter qu’il jouerait cette composition lors de ses performances en festivals cet été.

_Un troisième single pour Klaxons

Depuis l’annonce de leur retour le mois dernier, les Klaxons n’en finissent plus de faire parler d’eux ! Ce mois-ci, c’est un troisième nouveau single, intitulé Atom To Atom, que nous présentent les trois Londoniens. Love Frequency, troisième album de la formation, sortira le 2 juin prochain et, au vu du succès du premier single, celui-ci promet de faire un carton.

_Du nouveau son pour Arcane Roots

Moins d’un an après la sortie de leur excellent premier album Blood & Chemistry, les trois Anglais d’Arcane Roots sont de retour avec un nouveau single. Over & Over sera disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légales dès le 9 juin prochain – une journée décidément riche en sortie ! Dans l’attente de plus d’informations concernant la potentielle sortie d’un nouvel opus, vous pouvez déjà écouter ce nouvel extrait en exclusivité sur le site du magazine Q.

_The Black Keys : retour imminent !

Le retour des Américains est imminent ! Après avoir partagé Fever, un premier single loin de faire l’unanimité, le duo dévoile Turn Blue, nouvel extrait de l’album du même nom. Ce dernier, actuellement disponible à la pré-commande sur le site officiel du groupe, débarquera dès le 13 mai prochain.

_Band Of Skulls : c’est Noël avant l’heure !

Pour remercier leurs fans pour leur soutien depuis la sortie de leur troisième album Himalayan, les Anglais ont décidé de mettre leur nouvel EP 4 titres gratuitement à disposition du public via leur site officiel. Crackle & Sin Ep est composé de titres live ainsi que de morceaux inédits.

_Retour estival pour Twin Atlantic

Trois ans après la sortie de Free, l’album qui les a dévoilés au grand public, les quatre Écossais de Twin Atlantic reviennent avec un nouveau single intitulé Heart and Soul. Il s’agit du premier titre issu de Great Divide, le troisième album de la formation actuellement disponible à la pré-commande, dont la sortie est prévue pour le 18 août prochain.

_ On en a parlé _Jack White présentera son nouvel album Lazaretto au public français les 29 et 30 juin prochains dans la salle mythique de l’Olympia. _Les Canadiens de Hedley viendront pour la toute première fois à la rencontre de leurs fans français le 23 mai prochain pour une date unique au Nouveau Casino de Paris. _Le retour de l’artiste Passenger dans l’Hexagone se fera le 28 octobre prochain sur la scène de l’Olympia. _Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Mai 2014 × _News en fil rouge × _05

_Le nouveau Passenger en détails


_l'actu en 140 caractères X _11 AVRIL 2014

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_temples (@templesofficial) Nous sommes heureux de vous confirmer notre venue aux Eurockéennes de Belfort le 4 juillet. On se voit là-bas ! http://fb.me/6B66fnY90

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_Playsound × _Mai 2014 × _L'actu en 140 caractères × _06

_11 avril 2014

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_disclosure (@disclosure) NOUVEAU MORCEAU w/ @FriendWithin http://soundcloud.com/disclosuremusic/the-mechanism

X _11 avril 2014

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_metronomy (@metronomy) Le prochain single sera Reservoir. Daniel Brereton en termine la vidéo, Jacques Lu Cont l’a remixé. Tout va bien.

X _13 avril 2014

_sigur rós (@sigurros) Ce fut un honneur d’être les musiciens au mariage de Joffrey dans @GameOfThrones ce soir. Quelle merveilleuse occasion ! http://youtu.be/w3QW8PVyyNM

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X _14 avril 2014

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_lana del rey (@lanadelrey) WEST COAST. http://lanadel.re/WESTCOAST

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_coachella (@coachella) Merci. http://bitly.com/CoachellaMovie

X _24 avril 2014

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_liam gallagher (@liamgallagher) OASIS LG

X _27 avril 2014

_Rou Reynolds (@roureynolds) Demain, direction le studio pour enregistrer notre 4e album. Trop hâte ! Retweeté par ENTER SHIKARI

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_Playsound × _Mai 2014 × _L'actu en 140 caractères × _07

_25 MARS 2014


_Playsound × _Mai 2014 × _Talents × _08

_Talents

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll maladroit

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Plague

Maladroit pourrait être considéré comme le all-star band du punk français si l’idée d’apparenter ses membres à des stars n’était pas en opposition directe avec l’esprit de ceux qui composent ce groupe. Formé par des membres de Guerilla Poubelle, Dead Pop Club, Justin(e), Jet Sex etc… bref le fleuron du punk-rock français, Maladroit nous livre une pop-punk délibérément assumée où le chant se retrouve partagé entre la langue de Molière et celle de Shakespeare. À la fois proche et inspiré des groupes de Guerilla Asso, Maladroit a su rapidement tirer son épingle du jeu à grand coup de splits, d’EPs, d’un chouette album et de tournées comme un groupe décomplexé et décomplexant s’amusant de la maladresse sociale, musicale et sentimentale de ses musiciens. Loin des préoccupations sociétales inhérentes au punk français, Maladroit nous propose de véritables perles récréatives avec des titres comme Burger OD, I Love You But I Need Natalie Portman, She Spent Valentine’s Day On Her iPhone ou encore Mila Kunis (Will You Be My +1 ?). Assurément un groupe à suivre !

