Poly 231 - Septembre 2020

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SEPTEMBRE 2020

POLY.FR

MAGAZINE

SPÉCIAL

SAISONS

N°231

20/21

culture, NE LÂCHONS RIEN



BRÈVES

ÉRUPTIF Créé à l’initiative de l’agence d’architecture AZCA (Atelier Zéro Carbone Architectes), Volcano est un nouveau lieu dédié à l’art contemporain situé à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d’Or. Pour sa première exposition intitulée Basquiat Origine (16/09-16/01/2021) sont proposés à la découverte 35 dessins inédits d’un artiste iconique du XXe siècle issus de collections privées. La très, très grande classe ! galerievolcano.com

Comet Musicke © Vincent Arbelet

ADDICTIF

Jean-Michel Basquiat, Sans titre BRXT, env.1976-1986, collection privée © DR André Morin

Pour sa 28e édition prenant pour thème Rose des vents (qui est aussi celui du Festival ami Via Mediæval de RhénaniePalatinat, 04-25/09), Voix & Route romane (jusqu'au 20/09, sites de la Route romane d’Alsace) a concocté un excitant programme. Les différentes facettes de la musique médiévale sont explorées en dix concerts, faisant voyager l’auditeur dans des sonorités dont on devient vite accro. L’Ensemble helvète La Morra rend, par exemple, hommage à Petrus Wilhelmi de Grudencz et à d’autres compositeurs

d’Europe centrale du XVe siècle (11/09, Rosheim), tandis que les Estoniens de Heinavanker interprètent de nombreux chants issus de la tradition archaïque runique (18/09, Guebwiller). Enfin, on ne saurait oublier le pionnier Ensemble Gilles Binchois qui nous convie à des conversations modales autour de la Méditerranée pour un concert décentralisé en Lorraine (20/09, Saint-Dié-des-Vosges). voix-romane.com

CONTEMPLATIF L’exposition événement dédiée à Edward Hopper de la Fondation Beyeler à Riehen / Bâle a été prolongée (jusqu’au 20/09) pour le plus grand bonheur de ceux qui n’avaient pas encore eu l’occasion de (re) découvrir ce peintre américain majeur du XXe siècle. À la lumière du confinement et de la crise actuelle, ses représentations iconiques de paysages naturels et urbains presque dépeuplés et vaguement angoissants sont plus que jamais d’actualité. fondationbeyeler.ch Edward Hopper, Lighthouse Hill, 1927, Dallas Museum of Art, Donnation Mr. & Mrs. Maurice Purnell © Heirs of Josephine Hopper, 2019, ProLitteris, Zürich Photo : Dallas Museum of Art / Brad Flowers

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ART URBAIN Strasbourg sous les bombes ! Le festival Colors investit la cité (0427/09) pour la deuxième fois sous l’impulsion du collectif d’art urbain éponyme. S’installant Plaine des Bouchers, au Studio 116, on découvre une exposition regroupant la crème du mouvement, revenant sur son histoire et présentant des personnalités comme la graffeuse barcelonaise Musa, Goddog avec son univers géométrico-narratif ou encore le très abstrait Ilk (en photo). colors-art.eu

Construction de la Tour Eiffel, 1888, auteur inconnu © Collection J. Herzog et P. de Meuron Kabinett, Bâle. All rights reserved.

ARCHITECTURE

MUSIQUE

© Mischa Blank

Sa baguette est précise et bouillonnante : le chef ouzbek âgé de 32 ans Aziz Shokhakimov vient d’être désigné directeur musical et artistique de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Il prendra ses fonctions en septembre 2021 pour un contrat initial de trois ans, succédant à Marko Letonja, arrivé en 2012. Les spectateurs du PMC qui l’ont souvent entendu depuis 2014, le reverront cette saison pour un programme Dutilleux / Mozart / SaintSaëns (11 & 12/03/2021). philharmonique.strasbourg.eu

À travers des photographies de la Collection de Ruth et Peter Herzog, le Musée Historique de Bâle mène une réflexion sur Moyen-Âge & Modernité (jusqu’au 04/10, Barfüsserkirche). Jusqu’au XIXe siècle, les églises représentaient richesse et pouvoir avant d’être concurrencées par des bâtiments de plus en plus grands et impressionnants. Gares, halles, monuments comme la Tour Eiffel, cathédrales et monastères se rencontrent dans des clichés illustrant l’éternelle aspiration de l’homme à la grandeur. hmb.ch

© Ville de Nancy

PHOTO Avec ADN (Art dans Nancy), la cité lorraine souhaite développer la présence de la création dans l’espace public. Après Buren, Morellet ou Jef Aérosol, c’est Daniel Denise qui est invité à habiter la ville. Avec son Petit théâtre du Monde, il propose une installation photographique visible au Parc de la Pépinière, invitation à s’immerger physiquement dans le paysage au travers de fragments d’images flottant dans l’espace. nancy.fr Poly 231

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BRÈVES

ART WILL SURVIVE Deana Lawson, Chief, 2019

Pour stimuler un secteur également touché par la crise avec son lot d’annulations, musées, galeries et autres lieux bâlois se sont réunis pour présenter, pendant les Kunsttage Basel (17-20/09), une quarantaine d’événements. Expositions – comme Centropy de la photographe Deana Lawson à la Kunsthalle Basel (voir photo) –, visites guidés et conférences (pour la plupart gratuites) sont au menu pour inciter les visiteurs à revenir et à explorer une vaste offre ! kunsttagebasel.ch

DRIVE MY CAR Berlines légendaires, carrosseries rutilantes et autres supercars de science-fiction : avec Destination Automobile (12 & 13/09), Mulhouse et son agglomération confirment leur statut de capitale de la voiture dans l’Hexagone. Au menu, un cortège des légendes avec 150 modèles iconiques, une fête populaire au Parc Expo, mais aussi un son et lumière à l’Autodrome de la Cité de l’Automobile avec en guest Franky Zapata, l’homme volant ! mulhouse-alsace.fr

LISTEN TO MUSIC Malgré la crise sanitaire, la 73e édition du Festival international de musique de Besançon (11-20/09) aura lieu. Même si la forme est réduite, plus de 30 concerts sont programmés avec des orchestres jusqu’à 40 musiciens proposant un focus sur Camille Pépin, compositrice – qui n’est pas encore âgée de 30 ans – de l’année aux Victoires de la musique classique 2020 avec notamment Number 1 d’après Pollock et Nighthawks (20/09, Théâtre Ledoux). festival-besancon.com

The Dark & The Wicked, Bryan Bertino

Camille Pepin © Natacha Colmez-Collard

FANTASTIC MOVIES

Reporté à 2021, le Festival européen du film fantastique de Strasbourg n’a pas dit son dernier mot ! Afin de soutenir la création de films de genre, l’événement présente Les Week-ends du Fantastique. Trois rendez-vous (18-20/09, 30/10-01/11 et 27-29/11) pour profiter aux cinémas Star, Vox et UGC de longs et courts-métrages inédits, ainsi que de rétrospectives pour redécouvrir des classiques. Comme chaque année, l’événement se décline en section numérique Jeux vidéo & Réalité virtuelle au Shadok (12/09-28/11). strasbourgfestival.com Poly 231

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SOMMAIRE

14 Les Bibliothèques idéales, Le Livre sur la place et Livres dans la Boucle pour une dense rentrée littéraire

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La Comédie de Colmar propose des Circuits-cours

20 Entretien avec Jacques Livchine, pionnier du théâtre de rue 26 Découverte du cirque contemporain à l’Atollfestival 30 Interview avec Christophe Chassol en quête d’un art total 35-66

SAISONS 2020 / 21

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67 Tim Dup, beats electros à la recherche du monde perdu 70 Le groupe de rock MNNQNS et ses covers confinées 72 Voyage onirique avec Görge le rêveur de Zemlinsky 76 Festival Musica : zoom sur une programmation pleine de renouveau, avec Séverine Chavrier, Ryoji Ikeda, etc.

84 Leon Löwentraut : une jeune peintre prometteur

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à la kunsthalle messmer

86 À Besançon, Time is Tomi 88

Karlsruhe, Unesco City of Media Arts la culture regarde vers le futur

90 Une balade pour se perdre autour d’Urbeis 94 À table chez Yannick Guth 98 Un dernier pour la route 14

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COUVERTURE Cette photographie signée François Passerini est issue de Falaise, de la compagnie circassienne Baro d’evel présenté au Maillon (Strasbourg) du 3 au 6 février 2021. Dans ce spectacle où s’imbriquent arts du cirque, danse et musique est posée une question essentielle : comment la fin d’un monde peut-elle devenir le début d’un autre ? Cette image onirique illustre parfaitement la situation de la culture, au bord du gouffre. Tout petit, un oiseau d’espoir s’élance…

maillon.eu – barodevel.com

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OURS · ILS FONT POLY

Ours

Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)

Thomas Flagel Théâtre des balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs africains… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes dans Poly.

Florent Lachèvre Après quelques mois passés à la rédac’ en 2015, il l’intègre. Alias Abdel Boumaza pour les intimes, il a tracé sa route, de l’écriture de scénarios en collaboration à la PQR normande. Sa plume fait entrer à Poly… le death métal !

Ours en stock, Baden-Baden, 2020 © Hervé Lévy

poly.fr

Sarah Maria Krein Cette française de cœur qui vient d’outre-Rhin a plus d’un tour dans son sac : traduction, rédaction, corrections… Ajoutons “coaching des troupes en cas de coup de mou” pour compléter la liste des compétences de SMK.

Anaïs Guillon Entre clics frénétiques et plaisanteries de baraque à frites, elle illumine le studio graphique de son rire atomique et maquette à la vitesse d’une Renault Captur lancée entre Strasbourg et Bietlenheim. Véridique !

Julien Schick Il papote archi avec son copain Rudy, cherche des cèpes dans les forêts alsaciennes, se perd dans les sables de Namibie… Mais comment fait-il pour, en plus, diriger la publication de Poly ?

RÉDACTION / GRAPHISME redaction@poly.fr – 03 90 22 93 49 Directeur de la publication Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Responsable de la rédaction Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr Rédacteurs Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Florent Lachèvre / florent.lachevre@bkn.fr Ont participé à ce numéro Benoît Linder, Stéphane Louis, Christian Pion, Pierre Reichert, Irina Schrag, Daniel Vogel et Raphaël Zimmermann Graphistes Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Élisabeth Amarin / elisabeth.amarin@bkn.fr Développement web François Agras / webmaster@bkn.fr

Éric Meyer

Maquette Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l'équipe de Poly

Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain.

Administration, gestion, abonnements 03 90 22 93 30 Mélissa Hufschmitt / melissa.hufschmitt@bkn.fr Diffusion 03 90 22 93 32 Vincent Bourgin / vincent.bourgin@bkn.fr

" Ne ratez aucun Poly, abonnez-vous ! Envoyez ce coupon avec votre règlement à Magazine Poly - Service abonnement 16 rue Teutsch 67 000 Strasbourg Nom……………………………………………………………………………………… Prénom………………………………………………………………………………… Adresse………………………………………………………………………………… Adresse………………………………………………………………………………… Mail………………………………………………………………………………………… Poly est un magazine gratuit, pour le recevoir dès sa sortie, abonnez-vous !

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5 numéros - 20 ¤

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Contacts pub 03 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Sarah Krein / sarah.krein@bkn.fr Pierre Ledermann / pierre@poly.fr Patrice Brogard / patrice@poly.fr COMMUNICATION BKN Éditeur / BKN Studio – bkn.fr 03 90 22 93 30

Magazine mensuel édité par BKN S.à.R.L. au capital de 100 000 € 16 rue Édouard Teutsch – 67000 Strasbourg Dépôt légal : Août 2020 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression : CE © Poly 2020. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs.



ÉDITO

la culture malade de la covid

Par Hervé Lévy Illustration d’Éric Meyer pour Poly

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ans des périodes aussi complexes que celle que nous vivons, où le pilotage, à quelque échelon que ce soit, se fait à vue dans un épais brouillard, il est bon d’ouvrir un livre, d’y piocher quelques mots aidant à penser le moment et à panser nos plaies. Camus, La Peste : « À mesure que les jours passaient, on se mit à craindre que ce malheur n’eût véritablement pas de fin et, du même coup, la cessation de l’épidémie devint l’objet de toutes les espérances. » Nous voilà comme les personnages du roman, enfermés dans un processus mental mortifère. La Covid-19 est certes bien moins létale que la peste, mais elle a colonisé les imaginaires, générant des situations absurdes qui seraient drolatiques si elles n’étaient si tristes : pourquoi permettre à une foule avide de consommer collé-serré au centre-ville et choisir de ne pas fluidifier l’accès aux salles de spectacle ? Étant bien entendu que chacun est masqué et se desquame régulièrement l’épiderme à grands coups de gel hydroalcoolique. Car oui, la culture est en danger, ses acteurs incapables de travailler : la fréquentation des

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salles de cinéma a plongé, les annulations tombent comme à Gravelotte, les musées sont vides, les salles de concert demeurent dans une cruelle expectative, les tourneurs, fabricants et loueurs de matos et autres producteurs se demandent si un avenir est possible… La lecture du Rapport du Département des études, de la prospective et des statistiques paru début juillet mesurant l’impact de la crise sur le secteur est sans appel : une baisse moyenne du chiffre d’affaires de 22,3 milliards d’euros (soit 25% pour 2020, par rapport à 2019) avec un effet le plus important sur le spectacle vivant (-72 %), le patrimoine (-36 %), les arts visuels (-31 %) et l’architecture (-28 %). C’est le seul secteur ainsi laissé dans l’impasse : nous voilà au bord d’un gouffre dont le fond est invisible. Nous n’avons envie de dire que deux choses. Aux tutelles, mécènes et autres financeurs : aideznous ! Aux spectateurs qui hésitent : n’ayez pas peur ! Il est néanmoins indispensable d’avoir confiance en cette rentrée 2020 riche de multiples propositions que nous partageons avec vous dans ces pages.



LITTÉRATURE

l’étrangère La Guerre, la guerre, la guerre de Leïla Slimani est le premier tome d’une trilogie intitulée Le Pays des autres. Entre fresque historique et destinées intimes, cette saga familiale éblouissante se déploie dans le Maroc des années 1950. Rencontre avec le Goncourt 2016.

Par Hervé Lévy Photo de Benoît Linder pour Poly

Leïla Slimani est l’invitée de la soirée d’ouverture des Bibliothèques idéales (03/09, Cité de la Musique et de la Danse, Strasbourg, sur inscription) bibliotheques-ideales.strasbourg.eu Elle préside l’édition 2020 du Livre sur la Place (11-20/09, Nancy) où elle sera présente trois jours (11-13/09, sur inscription) lelivresurlaplace.nancy.fr

Comment interpréter ce titre, Le Pays des autres ? C’est une référence à la colonisation bien évidemment, lorsque votre pays devient celui des autres. Mais existent d’autres significations : dans les années 1950, les femmes vivaient dans le pays des autres, celui des hommes. Aujourd’hui, pour ma part, que ce soit au Maroc ou en France, j’ai toujours l’impression de vivre dans le pays des autres, un sentiment partagé avec Kamel Daoud. Nous en avons beaucoup parlé ensemble : d’un côté de la Méditerranée je suis “trop occidentale”, de l’autre “trop arabe”. Revenir sur mon histoire familiale est une tentative de comprendre cette altérité : marocain, mon grand-père a combattu sous l’uniforme français au cours de la Deuxième Guerre mondiale, puis est rentré au pays avec son épouse alsacienne. Être étranger partout, n’est-ce pas l’état naturel de l’écrivain ? Oui, effectivement et ce sentiment d’être étrangère partout me plaît énormément. Il permet de voir la personne la plus éloignée de soi comme un alter ego, mais c’est un véritable privilège de pouvoir le vivre sans douleur, ni mal-être.

Paru chez Gallimard (20 €) gallimard.fr

En évoquant l’histoire d’Amine et Mathilde sur les dix ans qui aboutiront à l’indépendance du Maroc en 1956, vous faites du pays un protagoniste central d’une ample fresque… Je voulais lui rendre la part de romanesque qu’il contient : son histoire est passionnante, pleine de panache, mais finalement assez mal connue. J’avais le sentiment que l’Algérie avait pris beaucoup de place, ce qui est normal, et souhaitais replacer le Maroc au centre du jeu en narrant la destinée d’une famille pendant une soixantaine d’années. Dans quelle mesure Amine est-il proche de votre grand-père ?

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Son histoire est le substrat du roman, mais il était un homme taiseux, très secret. Je ne sais pas grand-chose de lui, de ses sentiments réels et me suis inspirée des anecdotes familiales, de souvenirs qui ont traversé les générations, souvent enjolivés. S’il y a beaucoup de fiction dans le personnage d’Amine, ce qui est très proche de mon grand-père est la une certitude qui l’animait : il pensait que le travail et l’honnêteté portent toujours leurs fruits. À l’époque, comment est jugé le couple mixte qu’il forme avec Mathilde, jeune fille rencontrée en Alsace, alors qu’il était soldat ? Au premier regard, il peut sembler improbable : ce couple est une anomalie pour l’époque, même si un tel phénomène, certes minoritaire, a existé. Depuis que j’ai écrit ce livre j’ai reçu de nombreux témoignages racontant des histoires similaires de femmes mariées avec des Algériens, des Marocains ou des Tunisiens. La guerre avait permis de mettre en contact des populations qui ne se seraient jamais rencontrées sinon. Comment décrire cet après-guerre au Maroc ? C’est un moment passionnant, où toutes les cartes sont rebattues, où les ruptures sont multiples : les jeunes remettent les vieux en cause, les Arabes remettent les colons français en cause, les femmes commencent à remettre en cause la domination patriarcale. Inspirée de votre grand-mère, Mathilde est très émancipée pour l’époque : peut-on la considérer comme une féministe ? Je ne sais pas si elle aurait qualifié ainsi son attitude, mais en tout cas ma grand-mère ne s’en laissait pas compter et considérait qu’elle devait avoir une considération égale à celle les hommes, revendiquant simplement sa place dans le monde.


Lors d’un retour dans son Alsace natale elle est traversée par l’idée de ne plus rentrer au Maroc… Mes héroïnes féminines sont toutes habitées, à un moment ou un autre, par le désir d’abandonner leurs enfants, de se défaire de cette responsabilité, formulant la question : « Si je ne vous avais plus quelle femme serais-je ? » Mathilde revient en Europe, où il est possible d’avoir une vie très différente de celle qu’elle mène à Meknès. Elle peut

se réinventer un destin, mais comprend assez vite que la condition des femmes dans les années 1950 ne varie pas tant que cela en France ou au Maroc. Vous êtes mariée, vous avez deux enfants, il est très difficile de dire que vous vous êtes trompée. La pression est forte : vous avez fait un choix et il faut l’assumer en allant au bout quel qu’en soit le prix. Dans ce roman, vous explorez des dominations croisées, des

hommes sur les femmes, des colons sur les colonisés. Comment les décrire ? J’avais le désir d’éviter tout manichéisme, de ne pas scinder le monde entre bons et méchants, dominés et dominants. J’ai tenté de donner une vision kaléidoscopique en clair-obscur de la société afin de mettre à jour les rouages de ces mécanismes de domination.

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Enki Bilal © Hannah Assouline

une rentrée pas comme les autres Strasbourg, Nancy et Besançon célèbrent une rentrée littéraire un peu particulière. Zoom sur les Bibliothèques idéales, Le Livre sur la Place et Livres dans la Boucle à travers plusieurs auteurs présents.

Par Hervé Lévy et Thomas Flagel

Aux Bibliothèques idéales (Strasbourg), du 3 au 13 septembre (rencontres sur réservation), retrouvez Éric Reinhardt (11/09) et Enki Bilal (11/09) bibliotheques-ideales.strasbourg.eu Au Livre sur la place (Nancy), du 11 au 20 septembre (rencontres sur réservation), seront présents Alice Zeniter (12/09), Éric Reinhardt (19/09) et Marc Alexandre Oho Bambe (20/09) lelivresurlaplace.fr Aux Livres dans la Boucle (Besançon), sur trois week-ends (18 au 20 septembre, 26 et 27 septembre, puis 2 et 4 octobre), on retrouve Alice Zeniter (1820/09), présidence de cette 5e édition livresdanslaboucle.fr

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abitué des rentrées littéraires, Éric Reinhardt est une des sensations du cru 2020 avec Comédies françaises (Gallimard), roman foisonnant où se mêlent histoire d’amour et enquête sur la création d’Internet au mitan des années 1970. Le héros ? Un jeune journaliste, nouvel avatar du romancier : « Il avait un sens aigu du merveilleux, Dimitri. Et aussi un sens aigu du sacré. Il était donc essentiellement anachronique, même si ses goûts, l’intransigeant désir de vérité et de justice avec lequel il s’efforçait de lire le monde ou d’exercer sa profession de reporter (il travaillait à l’AFP), son ironie et la colère sans trêve qui l’habitaient le rendaient aussi tout à fait affûté comme garçon spécifique d’aujourd’hui, violenté par l’époque, dans la plaie, éruptif menaçant. » Il se plonge sur les travaux d’un scientifique français, inventeur du système de transmission de données à la base de la révolution numérique. Pourquoi ses recherches ont-elles été interrompues ? Quelles sont les connivences entre certains industriels et le pouvoir politique alors en place ? Comment agissent les lobbies ? L’écriture du natif de

Nancy est rythmée et élégante, les dialogues ciselés avec soin, les mots cinglants. Chez Picasso On connaît l’Art d’Enki Bilal, de ses classiques en BD (Partie de Chasse, La Foire aux immortels, etc.) à ses créations plus récentes, Bug ou le Cycle du Coup de Sang. On connait sa maestria technique et cette palette de bleus extraordinairement vaste, si caractéristique. On connaît aussi ses films… Nu avec Picasso (Stock) est sa première incursion littéraire. Après d’autres (Kamel Daoud, Santiago H. Amigorena…), il a été convié à passer une nuit au Musée Picasso. Dans un texte fulgurant, émaillé de dessins, il propose une déambulation hallucinée, entre créatures fantastiques (minotaures, chevaux, têtes monstrueuses…) et cauchemars tirés de Guernica. Il nous donne sa vision du maître et de son musée, poétique et géniale. Démocratie Autre sensation de la rentrée, le dernier ouvrage d’Alice Zeniter, Comme un empire dans un empire (Flammarion) est un ro-


Alice Zeniter © Astrid di Crollalanza - Flammarion

Éric Reinhardt © F. Mantovani

man de l’engagement mettant en scène une génération (presque) perdue face à un monde violent d’où le politique semble de plus en plus absent. L’auteur de l’éblouissant Art de perdre (Goncourt des Lycéens, 2017) relatant la destinée des harkis avec sensibilité, revient pour une variation sur le militantisme d’Antoine, assistant parlementaire d’un député PS désabusé et d’une hackeuse qui se fait appeler L. Ils se rencontrent en 2019. Cherchent à lutter sur fond de crise des Gilets jaunes, chacun à leur manière, pour des valeurs humanistes de résistance. Le cœur à l’outrage Poète slameur à ses heures (alias Capitaine Alexandre), Marc Alexandre Oho Bambe a l’estime d’Alain Mabanckou qui l’invita à performer à l’inauguration de son cours au Collège de France. Après plusieurs recueils de poésie, fasciné par Aimé Césaire et René Char, ce Camerounais s’est essayé au roman avec brio. Le second, Les Lumières d’Oujda (Calmann-Lévy), conte le parcours d’exil d’un anti-héros renvoyé à Douala après avoir échoué dans sa tentative de voyage et de régularisation. De Rome, il revient au pays natal avec une blessure amoureuse et une bonne dose de honte que balaie bien vite sa grand-mère Sita. Le sens de sa vie, il le trouve dans une association luttant contre les départs vers l’Europe. De l’enfer libyen avec passeurs violeurs et violents, il chemine de rencontres en amitiés jusqu’à une église-refuge marocaine à Oujda, rencontre l’amour dans les yeux verts d’Imane et tombe sous le charme de Yaguine et Fodé, petits frères électrisant la kora en rappant leur blues et leurs bleus à l’âme, leurs ailes coupées et leur ténacité jusqu’à Tanger pour essayer d’infléchir une destinée. Entre récit initiatique et carnet de bord, fulgurances poétiques et indignations politiques, Marc Alexandre Oho Bambe signe un livre engagé et engageant, posant des mots sur des espoirs d’ailleurs, défiant dictatures africaines et cynisme européen tout en invitant chacun à faire sa part, modestement. « En espoir de cause ».

Marc Alexandre Oho Bambe © K. Wong Youk Hong

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THÉÂTRE

garden partys Face aux courts-circuits induits par la Covid-19, la Comédie de Colmar se lance dans des Circuits-courts : la production de trois petites formes jouables partout s’appuyant sur les artistes maison.

