Respect mag 39- Handicap & Emploi

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GRATUIT

NUMÉRO 39

HIVER 2013

FOCUS

handicap & emploi comment séduire une entreprise ? société

Tout ce que vous croyez savoir sur les Roms

culture

Quand féminisme rime avec humour

MÉDIAS

INTERVIEW RESPECTABLE

“ Sans la télé, je ne serais pas cuisinier ”

Les blogs qui bougent les lignes



portfolio

Imposons le Respect ! Chaque trimestre, nous publierons les meilleures photos qui mettent en situation votre magazine. Clichés insolites, décalés, ou carrément barrés, lecteurs de la rue, lecteurs de salon ou du bout du monde, posez votre mag là où le respect s’impose ! À vos objectifs ! photos@respectmag.com

in s, Pék , 21 an dit ! Tyson vous le

’on Puisqu

Alice, 25 ans, Nice

“Oui, je sais, c’est facile... ”

Lachen, 31 ans, Poitiers

Flavien, 22 ans, Nantes

“Le bonhomme vert, il m’autorise à avancer. Moi, je l’aime.”

Moi, qui je suis sans mon vélo ?

Pat, 27 ans, Marseille

Heu... Spécial dédicace !

LE MAGAZINE DIVERSITÉ

n°39 3


80, rue de Paris — CS 10025 93 108 Montreuil

© darnel lindor

© darnel lindor (photo)

N° 39/HIVER 2013/GRATUIT

ÉDITO

Courriel : redac@respectmag.com Internet : www.respectmag.com

VALÉRIE AIDER Rédactrice en chef

Respect mag est une publication trimestrielle éditée par Presscode pour l’association Insertion et Alternatives Directeur de publication : Jean-Marc Borello, jmb@groupe-sos.org Éditeur : Gilles Dumoulin, gd@groupe-sos.org Rédactrice en chef : Valérie Aider, valerie.aider@groupe-sos.org Rédactrices en chef adjointes : Mélanie Klein, melanie.klein@groupe-sos.org Émilie Drugeon, emilie.drugeon@groupe-sos.org Rédacteurs : Mélanie Klein, Olivia Villamy, Anna Demontis, Alice Méker, Stéphane Burgatt, Alexandra Luthereau, Fabien Soyez, Véronique Valentino, Florent Reyne Contributeurs : Jean-Marie Muller, Eric Macé Direction artistique : François Bégnez, francois.begnez@presscode.fr Maquettistes : Martin Laloy, Peggy Moquay, Nicolas Naudon, Floriane Ollier Photographes : Darnel Lindor, Stéphane Burgatt Illustrations : Peggy Moquay Les médias du Groupe SOS Direction générale : Valère Corréard Communication et partenariats : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org Youssef Magoul, youssef.magoul@groupe-sos.org Développement : Pierre Pageot, Emma Lecomte Ressources : Laetitia Nettelet, Valentin Burgaud Régie publicitaire : Mediathic/Respect éditions Alassane Sow, Chef de publicité alassane.sow@groupe-sos.org 01 56 63 94 57 Relations presse : Stéphanie Veaux, stephanie.veaux@groupe-sos.org Youssef Magoul, youssef.magoul@groupe-sos.org Abonnements : France Hennique abonnements@respectmag.com — 04 96 11 05 89 ISSN : PROV007781. Dépôt légal à parution

Encore un effort ! Gare du Nord, samedi, début d’après-midi à Paris, le quai est bondé. L’équipe bordelaise de basket handisport en National A, attend l’arrivée du RER. Nous sommes en 2013 et pourtant, c’est clair, il va falloir se battre. Retenir la foule qui les bouscule, les dépasse, les ignore. Le premier passe en force : « C’est bon, on y va ! ». Ce sont des sportifs, ça se voit à leur détermination, au physique aussi. Je m’indigne de l’incivilité dont ils font les frais. L’un d’entre eux me répond, avec détachement : « Y’a rien à dire, c’est comme ça partout. » Se battre pour monter, trouver sa place… À bord d’un train ou dans la société… Dans le fond, ils savent très bien se débrouiller seuls, il faut juste ne pas les oublier. Leur laisser une place. Alors que se prépare la semaine pour l’emploi des personnes handicapées, le rapprochement est vite fait. Que ce soit dans la conception d’un bureau, d’un moyen de transport, ou d’une politique d’embauche. On observe des améliorations, des initiatives remarquables, mais Grégory Cuilleron et Marc-André Cratère en témoignent, l’avenir est dans la formation et l’apprentissage. Pour que les handicapés puissent avoir accès au train de l’emploi, il faut leur ouvrir la porte des diplômes et des qualifications dont a besoin l’entreprise, comme on le fait pour vous, pour moi, comme pour n’importe quel valide. Au fait, ce jour-là, Bordeaux a gagné contre Paris, 90 à 63. Respect !

Impression : Imprimé en France par Aubin imprimeur Distribution : Presse Pluriel Tous droits de reproduction réservés. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Photothèque : Thinkstock Impression réalisée sur papier PEFC

Avec le soutien de :

Edité par :

Délégation générale Groupe SOS  102, rue Amelot 75 011 Paris Tél. : 01 58 30 55 55 — Fax : 01 58 30 55 79 www.groupe-sos.org Avec 10 000 salariés et 300 établissements, le Groupe SOS est une des premières entreprises sociales européennes. Depuis près de 30 ans, il met l’efficacité économique au service de l’intérêt général. Il répond ainsi aux enjeux de société de notre époque en développant des solutions innovantes dans ses cinq cœurs de métier : jeunesse, emploi, solidarités, santé, seniors. Chaque année, les actions du Groupe SOS ont un impact sur plus d’un million de personnes.



39 SOMMAIRE n°

LE MAGAZINE DIVERSITÉ

HIVER 2013

3 © Darnel lindor

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grégory cuilleron

handicap & emploi

« Sans la télé, je ne serais pas cuisinier »

Comment séduire une entreprise ? p.16 17 20 21 22 23 28 30 32 34

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État des lieux / Établissements de travail spécialisés : pièges ou opportunités Enquête / À candidat virtuel, emploi réel Rencontres / Faciliter la rencontre entre recruteurs et candidats handicapés Échanges / Réseau social anti-préjugés Analyse / Formation, le talon d’Achille des travailleurs handicapés Portfolio / L’entre-prise de vues Breakfast de la diversité / Quelle place pour le handicap en entreprise ? Tribunes de Jean-Marie Muller / Éric Macé. Pour ou contre l’objection de conscience des élus de la République ? Portrait / Marc-André Cratère « Mon handicap a révélé mes aptitudes »

fil info société fil info médias fil info CULTURE

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Imposons (le) Respect ! Alors que votre magazine diversité prend ses marques et s’installe dans sa nouvelle formule et que vous êtes, numéro après numéro, de plus en plus nombreux au rendez-vous, il est apparu indispensable de nous rencontrer dans ces pages. Pourquoi ne pas participer à ce projet fédérateur ? Le respect devait être au cœur de la démarche pour donner encore plus de force à l’engagement du titre. Lorsque la rédaction a émis l’idée d’imposer (le) Respect, toute l’équipe a sauté sur l’occasion : en toutes circonstances, en tous lieux, le respect est un enjeu. Un premier « galop d’essai », une page comme une porte ouverte sur ce qui selon vous, inspire le respect dans notre société arc-en-ciel. Quitte, s’il le faut, à l’imposer ! Valère Corréard Directeur général du département médias du Groupe SOS

agenda cultureL

on vous aura prévenu !

expo virtuelle

barth

DU GRAFF À LA PEINTURE NUMÉRIQUE LE MAGAZINE DIVERSITÉ

interview respectable

© darnel lindor

focus

Portfolio

IMPOSONS LE RESPECT !



interview

© darnel lindor

respectable

« Sans la télé, je ne serais pas cuisinier » Grégory Cuilleron, trentenaire au sourire charmeur s’est fait connaître en participant à la toute première émission d’Un dîner presque parfait sur M6. Après avoir remporté « Le combat des régions » du programme, il enchaîne avec la première saison de Top chef. Pour Respect mag, ce surdoué de la gastronomie, dépourvu d’avant-bras gauche, revient sur son enfance, sa passion pour la cuisine et nous donne son point de vue sur l’insertion des personnes handicapées dans l’entreprise.


or ind el l ©d ar n

on peut s’interroger sur la normalité, on est tous

l’anormal de quelqu’un.

Vous êtes né avec un avant-bras en moins, comment votre famille et vous-même, en grandissant, avez-vous vécu ce handicap ? Mes parents ont toujours abordé mon handicap de manière positive. Et dans ma prime jeunesse, j’ai surtout le souvenir de passer mon temps à expliquer aux autres enfants pourquoi il me manquait un bras ! Il y a des familles pour lesquelles c’est difficile d’avoir un enfant handicapé et je les comprends. évoluer dans un milieu que je qualifierais d’hostile, ça n’aide pas à se développer de la meilleure des manières. C’est très dur pour de nombreux parents. Je pense qu’il faut faire un gros travail de sensibilisation pour leur dire, d’une part, que ce n’est pas grave d’avoir un enfant handicapé et d’autre part, que cela ne va pas l’empêcher d’avoir une vie normale,

avec des adaptations, mais normale quand même. Si les parents ne sont pas complexés, cela ressurgira forcément sur les enfants.

Et vous, estimez-vous avoir une vie tout à fait normale ? Ah oui ! Après on peut s’interroger sur la normalité, on est tous l’anormal de quelqu’un. Cela me fait toujours rire, on parle de diversité, de handicap… On a tous nos casseroles, nos chemins de vie, mais oui, j’estime avoir une vie comme tout le monde !

Alors que moins de 20% des personnes en situation de handicap obtiennent le baccalauréat en France, pour vous, c’est une réussite d’avoir fait des études ? Pour moi le bac ce n’était pas un défi, c’était le minimum syndical. Je me serais

pris une « torniole » si je ne l’avais pas eu ! Je n’ai pas un handicap freinant pour faire des études. Je n’ai pas de problèmes de mobilité, d’accessibilité ou de compréhension. J’ai une main pour tenir mon stylo, c’est suffisant [rire].

Vous avez quand même été freiné dans le choix de vos études supérieures ? En effet, je voulais faire des études de médecine mais j’ai été recalé à la visite médicale à cause de mon handicap. J’ai trouvé cela un peu dur. Si j’avais voulu être neurochirurgien, j’aurais compris. Pour autant, je n’en garde pas une grosse frustration, il y a plein de choses que j’aime. Du coup, dans un premier temps, je suis parti sur un DEUG de droit mais j’ai trouvé la deuxième année très procédurière, cela m’intéressait moins. Ensuite, je me suis lancé dans des études de commerce puis de LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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interview respectable

Le coup de pouce l’association ASSEDEA Grégory Cuilleron a choisi ASSEDEA. Cette association de famille d’enfants agénésiques, c’est-à-dire à qui il manque un membre à la naissance, permet aux personnes touchées d’une manière ou d’une autre par ce handicap d’échanger. Certains parents se retrouvent un peu démunis à la naissance d’un enfant agénésique, « ils ont besoin de réconfort et de conseils », explique Grégory, très impliqué dans cette association. « De temps en temps, j’anime des cours de cuisine avec les enfants, c’est assez étrange d’être entouré d’enfants comme moi, on cuisine tous avec une main, et c’est chouette », s’amuse-t-il. © pegg

communication. C’est un cheminement qui m’a beaucoup servi. Je suis vraiment riche de tout ce que j’ai pu faire pendant cette période.

