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GRATUIT LE MAGAZINE DIVERSITÉ

FOCUS

DIVERSITÉ 2.0

Les deux facettes du web

ANALYSES POINTs DE VUE

Racisme, cyber harcèlement… Internet est-il sans impunité ?

REPORTAGE

L’avenir est dans le code

INTERVIEW RESPECTABLE

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La laïcité fait sa rentrée Les sourds sortent du silence



80, rue de Paris — CS 10025 93 108 Montreuil

© darnel lindor

© darnel lindor (photo)

N° 38/AUTOMNE 2013/GRATUIT

ÉDITO

Courriel : redac@respectmag.com Internet : www.respectmag.com

Emmanuel Mosson Directeur de la rédaction

Respect mag est une publication trimestrielle éditée par Presscode pour l’association Insertion et Alternatives Directeur de publication : Jean-Marc Borello, jmb@groupe-sos.org Éditeur : Gilles Dumoulin, gd@groupe-sos.org Fondateur : Marc Cheb Sun Directeur de la rédaction : Emmanuel Mosson, emmanuel.mosson@groupe-sos.org Rédacteur en chef : Emmanuel Mosson, emmanuel.mosson@groupe-sos.org Rédactrice en chef adjointe : Mélanie Klein, melanie.klein@groupe-sos.org Secrétaire de rédaction : émilie Drugeon, emilie.drugeon@groupe-sos.org Rédacteurs : émilie Drugeon, Mélanie Klein, Marie-France Makutungu, Olivia Villamy, Anna Demontis, Alice Meker, Samba Doucouré, Laïla Saïdi, Contributeurs : Guy Mamou-Mani, Patrick Banon, Virginie de Clausade Direction artistique : François Bégnez, francois.begnez@presscode.fr Maquettistes : Martin Laloy, Peggy Moquay, Nicolas Naudon, Floriane Ollier Photographe : Darnel Lindor Illustrations : FBZ, Peggy Moquay, Floriane Ollier Les médias du Groupe SOS Direction générale : Valère Corréard Communication et partenariats : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org Youssef Magoul, youssef.magoul@groupe-sos.org Développement : Pierre Pageot Ressources : Laetitia Nettelet Régie publicitaire : Mediathic/Respect éditions Alassane Sow, Chef de publicité alassane.sow@groupe-sos.org 01 56 63 94 57 Relations presse : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org Youssef Magoul, youssef.magoul@groupe-sos.org Abonnements : France Hennique abonnements@respectmag.com — 04 96 11 05 89 ISSN : 1763-5829. Dépôt légal à parution

nternet m’a sauvé ! ». Cette phrase en couverture du 38e numéro de Respect mag émane du rappeur Disiz pour qui le Web a largement contribué à sa carrière depuis son succès intitulé « J’pète les plombs » en 2000. Si l’artiste connecté est reconnaissant à l’égard d’Internet, il a conscience également de ses excès et de ses dangers… C’est justement sur les deux facettes du Web que la rédaction a imaginé son focus. Nous nous sommes intéressés aux « exclus du Web », à ces citoyens privés d’Internet pour des raisons générationnelles, sociales ou culturelles. Qui sontils vraiment ? Leur exclusion numérique entretient-elle pour autant une forme d’exclusion sociale ? Entre vent de liberté et messages racistes ou antisémites, tout semble permis sur la Toile. Certains réclament la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux. Le Web favoriserait-il l’expression de toutes les dérives de haine et de propagande ? Parallèlement, la rédaction de Respect mag a souhaité montrer que le Web peut également constituer une solution. Exemple avec les sites de crowdfunding qui proposent des financements fondés sur la solidarité des internautes. Ces « cyber coups de pouce » permettent la réalisation de projets culturels et interactifs. Autre exemple avec une école du Web dans laquelle des jeunes sans diplômes sont formés au métier de développeur web. L’emploi de la deuxième chance ? Au-delà de ces deux aspects, une question se pose. Si le Web constitue un outil de communication, de loisirs et de commerce sans précédent au niveau mondial, sommes-nous certains qu’il optimise la notion de « différence » entre les hommes et les territoires ? Eléments de réponse dans ce nouveau Respect mag. Bonne lecture.

Impression : Imprimé en France par Loire Offset Titoulet Distribution : Presse Plurielle Tous droits de reproduction réservés. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Photothèque : Thinkstock Impression réalisée sur papier PEFC

Avec le soutien de :

Edité par :

Délégation générale Groupe SOS  102, rue Amelot 75 011 Paris Tél. : 01 58 30 55 55 — Fax : 01 58 30 55 79 www.groupe-sos.org Avec 10 000 salariés et 300 établissements, le Groupe SOS est une des premières entreprises sociales européennes. Depuis près de 30 ans, il met l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Il répond ainsi aux enjeux de société de notre époque en développant des solutions innovantes dans ses cinq cœurs de métier : jeunesse, emploi, solidarités, santé, seniors. Chaque année, les actions du Groupe SOS ont un impact sur plus d’un million de personnes.


SOMMAIRE LE MAGAZINE DIVERSITÉ

AUTOMNE 2013

FOCUS

Diversité 2.0

Les deux facettes

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du Web

© Darnel lindor

p16. Se reconnecter avec le net p18. Le pays au bout du fil p20. Haro sur le racisme 2.0 p21. Tribune de Virginie de Clausade p22. Sébastien-Abdelhamid Godelu : l’agitateur de pixels p24. Diversité-culturelle.com p26. Catherine Dang, l’e-entrepreneuse p28. Tribunes de Guy Mamou-Mani/Patrick Banon p30. L’avenir est dans le code

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interview respectable

disiz

« internet m’a sauvé ! »

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l’expo virtuelle de

Karine taïlamé

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agenda cultureL

on vous aura prévenu !

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Bonne rentrée dans la diversité !

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Vous êtes sur le point de lire un Respect mag qui achève (presque mais finalement jamais vraiment) sa mutation. Nous vous l’avions annoncée en mai dernier avec une option osée : la gratuité. Un nouveau modèle qui devait permettre au magazine d’être plus accessible, pour tous, partout, avec le papier mais aussi la version digitale enrichie. Le pari était audacieux quand on voit à quel point la presse peut être malmenée par les temps qui courent. Pas de fausse confidence ni modestie : le résultat est au-dessus de nos attentes. Non seulement notre lectorat fidèle adhère très majoritairement mais vous avez été très nombreux au rendez-vous de la découverte. L’objectif est ambitieux et doit être communiqué car il nous implique tous d’une certaine manière : Respect mag souhaite partager avec le plus grand nombre l’idée selon laquelle la « différence », la singularité, la diversité humaine est une chance formidable et une richesse inestimable. Nous continuons donc avec vous l’aventure avec une nouvelle maquette, un nouveau format et un nouveau slogan. A vous, à l’équipe de Respect et du Groupe SOS, à la diversité réussie et assumée, bonne rentrée !

Valère Corréard Directeur général des médias du Groupe SOS



interview respectable

© Johann keezy dorlipo

« Internet m’a sauvé ! » Disiz, alias Sérigne M’Baye Gueye, Disiz La Peste ou Disiz Peter Punk. Sous tous ces noms se cachent non seulement un rappeur, mais aussi un auteur, un acteur et désormais un comédien. En septembre, il était à l’affiche du théâtre NanterreAmandiers, dans le rôle d’Othello, et en préparation du troisième volet de la trilogie Lucide, « Transe-lucide », qui sort en janvier prochain. Rencontre avec un artiste, complet et connecté.

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2PAC Marvin Gaye

Keep ya head up interscope

What’s going on motown records

LA PLAYLIST IDÉALE DE DISIZ

Cela vous plaît d’être sur scène, au théâtre, dans le rôle d’Othello au côté de Denis Lavant ? On a fait 12 représentations dans le sud de la France avec le théâtre de Nîmes et 14 au théâtre des Amandiers à Nanterre. Je crois que ça marche plutôt bien, d’autres salles ont demandé

le spectacle, donc on va continuer à jouer. C’est très éprouvant d’être sur scène. Le théâtre est au cinéma ce que la musique classique est à la pop. Dans le sens où il y a une exigence de rythme et d’authenticité, de précision, il n’y a pas de fausse note. Étrangement, j’ai le trac sur scène au théâtre, alors que pas du tout lors d’un concert. Pour la suite, j’ai bien envie d’écrire un film… mais ce n’est qu’une idée.

Vous multipliez les casquettes : rappeur, rockeur, auteur, acteur et comédien. Êtes-vous surdoué ? [Rires] Non, parce que tout n’est pas bien. Par contre je suis sûrement hyperactif artistiquement. Dans le cinéma, il n’y a rien eu d’exceptionnel. J’étais en

BON IVER Holocene jagjaguwar

quelque sorte paralysé par ce que l’on attendait de moi et par ce que je pensais être, c’est à dire l’alibi de la diversité. Pareil pour la musique, il y a des choses qui étaient moins maîtrisées. Mais le point commun à tout ça, c’est l’écriture. Ça me fascine depuis tout petit. J’ai écrit des romans ; la musique que ce soit rock ou rap, cela passe par l’écrit. Pour moi les écrits influencent.

A 35 ans, pourquoi revenez-vous au rap ? Pour comprendre, il faut savoir pourquoi j’en suis parti, il y a 5 ans maintenant. Il y avait une sale ambiance à ce moment-là, pleins de clashs entre rappeurs [Album « Disiz the end » sorti en 2009, N.D.L.R.]. J’avais aussi des problèmes

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interview

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Le coup de pouce l’association Fu-Jo

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Disiz soutient l’association Fu-Jo fondée par Mouloud Mansouri. Cet ancien détenu a compris que la réinsertion se prépare dès la prison. Il est parvenu à faire jouer gratuitement en prison des groupes de rap mais pas seulement : Disiz, I AM, Cali, Yannick Noah… Fu-Jo symbolise deux idées : « Jo » pour le nom d’un de ses amis, et « Fu » pour Fu-Schnikens, un groupe de hip-hop américain principalement connu pour leur titre « What’s up doc » sorti en 1993. L’association propose également des ateliers d’écriture et lance un album avec trois détenus de Luynes (Bouches-du-Rhône) : la Shtar Academy. « C’est une association qui donne une réponse intelligente à l’insertion par le biais de la musique », estime Disiz.

dans ma vie personnelle que je voulais régler et puis j’en avais marre, après 10 ans dans le métier. J’en ai profité pour passer mon bac, faire du droit. Le fait de prendre du recul m’a fait comprendre que j’avais un public qui me suivait et que peut-être, j’avais choisi ça sous le coup de l’émotion… Donc j’ai décidé de revenir et je suis bien content.

