N° 142 SEPTEMBRE 2011 www.poly.fr
MAGAZINE Le musée Courbet se refait une beauté « Culture en Alsace, la panne ? » Entretien exclusif avec Robert Grossmann Les Nuits du Ramadan La tchatche de Nouara Naghouche Dossier : La Capitale européenne a-t-elle la nuit qu’elle mérite ?
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BRÈVES
PRÊT-ARTPORTER
ROMERO PRÉSIDENT ! George A. Romero présidera la quatrième édition du Festival européen du film fantastique de Strasbourg, du 11 au 18 septembre. Au programme, des films plein d’hémoglobine, des hommages qui fichent la trouille (Tod Browning, Edgar Wallace…) et des Zombies qui envahissent la ville durant la Zombie Walk, les apéros et le Bal qui ouvrent la manifestation. www.strasbourgfestival.com
HOW TO DRESS WELL Les séries photos de Francesco Guisti et de Mathilde Lloret – qui exposent à l’occasion de Dress(ing) up à La Chambre (Strasbourg) du 8 septembre au 9 octobre – montrent d’étonnantes personnalités dans d’extravagantes tenues. Pour eux, la sape et le style sont un sacerdoce. www.la-chambre.org
UNE SOURIS ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT S’inspirant du célèbre siège / jouet en forme de pachyderme créé en 1945 par Charles et Ray Eames, Hella Jongerius a conçu Elephant Pad (20 e). Le tapis de souris ludique réalisé par la designer néerlandaise et édité par Vitra est composé de deux couches de cuir cousu. En vente à Strasbourg à la Galerie Fou du roi. www.fouduroi.org www.vitra.com
Vous promèneriez-vous avec un squelette, héros d’une saynète macabre, au revers de votre veste ? Oui, s’il s’agit du badge d’artiste réalisé par Damien Deroubaix (voir Poly n°141) qui expose à La Chaufferie jusqu’au 8 octobre. Une édition limitée (250 exemplaires), mais à petit prix (2,50 €), à se procurer à la librairie du MAMCS et à Quai des brumes (Strasbourg). www.pinupbadges.org www.r-diffusion.org
ANDY, DIS-MOI OUI Mathilde Lloret, Les Westerners, 2009
Ne coupons pas les cheveux en quatre : Avila est bien plus qu’un salon de coiffure, proposant régulièrement des expos, des DJ sets, des concerts… Son équipe hyperactive ouvre une nouvelle antenne, l’Avila Factory, au cœur de la Meinau. Un vaste loft d’inspiration warholienne de 280 m2, dans un bâtiment industriel. Rendez-vous pour une coupe ou un vernissage. www.avilafactory.fr
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itaelenne p a C ropé eu
Orchestre PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG ORCHESTRE NATIONAL
À VOUS DE JOUER CONCEPTION REYMANN COMMUNICATION // MONTAGE BKN.FR // LICENCES D’ENTREPRENEURS DE SPECTACLES N° 2 : 1006168 ET N°3 : 10066169
Abonnez-vous du jeudi 25 août au vendredi 9 septembre inclus Achetez vos billets pour toute la saison à partir du lundi 19 septembre (sauf concert du 31/12). Rendez-vous sur :
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SAISON 2011>2012
experts-comptables
BRÈVES
LÈCHE-VITRINE Des objets insolites “maison”, des t-shirts collector, des sacs faits main, des bijoux et fringues homemade, des disques régionaux autoproduits… La Vitrine, au 53 avenue Kennedy à Mulhouse, est “la” boutique des créateurs du 6.8. « Léchez-vous tenter », comme ils disent… http://blog.danslavitrine.com
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ON DIRAIT LE SUD À Strasbourg, Chez Pépé et Jojo, nouvelle cantine du 64 rue du Faubourg national, la cuisine méridionale (mais pas que…) se déguste dans un cadre très récup’. L’ambiance bistrot old school est soulignée par l’imposant juke-box trônant dans un espace tout en longueur truffé d’objets chinés. Plats du jour, formules à midi, brunches le samedi, sélections de vins de pays… guettez l’ardoise ! Sinon, t’as pas du rab de ratatouille ? 03 88 52 01 76 – chezpepeetjojo@yahoo.fr
STARCKWATCH Fossil, entreprise américaine en partie installée dans la région, vient de sortir plusieurs montres désignées par Philippe Starck : avec leur affichage digital, la PH1120 et son boîtier aux lignes épurées et la sophistiquée PH1117 séduisent. Minimaliste, la PH5041 (photo) mêle classicisme, clin d’œil aux eighties et contemporanéité revendiquée. Glamour et ergonomique à la fois. www.fossil.com
Johnny Weissmuller s’est-il exilé dans la jungle sélestadienne ? Non, il s’agit de l’intervention sonore du plasticien Emilio López-Menchero qui fera retentir un cri tarzanesque lors de la 19e édition de Sélest’Art (du 24 septembre au 30 octobre, voir page 82) s’annonçant acrobatique. Normal, la biennale a été commissionnée par cinq personnalités différentes. www.selest-art.fr
NUIT TU ME FAIS PEUR Au cours de l’été, l’association Arcane 17 a pris une difficile décision : la seizième édition des Nuits Européennes, initialement prévue du 8 au 15 octobre, n’aura pas lieu. Les raisons évoquées ? Des « difficultés financières récurrentes, lourdes et contraignantes. » Petite consolation : la Nuit Klezmer du samedi 15 octobre, à la Salle des fêtes de Schiltigheim aura bien lieu avec David Krakauer (photo) et son Madness Orkestra. www.lesnuits.eu www.ville-schiltigheim.fr Poly 142 Septembre 11
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LE chEmiN SoLitAirE
Arthur Schnitzler / tg StAN | Belgique
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Jan Decorte / Wim Vandekeybus / ultima Vez | Belgique
GiNA
BirDS With SkymirrorS
ADiShAtZ / ADiEu
Lemi ponifasio / mAu | Nouvelle-Zélande
Jonathan capdevielle | France
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LES quAtrE JumELLES CRÉATION
Eugénie rebetez | Suisse
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capriconnection & Schola cantorum Basiliensis / Anna-Sophie mahler / Anthony rooley | Suisse
ANtikLimA (x) CRÉATION
Werner Schwab / mathias moritz / Dinoponera / howl Factory | France
FEStiVAL prEmiÈrES
mathilde monnier / Jean-François Duroure | France
copi / Jean-michel rabeux | France
JourNEy homE
Stefan kaegi / rimini protokoll Allemagne
cirquE
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iNFuNDiBuLum
Les Slovaks Dance collective Slovaquie, Belgique
BoDENproBE kASAchStAN
Jeunes metteurs en scène européens
Feria musica | Belgique
Boris charmatz | France
David Van reybrouck / Johan Dehollander | Belgique
SALVES
LA Loi Du mArchEur
maguy marin | France
Nicolas Bouchaud / Éric Didry | France
Adrien m / claire B France
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LA cASA DE LA FuErZA
qu’AprÈS EN êtrE rEVENu
FLip Book
Dave St-pierre | Canada
Jean-Baptiste André / Association W France
Angélica Liddell | Espagne
L’ENtêtEmENt
thÉÂtrE
rafael Spregelburd / marcial Di Fonzo Bo / Élise Vigier | France
DiE hEimkEhr DES oDySSEuS
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claudio monteverdi / David marton / Schaubühne Berlin | Allemagne
Franck Nuyts / philippe Blasband / Johan Dehollander / LoD | Belgique
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muSiquE BALkAN BrASS BAttLE
Fanfare ciocarlia vs Boban & marko markovic orchestra Roumanie, Serbie
ATelIeR POsTe 4 — photo Jose Fuste Raga
DANSE
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GOLDFINGER Bientôt le métal entre nous sera changé en or est une exposition évolutive, avec installations, rencontres, projections, lectures ou workshops, autour de l’œuvre de Benoît Maire, artiste habitué des works in progress. À la Kunsthalle de Mulhouse du 15 septembre au 13 novembre. www.kunsthallemulhouse.fr
Lorena y Jorge, Las Palmas, 2009, polaroïd © Lorena Morin
EGO TRIP Le travail du copiste (version 2), 2010 (détail, vue de l’exposition L’espace nu au Frac Aquitaine)
LES ROUX TOURNENT Dans Notre jour viendra, Romain Gavras décrit la traque de rouquins, considérés comme dangereux car “différents”. La rousseur nourrit bien des fantasmes… notamment ceux de Geneviève Boutry qui expose sa série photo Roux et rousses, du 14 septembre au 1er octobre à L’Espace Apollonia (Strasbourg). www.apollonia-art-exchanges.com
WEB MASTERS
Un peu à la manière de Nan Goldin – le trash en moins – l’Espagnole Lorena Morin capte son intimité : ses enfants, ses proches et elle-même étant ses sujets de prédilection. Exit les fauxsemblants et les artifices, comme le prouve Seeing you, série de photos autobiographiques exposées à la galerie strasbourgeoise Stimultania, du 9 septembre au 13 novembre. www.stimultania.org
Lors de l’exposition T0p0l0g1es, jusqu’au 18 septembre à L’Espace multimédia Gantner de Bourogne (90), Art Of Failure traduit en matière sonore les flux d’infos sur Internet. Rendre sensible l’imperceptible, tel est le pari technologique et artistique de ce duo composé de Nicolas Maigret et Nicolas Montgermont qui, dans le cadre des Journées du patrimoine, proposera une performance, dimanche 18 à partir de 16h. www.espacemultimediagantner.cg90.net
FIGHT CLUB La Laiterie (Strasbourg) ouvre sa saison, lundi 12 septembre, avec Battles, soit trois gaillards issus de diverses formations qui s’emparent du rock pour le brutaliser. Le trio de NY – qui a récemment sorti “Gloss Drop” sur le label Warp – captive son auditeur pour mieux le semer dans des compos sophistiquées et cassecou. Concert musclé… www.laiterie.artefact.org Poly 142 Septembre 11
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Direction Guy Pierre Couleau
Centre dramatique régional d’Alsace
Comédie De l’Est 6 route d’Ingersheim 6 8 0 27 C o l m a r c e d e x
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Comédie De l’Est
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UN PAVÉ DANS LE WEB Acquérir des travaux d’artistes – produits au Pavé dans la mare – d’Alberto Sorbelli, de PaulArmand Gette ou de Gérard Collin-Thiébaut ? Possible, grâce au site de vente d’œuvres d’art contemporain lancé par le centre d’art contemporain de Besançon. www.mart-office.com www.pavedanslamare.org
TENTACULAIRE
Quelques photocop’ noir & blanc pliées contenant des articles hyper pointus sur la musique underground et la culture hors des sentiers battus. Tel est le parti pris (radical) du nouveau fanzine mulhousien La Pieuvre. Édité “maison” par les Requins noirs, il est disponible sur simple demande, par mail. Prix libre. fanzine.lapieuvre@gmail.com
© A. De Blicquy
Insecte, Alberto Sorbelli, 2007
WORKING GLASS HERO Les Cristalleries Saint-Louis ont fait appel à six designers (Patrick Neu, Philippe Riehling …) afin de réactualiser un duo flûte / chope. Pas touche à la forme, mais totale liberté quant au décor… Pour leurs deux propositions (présentées en juin), les Strasbourgeois de V8 sont partis de la notion de labeur, la bière étant une « boisson populaire, liée aux travailleurs ». Motifs rappelant le mandrin d’une perceuse pour le set Le méticuleux, ornements évoquant un arbre de boîte de vitesse pour Le chevronné… la mécanique V8 est bien huilée. www.v8designers.com www.saint-louis.com
NOUVELLE ÉPOPÉE De très nombreux spectacles d’artistes venus d’Europe et d’au-delà, des événements phares – Strasbourg-Kinshasa, les Giboulées de la marionnette… – et des créations. Le TJP ouvre sa saison (les 9 et 10 septembre) avec La Petite Odyssée, trilogie de Grégoire Callies, directeur du Théâtre jeune public qui quittera ses fonctions en janvier 2012. www.theatre-jeune-public.com
MEMENTO MORI Saint-Louis ouvre sa saison culturelle, à La Coupole ou encore à la Médiathèque Le Parnasse. La ville haut-rhinoise nous invite notamment à découvrir l’exposition In case we die de Sophie Zénon, du 18 septembre au 11 décembre, à l’Espace Fernet-Branca. La thématique abordée par la photographe : la mort, comme le nom de l’expo l’indique. wwwmuseefernetbranca.fr
Sophie Zénon, extrait de la série Palerme
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anne-sophie tschiegg
une saison de crĂŠation pour enfants et adultes
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LES VOISINS, LES VOISINES Les groupes Sumbur, Œdipe Purple ou Tom and the Gang… L’événement Mon voisin, cet artiste propose toute une tripotée de concerts gratuits à déguster accoudé au comptoir de la buvette installée pour l’occasion, samedi 3 septembre (de 15h à minuit) devant la Maison de l’image strasbourgeoise. http://ahqg.free.fr
L’USINE À TUBES ELLE SURVIVRA L’association Eurêka débute la saison musicale de la Halle Verrière de Meisenthal (57) sur les chapeaux de roues avec les Garçons Trottoirs (le 24 septembre) et la 23e édition de Rock à l’Usine (le 29 octobre). Au programme : Mademoiselle K, Watcha Clan, Lyre le Temps, The Tellers et, surtout, les anglo-pakistanais electro-ragga-punk d’Asian Dub Fondation (en photo). www.rockalusine.fr
Un des événements de l’année à Baden-Baden (Allemagne) se déroulera samedi 3 septembre au Kurhaus : le Grand Prix Ball avec comme invitée de prestige la disco queen Gloria Gaynor. Histoire de se replonger dans les extatiques seventies… et de se souvenir qu’en 1998, l’équipe de France gagnait la Coup du monde de football avec l’hymne I will survive. www.badenbadenevents.de
BEAUTÉS TRANSLUCIDES À l’avant des berlines de la belle époque, René Lalique avait installé des bouchons de radiateur de cristal. Femmes alanguies, sirènes aux formes évanescentes… À découvrir (pour des versions d’époque) au Musée à Wingensur-Modern (voir Poly n°141) et à acheter dans toutes les boutiques où la marque est représentée. www.lalique.com www.musee-lalique.com René Lalique, Bouchon de Radiateur Chrysis,1931 © Andy Small - John Nemeth Collection 2010
CLASSE MANNEQUIN Participez activement au plus grand défilé de mode du monde – rien que ça ! – samedi 17 septembre à 16 heures, devant les Galeries Lafayette à Strasbourg. Capitales mode, événement résolument fashion qui a lieu simultanément dans une cinquantaine de villes françaises, est ouvert à tous. Inscriptions dans le magasin ou sur le site Internet des Galeries. www.galerieslafayette.com Poly 142 Septembre 11
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SOMMAIRE
22 Dossier : La Capitale européenne a-t-elle les nuits qu’elle mérite ? 26 L’Europe au secours du grand hamster d’Alsace 28
« Culture en Alsace, la panne ? » Entretien exclusif avec Robert Grossmann
34
« Ce qui évolue, ce qui demeure » Création mondiale au Théâtre national de Strasbourg
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Perffusion, art urbain, installations et performances participatives dans le quartier Laiterie
42
Wim Vandekeybus au Maillon Interview suite à sa dernière création
44
Portrait de Philippe Manoury à l’occasion de la création mondiale de « La Nuit de Gutenberg » à l’Opéra national du Rhin
50
Les Nuits du Ramadan La tchatche de Nouara Naghouche à La Filature
66
John Stezaker expose au Mudam de Luxembourg
72
Promenade : le Donon
78
Le Musée Courbet se refait une beauté à Ornans
82
Last but not least : The Plug
40
44
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82
COUVERTURE Nous fait-elle de l’œil ? D’abord interpellés par l’étrange beauté de cette femme, nous repérons le hic, remarquons l’anomalie au niveau de son regard… troublant, captivant, ses yeux semblant cligner et s’ouvrir grands. Love X (2006, 24,5 x 18,5 cm), issu de la série Love, est un des nombreux collages de John Stezaker (lire pages 66 / 67), artiste anglais actuellement exposé au Mudam, à Luxembourg.
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CONTRIBUTEURS & QUI A VU L'OURS ? PASCAL BASTIEN (né en 1970) Libération, Télérama, Le Monde… et Poly : Pascal Bastien est un fidèle de notre magazine. Il alterne commandes pour la presse et travaux personnels, menant notamment une réflexion photographique sur les zones frontalières en Alsace.
Ours :
Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)
m www.pascalbastien.com Photo : Pascal Bastien
BENOÎT LINDER (né en 1969) Cet habitué des scènes de théâtre et des plateaux de cinéma poursuit un travail d’auteur qui oscille entre temps suspendus et grands nulles parts modernes. m www.benoitlinder.com Photo : C. P.
