Poly n°258 Juin 2023

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UN été festival EIN FestivalSommer 2023

N°258 JUIN JUNI 2023 POLY.FR

Today & Tomorrow

Pour son 40e anniversaire, le festival Musica (15/09-01/10, Strasbourg, ouverture de la billetterie en ligne le 08/06) est toujours à la pointe de la contemporanéité. Au menu, Don Juan aux Enfers, opéra de Simon Steen-Andersen (en photo), la redécouverte de Jean Catoire, un focus sur Ted Hearne, une échappée bâloise, des créations mondiales comme s’il en pleuvait…

Für sein 40. Jubiläum ist das Festival Musica (15.09.-01.10., Straßburg Start des Ticketverkaufs Online am 08.06.) wie immer an der Spitze der Zeitgenössigkeit. Auf dem Menu stehen Don Giovannis Inferno , Oper von Simon SteenAndersen (siehe Photo), die Wiederentdeckung von Jean Catoire, ein Fokus zu Ted Hearne, ein Ausflug nach Basel und jede Menge Uraufführungen. festivalmusica.fr

All in one

Le 3-Länder-Stadt Festival (23 & 24/06) fête sa 1 re édition à Weil am Rhein. Stands de produits locaux et groupes de musiques internationaux sont au programme, notamment Jim Murple Memorial. Le groupe de ska punk français met à l’honneur la voix suave de Nina Dallaine, dans des rythmes blues, soul et jazzy. Dans un autre registre, la rappeuse bâloise La Nefera, originaire de République dominicaine, se déchaîne sur des airs de hip-hop, trap, rock et afrobeat, tant en français qu’en espagnol.

Das 3-Länder-Stadt Festival (23. & 24.06.) feiert in Weil am Rhein seine erste Ausgabe. Stände mit lokalen Produkten und internationale Musikgruppen stehen auf dem Programm, insbesondere Jim Murple Memorial. Die französische Ska-Punk-Gruppe bringt die sanfte Stimme von Nina Dallaine zu ihren Ehren, mit Rhythmen aus Blues, Soul und Jazz. In einem anderen Stil tobt die Basler Rapperin La Nefera, die aus der Dominikanischen Republik stammt zu Melodien aus Hip-Hop, Trap, Rock und Afrobeat in französischer und spanischer Sprache. 3lsf.eu

China

À l’Opéra national du Rhin, la metteuse en scène Emmanuelle Bastet (en photo) s’empare de Turandot de Puccini (09-20/06, Opéra de Strasbourg, 02 & 04/07, La Filature, Mulhouse). Ne boudons pas notre plaisir puisque c’est la version complète qui est ici donnée, telle que finalisée par Alfano après la mort du compositeur !

In der Opéra national du Rhin befasst sich die Regisseurin Emmanuelle Bastet (siehe Photo) mit Turandot von Puccini (09.-20.06., Opéra de Strasbourg, 02. & 04.07., La Filature, Mulhouse). Ein Ereignis, das man nicht verpassen darf, denn hier wird die gesamte Version gespielt, so wie sie von Alfano nach dem Tod des Komponisten vollendet wurde! operanationaldurhin.eu

POLY 258 Juin Juni 23 3 BRÈVES IN KÜRZE
Balkan Paradise Orchestra © Xevi Abril © Lars Svankjær

Castle in the show

Les Sonntags ans Schloß (Dimanches au Château, 11/0620/08, sauf les dimanches 16/07 et 06/08) sont de retour pour leur traditionnelle saison estivale. Chaque dimanche à 11h, les rythmes blues des Néerlandais Leif de Leeuw Band ou des Français Flo Bauer Blues Project s’emparent du jardin de Château de Sarrebruck. À partir de 18h, la pop et le gospel des Allemands Siyou’n’Hell vont résonner, tout comme l’a-cappella varié du British band We3. Les après-midis sont quant à eux réservés aux enfants, entre théâtre à ciel ouvert et spectacles de magie.

Dancing tribe

Les spectacles de rue de Jours de danse (22-24/06) reviennent à Besançon. La Compagnie Pernette s’entoure de groupes amateurs et professionnels venus de toute la France, à l’image des danseurs gardois du Collectif Zou. Relation à soi et à l’autre sont au cœur des créations. Das Straßenspektakel Jours de danse (22.-24.06.) ist zurück in Besançon. Die Compagnie Pernette umgibt sich mit Laien-und Profitruppen aus ganz Frankreich, wie zum Beispiel den Tänzern des Collectif Zou aus dem Departement Gards. Die Beziehung zu sich selbst und dem Nächsten stehen im Zentrum der Aufführungen. joursdedanse.compagnie-pernette.com

Die Reihe Sonntags ans Schloß (11.06.-20.08., außer am Sonntag den 16.07. und 06.08.) ist zurück für ihre traditionelle Sommersaison. Jeden Sonntag um 11 Uhr erobern die BluesRhythmen der niederländischen Leif de Leeuw Band oder der Franzosen vom Flo Bauer Blues Projekt den Garten des Saarbrücker Schlosses. Ab 18 Uhr werden der Pop und der Gospel der Deutschen von Siyou’n’Hell erklingen, ebenso wie der vielfältige A-Cappella-Gesang der britischen Band We3. Die Nachmittage sind für Kinder reserviert, mit Freilichttheater und Zauber-Shows. regionalverband-saarbruecken.de

Plug in

Les artistes du Collectif des Possibles lancent la quatrième édition de l’éclectique Festival Multi Prises (09-18/06, Communauté de communes de la Vallée de Saint-Amarin). Au programme : théâtre, spectacles circassiens et concert funk du groupe strasbourgeois The Fat Badgers. Die Künstler des Collectif des Possibles organisieren die vierte Auflage des eklektischen Festival Multi Prises (09.-18.06., Communauté de communes de la Vallée de Saint-Amarin). Auf dem Programm: Theater, Zirkus und ein Funk-Konzert mit der Straßburger Gruppe The Fat Badgers. collectifdespossibles.fr

POLY 258 Juin Juni 23 5 BRÈVES IN KÜRZE
© Bartosch Salmanski © Collectif Zou © Rich Serra

Dancing & singing

À Bâle, la nouvelle édition de Kaserne Globâle – Possible Futures (22-24/06) réunit des habitués de l’événement. Les frère et sœur Tharayil/Tharayil (22/06) s’approprient la vie de la danseuse (devenue espionne) Mata Hari, dans leur performance musicale. La chanteuse et musicienne Maritri Garrett et le danseur star Boyzie Cekwana célèbrent l’amour et la beauté à travers On behalf of a collective sigh... (24/06)

In Basel versammelt die neue Ausgabe von Kaserne Globâle – Possible Futures (22.-24.06.) die Stammgäste der Veranstaltung. Die Geschwister Tharayil/Tharayil (22.06.) beschäftigen sich in ihrer Performance mit dem Leben der Tänzerin (und Spionin) Mata Hari. Die Sängerin und Musikerin Maritri Garrett und der Startänzer Boyzie Cekwana feiern die Liebe und die Schönheit anhand von On behalf of a collective sigh… (24.06.) kaserne-basel.ch

Happy Birthday

Pour ses vingt ans, le Schaulager prépare Out of the Box (à partir du 10/06). À Mü nchenstein, l’exposition révèle certaines des dernières œuvres entrées dans la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann, telles que les installations vidéo de l’artiste suédoise Klara Lidén. Zum 20jährigen Jubiläum präsentiert das Schaulager Out of the Box (ab 10.06.). In Münchenstein enthüllt die Ausstellung einige der neuesten Ankäufe der Sammlung der Fondation Emanuel Hoffmann, wie die Video-Installation der schwedischen Künstlerin Klara Lidén. schaulager.org

European equality

Strasbourg accueille les Rencontres professionnelles européennes pour l’égalité de genre dans le secteur musical (13-15/07). Ce colloque, destiné aux spécialistes du milieu, vise à analyser la situation et les enjeux liés à l’inclusion des femmes sur scène.

Straßburg empfängt die European seminars for gender equality in music (13.-15.07.). Dieses Kolloquium, das für Professionelle des Milieus gedacht ist, zielt darauf ab die Situation und die Herausforderungen zur Integration der Frauen auf der Bühne zu analysieren. sturmprod.com

POLY 258 Juin Juni 23 7 BRÈVES IN KÜRZE
© Pexels / Yan Krukau Tharayil/Tharayil © Johanna Eckhardt Klara Lidén, Out to Lunch, 2018 Photo: Tom Bisig, Basel

SCÈNE BÜHNE

20 Le Congolais DeLaVallet Bidiefono rêve un autre vivre ensemble dans Utopia / Les Sauvages

Der Kongolese DeLaVallet Bidiefono träumt von einer anderen Art des Zusammenlebens in Utopia / Les Sauvages

22 Le Cirque Bouffon présente une création inspirée par Bosch

Der Cirque Bouffon präsentiert eine von Bosch inspirierte Show

26 L’Excentrique Belge Miet Warlop lance une farce pétaradante et savoureusement rebelle

Die exzentrische Belgierin Miet Warlop bringt eine knatternde und wunderbar rebellische Farce heraus

EXPOSITION AUSSTELLUNG

32 Le Kunst Museum Winterthur crée l’événement avec Sylvie Fleury

Ereignis im Kunst Museum Winterthur mit Sylvie Fleury

42 Les fantastiques papiers découpés de Marion Eichmann envahissent

Offenbourg

Das phantastische zerschnittene Papier von Marion Eichmann erobert

Offenburg

50 Visite en preview à Art Basel

Preview-Besichtigung der Art Basel

54 Avec Garden Futures: designing with Nature, le Vitra Design Museum pense le rapport à la nature

Mit Garden Futures: designing with Nature denkt das Vitra Design Museum die Beziehung zur Natur neu

DOSSIER MUSIQUE MUSIK

61-91

Un été festival Ein Festival-Sommer

GASTRONOMIE

96 Le minimalisme d’Éric Girardin à Colmar

Der Minimalismus von Éric Girardin in Colmar

COUVERTURE TITELBILD

Cette photo du groupe Shame (se produisant au festival Décibulles, voir page 69), signée de l’Américaine Pooneh Ghana, incarne avec joliesse l’esprit du groupe britannique… Une dose d’ouragan punk, un brin de décalage et une énergie folle autour du chanteur Charlie Steen pour un rock bien barré. Voilà qui nous va bien pour cet été 2023. Dieses Photo der Gruppe Shame (die auf dem Festival Décibulles auftritt, siehe Seite 69), geschossen von der Amerikanerin Pooneh Ghana, verkörpert auf anmutige Weise den Geist der britischen Gruppe… eine Dosis Punk-Orkan, ein Funke Andersartigkeit und eine wahnsinnige Energie rund um den Sänger Charlie Steen für verrückten Rock. Genau das was wir für diesen Sommer 2023 brauchen. poonehghana.com – shame.world

8 POLY 258 Juin Juni 23 SOMMAIRE INHALTSVERZEICHNIS 26
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THOMAS FLAGEL

Théâtre des balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs africains… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes dans Poly Balkantheater, experimenteller Tanz, afrikanische Autoren... seine Neugierde ist grenzenlos !

SARAH MARIA KREIN

Cette française de cœur qui vient d’outre-Rhin a plus d’un tour dans son sac : traduction, rédaction, corrections… Ajoutons “coaching des troupes en cas de coup de mou” pour compléter la liste des compétences de SMK. Diese Französin im Herzen ist mit allen Wassern gewaschen: Übersetzung, Redaktion, Korrektion... Fügen wir „Truppenmotivation im Falle von Durchhängern“ hinzu.

www.poly.fr – www.poly.fr/de mag.poly magazine.poly

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION HERAUSGEBER

Julien Schick julien.schick@bkn.fr

RÉDACTEUR EN CHEF CHEFREDAKTEUR

Hervé Lévy herve.levy@poly.fr

LA RÉDACTION DIE REDAKTION

Thomas Flagel thomas.flagel@poly.fr

Suzi Vieira

Julia Percheron redaction@bkn.fr

TRADUCTRICE ÜBERSETZERIN

JULIEN SCHICK

Il papote archi avec son copain Rudy, cherche des cèpes dans les forêts alsaciennes, se perd dans les sables de Namibie… Mais comment fait-il pour, en plus, diriger la publication de Poly ?

Er plaudert mit seinem Freund Rudy über Architektur, sucht Morcheln in den elsässischen Wäldern. Aber wie schafft er es nebenbei Herausgeber von Poly zu sein?

ANAÏS GUILLON

Entre clics frénétiques et plaisanteries de baraque à frites, elle illumine le studio graphique de son rire atomique et maquette à la vitesse d’une Fiat 500 lancée entre Strasbourg et Bietlenheim. Véridique !

Zwischen frenetischen Klicks und Wurstbuden-Humor erhellt sie das GraphikStudio mit ihrem atomaren Lachen.

Sarah Krein sarah.krein@bkn.fr

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO

HABEN AN DIESER AUSGABE TEILGENOMMEN

Benoît Linder, Pierre Reichert, Irina Schrag, Florent Servia, Pierre-Jean Sugier, Daniel Vogel & Raphaël

Zimmermann

STUDIO GRAPHIQUE GRAFIKSTUDIO

Anaïs Guillon anais.guillon@bkn.fr

Emma Riedinger studio@bkn.fr

DIGITAL

Mohamed Outougane webmaster@bkn.fr

Marina Falga community@bkn.fr

MAQUETTE LAYOUT

Blãs Alonso-Garcia logotype

SUZI VIEIRA

Des virgules enlevées et rajoutées par dizaines. Un rire qui te transperce le tympan. Un amour de dingue pour la culture. Sans déconner, qu’est-ce que tu vas fabriquer dans un journal suisse ? Revieeens !

Dutzende von gelöschten und hinzugefügten Kommata. Ein durchdringendes Lachen. Eine wahnsinnige Liebe zur Kultur. Echt, was willst Du bei einem schweizer Magazin? Komm zurück!

ÉRIC MEYER

Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain. Miesepeter und Lebenskünstler. Zu seinem poetischen Universum von Objekten aus Blech kommt ein weiteres hinzu, die bissige und virtuose Beschreibung unserer zeitgenössischen Welt, die er graviert.

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16 rue Édouard Teutsch 67000 Strasbourg

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Dépôt légal : Mai 2023 — Impression : CE

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SIRET : 402 074 678 000 44 — ISSN 1956-9130

© Poly 2023 Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs.

10 POLY 258 Juin Juni 23 OURS Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert) Liste aller Mitarbeiter einer Zeitschrift (Duden)
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Mélissa Scheffert

Summer sensations

e rapport présenté par le Centre national de la musique sur Les Festivals de musiques actuelles en France en 2022 est empli de nuages et ses conclusions peuvent, peu ou prou, être appliquées à d’autres répertoires et zones géographiques. Entre la fin des aides circonstancielles liées à la crise sanitaire et l’explosion des charges (+19 % depuis 2019), de nombreux événements n’ayant pas une taille critique sont menacés. Pas immédiatement, mais dans deux ou trois ans. Une partie de la solution c’est vous, spectateurs potentiels, qui la tenez entre vos mains ! Festival de musique baroque magnifiant l’acoustique parfaite d’une église lorraine, légendes en goguette dans un ancien abattoir du Bade-Wurtemberg, event reggae en plein cœur du Jura, éclats chambristes irriguant un joli village helvète ou encore quête de la note bleue au milieu des Vosges du nord : les journalistes de Poly se sont mis en quatre pour vous faire découvrir des rendez-vous estivaux exaltants et essentiels. Alors, ne boudez pas votre plaisir !

DLer Bericht, der vom Centre national de la musique zu den „Festivals für aktuelle Musik in Frankreich im Jahr 2022“ veröffentlicht wurde, ist voller Wolken und seine Schlussfolgerungen können, mehr oder weniger, auf andere Repertorien und geographische Zonen übertragen werden. Zwischen dem Ende der finanziellen Unterstützungen im Rahmen der Corona-Krise und der Explosion der Nebenkosten (+19 % seit 2019), sind zahlreiche Veranstaltungen, die keine kritische Größe haben, bedroht. Nicht direkt, aber in zwei oder drei Jahren! Ein Teil der Lösung sind Sie, die potenziellen Besucher! Ein Festival für Barockmusik, das die perfekte Akustik einer lothringischen Kirche zur Geltung bringt, musikalische Legenden in einem ehemaligen Schlachthof in Baden-Württemberg, ein Reggae-Ereignis im Herzen des Juras, Kammerkonzerte in einem schönen Schweizer Dorf oder auch die Suche nach Blue Notes inmitten der Nordvogesen: Die Journalisten von Poly haben alles gegeben, um ihnen die aufregendsten und wichtigsten Sommertermine zu präsentieren. Worauf warten Sie noch?

12 POLY 258 Juin Juni 23 EDITO
Par Von Hervé Lévy – Illustration de von Éric Meyer pour für Poly

Nouveaux mondes

Pour sa 5e édition, Les Scènes sauvages, festival de théâtre niché au cœur de la Vallée de la Bruche, crée deux pièces réunissant l’ensemble de son équipe, comme une utopie rurale défiant les crises.

Depuis une poignée d’années, une bande de comédiens fait de cette vallée alsacienne s’enfonçant dans les Vosges un lieu d’expérimentation théâtrale, de rencontres et d’ateliers tout au long de l’année avec les établissements scolaires. À l’orée de l’été, ils prennent leurs quartiers pour un mois et demi de résidence de travail afin de finaliser tout ce qui permet de donner vie au festival et à la participation des amateurs sur l’une ou l’autre création maison. Malgré la mauvaise surprise d’une baisse de subvention de la Drac d’un-tiers (soit 5 000 €), tombée mi-avril, Charles Zévaco n’entend pas baisser les bras, «  même si ce soutien en berne reste peu compréhensible par rapport à notre investissement sur le territoire avec les habitants, en sus des créations et de la vitalité culturelle que nous apportons dans un coin qui en est dépourvu. » Le directeur du festival assure qu’ils «  trouveront des solutions afin de ne pas annuler des spectacles pour lesquels [nous] sommes déjà engagés, quitte à rogner sur le budget de l’an prochain et nous serrer la ceinture sur les consommables. Nous prenons de plein fouet l’inflation, multipliant les prêts et le recours à l’économie alternative en lien, par exemple, avec Emmaüs. Cela permet d’aider, mais en aucun cas de fonder à long terme. » Heureusement prévoyant, il n’y a dans la programmation que deux créations au lieu de trois ou quatre habituellement. La première est l’adaptation de Festen (01-08/07, Waldersbach), premier film tourné selon la doctrine du Dogme95. Un manifeste signé cette même année par plusieurs réalisateurs danois, Thomas Vinterberg

et Lars von Trier en tête, en opposition radicale à l’esthétique hollywoodienne et aux avant-gardes passées. Une table de réception est dressée (dans le jardin de la Maison Fritz Stephan) pour accueillir le repas d’anniversaire organisé pour les 60 ans du patriarche de la famille de Christian, revenu de l’étranger pour l’occasion. Une dizaine d’amateurs (jouant notamment le père, la mère et les convives) se mêlent aux professionnels pour ce qui tourne au règlement de compte sur fond de révélations de secrets, d’inceste, de racisme, de misogynie, de mépris de classe et de silence complice. Débutant juste avant la tombée de la nuit, la pièce multiplie les points de vue grâce à la diffusion d’images tournées en direct au téléphone portable, à l’intérieur de la bâtisse. Ces gros plans vidéo, au plus près de l’action, forment autant d’allers-retours possibles entre ce qui est donné à voir et ce qui est caché, ce qui est de l’ordre de la vérité et du non-dit. La seconde création est l’adaptation par Nathan Bernat du roman de Giono Deux Cavaliers de l’orage (02-08/07, étable communale de Wildersbach). Dans une longue nuit, quatre femmes attendent quelqu’un qui n’arrive pas et s’inquiètent en faisant… du saucisson ! Le destin de deux frères, fusionnels et rivaux, est en jeu dans une langue puissante évoquant la violence de la nature et sa beauté foisonnante.

14 POLY 258 Juin Juni 23 FESTIVAL
Dans la Vallée de la Bruche du 30 juin au 9 juillet les-scenes-sauvages.com

Dans le crépuscule naissant, rendez-vous est donné pour une excursion pas comme les autres. Une cinquantaine de spectateurs tout au plus, munis de casques HF, suivent un comédien équipé d’un micro pour une marche entre arbres et broussailles convoquant «  nos cauchemars d’enfance en partant d’un lieu connu, une forêt, qui se transforme la nuit venue au milieu de ses bruits  ». Nicolas Kerszenbaum adapte la longue nouvelle de Conrad «  dans un lent mouvement fluvial, proposant un travelling opaque et cauchemardesque des rives du fleuve Congo ». Celle-là même qui inspira Francis Ford Coppola (inoubliable Marlon Brando en colonel Kurtz, crâne rasé et corps massif dans la semi obscurité d’ Apocalypse Now ) ou Orson Welles avant lui. Ce roman initiatique en forme de longue avancée dans une nature hostile propose un face à face avec soi-même, sauvage, fascinant et consumant. « Nous sommes aux prises avec l’inconnu absolu, une expérience métaphysique de l’altérité qui ne se nomme pas et peut vous broyer », confie le metteur en scène. Cœur des ténèbres joue de l’écart concret «  entre le fantasme végétal du texte et la forêt familière » de cette déambulation guidée. L’intrigue n’est pas celle transposée au Cambodge en pleine Guerre du Vietnam par le cinéaste américain, mais bien dans cette fin du XIXe siècle des conquêtes coloniales de l’empire belge, dans la nature hostile et vierge où les compagnies du royaume exploitent avec leurs comptoirs le caoutchouc et l’ivoire. Parti de Londres par la Tamise,

Jungle fever

S’inspirant du célèbre roman de Joseph Conrad, Nicolas Kerszenbaum invite les spectateurs du CCAM à une déambulation en forêt, au Cœur des ténèbres. Par Thomas Flagel – Photo de Hugo Roussel

Marlowe est envoyé à la recherche de Kurtz qui ne donne plus de nouvelles. C’est sa confrontation à la violence, l’hébétude, la bêtise, la paresse qui nous est contée. Un voyage au plus profond du capitalisme, ses massacres, son avidité, les feux chimériques de sa domination. Entre chien et loup, des pauses musicales, mélangeant bio-sound capté dans la jungle et version chantée par Cécile Maitre du IIIe acte de Tristan und Isolde de Wagner, rythment cette traversée des tourments de l’âme humaine se perdant dans un chant de sirène annonçant – déjà ! – le déclin de la civilisation occidentale ! «  Avec le comédien Nicolas Gonzales, nous travaillons sur le principe des poupées russes, Conrad se cachant derrière Marlowe pour raconter son propre voyage dans cette Afrique colonisée, lui faisant rencontrer Kurtz… Guidant par le son de sa voix, il disparaîtra littéralement pour les spectateurs, pour mieux réapparaître en habit colonial ou devant un monolithe à la Kubrick. Nous plongeons ainsi dans la tête du romancier avec ce côté rimbaldien plein de gros plans délirants, un peu comme ces papiers japonais qui s’ouvrent une fois dans l’eau et se déploient dans les formes imaginées par leurs créateurs. »

Dans une forêt des alentours de Nancy du 21 au 29 juin (lieux, dates et horaires exacts seront précisés ultérieurement) en partenariat avec Scènes et territoires en Grand Est centremalraux.com – scenes-territoires.fr

16 POLY 258 Juin Juni 23 THÉÂTRE

A Change Is Gonna Come

La sixième édition du festival Démostratif , célébrant les arts scéniques émergents, s’attaque aux Étranges mutations

Après les illusions collectives, les mythes persistants, les affaires sordides ou nos inévitables révoltes, c’est aux étranges mutations qui nous guettent que Sacha Vilmar, directeur artistique de ce festival massivement soutenu par l’Université de Strasbourg, s’intéresse cette année. Avec l’autrice associée Mathilde Segonds, passée par l’Ensatt, il crée Pas Touche (10/06). Une archéologie de l’ordinaire dans laquelle Erzevine et Dilotta, se déplaçant d’astre en astre, étudient les folklores propres aux habitants, jusqu’à leur arrivée en plein rituel mystérieux. Parmi la trentaine de propositions programmées (entièrement gratuites), les fidèles retrouveront des têtes familières, avec notamment la compagnie Quai n°7 de Juliette Steiner qui présente, un an après Services1, un spectacle court émanant des recherches initiées pour celui-ci.

H.S. (06/06, dès 7 ans) voit trois agents d’entretien s’inventer un monde sonore en cassant la croûte durant leur pause déjeuner. De loops en craquements de chips, d’aspirateur sauvage en frottement de table jusqu’à un freestyle rap, le quotidien bugue dans une jubilation défiant l’absurde de la situation. Après avoir ambiancé l’église Saint-Guillaume l’an passé, Les 12 travelos d’Hercule remettent le couvert (08/06, dès 10 ans), avec un show drag queen version motards. Big up pour leur hit Ainsi parlait Zaradouzetrav ! Mention particulière aussi à Chipo (10/06), autoproclamé «  tante des vilains machos et kickeur en résilles », flow aussi impeccable que son make-up, il taille dans le lard de la masculinité hégémonique du milieu. Avec Les Voix du Cypher (06/06, dès 8 ans), la compagnie Insomni’art forme un Cypher (cercle de danse dans la culture hip-hop) que les quatre interprètes s’approprient pour dénouer les constructions sociales imposant des

gestuelles masculines et féminines. Plus performatif sera À l’envers des territoires – Lapsöria (07/06), dans lequel Vivi Victoire Knuchel interprète un être étrange nommé Nulle-Abri. Le rituel qui se dessine, tentative de dialogue avec une dent de montagne, résonne comme la quête identitaire d’un corps queer. Même esprit contemplatif propice au lâcher-prise dans Le Chant des braises d’Alice Chapotat et Olivia Burner (09/06, Magic Mirror) où se distinguent des formes hybrides se mouvant, amas de lumière scintillant qui prendrait vie. Démostratif est aussi l’occasion de découvertes. Yanis Skouta y crée sa toute première pièce, Paysage . Jeune diplômé du TNS, il invente une dystopie où deux jeunes, Bulle et Yeen, font de leur amour un rempart contre l’effondrement du monde, ravagé par les guerres ayant succédé au chaos climatique. Enfin, ne manquez pas la pièce radiophonique hybride de Manon Ayçoberry, Entre les deux il y a Gênes2 (08/06, dès 13 ans), adapté de Gênes 01 de Fausto Paravidino. La jeune metteuse en scène et comédienne strasbourgeoise monte un dispositif sonore pour un théâtre de parole se faisant l’écho sans fards d’une répression violente, de part et d’autre des Alpes, face à une révolte pourtant nécessaire.

Sur le Campus Esplanade, en salle Évolution du Portique et à La Pokop (Strasbourg) du 6 au 10 juin demostratif.fr

1 Ceux qui l’aurait manqué pourront le découvrir à La Caserne des Pompiers (Avignon) durant le festival OFF (07-25/07)

2 À voir également dans le cadre d’Avignon OFF, au Théâtre des Barriques (07-29/07)

18 POLY 258 Juin Juni 23
FESTIVAL

Sagesse du fou

Le Congolais DeLaVallet Bidiefono rêve un autre vivre ensemble dans Utopia / Les Sauvages.

Weisheit des Verrückten

Der Kongolese DeLaVallet Bidiefono träumt von einer anderen Art des Zusammenlebens in Utopia / Les Sauvages.

dont la partition ultra rythmée pousse les corps à se redresser. Il faut dire que les interprètes dansent et tombent dans une frénésie de mouvements et d’énergie totalement engagée. Mais toujours, ils se relèvent et poursuivent leur route. Tout autour, une scénographie verticale avec obélisques rompus, parfois abattus, parfois lévitant, évoque la puissance et la vulnérabilité, l’orgueil aussi et le dépassement de soi.

Le voyage défie toujours le voyageur. Et c’est vrai qu’il y a peut-être un peu de folie à ne jamais cesser de s’y confronter. Notre propre corps, alors seul et dernier repère, est un allié face au dépaysement. » Ainsi DeLaVallet Bidiefono décrit-il la source de sa dernière chorégraphie aux accents autobiographiques. Né à Pointe-Noire – ville célébrée par Alain Mabanckou – avant de rejoindre la capitale du Congo Brazzaville, il connait ce flot de rencontres, «  d’hésitations et d’allers-retours comme autant de fragments » qui le composent. Dans son pays, ses amis l’appellent «  le fou qui voyage  ». Sa dernière utopie est un défi impossible lancé à l’humanité, un rêve de vivre ensemble renouvelé. Le voilà au milieu de huit autres danseurs, accompagné d’un musicien

D„ie Reise fordert den Reisenden immer heraus. Und es stimmt, dass in der unendlichen Konfrontation mit ihr ein gewisser Wahnsinn liegt. Unser eigener Körper, als einziger und letzter Bezugspunkt, ist ein Alliierter im Angesicht des Umgebungswechsels.“ So beschreibt DeLaVallet Bidiefono die Quelle seiner aktuellen Choreographie mit autobiographischen Zügen. In Pointe-Noire geboren – der Stadt, die von Alain Mabanckou gefeiert wurde – bevor er in die Hauptstadt von Kongo-Brazzaville zog, kennt er diese Flut der Begegnungen, des „Zögerns und des Hin und Hers, wie Fragmente“ die diese komponieren. In seiner Heimat nennen ihn seine Freunde „den Verrückten, der reist“. Seine aktuelle Utopie ist eine unmögliche Herausforderung an die Menschheit, ein erneuerter Traum vom Zusammenleben. Inmitten von acht anderen Tänzern, in Begleitung eines Musikers, dessen äußerst rhythmische Partition den Körper dazu bringt sich aufzurichten. Man muss sagen, dass die Interpreten mit einer Phrenesie der Bewegungen und der engagierten Energie tanzen und fallen. Aber stets stehen sie wieder auf und setzen ihren Weg fort. Rundherum ein vertikales Bühnenbild, mit zerbrochenen Obelisken, mal niedergeschlagen, mal schwebend, die Macht und Verletzlichkeit symbolisieren, aber auch Stolz und Selbstüberwindung.