La cuisine, c’est une passion de toujours ? Oui, au départ parce que j’aime manger. Donc pour bien manger, le meilleur moyen c’est de se mettre à cuisiner. Ensuite, le plaisir de cuisiner prend le pas sur le fait de manger. De fil en aiguille, on finit par s’améliorer, on a envie d’aller plus loin… J’ai commencé jeune, on n’avait pas toutes les nouvelles technologies et toutes ces bases de données. Je regardais dans quelques livres et je bidouillais. Mais je n’avais pas envie de faire des choses classiques. C’était plus de la cuisine d’instinct. Et je ne pense pas que j’aurais fait la même cuisine si j’étais né 20 ans plus tard.

En 2008, vous vous inscrivez sur M6 pour une toute nouvelle émission culinaire, Un dîner presque parfait, vous remportez « le Combat des régions » l’année suivante, et vous vous retrouvez face à des professionnels dans Top Chef, en 2010… Sur Top chef, j’ai fait bonne figure face à des chefs professionnels, et c’est au LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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cours de cette expérience qu’il m’est apparu que je pouvais faire quelque chose dans ce milieu. Mais il y a un fossé entre participer à une émission et tenir un restaurant. D’ailleurs, pour mes premières expériences, j’ai eu des associés. Tout seul, j’en aurais été incapable. Trouver des fournisseurs, connaître et respecter les normes, il faut l’apprendre, et si ce n’est pas à l’école, au moins sur le tas. Mais sans la télé, je n’aurais peutêtre pas fait de cuisine ou alors j’aurais mis beaucoup plus de temps. Ces émissions m’ont appris beaucoup, m’ont forcé à aller de l’avant et à me dépasser.

Vous êtes-vous senti pris dans l’engrenage médiatique et utilisé pour votre handicap ? S’il y a une chose que j’ai appréciée de la part des responsables de l’émission diffusée sur M6, c’est qu’ils n’ont pas surjoué le truc, et je leur en suis reconnaissant. De même que dans la notation des chefs sur Top chef, je pense que mes résultats étaient mérités. Pour les autres médias, certes, j’ai eu plus de sollicitations par rapport à mon handicap je pense. D’une certaine manière, c’est la télé qui m’a rendu handicapé. Je ne m’en rendais pas compte avant. Je n’en parlais pas car pour moi c’était normal. Maintenant, j’ai pris conscience qu’il fallait

ay y mo qu

expliquer davantage. Après, la machine médiatique, je ne vais pas m’en plaindre, cela me permet de faire des choses formidables. Ce n’était pas le but au départ mais je ne m’en plains pas.

Depuis 2010, vous êtes également ambassadeur de l’Agefiph, quel bilan tirez-vous de ces trois années ? Il y a eu beaucoup de communication, des plateaux télévisés, des interviews. Je suis parti à la rencontre des responsables des ressources humaines et des salariés au sein même des entreprises. J’espère pouvoir continuer et que mon rôle sera prolongé pour 3 ans de plus. J’ai la sensation d’avoir plus de ficelles maintenant, plus de forces. C’est un monde que j’ai découvert. Moi, je n’ai jamais eu le statut de travailleur handicapé. Et j’ai été agréablement surpris, je m’attendais à voir des chefs d’entreprises qui ne voulaient pas de « culs de jatte » ou de manchots mais pas du tout… La loi de 2005 a beaucoup changé les choses. Je ne suis pas pour la discrimination positive mais parfois si la société est biaisée, il faut pouvoir l’installer. Cette loi a permis de faire comprendre la problématique. Maintenant que la graine a germé, il faut réunir les conditions pour qu’elle puisse grandir.


Avril 2013 Animateur de « Cauchemard en cuisine » sur w9 Avril 2011 Il ouvre un restaurant-épicerie à Sainte-Foy-lèsLyon avec deux associés, qu’il a fermé cette année.

j.S. bach

Octobre 2010 Il sort un premier livre de recettes, « Dans la cuisine de Grégory », aux éditions M6.

BW1068 Air from suite n°3 in D.

Antonio Carlos Jobin & Elis Regina Águas de Março

Janvier 2010 Il devient chroniqueur de « M.I.A.M : Mon invitation à manger », avec Cyril Lignac sur M6.

sympathy for the devil

LA PLAYLIST IDÉALE DE

grégory

Selon vous, existe-t-il encore des blocages à l’emploi des personnes handicapées ? Le grand combat, c’est la formation. Le meilleur moyen de rendre sexy quelqu’un pour une entreprise, c’est qu’il aie de bonnes capacités. D’ailleurs, c’est le même problème pour les valides. L’alternance est une très bonne chose, et elle est possible jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap. Moi-même j’ai fait un BTS et une licence en alternance. On est vraiment au sein de l’entreprise et le dirigeant prend finalement moins de risques qu’en signant tout de suite un CDI. Comme je le dis souvent, nous essayer c’est nous

adopter. Je ne connais personne qui aie renvoyé un handicapé par la poste parce qu’il était déçu ! Il faut aussi former les personnes encadrantes pour qu’elles n’aient pas peur du handicap, et qu’elles n’hésitent pas à les encourager, voire les bousculer. Parce que le risque, c’est de se laisser « porter » sous prétexte de son handicap.

Que signifie le terme « diversité » pour vous ? La diversité, c’est l’autre. Tout ce qui n’est pas soi est différent. C’est l’échange, l’apprentissage, le melting pot. La diversité, c’est l’enrichissement.

mini bio

decca et abkco

11 février 2008 Il remporte la première émission d’Un dîner presque parfait, diffusée sur M6.

the rolling stones

universal music

Si vous étiez rédacteur en chef du prochain numéro, qui inviteriez-vous ? Laurent Thirionet, que j’ai rencontré lorsque je couvrais les Jeux paralympiques de Londres en 2012. C’est un cycliste handisport et surtout quelqu’un de très bien. Propos recueillis par Mélanie Klein

Retrouvez l’interview dans son intégralité sur Respectmag.com

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fil info societé

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Journées de l’entrepreneuriat féminin Dans le cadre du Mois de l’économie sociale et solidaire, la 3è édition des Journées de l’entrepreneuriat féminin se tiendra à Marseille du 4 au 30 novembre. Cet évènement propose des permanences d’aide à la création et au développement d’activités, des cafés business ainsi que des espaces de vente dédiés aux créations des entrepreneuses. Parmi les temps forts de cette édition : une journée consacrée au financement des projets d’entreprise de femmes.

Nina Davuluri est la première reine de beauté d’origine indienne aux U.S.A. Son élection, le 15 septembre dernier, a provoqué des commentaires racistes de la part d’internautes sur Twitter. Surnommée Miss Al-Qaeda sur les réseaux sociaux, la nouvelle Miss America a balayé les insultes en déclarant : « Je me suis toujours considérée comme Américaine et je suis heureuse de représenter un pays multiculturel. »

F.R.

© Elisabeth Luc Bachelet

F.R.

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© Razak MDDF

© Miss America Foundation

Miss America victime de racisme

Les entreprises évaluées sur la parité Orange, grande entreprise la plus paritaire de France. C’est le résultat du classement réalisé par le ministère des Droits des femmes à l’occasion de la première Semaine de l’égalité professionnelle. Publié le 17 octobre, ce palmarès rend compte des avancées en ce qui concerne la place des femmes dans les entreprises. Le ministère s’est appuyé sur la composition des conseils d’administration, des comités exécutifs et de direction. Autre indicateur, le « top 100 » qui comptabilise le nombre de femmes parmi les cent postes les plus importants d’une société. Tous les établissements n’ont pas répondu aux exigences : la compagnie pharmaceutique AB Science est dernière du classement. A.D.

Retour sur l’affaire Baby-Loup Décembre 2008 : Fatima Afif réintègre la crèche associative Baby-Loup après un congé de 6 ans, avec l’intention de garder son foulard au travail. La directrice de l’établissement refuse et Fatima Afif est licenciée pour faute grave. Mars 2010 : Fatima Afif, elle-même directrice adjointe, porte l’affaire devant le tribunal des Prud’hommes. Malgré un avis de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) en faveur de la plaignante, le tribunal confirme son licenciement. Octobre 2011 : La cour d’appel de Versailles confirme à son tour cette décision. 19 mars 2013 : La Cour de cassation annule le licenciement, estimant qu’il constitue « une discrimination en raisons des convictions religieuses » et doit être « déclaré nul ». L’arrêt Baby-Loup fera désormais jurisprudence.

17 Octobre 2013 : à la demande de la crèche, l’affaire retourne devant les tribunaux, à la cour d’appel de Paris. F.R.

Une femme bientôt au Panthéon ? « Pour le prochain grand homme au Panthéon, nous voulons … des femmes ! » C’est ce que publie en page d’accueil de son blog le Collectif pour des femmes au Panthéon. Composé du réseau « Osez le féminisme », du Lobby européen des femmes (LEF) et du groupe d’action féministe « La Barbe », le collectif s’adresse directement à François Hollande. Chargé des panthéonisations, le président de la République devrait annoncer le nom du prochain « grand homme » en décembre 2013, après que Philippe Belaval, le président du Centre des monuments nationaux, ait préconisé le choix d’une femme dans un rapport. Parallèlement, une consultation a été organisée sur la Toile. Aux yeux des internautes, c’est Olympes de Gouges qui devrait rejoindre Marie Curie et Sophie Berthelot. A.D.

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PubliRédactionnel

L’ambition de Nos quartiers ont du talent?

Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes diplômés de moins de 30 ans, issus des quartiers prioritaires ou de milieux sociaux défavorisés. L’association permet à des jeunes diplômés d’être parrainés par des cadres et des dirigeants d’entreprises en activité. Christine Applanat, Responsable Politique Jeunes et Diversité chez Crédit Agricole SA, participe à ce programme depuis plusieurs années :

Depuis combien de temps, et pourquoi vous êtesvous engagée en tant que marraine avec Nos Quartiers ont du Talent ?

Je suis engagée dans le dispositif depuis 2008, date à laquelle Crédit Agricole S.A. est devenu partenaire de cette association. L’égalité des chances est un thème qui m’est cher. Qu’avez-vous apprécié dans vos parrainages ?

Depuis le départ, j’ai parrainé sept filleuls. Ce que j’aime, c’est la diversité des profils et des parcours de chacun, les relations qui se nouent, la confiance qui s’installe et la motivation particulière de ces jeunes. Allez-vous renouveler l’expérience de parrainage? Voudriez-vous faire quelque chose différemment cette fois-ci ?

Je vais bien sûr continuer. Pour nous améliorer, nous avons décidé de formaliser nos conseils dans un petit guide pratique, sur la rédaction du CV, la préparation de l’entretien ou encore « comment soigner sa e-réputation », qui servira de base à nos futurs échanges.

