Playsound #25

Page 1

OCTOBRE 2014 #25

Lenny kravitz Jenn Ayache no bragging rights counting crows set it off continental the dirty mugs the blue bloods Water mane kongos ben howard the silver mount zion memorial orchestra agenda des sorties ET PLUS ENCORE...


_PS MAG _Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les différentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la promotion de jeunes talents.

_Octobre 2014 #25 _RÉDACTEUR EN CHEF Elie Dib

_DIRECTEUR DE PUBLICATION Yannis Mouhoun

_RÉDACTION MAG

Sami Elfakir Martin Van Boxsom Elie Dib Marie-Audrey Esposito Matthias Meunier Alexis Dutrieux Evelyne Desmarres Mélanie Simon

_CONCEPTION GRAPHIQUE Matthias Meunier

_CONTACT

mag@playsound.fr

_SITE WEB

www.playsound.fr

_UN PROJET DE :

www.medias-culture.fr

_PLAYSOUND

Playsound est une plateforme culturelle dédiée aux cultures rock. Elle est dotée d’un site d’actualité réactif et moderne, où brèves côtoient chroniques de qualité. Playsound est également un lieu de découverte à l’heure du numérique. Notre démarche s’inscrit dans une volonté de promotion des talents peu connus et de mise en valeur de toutes les formes de créativité. L’équipe de rédacteurs de Playsound forme un ensemble de passionnés tous poussés par la même ambition : partager leur amour de la musique. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité musicale dans les styles rock (commerciaux ou non, la bonne musique reste de la bonne musique) : pop, alternatif, punk, heavy, électronique... Nous nous autorisons cependant quelques écarts : aucun dogme concernant les limites (qui sont très subjectives) de Playsound n’est instauré. Nous n’avons en aucun cas la prétention d’être les dictateurs légitimes du goût musical et artistique ; notre seul but est de vous conseiller car nous avons la conviction que la musique est un des grands plaisirs de la vie, forme d’expression de la pensée riche et complexe. Nous avons également à coeur de rendre hommage aux grands groupes et artistes qui ont contribué à la construction de la musique « contemporaine », et de décrypter certains phénomènes musicaux à travers dossiers improbables et éditos décapants.


_04 _06 _08 _10 _11 _12 _13 _14 _15 _16 _18 _20 _22 _24

_NEWS _l'actu en 140 caractères _TALENTS _l'agenda des sorties _dossier : Bristol, que reste-t-il ? _ça n'engage que moi : ode à molière _ils l'ont dit _live report : Ben howard _Souvenir : Une schizophrénie musicale _selection PS : Jenn Ayache × +001 _chronique : lenny kravitz × struts _chroniques en bref _Interview : no bragging rights _dossier : Musique, Politique, Histoire

_26 _27

_Live Report : The Silver Mount Zion Memorial Orchestra

Partie II : l'identité allemande

_Le match des jaquettes


_Playsound × _Septembre 2014 × _News en bref × _04

_NEWS EN BREF + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

1 2 3 4 5

_Du son tout frais pour Fall Out Boy

Si le groupe ne nous a pas fait patienter des « siècles » avant de sortir un nouveau single, Centuries était attendu de pied ferme par tous les fans du quatuor. Un single qui s’inscrit définitivement dans la lignée des titres présents sur Save Rock And Roll, cinquième album du groupe sorti l’année dernière. Les détails concernant la sortie d’une nouvelle galette ne sont pas encore connus.

_Damien Rice sort de son silence

Huit ans que l’on n’avait plus de nouvelles de l’artiste. Eh bien voilà, l’Irlandais a programmé son retour pour le 3 novembre avec My Favorite Faded Fantasy ! La future galette, produite par Rick Rubin et enregistrée en Islande, risque bien de faire du bruit dans tous les sens du terme. En attendant, Rice nous livre une courte ballade folk. De bon augure pour l’automne.

_The Doors : le nouveau docu’

Feast Of Friends, nouveau documentaire sur le mythique groupe, sera disponible dès le 11 novembre prochain en DVD. Il rassemble des images filmées par Paul Ferrara, grand ami du groupe, lors de la tournée du quatuor en 1968. Il sera accompagné du documentaire The Doors Are Open, réalisé pendant le dernier concert du groupe au Roundhouse de Londres, ainsi qu’une version longue de The End, jouée pour la télévision canadienne l’année précédente.

_Billy Talent : le top du top

Après quatre albums riches en véritables hits, les Canadiens s’apprêtent à sortir le premier best-of de leur carrière. Mais que les plus grands fans se rassurent, outre les 14 titres tirés de la discographie du quatuor, il y aura également deux titres inédits. Un des deux nouveaux titres, intitulé Kingdom of Zod, est d’ailleurs disponible dès à présent. Le best-of, quant à lui, sortira le 4 novembre.

_The Ting Tings : et de 3 !

The Ting Tings, c’était l’un des gros cartons de l’année 2008 avec le tube Shut Up And Let Me Go, largement diffusé à la radio comme à la télévision. Les voilà de retour avec Super Critical, une troisième galette prévue pour le 27 octobre prochain. Deux premiers extraits, Wrong Club et Do It Again, donnent une première idée de la teneur de ce nouvel album.


_NEWS EN FIL ROUGE + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS _Du nouveau chez Cold War Kids

_The Blackout : let the « wolves » out!

_U2 : un album surprise… gratuit !

_ On en a parlé

Que vous le vouliez ou non, il se pourrait bien que le nouvel album de U2 se trouve déjà dans votre bibliothèque iTunes ! Apple a créé la surprise en annonçant que le nouvel album de U2 serait disponible gratuitement pour tous les utilisateurs de l’iTunes Store. Si vous n’êtes pas adepte de la marque, ne vous inquiétez pas, Songs Of Innocence, puisque c’est là son nom, sortira officiellement le 13 octobre prochain.

_Royal Blood reprend “West Coast”

Les deux Anglais, en tête des ventes d’albums outre-Manche avec leur toute première galette sortie fin août, ont tout récemment fait un petit passage sur une radio hollandaise. Le résultat ? Une reprise du West Coast de Lana Del Rey à la sauce rock n’roll du plus bel effet.

_The New Pornographers : bye bye Kurt !

Après 15 ans d’activités et 6 albums dont le dernier, Brill Bruisers, sorti le mois dernier, les Canadiens ont annoncé le départ Kurt Dahle (batterie) via un communiqué sur leur page Facebook. La formation y stipule également que ce n’est pas la fin de The New Pornographers pour autant, les autres membres ayant toujours envie de jouer ensemble. La tournée pour promouvoir leur nouvel album reprendra d’ailleurs très bientôt aux États-Unis.

_Paul McCartney fait du « new » avec du vieux

Sorti l’an dernier, l’album New de Paul McCartney va être réédité puis mis en vente le 28 octobre prochain avec 2 CD et un DVD. Des enregistrements live, un documentaire, des bonus, des images inédites du chanteur et plus encore figureront sur cette édition. Tous les détails concernant le contenu de cette réédition sont à retrouver sur le site officiel de l’artiste.

_Senses Fail : rdv l’été prochain !

Ça bouge du côté du quintet ! Alors que la formation, originaire du New Jersey, vient de commencer la tournée des dix ans de Let It Enfold You, l’album qui l’a révélée au grand public, voilà qu’elle annonce sa signature sur Pure Noise Records avec, à la clé, un nouvel album pour l’été 2015. Le quintet rentrera en studio en novembre prochain. On rappelle que Renacer, qui avait marqué un tournant artistique dans la carrière du groupe, était sorti en 2013.

Alors que les Gallois annonçaient la sortie de leur nouvel EP il y a quelques mois, les voilà qui en dévoilent un premier extrait, Wolves. L’EP éponyme devrait sortir le mois prochain (sans plus de précisions).