Brocante d'Oberhausbergen, 2011. Photo d'Emmanuel Dosda
www.poly.fr RÉDACTION / GRAPHISME > redaction@poly.fr - 03 90 22 93 49 Responsable de la rédaction : Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr
STÉPHANE LOUIS (né en 1973) Son regard sur les choses est un de celui qui nous touche le plus et les images de celui qui s’est déjà vu consacrer un livre monographique (chez Arthénon) nous entraînent dans un étrange ailleurs. On lui doit aussi un passionnant ouvrage, Portraits, Acteurs du cinéma français (textes de Romain Sublon). m www.stephanelouis.com Photo : Pascal Bastien
JEAN-PHILIPPE SENN (né en 1977) La photo est pour lui une affaire d’osmose, d’atmosphère : s’imprégner lentement, aller au plus profond des choses pour bien les voir. Il s’approprie la ville, elle l’irrigue comme si elle était un organisme vivant. Et ensuite jaillissent des éclats oniriques d’une réalité qu’il a su saisir avec son objectif. m www.ultra-book.com/-jean-philippesenn Photo : Jean-Philippe Senn
MAXIME STANGE (né en 1982)
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Ont participé à ce numéro : Sophie Barthélémy, Geneviève Charras, Catherine Jordy, Geoffroy Krempp, Pierre Reichert, Irina Schrag, Daniel Vogel, Marion Wagner et Raphaël Zimmermann Graphistes : Pierre Muller / pierre.muller@bkn.fr Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Maquette : Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l'équipe de Poly © Poly 2011. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. ADMINISTRATION ET PUBLICITÉ Directeur de la publication : Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Co-fondateur : Vincent Nebois / vincent.nebois@bkn.fr Administration, gestion, diffusion, abonnements : 03 90 22 93 38 Gwenaëlle Lecointe / gwenaelle.lecointe@bkn.fr Publicité : 03 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Catherine Prompicai / catherine.prompicai@bkn.fr Vincent Nebois / vincent.nebois@bkn.fr Magazine bimestriel édité par BKN / 03 90 22 93 30 S.à.R.L. au capital de 100.000 e 16 rue Édouard Teutsch - 67000 STRASBOURG
Quand on lui demande, exercice périlleux, de se définir, le photographe strasbourgeois nous répond : « Jeune & Vieux, décalé, étrange, philanthrope & misanthrope, passionné, curieux, jamais en pause, névrotique ».
Dépôt légal : septembre 2011 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression : CE
m www.maxime-stange.com
BKN Éditeur / BKN Studio - www.bkn.fr
Crédit photo : Kevin Soobrayen
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Rédacteurs : Emmanuel Dosda / emmanuel.dosda@poly.fr Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Dorothée Lachmann / dorothee.lachmann@poly.fr
COMMUNICATION
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ÉDITO
POUR QU’UNE ÉTOILE NE S’ÉTEIGNE PAS Par Hervé Lévy Photo de Stéphane Louis
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i l’on devait faire une liste des cinémas disparus du centre de Strasbourg, elle serait, comme dans bien d’autres villes, longue comme le bras : Ariel, Omnia, Club, Capitole, Cinébref (la mythique salle où passaient les films classés X avec sa caissière au regard noir faisant du tricot ou des mots croisés), Caméo, Méliès, Cinéma des Arcades, Rit’s, Studio Kléber… Là, évidemment, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Ces dernières années, le paysage cinématographique de l’ellipse insulaire était demeuré stable, les quatre survivants (Odyssée, Vox, Star et Star Saint-Éxupéry), remplissant allègrement leur mission, attirant un public nombreux et fidèle. L’un deux – le Star – est aujourd’hui menacé, puisqu’il s’est vu condamné, au mois de février, par le Tribunal administratif, dans son litige avec la SCI Renaissance, propriétaire de l’immeuble, à payer un loyer majoré de 64% (passant de 2 460 à plus de 4 000 €). Et comme la décision de justice est rétroactive (et concerne l’ensemble des échéances depuis le renouvellement du bail, c’est-à-dire 52 mois), c’est une somme de plus de 80 000 € que le cinéma doit débourser. Impossible pour la structure dirigée par Stéphane Libs, d’autant que la somme due est aujourd’hui de 92 800 € en raison de « la non-possibilité d’assumer ce nouveau loyer ». Et de rajouter : « La propriétaire des murs du cinéma Star a fait appel fin juin et réclame une hausse encore plus importante ; ce n’est donc que le début d’une histoire qui risque de durer. » Face à cette situation, les énergies se mobilisent : la pétition lancée le 5 août (disponible en ligne sur www.soutenirlestar.com) a déjà rassemblé plus de 8 000 signatures sur le Net auxquelles il faut ajouter les quelque
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2 000 recueillies dans les salles (à la date du 24 août). On ne peut que vous inciter à la signer et à soutenir le ciné comme le fait le collectif Multiplex du balex ! fondé il y a une dizaine d’années pour empêcher la création du multiplexe UGC Ciné Cité et revenu d’entre les morts pour l’occasion. Mais il ne s’agit évidemment pas de rallumer la “guerre des cinémas”. La demande de la maison de la Rue du Jeu-des-Enfants ? « Nous faire entendre d’une seule voix et inciter la Ville de Strasbourg à utiliser la Loi Sueur en notre faveur. » Cette disposition (présente dans le Code général des collectivités territoriales à son Article L2251-4) stipule : « La commune peut attribuer des subventions à des entreprises existantes ayant pour objet l’exploitation de salles de spectacle cinématographique dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État ». Sont ainsi notamment concernées les salles faisant l’objet d’un classement “art et essai”. Le dispositif est étendu, dans les articles suivants, au Département et à la Région. À la Ville, l’accueil semble aujourd’hui, heureusement, plutôt favorable… Alors oui, il faut sauver le soldat Star qui fêtera – enfin si tout se passe bien – ses 30 ans en 2012. Parce qu’il faut préserver un cinéma de qualité au centre-ville. Parce que la diversité culturelle doit se maintenir. Parce qu’on en a assez que n’ouvrent que des coiffeurs, des banques et des boutiques de fringues. Parce que le Star est un des acteurs culturels majeurs de la cité (festivals, rencontres avec acteurs et réalisateurs…). Dans dix ans, personne ne pourra dire qu’il ne savait pas : si le Star venait à disparaître, on se remémorera alors le “bon temps” des années 2010… Putain de nostalgie.
LIVRES – BD – CD – DVD
TOTAL BUP
DIE TRÜMMER, MARGARETE… Au-delà de l’homophonie, le compositeur, percussionniste et chef d’orchestre Détlef Kieffer (longtemps professeur au Conservatoire de Strasbourg) s’est découvert nombre de points communs avec Anselm Kiefer. De ces univers parallèles où se croisent la poésie de Celan et de Rilke, un intérêt pour les tarots et la kabbale ou une fascination pour le palimpseste est né un étonnant disque. Commande du Musée Würth d’Erstein où Anselm Kiefer est exposé jusqu’au 25 septembre (voir Poly n°139), voici une pièce acousmatique (une des branches de la musique concrète) aux niveaux multiples et hypnotiques : marches militaires, chuchotis de prières, réminiscences wagnériennes, cris, halètements, bruits difficilement identifiables… Tous ces éléments sont retravaillés par ordinateur. Un conseil du compositeur : le CD est à écouter « de préférence dans la pénombre, à un niveau sonore élevé, afin d’en percevoir toutes les strates ». Les voisins vont a-d-o-r-e-r ! (H.L.)
L’artiste / réalisateur Nicolas Boone a rassemblé dans ce coffret de deux DVDs (édité par les Alsaciens d’Écart production), des fictions, courts et longs-métrages, autour du concept de BUP (pub à l’envers). BUP ? Un truc, un Bidule (on songe à la série jadis diffusée sur Canal+), un produit, une marque, une philosophie, une façon d’être, un parti politique… BUP est partout, il s’infiltre dans tous les domaines, la recherche transgénique (« Avec BUP, je mange mieux, je pense plus ») ou encore la neurologie, les scientifiques du BUP Institut imaginant mettre les cerveaux en réseau pour une meilleure gestion de l’être humain. Au cours du visionnage des neuf épisodes de la série BUP et du film TRANSBUP, on entendra même l’hymne BUP… joué à la tronçonneuse. Nicolas Boone fait cohabiter cinéma, parodie, non-sens et art contemporain dans un univers drôle et flippant, pop et gore, absurde et juste. Choisissez bien, choisissez BUP ! (E.D.)
Comment raconter l’histoire d’une institution qui fête ses 180 ans ? Généralement, de tels ouvrages sont des pensums plats, souvent indigestes qui ont la semblance d’une thèse de doctorat où le lecteur s’endort page sept. Avec celui-ci – sous-titré L’École d’art de Mulhouse entre industrie et beaux-arts
Paru aux Presses du réel (25 €) www.lespressesdureel.com
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électorales, leslesjeux virtuels, BUP promet à ceux qui en cherchent le corps, shows, le jardinage, l’architecture, les campagnes électorales, virtuels, promet à ceux qui en cherchent des solutions de les vie,jeux et BUP finitBUP toujours par en donner…
BUP est l’hyper mar
tout ce qui peut nui de slogans et d’actio
le corps, les shows,
électorales, les jeux v des solutions de vie
des solutions de vie, et BUP finit toujours par en donner…
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Écart production (35 €) www.ecartproduction.net www.nicolasboone.net
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BUP est l’hyper marque qui gouverne le monde et épuise tout ce qui peut nuire à son pouvoir. BUP agit par invasion BUP est l’hyper marque le monde et épuise de slogans et d’actions publicitaires. Dansqui le gouverne sport, la drogue, ce quiestpeut nuire à sonqui pouvoir. BUPleagit par invasion le corps, les shows,tout le jardinage, l’architecture, les campagnes BUP l’hyper marque gouverne monde et épuise slogans etqui d’actions publicitaires. Dans sport, drogue, tout ce peut nuire à son pouvoir. BUPleagit parla invasion électorales, les jeuxdevirtuels, BUP promet à ceux qui en cherchent le corps, les shows, le jardinage, l’architecture, campagnes de slogans et d’actions Dans le les sport, la drogue, des solutions de vie, et BUP finit toujours parpublicitaires. en donner…
(1829-2009) – le pari de l’originalité et de l’élégance est gagné… sans oublier celui de la rigueur. À partir du cas mulhousien, c’est tout un portrait de lieux qui, en province, sont passés des arts industriels et des beaux-arts à l’art contemporain et au design, qui est en outre dressé en 352 pages. Réalisé sous la houlette de David Cascaro (directeur de l’École supérieure d’art de Mulhouse), le livre, rassemblant une quinzaine de contributeurs, ressemble à un foisonnement graphique – la mise en page est sublime – d’érudition et de réflexion qui sait ne pas se faire pénible. Pensons, par exemple, au texte d’Yves Tenret, enseignant au Quai qui narre son expérience sur le mode « Je me souviens… », popularisé par Georges Perec (mais initié par Joe Brainard). Aspects politiques (dans un entretient avec Michel Samuel-Weis, adjoint à la culture de Mulhouse), esthétiques, sociétaux… Voilà une promenade kaléidoscopique, un séduisant « portrait post-moderne » comme le caractérisent les auteurs, d’une structure culturelle. Impression plus que positive, au final. (H.L.)
N’IMPORTE OÙ HORS DU MONDE Les Weepers Circus avait connu le succès avec À la Récré (dessins de Tomi Ungerer + guests au chant). Il remettent ça avec un disque et un recueil de textes contenant une liste pléthorique de featurings. De la mélancolie avec Cali (Ailleurs), un hymne décalé à la femme (Elles s’amusent) avec Eddy (la)gooyatsh, un touchant Je nierai toujours que je n’irai jamais dédié à Bashung par Jean Fauque (son parolier de toujours) ou encore Anywhere out of the world de Baudelaire (poème donnant son titre à l’album) avec Jean Rochefort et les Ondes Martenot de Christine Ott. De
nombreuses plumes s’ajoutent côté livre, livrant leur vision de N’importe où hors du monde. Mention spéciale à Juliette, Maxime Chattam, Dominique A, JeanClaude Carrière ou encore François Bon pour la poésie de leurs visions qui se marient parfaitement avec les superbes illustrations rétro-futuristes, ambiance film d’anticipation de seconde zone, signées Tofdru. (T.F.) Album-livre à paraître le 10 octobre www.weeperscircus.com – En concert au Grillen de Colmar le 30 septembre – www.grillen.fr
SOUPE DE MAMAN
Paru aux éditions Rouergue (14,50 €), dès 4 ans www.lerouergue.com http://clemence.pollet.free.fr/
Ancienne élève des Arts déco de Strasbourg, Clémence Pollet n’est pas inconnue des amateurs d’albums jeune public. Après L’Ébouriffée en 2009 (prix du 1er album 2009 du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, voir Poly n°130) qui mélangeait dessins au crayon et photomontages, elle illustre Soupe de maman à grands renforts d’aplats de couleur et de matière. Dans ce texte fantaisiste, drôle et sensible de Karin Serres, un enfant s’embarque dans la réalisation d’une soupe improbable pendant que sa mère prend un bain, vidant tous les placards pour lui donner du goût, de l’épaisseur, de la consistance. L’impatience et l’interminable attente d’un bout de chou rêveur et inquiet prennent vie sous nos yeux, ses peurs et inquiétudes mélangeant la réalité et ses envies. Tout finira bien, avec un festin en tête à tête : chips et chocolat, yaourt à la banane et pâté ! (T.F.)
OPS Voilà un étonnant disque intégralement dédié à Richard Strauss qui donne le sentiment d’arriver tout droit du passé. Enregistré par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical d’alors, le Britannique Jan Latham-Koenig (de 1997 à 2003), en octobre 2001 dans la Salle Érasme du Palais de la musique et des congrès, il n’avait jamais été publié jusque-là. Pourtant, la version de Don Juan qu’il contient est passionnante et enlevée, tandis que Metamorophosen met en évidence la virtuosité des cordes de l’Orchestre. Enregistrées plus tard, en août 2008, les pages pour soprano – ici Joan Rodgers – et piano du compositeur allemand, nous font (re)découvrir toute la maestria et la délicatesse de Jan LathamKoenig au clavier. (H.L.) Paru chez Avie (15 €) www.avie-records.com
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CINQ QUESTIONS À…
JULIE SCHERTZER De la world et des ciné-concerts* : telle est la colonne vertébrale de la Salle du Cercle à Bischheim. À l’occasion de sa dixième saison, questions à la responsable de la programmation culturelle d’une scène qui ne tourne pas en rond.
Par Emmanuel Dosda Photo de Benoît Linder pour Poly
Concert d’ouverture de saison avec Montse Cortes en compagnie du guitariste Juan Carmona, jeudi 6 octobre 03 88 33 36 68 www.salleducercle.fr
La Salle du Cercle programme aussi des spectacles jeune public et un peu d’humour *
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Depuis quatre ans, vous vous chargez de la programmation de la Salle du Cercle. Et avant ça ? Je suis passionnée de musique depuis longtemps, ayant grandi au milieu des vinyles de mon père : les Stones, Deep Purple… J’ai fait mes armes au sein d’ABDC prod où je travaillais pour le développement d’artistes locaux, Ravid’vour’voir ou La Space Family. Ensuite, en tant que chargée de production dans une entreprise de son et lumière, Produc’Son, j’organisais des concerts, comme Touré Kunda à La Salamandre, et le festival Basse-Zorn’Live à Hoerdt. Aujourd’hui, je gère une salle d’une capacité de 250 places assises. Un peu plus quand on pousse les murs… Comment, en dix ans, la Salle du Cercle a-t-elle trouvé sa vitesse de croisière ? Tout simplement, dans une CUS où l’offre est importante, nous avons fait le choix, dès les débuts, de proposer des concerts de musique du monde et des ciné-concerts alors que ça n’était pas encore à la mode. Nous sommes restés sur ces axes-là et les avons développés tout en fidélisant un public toujours très hétéroclite, curieux de découvrir des artistes parfois peu connus.
artistes norvégiens, de Touva, une république russe située à côté de la Mongolie, d’Angola… Nous voulons visiter tous les continents, loin du folklore et sans oublier l’Europe : cette année, nous ouvrons la saison avec Montse Cortes, guitariste flamenco espagnol.