20 POLY 258 Juin Juni 23 DANSE TANZ
Par Von Thomas Flagel – Photos de von Arnaud Bertereau
«
Au Grand Théâtre du Luxembourg mercredi 14 et jeudi 15 juin Im Grand Théâtre du Luxembourg am Mittwoch den 14. und Donnerstag den 15. Juni theatres.lu

Paradise Lost

Basé à Cologne, Le Cirque Bouffon installe son chapiteau à Kehl pour présenter sa nouvelle création, PARAISO , féérie familiale inspirée par Bosch.

Der in Köln installierte Cirque Bouffon schlägt sein Zirkuszelt in Kehl auf, um seine neue Show PARAISO zu präsentieren, ein von Bosch inspiriertes Märchenspiel für die ganze Familie.

Plutôt la folie du paradis que ses visions d’enfer. Le metteur en scène Frédéric Zipperlin l’assure, en «  grand fan de Hieronymus Bosch et de son gothique tardif », sa nouvelle création « s’empare de son “bon” côté, foisonnant d’images et de couleurs » pour proposer le PARAISO (paradis en espagnol) de son Cirque Bouffon. Formé à bonne école chez Annie Fratellini, auprès de laquelle il a découvert les bases traditionnelles de son art, celui qui passa plusieurs saisons dans le Cirque du Soleil détourne aujourd’hui les structures classiques des numéros, passés au tamis d’une dramaturgie contemporaine. «  Je cherche toujours le juste milieu, conservant un pont entre l’histoire de notre art et le nouveau cirque. C’est pour cela que toutes mes pièces sont pensées pour notre chapiteau itinérant, jouant à 360° avec le public placé au plus proche des interprètes et des musiciens, ce qui relève pour eux du challenge : je pense à notre magicien vénézuelien qui fait ses tours regardé de toutes parts ! » L’ancien contorsionniste et jongleur se plait aujourd’hui à délaisser la piste pour mettre

en scène, choisissant avec soin la personnalité des circassiens qu’il réunit pour « trouver cette alchimie de groupe essentielle à ce que les choses prennent et passent vers les spectateurs qui viennent en famille. » Créé en mars, ce nouveau spectacle invite à ralentir le temps pour mieux observer notre société dans laquelle chacun veut briller et devenir le roi. La quête de la couronne sert de fil rouge à PARAISO et ce n’est pas le clown bouffon et très théâtral – incarné par la jeune Noémie Pichereau, formée au Samovar – qui dira le contraire, ne ménageant pas sa peine pour la subtiliser à tous les autres ! Ici tout est visuel, dans un espace pensé pour la féerie et l’imaginaire. Les chansons sont interprétées dans une langue “fantaisie” incompréhensible, qui accompagne les créations du compositeur ukrainien Sergej Sweschinski, fidèle de la compagnie depuis 17 ans. Accordéon, contrebasse, violon et piano voyagent dans les musiques du monde, entre tango et sauce balkanique endiablée. Un éclectisme à l’image de circassiens venant de huit pays, défiant la gravité au trapèze,

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Par Von Daniel Vogel – Photos de von Rixa Schwarz

à la roue Cyr, aux cordes verticales ou encore des équilibristes et contorsionnistes. S’y croisent un Mister Flap, tout en rondeurs et sans tête, un immense vélo-poisson et des formes revisitées de slapstick gaguesque ayant fait les grandes heures du cinéma muet, dans une parodie de danseuses classiques à mourir de rire.

Eher die Verrücktheit des Paradieses als seine Höllenvisionen. Der Regisseur Frédéric Zipperlin versichert als „großer Fan von Hieronymus Bosch und seiner Spätgotik“, dass sich seine neueste Kreation „seiner „guten“ Seite annimmt, in der Bilder und Farben im Überfluss vorhanden sind “ um das PARAISO (spanisch für „Paradies“) zu konzipieren. Nach einer fundierten Ausbildung bei Annie Fratellini, bei der er die traditionellen Grundlagen seiner Kunst erlernte, verfremdet jener, der mehrere Spielzeiten im Cirque de Soleil verbrachte, heute die klassischen Strukturen der Nummern anhand einer zeitgenössischen Dramaturgie. „Ich suche immer die goldene Mitte, um eine Brücke zwischen der Geschichte unserer Kunst und dem Cirque nouveau zu schlagen. Deswegen sind alle meine Aufführungen für unser Wanderzelt gedacht, spielen in 360° mit dem Publikum, das so nah wie möglich an den Interpreten und Musikern sitzt, was für sie eine echte Herausforderung ist: Dabei denke ich zum Beispiel an unseren Magier aus Venezuela, dessen Zaubertricks alle von allen Seiten sichtbar sind!“ Der ehemalige Kontorsionist und Jongleur überlässt heute gerne den anderen die Manege, um Regie zu führen, wählt mit Sorgfalt die Persönlichkeiten der Zirkusartisten aus, die er zusammenführt, um „diese essentielle Alchimie der Gruppe zu finden, die nötig ist, damit die Sache klappt und auf die Zuschauer, die mit der ganzen Familie kommen, überspringen“. Diese neue Show, die im März Premiere hatte, lädt dazu ein die Zeit anzuhalten, um unsere Gesellschaft besser betrachten zu können, in der jeder zu glänzen sucht und König werden möchte. Die Suche nach der Krone dient als der rote Faden in PARAISO, und es ist nicht der drollige und sehr theatralische Clown – verkörpert von der jungen Noémie Pichereau, ausgebildet im Samovar – der das Gegenteil behaupten würde, da er keine Mühen scheut, um sie allen anderen zu stibitzen! Hier ist alles visuell, in einem Raum, der für Märchenspiel und Traumwelten gemacht ist. Die Lieder werden in einer Phantasie-Sprache gesungen, die unverständlich ist und von den Kreationen des ukrainischen Komponisten Sergej Sweschinski begleitet werden, der seit 17 Jahren ein treuer Begleiter der Zirkustruppe ist. Akkordeon, Kontrabass, Geige und Klavier reisen durch die Musikstile der Welt, zwischen Tango und teuflischen Balkan-Rhythmen. Ein Eklektizismus, der den aus acht Ländern stammenden Zirkusartisten entspricht, die die Schwerkraft am Trapez herausfordern, im Cyr Wheel, an den vertikalen Seilen oder auch als Seiltänzer und Kontorsionisten. Man trifft auf einen Mister Flap, rund und kopflos, ein riesiges Fisch-Fahrrad und neu interpretierte Formen des komischen Slapsticks, die die Sternstunden des Stummfilms ausmachten, in einer Parodie klassischer Tänzerinnen, die zum Totlachen ist.

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Sous chapiteau sur la Festplatz Läger (Kehl) du 14 juin au 9 juillet Im Zirkuszelt auf dem Festplatz Läger (Kehl) vom 14. Juni bis 9. Juli cirque-bouffon.com

The Graduates

Projets de sortie des étudiants du Centre national des Arts du Cirque, les Échappées, guidées par trois artistes confirmés, sont leurs premiers pas sur scène.

Mit ihrem Abschlussprojekt Échappées machen die Absolventen des Centre national des Arts du Cirque, in Begleitung dreier erfahrener Künstler, ihre ersten Schritte auf der Bühne.

Les douze circassiens de la 35e promotion du Cnac présentent le fruit de leur recherche personnelle, dans le superbe cirque historique de Châlons-en-Champagne, construit à la fin du XIXe siècle. Trois artistes, eux aussi d’anciens pensionnaires de l’institution, les accompagnent dans leur projet de diplôme qui est, bien souvent, leur premier véritable geste artistique.

À côté de Sylvain Decure et Mathieu Desseigne-Ravel, Maroussia Diaz Verbèke «  se réjouit de mettre [s]on expérience au service » de Thomas Botticelli (trapèze danse), Mats Oosterveld (acro danse) et des jongleuses Isaline Hugonnet et Yu-Yin Lin. Le recrutement international de la maison (Taïwan, Suède, Pays-Bas, Suisse…) prouve l’excellence de cette formation. Sortie il y a une dizaine d’années, Maroussia a tourné un long solo deux années durant, créé FIQ ! (Réveille-toi !) avec le Groupe acrobatique de Tanger et 23 Fragments de ces derniers jours au Brésil*, tout en ne cessant de s’interroger sur «  une émancipation du cirque débutée dans les années 1980 mais loin d’être achevée ». Elle forge ses propres outils, délaisse la dramaturgie et la mise en scène empruntée au théâtre au profit du néologisme “circographie”, ce qui n’est pas un détail. Pas question pour autant de jouer ce rôle-là auprès des jeunes talents arrivant à la fin du cycle de trois années de formation. «  Ils ont

une douzaine de minutes pour présenter un numéro – terme que je préfère à celui de passage, même si pour certains il renvoie trop au cirque traditionnel – devant un jury dans des conditions professionnelles et en public. À moi de les accompagner, les conseiller, tenter de lever leurs doutes. Et je me souviens à quel point ils peuvent être nombreux. C’est un moment très riche car ils se mettent à l’épreuve de leur liberté et pas sous la houlette d’un metteur en scène. À eux de tout circographier, de montrer qui ils sont, de choisir ce qu’ils cachent… » En regardant dans le rétro, elle constate que les questionnements qui étaient les siens demeurent vifs dans la promotion 2023 : « La problématique de la performance par exemple, que j’ai moi-même rejetée durant mon parcours au profit de la poésie. Mais à force d’enlever les agrès on se retrouve à faire du théâtre ou de la danse acrobatique. Viennent alors les interrogations essentielles : qu’est-ce qui me manque et qu’est-ce que le cirque ? Aujourd’hui, une de mes réponses est le plaisir de surpasser une difficulté. Mais c’est comment on s’y prend qui est intéressant, comment on s’approprie cette voie. » Elle entend bien «  les pousser à se révéler sur scène, à trouver le courage d’assumer ce qu’ils proposent  », citant Winnicott : «  Se cacher est un plaisir, mais ne pas être trouvé est une catastrophe », aussi vrai pour les enfants que pour les artistes.

Die zwölf Zirkusartisten des 35. Jahrgangs des Cnac präsentieren das Ergebnis ihrer persönlichen Recherchen im wunderschönen historischen Zirkus von Châlons-enChampagne, der Ende des 19. Jahrhunderts gebaut wurde. Drei Künstler, die ebenfalls ehemalige Schüler der Institution sind, begleiten sie in ihrem Diplomprojekt, das oft ihre erste wirkliche künstlerische Geste ist. An der Seite von Sylvain Decure und Mathieu Desseigne-Ravel, „freut sich“ Maroussia Diaz Verbèke darauf, Thomas Botticelli (Trapeztanz), Mats Oosterveld (Akrobatischer Tanz) und die Jongleusen Isaline Hugonnet und Yu-Yin Lin „ mit ihrer Erfahrung zu unterstützen “. Die internationale Rekrutierung des Hauses (Taiwan, Schweden, Niederlande, Schweiz…) beweist die Exzellenz der Ausbildung. Nach ihrem Abschluss vor rund zehn Jahren hat Maroussia zwei Jahre lang ein langes Solo präsentiert, FIQ ! (Réveille-toi !) kreiert mit der Akrobatik-Truppe aus Tanger, sowie 23 Fragments de ces derniers jours in Brasilien* und sich dabei ohne Unterlass befragt, über „eine Emanzipation des Zirkusses, die in den 1980er Jahren begann, aber noch lange nicht abgeschlossen ist“. Sie schmiedet ihre eigenen Werkzeuge, lässt die Dramaturgie und die Regie, die dem Theater entliehen sind, hinter sich, zugunsten des Neologismus der „Circographie“, was alles andere als ein

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Detail ist. Trotzdem kommt es nicht in Frage diese Rolle bei jungen Talenten zu spielen, die das Ende ihrer dreijährigen Ausbildung erreichen. „Sie haben rund zwölf Minuten, um eine Nummer zu präsentieren – ein Begriff, den ich jenem des Auftritts vorziehe, selbst wenn er für einige zu sehr auf den traditionellen Zirkus verweist – vor einer Jury aus Fachleuten unter professionellen Bedingungen und vor Publikum. Meine Aufgabe ist es, sie zu begleiten, sie zu beraten, zu versuchen ihre Zweifel auszuräumen. Und ich erinnere mich daran, wie zahlreich diese sein können. Das ist ein großartiger Moment, denn sie erproben ihre Freiheit, ohne unter der Führung eines Regisseurs zu stehen. Es ist

ihre Aufgabe alles zu circographieren, zu zeigen, wer sie sind, zu entscheiden, was sie verstecken…“ Im Rückblick stellt sie fest, dass ihre eigenen damaligen Fragestellungen, im Jahrgang 2023 sehr präsent sind: „Die Problematik der Performance, die ich in meiner Laufbahn zugunsten der Poesie verworfen habe. Aber wenn man alle Geräte wegnimmt, macht man schließlich Theater oder akrobatischen Tanz. Dann kommen die grundlegenden Fragestellungen: Was fehlt mir und was ist Zirkus? Heute ist eine meine Antworten, die Freude daran eine Schwierigkeit zu überwinden. Das Interessante liegt darin, wie man das angeht, wie man sich diesen Weg aneignet.“ Ihr Ziel ist es „sie dazu zu bringen,

sich auf der Bühne zu offenbaren, den Mut zu finden zu dem zu stehen, was sie anbieten“ und sie zitiert Winnicott:

„Sich zu verstecken ist eine Freude, aber nicht gefunden zu werden ist eine Katastrophe“. Und das ist ebenso wahr für Kinder wie für Künstler.

Au Cirque historique (Châlons-enChampagne) du 2 au 7 juin

Im Cirque historique (Châlons-enChampagne) vom 2. bis 7. Juni cnac.fr

* À découvrir la saison prochaine dans le Grand Est aux 2 Scènes (Besançon) 14-16/02/24, puis au Maillon (Strasbourg) 21-24/02/24

* In Ostfrankreich in der kommenden Spielzeit zu entdecken in den 2 Scènes (Besançon) 14.-16.02.24, dann im Maillon (Straßburg) 21.-24.02.24

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That’s All Folks !

Excentrique à souhait, la Belge Miet Warlop présente sa dernière farce pétaradante et savoureusement rebelle : After all Springville. Herrlich exzentrisch präsentiert die Belgierin Miet Warlop ihre aktuelle, knatternde und köstlich rebellische Farce: After all Springville.

Par Von Thomas Flagel – Photos de von Reinout Hiel

Voilà 10 ans, une jeune trentenaire issue des arts plastiques détonnait dans le monde du théâtre avec des propositions spectaculaires sans paroles et un amour du bricolé-déconnant. Miet Warlop emprunte tout autant à l’irrévérence absurde de dada qu’à l’humour tranchant de Tex Avery, aux décors lo-fi en carton-pâte d’un Michel Gondry ou au slapstick ayant fait les grandes heures du cinéma muet. Dans un fracas tel qu’elle les aime – ses pièces multipliant toujours destructions, transformations, réinventions scéniques et épuisement des corps-objets –, l’artiste belge recatapulte ses personnages rafistolés sur les traces d’une pièce ancienne, Springville. Le come-back dans cette maison de bric et de broc, perdue au milieu du plateau, ne se fait pas sans problèmes pour les hommes-objets qui s’y retrouvent : un tableau électrique sur pattes pétarade d’étincelles à la moindre contrariété, un joggeur de trois mètres de haut ne peut cesser sa logorrhée absolument incompréhensible, tandis qu’une table nappée aux gambettes à talons aiguilles met en émoi un carton à la trompe-tuyau fuyant de toutes parts. Rien ne tourne tout à fait rond dans cet univers guetté

par l’obsolescence et la panne, les fumées intempestives, les éclats ou les pluies de confettis. Mais c’est l’arrivée d’un humain en chair et en os, prêt à dicter son monde et à le réagencer à grands coups de scie et de marteau, qui fait basculer l’intrigue. À lui l’impudence sans vergogne, le sentiment de toute puissance destructrice, aux autres vivants la sensation et le sentiment amoureux, la curiosité et la pudeur. Tout se joue en détails subtils, art savoureux de la suggestion pour qui sait observer sans confondre candeur et niaiserie d’ingénu. Il faut dire que les protagonistes donnent l’impression d’avoir continué leur vie depuis leur première rencontre avec nous. Miet Warlop mêle ce retour dans le pavillon de Springville à l’esprit d’une installation monumentale créée sur plusieurs étages d’un building, Amusement Parks. Sous ses airs de faux semblants permanents et de farce, After All Springville interroge nos manières de faire société, l’âme d’enfant et ses émerveillements qui sommeillent en nous, l’incongruité de nos dysfonctionnements finissant, souvent, par une destruction quasi totale. Mais, malgré les bosses, la vie continue…

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Vor zehn Jahren fiel eine junge Dreissigjährige, die aus der Bildenden Kunst kam, in der Welt des Theaters aus dem Rahmen mit ihren spektakulären Darbietungen ohne Worte und ihrer Liebe zum Gebastelten und Abgedrehten. Miet Warlop macht ebenso Anleihen bei der absurden Respektlosigkeit des Dadaismus wie beim schneidenden Humor eines Michel Gondry oder dem Slapstick, der zu den Sternstunden des Stummfilms gehört. Mit einem Getöse wie sie es liebt – ihre Stücke sind immer voller Zerstörungen, Veränderungen, Neuerfindungen der Bühne und Erschöpfung der Körper-Objekte – katapultiert die belgische Künstlerin ihre zusammengeschusterten Figuren auf die Spuren eines alten Stücks, Springville zurück. Das Comeback in diesem Haus aus zusammengetragenen Möbeln, verloren inmitten der Bühne, ist für die Objekt-Menschen, die sich darin finden, nicht problemlos: Ein Sicherungskasten auf Beinen stößt beim kleinsten Ärgernis Funken aus, ein drei Meter hohe Jogger kann seinen absolut unverständlichen Wortschwall nicht stoppen, während ein Tisch mit Tischtuch und mit Beinchen in Pfennigabsätzen einen Karton in Aufregung versetzt, dessen Rüssel-Schlauch an allen Enden leckt. Nichts läuft rund in diesem Universum, das von Obsoleszenz und Pannen, unangebrachtem Rauch, Splittern und Konfetti-Regen heimgesucht wird. Aber es ist die Ankunft eines Menschen aus Fleisch und Blut, der dazu bereit ist, seine Welt zu diktieren und sie

mit Säge und Hammer umzubauen, der der Geschichte eine andere Wendung verleiht. Nun ist er ungeniert frech, mit dem Gefühl einer zerstörerischen Allmacht, den anderen Lebewesen bleiben das Gefühl und die Liebe, die Neugierde und die Scham. Alles spielt sich in Form subtiler Details ab, eine köstliche Kunst der Suggestion, für jenen, der zu Beobachten weiß ohne Offenherzigkeit und treuherzige Einfältigkeit zu verwechseln. Man muss sagen, dass die Protagonisten den Eindruck verleihen, dass sie seit ihrer ersten Begegnung mit uns ihr Leben weitergelebt haben. Miet Warlop mischt diese Rückkehr in den Pavillon von Springville, mit dem Geist einer monumentalen Installation über mehrere Etagen eines Buildings, den Amusement Parks. Hinter ihrer Fassade von falschem Schein und Farce hinterfragt After All Springville unsere Art eine Gesellschaft zu bilden, die Kinderseele und ihre Entzückungen, die in uns schlummern, die Ungehörigkeit unserer Störungen, die oft zu einer völligen Zerstörung führen. Aber trotz der Beulen geht das Leben weiter…

Au TJP grande scène (Strasbourg) du 1er au 3 juin, présenté avec Le Maillon (dès 12 ans)

Im TJP grande scène (Straßburg) vom 1. bis 3. Juni, präsentiert mit Le Maillon (ab 12 Jahren) tjp-strasbourg.com – maillon.eu

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Conscious Circus

Le Premier artifice du collectif Cirque Queer invite au trouble des identités, à la liberté acrobatique et au drag-clown.

Le Premier artifice (Der erste Kunstgriff) des Kollektivs Cirque Queer lädt zu Identitätssuche, akrobatischer Freiheit und Drag-Clowns ein.

Par Von Thomas Flagel – Photos de von Loup Romer

Quoi de mieux qu’un chapiteau, symbole populaire de liberté, pour une première création réunissant des circassiens du spectre queer le plus large ? Avec leur musique jouée en direct, la vidéo et un art de la transformation entourant une technique au cordeau, ce Premier artifice investit l’espace du rêve pour inventer une représentation défiant les codes et les genres. Les interprètes sont à la scène comme à la vie : drag-clown délirante, lanceur de couteaux, kings indignes et queens juchées sur des bouteilles-aiguilles, voltigeuse non-binaire ou cabarettiste trans-féminine multitalents à piano fou, bravant le vide et la peur de la chute entre trapèze, cordes et machine à bulle. L’extravagance est ici de mise, dans un flot de costumes et de masques propres à exploser les cases des disciplines et des identités. Le cirque traditionnel comme l’histoire des freak shows sont passés à la moulinette d’un mouvement militant, formant un melting-pot joyeux de corps, d’esthétiques et d’invention de soi.

Was passt besser als ein Zirkuszelt, das populäre Symbol der Freiheit zu einer ersten Kreation, die die Zirkusartisten aus dem breitesten Queer-Spektrum vereint? Mit ihrer Livemusik, dem Video und einer Kunst der Verwandlung, die eine ausgefeilte Technik umgibt, erobert dieses Premier artifice den Raum des Traums um eine Repräsentation zu erfinden, die die Codes und Gender heraus -

fordern. Die Interpreten sind auf der Bühne und im Leben wahnsinnige Drag-Clowns, Messerwerfer, unwürdige Kings und auf Flaschen-Absätzen sitzende Queens , non-binäre Trapezkünstler oder trans-feminine Kabarettisten und Multitalente am verrückten Klavier, die die Leere und die Angst vor dem Absturz zwischen Trapez, Seil und Blasenmaschine provozieren. Die Extravaganz steht hier auf der Tagesordnung in einer Masse von Kostümen und Masken, die die Schubladen der Disziplinen und Identitäten explodieren lassen. Der traditionelle Zirkus und die Geschichte der Freak Shows werden durch den Fleischwolf einer militanten Bewegung gedreht, die einen fröhlichen Schmelztiegel aus Körpern, Ästhetiken und Selbsterfindung bildet.

Sous chapiteau au Parc de la Patte d’oie (Reims) vendredi 2 et samedi 3 juin

Im Zirkuszelt im Parc de la Patte d’oie (Reims) am Freitag den 2. und Samstag den 3. Juni manege-reims.eu

> Foutu pour foutu, le Cirque Queer nous promet de la musique, de l’amour, de la poésie, un soupçon de cirque, des peluches et des cocktails, samedi 3 juin (21h), entrée libre

> Foutu pour foutu, der Cirque Queer bietet Musik, Liebe, Poesie und eine Prise Zirkus, Kuscheltiere und Cocktails am Samstag den 3. Juni (21 Uhr), Freier Eintritt

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Cultural travels

En présentant plus de deux cent vingt tableaux de Paul-Élie Dubois, Montbéliard commémore les Itinéraire(s) d’un peintre voyageur Indem Montbéliard mehr als zweihundertzwanzig Gemälde von PaulÉlie Dubois präsentiert, erinnert es an die Route(n) eines Reisemalers

Par Von Julia Percheron – Photos de von Jack Varlet

Voilà presqu’un siècle qu’aucune rétrospective ne s’est penchée sur les réalisations de Paul-Élie Dubois (1886-1949). Comme le dit Barbara Gouget, commissaire d’exposition et directrice adjointe du Musée du Château des ducs de Wurtemberg, « la dernière remonte à son vivant, dans les années 1940 ! » Le temps est donc venu de dépoussiérer la riche production de cet enfant du pays, particulièrement connu pour son travail de la lumière et ses huiles sur toile du Hoggar, massif montagneux du Sud de l’Algérie. Cette année célèbre d’ailleurs le centenaire de ses périples au Maghreb, durant lesquels il croque ses Musiciens arabes , gigantesque peinture de trois mètres de long représentant le quotidien de trois interprètes algériens, jouant du bendir et du hautbois dans la com -

mune de Bou Saâda. Les tons mauves et bleutés ainsi que les rayons lumineux transparaissant derrière les personnages conduisent l’œuvre au succès, puisqu’elle remporte le prix national du Salon des artistes français, en 1923. Autre spécificité de cette présentation : pour la première fois, cette œuvre se retrouve associée à son pendant, Paix dans la lumière, également récompensée par le prestigieux prix parisien.

Réparti en cinq sections, le parcours de visite retrace le cheminement artistique du peintre, de ses racines jusqu’à ses voyages méditerranéens, en passant par ses seize ans de vie parisienne et la fascination qu’il a vouée à sa première femme, «  sa muse, l’un de ses meilleurs modèles  », selon Barbara Gouget. La création de Fiancée (1912) est assez

étonnante, «  Paul-Élie Dubois ayant eu une vision, la veille de ses fiançailles, ce qui l’a poussé à faire poser Jeanne Chabod devant un décor confectionné sur mesure. » L’omniprésence du blanc et de ses nuances dissimule presque un petit écrin bleu, ouvert sur un coin de la table, abritant la bague de leur union et symbolisant le songe en question. Plusieurs autres portraits de son épouse sont à retrouver, notamment La Solitude, œuvre inachevée sur laquelle l’auteur n’a eu de cesse de revenir, «  signe de l’exigence qu’il s’impose et qu’il nous semble intéressant de mettre en lumière. » Autre passage phare de l’exposition : la reconstitution d’un atelier, dont le modèle s’inspire de ceux qu’il investit au fil de ses pérégrinations, simultanément et dans quatre villes différentes. Table, chaise, valises, malle de transport, photos en noir et blanc… la plupart des objets sélectionnés font partie de son héritage et représentent, chacun, des lieux dans lesquels il s’est installé. Impossible de ne pas s’arrêter devant le chevalet sur lequel il pousse son dernier soupir, en pleine confection de son ultime ouvrage, Les Pommes rouges

Kaum eine Retrospektive hat sich mit den Werken von Paul-Élie Dubois (1886-1949) befasst. Wie es Barbara Gouget, die Kuratorin und stellvertretende Leiterin des Musée du Château des ducs de Wurtemberg sagt, „fand die Letzte zu seinen Lebzeiten in den 1940er Jahren statt!“ Die Zeit ist also gekommen, die reichhaltige Produktion dieses Kindes der Region zu entstauben, das insbesondere für seine Arbeit mit Licht und die Ölgemälde des Hoggars, eines Gebirges in Südalgerien, bekannt ist. In diesem Jahr wird das hundertste Jubiläum seiner Reisen in den

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Maghreb gefeiert, während derer er seine Arabischen Musiker skizzierte, riesige Gemälde von drei Metern Länge, die den Alltag dreier algerischer Interpreten darstellen, die Bendir und Oboe in der Gemeinde Bou Saâda spielen. Die blassen Lilatöne, sowie die Lichtstrahlen, die hinter den Figuren erscheinen, bringen dem Werk den Erfolg, denn es gewinnt im Jahr 1923 den nationalen Preis des Salon des artistes français. Eine weitere Besonderheit dieses Gemäldes: Erstmals wird es mit seinem Pendant assoziiert, Frieden im Licht, das ebenfalls mit dem prestigeträchtigen Pariser Preis ausgezeichnet wurde.

Der fünfteilige Rundgang empfindet die künstlerische Laufbahn des Malers nach, von seinen Ursprüngen über seine sechzehn Jahre in Paris und die Faszination, die seine erste Ehefrau auf ihn ausübte, „seine Muse, eines seiner besten Modelle “, so Barbara Gouget. Die Kreation von Die Verlobte (1912) ist ziemlich erstaunlich, „Paul-Élie Dubois hatte am Vorabend seiner Verlobung eine Vision, die ihn dazu brachte, Jeanne Chabod vor einem maßgeschneiderten Dekor posieren zu lassen. “ Die Allgegenwart der Farbe Weiß und ihrer Nuancen überdeckt fast ein kleines blaues Schmuckkästchen, das auf der Ecke eines Tisches geöffnet ist, welches den Ring ihrer Verbindung beinhaltet und den besagten Traum symbolisiert. Mehrere weitere Portraits seiner Ehefrau sind zu finden, insbesondere Die Einsamkeit , ein unvollendetes Werk, zu dem der Künstler ohne Unterlass zurückkehrte, „ein Zeichen des hohen Anspruchs, den er an sich stellte und den wir in den Vordergrund stellen wollten .“ Ein weiterer Höhepunkt der Ausstellung: Die Rekonstitution eines Ateliers, dessen Modell von jenen inspiriert ist, in denen er im Laufe seiner Reiserei arbeitete, gleichzeitig und in vier verschiedenen Städten. Tisch, Stuhl, Koffer, Überseekoffer, SchwarzweißPhotographien… Die meisten Objekte sind Teil seines Nachlasses und stehen stellvertretend für die Orte an denen er sich niederließ. Unmöglich nicht vor einer Staffelei stehenzubleiben, an der er seinen letzten Atemzug tat, inmitten der Arbeit an seinem letzten Werk, Die roten Äpfel.

Au Musée du Château des ducs de Wurtemberg (Montbéliard) jusqu’au 29 octobre Im Musée du Château des ducs de Wurtemberg (Montbéliard) bis 29. Oktober montbeliard.fr

> Réalisation de sculptures de sable géantes par Benoît Dutherage sur l’esplanade du Château, inspirées des voyages de Paul-Élie Dubois, du 8 au 13 juillet (sculptures visibles jusqu’en septembre)

> Realisierung von riesigen Sandskulpturen von Benoît Dutherage auf der Esplanade des Schlosses, inspiriert von den Reisen von PaulÉlie Dubois, vom 8. bis 13. Juli (Skulpturen bis September zu besichtigen)

Légendes Bildunterschriften

1. Musiciens arabes Arabische Musiker, 1923, don de la famille Schenkung der Familie Dubois, 2022, collection Sammlung Musées de Montbéliard

2. Fiancée ou Harmonie en blanc Die Verlobte oder Harmonie in Weiß, 1912, Collection privée Privatsammlung

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Flawless

Avec Shoplifters from Venus, le Kunst Museum Winterthur offre à Sylvie Fleury, l’une des plus illustres plasticiennes actuelles suisses, une grande exposition personnelle.

