N°238
SEPTEMBRE
2021 POLY.FR
MAGAZINE
© Thomas Faverjon
BRÈVES
Voyager 1
Questionner
Julius Eastman © Marbeth
La double exposition d’été de la Stadtgalerie de Sarrebruck (jusqu’au 03/10) est le reflet de l’ambitieuse politique de la nouvelle directrice de la maison sarroise, Katharina Ritter. D’un côté, L’Obsolescence de l’Homme de Gillian Brett – dont le titre fait explicitement référence à l’ouvrage du philosophe Günther Anders – explore les relations entre l’Homme et la technologie. Utilisant des écrans LCD cassés, percés, broyés ou brûlés, elle recrée d’étonnants ciels étoilés. Avec des moulages, l’artiste aliène par ailleurs les objets du quotidien, les inscrivant dans un contexte critique. En parallèle, πάσχειν (páskhein) est le fruit d’un travail au long cours de Matej Bosnić œuvrant dans (et autour) de la Stadtgalerie depuis avril. Les deux artistes questionnent la place de l’être humain dans le monde avec grande acuité. stadtgalerie.saarbruecken.de
Trouvant un vieil album photo sur un marché aux puces, Benoit Faivre et Tommy Laszlo décident de remonter la vie et de partir à la recherche de Christa, née en 1933. Vies de papier (Espace 110, Illzach, 25/09, dès 11 ans) raconte leur voyage d’Allemagne en Belgique dans un théâtre d’objets documentaire qui les voit s’interroger, en miroir, sur l’Histoire (avec sa grande hache) et leur propre histoire familiale. espace110.org
Expérimenter
2 1. Gillian Brett, Smart Food: Better for you and the planet, 2019-2021 2. Matej Bosnić – πάσχειν (páskhein), 2021 Détails de l’exposition Stadtgalerie Saarbrücken, photo : Oliver Dietze
Initialement prévu en mai, la 37e édition du festival de création sonore Musique Action s’offre une session de rattrapage haute en couleurs, resserrée sur quatre jours (30/0903/10). Y trônent en majesté les étourdissantes inventions analogiques de Thomas Ankersmit (01/10, Centre culturel André Malraux, Vandœuvre-lès-Nancy) ou encore la (re) découverte d’un génie oublié du siècle dernier, l’afro-américain Julius Eastman. Ses Nigger Series résonneront de leur furieuse beauté (02/10, Salle Poirel, Nancy). centremalraux.com POLY 238
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BRÈVES
Situations
Connexions
Le Musée de la poterie de Betschdorf accueille peintures, dessins et gravures de Pierre Gangloff (jusqu’au 31/10) pour un cheminement à travers le temps et l’espace dans cet univers de terre et de feu. Celui qui affectionne les surfaces d’exposition pleines d’aspérités entrant en résonance avec celles de ses œuvres est servi ! « Le lieu de l’accrochage est primordial, il faut que quelque chose se passe entre l’espace et le tableau », explique-t-il. pierre-gangloff.fr
Confinements, distances sociales… Les derniers mois ont été l’occasion de prendre conscience de l’importance géographique de notre corps. En mettant ce dernier à l’honneur, la 32e édition du Festival international de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (01-03/10) propose de réfléchir à la façon dont les caractéristiques physiques influencent notre rapport à l’espace. Tables rondes, conférences et ateliers seront l’occasion d’aborder les questions de la répartition spatiale des maladies, de l’organisation des systèmes de soins ou bien encore du lien entre discriminations raciales et ségrégation spatiale. fig.saint-die-des-vosges.fr
Pauliina Linnosaari © Martin Kaufhold
Illuminations
Réflexions
La question des enjeux de l’art : voilà ce que Richard Strauss et son librettiste Hugo von Hofmannsthal explorent dans une de leurs œuvres majeures, Ariane à Naxos dont le Saarländisches Staatstheater de Sarrebruck propose une production signée Alexandra Szemerédy et Magdolna Parditka (12/0918/12). Le duo hongrois s’empare avec jubilation de cette variation sur “l’opéra dans l’opéra” questionnant la légitimité de l’art entre sitcoms, Netflix et compagnie ! staatstheater.saarland
Avec pour thème le “voyage”, la 6e édition de la Fête des images (16-18/09, Épinal), rendez-vous incontournable des arts visuels et de la scène mapping dans la région, mettra en lumière, trois soirs durant, les illustrations toutes en poésie de l’artiste spinalienne Sidonie Hollard (façade du Tribunal), l’éruptif et imposant pirate Balbuzar créé par le dessinateur mosellan Frédéric Pillot (Quai Sérot), ou bien encore le théâtre mécanique imaginé par le talentueux lauréat du concours de mapping de l’an dernier, Amadeo Cervone (Beffroi de la Basilique). epinal.fr POLY 238
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Festoche
Rock
Les toiles de Robert Combas sont reconnaissables au premier coup d’œil. Entre BD punk, art brut, street art tendance Keith Haring, ou encore vases grecs de la période géométrique, 1 001 références s’y imbriquent, se contaminent, jouant les unes avec les autres. À Strasbourg, L’Estampe accueille ses œuvres (18/09-09/10), conjointement à celles de plusieurs de ses compères plus ou moins proches de la figuration libre : Hervé Di Rosa, Marc Duran, Topolino et André Cervera. estampe.fr
Lauréat
Présentée dans la vitrine de l’Ésad, École supérieure d’Art et de Design de Reims (jusqu’au 26/09), Drum n’Bass Lafayette célèbre les 20 ans du Prix Marcel Duchamp. S’y découvre une œuvre du lauréat 2003, Mathieu Mercier, dont la référence à Mondrian ne fait aucun doute. Les couleurs semblent néanmoins s’échapper de leur espace pictural abstrait pour conquérir un espace tridimensionnel à mi-chemin entre sculpture readymade et vitrine d’un grand magasin. frac-champagneardenne.org
Belvedere und Stadtgarten, Thomas Adam
Mathieu Mercier, Drum n’Bass Lafayette, 2005. Collection Frac Champagne-Ardenne © Adagp, Paris, 2021
La 27e édition du festival Densités (24-26/09, Centre culturel de Fresnes-en-Woëvre) invite à mettre le nez dehors et se promener en Meuse. Chacun pourra en prendre plein les mirettes et les oreilles avec des lectures du journal de John Cage, la découverte de L’Étrangleuse faisant se chevaucher punk, luth malien et harpe classique, ou encore le duo contrebasse / trompette de Joëlle Léandre et Jean-Luc Cappozzo. vudunoeuf.com
André Cervera, La Cène, 2017
L’Étrangleuse © Mélanie Scherer
BRÈVES
Insolite
Une belle occasion de découvrir les lieux les plus insolites de Karlsruhe et de sa région, généralement fermés au public, et ainsi de percevoir certains bâtiments sous un jour nouveau. Voilà comment se présente la Journée du Patrimoine de la cité du Bade-Wurtemberg (12/09), dont le pendant français se déroule les 18 & 19/09. Rajoutons que cette année, pour la première fois, certaines visites guidées sont également proposées en français. karlsruhe-event.de POLY 238
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SOMMAIRE
SCÈNES 20 La 21e édition du Festival mondial des Théâtres de Marionnettes
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22 Célébrant ses 25 ans, Passages Transfestival prend le Brésil pour axe 24 Julia Vidit dévoile Micropolis, nouveau rendez-vous dédié aux formes courtes 28 Avec Le Passé, Julien Gosselin crée un montage de textes de Léonid Andréïev
l'Agenda des Saisons 21/22
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MUSIQUES
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68 Zoom sur Vladimir Cauchemar, mystérieux producteur et DJ electro 70
Portrait du rappeur Lujipeka
74 Les guitaristes Sylvain Luc et Biréli Lagrène illuminent le Colmar Jazz Festival 80 Le festival Musica dépoussière la création musicale contemporaine
EXPOSITIONS 86 À la découverte des lauréats du Prix HSBC pour la Photographie
80
88 Face à Arcimboldo explore l’impact du peintre sur l’Art moderne et contemporain.
GASTRONOMIE 94 À La Merise, Christelle et Cédric Deckert font des merveilles 98
Un dernier pour la route : les bières s’Humpaloch
COUVERTURE Entre humour cynique et discours blasé sur les contradictions de la société de consommation, Lujipeka n’en finit pas de bousculer les codes de l’imagerie rap. De passage à la BAM (Metz) et au Moloco (Audincourt), il défendra en concert L.U.J.I., album né du confinement de l’an dernier, dont l’emblématique single Putain d’époque ne manque ni de pertinence, ni de second degré ! « Mes Nike sont faites par les Ouïghours / On fait des stories, pas d’long discours / Les ados se droguent parce qu’ils s’emmerdent à mort / C’est 100 € la demi-heure d’amour / Ça n’existe pas si c’est pas en TT / J’prie pour qu’l’banquier me laisse m’endetter / Popcorn et comédies racistes au ciné / Finalement c’est une grosse grippe qu’a tout décimé ». © Magdalena Lawniczak / Courtesy of Lujipeka & Initial Artist Services magdalenalawniczak.com lujipeka.store 8
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BRÈVES
Thomas Flagel
Sarah Maria Krein
Théâtre des balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs africains… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes dans Poly.
Cette française de cœur qui vient d’outreRhin a plus d’un tour dans son sac : traduction, rédaction, corrections… Ajoutons “coaching des troupes en cas de coup de mou” pour compléter la liste des compétences de SMK.
Ours bietlenheimois © A. Guillon
OURS Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Julien Schick julien.schick@bkn.fr RÉDACTEUR EN CHEF Hervé Lévy herve.levy@poly.fr RÉDACTEURS Thomas Flagel thomas.flagel@poly.fr
Suzi Vieira suzi.vieira@bkn.fr
ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO Vincent Muller, Pierre Reichert, Florent Servia, Irina Schrag, Daniel Vogel & Raphaël Zimmermann STUDIO GRAPHIQUE
Julien Schick
Suzi Vieira
Il papote archi avec son copain Rudy, cherche des cèpes dans les forêts alsaciennes, se perd dans les sables de Namibie… Mais comment fait-il pour, en plus, diriger la publication de Poly ?
Après Courrier international ou Books, elle pose ses valises à Poly. Intraitable avec les concepts, elle jongle avec les mots comme son homonyme le faisait avec les ballons à la Coupe du monde 1998.
Anaïs Guillon anais.guillon@bkn.fr DIGITAL François Agras webmaster@bkn.fr MAQUETTE Blãs Alonso-Garcia logotype Anaïs Guillon maquette avec l'équipe de Poly ADMINISTRATION & ABONNEMENTS Mélissa Hufschmitt melissa.hufschmitt@bkn.fr +33 (0)3 90 22 93 30 DIFFUSION Vincent Bourgin vincent.bourgin@bkn.fr +33 (0)3 90 22 93 32
Anaïs Guillon
Éric Meyer
Entre clics frénétiques et plaisanteries de baraque à frites, elle illumine le studio graphique de son rire atomique et maquette à la vitesse d’un Renault Captur lancée entre Strasbourg et Bietlenheim. Véridique !
Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain.
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Poly est un magazine gratuit, pour le recevoir dès sa sortie, choisissez votre formule ! 10
r 5 numéros - 20 € POLY 238
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r 11 numéros - 40 €
Sarah Krein sarah.krein@bkn.fr
Patrice Brogard patrice@poly.fr
© Poly 2021 Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs.
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Pierre Ledermann pierre@poly.fr
Magazine mensuel édité par BKN Dépôt légal : Août 2021 — Impression : CE S.à.R.L. au capital de 100 000 € SIRET : 402 074 678 000 44 — ISSN 1956-9130
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Julien Schick julien.schick@bkn.fr
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ÉDITO
L’Oubli de la philosophie Par Hervé Lévy — Illustration d’Éric Meyer pour Poly
L
e monde est devenu une invraisemblable cacophonie où chacun pontifie jusqu’à la nausée. Sur les réseaux sociaux et au comptoir des bistrots, le dialogue n’est plus guère possible. Le premier s’autoproclame maître ès géopolitique afghane. Pour le second, les vaccins n’ont point de secrets (« Je te jure, dans l’AstraZeneca, ils ont utilisé des cellules de fœtus de pangolin mutant »). Quant au troisième, constitutionnaliste émérite, il affirme qu’on vit dans un État totalitaire, tandis que ses frères de pensée – bien défaite, pour le coup – arborent une indécente étoile jaune au revers de leur veste assimilant le sort des “antivaxs” à celui des Juifs pendant la Guerre. Qui (un pronom bien mis à mal, récemment) pour être encore au-dessus de la mêlée ? Pour tenter de penser le monde ? Pour accepter la discussion, sans se retrancher derrière des avis tout faits ? Le philosophe Jean-Luc Nancy qui nous a quittés le 23 août 12
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était de ceux-là. Lui qui avait, dans un fulgurant essai – Un Trop humain virus (Bayard, 2020) – tenté de penser la Covid comme le fruit de sociétés gangrénées par la technique et la volonté de croissance permanente, écrivait : « Les pandémies de jadis pouvaient être regardées comme des châtiments divins, de même que la maladie en général fut pendant très longtemps exogène au corps social. Aujourd’hui, la plus grande partie des maladies est endogène, produite par nos conditions de vie, d’alimentation et d’intoxication. Ce qui était divin est devenu humain – trop humain comme dit Nietzsche. » Au moment où l’Europe se remet en marche cahin-caha, où les portes de la culture s’ouvrent à nouveau – pour ceux, en tout cas, qui en font le choix –, Jean-Luc Nancy va nous manquer, qu’on ait été d’accord avec lui ou pas, peu importe. Le débat, la controverse argumentée, la disputatio étaient au cœur de son existence – en témoignent ses échanges avec Philippe Lacoue-Labarthe. Avec beaucoup, c’est désormais mission impossible. Reste un peu d’espoir que le philosophe à qui nous dédions ces pages, nous apporte : « Nous devons réapprendre à respirer et à vivre, tout simplement. Soyons des enfants. Recréons un langage. Ayons ce courage. »
CHRONIQUES
Éclats patrimoniaux
La fille du vent
Rendre compte de la richesse, de la diversité, mais aussi de la singularité du tissu économique existant – ou ayant existé – dans un espace géographique déterminé : telle est l’ambition de Franche-Comté : Terre d’industrie et de patrimoine. Réalisé par un collectif d’auteurs appartenant au service “Inventaire et Patrimoine” de la Région, l’ouvrage emporte le lecteur dans le passé avec les charmes classiques de la Saline royale d’Arc-et-Senans, mais aussi dans le présent, voire l’avenir, grâce à la visite des pharaoniques usines Peugeot de Sochaux. Au menu : fruitières à comté du Jura, verreries – avec une escapade du côté de Passavant-la-Rochère –, fabrique de pipes, distillerie… Produire le métal, Transformer le métal, Exploiter les ressources naturelles et Se Nourrir : les quatre parties du livre présentent bâtiments et machines uniques, revenant sur des épopées comme celles de Japy ou de la famille Thiébaud, qui fabriqua des machines agricoles au milieu du XIXe siècle. Un beau moyen de découvrir un versant souvent mal connu de la région. (H.L.)
Il est des voix, libres et graciles, dont les chansons comme des tableaux touchent l’âme. Celle de la nancéienne Laura Cahen en fait partie. Quatre ans après Nord, premier album remarqué où elle évoquait ses ancêtres maternels chassés d’Algérie, est paru le renversant Une fille, que l’auteure-interprète défendra cet automne en tournée (03/09 à la Völklinger Hütte, Völklingen, 10/10 au théâtre Edwige Feuillère, Vesoul et 10/12 à L’Autre Canal, Nancy). Entre sonorités acoustiques, textures organiques et touches minimalistes d’électronique, la chanteuse affirme sans détour sa personnalité artistique comme son homosexualité. Des textes directs, souvent chantés haut perchés, sans fioritures mais d’une délicate intensité. Laura Cahen compose des chansons comme on écrit des images : « La jetée, la jetée, le phare / Je m’y suis jetée un soir / Le vent si fort m’y poussait / M’y poussait », scande-t-elle sur un hypnotique hommage à Chris Marker. Voix fine, légèrement fêlée, esprit frondeur et désarmante sincérité… On pense à Anne Sylvestre. Rien que ça ! (S.V.)
Nouvel exemple du talent de l’auteur nancéien Jochen Gerner, cet Inventaire chromatique réel et imaginaire est une volière où s’ébattent joyeusement 200 Oiseaux. Réalisés entre février 2019 et septembre 2020, ces dessins aux feutres à encre de chine pigmentée (dont le dessinateur explore les potentialités) se déploient sur les pages de cahiers d’écolier. Expérimentation graphico-poétique, ce bestiaire à plumes rappelle, pêle-mêle, l’altière rigidité des reliefs mésopotamiens et les planches de François-Nicolas Martinet illustrant les ouvrages de Buffon. Entre naturalisme et onirisme, cette ode à la liberté du trait en forme de variation sur les hachures ressemble à un défilé de mode composé de volatiles réels comme le mutin Roselin cramoisi, la placide Caille de Chine toute en rotondités ou le Quiscale bronzé dont les tons bleutés sont d’une grande élégance. Ailleurs évolue le mystérieux Choucas camouflé dans des efflorescences organiques évoquant Arp ou le surréel et séduisant Picoti tricoti, peut-être notre préféré. (H.L.)
Paru chez Lieux Dits (35 €) lieuxdits.fr
Paru chez [PIAS] (14,99 €) mediapias.fr
Paru aux éditions B42 (26 €) editions-b42.com
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Drôles d’oiseaux
CHRONIQUES
DIY
Pop poésie
Me, Myself & I
Repéré par la pépinière de l’Espace Django (Strasbourg), qui les couve bien au chaud, le duo Laventure se taille, l’air de pas y toucher, une place de choix dans le paysage musical du Grand Est. Depuis des mois, ils se remémorent les nuits passées dans des clubs, repassent en boucle les films lo-fi qu’ils adorent comme ceux de Gondry dont l’aura plane sur leur premier clip, Give. Avec claviers, guitare, contrebasse et pédales, Ingrid et Boris bricolent dans leur coin des mélodies chillwave taillées comme des tubes pop avec une pointe de reverb et une teinte soul nonchalante à réveiller James Brown. Des refrains qui restent en tête et des textes parlant d’amour et de sexe, mais aussi d’absence de réciprocité comme dans I Thought I Knew, second titre sorti au printemps avec son clip façon Ghost Dog. S’ils viennent tous les deux de la section jazz du Conservatoire de Strasbourg, leurs goûts les mènent vers le déjanté mais sublime néozélandais Connan Mockasin. Un troisième titre, Little Dog, fait grossir les rangs d’une fan-base en attente d’un album complet. On trépigne. (T.F.)
Nouveau lauréat du programme Impulse ! mis en place par la Cité musicale de Metz pour soutenir les groupes de musiques actuelles de la région, Romain Muller est un artiste à l’univers décalé, dont la voix blanche entraîne tour à tour l’auditeur de nuits d’ivresse en vertiges intérieurs, de souvenirs solaires en vieilles amours fanées. Conjuguant boucles électroniques, nappes de synthés psychédéliques et chanson française empreinte de mélancolie, Parallèle, premier album de cet auteur compositeur et interprète, a été entièrement produit dans son home-studio avec les amis mosellans du label associatif Coco machine. Quelque part entre Étienne Daho et Sébastien Tellier, la French pop à texte de Romain Muller oscille avec bonheur entre electro dansante et pure poésie. « On se connaît depuis longtemps / Maintenant / J’ai connu pire, t’as connu mieux / Dans la moyenne, pile au milieu / On se connaît depuis longtemps / On fait l’amour de temps en temps », entend-on sur Un Parapluie pour deux (clin d’œil à Thomas Fersen ?), magnifique ode aux couples qui durent, malgré la monotonie de l’âge… (S.V.)
Et dire que c’est sa première BD ! Léa Murawiec signe aux éditions strasbourgeoises 2024 Le Grand vide. Une plongée dans un monde dystopique où une jeune femme, Manel Naher, se débat avec l’injonction à la « présence ». Comme dans un épisode de Black Mirror où les réseaux sociaux auraient mal tourné, les gens ne survivent que si on pense à eux. Sauf que notre héroïne n’a que faire de ce délire égotique qui fait des malheureux en quête d’une seconde d’attention et des immortels adulés par les foules. À grands coups de plume et de pinceaux, Léa Murawiec éclate les cases à l’encre de chine pour donner un mouvement dantesque à ses personnages, multiplie les vues à la géométrie vertigineuse d’une mégalopole tout en verticalité où les buildings sont couverts de noms… présence oblige. Manel quitterait bien tout ça avec l’un de ses deux seuls amis pour le grand vide, cet espace sub-urbain redouté, car dépeuplé, sauf qu’une chanteuse à succès se trouvant être son homonyme met tout à plat. Elle se prend au jeu, devenant sa pire ennemi, pour une descente aux enfers faisant redouter au lecteur, la fin qui approche. (T.F.)
Au festival Face B (Charleville-Mézières), 11/09 et au Jazz Off Colmar, 19/09 soundcloud.com/ingrid-laventure
Paru chez Coco machine (20 €) cocomachine.fr
Paru aux éditions 2024 (25 €) editions2024.com POLY 238
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RUBRIQUE
David Diop © Éric Traversie
Cécile Coulon © C.Nieszawer / Leextra
Books are back À Strasbourg, Nancy et Besançon, la rentrée littéraire déploie ses fastes. Sélection parmi la vaste programmation des Bibliothèques idéales, du Livre sur la Place et de Livres dans la Boucle. Par Hervé Lévy & Thomas Flagel mrs. president Tout juste trentenaire et déjà une dizaine de romans, une pièce et plusieurs recueils de poésie derrière elle, Cécile Coulon semble être née une plume à la main. Lauréate du prix littéraire du Monde en 2019 pour Une Bête au paradis, roman mêlant folie, désir et liberté en rase campagne – thèmes qui lui sont chers –, l’Auvergnate sera la présidente de Livres dans la boucle, festival littéraire bisontin. L’occasion pour elle de présenter Seule en sa demeure, fiction fantastique et brûlante en plein XIXe siècle, dont elle débattra aussi aux Bibliothèques idéales strasbourgeoises (04/09, 18h, à la Librairie Gutenberg) avec Adeline Dieudonné dont Kérozène paraît également chez L’Iconoclaste. Mais c’est surement en tant que poète que Cécile Coulon déploie tout son talent. Après le succès des Ronces, elle a signé l’an passé le recueil Noir Volcan (chez Castor Astral) dont une lecture sera donnée (04/09, 16h, à la Cité de la Musique et de la Danse), suivie d’une rencontre avec l’autrice. Elle participe enfin à une table ronde sur l’emprise (12/09, 14h, à la Préfecture de Nancy), au Livre sur la place, avec Jean-Baptiste Del Amo et Manon Fargetton. mr. president On connaissait l’auteur de bande dessinée majuscule (Partie de chasse, etc.), le plasticien invité à la Biennale de Venise ou encore le réalisateur de Bunker Palace Hôtel. Avec L’Homme est un accident (Belin) où il dialogue avec Adrien Rivierre, Enki Bilal livre quelques réflexions bien senties, assénant, par 16
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exemple : « La planète n’a pas besoin de nous. » Pessimiste ? Il écrit en effet : « J’ai intégré la notion de surprise, d’accident – je préfère ce mot – dans ma propre création. Je le répète, ainsi, la fin de l’humanité s’installe en moi comme une intuition du présent. » Confession philosophique allant souvent à rebours de la bien-pensance, l’ensemble du livre est néanmoins une invitation à se réveiller… pour éviter le pire. Président de la 43e édition du Livre sur la place (Nancy), il sera notamment possible de le rencontrer à l’Opéra national de Lorraine (10/09, 18h). Auparavant, il aura été à Strasbourg pour dialoguer avec le physicien Étienne Klein dans le cadre d’un impromptu des Bibliothèques idéales (05/09, 15h, Cité de la Musique et de la Danse). la porte du voyage sans retour Le troisième roman de David Diop n’a rien à envier au précédent, Frère d’âme, prix Goncourt des lycéens 2018. L’auteur, qui a grandi au Sénégal après être né à Paris, s’inspire du naturaliste français Michel Adanson (1727-1806) qui rêvait de composer une encyclopédie universelle du vivant. Le récit débute pourtant à sa mort, dans les pas de sa fille découvrant dans un carnet caché pour elle au milieu de ses affaires, le secret de la vie de ce père absent, totalement absorbé par son grand œuvre. Au milieu du XVIIIe, le botaniste a vu son destin basculer dans la concession française qu’était le Sénégal. Parti étudier la flore, il apprend le wolof et se lie d’amitié avec Ndiak, adolescent et surtout fils d’un roi. Ensemble, ils vont braver les empires anglais et français, l’autorité des
RUBRIQUE
Lydie Salvayre © Vincent Muller
rois locaux et prendre tous les risques pour retrouver une femme cachée, dont la rumeur veut qu’elle soit revenue de l’esclavage. Livre haletant, plein de mises à nue de l’âme, La Porte du voyage sans retour (Seuil) – surnom de l’île de Gorée tristement célèbre pour son rôle dans la Traite négrière – ne cache rien de la cupidité des hommes, ni du racisme colonial, montrant ce que rend possible l’amour entre deux êtres. > David Diop participe à la table ronde Paradis perdus ? avec Wilfried N’Sondé et Thomas B. Reverdy, à l’Hôtel de Ville de Nancy, samedi 11 septembre (12h), dans le cadre du Livre sur la Place > Avec Mohamed Mbougar Sarr, Azouz Begag, Dan Nisand, il questionne l’héritage colonial à la Cité de la Musique et de la Danse de Strasbourg, mercredi 8 septembre (17h) dans le cadre des Bibliothèques idéales
rêver debout C’est le grand retour de Lydie Salvayre. Pas qu’on ait égaré l’autrice du superbe Pas pleurer (prix Goncourt 2014), mais son ode à la liberté et au refus de s’accommoder de la réalité du Quichotte – comme elle appelle affectueusement son anar’ courageux s’élevant contre toute injustice – est aussi drôle en diable que fort en pensée. Ce livre épistolaire paru au Seuil, en 15 lettres plus ou moins longues, a tout du manifeste d’indignation face à l’état actuel du monde. Derrière ses vraies-fausses remontrances adressées à Miguel de Cervantes, la romancière, redresseuse de torts des errements collectifs de notre époque, signe l’hommage le plus beau et fiévreux à « ce frère, cette pure figure de fiction, cette pure figure poétique » dont la présence nous est « chaque jour plus nécessaire et plus précieuse. Car c’est grâce aux brèches ouvertes par le Quichotte et les allumés de son espèce dans les murs qui nous cernent, que notre monde reste encore vivable et encore désirable. » > Lydie Salvayre est présente au festival helvète du Livre sur les quais de Morges (03-05/09)
montrez-moi vos mains En résidence à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg cette saison, le pianiste Alexandre Tharaud – qui a collaboré avec des artistes aussi variés que Bartabas et Michael Haneke – est un musicien atypique sur la scène classique.
