Playsound #24

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SEPTEMBRE 2014 #24

The drums merchandise lonely the brave benzo twin atlantic the new pornographers death from above 1979 porter robinson bon iver not scientists camp claude rock en seine agenda des sorties ET PLUS ENCORE...


_PS MAG _Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les différentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la promotion de jeunes talents.

_Septembre 2014 #24 _RÉDACTEUR EN CHEF Elie Dib

_DIRECTEUR DE PUBLICATION Yannis Mouhoun

_RÉDACTION MAG

Sami Elfakir Martin Van Boxsom Elie Dib Marie-Audrey Esposito Matthias Meunier Alexis Dutrieux Evelyne Desmarres Mélanie Simon

_CONCEPTION GRAPHIQUE Matthias Meunier

_CONTACT

mag@playsound.fr

_SITE WEB

www.playsound.fr

_UN PROJET DE :

www.medias-culture.fr

_PLAYSOUND

Playsound est une plateforme culturelle dédiée aux cultures rock. Elle est dotée d’un site d’actualité réactif et moderne, où brèves côtoient chroniques de qualité. Playsound est également un lieu de découverte à l’heure du numérique. Notre démarche s’inscrit dans une volonté de promotion des talents peu connus et de mise en valeur de toutes les formes de créativité. L’équipe de rédacteurs de Playsound forme un ensemble de passionnés tous poussés par la même ambition : partager leur amour de la musique. Nous couvrons l’essentiel de l’actualité musicale dans les styles rock (commerciaux ou non, la bonne musique reste de la bonne musique) : pop, alternatif, punk, heavy, électronique... Nous nous autorisons cependant quelques écarts : aucun dogme concernant les limites (qui sont très subjectives) de Playsound n’est instauré. Nous n’avons en aucun cas la prétention d’être les dictateurs légitimes du goût musical et artistique ; notre seul but est de vous conseiller car nous avons la conviction que la musique est un des grands plaisirs de la vie, forme d’expression de la pensée riche et complexe. Nous avons également à coeur de rendre hommage aux grands groupes et artistes qui ont contribué à la construction de la musique « contemporaine », et de décrypter certains phénomènes musicaux à travers dossiers improbables et éditos décapants.


_04 _06 _08 _10 _11 _12 _13 _14

_NEWS _l'actu en 140 caractères _TALENTS _Talent zoom : porter robinson _dossier : le roundhouse _l'agenda des sorties _dossier : Bristol, le mélange des couleurs _ça n'engage que moi :

_15 _16 _18 _20 _22 _24

_ils l'ont dit _live report : Rock en seine: 22,23 et 24 août _selection PS : merchandise × after the end _chronique : the drums × encyclopedia _chroniques en bref _dossier : Musique, Politique, Histoire

La musique classique : une pute de luxe classée X ?

Partie I : Woody Guthrie, les Portes de la Contestation


_Playsound × _Septembre 2014 × _News en bref × _04

_NEWS EN BREF + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

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_Gerard Way : atterrissage prévu pour la fin du mois

L’ex-leader de My Chemical Romance sortira son premier album solo le 29 septembre prochain sur Warner Music. Intitulé Hesitant Alien, il est d’ores et déjà disponible à la précommande. Way a également levé davantage le voile sur son univers en dévoilant un premier clip ultra-rétro pour le titre No Show. Teaser et tracklist complète de l’album sont en ligne sur notre site.

_Finch : back to business

Cela faisait presque dix ans qu’il se faisait attendre mais le voilà fin prêt à nous livrer le successeur de Say Hello To Sunshine (2005). Après sa reformation fin 2012 pour la tournée anniversaire de What It Is To Burn, le combo avait annoncé dans un premier temps qu’aucun projet concernant la sortie d’un nouvel album n’était à l’ordre du jour avant de créer la surprise un peu plus tôt cette année. Back To Oblivion sortira le 29 septembre sur Razor&Tie. Un premier extrait, Two Guns To The Temple, est déjà disponible.

_New Found Glory revient à la vie

Les choses se concrétisent pour le quatuor ! Celui-ci a d’ailleurs profité de la période estivale pour nous balancer un flot de nouveautés concernant sa nouvelle galette. Son nom ? Resurrection. Sa date de sortie ? Le 7 octobre sur Hopeless Records. Un premier extrait ? Le clip vidéo de Selfless est en ligne. La tracklist et l’artwork de l’album ? En ligne également sur notre site !

_Foo Fighters : sur l’autoroute du rock

On y est : le quintet lève enfin le voile sur la sortie de son nouvel album ! Le huitième opus de la bande, intitulé Sonic Highways, sortira le 10 novembre prochain sur Columbia Records. « On reconnaît instantanément qu’il s’agit d’un album des Foo Fighters, mais il est plus profond et plus musical. Je crois que ces villes et ces gens nous ont incités à voir plus loin et à explorer de nouveaux territoires, sans perdre notre ‘son‘ », explique Dave Grohl. Rendez-vous sur le site officiel du groupe pour précommander l’album et découvrir un court extrait d’un nouveau titre.

_Yellowcard vogue vers un nouvel album

Au début du mois, Yellowcard nous avait laissé avec un très court teaser un peu frustrant confirmant la sortie de son nouvel album pour l’automne. Nos cris de désespoir ont été entendus puisque le groupe a récemment balancé le titre, la date de sortie, l’artwork, la tracklist et un extrait de la nouvelle galette. Lift A Sail, premier album du combo sans son batteur d’origine, sortira donc le 7 octobre sur Razor&Tie. Un premier extrait, One Bedroom, est en ligne sur notre site.


_NEWS EN FIL ROUGE + DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS L’artiste, frontman du groupe Bloc Party, sera bientôt de retour avec deuxième album solo, quatre ans après Boxer. Intitulé Trick, celui-ci sera disponible dès le 13 octobre prochain. Un premier single aux sonorités fortement électro, Doubt, est déjà disponible à l’écoute.

_Karen O : bientôt en solo

_Young Guns balance son nouveau single

Cela faisait un petit moment que le quintet faisait parler de lui sur la toile en dévoilant des teasers. Les choses se sont accélérées le mois dernier puisque Young Guns a présenté son nouveau single, I Want Out, d’abord à la radio, puis en vidéo. Celui-ci figurera sur le troisième album des Anglais, dont la sortie est prévue pour début 2015.

La New-Yorkaise, plus connue pour être le leader de Yeah Yeah Yeahs, s’apprête à faire ses débuts en solo ! Son premier album, Crush Songs, sortira le 8 septembre sur Cult, le label de Julian Casablancas (The Strokes). En attendant, elle nous fait découvrir son univers avec un court premier extrait, Rapt.

_Bonne nouvelle pour les fans de Bastille

_Un projet tout neuf pour Julian Casablancas

_ On en a parlé

Plus connu pour son rôle de leader chez The Strokes, il sera de retour à la rentrée avec son groupe The Voidz. Tyranny, le premier album de la formation, sortira le 22 septembre prochain sur Cult, le label de Casablancas. Envie d’en savoir plus sur ce projet ? Jetez un œil au nouveau teaser de 5 minutes visible sur notre site.

_Le monde merveilleux de Marmozets

Ça faisait un sacré bout de temps qu’on l’attendait et le voici enfin : le premier album des Anglais de Marmozets ! En effet, si le groupe avait sorti plusieurs singles ces deux dernières années, aucune information n’avait encore été communiquée sur la sortie d’un album. On sait désormais que celui-ci, intitulé The Weird And Wonderful Marmozets, sortira le 29 septembre prochain sur Roadrunner Records.