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L’Argentine (avec Juan Carlos Cáceres), le Cap-Vert (Mayra Andrade), la Mauritanie (Daby Touré), l’Angola (Bonga)… Année après année, vous tentez de dessiner une carte du monde ? Nous pourrions résumer les musiques du monde à l’Afrique où les styles sont très différents selon les régions, mais notre parti pris est de mettre en lumière des genres et des pays moins représentés en invitant des
Alors que les salles obscures passent au numérique, vous allez à contre-courant en proposant des ciné-concerts sur des films des années 1920 / 1930, avec un vieux projecteur… Problèmes de droits, manque de copies autorisant la projection publique… Ça n’est pas toujours facile de trouver les films, surtout que les distributeurs restaurent de moins en moins les bobines 35 mm. Mais je suis pugnace ! Tous les ans, nous ouvrons la scène à des artistes du coin grâce aux ciné-concerts. Ainsi, en fin de saison, nous présentons – comme chaque année – une création : en 2012, sur Tabou de Murnau avec Christine Ott (vendredi 20 avril). Dans le cadre de Jazzdor, nous accueillons Akosh S. et Gildas Etevenard qui joueront sur Les Saisons d’Artavazd Pelechian (mercredi 16 novembre), un film qui traite de la rude vie des paysans d’Arménie. La bande son, mélange d’influences des musiques de l’Est, intègre divers instruments comme la bombarde tibétaine ou le kalimba. Ce spectacle devrait attirer notre “public musiques du monde”. Titi Robin (mercredi 30 novembre), Bonga (vendredi 27 janvier), Juan Carlos Cáceres (vendredi 17 février), Maya Andrade (vendredi 30 mars)… Ces ar-
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Nous voulons visiter tous les continents, loin du folklore et sans oublier l’Europe.
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tistes sont déjà passés sur les planches de la Salle du Cercle, non ? En effet, je n’avais pas trop d’idées, alors j’ai repris la programmation des années précédentes (rires). Plus sérieusement, nous avons décidé que dix ans, l’âge de passer au CM2, ça se fêtait. J’ai eu envie de réinviter les artistes marquants comme Titi Robin qui a fait le tout premier concert de la salle, en octobre 2002 ! Bonga, “le spécialiste de la salle debout”, l’élégance et la magie de Maya Andrade, etc. Tous ces musiciens ont, depuis, sorti des albums, travaillé de nouveaux projets et parfois franchi le palier de la notoriété. On ne sera donc plus du tout sur le même concert qu’il y a trois, quatre ou dix ans, mais sur le rappel d’une ambiance.
Dix ans, c’est l’âge des bilans. Des joies, des regrets ? Le bilan est positif : une petite salle “à l’ancienne”, sans gradins, avec une programmation qui s’est affirmée et un public qui s’est développé. Je suis particulièrement heureuse d’accueillir des spectateurs de tous horizons. En 2009, nous avons par exemple invité une chanteuse du Tchad, Mounira Mitchala. En général, pour nos concerts de musiques du monde, je contacte les communautés, mais je n’avais pas trouvé d’association tchadienne. L’information a tout de même circulé de bouche à oreille et de nombreuses femmes en tenue de fête sont venues voir cette artiste de leur pays d’origine. Au Tchad, il leur est interdit de chanter, voire de s’exprimer.
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DOSSIER : LA CAPITALE EUROPÉENNE A-T-ELLE LA NUIT QU’ELLE MÉRITE ?
LA NUIT NOUS APPARTIENT Strasbourg, “belle endormie”, est-elle vraiment désertée par les oiseaux de nuit brimés par les limiteurs de décibels ? Voyons ce qu’en pensent les gérants de clubs, les fêtards, les riverains et la Ville qui cherche à améliorer la vie nocturne. Strasbourg by night : gueule de bois ou nouvel élan ?
Par Emmanuel Dosda et Thomas Flagel
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ythe ou réalité, on évoque souvent une certaine frilosité strasbourgeoise en matière de sorties. Dommage pour une ville qui « aime ses étudiants » et ses parlementaires (ne ratant pas une occasion pour se plaindre de la morosité de ses nuits), qui désire vanter son dynamisme, la diversité d’offres en matière d’échappées nocturnes faisant partie intégrante de la vie d’une cité. Avec l’ouverture récente d’établissements tels que le Kitsch’n Bar, le Phonographe ou le Mudd, le paysage semble changer… alors que les lois anti-tabac, les nuisances sonores et le binge drinking font du tort aux débits de boissons. Le lancement, par la municipalité, de la Charte pour la qualité de la vie nocturne en mai 2010 semblait être le signe d’un nouvel élan. D’ailleurs, la vie la nuit, c’était mieux avant ?
Le Bandit, Le Loft, etc. Non, il ne s’agit pas de la nouvelle mascotte de Vico, “le roi de la pomme de terre”, mais de celle de la Charte pour la qualité de la vie nocturne…
Visitez le site de Jean-Luc Billing dédié au Bandit (http://lebandit.blogspot.com) et consultez le blog d’Éric T. Lurick consacré au rock à Strasbourg de 1977 à 1983 (http://rock-a-strasbourg.net84.net/ras7783) 1
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http://arren-strasbourg.blogspot.com
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Dans les eighties, Jean-Luc Billing 1 était animateur radio sur RBS, Canal 15, puis Tomawak qu’il co-fonde en 1989. Éternel “clubtrotter”, il nous dépeint le début des années 1980, citant des lieux disparus comme Le Loft, « une grande salle avec un balcon et un DJ américain qui passait du rock new wave » accueillant Johnny Thunders (ex-guitariste des New York Dolls), le Gun Club ou les Rita Mitsouko d’« avant les tubes ». Le Turckheim, un bar musical, Le Babouin, « des cocktails et de la new wave », le Studio 80 (on a pu y entendre Lounge Lizards, groupe de John Lurie), Le Quiproquo où se rassemble « la faune homo » de la ville, Le Bandit, haut lieu alternatif nommé « temple du rock » dans les DNA du 15 juin 1983. Alan Vega, Bérurier noir et bien d’autres y ont joué. Les boîtes ? Citons le Chalet pour ceux qui aimaient la disco et les laser shows (fermé fin 2010, voir Poly n°137) et Le Silex de Cronenbourg, nettement plus rock et underground. Fin 1980 / début 1990, c’est le « creux » selon Jean-Luc. Le relais est cependant pris par la Salamandre où se
produisent Divine Comedy, Pulp ou NAP, le groupe d’Abd Al Malik, à ses débuts : beaucoup de concerts avant que La Laiterie ne « bouffe tout ». Les sons du moment – house, acid-jazz… – résonnent alors dans des lieux plutôt gays (le Carré blanc, puis le Warning), mais aussi au Café des anges, aujourd’hui repris par les “jumeaux Ghilès”.
Facebook et limiteurs de décibels
Autre mémoire vive de la vie nocturne, Stefan Robinot, DJ actif depuis 1986 (notamment au Bandit), programmateur du festival electro-groove Contre-Temps, n’idéalise pas non plus cette époque : « Dans les années 1980, il n’y avait pas de Facebook, de mailing et toute la promo se faisait en traînant dans les cafés comme l’Italia et le Montmartre où se réunissait la jeunesse branchée pour l’apéro. La différence aujourd’hui, c’est que Strasbourg souffre d’une absence totale de clubs dignes de ce nom, de lieux pouvant accueillir des concerts de moyenne capacité, 200 / 300 places. On n’a même plus un club jazz, c’est triste. Je ne pense pas qu’il y ait de réel changement, mis à part que tout est plus contrôlé et se fait dans un cadre plus légal qu’à l’époque : demande d’autorisation, Sacem, Sécu, etc. » Autres “problèmes” récents : l’interdiction de fumer dans les bars depuis 2008 (les fumeurs se retrouvent dehors, ce qui engendre du bruit pour les riverains), la restriction des horaires d’ouverture (pour ouvrir après 1h30, il faut une autorisation de la préfecture) et, surtout, les limiteurs de décibels. Stefan acquiesce : « Les limiteurs tuent la qualité du son et sont souvent trop stricts. » Les Strasbourgeois semblent condamnés à festoyer… en sourdine.
Tous les chats sont gris ?
« À l’époque, il y avait plus d’affirmation d’appartenance à une chapelle », rappelle Jean-Luc, avec une larme de nostalgie mais
sans regret : « Aujourd’hui, il y a moins de tribus et davantage de mélange. Strasbourg est un village, mais il y a quelque chose à découvrir toutes les deux portes. » Beaucoup sont d’accord : « Il y a plus d’endroits aujourd’hui qu’il y a dix ans ! » Patrick Perez ne dit pas ça uniquement parce qu’il gère un grand nombre d’établissements (lire encadré). Car en 2011, après une longue vague “lounge” et pseudo chic qui avait une fâcheuse tendance à uniformiser la nuit, la donne change. Même le Living Room, lieu autoproclamé “successfull clubbing” semble se recycler doucement en proposant des Erasmus Party, des soirées étudiantes, comme tant d’autres focalisés sur ce même créneau. En parallèle, outre les bars “des Perez” ou ceux relancés par Franck Meunier qui se construit un véritable empire (lire encadré), Strasbourg a vu ces derniers temps (re)naître L’Entrepôt (club techno), Le Kitsch’n (bistrot bonne franquette), Le Phono (bar stylé), Le Mudd (avec son caveau et ses concerts) ou La Mandragore (pub rock au look de cabinet de curiosités)… Stefan Robinot, alias Tal Stef, se réjouit : « C’est une nouvelle vague de patrons de bars pour qui c’est le tour d’être aux commandes. Un peu de fraîcheur, cela fait du bien : depuis plusieurs années, la nuit était statique. » Et de relativiser : « Mais
bon, ce ne sont là que des lieux qui existaient déjà avant et qui ont été relookés. De plus, la plupart de cette liste ferme à 1h30. » C’est le cas du Mudd qui agite pourtant nos nuits depuis le début de l’année avec quatre à cinq soirées par semaine (concerts rock ou groove au caveau, DJs…). G Phil, l’un des propriétaires, fera sa troisième demande d’autorisation d’ouverture à 4h à la rentrée même si du côté de la Ville, Élisabeth Ramel, déléguée à la Charte de la nuit, oppose un « non catégorique à de nouvelles autorisations à proximité de la Place Saint-Étienne ». Le Mudd, qui a suivi toutes les recommandations de la Ville, se retirera de la Charte s’il n’obtient pas ce qu’on lui a fait « miroiter ».
Les nuisances sonores rendent difficile l’organisation de concerts ailleurs qu’à La Laiterie ou au Molodoï. Il y a cependant ceux programmés à la galerie Stimultania (notamment par Komakino, voir ci-dessus la photo de Tango und Cash, © Jean-Philippe Senn), au Mudd ou encore au Hall des Chars…
Une Charte pour avancer
Depuis 1992, les nouvelles autorisations d’ouverture étaient gelées à Strasbourg. Pour les bars fermant à 1h30, les autorisations exceptionnelles d’ouverture tardives délivrées au compte-goutte. Candidat à la mairie, Roland Ries avait beaucoup promis, assurant dans sa Lettre-programme aux Strasbourgeois vouloir « une ville qui bouge » en « favorisant la vie nocturne » grâce à « une plus grande amplitude des plages horaires d’ouverture » qui devait, selon lui, améliorer « la fluidité de la Poly 142 Septembre 11
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Mes voisins continuent à passer des coups de fil. Ils savent pourtant que je n’ai pas acheté des salons de thé, mais des bars avec la Licence 4 ! Pat Perez
fréquentation tout en limitant les nuisances sonores ». Mathieu Cahn, adjoint à l’animation et à la politique de la Ville, se veut ambitieux pour ne pas faire de Strasbourg « une sous-préfecture de Province. Nous avons fait de nombreux efforts en faveur de la vie nocturne en cassant le blocage des attributions des Licences 4 instauré par Catherine Trautmann. » Pas question pour autant de créer des « rues de la soif », concentrations de bars et clubs comme il en existe à Francfort par exemple. La municipalité ne s’en cache pas, elle s’est inspirée d’autres villes dans le long processus d’élaboration de sa Charte pour la qualité de la vie nocturne (deux ans de travail). Élisabeth Ramel résume : « Lille avait une Charte “light” et Lyon une politique ultra-répressive. Nous nous situons entre les deux, l’idée étant d’instaurer un dialogue avec les exploitants afin de gérer au mieux les problèmes liés aux nuisances auprès des riverains proches des lieux de fête. Les signataires s’engagent aussi sur de nombreux points que nous pouvons ainsi contrôler : tri des déchets, mise en évidence de sensibilisations aux MST, au Sida mais aussi aux dangers de l’alcool… »
La Charte en chiffres
Concerts et DJing dans le caveau, le Mudd club propose une belle alternative © Jean-Philippe Senn
mai 2010 : signature de la Charte 115 établissements potentiels 80 établissements signataires 5 refus de la municipalité 6 établissements autorisés à fermer à 7h + de 60 autorisations de fermetures à 4h
Bonne nuit les petits
Pas du luxe pour une ville à la vie culturelle riche accueillant plus de 42 000 étudiants où les habitants tiennent à leur quiétude nocturne. Les Strasbourgeois auraient-il le sommeil trop léger ? Si l’on compare l’effervescence et l’animation de grandes villes d’europe (Barcelone, Londres, Berlin…) à celle de la Capitale européenne, il devient ridicule de lui accorder ce titre. Pour Olivier Chalvignac, responsable de l’Association pour le Respect des Riverains des Établissements de Nuit (Arren)2, il est « impossible de dormir aux alentours de 4h du matin à proximité de lieux dont c’est la fermeture ». Les problèmes ne viennent pas forcément des établissements qui, pour la plupart, ont embauché des portiers transformés en “chutteurs” reprenant à l’ordre les usagers, mais « des nuisances aux abords, voire aux alentours ». Or les patrons n’ont pas autorité en la matière et « ne peuvent pas faire la police dans toute la rue et au-delà » ajoute Franck Meunier. C’est à la Police municipale de constater les débordements pour ensuite, si besoin, verbaliser.
Médiation…
Nombreux sont ceux qui plaident pour une présence dissuasive et répressive des forces de Police de proximité. La Ville a bien tenté de recourir à des médiateurs mais l’expérience s’est soldée par « un fiasco total » se souvient Olivier Chalvignac. « Ils n’avaient aucune autorité pour faire respecter le silence. Seule la Police est peut faire appliquer la loi… Pourquoi ne pas la faire patrouiller à vélo ? » Un avis partagé par Franck Meunier rappelant que « l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie avait payé la première vague de médiateurs, la Mairie finançant la seconde. Bilan : la prévention sans répression ne fonctionne pas. Il faut éduquer et punir, donc verbaliser. » Mathieu Cahn a bien « conscience des limites de cette expérience » et assure très diplomatiquement que les Policiers municipaux ont déjà « dressé plus de 2 000 procès verbaux en 2010 pour ivresse sur la voie publique et nuisances sonores. Nous manquons de moyens pour aller plus loin et je ne suis pas convaincu qu’une simple augmentation des effectifs constitue la solution au problème. Il faut sensibiliser les usagers. Notre grande campagne d’affichage de rentrée ira dans ce sens. »
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… ou sanction
Mais, face à l’apparition d’alcoolisation massive des moins de 25 ans sur la voie publique qui poussa le Maire à interdire, par arrêté municipal, sa consommation sur la Place de la République et dans le Parc de l’Orangerie, les solutions manquent. « Sur les questions sécuritaires, les lignes bougent lentement au Parti socialiste », assure Jean-Charles Quintiliani, ancien adjoint à la sécurité de l’ère Trautmann qui a viré de bord, ralliant le groupe Strasbourg au Centre (UMP – Gauche moderne et indépendants). Pour lui, « la Police municipale est en sous-effectifs : ils sont aujourd’hui 158, mais Strasbourg devrait atteindre la barre des 200. » Et de proposer « la constitution d’une patrouille, une brigade de l’environnement d’une dizaine ou quinzaine de Policiers municipaux, formés à la prévention, qui connaîtraient les riverains. »
Un combat inégal
bules. Traduction 2 : Il faut ménager la chèvre et le chou… une mission impossible. Selon le responsable de Contre-Temps, « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Une ville qui souhaite développer sa vie nocturne doit accepter le fait que cela nuise à quelques voisins. Il faut faire de vrais choix. » Et de prophétiser : « D’après moi, la vie nocturne est condamnée à une mort lente. » Moins catégorique, Patrick Perez affirme cependant que « le voisinage sera toujours prioritaire par rapport à l’activité liée aux bars. Vouloir à la fois le respect de la quiétude des riverains et des terrasses animées la nuit, c’est un serpent qui se mord la queue. » Dans ce contexte, la Charte actuelle apparaît plus comme un espace de dialogue qu’un outil permettant d’apporter les réponses aux problèmes émergeants. Qu’on se le dise, c’est culturel : dans les villes qui bougent la nuit, les riverains ne sont pas rois.