_Les Primeurs de Massy auront lieu du 29 octobre au 1er novembre prochain au centre culturel Paul B à Massy (91). Le programmation regroupera de nombreux artistes émergents de tout horizon. _Deaf Havana a annoncé l’annulation de sa tournée européenne aux côtés de Blitz Kids. Celleci devait notamment s’arrêter au Petit Bain de Paris le 16 octobre. _Après un Trabendo complet un peu plus tôt cette année, Bombay Bicycle Club sera de retour dans la capitale le 25 novembre prochain pour un concert au Bataclan. _Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Septembre 2014 × _News en fil rouge × _05

En juillet dernier, les Californiens nous présentaient le premier extrait de leur nouvel album, All This Could Be Yours. Les voilà maintenant de retour avec un deuxième extrait intitulé First (paradoxal, certes). Par la même, le combo nous annonce que la nouvelle galette s’appelle Hold My Home et qu’elle sortira le 31 octobre prochain.


_l'actu en 140 caractères X _01 Septembre 2014

X

_WILL.I.AM (@iamwill) Squat au studio avec mon pote @dorkDozier.

X

_Playsound × _Septembre 2014 × _L'actu en 140 caractères × _06

_03 Septembre 2014

X

_the kooks (@the kooksmusic) Écoutez un stream exclusif du nouvel album http://listen.thekooks.com #Listen #TheKooksAlbumStream

X _04 Septembre 2014

X

_coldplay (@coldplay) Les 5 meilleures choses de cet été : le camping, Sam Smith, Boyhood, « The Girl Who Saved the King of Sweden », et les colibris. WC. X

X _06 Septembre 2014

_lord rofle (@enterrob) J’adore tellement notre prochain album que j’ai presque envie de le mettre moi-même sur le net pour que vous puissiez l’écouter. ǀ Retweeté par ENTER SHIKARI

X


X _12 septembre 2014

X

_weezer (@weezer) Écoutez Cleopatra https://www.youtube.com/watch?v=eiyczpeHZDc Recevez directement cette chanson en pré-commandant sur @iTunesMusic

X X

_JOHNNY MARR (@JOHNNY_MARR) J’ai encore vu une paire de legging léopard sur un mec. Ça fait deux fois en 18 mois. #choixvestimentaireperturbant

X _15 septembre 2014

X

_SHARON OSBOURNE (@MrsSOsbourne) U2 vous êtes des businessmen, plus des musiciens. Ça ne m’étonne pas que vous donniez votre médiocre musique gratos, personne ne veut l’acheter

X _17 Septembre 2014

X

_THE USED (@wearetheused) Nous vous présentons notre dernier clip #REVOLUTION! REGARDEZ LE MAINTENANT -> https://www.youtube. com/watch?v=MsZXTU4Z_cg

_Playsound × _Septembre 2014 × _L'actu en 140 caractères × _07

_14 Septembre 2014


_Playsound × _Septembre 2014 × _Talents × _08

© Zeitgeist

_Talents

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll The dirty mugs

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll water mane

« Hardccordion Wonder Punk ». C’est ainsi que se décrivent musicalement les cinq membres de The Dirty Mugs. Bon, à priori la notion de Wonder Punk, ça va, on gère. Mais alors en ce qui concerne le « Hardccordion » c’est une autre paire de manches. Eh bien ceux qui n’ont pas la verve du jeu de mots, il ne s’agit ni plus ni moins que de la contraction des mots hardcore et « accordion » (accordéon). C’est donc non sans une certaine dose de dérision que ce quintet tout droit sorti de l’Oklahoma nous livre un punk folklorique qui rappellera les premiers pas de certains maîtres du genre comme les Dropkick Murphys ou les Mahones. Tantôt oï, tantôt punk-rock, le groupe s’est même payé le luxe de sortir un album acoustique il y a à peine deux ans. Autant le dire, The Dirty Mugs ne sont pas du genre à rester prostrés dans leurs retranchements. Ils ne sont pas non plus du genre à chômer ! Leur nouvel effort, Wildfire, est le fruit de dix années de composition, d’écriture, de tournées, de séparation, de réécriture, bref ! Un album qui a macéré et s’est construit tout au long des pérégrinations du groupe, un album de vie en somme. Chronique à découvrir dans notre magazine !

Formé à la fin de l'année 2011, WATER MANE est un mélange de punk rock aux mélodies cuisinées à la sauce de Gainesville et de voix rauques. Ce cocktail vient de la rencontre de membres de formations aux influences variées. Après quelques concerts chez lui à Montpellier, le groupe enregistre cinq titres qui sortiront sous la forme d'un premier EP le 12 octobre 2012. Avec la sortie de ce premier disque, WATER MANE entame son périple sur les scènes françaises. Le groupe retournera en studio le 3 mai 2013 pour y enregistrer un nouvel EP, Unsolved Issues, marquant la prise de position du groupe dans la composition. Ces trois titres conserveront le côté mélodique des instruments tout en affirmant le chant à quatre voix saturées. Après une cinquantaine de concerts et une réédition des premiers EPs en version cassette, WATER MANE décide de repartir en studio le 18 avril 2014, afin de mettre en boîte son premier album, Greetings from the Basement. Enregistré, mixé et masterisé par Polo Sober, l’album verra le jour sous la forme d’un vinyle 12" coproduit par Crapoulet, Les Disques de Géraldine et Panda Records. WATER MANE est en tournée depuis septembre pour défendre son album. À surveiller donc de près.

_Genre Hardccordion Wonder Punk

_Genre Punk-Rock

_Label East Grand Record Co / Flix Record

_Label Panda Records

_Pays États-Unis

_Pays France

_Site Officiel http://www.dirtymugs.com

_Site Officiel http://watermane.bandcamp.com _Matthias Meunier

_Elie Dib


llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #4

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll The blue bloods

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Kongos

Véritable foyer de la culture punk, Boston ne cesse de voir naître toute une ribambelle de groupe au parcours plus ou moins atypique. De retour avec une nouvelle formation comprenant des musiciens de The Pug Uglies ou encore de Far From Finished, The Blue Bloods reviennent avec Non-Rhotic, une galette éminemment punk teintée d’influences rock’n’roll mêlant The Misfits aux Black Flag jusqu’aux sonorités des Social Distortion. Dans la plus pure tradition des groupes de punk-rock de Boston, les Blues Bloods menés par la voix de Tim Baxter nous livrent des compositions brutes, ou riffs énergiques et chœurs endiablés laisseront nos esprits vaquer à leurs envies de rébellions ! Certaines compositions résonnent presque comme les plus enjoués des chants de supporters, nous donnant à nous, européens, l’envie de partager quelques pintes devant un match de foot, et à nos amis d’outre-Atlantique de s’adonner à la même pratique, face à une rencontre de baseball (C’mon Boston Red Sox !). À vrai dire, peu importe les motivations qui vous animent, l’essentiel c’est quand même la musique, non ?

Le métissage, c’est l’avenir. Brassage culturel, brassage ethnique, brassage linguistique ; c’est vers l’Afrique du Sud qu’il faut se tourner. Le duo Die Antwoord fait déjà parler de lui dans le milieu electro/rap depuis quelques années, et aujourd’hui, dans le rock, ce sont quatre frères blancs qui puisent dans les racines noires de leur pays. Dylan, Daniel, Jesse et Johnny, des noms de membres de boys band, mais un son oscillant entre blues, folk, pop et kwaito, une house music africaine, entre jazz et garage. De l’électro-funk par-ci, du reggae par-là ; des relents de Vampire Weekend, du Alt-J, un peu ; de l’accordéon, beaucoup. Leur premier album, Kongos, est complètement passé inaperçu. Lunatic, le deuxième, est sorti en 2012, mais ce n’est que cette année que le groupe connait le succès en dehors du Continent Noir. Come With Me Now, leur single sorti en 2011, frôle le top des charts américains en 2014, et le titre accompagne nombre de films, séries et bandes-annonces. Malgré ce départ tardif, le groupe signe chez Epic Records et est actuellement en tournée un peu partout. On vous recommande d’ailleurs chaudement de ne pas rater leur ouverture de One Republic au Zénith de Paris, ce 24 octobre.