Par Thomas Flagel Photos d’André Muller

Dans les cours d’école, Ehpads, associations, jardins familiaux ou à la Comédie de Colmar, en septembre et octobre (gratuit sur réservation, à partir d’une jauge de 5 personnes) comedie-colmar.com Une intégrale sera donnée à la CDC à une date encore inconnue à l’heure où nous écrivons ces lignes, rendez-vous sur comedie-colmar.com

Alice Laloy et Catherine Umbdenstock sont les deux artistes associées de la CDC 2 Le collectif se compose de Juliette Steiner, Paul Schirck, David Séchaud et Pierre Maillet 1

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la CDC comme ailleurs, le retour à l’activité passait par des retrouvailles. Celle des équipes travaillant au théâtre « devenu totalement sinistre une fois ses acteurs au quotidien partis en confinement », confie Matthieu Cruciani, co-directeur des lieux. « J’avais l’impression, lorsque j’y passais, de pénétrer dans une cathédrale vide, abandonnée. L’idée a très vite germé, lorsque les perspectives d’y revenir avec toutes les précautions sanitaires requises se sont confirmées, de se retrouver avec nos artistes associés1 et notre collectif artistique2. De créer trois courts solos à jouer en extérieur que nous montons avec eux dans un moment de travail précieux qui nous avait terriblement manqué. » Dès juillet, Catherine Umbdenstock a proposé un collage de textes de Tomi Ungerer, Otto & autres contes. Le temps pour Simon Delétang de s’atteler à Construire un feu avec Paul Schirck. Cette nouvelle de Jack London, peut-être la plus célèbre, confronte un jeune homme à l’irrémédiable force de la nature et au besoin d’anti-individualisme. Une sorte d’Into The Wild dénué de poussée aux nues d’un vagabond céleste mythifié façon Sean Penn. London ne cherche pas à séduire, son monde est glaçant et dangereux. Quant à Matthieu Cruciani, il confie à Juliette Steiner l’interprétation de

L’Occupation des sols de Jean Echenoz. Seize pages cocasses avec « un côté cruel et froidement goguenard » racontant l’histoire d’un homme et de son fils, dont l’épouse et mère a disparu dans un incendie ayant emporté tout souvenir. Son portrait peint sur un immeuble en rénovation pour une publicité demeure la seule image qu’ils en conservent. Son lent effritement devient prétexte à une réflexion sur la disparition. David Séchaud signe la scénographie : une charrette d’architecte contenant tout le bric-à-brac nécessaire pour bâtir et reconstituer ce portrait avec bâches et tasseaux. « Ce petit bijou littéraire évoque la finitude et la mortalité au cœur de nos villes, ce mélange de respiration humaine, à la fois belle et désespérante de chantier permanent » assure le metteur en scène. « Echenoz déploie quelque chose de plastique dans une énigme de la langue délicieuse. » À ces trois propositions s’ajoute l’accueil de Capuche, aventure intérieure de Victoria Belen Martinez. Un solo circassien mêlant danse et marionnettes autour de l’envie de disparaître. « Nous parions sur l’itinérance, déjà très présente dans notre saison à venir. Nous allons au-devant des gens, pour créer du désir, en espérant les retrouver nombreux, au jardin, puis au théâtre. »



THÉÂTRE

la beauté est dans la rue Pionnier du théâtre de rue avec son Théâtre de l’Unité fondé en 1968, Jacques Livchine continue inlassablement de défendre un art populaire à la conquête des villes et villages, battant le pavé et prêt à en découdre.

Par Thomas Flagel Photo de Rodrigo Acuña Bravo

Ouverture de saison au Théâtre municipal d’Épinal, mardi 8 septembre scenes-vosges.com 2500 à l’heure, plaidoyer pour le théâtre populaire en plongeant dans son histoire en une heure, à l’Auditorium de la Louvière (Épinal), mardi 29 septembre scenes-vosges.com Kapouchnik au Théâtre de l’Unité (Audincourt), vendredi 25 septembre et samedis 24 octobre, 28 novembre et 19 décembre theatredelunite.com La Toute première fois, création avec 4 professionnels et 20 amateurs du Théâtre de l’Unité, au Théâtre de la Rotonde (Thaon-les-Vosges), mardi 17 novembre scenes-vosges.com Chambres d’amour, tête à tête poétique avec les acteurs du Théâtre de l’Unité (reporté du 5 mai), mardi 24 novembre scenes-vosges.com

1 À voir en vidéo sur le site theatredelunite.com 2 L’actuel directeur Théâtre national de Strasbourg interprète Clôture de l’amour, pièce de Pascal Rambert, mardi 13 octobre au Théâtre de la Rotonde (Thaon-les-Vosges) scenes-vosges.com 3 Voir l’excellent documentaire Au Théâtre qui rue signé Olivier Stephan (Des Jours Meilleurs, 2010) sur le parcours du Théâtre de l’Unité, notamment dans le Doubs

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Le 26 mai, vous coordonniez un acte poétique performatif sur la place de la Révolution de Besançon, intitulé Enterrer les morts / Réveiller les vivants1. Une bravade illégale comme seuls les artistes de rue savent les faire ? Le mouvement franc-comtois des artistes de rue s’est réuni dans une association informelle, La Conjuration des Jardins, car c’étaient les seuls endroits où nous pouvions nous voir et préparer tout cela en respectant les mesures de distanciation sociale. Nous voulions montrer que nous existons, porter ce désir de nous revoir et de faire art pour les gens. Nous n’avions bien entendu pas demandé d’autorisation car on nous l’aurait refusée en plein confinement. La même mise en scène a été reprise depuis dans cinq villes de France. Ce n’est pas rien de réunir 80 comédiens ! D’ailleurs nous préparons une grande marche à pied, à mobylette ou à dos d’âne vers la Falaise des fous, commémorant ce rendez-vous mythique et fondateur pour les arts de la rue, au bord du lac de Chalain dans le Jura, en 1980. À l’époque où vous dirigiez la Scène nationale de Montbéliard avec Hervée de Lafond (1991-2000) vous aviez inscrit au fronton : « Il ne s’agit pas de remplir le théâtre de Montbéliard, mais Montbéliard de théâtre. » Qu’a donné le récent appel lancé à la grande famille des arts vivants d’envahir la rue ? Aucun résultat ! Nous avions l’espoir qu’avec la fermeture des théâtres on se jetterait sur les artistes de rue mais ça n’a pas été le cas du tout ! Personne ne pense à nous. Pire, certains organisent comme à Annecy des randonnées champêtres émaillées de spectacles, choses

que l’on fait depuis au moins 15 ans. Sauf qu’ils prennent des noms payés très cher comme Philippe Decouflé ou Jean-Claude Gallotta. À croire que les artistes de rue sont illégitimes pour les décideurs et programmateurs. Il n’y a qu’à voir la dernière étude parue sur les publics de la culture où nous ne sommes même pas cités. Pourtant, nous représentons 200 festivals et, dans la précédente étude, un Français sur trois affirmait avoir vu du théâtre… de rue ! Bien plus que dans les salles ! Malgré les 14 Centres nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace public, nous restons les derniers de la classe. Les gens du théâtre public ont plongé dans “l’Été culturel et apprenant” voulu par Macron en prenant toute la place, alors même que nos festivals ont tous été annulés. Eux reprendront leur place à la rentrée en salle, mais notre milieu, que fera-t-il ? À vous écouter la France entière ne deviendra pas de sitôt « un terrain d’art tel un champ de coquelicots »… Le sort réservé aux professionnels de la rue, la non-reconnaissance de leur savoir-faire et de leur art fait penser à la situation de la marionnette ou du nouveau cirque il y a 20 ans. C’est désespérant car il existe tellement de lieux non reconnus, de compagnies qui œuvrent localement, travaillant à prix libres et survivant au RSA. Nous sommes pourtant un vivier de comédiens formidables.


Vos Kapouchniks, spectacles répétés en peu de temps et joués une seule fois sur l’actu écrite de la semaine ont-ils toujours du succès dans votre lieu à Audincourt ? Il y a toujours du monde. À une époque nous étions 400 dans une salle de 200 ! C’est une forme à nous, sorte de journal vivant et satirique qui existait dans les années trente. Cet entresort est totalement atypique, hors des cases, à l’image du théâtre de rue aux formes diverses, pénible pour l’administration et le Ministère qui ne sait quoi en faire. En septembre, vous êtes invités à Épinal par Scènes Vosges dont vous êtes artistes associés avec Hervée de Lafond pour une ouverture de saison pleine de surprises et une création… Vous ne croyez pas si bien dire. Nous espérons que Stanislas Nordey2 sera là pour polémiquer avec lui : s’il a dit que le théâtre était comme le cinéma d’art et d’essai destiné à un public cultivé, nous pensons exactement l’inverse. Son public est conformiste et triste, rempli de baby-boomers. Nous

refusons d’être des marchands d’antiquités et aimerions voir dans le public des agriculteurs et des caissières qui se mêleraient aux politiques, si les élus venaient à d’autres moments qu’avant les élections. Nous aimons beaucoup le peuple et son incroyable bon sens. Que faudrait-il faire aujourd’hui pour que le théâtre retrouve des élans populaires : flirter avec le pavé des villes comme vous le faisiez à Montbéliard3 ? Avant de mourir, l’ancien sénateur-maire de Montbéliard, Louis Souvet, a demandé que le Théâtre de l’Unité parle à ses obsèques. La surprise était totale venant de cet homme de droite, les vieux réacs’ présents aux obsèques n’en revenaient pas ! Mais il avait compris que nous étions bons pour sa ville. Il incarnait l’ordre et nous le désordre, avec la conscience qu’une ville a besoin de désordre. Et quand nous mettions le feu à la ville avec nos Réveillons au boulon, il n’y avait pas une seule voiture brûlée dans les quartiers et nous passions au 20h du 1er janvier !

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poursuite En janvier, Julia Vidit adaptait La Bouche pleine de terre du serbe Branimir Šćepanović. Une nouvelle pleine de douce tristesse en forme de métaphore sur les contradictions humaines. Par Thomas Flagel Photo d’Elizabeth Carecchio

À la Manufacture (Nancy), mercredi 16 et jeudi 17 septembre theatre-manufacture.fr À l’Espace 110 (Illzach), samedi 3 octobre espace110.org À L’Espace Bernard-Marie Koltès (Metz), jeudi 5 et vendredi 6 novembre bmk.univ-lorraine.fr À La Comédie de Reims, mardi 1er juin 2021 lacomediedereims.fr javaverite.fr

1 Essai sur l’illusion du philosophe Clément Rosset paru en 1976 chez Gallimard 2 Sa pièce Le Menteur est encore en tournée le 17/12 à la MALS (Sochaux), les 21 & 22/01/2021 à l’Escher Theater (Esch-sur-Alzette) et le 18/03/2021 au Théâtre de Charleville-Mézières, voir article Here Lies Corneille dans Poly n°215 ou sur poly.fr

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C’

est l’histoire d’un quiproquo. Un besoin de solitude dans les montagnes accidentées aux forêts sauvages du Monténégro. Un homme malade effectue son dernier retour au pays natal en train, décidé à mourir dans ces grandes étendues comme il l’entend, en contemplant le sommet de la Prekornica de son enfance. Lorsque soudainement, la cohabitation avec l’Humanité de son compartiment le fait quitter le train dans un élan irrépressible vers la nature, il ne se doute pas qu’il croisera, quelques centaines de mètres plus loin, deux hommes venus chasser et pêcher comme chaque été. L’irruption dans ce décor idyllique d’un alter ego trouble l’harmonie de ce paysage déserté. Leurs regards se croisent avant que cet homme détonnant dans son costume de ville ne décampe aussi subitement qu’il était apparu. Par un malheureux instinct, les deux compères se lancent à ses trousses, sans trop savoir pourquoi, mus par la curiosité. Depuis 2007, la future directrice de La Manufacture de Nancy Julia Vidit tourne autour de ce texte de Branimir Šćepanović qui intercale habilement récit à la troisième personne du singulier (en italiques) pour le personnage principal et première du pluriel pour le duo armé de fusils. « L’auteur est lui-même réfugié en Serbie, le Monténégro étant un peu comme la Corse chez nous. Il est plutôt pessimiste sur le collectif et le communisme que

l’on sent en toile de fond derrière cet homme fuyant loin de tout pour décider de la fin de sa vie, mais qui s’en trouve empêché par la masse humaine qui s’agglomère à ses deux premiers poursuivants », confie la metteuse en scène. Une meute haineuse et drôlement pastichée dans une métaphore loufoque de la bêtise humaine. Les questionnements intimes et croisés du poursuivi comme des poursuivants se cristallisent dans une scénographie « s’éloignant le plus possible du paysage porté par le texte ». Un immense cône métallique, posé au sol, tourne sur une piste circulaire autour des deux comédiens. Obsédée par Le Réel et son double1, la directrice de la Compagnie Java vérité2 offre une plongée dans la métaphysique existentielle de la nouvelle avec ce « dispositif abstrait qui sert d’espace de projection pour celui qui le regarde. Ce mouvement circulaire est celui du soleil comme du passage de la vie à la mort, un miroir de projection du personnage en lui-même ». Avec le vidéaste et dessinateur Étienne Guiol, des projections de silhouettes chutant et se relevant jusqu’à la dernière fois composent une anamorphose lumineuse inspirée par le plasticien sud-africain William Kentridge. Le reflet de l’image déformée donne seul l’aspect du réel, questionnant l’impossibilité de la quête de vérité des acteurs de ce drame où se rejoignent – et se confondent – amour et haine jusque dans l’extase finale.



THÉÂTRE

chambre avec vues Spectacle mythique créé en Avignon en 2004, La Chambre d’Isabella revient pour un dernier round à La Filature. Une plongée orchestrée par Jan Lauwers dans le cerveau d’une femme aveugle, entre secrets et ivresse de vie.

Par Irina Schrag Photo d'Eveline Vanassche

À La Filature (Mulhouse), mercredi 30 septembre et jeudi 1er octobre (en français et anglais, surtitré en français, dès 14 ans) lafilature.org Molly Bloom, création de Viviane de Muynck et Jan Lauwers à La Filature (Mulhouse), du 4 au 6 novembre (dès 16 ans)

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sabella Morandi a traversé le XXe siècle. À 90 ans, elle passe sa vie en revue dans la solitude de sa chambre parisienne. Le cerveau de cette non-voyante est soumis à une expérimentation scientifique destinée à lui redonner la vue grâce à des projections d’images. Au milieu de dizaines de statuettes et d’objets ethnologiques de son paternel, l’héroïne raconte sans tristesse les horreurs de l’Histoire et de sa trajectoire, multiplication d’errances, de passions avec quelques 74 amants, de mensonges et de séparations. La Chambre d’Isabella repose sur un secret. Elle est physiquement le lieu d’un mensonge ayant dominé toute son existence autant qu’il en fut le refuge. Y trône l’image d’un prince du désert disparu lors d’une expédition : son père, lui ont raconté ses parents adoptifs, Arthur et Anna, dans le phare où ils vivaient. Noyant leur désespoir dans l’alcool, ils disparaissent tragiquement, laissant à Isabella la clé d’un appartement parisien, celle de l’énigme de sa naissance. De souvenirs en chants collectifs, de danses en postures, les thèmes jalonnant les œuvres de Jan Lauwers jouent à cœur qui luttent. Rompant avec

les formes classiques dès la fin des années 1970, le metteur en scène flamand construit un théâtre concret, direct et éminemment visuel, structuré par une musique et un langage performatifs. Cette traversée du siècle, les images qui en surgissent et contaminent les corps, tout provient du cerveau d’Isabella, matérialisé par deux femmes jouant chacune l’un des hémisphères. l’immense comédienne Viviane de Muynck trône au milieu, entourée de tous les morts de sa vie, tous ceux ayant compté. Ses amants Frank et Alexander, fait prisonnier par les Japonais avant d’échapper à Hiroshima et de perdre, irrémédiablement, pied. Son érotisme non feint, la violence des guerres, l’amour de l’art et même cette idylle entamée à 69 ans avec un jeune homme de 16. Tout tient par ivresse de vivre. Il y a un côté Molly Bloom – personnage d’Ulysse de James Joyce – chez elle. Une même acuité de conscience, les yeux clos. Une convocation des mystifications de l’imagination comme réponse à celles de la réalité, une passion indéfectible pour la vie, « seule arme contre la dictature du mensonge ».



FESTIVAL

à corps perdus La cinquième édition de l’Atoll Festival, dédié au cirque contemporain, se fraie un passage à Karlsruhe dans la crise actuelle touchant les rendezvous culturels. Une réjouissance qui en appelle d’autres…

Par Dniel Vogel Photos des spectacles Möbius par Cholette Lefébure et Der Lauf par Léna Politowski

Au Tollhaus (Karlsruhe), du 18 au 27 septembre atoll-festival.de tollhaus.de

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ls avaient illuminé l’édition 2017 avec le foisonnant Il n’est pas encore minuit… la vingtaine de circassiens voltigeurs de la Compagnie XY est de retour. Leur dernière création, Möbius (18-20/09), reste fidèle à leur amour des portés acrobatiques et du collectif. Ici pas de chef. Tout se décide dans le consensus des envies du moment par la démultiplication des vocabulaires artistiques. Loin d’être refermée sur elle-même, la trentaine de membres actifs de la compagnie française s’est tournée vers le chorégraphe Rachid Ouramdane pour apporter un supplément de poésie et gagner en précision des gestes. Leur composition commune s’inspire ainsi de quelques vers de Rilke : « Qu’est-ce le dedans ? / Sinon un ciel plus intense traversé d’oiseaux / Et profond de tous les vents du retour. » Tout en ruptures et changements de rythme, Möbius se nourrit de fulgurances, ressemblant à s’y méprendre à une nuée de volatiles voltigeant dans les airs en arabesques apparemment improvisées. Apparemment seulement. Suspendant le temps en étirant les perceptions, l’espace se peuple d’apparitions fugaces dans lesquelles s’oublierait presque la technicité de circassiens au sommet de leur art. Changement de style avec les jongleurs fous de la Compagnie Defracto : Dystonie

(18 & 19/09) déjoue habilement les attentes habituelles des spectateurs en recherchant des qualités de corps étranges, allant du moche au gag, voire à la maladie. Le titre du spectacle renvoie à une zone sonore hors des fréquences audibles comme à des troubles moteurs entraînant des gestes incontrôlés. Comment jongler lorsque vos membres sont pris de saccades, tremblements et soubresauts ? Pardelà les surprises qui vous attendent, le beau sera définitivement bizarre. Mais n’en doutez pas, toute chute et apparente maladresse est ici volontaire. Tout se joue ailleurs dans « une célébration des êtres vivants et des minéraux. Même si ça a l’air stupide, cela nous paraît important », lancent-ils, bravaches. De l’audace, les Belges du Cirque du bout du monde n’en manquent pas (Der Lauf, 26 & 27/09). Dans une ambiance lynchéenne, se dévoilent cinq courtes pièces mêlant jongleries et jeux absurdes. Le personnage principal, coiffé d’un seau sur la tête, se lance à l’aveugle dans des expériences avec le public pour seul guide. Faire tourner des assiettes sur des baguettes, empiler des verres à pied et des briques en portant des gants de boxe, se mouvoir au milieu de bouteilles de champagne virevoltant tout autour, la catastrophe n’est jamais loin. Et pourtant…



THÉÂTRE MUSICAL

un oiseau s’est posé Avec On voudrait revivre, la compagnie rémoise Claire Sergent compose une ode sensible à Gérard Manset, un des chanteurs les plus secrets de la scène française.

Par Hervé Lévy Photos de Félix Taulelle

Au CDN de Besançon, vendredi 18 et samedi 20 septembre À l’ACB (Bar-le-Duc), mardi 22 septembre Au Théâtre Louis Jouvet (Rethel), vendredi 4 décembre À l’Espace Rohan (Saverne), jeudi 22 avril 2021 À l’Espace Gérard Philippe (Saint-André-les-Vergers), mardi 18 mai 2021 Aux Tanzmatten (Sélestat), jeudi 20 mai 2021 cieclairesergent.com

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aradoxal, ce spectacle l’est dans son fondement, puisqu’il porte à la scène les chansons de Gérard Manset, artiste qui n’a jamais souhaité donner de concert, fuyant foules et medias avec application. Son point de départ est la découverte par Léopoldine Hummel (alias Léopoldine HH) et Maxime Kerzanet de sa voix dans l’ultime et mélancolique rendez-vous du film Holy Motors de Leos Carax. Il y balance ces couplets où les deux compères puiseront le titre de leur performance : « On voudrait revivre. Ça veut dire : on voudrait vivre encore la même chose. Refaire peut-être encore le grand parcours, toucher du doigt le point de non-retour. Et se sentir si loin, si loin de son enfance. En même temps qu’on a froid, quand même on pense que si le ciel nous laisse on voudra revivre. » Créé pour l’édition 2016 du Festival de Caves (Besançon), le spectacle est devenu, avec la complicité de Chloé Brugnon, un onirique vagabondage pétri de tendresse. « Je leur ai proposé de reprendre leurs enregistrements, les interviews de Manset, les paroles de ses chansons, comme on travaillerait à partir d’un matériau brut, de fragments d’une œuvre hétérogène, pour faire de toute

cette matière un corpus théâtral », résume la metteuse en scène Sur scène, Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet convoquent l’univers de l’artiste dans la reconstitution pleine d’un drôle de bric-à-brac d’un studio d’enregistrement où la magie surgit subrepticement, pour un lyrique cri d’amour. Dans ce spectacle musical et théâtral rassemblant quelques ritournelles du maître parmi les plus connues (Animal on est mal, Y’a une route, etc.), la fantasmagorie nait de la simplicité des moyens, de l’humour et de la tendresse indissolublement mêlés. Il y a des échappées belles poétiques, plusieurs voyages en solitaire évidemment, quelques réflexions aboutissant à la conclusion qu’On ne tue pas son prochain, des brassées d’éclats de rire, une pincée d’étonnantes métamorphoses et un brin de mystère aux résonances existentielles, puisque le public se découvre Comme un Lego, chanson créée par Bashung sur Bleu pétrole. Les arrangements des ballades “mansetiennes” sont léchés et minimalistes, s’insinuant avec délicatesse dans une scénographie qui l’est tout autant, voilant et dévoilant alternativement le mystère Manset.


Léopoldine HH

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MUSIQUE

boucles saturniennes Compositeur prisé par Phoenix ou Solange, Christophe Chassol multiplie les expériences sans oublier de revenir à ce qui l’anime profondément : l’harmonisation. Son dernier projet, le film musical Ludi, navigue entre documentaire et patchwork pop.

Par Thomas Flagel Photo de Flavien Prioreau

Aux Trinitaires (Metz), jeudi 24 septembre (avec également Prieur de la Marne qui joue sur les essais de L’Enfer d’HenriGeorges Clouzot) citemusicale-metz.fr À l’Opderschmelz (Dudelange), samedi 21 novembre opderschmelz.lu chassol.fr

Édité par Tricatel tricatel.com

Voir Poly n°158 ou sur poly.fr Le sociologue Roger Caillois est l’auteur de Les jeux et les hommes (Gallimard, 1967) 3 Écran divisé en bandes ou en cases avec des bordures 1

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Sortie le 7 mars, la version album de Ludi s’écoute aussi bien que la version filmique, alors qu’elle résulte d’une composition synchronisée sur le mouvement des images. Étonnant ? Il y a dix ans, mon premier projet de ce genre, Indiamore1, devait juste sortir en DVD. C’est mon label Tricatel qui m’a poussé à en faire aussi un disque. Il faut bien penser les découpages d’index afin qu’il puisse s’écouter en mode random car, en l’absence des images, la continuité a moins d’importance. Cela passe du documentaire vidéo au documentaire radio. Ce dernier opus donne l’impression d’un travail encore plus fouillé dans le montage de vos “ultrascores”, terme désignant votre manière de synchroniser musique et images par couches successives de sons et répétitions jusqu’à les harmoniser… Je creuse le même sillon, mais le maîtrise mieux. Dans la longue séquence tournée dans une cour de récré avec des enfants, je ne me suis pas contenté d’harmoniser les sons comme je le faisais précédemment, mais j’ai ajouté des chanteurs et musiciens sur fond vert, incrustés dans les images, parfois muettes, créant de nouvelles couches de réalité. Comment s’agence la composition entre montage vidéo et musique ? Je me pose d’abord la question de ce que je veux filmer. Ludi s’inspire d’un roman d’Hermann Hesse, Le Jeu des perles de verre. Un livre dont je suis fan, car il parle de la quête d’une forme d’art total. J’ai donc déterminé les situations de jeu à filmer. Je travaille ensuite dessus pour composer des mélodies que j’enregistre, harmonise. Je fais des accords, mets des notes sous chaque mot, crée des

loops avant de m’amuser avec cette matière comme un jeu de Lego. Il s’agit de caler mes loops sur les images, d’écouter ce qu’ils me disent pour les pousser plus loin et poursuivre le morceau dans diverses directions. À quel moment la couleur des compostions, totalement foisonnante, se figet-elle ? Les surprises sont permanentes dans tout ce bordel (rires) ! Il faut imaginer que je pioche à loisir dans des motifs musicaux et des patterns créés parfois il y a plus de dix ans. Ils sont bien rangés dans mon disque dur et n’attendent que le bon moment pour ressurgir ici et là. Cette multitude de thèmes qui s’enchaînent reflète les envies du présent ou cherchez-vous à retrouver la mémoire de vos impressions sonores et de vos sensations durant le tournage ? Je pars en tournage avec des idées précises. Par exemple, pour les plans avec la chanteuse Crystal Kay tournés au japon dans un ascenseur entièrement vitré, j’amène le morceau Vertigo que je lui demande de chanter. Mais je retranscris ensuite la vibe de ce moment qui s’inscrit pour moi dans le concept des catégories de jeu de Roger Caillois2 : compétition, hasard, simulacre (jeu de rôle), vertige. J’essaie d’harmoniser le concept. De nombreuses séquences s’attachent à une certaine beauté du quotidien et de choses simples (jeux de clapping d’enfants, session de streetball…) qui rappelle le cinéma de Jacques Tati. Quelles étaient vos inspirations cinématographiques ? Ça me fait plaisir que vous disiez ça ! Je bouffe du ciné depuis tout petit et suis un grand fan de Brian De Palma. Le cadrage est très intuitif, comme une évidence. Par contre, je ne


connais rien à la lumière, donc je fais confiance à mes chefs op’. Nous n’avons cessé d’avoir des discussions passionnantes avec mon monteur, regardant Shining de Kubrick pour s’inspirer du moment où les sons sont lancés, mais aussi de l’épaisseur des split screens3 chez De Palma… Vous prenez un grand plaisir dans l’art de la rupture, de la surprise dans l’avancée de chaque morceau en créant de l’inattendu : notes sur la voix, nappes minérales, envolées de flûte traversière de Jocelyn Mienniel, en passant par l’omniprésence des claviers, du piano électrique Rhodes et des solos de batterie de Mathieu Edward. Autant d’artistes proches de vous… Mathieu est mon batteur depuis très longtemps, il connaît mes swings et l’irrégularité de mes loops par cœur. Nous avons comme une conversation musicale et créative infinie. C’est ma famille musicale, même ma sœur fait partie des

chanteurs. Je n’ai qu’à les pousser dans des directions, ils me font totalement confiance. La dernière partie de Ludi est presque surréaliste avec les illustrations de Gaëtan Brizzi sur un détournement du jeu du cadavre exquis… Ce Jeu de la phrase s’est fait en une prise. Je leur avais donné une liste de certains mots et aux chanteurs d’improviser. Leur consigne était de chanter avec une note tenue comme un chœur d’église. Mais pour moi, c’est une séquence très difficile à travailler derrière. J’ai “mélodifié” l’ensemble, cutté dedans pour que ça avance avant de faire son harmonisation. Gaëtan Brizzi, auquel j’avais écrit une lettre de fan il y a plusieurs années pour son travail sur la dernière partie de Fantasia 2000, a eu la liste de mots et la phrase inventée comme base de travail pour dessiner. Ensuite, j’ai collé les deux ensemble, zoomant dans son dessin à chaque séquence. Le résultat en jette, non ? (rires) Poly 231