Mathieu Cahn le répète à l’envi : « Il faut tenir compte de la multiplicité d’usages du centre. » Traduction 1 : La ville n’appartient pas qu’aux dormeurs, mais aussi aux noctam-
Au départ, il y avait La Chambre des Métiers, de 1983 à fin 2001, un bistrot mythique (avec des concerts des Weepers ou de LéOparleur) qui connut une fin tragique… remplacé par un Crédit Lyonnais. L’équipe ouvre alors La Taverne des Serruriers, ne se contentant pas de La Taverne française, en face du TNS, reprise fin des années 1990 par un des membres de “la famille Perez”. Suivra, le rachat du Trolleybus, du Diable bleu, du Phono, puis, récemment, du Bistrot en face (du Trolley). Tous gérés indépendamment. Mise à part l’expérience éphémère de La Manutention (« repris au moment où Schutzenberger a revendu ses immeubles » dit Patrick Perez) ou du Mad’s qui a duré un an et demi, leurs bars sont des affaires qui roulent plutôt bien. Franck Meunier débute par la gestion d’une petite pizzeria de 1998 à 2003, Caprice de star, située rue du Faisan
en face d’un « établissement en perte de vitesse », La Java… qu’il rachète en décembre 2002 (et revend en juillet 2010). En 2005, son chiffre d’affaires est doublé. L’année d’après, il rachète la péniche Le Rafiot (revendu en mai 2011), puis, en juin, L’Atlantico, toujours quai des Pêcheurs, et en septembre, Les Aviateurs, « une institution ». Pour poursuivre son concept de “Strasbourg plage”, il acquiert, en juin 2009, L’Hippocampe, renommé Barco Latino. Suivront La Hache, La Taqueria (revendu en juin 2011), Le Schlusselbad (situé au début du Neudorf) et La Salamandre. On pourra y danser et s’y restaurer jusqu’à 4h. Franck Meunier est également porteur du futur projet de réhabilitation du Palais des fêtes… Ce qui le motive ? L’envie de donner un « second souffle à des lieux en fin de vie » en questionnant leur histoire.
Les Aviateurs © Frédéric Godard
Perez & Meunier : les princes de la nuit
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EUROPE
TOUCHE PAS À MON HAMSTER Condamnée par la justice européenne au mois de juin, la France va devoir agir pour protéger le grand hamster d’Alsace si elle veut éviter des amendes pharaoniques. Portrait d’un sympathique mammifère menacé par l’uniformisation de nos campagnes et l’urbanisation galopante.
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est une petite boule de poils qui pose bien des problèmes à l’État français : malgré son appellation de grand hamster d’Alsace, l’animal est en effet plutôt menu, avec sa vingtaine de centimètres de long, et trapu, puisqu’il peut atteindre 500 grammes. Depuis quelques années, il est devenu un symbole de la lutte pour la préservation des espèces. Dans les années 1930, le rongeur était encore classé dans les “nuisibles” : rien n’empêchait alors sa destruction systématique par piégeage ou empoisonnement principalement. Peu à peu, on prit conscience de la nécessité de sauvegarder l’animal. Il est désormais inscrit à l’Annexe II de la Convention de Berne1, listant les “Espèces de faune strictement protégées”, et défendu par une Directive européenne2. Tous les garde-fous juridiques sont donc en place, mais cela n’a pas suffi…
En voie d’extinction
Les causes principales de la disparition de grand hamster d’Alsace, Frédéric Burner, président du Groupe Hamster de l’Association pour la protection de l’environnement de Lingolsheim et environs (APELE)3 les résume avec simplicité : « L’égoïsme, la cupidité et l’ignorance de certains hommes. » Pour être plus précis, le principal responsable est le maïs, ou plutôt sa présence excessive : « Aujourd’hui, environ 80% des surfaces cultivables de la plaine d’Alsace sont plantées de maïs ». Une catastrophe pour Cricetus cricetus – le nom scientifique de la bestiole – qui hiberne de fin septembre à fin mars. Lorsqu’elle se réveille, les champs sont à nu, puisque la plante est semée en avril / mai, un facteur compliquant sa quête de nourriture. Plus grave, le « hamster, affaibli, qui n’est plus protégé par une couverture végétale, est une proie facile pour ses prédateurs, rapaces en tête. » Ajoutons à cela une « extension de l’urbanisme et une fragmentation des écosystèmes liée au développement des routes. » Maïsiculture massive et hypertrophie des zones pavillonnaires, au-delà de la tragédie esthétique qu’elles constituent – une uniformisation insupportable des paysages – sont aussi des menaces écologiques. Le résultat ? Un déclin très rapide : un peu plus de 1 150 terriers dénombrés en 2001, contre 160 environ en 2007. Depuis, les choses se sont un peu améliorées, puisque le dernier comptage, dont les résultats ont été rendus public le 8 juillet, recense 460 terriers (une légère baisse par rapport aux 480 de 2010).
Malgré une mobilisation de multiples associations, la situation du rongeur est donc très fragile. Sa disparition serait catastrophique pour Jean-Paul Burget, président de Sauvegarde Faune Sauvage (SFS)4 : « Il est l’emblème de la petite faune des champs. Si on réussit à sauver le hamster, on pourra préserver tout un écosystème, celui du vanneau huppé, du lièvre, du milan… » Même son de cloche chez Frédéric Burner pour qui le mammifère est « le thermomètre de l’environnement dans la plaine d’Alsace et le meilleur garant de la biodiversité ».
Que faire ?
SFS possède trois élevages de grands hamsters (au Zoo de Mulhouse, au Centre de réintroduction des cigognes et des loutres de Hunawihr et à Elsenheim) regroupant 650 individus et procède à de réguliers lâchages en milieu naturel. Cela contribue à maintenir les effectifs, mais ce n’est pas assez. Tout comme les efforts du gouvernement français jugés insuffisants par la Cour de justice de l’Union européenne (saisie par la Commission suite à une plainte de SFS) dans son arrêt du 9 juin 20115 : « En n’instaurant pas un programme de mesures permettant une protection stricte de l’espèce », la France « a manqué aux obligations qui lui incombent ». Dans un plan d’action établi en 2007 (jusqu’en 2011), la création de trois Zones d’action prioritaire (ZAP) où existent des cultures favorables au grand hamster n’a pas suffi puisque le seuil cible de 22% de luzerne ou de blé n’a été atteint en 2010, que dans une seule des trois. Pour permettre la viabilité de la population (1 500 habitants par ZAP), il reste du travail : il est primordial de mettre en place, en travaillant avec les agriculteurs, « un maillage de blé et de luzerne, comme un échiquier » et, pourquoi pas de « créer une nouvelle ZAP autour de Obersaasheim où des spécimens ont été découverts ». Reste que la France se doit d’agir : si la Commission constate que le manquement se poursuit, cela risque de coûter très cher au contribuable, les amendes prononcées devenant, selon Frédéric Burner rapidement « plus élevées que le prix d’une protection efficiente ».
Par Hervé Lévy Photo de l’APELE
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Le grand hamster est le thermomètre de l’environnement dans la plaine d’Alsace Frédéric Burner
Signée le 19 septembre 1979 dans le Cadre de Conseil de l’Europe, elle a pour but d’assurer la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel 2 Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992, concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages 3 www.hamster-alsace.fr 4 www.sauvegardefaunesauvage.fr 5 Dans l’affaire C-383/09 Commission européenne contre République française. Texte complet de l’arrêt consultable sur le site www.curia.europa.eu 1
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GRAND ENTRETIEN
L’HIVER DE LA CULTURE Nous avons pu lire en exclusivité le livre de Robert Grossmann Culture en Alsace, la panne ? à paraître au Verger, début octobre. Rencontre, au mitan de l’été, avec un ancien adjoint à la culture, pistolero politique toujours en verve à 70 ans. Par Hervé Lévy et Thomas Flagel Photo de Stéphane Louis pour Poly
Pourquoi publier ce livre en octobre 2011 et pas avant les Régionales, en même temps que votre lettre ouverte aux candidats ? Les élections régionales ont été un aiguillon. J’ai lu attentivement tous les programmes et constaté que la culture en était absente. Je me souviens notamment d’une réunion publique de Philippe Richert rassemblant 1 200 personnes, où le mot “culture” n’a été prononcé qu’une seule fois. Lorsque j’ai interpellé les candidats, j’avais été consterné de voir qu’il y avait deux grandes lignes dans leurs propositions : le bilinguisme et une grande fête alsacienne. C’est un peu court, voire démagogique. J’ai observé, depuis trois ans, ce qui se passe au niveau de la Ville et de la Région et remarqué un grand vide. Face à cette désillusion, que je ne suis pas seul à ressentir, j’ai eu envie d’écrire…
responsabilité directe, j’ai rencontré, à leur demande, plusieurs acteurs de la vie culturelle, des plasticiens, des gens de théâtre… Sont ressorties des choses que j’ai souhaitées retranscrire. L’homme fictif qui me questionne dit des choses que j’aurais peut-être eu plus de scrupules à exprimer.
On a le sentiment que votre ouvrage ne concerne que les professionnels des professions culturelles et les “grenouilles de festival” ? Mon public ce sont bien sûr les décideurs, les élus, les financeurs privés et les acteurs de la vie culturelle, mais je serais très heureux que tous ceux qui constituent les publics de la culture se sentent aussi concernés.
Vous vous référez sans cesse aux canons de la politique culturelle d’André Malraux… Chez Malraux, les “Cathédrales de la culture” étaient une grande idée : installer en province ce qui se passait à l’époque à Paris et permettre à tous d’accéder aux grandes œuvres de l’humanité. Une autre chose importante est liée à l’affaire des Paravents de Genet. Tous les députés de la majorité ont fait une bronca autour de la pièce : « La liberté n’a pas toujours les mains propres ; mais quand elle n’a pas les mains propres, avant de la passer par la fenêtre, il faut y regarder à deux fois » déclara le ministre. Le respect de la liberté du créateur est aussi essentiel que le reste de sa politique culturelle… À l’époque, on m’a appelé pour me demander de supprimer des passages dans Pan de Marc Monnet créé à l’Opéra national du Rhin ou de porter atteinte à des œuvres de Journiac au MAMCS. Je ne l’ai évidemment pas fait…
Pourquoi avoir choisi l’artifice formel d’un dialogue imaginaire avec Jean-Louis Christophe, plasticien lui aussi imaginaire ? J’ai trouvé cela plus vivant que de gloser. Un tel choix correspond aussi à une réalité : depuis que je ne suis plus en
Vous regrettez que la Municipalité actuelle n’ait pas eu la même démarche en effaçant une citation de Céline à la Médiathèque Malraux ? J’ai trouvé cela en contradiction avec la “liberté de culture”. Céline est à
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condamner sans réserves pour tous ses côtés sombres, pour ses pamphlets antisémites. En revanche, il est sans doute, avec Proust, le plus grand écrivain du XXe siècle. Le fait que Ruedi Baur, concepteur de la signalétique de la Médiathèque Malraux, ait mis cette citation au-dessus des WC ne m’a pas dérangé. Le clin d’œil était évident et l’enlever a été une erreur. « Subventions publiques : pas de politique de l’audimat ! » écrivezvous, ce qui va à l’encontre des politiques culturelles actuelles… Aujourd’hui, ce ne sont pas des augmentations de crédits dont la culture a besoin. Je pense que Martine Aubry se trompe en privilégiant une politique de la quantité. Il est nécessaire d’opérer des redéploiements. Ce que je peux reprocher à la Ville et à la Région est de rester dans ce qui a été fait, de poursuivre sans aucune innovation, ni projet. Pourquoi tant d’animosité, dans votre livre, pour la Marque Alsace que vous comparez au “vu à la télévision” des publicités ? C’est totalement superfétatoire si, après avoir dépensé 350 000 € on en arrive, lors du rapport d’étape, à dire qu’un des emblèmes de l’Alsace est la cigogne. C’est à désespérer ! Il aurait mieux valu investir dans des projets culturels, puisque cette marque est un simple effet de mode. Même jugement pour “Strasbourg The Europtimist” ? J’ai l’impression qu’il a déjà disparu… Après un tel effet d’annonce, je ne
l’ai plus vu nulle part. Ce que je peux reprocher à la Ville, est l’utilisation constante de tels procédés. Pour tout, on cherche la bulle de savon qui va plaire. On a l’impression que l’audace de Roland Recht ouvrant les portes des musées à Quesniaux et consorts en 1987 / 1988 a disparu… Ce que Roland Recht a fait était une révolution et les protestations qui l’ont accompagné ont montré qu’il était en
rupture avec la politique traditionnelle des Musées. Aujourd’hui, rares sont les artistes de la région exposés dans les Musées : Daniel Depoutot ou Camille Claus, par exemple. Je pense qu’il manque un endroit pour eux. C’est pour cela que j’étais un farouche partisan de restaurer la salle de l’Ancienne Douane qui pouvait être un beau lieu où se côtoieraient artistes alsaciens et expositions des musées. Curieusement, la Municipalité a opté, enfin si c’est encore à l’ordre du jour, pour un espace dédié à l’agriculture bio.
En mars 2009, vous définissiez, dans nos colonnes, la politique culturelle de Strasbourg en un seul mot : « la vacuité ». À la lecture de votre livre, vous semblez toujours le penser… Cette définition est toujours d’actualité. La vacuité, à laquelle il faut ajouter le désordre : je vous mets au défi de rencontrer un acteur culturel qui puisse trouver à qui il faut s’adresser. Quand on pense qu’il y a un adjoint à la culture coiffé par un “super adjoint” à la culture, une vice-présidente Poly 142 Septembre 11
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de la CUS chargée de la culture, un Maire qui s’occupe de la culture, une ancienne ministre de la culture, deux ou trois conseillers au cabinet du Maire pour la culture… Cela montre qu’il n’y a plus de volonté politique de mettre la culture au cœur de la politique municipale. Pourtant les budgets ne baissent pas avec 25% du total dédiés à la culture… À Strasbourg, on ne peut pas dire, aujourd’hui, que c’est une catastrophe, mais pas non plus qu’il se passe quelque chose d’important. C’est une continuité plate par rapport à ce qui a été fait par les prédécesseurs… Et l’avenir ? Je me demande si tout le monde ne s’accommode pas de cela puisque personne ne bouge. Tous demeurent assoupis, pourvu qu’ils reçoivent quelques subventions. Autre hypothèse : un réveil prochain… En tout cas, Strasbourg n’est plus à la hauteur de son rang. À la Ville, au Département, à la Région, vous pointez un désintérêt profond et général des responsables politiques pour la culture. D’où vient-il ? Quand je pense à l’engagement de Pierre Pfilmlin, de Germain Muller ou de Marcel Rudloff dans la culture… C’était un bonheur. J’ai l’impression que les élus ne sont plus habités par une conviction culturelle. Fabienne Keller, quand nous travaillions ensemble, avait souhaité que tous les points concernant la culture soient présentés au début de l’ordre du jour du Conseil municipal. Aujourd’hui, ils sont traités en dernier. C’est un signe que les politiques ne sont plus conscients de ce qu’elle représente : un moyen de changer les mentalités et de générer des résultats économiques. Mais ce désintérêt est perceptible aussi au niveau de l’État. En tout cas, Strasbourg manque d’un événement phare. Il existe une multiplicité d’initiatives culturelles qui se diluent. Quel projet permettra de lancer l’Alsace dans l’avenir ? En a-t-on vraiment besoin alors qu’on a 30
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déjà de grands festivals ? Je crois qu’il y a un besoin… Mais si je savais aujourd’hui quoi mettre en œuvre, je l’aurais écrit noir sur blanc. J’évoque plusieurs possibilités : replacer, par exemple, l’humanisme rhénan dans sa contemporanéité et faire en sorte que l’ensemble des collectivités puissent être concernées.
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Existent aujourd’hui une frustration et un manque culturel à combler. Je ne fais pas de plan sur la comète : 2014 c’est loin et il faut préparer cette échéance…
Dans vos pages – très nombreuses et très dures – sur Roger Siffer, on sent une ambiance Règlement de comptes à O.K. Corral, alors que vous êtes plus qu’élogieux avec les Scouts. Pourquoi cette différence de traitement ? Je suis frappé, pour ne pas dire consterné, par le fait que lorsque des journaux parisiens parlent de l’Alsace, obligatoirement, ils évoquent Roger Siffer qui mériterait d’être revu à la lumière du mythe qu’il a créé en 1968. On ne peut pas reprocher à un entrepreneur de spectacles de ne pas penser à ses recettes : sur ce plan, c’est un très bon entrepreneur qui a les yeux en face des trous. Quant à la qualité de ses prestations c’est un peu différent. Ce n’est pas loin de la bouffonnerie : il le dit luimême en affirmant partout qu’il est un artiste “anarcho-éthylique”. Faisons de la psychanalyse de bazar : n’y aurait-il pas chez vous un amour / haine pour Roger Siffer ? Un de mes rêves aurait été de monter sur les planches et de l’incarner… Pour
l’anecdote, un jour Roger m’a offert un pavé avec une inscription amicale de sa part qui évoque son Mai 68 et le mien. Je ne sais pas si je suis aussi négatif que vous le dites. J’ai aussi des mots affectueux pour lui. C’est peut-être en effet du ressort de la psychanalyse… Votre proposition essentielle pour lutter contre la panne de la culture que vous dénoncez est la création d’une Commission Permanente de la Culture en Alsace N’est-ce essayer de faire du neuf avec du vieux ? C’est une manière de dynamiser la culture et de faire en sorte que tous les acteurs se rencontrent pour analyser l’ensemble des éléments du paysage. Ça n’est pas un “machin” de plus… Il n’y a aujourd’hui pas d’instance où les représentants du Conseil régional, des deux Conseils généraux, des villes, quelque soit leur taille, et ceux des différentes disciplines culturelles peuvent évoquer les contours d’une politique. Ma réflexion est de nature à réveiller les responsables… C’est une manière participative de procéder dans une volonté de respect et de démocratie. Personne ne doit imposer une politique culturelle. Elle doit être le fruit d’une une réflexion commune. Ce livre ressemble à un programme électoral : quelle est aujourd’hui votre ambition ? Je voudrais qu’il soit un livre manifeste, un aiguillon pour tous les élus, quelque soit leur niveau de responsabilité, pour qu’ils prennent conscience qu’existent aujourd’hui une frustration et un manque culturel à combler. Je ne fais pas de plan sur la comète : 2014 c’est loin et il faut préparer cette échéance, mais je préfère franchement lancer une réflexion culturelle… Certains mauvais esprits disaient à l’époque : « Grossmann s’investit dans la création contemporaine plastique parce qu’il a des ambitions politiques ». Si quelqu’un me démontre que l’art ramène des voix, je suis preneur.
