28 minute read

Joseph Bastian, nouveau chef principal de l’Orchestre Dijon Bourgogne

Partager la musique

Chef principal de l’Orchestre Dijon Bourgogne à compter de septembre 2022, Joseph Bastian décrit ses ambitions pour la phalange. Zoom sur un musicien engagé.

Advertisement

Par Hervé Lévy – Photo de Romain Bassenne

Après trois saisons de vacance, au cours desquelles ont alterné les baguettes invitées, Joseph Bastian succède au Hongrois Gergely Madaras (2013-2019) à la tête de l’Orchestre Dijon Bourgogne (ODB). Après quelques concerts, la rencontre entre le musicien franco-suisse et la phalange bourguignonne a tourné au coup de foudre. Trombone solo, il avait quitté les rangs de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise au printemps 2018 pour se consacrer à 100 % à la direction. Ses mentors ? Mariss Jansons – « Sa précision au cours des répétitions et sa capacité à lâcher prise en concert étaient extrêmement impressionnantes » –, qu’il a beaucoup côtoyé alors qu’il était son directeur musical à Munich, et Vladimir Jurowski. « Tous deux possèdent une profonde intégrité : ce sont la partition et le compositeur qui comptent et, par extension, les musiciens et le public. Leur égo vient ensuite », résume le jeune quadragénaire. Pour lui, « diriger revient à inspirer les musiciens, afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Il faut travailler ensemble… Je ne suis pas un chef qui mène ses troupes en souhaitant qu’elles lui obéissent aveuglément. » Il compare même son art à celui de la haute gastronomie. « Au départ, c’est un travail technique : il faut couper, tailler, émincer, cuire… Le musicien, lui, fait ses gammes, analyse la partition. L’émotion vient en dépassant ces gestes techniques, en les transcendant. »

Joseph Bastian apprécie le « son français de l’ODB, plus clair que celui de bien d’autres formations. Comme c’est un orchestre symphonique et lyrique, il possède cette douceur opératique – histoire de faire attention à ne pas couvrir les chanteurs – qui évoque le velours. » Ambitionnant d’accroitre son rayonnement, il souhaite explorer, à côté du répertoire romantique, les œuvres classiques : « C’est ce qui fait le plus progresser », glisse-t-il. En témoigne un concert 100 % Mozart (31/03, Centre Pierre Jacques de Fontaine-lès-Dijon), en compagnie de la pianiste Anne Queffélec. La création contemporaine lui tient aussi à cœur. Dans le concert d’ouverture de saison, la seconde édition de l’Académie pour musiciens adultes amateurs (04/09, Auditorium de l’Opéra de Dijon), il a ainsi glissé Ethiopia’s Shadow in America de Florence Price. Autre temps fort, la création mondiale d’Italia de Pierre Thilloy (04/04, La Maison du Peuple de Belfort), dans une soirée qui épouse sa philosophie de composition d’un programme de concert : « Trouver une œuvre centrale ou une thématique et construire autour d’elle toute une dramaturgie sonore. » Du même compositeur, Samá’ (29/11 à La Maison du Peuple de Belfort, puis à La Commanderie de Dole le 13/12 et à L’Arc du Creusot le 02/12) est une œuvre d’art totale, entre Orient et Occident, un opéra-théâtre electro où la danse soufie croise Paul Claudel et Heiner Müller dans une étonnante hybridation.

Saison complète sur orchestredijonbourgogne.fr

STRASBOURG

LE MAILLON

Danse macabre

Animal. La série de projection Cinédjango programme Drôles de petites bêtes, pour redécouvrir Mireille l’abeille, Loulou le Pou, Siméon le Papillon et toute la joyeuse bande d’Antoon Krings (06/11, dès 6 ans).

espacedjango.eu

ESPACE K

Music-hall. Le Krismass Show revient distiller paillettes, sketchs et numéros musicaux (0817/12, les jeudis, vendredis et samedis). Poétique. Avec Sound UP !, l’ensemble HANATSUmiroir propose de découvrir l’œuvre de la compositrice japonaise Malika Kishino, inspirée de l’Éloge de l’ombre de Jun’ichirō Tanizaki, entre danse, langage musical et art martial (11 & 12/11).

espace-k.com

JAZZDOR

Festival. La 37e édition de Jazzdor (04-18/11) distille cuivres et percussions dans une programmation éclectique, dispatchée à Strasbourg et alentours. En ouverture : Holland, Potter, Loueke & Harland (04/11, Cité de la Musique et de la Danse). Quatre monstres sacrés réunis pour un projet qui va bien audelà des démonstrations de virtuosité. Bridge. Poétesse et chanteuse d’origine nigériane, Ugochi Nwaogwugwu débarque de Chicago et convoque de sa voix puissante toutes les mémoires de la diaspora noire (07/02, Fossé des Treize). Fly or die. Nouvelle star de la scène jazz chicagoane, Jamie Branch joue une musique à nue, sans concession, pour retranscrire les soubresauts politiques et sociaux de son pays (09/05, Fossé des Treize).