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session de rattrapage Moins ambitieuse que sa forme pleine et entière prévue au mois de mai, la 36e édition du festival Musique Action n’en demeure pas moins un rendez-vous primordial de la création sonore. Par Irina Schrag Photos de Pierre Bastien © Courtesy CMMAS et Erwan Keravec © Atelier Chevara

Au Centre culturel André Malraux, à la Médiathèque Jules Verne et à la salle Michel Dinet (Vandœuvre-lès-Nancy) et à la MJC Lillebonne (Nancy), du 11 au 13 septembre centremalraux.com Erwan Keravec, au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), vendredi 11 septembre Pierre Bastien & Tomaga, au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), vendredi 11 septembre

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es aficionados de créations musicales étonnantes et transgenres sont à la fête. Le Centre culturel André Malraux a reporté l’un des événements qui comptent, cher au cœur de tout le bassin lorrain. Musique Action is back ! Un programme resserré sur trois jours, mais dans le contexte gorgé d’incertitudes faisant notre époque, ne boudons pas notre plaisir. Y trône l’iconoclaste sonneur de cornemuse écossaise Erwan Keravec qui n’a de cesse d’explorer depuis 1996 le free jazz et les musiques improvisées. D’extirper son instrument de ses contrées phoniques d’origines. À Vandœuvre, il présente un programme contemporain réunissant trois œuvres d’Heiner Goebbels, Philip Glass et Éliane Radigue. S’y déploie un prisme élargi des possibilités offertes par le jeu scénique et l’instrument en solo. Le compositeur allemand a ainsi écrit N°20/58 pour Erwan, travaillant de concert sur sa présence. Créée en extérieur, il devait gravir lentement une pente afin de rejoindre le public, mettant son corps – et donc son souffle – à l’épreuve. L’adaptation pour la version salle débute en l’absence du musicien, jouant d’abord à l’extérieur avant de se rapprocher, dans un mouvement perpétuel, de son auditoire dans

un cheminement s’adaptant à la géographie de chaque théâtre. À contrario, pas question pour Éliane Radigue de laisser la cornemuse imposer son volume sonore. Dans OCCAM XXVII, l’ancienne disciple de Pierre Schaeffer et assistante de Pierre Henry recherche intimité et délicatesse, harmonies et maîtrise. Assis sur une simple chaise, l’instrumentiste signe un voyage sans fin dans une grande proximité avec les spectateurs. Enfin, il a fallu tout son talent à Erwan pour persuader le pointilleux Philip Glass de lui confier Two Pages. Il adapte cette pièce pour piano nécessitant toute l’amplitude du souffle continu de son instrument et une dextérité redoutable mettant à l’épreuve le champ des possibles de sa cornemuse. Autre moment à ne pas manquer, les retrouvailles du bricoleur de génie Pierre Bastien avec le duo londonien Tomaga. L’inventeur de l’orchestre hors norme baptisé Mecanium – un ensemble d’automates musicaux construits en pièces de meccano joue sur des instruments acoustiques grâce à de petits moteurs électriques – crée une lente transe hypnotique pleine de syncopes. Aussi magique pour les yeux qu’envoûtant pour les oreilles.



MUSIQUE

électrochocs Le concert de Jeff Mills est le point d’orgue du temps fort Made in USA de la Cité musicale-Metz. Il y rend hommage à Tony Allen, pionnier de l’afrobeat. Par Florent Lachèvre Photo de Pierrick Guidou

À L’Arsenal (Metz), vendredi 25 septembre citemusicale-metz.fr Également au menu de ce temps fort Made in USA, un programme Copland / Bernstein / Ravel / Gershwin de l’Orchestre national de Metz (18/09, L’Arsenal) et RainForest, programme du CCN - Ballet de Lorraine (02/10, L’Arsenal)

Édité par Blue Note Lab bluenote.com

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oi des dancefloors techno avec l’épuré et iconique The Bells au mitan des années 1990, Jeff Mills ne s’est jamais contenté de son statut de superstar. Lui qui aime s’affranchir des codes pour servir son art et se renouveler, performe Blue Potential en 2005, aux côtés de l’Orchestre philharmonique de Montpellier, et traduit musicalement le système solaire avec Planets, deux ans plus tard. Autodidacte, il cofonde en 1989 à Détroit, ville considérée comme le berceau du genre, le label Underground Resistance à l’origine de morceaux techno politisés. Expérimentateur, il mêle différentes inspirations : soul, funk, jazz ou encore house. Passionné de science-fiction, il signe une hypnotique bande originale du film Metropolis de Fritz Lang en l’an 2000. Virtuose des machines électroniques, sa rencontre avec Tony Allen, batteur et ami de Fela Kuti – avec qui il fonde l’afrobeat dans les seventies – donne naissance à Tomorrow Comes The Harvest en 2018.

Batteur avant d’être DJ, l’échange passionné entre les deux artistes offre un album où les genres se répondent et se respectent. Suite à la disparition du géant nigérian au printemps dernier, Jeff Mills lui rend hommage en invitant le claviériste Jean-Phi Dary, qui a collaboré avec les deux hommes. L’opus commun laisse d’avantage entendre une session improvisée qu’un travail minutieusement écrit. Les bpm électroniques des machines, comme ceux acoustiques de la batterie de Tony Allen, se confondent, si bien qu’aucun des deux ne prend le pas sur l’autre. Symbiose de deux styles de jeu et genres, le titre The Seed clôture l’opus avec un electro qui vient sublimer la rythmique organique groovy de la batterie, jusqu’à s’effacer. Modeste reconnaissance d’un virtuose à un de ses pairs, que la musique rassemble, et qui donne envie de retrouver la chaleur des salles pour faire vivre son esprit.


L'AGENDA DES SAISONS LES CHOIX DE LA RÉDACTION

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Poly 231 Septembre 20 35 Arnaud Saury, Dad is dead au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy 08 & 09/10 © Pierre Planchenault


SAISONS 2020 / 21 AUDINCOURT LE MOLOCO

Ouverture. Présentation hors les murs du programme de la rentrée en sons et images (04/09, Port de Plaisance de Montbéliard). Festival. Reporté à 2021 (23 & 24/04), Keep the Faith Weekender donne tout de même rendez-vous place des Tilleuls (05/09, Blamont) pour une journée dédiée aux sixties. Pop. Silly Boy Blue distille un univers pop envoûtant made in Bowie accompagné d’un quatuor à cordes de l’ESM de Bourgogne Franche-Comté (2427/09). Masterclass. Guitariste virtuose, Antoine Boyer explore le jazz manouche à travers une “formation conférence” (sur inscription, 28/11). Légendaire. Pour fêter ses 50 ans d’existence, Ange retrace une carrière rock progressif, aussi provocante qu’envoûtante (20/02). lemoloco.com

BADEN-BADEN FESTSPIELHAUS

Nos coups de cœur. La violoncelliste

Sol Gabetta joue le Concerto d’Elgar (23/10), l’immense pianiste Mitsuko Uchida joue Mozart (24/01), un récital de la star du clavier Evgeny Kissin (27/02), un duo de dingue formé par la mezzo Joyce DiDonato et Yannick Nézet-Séguin (qui montre ses talents de pianiste) pour le Winterreise de Schubert (02/07). Dancing Star. Le Hamburg Ballett John Neumeier est de retour avec Ghost Light (08-11/10), passionnante suite de miniatures ouvrant la saison puis Turangalîla (15 & 16/05) sur la musique de Messiaen. Thomas Hengelbrock. Au fil de la saison, le chef d’orchestre dirige plusieurs concerts, au nombre desquels figure un Deutsches Requiem de Brahms (30 & 31/10). Berlin. Pour leur résidence pascale à Baden-Baden (27/03-05/04), les Berliner Philharmoniker donnent Mazeppa de Tchaïkovski sous la direction de Kirill Petrenko ainsi qu’un bouquet de concerts. festspielhaus.de

THEATER Magique. La Fête du Théâtre (12/09) promet 1 001 événements : coup d’œil en coulisses, spectacles insolites, etc.

Danse. Un show de tango explore les sonorités de Piazzolla et de ses maîtres (17/10). Rareté. Simplicius Simplicissimus de Karl Amadeus Hartmann (28/0303/04, en coopération avec le Festspielhaus) est une adaptation du célèbre ouvrage de Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen. theater.baden-baden.de

BÂLE

KASERNE BASEL Festival. Rentrée théâtrale en festival avec notamment, jusqu’au 06/09 l’autoportrait de Lola Arias pour finir en beauté le Theaterfestival Basel. Dance. Fin du travail sur la famille débuté par les excellents belges de Peeping Tom avec Père et Mère. Ce Kind (enfant) promet étrangeté et fascination (24 & 25/09, également au Maillon strasbourgeois avec Pôle Sud, 19-21/05). Légende. Attention comédienne à ne pas manquer : Viviane De Muynck s’attaque au dernier monologue d’Ulysse de Joyce dans Molly Bloom, mis en scène par Jan Lauwers (04/11 à La Filature de Mulhouse qui accueille la création jusqu’au 06/11).

© Barbara Aumüller

FRANCFORT-SUR-LE-MAIN oper

SIEGFRIED, RICHARD WAGNER 36

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SAISONS 2020 / 21 Musique. L’electro-cumbia est de retour avec les beats chaloupés du français Moonanga (02/10) et des colombiens de Ghetto Kumbé (30/10) qui se frottent aux rythmes ouest-africains. En espérant que Femi Kuti & The Positive Force puissent rejoindre Bâle dans le contexte actuel pour quelques rasades d’afrobeat (30/11). kaserne-basel.ch

SAUSHEIM, BISCHWILLER… Ed&n, MAC…

Événement. Opéra pharaonique de Messiaen, Saint-François d’Assise (15/10-08/11) est mis en scène par le nouvel intendant de la maison bâloise, Benedikt von Peter qui monte aussi La Traviata (12/02-05/04). Participatif. Monteverdi rencontre l’électronique et invite des Bâlois sur scène dans Il ritorno d’Ulisse in patria (06/03-09/05). Mozart. Romeo Castellucci métamorphose le plus célèbre Requiem (20/0527/06) du répertoire en ode à la vie. theater-basel.ch

BELFORT

VIADANSE CCN DE FRANCHE-COMTÉ Création 2020. Dans Akzak, 12 danseurs du continent africain et un percussionniste sont réunis depuis 3 ans pour donner vie à ce spectacle en tournée au Grrranit (12 & 13/11) et aux Scènes du Jura (Dôle, 17/11 avec Les 2 scènes). VIA LES AILLEURS. Acte 1 de ce temps fort (10-14/11) mêlant spectacles, concerts et ateliers autour d’Akzak. Un premier focus, qui devrait en appeler d’autres, autour de la création africaine dans cette saison célébrant les 30 ans de la Cie Fattoumi Lamoureux. OPENVIA. Des sorties de résidence pour découvrir un travail en cours avec notamment cette année Archers de Mylène Benoit (16/10) et La Machine à faire danser n’importe qui de l’artiste associée Valéria Giuga (26/11). viadanse.com

LE GRRRANIT Théâtre. Matthias Langhoff (Bonnet blanc ou blanc bonnet, 23 & 24/03), Pierre Richard métamorphosé par Ma-

CŒUR DE PIRATE

thilda May (Monsieur X, 08/01, et aussi à La Méridienne de Lunéville, 04/12) et lauréat du dernier Molière “Seul en scène“ ou encore Les RRRUF, JeanYves et Éric, deux frères metteurs en scène et comédiens ayant grandi dans la cité du lion (18/01), du beau monde cette saison ! ( )pen Access. La scène nationale rugit aussi avec un temps fort virtuel visant à « expérimenter avec les arts du spectacle et la création transmédia » (21/09-06/10 puis 26-28/11). Danse. Ne manquez pas la composition Cunningham centennial solos du Ballet de Lorraine (08/10) qui réunit simultanément divers solos du chorégraphe. Musique. Un Tremplin RRRap RRRégional (05/01) pour donner voix et visibilité à la foisonnante scène de Bourgogne-Franche-Comté. Festival. Les marionnettes ont leur rendez-vous international belfortain avec la 30 e édition du festival, mais les voici aussi au Grrranit la première semaine des vacances de février ! grrranit.eu

LA POUDRIÈRE Jeune public. Escales embarque petits et grands dans un ciné-concert world electro avec une série de quatre courts-métrages, mis en son par Maclarnaque (dès 3 ans, 20/09). Soirée pop. Cléa Vincent et Alexandrie nous emportent tour à tour dans leurs univers pop coloré (16/10). Grésillant. Entre blues rock et dark country, le duo Knuckle Head se lance dans une ruée vers le fuzz. Les jumeaux

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de The Twins Souls empoignent instruments et cordes vocales pour célébrer l’esprit rock anglo-saxon fougueux (23/10). Pop branchée. Lou Doillon chante avec élégance des titres à la frontière entre danse et retenue (07/11). poudriere.com

BESANÇON

CDN DE BESANÇON Manset. Une ode de Chloé Brugnon aux chansons de Gérard Manset et à son époque, On voudrait revivre se déguste tel un flonflon (18 & 20/09). voir p.22 Robespierre. Anne Monfort fait revenir parmi nous ce personnage de la Révolution afin qu’il puisse se défendre. À partir de discours d’époque et de textes de l’historienne Sophie Wahnich, La Méduse démocratique regarde notre époque depuis celle de la Terreur (0204/10). Alzheimer. Avec Variations sur le modèle de Kraepelin, la Compagnie Ka rassemble trois hommes : un atteint par cette maladie, son fils et un médecin. La force du spectacle est de convoquer le sujet de la mémoire avec humour, en confrontant l’intime et le politique (24/09). cdn-besancon.fr

LES 2 SCÈNES Danse. Akzak réunit 12 danseurs du continent africain et un percussionniste depuis 3 ans pour donner vie à ce spectacle de Fattoumi & Lamoureux autour d’une jeunesse rebelle aux Scènes du Poly 231

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THEATER BASEL


SAISONS 2020 / 21 nous pas autant besoin d’abeilles et de tritons crêtés que de liberté et de confiance ? (12/11 ) invite à repenser notre présence au monde. Adaptation. Après Zaï Zaï Zaï Zaï en janvier, Fabcaro et son humour ravageur reviennent dans Le Discours (17/11) monté par Emmanuel Noblet, avec le concours du comédien Benjamin Guillard. Diktat. Une pièce de cirque contemporain sans fards de Sandrine Juglair osant tout, en se moquant des clichés sensuels et virils, résistant autant que possible aux normes (05/11, également au Manège de Reims, 07/11). lenouveaurelax.fr

© Patrick Berger

Mulhouse La filature

COLMAR VANISHING POINT, MARC LAINÉ

Jura (Dôle, 17/11 avec Les 2 scènes, et en tournée au Grrranit, 12 & 13/11). Mais aussi le bluffant Hocus Pocus de Philippe Saire jouant de l’illusion et des ombres entre deux néons (01-05/12).

CERNAY

Cirque. Raphaëlle Boitel défie à nouveau la gravité et se lance dans les 5e Hurlants (29/09-01/10). Théâtre. Découvrez ou re-découvrez le travail de la compagnie L’OiseauMouche regroupant des comédiens en situation de handicap mental qui se penche cette année sur Les Diables sous la direction de Michel Schweizer (23-25/09, puis à Ma Scène nationale à Montbéliard, 24/11). les2scenes.fr

Ouverture. Concerts, flashmob et présentation de saison, un vaste programme à découvrir au parc Albert 1er (25/09). Verdoyant. Entre musique celtique énigmatique et interprétation burlesque, Excalembour narre pour la Saint Patrick les aventures de The Wild Robert (20/03). Équipe de Chouc’. La vingt-sixième revue satirique de La Choucrouterie passe à la moulinette politique locale et actualité dans une version française (08/05) et alsacienne (09/05). cc-thann-cernay.fr

BISCHWILLER MAC ROBERT LIEB

Burlesque. Les Frères Taloche reviennent avec Mise à jour, leur nouveau spectacle, et partagent leur folie contagieuse (28/11). À l’Ouest. Artus endosse le costume de shérif. Prenez place dans le saloon burlesque de Duels à Davidéjponatown (11/12). Discographie. Les Têtes raides fêtent 2020 avec la réédition de leur discographie célébrant les 30 ans de Ginette (08/01). Tortuga. Voilà dix ans que Cœur de Pirate vogue dans nos oreilles. Elle largue les amarres et expérimente une urgence créative née de la crise (24/03). mac-bischwiller.fr 38

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ESPACES CULTURELS THANN-CERNAY

CHÂLONS-ENCHAMPAGNE LA COMÈTE

Ouverture. Rendez-vous est pris pour la présentation de saison (08 & 09/09). Cinéma. Le festival War on Screen (29/09-04/10) est de retour. la-comete.fr

CHAUMONT

NOUVEAU RELAX Dream. Pièce théâtrale et chorégraphique de Pauline Ringeade, N’avons-

COMÉDIE DE COLMAR Créations. Rémy Barché se lance dans les soirées Loto de campagne sur un texte de Baptiste Amman, à voir en itinérances par les villages du Grand Pays de Colmar (03/11-24/04), puis à la CDC (12-14/11) et en tournée au Carreau (29 & 30/01). La co-directrice Émilie Capliez livre sa vision de Little Nemo ou la vocation de l’aube (01-08/12) dans un spectacle musical à découvrir dès 8 ans. Parce que Tiago… est Tiago Rodrigues et que son théâtre économe est si intensément touchant, ne manquez pas Chœur des amants (18 & 19/03). Festival. Scènes d’automne en Alsace (12-26/11). Family. Nasser Djemaï pose son regard truculent sur l’héritage et les relations familiales (Héritiers, 05 & 06/11). comedie-colmar.com

LE LÉZARD Lancement. Soirée de concerts pour célébrer la joie et fêter la musique avec le blues touareg de Mossa & Zoya et le bal folk de Gros Vivier (11/09, Espace Lézard). Festival. Temps fort présente une onzième édition qui se décline autour de deux thématiques : la marionnette (12-15/10) et les musiques métisses (1618/10). Spectacles pour petits et grands et musiques du monde transposeront Colmar dans une bulle chaleureuse (1618/10, Gymnase Anne Frank). Retrouvailles. Louis-Jean Cormier ouvre le bal des retrouvailles avec sa pop positive qui invite au voyage des sens (28/11, Le Grillen). lezard.org



SAISONS 2020 / 21 SALLE EUROPE

THÉÂTRE MUNICIPAL

Post-apocalyptique. Après la fin (09/10) est un extraordinaire huis clos signé Dennis Kelly mis en scène par Catherine Javaloyès (également les 18 & 19/11 au Diapason, Vendenheim) Antique. La compagnie Plus d’une voix s’empare de Phèdre (27/11, mais aussi Pôle média culture de Colmar, 27/10, Espace Claude Rich de Masevaux, 06/11 et Espace Malraux de Geispolsheim, 20/11). D’après Sénèque, ce spectacle fusionne voix et musiques. Focus Shakespeare. Avec Le Reste est silence (19/02), la Compagnie Tout va bien ! convoque quatre grandes figures : Lear, Macbeth, Hamlet et Othello. Dans York (13/03, en intégrale), la Compagnie du Matamore rassemble Henri VI (09/03) et Richard III (11/03) avant que le Théâtre de l’Homme inconnu donne La Nuit des rois (19/03). Danse. La compagnie KHZ propose Jusqu’à l’os (14/04) où le corps de Caroline Allaire devient squelette et Morituri (16/04), solo qui questionne le corps en mouvement à l'aune du discours politique des monuments aux morts. salle-europe.colmar.fr

One woman show. Égoïste d’Olivia Moore (02/10) est un spectacle sur l’amour de soi et celui des autres… éventuellement. TV. L’excellent Pablo Mira dit des choses contre de l’argent (21/11). Voilà spectacle jubilatoire permettant de retrouver celui dont on apprécie l’humour décalé chez Yann Barthès. Rires & Musiques. Le grand orchestre de poche (13/02), trio de ukulélés clownesque et Classiswing (20/03), spectacle musical loufoque. theatre.colmar.fr

© Judith Schlosser

zürich OPERNHAUS

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DIJON OPÉRA

Baroque. De Luigi Rossi se déploie Il Palazzo incantato (11-17/12) dans une mise en scène de Fabrice Murgia, marquant les flamboyances de l’opéra tel qu’il se pratiqua à Rome autour de 1650. Danser. Avec Hora (20/12), le chorégraphe Ohad Naharin s’ouvre aux influences de toutes cultures, de tous arts, de toutes manières de bouger.

Ludwig. Un temps fort Beethoven avec Les Dissonances (07 & 08/10), Jos van Immerseel (27-29/10), l’intégrale des Trios avec piano par Philippe Cassard, David Grimal et Anne Gastinel (07 & 08/11) et les Variations Diabelli par Andreas Staier (19/11). Version de concert. À la tête du {oh!} Orkiestra Historyczna, Andreas Staier livre une attendue Flute enchantée (10-12/01). Diptyque. Olivier Py réunit La Voix humaine de Poulenc et Point d’orgue de Thierry Escaich (26-30/03) autour de la tragique incommunicabilité des êtres. Voix. Véronique Gens explore l’âge d’or de la mélodie française (02/06). opera-dijon.fr

ORCHESTRE DIJON BOURGOGNE Disney. Les musiques des plus célèbres dessins animés sont en tournée (07/11, Zénith de Dijon, 08/11, Halle Tony Garnier de Lyon). Tango. Un hommage à Piazzolla (20/03). I PURITANI, VINCENZO BELLINI


SAISONS 2020 / 21 Création. L’Épopée de Gilgameš, fragments de Brice Pauset et Céline Steiner (21/06). orchestredijonbourgogne.fr

COLMAR Salle europe

À ne pas manquer. Les Mille et Une nuits de Guillaume Vincent (15-17/12) avec une mise en scène sanglante et hypnotique. Créations. Un Monde meilleur, épilogue clôt la réflexion de Benoît Lambert sur les imaginaires poétiques de notre époque (06-17/10). Festival. I-NOV-ART, créations partagées est parrainé par Robin Renucci (directeur des Tréteaux de France, il présente lui-même Oblomov 29/0903/10, hymne à la vie loin des “avoirs” et autres injonctions) est un travail de fond avec des lycéens dont les créations sont aujourd’hui présentées (03-21/11). Après 30 éditions, Théâtre en mai avait été mis sur pause en 2020 (quel nez !), pour mieux revenir en 2021, du 20 au 31 mai ! Au programme : la nouvelle création de Céline Champinot, artiste associée au TDB, Les Apôtres aux coeurs brisés – Cavern Club Band, et les avant-premières de Laboratoire Poison 1-2-3, prochaine création d’Adeline Rosenstein. tdb-cdn.com

LA VAPEUR Séance d’écoute. Des extraits du programme de la rentrée sont à découvrir au cœur de la fabrique de bières et de curiosités un Singe en Hiver (sur inscription, 16/09). Ovni. Ausgang scande un rap qui flirte avec le rock, entre guitare qui grésille et flow énervé (30/09). Poétique. Dyonisos fait son retour sur scène et présente Surprisier. Un nouvel opus qui revient aux fondamentaux, clin d’œil aux premiers disques du groupe (01/10). Gibson. Le guitariste Paul Personne (+ Gabriiel) reprend la route avec Funambule. Entre blues et rock, le mélodiste porte son regard affûté sur la société (29/10). Miam. Musique et Cuisine est un atelier ouvert aux petits et grands pour expérimenter, goûter et aborder la musique par le prisme de la cuisine (28/11). Soirée electro. Salut c’est cool et

© Bart Grietens

THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE

MONKI

Cheap House ont en commun une énergie communicative. Le premier distille une electro absurde dansante. Le second, feint une musique électronique à base... d’instruments acoustiques (06/12). Hip-Hop poétique. Gaël Faye partage sa plume et sa scansion dans des titres aussi subtils qu’ensorcelants (12/03). Galactique. Fakear présente Everything Will Grow Again, dans lequel il fusionne accidents sonores et electro pointilleux (27/03). lavapeur.com

DRUSENHEIM PÔLE CULTUREL

Imitation. Didier Gustin fête ses trente ans d’imitation avec Il était une voix (16/10).

