Poly 153 - Novembre 2012

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Magazine N°153 novembre 2012 www.poly.fr

Festival Augenblick Cinéma en langue allemande Edgar Degas Un Moderne à Bâle ArcelorMittal Florange Chronique d’un espoir Annette Messager Noir c’est noir au MAMCS

un noël

fou, fou, fou CA H I E R

S p é cia l



BRÈVES

Drôle de

zoo zoo

Un serpent tatoué sur un torse glabre, un singe perché sur la tête d’un homme enturbanné… La plasticienne Delphine H. Harrer nous mène dans sa Ménagerie avec son exposition d’illustrations du 1er au 31 décembre. Tout un bestiaire à découvrir au Troc’afé (Strasbourg). Vernissage vendredi 30 novembre avec DJ L’Amoroso pour une ambiance rétro… et sauvage. www.facebook.com/letrocafe

Alain Allemand (F) & Ronni Komarow (USA), Triptyque souvenir

C’est quoi

ce b… ?

Vingt-troisième édition du Salon du livre de Colmar, les 24 et 25 novembre (de 9h à 18h, entrée libre) au Parc des expositions. La thématique retenue ? Le Bazar. Auteurs (Jean-Bernard Pouy, Jean-Claude Carrière…), éditeurs, libraires et lecteurs se donnent rendez-vous pour des rencontres, dédicaces ou expositions autour du livre… dans tous ses états. Bazar ou coïncidence, vous y dégoterez peut-être le bouquin de votre vie.

TRANS-

ATLANTIQUE À la salle Conrath (dans l’Hôtel de ville de Strasbourg) est accueillie une exposition singulière jusqu’au 29 novembre. Dans le cadre du projet Par avion, cinquante artistes s’expriment en duo, proposant des cadavres exquis transatlantiques. À la découverte d’œuvres créées à quatre mains de part et d’autre de l’océan. Une autre façon, ludique et intelligente, de voir le jumelage. www.paravionproject.com

www.salon-du-livre-colmar.com

Se mettre au parfum

Son immersion dans le monde de la parfumerie fut très importante pour la carrière de René Lalique. C’est en créant des flacons qu’il a pris un tournant décisif, passant de la création de pièces de joaillerie à la réalisation d’objets d’art en verre. Le Musée Lalique de Wingen-sur-Moder propose, avec son cycle, Comme un parfum de découverte, de titiller notre odorat avec une conférence de Jean Kerleo de l’Osmothèque de Versailles sur le parfumeur François Coty (jeudi 22 novembre) ou une initiation au parfum avec Agnès Bouyé d’Evanessence (samedi 24 novembre). www.musee-lalique.com Poly 153 Novembre 12

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C D E 12 /13 13.11 – 24.11 Les Bâtisseurs d’empire ou Le Schmürz Papa, maman, leur petite Zénobie, la bonne. Un petit appartement avec bibelots et buffet Henri II. Voilà qui ne promet guère l’aventure. Seulement voilà : il y a le Schmürz ; c’est un homme qui vit avec eux, assis dans un coin. Son rôle ? Recevoir des coups en silence. Sur ce Schmürz, papa et maman s’en donnent à cœur joie, Zénobie, elle, s’y refuse. Zénobie veut comprendre. Entre l’absurdité des dialogues de cette famille confite de codes sociaux et l’incroyable sauvagerie qu’ils laissent exploser, on dérive entre humour et noirceur. Dans cette dernière pièce de Boris Vian se retrouvent toutes les merveilles du théâtre et de l’absurde, alliant cocasserie avec cruauté.

De Boris Vian Mise en scène : Pauline Ringeade

Avec : Jean-Christophe Quenon Marie Seux Claire Rappin Stella Cohen Hadria Nils Öhlund Julien Geffroy

Comédie De l’Est Centre dramatique national d’Alsace Direction : Guy Pierre Couleau

Réservation : 03 89 24 31 78 www.comedie-est.com 6 route d’Ingersheim 68027 Colmar


LA TOURNÉE DE MÉMÉ

BRÈVES

Grosse actu’ au mois de novembre pour Mémé Dimanche (qui vient d’achever sa résidence au Millénium de Haguenau) avec plusieurs dates. Le groupe alsacien qui balance une chanson française réaliste douce-amère sera à La Scudéria de Turckheim (le 10), à L’Artiste de Golbey (le 16), au Greffier de Mulhouse (le 24) puis à la strasbourgeoise Laiterie (le 28). Suite des événements en décembre pour une mémé foutrement dynamique ! www.memedimanche.com

Quand y a pas

d’GéN…

© Graigue

Dandy Warhols ou Crocodiles, les petits jeunes de The Bots ou Cody Chesnutt – pour un très attendu come back, voir photo – sont à l’affiche du festival GéNéRiQ (du 21 novembre au 2 décembre), à Belfort, Dijon, Saint-Louis ou Épinal, dans salles de concerts et lieux insolites d’une dizaine de villes de l’Est. Cette année, focus sur la nouvelle scène colombienne (Zalama Crew ou Crew Peligrosos et leur hip-hop déterminé) et danoise (Pinkunoizu, I Got You On Tape…). On va pas s’GéNer. www.generiq-festival.com

À livre ouvert

My monkey fête ses dix ans. Pour l’occasion, la galerie d’art graphique a convié Étienne Hervy – ex-directeur de la rédaction d’Étapes et du festival de Chaumont – à commissionner l’exposition collective Une arme que tu habilles pour l’hiver (jusqu’au 7 décembre), interrogeant la notion de disparition. Pour que le fête soit plus folle, l’espace messin édite Dixparition, publication marquant l’anniversaire du lieu. www.mymonkey.fr

Capture d’écran de Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard

Chaud cacao

Lové dans la rue de la Râpe à Strasbourg, Bistrot et Chocolat marie restaurant et salon de thé. Petit déj’, déjeuner, goûter ou brunch, voilà le repaire idéal. Des plats végétariens (gaufres salées, légumes en croûte…) aux boissons des quatre coins du monde (thés, cafés…), en passant par les sucreries (maxi fondue choco…), on va déguster ! À noter, l’épicerie fine qui propose des produits gourmands autour du chocolat. www.bistrotetchocolat.net Poly 153 Novembre 12

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ifé Kako Danse / Cie Dre // 20h emb Jeudi 13 déc Dès 11 ans ectacle : Autour du spantillaise ro af e ns Stage de da mbre samedi 8 déce ultes ad et os ad nts, pour les enfa cembre dimanche 9 dénfirmés. co s te pour les adul

sheim teau - Lingol - 8 rue du Châ sheim.fr s rt A s de n aiso ngol sheim.fr - M ndesarts@li www.lingol 82 ou maiso 88 78 88 03 : Réservations

Welcome Byzance - photo : © A. Birnesser - Licence(s) n°: n°1-1037726, n°2-1037727, n°3-1037728

s u n e V e l l e p p a ’ t On


BRÈVES

Au feu,

les calendriers Pirelli ! Cela fait quelque temps déjà (en gros, depuis Dita von Teese) que le show burlesque a de nouveau le vent en poupe. L’Alsace n’est pas en reste avec Luna Moka, Champagne Mademoiselle ? ou Lily Butterfly, toutes danseuses, effeuilleuses ou chanteuses. Sous la houlette de Coco Das Vegas, meneuse de revue, elles ont posé dans le calendrier 2013 Pin-up d’Alsace. À se procurer un peu partout dans la région (points presse…) et à découvrir à l’occasion du show burlesque et caritatif ayant lieu à La Salamandre strasbourgeoise, samedi 17 novembre. www.pinupdalsace.com

London calling Il y a eu Roots Manuva, Ms. Dynamite puis Speech Debelle, nouveau fer de lance du hip-hop anglais. Commençant à rapper très jeune, la native de South London est repérée par le label Big Dada, subdivision du célèbre Ninja Tune, après quelques années d’errances qui l’ont conduites de foyer de SDF en squats. Jouant sur des registres variés, délaissant les samples au profit des instruments, la demoiselle imposera toute sa classe à La Laiterie, samedi 10 novembre.

I Shot…

www.artefact.org #28 SALON INTERNATIONAL TOURISME & DES VOYAGES

DU

RC Colmar : 388 014792B 289

#4 SALON DU TOURISME & DE L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE

AU PAYS DES INCAS

Extrait de Shot : « Avec des jumelles de vision nocturne / on voyait tout / il y avait plein de trucs / qui montaient vers nous / des traçantes / des missiles. » Ce premier livre de Patrick Bouvet (paru aux Éditions de l’Olivier en 1999), auteur français adepte du sampling littéraire, donne lieu à une création radiophonique de Christophe Greilsammer et Stéphane Boltz dans le cadre du projet Patrick Bouvet d’un siècle à l’autre de la Compagnie L’Astrolabe. À découvrir à partir du 7 novembre sur Radio en Construction. À suivre : In Situ, du 7 au 16 décembre sur le site de la Coop au Port du Rhin, dans le cadre de L’Ososphère. www.radioenconstruction.com

Le Parc des expositions de Colmar accueille la 28e édition du Salon International du Tourisme et des Voyages (du 9 au 11 novembre). L’invité d’honneur ? Le Pérou, un pays fascinant à l’histoire millénaire abritant un patrimoine extraordinaire : en route pour le Machu Picchu et les splendeurs des Incas ! En partenariat avec l’ONG Tourisme Sans Frontières, le SITV accueille la 4e édition de Solidarissimo, dédié au tourisme et à l’économie solidaire. 09 -11 NOV. 2012

www.sitvcolmar.com

C O L M AR I PA R C E X PO

Venez vivre le plus grand Salon du Tourisme du Grand Est

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THÉÂTRE, DANSE / ITALIE

DOPO LA BATTAGLIA (APRèS LA BATAILLE)

MISE EN SCÈNE PIPPO DELBONO

www.maiLLon.EU

03 88 27 61 81 | facEbook.com/LEmaiLLon

Photo © Lorenzo Porazzini

VEN 30 NOVEMBRE + SAM 1ER DÉCEMBRE / 20H30 DIM 2 DÉCEMBRE / 17H30 MAILLON-WACKEN


Standards © Pierre Grosbois

BRÈVES

RING MY BELL

Quatorze spectacles dans sept lieux de l’agglomération nancéenne (La Manufacture, évidemment, initiatrice de l’événement, mais aussi le T.O.T.E.M. de Maxéville, la Salle Louis Pergaud de Laxou…) : voilà un résumé chiffré de la deuxième édition de RING (Rencontres Internationales Nouvelles Générations, du 21 novembre au 1er décembre). Le festival a l’ambition de « créer un rendez-vous international du théâtre musical au cœur de la Lorraine, un événement extraordinaire venant ébranler la

normalité de notre quotidien », selon son directeur Michel Didym. Au programme, la vision d’Alice au pays des merveilles du Nouveau cirque national de Chine, le clown surréaliste italien Buno, l’extraordinaire diptyque Loin d’Hagondange / Faire bleu de Jean-Paul Wenzel, une des plus belles réflexions sur l’histoire récente de la Lorraine ou encore le foutraque Germinal, une manière de refaire le monde en repartant de zéro. Jubilatoire… et sans rapport aucun avec Zola ! www.nancyringtheatre.fr

POINT FOCAL

Sous l’impulsion de Christophe Fleurov, Le Point de Convergence a été érigé place d’Austerlitz à Strasbourg à la fin du mois d’octobre. Il s’agit d’une superbe maquette en bronze de l’ellipse insulaire de Strasbourg (au 1/750e), un fascinant plan-relief signé Egbert Broerken, à la fois esthétique et utile aux non-voyants. En dessous, se trouvent six bas-reliefs de Raymond-Émile Waydelich où son attachant bestiaire rencontre d’heureuse manière les symboles de la cité.

Une nouvelle enseigne spécialisée dans l’aménagement de la cuisine – mobilier, électroménager… – vient tout juste d’ouvrir ses portes à Strasbourg (7 rue de la Nuée Bleue) : Premier Plan. Ce concessionnaire moyen / haut de gamme réunit Nathalie (qui a travaillé pour Poggenpohl ou SieMatic) et Caroline (ex-Ligne Roset), deux expertes en la matière qui se proposent de vous accompagner de la conception à la réalisation de votre cuisine… exclusivement made in Deutschland.

© René Bohn

Deutsche Qualität

www.cuisines-premier-plan.fr

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www.fondationbeyeler.ch

Danseuses jupes jaunes (Deux danseuses en jaune), ca. 1896, private collection, photo:© 2012 Christie’s Images Limited / Bridgeman

edgar degas 30. 9. 2012 – 27. 1. 2013 FONDATION BeYeLer BâLe


BRÈVES

JAM SESSIONS

© Chloé Jafé

Fabrice Krencker, meilleur confiturier de France, convie les amateurs de confiote à Ranrupt pour déguster Les confitures du Climont. Une trentaine de recettes de gourmandises fruitées, mijotées de longues heures dans de gros chaudrons en cuivre : banane au schnaps, poire au gingembre, carotte au marc de Gewurztraminer, sureau, rhubarbe ou fleur de pissenlit. C’est bon comme autrefois…

DE LA

BOMBE

Vendredi 30 novembre, Carmen Maria Vega va dynamiter l’Espace Georges-Sadoul de Saint-Dié-desVosges. Entourée de ses musiciens, elle transmet avec rage, humour et tendresse des chansons à son image, faites de textes incisifs et de refrains percutants qu’elle balance avec une voix inclassable. Véritable phénomène, elle revient sur scène avec un nouvel opus 100% rock et empli d’énergie pure. Ça va déménager dans les Vosges ! www.saint-die.eu

www.confituresduclimont.com

L’USINE À RÊVES Arrangements floraux, plantes vertes, fleurs fraîchement coupées ou en pot… Christiane Groll est une fleuriste d’expérience et une créative à l’imagination débordante, exerçant ses talents jusqu’en Inde, dans la décoration d’hôtels. Pour Noël, la Strasbourgeoise investit les 800 mètres carrés d’une ancienne usine de Reichstett (rue de l’Industrie) et y met en scène des objets (déco de sapin, couronnes de l’avent, mobilier, luminaire, vaisselle…) édités en série limitée, du 16 au 18 novembre (5 € l’entrée). 03 88 22 16 77

Voilà une excitante exposition “off” de ST-ART 2012 (voir page 40) qui se tient dans le showroom COR-Interlübke (6a quai Kellermann à Strasbourg). La Galerie Bertrand Gillig et l’agence artistique Des Artistes ont convié deux plasticiens, avec le béton pour fil directeur : omniprésent dans les créations minimalistes et mystiques de Patrick Cornillet, il est aussi le fondement des volumétries épurées de Michaël Delattre (voir photo). À voir du 24 novembre au 19 janvier 2013.

© Christophe Urbain

L’ART C’EST BÉTON

www.bertrandgillig.fr Poly 153 Novembre 12

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sommaire

20 ArcelorMittal : stop ou encore ? Rencontre sous les hauts-fourneaux de Florange

24 Politique cyclable active, voiture partagée,

tram-train, bus… État des lieux des transports doux dans le Grand Est

28 L a Carte culture, Hiéro Colmar, Le

Noumatrouff de Mulhouse et Le Kafteur fêtent leurs 20 ans : nous soufflons les bougies en leur compagnie

38 Le chorégraphe américain Mark Tompkins

68

revisite, dans Black’N’Blues, a minstrel show, l’histoire ségrégationniste de son pays

41 Supplément Noël 62 Romeo Castellucci revient au Maillon avec

deux pièces questionnant la place de l’image dans nos sociétés. Rencontre

64 Moment emblématique de la 27e édition de

Jazzdor : Enesco Re-Imagined du pianiste Lucian Ban, entre musique folklorique de l’Est et classique

74

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68 Rencontre avec Annette Messager qui fait

s’échouer le visiteur sur ses Continents noirs au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg

74 Edgar Degas fut-il le premier des Modernes ? Réponse dans l’exposition de la Fondation Beyeler dédiée à ses ultimes années

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88 Promenade, de château en château, au-dessus de Ribeauvillé

96 Thibaut Allgayer présente Vroum, sa boule de

Noël réalisée avec le Centre international d’art verrier de Meisenthal

COUVERTURE Cette image est extraite de This Ain’t California de Marten Persiel, projeté dans le cadre d’Augenblick, festival du cinéma en langue allemande en Alsace (voir page 81). Un documentaire new style sur l’épopée du skate en RDA où se mêlent images d’archives, extraits de Super 8 d’époque, interviews et scènes réalisées aujourd’hui.

96

© Wildfremd production GmbH. www.thisaintcalifornia.de

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5 numéros 10 numéros

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Polyen153 Novembre 12  Tarifs12 valables France métropolitaine. Autres destinations nous consulter.

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OURS / ILS FONT POLY

Emmanuel Dosda Il forge les mots, mixe les notes. Chic et choc, jamais toc. À Poly depuis une dizaine d’années, son domaine de prédilection est au croisement du krautrock et des rayures de Buren. emmanuel.dosda@poly.fr

Ours

Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)

Thomas Flagel Théâtre moldave, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs algériens… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes depuis trois ans dans Poly. thomas.flagel@poly.fr

Dorothée Lachmann Née dans le Val de Villé, mulhousienne d’adoption, elle écrit pour le plaisir des traits d’union et des points de suspension. Et puis aussi pour le frisson du rideau qui se lève, ensuite, quand s’éteint la lumière. dorothee.lachmann@poly.fr

Benoît Linder Cet habitué des scènes de théâtre et des plateaux de cinéma poursuit un travail d’auteur qui oscille entre temps suspendus et grands nulles parts modernes. www.benoit-linder-photographe.com

Stéphane Louis Son regard sur les choses est un de celui qui nous touche le plus et les images de celui qui s’est déjà vu consacrer un livre monographique (chez Arthénon) nous entraînent dans un étrange ailleurs. www.stephanelouis.com

Éric Meyer Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés (chaussures, avions…) s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain, mis en lumière par la gravure. http://ericaerodyne.blogspot.com/

Nikol Contre toute attente, Strasbourg, où il fit ses études à l’Ésad, lui va comme un gant et il finit par y rester pour se mélanger au grand bouillon des illustrateurs du cru. Il travaille au Bastion 14 et dessine pour la jeunesse (Bayard, Actes Sud, ...), participe aux expositions de Central Vapeur tout en préparant ses futures BD. www.nikol.fr

Non à l'exploitation des oursons ! © Hervé Lévy 2012

www.poly.fr RÉDACTION / GRAPHISME redaction@poly.fr – 03 90 22 93 49 Responsable de la rédaction : Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr Rédacteurs Emmanuel Dosda / emmanuel.dosda@poly.fr Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Dorothée Lachmann / dorothee.lachmann@poly.fr Marie-Camille Chicaud / stagiaire de la rédaction Ont participé à ce numéro Henry Greiner, Patrick Lopokin, Pierre Reichert, Irina Schrag, Charlotte Staub, Vyvyan Vog, Daniel Vogel et Raphaël Zimmermann Graphiste Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Maquette Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l'équipe de Poly © Poly 2012. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. ADMINISTRATION / publicité Directeur de la publication : Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Administration, gestion, diffusion, abonnements : 03 90 22 93 38 Gwenaëlle Lecointe / gwenaelle.lecointe@bkn.fr Nathalie Hemmendinger / gestion@bkn.fr Publicité : 03 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Françoise Kayser / francoise.kayser@bkn.fr Vincent Nebois / vincent.nebois@bkn.fr Magazine mensuel édité par BKN / 03 90 22 93 30 S.à.R.L. au capital de 100 000 e 16 rue Édouard Teutsch – 67000 STRASBOURG

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Dépôt légal : novembre 2012 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression : CE COMMUNICATION BKN Éditeur / BKN Studio – www.bkn.fr


SALLINGER 20 novembre > 7 décembre 2012 de Bernard-Marie Koltès Mise en scène Catherine Marnas > Coproduction & création au TNS • 03 88 24 88 24 • www.tns.fr Réagir sur le

b l o www.tns.fr/blog


ÉDITO

mise en bière «L

a bière / Qu’est-ce qu’elle a fait de moi la bière ? / Qu’est-ce qu’elle a fait de moi ? / La bière. La bière / C’est comme si c’était mon frère » chantaient les Garçons Bouchers à la fin des années 1980. Une période sombre dont la bande-son oscillait entre efflorescences d’un rock alternatif minimaliste et revendicatif et beats glacés de l’electronic body music crachant ses pulsations industrielles martiales à la gueule d’une génération biberonnée au no future. C’était il y a un peu plus de vingt ans. Une éternité. Le paquet de clopes était à dix balles et n’était pas encore orné de photographies de poumons aussi noirs qu’une mine de charbon, les bouteilles de gnole et de pif n’affichaient pas de picto’ précisant que « La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant ». À se demander si l’individu est si immature qu’il ne peut plus, sans l’assistance bienveillante d’un “État papa”, se comporter avec bon sens ? La multiplication des messages de prévention (Fumer

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tue) ou d’incitation (Manger au moins cinq fruits et légumes par jour) et des sites Internet dédiés (l’excellent www. mangerbouger.fr) part sans doute d’une intention louable, mais n’aboutit qu’à former des “citoyens enfants”, nourris depuis le berceau par une communication lénifiante leur distillant sans cesse la bonne parole. Mais à force de répéter le message ad nauseam, on diminue sa puissance jusqu’à le métamorphoser en simple incantation entrant par une oreille et sortant directement par l’autre.

À côté d’un volet préventif, il est donc impératif de mettre en place des interdictions (de fumer dans les lieux publics…) et des hausses de prix, corollaires logiques et application du bon vieil adage de la carotte et du bâton. Et puis, comme les caisses sont vides, augmenter les taxes sur la bière, par exemple, ne mange pas de pain. Le 25 octobre, l’Assemblée nationale a ainsi adopté une hausse de 160% des droits d’accises avec des exonérations pour les petits producteurs. Gain attendu ? Entre 450 et 480 millions d’euros.

Efficace, donc ? Soit… mais aussi potentiellement dangereux pour l’équilibre économique, souvent fragile, de certaines brasseries : les salariés de Meteor ont ainsi manifesté, car certains prévoient une baisse de 10 à 15% de la consommation en France. Au-delà de son coût économique, cette mesure est un pas de plus vers une société lisse où la “culture bière” sera devenue un joyeux élément folklorique et non plus une réalité tangible et où l’on écoutera le grand Jacques avec nostalgie, comme le reflet d’un monde oublié : « Ça sent la bière / De Londres à Berlin / Ça sent la bière / Dieu qu’on est bien / Ça sent la bière / De Londres à Berlin / Ça sent la bière / Donne-moi la main. »

Par Hervé Lévy Illustration signée Éric Meyer pour Poly


la f i lature

l’ a Rr G E NT Christophe Tarkos – Anne Théron avec Stanislas Nordey maRDi 27 ET mERCREDi 28 NovEmbRE 2012

jeune public HENRiETTE & maTissE Michel Kelemenis théâtre L’ENFaNT FRoiD Marius von Mayenburg – Thibaut Wenger danse vERTiCaL RoaD Akram Khan Company théâtre La NoCE Anton Tchekhov – Vladimir Pankov jazz maDELEiNE PEYRouX

sCèNE NaTioNaLE – muLHousE – T +33 (0)3 89 36 28 28 – www.LaFiLaTuRE.oRG

Création graphique : Atelier 25

ET aussi EN NovEmbRE


LIVRES – BD – CD – DVD

Eye of the

QUESTIONNART Avec cet ouvrage de poche de 200 pages (également publié en allemand, italien et anglais), la Fondation Beyeler donne, par le mot et l’image, des éclaircissements accessibles à tous à la fondamentale interrogation : L’Art, c’est quoi ? 27 questions, souvent surprenantes, et 27 réponses illustrées par le photographe Andri Pol : Qu’est-ce qui fait de quelque chose une œuvre d’art ? Est-ce qu’Andy Warhol aimait la soupe à la tomate ? Les graffitis est-ce que c’est de l’art ? Pourquoi la plupart des artistes célèbres sont-ils des hommes ? Sans préjugés et en toute légèreté, ce livre, remarquablement mis en page, est un bréviaire ludique et élégant à l’usage des jeunes… et de tous ceux que la chose artistique intéresse. (R.Z.) L’art c’est quoi ? est publié par la Fondation Beyeler (16,80 €) www.fondationbeyeler.ch – www.hatjecantz.de

tiger

L’illustratrice Annabelle Buxton (voir Poly n°140 ou sur www.poly.fr), ancienne pensionnaire des Arts déco strasbourgeois, signe un charmant premier album jeunesse. Fidèle aux mondes loufoques et foisonnants qu’elle affectionne, Annabelle œuvre à grand renfort de collages de techniques offrant une superbe palette de textures et d’univers. L’auteure nous conte les rêves d’un petit garçon s’échappant par l’imaginaire de la punition parentale qui le frappe. Qui n’a pas rêvé d’avoir la force du tigre blanc que personne ne retient ? Ou d’être léger comme un oiseau pour s’envoler loin des dangers, vaillant comme un chien pour faire peur aux matous gourmands ? L’histoire retombera sur ses pieds, le petit d’homme se rappelant qu’il est chouette d’être un garçonnet aimé par ses parents. (T.F.) Le Tigre blanc d’Annabelle Buxton, publié par les éditions Magnani (14 €) www.editions-magnani.com – http://annabelle.buxton.free.fr

LA MONTAGNE QUI PRIE L’historien Damien Parmentier (notamment auteur du très joli Vosges : Massif d’histoire, terre de liberté, La Nuéee Bleue, 2007) publie un ouvrage présentant les 38 abbayes du massif vosgien. Des premiers moines aux heures tourmentées de la Révolution française, il ressemble à une plongée dans plus de mille ans d’une histoire qui débute vers 590, avec la fondation, par le moine irlandais Colomban, du premier monastère des Vosges, à Luxeuil-les-Bains. En 250 pages et 150 illustrations, le tour d’horizon est complet et le lecteur découvre l’organisation des communautés religieuses, leur pouvoir (temporel et spirituel), leur rayonnement artistique. De Murbach à Moyenmoutier, en passant par Remiremont, le Mont-Sainte-Odile (évidemment), les trois abbayes de Senones ou encore les Dominicains de Guebwiller, un fascinant voyage entre Alsace, Lorraine et Franche-Comté. (P.R.) Abbaye des Vosges est une co-édition de La Nuée Bleue et des éditions Serpenoise (25 €) www.nueebleue.com – www.editions-serpenoise.fr

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CAP’ OU PAS CAP’ Comme un jeu d’enfants se rencontrant pour la première fois et inventant un langage commun passant par le dessin, les deux Artistes d’Anne-Caroline Pandolfo (diplômée des Arts déco de Strasbourg) sont un poulpe et une araignée. Le premier utilise l’encre et l’eau de son environnement naturel pour créer des images auxquelles répondent les motifs au crayon tissés dans les toiles de la seconde. Pas besoin ici de mots, tout se joue dans les expressions et les situations qui ne manqueront pas de séduire les lecteurs, dès quatre ans. (I.S.) Les Artistes d’Anne-Caroline Pandolfo, publié aux éditions de l’Édune (12,50 €) www.editionsledune.fr

LA TÉTRALOGIE

DES NUAGES Première parution aux éditions de La Kunsthalle, ces Twin Cities sont l’œuvre d’Anne Immelé qui, au cours de l’été 2011, a photographié trois villes jumelées avec Mulhouse : Chemnitz (anciennement Karl-Marx-Stadt), Kassel et Timisoara. Le résultat ? Un élégant coffret de quatre ouvrages (avec de splendides couvertures où des nuages blancs caracolent dans un ciel bleu) en forme de carnet de voyage et de questionnements multiples : sur les identités, les communautés, les migrations… Voilà une réflexion en images et textes écrits par la photographe et des auteurs qu’elle a choisis, comme Pierre Fluck qui dresse un passionnant parallèle entre les destinées industrielles de Mulhouse et Chemnitz. Loin, très loin du caractère protocolaire et coincé souvent associé au jumelage. (H.L.) En vente à La Kunsthalle de Mulhouse et via le réseau de diffusion de création contemporaine R-diffusion (20 €) www.kunsthallemulhouse.com – www.r-diffusion.org

AU CUBE

Rebirth of Joy est-il un hommage à l’album Birth of the Cool de Miles Davis ? Même si les trois membres de Polaroid3 – Christine Clément (voix), Christophe Imbs (synthé, Fender Rhodes) et Francesco Rees (batterie) – viennent de l’univers du jazz, ce CD quatre titres part dans toutes les directions et dépasse très largement les limites jazzesques strictes. Trip-hop oppressant (on songe beaucoup à Portishead, influence revendiquée du trio), rock sonique, pop biscornue… Sur des paroles signées Christine Clément ou, surtout, celles de la poétesse américaine Emily Dickinson, le groupe strasbourgeois a tissé des sonorités ombrageuses (You must go on, belle entrée en matière) ou chaloupées (Not Here, Not There), toujours fascinantes. Ce disque est le premier d’une série de trois EPs qui formeront au final un triptyque rassemblant des instantanés, « sans cliché ». (E.D.) Rebirth of Joy, édité par Label OH ! (en vente sur le site du groupe et du label à 5 €) www.labeloh.com – www.polaroid3.com

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SIDÉRURGIE – FLORANGE

l’homme de fer Figure emblématique de la lutte pour la survie de l’acier lorrain, Edouard Martin est sur la brèche. Le gouvernement a jusqu’au 1er décembre pour trouver un repreneur aux deux derniers hauts-fourneaux de Florange. Rencontre avec un syndicaliste CFDT chez ArcelorMittal devenu un symbole.