_The Earl Grey en studio

Les Français ont partagé une vidéo pour annoncer leur entrée en studio pour l’enregistrement de leur deuxième album, près de deux ans après We Are Young. On apprend également que Bertrand et Eric Poncet de Chunk!, No Captain Chunk! s’occuperont de la production de la nouvelle galette. En attendant du nouveau son, on vous invite à (re)découvrir la reprise de Monster (Eminem/Rihanna) à la sauce The Earl Grey !

_The Xcerts : du nouveau pour novembre

Les Écossais de The Xcerts ont annoncé la sortie de leur troisième album qui verra le jour plus de 4 ans après son prédécesseur, Scatterbrain. Intitulé There Is Only You, il sortira le 3 novembre prochain via Raygun Music. Un premier extrait, Shaking In The Water, est disponible depuis juin dernier.

Les Londoniens sont de retour avec un titre inédit intitulé Bad News ! Ce dernier est en fait la face B du single Oblivion (dont le clip – featuring Sophie Turner - est en ligne sur notre site) qui sortira le 8 septembre prochain.

_Lenny Kravitz, dont le nouvel album est prévu pour la fin du mois, sera en tournée dans toute la France à l’automne prochain. Détails des dates à retrouver sur playsound.fr ! _Beck viendra présenter son album Morning Phase le 11 septembre pour une date française unique au Zénith de Paris. _Pulled Apart By Horses électrisera le public de La Maroquinerie le 8 septembre prochain avec ses nouveaux titres fraîchement sortis. _Marie-Audrey Esposito

_Playsound × _Septembre 2014 × _News en fil rouge × _05

_Kele : de retour avec un 2e album


_l'actu en 140 caractères X _20 août 2014

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_johnny marr (@johnny_marr) Vous prenez des photos avec votre Ipad ? On devrait inventer un truc qui tient dans la main, prend de belles photos... comme... un appareil photo.

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_Playsound × _Septembre 2014 × _L'actu en 140 caractères × _06

_21 août 2014

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_ÁSGEIR (@AsgeirMusic) L’été n’est pas fini, allez écouter notre sélection estival via @Spotify http://spoti.fi/1ng9HDz

X _22 août 2014

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_busdriver (@busdriverr) J’ai cru voir une féministe black exploser à la fin du nouveau clip de Nicki Minaj

X _22 août 2014

_grimes o_o (@grimezsz) Apparemment je vais devoir suivre un « stage médias sociaux » ajd ahah, pour apprendre à m’empêcher de dire des choses inappropriées en public

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X _24 août 2014

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_cabaret vert (@cabaretvert) Si on dépasse les 80 000 je me rase le crâne" disait le directeur du festival ! #CV10 #CabaretVert #CaCestFait https://pbs.twimg.com/media/Bv05RC5CYAAsYp-.jpg

X X

_rock en seine (@rockenseine) 120 000 festivaliers, 2500 campeurs, 150 mini rockeurs, rendez-vous les 28,29 et 30 août prochain pour la treizième édition de #rockenseine

X _25 août 2014

X

_fryars (@fryars) Je me dis à quel point mon remix de @alt_J est cool https://soundcloud.com/alt-j/dissolve-me-fryars-remix

X _25 août 2014

_FREDDY FOR A DAY (@FREDDYFORADAY) #areyoureadytofreddie http://www.mercuryphoenixtrust. com https://twitter.com/the_MPT http://on.fb.me/1soaHsv #FFAD

X

_Playsound × _Septembre 2014 × _L'actu en 140 caractères × _07

_24 août 2014


_Playsound × _Septembre 2014 × _Talents × _08

_Talents

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll benzo

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Bon

Inutile de vous inquiéter. Si Benzo est le diminutif de « benzodiazépine », pas besoin d’être névrosé pour savourer le style pop/rock/électro de ce groupe 100% français. Formé autour de Thomas et Paul, deux potes d’enfance du Sud de la France, et rapidement rejoint par Benjamin à la basse et Julien à la batterie, le quatuor lance alors l’aventure Benzo. Touchant au rock et à l’électro, mêlant l’organique et le synthétique, la formation joue sur l’ambivalence et la dualité. Pis, l’atmosphère qui ressort de leurs compositions nous invite à rentrer dans l’univers d’une personne normale, avec ses doutes et ses espoirs, ses rapports aux autres et un côté légèrement schizophrène. Nous rappelant par moment feu Pleymo et son opus Rock, Tout Va Bien reflète ce contraste du monde qui nous entoure et où le héros survit plus qu’il ne vit. Sorti courant juillet, ce premier EP du groupe est prometteur, l’alliance de plusieurs registres bien dosés permettant d’apprécier chaque piste tout en méditant sur notre existence et notre place dans la société. Une aventure prenante et réfléchie que l’on souhaiterait fortement prolonger avec un LP à sortir, espérons-le, prochainement.

On n’avait pas entendu parler de Bon Iver (Justin Vernon, Sean Carrey, Mike Noyce) depuis qu'il avait été gratifié d'un Grammy Award en 2012. Depuis, le trio s'est laissé désirer. En juillet dernier, Heavenly Father sort de nulle part et est tout de suite très bien accueilli par la presse. Annonce d'un nouvel album ? Pas du tout. Ce titre sera utilisé pour la BO du dernier film de Zach Braff Wish I Was Here. Quand on sait que ses films ont toujours une playlist digne de ce nom – Garden State – Bon Iver a de quoi être fier. Un autre projet sortirait Bon Iver de son quotidien très folk-rock. On savait déjà que Justin Vernon côtoyait les rappeurs US mais on était loin de se douter que ces rencontres allaient dépasser les vacances entres potes : Jason Feathers, c'est le nom de ce nouveau duo Bon Iver/Astraunotalis. De Oro est leur premier album aux tons agressifs et psychés. Bon Iver aurait-il délaissé sa folk pour revêtir l'habit très hip-hop/électro-rap d’Astraunotalis ? Des riffs de guitares lunatiques et une charleston excitée, on est loin de la douceur de Wisconsin. Heureusement, la voix de Justin Vernon est toujours reconnaissable entre toutes et physiquement rien n'a changé : Justin Vernon a toujours une barbasse de 20 000 jours.

_Genre Pop, rock, electro

_Genre Folk rock, rock indé

_Label Wearebenzo

_Label Jagjaguwar, 4AD

_Pays France

_Pays États-Unis

_Site Officiel http://wearebenzo.com/

_Site Officiel http://boniver.org/ _Elie Dib

iver

_Mélanie Simon


llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #4

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll Not Scientists

llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll camp claude

Quand les désormais célèbres Uncommonmenfrommars décident de faire une pause d’une durée indéterminée en 2013, Ed et Jim ne sont pas du genre à attendre sagement dans leur coin que leurs amplis prennent la poussière. Ils en viennent rapidement à enrôler Le Bazile, batteur des No Guts No Glory pour battre la mesure à leurs côtés puis Thibault à la basse pour laisser à Jim l’occasion de quitter sa ligne pour empoigner une guitare. Nous y sommes, Not Scientists est au complet. L’essentiel, maintenant, c’est de sortir un disque et de commencer à tourner. Et, quitte à produire un punk rock alternatif efficace autant s’entourer de ce qui se fait de mieux. C’est donc Jamie McMann (qui a travaillé avec Nofx, Joey Cape, Tony Sly, , Mad Caddies, Dead to Me, Lagwagon... rien que ça) qui se retrouve aux commandes de Leave Stickers On Our Graves, EP 6 titres teinté power punk-rock dont les riffs de guitare et les chœurs endiablés raviront les fans du genre. Après une tournée canadienne accompagnée des No Guts No Glory et quelques dates dans nos contrées, les Not Scientists débarqueznt avec un nouvel EP. Et si l’envie vous prenait de prolonger l’expérience en live, le groupe sera en tournée en Europe durant tout le mois de septembre accompagné des américains de The Copyrights.