Sorj Chalandon © Vincent Muller
Dans ce concert / lecture, il convie à découvrir ses deux écrits initiés avec Piano intime (Philippe Rey, 2013) qui se poursuivent dans Montrez-moi vos mains (Grasset). Dans un style élégant, il évoque son existence, écrivant : « Du réveil naît le concert. Écouter la résonance de la nuit. Cette vibration aux premières minutes du jour va nourrir mon récital. Il est déjà là, palpable. Il s’approche doucement, plus d’une demi-journée nous sépare. Qu’il prenne son temps. Lumière allumée, je me recueille, j’observe. » > Rencontre en musique avec Alexandre Tharaud, Gilles Privat et Fabien Genthialon, violoncelle solo de l’OPS à la Cité de la Musique et de la Danse de Strasbourg, vendredi 10 septembre (19h) dans le cadre des Bibliothèques idéales
enfant de salaud Depuis l’enfance, une question torture le narrateur – alias Sorj Chalandon – qu’il n’a jamais posé à son père : Qu’as-tu fait sous l’Occupation ? Il n’a aucune confiance en ses mensonges perpétuels… et ne se souvient que des mots de son grandpère affirmant qu’il était un Enfant de salaud (Grasset). Ce roman qui mêle l’histoire personnelle de l’écrivain (retrouvée dans un dossier judiciaire des Archives départementales du Nord) et le Procès Barbie ressemble à une enquête ; et ce qu’il va recouvrir dépasse l’entendement. Ce père avait été quatre fois déserteur d’autant d’armées différentes, nazi un jour, résistant le lendemain. > Sorj Chalandon sera présent au Livre sur la place pour dialoguer avec Marc Dugain, samedi 11 septembre (12h) sous le signe de “Que savonsnous de nos pères ?”, à la Préfecture de Nancy. Aux Bibliothèques idéales, il s’entretient avec Claire Castillon et Jean-Baptiste Del Amo sur le thème “Nul ne guérit de son enfance”, à la Cité de la Musique et de la Danse samedi 4 septembre (14h). Il sera enfin présent au bisontin Livres dans la Boucle
Bibliothèques idéales (Strasbourg), du 2 au 12 septembre bibliotheques-ideales.strasbourg.eu Livre sur la place (Nancy), du 10 au 12 septembre lelivresurlaplace.fr Livres dans la Boucle (Besançon), du 17 au 19 septembre livresdanslaboucle.fr POLY 238
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LITTÉRATURE
Chamanisme post-exotique Figure tutélaire d’un courant dont il s’est autoproclamé porte-parole, Antoine Volodine poursuit, avec Les Filles de Monroe (Seuil), son exploration poétique de la résistance au chaos par l’onirisme. Par Thomas Flagel
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oilà près de quarante ans qu’un écrivain, au nom de plume d’Antoine Volodine – quand ce n’est pas Manuela Draeger, Lutz Bassmann ou Elli Kronauer –, résiste aux recherches biographiques sur ses origines, disséminant des indices invérifiables ici ou là, bâtissant telle une bravade bravache sa propre légende et celle du post-exotisme. Auteur prolixe, ses livres et ceux de ses divers hétéronymes recueillent les dernières paroles de vaincus ayant pour ultime objectif de conjurer le désespoir en perpétuant une vision du monde sur les cendres encore chaudes de sociétés post-révolutionnaires. Dans ces univers, peuplés de dissidents, de kapos et de morts jamais tout à fait morts, le verbe se veut le véhicule ultime de résistance, celui qui permet d’échapper à l’enfermement, au crépuscule des idéologies comme, peut-être, à la finitude lors d’une traversée des étendues du Bardo*. Les Filles de Monroe n’échappe pas à la règle. Roman sombrement drôle, il 18
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nous plonge dans un immense camp psychiatrique, dernier bastion sur le lequel le Parti semble encore régner, c’est-à-dire use de la torture et de répression pour conserver le pouvoir sur les ruines de ses 343 fractions. Subtilité de l’écriture (passant de la première à la troisème personne, du singulier au pluriel), Volodine prend un malin plaisir à brouiller les cartes, faisant de Breton, son personnage principal, un ou plusieurs êtres sujets au dédoublement de personnalité. Usant de la métaphore animale, il apparaît à la frontière d’une humanité dont on se demande si elle est perdue par ses êtres étranges en HP (ultra sensibles aux odeurs dont ils décrivent les relents incessants) ou par leurs geôliers et le traitement qu’ils leur infligent avec la commission vétérinaire ? Les visions des rêves des morts qui assaillent Breton poussent le Parti à octroyer à cet ancien zek au statut de mort-vivant une chambre d’observation avec échiquier, matelas et équipement optique militaire. Lui préfère ses appa-
reils chamanisques de base. Au moins, cela lui permet d’avoir un peu moins de choses à cacher dans la description des étranges renaissances qui apparaissent à des dizaines de blocs de là, sur une corniche de la rue Dellwo, que seuls ses dons permettent de voir. Pas question pour Breton de révéler les noms des filles de Monroe qui dégringolent depuis la nuit des morts pour prendre pied dans celle du monde réel d’après un plan vengeur (mais foireux) de leur père, ancien membre ayant subi l’une des purges du Parti. Tel un rêve où tout s’effiloche, notre anti-héros, flottant entre deux eaux, tait tout sur Rebecca Rausch, son amour d’un autre temps, époque où le jour pointait encore le bout de son nez sur la ville. Quant aux amours passés d’une cacique du régime et de son gros bras, ils ne résistent pas aux ambitions dévorantes d’imposteurs que chaque pièce maîtresse semble être. Personne ici ne cherche véritablement à remettre la révolution sur les rails, mais chacun tente de conserver ce petit bout de lumière au milieu du chaos, qui permet de tenir. Black Village, narrats de Lutz Bassmann (l’un des hétéronymes d’Antoine Volodine) est adapté sur scène par Frédéric Sonntag, aux Halles citadelles (Strasbourg), mardi 28 et mercredi 29 septembre dans le cadre du Festival Musica – festivalmusica.fr > Conférence résonner avec le vivant sur le thème “Post-exotisme et mondes multiples” avec Antoine Volodine, à La librairie Kléber (Strasbourg), mercredi 29 septembre (12h30) dans le cadre du Festival Musica
Espace dans lequel, pour les bouddhistes tibétains, on erre après la mort avant de se réincarner
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Les nouveaux illusionnistes Pour sa 21e édition, le Festival mondial des Théâtres de Marionnettes (FMTM) poursuit son exploration de cet art populaire en réunissant trois générations d’artistes. Par Thomas Flagel
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ondé il y a 60 ans le FMTM est devenu le grand rendezvous du genre, mêlant pointures internationales, défricheurs repoussant les limites d’un art pluridisciplinaire par excellence et jeunes pousses. Au programme de cette cuvée 2021 composée par Pierre-Yves Charlois, 104 spectacles de 16 pays couvrant « toute la diversité marionnettique mondiale, dans une variété de techniques, de formes et d’adresses afin qu’il y en ait pour tout le monde. » Des pionniers du Turak avec ses masques (7 sœurs en Turakie), Claire Heggen et son Théâtre du Mouvement (L’Inventaire animé) ou Neville Tranter (Ubu), à la relève par Yngvild Aspeli (Moby Dick) et Bérangère Vantusso (Bouger les lignes), jusqu’à une “nouvelle vague” incarnée par Lou Simon (Sans humain à l’intérieur) et Laura Elands (Racines du ciel). Pour atténuer à son échelle l’impact de la Covid, le tout nouveau directeur du festival a aussi estimé de son « devoir de programmer un maximum de compagnies émergeantes, tant elles ont été fauchées en plein vol par la fermeture des lieux culturels. » magie & fantastique De nouvelles voies sont empruntées, à l’instar d’un temps fort dédié à la magie nouvelle et au fantastique. Yôkaï, dont le nom renvoie au surnaturel, crée à Charleville-Mézières Magical Mystery Talks (24 & 25/09, dès 11 ans). La compagnie rémoise portée par Violaine Fimbel poursuit son exploration de l’invisible en mariant effets spéciaux adaptés du cinéma, marionnettes et magie pour, dans une pénombre inquiétante et pleine de fumée, faire naître des apparitions. Rendez-vous est donné en la Basilique Notre-Dame-d’Espérance autour d’une table ronde, à minuit, avec des invités ni tout à fait présents, ni tout à fait absents ! Étienne Saglio et sa Cie Monstre(s) nous emportent dans l’univers du cabaret traditionnel avec Goupil et Kosmao (21 & 22/09, dès 5 ans). L’inoubliable dresseur de fantômes des Limbes se plait ici à déjouer les codes : l’assistant du magicien n’est autre qu’un renard taxidermisé, le Goupil rebelle de son dernier conte cruel, Le Bruit des loups (27 & 28/01/22, Théâtre Equilibre de Fribourg, Maillon de Strasbourg, 09-12/06/22). Dérapage programmé et surprises en tout genre que ne renieraient pas le Groupe Zur (pour Zone utopiquement reconstituée). Spectacle immersif de vraie-fausse magie pour spect’acteurs et manipul’acteurs, Rue d’Orchampt (18 & 19/09) a été imaginé comme un entre-sort, version new-look des baraques foraines où étaient exposés les monstres. Le public y découvre le champ et le hors champ de l’intérieur d’une maison dans laquelle des personnages apparaissent des miroirs ou des tableaux quand ce n’est pas un oiseau imaginaire qui se matérialise sur du sable qui s’écoule… Une porte dérobée permet de basculer, ensuite, de l’autre côté de ce décor avec la partie “atelier” de la scénographie. Le spectateur est invité à fabriquer, à son tour, les images magiques de la première salle qu’il incarne en temps réel. Enfin, ne manquez pas la relecture venue de Russie de La Reine des Neiges. Avec Gerda’s Room (18 & 19/09, dès 10 ans), conte d’horreur lyrique inspiré des textes de Rilke et Andersen, le Théâtre Osobnyak se produit pour la première fois en France. Il condense toute la quête de la recherche de Kai dans une chambre. Gerda y joue seule avec sa mémoire, sans voir le temps passer. Folie ou imaginaire, voyage intérieur ou enchantement d’un monde, à chacun de trouver son chemin.
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performance & curiosité Ceux qui pensent encore que l’art de la marionnette ne s’adresse qu’aux enfants prendront une sacré claque en découvrant la proposition queer de Johanny Bert. Hen (19-21/09, dès 14 ans), pronom suédois signifiant à la fois “il” et “elle”, est le prénom d’une marionnette chanteuse. L’effrontée rend un hommage contemporain aux renversements des mœurs et à l’irrévérence des cabarets berlinois. La mutation corporelle de cette diva de bois et de latex, portant talons aiguilles de manière virilement sexy, apostrophe la norme et envoie valser tous les conservatismes façon Brigitte Fontaine. Tout aussi provocant, Olivier de Sagazan use comme à son habitude de l’argile. Dans La Messe de l’Âne (20 & 21/09), le plasticien français explore la monstruosité et l’informe, la bestialité et l’humanité avec cinq autres interprètes qui l’accompagnent et sculptent des visages, des figures. De la salle d’opération d’un savant fou à une scène politique véreuse, les masques tombent et chacun tente de se forger une identité. Dans différents lieux de Charleville- Mézières, du 17 au 26 septembre festival-marionnette.com
1. Olivier de Sagazan, La Messe de l’Âne © Dominique Le Reste 2. Johanny Bert, Hen © Christophe Raynaud de Lage POLY 238
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Renovação Célébrant ses 25 ans dans le Grand Est, mais aussi ses 10 ans d’existence à Metz, le festival Passages effectue sa mue, devenant Passages Transfestival. Le Brésil est au cœur de son édition 2021. Par Thomas Flagel — Photos de Renato Mangolin
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endez-vous international du spectacle vivant, Passages a pour lointain ancêtre le Festival mondial du Théâtre1 qui plaça la ville de Nancy sur la carte des lieux qui comptent et fit connaître un certain… Jack Lang. Quand le metteur en scène Charles Tordjman, alors directeur de La Manufacture, crée le festival en 1996, il ne sait pas encore qu’il connaîtra plusieurs vies. D’abord tourné vers l’Europe de l’Est, il devient biennal en 2004 avant de déménager à Metz en 2011. Le projet s’ouvre aux créations du continent avant de mettre le cap au Sud (Moyen-Orient et Afrique) sous l’impulsion d’Hocine Chabira à compter de 2016. Avec l’arrivée de Benoît Bradel à sa direction en 2020, la manifestation redevient annuelle et renouvelle un champ d’intérêt transdisciplinaire, centrant chaque édition sur « une zone géopolitique transcontinen-
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tale ». Reportée au mois de mai suite au reconfinement, l’édition 2021 bat au rythme du Brésil, pays au croisement des cultures indiennes, européennes et africaines, en pleine mutation sociale et politique après trois années de règne du populiste d’extrême droite Jair Bolsonaro. Au menu, 20 spectacles dont 6 créations et 3 premières mondiales. L’occasion de (re)découvrir le travail de quatre femmes d’exception, à commencer par Christiane Jatahy2, metteuse en scène et cinéaste qui conjugue avec brio ses deux passions pour donner une version toute personnelle de Mademoiselle Julie de Strindberg. Julia (12/09, L’Arsenal, également le 10/09 au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg) mêle scènes projetées en vidéo, jeu en direct et images captées le temps de la représentation. La mise en abyme qui résulte de ce subtil montage en temps
réel, duquel le spectateur est complice, magnifie les langages du 7 e art et du théâtre et rend encore plus vivace la brûlante relation entre la fille d’un patron des beaux quartiers de Rio et son chauffeur noir, nouant la question politique au cœur de l’intime. critiques sociales Moins connu, mais non moins intéressant sera Deixa Arder (Let it burn) des chorégraphes Marcela Levi et Lucía Russo (03/09, en extérieur au Coração). La performeuse Tamires Costa offre son corps à toutes les influences normatives touchant les personnes afro-descendantes au Brésil. Sous ses airs de mix burlesque et de références caricaturales au stand-up, se niche une pièce volontairement anarchique, reposant sur une virtuosité folle qui nous cueille sans coup férir. Car Deixa Ardera a un double
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sens, tout à la fois juron et injonction à se laisser toucher et enflammer. Ainsi sommes-nous les jouets d’une danseuse habitée, se défaisant avec un rictus des singeries du blackface tout en menaçant de ses yeux exorbités ceux qui prendraient tout cela trop à la légère. En elle coule les rythmes de Jorge Ben Jor, Mc Carol, Nina Simone, Michael Jackson ou Dizzy Gillespie. La puissance du corps s’y révèle telle quelle est : phénoménale. Inoubliable depuis son incroyable Cria exposant la vie quotidienne dans les favelas de Rio3, Alice Ripoll revient en Europe avec sa compagnie REC. Lavagem (08/09, L’Arsenal) prend la forme d’une irrévérencieuse étude de la propreté avec seaux d’eau et savons autour d’une grande bâche plastique bleue. Les danseurs y revisitent tout autant une injonction hygiéniste (laver les corps noirs), qu’ils critiquent la hiérarchie sociale brésilienne – sexiste et raciste – reposant sur la quantité de mélanine des individus. Et de se questionner sur ce qu’il faut laver si fort qu’il doive disparaître ? Au milieu de ce jeu de mousse, de bulles, de glissades et d’empoignades rendues
compliquées par l’eau savonneuse, se dévoilent aussi des références allant du sombre (l’exode, les noyades) à de lumineux rituels de renaissances. danses salutaires Cristina Moura aurait dû venir avec Ägô l’an passé, mais c’est bien Passages Transfestival qui aura la primeur européenne de cette création (10 & 11/09, Espace Bernard-Marie Koltès, puis 14/09, CCAM de Vandœuvre-lèsNancy). En solo, elle met en jeu son corps pour interroger sa propre histoire et celle de son pays à l’aune du chaos social actuel, que la pandémie n’a fait que prolonger. Artiste phare de la scène internationale, la voilà qui s’empare de textes enflammés (Angela Davis, Frantz Fanon, Achille Mbembe…) dans une cérémonie gorgée d’humour corrosif en forme d’exorcisme collectif contemporain. Dans un tout autre registre, dénué de mots comme l’indique le titre de sa nouvelle pièce, Sem Palavras (10 & 11/09, Espace Bernard-Marie Koltès puis 23-25/09, CDN Dijon-Bourgogne), Marcio Abreu séduira les plus curieux. Avec son théâtre volontaire-
ment provocant, l’auteur et metteur en scène s’inspire ici d’Un Appartement sur Uranus, compilation de chroniques de Paul B. Preciado parues dans Libération où il évoque son processus de transition sexuelle et les mutations actuelles de l’humanité. Entre impulsions de vie et carambolages de genres, les allers et venues de personnages dans un appartement vide se multiplient. La confrontation des corps réinvente dans un vertige plein de subtilités de nouvelles manières d’être au singulier et au pluriel dans une recomposition d’espaces de rencontres et de partage. Dans divers lieux de Metz notamment au “Coração” (situé entre Saint-Pierre-auxNonnains et L’Arsenal), du 2 au 12 septembre passages-transfestival.fr
Lire Le Festival mondial du Théâtre de Nancy, une utopie théâtrale 1963-1983 de Jean-Pierre Thibaudat (Les Solitaires intempestifs) 2 Voir Poly n°227 ou sur poly.fr 3 Voir Poly n°224 ou sur poly.fr 1
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Quête d’horizons communs Pour sa première saison à la tête de La Manufacture de Nancy où elle a été nommée le 1er janvier 2021, Julia Vidit dévoile ses envies d’aventure créative partagée, de récits manquants sur des questions communes et d’itinérances hors les murs. Par Thomas Flagel – Photo de Jeanne Dreyer
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scène qui connait bien la Lorraine pour y être installée depuis longtemps.
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icropolis. C’est le nom donné à ce tout nouveau rendez-vous initié par Julia Vidit, dédié aux formes courtes faisant “cité”, “communauté”. Pendant trois jours, une douzaine de spectacles pensés pour l’itinérance – jouables en salles des fêtes, en centres sociaux, dans les écoles ou bibliothèques… – se déploieront dans les différents espaces du Théâtre de La Manufacture et alentours. « J’ai pensé Micropolis comme un carrefour permettant de présenter des créations faites sur le territoire du Grand Nancy et au-delà, en lien avec les habitants, pouvant irriguer d’autres quartiers et d’autres communes. Un geste fort, celui de sortir de nos murs pour aller à la rencontre des publics, pour faire œuvre commune », explique avec envie la metteuse en
de la rumeur à baptiste morizot Dès les saisons à venir, ces formes courtes se déploieront en deux temps, avant de revenir à Nancy : d’une part en collège et d’autre part en balade dans le département, « voire au-delà, les directrices et directeurs des autres Centres dramatiques nationaux du Grand Est (Alexandra Tobelaïm à Thionville, Chloé Dabert à Reims, Émilie Capliez et Matthieu Cruciani à Colmar), tous nommés récemment, ayant aussi des envies et des projets forts liés aux petites formes proposées par les villages », confie celle qui saisit ainsi l’opportunité de réinterroger et de relancer la décentralisation théâtrale. « Comment mettre nos forces en commun pour construire une itinérance dans les lieux les moins dotés en équipements et en propositions culturelles ? » Et de poursuivre : « La création contemporaine interroge le monde, crée des débats brûlants et n’a pas peur de se frotter à des sujets trop chauds ! J’ai un désir de réinvention de lieux de rencontres où se rejoindraient partenaires sociaux, élus, artistes, habitants… Créer à la périphérie, dans les campagnes avec des artistes au contact des réalités pour ensuite revenir au centre-ville y partager ce qui est né ailleurs. » Pas question pour autant d’agir ou de devenir des prestataires de culture. Julia Vidit s’en préserve en imposant des processus de création incluant et partant des publics. Elle cite aussi aisément les rappeurs de La Rumeur (Périphérie au centre) que le philosophe Baptiste Morizot : « À nous de comprendre et d’essayer de dépasser les contraintes qui pèsent sur la création contemporaine et sa réception. Dans son Esthétique de la rencontre1, Morizot montre à quel point l’art a le pouvoir de nous transformer et peut devenir un lieu unique de rencontres individuantes, de celles qui nous font. » Habiter un théâtre Arriver à la direction d’un théâtre est l’opportunité de penser une aventure humaine, créative et partagée. Habiter une maison avec une flopée de complices – qui « seraient là sans cesse, comme une utopie » – parmi lesquels des dramaturges (Thomas Pondevie,
etc.), des scénographes et cinq artistes associés sur ce premier mandat : les metteuses en scène Pauline Ringeade, Bérangère Vantusso, Élise Chatauret et Olivier Letellier mais aussi la performeuse, autrice et militante afro-féministe Rébecca Chaillon qui créera Carte noire nommée désir (09-13/11). S’y ajoutent des auteurs de générations différentes : la belge Céline Delbecq, le congolais Dieudonné Niangouna, l’autrice jeune public Catherine Verlaguet et la jeune Marilyn Mattei « aussi tranchante qu’un Edward Bond »2. Les séries de représentations seront allongées afin que les artistes soient à Nancy au moins une semaine, qu’ils vivent la ville et la connaissent. Autre nouveauté, travailler la programmation au semestre pour gagner en souplesse, proposer des spectacles pour les familles (cinq par saison), des ateliers de pratique artistique « qui ne soient pas clivants entre professionnels et amateurs » et l’envie de grandes épopées que seuls peuvent offrir les centres d’art. Le tout dans un mélange de répertoire (Rostand, Pirandello…) et d’écriture contemporaine (Guillaume Cayet qui mènera Quartiers libres, projet de rencontres et d’écriture). Au Théâtre de la Manufacture de Nancy, à l’IAE, au IECA, Conservatoire régional du Grand Nancy et dans les établissements scolaires partenaires (Collège de la Craffe et Notre-Dame Saint-Sigisbert), du 17 au 19 septembre theatre-manufacture.fr Des temps d’échanges sont organisés à la Cour du marronnier de La Manufacture : > La Décentralisation théâtrale : une histoire et quel avenir avec Julia Vidit, 17/09 (18h30) > Comment penser la rencontre entre public et forme itinérante ? avec Robin Renucci, 18/09 (11h) > Nouveaux territoires ? Nouvelles économies ? avec Valérie Suner (du Théâtre La Poudrerie à Sevran) et Alexandre Biker (Scènes & Territoires), 19/09 (11h30)
Baptiste Morizot et Estelle Zhong Mengual, Esthétique de la rencontre – L’énigme de l’art contemporain, Seuil, 2018 2 Julia Vidit crée Pour quoi faire ? d’après un texte de Marilyn Mattei dans le cadre de Micropolis 1
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Gym tonic Le génial Olivier Martin-Salvan fait de l’anti-héros d’Alfred Jarry un Ubu et Davina en justaucorps dézinguant tout sur son passage, dans une arène au centre du public. Par Thomas Flagel — Photo de Sébastien Normand
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ans le rôle titre d’Ubu sur la butte – version raccourcie d’Ubu Roi écrite pour le théâtre de marionnettes du guignol –, Olivier Martin-Salvan déboule tel « un taureau tonique de 130 kg, hyper poilu en fuseau criard, courant sur un tapis à 80 cm du public ». L’ancien rugbyman de haut niveau, qui venait de lire W ou le souvenir d’enfance 1, a l’intuition de placer le récit dans une salle de sport, se remémorant le langage de ses entraineurs parlant de “guerre de tranchée” et de “patrie en danger” pour un simple match à 15 ! Yvan Clédat et Coco Petitpierre2 inventent pour lui des modules et des tapis de gym, des costumes de GRS en lycra hyper moulants aux couleurs de drapeaux nationaux dans un mini stade de six mètres sur six où les spectateurs sont disposés au plus près, tout autour. « Je n’aimais pas trop Ubu » confie le co26
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médien. « Mais cette version condensée est imparable : je tue le premier roi au bout de 20 lignes à grands coups de frite en mousse et nous faisons la guerre trois scènes plus loin. Les répliques phares y sont regroupées avec des « La justice c’est moi » tellement cash, que le public voit tout de suite des gens comme Berlusconi ou les déclarations incroyables de bêtise d’un Trump. » La critique caustique de l’uniformisation des corps et du décervelage des salles de sport ne sont que quelques exemples de l’humour sans limites de Jarry. « Il faut se mettre au niveau, à jouer ses pires invectives et inventions à fond ! » Ainsi se donnent 10 minutes non stop de cours d’aérobic épuisant. « Ça sent l’huile de massage, la sueur et les pieds de salle des fêtes. Et au milieu, cet horrible Ubu invective et recadre les moindres écarts ou manques d’enthousiasme » des personnages qui
l’entourent, n’hésitant pas à « tuer les magistrats en les sodomisant – pour de faux bien sûr ! Les réactions du public sont diverses, d’autant que le dispositif fait qu’ils se voient et se jaugent, en permanence. » Cette outrance langagière et concrète ne masque pas la dénonciation d’une soif de pouvoir. Olivier, jeune papa, rigole avec sérieux de notre responsabilité collective : « Il faut faire attention à ne pas éduquer des monstres comme Ubu qui est un gros enfant mal élevé. Si tu merdes ton éducation, tu fais un tyran du quotidien qui peut devenir un Ministre se goinfrant sur les comptes de la république ! » Le Palotin Giron, sorte de domestique « déguisé en nègre », est une provocation de l’auteur qui était un anti-esclavagiste reconnu. Jouer cela aujourd’hui n’est guère plus évident. « Il nous oblige à y aller franco pour ouvrir ces espaces de gène tous azimuts. » La Mère Ubu est ainsi plus que libre de sa sexualité, avide de pouvoir : elle se sert du Palotin Giron – encore lui – comme d’un sex-toy. « Elle jouit extrêmement fort, ce qui met mal à l’aise les scolaires qui se cachent les yeux, fait que les profs les regardent se cacher les yeux… Mais on ne peut l’édulcorer car il pointe du doigt des choses importantes. » Merdre ! Au Nouveau Relax (Chaumont), mardi 28 septembre lenouveaurelax.fr Au Théâtre du Point du Jour (Lyon, hors-lesmurs), du 2 au 5 octobre pointdujourtheatre.fr Roman de Pérec paru en 1975 qui inventait comme métaphore des camps de concentration l’île de W, dévolue à une dictature sportive déshumanisante 2 Couple d’artistes signant des scénographies et costumes pour des artistes comme Philippe Quesne. 1
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Miroir d’un monde disparu Au TNS, Julien Gosselin crée un montage de textes de Léonid Andréïev, écrivain russe tombé dans l’oubli. Le Passé présente un monde verrouillé par l’ordre moral, entre académisme et cosmisme. Par Thomas Flagel — Photos de Simon Gosselin
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près avoir exploré avec brio la littérature actuelle – Michel Houellebecq, Roberto Bolaño1 ou Don DeLillo2 – dans des spectacles fleuves, le metteur en scène se plonge dans les pièces et nouvelles de Léonid Andréïev (1871-1919), contemporain de Tchekhov et Gorki. Cette incursion dans un registre classique n’est en rien un reniement pour celui qui voit « les textes d’antan montés au théâtre comme l’occasion de conserver une mémoire de ce qui n’existe plus et lui redonner vie, plutôt qu’un matériau immuable nous parlant de notre condition humaine. Si l’on va chercher des textes classiques, c’est justement pour parler des différences avec notre monde. » Cette archéologie de la perte, pleine de nostalgie fait parler des êtres qui ne sont plus, collant on ne peut mieux avec le travail de celui dont les pièces se passent toujours “après” le récit dont il est question : « Les événements, les gens, les moments représentés sont toujours comme “vus de l’avenir”, juste après leur disparition. » C’est le grand traducteur et poète André Markovicz qui a conseillé à Julien 28
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Gosselin de lire Léonid Andréïev. Après avoir dévoré tout ce qu’il pouvait – dénichant même certains écrits en anglais, non traduits en français – il arrête son choix sur les pièces Requiem et Ékatérina Ivanovna. Dans cette dernière, il entremêle comme des monologues les nouvelles Dans le brouillard et L’Abîme. Une manière de faire se télescoper deux dimensions : l’académisme de l’époque et la philosophie du cosmisme qui inspira notamment à Tarkovski le film Solaris. Elle postule que les humains doivent coloniser d’autres planètes afin de laisser la Terre à la résurrection des morts. En ouverture, le symbolisme de Requiem rappellera avec vigueur la situation pandémique, mais de manière fortuite. Dans un théâtre, un mystérieux directeur portant un masque (la mort ? Dieu ?) et un metteur en scène font défiler des acteurs jouant des grandes figures (couple d’amoureux, prophète, etc.) devant des spectateurs remplacés par des mannequins en bois peint. Ce moment spectral devant un faux public conduit jusqu’au cri que produira le directeur face à la possibilité de faire
du théâtre devant… personne ! Suit Ékatérina Ivanovna explorant les questions morales et ses interdits. Ses actes successifs prennent le ton du boulevard, du kitsch avec datcha en pleine verdure et toiles peintes. Un adolescent rongé par les pulsions sexuelles les transforme en haine des femmes. Une épouse, réchappant des coups de son mari pensant qu’elle le trompait, va se conformer à ce dont on l’accusait (à tort), en entretenant plusieurs relations. L’extrême corsetage du monde bourgeois explose les êtres, encore et encore. Au Théâtre national de Strasbourg, du 10 au 18 septembre tns.fr À L’Odéon (Paris), du 2 au 19 décembre theatre-odeon.eu Aux Célestins (Lyon, en partenariat avec le TNP), du 20 au 25 mai 2022 theatredescelestins.com
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Voir Poly n°196 ou sur poly.fr Voir Poly n°227 ou sur poly.fr
CIRQUE
To die or not to die Deux voltigeurs, quatre circassiens, six chevaux et deux chiens. Dans Avant la nuit d’après, la Compagnie ÉquiNote rejoue Hamlet… en partant de la fin. Par Suzi Vieira — Photo de Vladimir Lutz
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raverse tout, enfers, tombeaux, / Précipices, néants, mensonges, / Et qu’on entende tes sabots / Sonner sur le plafond des songes », écrit Victor Hugo dans son ode Au Cheval. Depuis l’Antiquité, nombreuses sont les mythologies, du chamanisme aux légendes nordiques, à avoir investi cet animal sacré des plus merveilleux pouvoirs, au premier rang desquels celui de passeur d’âmes, chargé de conduire les défunts dans l’Au-delà. Cette faculté “psychopompe” du fier coursier est au cœur d’Avant la nuit d’après, une création à mi-chemin entre théâtre de l’étrange et cirque équestre, conçue comme une suite fantasmagorique à Hamlet. Horacio, Ophélie, Claudius, Gertrude… tous les désaxés de la shakespearienne famille royale danoise sont là. Tous sont morts – sauf Horacio, qui a eu la vie sauve à la fin de la célèbre pièce élisabéthaine. Et tous errent sous un chapiteau d’entre les mondes, sorte de purgatoire aux airs
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de fête foraine abandonnée. Là, sur le rond de la piste où trône un carrousel poussiéreux, chacun devra régler ses comptes avec lui-même, se délester des désirs de vengeance, pouvoir, domination, des amours et des haines, des mensonges et des manipulations, pour espérer obtenir des chevaux altiers qu’ils les fassent – un jour peut-être – passer de l’autre côté. Dans cette fresque à la féérie surannée, où le spectateur flotte comme en apesanteur entre la vie et la mort, le rêve et la réalité, quatre circassiens (contorsion, mât chinois, acrobatie, etc.) accompagnent les voltiges équestres de Sarah Dreyer et Vincent Welter, les fondateurs de la Compagnie ÉquiNote. Avec la metteuse en scène Marie Molliens, fildefériste de renom et ellemême directrice de la bourguignonne Compagnie Rasposo, ils ont patiemment monté un spectacle fondé sur le dialogue muet, charnel et poétique de
l’homme avec le cheval : leur corps à corps puissant et délicat à la fois. Une création en accord avec la philosophie mise en œuvre par le couple dès les débuts de la compagnie en 2010, quand ils se forment non seulement à leur discipline mais aussi à l’éthologie, pour « construire une relation avec les animaux qui ne soit pas celle de dominant à dominé mais reposant au contraire sur la générosité, la confiance et la sincérité », explique celui qui travaille essentiellement le dressage en liberté. « Avec les chevaux, tout est question d’écoute et de dialogue – non pas vocal, mais spatial et corporel. Ils lisent en nous comme un scanner et réagissent en miroir à ce qu’on leur propose. Ils sont les piliers de la troupe, nos compagnons de route et de jeu mais aussi d’inspiration. » À La Comédie de Colmar, du 24 au 26 septembre comedie-colmar.com cie-equinote.fr
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Ivre d’amour et de vin Avec cette Étude pour le Cantique des Cantiques, la chorégraphe Aurélie Gandit chemine en solo dans les mots d’Alain Bashung et Chloé Mons, en passeuse d’extases. Par Thomas Flagel — Photo de Michel Petit
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nitialement programmé dans le cadre de la 8e édition de Scènes d’Automne en Alsace, l’Étude pour le Cantique des Cantiques est enfin créé. Ce poème fleuve, pétri d’érotisme et de métaphores mythiques, modernisé par Olivier Cadiot pour le couple Bashung-Mons sur une musique enivrante de Rodolphe Burger, Aurélie Gandit ne cesse de l’écouter depuis plus de 15 ans. « Ce morceau continue de m’émerveiller dans sa richesse foisonnante de sens, son ambiance flottante appelant une corporalité charnelle, creusant une mémoire qui m’échappe, qui me semble venir du plus loin que l’on puisse l’imaginer… » Les élans de désir du roi Salomon et de filles de Jérusalem se mêlent à un trouble fascinant permettant toutes les interprétations, des plus dévotes aux plus mystiques, de l’exaltation des plaisirs du sexe et du vin à la communion des âmes. Pour moitié dans la bouche d’une femme, les vers sonnent bien différemment, ce qui n’est pas pour déplaire à une danseuse dont « l’approche du féminisme est bousculée depuis une dizaine d’années. De nombreuses choses ont modifié mon rapport au masculin et au féminin, la pratique intense du yoga en Inde, comme des expériences de danse soufie ou hindoue. » Elle ne compte plus ce qu’elle nomme prosaïquement des “pafs”, « percussions physico-mentales provoquant
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une déflagration tranquille, faisant apparaître quelque chose proche d’une révélation intérieure ». En solo, elle convoque ces états d’extase dans une scénographie minimaliste constituée d’un rideau de fils vibrant dans la lumière, où se perdre dans le sens et le temps. Une ouverture pure aux sensations et au surgissement. Des objets symboliques – dames-jeannes de verre, arbres-totems et grenades d’argile comme un écho au « Je te ferais boire du vin d’épices, du jus de ma grenade » du Cantique déclamé par Chloé Mons – se mêlent au suc de pratiques spirituelles diverses lui ayant permis de se tourner « vers elle, vers l’autre et ce qui nous relie, dans une sérénité nouvelle ». Sa recherche d’équilibre, le cœur ouvert, se glisse dans la mélopée musicale en une quête de gestes « se faisant et défaisant en même temps qu’ils se réalisent, comme s’ils jaillissaient pour la première et la dernière fois ». À La Filature (Mulhouse), du 22 au 24 septembre lafilature.org Au Carreau (Forbach), jeudi 21 octobre carreau-forbach.com
FESTIVAL
Cirque et compagnie La sixième édition de l’Atoll Festival, dédié au cirque contemporain, illumine Karlsruhe et signe des retrouvailles fort attendues. Par Irina Schrag — Photo de Hyrrä Paratiisi par Felix Groteloh
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t l’on débute avec tambours et trompettes (jouées en équilibre sur… la tête) avec les joyeux doux dingues de Circus I Love You qui débarquent avec leur spectacle éponyme (18 & 19/09) pour verser un peu d’utopie nordique sous nos latitudes. Aussi absurdes, trompe-la-mort que profondément heureux, ces huit acrobates un brin couteauxsuisses venant des quatre coins de l’Europe, sont aussi à l’aise en voltige à quatre mètres du sol qu’en grand écart sur des rollers. Peace and love dans l’âme, ils se défient des modes actuelles, refusent toute illusion spectaculaire, lui préférant la bonne et dure réalité, ses risques et ses échecs potentiels, pour mieux la réenchanter. Le tout avec une fraîcheur et une virtuosité sans pareilles. Changement de décor avec les Passagers des 7 doigts de la main (15 & 16/09) qui nous emportent, le temps d’un voyage, dans un wagon de train rempli d’étrangers. Poursuivant leur exploration des vicissitudes de l’âme humaine, la troupe québécoise virevolte sur fil, dans les airs et au milieu de vieilles valises, entre utopie pour un futur meilleur et nostalgie d’un passé chéri. Depuis leurs débuts, ils ont peaufiné leur art, repoussé la succession de numéros au profit d’une écriture plus soutenue, entrecroisant danse, théâtre et acrobaties en tous genres. Sur une cadence très rythmée, leur périple raconte la fuite et l’impromptu, la découverte de ce que l’autre emporte et le monde qui défile et transforme chacun. Leur compartiment devient alors une aire de jeu propice
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aux confidences et à un déferlement de dextérité (cerceaux, fil, projections aérienne…). Le Nouveau Cirque ne sera pas en reste grâce à Hyrrä Paratiisi (24 & 26/09) qui relève autant de la danse contemporaine que de la musique rock-expérimentale live avec ce supplément d’âme de la conscience de corps traversés par la rigueur de la pratique du mouvement propre aux portés et au travail de l’équilibre. La liberté de composition des Fribourgeois de Momentlabour y resplendit comme rarement, quitte à perturber les spectateurs trop attachés aux fils narratifs. Terminons par une proposition iconoclaste venue des Pays-Bas : Pit (24-26/09) de TENT – House for Contemporary Circus se joue en plein air, dans un cube hors sol de trois mètres sur trois autour duquel est juché le public pour contempler, du haut, les trois acrobates se propulsant – presque – jusqu’à eux entre ces parois rapprochées. Ce renversement de perspective, tout à fait inhabituel, offre un point de vue saisissant qui permet d’appréhender l’adrénaline de la hauteur, la peur du vide et le danger inhérent à la voltige. Tout simplement saisissant. Au Kulturzentrum Tollhaus (Karlsruhe), du 15 au 26 septembre atoll-festival.de tollhaus.de
Saisons 21/22 Les choix de la rédaction
Image issue de N’avons-nous pas autant besoin d’abeilles et de tritons crêtés que de liberté et de confiance ? Spectacle de Pauline Ringeade à retrouver au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), au GRRRANIT (Belfort) et aux 2 scènes (Besançon) © Hervé Cherblanc
Saisons 21/22
AUDINCOURT LE MOLOCO Phénix. Dissout en 2015, le groupe Fauve – phénomène du spoken word – revient sous le nom de Magenta (28/10) et passe à l’electro (aussi le 23/09 aux Trinitaires de Metz, le 24/09 à L’Autre Canal de Nancy, le 27/10 à La Laiterie de Strasbourg et le 09/12 à la Cartonnerie de Reims). Brise-glace. Pour Eiskeller, Rover (18/11) s’est confiné plusieurs mois au sous-sol des anciennes Glacières Saint-Gilles de Bruxelles. Un opus tout en puissance et en pudeur (à découvrir encore à la Cavazik de Mâcon le 16/10 et à La Laiterie de Strasbourg le 24/02). Turkish kitsch. Surfant sur les standards de l’Anadolu rock des eighties, les hipsters fous d’Altın Gün (04/12) déploient leur univers flamboyant (également à La Vapeur de Dijon le 22/09, au X-TRA de Zürich le 17/11 et le 05/12 à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette). lemoloco.com
BADEN-BADEN FESTSPIELHAUS Nos coups de cœur. Idomeneo, re di Creta de Mozart en version de concert dirigée par
Thomas Hengelbrock, avec Michael Spyres dans le rôle-titre (21 & 23/10). Le Requiem de Fauré sous la baguette de Teodor Currentzis (31/10 & 01/11), un récital de la mezzo Elīna Garanča (20/11), Max Raabe et son univers de dandy des années folles (05/12), le Mariinsky dans tous ses états pour des soirées symphoniques, lyriques et chorégraphiques, histoire de terminer 2021 en beauté (17-26/12) et l’exceptionnel Chilly Gonzales (23/04). Dancing Star. Le Hamburg Ballett John Neumeier est de retour avec Mort à Venise (02 & 03/10), d’après Thomas Mann, et Songe d’une nuit d’été (08-10/10) sur des musiques de Mendelssohn et Ligeti. Berlin. Pour leur résidence pascale à BadenBaden (09-18/04), les Berliner Philharmoniker (qui se seront déjà produits à l’automne, 06-12/11) donnent La Dame de pique de Tchaïkovski, sous la direction de Kirill Petrenko, ainsi qu’un bouquet de concerts. festspielhaus.de
THEATER Magique. La Fête du Théâtre (25/09) promet 1 001 événements : coup d’œil en coulisses, spectacles insolites, ainsi qu’une comédie musicale mise en scène par Ingmar Otto. Danse. L’Heure exquise (02/10) : une ballerine âgée enveloppée dans une montagne de pointes défraîchies se souvient des grands jours. theater.baden-baden.de
BÂLE KASERNE BASEL Performance. Un travail sur la Presence fantôme par l’artiste hongkongais multi-média Royce Ng, auquel s’ajoute le performeur local tba (18/09). Musique. Laissez-vous surprendre par l’electro mélancolique et expérimentale du londonnien Leifur James (13/10), le flow suisseallemand de Jesus for Jesus oscillant entre house, RnB et hip-hop (11/11), le folk-rock à base de melting-pot de Bukahara (02/12) ou encore le rap teinté de dancehall du suisse Silvio Brunno, aka Stereo Luchs, qui fait remonter à la surface un mélange de racines ragga et sons trap (18/03). Inclassable, indémodable. kaserne-basel.ch
THEATER BASEL Création mondiale. Avec 4½ Jahreszeiten (18/09-15/10), le génial Thom Luz donne une décapante version des Saisons de Haydn. Participatif. Monteverdi rencontre l’électronique et invite des Bâlois sur scène dans Il ritorno d’Ulisse in patria (07/11-27/02). The Voice. Anne Sofie von Otter chante Eine Winterreise (22/01-27/02), variation sur Schubert portée à la scène par Christof Loy. Événement 1. La Traviata de Verdi (14/11-
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Hamburg Ballett John Neumeier — Mort à Venise
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© Kiran West
FESTSPIELHAUS
Saisons 21/22 08/01) dans l’exceptionnelle mise en scène de l’intendant de la maison bâloise, Benedikt von Peter, qui monte aussi La Passion selon Saint-Mathieu de Bach (25/03-26/06). Événement 2. Einstein on the Beach de Philip Glass (04-24/06). theater-basel.ch
Besançon & Strasbourg LES 2 SCÈNES & TJP
BELFORT CRÉATION 2020. Akzak : 12 danseurs du continent africain et un percussionniste réunis depuis 3 ans pour donner vie à ce spectacle en tournée à VIADANSE (14-16/09), puis au Théâtre du Jura à Delémont (09-10/10), et aussi à La Commanderie de Dole (16/11), au Théâtre Nebia de Bienne (23-24/11), à Scènes Vosges (Épinal, le 18/01), à L’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône (22/01) et au Dancing de Dijon (03/05). Création 2021. Ex-pose(s) réunit deux duos autour de la vibration du corps en s’inspirant des sculpteurs Henri Laurens et Ousmane Sow (21-22/10). Également au Festival les Invités 2021 de Villeurbanne (17/09), au Signe à Chaumont (02-03/10), au Frac FrancheComté à Besançon (28/11) et à L’Espace 110 d’Illzach (11/01). Les jeunes danseurs viennent eux de Tunisie, du Maroc et d’Égypte. viadanse.com
LE GRRRANIT Théâtre. N’a-t-on-pas besoin autant d’abeilles et de tritons crêtes que de liberté et de confiance ?, une pièce atmosphérique de Pauline Ringeade inspirée de Baptiste Morizot (04-05/01) et aussi aux 2 Scènes à Besançon (07-09/12), au Nouveau Relax de Chaumont (14/12), au CCAM de Vandœuvrelès-Nancy (16-17/12). Marionnettes. Les marionnettes ont leur rendez-vous international belfortain avec la 27e édition du festival (12-18/02). Avec The Walk — La Petite Amal, la Handsping Puppet Company fait déambuler une figurine géante de 3,66 mètres (30/09) ! Un Dracula créé ici par Yngvild Aspeli (19-20/01). Danse. Ne manquez pas la pièce organique Omma de Joseph Nadj (12/05). Duo. Quand Mathilda May rencontre Sly Johnson, les Échos se font performance musicale et visuelle (20-22/11). grrranit.eu
LA POUDRIÈRE Poétique. Nommé d’après un vers de Jacques Prévert, le groupe Debout sur le zinc fait résonner des textes ultra chiadés sur des sonorités au croisement du rock et de la musique celtique, entre rythmes tziganes et airs yiddish (16/10).