LE LIVRE PASSÉ À LA LOUPE
Par Hervé Lévy et Thomas Flagel
Rencontre avec Robert Grossmann, à Strasbourg, à La Librairie Kléber, samedi 15 octobre à 17h 03 88 15 78 88 www.librairie-kleber.com Culture en Alsace, la panne ? (couverture provisoire) paraîtra au Verger, début octobre (15 €) www.verger-editeur.fr
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ans son ouvrage, Robert Grossmann semble inventer un nouveau genre, le “western culturel” : au cœur de cette vaste épopée dans l’Est sauvage foisonnent en effet les duels épiques et autres règlements de comptes (avec Catherine Trautmann, Norbert Engel, Roland Ries…). Dans cette lecture personnelle et engagée de l’histoire culturelle de la région, on rencontre ainsi des bons (Pierre Pflimlin, Germain Muller, Robert Grossmann himself…), des brutes et des truands. Au fil des pages, le lecteur se demande parfois ce que peut encore offrir notre époque sans initiative face à l’esprit pionnier des grands découvreurs d’espaces et des bâtisseurs d’antan. En Alsace, Robert Grossmann est l’un des derniers politiciens de la “vieille école” qu’on reconnaît à un art oratoire acéré, des formules ciselées avec soin et un amour revendiqué pour la disputatio, ce débat vigoureux et constructif. L’ancien président de la Commission culture du Conseil général puis de la Région et adjoint (toujours) à la culture de la Ville de Strasbourg revient en détail sur le dernier quart de siècle, magnifiant certains de ses prédécesseurs – le duo Pierre Pflimlin (puis Marcel Rudloff) / Germain
Muller (Opéra national du Rhin, Musica, Le Maillon, TJP…) – et rappelant ses propres succès (Aubette, Médiathèque Malraux, Bibliothèques Idéales, Zénith…) en ne se privant pas de brocarder quelques personnalités. Jean Hurstel avec qui il était en conflit à La Laiterie ? Un « Saint-Georges d’extrême gauche terrassant un dragon préfabriqué ». Roger Siffer ? « Comme un frère qui aurait mal tourné » et qui, « trop vite, glissa vers la bouffonnerie » se laissant griser par les « appels du tiroir-caisse ». Devant notre surprise, à la lecture du long chapitre consacré à l’amuseur du Val de Villé, il pirouette avec répartie : « Mettons que celui qui écrit tout cela n’est pas l’homme politique sérieux et grave, mais le personnage qu’incarne Roger Siffer dans ses revues. » D’autres en prennent pour leur grade. Certains politiques, évidemment… L’autocritique ? Un doigt, pour la route, mais nous ne sommes tout de même pas aux Procès de Moscou. L’échec de la campagne “Strasbourg Capitale européenne de la culture 2013” ? « Les dés étaient pipés. » Selon lui, le jury souhaitait, avant même le début de la compétition, que Marseille l’emporte. Robert Grossmann dénonce avec finesse « le culte du passé » qui sert toujours dans notre région « de clé pour toutes les serrures ». Il appelle de ses vœux un « grand projet fédérateur ». Metz a Pompidou, Lens aura son Louvre en 2012… Et l’Alsace ? Il énonce l’idée de revisiter l’Humanisme rhénan et d’explorer la « signification de ce qu’il pourrait être en ce début de XXIe siècle » après avoir préalablement dénoncé son usage à toute les sauces par de nombreux responsables n’en ayant pas lu la moindre ligne. Il lance ensuite son idée phare : la création d’une Commission Permanente de la Culture en Alsace (voir entretien). Voilà l’ancien Maire délégué converti aux vertus du participatif qui « n’a pas été inventé par Ségolène Royal ou Roland Ries mais remonte au Général de Gaulle », nous explique-t-il. Les ondes émanant de la place de l’Étoile semblent décidément puissantes. Mais est-ce si surprenant pour un homme qui se déclarait, il y a quelques années « culturellement de gauche » ?
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GIRL – POWER
des poupées qui font non En référence à un slogan des mouvements féministes des années 1960, une poignée d’étudiantes strasbourgeoises créait, en 2009, l’association Les poupées en pantalon et le magazine éponyme.
Par Irina Schrag
À paraître en septembre, Les Poupées en pantalon n°4, dans les librairies Quai des brumes, Kléber, au TNS, à l’Université (3 €) w ww.lespoupeesenpantalon. blogspot.com
Auteure et chercheuse au CNRS, elle est la co-fondatrice de la revue Nouvelles Questions Féministes. À paraître en septembre, Un troussage de domestique, ouvrage collectif coordonné par Christine Delphy, éditions Syllepse (7 €) www.syllepse.net 2 www.lessoeurs.org 1
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L
e mouvement de grogne anti loi Pécresse battait son plein depuis de longues semaines en 2009 lorsque neuf étudiantes en Droit, en Sciences et en Arts du spectacle prirent conscience des dérives “genrées” de ce mouvement. « Au cours de l’occupation des bâtiments de la fac, les étudiants monopolisaient la parole pendant les AG tandis que les étudiantes étaient reléguées aux tâches ingrates comme celle de la tenue d’une Cafèt’ », se souvient Anaïs Cayla, l’une des neuf fondatrices de l’association. La pilule du retour au schéma dominant passe mal chez ces militantes engagées, majoritairement, au NPA. Après la mise sur pied d’un débat sur le sexisme lors d’une AG désertée, elles décident de prendre leur parole en main, de créer leur « propre outil de lutte entre femmes » avec ce besoin, comme la plupart des mouvements féministes avant elles, de « se retrouver entre soi pour parler de soi ». Les Poupées en pantalon étaient nées. Objectif : éditer un magazine, deux fois par an pour « dénoncer le système politicohétéro-patriarcal toujours à l’œuvre dans notre société » clame Anaïs. Avec pour figures tutélaires Simone de Beauvoir, les “343 salopes” et Christine Delphy1, elles partagent des oppressions communes, débattent énormément sur la déconstruction des genres, les violences faites aux femmes, les fonctions sociales et les inégalités entre les sexes… Il faudra attendre le second numéro pour que les pages de la revue s’ouvrent à des contributions masculines, le comité éditorial restant exclusivement féminin. Un besoin de non mixité quelque peu passéiste – pourquoi, en
effet, se couper des apports masculins sur toutes ces questions ? – mais « toujours en débat et non figé » nuance Anaïs. Grâces aux dons, à une aide de la Ville de Strasbourg et au soutien de l’association des Sœurs de la perpétuelle indulgence2, elles éditent trois numéros, ne reculant devant aucun sujet : dossier sur l’IVG, les femmes et le franquisme en Espagne, la lesbophobie, la prostitution, la masturbation féminine… Le ton se veut sérieux (glossaire fourni) et drôle (des horoscopes décalés), cash mais pas provoc. Loin, très loin des campagnes choc comme “Osez le clito”. « Nous voulons simplement être dans les sacs à main des filles, êtres rassembleuses pour faire avancer nos idées. »
03.10.–20.11.2010 01.10.– 30.11.2011 www.luxembourgfestival.lu www.luxembourgfestival.lu àBalé 02:05 de Paris en TGV... da Cidade de São Paulo – London Symphony Orchestra –
Valery Gergiev – Zaz – Maria Schneider – «Le jardin des délices» / Emmanuelle York Philharmonic Gilbert – Ballet Preljocaj Bianca LiBéart – The– New Cleveland Orchestra– Alan – Franz Welser-Möst – & Théâtre Bolchoï – Paco de Lucía – Michael Clark Company – London Symphony «Derdu Turm» / Claude Lenners – Souad Massi & Band – «Deca Orchestra Colin Davis – «Les Justes» / CamusGerhaher – Pierre Boulez – Daniel Dance»– Sir / Batsheva Ensemble – Christian – Orchestre Kehlmann – Gewandhausorchester Leipzig – Cecilia Bartoli – Françoise Berlanger – Philharmonique du Luxembourg – Emmanuel Krivine – Joshua Ian Bostridge – Abbas Kiarostami – Sonny Rollins – «Cosi fan tutte» / Mozart – RedmanSpalding / Brad –Mehldau Duo– Thomas – «Elektro Kif» / –Bianca Li Nordey – Esperanza Ballet Biarritz Quasthoff Stanislas – Magdalena Kožená – Anoushka Shankar – Les Arts Florissants – Philippe Herreweghe – Andreas Spering – Angelika Kirchschlager – «Otello» / William – Daniel Hope – «Tue-Tête» / Judith Chemla – Verdi – Ben Christie Heppner … Cristina Branco – Emmanuel Pahud – «Gina» / Eugénie Rebetez – Anne Sofie von Otter – Truls Mørk
n théâtre polis. ux inventions nastère. Hoik, on époque, est e l’homme des ort, il utilisera on condisciple es), ce qui dee pour pointer
uleversement, ard était aupaes sociales ont Comme celui la bouche de ien mécanique gulière, Barker s auraient dise mort.
le masque et la plume En première mondiale, Fanny Mentré monte Ce qui évolue, ce qui demeure, pièce écrite en 2004 par Howard Barker. Le dramaturge anglais, fils d’ouvriers dans une petite usine de reliure sans aucun livre à la maison, y conte l’histoire d’Hoik, jeune scribe aussi talentueux qu’arrogant, bouleversée par les premières machines à imprimer.
Vous êtes l’auteure associée du TNS, comment avez-vous découvert ce texte inédit de Barker ? Je dirige le comité de lecture du Théâtre où nous recevons 150 textes par an. Une rencontre comme celle de Ce qui évolue, ce qui demeure envoyé par la traductrice Pascale Drouet est très rare. J’ai tout de suite su vouloir en faire quelque chose. Je me sens proche de cette écriture qui ouvre sans cesse les sens et ne peut s’enfermer dans une morale. On ne peut que se poser des questions mais rien résoudre. Hoik est-il une victime ou un bourreau ? Ce gamin en quête de vérité, vivant dans une société complètement formatée, peut être perçu comme un héros refusant tout compromis par rapport à son art. En même temps, il est complètement horripilant, inadapté au monde, orgueilleux…
Par Thomas Flagel
À Strasbourg, au Théâtre national de Strasbourg, du 11 au 27 octobre & du 3 au 10 novembre 03 88 24 88 00 www.tns.fr
Howard Barker
Howard Barker [Œuvres choisies vol. 8]
Ce qui évolue, ce qui demeure
Ce qui évolue, ce qui demeure – Graves Épouses/animaux…
meure
THÉÂTRE – STRASBOURG
Traduit de l’anglais par Pascale Drouet
Graves Épouses/ animaux frivoles Traduit de l’anglais par Pascal Collin
fr
❙ Maison Antoine Vitez ❙
01/07/11 17:19
À Paraître en septembre : Howard Barker, Ce qui évolue, ce qui demeure & Graves Épouses / animaux frivoles, Œuvres choisies vol.8, Éditions Théâtrales (19 €) www.editionstheatrales.fr
Tous les personnages ont des obsessions qui affleurent. Tram, le Grand maître des éducateurs se plaît à entretenir une relation malsaine avec Hoik : louant son génie inégalé pour mieux révéler son inutilité à l’arrivée des machines à imprimer. Tous ces hommes d’église recèlent du ressentiment, de la perversité… La pièce parle de pouvoir, ce qui implique un abus d’un côté ou de l’autre. Barker ne décrit pas un beau monde mais des enjeux de domination. L’Église dans la pièce pourrait d’ailleurs être la politique aujourd’hui. Le rapport de pouvoir que Tram exerce sur Hoik frôle, si ce n’est la pédophilie, une relation ambiguë… Tout à fait, mais ce rapport d’amour s’inverse. Tram n’est pas pédophile. L’histoire se
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déroule en 1450. Hoik à 17 ans, c’est un adulte pour l’époque. Et quand bien même, c’est une histoire d’amour. Perverse, mais d’amour. Tram ne fait pas la tournée des monastères pour se taper des scribes ! Le texte et les scènes s’enchaînent sans pause. Qu’est-ce que cela entraîne dans vos choix de mise en scène ? Barker se donne la liberté d’être sans cesse à l’apogée de rapports entre les personnages dont on a l’impression qu’ils sont à leur paroxysme. Il faut inviter le public à jouer ce jeu-là, remettre en cause ses habitudes de rythme. Les scènes vont s’enchaîner à vue, même si nous travaillons dans le noir. J’ai envie qu’on discerne à peine les choses, que les comédiens s’éclairent avec du feu, des torches. D’ailleurs, les premiers mots de Hoik sont : « On ne regarde pas ». Convoquer des gens pour leur dire qu’ils vont arrêter de voir, c’est affirmer qu’on n’est pas bêtement devant la téloche. Dès la première scène, surgit une violence soudaine entre Hoik et Slee, un autre scribe qui le pousse à bout. On sent que le drame en cours va déraper… Toute la pièce est contenue dans cette première scène. Slee lui dit que s’il est un virtuose, sa présence ne devrait pas plus le gêner qu’un nuage passant dans le ciel. Hoik a cette phrase magnifique : « Peut-être n’est-il pas bon d’éprouver face à autrui une indifférence semblable à celle que l’on ressent au passage des nuages peut-être qu’un tel degré de virtuosité m’offense peut-être qu’il offense aussi Dieu ». Elle pose la question de ce qu’est l’art. Est-ce une valeur en soi ? Faut-il l’ouvrir aux autres ? Dans ses livres théoriques sur le
théâtre, Barker parle de l’élitisme. Il explique qu’on en a fait un gros mot. Le théâtre pour tous oui, mais dans quel sens ? Barker dit ne pas vouloir divertir au théâtre, mais plutôt déplaire, aller au fond des choses. La démocratisation de l’accès aux textes et une certaine vision du progrès sont en question lorsqu’un personnage ramenant de voyage la première arme à feu dit : « Tuer était un art avant l’arme à feu. » Écrire était aussi un art avant l’imprimerie… Il questionne les priorités du progrès et de l’art : la diffusion en entrant dans un rapport
de communication ou le maintien à tout prix d’une chaîne de la beauté en se disant qu’il reste quelque chose de l’âme qui passe de main en main ? Hoik est d’ailleurs persuadé que ce sont ses humeurs qui font la beauté des traits de sa plume… Il parle de la beauté du chant des oiseaux et de son écriture, embellie par l’anxiété. La beauté se définit-elle par ses canons ou est-elle l’exception, l’inaccessible au sens d’un certain élitisme ? Et l’on ne peut répondre à cette question. Barker parle évidemment de son travail et de ses propres questionnements.
Croquis de travail des costumes de Ce qui évolue, ce qui demeure réalisé par Tomoyo Funabashi, tout juste sortie de l’École du TNS avec le groupe 39
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Peut-être n’est-il pas bon d’éprouver face à autrui une indifférence semblable à celle que l’on ressent au passage des nuages
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Barker véhicule quelque chose de l’origine du monde dans ses personnages, comme s’il y avait un choc des titans
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une plume dans le cou de Slee. Il est hors de question qu’ils se touchent ! Les choses sont dites, pas besoin de les montrer.
Portrait d’Howard Barker par Eduardo Houth
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La structure de la pièce repose sur les personnages, leur psychologie et leurs interactions plus que sur les lieux dans lesquels ils évoluent. Quelles conséquences cela entraîne-t-il dans vos décors ? J’avais envie d’un dispositif bi-frontal avec du public de part et d’autre de scène pour confronter les gens à la théâtralité. J’aime que l’on puisse élever le regard. Des escaliers ponctués de deux paliers descendent de la mezzanine sur laquelle est installée la régie. Nous les investirons pour amener de la verticalité. Nous resserrerons les focales pour des moments très intimes et émouvants sur une estrade mobile qui permet aussi des vues panoramiques. Les comédiens ne se parlent forcément pas de la même manière face à face que lorsqu’il y en a un en bas et l’autre en l’air. Ils porteront des micros pour murmurer à 30 mètres l’un de l’autre, par exemple lorsqu’Hoik enfonce
Comment avez-vous imaginé les costumes avec Tomoyo Funabachi qui sort tout juste de l’École du TNS ? À la lecture de la pièce on s’attend à trouver une esthétique proche du Nom de la rose. Comme les comédiens seront en scène pour faire les sons de plume, pour s’éclairer les uns les autres, on peut suggérer les robes de bure. D’un autre côté je veux des costumes modernes. Lors de ma première discussion avec Tomoyo et Élisabeth (Kinderstuth responsable de l’atelier couture du TNS, NDLR), je leur disais ne pas du tout imaginer Tram en costume d’ecclésiastique, même moderne. Pour moi c’était Strauss-Kahn. Dix jours après, l’affaire américaine éclatait. On dit du “Théâtre de la catastrophe” de Barker qu’il est une sorte de tragédie nihiliste… Pour moi, ce n’est pas nihiliste. Cela remet la beauté au milieu des choses, réaffirme que le théâtre n’est pas là comme représentation du monde. Barker est très en colère contre le théâtre anglais des années 1960 et ses auteurs réalistes. On n’a pas arrêté de caractériser de tragédie ce qui est de l’ordre de l’accident. Or, la tragédie ne peut exister. Elle est un ailleurs. Barker véhicule quelque chose de l’origine du monde dans ses personnages, comme s’il y avait un choc des titans. Aujourd’hui, les religions se cassent la gueule, ce qui nous oblige à nous réapproprier cette notion d’éternité. Comment s’approprier sa propre trace ? Tous les personnages sont dans l’écriture, au sens propre comme au sens figuré, de leur propre vie.
Media CrĂŠation / D. Schoenig
La musique, u n e s ec o n d e n at u r e
La F il atu r e 20 a llĂŠ e na t han K atz mu l ho u se 03 89 36 2 8 2 8 w w w .orc h e s t r e - m ulho u se .f r
s a i s o n
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EXPOSITION – MULHOUSE
made in alsace Trois générations de peintres alsaciens sont réunies au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse pour brosser un panorama de la création picturale régionale de l’aprèsguerre. Entre tradition et rupture.
Colette Brogly, Femme assise, 1967
Par Dorothée Lachmann
À Mulhouse, au Musée des Beaux-Arts, jusqu’au 18 septembre 03 89 33 78 11 www.musees-mulhouse.fr
A
près le succès considérable de l’exposition Art de Haute-Alsace : l’entredeux-guerres l’été dernier, le Musée des Beaux-Arts et l’association Art de HauteAlsace présentent la suite de ce diptyque, consacré aux œuvres des années 1945 à 1975, issues de la région mulhousienne et sundgauvienne. L’instabilité laisse désormais place à la reconstruction et les artistes s’en font l’écho. Parmi eux, la génération née à la fin du XIXe siècle – représentée par Léon Lehmann, Arthur Schachenmann ou Robert Breitwieser – qui était déjà à l’honneur lors de la première exposition, fait toujours figure de pilier de la scène artistique locale. Les suivants, avec à leur tête Charles Folk, Alfred Giess ou encore Auguste Boehringer, constituent la génération “entre-deux”, celle qui porte un renouveau, tout en se tenant à l’écart des courants avant-gardistes. On découvre également les plus jeunes, qui émergent dans les années 1970 : ils se nomment Bernard Latuner, Marcel Recher, François Bruetschy ou Maggy Kaiser. Avec eux surgit l’abstraction et l’art régional en tant que tel perd sa signification. L’exposition prend l’intéressant parti d’une approche thématique, où les trois générations se croisent à travers leurs paysages, leurs nus, leurs portraits ou leurs natures mortes, mettant ainsi en relief les évolutions stylis-
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tiques à l’intérieur de chaque genre. Dans cette période de l’après-guerre, on quitte peu à peu l’art traditionnel, empreint d’éléments de folklore, pour toucher à l’universel : la démarche de ces artistes – dont les voyages et les formations sont davantage diversifiés – est plus libre que celle de leurs prédécesseurs et témoigne d’un syncrétisme culturel. Si l’art alsacien n’invente pas de formes nouvelles, il “emprunte” avec brio et conjugue les courants pour se forger une identité à la fois propre et multiple. L’influence impressionniste, en particulier celle de Cézanne, est omniprésente pour les deux premières générations. On songe au cubisme devant un portrait de Colette Brogly, le fauvisme n’est pas loin dans un nu d’Armand Ingenbleek. Comment ne pas penser au surréalisme face à cette curieuse Armoire à l’ange de Charles Walch ? Entre la salle des portraits et celle des nus, l’abstraction des seventies s’impose sans transition, dans une rupture totale. La géométrie de Maggy Keiser, les formes liquides de Bernard Latuner, le “conception art” de Marcel Recher portent-ils encore un art régional ? Assurément non. À partir des années 1970, le caractère local fait place à des sources d’inspiration largement ouvertes sur le monde. On parle désormais d’un art “issu d’Alsace”.
19e biennale in d’art contempora
SéleS20t11’ artune ! encorech eine !
no er susanne Bürn hervé charles michael dans edith dekyndt mont
Jean-Jacques du Jérémie gindre michel gouéry tony matelli
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Werner reitere
tarzan’s call - J. Weissmuller - © collectionchristophel.fr
commissariat
hans dünser r olivier grasse sophie kaplan rollin pierre-olivier otto teichert
ENTRÉE LIBRE AVEC LE PASS MUSÉES
MUSÉE LALIQUE, WINGEN-SUR-MODER
24 sept - 30 oct
sélestat
NOUVEAU MUSÉE MEMBRE DU PASS MUSÉES
www.passmusees.com www.selest-art.fr
BIBLIOTHÈQUE HUMANISTE
Direction régionale des affaires culturelles Alsace
FESTIVAL – STRASBOURG
micro utopie artistique Après un premier festival en 2009 et une deuxième édition exportée à Lyon, l’association Démocratie Créative, qui œuvre à la promotion de l’art urbain, investit le quartier Laiterie, fin septembre, avec Perffusion.
Par Thomas Flagel Œuvres de Philippe Baudelocque et Sean Hart
À Strasbourg, dans le quartier Laiterie, du 19 au 25 septembre www.perffusion.com www.democratiecreative.com
Rendez-vous mensuel pour performances artistiques en direct, chaque premier samedi du mois, rue de l’aimant à Strasbourg www.latwall.com 2 Technique physique consistant à transformer des éléments du milieu urbain ou rural en obstacles à franchir par des sauts et des escalades, le but étant de se déplacer d’un point à un autre de la manière la plus efficiente possible 1
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gitateurs d’envies et promoteurs de mouvements urbains, les jeunes activistes de Démocratie Créative, connus pour leur TWALL1 et leurs interventions sur les murs et les vitrines de Strasbourg lors de la première édition de Perffusion, souhaitent aujourd’hui « explorer les possibles de l’environnement urbain » et tisser des « voies vers le mieux vivre ensemble ». En témoigne la trentaine de projets de l’édition 2011 du festival qui s’affranchit de Contre-Temps pour voler de ses propres ailes. Le quartier de la Laiterie s’est rapidement imposé comme terrain de jeux et d’expérimentation en raison de sa situation géographique et sociale : proche du centre et populaire, il condense une belle vitalité artistique « mais les actions culturelles visant l’espace en sont absentes, notamment depuis la fin des Nuits de l’Ososphère » analyse Florian Rivière. Et son compère Tony Weingartner de renchérir : « Nous ne voulons pas nous cantonner au graff et à la peinture mais proposer des happenings, de la danse, des installations et des rendezvous participatifs (ateliers créatifs tout le week-end…) qui sont autant de moments d’échanges avec les habitants et les publics. » Entièrement gratuits, les événements se déploieront depuis leur QG installé dans la cour du Hall des Chars. Le chantier Perffusion verra Coloco et le Collectif etc. accompagner l’implantation d’un jardin collectif
sur l’Espace Rothau. Le Tchèque Vladimir Turner, sorte de Bob le bricoleur construisant une sculpture qu’il laisse inachevée, sévira avec Ne travaillez jamais. Benjamin Laading écrira point par point une œuvre “in progress” qui prendra forme tout au long de la semaine. Au fil des rues, l’hommage au Parkour2 de Mardinoir éclatera en volutes à base de collages travaillés tandis que Mathieu Tremblin, des très actifs Frères Ripoulain, effacera des tags (avec l’accord des graffeurs concernés) pour les réécrire sous forme de liens hypertextes, permettant ainsi aux néophytes de suivre à la trace le parcours urbain de ces mêmes artistes. Ne ratez pas les anamorphoses en fils tendus de l’Italien Moneyless explorant le seuil entre l’espace géographique réel et l’espace imaginé. Sean Hart livrera quant à lui des « poèmes raisonnés » en polonais à proximité de la seule église de cette communauté à Strasbourg (Notre Dame de Lourdes, rue du Hohwald), dont nombre d’immigrants peuplent le quartier. Le weekend (23 au 25 septembre) laissera le champs libre aux ateliers d’apprentissage de la sérigraphie, du light-painting ou encore à la participation active à la Brigade de Réanimation de l’Espace Public organisée par les Saprophytes. Les plus motivés leur emboîteront le pas en investissant un Off que les organisateurs souhaitent « le plus débridé, audacieux et créatif possible ». À bon entendeur…
FESTIVAL – ALSACE
gentes dames (et preux chevaliers) Depuis 1996, le festival Voix et Route Romane nous entraîne dans un tourbillon de sonorités médiévales : cette année, il ressemble à une Histoire de femmes qui se décline en sept concerts.
L’
originalité du festival Voix et Route Romane est de faire entrer en résonance des œuvres musicales du Moyen-Âge avec des édifices exceptionnels, ceux de la Route Romane d’Alsace. Cette alliance étonnante de la pierre et des notes est placée sous le signe des femmes en 2011. S’il est évident qu’au cours de la période, la création – littéraire et musicale – est essentiellement une affaire d’hommes, il n’en demeure pas moins que la figure féminine est omniprésente en tant que sujet : sous le regard masculin, elle se fait emblème du pêché, objet d’amour ou symbole de la pureté. Au fil des ans, les représentations se modifient. L’historien Jacques Le Goff écrit : « Pendant les premiers siècles du Moyen-Âge, le modèle masculin de la sainteté est la figure de l’évêque, (…) ensuite s’impose la sainteté des abbesses, telle Hildegarde de Bingen. » Le festival nous propose d’examiner en musique (et expositions) quelques éclats de ces représentations et de leurs évolutions… et même d’entendre des œuvres des premières compositrices en compagnie d’Obsidienne (24 septembre en l’Église protestante Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg).
2011 aux Dominicains de Guebwiller le 23 septembre), trois jeunes chanteuses norvégiennes, Anna Maria Friman, Linn Andrea Fuglseth et Torunn Østrem Ossum, ont imaginé une promenade originale : du répertoire médiéval aux compositions contemporaines en passant par les chansons traditionnelles des pays nordiques. Pures et fraiches, les trois voix transportent l’auditeur dans un entredeux mélodieux. Dans ces chevauchements incessants, entre sacré et profane, entre présent et passé, se trouve le sel d’un festival qui ne se borne pas à la (re)lecture du répertoire musical du Moyen-Âge, mais qui sait nous ouvrir les oreilles sur toutes les couleurs de la musique, faisant découvrir une époque.
Par Hervé Lévy
En Alsace, dans différents lieux, du 2 au 24 septembre. Expositions du 1er au 30 septembre sur L’Art roman d’Alsace en l’église Sainte Colombe de Hattstatt et sur L’Hortus Deliciarum à la Bibliothèque municipale d’Eschau 03 90 41 02 02 www.voix-romane.com
Le Trio Mediæval, une approche innovante du répertoire du Moyen-Âge made in Norway. Photo : CF-Wesenberg / Kolonihaven.no
Ainsi les membres des Jardins de Courtoisie (11 septembre en l’Église Saints-Pierreet-Paul d’Ottmarsheim) interprètent-ils des chansons inspirées par le Roman de la Rose. Pages de Guillaume Dufay, Gilles Binchois ou Guillaume de Machaut ayant pour pivot des amours délicats et… courtois. Pour sa part, Ligériana fera découvrir La Légende de la dame de Fayel (16 septembre à la Chartreuse de Molsheim), un conte musical des années 1280. Avec le Trio Mediæval (création Poly 142 Septembre 11
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DANSE / THÉÂTRE – STRASBOURG
œdipe m’a tuer Le chorégraphe flamand Wim Vandekeybus revisite le mythe d’Œdipe au Maillon avec sa dernière création, Œdipus / Bêt noir. Entretien. Par Thomas Flagel
À Strasbourg, au MaillonWacken, du 20 au 22 octobre (en néerlandais surtitré en français) 03 88 27 61 81 www.le-maillon.com www.ultimavez.com
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J’ai énormément travaillé sur un gel des corps, les comédiens devenant comme des pierres alors qu’on dit tout le temps de mes chorégraphies qu’elles mènent vers l’explosion et l’action.
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Après Bêt noir (2006) et Black Biist (2009), vous revenez pour la troisième fois à l’adaptation signée Jan Decorte d’Œdipe roi de Sophocle. Que recherchez-vous dans ce mythe ? La première fois, je l’ai fait avec des enfants. Mettre dans leur bouche cette écriture très directe et phonétique, presque comme un dialecte, la rendait encore plus forte, ajoutant la contradiction entre le contenu du texte et l’âge des interprètes. C’était un beau moment de recherche qu’on n’a joué qu’une douzaine de fois. Puis, avec le Göteborg Ballet, j’ai repris le texte en suédois, le réétudiant pour un spectacle complet avec un décor et de nombreux danseurs. Mais de nouveau, j’étais frustré de ne le jouer que deux fois. Il me fallait le ramener vers moi pour expérimenter ce que je voulais, loin de la lourdeur d’un Opéra, avec les danseurs de ma compagnie, Ultima Vez, et des acteurs flamands (la langue originale du texte de Jan Decorte, NDLR). Bêt noir est une référence freudienne à l’hystérie et à l’animalité. Peut-on tisser un lien avec vos études de psychologie à l’Université ? Œdipe dit qu’il est « une bête noire de culpabilité ». Ce terme renvoie à des choses que j’explore, le nouveau noir (NieuwZwart), l’inconscient… Le texte est direct, court, laissant beaucoup de temps pour construire des images. J’ai étudié deux ans la psychologie, mais je ne l’utilise pas dans mon travail qui est plus intuitif qu’analytique. Je me laisse guider par une fantaisie qui le nourrit. Le fil conducteur de vos créations réside en la confrontation de l’homme avec ses angoisses et ses zones d’ombre, les conséquences de nos désirs sur le corps… Comme chaque artiste, j’investigue dans diverses directions, ne décryptant qu’ensuite en quoi elles se ressemblent et sont frères et sœurs… Pour certains, Œdipus / Bêt noir
est un retour à l’ancienne Ultima Vez. J’ai énormément travaillé sur un gel des corps, les comédiens devenant comme des pierres alors qu’on dit tout le temps de mes chorégraphies qu’elles mènent vers l’explosion et l’action. Cela vient aussi, rassurez-vous, mais plus tard. Vous aimez associer danseurs et nondanseurs. Faire danser des comédiens, c’est une prise de risque ? Toujours ! Je vais même plus loin en confiant des rôles à deux musiciens. Cela donne une fraîcheur. Les comédiens Willy Thomas et Guy Dermul doivent savoir s’adapter car ils n’ont jamais travaillé comme nous le faisons. Mes créations sont spécifiques, très physiques. Nous sommes sur scène tout le temps à essayer des choses, construire, rechercher des mouvements. C’est un bon risque car une danseuse fantastique, âgée de 25 ans, peut devenir meilleure à côté d’un acteur qui a presque 60 ans, ne sait pas danser mais se débrouille et perd la moitié de son poids en se rentrant dedans. Cet ensemble de combinaisons m’intéresse, surtout dans une pièce de théâtre avec des mouvements. Avec NieuwZwart, vous recherchiez des corps nouveaux, différents de vos danseurs habituels. Ce processus est-il toujours en cours ? Oui, mais Œdipus / Bêt noir est beaucoup plus visuelle. Elle se tourne vers une aura théâtrale avec des gens qui jouent les enfants d’Œdipe que j’incarne, le sphinx… La malédiction des Dieux vient avec Laïos, le père d’Œdipe abandonnant son fils à cause d’un oracle qui lui révèle que s’il en a un, ce dernier le tuera. Laïos est la cause de tout. On a intégré cela au spectacle qui commence par cette chose nous poursuivant de génération en génération. De manière très cinématographique, je travaille sur le flash-back. On est dans le royaume et, d’un seul coup, on se retrouve une génération avant, au moment où
les gens viennent s’entretuer. L’idée de tuer le père est très intéressante dans la créativité, comme le rapport qu’on entretient au passé et à l’avenir. On retrouve dans vos chorégraphies un goût pour les corps debout, les courses, les sauts vertigineux mais aussi une puissance animale, une absence de répit et une certaine violence. Quelles directions animent Œdipus ? Je n’ai pas eu peur de retourner vers ce qui donne cette énergie. Mes recherches se sont aussi orientées vers le temps : tout n’est pas dans la vitesse d’exécution. La pièce commence lentement dans une recherche de
mouvements qui se gèlent, se figent soudainement dans l’air, avec une force physique qui dure. Les gens peuvent quasiment revoir des scènes de Pompéi avec ces corps stoppés dans leur vie, leurs émotions, leurs passions, devenus des pierres en une seconde. C’est important car cette histoire est celle d’un pays terrorisé par un Sphinx qui punit les gens. Œdipe les libère. Le Sphinx est une sorte d’invention, de religion que les gens créent. Qu’est-il ? Et cet oracle livrant ses prédictions ? Il y a beaucoup de superstition… Autant d’éléments dont il m’intéresse de trouver des formes qui les suggèrent et amènent une autre lecture.
Jan Decorte & Wim Vandekeybus © Danny Willems
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PORTRAIT
INFORMATIQUE ET LIBERTÉ Philippe Manoury est un des pivots d’un Musica polycentrique. L’Opéra national du Rhin ouvre en outre sa saison, dans le cadre du festival, avec la création mondiale de La Nuit de Gutenberg. Entre technologie et littérature, à la rencontre du compositeur.
Par Hervé Lévy
La Nuit de Gutenberg À Strasbourg, à l’Opéra du 24 au 29 septembre 08 25 84 14 84 À Mulhouse, à La Filature, samedi 8 octobre 03 89 36 28 29 www.operanationaldurhin.eu
Musica présente cinq autres pièces de Philippe Manoury dont la création mondiale de Hypothèses du sextuor (à Strasbourg, à la Salle de la Bourse, jeudi 6 octobre à 18h30) et Sound and Fury par l’OPS (le même jour à 20h30, à Strasbourg, au PMC) 03 88 23 46 46 www.festival-musica.org www.philippemanoury.com
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I
ls sont nombreux les enfants qui, à l’âge de sept ans, n’aiment guère l’école. Philippe Manoury (né en 1952) en avait horreur. « Tout ce qui permettait d’y échapper était bon pour moi. Rapidement, la musique est apparue comme un moyen efficace », explique-t-il. Le voilà donc étudiant le piano avec, très vite, l’envie de composer et d’imiter les différentes sonorités qu’il découvrait. La débrouille et la technologie – déjà – furent la matrice de ses premières expérimentations, vers dix ans : « J’utilisais un magnétophone. J’écrivais des choses trop difficiles pour mon niveau de piano, je les jouais une octave plus bas et deux fois plus lentement, les enregistrais et les passais à la bonne vitesse pour voir ce que ça donnerait si c’était interprété par un virtuose. »
Les bits
Philippe Manoury se retrouve étudiant au Conservatoire national supérieur de musique de Paris : analyse, contrepoint, harmonie… Du (très) classique. Deux rencontres bouleversent alors sa vie : celle de Max Deutsch, un élève de Schönberg qui lui fit découvrir la Seconde école de Vienne1 – « un choc » – et celle de l’informatique musicale. Nous sommes au milieu des années 1970 et le choix d’entrer dans la classe d’un de ses plus éminents représentants, Michel Philippot, est atypique. Les esthétiques dominantes de l’époque sont celles d’Olivier Messiaen (ses chants d’oiseaux et autres rythmes indous) et de Pierre Schaeffer, pape de la musique concrète2. C’était alors la préhistoire, l’ère de la carte perforée et des ordinateurs gigantesques remplissant toute une pièce : « L’informatique ne permettait pas encore de produire des sons, mais d’imaginer des modes
nouveaux d’écriture », des algorithmes retranscrits sur la partition. Période fondatrice puisque le temps réel, les nouvelles techniques de synthèse sonore ou encore les liens entre l’instrumental et l’électronique seront toujours au cœur du travail d’un compositeur qui collabore avec l’IRCAM3 depuis 1979. Dans ces années, les influences de Stockhausen (qui « laissait entrevoir toutes les potentialités des sonorités électroniques ») et Boulez sont fondamentales : « Il m’a apporté une rigueur de pensée dans une période où l’improvisation et l’absence de règles étaient revendiquées. C’était l’époque de John Cage, de Mauricio Kagel… Pour moi, le matériau de la musique contemporaine devait avoir la même rigueur que celui que j’avais étudié dans le classicisme. » Il s’est donc « tourné vers ceux qui ont pris le langage musical avec autant d’esprit de conséquence que leurs prédécesseurs. Boulez avait développé une réflexion puissante, échafaudé des techniques rigoureuses ». Mais point d’imitation : dès le début, sa musique est marquée par une intense liberté et une belle autonomie par rapport à tous les courants.
Les mots
Chez Philippe Manoury, on a l’impression que le mot n’est jamais très éloigné de la note. À propos de Noon (interprété en clôture de Musica, samedi 8 octobre, au PMC) dont la source se trouve chez Emily Dickinson, il écrit : « Les poètes me semblent très souvent étonnamment plus proches que bien des musiciens. » La littérature irrigue aussi son œuvre, d’Aleph (Borges) à son opéra K… (Kafka) en passant par Sound and fury, une réflexion sur le temps non linéaire : « Chez Faulkner, une histoire récurrente intervient
par bribes suivant les différents types de narrateurs, mais les éléments de cette histoire ne sont pas présentés de façon chronologique. Ma composition reprend cette récurrence. » Il n’est ainsi guère surprenant que la proposition de Marc Clémeur, directeur de l’Opéra national du Rhin d’imaginer un opéra sur Gutenberg ait suscité un enthousiasme immédiat. Mais pas question
de raconter l’histoire de celui qui aurait mis l’imprimerie au point au cours des dix ans passés à Strasbourg, entre 1434 et 1444, en se livrant à de nombreuses expérimentations sur les alliages métalliques, les encres et la structure de la presse. Pour Philippe Manoury, il s’agit d’une « réflexion sur l’écriture ». Elle « débute à l’époque sumérienne, où elle a été inventée avec les tablettes d’argile, et
Philippe Manoury, à Paris, à côté de l’IRCAM par Pascal Bastien pour Poly
PORTRAIT
Elle regroupe Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Webern. Au début du XXe siècle, ils ouvrirent toutes grandes les portes de la modernité 2 Il la définissait comme « un collage et un assemblage sur bande magnétique de sons préenregistrés à partir de matériaux sonores variés et concrets » 3 Institut de Recherche et Coordination Acoustique / Musique www.ircam.fr 1
Maquette des décors de La Nuit de Gutenberg (signés Tom Schenk) qui illustrent les préoccupations du metteur en scène Yoshi Oida et son intérêt pour les nouvelles technologies
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s’achève par son dernier avatar, Internet. Avec l’auteur du livret, Jean-Pierre Milovanoff, nous avons imaginé un personnage qui prétend être Gutenberg et que l’on rencontre dans un cybercafé. Est-il fou ? Est-ce un illuminé ? » Et de poursuivre : « On trouve une référence au fameux épisode des Tables de la Loi de l’opéra de Schönberg, Moses und Aron. Moïse revient avec l’écriture pour mettre de l’ordre, pour détruire le fétichisme… Ce qui m’intéresse est de montrer qu’avec Internet, nous sommes de retour à un certain fétichisme : on peut s’envoyer des textes, des sons, des images, les modifier et les manipuler à l’envi… Tout cela me fait penser au Veau d’Or. Est-ce là l’aboutissement de l’écriture ? Ou avons-nous parcouru une boucle ? » Onirisme et narration fragmentée sont deux aspects essentiels de cette Nuit. On se souvient alors que Philippe Manoury avait composé en 2003 une page pour chœur de chambre intitulée Fragments d’Héraclite ou qu’il avait aussi utilisé, en 2006, l’œuvre du philosophe grec dans On-Iron.
XIXe, XXe et XXIe siècles 87 compositeurs, 133 œuvres (dont 26 créations mondiales) cette édition 2011 de Musica s’annonce particulièrement dense avec, notamment, une réflexion sur les “sources wagnériennes”, dont le très attendu Ring Saga, version de la Tétralogie réduite car moins longue et interprétée par un orchestre de 18 musiciens. Autres grands moments : la célébration des 50 ans des Percussions de Strasbourg ou encore un hommage au trop méconnu Jean Barraqué. Il affirmait, optimiste : « Je crois que la musique empêche d’être un salaud ». À voir… À Strasbourg, dans différents lieux, du 21 septembre au 8 octobre 03 88 23 46 46 – www.festival-musica.org
SAiSon 11-12
Raoul James Thiérrée 6 > 16 octobre • Ce qui évolue, Ce qui demeure Howard Barker / Fanny Mentré 11 octobre > 10 novembre • Claudio TolCaCHir 3 el viento en un violÍn 15 > 26 novembre la omisiÓn de la familia Coleman 29 novembre > 4 décembre • roméo et Juliette William Shakespeare / olivier Py 22 novembre > 10 décembre • observer Bruno Meyssat 10 > 22 janvier • soleil CouChant isaac Babel / irène Bonnaud 17 > 29 janvier • du fond des gorges Pierre Meunier 31 janvier > 24 février • JaCqueS oSinSki 3 WoyzeCk Georg Büchner 7 > 11 février dehors devant la porte Wolfgang Borchert 14 > 18 février • SPiro SCiMone 3 nunzio Carlo Cecchi 13 > 18 mars pali Francesco Sframeli 20 > 25 mars • têtes rondes et têtes pointues Bertolt Brecht / Christophe rauck 13 mars > 1er avril • david leSCoT 3 la Commission Centrale de l’enfanCe 27 mars > 4 avril le système de ponzi 11 > 26 avril • Graal THéâTre merlin l’enChanteur Florence delay, Jacques roubaud / Julie Brochen, Christian Schiaretti 9 > 25 mai • festival premières 7e édition - Jeunes metteurs en scène européens 7 > 10 juin
abonnement / location / 03 88 24 88 24 / www.tns.fr insert-poly.ai 1 22/08/2011 17:07:12
LE PÔLE D’ARCHÉOLOGIE INTERDÉPARTEMENTAL RHÉNAN PRÉSENTE
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Musée Historique de Mulhouse du 10 septembre 2011 au 8 janvier 2012
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ENTRÉE LIBRE
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+ d’infos sur
FESTIVAL – BAS-RHIN
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Mix de pages classiques, d’œuvres contemporaines et de sonorités populaires, ce concert de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg (dans le cadre de Musica) fait voler les frontières musicales en éclats.
Par Hervé Lévy Photo de Jean Radel
À Saverne, à l’Espace Rohan, jeudi 22 septembre À Sélestat, aux Tantzmatten, vendredi 23 septembre À Bischwiller, à la MAC Robert Lieb, samedi 24 septembre À Strasbourg, à la Cité de la musique et de la danse, dimanche 25 septembre 03 69 06 37 06 www.philharmonique. strasbourg.eu
Avec la complicité active du Conseil Général – www.bas-rhin.fr 2 www.jeanderoyer.com 1
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près le succès de l’initiative mise en place l’année passée, les mêmes protagonistes remettent cela : l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et Musica (voir pages précédentes) organisent une mini-tournée de quatre dates dans le Bas-Rhin1. L’objectif ? Se situer à la croisée des préoccupations de l’OPS qui ne se borne pas à n’être qu’un conservateur des musiques du répertoire classique ou romantique et d’un festival qui se plait à montrer que les œuvres contemporaines possèdent souvent un lien direct avec le passé. Le programme concocté par un jeune trentenaire spécialiste des partitions des XX et XXIe siècles, Jean Deroyer2, ancien élève de Pierre Boulez, est à l’image de cette double volonté. Le chef français le résume ainsi : « Nous avons envie de construire une soirée autour de la voix en deux parties : la première ressemble à un large balayage temporel, un voyage du XVIIIe au XXe siècle. La seconde est clairement placée sous le signe des chansons populaires. Avec ces différentes œuvres, nous avons le désir de captiver un public qui ne soit pas forcément composé des spectateurs habituels des festivals de musique contemporaine. » Tout commence par un
air de concert de Mozart suivi de Pulcinella de Stravinsky où le compositeur russe, se servant de certaines œuvres anciennes (de Pergolèse, notamment), nous entraîne dans un maelström méditerranéen burlesque et bouffon dans lequel l’auditeur ne connaît guère de répit. Viendra ensuite A Mind of Winter de Benjamin (né en 1960) : « Parfois, on reproche à la musique contemporaine d’être trop intellectualisée et austère. Ici ce n’est pas le cas » explique Jean Deroyer. Après l’entracte, place au duo Donatienne Michel-Dansac (soprano) et Vincent Leterme (piano) pour un melting-pot musical faisant le grand écart entre les expérimentations de John Cage dans The Wonderful Widow of Eighteen Springs (sur un texte de Joyce), la pop des Beatles pour A ticket to ride ou l’onirisme de Kurt Weill et Le grand Lustucru. Le concert s’achève avec les Folk Songs (1964), un cycle de Berio pour soprano et orchestre en forme de voyage dans les sonorités traditionnelles de l’Arménie à l’Italie, comme un fulgurant résumé de ce programme : une réflexion sur la temporalité… ou comment un compositeur du XXe siècle se réapproprie la tradition et la réinvente.
ARTISTE ASSOCIÉE
BLANCHE GIRAUD-BEAUREGARDT Par Geneviève Charras Photo de Benoît Linder
À Strasbourg, au TAPS Gare, Actuelles XIII (du 24 au 26 novembre) et Actuelles XIV (du 22 au 24 mars 2012) 03 88 34 10 36 www.taps.strasbourg.eu
A
u cours de cette saison (et de la suivante), la comédienne sera “artiste associée” aux TAPS, aux côtés de Cyril Pointurier. Elle est chargée d’organiser le comité de lecture constitué de professionnels du théâtre dont la tâche est de constituer les soirées Actuelles. « Le cahier des charges est de construire et d’inventer la programmation des Actuelles, en novembre et en mars, consacrées à la découverte d’auteurs contemporains, connus ou non, lus et mis en scène avec des comédiens, choisis par un “directeur de lecture” pour donner corps et espace au verbe et à l’écriture, alors qu’un cuisinier, Alain Chausson, illustre et prolonge la rencontre par une dégustation de mets inventifs et intuitifs offerts au public.» Blanche est « heureuse et contente » de pouvoir fouiller dans la centaine de textes puisés au Centre national du Théâtre ou à l’École nationale supérieure d’arts et techniques du théâtre, et d’en faire vivre et résonner six pour constituer les deux programmes de lectures mises en espace. Les jeunes auteurs comme Sabine Tamisier ou Sabryna Pierre y ont été retenues et vont désormais être révélées au public dans une scénographie confiée, depuis la saison passée, à des étudiants des Arts déco de Strasbourg. « Ils sont conviés à mettre en espace, public et comédiens, sous le regard du directeur de lecture et sont parfois extrêmes dans leurs désirs : il faut qu’ils relativisent leurs ambitions au regard du profil d’un public, pour son confort et son écoute et pas que pour le fun ou le design ! » Et d’ajouter : « Ces rencontres avec l’écriture contemporaine sont
extrêmement riches et pour une comédienne comme moi, me donnent envie parfois de les confier à un metteur en scène ! J’ai été moimême actrice dans quatre ou cinq lectures et je me suis régalée. »
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SPECTACLE – MULHOUSE
kiffe kiffe demain À 36 ans, la comédienne Nouara Naghouche revient jouer son one woman show, Sacrifices, pendant Les Nuits du ramadan de La Filature. Portrait de cette Colmarienne métissée à la gouaille épicée.
Par Thomas Flagel Photo de Maxime Stange pour Poly (page de gauche)
À Mulhouse, à La Filature, dans le cadre des Nuits du Ramadan, du 15 au 17 septembre 2011 03 89 36 28 28 www.lafilature.org
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mes sensibles si vous voulez sortir c’est maintenant, parce que pendant le spectacle, c’est un peu chiant ! » L’annonce est claire, le ton donné. Sacrifices n’est pas commencé depuis trois minutes que Nouara Naghouche vous a déjà scotché avec son sketch d’ouverture : dos au public, elle interprète un frère haranguant et menaçant sa petite sœur qui a usé de tous les stratagèmes pour éviter de « passer à la casserole » le soir de la nuit de noces de son mariage arrangé. Contre-pied sans transition, elle enchaîne sur la très maniérée Marie-France et vous invite à sortir si vous n’êtes pas prêt à recevoir son condensé de drame quotidien, de racisme et de violence ordinaires passés au révélateur d’un humour décapant. Elle ne voulait rien d’autre que « secouer l’Atelier du Rhin »* en 2006 dirigé par Matthew Jocelyn qui a misé sur cette comédienne issue d’un quartier de la ville. « Nous voulions appeler le spectacle La Tentation de la chatte et du cochon, annoncer la couleur. Il a fallu qu’on nous explique qu’un centre dramatique ne pourrait pas vendre un spectacle avec un tel titre. » Qu’importe, le spectacle sera fort, intense, remuant.