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Ballade. Messager du bonheur, Gérard Lenormand est un incontournable de la chanson française (19/02). pole-culturel.drusenheim.fr

DUDELANGE

CENTRE CULTUREL OPDERSCHMELZ Légendaire. Randy Hansen fait revivre le rock d’Hendrix dans un show de guitare spectaculaire (03/11). Danse. Expérience dansée, Blast incarne la musique originale de Rajivan Ayyappan, sensation sonore d’une explosion (10/11). Jazz. Avec Polyhymnia, la trompettiste Yazz Ahmed rend hommage aux femmes, comme Rosa Parks (13/01). opderschmelz.lu Poly 231

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SAISONS 2020 / 21 À POILS, ALICE LALOY

© Jean-Louis Fernandez

STRASBOURG tjp

ERSTEIN

SAISON CULTURELLE Spectacle. Seul en scène, le comédien Alexis Louis-Lucas joue avec nos souvenirs dans L’Utopie des arbres (dès 12 ans, 19/09, auditorium de la Maison de la Musique). Exposition. Mon énergie expose une centaine de dessins et croquis de Tomi Ungerer dans des scènes électriques (02-08/11, Etappenstall). ville-erstein.fr

FORBACH LE CARREAU

Festivals. Loostik, dédié au jeune public franco-allemand entre Forbach et Sarrebruck (10-15/11), Primeurs pour l’écriture dramatique contemporaine (en français et en allemand, 18-21/11) avec le très beau Multiple(s), de vous à moi réunissant gestes et mots (18/11). Ne pas rater. Le monde qui vacille et s’écroule littéralement dans Optraken des circassiens du Galactik Ensemble (04/12), les Contes et légendes de Pom42

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merat qui s’empare des relations futures entre humains et robots sociaux (17 & 18/12) et la mer de femmes puissantes de Lisbeth Gruwez (The Sea Within, 13/03 dans le cadre du festival Migrations). Danse. La superbe scénographie d’Aurélien Bory dans le portrait dansé offert à Shantala Shivalingappa (Ash, 03/10) clôturera la fête d’ouverture de saison. carreau-forbach.com

FRANCFORT-SURLE-MAIN OPER

Reprises. La top Carmen de Barrie Kosky (12/12-16/01) et l’éblouissant Siegfried mis en scène par Vera Nemirova (17/04-08/05). Cool. Les Brigands d’Offenbach (18/10-03/01). French. Le talentueux Claus Guth s’attaque à Dialogue des Carmélites de Poulenc (20/06-14/07) pour ce qui s’annonce comme un des grands moments de l’année lyrique. Création mondiale. Inferno de Lucia Ronchetti (27/06-14/07), une journée

en enfer sur les traces de Dante. oper-frankfurt.de

FRIBOURG-ENBRISGAU THEATER FREIBURG

Baroque. Andriy Zholdak met en scène le Stabat Mater de Pergolèse (à partir du 26/09). Créations mondiales. Dans le cadre des festivités du 900e anniversaire de la ville sont créés Schauinsland de Jan Dvořák (avril 2021) et Jukeboxopera de Detlef Heusinger (à partir du 22/07). Danse. Le Chant des ruines imaginé par la chorégraphe belge Michèle Noiret (à partir du 16/01). theater.freiburg.de

GUEBWILLER

LES DOMINICAINS DE HAUTE-ALSACE Le Mystère des voix. Les polyphonies bulgares et sépharades des quatre


SAISONS 2020 / 21 chanteuses de Balkanes (12/09). Jazz manouche. Le Amati Schmitt Trio (16/10) est issu d’une dynastie de musiciens méconnus, aussi virtuoses que généreux, qui célèbre la culture tzigane et son vent de folie joyeuse. Soul. Selia (30/10) présente notamment quelques pièces inédites de son futur EP, Rise, qui sortira en 2021. Bluegrass. Dirty Deep (14/11) plonge dans la magie trouble des paysages de Louisiane et du Mississippi avec son nouvel album puisant au blues, au folk, au rock et à la country. les-dominicains.com

HAGUENAU

RELAIS CULTUREL Nos coups de cœur. L’icône de la nouvelle scène jazz & soul américaine Robyn Bennett (13/10), une échappée littéraire et intime avec Jacques Weber (10/11), la voix world d’Irma (17/11), la création de la compagnie en résidence Les Attentifs autour de Pessoa Et me voici soudain roi d’un pays quelconque (20/11), Sur le fil, chorégraphie de la compagnie Pyramid (26/01, dans le cadre du festival Decadanse des Scènes du Nord), ToiIci & MoiLà (27/03, dès 2 ans), spectacle de nouveau cirque qui joue avec les formes, les couleurs et les sons et J’ai des doutes (20/04), spectacle signé François Morel sur Raymond Devos. La Philharmonie de Poche. L’ensemble propose plusieurs rendez-vous, dont une rencontre avec le célèbre accordéoniste Marcel Loeffler (13/02). Rires & chansons. L’Humour des Notes s’offre un week-end spécial (03 & 04/10) histoire de compenser l’annulation de son édition 2020. La 29e édition qui titille les zygomatiques en musique se tiendra comme à l’accoutumée au printemps (08-16/05). Présentations de saison. Avec Le Bureau des solutions (03 & 04/09). relais-culturel-haguenau.com

Leoncavallo (17-31/10) est monté par Andrea Schwalbach. Festival. L’Hiver à Schwetzingen (27/11-29/01) investit le théâtre rococo du célèbre château. Danse. Oscillation (07/11), dernière partie d’une trilogie initiée par le directeur du Ballet de la maison, Iván Pérez. theaterheidelberg.de

ILLKIRCHGRAFFENSTADEN L’ILLIADE & LA VILL’A

Humour. Antonia de Rendinger pose les fondations de son spectacle en préparation dans un jeu d’impro sur mesures (09-12/09, Vill’A). Magique. Prestidigitateur, Sébastien Mossière invite petits et grands à l’aider dans sa quête pour devenir Apprenti magicien (dès 4 ans, 25/10). Impro. Vous avez des questions sur la vie, l’univers et sur tout le reste ? Ils ont les réponses... ou peut-être. Eurêka ! (20 & 21/11). Danse. Suzette project interroge la vision de la famille à travers vidéos documentaires et performances de la Daddy Cie ! (dès 7 ans, 14/01). illiade.com

ILLZACH ESPACE 110

Poétique. Hilarantes et subversives, 40° Sous zéro (10/10, mais aussi 07 &

08/10, Espace BMK de Metz, 26 & 27/05, La Filature de Mulhouse) du Munstrum Théâtre met en scène les luttes fratricides de personnages cruels et extravagants dans un ballet post-apocalyptique, trash et jubilatoire. Chorégraphique. La Quinzaine de la danse (09-27/03, avec La Filature) propose notamment Les Poupées (09/03) de la compagnie rémoise In Vitro, réflexion libératrice sur les normes du “bien vivre”. Classiques. OC&CO propose Oncle Vania de Tchekhov (16/04), tandis que la compagnie La Mandarine Blanche monte Allers-Retours d’Ödön von Horváth (23/04). espace110.org

KARLSRUHE

BADISCHES STAATSTHEATER Monumental. Aïda de Verdi (à partir du 12/12) mis en scène par Jasmina Hadžiahmetović. Haendel Power. Riche programmation pour la 44e édition des HändelFestspiele (19/02-03/03) avec notamment une nouvelle mise en scène de Hercules (21/02-03/03). Création mondiale. Voyage vers l’espoir de Christian Jost (à partir du 16/05) dans une mise en scène de Kornél Mundruczó, raconte l’histoire d’une famille kurde qui abandonne sa terre. Ballet. Bridget Breiner chorégraphie avec brio Maria Stuart de Schiller (à partir du 17/04). staatstheater.karlsruhe.de

Baden-Baden FESTSPIELHAUS

HEIDELBERG

Love. Sous le titre Summernightdreamers (03-31/10), Andrea Schwalbach a créé un puzzle composé de pièces de Benjamin Britten, Henry Purcell et John Casken. Viva Italia. Pagliacci de Ruggero RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR

TURANGALÎLA - HAMBURG BALLETT JOHN NEUMEIER Poly 231

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© Kiran West

THEATER HEIDELBERG


SAISONS 2020 / 21 TOLLHAUS Festival. La cinquième édition de l’Atoll Festival, dédié au cirque contemporain voir p.70 Fado. Forte de ses origines africaines, Mariza (19/10) apporte d’étonnantes couleurs au blues des bords du Tage, tandis que Mísia (09/05) modernise le genre avec talent. Funk. Originaire d’Oakland, Tower of Power (12/11) propose un groove endiablé, une section de cuivres affûtée et des guitares extatiques. Mix. Entre tango, jazz, musette, flamenco et autres influences italiennes, la musique de Quadro Nuevo (24/01) séduit. Cultissime. Le retour à la scène d’Andrew Eldritch et de son groupe The Sisters Of Mercy (14/03) est un événement qui ne se manque sous aucun prétexte ! Le gothique post-punk à son apogée ! tollhaus.de

dans les cours de récré (dès 5 ans, 1418/09, Espace Tival). Festival. Trente ans que Momix rassemble familles et enfants dans un programme culturel éclectique (28/0107/02). crea-kingersheim.com

LINGOLSHEIM MAISON DES ARTS

Lancement de saison. Avec Klonk et Lelonk et le spectacle Baudruche (04/10). School. Dans 10:10 (02/12, dès 6 ans), Caroline Cornélis et ses interprètes portent un regard chorégraphique sur ce laboratoire de relations humaines qu’est la cour de récréation. Festival. Théâtre amateur en mai (11-25/05) et Les Arts s’en mêlent (1927/06). mdarts-lingo.com

KINGERSHEIM

LUNÉVILLE

Bagarre. Spectacle éponyme, la compagnie Loba pose son regard burlesque

Langue. La Convivialité est une conférence spectacle autour de la langue

CRÉA

LA MÉRIDIENNE

française, ses exceptions, ses règles absurdes au point de rendre chèvre un agrégé de grammaire. Le tout passé au tamis de l’humour belge et le sérieux de deux copains-profs-décalés (08/10 et à La Nef de Wissembourg, 09/02). Kids. Avec Elle pas princesse, lui pas héros (15-17/12, et à La Nef de Wissembourg, 12/01), Johanny Bert défie le genre sur un beau texte de Magali Mougel, divisant le public en deux pour renforcer l’effet produit ! Pierre Richard. Il est métamorphosé par Mathilda May dans Monsieur X (04/12, puis au Grrranit de Belfort, 08/01), rôle pour lequel il a reçu le Molière du Seul en scène 2020 ! lameridienne-luneville.fr

LUXEMBOURG

LES THÉÂTRES DE LA VILLE Opéra. Telegrams from the Nose est une collaboration entre William Kentridge et François Sarhan, croisant films d’animation, théâtre d’ombres et pantomimes expressionnistes (12/11), la mise en scène signée Aurélien Bory d’Orphée et Eurydice de Gluck (23 & 25/02), le

© Susanne Reichardt

Heidelberg Theater Heidelberg

ERNST IST DAS LEBEN (BUNBURY), OSCAR WILDE 44

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SAISONS 2020 / 21

PHILHARMONIE Beethoven. Pour le 250e anniversaire du compositeur est proposée une intégrale des ses Concertos pour piano par Krystian Zimerman et l’OPL dirigé par Gustavo Gimeno (17/09, 02 & 23/10) mais aussi ses Sonates pour violon et piano par Frank Peter Zimmermann et Martin Helmchen (27/10 & 10/12). The Voice. Une soirée avec Cecilia Bartoli et de jeunes chanteurs (05/12) pour une promenade du baroque au bel canto. Lost in translation. Le pianiste Pierre-Laurent Aimard, l’OPL et Kazuki Yamada nous emportent de Paris à Tokyo avec des pages de Takemitsu, Ravel ou Messiaen (15/01). Artiste en résidence. Le violoniste Leonidas Kavakosfera fera découvrir l’étendue de son talent (21/01, 28/02 et 07/05). Grands orchestres. Le Filarmonica della Scala et Riccardo Chailly (01/02) et la Sächsische Staatskapelle Dresden et Christian Thielemann (10 & 11/06). Baroque. William Christie et Les Arts Florissants (22/04).

STRASBOURG tNS

DEKALOG

Festivals. Atlântico, un voyage sonore au Portugal et dans les pays lusophones (11-18/10) ainsi que les 15e Rainy Days dédiés aux sonorités contemporaines avec pour thème “come together” (1222/11). philharmonie.lu

KULTURFABRIK Cirque. Artiste circassienne multidisciplinaire, Philomène incarne son univers à l’aide de ses mains, sa tête et dans les airs (18/09). Pop & Rap. Chaild et Maz partagent la scène pour transporter la foule avec des titres fusionnant leurs identités et brisant les frontières (23/10). kulturfabrik.lu

LES ROTONDES Festival. On Stéitsch (19/09), organisé à la rentrée par le Service national de la Jeunesse, fera vibrer le site. Kids. Willkommen, Bienvenue, Wëllkomm! est un théâtre musical entre émotions et petites blagues pour bambins dès 2 ans (21 & 22/04). International. Identity (19 & 20/10) réunit 19 jeunes participants originaires de quatre pays, investis pendant des mois avant que la première, prévue à Stuttgart en avril, ne soit annulée. Ce sont finalement les Rotondes qui auront l’honneur d’accueillir la création du spectacle. Mirifique. L’Acqua Alta d’Adrien M et Claire B régale les yeux et l’imagi-

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naire avec sa 3D projetée dont jouent les interprètes (29 & 30/01). rotondes.lu

ROCKHAL Groove session. Pour fêter les 15 ans du label CMR, Chinese man invite Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia pour une soirée revisitant leurs classiques (30/10). One man show. Kyan Khojandi remonte sur scène et raconte de nouvelles blagues en préparation de son futur spectacle (13/01). Pop. Woodkid est de retour avec un nouvel album et une performance sur mesure, sept ans après The Golden Age (26/01). rockhal.lu

LYON

MAISON DE LA DANSE Cinématographique. Pour le Ballet de l’Opéra national du Rhin, Mario Schröder s’inspire de la vie et des rôles de Chaplin (04-11/11, à l’Opéra de Strasbourg, 0517/09 ainsi qu’à La Filature de Mulhouse, 16 & 17/09). Hip-hop. Voilà bien vingt ans que Mourad Merzouki et Kader Attou n’avaient pas chorégraphié ensemble : ils se retrouvent pour Danser Casa (26/1105/12), un voyage en Méditerranée. Familial. La compagnie Peeping Tom clôt sa trilogie familiale avec Kind (12 & 13/01). Poly 231

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© Jean-Louis Fernandez

génial Macbeth Underworld de Pascal Dusapin (12/05). Danse. Vertikal (15 & 16/01) de Mourad Merzouki et sa compagnie Käfig où les danseurs quittent littéralement le sol, Omma (09 & 10/02) de Josef Nadj qui renvoie à l’essentiel, c’est-à-dire regarder ce qui se passe sous nos yeux pour mieux voir au fond de soi, Sonoma (19 & 20/03) de La Veronal, comme le cri de l’homme soumis au rythme trépidant du monde, Kirina (07 & 08/07), plaidoyer pour témoigner de la richesse de l’Afrique signé Serge Aimé Coulibaly et Marry Me in Bassiani (14 & 15/07), fruit de la rencontre du collectif (LA) HORDE avec les danseurs géorgiens du Ballet Iveroni. Théâtre. Le nouvel épisode du cycle Ibsen Hedda Gabler (13-22/10) est monté par Marja-Leena Junker, un focus sur Tiago Rodrigues avec By Heart (28 & 29/10) et Sopro (29 & 30/10), Hors la loi de Pauline Bureau (25-27/11) plonge aux origines de la Loi Veil, The Good Hope (22 & 23/01), nouvelle création de Simon Stone et The Quest (09 & 10/07) où Cédric Eeckhout nous emporte à la croisée du stand-up, de l’absurde et du drame existentiel. theatres.lu


SAISONS 2020 / 21 metz Opéra-Théâtre Metz Métropole

Andrew Davis (05 & 07/11). Baroque. Le récital d’une des plus belles voix du monde, Joyce DiDonato (11/12). En tournée. Renaud Capuçon nous transporte de Paris aux Carpates avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et Marko Letonja (06/01). Culte. Cédric Tiberghien et le Concerto pour la main gauche de Ravel (04 & 06/02). Wagner. Le Vaisseau fantôme en version de concert (11 & 13/06). auditorium-lyon.com

© Eddy Briere

THÉÂTRE DE LA CROIXROUSSE ROMÉO ET JULIETTE

Festival. Sens Dessus Dessous (2226/02) accueille six compagnies. Culte. Angelin Preljocaj rencontre le chef- d’œuvre des ballets russes, Le Lac des cygnes (27/05-03/06). maisondeladanse.com

OPÉRA Shakespeare Damiano Michieletto met en scène Béatrice et Bénédict de Berlioz (12/12-01/01) fondé sur Beaucoup de bruit pour rien. Festival Femmes libres. Cette saison, l’événement met en pleine lumière des femmes ardentes avec deux œuvres complémentaires, Le Château de Barbe-Bleue de Bartók (12-28/03) et Ariane et Barbe-Bleue de Dukas (1327/03). Russe. Le génial metteur en scène Barrie Kosky monte Le Coq d’Or de Rimski-Korsakov (20/05-04/06) et c’est un événement ! opera-lyon.com

ORCHESTRE NATIONAL DE LYON Ouverture. Avec le nouveau directeur musical Nikolaj Szeps-Znaider (17/09) pour un programme flamboyant accueillant, en guests, la pianiste Yuja Wang et la comédienne Julie Depardieu. Nuits d’été. D’Elgar à Mendelssohn en passant par Berlioz, un soleil italien baigne ce programme conduit par Sir 46

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Documentaire. Ni pièce de théâtre, ni fiction, Le Quai de Ouistreham (0610/10) est un récit journalistique de Florence Aubenas qui est mis en scène. Rencontre. Le chanteur Bertrand Belin et les Percussions Claviers de Lyon (05/11). Chambriste. Dans l’atelier du Quatuor Debussy est un cycle de trois rencontres avec les musiciens virtuoses (23/11, 25/01 & 22/03). croix-rousse.com

THÉÂTRE DES CÉLESTINS Événement. Après son immense succès depuis 2019, La Vie de Galilée de Brecht, montée par Claudia Stavisky revient aux Célestins (07-18/10) avec Philippe Torreton. Actuel. Simon Delétang monte Suzy Storck de Magali Mougel (08-18/10) qui porte la voix de toutes les femmes emprisonnées dans une existence servile. Politique. Avec Une Chambre claire nommée jour de Tony Kushner (2022/11), Catherine Marnas investit une pièce confrontant le présent aux pages les plus sombres du passé. New 1. Christoph Marthaler est pour la première fois à Lyon avec King Size (09-13/12), concentré de comédie loufoque, musicale et mélancolique. New 2. Pour la première fois à Lyon, Angélica Liddell présente un spectacle coup de poing, Una Costilla sobre la mesa : Madre (23-27/02). Culte. Sous la direction de Mathilda May, Pierre Richard est Monsieur X (06-03/03). theatredescelestins.com

TNP villeurbanne Carte blanche. L’immense Peter Brook fait découvrir plusieurs facettes de son talent (17-27/09), puis le traducteur André Markowicz emporte le public dans son univers (10-13/03). Pucelle. Christian Schiaretti propose Jeanne (04-14/11) d’après Péguy. Reprise. Le mythique Ça ira(1) Fin de Louis de Joël Pommerat (19-28/11) est de retour ! Événement 1. La nouvelle créa de Valère Novarina se nomme Le Jeu des ombres (14-29/01). Événement 2. Georges Lavaudant met en scène Le Roi Lear (24/0308/04). tnp-villeurbanne.com

MANNHEIM

Nationaltheater Création mondiale. Dark Spring de Hans Thomalla (11/09-07/10) place Frühlings Erwachen de Wedekind dans une perspective contemporaine. Excitant. Roland Horvath propose une Madame Butterfly (04/10-21/12) où la vidéo est ominprésente. Événement. Vespertine (18-22/10) est un pop opéra d’après Björk. Danse. Une variation sur la nostalgie : voilà comment se présente My Island (23/10-30/12), chorégraphie signée Stephan Thoss. nationaltheater-mannheim.de

METZ

L’ARSENAL Rising Star. Lauréate du Concours d’Orléans, Marianna Abrahamyan (13/10) est une des pianistes les plus prometteuses de sa génération. Contemporain. L’Ensemble Linea présente des pièces de Zeynep Toraman, Raphaël Cendo, etc. (04/11) . Voix. Véronique Gens et l’ensemble Les Surprises proposent un voyage Back to Lully (21/11). Mythique. Le danseur Israel Galván s’attaque au Sacre du Printemps de Stravinsky (11/02). Rétro-pop. Alsarah & The Nubatones (27/05) proposent une musique chaude, électrique et enlevée descendante directe des seventies soudanaises.



SAISONS 2020 / 21 Rencontre. Lorsque le collectif (LA) HORDE travaille avec les danseurs du Ballet national de Marseille cela donne Room With A View (18/06), pièce évoquant collapsologie et écologie sur fond d’émeutes et d’avenir incertain Ça promet ! Temps forts. Made in USA (18/0909/10 voir p.34), Aimez-vous Brahms ? (07-15/11) pour une plongée échevelée dans le romantisme, Djazaïr mon amour (26-28/11) propose un voyage en Algérie, Complètement cuivrés (16-31/01) une orgie de trompettes, tubas et autres trombones, Transverses (23-31/03) avec sa quête d’hybridations des styles casse les codes et dépasse les frontières, Osez Haydn #2 et Brasil (07-15/05) dans le cadre du festival Passages. citemusicale-metz.fr

ESPACE BMK THÉÂTRE DU SAULCY Courir. Pour Vincent Farasse, Mimoun & Zatopek (29/09) est l’occasion de révéler ce qu’une épopée sportive contient de fraternité entre deux légendes, entre Algérie et Tchécoslovaquie. Copi. Dans 40° sous zéro (07 & 08/10 puis à La Filature de Mulhouse, 26 & 27/05), le Munstrum Théâtre fait se télescoper Les Quatre jumelles et L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer. The Last Dance. Julia Vidit adapte La Bouche pleine de terre de Branimir

Sćepanović (05 & 06/11, mais aussi à La Manufacture nancéenne (16 & 17/09) et à La Comédie de Reims, 01/06, ( voir p.22) ou la difficulté de s’extraire même en pleine forêt sauvage de l’enfer que constituent les autres. Textes sans frontières. Une sélection norvégienne (25 & 26/11). Jeunesse. Une exploration de la jeunesse et des faits divers à l’ère des followers par Métié Navajo, monté par Cécile Arthus (03 & 04/12). ebmk.fr

OPÉRA-THÉÂTRE Verdi. Dans le cadre des 800 ans de la Cathédrale, Giovanna d’Arco (0208/10) avec l’immense soprano Patrizia Ciofi dans le rôle-titre. Délirant. Paul-Émile Fourny monte la comédie musicale de Mel Brooks, Frankenstein Junior (31/10-05/11). Ballet. Chorégraphié par Laurence Bolsigner-May, Coppélia de Léo Delibes (18/12-01/01) nous plonge au cœur d’un univers fantastique. Coup de cœur 1. Vincent Goethals met en scène L’Habilleur de Ronald Harwood (14 & 15/01), pièce rendant hommage aux travailleurs de l’ombre du monde du théâtre. Love, etc. Roméo et Juliette, ballet de Prokofiev (11-14/03). Coup de cœur 2. La mise en scène de Fidelio de Beethoven (04-08/06) signée Paul-Émile Fourny. opera.metzmetropole.fr

Thionville NEST

ORCHESTRE NATIONAL DE METZ Ouverture de saison. Concert 100% US intitulé Un Américain à Paris (18/09) avec des pages de Copland, Bernstein, etc. Création mondiale. À côté de pages de Pierné et Mahler sera donné Apocalypsis d’Édith Canat de Chizy (04/12), méditation pour chœur et orchestre. Douce France. Découvrons Moult (donné en première française) de Clara Iannotta écrite d’après ses observations de la mue des araignées en 2019 à côté de pièces de Saint-Saëns et Ravel (12/02). Classical swing. La trompettiste Airelle Besson définit ainsi son projet de composition aux côtés de l’ONM (19/02) : « À la croisée du classique et du jazz, parfois les sons se croisent, se mêlent et s’entrechoquent. » citemusicale-metz.fr

LES TRINITAIRES & LA BAM Techno. Entre techno berlinoise et punk grésillant, Kompromat distille une musique aussi bien dansante que profonde (24/10, BAM). Rock. Chris Beya, André Balzer et Didier Hoffmann reforment le progressif Atoll le temps d’un concert exceptionnel (01/10, Trinitaires). Pop. L’emblématique moustache des membres du groupe Deluxe fait résonner une musique colorée, chaleureuse et généreuse (11/03). citemusicale-metz.fr

MONTBÉLIARD

© Hubert Amiel

MA SCÈNE NATIONALE

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Théâtre. Vous ne le savez surement pas mais Alessandro Baricco, l’auteur de Soie, est aussi dramaturge. Il propose une plongée dans les chutes niagaresques avec Smith & Wesson (27/04). Détour au Portugal avec Pedro Penim qui s’intéresse avec un esprit loufoque revisite le passé pour savoir s’il a vraiment été si glorieux que nos nostalgies le croient ? Before (08/04) ou la caustique rencontre entre un psy postmoderne et un T-Rex ! Emma Dante revient avec La Scortecata (04/02, également à Scènes Vosges, 11 & 12/01) un roi amoureux de la voix d’une vieille