jazzdor.com

LA LAITERIE

Rookie. Le jeune loup du rap français Luv Resval (21/10, puis le 18/11 au Moloco d’Audincourt) déploie ses textes cryptés, entre mythologie grecque et bitume des cités, sur un flow mélodique et percussif. Diva. De retour sur scène avec un deuxième opus flamboyant, Fishbach chante Avec les yeux des airs de synthpop dopée aux guitares électriques, entre kitsch et totale décontraction (25/11, et avant cela le 24/11 à La Vapeur de Dijon). Touchdown. Après avoir été professionnel de football américain et YouTubeur star, Prime s’est lancé dans le rap, toujours avec le même succès (13/01, et aussi 10/01 à La Cartonnerie de Reims, 14/01 à L’Autre Canal de Nancy et 28/01 au Noumatrouff de Mulhouse).

artefact.org

LE MAILLON

Pépite. Christopher Rüping est la dernière pépite du théâtre germanophone déniché par Barbara Engelhardt. Il vient pour la première fois en France avec Das neue Leben (unplugged) 12 & 14/10, éloge de l’amour et de l’inspiration avec Dante en toile de fond. Performance. Rébecca Chaillon, découverte avec Carte noire nommée désir (2123/02 au CDN de Besançon ) crée son premier spectacle pour ados, Plutôt vomir que faillir (18-21/01, et aussi au CDN de Besançon, 29/11-03/12, et à NEST, Thionville, les 21 & 22/03). Focus. Un air d’Iran avec ces Espaces d’exil (25/01-04/02) réunissant l’excellent Amir Reza Koohestani (En transit) et Gurshad Shaheman (Les Forteresses). Danse. Une New Creation remuante de Bruno Beltrão (30/11-02/12, avec Pôle Sud, puis à La Filature de Mulhouse le 14/12 et à L’Arsenal de Metz le 16/12) et la star Sasha Waltz (In C, 19-21/10). Temps fort. Le Monde du travail (18/0302/04) avec notamment l’agit-prop de Nicoleta Esinescu (Sinfonie des Fortschritts, 31/03-01/04) ou L’Âge d’or d’Igor Cardellini et Tomas Gonzalez, visite guidée dans des lieux qui échappent à notre attention au quotidien, rarement considérés au-delà de leur dimension fonctionnelle, et où se jouent pourtant la création du Capital (18 & 19/03). Paysage. Après Nathalie Béasse, c’est L’Amicale qui présente, 10 jours durant, ses pièces (09-19/11). Humour fou, sérieux du propos et inventivité des dispositifs – notamment dans la redistribution de la place accordée au spectateur – en font des must see. Icônes. Ne manquez pas la Danse macabre de Martin Zimmermann, avec ses trois complices déclassés refaisant société sur la décharge où ils errent comme des âmes en peine (08-10/03, et aussi à la Kaserne de Bâle, 08-10/12, et à MA scène nationale à Montbéliard le 13/12 ). Une des pièces

fondatrices d’Heiner Goebbels (Schwarz auf Weiß, 23 & 24/09 avec Musica), reprise 25 ans après sa création. Come back. Le retour de Mathias Moritz avec un nouveau Groupe Tongue dans Hôtel Proust (12 & 13/01, également à La Comédie de Colmar les 10 & 12/11, puis à L’Espace 110 d’Illzach le 08/11).

maillon.eu

OPÉRA NATIONAL DU RHIN

Rareté. Le Chercheur de trésors de Schreker (28/10-08-11 à Strasbourg, 27 & 29/11 à Mulhouse) fut un des plus grands succès de la République de Weimar. Duo. La Voix humaine de Poulenc est chanté par Patricia Petibon dans une mise en scène de Katie Mitchell, qui imagine un nouvel épilogue cinématographique porté par une composition symphonique d’Anna Thorvaldsdottir (18-26/02 à Strasbourg, 12 & 14/03 à Mulhouse). Printemps slave. Le Conte du Tsar Saltane de Rimski-Korsakov (05-13/05 à Strasbourg, 26 & 28/05 à Mulhouse) est donné dans le cadre du Festival Arsmondo, cette année dédié à la culture slave. Culte. Emmanuelle Bastet monte Turandot de Puccini (09-20/06 à Strasbourg, 02 & 04/07 à Mulhouse). Voix. Le ténor Pavol Breslik (16/12), la soprano Olga Peretyatko (12/05). Danse. Martin Chaix propose une lecture résolument contemporaine et féministe de Giselle (14-20/01 à Strasbourg, 26-31/01 à Mulhouse et 05/02 à Colmar), un nouveau volet de Spectres d’Europe (27-30/04 à Mulhouse, 25-30/06 à Strasbourg), qui s’intéresse aux figures éthérées et abstraites qui peuplent notre inconscient avec des pièces de David Dawson, Lucinda Childs et William Forsythe.