Internet, c’est un formidable outil pour les artistes ? La crise du disque, ce n’est pas que des histoires de ventes et de téléchargements Internet, c’est la désintermédiation : plus besoin de leaders d’opinion, cela passe directement de l’artiste au public. Moi, ça m’a sauvé. Je n’ai pas eu besoin d’avoir un directeur de radio qui déclare « Disiz c’est bien, écoutez ». Non, j’ai mis des sons et des vidéos sur Internet, le public a écouté et a aimé… ou pas ! J’ai aussi lancé « Vendredi c Sizdi », inspiré des Good Fridays de Kanye West. J’offre aux internautes des titres que je ne mets pas sur l’album. Mais tout n’a pas à être vendu, je ne pourrais pas tenir ce discours dans mes textes si j’étais toujours dans le profit.

Le Web a aussi ses mauvais côtés ? Internet c’est une illusion de la rapidité et un accès facilité à tout ce qui concer-

ne les bas instincts de l’être humain. Cette fascination pour tout ce qui est ténébreux, pour ne pas dire scabreux, fait partie d’Internet. Ça vaut aussi pour les idées politiques : l’accès à l’idéologie nazie ou à l’intégrisme religieux est plus simple d’accès, donc plus dangereux. Mais en même temps, Internet propose la liberté ; c’est un paradoxe compliqué. J’ai mis plein de pare-feux intellectuels à mes enfants pour les mettre en garde contre ça. La religion aide beaucoup aussi, parce que c’est un cadre de vie. Le fait de savoir leurs parents sous l’autorité de Dieu, cela fait une hiérarchie où tout le monde à des comptes à rendre. C’est une bonne assise pour la vie je pense.

Avez-vous souffert de discriminations ? Ah bien sûr ! Dès mon entrée au CP, une fille qui s’appelait Anne-Lise m’a dit : « Sale noir, retourne dans ton pays. » Je n’ai pas trop compris. J’ai grandi avec une mère picarde, châtain aux yeux verts, je n’avais pas conscience de ma couleur et ce jour-là, c’est comme si elle m’avait peint. Quand on est petit, on n’a pas conscience de l’histoire, de la colonisation. Et dans les mots d’un enfant, tu comprends que tu n’es pas chez toi. Pourquoi ? Parce que tu as une couleur différente. C’est le début d’une

construction personnelle, et je pourrais en raconter plein des comme ça.

Né à Amiens, vous avez grandi à Evry. Quel était votre quotidien enfant ? Comme je le dis dans un de mes textes : « Mon premier crime fut de tuer le temps. » J’ai grandi seul avec ma mère, on n’avait pas trop d’argent. Il fallait bien trouver des occupations et dans les années 80, à la cité des Epinettes, il n’y en avait pas beaucoup. Avec les copains, on jouait au foot, on faisait des petites conneries, on cassait des trucs, on s’ennuyait tout simplement. Vers 14 ans, j’ai eu la passion du rap. J’ai alors passé la majeure partie de mon temps à rechercher des petites émissions de radio. Je me suis mis à lire beaucoup lorsque la TV n’a plus fonctionné.

Aujourd’hui père de quatre enfants et toujours installé à Evry ? J’étais content de m’installer ici, dans ce que j’imaginais être un quartier huppé. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais dû aller vivre ailleurs avec mes enfants car, on peut dire ce que l’on veut, on est le produit de son environnement. Mon fils aîné est au collège, l’influence de l’extérieur est très importante. Il y a plus de tentations de faire des choses qui n°38 9


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Le théâtre est au cinéma ce que la musique classique est à la pop.

Dans le sens où il y a une exigence de rythme et d’authenticité, de précision, il n’y a pas de fausse note.

t’amènent droit dans le mur dans un quartier, que si tu habites dans un autre contexte. En France, il y a un vrai problème de mixité sociale, notamment dans les écoles, c’est limite de la ségrégation.

C’est difficile d’être musulman en France ? Oui c’est difficile, parce que c’est une religion que l’on montre du doigt. C’est comme une schizophrénie qu’on t’implante entre l’essence de ta religion et tout ce qu’on choisit de montrer de ta religion. Moi, je suis quelqu’un de curieux, j’essaie d’être religieux par compréhension réelle et non par imitation. Je vois que c’est une religion d’amour, de paix, mais je ne fais pas dans l’angélisme. Les imams qui se servent de la n°38 10

religion pour commettre leurs exactions sont aussi dangereux que les personnes qui ne connaissent pas cette religion, et qui la diabolisent.

Qu’est ce que signifie le mot « diversité » pour vous ? C’est un mot que je n’aime pas trop. La diversité, c’est beaucoup de catégories différentes supposées dans un tout. Mais toutes ces différences ne sont que dans les apparences. On se définit par rapport au milieu et le contexte dans lequel on a grandi mais au fond, on est à peu près tous tiraillés par les mêmes questions existentielles. Si je regarde à l’intérieur de chacun, il n’y a pas de diversité, on est tous pareils.

Si vous étiez rédac’chef de Respect mag, qui inviteriez-vous en couverture du prochain numéro ? Je suis désolé, je ne pense qu’à des gens morts… Léon Tolstoï ou Malcom X ! Propos recueillis par Mélanie Klein

L’intégralité de l’interview sur respectmag.com


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Briser un tabou sur Tumblr

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Le gouvernement défend l’avortement sur le Web

Le 19 septembre dernier, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, annonçait la création d’un site internet afin de mieux informer sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette décision s’appuie sur un rapport publié par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), le 13 septembre. L’instance y dénonçait la prééminence de sites anti-avortement qui présentent « une neutralité apparente » et « une information fallacieuse ». « Les sites internet des organisations anti-IVG occupent notamment les premières places en termes de référencement dans les moteurs de recherche », ajoute le rapport. Le HCEfh préconisait aussi de mettre en place un numéro national, anonyme et gratuit, une « équipe IVG » de veille et d’animation, ainsi qu’une vaste campagne d’information sur le droit à l’avortement.

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Quarante CV de Roms

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M.K.

La concertation publique sur les « quartiers numériques » initiée par la ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, a pris fin le 17 septembre 2013. Les Français étaient ainsi invités à donner leur avis sur ce projet territorial qui vise à accroître la visibilité des entreprises œuvrant dans les nouvelles technologies. L’idée, présentée en juillet 2013 dans un rapport rédigé par le directeur général de la Caisse des dépôts, Jean-Pierre Jouyet, est simple : si un quartier veut être labellisé « quartier numérique », il devra remplir plusieurs critères afin de faciliter l’implantation d’entreprises. Par exemple, il faudra y déployer un dispositif fiscal attractif

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Jusqu’au 22 novembre, la Cité internationale universitaire de Paris accueille les primo-arrivants qui viennent faire leurs études dans la capitale. Une équipe multilingue (anglais, espagnol, italien, portugais, allemand, arabe, grec, russe et chinois) répond à leurs questions.

Le numérique prend ses quartiers

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Pour sensibiliser les employeurs (et la société) à la situation des Roms en recherche d’emploi, l’association Perou a mis en ligne 40 de leur curriculum vitae. « Autant de récits de vie rassemblés et témoignant du désir de ces citoyens européens de vivre et travailler parmi nous », décrit l’association. Ces CV, sublimés par les portraits noir et blanc du photographe Jean-François Joly, sont visibles sur www.perou-emploi.org. A.M.

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« Le viol est un sujet tabou et mal connu. Certains mythes sont entretenus, et ce toujours au détriment des victimes. » Telle est l’explication donnée par Pauline sur son microblog (Tumblr), « Je connais un violeur ». Depuis le 30 août dernier, ce site internet propose aux victimes de viol de se confier et de raconter leur histoire afin de briser l’omerta qu’elles subissent. Car « en publiant un portrait de leur agresseur, anonymement et sans qu’il puisse être identifié, chaque victime, femme ou homme, rend visible une réalité qui appartient au fantasme », indique la jeune femme engagée.

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pour capter les investissements, ainsi que l’ultra haut débit fixe et mobile. Le rapport préconise également de « reconnaître Paris comme métropole numérique et vitrine internationale », ce qui contribue rait au rayonnement de tous les « quartiers numé riques » français. 200 millions d’euros seront déblo qués pour ce projet qui devrait démarrer dès fin 2013. A.D.



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Les sourds sortent du silence Pour la rentrée universitaire 2013, l’Université catholique de Lyon ouvre une nouvelle formation : « Juriste bilingue en langue des signes ». A l’origine du projet Anne-Sarah Kertudo, une juriste de profession elle-même malentendante, ayant vite compris que le système juridique français n’était pas adapté aux personnes sourdes. « Beaucoup de personnes atteintes de surdité n’ont pas eu la chance de suivre une scolarité normale. Souvent on confondait les sourds avec des handicapés mentaux, ils étaient soit déscolarisés soit relayés au fond de classe. » Cette lacune du système scolaire explique le fort taux d’analphabétisation qui sévit chez les personnes sourdes. Pour éviter qu’elles ne soient démunies face à un système juridique qu’elles ne comprennent pas, Anne-Sarah Kertudo a lancé en 2002, une permanence juridique à la mairie de Paris, exclusivement dédiée aux personnes sourdes. Une première en France dont l’ampleur du succès confirme les besoins : « J’ai été débordée par les demandes », affirme la jeune femme. Pour pallier le manque de professionnels dans ce secteur, le diplôme universitaire prévoit de former de façon intensive douze recrues à la langue des signes, mais également à la « culture sourde ». « C’est important que ces juristes comprennent le monde dans lequel évoluent les personnes sourdes pour les défendre au mieux », explique Anne-Sarah Kertudo. Pour l’heure, les responsables pédagogiques de la formation sont confiants sur les débouchés qu’offre ce nouveau diplôme universitaire. O.V.