Parbleu ! de Didier André et Jean-Paul Lefeuvre
Soirée folk. Sur 9 Songs About Love, le songwriter américain J.E. Sunde – originaire du fin fond du Wisconsin – chante l’amour folk avec une délicatesse infinie (le 21/11, et avant cela le 03/11 à L’Autre Canal de Nancy, le 05/11 à La Vapeur de Dijon, le 13/11 à la Cavazik de Mâcon, le 17/11 aux Trinitaires de Metz et le 20/11 à La Rodia de Besançon). Synthétique. P.R2B, Pauline Rambeau de Baralon de son vrai nom, est LA figure montante de la scène indé. Des chansons désabusées sur une pop synthétique lo-fi à peine bricolée, quelque part entre Léo Ferré et Sabine Paturel (26/11). poudriere.com
BESANÇON CDN DE BESANÇON Shakespeare. La création d’Antoine et Cléopâtre par Célie Pauthe tourne enfin (1016/03) puis au Théâtre de l’Odéon à Paris (13/05-03/06). Un crépuscule des dieux et un chant d’une mélancolie déchirante, quatre heures (entracte compris) de puissance et d’amour. Festival. Avec La Guinguette contre-attaque !, le CDN ouvre sa saison en fête (02-18/09) sur son parvis, en salle et gratuitement : théâtre de feu avec la Cie La Salamandre (Le Songe de Prométhée, 02/09), un objet poétique du Groupe T (Les Garçons qui croient sont très seuls – Les autres garçons sont perdus, 03/09), une performance d’ambulatoire de Tickson Mbuyi (L’Homme capote, 03-05/09), artiste congolais adepte des rituels, ou encore un impromptu de Dea Liane, jeune comédienne fraichement sortie de l’École du TNS (Amashan, 03/09). Randonnée, spectacle, peinture murale, cours d’Hortense Belhôte sur les femmes artistes de rue seront au programme de la journée
© Matthieu Hagene
VIADANSE CCN DE FRANCHE-COMTÉ
“Femmes dans l’espace public” (04/09). Ne manquez pas non plus la performance de Kaspar Tainturier-Fink & Aurore Lacroix (18/09), tentative de reconstruction d’un paysage à partir de son réseau hydrographique. cdn-besancon.fr
LES 2 SCÈNES Temps forts. Sur Terre #1 (09-15/11) avec l’Artefact de Joris Mathieu (10-12/11) mettant en scène un robot artificiel qui rêve de faire du théâtre, la conférence de Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati sur la zone critique de notre planète (Inside, 10/11) ou le duo femme/ cheval de Lætitia Dosch (Hate, 14-15/11). Puis Sur Terre #2 (21-27/03) avec le concert de Philippe Quesne Farm Fatale (23-24/03, et au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon 17-19/11) ou Dans la Forêt de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre (24/03-15/04), peuplée de présences furtives et invisibles. Ovnis. Didier André et Jean-Paul Lefeuvre emmènent le cirque dans les tracas du quotidien et les petits riens avec une poésie sans fard (Entre serre et jardin, 06-22/09, mais aussi Parbleu !, 24-29/01), tandis que la Danse macabre du génial Martin Zimmermann (2022/10) ressemble à une toile de Brueghel suintante de vie et de clowns inventifs. La leçon d’Amore de Pippo Delbono (30/1102/12, également au Théâtre Dijon Bourgogne, 28-29/01). Marionnettes. La dernière création de la Cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (01-04/03, et aussi à Charleville-Mézières les 24-25/09, au Manège de Reims les 20-21/01, au Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul les 0507/01, à La Coupole de Saint-Louis le 28/01, à l’EPCC Bords de Scènes de Vitry-le-François le 25/02, au Théâtre des Feuillants de Dijon le 01/04, et au TJP de Strasbourg les POLY 238
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Saisons 21/22 27-30/04). VOIR P. 22-23 Géographie. Avec son compère Paul Cox, Bérangère Vantusso entend Bouger les lignes dans une cartographie sensible du paysage (01-03/02 et avant cela à La Manufacture de Nancy les 11-15/01, au TJP de Strasbourg les 19-21/01, au festival Momix à Kingersheim les 26-31/01). les2scenes.fr
BISCHWILLER MAC ROBERT LIEB Décadanse. Entre danse et planches anatomiques datant du XVIe siècle, Jusqu’à l’os propose une exploration poétique, visuelle et gestuelle du squelette (22/01). Burlesque. Les Frères Taloche reviennent avec Mise à jour, leur nouveau spectacle, et partagent leur folie contagieuse (28/01). Tortuga. Voilà dix ans que Cœur de Pirate vogue dans nos oreilles. Elle largue les amarres et expérimente une urgence créative née de la crise (le 30/03, et avant cela le 29/03 à la MAC de Bischwiller). À l’Ouest. Artus endosse le costume de shérif. Prenez place dans le saloon déglingué de Duels à Davidéjonatown (06/05). mac-bischwiller.fr
CHÂLONSEN-CHAMPAGNE LA COMÈTE Ouverture. Rendez-vous est pris pour la présentation de saison (08 & 09/09). Cinéma. Le festival War on Screen (29/09-
04/10) est de retour avec Michel Portal en invité d’honneur. la-comete.fr
CHAUMONT NOUVEAU RELAX Dream. Pièce théâtrale et chorégraphique de Pauline Ringeade, N’avons-nous pas autant besoin d’abeilles et de tritons crêtés que de liberté et de confiance ? (14/12 et aux 2 Scènes (Besançon), 07-09/12, au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy), 16-17/12 et au GRRRANIT (Belfort), 04-05/01) invite à repenser notre présence au monde. Elle présente aussi sa nouvelle création Pister les créatures fabuleuses (24-26/11, puis au TJP de Strasbourg les 04-06/03). Krump. Dans ce solo sublime qu’est Cellule, la danseuse Nach utilise les mouvements du krump quelle détourne avec sensibilité (le 20/01, également à Pôle Sud à Strasbourg les 18-19/01). Tyrannie. Olivier Martin-Salvan joue un Ubu en fuseau flashy de GRS qui n’aurait pas été VOIR P. 26 renié par Alfred Jarry (28/09). Identité. La quête d’identité dans le collectif d’Hamid Ben Mahi avec Yellel (28/04, également à Pôle Sud à Strasbourg 30/11-02/12). lenouveaurelax.fr
COLMAR COMÉDIE DE COLMAR Créations. Matthieu Cruciani crée La Nuit juste avant les forêts de Koltès avec l’excellent Jean-Christophe Folly (05-15/10, puis à La Comédie de Reims, 30/11-03/12, et aux
Colmar & strasbourg SALLE EUROPE & TJP
Scènes du Jura le 03/05). Un texte incandescent, d’une salve. Meeting Point (18-19/01, et aussi au Carreau de Forbach le 17/11 et au TAPS de Strasbourg les 14-17/12), la dernière création de Catherine Umbdenstock, prend une vieille baraque comme personnage presque principal d’une histoire de souvenirs et d’individus hantant étrangement les lieux. Jeune public. Peu ont vu la création 2020 d’Émilie Capliez autour du strip de McCay : Little Nemo ou la vocation de l’aube. Séance de rattrapage dès 7 ans (25-29/01, également à La Filature de Mulhouse & Espace 110 d’Illzach les 17-20/11, à La Comédie de Reims durant le festival Méli’môme, 31/03-01/04). Festival. Scènes d’automne en Alsace (0919/11) met notamment en avant la création de Juliette Steiner, Services (18-19/11, également à L’Espace 110 d’Illzach le 12/11), revisitant dans une douce folie rituelle les rapports de domination actuels. Laloy. Pinocchio(live)#2, nouvelle création d’Alice Laloy, entre SF et marionnette (1213/11, puis au Théâtre de la Manufacture à Nancy les 26-27/11, au TJP de Strasbourg les 12-13/03, à l’Espace des Arts de Chalon-surSaône les 01-02/04 et au TNP de Villeurbanne les 12-16/04). comedie-colmar.com
LE LÉZARD Lancement. Soirée de concerts pour célébrer la joie et fêter la musique avec le blues touareg de Mossa & Zoya et le jazz manouch d’Engé (11/09, Espace Lézard). Festival. Temps Fort Marionettes présente une douzième édition (21-26/10, Gymnase Anne Frank), qui transporte petits et grands dans le monde onirique de la compagnie Les Imaginoires (Sur le fil) ou les emmène encore dans un voyage au Congo conté par Hubert Mahela (Lisapo Ongé !). Jazz. Entre émotion et espièglerie, scat et envolées lyriques, Marie Mifsud présente son dernier album, Récif (03/12, Le Grillen). lezard.org
© Laetitia Piccarreta
SALLE EUROPE
Dénivelé de la Cie Milieu de Terrain
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Tragique. Le Reste est silence (03/10), de la Compagnie Tout va bien, convoque quatre grandes figures du théâtre de Shakespeare : Lear, Macbeth, Hamlet et Othello. Épique. Comment comprendre la montagne à partir d’un plateau et d’une radio FM sans avoir jamais dévalé aucune pente ? Avec Dénivelé (30/11, et au TJP, 09-11/03), la compagnie Milieu de Terrain apporte sa réponse. Post-apocalyptique. Dans un parc d’attractions abandonné, une créature erre dans un environnement hostile, habité d’animaux contaminés par une catastrophe écologique. Avec Gimme Shelter (17 & 18/03), la compagnie Yokaï crée un étonnant dispositif immersif. Poétique. Installation chorégraphique et plastique dessinée pour dépasser le rapport RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 OPÉRA
Dijon
Piano. Le très délicat Bertrand Chamayou interprète Les Années de pèlerinage de Liszt (26/11), véritable défi esthétique, tandis que Brad Mehldau met son extraordinaire talent d’improvisateur au service d’un jazz érudit et magnétique (12/03). Azione teatrale. La rare et merveilleuse Isola disabitata de Haydn (27/11-03/12) est dirigée par Leonardo García Alarcón et mise en scène par Luigi de Angelis. Danser. Avec Double Murder (11/12), la Hofesh Shechter Company rassemble le classique Clowns, chorégraphie explosive, et un inédit contemplatif conçu pour lui répondre, The Fix. Jeune public. Avec L’Oiseau-Lignes (15/12, dès 10 ans) Chloé Moglia et Marielle Chatain proposent un fascinant dialogue en suspension entre pesanteur et apesanteur. Love, etc. Avec Amore (28 & 29/01, également aux 2 Scènes de Besançon, 30/1102/12), Pipo Delbono est parti de la souffrance et de l’isolement dans lesquels l’a enfermé la pandémie, et du besoin d’y réagir en se remettant en quête de l’Amour, guidé par la nostalgie déchirante du fado. Mozart ! Le nouveau directeur de la maison bourguignonne Dominique Pitoiset met en scène Così fan tutte (06-12/02). Baroque. Alain Françon s’attaque au Couronnement de Poppée de Monteverdi (2026/03). Culte. Aucune idée (08 & 09/04) : tout un programme ! Ou son contraire… car le grand art de Christoph Marthaler est tout sauf programmable. opera-dijon.fr
OPÉRA
© Alain Monot
ORCHESTRE DIJON BOURGOGNE
L’Oiseau-Lignes de Chloé Moglia et Marielle Chatain
entre scène et salle, Papier 2 (01 & 02/04) de Maud Marquet est un itinéraire sensoriel et mnésique. salle-europe.colmar.fr
THÉÂTRE MUNICIPAL One woman show. Égoïste d’Olivia Moore (05/11) est un spectacle sur l’amour de soi et celui des autres… éventuellement. TV. L’excellent Pablo Mira dit des choses contre de l’argent (11/11). Voilà spectacle jubilatoire, permettant de retrouver celui dont on apprécie l’humour décalé chez Yann Barthès. Piano à bretelles. Autour de l’accordéon, 40
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les quatre fille d’Oum Pa Pa (29/01) osent le mélange des genres. theatre.colmar.fr
DIJON CIRQ’ÔNFLEX Festival. Fin du festival Attractions, qui prend place dans le quartier de Fontaine d’Ouche à Dijon, avec du cirque musical sous Yourte (29/0903/10) : un accordéoniste et une fanfare de poche accompagnent et chantent une joyeuse foire aux souvenirs dans un cabaret acrobatique. cirqonflex.fr
French. Avec la violoncelliste Anne Gastinel, Ariane Matiakh explore un programme Fauré / Saint-Saëns / Ravel (25/09). Tango. Un hommage à Piazzolla (16 & 17/10, mais aussi le 15/10 à L’Écrin de Talant) avec le bandonéoniste William Sabatier. Disney. Les musiques des plus célèbres dessins animés sont en tournée (11/12, Zénith de Dijon, 19/12, Halle Tony Garnier de Lyon). orchestredijonbourgogne.fr
THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE À ne pas manquer. Carte noire nommée désir de Rébecca Chaillon (01-04/12, et aussi au Théâtre de la Manufacture de Nancy, 0913/11) retrace le voyage initiatique de celle qui se définit comme « meuf noire grosse queer catho valide ». La leçon d’Amore de Pippo Delbono (28-29/01, également aux 2 Scènes de Besançon, 30/11-02/12). La dernière pièce de l’excellente Pauline Bureau, Pour Autrui, autour de la GPA (29/03-01/04, RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 et à L’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône les 28-29/01, à la Comédie de Colmar les 09-10/03, à La Filature de Mulhouse les 2223/03). Créations. Le Chemin de fer d’Alexis Forestier (16-19/11), pièce performative qui interroge les liens à notre passé industriel et la rêverie du voyageur, la jeunesse et la résilience de Julie Berès dans La Tendresse (23-27/11) avec notamment l’incroyable Bboy Junior, breakdancer malgré une poliomyélite ! Last but not least. L’Avare, dernière pièce de Benoît Lambert (02-11/02) qui part à la Comédie de Saint-Étienne, remplacé à la direction du TDB par l’ancienne élève de l’École du TNS Maëlle Poésy. tdb-cdn.com
LA VAPEUR Histoire. De Maurice Chevalier à Dominique A et de MC Solaar à PNL, Nicolas Sauvage décrypte 100 ans de musique française. Pour le 4e épisode de ce cycle de conférences (09/10), retransmis en direct sur Radio Dijon Campus et disponible en podcast sur le site de La Vapeur, feu sur les années 1990 et la fin du millénaire ! Fresh. Lilly Wood and the Prick (15/10) revient avec Most anything, album pop et oxygénant (aussi le 09/10 à la Cartonnerie de Reims, le 14/10 à la BAM de Metz, le 16/10 à La Laiterie de Strasbourg). Gibson. Le guitariste Paul Personne (+ Gabriiel) reprend la route avec Funambule (25/11). Entre blues et rock, le mélodiste porte son regard sur la société (également le 26/11 à La Rodia de Besançon et le 27/11 à La Laiterie de Strasbourg). Hip-Hop poétique. Gaël Faye partage sa plume et sa scansion dans des titres aussi subtils qu’ensorcelants (le 17/12, et aussi avant
cela le 17/10 à La Laiterie de Strasbourg, le 29/10 à La Rodia de Besançon, le 30/10 à L’Autre Canal de Nancy, le 26/11 à La Cartonnerie de Reims et le 16/12 à la Rokhal d’Eschsur-Alzette au Luxembourg). lavapeur.com
DRUSENHEIM PÔLE CULTUREL Ballade. Messager du bonheur, Gérard Lenormand est un incontournable de la chanson française (25/02). Mythique. Raspoutine, Daddy Cool, By the Rivers of Babylon… le légendaire disco groupe Boney M chante ses plus gros succès (10/06). pole-culturel.drusenheim.fr
de l’auteur Guillaume Cayet (03/05, et aussi au Théâtre de La Manufacture de Nancy, 0106/03, puis à Nest à Thionville les 09-10/03). Guillaume. Gallienne s’échappe de la Comédie française pour François, le Saint jongleur (03-04/11), seul en scène du nobélisé Dario Fo. Emmanuel. Meirieu porte sur scène le quotidien des clochards de Paris dans Les Naufragés (05/04) d’après le texte poignant de Patrick Declerck. Festival. Fragments (30/11-02/12), étapes de travail de jeunes équipes artistiques prometteuses et aussi le festival Au fil des mondes (01-04/02), mettant à l’honneur les musiques d’Asie. theatrelesalmanazar.fr
ERSTEIN MUSÉE WÜRTH
DUDELANGE CENTRE CULTUREL OPDERSCHMELZ Fables. 30 ans que Thomas Fersen se balade entre contes et mélodies, chansons, farces et poèmes (15/10). Jazz. Avec Polyhymnia, la trompettiste Yazz Ahmed rend hommage aux femmes, de Rosa Parks à Ruby Bridges (10/11). Légende. Toute la musique qu’aime le chanteur, pianiste et harmoniciste britannique John Mayall (09/03), elle vient de là, elle vient du blues… opderschmelz.lu
ÉPERNAY LE SALMANAZAR Luigi. Dans C’est comme ça (si vous voulez), Julia Vidit revisite Pirandello avec le concours
ESCH-SUR-ALZETTE ROCKHAL
Festival. Au programme de la nouvelle édition de Piano au Musée Würth (10-14/11) on trouvera aussi bien le drôle et singulier BDconcert du virtuose Sébastien Troendlé avec son complice dessinateur Chabouté (10/11) que les Waldszenen de Schumann jouées par Claire Désert (14/11). Ségrégation. Tania de Montaigne interprète une adaptation de son texte Noire. La Vie méconnue de Claudette Colvin, monologue mis en scène par Stéphane Foenkinos (27/02). musee-wurth.fr
SAISON CULTURELLE Shepam, Pow, Blop, Wizz ! À l’occasion des 30 ans de la disparition de Serge Gainsbourg, la ville d’Erstein rend hommage à l’inoubliable chansonnier : exposition, concerts (y compris pour les kids), conférences, films et masterclass sont au programme de Gainsbourg ? Affirmatif ! (08/10-14/11). Concert privé. Écouter les balades blues rock de Thomas Schoeffler Jr. dans votre jardin, les compositions soul de Londe dans une ancienne usine… Chaque trimestre, quelques privilégiés pourront assister aux showcases proposés par la ville dans des lieux inédits d’Erstein, en association avec le label #14 Records. ville-erstein.fr
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KULTURFABRIK
Hoshi
Pop & Rap. Les luxembourgeois Chaild et Maz partagent la scène pour transporter la foule avec des titres fusionnant leurs identités et brisant les frontières (23/10). Tropicalisme. Sessa est un ovni de la musique brésilienne. Un folk songwriter, quelque part entre Caetano Veloso et Carlos Jobim, avec des touches de psychédélisme et de jazz mystique (10/11). kulturfabrik.lu POLY 238
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Saisons 21/22 ROCKHAL Star. Entre supplique et colère, la jeune et très engagée Hoshi chante l’amour et la tolérance (le 29/10, et avant cela le 23/10 à l’Espace Lac de Gérardmer). Sensible. Journal intime d’une rupture, Paradis est le quatrième album du discret Ben Mazué (le 04/11, puis le 05/11 au Kursaal de Besançon, le 07/01 à l’Ed&N de Sausheim, le 09/01 à la Salle Poirel de Nancy et le 05/02 au PMC de Strasbourg). Pop. 10 ans de carrière pour les Parisiens gouailleurs de Feu ! Chatterton (le 18/11, et aussi le 12/10 au théâtre Edwige Feuillère de Vesoul, le 19/10 à La Commanderie de Dole, le 14/12 à la BAM de Metz, le 16/12 à La Vapeur de Dijon, le 12/01 à La Rodia de Besançon et le 22/01 à La Laiterie de Strasbourg). rockhal.lu
FORBACH LE CARREAU Festivals. Loostik, dédié au jeune public franco-allemand entre Forbach et Sarrebruck (08-14/11) avec notamment le théâtre d’ombres de Natchav, ou l’émancipation de circassiens face à la dictature (09-10/11, puis à MA Scène nationale à Montbéliard le 15/12), ou encore le Hocus Pocus de Philippe Saire (09-10/11) . Et puis aussi Primeurs, pour l’écriture dramatique contemporaine (en français et en allemand, 17-19/11).