Mit Shoplifters from Venus widmet das Kunst Museum Winterthur Sylvie Fleury, einer der bekanntesten zeitgenössischen Künstlerinnen der Schweiz eine große Einzelausstellung.

Elle l’assure sans ambages : «  Je ne considère pas mon travail comme de l’appropriation. Je le vois plutôt comme une personnalisation. » Connue pour ses mises en scène sophistiquées du glamour et de l’art de vivre dans lesquelles sont propulsés les éléments iconiques de la mode et du design, Sylvie Fleury n’en finit pas de troubler les frontières entre art et consommation, exposant son shopping de luxe sans-gêne dans des installations provocantes de sacs griffés des plus belles maisons de haute-couture (Balenciaga, Saint Laurent…) contenant toujours la pièce acquise par l’artiste ( Acne , 2014). Irritante et ambigüe, la jeune sexagénaire vampirise notre époque, jouant des symboles et d’une ironie mordante, affirmant à ceux qui la questionnent peindre chaque jour… ses yeux à l’eyeliner ! Jeu de dupe que celui de se glisser dans un faux-semblant girly d’ingénue.

Comme Duchamp avant elle, ou Warhol, c’est bien notre rapport plus ou moins (in)conscient au pouvoir symbolique des objets qui nous entourent qu’elle convoque, revisite et feint d’utiliser de manière littérale. Sa manière de placer du fard à paupière format XXL (Flawless Finish – Perfect Beige, 2021) ou des sacs à mains bombés en argent avec un cadre dépassant de ses entrailles ayant subi le même traitement chromatique et cosmétique (White Gold, 2010) ne manque pas d’ironie joyeuse, questionnant l’art néo-conceptuel dans les espaces blancs sacralisés des musées, comme les clichés féminins. On oublierait presque sa part punko-acerbe, celle qui la fit recouvrir le sol de l’illustre galerie Pierre Huber de goudron, immortaliser sur pellicule de jeunes femmes explosant des sacs à mains hors de prix à la kalachnikov ou tenter de tourner un film de vampires dans un monastère espagnol.

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Depuis les rives du Lac Léman, la Genevoise multiplie les versions contemporaines des vanités. Fétichisme des objets, vacuité et lassitude inhérents à la société de consommation nous dépossédant même de nos rêves et de nos imaginaires. Ainsi son caddie bombé or tourne-t-il sur lui-même dans les reflets d’un socle rond au couvercle en miroir. Sa conquête du pouvoir masculin passe par le détournement des modes de représentations viriles : les pneus sont chromés, les fusées recouvertes de fourrure ou perçant des tapis du même acabit dans une drôle de vision phalico-symbolique au nom explicite (First Spaceship on Venus, 1995). Si elle tance si bien la Hype – comme dans Untitled (2021) avec ses multiples paires de stilettos échouées nonchalamment sur un tapis blanc tout autour d’un armchair Eichholtz & Richmond –, c’est qu’elle l’a pratiquée assidument, clubbeuse et shoppeuse sur talons hauts. Impossible pour autant de la réduire à cela.

Sie versichert ohne Umschweife: „Ich sehe meine Arbeit nicht als Aneignung an. Ich sehe sie eher als eine Personalisierung.“ Für ihre ausgefeilten Inszenierungen des Glamours und der Lebenskunst bekannt, in die die ikonischen Elemente der Mode und des Designs geschleudert werden, verwischt Sylvie Fleury ohne Unterlass die Grenzen zwischen Kunst und Konsum, stellt ihr schamloses Luxus-Shopping in provokanten Installationen von Marken-Handtaschen der schönsten Haute-Couture-Häuser (Balenciaga, Saint Laurent…) aus, die immer das von der Künstlerin gekaufte Stück enthalten (Acne, 2014). Irritierend und zweideutig beutet die junge Sechzigjährige unsere Epoche gnadenlos aus, spielt mit den Symbolen und einer bissigen Ironie, wenn sie jenen die nachfragen sagt, dass sie jeden Tag malt… mit Eyeliner um ihre Augen! Eine Täuschung mit der sie sich zum unbedarften Sexy-Girl verstellt. Wie Duchamp oder Warhol vor ihr, ist es unsere mehr oder weniger (unter)bewusste Beziehung zur Macht der Symbole, die uns umgeben, die sie zitiert, neu

Légendes Bildunterschriften

interpretiert und auf buchstäbliche Weise zu nutzen vorgibt. Ihre Art und Weise XXL-Liedschatten zu platzieren (Flawless Finish – Perfect Beige, 2021) oder mit Silber besprühte Handtaschen mit einem Rahmen, der aus Inneren herausragt und dieselbe farbliche und kosmetische Behandlung erfahren hat (White Gold, 2010), ist nicht ohne eine fröhliche Ironie, die die neo-konzeptuelle Kunst in sakralisierten weißen Räumen ebenso hinterfragt wie die weiblichen Klischees. Man würde fast ihren punkig-bissigen Teil vergessen, jenen der sie dazu brachte den Boden der illustren Galerie Pierre Huber mit Teer zu bedecken, junge Frauen auf Farbfilm festzuhalten, die sündhaft teure Handtaschen mit der Kalaschnikow explodieren lassen oder zu versuchen in einem spanischen Kloster einen Vampirfilm zu drehen. Von den Ufern des Genfersees aus vervielfältigt die Genferin die zeitgenössischen Versionen der Vanitas. Fetischismus der Objekte, Belanglosigkeit und gesellschaftlicher Überdruss, die uns sogar unsere Träume und Vorstellungskraft rauben. So dreht sich ihr in Gold angesprühter Einkaufswagen um sich selbst und spiegelt sich dabei in einem runden Sockel, der mit Spiegeln bedeckt ist. Durch die Verfremdung der Darstellungsformen von Virilität erobert sie die männliche Macht: Die Reifen sind verchromt, die Raketen mit Fell überzogen, die zum Teil Teppiche des gleichen Schlags durchbohren, in einer bizarren phallischsymbolischen Vision mit explizitem Namen (First Spaceship on Venus, 1995). Wenn Sie so gut den Hype schilt – wie in Untitled (2021) mit seinen zahlreichen Stiletto-Pumps, die auf einem weißen Teppich gestrandet sind rund um einen armchair Eichholtz & Richmond – dann weil sie ihn emsig praktiziert hat als Clubbesucherin und Shoppingqueen auf Highheels. Trotzdem ist es unmöglich sie darauf zu beschränken.

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Au Kunst Museum Winterthur du 3 juin au 20 août Im Kunst Museum Winterthur vom 3. Juni bis 20. August kmw.ch 1. Acne, 2014, Galerie Mehdi Chouakri, Berlin
AUSSTELLUNG
2. White Gold, 2010 2

Abre os olhos

Producteur d’art dans (et avec) l’espace public, le festival bisontin Bien

Urbain s’empare de la rue avec des artistes internationaux et locaux.

Als Kunstproduzent im (und mit) dem öffentlichen Raum, nimmt sich das Festival Bien Urbain in Besançon der Straße mit internationalen und regionalen Künstlern

Devenu biennal il y a peu, le festival, porté à bout de bras et avec beaucoup d’idées par l’association Juste Ici, poursuit la mission qui présidait à la création de Bien Urbain, en 2011 : se réapproprier par l’art l’espace public, partager l’acte créatif (à grand renfort d’ateliers et de résidences) et accompagner de nouvelles lectures de la ville (et de ce qui fait commun) en multipliant les projets en lien avec les écoles, les structures socioculturelles et les habitants de quartiers périphériques en s’implantant sur le long terme, comme à Planoise. Pas question de faire les choses à moitié – la rue est à nous, ne l’oublions pas ! Un principe que revendique, depuis ses débuts, le duo stéphanois Ella & Pitr, connu à l’international pour ses gigantesques Colosses endormis rejoints depuis quelques temps par des rieurs monumentaux aux quenottes espacées, eux aussi calés entre toitures et cours,

an.

que seules des vues du ciel ou d’un point haut permettent d’appréhender dans toute leur splendeur. À Besançon, ils font de la Place de la Révolution leur nouveau terrain de jeu créatif, pour une fois sans pots de peinture. C’est armés de centaines de draps qu’ils déploieront leur nouvelle œuvre, in situ et éphémère (À la volée), sur ce lieu central. Autre figure du milieu, la Galicienne Doa Oa n’a de cesse de recouvrir les murs de lieux en perdition avec des représentations XXL de plantes médicinales, autochtones ou sauvages, belles comme d’antiques planches de botaniste qui auraient été bousculées par le vent. Dans la Cité du temps, elle valorise la saxifrage des rochers (ou œillet des rochers poussant à travers ses interstices). L’attention aux écosystèmes et à la reforestation qu’elle revendique invite à ouvrir les yeux – Abre os olhos, titre d’une de ses séries, peuplée de grands yeux autour d’une constella-

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1

tion vibrante nous rappelant les poussières d’étoiles que nous sommes. Autre temps fort de cette édition 2023, l’exposition Impressions partagées (jusqu’au 07/07) dans La Galerie des Martyrs qui réunit les sérigraphies inédites, commandées à 16 artistes dont 4 régionaux (Hermann Koudou alias Saturn, Justine Caoudal, Clown et Simone Découpe), par la Fondation Desperados. Si vous apportez un t-shirt, vous pourrez même y sérigraphier un visuel exclusif de Justine Caoudal, muraliste et designer textile bisontine s’inspirant beaucoup de ses récents voyages à Ouagadougou ! Enfin, ne manquez pas l’atelier de sérigraphie Tract, initié par le collectif Ne Rougissez Pas (2024/06, à La Citadelle et au centre-ville), qui propose de réaliser des affiches et composer des slogans en piochant dans le fonds iconographique du musée de la Résistance et de la Déportation – riche de plus de 600 peintures, statuettes et dessins réalisés clandestinement dans les prisons et camps de concentration – qui devrait rouvrir ses portes le 8 septembre 2023, après trois ans de travaux.

Das Festival, das vor Kurzem zur Biennale geworden ist und mit viel Ideenreichtum vom Verein Juste Ici getragen wird, setzt seine Mission fort, die seit der Kreation von Bien Urbain im Jahr 2011 besteht: Sich über die Kunst den öffentlichen Raum anzueignen, den kreativen Akt zu teilen (mit vielerlei Ateliers und Residenzen) und neue Lektüren der

Stadt zu begleiten (und dessen was die Gemeinschaft ausmacht) indem man die Projekte mit den Schulen und soziokulturellen Einrichtungen sowie den Einwohnern der Stadtviertel vervielfältigt, die man langfristig ansiedelt, wie in Planoise. Es kommt nicht in Frage halbe Sachen zu machen – die Straße gehört uns, das dürfen wir nicht vergessen! Ein Prinzip, ein welches das Duo Ella & Pitr aus St. Etienne von Anfang an vertritt, das international bekannt ist für seine gigantischen Schlafenden Kolosse, die seit einiger Zeit von monumentalen Lachenden mit lückenhaften Zähnen begleitet werden, welche ebenfalls zwischen Dächern und Innenhöfen hervorlugen und nur aus der Vogelperspektive oder von einem hohen Aussichtspunkt aus in ihrer ganzen Pracht zu bewundern sind. In Besançon machen sie aus der Place de la Révolution ihren neuen kreativen Spielplatz, diesmal ohne Farbeimer. Mit hunderten Bettlaken bewaffnet werden sie ihr neues Werk entfalten, in situ und vergänglich ( À la volée ), auf diesem zentralen Platz. Eine weitere Persönlichkeit des Milieus, Doa Oa aus Galizien, bedeckt ohne Unterlass die Wände verlassener Orte mit XXL-Darstellungen von heimischen, wilden Heilpflanzen, die so schön sind wie antike botanische Zeichnungen, die vom Winde verweht zu sein scheinen. In der Cité du temps wertet sie den Steinbrech der Felsen auf (aus deren Spalten Stein-Nelken wachsen). Die Aufmerksamkeit für die Ökosysteme und die Aufforstung, die sie vertritt, lädt dazu ein, die Augen zu öffnen – Abre os olhos, Titel einer ihrer Reihen, die von großen Augen bevölkert sind, welche um eine vibrierende Konstellation schweben, was uns daran erinnert, dass wir nur Sternenstaub sind. Ein weiterer Höhepunkt der diesjährigen Ausgabe ist die Ausstellung Impressions partagées (bis 07.07.) in La Galerie des Martyrs, die unveröffentlichte Siebdrucke vereint, mit denen 16 Künstler von der Fondation Desperados beauftragt wurden, darunter 4 aus der Region (Hermann Koudou alias Saturn, Justine Caoudal, Clown und Simone Découpe). Wenn Sie ein T-Shirt mitbringen, können Sie hier sogar ein exklusives Bild von Justine Caoudal drucken. Wandmalerin und Textildesignerin aus Besançon, die sich sehr von ihren neuesten Reisen nach Ouagadougou inspirieren lässt! Und schließlich dürfen Sie das Siebdruckatelier Tract vom Kollektiv Ne Rougissez Pas (20.-24.06., in La Citadelle und im Stadtzentrum) nicht verpassen, das die Herstellung von Plakaten anbietet und dazu einlädt Slogans aus der ikonographischen Sammlung des Musée de la Résistance et de la Déportation zu fischen – mehr als 600 Gemälde, Statuen und Zeichnungen, die heimlich in den Gefängnissen und Konzentrationslagern entstanden sind – das seine Pforten nach drei Jahren der Renovierung am 8. September 2023 wieder öffnen wird.

Dans les rues de Besançon et dans le Grand Besançon Métropole, à Saint-Vit et Dijon du 9 au 25 juin In den Straßen von Besançon und in der Grand Besançon Métropole, in Saint-Vit und Dijon vom 9. bis 25. Juni bien-urbain.fr

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Légendes Bildunterschriften 1. Camille Bondon, La Grande Danse, Rennes, 2023 © Thomas Girault
FESTIVAL
2. Jiem et Mary, Minimuralisme , Clairs Soleils
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Night of the Living Dead

À Strasbourg, les Mondes flottants de Stéphane Belzère entrent en résonance avec les collections du Musée zoologique.

In Straßburg treten die Mondes flottants (Schwebende Welten) von Stéphane Belzère in einen Dialog mit den Sammlungen des Musée zoologique.

Quelques 70 toiles et des centaines de spécimens flottant dans le formol, serpents, mammifères et autres crustacés : la rencontre est saisissante. Pour ce ”duel à O.K. bocal”, les animaux figés dans l’éternité du Musée zoologique dialoguent avec les toiles de Stéphane Belzère (né en 1963), qui a hanté de longues années, avec chevalet et pinceaux, la salle des “pièces molles” du Museum national d’Histoire naturelle de Paris, dont une vue nocturne ouvre le parcours avec un cœlacanthe d’une inquiétante étrangeté entouré d’une armée morte. Dans certaines compositions, le peintre, immergé, semble regarder le monde depuis l’intérieur d’un bocal, tandis que d’autres figurent de formidables drapés organiques. Avec l’immense Ursus arctos, par exemple, chairs et poils composent une symphonie oscillant entre abstraction et figuration, qui convoque la présence d’un ours brun dans un subtil jeu de reflets, de transparences et de couleurs. Le regard se perd, hésite entre fascination et répulsion pour ces univers, où la vie et la mort se confondent et se confrontent.

Rund 70 Gemälde und hunderte Exemplare, die in Formaldehyd schweben, Schlangen, Säuge-und Krustentiere: Die Begegnung ist ergreifend. Für dieses Duell gehen die Tiere, die in den Behältern des Zoologischen Museums für die Ewigkeit festgehalten wurden, einen Dialog mit den Gemälden von Stéphane Belzère ein (geboren 1963), der über Jahre hinweg mit Staffelei und Pinsel die Säle der Tier-

präparate des Museum national d’Histoire naturelle de Paris durchstreift hat, dessen nächtliche Ansicht den Rundgang mit einem Quastenflosser von bizarrer Eigenartigkeit öffnet, umgeben von einer toten Armee. In einigen Kompositionen scheint der Maler die Welt aus dem Inneren eines Glasbehälters zu betrachten, während andere wunderbare organische Faltenwürfe darstellen. Mit dem riesigen Ursus arctos zum Beispiel bilden Fleisch und Fell eine schimmernde Sinfonie zwischen Abstraktion und figurativer Darstellung, die die Präsenz eines Braunbären mit einem subtilen Spiel der Spiegelungen, Transparenzen und Farben einbestellt. Der Blick verliert sich, zögert zwischen Faszination und Abstoßung für diese Universen, in denen Leben und Tod ineinander übergehen und sich miteinander konfrontieren.

Au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg jusqu’au 27 août

Im Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg bis 27. August musees.strasbourg.eu

> Stéphane Belzère expose à l’Atelier Achat de Bâle (01-30/06)

> Stéphane Belzère stellt im Atelier Achat in Basel aus (01.-30.06.) atelierachat.ch

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Von Hervé Lévy – Photos de von Mathieu Bertola / Musées de Strasbourg © ADAGP, Paris 2021 Légende Bildunterschrift Stéphane Belzère, Immersion bleue 1, 2001-2003, Courtesy Stéphane Belzere & a-space Gallery Roy Hofer – CH

Who’s next?

Moments phare de la fin d’année, le Week-end des Diplômes de la Hear célèbre les travaux des jeunes artistes qui sortent de l’école.

Einer der bedeutendsten Momente des Semesterendes, das Diplom-Wochenende der Hear, feiert die Arbeiten der jungen Künstler, die die Schule verlassen.

Effervescence et lâcher-prise à tous les étages de la Haute École des Arts du Rhin pour les futures pépites formées dans les diverses sections (Art, Art-Objet, Design, Design textile, Didactique visuelle, Illustration, Communication graphique, Scénographie et Musique). Les futurs diplômés présentent leurs univers artistiques, juste avant le grand saut vers le monde professionnel. Dans le bâtiment strasbourgeois à l’éclatante façade art nouveau, prennent place installations de peintures, photographies, illustrations ou encore sculptures. L’ option scénographie organise un PSSST ! Festival (Église Saint-Guillaume et TJP), pour une immersion pensée pour les espaces dans lesquels ils nous convient pour d’étranges rêveries contemplatives (gratuit sur inscription). Enfin, ne manquez pas l’exposition Toutex à la fois mutantex et multiples (et la performance du 2 juillet) de Jagna Ciuchta, à La Chaufferie, que l’artiste investit avec Rose-Mahé Cabel, plasticien performeur non binaire (diplômé en 2020) et Ïan Larue, autrice de l’excellent Libère-toi cyborg ! (Cambourakis, 2018) autour du pouvoir transformateur de la science-fiction féministe.

Aufregung und Loslassen in allen Etagen der Haute École des Arts du Rhin für die Besten, die in verschiedenen Fachbereichen ausgebildet wurden (Kunst, Objekt-Kunst, Design, Textildesign, Visuelle Didaktik, Illu -

stration, Graphikkommunikation, Bühnenmalerei und Musik). Die künftigen Absolventen präsentieren ihre künstlerischen Universen, kurz vor dem großen Sprung in die Berufswelt. Im Straßburger Gebäude mit der strahlenden Art nouveauFassade nehmen Installationen und Gemälde, Photographien, Illustrationen oder auch Skulpturen den Raum ein. Der Fachbereich Bühnenmalerei organisiert ein PSSST ! Festival (Église Saint-Guillaume und TJP), für eine immersive Erfahrung, die für die Räume konzipiert ist, in die sie uns für bizarre kontemplative Träumereien einladen (kostenlos auf Anmeldung). Und schließlich verpassen Sie nicht die Ausstellung Toutex à la fois mutantex et multiples (und die Performance am 2. Juli) von Jagna Ciuchta in La Chaufferie, die die Künstlerin mit Rose-Mahé Cabel belagert, einem non-binären Bildhauer und Performancekünstler (Absolvent Jahrgang 2020) und Ïan Larue, Autorin des exzellenten Libère-toi cyborg ! (Cambourakis, 2018) rund um die transformatorische Macht der feministischen Science-Fiction.

À la Haute École des Arts du Rhin et dans divers lieux de Strasbourg du 30 juin au 2 juillet

In der Haute École des Arts du Rhin an verschiedenen Orten in Straßburg vom 30. Juni bis 2. Juli hear.fr

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AUSSTELLUNG
Par Von Daniel Vogel – Photos de von Jésus S. Baptista

Répétition générale

Au Centre Pompidou-Metz, une passionnante exposition montre le rôle de La Répétition dans l’art, aux XXe et XXIe siècles.

Allgemeine Wiederholung

Im Centre Pompidou-Metz zeigt eine begeisternde Ausstellung die Rolle der Wiederholung in der Kunst des 20. und 21. Jahrhunderts.

Prenant pour titre celui d’une toile peinte en 1936 par Marie Laurencin – où Les Demoiselles d’Avignon sont “reformulées” dans un jeu de dédoublements multiples –, Éric de Chassey bâtit une exposition où il examine la place de La Répétition chez les artistes. Puisant dans les vastes collections du Centre Pompidou, il imagine un parcours où les mouvements sans cesse reproduits de Bruce Nauman ou Marina Abramović & Ulay, tutoyant les limites du corps, entrent en résonance avec Les Pensionnaires (1971-72) d’Annette Messager, oiseaux empaillés vêtus de tricots, alignés comme à la parade dans une vitrine. Au fil des espaces, on croisera évidemment Andy Warhol, Roman Opalka et les suites de nombres avec lesquelles il tente d’apprivoiser le temps, les accumulations / variations industrielles de Bernd et Hilla Becher (Têtes de hauts fourneaux, 1971-1991) ou les systèmes ayant pour but de réduire toute décision subjective de François Morellet. Passionnant, le propos s’avère d’une grande finesse, montrant in fine que l’invention entretient une intéressante relation dialectique à la répétition, qu’elle soit modus operandi ou sujet de l’œuvre d’art.

Indem er den Titel eines 1936 gemalten Gemäldes von Marie Laurencin übernimmt – in dem Les Demoiselles d’Avignon in einem Spiel mit zahlreichen Doppelungen neu formuliert wurden – kreiert Éric de Chassey eine Ausstellung, in der er den Platz der Wiederholung bei den Künstlern untersucht.

Aus der breitgefächerten Sammlung des Centre Pompidous schöpfend, hat er sich einen Rundgang ausgedacht, bei dem die ohne Unterlass von Bruce Nauman oder Marina Abramović & Ulay reproduzierten Bewegungen, die mit den Grenzen des Körpers in Berührung kommen, in einen Dialog mit Les Pensionnaires (1971-72) von Annette Messager treten, ausgestopften Vögeln, die mit dreifarbigen Trikots bekleidet und in einer Vitrine wie für eine Parade aufgereiht sind. Im Laufe der Räume trifft man auf Andy Warhol, Roman Opalka und die Aneinanderreihung von Ziffern, mit denen er versucht die Zeit zu zähmen, die Anhäufungen/ industriellen Variationen von Bernd und Hilla Becher (Têtes de hauts fourneaux, 1971-1991) oder die Systeme von François Morellet, die darauf abzielen jegliche subjektive Entscheidung zu reduzieren. Das begeisternde Thema dieser Ausstellung wird mit großer Finesse präsentiert, die zeigt, dass die Erfindung in einer interessanten dialektischen Beziehung zur Wiederholung steht, sei es als modus operandi oder Thema des Kunstwerkes.

Au Centre Pompidou-Metz jusqu’au 27 janvier 2025

Im Centre Pompidou-Metz bis zum 27. Januar 2025 centrepompidou-metz.fr

40 POLY 258 Juin Juni 23 EXPOSITION AUSSTELLUNG
Légende Bildunterschrift Man Ray, yeux - Lee Miller, s.d. © Man Ray Trust / Adagp, Paris, 2022 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Guy Carrard/Dist. RMN-GP

Pop-up papers

Rétrospective rassemblant une centaine d’œuvres à Offenbourg, Step by Step est une immersion dans les mondes de papier de Marion Eichmann.

Die Retrospektive Step by Step, die in Offenburg rund hundert Werke vereint, ist ein Eintauchen in die Papierwelten von Marion Eichmann.

Depuis toute petite, le dessin est le quotidien de Marion Eichmann : « J’observe longuement mon environnement avec un amour profond pour le détail. Je peux rester une dizaine d’heures à regarder avec intensité.  » Elle note tout, les volumes, les distances, les dimensions, afin de réaliser des compositions minutieuses sursaturées de signes, laissant peu de place aux espaces vides, comme celles faites à New York, fourmillantes de climatiseurs, enseignes et autres lampadaires. Voilà expression vertigineuse de la densité urbaine que l’artiste allemande retravaille en y collant des fragments de papier de toutes les teintes qui génèrent un jeu entre le plan et le relief, le blanc et la couleur. Il ne s’agit pas de la réalité mais d’une vision du réel d’une intense délicatesse, restituant une Big Apple dont l’énergie jaillirait de son essence architecturale même, puisque les hommes en sont presque absents. À l’inverse des œuvres produites à Istanbul où l’artiste restitue la pulsation vitale de la cité d’un trait vif dans des créations d’un doux expressionnisme éclaboussées de

couleur. 2 et 3D dansent un extatique ballet, comme dans un livre pop-up, tellement vivant qu’en se concentrant on pourrait presque entendre la musique en sortir. Un autre volet du travail de Marion Eichmann – «  qui dessine avec [s] es ciseaux » – consiste à représenter des objets du quotidien dans une démarche évoquant bien évidemment le pop art, jouant sur la dissonance entre la familiarité du motif et sa traduction en surface et volume : prise électrique, poubelle, Porsche 911 de quelque quatre mètres de long, immense nacelle automotrice, ventilateur… Une salle entière de l’exposition est en outre occupée par une spectaculaire laverie automatique plus vraie que nature. Mais ne nous y trompons pas, rien d’hyperréaliste dans ces œuvres, plutôt une réalité réinterprétée, un au-delà aux subtiles différences avec l’objet ou le lieu représenté. Il en va ainsi de l’ensemble réalisé pendant sa “résidence” au Reichstag entre le printemps 2021 et mars 2022. Le résultat est éblouissant : vues complexes de Berlin depuis le bâtiment, espaces intérieurs et autres détails

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Par Von Hervé Lévy – Photos de von Roman März

(alarmes incendie, transpalettes, etc.) composent un tableau fascinant. Le visiteur demeure scotché face à des structures urbaines à la géométrie implacable, rappelant – et pas uniquement dans le traitement chromatique – la rigueur d’un Mondrian, entre équilibre et déséquilibre.

Seit sie klein ist, gehört die Zeichnung zum Alltag von Marion Eichmann: „Ich beobachte meine Umgebung lange mit einer tiefen Liebe zum Detail. Ich kann rund zehn Stunden lang mit großer Intensität betrachten.“ Sie notiert alles, die Volumen, die Distanzen, die Dimensionen, um detaillierte, von Zeichen übersättigte Kompositionen zu realisieren, die kaum Platz für Freiräume lassen, wie jene, die sie in New York kreiert hat, die vor lauter Klimaanlagen, Ladenschildern und Straßenlaternen wimmeln. Ein schwindelerregender Ausdruck der urbanen Dichte, die die deutsche Künstlerin aufarbeitet, indem sie Papierfragmente in allen Farben aufklebt, die ein Spiel zwischen Ebene und Relief, Weiß und Farbe erzeugen. Es handelt sich nicht um die Realität, sondern um eine delikate Vision der Wirklichkeit, die einen Big Apple rekonstruiert, dessen Energie aus seiner architektonischen Essenz selbst entspringt, da die Menschen fast abwesend sind. Im Gegensatz dazu gibt die Künstlerin in den Werken, die sie in Istanbul geschaffen hat, den wesentlichen Puls der Stadt mit einem lebendigen Strich wieder, in Kreationen von zartem Expressionismus, der von Farbe durchflutet wird. Werke in zwei und drei Dimensionen tanzen ein überschwängliches Ballett, wie in einem Pop-Up-Buch, so lebendig, dass man die Musik hören könnte, wenn man sich nur genug konzentriert. Ein anderer Teil der Arbeiten von Marion Eichmann – die „mit der Schere zeichnet“ – besteht darin, Alltagsobjekte in einem

Schaffensprozess darzustellen, der natürlich an die Pop Art erinnert und mit der Dissonanz zwischen der Vertrautheit des Motivs und seiner Übersetzung in Oberfläche und Raum spielt: Steckdose, Mülleimer, Porsche 911 von vier Metern Länge, riesiger Hubwagen, Ventilator… Ein ganzer Saal der Ausstellung wird von einem spektakulären Waschsalon eingenommen, wie aus dem Bilderbuch. Aber man darf sich nicht täuschen, nichts in ihren Werken ist hyperrealistisch, eher eine neu interpretierte Realität, ein Jenseits mit subtilen Unterschieden zum dargestellten Objekt oder Ort. So ist es auch der Fall bei ihrem Ensemble, dass sie bei ihrer „Residenz“ im Reichstag zwischen Frühjahr 2021 und März 2022 realisiert hat. Das Resultat ist atemberaubend: Komplexe Stadtansichten von Berlin aus dem Inneren heraus, Innenräume und andere Details (Feueralarm, Gabelstapler, etc.) stellen ein faszinierendes Ensemble dar. Der Besucher bleibt an urbanen Strukturen und einer schonungslosen Geometrie kleben, die – und das liegt nicht nur an der Farbwahl – an die Strenge eines Mondrian erinnert, zwischen Ausgeglichenheit und Unausgeglichenheit.