Anissa, 28 ans, une filleule au top

Je suis titulaire d’un Master 2 Marketing & Communication mais, suite à un licenciement économique, le dispositif Nos Quartiers ont du Talent m’a permis dans un premier temps de reprendre confiance en moi et de croire en mes compétences sur le marché du travail. Ainsi, j’ai pu participer à des ateliers de coaching personnel afin de bénéficier de tous les outils nécessaires à ma recherche d’emploi (CV, lettre de motivation). Ces ateliers ont été complétés par les précieux conseils et contacts de mon parrain, DRH de Coca Cola Entreprise. LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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fil info

Tout ce que vous croyez savoir sur

les Roms

© Amnesty Intern ational

societé

à l’approche des élections municipales de mars 2014 et à la suite des déclarations du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, le débat sur les Roms a retrouvé une place dans les médias. Mais celui-ci est miné par les clichés qui pèsent sur cette minorité. Aperçu.

idée reçue n°3 Les Roms sont des

délinquants qui ne veulent pas s’intégrer idée reçue n°1

Les Roms n’ont rien à faire en Europe

Minorité transnationale la plus importante du Vieux Continent, la communauté rom est un groupe ethnique soudé par une langue, le romani. Venus d’Inde, les Roms seraient arrivés en Europe entre les Xe et XIVe siècles. Aujourd’hui, on en recense 7 à 10 millions sur tout le continent. Ils vivent essentiellement en Roumanie, en Bulgarie et dans les pays des Balkans.

idée reçue n°4 Tous les campements illégaux sont occupés par des Roms

« Quand on voit un bidonville, on se dit « c’est un camp de Roms », explique Sébastien Thiéry, cofondateur de l’association Pôle d’expérimentation des ressources urbaines (PEROU). C’est extrêmement facile de dire cela. » Il est difficile, voire impossible, de savoir exactement combien de Roms vivent en France, les statistiques ethniques étant interdites. « Pour les recenser, on compte combien de personnes vivent dans les bidonvilles, en partant du principe que quiconque vit dans un bidonville est Rom. C’est absurde », ajoute-t-il.

LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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idée reçue n°2

Les Roms sont de plus en

plus nombreux en France

Les récents débats laissent croire que l’immigration des Roms a explosé depuis 2010. Pourtant, le nombre de Roms présents dans l’Hexagone est stable depuis 3 ans. « Les Roms en France, c’est 15 à 20 000 personnes. Il faut arrêter d’en faire LA question qui dérange tout le monde », critique Jean-François Ploquin, le directeur général de l’association Forum réfugiés – Cosi. C’est surtout le nombre de démantèlements de campements illégaux qui a augmenté, attirant l’attention des médias.

idée reçue n°5 La Roumanie et la Bulgarie vont entrer dans l’espace Schengen Ces pays n’ont pas les moyens de contrôler leurs frontières, ce qui freine leur entrée dans l’espace Schengen. Cette union douanière prévoit l’ouverture des frontières entre les pays membres pour les étrangers à l’Union européenne. Rien à voir avec la liberté de circulation à l’intérieur de l’UE, dont les Roms de Roumanie et de Bulgarie bénéficient. En tant que citoyens européens de nationalité roumaine ou bulgare.

Perçus comme des délinquants, voire des criminels, les Roms sont généralement accusés d’immigrer pour « profiter du système ». « C’est une communauté qui est pourtant très hétérogène, rappelle Marion Cadier, chercheuse pour Amnesty International. Comme partout, certains font des choses illégales et d’autres respectent les lois. » Un avis partagé par Jean-François Ploquin : « Parmi les Roms qui ont choisi de s’insérer durablement en France, il y a de beaux parcours d’intégration. »

idée reçue n°6

Les Roms sont des nomades

Régulièrement confondus avec les gens du voyage, les Roms sont perçus comme nomades. « Mais les gens du voyage ont la nationalité française et résident en France depuis toujours », explique Marion Cadier. Sédentaires dans leurs pays d’origine, les Roms subissent des expulsions à répétition et sont contraints de se déplacer régulièrement une fois arrivés en Europe de l’Ouest. Anna Demontis

A lire également « Intégration des Roms : quelle volonté politique ? » Sur Respectmag.com


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focus

i o l p m e & p a ic d han

Les entreprises lus embauchent de p urs en plus de travaille handicapés mais le chômage reste rieur important et supé tion à celui de la popula le. dans son ensemb À l’occasion de la ploi Semaine pour l’em des personnes au handicapées (du 18 ur 24 novembre), reto our sur une situation p le. le moins paradoxa

e r i u d é s t n e Comm ? e s i r p e r t une en

epuis la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, qui oblige toute entreprise de plus de 20 salariés à employer au moins 6 % de travailleurs handicapés, les lignes bougent. Selon l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), le nombre de salariés handicapés dans les entreprises du secteur privé assujetties à l’obligation d’emploi a augmenté de 60 % en dix ans. Et le taux d’emploi direct dans les entreprises contribuantes a augmenté de 20 % entre 2007 et 2010 (1). LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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Du côté du secteur public, la contribution des employeurs publics au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) a chuté de 19 % entre 2007 et 2012 une diminution liée à la progression du taux d’emploi dans les trois fonctions publiques, de 4,39 % en 2011.

Paradoxe Pour Stéphane Clavé, directeur général de l’Agefiph, « dans un contexte économique dégradé, cette dynamique est encourageante. » Mais cette embellie est toute relative. Le taux de chômage reste élevé (21 %). Il est même supé-

rieur à celui de l’ensemble de la population (9 %), avec 370 674 chômeurs, sur deux millions de personnes reconnues comme handicapées. « S’il y a une amélioration, la situation est loin d’être satisfaisante. Pendant ce temps, toute une partie de la population reste sur le carreau », note Alain Rochon, président de l’Association des Paralysés de France (APF). Ce taux de chômage important s’explique en partie par un faible niveau d’études : 51 % des personnes handicapées sont sans diplômes, contre 31 % en général (2). Par ailleurs, les personnes reconnues comme handicapées sont plus âgées que la moyenne, ce qui freine


leur insertion professionnelle. À l’Agefiph, Stéphane Clavé soutient l’importance de la formation : « Le manque de qualification est un second handicap sur le chemin de l’emploi. » D’où l’objectif de l’association d’accroître de 20%, en un an, le nombre de personnes handica-

pées entrant en contrat en alternance. Car, rappelle Stéphane Clavé, « les compétences restent la clé : les entreprises recrutent du savoir-faire et du talent, pas du handicap ». Fabien Soyez

(1) Les entreprises n’atteignant pas le quota des 6% doivent verser une pénalité à l’Agefiph pour le privé, et au FIPHFP pour le public. (2) Chiffres de la Dares.

Établissements de travail spécialisés : opportunité ou piège à handicap ? C’est un continent inconnu du monde du travail. Les 1 400 établissements protégés accueillent 120 000 personnes handicapées, qui y exercent une activité professionnelle. Une opportunité de travailler pour ces personnes qui ne trouvent pas de place en entreprise. Et un risque, celui d’y rester jusqu’à la retraite... L’un est conseiller téléphonique. L’autre est en foyer de vie. Comment les destins de ces deux faux jumeaux, aveugles de naissance, ont-ils pu diverger à ce point ? Pour le premier, une scolarité en école ordinaire jusqu’au CM2, un BEP de standardiste obtenu dans un centre de formation pour déficients visuels, plusieurs années de chômage, puis une nouvelle formation à l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt) qui l’a finalement recruté. Pour son frère, c’est un institut médico-éducatif qui, dès la fin du CP, l’a orienté vers un foyer « occupationnel ». Selon Pascale Vuillermet, directrice de la maison des personnes handicapées (MDPH) de l’Isère, ce sont surtout les familles ou les travailleurs sociaux qui demandent une orientation en institution, notamment en établissement et services d’aide par le travail (Esat). Il manquerait d’ailleurs 10 000 places. Selon la loi, ces structures médico-sociales sont destinées aux personnes handicapées présentant « une restriction substantielle et durable d’accès à l’emploi », avec une capacité de travail ne dépassant pas le tiers de celle d’un valide. Difficile à apprécier, selon Pascale Vuillermet. « À handicap égal, une

personne sera plus facilement orientée en milieu ordinaire de travail avec un Master en droit, alors qu’une autre ayant peu ou pas de qualification peut se retrouver en Esat », reconnaît-elle, « le handicap s’appréciant aussi selon le parcours de vie et les échecs sur le marché de l’emploi ». Dans les faits, ils accueillent principalement des handicapés mentaux (près de 66 %) et de plus en plus de personnes souffrant de handicap psychique. Mais aussi, selon un rapport récent de l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux), une population présentant un « handicap social », associé à un problème de santé. « Ce qui interpelle sur son orientation en Esat », notent les auteurs.

Des postes plus qualifiés Le secteur protégé, comme le secteur adapté, s’est beaucoup développé, sous-traiter étant un moyen pour les entreprises de respecter en partie leurs obligations en matière d’emploi. Le Cart (Centre d'adaptation et de réinsertion par le travail), implanté dans

Quelques définitions Esat : Les Établissements et services d’aide par le travail ne sont pas des entreprises. Ils doivent fournir un accompagnement médico-social et éducatif ainsi qu’une activité professionnelle aux personnes handicapées qui ne peuvent travailler en milieu ordinaire. EA : Les Entreprises adaptées doivent employer au moins 80 % de salariés handicapés aptes au travail en milieu ordinaire. Elles perçoivent des aides de l’Etat mais s’autofinancent à 80 %. CDTD : Les centres de distribution de travail à domicile sont des entreprises adaptées dont les salariés effectuent des travaux à domicile.

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Les personnes handicapées sollicitent la demande de reconnaissance de leur handicap auprès de la Maison des personnes handicapées (MDPH) de leur département. Sur la base de leur dossier, une commission pluridisciplinaire de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) se prononce sur leur insertion professionnelle et sociale. Elle peut orienter la personne vers le milieu ordinaire, le milieu protégé (Esat) ou estimer qu’elle n’est pas en capacité d’exercer la moindre activité professionnelle. Cette décision est régulièrement réévaluée.

dans les locaux de la Banque de France, est l’exemple d’une politique sociale très ouverte. La moitié des 70 personnes déficientes intellectuelles qu’il a accueillies depuis sa création en 1979, ont en effet été intégrées au personnel titulaire de la banque. Mais « le rythme des intégrations a fléchi ces dernières années » explique Jean-Patrick Gary, adjoint au service social de la Banque de France et Vice-Président de l’association qui gère cet Esat. Désormais le Cart privilégie des handicaps plus légers « du fait de la complexification des tâches. Même pour être hôtesse d’accueil, il faut un BTS aujourd’hui ». De fait, seuls 0,38% des travailleurs du secteur protégé intègrent une entreprise. Mais beaucoup de spécialistes du secteur rappellent que la vocation centrale des Esat est de fournir un accompagnement médico-social et éducatif, LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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© peggy moquay

L’orientation en secteur protégé

fondé sur un projet personnalisé, dont l’activité professionnelle n’est qu’une composante.