Le nombre de témoignages reçus par SOS Homophobie lors des six premiers mois de 2013 est déjà égal au total de l’année 2012. Ce signal d’alarme tiré par l’association met en lumière la forte progression des actes physiques et verbaux commis à l’encontre des personnes homosexuelles depuis le début de l’année.

© SOS Homophobie.

A. M.

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Enquête secours populaire Selon un sondage Ipsos pour le Secours populaire français, la pauvreté touche davantage les familles monoparentales, et surtout les femmes avec enfants. Deux mères isolées sur trois disent avoir rencontré « des difficultés financières importantes » pour assurer les dépenses de premières nécessités. Le sondage est disponible sur le site www.secourspopulaire.fr.

A.M.

Violences homophobes

FARE 2013 La 13e édition de la semaine FARE (Football against racism in Europe), c’est du 15 au 29 octobre 2013 ! Pendant treize jours, la Ligue internationnale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) organise des débats, des tournois d’éducation à la citoyenneté, et bien sûr des matches de football contre le racisme. A. M.


© FBz

A la découverte du Paris méconnu Visite du quartier populaire de la Goutte d’Or, de Château Rouge ou encore du « Paris noir », les initiatives se multiplient pour faire connaître aux touristes et aux Parisiens une autre facette de la capitale. Un Paris populaire, métissé, zone de confluence entre les histoires de plusieurs continents, qu’il fait bon découvrir. Par exemple, l’institut des cultures d’Islam propose jusqu’au 12 octobre la visite : « Château Rouge, petite Afrique à Paris ». Kévi Donat, un entrepreneur passionné d’histoire, organise toute l’année les « Black Paris Walks » la visite des lieux parisiens qui ont marqué la vie des grandes figures noires du xxe siècle.

O.V.

Chansons pour une Amérique en bonne santé Tous les moyens sont bons pour lutter contre la malbouffe et l’obésité aux Etats-Unis. Michelle Obama, la première dame, en a fait son fer de lance depuis 2008 avec la campagne « Let’s Move ». Pour convaincre les jeunes Américains de manger sain, la « maman cool » n’a pas hésité à enregistrer un album de rap avec de nombreux artistes comme DMC, Doug E. Fresh, Ashanti ou encore Travis Barker. Les titres de l’album « Songs for a healthier America » incitent à mieux se nourrir avec des paroles plutôt simplistes : « U R what you eat » (Tu es ce que tu manges) ou encore « We like vegetables » (On aime les légumes) ! L’album a été distribué dans les écoles américaines en ce début d’année scolaire. A.M.

© Darnel Lindor

Diaporama sonore sur respectmag.com

Interview vidéo sur respectmag.com

Patrice, le sweggaeman. Le chanteur et producteur Patrice sort à la rentrée son sixième album studio, « The rising of the son ». Le Sierra-léonais-allemand s’inspire de ses origines pour créer un nouveau style musical, le « sweggae music ». M.K.

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Diversité 2.0

Les deux

s e t t e c fa du Web

se reconnecter avec le net Internet est aujourd’hui au cœur de nos modes de vies. Celles et ceux qui en sont exclus pour des raisons économiques et sociales sont de fait, éloignés de la société. Une double peine à laquelle tente de remédier l’association Emmaüs Connect. vec 487 euros par mois, je ne vois pas comment j’aurais pu m’offrir un ordinateur », confie Michel, sans domicile fixe. Conseillé par son assistante sociale, cet allocataire du revenu de solidarité active (RSA) bénéficie du programme « Connexions solidaires » : un téléphone à carte, un ordinateur à moindre coût ou encore un boîtier, « web trotter », pour se connecter partout. « On a eu aussi quatre matinées de formation, j’ai appris les choses basiques et je bidouille », s’amuse le quinquagénaire. Et déjà, il se forme en ligne au code de la route et reprend contact avec sa famille sur les réseaux sociaux.

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:Connexions: :solidaires: En septembre, Emmaüs Connect, une antenne de la célèbre association de l’Abbé Pierre, a lancé ce « web trotter » : 500 Mo de débit pour 5 € avec un modem mobile. « Le net apporte à la fois une opportunité d’insertion et un développement personnel. De facto, ceux qui n’y ont pas accès auront plus de mal à s’intégrer », explique Jean Deydier, co-directeur d’Emmaüs Connect. Un constat qui l’amène à ouvrir au mois d’octobre, des antennes en région, tout d’abord à Marseille, puis à Grenoble et Lyon. « L’idée c’est que d’autres associations puissent aussi porter ce pro-

gramme dans les plus petites villes. » En milieu rural, la « fracture numérique géographique » dont parlait l’économiste Jacques Attali s’attenue. Le haut débit est désormais accessible presque sur tout le territoire. En 2012, seuls 3 % de Français déclaraient ne pas avoir Internet à domicile du fait de l’absence de haut débit à proximité de leur résidence (1).

Trois fosséS: :numériques: « Internet peut générer un accroissement du fossé social », estime Dominique Auverlot, chef du département de la recherche, des technologies


Photo gauche : Khary travaille en chantier d’insertion au sein d’Emmaüs. Elle bénéficie du tout nouveau « web trotter » Photo droite : Michel en entretien avec Cheikh, « travailleur solidaire » à Emmaüs Connect, fait le point sur sa situation et ses besoins en télécommunication.

et du développement durable du Commissariat général à la stratégie et à la prospective. En 2011, il a co-rédigé un rapport sur le « fossé numérique » (2) pour le gouvernement. Un rapport qui identifie non pas un, mais trois fossés ; tout d’abord générationnel : en France, 18 % des plus de 65 ans utilisent Internet. Ensuite social, « puisqu’un tiers seulement des personnes à faibles revenus dispose d’un ordinateur à domicile contre 91 % des revenus les plus élevés ». Et enfin culturel, « la plus difficile à combattre », selon Dominique Auverlot : ce n’est pas tout d’avoir un ordinateur à la maison, encore faut-il savoir s’en servir et à bon escient. A 42 ans, Khary, « aimerait en savoir plus sur les

choses ». Elle profite aussi du programme d’Emmaüs Connect. La Sénégalaise s’essaye donc sur la Toile : « Mon fils a 10 ans, j’attends qu’il rentre de l’école pour qu’il m’explique quand je suis bloquée, confesse-t-elle en souriant. Reprenant son sérieux, elle insiste : « Ça va venir petit à petit, quand on a vraiment envie de quelque chose, on ne lâche pas. » Démarches administratives, boutiques en ligne, recherches d’emploi où la règle du premier arrivé, premier servi règne… Ceux qui en ont le plus besoin en sont le plus souvent éloignés. Mélanie Klein (1) INSEE Première- N° 1452- juin 2013 (2) « Le Fossé numérique en France », Centre d’analyse stratégique, 20 avril 2011

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Traduire la langue des signes en texte et les paroles en signes grâce à la Kinect de Microsoft, parcourir le Web en clignant des yeux avec le logiciel B-Link d’Orange ou encore utiliser Alexia de Vocalisis pour écrire un mail avec la voix… Les innovations technologiques accompagnent les internautes en situation de handicap. Des outils indispensables pour pallier au manque d’e-accessibilité des sites internet. Pour l’heure, seuls les services de communication publique en ligne de l’État sont tenus par la loi de se conformer aux normes d’accessibilité.

Coffre-fort numérique Partant du constat que plus de 100 000 personnes sont privées de domicile personnel en France, l’association Reconnect (qui fait partie du Groupe SOS) a créé un dispositif de « coffrefort numérique solidaire ». L’objectif : permettre aux sans domiciles fixes de stocker leurs papiers sur Internet. Carte d’identité, carte vitale, certificat de travail mais également tous les documents retraçant les démarches en vue d’une réinsertion sont ainsi en sécurité et accessibles partout… où il y a une connexion.

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Handicapés : exclus du web ?

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Le pays au bout du fil

indh Kala est tout attentif au visage qui lui sourit de l’autre coté de l’écran de l’ordinateur. « C’est ma femme, dit-il, et nous nous parlons deux fois par semaine sur Skype [un logiciel permettant d’appeler gratuitement à l’étranger, N.D.L.R.] » Le jeune Indien, qui habite en France depuis une dizaine d’années, est un habitué de cette boutique de l’avenue de Flandre, dans le 19e arrondissement de Paris. Il s’est isolé dans un coin du cyberespace, caché par une petite barrière en bois, qui lui offre un espace d’intimité. « Ça coûte trop cher d’appeler vers mon pays, poursuit-il dans un français entrecoupé de phrases en anglais. Passer par Internet cela me revient à dix euros par semaine. »

Appeler moins cher De l’autre coté de la salle, Mamadou, 59 ans, impeccable dans son costume, lui aussi fréquente le taxiphone régulièrement. « Jusqu’à deux fois par jour, sourit-il. Cela me sert à rester en contact avec l’administration, Pôle emploi ou la Sécurité sociale et l’après-midi, c’est pour voir si des connaissances au Mali n°38 18

me donnent des nouvelles. » L’homme, résidant en France depuis 1985, ne reste pas plus de quinze minutes à chaque passage : « Consommer moins d’une heure, cela me revient moins cher. » Faut-il encore que les interlocuteurs puissent eux-mêmes accéder à Internet. C’est ce qui chagrine Marwan, 29 ans, client d’une autre boutique située dans le quartier. « Ma famille habite au sud de la Tunisie, dans un petit village dans le désert. Il n’y a pas beaucoup de connexion pour parler sur Skype et les femmes ne peuvent pas aller au cybercafé comme elles veulent » note-t-il.

© Laila Saidi

Taxiphones et cybercafés sont particulièrement présents dans les quartiers populaires. Economiques et accessibles, c’est vers eux que convergent tous ceux qui n’ont pas Internet à domicile. Pour les personnes immigrées, ces espaces sont souvent le moyen de garder un lien avec leur pays.