Par Hervé Lévy Photos de Stéphane Louis pour Poly

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e soleil dardant des rayons poussifs peine à réchauffer l’air. Le ciel est pourtant d’un bleu profond. Sous nos pieds, au fond de la vallée de la Fensch, l’aciérie ArcelorMittal se déploie comme un serpent de fer sur plusieurs communes : Hayange, Serémange-Erzange et Florange. Edouard Martin désigne les deux derniers hauts-fourneaux : le P3, à l’arrêt depuis juillet 2011, et le P6, depuis octobre 2011. Au fil des mois, la direction a prolongé cette inactivité tout « en assurant qu’elle ne serait que temporaire » raille le syndicaliste… jusqu’à ce funeste 1er octobre 2012 où une fermeture définitive a été annoncée. Que faire ? Se vouer à la Vierge qui domine Hayange devant laquelle les métallos ont installé trois lettres géantes, un SOS qui illumine la nuit lorraine depuis plus d’un an ? En fonte, la statue de sept mètres de haut a été fondue chez De Wendel, en 1903. « À l’époque, on savait encore qui était le patron, on pouvait lui parler les yeux dans les yeux. Aujourd’hui, dans les bureaux, ils ont tous de belles cartes de visite avec de jolis titres, mais pas de pouvoir. Ce sont de bons petits soldats qui ne décident même pas de la couleur de la chemise qu’ils mettent le matin. Ils appellent Londres. Le seul à décider se nomme Mittal. Il n’a jamais mis les pieds ici et ne les mettra jamais. » On en viendrait à regretter le paternalisme du XIXe siècle…

Un moral d’acier

Rien n’entame la détermination d’Edouard Martin, ni les fausses promesses – « lorsqu’Éric Besson, alors Ministre de l’Industrie a eu le culot de nous dire qu’il n’y avait aucune raison de mettre en doute la parole de M. Mittal. Mais elle ne vaut rien, sa parole » – ni les coups de poignard, dont le plus violent fut la fermeture de Gandrange en 2009, malgré les rodomontades de Nicolas Sarkozy. La lutte continue, de Marches de l’acier en blocages d’usines, mais le syndicaliste de 49 ans à la gueule d’acteur de cinéma des années 1950 a su déplacer le combat dans les médias, devenant la figure emblématique d’une industrie en train de crever. « Malgré moi » assure-til. Ses formules cinglantes et son éloquence naturelle font mouche sur les plateaux télévisés et contribuent à rendre populaire le combat des sidérurgistes lorrains. « L’usine de Florange a toujours été compétitive face à la concurrence mondiale. Dans chaque Volkswagen, au moins une pièce contient de l’acier produit ici… La fermeture n’est pas inéluctable. Elle l’est pour M. Mittal dont la ligne de conduite est de toujours chercher moins cher ailleurs. Avec cette logique, les fermetures vont s’enchaîner puisqu’il y aura toujours un coin sur cette terre où produire de l’acier sera moins cher que moins cher » dénonce-t-il avant de replacer le débat sur un


plan global. « Au-delà du cas de Florange, la question est de savoir quelle société on désire construire. Si le seul débat est la rentabilité par rapport aux pays à bas coûts de main d’œuvre, personne ne fait le poids. Ne reste plus qu’à fermer la boutique France. »

L’espoir

Pour lutter contre un « prédateur en train de détruire l’industrie européenne », multipliant les fermetures (Madrid, Rodange et Schifflange, pour les plus récentes, « près de 1 200 personnes sur le carreau »), la détermination ne suffit pas. Edouard Martin est néanmoins convaincu que, sans les actions syndicales « nous serions morts dans l’indifférence totale depuis longtemps. Nous avons gagné du temps et, aujourd’hui, garder son salaire un an de plus ce n’est pas rien » conclut-il, un brin amer également devant le « grand silence d’une Europe libérale réduite à un grand marché ». Mais sa plus belle victoire, pour le moment, c’est la première reculade de Lakshmi Mittal qui a accepté le principe de la cession d’un outil de production à un éventuel repreneur, « chose qu’il a toujours refusée auparavant. Chaque fois qu’un site était fermé, il était démantelé pour qu’il ne soit surtout pas récupéré par un concurrent. M. Mittal préfère nous voir morts chez lui que vivant chez les autres. » À Florange l’État a jusqu’au 1er décembre pour trouver un acheteur : sur ce dossier symbolique, Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif joue sa crédibilité, alors que les plans sociaux se multiplient. « J’ai envie d’y croire »

explique Edouard Martin, « parce que nous sommes compétitifs et qu’une demande existe potentiellement. Tout près d’ici, Tata Steel qui fabrique des rails TGV importe son acier d’Angleterre. Les hauts-fourneaux de ThyssenKrupp sont installés au Brésil : tous les jours, il fait venir des dizaines de milliers de tonnes d’acier qui sont laminées en Europe. Ce sont deux exemples. »

Un avenir rouillé ?

Si jamais il ne se passe rien à la date fatidique, « plus de 1 200 suppressions d’emplois directes » endeuilleront la Vallée. Pour Edouard Martin, il faut en effet ajouter au chiffre de 629 salariés, qui apparaît le plus souvent dans la presse, les 130 employés de GEPOR, filiale logistique de ArcelorMittal Florange et pas loin de 500 sous-traitants, sans compter « les emplois induits, les commerces, les cafetiers… C’est toute une vallée qui va crever » craint-il, même si l’intégralité du site n’est pas menacée (laminage à chaud, laminage à froid, cokerie et lignes de revêtement emploient encore 2 000 personnes environ). Pour l’instant. À cette perspective funeste, le regard du syndicaliste se fait noir : « Ne resterait plus qu’à se battre pour augmenter le montant du chèque, mais ce n’est qu’un leurre ». Il ne veut pas en entendre parler. « Tant qu’un espoir de vie existe, il faut y aller et tout essayer. De toute manière, on ne peut pas être pire que morts. Alors .» Trois candidats, dont le russe Severstal, semblent aujourd’hui en discussion pour une éventuelle reprise. Une lueur d’espoir.

La fermeture n’est pas inéluctable. Elle l’est pour M. Mittal dont la ligne de conduite est de toujours chercher moins cher ailleurs

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PATRIMOINE – LAXOU

sauver prouvé À l’abandon depuis 2009, l’Institution Saint-Joseph de Laxou abrite des façades métalliques signées Jean Prouvé. Quelle est la valeur de ce patrimoine en très grand danger ?

Par Hervé Lévy Photo de Stéphane Louis pour Poly

1 Important architecte lorrain (1924-1991) de l’après-guerre qui construisit Saint-Joseph en 1962 avec Jacques et Michel André

Voir Poly n°152 et sur www.jeanprouvenancy.com

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3 Avant cette révision, tout repreneur potentiel aurait dû se conformer à un POS limitant l’affectation du terrain (établissement scolaire…)

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es immeubles ouverts à tous les vents, dont un superbe édifice d’accueil dévasté de Dominique-Alexandre Louis1. Des salles de classe et des chambres où l’on trouve encore des livres de prière déchirés, des bouteilles contenant des produits chimiques, des photos jaunies… Le temps s’est arrêté en 2009 à l’Institution Saint-Joseph de Laxou. Vandales et voleurs de cuivre sont passés par là. En friche, le terrain de 45 000 m2 ne renferme plus que des bâtiments inutilisables. Les façades-rideaux métalliques colorées sont pourtant de Jean Prouvé (1901-1984) : alors que Nancy vient de célébrer avec fastes son enfant2, comment est-il possible que certaines de ses réalisations

soient laissées à l’abandon à quelques encablures de la place Stanislas ? Historienne de l’architecture et commissaire scientifique de “Prouvé 2012”, Catherine Coley relativise : « En France, il existe des centaines de milliers de mètres carrés de ce type de façades de Prouvé. » Rien d’exceptionnel donc, reste « qu’il serait intéressant de récupérer plusieurs fragments afin de les exposer dans la salle permanente du Musée de l’histoire du Fer de Jarvile dédiée au designer, où sont aujourd’hui montrées des pièces similaires venues de Bagnols-sur-Cèze (Gard). Nous préférerions avoir des éléments “locaux”. » Propriété de la Fondation de la Salle, le lieu est très abîmé, mais nous ne « pouvons rien faire, sur un terrain privé s’il n’y a pas de risque du trouble à l’ordre public ou d’atteinte à la sécurité » affirme Laurent Garcia, Maire (MoDem) de Laxou s’estimant « sensible à l’aspect patrimonial » et affirmant avoir « écrit un courrier aux frères lassaliens » pour les alerter. Secrétaire général de la Fondation, Jean-Yves Ricouard est « conscient de la situation », mais se félicite surtout de la requalification « du Plan d’occupation des sols en Plan local d’urbanisme en juillet » qui offre de nouvelles opportunités3 « même si, pour le moment, aucune décision n’est prise ». En attendant, le site se dégrade. Pas si grave selon Catherine Coley, puisque ce n’est que « du verre brisé, que ces panneaux n’ont pas de valeur marchande ». Certains ont néanmoins été récemment démontés avec soin.… On peut espérer qu’un échantillon sera sauvé. En effet, quelque soit la destinée du terrain et l’identité de ceux qui le rachèteront, le permis de construire sera accordé par le Maire de Laxou, visiblement sensible à l’intérêt des “façades Prouvé”, les seules de ce type en Lorraine.


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dossier : transports doux

Stanway, un transport de nouvelle génération au service des Nancéens

une économie de la douceur Politique cyclable active, voiture partagée, tram-train, transports en commun en site propre… Aujourd’hui, les initiatives fleurissent dans les villes du Grand Est pour proposer des alternatives à la sacro-sainte bagnole. État des lieux des transports doux imaginés par les collectivités locales et les citoyens afin de redonner un peu d’air à nos cités.

Par Hervé Lévy et Thomas Flagel

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ouvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, les villes étaient engorgées, saturées de voitures qui pouvaient accéder dans les moindres coins et recoins. Des transports en commun sortaient de noires fumées nauséabondes, sans considération pour l’environnement. Le tournant du millénaire a été celui de la prise de conscience écologique et de la volonté, sans cesse plus aiguë, de la part des pouvoirs publics, de développer de nouveaux modes de transport, propres et responsables. Dans les déplacements au sein de l’espace urbain et dans les trajets entre le centre et

la périphérie, il est en effet devenu impératif d’éviter l’équation “Une voiture = Un seul passager”.

À bicyclette

Il « importe aujourd’hui de redonner une légitimité au vélo dans la ville afin qu’il soit un mode de déplacement comme les autres » explique Alain Jund, adjoint au Maire de Strasbourg1, soulignant que la CUS compte 560 kilomètres d’aménagements cyclables (le réseau du Grand Nancy, à titre de comparaison, est de 175 kilomètres), ce qui en fait le


tants de sa région ». En 2012, il compte 3 000 abonnés, un parc de 120 voitures pour une soixantaine de stations automatiques dans une douzaine de communes. S’il n’était « pas évident, au début, d’implanter des bornes de stationnement, on vient aujourd’hui nous chercher. Nous sommes, par exemple, associés au projet d’éco-quartier Danube. » Mais qu’on ne s’y trompe pas, « l’argument environnemental n’est que la cerise sur la gâteau » car les abonnés viennent avant tout pour l’économie financière. Autre force du dispositif, il appartient à la Coopérative France-Autopartage regroupant 14 opérateurs dans une cinquantaine de villes, dont Autocité (Besançon) et Autopi (Nancy, Metz et Thionville). Avec sa carte locale, l’utilisateur peut réserver en toute simplicité un véhicule dans

1 Notamment président de la Commission Urbanisme, aménagement, logement, transports 2 Un cas particulier car les vélos doivent revenir à leur point de départ, ce qui engendre un coût inférieur aux autres systèmes : 400 à 500 € par bicyclette et par an

Decaux et Clear Channel se partagent le marché des VLS de type Vélib’ à Paris dont le business model consiste pour les villes à laisser à ces opérateurs la gestion (et les revenus qui y sont liés) des espaces publicitaires (abribus, métro…) en contrepartie de la mise en place et de la maintenance d’un système de Vélo en libre service à bornes individuelles

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Baby you can drive my car

Une nouvelle économie du partage de l’espace public, mais aussi des modes de déplacements personnels, prend progressivement forme. Avant la naissance du VLS, la voiture partagée s’installait dans la capitale alsacienne, en 2000. Une première en France. Auto’trement, initiative associative née parce que le centreville était de plus en plus fermé aux voitures, permet de mutualiser les véhicules avec pour base un principe venu de Suisse et d’Allemagne où l’usager ne paie que ce qu’il utilise. Finis les coûts exorbitants (entretien, réparations, parking, assurance…) pour les propriétaires ne se servant pas de leur véhicule tous les jours. Un abonnement annuel donne droit à une carte avec des codes d’accès permettant de réserver une voiture 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (sur Internet et au téléphone), facturée à l’heure et au kilomètre. Tout avait débuté « avec trois voitures achetées d’occasion » explique Jean-Baptiste Schmider, directeur d’Auto’trement, fier « d’être à la tête du seul réseau d’autopartage de France présent dans toutes les villes de plus de 10 000 habi-

▲ Le Vélhop à Strasbourg © Ernest Laemmel / Ville de Strasbourg ▼ Station Auto'trement (place de Bordeaux, Strasbourg)

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dossier : transports doux

leader en France. La plupart des municipalités se sont en outre lancées dans l’aventure du vélo en libre service (VLS), qu’il se nomme Vélhop (Strasbourg)2, Vélocité (Mulhouse et Besançon) ou Vélostan (Nancy). Cependant, ce système « ne constitue pas une politique cyclable. Il faut pour cela aménager la ville et la doter de pistes, d’une signalétique et d’espaces adaptés, mais aussi installer des racks de stationnement. Autant d’éléments qu’ont compris avant nous des villes comme Amsterdam, Karlsruhe et Copenhague où quasiment 30% des déplacements journaliers s’effectuent aujourd’hui à vélo »… contre 15% à Strasbourg (soit 121 000 déplacements journaliers), pourtant la métropole la plus cyclable de l’Hexagone. Parmi les cités d’importance, seule Metz n’a pas opté pour le VLS, qui était pourtant une promesse électorale de l’équipe en place. René Darbois, adjoint au Maire à l’Écologie urbaine et au Développement durable et solidaire, explique cette décision « par un coût élevé, 4 000 € environ par an pour un vélo de “type Decaux”3 ». À cela, il préfère affecter 20 millions d’euros (de 2010 à 2020) pour que « Metz devienne 100% cyclable, en développant les pistes – dans une ville qui partait de loin –, les systèmes avantageux de location longue durée de bicyclettes ou encore les infrastructures de stationnement. »


dossier : transports doux

Le tram-train de Mulhouse © Ville de Mulhouse / M2A

METTIS © Metz Métropole

l’ensemble de cet impressionnant réseau qui permet de diminuer sensiblement le nombre de voitures en circulation « puisqu’une voiture partagée en remplace huit en moyenne » estime René Darbois.

Un tramway nommé désir

Une voiture partagée en remplace huit en moyenne René Darbois

4 Mulhouse Alsace Agglomération www.mulhouse-alsace.fr

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Pour toucher le plus grand nombre, les municipalités ont opté pour le développement de transports en commun propres. Depuis 1994, le tram sillonne l’agglomération strasbourgeoise : le réseau de 55 kilomètres environ – le plus long de France, appelé à s’étendre, notamment vers le Port du Rhin et Kehl à l’horizon 2015 – est emprunté quotidiennement par 300 000 voyageurs. D’autres villes font aujourd’hui le choix du tramway comme le Grand Besançon avec un investissement de 228 millions d’euros pour une ligne de 14 kilomètres et demi, mise en service en 2015 sur laquelle on attend 50 000 voyages journaliers. Dans le Grand Nancy, existe déjà une ligne de transport sur voie réservée : une deuxième verra le jour en septembre 2013, équipée avec un objet roulant de nouvelle génération nommé le Stanway. Ce bus à haut niveau de service apparaît comme le chaînon manquant entre le bus et le tram : nettement moins couteux que ce dernier, il possède néanmoins des caractéristiques d’accessibilité et de confort similaires. Une option identique a été prise par Metz Métropole avec METTIS. Il « a les mêmes fonctionnalités que le tram – la priorité, par exemple – et le même look, mais il s’agit d’un bus » selon la définition de René Darbois. Inaugurées en octobre 2013, ses deux lignes deviendront « une véritable colonne vertébrale pour l’agglomération ». Une réflexion de même essence est aussi en cours à Strasbourg (pour relier l’Espace Européen de l’Entreprise de Schiltigheim à la Gare) : l’enquête publique s’est achevée le 3 novembre. Au final, c’est à Mulhouse que

revient la palme de l’innovation avec la mise en service du premier tram-train interconnecté de France, en décembre 2010 : il est désormais possible d’aller du centre de Thann au cœur de Mulhouse sans changer de véhicule grâce à un « mariage entre les lignes de tramway urbain classique et le réseau ferroviaire » explique Jean-Marie Bockel président de M2A4. Mais un premier bilan, après un an de fonctionnement, demeure mitigé : le trafic de la ligne entre Mulhouse et Kruth a augmenté de 18,4% sur la période ce qui ne suffit pas à désengorger la vallée de Thann, même si une nouvelle clientèle abandonne la voiture. Petit à petit… Les solutions pour réduire les émissions de CO2 et rendre l’espace urbain plus acceuillant sont multiples. Malheureusement, les efforts se heurtent encore aux réflexes d’usagers pour lesquels renoncer à la voiture demeure impensable. De plus, le modèle de périurbanisation qui perdure, générant un étalement toujours plus grand de l’habitat, pousse à l’individualisation des déplacements et complique le développement d’une offre suffisante en transports doux. La clef se trouve surement dans l’accroissement de l’intermodalité et des combinaisons entre les différents modes de déplacement (par exemple vélo + tram + train) qui demeurent, aujourd’hui encore, complexes (quand est-il de l’idée, enterrée depuis fort longtemps, d’une “carte orange alsacienne” permettant d’accéder à tous les types de transports ?) et aléatoires (problème de fréquence de l’offre, de disponibilité du parc de voitures et de vélos partagés…). Le seul volontarisme politique n’inversera pas la tendance. C’est bien, in fine, aux citoyens euxmêmes de réaliser leur révolution, en reconsidérant la manière qu’ils ont de se déplacer.


EXPOSITION HOMMAGE À L’ARTISTE ALSACIEN

Freddy RUHLMANN La Région Alsace rend hommage à l’artiste alsacien, Freddy RUHLMANN, né à Strasbourg, Obernois de cœur. L’exposition à la Maison de la Région illustre le parcours créatif de l’artiste, philosophe, humaniste à l’esprit rhénan.

du 5 au 28 novembre 2012

La Sécurité sociale des étudiants

1 place adrien Zeller • StraSbourg • du Lundi au vendredi • de 9h à 18h • entrée Libre


la révolution culturelle 20 ans Par Hervé Lévy Photos de Pascal Bastien

1 Elle est en outre gratuite pour les étudiants qui s’inscrivent pour la première fois et les boursiers 2 Il offre l’accès gratuit dans quelque 230 musées, châteaux, jardins et monastères en France, Suisse et Allemagne – www.museumspass.com 3 Les 5-26 ans représentent 30% du public de l’Opéra national du Rhin

Le Service universitaire de l’action culturelle qui pilote le dispositif Carte culture

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À l’automne 1992, naissait la Carte culture. Souvent copié, jamais égalé, le dispositif permettant aux étudiants d’aller au théâtre, au concert ou au cinéma à des tarifs très avantageux et d’entrer gratuitement au musée demeure unique en France.

À

sa création, il y a vingt ans, la Carte culture était un dispositif strasbourgeois reposant sur un partenariat entre les trois Universités – c’était avant la fusion –, les collectivités locales, l’État, huit musées, six cinémas et autant de salles de spectacle. Depuis, le champ s’est considérablement élargi. Sur le plan géographique tout d’abord, puisque peuvent en bénéficier les étudiants des Universités et formations post-Bac agréées par l’Éducation nationale en Alsace, mais aussi ceux des Hochschulen de l’espace du Rhin supérieur et des Universités du réseau EUCOR (Karlsruhe, Fribourg et Bâle). Si bien qu’en 2011 / 2012, 38 951 étudiants en sont titulaires en Alsace (34 522 en 2008 / 2009). Il est vrai qu’un coût modique1 – 6,50 € – et des avantages tarifaires conséquents expliquent que 74,72% des étudiant la possèdent dans le Bas-Rhin et 87,46% dans le Haut-Rhin. Ensuite, les prérogatives se sont

multipliées : la Carte donne aujourd’hui droit à un tarif de 5,50 € à tous les spectacles dans 45 salles et festivals, à des réductions dans la plupart des cinémas à certaines séances, à une entrée gratuite dans 21 musées et à l’accès au Pass-Musées2 pour un coût canon de 15 €. Des fréquentations en hausse Grâce à ces avantages conséquents, les institutions culturelles et les cinémas ont vu leur public étudiant croitre considérablement et le mouvement semble se poursuivre : entre 2010 / 2011 et 2011 / 2012, le nombre des billets Carte culture a augmenté de 33% à l’UGC Ciné Cité et de 11% au Star. À l’Opéra national du Rhin « 5 490 billets Carte culture ont été vendus en 2011 / 2012, ce qui représente près de 20% de notre public de moins de 26 ans » selon Flora Klein, responsable du département jeune public d’une institution qui a su attirer des classes d’âge qu’on avait


guère l’occasion de voir à l’opéra3, jusqu’à devenir un réel exemple. Même son de cloche au Maillon, où Laure-Marie Rollin, responsable des relations publiques et de l’accueil, pointe « l’importance de la Carte dans le renouvellement des publics » et à La Filature, où Anne-Sophie Buchholzer, attachée aux relations publiques, insiste sur « le travail mené, main dans la main avec l’Université de Haute Alsace pour sensibiliser et faire venir tous les étudiants, et pas seulement ceux qui connaissent déjà notre programmation ». Seul bémol à ce tableau idyllique, la fréquentation des musées, en légère baisse… même si dans le Haut-Rhin, grâce à son prix défiant toute concurrence, le Pass-Musées « connaît un réel engouement avec 150 ventes annuelles au “tarif Carte” de 15 €, en raison principalement de la proximité des institutions bâloises » pour Isabelle Lefèvre, responsable administrative du SUAC4 de l’Université de Haute-Alsace Attirer de nouveaux publics Le danger n’est-il pas grand, cependant, que la Carte se borne à renforcer des pratiques culturelles préexistantes, faisant simplement venir plus souvent au spectacle – grâce à un effet d’aubaine tarifaire – des étudiants qui y allaient déjà naturellement ? Directeur du SUAC et du département musique de l’Université de Strasbourg, Mathieu Schneider ne nie pas ce risque, mais rappelle que la Carte culture a aussi permis à « un public nouveau

d’aller au spectacle ou au musée. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de compléter “l’effet d’aiguillon” financier par des actions de sensibilisation sur les campus. En somme, il importe de rajouter une politique active à une politique tarifaire. Les vingt ans de la Carte culture sont un concentré des manifestions que nous mettons sur pied depuis 2009, avec les Rendez-vous de la Carte culture. » Si on ne réussit pas forcément à faire venir l’étudiant au spectacle, il s’agit de faire venir le spectacle à l’étudiant en imaginant une émulsion culturelle sur le campus faite « de rencontres avec les artistes, de projections, de concerts en petite formation… » L’objectif de tous ces événements “en marge” ? « Donner envie. » Voilà le grand enjeu de l’avenir. Encore et toujours.

Jours de fête Pour célébrer dignement cet anniversaire, sont organisés de nombreux événements sur les campus strasbourgeois et mulhousiens au cours du mois de novembre. Soirées jazz, performances dansées, visites insolites, concerts festifs… Nos coups de cœur ? Silence, on chante ! tout d’abord : les artistes de l’Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin vont se produire dans un lieu inhabituel, investissant la Bibliothèque U2-U3 (lundi 12 à 12h15, rue René Descartes, Strasbourg). Mais également de multiples surprises à Mulhouse, des interventions de l’OSM à La Fonderie ou encore des “actions théâtrales” dans les amphis… Et enfin, last but not least, en clôture des célébrations, le traditionnel Concert à l’Université de l’OPS (mercredi 28 à 20h30 dans l'Aula du Palais Universitaire, à Strasbourg). www.carte-culture.org

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20 ans

we can be hiéro Fin des années 1980, c’était un véritable sacerdoce que d’organiser des concerts de musiques actuelles en Alsace. Quelques militants de la cause rock décidèrent de changer la donne : l’équipe du Noumatrouff de Mulhouse et de Hiéro Colmar fêtent aujourd’hui leurs vingt ans. Souvenirs, souvenirs…

Par Emmanuel Dosda

À voir au Noumatrouff de Mulhouse dans le cadre du festival GéNéRiQ : Why ? et Frànçois & The Atlas Mountains (vendredi 23 novembre), Oxmo Puccino (mercredi 28), Dandy Warhols (vendredi 30)… www.noumatrouff.fr À voir avec Hiéro Colmar : Allo Darlin’ à l’Absynth Bar (jeudi 12 novembre), ciné club de l’Apocalypse au cinéma Colisée (comme tous les 21 du mois). Résidence de Piano Chat prévue en 2013 www.hiero.fr

Fanzine à découvrir en ligne : http://speedingmagazine.free.fr

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Kill the Young au Nouma © Chris Kolb

En quoi vos destins sont-ils liés ? Olivier Dieterlen, directeur du Noumatrouff : En 1990, la fédération Hiéro est née d’une initiative en faveur de la diffusion musicale. Le nom vient d’un fanzine satirique local, Le Hiéroglyphe. Le Nouma, géré par la fédé, vit le jour le 7 août 1992 grâce à une mobilisation citoyenne, associative et militante. Il a été inauguré au moment de la seconde édition du festival Bêtes de scène. Au début, il s’agissait de mettre à disposition une friche industrielle rapidement mise aux normes par la municipalité, mais ça n’a jamais arrêté. En 1999, après avoir à nouveau interpellé le conseil municipal, la seconde salle de 600 places et les espaces de répétition ont ouvert. Suite à cette expérience mulhousienne, Nicolas et Jean-Damien ont lancé Hiéro Colmar. Puis, il y a eu un essaimage, à Belfort, Dijon, Lille, Limoges, Strasbourg… Nicolas Jeanniard, président de Hiéro Colmar : En 1991, Jean-Damien et moi, auteurs de Speeding magazine * – qui n’est hélas jamais sorti –, faisions une émission sur Dreyeckland, Torpedo, où nous parlions de musique, de concerts que l’on voyait à Freiburg ou à Bâle. À la radio, nous avons rencontré Jean-Luc Wertenschlag de Hiéro Mulhouse, un de nos parrains, qui nous a aidé à monter les statuts de Hiéro Colmar et à organiser notre premier concert, en avril 1992 à la MJC, avec les Maniacs ou Chris Wilson des Flamin’ Groovies. Nous étions des teenagers fans de musique et de cinéma expérimental : l’idée n’était pas de

créer un lieu, mais en voyant ce qu’il se passait à Mulhouse, nous nous sommes battus pour la construction du Grillen que nous devions gérer dès son ouverture, en 1998. Suite à un désaccord avec la municipalité, nous avons finalement refusé sa gestion. Vu les tensions, nous avons organisé une manif’ pour continuer et obtenir des subventions qui nous ont permis de nous professionnaliser, d’avoir des salariés… Êtes-vous nostalgiques des débuts, lorsque tout était à écrire ? Olivier : Il y avait un côté excitant, c’est certain ! Au départ, j’étais un musicien qui papillonnait autour de cette équipe et je n’imaginais pas que ça allait occuper toutes ces années de ma vie. Aujourd’hui, l’association gère un équipement important, fait partie de réseaux nationaux et continue à construire l’histoire, donc je n’ai pas le temps d’être nostalgique. Nicolas : Beaucoup de gens ont compté : Fabrice, Simon, Jacques, Micka, Kiwi, Mathieu, Julien, Benjamin, JB ou Pierre… Nombreux sont ceux qui ont quitté Colmar et il m’arrive d’être un peu mélancolique de certaines périodes. Je reste motivé par la construction de nouveaux projets, de nouvelles rencontres et je suis tout autant enthousiaste par l’idée de faire venir les Wave Pictures, Caspian ou Allo Darlin’ que je l’étais de programmer Ben Vaughn ou Supreme Dicks. Vos meilleurs souvenirs ? Olivier : Dreadzone, Biohazard, Natacha Atlas ou Young Gods qui a fait un super concert


Hellsuckers au Grillen

donnant lieu à un album Live ! Je me rappelle de Dionysos, Têtes Raides, Wampas, Louise Attaque… Toute cette scène est passée à Mulhouse. En vingt ans, près de 6 000 groupes sont venus ici, mais je reste sensible au moment où la lumière s’allume et s’éteint dans la salle. Nicolas : Il y en a tellement : les Pastels, Calvin Johnson, Mecca Normal, Papas Fritas, Yo La Tengo, Dominique A, Cornershop ou Dub Narcotic… Je ressens un véritable plaisir d’avoir investi le Grillen, mais aussi des endroits comme la Salle 06, la MJC, le Café des trois Colombes, le Musée du jouet ou la Chapelle à Saint-Marieaux-Mines. Ressentez-vous, parfois, l’envie de raccrocher les gants ? Olivier : Les coups durs mettent à l’épreuve l’équipe et la soudent. Quand tu as une salle pleine et qu’un Finley Quaye refuse de monter sur scène parce que son bassiste est bloqué à l’aéroport, c’est stressant, mais de là à baisser les bras… La pression fait partie de la magie du spectacle. Nicolas : Tant que nous sommes plusieurs, salariés et bénévoles, à avoir envie de poursuivre l’aventure avec passion, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais… Quels ingrédients sont essentiels pour tenir aussi longtemps ? Olivier : Une envie commune de musique et de la ténacité. Aujourd’hui, nous pouvons nous

enorgueillir d’avoir accompagné, avec des “militants bâtisseurs” comme L’Ubu à Rennes ou Le Confort Moderne à Poitiers, le processus d’installation des musiques actuelles dans le paysage français. Nicolas : Hiéro Colmar continue de proposer une alternative. Nous n’avons pas de salle à gérer et, quelque part, ça permet une grande liberté. Nous pouvons programmer dans divers lieux, faire du cinéma (les projections en plein air durant le festival Natala, NDLR), sortir des disques (The Colmar Tapes, à l’issue de la résidence d’Herman Dune…), des résidences, des ateliers, des festivals (Supersounds…)… Nous nous considérons comme une épicerie fine. Comment ça se fête, vingt ans ? Olivier : En programmant des artistes en vue et d’autres plus à la marge, en continuant à défendre la scène locale, en réservant de belles surprises à nos 1 000 adhérents. Nous désirons être la caisse de résonance de la sono mondiale. Les vingt ans sont l’occasion de réfléchir à l’avenir du Nouma et, pourquoi pas, à un nouveau lieu… Nicolas : Nous sortons un fanzine d’une centaine de pages et un double vinyle du violoncelliste Tom Cora qui était en résidence à Colmar. Nous allons continuer à organiser des concerts et des festivals, notamment grâce à un comité de programmation et des cartes blanches. L’aventure collective continue.

Au début, je n’imaginais pas que Hiéro allait occuper toutes ces années de ma vie Olivier du Nouma

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20 ans

double jeu Depuis deux décennies, Jean-Luc Falbriard, directeur du Kafteur, titille les zygomatiques des Strasbourgeois avec son théâtre d’humour. Entretien avec celui qui incarne le Capitaine Sprütz, son double.

Par Emmanuel Dosda

À voir en novembre : Patrick Cottet Moine, du 8 au 17 novembre et Edmonde Franchi, du 22 novembre au 1er décembre 03 88 22 22 03 www.kafteur.com

Comment le très “local” Capitaine, avec ses sketches et ses odes à la tarte flambée, peut avoir une dimension interplanétaire ? Sa spontanéité et sa silhouette le rendent sympathique à tous : il dit les choses comme elles lui viennent. C’est le cas pour les Alsaciens quand ils se lâchent. Ses réactions à un phénomène de société, à des événements politiques ou à un problème écologique ont un caractère universel. Le Kafteur a-t-il été créé pour offrir à Sprütz « une base terrestre où s’exprimer » ? Mise à part La Choucrouterie, il n’y avait pas de lieu dévolu à l’humour. J’ai testé mon personnage du Capitaine Sprütz à Paris, au milieu de gens comme Dany Boon… mais j’avais envie de lancer quelque chose dans la région, pour moi et pour présenter tous ces artistes que je rencontrais. Ça a été difficile de fidéliser un public ? Il a vite adhéré, séduit par l’effet de nouveauté. Au début, c’était surtout mal vu dans les administrations, à la Direction régionale des affaires culturelles où on me disait que ce n’était pas de la culture. Heureusement, nous avons fait nos preuves et nous ne sommes plus au temps où je devais appeler les DNA pour leur soumettre de créer une rubrique “humour” car ils ne savaient pas où nous caser… Comment définir le Kafteur ? Écolo, bricolo, familial… Bricolo, c’est certain, vu que nous continuons à tout faire de nos petites mains : nous n’avons pas d’aides financières (sauf pour nos créations) pour faire exister le lieu. Familiale, dans la mesure où nous fonctionnons grâce à un noyau de bénévoles qui s’impliquent à la caisse, au bar… Écolo aussi, même si

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notre indice carbone n’est pas si faible que ça ! Par contre, nous essayons, dans notre programmation, d’aborder des thématiques citoyennes. Quel type d’humour défendez-vous ? Nous défendons des formes non formatées, éloignées de celles présentes à la télé, sur Rire & Chansons ou du stand-up avec des vannes toutes les dix secondes. J’aime les artistes qui ont un univers à eux : le duo Dau et Catella, Fabien Kachef, capable de faire un spectacle sans paroles, ou le comédien campant le rôle de Maria Bodin, acariâtre de 80 balais qui débarque sur scène avec son solex et ses histoires de lapins. Et Bigard ? L’an passé, il nous a sollicité pour “roder” son spectacle. Comme François Rollin l’avait écrit et que je voulais faire “un coup”, nous lui avons loué la salle. Je dois avouer que ça n’est vraiment pas ma tasse de thé… Comment envisagez-vous les vingt prochaines années ? Nous aimerions relocaliser le Kafteur dans un espace plus adapté : le bar en face de La Laiterie qui appartient à la Ville. Il s’agirait d’en faire un lieu de vie ouvert sur les autres structures environnantes, un outil performant pour accueillir des spectacles, proposer des ateliers ou des résidences. J’ai l’impression d’avoir fait le tour du Kafteur actuel…


un regard

salle de répétition du conservatoire de pripyat par elena costelian Par Irina Schrag

Tchernobyl on tour (ainsi que … Et s’en aller de Chourouk Kriech), à Mulhouse, à la Kunsthalle, jusqu’au 11 novembre 03 69 77 66 47 www.kunsthallemulhouse.com

Prypiat est une bourgade fantôme située à trois kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Depuis ce mois d’avril 1986 où elle fut évacuée, la zone sinistrée est devenue le gagne-pain de tour-operators exploitant le tourisme des curieux et des aventuriers en herbe du monde entier, décidés à voir les dégâts de la Centrale Lénine. Avec sa reconstitution en volume de la salle de répétition du Conservatoire de la ville, Elena Costelian poursuit un travail mêlant histoire et exil. Après nous avoir plongés dans sa jeunesse

sous le totalitarisme roumain (Transit, présenté au Festival Premières, en 2009), cette artiste d’une trentaine d’années, passée par les Arts déco de Strasbourg, nous invite dans une pièce figée par le temps, portes et fenêtres ouvertes à jamais, piano à queue renversé prêtant ses flancs au vent. La force de l’image face à l’œuvre du temps, la dégradation des matériaux au-devant de l’effritement de la mémoire. La catastrophe, les souvenirs et l’oubli.

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un regard

autoportrait de l’artiste de michel paysant Par Emmanuel Dosda

Exposé au Mudam Luxembourg jusqu’au 24 février 2013, dans le cadre d’OnLAB (laboratoire d’œuvres nouvelles) www.mudam.lu

© OnLAB – Michel Paysant / G. Faini et C. Ulysse, LPN-CNRS 2009 / 2011 ▼

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Comme ça, à première vue, on dirait un empereur romain. L’air grave, le regard fixe, droit devant, le visage comme figé dans le marbre… Sauf qu’il ne s’agit ni d’Auguste, ni de César, ni d’aucun autre héros antique, mais de Michel Paysant himself. Alors que les personnages cités plus haut voyaient les choses en grand, l’artiste français imagine le monde en tout petit et réalise un autoportrait anti-mégalo de 122 x 180 micromètres. Réalisé en or sur silicium, “nanofabriqué” par lithographie électronique, il est uniquement visible grâce à un microscope optique hyper performant.

Nous sommes bien loin de la statuaire monumentale de l’Antiquité… Cet artiste qui développe une « pratique collaborative » (selon ses termes) avec des artisans (ceux du CIAV de Meisenthal) ou des scientifiques spécialisées dans les technologies de pointe (il fut invité, au Louvre, à réinterpréter la collection, version micro ou nano), joue sur les échelles et nous force à regarder autrement. Avec son projet évolutif OnLAB, le plasticien laborantin, épaulé par des chercheurs du CNRS, invente le musée de poche.


CLASSIQUE – STRASBOURG

le clavier bien inspiré Deux programmes permettent de découvrir le pianiste en résidence à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, le croate Dejan Lazić. Voilà un cocktail alerte et envoûtant composé d’œuvres de Haydn, Chostakovitch et Beethoven.

Par Hervé Lévy Photo de Susie Knoll

À Strasbourg, à la Cité de la musique et de la danse, dimanche 18 novembre et au Palais de la musique et des congrès, jeudi 22 et vendredi 23 novembre 03 69 06 37 06 www.philharmonique. strasbourg.eu www.dejanlazic.com

1 Pour la saison prochaine la présence de la violoniste Isabelle Faust est d’ores et déjà annoncée 2 Manifestation nationale (du 16 au 25 novembre). Cette année, son parrain est Abd Al Malik www.orchestresenfete.com

S

ous l’impulsion de son directeur musical, l’OPS accueille à nouveau un artiste en résidence. Heureuse initiative qui permettra de découvrir, au cours de la saison 2012 / 20131, la virtuosité et la profondeur de Dejan Lazić. Pour Marko Letonja, le pianiste croate, « à la fois compositeur et interprète, est capable d’explorer un spectre très varié, du répertoire classique aux œuvres contemporaines, en passant par les incontournables du romantisme. Ce sera en outre une occasion de renforcer nos liens avec les autres institutions musicales de la ville en organisant, par exemple, des master-classes au Conservatoire. » Premiers éclats pianistiques en novembre pour un programme dirigé par le chef slovène, dans le cadre d’Orchestres en fête !2 (dimanche 18 novembre), où l’altier classicisme de Haydn (son Concerto pour piano et orchestre n°4) répondra à la fougue du Concerto n°1 pour piano, trompette et orchestre à cordes écrit par Chostakovitch en 1933. La partition est irriguée d’une intense liberté moderniste – la chape de plomb totalitaire du réalisme socialiste ne pèse pas encore trop lourd – et se déploie entre humour et

références au passé, puisque sont utilisées des citations de pièces de Beethoven et… Haydn. Dans un autre concert, sous l’experte baguette de Walter Weller (jeudi 22 et vendredi 23 novembre), après la découverte de la fulgurante et douloureuse Légende des vainqueurs morts (écrite en 1919 / 1920) de Suk, hommage aux soldats tchèques tombés pendant la Première guerre mondiale, on pourra entendre le Concerto n°3 pour piano et orchestre, étape majeure dans le parcours artistique de Beethoven (créé en 1803), son premier “grand” concerto. La partition « devint au XIXe siècle un modèle du genre par son équilibre formel et par sa conduite du discours musical, qui repose sur l’association de la virtuosité du soliste et de la densité de l’orchestre » selon la définition éclairante donnée par Élisabeth Brisson dans son Guide de la musique de Beethoven (Fayard, 2005). La soirée se terminera dans le romantisme échevelé de la Symphonie n°4 de Schumann. Prochains rendez-vous avec Dejan Lazić en février 2013…

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THÉÂTRE

tremblement de ciel En mettant en scène La Tectonique des nuages, Pascal Holtzer donne vie au réalisme magique de l’écrivain portoricain José Rivera. Grâce à l’imaginaire, il lève le voile sur les mystères de l’amour, du temps et de la féminité.

Par Dorothée Lachmann Photo de Laure Isenmann

À Haguenau, au Théâtre, mardi 13 novembre 03 88 73 30 54 – www.relaisculturel-haguenau.com À Strasbourg, au TAPS Gare, du 22 au 25 novembre 03 88 34 10 36 www.taps.strasbourg.eu À Illkirch-Graffenstaden, à l’Illiade, mardi 27 novembre 03 88 65 31 06 www.illiade.com

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U

ne nuit de déluge, à Los Angeles, Anibal de la Luna prend en pitié une jeune fille trempée jusqu’aux os et enceinte jusqu’aux yeux qui fait du stop. Elle se prénomme Celestina et semble totalement perdue, sans plus aucune notion du temps. Inquiet, il la ramène chez lui. Mais sitôt franchie la porte de la maison, voilà que les horloges cessent subitement leur tic-tac. « C’est la métaphore de l’amour qui fait s’arrêter le temps », souligne Pascal Holtzer. On ne s’étonnera pas d’apprendre que José Rivera fut l’élève de Gabriel García Márquez au Sundance Institute : « L’incursion du magique

dans le réalisme éveille une vérité intérieure située au-delà du visible et du tangible, vérité que l’écriture parvient à rendre perceptible. C’est une matière théâtrale puissante : un ré-enchantement d’une réalité ordinaire permettant la création d’un nouvel espace dans lequel cohabitent naturel et surnaturel, heureusement réconciliés », explique le metteur en scène strasbourgeois. Mais que se passe-t-il lorsque les pendules s’arrêtent ? « En suspendant le temps réel pour permettre la rencontre des deux personnages principaux dans le temps sensible, l’auteur provoque un dérèglement inattendu de la réalité. C’est dans cette suspension que peut intervenir la magie de l’amour qui rend intemporel. Ainsi, la poésie peut faire se rencontrer ce qui, dans un monde moderne bien cadré et tristement banal, n’a normalement rien à faire ensemble. » Pour rendre visible ces bouleversements temporels, Pascal Holtzer a voulu une esthétique proche du cinéma, à la fois dans la lumière et la musique, qu’il compose lui-même, mais aussi dans le mouvement, qui n’est pas celui de la caméra mais d’un plateau tournant. Une scénographie conçue entièrement autour de la notion des heures, des jours, des mois et des années qui passent, plus ou moins vite, vers l’avenir ou les souvenirs. Jeune femme égarée, Celestina est aussi l’image de la mère, celle qui va offrir une nouvelle naissance au héros, qui le relie à ses origines et au mystère de la vie. Quarante après, lorsqu’elle revient, inchangée, vers Anibal, désormais âgé de soixante-dix ans, il se souvient seulement d’un grand trou noir : « Cette femme m’avait confronté à un vrai mystère… Et essayer de comprendre, c’était comme essayer de comprendre l’anatomie du vent, l’architecture du silence ou la tectonique des nuages. »


EXPOSITION – STRASBOURG

l’homme aux mille visages Peintre, sculpteur, designer, homme de télévision et graphiste, Freddy Ruhlmann était un créateur protéiforme. Une exposition présentée par la Maison de la Région rend hommage à cet humaniste natif de Strasbourg pétri d’une insatiable curiosité.

Par Hervé Lévy Photo de Jean-Claude Durmeyer (Freddy Ruhlmann, Sans titre, 2003)

À Strasbourg, à la Maison de la Région, jusqu’au 28 novembre 03 88 15 68 67 www.region-alsace.eu

Q

u’y a-t-il de commun entre le Trophée du Prix d’honneur de la Fondation Alsace, le service du Lycée hôtelier Alexandre Dumas, un documentaire sur Tomi Ungerer intitulé À angle droit, des peintures aux couleurs vibrantes inspirées par le Quatuor pour la fin du Temps de Messiaen, la maquette du Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne et une étiquette toute en épure pour le domaine Marc Kreydenweiss ? Tous sont l’œuvre de Freddy Ruhlmann (1941-2004). Une exposition permet de mieux connaître un homme trop discret dont on n’avait guère eu la possibilité de voir, jusque-là, l’œuvre peint et sculpté. L’occasion est belle de découvrir des toiles où se mêlent les matières (bitume de Judée, pâte d’acier…) à la composition rigoureuse : ici, un visage à peine esquissé, la bouche grande ouverte semblant pousser un silencieux cri – Munch n’est pas loin – au cœur d’un maelström d’une intense tristesse de pigments rouges et bleus. Là, des carrés de couleur forment des assemblages verticaux d’une grande douceur et d’une implacable logique, rappelant avec force que Nicolas de Staël fut une figure tutélaire pour l’artiste alsacien. Ailleurs encore se découvre une variation graphique inquiétante

sur les Pièces de guerre du dramaturge britannique Edward Bond, où se glisse, presque par effraction, un éclat d’espoir. Une tête de profil revient de manière obsessionnelle dans les peintures et les sculptures, évoquant, à la fois, les personnages emblématiques de l’œuvre graphique de Jean Cocteau et les visages tant de fois dessinés par Camille Claus dans l’attachante mythologie rhénane qu’il créa. Cette “signature” de Freddy Ruhlmann possède pourtant une belle singularité. Elle se retrouve sculptée dans l’ardoise (un homme et une femme se font face, se rejoignant dans un muet et tendre baiser), à peine esquissée sur le papier, comme une trace évanescente, parfois à peine perceptible, ou encore stylisée, réduite à ses traits essentiels, dans les dorés Témoins du siècle et du millénaire. Ces dernières sont de petites figurines trapues et sensuelles inspirées des statuettes placées dans les maisons sumériennes pour susciter la réflexion chez leur propriétaire. « Impératif et attentif, totalement perméable à l’essentiel, il est sentinelle et repère » écrivit l’artiste à propos de l’un d’eux… comme un fulgurant résumé de cette exposition.

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la case de l’oncle tom Chorégraphe américain installé en France depuis quarante ans, Mark Tompkins revisite, dans Black’N’Blues, a minstrel show, l’histoire ségrégationniste de son pays. Un regard grinçant et drôle sur les clichés véhiculés, du blackface du XIXe siècle au hip-hop contemporain.

Par Thomas Flagel

Black‘N’Blues, a minstrel show, au Théâtre de Besançon, jeudi 8 novembre 03 81 87 81 97 www.letheatre-besancon.fr Derrière le masque, conférence de Mark Tompkins, mercredi 21 novembre + Black’N’Blues, a minstrel show, vendredi 23 novembre + Bal nègre, samedi 24 novembre à La Méridienne Théâtre de Lunéville 03 83 76 48 60 www.lameridienne-luneville.fr Black’N’Blues, a minstrel show, mardi 11 et mercredi 12 décembre + Derrière le masque, conférence de Mark Tompkins + Bal nègre, samedi 15 décembre, à Pôle Sud, à Strasbourg 03 88 39 23 40 www.pole-sud.fr www.idamarktompkins.com

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À

bien y regarder, il fallait toute la démesure d’un Mark Tompkins, chantre des « objets performatifs non identifiés » pour mener à bon port ce projet consistant en une relecture fortement musicale et chorégraphique des traces laissées dans la culture américaine par les minstrel show et le blackface. Ce pan de l’histoire n’est pas le plus connu. Il a pourtant irrigué la conscience collective d’une imagerie populaire véhiculant les plus vils clichés sur ceux que l’on appelait encore des “nègres” dans les années de lutte pour les droits civiques. Les scènes de théâtre populaire et de cabaret du XIXe se nourrissaient de personnages noirs archétypaux allant de l’Oncle Tom1, vieil homme serviable et fidèle à son maître blanc, à Mammy, grosse femme gardant les enfants et poursuivant son mari d’une poêle, en passant par Rufus, sournois et voleur. Ces farces, chantées et dansées par des Blancs au visage grimé de noir qui imitaient des Noirs singeant les Blancs, connurent un grand succès dès 1830, diffusant

les stéréotypes racistes de lascivité, paresse, superstition et bêtise des afro-américains. Si les esclaves gagnent, suite à la Guerre de Sécession le droit de se produire pour divertir les Blancs, ils doivent s’en tenir à ces partitions de “coon”2 et être tenus la bride serrée au cou, pour le bien des propriétaires de plantations.

Dirty South

Black’N’Blues s’ouvre sur une vraie-fausse audition pour le spectacle, basculant, sans que l’on s’en rende compte, d’époques en époques. Le décor modulable fait de palissades en planches rappelle celles bordant les propriétés du Mississippi où sévit le Tom Sawyer de Mark Twain. Au lointain3, une maison à colonnades achève de nous transporter en Caroline ou en Virginie. Avec leurs pantalons à bretelles taille haute, leurs chemises amples et leurs chapeaux de paille, les quatre danseuses (deux Noires et deux Blanches) nous ramènent au temps des champs de coton dans une reprise tout en claquements de mains et


DANSE MUSICALE

de pas du hit, tristement célèbre, Jump Jim Crow 4. L’Oncle Sam est lui aussi convié à la fête qu’il rythme de ses interventions plus ou moins explicites. Drapé de la tête aux pieds aux couleurs de la bannière étoilée, le vieil homme à la barbichette livre sans détours la pensée raciste dominante. Tompkins ne nous épargne rien : ni les blagues de mauvais goût (« La différence entre un pneu et un homme noir ? Quand on lui met des chaines, un pneu ne chante pas le blues »), ni la longue énumération du vocable péjoratif et insultant composé par le “monde civilisé” pour catégoriser et penser les minorités.

Black is beautiful

Le chorégraphe mélange son goût pour le cabaret, le music-hall et le travestissement en sautant de styles en époques historiques : du blackface (avec gants blancs et bouches exagérément grandes au rouge à lèvre) au ragtime, du gospel inspiré à la soul de Marvin Gaye en passant par le Rythm’N’Blues d’Ike et Tina Turner ou encore le prêche endiablé d’une église évangéliste. De la ségrégation à l’élection d’un président noir, sont scandés à grand renfort d’argot et de déhanchés du bassin les maux de tout un peuple (Uncle Tom sans fierté, produits pour la peau éclaircis-

sants…) vers la réappropriation de son identité et de ses racines. Le spectacle tisse un fil reliant le hip-hop contestataire actuel aux premiers blues lancinants dans un pastiche proche de la comédie musicale, des chorégraphies de choristes de la Motown jusqu’au Krump. Si le florilège finit par lasser, quelques touches de profonde émotion et de gravité nous laissent sonnés et pensifs : l’évocation poétique et crue des lynchages par pendaison dans Strange Fruit de Billie Holiday, la grande Nina Simone s’arrêtant de jouer tant que ses parents – refoulés à l’entrée de son propre concert – ne sont pas assis au premier rang… La démonstration est sans appel et il est troublant de constater que les minstrels shows d’alors, revisités en écho aux vagues successives d’entertainment américain qui connaissent aujourd’hui leur apogée, ont transmis les mêmes recettes et enjeux de domination : à l’opposition hommes-femmes, maîtres-esclaves, Blancs-Noirs se sont simplement ajoutées – et parfois substituées, de Madonna à Rihanna ou Lady Gaga – celles des identités sexuelles (homos-hétéros), des genres (bi-trans…) et des origines poussées dans leurs retranchements aux dépends de valeurs plus universelles. Long is the road…

En référence à Uncle’s Tom Cabin, roman d’Harriet Beecher Stowe, publié au milieu du XIXe siècle

1

Terme désignant un acteur afro-américain tenant des rôles caricaturaux l’amenant à se dénigrer lui-même. Coon est devenu une insulte désignant les blacks trahissant la cause…

2

Le mur du fond de scène, le plus éloigné du public

3

4 Chanson et numéro folklorique qui popularisa les minstrel shows en 1830. Le terme Jim Crow donna ensuite son surnom aux lois institutionnalisant la ségrégation raciale dans le Sud des États-Unis, de 1876 à 1965

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la nuit je mens Pour des raisons pratiques et esthétiques, le photographe Frédéric Delangle a pris des clichés d’Ahmedabad by night. Durant ST-ART, il expose sa vision de la ville indienne devenue, par son prisme, cité fantôme.

Par Emmanuel Dosda

Ahmedabad, No life last night (exposition hors les murs de La Chambre), à ST-ART, du 23 au 26 novembre 03 88 36 65 38 www.la-chambre.org www.fredericdelangle.com

A

u milieu des années 2000, Pierre Cadot, architecte des monuments historiques, est envoyé en Inde par le Ministère des affaires étrangères pour sensibiliser la population à la richesse patrimoniale de la vieille ville d’Ahmedabad. Sa mission : faire un état des lieux, réaliser un plan et restaurer des maisons remarquables. Relevés, chantiers… En vue d’un reportage sur cette action visant à la classification de la ville par l’Unesco, il contacte Frédéric Delangle, alors à Delhi. Lorsqu’il ne réalise pas de travaux personnels, celui-ci produit beaucoup d’images d’architecture : logements sociaux ou étudiants en région parisienne, etc. Il se sent de suite impliqué : « Les habitants avaient en tête de raser toutes ces maisons traditionnelles en bois sculpté du XIXe siècle… Il s’agit pourtant du centre historique d’une

st-art reloaded Voici la 17e édition de ST-ART, foire européenne d’art contemporain (la seconde plus ancienne de France) qui sait attirer un large public et fidéliser des galeries du monde entier, de Strasbourg (Nicole Buck, Chantal Bamberger…), d’Allemagne (Walter Bischoff…) ou du Japon (NFF…). L’an passé, chaque galerie a vendu, en moyenne, une dizaine d’œuvres. Et en 2012 ? Cette édition proposera également des focus et nous invitera à pénétrer dans les collections de deux privés. Du 23 au 26 novembre au Parc des Expositions de Strasbourg www.st-art.fr

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ville construite, de toutes pièces, il y a 150 ans par des marchands qui ont fait fortune en organisant le commerce de l’opium avec la Chine pendant la Révolte des Boxers. » Celui qui réalisa les séries Nyctalope (des sous-bois éclairés par les phares d’une voiture) et Coït (des couples faisant l’amour dans l’obscurité, avec un temps de pause important) choisit d’agir entre 23h et 5h du matin, quand la ville dort. « Je ne veux pas être catalogué comme un photographe de nuit », prévientil. « Tous les rez-de-chaussée sont dédiés aux commerces. La journée, les gens accrochent tout ce qu’ils peuvent sur les façades et débordent de six mètres sur la rue. Il est quasiment impossible de circuler, nous sommes pris dans des bouchons humains. En 2000, il y avait plus de deux roues à Ahmedabad que de voitures dans toute l’Inde ! La nuit, on perçoit le squelette de la ville, on voit les différentes strates de l’histoire de ces maisons pillées par les brocanteurs. Shooter la nuit me permettait ce voyage dans le temps. » Vue au travers de l’objectif de Frédéric Delangle, Ahmedabad n’est plus qu’un décor labyrinthique où planent quelques fantômes, des silhouettes qui s’effacent. On perçoit presque sa série photo comme un travail de conservation car, depuis, « de grands axes routiers traversent la ville… mais rien est perdu, les bulldozers semblent ralentir. »


l'agenda

Noël

de LE MOTEUR DE RECHERCHE D E L A C U LT U R E

LE MOTEUR DE RECHERCHE D E L A C U LT U R E

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Alsace, Bade-Wurtemberg, Bâle, Franche-Comté, Lorraine, Luxembourg _ hors série



ALSACE Animations sur plusieurs jours Marché de Noël de Kaysersberg Marché de Noël

La ville de Kaysersberg vous invite à découvrir son fameux Marché de Noël authentique, reconnu dans le monde entier, les week-end de l’Avent, de 10h à 20h. 30 novembre, 1er & 2 décembre, 7-9 décembre,14-16 décembre, 19- 23 décembre, centre-ville de Kaysersberg www.noel-a-kaysersberg.com Marché de Noël Médiéval de Ribeauvillé Marché de Noël

Un marché qui se démarque de tous les marchés de Noël du secteur par son originalité, son authenticité liée au décor et à l’animation médiévale déployés dans la vieille ville. 8 & 9 et 15 & 16 décembre, centreville de Ribeauvillé www.ribeauville.net Marché de Noël de Riquewihr Marché de Noël

Au moment de Noël, la ville ruisselle de lumière et propose son marché de Noël traditionnel dans un décor féérique alliant l’esprit de Noël à tout ce qui fait le charme de l’Alsace. Du 24 novembre au 20 décembre, centre-ville de Riquewihr www.ribeauville-riquewihr.com Marché de Noël de Colmar Marché de Noël

Le charme envoûtant des fêtes de Noël à Colmar ! Les traditions de Noël, fêtées en Alsace de l’Avent à l’Epiphanie, revêtent à Colmar une dimension particulière... Du 23 novembre au 31 décembre, Place des Dominicains, Place de l’Ancienne Douane, Koïfhus, Place Jeanne d’Arc, Petite Venise www.noel-colmar.com Marché de Noël de l’artisanat et des traditions de Rouffach Marché de Noël

Marché de Noël traditionnel artisanal dans le centre historique médiéval et Renaissance de Rouffach avec diverses animations et démonstrations dans l’Ancien Hôtel de Ville et la Halle aux Blés. 8 & 9 décembre, Place de la République, Rouffach www.ot-rouffach.com Marché de Noël de Mulhouse Marché de Noël

Chaque année, Mulhouse s’anime d’illuminations scintillantes, de tissus chatoyants, de chalets en

bois… le temps de la période de l’Avent.

Du 24 novembre au 28 décembre, Place de la Réunion, Mulhouse www.noel.mulhouse.fr Marché de Noël de Bouxwiller Marché de Noël

Au gré des rues de la vieille ville et autour de la Place du Château, vous vous laisserez séduire par 160 stands. 10 & 11 décembre, centre-ville de Bouxwiller www.commune-bouxwiller.fr Marché de Noël de Barr Marché de Noël

Un Noël authentique, dans un décor de carte postale ! Comme chaque année, les trois premiers week-ends de décembre, les amateurs d’artisanat de qualité, d’ambiance festive et de produits du terroir se donnent rendez-vous au centre de Barr. 1er & 2, 8 & 9, 15 & 16 décembre, Hôtel de Ville, Barr www.barr.fr Noël Bleu de Guebwiller Animations

Pour sa quatrième édition le Noël Bleu envoûte. Une inauguration en musique et en flammes devant l’église Notre Dame et des projections monumentales. 8 & 9, 15 & 16 et 22 & 23 décembre, centre-ville de Guebwiller www.noelbleu-alsace.eu

spectacles donnés par des compagnies amateurs et professionnelles : théâtre, chants, marionnettes, danses... Du 1er au 24 décembre, crèche de Uffholtz www.24fenetres.fr Noël à Sélestat

Marché de Noël et animations

L’espace de quelques semaines, Sélestat va à nouveau vibrer au rythme des festivités de fin d’année, en proposant une myriade d’activités se déclinant de manière tantôt féérique et ludique, tantôt imaginaire ou historique. Du 7 au 24 décembre, divers lieux à Sélestat www.selestat.fr Noël à Wissembourg Marché de Noël et animations

Quatre semaines de manifestations pour petits et grands, à la rencontre des personnages légendaires du Christkindel et de Hans Trapp. 1er & 2, 8 & 9, 15 & 16 et 22 & 23 décembre, Place de la République, Wissembourg www.ot-wissembourg.fr Un Festin en Etoffes ou les tissus gourmands de

la fin du 18ème siècle à nos jours

Exposition

Cette année encore le Musée de l’Impression sur Etoffes peut s’enorgueillir d’accueillir en ses murs une célèbre et prestigieuse maison de Haute couture, Prada, offrant ainsi à ses visiteurs une promenade gourmande, raffinée et luxueuse. Du 9 novembre au 15 août, Musée de l’Impression sur Etoffes, Mulhouse www.musee-impression.com Voyage merveilleux au pays des crèches de Noël Exposition

Cette exposition vous propose de découvrir une riche collection d’authentiques crèches du monde. Du 23 novembre au 4 janvier, Médiathèque de Thann www.ville-thann.fr Derrière les sapins Exposition

Mais que peut-il bien y avoir derrière les sapins : le pays imaginaire de l’homme à la barbe blanche, l’antre merveilleuse des lutins des bois, le laboratoire de Noël ou la salle des secrets du Professeur Sappinus...