Le groupe Camp Claude s'est formé en 2013, et est composé de la franco-américaine Diane Sagnier, photographe (qui a déjà travaillé pour Metronomy, We Are Match, The Dodoz et Arthur H notamment) et vidéaste (elle a collaboré avec Granville et plusieurs campagnes publicitaires pour les Galeries Lafayette entre autres). Elle a également travaillé avec les compositeurs Mike Giffts (Angleterre) et Leo Hellden (Suède), tous les deux membres du groupe Tristesse Contemporaine. Grâce à ce mix des cultures et à sa créativité, le groupe nous délivre un mélange de musique pop, garage et indie, le tout accompagné de la voix sensuelle de Diane. C’est dans leur studio parisien qu’ils composent leurs titres (les vidéos Trap et Hurricanes en sont récemment sorties) et leur nouvel album, Hurricane EP, qui est sorti fin août. Depuis leur formation, ils ont également pris la route, réalisant les premières parties de Real Estate et Portugal The Man avant de jouer récemment à Rock en Seine. Enfin, ils font partie des heureux finalistes des Inrocks Labs 2014 dont la finale se tiendra au Trianon le 27 septembre prochain. C’est sans nul doute que Camp Claude fait déjà partie des meilleurs espoirs de l’année 2014.

_Genre Punk-rock

_Genre Indie, garage-rock

_Label Delete Your Favorite Records

_Label Indépendant

_Pays France

_Pays France

_Site Officiel http://notscientists.bandcamp.com

_Site Officiel http://campclaude.tumblr.com _Matthias Meunier

_Evelyne Desmarres

_Playsound × _Septembre 2014 × _Talent × _09

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3


_TALENT ZOOM

_Playsound × _Mars 2014 × _Talents zoom × _10

Porter Robinson La jeunesse n’en finit pas d’être épatante. Surtout quand elle provient de la génération 2.0 basée sur les nouvelles technologies. Porter Robinson est tout juste majeur américain (22 ans depuis le 15 juillet), qu’il a déjà tout d’un grand. Bercé par les jeux vidéo (et en particulier les jeux japonais) durant son enfance, le natif de la Caroline du Nord s’est très vite essayé à la musique. À 13 ans pour être exact. Et on ne renie pas ses préférences. Ainsi, alors que les ados de son âge aiment s’essayer sur des instruments à cordes (guitare, piano) ou même au chant, Porter s’est, lui, tout de suite dirigé vers le monde du mixage et des effets « spéciaux » en apprivoisant entre autres des logiciels dédiés à cela tels que ACID Pro. La créativité : voilà un atout du garçon. Car il faut l’être pour promouvoir la sortie d’un nouvel album, ici en l’occurrence Worlds, à l’aide d’une vidéo longue de dix heures. Une audace qui donne envie de se pencher plus sur le personnage. Il en faut aussi pour apparaître subrepticement sur la scène électro et à chaque fois frapper un grand coup. En 2010, alors à peine sorti de l’adolescence, Porter dégaine avec Say My Name et se classe numéro 1 dans le top 100 Beatport, reconnu par la communauté mondiale des DJ’s. Un an plus tard, le surdoué sort son premier EP, Spitfire, et en profite pour signer sur le label d’un certain Skrillex tout juste encensé par ses pairs lors des Grammy Awards. Mais c’est réellement en 2012 que Robinson se fait une place au soleil avec le single Language, titre accrocheur et terriblement efficace. Très vite, l’étiquette de jeune prodige lui est collée à la peau. Sa « dance music » ne laisse personne indifférent et son entrée dans le Top 100 des plus grands DJ’s cette même année force le respect. Depuis, en plus d’écumer les plus grands festivals électro du monde (Tomorrowland et Coacharella pour ne citer qu’eux) et de reprendre avec succès des hits de stars internationales (Lady Gaga, Avicii...), le petit gars n’oublie pas de composer et de se pencher sur son premier véritable LP. Et pour cela, rien ne vaut le confort douillet de son chez-soi. L’Américain le reconnaît d’ailleurs : «  l’absence de scène ne m’affecte pas plus que ça. Je suis le plus heureux du monde à composer chez moi, je suis dans mon élément ». Avec Worlds, ce geek des manettes donne un goût d’heroïc fantasy au futur sur un fond vintage. Complètement barré certes, mais plutôt prometteur pour un jeune homme plein de ressources. À vous donner envie de ressortir votre vieille Mega Drive et offrir une nouvelle vie aux jeux d’arcades qui ont bercé votre adolescence. _Elie Dib

_Genre Electro _Label Astralwerks / EMI _Pays États-Unis _Site Officiel http://www.porterrobinson.com


Le roundhouse

Le Roundhouse est un bâtiment datant de 1847 situé à Chalk Farm au nord de Camden à Londres. Il est bâti sous forme circulaire comme une rotonde, d’où l’origine de son nom. À ses débuts, le bâtiment était utilisé à des fins ferroviaires et notamment comme abri de locomotives jusque dans les années 1940. Mais le Roundhouse tombe en ruine juste avant la seconde guerre mondiale. Il sera rénové et rouvrira en 1964 mais cette fois-ci comme salle de spectacles. La troupe de théâtre Centre 42 Theatre Company s'y établira pendant quelques décennies, permettant au lieu de prendre une place importante dans la vie musicale de Londres. En effet, durant les années 60-70, de grands groupes ou artistes tels que The Rolling Stones, David Bowie, Led Zeppelin et The Doors joueront dans ce tout nouveau bâtiment dont la salle intérieure est elle aussi circulaire, à l'image de l’architecture extérieure. En 2004, le Roundhouse ferme à nouveau ses portes pour être rénové. Depuis sa réouverture en 2006, sa programmation est très variée: de nombreux concerts, pièces de théâtre, comédies musicales et spectacles de cirque se tiennent dans cette salle. Le Roundhouse accueille également une librairie, une galerie d’arts, mais aussi des organisations locales comme le "Roundhouse Poetry" (un programme d’un an pour les 16-25 ans permettant aux jeunes poètes de développer leurs compétences d’écriture et leurs performances scéniques), le "Bloomberg Broadcast Volunteer Programme" (qui fournit une formation professionnelle et haut de gamme pour des cinéastes émergents), le "Roundhouse Digitals Productions" (une entreprise de création mise en place l’année dernière) et divers programmes pour les jeunes de 11 à 25 ans leur permettant d'acquérir, entre autres, soit des compétences de producteur /présentateur radio, soit de DJ, soit de web-designers.