À la Städische Galerie (Offenbourg) jusqu’au 8 octobre

In der Städtischen Galerie (Offenburg) bis zum 8. Oktober galerie-offenburg.de – marioneichmann.com

> Langer Kunstabend, 30.06. (18 Uhr)

> Führungen, 13.08. & 24.09. (11 Uhr), 21.07. (15 Uhr)

> Rundgang mit der Kuratorin, 18.06. (11 Uhr)

POLY 258 Juin Juni 23 43 AUSSTELLUNG
Légendes Bildunterschriften 1. Marion Eichmann devant vor HM 10P, 2021 2. Blume in Vase 2-teilig, 2020, VG Bild-Kunst, Bonn 2023
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3. Urban Structures, 2022, VG Bild-Kunst, Bonn 2023

La Poétique de l’espace

Plasticien et compositeur, Jan St. Werner, artiste associé à la Staatliche Kunsthalle Baden-Baden, fait résonner l’espace avec Space Synthesis.

Die Poetik des Raumes

Der Künstler und Komponist Jan St. Werner, der Hauskünstler der Staatlichen Kunsthalle Baden-Baden ist, lässt den Raum mit Space Synthesis erklingen.

Pionnier de l’electro expérimentale, le duo Mouse on Mars déploie ses recherches rythmiques et autres échappées glitch depuis 1993, créant, par exemple, un monde dominé par les machines dans AAI (2021), acronyme d’Anarchic Artificial Intelligence. Laissant son comparse Andi Toma, Jan St. Werner imagine ici sa première exposition personnelle, manifestant son étroite association à la Staatliche Kunsthalle. Le public avait ainsi pu découvrir son installation Encourage The Stream – une amplification du bruit de l’eau de l’Oos se répandant au fil de la Lichtentaler Allee afin de questionner distance et proximité, nature et culture – pendant State and Nature, il y a deux ans. Pour Space Synthesis , il investit la totalité de l’institution allemande. Le visiteur écarte un rideau, monte l’escalier. Le son l’enveloppe progressivement, pul-

satile et variable selon la place où il se situe. Hypnotique et obsessionnel. La grande salle est plongée dans une douce pénombre à laquelle les yeux mettent un peu de temps à s’habituer. Quelques tabourets design et des enceintes d’une élégante sobriété signées Michael Akstaller, certaines comportant 130 haut-parleurs. Et rien d’autre. La bande-son de la visite dure une heure, faite de plages méditatives, martèlements irritants et autres nappes enveloppantes. Le visiteur est immergé. Tympans écartelés entre bruitisme tonitruant et douceur flirtant avec le silence, on a le sentiment que la Kunsthalle est devenue un gigantesque instrument.

Considérant «  le son comme quelque chose en mouvement constant, qui ne peut être saisi à partir d’une perspective fixe », Jan St. Werner prend l’espace

muséal – érigé en 1909 et originellement pensé pour rassembler peintures et sculptures – comme sujet, et le son comme méthode d’exploration. Évoquant le rapport à l’architecture d’un Iannis Xenakis ou les concepts développés par Gaston Bachelard dans La Poétique de l’espace, le plasticien installe un dialogue entre le lieu (modifié par différentes interventions architectoniques à vocation acoustique), sa composition riche de multiples échos et la lumière (avec laquelle il joue grâce à différents dispositifs qui génèrent formes et ombres). «  L’espace saisi par l’imagination ne peut rester l’espace indifférent livré à la mesure et à la réflexion du géomètre. Il est vécu. Et il est vécu, non pas dans sa positivité, mais avec toutes les partialités de l’imagination » : cette phrase du philosophe français est essentielle dans l’immersion proposée, étant bien entendu que le visiteur et les chuchotis, claquements de talons et autres bruits parasites qu’il produit en sont un élément constitutif et modificateur. Au final, l’expérience est dense et surprenante, invitant chacun à réexaminer son rapport à l’espace.

Als Pioniere der experimentellen Elektromusik entfaltet das Duo Mouse on Mars seine rhythmischen Recherchen seit 1993, welche zum Beispiel eine Welt kreiert haben, die von den Maschinen dominiert wird, in AAI (2021), Akronym für Anarchic Artificial Intelligence . Ohne seinen Komparsen Andi Toma konzipiert Jan St. Werner hier seine erste persönliche

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Par Von Hervé Lévy – Photos de von Nick Ash

Ausstellung, die seine enge Verbindung zur Staatlichen Kunsthalle manifestiert. Das Publikum konnte so seine Installation Encourage The Stream – eine Verstärkung des Wasserplätscherns der Oos in der Lichtentaler Allee hören, um die Distanz und Nähe zwischen Natur und Kultur in der Ausstellung State and Nature vor zwei Jahren zu hinterfragen. Für Space Synthesis nimmt er die deutsche Institution nun in ihrer Gesamtheit ein. Der Besucher durchschreitet einen Vorhang, steigt die Treppe empor. Der Klang hüllt ihn nach und nach ein, wie ein Pulsschlag und variiert, je nach dem Platz, an dem er steht. Hypnotisierend und zwanghaft. Der große Saal ist in ein zartes Dämmerlicht getaucht, an das sich die Augen nach und nach gewöhnen. Einige Design-Hocker und Lautsprecher von eleganter Nüchternheit von Michael Akstaller, davon manche mit 130 Lautsprechern. Und nichts weiter. Der Soundtrack der Besichtigung dauert eine Stunde, mit meditativen Teilen, irritierendem Gehämmer und umhüllenden Klangwolken. Der Besucher taucht völlig in die Installation ein. Sein Trommelfell ist hin und hergerissen zwischen dröhnendem Noise und einer Sanftheit, die mit der Stille flirtet, man

hat das Gefühl, dass die Kunsthalle zu einem riesigen Instrument geworden ist. Jan St. Werner, der „den Klang wie etwas betrachtet, das in konstanter Bewegung ist, das nicht von einer fixen Perspektive aus begriffen werden kann “, nimmt den Museumsraum – der 1909 errichtet wurde und ursprünglich dafür gedacht war Gemälde und Skulpturen zu vereinen – zum Thema und den Klang als die Methode seiner Erkundung. Indem er den Bezug zur Architektur eines Iannis Xenakis oder die von Gaston Bachelard in Die Poetik des Raumes entwickelten Konzepte ins Gedächtnis ruft, installiert der Künstler einen Dialog zwischen dem Ort (von verschiedenen architektonischen Eingriffen mit akustischer Wirkung modifiziert) und seiner Komposition mit zahlreichen Echos und Licht (mit dem er anhand verschiedener Dispositive spielt, die Formen und Schatten erzeugen).

„ Der von der Einbildungskraft erfasste Raum kann nicht der indifferente Raum bleiben, der den Messungen und Überlegungen des Geometers unterworfen ist. Er wird erlebt. Und er wird nicht nur in seinem realen Dasein erlebt, sondern mit allen Parteinahmen und Einbildungskraft .“: Dieser Satz des französischen Philosophen ist in dieser immersiven

Erfahrung grundlegend, denn natürlich werden die Besucher und ihr Geflüster, das Klackern der Absätze und andere Störgeräusche zu einem konstitutiven und verändernden Element. Schlussendlich ist die Erfahrung dicht und überraschend, lädt jeden dazu ein seine Beziehung zum Raum neu zu denken.

À la Staatliche Kunsthalle (Baden-Baden) jusqu’au 2 juillet

In der Staatlichen Kunsthalle (Baden-Baden) bis zum 2. Juli kunsthalle-baden-baden.de

> Thresholds, performance de Louis ChudeSokei et Percuspection, de Dodo NKishi & Tunde Alibaba (aussi le 18/06) puis DJ Set de Louis Chude-Sokei (17/06)

> More-than-human performativity, vibrational spaces membranes, performance de Nicole L’Huillier et Party avec Nicole & Juan and Jan St. Werner (01/07)

> Thresholds, Performance von Louis ChudeSokei und Percuspection, von Dodo NKishi & Tunde Alibaba (auch am 18.06.) dann DJ Set von Louis Chude-Sokei (17.06.)

> More-than-human performativity, vibrational spaces membranes, Performance von Nicole L’Huillier und Party mit Nicole & Juan and Jan St. Werner (01.07.)

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Eaux minérales

Avec Géologie des déluges , Abdelkader Benchamma explore l’universalité des mythes, entre mondes aquatiques et telluriques.

Mineralwasser

Mit Geologie der Sintflut erkundet Abdelkader Benchamma die Universalität der Mythen, zwischen wässrigen und irdischen Welten.

Von Hervé Lévy – Photos de von Steeve Constanty

Le travail d’Abdelkader Benchamma se déploie, affirmet-il, «  dans un espace situé entre science et croyance, entre géologie et magie  ». Avec cette exposition, il a pris le déluge pour pivot, épisode présent aussi bien dans la Mésopotamie et la Chine anciennes, que chez les Mayas et les Amérindiens ou dans le Coran et l’Ancien Testament Utilisant le dessin dont il explore toutes les possibilités pour en transcender les limites, l’artiste propose un parcours où les changements d’échelle permanents invitent à la réflexion : est-ce que la psyché humaine peut être structurée par des principes communs ? Un mythe s’est-il transmis et transformé au gré des pays et au fil du temps ? La salle principale de la Fondation François Schneider est ainsi métamorphosée en gigantesque installation créée in situ – un modus operandi habituel chez l’artiste – où des fresques murales répondent à de mystérieux monticules. Lignes de rivages (2023) – un titre

qui évoque les marques laissées par l’eau sur la roche, vestiges possibles de catastrophes passées – est un «  paysage mental rassemblant des fragments d’histoires et de mythologies, comme des portes fantastiques qui donnent accès à d’autres mondes », résume-t-il. Disparition. Empreinte. Traces. L’eau est présente comme une marque, une Image survivante pour reprendre le titre d’un livre de Georges Didi-Huberman où il écrit : «  Une image est le résultat de mouvements provisoirement sédimentés ou cristallisés en elle. Ces mouvements la traversent de part en part, ont chacun une trajectoire. Partant de loin et continuant au-delà d’elle. Ils nous obligent à la penser comme un moment énergétique ou dynamique. »

Quelques marches plus bas, voici le Kometenbuch (2023), série de miniatures inspirées d’un ouvrage du XVI e siècle : entre astrophysique et croyances médiévales, Abdelkader

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Benchamma interroge l’origine de la vie sur terre. Nombre de scientifiques pensent en effet qu’elle pourrait provenir des météorites… La série rassemble explosions chromatiques – l’artiste semble assumer de plus en plus la présence de la couleur dans ses compositions – et autres espaces cosmiques insensés, sans oublier une vue cauchemardesque et absurde de naufragés tentant d’atteindre un esquif balloté dans la tempête, qui a la semblance d’une piscine flottante. Donnant son titre à l’exposition, une série de dessins décrit ensuite ciel et terre, reliés par d’éclatantes trombes d’eaux évoquant des feux d’artifice. La visite s’achève avec cinq films d’animation, méditatifs et mélancoliques, projetés sur d’immenses écrans, variations sous-tendues par une bandeson hypnotique évoquant tout autant Solaris que Moebius, où des créatures en forme de tentacules d’eau répondent à des grottes organiques pour créer des mondes futuristes inquiétants.

Die Arbeit von Abdelkader Benchamma entfaltet sich, so sagt er, „in einem Raum zwischen Wissenschaft und Glauben, Geologie und Magie“. Mit dieser Ausstellung hat er die Sintflut als Dreh-und Angelpunkt gewählt, eine Episode, die ebenso in Mesopotamien wie im alten China präsent ist, bei den Mayas und bei den Indianern Nordamerikas oder im Koran und im Alten Testament. Indem er die Zeichnung nutzt, deren Möglichkeiten er völlig erkundet, um ihre Grenzen zu überschreiten, präsentiert der Künstler einen Rundgang, bei dem die permanenten Änderungen des Maßstabs zum Nachdenken einladen: Kann die menschliche Psyche von gemeinsamen Prinzipien strukturiert werden? Hat sich ein Mythos im Laufe der Länder und Epochen weitervermittelt und verändert? Der zentrale Saal der Fondation François Schneider ist so in eine riesige Installation in situ verwandelt worden – eine Vorgehensweise, die der Künstler

häufig nutzt – bei der Wandfresken auf mysteriöse Hügel antworten. Lignes de rivages (Uferlinien, 2023) – ein Titel, der an die Spuren erinnert, die das Wasser auf dem Felsen hinterlässt, Überreste möglicher vergangener Katastrophen – ist eine „mentale Landschaft, die Fragmente aus Geschichte und Mythologie versammelt, wie phantastische Tore, die einen Zugang zu einer anderen Welt ermöglichen“, fasst er zusammen. Untergang. Abdruck. Spuren. Das Wasser ist präsent wie eine Markierung, ein „Nachlebendes Bild“ um den Titel eines Buchs von Georges Didi-Hubermann aufzunehmen, der schreibt: „Ein Bild ist das Ergebnis von Bewegungen, die sich provisorisch in ihm abgelagert oder kristallisiert haben. Diese Bewegungen durchdringen es, haben je eine Flugbahn. Sie beginnt in der Ferne und setzt sich weit über das Bild hinaus fort. Sie zwingen uns dazu sie als einen Moment der Energie oder der Dynamik zu denken.“

Einige Stufen weiter unten trifft man auf das Kometenbuch (2023), eine Serie von Miniaturen, die von einem Werk aus dem 16. Jahrhundert inspiriert sind: Zwischen Astrophysik und mittelalterlichem Glauben beschäftigt sich Abdelkader Benchamma mit dem Ursprung des Lebens auf der Erde. Zahlreiche Wissenschaftler denken in der Tat, dass es von Meteoriten stammen könnte… Die Serie vereint Farbexplosionen – der Künstler scheint immer mehr zur Präsenz der Farbe in seinen Kompositionen zu stehen – und andere unsinnige kosmische Räume, ohne einen albtraumhaften und absurden Anblick von Schiffbrüchigen zu vergessen, die versuchen ein kleines Boot zu erreichen, das vom Sturm hin- und hergeweht wird und an ein schwimmendes Schwimmbad erinnert. Eine Serie von Zeichnungen, die der Ausstellung ihren Namen verleiht, beschreibt anschließend Himmel und Erde, die von explodierenden Wasserhosen verbunden werden, welche an ein Feuerwerk erinnern. Der Besuch endet mit fünf Animationsfilmen, meditativ und melancholisch, die auf riesige Bildschirme projiziert werden, Variationen zu einem hypnotisierenden Soundtrack, der ebenso an Solaris wie an Moebius erinnert, in denen Kreaturen mit Tentakeln aus Wasser auf organische Grotten antworten, um beunruhigende futuristische Welten zu schaffen.

À la Fondation François Schneider (Wattwiller) jusqu’au 24 septembre In der Fondation François Schneider (Wattwiller) bis 24. September fondationfrancoisschneider.org

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> Performance Conférence sur la crise de Morgane Baffier et projection d’Irma to Come in Earnest de Julius von Bismarck (17/06) > Performance Conférence sur la crise von Morgane Baffier und Projektion von Irma to Come in Earnest von Julius von Bismarck (17.06.)

Une chaise posée sur un piton rocheux dominant un océan de nuages. Une serviette de plage installée, par on ne sait qui, dans une clairière herbeuse ceinte d’une profonde forêt. D’improbables escaliers partant à l’assaut d’une montagne. Dans les œuvres silencieuses de Mitsuo Shiraishi – artiste japonais installé à Mulhouse – un certain onirisme surréaliste (évoquant René Magritte ou plus certainement Gaston Bogaert) croise une poésie méditative éminemment nippone. Ses compositions ont la semblance de haïkus où le merveilleux tutoie l’étrangeté. Avec peintures et gravures, il réalise un pas de côté : le réel est certes bien présent, avec ses attributs rassurants, mais par de délicats et progressifs glissements, il le délaisse, passant dans une dimension autre. Parallèle. Souvent inquiétants, ses univers ont l’ambivalence et la fragilité des rêves du petit matin dans ce hiatus entre la prégnance des images générées, si

Sweet Dreams (Are Made of This)

Avec Si Près si loin, Saint-Dié-des-Vosges accueille les œuvres nimbées de poésie de Mitsuo Shiraishi.

Mit Si Près si loin (So nah so fern) empfängt Saint-Dié-des-Vosges die poetischen Werke von Mitsuo Shiraishi.

fortes qu’on les croit vraies, et l’évanescence de leur lien à la réalité. Comme une jolie définition de l’éphémère.

Ein Stuhl auf einer steinigen Bergspitze, der einen Ozean aus Wolken dominiert. Ein Strandtuch, das, man weiß nicht von wem, auf einer Waldlichtung ausgebreitet wurde. Unwahrscheinliche Stufen, die den Berg im Sturm nehmen. In den stillen Werken von Mitsuo Shiraisi – einem japanischen Künstler, der in Mulhouse lebt – trifft ein gewisser surrealer Traum (der an René Magritte oder einen gewissen Gaston Bogaert erinnert) auf eine meditative Poesie, die äußerst japanisch ist. Seine Kompositionen erinnern an Haiku, in denen das Wunderbare auf das Bizarre trifft. Mit Gemälden und Gravuren tanzt er außer der Reihe: Die Realität ist sicherlich sehr präsent, mit ihren beruhigenden Attributen, aber anhand zarter und progressiver Verschiebungen, verlässt er sie um in eine andere

Dimension einzutauchen. Eine Paralleldimension. Oft beunruhigend, haben seine Universen die Ambivalenz und Zerbrechlichkeit von Träumen am Frühen Morgen in dieser Kluft zwischen der Prägnanz der generierten Bilder, die so stark sind, dass sie echt scheinen, und der Flüchtigkeit ihrer Beziehung zur Realität. Wie eine schöne Definition der Vergänglichkeit.

Au Musée Pierre-Noël (Saint-Dié-des-Vosges) jusqu’au 14 août

Im Musée Pierre-Noël (Saint-Dié-des-Vosges) bis zum 14. August ca-saintdie.fr – mitsuo-shiraishi.fr

> Dans le cadre de l’exposition, concerts Résonances fugitives par la claveciniste Aline Zylberajch (30/06) et Au-delà de la matière par le percussionniste Nahom Kuya (15/07)

> Im Rahmen der Ausstellung werden zwei Konzerte angeboten Résonances fugitives mit der Cembalistin Aline Zylberajch (30.06.) und Au-delà de la matière mit dem Schlagzeuger Nahom Kuya (15.07.)

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Par Von Hervé Lévy – Photo de von Christian Kempf

Inside Art Basel

Plus de 200 galeries et quelques 4 000 artistes font tourner la tête des collectionneurs du monde entier : plongée dans les arcanes d’Art Basel.

Mehr als 200 Galerien und rund 4000 Künstler verdrehen den Sammlern aus aller Welt den Kopf: Ein Blick hinter die Kulissen der Art Basel.

Le parcours débute avec deux institutions allemandes venues de Cologne : la galerie Karsten Greve – avec des pièces historiques de Cy Twombly, Jannis Kounellis et Louise Bourgeois – et celle de Thomas Zander dédiée à la photographie avec des œuvres américaines fondatrices (signées Robert Adams, Walker Evans, Lee Friedlander), mais aussi allemandes (Lothar Baumgarten, Jürgen Klauke, etc.) et un peintre anglais issu de la photographie et de l’installation, James White, qui a exposé à la regrettée Fondation FernetBranca en 2022.

Art Basel est aussi l’occasion de s’intéresser aux artistes de la région Grand Est présents sur la foire. Le plus connu d’entre eux est sans conteste Laurent Grasso : originaire de Mulhouse, il vit entre Paris et New York. Représenté par la parisienne galerie Perrotin, il crée son propre monde – où se croisent peintures, vidéos et installations – en s’appuyant sur des découvertes scientifiques et des sciences humaines,

comme sur sa connaissance en histoire de l’art, réalisant aussi bien des peintures que de la vidéo et des installations. Une seconde artiste du coin, Véronique Arnold, est présente à Bâle à la Galerie Stampa de la cité helvète. Son travail s’attache à entremêler le temps de l’histoire de la littérature à celui de la broderie, comme une forme de contemplation qui pose des mots sur les choses comme des poèmes intemporels. Il s’agit bien de cela dans la présentation d’un kimono de cérémonie d’homme, en soie noire et blanche, broderie de fil noir, crayon de couleur sur coton blanc / extraits de Notes de chevet par Sei Shonagon, fragment de soie rose. L’œuvre est conçue comme une sculpture murale. Le choix du texte littéraire japonais souligne l’attention portée à une culture et un temps différents de notre espace, comme au lien entre la psyché et la description du monde extérieur (nature et société). Par la broderie de ce texte ancien écrit par une femme, l’artiste souhaite mettre l’accent sur la différence de perception sensible entre deux époques.

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Lors de la visite à Art Basel, en étant très attentif, le collectionneur curieux trouvera des artistes à moins de… 10 000 euros. C’est presque comme découvrir une aiguille dans une meule de foin. Pour cela, nous vous proposons de vous arrêter à la Galerie Miguel Abreu de New York. Elle présente un artiste américain, Beaux Mendes, peintre subtil entre abstraction et apparition de formes que notre mémoire réinterprète. Le second plasticien exposé se nomme Paul Pagk : sa peinture géométrique et abstraite possède une telle personnalité et une très forte autonomie, qu’elle ne laisse pas indifférent. Voici deux créateurs à découvrir impérativement et à acquérir sans tarder !

Der Rundgang beginnt mit zwei deutschen Institutionen aus Köln: Der Galerie Karsten Greve – und historischen Werken von Cy Twombly, Jannis Kounellis und Louise Bourgeois – und jener von Thomas Zander, die der Photographie gewidmet ist, mit grundlegenden Werken aus Amerika (von Robert Adams, Walker Evans, Lee Friedlander), aber auch Deutschland (Lothar Baumgarten, Jürgen Klauke, etc.) und einem englischen Maler, der aus der Photographie und der Installation stammt, James White, der im Jahr 2022 in der sehr vermissten Fondation Fernet-Branca ausstellte.

Art Basel ist auch die Gelegenheit sich für die anwesenden Künstler aus der Region Grand Est zu interessieren. Der Bekannteste unter ihnen ist zweifelsohne Laurent Grasso: In Mulhouse geboren, lebt er zwischen Paris und New York. Er, der von der Pariser Galerie Perrotin vertreten wird, schafft seine eigene Welt – in der Gemälde, Videos und Installationen aufeinandertreffen – indem er sich auf wissenschaftliche Entdeckungen und die Geisteswissenschaften stützt, ebenso wie auf seine Kenntnisse der Kunstgeschichte, wobei er Gemälde, Videos und Installationen realisiert. Eine weitere Künstlerin aus der Gegend ist Véronique Arnold, die in Basel von der vor Ort ansässigen Galerie Stampa vertreten wird. Ihre Arbeit vermischt die Zeit der Literaturgeschichte mit jener der Stickerei, wie eine Form der Betrachtung, die die Dinge mit Worten verbindet, wie zeitlose Gedichte. In dieser Präsentation wird es sich um einen zeremoniellen Kimono für Männer handeln, aus schwarzer und weißer Seide, Stickereien mit schwarzem Faden, Farbstift auf weißem Baumwollstoff / Auszüge aus Kopfkissenbuch von Sei Shonagon, Fragment von rosa Seide. Die Wahl des japanischen Literaturtextes unterstreicht die Aufmerksamkeit gegenüber einer anderen Kultur und einer anderen Zeit, wie die Beziehung zwischen der Psyche und der Außenwelt (Natur und Gesellschaft). Mit der Stickerei dieses altüberlieferten Textes, der von einer Frau geschrieben wurde, setzt die Künstlerin den Schwerpunkt auf die sensiblen Wahrnehmungsunterschiede zwischen zwei Epochen.

Beim Besuch der Art Basel wird der aufmerksame und neugierige Sammler Künstler unter 10 000 Euro finden. Das ist fast so als fände er die Nadel im Heuhaufen. Hierfür raten wir Ihnen dazu, einen Halt bei der Galerie Miguel Abreu aus New York zu machen. Sie präsentiert einen amerikanischen Künstler, Beaux Mendes, einen subtilen Maler zwischen Abstraktion und Auftauchen von Formen, die unser Gedächtnis neu interpretiert. Der zweite ausgestellte Künstler heißt Paul

Pagk: Seine geometrische und abstrakte Malerei besitzt eine solche Persönlichkeit und eine so starke Autonomie, dass sie niemanden kalt lässt. Zwei Kreative, die man unbedingt entdecken und sofort erwerben muss!

À la Messe Basel (Bâle) du 15 au 18 juin

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Légendes Bildunterschriften 1. Paul Pagk, MidNoon 2, 2021 2. Véronique Arnold, Kimono, 2023
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In der Messe Basel (Basel) vom 15. bis 18. Juni artbasel.com

Monster of Steel

La Völklinger Hütte, usine sidérurgique classée au patrimoine culturel mondial de l’Unesco, célèbre ses 150 ans. Expositions, visites et concerts au cœur même de ce monstre d’acier.

Die Völklinger Hütte, Eisenwerk, das zum Weltkulturerbe der Unesco gehört, feiert ihr 150jähriges Jubiläum. Ausstellungen, Besichtigungen und Konzerte im Herzen des Stahlmonsters.

Seule usine sidérurgique du XIXe siècle au monde entièrement conservée – à la trace de rouille près –, la Völklinger Hütte est un témoignage vivant de l’âge d’or de l’industrialisation, cette époque où l’Homme a pensé dicter sa volonté à la Terre, entamant l’ère de l’anthropocène. « Pleinement conscient de ce qu’elle fut jadis », son directeur, le Dr. Ralf Beil, a imaginé un programme foisonnant qui se déploie dans les entrailles de fer et de béton d’un lieu captivant de 600 000 m2, avec son enchevêtrement tentaculaire de tuyaux et de cheminées, sa plateforme du gueulard culminant à 45 mètres du sol et ses espaces où la nature a repris ses droits. Depuis le mois d’avril (jusqu’au 26/11), Jens Harder présente 70 dessins originaux et 150 impressions murales de son “grand récit” retraçant 14 milliards d’années d’histoire de la Terre et des humains en BD (Alpha, Beta 1 et Beta 2). Des vues foisonnantes et documentées, un trait subtil et précis. Autre proposition spectaculaire s’il en est, celle de Julian Rosefeldt qui investit la salle des soufflantes et celle de compression jusqu’au 3 septembre avec sept installations spatialisées

(When we are gone). Le Berlinois a créé pour l’occasion un film-opéra de 2h (Euphoria), dont les images sont diffusées en boucle sur de multiples écrans par 24 canaux, 150 enfants formant un chœur antique dont les corps projetés à taille réelle nous entourent. Les surplombant, cinq batteurs de jazz attendent d’en découdre avec le silence. Le tout sert d’écrin immersif à une critique des effets « de l’économie de marché néolibérale débridée, avec ses enchevêtrements historiques, sociaux et politiques », assure celui qui multiplie les collages de citations mêlant Despentes, Einstein, Houellebecq ou encore… Snoop Dog, dans une chorégraphie fleuve et virtuose. 2023 sera aussi l’année de l’ouverture de nouveaux espaces (le Château d’eau historique et ses étages, mais aussi la salle des pompes ou le poste de commande du haut fourneau, à partir 01/10) et donc des parcours de visite inédits dès cet été (à partir de 22/07). Le Suisse Rémy Markowitsch en profitera pour proposer (à compter du 27/08) l’œuvre spatialisée We All [Except the Others] dans l’atelier des wagons suspendus. Si le point culminant de ces rendez-vous alléchants sera sans

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conteste la création d’une performance d’Heiner Goebbels (01-17/09) à la bourreuse de charbon du “Paradis”, l’ancien lieu de Fonte Brute, véritable enfer de chaleur et d’émanations, les curieux en apprendront beaucoup grâce à Mouvement Puissance Histoire (à partir du 02/07). Une exposition multimédia qui retrace et rend visible les flux de matières premières, de travailleurs et de productions revendues à l’étranger, montrant l’importance de cette aciérie à l’échelle internationale et dans le destin collectif.

Als weltweit einzige Eisen-und Stahlhütte des 19. Jahrhunderts, die – bis auf die kleinste Rostspur – vollständig erhalten blieb, ist die Völklinger Hütte ein lebendiger Zeuge der Blütezeit der Industrialisierung, dieser Epoche, in der der Mensch dachte, er könne der Erde seinen Willen aufzwingen, die die Ära des Anthropozän hervorrief. „In vollem Bewusstsein dessen, was sie früher war“ hat ihr Direktor Dr. Ralf Beil ein umfangreiches Programm zusammengestellt, das sich im Inneren eines fesselnden Ortes aus Eisen und Beton entfaltet, mit seinem weitverzweigten Gewirr aus Rohren und Schornsteinen, seiner Gichtbühne in 45 Metern Höhe und seinen Bereichen, die von der Natur zurückerobert wurden. Seit April (bis 26.11.), präsentiert Jens Harder 70 Originalzeichnungen und 150 wandfüllende Drucke seiner „großen Erzählung“, die 14 Milliarden Jahre der Geschichte der Erde und der Menschheit in Comicform erzählt (Alpha, Beta 1 und Beta 2). Breitgefächerte und dokumentierte Ansichten, eine subtile und präzise Arbeit. Eine weitere spektakuläre Präsentation ist jene von Julian Rosefeldt, der die Gebläsehalle bis zum 3. September mit sieben Filminstallationen in Beschlag nimmt (When we are gone). Der Berliner hat zu dieser Gelegenheit einen zweistündigen Opern-Film (Euphoria ) geschaffen, dessen Bilder in Endlosschleife auf mehreren Bildschirmen über 24 Kanäle ausgestrahlt werden, wobei 150 Kinder, deren projizierte Körper in Lebensgröße den Besucher

umzingeln, einen antiken Chor bilden. Sie werden von fünf Jazzschlagzeugern überragt, die sich mit der Stille schlagen. Das Ganze dient als immersiver Rahmen für eine Kritik der Effekte der „ entfesselten neoliberalen Marktwirtschaft, mit ihren historischen, sozialen und politischen Verstrickungen“ versichert jener, der die Collagen von Zitaten von Despentes, Einstein, Houellebecq oder auch Snoop Dog in einer virtuosen langen Choreographie wiederholt. 2023 wird auch das Jahr der Eröffnung neuer Räume (der historische Wasserhochbehälter und seine Etagen, aber auch das Pumpenhaus oder der Hochofenleitstand, ab 01.10.) und neuer Entdeckerwege ab diesem Sommer (ab 22.07) sein. Der Schweizer Rémy Markowitsch wird in der Hängewagenwerkstatt (ab 27.08.) die Installation We All [Except the Others] zeigen. Auch wenn der Höhepunkt dieser verlockenden Angebote zweifelsohne die Kreation einer Performance von Heiner Goebbels (01.-17.09.) an der Kohlenstampfmaschine im „Paradies“, der ehemaligen Kokerei, einer echten Hölle aus Hitze und Staub, ist, werden Neugierige viel von Bewegung. Macht. Geschichte (ab 02.07.) lernen. Eine Multimedia-Ausstellung, die Ströme von Rohstoffen, Arbeitern und Produkten, die ins Ausland verkauft wurden, schildert und sichtbar macht, womit sie den Stellenwert dieses Stahlwerks auf internationaler Ebene und im kollektiven Schicksal aufzeigt.