Défilé nocturne avec Christkindel et Hans Trapp Animations

Le Hans Trapp, accompagné des chevaliers-brigands, sera annoncé au son des tambours par des moines affolés qui voudront prévenir la population du danger imminent. Un cortège aux flambeaux et une féerie pyrotechnique entoureront le char de Christkindel. Le 23 décembre, Place de la république, Wissembourg www.ot-wissembourg.fr La ronde du veilleur de nuit de Turckheim Animations

Ronde du Veilleur de Nuit à travers les rues de la ville, en costume d’époque portant hallebarde, tricorne, lanterne et cor. 1er, 8 et 15 décembre, Corps de Garde, Turckheim www.turckheim.fr Les Fenêtres de l’Avent de Uffholtz Animations

Chaque soir, une fenêtre s’ouvre quelque part dans le village à la manière d’un calendrier de l’Avent grandeur nature. À la place de la friandise, on découvre différents

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À vous de voir car, pour l’heure, rien n’est moins sûr ! Du 24 novembre au 30 décembre, Caveau Sainte-Barbe, Sélestat www.selestat.fr Le Marché de la Gastronomie de Noël en Alsace d’Obernai Marché de Noël

Produits du terroir, spécialités alsaciennes et artisanat de Noël. Du 24 novembre au 31 décembre, centre-ville d’Obernai www.obernai.fr Sentier des Gourmandises Exposition

Exposition présentant les spécialités sucrées de Noël. Expo-vente de meubles polychromes, tissu kelsch, couronnes de l’Avent et décorations de Noël. Du 24 novembre au 31 décembre, Hôtel de Ville, Obernai www.obernai.fr Tables de fête signées Beauvillé Exposition

Exposition de tables de fêtes décorées par la société Beauvillé (linge de maison) de Ribeauvillé : parures de rêve et décorations féeriques sur tables dressées telles des écrins précieux. Du 25 novembre au 6 janvier, Cave de Ribeauvillé www.ribeauville-riquewihr.com Noël et les images Exposition

Exposition d’images inspirées des fêtes hivernales présentant les traditions et les personnages symbolisant ces fêtes de fin d’année à travers des

images choisies dans la collection du Musée et complétée par des collections privées. Du 25 novembre au 6 janvier, Musée de l’Image Populaire, Pfaffenhoffen www.pfaffenhoffen.org Noël moyenâgeux au pays étoilé Exposition

Cette exposition invite le visiteur à un retour vers le passé à la découverte des rites et traditions de Noël au Moyen-Âge. Du 30 novembre au 6 janvier, Salle de l’Arsenal, Kaysersberg www.noel-a-kaysersberg.fr Marché de Noël de Strasbourg Marché de Noël

Avec ses 12 marchés de Noël, Strasbourg vous invite à une promenade savoureuse au cœur de son centre historique. Du 24 novembre au 31 décembre, divers lieux à Strasbourg www.noel.strasbourg.eu Le château du Haut-Koenigsbourg en habits de fête Animations

En décembre, le château du Haut-Koenigsbourg sort de sa hotte des idées de sorties pour redécouvrir quelques traditions ancestrales. Du 1er au 31 décembre, château du Haut-Koenigsbourg, Orschwiller www.haut-koenigsbourg.fr Marché de Noël de Haguenau Marché de Noël

C’est un temps où la ville se veut encore plus belle, devient magique, fait côtoyer petits et grands, Hagueno-

viens et touristes... Un temps fort en animations pour tous. Du 25 novembre au 30 décembre, Haguenau tourisme-haguenau.com Marchés de Noël de Niederbronn les Bains Marché de Noël

Du 25 novembre 2012, et jusqu’au 6 janvier 2013 Niederbronn-les-Bains se parera à nouveau de mille couleurs et lumières : Marché de Noël les 30 novembre/1er/2 décembre, 8/9 et 15/16 décembre 2012 Marché du Terroir le dimanche 2 décembre Marché des Gourmandises de Noël et de l’artisanat les 22 et 23 décembre 2012 Du 25 novembre au 6 janvier, divers lieux à Niederbronn les Bains www.niederbronn.com

Erstein www.grandried.fr Marché de Noël intercommunal de Molsheim Marché de Noël

Les 15 localités de la Communauté de Communes s’installeront dans 15 chalets en bois. Vin chaud, odeurs gourmandes, trésors des artisans et producteurs régionaux, idées cadeaux Du 30 novembre au 2 décembre, Place de l’Hôtel de Ville, Molsheim www.molsheim.fr Marché de Noël de Mutzig Marché de Noël

Un village de noël, reconstitué avec soin, goût, émotion et authenticité dans le parc du foyer de Mutzig. Du 1er au 9 décembre, Parc du Foyer, Mutzig www.villedemutzig.fr

Marché de Noël de Soufflenheim

Happy cristal !

Les artisans-exposants proposent divers articles de Noël, décorations, jouets, produits du terroir. Vin chaud et petite restauration sur place. Le 1er et 2 décembre, Halle du Marché, Soufflenheim www.ot-soufflenheim.fr

En Alsace, pays des marchés de Noël, le musée Lalique joue pour l’occasion entre lumière et matière pour créer une féérie avec l’évènement Happy Cristal ! tout au long du mois de décembre. Du 1er décembre au 6 janvier, Musée Lalique à Wingen-sur-Moder www.musee-lalique.com

Marché de Noël

Marché aux sucreries Hansel et Gretel d’Erstein Marché de Noël

Marché de produits sucrés sous toutes ses formes et ateliers vivants. Forum des Chefs salle St Martin : démonstration et vente de recettes faites par des grands chefs alsaciens, animations musicales, concert de l’Avent... 1er et 2 décembre, Salle Hérinstein,

Exposition de Noël

Fenêtres de l’Avent d’Ensisheim Animation

Chaque jour, une nouvelle fenêtre s’ouvre devant les yeux émerveillés des petits et des grands, faisant grandir un peu plus l’esprit et la magie de Noël ! Du 1er au 24 décembre, Place de l’Église d’Ensisheim www.ville-ensisheim.fr

wow !

Mon beau sapin Le traditionnel Grand Sapin – choisi par les services de la Ville de Strasbourg (en collaboration avec l’ONF et Antoinette Pflimlin) – est issu du massif forestier du Donon, dans la forêt domaniale du Val de Senones. Installé place Kléber et décoré sur le thème de Noël au clair de la lune, par les mains expertes d'Antoinette Pflimlin (aidée par toute une équipe technique), il est habillé de plus d’une centaine d’éléments de décor et d’une trentaine de rideaux lumineux. Strasbourg, Capitale de Noël voit les choses en grand.

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© Ville de Strasbourg G. Engel

www.strasbourg.eu


Torchon, France, vers 1960, impression au cadre

Le diable s'habille en prada Le Musée de l’impression sur étoffes mulhousien accueille la prestigieuse griffe milanaise, Prada. L’exposition À la table de Prada nous plonge dans l’univers luxueux de la célèbre maison au travers tissus imprimés, brodés et autres documents (vidéos…). À noter également, l’expo Un festin d’étoffes ou les tissus gourmands de la fin du XVIIIe siècle à nos jours mélangeant de manière décomplexée torchons et serviettes… décorés de fruits, légumes, sucreries, etc. Pour la période des fêtes de fin d’année, du 15 novembre au 3 décembre, le musée organise son Marché de Noël où l’on trouve quantité d’idées cadeaux, écharpes ou étoles.

Expositions du 9 novembre au 18 août 2013 au Musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse – 03 89 46 83 00 www.musee-impression.com

Arts and crafts Co-organisé par la Fédération régionale des métiers d’art d’Alsace (Frémaa) et Ateliers d’Art de France, Résonance[s] est un salon européen dédié aux métiers d’art qui rassemblera, sur 6 000m², plus de 170 créateurs européens. Artistes et artisans présenteront leurs œuvres aux amateurs d’objets inédits. À découvrir dans ce cadre : la collection d’objets créatifs Alsatrucs (comme le Bretzel à bascule…) ou encore l’exposition des travaux de fin d’année des élèves du Dispositif de Transmission de savoir-faire rares et d’excellence porté par la Frémaa. Invités d’honneur : Les Etoiles Terrestres, soit le Musée Lalique de Wingen-sur-Moder, le Musée du Cristal Saint-Louis et le Site Verrier de Meisenthal.

Résonance[s], du 9 au 12 novembre au Parc des Expositions de Strasbourg-Wacken – Pavillon K www.salon-resonances.com

GLISSEZ, VIBREZ !


C'est bientôt Noël au pays du sapin Exposition de Noël

C’est bientôt Noël ! l’Avent, Saint Nicolas et Noël Du 15 novembre au 6 janvier, Maison du Pain d’Alsace, Sélestat www.maisondupain.org C’est vraiment Noël Animation

Vivez et partagez un authentique Noël alsacien ! Au travers d’une remarquable programmation, le musée vous invite à découvrir les traditions, les saveurs et les senteurs d’antan. Du 24 novembre au 6 janvier, Écomusée d’Alsace de Ungersheim www.ecomusee-alsace.fr La Reine des Neiges Animation

Noël au Jardin raconte La Reine des Neiges. Les jardins enchanteurs du Parc de Wesserling s’illuminent comme par magie, le temps d’une visite imaginaire dans le passé textile de cette ancienne manufacture royale. Du 1er au 30 décembre, Parc de Wesserling - Ecomusée Textile, Husseren-Wesserling www.parc-wesserling.fr Saint-Nicolas et le Père Noël Exposition de Noël

Présentation originale des ces deux figures populaires que l’on retrouve

tous les mois de décembre. Du 23 novembre au 29 décembre, Musée de la Communication en Alsace, Riquewihr www.shpta.com Exposition photo d’Angello Borelli Exposition de Noël

Exposition photo d’Angello Borelli à la Résidence Sainte-Anne sur le thème des marchés de Noël. Du 1er au 31 décembre, Résidence Saint Anne, Ensisheim www.ville-ensisheim.fr Machines à écrire, machines à rêver et la première mention écrite de l’arbre de Noël Exposition de Noël

Un bon siècle après l’invention de l’imprimerie, une idée germa dans l’esprit d’un certain Henry Mill, qui donna naissance à la machine à écrire. Invention révolutionnaire vite oubliée, voici l’occasion pour elle de se rappeler à notre bon souvenir. Venez aussi découvrir la plus ancienne mention écrite connue à ce jour consignée dans un livre de comptes de la Ville de Sélestat datant de 1521. Du 30 novembre au 5 janvier, Bibliothèque Humaniste de Sélestat www.bh-selestat.fr

FrancheComté En attendant noël... Marché de Noël

Un marché de Noël pas comme les autres. Venez flâner à la recherche de productions artisanales, de gastronomie locale, de décorations et autres cadeaux originaux. Peut-être l’occasion de croiser le père Noël au détour d’une maison... Le 8 et 9 décembre, Musée des maisons comtoises, Nancray www.maisons-comtoises.org Marché de Noël à la Forge-Musée Marché de Noël

Un marché de Noël intime au coin du feu... C’est à la Forge-musée que ça se passe ! Pendant deux weekends, retrouvez apiculteurs, vanniers, potiers, tourneurs sur bois, aquarellistes, créateurs de bijoux et autres artistes prêts à partager leur passion et à vous vendre leurs confections. 1er & 2 décembre / 8 & 9 décembre, Forge-Musée d’Etueffont www.musees-des-techniques.org Lumières de Noël de Montbéliard Marché de Noël et Animations

"Je célèbre tous les jours mon ART" Denis Chia

Mon Métier : EXPERT COMPTABLE

Montbéliard, Cité des Princes, offre un cadre idéal pour mettre en valeur les somptueuses Lumières de Noël, à travers ses monuments emblématiques tels que le Château des ducs de Wurtemberg, les Halles ou encore le temple Saint- Martin, conférant à la ville une aura particulière pendant la période de l’Avent. Illuminations à chaque coin de rue, marché de Noël authentique, animations originales,… font la renommée de Montbéliard. Du 24 novembre au 24 décembre, divers lieux à Montbéliard www.lumieres-de-noel Marché de Noël de Besançon Marché de Noël

Cabinet Denis Chia Expert Comptable Diplômé Commissaire aux Comptes Expert Judiciaire

Une soixantaine d’exposants proposeront produits régionaux, décorations de Noël, santons de provence, artisanat...Tous les week-ends animations, déambulations, concerts . Du 30 novembre au 24 décembre, Place de la Révolution, Besançon www.besancon-tourisme.com Marché de Noël de Tradition d’Ornans Marché de Noël

Exposants, animations musicales, Maison du Père Noël, feux d’artifice... Du 30 novembre au 2 décembre, Église St Laurent d’Ornans www.ornans.fr Marché de Noël de Pontarlier Marché de Noël

10, place Broglie 67000 STRASBOURG Tél. 03 88 23 44 23 — Fax. 03 88 23 44 20 E-mail : cabinet-dchia@wanadoo.fr

Découvrez de nombreux articles cadeaux : jeux et jouets en bois,

bougies, maroquinerie, bijoux…et venez déguster de nombreux produits : chocolats, biscuits, châtaignes, fruits, pain d’épices, crêpes, gaufres, churros, vin chaud… Du 13 au 24 décembre, Place d’Arçon, Pontarlier www.ville-pontarlier.fr Noël au pays du jouet Animations

C’est une cavalcade d’animations qui vous attend : spectacles de rue, contes de Noël, marché de Noël, chansons pour enfants : des spectacles merveilleux pour toute la famille ! Les lutins vous entraîneront dans une cavalcade de surprises. En décembre, divers lieux à Moirans-en-Montagne www.moiransenmontagne.fr Laponia Dream Animations

Tous les enfants sages savent bien où vit le Père Noël... en FrancheComté, bien sûr ! Et plus exactement à Laponia Dream, dans le Parc naturel régional du Haut-Jura. Dans l’ambiance traditionnelle d’un village de Laponie, entre élevage de rennes, maison des lutins et maison du Père Noël, tout ici est invitation au dépaysement. Pendant tout l’hiver, Laponia Dream, La Pesse www.laponiadream.fr Village de la glisse et village des saveurs à Belfort Animations et Marché de Noël

1,2,3, ... Go ! Pour les fêtes de fin d’année 2012, la Ville de Belfort propose de nombreuses animations, spectacles et festivités durant tout le mois de décembre pour flâner, rêver, s’amuser et préparer les fêtes de fin d’année en famille. Du 15 au 31 décembre, divers lieux à Belfort www.belfort-tourisme.com

samedi 8 décembre Randonnée de Noël Animations

L’Office de Tourisme et des Congrès organise pour la 5e fois cette année sa randonnée de Noël en partenariat avec la Ville de Besançon. Cette randonnée ouverte à tous, groupes constitués ou individuels, a pour but de faire découvrir ou redécouvrir cette belle ville dans un contexte festif et original tout en invitant les participants à se rendre au Marché de Noël… Le 8 décembre, départ à Besançon www.besancon-tourisme.com


Lorraine Animations sur plusieurs jours

Marché de Noël de Metz Marché de Noël

Le marché de Noël revient du 24 novembre au 30 décembre, sur les places Saint-Jacques, Saint-Louis, place de Chambre et de la République à Metz. Chalets, gourmandises et animations sont au rendez-vous pour fêter Noël. Du 24 novembre au 30 décembre, divers lieux au centre-ville de Metz www.noel-a-metz.com Grand Marché de Noël du Bijou de Créateur Marché de Noël

Marché de Noël

Comme de nombreuses villes de l’Est, en France et en Allemagne, Nancy propose son marché de Noël qui participe largement à l’ambiance magique particulière des fêtes de Noël. Du 30 novembre au 30 décembre, centre-ville de Nancy www.nancy-tourisme.fr Village de Noël Sarreguemines Marché de Noël

Avec ses chalets en bois joliment décorés nichés au coeur de la Ville, le Marché de Noël joue les petits villages. Du 1er au 24 décembre, centre-ville de Sarreguemines www.ot-sarreguemines.fr Saint Nicolas à Bar-le-Duc Animation

Saint-Nicolas à Bar-le-Duc c’est une fête traditionnelle à ne pas manquer: spectacle pour enfants, parade magique, spectacle de clôture avec feu d’artifice et le marché pendant 3 jours pour célébrer St Nicolas. Du 30 novembre au 2 décembre, divers lieux à Bar-le-Duc www.tourisme-barleduc.fr

© Guy Rebmeister

Ils travaillent le métal, la céramique, le bois, le verre, les matériaux de récupération et ont tous en commun de faire des bijoux originaux et créatifs… Ils viennent des 4 coins de France et parfois même d’un peu plus loin … Vous pourrez retrouver et acheter leurs pièces durant ces quelques semaines… Du 28 novembre au 30 décembre au Pôle Bijou de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) www.polebijou.com

Marché de Noël de Nancy

On fait ce qu’on pneu Depuis 1999, le Centre International d’art verrier de Meisenthal donne un petit coup de jeune aux traditionnelles boules de Noël en conviant des créateurs à travailler aux côtés des maîtres verriers maison. Après Triplette (dessinée par Jasper Morrison) en forme de boule de pétanque, Tilt (de Philippe Riehling) en ampoule, Helium (V8), ressemblant à un ballon baudruche, le nuage Cumulus (Mendel Heit) ou Kilo (atelier BL 119) ayant l’aspect d’un poids, la nouvelle boule de Noël éditée par le Centre reprend le motif du pneu-neige. Vroum de Thibaut Allgayer, jeune designer français vivant à Copenhague, fut fasciné par ce travail collaboratif avec les artisans. « Je crois en l’idée d’une production locale de qualité à échelle humaine », affirme-t-il. Le résultat est du plus bel effet sur les sapins.

En vente à Meisenthal (18€ environ) mais aussi dans les Offices de tourisme et Marchés de Noël du Grand Est Le Centre International d’art verrier de Meisenthal, place Robert Schuman, 03 87 96 87 16 — www.ciav-meisenthal.fr

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Marché de Noël artisanal à Ludres Marché de Noël

Marché de Noël totalement artisanal avec produits et objets fabriqués manuellement par les exposants. Les visiteurs peuvent venir y dénicher des idées cadeaux ou tout simplement se promener entre les stands et rencontrer des artistes et artisans de grand talent. Le 1er et 2 décembre, Gymnase Marvingt de Ludres (Meurthe-etMoselle) 03 83 26 14 33 Saint-Nicolas à Nancy

Fête traditionnelle lorraine, c’est à Nancy que la Saint-Nicolas est fêtée avec le plus de fastes et de gaîté. Officiellement le 6 décembre, la fête de Saint-Nicolas mérite bien deux jours de festivités et se déroule en réalité le premier week-end de décembre : journées de liesse populaire, de défilés, de musique, de chars, de bonbons, de feux d’artifice, chaque année autour d’un thème différent tiré d’une page d’histoire de la Lorraine. Le 1er et 2 décembre , centre-ville de Nancy www.saint-nicolas.nancy.fr Marché de Noël au Fort d’Uxegney

Le fort d’Uxegney ouvrira exceptionnellement et gratuitement ses portes pour accueillir son grand marché de Noël avec 7 salles d’expositions, 35 exposants (artisanat, jouets en bois, miroirs, miel et produits de la ruche, lampes, bougies, vases, art floral, tableaux, décors de Noël, pâte à sel...). Le 8 et 9 décembre, au Fort d’Uxegney (Vosges) fort-uxegney.pagesperso-orange.fr

Village de Noël d’Épinal Marché de Noël

Marché traditionnel et artisanal, animations culturelles et artistiques, illuminations, tous les ans de fin novembre jusqu’à Noël au centre ville. www.epinal.fr Village de Noël de Gérardmer Marché de Noël

12 Village de Noël de Gérardmer sur la Place du Vieux Gérardmé. Vente de cadeaux, artisanat, produits du terroir, sapins... Présence d’artisans locaux. 25 chalets disposés en petit village joliment décoré avec des animations Du 8 décembre au 6 janvier, place du Vieux Gérardmé de Gérardmer www.gerardmer.net ème

Marché de l’An Neuf à Gérardmer Exposition vente

Exposition et vente de produits artisanaux local. Organisé par les Artisans de la Vallée des Lacs. Du 26 au 30 décembre à l’Espace Tilleul de Gérardmer www.gerardmer.net Marché de Noël de Thionville Marché de Noël

Plusieurs villages à thème vous proposeront des produits régionaux. Du 26 novembre au 24 décembre, centre-ville de Thionville www.thionville.fr Marché de Noël de Plombières-les-Bains Marché de Noël

Au sud des Vosges, le Marché de Noël de Plombières-les-Bains, un des plus authentiques de Lorraine, propose 4 week-ends féeriques avec plus de 100 exposants et un thème différent chaque week-end pour un marché de

Luxembourg

Noël d’autrefois. Tous les week-ends du 1er au 23 décembre, www.marchedenoel-plombieres. com

Le 2 décembre, centre-ville de Forbach www.coursedesperesnoel.com

Marché de Noël et Crèche Vivante de Walscheid

Fête de la Saint-Nicolas de Metz

Marché de Noël et Animation

Mise en scène d’une crèche grandeur nature dans la grotte Saint Léon. De jeunes acteurs interprètent les personnages traditionnels de la crèche. Le dimanche, sur la Place Schuman et dans la salle des fêtes, place aux festivités avec un marché de Noël, restauration et buvette tout au long de la journée. Le 15 et 16 décembre, Place Schuman, salle de fêtes et Grotte St-Léon de Walscheid www.walscheid.com Saison des boules de noël de Meisenthal

Le CIAV vous invite à découvrir le ballet des souffleurs de verre. Un spectacle magique pour petits et grands. Du 10 novembre au 29 décembre, Centre International d’Art Verrier, Meisenthal www.ciav-meisenthal.com L’envers du décor Exposition de Noël

Du 10 novembre au 29 décembre, Centre International d’Art Verrier, Meisenthal www.ciav-meisenthal.com

dimanche 2 décembre Course des pères et mères Noël de Forbach

dimanche 9 décembre Fête

Metz s’animera pour accueillir dignement Saint Nicolas, sans oublier pour autant la présence du Père Fouettard chargé de corriger ceux qui n’ont pas été sages... Fanfares, musiciens, spectacles, distribution de friandises… Que la fête commence ! Le 9 décembre, divers lieux au centre-ville de Metz www.mairie-metz.fr Marché de Noël de Laxou Marché de Noël

Marché de Noël traditionnel installé dans la salle Pierre Juillière au centre du village. Le 9 décembre dans la salle Pierre Juillière de Laxou (Meurthe-etMoselle) 03 83 90 54 54 Parade Magique de Noël de Sarrebourg Animation

Chars, groupes musicaux, danseurs, calèches et chevaux déambuleront dans les principales rues du centreville. Un défilé sur le thème de Noël haut en couleur, en lumière et en musique. A ne pas manquer ! Le 9 décembre, divers lieux au centre-ville de Sarrebourg www.sarrebourg.fr

Animation

Cet évenement sportif et ludique se deroulera le 2 décembre au coeur de la ville.

WINTERLIGHTS Les chalets offrent aux visiteurs un vaste choix de produits artisanaux. Les petits creux et autres envies gourmandes sont satisfaits grâce aux traditionnelles Gromperekichelcher (galettes de pomme de terre) et autres Grillwurscht (saucisses grillées) mais aussi avec des soupes, du vin chaud, des gaufres…

Marché de Noël de Luxembourg (place d’Armes), du 30 novembre au 24 décembre www.vdl.lu © Ville de Luxembourg / Andrès Lejona

Chrëschtconcert Un concert de Noël pour toute la famille avec l’Orchestre philharmonique du Luxembourg et le chœur Arsys Bourgogne. Au programme l’Oratorio de Noël de SaintSaëns et des mélodies de Noël à chanter ensemble (Stille Nacht, heilige Nacht, Il est né, le divin enfant…) 48

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À Luxembourg, à La Philharmonie, samedi 22 décembre à 16h www.philharmonie.lu


FATOUMATA DIAWARA

EN CONCERT

LA NOUVELLE VOIX D’OR DU MALI

23e

MARDI 27 NOVEMBRE 24 et 25 NOVembre 2012 9h ¶ 18h parc des exposItIons www.salon-du-livre-colmar.com

À 20 H 30 AU THÉÂTRE DE HAGUENAU LOCATION RELAIS CULTUREL 03 88 73 30 54 WWW.RELAIS-CULTUREL-HAGUENAU.COM


BadeWurtemberg Calendrier de l’Avent géant de Gengenbach Animation de Noël

Un conte de fées commence le 30 novembre, en effet, les visiteurs peuvent tous les jours admirer l’hôtel de ville transformé en calendrier de l’Avent géant. Du 30 novembre au 23 décembre, place de l’hôtel de ville, Gengenbach www.stadt-gengenbach.de Marché de Noël Médiéval de Durlach Marché de Noël

Dans cette banlieue de Karlsruhe, l’ancienne capitale des margraves du Bade-Durlach, à l’intérieur du château Karlsburg a lieu un classique marché médiéval, où les gens en costume médiéval (acrobates, jongleurs, musiciens) divertissent les adultes et les enfants qui visitent ce marché pittoresque. Du 29 novembre au 23 décembre, Karlsburg de Durlach www.durlacher.de Marché de Noël de Baden-Baden Marché de Noël

Niché en plein coeur des collines de la Forêt Noire, le décor pittoresque du Kurhaus et de ses colonnes vous invite à découvrir le marché de Noël de Baden-Baden. En venant dans la cité allemande, vous vivrez un véritable conte de fées. Du 26 novembre au 30 décembre, devant le Kurhaus de Baden-Baden www.baden-baden.de Marché de Noël d’Offenburg Marché de Noël

Du 27 novembre au 23 décembre, centre-ville d’Offenburg www.offenburg.de Marché de Noël de Fribourg Marché de Noël

Avec ses 125 stands disposés en plein cœur du centre historique spécialement illuminé, le marché de Noël de Freiburg est l’un des plus typiques et des plus populaires d’Allemagne.

Il anime la Rathausplatz (place de l’hôtel de ville), la Franziskanerstraße (rue des franciscains), la place Unterlinden, et le Kartoffelmarkt (marché aux pommes de terres). Du 26 novembre au 23 décembre, Rathausplatz, Kartoffelmarkt et Unterlindenplatz à Fribourg www.weihnachtsmarkt. freiburg.de

Marché de Noël de Karlsruhe Marché de Noël

Installé dans la Marktplatz, le marché de Noël de Karlsruhe, est dominé par une grande pyramide de 17 mètres de haut. Servant du vin chaud, les chalets en bois du marché proposent bijoux, cuir, porcelaines, poteries, bois, bougies, décorations de Noël, crèches et jouets Du 29 novembre au 23 décembre, Marktplatz, à Karlsruhe www.karlsruhe.de Marché de l’Avent de Gengenbach Marché de Noël

La vieille ville romantique de Gengenbach accueille un marché de l’Avent des plus parfumés et colorés. Arts culinaires et beaux-arts invitent à la fascination : miels, spécialités locales, artisanat, bijoux... Le mot d’ordre est de profiter pleinement, corps et âme, de tous les plaisirs de Noël ! Du 30 novembre au 23 décembre, centre-ville de Gengenbach www.stadt-gengenbach.de Marché de Noël de Heidelberg Marché de Noël

Le marché avec environ 140 stands proposant des produits originaux se tient sur les petites et les grandes places de la ville pendant la période de l’Avent. Du 21 novembre au 22 décembre, centre historique et château de Heidelberg www.heidelberg-marketing.de Marché de Noël de Gernsbach Marché de Noël

Du 7 au 9 décembre, centre historique et place du marché de Gernsbach www.gernsbach.de Marché de Noël d’Oberkirch Marché de Noël

Du 14 au 16 décembre, place de l’Église à Oberkirch www.oberkirch.de Marché de Noël de Stuttgart Marché de Noël

Documenté pour la première fois en 1692, le marché de Noël de Stuttgart avec ses 230 cabanes sur la place du marché et de Schiller compte non seulement parmi les plus anciens mais aussi parmi les plus beaux et les plus grands. Tout brille de mille feux et partout on peut sentir l’odeur du vin chaud et des gaufres à la cannelle. Un “pays des merveilles” est construit sur la place du château pour les plus jeunes et de nombreux concerts de l’Avent ponctuent le programme festif. Du 28 novembre au 23 décembre, centre ville de Stuttgart www.stuttgarterweihnachtsmarkt.de Noël au château de Bruchsal Marché de Noël

Du 13 au 17 décembre au château de Bruchsal www.schloesserweihnacht.de Marché de Noël de Bühl Marché de Noël

Marché de Noël traditionnel avec vente de produits et articles de Noël (couture, petits gâteaux, etc.). Du 30 novembre au 16 décembre, centre-ville, place du marché et de l’église de Bühl www.buehl.de

Bâle

Marché de Noël de Bâle Marché de Noël

Au cœur du centre, niché dans la vieille ville historique parée de décorations, le marché de Noël idyllique s’étend sur la Barfüsserplatz et également sur la Münsterplatz. Du 22 novembre au 23 décembre, Claraplatz, Münsterplatz et Barfüsserplatz de Bâle www.baslerweihnacht.ch

Marché de Noël royal au château de Hohenzollern Marché de Noël

Ce marché royal est devenu un des plus beaux marchés de Noël d’Allemagne. Le cadre imposant et pittoresque du fief de la maison des Hohenzollern est le garant d’une ambiance exceptionnelle. Du 30 novembre au 2 décembre & du 7 décembre au 9 décembre, au château de Hohenzollern www.burg-hohenzollern.com Marché de Noël au Écomusée de la Forêt-Noire Vogtsbauernhof Marché de Noël

Du 14 au 16 décembre à l’Écomusée de la Forêt-Noire Vogtsbauernhof, Gutach www.vogtsbauernhof.org Marché de Noël de Brombach Marché de Noël

15 & 16 décembre, parc du château et place de l’hôtel de ville de Brombach, Lörrach www.loerrach.de Noël politique Exposition de Noël

L’exposition retrace comment la fête du jour de la Nativité fut instrumentalisée de divers manière au service de l’idéologie et de la politique à travers l’histoire. Cette « mauvaise habitude » persiste depuis 1212 ans et commença en l’an 800 de notre ère, lorsque le couronnement de Charlemagne fut fixé comme acte politique le premier jour de Noël. Du 25 novembre au 24 février, Museum der Stadt Schopfheim (Allemagne) www.schopfheim.de

Illuminations de Noël : paix, foi, amour, espérance Exposition de Noël

Exposition temporaire d’objets de Noël à la lumière de bougies. Du 1er décembre au 10 février, Spielzeug Welten Museum de Bâle www.spielzeug-welten-museumbasel.ch

SAISON 2012 À MEISENTHAL : EXPOSITIONS—DÉMONSTRATION—VENTE 10 NOVEMBRE—29 DÉCEMBRE—SAUF 24 & 25—14H À18H POINTS DE VENTE ALSACE : STRASBOURG : PETITE FRANCE—COLMAR—SELESTAT—OTTMARSHEIM AUTRES POINTS DE VENTE & EXPOS : CIAV-MEISENTHAL.COM—03 87 96 87 16


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De Kirikou à Fatou Née en 1982 en Côte d’Ivoire, Fatoumata Diawara part vivre à Bamako à 12 ans. Elle se retrouve vite sous les spotlights, tournant régulièrement dans des films africains et participant à des projets théâtraux en France. Après une belle aventure mondiale au sein de la compagnie Royal de Luxe, Fatoumata interprète Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. La musique devient sa passion : elle commence à écrire et à composer, en autodidacte, avant de sortir son premier album, Fatou, en octobre 2011. Sonorités folk, jazz ou blues se mêlent à sa voix, sa façon de chanter étant influencée par le chant wassoulou. À découvrir en concert.