SAISONS 2020 / 21 dame dont elle fait un quiproquo (les femmes étant jouée par des hommes dans la tradition du XVIIIe siècle !). Marionnettes. La nouvelle création de la cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (12 & 13/03, également Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul (01/12, au Manège rémois (04/12), au TJP strasbourgeois (06-08/01), aux 2 scènes bisontines (02-05/03). Sept comédiens-manipulateurs, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature ! Danse. Il faut regarder être Lisbeth Gruwez sur un plateau. La voilà en dialogue avec la pianiste Claire Chevallier autour de Debussy, notes et gestes provocateurs (01/04). Le Sacrifice de la sud-africaine Dada Masilo (19/01) plonge dans les traditions africaines pour réinventer le chef-d’œuvre de Stravinsky autour de trois musiciens. Musique. Le retour de Babx, auteur compositeur à part dans la chanson française (26/02). Inclassables. Alexander Vantournhout en duo dans Through the Grapevine (04/12) entre crudité nue et mouvements défiants l’anatomie humaine. Mais aussi Cristiana Morganti avec Another Round for five (17/11), dansethéâtre troublante et foisonnante. Festival. PARLEMONDE (19-22/05) rend visible une année de travail d’artistes avec des établissements scolaires et des associations de l’Aire urbaine. mascenenationale.eu

MULHOUSE LA FILATURE

Les Nuits de l’étrange. Du 29 au 31 octobre avec des versions ciné-concert (sur des musiques de Philip Glass et de Joachim Latarjet) à La Filature du Dracula de Tod Browning et de La Nuit des Morts-Vivants de Georges A. Romero. D’autres projections sont prévues au Bel Air. Théâtre. Créatrice rare, Katie Mitchell présente Anatomie d’un suicide (18 & 19/02), histoire d’un traumatisme familial porté par trois récits de femmes dans la superposition de trois époques simultanées sur scène. Gisèle Vienne revient avec L’Étang (08 & 09/04, également au Maillon strasbourgeois, 19-23/01, et au Manège rémois (26 & 27/01), création d’après Robert Walser réunissant notamment Stephen O’Malley et Adèle Haenel. Festivals. Focus Peer Gynt (19/0917/10) avec la pièce de David Bobée (1517/10), Scènes d’automne (12-26/11) avec la création de l’Étude sur le Cantique des Cantiques d’Aurélie Gandit (24-26/11) sur des musiques de Mons, Bashung et Burger. Les Vagamondes (12-24/01) avec notamment la flamenca Rocío Molina (Impulso, 22/01) et la création Itmahrag d’Olivier Dubois (15 & 16/01) avec des performers de Mahraganat, l’electro chaâbi ! Mais aussi la Quinzaine de la Danse (09-27/03). Copi. Dans 40° sous zéro (07 & 08/10, puis à l'espace BMK messin, 26 & 27/05…), le Munstrum Théâtre fait se

HAGUENAU Théâtre de Haguenau

télescoper Les Quatre jumelles et L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer dans un ballet post-apocalyptique, trash et jubilatoire. Monstre sacré. Attention comédienne à ne pas manquer : Viviane De Muynck s’attaque au dernier monologue d’Ulysse de Joyce dans Molly Bloom, créé par Jan Lauwers en ces murs (04-06/11, avec un bus depuis la Kaserne de Bâle le 04/11). lafilature.org

NOUMATROUFF Rap. Le strasbourgeois Dooz Kawa livre sa plume mélancolique sur des instrumentales percutantes aux sonorités tziganes (24/10). Rock. Retour fracassant du groupe Skip the Use avec Past & Future, un nouvel opus Damn Cool (30/10, et à la Halle verrière de Meisenthal, 17/10). noumatrouff.fr

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MULHOUSE Lancement de saison. Plusieurs groupes de musiciens s’installent dans les quartiers pour un moment de musique au plus près des habitants, se rejoignant pour un concert à La Filature (19/09). Artiste associé. À la découverte du trompettiste Marc Geujon qui donnera notamment le Concerto d’Alexandre Aroutounian (20 & 21/11). Ciné-concerts. Dracula de Tod Browning (30 & 31/10) et Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly (25 & 26/06). Création mondiale. Le Concerto pour guitare de José Cura (26 & 27/03) sera enchâssé dans une soirée dédiée aux Rythmes sud-américains. Concerts dégustations. Avec diVin (02/10, 12/11, 11/12, 04/02, 19/03, 22/04 et 04/06), la musique rencontre la dive bouteille. orchestre-mulhouse.fr

NANCY © Guillaume Perret

L’AUTRE CANAL TOURNEPOUCE 50

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Rire et chansons. Musicien et humoriste, Oldelaf s’équipe de sa guitare et de sa plume pour présenter Goliath, son nouvel album (25/10).


SAISONS 2020 / 21 Concert. Groupe de scène, Les Ogres de Barback décloisonnent la chanson française avec des musiques généreuses (03/12). lautrecanalnancy.fr

REIMS Opéra de Reims

Kind of Blue. Petter Jacobsson et Thomas Caley s’inspirent librement de La Guerre (de la ligne et de la couleur) d’Yves Klein pour donner corps à AirCondition (10-14/02) qui se complète des installations de toiles cosmiques de Tomás Saraceno. Reports. Réunion en un seul et même programme des créations de Loïc Touzé (No Oco) et la directrice du CCN d’Orléans, Maud Le Pladec, avec sa pièce cinématographique Static Shot qui plonge les corps dans un climax continu entre plaisir et extase (03-08/12). Inspirations. Avec Pas assez suédois / Not Swedish enough (25-27/05), Dominique Brun, Latifa Laâbissi et Volmir Cordeiro sondent l’héritage des mythiques Ballets suédois avec leur dose de provocation, d’irrévérence et d’ambiguïté. ballet-de-lorraine.com

OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE Exceptionnel. Retrouvé par Sébastien Daucé en 2015, Le Ballet royal de la nuit (17-22/12) imposa la puissance du Roi soleil à la face du monde au mitan du XVIIe siècle. Astral. Propulsé par le succès des Voyages extraordinaires de Jules Verne, Offenbach crée Le Voyage dans la lune (20-28/01). Expérimental. Nancy Opera Xperience #1 (09-14/03) est un laboratoire de création lyrique dont le but est de repenser le mode de production d’un opéra en invitant les artistes à créer un spectacle en étroite connexion avec le territoire. So British. Eva-Maria Höckmayr monte The Turn of the Screw de Benjamin Britten (07-13/04). Verdissimo. Rigoletto (22/06-01/07) est installé dans cadre strict et hiérarchisé d’un ballet par le metteur en scène Richard Brunel. opera-national-lorraine.fr

LA PASTORALE

ORCHESTRE DE L’OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE Happy Birthday. Pour célébrer le 250 e anniversaire du compositeur, l’Orchestre propose un Marathon Beethoven (06-27/09) avec une ample programmation hors-les-murs. Le monde d’hier. Jean-Marie Zeitouni dirige un programme Strauss / Zemlinsky / Mahler (07 & 08/01). Et si on jouait sans chef ? Le violoniste David Grimal revisite les paysages musicaux de Schubert et Mendelssohn (17 & 18/03). Classique. Les Saisons de Haydn (18 & 19/04). Duo. Zoom sur C. & R. Schumann (1723/04) le plus romantique des couples de compositeurs se dévoile en quelques dates ! Événement. Sur scène, quatre pianos et quatre musiciens ont choisi d’interpréter la célèbre trilogie de Julius Eastman (11/05) à l’intensité incandescente et aux titres évocateurs des combats du compositeur : Evil Nigger, Crazy Nigger et Gay Guerilla. opera-national-lorraine.fr

THÉÂTRE DE LA MANUFACTURE Festivals. Neue Stücke explore la dramaturgie allemande (23-27/11). Créations. Raphaël Gouisset l’affirme durant 91 min et 30 secondes : Je ne suis pas un astronaute (13-15/10), le temps qu’il lui faut pour résoudre la

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problématique du genre humain (et de sa propre vie). Michel Didym, pour sa dernière saison, crée Habiter le temps (11-17/12 puis au Théâtre des Capucins de Luxembourg (06 & 07/01), réunions de trois générations en 1913, 1968 et 2018 dans une maison familiale en pleine forêt nordique. Roy. Non pas un mais deux opéras sous casques pour découvrir des versions inhabituelles de Macbeth et de Qui a peur du loup ? (de Christophe Pellet), signés Matthieu Roy avec le concours des musiciens d’Ars Nova (03-06/11, à l’ONL). The Last Dance. Julia Vidit adapte La Bouche pleine de terre de Branimir Sćepanović (16 & 17/09, puis à l’Espace BMK de Metz (05 & 06/11) et à La Comédie de Reims (01/06, voir p.22) ou la difficulté de s’extraire même en pleine forêt sauvage de l’enfer que constituent les autres. Grandes dames. Lorsque l’écriture ciselée et âpre d’Annie Ernaux rencontre Romane Bohringer, cela donne L’Occupation, histoire de femme en prise avec ses démons (28-30/09). theatre-manufacture.fr

NEURIED

THEATER EURODISTRICT BADEN ALSACE Romantique. Diana Zöller crée Le Cours de danse (02-11/10), drôle de rencontre entre une danseuse ne pouvant plus exercer son art et un scientifique qu’on ne peut pas toucher. Poly 231

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© Olivier Houeix

CCN – BALLET DE LORRAINE


SAISONS 2020 / 21

© John Hogg

MONTBÉLIARD ma scène nationale

THE SACRIFICE, DADA MASILO

Comédie musicale. Camilla Kallfaß est seule en scène dans Ein wenig Farbe, un musical de Rory Six mis en scène par Diana Zöller (16/10-01/11). Jeune public. Sur la base d’ateliers de recherche avec des enfants, le Theater BAAL a développé une pièce sur la manière dont les enfants gèrent les expériences difficiles et les conflits familiaux dans leurs rêves (La Tête dans les étoiles, 09/01 au Forum européen du Rhin dans le cadre du festival Allez Hop! 2021). baalnovo.com

OBERHAUSBERGEN LE PRÉO

Classique. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg est dirigé par Charlotte Juillard, premier violon super-soliste, et présente un programme allant de Bach à Haydn (18/09). Comédie. Le duo Patricia Weller et Denis Germain incarne des personnages extravagants dans Salut l’arthrite (08&09/10). le-preo.fr

OBERNAI

ESPACE ATHIC Nostalgie. Avec Paroles, Paroles, Kitsch’n’Musique réinterprète avec humour les années 1980 (dès 8 ans, 02/10). Ciné-spectacle. Concept né à Hollywood, Living Cartoon Duet recrée la bande-son de cartoon en direct 52

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(05/02). Nouveau cirque. Cette année on célèbre le 25e anniversaire du festival Pisteurs d’Étoiles (23/04-01/05). La création sous chapiteau mais aussi dans l’espace public sera à l’honneur. espace-athic.com

OSTWALD

LE POINT D’EAU Festival. Conférence dansée, Street danse (sauce battle), et récital, entre rap et trap, OQP célèbre les arts de rue (09-11/10). Théâtre. Avec La Guerre de Troie (en moins de deux!), petits et grands redécouvrent ce classique de la mythologie grecque, façon burlesque (dès 9 ans, 04/12). lepointdeau.com

REIMS

LA CARTONNERIE Festival. De Pomme à Dionysos, en passant par Gaël Faye, Charabia affiche un programme haut en couleurs (2528/11 et 05/12). Folk. Asaf Avidan partage Anagnorisis, son nouvel opus (12/03). cartonnerie.fr

LA COMÉDIE DE REIMS Honoré. Thomas Quillardet s’empare du roman de Christophe Honoré, Ton Père (03-14/10) qui part d’un mot laissé (« Guerre et paix, une contrepè-

terie douteuse »), pour un récit peuplé de teintes autobio sur l’adolescence, la paternité et le doute. Bandes. Camille Dagen signe un second spectacle attendu avec Bandes (18-20/11 et aussi au Maillon strasbourgeois, 10-13/11) autour de ces groupes (communards, dada, situationnistes…) qui ont révoltés leur époque. Sauvage. Cédric Orain propose une exploration de ce qui ne peut être apprivoisé en l’homme dans Enfants sauvages (10-12/11, dès 8 ans), grâce à acrobate jouant l’enfant indompté face à deux comédiens. Kelly. Chloé Dabert reporte son Girls and Boys (19-23/01) de Dennis Kelly, terrible monologue au féminin d’une débâcle… totale. Festivals. Far Away (04-14/02) et le festival jeune public Méli’Môme (26/03-10/04). lacomediedereims.fr

LE MANÈGE DE REIMS Immanquable. La création pleine de micro-fictions de Camille Boitel et Sève Bernard (MA, AÏDA...) (16 & 17/10), l’Infini de Boris Charmatz réinventant le vertige des corps (12/03) et Ça Dada, totalement déjanté et jubilatoire d’Alice Laloy (01/04 dans le cadre de Méli’môme). Born to be alive. Un festival performatif (03-14/11) avec notamment la résistance aux Diktat de Sandrine Juglair osant tout, en se moquant des clichés sensuels et virils (07/11, et au Nouveau Relax de Chaumont, 05/11) ou le rituel incantatoire d’Ecdysis de Jérôme Brabant (03/11) autour de la transformation du corps. Far Away. Un temps fort (04-14/02) regroupant les structures de Reims autour d’artistes et d’univers comme le Lucha Libre (catch mexicain) ou l’artiste associé Faustin Linyekula (Histoire(s) du théâtre II, 05/02, La Comédie de Reims proposant aussi La Reprise. Histoire(s) du théâtre (I) de Milo Rau les 12 & 13/02). Marionnettes. La nouvelle création de la cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (04/12, mais aussi au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul (01/12), au TJP strasbourgeois (06-08/01), aux 2 scènes bisontines (02-05/03) et à MA scène nationale à Montbéliard, 12 & 13/03). Sept comé-



SAISONS 2020 / 21 diens-manipulateurs, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature ! Et aussi le portrait de Valérie Solanas, prostituée féministe qui tira sur Warhol en 1968, Une Chambre noire (01/12). Gisèle. Vienne revient avec L’Étang (26 & 27/01, également au Maillon strasbourgeois, 19-23/01, et à La Filature 08 & 09/04), création d’après Robert Walser réunissant notamment Stephen F. O’Malley et Adèle Haenel. manege-reims.eu

années 1950. Nommée cinq fois aux Molières 2020, la pièce nous transpose dans la tête de Mark Rothko, interprété par Niels Arestrup, un artiste aussi brillant que tourmenté. Anniversaire. La Coupole célèbre ses 20 ans tout au long de la saison à travers des spectacles, temps fort festifs et rendez-vous hors murs. Créations. L’avis de Marguerite (dès 12 ans, 01/07), de la compagnie Verticale, est une coproduction en partenariat avec la Fondation Fernet-Branca. Plongeons dans la chasse aux sorcières en Alsace aux XVe et XVIe siècles. Le Bonheur des uns (dès 14 ans, 30/03), de la compagnie Théâtre du Fracas, est une comédie où la quête sociale du bonheur flirte avec le burlesque.

OPÉRA Opérette. Yann Molénat transpose l’action de Monsieur Choufleuri restera chez lui d’Offenbach (13 & 14/11) à notre époque. Grand classique. Dans sa mise en scène de Carmen (15 & 17/01), PaulÉmile Fourny a imaginé une enquête policière autour d’une comédienne assassinée. Rareté absolue. En résidence, l’ensemble des Monts du Reuil ressuscite Le Magnifique d’André Grétry (30/01), icône de l’opéra comique français. Ballet. Chorégraphe à l’imaginaire féérique, Thierry Malandain magnifie Beethoven dans La Pastorale (29 & 30/05). operadereims.com

ESPACE GEORGES-SADOUL & LA NEF Cirque. La Générale posthume : l’hiver rude (10/09) est une sortie de résidence sous la forme de théâtre de cirque. Les trapèzes de Gwenn Buczkowski et Bambou Monnet proposent une satire sans héroïne, dont l’humour noir des corps fait le lien avec notre actualité. Humour. Vérino remonte sur scène avec Focus (03/11), son nouveau spectacle. Entre improvisation sur tous sujets de société et son aura scénique, la performance est touchante de sincérité. saint-die.eu

SAINT-LOUIS

SAUSHEIM ED&N © Christophe Raynaud de Lage

SAINT-DIÉ-DesVosges

Schweighouse-sur-Moder LA K’ARTONNERIE

JULIEN BONNET

Festival. La 8 e édition des Scènes d’Automne en Alsace (12-26/11) invite à découvrir la jeune création du territoire. Coup de projecteur sur France (dès 12 ans, 20/11), création mise en scène par Natacha Steck, qui retrace l’aventure d’un collectif d’une équipe de foot, dans une épopée sauce 98. lacoupole.fr

SARREBRUCK

LA COUPOLE

SAARLÄNDISCHES STAATSTHEATER

Spectacle. Avec Rouge (29/09), immergez-vous dans le New York des

Ouverture de saison lyrique. Un très attendu Trouvère de Verdi (à par-

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tir du 06/09) mis en scène par Tomo Sugao. À l’aune de la pandémie actuelle, il s’éloigne de l’opulence chorale de l’action pour se concentrer sur la vie intérieure des personnages. Musical. Hair (à partir du 24/10) plus actuel que jamais. Même en pleine crise du coronavirus : Peace, love and freedom ! Symphonique. Un chef que nous affectionnons, Sébastien Rouland dirige un programme en forme de promenade dans le temps où Haendel voisine avec Mozart et Janáček (25 & 26/10) avant de confronter les Quatre Saisons de Vivaldi à celles de Piazzolla (22 & 23/11). Danse. Le Ballet national de la Sarre et Stijn Celis proposent Sound & Vision (03-30/10), solos, duos et petits groupes (sans contact corporel) traitant du ressenti des membres de la compagnie pendant le confinement puis un étonnant Winterreise (à partir du 13/12), subtile variation sur le célèbre cycle de Lieder de Schubert. Festival. Primeurs (18-21/11) est de retour avec le Carreau. theater-saarbruecken.de

Coup de cœur. Portée par les succès de son dixième album et du single Speed, Zazie (10/09) est de retour sur scène. Saga Africa . Yannick Noah (05/12) is back ! Coup de cœur. Cela fera plus de six ans qu’Alain Souchon (06/02) n’a pas tourné en solo et c’est un événement. Au Canada. La sublime voix de Linda Lemay (11/03) nous explique que La Vie est un conte de fous. Culte. Michel Sardou ne chante plus mais fait l’acteur dans N’écoutez pas mesdames (21/03), comédie spirituelle de Sacha Guitry sur l’art d’aimer. eden-sausheim.com

SAVERNE

ESPACE ROHAN Lancements. Soirées de présentation de saison avec photos, extraits sonores et vidéos des différents spectacles (sur réservation, 09-10/09). Jazz. En partenariat avec Jazzdor, le clarinettiste Louis Sclavis en quartet



SAISONS 2020 / 21

© Nelly Rodriguez

STRASBOURG MAILLON

FOREVER, TABEA MARTIN

performe Characters on a Wall, écho musical aux œuvres d’Ernest PignonErnest (17/11). Humour. Dans À nos Amours, Sophia Aram revisite les préjugés cachés dans les contes de fées, la sexualité et l’amour (dès 12 ans, 15/01, et à La Filature 12/09). espace-rohan.org

SCHILTIGHEIM

CHEVAL BLANC / BRASSIN / BRIQUETERIE Jazz. Le quintet Ozma délivre son French Explosive Jazz ! Le groupe joue une musique jazz qui invite au voyage dans Hyperlapse (08/10). Festival. Schilick on carnet (13-15/11) donne la part belle à l’illustration et au livre jeunesse. Au programme : rencontres, dédicaces et ateliers, mais aussi moments musicaux ! Voyage. Entre l’Alsace et Tahiti, le duo Vaiteani distille une musique pop folk colorée dans un album éponyme qui nous transporte (24/11). ville-schiltigheim.fr 56

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SCHWEIGHOUSESUR-MODER LA K’ARTONNERIE

Humour. Seule en scène, Isabelle Vitari est Bien entourée. Spectacle dans lequel elle se livre et délivre sa vision du monde (02/12). En famille. Dans Elle pas princesse, lui pas héros, Leïli et Nils se posent des questions sur l’identité garçon/fille (dès 7 ans, 17/02). mairie-schweighouse.fr

SÉLESTAT

TANZMATTEN Ouverture. Entre atelier créatif, spectacles, concerts et tournoi de pétanque, ce démarrage en extérieur annonce la couleur (20/09). Comédie musicale. Chance ! est un condensé de références aux classiques du genre, mélangées dans une intrigue décalée (dès 8 ans, 26/09). Rock. De la chanson française au rock, Cali rencontre le pianiste Au-

gustin Charnet dans une Cavale avec l’exigence mélodique qu’on lui connaît (17/12). tanzmatten.fr

SOULTZ-SOUS-FORÊTS & WISSEMBOURG LA SALINE & LA NEF

Cirque. Oraison (15 & 17/10) joue avec nos perceptions en mêlant acrobaties et technicité hors-pair avec émotion brute. Kids. Avec Elle pas princesse, lui pas héros (12/01 mais aussi à La Méridienne de Lunéville, 15-17/12), Johanny Bert défie les assignations de genre que la société véhicule grâce à un texte de Magali Mougel. Festival Décadanse. Caroline Allaire signe un inventaire à la Prévert dansé et décapant (Jusqu’à l’os, 22/01, dès 6 ans). Langue. La Convivialité est une conférence spectacle autour des fautes d’orthographe, de la langue française et de ses exceptions, ses règles absurdes au point de rendre chèvre un agrégé de


SAISONS 2020 / 21 grammaire. Le tout passé au tamis de l’humour belge et le sérieux de deux copains-profs-décalés (09/02 et à La Méridienne, 08/10). la-saline.fr nef-wissembourg.fr

LA LAITERIE Rock. MNNQNS (+ Kamarad, 25/09) distille un punk tantôt grésillant, tantôt léché façon pop. D’inspiration anglosaxonne, les rouennais présentent Body Negative. voir p.28 Electro pop. Avec 2Y0Y2Y0Y, l’exubérante Yelle nous transporte dans son univers dance coloré et déjanté sous perfu d’auto-tune (22/10). Chanson française. L’auteur-compositeur-interprète Gauvin Sers mêle thématiques sociales et mélodies populaires dans des titres intimes (07/11). Reggae electro. On ne présente plus Biga*Ranx (11/02), MC et producteur figure du mouvement Vapor electro. Après le succès de 1988, il remonte sur scène avec Sunset Cassette. artefact.org

STRASBOURG ESPACE DJANGO

Théâtre musical. Chewing Gum Silence raconte aux petits et grands l’histoire d’une femme à la recherche de sa mélodie perdue (dès 6 ans, 24-25/09). Musique. Fer de lance d’un rock’n’roll touareg contemporain, Tamikrest (+ Kidan) ouvre musicalement la barrière des langues et cultures (24/11). Cinéma. La série de projection Cinédjango programme le touchant LàHaut, un film familial de Pixar (dès 3 ans, 04/10). espacedjango.eu

LE MAILLON Gisèle. Vienne revient avec L’Étang (19-23/01, et au Manège rémois (26 & 27/01, puis à La Filature 08 & 09/04), création d’après Robert Walser réunissant notamment Stephen F. O’Malley et Adèle Haenel. Bandes. Camille Dagen signe un second spectacle attendu avec Bandes (10-13/11, puis à la Comédie de Reims, 18-20/11) autour de ces groupes (communards, dada, situationnistes…) qui ont révoltés leur époque. Temps fort. Les Narrations du futur (13-21/03) présentées avec le TJP avec notamment l’expérimentation d’Ivana Müller Forces de la nature (13 & 14/03)

ESPACE K Humour. Dans Comment épouser un milliardaire, Giorgia Sinicorni livre avec humour noir ses secrets pour attraper une perle rare (dès 12 ans, 0103/10). Show. Pour sa cinquième édition, le Krismass Show mélange paillettes, sketches et numéros musicaux (0305/12, 10-12/12 et 17-19/12). espace-k.com

JAZZDOR

OPÉRA NATIONAL DU RHIN Français. Marie-Eve Signeyrole invite à quitter l’habituel décorum antiquisant de Samson et Dalila (16-28/10, Strasbourg, 06 & 08/11, Mulhouse) pour entrer dans la modernité du drame de Saint-Saëns. Germanique. On retrouve avec plaisir Pierre-Emmanuel Rousseau pour Hansel et Gretel d’Humperdinck (09-22/12, Strasbourg, 08 & 10/01, Mulhouse) couplé avec l’opéra jeune public Gretel et Hansel (dès 5 ans, 12 & 22/12, Strasbourg, 09/01, Mulhouse, 23 & 24/01, Colmar).

Illzach Espace 110

© Darek Szuster

Ouverture. Les cuivres de la formation belge Mâäk Quintet télescopent une musique au rythme aussi bien sensuel qu’endiablé (02/10). Jazzdoor. La 35e édition du festival (06-23/11) distille cuivres et percussions dans une programmation éclectique, tantôt groovy, tantôt sensuelle, dispatchée dans la ville et alentours. Une chasse aux trésors envoûtante, allant du duo composé du pianiste Michael Wollny et du saxophoniste Émile Parisien (07/11), au groupe Andy Emler MegaOctet (20/11). Trio. ForYourOwnGood! intègre le saxophone ténor de Julien Lourau le temps d’une création à la frontière des genres et styles (12/01). Déstructurant les figures classiques, le quartet se joue des textures sonores. jazzdor.com

ou Farm Fatale, concert écolo-rebelle d’épouvantails signé Philippe Quesne (13 & 14/03). Dance. Fin du travail sur la famille débuté par les excellents belges de Peeping Tom avec Père et Mère. Ce Kind (enfant) promet étrangeté et fascination (présenté avec Pôle Sud, 1921/05, également à la Kaserne Basel, 24 & 25/09), mais aussi Sasha Waltz avec l’une de ses premières pièces, Allee des Kosmonauten (14-16/10). Hors normes. Le Roman d’Antoine Doinel (05-07/11) où Antoine Laubin s’empare de manière kaléidoscopique des films de François Truffaut en 4h10. Étienne. Saglio présente sa nouvelle création de magie nouvelle, Le Bruit des loups (avec le TJP, 21-24/04). Trois ans de travail pour construire illusions et mondes fantasmagoriques. maillon.eu

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40 O SOUS ZÉRO, MUNSTRUM THÉÂTRE Poly 231

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SAISONS 2020 / 21

© Jean-Louis Fernandez

VANDŒUVRE-LÈS-NANCY ccam

SUZY STORCK, SIMON DELÉTANG

Printemps libanais. Hémon, création mondiale de Zad Moultaka sur le mythe d’Antigone (20-28/03, Strasbourg, 09 & 11/04, Mulhouse) dans le cadre du Festival Arsmondo, cette année dédié au Liban. Japonais. On attend beaucoup de cette Madama Butterfly de Puccini (18-28/06, Strasbourg, 04 & 06/07, Mulhouse) montée par le très radical Mariano Pensotti. Voix. La mezzo Karine Deshayes (17/02) et le baryton Matthias Goerne (28/05). Danse. Bruno Bouché, Angelin Preljocaj et Alba Castillo questionnent le passé avec le triptyque chorégraphique Spectres d’Europe #3 (21 & 23/10, Mulhouse, 29 & 30/10, Colmar, 15-18/11, Strasbourg) et Les Ailes du désir (1318/01, Strasbourg, 28-31/01, Mulhouse, 06 & 07/02, Colmar) variation sur le film de Wenders signée Bruno Bouché. operanationaldurhin.eu

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG Musiques à venir. Concerts de présentation de cette saison (06/09) puis 58

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de la suivante 2021 / 2022 (02/06). Musique de films. Le percussionniste Martin Grubinger propose une escapade en terres cinématographiques (08 & 09/10). Musiques romantiques. La violoniste Arabella Steinbacher donne le Concerto de Brahms (05 & 06/11) tandis que le pianiste Adam Laloum joue le premier Concerto du compositeur allemand (15/01). Musique d’anniversaire. Pour le 250 e anniversaire de Beethoven, les musiciens de l’OPS font une escapade chambriste (29/11 et 08/12). Musique classique. Le violoniste David Grimal dirige et interprète une intégrale des Concertos de Mozart (11/12). Musique de fête. Concerts de Noël (17/12) où alternent les pages sacrées et de Nouvel An (31/12 & 01/01) aux couleurs américaines. Musique tragique. Stanislav Kochanovsky dirige la Symphonie n°4 “tragique” de Schubert et Das Lied von der Erde de Mahler (28 & 29/01) avant que Vasily Sinaiski ne s’empare du génial testament sonore qu’est la neuvième de Mahler (04 & 05/02). Musique gourmande. Un concert

est accompagné d’une dégustation des chocolats de Thierry Mulhaupt (14/02). Musique française. Le violoncelliste Marc Coppey joue le Concerto de Lalo (22/04), puis le premier de Saint-Saëns (23/04). Musique russe. Nikolaï Lugansky donne le Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov (27 & 28/05). Musique en plein air. Direction le Jardin des Deux Rives (26/06). philharmonique.strasbourg.eu

PÔLE SUD Mémoire. Vidal Bini présente Morituri (créer est un combat), solo mêlant mémoire, figures historiques, glorification du corps et photographie dans une interrogation profonde de la manipulation des mots et des corps fondant nos identités (22 & 23/09 puis au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy, 12 & 13/11). Temps fort. Après ses deux soli remarqués l’an passé (Hope Hunt & The Ascension into Lazarus), l’irlandaise Oona Doherty revisite dans Lady Magma (19 & 20/01) le désir féminin. Les Amour-s de Radhouane El Meddeb inpirés par Khalil Gibran (03 & 04/02)



SAISONS 2020 / 21 et chef avant un temps d’échange en présence de l’auteur (16-20/03). Échos. Brillante lecture proposée aux Actuelles 2017, Ce Samedi il pleuvait de la québécoise Annick Lefebvre (0911/03) est à (re)découvrir dans la mise en scène de Catherine Tartarin avec le fabuleux duo de musiciens Encore, au plateau ! Laurent Crovella crée lui Gens du Pays de Marc-Antoine Cyr, lu aux Actuelles 2019. La crise identitaire d’ados vivant à la périphérie des villes (12-14/01). Bukowski. Avec Un Homme (0608/10), Gaël Leveugle plonge dans la crasse et le quotidien d’anciennes idylles dépeintes avec la brutalité du quotidien dans cette nouvelle de Charles Bukowski. M & G. Grégory Ott et son trio se lient à Léopoldine HH et Matskat pour un hommage à Gainsbourg et Miles Davis, You’re Under Arrest (03-05/06). taps.strasbourg.eu

SAINT-LOUIS LA COUPOLE

© Jean-Louis Fernandez

TJP

ROUGE

ou encore la performance façon Robyn Orlin (We Wear our Wheels with Pride…, 30/11 & 01/12) autour de l’histoire des rickshaws zoulous en pleine apartheid en Afrique du Sud. Sans oublier les Mailles de Dorothée Munyaneza, témoignages de femmes dansés (19 & 20/11 avec Le Maillon). Festival. EXTRADANSE (07-22/04) avec Bruno Beltrão et son Grupo de Rua (07-09/04) ou encore Khyam Allami et Yalda Younes avec A Universe not made for us (10 & 11/04), recherche de tranquilité absolue dans un univers de chaos permanent… le nôtre ! 60

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Fratrie. Fin du travail sur la famille débuté par les excellents belges de Peeping Tom avec Père et Mère. Ce Kind (enfant) promet étrangeté et fascination (présenté avec Le Maillon, 1921/05, également à la Kaserne Basel, 24 & 25/09). pole-sud.fr

LES TAPS Actuelles XXIII. Cinq textes contemporains mis en espace par des équipes hétéroclites mêlant étudiants de la Hear, comédiens, metteurs en scène

Temps fort. Les Narrations du futur (13-21/03) présentées avec Le Maillon accueillent notamment la création de Renaud Herbin et Tim Spooner (Hiding Shadows, 13 & 14/03) où Jean-Baptiste André déjoue la gravité sur les sonorités de Sir Alice, au milieu des objets mécanisés de Tim Spooner. Également au programme : Farm Fatale, concert écolo-rebelle d’épouvantails signé Philippe Quesne (13 & 14/03) ou la redécouverte des éléments par deux enfants dans Terairofeu de Pierre Meunier et Marguerite Bordat (17-20/03). Ruines. David Séchaud présente sa nouvelle création, Le Gonze de Lopiphile (04-06/11), exploration archéologique des strates du passé, rigoureusement décalée et poétique où la nécessité d’échouer pour mieux réussir s’avère essentielle. Baleine. La nouvelle création de la cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (07-08/01, mais aussi au Manège rémois (04/12), au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul (01/12), aux 2 scènes bisontines (02-05/03) et à MA scène nationale de Montbéliard, 12 & 13/03. Sept comédiens-manipulateurs, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature ! Loup. Étienne Saglio présente sa création de magie nouvelle, Le Bruit



SAISONS 2020 / 21 des loups (avec Le Maillon, 21-24/04). Trois ans de travail pour construire illusions et mondes fantasmagoriques. Poils. La dernière création d’Alice Laloy est particulièrement poilue (0914/02) et se déploie dans une scénographie en forme de pop-up géant ! tjp-strasbourg.com

TNS Marie Ndiaye x2. Jacques Vincent s’attaque aux Serpents de l’autrice associée au TNS, pièce puissante entre femmes, sur le perron de la maison familiale où se terre le père suite à la morsure d’un enfant par un reptile (25/1104/12). Stanislas Nordey met lui en scène Berlin mon garçon, suite à une commande d’écriture passée autour du terrorisme dans la société occidentale (25/03-01/04). Au Bord. Stanislas Nordey monte ce texte âpre cherchant « l’inhumain dans l’humain » de Claudine Galea, écrit d’après la photographie d’une soldate américaine tenant en laisse un prisonnier dans la prison d’Abou Ghraib (0920/03). Fort et nécessaire.

Gosselin x2. Julien Gosselin propose Le Père (07-15/10) version scénique du roman L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou, interprété par Laurent Sauvage. Il revisite aussi en images et en musique Dekalog, d’après les films événements de Kieślowski autour des 10 commandements, pour l’entrée dans la vie professionnelle des élèves du groupe 45 de l’École du TNS (04-14/02). Nouvelles. Mathilde Delahaye (ancienne élève du Groupe 42 de l’École du TNS), s’associe à Pauline Haudepin (Groupe 43) pour Nickel (10-16/05) autour du Voguing, des marginalisés et de leur résilience collective. tns.fr

LE ZÉNITH Régional de l’étape. M. Pokora (12/09) revient avec le Pyramide Tour, certainement le plus ambitieux de sa carrière. Grandiose. Les mondes telluriques de Carmina Burana (24/01) par l’orchestre et les chœurs du Ballet national de Russie. Événement rap 1. Groupe de rap de-

venu iconique avec Le Monde ou rien, PNL (06/02) est en concert et ça ne se manque sous aucun prétexte ! Événement rap 2. IAM (19/04) est de retour à l’ancienne ! Nostalgie. Sabrina, Début de Soirée, Cookie Dingler, Jean-Pierre Mader et tous leurs potes pour Stars 80 (03/03). Indispensable. La tournée My Songs de Sting (10/10/2021). zenith-strasbourg.fr

STUTTGART STAATSTHEATER STUTTGART Essentiel 1. Barrie Kosky monte Die Zauberflöte (à partir du 03/10). Essentiel 2. Barbara Frey propose un diptyque formé par Cavalleria rusticana de Mascagni et Luci mie traditrici de Sciarrino (11-24/10). Essentiel 3. La Fiesta (31/10 & 01/11) avec le danseur Israel Galván . Essentiel 4. Une vision de Werther (à partir du 15/11) signée Felix Rothenhäusler. staatstheater-stuttgart.de

© Agathe Poupeney

LYON + STRASBOURG MAison de la danse + ONR

CHAPLIN, MARIO SCHRÖDER 62

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SAISONS 2020 / 21 ANDY EMLER MEGAOCTET

STRASBOURG JAZZDOR

VANDŒUVRELÈS-NANCY CCAM

Théâtre. Simon Delétang tourne sa création de Bussang Suzy Storck, pièce coup de poing de Magali Mougel autour d’une tragédie domestique (à La Manufacture de Nancy, 16 & 17/11, et à La Comédie de Colmar, 24 & 25/11). Danse. Camille Mutel en solo dans Not I (22 & 23/09), réflexion sur la suppression de l’entre-deux être et Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich d’Anne Teresa de Keersmaeker qui transmet cette pièce fondatrice de 1982, jusque dans sa transe (13-15/10). À voir absolument. Mémoire. Vidal Bini présente Morituri (créer est un combat), solo mêlant mémoire, figures historiques, glorification du corps et photographie dans une interrogation profonde de la manipulation des mots et des corps fondant nos identités (12 & 13/11, et à Pôle Sud à Strasbourg, 22 & 23/09). centremalraux.com

VESOUL © Sylvain Gripoix

THÉÂTRE EDWIGE FEUILLÈRE

THIONVILLE

NEST – NORD-EST THÉÂTRE Festival. La Semaine Extra pour et par les ados (10-16/04). Girls Girls Girls. Féminines (02/02) de Pauline Bureau reprend l’histoire du club de football féminin du Stade de Reims, champion du monde 1978. Vous le saviez ? Bijou. Le chef-d’œuvre de Maguy Marin May B n’en finit pas de tourner, preuve du brio de sa communauté beckettienne de clochards célestes (01/12). Création. La nouvelle directrice du NEST, Alexandra Tobelaïm monte Abysses de Davide Enia (03-07/11) autour des laissés pour compte de l’île de Lampedusa. Love & Hate. Une pièce historique, 64

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Clôture de l’amour (15-17/10, et à Scènes Vosges, 13/10) de Pascal Rambert avec le duo Stanislas Nordey et Audrey Bonnet qui règle ses comptes avec brio ! nest-theatre.fr

TRÈVES

THEATER TRIER Baroque. Jean-Claude Berutti monte L’Incoronazione di Poppea (à partir de septembre). Contemporain. Reigen de Philippe Boesmans (à partir de mai). Danse. Rituale, ballet Mauro Astolfi et Roberto Scafati (à partir de mars). Reprise. Le chorégraphe Roberto Scafati explore Carmen de Bizet et le Boléro de Ravel (dates encore non fixées). theater-trier.de

20e. Édition du Festival Jacques Brel (23/09-14/10) avec du lourd : Bertrand Belin avec les Percussions Claviers de Lyon (10/10), Léopoldine HH (08/10) ou encore Lombre en première partie de Batlik (14/10). Marionnettes. La nouvelle création de la cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (01/12, puis au Manège rémois (04/12), au TJP strasbourgeois (06-08/01/21), aux 2 scènes bisontines (02-05/03) et à MA scène nationale (12 & 13/03). Sept comédiens-manipulateurs, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature ! theatre-edwige-feuillere.fr

VILLAGE-NEUF RIVERHIN

Action. L’ouverture de saison fait son cinéma avec Sébastien Bizzotto qui traverse l’histoire du cinéma, des classiques aux navets (23/09). Blues. L’alsacien Circle of Mud pré-



SAISONS 2020 / 21 sente un blues contemporain avec de nouvelles compositions (30/10). mairie-village-neuf.fr

VOSGES

SCÈNES VOSGES Love & Hate. Une pièce historique, Clôture de l’amour (13/10, puis à Nest à Thionville, 15-17/10) de Pascal Rambert avec le duo Stanislas Nordey et Audrey Bonnet qui règle ses comptes avec brio ! Emma Dante. La metteuse en scène italienne revient avec La Scortecata (11 & 12/01, puis à Ma Scène nationale à Montbéliard, 04/02). Un roi amoureux de la voix d’une vieille dame dont elle fait un quiproquo, les femmes étant jouées par des hommes dans la tradition du XVIIIe siècle ! Peter Brook. Dans Why ? (30/11), le grand dramaturge britannique livre avec Marie-Hélène Estienne un manifeste théâtral évoquant l’art et la révolution. Une leçon. Danse. Le solo engagé d’Héla Fattoumi co-écrit avec Éric Lamoureux sur le port du niqab (Manta, 03/12).

Musique. Le swing et la poésie de Debout sur le Zinc interprétant des textes de Boris Vian (08/12) et la grande Jeanne Added en solo (15/12). scenes-vosges.com

ZURICH OPÉRA

Russe. Barrie Kosky met en scène Boris Godounov de Moussorgski (20/0920/10) avec l’excellent Kirill Karabits à la baguette. Rareté baroque. On sent bien que David Marton va bouleverser L’Olimpiade de Pergolèse (01/11-02/12) pour un “filmopéra”. Culte. Christian Gerhaher chante le rôle-titre de Simon Boccanegra de Verdi (06/12-12/01). Décapant. Le metteur en scène culte Christoph Marthaler s’empare de d’Orphée et Euridice de Gluck (14/0223/03). Rareté contemporaine. Amerika, opéra d’après Kafka de Roman Haubenstock-Ramati (07/03-05/04). The Voice. Cecilia Bartoli chante le

rôle titre d’Alcina de Haendel (31/1209/01). Immanquable. Le revival du Winterreise de Zender chorégraphié par Christian Spuck (13/02-17/04). opernhaus.ch

TONHALLE ORCHESTER Ouverture de saison. Le directeur musical de l’Orchestre Paavo Järvi sera accompagné du pianiste Olli Mustonen (23-25/09) qui fera l’objet d’un focus de trois concerts cette saison. Chaire créative. Le compositeur estonien Arvo Pärt dont seront données plusieurs pages comme Tabula rasa (13-15/01). Focus sur… Katia & Marielle Labèque donneront trois programmes, dont le beau Concerto pour deux pianos de Poulenc (20 & 22/01). Culte. Kent Nagano dirige le War Requiem de Britten (30 & 31/01). Jeunes pousses. Le Concours Géza Anda (05/06) révèle les futures stars du clavier. tonhalle-orchester.ch

© Gilles Abegg

NANCY OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE

LE BALLET ROYAL DE LA NUIT, SÉBASTIEN DAUCÉ 66

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MUSIQUE

lyrisme électrisant Mêlant chanson française, hip-hop et electro, Tim Dup couche son regard sur le monde dans Qu’en restera-t-il ? Tableaux de ses voyages et humeurs, il raconte avec mélancolie le temps qui passe.

Par Florent Lachèvre Photo de Hugo Pillard

Au Grillen (Colmar), samedi 26 septembre (avec DJ Amlight) grillen.fr Au PréO (Oberhausbergen), jeudi 8 octobre (avec Eddy La Gooyatsh) le-preo.fr Au Moloco (Audincourt), vendredi 6 novembre (avec Francœur) lemoloco.com À La Souris Verte (Épinal), jeudi 19 novembre (avec Petit K) lasourisverte-epinal.fr À den Atelier (Luxembourg), samedi 27 février 2021 atelier.lu

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uteur, compositeur, musicien et interprète, Tim Dup est sans conteste un artiste aux multiples casquettes. Révélé en 2017 avec Mélancolie heureuse, son nouvel opus parachève une année 2019 riche. À son compteur : une sélection “coup de cœur” du prix de l’Académie Charles-Cros et une nomination “révélation scène” aux Victoires de la Musique. « Elle a été importante pour moi. D’une part, parce-qu’elle vient de mes pairs et qu’elle récompense une tournée de plus de trois ans. D’autre part, la catégorie me tient à cœur puisque je fais de la musique pour l’incarner sur scène. » S’il a voyagé pour grandir et se former, l’artiste revendique un album « dans lequel chacun peut puiser selon son état d’esprit. J’écris sur des impressions et sensations. » Sensible, il porte un regard mélancolique rempli d’espoir. « Aujourd’hui, mon écriture est épurée, pour ne garder que l’essentiel. J’ai été seul à l’étranger pour me retrouver et me détacher de la tournée que j’ai pu vivre. Cela m’a permis d’être confronté au temps qui passe et au besoin de transmettre. Tout en vivant une expérience en dehors de ce temps et dont tu t’imprègnes de traces. » Pessimiste épicurien, Tim Dup est plein de nuances. « On a des forêts qui brûlent et des banquises qui fondent, c’est une réalité. Qu’en restera-t-il ? Je partage cela, sans pour

autant avoir un discours politique et une posture militante. » L’artiste livre une observation poétique et réaliste du monde. Qu’il soit apocalyptique dans Songes, admettant « bien sûr on s’attendait au pire », ou déclarant son amour à la parisienne place de la République, dans Place espoir. « Chacun est libre de récupérer les émotions que je transmets. » Généreux, le compositeur l’est avec sa plume et ses mélodies organiques. « Je suis d’une génération qui consomme une musique dont les frontières sont poreuses. » Issus de la nouvelle scène française, Tim Dup jongle avec les influences, de Barbara à Frank Ocean, ses mots méticuleusement sélectionnés « accompagnent une musique électronique plus expressive ». Chaleureux, ce mélange « opère dans mon travail une infusion du temps présent : de mes références, à ces thématiques, questions qui me traversent et enjeux environnementaux à venir. » En attendant, il se demande, en duo avec Gaël Faye, dans Porte du soleil : « Est-ce que tu vois tant de joie ici toi ? » Un jeune couple « se fabrique des souvenirs, avant que tout ne s’estompe » pour prolonger ce désir de vie, quoi qu’il en coûte (Après eux). Autant « profiter de ces petites choses tangibles qui nous entourent et que le confinement a confirmé, voire révélé pour certains : nos relations avec nos proches, nos amis et notre planète », conclut-il. Poly 231

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la fin de l’été Son festival Un Bon moment reporté à 2021, L’Autre Canal de Nancy rebondit et sort de terre L’Été indien, un mois festif en plein air pour dégeler la culture. Par Florent Lachèvre Photo de Chapelier Fou par Romain Gamba

À L’Autre Canal (Nancy), du 4 septembre au 4 octobre lautrecanalnancy.fr Le Festival Donké (06/09) propose de découvrir la culture africaine Avec Écoutes Musicoologiques, profitez de Francis Bebey (09/09), l’Avant-garde française de l’electro 1970-1980 (16/09) et Karen Dalton (30/09) dans des conditions acoustiques optimales

1 Scène de musiques actuelles, label promouvant le développement de la musique locale. 2 voir Poly n°205 ou sur poly.fr

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uite aux 10 ans de l’Autre Canal en 2017, la salle a pris goût au format axant sa programmation sur la jeune scène locale. Ainsi est né Un Bon moment, conciliant découverte musicale et “oenogastronomie”. Sa 3e édition reportée à 2021, il était pour la Smac1 nancéienne « inenvisageable de ne rien proposer à la rentrée », indique Anthony Gaborit. L’Été indien provient de cette envie de relancer la culture, en donnant d’avantage priorité à la scène régionale. « Notre mission est d’accompagner et de faire découvrir la jeune scène des musiques actuelles. Un tel événement permet de dépasser notre cadre habituel et de prolonger cette logique à toutes associations, collectifs et institutions avec lesquelles nous partageons des valeurs », précise-t-il. Les festivals de la MJC Lillebonne, tels que Donké (06/09), promouvant la culture africaine, et l’Enfer (12/09), festival des arts imprimés et du livre fait main, sont ainsi sauvegardés en s’installant sur les lieux. Une vingtaine de groupes éclectiques est invitée sur scène, allant de l’electro arti-

sanale du messin Chapelier Fou2 (17/09), à une journée autour de la pratique amateur (13/09), propulsant la Fanfare des Enfants du Boucher. Dense en apparence, le programme a été pensé pour offrir un espace convivial. « Jusqu’à 20h, nous retrouvons associations, conférences, expériences, blindtest et restaurateurs qui font vivre le site et dynamisent l’événement. La soirée est payante pour ceux qui veulent profiter des concerts et qui arrivent après 20h », précise Anthony Gaborit. Les forces vives de la culture locale sont mobilisées, du disquaire nancéien Rhizome invité à prendre le contrôle des platines en diffusant sur le site ses coups de cœur et pépites (20/09) aux restaurateurs qui « sont signataires d’une charte éco-responsable ». Terrain de jeu, le festival donne lieu à des expérimentations telles que la Récré électronique (05/09), moment d’échange durant lequel les DJ producteurs Manu Chaman et Narcis dévoilent les secrets de leurs instruments.



rck’n rll Le rock sans voyelles de MNNQNS frappe fort avec Body negative, premier album jonglant entre punk indé grésillant et hit léchés, façon pop anglo-saxonne. Un grand écart décrypté par Adrian, fondateur du groupe.

Par Florent Lachèvre Photo de Sarah Bastin

À La Laiterie (Strasbourg), vendredi 25 septembre artefact.org Au Forum (Charleville-Mézières), samedi 7 novembre charleville-mezieres.fr

Chez FatCat Records fat-cat.co.uk

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Entre Cardiff, où vous avez suivi des études de musicologie, et votre retour à Rouen en 2013, quand intervient la création de MNNQNS ? À mon retour à Rouen, même si les premiers morceaux ont été composés à Cardiff, une ville qui m’a inspiré, où j’étais plongé dans la culture rock anglaise. Il y a eu pas mal de changements de line up avant que je rencontre Grégoire en 2017, puis Marc et Félix. L’actuelle, c’est juste après notre EP Advertisement en 2018 !

sonnes qui apportent des idées nous a facilité la tâche. Nous avons trouvé une première formule avec cet album. Ensuite, tu exploites ce qui fonctionne sur le moment et après il faut très vite t’en détacher, sinon tu fais la même chose pendant quarante ans, comme ACDC (rires). Pendant le confinement, il y a aussi eu la série de cover Flesh & Bones, des reprises de musiques dites mainstream. On voulait un décalage entre ces morceaux, choisis volontairement pour ça, et ce truc un peu pirate des magnétos à bandes.