operanationaldurhin.eu

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG

Musique contemporaine. Saccades pour flûte et orchestre de Philippe Manoury par Emmanuel Pahud (07/10). Musique testamentaire. La Symphonie n°9 de Mahler dirigée par Vassili Sinaïski (25/11). Musiques russes. Premier Prix au Concours Tchaïkovski 2019, Alexandre Kantorow interprète le Concerto pour piano n°2 de Tchaïkovski (08 & 09/12), tandis que Nikolaï Lugansky s’empare de la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov (12 & 13/01). Musique sacrée. Pour le concert de Noël (14/12), Ton Koopman et l’Amsterdam Baroque Orchestra donnent Le Messie de Haendel. Musique de fête. Pour le Nouvel An (31/12 & 01/01), goûtons à la folie d’Igudesman & Joo. Musique romantique. Passer Une journée avec Schubert (29/01) est une invitation chambriste lancée par les musiciens de l’OPS. Musique viennoise. L’Orchestre national de Lille fait voisiner Mozart, Schubert, Berg et Webern (10/02). Musique de films. Ciné-concert Mary Poppins (10 & 11/03). Musique au cube. Avec le Triple concerto de Beethoven (23/03) dirigé et interprété par Renaud Capuçon. Musique française. L’Orchestre et John Nelson poursuivent leur compagnonnage

STRASBOURG

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE

DE STRASBOURG

© Sasha Gusov avec une Carmen en version de concert (04 & 06/04) chantée par Michael Spyres et Joyce DiDonato. Musique en résidence. Avec Memoria (20 & 21/04), Bruno Mantovani, compositeur à l’honneur cette saison, se penche sur le conflit arménien.

philharmonique.strasbourg.eu

LA POKOP

Pessoa. Fraichement diplômé de l’École du TNS, Quentin Ehret présente sa création Bureau de tabac (17 & 18/11), inspirée du poème éponyme d’Àlvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa. Deuxième. Le danseur strasbourgeois Marino Vanna signe sa seconde pièce, Man’s Madness (19/01), quatuor en quête de partage d’émotions et de mélange des genres. Épopée. Artiste associé à l’Université de Strasbourg cette année, Geoffrey RougeCarrassat explore la plus vieille histoire écrite du monde dans Gilgamesh Variations (2527/05), créée après des temps de résidence à La Pokop. Festival. La 6e édition du festival des arts scéniques émergents Démostratif se tiendra du 06 au 10/06.

lapokop.fr

PÔLE SUD

Back to back. La krumpeuse Nach est de retour avec la conférence dansée Nulle part est un endroit (23/01). Brésil. Une New Creation de Bruno Beltrão (au Maillon, coréalisation, 30/11-02/12, puis à La Filature de Mulhouse le 14/12 et à L’Arsenal de Metz le 16/12). Créations. La nouvelle pièce de Marie Cambois ALL (à la lisière…) (12 & 13/01, puis à l’Espace 110 d’Illzach les 20-21/01, au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy les 07 & 08/02, à L’Arsenal de Metz le 02/03 et au Nouveau Relax de Chaumont le 23/03). La création de groupe d’Ezio Schiavulli, Jeux de société (07 & 08/02, aussi à La Filature de Mulhouse les 08 & 09/11, à L’Arsenal de Metz le 17/05 et au Nouveau Relax de Chaumont le 16/05). Festival. L’Année commence avec elles (1228/01) et EXTRAPOLE (30/05-07/06). Minimalism. Maud Le Pladec tente de donner corps aux œuvres de compositrices invisibilisées (Kassia de Constantinople, Hildegarde von Bingen ou encore Lucie Antunes). Counting stars with you (24 & 25/01) trouble les représentations et les corps au son de la DJ et compositrice Chloé Thévenin. Young. La nouvelle création de Marino Vanna, qu’il danse avec trois comparses, explore la folie (Man’s Madness, 06 & 07/12). Report. Les Guérillères de Marta Izquierdo Muñoz (27 & 28/01) revisite l’inspiration de Monique Wittig.

pole-sud.fr

LE TAPS

Actuelles XXV. Le festival de lectures de textes d’auteurs contemporains (14-18/03). Femmes. Catriona Morrison s’empare du destin de Marguerite Möwel, brûlée comme sorcière au XVIe siècle, dans un duo hantant entre Sophie Nehama et Marie Schoenbock (L’Avis de Marguerite, 11-14/10, puis le 28/11 à la Salle Europe de Colmar et le 06/05 à Erstein, jardins de l’Hôtel de Ville). Québec. Avec Ce samedi il pleuvait, pièce caustique de l’autrice québécoise Annick Lefebvre, Catherine Tartarin signe un pamphlet relevé par la présence du duo musical ENCORE, jouant tout du long (29/11-02/12). #vieréelle. Laurent Crovella poursuit son exploration des écritures d’aujourd’hui avec Michelle doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ? (13-16/12, également à L’Espace Rohan de Saverne 08 & 09/12 et à La Passerelle de Rixheim 16 & 17/12). Sylvain Levey y réfléchit notre époque gorgée de haters et de jugements permanents sur les réseaux sociaux. Engagée. Charlotte Lagrange décrit le quotidien d’une assistante sociale chargée des Mineurs non accompagnés dans L’Araignée (07-09/02, et au Théâtre de Haguenau dans le cadre de Région(s) en scène(s), 29/03), solo sur les dégâts de la bureaucratie et la maltraitance dans l’accueil des migrants et demandeurs d’asile. Création. Catherine Javaloyès passe de Dennis Kelly à Jean-Luc Lagarce en créant Histoire d’amour (derniers chapitres), entre triangulations amoureuses et profondes solitudes (17-21/01). Épopée. La compagnie du Matamore de Serge Lipszyc monte Richard III et York de Shakespeare (08-11/03, également au Point d’eau d’Ostwald 24/11-04/12, à l’Espace Rohan de Saverne les 13 & 14/01, et au Diapason de Vendenheim le 19/01), plongée dans les affres de l’âme humaine, des tirants et de la soif de pouvoir.