Au Théâtre de Haguenau, mardi 27 novembre à 20h30 www.relais-culturel-haguenau.com

L’art pour tous « L’art est à la portée de tous, dès lors qu’on le montre. » Art3f, salon international d’art contemporain de Mulhouse, prend les propos de Vasarely à la lettre en proposant la première édition d’une manifestation ayant lieu au Parc des Expositions, sur 4 500 m². Une centaine d’artistes et de galeries participent au salon. Où l’on découvrira peintures et sculptures, céramiques, installations ou photographies… de plasticiens régionaux ou internationaux (Soulages, Dali…).

Du 7 au 9 décembre au Parc des expositions à Mulhouse www.art3f.com


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n o l l i e v é R inguette ! La Gu

ttes e l il a p & ’ s stra

GOSPEL POWER Le ténor brésilien José de Lima (accompagné de la pianiste Irene-Cordelia Huberti) nous propose un récital. Au programme de très classiques Lieder de Schubert et Schumann mais aussi des spirituals et gospels. Une très belle manière de rentrer dans le temps de Noël.

le 31 décembre 2012 à 21h30, salle de la bourse 1 Place de Lattre de Tassigny 67000 Strasbourg

l AN Un Nouve nnel !

ptio paillettes exsccoe de : strass &

À Strasbourg, en l’Église Saint-Thomas, dimanche 2 décembre à 17h (entrée libre)

salle , de la Bourse Strasbourg 0 21h3 Ouverture

Dres

* € 30 ati on su r ré se rv

2 salles, 2 ambiances ! orchestre : Champagne

L’orchestre Champagne, venu spécialement de Besançon dans la grande salle

Grande salle toutes danses

21h30 Ouverture

Démo de Tribal

Fusion avec la Compagnie Muchadjinn À minuit

Fontaine à champagne, une coupe et cotillons toute la nuit Boissons, Snack-Bar *

Tarif jusqu'au 15 décembre : 30€ pour les membres de La Guinguette du Rhin ; 35€ pour les non membres. Du 16 au 29 décembre : 40€ ; caisse du soir : 50€ Soirée sur réservation à partir du 6 novembre. Billetterie et point de vente unique à la Boutique DECO & Co : 7, rue des Bouchers 67000 Strasbourg - www.deco-design-67.fr Toutes les infos : Antoine Johner 06.82.59.21.73 info@laguinguettedurhin.fr laguinguettedurhin.fr/reveillon

MERCI À NOS PARTENAIRES : Crémant bio Durrmann, Andlau

© Felix Broede

1 piste disco

Ambiance Disco avec DJ Dansez Antoine

Ne pas jeter sur la voie publique - graphisme : vanessa.ganzitti@gmail.com

400m² de parquet rien que pour les danseurs

SAINT-SYLVESTRE, PUISSANCE DEUX Pour son premier concert de la Saint-Sylvestre strasbourgeois, le directeur musical de l’OPS Marko Letonja a décidé de proposer deux concerts, l’occasion de faire la fête le soir du réveillon et de commencer l’année de la plus belle des manières qui soit ! Le programme ? Des classiques viennois, mais également quelques surprises aux accents alsaciens signées Émile Waldteufel et la présence d’une soprano à la voix d’or, l’exquise Mojca Erdmann.

Au Palais de la musique et des congrès de Strasbourg, lundi 31 décembre à 20h et mardi 1er janvier 2013 à 17h www.philharmonique.strasbourg.eu



Vivaldi tzigane

Le Quatuor Accordo nous fait naviguer avec fluidité entre interprétation classique et envolées tsiganes. Un concert coloré et extraverti pour des Quatre Saisons aux saveurs inédites. Voilà Vivaldi revivifié !

Au Temple protestant, jeudi 15 novembre à 20h30

Récit de lit

La Compagnie Hors cadre propose un corps à corps écrit à deux plumes, rédigé au creux d’un lit. Une pièce de théâtre allant de la première à la 18 250e nuit. Un lit à aimer, à mourir, à rêver…

Au Musée Würth-France, jeudi 29 novembre à 20h30

Concert de Noël

L’école municipale de musique, propose un concert familial qui fait la part belle aux airs traditionnels de Noël, parfois oubliés.

Au Temple Protestant, samedi 8 décembre à 17h (entrée libre)

L’Oiseau

Voilà un passionnant spectacle de mime proposé par la Compagnie Théâtre des silences. De l’amour, du rêve, de la musique, et une bonne leçon de biologie marine ! À la fois drôle, poétique et tendre.

Au Cinéma Amitié, jeudi 13 décembre à 20h30

Conte, veillée de Noël

Retrouvez-vous autour du feu de joie de nos belles histoires vous rencontrerez Thibault, troubadour et peut-être même des lutins cordonniers…

À la Médiathèque, samedi 15 décembre à 17h (dès 7 ans, entrée libre sur inscription)

Rêves à tous les étages

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NOS PARTENAIRES

Trois artistes pour une exposition étonnante… Renny Foesser déploie des couleurs vives où personnages, animaux et objets se côtoient avec bonheur. En écho, l’abstraction de Philippe Hennequière fait dialoguer le visible et le caché dans des sculptures qui laissent l’imagination vagabonder, tandis que Christine Close questionne un objet familier – la chaise – de manière extraordinairement poétique.

À l’Etappenstall, jusqu’au 9 décembre

Noëls alsaciens couleur aquarelles

Une après-midi pour découvrir les personnages des Noëls alsaciens croqués par Christophe Carmona. Un stylo feutre et des pastels suffisent à l’artiste (plus connu dans le monde de la BD) pour faire naître le monde enchanteur qui gravite autour de Noël en Alsace. Séances de dédicace et vente de l’album « Mais où est Noël ? » à l’issue du spectacle itinérant de Gaëlle Ott. Bredele et vin chaud. Gratuit.

Petite Pierre, grand Noël

Le 26 décembre de 14h à 20h.petit gâteau sec confectionné en fin d’année, ou Dégustation de springerle, Rendez-vous avec Chrisophe à l’Office de tourisme intercommunal de confitures de Noël, projections d’images sur les façades et visites contées, Noël artisanale veillée de couleur Noël contée au château de La Petite Pierre, marches nocturnes ou Le plus petit marché de Noël s’épanouit dans la grange du paysagiste Pierre Richard. Il présente nordique et balades “découvertes”. Les communes du atypique Pays depropose La Petite Pierre la reconstitution d’un petit village alsacien et son marché de Noël à la vente des et des de Noël en bois peint par l’artiste. fêtentobjets Noëlminiatures et brillent dedécorations mille lumières. Du 25 novembre au 1er janvier de 10h à 12h et de 14h à 18h En décembre Rendez-vous àPays Struth de La Petite Pierre 36, rue Principale - Tél. : +33 (0)3 88 01 52 72 www.ot-paysdelapetitepierre.com

NOËL SUR L’EAU Le Château de l’Ile (Ostwald) propose, en partenariat avec Batorama, des navettes fluviales permettant de rejoindre le centre de Strasbourg en bateau, évitant ainsi bouchons et queue au parking. Il suffit juste de se laisser glisser au fil de l’eau avec vin chaud et bredele au cours d’une croisière d’une heure.

L’embarquement se fait au pied du Château de l’Ile et le débarquement au cœur de la magie de Noël, au Palais Rohan, les dimanches 2, 9 et 26 décembre à 10h30 ainsi que samedi 29 à 15h30. 19 € par personne (moitié prix pour les enfants, retour non assuré), sur réservation uniquement www.chateau-ile.com

Le marché traditionnel d’artisanat local de Noël s’étend à Graufthal, en amont des maisons des Rochers ou troglodytiques. Les cabanons des artisans locaux répondent à la teinte bleutée des habitats exceptionnels des lieux et ajoutent à la féérie du grès environnant. Le 2 décembre de 10h à 18h Rendez-vous à Graufthal Rue Principale - Tél. : +33 (0)3 88 70 42 30 Noël à la galerie des Païens 16 grands noms des métiers de la céramique et du verre principalement, pour un voyage au travers de différentes techniques, créateurs originaires de plusieurs régions de France et de l’étranger. Les 1er, 2, 8 et 9 décembre de 10h à 12h et de 14h à 17h Rendez-vous à La Petite Pierre Jardin des Païens (derrière la mairie) Tél. : +33 (0)3 88 70 49 70

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Sommaire


20€ / adulte* 10€ / enfant*

Escapades au Pays du Sapin de Noël Les Mercredis après-midi 19, 26 décembre et 2 janvier Le temps d’une après-midi, vivez un Noël authentique au Pays du Sapin Départ à 14h d’Obernai ou de Sélestat *Le prix comprend : transport en autocar, guidage, goûter de Noël, entrées aux sites

Renseignements - Réservations : Office de Tourisme d’Obernai - Tél : 03 88 95 64 13

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31/10/12

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C’est ici ? Selon l’Office de Tourisme de la Région MolsheimMutzig, “le vrai Noël c’est ici” ! Vin chaud et autres gourmandises, trésors d’artisans et de producteurs régionaux, contes et légendes de Noël, promenades en calèche, groupes folkloriques, chants et concerts de Noël… Les villages de la Communauté de Communes présentent le premier marché de Noël intercommunal : le Noël des 15. Dans une quinzaine de chalets sur la place de l’Hôtel de ville de Molsheim, les artisans, associations et commerçants des 15 localités se réunissent pour nous plonger dans la magie de Noël. 15 : the magic number ! Du Vendredi 30 novembre au dimanche 2 décembre à Molsheim, Place de l’Hôtel de Ville

www.ot-molsheim-mutzig.com

Obernai épice Noël La charmante ville d’Obernai fête Noël dès le 24 novembre. Tout ne sera plus que magie, féerie, enchantement et rêve. Vous cherchez l’authenticité du Noël d’antan ? Chaque jour de l’Avent sera rythmé par de nombreuses animations organisées par l’Office de Tourisme et les associations de la ville. Au menu : Bredele et vin chaud, dans une ambiance fantasmagorique… sous les flocons (selon la météo). Cerise sur le gâteau, étoile au sommet du sapin de Noël : le Marché de la Gastronomie de Noël en Alsace qui, grâce à une trentaine de chalets en bois, proposera des pains d’épices et autres produits du terroir.

Du 24 novembre au 31 décembre Place du Beffroi à Obernai www.obernai.fr

Tournée Le Frac Alsace fête son trentième anniversaire nous en offrant d’appétissantes Pièces Montrées (inauguration début octobre 2013) issues de sa collection et exposées au Frac à Sélestat, au MAMCS à Strasbourg, à la Chapelle des Annonciades d’Haguenau et la Fondation Fernet-Branca de Saint-Louis. Cette quadruple exposition commissionnée par Olivier Grasser, directeur du Frac Alsace, Estelle Pietrzyk, directrice du MAMCS, Roland Recht, ancien directeur des musées de Strasbourg et le plasticien Raphaël Zarka (voir Poly n° 134). En attendant, dès le 5 décembre et jusqu’à décembre 2013, le Frac organise un “Elsass Tour” dans la région en se déployant sur plus de trente lieux du territoire (expositions dans des espaces d’art contemporain, médiathèques…). Un document (plan, infos…) complet est édité pour recenser tous les événements.

De décembre 2012 à décembre 2013, au Frac et ailleurs www.culture-alsace.org

I have a dream Laponia Dream ? La réalisation d’un rêve de gosse de passionnés du Grand Nord qui ont créé un parc dédié à la Laponie, région qui s’étend sur quatre pays (la Finlande, la Norvège, la Suède et la Russie). On y trouve un élevage de rennes, un restaurant nordique, des animations autour de la culture sâme, un hébergement en gîte d’étape et de séjours… Bien sûr, tout le monde sait que c’est en Laponie qui vit le Père Noël. Il ne serait donc pas étonnant que les enfants le croisent à Laponia Dream, dans le Parc naturel régional du Haut-Jura. Plongez dans une ambiance traditionnelle, entre les rennes, la maison des lutins et la demeure du Père Noël.

Pendant tout l’hiver, Laponia Dream, La Pesse www.laponiadream.fr

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that’s all folks Miet Warlop pose ses hommes-objets fantasques et son univers de bric et de broc au TJP. Avec son esthétique à la Michel Gondry, Springville forme un étonnant rêve, aussi poilant que merveilleusement incongru. Par Thomas Flagel

À Strasbourg, au TJP Grande scène (dès 14 ans), du 23 au 25 novembre dans le cadre du “Week-End TJP” 03 88 35 70 10 www.tjp-strasbourg.com www.mietwarlop.com

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ous les savions déjà être de grands cinéastes, des auteurs de bande dessinée hors pair, des chorégraphes innovants et des performeurs joyeusement fous furieux. Voilà qu’avec Miet Warlop, l’art belge prend une nouvelle dimension. Avec son théâtre muet totalement low-fi, la jeune artiste visuelle emporte le public dans un univers surréaliste et poétiquement absurde où plane le fantôme de Buster Keaton. Springville, mélange de danse bigarée et d’objets inventifs faits de récup’ à la Michel Gondry, se déroule autour d’une étrange maison en carton qui dégouline de rubans de plastique et de personnages mi-hommes, mi-objets. S’y croisent une table nappée aux gambettes chaussées de talons aiguilles, un carton sur pattes avec une trompe en tuyau, un hommetableau électrique pétaradant d’étincelles à la moindre contrariété ou encore un joggeur loufoque de trois mètres de haut aux membres bien trop petits et aux paroles absolument incompréhensibles.

Cartoon

Miet Warlop n’oublie pas de proposer une présence humaine à cet univers régi par la douce folie des cartoons à la Tex Avery où

tout échappe délicieusement aux lois du possible et du probable. L’homme qui habite cette étrange maison de Springville ne semble pas dérangé par le fantasque des irruptions de personnages sur fond de bruitages rappelant ceux des jeux vidéos et des génériques de série (L’Agence tous risques remixé, souvenirs, souvenirs). Ce rêve éveillé repose sur un savant humour de situation dans lequel les gags en série constituent un enchantement visuel permanent, peuplé de trouvailles absurdes et savoureuses. L’homme-carton broie du noir ? Une fumée colorée s’échappe d’un de ses angles. Il trouve la femme-table aux jambes enivrantes à son goût ? Il sort de ses entrailles verres et bouteilles à poser dessus, le meilleur moyen de s’approcher de la belle… Rien ne tourne véritablement rond dans cet étrange royaume du burlesque : la maison, secouée de soubresauts, semble happer les protagonistes qui rendent l’âme, tour à tour dans des gargouillis plus ou moins inspirés, sans jamais trop de sérieux ni de gravité, comme les petites morts répétées du Coyote poursuivant sans relâche Bip-Bip. Qu’il est bon de panser le monde avec les yeux d’un enfant doucement rêveur…

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in art we trust Plasticien et metteur en scène phare de la dernière décennie, Romeo Castellucci revient au Maillon avec deux pièces questionnant la place de l’image dans nos sociétés. Rencontre avec un homme de théâtre, loin d’être échaudé par les hurlements au blasphème des intégristes catholiques autour de Sur le concept du visage du fils de Dieu.

Par Thomas Flagel Photo de Klaus Lefebvre Retrouvez l'intégralité de cet entretien sur www.poly.fr

La trilogie autour de Dante a été jouée au Maillon en 2009, lire notre article sur www.poly.fr

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Après la trilogie Inferno / Purgatorio / Paradisio*, la religion revient dans votre travail avec Sur le concept du visage du fils de Dieu. Un spectacle qui a déchainé les passions de l’extrême droite et des intégristes catholiques comme rarement en France. Avec le recul, quel regard portez-vous sur cette polémique ?

La religion n’est pas ma spécialité mais son rapport à l’art est très étroit. Leur proximité est originelle, ils sont nés tous les deux dans une caverne. Leur lien est inévitable théologiquement mais pas religieusement. La polémique qui a eu lieu me dépasse et n’est pas mon problème. Ces extrémistes et ces fascistes ont toujours parlé d’un objet qu’ils ont inventé. Il


THÉÂTRE – STRASBOURG

n’y a pas de dialogue possible car nous n’avons aucun langage commun. Ils opèrent une simplification épouvantable qui se termine par de la violence qui est, toujours, un langage trop simple. Or, mon rapport à l’art est compliqué car c’est une expérience complexe qui demande une attention particulière. Votre pièce parle de l’amour et de la compassion d’un fils pour son père incontinent, le tout sous le regard de l’énorme portrait de Jésus par Antonello da Messina. L’utilisation politique de votre pièce ou son incompréhension vous ont étonné ? Je crois sincèrement que ces gens ne comprennent rien à l’art. Ils ne savent pas qui sont Caravaggio et Grünewald, ne connaissent pas l’histoire de l’image dans l’Église catholique qui a été jusqu’au XVIIe siècle une institution permettant de nourrir l’art. Ma pièce parle de la condition humaine. Il y a le portrait d’un homme, qui se trouve probablement être Jésus, mais pas de signes religieux. Ce n’est qu’une référence à lui, une possibilité, pas un signe. Cet homme est capable de regarder les spectateurs en train, eux-mêmes, de contempler cette histoire humaine. Donc le voyeurisme du spectateur est inversé et le spectateur se retrouve projeté sur le plateau. Antonello da Messina utilisait une technique novatrice pour l’époque. Le regard de son personnage est adressé tout droit dans les yeux de chaque personne du public, ce qui crée une relation très intime où il n’y a besoin d’aucun mot. Notre regard peut ainsi soutenir celui de la chute dans l’abîme de l’expérience humaine. C’est un De profundis. On peut se voir nous même sur le plateau parce que quelqu’un d’autre est capable de soutenir notre regard, le Jésus de da Messina. La seconde partie du spectacle dans laquelle un groupe d’enfants jette de fausses grenades en aluminium sur le visage du Christ a entrainé des hurlements au blasphème et au geste iconoclaste alors même que les interprétations sont ouvertes : violence pour attirer l’attention, colère, besoin de spiritualité ou même rejet de Dieu. Que signifie cette image pour vous ? Tout cela est possible ! Mon image est ambiguë et peut se lire de toutes ces manières. Nous pouvons la considérer comme une sorte de “Où es-tu Jésus ?” Il s’agit pour moi de montrer le rapport entre le Psaume 22 – « Tu es mon berger » projeté en anglais sur le tableau et,

grâce à un changement de lumière, on peut lire ensuite “You are not my shepherd” – et le Psaume 23 où il est dit : « Où es-tu ? Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Les mots de Jésus sur la croix. Ce psaume est aussi celui des Juifs s’interrogeant sur Dieu dans les Camps nazis. La scène avec les enfants exprime cela dans une métaphore de l’humanité. Il y a aussi une référence à une photographie de Diane Arbus : le portrait d’un enfant à Central Park, très mince, avec une grenade dans la main et une expression de rage sur le visage. Pour moi c’est une icône de la condition humaine de notre époque, mélange de fragilité et de faim. La rage même d’être abandonné. La violence est amenée par des innocents car les enfants le sont par essence. Ce geste, apparemment violent, est un geste d’innocence. Donc on peut l’inverser et il peut ainsi être considéré comme celui d’une prière. Mais toutes les lectures sont légitimes. Je ne peux simplement pas accepter la censure que certains ont essayé de lancer contre moi. Il est aussi question d’image dans The Four seasons restaurant à travers l’histoire de Mark Rothko qui, en 1958, retire ses toiles des murs de ce resto chic newyorkais qui lui en avait passé commande. Le geste fort d’un artiste refusant de montrer ses toiles au public fortuné de ce lieu. Cette opposition, et cet effacement qui oblige à voir différemment, vous inspirent ? Absolument. À cette époque le geste de Rothko est devenu une légende dans le milieu artistique. Détacher des tableaux était presque un acte philosophique. J’ai pensé pour ma part à La Mort d’Empédocle d’Hölderlin. Les refus sont entendus comme un acte esthétique et philosophique : l’éclipse de l’art et de l’image. Nous sommes face à ce choix et je pense que, particulièrement à notre époque, il peut devenir absolument nécessaire, chargé d’une pensée politique radicale. Il faut reconsidérer toutes les images, les reconquérir et pas les consommer. Rappelons-nous que ce n’est pas par hasard si Rothko n’a pas accepté que l’art soit consommé, dans un restaurant, un endroit où manger ! Il a refusé cette sorte de boulimie du rapport à l’image dans l’Amérique des années 1960. C’était une maladie de la société, reprise par Andy Warhol de manière homéopathique. Rothko a, lui, inventé l’effacement comme acte radical de peinture.

Il est nécessaire à notre époque de reconsidérer et de reconquérir toutes les images, d'arrêter de les consommer

Sul concetto di volto nel figlio di Dio, à Strasbourg, au Maillon-Wacken, mercredi 14 et jeudi 15 novembre The Four seasons restaurant, à Strasbourg, au MaillonWacken, mardi 20 et mercredi 21 novembre 03 88 27 61 81 www.maillon.eu Rencontre avec Romeo Castellucci, samedi 17 novembre à la librairie Kléber Conférences sur Le Christ dans le théâtre du XXIe siècle, des tréteaux à la « parole qui porte la planche », au Centre Emmanuel-Mounier, lundi 12 novembre

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JAZZ – STRASBOURG

free georges enesco Quand la fine fleur du jazz contemporain new-yorkais croise le compositeur classique Georges Enesco et la musique folklorique de l’Est, on obtient Enesco Re-Imagined du pianiste Lucian Ban. Un des moments emblématiques de la 27e édition de Jazzdor.

Par Vyvyan Vog

À Strasbourg, à Pôle Sud, mercredi 14 novembre 03 88 36 30 48 www.jazzdor.com

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n 1996, le pianiste Uri Caine, accompagné d’un aréopage d’improvisateurs de haut vol, proposait un concept radical basé sur certains airs de Gustav Mahler, Primal Light. Non pas que le jazz se soit auparavant toujours tenu à l’écart du classique ; il suffit de penser à Gershwin. Mais une dimension nouvelle était donnée, puisque

notes en liberté « Cette musique est toujours en marche », insiste Philippe Ochem, directeur d'un festival d’envergure et de réputation internationale qui jette un regard sur le jazz d’aujourd’hui, un genre qu’il est impossible d’enfermer dans une case. À noter, cette année, parmi les 32 concerts, le dixième anniversaire de Jazzpassage, dispositif qui, en association avec le Kulturbüro de la Ville d’Offenburg, propose quatre soirées franco-allemandes, ou encore le concert du MegaOctet d’Andy Emler et des Percussions de Strasbourg à l’occasion de leur 50e anniversaire. Jazzdor, à Strasbourg (et sa région), du 8 au 23 novembre 03 88 36 30 48 – www.jazzdor.com

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les échos de musiques klezmer conféraient à l’ensemble une tonalité inédite. Un tel terrain, aussi récemment défriché, a donné des idées à de jeunes artistes, désormais parfaitement à l’aise dans des projets transversaux. C’est le cas du pianiste roumain Lucian Ban, héraut du jazz downtown, prenant certaines pièces orchestrales magnifiquement écrites par son compatriote de la première moitié du XXe siècle, Georges Enesco, et les réarrangeant pour octet de jazz avec le bassiste John Hebert. Pour Enesco Re-Imagined, il s’est également entouré de quelques-uns des plus brillants improvisateurs comme le trompettiste Ralph Alessi, l’altiste radical Mat Maneri, Albrecht Maurer au violon ou encore Gerald Cleaver à la batterie. Subtil ajout à cet octet, le percussionniste Badal Roy – œuvrant notamment aux tablas – est ici comme une réminiscence world du Miles Davis des années 1970 en période hippie et donne à l’ensemble une sonorité gitane et folklorique roumaine tout à fait curieuse. La superposition de classique, d’improvisation et de folklore, loin d’une fusion mal digérée, démontre l’étonnante plasticité des œuvres d’un compositeur visionnaire, influencé aussi bien par Strauss, Ravel et Debussy que par la musique orientale et les airs populaires de son pays. Lucian Bran et John Herbert laissent libre cours aux musiciens qui s’ébrouent et prennent leurs aises free dans des compositions pourtant taillées pour des orchestres plus vastes et avec une écriture rigoureuse. Relecture heureuse d’une œuvre majeure, Enesco Re-Imagined est un spectacle inédit en France, emblématique de l’esprit pionnier du festival Jazzdor, qui démontre dans sa nouvelle édition la vitalité extraordinaire du jazz, sans cesse réinventé.


revoir un printemps Après ses explorations des rapports maître / serviteur (Maître Puntila et son valet Matti, Les Fourberies de Scapin1), le metteur en scène colombien Omar Porras s’attaque à l’un des grands textes tragiques du répertoire : L’Éveil du printemps de Frank Wedekind.

Par Patrick Lopokin

À Nancy, au Théâtre de la Manufacture, du 13 au 17 novembre 03 83 37 42 42 www.theatre-manufature.fr

1 Voir notre article sur sa version des Fourberies de Scapin, présentée à La Filature de Mulhouse, dans Poly n°133 ou sur www.poly.fr 2 Le Teatro Malandro est le centre de création, de formation et de recherche fondé par Omar Porras en 1990, à Genève – www.malandro.ch

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nstallé en Suisse après quelques années passées à Paris entre études théâtrales et théâtre de rue, Omar Porras rayonne dans toute l’Europe avec ses relectures de Tirso de Molina, Bertolt Brecht ou encore Molière. Il monte aujourd’hui la fable initiatique et désenchantée de Wedekind, L’Éveil du printemps, qui fait partie de ces œuvres inacceptables pour les sociétés qui les virent émerger. Parue en 1891 et admirée de Freud, cette pièce explicite, comme jamais auparavant, les troubles composés « de peurs et de désirs, d’angoisses et de découvertes qui jalonnent la parabole de l’enfant appelé à devenir adulte », confie le metteur en scène. Contaminé par le “virus Malandro”2, le texte a subi une réadaptation visant à désacraliser le verbe pour mieux en révéler les potentialités théâtrales. Travaillant directement sur le plateau, l’équipe recourt à de nombreuses improvisations autour des personnages et des nœuds dramatiques afin d’insuffler la vigueur de l’élan de jeu à une traduction conservant la poésie de ses origines. Dans une scénographie de décombres au sol jonché de terre (tour à tour jardin, puis cimetière…), la société dépeinte par le dramaturge

allemand ploie sous les carcans de la religion et de la bienséance. Lorsque les hormones font bouillonner de désir les adolescents, les parents se taisent. Leurs enfants, eux, bravent l’interdit qui les attire et transgressent le puritanisme des adultes : sado-masochisme, homosexualité, masturbation… Les jeunes êtres qui se débattent sous nos yeux vendent cher leur peau, quitte à la laisser. Les figures sont revêches, ivres de rêves mais totalement perdues : Melchior se veut libre, plongeant dans l’imaginaire de ses livres, jouissant dans les bras de la jeune Wendla que sa mère enverra, sans un mot, à la mort sous les aiguilles d’une avorteuse. Moritz, le cancre bûchant sans relâche pour ne pas décevoir ses parents, subit de plein fouet la violence de la vie, préférant la fuir en se grillant la cervelle au revolver. Son fantôme nu à la peau de craie reviendra livrer sa vérité. La force des images nous tient comme la beauté du baiser d’Hans et Otto sous une pluie de neige aux multiples éclats. Ce sont les grandes failles à venir d’êtres en devenir qu’Omar Porras nous balance au visage dans une ferveur incandescente teintée de cette poésie qui nous aide à vivre.

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le bruit et la fureur Pour sa première création depuis sa sortie de l’École du Théâtre national de Strasbourg1, Pauline Ringeade choisit Les Bâtisseurs d’Empire ou Le Schmürz de Boris Vian. Une pièce profondément engagée, âpre et gorgée d’humour. Rencontre au Taps Scala, au cœur des répétitions de L’iMaGiNaRiuM Collectif, avant la première à la Comédie de l’Est.

Par Thomas Flagel Photos de répétitions de Benoit Bretagne

À Colmar, à la Comédie de l’Est, du 13 au 24 novembre 03 89 24 31 78 www.comedie-est.com

À Strasbourg, au Taps Scala, du 28 novembre au 2 décembre 03 88 34 10 36 www.taps.strasbourg.eu www.limaginarium.org

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Cette pièce raconte l’étrange histoire d’une famille (accompagnée d’un “personnage défouloir”, le Schmürz) fuyant un Bruit en se barricadant à l’étage supérieur, toujours plus à l’étroit. Vian nous convie dans l’enfer(mement) de la tête du père… Tout à fait, l’espace scénique est un espace mental, une matière concrète qui ressemble au réel. Il y a des portes sans mur qu’on peut ouvrir et fermer. Petit à petit, elles ne s’ouvrent plus, ce qui correspond, à chaque fois, à la disparition d’un personnage (le voisin, la mère, la bonne…). Le père finit sans issue, seul face au Schmürz, dans sa propre tête.

Vian a l’art d’instiller de l’étrange dans le quotidien, lui conférant une savoureuse dose d’humour. En même temps il joue du contre-pied : le père est équarisseur – clin d’œil à L’Équarrissage pour tous2 – un métier terrible : « Un peu comme sculpteur mais en plus vivant » dit-il ! Cette réplique clé nous renseigne sur ce qu’il était avant. Il a été militaire, équarisseur à Arromanches, un des lieux du Débarquement. Autant de pistes à avoir en tête. D’autant que le père de L’Équarrissage pour tous est redoutable : il équarrit les bêtes, mais aussi les soldats qui trainent.


THÉÂTRE – COLMAR & STRASBOURG

Qu’est-ce que ce Schmürz ? Le symbole du contexte d’écriture de la pièce, la guerre d’Algérie ? L’inconscient ? Dans les conversations, au lieu de rentrer dans le débat, de poser les questions qui fâchent et d’y répondre, chacun maintient un rapport poli, assez codé socialement. Quand ça coince, on le déporte sur le Schmürz. Nous lions ce personnage à la vie du père : au troisième acte, on comprend qu’il a un passé militaire auquel il entretient un rapport quasi amnésique, comme à lui-même. Il s’est réalisé socialement, a bâti son empire en conflit avec ce qu’il pouvait être comme homme, car il est profondément antimilitariste. Comment se construire lorsqu’on est embarqué par quelque chose nous détruisant en même temps ? Nous avons tous un Schmürtz qui sert d’exutoire quand ça ne va pas ? Il y a quand même un type qu’on torture dans un coin d’un bout à l’autre et qui finit par dire « Je ne savais pas, je ne savais pas. » On pense à ceux qui ont pratiqué la torture sans savoir tout à fait ce qu’ils étaient en train de faire. Mais on conserve le choix, même sous les ordres d’un autre… Cet acte l’a peut être aidé à se construire socialement, mais il ne s’en remettra pas. Il va vivre avec ce fantôme toute sa vie. Malgré un grand appart et le confort moderne, la famille ne s’en débarrassera pas… Ils ne peuvent plus se parler en se regardant en face. Le pluriel du titre élargit le propos : les empires se bâtissent-ils toujours au mépris des autres humains (l’immigré, ses pairs, sa famille) et de soi ? Chaque empire personnel concourt à bâtir l’empire national. Si on pense à une logique militaire ou de multinationale, la raison d’État peut être un très bon argument pour faire les pires d’horreurs… La pièce conte l’histoire d’un traumatisme familial, un événement qui change tout avant ce qui nous est donné à voir. Vian l’écrit en 1957. On pense aujourd’hui à la torture en Algérie, mais ce n’est pas si évident pour les consciences de l’époque. Vian considère à juste titre que toute guerre ou colonisation ne se déroule jamais sans torture et extrême barbarie. L’homme est un loup pour l’homme et il scie la branche sur laquelle il est assis. Cette contradiction fait qu’on peut bâtir des empires sur des Schmürz, en toute assurance.

Dans la pièce, il prend de véritables tannées. La violence est dérangeante mais aussi très drôle. Comment rendre cela sur scène ? Le côté répétitif et exagéré de ces scènes est drôle. La violence surgit sans prévenir donc nous travaillons sur son illusion qui nous surprendrait. Il y en a tellement qu’il faut réussir à ne pas se lasser ni s’y habituer. Pour le moment notre objectif n’est pas de rendre cela drôle. Lors des lectures à la table, on se prenait à rire et à se demander pourquoi ? Car c’est horrible. On se fait prendre nousmêmes à ce jeu alors qu’il est dérangeant de rire de cette violence. On a pensé aux soldats d’Abou Ghraib, tout contents de se prendre en photo avec les prisonniers dans des positions humiliantes. Ça devait les faire marrer. Mais en tant que spectatrice, j’aime assez peu être prise en otage, qu’on me dise : “Alors, tu rigoles ? Espèce de monstre !” Je déteste être accusée de tous les maux du monde car on ne vient pas là pour recevoir un cours de morale. Qu’est-ce que représente pour vous le Bruit dont la famille a tellement peur ? Les didascalies de Vian sont tout sauf sonores, plutôt de l’ordre de la sensation. Ils ont tellement peur du Bruit qu’ils montent d’un étage, laissant un peu d’eux à chaque fois. Ils disent ne pas trop savoir ce que c’est mais qu’il est plus prudent de le fuir ! Plutôt commode d’avoir peur d’une chose que l’on ne connaît pas. Comme ça on ne s’occupe pas de la chose vraiment dangereuse au milieu de nous. Ils refoulent tout. La texture du Bruit est encore en travail, il nous semble intéressant qu’elle ne soit pas identifiable…

1 Membre de la promotion 2010 (Groupe 38), section mise en scène www.tns.fr 2 Une autre pièce de Boris Vian, écrite en 1947, qui se déroule le jour du Débarquement, à Arromanches

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ART CONTEMPORAIN – STRASBOURG

la mariée était en noir Figure phare de l’art contemporain, Annette Messager fait s’échouer le visiteur sur ses Continents noirs au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg. Visite guidée d’un monde ressemblant au Pompei d’après l’éruption volcanique, véritable condensé de l’œuvre de la plasticienne.

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Par Emmanuel Dosda Photos de Benoît Linder pour Poly

À Strasbourg, au MAMCS, jusqu’au 3 février 2013 03 88 23 31 31 www.musees.strasbourg.eu Durant l’exposition, une programmation faisant écho à Continents noirs est proposée à l’auditorium du MAMCS

Légendes des photos 1. Mickey chevauche la souris, 2011 2. Jalousie / Love, 2010 3. Les 7 balais, 2011

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À

quelques jours du vernissage, Annette Messager erre tel un fantôme parmi ses « spectres », des pantins désarticulés, créatures pendouillantes faites de tissu rembourré, de simples sachets en plastique ou de vêtements qui portent la mémoire de leurs propriétaires, composant l’installation Motion-Émotion. Ces êtres hétéroclites qui « se retrouvent et se cognent joyeusement » ne sont que des dépouilles s’agitant au gré du souffle des gros ventilateurs posés à même le sol. « Le dispositif n’est pas caché, je veux tout montrer » indique l’artiste décrivant « une pièce animée par un mouvement qui rend les personnages grotesques, comme pris dans une danse macabre ». Que cherchent à nous dire les protagonistes démantibulés et très arte povera de ce ballet funèbre ? « Avant de réaliser mes œuvres, je me raconte beaucoup d’histoires… puis je les oublie et c’est aux autres de faire leur propre récit », nous lance Messager. « On peut tout dire sur mon travail, même avoir des interprétations psy-

chanalytiques, ça ne me dérange pas. Je veux que cela soit ouvert, que les gens fassent leur chemin », poursuit-elle en dénouant avec agacement les cheveux emmêlés de l’une de ses marionnettes cheap, suspendue par des fils. Annette a toujours ce besoin de toucher, de sentir, de palper.

Je pense donc je suce

La plasticienne, Lion d’Or de la Biennale de Venise en 2005, sanctifiée en 2007 au Centre Pompidou qui lui offrit une magnifique rétrospective, débute sa production dans les années 1970. Influencée par le surréalisme, elle expose ses collections de photos ou de coupures de presse qu’elle annote, commente. Elle crée aussi ses célèbres Pensionnaires, de petits oiseaux naturalisés et habillés de pulls miniatures faits main, comme si un enfant avait voulu protéger ces volatiles morts en les emmaillotant dans des habits de poupée. Annette Messager utilise beaucoup la broderie ou le tricot – pratiques prétendument


féminines – pour parler de la condition des femmes artistes. Des femmes tout court. Elle confectionne une série de mouchoirs en coton où sont joliment brodés des proverbes misogynes tels que “Je pense donc je suce” ou “La femme est la créature la plus subtile du règne animal”. La plasticienne réalise des êtres hybrides et enfante des chimères. Elle crée des photomontages montrant des corps morcelés, des objets pendus, des patchworks (sa Carte de France composée de morceaux de peluches) ou polichinelles bricolés à l’aide de bribes d’étoffes et de (mara)bouts de ficelles. Annette Messager fait cohabiter l’enfance et la mort en des pièces ou, plus récemment, installations faussement naïves et réellement inquiétantes.

Cent légendes

Le MAMCS a choisi de présenter des œuvres crées depuis 2010. Continents noirs (« Le titre vient de Freud qui a dit que le sexe de la femme en est un ») prend la forme d’un parcours. Le visiteur croise un effrayant pantin de ventriloque accroché au dos de sa mère – une danseuse qui semble échappée de l’atelier de Degas (lire page 74) –, un animal que l’on torture, des peluches écartelées et disséquées sur un mur. Il y a aussi Just married, balai recouvert d’un voile de mariée, signifiant en substance « T’es mariée, maintenant tu vas te mettre au boulot ! » et faisant un clin d’œil

au début des années 1970 où on demandait à Annette Messager « si une femme pouvait être créatrice. C’était le Moyen-Âge ! » Nombre d’objets exposés sont comme carbonisés, recouverts d’une matière noire, « sorte d’aluminium mat » qui donne un aspect fossilisé aux choses. Ainsi, son installation Sans légende – doit-on lire Cent légendes ? – nous place dans à un univers post-Fukushima, un monde d’après l’apocalypse. Gisent, pêle-mêle, des oiseaux qui semblent mazoutés, des jouets abandonnés, des bouts de Pinocchio noircis, des sculptures émaciées façon Giacometti (« l’archétype de l’artiste »), des chapeaux de sorcière (« Parce que je suis une femme artiste, on m’a toujours considérée comme une sorcière »), des formes d’architecture prises dans la lave, comme à Pompei… Les restes de notre civilisation ? Une archéologie d’Annette Messager rassemblant des éléments qui jalonnent son œuvre. Même si des globes lumineux se gonflent, créant une apaisante respiration, on retiendra surtout la noirceur de l’ensemble, cimetière de gris-gris et d’exvoto. Annette Messager veut-elle conjurer le mauvais sort, éloigner le mauvais œil, "faire la nique à la mort" ? « Tout mon travail lutte contre le temps qui passe, la mort qui se rapproche », affirme-t-elle tandis que tournent, inéluctablement, les aiguilles d’une grande horloge projetée dans la salle, à même son visage.

Parce que je suis une femme artiste, on m’a toujours considérée comme une sorcière

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THÉÂTRE – STRASBOURG

la mort aux trousses La metteuse en scène Catherine Marnas crée Sallinger, avec une partie des comédiens de la troupe permanente du Théâtre national de Strasbourg. Dans cette pièce énigmatique et poétique, Bernard-Marie Koltès1 traverse l’œuvre torturée de Jérôme David Salinger2 : une famille éclatée entre troubles générationnels autour de la guerre du Vietnam, refus du monde et perte d’un être aimé.

Par Thomas Flagel Photo de Benoît Linder pour Poly

Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur www.poly.fr

À Strasbourg, au TNS, du 20 novembre au 7 décembre 03 88 24 88 24 – www.tns.fr Rencontre avec l’équipe et lecture de lettres de Koltès, samedi 1er décembre à la Librairie Kléber Théâtre en pensées : discussion avec Catherine Marnas autour de Sallinger et projection du documentaire Koltès : Comme une étoile filante, lundi 3 décembre, au TNS

Bernard-Marie Koltès (1948-1989) a été pensionnaire de l’École du TNS, section mise en scène et régie, au début des années 1970

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L’écrivain américain Salinger (1919-2010)

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Koltès empoigne les thèmes chers à Salinger (refus du passage à l’âge adulte, conflit entre désirs intérieurs et réalité du monde…), sa vraie-fausse désinvolture ou cet “air de rien” qu’il traverse de son écriture à lui, plus sombre… On retrouve cette distance mélangée avec quelque chose de très koltésien : des propos nocturnes, comme des pulsions d’inconscient, des choses se réglant dans un rêve. Anna bousculant son frère en se réjouissant faussement qu’il parte à la guerre et en se lançant dans un superbe plaidoyer d’amour dans la ligne qui suit ! Sa langue du débordement très subtile mêlée à un air de rien presque phatique provoque une drôle de position. Qu’est-ce qui vous pousse à nous confronter à cette histoire sur la jeunesse du milieu des années 1960, sa quête de repères et de raisons de vivre alors que pèse la menace de l’incorporation pour le Vietnam, le conflit générationnel avec leurs parents ? Nous avons oublié quel bouleversement cela a été. Les années 1968 / 70 ont été un vrai choc. Une génération a dit non, refusant d’obéir à l’ordre immuable que véhicule Al, le père, disant que c’est leur tour maintenant et qui ne comprend pas qu’ils ne veuillent pas aller se battre au Vietnam. Les jeunes d’aujourd’hui portent les icônes de ce refus sur leurs t-shirts mais ne se rendent pas compte de ce que ça a été. Cette pièce pose un calque sur le XXIe

siècle où le pacifisme n’est plus le même. Contre le Vietnam, les appelés refusaient d’être de la chair à canon. Aujourd’hui c’est beaucoup plus flou : on se pose la question des “guerres justes” comme en Irak, en Syrie… J’interroge cette différence d’horizons et de refus. La pièce est dure, commençant après le suicide du Rouquin, le fils lumineux, le plus brillant de la famille. Suivra celui d’Henry, un ami de son frère Leslie, dans un refus ultime de l’incorporation. Il y a à la fois une grande douceur dans les longs monologues intérieurs des personnages qui jalonnent le texte et une âpreté… Bien sûr qu’une pièce dont la dernière image sera celle d’un homme se tirant une balle dans la tête questionne. Elle parle du deuil, de ce rapport à la mort qui nous est commun à tous, posant la question du sens de notre vie. J’aimerais que nous arrivions à ce que ces bulles d’inconscient que sont les monologues des personnages expriment pour nous ce que l’on ne sait pas ou n’ose pas dire. Que cela constitue une grande douceur de consolation entre les comédiens et le public. Dans la vie de tous les jours, nous n’y pensons guère. Ce refoulement crée des abcès, voilà la fonction du théâtre dont parle Artaud, comme le fond d’un étang où il y a des choses en putréfaction. Au bout d’un moment cela fait des bulles crevant à la surface nous soulageant de quelque chose.


On ne peut qu’être touchés par les mots que Koltès arrive à poser dans ses monologues sur l’incompréhension mutuelle des êtres, la perte de l’autre mais aussi d’une petite partie de soi. Comment mettre en scène ces moments rares au théâtre ? Il faut trouver l’état de glissement dans lequel placer le spectateur pour qu’il puisse entendre ces mots glissés à l’oreille. On passe du réalisme d’un salon, proche d’un tableau de Hopper, mélange de solitude et d’hyperréalisme, à l’onirique. Je cherche l’endroit de douceur que vous évoquiez pour toucher cette zone d’inconscient. D’un point de vue scénographique, ancrez-vous la pièce dans les années 1960 ? Nous ne sommes pas dans le réalisme, notamment vestimentaire. Je veux une impression de l’Amérique, quelque chose d’assourdi par le deuil et en même temps d’étrange. Il y aura un pont, car ils sont toujours en équilibre dans la pièce. Cette passerelle métallique en hauteur, assez froide, comme une lame crée une frontière tassant le salon qui se trouve au-dessous. Ils sont coincés dans leur immobilité. La question de la normalité est posée par la mère qui ne comprend pas pourquoi ses enfants n’arrivent pas à se trouver normaux dans ce monde dont ils ne veulent pas… C’est vertigineux car les parents sont euxmêmes décrits comme à part. Koltès a saisi l’aisance de Salinger car cette question est la sienne : il a fait partie des premiers bataillons à découvrir les camps de concentration. Un choc dont il ne se remettra jamais. L’idée d’avoir vécu le cauchemar et de ne pas pouvoir le comprendre l’enverra en hôpital psychiatrique. Puis, il restera totalement reclus. Sallinger correspond à l’époque où Koltès est membre du PC, même s’il n’a jamais été un militant orthodoxe. Il a cette préoccupation des classes défavorisées, d’où les personnages de Henry et Carole qui dit des choses très belles sur cette famille cultivée qui se veut originale, « ceux qui ont tout » et qui « peuvent se permettre de gaspiller » alors que nous, qui sommes bêtes, n’avons rien, dit-elle à June. Dans Lignes de failles, vous utilisiez de nombreuses projections vidéos. Allezvous y avoir recours ici pour rendre l’ambiance de sons et d’images des

oiseaux, leurs battements d’ailes finissant comme des mitraillettes, le côté sombre, flottant et fantomatique de la plupart des scènes non réalistes ? Je me le suis interdit ici alors même que depuis 1986, je l’utilise dans mes spectacles. Il y aura une importance bien plus grande de la lumière et du son. La didascalie sonore des oiseaux et du battement de milliers d’ailes terminant comme le bruit de mitraillettes est un défi. La pièce sera sombre mais les comédiens devront être éclairés et rayonner presque de l’intérieur. La lumière et le son devront être musicaux, pour faire palpiter et pulser de manière très précise le rapport qui se créera entre le récit et notre inconscient. Poly 153 Novembre 12

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tristesse contemporaine Musiques Volantes, festival messin s’éclatant dans tout l’Est (et au-delà), poursuit sa politique de défrichage sonique. Cette année, l’accent est mis sur le spleen hypnotique et la new wave synthétique. Par Emmanuel Dosda

Musiques Volantes, du 7 au 24 novembre à Metz (aux Trinitaires, au Centre PompidouMetz…) mais aussi à Strasbourg (au MAMCS, au Molodoï, au Hall des Chars…), à Lingolsheim (La Maison des arts), à Luxembourg (Exit07)… 03 87 37 19 78 www.musiques-volantes.org

Photos 1. Pantha du Prince 2. The Soft Moon

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ien sûr, il y a la pop pastorale d’Ewert and the two Dragons, groupe estonien qui crache du feu, ou encore le rock made in USA, psyché et euphorisant, de Here we go Magic. Évidemment, il y a Api Uiz, trio de Bordeaux qui a de la bouteille (sans mauvais jeu de mots), produisant un puissant rock instrumental qui tabasse, et Action Beat, big band avec plusieurs batteurs dont la présence pourrait donner envie au festival de se rebaptiser Musiques Violentes. D’accord, cette manifestation qui fête sa 17e édition ne veut pas défendre une seule esthétique, allant défricher du côté du hip-hop, du folk ou du rock d’ici et d’ailleurs, au Canada, en Angleterre ou aux États Unis. Autour du projet hip-rock Numbers not Names, emblématique de la politique de la manifestation avec ses membres de nationalités et d’horizons divers, s’affichent des artistes plus ou moins fédérateurs (Buck 65, Ty Segall, Pantha du Prince, Antipop Consortium, Xray Eyeballs, Egyptology, Do Make Say Think…). Cette édition 2012, quoique bigarrée, est cependant dominée par une couleur, le noir, et survolée par une décennie, les années 1980. Choix éditorial ou reflet de l’air du temps ?

The Soft Moon, musiciens américains se mettant dans la peau de New Order et Suicide. Factory Floor, qui, comme son nom l’indique, rend hommage au label mancunien de Section 25 ou d’A Certain Ratio. Magnetix qui deale de la Drogue électronique (titre de son dernier album) peinte en noir. Les tordus de Xiu Xiu reprenant Joy Division en live ou, autre groupe bégayant, Zombie Zombie et ses clins d’œil à la proto-techno de Kraftwerk et à l’univers SF de Carpenter. Tristesse contemporaine (projet d’un ex-Earthling) et sa plongée en eaux froides… Avec tous ces groupes et bien d’autres, c’est back to the eighties et retour vers le futur cold. Selon Patrick Perrin, coordinateur de Musiques Volantes, « ce gros revival new wave est une véritable tendance actuelle. Ensuite, l’affiche résulte de choix communs, d’envies collectives de présenter des artistes du moment qu’on a, pour la plupart, vu sur scène », pas de faire un focus sur une mode ou un courant. Pourtant, « c’est une musique qui parle à différentes générations, aux kids comme aux personnes plus âgées. Il y a une énergie dansante qui correspond tout à fait à notre ligne. » Sur la piste, exit les boules à facettes et les paillettes.

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ARTS NUMÉRIQUES – MONTBÉLIARD

atari teenage riot Le numéro zéro du festival laboratoire Ars Numerica de MA scène nationale – Pays de Montbéliard réunit artistes multimédia, geeks fans d’Atari et gamers fous. Découverte de la création contemporaine et plongée dans la préhistoire des jeux vidéos.

Par Emmanuel Dosda

À Montbéliard, du 5 au 20 novembre, à MA scène nationale et ailleurs (au Moloco, au Colisée…) – 08 05 710 700 www.mascenenationale.com

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a première édition d’Ars Numerica, festival concocté par le Pôle art numérique de MA scène nationale ? Une véritable archéologie du futur, voulue comme la suite logique du Centre international de création vidéo de Montbéliard, lieu de résidence dédié à la vidéo et au numérique créé en 1990 qui a fermé ses portes en 2004. Selon Charly Sicard, chargé de projet, « c’est important de montrer notre particularité. Ce temps fort permet de mettre en avant le numérique sur le territoire » en offrant une manifestation émaillée de spectacles, ateliers et installations proposés avec L’Espace multimédia gantner, mais aussi le Conservatoire, l’Université de Franche-Comté et Le Moloco. « De nombreuses compagnies ont des projets intégrant les nouvelles technologies utilisées comme un outil, pas comme une fin en soi. » Ars Numerica a ainsi programmé Démangeaisons de l’oracle, spectacle entre théâtre

© Bertrand Hennet - Alerte Orange

et cinéma, « confrontation de la réalité et de la fiction », avec des comédiens sur le plateau et des images projetées. Mise en scène par l’artiste associé Florent Trochel, cette pièce utilise des procédés permettant de rendre la réalité mouvante et donc de troubler notre perception. Trouble des sens, encore, avec la première française de Pendulum Choir, chœur de neuf hommes qui chantent a capella sur des vérins hydrauliques (comme sur les engins de chantier), bougeant dans tous les sens à 45°, dans des conditions extrêmes. Les voix de ces hommes / machines pris dans un terrible ballet mécanique sont modifiées en fonction du mouvement. « C’est intéressant de voir comment les artistes d’aujourd’hui s’emparent d’une technologie pour l’emmener vers le poétique, l’onirique… ou l’absurde. » L’atelier autour d’un robot Lego à programmer (« On ne s’adresse pas à des ingénieurs, mais à un large public à partir de 12 ans », rassure Charly Sicard) ou le show de l’électronicien Franky Fingers usant de sons piqués à Pacman, Mario Bros ou Donkey Kong : Ars Numerica a un goût vintage. L’expo de Jeux vidéo Play ! confirme la tendance en réunissant une douzaine de consoles “historiques” et old school des années 1980 / 1990. Pour Ars Numerica, il était important de visiter le passé des arts numériques : « Les avancées dans ce domaine sont très rapides et la mémoire a besoin d’être rafraîchie. » L’aspect rétro de l’expo est cependant contrebalancé par deux œuvres de l’Espace gantner. L’une d’entre elles, Borderland, de Laurent Hart et Julien Alma, détourne les codes du jeu de baston pour les transposer dans un contexte social “réaliste”, notamment des zones industrielles, délivrant un inattendu discours politique. Fight en images de synthèse et lutte des classes s’y trouvent étrangement liés… Poly 153 Novembre 12

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degas, illustre et inconnu Edgar Degas fut-il le premier des Modernes ? Après avoir visité l’exposition de la Fondation Beyeler dédiée à ses ultimes années où se déploient plus de 150 pièces, il semble clair que le peintre a été un étonnant précurseur qui transcenda l’image d’Épinal impressionniste.

Par Hervé Lévy À Riehen, à la Fondation Beyeler, jusqu’au 27 janvier 2013 +41 61 645 97 00 www.fondationbeyeler.ch

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«L’

œuvre tardif de Degas a longtemps été mal connu et méprisé » prévient d’emblée Henri Loyrette, directeur du Louvre et expert du peintre1. La dernière exposition des impressionnistes avait eu lieu en 1886 : après elle, Degas allait vivre presque reclus, n’exposant guère, n’en ayant, ni l’envie, ni la nécessité. Dans son atelier, cepen-

dant, il peint énormément, indépendamment des tendances de son temps. L’Art nouveau ne l’émeut guère, le symbolisme le navre, il renonce même à fréquenter l’opéra où triomphe Wagner dont il ne supporte pas la musique. Ses maîtres se nomment Ingres et Delacroix qu’il collectionne avec jubilation. Si Degas passe complètement à côté de certains combats artistiques et poli-


EXPOSITION – BÂLE

tiques de la fin du XIXe siècle – il est violemment antidreyfusard, se brouillant même avec son ami Ludovic Halévy2 pour cela – il n’en poursuit pas moins ses recherches, se montrant paradoxalement d’une ébouriffante modernité, renouvelant sans cesse son art (et s’essayant avec ardeur à la photographie), si bien qu’à sa disparition le 27 septembre 1917, les nombreuses œuvres que contient son atelier frappent ses contemporains de stupeur. Durant toutes ces années où Degas vécut en ermite, il était en effet allé largement Au-delà de l’impressionnisme3.

Innovation des paysages

À l’automne 1892, Degas surprit son monde en montrant, à la galerie Durand-Ruel, pour une de ses rares expositions, des paysages, alors qu’il avait toujours voué le genre aux gémonies. Sur de petits formats se déploie une peinture illustrant le credo de l’artiste à cette époque : « On voit comme on veut voir. C’est faux et cette fausseté constitue l’art. » Le résultat est stupéfiant – tout sauf impressionniste – et alternent atmosphères oniriques et compositions à la limite de l’abstraction. Ainsi Un Lac dans les Pyrénées n’est-il qu’une vague ellipse flottante et la Forêt dans la montagne a-t-elle la semblance d’un paysage fuligineux où presque rien n’est reconnaissable, fondu dans un ensemble incertain et flou, “organisé” autour d’une masse sombre qui évoque autant une ligne de crêtes que la silhouette d’un animal fantastique. Dans son atelier, Degas s’affranchit de bien des conventions, imaginant des tableaux comme Jockey blessé, où, pour Henri Loyrette, un « immense cheval barre toute la toile tel un Ange de la mort du Moyen-Âge ». La perspective est abolie, les motifs sautent au visage en deux dimensions… Degas est sans doute le premier moderne. Ce n’est pas un hasard s’il peint ses ultimes pastels au début des années 1910, au moment où Picasso et Braque amorcent la révolution cubiste.

effet sur les stridences dans des compositions où les motifs de danseuses – son dada – et les scènes de sortie de bain reviennent de manière obsessionnelle. Ces séries sont en avance sur leur temps : les poses sont étranges, empreintes d’une froide lascivité, les teintes s’opposent avec violence, se font parfois proto-fauvistes… On le découvre avec éclats dans les deux pastels appartenant à la collection de la Fondation Beyeler qui furent à l’origine de cette exposition, Le Petit déjeuner après le bain et Trois Danseuses (jupes bleues, corsages rouges). Ces nus où le corps ressemble à « une arène où s’affrontent des forces invisibles » pour Martin Schwander, commissaire de cette événement, fascinèrent, sans surprise, Francis Bacon. « Si Degas était mort à cinquante ans, il aurait laissé la réputation d’un peintre excellent, sans plus. C’est à partir de cinquante ans que son œuvre s’élargit et qu’il devient Degas », affirmait Renoir. Après notre visite à Riehen, il est impossible de ne pas partager ce jugement…

Légendes des photos À gauche : Le Petit Déjeuner après le bain, vers 1895−98 Fondation Beyeler, Riehen / Basel, photo de Robert Bayer, Bâle À droite : Jockey blessé, vers 1896 / 98, Kunstmuseum Basel, photo de Martin P. Bühler, Kunstmuseum Basel

1 Invité à la conférence de presse de l’exposition helvète, il est notamment l’auteur d’une biographie de référence de l’artiste (Fayard, 1991) et a commissionné plusieurs expositions dont la grande rétrospective organisée conjointement par le Musée des Beaux-Arts du Canada, le Musée d’Orsay et le Metropolitan Museum en 1988 / 1989.

Homme de lettres qui fut le librettiste régulier de Jacques Offenbach

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3 Traduction de Beyond Impressionism, titre de l’exposition de la National Gallery de Londres et de l’Art Institute de Chicago (1996 / 1997)

Radicalité des corps

Si l’œuvre tardif de Degas est marqué par une simplification du dessin et des formes – cette quête de l’évidence du trait tant aimée chez Suzanne Valadon – il se caractérise aussi par d’intenses expérimentations : la sculpture, par exemple, l’occupe de plus en plus (il avait montré une œuvre en trois dimensions pour la première fois en 1881) qu’il pratique aussi parce que sa vue baisse dramatiquement. C’est cependant avec ses couleurs que le peintre va le plus surprendre : elles éclatent dans une orgie parfois dissonante. Comme un musicien des années 1950, il joue en Poly 153 Novembre 12

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un fait divers Cécile Arthus, artiste en résidence au Nord Est Théâtre (NEST) de Thionville met en scène Haute-Autriche, portrait acerbe d’un jeune couple moderne confronté à la brutalité de l’existence. font l’amour, vont au travail… jusqu’à l’instant où le cocon s’effrite. Elle tombe enceinte. Lui, après de savants calculs, déclare qu’ils n’ont pas les moyens de s’occuper de l’enfant et lui demande d’avorter. Refus.

Par Charlotte Staub

À Thionville, au NEST du 14 au 18 novembre 03 82 82 14 92 www.nest-theatre.fr À Mancieulles, à La Menuiserie, du 6 au 8 décembre 03 82 21 38 19 www.theatreicietla.com À Talange, au Théâtre Jacques Brel, jeudi 13 décembre 06 02 30 48 22 www.talange.com À Verdun, au Théâtre, mardi 19 mars 2013 03 29 86 10 10 www.transversales-verdun.com

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«L

es textes historiques, très peu pour moi… Ce qui m’intéresse, ce sont les textes politiques contemporains. J’aime le théâtre engagé qui touche le spectateur », confie Cécile Arthus pour expliquer son coup de cœur pour HauteAutriche. Écrite dans les années 1970 par le dramaturge allemand Franz Xaver Kroetz, la pièce décortique au scalpel le quotidien d’un couple de jeunes adultes spontanés et drôles, Anni et Heinz, qui se considèrent comme différents des autres : jamais ils ne se conformeront aux conventions sociales, ni ne connaîtront la répétition du quotidien. Kroetz a voulu dévoiler l’aliénation totale des personnages à la culture de masse et pose le problème de la liberté de choix entre ce que l’on souhaite vivre et ce qui nous est imposé : « La pièce était visionnaire pour l’époque, mais aujourd’hui, avec tout ce que l’on sait du capitalisme, j’ai voulu mettre en scène un drame existentiel plus qu’un drame social ». À travers 17 tableaux, le spectateur observe le jeune couple, jour après jour. Anni et Heinz regardent la télévision, préparent le dîner,

« La grossesse n’est finalement que la goutte d’eau qui fait déborder le vase. L’enfant devient une sorte de miroir et fait prendre conscience aux protagonistes de l’impasse dans laquelle ils se trouvent, une impasse qui pourrait les conduire au pire » explique Cécile. Le couple, dont l’existence se résume à la possession de biens matériels, confond l’avoir et l’être, le besoin et le désir. L’épanouissement passe par l’acquisition d’objets qui comblent une satisfaction immédiate, insignifiante et sans but. À mille lieux d’une mise en scène façon Deschiens, Haute-Autriche version Arthus brouille les pistes. « Je ne voulais pas que le spectateur se dise en entrant dans la salle “J’ai compris, c’est la crise, je vais assister à une heure trente de misère sociale”. Il fallait l’induire en erreur » raconte-t-elle. Dans un décor de maison de poupée, le malaise ressenti est encore plus profond, le drame qui se profile, plus sournois. Derrière l’agencement parfait des pièces digne d’un catalogue de déco suédois, se cache un profond vide intellectuel, existentiel et spirituel. Le spectateur entend le tic-tac d’un malheur qui peut arriver à tout moment. Finalement, la pièce se révèle être le reflet d’une Histoire jonchée de faits divers dans toute leur normalité, qui a fabriqué des monstres d’inhumanité.


DANSE – MULHOUSE

siddhartha Avec Vertical Road, le chorégraphe londonien d’origine bengalaise Akram Khan propose une expérience visuelle et sensorielle inspirée d’une profonde spiritualité orientale.

Par Thomas Flagel Photo de Richard Haughton

À Mulhouse, à La Filature, mardi 20 novembre 03 89 36 28 29 www.lafilature.org www.akramkhancompany.net

L

e breakbeat de percussions profondes et graves de Nitin Sawhney, compositeur et producteur londonien d’origine indienne, nous saisit aux tripes. Le son sourd tape dans l’obscurité. La lumière crue éblouit. Le choc rétinal encaissé, se dévoile une scénographie minimaliste : plateau nu, un grand voile de plastique cachant l’ensemble du fond de scène laisse entrevoir les contours déformés d’un homme éclairé de dos. Au-devant,

un groupe de danseurs drapés à l’extrême orientale en d’amples tissus évolue dans ce qui s’apparente à des katas, mouvements chorégraphiés de manière martiale, soutenus par des lumières syncopées. Ce mélange de danse indienne traditionnelle kathak passée au révélateur de la danse contemporaine hypnotise. Ces interprètes – huit hommes et femmes venus d’Espagne, d’Égypte, de Taïwan, de Slovaquie, de Grèce, de Corée ou encore d’Angleterre – inventent une cérémonie haletante dans laquelle les frappes des mains sur les corps et habits gorgés de talc laissent s’échapper des nuées de poussière blanche, traces des troubles produits en fendant l’air. La verticalité est de mise, les chutes incessantes, les corps secoués par leurs démons intérieurs comme des spasmes qui, jamais, ne les laissent tranquille. Il y a de la danse votive dans cette recherche ontologique de rapport aux éléments, à la terre, à la fondation de soi-même. Le corps est pensé comme le lieu de la mémoire culturelle, des empreintes de l’histoire personnelle et collective. Vertical Road est un parcours initiatique : celui du merveilleux interprète principal – chevelure abondante et ondulante, barbe profonde et peau satinée – qui n’est pas sans rappeler celui de Siddhartha dans le roman éponyme du prix Nobel de littérature, Hermann Hesse. S’inspirant des textes du poète persan Rûmi, fondateur du soufisme, Akram Khan construit des transes habitées, des tourbillons de spirales et de voltes, des ondulations fiévreuses, fluides et étourdissantes qui sont autant de questionnements existentiels, de quête de verticalité d’un individu face au groupe, d’un homme face à l’amour. S’élever de sa condition terrestre vers une pure spiritualité de l’être, détachée de ses racines tribales, païennes ou religieuses. Une quête de plénitude, d’absolu et d’essentiel. Poly 153 Novembre 12

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DANSE

en apesanteur Figure mythique de la scène américaine, le chorégraphe Alonzo King fait étape à La Coupole avec deux pièces fascinantes et sublimes, où explose la signature du maître : une osmose entre l’art et l’essence du monde.

Par Dorothée Lachmann Photo de RJ Muna

À Saint-Louis, à La Coupole, samedi 1er décembre 03 89 70 03 13 www.lacoupole.fr

À Lörrach, au Burghof, mardi 4 décembre +49 7621 940 890 www.burghof.com www.linesballet.org

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ouvent considéré comme un visionnaire, Alonzo King est l’un des chorégraphes contemporains les plus éblouissants et les plus marquants. Grand admirateur de George Balanchine, il s’appuie avec force sur la danse classique, n’y voyant pas un style mais « une véritable science du mouvement ». L’audace, l’inventivité et la mixité de ses chorégraphies se marient à une technicité extrême, portant la danse au paroxysme de ses possibilités d’expression. Après une carrière d’interprète, notamment à l’American Ballet Theater, Alonzo King fonde en 1982, à San Francisco, la compagnie Lines Ballet. Un nom énigmatique, que son inventeur éclaire ainsi : « La ligne marque le point de départ et le point d’arrivée. Elle indique une direction, une intention de communication et un concept. Le fil d’une pensée. Une frontière ou bien l’éternité. Ligne de vibration ou ligne du point à point, elle est l’organisation visible de ce que nous voyons. » C’est pourtant dans l’invisible qu’Alonzo King puise sa grâce, dévoilant l’âme de ceux qui sont sur le plateau, jusqu’à illuminer leurs corps d’un éclat saisissant. Une lumière qui vient de très loin. « Ôter le masque pour être réellement soi-même est l’objet d’une vie entière. On touche ici à l’énigme de l’art : fusionner avec le monde, son dieu, la nature, son corps, ses pensées. Quand la beauté comporte un peu

de vérité, voilà la récompense », affirme-t-il. Comme une évidence, la spiritualité se danse, à la fois dans une quête et une célébration. Alonzo King ne s’en cache pas, la lecture de Paramahansa Yogananda – auteur de l’Autobiographie d’un yogi en 1946 – a changé sa vie. « Son livre m’a appris tout ce que je sais de l’art. » Son inspiration, il la trouve également dans des traditions culturelles de tous horizons, la nourrissant de multiples rencontres transdisciplinaires, comme celles du saxophoniste de jazz Pharoah Sanders, de l’acteur Danny Glover ou encore des surprenants moines Shaolin. Pour sa venue à Saint-Louis et Lörrach, Alonzo King présentera une toute nouvelle pièce, créée avec le plasticien Jim Campbell qui utilise les nouvelles technologies pour capturer les mouvements imaginés par le chorégraphe, offrant un magnifique résultat spectral. Cet étonnant jeu d’ombres et de lumières est une invitation à chercher le ressenti au-delà de l’apparence. La seconde pièce, baptisée Resin, s’appuie sur des musiques traditionnelles séfarades. Sur des rythmes arabo-andalous ou des sonorités médiévales espagnoles, est proposée une danse sculpturale et charnelle, un concentré de puissance et de sensualité. Un éblouissement.


où trouver www.poly.fr – prochaine parution le 6 décembre

Les lieux référents (plus de 120 exemplaires) Bas-Rhin

Strasbourg La Boutique Culture, CG67, Cinéma L'Odyssée, Graphigro, Restaurant la Victoire, CUS, Région Alsace, Pôle Sud Oberhausbergen PréO Haguenau Médiathèque, Théâtre, Mairie Sélestat Frac Alsace, Mairie Schiltigheim Mairie, École de Musique, Le Cheval Blanc Illkirch L’Illiade Bischwiller MAC

Haut-Rhin

Colmar Le Poussin Vert, CG68, Cinéma Colisée Illzach Espace 110 Kingersheim Espace Tival Mulhouse Cinéma Bel Air, Mairie, Filature Saint-

Louis Mairie, Musée Fernet Branca

Franche-Comté

Belfort Centre chorégraphique Montbéliard MA Scène nationale, Hôtel de Sponeck

Lorraine

Forbach Le Carreau Metz Opéra théâtre de Metz Métropole

MUDAM – Luxembourg www.mudam.lu

Luxembourg

Luxembourg MUDAM

Les lieux de diffusion ++ Bas-Rhin

Bischheim Mairie, Centre Culturel, Salle du Cercle, Bibliothèque (Cour des Bœcklin) Haguenau École de Musique, Musée Historique, Relais Culturel Hœnheim Mairie Illkirch Mairie Lingolsheim Mairie Obernai Espace Athic Ostwald Mairie, Château de l'Île, Le Point d'Eau Sélestat ACA Saverne Rohan Schiltigheim Ferme Linck Strasbourg Arte, CIRDD, Espace Insight, FEC, La Choucrouterie, L'Artichaut, Le Kafteur, Lisaa, La Maison des Associations, Stimultania, Strasbourg Événements, 3 magasins Bemac Mésange, Neuhof & St Nicolas, Café Broglie, Snack Michel, Trolleybus, Archives de la Ville de Strasbourg et de la CUS, CEAAC, CRDP, Restaurant Chez Yvonne, Cinéma Star St Éxupéry, IUFM, Afges, Électricité de Strasbourg, MAMCS, TJP Petite Scène et Grande Scène, Espace avenir de l'Université de Strasbourg, CCI de Strasbourg, La Laiterie, les Taps Gare et Scala, Pôle Sud, Le Vaisseau, l'École d'Architecture de Strasbourg, Fnac, BNU, Bibliothèques du Neudorf, Hautepierre, Kuhn, Meinau & de Cronenbourg, Creps Cube Noir, Le Maillon, l'Opéra National du Rhin, l'École supérieure des Arts décoratifs, Le Théâtre national de Strasbourg Vendenheim Mairie

Haut-Rhin

Altkirch Crac Alsace Cernay Espace Grün, École de musique Colmar Hiéro Colmar, Lézard, Le Grillen, Civa, Bibliothèque Municipale, Musée d'Unterlinden, Fnac, École de musique, Comédie de l’Est, Théâtre municipal, Espace Malraux, Mairie Guebwiller Les Dominicains de Haute-Alsace, IEAC Huningue Triangle Kembs Espace Rhénan Kingersheim Créa Mulhouse Société Industrielle, Quartz, La Filature, Bibliothèque, Médiathèque, Musée des Beaux Arts, École Le Quai, CCI, Kunsthalle, Théâtre de la Sinne, Musée de l'Impression sur Étoffes, La Vitrine, École de

danse Ribeauvillé Salle du Parc Rixheim La Passerelle Saint-Louis Théâtre de la Coupole, Médiathèque Thann Relais Culturel

Franche-Comté

Belfort Mairie, Le Granit, Tour 46, Médiathèque, CNCFC, École d’art Gérard Jacot Bourogne Espace Multimédia Gantner Montbéliard Le 19, Le Château (Musée), Les Bains, Médiathèque, La Maison d’Agglomération

L'Arsenal – Metz www.arsenal-metz.fr

Lorraine

Forbach Office de tourisme, Mairie, Le Carreau, Le Castel Coucou, Restaurants Le Carré mauve, le Loungo, Studio Café Lunéville Mairie, Théâtre La Méridienne Meisenthal CIAV, Cadhame, Musée du Verre et du Cristal Metz L'Arsenal, Les Trinitaires, le FRAC Lorraine, Ville de Metz, Médiathèques : Pontiffroy, Sablon et Jean-Macé à Borny, Bibliothèques : Bellecroix, Magny, Patrotte, Musée de La Cour d'or Nancy Théâtre de la Manufacture, la Médiathèque de la Manufacture, l'Opéra national de Lorraine, Mairie, Musée des Beaux-Arts de Nancy, Bibliothèque Stanislas Phalsbourg Mairie, OT, Musées Saint Louis les Bitche Cristallerie Sarreguemines Mairie, Office de tourisme, Musée de la faience, Jardin des faienciers et moulin Blies, Restaurant café concert le “Terminus” Thionville Théâtre en Bois (NEST), Mairie, Bibliothèque municipale, L'Adagio, Centre Jacques Brel

Espace Multimédia Gantner – Bourogne www.espacemultimediagantner.cg90.net

Luxembourg

Luxembourg la Philharmonie, le Casino, l'Abbaye de Neumünster, Musée National d'Histoire et d'Art du Luxembourg

L'Institut Supérieure des Arts Appliqués – Strasbourg www.lisaa.com

Et dans plus de 100 autres lieux (bars, restaurants, magasins…)

Les lieux de lecture c Les salles d’attente des Hôpitaux

c 40 cabinets médicaux et dentaires

Universitaires de Strasbourg, Mulhouse, Montbéliard, Metz c 70 bars c 50 restaurants c 60 salons de coiffure

Si vous souhaitez vous aussi devenir un lieu de diffusion pour Poly, n’hésitez pas à nous en faire la demande. Contact : diffusion@bkn.fr

Les Dominicains de Haute-Alsace – Guebwiller www.les-dominicains.com


nature und kultur Depuis 2009, le festival Je t’aime… Ich auch nicht explore les relations musicales entre France et Allemagne. De l’ère baroque au répertoire contemporain, le voyage prend cette année la nature pour thème.

Par Hervé Lévy Photo de Liu Bin (Le Salon de Musique) À Metz, à l’Arsenal (mais aussi à l’Hôtel de Ville, à l’École supérieure d’Art, à Saint-Pierreaux-Nonnains), du 7 au 18 novembre 03 87 74 16 16 www.arsenal-metz.fr www.orchestrenationallorraine.fr www.mairie-metz.fr

1 Ses œuvres font l’objet d’un enregistrement, en première mondiale, Les Sirènes, par le Concert lorrain (paru chez Carus, en 2012) www.carus-verlag.com 2 En partenariat avec l’Orchestre national de Lorraine www.thierrypecou.fr

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i Je t’aime… Ich auch nicht est essentiellement un événement musical organisé par l’Arsenal (en partenariat avec l’Orchestre national de Lorraine et la Ville de Metz), il propose chaque année conférences, tables rondes et expositions avec notamment La Conscience du paysage (du 8 novembre au 8 décembre à l’École supérieure d’art), un questionnement de Cécile Massart sur les sites où sont enfouis les déchets radioactifs… Le point focal de la manifestation réside cependant dans un ensemble de concerts tous présentés, dans la salle, par la musicologue Corinne Schneider qui débute avec une Nature baroque du Concert Lorrain (samedi 10 novembre) incluant des œuvres de Thomas-Louis Bourgeois1. Également au menu, un récital de piano de l’exquise Justine Leroux (dimanche 11 novembre) avec des extraits du Catalogue d’Oiseaux où Messiaen évoque avec une précision ornithologique le chant du merle bleu, du loriot ou encore du courlis cendré. Le Salon de Musique, ensemble de musique de chambre à géométrie variable, nous entraine, pour sa part, sur les chemins croisés de Liszt et Schubert (dimanche 18 novembre).

En résidence à l’Arsenal, Thierry Pécou 2 participe au festival avec La Partition de la Jungle, tout d’abord, qui recrée l’atmosphère sonore de la forêt tropicale du Chiapas (par l’Orchestre national de Lorraine, mardi 13 novembre). On l’entendra ensuite avec Variances – un ensemble qui ressemble à une plateforme entre création contemporaine et musiques de l’oralité – dont il est directeur musical et pianiste, pour une soirée autour de l’eau intitulée Waves (jeudi 15 novembre). Il était évidemment impossible de proposer un festival sur le thème de la nature sans la Symphonie n°6 “Pastorale” de Beethoven. Cette lettre d’amour écrite à la création sera interprétée par l’Orchestre national de Lorraine et son directeur musical, Jacques Mercier (dimanche 11 novembre). Ils nous feront plonger dans les délices de la pluie et du tonnerre (au quatrième mouvement). « En vérité, cela donne des vertiges, et bien des gens, en entendant cet orage, ne savent trop si l’émotion qu’ils ressentent est plaisir ou douleur », écrivait Berlioz. N’est-ce pas là un questionnement essentiel ?


skatin’rda Parmi les films les plus attendus projetés en compétition pendant Augenblick, festival du cinéma en langue allemande en Alsace, se trouve l’excellent This Ain’t California de Marten Persiel qui narre l’épopée du skateboard en RDA. Par Hervé Lévy

À Strasbourg, au Star SaintExupéry, mercredi 14 novembre à 20h www.cinema-star.com À Mulhouse, au Bel Air, jeudi 15 novembre à 20h www.cinebelair.org À Erstein, au cinéma Amitié, vendredi 16 novembre à 20h30 www.erstein-cine.com www.thisaintcalifornia.de

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a République démocratique allemande au début des années 1980. Une prison à ciel ouvert grise et marron, où tout le monde surveille tout le monde. C’est ce qu’on découvre dans La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck (2007) ou dans Barbara de Christian Petzold (2012). Mais sous la chape de plomb bruisse la fougue d’une jeunesse avide de découvertes qui sait se glisser dans tous les interstices d’un système à l’agonie : le punk fait une percée avec le groupe mythique qu’est Feeling B, le hip-hop fascine dès 1985 grâce à la projection de Beat Street dans les cinémas, puis la naissance d’Electric Beat Crew et les skateurs prennent possession des esplanades bétonnées de l’Alexanderplatz. C’est cette dernière aventure que raconte This Ain’t California (Ce n’est pas la Californie), documentaire new style où se mêlent, dans un montage époustouflant, images d’archives de la télévision d’État, extraits de Super 8 d’époque, interviews avec certains protagonistes devenus adultes et scènes rajoutées réalisées aujourd’hui ainsi que séquences d’animation évoquant Valse avec Bachir. L’histoire, celle de Denis “Panik” Paraceck – archétype visiblement imaginaire du skateur made in DDR dont la figure la plus célèbre est René Falk Thomasius – est celle de l’émancipation de toute une génération et de l’attirance irrépressible qu’a pu exercer l’Ouest sur

elle. Au milieu d’immeubles sans âme, dans une société corsetée à l’extrême où la culture a pour seul objectif de servir le système, le skate représente une planche de salut, une résistance individualiste cool à l’oppression d’un univers collectiviste pesant. Face au réalisme socialiste, le skateboard a constitué une contre culture émancipatrice… Mais ne fut-ce pas le cas également dans les sociétés capitalistes ? Les pratiquants de l’Est et de l’Ouest se rejoignent fort logiquement à la fin pour une communion fun. Skateurs de tous les pays, unissez-vous !

avec l’accent suisse Un tarif unique (4,50 €), quinze cinémas participants dans le Haut- et le Bas-Rhin, plus de 30 films projetés, six films inédits en compétition, une rétrospective (dédiée aux adaptations littéraires), un hommage à Christoph Hochhäusler et un coup de projecteur donné sur le cinéma helvète (pour aller au-delà du cliché)… Voilà un rapide résumé d’Augenblick, festival du cinéma en langue allemande organisé par Alsace cinémas qui déploie ses charmes pour la huitième fois. Dans quinze cinémas alsaciens, du 13 au 30 novembre www.festival-augenblick.fr

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dark water À Bâle, l’opéra de Leoš Janáček Kátia Kabanová est intelligemment mis en scène sur un plateau inondé. L’onde salie par l’homme se fait alors métaphore de l’étouffement social décrit par le compositeur tchèque dans les années 1920. Par Hervé Lévy Photo de Hans Jörg Michel

À Bâle, au Theater Basel, samedi 10 et vendredi 16 novembre ainsi que les 1er, 9, 19 et 29 décembre +41 61 295 11 33 www.theater-basel.ch

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u moins aussi importante que les différents protagonistes de l’opéra, la Volga est au centre de Kátia Kabanová. Le fleuve accompagne la destinée de l’héroïne jusqu’à sa conclusion tragique. Certains prennent ainsi, légitimement, l’option de recouvrir le plateau d’eau : c’est ce que fit Robert Carsen dans sa célèbre mise en scène en forme d’épure esthétisante (reprise à l’Opéra national du Rhin en janvier 2012) qui se déroulait sur des caillebotis de bois comme ceux qu’on installe à Venise en période d’acqua alta. À Bâle, Armin Petras, pour sa première lyrique, choisit également de métamorphoser la scène en bassin, mais sa vision de l’eau est bien différente : elle n’est pas une masse mystérieuse et noble, une incarnation de la nature toutepuissante, mais une onde crade et mortifère, salie par l’homme. Au centre de la scène, l’intendant du Maxim Gorki Theater (Berlin) a en effet placé un bâtiment quadrangulaire pivotant sur lui même au fil des actes, se faisant alternativement usine en ruines ou centre de recherches sur les zones sismiques, évidente métaphore des tremblements d’âme des personnages. Chaussés de bottes en caoutchouc,

tous sont vêtus à la triste mode d’une URSS des années de l’éclatement et l’atmosphère, gluante et triste à souhait, rappelle étonnamment celle de Few of us du réalisateur lituanien Šarūnas Bartas. Dans cette nature pervertie par l’être humain – il ne cesse de prélever et d’expérimenter –, Kátia (incarnée par Mary Mills dont l’intensité vocale et la sensibilité irradient la représentation) est celle qui tente de briser toutes les règles sociales pour se défaire des rets étouffants d’une communauté méphitique incarnée au premier chef par sa belle-mère, la terrible Kabanicha (Dagmar Pecková, impeccable). Cette tentative de libération ressemble à un séisme, une secousse vaine et nostalgique… Mais cette volonté – qui passe par l’adultère – est vouée à l’échec et tout se dissout dans la douleur et la mort qui irriguent la sublime partition de Janáček interprétée avec toute la subtilité requise par un Sinfonieorchester Basel des grands soirs entraîné dans cette sarabande mélancolique par l’alerte baguette de Gabriel Feltz.


PERLE BAROQUE À Nancy, l’Opéra national de Lorraine propose, jusqu’au 10 novembre, la découverte d’Artaserse (1730) du trop rare Leonardo Vinci dans une distribution remarquable où éclate le talent du contre-ténor Philippe Jaroussky dans le rôle-titre. L’histoire du souverain perse Artaxerxès Ier est présentée dans le cadre d’une « réserve de décors d’un théâtre et ses loges, un dépôt d’œuvres d’art où s’entassent des tableaux sombres représentant des ruines et des visions apocalyptiques » selon le metteur en scène Silviu Purcărete. www.opera-national-lorraine.fr

www.opera.metzmetropole.fr

SÉDUCTION

MOZARTIENNE

VIRTUOSITÉ BELCANTISTE Trois dates (23, 25 et 27 novembre), pas une de plus : il faudra être vif pour apprécier le chefd’œuvre belcantiste qu’est L’Elisir d’Amore (1832) à l’Opéra-Théâtre de Metz dans une mise en scène de Joël Lauwers. L’histoire ? Celle d’un jeune villageois, Nemorino, désespérément amoureux d’une riche héritière. Son arme secrète pour la séduire est un puissant philtre d’amour… du moins en apparence ! Impossible de manquer cette production, ne serait-ce que pour « Una furtiva lagrima », un des airs les plus célèbres de l’histoire.

© A.T. Schaefer

Maquette des décors © Helmut Stürmer

Maison d'opéra

Le DG Star Hotel est le cadre, très années 1930, de cette version, imaginée par la metteuse en scène Andrea Moses, de Don Giovanni. À l’Opéra de Stuttgart (une dizaine de dates jusqu’au 10 janvier 2013), on découvre une relecture décapante et grinçante du chefd’œuvre de Mozart pourvu d’un final (d)étonnant. Dans un univers interlope se déploient les derniers charmes d’un serial lover sur le déclin, dont les plus beaux jours sont passés. Surprenant et séduisant. www.oper-stuttgart.de Maquettes de costumes de Dominique Burté

RARETÉ © Andreas Klingenberg

BELLINIENNE Le compositeur, Vincenzo Bellini, est extraordinairement célèbre. L’œuvre, en revanche, a très rarement été donnée depuis sa création en 1829. L’occasion est donc belle de découvrir La Straniera (en version de concert), opéra à l’intrigue foisonnante et complexe, au Festspielhaus de Baden-Baden (samedi 24 novembre) avec une distribution d’exception et, dans le rôle principal, un monstre sacré de l’art lyrique, Edita Gruberová. Un événement. www.festspielhaus.de Poly 153 Novembre 12

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l'illustrateur

nikol Alors qu’il se destine, dès son plus jeune âge, à devenir le digne successeur de Freddie Mercury, Nicolas “Nikol” Bottereau embrasse finalement une carrière d’illustrateur et d'auteur de bande dessinée pour se faire plein de meufs et d’argent, comme une rock star. Il fait des études aux Beaux-Arts d’Épinal puis aux Arts décoratifs de Strasbourg, ville qui

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lui va comme un gant. Il travaille aujourd’hui au Bastion 14 où il dessine pour la jeunesse (Bayard, Philéas & Autobule, Actes Sud…), participe aux expositions de Central Vapeur et prépare ses futurs albums… tout en arborant fièrement la moustache de Freddie. www.nikol.fr


EVENEMENTS

DIFFUSION INEDITE DE LA TRILOGIE DREILEBEN

LE DIMANCHE 18 NOVEMBRE À 11H, 14H, 16H AU CINÉMA STAR DE STRASBOURG séance de 11H présentée par Christoph Hochhäusler brunch entre les séances

MASTER CLASS DE CHRISTOPH HOCHHÄUSLER LE LUNDI 19 NOVEMBRE À 20H AU CINÉMA STAR DE STRASBOURG suivi de la projection L'IMPOSTEUR

AUGENBLICK 8e FESTIVAL DU CINÉMA EN LANGUE ALLEMANDE EN ALSACE

UNE MANIFESTATION ORGANISÉE PAR ALSACE CINÉMAS

continents noirs

DU 13 AU 30 NOV. 2012

Annette

13 OCTOBRE 2012  3 FÉVRIER 2013 MUSÉE D’ART MODERNE ET CONTEMPORAIN 1, PLACE HANS-JEAN-ARP, STRASBOURG WWW.MUSEES.STRASBOURG.EU

Annette Messager, Motion-Emotion (détail), 2011 / 2012. 22 éléments, technique mixte, ventilateurs, dimensions variables. Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery New York / Paris. Photo : Marc Domage © ADAGP, Paris. 2012. Graphisme : R. Aginako

Messager


DÉAMBULATION

marche et rêve Professeur de sociologie et d’anthropologie à l’Université de Strasbourg, David Le Breton propose, avec Marcher, Éloge des chemins et de la lenteur, une roborative réflexion sur la randonnée. Apologie de la wilderness et de la reconquête d’une intériorité menacée par la frénésie contemporaine, l’ouvrage est un salutaire acte de résistance.

Comment s’insère votre récent livre sur la marche 1 dans votre champ de recherche principal, l’anthropologie du corps ? Il s’agit plus d’une ballade anthropologique, un chemin de traverse dans mon travail universitaire, que d’une anthropologie de la marche au sens strict. Les références que je cite sont des écrivains et des poètes : Rimbaud, Stevenson, Rilke, Thoreau… Le livre est autant un éloge des chemins et de la lenteur qu’une apologie de la lecture. Pour moi, ce sont deux activités proches : on est dans une intériorité similaire, dans le même échange avec l’univers et des interlocuteurs invisibles. En marchant, l’esprit se promène sans cesse, s’ouvrant au monde. Il n’est pas surprenant – et c’est l’idée d’André LeroiGourhan2 – que l’homme soit né avec ses pieds, que le redressement de “l’animal humain” ait permis, en libérant les mains, le développement du cerveau. Aujourd’hui, les chemins de randonnée, dans les Vosges et ailleurs, sont très courus. À quoi tient ce phénomène de massification de la pratique de la randonnée ? En très peu de temps, dans les sociétés occidentales tout du moins, nous sommes passés d’une “marche 86

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contrainte” à une “marche plaisir”. Dans les années 1970, par exemple, les chemins de Compostelle étaient vides alors qu’on se rendait à son travail à pied. Peu à peu, les voies ont été asphaltées, l’usage de l’automobile s’est généralisé, les paysans ont disparu les uns après les autres et la marche est devenue de plus en plus anachronique dans des villages métamorphosés en banlieues dortoirs des grandes villes. Au XIX e siècle, ceux qui parcourent les chemins font même peur : une des plus belles incarnations en est le personnage de Michel Galabru dans Le Juge et l’assassin de Bertrand Tavernier, un chemineau et un meurtrier… À l’époque, les gens sans feu ni lieu qui vont d’un endroit à l’autre, parcourant les campagnes, font effectivement peur. Mais les jeunes errants traversant le pays et les sans domicile fixe arpentant le pavé des villes sont les incarnations contemporaines de cette crainte collective. Ce n’est donc pas uniquement dans le tiers-monde que le déplacement à pied est lié à la contrainte. Même si la longue marche des migrants et les pays où ne pas avoir de voiture est considéré comme un signe de pauvreté peuvent apparaître comme des modalités de contrainte plus spectaculaires.

Pour vous, la marche est-elle uniquement un loisir ? Elle est avant tout un moyen d’appréhender un territoire par le corps. Dans Le Tour de la France par deux enfants, un manuel pédagogique à succès des années 1870, deux orphelins parcourent le pays à pied. Ce périple, même s’il est ultra cocardier, est un prétexte pour apprendre la géographie, l’histoire, les sciences… La marche est aussi un moyen de mieux connaître un espace, de l’intégrer dans son corps. Il s’agit également d’un lieu de rencontre avec l’autre. La politesse des marcheurs qui se croisent, se saluent, se sourient, échangent des informations, est un bel exemple de civilité dans un monde qui en est parfois bien dépourvu. Nous voilà dans un univers à hauteur d’homme où tous sont égaux, où personne n’a envie de donner une leçon à l’autre.