_Genre Punk-rock / Rock'n'roll

_Genre Indie-rock, folk

_Label East Grand Record Co / Flix Record

_Label Epic Records

_Pays États-Unis

_Pays États-Unis

_Site Officiel http://facebook.com/bluebloodsboston

_Site Officiel http://www.kongos.com/home

_Matthias Meunier

_Martin Van Boxsom

_Playsound × _Septembre 2014 × _Talent × _09

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3


_Agenda des sorties 06-10

Lower Than Atlantis Lower Than Atlantis

Sony Music Entertainement

07-10

_Playsound × _Mars 2014 × _Agenda des sorties × _10

Zola Jesus

Taïga Mute

07-10

caribou our love

merge records

21-10

slipknot

.5 : The Gray Chapter Roadrunner Records

27-10

Mallory Knox Asymmetry Epic Records

27-10

The Ting Tings Super Critical Finca

27-10 07-10

Yellowcard

Lift A Sail

Rancid

...Honor is all we know Epitaph

Razor & tie

13-10

kele

trick

lilac records

31-10

cold war kids Hold My Home downtown


_dossier

Bristol, que reste-t-il ? En 2010, PRS for Music (l’équivalant de la SACEM pour nos amis britanniques) a désigné Bristol comme étant la ville de Grande-Bretagne ayant le plus de musiciens par rapport à la taille de sa population. Plus récemment, en 2013, Spotify a mené une enquête pour définir, selon eux, quelle ville était la plus musicale en Grande-Bretagne en se basant sur le nombre d’écoutes par lieu via leur plateforme. Dans cette étude, Bristol est classée troisième. Bon, sans naïveté aucune, ces études se basent bien entendu sur des critères tels qu’il est difficile d’en tirer de réelles conclusions sur la place de la ville dans le paysage musical britannique. Néanmoins, elles font réfléchir quant à la vitalité de la scène musicale actuelle et de l’attrait porté à la musique par les jeunes Bristoliens.

Gueule de bois Durant des années, Bristol a construit son identité musicale sur un ensemble d’influences brillamment digérées et donna naissance à une scène underground très active et à des groupes légendaires. On parle alors du « Bristol Sound » avec une scène urbaine fourmillante de DJs mélangeant des sons improbables. Néanmoins, après l’âge d’or des années 1990 avec une ville au top de sa créativité, un inévitable coup de mou a succédé à tout ça. Au début des années 2000, Bristol fut incapable de suivre le rythme de la capitale et dû abandonner son statut de ville à la pointe des dernières tendances. Le siècle nouveau fut difficile quand le téléchargement illégal prit le pas et provoqua ainsi la fermeture de nombreux labels locaux suite aux chutes des ventes de disques. On est loin de l’époque où Heartbeat Records, fondé en 1978, produisait des albums pour des groupes comme The Europeans ou Glaxo Babies et supportait la scène punk locale à travers Riot City Records en distribuant leurs albums à l’échelle nationale.

Renouveau underground Cependant, bien que la ville soit désormais quelque peu hantée par son passé - on pense notamment au Bristol Archive Records, label le plus populaire de la ville qui a uniquement pour but de remasteriser de vieux albums introuvables – Bristol n’en reste pas moins un lieu très attractif en terme de créativité musicale et est toujours dotée d’une population solidement composée d’amoureux de la musique. La jeunesse locale, toujours en quête de nouvelles sensations auditives, retrouve peu à peu le goût des disquaires (notamment Head Bristol, le plus grand de la ville) et on constate également la grande attractivité de la scène électro bristolienne avec des sous-genres comme le dubstep ou encore le drum & bass, plus populaires que jamais. On peut citer des noms comme l’artiste local Julio Bashmore ayant des millions de vues sur Youtube ou encore Appleblim, en tournée à travers toute l’Europe. De plus, selon Loki Lillistone, rédacteur en chef de Bristol Live Magazine, de nombreux groupes rock du coin sont également très actifs et méritent d’être écoutés. On retrouve en effet des jeunes formations comme Velcro Hooks ou encore Spectres qui n’hésitent pas à ressortir les guitares et à enchainer les prestations dans des pubs pour faire parler d’eux. Bristol Live Magazine s’attèle à promouvoir ces jeunes artistes car Bristol a encore des choses à dire comme le précise Loki : « Je pense que la scène du coin est toujours aussi attractive qu’avant », avant d’ajouter que « le problème principal de la ville concerne les infrastructures. Sans suffisamment de labels locaux, d’événements ou de mags, ça devient difficile pour les groupes de percer sur la scène nationale ». Au final, pas de quoi être pessimiste quant à l’avenir de la scène musicale de Bristol. Bien que la ville souffrira toujours des comparaisons avec ses rivales Londres, Manchester ou Liverpool qui bénéficient d’une plus grande renommée notamment à l’international, Bristol peut s’appuyer sur son passé glorieux composé de grands ambassadeurs de la musique britannique pour avancer et écrire le reste de son histoire avec un vivier de talents toujours inépuisable et une jeunesse locale toujours aussi passionnée. _Sami Elfakir

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _11

Suite du dossier « Bristol, le mélange des couleurs » paru dans le Playsound Mag numéro #24.


_Playsound × _Septembre 2014 × _Ça n'engage que moi × _12

_Ça n'engage que moi

ça n'engage que moi : Ode à Molière Ah, ça sent le chauvinisme à plein nez ce mois-ci dans le « ça n’engage que moi ». Ou comment faire l’apologie de la langue de Molière. Oui car il suffit de prôner le modèle américain, la culture musicale des anglo-saxons, les villes de l’Angleterre ayant formé des groupes célèbres durant les dernières décennies. Certes, Nantes sonne moins glamour que Liverpool et Lyon paraît bien moins attractif que Los Angeles mais pourtant la France est un vivier de talents… et de belles paroles. Tout comme les affaires, la musique devient la propriété des anglo-saxons. Aujourd’hui, pour s’exporter, il faut penser anglais, communiquer anglais, vivre à la mode anglaise. Logiquement, cela a déteint sur la musique et rares sont les groupes actuels, natifs de notre beau pays à s’exprimer dans leur langue natale. Les exemples sont (hélas !) légion : Skip The Use, Shaka Ponk, Revolver, Phoenix, Daft Punk. Comment en sommes-nous arrivés là ? Faites donc un tour dans Paris et allez donc prendre une petite pinte de bière à St Michel. Elles sont nombreuses ces étrangères à adorer entendre parler les Français. Attention, pas le verlan vulgaire qui a tendance à prendre le pas sur notre vie quotidienne et à influencer les plus jeunes écoliers. Non, le français qui plaît, qui sonne juste, comme une mélodie envoûtante qui enivre et charme nos cousins d’autres nationalités. La richesse du vocabulaire français est sans limite. Il est distingué, plein de subtilités et de nuances. Écoutons du Jacques Brel, du Nino Ferrer, du Georges Brassens ! Elle est là la représentation de notre belle langue. L’intonation, la syntaxe, elle vit, elle fait vibrer, elle permet de faire ressentir des émotions.