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Accéder à Internet Le jeune homme n’a pas bavardé avec sa mère depuis presque trois mois. Parfois, ses amis sur place acceptent de lui rendre visite : « Comme ça, elle peut me parler et me voir depuis chez elle. » Même s’il trouve malaisé d’évoquer sa vie de clandestin à une mère qui « ne connaît pas la dure réalité de la France. » Difficile, en effet, d’avouer à sa famille qu’après quatre années passées en France, il n’a toujours pas ses papiers. Pour autant, les clients de ces boutiques

seraient-ils tous des immigrés ? Selon Djamel Menasria qui a déjà ouvert et fermé un premier cybercafé, on n’est pas loin de la vérité. En tout cas, selon lui, 99 % des usagers de ces taxiphones utiliseraient Skype. Dans sa boutique Manel Télécom en banlieue parisienne, à Pantin, où sont pourtant installées quatre cabines téléphoniques, c’est bien ce logiciel qui est le plus prisé. Laïla Saïdi



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Haro sur

le racisme 2.0 Commentaires xénophobes, « tweets » antisémites, références à Hitler ou Charles Martel… Quotidiennement, le web voit l’expression d’un racisme ordinaire émerger. Peut-on tout écrire sur Internet, en toute impunité ? e plus en plus de Français utilisent les réseaux sociaux donc proportionnellement les dérives augmentent », estime Clothilde Chapuis en charge de l’action numérique de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). Pour contrer ces dernières, l’antenne « Action numérique » a été créée en mars dernier, suite à la publication de mots-clés litigieux (hashtags), sur le réseau social Twitter : #unbonjuif, #simonfilsestgay, #si-

mafilleaimeunnoir. Des messages qui ont valu au site de microblogging une condamnation en appel en juillet. Twitter France doit communiquer les données permettant d’identifier les auteurs des tweets [mini-messages de 140 signes, N.D.L.R.] racistes, et installer sur sa version française un dispositif permettant de signaler des contenus illicites. « Nous sommes interpellés tous les jours par des internautes citoyens qui dénoncent des propos discriminatoires, explique Clothilde Chapuis. A chaque fois que l’on

,« C’est très difficile de faire, avancer les choses car une fois ,le compte fermé, l’utilisateur peut, toujours en rouvrir un autre. »

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peut intervenir et poursuivre, on le fait. » Mais l’avocate déplore un combat sans fin : « C’est très difficile de faire avancer les choses car une fois le compte fermé, l’utilisateur peut toujours en rouvrir un autre. » Pour le moment, une dizaine de procédures judiciaires a été lancée par la Ligue.

Où s’arrête la liberté d’expression ?

Ce droit fondamental a des limites : la diffamation et l’injure, l’incitation et la provocation à la haine et au crime, sanctionnées plus lourdement pour des propos racistes et négationnistes (1). Sur Internet, la responsabilité revient au propriétaire du site ou du blog, la condamnation pouvant aller jusqu’à 45 000 euros d’amende et/ou un an d’emprisonnement. Encore faut-il prouver que l’hébergeur en « avait connaissance et n’a pas agi » (2). « La responsabilité pénale devrait être assumée non pas par l’éditeur mais par la personne qui a écrit le commentaire. Ainsi, on responsabiliserait les internautes », assure David Corchia. Cet entrepreneur a fondé en 2000 la société Concileo, qui conseille et modère aujourd’hui une trentaine de sites de médias en ligne. Une fois le commentaire supprimé, « certains internautes comprennent, d’autres non. Pour eux, c’est dans le langage courant de dire, par exemple, que le mariage homosexuel est contre nature. Sauf que c’est interdit par la loi. » Bien souvent, ils protestent contre cette censure.


En mars dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) rendait son rapport annuel sur le racisme en France. Une étude qui enregistre 23 % de hausse des actes raciste, antisémite et xénophobe et qui constate qu’« Internet contribue à la banalisation du racisme » (3). « Il y a eu un tournant vers 2009-2010. Les internautes se disent : si les autres l’écrivent, pourquoi je ne pourrais pas ? », explique Cécile Riou, chargée de la rédaction du rapport 2012 au sein de la CNCDH. Cette institution indépendante, qui joue un rôle de conseil auprès du gouvernement, n’a pas hésité à pointer du doigt la classe politique, dénonçant « l’instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (identité nationale, immigration, religion-laïcité), ainsi que de certains dérapages et des polémiques qui ont suivis».

« Tu es moche, meurs et tout le monde sera content » A 14 ans, c’est le genre de messages que recevait Hannah Smith, jeune Anglaise qui a terminé son été au bout d’une corde. Pendue : sa seule réponse, face aux incitations morbides qu’elle subissait quotidiennement sur le réseau social Ask. fm. Avant elle, la Canadienne Amanda Todd nous avait déjà alertés en filmant son désespoir, pour le partager sur YouTube [site d’hébergement de vidéos, N.D.L.R.]. Là aussi, le harcèlement n’a pas cessé. Là aussi, elle s’est suicidée. 15 ans. Selon une étude d’avenir.net (un site d’information belge), un tiers des jeunes affirment avoir été victimes de « bashing » sur Internet. J’ai moi-même expérimenté ce harcèlement 2.0 sur le réseau social Twitter à une époque. Je connais les séquelles : solitude, honte, confiance fracturée… Ce fut un uppercut. K.O. Lorsque ce sont des camarades qui vous assassinent à coups de clavier sur les réseaux sociaux, à quel point cette expérience doit être douloureuse ! Je ne peux que l’imaginer. Virginie de Clausade

(1) Articles 23, 29 et 32 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881. Modifiée en son article 23 par la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN). (2) Article 6 I.2 et 3 de la LCEN, loi pour la confiance dans l’économie numérique du 21 Juin 2004 (3) Rapport de la Commission consultative des droits de l’homme, « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie, année 2012 », publié le 21 mars 2013.

© Darnel Lin

Dernière affaire en date : le tweet du député UMP du Var, Jean-Sébastien Vialatte, au lendemain des débordements qui ont eu lieu dans la capitale, suite à la victoire de l’équipe de foot parisienne (13 mai 2013). « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves, ils ont des excuses. Taubira [la ministre de la Justice, N.D.L.R.] va leur donner une compensation ! » Un message qui a provoqué un tollé dans l’opinion publique et deux dépôts de plainte. Les préconisations, tant du rapport de la CNCDH que celle de la Licra portent avant tout sur l’éducation, notamment en milieu scolaire. « Les jeunes sont très familiers des nouvelles technologies mais ne savent pas pour autant ce qu’ils ont droit de faire ou pas », conclut Cécile Riou. Mélanie Klein

dor

La banalisation du racisme

Animatrice télé et radio, Virginie de Clausade a notamment été chroniqueuse dans l’émission de Paris Première « Ça balance à Paris », puis sur France 2 avec « On a tout essayé », ou encore à la matinale de Fun Radio. Egalement auteur et scénariste, elle a publié plusieurs romans chez Flammarion et travaille aujourd’hui sur « La vengeance d’une femme », à paraître en avril 2014.

Pour ma part, voici, ,ce que j’ai appris : oute réponse de votre part ne fera qu’alimenter T la haine de la meute. Il n’y a aucun recours légal ou presque. Ceux qui voudraient vous défendre ont peur de subir la même chose que vous. De quoi expliquer votre solitude. Ces messages ne sont absolument pas le reflet de ce que pensent les gens de vous, surtout dans le monde réel. Les mêmes insultes sont déversées d’une personne à l’autre, avec un manque d’originalité certain. Ça n’a rien de personnel, dans le fond. S’il ne suffit pas de se déconnecter pour aller mieux, extérioriser sa tristesse, sa colère ou sa honte peut venir en aide.

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Révélé par Internet grâce à ses émissions sur Canal Street, Sébastien-Abdelhamid Godelu, le « muslim-geek » comme on le surnomme sur la Toile, est chroniqueur et animateur. Il surprend par ses vidéos délirantes où James Bond côtoie Pikachu et Booba. Portrait d’un adulescent, un ado dans le corps d’un trentenaire.

SéBASTIEN-abdelhamid godelu

L’AGITATEUR ébastien-Abdelhamid est un pur produit Canal +. Depuis deux ans, il concocte des vidéos loufoques sur Canal Street, un site internet produit par la chaîne cryptée et dédié aux cultures urbaines. Ses ingrédients : du people, des jeux vidéos, des mangas, quelques super-héros et surtout, du comique par l’absurde. C’est le cas de la série « Sébastien-Abdelhamid contre Steven Spielberg », diffusée durant le dernier Festival de Cannes où il clashe les classiques du réalisateur américain. « C’était du trollage, c’est-à-dire de la provocation gratos », confie l’actuel chroniqueur de « Clique », sur Canal +.

Du balai au joystick

Originaire de Canteleu, dans la banlieue de Rouen, Sébastien Godelu arrête le lycée à 17 ans. Son père étant malade, le n°38 22

jeune Cantilien enchaîne les petits boulots mais parvient à obtenir son bac littéraire en candidat libre. À 20 ans, il devient papa et obtient un poste d’éboueur dans la fonction publique. Victime de discriminations, Sébastien-Abdelhamid démissionne un an plus tard et se consacre à sa passion : les jeux-vidéos. À l’époque, il écrit déjà pour le magazine urbain Size XL. Le « muslim-geek » est à l’aise dans le milieu des gamers et du hip-hop où il fréquente ses amis du collectif Kourtrajmé, notamment Mouloud Achour. Le journaliste de Canal +, producteur de La Caution, un groupe de rap rouennais est un ami de longue date. « Mouloud était un gros fan de Street Fighter et PES, on jouait souvent ensemble. » Devenu critique de séries TV et jeux vidéos, il envoie sa candidature à Canal Street lors de l’été 2010. « Avec


Première apparition dans l’émission « Clique » sur Canal +

2013 2010

Présence dans Débuts à le clip « Thé à canalstreet. tv la menthe » du groupe La Caution

© mélanie klein

Démissionne de son poste d’éboueur à la ville de Paris

2003

Sortie du jeu Street Fighter II, « une date importante » pour SébastienAbdelhamid