En plus de tous ces programmes, le Roundhouse élargit sa programmation avec tous les étés en août la mise en place d’une « plage » avec transats sur la terrasse du premier étage où vous pouvez sirotez un petit cocktail en vous prélassant après une bonne journée de shopping ou de visites dans la capitale anglaise. Mais le Roundhouse est notamment connu comme étant une salle de concerts accueillant tout au long de l’année de nombreux artistes mais également, et ce depuis 2009, le fameux Itunes Festival où toutes les places sont données par invitation via un tirage au sort ouvert uniquement aux Britanniques (tous les concerts sont retransmis en direct sur Internet). Ces dernières années ont vu défiler de grands noms comme Coldplay, Muse, Queens of The Stone Age, Lady Gaga ou encore Paul Mc Cartney. Cette année encore, le festival se tiendra au Roundhouse pendant tout le mois de septembre avec la venue notamment de Kasabian, Robert Plant, David Guetta et autres. Si vous n’avez pas votre sésame et que vous êtes sur Londres, vous pouvez toujours aller boire un verre au bar du Roundhouse ou manger un morceau au restaurant dont le menu est concocté par un chef français. Vous aurez peut-être ainsi l’occasion d’y croiser pourquoi pas une tête connue du cinéma, de la télévision ou de la musique. En résumé, le Roundhouse est une organisation culturelle et un lieu de rencontres qui promeut la culture dans divers domaines, l’innovation et la créativité dans un endroit très atypique. _Evelyne Desmarres

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _21

_dossier


_Agenda des sorties 01-09

The Kooks

Listen

Mercury

02-09

_Playsound × _Mars 2014 × _Agenda des sorties × _12

The vines

wicked nature

Wicked Nature Music

08-09

interpol

el pintor

pias

08-09

robert plant

Lullaby and… the Ceaseless Roar pias

09-09

karen o

crush songs Cult Records

09-09

american hi-fi

blood & lemonade rude records

22-09

alt-j

this is all yours pias

22-09

lenny kravitz strut kobalt

29-09

prince

Plectrumelectrum & Art Official Page warner bros

29-09

The Dø

shake shook shaken get down!


Bristol, le mélange des couleurs En Grande-Bretagne quand on parle musique, on en vient très rapidement à Liverpool et Manchester pour leur indéniable contribution à la musique pop au cours de ces 50 dernières années, ou à Londres et son conséquent bassin de musiciens dévoilant chaque jour de nouveaux groupes excitants. Mais on oublie très souvent la fameuse ville portuaire de Bristol. Longtemps décrite comme ayant une atmosphère particulière, l’ancienne plaque tournante du commerce des esclaves et du textile s’est par la suite transformée en une ville définie par son melting-pot démographique et culturel.

Reggae et mixité sociale À travers les décennies, la ville de Bristol a accueilli de nombreuses influences venant de différents horizons. En effet, au cours des années post-guerres mondiales durant le XXème siècle, des immigrés se sont installés dans différentes villes britanniques. Bristol a de son côté vu l’arrivée de nouveaux habitants tout droit venus des Caraïbes, d’Asie du Sud ou de pays africains, créant ainsi une réelle diversité au sein de la population locale. Rapidement, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, cette nouvelle mixité sociale aboutit sur l’émergence de la musique reggae dans la ville du sud. Petit à petit, des groupes voient le jour et sont signés sur des labels indés pour tourner dans la ville. Certains d’entre eux jouaient un sous-genre appelé Roots reggae et gagnèrent une réputation nationale, comme Talisman, Black Roots ou 3D Production. On trouve dans les paroles de certains d’entre eux des tenants politiques décrivant les conditions difficiles de la banlieue de St Pauls où la communauté jamaïcaine était installée, parfois victime d’abus de la part des autorités. Mais au cours de ces années là, la fréquentation des clubs à considérablement évolué. Des fans de musique ayant des origines différentes et issus de classes sociales opposées se rejoignirent pour danser dans les mêmes lieux et prendre part aux mêmes événements.

La naissance du trip-hop Le Dug-Out, club historique de la ville, a ressenti cette évolution dans la fréquentation mais aussi dans la musique. Les années 1980 ont vu l’émergence de nouvelles technologies liées à la musique électronique, ce qui signifie de nouvelles façons de créer. Le hip-hop a traversé l’Océan Atlantique et a influencé de nouveaux DJs tels que Nelle Hooper et Miles Johnson. À l’époque, le Dug-Out n’était qu’un club de sound-systems, mais par la suite il lancera la carrière d’un des groupes les plus importants des 90’s, Massive Attack, et un nouveau genre appelé trip-hop, mélangeant des sonorités jazz, blues et hip-hop. Bristol était l’épicentre de ce mouvement quand les Massive Attack sortirent leur premier album Blue Lines au début des années 1990 et gagnèrent une réputation nationale. La ville expérimentait également une véritable culture underground avec des rave party organisées dans des bâtiments abandonnés et avec l’apparition du street art sur les murs réalisé par des artistes comme 3D (futur membre de Massive Attack) et Banksy. Le trip-hop est devenu d’autant plus expérimental à cette époque avec l’arrivée de l’autre groupe de la ville, Portishead, qui en deviendra également un digne représentant dans le pays. Ainsi, de part le multiculturalisme artistiquement prolifique de sa population aboutissant notamment sur l’apparition d’un nouveau genre musical, Bristol est incontestablement devenue une des villes musicales majeures de Grande-Bretagne. Un souffle nouveau auquel peu de groupes auront survécu aujourd’hui près de quinze ans après, mais qui aura influencé tout le pays et marqué l’histoire de la ville. À venir dans le prochain numéro de Playsound Mag : Bristol, que reste-il ?

_Sami Elfakir

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _13

_dossier


_Playsound × _Septembre 2014 × _Ça n'engage que moi × _14

_Ça n'engage que moi

La musique classique : une pute de luxe classée X ? Non, ce n'est pas la musique de la pub pour le parfum de Diesel, c'est un trio pour violon, violoncelle et piano – opus 100, 2ème mouvement – de Schubert. Non, ce n'est pas non plus la musique d'une publicité vantant les mérites d'une Peugeot mais bien la Messe de Requiem de Giuseppe Verdi : Dies Irae, composée en 1874. La musique a une étrange manière de parvenir à nos oreilles : en fond sonore, en outil de manipulation ou en accompagnement à peine remarqué. Elle est totalement désacralisée. Qui n'a pas vécu un jour dans sa vie l'expérience glauque du parking souterrain aux effluves très désagréables et aux musiques classiques crachées par les haut-parleurs ? Party Rock Vivaldi. Malgré cette traite barbare, la musique classique est toujours là : au détour d'une station de métro, dans un film de Kevin Costner ou dans une pub Nespresso. Elle est même utilisée pour rétablir l'ordre. Ses usages sont donc multiples. Ainsi, on ne sait plus trop comment se positionner quant à sa réception dans la Société : elle est puissante mais malmenée, elle est un moyen au service d'une fin : vendre. Pourtant, la musique est un lieu sacré de la culture et comme tout art qui se respecte, elle n'apprécie pas d'être sur le banc de touche : elle veut jouer. Il est où le temps où l'on écoutait de la musique classique parce que... parce que rien justement ? Écoute-t-on encore véritablement la Lettre à Elise où n'est-elle devenue qu'un signal sonore qui s'arrête lorsque l'on décroche son téléphone ? Opposée à la musique populaire, la musique classique tient une place ultra-selec’ dans la noblesse sonore. Elle est étiquetée. Pour preuve, c'était en 2012 : trop de jeunes dans le parc de Courtrai au mois de juillet et cela gêne : graffitis en pagaille, trafics de drogues, déchets en tout genre. Ce n'est plus vivable. « Que faire ? » se demande le maire de la ville belge. Diffuser de la musique classique, évidemment !