La scène punk californienne n’a plus à prouver sa qualité et nous démontre encore une fois qu’elle est toujours capable de nous surprendre avec un jeune quatuor fougueux répondant au nom de Plague Vendor. L’aventure commence en 2009 lorsque quatre lycéens décident de se mettre à composer ensemble. Le combo enchaîne les prestations live complètement folles et se fait rapidement une réputation. Si bien que celui-ci finit par attirer l’attention de Brett Gurewitz, fondateur du prestigieux label Epitaph Records (Transplants, Bad Religion ou encore Social Distortion). Contrat en poche, Plague Vendor sort dans la foulée son tout premier album Free To Eat le mois dernier. L’énergie est intense et omniprésente, et si elle n’est pas toujours bien canalisée, le résultat est explosif avec 10 titres expédiés en moins de 20 minutes ! La formation n’est pas sans rappeler les célèbres Suédois de The Hives à leurs débuts. Les Californiens n’ont d’ailleurs pas tardé à enchanter la critique de Rock Sound à Alternative Press, en passant par Pitchfork. Un début plutôt prometteur qui séduit par son côté rafraîchissant, sa simplicité et son honnêteté. Le combo peut en tout cas compter sur sa récente signature ainsi que sur sa présence au Warped Tour cet été pour agrandir sa base de fans.

_Genre Pop-punk, punk-rock

_Genre Garage punk

_Label Guerilla Asso

_Label Epitaph Records

_Pays France

_Pays États-Unis

_Site Officiel http://maladroitpunk.fr

_Site Officiel http://plaguevendor.com _Matthias Meunier

vendor

_Marie-Audrey Esposito


llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #4

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll beaty heart

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll royal

Beaty Heart est un jeune groupe originaire du sud de Londres formé en 2010 et composé de Josh Mitchell, Charlie Rotberg, James Moruzzi et Thomas Gunning. Leur premier album intitulé Mixed Blessings, enregistré par Dave Eringa (Manic Street Preachers, Kylie Minogue, etc.) débarque le 12 mai prochain dans les bacs. Grâce à leur musique psyché-pop très tropicale, ces Anglais nous amènent non pas de la pluie mais du soleil : leurs chansons sonnent bon l'été et l'album sera parfait pour lézarder sur un transat au bord de la mer pendant nos prochaines vacances. Le groupe que l'on compare déjà entre autres à Vampire Weekend et Animal Collective a puisé son inspiration notamment dans la musique des Beach Boys. En deux singles seulement, ils ont réussi à imposer leur univers : un univers déjanté que l'on peut constater dans leurs vidéos qu'ils ont réalisées eux-mêmes. Il suffit de regarder le clip du single Kanute's Comin' Round où l'on peut voir deux personnes déguisées effectuer une danse de mimes assez particulière pour s’en rendre compte. Le journal britannique The Guardian les suit déjà de très près et ce ne sera donc pas sans surprise qu'on entendra parler d'eux dans les prochains mois.

C’est toute la presse musicale britannique qui s’excite depuis quelques mois. Et à juste titre. Le tout nouveau groupe qui tourne beaucoup en ce moment sur toutes les lèvres comme sur les scènes, c’est Royal Blood. Un duo qui bourlingue comme il faut avec Mike Kerr au chant et à la basse-guitare et Ben Thatcher à la batterie. À l’écoute de ces deux Anglais de Brighton, c’est évidemment leur son massif qui surprend, dessiné par des riffs bien gras et une rythmique façon rouleau compresseur qui nous fait directement penser aux Queens of the Stone Age. La voix suave et pleine de rage de Kerr propulse des morceaux comme Little Monster et Out Of the Black au sommet. Ce dernier étant également le nom de leur seul et unique EP qui vient garnir leur maigre discographie. Royal Blood continue actuellement sa tournée à travers l’Angleterre avant d’entamer une série de festivals cet été. Entre temps, le groupe a enregistré chez Jools Holland et vient de dévoiler le nouveau titre savoureux Come On Over, de bon augure pour leur premier album dont l’enregistrement vient de se terminer ce mois-ci.