L’embauche en entreprise, pas toujours souhaitée Pour Véronique Bustreel, responsable Emploi, travail et formation à l’Association des paralysés de France (APF), l’accès au travail en milieu ordinaire buterait notamment sur « la peur de ne pas retrouver sa place en cas d’échec, malgré une possibilité de retour théorique pendant un an ». Wilma Birollini, de la MDPH de Moselle, assure d’ailleurs que « de nombreux jeunes sortant d’Esat se retrouvent sous les ponts ». Daniel Gacoin, auteur spécialiste du secteur médico-social, souligne que la plupart

des personnes souhaite y rester parce qu’elles s’y sentent bien. Mais l’avenir du secteur protégé est incertain. Saisie pour un différend opposant un travailleur handicapé à son Esat sur le paiement de congés payés, la Cour de cassation a renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne. Contrairement au droit français, le droit européen assimile les usagers du secteur protégé à des salariés. Or, aujourd’hui, ils perçoivent 80 à 90 % du salaire minimum pour 35 heures, allocation adulte handicapée comprise. Et la part versée par les Esat, dont un quart est déficitaire, ne représentait que 12,5% du Smic en 2009. Véronique Valentino


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à candidat virtuel emploi réel L’objectif d’un salon de recrutement ? La mise en relation entre entreprises et demandeurs d’emploi. Quand celui-ci devient virtuel, plus que l’accessibilité ou le gain de temps, c’est la banalisation du handicap qu’il rend possible. Embauches à la clé.

Entre tchat et avatars Lancé en juin 2013 dans les Alpes-Maritimes, Talents Handicap a la particularité d’être un Salon totalement virtuel et en 3D. « Il ressemble à un jeu vidéo. On peut se balader dans les allées et discuter avec les recruteurs, tout cela sans bouger de chez soi », détaille André, un candidat niçois qui a participé au Salon. L’immersion physique, est rendue possible par la création d’avatars et l’utilisation d’outils interactifs comme la

visio-conférence, le tchat et les entretiens en ligne. Pour préparer au mieux leur visite, les candidats ont accès aux offres d’emploi à pourvoir une semaine avant l’ouverture du Salon. Ils peuvent également participer à des conférences et des formations pour les aider à rédiger CV et lettre de motivation, préparer leurs entretiens et la manière d’aborder leur handicap ou encore, choisir un métier en adéquation avec leurs aptitudes.

Pas d’obstacles au handicap Mais surtout, au-delà des aspects pratiques et ludiques, le virtuel facilite l’échange autour du handicap. « On n’a pas peur de dire qu’on est handicapé. On sait que ça ne peut pas nous em», explique pêcher d’avoir un poste  André. Et ce constat vaut également pour les entreprises. « Il n’y a pas d’obstacles à aborder le handicap et les questions sur l’adaptation du poste de travail [...]. Ce salon banalise la situation », confirme Philippe Salvan, directeur général de Supralog à Sophia-Antipolis qui a recruté deux candidats. Alexandra Luthereau

André, Niçois, 30 ans «Talents Handicap m’a permis de trouver un emploi. En mai dernier, après ma formation en informatique, je recherchais un emploi. En plus des organismes classiques, ce salon s’est présenté comme une opportunité supplémentaire. J’ai participé à l’atelierdécouverte du salon puis j’ai envoyé trois candidatures aux recruteurs participants. L’une d’entre elles a débouché sur un entretien… Puis un CDI en tant que technicien d’assistance utilisateurs»

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ompliqué. Que l’on soit candidat ou recruteur, tout le monde s’accorde sur le fait que trouver un emploi ou le bon profil en situation de handicap relève du défi. Les chercheurs d’emploi sont confrontés à des freins dus à leur situation, les entreprises ne savent pas toujours comment et où rencontrer ces candidats. « L’idée était de véritablement apporter une solution, d’être un levier contre les difficultés que peuvent rencontrer les recruteurs et les candidats», explique Redouane Bennani, co-fondateur et directeur général de la société Newnet3D qui organise le Salon Talents Handicap.

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La première édition du salon 2013 a réuni 35 employeurs des Alpes-Maritimes proposant plus de 530 postes. Prochaines éditions nationales : les 7 et 8 novembre 2013 et les 3 et 4 avril 2014. www.talents-handicap.com

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© Edyta Tolwinska

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De gauche à dro ite : Stéphane Riv ière, Directeur assistante de dir conseil et fonda ection et Carolin teur; Margaux e Vincelet, cons Lassauge, ultante social m edia.

réseau social anti-préjugés Lancé en version test en juin 2013, un réseau social et participatif pourrait révolutionner la perception du handicap au sein de l’entreprise. Son créateur, Stéphane Rivière espère faire changer les regards sur la différence. ous ne sommes pas un réseau social de plus. Talentéo, c’est le laboratoire de la solidarité, de la différence et de l’échange », appuie Stéphane Rivière, 42 ans, créateur du réseau social Talentéo. L’entrepreneur a fait du handicap (et plus généralement de la discrimination) son cheval de bataille. « Né à CorbeilEssones (52), dans un milieu modeste, j’essaie de montrer qu’on peut partir de loin et arriver à son but si on a les bonnes clés pour le faire ».

créer du lien En 2007, Stéphane Rivière est chargé d’organiser des salons de recrutement pour l’association pour l’emploi des cadres (Apec). À l’issue de ces évènements, on lui fait remarquer qu’une dimension manque cruellement : on n’aborde jamais le handicap dans ces manifestations. L’entrepreneur explore cet univers qu’il décrit comme « atomisé ». « Il y a beaucoup d’acteurs, mais pas vraiment de connexion entre eux », estime-t-il. Stéphane Rivière inclut donc le handicap à ses salons, « sans en faire un salon spécial handicap ». L’idée étant de mettre en relation des recruteurs et des candidats qui ne se rencontraient pas avant. Suivant l’évolution des techno-

logies et du numérique, l’entrepreneur grenoblois imagine un réseau social et participatif, Talentéo. L’outil, décliné en 2014 en application accessible à tous, permet de déposer son CV (téléchargeable par les employeurs), de poster des articles sur sa page, d’entrer en contact facilement. L’employeur présente le poste à pourvoir et son entreprise, le candidat propose ses compétences et évoque ses « différences ».

Un réseau d’échange contre la discrimination L’aventure Talentéo sortira de sa version beta le 14 novembre 2014. Testé par plusieurs entreprises partenaires, telles que le Crédit agricole, Alliance, ou Atos, et approuvé par près de 500 candidats, cet espace collaboratif est modelé par Youpeek, le réseau social étudiant, et jaccede.com, une application participative urbaine qui évalue l’accessibilité des lieux. Si le handicap est le premier fer de lance du site, son créateur voit plus loin. « Il n’est pas seulement physique ou mental. Je suis bien placé pour savoir qu’il peut aussi être social ou générationnel. À terme, j’aimerais que Talentéo soit le réseau social de la solidarité. » Alice Méker

Ils ont testé Talentéo Sophie Decoeur est animatrice de communautés chez Talentéo. Atteinte d’un syndrome de Marfan, une dégénérescence ligamentaire, elle se déplace en fauteuil. Elle a été embauchée après une rencontre avec Stéphane Rivière, le directeur du réseau social. « Nous avions une vision similaire du handicap et de l’emploi et je cherchais une alternance en communication ». Avant Talentéo, rechercher un emploi pour Sophie, c’était mission impossible. « J’ai enchaîné les entretiens, où souvent rien n’était prévu pour me recevoir… Rendez-vous en étage, formation dans des locaux pas accessibles… » Pour la jeune femme, le réseau est essentiel pour être tous égaux face à l’emploi. De son côté, Florian Moulin est chargé de mission Diversité et Handicap pour le groupe Amallia. « Nous avons apprécié l’approche originale de Talentéo. Le réseau fait le lien entre le monde du recrutement et du handicap en parlant du handicap dans l’univers des recruteurs et des managers et du recrutement dans le monde du handicap ». Pour le recruteur, Talenteo est «l’outil qu’il manquait aux acteurs du handicap et de l’emploi. » Talentéo www.lereseautalenteo.fr

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La formation,

talon d’Achille des chômeurs handicapés

Le taux de chômage des personnes handicapées reste élevé, même si les entreprises sont plus nombreuses à les recruter. Principal obstacle : leur faible niveau de qualification. Pour remédier à ce manque de formation, de nouvelles initiatives se développent.

algré son handicap, Frédéric Hublou, 38 ans, n’est pas inquiet pour son avenir. Avec un Master 2 en ressources humaines bientôt en poche, cet élève du centre de formation en alternance du Groupe IGS, est une rareté que les entreprises s’arrachent. D’autant que son handicap (un problème de dos qui lui occasionne d’intenses douleurs) ne nécessite que des aménagements mineurs : un bureau et un fauteuil adaptés. En effet, la loi de 2005 a multiplié les pénalités jusqu’à 1500 fois le SMIC horaire pour les entreprises de plus de 20 salariés qui ne respectent pas leurs obligations en matière de handicap. Résultat : en 2011, 57 % d’entre elles atteignaient le quota de 6 % de salariés handicapés. Pourtant, le taux de personnes sans emploi souffrant de handicap reste deux fois plus élevé que celui des valides et a bondi de 17 % en 2012. Paradoxal ? Najiba Fradin, adjointe au Directeur général de l’Agefiph (l’association qui gère les fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) constate que « les reconnaissances de travailleur handicapé, un statut protecteur en période de crise, ont beaucoup progressé ». L’Adapt (Association pour l'insertion sociale et profesLE MAGAZINE DIVERSITÉ

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Le retard commence dès l’école À la rentrée 2011, moins de 80 000 étaient accueillis dans le secteur médico-social ou hospitalier contre 210 400 qui fréquentaient un établissement de l’Éducation nationale. Un chiffre qui progresse chaque année de 6 %. Avec un effet pervers : le nombre de places dans l’éducation spéciale ayant diminué, 6000 enfants n’y avaient pas été accueillis à la rentrée 2013. Un rapport sénatorial estimait par ailleurs le nombre d’enfants handicapés non scolarisés à 20 000. S’ils sont chaque année plus nombreux à intégrer l’enseignement ordinaire en maternelle et en primaire, 48 % seulement accèdent à l’enseignement secondaire, malgré les dispositifs d’accompagnement prévus, et la moitié est orientée vers l’enseignement professionnel. Au-delà de 16 ans, ils ne sont plus que 7 % à poursuivre une scolarité en milieu ordinaire. Résultat : seuls deux élèves handicapés sur dix poursuivent des études supérieures et ils ne seraient que 800 à 1000 dans les grandes écoles.


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L’Oréal : lorsque l’entreprise vient à la rencontre des lycéens Exemple à suivre : le Centre Eugène Schueller a proposé à six lycéens en première comptabilité ou secrétariat, lourdement handicapés, de réaliser un stage de huit semaines à distance en restant dans leur lycée, et en continuant à bénéficier des soins médicaux. Il a fallu reconstituer l’univers de L’Oréal au sein du lycée EREA de Garches en apportant des visuels, des produits et en accueillant des collaborateurs venus présenter leurs activités et transmettre leur passion aux élèves. Le stage de ces élèves a été validé et la note du dossier qu’ils ont rendu à la fin a compté pour le bac. Une action primée à l’occasion de la remise des Trophées « Initiatives pour le Handicap » mis en place en 2008 et qui récompense des actions concrètes au sein du groupe, en faveur du handicap.

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sionnelle des personnes handicapées), rappelle pour sa part que chaque année, « des dizaines de milliers de salariés sont licenciés pour inaptitude physique ». Mais pour Françoise Bidgrain, responsable de service au Cap Emploi de Paris, qui accompagne 3 000 chômeurs handicapés par an, le problème est surtout leur âge (45 ans en moyenne, le handicap résultant dans 85% des cas d’un accident ou d’une maladie) et leur faible niveau de formation, plus de huit sur dix ayant un niveau inférieur au bac.