taps.strasbourg.eu

TJP

Créations. Renaud Herbin signe sa dernière pièce en tant que directeur du TJP avec À qui mieux mieux (6-12/10, dès 3 ans, puis à MA scène nationale de Montbéliard le 11/01), invention des sons, des mots et du monde. Ovnis. Marguerite Bordat et Pierre Meunier créent un oratorio à partir de l’œuvre de Gaston Bachelard, qui prend les atours d’un jazz band fou où la musique dialogue avec la matière et la poésie contemplative (Bachelard Quartet, au TNS 26/11-02/12 et aussi aux 2 Scènes de Besançon 12 & 13/11). L’inclassable L’Odeur du gel d’Emily Evans, impressions plastiques et chorégraphiques du Grand Nord (19 & 20/01, et aussi au Manège de Reims 09/12, à L’Espace 110 d’Illzach 10/02 et au Nouveau Relax de Chaumont 03/02). Miet Warlop revisite, 10 ans après, une ancienne création toujours peuplée de ses personnages cartoonesques et extravagants prêts à toutes les pétarades plastiques (After All Springville, 01-03/06, puis à MA scène nationale de Montbéliard le 13/01). Cirque contemporain. Avec Trait(s), Coline Garcia propulse sa roue Cyr dans l’Art contemporain en explorant la figure du cercle, inspirée par Kandinsky (dès 3 ans, 07-13/01, puis aux Rotondes de Luxembourg, 06-11/10). Marion Collé entend, elle, Traverser les murs opaques avec le Collectif Porte27 (16 & 17/05 avec Le Maillon), évocation poétique du soulèvement, avec des artistes travaillant l’aérien (fil, funambule, trapèze ballant). Duo. Paul Schirck et David Séchaud créent une Indomptable rencontre de leurs univers scénographico-musicaux autour de la science (07-14/12, dès 7 ans, également à La Coupole de Saint-Louis le 08/11 et à La Comédie de Colmar le 12/11).

tjp-strasbourg.com

THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG

Stan2 . Pour ses derniers mois à la tête du TNS, Stanislas Nordey retrouve son complice Falk Richter pour la création de The Silence (27/09-08/10, VOIR PAGES 22-23) et présente – enfin ! – sa mise en scène de Berlin mon garçon de Marie NDiaye (0919/11). Créations. Pièce 100 % féminine avec Valérie Dréville portant Un Sentiment de vie très intime et autobiographique de Claudine Galea, sous la direction d’Émilie Charriot. Un questionnement du poids de nos héritages (17-27/01). Candidat à la succession de Stanislas Nordey, Sylvain Creuzevault crée à Strasbourg L’Esthétique de la résistance (23-27/05), spectacle d’entrée dans la vie professionnelle du groupe 47 de l’École. Une traversée, sous la plume de Peter Weiss, de la lutte ouvrière contre le fascisme du milieu du XXe siècle, gorgée de références artistiques. Blandine Savetier s’attaque à l’incarnation et l’appropriation artistique avec Un Pas de chat sauvage (0310/03), texte de Marie NDiaye sur la figure de Maria Martinez, chanteuse cubaine à la célébrité éphémère. New Kids on the Block. Les quatre metteurs et metteuses en scène de l’École du TNS livrent leur propre version de La Taïga court (04-09/11), texte de Sonia Chiambretto composé pour la pièce chorégraphique Sfumato de Rachid Ouramdane. Conte fantastique. Caroline Guiela Nguyen présente son ode à la Fraternité et aux disparus (12-20/01, et aussi à La Comédie de Colmar les 18 & 19/11)

tns.fr

STUTTGART

STAATSTHEATER

© Thomas Aurin

LE ZÉNITH

Ciné-concert. Les Deux Tours de Peter Jackson (04/11) avec 250 artistes interprétant la BO d’Howard Shore pour redécouvrir le deuxième volet du Seigneur des anneaux. Indispensable 1. La tournée My Songs de Sting (15/11).

Indispensable 2. La tournée The Twilight Sad de The Cure (18/11). Cool. M (06/12) est de retour sur scène. Grandiose. Les mondes telluriques de Carmina Burana (14/01). Iconique. Thomas Jolly signe une nouvelle mise en scène de Starmania (10-12/02), tandis que les chorégraphies sont signées Sidi Larbi Cherkaoui. Comédie musicale. Je vais t’aimer (04/03) rend hommage à l’immense Michel Sardou.

zenith-strasbourg.fr

STUTTGART

STAATSTHEATER STUTTGART

Essentiel 1. Johannes Müller et Philine Rinnert font de l’emblématique Liebestod (2325/09) le sujet d’une étude sur la manière dont la musique agit sur le corps et l’esprit. Essentiel 2. Edward Clug imagine une chorégraphie pour Casse-noisette de Tchaïkovski (25/11-15/12). Essentiel 3. Suite et fin du nouveau Ring (présenté en cycle complet : 03, 04, 10 & 12/03, puis 05, 06, 08 & 10/04), avec Götterdämmerung (29/01-10/04). Essentiel 3. Une production du Saint François d’Assise de Messiaen (11/06-09/07) est toujours un événement !