_Genre Pop-psyché

_Genre Rock alternatif

_Label Indépendant

_Label Warner Bros. Records

_Pays Angleterre

_Pays Angleterre

_Site Officiel http://beatyheart.comw

_Site Officiel http://royalbloodband.com _Evelyne Desmarres

blood

_Sami Elfakir

_Playsound × _Mai 2014 × _Talent × _09

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3


_Zoom

_Playsound × _Mai 2014 × _Zoom × _10

entreprise : made in france A l’heure des concerts réunissant Hallyday, Dutronc et Mitchell ; de Jean-Louis Aubert chantant Houellebecq ; de la mort de Bashung, Chichin et Darc ; des artistes francophones qui marchent (parfois) en chantant anglais, on ne cesse de déplorer l’état de la chanson française qui ne produit plus rien de neuf, de novateur ou tout simplement, de bon. C’est injustement oublier le label Entreprise, branche de Third Side Records (Syd Matters, les débuts de La Femme) label indépendant tout aussi français qui veut revenir à une musique délivrée des géants de l’industrie du disque. Entreprise a fêté sa première année d’existence en septembre 2013 et a ainsi pu présenter son premier bilan qui a de quoi nous redonner espoir et foi en la musique française et ceci est clairement souligné par la presse spécialisée. Il s’agit pour le label d’encourager les Frenchies à s’exprimer dans la langue de Molière et non plus dans celle de Shakespeare tout en proposant une musique neuve, originale et ceci se reflète dans la grande diversité d’artistes produits. Bon d’accord, assez patienté, qui sont ces artistes ? Tout d’abord, Lafayette propose une pop à la française parfaitement maîtrisée : les rythmes colorés, la voix nonchalante et les paroles entre amour et humour, la touche féminine indispensable grâce à la présence des sublimes Alka Balbir, Liza Manili ou encore Lina Picoli-Truffaut. Vient ensuite la froide électro-pop de Blind Digital Citizen qui a ouvert le concert de Rone à L’Olympia. Nous retrouvons un écho des BDC dans les paroles et la voix de Grand Blanc, groupe tout juste arrivé dans le label (et qui a fait la première partie de Fauve au Bataclan) mais qui se rapproche néanmoins davantage de La Femme. Impossible de ne pas évoquer également les Superets aux paroles rappelant Boris Vian et dont le dernier clip Veuve mécanique est leur meilleur titre. Mais venons-en aux deux qui excitent tout particulièrement votre rédacteur : d’une part Juniore dont la voix envoûtante et délicate s’intègre à ce revival Françoise Hardy de l’année 2013 avec également Granville (bon rien à voir avec Entreprise ok) et d’autre part le groupe Moodoïd.

Ce dernier, formé par Pablo Padovani -guitariste de la meilleure formation psyché de l’hexagone, à savoir Melody’s Echo chamber- est la formation du label connaissant le plus grand retentissement international : son premier E.P a été produit par le génial Kevin Parker (Tame Impala), il a pu jouer à Londres et passer sur certaines radios, et a été invité au Liverpool City Sound Festival. Vous pourrez admirer l’univers psychédélique de Moodoïd au festival We Love Green, en attendant jetez-vous sur l’E.P et sur youtube afin de découvrir De Folie Pure. Enfin, Entreprise est très actif sur les réseaux sociaux et ne cesse d’accroître son capital sympathie avec les messages au ton amusant et amusé, toujours chaleureux, toujours amical pour prouver qu’Entreprise n’en est pas une comme les autres : c’est une famille et ses responsables de la com carburent au bisounours et c’est toujours agréable face aux messages froids des géants ou hautain de la presse spécialisée. Entreprise est un moteur qui carbure à pleine capacité et qui montre la voie à tout artiste Français qui veut sortir de sa chambre et sauver la musique francophone en lui redonnant un large sourire, un grand optimisme, une grande nouveauté, un grand succès. Pour être ce réacteur à bonne musique, pour être le messager d’une scène bouillonnante, pour tout cela merci Entreprise. A croire que M. Montebourg, au lieu de poser avec un mixeur, aurait du le faire avec une jolie nouveauté du label Entreprise. _Alexis Dutrieux


_Live report

Dernière date de la tournée du groupe anglais Drenge, originaire de Castleton non loin de Sheffield et Manchester. Il n'y a pas foule, les vacances scolaires n'aidant sûrement pas. Il est à peine 21h et les deux frères Loveless (Eoin le chanteur/guitariste et Rory le batteur) descendent les escaliers qui mènent à la scène. Leur entrée se fait discrète, les gens remarquant à peine leur arrivée sur scène. Mais dès les premières notes, le ton est donné, le rythme démarre sur un tempo très rapide, plus rapide que sur la version studio des morceaux de l'album éponyme Drenge sorti en 2013. Ce soir-là, le groupe nous livre un concert de guitares bien grasses et de batteries bien percutantes. L'ambiance n'est malheureusement pas au rendez-vous et ne le sera pas pendant tout le concert : l'assistance étant partagée entre les spectateurs (rares, il faut l’avouer) qui se plongeront dans l'ambiance en sautant et criant, et les autres présents qui sont peut-être venus par curiosité pour découvrir ces Anglais. Dommage pour le groupe qui mérite bien mieux que cela, étant donné leur bonne prestation. Au début du concert, seules deux personnes dansent dans la salle, cela montera à une vingtaine sur les titres les plus connus (Face Like a Full, Let's Pretend, Fuckabout). Les frères, eux, jouent leur musique sans sourciller, faisant preuve d’une belle complicité (un concours de lancer de bouchons de bouteilles d'eau viendra agrémenter la totalité du concert). Ces jeunes ont pris de l'assurance depuis septembre dernier, date à laquelle je les avais vus pour la dernière fois (et pour la première fois aussi). D'un groupe timide, se demandant ce qu'il faisait sur scène, il est devenu une formation plus confiante, plus souriante et aussi regardant plus souvent le public. Les chansons s'enchaînent se terminant toutes par de bon riffs – de quoi satisfaire les amateurs de rock. Il y aura peu de temps mort, une seule chanson un peu lente mais qui se terminera bien plus rapide qu'à son début. Eoin nous narguera même à un moment donné, en jouant de la guitare derrière la nuque, nous montrant tout son savoir-faire sur cet instrument. Et rien à dire également niveau voix. Ce qui a évolué depuis septembre c'est sa façon de chanter parfois comme Kurt Cobain. À noter également la gestuelle

commune des deux frères qui dandinent de la tête, Rory gagnant la bataille haut la main avec ses cheveux longs tandis que seule la mèche d'Eoin bouge (il faudrait qu'il se laisse pousser les cheveux s'il veut gagner contre son frère!). Le temps passe, trop vite : le rappel arrive déjà. Quarante minutes seulement après le début du concert. Un concert où les frères auront joué les chansons de leur premier album mais également introduit de nouvelles chansons (qu'ils auraient récemment enregistré pour un prochain effort qui sortira peut-être d'ici la fin de l'année). Ils reviendront pour un rappel composé d'une seule chanson (Let's Pretend), le public les applaudissant cette fois-ci à leur retour, reconnaissant ainsi le talent de ces deux Anglais. _Evelyne Desmarres

_Playsound × _Mai 2014 × _Live Report × _11

Drenge à la maroquinerie : 24/04/2014


_Playsound × _Mai 2014 × _Ça n'engage que moi × _12

_Ça n'engage que moi

Quand la mort entretient la légende Nous avons fêté le mois dernier les 20 ans de la mort d’un des plus grands rockeurs de tous les temps, j’ai nommé Kurt Cobain. Si la mémoire de l’ancien leader de Nirvana est toujours aussi bien entretenue c’est sans doute aussi par le mystère qui entoure sa mort. Suicide ? Conspiration ? Assassinat ? Les spéculations vont bon train sur la disparition du musicien, et les versions divergent sans cesse sur les motifs de sa mort. Cela me rappelle aussi le décès d’un autre grand homme du rock : Jim Morrison. Comme pour son successeur, le frontman des Doors a connu une mort brutale et dont les circonstances sont toujours restées floues. Il aurait ainsi été victime d’une crise cardiaque dans sa baignoire. Néanmoins, aucun de ses proches n’aurait vu sa dépouille et aucune autopsie ne sera faite. Depuis, nombreux sont les fans à venir se recueillir au cimetière du Père Lachaise pour rendre hommage à cet icône, tout en se demandant si finalement c’est bel et bien son corps qui serait sous la tombe érigée à son nom. Ces deux exemples me rappellent combien la légende d’un artiste peut être entretenue après sa mort. Au-delà de la manière dont il a marqué son époque de son vivant (par la musique ou tout autre art), ce qui rend la personne intouchable, en tout cas inoubliable. À force de vouloir chercher une explication à une mort qui se pourrait être en fait parfaitement naturelle, on transforme la réalité comme une zone d’ombre obscure laissant libre court à toutes les rumeurs. Chacun y va de son raisonnement et lance (rouvre) le débat sur la disparition de l’artiste. Pire, le fait que

les enquêtes menées ne débouchent à rien de concret, cela alimente les spéculations au plus grand bonheur des médias, écrivains et maisons de disques qui profitent de cette opportunité pour sortir des versions romanesques des derniers jours de la personne concernée ou des compositions ou lettres inédites. Cette vie « posthume » donnée à ces artistes a le mérite de continuer à mettre en avant leurs travaux et surtout leur donner une nouvelle dimension. L’interprétation d’un titre (Kurt Cobain n’aurait-il pas fait référence à la chanson Hey Hey Hey de Neil Young qui disant qu’il « fallait mieux brûler franchement que s’éteindre à petit feu » ?) peut alors s’en trouver changée et liée à jamais à l’événement qui bouleversa la vie des plus fanatiques du groupe. Le côté nocif du mystère entourant la perte d’un artiste majeur est le business qui s’articule autour de lui. Véritable mine d’or pour les grands médias, on trouve de tout et surtout de n’importe quoi. Quitte à inventer un scénario tragique qui fera vibrer le grand public et revivre son héros, tout est bon à prendre pour faire de l’argent. Au final, je pense qu’il n’est pas nécessaire de trouver des explications rationnelles sur le pourquoi du comment de la disparition d’une star. La nappe de brouillard autour de la perte d’un tel personnage le rend au final encore plus marquant. Cela nous rappelle à chaque fois que si le travail fait de son vivant a une importance non négligeable sur ce que l’on va laisser en héritage aux autres, il l’est encore plus de choisir sa mort pour se hisser au-dessus de tous les fantasmes et toutes les attentions.