Cirque. Le monde qui vacille et s’écroule littéralement dans Optraken des circassiens du Galactik Ensemble (30/11). Pouchkine. Dans Onéguine (14-15/10 et aussi à La Comédie de Reims, 19-22/10), Jean Bellorini nous plonge, casque sur les oreilles en bi-frontal, dans l’intimité de jeunes russes aristocrates du XIXe siècle, entre rivalités amoureuses, passions et spleen d’une jeunesse dorée. Théâtre. Les monologues au féminin de l’iranien Gurshad Shasheman (Les Forteresses, 19/10, et aussi au CCAM de Vandœuvre-lèsNancy les 15-16/10). Meeting Point, la dernière création de Catherine Umbdenstock prend une vieille baraque comme personnage presque principal d’une histoire de souvenirs et d’individus hantant étrangement les lieux (17/11 et aussi au TAPS de Strasbourg, 14-17/12, à La Comédie de Colmar les 18-19/01). Dans Fanny, l’autrice québécoise Rebecca Déraspe fait le portrait d’une quinqua accueillant avec son mari une jeune étudiante engagée qui va bouleverser son quotidien. Une mise en scène de Rémy Barché (03-04/02, et aussi à La Comédie de Reims les 16-19/11, et à Nest à Thionville, 26-28/11). Peter Brook. Dans Tempest Project (les 25-26/11, puis à Scènes Vosges, 07/12), le légendaire Peter Brook livre avec Marie-Hélène Estienne une réflexion sur La Tempête de Shakespeare avec un petit groupe de comédiens. Danse. Aurélie Gandit peut enfin présenter son Étude pour le Cantique des Cantiques
d’après le morceau de Mons, Bashung et Burger (21/10, et également à La Filature de Mulhouse, 22-24/09). VOIR P. 32 Mais aussi la création Knit de Marine Mane (26/01) et l’inclassable Lisbeth Gruwez dansant Bob Dylan (30-31/03). carreau-forbach.com
FRANCFORT-SURLE-MAIN OPER Reprises. La top Carmen de Barrie Kosky (12/11-13/01) et l’éblouissant Lohengrin mis en scène par Jens-Daniel Herzog (09-29/04). Expérimental. Innovant, le metteur en scène new-yorkais R. B. Schlather s’attaque à L’Italiana in Londra de Cimarosa (26/09-30/10). Rareté. Considéré comme l’opéra national danois, Maskerade de Carl Nielsen (31/1004/12) est monté par Tobias Kratzer. Création mondiale. Signé Hauke Berheide, The People Out There (22/12-05/01) questionne l’impact du tournant numérique sur les relations interpersonnelles et sociales. Rencontre. Avec Warten auf Heute (16/0105/02), David Hermann combine quatre œuvres d’Arnold Schönberg et Frank Martin pour une réflexion sur le passage du temps. Classique contemporain. Ulisse de Luigi Dallapiccola (26/06-21/07) est mis en scène par Tatjana Gürbaca : ça risque de décoiffer ! oper-frankfurt.de
FORBACH, strasbourg & colmar
© André Muller
LE CARREAU, TAPS & COMÉDIE DE COLMAR
Meeting Point de Catherine Umbdenstock
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FRIBOURG-EN-BRISGAU THEATER FREIBURG Love, etc. Peter Carp monte Manon de Massenet (à partir de décembre). Création mondiale. Avec The Folly (à partir de mai), Fabrice Bollon – qui dirige également cette production – évoque Érasme, posant la question de savoir quand l’impartialité perd sa justification. Danse. En octobre est proposé un focus sur le Canada avec Bygones par l’Out Innerspace Dance Theatre et Saudade, chorégraphie de Joshua Beamish. theater.freiburg.de
FROUARD THÉÂTRE GÉRARD PHILIPE Théâtre & musique. Avec Baston ? (12/11), la Compagnie Brounïak questionne le conflit et sa gestion. Marionnettes. Spectacle à l’esthétique inspirée du théâtre de papier, Papic (21/11, dès 3 ans) évoque l’enfance avec tendresse. Jonglage. Ça colle, ça glisse, ça tache : Gadoue (06/03, dès 5 ans) porte son nom à merveille ! culture.frouard.fr
GUEBWILLER LES DOMINICAINS DE HAUTE-ALSACE Métal. Amenra (22/09), c’est l’obscurité et la lumière, la douleur et la perte, mais aussi la guérison qui forgent l’âme de leur tout der-
nier album, De Doorn. À déguster en live et en rugissements ! Festival Musica. À la découverte de Suzanne Ciani (08/10) qui préfigura l’avenir des musiques électroniques dans les seventies. Bluegrass. Dirty Deep (12/11) plonge dans la magie trouble des paysages de Louisiane et du Mississippi. Événement. Passages - La Résonance céleste des voix (21/11) réunit 36 chanteurs d’Allemagne, de Suisse et de France pour un programme composite où Brahms tutoie Ravel. les-dominicains.com
HAGUENAU RELAIS CULTUREL Nos coups de cœur. Dans le cercle des hommes du Nil (12/10) fait découvrir l’art égyptien du Tahtib, mêlant joute, danse et art martial, l’afrofolk d’Irma (26/10), la création de la compagnie en résidence Les attentifs intitulée In/Somnia (09/11) – six personnages venus d’horizons différents se rencontrent sur une île-utopie –, une échappée littéraire et intime avec Jacques Weber (17/12), un nô moderne intitulé Le Tambour de soie (25/01) dans le cadre de Décadanse, festival des Scènes du Nord Alsace (17-29/01), J’ai des doutes (08/03), spectacle signé François Morel sur Raymond Devos, et KarL (26/03, à partir de 3 dans), une réflexion sur l’existence autour d’un petit bonhomme carré, un peu trop carré. La Philharmonie de Poche. L’ensemble classique propose plusieurs rendez-vous, dont une échappée belle plein Nord (13/03). Rires & chansons. Festival emblématique, L’Humour des Notes célèbre sa 29e édition
ILLKIRCH-GRAFFENSTADEN L’ILLIADE & LA VILL’A
en salle et dans les rues à l’automne (0106/10), puis fête son 30 e anniversaire au printemps (21-29/05). On ne manquerait ça sous aucun prétexte ! Présentations de saison. Accompagnée d’une causerie délirante intitulée Qu’est-ce que le théâtre ? (09 & 10/09). relais-culturel-haguenau.com
HEIDELBERG THEATER HEIDELBERG Création mondiale. Sous le titre Gerade sein und Mensch werden: Sophie Scholl (à partir du 01/10), Karola Obermüller célèbre la résistante au nazisme. Festival. L’Hiver à Schwetzingen investit le théâtre rococo du célèbre château dès le mois de novembre. Bel canto. I Capuleti e i Montecchi de Bellini (à partir du 28/11) est monté par Andrea Schwalbach. Danse. Oscillation (à partir du 23/11), dernière partie d’une trilogie initiée par le directeur du Ballet de la maison, Iván Pérez. theaterheidelberg.de
ILLKIRCHGRAFFENSTADEN L’ILLIADE & LA VILL’A Abbey Road. Les Brünettes – quatre nanas dans le vent venues d’Allemagne – chantent a capella et revisitent le répertoire des Beatles (30/10). Mythique. Le photographe Éric Coutarde invite petits et grands à découvrir la Californie, en conférence et en images, entre lieux mythiques et spots ahurissants (19/10). Impro. Vous avez entre 4 et 104 ans ? Alors les contes éphémères improvisés par les comédiens et musiciens d’Inédit Théâtre sont faits pour vous (05 & 06/02, Vill’A) ! illiade.com
ILLZACH ESPACE 110
Les Brünettes
Performance. Dans El Agitador Vórtex (02/10), Cris Blanco interroge les codes du genre cinématographique, du théâtre, de la musique, mélange les formats et joue avec les règles. Coup de cœur. West (07/10) raconte l’histoire de deux sœurs passionnées par West Side Story : une variation sur la construction d’une vocation. Chorégraphique. Après deux annulations consécutives, la 6e édition de La Quinzaine de la danse (11-29/01, avec La Filature de Mulhouse et le Ballet de l’Opéra national du Rhin) nous emporte du grand répertoire à la création, des grands noms aux nouveaux visages. POLY 238
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Luxembourg
© Johann Sebastian Hänel
PHILHARMONIE
Orchestre philharmonique du Luxembourg
Géopolitique. Avec Danubia-Miroir des Eaux (02 & 05/02, et au TJP Strasbourg, 24-28/11) Ramona Poenaru et Gaël Chaillat invitent à un voyage au fil du fleuve. Classique. OC&C0 propose Oncle Vania de Tchekhov (22/03). Saudade. Gisela João (01/04) secoue le fado d’une vibrante énergie et lui insuffle une insolente vitalité. Son style contemporain, simple et sans artifice, est le produit d’une formation classique et d’une détermination à s’immerger pleinement dans son art. espace110.org
KARLSRUHE BADISCHES STAATSTHEATER KARLSRUHE Mozart ! La finta giardiniera (à partir du 23/10) n’est pas l’opéra le plus célèbre d’Amadeus mais cette œuvre – ici mise en scène par Anja Kühnhold – peut être considérée comme la matrice de ses partitions les plus célèbres. Opérette. Comtesse Maritza d’Emmerich Kálmán (à partir du 11/12), histoire de finir l’année en beauté ! 44
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Haendel Power. Riche programmation pour le cru 2022 des Händel-Festspiele (18/0202/03), avec notamment une nouvelle mise en scène de Hercules (18/02-01/03). Monumental. Aïda de Verdi (à partir du 26/06) mis en scène par Jasmina Hadžiahmetović. Ballet. Bridget Breiner chorégraphie Maria Stuart de Schiller (à partir du 24/04). staatstheater.karlsruhe.de
TOLLHAUS Festival. La cinquième édition de l’Atoll Festival (15-26/09). VOIR P. 34 Fado. Forte de ses origines africaines, Mariza (17/11) apporte d’étonnantes couleurs au blues des bords du Tage. World jazz. Avec son oud, Rabih Abou Khalil (06/02) transcende la tradition orientale pour la maintenir en vie. Guitar hero. Au programme du Shapeshifting Tour de Joe Satriani (22/04), de grands classiques comme Surfing With The Alien, Cherry Blossoms… Cultissime. Le retour à la scène d’Andrew Eldritch et de son groupe The Sisters Of
Mercy (08/04) est un événement qui ne se manque sous aucun prétexte. Le gothique post-punk à son apogée ! tollhaus.de
KINGERSHEIM CRÉA Marionettes. Un lion vaniteux rencontre un éléphant esseulé. Avec Moi et toi sous le même toit, Art Zygote conte avec tendresse la force de l’amitié (dès 3 ans, 09/12, Espace Tival). Festival. Après une année blanche, Momix fête ses 30+1 ans avec 60 compagnies venues d’Europe et d’Amérique. De quoi enchanter tous les mômes (27/01-06/02) ! crea-kingersheim.com
Lingolsheim MAISON DES ARTS Lancement de saison. Après-midi festif en famille autour de plusieurs spectacles, notamment Klonk et Lelonk de la CompaRETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 gnie Les Arts du Pitre, ou encore La carte du Tendre par la Compagnie Atelier Mobile (26/09). Ciné-concert. Avec Les Hommes qui marchent, le clarinettiste Yves Dormoy et son trio de jazz parcourent la prose raffinée de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier et emportent le public dans un périple à travers le Japon (17/11). mdarts-lingo.com
LUNÉVILLE LA MÉRIDIENNE
LUNÉVILLE LA MÉRIDIENNE Women’s rights. Frédéric Fage met en scène l’adaptation théâtrale du film La Journée de la jupe (15/10), prise d’otage d’une classe par une prof au bord de la crise de nerf… Pablo2. Tango Neruda (13/11) s’inspire de Toros, livre à quatre mains entre Pablo Neruda et Pablo Picasso autour de la corrida et de l’Espagne. London. La Maison du loup invente les circonstances d’écriture du chef-d’œuvre de Jack London, Le Vagabond des étoiles. lameridienne-luneville.fr
LES THÉÂTRES DE LA VILLE DE LUXEMBOURG Opéra. La très belle mise en scène des Nozze di Figaro de Mozart signée James Gray (06-10/10), The Pajama Game (28-31/12), comédie musicale iconique des années 1950, Carmen de Bizet (06-10/03) est déconstruit par Dmitri Tcherniakov, Dido & Aeneas de Purcell (27 & 29/04) est monté par Franck Chartier du collectif Peeping Tom. Danse. Dragons, chorégraphie d’Eun-Me Ahn (19 & 20/10) dresse un portrait de l’Asie contemporaine, le retour du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch avec Kontakthof (02-05/12), Lamenta de Koen Augustijnen & Rosalba Torres Guerrero (02 & 03/02) est inspiré des chants de deuil grecs, Hands do not touch your precious Me (24 & 26/06), dernière création de Wim Vandekeybus, la Danse Macabre du chorégraphe helvète Martin Zimmermann (29/06-01/07) met en scène trois personnages tragicomiques qui n’entrent plus dans le cadre de la norme sociale et, dans leur détresse, s’unissent pour former l’équivalent d’une famille. Théâtre. Fable sociale cruelle et magique, Liliom ou la vie et mort d’un vaurien de Ferenc Molnár est mis en scène par Myriam Muller (18-28/11), The Kingdom, librement adapté de Braguino de Clément Cogitore par Anne-Cécile Vandalem (28 & 29/01) narre l’histoire de deux familles retirées du monde moderne pour vivre en paix avec la nature, l’Hedda Gabler d’Ibsen vu par Marja-Leena Junker (04-11/05). theatres.lu 46
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Tango Neruda
PHILHARMONIE En résidence 1. La mezzo-soprano star Joyce DiDonato interprète Songplay (23/10) mêlant jazz, opéra et tango, incarne Irene dans Theodora de Haendel (24/11) et propose une flânerie musicale dans un jardin des délices très personnel avec Eden (04/03) où figure une pièce de Rachel Portman pour elle écrite. En résidence 2. La violoniste Isabelle Faust fait apprécier l’étendue de son archet (27/09, 25/02 & 12/05). God save the music. La saison opère un large zoom sur le Royaume-Uni, que ce soit dans les œuvres programmées ou les artistes invités avec notamment un concert du London Symphony Orchestra dirigé par Sir Simon Rattle (30/09 & 01/10). Culte. Lambert Wilson chante Kurt Weill (24/09), Mozart et les femmes… vu par Rolando Villazón (08/11), Cecilia Bartoli chante le Stabat Mater de Pergolese (05/12) et Daniel Barenboim dirige le West-Eastern Divan Orchestra (09/05). Festivals. Atlântico, un voyage sonore au Portugal et dans les pays lusophones (0916/10), les vingt ans de rainy days dédié aux sonorités contemporaines (12-21/11), et le Fräiraim Festival (24-26/06), permettant de
(re)découvrir la scène musicale de la Grande Région. philharmonie.lu
LES ROTONDES New Soul. Musicienne et poétesse de grand talent, la britannique Arlo Parks est en concert (07/12). Sublime. La Baracca. Avec Famiglie (12-16/01), des mannequins de vitrine de magasin servent de décor à une interrogation sur les familles d’aujourd’hui. Place de Mai. L’excellente compagnie nancéenne La Mue/tte rend hommage aux mères de la place de mai en Argentine. Les Folles (28-31/01), ou la résistance à la dictature en marionnettes et musique. Kids. Manta (06-10/10), installation performative pour tout petits, entre musique et lumière projetée. Série B. Une soirée freaks et rétro en deux temps pour jouer à se faire peur et en rire, avec un clin d’œil aux Envahisseurs et I killed a monster… dans les Ardennes (12-13/11). Cinéma. Regarding Susan Sontag, documentaire-enquête sur la vie d’une icône féministe (05/10). rotondes.lu RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
© Gilbert Scotti
LUXEMBOURG
Saisons 21/22 Opera Underground. Carte blanche est laissée à Agnes Gayraud (La Féline) et Bertrand Belin (13-21/11) Création mondiale 1. Zylan ne chantera plus de Diana Soh, opéra itinérant dans la Métropole de Lyon et la Région (novembre). Festival Secrets de famille. Avec Rigoletto de Verdi (18/03-07/04) mis en scène par Axel Ranisch, le très rare Irrelohe de Schreker (19/03-02/04) donné en première française et une production de Katie Mitchell de la Trauernacht de Bach (19-27/03). Création mondiale 2. Shirine de Thierry Escaich (02-12/05) : sur un livret d’Atiq Rahimi se déploie une épopée tragique fondatrice de la culture iranienne. opera-lyon.com
LYON THÉÂTRE DE LA CROIX-ROUSSE
ORCHESTRE NATIONAL DE LYON
© Marcelo Lipiani
Artiste associé. L’immense Maria João Pires sera présente pour deux programmes et c’est un événement : dans le premier, elle donne le Concerto pour piano n°9 de Mozart et sa Sonate pour violon et piano n°4 avec Nikolaj Szeps-Znaider (13/11), le second est un récital fait de pièces de Schubert, Debussy et Beethoven (20/11). Compositrice associée. L’univers de l’iconoclaste Olga Neuwirth en 4 concerts avec notamment la création mondiale de Dreydl (20 & 21/05). Ensemble associé. Les Nouveaux Caractères inscrit le baroque dans la contemporanéité avec deux programmes Rameau (14/02 & 07/06). Culte. Lang Lang joue les Variations Goldberg de Bach (25/10). Duo. Associée à la pianiste Ioulianna Avdeïeva, la violoniste Julia Fischer propose un programme aux mille couleurs (08/11). B!ME. Dans le cadre de la Biennale des musiques exploratoires, l’Orchestre explore les liens entre musique et architecture (26 & 27/03). auditorium-lyon.com Julia de Christiane Jatahy
LYON MAISON DE LA DANSE Huge. Le Lovetrain2020 endiablé d’Emmanuel Gat (12-13/10). Artiste associé. L’énergie collective et rituelle de Näss (les gens) du marocain Fouad Boussouf (12-15/04, également au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy les 23-24/11 et au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul le 02/12). Ailleurs. Les Dragons de l’inclassable coréenne Eun-Me Ahn (21-22/09) Festival. Sens Dessus Dessous (01/03-10/04) 48
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sur le thème de l’amour. Culte. A Quiet Evening of Dance, retour fracassant de William Forsythe (23-24/11), l’humanité en miroir de Maguy Marin dans Umwelt (02-03/02) et le Lac des cygnes de Preljocaj (02-12/12) avec 26 interprètes ! Famille. Générosité et excellence avec Dans ce monde de Thomas Lebrun (04-08/01). maisondeladanse.com
OPÉRA Verdi ! Le génial Barrie Kosky monte Falstaff (09-23/10).
THÉÂTRE DE LA CROIX-ROUSSE Hit. Avec son théâtre peuplé d’images prétournées et projetées, la brésilienne Christiane Jatahy revisite Mademoiselle Julie dans Julia (09-13/11), le concert écolo-hippie-révolutionnaire d’épouvantails signé Philippe Quesne, Farm Fatale (17-19/11, et aux 2 Scènes de Besançon les 23-24/02), ou encore le Viril de David Bobée réunissant Béatrice Dalle, Casey et Virginie Despentes sur le post-rock de Zëro (28-30/03). Girl. Avec My Body is a cage, la charismatique Ludmilla Dabo est seule en scène, façon cabaret autour de l’épuisement (13-16/10). Création. Après une version itinérante, Johanny Bert crée la version salle du Processus RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 d’Hélène Cixous et une musique de JeanJacques Lemêtre. Brésil. Christiane Jatahy dévoile Entre chien et loup, succès d’Avignon (20/11-04/12, puis au Maillon de Strasbourg les 22-24/02 et au Théâtre du Jura à Delémont le 07/04). Centenaire. Programmation XXL pour les 100 ans du Théâtre national populaire avec notamment le mythique Ça ira(1) Fin de Louis de Joël Pommerat (09-19/09) sur la révolution, ou encore une plongée en SF autour de Bradbury (Fahrenheit 451 par Mathieu Coblentz, 21-25/09). K.O. corde. raide de l’anglaise debbie tucker green explore les limites humaines du pardon, de la vengeance et de la résilience (12-14/05). Scintillant. Emma Dante revient avec Misericordia, sur la grande solitude et force des femmes de bidonville (10-20/11, puis à MA Scène nationale à Montbéliard le 01/03). Laloy. Pinocchio(live)#2, nouvelle création d’Alice Laloy entre SF et marionnette (1214/04, et aussi à la Comédie de Colmar les 12-13/11, puis au Théâtre de la Manufacture de Nancy les 26-27/11, au TJP de Strasbourg les 12-13/03, à l’Espace des Arts de Chalonsur-Saône les 01-02/04). tnp-villeurbanne.com
METZ L’ARSENAL
MANNHEIM
© Fabrice Mabillot
NATIONALTHEATER MANNHEIM
Angélique Kidjo & Alexandre Tharaud — Mots d’amour
de Catherine Verlaguet autour de l’avortement (13-15/01). Il présente aussi Une Épopée jeune public (11-12/06) qui est une journée entière de spectacle ! croix-rousse.com
THÉÂTRE DES CÉLESTINS Festival. La 7e édition de Sens Interdits (1330/10) réunit notamment Kirill Serebrennikov (Outside, également aux 2 Scènes à Besançon les 04-06/05) ou encore l’excellent Dieudonné Niangouna (De ce côté 19-21/10). Création. Claudia Stavisky, directrice des Célestins, s’attaque à Skylight de David Hare (15/09-03/10). Temps Fort. La Quinzaine Courir à la catastrophe ouvre l’année 2022 (04-15/01) avec Alice Vannier autour de Bourdieu et Sacha Ribeiro, mais aussi la dernière création avignonesque de Caroline Guiela Nguyen. 50
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Stars. Quand Cyril Teste revisite La Mouette de Tchekhov (02-12/03) avec son théâtrefilmique, on écarquille grand les yeux. Ne ratez pas l’immense Tiago Rodrigues (Chœur des amants, 05-14/04) et Aucune idée de Christoph Martaler (12-15/04, également au Maillon à Strasbourg au mois de mai). Coup de cœur. Anne-Cécile Vandalem s’empare du film documentaire Braguino ou la Communauté impossible de l’alsacien Clément Cogitore pour en faire Kingdom (30/03-03/04, également au Théâtre national du Luxembourg, 28-29/01), plongée dans l’enfer des relations entre deux familles perdues dans le grand nord sibérien. theatredescelestins.com
TNP Légende. Ariane Mnouchkine et L’Île d’or (09-26/06) : 35 comédiens sur un texte
Baroque. Ombra e Luce (02-19/10) rassemble des madrigaux de Monteverdi portés à la scène par Markus Bothe. Wagner Power. Luise Kautz monte Tristan und Isolde (14/11-05/12), brouillant les frontières de la réalité. Création mondiale. The Damned and the Saved de Malin Bång (à partir du 16/06) aborde la question de la résistance. Danse. Le chorégraphe Stephan Thoss propose une variation sur Mozart (17/10-25/12). nationaltheater-mannheim.de
MEISENTHAL LA HALLE VERRIÈRE Mythique. À 70 ans, le rockeur belge Arno revient avec Vivre pour chanter de sa voix rauque les plus beaux textes de sa carrière, dans un piano-voix aussi dépouillé que touchant (02/10). Planant. Originaire de Strasbourg, le trio Seamer déploie un univers musical plein de fraicheur, à la croisée du jazz, du rap et de l’electro (10/11). Survoltée. Rythmes soutenus, textes puissants et gestuelle tendue : Suzane dynamite l’electro pop française (11/12). Attention, son retour sur scène va faire des étincelles ! Également à La Laiterie de Strasbourg le 29/09, RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 à la Rockhal de Luxembourg le 06/10 et à la Maison de la culture de Nevers le 08/10. halle-verriere.fr
METZ L’ARSENAL Duo de choc 1. Les pianistes Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia nous emportent aux USA avec des œuvres d’Adams, Reich, etc. (21/09). Culte 1. L’immense Jordi Savall nous transporte au temps de Charles Quint (24/11) avec La Capella Reial de Catalunya et Hespèrion XXI. Culte 2. William Christie et Les Arts Florissants (01/12) donnent des airs de l’ère baroque. Danse 1. Bruno Beltrão a su inventer un langage propre, mélange de mouvements hip-hop décontextualisés et sublimés au profit d’une chorégraphie contemporaine. Sa nouvelle création plonge dans l’air vicié du régime ultra-autoritaire de Jair Bolsonaro (08/12). Jazz 1. Le clarinettiste Michel Portal est de retour sur scène en quintette (07/01) avec un opus épris de liberté intitulé MP85.
Jazz 2. Depuis Same Girl, la chanteuse coréenne Youn Sun Nah (02/02) fait partie du club très fermé des grandes voix du jazz. Duo de choc 2. Le pianiste Alexandre Tharaud et la chanteuse Angélique Kidjo se disent des Mots d’amour (25/03). Danse 2. Come on feet du collectif belge granvat (16/06) est la rencontre de la culture urbaine du clubbing et de la danse contemporaine. Temps forts. Aimez-vous Brahms ? (0820/10) pour une plongée échevelée dans le romantisme, Djazaïr mon amour (11-18/12) propose un voyage en Algérie, Transverses (14-22/01) avec sa quête d’hybridation des styles casse les codes et dépasse les frontières, Saudade (20/02-06/03) pour un voyage au Portugal, À l’ancienne (17-20/03), une plongée dans les musiques du passé de Florence en 1350, Venise en 1530 et Paris en 1714, ainsi que Voix libres ! (28/05-11/06), ode au chant dans toute sa diversité. citemusicale-metz.fr
ESPACE BMK THÉÂTRE DU SAULCY Performance. Gaël Leveugle porte en solo Les Lettres de la religieuse portugaise attribuées à Gabriel de Guilleragues (21-22/10),
un oratorio de fortune puisant dans l’imaginaire. Koltès. Reprenant Dans la solitude des champs de coton (17-19/11) de Bernard-Marie Koltès, la grande Marie-Claude Pietragalla signe avec Julien Derouault une mise en scène où le corps à corps prévaut (également le 20/01 à l’Espace Rohan de Saverne). Textes sans frontières. Des mises en voix d’écritures contemporaines étrangères (1416/12). Jeunesse. Cécile Arthus s’empare de The Lulu Projekt (09-10/12, puis au TAPS à Strasbourg les 25-28/01) de Magali Mougel, histoire d’un ado pas comme les autres, vivant dans une tour au milieu des champs, rêvant d’être une star punk avec son copain malvoyant Moritz. Leur imaginaire redistribue toutes les cartes. ebmk.fr
OPÉRA-THÉÂTRE Délirant. Paul-Émile Fourny monte la comédie musicale de Mel Brooks, Frankenstein Junior (28-31/10). Amoureux 1. Valentina Turcu chorégraphie Roméo et Juliette de Prokofiev (18-21/11). Fellinien. Le Chapeau de paille d’Italie de Nino Rota (21/12-01/01), opéra riche en
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LES TRINITAIRES & LA BAM
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Saisons 21/22 rebondissements et en quiproquos signé du compositeur fétiche de Fellini. Amoureux 2. La Princesse de Clèves, chorégraphie de Julien Guérin sur des musiques de Vivaldi (04-06/03). Bel canto. Une mise en scène signée Francesca Lattuada de La Sonnambula de Bellini (27-31/03, puis à l’Opéra de Reims les 13 & 15/05). Provençal 1. Un spectacle en deux soirées sur les Lettres de mon moulin (11-14/05) conçu, mis en scène et joué par Philippe Caubère. Provençal 2. Une mise en scène de PaulÉmile Fourny de Mireille de Gounod (0307/06), tragédie adaptée de Mistral. opera.metzmetropole.fr
ORCHESTRE NATIONAL DE METZ L’âme russe. Étoile montante du violon, Diana Tishchenko montre l’étendue de son talent avec le Concerto de Tchaïkovski (10/12, puis le 11/12 à La Comète de Châlons-enChampagne). Classical swing. La trompettiste Airelle Besson définit ainsi son projet de composition aux côtés de l’Orchestre (22/01) : « À la croisée du classique et du jazz, parfois les sons se croisent, se mêlent et s’entrechoquent. » Carte blanche. Le pianiste Francesco Tristano (13/05) mêle avec élégance Bach et ses compositions aux couleurs postmodernes. Création mondiale. Voix des terres rouges de la compositrice luxembourgeoise Catherine Kontz (18/06, et aussi le 17/06 à L’Arche de Villerupt, puis le19/06 à Sanem, au Luxembourg) s’inspire de la géologie du bassin minier. citemusicale-metz.fr
LES TRINITAIRES & LA BAM Cru. Originaire de la cité des 3 tours à Sevran, dans le 93, le rappeur DA Uzi déborde d’énergie comme de rage… d’écrire et de réussir (le 09/10 aux Trinitaires et le 6/11 au Noumatrouff de Mulhouse). Déjanté. Moustaches de rigueur, look kitsch et coloré… Les six compères de Deluxe font résonner avec humour l’electro pop à la française (12/11, BAM) Poétique. Providence, c’est le nom du dernier album de la sublimissime songwriteuse d’Atlanta, Shannon Wright. Un piano-voix magistral, qui désoriente, émeut et touche l’âme (20/11, BAM). citemusicale-metz.fr
MONTBÉLIARD MA SCÈNE NATIONALE Théâtre. Emma Dante revient avec Misericordia, pièce sur la grande solitude et la force des femmes de bidonville (01/03, également à Nest à Thionville les 02-03/10, et au TNP de Villeurbanne, 10-20/11). Famille. Première incursion sur les terres du jeune public pour Kaori Ito (Le monde à l’envers, 13/10), qui présente aussi Chers, une pièce pour la comédienne-chamane incroyable qu’est Delphine Lanson (08/03), et aussi celle du collectif catalan El Conde de Torrefiel (29/01, dès 7 ans). Le théâtre d’ombres de Natchav, ou l’émancipation de circassiens face à la dictature (15/12, et avant cela au Carreau de Forbach les 09-10/11). Danse. La brésilienne Alice Ripoll lance son CRIA avec onze jeunes interprètes des favelas de Rio (30/11). Le spectacle cabaret d’Israel Galván avec le chanteur Niño de Elche (28/01), mais aussi les Mille et une danses de
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LA FILATURE
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Thomas Lebrun, traversant 20 ans de créations avec sa compagnie (08/02). Musique. La Chica au piano (19/10, et aussi le 16/10 au Cheval blanc de Schiltigheim), entre cumbia, hip-hop et spleen… Incontournable. L’excellent Sergi López, seul en scène aux Bains douches (08/10) dans un solo composé par Nassim Soleimanpour. L’interrogation du temps portée par Martin Palisse, entre jonglage, menace de mucoviscidose et ivresse de la vie face à l’inexorable (Time to tell, 09-10/11). La danse-théâtre de Nathalie Béasse, trop rarement jouée dans le Grand Est (Aux éclats…, le 12/11, et également au Maillon strasbourgeois). Adrien M & Claire B déploient leur univers fait de réalité augmentée liée à l’eau (Acqua Alta, 20-21/01). L’immersion en Tête-à-tête avec casque de réalité virtuelle (19-20/01) et sa version livresque dont les pages vivent étrangement, La Traversée du miroir (17/01), et Faune, installation d’affiches prenant vie grâce à une application sur smartphone (01/01). Festival. Les Green Days avec leur cortège de propositions gratuites et parfois participatives dans l’espace public (07-11/06). mascenenationale.eu
MULHOUSE LA FILATURE Les Nuits de l’étrange. Du 29 au 30 octobre avec des versions ciné-concert à La Filature de L’Étrange Noël de monsieur Jack par l’OSM et de La Nuit des Morts-Vivants de Georges A. Romero sur des musiques de Joachim Latarjet. Festivals. La Quinzaine de la Danse (en janvier, dates à venir) prévoit notamment trois soirées d’exception avec 11 ballets européens de haut niveau ! Les Vagamondes, festival sans frontière, est déplacé en mars avec Pauline Bureau, Rocìo Molina et d’autres (programme complet annoncé ultérieurement). Vroum. Performance étonnante pour un motard dans un parking par François Chaignaud sous la direction de Théo Mercier (Radio Vinci Park). Danse. Aurélie Gandit peut enfin présenter son Étude pour le Cantique des Cantiques d’après le morceau de Mons, Bashung et Burger (22-24/09, puis au Carreau de Forbach VOIR P. 32 le 21/10). Néo-humain. Le Munstrum Théâtre crée Zypher Z. à Mulhouse (09-12/11, ainsi qu’aux Célestins de Lyon les 25-29/01, et au Manège de Reims, avec La Comédie, les 0406/05). Un conte kafkaïen dans le cadre de Scènes d’automne. Ils jouent aussi leur précédente pièce, Les Possédés d’Illfurth (0508/10). 2e partie de saison. Prudence à La Filature qui n’a pas figé les dates de la suite de sa saison mais qui proposera les grands noms de la scène que sont Gisèle Vienne et Adèle Haenel avec L’Étang, et l’excellente Dame RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 tamment le Concerto de Brahms (17 & 18/09) Les Quatre Saisons de Vivaldi recomposées par Max Richter (14 & 15/01). Créations mondiales. Le Concerto pour piano de David Lampel par Marie-Josèphe Jude (22 & 23/10) et une œuvre de Fabien Cali (08 & 09/04, puis 10/04 à Saint-Paul, Strasbourg), compositeur en résidence qui revendique son passé de guitariste rock. Événement. La Musique des âmes de Fabien Cali (05/05, puis 06/05 à Saint-Matthieu, Colmar), dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv. Ciné-concerts. L’Étrange Noël de Monsieur Jack (29 & 30/10) et Le Magicien d’Oz (29 & 30/04). Midi Musique. À l’heure du déjeuner, l’OSM propose une pause en musique présentée avec espièglerie par Julie Depardieu (22/10, 17/12, 25/02 & 17/06). orchestre-mulhouse.fr
NANCY OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE
NANCY CCN – BALLET DE LORRAINE
© Gilles Abegg
Kind of Blue. Petter Jacobsson et Thomas Caley s’inspirent librement de La Guerre (de la ligne et de la couleur) d’Yves Klein pour donner corps à Air-Condition (10-14/11), qui se complète des installations de toiles cosmiques de Tomás Saraceno. Combo. Réunion en un seul et même programme de la création 2022 de Tatiana Julien, Decay, dans laquelle la jeune chorégraphe expose un ralentissement salvateur dans une ode à l’oisiveté, et la récréation de Twelve Ton rose, pièce sensible de la cultissime Trisha Brown (02-06/03). Inspirations. Avec Pas assez suédois / Not Swedish enough (18-22/05), Dominique Brun, Latifa Laâbissi et Volmir Cordeiro sondent l’héritage des mythiques Ballets suédois avec leur dose de provocation, d’irrévérence et d’ambiguïté. ballet-de-lorraine.com
L’AUTRE CANAL Le Palais enchanté
aux Camélias d’Arthur Nauzyciel ( ), un portrait consacré à Nosfell, le Soulèvement engagé de Tatiana Julien ou encore le Molly Bloom, monologue sulfureux du Ulysse de Joyce par Viviane De Muynck. La grande classe. lafilature.org
NOUMATROUFF Osé. Après dix ans au sein du duo The DØ, Olivia Merilahti renaît sous le nom de Prudence, pour un projet solo entre pop et RnB (29/10). 54
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Class. Retour hypnotisant des deux dandys d’Aaron, qui s’aventurent cette fois dans les sonorités grisantes de l’electro (19/11 et 07/10 à La Vapeur de Dijon, 26/10 au Den Atelier Luxembourg, 04/11 à La Laiterie de Strasbourg, 18/11 à La Rodia de Besançon et 25/11 à L’Autre Canal de Nancy). noumatrouff.fr
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MULHOUSE Artiste associée. À la découverte de la violoniste Alexandra Soumm qui donnera no-
Ménage. La vie domestique est au cœur du nouvel album de Sébastien Tellier, Domesticated, où lessives à étendre et débarrassages de table se succèdent sur une bande-son ultra léchée (11/09). Métissage. Groupe de scène, Les Ogres de Barback décloisonnent la chanson française avec des musiques généreuses (05/11). lautrecanalnancy.fr
OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE Baroque. Chef-d’œuvre oublié depuis près de 400 ans, Le Palais enchanté de Luigi Rossi (03-06/10) est mis en scène par Fabrice Murgia. Français 1. Après un iconoclaste Offenbach RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 Report, Mikaël Serre est de retour pour Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas (28/01-03/02). Contemporain. Julie de Philippe Boesmans (27/03-01/04, puis les 04-07/05 à l’Opéra de Dijon) débute comme un vaudeville mais s’avère un huis clos étouffant. Français 2. Figure emblématique de la Comédie-Française, Denis Podalydès met en scène Fortunio d’André Messager (2430/04). Expérimental. NOX#2 (02/04) est un laboratoire de création lyrique mené par Mathieu Corajod. opera-national-lorraine.fr
ORCHESTRE DE L’OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE Voyage 1. Marta Gardolińska va De Vienne à Paris à la fin du XVIIIe siècle (21 & 22/10)
avec des pièces de Reicha, Mozart et Haydn. Événement. Quatre pianistes pour la trilogie de Julius Eastman (02/10), à l’intensité incandescente et aux titres évocateurs des combats du compositeur : Evil Nigger, Crazy Nigger et Gay Guerilla. Tango nuevo. Le Quatuor Stanislas rend Hommage à Piazzolla (22/11) à l’occasion du centenaire de sa naissance. Voyage 2. À la découverte de Splendeurs polonaises (12 & 13/05) signées Antoni Szałowski, Chopin et Witold Lutosławski. opera-national-lorraine.fr
THÉÂTRE DE LA MANUFACTURE Création. Dans C’est comme ça (si vous voulez), la nouvelle directrice Julia Vidit revisite Pirandello avec le concours de l’auteur
REIMS & strasbourg LA CARTONNERIE & LA LAITERIE
Guillaume Cayet (01-06/03, puis à Nest à Thionville les 09-10/03 et au Salmanazar d’Épernay le 03/05). Chair du monde. Nouvelle création de Charlotte Lagrange, Les Petits pouvoirs interroge les mécanismes de domination sexuelle ou au travail (21-26/03 et aussi à l’ACB de Bar-le-Duc les 03-04/03). Folie. La performeuse Miet Warlop donne vie aux objets de façon totalement loufoque et déjantée dans After All Springville (1719/05). Laloy. Pinocchio(live)#2, nouvelle création d’Alice Laloy entre SF et marionnette (2627/11, et aussi à la Comédie de Colmar les 1213/11, puis au TJP strasbourgeois les 12-13/03, à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône les 01-02/04 et au TNP de Villeurbanne les 1216/04). Géographie. Avec son compère Paul Cox, Bérangère Vantusso entend Bouger les lignes dans une cartographie sensible du paysage (11-15/01, puis au TJP de Strasbourg les 1921/01, au festival Momix à Kingersheim, 26-31/01, et aux 2 Scènes de Besançon, 0103/02). theatre-manufacture.fr
NEURIED THEATER EURODISTRICT BADEN ALSACE Enfants. Un pour tous (18 & 19/09, 25 & 26/09, à partir de 8 ans, en allemand, sous le chapiteau de BAALino à Offenbourg) raconte l’histoire des mousquetaires de Dumas. Local 1. Büchners Lenz (à partir du 20/01 en allemand et alsacien) narre le périple Lenz dans les Vosges. Local 2. Der fröhliche Weinberg (à partir du 10/07 en allemand, à partir du 14/07 en alsacien, Chapiteau Reithalle Offenbourg), du théâtre populaire et politique qui distille l’âme de la population de l’Ortenau. Crossover. Les Metamorphoses d’après Ovide (01/10-17/10) en coopération avec le Tanztheater SZENE 2WEI et Le duo Ork, dans une charmante fusion de théâtre, danse et musique. Une œuvre antique qui parle pourtant de notre vie contemporaine. theater-baden-alsace.com
NIEDERBRONN-LeSBAINS & REICHSHOFFEN © Juliette Leigniel
LE MOULIN9 & LA CASTINE
Fakear
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Théâtre. Avec Hippolyte, petits et grands redécouvrent ce classique d’Euripide, façon burlesque (14/01, Le Moulin9). Hip-Hop. Entre danse, humour et poésie, Sur le fil met en scène tous ces moments de la vie passés à… attendre (09/04, La Castine). lacastine.com RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22
NILVANGE LE GUEULARD PLUS
SCHILTIGHEIM & montbéliard LE CHEVAL BLANC & MA SCÈNE NATIONALE
Jazz manouche. Paho Saga (11/09), ce sont quatre musiciens qui proposent une musique se renouvellant sans cesse. Reggae. Wailing Trees + Alibutton (05/11), une sacrée découverte. Rock industriel. Un groupe lorrain en fusion : Muckrackers (13/11) ! legueulardplus.fr
OBERHAUSBERGEN LE PRÉO Battle. The circle of dancers, c’est une compétition de danse hip-hop où l’on s’affronte en trio, entre mouvements de jambes et époustouflantes rotations, sous le regard d’un jury composé de trois danseurs professionnels (07/11). Hypnotique. Avec Tu penses, donc je sais, Frank Truong revisite les codes du mentalisme dans un spectacle plein d’humour et de second degré, aussi original que bluffant (04/12). le-preo.fr
OSTWALD
REIMS
La Chica
LA CARTONNERIE Galactique. Fakear présente Everything Will Grow Again (08/10), dans lequel il fusionne accidents sonores et electro pointilleuse. À retrouver encore à La Laiterie de Strasbourg (20/10) et aux Docks de Lausanne (22/10). Rap. IAM est toujours dans la place (20/10, et aussi le 05/09 au VYV festival de Dijon, le 19/10 à L’Autre Canal de Nancy, le 25/10 au Micropolis de Besançon et le 31/10 à La Laiterie de Strasbourg). cartonnerie.fr
CÉSARÉ Création 1. Performance imaginée par le batteur et compositeur Uriel Barthélémi, Naviguer sur les ruines de l’ancien monde (08/11, Manège) mêle musique électronique, acoustique et danse hip-hop. Ensemble. Anw be yonbolo (14/11) marque la
rencontre de la jazzwoman Eve Risser et de la chanteuse malienne Naïny Diabaté. Création 2. André Serre-Milan a imaginé des pièces ayant en commun l’exploration d’une écriture pour instrument soliste avec électronique : voyageons en son Cycle des 5 continents (19/11, Conservatoire). cesare-cncm.com
LA COMÉDIE DE REIMS Honoré. Chloé Dabert monte Dear Prudence de Christophe Honoré (24-25/09), rencontre du père et du professeur de Jean, dont l’enseignant est l’amant. L’auteur et cinéaste présente aussi Le Ciel de Nantes (15-17/12), traversée d’un demi-siècle français depuis la Seconde Guerre mondiale avec un casting incroyable.
Pouchkine. Dans Onéguine (19-22/10, et avant cela au Carreau de Forbach les 1415/10), Jean Bellorini nous plonge, casque sur les oreilles en bi-frontal, dans l’intimité de jeunes russes aristocrates du XIXe siècle, entre rivalités amoureuses, passions et spleen d’une jeunesse dorée. Koltès. Matthieu Cruciani crée La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès avec l’excellent Jean-Christophe Folly (30/1103/12, et aussi à La Comédie de Colmar, 0515/10, puis aux Scènes du Jura le 03/05), mais aussi Tabataba (15-18/03) monté par Stanislas Nordey, questionnement sur le genre et la différence sexuelle en forme de joute sur la solitude et le désir. Créations. Dans Une Télévision française, Thomas Quillardet, artiste associé à La Comédie, retrace la naissance d’un nouvel POLY 238
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LE POINT D’EAU Théâtre. Avec York, la Cie du Matamore fait résonner les vers shakespeariens d’Henri IV et Richard III avec force, pour mieux plonger le public au cœur de l’histoire tourmentée d’Angleterre (à partir de 14 ans, 25/09). Afrique. Virtuose de la guitare, l’artiste malien Habib Koïté est l’un des musiciens les plus populaires du continent africain (29/10). lepointdeau.com
Saisons 21/22 OPÉRA
REIMS
© Gaël Bros
OPÉRA
Chantons sous la pluie
écosystème médiatico-politique avec la privatisation de TF1, où Anne Sinclair, PPDA, François Léotard et d’autres construisent les fondations d’une fabrique de l’information (02-09/10). Dans Fanny, l’autrice québécoise Rebecca Déraspe fait le portrait d’une quinqua accueillant avec son mari une jeune étudiante engagée qui va bouleverser son quotidien. Une mise en scène de Rémy Barché (16-19/11, aussi à Nest à Thionville les 26-28/11 et au Carreau de Forbach les 0304/02). Kelly. Chloé Dabert reporte son Girls and Boys (22-26/02) de Dennis Kelly, terrible monologue au féminin d’une débâcle… totale ! Festivals. Far Away (27/01-06/02) avec notamment April du grand Guy Cassiers (2829/01), questionnant l’écriture de l’histoire contemporaine ou encore la première pièce de Gus Van Sant autour de Warhol (Andy, 0405/02) et le festival jeune public Méli’Môme. lacomediedereims.fr
LE MANÈGE DE REIMS I Will Survive. Un temps fort (29/09-01/10) dédié aux 5 créations de novembre 2020 qui n’avaient pu être jouées : le solo 131 de Marie Cambois (01/10), le rituel incantatoire d’Ecdysis de Jérôme Brabant (29/09) autour de la transformation du corps ou encore le manifeste de Voix intérieures d’Yves Mwamba (30/09). Hommage. Mié Coquempot, récemment disparue, a cheminé avec Le Manège de 2015 à 2018. À revoir, en hommage à la chorégraphe, New York School (15/12), Offrande (16/12) et DJtalJam (16/12). Born to be alive. Un festival performatif (0820/11) avec Cage2 (08/11 et aussi à L’Arsenal 58
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de Metz le 22/01), où le musicien Bertrand Chamayou et la danseuse Élodie Sicard célèbrent l’inventivité novatrice de john Cage durant la Seconde Guerre mondiale en redonnant corps aux 12 partitions écrites à cette époque. Mais aussi le Dicklove de Juglair (09-10/11) s’attaquant aux stéréotypes, les Guérillères de Marta Izquierdo Muñoz (10/11, et également à Pôle Sud à Strasbourg les 26-27/01) Far Away. Le festival des Arts (27/01-06/02) regroupant les structures de Reims. Marionnettes. La dernière création de la Cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (20-21/01, et aussi à Charleville-Mézières les 24-25/09, au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul les 0507/01, à La Coupole de Saint-Louis le 28/01, à l’EPCC Bords de Scènes de Vitry-le-François le 25/02, aux 2 Scènes de Besançon les 01-04/03, au Théâtre des Feuillants à Dijon le 01/04, au TJP de Strasbourg les 27-30/04). VOIR P. 22-23
Folie. Nouvelle création de Vidal Bini qui présente Narr : pour entrer dans la nuit, traversée de l’épidémie de danse strasbourgeoise du Moyen-Âge tardif, entre rituel et transe, avec 5 danseurs et des amateurs (les 14-15/06, et aussi au Théâtre du Marché aux Grains de Bouxwiller les 04-05/02 et à Pôle Sud à Strasbourg, 08-10/06). Artiste associée. Ne manquez pas le République Zombie de Nina Santes et du collectif la Fronde (23/02), nouvelle création chorégraphico-musicale. Néo-humain. Le Munstrum Théâtre crée Zypher Z. (04-06/05 avec La Comédie de Reims, également à La Filature de Mulhouse les 0912/11, et aux Célestins de Lyon, 25-29/01), conte kafkaïen avec leurs masques… inquiétants. manege-reims.eu
Danse 1. Le Ballet de Genève donne corps à Carmina Burana de Carl Orff dans une chorégraphie signée Claude Brumachon (27 & 28/11). Opérette. Yann Molénat transpose l’action de Monsieur Choufleuri restera chez lui d’Offenbach (03 & 04/12) à notre époque. Grand classique. Dans sa mise en scène de Carmen (19 & 21/12), Paul-Émile Fourny imagine une enquête policière évoquant l’atmosphère de Shutter Island. Danse 2. Le Yacobson Ballet de SaintPétersbourg poursuit son exploration des chefs-d’œuvre du répertoire romantique avec Don Quichotte de Marius Petipa (0406/02). Événement. Le metteur en scène Vincent Tavernier, le chef d’orchestre Hervé Niquet et la chorégraphe Marie-Geneviève Massé célèbrent les 400 ans de la naissance de Molière avec trois comédies-ballets : Le Malade imaginaire (18-20/03), Le Sicilien ou l’amour peintre (24 & 25/03) et Le Mariage forcé (26 & 27/03). Comédie musicale. La compagnie belge Ars Lyrica relève le défi de porter à la scène Chantons sous la pluie (23 & 24/04). operadereims.com
SAINT-DIÉ-DES-VOSGES ESPACE GEORGES SADOUL – LA NEF Cirque. Avec Borborygmes, Coline Garcia propose une performance circassienne à très petite hauteur et emmène son jeune public à la découverte des surprenantes capacités du corps humain : ses manifestations diverses, ses bruits inquiétants ou drolatiques… (dès 3 ans, 29/09 & 02/10). Jazz. Harpiste et chanteuse au parcours totalement hors du commun la rennaise Laure Perrudin prête sa voix singulière aux bidouillages électroniques qu’elle aime tant (14/10). saint-die.eu
SAINT-LOUIS LA COUPOLE Divin. Une pasteure, un juif, un bouddhiste, un chamane… Après Une longue peine, sur des ex-détenus, et Trans, présenté au In du festival d’Avignon, Didier Ruiz clôt son triptyque sur les invisibles avec le bouleversant Que faut-il dire aux hommes ? (16/10). Le metteur en scène y donne cette fois la parole à des personnes guidées par leur foi, évoquant – avec l’humanité et l’intelligence qu’on lui connaît – leur quotidien, leurs doutes et leurs désirs. Festival. La 8e édition des Scènes d’Automne en Alsace (09-19/11) invite à découvrir la RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 jeune création du territoire. Projecteur sur France (dès 12 ans, le 13/11, et avant cela le 14/10 au MAC de Bischwiller), création mise en scène par Natacha Steck, qui retrace la formidable épopée des Bleus en 98… histoire de se remettre de la défaite des coéquipiers de Mbappé au dernier Euro 2021 ! Création. Aux frontières du cirque, du théâtre et de la danse, 080 (dès 8 ans, 19/11), de la compagnie H.M.G, explore avec humour, grâce et poésie la vie d’un être imaginaire dénué de genre et soustrait à toute contrainte sociale ou normative. Une création en forme de parenthèse enchantée, coproduite par La Coupole. lacoupole.fr
SARREBRUCK SAARLÄNDISCHES STAATSTHEATER Ouverture de saison lyrique. Un très attendu Ariadne auf Naxos de Richard Strauss (12/09-18/12) mis en scène par le duo de choc formé par Alexandra Szemerédy et
Magdolna Parditka, qui monte aussi un Tristan und Isolde de Wagner (08/05-09/07) qu’on attend décapant ! Reprise. Le génial Macbeth Underworld de Pascal Dusapin (10/10-10/11). Culte. Sébastien Rouland dirige Carmen (17/06-12/07). Symphonique. Un chef que nous affectionnons, Sébastien Rouland, dirige notamment des concerts intitulés Rêves d’hiver (28 & 29/11) avec le Concerto pour orgue de Poulenc et Errances (10 & 1/04) où se déploie la maestria du pianiste Simon Ghraichy dans le Concerto n°5 de Saint-Saëns. Danse. Le Ballet National de la Sarre et Stijn Celis proposent un étonnant Winterreise (02/12-14/01), subtile variation sur le célèbre cycle de Lieder de Schubert. Festival 1. Primeurs (17-20/11) dédié à l’écriture dramatique contemporaine francophone. Festival 2. Quatre chorégraphes, quatre compagnies, quatre villes et la célèbre musique d’Antonio Vivaldi Les Quatre Saisons pour le Tanz Festival Saar (11-19/03). theater-saarbruecken.de
SAUSHEIM ED&N Je m’voyais déjà. Dany Brillant chante Aznavour (18/11) donnant à ses chansons des couleurs délicieusement neuves et respectueuses des intentions originelles. Coup de cœur. Cela fait plus de six ans qu’Alain Souchon (18/12) n’a pas tourné en solo et c’est un événement. Au Canada. La sublime voix de Linda Lemay (16/01) nous explique que La Vie est un conte de fous. eden-sausheim.com
SAVERNE ESPACE ROHAN Humour. Dans À nos Amours, Sophia Aram revisite les préjugés cachés dans les contes de fées, la sexualité et l’amour (05/11). Cirque. À la croisée du cirque et de la danse, les artistes de la troupe hongroise Recirquel présentent leur dernière superproduction, le
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© Martin Kaufhold
SAARLÄNDISCHES STAATSTHEATER
Macbeth Underworld
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Saisons 21/22 très ambitieux My Land (le 15/12 puis le 16/12 à La Nef de Wissembourg). Théâtre dansé. Entre parole et mouvement, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault mettent en scène une pièce majeure du théâtre contemporain, Dans la solitude des champs de coton (20/01), écrite par BernardMarie Koltès (aussi à l’Espace BMK de Metz, 17-19/11). espace-rohan.org
SCHILTIGHEIM CHEVAL BLANC BRIQUETERIE & BRASSIN Transe. À la croisée de Björk et Mercedes Sosa, la sublimissime Chica présente son dernier album, La Loba. Un piano-voix magistral, puissant et envoûtant (le 16/10, et également le 19/10 à MA Scène nationale à Montbélliard). Festival. Schilick on carnet (12-14/11) fait la part belle à l’illustration et aux livres jeunesse. Au programme : musique, rencontres, dédicaces, ateliers, etc. Onirique. Pièce à la fois théâtrale, musicale et dessinée, Où cours-tu comme ça ? déploie une réflexion sensible et quasi philosophique sur la course à pied (09/12, dès 10 ans). ville-schiltigheim.fr
SCHWEIGHOUSESUR-MODER LA K’ARTONNERIE Humour. Seule en scène, Isabelle Vitari se sent pourtant Bien entourée. Spectacle dans lequel elle se livre et délivre sa vision du
monde (10/11). En famille. Dans Les Pas Pareils, Rainette traverse la sombre forêt, rencontre chemin faisant une fée ultra rock’n’roll, un prince vraiment pas-charmant et tout un tas de personnages pour lesquels la différence est en réalité une chance (dès 5 ans, 01/12). mairie-schweighouse.fr
SÉLESTAT TANZMATTEN Anniversaire. Pour fêter leurs 20 ans et l’ouverture de la saison, les Tanzmatten ont concocté un week-end aux p’tits oignons avec concert electro, ateliers cirques ou encore animations de vélos bizzaroïdo-rigolos (17-19/09). Concert. Nach est le pseudo de la douce et lumineuse Anna Chedid – sœur de M et fille de Louis –, dont l’univers musical se situe à la croisée du chant lyrique, du jazz et de la pop (12/10). Humour. Dans Alors, l’étoile montante du stand-up Roman Frayssinet laisse libre cours à ses élucubrations faussement larguées (09/11). tanzmatten.fr
SOULTZ-SOUS-FORÊTS WISSEMBOURG LA SALINE & LA NEF Musique. Le pianiste palestinien Faraj Suleiman trace sa route entre Orient et Occident avec une musique délicieusement métissée (03/12). Les Weepers Circus sèment la Panique dans la forêt (25/02, dès 5 ans).
STRASBOURG
San Salvador, véritable ovni explosant tous les cadres existants des musiques traditionnelles, est un ensemble de six voix, douze mains, deux tom bass et un tambourin pour un chœur punk haletant sur des constructions math-rock. Et dire qu’ils viennent du… massif central (08/04, et aussi aux Trinitaires de Metz le 11/12) ! Kids. Le Groupe Noces emmène les bambins dès 3 ans à la Montagne (13/10) à travers la rencontre entre un ours costaud et une frêle biche. Festival Décadanse. Caroline Allaire signe un inventaire à la Prévert dansé et décapant (Jusqu’à l’os, 21/01, dès 6 ans) dans le cadre de ce festival organisé par Les Scènes du Nord. Classique. La traversée de l’Iliade par la Cie À Tire d’Aile (07/12) nous plonge dans 6 jours et six nuits haletantes d’une guerre de Troie de 10 ans. Icône. Nicolas Bonneau met en scène la chanteuse et comédienne Fannystatic, contant ses Nuits avec Patti (Smith), un hit (03/02) ! la-saline.fr nef-wissembourg.fr
STRASBOURG ESPACE DJANGO Cinéma. La série de projections Cinédjango programme le touchant Azur et Asmar, ode à la tolérance et au mélange des cultures par Michel Ocelot (26/09, dès 3 ans). Immersion. Avec Amazonia, Julien Gubtier et le musicien Difracto combinent nouvelles technologies sonores et savoir-faire indigène pour embarquer petits et grands dans une incroyable expédition sonore (01/10, dès 7 ans). Musique. Rappeuse au verbe haut, Casey revient entourée d’une solide équipe pour former le puissant groupe Ausgang, entre rap et rock hardcore (05/11). espacedjango.eu
ESPACE K
ESPACE DJANGO
Music-hall. Après l’annulation forcée de l’an passé, le Krismass Show revient distiller paillettes, sketchs et numéros musicaux (0204/12, 09-11/12 & 16-18/12). Humour. Dans Comment épouser un milliardaire, Giorgia Sinicorni livre, non sans une bonne dose de sarcasme, ses secrets pour attraper une perle rare (03-06/02, dès 12 ans). espace-k.com
© Tcho Antidote
JAZZDOR
Ausgang
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Onirique. Improvisateur et souffleur hors pair, le saxophoniste israélien Odet Tzur revient en quartette avec son jazz narratif et atmosphérique inspiré des ragas indiens (21/09). Festival. La 36e édition de Jazzdor (05-19/11) distille cuivres et percussions dans une proRETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22
STRASBOURG
© Dorian Rollin
LES TAPS
Meeting Point
grammation éclectique, dispatchée à Strasbourg et alentours. Une chasse aux trésors envoûtante, allant du trio de jeunes surdoués français Kepler (06/11, Cité de la Musique et de la Danse) au choc des cultures imaginé par Théo Ceccaldi avec Kutu, mêlant les violons aux voix chaudes venues tout droit d’AddisAbeba (16/11, Fossé des Treize). Trio. Le temps d’une création à la frontière des genres et des styles, le trio ForYourOwnGood! se fait quartette en intègrant le saxophone ténor de Julien Lourau (17/12) pour mieux déstructurer les figures classiques et se jouer des textures sonores. jazzdor.com
LA LAITERIE Horror picture show. On ne présente plus Vladimir Cauchemar (23/09), le DJ, compositeur et producteur de musique electro masqué. Son album, Brrr, est truffé d’ébouriffantes collaborations. VOIR P. 68 Fresh. Lilly Wood and the Prick (16/10) revient avec Most anything, album pop et oxygénant (aussi le 09/10 à la Cartonnerie de Reims, le 14/10 à la BAM de Metz, le 15/10 à La Vapeur de Dijon). Electro pop. Avec 2Y0Y2Y0Y, l’exubérante Yelle nous transporte dans son univers dance coloré et déjanté, sous perfusion d’auto-tune (01/10). Iconoclaste. Les francs-tireurs du vrai faux groupe pop La Femme reviennent avec un électrisant troisième album, Paradigmes. Toujours aussi fantasque, mélange paradoxal d’entrain et de total accablement (27/01). artefact.org
LE MAILLON Gisèle. Vienne revient avec L’Étang (2427/11), création d’après Robert Walser réu62
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nissant notamment Stephen F. O’Malley et Adèle Haenel. Bandes. Camille Dagen signe un second spectacle attendu avec Bandes (en janvier, dates à venir) autour de ces groupes (communards, dada, situationnistes…) qui ont révolté leur époque. Roméo. Castellucci, de retour après une longue absence avec Bros (19-22/10) : des hommes anonymes choisis au hasard et changeant tous les soirs, pas de répétition, pas d’indication sur ce qu’ils vont jouer. Seuls points intangibles : pour chacun, un uniforme de policier américain des années 40 et une oreillette soufflant les consignes. Focus. Oubliée des programmations du Grand Est, l’incontournable Nathalie Béasse jouera trois de ses pièces au Maillon (sur deux semaines de mars, dates à venir) : Tout semblait immobile, Ceux-qui-vont-contre-le-vent et Aux Éclats (également à MA Scène nationale de Montbéliard le 12/11)… Temps fort. L’afro-féminisme (en décembre) avec notamment Dorothée Munyaneza (Mailles, avec Pôle Sud), la Grèce (octobre) et les rapports Homme-Machine (janvierfévrier). Étienne. Saglio présente sa dernière création de magie nouvelle, Le Bruit des loups (avec le TJP, en juin). Trois ans de travail pour construire illusions et mondes fantasmagoriques. maillon.eu
OPÉRA NATIONAL DU RHIN Rareté 1. Chef-d’œuvre méconnu de Verdi, Stiffelio (10-19/10 à Strasbourg, 07 & 09/11 à Mulhouse) est présenté pour la première fois en France dans un huis-clos diluvien imaginé par Bruno Ravella. L’Amour est enfant de bohème. Jean-François Sivadier renoue avec l’essence de Car-
men de Bizet (02-15/12 à Strasbourg, 07 & 09/01 à Mulhouse) dans un spectacle festif et théâtral. Rareté 2. Première française des Oiseaux de Walter Braunfels (19-30/01 à Strasbourg, 20 & 22/02 à Mulhouse) narrant avec tendresse et mélancolie l’échec des utopies. Printemps tsigane. Le diptyque L’Amour sorcier de Manuel de Falla / Journal d’un disparu de Janáček (15-24/03 à Strasbourg, 01 & 03/04 à Mulhouse) est donné dans le cadre du Festival Arsmondo, cette année dédié à la culture tsigane. Opéra nomade. L’Enfant et les sortilèges de Ravel part vagabonder sur les chemins d’Alsace et du Grand Est (15/12-20/05) dans une mise en scène d’Émilie Capliez. Voix. Un beau programme de récitals avec la soprano Sabine Devieilhe accompagnée au piano par Alexandre Tharaud (11/10) ou encore le contre-ténor Jakub Józef Orliński (13/06). Danse. Les Ailes du désir (30/10-04/11 à Strasbourg & 13-15/11 à Mulhouse), variation sur le film de Wenders signée Bruno Bouché, et Alice (11-13/02 à Mulhouse & 18-23/02 à Strasbourg) avec une nouvelle partition de Philip Glass, compositeur majeur du minimalisme américain, sur laquelle les chorégraphes Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn réinventent l’univers fantasmagorique imaginé par Lewis Caroll. operanationaldurhin.eu
OPS Musique française. L’Orchestre et John Nelson poursuivent leur compagnonnage avec Berlioz dans un programme où étincellent Les Nuits d’été chantées par Michael Spyres (13 & 14/10) puis Roméo et Juliette (07 & 08/06) avec Joyce DiDonato. Musiques romantiques. La violoniste Arabella Steinbacher donne le Concerto de Brahms (04/11), tandis qu’est invité l’Orchestre national de Lyon pour un programme placé sous le signe du romantisme germanique (21/01). Musique vocale. Accompagnant la sortie de Baritenor, ce concert permet de découvrir l’incroyable voix de Michael Spyres (05/11). Musiques de films. Ciné-concert Chaplin (18 & 20/11). Musique de fête. Concerts de Noël (10/12) et de Nouvel An (31/12 & 01/01) en forme de fiesta tsigane avec Roby Lakatos. Musique classique. Le violoniste David Grimal dirige et interprète une intégrale des Concertos de Mozart (24 & 25/02). Musique contemporaine. Siren’s Song de Péter Eötvös, co-commande de l’OPS (09/03). Musique baroque. Spécialiste de ce répertoire, Ton Koopman fait se côtoyer Bach, Rebel et Haydn (24 & 25/03). Musique culte. Véritable icône au Japon, RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22 Joe Hisaishi, compositeur des bandes originales des films de Miyazaki, dirige sa musique (04/05). Musique russe. Patricia Kopatchinskaja donne le Concerto pour violon n°1 de Chostakovitch (19 & 20/05). Musiques à venir. Présentation de la saison 2022-23 (24/05). Musique de chambre. Le violoncelliste JeanGuihen Queyras et le pianiste Alexandre Tharaud (31/05). On retrouve ce dernier au fil de la saison pour de nombreux rendez-vous puisqu’il est artiste en résidence. Musique en plein air. Direction le Jardin des Deux Rives (25/06) avec Benjamin Biolay ! philharmonique.strasbourg.eu
PÔLE SUD Folie. Nouvelle création de Vidal Bini qui présente Narr : pour entrer dans la nuit, traversée de l’épidémie de danse strasbourgeoise du Moyen-Âge tardif, entre rituel et transe, avec 5 danseurs et des amateurs (08-10/06, également au Théâtre du Marché aux Grains de Bouxwiller les 04-05/02 et au Manège de Reims les 14-15/06). Temps fort. La performance façon Robyn Orlin, avec We Wear our Wheels with Pride… (23-25/11, puis à L’Arsenal de Metz le 11/03) autour de l’histoire des rickshaws zoulous dans une Afrique du Sud en plein apartheid. Sans oublier les Mailles de Dorothée Munyaneza, témoignages dansés de femmes (0810/12 avec Le Maillon). Festival. L’Année commence avec elles : le krump de Nach avec Cellule (18-19/01, également au Nouveau Relax de Chaumont le 20/01), les Graces de Silvia Gribaudi bousculant tabous et clichés corporels (21-22/01) ou les Guérillères de Muñoz (les 26-27/01, ou encore au Manège de Reims le 10/11). EXTRADANSE (27/04-20/05) avec la Fúria
de Lia Rodrigues (03-04/05, et aussi au Manège de Reims les 07-08/02), ou bien encore avec la recomposition d’une pièce à partir d’antérieures qu’est Écho de Catherine Diverrès (19/05). Waouh. Emmanuel Eggermont se fait résilient et subtil dans Aberration (19-21/10, puis au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy le 12/10 et au Nouveau Relax de Chaumont le 09/12). Hamid Ben Mahi part en quête d’identité avec Yellel (30/11-02/12, puis au Nouveau Relax de Chaumont le 28/04). Jan Martens et ses 17 danseurs de 16 à 69 ans (Any attempt… 10-11/03, avec Le Maillon). pole-sud.fr
LES TAPS Actuelles XXIV. Cinq textes contemporains mis en espace par des équipes hétéroclites mêlant étudiants de la Hear, comédiens, metteurs en scène et chef, avant un temps d’échange en présence de l’auteur (15-19/03). Manset. On voudrait revivre (29/09-01/10) revisite en théâtre et en musique l’époque des chansons de l’inclassable Gérard Manset, avec Léopoldine HH à la musique et au micro ! Création. Avec Vingt ans (23-28/11), Olivier Chapelet et Thierry Simon tracent une histoire de complicités avec les anciens artistes associés du TAPS. Hantée. Meeting Point (14-17/12, et aussi au Carreau de Forbach le 17/11, puis à La Comédie de Colmar les 18-19/01), la dernière création de Catherine Umbdenstock, prend une vieille baraque comme personnage presque principal d’une histoire de souvenirs et d’individus hantant étrangement les lieux. Jeunesse. Cécile Arthus s’empare de The Lulu Projekt (25-28/01, et aussi avant cela à L’Espace BMK de Metz les 09-10/12) de Magali Mougel, histoire d’un ado pas comme
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les autres, vivant dans une tour au milieu des champs, rêvant d’être une star punk avec son copain malvoyant Moritz. Leur imaginaire redistribue toutes les cartes. taps.strasbourg.eu
TJP Temps fort. Les Giboulées (04-19/03), avec une création de Renaud Herbin pour JeanBaptsite André (Par les bords, 04-08/03) et le Dénivelé de la jeune compagnie strasbourgeoise Milieu de Terrain, qui nous emmène avec ironie et décalage dans une escapade bricolée et imaginaire en montagne (0911/03). André. On retrouve Jean-Baptiste André avec Les Jambes à son cou (11-16/06), nouvelle création rendant concret les dictons populaires liés au corps ! Melville. La dernière création de la Cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (27-30/04, et aussi à Charleville-Mézières les 24-25/09, au Manège à Reims les 20-21/01, au Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul les 05-07/01, à La Coupole de Saint-Louis le 28/01, à l’EPCC Bords de Scènes à Vitry-le-François le 25/02, aux 2 Scènes de Besançon, 01-04/03, et au Théâtre des Feuillants à Dijon le 01/04). Sept comédiens-manipulateurs, un orchestre englouti et une baleine grandeur nature avec des marionnettes hyper réalistes ! VOIR P. 22-23
Géographie. Avec son compère Paul Cox, Bérangère Vantusso entend Bouger les lignes dans une cartographie sensible du paysage (19-21/01, et aussi à La Manufacture de Nancy, 11-15/01, puis au festival Momix de Kingersheim les 26-31/01, et aux 2 Scènes de Besançon les 01-03/02). Laloy. Pinocchio(live)#2, nouvelle création d’Alice Laloy entre SF et marionnette (les 1213/03, et aussi à la Comédie de Colmar les 12-13/11, puis au Théâtre de la Manufacture à Nancy les 26-27/11, à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône les 01-02/04 et au TNP de Villeurbanne, 12-16/04) et À poils, roadies tendres et pop-up de bulle transparente poilue (02-08/04, puis encore aux 2 Scènes de Besançon, 03-07/05). tjp-strasbourg.com
© Cosimo D. Tassone
THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG
La Puce à l'oreille
Miano. Stanislas Nordey offre à trois jeunes femmes de la diversité les textes de Ce qu’il faut dire (06-20/11) de Léonora Miano autour de questions de société brûlantes… et essentielles. Vossier. Anne Théron monte le huis clos familial et terrible de Condor (13-23/10), écrit par Frédéric Vossier, rencontre entre une résistante et un partisan de la dictature d’un régime d’Amérique latine des années 1970. POLY 238
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Saisons 21/22 dispositif de théâtre en boîtes pour passants (21-23/09), en tête-à-tête avec un comédien. Intime et direct. Théâtre. Emma Dante revient avec Misericordia, pièce sur la grande solitude et la force des femmes de bidonville (02-03/10, puis au TNP de Villeurbanne, 10-20/11, et à MA Scène nationale à Montbéliard le 01/03). Créations. Dans C’est comme ça (si vous voulez), la nouvelle directrice Julia Vidit revisite Pirandello avec le concours de l’auteur Guillaume Cayet (09-10/03, et juste avant au Théâtre de La Manufacture de Nancy, 01-06/03, puis au Salmanazar à Épernay le 03/05). nest-theatre.fr
THIONVILLE NEST – NORD-EST THÉÂTRE
TRÈVES THEATER TRIER
Fanny
Biface. Avec son inclassable théâtre documenté, mêlant corps, objets et récits fragmentés, Bruno Meyssat se penche sur trois années de la conquête du Mexique par les Espagnols, au XVIe siècle. Biface, ou le choc des cultures menant à la disparition des Aztèques (26/01-03/02). Koltès. Quand Ludovic Lagarde s’empare des errements étranges de la pièce énigmatique de Bernard-Marie Koltès, Quai Ouest (08-16/12), on regarde attentivement. tns.fr
LE ZÉNITH Je l’aime à mourir. Le retour de Francis Cabrel (14/10) avec son Trobador Tour pour un mix de chansons cultes et de ballades récentes. Grandiose. Les mondes telluriques de Carmina Burana (16/01) par l’orchestre et les chœurs du Ballet national de Russie. Coup de cœur. Clara Luciani (10/03) fait son grand retour avec la sortie de Cœur, véritable ode au déconfinement, résolument chic et dansant. Ciné-concert. Gladiator de Ridley Scott (19/03) est un film grandiose. Interprétée en direct par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, sa BO signée Hans Zimmer ne l’est pas moins ! Indispensable. La tournée My Songs de Sting (04/04). Événement rap. Groupe de rap iconique avec Le Monde ou rien, PNL (12/05) est en concert et ça ne se manque sous aucun prétexte ! Come back. Thomas Jolly signe une nouvelle mise en scène de Starmania (10-12/02/2023) tandis que les chorégraphies sont signées Sidi Larbi Cherkaoui. zenith-strasbourg.fr 64
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STUTTGART STAATSTHEATER STUTTGART Essentiel 1. Die Verurteilung des Lukullus de Paul Dessau (01-20/11), une rareté des années 1950 d’après Brecht. Essentiel 2. Début d’un nouveau Ring – dont les équipes de mise en scène changent non seulement pièce par pièce, mais aussi acte par acte dans Die Walküre – avec Das Rheingold monté par Stephan Kimmig (21/11-19/12) et Die Walküre (10/04-02/05). Essentiel 3. Mayerling (21/01-17/07), un ballet de Kenneth MacMillan sur des musiques de Liszt. Essentiel 4. Reprise de l’excellent Werther de Massenet (12-23/06) mis en scène par Felix Rothenhäusler. staatstheater-stuttgart.de
THIONVILLE NEST – NORD-EST THÉÂTRE Ellipse. La nouvelle création de Catherine Marnas A Bright room called day voit un groupe d’acteurs se moquer d’Hitler comme d’un guignol qui ne passera jamais… et à mesure que la mauvaise blague devient réalité, le groupe explose. Un parallèle avec l’époque de Reagan pour l’auteur Tony Kushner, qui n’est pas sans rappeler au public contemporain un certain Donald Trump (08/12) ! Québec. Dans Fanny, l’autrice Rebecca Déraspe fait le portrait d’une quinqua accueillant avec son mari une jeune étudiante engagée qui va bouleverser son quotidien. Une mise en scène de Rémy Barché (26-28/11, et aussi à La Comédie de Reims, 16-19/11, puis au Carreau à Forbach les 03-04/02). En Boîtes. Alexandra Tobelaïm reprend son
Ballet. Le chorégraphe Roberto Scafati explore les arcanes de La Tempête de Shakespeare (à partir du 09/10). Coup de cœur. Le directeur de la maison, Jean-Claude Berutti monte Don Carlo de Verdi (à partir du 22/01) et Der Rosenkavalier de Richard Strauss (à partir du 14/05). Money, money, money. Opéra de Stravinski, The Rake’s Progress (à partir du 26/03) narre l’ascension et la chute de Tom Rakewell. Une mise en scène vertigineuse de Mikaël Serre est attendue ! theater-trier.de
VANDŒUVRE-LÈSNANCY CCAM Rattrapage. On sauve Musique Action, festival de création sonore (30/09-03/10) avec notamment une partition oubliée de Julius Eastman ou l’Ensemble ]H[iatus. Théâtre. Les monologues au féminin de l’iranien Gurshad Shasheman (Les Forteresses, 15-16/10, également joué au Carreau de Forbach le 19/10) et le délire poilu d’Alice Laloy, autant pour les kids que leurs parents (À poils, 08/12). Danse. La brésilienne Cristina Moura évoque le corps noir dans Ägo (14/09, dans l e c a d re d e Pa s s a g e s Tra n s fe s t i v a l , VOIR P. 18), Emmanuel Eggermont se fait résilient (12/10 puis à Pôle Sud à Strasbourg les 19-21/10), l’énergie collective et rituelle de Näss (les gens) de Fouad Boussouf (2324/11, puis à La Maison de la Danse de Lyon, 12-15/04). EXPO. L’artiste et photographe pakistanaise Sara Farid s’intéresse aux communautés mises à la marge de la société dans Trans Lives Matter (14/09-22/10) et les Pinocchio(s) enfantins et démantibulés d’Alice Laloy (09/11-17/12). centremalraux.com RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
Saisons 21/22
VESOUL THÉÂTRE EDWIGE FEUILLÈRE Hit. Gardenia – 10 ans après de Platel, se niche dans l’intime et explore la zone trouble entre masculinité et féminité. Un must see (09/11) ! Émancipation. Désirer Tant (16/11) de Charlotte Lagrange est une traversée de l’histoire du XXe siècle par trois générations de femmes, en Alsace, sur fond de choix impossibles. Danse. L’énergie collective et rituelle de Näss (les gens) du marocain Fouad Boussouf (le 02/12, et également au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy les 23-24/11, ainsi qu’à La Maison de la Danse de Lyon, 12-15/04). Musique. Le jazz fiévreux de Jowee Omicil, haïtien ayant grandi à Montréal, est joyeux et foisonnant. Une pépite (14/09) ! Perf. Le duo argentin Un Poyo Rojo se joue des ambiances de vestiaires. Les deux copains, habillés en joueurs de volley, s’attirent, se toisent, se séduisent… et tout dérape, sans mots, mais avec un art du corps et de l’humour incroyable (19/10). Marionnettes. La dernière création de la Cie Plexus Polaire tourne autour du grand roman américain de Melville, Moby Dick (05/04, et aussi à Charleville-Mézières les 24-25/09, au Manège à Reims les 20-21/01, à La Coupole de Saint-Louis le 28/01, à l’EPCC Bords de Scènes de Vitry-le-François le 25/02, aux 2 Scènes de Besançon les 01-04/03, au Théâtre des Feuillants à Dijon le 01/04, et au
TJP strasbourgeois, 27-30/04). VOIR P. 22-23
theatre-edwige-feuillere.fr
VILLAGE-NEUF RIVERHIN Paillettes. Après une année passée dans sa grotte, Sébastien Bizzotto revient avec Margaux Lagleize, Lauranne Sz et Champagne Mademoiselle pour une soirée d’ouverture encore plus folle, toute en rire et chansons (15/09). Action. La Lanterne magique, c’est un club de cinéma destiné aux 6-12 ans. Neuf films pour rêver, pleurer, frissonner… tous ensemble (un mercredi par mois, d’octobre à juin). mairie-village-neuf.fr
VOSGES SCÈNES VOSGES Théâtre de l’Unité. Un tête-à-tête dans une chambre d’hôtel orchestré par Jacques Livchine et Hervée de Lafond, le temps d’une passe… poétique (21/09). Leur création participative La Toute première fois résiste à la Covid et aux annulations (12/10). Emma Dante. La metteuse en scène italienne revient avec La Scortecata (15-16/11). Un roi amoureux de la voix d’une vieille dame dont elle fait un quiproquo, les femmes étant jouées par des hommes, dans la tradition du XVIIIe siècle !
ZURICH OPÉRA
© Monika Rittershaus
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ZURICH OPÉRA Bel Canto. Anna Bolena de Donizetti (05/1213/01) avec Diana Damrau dans le rôle-titre. Ballet. Christian Spuck chorégraphie Monteverdi (15/01-26/02). The Voice. Cecilia Bartoli chante le rôle titre dans L’Otaliana in Algeri de Rossini (06/0305/04). Rareté baroque. David Marton bouleverse L’Olimpiade de Pergolèse (12-19/03) pour un “filmopéra”. Création mondiale. Girl with a Pearl Earring de Stefan Wirth (03/04-08/05) est une plongée dans l’existence de Vermeer. Événement. Le début d’un nouveau Ring des Nibelungen (qui s’achèvera à l’automne 2023) mis en scène par Andreas Homoki avec Das Rheingold (30/04-28/05). Reprises. La voix merveilleuse de Sonya Yoncheva dans Tosca de Puccini (03-17/10), la mise en scène décapante signée Kirill Serebrennikov de Così fan tutte de Mozart (14/11-11/12) et Ludovic Tézier dans le rôletitre de Simon Boccanegra de Verdi (1230/12). opernhaus.ch
TONHALLE ORCHESTER
Così fan tutte
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Peter Brook. Dans Tempest Project (07/12, et avant cela au Carreau de Forbach les 2526/11), le grand dramaturge britannique livre avec Marie-Hélène Estienne une réflexion sur La Tempête de Shakespeare avec un petit groupe de comédiens. Molière. Le Petit chaperon rouge (28-29/09) de Joël Pommerat a reçu le Molière jeune public 2018. À voir dès 6 ans et plus. Musique. Un concert intimiste d’Olivia Ruiz, Bouches cousues (01/10). scenes-vosges.com
Septembre 21
Ouverture de saison. Le directeur musical de l’Orchestre Paavo Järvi donne la Symphonie n°3 de Mahler (15 & 16/09). Focus. Seront les fils rouges de la saison, la pianiste Hélène Grimaud (avec notamment le Concerto de Schumann, 26-28/01), l’organiste Christian Schmitt (pour une nuit dédiée à son instrument, 25/09) et la violoniste Vilde Frang (avec le Concerto “à la mémoire d’un Ange” de Berg, 19-21/01). Cosmos John Adams. Le compositeur et chef américain dirigera plusieurs de ses pièces (17-20/03). Culte 1. Marek Janowski mêle Strauss et Wagner (09 & 10/12). Culte 2. L’immense Herbert Blomstedt dirige la Symphonie n°5 de Bruckner (01-03/06), compositeur à l’honneur cette saison, puisque Paavo Järvi s’empare également de ses Symphonies n°4 (19-21/01) et n°7 (2628/01). tonhalle-orchester.ch RETROUVEZ L'ARTICLE SUR NOTRE SITE POLY.FR
MUSIQUE
Femme nue, femme noire… Quelle voix ! Avec Brut, Yseult célèbre le plaisir féminin, poursuit sa quête d’émancipation et le combat contre l’invisibilisation des siens. Par Suzi Vieira — Photo de Thibault Théodore
titre par exemple Valeurs Actuelles. On comprend que la chanteuse à la voix sans pareil l’ait mauvaise ! Question journalistes, pour Yseult, la défiance est de mise. Parfois de façon immodérée… comme lorsqu’elle part en guerre contre une reporter du Monde ayant dévoilé une autre facette d’elle, moins flatteuse, en femme d’affaires intransigeante (non sans commettre, il est vrai, quelques faux-pas grossophobes). Découverte à tout juste 20 ans en participant à la Nouvelle Star, celle qui avait alors signé pour un premier album chez Polydor a vite changé de cap pour s’extirper de l’empire des majors et monter son propre label indépendant (Y.Y.Y). Seule à la barre de sa petite entreprise, elle appartient à une génération désinhibée, bien décidée à se faire entendre et à imposer son corps sur une scène musicale très majoritairement blanche. Avec Brut, son dernier opus, Yseult poursuit son combat, sur le terrain cette fois de l’émancipation du désir féminin. “Sexplicite” en diable, l’artiste y revendique son female gaze sur des vers torrides et reprend l’objectivation de l’homme à son compte. « Baby, are you down for a rodea / Diamond sur ma cuisse, ça part en rodéo / Caméra sur nous, j’veux grimper aux rideaux », entend-on sur le morceau SEXE. Dans le clip de Bad Boy, suspendue et ligotée façon shibari japonais, Yseult joue un jeu érotique extrême, dans une mise en scène proche de la performance contemporaine. Une façon aussi de subvertir les codes de représentation des gens en surpoids, des corps noirs… et d’exhorter les minorités à ne pas se laisser enfermer dans des cases.
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lle a marqué les deux dernières années, avec des propositions artistiques fortes et bouleversantes – tout le monde a en tête la poignante chanson Corps, où la jeune femme se met à nu comme peu d’artistes en sont capables. Et puis avec ses coups de gueule contre le racisme systémique de la société française, le sexisme ou la grossophobie. Née il y a 26 ans dans une famille d’immigrés camerounais, Yseult a retourné la chanson française en trois EP et secoué l’establishment politico-médiatique en quelques apparitions à la télé. « Le chemin est long en tant que femme noire », a-t-elle ainsi déclaré en recevant la Victoire de la Révélation féminine de l’année 2021. Larmes aux yeux et tête haute : « Le chemin est long en tant que femme grosse, en tant que femme oubliée de la société, oubliée de la culture. Notre colère est légitime, et j’aimerais que toute la France l’entende. Ce n’est pas qu’une victoire pour moi, c’est aussi une victoire pour mes frères et sœurs. » Un discours qui lui a valu l’ire de certains, à tendance plutôt… réactionnaire. « La star de la génération Ouin-Ouin »,
Au Parc de la Combe à la Serpent (Dijon), vendredi 3 septembre dans le cadre du VYV festival (02-05/09) vyvfestival.org À la BAM (Metz), vendredi 24 septembre citemusicale-metz.fr Au Parc du Château (Épinal), samedi 25 septembre, dans le cadre du festival Là haut sur la colline (23-26/09) la-haut-sur-la-colline.fr Aux 2 Scènes (Besançon), jeudi 28 octobre les2scenes.fr
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Blizzard et tremblements Premier opus du producteur et DJ electro masqué Vladimir Cauchemar, Brrr réunit la crème du nouveau rap français, de Lala &ce à Benjamin Epps. Par Suzi Vieira
encore de sa collaboration avec la rappeuse ukrainienne Alyona Alyona sur Dancer. De la pure « musique qui tabasse », comme aime à la caractériser l’intéressé.
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on identité reste un mystère. Masque sur la tête façon calavera mexicaine, voix vocodée pour chacune de ses (rares) interviews, on sait qu’il parle couramment le serbe, se fascine pour la culture nippone, a commencé par le piano, avec un professeur trop sévère… Et c’est à peu près tout ! Vladimir Cauchemar (un détournement du nom du compositeur des mémorables musiques de Rabbi Jacob et La Chèvre, Vladimir Cosma ?) a fait irruption sur la scène musicale en 2017 avec l’ahurissant Aulos. Entêtante et improbable mélodie house baroque, le morceau reprend une pièce pour flûte, écrite en 1733 par le compositeur allemand Georg Philipp Telemann, la Fantaisie n°3 en si mineur, et plus précisément le mouvement de l’Allegro final. Signé sur le prestigieux label Ed Banger Records, le titre s’accompagne 68
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d’un clip hilarant où l’on voit un mec dégarni jouer de la flûte, affublé d’un col roulé orange et d’un pantalon moutarde. Seize millions de vues sur YouTube ! Derrière ce morceau aux allures de parodie se cache pourtant un instrumentiste minutieux, orchestrant tout au détail près… et un producteur d’electro manifestement bien connu par les professionnels de l’industrie musicale. Il est en effet derrière les chansons Quand est-ce que ça s’arrête ? et Paradis d’Orelsan, 1000°C de Lomepal, Malade de Roméo Elvis, Je mets le way de Jul ou encore Macintosh de Gambi. Loin de se laisser enfermer dans la catégorie French Touch, Vladimir Cauchemar revendique le mashup entre musiques électroniques et rap, à l’instar de son puissant remix Aulos Reloaded, en featuring avec l’excentrique et sulfureux rappeur américain 6IX9ine, ou bien
Sorti avant l’été, son premier – et très abouti – album Brrr est constitué de dix tracks, dont quatre inédits, tous en collaboration avec des rappeurs. Et pas n’importe lesquels ! Sur Ace of Spade, une flute (encore !) se mêle au flow nonchalant et unique de la franco-ivoirienne Lala &ce, dont la voix sirupeuse transpire une sensualité moite. Avec Blizzard, il s’offre même l’étoile montante, le jeune crack Benjamin Epps, assénant ses punchlines assassines sur un sample quasi martial d’Inside a dream, composé par le japonais Seiji Yokoyama pour la bande son originale des Chevaliers du Zodiaque. Bref, un disque court, intense, d’une rigueur et d’un éclectisme ahurissant, sur lequel figure même une reprise du Double je de Christophe Willem, réinterprété par RK. C’est dire ! Au Parc de la Combe à la Serpent (Dijon), jeudi 2 septembre, dans le cadre du VYV festival (02-05/09) vyvfestival.org À La Laiterie (Strasbourg), jeudi 23 septembre, dans le cadre du festival L’Ososphère (22-25/09) artefact.org
Édité par Virgin Records universalmusic.fr
RUBRIQUE
Houellebecq au kebab Échappé du collectif Columbine, le rappeur Lujipeka s’est lancé en solo l’an dernier avec deux EP flamboyants. Le premier album est prévu à l’automne, toujours en dehors des codes. Par Suzi Vieira — Photo de Magdalena Lawniczak
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arbe clairsemée et cascade de cheveux longs. Avec son look de skateur tout droit sorti d’un film de Gus Van Sant, Lujipeka s’est fait connaître au sein du collectif rap rennais Columbine, avant de créer la surprise en 2020, en dégainant d’un coup deux EP en solo, intitulés P.E.K.A. et L.U.J.I. Le premier naît d’un défi qu’il se lance au début du premier confinement : sortir cinq morceaux en dix jours chrono. « Tous les soirs, je montrais aux
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gens dans des live Instagram les instrus choisies et les textes que j’avais commencés », raconte le jeune homme de 25 ans. « L’idée était aussi de créer un lien avec ceux qui me suivent et de démythifier la création musicale en exposant au public ma méthode de travail. C’était intense et ça m’a fait du bien d’avoir l’occasion de fonctionner comme ça, dans une espèce d’urgence et de spontanéité. » Le second opus – qu’il a pris le temps de peaufiner, lui – entre
directement en deuxième position des ventes la semaine de sa sortie, juste derrière le mastodonte français du genre, aka Ninho. Lujipeka est pourtant un cas à part dans le milieu. Nulle rime facile chez lui, aucun refrain opportuniste, pas plus que de démonstration de force ni d’affirmation musclée de sa virilité. C’est même tout le contraire. « Moi à la base j’suis un looser / à 14 ans j’voulais mourir », raconte l’ancien étudiant en audiovisuel sur Éclipse – single com-
MUSIQUE
posé d’un unique couplet étiré sur toute sa longueur, que l’artiste a dévoilé il y a quelques semaines dans un clip fantasmagorique à la Blade Runner 2049 pour annoncer l’arrivée d’un album à l’automne. Souvent comparé à Orelsan (parce que provincial comme lui… et blanc évidemment !), celui qui rendait les filles hystériques dans les concerts de Columbine continue de bousculer l’imagerie hip-hop avec des textes introspectifs et autocritiques, tantôt désinvoltes tantôt désabusés, à l’instar de toute une génération.
Daft Punk, Justice et autres artistes signés chez Ed Banger Records. « Et puis, encore avant tout cela, il y a eu Renaud, que mes parents écoutaient », tient-il à rajouter. « Tout petit, à 3 ou 4 ans j’étais totalement fan, je me levais même en fredonnant ses chansons, comme le raconte encore ma mère. Au fond, je considère Renaud comme le premier rappeur français : le regard acerbe qu’il portait sur la société, le choix revendiqué de la langue de la rue, et puis cette façon de jouer sur les mots, sur leurs sonorités… »
dans les pas de renaud Pas vraiment du rap, pas vraiment de la pop, pas vraiment de la chanson. Lujipeka est clairement de ceux qui font le pont avec la variet’ sans rechigner. « J’aime le fait que ma musique ne soit pas facile à genrer », assume-t-il. « Le rap, c’est l’influence première. Je suis tombé dedans étant petit [rires]. Je devais avoir 8 ou 9 ans, j’étais à l’école primaire, et j’écoutais l’album Panthéon de Booba en boucle. » À l’adolescence, il se tourne vers le rap expérimental et outrancier de la clique américaine Odd Future, menée par Tyler The Creator et Frank Ocean, découvre l’autotune sur le mythique 808s and Heartbreak de Kanye West… tout en kiffant les guitares de Nirvana et en butinant sans complexe du côté de la French touch des
le spleen de la société de consommation Une critique sociale que le jeune Rennais aime lui aussi à cultiver, le ton blasé du millenial en plus. « J’ai payé mes impôts et j’ai pris mes médocs / Putain d’époque / Accroche-toi si t’es pas dans les codes / Putain d’époque / […] J’coupe mes réseaux, et j’ai plus aucun pote. » Oscillant entre humour cynique et discours splénétique sur la société de consommation – tendance Houellebecq, mais en version post-ado attablé au kebab du coin – le single Putain d’époque jette un regard acide sur les travers du néolibéralisme à l’heure des réseaux sociaux. « Tout l’monde est beau, la vie est belle / Le Truman Show sur toutes les chaînes / […] Y a l’paradis qu’sur la marelle / L’enfer est sous mes
TN / Martin Luther avait un rêve / Vaut mieux pas qu’il s’réveille ». Le clip, un petit bijou signé du maître du cinéma d’horreur Olivier Afonso, ne manque pas de second degré. On comprend que le morceau ait été choisi comme générique de fin pour la saison 2021 de Quotidien, l’émission à succès de Yann Barthès. C’est caustique à souhait, et percutant en diable ! « J’prie pour qu’l’banquier me laisse m’endetter / Popcorn et comédies racistes au ciné / Finalement c’est une grosse grippe qu’a tout décimé ». Aux Trinitaires (Metz), mercredi 29 septembre citemusicale-metz.fr Au Moloco (Audincourt), samedi 9 octobre lemoloco.com
Édité par Initial Artist Services universalmusic.fr lujipeka.store
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Cold girl Onze ans après ses débuts remarqués, Anika revient avec Change, deuxième album envoûtant, où elle poursuit son exploration du côté obscur et magnétique de la musique. Par Suzi Vieira — Photo de Sven Gutjahr
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urgie de nulle part, l’énigmatique Anika fut révélée au monde par la grâce d’un premier opus ensorcelant, conçu avec Geoff Barrow de Portishead et empli de reprises entre post-punk et krautdub de chansons des Kinks, de Yoko Ono ou de Dylan. C’était en 2010. Elle avait 23 ans. Il aura donc fallu attendre plus d’une décennie avant que ne paraisse un deuxième projet solo de cette artiste anglo-allemande à l’aura de mystère et à l’univers musical absolument singulier. Sorti au cœur de l’été, Change est tout simplement un disque de pop expérimentale magnifique. Le genre d’album à la lumière froide, reposant sur des nappes de claviers et de lourdes basses, hypnotique et délicat à la fois. On y retrouve la voix unique d’Anika, toujours sur le fil, pouvant à chaque instant défaillir, avec son phrasé entêtant proche du spoken word, lestant chacun de ses refrains d’une épaisseur de sens captivante. Souvent, elle a été comparée à la légendaire Nico, pour sa beauté spectrale et cette façon de psalmodier l’anglais avec un accent allemand, détachant les syllabes sur un ton dénué 72
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d’affect. Impassible. Partout, flotte un air de nihilisme et d’introspection désabusée. « Some may say that you are only interested in one thing / That’s to get your own way » (Certains diront que tu ne t’intéresses qu’à une chose / Obtenir ce que tu veux), annone-t-elle en boucle dans un dialogue avec elle-même sur Finger Pies, d’abord vulnérable, puis de plus en plus détachée à mesure que se déploie la ligne de basse et que la rythmique monte en intensité. La jeune femme use de la répétition, module son intonation, démultiplie le sens possible des mots jusqu’à leur donner la force de ses convictions. « I’m not being silenced by anyone » (Personne ne me fait taire), scande-t-elle encore et encore sur le puissant Freedom, avec son tissu sonore sombre et saturé. Anika chante haut et engagé. Sur le bourdonnant Never Coming Back, elle décrit l’impact de la présence humaine et des dégradations environnementales sur la faune ornithologique de son quartier du vieux Berlin-Est. Sans jamais pontifier pour autant, ni faire l’économie d’une réflexion sur sa propre responsa-
bilité : « I saw the warnings, I saw them all / I saw the warnings, I turned a blind eye » (J’ai vu les signaux d’alarme, je les ai tous vus / J’ai vu les signaux d’alarme, J’ai fermé les yeux). L’album se clôt néanmoins sur une lueur d’espoir et de résilience avec la guitare rugueuse et la batterie de Wait for Something. Sur la ligne de crête entre nihilisme et optimisme, post-punk hypnotique et pop ultra stylisée, la chanteuse au timbre glacé d’une walkyrie restitue avec une fascinante justesse le chaos des émotions qui constitue le fond de l’expérience humaine. Noir et brillant. À L’Autre Canal (Nancy), jeudi 23 septembre lautrecanalnancy.fr
Édité par Sacred Bones Records sacredbonesrecords.com
MUSIQUE
De bruit et de douceur Six ans qu’on l’attendait… Avec Local Valley, José González, star du folk tout droit venue de Scandinavie, signe son grand retour, tout en humanité. Par Suzi Vieira — Photo de Peter Toggeth / Mikel Cee Karlsson
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osé González est de ces artistes qui prennent le temps. Tout juste quatre albums solo en dix-huit ans, et deux avec les potes d’enfance du groupe Junip. Un éternel insatisfait… à la production discographique absolument irréprochable. En France, tout le monde connaît sans le savoir ce discret songwriter suédois d’origine argentine depuis que sa poétique et majestueuse version du Heartbeats de The Knife a été utilisée pour une pub Sony où l’on voyait 250 000 balles rebondissantes de toutes les couleurs dévaler les collines de San Francisco. On lui doit également Stay Alive, la mémorable chanson de la bande originale du film The Secret life of Walter Mitty. Intitulé Local Valley, le nouvel opus de l’auteur-compositeurinterprète (prévu le 17 septembre) vient ainsi combler une trop longue absence, depuis le splendide Vestiges & Claws sorti il y a six ans déjà. Ici, rareté rime encore une fois avec beauté. Tout n’est que douceur, calme et sensibilité. Une musique à la fois épaisse et épurée jusqu’à l’os, magique tellement cet équilibre est difficile à tenir. Entre les arpèges d’une guitare qu’il maîtrise à la perfection et les pépiements d’oiseaux enregistrés depuis la véranda de sa maison d’été, non loin de la réserve naturelle de Säro Västerskog, le morceau Visions est une ode intemporelle à la nature, limpide et délicate comme un soleil d’hiver. Partout, l’écriture de José González accomplit des petits miracles. « Y por agradecer / Lo extraño de simplemente ser / Un alma curiosa, singular / Compleja en su calma y tempestad » (Et pour remercier / L’étrangeté du simple fait d’être / Une âme curieuse, singulière / Complexe dans son calme et sa tempête), chantet-il – pour la première fois en espagnol – sur le titre El Invento, dédié à la petite fille qu’il a eu en 2017 avec l’illustratrice Hannele Fernström. Une bulle de ten-
dresse, entre déclaration d’amour et questionnements existentiels suscités par la paternité nouvelle. Parce qu’il a appris le chant sobre dans les œuvres de Nick Drake, Silvio Rodríguez, Chet Baker ou encore Mercedes Sosa, le natif de Göteborg compose une authentique musique du monde, alternant entre ballades méditatives, embardées folk à l’éclat du Grand Nord, et même quelques couplets révoltés contre le monde ultralibéral (Head On) ou les dogmatismes de tous ordres (El Invento), en particulier ceux qui confinent au fanatisme. « Y dime por qué será / dime en dónde estamos / Dime ¿Por qué ? / Y por pertenecer / A la gente del libro / Pretendiendo entender / Los enigmas del universo » (Et dis-moi pourquoi tout cela / Pourquoi nous en sommes là / Dismoi pourquoi ? / Faire partie des gens du Livre / En prétendant comprendre / Les
énigmes de l’univers). Il ne faut pas s’y tromper. Chez José González, la douceur est parfois en trompe-l’œil. À l’amphithéâtre du Parc Kirchberg (Luxembourg), lundi 6 septembre dans le cadre du festival POND Eclectic organisé par Den Atelier (05-08/09) atelier.lu
Édité par City Slang cityslang.com jose-gonzalez.com
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Duo au sommet Rencontre entre deux monstres sacrés, le concert des guitaristes Sylvain Luc et Biréli Lagrène est un des temps forts du très dense Colmar Jazz Festival. Par Florent Servia — Photo de Philippe Lévy-Stab
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vaient-ils pressenti que leur collaboration se mesurerait à l’échelle d’une vie ? Sorti en 1999, Duet, premier album de Sylvain Luc et Biréli Lagrène s’ouvre sur une reprise de Time after Time de Cyndi Lauper. Depuis plus de vingt ans, leurs retrouvailles, rares, entretiennent la nostalgie d’une douceur et d’un ravissement partagés depuis les débuts. Tout a commencé… dans les pages d’un magazine. En 1997, au fil d’une interview pour French Guitar, Biréli Lagrène cite Sylvain Luc comme l’un de ses guitaristes favoris. « Je ne le connaissais pas », se rappelle ce dernier. 74
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« Il avait dit des choses très gentilles et regrettait que l’on ne parle pas davantage de moi. Je l’ai donc appelé pour le remercier. » Les deux guitaristes s’invitent ensuite chacun sur scène, à Schiltigheim et au Sunset, à Paris. Suffisant pour que l’admiration devienne mutuelle, avant d’être reconnue par le label Dreyfus jazz et validée par le public puisque Duet s’est vendu à plus de 70 000 exemplaires, des hauteurs peu fréquentées par le jazz français ! Avec Time after Time, les deux artistes donnaient le ton d’une aisance dans le dialogue : « Ça a tout de suite été naturel entre nous », témoigne
All that jazz Dans la programmation du festival, citons également un concert du Gregory Ott trio qui a convié Léopoldine HH et Matskat pour une subtile variation autour de Miles Davis et Serge Gainsbourg (18/09, Salle Europe). On craque également pour la voix de Sarah McKenzie rappelant Shirley Horn ou Blossom Dearie (22/09, Théâtre municipal) et pour Médéric Collignon : accompagné du Jus de Bocse, incroyable quartet à cordes, il conjugue jazz, funk et rap pour notamment revisiter le hip-hop des eighties (23/09, Tanzmatten). Enfin, n’oublions pas In Geometry formé autour de la chanteuse Claire Parsons et du guitariste Eran Har Even (25/09, Parc des Expositions) : l’ensemble crée une connexion intimiste, mélangeant les contrastes avec des compositions originales et inspirantes.
Claire Parsons © L. Bass Photography
Michelle David & The True Tones © Jonathan Hielkema
À La Salle Europe, au Théâtre municipal et au Parc des Expositions (Colmar), et aux Tantzmatten (Sélestat), du 17 au 27 septembre festival-jazz.colmar.fr
Sylvain Luc. Culte de la surprise, dans le choix du répertoire comme dans le rapport à l’improvisation, et virtuosité au service des histoires qu’ils déroulent : dans Duet, puis Summertime (2009), les deux guitar heroes loués comme les pointures hexagonales de l’instrument et habitués à tous les honneurs, font valoir leur facilité à se “ballader” à travers les genres. Des standards de jazz comme So what, Someday my prince will come ou On green dolphin street répondent ainsi à des échappées belles du côté des Beatles (Blackbyrd), Stevie Wonder (Isn’t she lovely), Henri Salvador (Syracuse) ou Georges Brassens (Les Amoureux des bancs publics). Issus de la même génération, ils piochent dans des références communes ou font appel à leur immense talent : savoir tout jouer et pouvoir tout relever à l’oreille en un temps trois grattements. Une
aptitude cultivée par tous les musiciens de jazz, mais ici pratiquée à un niveau stratosphérique. De telle sorte que les standards revisités leur servent de prétexte au jeu de l’improvisation. À deux, s’échangeant les rôles d’accompagnateur et de soliste, ils font parler leur « amour commun du rythme et du groove ». Sans filet de sécurité. « On se donne forcément la tonalité, mais le rythme n’est pas forcément prédéterminé », explique Sylvain qui rajoute : « Pour Stompin’ at the savoy sur notre premier album, on ne sait pas du tout pourquoi on est partis sur une espèce de reggae, sur un rythme ternaire, alors que ce standard est habituellement joué très jazz. » Cette année marque de belles retrouvailles entre deux quinquagénaires qui ont joué avec le gotha mondial. Internationale, leur réputation n’est plus à faire. Né à Soufflenheim,
Biréli Lagrène a par exemple aussi bien enregistré avec Jaco Pastorius, Stanley Clarke et Marcus Miller – trois légendaires bassistes américains – qu’avec Michel Petrucciani ou Richard Galliano. Mais après trente ans à écumer les scènes, ces deux cadors n’en finissent pas de chercher la surprise, toujours dans l’idée de provoquer des réactions dans l’auditoire aussi bien que chez le partenaire. « On aime surprendre pardessus tout. Et si on se surprend nousmêmes, il y a de grandes chances que l’on surprenne le public. C’est un vrai bonheur de planter une grille d’accord inattendue, ou un rythme qui n’était pas prévu », résume Sylvain Luc. Au Parc des Expositions (Colmar), vendredi 24 septembre festival-jazz.colmar.fr
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Ballets russes Pour le premier concert de sa première saison en tant que directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov a choisi un programme qui lui ressemble, mêlant sonorités russes et françaises. Par Hervé Lévy — Photo de Grégory Massat
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mpétueux et précis, nous avions découvert l’incandescent Aziz Shokhakimov au pupitre de l’OPS en 2014 pour un virevoltant Concert à l’Université. Depuis, l’histoire d’amour entre le jeune chef ouzbèke (né en 1988) et la phalange strasbourgeoise a suivi son cours, de Symphonie n°10 de Chostakovitch en inoubliable cinquième de Mahler. Alors que débute son mandat de directeur musical – puisqu’il succède au chef slovène Marko Letonja –, le lauréat du prestigieux Concours international de direction d’orchestre Gustav Mahler (2010) fait naître beaucoup d’espoirs dans le cœur des mélomanes, tant cette étoile montante de la baguette semble promise à tutoyer le firmament. Il a
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imaginé une première saison dont les concours entrent en résonance avec sa personnalité artistique… Parcourue par un délicat tropisme franco-russe, elle débute par une soirée à la semblance d’une carte de visite. Longue chevelure volant au vent, look de rock star, le violoniste Nemanja Radulović y interprète le Concerto n°2 de Prokofiev, un compositeur cher au cœur d’Aziz Shokhakimov : « Il y a des instants magiques dans ses œuvres, faisant penser à de véritables contes de fée. Sa musique permet de quitter le présent, parce qu’elle se situe en quelque sorte en dehors de la réalité, dans un autre monde. Peutêtre a-t-il créé ce monde. Peut-être existe-t-il vraiment, qui sait… Le com-
positeur emporte en tout cas l’auditeur et l’interprète dans une autre dimension d’essence spirituelle, au-delà du monde sensible, comme dans certains films hollywoodiens à l’image d’Inception de Christopher Nolan », résume le chef. Trois pièces placées sous le signe de la danse entrent en résonance avec ce lyrisme slave. Aux extases polovtsiennes tirées du Prince Igor de Borodine et aux accents tsiganes des Danses hongroises de Brahms et des Danses de Galánta de Kodály, il fallait néanmoins une réplique toute de fluidité et de transparence. C’est le cas des deux Nocturnes ici donnés. Inspiré à Debussy au tout début du XXe siècle par l’art délicat du peintre James Whistler, ce triptyque est ainsi décrit par son auteur : « Il ne s’agit donc pas de la forme habituelle de Nocturne, mais de tout ce que ce mot contient d’impressions et de lumières spéciales ». Après Nuages – « véritable Turner sonore » pour le musicologue Harry Halbreich – c’est Fêtes que nous allons entendre. Voilà une plongée dans le mouvement, le rythme dansant avec des éclats de lumière brusque où l’on croise un cortège, comme dans un rêve. Et Debussy de conclure évoquant « une retraite aux flambeaux, le soir au Bois… Puis les cavaliers de la garde républicaine, resplendissants… Et les clairons qui sonnaient leur fanfare… » Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), jeudi 9 septembre philharmonique.strasbourg.eu
MUSIQUE
Europa, Europa Nouvelle directrice musicale de l’Opéra national de Lorraine, Marta Gardolińska propose un programme intitulé Europa 19001920 rassemblant des œuvres de Ravel, Karłowicz et Strauss. Par Hervé Lévy — Photo de Bart Barczyk
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our le directeur de l’Opéra national de Lorraine, Matthieu Dussouillez, « Marta Gardolińska fait partie de cette nouvelle génération appelée à reprendre le flambeau et à porter la musique dans un monde en profonde mutation. » Jeune trentenaire, la cheffe polonaise a déjà un beau parcours derrière elle. Elle s’est notamment fait remarquer avec le Bournemouth Symphony Orchestra auquel elle était associée en 2018. Membre du Dudamel Fellowship Program au cours de la saison 2019-20, elle œuvra aux côtés du charismatique chef vénézuélien Gustavo Dudamel – qui vient tout juste de prendre les rênes de l’Opéra de Paris – avec le Los Angeles Philarmonic. « Avec elle, nous avons à cœur de proposer un voyage à travers des pays, des époques, des courants artistiques qui ont contribué à forger l’identité artistique de notre ville et de notre maison », poursuit Matthieu. Et la première étape de ce périple mène l’orchestre de l’Opéra national de Lorraine dans l’Europe du début du XXe siècle, entre 1900 et 1920. La déambulation débute avec La Valse de Maurice Ravel. En guise d’incipit, le compositeur fait figurer ces mots sur une partition qu’il avait d’abord envisagé de nommer Wien : « Des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir par éclaircies des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu ; on distingue une immense salle peuplée d’une foule tournoyante. La scène s’éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate au pla-
fond. Une cour impériale vers 1855. » Malgré ces phrases, le fracas de la Première Guerre mondiale toute proche est encore perceptible dans cette partition achevée en 1920 : un monde s’est écroulé et le créateur du célèbre Boléro exprime sa nostalgie teintée d’ironie pour les scintillements de l’Empire austro-hongrois à jamais éteints… comme si les valses viennoises étaient passées au prisme du cubisme. Le concert s’achève avec Mort et transfiguration, poème symphonique métaphysique de Richard Strauss interrogeant la destinée humaine autant que la précédente pièce questionnait celle des civilisations. Entre ces deux pages, nous découvrirons Mieczysław Karłowicz, compositeur polonais qui aurait sans conteste été un de plus grands de son époque s’il n’avait été emporté par une avalanche dans les Tatras, en 1909, à l’âge de 32 ans. Avec des artistes comme Karol Szymanowski, il fut membre du groupe Młoda Polska (Jeune Pologne), fortement influencé par le post-romantisme de Strauss… Interprété par Bartek Nizioł, son Concerto pour violon, plein des couleurs et des lumières de la haute montagne, en est l’éclatant témoignage. À la Salle Poirel (Nancy), jeudi 30 septembre et vendredi 1er octobre opera-national-lorraine.fr
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Une expérience du son Deux créations mondiales : Apocalypsis à Metz, en septembre, puis une œuvre de saison à Nancy, au printemps. En 2021-22, la compositrice Édith Canat de Chizy irradie sur les scènes lorraines. Portrait. Par Hervé Lévy — Photo de Christophe-Daguet 78
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créations L’Orchestre national de Metz et David Reiland ouvrent leur saison avec la création mondiale d’Apocalypsis en compagnie de l’ensemble vocal Les Métaboles3, à côté de partitions signées Camille Saint-Saëns Reynaldo Hahn et Claude Debussy. Aimant écrire pour la voix, la compositrice a imaginé une pièce éminemment mystique : « Lorsqu’on m’a passé commande de cette pièce [pour célébrer les 800 ans de la Cathédrale Saint-Étienne de Metz, NDLR], nous ne pouvions savoir ce qui allait arriver. Je l’ai écrite pendant le premier confinement en trouvant des résonances entre le Livre de l’Apocalypse et cette période si étrange », résume-t-elle. Sur un livret en trois langues – français, anglais et latin, ce qui permet de « varier la sonorité des phonèmes » – elle suit le déroulement du texte sacré en huit étapes, comme Septième sceau qui « débute avec un compte à rebours du nombre 19, celui du Covid amenant au silence qui se fait dans le ciel », ou Babylone qui la précède, et dans laquelle est rappelée la chute de la cité, « symbole même de la société de consommation. Y sont évoqués tous ceux qui blasphèment. Aujourd’hui, leurs lointains successeurs affirment que le dérèglement climatique n’existe pas. » C’est une page pleine d’interrogations qui tente de décrire, si ce n’est de percer, le mystère biblique. La musicienne ne tient pas « à ce que le mysticisme se manifeste. Il s’agit plus d’une expérience humaine personnelle nourrissant ma musique. Je ne souhaite faire passer aucun message mais revendique une musique d’inspiration spirituelle », détaille-t-elle refusant l’étiquette de “musique sacrée”. Quelques mois plus tard, sera créée une
À L’Arsenal (Metz), vendredi 17 septembre citemusicale-metz.fr Édith Canat de Chizy
« Pas une note qui ne soit gorgée de vie, pas un geste qui ne soit motivé par le jeu, pas une trajectoire qui ne paraisse habitée. La musique saisit et ne se relâche jamais. » Pierre Gervasoni (Le Monde)
« La musique d’Édith Canat de Chizy se distingue autant par sa plénitude acoustique que par sa cohérence organique. » Gérard Condé (Diapason)
« C’est la liberté qui domine dans les compositions d’Édith Canat de Chizy, avec comme première conséquence de merveilleuses surprises. » François-Bernard Mâche (CD Tlaloc)
Auteur depuis 1982 de plus d’une centaine d’œuvres, Édith Canat de Chizy est la première femme compositeur élue à l’Institut de France (Académie des beaux-arts). Violoniste de formation, elle a fait ses études au Conservatoire National Supérieur de Paris après un brillant parcours universitaire et enseigne la composition au CRR de Paris jusqu’en 2017. Ses œuvres, commandées et créées par des institutions et des ensembles prestigieux lui ont valu de nombreux prix. Elle est Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre du mérite et Commandeur des Arts et Lettres.
Michèle Tosi, musicologue, est rédactrice du journal internet Resmusica depuis 2001, et mène également une activité de critique musicale dans l’univers de la musique contemporaine. Elle publie un ouvrage sur la Métatonalité aux Éditions Durand (1992) et une monographie sur Claude Ballif chez P.O. Éditions (1996). Elle participe récemment à la publication de deux ouvrages publiés aux Éditions MF : La mémoire en acte, quarante ans de création musicale (2017) et Compositrices, l’égalité en acte (2018).
Édith Canat de Chizy
parcours À ces influences, il faut rajouter celle de Maurice Ohana1 – « Il m’a permis de comprendre que le plus important est la liberté d’écrire en dehors des chapelles et des écoles » – et de la musique électroacoustique. Dans les années 1980, elle étudie avec Ivo Malec et Guy Reibel, suivant aussi un stage au Groupe de Recherches Musicales fondé par Pierre Schaeffer. Les techniques de ce courant « m’ont beaucoup imprégnée : mixage, mise en boucle, incrustation… À cette époque, nous travaillions sur des bandes magnétiques, ce qui permettait d’avoir une notion très concrète du son : dix centimètres de bande correspondaient à une seconde de musique. En 1985, j’ai transposé ces techniques dans mon écriture instrumentale pour ma première pièce d’orchestre, Yell », expliquet-elle. La compositrice aime de surcroît se nourrir à des sources multiples, poésie et peinture en tête, ces « fragments d’imaginaire. » Pour elle, existe un parallèle entre « matériau pictural et matériau sonore ». Ainsi Nicolas de Staël « utiliset-il au début de sa carrière une matière épaisse et sombre pour, à la fin de sa vie, arriver à une épure où le grain de la toile est visible. » Cette trajectoire est perceptible dans le concerto pour alto pétri de lyrisme (faisant penser à « un Schumann du XXIe siècle », dixit François-Bernard Mâche), dont le titre reprend celui d’une composition du peintre : Les Rayons du jour (2005). Ailleurs, Vincent van Gogh est convoqué avec Champ de blé aux corbeaux achevé juste avant son suicide, pierre
autre œuvre par l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine sous la baguette de Marta Gardolińska 4 dans un programme prenant pour titre D’un matin de printemps. À côté de cette page de Lili boulanger, sera donnée cette pièce sur le thème de la renaissance – un concerto pour clarinette encore innommé – et une page de Debussy. Avec ce dernier qui révolutionna l’idée de la forme à son époque, Édith Canat de Chizy partage bien des choses. « Si l’on regarde la seconde moitié du XXe siècle, on pourrait schématiquement dégager deux courants : d’un côté les “bouléziens”, de l’autre celui de l’expérience du son. J’appartiens au second. » On ne saurait mieux dire.
angulaire d’Omen (2006), qui épouse le tournoiement tragique de l’œuvre. Elle se nourrit également de nombreux textes poétiques comme ceux de Pierre Reverdy (Formes du vent, 2003), Emily Dickinson (Lands away, 1999)… Dans Pierre d’éclair (2010) – où la référence à René Char est à peine masquée 2 – ou Mobiles immobiles (1998), deux titres en forme d’oxymore, se déploie la philosophie sonore d’Édith Canat de Chizy : une dialectique permanente entre le mouvement et l’arrêt, qui irrigue en effet nombre de ses pièces.
La Loi de l'imaginaire
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ans son discours de réception à l’Académie des Beaux-Arts de 2005, le compositeur François-Bernard Mâche décrit l’art de sa consœur en quelques phrases percutantes : « Tout en soulignant votre indépendance, vous vous réclamez des Russes comme Moussorgski et RimskiKorsakov pour l’orchestration, de Debussy pour la liberté de la forme, de Varèse pour le travail sonore. » Et Édith Canat de Chizy de corroborer, précisant : « Varèse affirmait que la musique est faite de sons et non de notes. Il soutenait que le compositeur devait écrire avec ces sons. C’était avant la Seconde Guerre mondiale ! » Depuis, elle a fait sien le credo de l’auteur d’Ionisation.
La Loi de l'imaginaire Entretiens avec Michèle Tosi
ISSN 2550-9055
www.musicae.fr
Prix TTC : 20 €
Éditions Aedam Musicae
9 782919 046898
> Rencontre avec Édith Canat de Chizy à la librairie La Cour des grands de Metz (16/09) à l’occasion de la sortie de La Loi de l’imaginaire, livre d’entretiens avec Michèle Tosi paraissant aux éditions Aedam Musicae (20 €) edithcanatdechizy.fr À la Salle Poirel (Nancy), jeudi 10 et vendredi 11 mars 2022 opera-national-lorraine.fr
Avec François Porcile, la compositrice a écrit l’ouvrage de référence sur celui qui se définissait comme un « moderne archaïque » (Fayard, 2005) 2 Le titre vient du fragment d’un vers issu d’Excursion au village : « Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir » 3 Voir Poly n°233 ou sur poly.fr ; cette saison, Les Métaboles sont en résidence à la Cité musicaleMetz. 4 Voir page 77 1
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MUSIQUE
Générateur de nature Événement phare de la 39e édition du festival Musica, Asterism est un objet artistique immersif hors normes signé Alexander Schubert, d’une durée de 35 heures et 34 minutes. Par Hervé Lévy – Photo de Christophe Urbain
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mblématique de l’esprit d’ouverture tous azimuts et de croisements multiples insufflé par Stéphane Roth à Musica depuis son édition 2019, Asterism (présenté avec le Maillon et l’Opéra national du Rhin) est un objet artistique non identifiable. « Il ne s’agit pas d’un concert, ni d’une performance. C’est une installation, mais pas vraiment », résume le directeur du festival. Fidèle à son credo, il fait découvrir au public un compositeur encore peu joué en France, mais cependant majeur, en la personne d’Alexander Schubert (né en 1979) dont la pratique se situe à l’intersection des genres musicaux – free jazz, hard rock, techno, classiques contemporains… – et des pratiques. S’autorisant des hybridations majuscules, celui qui a aussi étudié la bio-informatique, avec une spécialité en sciences cognitives, fait vivre au public des expériences visuelles et sensorielles (d)étonnantes à l’image de Black Mirror, se déroulant dans le cadre d’un hôtel abandonné, présenté au cours des rainy days de La Philharmonie de Luxembourg, en 2016.
L’essence d’Asterism se trouve dans son titre évoquant un terme d’astronomie, « une entité cohérente composée par des étoiles particulièrement brillantes qu’on reconnaît visuellement, mais qui sont uniquement liées entre elles par la figure qu’elles composent, ne formant pas une constellation », résume Alexander Schubert. Le plus célèbre exemple est sans doute la “grande casserole” (ou “grand chariot”) dans la Grande Ourse. Et le compositeur de brouiller immédiatement les pistes, ajoutant qu’il s’agit « aussi de trois astérisques en triangle qui indiquent une rupture dans le flux du texte ou le début d’un paragraphe, en typographie. » Pour être plus concret, imaginez un plateau nu de 400 m2, fragment de nature – avec arbres, lac, etc. – dans lequel le public pénètre par groupes de vingt personnes, les uns succédant aux autres, pendant 35 heures et 34 minutes. L’espace est habité de perfomers, de musiciens… Le réel ? Peut-être. Mais un réel réaliste (re)construit avec ses odeurs, ses échappées… Un réel magnifié à la mode romantique germanique ? Surement pas, deux-cents ans plus tard, Alexander n’est pas Franz. Chez lui, tout cela se pixellise, est en métamorphose perpétuelle, glitche sans arrêt… Impossible à décrire. Essentiel à vivre. Pour le compositeur, il s’agit autant d’une « expérience d’apprentissage que d’une expérience esthétique. En fait, c’est avant tout un lieu où il est possible de se confronter à la nature et d’apprendre quelque chose du monde. Oui, un lieu, ça me va. » On pense évidemment aux espaces chromatiques vibratoires et hypnotiques de James Turrell, l’épure en moins.
Avant de pénétrer dans ce lieu, le public est “préparé” : « Un véritable rituel », s’amuse le compositeur qui n’hésite pas à qualifier l’expérience vécue de « pèlerinage post-digital ». Asterism permet d’entrer dans une « réalité simulée, un bout de nature créé in-vitro dans une black box. Ici c’est un théâtre, pour des raisons techniques, mais je pense que cela aurait eu encore plus de sens de s’installer dans une usine abandonnée. » Musique (programmée et improvisée, sonorités naturelles et artificielles), lumière, projections… Tout est sur le même plan dans un monde qui peut être considéré comme un avatar contemporain de la Gesamtkunstwerk (œuvre d’art totale) chère à Richard Wagner. Au Maillon (Strasbourg), du vendredi 17 septembre à 19h37 au dimanche 19 septembre à 7h11 festivalmusica.fr – maillon.eu alexanderschubert.net
Au monde Un des axes majeurs structurant l’édition 2021 de Musica (où sont réunies 38 productions, dont 16 créations) est « notre relation spirituelle à l’environnement, ce qui permet notamment d’aborder les rivages du chamanisme », résume Stéphane Roth. En témoignent Vox Naturae de Murray Schafer, pionnier de l’écologie en musique et créateur de “paysages sonores” (24/09, Halles Citadelle) ou Forêt, conte cruel et abstrait de Franck Vigroux (27/09, Théâtre de Hautepierre) sur la déforestation au Brésil. Autre ligne de force du festival, un regard sur « le bouillonnement de la scène américaine » avec un concert d’ouverture en forme de manifeste (16/09, Halles Citadelle) où Horse Lords métisse le rock et Xenakis, tandis que l’ensemble vocal Roomful of Teeth donne Partita for 8 voices de Caroline Shaw et d’autres pièces de la compositrice (qui en est membre). Son univers chambriste sera exploré par I Giardini (23/09, Saint-Paul) dans une soirée confrontant la nostalgie à nos aspirations présentes ! N’oublions pas non plus Mini Musica, festival dans le festival pour les plus jeunes, et l’intriguant Port Data (18 & 19/09, Point Coop), où Hélène Gaudy évoque le Port du Rhin. Dans différents lieux de Strasbourg, du 16 septembre au 2 octobre, puis en région (Mulhouse & Guebwiller), du 7 au 10 octobre festivalmusica.fr POLY 238
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MUSIQUE
Snowpiercer En partenariat avec le festival Musica, l’Opéra national du Rhin ouvre sa saison avec La Reine des neiges d’Abrahamsen, conte initiatique glacé adapté d’Andersen. Par Hervé Lévy — Photo de répétition de Klara Beck
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oin, très loin de l’animation à la sauce Disney – avec son insupportable scie Libérée, délivrée – La Reine des neiges est un opéra de 2019 écrit par Hans Abrahamsen (né en 1952), ici représenté en France pour la première fois. Matériau d’une grande richesse, le conte éponyme d’Hans Christian Andersen « recèle tant de strates qu’il peut être lu et interprété de différentes manières », résume le compositeur danois. Fable initiatique de l’entrée dans l’âge adulte, l’histoire est celle de deux enfants, Gerda et Kay, puissamment unis l’un à l’autre. Enlevé par une terrible souveraine vivant au-delà du cercle polaire, Kay est désormais insensible au monde extérieur. Devenu de glace, le voilà figé hors du réel. Pour le sauver, son amie part à sa recherche dans les solitudes hyperboréennes gardées par des armées de flocons, tourbillons menaçants. Ponctuée de multiples aventures – séjour auprès d’une vieille dame et de ses fleurs enchantées, rencontre de deux corneilles fort futées… –, son odyssée métaphysique permet de
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découvrir l’univers sonore du musicien. Il fut affilié au courant de la “nouvelle simplicité” dans les années 1970, assumant, à rebours des modes de l’époque, un retour à la mélodie et à l’harmonie… tout en suivant les enseignements de György Ligeti. Dans ce premier opéra, sa musique polyphonique, partition glacée et cristalline où se déchaînent, puissantes et inextinguibles, les forces de la Nature, fascine, surtout lorsqu’elle est parcourue de spectaculaires envoûtements, notamment dans la partie du chœur.