staatstheater-stuttgart.de

THANN-CERNAY

ESPACES CULTURELS

Selfie. Inspirés des travaux du psychologue Burrhus Skinner, les Nantais de Cabadzi rappent notre triste et absurde addiction aux réseaux sociaux (Espace Grün, Cernay, 25/11). Immersif. Plus qu’à un spectacle, Invuk Trip invite les spectateurs à un événement, une expérience, un voyage en terre inconnue, à la rencontre d’un peuple imaginaire (Hors les murs, à Bourbach-le-Haut, 12/05).

ectc.fr

THIONVILLE

NEST – NORD-EST THÉÂTRE

Performance. Rébecca Chaillon crée son premier spectacle pour ados, Plutôt vomir que faillir (21 & 22/03, et aussi au CDN de Besançon 29/11-03/12, puis au Maillon de Strasbourg 18-21/01). Dimanches en famille. La Plus précieuse des marchandise (dès 8 ans, 17/11, et aussi au Escher Theater d’Esch-sur-Alzette les 22 & 23/11), métaphore de la Shoah de JeanClaude Grimberg, est mis en scène par Charles Tordjman. Plus léger, Les Jambes à VANDŒUVRE-LÈS-NANCY

CCAM

Oüm

son cou de Jean-Baptiste André, qui joue physiquement avec nos expressions (27 & 29/01, également à Pôle Sud, Strasbourg, 03-05/05). Koltès. Matthieu Cruciani tourne La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès avec, en solo, l’excellent Jean-Christophe Folly (06 & 07/10, et à La Filature de Mulhouse 11-13/10). Navajo. Jean Boillot donne suite à l’une des autrices qu’il a contribué à découvrir, Métie Navajo, avec la Terre entre les mondes (1618/11), dialogue entre les morts et les vivants au Yucatan. Festival. La Semaine EXTRA (18-24/03). Bruit du monde. Les Petits pouvoirs de Charlotte Lagrange (12/04), exploration des mécanismes de la domination au travail, et les Abysses d’Alexandra Tobelaim (0206/05), récit intime de Davide Enia sur la crise des migrants.

nest-theatre.fr

TRÈVES

THEATER TRIER

Money, money, money. Opéra de Stravinski, The Rake’s Progress (à partir du 10/09) narre l’ascension et la chute de Tom Rakewell. Une mise en scène vertigineuse de Mikaël Serre est attendue pour cette œuvre trop rarement donnée ! Coup de cœur. Le directeur de la maison, Jean-Claude Berutti monte Tosca de Puccini (à partir du 26/11) et Pelléas et Mélisande de Debussy (à partir du 27/05). Ballet. L’excellent chorégraphe Roberto Scafati monte Wagners Traum explorant l’univers du compisteur de la Tétralogie (à partir du 22/10).

theater-trier.de

VANDŒUVRELÈS-NANCY

CCAM

Danse. La nouvelle pièce de Marie Cambois ALL (à la lisière…) (07 & 08/02, puis à Pôle Sud à Strasbourg les 12 & 13/01, à l’Espace 110 d’Illzach les 20-21/01, à L’Arsenal de Metz le 02/03 et au Nouveau Relax, Chaumont, le 23/03). Narr : pour entrer dans la nuit, expérience participative de Vidal Bini rejouant la chorémanie de 1518 (16 & 17/11, et au Carreau de Forbach le 25/11, puis à La Filature de Mulhouse les 02 & 03/03). Sans oublier le sombre Nebula de l’excellente Vania Vaneau (30/05) et la variation hommage à la grande Oüm Kalthoum et à Omar Khayyam de Fouad Boussouf (28 & 29/03, au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul le 10/01 et au Manège de Reims les 14 & 15/06). Jeune public. Le théâtre d’ombres est aussi au programme avec Natchav, ou l’émancipation de circassiens face à la dictature (15-17/03, également au Escher Theater d’Esch-sur-Alzette 17 & 18/11, à la BAM de Metz 23-25/11, à l’ACB de Bar-le-Duc 02 & 03/12, aux 2 Scènes de Besançon 28/0203/03). Théâtre. Tg STAN s’empare de Je suis le vent de Jon Fosse pour un alléchant duo entre Damiaan De Schrijver et Matthias de Koning (02 & 03/02). Le Chœur des amants de Tiago Rodrigues était sa première pièce, en 2007. Il y revient pour notre plus grand plaisir (12 & 13/11, puis à La Comédie de Reims 29/11-01/12, et au Théâtre Edwige Feuillère de Vesoul 06/04). Festoche. Édition n°39 de Musique Action, festival de création sonore (17-31/05).