Au Patrimoine culturel mondial Völklinger Hütte (Völklingen) pendant toute l’année du jubilée 2023

Im Weltkulturerbe Völklinger Hütte (Völklingen) im gesamten Jubiläumsjahr 2023 voelklinger-huette.org

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Légendes Bildunterschriften 1. Monte-charge incliné Erzschraegaufzug © Guenther Bayerl 2. Vue sur la Voelklinger Hütte dans les années 1950 Blick auf die Völklinger Hütte 1950er Jahre
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3. EUPHORIA © Weltkulturerbe Völklinger Hütte © Oliver Dietze

Garden Age

Avec Garden Futures: designing with Nature, le Vitra Design Museum retrace l’évolution de nos relations à ce champ vital, à travers époques et cultures.

Mit Garden Futures: designing with Nature schildert das Vitra Design Museum die Entwicklung unserer Beziehung zu diesem lebenswichtigen Feld in verschiedenen Epochen und Kulturen.

Paradis pour les uns, refuge pour les autres, le jardin a toujours été une sorte d’utopie humaine. Un moyen – laborieux, mais pas que, en témoigne la permaculture actuelle –d’arracher à la terre une auto-suffisance alimentaire. Mais aussi une tentative sans cesse renouvelée de domestication répondant aux idéaux de chaque époque : la pelouse pavillonnaire bien verte, pleine d’engrais et de pesticides, sans mauvaises herbes aucunes, l’idéal du beau de la géométrie “à la française” ou le rêve d’une forêt millénaire sur l’île d’Hokkaidō répondant au concept de satoyama japonais, qui consiste à vivre le plus près possible de la nature, tout en ne la ponctionnant pas plus que nos besoins primaires. Voilà quelques-uns des exemples déployés dans cette passionnante exposition s’intéressant aux liens des diverses communautés humaines avec leur environnement

immédiat. Dans une perspective historique illustrée par des publicités, des outils anciens ou des représentations des siècles passés, s’y percutent le besoin de réappropriation d’un savoir-faire perdu avec l’urbanisation et le mythe productiviste lié aux évolutions de la chimie moderne. Faire pousser, prendre soin, penser de manière raisonnée l’utilisation des sols, le façonnage du paysage, et ce qu’il apporte à l’espèce humaine. Des jardins communautaires de Kuala Lumpur, grignotant les espaces inutilisés d’une mégalopole dingue, à la forêt verticale de l’architecte Stefano Boeri, qui a construit à Milan un building de 111 mètres contenant 400 terrasses, 800 arbres et 1 500 plantes locales pour purifier l’air, les réalisations ne manquent pas. Des répliques à Eindhoven et Tirana ont depuis vu le jour. D’autres initiatives encore plus singulières marquent les esprits, à l’instar de

l’artiste Piet Oudolf et son jardin débuté en 2020 sur le Vitra Campus, pensé pour être beau aux quatre saisons, ou encore Alice et Gavin Munro : dans les Midlands anglais, le couple a décidé, en réponse à la déferlante des imprimantes 3D dans le monde du design, de répondre à sa manière en faisant littéralement pousser des meubles en pleine forêt du Derbyshire. Ils plantent 3 000 arbres et mettent quatre ans à trouver le processus nécessaire pour passer directement de la plante à l’objet final. Neuf années peuvent être nécessaires à donner forme à leurs créations en contraignant les pousses avec un moule lors de leur maturation. Et que dire des communautés du nord de l’Éthiopie qui luttent contre la déforestation du dernier siècle en bâtissant les églises et les villages au milieu d’oasis forestières, où toute l’organisation de la vie est liée à cet écosystème fragile et à son soin ? À des milliers de kilomètres, dans la ville chinoise de Yangjiang, l’artiste Zheng Guogu s’inspire du jeu vidéo Age of Empires pour bâtir le Liao Garden, nouveau monde où les végétaux reprennent possession des ruines de béton brut, renouant avec la manière dont étaient pensés les jardins traditionnels individuels dans son pays.

Paradies für die Einen, Ort der Zuflucht für die Anderen, der Garten war immer eine Art menschliche Utopie. Ein – arbeitsreiches, aber nicht nur das, davon zeugt die aktuelle Permakultur – Mittel, um der Erde eine Selbstversorgung abzuringen. Aber auch ein immer wieder neuer Versuch der Beherrschung der Natur, nach den

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Idealvorstellungen der jeweiligen Epoche: Der sattgrüne Rasen rund um ein Einfamilienhaus, voller Düngemittel und Pestizide, ohne jegliches Unkraut, das Ideal der Schönheit der Geometrie à la française oder der Traum von einem tausendjährigem (Ur)Wald auf der Insel Hokkaidō, der dem japanischen Konzept des satoyama entspricht, das darin besteht, so nah wie möglich an der Natur zu leben und dabei nur das zu entnehmen was lebensnotwendig ist. Das sind nur einige der Beispiele, die in dieser begeisternden Ausstellung präsentiert werden, die sich für die Beziehung verschiedener menschlicher Gemeinschaften zu ihrer direkten Umgebung interessiert. In einer historischen Perspektive, die von Werbetafeln, alten Werkzeugen oder Darstellungen aus vergangenen Jahrhunderten illustriert wird, prallt hier der Bedarf nach einer Wieder-Aneignung eines mit der Verstädterung verlorenen Savoir-Faire auf den Mythos des Produktivismus, der mit dem Aufkommen der modernen Chemie in Verbindung steht. Zum Wachsen bringen, pflegen, die Bodennutzung bewusst denken, die Bearbeitung der Landschaft und das, was sie dem Menschengeschlecht bringt.

Gemeinschaftsgärten in Kuala Lumpur, die sich die ungenutzten Flächen einer verrückten Megalopolis einverleiben, der vertikale Wald des Architekten Stefano Boeri, der in Mailand ein Gebäude von 111 Metern Höhe gebaut hat, das 400 Terrassen, 800 Bäume und 1500 lokale Pflanzen beherbergt, um die Luft zu reinigen, es fehlt nicht an Realisierungen. Seitdem sind in Eindhoven und Tirana Nachbildungen entstanden. Andere Initiativen, die noch einzigartiger sind, wie der Künstler Piet Oudolf und sein 2020 begonnener Garten auf dem Vitra Campus, der so geplant ist, dass er in allen vier Jahreszeiten schön ist, oder auch Alice und Gavin Munro: In den englischen Midlands hat das Paar eine Antwort auf die 3D-Drucker gefunden, die die Designwelt überfluten, auf ihre eigene Art: Inmitten des Waldes von Derbyshire lassen sie buchstäblich Möbel wachsen. Sie pflanzen 3000 Bäume und benötigen vier Jahre, um den notwendigen Prozess zu finden um direkt von der Pflanze zum fertigen Objekt zu gelangen. Neun Jahre kann es dauern, um ihren Kreationen Form zu verleihen, indem sie die Äste im Laufe des Wachstums in eine Form zwängen. Und was soll man zu den Gemeinschaf-

ten im Norden Äthiopiens sagen, die gegen die Zerstörung des Waldes des vergangenen Jahrhunderts kämpfen, indem sie Kirchen und Dörfer inmitten von Wald-Oasen errichten, in denen die gesamte Organisation des Lebens mit diesem empfindlichen Ökosystem in Verbindung steht, welches es zu pflegen gilt? Tausende Kilometer entfernt, in der chinesischen Stadt Yangjang lässt sich der Künstler Zheng Guogu vom Videospiel Age of Empires inspirieren, um den Liao Garden zu bauen, eine neue Welt, in der die Pflanzen von den Betonruinen Besitz ergreifen, wobei er an die Art und Weise anknüpft, in der die traditionellen individuellen Gärten in seinem Land geschaffen wurden.

Au Vitra Design Museum (Weil am Rhein) jusqu’au 3 octobre

Im Vitra Design Museum (Weil am Rhein) bis 3. Oktober design-museum.de

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Légendes Bildunterschriften 1. Piet Oudolf, Le Jardin Oudolf sur le Vitra Campus, Oudolf Garten auf dem Vitra Campus, Weil am Rhein, 2020 © Dejan Jovanovic 2. Full Grown, The Grown Chair, 2012-2016 © Alice and Gavin Munro, Photo: Gavin Repton for Full Grown Ltd.
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3. Kieran Dodds, Debre Ensesa, Ethiopia, 2018

Le Monde d’hier

Avec Hors d’usage , le Historisches Museum de Bâle explore un Quotidien en mutation, présentant des objets dont on ne se sert plus.

Die Welt von gestern

Mit Ausser Gebrauch erkundet das Historische Museum Basel einen Alltag im Wandel und präsentiert Objekte, die man nicht mehr benutzt.

Rassemblant des objets appartenant à la riche collection du Musée, cette exposition trilingue (français, allemand, anglais) illustre les modes de vie d’autrefois, mais «  il ne s’agit pas de dire que c’était mieux avant  », explique sa commissaire Dr. Margret Ribbert. Il suffit d’arpenter la partie dédiée à l’hygiène pour le comprendre, avec notamment un pot de chambre portatif en faïence produit par la manufacture strasbourgeoise Hannong, indispensable aux élégantes vêtues de robes aux 1 001 complexités dans les années 1750. L’objectif de cette passionnante présentation est ainsi d’explo-

rer d’intelligente et ludique manière les métamorphoses de la vie quotidienne. Les vitrines accueillant le visiteur où sont regroupés walkman, déjà antédiluvienne Game Boy ou encore Rolleiflex en constituent une jolie introduction, à l’instar d’un jeu où chacun est invité à reconnaître des sons du passé : clic-clac d’un appareil photo, cliquetis de la machine à écrire, tic-tac du réveil mécanique, etc. Thématique, le parcours illustre avec joliesse « les changements techniques, mais aussi sociétaux des trois derniers siècles ». Dans une section dédiée à la mode est, par exemple, montré un inquiétant manchon en

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Par Von Hervé Lévy – Photos de von HMB / Philipp Emmel

fourrure de singe, reflétant à la fois l’évolution des tendances et celle de notre rapport aux animaux, tout comme les sacs et autres escarpins confectionnés avec des peaux de reptiles !

Parfois, on demeure perplexe devant une vitrine, ne sachant plus guère à quel usage correspond notamment un poudrier du XVIIIe siècle, sorte de soufflet de cuir et de bois… La destinée de certaines choses, jugées kitsch il y a quelques années, mais qui connaissent un réel retour en grâce, nous questionne également : dans une large salle consacrée aux arts de la table se croisent ainsi carafes de verre destinées à contenir du schnaps prenant la forme de… chiens et pièces d’argenterie de prestige pour tous les usages – de la cuillère plate à celle à moka, en passant par un dispositif pour maintenir un gigot, histoire de mieux pouvoir le couper. Voilà qui a plus de gueule que des couverts made in Ikea… Le regard et l’esprit vagabondent de chaise à porteurs en délicate boîte permettant de transporter des cols de chemise, de crachoirs d’appartement aux fines marqueteries en duo de tasses pour soupe de tortue ou encore de machines à réaliser du beurre en canne épée. Au final, le voyage est palpitant, invitant chacun à interroger son rapport au temps passé et à la nostalgie.

Diese dreisprachige Ausstellung (französisch, deutsch, englisch) illustriert die Lebensweisen von früher, aber „es geht nicht darum, zu sagen, dass früher alles besser gewesen sei“, erklärt die Kuratorin Dr. Margret Ribbert. Um dies zu verstehen, muss man nur den der Hygiene gewidmeten Teil durchstreifen, in dem unter anderem ein tragbarer Nachttopf aus Fayence gezeigt wird, der in der Straßburger Manufaktur Hannong hergestellt wurde, ein unerlässliches Objekt für die eleganten Damen mit ihren Kleidern von höchster Komplexität in den 1750er Jahren. Das Ziel dieser begeisternden Präsentation ist es, gleichzeitig auf spielerische und intelligente Weise die Metamorphosen des alltäglichen Lebens zu erkunden. Die Vitrinen, die den Besucher empfangen, in denen Walkman, ein schon vorsintflutlicher Game Boy oder auch eine Rolleiflex-Kamera vereint sind, bilden eine schöne Einleitung, ebenso wie ein Spiel, bei dem jeder dazu eingeladen wird Geräusche der Vergangenheit zu erraten: das Klipp-Klapp eines Photoapparates, das Klappern einer Schreibmaschine, das Ticken eines mechanischen Weckers, etc. Der thematische Rundgang illustriert auf schöne Weise „die technischen, aber auch die gesellschaftlichen Veränderungen der vergangenen drei Jahrhunderte“. In einem Teil, der der Mode gewidmet ist, zum Beispiel, wird ein beunruhigender Muff aus Affenfell gezeigt, der gleichzeitig die Entwicklung der Trends und jene unserer Beziehung zu Tieren illustriert, genau wie die Handtaschen und Damenschuhe aus ReptilienHäuten!

Manchmal bleibt man perplex vor einer Vitrine stehen, da man kaum noch weiß zu welchem Zweck ein Puderbläser aus dem 18. Jahrhundert diente, eine Art Blasebalg aus Leder und Holz… Das Schicksal einiger Gegenstände, die vor wenigen Jahren noch als Kitsch eingestuft wurden, heute aber wieder aus der Versenkung auftauchen, befragt uns ebenfalls: In einem großen Saal, der den Tafelkünsten gewidmet ist, treffen

Glaskaraffen in Form von Hunden, die für Schnaps gedacht sind, auf wertvolles Silberbesteck für alle möglichen Verwendungen – vom flachen bis zum Mokkalöffel, über Halterungen zur Fixierung einer Keule, um diese besser schneiden zu können. Das macht mehr her als Bestecke made in Ikea… Der Blick und der Geist schweifen herum, von einer Sänfte zu einer zarten Schachtel, die dazu diente Hemdskragen zu transportieren, von Spuckkästen fürs Wohnzimmer zu feinen Einlegearbeiten auf Tassen für Schildkrötensuppe oder auch von einem Butterfass zum Stockdegen. Im Endeffekt lädt diese spannende Reise jeden dazu ein, sich Gedanken über seine Beziehung zur Vergangenheit und zur Nostalgie zu machen.

> Kuratorinnenführung mit Dr. Margret Ribbert, 16.07., 13.08., 23.08., 17.09. (11 Uhr)

> Bestimmungstag mit Dr. Margret Ribbert & Delia Sieber, 10.09. (14-16 Uhr)

> „Wieso, weshalb, warum?“ Interaktive Familienführung mit Vincent Paul Oberer, 06.08. (11 Uhr)

POLY 258 Juin Juni 23 57 EXPOSITION AUSSTELLUNG
Au Historisches Museum / Barfüsserkirche (Bâle) jusqu’au 17 septembre Im Historischen Museum / Barfüsserkirche (Basel) bis 17. September hmb.ch

Precious pearl

Les biscuits de porcelaine lorrains du XVIIIe siècle sont à l’honneur au Musée du Pays de Sarrebourg, révélant tout L’Éclat du Blanc

Das lothringische Biskuitporzellan im 18. Jahrhundert wird im Musée du Pays de Sarrebourg mit L’Éclat du Blanc gefeiert.

Pendant près de huit mois, les faïences nacrées réalisées dans quatre manufactures de la région rencontrent les collections du Musée lorrain, situé dans le Palais des Ducs de Lorraine (Nancy) et du Musée d’Art et d’Histoire Michel Hachet (Toul). Au total, soixante-huit figurines se révèlent à travers un parcours de visite décliné autour de huit thématiques : littérature, amour, religion, scènes de la vie paysanne ou encore mythologie s’incarnent par de petits personnages d’une vingtaine de centimètres de haut. Une occasion en or pour dévoiler l’hydraulique Léda et le cygne, luxueuse pièce récemment restaurée. Conçue d’après le modèle du sculpteur Paul-Louis Cyfflé, Zeus y est représenté sous les traits d’un cygne, séduisant l’épouse du roi de Sparte. Quant à L’Oiseau mort, il s‘agit d‘une jeune fille en sanglots et de son partenaire à l’air déconcerté plongent le spectateur dans les affres des relations amoureuses, et plus particulièrement de la perte symbolique de la virginité.

Fast acht Monate lang trifft die perlmuttschimmernde Fayence aus den vier Manufakturen der Region auf die Sammlungen des Musée lorrain, das im Palais des Ducs de Lorraine (Nancy) liegt und jene des Musée d’Art et d’Histoire Michel Hachet (Toul). Insgesamt werden acht-

undsechzig Figuren in einem Rundgang gezeigt, der in acht Thematiken unterteilt ist: Literatur, Liebe, Religion, Szenen des bäuerlichen Lebens oder der Mythologie, die von kleinen Figuren von zwanzig Zentimetern Höhe verkörpert werden. Die Gelegenheit, um die hydraulische Leda mit dem Schwan zu enthüllen, ein luxuriöses Stück, das vor Kurzem restauriert wurde. Nach dem Modell des Bildhauers Paul-Louis Cyfflé entworfen, wird Zeus hier mit den Zügen eines Schwans dargestellt, der die Ehefrau des Königs von Sparta verführt. Der tote Vogel , ein weinendes Mädchen und sein Partner mit verwirrter Miene, taucht den Betrachter in die Abgründe der Liebesbeziehungen und insbesondere den symbolischen Verlust der Jungfräulichkeit.

Au Musée du Pays de Sarrebourg (Sarrebourg) jusqu’au 8 janvier 2024 Im Musée du Pays de Sarrebourg (Sarrebourg) bis zum 8. Januar 2024 sarrebourg.fr

> L’atelier du modeleur : fabriquez des biscuits en porcelaine (dès 8 ans), mercredi 28 juin (14h)

> Visite guidée les mercredis 19 juillet mais aussi 9 et 30 août (10h30)

58 POLY 258 Juin Juni 23 EXPOSITION
AUSSTELLUNG
Par Von Julia Percheron – Photos de von Laura Petrazoller / Musée du Pays de Sarrebourg

World jewelry

Le Schmuckmuseum étincelle grâce aux bijoux rassemblés par Eva et Peter Herion, donnant Des Envies de voyager et de collectionner.

Das Schmuckmuseum erstrahlt im Licht der von Eva und Peter Herion zusammengetragenen Schätze, die Von der Reise-und Sammellust zeugen.

Par Von Raphaël Zimmermann – Photo de von Petra Jaschke

Depuis la fin des années 1960, Eva et Peter Herion arpentent la planète, avec une prédilection pour l’Afrique, l’Extrême-Orient et les mers du Sud. Originaire de Pforzheim, le couple a rassemblé une incroyable collection au fil des décennies, qu’il a intégralement légué au Schmuckmuseum en 2020. Cette exposition permet d’en découvrir une grande partie : venu du Kenya, un somptueux collier de perles de verre Massaï (nommé Imankeek), dans lequel les couleurs s’entrelacent avec grâce, dialogue avec un bracelet d’ivoire du Soudan aux motifs géométriques d’une infinie délicatesse. On adore aussi l’altière simplicité d’un collier du Nagaland – région du NordEst de l’Inde – où le bleu contraste avec le rouge et l’agate s’amuse du bronze. Présentant les ouvrages d’élèves de la première école d’orfèvrerie éthiopienne – à l’Université Debre-Tabor – une seconde exposition entre en résonance avec celle-ci, montrant notamment de fascinantes croix d’or et d’argent au décor d’une grande élégance.

Seit Ende der 1960er Jahre bereisen

Eva und Peter Herion den Globus, mit einer Vorliebe für Afrika, Fernost und die Südsee. Das aus Pforzheim stammende Paar hat im Laufe der Jahrzehnte eine unglaubliche Sammlung zusammengetragen, die es im Jahr 2020 vollständig dem Schmuckmuseum vermacht hat. Diese Ausstellung ermöglicht es, einen Großteil von ihr zu entdecken: Ein wunderschönes Collier aus Glasperlen der Massai (Imankeek genannt), in dem sich die Farben mit Anmut vereinen, gehen einen Dialog mit einem Elfenbein-Armreif aus dem Sudan mit geometrischen Motiven von

unendlicher Delikatesse ein. Wir lieben auch die stolze Einfachheit eines Colliers aus dem Nagaland – Region im Nord-Osten Indiens – in dem Blau mit Rot kontrastiert und Achat mit Bronze spielt. Eine zweite Ausstellung antwortet auf die erste, indem sie die Werke von Schülern der ersten Goldschmiedeschule Äthiopiens – an der DebreTabor-University – präsentiert, darunter faszinierende Kreuze aus Gold und Silber mit sehr elegantem Dekor.

Au Schmuckmuseum (Pforzheim) jusqu’au 10 septembre Im Schmuckmuseum (Pforzheim) bis 10. September schmuckmuseum.de

Légende Bildunterschrift

Collier Halskragen Imankeek, Kenya, Massai, XXe siècle 20. Jhd., Schmuckmuseum Pforzheim, Collection ethnographique Ethnografische Sammlung Eva & Peter Herion, Photo: Petra Jaschke

60 POLY 258 Juin Juni 23 EXPOSITION AUSSTELLUNG

Un été festival Ein Festival-Sommer

La Magnifique Society

Un été festival Ein Festival-Sommer

Il est libre Marc*

Claviériste fou et génial inventeur du “piano boom boom”, Mezerg

déchaîne les foules avec son seul en scène décoiffant et fait carton plein à travers les festivals européens.

Der verrückte Keyboarder und genialer Erfinder des „Piano boom boom“, Mezerg, begeistert die Massen mit seinem fetzigen Soloauftritt und hat bei den europäischen Festivals einen Riesenerfolg.

C’est un homme-orchestre un peu dingue, un oneman band aussi excentrique qu’ingénieux, véritable MacGyver du piano, capable de fabriquer un synthétiseur avec quelques fils électriques et plusieurs tranches de pastèque. Marc Mezergue, alias Mezerg, est un pianiste bordelais virtuose, pourtant venu à la musique sur le tard, en découvrant, à 16 ans, les Doors et le jeu hypnotique de leur claviériste Ray Manzarek. C’est en plaquant tout pour Paris, à la sortie du conservatoire, qu’il trouve sa voie : écumant les concerts de musique balkanique, il a l’idée d’ajouter aux pédales de son instrument des caissons de basses pour créer des kicks. Le “piano boom boom” était né, vite augmenté d’un

thérémine, avant d’être encore électrifié pour une meilleure sonorisation sur scène. Entre ragtime, hululements électromagnétiques et beats techno, l’objet ne cesse, depuis, de fasciner, acquérant même, au fil des années, une notoriété certaine à travers tout le continent, de Porto à Namur et de Paris à Budapest. À ses commandes, le joyeux drille ne s’arrête jamais de bouger, les bras, la tête, les pieds… comme possédé d’une énergie à jamais inépuisée. Dans sa tête aussi, les idées saugrenues fusent : un concert clandestin dans une rame du tramway bordelais en 2016, un voyage de trois semaines en stop avec son piano pour bagage afin de rejoindre le Sziget Festival en Hongrie l’année suivante, etc.

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Faire voyager la musique, réinventer sa place dans l’espace public, c’est ça, l’esprit Mezerg. Le garçon vole au gré de ses envies et d’une certaine vision de l’art, à rebours de tout ce que l’industrie musicale compte de carcans et de produits formatés. Même ses albums n’en sont pas, eux qui s’apparentent bien plutôt à des compilations d’improvisations et autres séances live de freestyles quasi complets. Il est libre Marc – comme dirait l’autre – et c’est bien cela qui le rend en tout point fascinant. S’il adore se filmer dans des vidéos faites maison qui dépassent pour certaines le million et demi de vues sur YouTube, c’est bien sur scène que les prestations du Girondin extraterrestre ensorcèlent, faisant entrer les corps dans une transe singulière. Et la magie du thérémine, avec ses deux antennes permettant de produire des sons sans qu’on les touche, en en approchant simplement plus ou moins les mains, n’y est certainement pas pour rien ! Ni acoustique, ni electro, Mezerg fait plutôt de la musique “à voir” et se plaît dans cet espace bâtard de la performance instrumentale, aussi puissante qu’artisanale. Pas étonnant, dès lors, que tous les festivals se l’arrachent !

Er ist ein ein wenig wahnsinniger Orchester-Mann, eine One-Man-Band, die so exzentrisch wie einfallsreich ist, ein wahrer MacGyver der Tasten, der dazu fähig ist mit einigen Elektrokabeln und mehreren Scheiben einer Wassermelone einen Synthesizer herzustellen. Marc Mezergue, alias Mezerg ist ein virtuoser Pianist aus Bordeaux, der ein musikalischer Spätzünder war, nachdem er mit 16 Jahren die Doors und das hypnotisierende Spiel ihres Keyboarders Ray Manzarek entdeckte. Als er nach dem Abschluss des Konservatoriums alles für Paris aufgibt, findet er seinen Weg: Er lässt sich von Konzerten der Balkan-Musik inspirieren und hat die Idee zu den Fußpedalen seines Instruments Bass-Kästen hinzuzufügen, um „Kicks“ zu kreieren. Das „Piano boom boom“ war geboren, schnell durch einen Theremin vervollständigt, bevor es für einen besseren Bühnenklang noch elektrifiziert wurde. Zwischen Ragtime, elektromagnetischen Schreien und Technobeats fasziniert das Objekt seitdem unaufhörlich, erreicht im Laufe der Jahre sogar eine gewisse Berühmtheit auf dem gesamten Kontinent, von Porto bis Namur und von Paris bis Budapest. Während er es steuert, hört der fröhliche Kerl nie damit auf sich zu bewegen, die Arme, den Kopf, die Füße… als ob er von einer unendlichen Energie besessen sei. Auch in seinem Kopf hagelt es Schnapsideen: Ein illegales Konzert in einem Abteil der Straßenbahn in Bordeaux im Jahr 2016, eine dreiwöchige Autostopp-Reise mit seinem Klavier im Gepäck, um im folgenden Jahr das Sziget Festival in Ungarn zu erreichen, etc.

Die Musik reisen zu lassen, ihren Platz im öffentlichen Raum neu zu erfinden, das ist der Geist von Mezerg. Der Junge schwimmt seinen Bedürfnissen und einer gewissen Vision der Kunst folgend, völlig gegen den Strom von jenem was die Zwänge und Formate der Musikindustrie ausmacht. Selbst seine Alben sind keine, sie entsprechen eher Kompilationen von Improvisationen und fast kompletten Live-Freestyles. Marc ist frei und darin liegt die Faszination, die er ausübt. Auch wenn er sich gerne in hausgemachten Videos filmt, von denen einige mehr als eineinhalb Millionen Mal auf Youtube gesehen wurden, sind es die Bühnenauftritte des außerirdischen Mu-

sikers aus dem Departement Gironde, die verzaubern und die Körper in eine besondere Trance versetzen. Und die Magie des Theremins, mit seinen zwei Antennen, die es erlauben Töne zu erzeugen, ohne dass man sie berührt, indem man einfach mehr oder weniger nah mit den Händen an sie herangeht, trägt sicher ihren Teil dazu bei! Weder akustisch noch elektronisch, produziert Mezerg eher eine Musik „zum sehen“ und gefällt sich in diesem Zwitterbereich der instrumentalen Performance, die ebenso kraftvoll wie handwerklich ist. Kein Wunder, dass alle Festivals sich um ihn reißen!

Au Vyv Festival (Dijon) vendredi 9 juin, au Southside Festival (Neuhausen ob Eck) vendredi 16 juin, aux Eurockéennes (Belfort) samedi 1er juillet et à Décibulles (Neuve-Église) samedi 8 juillet

Beim Vyv Festival (Dijon) am Freitag den 9. Juni, beim Southside Festival (Neuhausen ob Eck) am Freitag den 16. Juni, bei den Eurockéennes (Belfort) am Samstag den 1. Juli und bei Décibulles (Neuve-Église) am Samstag den 8. Juli

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Aktuelle Musik
Édité par Erschienen bei MZRG Records mezerg.fr * Wortspiel mit dem in Frankreich berühmten Liedtitel Il est libre Max (Er ist frei Max) von Hervé Cristiani (1981)

This Is What You Came For

140 groupes pour 5 jours de riffs, de mixes et de scratchs dans la moiteur estivale des Ardennes. Tour d’horizon de la 17e édition du Cabaret Vert, avec son programmateur Christian Allex.

140 Gruppen für 5 Tage voller Riffs, Mix und Scratch in der sommerlichen Feuchtigkeit der Ardennen. Streifzug durch die 17. Ausgabe von Cabaret Vert, mit seinem künstlerischen Leiter Christian Allex.

Qu’est-ce que cela fait d’être à la tête de la prog’ d’un festival au nom de poème d’Arthur Rimbaud ?

C’est grave la classe ! [Rires] L’idée de départ était de s’inspirer de l’esprit rebelle du natif de Charleville-Mézières, lui qui a influencé Patti Smith, Pete Doherty, etc. Le site multiplie les

clins d’œil au poète : la scène principale porte le nom de Zanzibar, la deuxième Les Illuminations, l’un des bars s’appelle Le Temps des cerises, un autre Le Bateau ivre, etc. Mais ça s’arrête là.

En 17 ans, le Cabaret Vert est devenu un rendez-vous qui compte. Quel en est l’esprit ?

C’est une manifestation construite sur l’affirmation d’un territoire, les Ardennes, qu’on imagine (à tort !) tristes, grises et dépeuplées, alors que c’est une région de bons vivants, avec une forte culture de la dérision – et de la bière –, héritée des voisins belges. C’est cela, à mon sens, qui fait d’abord son succès. Ensuite, il y a évidemment la musique. Ma mission, depuis 2009, est d’ouvrir l’événement à l’international, de montrer qu’un tel site peut résonner de ce qui se fait de plus créatif et de plus intéressant dans le monde. Aujourd’hui, le Cabaret Vert compte cinq scènes pour quelques 140 artistes programmés. C’est gargantuesque ! Sachant que tous les noms figurant au line-up, mon complice Vivien Becle et moi, on les adore !

Quelle est la ligne de la programmation ?

De façon générale, je dirais que toutes les propositions sont très à l’énergie. On cherche par ailleurs à avoir du haut niveau sur chaque scène et de faire en sorte que chacune se suffise à elle-même en termes d’attractivité. Si on va sur celle du Razorback, dédiée au rock indie et autres musiques bruitistes un peu extrêmes, on a une sélection de groupes très nouveaux, dans l’esprit du South by SouthWest d’Austin, au Texas [considéré comme La Mecque des festivals de musique indépendante, NDLR]. Sur le GreenFloor, en journée, on essaye d’avoir tout ce que le hip-hop compte de nouveaux talents prêts à exploser, à l’instar de So La Lune ou de La Fève, accueillis l’an dernier. Même chose, de nuit, avec l’electro.

Quels sont vos paris les plus osés ?

On a Ashnikko (Zanzibar, 16/08), avec son exubérant pop rap féministe, encore trop peu connue en France. Et puis Train fantôme (GreenFloor, 19/08), un collectif de punk rap

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Un été festival Ein Festival-Sommer
Par Suzi Vieira – Portrait par von Louise Vayssié

parisien, qui, à mon avis, ira loin. Sans oublier Zulu (Razorback,16/08), un groupe de métal afro-américain avec des attitudes très hardcore et un discours politique puissant.

Il y aura aussi Calvin Harris, dont ce sera la seule date française…

C’est le plus grand producteur au monde, cumulant 50 millions d’écoutes par mois. Il était à Coachella fin avril… et il va venir jouer sur un terrain de rugby des Ardennes (Zanzibar, 16/08) ! C’est ça, aussi, le Cabaret Vert.

Was bedeutet es für Sie an der Spitze eines Festivals zu stehen, dessen Name aus einem Gedicht von Arthur Rimbaud stammt?

Das hat Klasse! [Lacht] Die Ursprungsidee war jene sich vom relativ rebellischen Geist des aus Charleville-Mézières stammenden Autors inspirieren zu lassen, ihm, der Patti Smith, Pete Doherty, etc. beeinflusst hat. Das Gelände birgt zahlreiche Anspielungen auf den Dichter: Die Hauptbühne trägt den Namen Zanzibar, die Zweite Les Illuminations, eine der Bars heißt Le Temps des cerises, eine andere Bateau ivre, etc. Aber es beschränkt sich darauf.

In 17 Jahren ist das Cabaret Vert zu einem wichtigen Rendez-vous geworden. Was ist sein Geist?

Es ist eine Veranstaltung, die rund um die Behauptung eines Gebiets, der Ardennen aufgebaut ist, das man sich (fälschlicherweise!) als traurig, grau und menschenleer vorstellt, obwohl es eine Region von Lebenskünstlern ist, mit einer starken Kultur des Spottes – und des Biers –, das von den belgischen Nachbarn geerbt wurde. Und dann gibt es natürlich die Musik. Meine Mission ist es, seit 2009, die Veranstaltung zum Internationalen hin zu öffnen, zu zeigen, dass ein solcher Ort das präsentieren kann, was in der Welt am Kreativsten und Interessantesten ist. Heute zählt Cabaret Vert fünf Bühnen für rund 140 Künstler. Das ist riesig! Man muss wissen, dass wir, mein Komplize Vivien Becle und ich, alle Namen des LineUps lieben!

Was ist der rote Faden des Programms?

Allgemein würde ich sagen, dass alle Vorschläge sehr energiegeladen sind. Wir versuchen auf jeder Bühne ein hohes Niveau zu erreichen und jede so zu bespielen, dass sie in Bezug auf ihre Attraktivität, sich selbst ausreicht. Wenn man auf jene von Razorback geht, die dem Indie-Rock und anderer Noise-Musik gewidmet ist, haben wir eine Auswahl von sehr neuen Gruppen, im Sinne von South by SouthWest aus Austin in Texas [ Anm.d. Red. Wird als Mekka der Festivals für unabhängige Musik angesehen]. Auf dem GreenFloor versuchen wir tagsüber alles zu zeigen, was der Hip-Hop an jungen Talenten zu bieten hat, wie So La Lune oder La Fève, die wir im letzten Jahr empfangen haben. Und dasselbe gilt nachts für die Elektromusik.

Was sind ihre größten Wagnisse?

Wir haben Ashnikko (Zanzibar, 16.08.), mit ihrem überschwänglichen feministischen Pop-Rap, die in Frankreich noch zu unbekannt ist. Und dann Train fantôme (GreenFloor, 19.08.) ein Punk-Rap-Kollektiv aus Paris, das, meiner Ansicht nach, weit kommen wird. Ohne Zulu (Razorback,16.08.) zu vergessen, eine afro-amerikanische Metall-Gruppe mit Hardcore-Attitüde und starkem politischen Diskurs.

Es wird auch Calvin Harris da sein, mit seinem einzigen französischen Datum…

Es ist der größte Produzent der Welt, mit mehr als 50 Millionen Hörern im Monat. Er war Ende April bei Coachella… und er wird auf einem Rugby-Feld in den Ardennen spielen (Zanzibar, 16.08.)! Das gehört auch zum Cabaret Vert!

À

POLY 258 Juin Juni 23 65 Musiques actuelles Aktuelle Musik
Charleville-Mézières du 16 au 20 août In Charleville-Mézières vom 16. bis 20. August cabaretvert.com © B. Bartholet

Stepping Razor

Lourde basse, guitare à contretemps et lyrics mêlant le mandarin à l’anglais, Stinging Ray fait souffler de Chine un vent nouveau sur le reggae. Schwerer Bass, Gitarre gegen den Takt und Songtexte, die Mandarin und Englisch mischen, Stinging Ray lässt, von China aus, einen neuen Wind über den Reggae wehen.

Et si le reggae puisait ses racines jusqu’en Chine ? Sans rire ! Peu le savent, mais les immigrés chinois de Jamaïque ont contribué de façon significative à son essor mondial dans les années 1960 et 1970 – qu’on parle du couple Chin, fondateur du mythique label VP Records, ou du premier producteur de Bob Marley, Leslie Kong. Aujourd’hui, cette musique connaît une popularité croissante dans l’empire du Milieu. À Pékin, Chengdu ou au fin fond du Yunnan, les soirées reggae se multiplient et des labels spécialisés se créent pour signer des artistes locaux au succès grandissant. Parmi eux, le jeune co-fondateur de la maison de disques ChinaMan Yard, Stinging Ray, nouvelle pépite de la scène rasta internationale, en tournée européenne cet été. Son premier album, prévu pour juin, s’annonce pour le moins percutant, si l’on en croit le single éponyme, Upside Down, sorti fin mars sur les plateformes. Un riddim à la croisée des eighties et des années 2000, pour un flow agressif mêlant avec brio chinois, anglais et même patwa des Caraïbes. La voix tranchante de Peter Tosh, le “stepping razor”, n’est pas loin !

Und wenn der Reggae sogar Wurzeln in China hätte?

Ohne Witz! Wenige wissen es, aber die chinesischen Immigranten in Jamaika haben auf signifikante Weise zu seinem weltweiten Aufschwung in den 1960er und 1970er Jahren beigetragen – man spricht vom Paar Chin, den Gründern des legendären Labels VP Records oder vom ersten Produzenten Bob Marleys, Leslie Kong. Heute ist diese Musik im Reich der Mitte zunehmend populär. In Peking, Chengdu

oder in den hintersten Winkeln von Yunnan finden zahlreiche Reggae-Abende statt und es werden spezialisierte Labels gegründet, um lokale Künstler unter Vertrag zu nehmen, die zunehmend Erfolg haben. Darunter der junge Mitbegründer des Plattenlabels ChinaMan Yard, Stinging Ray, eine neue Perle der internationalen Rasta-Szene, der in diesem Sommer auf Europa-Tournee geht. Seine erstes Album, das für Juni angekündigt ist, verspricht Prägnanz, wenn man der ersten gleichnamigen Single Upside Down Glauben schenken kann, die Ende März veröffentlicht wurde. Ein Riddim auf halbem Weg zwischen den Achtzigern und den 2000er Jahren, für einen aggressiven Flow, der auf brillante Weise Chinesisch, Englisch und sogar das Patwa der Karibischen Inseln vermischt. Die schneidende Stimme von Peter Tosh, dem „stepping razor“ ist nicht weit!

Au Summer Vibration Festival (Sélestat) vendredi 21 juillet

Beim Summer Vibration Festival (Sélestat) am Freitag den 21. Juli summervibration.com

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Ein
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festival
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Édité par Erschienen bei ChinaMan Yard chinamanyard.bandcamp.com

Shaman world

À la croisée du blues et du rock garage, Moonlight Benjamin conte la culture d’Haïti et l’intrigante philosophie vaudoue.

Am Scheideweg von Blues und Garagenrock erzählt Moonlight Benjamin die Kultur Haitis und die rätselhafte Voodoo-Philosophie.

Son prénom hors du commun lui est donné par un pasteur, devenu son père adoptif après le décès de sa mère. Moonlight, le “clair de lune”, pour signifier celle qui prêche, qui éclaire. Élevée entre la religion protestante et la musique d’Haïti, l’artiste de 52 ans l’affirme : la chanson a toujours été très présente dans son enfance. Et ce n’est qu’une fois quitté l’orphelinat qu’elle découvre les traditions de son île et l’esprit vaudou, tourné vers l’acceptation des autres, la reconnaissance envers le monde et l’amour universel. Depuis vingt ans qu’elle vit dans le Sud de la France, Moonlight Benjamin est l’autrice de cinq albums voguant entre blues et rock fiévreux, le tout chanté en créole, pour scander les souffrances de ses pairs. Wayo, son dernier disque, sorti en février, fait résonner sa voix envoûtante sur onze titres puissants. Dans le premier single éponyme, la prêtresse pousse un véritable cri du cœur, pres-

qu’une invocation. Rendant hommage à ses racines, elle évoque une personne perdue cherchant à se débarrasser de ce qui la paralyse et l’empêche d’avancer. Servi par un tourbillon de guitares et de tambours exaltés, voilà un grain rauque ayant de quoi mettre en transe !

Ihr außergewöhnlicher Vorname wurde ihr von einem Pastor gegeben, der nach dem Tod ihrer Mutter zu ihrem Adoptivvater wurde. Moonlight, das „Mondlicht“ um jene zu benennen, die predigt, die erleuchtet. Zwischen der protestantischen Religion und der Musik Haitis aufgewachsen, hebt die 52jährige Künstlerin hervor: Das Lied war in ihrer Kindheit immer sehr präsent. Und erst als sie das Waisenhaus verlässt, entdeckt sie die Traditionen ihrer Insel und den Geist des Voodoo, der sich auf die Akzeptanz gegenüber anderen, die Anerkennung gegenüber der Welt und die universelle Liebe kon-

zentriert. Seit sie in Südfrankreich lebt, hat Moonlight Benjamin fünf Alben zwischen Blues und fieberhaftem Rock herausgegeben, gesungen in Kreolsprache, um das Leiden ihresgleichen zu skandieren. Wayo, ihr aktuelles Album, das im Februar erschienen ist, lässt ihre betörende Stimme auf elf Starken Titeln erklingen. In der ersten gleichnamigen Single lässt die Priesterin einen wahren Schrei des Herzens heraus, fast eine Anrufung. Während sie ihren Wurzeln huldigt, erinnert sie an eine verlorene Person, die versucht sich dessen zu entledigen, was sie lähmt und daran hindert, voranzukommen. Von einem Wirbelsturm aus Gitarren und überschwänglichen Trommeln bedient, versetzt ihre raue Stimme in Trance!

Aux Eurockéennes (Belfort) samedi 1er juillet

Bei den Eurockéennes (Belfort) am Samstag den 1. Juli eurockeennes.fr

POLY 258 Juin Juni 23 67 Musiques actuelles Aktuelle Musik
Par Von Julia Percheron – Photo de von Cedrick Nöt

Un été festival Ein Festival-Sommer

Straw-very

Vingt-et-un ans que le Festival de la Paille pose sa grande scène dans un écrin de verdure, au milieu du massif jurassien. Pour cette édition, le village de Métabief a convié dix-huit artistes pour faire vibrer les alpages. Entre deux haltes gourmandes sur les stands de produits locaux aux p’tits oignons, les spectateurs pourront ainsi s’enjailler au son de l’emblématique groupe de reggae stéphanois Dub inc (28/07), planer sur les nappes de synthés de Fakear (28/07) et Vitalic (29/07), ou entrer en transe sur les rythmes survoltés de Suzane, 47TER ou encore Chiloo (29/07).

Seit einundzwanzig Jahren stellt das Festival de la Paille seine große Bühne in einem grünen Rahmen inmitten des Jura-Massivs auf. Für diese Auflage hat das Dorf Métabief achtzehn Künstler eingeladen, um die Berge zum Vibrieren zu bringen. Zwischen zwei Gourmetstationen mit lokalen Produkten können die Besucher einen draufmachen, zum Reggae-Sound von Gruppen wie Dub inc (28.07.), zu den Synthesizern von Fakear (28.07.) und Vitalic (29.07.) oder zu den Rhythmen von Suzane, 47TER oder auch Chiloo (29.07.) in Trance tauchen.

Au pied des pistes de Métabief samedi 29 et dimanche 30 juillet

Am Ende der Pisten in Métabief am Samstag den 29. und Sonntag den 30. Juli festivalpaille.fr

Oh my world

Cinquante-deux artistes français et internationaux se relaient cette année sur la presqu’île du Malsaucy. Sur les quatre scènes du mastodonte des festivals hexagonaux que sont devenues les Eurockéennes, le DJ américain Skrillex (29/06), les deux amies anglaises de Wet Leg (29/06) avec leur post-punk ironique et jouissif, ou encore le groupe de post rock islandais Sigur Rós, aux accents incroyablement planants, tutoient le flow enivrant du rasta jamaïcain Horace Andy (30/06), les punchlines d’Orelsan (30/06) et les indémodables mélodies d’Indochine (02/07).

Zweiundfünfzig französische und internationale Künstler geben sich in diesem Jahr auf der Halbinsel Malsaucy die Klinke in die Hand. Auf den vier Bühnen des Monstrums, zu dem die Eurockéennes geworden sind, treffen der amerikanische DJ Skrillex (29.06.), die beiden englischen Freunde von Wet Leg (29.06.) mit ihrem ironischen Post-Punk oder auch die isländische Post-Rock-Gruppe Sigur Rós, mit unglaublich zum Träumen anregenden Akzenten, auf den betörenden Flow des jamaikanischen Rasta Horace Andy (30.06.), die Punchlines von Orelsan (30.06.) und die zeitlosen Melodien von Indochine (02.07.).

À Belfort du 29 juin au 2 juillet In Belfort vom 29. Juni bis 2. Juli eurockeennes.fr

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Fakear © Ella Herm ë © Brice Robert

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Rendez-vous au parc de Champagne pour célébrer la sixième édition de La Magnifique Society. Au programme, le pop rock entraînant du groupe Phoenix (23/06), le hip hop teinté d’afro beat d’Aya Nakamura (23/06), la pop suave d’Angèle (24/06) ou encore le rock made in France de Louise Attaque (25/06). Et parmi les nouvelles têtes à ne pas rater, le Canadien Ekkstacy (24/06), dont les notes d’indie rock mélancolique rappellent les sonorités des années 1980.

Rendez-vous im Parc de Champagne für die 60. Ausgabe von La Magnifique Society. Auf dem Programm stehen mitreißender Pop-Rock der Gruppe Phoenix (23.06.), Hip-Hop mit Afrobeat-Klängen von Aya Nakamura (23.06.), der sanfte Pop von Angèle (24.06.) oder auch der Rock made in France von Louise Attaque (25.06.). Und zu den neuen Köpfen, die man nicht verpassen darf, gehört der Kanadier Ekkstacy (24.06.), dessen melancholische Indie-Rocknoten an die Klänge der 1980er Jahre erinnern.

À Reims du 23 au 25 juin

In Reims vom 23. bis 25. Juni lamagnifiquesociety.com

Out loud

La petite commune alsacienne de Neuve-Église ne va pas rester sage longtemps avec le retour de Décibulles  ! Trois jours durant, plus de trente groupes vont fouler la colline du Chena, à commencer par les Australiens d’Airbourne (08/07) et leur rock survitaminé. Sur un terrain plus pop, la fougueuse Izïa fera montre de sa désarmante présence scénique (09/07), tandis que le duo franco-belge d’Ascendant Vierge (07/07) fera résonner son déconcertant mix de techno hardcore et de pop gothique.

À Neuve-Église du 7 au 9 juillet

Die kleine elsässische Gemeinde Neuve-Église wird mit der Rückkehr von Décibulles nicht lange ruhig bleiben! Drei Tage lang werden mehr als dreißig Gruppen die Colline du Chena erklimmen, darunter die Australier von Airboune (08.07.) mit ihrem vitaminreichen Rock. In der PopRichtung wird die ungestüme Izïa mit ihrer entwaffnenden Bühnenpräsenz begeistern (09.07.), während das französisch-belgische Duo Ascendant Vierge (07.07.) seinen außergewöhnlichen Mix aus Hardcore-Techno und Gothic-Pop erklingen lassen wird. In Neuve-Église vom 7. bis 8. Juli decibulles.com

POLY 258 Juin Juni 23 69 Musiques actuelles Aktuelle Musik
© Kiwix
Ekkstacy

Un été festival Ein Festival-Sommer

El Cuerpo es Lava

Entre chant tribal et trap survitaminée, la Jurassienne Baby Volcano fait sensation avec un premier EP explosif et des performances scéniques hypnotiques.

Zwischen Stammesgesängen und vitaminreichem Trap, Baby Volcano aus dem Jura ist mit ihrer ersten explosiven EP und hypnotisierenden Bühnenperformances eine Sensation gelungen.

Performeuse, danseuse, chanteuse et artiste textile, Lorena Stadelmann (alias Baby Volcano) évolue aussi bien dans les domaines de la musique que des arts de la scène. Formée à Buenos Aires, cette Suissesse d’origine guatémaltèque, qui vit aujourd’hui dans une ferme bucolique à la frontière entre le Jura et le canton de Soleure, a déboulé en 2021 sur les scènes helvétiques, avec la soudaineté et la fureur d’une éruption volcanique. Sur la foi d’un petit EP de six titres, Síndrome Premenstrual, mêlant trap, sonorités tribales et rythmes latinos, tous les festivals du pays la programment. Son nom d’artiste est un hommage aux forces de la nature – notamment aux cratères sous-marins qui la fascinent depuis l’enfance –, face auxquelles l’homme occidental devrait, selon la jeune femme de 27 ans, savoir davantage humilité garder. Il y a chez elle comme une oscillation constante entre douceur, chaleur et rage. Eau et lave. Convoquant les esprits de la terre, chacun des morceaux de son mini-album fait entendre le bouillonnement des corps en évoquant un organe, du cœur à l’utérus, en passant par le plexus solaire ou la peau : «  Mi cuerpo, mi casa » (“mon corps, ma maison”), assène-telle sur SPM, comme pour rendre plus fluide son passage de la danse – expression première de cette performeuse dans l’âme – au chant. Alternant français et espagnol, elle déclame ses textes incandescents sur fond d’univers sonore

dense et bourdonnant. Sorti en mars dernier – un album se préparerait-il ? –, le single todomeparece RIDÍCULO, avec son envoûtante logorrhée, plonge l’auditeur dans un monde imaginaire, quasi dystopique, à la croisée de la comptine pour enfants et de l’invocation chamanique. L’effet est aussi magnétique qu’inquiétant !

La voix était déjà très présente dans les spectacles de Lorena Stadelmann, de Jardin Jerricane , mi-pièce chorégraphique mi-œuvre plastique créée en 2022 au Théâtre du Jura, à l’intense Bolero de Bienvenida II , présenté en mars dernier au Théâtre Sévelin de Lausanne. Avec le projet Baby Volcano, elle poursuit ses expérimentations corpospirituelles, mais «  dans un autre contexte  », comme elle l’explique en interview à la radio nationale RTS . Le concert devient alors « un outil pour toucher un public différent, plus jeune que celui de la plupart des théâtres. Je me suis toujours demandé comment toucher ma génération, et je crois que la musique permet cela. » Elle s’est ainsi créé un personnage nimbé d’étrangeté, au look sauvage très étudié. Et c’est sur scène, en live, qu’il faut aller l’écouter, entre expressionisme et atmosphère tripale, interprétation habitée et mouvements désarticulés évoquant autant la culture de rue que les rituels sacrés.

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Par Von Suzi Vieira – Photos de von Salom ée Cortat

Performancekünstlerin, Tänzerin, Sängerin und Textilkünstlerin, Lorena Stadelmann (alias Baby Volcano) fühlt sich in der Musik genauso wohl wie bei den Bühnenkünsten. Die in Buenos Aires ausgebildete Schweizerin mit guatemaltekischen Wurzeln, die heute auf einem idyllischen Bauernhof an der Grenze zwischen dem Jura und dem Kanton Solothurn lebt, ist 2021 auf die helvetischen Bühnen gestolpert, mit der Abruptheit und der Explosionskraft eines Vulkans. Einzig auf der Basis einer kleinen EP mit sechs Titeln Síndrome Premenstrual, mit einer Mischung aus Trap, Stammesgesängen und lateinamerikanischen Rhythmen haben alles Festivals des Landes sie ins Programm genommen. Ihr Künstlername ist eine Hommage an die Kräfte der Natur – insbesondere die Unterwasser-Krater, die sie seit ihrer Kindheit faszinieren –, gegenüber welchen der Mensch, so die junge 27jährige Frau, demütiger sein sollte. Man spürt bei ihr ein konstantes Hin-und Her zwischen Zärtlichkeit, Wärme und Wut – Wasser und Lava. An die Erdgeister gerichtet, lässt jedes der Stücke ihres Mini-Albums das Aufwallen der Körper hören, indem sie an Organe erinnern, vom Herzen bis zum Uterus, über das Sonnengeflecht oder die Haut: „Mi cuerpo, mi casa“ (“mein Körper, mein Haus”), gibt sie auf SPM von sich, so als ob sie den Übergang vom Tanz – die erste Art des künstlerischen Ausdrucks dieser Performancekünstlerin – zum Gesang flüs-

siger machen wolle. Abwechselnd in französischer und in spanischer Sprache singend, trägt sie ihre glühenden Texte vor, vor dem Hintergrund eines dichten und brummenden Klanguniversums. Im vergangenen März erschienen – kündigt dies etwa ein Album an ? – lässt die Single todomeparece RIDÍCULO mit ihrem betörenden Wortschwall den Zuhörer in eine Phantasiewelt eintauchen, eine Quasi-Dystopie, auf halbem Weg zwischen dem Wiegenlied und schamanischen Anrufungen. Der Effekt ist ebenso magnetisch wie beunruhigend!

Die Stimme war schon in den Aufführungen von Lorena Stadelmann präsent, von Jardin Jerricane, halb choreographierten Stück, halb Plastik, das 2022 im Théâtre du Jura uraufgeführt wurde, bis hin zum intensiven Bolero de Bienvenida II, das sie im März im Théâtre Sévelin in Lausanne präsentierte. Mit dem Projekt Baby Volcano setzt sie ihre körperlich-spirituellen Experimente fort, aber „in einem anderen Kontext“, wie sie in einem Interview mit dem nationalen Radiosender RTS erklärt. Das Konzert wird so zu „ einem Werkzeug, um ein anderes Publikum zu berühren, jünger als jenes der meisten Theater. Ich habe mich immer gefragt, wie ich meine Generation ansprechen kann, ich glaube, dass die Musik dies zulässt .“ So hat sie sich eine Figur voller Eigenartigkeiten geschaffen, mit einem ausgeklügelten, wilden Look. Und es ist auf der Bühne, live, wo man sie hören muss, zwischen Expressionismus und Stammes-Atmosphäre, lebendigen Interpretationen und desartikulierten Bewegungen, die ebenso an die Straßenkultur wie an sakrale Riten erinnern.

Au Bad Bonn KILBI (Fribourg) samedi 3 juin, aux Eurockéennes (Belfort) jeudi 29 juin et au Paléo Festival (Nyon) mercredi 19 juillet

Im Bad Bonn KILBI (Fribourg) am Samstag den 3. Juni, bei den Eurockéennes (Belfort) am Donnerstag den 29. Juni und beim Paléo Festival (Nyon) am Mittwoch den 19. Juli

POLY 258 Juin Juni 23 71 Musiques actuelles Aktuelle Musik
Édité par Erschienen bei Label Rapace labelrapace.com

Welcome to Wonderland

Niché dans l’enceinte insolite d’anciens abattoirs, le Zeltival déroule le tapis rouge à des stars internationales et de petites pépites valant le détour. Im außergewöhnlichen Rahmen des ehemaligen Schlachthofs findet das Zeltival statt, das internationalen Stars und neuen Sternchen den roten Teppich ausrollt.

Cette année encore, le festival de Karlsruhe accueille des légendes au Tollhaus, en commençant par les Américains de Calexico (23/06). Voilà plus de deux décennies que le groupe fondé par Joey Burns et John Convertino parcourt le globe, inondant les ondes de son rock indé unique, oscillant entre mariachi, folk et country. 2023 marque d’ailleurs le vingtième anniversaire de l’album Feast of Wire, un classique qu’ils réinterprètent. Moins connu mais tout aussi talentueux, le jeune phénomène franco-arménien Ladaniva (19/07) est à découvrir. Jacqueline Baghdasaryan et Louis Thomas proposent un voyage bercé par les influences du monde, entre musique traditionnelle des Balkans, pop, hip-hop, maloya réunionnais, jazz et reggae. Un cocktail renversant porté par des textes déclamés en plusieurs langues, comme Wayo Waya, leur dernier titre sorti en avril. Le rendez-vous brille aussi avec l’Australien Angus Stone, à la tête du blues rock band un brin psychédélique Dope Lemon (29/06), ainsi que la formation de musique traditionnelle coréenne Ak Dan Gwang Chil (27/07) et la conteuse malienne Fatoumata Diawara (28/07), dont le nouvel album est signé Damon Albarn.

Auch in diesem Jahr empfängt das Festival in Karlsruhe Legenden im Tollhaus, darunter die Amerikaner von Calexico (23.06.). Seit mehr als zwei Jahrzehnten

bereist die Gruppe, die von Joey Burns und John Convertino gegründet wurde, den Globus, mit ihrem einzigartigen IndieRock, zwischen Mariachi, Folk und Countrymusik. 2023 wird übrigens das Jubiläum des Albums Feast of Wire gefeiert, ein Klassiker, den sie neu interpretieren. Weniger bekannt, aber nicht weniger talentiert ist das junge franko-armenische Phänomen Ladaniva (19.07.). Jacqueline Baghdasaryan und Louis Thomas präsentieren eine Reise, die von den Einflüssen der Welt begleitet wird, zwischen traditioneller Balkanmusik, Pop, Hip-Hop, Maloya von La Réunion, Jazz und Reggae. Ein umwerfender Cocktail, der von Texten in mehreren Sprachen getragen wird, wie Wayo Waya , ihrem aktuellen, im April erschienenen Titel. Das Festival begeistert auch mit dem Australier Angus Store, dem Kopf einer leicht psychedelischen Blues-Rock-Band Dope Lemon (29.06.), sowie der traditionellen Musikformation Ak Dan Gwang Chil (27.07.) aus Korea und der malischen Erzählerin Fatoumata Diawara (28.07.), deren neues Album mit Damon Albarn aufgenommen wurde.

Au Tollhaus (Karlsruhe) du 22 juin au 6 août Im Tollhaus (Karlsruhe) vom 22. Juni bis 6. August tollhaus.de

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Par Von Julia Percheron – Photo de von Dope Lemon par von Daniel Mayne

Flow Riders

Electro et musiques du monde s’élèvent pour Contre-Temps. L’événement s’ouvre avec le groove hypnotique de Zeitgeist Freedom Energy Exchange (La Péniche Mécanique), mariant jazz et funk dans une étrange atmosphère de science-fiction. Les Pelouses Sonores reviennent au jardin des Deux Rives (18/06) avec un line-up 100% français, porté par le hip-hop teinté de soul de la Strasbourgeoise Lexy Walt. Enfin, les DJs Ben Sims et l’Autrichien Demula, adepte de deep house, clôturent le rendez-vous (Le Maillon, 24/06).

Elektro-und Worldmusic treffen sich bei Contre-Temps. Das Ereignis öffnet mit dem hypnotisierenden Groove von Zeitgeist Freedom Energy Exchange (La Péniche Mécanique), mit einer Mischung aus Jazz und Funk in einer bizarren ScienceFiction-Atmosphäre. Die Pelouses Sonores sind im Jardin des Deux Rives (18.06.) zurück mit einem 100% französischen Line-up, getragen vom mit Soul durchtränkten Hip-Hop der Straßburgerin Lexy Walt. Und schließlich runden die DJs Ben Sims und der Österreicher Demula, Verfechter des Deep House, das Festival ab (Le Maillon 24.06.).

À Strasbourg du 8 au 24 juin In Straßburg vom 8. bis 24. Juni contre-temps.net

Reggae time

Dans le Jura, sont célébrés les dix ans du No Logo Festival Talents new generation et grands noms de la sphère reggae internationale se relaient sur la Grande Scène, en commençant par Tiken Jah Fakoly (11/08). L’artiste militant performe Braquage de pouvoir, son dernier album, sorti en automne 2022. La légende Johnny Osbourne (13/08) fait aussi son grand retour, accompagné de tous nouveaux morceaux. Phénomène en Amérique latine, la pépite française aux influences dancehall Blaiz Fayah (12/08) est également de la partie.