Une promenade ressemble aussi parfois à une parenthèse enchantée dans une existence trépidante… La marche est une échappée belle, une manière de reprendre son souffle, d’explorer son intériorité, un moyen privilégié de retrouver sa compagne, ses enfants ou ses amis, un lieu éminent pour penser et relativiser les choses. Finalement, n’est-ce pas un acte de résistance face à l’étouffante modernité ? En effet. La marche c’est la lenteur, la convivialité, l’amitié, la contemplation dans un monde où la vitesse, la fulgurance, le rendement et l’efficacité ont été érigés en dogmes. La marche c’est également la conversation… qui n’a rien à voir avec la communication ! Elle permet de prendre son temps et de

ne plus laisser le temps nous prendre, en retrouvant une liberté merveilleuse pendant quelques heures, rares dans la vie courante, de disponibilité absolue. Ce que vous dites est vrai pour une promenade en forêt : est-ce aussi approprié en ville ? Êtesvous un marcheur urbain ? Je ne fais guère de différence entre les deux : en forêt, on est de facto dans la solitude, tandis qu’en ville il s’agit de créer sa propre solitude. Marcher est le meilleur moyen d’appréhender la topographie d’une cité. Vous savez, je préfère les visages aux monuments… Je suis un flâneur au sens de Baudelaire, de Poe ou de Benjamin. Dans tous les cas, marcher ressemble à une jubilation sensorielle, tout à l’inverse de la voiture qui est le lieu de l’asepsie : on y est “protégés” des odeurs, le

monde est vu à travers le pare-brise – un avatar de l’écran de télévision ou d’ordinateur –, les sons sont amortis, le goût n’a pas lieu d’être et le toucher est neutralisé par la position des mains sur le volant. En marchant, on retrouve la proximité avec les éléments. Immergés dans un cosmos qui le dépasse, le marcheur touche la beauté du doigt et peut partager une sensorialité heureuse du monde. 1 Avant Marcher, Éloge des chemins et de la lenteur, il avait écrit Éloge de la marche (Métailié, 2000) 2

Ethnologue et archéologue spécialiste de la préhistoire

Par Hervé Lévy Photos de Stéphane Louis pour Poly

David Le Breton, Marcher (Éloge des chemins et de la lenteur), Métailié (9 €) www.editions-metailie.com

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PROMENADE

d’un château l’autre Saint-Ulrich, Girsberg et Haut-Ribeaupierre dominent la charmante cité de Ribeauvillé et ses vignobles, offrant une vue imprenable sur le sillon rhénan. Promenade, de château en château, à travers une histoire et des paysages luxuriants.

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Par Hervé Lévy Photos de Stéphane Louis pour Poly Château du Girsberg vu depuis le Saint-Ulrich

1 Une telle mention est conférée à « des vins satisfaisant à des contraintes de qualité particulièrement sévères, notamment en matière de délimitation des terroirs, de richesse naturelle, de dégustation d’agrément » selon le Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace. Elle ne s’applique qu’aux vins en provenance de 51 lieux-dits (sur 47 communes) délimités de manière stricte 2 Une maison qui produit la cuvée la plus mythique de la région, le Riesling Clos Sainte-Hune www.maison-trimbach.com 3 Parfois également orthographié Saint-Ulric, le château est aussi appelé Grand-Ribeaupierre 4

Aussi appelé Petit-Ribeaupierre

C

oncentré d’Alsace version colombages, architecture médiévale et pimpants géraniums, Ribeauvillé, où l’on croit souvent voir flotter l’ombre amicale de Hansi, est le point de départ de cette randonnée qui s’élance à travers les vignes. Sur le ban de la commune sont concentrés trois grand crus1 : Geisberg, Kirchberg et Osterberg. L’atmosphère est particulièrement lumineuse en ce début d’automne et des dizaines de vendangeurs s’affairent sur les pentes du domaine Jean Sipp, un des producteurs du village qui en compte de fameux, dont le plus célèbre est sans conteste Trimbach2. La montée est primesautière et nous papillonnons, maraudant quelques mûres – les dernières de la saison – ou chapardant une brassée de gratte-culs pour faire des confitures. Pas facile, la confiote d’églantines… Une gloriette de bois s’offre à nous, parfait point d’observation pour analyser le lacis des rues d’une grande homogénéité où la différence entre la partie historique de la cité et ses excroissances construites à partir des années 1950 éclate avec tristesse. Misère de l’habitat pavillonnaire… Reste à se laisser aller à la rêverie en déchiffrant les nombreux graffitis laissés ici depuis des générations : naïfs (« Mon cloporte, I ❤ you ! Ton cafard »), poétiques (« Regarde, rêve et tais-toi ») ou politiques « Le Pen, the Bomboclat »).

Et un…

Au cœur d’une charmante chênaie, la grimpette est aisée et agréable jusqu’au premier

des trois châteaux, le mieux conservé : devant nous apparaît la silhouette massive du SaintUlrich3, résidence de la puissante famille des Ribeaupierre entre le milieu du XI e siècle et 1470 environ. Très bel exemple d’architecture militaire, on y voit encore la “Salle des chevaliers” où s’ouvrent neuf fenêtres à banquette de style roman, les vestiges d’une cheminée d’angle ou encore un linteau orné d’un palmier datant de la même époque. Le plan de l’ensemble est complexe, les différentes périodes de construction s’enchevêtrent. Certains éléments remontent à la Renaissance, d’autres sont gothiques. Malheureusement, il y a foule sur les pelouses du château et certains n’aiment guère « le doux cliquetis des bâtons de marche ». Nous décidons donc de fuir sur un triste chemin tracé au cordeau – comme une saillie dans la forêt – qui descend dans une mélancolie de sous-bois marronnasse vers Dusenbach, lieu de pèlerinage depuis le XIIIe siècle. De retour de croisade, Egelolphe II de Ribeaupierre rapporta une statue de la Vierge de Terre sainte. Pour remercier le ciel de lui avoir permis de rentrer sauf, il construisit un sanctuaire dédié à Notre-Dame au fond d’un vallon où il installa cette Piéta en bois polychrome d’une grande élégance. Plusieurs fois détruits – notamment par la tourmente révolutionnaire en 1794 – les bâtiments sont relevés à l’identique en 1894 dans un style néogothique. Si les Capucins ont quitté Dusenbach en 2009, le lieu attire toujours de nombreux pèlerins : en témoigne un Chemin de croix aux couleurs vives et Poly 153 Novembre 12

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PROMENADE

aux expressions d’un réalisme parfois cru et de multiples ex-voto – des centaines de plaques de marbre – accueillant le visiteur à l’entrée de la chapelle. Émouvants témoignages…

… et deux, et trois châteaux

Après avoir pris un verre de blanc, histoire de se donner du courage devant la Maison du pèlerin, nous nous lançons dans la (re) montée en direction du deuxième château du parcours, le Girsberg4. Édifié entre 1250 et 1273 pour renforcer les défenses de son “grand frère”, il fut confié à des vassaux des Ribeaupierre au début du XIV e siècle, les Gyrssberg qu’on peu traduire du vieil allemand par “mont des vautours”. Aujourd’hui, sa silhouette posée sur un éperon rocheux – avec un merveilleux donjon pentagonal – est une des plus charmantes d’Alsace, une des

un patrimoine vivant Beauvillé c’est « le petit village gaulois qui résiste » nous déclarait Jean-Michel Borin, président du directoire de l’entreprise de Ribeauvillé (voir le dossier sur le secteur textile publié dans Poly n°140 ou sur www.poly.fr). Alors que le tissage alsacien était sur le point de boire le bouillon, la MIE (Manufacture d’Impressions sur Étoffes) de Ribeauvillé choisit le haut de gamme, créant par la suite, en 1990, la marque Beauvillé qui perpétue un savoir-faire ancien, utilisant les plus belles étoffes et mêlant des couleurs rayonnantes pour réaliser des créations où tradition rime avec modernité. En quelques années, l’entreprise s’est imposée et ses produits, linge de table et d’office principalement, sont très recherchés… À découvrir dans le magasin d’usine. Beauvillé est situé 19, route de Sainte-Marie-auxMines (Ribeauvillé) 03 89 73 74 74 – www.beauville.com

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PROMENADE

plus typiques aussi puisqu’elle a été immortalisée par bien des artistes, du marqueteur Charles Spindler au peintre de génie que fut Frédéric Fiebig. Nous contemplons longtemps ces murs altiers où la puissance se fond dans la douceur… So romantisch, mais il n’est pas question de se reposer ! Promeneurs, encore un effort : il nous faut atteindre le point culminant de la balade, la Haut-Ribeaupierre (qui porte bien son nom), à 643 mètres d’altitude. Il ne subsiste plus guère qu’un donjon circulaire de ce château bâti à la fin du XIIe siècle et originellement connu sous le nom d’Altenkastel. D’abord lieu d’habitation, l’endroit sert ensuite de prison accueillant des hôtes de marque comme le chevalier John Harleston ou Philippe Ier de Croÿ, comte de Chimay. L’espace castral est grillagé et interdit à la visite (dommage pour la magnifique vue sur le Haut-Koenigsbourg). Principe de précaution oblige, il serait dommage qu’un touriste chute dans le vide ou soit assommé par un moellon. Nous saucissonnons sur place de manière frugale, un repas arrosé par un Monbazillac de belle facture, devenu notre compagnon régulier de promenade. Ne reste qu’à faire une longue boucle, peu escarpée, et après une escale auprès du mignon Schlusselstein, et nous voilà de retour dans la plaine où nous soignons notre spleen à grandes lampées de vin nouveau accompagnées d’une poignée de noix fraiches.

Les trois châteaux de Ribeauvillé Départ Ribeauvillé, parking du Zahnacker Distance 13 km Temps estimé 3 h 30 Dénivelé 600 m

Strasbourg 65km

Schlusselstein 590m

Haut-Ribeaupierre 642m

Notre Dame de Dusenbach 400m

Saint-Ulrich

Girsberg

528m

Gloriette

Colmar 15km

RIBEAUVILLÉ

D

jouer (et plus si affinités) À la sortie de Ribeauvillé se trouve un des temples du jeu en Alsace : 180 Machines à sous de dernière génération (avec une mise de départ allant de 1 centime à 2 euros), des jeux de table (roulette, boule, Black Jack…) ainsi qu’une vaste Poker room… Mais le Resort Barrière Ribeauvillé c’est également un hôtel de 54 chambres et deux suites, deux restaurants, un spa de haut niveau (avec les produits Rose & Pepper basés sur les vertus naturelles du raisin et des huiles essentielles) et un espace aquatique de belle facture avec deux bassins intérieurs et un extérieur (une eau à 34°C, des jacuzzis, des jets massants et une rivière à contre-courant). Des spectacles sont en outre organisés : on pourra ainsi découvrir Cauet sur scène, mardi 20 novembre. Avis aux amateurs ! (S.Q.) www.lucienbarriere.com

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gastronomie

sur le front du goût Ainsi nommé en référence au passé militaire de Phalsbourg, Au Soldat de l’An 2 est devenu, au fil des ans, une place forte de la gastronomie dans l’Est de la France. Visite en compagnie de son commandant en chef, Georges Schmitt.

Par Hervé Lévy Photo de Stéphane Louis pour Poly

Le Soldat de l’An 2 se trouve 1 route de Saverne à Phalsbourg. Fermé le dimanche soir, le lundi toute la journée et le mardi midi (de mai à décembre; en congés jusqu’au 15 novembre inclus). Fermé tous les midis, sauf dimanche et ouvert tous les soirs (de janvier à avril). Menus de 39,50 à 154 € 03 87 24 16 16 www.soldatan2.com

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L

e cadre est d’une intense élégance, loin des approximations esthétiques de trop nombreuses adresses. Décorées avec un goût sûr, les deux salles du restaurant – dont une ancienne grange – déploient leurs charmes discrets, mais puissants : un banc d’église gothique, de raffinées peintures du XIXe siècle, des miroirs anciens… Tout est ordonné avec harmonie. Une réminiscence, sans aucun doute de l’ancienne vie du maître des lieux, Georges Schmitt qui fut un antiquaire passionné avant « de laisser sortir de sa boîte le petit diable de la cuisine » qui le titillait depuis l’adolescence. Ce fut d’abord une winstub, en autodidacte – déjà à l’enseigne du Soldat de l’An 2 – puis le tournant gastronomique pris sur les chapeaux de roues au début des années 1980 grâce à la complicité de son ami Stephan Schneider, chef étoilé de l’Auberge Saint Walfrid (Sarreguemines), qui lui ouvre ses cuisines. Rapidement, le Soldat passe à l’offensive : son inventivité et sa « cuisine sensuelle » sont récompensées par une Étoile au Guide Michelin en 1988.

Le credo de Georges Schmitt ? Se transformer en « marchand de bonheur ». Passion, travail et envie irriguent en effet des plats qui secouent le cœur et le corps, très éloignés de cette « cuisine de l’indifférence », la pire de toutes, qui étend ses tentacules maléfiques sur bien des maisons. Le Soldat fait barrage… Les saveurs y explosent dans une symphonie où la pertinence des cuissons fait écho à la finesse des alliances : après l’exquise Cuillère de foie gras, gelée à la vendange tardive et sa confiture, les Côtes et médaillons de chevreuil, rosé et moelleux, grosse raviole ouverte aux trésors des sous-bois évoquent ainsi la perfection d’une réflexion sur le gibier. Pour finir, la Boule de Fête en grand chocolat et sa crème glacée, croquante d’orangettes est une absolue réussite. Et l’on quitte la maison de Phalsbourg, des étoiles dans les yeux et une fougue toute hugolienne chevillée à l’âme : « La tristesse et la peur leur étaient inconnues / Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues » écrivait en effet le poète dans Les Châtiments à propos des soldats de l’an 2.


gastronomie

UN CHASSEUR SACHANT CHASSER

© Jo Pesendorfer

À Colroy-la-Roche, à La Chenaudière, novembre est le mois du gibier : Les Princes de Salm, le restaurant de l’hostellerie propose ainsi un fascinant menu autour de la chasse. Dans le cadre d’une opération organisée par la Fédération des chefs de cuisine restaurateurs d’Alsace, Roger Bouhassoun a imaginé un véritable enchantement jusqu’au 25 novembre… Pour 55 €, voilà une plongée dans la tradition régionale avec notamment un exquis Civet de sanglier. www.cheneaudiere.com

JEUNES

Vous avez moins de 35 ans ? Bénéficiez de la Formule jeunes dans quelque 25 restaurants, parmi les meilleurs de la région ! Présidées par Hubert Maetz, chef du Rosenmeer (Rosheim), les Étoiles d’Alsace regroupent les meilleures adresses du Bas- et du Haut-Rhin, tables (du Crocodile au Cygne, en passant par L’Auberge de l’Ill) et artisans (qui offrent aussi des réductions). Les différents chefs ont imaginé quatre formules : Winstub (37 € par personne), Expression (69 €), Prestige (89 €) et Excellence (100 €). L’année passée, 11 000 personnes avaient bénéficié de ces repas à prix réduits qui permettent de découvrir les richesses du patrimoine gastronomique à des tarifs plus que concurrentiels. À explorer jusqu’au 31 mai 2013 ! www.etoiles-alsace.com

© Zvardon / Conseil des Vins Alsace

PARCE QU’ON EST

2012, un millésime prometteur Alors que les vendanges viennent de s’achever dans le vignoble alsacien, on peut déjà affirmer que la région s’en sort mieux que la Bourgogne ou la Champagne qui ont subi une chute de l’ordre de 30% de leur production. Avec un volume récolté de quelque 1 120 000 hectolitres – une baisse de 5% environ par rapport à l’année passée – la quantité est au rendez-vous, malgré des conditions climatiques chaotiques avec une alternance de grands froids et de fortes chaleurs. La qualité semble aussi très prometteuse… On peut ainsi souligner le grand potentiel de tous les Pinots, blancs (frais et aromatiques), gris (beau fruité) et, surtout, noirs, dont les tanins sont mûrs et soyeux et les couleurs profondes. Les Muscats sont bien fruités et croquants comme les Sylvaner tandis que les Gewurztraminer combinent fraîcheur, fruité et notes épicées. Vivement la dégustation ! www.vinsalsace.com

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m

la culture dans le grand bain

e

a Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur Europäisches Architekturhaus – Oberrhein

Bâtiment emblématique du patrimoine montbéliardais, les Bains Douches viennent d’être réhabilités pour laisser place à un concept original, réunissant une salle de spectacle et un restaurant. Par Dorothée Lachmann Photos de Denis Bretey

À Montbéliard, 4 rue Charles Contejean 03 81 98 45 71 www.bainsdouches-montbeliard.com

www.mascenenationale.com

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L’

histoire des bains douches de Montbéliard commence au début du XXe siècle, alors qu’une réflexion générale sur l’hygiène est à l’œuvre dans toutes les villes ouvrières et que de nouvelles normes apparaissent. Dans le cadre d’une mission de salubrité publique, la municipalité est donc décidée à se doter d’une nouvelle structure. Mais de toute évidence, ce n’est pas une urgence absolue : d’atermoiements en tracasseries administratives, le bâtiment sera inauguré en… 1955, plus de quarante ans après les premières ébauches ! Après d’innombrables tergiversations sur le lieu d’implantation, Jean Boucton propose un projet, “les pieds dans l’eau”, situé rue des Jardins1, bordé

par l’Allan. Construit en forme de U, avec une vaste cour donnant sur la rue, l’édifice est fait de deux ailes, une est dédiée aux douches, l’autre agrémentée de baignoires. L’architecte, également enseignant à l’école des Beaux-Arts de Besançon, fait appel à l’un de ses élèves, Jacques Voitot, pour la réalisation des trois mosaïques ornant la façade, en écho au carrelage qui recouvre murs et piliers intérieurs. Les bains douches de Montbéliard fonctionneront jusqu’en 1984. Pendant une dizaine d’années, le bâtiment reste inutilisé, jusqu’à ce qu’une compagnie de théâtre, spécialisée dans le spectacle de rue – on lui doit notamment le fameux Réveillon des Boulons – décide de l’investir : elle se rebaptise aussitôt Compagnie


architecture

des Bains-Douches2 et installe ses machines fantastiques dans ce vaste local, démontant peu à peu tout ce qui subsistait de l’équipement du lieu. Reste un endroit remarquable, identifié par le ministère de la Culture comme un “Élément d’architecture du XXe siècle très intéressant”. Gastronomie C’est alors que la municipalité choisit, dès 2009, de créer une nouvelle salle de spectacle, celle du Palot étant devenu vétuste. Très vite apparaît le projet d’y associer un restaurant. « Nous voulions faire un vrai lieu de vie en plein cœur de la ville et redonner une âme à ce bâtiment qui n’en avait plus. Il était important aussi d’y intégrer l’eau, de redonner une place à la rivière », confie Jacques Hélias, Maire de Montbéliard. Le cabinet d’architectes Girolimetto s’attelle à la tâche, en conservant l’authenticité du site : le restaurant prendra donc place à l’avant du bâtiment réhabilité, l’équipement culturel à l’arrière, avec construction d’une petite extension sur le côté Est, pour l’accès du public et l’espace bar. Ouvert dès novembre 2011, le restaurant des Bains Douches a su rebondir avec brio sur le passé du lieu, inventant une ambiance totalement originale. On peut donc y manger côté douches ou côté bains. Dans la première partie, des tables et chaises hautes, pour les repas rapides. Chaque détail est un clin d’œil : les luminaires en forme de pommeaux, les tables carrées qui rappellent les bacs de douche, les savonnettes et autres serviettes éponges ornant les étagères ou encore le mur d’eau qui ruisselle agréablement au fond de la pièce. Au milieu de cette déco très design, la mosaïque au sol et sur les piliers est d’origine, de même que la voûte en pierre. L’histoire qui irradie encore ces murs est à ce

point palpable qu’on aurait presque envie de venir déjeuner en peignoir. Côté bains, changement de décor, avec un étonnant patchwork de styles autour d’immenses canapés, pour des dîners qui pourraient bien durer l’éternité. Sous la houlette du chef étoilé Olivier PrévôtCarme3 se déploie une carte à la semblance d’une épopée culinaire. Spectacle Pour intégrer un très bel équipement culturel (tout récemment inauguré) dans les anciens bains douches, certains aménagements ont été nécessaires : l’installation des gradins modulables, notamment, a contraint à un démontage du toit pour rehausser la salle. Elle dispose d’une scène de plain pied de huit mètres sur six, équipée d’un plancher de danse et peut accueillir 160 spectateurs assis (ou 200 debout). La couleur miel du bois, en particulier sur les panneaux acoustiques à l’esthétique très travaillée, associée à un noir profond, donne à l’ensemble beaucoup d’élégance et de chaleur. Ce nouvel espace de diffusion artistique est mis à la disposition de MA scène nationale, qui y programme des créations contemporaines et des scénographies spécifiques, complétant ainsi son éventail de salles déjà composé de l’Arche, du Théâtre municipal (à l’italienne), de la Mals et de la Scène numérique. Les Bains Douches accueillent également le festival des Quatre Saisons organisé par la Ville de Montbéliard. À l’arrière du bâtiment, une superbe terrasse au bord de l’eau accueillera dès les beaux jours arrivés le restaurant d’été. Pour l’heure, cet espace paisible et délicieux est offert aux spectateurs qui ont envie d’une bouffée d’air frais en compagnie des cygnes et autres habitants de l’Allan.

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Aujourd’hui, rue Charles Contejean

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www.lesbainsdouches.com

Une étoile au Guide Michelin au Saint-Martin www.le-saint-martin.fr

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DESIGN

le roi de la glisse Comme chaque hiver, le Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal dévoile sa boule de Noël imaginée et conçue avec un designer. Thibaut Allgayer a mis la gomme pour livrer Vroum, du plus bel effet dans les sapins. Et pas qu’un pneu…

Par Emmanuel Dosda Photos de Guy Rebmeister

En vente à Meisenthal (18€ environ), au Centre International d’art verrier, mais aussi dans les Offices de tourisme de Besançon, de Colmar, de Forbach, de Metz et de Nancy, aux Marchés de Noël d’Ottmarsheim, de Sarreguemines et de Strasbourg ou au Caveau Sainte Barbe de Sélestat www.ciav-meisenthal.fr www.thibautallgayer.com

A

près Triplette (dessinée par Jasper Morrison) en forme de boule de pétanque, Tilt (Philippe Riehling) en ampoule, Helium (V8), ressemblant à un ballon baudruche, le nuage Cumulus (Mendel Heit) ou Kilo (atelier BL 119) ayant l’aspect d’un poids, la nouvelle boule de Noël éditée par le CIAV sera-t-elle encore un objet usuel détourné ? La réponse est oui avec Vroum de Thibaut Allgayer, reprenant le motif du pneu-neige.

Le grand détournement

Yann Grienenberger, directeur du CIAV, est conscient du piège qui consisterait à, indéfiniment, détourner tout et n’importe quoi : « Tu prends un mot au hasard dans le dico, tu le fais en verre, tu mets une attache et c’est une boule », ironise-t-il. Seulement, chaque création est le fruit d’une réflexion et d’un travail effectués avec un designer sélectionné par Yann et son équipe qui assument la part narrative (« chaque réalisation raconte une histoire »), son aspect ludique (« il s’agit de répondre aux attentes d’un public large »), mais refuse la facilité et la simple anecdote. Le choix s’est porté sur le jeune Thibaut Allgayer (né en 1985, « il sort de l’œuf »). Selon l’intéressé, « il fallait inscrire cette boule dans la trajectoire des collections qui la précèdent. Ce fut un exercice intéressant, mais aussi assez difficile car la seule fonction de la boule est décorative. Je devais trouver la bonne histoire à raconter, une icône à transférer, une fonction-fiction. » 96

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Diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg, Thibaut a fait ses armes dans l’atelier de Fred Rieffel. « À l’école, nous apprenons généralement à imaginer des concepts mais, paradoxalement, très peu à les dessiner. Chez Fred, je me suis intéressé aux détails et à l’art de combiner une belle idée avec un beau dessin. » Depuis 2010, il vit à Copenhague où il a son propre studio tout en étant directeur créatif au Studio David Thulstrup. En parallèle, il fait partie d’un collectif islandais de créateurs. La Scandinavie, un eldorado pour les designers ? « Il y a une philosophie qui me correspond : on y développe l’utilisation de matériaux naturels pour un design démocratique avec une véritable conscience écologique. »

À toute blinde

L’auteur du bureau Work in translation, meuble nomade sur roulettes, pratique un design adapté à un monde en mouvement. « Nos territoires de vie s’élargissent, il faut donc adapter nos objets du quotidien à cette mobilité. Plus généralement, je suis passionné par les véhicules. D’ailleurs, je vis sur un bateau. » Pas étonnant, dès lors, que le créateur / voyageur ait opté pour le pneu-neige « qui fait partie de l’iconographie hivernale ». Ce mariage contre-nature a amusé le créateur qui a rapproché deux éléments faisant référence au souffle, « celui du verrier ou de la station de gonflage. Ce sont deux objets que l’on stocke précieusement toute l’année, l’un au garage, l’autre au grenier, pour les res-


sortir l’hiver venu. » Il n’a surtout pas cherché à simplement réduire un pneu à une petite échelle, mais lui a emprunté « son motif caractéristique pour l’appliquer sur une boule. Il s’agit d’un transfert de profil fonctionnel en élément décoratif. »

Un défi technique

Fasciné par la collaboration avec les artisans, Thibaut Allgayer se dit « curieux de tout mais finalement expert en peu de chose. C’est pour cela que j’aime travailler avec des spécialistes d’une matière ou d’une technique », comme au sein de son collectif où il invente régulièrement des produits, en petites et moyennes séries, avec des matériaux bruts. « Je crois en l’idée d’une production locale de qualité à échelle humaine. En temps de crise, cela apporte une valeur ajoutée. » Selon lui, le CIAV est l’endroit idéal pour développer une telle démarche « Nous partageons une même philosophie, une même envie de confronter tradition et nouveaux questionnements, qu’ils soient technologiques, fonctionnels ou esthétiques. Ce fut un processus d’apprentissage car le travail d’un objet moulé était une première pour moi et, au regard de la forme de cette boule, un véritable défi technique. En résulte un moule composé de six parties, une prouesse, une véritable machine. J’adore dis-

cuter de contraintes et adapter mon dessin. » Et de conclure sur son métier : « Trouver le juste compromis entre la technique et l’esthétique. » Poly 153 Novembre 12

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LAST BUT NOT LEAST

lescop chanteur nouvelle vague ,

Par Emmanuel Dosda Photo d’Antoine Carlier

En concert jeudi 29 novembre à Besançon, au Foyer des oiseaux (dans le cadre du festival GéNéRiQ) et vendredi 30 à Strasbourg, à La Laiterie www.generiq-festival.com www.artefact.org

Lescop, édité par Pop noire

Dernière virée nocturne. À Montréal, après notre concert, nous avons fini tard dans un bar / restau végétarien… alors que nous n’étions pas dans une ambiance très “végétarienne” et que notre avion décollait à sept heures du mat’. Je suis tombé sur un type qui m’a parlé pendant des heures. Il continuait, encore et encore, même quand je lui tournais le dos. Une spécialité québécoise ?

Étienne Daho, Daniel Darc, Ian Curtis… on utilise beaucoup de comparaisons vous concernant. Quelle est la dernière vous ayant agacé. Quelqu’un a parlé d’une copie conforme de Cabaret Voltaire… De manière générale, je ne comprends pas les comparaisons. Pourquoi vouloir toujours rattacher un artiste à un autre ?

Dans vos chansons, il est question de bière, de vodka ou de bourbon… Gardez-vous des souvenirs de votre dernière cuite. C’était cette nuit-là et mes souvenirs sont nébuleux.

Dernière reprise. Je suis en train de travailler sur Pendant que les champs brûlent de Niagara.

Après Paris, Los Angeles, Ljubljana ou Tokyo, cités présentes dans vos morceaux, dernière ville visitée. Après Montréal, je suis allé à New York. J’ai détesté Manhattan, un quartier bourgeois et friqué, comme dans un livre de Bret Easton Ellis. Par contre, j’ai adoré Brooklyn, un vrai décor de cinéma : on a l’impression que Spiderman va descendre d’un building et que De Niro va débarquer en taxi jaune. Dernière rencontre avec Hedi Slimane. C’était au printemps, à Londres, pour le photo shoot. Nous nous sommes rencontrés via un réseau de musiciens. Il a écouté mon premier maxi et a vraiment aimé.

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Dernière fois que vous avez lâché prise. Sur scène. C’est une sorte d’hypnose pour moi, une introspection. Dernier mauvais rêve. Tout à l’heure, juste avant que mon réveil ne sonne pour cette interview. Non, non, vous ne faites pas partie de mon cauchemar… Dernière clope. Le 28 février 2012. J’ai arrêté de fumer ce jour-là. Dernier disque. Lescop, édité par Pop noire www.popnoire.com


le e a t i p Ca éenn p euro

Orchestre PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG ORCHESTRE NATIONAL

NOVeMBRe diMaNChe 18 NOVeMBRe StraSBourg auditoriuM de la CitÉ de la MuSique et de la danSe - 17h - tariF unique - 5,50 euroS

MaRkO leTonja direction deJaN lazic´ piano CONCEPTION REYMANN COMMUNICATION // MONTAGE BKN.FR // LICENCES D’ENTREPRENEURS DE SPECTACLES N° 2 : 104 79 64 ET N°3 : 104 79 65

ViNCeNt gillig trompette haydn Symphonie n° 85 en si bémol majeur dite La Reine Concerto pour piano et orchestre en sol majeur hob.XViii n° 4 ChtChedrine Stalin cocktail ChoStaKovitCh Concerto n° 1 pour piano, trompette et orchestre à cordes en ut mineur op. 35

Jeudi 22 & VeNdRedi 23 NOVeMBRe PMC Salle ÉraSMe - 20h30

WalteR Weller direction deJaN lazic´ piano SuK Légende des vainqueurs morts op. 35b Beethoven Concerto n° 3 pour piano et orchestre en ut mineur op. 37 SChuMann Symphonie n° 4 en ré mineur op. 120

Jeudi 29 NOVeMBRe PMC Salle ÉraSMe - 20h30

Muhai Tang direction FeNg ning violon Wagner Lohengrin, prélude de l’acte 1 BruCh Fantaisie écossaise pour violon et orchestre op. 46 KhaChaturian Mascarade suite StravinSKy L’Oiseau de feu suite

>2013

SAISON 2012

Renseignements : 03 69 06 37 06 / www.philharmonique.strasbourg.eu Billetterie : caisse OPS entrée Schweitzer du lundi au vendredi de 10h à 18h Boutique Culture, 10 place de la cathédrale du mardi au samedi de 12h à 19h


CFCM et Caisses affiliées – RCS B 588 505 354 – Novembre 2012

RENDEZ-VOUS

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