« Mon prénom il est peut-être chelou mais il est à mon image et j’y tiens, déclare l’homme à l’improbable patronyme, choisi après sa conversion à l’islam. Parfois les gens pensent que je suis Kabyle, parfois ils pensent que je suis Turc ». Il intrigue mais cela l’amuse. Son look ? Barbe, crâne rasé, yeux bleus encadrés de lunettes format 16/9e et t-shirt à l’effigie des mangas Naruto, One Piece ou DBZ. Une dégaine geek qu’il met en scène dans son émission le « Sébastien-Abdelhamid Superstore » (SAS) sur canalstreet. tv. « À chaque fois les invités n’ont pas idée de l’univers cinglé

1992

Une dégaine geek

dans lequel je vais les emmener. » Sébastien invite un people dans son SAS et lui suggère un jeu-vidéo à la mode : un jour il transforme le rappeur hardcore Rohff en fan de chatons sur les « Sims » [un jeu vidéo qui simule la vie de personnages virtuels, N.D.L.R.], l’autre il fait danser l’animatrice Valérie Damidot sur « Zumba Fitness ». David Halliday a quant à lui tenté une reconversion de rappeur sur le jeu « Def Jam Rapstar ». « J’ai rencontré David dans une soirée Call of Duty [un célèbre jeu de guerre, N.D.L.R.], c’est un gros gamer et un bon ami, nos enfants se connaissent. » Le trublion ne compte pas s’arrêter là et prévoit dans un futur proche d’endosser le costume de documentariste. Samba Doucouré

DATES CLÉS

ma tête bizarre je m’imaginais plutôt derrière la caméra. » Toujours là où il ne s’attend pas lui-même, du SébastienAbdelhamid tout craché.

2006

DE PIXELS

Bonus vidéo sur respectmag.com


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Diversitéculturelle.com Le crowdfunding est un système de financement fondé sur la solidarité des internautes. Les contributeurs généreux reçoivent des compensations symboliques. Favorisant la diversité culturelle, ces « cyber coups de pouce » soutiennent la création de projets. Illustration avec le documentaire « 30 ans de marche ».

enna passe ses nuits d’été à régler les ultimes préparatifs pour son premier documentaire. Avec Lucas et François, deux camarades de son école de journalisme, elle prépare un film de 56 minutes sur les 30 ans de la Marche de l’égalité. Des idées, ils en ont plein la tête mais des sous, ils n’en ont pas dans les poches. D’ailleurs, la tendance chez les jeunes documentaristes est d’utiliser des voies alternatives de financement, en faisant appel aux sites de crowdfunding. Ces plateformes proposent aux internautes de financer des projets en échange de contreparties, le plus souvent symboliques. « 30 ans de marche » offrait par exemple une n°38 24

carte postale pour les contributeurs les plus modestes (entre 15 et 29 €), ou une formation au tournage et au montage vidéo pour les plus généreux (300 € et plus).

Une autre dimension

L’objectif de 5 000 € a été atteint fin mai après 47 jours de collecte. À l’aide des réseaux sociaux et Twitter en particulier, 160 personnes ont participé. « Notre appel a été relayé par Beur FM, le Bondy Blog et la Cité de l’immigration. Cela nous a permis d’avoir un écho auprès de nombreuses associations dans les quartiers populaires », explique Jenna. Le projet « 30 ans de marche » a remporté le prix « Première caméra » de la plateforme KissKissBankBank et a ainsi obtenu un partenariat avec la prestigieu-

se agence de production audiovisuelle Capa. L’occasion pour les trois reporters de revoir leurs ambitions à la hausse : « On voulait au départ en faire un petit webdocumentaire mais avec cette coproduction, le projet a pris une autre dimension. »

Plus de 100 000 projets

Le phénomène de finance participative est en expansion. Kickstarter, la plateforme la plus connue, est née aux États-Unis en 2009 et a déjà hébergé plus de 100 000 projets. Un succès qui a fait des petits ; d’autres sites ont suivi comme Ulule, KissKissBankBank ou encore MyMajorCompany. Cette industrie a récolté près de 2,7 milliards de dollars en 2012 avec une croissance de 81 %


Soutenir l’industrie du disque

© FBZ

« Nous avons finement étudié chaque contrepartie pour récolter les 3 700 € qui nous manquaient. Cela allait d’un CD à une visite guidée de la ville de Nantes ou des cours privés de breakdance », indique Boogie, un des membres du groupe Backpack Jax. La crise de l’industrie du disque pousse en particulier les artistes, à passer par des moyens de financement alternatif. Les sites de crowdfunding, ces plateformes participatives, ont récolté 200 millions de dollars pour des projets musicaux en 2012. Pour l’essentiel, ce sont de jeunes groupes qui tentent de produire un album, une distribution ou une tournée. Le groupe de hip-hop soul nantais Backpack Jax a ainsi pu programmer une série de concerts aux États-Unis.

par rapport à l’année précédente. Si au départ, le crowdfunding concernait principalement le lancement de start-ups, l’éventail des secteurs ayant recourt à ce financement alternatif s’est très largement diversifié. Au profit notamment de la création culturelle. L’an passé, 12 % des projets étaient consacrés au cinéma et 7 % à la musique. Samba Doucouré

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Catherine Dang

l’e-entrepreneuse Pas vraiment technophile, Catherine Dang est plutôt de celles qui estiment les innovations pour leur valeur d’usage. Non pour le côté gadget. A 45 ans, cette chef d’entreprise à l’âme de peintre, fait carrière dans le numérique, très attirée par la création de nouveaux services.

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e visage tout à coup éclairé, les joues rosies, Catherine Dang sort de sa réserve. « Les capacités des nouveaux logiciels et des nouvelles technologies sont fabuleuses », s’enthousiasme- t-elle. La discrète entrepreneuse est plus à l’aise sur le terrain du numérique que celui de son parcours. Issue d’une école de commerce, spécialiste du marketing et de l’international, la co-fondatrice de 4n Media s’est aussi formée à la peinture pendant deux ans. « Le domaine des arts m’aurait amenée à me replier sur moi-même, alors que mon activité aujourd’hui me met en contact avec le monde actuel. »

technologies pour les mettre au service de l’apprentissage », résume Catherine Dang. En sortant son smartphone, la dirigeante précise : « Nous partons des médias étrangers comme la BBC ou CNN et nous les enrichissons d’outils linguistiques comme le sous-titrage de vidéos, un dictionnaire intégré ou des quizz de compréhension. » Naturellement, c’est au cœur d’un incubateur d’entreprises que la gérante et son associé ont implanté la société. « Il y a un fort intérêt à regrouper les entreprises du numérique ensemble, parce qu’on a des problématiques communes ; il y a une émulation, un partage d’infos, affirme la quinquagénaire. C’est un écosystème dynamique. »

L’apprentissage par le numérique

Nouvelles technologies

D’origine vietnamienne, polyglotte, Catherine Dang s’intéresse particulièrement à l’apprentissage par le numérique. « On croit beaucoup à l’e-éducation », indique-t-elle. Sur les réseaux sociaux, c’est de claviers, d’écrans et d’études qu’elle converse. Disponible sur tablettes, ordinateurs et téléphones, le service en ligne de 4n Media propose des vidéos d’actualité en V.O. (anglais, allemand, espagnol, portugais, français), enrichies, notamment à destination des salariés, étudiants et de l’enseignement supérieur. « On exploite les nouvelles

Ce qui a fait tilt ? Son expérience d’un an dans une start-up qui proposait un audio-guide touristique de Paris. « C’est ce qui m’a amené à découvrir ces nouveaux supports, détaille Catherine Dang. A l’époque ce n’était pas encore des téléphones, mais des organiseurs personnalisés », s’amuse-t-elle. Sa nouvelle activité se trouve d’ailleurs ébranlée par l’arrivée de l’iPhone en 2009, qui vient directement concurrencer son offre première : des chaînes TV étrangères diffusées sur les mobiles. « Nous sommes pionniers dans notre

secteur, dévoile cette femme souriante mais sans coquetterie. Pour la formation et le scolaire, on est encore très loin d’un usage massif des outils numériques. » Dans un rire fluet, la mère de famille avoue que 4n Media est son cinquième bébé.

Femmes du digital En 2010, Catherine Dang rencontre une entrepreneuse adhérente du réseau Cyberelles. « J’ai trouvé que l’esprit de l’association était vraiment positif, avec une approche très pragmatique et généreuse. » Ces femmes du digital, comme elles se surnomment, organisent des ateliers, conférences, et partagent carnets d’adresses et expériences via des dîners informels ou les réseaux sociaux. En outre, Cyberelles a fondé le concours Power Starter, programmé tous les deux ans. Catherine Dang fait partie de l’équipe organisatrice. « Il s’agit de faire profiter de notre réseau et de notre savoir-faire à des jeunes femmes issues de la diversité ou de quartiers, et travaillant dans le numérique. » Aujourd’hui l’e-entrepreneuse tente de développer des contacts professionnels au Vietnam, « un marché qui a un besoin criant de l’apprentissage de l’anglais ». Convaincue, elle a aussi « soif de nouveautés » Emilie Drugeon


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S’expatrie à New York, donne des cours de français et apprend le japonais

1988

DATES CLÉS

Voyage à Taiwan et en Chine en tant que consultante export pour des sociétés de cosmétiques. S’initie au mandarin

1994

Travaille pour Colgate-Palmolive en tant que Responsable marketing Tunisie. Prends des cours d’arabe

1999 Tient une galerie d’art contemporain à La Celle-St-Cloud en région parisienne (78) pendant 1 an

2001 Lance my4n. TV avec Daniel Katz, avant de basculer dans la formation linguistique en créant 4n Media

2007

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© Darnel

lindor

Guy Mamou-Mani Guy Mamou-Mani est co-président du groupe Open, Entreprise de services du numérique (ESN) composée de 3 150 collaborateurs, et président de la chambre professionnelle Syntec Numérique, qui valorise l’apport du numérique auprès des pouvoirs publics, de différents acteurs économiques et des citoyens.

Points de vue la passion numérique Par Guy Mamou-Mani La révolution numérique transforme notre façon de produire et de travailler. Le fonctionnement des entreprises en réseaux collaboratifs a aplani les hiérarchies et donné un sens à la collaboration. Les méthodes de management dites « agiles » (1), issues des méthodes de développement de l’industrie du logiciel, essaiment dans tous les autres secteurs, qui ont besoin du numérique pour adapter leur production. Les règles de la création de valeur ont changé, et Internet a transformé la valeur du savoir, notamment les savoirfaire, indépendamment de la géographie, de la langue ou des différences culturelles. De fait, le secteur du numérique est depuis toujours un modèle d’accueil de la diversité, parce qu’il n’a pas de barrière culturelle discriminante. Le code est son latin ; dès l’origine la discipline informatique a été accessible à des publics d’horizons culturels très différents. Aujourd’hui, nombreux sont celles et ceux qui ont une passion pour le numérique et qui ont même acquis cern°38 28

taines compétences dans ce domaine. Ils ignorent malheureusement que l’ère de l’Internet industriel, celui qui va connecter les objets, les organisations et les hommes, et insuffler du numérique dans tous les métiers, est une source d’opportunités professionnelles pour eux, d’autant que dorénavant les besoins de recrutement s’élargissent à tous les niveaux de formation, en accueillant aussi des non-diplômés. Le numérique peut être un projet à même d’inspirer la diversité 2.0, pour cela il faut informer sur ces nouveaux métiers, et notamment les jeunes filles qui à mon sens, ignorent parfois que ces métiers les concernent aussi. (1) Des méthodes basées sur une motivation rationnelle des ressources humaines et une reconfiguration continue des processus.

Interview vidéo de Guy Mamou-Mani

L’ère des tribus 2.0 Par Patrick Banon L’homme « globalisé » se trouve confronté aujourd’hui à une mutation de société où la place réservée à l’autre paraît incertaine. La révolution électronique a certes remplacé les tablettes d’argiles d’antan par des tablettes tactiles, mais assistons-nous vraiment à un progrès éthique ou à un retour accéléré au point de départ ? L’anonymat des internautes masque les classes sociales mais ne les harmonise pas. L’invisibilité couvre les couleurs de peau, mais ne fait pas disparaître les préjugés. Les avatars dissimulent les personnes mais n’effacent pas les stéréotypes. En fait, c’est l’individualisme qui s’exprime. Les réseaux sociaux ne participent pas à la reconnaissance de l’autre, mais à la réaffirmation de soi. Internet est un univers sans territoire, avec une population en quête d’espace. Inévitable donc que les internautes reviennent au système tribal d’antan. Se retrouvant dans des univers autocentrés, ils maintiennent à l’extérieur du groupe ceux qui ne répondent pas aux critères d’adhésion de leur tribu.


© Darnel lindor

PATRICK BANON Directeur de l’Institut des sciences de la diversité, Patrick Banon est aussi écrivain et a notamment publié « Réinventons les Diversités : pour un management éthique des différences », aux éditions First. Ce spécialiste en sciences des religions est aussi chercheur à la chaire Management de l’Université Paris-Dauphine.

Outil indispensable à l’interaction économique, Internet dynamise l’interaction sociale, mais porte aussi la nostalgie d’une humanité archaïque organisée autour des différences et non de la singularité des individus. En 2017 un tiers de l’humanité aura une identité sociale en ligne. Si la mondialisation relie les hommes au monde, elle ne les relie pas nécessairement entre eux.

Interview vidéo de Patrick Banon

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Le boom des, formations au web, Les formations aux métiers du web fleurissent. A l’instar de Simplon. co, le patron de Free, Xavier Niels, lance une nouvelle école de développement web. Entièrement gratuite et baptisée « Projet 42 », la formation, qui ouvre au mois de novembre, se déroule sur trois ans et ne requiert aucun diplôme. Du côté du webmarketing et du community management, l’école PolytechWeb parrainée par Priceminister, accueille dès le mois d’octobre 100 étudiants pour les former en alternance pendant deux ans, sans condition de diplôme.

net plus ultra, Geek Désigne les fanatiques de l’informatique, capables de rester plus de 8 heures devant un ordinateur.

CODER L’ensemble des activités qui permet l’écriture des programmes informatiques et donc le développement des logiciels.

DEV BOOT CAMP Inspirés des entraînements militaires américains, les Dev boot camps sont des formations intensives au développement informatique et se déroulent généralement sur 9 semaines.

CLOUD COMPUTING C’est le fait de stocker des données informatiques sur des serveurs à distance.

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© Darnel Lindor

L’avenir est dans le code Le 2.0 offre une palette de nouveaux métiers. Parmi eux, le développement web attire de plus en plus de candidats. Ce métier technique permet à des jeunes, pas toujours diplômés, d’ouvrir les portes d’une carrière prometteuse : pour les y aider, des formations spécialisées se multiplient. Reportage lors d’une journée de recrutement.

n ne fait pas ça dans les règles de l’art », plaisante Erwan Kezzar en invitant le premier candidat de la matinée à s’asseoir. Dans les nouveaux locaux de Simplon. co, situés à Montreuil (93), les travaux sont loin d’être achevés en ce mois de juillet. Cela n’empêche pas les fondateurs de la formation, Erwan Kezzar et Andrei Vladescu-Olt, ainsi que le président de l’association « Les compagnons du Dev », Henri Fournet, de recevoir une centaine de candidats en entretien. A l’origine de cette pépinière, une ambition : ouvrir le métier de développeur web aux jeunes issus des quartiers prioritaires, sans condition de diplôme. Sur l’ordinateur d’Andrei, les autocollants des « Anonymous » et de l’association « Les enfants de Don Quichotte » laissent deviner un engagement social. « Mon rêve ce serait de voir un Rom devenir développeur web », confesse Erwan Kezzar. Leur candidat idéal ? Débrouillard, passionné par le code (voir lexique), avec un projet d’économie sociale et solidaire novateur. « Ce qu’on cherche c’est un mouton à cinq pattes », résume Henri Fournet en souriant.

Quête de sens: Si la profession attire de nombreux candidats, c’est que le métier offre de belles

perspectives d’avenir. Le salaire moyen d’un développeur web s’élève environ à 3 000 euros brut par mois. La rémunération n’est pas la seule raison d’envisager une reconversion. « Mon envie d’apprendre + quête de sens = une application relative au domaine associatif », peut-on lire sur la présentation PowerPoint de Madenba Alexandre Diop. A 32 ans, ce chef de projet informatique rêve de créer une application pour relier les associations entre elles. Une quête de sens partagée par Yacine Agani. A seulement 18 ans, ce jeune bachelier veut créer une application pour permettre aux enfants du monde de manger à leur faim. « Ça ne coûte pas grand-chose un ordinateur, une connexion Internet. Avec ça on peut changer les choses, proposer des alternatives », lance t-il au jury.

:Artisans 2.0 ; Ce besoin d’accomplissement est partagé par la majorité des candidats, pour qui le développement web offre la satisfaction de faire quelque chose de concret : « Comme le maçon, le développeur construit », explique Erwan Kezzar. On est loin de l’image du geek déconnecté de la réalité. Pour lui le développement web ne se résume pas à une logique mathématique complexe ; il

se rapproche de l’artisanat : « Personne ne programme de la même manière, chacun a sa griffe », explique t-il.

:Un tremplin ; :pour tous ; « En général, les garçons ont un peu plus de facilité avec la partie technique, mais les filles ont un projet social plus fort », observe Erwan. Alix Heuer est l’une d’entre elles. A 24 ans, cette chef de projet web a imaginé une application pour inciter les citoyens à donner leur sang. Décidée à intégrer Simplon.co, elle ne se fait pas d’illusion sur la condition féminine au sein de la profession : « Derrière le clavier c’est dur d’être une femme. Sur les forums d’entraides aux codeurs, quand tu as le malheur d’accorder un participe passé au féminin, ça se passe mal. » Pour Erwan l’objectif est clair, « on veut sélectionner autant de filles que de garçons », pour faire en sorte que la profession soit un réel tremplin pour tous. Olivia Villamy

Interviews vidéo sur respectmag.com

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© gérard germain

virtuelle

virtuelle

« La couleur me sert à exprimer ma joie ; la couleur et la lumière sont souvent de mèche dans mes toiles. J’ai enseigné les arts plastiques pendant 4 ans, le monde de l’enfance est également une réelle source d’inspiration. Contrairement aux adultes, les enfants n’ont pas peur de la couleur. C’est leur spontanéité que j’essaye d’exprimer quand je peins. »

Toiles issues de la série « Entre Terre et Ciel »

Diaporama virtuel sur respectmag.com

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arine Ta lamé est née en Martinique en 1983, où elle a passé toute son enfance à Schœlcher, à côté de Fort-deFrance. Si elle s’est toujours sentie artiste, elle a dû convaincre ses parents avant de s’envoler pour étudier l’art à Paris. « Ils savaient que ce choix de profession était très risqué, mais ils ont décidé de me soutenir. » Elle fait ses classes aux Beaux-Arts de Paris, dont elle sort diplômée en 2009. A la fois peintre et plasticienne, sa carrière décolle lorsqu’elle est sélectionnée pour représenter l’art caribéen francophone à la triennale d’art contemporain de Saint-Domingue. Depuis, elle enchaîne les expositions et les résidences d’artistes. « C’est un combat quotidien, mais je suis fière de dire que je vis de mon art. » L’artiste réalise des tableaux et des installations. Sa marque de fabrique ? La joie de vivre. « La couleur, c’est une manière d’exprimer ma joie. Dans les îles, les couleurs sont très présentes, que ce soit dans la nature ou dans le port des vêtements. » Un discours peu répandu dans le milieu, qu’elle revendique : « Je suis une artiste heureuse. J’ai souvent été attaquée à ce sujet ; j’ai décidé de prendre le contre-pied de l’image de l’artiste torturé. » Aujourd’hui invitée de la première Biennale internationale d’art contemporain de Martinique (BIAC), la jeune femme place beaucoup d’espoir dans cette manifestation : « C’est l’occasion d’interpeller le monde. Il n’existe pas d’artistes martiniquais mondialement connus, il faut que ça change. » Olivia Villamy n°38 33


breakfast diversité

Le fait religieux en entreprise

© mélanie klein

Comment les grandes entreprises françaises abordent-elles le fait religieux ? Quel comportement les managers doivent-ils adopter pour répondre aux attentes concernant les contraintes religieuses de leurs salariés ? C’est à ces questions qu’a tenté de répondre une dizaine d’entreprises, réunie par Respect mag, au cours du premier « Breakfast de la diversité ».