Comme un insecticide dégage les moustiques, la musique classique dégagera la racaille ! Pourquoi sortir les grands moyens alors que l'on peut exhiber les grandes sonates ? Manifestement peu impressionnés, les jeunes en question ne sont pas dérangés par la musique, bien au contraire. Le maire est alors touché et coulé par les clichés. En effet, la musique pénètre l'âme et comme le disait Aristote « adoucit les mœurs ». Selon Platon, la musique est « partie maîtresse de l'éducation » et son écoute sert à donner le sens de la mesure et de l'ordre aux enfants en guise de prélude à l'âge de raison. Alors M. le maire, la musique doit-elle faire fuir la jeunesse ? Non, elle doit l'attirer. C’est ce qu’a très bien compris l’association Papageno fondée en 1998. Son but : développer l'écoute et la pratique de la musique de chambre dans les écoles, les hôpitaux et même les prisons. Aujourd'hui plus de 200 musiciens professionnels touchés par le projet participent à l'association. Une bonne part de « classique pour tous ». Dans les publicités pour vendre un produit ou dans les parcs pour faire fuir les jeunes, la musique classique est manipulée pour devenir manipulatrice. Accessible à tous aujourd'hui, elle est devenue un atout pour le marketing et les parkings. Toutefois, bien qu'étant devenue une prostituée du capitalisme, la musique classique n'a pas perdu de son charme et n'a pas vieilli. Si elle n'a pas perdu de sa grâce, tous ses usages multiples et variés pourraient nous pousser à dire que si elle a perdu quelque chose, c'est le nom de celui qui la compose. Revoir ses clichés et reconsidérer la différence entre « entendre » et « écouter » est donc de rigueur. Mais cela, ça n’engage que moi.

_Mélanie Simon


“Un des trucs les plus horribles que j’ai jamais vu dans ma vie fut Miley Cyrus et Madonna en duo à la fin de son show Unplugged.”  The Guardian

“Je pense qu’en tant qu’artiste ça chamboule un peu ton esprit. [...] Tu te mets à penser : « Qu’est ce qu’ils font que je ne fais pas ? » alors que tu devrais juste faire ton truc à toi.”  NME

_Sami Elfakir

_Playsound × _Septembre 2014 × _Ils l'ont dit × _15

du nouvel album des Red Hot Chili Peppers

Jake Bugg

sur le fait d’être allé à peu de concerts

“On bosse dessus tous les jours [...] On a composé une trentaine de chansons maintenant”  Noise 11

Rufus Wainwright

“J’aurais souhaité que Kurt Cobain soit encore vivant et que personne d’autre n’ait à chanter ses chansons. ” The Guardian

Josh Klinghoffer à propos

Annie Clark (St Vincent)

à propos du live de Nirvana au R&R Hall of Fame

_Ils l'ont dit


_Playsound × _Septembre 2014 × _Live report × _16

_Live report

Rock en seine: 22,23 et 24 août LE rendez-vous de la fin de l’été. Outre la programmation alléchante (Arctic Monkeys, The Hives, The Prodigy, Portishead, Lana Del Rey, Queens Of The Stone Age), le festival proposait des nouveautés : une scène Ile-de-France en intérieur et un stand vinyles et labels. Pour ce week-end, quoi de mieux que deux rédacteurs de Playsound pour témoigner ? Evelyne et Alexis à la plume. 15h30. La foule normalement rare si tôt dans l’après-midi se masse autour de Cage The Elephant. Matt Schultz électrise la foule au son de leurs succès Aberdeen, Shake Me Down, In One Ear... Le chanteur est toujours aussi délirant, avec sa gestuelle à la Iggy pop. Le premier show. Le meilleur show ? C’est oublier Gary Clark Jr qui livre son blues rappelant Joe Bonamassa, les maîtres du Delta mais aussi les live du Allman Brothers Band. Magistral et envoûtant. Le temps est alors à la balade entre le village disquaire et l’expo Rock Art réunissant des affiches d’artistes présents. 18h45. Il s’agit de retrouver notre Jake Bugg. Il semble perdu sur une scène trop grande pour lui. Ses albums studio sont plaisants mais dès qu’il prend une électrique en live, tout devient fade. Autant écouter le disque. Son manque de présence l’empêche d’emporter le public avec

des titres comme Lightning Bolt ou Seen It All. On quitte cette nostalgie Dylanesque pour passer à celle de Blondie. Avec Deborah Harry, le temps fait l’affaire : quand on vieillit, on vieillit. Mais le concert est très agréable, plaisant, le public chante tous les tubes le sourire aux lèvres. Un rayon de soleil. Nous courrons vers la scène IDF pour écouter le phénomène Velvet Veins. Un blues psyché venant tout droit de Cream, Captain Beefheart, Jimi Hendrix (etc., etc., etc.,) qui nous convainc, nous charme, nous transporte. LA révélation du festival. Viennent ensuite les Suédois de The Hives qui livrent comme à leur habitude un live déjanté et dynamique avec Come On !, Tick Tick Boom, Walk Idiot Walk et Hate To Say I Told You So. Le public n’est cependant pas à la hauteur de l’excitation du groupe qui ne cessera de reprocher les silences entre les chansons. Sur l’autre scène, Mac deMarco déconne lui aussi :


les chansons restent identiques aux albums mais peu importe, le groupe est là pour s’éclater, faire les cons : une corde de la guitare se casse ? OK, faisons une reprise marrante de Yellow de Coldplay... Les Arctic Monkeys clôturent cette première journée. Suspens. Ont-ils progressé en live ? Toujours aussi peu de communication avec le public mais le groupe s’affirme : les chansons s’allongent, Turner bouge (un peu !) sur scène, des petites impros (le riff de Children of the Revolution de T Rex). Un de leurs meilleurs concerts. Toujours est-il que de nombreux festivaliers sont déçus. Nous faisons ensuite comme la pluie en retournant d’où l’on est venu : chez nous.

Oh ils sont forts, oh la scène est trop grande pour eux quand même, oh on les aime. Ah oui pardon : les Thee Oh Sees sur la scène de la cascade à 17h45. On passe voir The GOASTT : le groupe de Sean Lennon et sa Dulcinée qui distille une pop psyché proche de Tame Impala avec des solos de guitares parfaits. Un petit voyage, très plaisant. Après on a diné. Oui, oui. On a bu aussi. Enfin, bref. Presque tous les festivaliers sont là pour écouter Portishead qui fête les 20 ans de Dummy. On pourrait se laisser abattre par la lenteur du son mais la magie opère, les écrans diffusent des images envoûtantes se mêlant à la voix de Beth Gibbons. Bien sûr, Glory Box dépasse toutes nos attentes et efface nos appréhensions. Il a fallu rater Joey Bada$$ d’abord puis François & The Atlas Moutains pour voir Flume. Son « live » ne change pas énormément de l’album (sauf une prestation magistrale de Holdin’ On) mais toute la foule se laisse porter au son de l’Australien tout simplement époustouflant. Nous fuyons The Prodigy pour voir The Horrors. Le groupe se plaît à être ici, leurs chansons assez hétéroclites (en raison de l’évolution permanente et fascinante de leur son) s’enchaînent très bien mais...le son est très moyen, crachote un peu... On quitte alors les Horrors pour... Prodigy ! Finalement, c’est une bonne surprise. Inécoutable (avis très personnel) en studio, sur scène le groupe prend toute son envergure et TOUTE la foule est transportée, prise par des spasmes inexplicables... Une parfaite tête d’affiche tout compte fait. Nous partons et passons St Vincent (selon les dires c’était très bien...voilà).

Jour 3 On assiste à la fin du concert des Blood Red Shoes. Laura-Mary Carter (chanteuse et guitariste) est toujours aussi séduisante avec sa belle voix et Steven Ansell (batteur) toujours aussi énergique. Le set se termine sur une belle note et un beau riff, Steven debout sur sa batterie. Les amateurs de métal se réunissent devant Airbourne. Pas notre tasse de thé, mais on y reste quelques minutes, le temps de constater l’énergie dégagée par le groupe arrivé sur scène sur la musique de Terminator (très belle introduction pour un concert !). Nous nous retrouvons devant Warpaint. Belle surprise ! Alors que l’on pouvait s’attendre à un concert plutôt soporifique (malgré leurs très belles compositions), les quatre filles dans le vent ont dynamisé leur musique notamment sur des titres comme Bees et Love is To Die. Malheureusement cette énergie s’est effacée sur la fin. Notre curiosité nous attire vers Brody Dalle (la femme de Josh Homme des QOTSA) : elle livre un rock brut, proche du grunge avec sa voix très masculine qui semble ravir la foule. Back au village des disquaires afin de suivre la

séance de dédicaces des Blood Red Shoes organisée par Fargo : ils signent sur tout objet (ticket, disque, gobelet...) et vendent leur vinyle en jouant le jeu (Steven est très heureux et sourit à chaque personne qu’il voit). Ce système de dédicaces existe depuis quelques temps sur d’autres festivals aux US ou au Royaume-Uni mais c’est la première fois qu’il est organisé à Rock en Seine – une très bonne idée. Espérons que ces séances perdurent les prochaines années. Nous ratons Thurston Moore, happés par l’énergie soul/jazz/funk de Janaell Monaé qui apporte une joie de vivre, un groove, une énergie qui transportent le public, le font danser, lui font reprendre en chœur des chansons généralement inconnues (sauf la reprise de I Feel Good of course)... Du jamais vu depuis Caravan Palace en 2012. Lana Del Rey. Oh un gros mot. Oh des grosses lèvres. Oh une femme qui chante assez faux. Mais le public lui pardonne ses fausses notes et offre un bel accueil à la belle américaine qui se lance dans une séance de selfies et de dédicaces très sympathique pour ses fans. Bravo. Mais bon maintenant Lana oust car place aux Queens Of The Stone Age !!! Oui on aime bien. Le show est impeccable, le groupe prend un énorme plaisir à jouer ici, aucun rappel, 20 minutes de concert en plus, un pogo absolument énorme, des hits imparables... Parfait. L’édition 2014 prend fin. Elle aura tenu toutes ses promesses : des bons live, des animations, de la bonne humeur, de la pluie. _Evelyne Desmarres & Alexis Dutrieux

Merci à Sophie Jarry pour sa photographie des QOTSA.

_Playsound × _Septembre 2014 × _Live report × _17

Jour 2



merchandise

after the end

_Musicien

Carson Cox × Dave Vassalotti × Patrick Brady × Elsner Nino × Chris Horn

_Producteur Merchandise

_Label

BEGGARS

_Date de sortie 25/08/2014

_Tracklist

06_Telephone 07_Little Killer 08_Looking Glass Waltz 09_After The End 10_Exile And Ego

Intéressant ce groupe qu’est Merchandise. Trio formé à Tampa en 2008, punk sur le fond et pop sur la forme, on peut dire que la formation aime jouer avec les clivages musicaux. Après avoir sorti de nombreux mixtapes sur des labels punk indépendants et une révélation au grand public en 2012 avec Children of Desire, on retrouve aujourd’hui le combo avec une nouvelle galette produit par eux-mêmes et qui continue de surfer sur un style mêlant pop, cold wave et goth-rock. Après une introduction instrumentale pas forcément très convaincante (Corridor), les dés sont vraiment lancés avec Enemy aux accents pop-punk vintage. Si ce morceau est plutôt plaisant à écouter, il n’en reste pas moins filiforme et manque d’un soupçon de folie. On retrouve d’ailleurs ce vilain défaut sur plusieurs titres pourtant pas mauvais dans l’ensemble (la ballade pop True Monument, le goth et rétro Green Lady). Toutefois, certains passages fleurent bons l’été et vous permettront de faire la transition avec la rentrée en douceur (le pop/rock Little Killer). De même, on retrouve certaines influences notables (The Smiths, The Cure) qui ne laissent pas indifférent (After The End). Tout n’est donc pas à jeter dans cet opus même si l’on en ressort mitigé. En effet, si la formation propose un son atypique et nous ramènent quelques décennies en arrière (et plus particulièrement dans les années 80), il n’en reste pas moins un album difficile d’accès. On ne conseillera donc After The End qu’à un public averti qui saura apprivoiser l’univers d’une formation non dénuée de qualités. On aime : Enemy, Little Killer, After the End _Elie Dib

DICT

DICT

VER

_ Orchestrations 3,5/5 _ Créativité 3/5 _ Intérêt 2/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 1/2 _ Artwork 0,5/1 _ Note globale 12/20

VER

_Playsound × _Septembre 2014 × _Séléction PS × _19

01_Corridor 02_Enemy 03_True Monument 04_Green Lady 05_Life Outside The Mirror


encyclopedia

_ChroniQUE

THE DRUMS _Genre

Indie Pop, Neo-psychédélisme, New Wave

_Producteur

The Drums

_Label

Minor Records / La Baleine

23_ 09_ 14_

_Tracklist

01_Magic Moutain 02_I Can’t Pretend 03_I Hope Time Doesn’t Change Him 04_Kiss Me Again 05_Let Me 06_Break My Heart 07_Face Of God 08_US National Park 09_Deep In My Heart 10_Bell Laboratories 11_There Is Nothing Left 12_Wild Geese


Changement de cap. Non, non, on ne parle pas de la politique gouvernementale mais du troisième album des Drums, Encyclopedia, dans les bacs le 23 septembre. Trois ans après Portamento, les New Yorkais reviennent à la charge avec un album qu’ils qualifient de « magique et surprenant »... C’est ce que l’on va voir messieurs. En 2013, Connor Hanwick quitte le groupe. Le deuxième des quatre membres à abandonner le navire après Adam Kessler en 2011. Le chanteur Jonny Pierce déclare, non sans humour et honnêteté, que les Drums sont constamment menacés par le spectre de la séparation... Il ajoute, en évoquant l’élaboration d’Encyclopedia, que cette situation les a entraînés vers des chemins risqués, ce qu’ils recherchent. Il raconte : « C’était un retour à la case départ. Jacob et moi étions depuis les débuts du groupe les cerveaux. Désormais, nous pouvons prendre toutes les décisions que l’on souhaite ». Il s’agissait donc pour le groupe de trouver une nouvelle inspiration. Où vont-ils la chercher ? Comme de nombreux groupes : du côté du psychédélisme. Si les deux premiers albums tournaient souvent autour de la surf music, de la pop sucrée, gentillette, optimiste, (etc., etc.), ici le groupe livre un son au tempo plus rapide avec des effets inédits chez eux empruntés tant à MGMT (le début de Kiss Me Again rappelle celui de Time To Pretend) qu’aux Thee Oh Sees, s’approchant davantage de la Power Pop (la guitare est bien plus rageuse, plus dans le riff, plus rapide). Un nouvel élément fait également son apparition : la tristesse, la mélancolie... la dépression oui. Les textes sont bien plus tristes qu’à leurs débuts avec pour exemple le titre I Hope Time Doesn’t Change Him. Tout est plus ténébreux dans ce nouvel opus : le premier single Magic Moutain en est une preuve en partie en raison de l’inspiration Pixies. L’album est ténébreux. Tout ?! Non ! Un procédé d’irréductible pop sucrée résiste encore et toujours à la tristesse ! Les chœurs. Toujours aussi efficaces. Toujours aussi bien utilisés (bien mieux que certains nouveaux groupes en tout cas). Ils nous amènent toujours une fraîcheur qui épouse à merveille la mélodie. La voix de Pierce se distingue toujours des autres (tout particulièrement ici) rappelant par moments celle du chanteur de MGMT (l’album aurait d’ailleurs pu être signé MGMT lorsque l’on écoute certains titres) ou la fragilité de celle du chanteur de Van Der Graff Generator.

_Alexis Dutrieux

DICT

_ Orchestrations 4/5 _ Créativité 4/5 _ Intérêt 4/4 _ Lyrics 2/3 _ Cohérence 2/2 _ Artwork 1/1 _ Note globale 17/20

DICT

VER

Cet album est une réconciliation des contraires, caractéristique des Drums : le chanteur affirme ne pas connaître le « véritable bonheur » alors que tout dans sa musique passée, son physique, son caractère reflète un homme optimiste, souriant ; le même souhaitait un album « garage » (clairement audible sur une grande partie de l’album) alors que Jacob Graham propose une musique plus calme, avec davantage de synthés aux sonorités nippones (sur Bell Laboratories par exemple) ; derrière l’aspect plus brut, plus dur de cet album, se dissimule une grande sensibilité ; un son et des paroles plus sombres mais des chœurs et des sifflements apportant une sorte de lumière dans cette obscurité ; une pop à l’apparence simpliste mais qui révèle sans cesse de nouveaux trésors au fil des écoutes. Dans une interview, Pierce décrit ainsi leur ambition : « Lorsque nous ne serons plus, nos disques perdureront. Nous voulons laisser une grande œuvre, conceptuelle, belle, scintillante. Nous pensons sur le long terme, genre jusqu’après notre mort ». Nous avons en effet affaire à une grande œuvre, qui laissera sa marque grâce à de magnifiques compositions telle Wild Geese clôturant le disque le plus parfaitement possible. Magique, et surprenant.

VER


_chroniques en bref lonely the brave The Day’s War

Un son brut, sans fioritures, du rock, du vrai – voilà ce que le quintet a à nous offrir. La sincérité de la démarche de ces Anglais ainsi que leur passion transparaissent aussi bien dans les paroles que dans les mélodies de leurs compositions. À une époque où la tendance est souvent aux effets électroniques en tout genre, c’est avec plaisir que l’on se plonge dans la découverte d’un univers plus épuré. On y découvre une identité forte nourrie par la technique de chacun des cinq musiciens ; bref, une véritable empreinte musicale reconnaissable instantanément. Des notes planantes de son Intro jusqu’à celles de son Outro qui conclut le voyage, la formation se veut captivante. _On aime : Deserter, Victory Line, Call Of Horses

_Playsound × _Septembre 2014 × _Chroniques × _22

_Marie-Audrey Esposito

benzo

tout va bien

Natif de Paris, Benzo a tous les atouts pour captiver l’assistance. Ici, point d’artifices, la formation joue sur un tryptique pop/rock/électro sympathique. Pis, tous les morceaux sont en français, hommage à la langue de Molière. Ainsi, le combo propose six titres pêchus qui donnent envie de se bouger et de taper du pied sur le sol. Sans être révolutionnaire, cet EP est appréciable et s’écoute sans aucune difficulté. Si les textes sont assez simples et mériteraient d’être un peu plus approfondis, on ne peut qu’encourager nos petits Français à poursuivre “leur route” et gravir les échelons étape par étape. _On aime : Making Money Machine, Sur Ma Route

_Elie Dib

Twin Atlantic The Great Divide

Ne tournons pas autour du pot trop longtemps, The Great Divide est une réussite. Les ingrédients qui avaient fait le succès de Free sont toujours là, mais le tout prend une nouvelle dimension. Les titres sont plus massifs, visiblement le résultat de trois années passées à fouler les scènes des plus grands festivals devant un parterre de fans conquis. Sans pour autant déboussoler qui que ce soit, Twin Atlantic a su évoluer vers un son plus ambitieux. Le charmant accent de McTrusty apporte toujours autant de relief à l’ensemble. La section rythmique est impeccable et les riffs de guitare, très inspirés, donnent une véritable dynamique aux compositions. Étape du deuxième album réussie ! _On aime : Hold On, Cell Mate, Oceans

_Marie-Audrey Esposito


the new pornographers brill bruisers

Comme l’avait annoncé son principal compositeur, Brill Bruisers sonne comme une célébration. Une renaissance explosive où la pop, habituellement mélancolique, des New Pornographers vient se teinter, tout en nuance, d’ambiances tantôt psychédéliques, tantôt électro pour délivrer un véritable concentré d’énergie. Habilement déployés tout au long de l’album, effets sonores synthétiseurs-pop et arrangements « catchy » nous feraient presque oublier la majestuosité foudroyante de leurs précédents opus. Encore fallait-il être prêt à ce revirement musical, ce que les fans de la première heure auront peut-être un peu de mal à digérer. _On aime : Brill Bruisers, Champions of Red Wine, War On The East Coast

Death From Above 1979 The physical world

DFA1979, duo canadien complètement déjanté, n’avait rien pondu depuis 10 ans. À peine avions-nous eu le temps de goûter à son rock énergique avec You’re A Woman, I’m A Machine que le combo avait annoncé sa dissolution. Le voici de retour, définitivement prêt à nous faire headbanger à gogo. Car DFA ne fait pas dans la dentelle ; à bloc pendant un peu plus de 35 minutes, les deux musiciens nous rappellent qu’il n’est pas nécessaire d’être nombreux pour faire beaucoup de bruit. Une performance épatante pour un retour clairement réussi. _On aime : Virgins, Nothin' Left, Government Trash _Marie-Audrey Esposito

porter robinson worlds

Worlds est tout simplement incroyable. Bien évidemment, les non-adeptes de la musique électro n’y verront qu’un amas de morceaux superficiels et de suite de sonorités trafiqués et sans aucune cohérence. Mais ce serait une grave erreur. Car cet opus regorge de richesses sonores. Sans lasser (douze morceaux), Porter Robinson réussit à nous captiver et à partager des histoires au travers de morceaux qui se renouvellent à chaque écoute. Difficile de rester indifférent au style de ce jeune compositeur surdoué qui risque fort de se faire un nom rapidement sur la scène électro. _On aime : Sad Machine, Divinity _Elie Dib

_Playsound × _Septembre 2014 × _Chroniques × _24

_Matthias Meunier


_dossier

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _24

Musique, Politique, Histoire Partie I : Woody Guthrie, les Portes de la Contestation « Hey, Woody Guthrie, but I know that you know / All the things that I'm saying, and many times more / I'm a singing you the song, but I can't sing enough / Cause there's not many men that done the things that you've done », chantait Bob Dylan sur son premier album. Qui était Woody Guthrie ? L’un des premiers chanteurs folk, le plus grand d’entre eux, et le plus contestataire. Rien que ça. Être communiste aux États-Unis, ce n’est pas facile. Woody l’était (sans jamais avoir rejoint le parti), et il ne le cachait pas, au contraire. La contestation, il l’a dans le cœur mais aussi et surtout sur sa guitare où était inscrit « This machine kills fascists » et dans ses paroles (avec la chanson All you fascists bound to loose). Sa vie ne fait que mêler musique et politique : il ouvre ainsi la voie à la musique contestataire, aux Dylan, Springsteen, punks... C’est le premier. Suivre le fil des voyages de Guthrie, c’est lire un roman de Steinbeck. Originaire de l’Oklahoma, il quitte l’État en raison du Dust Bowl et de la Grande Dépression des années 30 afin de rejoindre comme beaucoup d’autres (les Joad des « Raisins de la Colère ») la Californie, la nouvelle « land of opportunities ». Sur sa route, il suit les migrants qui le sensibilisent à la country et au blues. De nombreux surnoms lui sont donnés parmi lesquels « The Dust Bowl Troubadour » ou encore « The Oklahoma Cowboy ». Durant son voyage, il rédige de nombreux textes dont une chanson intitulée Tom Joad... Surprenant ? Très vite, sa guitare devient son arme principale et il tire sur tout ce qui représente l’ordre Républicain au pouvoir : soutien aux supposés criminels anarchistes Sacco et Vanzetti (qui seront exécutés en 1927 puis blanchis en 1977) avec la chanson Two Good Men, concerts devant des entreprises fruitières et les forces de l’ordre, attaques physiques... Il devient très populaire parmi les migrants et séjourne à de nombreuses reprises en prison. Woody apporte à travers les États-Unis une tempête non pas faite de poussière mais de rêves et de liberté. En 1936, Franklin D Roosevelt arrive au pouvoir. Un démocrate, enfin. Qu’advient-il de la lutte de Guthrie ?

D’abord, pourquoi « Woody » ? En hommage à Woodrow Wilson, candidat démocrate élu en 1912, l’année de la naissance de Woody. Il soutient alors sans concession la politique de ce premier président démocrate depuis Wilson : le New Deal. Ce dernier devait aider les populations les plus pauvres, leur offrir de nouvelles opportunités, améliorer leurs conditions de vie. Guthrie décide alors de chanter pour les ouvriers participant à la politique de grands travaux devant relancer l’économie, accroissant sa popularité.


Pete Seeger, Millard Lampell, Lee Hays et Woody Guthrie sont les Almanac Singers. Seeger... Guthrie... les plus grands chanteurs folk de l’Histoire avec leur disciple des 60’s : Bob Dylan. De 1940 à 1943, ces quatre agitateurs publics vont remuer le pays de l’Oncle Sam en aidant les ouvriers du CIO (syndicat Américain), en défendant le pacifisme en pleine Seconde guerre mondiale et en dénonçant le racisme et les abus du capitalisme. Ils sont tous membres du Popular Front, la coalition des partis libéraux, socialistes et communistes visant à combattre le fascisme. Ces valeurs sont profondément ébranlées en 1941, lorsque l’Allemagne nazie lance l’opération Barbarossa et envahit l’URSS : le temps du pacifisme est révolu, celui de la lutte s’impose. Ils écrivent donc la chanson ‘’Dear Mr. President’’ à l’adresse de Roosevelt dans laquelle ils clament : « So, Mr. President, / We got this one big job to do / That's lick Mr. Hitler and when we're through, / Let no one else ever take his place / To trample down the human race. / So what I want is you to give me a gun / So we can hurry up and get the job done ». Mais le parti démocrate américain n’étant pas un parti de gauche au sens européen du terme, cette demande belliqueuse est très mal reçue. Le gouvernement et la presse accusent les Almanac Singers d’être de dangereux communistes mettant en danger les valeurs du pays, voulant pervertir la société. Un journal new-yorkais titre en 1942 « Commie Singers try to infiltrate Radio » après qu’ils aient enregistré une chanson évoquant la mort nécessaire et rapide du moustachu Allemand... En 1943, le groupe est forcé de se séparer sous des pressions gouvernementales. Voici ce que coûte la contestation dans le pays de la liberté. Voilà Woody en solo. Comme toujours.

Il faut attendre 1944 pour que paraisse la chanson la plus célèbre du cowboy de l’Oklahoma : This Land is Your Land. Avec ce titre, il ne se contente pas de mêler des paroles à de la politique, il s’engage sur le chemin de la poésie et offre une vision non idéalisée de l’Amérique qui balance entre terribles constats et espoirs éclatants, entre l’individualisme et la coopération (une des valeurs premières des États-Unis, oubliée à la fin du XIXème siècle). La genèse de cette chanson date de 1918 : Irving Berlin écrit God Bless America qui devient l’hymne officieux des États-Unis. Les paroles de cet hymne ne représentent pas l’Amérique telle que Woody la voit et la connaît. Et l’Amérique, il la connaît bien, grâce à ses nombreux voyages. Il décide donc d’écrire une réponse à ce titre idéalisant l’Amérique sans la représenter. Le contenu de la chanson ne cessera d’évoluer au cours de la guerre jusqu’à atteindre une version définitive et enregistrée en 1944, épurée de ses passages politiques afin de ne conserver que le lyrisme, le romantisme, l’espoir. This Land is Your Land dénonce (selon les versions) les inégalités (« One bright sunny morning in the shadow of the steeple / By the Relief Office I saw my people / As they stood hungry... ») et la propriété privée (« Was a high wall there that tried to stop me / A sign was painted said : Private Property ») mais se fonde surtout sur un profond amour du pays, de la communauté où doit régner l’entente, la cohésion sur un territoire commun et partagé (« This land is your land, this land is my land / From California to the New York Island / From the Redwood Forest to the Gulf Stream waters / This land was made for you and me. »). Parmi ceux ayant repris cette chanson, nous pouvons citer les immanquables versions de Bruce Springsteen, Neil Young, Joan Baez et... Bob Dylan. 1967. Année bénie du rock. Mais... Woody Guthrie meurt. Bob Dylan a pu le rencontrer à l’hôpital avant qu’il ne soit emporté par la maladie d’Huntington. À sa mort, il est considéré comme la pierre angulaire de la contestation en musique, un monument de la culture américaine, un citoyen comme il y en avait presque plus. La drogue a ouvert les portes de la perception à la fin des années 60, Woody Guthrie, lui, a ouvert celles de la contestation. _Alexis Dutrieux

_Playsound × _Septembre 2014 × _Dossier × _25

Cependant, il fait toujours meilleur d’être fasciste que communiste aux États-Unis : les Rouges sont exclus de la vie politique, ils sont considérés comme des espions de l’empire Stalinien. Il s’agit donc pour notre troubadour de lutter contre le fascisme avec sa guitare. Il rejoint alors en 1940 les Almanac Singers.


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