Qu’est-ce qui a fait passer au groupe le cap du long format ? Ce cap a été naturel. Le fait d’avoir un noyau dur et de pouvoir travailler avec des per-

Pourquoi cette série de cover confinées ? On a pu y tester d’autres options, un peu plus crados comme mettre des patterns à moitié


MUSIQUE

Tu exploites ce qui fonctionne sur le moment et après il faut très vite t’en détacher, sinon tu fais la même chose pendant quarante ans, comme ACDC !

dans un fourre-tout. L’astuce est de savoir ce que tu n’aimes pas pour trier, éliminer et conserver les outils que tu préfères et les faire fonctionner entre eux. Quitte à faire l’effort de rentrer dans un genre de musique que tu n’imaginais pas, pour découvrir que tu peux t’y retrouver. Je pense au Dub. Aujourd’hui, je suis fan du travail sur ces sons. On se sert de certaines techniques de Lee Scratch Perry par exemple. De l’intro à l’outro, il y a une grande cohérence entre les pistes. Jusqu’où maîtrisez-vous cela ? On a essayé de laisser des sucreries dans l’album. L’intro en fait partie et correspond à une fin de chanson en miroir. Régulièrement, nous essayons d’expérimenter, écoutant, par exemple, l’album à l’envers pour voir ce qui se passe. Il y a eu ce moment qui ressortait. Qui avait ce truc à la fois texturé, abstrait et en même temps, hyper rythmique. Je trouve que c’est une bonne mise en bouche. Plus on peut laisser des petits trucs comme ça dans un album, plus on peut laisser l’occasion aux auditeurs de le réécouter. Si tu as un album sans surprises, à la première écoute tu as déjà tout cerné et tu passes à autre chose.

disco sur la reprise de Sloop Jonh B des Beach Boys. Sur Material girl de Madonna, il y a des sons industriels de percussions, des bouts de tôle sur lesquels on frappe. Cette série, c’est un crash-test pour de nouvelles techniques, de nouveaux sons. D’une certaine manière, ça nous permet de faire découvrir aux gens le virage de nos futures sorties. On a joué Material girl juste avant le confinement, en début de set. Ça permet d’articuler le live et de créer une surprise, d’apporter quelque chose de familier que l’on dégomme. Comment jonglez-vous avec toutes les étiquettes qu’on vous colle ? Vu qu’on écoute et expérimente différents genres, c’est vrai qu’il est facile de tomber

Stagnant pols est un instant space rock : un clin d’œil à Bowie ? On s’est permis de créer plus de textures psychédéliques et d’ambiances dans la seconde partie, car c’est dans la continuité du propos. L’intro prolonge nos EP punk. Arrive cette cassure, avec des titres comme Desesperation Moons, plus léché. À partir d’Urinals, l’album change de visage et passe d’un punk-rock grésillant à un côté plus friendly, psyché et avec de longues plages expérimentales comme la fin de Limits of towns, ou Stagnant pools justement qui redescend complètement, jusqu’à cette dernière cassure avec Wire. J’aime enchaîner les ambiances, comme Bowie, au sein d’un même morceau. MNNQNS sur scène, qu’est-ce que ça change ? Le fait d’avoir finalisé un long format a permis d’expérimenter plus de choses. Fatalement, ça ce ressent. Ce qui est cool avec le live, quand tu transposes sur scène un album studio, c’est que si tu as des moments psychés, tu les rallonges. Tu as une carte à jouer qui permet d’exagérer tes choix en créant des moments hors format rock. On a une improvisation de cinq minutes pendant laquelle il n’y a plus de batterie, de rythme. On frôle Brian Eno. C’est important, car c’est notre façon de rappeler que nous ne sommes pas qu’un groupe de rock standard. Comment espérez-vous la reprise des concerts ? Qu’il n’y ait pas un mètre de distance et de masques dans la salle, afin de pouvoir se marrer comme avant. Mais bon, on fera avec ! Poly 231

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dreamcatcher Entre épopée onirique et fable initiatique, l’Opéra national de Lorraine propose la première française de Görge le rêveur de Zemlinsky.

Par Hervé Lévy Maquette du décor signée Philippine Ordinaire À l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 30 septembre au 6 octobre opera-national-lorraine.fr À l’Opéra de Dijon, du 16 au 20 octobre opera-dijon.fr L’Opéra de Francfort propose une autre mise en scène de l’opéra signée Tilmann Köhler (22/11-31/01) oper-frankfurt.de

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ost-romantique et expressionniste, Alexander von Zemlinsky (1871-1942) est le digne héritier de Gustav Mahler et de Richard Strauss. Emblématique des circonvolutions esthétiques d’avant 1914, son œuvre est en cour à l’Opéra national de Lorraine où ont été montés, ces dernières années, Une Tragédie florentine, Le Roi Candaule et Le Nain. Ouvrant la saison 2020 / 2021 dont une des ambitions est de « présenter une géographie des chemins de la musique au XXe siècle » explique le directeur général de la maison Matthieu Dussouillez, Görge le rêveur est sans conteste sa réalisation la plus mystérieuse. « En ce moment, je réfléchis à un nouvel opéra (…). En bref, le pauvre [Görge], jeune idéaliste, passionné, rêveur, brûle du désir d’aimer mais vit sa vie minuscule et sans amour. Il n’est pas seulement incompris des femmes : il vit avec ses rêves, incompris du monde entier tant il est différent de ses contemporains », écrit le compositeur en 1902, dans une lettre adressée à son ami Schönberg. Commandée par Mahler la partition est achevée en 1906, mais ne sera jamais créée car ce dernier avait quitté la direction de l’Opéra de Vienne entretemps. Belle au bois dormant, cette œuvre inspirée de poèmes de Heine et du conte de Richard von Volkmann-Leander Le Royaume invisible est redécouverte en 1980.

Fable initiatique, Görge le rêveur oscille entre songe heureux et cauchemar, échappées oniriques et brutale réalité, désir de nature et corset de la civilisation. Telle est l’épopée d’un orphelin à l’imagination débordante qui, cherchant sa charmante princesse, croise sorcière et révolutionnaires. Le metteur en scène Laurent Delvert a choisi de prendre pour pivot la période où le compositeur a installé l’action, le début du XIXe siècle avec ses références aux guerres napoléoniennes, souhaitant un spectacle « qui traverse le temps, à l’image de Görge qui traverse le monde ». Il rajoute : « Non pas nommer une époque mais donner à voir les scories et les cicatrices du temps. Un peu à la manière d’un Claudel qui, dans L’Annonce faite à Marie, reconstitue un Moyen-Âge rêvé. Avec mon équipe artistique, nous avons travaillé à la limite du réalisme et du fantastique. Nous nous sommes employés à effacer, à épurer, à instiller le doute, à la manière de ces légendes où l’on croit apercevoir des trésors au pied des arcs-en-ciel. Du moulin cité dans le livret, nous n’avons gardé qu’un champ de blé vaste, immense, infini, intemporel, hanté par d’étranges apparitions, qui ondule au gré du vent entre fantasmes et réalité. »



MUSIQUE

comédies musicales Pour l’Acte I de la saison, l’OPS et Marko Letonja convient leur public au théâtre avec de rares musiques de scène de Strauss et Mendelssohn, mais aussi des textes dits par Lambert Wilson.

Par Hervé Lévy Photo de Tony Fabian

Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), jeudi 10 et vendredi 11 septembre philharmonique.strasbourg.eu

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ette soirée pas comme les autres concoctée par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg débute par l’absolue rareté qu’est Le Bourgeois gentilhomme de Richard Strauss : auréolé du triomphe du Rosenkavalier en 1911, le compositeur et son librettiste Hugo von Hofmannsthal désirent récidiver, choisissant l’œuvre de Molière et Lully comme fondement d’un futur opéra. Cette page hybride entrecoupée d’interludes parlés sera un cuisant échec. La partie opé-

ratique se métamorphosera en Ariadne auf Naxos, quelques années plus tard. De l’œuvre originelle ne subsistent que ces intermèdes devenus une Suite pour orchestre faite de neuf pièces, créée en 1920. Elle transporte l’auditeur dans l’univers loufoque du balourd et naïf Monsieur Jourdain, au cœur d’un espace sonore où le néo-classicisme se mêle aux réminiscences baroques de Lully. Suivra le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn : si l’Ouverture est fréquemment jouée, la musique de scène qui nous occupe, écrite quelques années plus tard, en 1842, à la demande expresse du roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, mobilise, outre l’orchestre, deux sopranos et un chœur de femmes. Elle illustre la fascination du compositeur pour Shakespeare, prince des demi-teintes et des transparences, qui emporte le public au cœur de la forêt, un soir de Saint-Jean. Il réussit à évoquer avec fougue les courses et les chassés-croisés des amants, imaginant également un hymne à la nuit d’un romantisme de la plus belle eau, sans oublier une extatique Marche nuptiale qui, dans sa transcription pour orgue, a dû accompagner un nombre incalculable de noces ! Les différents numéros de cette partition sont entrecoupés par des lectures d’extraits de la pièce de Shakespeare par Lambert Wilson. On connaît bien la carrière au cinéma du comédien, de ses escapades américaines dans Matrix à ses réussites françaises dont le rôle-titre dans le récent Général de Gaulle de Gabriel Le Bomin ou son extraordinaire prestation dans Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois. Sa passion pour la musique est tout aussi dévorante que sa soif de jouer… S’il a incarné le directeur du Conservatoire national supérieur de Musique de Paris en 2018 dans Au bout des doigts de Ludovic Bernard, il a sorti plusieurs albums, dont un disque dédié à Yves Montand, proposant également un récent tour de chant autour de Kurt Weill.



musica updated Le vent de fraîcheur soufflant sur Musica forcit pour la 38e édition du festival strasbourgeois dédié aux sonorités d’aujourd’hui. S’y percutent classiques du répertoire contemporain, cultures digitales et esthétiques nouvelles.

Par Hervé Lévy Photo de Jean-Louis Fernandez (Chewing gum silence proposé dans le cadre de Mini Musica)

Dans différents lieux de Strasbourg (ainsi qu’aux Dominicains de Guebwiller), du 17 septembre au 3 octobre festivalmusica.fr Grand concert d’ouverture #2, au PMC, Hall Rhin (Strasbourg), samedi 19 septembre Staged Night, au TNS (Strasbourg), mardi 22 et mercredi 23 septembre Mini Musica, dans le quartier de la Petite France, au TJP et à l’Espace Django (Strasbourg), du 24 au 27 septembre

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Voir Poly n°223 ou sur poly.fr simonsteenandersen.dk

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usica ce sont des chiffres impressionnants : 15 créations mondiales, 24 premières françaises, une centaine d’œuvres jouées sur 18 scènes… Derrière eux se cache un festival en pleine réinvention sous la houlette de Stéphane Roth1. Pour la deuxième programmation qu’on lui doit, et malgré la situation sanitaire complexe, il a su multiplier les propositions excitantes – certaines sont à découvrir dans les pages qui suivent – comme un portrait de Simon Steen-Andersen2 en quelques concerts. Afin d’entrer en douceur dans l’univers du compositeur danois, on privilégiera Staged Night. « Il possède un fort rapport à l’Histoire de la musique. Signées Bach, Chopin, Mozart ou encore Ravel, les pièces “nocturnes” formant ce programme sont bien connues, mais se voient recomposées, “updatées” » résume Stéphane Roth. « Il y a une transgression, mais les œuvres originelles sont reconnaissables. C’est comme s’il faisait une mise en scène musicale. Träumerei de Schumann, par exemple, est interprété avec des diapasons. Les performers jouent avec la distance par rapport aux micros installés sur scène : on entend une note arriver progressivement, puis s’effacer, créant un halo poétique, transportant l’auditeur dans un rêve. » Dans le

Grand concert d’ouverture #2 qui sonne comme un manifeste pour l’événement, son Concerto pour piano, véritable méta-histoire du clavier moderne, voisine avec l’onirique Joshua Tree de Georg Friedrich Haas et Teenage Lontano de Marina Rosenfeld, partition emblématique du XXIe siècle avec sa capacité à recycler celles du passé, entre infidélité et fidélité, puisqu’ici Ligeti fait l’objet d’une décapante relecture. Après avoir été embryonnaire l’année passé, Mini Musica, festival dans le festival dédié au jeune public, voit véritablement le jour. « Je tiens à l’idée d’une musique pointue pour toutes les oreilles : nous avons le désir de proposer concerts, récitals ou spectacles adaptés à chaque âge, de zéro à douze ans », résume Stéphane Roth. Et de préciser : « À terme, le projet est de passer des commandes, de conduire des artistes qui n’ont jamais travaillé avec les enfants à le faire. Créer des passerelles entre Mini Musica et Musica est un enjeu majeur pour moi afin de progressivement réduire cette énorme distance entre la culture telle qu’on la produit pour les mélomanes avertis et ceux qui le sont moins. L’avenir est dans la réduction de ce gouffre. »


FESTIVAL

ado ré mi fa sol Excitant spectacle en forme de subtiles variations autour d’un même thème, l’adolescence, Aria da capo de Séverine Chavrier est le fruit d’un partenariat entre Musica et le TNS.

Par Hervé Lévy Photo de Louise Sari

Au Théâtre national de Strasbourg, du 30 septembre au 4 octobre tns.fr festivalmusica.fr

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près sa mise en scène des Palmiers sauvages de Faulkner présentée en 2019, Séverine Chavrier est de retour au Théâtre national de Strasbourg pour Aria da capo, dont le titre fait référence aux airs caractéristiques de l’opéra baroque permettant aux chanteurs de laisser éclater leur virtuosité avec une intense liberté. Pour la directrice du Centre dramatique national d’Orléans / Centre-Val de Loire, il renvoie plus précisément aux Variations Goldberg de Bach, évoquant « l’idée du début d’une boucle qui ne serait jamais bouclée, qui serait l’adolescence. Un temps long et répétitif, un magnifique piétinement avant le grand saut. Chaque scène, est une sorte de miniature, qui pourrait contenir le spectacle entier, une variation autour du même thème », résumet-elle. Sur scène quatre jeunes musiciens, élèves ou anciens du Conservatoire de la cité du Loiret : formé par la chanteuse Adèle Joulin, le violoniste Areski Moreira, le bassoniste Guilain Desenclos et le tromboniste Victor Gadin, ce quatuor bouillonnant de sève narre un âge où l’on est pas sérieux. Ou bien ? Coécrit avec les interprètes qui tenaient un carnet de répétition dont sont issus nombre de dialogues, le spectacle est le récit de leurs jeunes existences, un « plan en coupe de leur

quotidien, un journal de leurs ébats espérés ou ratés », résume la metteuse en scène. Cette exploration douce-amère de l’adolescence emporte l’auditeur de discussions crues en réflexions sur le désir, interroge la grande affaire qu’est l’amitié avec toutes ses ambiguïtés, mais aussi le sens à donner à son existence en rapport avec une pratique professionnelle exigeante… Ces questionnements sont portés par une bande-son hétérogène faite de toutes les musiques qui traversent les différents protagonistes, de Beethoven au rap, de la soupe R’n’B des tubes planétaires aux sonorités savantes. En contrepoint des boîtes vitrées figurant l’intimité oppressante des chambres où se nouent les existences, est installé un poétique « orchestre fantôme ». Pour Séverine Chavrier, il s’agit d’une « échappée spatiale et temporelle, un autre monde en voie de disparition, en résonance avec les voix off de musiciens absents. J’aime que cet orchestre sans musiciens, travaillé par quelques signes d’une présence humaine, apparaisse en film comme un off mental, comme un lieu d’attente ou de repli qui symboliserait aussi bien l’anonymat du groupe que le spectre de la grande musique symphonique. » Poly 231

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electronic bodies Acteur majeur des musiques électroniques, Ryoji Ikeda immerge le spectateur dans des espaces sonores et visuels radicaux. Musica lui consacre un ample portrait en six étapes.

Par Hervé Lévy Photos d’Henri Vogt (100 Cymbals) et Kazuo Fukunaga / Courtesy of Kyoto Experiment (superposition)

100 Cymbals au PMC, Hall Rhin (Strasbourg), jeudi 17 septembre Live set de Ryoji Ikeda, au Maillon (Strasbourg), jeudi 17 septembre maillon.eu Music for percussion 1 dans le cadre du Grand concert d’ouverture #1, au PMC, Hall Rhin (Strasbourg), vendredi 18 septembre Music for percussion 2, au Maillon (Strasbourg) , samedi 19 septembre maillon.eu Quatuor op. 2 et Quatuor op. 3, à la Salle de la Bourse (Strasbourg), dimanche 20 septembre Superposition, au Maillon (Strasbourg), vendredi 25 et samedi 26 septembre maillon.eu festivalmusica.fr

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cotché. Voilà comment décrire au mieux la sensation étreignant le visiteur qui découvrait les deux installations – code-verse et A [continuum] – de Ryoji Ikeda (né en 1966) présentées à l’été 2018 dans le cadre de Mutations / Créations 2, espace expérimental annuel du Centre Pompidou. Avec cette immersion labyrinthique dans des espaces en noir et blanc, éclatait le talent du plasticien désormais bien (re)connu. Ce que rappelle néanmoins le portait proposé par Musica est que l’artiste est aussi – et peut-être avant tout – compositeur. Pour Stéphane Roth, il s’agit « de questionner la place des musiques électroniques aujourd’hui, mais aussi de découvrir un rapport à la partition éminemment actuel chez le musicien japonais, très éloigné de l’image qu’on s’en fait généralement, puisqu’il ne se sert pas uniquement d’un crayon et d’une gomme », s’amuse le directeur du festival qui lui a commandé Music for percussion 2. Cet ensemble de cinq pièces a été en partie imaginé au cours de deux résidences à Strasbourg : il consiste en « un projet complètement acoustique où rien n’est amplifié, ce qui est rare chez lui, véritablement co-construit avec les musiciens »

fait de cinq miniatures ou est employé un instrumentarium singulier. Se côtoient six métronomes, des billes, des ballons de basket, des règles ou des livres aux pages vierges dans d’étonnantes épures sonores. Tout aussi minimales et répétitives sont les pièces de Music for percussion 1 données pendant le Grand concert d’ouverture #1 : les percussions corporelles (Body music) y font écho aux triangles (Metal Music I) ou aux crotales1 (Metal Music II) pour des compos où la simplicité visuelle répond à une complexité du matériau sonore. Percussions, etc. Autre pièce percussive, 100 Cymbals résonnera avec But what about the noise of crumpling paper, iconique œuvre de John Cage dédiée à Hans Arp, dont « Ikeda est un grand fan, réalisant par exemple 4’33” »2, rappelle Minh-Tâm Nguyen, directeur artistique des Percussions de Strasbourg, à l’œuvre dans cet excitant programme. Sur scène, dix instrumentistes et cent cymbales : « C’est une installation sonore millimétrée où les interprètes bougent comme des pixels dans un quadrillage. Tous nos déplacements sont rigoureusement écrits, évoquant un ballet


où nous nous métamorphosons en une seule entité », organisme sonore envoûtant sonnant d’étrange et électronique manière. Sur la ligne de crête entre bruit et résonance harmonique, les cymbales, instruments simples en apparence, créent d’intenses polyphonies prenant la forme d’un subtil et troublant pianissimo s’intensifiant sans presque qu’on s’en aperçoive, invitant le public à se laisser porter par le flux, se résolvant dans un final fortissimo. Le concert sera suivi d’un live set d’Ikeda himself (précédé par Hermione Frank alias rRoxymore, DJ et productrice, figure majeure de la scène techno queer féministe berlinoise) dans la lignée de son album supercodex (2013). Une symphonie ? Encadrant le plus audacieux des Quatuors à cordes de Beethoven, le quatorzième qui anticipe les bouleversements de Berg, Schöenberg et consorts, les deux Quatuors de Ryoji Ikeda, ici joués pour la première fois en public, installent un singulier dialogue. Une pièce ultra novatrice – mais néanmoins encore pourvue d’encorbellements et autres efflorescences au parfum romantique – écrite en 1826 y rencontre en effet deux partitions minimalistes,

inattendues par l’utilisation d’une telle formation, mais tellement familières en raison de la texture du son, où se trouvent d’étranges réminiscences spectrales. Familière, superposition l’est également, pouvant même être considérée comme le point d’orgue du portrait de cet ancien membre de Dumb Type 3 qui affirme qu’il s’agit « de la symphonie de mes vingt dernières années, dans laquelle, pour ainsi dire, je remixe Ryoji Ikeda. Cependant, pour autant autoréférentielle que soit cette approche, elle n’est pas mégalomaniaque. Il n’est pas question d’un méta-Ryoji-Ikeda, mais d’un retour sur mes activités jusqu’à présent. » Page inspirée par les mathématiques et la physique quantique, elle fait se télescoper réflexion sur le traitement des données à une échelle massive et textes d’Albert Einstein, Stephen Hawking ou Bertrand Russell apparaissant subrepticement ou de manière codée (joués en morse, par exemple). Aller-retour permanent entre son et image – avec une immense fresque numérique se déployant sur 22 écrans – questionnant nos perceptions, cette œuvre tendant vers l’art total pourrait être considérée comme une somptueuse symphonie glitch4.

Instruments de percussion de Grèce ou d’Égypte antique formés de deux plaques métalliques 2 Dans cette œuvre de 2010, Ikeda a encadré des séquences de pellicule 16 mm non exposées correspondant à la durée de l’œuvre éponyme de Cage (1952), conférant une matérialité au silence 3 Collectif japonais dont il était membre au milieu des années 1990, en charge de la musique et de la coordination des différents médias 4 Genre de musique électronique expérimentale se caractérisant par un usage délibéré de défauts sonores, résultant, par exemple, du dysfonctionnement de dispositifs électroniques 1

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salle d’attente Porté par la musique de Grieg, Solveig (L’Attente) est un monologue bouleversant imaginé par Calixto Bieito. L’épopée de Peer Gynt y est vue par les yeux de son principal personnage féminin.

Par Hervé Lévy Photos de Thor Brødreskift

À l’Opéra (Strasbourg), du 19 au 23 septembre operanationaldurhin.eu festivalmusica.fr Rencontre avec l’équipe artistique à la Librairie Kléber (Strasbourg), 18/09 (18h) librairie-kleber.com Solveig (L’Attente) est intégré à un Focus Peer Gynt proposé par La Filature de Mulhouse où se déploient un concert de l’OSM (26 & 27/09), Fake fresque musicale composée in situ par Wilfried Wendling (19 & 20/09, Strasbourg, 26 & 27/09, Mulhouse) et une mise en scène de la pièce d’Ibsen signée David Bobée (15-17/10) lafilature.org

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orsqu’Ibsen écrit Peer Gynt, il imagine un personnage velléitaire en diable, rêveur fou, sorte d’Oblomov dévoré par une ambition démesurée ou encore fanfaron cédant à toutes ses impulsions. Héros à facettes multiples, il se lance dans une quête improbable, laissant derrière lui la vertueuse Solveig qu’il finira par retrouver. C’est à elle que s’est intéressé Calixto Bieito qui résume : « Quand j’ai mis en scène Peer Gynt, et quelques années plus tard l’opéra Hanjo de Toshio Hosokawa, j’étais totalement fasciné par les deux personnages féminins Solveig et Hanako, toutes deux abandonnées par un homme et attendant éternellement. J’ai été intrigué par leur déception, leur désespoir, mais aussi par l’amour profond, la ténacité et la persévérance des deux femmes. » Commandé à l’écrivain norvégien Karl Ove Knausgård, auteur d’une épopée autobiographique à succès en six volumes intitulée Min Kamp (Mon Combat), le livret prend la forme d’une nouvelle où se croisent trois femmes contemporaines, Solveig – seule présente à la scène – dont le mari est absent, tandis que sa mère attend la mort et que sa fille attend un enfant. Il s’est inspiré d’un ouvrage de Søren Kierkegaard Les Lis des champs et les oiseaux du ciel : « J’ai trouvé ce texte fantastique, puis je me suis dit qu’il s’agissait d’être exactement là où l’on se trouvait, que la vie

pouvait être incroyablement riche, intense et pleine de sens ici et maintenant », explique le romancier pour définir son œuvre où Solveig apparaît comme une figure directement opposée à celle de Peer. Sur le plateau est installé un immense cube blanc, scène sur la scène, entouré des musiciens, sur lequel sont projetés les vidéos de Sarah Derendinger : des phrases se déploient, le visage de Solveig (la soprano Mari Eriksmoen qui avait créé le rôle au Festival de Bergen, en 2019) est filmé en temps réel et apparaissent aussi des yeux démesurément agrandis ou quelques animaux dans la souveraine nature. Si familière, la musique romantique de Grieg (avec les suites composées pour Peer Gynt, mais aussi d’autres pages comme son Ave Maris stella) enveloppe le spectateur transporté dans une passion – aux deux sens que revêt le mot – symphonique. Plus qu’un opéra ou une pièce de théâtre musicale, nous sommes face à une installation poétique illustrant l’implacable solitude de la condition humaine, mais également son immarcescible grandeur. Solveig est celle qui reste, celle qui fait don d’elle-même – à sa fille, à sa mère, mais aussi à la figure de l’homme absent –, celle qui résiste à elle-même en se tournant vers l’autre.





comme un ouragan Jeune, provocant et plein de succès : tel est Leon Löwentraut, peintre de 22 ans qui a débarqué sur la scène artistique comme un météore. Visite d’une exposition monographique à la kunsthalle messmer. Par Hervé Lévy Photo d’Adrian Bedoy

À la kunsthalle messmer (Riegel am Kaiserstuhl), jusqu’au 20 septembre kunsthallemessmer.de leonloewentraut.de

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l a commencé à peindre à sept ans et à douze, « il était clair que je ne désirais rien faire d’autre que de l’Art », assène Leon Löwentraut dont le regard s’est formé en arpentant, dès son plus jeune âge, musées et galeries, découvrant « des horizons qui s’agrandissaient sans cesse, qui semblaient infinis. » Sensation de la scène arty allemande, l’artiste qui évoque autant un enfant prodige qu’une rock star, expose ses toiles sur lesquelles plane l’ombre de Picasso, mais un Picasso encore plus sauvage et incontrôlable que l’original. Ses autres influences ? En vrac, Matisse, Warhol et Basquiat. « Ils sont des artistes que j’ai beaucoup observé et que je révère, des exemples. On a besoin d’exemples, mais il faut aussi savoir s’en détacher. » Illustration avec des toiles de grand format possédant une belle force d’expression, mettant leur puissance au service des 17 objectifs de développement durable pour 2030 (Pas de pauvreté, Égalité des sexes, Consommation et production durables, etc.) adoptés par les Nations Unies. Le peintre a eu le privilège de les transformer en tableaux – la série est ici montrée dans son intégralité – dans le cadre

du projet #Art4GolbalGoals placé sous l’égide de l’Unesco. Les couleurs sont violentes, joyeuses le plus souvent. Le geste est rapide, la toile se voit zébrée par des coups de pinceau d’une extrême vivacité. Leon Löwentraut se collete avec le support dans un corps à corps sauvage, laissant un flux intérieur qui semble inextinguible sortir à l’air libre : « C’est très exigeant. Épuisant, parfois », résume-t-il. Cette intense spontanéité est perceptible dans des toiles comme Different Minds (2017) ou Cleopatra (2020) où se découvre également une grande rigueur dans la construction des équilibres entre les différents espaces. Des ronds de peinture appliqués directement avec l’embout du tube, des coulures architecturées avec soin formant des structures ornementales, des cercles d’un puissant dynamisme se combinant pour composer les traits d’un visage… Tout cela est joyeux et électrique, tout comme les dessins en noir et blanc ici exposés pour la première fois – étonnante variation sur un même thème – et les visages de bronze dégoulinant de pigments dans une orgie chromatique jubilatoire.