_Elie Dib


“Je fais partie de ceux qui n’ont pas caché leur accent. Je veux dire, regardez Damon Albarn sérieusement. Il a un verger plein de prunes dans sa bouche et une cuillère en argent dans le cul.”  The Sun

sur le son de The 1975 à propos de Nirvana

Win Butler

James Blunt

sur ses origines upper-class

“On ne fait pas partie de ces clans ou de ces idées préconçues qui détermineraient comment on doit sonner. Nous avons juste fait un album qui sonne plus comme du Whitney Houston que du The Smiths.”  KROQ

“Artistiquement, In Utero était une constante source d’inspiration. All Apologies est une des plus belles chansons jamais écrites, je pense. ”  AP

_Sami Elfakir

_Playsound × _Mai 2014 × _Ils l'ont dit × _13

“Je ne nous vois plus comme des outsiders désormais. En fait, on est même devenu des cibles maintenant. Je pense que certaines personnes veulent nous voir nous planter. ” Mojo

Matt Healy

Patrick Carney

à propos de la dimension des Black Keys

_Ils l'ont dit



Sophie-tith

j'aime ça

_Producteur

Sinclair × Vincent Taeger

_Label Polydor

_Date de sortie 28/04/2014

_Tracklist

07_J'ai sorti les armes 08_Hit you with the truth 09_Sauvez-moi 10_J'envie / j'en veux 11_Playground 12_J'aime ca

Il est vrai que chroniquer le dernier album de Sophie-Tith, gagnante de la Nouvelle Star version 2013, n’était pas le premier choix qui s’imposait. Et pourtant, on va vite apprendre à « aimer ça ». Si la jeune artiste avoue volontiers ne pas avoir écrit la majorité des chansons de l’album, elle les imprègne néanmoins de sa signature vocale, en atteste le morceau d’ouverture Enfant d’ailleurs. Jouant sur les textures, la talentueuse interprète se transforme en une pin-up sur le très sexy Exit, au passage un des deux morceaux composés par Adrien Gallo dont on reconnaît très rapidement l’empreinte avec des riffs très BB Brunesques. Matt Bastard (frontman de Skip The Use) n’est pas non plus en reste avec le très rock et rentre dedans Jalouse. Sophie-Tith s’essaie aussi à des morceaux plus pop et mélodiques comme sur Comme les autres ou l’international Hit You With The Truth. Pis, elle va même jusque s’aventurer dans un registre ska avec Weakfortress. Néanmoins, un premier essai porte aussi son lot de petites erreurs. Ainsi, Ces Choses-là se veut déboussolant. Playground, lui, a plus de difficultés à être apprivoisé. Au final, J’aime ça se veut être une bonne surprise, portée par une production impeccable. La voix de Sophie-Tith a ce quelque chose d’unique, qui marque et captive. On reprochera toutefois le manque d’homogénéité de l’opus, qui se perd parfois dans des styles trop éloignés les uns des autres. Un premier test concluant donc mais qui manque encore un peu de personnalité. On aime : Jalouse, Exit _Elie Dib

DICT

DICT

VER

_ Orchestrations 4,5/5 _ Créativité 3/5 _ Intérêt 2,5/4 _ Lyrics 2,5/3 _ Cohérence 1/2 _ Artwork 0,5/1 _ Note globale 14/20

VER

_Playsound × _Mai 2014 × _Séléction PS × _15

01_Enfant d'ailleurs 02_Exit 03_Comme les autres 04_Jalouse 05_Ces choses-la 06_Weakfortress


_RÉTRO

kraftwerk The machine-men ?


Les quatre suivants, produits dans leur mythique studio de Kling-Klang, sont ceux de la consécration et de la révolution sonore : tout d’abord avec Autobahn dont le morceau-titre s’étend sur 22minutes de rythmes motoriks; puis viennent Radioactivity, Trans Europa Express et Die Mensch-Machine avec Die Roboter et Das Modell. Chaque album prouve une maîtrise de plus en plus magistrale et géniale de l’électronique, de ses progrès et encore aujourd’hui Kraftwerk use de toutes les technologies avec leurs shows 3D époustouflants. Tels des Fritz Lang de la musique, ils ont pris un matériau Américain pour le traduire en production profondément allemande, créatrice d’un univers complexe et inédit qui a fasciné et influencé une large partie de la musique future : comment Kraftwerk, de centrale électrique, devient Kraftmusik, centrale musicale ? La musique de Kraftwerk est donc une musique allemande mais universelle, notamment avec l’usage de l’espagnol, de l’anglais, du japonais, du russe, du français… Avec ses albums de 74 à 78, le groupe a publié les manifestes de la New Wave, ou encore de la Techno de Détroit à l’origine d’une grande partie de l’électro contemporaine. Nombreux sont ceux qui se disent influencés par les Allemands : Birdy Nam Nam, M83, Coldplay, Ramstein, Kat Onoma, Brian Eno… Kraftwerk c’est la voix donnée aux machines, à l’électronique, peut-on parler de Machines humaines menées par des hommes machines ? « Attention ! Nous parlons d’Hommes-machines et non de Machines humaines. Nous parlons d’harmonie et de sentiment de bien-être », répond Ralf dans Die Spiegel, il définit alors Kraftwerk : la chaleureuse froideur humaine. _Alexis Dutrieux

_Playsound × _Mai 2014 × _Rétro × _17

À la fin des années 60, l’Allemagne est coupée en deux et l’Oncle Sam met son grand doigt dans la culture européenne en imposant son cinéma, son consumérisme, mais aussi sa musique ; les Camarades de l’Est font de même. Le Krautrock (rock « chou », nom donné par les rockcritics britanniques que les artistes abhorrent) né de ce refus des Allemands de se laisser engloutir dans la culture anglo-saxonne : ils décident donc de produire leur propre courant qui serait une conciliation de la musique des Beatles et de celle de Bach. Cette musique naissant au début des années 70 marie avec grâce le psychédélisme, le classique, l’électronique et une pincée du jeune hard-rock de Black Sabbath. Mariage quelque peu effrayant par sa froideur, sa géométrie, son âme presque absente. Kraftwerk (« centrale électrique » dans la langue de Molière) devient la formation principale de cette musique, avec Klaus Schulze, Can, Faust, Neu ! et Amon Düül (I et II). Bowie crie à qui veut l’entendre à la fin des années 70 « Kraftwerk est mon groupe préféré ! ». Aujourd’hui ils sont invités dans des musées d’art contemporain et des festivals à travers le monde et se trouveront le 1er Juin au festival des Nuits Sonores à Lyon. D’où vient ce soulèvement de la machine à choux ? En 1970 à Düsseldorf, deux amateurs de cette musique avant-gardiste, expérimentale, se rencontrent au Conservatoire, rejoignent puis quittent rapidement le groupe Organisation afin de fonder Kraftwerk. Florian Schneider-Esleben (flutiste et violoniste) et Ralf Hütter (pianiste et organiste), d’album en album, en utilisant les progrès sonores du XXème siècle, ont fait de la musique électronique la musique classique de ce siècle. Qu’entend-t-on lorsque l’on écoute Kraftwerk ? La Ruhr, lieu où la psychè est laissée aux portes de fer de la ville moderne où règnent les progrès électroniques et l’industrie, ce monde répétitif fait d’usines et de la froideur de l’acier. La musique de Kraftwerk ne cesse de suivre ces progrès technologiques : si leurs deux premiers albums sont marqués par l’expérimentation encore très rock, le troisième est un pivot avec l’apparition du vocodeur -qui rompt avec les instrumentaux et devient la marque de fabrique du groupe – et l’intensification de la distorsion et des synthétiseurs.


something a la mode

_ChroniQUE

ENDLESS STAIRS _Genre

Electro, pop

_Producteur

Thomas Roussel × Yannick Grandjean

_Label

SALM Records

05_ 05_ 14_

_Tracklist

01_Toy Spark Gun (feat. Dan Black) 02_After The Rain 03_On My Mind (feat. DWNTWN) 04_Kairos 05_Somebody’s Gonna Love Me (feat. Lola) 06_Prophet 21 07_Tunnel Of Love 08_Losing Game (feat. Adam Joseph) 09_Architecture 10_Endless Stairs 11_Julius 12_Versailles No Bara (feat. Rinko Kikuchi)


_Elie Dib

DICT

_ Orchestrations 4,5/5 _ Créativité 4/5 _ Intérêt 3,5/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 1,5/2 _ Artwork 0,5/1 _ Note globale 16/20

DICT

VER

La scène électro française ne se limite pas qu’aux Daft Punk et autres Phoenix. Something A La Mode est là pour le démontrer. Encore une fois, on parle là d’un duo composé de Thomas Roussel et de Yannick Grandjean. Particularité des natifs de Dijon? Allier le classique aux sonorités électroniques actuelles. En effet, les deux Français ont avant tout une formation classique. Thomas a appris à jouer au violon, Yannick au violoncelle. Les deux acolytes s’associent pour offrir une alternative à la musique classique, souvent boudée par la jeune génération. En 2009 sort ainsi SALM, premier essai des français qui fait le buzz avec, entre autres, la participation de Mr Karl Lagerfeld s’il vous plaît. Original, cet album s’écoule à 15000 exemplaires. Se produisant aussi bien lors de défilés de Chanel ou à Londres devant nos voisins conquis, SALM a apporté une touche de nouveauté bienvenue et pouvait prétendre à assurer la relève de nos glorieuses stars de la French Touch. Confirmation avec Endless Stairs ? Et pour ouvrir cet opus, à l’instar de leur premier album éponyme, Thomas et Yannick ont tout simplement invité Dan Black, ex-leader de la formation The Servant (le groupe qui a signé le single Orchestra qui a fait le tour du monde en 2007). On retrouve bien évidemment les cordes, identité du duo français qui concordent admirablement avec les envolées lyriques du chanteur anglais. After The Rain signe une transition calme avec le coloré et très pop On My Mind. Inutile de dire que ce titre risque bien d’être un single en prélude à l’été qui s’annonce. Des couplets posés, un refrain rythmé et entêtant, on retrouve ici la recette des hits estivaux. La collaboration avec le groupe Indie-Pop DWNTWN se veut gagnante. On en oublierait presque que SALM est aussi capable de jouer sur la corde sensible (sans jeu de mots) avec le doux et très voluptueux Somebody’s Gonna Love Me et la superbe voix de Lola. On regrettera juste le passage rappé en milieu de chanson, pas forcément indispensable au vu de la teneur de haute qualité de cette piste. SALM, c’est aussi des morceaux instrumentaux qui pourraient, il est vrai, rebuter les amateurs de groupes avec un leader-chanteur charismatique. Mais la force du combo est d’être capable de nous proposer des titres avec un univers propre qui se fondent aussi bien sur votre lecteur MP3 que lors d’une soirée entre amis (les très électro Kairos et Prophet 21, la ballade romantique The Tunnel Of Love). On ressent d’ailleurs beaucoup sur cet album l’envie des deux comparses de mettre en avant les sonorités électro au détriment du côté très symphonique qui régnait sur leur premier opus, où l’on distinguait beaucoup plus le violon et le violoncelle dans les compositions du duo. Et malgré quelques passages hasardeux (Julius en tête), on ressort de cet Endless Stairs avec beaucoup d’enthousiasme. Si ce nouvel effort se dirige vers un style plus électro que son prédécesseur, le duo a su s’entourer et prendre son temps pour accoucher de compositions et de collaborations fructueuses. Une chose est sûre, il n’est pas besoin aujourd’hui d’apprécier le classique pour s’ouvrir à Something A La Mode, formation qui prouve bien qu’elle est tout sauf éphémère.

VER


_chroniques en bref damon albarn everyday robots

Le génie de Damon Albarn est définitivement sans limite. Si on ne compte plus ses side-projects, Everyday Robots est son véritable premier album en solo. L’un des rois de la Brit-pop nous propose là un effort délicat où le naturel trouve toute sa place. Dans la veine de The Good, The Bad and The Queen, l’Anglais joue sans fausse note une partition qu’il maîtrise à la perfection alliant sonorités électro avec l’élégance d’un piano et/ou d’une guitare. Un album humble donc, qui n’a aucune prétention, si ce n’est permettre de s’évader le temps de quelques instants bienvenus, hors du stress quotidien. Chapeau bas. _On aime : Photographs (You Are Taking Now), Mr. Tembo

_Playsound × _Mai 2014 × _Chroniques × _20

_Elie Dib

beaty hearts mixed blessings

Beaty Hearts a de l’énergie à revendre. Le quatuor anglais nous arrive aux prémices des beaux jours avec un album exotique qui surprend agréablement. Dans cette jungle accueillante, Mixed Blessings séduit par ses compositions psyché-pop qui dépaysent. La rythmique est efficace, les mélodies savoureuses. Si ce premier album est réussi, on ne peut néanmoins s’empêcher de faire le rapprochement avec leurs cousins de The Vampire Weekend qui évolue exactement dans le même registre. On reste donc sur une légère impression de déjà-vu, même si Mixed Blessings a des atouts à revendre. À suivre donc. _On aime : Banana Brend, Lekka Freakout

_Elie Dib

fort hope courage

On peut dire que Fort Hope n’a pas chômé. Seulement un an après sa formation, le quatuor nous livre Courage, un premier mini-album 8 titres agrémentés de 3 versions acoustiques. Si Control, premier single dévoilé l’année dernière, avait laissé présager un résultat très rock, il en est en fait tout autrement. Les Anglais jouent, dans l’ensemble, sur un terrain plus pop très riche en émotions. Bien que certains titres manquent quelque peu d’originalité et peinent à sortir du lot, Courage nous offre de beaux moments aussi bien sur le plan technique qu’émotionnel. _On aime : Control, We Are The Gods (Heritage)

_Marie-Audrey Esposito


justin(e) D+/M -

Qu'il est bon, ô qu'il est bon ce nouveau disque de Justin(e). Si leur précédent album n'a pas fait l'unanimité auprès de "la critique", D+/M- résonne comme l'électrochoc dont la scène française a franchement besoin. Cynique, irrévérencieux, survolté, parfois drolatique, mais terriblement bien écrit, les textes de Justin(e) se jouent de la logique et du sens au profit d'une habileté à choisir les mots et d'une énergie à faire frémir les plus véloces des fans de punk-rock. Incisif mais subtil, survolté mais réfléchi, ce nouvel opus sera très certainement l'un des meilleurs albums de punk-rock français de l'année ! _On aime : Je m'en vais ou je m'en vas l'un et l'autre se dit ou se disent, Deux ou trois rhinocéros, Le désert du réel, Factory Girl

the horrors luminous

Quand le groupe parle du nouvel album Luminous, ils y font référence en parlant d’une « nouvelle direction plus électronique », un album qui nous « élève » et sur lequel on pourrait presque « danser ». On est en plein dedans. Luminous est une aventure imprévisible au cours de laquelle une multitude de sons nous emporte dans des contrées inconnues. Un album d’une cohérence quasi sans failles qui continue sur la lancée psychédélique du fabuleux Skying. Et bien que Luminous reste perfectible sur quelques titres pas toujours au niveau, l’ensemble n’en reste pas moins excellent pour un groupe très rarement décevant. _On aime : Chasing Shadows, I See You