centremalraux.com

VESOUL

THÉÂTRE EDWIGE FEUILLÈRE

VENDENHEIM

PÔLE CULTUREL LE DIAPASON

Dark. Emily Loizeau (22/11) fait partie des rares artistes féminines de l’Hexagone à faire du rock, du vrai, quelque part entre Nick Cave et PJ Harvey. Métisse. Saxophoniste aventurier et nomade, Samy Thiébault perpétue avec créativité les origines métisses du jazz (9/02). Acrobatique. Avec Knot (14/04), le duo de circassiens Nikki & JD se raconte entre mainà-main, gymnastique, danse contemporaine et capoeira. Magique.

vendenheim.fr

VESOUL

THÉÂTRE EDWIGE FEUILLÈRE

Temps fort. Le Festival Jacques Brel (23/0914/10) avec notamment Thomas Fersen, Alexis HK, Albin de la Simone et Terrenoire. Mais aussi Mois Voix d’enfants / Espace scénique, en mai. Love. Chœur des amants de Tiago Rodrigues était sa première pièce, en 2007. Il y revient pour notre plus grand plaisir (06/04, puis au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy 12 & 13/11 et à La Comédie de Reims 29/11-01/12). Pouchkine. Dans Onéguine (20 & 21/10, puis au Théâtre Dijon Bourgogne 03-07/04), Jean Bellorini nous plonge, casque sur les oreilles en bi-frontal, dans l’intimité de jeunes russes aristocrates du XIXe siècle, entre rivalités amoureuses, passions et spleen d’une jeunesse dorée. Tourgueniev. Le sociétaire de la Comédie-Française Clément Hervieu-Léger se lance dans Un Mois à la campagne (24/11), pièce de mœurs écrite en France au milieu du XIXe . Shakespeare. Jacques Weber fait un Roi Lear incroyable sous la direction de Georges Lavaudant (01/12). Danse. Ça pulse du côté de Sylvain Groud et Françoise Pétrovitch avec Adolescent (22/11) et les danseurs du Ballet du Nord ! Ne manquez pas l’hommage de Fouad Boussouf à deux artistes géniaux dans Oüm (10/01, puis au CCAM de Vandœuvre-lès-Nancy les 28 & 29/03 et au Manège de Reims les 14 & 15/06), qui orchestre la rencontre entre la diva égyptienne Oum Kalthoum et le poète perse Omar Khayyam. Musique. Le jazz inspiré d’Anne Paceo, victoire méritée du jazz 2019 (29/11) et les explorations nouvelles d’Émile parisien et Vincent Peirani (20/01).

theatre-edwige-feuillere.fr

Adolescent

é ric Iovino © Fr é d

VILLAGE-NEUF

RIVERHIN

Neurones. Joie, tristesse, colère, peur, surprise… Avec Dans ma bulle, la compagnie Le Gourbi bleu explore les émotions primaires entre humour et autodérision, pour activer les neurones miroirs des spectateurs (06 & 07/10, et aussi le 05/10 à La Coupole de Saint-Louis). Dès 3 ans. Tzigane. Elle au chant et lui aux cordes. Le duo Ladislava revisite le répertoire des musiques traditionnelles d’Europe de l’Est en reprenant les grands classiques du jazz manouche, Brassens, Montand et Piaf (25/02, également à la Salle du Cercle de Bischheim le 18/05).

mairie-village-neuf.fr

VOSGES

SCÈNES VOSGES

Danse. Jean-Claude Gallotta revisite le mythe de Pénélope (11/10, puis au Escher Theater d’Esch-sur-Alzette le 22/02) et les codes du ballet classique. C’est beau ! Hors norme. Pierre Guillois retrouve l’incroyable Olivier Martin-Salvan pour Les Gros patinent bien (04-06/10, puis à La Comédie de Colmar 14-16/12). Jeune public. Jean-Yves Ruf se plait à s’adresser sérieusement aux enfants dès 7 ans avec Il va où le blanc de la neige quand elle fond ? (19 & 20/10). Musique. Du rock, du vrai, avec Feu ! Chatterton (07/12 à La Rotonde) et de la chanson à textes avec le subtil Thomas Fersen (03/03 à La Rotonde). Théâtre. La Tendresse de Julie Bérès (24/01, dès 15 ans), explore la sexualité et les assignations sociales.

scenes-vosges.com

ZURICH

OPÉRA

Wagner Power. Suite de la Tétralogie mise en scène par Andreas Homoki avec Die Walküre (18/09-18/10) et Siegfried (0526/03). Rareté. Burlesque et déjanté, Barkouf de Jacques Offenbach (23/10-22/11) installe un chien au pouvoir ! Décapant. Calixto Bieito monte Eliogabalo de Francesco Cavalli (04/12-07/01). Contemporain. Lessons in Love and Violence de George Benjamin (21/05-11/06). Ballet. On the Move (14/01-11/02), chorégraphie de Christian Spuck. Reprises. La voix merveilleuse d’Anja Harteros dans In Trovatore de Verdi (17/09-16/10), Jonas Kaufmann chante le rôle de Cavaradossi dans Tosca de Puccini (15-20/12) et Cecilia Bartoli dans le rôle-titre de La Cenerentola de Rossini (08-24/03).

opernhaus.ch

TONHALLE ORCHESTER

Focus. Seront les fils rouges de la saison, le flûtiste Emmanuel Pahud (avec notamment la création mondiale Ceremony de Toshio Hosokawa, 14-16/09) et le pianiste Fazıl Say (avec un concert chambriste permettant de découvrir ses compositions, 02/04). Creative chair. De nombreuses œuvres du compositeur japonais Toshio Hosokawa seront données au cours de la saison. Culte 1. Hilary Hahn et le Concerto pour violon de Sibelius (21 & 22/09). Culte 2. L’immense Kent Nagano dirige la Symphonie n°9 de Bruckner (01-03/03).

tonhalle-orchester.ch

Apocalypse Now

Bouleversant oratorio en cinq mouvements de Georges Aperghis, Migrants est créé dans son intégralité au festival Musica. Entretien avec le compositeur français d’origine grecque.