Alors certes, elle n’est pas comprise de tout le monde et n’est pas la langue la plus parlée du monde (« seulement » en cinquième position) mais pourtant il faudrait cesser de se faire un complexe par rapport à nos amis d’Outre-Manche. Alors je l’entends ce discours de ces nombreuses formations qui invoque le fait que « composer en anglais nous est venus naturellement » ou que « le choix s’est fait naturellement par rapport à nos influences ». Que diable, arrêtez ces immondices ! Notre langue est en péril. Regardez autour de vous : on manie les anglicismes aussi bien que le langage abrégé (merci Twitter, Facebook et les SMS), on ne cherche plus à construire mais à raccourcir les phrases (et leur sens). Alors, qui de mieux que nos artistes natifs de notre patrie, seraient les mieux placés pour être les ambassadeurs de notre langue ? Mesdames, messieurs, prêtez-vous au jeu. Quand on sait l’importance de la musique dans le quotidien des jeunes de notre nation, montrez-leur l’exemple, inculquez-leur la prose, le lyrisme et laissez l’imagination et la créativité prendre le dessus. Inspirez-vous des anciens et redonnez ses lettres de noblesse à notre nation. Soyez fiers et prônez l’émotion à travers les mots et les rimes. This is it…

_Elie Dib


“Avant même de sortir le moindre album, j’avais déjà la grosse tête. Je savais que je voulais faire quelque chose de grand et spécial. Je pensais déjà être un génie !”  The Guardian

_Sami Elfakir

_Playsound × _Septembre 2014 × _Ils l'ont dit × _13

à propos des critiques sur U2

Craig Nicholls

à propos des trokes

“Jouer dans un groupe est une bonne façon de détruire une amitié. Et une tournée est une bonne façon de détruire un groupe. ”  GQ

à propos de ses débuts avec The Vines

“Ça a toujours été comme ça. C’était la même chose pour notre premier album. C’est ce pour quoi tu te lances dans un groupe, pour faire bouger les choses et déranger les gens. […] Le seul souci aurait été d’avoir été ignoré.”  BBC Radio 2

Julian Casablancas

“Je n’ai jamais rien gagné grâce aux ventes d’albums. Et on a vendu presque 8 millions de disques si on compte tous les singles. Il y a quelque chose qui cloche.” Digital Spy

Bono

La roux

à propos de ses revenus

_Ils l'ont dit


_Playsound × _Septembre 2014 × _Live report × _14

_Live report

Ben howard à l’Alhambra de Paris 21 heures, jeudi 11 septembre 2014 : c’est enfin le retour de Ben Howard dans la capitale française. Un rendez-vous noté dans l’agenda depuis la mise en vente des places en juillet dernier. Une attente de deux mois, une longue attente pour avoir la chance de revoir jouer ce prodige anglais dans une salle comble. Le gagnant du BRIT Award 2013 de la révélation britannique nous fera le plaisir de jouer 1h30 : 1h30 de bonheur, 1h30 à ouvrir grands les yeux devant les nouvelles chansons, mais aussi 1h30 à fermer les yeux et se laisser emporter dans son monde, 1h30 pour oublier où nous sommes. Ce concert sonne plus comme une présentation de l’album I Forgot Where We Where qu’à une date officielle de sa nouvelle tournée. En effet, Ben Howard y jouera neuf nouvelles chansons (sur onze figurants sur la tracklist de son album à venir, prévu pour la fin du mois prochain), ne jouant qu’une seule chanson de son premier album, Every Kingdom, avec The Fear. Ben Howard a donc joué presque uniquement des chansons inédites. Un moyen de présenter son album mais aussi de tâter la réaction du public et pouvoir ainsi choisir les chansons qu’il jouera lors de sa prochaine tournée (il sera de retour à Paris en décembre) avec une setlist plus diversifiée qui reprendra des morceaux de son premier album. Le public présent ce soir accueille très bien les nouveaux titres, notamment ceux que l’on a pu découvrir cet été, I Forgot Where We Were et End Of The Affair. La première impression concernant ces nouvelles chansons est très bonne même si elles sont moins évidentes pour le public à reprendre en chœur. Elles sont un peu plus sombres, plus électriques. Par conséquent, les deux nouveaux musiciens accompagnant Ben Howard en tournée enrichissent sa musique. Verrons-nous moins le Britannique seul à la guitare? Ce serait dommageable mais à confirmer sur les prochains concerts. Dans tous les cas, le Londonien arrive

toujours à nous faire entrer dans l’univers de ses chansons, sa voix est toujours aussi belle et touchante et ses talents de guitariste sont indéniables. Le jeu de lumière accompagnant le chanteur et ses musiciens collait parfaitement aux chansons, les mettait presque en valeur, un peu comme un écrin. Comme quoi, un décor tout simple avec des lumières est bien suffisant ! L’intensité était présente pendant tout le concert, le public, conquis et séduit, était à l’écoute des nouvelles chansons mais aussi à l’affut des chansons qu’il connaissait pour pouvoir chanter avec l’artiste. Les spectateurs reprendront d’ailleurs les fameux « ouh ouh ouh » de The Wolves avant le rappel composé de Oats In The Water et The Fear. Un final en apothéose avec cette dernière chanson, faisant monter ainsi l’ambiance à son maximum et donnant l’envie irrépressible de se jeter sur les places de son prochain concert. Une longue attente encore, qui sera atténuée par la sortie de l’album ce mois-ci pour nous faire patienter comme il se doit et nous permettre de nous familiariser davantage avec les nouvelles chansons. Rendez-vous est pris le 1er décembre!


Une schizophrénie musicale Il est déjà bien loin ce temps où je m’enfermais dans ma chambre, adolescent, à m’identifier aux paroles des chansons tout en faisant du air guitar devant mon miroir.

Et puis, récemment, telle la madeleine de Proust, mon inconscient m’a ramené quelques années en arrière à l’écoute d’un titre de l’album Rock de Pleymo. Rappelez-vous, faisant partie de cette mouvance du nü-métal à la française, la Team Nowhere, en compagnie d’Enhancer ou encore Aqme, la bande à Mark Maggiori avait connu une place au soleil grâce à la sortie de Rock en 2003. Même si la formation se sépara trois ans plus tard après la sortie d’Alphabet Prison, c’est bien son prédécesseur qui marqua les esprits et plus particulièrement le mien. Longtemps inconnu sur la scène française, le sextet osait l’aventure du concept-album. Plutôt audacieuse, la formation parisienne traitait même d’un sujet plutôt tabou dans la société actuelle : la schizophrénie. Ainsi, on découvrait l’univers de Rock, cet enfant malvoyant, tiraillé par cette maladie mentale et vivant avec un double maléfique, Injall. Mais au-delà de cette aventure atypique, c’est le contenu des paroles qui me marqua. Alors que l’anglais restait la langue préférentielle pour composer des mélodies rock, Maggiori resta fidèle à sa langue natale et toucha encore plus les adolescents de sa génération (dont je faisais partie). Car Rock contenait tout ce que la jeunesse subissait durant les années 2000 : l’avènement des nouvelles technologies et des nouvelles addictions (retranscrit de manière parfaite avec le morceau Moddadiction), la consommation de la chaire sans sentiments (Laugh Calvin), la manipulation de nos dirigeants politiques après le traumatisme du 11 Septembre 2001 (le single Divine Excuse) ou encore l’autorité parentale (le malin Polyester Môme). Utilisant de manière subtile la métaphore, chaque morceau s’écoutait de manière attentive afin d’en déceler les nuances et le sens des propos chantés (et rappés) par Mark. Travaillés, les textes étaient d’autant mis en valeur qu’ils retraçaient l’existence d’un chérubin dont le mal-être était palpable.