À la recherche de la perle rare Titulaire d’un CAP de plomberie, Sylvain Lecabas, 56 ans, a dû entamer un long processus de reconversion du fait d’une grave déficience visuelle survenue en 1998. « J’ai longtemps refusé d’accepter mon handicap, c’est un processus de deuil long et difficile », confie-t-il. Alors qu’il cherche aujourd’hui un emploi après une formation de téléconseiller à l’Adapt, Erwann Le Cornec, responsable de la mission Handicap de Assystem, une entreprise de conseil spécialisée dans l’innovation industrielle, déplore une « pénurie de profils adaptés ». Avec un

objectif de soixante embauches sur trois ans, il fait le tour des forums spécialisés, des handicafés et traque la perle rare sur les sites spécialisés qui se sont multipliés ces dernières années, à l’instar des missions handicap des grandes entreprises. Assystem, qui recrute 70 % d’ingénieurs, est partenaire de l’association Tremplin, qui accompagne 400 étudiants et apprentis en situation de handicap. « 5 % des élèves que nous suivons préparent un bac général, professionnel ou technologique, 25 % vont jusqu’à un bac+2. Le problème est de les pousser au-delà. Il y a chez ces jeunes, mal orientés et informés, une forme d’autocensure qui les incite à privilégier les cycles courts », déplore Christian Grapin, directeur de Tremplin études-handicap-entreprises, qui compte 185 entreprises partenaires.

L’alternance, voie royale Pour remédier au manque de candidats, des formations en alternance ont été créées par de nombreuses entreprises et branches professionnelles : le secteur bancaire, celui de la propreté, du travail temporaire, les centres d’appels, un groupement d’entreprises de l’industrie


aéronautique et spatiale comme Airbus, Dassault Aviation ou Thalès et même le secteur public. Le GEMA Handicap, initié en 2010 par les mutuelles d’assurance, a ainsi formé une centaine de personnes en contrat de qualification avec une soixantaine de CDI à la clé. Recrutées a minima avec un CAP, elles accèdent à des postes de niveau bac+2. Thomas Monnami, 30 ans, qui circule en fauteuil roulant à la suite d’un accident, a ainsi intégré il y a deux ans une agence GMF de Paris comme conseiller commercial. « J’ai eu la chance d’avoir le soutien de mes proches et tout s’est passé facilement », explique-t-il, l’air serein. Car les entreprises handi-accueillantes le constatent, ces salariés sont très motivés. Pourtant, selon une étude menée en 2011, 49 % des managers interrogés les jugeaient improductifs. Preuve que les préjugés ont la vie dure… Véronique Valentino

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Quelle place pour

le handicap en entreprise ? Depuis la loi de 2005, les entreprises publiques et privées de plus de 20 salariés doivent embaucher 6 % de personnes en situation de handicap, sous peine de payer une contribution à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph). Aujourd’hui, sur 100 000 entreprises, seules 8 000 ne font jamais appel à des personnes handicapées. Pourtant, la discrimination à l’embauche reste importante. Suivant ce constat, Respect mag a convié le Groupe Open, Bouygues Energies et Services, La Poste, La Macif, le GROUPE SOS*, et l’AFMD (Association française des managers de la diversité) à un « Breakfast de la diversité ». Ils ont pu échanger sur la place du handicap au sein de leurs structures, avec trois spécialistes de la question.

Marie-Anne Montchamp

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Présidente d’Entreprise et Handicap et ancienne secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées. Elle a participé à l’élaboration de la loi du 11 février 2005.

Sylvain Gachet

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Directeur Grands Comptes de l’Agefiph. Il accompagne de grandes entreprises à la mise en œuvre de politiques d’emploi de personnes handicapées.

Christian Grapin

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Directeur de l’association Tremplin étudeshandicap- entreprises, il créé des passerelles, dès les études secondaires, entre jeunes handicapés et entreprises.

L’emploi des personnes handicapées est une question laboratoire. Elle souligne tous les dysfonctionnements de la société française en matière d’emploi, la tendance à discriminer tout ce qui n’est pas standard, ce qui est différent. Dans les fonctions publiques, d’état, territoriales, hospitalières, le maintien dans l’emploi est favorisé si un handicap survient pendant la carrière. Mais la barrière à l’entrée reste difficile même si les entreprises publiques ont progressé et qu’aujourd’hui, elles se situent quasiment au même niveau que les entreprises privées. »

L’argent versée par les entreprises qui ne respectent pas les 6 % est une contribution et non une taxe. Il s’agit de 500 millions d’euros par an à peu près. L’Agefiph utilise cet argent sous trois formes principales. Elle finance les partenairesservices, qui sont des acteurs de l’emploi. Ensuite, elle met à disposition des prestataires chargés d’étudier les cas particuliers, en fonction du handicap, et finalement elle alloue des aides directes aux entreprises ou aux personnes handicapées pour payer les aménagements de poste et les adaptations. »

D’abord il faut une information plus large vis-à-vis des parents et un accompagnement des établissements. Aujourd’hui si les entreprises sont adaptées, l’éducation nationale, elle, en est loin. Il y a encore des professeurs qui tiennent des propos qui seraient inadmissibles en entreprises. C’est le parcours du combattant et ça peut user les familles. Il faut donc intervenir auprès des établissements pour avoir, demain, une école réellement inclusive afin que l’égalité des chances soient respectée. »

*Respect mag est une publication du Groupe SOS

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Retrouvez l’interview intégrale des trois spécialistes en vidéo sur respectmag.com



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L’entreprise de vue Deux exemples, deux modèles ? « Dialogue », la radio des chrétiens de Marseille, a aménagé un studio en rez-de-chaussée pour l’un de ses employés, un technicien souffrant d’un handicap moteur. Dans la capitale, le restaurant marocain 1000 & 1 signes s’adapte à un public entendant et sourd-muet. Des initiatives en actes et en images.

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Bilingue, la carte du restaurant nous permet de réviser la langue des signes. Sid Nouar a été le premier sourd a ouvrir son restaurant à paris. Chez 1000 & 1 signes, les clients écrivent leurs commandes sur une ardoise. Huit grands portraits présentent, des expressions telles que Bonjour, Merci et Bon appétit !

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© photos stephane burjatt

Emmanuel gère seul ses tranches d’enregistrement. Finalement, le plus délicat : mettre et enlever son casque. Passionné de radio, ce technicien s’y consacre à plein temps. Seul aménagement indispensable, une souris informatique adaptée. Une souris qui sera bientôt changée. Coût de l’opération, 90 euros.

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À la suite d’un accident, il devient paraplégique. Il a 22 ans.

1995

DATES CLÉS

Hospitalisé en métropole, il décide d’arrêter de consommer de la drogue.

2000

Il décroche la médaille de bronze en individuel, au championnat d’escrime en Italie.

2006 Il est sacré vicechampion d’escrime handisport au J-O de Londres.

2012

Il s’investit pour initier les jeunes Antillais handicapés à l’escrime.

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Marc-André Cratère : « C’est mon handicap qui a révélé mes aptitudes »

Sacré vice-champion d’escrime lors des Jeux paralympiques de Londres 2012, Marc-André Cratère a connu des années galères avant de devenir un athlète de haut niveau. Paraplégique à l’âge de 22 ans et accro à la drogue pendant sa jeunesse, il a su transformer ses déroutes en succès. vec les progrès de la science, mon médecin me demande parfois si j’aimerais pouvoir remarcher un jour, je lui réponds que je ne sais pas. Je me sens mieux comme je suis maintenant, en fauteuil. » À quarante ans, Marc-André Cratère a la force tranquille, de ceux qui savent transformer les coups du sort en coups de maître. C’est en Martinique sur son île natale, que la malchance le frappe en 1995. Venu séparer des amis qui se battent, il reçoit un coup sur la colonne vertébrale. La sentence est immédiate : « Je ne sentais plus mes jambes, je ne pouvais plus me mettre debout. » Condamné à vivre en fauteuil roulant, il lui faut du temps pour se faire à sa nouvelle condition. « J’en voulais à la terre entière. Et puis, dans un grand centre de rééducation, j’ai partagé ma chambre avec un tétraplégique. El là, je me suis rendu compte que je n’avais rien. »

Sortie de route, Mais le fauteuil ne change pas ses mauvaises habitudes. D’abord fumeur de cannabis, il devient vite dealer pour arrondir ses fins de mois. À mesure que son business grossit, sa dépendance aux stupéfiants s’aggrave : « Je suis passé du cannabis au crack et à la cocaïne. » Son état de santé se dégrade, il doit être hospitalisé en urgence en mé-

tropole. « C’était l’occasion pour moi de tout arrêter, de changer de vie. » Trois mois suffisent pour le sevrer, même s’il confesse une certaine fragilité : « Quand on fume du crack, il y a des sensations particulières. Mais c’est clair et net que je ne veux pas replonger, surtout maintenant que je suis sportif de haut niveau. »

ronner ce sportif hors-norme : médaille d’argent aux Jeux paralympiques, médaille d’or au championnat du monde, Chevalier de l’ordre national du mérite. Pourtant, Marc-André Cratère, ne se sent pas comme les autres athlètes. « Je ne cours pas après les médailles. Pour moi elles se ressemblent toutes. Je les donne aux gamins, ça leur fait plaisir. »

Un sportif hors-norme,

Les jeunes, dans la cible,

C’est lors de cette hospitalisation en métropole, qu’il découvre le sport. « Avant cet accident, pour moi les sportifs c’étaient des gens qui se faisaient mal pour rien. » Il s’aventure sur les terrains de basket. Très vite Marc-André Cratère se fait remarquer : « En 2004, on m’a appelé en équipe de France de basket, j’ai refusé. Ça ne m’intéressait pas plus que ça. ». C’est un maître d’arme qui le convainc de s’essayer à l’escrime. « Pendant des mois, il me répétait : avec les bras que tu as, tu dois faire de l’escrime. » Marc-André s’éprend vite de la discipline. Une fois encore, ses capacités physiques font mouche. Trois mois plus tard, il participe au championnat du monde en Italie et repart avec une médaille de bronze. « Quand j’étais plus jeune, j’étais sûrement bon pour le sport, mais je ne le savais pas. C’est mon handicap qui a révélé mes aptitudes. » Les récompenses se succèdent pour cou-

De ces années de dépendance, « Marcus » comme le surnomme ses proches, n’a gardé aucunes séquelles, seulement des regrets. « Voir des jeunes de 13 ou 14 ans avec une pipe à crack et réaliser que je mettais ça dans les rues. Ca me fait mal. » Alors, pour tenter de changer les choses, en plus de son métier d’agent commercial à la SNCF, le vice-champion initie au sport de jeunes handicapés antillais. « Je veux les voir dans un autre milieu que celui de la drogue. » Quand il retourne en Martinique, c’est pour former des maîtres d’armes au handisport. Son pari ? Organiser les championnats de France de juin 2014 sur l’île, tout en s’entraînant pour les Jeux paralympiques de Rio. « C’est beaucoup de boulot. Mais je viens de la planète Krypton », plaisante t-il. On serait tenté de le croire. Olivia Villamy

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tribunes

clause de conscience des élus

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Éric Macé est docteur en sociologie à l'Université de Bordeaux. Il enseigne et dirige des travaux concernant la sociologie des médias et des médiacultures et l'analyse des rapports de pouvoir dans la culture relatifs aux questions de genres et d'ethnicité. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier Pourquoi moi ? L'expérience des discriminations (éd. Seuil).

Éric Macé

Pour ou contre… L’objection de conscience des élus de la République ? À l’occasion de l’application de la loi du mariage pour tous, Jean-Marie Muller, philosophe et Éric Macé, docteur en sociologie nous répondent… Selon Éric Macé En démocratie, les lois sont celles de la majorité et nous devons défendre le droit des minorités de faire valoir leur point de vue, malgré les risques de sanctions. Et dans le fond, ce n’est que dans ce cas-là que l’objection de conscience est admissible car elle est politique. On la retrouve chez Gandhi ou dans le mouvement pour les droits civiques des noirs américains et contre la ségrégation, puisqu’on affirme qu’une loi n’est pas légitime au regard d’une autre loi : celle de l’égalité. Dans cette perspective, certes, la démocratie doit défendre le droit à l’objection de conscience. Mais cela ne veut pas dire que nous pouvons tous évoquer n’importe quelle raison pour ne pas obéir à la loi. Dans le cas des maires, l’autoriser reviendrait à légitimer le droit à une pratique discriminatoire qui est précisément ce contre quoi la loi de la République lutte. De plus, à ceux qui craignent un changement de société, je réponds que cette loi ne produit pas LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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de révolution anthropologique, mais entérine un mouvement qui a débuté en France en 1944, lorsque la loi proclame que nous sommes tous hommes et femmes, égaux au regard de la citoyenneté. À partir du moment où se réalise le programme égalitariste annoncé en 1789, la contradiction est devenue intenable : on ne peut plus soutenir que nous sommes tous égaux et en même temps dire « sauf celui-ci ou celui-là ! », et cette loi en est la manifestation. Elle est le fruit d’un principe égalitariste qui, petit à petit, se débarrasse de tout ce qui n’est pas fondé en termes démocratiques. En fait, cette loi valide deux cent ans de reconnaissance de l’individu comme un être autonome, indifféremment de ce qu’il est et de ce qu’il fait.

Selon Jean-Marie Muller Rappelons un principe de politique fondamental : on ne peut pas dire qu’en démocratie la loi doit être appliquée de manière inconditionnelle par l’ensemble des citoyens, et notamment par les élus. Au contraire, nous devons juger la loi à laquelle il nous est demandé d’obéir. La vertu du citoyen, ce n’est pas l’obéissance, ce n’est pas la discipline, ce n’est pas non plus la désobéissance, c’est la responsabilité. Le citoyen doit en conscience, et en raison, juger la loi à laquelle il doit obéir. Rappelons à cette occasion ce qui a été dit par HenryDavid Thoreau, dont le texte sur la désobéissance civile est fondateur (1) : « Le citoyen doit-il appliquer sa conscience au législateur ? À quoi bon la conscience individuelle alors ? Je crois que nous devrions être homme d’abord et sujet ensuite. Il n’est pas souhaitable de cultiver le même respect pour la loi et pour le bien, la seule obligation que je dois assumer est de faire à tout moment ce que j’estime juste. » On


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Jean-Marie Mu

Jean-Marie Muller, philosophe français, est directeur des études à l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits. Il a publié L’impératif de désobéissance, Fondements philosophiques et stratégiques de la désobéissance civile, (éd. Le Passager clandestin), et Penser avec Albert Camus : Le meurtre est la question (éd. Chronique Sociale).

peut opposer l’idée que si chacun juge de ce qui est juste et injuste, il ne sera plus possible d’établir un ordre démocratique. Pourtant, il est essentiel que le citoyen puisse agir en responsabilité car ce qui menace la démocratie n’est pas la désobéissance civile du citoyen, c’est son obéissance servile. Souvenonsnous des lois du gouvernement de Vichy et de leur application servile, justement. Les maires qui ont décidé d’appliquer leur droit à l’objection de conscience ont une conviction que je ne partage pas. Mais je les comprends. Ils vont au bout de leur conviction et en assumeront les sanctions. Car c’est ensuite à l’état de prendre ses responsabilités. Propos recueillis par V.A. (1) « La Désobéissance civile » (1849)

Le mariage entre personnes du même sexe est légal en France depuis le 18 mai 2013, mais certains maires, opposés à cette loi, refusent encore de célébrer ces unions en présentant leur clause de conscience. Pourtant, le 18 octobre, le Conseil constitutionnel a tranché et les Sages n’ont pas reconnu la liberté de conscience réclamée par ces élus.

Si chaque matin nous nous levons avec l’appétit de notre métier, c’est parce que nous travaillons sur des sujets passionnants : les produits alimentaires et la Restauration.

Brake France (1900 collaborateurs, 627 M€ de CA), est un Concepteur-Distributeur de produits frais, surgelés et d’épicerie pour les professionnels de la Restauration. Notre ambition est de devenir le partenaire d’excellence, accélérateur de performance de nos clients, qu’ils soient chefs étoilés, acteurs de la restauration commerciale ou collective. A travers son accord portant sur les contrats intergénérationnels, BRAKE FRANCE s’engage notamment à favoriser l’insertion des jeunes, en menant une politique engagée d’accueil de stagiaires et alternants. L’entreprise vise une croissance de 40% de ces types de contrat, sur 3 années. Nous avons la volonté de nous développer via ces contrats sur tous nos métiers : Fonctions support Métiers de la Finance, du contrôle Qualité, des Ressources Humaines, du Marketing, de la Communication, des Achats, des Services Informatique Fonctions commerce Chefs de secteurs, Télécommerciaux Fonctions logistique Réceptionnaires, Préparateurs de commandes, Chauffeurs-Livreurs Parce que nous sommes convaincus que la richesse de nos collaborateurs provient également de sa diversité, il est essentiel pour BRAKE FRANCE d’ouvrir les portes de l’alternance auprès de tous les publics, et notamment auprès des jeunes en situation de handicap. Pour cela, l’entreprise dispose d’une mission dédiée, et de moyens spécifiques alloués, à travers un accord Handicap conclu depuis le 1er janvier 2012.

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PARTENAIRES DE L’ÉDITION

Acteurs engagés auprès de personnes handicapées, ils ont décidé d’être partenaires et de soutenir notre édition. L’association ARPEJEH (Accompagner la Réalisation des Projets d’Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés), et ses entreprises adhérentes (55 organisations professionnelles privées et publiques), ont pour vocation de promouvoir la formation, la quali fication et l’emploi des jeunes personnes handicapées, en développant des actions en direction des élèves (dès le collège) et des étudiant-e-s handicapé-e-s.Pour en savoir plus : www.arpejeh.com

Salons AUTONOMIC La Référence handicap Grand-Age Maintien à Domicile. Des salons dans toute la France, Paris , Marseille , Lille, Toulouse, Rennes, Metz, Salons Professionnels et Grand Public. Entrée gratuite pour tous les visiteurs.Toutes les Solutions, Toutes les Innovations, Tous les Secteurs, Tous les Handicaps. Maison de l’Autonomie, Véhicules Adaptés et Transports Collectifs, Aide à Domicile, Matériels et Aides techniques, Accessibilité, Emploi et Formation, Tourisme, Loisirs, Culture ….

La FÉDÉEH soutient le déploiement national d'un réseau social d'entraide de jeunes handicapés et d’un réseau d'associations étudiantes dédiées au handicap. Elle mobilise et accompagne ses bénévoles étudiants dans la mise en place d'actions pour la réussite des jeunes handicapés : tutorat d'élèves du secondaire, bourses d'études, parrainage vers l'emploi, socialisation, rencontres d'employeurs… 01 77 37 38 93 - contact@fedeeh.org - www.fedeeh.org

"handiQuesta.com est engagé depuis 2009 dans une démarche d’intégration du handicap. Parce que l'emploi doit être accessible à tous, handiQuesta.com a été pensé pour permettre eu plus grand nombre d'accéder aux opportunités d'emploi en toute autonomie, grâce à ses cinq modes de navigation : classique, non-voyant, malvoyant, par pointage ou par défilement. Ce système précurseur positionne handiQuesta.com comme le 1er site emploi accessible à tous et conforme aux normes internationales d'accessibilité les plus élevées."

Hangagés est né de la volonté de 10 entreprises et 4 partenaires conseil de mieux recruter et intégrer des personnes en situation de handicap.Hangagés propose de mettre en commun les expertises de chacun, les bonnes pratiques, les viviers de candidats intéressants, pour plus de réussite en matière de recrutement, intégration, maintien dans l’emploi des Travailleurs Handicapés et/ou recours au Secteur Protégé/Adapté. Pour en savoir plus : www.hangages.org

CED Hanploi accompagne les candidats en situation de handicap dans leur recherche d'emploi. Le site www.hanploi.com, dédié aux personnes en situation de handicap, permet aux candidats de postuler directement aux offres des entreprises Handi-engagées. En 2013, CED lance uDiversal, le nouveau réseau social professionnel de la diversité. Un réseau, ouvert à tous, pour permettre aux membres d'entrer en contact avec des professionnels pour lesquels la différence est une force. www.udiversal.com, un bel outil pour créer son réseau professionnel.

JobinLive est un acteur majeur reconnu en matière de Recrutement et sés permettent de communiquer efficacement sur la marque employeur d’emploi et leur communication auprès de 61.000 visiteurs. JobinLive rations de sourcing notamment au travers de journées de recrutement Plus d’infos : sur MissionHandicap.com ou contact@missionhandicap.com

de Conseil sur la Diversité. Nos sites spécialides Mission Handicap en diffusant leurs offres accompagne les entreprises dans leurs opésur toute la France : les Mardis du Handicap.

L’ADAPT, association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées, est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique, financée par l’Etat, les collectivités publiques et par les dons. Présente dans toute la France à travers plus de 100 établissements et services de soins de suite et de réadaptation, d’aide par le travail, de rééducation professionnelle, d’éducation motrice et d’accompagnement, L’ADAPT accueille chaque année près de 12 000 personnes handicapées, touchées par le handicap à leur naissance ou suite à un accident de la vie. Ayant créée la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées en 1997, elle organise depuis l’événement chaque troisième semaine de novembre et dispense à travers les bénévoles de son Réseau des Réussites un accompagnement à des personnes handicapées qui souhaitent être suivies dans leur recherche d’emploi. La mission qu’elle conduit depuis plus de 80 ans : accompagner la personne handicapée dans son combat ordinaire, celui de sa vie quotidienne, pour que tous, nous puissions Vivre ensemble, égaux et différents (nouveau projet associatif 2011-2015). Starting-Blockestuneassociationd’éducationàlacitoyennetéetàlasolidarité.AvecsonprojetHandivalides,l’associationveutdédrama tiser le handicap et favoriser l’inclusion des jeunes handicapés dans l’enseignement supérieur. Starting-Block accompagne également des collégiens et lycéens handicapés dans leur projet d’orientation. www.starting-block.org – www.campagne-handivalides.org



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Un monde de femmes L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) propose un coffret de 4 DVD qui interroge la situation de la femme en France. La résistance à la domination masculine, l’immigration, la création artistique au féminin… ne sont que des exemples des thèmes abordés le long des 11 films, documentaires ou fictions du coffret. F.R.

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Le sexisme de Google

© Memac Ogilvy L mather Dubai

Le street art sur son smarphone Lancé le 12 octobre 2013 par l’asMy Paris sociation Lartefact, «  street art » permet aux badauds parisiens de découvrir les œuvres de street art de la capitale et de la proche banlieue. Si seules les créations légales sont répertoriées par l’application, celle-ci devrait s’enrichir grâce à la participation des usagers, qui peuvent ajouter euxmêmes les œuvres méconnues.

Pour souligner l’ampleur des inégalités entre les sexes, l’ONU Femmes a créé une campagne d’affichage choc avec des portraits de femmes « bâillonnées » par un moteur de recherche. En effet, Google est, malgré lui, devenu un reflet du sexisme. L’organisme a puisé dans des données recueillies à partir de Google sur les termes recherchés les plus populaires. Il s’avère que ces requêtes sont révélatrices d’attitudes sexistes qui persistent encore aujourd’hui. Par exemple certains internautes se demandent si les femmes devraient conduire, rester à la cuisine, ou encore s’il est possible de vraiment leur faire confiance. F.R.

5 S.D.F.tweetent leur quotidien La Fondation Abbé Pierre et France Inter ont lancé une opération inédite : jusqu’au 15 mars 2014, cinq personnes sans domicile fixe utilisent le réseau social Twitter pour évoquer leur quotidien. Ils vivent entre Metz, Bourges et Paris et ont en commun un mot-clé (hashtag) : #tweets2rue. Cette initiative a pour but de sensibiliser à la lutte contre les exclusions et met en exergue la fracture numérique : un facteur d’exclusion à ne pas sous-estimer. F.R.

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Petite veille Internet des sites qui bougent les lignes. Repères anti-racistes « Nous voulons faire de ce blog un lieu de débats libres et ouverts, entre militants, et aussi ouvert à tous ceux qui partagent nos préoccupations », est-il indiqué sur le blog « Repères antiracistes ». Quelles préoccupations ? La lutte contre le racisme, la promotion de la diversité et de la solidarité internationale. Fil Twitter, brèves d’actualité, agendas et contenus médias nourrissent ce blog d’informations, qui valorisent les initiatives. http://www.reperes-antiracistes.org/ E.D.

Tunisie libre Correspondant pour Rue89 au pays du jasmin, Thierry Brésillon ambitionne dans son blog « Tunisie libre » de « décrypter la transformation de la Tunisie postdictature ». Journaliste et photographe, il contribue également à Nawaat.org, un site indépendant issu de la révolution de 2011. Son blog est une source d’informations incontournable pour ceux qui cherchent des analyses précises et sans raccourci sur la Tunisie d’aujourd’hui. http://blogs.rue89.com/tunisie-libre A.D.

Rêveries d’un senior solidaire Jean-Claude Feys a sillonné l’Afrique pendant dix ans. C’est en prenant sa retraite qu’il a ouvert le blog « Rêveries d’un senior solidaire » sur le site d’information alternatif Youphil.com. Il y compile ses témoignages et ses ressentis à propos de l’actualité en faisant des clins d’œil à son continent d’adoption, l’Afrique. Des billets pertinents alors que les personnes âgées sont peu représentées sur la Toile. http://seniorsolidaire.blog.youphil.com/ A.D.

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L’Observatoire de la diversité Blog participatif et collectif hébergé par le site internet de Libération, « L’Observatoire de la diversité » est tenu par plusieurs associations luttant contre le racisme et les discriminations. Aux côtés de Louis-Georges Tin, le rédacteur en chef, et du think-thank « République et diversité » chargé de la coordination éditoriale, les contributeurs abordent les problématiques liées à la diversité au sens large. http://observatoire2.blogs.liberation.fr/ A.D.

Au centre, la banlieue. Chroniques de la diversité urbaine

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Les tisseurs de paix : entre Israël et Palestine

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« Des histoires d’un autre quotidien que celui de la capitale. » C’est ce que la journaliste Sylvia Zappi raconte sur son blog « Au centre, la banlieue » hébergé par le site internet du Monde. Et pour une fois, l’idée n’est pas de s’intéresser aux voitures brûlées et aux trafics de drogue. La journaliste entend plutôt mettre en avant les richesses des banlieues françaises, à travers les confessions de ceux qui y vivent et y travaillent. http://banlieue.blog.lemonde.fr/

L’application pour tablette et smartphone Disponible sur

À cheval entre la France et Israël, Aline Baldinger apporte un regard personnel sur « ceux qui agissent pour la paix » entre l’Israël et la Palestine. Des portraits croisés d’Israéliens et de Palestiniens, des manifestations culturelles et des actualités autour de ces deux peuples sont le fil rouge de son blog. Après 40 ans de plans de paix qui n’ont cessé d’échouer, la journaliste pose la question : « Mais qui veut la paix dans cette partie du monde ? » http://lestisseursdepaix.blog.youphil.com/ F.R.



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VIH Pocket Films Sidaction lance la seconde édition du concours VIH Pocket Films. Les participants ont jusqu’au 31 janvier 2013 pour réaliser des court-métrages, de deux minutes maximum, à partir de téléphones portables et traitant des enjeux actuels de la lutte contre le sida (prévention, dépistage, traite ments, solidarité, etc.). Les vidéos récompensées sont destinées à créer un outil pédagogique qui sera diffusé sur Internet et auprès des jeunes via les enseignants, comme supports d'information et de sensibilisation. Il est possible de réaliser son projet seul ou en groupe et le style de la vidéo est libre (documentaire, reportage, film, témoignage, fiction...). Pour participer au concours il faut obligatoirement avoir entre 15 et 25 ans et envoyer ses créations sur le site: http://vih-pocket-films.sidaction.org. F.R.

Rétrospective de la « Marche des Beurs » Le 15 octobre 1983, Christian Delorme initiait la « Marche des Beurs » : 32 jeunes issus de l’immigration quittaient Marseille pour Paris. Le 3 décembre, ils étaient 100 000 à arriver à Paris. Dix ans plus tard, le prêtre lyonnais publie un ouvrage qui revient sur ce périple pacifique pour l’égalité des droits et contre le racisme. Une manière pour « le curé des Minguettes » de réaffirmer son engagement en faveur de la tolérance, alors que le contexte politique et social français est marqué par l’islamophobie et les discriminations. A.D.

Paris accueille les Gay Games La Fédération internationale des jeux internationaux homosexuels a choisi Paris pour l’organisation des Gay Games 2018. Le choix de la candidature tricolore pour cette 10è édition a relancé la polémique sur ces jeux, considérés comme « communautaires ». Et pourtant, leur nom est trompeur : cette compé-

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tition est ouverte à tous. Elle a comme objectif de lutter contre les discriminations et de valoriser la tolérance, plutôt que la performance sportive. Présidée par Pierre Bergé, la candidature française était soutenue par la ministre des Sports, Valérie Fourneyron et par l’ancienne escrimeuse, Laura Flessel. A.D.


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fil info culture

A lire également : « Achetez vous êtes stéréotypés » Sur Respectmag.com

©Hugo Desinge

©Hugo Desinge

La dérision se met au service de la cause féministe. Deux ouvrages parus en octobre 2013 proposent de défendre l’image de la femme avec ironie.

©Hugo Desinge

Dites-le avec humour

La couverture pourrait faire rire. Sur un fond blanc, une femme se tient debout. Un fouet de cuisine et une cuillère en bois à la main, elle porte un tablier avec cette inscription : « Babette, je la lie, je la fouette et parfois elle passe à la casserole. » Sexiste, cette publicité pour une célèbre marque de crème fraîche n’est pas factice. Elle date même de 2000. Pas étonnant qu’Annie Pastor, ancienne rédactrice en chef adjointe de l’« Écho des Savanes », et les éditions Hugo Desinge l’ait choisie pour illustrer la couverture de leur dernier ouvrage, « Les pubs que vous ne verrez plus jamais, spécial sexisme ».

Détourner les clichés

L’idée : « Dresser un constat de la manière dont les publicitaires ont usé et abusé de l’image de la femme dans le passé », explique l’éditeur Hervé Desinge. Et pour mieux faire passer le message, il a choisi l’humour. Une méthode qui a aussi convaincu Marie-Thérèse Sanchez-Schmid et qu’elle a mise à profit pour réaliser son ouvrage « 1944-2014 : Au cœur des femmes. 70 ans de conquêtes ». « On fait plus facilement passer des messages avec humour que par la force », concède cette enseignante et eurodéputée. Elle revient sur les grandes dates qui ont marqué le combat féministe, depuis l’adoption du droit de vote des femmes en 1944 jusqu’à nos jours. Le texte est accompagné des illustrations d’Eugénie Margueritte, qui détourne les clichés propres aux femmes afin de souligner le ridicule de certaines situations. Aussi, pour représenter l’entrée des premières femmes à l’ENA, l’artiste met en scène deux amies qui discutent autour d’un verre. « J’ai voulu essayé l’ENA », affirme la première. La seconde lui répond : « L’École nationale d’administration ? » « Non, l’Épilation Naturelle à la cire d’Abeille. »

Défendre l’image de la femme

© Editions Talaia

Dans ces deux ouvrages, l’humour est une affaire visuelle. « Les pubs que vous ne verrez plus jamais, spécial sexisme » fait même la part belle aux images et laisse très peu de place au texte. On peut ainsi découvrir des publicités datant des années 1940 à nos jours et profiter des quelques commentaires ironiques, parfois acerbes, d’Annie Pastor. « La présentation d’aliments érotisés frise parfois le ridicule. Sauf, bien sûr, si porter une barre chocolatée dans la culotte est une habitude courante pour vous », précise l’auteure à propos d’une pub Magnum pour une barre glacée « réservée aux hommes ». « Ces images ne sont pas drôles, prévient Hervé Desinge. Mais l’humour permet de faire comprendre à ceux qui ne sont pas proches de la cause féministe qu’il faut défendre l’image de la femme, de manière simple et légère. » Anna Demontis

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En octobre 2013, « Tout l’argot des banlieues » est paru aux éditions de l’opportun. Écrit par Abdelkarim Tengour, ce « dictionnaire de la zone » référencie les termes et expressions employés par les jeunes des cités, tels que « wech », « bicrave » ou « zarma ». Loin de rester cantonné aux banlieues, le verlan s’est fait une place dans le langage courant. De quoi faire de ce dictionnaire un outil linguistique inédit, qui témoigne des évolutions de la langue française. un l’opport © Editio

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A.D.

La BD s’attaque aux stéréotypes Si l’habit ne fait pas le moine, l’apparence ne fait pas le genre. C’est le crédo de deux BD des éditions Delcourt. Océanerosemarie est attirée par les filles mais personne ne la croit. D’où son surnom de « Lesbienne invisi ble ». Dans «Mauvais genre », Paul déserte la première guerre mondiale. Pour sortir librement, il se travestit : une contrainte qui devient une envie viscérale. La force de ces albums ? Une aptitude à pousser le lecteur à la réflexion sur le paraître et l’orientation sexuelle. « Mauvais genre», de Chloé Cruchaudet éditions Delcourt, « La Lesbienne invisible », de Océanerosemarie & Sandrine Revel - éditions Delcourt

Dub Incorporation sort Paradise

Le groupe français de reggae Dub Incorporation a sorti son cinquième album, Paradise, le 14 octobre 2013. Produit par le label Diversité/Naïve, ce nouvel opus est composé de treize titres aux thématiques engagées. Les Stéphanois ont entamé début novembre une tournée qui s’achèvera au Zénith de Saint-Étienne (Loire) le 21 décembre. A.D.

© Alexis Rieger

Le verlan a son dictionnaire

F.R.

La Barbe dénonce une littérature d’hommes

Un super-héros afro

M.K.

Retrouvez l’interview en vidéo sur respectmag.com

©editions Delcourt

Le chanteur nigérian Keziah Jones revient dans les bacs le 18 novembre avec un projet personnel et politique, sous les traits d’un super-héros, Captain Rugged, son double loufoque et engagé. « Je raconte l’épopée de réfugiées, de l’immigration et de l’exil », appuie Keziah Jones. Equipé d’une cape en ankara, il secoue le monde avec ses beats rageurs. Sa musique, le blufunk, mélange une attitude punk funk à des rythmes de musique africaine.

Le groupe d’action féministe La Barbe s’est illustré lors de la remise du prix Goncourt, le 4 novembre 2013, au restaurant Drouant dans le 2è arrondissement de Paris. L’objectif ? « Dénoncer l’institution patriarcale incarnée et perpétuée par cet récompense littéraire. » Sur 110 ans et 109 prix remis, 99 ont honoré des hommes.

A.D.

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! U N E V É R P A R ON VOUS AU i ch ar n, e m o i l s l Go er s li iste e at n © rba u

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paris / le 28 novembre

L’I.C.I. AU CŒUR DE LA GOUTTE D’OR

www.orpheefestival. com

novembre 2014, lam (I.C.I.) s’agrandit. Le 28 è L’Institut des cultures d’Is n, dans le 18 nso phe rtiers au 56, rue Ste qua ux vea nou de a ndr pre tuil abitation cul Conçu comme un lieu de coh arrondissement de Paris. de langue et ges sta et rs cou ueillera des relle, cet établissement acc hammam. Cette s, une salle de prière et un de calligraphie, des artiste s’achèvera en re étape d’une extension qui annexe n’est que la premiè conférences, de nt, futur lieu d’expositions et 2015. Un deuxième bâtime quartier de Barbès. ouvrira ses portes dans le

valencienne/ le 3 décembre 2013

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LA VOIX DE L’INDE

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lais, 59) pour la enciennes (Nord-Pas-de-Ca Un concert se tiendra à Val La ty. fille de Pandit nce de Kaushiki Chakrabar seule représentation en Fra musique vocale de maîtres incontestés de la Ajoy Chakrabarty, l’un des Ne se limiter à au? e ment la relève. Sa forc l’Inde du Nord, assure brillam r dans les chants elle exc à des rares chanteuses e l’un être et n itio trad e cun e) et carnatiques (du sud). hindoustanis (du nord de l’Ind

geneve/du 17 au 26 janvier ©B

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paris/du 20 septembre au 29 novembre

PAROLES DU DEDA.peNrsoS.sfr.fr/

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» est une Milhaud, « Paroles du dedans Présentée au théâtre Darius ix interprète x des détenus. Laure Guizer pièce qui fait entendre les voi fermement d’espoir mais aussi de l’en sur scène les témoignages c qui elle ave s enu res et de poèmes de dét carcéral. Elle s’inspire de lett érogis -M ury Fle de t ure à la maison d’arrê a partagé des ateliers d’écrit s de sée pen aux ès acc r le public, d’avoir . ( Essone, 91 ). Il est rare, pou âtre thé de ce piè ne d’u is ment par le bia prisonniers français, notam

valence/du 11 octobre au

23 février

HOMwwM.vaElenSceaRgglAo.frC/ceINntrEe-pSatrimoine-

http://w s-racines-cpa armenien/expo-homme 26 ) énien de Valence ( Drôme, Le Centre du patrimoine arm de rre des photographies de Pie présente une exposition aus ple à la rencontre de cinq peu Vallombreuse, qui est parti -Est , Tanzanie, Inde, Asie du Sud tochtones, entre Groenland ite à inv he rap clichés, le photog et Bolivie. Le long de ses 170 de en tidi quo le culturelle à travers découvrir cette diversité ore enc ou e » tiqu ardiens de l’arc « gitans de la mer », de « g n du position soulève la questio L’ex . urs eille -cu de chasseurs des la à lin enc ain por tem nde con vivre ensemble dans ce mo e. truction de son écosystèm

2014

FESTIVAL BLACK MOVn/IE

blackmovie.ch/intereditio

nneur plusieurs longs4. Cet événement met à l’ho 201 r vie jan 26 as au 17 du ) contre-courant des ciném ses 15 ans à Genève (Suisse toires du monde « allant à his des er Le festival Black Movie fête ont lisa Rac réa le n ? , mu tion te nouvelle édi nd public. Leur point com s sur le site internet. Pour cet eur sat métrages méconnus du gra ani org des ts mo les décomplexés », selon présents. uniformisés, novateurs et ndoza seront notamment ng et le Philippin Brillante Me Lia g teur taïwanais Tsai Min LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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agenda

paris / du 12 au 24 novembre

strasbourg/ du 30 novembre au 14 décembre

FESTIVAL DES NOUVEAUX CINÉMAS DOCUMENTAIR/ES

E(s) MÉTISSAGcom /2013/

http://www.strasmed. Strasbourg-Mediterranee

paris/du 15 octobre au 26 janvier 2014

KANAK

http://www.quaibranly. fr/fr/programmation/ expositions.html m2 le fruit à Paris présente sur 2000 Le musée du Quai Branly nées depuis ogiques et historiques me des recherches anthropol s imporak. Cette exposition, la plu trente ans sur le peuple kan semble de Nouvelle-Calédonie, ras tante réalisée sur la culture ouété fois Certaines œuvres ont par plus de trois cents objets. s tée sen pré t de musées, d’autres son bliées dans les réserves col de s issu s ent lic avec des docum pour la première fois au pub gne ma Alle , nce Fra , (Autriche, Suisse lections publiques d’Europe pierre nie. Hache surmontée d’une édo Cal lleet Italie) et de Nouve quovie la de s tige ves et s, appliques de jade, sculptures de boi aut t ant sieurs milliers d’années, son tidienne parfois vieux de plu monde. le ple qui fut éparpillé à travers d’objets, témoins de ce peu Kanak du i r deux points de vue : celu L’exposition tente de concilie i du celu et nde venus d’un autre mo qui regarde les colonisateurs ak. kan ole par la opéen sur la vie et colon ou du missionnaire eur

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pantin/du 9 au 30 novembre © aude ghilbert

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s, écrivains et uniéditerranée mobilise artiste L’association Strasbourg-M placé cette année, e, è de son festival éponym versitaires pour la 8 édition Méditerranée, ces la de és . Venus des deux côt age tiss mé du ne sig le s sou sées dans 30 lieux de 75 manifestations organi acteurs participent à plus é Césaire, par des hommage sera rendu à Aim de diffusion à Strasbourg. Un Une journée céléctacle et des conférences. récitals de poésies, un spe r l’égalité et contre è iversaire de la Marche pou brera également le 30 ann le racisme.

.org www.belleville-en-vues enNouveaux cinémas docum La 3è édition du festival des sée ani Org is. Par à 24 novembre taires se déroule du 15 au tion sta nife ma te cet (s), en Vue par l’association Belleville à èle Fid . lics pub les s tou à éma ambitionne d’ouvrir le cin per tival ira à la rencontre des sa tradition nomade, le fes tre cen un tant, par exemple, dans sonnes isolées en s’expor aussi Certaines séances seront üs. d’hébergement Emma re Aut . çais fran apprentissage du dédiées aux migrants en ité, ativ cré la er Vue(s) : favoris leitmotiv de Belleville en liers que chez le public. Des ate tes éas cin autant chez les Les . vus pré t son age l’im nà de découverte et d’éducatio de se aly l’an et e nag ion vis le animateurs s’appuieront sur à si, ain ques et chercheront, séquences cinématographi les participants. valoriser le dialogue entre

FESTIVAL NIO FAR

es.net www.vibrations-urbain

niale et science de l’histoire colo Susciter une prise de con le vaste nes noirs de France. Tel est esclavagiste parmi les jeu a lieu à qui ématographique Nio Far programme du festival cin . Cette bre em 93) jusqu’au 30 nov Pantin (Seine-Saint-Denis, woen » ble em signifie « on est ens manifestation, dont le titre u. Trib La on iati soc organisée par l’as lof (Afrique de l’Ouest), est des % 57 t : sta con un ion a dressé A l’origine, cette organisat t d’orien Seine-Saint-Denis son ans 18 de ins jeunes de mo moires ents sont les héritiers de mé gine étrangère. Ces adolesc vent doi ictoires, avec lesquelles ils diverses, souvent contrad ge à ma hom tion, le festival rendra composer. Pour cette édi e enc rés « P ue fondateur de la rev Alioune Diop, ce Sénégalais aret ns ivai écr premier congrès des africaine » qui organisa le Yandé bonne. Sa veuve, Christiane Sor la à 6 tistes noirs en 195 mégslon les mi Par l’événement. Diop sera la marraine de oirs de on retrouve notamment « N trages qui seront diffusés, Blanchard et Juan Gélas. France » réalisé par Pascal



expo virtuelle

Du graff à la peinture numérique

BARTH Barth a douze ans lorsque l’envie de graffer le prend. « On m’avait envoyé en pension et c’était un peu comme la prison, j’avais envie de m’évader », confie Barth. Sur le trajet du pensionnat, il passe par la cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis, 93), réputée pour ses nombreux tags. « Je me souviens d’un graffiti qui disait « Bienvenue en enfer » avec des flammes autour. Ça m’a foutu une claque. » Attiré par l’aspect transgressif du graffiti, l’artiste nourri des aspirations artistiques : « Je ne voulais pas seulement écrire mon nom sur les murs, ce qui m’intéressait c’était de créer des personnages ». Orienté vers un BEP de pâtissier-boulanger, il rend son tablier, entame des études en communication visuelle et travaille pour des agences de publicité… Un emploi contre-nature, pour un artiste à contre-courant : « Il fallait inciter les gens à consommer, alors que quand on fait du graff on a rien à vendre. » Son licenciement sera un soulagement, il en profite pour lancer son projet de tour du monde. Pendant 10 mois, il multiplie les rencontres et échange autour des différentes pratiques artistiques. C’est là qu’il peaufine sa nouvelle passion : la peinture numérique. Il dessine sur ordinateur et projette ses créations avec un vidéo-projecteur de poche. « Ça me permet de projeter mes graffs n’importe où. Je peux me pointer à un concert, au cinéma pendant des spectacles ou des soirées en discothèque. Au début je le faisais de façon informelle, comme un vandale. Maintenant je suis payé pour le faire. » Propos recueillis par Olivia Villamy www.barth-one.com

Retrouvez le diaporama des œuvres de Barth sur respectmag.com LE MAGAZINE DIVERSITÉ

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photos © barth

« J’ai commencé à peindre sur les tables de la classe, les toilettes, avant les murs de la ville. Le parcours d’un graffeur typique. »


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