Par Hervé Lévy – Photo de Klaus Rudolph

Quel a été l’élément déclencheur de la composition de Migrants ?

L’arrivée massive de réfugiés en Europe ces dernières années a transformé la Méditerranée en tombeau. J’ai été choqué par la manière de ne pas traiter le problème, en érigeant des murs un peu partout. Cet oratorio a pour objectif de montrer ce qu’est la douleur de perdre les siens, de rendre sensible l’émotion pour le public. J’en ai discuté avec Tobias Rempe, le directeur artistique de l’Ensemble Resonanz, pour qui j’ai écrit la pièce faite originellement de trois mouvements. Il a eu l’idée de la coupler avec Journal d’un disparu de Janáček.

Après cette première version, un quatrième mouvement est né…

Il s’agit d’une sorte de concerto pour alto, auquel s’ajoute un cinquième mouvement, qui sera créé à Musica, pour que l’oratorio soit “complet” et narre la destinée des disparus, mais aussi des vivants qui n’ont plus d’identité et ne sont, ainsi, plus reconnus comme tels.

Comment s’emparer d’un tel sujet ?

Il a été extrêmement difficile de trouver la bonne distance. J’ai failli abandonner en cours d’écriture. J’ai beaucoup lu de textes, écrits par des journalistes notamment. Il y a de bons journalistes [Rires], qui ont passé plusieurs mois avec les migrants, recueillant leurs témoignages, mais il ne me semblait pas possible de faire une pièce avec ces mots. La détresse des gens ne peut pas être emballée dans une œuvre comme dans du papier cadeau.

Comment trouver cette juste distance que vous évoquiez ?

Il était primordial de revenir à l’essentiel : la disparition, la mort… sans oublier que les réfugiés sont considérés comme des ennemis par beaucoup ! Au Cœur des ténèbres de Joseph Conrad me hantait : j’ai utilisé certains passages du roman, des extraits entrant en résonance avec la situation des migrants.

On retrouve ainsi cette phrase de Kurtz : « Je suis allé un peu plus loin, puis un peu plus loin encore, jusqu’au jour où je me suis trouvé si loin que je ne sais pas comment je pourrai jamais revenir. » D’autres matériaux textuels sont-ils présents ?

Des fragments de témoignages, mais surtout des textes incompréhensibles et mystérieux… Mon objectif était de donner un visage à ces êtres humains qui ne sont plus reconnus comme des vivants pour la plupart. Rien n’est théâtral dans cette œuvre : je souhaitais éviter tous les effets, rester à l’écart de tout sentimentalisme pour qu’une émotion implacable étreigne les spectateurs.

Au Palais des fêtes (Strasbourg) jeudi 15 septembre festivalmusica.fr

> D’autres pièces de Georges Aperghis sont créées à Musica (Strasbourg) : La Construction du monde (dès 7 ans) à Aedaen Speakeasy samedi 17 et dimanche 18 septembre, puis à Pôle Sud samedi 24 et dimanche 25, mais aussi À mi-mots par Accroche Note au TJP Grande Scène samedi 17 septembre aperghis.com

Les voix de la forêt

Mettant en scène Like Flesh de Sivan Eldar, Silvia Costa emporte le public dans un opéra d’une extrême fluidité, revisitant Les Métamorphoses d’Ovide à la lumière des enjeux écologiques.

Par Hervé Lévy – Photo de Simon Gosselin

L’ histoire est simple, celle d’une femme malheureuse ayant épousé un bûcheron et navrée de voir son mari détruire, jour après jour, la forêt où ils habitent. Sa tristesse la plonge dans l’immobilisme. Cette crise va la faire s’échapper de son espèce, la transformant progressivement en arbre, histoire de fuir la désespérance du quotidien, mais également de faire corps avec la nature blessée. De la retrouver au plus profond, pour se redécouvrir elle-même. Au cours de cette métamorphose, elle rencontre l’amour en la personne d’une jeune étudiante. Relecture éminemment politique du mythe de Daphné changée en laurier pour ne plus être soumise aux assiduités d’Apollon, conté par Ovide, Like Flesh (créé en janvier 2022) est porté par le texte puissamment poétique de Cordelia Lynn et la musique immersive de Sivan Eldar. Les instruments se mêlent subtilement à l’électronique, qui fait se répondre un orchestre raffiné de petite dimension et une soixantaine de haut-parleurs disséminés sous les fauteuils de la salle. En parallèle aux questionnements écologiques, sont posées des interrogations sur l’amour et le genre : qu’est-ce que veut dire tomber amoureuse ? Comment penser au neutre, le it anglais ? Comment aimer un être différent dans son essence ?