Surtout, Rock était une ode à la recherche d’identité et le dilemme de faire un choix face aux épreuves de la vie. Doit-on suivre la raison ? Laisser son côté obscur prendre le dessus ? Ce dédoublement de personnalité, applicable pour chacun de nous, était encore plus mis en évidence dans cet album. Ainsi, le titre éponyme parlait de nos origines quand 1977 traitait de cette cohabitation difficile entre deux égos. Et si les paroles étaient un véritable atout, rien n’avait été laissé au hasard avec une production impeccable et des titres aux sonorités métal qui éveillaient les sens. On flirtait ainsi avec un son lourd (Kongen avec l’intervention de leurs potes d’Enhancer), tout en jouant avec des teintes mélancoliques et des refrains ravageurs (le très rock Zorro). Ce qui est certain, c’est que plus de dix ans plus tard, lorsque j’écoute une piste de ce bijou, un amas de souvenirs remonte en moi. Une période où la musique était mon seul véritable refuge et avec laquelle j’ai construit ma propre identité. Une période où Pleymo m’a familiarisé avec les enjeux et les problématiques auxquels seraient confrontées notre génération et celles à venir. Le constat finit par être évident: les Franciliens ont signé à cette époque un disque génial et intemporel qui devrait encore parler à la jeunesse d’aujourd’hui, pourvu que les plus anciens (de 25 ans !) dépoussièrent leurs souvenirs d’adolescent. _Elie Dib

_Playsound × _Septembre 2014 × _Souvenir × _15

_souvenir



Jenn Ayache

+001

_Musicien Jenn Ayache

_Producteur

Jenn Ayache × Gaspard Murphy × John O'Brien

_Label Polydor

_Date de sortie 22/09/2014

_Tracklist

07_On s’connaît pas 08_Elle a balancé 09_Weather Operator 10_Drama 11_Animal 12_Diabolo Menthe

On ne présente plus Jenn Ayache, véritable icône de la pop sucrée française avec son groupe Superbus. N’ayant plus rien à prouver avec sa formation (plus de 1,3 millions d’albums vendus), et alors que la fille de Chantal Lauby semblait s’épanouir en compagnie de ses trois comparses, elle se laisse attirer par les sirènes de l’aventure solo en nous livrant +001. D’emblée, la musicienne marque sa différence. Premier single et titre d’introduction de l’album, L’américain flirte avec la pop et l’électro. À certains moments, on a même l’impression d’avoir affaire au pendant féminin de Benjamin Biolay. Mais l’on va vite se rendre compte que Jenn s’aventure loin de ses repères et joue sur un registre très electro-dance, en atteste Acide et son clip très sensuel, ou encore Forteresse et son refrain tout sauf naturel. Sur +001, elle brouille les cartes et s’en va même faire sa MC avec le très hip-hop Tous Les Étages ou encore carrément pousser jusqu’à un mélange (très moyen) rap/ragga avec Tito Prince, jeune MC encore peu connu, sur J’ai voyagé. C’est un peu le danger de cette mise à nue finalement. Bref, Jenn Ayache a vraiment frappé là où on ne l’attendait pas. Pour son premier effort solo, le leader de Superbus a pris tous les risques en s’éloignant de la pop sucrée qu’elle maniait si habilement pour se rapprocher d’un style plus électro. Loin d’être aussi accessible que les albums de sa formation d’origine, +001 s’écoute sur la durée et ne s’apprivoise pas dès la première écoute. Chacun s’en fera donc son avis. Dans tous les cas, il est fort à parier que Jenn divisera ses fans mais gagnera son pari : celui de faire un album urbain à sa sauce tout en s’affranchissant de ses acquis. On aime : Animal, l'Américain _Elie Dib

DICT

DICT

VER

_ Orchestrations 3,5/5 _ Créativité 4/5 _ Intérêt 1/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 2/2 _ Artwork 0,5/1 _ Note globale 13,5/20

VER

_Playsound × _Septembre 2014 × _Séléction PS × _17

01_L’Américain 02_Acide 03_Forteresse 04_Tous les étages 05_J’ai voyagé 06_Just In Time


Lenny Kravitz

_ChroniQUE

strut _Genre

Rock

_Producteur

Lenny Kravitz

_Label

Roxie Records

23_ 09_ 14_

_Tracklist

01_Sex 02_The Chamber 03_Dirty White Boots 04_New York City 05_The Pleasure and the Pain 06_Strut 07_Frankenstein 08_She’s a Beast 09_I’m a Believer 10_Happy Birthday 11_I Never Want to Let You Down 12_Ooh Baby Baby 13_Sweet Gitchey Rose (bonus) 14_Can’t Stop Thinkin’ ‘Bout You (bonus)


_Elie Dib

DICT

_ Orchestrations 4,5/5 _ Créativité 3,5/5 _ Intérêt 1,5/4 _ Lyrics 3/3 _ Cohérence 2/2 _ Artwork 0,5/1 _ Note globale 15/20

DICT

VER

Lenny Kravitz a tout d’un vieux sage. Expérimenté et touchant à tout (compositeur, producteur, interprète, multi-instrumentiste et même acteur dans Hunger Games), on a même l’impression que les décennies n’ont aucun impact sur lui. Physiquement toujours le même (à part sa coupe de cheveux qui a évolué au fil des années), cet homme dégage un charisme hors normes. Vingt-cinq ans qu’il prône la sensualité, l’amour et la paix. Vingt-cinq ans que les femmes hurlent à chacun de ses passages. Vingt-cinq ans qu’on lui cherche un défaut sans jamais lui en trouver. Bref Lenny c’est un peu le parcours d’un homme à qui tout réussit (y compris en amour). Et le voilà, tout jeune quinquagénaire, à revenir sur le devant de la scène, trois ans après Black and White America. Alors que ce dernier nous avait surpris par son côté plus mainstream, l’Américain nous promettait pour Strut un retour à un son « brut », aux origines du rock. Après tout, il a bien réussi à chopper notre Vanessa Paradis, on peut donc, a priori, lui faire confiance les yeux fermés. Et quand il parle d’origines, Kravitz nous ramène bien 20 ans en arrière. Car l’ensemble de la galette a des allures d’oldies avec des sons nous rappelant très bien la période milieu/fin des 80’s. Ce côté vintage n’a rien de désagréable, bien au contraire. Le titre d’ouverture, Sex, a d’ailleurs tout pour vous plaire. Une gimmick efficace, des relents funk, et un refrain enchanteur et explicite, la température va très vite monter dans votre lieu de résidence. Il y a aussi ces morceaux que l’on pourrait qualifier de slow rock et qui parle d’amour et de plaisir sans discontinuité (The Pleasure and The Pain, le désormais connu single The Chamber). À croire que notre luron est toujours dans cette quête et n’arrive pas à trouver sa perle rare. Quel dommage quand on connaît le nombre de chansons d’amour qui traînent dans son répertoire musicale. Et si cela ne suffisait pas, Strut regorge lui aussi d’hymnes sentimentaux qui risquent fort bien de charmer le public féminin (le langoureux I Never Want To Let You Down). Par ailleurs, on sent que plus les années passent et plus le compositeur souhaite intégrer des multitudes de sonorités différentes dans ses titres. Que ce soit avec un piano, des trompettes (Happy Birthday), des violons (She’s A Beast) ou des chœurs (Ooo Baby Baby). Ces ajouts sont plutôt bénéfiques et vont sûrement permettre au chanteur d’élargir encore plus son rayon d’action à des auditeurs plus pop ou jazzy. Mais bon on ne va pas se le cacher, ce que l’on aime surtout chez Kravitz, ce sont ces pistes qui sonnent bon le rock agressif, ce riff bien senti et ce solo qui vous donnent envie de vous déshabiller et d’exhiber vos pecs. En fait, ce qui déstabilise dans cet album, c’est l’absence de côté brut finalement. Car tout est bien carré, ficelé, sans mauvaises notes. On connaît ce goût du perfectionnisme chez l’Américain, qui produit par ailleurs lui-même ses albums. Mais à force de trop vouloir tout maîtriser, il n’y a plus de place à la surprise et à l’originalité. Certes, on ne s’attendait pas à un virage radical de la part de Lenny Kravitz, lui si fidèle à ses idées depuis le début. Mais on souhaitait peut-être que le contenu de la galette soit moins formaté et lisse. Du coup, si Strut est bien l’opus rock auquel on s’attendait, sa dimension grand public apporte un bémol, dans la continuité de son prédécesseur. À ce rythme, Lenny Kravitz va devenir le Johnny Hallyday américain, et ce n’est pas vraiment le destin qu’on lui souhaite. À bon entendeur.

VER


_chroniques en bref The Dirty Mugs wildfire

The Dirty Mugs nous plonge tout droit dans les abysses du Hardccordion Wonder Punk, genre dans lequel ils se définissent, avec leur nouvel album Wildfire. Le groupe parvient à réaliser un disque aux influences éminemment folkloriques sans pour autant tomber dans la simple copie d’autres groupes aux sonorités irlandaises. De véritables hymnes enjoués à la Row (ou What Set Us Appart, totalement a capella), aux envolées rock’n’roll de Arline and Junction, en passant par des balades menées à l’accordéon jusqu’aux touches punk hardcore de SGAF, Wildfire demeure un album plein de surprises laissant présager un avenir radieux pour The Dirty Mugs ! _On aime : O Death, The Calm, Row

_Playsound × _Septembre 2014 × _Chroniques × _20

_Matthias Meunier

No Bragging Rights The Concrete Flower

Avec ce cinquième album, la formation continue de creuser dans la direction déjà choisie sur ses précédents efforts. Le style est maîtrisé, l’ensemble est propre, le groupe semble y avoir mis toutes ses tripes, avec un véritable souhait d’établir davantage son identité. Si le résultat n’est pas absolument extraordinaire, le combo parvient à se démarquer un peu du lot en variant les influences musicales et essayant de repousser un peu les frontières du genre hardcore, souvent bien trop calibré. On regrette que les parties plus mélodiques ne soient pas plus exploitées tant elles sont efficaces et bien exécutées. _On aime : Outdated, Fallen Master, Damage / Recover _Marie-Audrey Esposito

The blue bloods non-rhotic

Résolument brut, The Blue Bloods revient donner un coup de pied dans la fourmilière avec Non-Rhotic, véritable condensé d’énergie rock’n’roll de 14 titres. Dans la plus pure tradition des formations punk-rock de Boston, le groupe nous délivre à grand renfort de riffs sauvages et de breaks de batterie chirurgicaux, le tout rondement mené par la voix rauque de Tim Baxter, un album à l’esprit résolument punk. Qu’ajouter si ce n’est l’inextricable envie de rejoindre ses amis, ses collègues, ses congénères dans une taverne autour d’une bonne pinte de bière et d’une scène où il est certain que la puissance de The Blue Bloods ne laissera personne indifférent. _On aime : Click, Better in Silence, Deaf, Dumb and Blind _Matthias Meunier


Counting Crows

Somewhere Under Wonderland

Counting Crows, c’est ce groupe qui fait partie de notre vie sans que l’on s’en rende compte. Discrets et jamais vraiment sous les feux de la rampe, les sept lurons font le tour du monde depuis plus de 20 ans maintenant, sans prétention. Et six albums plus tard, ils sont toujours là, fringants et débarquant avec Somewhere Under Wonderland. Et cet album prouve une chose : on peut garder une ligne directrice depuis ses débuts sans lasser ses auditeurs. Car la formation n’est pas là pour taper dans l’originalité ou expérimenter. Non, les gars sont sûrs de leur force et savent se recycler sans décevoir. Faites donc un tour dans le monde magique d’une valeur sûre de la scène pop-rock et ne boudez pas votre plaisir. C’est tout. _Elie Dib

continental Millionaires

Beaucoup plus rock’n’roll que leur précédent album, Millionaires s’inscrit tout particulièrement dans l’esprit si particulier de Continental. Composé, entre autres, d’un père et de son fils, Continental est un groupe d’ouvriers. De musiciens travailleurs, d’hommes terre à terre aux valeurs simples et profondément humaines. Cet esprit se retrouve donc dans chacun des titres qui composent Millionaires, un album profondément humain qui, s’il ne paiera peut-être pas les factures de ses ouvriers-musiciens, nourrira à coup sûr le cœur et l’âme de son public. _On aime : Busted, Hope, Millionaire, Free _Matthias Meunier

Set It Off Duality

Après s’être fait largement remarqués avec Cimatics, les Floridiens sont de retour pour surmonter la difficile étape du deuxième album. Si le quintet a conservé toute la théâtralité qui le caractérise, il semble avoir opéré un virage vers un son plus pop-rock. Alors que le premier opus nous rappelait davantage My Chemical Romance (en beaucoup moins inspiré), ici on est souvent plus près d’une version édulcorée des Fall Out Boy. Le tout manque quelque peu de constance avec des titres convaincants côtoyant des titres un peu trop mielleux. Duality possède le potentiel idéal pour plaire au grand public, pas sûr cependant qu’il remporte l’adhésion de tous les fans de rock. _On aime : N.M.E, Wolf In Sheep's Clothing

_Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Septembre 2014 × _Chroniques × _21

_On aime : Possibility Days, Earthquake Drivers


_Playsound × _Septembre 2014 × _Interview × _22

© Matt Vincent

_interview

Interview : no bragging rights À l’occasion de la sortie de The Concrete Flower, le nouvel album de No Bragging Rights, Mike Perez, frontman du quintet, a pris le temps de répondre à nos questions. _Playsound : Dans le communiqué de presse présentant le nouvel album, il est dit que les paroles sont très importantes pour toi. Où trouves-tu ton inspiration lors de l’écriture ? _Mike Perez (chant) : Je puise mon inspiration auprès des personnes qui font partie de ma vie. Ma famille, mes amis chez moi et sur la route, ainsi que mes expériences personnelles. J’ai entendu beaucoup d’histoires de lutte et de triomphe. Est-ce que le fait de transmettre un message est la raison pour laquelle tu as commencé à faire de la musique ou est-ce que c’est un élément qui est devenu important pour toi avec le temps ? C’est quelque chose qui est devenu plus important avec le temps. J’ai commencé la musique parce que c’était franc et amusant. J’aimais faire sortir ce que j’avais à l’intérieur de moi. Maintenant, ce n’est plus vraiment de moi qu’il s’agit. J’ai vu notre besoin de transmettre un message, et c’est ce qui est important pour moi à présent Est-ce que la musique doit toujours avoir ce genre d’ambition pour toi ou est-ce que tu pourrais jouer juste pour t’amuser ? Pour No Bragging Rights en ce moment, chaque chanson doit avoir une raison d’être. Parfois, cette raison d’être peut être l’amusement. Sur un des titres de l’album, Right Minded, je crois que c’est un peu des deux. En fin de compte, malgré l’importance du message, j’aime à penser que notre musique est fun.

Votre style de musique est principalement hardcore mais on y trouve également des moments plus mélodiques et plus punk. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur votre processus d’écriture ?