Im Jura wird das zehnte Jubiläum des No Logo Festivals gefeiert. Talente der neuen Generation und große Namen der internationalen Reggae-Szene wechseln sich auf der großen Bühne ab, auf der Tiken Jah Fakoly (11.08.) den Auftakt gibt. Der militante Künstler performt Braquage de pouvoir, sein aktuelles, im Jahr 2022 erschienenes, Album. Die Legende Johnny Osbourne (13.08.) ist ebenfalls mit allen ihren neuen Stücken zurück. Mit von der Partie ist auch die französische Perle mit Dancehall-Einflüssen, Blaiz Fayah (12.08.), die in Lateinamerika ein Phänomen ist.

Aux Forges de Fraisans du 11 au 13 août

In den Forges de Fraisans vom 11. bis 13. August nologofestival.fr

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Un été festival Ein Festival-Sommer
Mixorama ©L'Œil de Rousseau

Un été festival Ein Festival-Sommer

› La Magnifique Society

Rema, Sofiane Pamart, Louise Attaque, Domi & JD Beck, Agar Agar, Zaho de Sagazan, Japanese Breakfast, etc. 23.-25.06., Reims lamagnifiquesociety.com

› 3-Länder-Stadt Festival

Jim Murple Memorial, La Nefera... 23.-24.06., Weil am Rhein 3lsf.eu

› Jardin du Michel

Papa Roach, Matmatah, Danakil, Skip the Use, Suzane, Mademoiselle K, Cali…

02.-04.06., Toul & Dommartin-lèsToul jardin-du-michel.fr

› Contre-Temps

Zeitgeist Freedom Energy Exchange, Shanti Celeste, Alex Kassian, Blue Note Café, Yasmine Stardust, Lexy Walt, Cheap House…

08.-24.06., Strasbourg contre-temps.net

› Vyv Festival

Angèle, Aya Nakamura, Jain, Cavetown, Gabriels, The Beths, Roméo Elvis, Vitalic, etc.

09.-11.06., Dijon vyvfestival.org

› Maifeld Derby

Phoenix, Interpol, Loyle Carner, Warpaint, Death Grips, Bat for Lashes, Noga Erez… 16.-18.06., Mannheim maifeld-derby.de

› Zeltival

Curtis Harding, Calexico, Dope Lemon, Meute, Michael Wollny Trio, Fatoumata Diawara & Band, Voodoo Jürgens & Die Ansa Panier, etc.

22.06.-06.08., Karlsruhe tollhaus.de

› Rencontres & Racines

Groundation, Ziller Bas, Tankus the Henge, Lupijeka, Tracy de Sà, Wax Taylor, Oete, Aldebert… 23.-25.06., Audincourt rencontresetracines.audincourt.com

› Stimmen Festival

Jacob Banks, Flèche Love, Marala, Juliana Grigoryan, Marie-Ange Nguci, Vieux Farka Touré, Zoe Wees, May The Muse, Zucchero… 23.06.-30.07., Lörrach, Riehen, Arlesheim, Binningen stimmen.com

› Les Eurockéennes

Indochine, Foals, Sigur Ròs, Skrillex, Lomepal, Niska, Orelsan, Kungs, 070 Shake, Pomme, etc. 29.06.-02.07., Belfort eurockeennes.fr

› Décibulles

Airbourne, Shame, M83, Lorenzo, Soja, John Butler, Izïa, Fakear, Ascendant Vierge, Tiakola… 07.-09.07., Neuve-Église decibulles.com

› Zelt-Musik-Festival

Siegfried & Joy, Jan Josef Liefers & Radio Doria, Joss Stone, Gilberto Gil, Berner Klaviertrio, Max Goldt, Katie Melua… 12.-30.07., Freiburg zmf.de

› Seayou Festival

Anfisa Letyago, Bliss, A.D.H.S., Liquid Soul, Alfred Heinrichs, Ann Clue, Lexy & K-Paul, Moguai, Stella Bossi, etc. 14.-16.07., Freiburg seayou-festival.de

› Summer Vibration Festival

The Congos, Inna De Yard, Gentleman, Naâman, Wax Tailor, Brother Culture, Green Cross, Ryon, Johnny Osbourne… 20.-23.07., Sélestat summervibration.com

› Das Fest

Alligatoah, Rea Garvey, Tones and I, Alyona Alyona, Toni Mogens, Vintage Trouble, Mola, Keine Revolte, etc. 20.-23.07., Karlsruhe dasfest.de

› Festival de la Paille

Ko Ko Mo, Bernard Laviliers, Dub inc., 47TER, Blend of Stones, Jack and the bearded fishermen, DJ Pone, etc. 28. & 29.07., Métabief festivalpaille.fr

› La Foire aux Vins d’Alsace Claudio Capéo, Zazie, Pierre de Maere, Soprano, Florent Pagny, The Jacksons, SCH, Shaka Ponk… 28.07.-06.08., Colmar foire-colmar.com

› No Logo Festival

Les Frères Smith, Chezidek & The Ligerians, Horace Andy & Dub Asante Band ft. Matic Horns, Cypress Hill, Protoje, Inna De Yard… 11.-13.08., Fraisans nologofestival.com

› Cabaret Vert, Calvin Harris, Damso, Hamza, Lomepal, The Chemical Brothers, Christine and the Queens, Dropkick Murphys, Juliette Armanet, Selah Sue, etc.

16.-20.08., Charleville-Mézières cabaretvert.com

› Watts A Bar

Mass Hysteria, Ludwig von 88, Les Wampas, Tiken Jah Fakoly, Highlight Tribe, L-Xir… 25. & 26.08., Bar-le-Duc wattsabar.fr

› Longevity

Gene on earth, Dauwd, Francesco Del Garda, Sugar Free, Truly Madly Sarcus Soundsystem, Narcotic Pony, Sunday Selector, etc.

25.-27.08., Strasbourg longevity-festival.com

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Un été festival Ein Festival-Sommer

Jazz pulsations

D’Avishai Cohen à Roberto Fonseca, en passant par Sarāb : en été, le jazz se vit en live, le temps de nombreux festivals permettant de revoir ses classiques et de se projeter dans l’avenir.

Von Avishai Cohen bis Roberto Fonseca über Sarāb: Im Sommer kann man Jazzmusik live erleben, dank zahlreicher Festivals, die es erlauben Klassiker zu genießen und zukünftige Stars zu entdecken.

Au 13e Wolfi Jazz Festival, les noms sont souvent attirants : le bassiste Marcus Miller (26/06), le contrebassiste Avishai Cohen (24/06) et la chanteuse Dee Dee Bridgewater (22/06) font ainsi figure de valeurs sûres. L’efficacité et le sens du groove, ascendant funk, du premier et le power trio du second ne manquent jamais d’impressionner. La troisième mettra toute son expérience de la scène et sa connaissance de l’histoire du jazz au service de la mémoire d’Ella Fitzgerald. Elle sera accompagnée par l’Amazing Keystone Big Band, orchestre français qui s’est fait la réputation de revisiter avec brio des œuvres incontournables. Plus inattendu, moins exposé et gratuit, le concert de Congé spatial (23/06) mérite le déplacement. Le pianiste Étienne Manchon transforme tout ce qu’il touche en réussite lyrique et

mélodique. Toujours généreux, son jeu alimente ici l’épopée volontiers planante, atmosphérique, de son duo avec Pierre Lapprand (sax). À quelques encablures de là, Jazz à la Petite France propose une programmation axée sur l’émergence. Un exemple ? Qui, en France, connaît le groove des compositions d’Emma Rawicz (16/07), saxophoniste ténor de 20 ans, déjà reconnue comme une révélation au Royaume-Uni après deux albums ? Incantatoire, percutante, sa musique tire vers le hard bop, l’afro-cubain et le funk. Le festival strasbourgeois est le seul, en France, à l’accueillir cet été.

Plus international que par le passé, le festival Au Grès du Jazz , a invité le pianiste cubain Roberto Fonseca (13/08), plus que jamais tourné vers son île dont il interprétera, en

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Au Grès du Jazz - Sarāb © Les Ouvriers de l’Image

orchestre, la musique des années folles. Autre big band, le Laurent Mignard Duke Orchestra (06/08) perpétue fidèlement, en spécialiste, l’héritage de Duke Ellington. L’occasion de retrouver, en live, la grande histoire du jazz. Mais, là encore, l’émergence a l’audace avec elle. Audace à laquelle les festivals doivent servir de mégaphone. Les six musiciens de Sarāb (12/08), groupe parisien cofondé par la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan et le guitariste Baptiste Ferrandis, mêlent dans une explosive inventivité le rock à l’esprit punk, le jazz psychédélique et les sonorités arabes. Sarāb commence un morceau. Vous pensez en connaître la direction, avant que ses interprètes n’explosent ce cadre et partent dans des directions inattendues. Décapant.

Bei der 13. Ausgabe des Wolfi Jazz Festival werden zahlreiche verlockende Namen angekündigt: Der Bassist Marcus Miller (26.06.), der Kontrabassist Avishai Cohen (24.06.) und die Sängerin Dee Dee Bridgewater (22.06.) sind feste Größen. Die Effizienz und der Sinn für Groove, die Funk-Anleihen des Ersten und das Power-Trio des Zweiten sind immer wieder beeindruckend. Die Dritte wird ihre gesammelte Bühnenerfahrung und ihre Kenntnisse der Jazzgeschichte ganz in den Dienst der Erinnerung an Ella Fitzgerald stellen. Sie wird von der Amazing Keystone Big Band begleitet werden, einem französischen Orchester, das sich mit der Neuinterpretation unumgänglicher Werke einen Namen gemacht hat. Überraschender, weniger bekannt und kostenlos ist das Konzert von Congé spatial (23.06.), das absolut einen Besuch wert ist. Der Pianist Étienne Manchon verwandelt alles, was er

anfasst in einen lyrischen und melodischen Erfolg. Sein stets großzügiges Spiel nährt hier den bewusst zum Träumen anregenden Epos seines Duos mit Pierre Lapprand (Saxophon). Einen Steinwurf entfernt, präsentiert Jazz à la Petite France ein Programm mit jungen Talenten. Ein Beispiel? Wer in Frankreich kennt den Groove der Kompositionen von Emma Rawicz (16.07.), Tenorsaxophonistin von 20 Jahren, die nach nur zwei Alben schon als die britische Entdeckung gehandelt wird? Ihre beschwörende, durchdringende Musik mit Tendenz zum Hard Bob, afro-kubanischer Musik und Funk kann man in diesem Sommer in Frankreich nur auf dem Festival in Straßburg hören.

Internationaler als früher hat das Festival Au Grès du Jazz den kubanischen Pianisten Roberto Fonseca (13.08.) eingeladen, der sich mehr als jemals zuvor seiner Insel widmet, von welcher er mit Orchester die Musik aus den wilden 1920er Jahren interpretiert. Eine weitere Bigband, das Laurent Mignard Duke Orchestra (06.08.) führt treu, als Spezialist, das Erbe von Duke Ellington fort. Die Gelegenheit live die große Geschichte des Jazz (wieder) zu entdecken. Aber auch hier beweisen die jungen Talente Kühnheit. Kühnheit, für die die Festivals als Megaphon dienen. Die sechs Musiker von Sarāb (12.08.), einer Gruppe aus Paris, die von der französisch-syrischen Sängerin Climène Zarkan und dem Gitarristen Baptiste Ferrandis gegründet wurde, mischt mit explosivem Einfallsreichtum den Rock mit Punk-Geist, Psychedelic Jazz und arabischen Klängen. Sarāb beginnt ein Stück. Sie glauben seine Richtung zu kennen, bevor die Interpreten diesen Rahmen sprengen und einen unerwarteten Weg einschlagen. Außergewöhnlich.

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Wolfi Jazz Festival - Congé spatial Wolfi Jazz Festival - Avishai Cohen © Andreas Terlaak

Un été festival Ein Festival-Sommer

Oh my jazz

À Sarrebruck, fill in – International Jazz Festival Saar combine légendes mondiales du genre et talents émergents de la nouvelle génération. In Saarbrücken kombiniert das fill in – International Jazz Festival Saar Legenden des Genres und junge Talente der neuen Generation.

Au cœur du gigantesque jardin franco-allemand de la Sarre, un rendez-vous teinté de blues se prépare. La soirée d’ouverture démarre en trombe avec le maestro Kenny Garrett (07/07). L’Américain vogue entre gospel, hip-hop et rythmes caribéens, profitant de l’occasion pour performer Sounds from the ancestors , son dernier album, pensé comme un véritable hommage aux géants du XX e siècle – Aretha Franklin, Marvin Gaye et Roy Hargrove pour ne citer qu’eux ! Le lendemain, la percussionniste française Anne Paceo ouvre le jazz aux musiques du monde, le mêlant à la pétillance de la pop, au folk et à l’electro. Dans le planant From shadow to light, l’un de ses nouveaux titres, elle diffuse un message féministe servi par un mélange de guitare, claviers et autre saxo, le tout saupoudré d’une voix aux inflexions presque chamaniques. Autres pépites à ne pas manquer : le jeune Léon Phal (09/07), prodigieux saxophoniste francosuisse combinant house, drum’n’bass et hard bop, mais aussi le batteur luxembourgeois Michel Meis (08/07), le guitariste John Scofield (09/07) et la superstar gitane Dorantes (07/07), capable de faire du flamenco… au piano !

Im Herzend es riesigen deutsch-französischen Gartens in Saarbrücken bereitet sich ein Rendezvous mit Blues-Noten vor. Der Eröffnungsabend braust los mit dem Maestro Ken-

ny Garrett (07.07.). Der Amerikaner segelt zwischen Gospel, Hip-Hop und karibischen Rhythmen und nutzt die Gelegenheit, um sein aktuelles Album Sounds from the ancestors vorzustellen, eine echte Hommage an die Giganten des 20. Jahrhunderts – darunter Aretha Franklin, Marvin Gaye und Roy Hargrove um nur einige zu nennen! Am folgenden Tag öffnet die französische Schlagzeugerin Anne Paceo den Jazz zur Weltmusik hin, indem sie ihn mit prickelndem Pop, Folk und Elektromusik mischt. Im schwebenden From shadow to light, einem ihrer neuen Titel, vermittelt sie eine feministische Botschaft, die von einer Mischung aus Gitarre, Keyboard und Saxophon unterstrichen wird, das ganze bestreut mit einer Stimme, die fast schamanistische Anklänge hat. Weitere Highlights, die man nicht verpassen darf: Der junge Léon Phal (09.07.), ein wunderbarer französisch-schweizerischer Saxophonist, der House, Drum’n’bass und Hard Bop kombiniert, aber auch der luxemburgische Schlagzeuger Michel Meis (08.07.), der Gitarrist John Scofield (09.07.) und der andalusische Superstar Dorantes (07.07.), der dazu fähig ist Flamenco am… Klavier zu spielen!

Dans le jardin franco-allemand (Sarrebruck) du 7 au 9 juillet Im Deutsch-französischen Garten (Saarbrücken) vom 7. bis 9. Juli fillin-festival.de

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Par Von Julia Percheron – Photos de von Sylvain Gripoix, Anna Yatskevich, Mathias Clauson Anne Paceo Kenny Garrett Léon Phal

› Festival Jazz Manouche

Di Mauro Swing, Le Chinois, Un Soir de Swing, Le Manouche et les Raymonds 03. & 04.06, Issenheim festivaljazzmanouche.org

› Jazzdor Strasbourg-Berlin-Dresden

Clément Janinet, Christophe Monniot, Olivier Lété, Sylvain Rifflet & Jon Irabagon, Musina Ebobissé 5et, Naïssam Jalal 06.-11.06, Berlin & Dresde jazzdor.com

› Wolfi Jazz

Avishai Cohen Trio, Franck Wolf & Mieko Miyazaki 6tet, Hugo Diaz Quartet, Mansfarroll & Campana Project, Marcus Miller

22.-26.06, Wolfisheim wolfijazz.com

› fill in – International Jazz Festival Saar

John Scofield, Kenny Garrett, Dorantes, Léon Phal, Anne Paceo & Michel Meis

06.-09.07, Sarrebruck fillin-festival.de

› Jazz à la Petite France

Jacopo Costa, Bal Perdu, Subconscious trio, Fuz 4tet, Emma Rawicz, Jas Kayser 13.-16.07, Strasbourg jazzalapetitefrance.com

› Jazzopen

Melody Gardot, Snarky Puppy, Marius Neset, Carl Verheyen Band, LP, Beth Hart, Harold López-Nussa 13.-23.07, Stuttgart jazzopen.com

› Au Grès du Jazz

Loco Cello, Bireli Lagrene, Thomas Dutronc, Robin McKelle, Rhoda Scott Lady Quartet, Seasek 05.-13.08, La Petite Pierre festival-augresdujazz.com

› Festival météo

Musho, Ben Lamar Gay, Sakina Abdou, Maria Chavez, Evicshen, Damon Locks, The Hatch 23.-26.08, Mulhouse festival-meteo.fr

Summer symphonies

La cuvée 2023 des festivals classiques s’annonce prometteuse. Sélection de quelques rendez-vous immanquables.

Der Jahrgang 2023 der Klassikfestivals kündigt sich vielversprechend an. Auswahl einiger Termine, die man nicht verpassen darf.

Si certaines grosses machines marquent l’été – à l’image des germaniques Ludwigsburger Schlossfestspiele qui accueillent notamment un concert multimédia événement de Barbara Hannigan (24/06) – on préfèrera se concentrer sur des propositions plus intimes, charmantes échappées chambristes. Pensons, par exemple, à Musicalta, à la fois académie classique et festival à Rouffach, qui programme notamment le génial Quatuor Sine Nomine (22/07) ou l’helvète Solsberg Festival, pour lequel la violoncelliste star Sol Gabetta rassemble des amis, comme la sensationnelle violoniste Isabelle Faust dans

un programme en trio dédié à Beethoven (30/06). Une similaire exigence artistique irrigue le Festival de Wissembourg, réunissant des pointures comme le Quatuor Zemlinsky (30 & 31/08). Mention spéciale au mignonnet Festival de la serre de Cary Potet, se déroulant dans un cadre atypique et enchanteur (Buxy) et à Musique & Vin au Clos Vougeot, qui est l’occasion de la rencontre entre des musiciens de haut niveau (Nikolaj Znaider, Gautier Capuçon, Jean-Yves Thibaudet, Yo-Yo Ma, etc.) et des vignerons bourguignons.

L’été est par ailleurs propice à la plongée dans des sonorités préromantiques :

parmi de nombreuses propositions, mentionnons le Festival de Musique baroque du Jura avec deux intenses week-ends – où l’on pourra découvrir l’immense Marc Minkow-ski et ses Musiciens du Louvre – et le Festival des Abbayes en Lorraine, nous emportant De la nuit à l’aurore avec notamment un concert méditatif dédié à l’œuvre d’Arvo Pärt (12/08). Enfin, signalons Musique et Mémoire dans les Vosges du Sud qui fête son 30e anniversaire. Autre point fort de l’été, une galaxie organistique se déploie, en Alsace principalement, avec deux événements dédiés à l’instrument : le Festival de Masevaux propose une Ode à la joie (avec Emma-

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Festival des Abbayes en Lorraine - Les Traversées Baroques © Édouard Barra

nuel Arakélian et le contre-ténor Julien Freymuth pour des musiques mariales de l’ère baroque, 20/08), tandis que la saison 7 de Stras’Orgues fait vivre le patrimoine exceptionnel de la capitale européenne.

Ce rapide tour d’horizon s’achève avec quelques embardées lyriques du côté de la Forêt-Noire grâce au Festival Rossini de Bad Wildbad – du classique Il Barbiere di Siviglia (15-21/07) au rare Il signor Bruschino (14-23/07). N’oublions pas le Festival Lyrique de Montperreux, qui accueille l’extraordinaire mezzo Karine Deshayes (07/07). Enfin, gros coup de cœur pour La Voix des Forges manifestation poétique et bucolique se déployant dans le cadre surprenant d’un ancien site industriel, les Forges de Jaegerthal, avec une Grande Duchesse de Gerolstein (15 & 16/07) qui va surprendre.

Während einige Großveranstaltungen den Sommer beherrschen – wie die Ludwigsburger Schlossfestspiele, die insbesondere ein Multimediakonzert von Barbara Hannigan (24.06.) empfangen – ziehen wir es vor uns auf intimere Termine zu konzentrieren, charmante Momente der Kammermusik. Man denke, zum Beispiel an Musicalta , gleichzeitig Klassik-Akademie und Festival in Rouffach, das das geniale Quatuor Sine Nomine (22.07.) programmiert oder das Solsberg Festival in der Schweiz für das die Star-Cellistin Sol Gabetta Freunde zusammenbringt, wie die sensationelle Violinistin Isabelle Faust, in einem TrioProgramm, das Beethoven gewidmet ist (30.06.). Ein ähnlich hoher künstlerischer Anspruch prägt das Festival de Wissembourg, das große Namen wie das Quatuor Zemlinsky (30. & 31.08.) einlädt. Eine besondere Erwähnung gebührt dem süßen Festival de la serre de Cary Potet, das in einem atypischen Rahmen stattfindet und das bezaubernde Musique & Vin au Clos Vougeot, welches die Gelegenheit bietet, Musiker von höchstem Niveau zu treffen (Nikolaj Znaider, Gautier Capuçon, Jean-Yves Thibaudet, Yo-Yo Ma, etc.) und Winzer aus dem Burgund.

Der Sommer ist auch die passende Saison, um in präromantische Tonwelten einzutauchen: Unter den zahlreichen Angeboten ist das Festival de Musique

baroque du Jura mit zwei intensiven Wochenenden zu erwähnen – bei denen man den großen Marc Minkowsk und seine Musiker aus dem Louvre entdecken kann – und das Festival des Abbayes en Lorraine, das uns Von der Nacht bis zum Morgengrauen entführt, insbesondere mit einem meditativen Konzert, das dem Werk von Arvo Pärt (12.08.) gewidmet ist. Und schließlich vergessen wir nicht Musique et Mémoire in den Südvogesen, das sein 30jähriges Jubiläum feiert. Ein weiterer Höhepunkt des Sommers entfaltet sich in der Galaxie der Organisten, mit zwei großen Ereignissen im Elsass: Das Festival de Masevaux präsentiert eine Ode à la joie (mit Emmanuel Arakélian und dem Kontertenor Julien Freymuth für Musik rund um den Marienkult in der Barockzeit) während die 7. Ausgabe von Stras’Orgues das außergewöhnliche

Kulturerbe der europäischen Hauptstadt zum Klingen bringt.

Dieser schnelle Streifzug endet mit einigen Opernausflügen in Richtung Schwarzwald, dank des Festivals Rossini in Bad Wildbad – vom Klassischen Il Barbiere di Siviglia (15.-21.07.) zum seltenen Il signor Bruschino (14.23.07.). Vergessen wir nicht das Festival Lyrique de Montperreux, das die außergewöhnliche Mezzosopran Karine Deshayes (07.07.) empfängt. Und schließlich schlägt unser Herz für La Voix des Forges eine poetische und ländliche Veranstaltung, die sich im überraschenden Rahmen eines ehemaligen Industriegeländes abspielt, den Forges de Jaegerthal, mit einer Grande Duchesse de Gerolstein (15. & 16.07.), die überraschen wird.

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© Nicolas Maget Musique et Mémoire - Ensemble Masques

Colmar reloaded

Après le long mandat de Vladimir Spivakov, le Festival international de Colmar s’offre une nouvelle jeunesse. Rencontre avec le chef d’orchestre Alain Altinoglu, son directeur artistique.

Nach der langen Amtszeit von Vladimir Spivakov schenkt sich das Festival international de Colmar eine neue Jugend. Begegnung mit dem Dirigenten Alain Altinoglu, seinem neuen künstlerischen Leiter.

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Ein
été festival
Festival-Sommer
Par Von Hervé Lévy – Photo de von Marco Borggreve

Directeur musical du HR-Sinfonieorchester Frankfurt et du Théâtre royal de la Monnaie (Bruxelles), vous programmez votre première édition du festival : quelle dynamique souhaitez-vous impulser ?

Je vais essayer de bâtir un festival à mon image [rires], un événement joyeux, qui s’adresse au public le plus large possible, tout en restant extrêmement exigeant artistiquement. Mon désir est aussi de développer des formats nouveaux, comme la Colmar Symphonic Mob (08/07) où les amateurs jouent des tubes du classique avec les professionnels.

Vous avez aussi choisi de mêler musique et gastronomie avec un concert “éveil des sens” (06/07, voir page 96) : de quoi s’agit-il ?

J’ai convié le chef étoilé Éric Girardin à offrir au public son interprétation d’un programme fait de deux pages de Moussorgski – l’ouverture de La Khovanchtchina et ses célèbres Tableaux d’une exposition  – et du Concerto pour violon de Khatchatourian. Il proposera de petites bouchées à déguster en écoutant les œuvres, entrant en résonance avec elles.

Le festival propose toujours trois horaires et trois lieux (Koïfhus à 12h30, Théâtre municipal à 18h et Église SaintMatthieu à 20h30)…

Dans la première série de concerts, j’ai souhaité faire découvrir de jeunes artistes du Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris, où j’enseigne, tandis que la seconde est dédiée au répertoire chambriste. La soirée est consacrée au grand orchestre. J’ai par ailleurs voulu dresser des ponts entre les concerts dans une même journée.

Qu’entendez-vous par là ?

Prenons un exemple : vendredi 7 juillet à 18h, le pianiste Cédric Tiberghien et Éric Génovese, de la Comédie française, interprètent Enoch Arden, un mélodrame de Richard Strauss, tandis qu’à 20h30 on pourra entendre une autre rareté du compositeur, son Concerto pour hautbois, par l’immense François Leleux.

Votre programmation est d’un grand éclectisme…

Je souhaite en effet présenter le répertoire le plus large possible, allant du baroque à la musique contemporaine : l’Academy of St Martin in the Fields fera, par exemple, dialoguer Jean-Sébastien Bach et Michael Tippett (12/07). Le plus important demeure l’adéquation entre l’interprète et l’œuvre : je vais ainsi ouvrir le festival avec mon orchestre de Francfort par la Symphonie n°4 de Mahler (05/07), un compositeur qui est dans son ADN, puisqu’il en a enregistré une intégrale marquante dans les années 1980 sous la baguette d’Eliahu Inbal.

Musikalischer Direktor des HR-Sinfonieorchesters Frankfurt und des Théâtre royal de la Monnaie (Brüssel), nun programmieren Sie ihr erstes Festival: Welche Dynamik wollen Sie diesem verleihen?

Ich werde versuchen ein Festival aufzubauen, das mir entspricht [lacht], ein fröhliches Ereignis, das sich an das größt-

mögliche Publikum wendet und dabei gleichzeitig künstlerisch sehr anspruchsvoll bleibt. Mein Wunsch ist es auch neue Formate zu entwickeln, wie den Colmar Symphonic Mob (08.07.) bei dem Laien mit Profis Hits der Klassik spielen.

Sie haben sich auch dazu entschieden Musik und Gastronomie zu vermischen mit dem Konzert „Sinneserweckung“ (06.07.): Worum geht es?

Ich habe den Sternekoch Éric Girardin dazu eingeladen dem Publikum seine Interpretation eines Programms aus zwei Seiten von Mussorgski – die Ouvertüre von Die Fürstin Chowanski und seine berühmten Bilder einer Ausstellung – und des Violinkonzerts von Chatschaturjan zu liefern. Er wird kleine Häppchen anbieten, die man verkostet, während man die Werke hört, mit denen sie in Einklang stehen.

Das Festival bietet immer drei Uhrzeiten und drei Orte an (Koïfhus um 12:30 Uhr, Théâtre municipal um 18 Uhr und Église Saint-Matthieu um 20:30 Uhr)…

In der ersten Konzertreihe wollte ich junge Künstler des Conservatoire national Supérieur de Musique et de Danse aus Paris präsentieren, wo ich lehre, während die zweite dem Kammermusik-Repertorium gewidmet ist. Der Abend ist dem großen Orchester vorbehalten. Außerdem wollte ich Brücken zwischen den verschiedenen Konzerten eines Tages schlagen.

Was verstehen Sie darunter?

Nehmen wir ein Beispiel: Am Freitag den 7. Juli um 18 Uhr interpretieren der Pianist Cédric Tiberghien und Éric Génovese von der Comédie française Enoch Arden, ein Melodrama von Richard Strauss, während man um 20:30 Uhr eine andere Rarität des Komponisten hören kann, sein Konzert für Oboe mit dem großen François Leleux.

Ihr Programm ist von großem Eklektizismus geprägt... Ich möchte in der Tat ein Repertorium präsentieren, das so breitgefächert wie möglich ist, von der Barockmusik bis zum Zeitgenössischen: Die Academy of St Martin in the Fields wird zum Beispiel einen Dialog zwischen Johann Sebastian Bach und Michael Tippett (12.07.) herstellen. Das Wichtigste bleibt die Übereinstimmung zwischen dem Interpreten und dem Werk: Ich werde das Festival mit meinem Frankfurter Orchester mit der 4. Sinfonie von Mahler (05.07.) eröffnen, einem Komponisten, den es in seiner DNA trägt, da es in den 1980er Jahren eine bemerkenswerte Gesamteinspielung unter der Leitung von Eliahu Inbal aufgenommen hat.

Au Koïfhus, au Théâtre municipal et en l’Église Saint-Matthieu du 5 au 14 juillet

Im Koïfhus, im Théâtre municipal und in der Église Saint-Matthieu vom 5. bis 14. Juli festival-colmar.com

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Un été festival Ein Festival-Sommer

Douce France

Célébrant les 60 ans du Traité de l’Élysée scellant l’amitié franco-allemande, le Festival de Musique de Sarre prend pour thème Esprit Paris.