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subtils mécanismes Quand le créateur des Trois Brigands s’intéresse aux heures, minutes, secondes, cela donne Time is Tomi, une exposition existentielle donnant à réfléchir sur le temps qui passe.

Par Hervé Lévy

Au Musée du Temps (Besançon), jusqu’au 20 septembre mdt.besancon.fr

Légendes 1. Anonyme, Tomi Ungerer avec un cadran d’horloge monumentale de la firme Ungerer, vers 1990-1993. Archives du Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Strasbourg © Musées de la Ville de Strasbourg 2. Tomi Ungerer, Sans titre, Strasbourg, Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Inv. 77. 989. 14. 30 © Diogenes Verlag AG Zürich / Ayants droits Tomi Ungerer

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i le temps tient une place à part chez Tomi Ungerer (1931-2019), c’est sans doute parce qu’il appartint à une dynastie d’horlogers œuvrant de 1858 à 1989. Dans cette exposition est présentée l’histoire de la fabrique dont les fondateurs travaillèrent aux côtés de Jean-Baptiste Schwilgué à la restauration de l’Horloge astronomique de NotreDame de Strasbourg au XIXe siècle, avant de racheter son entreprise et de perpétuer un savoir-faire ancestral. Dessins préparatoires au chef-d’œuvre de précision installé dans la Cathédrale de Messine (1933), machine servant à tailler les roues dentées, photographies des aiguilles colossales construites pour la flèche de l’Église Saint-Michel de Hambourg ou du magasin de pièces détachées, etc. : tout un monde oublié est ressuscité, entrant en résonance avec un bel ensemble de compositions signées Tomi Ungerer dont les mécanismes intellectuels qu’il met à l’œuvre dans ses satires sont aussi délicats et bien huilés que ceux d’une pendule. Il est vrai que sabliers, coucous, montres à gousset et autres avatars horlogers sont des motifs récurrents chez lui. Chez Tomi, les mécaniques de précision sont souvent présents : il utilise, par exemple, les engrenages pour brocarder l’automatisation

et la déshumanisation de la société. Dans sa série Fornicon, il imagine également de complexes machines, meule pourvue de multiples langues pour léchage permanent de testicules ou dispositif abracadabrantesque visant à atteindre l’orgasme à grands coups de courroies, pistons ou métronomes… Le corpus de l’auteur de Jean de la Lune est aussi lié au temps qu’il fait le plus souvent entrer en résonance avec la mort, comme dans l’ironique Guess who ?, élégant Memento mori contemporain où une allégorie encapuchonnée du trépas, debout derrière un homme assis, en train de lire, pose ses doigts d’os sur ses yeux. Sont aussi accrochées de saisissantes danses macabres à l’image de Rapt (issu de la série Rigor Mortis), version datant du début des années 1980 d’une toile comme La Jeune Fille et la Mort de Hans Baldung Grien. Eros et Thanatos. Une femme charnue, presque nue, chaussée de stilettos valse langoureusement avec un squelette. Cette dernière figure symbolique est bien représentée dans l’exposition. Pensons à un très bel autoportrait réaliste de 1975 où l’artiste se met en scène de manière saisissante au crayon gras, donnant l’impression qu’il se confronte frontalement à la faucheuse à qui il montre un dessin, un sourire narquois aux lèvres.


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© iXtenda GmbH

media center À Karlsruhe, le digital est au cœur des préoccupations culturelles de la cité qui a obtenu le label Unesco City of Media Arts. Zoom sur une caractéristique essentielle en cette période si particulière. Par Raphaël Zimmermann

kulturinkarlsruhe.de Schlosslichtspiele, jusqu’au 13 septembre (20h15 & 22h) sur le site : schlosslichtspiele.info Critical Zones, au ZKM (Karlsruhe), jusqu’au 28 février 2021 zkm.de

Voir notre dossier sur la cité allemande dans Poly n°230 ou sur poly.fr 2 Voir notre entretien avec Peter Weibel dans Poly n°230 ou sur poly.fr 1

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space urbain où le patrimoine est exceptionnel, Karlsruhe est un lieu où la culture bat plus fort qu’ailleurs1. En témoigne, par exemple, une initiative extrêmement originale et pionnière, Kultur in Karlsruhe rassemblant plus de 30 institutions majeures de la cité du Bade-Wurtemberg. S’y retrouvent pêle-mêle le Badisches Staatstheater, le Max-Reger-Institut ou encore la Staatliche Kunsthalle. Il s’agit à la fois d’une marque fédératrice et d’une action permettant de positionner la ville comme une destination culturelle majeure sur la scène européenne. Et dans cette floraison qui se poursuit malgré la pandémie, un secteur marque plus particulièrement les esprits : les expérimentations contemporaines débridées et les innovations tous azimuts couronnées l’année passée par le label Unesco City of Media Arts, le premier obtenu en Allemagne, du Creative Cities Network de l’Unesco, suite à une candidature portée par la Ville et le ZKM. Voilà de quoi faire voler en éclats les vieille frontières entre photographie, vidéo, image digitale et rendre désuets les modes de pensée du siècle passé. De cette effervescence témoigne une dense Seasons of Media Arts avec notamment une édition 2020 des Schlosslichtspiele renouvelée puisque les illuminations du Château se

joueront… à la maison devant son écran, sans perdre leur étonnant caractère. Les sensations sont même démultipliées, puisqu’on peut choisir la perspective où l’on voit l’événement dans ce premier mapping vidéo sur Internet au monde. Passer du réel à l’espace digital permet toutes les audaces : si l’on revit les highlights des éditions des cinq années passées, les deux nouveaux shows sont éblouissants : dans Attitude Indicator voisinent deux visions de la Planète bleue, l’une morte, l’autre pleine de vie, illustrant que nous sommes à la croisée des chemins, tandis que Change3 est un éblouissant et métaphysique tourbillon de perceptions. Alors que la réalité est abolie, les spectateurs plongent dans d’excitants univers virtuels. Il en va de même de l’exposition du ZKM intitulée Critical Zones que Peter Weibel2, directeur depuis 1999 de l’institution allemande, a commissionné avec le sociologue français Bruno Latour. Elle nous invite à penser de nouveaux horizons pour la politique écologique à une période où la situation est délicate en compagnie d’artistes comme Sonia Levy (étonnant For The Love of Corals), Len Lye (avec son iconique Tusalava, 1929 explorant le début de la vie organique) ou encore l’Atmospheric Forest de Rasa Smite & Raitis Smits, variation sur le changement climatique.



cote 852 Au fond du Val de Villé, nos pas nous portent de col en col tout autour d’Urbeis dans une randonnée dévoilant un massif silencieux et secret.

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PROMENADE

Par Hervé Lévy Photos de Stéphane Louis pour Poly

1 Cabaretier alsacien fondateur de La Choucrouterie où l’actualité régionale (mais pas que) est passée au vitriol dans une revue satirique 2 Voir Poly n°156 ou sur poly.fr

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es Vosges ressemblent à Venise. Bien souvent les foules s’y concentrent sur des spots devenus irrespirables, de la Schlucht et ses environs métamorphosés en luna-park (où de houllebecquiens bélîtres, se croyant au Bol d’Or, s’offrent les sensations viriles des pauvres d’esprit) aux duettistes Ortenbourg / Ramstein souffrant d’un tourisme de masse endémique rendant leur fréquentation irraisonnable. Il suffit néanmoins de quelques pas de côté pour découvrir de petites merveilles comme ce fond de vallée que nous vanta un soir l’ami Mathieu S. – aussi amoureux de belles voix que des retraites vosgiennes – auquel nous empruntons cet itinéraire d’altière solitude partant du bas d’Urbeis. D’un col l’autre Le chemin est raide. S’élève somptueusement dans une géométrie de troncs élancés sur lesquels s’enroulent des spirales de lierre. Des racines apparaissent. Moussues et énormes. Les explosions violettes de digitales forment d’étranges mares de couleur pour une atmosphère où flotte, évanescente, la beauté qui tendrait à prouver la véracité des propos de Roger Siffer1, infatigable chantre du Val de Villé qui nous déclarait : « C’est un endroit où il fait toujours beau, où gambadent joyeusement des rhinocéros souriants et amicaux, où sont nés les plus beaux garçons de la terre. » Pour le contredire, une fine pluie d’été s’est mise à tomber. Enveloppante. Brouillardeuse. Elle nous accompagne dans sa moiteur de

juillet jusqu’au Col de Schlingoutte « qui porte bien mal son nom puisqu’on n’y trouve point de source malodorante », balance un douteux plaisantin. Idyllique l’endroit ne l’est qu’à première vue. Un sinistre calvaire de grès gris édifié en 1828 porte l’inscription : « Cette croix a été érigée en l’honneur de Jésus / par le pieux J.P. Wollmos / et sa pieuse épouse / Christine Lambert ». La légende affirme que le monument a été installé pour expier un mystérieux et monstrueux forfait. À quelques encablures se trouve un monument rendant hommage à 19 soldats du 22e Régiment d’infanterie tombés le 15 août 1914 qui furent enterrés sur place. Au fil des kilomètres, la guerre s’invitera souvent, glaciale, dans nos pas, puisque nous emprunterons quelques fragments du très didactique et fort bien balisé Chemin de la Résistance et de la Liberté sur les traces des passeurs qui aidèrent réfractaires et combattants de l’ombre à fuir l’Allemagne nazie dans cette zone alors frontière. Nous filons vers le Col de la Hingrie qui reprend le nom d’un proche hameau, où une poignée de Lorrains se réfugia pour échapper aux nombreux raids menés par les Hongrois au Xe siècle : ce nom était sans doute une manière de rappeler leur histoire… Sur le chemin, nous tombons sur le tripoint – matérialisé par de charmantes et antédiluviennes bornes – où se touchent les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et des Vosges, point culminant d’une crête sans nom, sommet lui même innommé, qu’on trouve sur la carte IGN avec la simple et

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poétique mention permettant d’enflammer les imaginations : Cote 852. Colissimo La forêt est silencieuse. Désertée par les promeneurs, elle permet d’apercevoir des chevreuils à la course gracile. Bondissants et insoucieux. Nous nous dirigeons allegro ma non troppo vers le troisième col de la journée, celui d’Urbeis parcouru de (trop) nombreux camions que nous quittons prestissimo pour le hameau du Climont et son riche passé mennonite2. Le soleil s’est levé, dissipant les nombreux bans de brouillard qui nous ont accompagnés au cours de la mâtinée. Ne reste devant nous qu’une longuette et monotone descente passant par le Bilstein, à ne pas confondre avec son homonyme posé à quelques encablures de Riquewihr qui est dit “alsacien”, celui qui nous occupe étant qualifié (un peu abusivement certes) de “lorrain”. Depuis le château ruiné, la vue est imprenable sur la vallée. L’endroit dont les origines sont mystérieuses conserve de sa splendeur passée un donjon carré qui a perdu de sa superbe (mais pas trop), un profond fossé délicieusement romantique ainsi qu’une paire de jolies fenêtres en ogive. Encore quelques mètres et nous voici à la Mine Théophile, vestige de la fièvre qui saisit la région au XVIe siècle, des flancs de laquelle étaient extraits cuivre, plomb, mais surtout argent. Autour d’Urbeis, la Silbergwerke Saint Sylvester fut active jusqu’en 1912. Il est vrai que Sainte-Marieaux-Mines n’est pas si loin, épicentre d’une région qui fut une sorte de Klondike alsacien : « On tire une si grande quantité de métaux partout en ces montagnes qu’il faut douze martinets pour les fondre et affiner (…). Et depuis qu’on a commencé à chercher les métaux, on y a bâti plus de douze cents maisons », écrivit ainsi Sebastian Münster dans sa Cosmographia Universalis en 1550. Plus belle représentante de cette fièvre du métal précieux – aux côtés de Cornelia, Goutte Henri et des autres – la mine est taillée dans un gneiss solide et pourvue d’une galerie d’aération. Aujourd’hui fermée au public, elle se présente comme un orifice sombre et béant creusé à flanc de montagne, entouré d’une floraison intempestive de fougères d’un vert vif. L’un de nous balance cette hasardeuse comparaison : « Ça m’fait penser à L’Origine du monde de Courbet. » L’argent. L’origine du monde. Sous la phallocratie bonhomme du propos, l’idée qui le sous-tend tient malheureusement la route avec son cynisme contemporain. 92

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se perdre avec nous Vous avez aimé cette randonnée ? Vous allez adorer l’ouvrage Balades pour se perdre qui en contient vingt-cinq (dont celle du Climont, voisine des terres ici arpentées). On y retrouve les « deux polissons misanthropes » – comme les qualifia un confrère à la plume gracile –, le photographe Stéphane Louis et l’auteur de ces lignes. Nous vous invitons à redécouvrir les Vosges avec ces promenades explorant avec poésie l’Histoire et l’âme d’un massif dont nous sommes amoureux. Mots choisis et images carrées, cette littéraire invitation au voyage entraîne le lecteur sur ses sentiers bien connus (comme le Mont Sainte-Odile) mais lui fait aussi découvrir des lieux secrets tels le Hilsenfirst. Voilà exaltante et indispensable lecture pour un septembre ensoleillé ! Paru à La Nuée bleue / Magazine Poly (25 €) nueebleue.com

JOUEZ & GAGNEZ 1 LIVRE /mag.poly

Le Climont

Strasbourg 60 km Bilstein Lorrain Mine Théophile

Col de la Steige

Le Bas Urbeis

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autour d’urbeis Durée 5 h Distance 15 km Dénivellé 530 m

Saint-Diédes-Vosges 30 km les Trois Bornes

NORD Col de la Hingrie

Col de la Schlingoutte

une balade, une bouteille

framboise sauvage À Steige, une enseigne fondée en 1947 fait la fierté du village : labellisée “Entreprise du patrimoine vivant” en 2019, la Distillerie Jos Nusbaumer a été reprise il y deux ans par le champenois Nicolas Lombard. Authentique et artisanale, elle produit parmi les meilleurs schnaps de la région ? Notre préféré ? Pas évident… Si on adore la Williams rouge (à déguster devant un feu de cheminée dans un chalet de Lalaye, par exemple), on craque pour la Framboise sauvage, mobilisant huit kilos de fruits frais par litre. Explosion de goût, exceptionnel bouquet et grande finesse : servi frais, ce digestif permet de terminer un repas en apothéose. jos-nusbaumer.com L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

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GASTRONOMIE

chez guth, c’est bien Cuisinier et cueilleur à ses heures, Yannick Guth propose une gastronomie au plus près de la nature. Visite dans sa chic auberge des hauteurs de Steige.

Par Hervé Lévy Photos de Benoît Linder pour Poly

L’Auberge Chez Guth est située 5a rue du Bas-des-Monts (Steige). Fermé lundi et mardi. Menus de 42 à 72 € auberge-chez-guth.fr

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ne envie de cuisine née chez Julien à Fouday, des expériences dans des maisons prestigieuses – chez Marc Haeberlin ou Emmanuel Renaut, le trois Étoiles de Megève – et la jolie distinction de “Jeune Talent de l’Année 2017” du Gault & Millau : la carrière de Yannick Guth (31 ans) est déjà bien remplie. En 2015, le jeune chef a décidé de poser ses valises dans son Val de Villé natal, reprenant une ferme-auberge métamorphosée en cocon racé et boisé, illuminé par le sourire de son épouse Emmanuelle. Tous les matins, il part cueillir herbes ou champignons : « Hier c’était l’aspérule, avant-hier la reine-des-prés. Je les fais sécher pour l’hiver », explique un cuisinier en prise directe avec la nature. « C’est lorsque je marche dans la forêt ou que je suis sur ma barque, lorsque le poisson ne mord pas, que me viennent des idées pour créer de nouveaux plats », précise-t-il. Adorant innover, détestant être mis dans une case – « Je n’aime pas les “plats-signature”, j’ai même ôté provisoirement de la carte les œufs de poule bio crousti-coulants » qui lui ont pourtant valu une belle réputation –, le maestro imagine des recettes surprenantes et goûteuses regroupées dans trois menus aux intitulés toponomico-

poétiques : Altitude 286, 350 et 534 marquent des hauteurs de certains lieux du Val de Villé qui lui sont chers. Les réjouissances commencent par quelques balades en forêt, amuse-bouches sylvestres où, par exemple, les saveurs citronnées des feuilles d’oxalis en forme de cœur se marient avec bonheur à l’ail des ours. Ils sont accompagnés d’une jolie bière brassée par Charly, le frère du chef, à quelques encablures de là, puisqu’il est installé à Saint-Maurice. Les choses sérieuses débutent par une symphonie en vert d’une fraîcheur radicale, où le concombre d’Alsace joue à cache-cache avec quelques dés de féta et une très élégante glace à la pistache, baignant avec allégresse dans un surprenant bouillon de sapin. En plat de résistance, un filet de veau parfaitement cuit sur lequel flottent de délicates effluves de foin est accompagné d’un duo légumier célébrant les heureuses noces de la carotte et de l’oignon, dont le témoin est l’épicée sarriette donnant un joli punch à l’ensemble. La soirée se termine par une variation glacée en rouge autour de la cerise sauvage et le bigarreau jouant sur l’amertume du persil et la délicatesse sucrée de la cassonade.



ESCAPADE

un été en provence Au cœur du Luberon, Édouard Loubet imagine une cuisine aux odeurs, aux saveurs et aux couleurs de Provence. Visite dans la maison d’un artiste, à Bonnieux.

Par Hervé Lévy Portrait de Morgan Palun et photos des plats d’Anne-Emmanuelle Thion

Le Restaurant Édouard Loubet est situé au Domaine de Capelongue, Chemin des Cabanes (Bonnieux, dans le Vaucluse). Fermé mercredi et, le midi, lundi, mardi et jeudi. Menus de 160 à 230 €. capelongue.com

L’Alpaga à Megève, Les Roches rouges de Saint-Raphaël, Le Fitz Roy à Val Thorens, etc – leshotelsdenhaut.com 2 Voir Poly n°210 ou sur poly.fr 3 Plateau vauclusien se déployant entre Castellet et Bonnieux

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a nouvelle a pris le monde de la gastronomie de court : fin août, Édouard Loubet annonçait qu’il allait vendre ses maisons provençales au groupe Les Hôtels d’en Haut1 « après trente ans entre Luberon et Savoie et deux années de réflexion ». Il ne reste donc plus qu’un tout petit mois, jusqu’au 30 septembre précisément, pour découvrir sa cuisine au Domaine de Capelongue de Bonnieux, même si la continuité est assurée, puisque son second de 28 ans, Noël Berard reprend les commandes d’un restaurant estampillé deux Étoiles au Guide Michelin.

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Alpin Quant à Édouard Loubet, ce n’est pas la crise de la cinquantaine, ni celle de la Covid-19 qui l’a poussé à prendre telle décision, pas plus

que l’envie de raccrocher son tablier, mais le désir de se rapprocher de sa famille. Il s’agit de reprendre « la route de la montagne pour de nouvelles aventures », de retourner aux origines alpines, là où tout a commencé avec son oncle, sa grand-mère et son grandpère Yvon, à qui il rend hommage dans un menu. Son enfance ? « Pêche, chasse, nature, jardin… Initiation par des “fines gueules” confectionnant de bons pâtés, de bons saucissons. ». Jeune, il écrit à tous les chefs triplement étoilés de l’Hexagone : « Le premier à me répondre a été Alain Chapel. Avec lui, ce fut le déclic de l’amour de la cuisine. Il ne criait jamais, mais avec un mot pouvait faire très mal. » Son autre père spirituel se nomme Marc Veyrat, « issu du monde paysan de la montagne, comme moi. Ce fut le déclic de la


folie : on ne sait pas où on va, mais on le fait, et on le fait bien. Il criait tout le temps, on ne savait pas si ça faisait mal, mais on avait un peu peur quand même », s’amuset-il. Avec ces deux figures tutélaires, on comprend mieux la cuisine servie à Capelongue : d’un côté, la sérénité réflexive et la fluidité toute en délicatesse du pionnier de Mionnay, un des papes de la Nouvelle Cuisine, de l’autre la folie instinctive, exubérante et brindezingue du génie de Manigod. À son compte à 22 ans, Édouard Loubet a été le plus jeune étoilé de France en son temps, au Moulin de Lourmarin, gagnant un second Macaron qu’il ne quittera plus, en 1999, mais voyant inexplicablement le troisième se refuser, alors que le Gault & Millau en a fait un de ses chouchous depuis des lustres. Les voies du Guide rouge sont décidément impénétrables… Ce n’est sans doute pas son ami Olivier Nasti2, avec qui il aime chasser, qui nous contredira. Provençal « Je suis un cuisinier provençal, mais qui ne fait pas une cuisine provençale. Elle a les goûts, les odeurs et les couleurs de la région », résume-t-il. Illustration avec une mise en bouche intitulée Toute la Provence en une cuillère, véritable explosion de fragrances des garrigues exprimant le credo d’un chef qui recherche « une attaque agressive, s’atténuant en mangeant ». À rebours de nombreux plats appelant un mouvement inverse pour un “effet wahou”, ce decrescendo est une invite à aller vers la subtilité pour imaginer en douceur un “après” à ce qu’on vient de déguster. Du « Pantone d’odeurs qu’il a dans [s]a tête », Édouard Loubet tire des

associations parfois étonnantes puisées dans un terrain de jeu s’étendant du massif du Luberon au Mont Ventoux. Un des premiers à se passioner pour la cueillette, il laisse l’inspiration le prendre dans ses jardins : « Si je trouve des pousses de cèdre sous un arbre, ce n’était pas prévu. En les mangeant, un ardent goût de pignon de pin arrive, mais aussi une saveur de pommes vertes acidulées. C’est quelque chose que je cherchais depuis longtemps. Cela m’évoque une envie iodée très puissante et le désir de les accommoder avec une langoustine fumée… » Ainsi naissent les plats, entre hasard, instinct et années de réflexion et de sédimentation. En témoignent de solaires réussites à l’image d’un rouget de roche floral où les fragrances doucettement amères de la cataire questionnent la vapeur d’hysope qui entoure langoureusement une brassée de petits violets dialoguant en mode majeur avec une aérienne béarnaise d’artichauts. Et que dire de la perfection chirurgicale d’un carré d’agneau fumé au serpolet des Claparèdes3 sur un lit de thym ? Voilà mariage d’amour d’une absolue évidence dont, pourtant, les séductions violentes demeurent nimbées d’un voile de mystère, à l’image des vers de René Char, natif de L’Islesur-la-Sorgue, à quelques encablures de là. Sept parcelles de Luberon : « C’était près. / En pays heureux. Élevant sa plainte au délice, / Je frottai le trait de ses hanches / Contre les ergots de tes branches, / Romarin, lande butinée. »

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la palette de l’été Par Christian Pion

Notre sélection Clairet de Château Penin (Bordeaux) chateaupenin.com Château Pibarnon (Bandol) pibarnon.com Chinon rosé Cœur de Franc de Couly-Dutheil coulydutheil-chinon.com Marsannay rosé de la maison Jadot louisjadot.com Pinot noir rosé Domaine Barthel (Albé) domaine-christianbarthel.com

Bourguignon, héritier spirituel d’une famille qui consacre sa vie au vin depuis trois générations, il partage avec nous ses découvertes, son enthousiasme et ses coups de gueule.

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u XVIIIe siècle, le vin possédait une robe pâle et était sans doute apprécié pour son coté digeste et fruité. Avant la création de la bouteille et de sa fermeture par un bouchon de liège, inventés par les anglais qui les premiers tirèrent en direction du vin de garde, il avait bien du mal à se conserver en dehors du fût ou de la bonbonne de verre, devant être consommé rapidement afin d’éviter son oxydation prématurée. Les piquettes portaient bien leur nom et les palais étaient sans doute habitués à cette saveur aigrelette d’un breuvage se transformant progressivement en vinaigre. Il n’y avait pas ou peu de rouges. Les vins issus de raisins rouges étaient des clairets, légèrement tintés lors de la vinification par une infusion rapide des grappes sans doute entières, le temps de la fermentation alcoolique. Cette tradition du vin clairet persiste à Bordeaux. Un vin de soif, complètement dans l’air du temps, délicatement framboisé et croquant de fruit. Des flacons d’été à servir frais, destinés à accompagner sans chichis les cuissons à la plancha. Pour les rosés, le sujet est plus délicat. La plus grande part du marché est occupée par de gros négociants proposant des vins sans saveur, ni corps, issu de vendanges pléthoriques et arrangés par des œnologues sans

scrupule. Beaucoup d’esthètes les négligent à raison, déçus par de mauvaises expériences. Mais quel dommage ! Une partie des rosés est faite de vrais vins de plaisir, denses et sapides, accompagnant à merveille les plats d’été. Dans les régions les plus recommandées pour la production de rosés de caractère et de gastronomie, Bandol avec son encépagement de mourvèdre et de cinsault, occupe une place privilégiée. Les meilleurs, d’une belle élégance de bouche, offrent un potentiel de garde inattendu et montrent toutes leurs possibilités après une ou deux années de cave. Les Côtes de Provence, occupant une vaste zone de production, sont plus hétérogènes mais leur réputation soutenue par une communication forte pour toute l’appellation a convaincu les consommateurs. Pour ceux qui recherchent une belle identité et un degré d’alcool plus mesuré, citons les appellations septentrionales comme la Loire avec ses rosés de Cabernet franc, savoureux et frais ou la Bourgogne qui consacre une partie des pinots noirs de l’appellation Marsannay en rosés puissants et sapides. N’oublions pas l’Alsace qui malgré une forte progression des rouges de caractère produit encore ici et là de beaux rosés à la chair gourmande et délicate…

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

Le monde du rosé est complexe. Derrière des dénominations génériques s’exprime une envie d’un vin de soif, léger et gouleyant. Mais que se cachet-il derrière des classifications aux frontières souvent floues ?




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