Bouygues Construction, GDF Suez, Generali, le Groupe Accor, HSBC, Orange et Allianz ont répondu à l’appel de Respect mag, ainsi que Patrick Banon, spécialiste en sciences des religions. Le rendez-vous est pris au petit matin dans les locaux d’Accenture, le 4 juin à Paris. Le fait religieux en entreprise, ils y sont tous confrontés, mais pas de la même manière et surtout, ils n’y ont pas donné les mêmes réponses.

Le comité Diversité d’Accenture a travaillé autour de six thématiques : l’alimentation, les fêtes religieuses, le recueillement, les relations aux autres, le port de signes convictionnels et les pratiques rituelles dans l’entreprise. »

Khalid Lahraoui

Anne-Sophie Béraud

Khalid Lahraoui

Didier Rabiti

Patrick Banon

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C’est important de garder la neutralité et de traiter tous les employés de la même manière. »

© mélanie klein

Didier Rabiti, responsable diversité et égalité des chances chez Bouygues Construction

Anne-Sophie Béraud, responsable « Diversité » (Inclusion and Diversity Manager) et Khalid Lahraoui, sponsor « Diversité des convictions religieuses », associé au sein d’Accenture

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90 % des demandes en entreprise concernent l’islam. »

Nous aussi on a édité un guide pour donner les clés de réponse à nos managers. Par exemple : ne tombez pas dans le piège de discuter de la pertinence des pratiques religieuses. Mais nous ne voulions surtout pas rigidifier des situations qui jusqu’à présent se passaient très bien. »

Toutes les sociétés du monde se sont construites sur des systèmes religieux. Le code du travail est inspiré des préceptes du Lévitique (VI° siècle avant JésusChrist). Aujourd’hui, nous vivons davantage une diversité des cultures que l’irruption d’un fait religieux. Ce qui est gênant c’est qu’avec ce concept de fait religieux, les stéréotypes ressortent, notamment sur l’islam. »

Patrick Banon, écrivain spécialisé en sciences des religions et systèmes des pensées, chercheur associé à la chaire Management et Diversité de l’Université Paris Dauphine


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« I have a dream »

Éducation : la charte de la laïcité fait sa rentrée Rapport Amnesty international sur les expulsions forcées

« L’article 1 de la Constitution dit que notre République est laïque, c’est le rôle de l’école de l’enseigner », a affirmé Vincent Peillon. Le ministre de l’Éducation a présenté le 9 septembre la charte de la laïcité dans un lycée de Seineet-Marne (94). Un texte qui est désormais affiché dans tous les établissements scolaires. Composé d’une quinzaine d’articles, ce document est « un rappel des règles du vivre ensemble » dans le milieu scolaire, selon le ministre. La charte rappelle que les élèves sont soumis à l’autorité de la loi. Par exemple, ils ne peuvent pas décider de manquer un cours en fonction de leurs opinions religieuses comme le dispose l’article 13 : « Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’école de la République. » Ce document s’adresse également au personnel éducatif avec l’article 11 : « Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions. » Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Vincent Peillon précise qu’« un texte de commentaire de la charte, article par article, sera disponible pour aider les professeurs, les conseillers principal d’éducation (CPE), les chefs d’établissement à se l’approprier ». Dans le même esprit, le ministre de l’Éducation avait évoqué l’année dernière, l’idée d’un enseignement sur la « morale laïque ». Renommé « Enseignement moral et civique », son application est reportée à 2015.

Amnesty international a publié le 26 septembre dernier un rapport intitulé « Condamné à l’errance ». Ce rapport revient sur les expulsions forcées de Roms, en France, notamment dans les agglomérations d’Île-de-France, Lille et Lyon. L’ONG constate que les mesures prises par le gouvernement restent insuffisantes pour protéger les populations roms contre ces expulsions et pointe les conséquences sur le quotidien des familles, notamment en termes d’accès aux soins et à l’éducation. A.M.

M.F.M

Resp38

Je souhaite recevoir RESPECT MAG à mon domicile. Je participe aux frais d’expédition des prochaines éditions, soit 10 € pour 1 an (4 numéros)*. Je souhaite commencer à recevoir RESPECT MAG à partir du numéro : .....................

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livre original et décalé L’association Reporters d’espoir rend hommage, dans un livre intitulé « I have a dream : Un nouveau monde se dessine », au fameux discours de Martin Luther King. Ce recueil, paru le 28 août aux éditions Steinkis, pose un regard décalé et original sur son message, à travers les portraits de 9 personnalités marquantes comme Aung San Suu Kyi ou Nelson Mandela, à l’occasion des 50 ans du discours prononcé par le pasteur américain. A.M.

Une appli anti-tag raciste La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a lancé le 12 juin une application pour smartphone. L’App’Licra permet de photographier des tags racistes ou antisémites, de les transmettre directement à la Ligue qui avertit la mairie concernée pour qu’elle procède au nettoyage dans les plus brefs délais. « Nous avons eu de très bons retours depuis sa mise en place », estime Clothilde Chapuis, en charge de l’action numérique de la Licra. Dans un second temps, « un témoin, une victime d’acte raciste pourra s’en servir pour le dénoncer grâce à l’application », rajoute-t-elle, espérant que ce dispositif de vigilance citoyenne permette de diminuer les actes racistes. M.K.

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© bernard suard

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C’est le nombre de sociétés qui ont signé la charte « Entreprises et quartiers », lancée par François Lamy. Partant du constat que le taux de chômage des jeunes s’élève à 40 % dans les zones urbaines sensibles, le délégué en charge de la Ville souhaite favoriser l’accès à l’emploi ou la création d’entreprises pour les habitants de ces quartiers populaires. Education, orientation, médiation, services à la population, soutien à l’entrepreneuriat, clauses d’insertion… Les entreprises peuvent agir pour le développement économique, social et culturel. Parmi elles, on compte Coca Cola, la Poste, GDF Suez, Vinci, Carrefour ou encore la RATP. A.M.

Entreprendre en banlieue Depuis 2006, PlaNet Finance accompagne les habitants des banlieues qui souhaitent créer leur entreprise. Le programme « Entreprendre en banlieue » a déjà permis de créer 1 500 entreprises et 1 700 emplois. Quatre nouvelles antennes ont ouvert récemment à Poissy, Bobigny, Orléans et Lyon. Implantées au cœur des quartiers, ces antennes ont pour mission d’accompagner et de sensibiliser les habitants à la création d’entreprise. A.M.

Deux textes, une loi Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a remporté une bataille. Cet automne, les parlementaires débattront autour de deux propositions de loi visant à instaurer l’action de groupe, un recours juridique qui permet à des personnes victimes d’une même discrimination de porter plainte ensemble contre une personne physique ou morale. Les deux auteurs de ces propositions, la sénatrice Esther Benbassa (EELV) et le député Razzy Hammadi (PS), ne se sont, semble-t-il, pas concertés.

Mères en prison Améliorer les conditions d’emprisonnement des mères, c’est ce que prône Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté. Pour y remédier, il propose de leur accorder un aménagement ou une suspension de peine pour maternité, ou encore une liberté conditionnelle. Selon lui, « la détention d’une mère concilie l’inconciliable : la présence d’un enfant auprès de sa mère et le caractère insupportable de la présence d’un enfant en prison ». À l’heure actuelle, une mère peut être emprisonnée avec son ou ses enfants jusqu’à ce que ces derniers aient atteint 18 mois. A.M.

Miroir/ miroirs, nouvelle revue LGBT Miroir/Miroirs est un nouveau magazine semestriel « d’analyse et de réflexion autour des genres, des sexualités, des familles, des sociétés ». Pour Arnaud Alessandrin, le rédacteur en chef, « il manquait au paysage une revue de recherches sur le genre et la sexualité des minorités ». Car Miroir/Miroirs mélange recherche et journalisme grâce à des contributions de sociologues, de journalistes, de géographes. L’idée : prendre du recul sur les sujets LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans) et ne pas les traiter simplement par le biais de l’actualité. Ce mook (livre-revue), qui paraît deux fois par an, est édité par les éditions Des ailes sur un tracteur. Le premier numéro, sorti le 30 juin, est consacré à Grindr, l’application pour smartphone de rencontre entre hommes.

A.D.

A.M.

© Darnel lindor

5 ans, c’est trop ! Les personnes en situation de handicap n’ont pas à attendre 5 ans pour changer leur fauteuil. C’est ce qu’a affirmé la Cour d’appel de Montpellier en donnant raison à Lionel, le 9 janvier 2013. Il s’était vu refuser par la Caisse primaire d’assurance maladie le renouvellement de son fauteuil, prescrit par son médecin ré-adaptateur, au motif qu’il en avait déjà changé moins de 5 ans auparavant. Problème, ce délai existe dans la loi uniquement pour les fauteuils électriques monte-marches d’une marque précise ! A.D.

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© D. R.

Trois questions à :

Laetitia Van Eeckhout

« La France est un vieux pays en crise » Journaliste spécialiste des questions d’intégration et d’immigration, Laetitia Van Eeckhout a travaillé pendant cinq ans au journal Le Monde. De cette expérience de terrain elle tire un livre : « France Plurielle : le défi de l’égalité réelle » (éd. Folio actuel), qui dresse le portrait d’une France qui ne parvient pas à accepter la différence.

Votre livre est-il engagé ? Engagé, je ne sais pas. Mais j’avais envie de livrer ma réflexion et d’appeler les politiques et la société française à repenser les questions d’intégration. L’idée c’était de poser les choses à plat. Je me suis appuyée sur des études souvent méconnues pour rappeler un certain nombre de faits.

Vous préfacez votre ouvrage avec cette citation de Léon Gambetta : « La vraie démocratie, ce n’est pas de reconnaître des égaux, mais d’en faire. » La France est-elle une vraie démocratie ? Dans le contexte mondial, oui. Ça ne lui évite pas de pécher sur certains points et notamment sur la défense des valeurs qu’elle prône. Par exemple, l’égalité qui figure au fronton des mairies n’est pas une réalité pour beaucoup de Français, notamment ceux issus des minorités visibles.