Zur Feier des 60jährigen Jubiläums des Elysée-Vertrages, der die deutsch-französische Freundschaft bekräftigte, stehen die Musikfestspiele Saar unter dem Motto Esprit Paris.

S’ouvrant avec la Maîtrise de Notre-Dame de Paris (03/06), le festival prend l’accent français. S’y produisent des musiciens d’exception à l’image du pianiste Jean-Yves Thibaudet – pour un récital Debussy dont il est aujourd’hui un des plus grands interprètes au monde (23/06) – ou du flûtiste Emmanuel Pahud pour une échappée chambriste du côté de Fauré, Franck et Poulenc (en compagnie d’Éric le Sage au clavier, 26/06). Notons aussi la présence de l’Orchestre Colonne sur la grande scène flottante du Jardin franco-allemand de Sarrebruck pour un programme 100% Beethoven (18/06), ou de l’Insula orchestra de Laurence Equilbey avec quelques douceurs mozartiennes (09/06). Quant au Saarländische Staatsorchester, il explore les séductions du Requiem de Fauré sous la baguette de son directeur musical, Sébastien Rouland, dans la grandiose cathédrale industrielle Alte Schmelz de Sankt Ingbert (02/07). L’œuvre sera reprise en clôture dans le cadre symbolique de Notre-Dame de Verdun, accompagnée de la Symphonie n°3 “avec orgue” de Saint-Saëns (15/07, concert gratuit).

Das Festival, das mit der Maîtrise de Notre-Dame de Paris (03.06.) eröffnet, nimmt französische Akzente an. Es treten Ausnahmemusiker auf, wie der Pianist

Jean-Yves Thibaudet – für ein Debussy-Konzert, zu dessen weltweit besten Interpreten er heute gehört (23.06.) – oder der Flötist Emmanuel Pahud für einen Ausflug in die Kammermusik von Fauré, Franck oder Poulenc (in Begleitung von Éric le Sage am Klavier, 26.06.). Zu erwähnen ist auch die Präsenz des Orchestre Colonne auf der Großen Seebühne des Deutsch-französischen Gartens in Saarbrücken für ein 100% Beethoven-Programm (18.06.) oder jene des Insula Orchestras von Laurence Equilbey mit einigen sanften Stücken von Mozart (09.06.). Das Saarländische Staatsorchester seinerseits erkundet das verführerische Requiem von Fauré unter der Leitung seines musikalischen Direktors Sébastien Rouland, in der grandiosen industriellen Kathedrale Alte Schmelz in St. Ingbert (02.07.). Das Werk wird zum Abschluss im symbolträchtigen Rahmen von Notre-Dame de Verdun wiederaufgenommen, in Begleitung der Symphonie n°3 “mit Orgel” von Saint-Saëns (15.07., kostenloses Konzert).

À Sarrebruck et dans la Sarre (Völklingen, St. Wendel, Saarlouis…) du 3 juin au 15 juillet In Saarbrücken und im Saarland (Völklingen, St. Wendel, Saarlouis…) 3. Juni bis 15. Juli musikfestspielesaar.de

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Par Von Hervé Lévy – Photos de von Studio J'adore ce que vous faites ! / OnP & de von Julien Mignot Académie de l’Opéra national de Paris Quatuor Ébène

Un été festival Ein Festival-Sommer

Pour La Capitale d’Été, le Festspielhaus de Baden-Baden accueille les étoiles du classique avec Yannick Nézet-Séguin comme figure de proue.

Für La Capitale d’Été empfängt das Festspielhaus Baden-Baden die Sterne der Klassik mit Yannick Nézet-Séguin als Galionsfigur.

Le Festspielhaus célèbre son 25e anniversaire de la plus belle des manières. L’institution a en effet convié Yannick Nézet-Séguin et son Orchestre du Met pour un programme 100% Berlioz (avec la mezzo Joyce DiDonato, 01/07) – compositeur qui inventa le concept de festival à BadenBaden. Au cours d’une autre soirée centrée sur Shakespeare, en compagnie cette fois de la divine soprano Angel Blue, les mêmes donneront des pièces du jeune compositeur Matthew Aucoin (02/07). Le programme de ce festival d’été, dont le chef canadien à la musicalité à fleur de peau est le moteur, puisqu’il est de tous les rendez-vous, se poursuit notamment avec la fin de l’intégrale des symphonies de Brahms, initiée l’an passé par le Chamber Orchestra of Europe (07/07). Parmi cette brassée de concerts, notre préféré demeure celui proposé en clôture, où la violoniste Lisa Batiashvili donne le Concerto de Brahms, pièce d’un romantisme luxuriant qui entre en résonance avec la Symphonie n°1 de Louise Farrenc, contemporaine du compositeur allemand dont on retrouve le génie après de (trop) longues années d’oubli.

Das Festspielhaus feiert sein 25jähriges Jubiläum auf die schönste Art und Weise. Die Institution hat in der Tat Yannick Nézet-Séguin und sein MET Orchestra für ein Programm mit 100% Berlioz eingeladen (mit der Mezzosopra-

nistin Joyce DiDonato, 01.07.) – dem Komponisten, der das Konzept des Festivals in Baden-Baden erfand. Im Laufe eines weiteren Abends rund um Shakespeare, diesmal in Begleitung der göttlichen Sopranistin Angel Blue, werden dieselben Werke des jungen Komponisten Matthew Aucoin (02.07.) darbieten. Das Programm dieses Sommerfestivals, dessen Motor der kanadische Dirigent mit seiner extrem sensiblen Musikalität ist, der an allen Terminen teilnimmt, setzt sich insbesondere fort mit dem Ende des Brahms-Zyklus, den er im vergangenen Jahr mit dem Chamber Orchestra of Europe begonnen hat (07.07.). Unter der Vielzahl von Konzerten ist unser Favorit jenes, das zum Abschluss angeboten wird, in dem die Geigerin Lisa Batiashvili das Violinkonzert von Brahms spielt, ein Stück von blühender Romantik, das in Einklang mit der 1. Sinfonie von Louise Farrenc tritt, eine Zeitgenossin des deutschen Komponisten, deren Genie nach (zu) langen Jahren der Vergessenheit wiederentdeckt wird.

Au Festspielhaus (Baden-Baden) du 1er au 9 juillet Im Festspielhaus (Baden-Baden) vom 1. bis 9. Juli festspielhaus.de

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Stars
Par Von Hervé Lévy – Photo de von Hans van der Woerd

Lyric

Le 41e Festival international d’opéra baroque & romantique de Beaune a convié du beau monde comme William Christie et ses Arts Florissants pour Didon et Énée de Purcell (23/07). Notons aussi le second opus d’une Nouvelle Symphonie de Rameau (29/07) par les Musiciens du Louvre. Déplorant que le compositeur n’ait jamais écrit ce type de pièce orchestrale – il avait des excuses car le genre n’avait pas encore été inventé –, Marc Minkowski en a (re)composé une avec ses plus belles pages d’orchestre, issues de ballets et opéras.

Das 41. Internationale Festival für barocke & romantische Oper in Beaune ist in bester Gesellschaft, mit Gästen wie William Christie und seinen Arts Florissants für Dido und Aeneas von Purcell (23.07.). Hervorzuheben ist auch das zweite Werk einer Nouvelle Symphonie von Rameau (29.07.) mit den Musikern des Louvre. Da er bedauerte, dass der Komponist nie ein derartiges Orchesterstück geschrieben hat – er hatte eine Entschuldigung, da die Gattung noch nicht erfunden war – komponierte Marc Minkowski eins, ausgehend von seinen schönsten Orchesterseiten aus Balletten und Opern.

À Beaune du 7 au 30 juillet In Beaune vom 7. bis 30. Juli festivalbeaune.com

Baroquissimo

Le 26e Festival de musique baroque et sacrée de Froville rassemble un plateau étincelant, avec notamment Jeanine de Bique (en photo) et le Concerto Köln autour de Haendel, Vinci et Graun (18/06), et Blandine de Sansal faisant découvrir Anna Giraud, la muse de Vivaldi (30/06).

Das 26. Festival für Barock-und Sakralmusik in Froville vereint die Besten des Genres, darunter Jeanine de Bique (siehe Photo) und das Concerto Köln rund um Haendel, Vinci und Graun (18.06.) sowie Blandine de Sansal, die zur Entdeckung von Anna Giraud einlädt, der Muse von Vivaldi (30.06.).

À Froville du 3 juin au 9 juillet In Froville vom 3. Juni bis 9. Juli festivaldefroville.com

Diversity

L’Orchestre national de Metz Grand Est dirigé par David Reiland (20/06, en photo), Les Métaboles chantant notamment le Salve Regina de Charpentier (28/06) ou encore des Suites pour violoncelle de Bach par Emmanuelle Bertrand (06/07) : la 34e édition des Flâneries musicales de Reims s’annonce dense et multiple. Das Orchestre national de Metz Grand Est unter der Leitung von David Reiland (20.06., siehe Photo), Les Métaboles, die unter anderem das Salve Regina von Charpentier (28.06.) singen oder auch die Suiten für Violoncello von Bach mit Emmanuelle Bertrand (06.07.): Die 34. Ausgabe der Flâneries musicales de Reims kündigt sich dicht und vielfältig an. À Reims du 15 juin au 12 juillet In Reims vom 15. Juni bis 12. Juli flaneriesreims.com

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festival Ein Festival-Sommer
© Marco Borggreve © Christophe Urbain

› Ludwigsburger Schlossfestspiele

David Fray, Barbara Hannigan, Alexandre Kantorow

Jusqu’au Bis 16.07., Ludwigsburg schlossfestspiele.de

› Festival de Froville

Max Emanuel Cencic, Jean Rondeau, Paul Lay Trio 03.06.-09.07., Froville festivaldefroville.com

› Musikfestspiele Saar

Maîtrise de Notre-Dame de Paris, Laurence Equilbey, Pierre Genisson, Insula orchestra, Quatuor Ébène, Éric le Sage 03.06.-15.07., Saarbrücken et alentours und Umgebung musikfestspielesaar.de

› Festival de musique baroque du Jura

Marc Minkowski, Les Musiciens du Louvre, Salomé Haller 09.-18.06., Saint-Claude, Moiransen-Montagne, etc. festival-musique-baroque-jura.com

› Flâneries musicales de Reims

Le Poème Harmonique, Emmanuelle Bertrand, Les Métaboles, Orchestre symphonique de la Garde Républicaine 15.06.-12.07., Reims flaneriesreims.com

› Musique & Vin au Clos Vougeot

Nikolaj Znaider, Gautier Capuçon, JeanYves Thibaudet, Yo-Yo Ma 24.06.-02.07., Clos Vougeot musiqueetvin-closvougeot.com

› Solsberg Festival

Sol Gabetta, Isabelle Faust, Veronika Eberle, Franco Fagioli 29.06.-07.07., Olsberg solsberg.ch

› La Capitale d’Été

Yannick Nézet-Séguin, Orchestre du Met, Joyce DiDonato, Chamber Orchestra of Europe, Lisa Batiashvili 01.-09.07., Festspielhaus (BadenBaden) festspielhaus.de

› Festival international de Colmar Alain Altinoglu, Alexandre Kantorow, Cédric Tiberghien, Orchestre national du Capitole de Toulouse, Grigory Sokolov 05.-14.07., Colmar festival-colmar.com

› Festival lyrique de Montperreux

Marie-Ange Todorovitch, Karine Deshayes, Pierre Genisson 07.-15.07., Montperreux festival-montperreux.org

› Festival de Meursault

Quito Gato, Romain Lecuyer, Mariana Florès 07.-16.07., Meursault musique-meursault.fr

› La Voix des Forges

Ivan Solano, Opéra des industries 07.-16.07., Forges de Jaegerthal (Niederbronn-les-Bains) lavoixdesforges.com

› Nancyphonies

Jean-François Zygel, André Manoukian, Hugues Leclère, Ingmar Lazar 07.-22.07., Nancy nancyphonies.com

› Festival d’opéra baroque & romantique

Les Arts Florissants, William Christie, Gabrieli Consort and Players, Paul McCreesh, Ensemble Matheus, Jean-Christophe Spinosi

07.-30.07., Beaune festivalbeaune.com

› Festival des Abbayes en Lorraine

Les Cris de Paris, L’Achéron, Les Traversées baroques 08.07.-01.09., Moyenmoutier, Étival, Senones, etc. festivaldesabbayeslorraine.com

› Festival de la serre de Cary Potet Quintet Brazilian Stories, Emmanuelle Troy 13.-15.07., Buxy festival-serre-de-cary-potet.com

› Festival Rossini

Antonino Fogliani, Raúl Giménez, Filippo Morace 14.-23.07., Bad Wilbad rossini-in-wildbad.de

› Musique et mémoire

Les Timbres, Le Poème harmonique, Comet Musicke

15.-30.07., Vosges du Sud Südvogesen musetmemoire.com

› Musicalta

Quatuor sine Nomine, Vincent Le Texier, Guillaume Bellom

22.07-09.08., Pays de Rouffach musicalta.com

› Festival d’orgue de Masevaux

Orchestre symphonique de Mulhouse, Alexandra Soumm, Olivier Wyrwas, Julien Freymuth

23.07-20.08., Masevaux festivalorguemasevaux.com

› Festival d’O

Geneviève Laurenceau, Tanguy de Williencourt, Michael Alizon, Quatuor Hermès 24.-30.07., Obernai festivalmusiqueobernai.com

› Festival de Fénétrange

Stéphanie d’Oustrac, Kerson Leong, violon, Anne Queffélec, Jonathan Fournel 05.08.-14.10., Fénétrange festival-fenetrange.org

› Fort en musique

Samuele Telari, Alex Vizorek, Cuarteto Lunares

18.-20.08., Territoire de Belfort fortenmusique.com

› Festival international de Wissembourg

Trio Argenta, Nikita Mndoyants, Quatuor Zemlinsky, Christoph Croisé, Trio Miroir

19.08.-03.09., La Nef (Wissembourg) wissembourg-festival.com

› Stras’Orgues

Vincent Dubois, Thomas Bloch, Julien Freymuth, Voix de Stras’ 20.-27.08., Strasbourg strasorgues.fr

› Voix et Route Romane

Cappella Mariana, Ars Choralis Coeln, Dialogos, Alla Francesca, Doulce Mémoire

26.08.-17.09., Route romane d’Alsace voix-romane.com

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Elements

Le Feu et l’Eau  : la thématique de la saison 2023 des Staatliche Schlösser und Gärten fait se déchainer les éléments.

Feuer und Wasser: Das diesjährige Themenjahr der Staatlichen Schlösser und Gärten entfesselt die Elemente.

Regroupant, sous une administration unique, plus de soixante sites d’exception du Bade-Wurtemberg – châteaux, jardins, couvents et autres joyaux –, les Staatliche Schlösser und Gärten proposent chaque année une programmation se déployant autour d’une thématique. Après l’exotisme en 2021, amour, désir et passion, l’année passée, l’eau et le feu sont au centre du propos. Dans la résidence d’été des princes-électeurs du Palatinat de Schwetzingen, l’onde structure le jardin avec bassins, cascades et autres fontaines grâce à deux usines hydrauliques. S’y découvre aussi une allégorie du feu sous les traits de Pluton, le dieu des enfers, accompagné de son chien Cerbère. On pourrait multiplier les exemples de la présence des deux éléments, que ce soit au monastère de Maulbronn – avec son fantastique système d’irrigation – ou sur le site de la Heuneburg (en photo), exceptionnelle ville celtique, mais les pages de ce magazine n’y suffiraient pas… Le plus simple étant évidemment de partir à la découverte de ces lieux féériques.

Die Staatlichen Schlösser und Gärten, die mehr als sechzig außergewöhnliche Orte in Baden-Württemberg vereinen – Schlösser, Gärten, Klöster und andere

Schmuckstücke – bieten jedes Jahr zahlreiche Veranstaltungen im Rahmen eines Themenjahres an. Nach der Exotik im Jahr 2021, Liebe, Lust und Leidenschaft im vergangenen Jahr, stehen nun Feuer und Wasser im Fokus. In der Sommerresidenz der Kurfürsten in Schwetzingen strukturiert die Welle den Garten mit Becken, Wasserfällen und Springbrunnen, dank zweier historischer Hydraulik-Installationen. Man entdeckt auch eine Allegorie des Feuers mit den Zügen von Pluton, dem Höllengott, in Begleitung seines Hundes Kerberos. Man könnte zahlreiche Beispiele für die Präsenz der beiden Elemente aufführen, ob im Kloster Maulbronn – mit seinem phantastischen Bewässerungssystem – oder in der Anlage der Heuneburg (siehe Photo), einer außergewöhnlichen Keltenstadt, aber dazu würden die Seiten dieses Magazins nicht ausreichen… Am einfachsten ist es natürlich, zur Entdeckung dieser märchenhaften Orte aufzubrechen.

Dans le réseau des Staatliche Schlösser und Gärten du Bade-Wurtemberg jusqu’à la fin de l’année Im Netzwerk der Staatlichen Schlösser und Gärten Baden-Württemberg bis zum Jahresende schloesser-und-gaerten.de

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Par Von Raphaël Zimmermann – Photo de von Günther Bayerl

Living in the Past

Dans le cadre des 14e Journées européennes de la discipline, Archéologie Alsace organise un week-end dédié aux Âges des métaux.

Im Rahmen der 14. Europatage der Disziplin organisiert Archéologie Alsace ein Wochenende, das den Metallzeitaltern gewidmet ist.

Une plongée dans le passé et plus précisément dans la protohistoire et ses Âges des métaux (Cuivre, Bronze et Fer) : voilà ce qui est proposé au plus large public – enfants bienvenus – deux jours durant. Allant à la rencontre d’Archéologie Alsace, établissement public essentiel du secteur, les visiteurs ont la possibilité de suivre le parcours d’un objet, de sa découverte dans le sol à son identification, appréhendant la diversité des métiers intervenant dans ce processus. Ateliers de fouilles – permettant, par exemple, de partir à la recherche d’un four de potier de l’Âge du Fer – et autres reconstitutions (avec notamment un atelier de tournage et de cuisson de céramiques) garantissent une immersion des plus réalistes. On ne manquera pas non plus la visite de l’exposition Jours ordinaires il y a 3 millénaires, qui présente

le quotidien de nos ancêtres de la fin de l’Âge du Bronze vu par le prisme des découvertes réalisées dans la région, entre agriculture, élevage, artisanat et relations humaines.

Ein Sprung in die Vergangenheit, genauer gesagt in die Urgeschichte und die Metallzeitalter (Kupfer, Bronze und Eisen): Das wird dem breiten Publikum – Kinder herzlich willkommen – zwei Tage lang angeboten. Die Besucher, die bei Archéologie Alsace, einer essentiellen öffentlichen Einrichtung des Sektors, die Möglichkeit haben der Laufbahn eines Objekts zu folgen, von der Entdeckung im Boden bis zu seiner Identifizierung, lernen die Vielfalt der Berufe im Laufe dieses Prozesses kennen. Ausgrabungsateliers – die es zum Beispiel erlauben nach einem Töpferofen aus der Eisenzeit zu suchen

– und andere Rekonstitutionen (insbesondere mit einem Drechsleratelier und Keramikbrennen) garantieren eine realistische Erfahrung. Nicht verpassen sollte man den Besuch der Ausstellung Alltag vor dreitausend Jahren , die das tägliche Leben unserer Vorfahren vom Ende der Bronzezeit aus dem Blickwinkel der in der Region gemachten Funde – zwischen Landwirtschaft, Viehzucht, Kunsthandwerk und menschlichen Beziehungen – präsentiert.

Au Centre de conservation et d’étude Archéologie Alsace (Sélestat) samedi 17 et dimanche 18 juin Im Centre de conservation et d’étude Archéologie Alsace (Sélestat) am Samstag den 17. und Sonntag den 18. Juni archeologie.alsace – journees-archeologie.eu

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Par Von Pierre Reichert – Photo de von Thomas Hutin / Arché ologie Alsace

Têtes d’affiche

Situé dans La Maison des Têtes de Colmar, le Restaurant Girardin explore une gastronomie où le minimalisme est au service du goût.

Das Haus der Köpfe

Das in La Maison des Têtes in Colmar gelegene Restaurant Girardin erkundet eine Gastronomie, in der der Minimalismus im Zeichen des Geschmacks steht.

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Par Von Hervé Lévy – Portrait de von Éric Girardin par von Benoît Linder pour für Poly

Dans la minuscule cuisine de La Casserole, Éric Girardin avait fait des miracles pendant treize ans : quittant l’établissement strasbourgeois en 2015, il s’installait dans un des fleurons architecturaux colmariens, La Maison des Têtes, demeure Renaissance ornée de 106 visages. Masques grimaçants évoquant le théâtre antique, étrange créature faisant penser à un diablotin hurlant, noble barbu à l’air impavide ceint de grappes de raisins et de fruits… Ouvrant promptement un restaurant gastronomique, le chef autodidacte – qui fut sommelier au Bateau Ivre de Courchevel, y «  aiguisant [s]on palais » – développe un credo culinaire minimaliste, récompensé par une Étoile au Guide Michelin dès 2017. « À mes débuts, je mettais beaucoup de choses dans l’assiette. Pour faire plaisir. Progressivement, mes compositions se sont épurées et allégées », résume-t-il. Aujourd’hui, leur sobriété répond à un cadre où la pureté d’un élégant blanc est à peine troublée par d’aériennes appliques de verre soufflé. «  J’essaie d’extraire le maximum de chaque produit pour aller au plus profond de son goût  », poursuit un chef adepte du végétal qui souhaite «  que viandes ou poissons viennent en condiments du plat, et non l’inverse  ». Chez lui, la star c’est le légume comme dans un agneau – épaule confite et selle rôtie – gambadant avec des carottes en textures :

« Je ne fais pas de jus de viande, mais un jus de carotte avec une huile mentholée pour un twist de fraîcheur », complète Éric qui a imaginé plusieurs bouchées servies au public d’un concert Moussorgski / Khatchatourian du Festival international de Colmar (voir page 84).

«  J’aime les vibrations d’un orchestre qui me prennent aux tripes. Dans mes créations, j’ai essayé d’accompagner la musique, d’entrer en résonance avec le rythme et la substance de la partition  », résume-t-il.

Cet éloge de la simplicité se retrouve dans la Brasserie historique qui jouxte le restaurant gastronomique. Dans un décor d’une belle harmonie, où quelques touches contemporaines rehaussent boiseries anciennes, poêle

à bois et vitraux, se déploie une cuisine gourmande. En témoigne un pâté en croute maison, tutoyant la perfection. On est fondu du fondant de cette mosaïque, piquetée de loin en loin du vert de quelques pistaches, où éclatent de multiples variations de rose. La quenelle de brochet est tout aussi séduisante : parallélépipède rectangle de finesse et de douceur, elle nous emporte dans des contrées éthérées où les pousses d’épinard dansent une jubilatoire valse avec une sauce au riesling. Et l’on sort de la Maison, le visage barré d’un large sourire à l’image de celui d’un putto joufflu, accroché à la façade.

In der winzigen Küche von La Casserole hatte Éric Girardin dreizehn Jahre lang Wunder verbracht: Nachdem er die Einrichtung in Straßburg im Jahr 2015 verließ, hat er sich in einem der architektonischen Schmuckstücke Colmars installiert, La Maison des Têtes, einem Wohnhaus aus der Renaissance, das mit 106 Köpfen verziert ist. Fratzenhafte Masken, die an das antike Theater erinnern, bizarre Kreaturen, die an ein schreiendes Teufelchen denken lassen, ein nobler Bartträger mit furchtlosem Aussehen, der von Trauben und Früchten umrahmt wird… Der autodidaktische Küchenchef – der im Bateau Ivre in Courchevel Sommelier war und dort „ seinen Gaumen schärfte “ – entwickelt ein minimalistisches kulinarisches Kredo, das ab 2017 von einem Stern im Guide Michelin belohnt wird. „ Am Anfang habe ich sehr viele Dinge auf den Teller gebracht. Um Freude zu bereiten. Nach und nach sind meine Kompositionen schlichter und leichter geworden“, fasst er zusammen. Heute antwortet ihre Schlichtheit auf einen Rahmen, in dem die Reinheit eines eleganten Weißtons kaum von luftigen Wandleuchten aus geblasenem Glas gestört wird. „Ich versuche das Maximum aus jedem Produkt herauszuholen, um so tief wie möglich in seinen Geschmack einzutauchen“, setzt der Küchenchef fort, der ein Anhänger von Gemüse ist und sich wünscht, dass „Fleisch oder Fisch zur Beilage des Gerichts werden, und nicht umgekehrt“. Bei ihm ist das Gemüse der Star, wie bei einem Lammschulter-Confit und gebra-

tenem Lammrücken – das mit Karotten herumtollt: „Ich mache keinen Bratensaft, sondern einen Karottensaft mit Minzöl, für einen Twist voller Frische “, fügt Éric hinzu, der mehrere Häppchen konzipiert hat, die dem Publikum beim Konzert Moussorgski / Khatchatourian des Festival international de Colmar (siehe Seite 84) serviert werden. „ Ich liebe die Vibrationen eines Orchesters, die mir unter die Haut gehen. In meinen Kreationen habe ich versucht die Musik zu begleiten, in Einklang mit dem Rhythmus und der Substanz der Partition zu sein“, fasst er zusammen.

Dieses Lob der Einfachheit findet sich in der historischen Brasserie wieder, die an das gastronomische Restaurant angrenzt. In einem Dekor von schöner Harmonie, in dem einige zeitgenössische Tupfer die alte Holztäfelung hervorheben, zwischen Holzofen und bunten Glasfenstern, entfaltet sich eine Küche für Schlemmer. Davon zeugt eine perfekte Pastete im Krustenteig. Man schmilzt dahin für dieses Mosaik, das auf der Zunge zergeht, eine Variation von Rosatönen, gespickt mit dem Grün einiger Pistazien. Die Hechtknödel sind ebenso verführerisch: Rechtecke voller Finesse und Zartheit, die uns in ätherische Gefilde entführen, in denen Spinattriebe einen jubelnden Walzer mit einer Riesling-Soße tanzen. Und man verlässt das Haus mit einem breiten Lächeln auf den Lippen, wie jenes einer pausbäckigen Putte, die auf der Fassade zu sehen ist.

Le Restaurant Girardin est situé dans La Maison des Têtes, 19 rue des Têtes (Colmar). Ouvert du mardi au samedi, le soir uniquement. Menu unique à 155 €. Das Restaurant Girardin liegt in La Maison des Têtes, 19 rue des Têtes (Colmar). Dienstags bis samstags ausschließlich abends geöffnet. Einheitsmenu zu 155 €. maisondestetes.com

> La Brasserie historique est ouverte du mardi au samedi. Menu du déjeuner (sauf samedi) de 22,50 à 26,50 €.

> Die historische Brasserie ist dienstags bis samstags geöffnet. Mittagsmenu (außer samstags) zwischen 22,50 und 26,50€.

POLY 258 Juin Juni 23 97 GASTRONOMIE

Production confidentielle, disponibilité presque inexistante (à moins d’être titulaire d’une allocation que beaucoup recherchent comme le Graal) et prix qui s’envolent au marché parallèle : ce que certains ont nommé les “vins licorne” sont les nouvelles icônes du secteur. Tout le monde en parle, mais peu ont bu ces flacons le plus souvent estampillés “nature”. Dans le Jura, se nichent deux de ces animaux merveilleux. Le mythique Pierre Overnoy tout d’abord : pionnier, il est rangé des voitures, son fils spirituel Emmanuel Houillon lui ayant succédé à Pupillin, conservant l’aura d’une maison qui produit les meilleurs savagnins au monde. Et que dire de ses rarissimes “jaunes” ?

Plus jeune, Kenjori Kagami est le fondateur du Domaine des miroirs : passé par l’Alsace – chez Bruno Schueller – le Japonais, installé dans le Jura, à Grusse,

Licornes jurassiennes

Difficiles à trouver, les bouteilles de la Maison Pierre Overnoy et du Domaine des miroirs sont les stars du vignoble du Jura.

Einhörner aus dem Jura

Die schwer aufzutreibenden Flaschen der Maison Pierre Overnoy und des Domaine des miroirs sind die Stars des Weinbaugebiets Jura.

depuis 2010, livre des cuvées d’une grande rigueur et d’une profonde justesse… S’il est très difficile, voire presque impossible, de se procurer leurs quilles à des prix décents – certains malotrus oubliant qu’elles sont destinées à être bues et non mises dans un coffre-fort –, le jeu en vaut néanmoins la chandelle.

Eine vertrauliche Produktion, deren Verfügbarkeit fast inexistent ist (es sei denn man ist Besitzer einer Kaufgenehmigung, die viele suchen wie den Heiligen Gral) und Preise, die auf einem Parallelmarkt alle Rekorde brechen: Das, was einige die „EinhornWeine“ nennen sind die neuen Ikonen des Sektors. Alle sprechen darüber, aber wenige haben diese Flaschen getrunken, die meistens den Stempel „Naturwein“ tragen. Im Jura verstecken sich zwei dieser wunderbaren Tiere. Zu-

nächst der legendäre Pierre Overnoy: Der Pionier ist in Rente, sein spiritueller Sohn Emmanuel Houillon hat seine Nachfolge in Pupillin angetreten, wo er die Aura eines Hauses bewahrt, das die weltweit besten Savagnins produziert. Und was soll man über die äußerst seltenen „Vins jaunes“ sagen? Der Jüngere Kenjori Kagami ist der Gründer des Weinguts Domaine des miroirs: Nach einer Ausbildung im Elsass – bei Bruno Schueller – liefert der im Jura, in Gruss, installierte Japaner seit 2010 Jahrgänge von großer Strenge und Einfachheit sowie Genauigkeit… Auch wenn es sehr schwierig, ja fast unmöglich ist, ihre Weine zu annehmbaren Preisen zu erwerben – einige Rüpel vergessen, dass sie dazu bestimmt sind, getrunken zu werden und nicht im Safe zu stehen – ist die Suche die Mühe wert.

98 POLY 258 Juin Juni 23 UN DERNIER POUR LA ROUTE AUF EIN LETZTES GLAS L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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