mation Grégoire Pont est fondamentale. Ses compositions visuelles sont projetées sur un rideau transparent fait de chaînes et « permettent aux chanteurs de traverser l’image, ou de chanter derrière en étant immergés dans les animations », résume-t-il. Voilà qui est de nature à créer des effets magiques… Quant au style graphique, il « joue avec les lignes des fissures sur la glace, les brisures du verre et ces lignes font penser à des toiles d’araignées qui symbolisent aussi la possession, l’emprise. »
« Nous faisons débuter l’histoire à notre époque – un environnement urbain industriel – mais l’imagination des deux enfants colore cette réalité », explique le metteur en scène James Bonas. Et de poursuivre : « Gerda, en s’éloignant de chez elle, revient à une époque de rituels, de chamans, de forêts et d’esprits des animaux qui y vivent. Plus elle s’enfonce dans le Nord, plus les mythes et symboles anciens gagnent en puissance. » Dans le projet, le rôle du vidéaste d’ani-
À l’Opéra (Strasbourg), du 15 au 21 septembre À La Filature (Mulhouse), vendredi 1er et dimanche 3 octobre operanationaldurhin.eu festivalmusica.fr > Rencontre avec l’équipe artistique à la Librairie Kléber (Strasbourg), 14/09 (18h) librairie-kleber.com > Autre pièce iconique d’Abrahamsen, Schnee est donnée pendant le festival par l’Ensemble Recherche (18/09, Les Halles Citadelle, Strasbourg) – festivalmusica.fr
MUSIQUE
Nature & Culture Se déployant dans des lieux insolites, l’édition 2021 du Festival de Musique de Sarre s’intéresse aux Origines. Entre industrie, nature et sonorités raffinées, l’événement tisse de subtils liens. Par Hervé Lévy — Photo de Cosimo Filippini
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près l’annulation de l’édition 2020 et une première partie 100 % numérique du cru 2021, retour aux choses sérieuses pour une manifestation polycentrique et exigeante, dont « l’esprit est transnational, européen, franco-allemand et intergénérationnel. Notre objectif est de jeter des ponts entre les jeunes et les moins jeunes, entre les différents genres, entre les grands de demain et les stars du classique », explique Eva Karolina Behr. Et Bernhard Leonardy, qui partage avec elle la direction artistique du festival, de renchérir : « Nous avons choisi de faire entrer en résonance la musique et la nature – avec des œuvres où ce thème est central – et des lieux atypiques, industriels pour la plupart. » Illustration avec La Création de Haydn (24/09) donnée dans les Fonderies de Sarrebruck fermées en 2020. Inspiré à la fois de la Bible (Genèse et Psaumes) et de l’immense poème épique et religieux qu’est le Paradis perdu de John Milton, cet oratorio se situe sur la ligne de crête entre équilibre classique et romantisme naissant : si les racines de l’œuvre sont à trouver chez Bach et (surtout) Haendel, elle annonce en effet Beethoven avec limpidité. Autre grand moment, la création mondiale de L’Âge ingrat (11 & 12/09, Völklingen) : dans le mastodonte de fer de la Weltkulturerbe Völklinger Hütte – complexe sidérurgique de 600 000 mètres carrés qui cessa son activité en 1986 – se déploie un monodrame pour un acteur et deux pianistes
composé par Stefan Litwin et adapté de Jean Paul. « Un véritable opéra de poche plein de surprises permettant d’explorer l’univers d’un des plus grands écrivains allemands qui imagina une relation nouvelle à la nature », résume Bernhard Leonardy. Des voix séraphiques a cappella de l’ensemble VOCES8 (16/09) résonant devant les vitraux signés Gerhard Richter de l’Abbaye bénédictine Saint-Maurice de Tholey – dans un répertoire allant des polyphonies médiévales aux sonorités jazzy – à un ciné-concert du film réalisé en 1927 par Walter Ruttmann, Berlin, symphonie d’une grande ville (10/09, Zeltpalast Merzig), en passant par un pique-nique en musique (26/09, Deutsch-Französischer Garten, Sarrebruck), le programme a la semblance d’un heureux tourbillon. Notre coup de cœur ? Le Gustav Mahler Jugendorchester (en photo) dirigé par Renaud Capuçon (01/10, Industriekathedrale Alte Schmelz St. Ingbert) pour un programme Mozart / Schubert. « Depuis des décennies, cette phalange réunit les meilleurs jeunes instrumentistes du monde entier. Elle déborde d’énergie et il est possible de sentir l’envie des musiciens jusqu’au dernier rang du public », conclut Eva Karolina Behr. En Sarre, du 10 septembre au 5 octobre musikfestspiele-saar.de
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MUSIQUE
Fantômes de famille À Bayreuth avait lieu l’événement musical de l’été avec une nouvelle production signée Dmitri Tcherniakov du Vaisseau fantôme de Wagner. Par Hervé Lévy - Photos d’Enrico Nawrath / Bayreuther Festspiele
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la fin de la représentation, l’ovation pour Oksana Lyniv ressemble à une vague qui grossit jusqu’à tout emporter sur son passage. Le public est en transe, tapant frénétiquement des pieds, faisant vibrer les fondements du vénérable théâtre et hurlant son bonheur, tant la prestation de la première femme à diriger dans “l’abîme mystique” * depuis les origines a été transcendante. Ardente et d’une impressionnante clarté, l’Ukrainienne fut tout simplement exceptionnelle. Tout comme la soprano Asmik Grigorian, reçue par une similaire marée de joie : Senta hyperexpressive, déchirante et hallucinée, plus ado révoltée qu’héroïne romantique, elle donne chair à son personnage avec grande puissance. Pour Dmitri Tcherniakov, l’accueil fut plus contrasté le soir de la première, une partie de la salle le huant avec force, l’autre l’applaudissant fiévreusement – une dualité reflétant une querelle des anciens et des modernes à la mode opératique. Il est vrai que le metteur en scène russe se plait à twister les histoires originelles, s’en éloignant considérablement et s’amusant à racon84
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ter quelque chose de très différent. Mais c’est fait avec une telle intelligence qu’on ne peut qu’être bluffé, n’en déplaise aux pisse-froid espérant une lecture littérale de l’œuvre. C’est le cas une nouvelle fois avec ce Vaisseau fantôme qu’il dépouille de nombre de ses oripeaux romantiques, imaginant à la place une histoire de famille d’une extrême cohérence, lourde de secrets et percluse de traumatismes. Pendant l’ouverture, des saynètes muettes expliquent ce qui va suivre. Une femme marche dans la rue avec son enfant qu’elle renvoie à la maison pour aller à un rendez-vous galant. Au coin de la rue, l’étreinte est brûlante. Violente plus que passionnée. Mais le fils a tout vu… Plus tard, lorsque l’homme repousse sa mère avec la même brutalité qui parcourait leur étreinte, le gamin est toujours là, les yeux exorbités. Choqué. Fille irrémédiablement perdue dans une société villageoise étriquée, elle n’a plus qu’une issue : son corps est retrouvé pendu. Des années plus tard, le petit garçon
– le Hollandais – reviendra se venger de cet homme – Daland, incarné avec une élégante solidité par la basse Georg Zeppenfeld –, la cause de son malheur. Point de vaisseau fantôme donc, mais des spectres venus du passé qui hantent le plateau dans un huis clos étouffant se déployant dans un village de briques sinistre, qu’on pourrait croire posé sur les côtes de la Mer du Nord, quelque part aux Pays-Bas. Il convoque pêlemêle les toiles d’Edward Hopper et les photographies de Gregory Crewdson. Apocalyptique, la fin, véritable brasier au sens propre autant que métaphorique, nous laissa sonnés… Cette production du Vaisseau fantôme sera à nouveau à l’affiche de l’édition 2022 des Bayreuther Festspiele, dont le point d’orgue sera une nouvelle Tétralogie mise en scène par Valentin Schwarz bayreuther-festspiele.de
Surnom donné à la fosse de Bayreuth, parce qu’elle est partiellement recouverte, dérobant l’orchestre au regard des spectateurs, et descend à la verticale, ce qui lui confère une sonorité unique
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Nostalgie pour le temps présent Les lauréats 2020 et 2021 du Prix HSBC pour la Photographie exposent, à L’Arsenal de Metz leurs regards sensibles sur les fins d’une époque. Par Thomas Flagel — Photos de Aassmaa Akhannouch (gauche) et Cyrus Cornut (droite)
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près les empêchements de 2020, ils ne sont pas deux, mais quatre lauréats du fameux prix à montrer leurs séries primées : Louise Honée et Charlotte Mano pour 2020, Cyrus Cornut et Aassmaa Akhannouch pour 2021. Cette dernière, marocaine installée entre Casablanca et le Lot, est venue sur le tard à la photographie. Ingénieure, elle travaille dans le marketing avant de consacrer à l’art, la quarantaine bien entamée. Elle explore le souvenir, ouvrant des fragments de mémoire en laissant une grande place au regardeur, révélant les émotions qui la traverse. La Maison qui m’habite encore… est la tentative de conserver 86
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des bribes de ce que fut la maison rouge de son enfance, avant qu’elle ne soit vendue après la disparition de sa maman. Les prises de vue in situ – des piles de livres branlantes contre un mur (Aurais-je le temps), un vieux téléphone à cadran au fil dénudé, posé sur une table basse tranchant avec un carrelage décati (Ne sonnera plus) – voisinent avec des mises en scènes de moments clés de son enfance autour d’une veille de jour de fête. Cette femme cuisinant un poulet aux olives pourrait être sa mère, cette fille à longues nattes aidant à la préparation de cornes de gazelle, la photographe elle-même, l’enfant jouant le long d’un mur donnant sur la mer, un
frère… Plus que les sujets traités, c’est l’empreinte intime des tirages réalisés par Aassmaa Akhannouch qui fascine : ses cyanotypes virés sont loin du bleu habituel. Introduits dans une solution de tannin de chêne, l’oxydation du fer forme des tons de noir pourpré et confère une couleur marron jaunâtre clair au papier, qu’elle rehausse à l’aquarelle pour obtenir une sorte de patine étrangement intemporelle, une douce mélancolie. Moins intime, les visions de Chongqing proposées par Cyrus Cornut documentent l’urbanisation galopante en Chine. Avec son travail à la chambre (4x5), ses temps de pose longs (floutant hommes et femmes) et
EXPOSITION
Lydie Salvayre © Vincent Muller
ses réglages minutieux, cet architecte de formation s’intéresse à la cohabitation de la ruralité et des habitats traditionnels en briques avec les grands ensembles de béton et leurs corollaires de bretelles d’autoroutes serpentant audessus d’anciens jardins ouvriers dans la mégalopole de 34 millions d’habitants. La “ville Montagne”, sillonnée par le fleuve Yangzi Jiang et la rivière Jialing, peine à percer l’épais brouillard qui la recouvre toute l’année. Une nostalgie certaine point de la juxtaposition de deux mondes dont l’un efface, lentement mais irrémédiablement l’autre, où l’entassement et la modernité écrasent tradition et art de vivre avec un fracas… terrifiant de grandiloquence, dans un ballet infini de grues et de pelleteuses. À la Galerie d’exposition de L’Arsenal (Metz), du 23 septembre au 14 novembre citemusicale-metz.fr POLY 238
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Métamorphoses arci-modernes Avec Face à Arcimboldo, le Centre Pompidou-Metz rend hommage au célèbre peintre maniériste et dévoile l’impact de ses idées novatrices sur l’Art moderne et contemporain. Par Suzi Vieira
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urréaliste bien avant l’heure, Giuseppe Arcimboldo (15261593) a marqué l’histoire avec ses portraits imaginaires en forme de calembours visuels, à base de pommes de terre, églantines, courgettes, pivoines, choux-fleurs et autres navets. Parmi les plus célèbres se trouvent Le Bibliothécaire (autour de 1566), composé d’une pile de livres savamment agencés, et bien entendu la série des Quatre Saisons, dont le visiteur peut ici admirer Le Printemps (1573) – tout en fleurs écloses, feuilles et bourgeons – ainsi que L’Automne (1573), grappes de raisin sur la tête et bouche en bogue de châtaigne. « On a souvent une vision un peu naïve et amusée de ce maître du Maniérisme », souligne Anne Horvath, commissaire de l’exposition. « Pourtant,
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ses tableaux – rompant avec tous les acquis de la Renaissance – ont révolutionné la manière dont on représente le visage en art. » C’est à partir de 1562 en effet, à Prague où il vient d’être nommé portraitiste officiel de Ferdinand Ier de Habsbourg (à la tête du Saint-Empire romain), qu’Arcimboldo met au point cette technique de montage visuel par accumulation. À rebours de la perfection formelle atteinte par un Léonard de Vinci avec La Joconde, le Milanais va pousser à son paroxysme la fragmentation du corps, érigée en matrice de ses toiles. Ce faisant, il invente une peinture profondément conceptuelle, dans laquelle « tout signifie et cependant tout est surprenant », comme l’écrit Roland Barthes dans un essai de 1978.
EXPOSITION
éclaboussures de sens Loin de se réduire à de simples caricatures, les natures mortes de cet artiste de cour et grand savant renouvellent de fond en comble le traitement de l’allégorie, célébrant la stabilité du pouvoir des Habsbourg à travers le cycle des saisons et illustrant la diversité de la flore d’un empire s’étendant sur plusieurs continents. Chacune de ses créations peut ainsi être lue comme le miroir des trésors de connaissance amassés par les princes de cette famille de collectionneurs dans leurs exceptionnels cabinets de curiosité. « Son œuvre est profondément littéraire, truffée de métaphores, palindromes et métonymies », analyse Anne Horvath. « C’est un art d’écrivain, de poète même, où tout signifie deux fois, où l’on trouve des éclaboussures de sens à l’infini ». Les Surréalistes ne s’y tromperont pas, qui revendiqueront haut et fort leur filiation avec Arcimboldo, tous fascinés par ses jeux de symboles et ses doubles images ! Répartis dans le labyrinthe de cloisons en béton cellulaire construit pour l’occasion dans la nef du Centre Pompidou-Metz, le visiteur peut ainsi admirer les exercices d’apparition / disparition de Dalí, les collages d’Hannah Höch (en particulier Fille allemande, 1930), l’allégorique et grotesque toupie à l’effigie du Père Ubu de Max Ernst (Ubu Imperator, 1923), la femme recouverte de cosses de petits pois peinte par Toyen (Le Devenir de la liberté, 1946), un Magritte, un De Chirico, etc. kaléidoscope d’images Mais l’influence du maître lombard ne s’arrête pas là. « Nombreux seront les artistes à reprendre, tout au long du XX e siècle, le mode de composition par fragmentation », poursuit la commissaire d’exposition. « C’est le cas de Picasso, par exemple, transformant et assemblant une jarre brisée avec deux voitures de son fils Claude pour sculpter La Guenon et son petit (1951) ». Quant à ce geste – ô combien subversif au XVIe siècle ! – qui consiste à disloquer le corps jusqu’à le rendre méconnaissable, on le retrouve aussi bien dans la Poupée (1935) désarticulée d’Hans Bellmer que dans la radicale destruction du visage opérée par la britannique Penny Slinger avec I Hear What You Say (1973). En faisant glisser l’attention sur
la manière de représenter le sujet, en fusionnant l’homme et la nature pour métamorphoser l’un et l’autre, en invitant le regardeur à changer de point de vue pour comprendre l’œuvre dans sa globalité, Arcimboldo a sans doute écrit le premier chapitre de l’avantgarde anticlassique. Non seulement il a ouvert la voie à la modernité, mais ses questionnements continuent à irriguer la scène contemporaine. En témoignent Ed Ruscha avec sa peinture Mood Doom (2019) laissant apparaître un insecte géant dans une montagne, ou bien encore Pierre Huygue et les sidérantes hybridations de sa vidéo Human Mask (2014). Au total, la monumentale exposition réunit quelque 250 créations d’une centaine d’artistes.
Ni linéaire, ni chronologique, son parcours se veut plutôt une constellation d’images, un ensemble de fragments qui, tous ensemble, finissent par dessiner le portrait kaléidoscopique du maître italien, ou de son “esprit” à tout le moins. On ne pouvait rêver plus arcimboldien ! Au Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 22 novembre centrepompidou-metz.fr
1. Ed Ruscha, Mood Doom, 2019 © Ed Ruscha 2. Giuseppe Arcimboldo, Le Printemps, 1573 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / JeanGilles Berizzi
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There is a light that never goes out À Karlsruhe, les Schlosslichtspiele éclairent la rentrée : vidéos et musique se mêlent pour un véritable festival des lumières. Par Pierre Reichert
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space urbain au patrimoine remarquable, Karlsruhe est un lieu où la culture bat plus fort qu’ailleurs. En témoigne une initiative originale et pionnière, Kultur in Karlsruhe rassemblant ses institutions majeures. S’y retrouvent ainsi le Badisches Staatstheater, la Staatliche Kunsthalle, etc. Marque fédératrice et action permettant de positionner la ville comme une destination culturelle majeure, elle prend sous son aile de multiples initiatives au nombre desquelles figurent les Schlosslichtspiele (illuminations du château en VF) magnifiant l’édifice emblématique de la cité, érigé par le Margrave Charles Guillaume de Baden-Durlach. Elles furent créées en 2015 par Peter Weibel, directeur artistique et scientifique du ZKM. Après une édition 2020 virtuelle, l’événement est de retour in real life, essaimant dans une dizaine de lieux pour un véritable parcours en forme de festival. Parmi eux, mentionnons le Nymphengarten (10/09-03/10) où une installation de Nicola Falley évoque le château Amélie, presque intégralement détruit en 1944, et le magasin désaffecté situé Hebelstraße 21 (jusqu’au 17/09) métamorphosé en galerie pop-up, à l’initiative de Steffen Butz, avec des projections illuminant les vitrines. Sur le château se déploient des éclairages artistiques avec deux mappings chaque soir, répétés en plusieurs boucles. 90
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Ils illustrent la place des expérimentations contemporaines débridées et autres innovations tous azimuts dans la ville, couronnée par le label Unesco City of Media Arts, le premier obtenu en Allemagne, du Creative Cities Network de l’Unesco. Au menu de l’édition 2021 – dont la thématique est “Prendre la vie en main” – se déploient plusieurs shows au nombre desquels figure Ganesis de l’artiste berlinois Spiegelball questionnement tourbillonnant sur ce qui succédera à l’Homme dont la bande-son a été composée par une IA. Quand l’humain s’efface… Citons aussi Karlskompensator, véritable retour vers le futur de Crushed Eyes Media et les Synthetic Sonnets d’Antonin Krizanic faisant coexister le corps baroque de l’édifice et le futurisme sur la Symphonie n°9 “du nouveau monde” de Dvořák puissamment réarrangée. Mention spéciale enfin à Nucleus fondée sur une composition de Wolfgang Rihm réalisée avec l’Institut d’informatique musicale et de musicologie et le ComputerStudio de la Hochschule für Musik. Des sons nerveux tiraillent, compressent, étirent et façonnent la lumière dans une composition tout à fait étonnante. Sur la façade du Château et dans toute la ville (Karlsruhe), jusqu’au 3 octobre schlosslichtspiele.info kulturinkarlsruhe.de
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Penser les mutations Alternatives ? Architecture ! Tel est le thème de la nouvelle édition des Journées de l’architecture (JA) qui s’intéresse à l’Espagne, la transition écologique et la dernière lauréate du prix Pritzker, Anne Lacaton. Par Irina Schrag
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ntre Allemagne, France et Suisse, la Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur fait, chaque rentrée, son festival pour réunir, des professionnels d’un secteur en pleine mutation. S’y retrouvent de nombreux lauréats du prix Pritzker – considéré comme le Nobel de la discipline –, livrant conférences et leçons. Après le chinois Wang Shu, l’australien Glenn Murcutt ou encore le britannique Sir Richard Rogers, sans oublier le portugais Eduardo Souto de Moura ou l’américaine Jeanne Gang1, c’est la française Anne Lacaton2 qui sera à l’honneur lors de la soirée de clôture des JA (28/10, Zénith, Strasbourg). L’occasion, assez rare, d’écouter l’une des plus ferventes défenseurs des réhabilitations, notamment dans le champs locatif et social, de bâtiments dont elle préserve les grands volumes ouverts et évolutifs. 92
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« Nous sommes attachés à la transparence, à l’augmentation des espaces du dedans et du dehors, à la façon dont on sent un espace. La notion d’habiter est fondamentale pour une école comme pour l’habitat individuel ou l’espace public. La conception des volumes doit toujours partir des fonctions potentielles laissées aux futurs utilisateurs », confie-t-elle. Soucieuse « d’augmenter les libertés d’usages » des habitants, elle a fait des enveloppes extérieures une sorte de signature. Que ce soit le Frac Nord-Pas-de-Calais (devenu Frac Grand Large - Hauts-de-France), avec son double volume : un fermé pour les expositions et les réserves qui nécessitent des températures contrôlées, et une enveloppe de verre qui l’ouvre sur l’extérieur. Ou pour des habitations HLM de Saint-Nazaire comme pour la Cité Manifeste de Mulhouse3 dans
lesquelles de larges espaces extérieurs (ouvrables et fermables), permettent d’augmenter de 30 à 50% la surface d’habitation et d’utilisation. Dans sa démarche, l’architecte n’oublie pas d’impliquer « la responsabilité de l’habitant en participant à l’éducation des futurs usagers pour changer efficacement les pratiques. On se rend compte que les citoyens se sentent concernés, à nous de les impliquer sur les économies d’énergie car ce sont eux qui devront faire fonctionner rideaux, fenêtres et volets pour garder la fraîcheur et faire circuler l’air dans nos constructions. Notre expérience prouve depuis de nombreuses années que cela fonctionne. Les préoccupations actuelles (économies d’énergie…) ramènent du sens à l’architecture, deviennent un autre élément moteur que les seuls matériaux, images et formes produites. »
ARCHITECTURE
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frugalité Autres personnalités jetant un regard critique sur les dérives actuelles du bâti, Bernard Quirot (soirée d’ouverture à La Briqueterie, Schiltigheim, 24/09) et Philippe Madec (Campus Fonderie de l’Université de Haute Alsace, Mulhouse, 15/10) ne manqueront pas de tisser de nouvelles lignes à suivre, tournées vers les alternatives locales et la simplification pour le premier, le Manifeste pour une frugalité heureuse et créative cosigné par le second. L’urbaniste y invite à repenser consommation d’énergie, techniques et matériaux. Son intervention sera complétée par des focus sur le bois et la terre, mais aussi par une exposition itinérante et transfrontalière intitulée Frugalité créative – Weniger ist genug (15/10-15/11 à KMØ, Mulhouse)4. Elle s’appuie sur Das Haus der Erde (La Maison de la Terre), texte de l’associa-
tion des architectes allemands (BDA), daté de mai 2019, qui s’engage pour « une architecture plus respectueuse des ressources naturelles, qui transforme l’existant avant de construire du neuf, qui valorise les matériaux renouvelables et les savoir-faire locaux, qui privilégie des solutions techniques robustes et propose un équilibre entre tradition et modernité. » Les exemples inspirants de l’exposition ont tous été récemment construits des deux côtés du Rhin : 20 dans le Grand Est et 15 dans le BadeWurtemberg, en Suisse et au Vorarlberg (Autriche). l’archi pour tous Parmi les centaines de rendez-vous des JA, ne manquez pas l’opportunité de découvrir le quartier de la Coop de Strasbourg avec l’instigateur des refondation / réhabilitation, Alexandre
Chemetoff (midi-visite, 01/10), mais aussi la visite de La Maison sans chauffage, bâtiment de quatre étages pour 17 ateliers résidentiels à Bâle (25/09 et 09/10) ou encore la déambulation, à Karlsruhe, sur les traces de La Nature comme matière première (24/10). Dans la commune limitrophe de Durlach, un parcours vélo part à la découverte des solutions d’approches architecturales alternatives : de Tiny Houses réduisant l’espace au strict nécessaire jusqu’au Biergarten Erste Fracht à la déco boisée, installé derrière la gare centrale de Karlsruhe (09/10). Dans un style plus perché, un concert cosmique de la chanteuse Lily Jung électrisera le Landscpape Hôtel 48°Nord et ses hyttes contemporaines en bois surplombant le Val de Villé (01/10, Breitenbach)5. La programmation pour les familles n’est pas en reste avec le lancement de tous nouveaux ateliers pédagogiques par la Maison européenne de l’architecture au Vaisseau (Strasbourg). Chaque mercredi, les enfants de 6 à 10 ans bénéficieront de séances créatives d’initiation pour développer une sensibilité aux constructions qui les entourent, redécouvrir l’environnement immédiat, travailler en équipe et les sensibiliser aux dimensions sociales et écologiques de l’architecture. Le 5e Lieu (Strasbourg) accueillera aussi des ateliers jeune public autour des éco-quartiers de demain (06/10) et des fenêtres comme horizon des possibles (09/10 et 23/10). En Alsace, dans le Bade-Wurtemberg et à Bâle, du 24 septembre au 31 octobre m-ea.eu 1. Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal, Frac Nord-Pas-de-Calais, Dunkerque, 2014 © Philippe Ruault 2. Bernard Quirot, Maison Grachaux © Luc Boegly
Retrouvez nos différents articles et entretiens avec ces grands architectes autour des précédentes éditions des JA sur poly.fr et dans Regards sur l’architecture (co-édition MEA / BKN) 2 Elle a obtenu le prix Pritzker avec Jean-Philippe Vassal, architecte avec lequel elle a cofondé son agence en 1987 3 Un parcours vélo est proposé les 10/10 et 17/10 (15h) pour une visite guidée des constructions de Lacaton & Vassal, rue Neppert et à la Cité Manifeste de Mulhouse 4 frugalitecreative.eu 5 Voir Poly n°232 ou sur poly.fr 1
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Le goût de la merise Sans tambour, ni trompette, Cédric Deckert a su s’imposer grâce à une cuisine allant droit au but. Les deux Étoiles de La Merise brillent à Laubach, à une dizaine de kilomètres de Haguenau. Par Hervé Lévy — Photos de Maxime Mentzer (gauche) et Cyrille Fleckinger (droite)
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a trajectoire est exemplaire. Ouverte en octobre 2016, La Merise est distinguée d’une première Étoile au Guide Michelin en 2018, puis d’une deuxième, en 2021. Exemplaire, le parcours du chef Cédric Deckert (né en 1981) l’est tout autant. Celui qui a grandi à Avolsheim passe par des adresses prestigieuses, du Cygne de Gundershoffen – rayonnant alors sous la houlette de François Paul – au Jardin des Sens, maison montpelliéraine culte des frères (jumeaux) Pourcel. C’est néanmoins à L’Arnsbourg qu’il reste le plus longtemps : dix-sept ans aux côtés de Jean-Georges Klein, auquel un cappuccino de pommes de terre et truffes sensuel et satiné rend hommage à la carte. Il a par ailleurs pris part à de nombreux concours, atteignant la finale
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internationale des exigeantes Olympiades des métiers à Séoul, en 2001. Une expérience formatrice en diable : « Sophrologie, sport de haut niveau, récupération… Nous étions coachés par Daniel Levavasseur – entraîneur de la double championne olympique Laura Flessel – car il fallait repousser nos limites chaque jour », résume-t-il. un écrin alsacien Depuis longtemps, il avait en tête d’ouvrir, avec son épouse Christelle, rencontrée à L’Arnsbourg, une adresse qui leur ressemble. Ce sera La Merise, dont le nom évoque avec joliesse le sobriquet des habitants de Laubach, s’Kirschepicker (les picoreurs de cerises). Le couple a décidé de bâtir ex nihilo une demeure qui respire l’Alsace, avec des matériaux
de récupération sauvés dans de vieilles granges effondrées et autres fermes vouées à la démolition : portes de bois massives, colombages, moellons de grès ou encore tuiles traditionnelles de terre cuite dont l’extrémité inférieure est arrondie, “en queue de castor” (ce qui lui confère son nom alémanique de Biberschwanz). « Si je n’avais pas été cuisinier, je pense que j’aurais été architecte ou tout au moins travaillé dans la construction », s’amuse Cédric. Le résultat est bluffant : le lieu est nimbé d’une altière authenticité, si bien qu’il serait possible de le croire érigé au XIXe siècle et récemment rénové. Contrastant avec l’extérieur, l’intérieur est tout de modernité. Sobriété et élégance sont de mise dans des salles aux teintes grèges. De larges baies vitrées structurant l’espace
GASTRONOMIE
permettent des échappées belles sur une campagne idéale faite de prés cascadant avec volupté et de vergers dont la poésie rappelle celle d’Anna de Noailles : « Des brugnons roussiront sur leurs feuilles, collées / Au mur où le soleil s’écrase chaudement / La lumière emplira les étroites allées / Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement. » La cuisine, elle, est en profonde harmonie avec cette intense luminosité. ouverture sur le monde « L’année dernière, nous avons travaillé pendant deux mois sur un ris de veau sans réussir à le faire aboutir. Il était bien, vraiment bien, mais pas parfait. Impossible d’être 100 % convaincus ! Cela fonctionnait, mais il manquait un caractère d’évidence », narre Cédric Deckert, illustrant le credo de la maison. Claires, franches, directes, ses assiettes ne rassemblant pas plus de trois produits sont marquées par une fulgurante économie de moyens, allant droit au but : « La complexification à outrance
est-elle absolument nécessaire ? » interroge ce maître des sauces et des jus architecturant des créations d’une rectitude absolue. Elles se situent sur la ligne de crête entre l’épure et la gourmandise, à l’image d’une de ses signatures, composition circulaire où un carpaccio de langoustine barbotant avec délices dans une soyeuse crème au vinaigre de framboise s’amuse, dans de marines circonvolutions, avec une généreuse grappe de grains de caviar osciètre (de la maison Kaviari). Amoureux des gastronomies espagnoles et italiennes, le chef – qui se dit fasciné par l’art de Christophe Bacquié – aime travailler les poissons de mer, proposant d’extatiques équipées méditerranéennes. Pensons à la droiture d’un rouget barbet jouant avec de l’huile au basilic et des sucs de cassis. Et l’Alsace là-dedans ? La tradition régionale revisitée n’est pas le truc de Cédric. Et c’est tant mieux, tant ils sont nombreux à pratiquer le genre avec plus ou moins de bonheur. Le terroir est parfois néanmoins présent,
traces évanescentes et subtiles, dans des partitions plus amples, tel ce beurre à l’alsacienne – rayonnant de persil, ail, échalotes… – surmontant un filet de bœuf maturé à l’incroyable tendreté, auquel compotée d’échalotes et champignons donnent une dimension sylvestre marquée. Mais la cuisine n’est pas tout… « Aujourd’hui, le chef se retrouve sous le feu des projecteurs. Beaucoup viennent “consommer du chef” dans les restaurants et c’est dommage, à mon avis. Je revendique un travail d’équipe. En salle, Christelle retranscrit ce que nous faisons en cuisine. Son rôle est aussi indispensable. » Une franchise à la semblance d’une cuisine, toute de vérité. La Merise est situé 7 rue d’Eschbach (Laubach). Fermé lundi soir ainsi que mardi et mercredi. Menus de 65 à 145 € lamerise.alsace
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Denis Milleret - © Marie Soehnlen
BRÈVES GASTRONOMIQUES
Aérien
Chic et choc, le restaurant strasbourgeois dans lequel Cédric Kuster reçoit ses hôtes de la plus parfaite manière, est une bonbonnière d’une rare élégance. Aux manettes de la cuisine de La Casserole, Jean Roc propose des alliances innovantes ultra-contemporaines, jouant avec les traditions… Histoire d’accueillir les convives en toute sécurité et sérénité, la maison, pionnière dans le domaine, ne recule devant rien, installant des purificateurs d’air Idéal Santé de la filiale française de la société Krug & Priester, entreprise bien connue de la Forêt-Noire. Deutsche Qualität ! la-casserole.fr – ideal-sante.com 96
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Conte gourmand
Une déambulation gastronomique et “oenirique” dans les rues de Dole : voilà comment pourrait se résumer le Weekend Gourmand du Chat Perché (01-03/10). L’occasion de goûter aux produits et savoir-faire régionaux, de déguster les plats des grands chefs jurassiens et de visiter le patrimoine de la cité au rythme des spectacles qui ponctuent l’événement et les villages gourmands (bourguignons et alsaciens, histoire de se dépayser). Rajoutons que le parrain de la manifestation se nomme Pierre-Louis Tourneur – dit “Le Gourmeur”, il parcourt la France à vélo – tandis que son ambassadrice est Dominique Loiseau. jura-tourism.com
Bulles
Un nez où tourbillonnent fleurs blanches et notes de fruits jaunes, abricot ou mangue. Une bouche ample et fraîche évoquant l’improbable rencontre de l’amande grillée ou des agrumes. Le millésime 2014 de la Cuvée tradition du Champagne Vollereaux (50 % chardonnay, 25 % pinot noir et 25 % pinot meunier) est une belle réussite. Il fait figure de porte-étendard pour cette maison familiale née en 1805. Ses vignobles se déploient sur 40 hectares morcelés sur 13 communes des coteaux sud d’Epernay, dont Pierry, classé Premier cru. champagne-vollereaux.fr
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
Tout a débuté à Charcenne (Haute-Saône), en 1921 : cent ans plus tard, la Fromagerie Milleret est dirigée par la troisième génération de la famille. Employant 192 personnes et collectant plus de 77 millions de litres de lait auprès de 156 exploitations, elle est devenue un acteur économique majeur dans la région, tout en préservant ses valeurs. En 2019, l’entreprise qui produit plus de 600 tonnes de cancoillotte annuellement (!) a, par exemple, mis en place la charte “Lait Grand Pâturage” valorisant les pratiques d’élevage vertueuses. fromagerie-milleret.com
© So Reportage 2018
Anniversaire
UN DERNIER POUR LA ROUTE
La brasserie sociale Qualité des saveurs, maîtrise de la mousse, justesse et harmonie : s’Humpaloch produit des bières d’humilité dont chaque détail a été pensé par des artistes.
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e nom titille l’imagination : s’Humpaloch. Derrière cette appellation à l’accent typiquement haut-rhinois résonne le souvenir d’un célèbre bar en sous-sol situé en face de la mairie de Guebwiller, aujourd’hui disparu. Jean-Jacques Hupfel a choisi cette référence à la “Taverne du bock” pour nommer sa brasserie artisanale fondée en 2009… dans son garage. Auparavant, il avait appris le métier sur le tas, expérimentant d’ancestrales fermentations partagées en toute amitié par des fondus de la mousse à l’Écomusée d’Alsace, à Ungersheim, dans une joyeuse créativité effervescente. Fort d’une solide expérience et d’une parfaite maîtrise des procédés, il s’est lancé et propose désormais des breuvages certifiés bio. Contrairement au monde du vin qui en aurait profité pour faire monter les prix d’une production millimétrée, s’Humpaloch défend l’idée d’une offre populaire aux prix étudiés afin de la rendre accessible au plus grand nombre. Une philosophie prenant racine dans le passé d’éducateur spécialisé de son créateur, un homme discret, dont le regard bleu délavé s’anime d’une flamme émue pour les histoires d’amitié et de transmission. En 2015, il déménage la brasserie à Lautenbach, s’associant avec Barnabé, bio-dynamiste. Aujourd’hui, la brasserie déroule sa petite production d’une trentaine d’hectolitres par mois. Des bières confidentielles vendues sur place ou dans quelques lieux choisis en Alsace.
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Formés par Jean-Jacques en retrait aujourd’hui, Barnabé et Guillaume prennent la suite et se partagent un travail engagé ! Quatre classiques sont disponibles (blonde, blanche, ambrée et noire au malt torréfié) ainsi que quelques bières spéciales au gré des saisons et des cueillettes de plantes sauvages. La blanche à la fleur de sureau, désaltérante en diable, évoque un printemps bruissant d’abeilles. L’estivale au lierre terrestre avec ses notes végétales nobles, une chaude soirée d’été à la campagne… Chaque bière est d’une justesse et d’une pureté d’expression qui révèlent un univers de la mousse subtile et gastronomique d’une grande élégance ! À vos bocks ! Brasserie s’Humpaloch 21A rue de la Vallée (Lautenbach)
Christian Pion Bourguignon, héritier spirituel d’une famille qui consacre sa vie au vin depuis trois générations, il partage avec nous ses découvertes, son enthousiasme et ses coups de gueule.
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
Par Christian Pion