Nous avons tous un passé punk rock, donc je suis vraiment heureux que ça transparaisse dans nos compositions. J’ai donné à Daniel (ndlr : Garrow, guitare ) une liste de sujets sur lesquels je voulais écrire étant donné que c’est lui qui compose la musique. Daniel se base sur les émotions pour composer, alors ça lui a donné une petite direction. Il enregistrait la musique et nous l’envoyait par mail. Si ça nous plaisait, il jammait avec Martin (ndlr. Alcedo, batterie) pour s’imprégner davantage du morceau. Pendant ce temps-là, je m’inspirais de ce que Daniel m’envoyait pour écrire les paroles. Quel est ton titre préféré sur The Concrete Flower ? Je pense que cela risque de changer mais j’aime beaucoup Outdated. C’est un morceau qui parle de maladie mentale et du fait d’être plus attentif à la manière dont nous parlons et traitons ceux qui en sont atteints. C’est un titre très difficile à chanter et j’aime ça. Qu’est-ce que la fleur dans le béton que l’on voit dans la pochette symbolise ? Quelque chose de beau qui ressort de quelque chose de difficile ou d’impossible. Nous aurions pu choisir une illustration littérale, genre une fleur qui sortait d’un trottoir mais ça aurait été trop prévisible. Une fleur dans du béton, c’était plutôt cool (rires).


© Jacob Round Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le fait de faire partie d’un groupe ? L’impact que tu peux avoir sur la vie de quelqu’un. Être capable d’aider. C’est comme ça que tu peux changer le monde. Une personne à la fois. Très souvent, la personne qui bénéfie de cette aide, c’est moi. Est-ce qu’il y a des albums qui ont eu un impact important sur ta vie, des albums qui ont changé ta vie ? Pet Sounds des Beach Boys est l’album qui m’a fait aimer la musique. Écouter était une activité divertissante pour moi. Dookie de Green Day est l’album qui m’a fait découvrir le punk rock. Ils ont été ma porte d’entrée vers un punk rock plus underground. Our Dakest Days d’Ignite est l’album qui m’a donné envie de continuer à chanter. Notre musique devenait de plus en plus violente alors j’ai eu l’impression que je devais laisser tomber les parties chantées et ne faire que crier. J’ai entendu cet album et il m’a démontré que le chant clair pouvait faire partie du hardcore. Vous allez jouer en France en novembre pour le Never Say Die Tour. Ce sera votre première fois à Paris ? À quoi peut-on s’attendre ? Oui ! À chaque fois que nous avons essayé de venir à Paris, le concert était déplacé ou annulé. Nous sommes vraiment impatients d’y jouer pour la première fois ! Il va y avoir beaucoup d’énergie. Les stage dives, circle pits et mosh pits sont les bienvenus !

Une petite tournée de 10 jours en tête d’affiche sur la côte ouest des États-Unis en décembre. Je ne sais pas encore ce qu’on fera début 2015. Une autre tournée européenne j’espère ! Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Pas de problème, c’est un plaisir. _Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Septembre 2014 × _Interview × _23

Nous avons beaucoup grandi. Au début, on faisait du punk rock enragé. Ensuite, avec les changements de line up, nous avons voulu créer un son plus violent alors nous sommes allés vers le metalcore. Au fil du temps, j’ai l’impression que nous sommes retournés aux sources. Même si c’est hardcore, c’est toujours très punk rock. Je suis très heureux de ce que nous sommes devenus. Le style est quelque chose qui me plaît beaucoup mais le message reste ce qui me rend le plus fier.

Quels sont vos projets après cette grande tournée européenne ?

© Matt Vincent

No Bragging Rights existe depuis 15 ans. Comment décrirais-tu l’évolution du groupe et es-tu satisfait de la tournure que les choses ont prise ?


_dossier

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _24

Musique, Politique, Histoire Partie II : L’identité allemande

L’histoire allemande est un grand mouvement d’affirmation de son existence et d’unification aux XIXème et XXème siècles. Ceci a favorisé le nationalisme. Bien sûr. Afin d’affirmer sa culture, il faut développer ses Arts. La peinture a eu Friedrich ; la littérature les frères Grimm... ; la philosophie Nietzsche... ; le cinéma Fritz Lang ; la musique classique Wagner... Qu’en est-il de la musique qui nous intéresse ? (le rock... au cas où...). Deux périodes (d’affirmation) se détachent : les années 6070 et les années 90. L’Allemagne (RFA/RDA depuis 1949) entre dans les années 60 de façon fracassante : la création d’un mur en 1961. Quoi de mieux qu’un mur pour se forcer à repousser les limites ? En RFA, Captain America diffuse la culture des USA à coup de chewing-gums, fast food, cinéma, musique... En RDA, le Petit Père des Peuples fait de même. Une Guerre Froide. Elle donne naissance à une musique qui l’est tout autant (froide). 60’s : la pop culture proprement allemande est au point mort. « Notre génération a dû repartir de zéro », affirme Ralf Hütter de Kraftwerk. John Wierziel d’Ammon Duül II ajoute : « Nous n’étions pas comme les Anglo-Saxons, emprunts du blues et de la country. Nous n’avions rien. On démarrait vraiment à zéro. » « Allemagne, année zéro », disait le film de Rossellini. En 1968 a lieu le premier festival rock à Essen où se produisent des artistes expérimentalistes d’outre-Atlantique (Frank Zappa, les Fuggs) et Allemands comme Ammon Duül, et Tangerine Dream. Le Krautrock (rock choucroute - selon les journalistes Anglo-Saxons, nom peu apprécié des musiciens -) est né. En 1970, Can et Kraftwerk font leurs premiers concerts à Unna et présentent un son inspiré par la musique classique, la pop et l’avant-garde : une folk industrielle. Les groupes fleurissent : Ammon Duül II, Ashra Temple, Faust... Rolf Ulrich Kaiser (nom prophétique ?) joue un rôle capital en lançant le premier label de rock allemand « Ouvrez l’oreille ». Il ne faut pas croire que la jeunesse allemande vit librement cette émancipation, bien sûr. Les cheveux longs, la vie de bohême, sont toujours très mal

vus. Ne parlons même pas de la drogue qui touchait tous les groupes. Sous l’influence de ces psychotropes, de nombreux groupes novateurs rejoignent le label de Kaiser. Certains vont jusqu’à mêler pop, jazz, musiques africaines, asiatiques et Indiennes et mettent alors en place la future world music. D’autre part, Kraftwerk s’impose depuis 1974 comme la figure de prou, la plus célèbre et célébrée, grâce à Autobhan. Bowie désigne alors Kraftwerk comme son groupe préféré... Récapitulons : Klaus Schulze et Kraftwerk donnent naissance à la musique électronique, Embryo à la world music, Ammon Duül à la musique improvisée, Can à l’expérimentation totale, le Krautrock en général à la musique progressive (avec le rock psychédélique). Il faudra à peine une décennie aux Allemands de RFA pour élaborer leur propre rock, l’exporter, l’imposer au monde et en faire la plus grande influence de l’histoire de la musique contemporaine. Plus forts qu’Elvis. Plus forts que les Beatles. Cette grande période créative va avoir une résonnance dans l’avenir allemand, en 1990, et lancera ainsi un nouvel âge d’or à travers un nouveau mouvement... La Techno.