À côté des personnages humains, la forêt souveraine, toujours victorieuse malgré les vilénies des Hommes, tient le premier rôle, incarnée par un chœur à six voix, rappelant celui du théâtre antique et représentée sur scène de manière métaphorique par Silvia Costa : « Pour moi, elle est une idée, un concept. C’était impossible d’en avoir une vision naturaliste. J’ai donc cherché à insérer cette histoire dans la tradition mythologique, mais à travers une nouvelle forme, qui restructure la réalité visuelle du public d’une manière contemporaine et au-delà de l’humain grâce à l’Intelligence artificielle. Après un processus d’apprentissage automatique à partir d’une somme de données, elle transforme, recompose et produit de nouvelles images, en miroir étrange de certains processus naturels », résume-t-elle. Le résultat est éblouissant, hésitant avec bonheur entre obscurité onirique et efflorescences baroques dans les motifs produits par l’IA « à partir d’un ensemble de données thématiques du livret et qui influencent l’action scénique. » Comme si des millions d’images sylvestres se recombinaient à l’infini pour créer un nouvel espace métaphorique d’une intense beauté pastique. Voilà qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait que Silvia Costa débuta sa carrière au sein de la Socìetas Raffaello Sanzio et qu’elle œuvra bien souvent avec Romeo Castellucci…

À l’Opéra national de Lorraine (Nancy) du 28 septembre au 2 octobre opera-national-lorraine.fr

> La représentation du 2 octobre est présentée dans le cadre du festival Musica, qui pose ses valises à Nancy le temps d’un week-end (30/09-02/10) – festivalmusica.fr

> À Musica, Silvia Costa met aussi en scène La Femme au marteau (27/09, Le Maillon, Strasbourg), récital théâtral autour de la figure de Galina Ustvolskaya – festivalmusica.fr

Tout Saariaho (ou presque)

Opéra, musique symphonique, répertoire chambriste : la 40e édition du festival Musica dresse le portrait de la compositrice Kaija Saariaho, figure majeure de la création contemporaine.

Par Hervé Lévy – Photos d’Only the sound remains de Koji Iida / Tokyo Bunka Kaikan

Figure radicale des seventies, Kaija Saariaho fonda en 1977, avec d’autres jeunes compositeurs, le groupe Korvat auki (Ouvrez vos oreilles), véritable incubateur de la création finlandaise où figuraient notamment Magnus Lindberg et EsaPekka Salonen. Séduite par la musique spectrale de Gérard Grisey et Tristan Murail – qu’elle voit comme le prolongement de la tradition française de Debussy – elle trace néanmoins une voie profondément originale : « Je me sens comme un filtre, essayant à chaque fois de transformer mon expérience du monde en musique », explique-t-elle. À Musica, se découvrent les contours de son art, avec notamment l’opéra intime créé en 2016 Only the sound remains (16 & 18/09), utilisant un instrumentarium réduit : flûtes, percussions, kantele – la cithare finlandaise, qui tient une grande place dans l’épopée nationale, le Kalevala – et quatuor à cordes. Inspirée de l’adaptation faite par Ezra Pound de deux pièces de théâtre nō, l’œuvre se divise en autant de parties extrêmement épurées et raffinées, nimbées de surnaturel, où le sombre et angoissant Always Strong répond à l’évanescence lumineuse de Feather Mantle.

Intitulée Kaija dans le miroir (17/09), une journée complète est dédiée à la compositrice, débutant par la projection de son dernier opéra, Innocence, créé à Aix-en-Provence en 2021, dont le point focal est une tuerie de masse perpétrée dans un lycée. La suite permet notamment de réunir les plus fidèles complices de l’artiste pour un tourbillon chambriste retraçant sa carrière à travers des pièces emblématiques comme Nuits, adieux (1991) pour quatuor vocal et électronique – qui « traite du chant, du souffle, du chuchotement », avec ses voix amplifiées et transformées en live – ou Light still and moving (2016) pour flûte et kantele. En deuxième partie de soirée, se produiront les Tres Coyotes : Magnus Lindberg au piano et Anssi Karttunen au violoncelle se joignent à John Paul Jones, légendaire bassiste de Led Zeppelin, pour un show d’une éperdue liberté. Enfin, l’Orchestre national de Metz Grand Est et son directeur musical David Reiland (22/09) explorent la grande forme avec un concert 100 % féminin (regroupant aussi des pièces de la géniale Olga Neuwirth et de l’intrigante Clara Iannotta). S’y déploient l’iconique Verblendungen (1984), où l’hétérogénéité de l’orchestre contraste avec l’homogénéité d’une bande, et Trans (2015), concerto pour harpe d’une infinie délicatesse.

> Only the sound remains, au Maillon (Strasbourg) vendredi 16 et dimanche 18 septembre > Kaija dans le miroir au Palais des fêtes (Strasbourg) samedi 17 septembre > Concert de l’Orchestre national de Metz Grand Est à la Cité de la Musique et de la Danse (Strasbourg) jeudi 22 septembre festivalmusica.fr

This article is from: