5 € hiver
2014
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TITOFF L’âge de raison ? MODE D’EMPLOI faire sa bière solidarité Mettons les bouchées doubles ! Musique prospectives d’écoute
retour vert le futur Ces métiers qui feront l’environnement de demain
sommaire
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UP ALERTE
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Comment écoutera-t-on la musique dans 10 ans ?
DÉCLIC On n’est pas sorti d’la berge !
19 ON Y ÉTAIT À prendre ou à laisser Chaque trimestre, les trois bons plans de Julie
Y’a PLUS QU’À !
BIG UP
9
Honneur à vous !
11
20
Vous prendrez bien une petite mousse ?
22
UP ACTUS
TO DO UP
14
HÉROS ORDINAIRES Elle est libre Thanh
MÉDIATHÈQUE
UP TO YOU
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Du street art plein les mirettes
48 32
44
30 ÊTRE ET AVOIR
DÉCHIFFRAGE Mettons les pieds dans le plat !
Shopping de Noël
DOSSIER Retour vert le futur
34 L’INTERVIEW Titoff, « Je garde l’eau du bain pour les pâtes ! »
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JEUX DE PISTES Zapping de sapes
décembre 2014 - février 2015
UP
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DOSSIER
Visionnez la UP Conferences « Les métiers qui feront l’environnement de demain »
Décembre 2014. La rédaction d’UP a reçu un mail mystérieux… Il comporte l’ensemble des futurs articles du magazine ! De la sciencefiction ? Oui ! À l’heure où 15 000 emplois d’avenir « verts » ont été annoncés par le Président de la République, nous avons décidé de vous présenter 4 papiers écrits en 2015, 2020, 2030 et 2050, sur les tendances écolos de l’économie. Les professions évoquées sont parfois déjà actuelles, en tout cas appelées à se développer ou parfois n’existent pas encore. Évolutions prévisibles, métiers inattendus, plongez dans l’avenir ! Dossier rédigé par Benjamin Bultel et Benjamin Glaise
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UP
décembre 2014 - février 2015
DOSSIER
2020
2015
2030
2050
À belle plante, plastique impeccable Électroménager, informatique, vaisselle… Le plastique a, en moins d'un siècle, conquis notre vie quotidienne ! En nous rendant dépendants du pétrole. Mais l'industrie développe une alternative à base de plantes.
Imaginez la scène. Vous faîtes votre
n'est, à l'heure actuelle, que de moins
promenade digestive au bord d'une
de 1 % des plastiques produits. Mais les
rivière, dans la campagne nordiste.
bioplasturgistes se frottent les mains
Un cycliste passe et, d'un geste ano-
depuis que la loi Ségolène Royal, votée
din, balance sa bouteille d'eau dans la
en octobre 2014 – qui interdit la vente
rivière. Un dangereux pollueur, pensez-
de sacs en plastique à base de pétrole –
vous. Non, car un petit logo est inscrit
est entrée en vigueur en mai dernier.
sur la bouteille : « OK Compost ». Tra-
Mécaniquement, la demande en sacs
duction, la bouteille est en plastique
biosourcés et biodégradables a bondi.
d'origine végétale et compostable. Elle
L'Italie a connu le même processus
est d'ailleurs fabriquée dans une usine
lorsque le gouvernement a voté une loi
toute proche. L'entreprise Roquette y a
identique en 2011.
implanté sa cohorte de biochimistes et d'ingénieurs bioplasturgistes
Trier sans tricher
qui conçoivent des polymères (les
Loin de se limiter aux sacs, la recherche
constituants du plastique) à base de
se consacre à de nouvelles utilisations
plantes. Et pour mieux rationaliser la
et à des matériaux biosourcés ayant les
production, la matière première est à
mêmes propriétés que leurs cousins à
portée de main. Car vous ne mangerez
base de pétrole. Couverts jetables et
jamais les pommes de terre cultivées
film de paillage font partie des objets
dans les champs autour de l'usine. De
de plus en plus fabriqués à base de
cette plante est extrait l'amidon qui
plantes. Comme le note Christophe de
compose les plastiques. Le nombre
Boissouly, président du Club des bio-
d'agriculteurs travaillant exclusi-
il est complètement ridiplastiques, «
vement pour l'industrie de la bioplas-
cule de faire une fourchette à base de
turgie explose, quand ils ne sont pas
pétrole qui a une durée de vie de 400
directement employés par les sociétés
ans alors qu'elle n'est utilisée qu'une
comme Roquette.
Écrit en 2015
Ça existe déjà ! Les plastiques biosourcés font vendre et ça, certaines entreprises l'ont très bien compris. La PlantBottle de Coca-Cola, sortie en 2013, et les bouteilles de la marque Actimel de Danone ont bénéficié d'une intense campagne de pub. Plus du greenwashing qu'un réel engouement écologique, dénonce Christophe de Boissouly, président du Club des bioplastiques : « Les bouteilles en plastique traditionnel, on sait les recycler. Ce sur quoi il faut se concentrer, ce sont les produits qu'on ne sait pas revaloriser : les sacs en plastiques ou les couverts par exemple. » Un gros défi sachant qu’en France, seulement 27 % du plastique (en énorme majorité fabriqué à base de pétrole) que nous produisons est recyclé.
demi-heure ». Mais le caractère biodégradable tant vanté de certains maté-
Le biosourcé, c'est Royal
riaux biosourcés est un peu usurpé. Le
Outre l'économie des litres d'hydro-
PLA, dominant sur le marché européen,
carbures nécessaires à la fabrication
n'est biodégradable que sous certaines
du plastique traditionnel, les objets
conditions, notamment de température
biosourcés (à base de plantes) re-
(plus de 50 °C). Les experts du recyclage
jettent moins de C02 lorsqu'ils sont
se creusent donc la tête pour amé-
brûlés. Certains sont biodégradables
liorer les techniques de tri. Des nou-
et peuvent bénéficier des labels « OK
veaux détecteurs optiques, capables de
Biodegradable » ou « OK Compost »,
différencier plastiques traditionnels,
d'autres non, ce qui ne les empêchent
biosourcés et biodégradables, sont en
pas de pouvoir être recyclés. La part
développement.
de marché des plastiques biosourcés
Oui mais… L'obstacle principal au développement des plastiques biosourcés demeure le prix des matières premières. D’autant que le tarif du pétrole baisse, rendant les plastiques traditionnels plus compétitifs. Mais pour Slavik Kasztelan, responsable du programme biomasse vers chimie à l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, « la tendance de fond de développement des plastiques biosourcés est là ».
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UP
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©photographie Laurent Alvarez / création graphique presscode
héros ordinaires
ELLE EST LIBRE THANH ’est une brindille de 48 ans avec un débit de mitraillette. Thanh Nghiem, jean large et cheveux courts, parle sans filet et tutoie d’emblée. On la
h 20
Française d’origine vietnamienne, Thanh Nghiem a d’abord brillé comme directrice associée, dans une grande boîte de conseil, avant de mettre ses compétences au service de l’intérêt général. C’est dans l’open-source et le retour à ses racines qu’elle s’est trouvée. Aujourd’hui, elle « pollinise » les savoirs.
surnomme « la petite abeille ». Ce qu’elle essaime, ce sont des projets innovants : elle les convertit en code open-source et les dissémine, gratuitement, quelques milliers de kilomètres plus loin [voir encadré]. Difficile d’imaginer qu’il y a 18 ans, l’abeille était plutôt un gros frelon sillonnant l’Asie pour distiller ses conseils en fusion-acquisition. Thanh
UP
décembre 2014 - février 2015
l’interview
Titoff « Je garde l’eau du bain pour les pâtes ! » À la radio, il chahute avec ses camarades des Grosses têtes. À la télé, il danse avec les stars. Mais Titoff n’oublie pas la scène où il a démarré voilà 15 ans. L’humoriste et comédien aime rire sur les planches et dans la vraie vie…! Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un œil critique sur la société de consommation, les voitures et les smoothies.
u bout de 15 ans, vous aimez toujours autant la scène ?
Actuellement à l’affiche : « Titoff, 15 ans de scène »
Claude
Bénichou,
Claude
Sarraute,
Fabrice Éboué, Jérémy Michalak, entre autres. Ces rencontres, ces collabora-
Je crois que je kiffe encore plus ! J’ai
tions plus la lecture de la presse tous les
commencé à Marseille en jouant dans
jours m’ont beaucoup enrichi. Et puis,
des restaurants, des cafés-théâtres.
les sketchs que je faisais à mes débuts,
Après être arrivé à Paris, c’est allé très
certains complètement débiles, sans
vite. J’ai rencontré des gens comme
queue ni tête, ça ne passerait plus dans
Ardisson, Delarue. C’était génial mais
la bouche d’un quarantenaire (rires)
quand on est « en plein dedans », im-
man show, je suis revenu sur scène
Vous parlez beaucoup de consommation et de surconsommation, cela vous préoccupe ?
possible d’en profiter. Après une coupure de cinq ans de spectacles en one avec « Déjà le retour ». Et maintenant
Je suis un consommateur mais j’essaie
avec ce nouveau spectacle des 15 ans.
de ne pas être dupe. Des pubs vantent
C’est du vrai partage et du vrai plaisir.
des friandises et en même temps, des messages sur ces mêmes pubs pré-
Ces dernières années, en plus de l’humour, vous avez fait du théâtre, du cinéma, de la télévision, de la radio… Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?
viennent qu’il ne faut pas manger entre
qui m’a fait démarrer et c’est ce que je
Le nouveau spectacle de Titoff retrace ses quinze dernières années de scène. On y retrouve ses sketchs les plus connus comme « Toilettes des filles » ou « Popov le cosmonaute ». Mais aussi de nouveaux, écrits spécialement pour cet anniversaire. Pour célébrer l’événement, ses amis Akhenaton, Jean-Pierre Foucault, ou encore Laurent Ruquier le rejoignent sur scène. Titoff sera jusqu’au 28 décembre au théâtre de la Michodière à Paris, puis repartira en tournée en région.
fais en ce moment, c’est à dire le spec-
www.titoff.fr
Avoir la chance de passer de l’un à l’autre justement. Être écouté par plus de 2 millions de personnes sur une radio [sur RTL, ndlr], travailler avec des personnes d’horizons différents qui ont un talent fou ou jouer dans des films : ado, je n’aurais pas rêvé mieux ! Mais le plus intense, c’est ce
dehors des repas, tu grignotes quand alors ? Pendant ? Tu manges un Bounty en même temps qu’un couscous ? Je trouve que les messages divulgués sont paradoxaux et souvent ridicules. Mais c’est du régal pour les humoristes…
Les smoothies, les 5 fruits et légumes par jour, le sport… Ce sont des thèmes que vous abordez de façon ironique. Vous pensez que notre société est trop hygiéniste ? J’ai vu un reportage sur les plantations
tacle. J’écris avec mon frère depuis six
de bananes aux Antilles. Certaines sont
qui marche bien. On donne du plaisir
Après avoir parlé de vous dans vos spectacles, désormais vous analysez la société. C’est l’âge de raison ?
aux gens et ils vous le rendent. C’est
Ça fait six ans que je travaille avec
très bon pour la santé de manger des
juste génial !
Laurent Ruquier, j’ai aussi bossé avec
fruits. Pour la pollution, c’est la même
ans, on se marre. Et puis c’est très fort quand on est sur une représentation
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les repas. Mais si tu ne grignotes pas en
UP
décembre 2014 - février 2015
installées sur des sols complètement pollués. Et après on va te dire que c’est
l’interview interview
© julien hekimian
on y sera ! Prochain rendez-vous avec UP : la foire à la charcuterie vegan de Montreuil en janvier
décembre juin2014 - septembre - février 2014 2015
UP
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alerte
Comment écoutera-t-on la musique dans 10 ans ? Au sein d'une industrie musicale en proie à de nombreux bouleversements économiques, les innovations offrent de nouvelles perspectives d'écoute. S’il reste difficile d'imaginer comment le son sera « consommé » dans 10 ans, plusieurs pistes se dessinent. Alors imaginons l’avenir entre streaming, vinyles et puces intégrées.
Écouter de la musique tout le temps et
s’y consomment sans téléchargement,
ment mobile, ne va cesser d'exploser »,
partout. Il n’y a qu’à voir le nombre de
ce qui a facilité l’explosion de notre
précise Gabriel Dabi-Schwebel, spécia-
casques vendus ces dernières années
lifestyle musical.
liste en services numériques et fonda-
[cf. encadré] pour comprendre le phé-
40
teur de l’agence 1min30. Selon lui, « les
nomène. « Le marché s’est adapté à des
La donne numérique
évolutions technologiques ont profondé-
modes de vie plus mobiles, explique
« Les usages évoluent très rapidement »,
ment marqué la manière de consommer
Sophie Samama, responsable de la com-
souligne Sophie Samama. Alors, à quoi
la musique. La première conséquence de
munication chez Deezer. Car les gens
ressemblera le mélomane dans 10 ans ?
ce phénomène étant la baisse des prix ».
veulent accéder à leur musique en per-
Tous les acteurs de cette industrie
manence. » Avec les smartphones, les
s’accordent sur un point : le numérique
Le retour de la galette
ordinateurs ou les lecteurs MP3, elle est
devrait poursuivre son développement
Qui sait : « On écoutera peut-être la mu-
désormais à portée de main. Il y a aussi
et la musique s'écoutera toujours plus
sique avec une puce intégrée dans notre
les sites de streaming, utilisés par 84 %
sous perfusion. « Dans les années à
oreille et reliée à Internet. Avec une
d’entre nous en 2013 !(1) Les morceaux
venir, la consommation de data, notam-
playlist sélectionnée en fonction de notre
UP
décembre 2014 - février 2015