l’électricité etc... DJ Tanith déclare : « Il y avait un véritable sentiment de liberté. Il n’y avait plus de loi ». Toutes les lois de l’ex Berlin-Est n’étaient plus valables et le pouvoir politique était submergé. Sont alors organisées les soirées ‘’Technozides’’ : les premières raves berlinoises au son de cette techno sans paroles favorisant l’expérience commune sous le stroboscope. Les DJs sont DJ Tanith ou encore Wolle XDP... Peu de temps après, Johnny Stieller crée Le Trésor, un club dans une ancienne salle de coffres à cheval entre l’Est et l’Ouest, ultime union. Tout s’accélère : la radio DT64 diffuse la Techno à travers l’Allemagne grâce à son animatrice Maroucha. Les femmes sont en effet à l’honneur dans ce mouvement. Danielle de Picciotto et Kati Schwind lancent la Love Parade (mère de toutes les Techno Parades du monde) en 1991 où l’on retrouve 3000 jeunes en train de danser dans les rues. La population ne voit pas ceci d’un mauvais œil : tout le monde veut retrouver foi en l’avenir, surtout à cette époque où les deux Allemagnes se réunissent. Tout ceci aura duré un an, très vite la drogue frappe la jeunesse, les squats sont évacués, détruits, tout l’espace retourne au gouvernement, les parades deviennent des courses à l’argent... Mais « Berlin vit toujours sur cet héritage du début des années 90 », selon De Picciotto. Une musique qui a unifié sa population après de sombres heures de son histoire et fait briller encore aujourd’hui l’Allemagne dans les clubs. C’est donc en Allemagne que la musique a su se mêler le mieux à l’histoire : elle en est un fruit et un acteur. Elle inspire toute la musique mondiale et l’Allemagne s’impose encore comme le pays par excellence de la musique depuis des siècles... Alors non, ils n’auront pas l’Alsace et la Lorraine, mais ils ont le Génie de la Musique. Bravo. _Alexis Dutrieux

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _25

1989. A Berlin Ouest, la jeunesse commence à être envahie par un son en provenance de Détroit, un son hérité de Krafwerk (selon l’aveu de Derrick May), un son nommé la Techno. Le seul club berlinois à diffuser cette musique est l’UFO où l’on retrouve les jeunes Berlinois (chômeurs, écrivains, musiciens, drogués...)... À l’Est, aucune évolution musicale notable. Un jour, Monica Dittle lance la station « Radio For You » diffusant l’Acid House de l’Ouest : aucun mur ne peut empêcher la diffusion des ondes hertziennes. Très vite, le mur ne peut même plus empêcher le mouvement de révolte menant à sa destruction. Comment décrire cette véritable vague humaine, ce flux incessant s’écoulant à travers la moindre faille du mur ? Le soir même, des jeunes de l’Est se rendent à l’UFO, ceux de l’Ouest ne croient pas ces hommes disant venir de « l’autre côté »... Les divisions décennales disparaissent très vite au profit d’une union totale autour de cette musique. Laurent Garnier définit cette musique comme « un mélange de Funkadelic et de Kraftwerk, de musique noire et blanche, de disco et de plein d’autres choses ». Une musique d’unité donc. Un directeur de club (Steffen Kache) affirme que « sans la chute du mur, tout ceci n’aurait pas pu avoir lieu ». Nous assistons à l’un des plus beaux moments de la musique contemporaine : elle est devenue une Nécessité dans un contexte historique. Inédit depuis les 60’s et ce besoin d’émancipation, d’existence par une nouvelle musique. Les DJs amateurs se multiplient à Berlin, le matos ne coûtait pas cher et était simple d’utilisation : un petit ordi, un ou deux synthés... C’est dans la boîte. Dans les deux sens du terme. Oui, très vite les labels récupéraient votre cassette, la publiaient, la passaient dans tout lieu diffusant cette musique. Et ces lieux, il y en avait pléthore : si Berlin Ouest était complètement exploitée, l’Est offrait des entrepôts, des banques, des maisons, des bunkers tous abandonnés. On y entrait au pied de biche, installait


_Playsound × _Septembre 2014 × _Live report × _26

_Live report

The Silver Mount Zion Memorial Orchestra (+ the Besnard Lakes) @ L'Aéronef (23.09.14) Pour la rentrée, ce sont les Canadiens qui affluent en France. Même pas besoin de PVT ! Ce soir-là, à Lille, ils se posent à l'Aéronef, haut lieu (ahah) culturel de la capitale des Flandres. Deux groupes montréalais pour bien démarrer la semaine : The Besnard Lakes (groupe indie rock formé en 2003) ouvre la route aux indispensables The Silver Mount Zion Memorial Orchestra (ex- A Silver Mt. Zion ; ex-The Silver Mt. Zion Memorial Orchestra & Tra-La-La Band ; ex-Thee Silver Mountain Reveries ; et proche cousin de Godspeed You! Black Emperor). Pour l'occasion, la grande scène est fermée, c'est la petite qui accueillera les deux concerts. Tant mieux, ça nous fera plus d'intimité ! Dans son titre complet, l'Aéronef nous promet des "spectacles sans gravité" ; ce soir, c'est un spectacle en apesanteur qui débute aux alentours de 20h30. Les lumières se tamisent, la fumée fait son entrée, et un sample narratif sur le cosmos pose l'ambiance. Petit à petit, le groupe s'installe derrière ses instruments. À sa tête : un couple, Jace Lasek et Olga Goreas. Lui au chant et à la guitare, elle, à la basse. La cinquantaine bien tassée, ils irriguent le shoegaze de leur bande de sonorités hard/ blues, puisant dans le psyché et le prog, aussi à l'aise avec les nappes de son que dans le groove. Certains morceaux accrochent, d'autres perdent en impact. Pas déplaisant, mais vite lassant. À écouter d'une oreille (et écouter ses amis de l'autre). Une frite à la cuisine, une bière au bar, à déguster dans les grands canapés de cuir noir le temps de l’entracte, et voilà d’autres Montréalais qui s’installent. Avec une entrée toute aussi discrète que ses prédécesseurs, Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra (TSMZ) maintient son crédo. Toujours à l’écart des projecteurs, refus du star system, peu d’interview… Ce qui donne l’impression que chaque concert est un privilège, une chose rare, un évènement à ne pas rater. La formation est en U, sans frontman ni leader.

Venus honorer son dernier album, Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything, sorti en début d’année, le groupe entame par le titre quasi-éponyme Fuck Off Get Free (For The Island Of Montreal), premier de l’album. L’album était déjà marqué par l’urgence et la détermination, toutes deux ici renforcées par la force du live. Le son est plus brut ; le rendu, plus direct. La setlist se poursuit et nous livre presque la totalité de ce dernier disque (ne manque que Little Ones Run) ainsi que trois autres titres, anciens ou inédits (The State Itself Did Not Agree, ‘Piphany Rambler, All The Kings Are Dead). À groupe discret, concert discret. Les interventions sont rares : « Merci. Notre prochain morceau c’est … » sera la virgule entre les titres. Evidemment avec TSMZ, il ne fallait pas s’attendre à mieux, et tant mieux. Le crédo jusqu’au bout on vous dit ! Le groupe tombe les artifices et livre le cœur même de chaque chose. En musique, le groupe fait de la rugosité sa force. Les chœurs, imparfaits, révèlent une beauté fragile. Distorsion, voix écorchées… tout rappelle qu’avant d’être un groupe étiqueté « post-rock », TSMZ se défini avant tout comme punk. « Aérien », « éthéré », ces mots que l’on retrouve dès que l’on commente du « post- » n’ont aucun sens ici. Le rappel est même dédicacé aux MC5, c’est pour vous dire. Le point d’orgue du concert, comme à chacun de leur show sur cette tournée, sera sans nul doute le prenant et entêtant What We Loved Was Not Enough, qui mérite à lui seul de se déplacer pour être entendu en live. _Martin Van Boxsom


_Le match

La plus sympa Weezer

verything Will Be Alright in The End _On aime : La grandeur, l'ampleur !

La plus vilaine Bill Anderson

life !

_Franchement ? Arrête de faire semblant, Bill.

_Playsound × _Septembre 2014 × _Le Match des Jaquettes × _27

LE MATCH DES JAQUETTES


OCTOBRE 2014 #25 RETROUVEZ - NOUS SUR

WWW.PLAYSOUND.FR

FACEBOOK.COM/PLAYSOUNDMAG

TWITTER.COM/PLAYSOUNDMAG

CONTACTEZ - NOUS

MAG@PLAYSOUND.FR

PLAYSOUND EST UN PROJET DE

© PLAYSOUND 2014 - TOUS DROITS RESERVÉS


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.