Pourquoi l’immigration est-elle si problématique ? Parce que la France est un vieux pays en crise et que la crise n’aide pas à l’ouverture. On a dévoyé les valeurs de la République. On a fait de l’universalisme, un refus de la différence. Tout le monde doit se fondre dans la masse. Le problème c’est que nous vivons dans un monde ouvert, les gens bougent, ils voyagent. La différence fait partie de notre quotidien, il faut l’accepter. Propos recueillis par Olivia Villamy

Retrouvez la totalité de l’interview sur respectmag.com

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agenda

! U N E V É R P A R U ON VOUS A paris / du 9 septembre au 30 octobre

paris/du 18 septembre au 31 décembre

Fabrice Eboué assure le show

in.com www.comedie-caumart

Eboué », le show ctacle « Faites entrer Fabrice Après le succès de son spe ctacle « Fabrispe u vea la scène avec son nou de ant dev le sur t ien rev n ma théâtre de la coméqu’au 31 décembre 2013 au ce Eboué levez-vous », jus avant-première au s le spectacle, présenté en die Caumartin à Paris. Dan pargne personne e toujours aussi cynique, n’é festival d’Avignon, l’humorist et surtout pas la société.

été indien www.guimet.fr

30 octobre 2013, l’été se Du 9 septembre jusqu’au t à Paris. A l’occasion de prolonge au musée Guime té Indien » fête le centesa 10e édition, le festival « E « Raja Harishchandra », naire du premier film indien de Bombay. Le musée sorti en 1913 dans les salles les profondeurs oubliées propose une plongée dans ien, en projetant 30 films de l’industrie du cinéma ind dont 21 inédits.

paris/du 9 octobre au 30 novembre

sur un air de tango

e pessac/du 18 au 27 octobr

ondes de ces.hnetoc

www.festival-parisbanlieues-tango.fr

www.vibrations-urbain

oulera à Pessac Vibrations Urbaines se dér La 16e édition du festival amateurs et r 3. Un rendez-vous pou les (33), du 18 au 27 octobre 201 pétitions de com des e, aines. Au programm les curieux de cultures urb ts éclecticer con des et s des exposition skate, de BMX et de break, r découvrir les également des ateliers pou ques. Le festival organise te. le break, le graffiti et le ska disciplines urbaines, comme

s’invite à bre 2013, l’Amérique latinee Du 9 octobre au 30 novem édition, le Banlieues Tango. Pour sa 16 Paris grâce au festival Paris spectacles, ux évènements. Concerts, festival prévoit de nombre ires (miula is également des bals pop projections de cinéma, ma r à cette itie s’in ttront aux Parisiens de longas en argentin), perme s. danse lors d’ateliers gratuit

ier

e au 15 janv martinique/du 22 novembr

se

La Martinomique s’expo

biennale www.biacmartinique.c ique inaugure sa première nce d’Aimé Césaire, la Martin ssa nai e la , cette de lais ire éga rsa sén ive ur ann Sow, célèbre sculpte A l’occasion du 100 le parrainage d’Ousmane s temSou . con ain art por et re tem ratu con rt litté internationale d’a 15 janvier 2014, mêle au 3 201 bre em nov 22  du se tiendra nt culturel de ce territoire manifestation culturelle qui banité et au développeme l’ur à e ant ort imp ce pla ent une des résidences d’artistes, porain. Elle accorde égalem des pavillons d’exposition, t llen uei acc e iqu rtin Ma s de nt-Pierre ou encore les d’outre-mer. Plusieurs ville mi elles, Fort-de-France, Sai Par s. ale ent num mo écrins atio tall eurs, graffeurs, conteurs et des performances et des ins aux et martiniquais (slamm tion rna stes inte arti tes les rtis ir d’a e uvo objectif de promo Trois-îlets. Une quarantain enne. L’évènement a pour ibé car ture cul la fier gni vains) est conviée à ma ier. connus, dans le monde ent de la Martinique, souvent mé

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paris et île-de-france du 17 septembre au 29 octobre

paris/du 17 au 20 octobre

Des graffeurs à l’honneur

festival orphée

www.criteres-editions.com

its Show ées d’existence de l’Opus Dél Pour célébrer les quatre ann l’espace ginée par Critères Editions), (une collection de livres ima 20 octobre lle une exposition du 17 au Pierre Cardin à Paris accuei et art parouvrir quarante artistes stre 2013. Quatre jours pour déc Un festival of. , Ludo ou encore Artof Pot mi lesquels, Psyckoze, Ben octobre. 20  et lement organisé le 19 de courts-métrages est éga

www.orpheefestival. com

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pés, c’est lic le travail d’artistes handica Faire connaître à un large pub t chasan ani org en ., iation O.R.P.H.E.E le combat que mène l’assoc ne did’u s plu , tion édi te âtre. Pour cet que année un festival de thé is et Par de s âtre thé six s t prévues dan zaine de représentations son ou siques enshows, opéras, pièces clas d’Île-de-France. One man ttront aux autant de scènes qui perme core danse contemporaine : étendue de leur talent. artistes de montrer la pleine

paris/23 novembre

des poèmes pour u tomboucto slam.org

sortie en salles/ 13 novembre

battle of the year

du monde de battle st le nom du championnat « Battle of the year. » C’e film qui sortira en du et les ans dans le monde, hip-hop, qui se tient tous ition, le long-mépét com Inspiré de la célèbre 3. 201 re mb ove 13 n le es sall tourné lors du battle Benson Lee, a été en partie trage réalisé par le coréen ne façon de proMontpellier en 2011. Une bon qui s’est déroulé à l’Arena de tionale a lieu cette pétition dont la finale interna longer la magie de la com . Braunschweig en Allemagne année le 19 octobre 2013, à

www.institut-cultures-i cultuar ici Dakar », l’Institut des Dans le cadre du festival « P pacom se un brunch littéraire en res de d’Islam, à Paris, organi bre em nov hima Aya, le samedi 23  gnie de l’écrivain malien Ibra redu tion lica revenir sur la pub 2013. L’occasion pour lui de la de it Fru . u » cto tes pour Tombou cueil de poèmes « Voix hau les , nts tine con tre s venus des qua collaboration de 25 auteur lences aux démolitions et aux vio e ons rép poèmes sont une l’ande rs cou au âtre thé u a été le dont la ville de Tomboucto née 2012.

avril

paris/du 16 octobre au 27

L’immigration en bande dess.frinée

www.histoire-immigrat

ion

st au tour l’exposer. Cet automne, c’e e breux musées ont décidé de nom de , thème de art le 9 que de g ntre ran mo au  », l’exposition ée s’est hissée Depuis que la bande dessin sur la BD. Baptisée « Albums r che Yopoupen de se Aya de is par t Par à san é pas migration situ Portugais à Bouzid en le is Lou De . les du musée de l’histoire de l’im bul à s sin des majeure dans l’histoire des l’immigration tient une place tés. sen pré t son our um d’h sins et gon, plus d’un siècle de des

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agenda

créteil/du 16 au 30 novembre

bre verdun/jusqu’au 20 décem

ila ag u es

www.ville-creteil.fr

©G

ill

Kalypso Festival Danse

ur la deuxième année conséc Kalypso Festival Danse. Pou le 3, 201 bre lle, du 16 au 30 novem tive, la ville de Créteil accuei la de ur cœ le e, dant une semain festival Kalypso Danse. Pen dan de e hm ryt au arne, battra ville située dans le Val-de-M et be her en hes rap rég des cho ses hip-hop imaginées par mde spectacles sont progra ine gta vin ne d’u s réputés. Plu p, -ho des ateliers de danse hip més, auxquels s’ajouteront ue hiq rap par le Centre chorég ainsi qu’une battle organisée -Marne (CCN). -de national de Créteil et du Val

© dulce pin

zÓn

www.cmpaix. eu paix, des libertés et des Le Centre mondial de la dun, accueille l’exposition droits de l’homme situé à Ver 2013. A travers 80 em li » jusqu’au 20 déc bre « Regards croisés sur le Ma itique et militaire, des rappels du contexte pol photographies, rythmées ion de mission inérentes phases d’intervent l’exposition montre les diff ttre aux autorités Mali (MISMA), pour perme ternationale de soutien au essayant de prétrôle de la zone nord, tout en du pays de reprendre le con ses populaires lies des affres de la guerre. Des server la population civile tions locales, ula pop , au difficile quotidien des lors de l’arrivée des troupes lienne. Face ma e toir l’his mois marquants de l’exposition retrace plusieurs ose 35 cliexp r thie Vau iel raphe lorrain, Dan à ces 80 clichés, le photog l’intervention dans liens photographiés avant chés en noir et blanc de Ma imer l’espoir de bolique pour l’artiste d’expr leur pays. Une manière sym liberté de ce peuple.

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Le Mali en ligne de mire

e paris/jusqu’au 15 décembr

« Vos rêves nous dérangent »

www.villette.com

teillon Paul Delouvrier en par de la Villette à Paris. Le pav c par au 3 ion 201 vat re ser mb l’ob s éce stes engagés dan n qui se tient jusqu’au 15 d photographies de trois arti les lle uei C’est le nom de l’expositio Du e. acc , l’Ind rles r d’A pou tres dra et Achinto Bha tographies les Rencon otszky pour l’Afrique du Sud Sub l nariat avec le festival de pho ées hae cap Mic res ue, s xiq me Me le fem r s par de jeunes es. Dulce Pinzòn pou humains et divins, incarné des sociétés contemporain mises aux représentations d’êtres rk -Yo en marge de la société. Des New à ent nt viv ailla qui x trav ceu de vie de de mo le superman mexicain nt s dévoile Une exposition qui se s en Inde, les photographie ulations fragiles et exclues. pop des s nce ista de la traite des êtres humain rés de modes illustrent l’imaginaire et les en scènes surprenantes qui est paru chez Actes Sud. s hie rap tog pho des gue alo cat le e squ pui e, livr décline en

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agenda

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