_Sami Elfakir

We fall as one wolfpact

Nouveaux venus sur la scène rock française, les Parisiens de We Fall As One débarquent avec leur premier EP Wolfpact. Au programme, du pop-punk hardcore avec des mélodies accrocheuses, des rythmiques intéressantes et une bonne énergie. Si le tout est loin d’être des plus novateurs (comment ne pas penser à Chunk! No, Captain Chunk! ?), Wolfpact est un premier effort très rafraichissant qui pourrait bien faire partie de la bande-son de votre été. Une chose est sure, le quatuor nous démontre pleinement que le rock français a encore de beaux jours devant lui. _On aime : Empty Hearts, Friendship Never Ends

_Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Mai 2014 × _Chroniques × _21

_Matthias Meunier


_Playsound × _Mai 2014 × _Souvenir × _22

_SOUVENIR

starman

The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars est un disque déroutant, difficile à aborder, difficile à expliquer. Philippe Manœuvre le qualifie de « piège absolu pour le commentateur ». Sautons dans ce piège à pieds joints. Ce chef-d’œuvre incarne la perfection la plus totale, la magie la plus claire et la plus sombre (amoureux des oxymores la porte est grande ouverte) : c’est une pierre précieuse aux facettes innombrables, se reflétant dans chaque larme versée sur Rock’n’roll Suicide, ne se brisant jamais ou plutôt, comme toute pierre précieuse, se brisant elle-même par l’autodestruction de Ziggy et par sa mise à mort par son créateur un soir de 3 Juillet 1973 au Hammersmith Odeon lorsque Bowie déclare “C’est non seulement le dernier concert de la tournée, mais aussi le dernier concert que l’on fera’’. Qui est donc Ziggy ? Qu’il s’agisse d’Iggy Pop, de Jimi Hendrix, de Marc Bolan ou surtout de Vince Taylor ; que l’inspiration musicale soit Jacques Brel -le « you’re not alone » de Rock’n’roll suicide, clair hommage au Belge que Bowie révère et qui répète dans Jef : « Non Jef, t’es pas tout seul » ; qu’il soit bisexuel, androgyne… tout cela n’explique en rien son histoire. Ziggy Stardust est un messager apprenant la mort de la Terre pour dans cinq ans et qui décide alors de diffuser un message d’espoir et d’amour fondé sur les starmen venus sauver les enfants, sauver l’espoir. Il finit par être tué par son arrogance. Bowie est ce messager des étoiles qui rappelle aux humains leur fragilité et l’importance de garder l’espoir, mais aussi la beauté de la musique et sa puissance. The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, s’il n’est pas le meilleur, est le plus bel album de l’histoire de la musique contemporaine : chaque chanson est une pierre faite de larmes et d’espoirs, de spleen et d’idéal. A chaque écoute, une nouvelle facette de ces pierres apparaît, éblouit, écrase, élève l’auditeur : nous voici dotés d’ailes de plomb.

Cet édifice dont les fondations sont la voix fragile, extraterrestre de Bowie, la maîtrise parfaite de la guitare de Mick Ronson, la batterie pressante de Woodmansey et la basse tissant un ciel d’étoiles de Bolder, ne cesse de répéter, plein d’espoirs et de tristesse : « Tu le connais, enfant, ce bijou délicat, -enfant désespéré, -mon semblable, -mon frère ! » En quoi cet album est un « souvenir » pour votre humble serviteur ? Car sans lui, jamais je n’aurais eu l’idée de me plonger dans la complexité qu’offre le rock, l’univers qu’il a ouvert, l’espoir qu’il a généreusement fait renaître, la force qu’il confère. Jamais je n’aurai eu l’idée de donner mes oreilles, ma bouche, mes yeux, mon cœur, mon âme, mon style, à la musique. Ce souvenir n’a pas de dates car il est hors du temps : chaque titre m’est apparu comme une évidence, une chose que j’avais toujours attendue, entendue et dont j’avais besoin pour trouver le courage de me lever, de faire face aux choses, de les aimer. Quand est-ce que j’ai écouté ce disque pour la première fois ? Toujours… bon d’accord : en juin 2012 lors de son quarantième anniversaire. On arrive à la fin : alors sommes-nous sortis du piège ? Finalement, il a été quelque peu lâchement évité au profit d’un épanchement sur le plus grand des trésors offert par le Rock, ces Fleurs du Mal de la musique qui, pour reprendre Victor Hugo correspondant avec Baudelaire, « rayonnent et éblouissent comme des étoiles », des étoiles faites homme, faites mélodies.

_Alexis Dutrieux


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