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Ni moralisateur, ni larmoyant * Devenu la Comédie de l’Est, en 2009
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Sa galerie de personnages et les histoires terriblement réelles qu’elle nous assène, Nouara les connaît toutes. Plus ou moins intimement. Il y a Rachid, « un harki qui a
laissé sa souffrance là-bas, ramené sa haine ici », mari violent et tyran de Zoubida, traitée « comme une serpillière », enfermée chez elle, voyageant dans son appartement grâce aux posters des chambres de ses enfants ou encore Marguerite, un brin raciste… « Ce sont des caricatures donc je forcis les traits mais chaque prise de parole est réelle », confie-telle. « Je m’y dévoile et me mets à nu. » La plus belle réussite de son travail réside en sa capacité à capter des clichés pour leur tordre le coup en appuyant côté cœur, toujours. « L’humour permet au public de recevoir ce que je dis et d’en faire quelque chose. Je veux partager le trash de ces histoires, témoigner, dénoncer et donner à penser sans en faire un show larmoyant ou moralisateur. »
Renverser les clichés
Le cri de colère est vif, le besoin d’amour palpable. Il faut dire que le chemin n’était pas tout à fait tracé. Née à Colmar, Nouara grandit dans les quartiers Ouest, petite dernière d’une fratrie de neufs enfants qui prit de plein fouet les secousses du divorce de ses parents. À dix ans, elle est placée. Deux années chez les sœurs et huit en foyer, quasiment sans voir les siens. Un BEP hôtellerie, un CFP de serveuse, « parce qu’il fallait bien faire quelque chose », trois années à l’hôtel Mercure Unterlinden. Un peu d’animation par-ci et un job auprès d’adultes handicapés, par-là, à l’Institut Saint-Joseph de Colmar.
En filigrane, le désagréable sentiment de ne s’être toujours pas trouvée. La jeune Nouara est volubile, la tchatche en étendard protecteur face aux assauts que lui a déjà présentés la vie. Le déclic viendra de l’envie d’essayer de raconter ce qui l’entoure. Ce sera Nous avons tous la même histoire, en 1999, au Centre socioculturel Europe. Elle a 24 ans et tout à prouver. Sur scène, celle qui se décrit avec une douce ironie comme « une fille émotive qui n’habite pas pour rien dans un quartier sensible » prend un « kiffe incroyable » et tient la distance. Le tout dans un mélange d’accents alsacien et de quartier populaire.
S’ouvrir pour grandir
Les projets s’enchaînent petit à petit. Par le biais du dispositif d’actions culturelles à destination du quartier
Europe mis en place par l’Atelier du Rhin, elle participe à deux pièces et un solo. Nouara se frotte à de grands auteurs et devient intermittente : Lagarce en 2005 (J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne) et surtout le rôle principal d’Ubu Roi en 2006, mis en scène par Pierre Guillois qui prend alors la direction du Théâtre du Peuple à Bussang. Le plus dur n’a pas été de se raser la tête à blanc, tous les deux jours, pour les besoins de la mise en scène mais plutôt de se coltiner la langue de Jarry. 29 représentations dans le cocon de Bussang, un succès total et surtout, un bouleversement personnel. « Mes peurs se sont atténuées. Je n’abordais plus les choses de la même manière et je ne me cachais plus derrière ma culture et ses traditions. » Jouer Sacrifices en 2009 et 2010 au Théâtre du Rond point (Pa-
ris) a été fort. La pression, intense. Le plaisir, encore plus grand. Depuis, elle a trouvé la force d’inviter sa mère voir son spectacle. Une victoire de plus. La plus belle.
Métissées Pour leur 5e édition, Les Nuits du ramadan dédiées au métissage des cultures investissent une nouvelle fois le parvis de La Filature pour partager musique, mets et parole. Côté spectacles, Le Comte de Bouderbala livrera en stand-up son flow de mots incisifs et jouissifs tandis que Natacha Atlas nous invitera au voyage, entre notes et paysages, poésie et mélopée. www.lafilature.org
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L’ILLUSTRATRICE
CAROLINE GAMON Née en 1985 dans la Drôme, elle part en 2004 découvrir la gravure puis l’illustration, entre Bruxelles et Tournai. Caroline intègre ensuite les Arts décoratifs de Strasbourg, collabore à deux projets d’animation et participe à Nyctalope. Récemment diplômée, elle connaît une
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première expérience dans la presse (pour la revue XXI), envisage un projet d’album jeunesse et projette de réitérer quelques collaborations pour une série de courts-métrages en animation. http://caroline.gamon.free.fr http://nyctalope.magazine.free.fr
h eim C u l t u r e 2011-201 2
a p pee h c e
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~
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Prédictions septembre/octobre Schilick Memories,
Stefano Di Battista quartet, Jazz
Théâtre, danse hip hop, chant 23 septembre – 20h30 Salle des Fêtes
17 octobre – 20h30 Cheval Blanc
Bertrand Belin,
M2 – compagnie EAEO,
Chanson française 1er octobre – 20h30 Cheval Blanc
Cirque, jonglage 18 octobre – 20h – Salle des Fêtes
Renan Luce, Alexis HK et Benoît Doremus, Chanson française 7 octobre – 20h30 Salle des Fêtes
Tomasz Stanko quintet, Jazz 12 et 13 octobre – 20h30 Cheval Blanc
Kabalah + David Krakauer, Nuit klezmer avec Arcane 17 Samedi 15 octobre – 20h30 Salle des Fêtes
Quatuor Saxos Morphing, Musique classique 16 octobre – 17h – Cheval Blanc
June et Lula, Folk 21 octobre – 20h30 Cheval Blanc
L, Chanson française 22 octobre – 20h30 Cheval Blanc Jacques Schwartz-Bart, Jazz 23 octobre – 20h30 Cheval Blanc
Vijay Iyer trio, Jazz 25 octobre – 20h30 Cheval Blanc
Thomas Dutronc, Chanson française 28 octobre – 20h30 Salle des Fêtes
Réservations et abonnements au 03 88 83 84 85 8
sur w w w.vil le-schiltigheim.f r et fnac
LITTÉRATURE
LES IDENTITÉS MEURTRIÈRES À 61 ans, l’écrivain algérien Boualem Sansal publie son septième roman, Rue Darwin. Une plongée dans les cinquante dernières années de son pays, entre tendresse et tristesse.
Par Thomas Flagel
Rencontre avec l’auteur, à Strasbourg, samedi 17 septembre, à 15h dans les salons de l’Aubette, dans le cadre des Bibliothèques Idéales (du 17 au 25 septembre) www.bibliotheques-ideales. strasbourg.eu
Rue Darwin, paru chez Gallimard (17,50 €) www.gallimard.fr
À la prochaine Foire du Livre de Francfort, en octobre, lui sera remis le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands 2 Cette année-là, il publie Poste restante : Alger, Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes que les autorités algériennes ne digèreront pas, censurant depuis tous ses écrits 1
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I
l est des signes qui ne trompent pas. Lorsqu’un auteur reçoit plus de prix littéraires qu’il n’écrit de romans1 et que le gouvernement de son pays y interdit ses livres depuis 20062, c’est qu’une plume assène et dérange. L’Algérie demeure la toile de fond de son dernier livre. La mère du narrateur, Yazid, décède dans un hôpital parisien d’un cancer en phase terminale. Il a réuni la quasi-totalité de ses frères et sœurs, émigrés depuis longtemps loin de Belcourt, quartier misérable de leur enfance dans la rue Darwin. Karim est à Marseille, Souad à San Francisco où elle enseigne à Berkeley, Mounia coache des politiciens à Montréal et Nazim domine le CAC 40, à Paris. Seul manque Hédi, le petit dernier, parti sur les chemins du Djihad au Waziristân. L’éloignement les a fait étrangers les uns aux autres. Et puis de toute façon, mis à part Yazid resté au pays, personne ne reconnaîtrait l’Algérie les ayant dispersés pendant « les années de plomb du socialisme » qui consacra « les années de fer et de sang de la Guerre civile ». Point de cynisme chez Boualem Sansal, les constats étant assez accablants pour se suffire à eux-mêmes : son ancien quartier est désormais rempli de dingues d’Allah et de martyrs en herbe, la suite logique des atrocités des guerres successives – les cagoulards et tontons macoutes en 1963, la folie des Seigneurs de guerre à l’indépendance suivie de l’ivresse des Raïs, et enfin la “Sale guerre” en 1991. La perte de sa mère déclenche en Yazid la nécessité de lever le voile sur sa vie – faite de mensonges, de misère et de solitude – à
la recherche de sa vraie famille. « Vivre c’est un peu cela, retrouver son passé et le revivre avec courage, ce que je n’ai pas su, pas osé faire. » Lui, l’illégitime né en 1949, séparé de celle qu’il croit être sa mère jusqu’à huit ans. Petit à petit le fil des événements qui l’ont conduit à devenir l’héritier de Djéda, se reconstitue. Cette dame de fer inflexible au visage en lame de couteau règne sans partage sur le Clan des Kadris qui tient son immense pouvoir de maisons des plaisirs ouvertes aux quatre coins du pays, et bien au-delà. Un pouvoir si grand qu’il peut enfouir la vérité sous les épaisses couches tyranniques d’une femme prête à tout. Au fil des pages, les virages du destin de Yazid le dévoilent, étrillé entre deux vies, celle promise au successeur du Clan et celle qu’il a vécu, dans un silence embarrassé au cœur d’une famille qui n’est pas tout à fait la sienne. Le tout dans un mélange de triste tendresse et de résignation lucide. « On habite ses légendes plus qu’on ne les fait », écrit-il. « Et toujours elles sont trop grandes pour nous. »
LITTÉRATURE
LEURS LIVRES SONT VOS MEILLEURS ALLIÉS Dans le cadre des Bibliothèques idéales, une rencontre est placée sous le signe de la “liste littéraire” : elle rassemble deux amis écrivains, Frédéric Beigbeder et son Top 100 des livres du XXe siècle et Simon Liberati et son name-dropping chic et morbide. mais ici il s’agit d’un palmarès subjectif et bien plus touchant, puisqu’il est avant tout personnel. Faites le test, vous n’aurez pas lu la moitié des livres cités et bien des auteurs sélectionnés (Jean-Paul Toulet, Pierre de Régnier Yves Adrien…) vous seront inconnus. C’est donc la “bibliothèque idéale” de 1900 à 2000 d’un fou du roman et de “l’objet-livre” qui est donnée en cadeau au lecteur. La préface fait de son auteur un réac’ charmant préférant le livre papier au futur (?) de la lecture, l’imbécile tablette numérique que certains voudraient voir régner au détriment du vieux bouquin.
Par Sophie Barthélémy Photo de Roberto Frankenberg
Rencontre avec Simon Liberati et Frédéric Beigbeder dans le cadre des Bibliothèques idéales, à Strasbourg, à L’Aubette, samedi 17 septembre à 16h30
F
rédéric Beigbeder bâtit depuis de nombreuses années une carrière de chroniqueur littéraire dans de nombreux médias, de Canal+ au Figaro Magazine, en passant par Voici. En établissant la liste pour le XXe siècle de ses « 100 livres préférés à lire sur papier avant qu’il ne soit trop tard », dans Premier bilan après l’Apocalypse (Grasset), il poursuit cette démarche, faisant découvrir des écrivains rares. Beaucoup sont encore vivants, ce qui tend à démontrer que le talent n’atteint pas le nombre d’années passées au cimetière. En 2002, son Dernier inventaire avant liquidation lui avait permis de commenter la liste des 50 livres du siècle choisis par les Français,
Simon Liberati, qui, lui aussi, a foi dans le roman, brosse le portrait d’une bande d’allumés des années 1960 aux États-Unis comme rarement on a pu en rencontrer, avec, comme point de départ fascinant, l’accident mortel de Jayne Mansfield. On y croise le sataniste Anton LaVey et le cinéaste “magick” Kenneth Anger notamment, dans une atmosphère de pourriture morale et physique fascinante. Sur un ton précis, clinique, Liberati sur fond de whisky et de psychotropes fait de Jayne Mansfield 1967 (Grasset) le roman le plus décadent de la rentrée, sorte de Sunset Boulevard croupi pour star cinématographique déchue aux gros seins, encastrée stupidement sous un camion, comme un adieu aux belles années d’Hollywood. Aucun de ces deux écrivains n’a oublié le curieux sentiment de découverte mélancolique que l’on a en tendant la main vers un ouvrage usé et oublié dans l’étagère d’un hôtel perdu en montagne ou au fin fond d’une vieille demeure. Rien ne viendra remplacer ce vieux compagnon. Ouvrez leurs livres, vous respirerez un air ancien, mais diablement branché…
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UNE VILLE VUE PAR UN ARTISTE
JEAN-PAUL PHILIPPE / ASCIANO Tout à côté de Sienne, sur la commune d’Asciano, le sculpteur français Jean-Paul Philippe a créé son Site transitoire, lieu de pierre devenu mythique en Toscane. L’Espace d’Art Contemporain Fernet Branca donne un aperçu de cette œuvre monumentale, au cœur d’une exposition éblouissante dédiée à l’artiste.
Par Dorothée Lachmann
L’exposition Archéologies intérieures est à voir à Saint-Louis, à l’Espace Fernet Branca, jusqu’au 11 décembre 03 89 69 10 77 www.museefernetbranca.org
“
Je suis attentif aux pierres. Souvent je me dis que je devrais les laisser telles qu’elles sont, j’aime préserver une part de naturel
J
ean-Paul Philippe a seize ans quand il rencontre l’Italie, lors d’un premier voyage avec son frère en 1960. « Un grand choc », pour ce natif d’Alfortville, en banlieue parisienne. À tel point qu’il n’a de cesse d’y retourner l’année suivante. C’est là qu’il rencontre, par hasard, dans un bar de Florence, la conservatrice de la Galerie des Offices. Interpelée par ce tout jeune homme assoiffé de peinture, elle l’invite à venir étudier, chaque matin, au Cabinet des Dessins. « C’était incroyable, j’avais dix-sept ans et dans les mains des œuvres des plus grands maîtres du Quattrocento, les notes de Paolo Uccello, de Michel-Ange et de tant d’autres artistes », se souvient Jean-Paul Philippe. « Cette expérience a joué un grand rôle pour la suite de ma vie et c’est sans doute une des raisons de mon attachement à ce pays. » Un attachement qui se confirme avec la découverte des carrières de marbre de Carrare, quelques années plus tard. « J’avais toujours peint et je pensais que je serais peintre toute ma vie. Et puis, en 1973, j’ai eu soudain envie de travailler dans l’espace, de tenter l’expérience de la sculpture » – tentative concluante puisqu’il ne « touche plus à un pinceau pendant des années. Je me suis trouvé merveilleusement bien dans l’atmosphère des carrières, je ne serais sûrement jamais devenu sculpteur à Paris. L’Italie est un pays minéral, il y a là-bas une grande facilité pour qui veut travailler la pierre. »
Marelles & Sièges
S’engage dès lors un véritable dialogue entre le sculpteur et sa matière. Un immense respect du minéral affleure de toute l’œuvre de Jean-Paul Philippe. « Je suis attentif aux pierres. Souvent je me dis que je devrais les 56
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laisser telles qu’elles sont, j’aime préserver une part de naturel. » C’est pourtant d’elles dont il se sert pour aller au bout de ses obsessions. Comme ces nombreuses marelles, volontiers conjuguées au goût de l’artiste pour les formes monumentales, telle la Grande Marelle façonnée dans les carrières d’Assouan en 1999 (23 mètres de long sur 15 mètres de large). « C’est en sortant d’une bouche de métro à Montreuil que je suis tombé sur une marelle dessinée par terre : ce fut une vraie émotion esthétique. Cette figure se trouve entre la terre et le ciel, c’est un jeu universel qui existe dans toutes les civilisations. On y joue à un pied, à l’image de ce monde où tout est boiteux, et avec un caillou… » Forcément, un caillou. « Mais il n’y a pas d’intention symbolique dans tout cela. Mon travail, c’est juste des émotions, des ressentis.» Pensez donc. Les sièges sont aussi omniprésents chez Jean-Paul Philippe. « Ils suggèrent le corps : c’est une façon de tourner autour du figuratif. J’avais envie d’appeler le corps plutôt que de le reproduire. »
Le Site transitoire
Le siège est aussi le point de départ du Site transitoire installé sur une colline d’Asciano, point d’orgue de l’œuvre du sculpteur. « La première fois que je me suis trouvé dans cette carrière au sud de Sienne, j’ai tout de suite su qu’il fallait que j’y revienne, que je devais faire quelque chose in situ, c’était une évidence. » Dans cet endroit désert, au beau milieu des champs de la campagne toscane aux allures lunaires, Jean-Paul Philippe a vécu comme un ermite entre 1990 et 1994, hébergé dans l’atelier d’un artisan marbrier. Quatre années nécessaires à la réalisation d’une œuvre à ce point mythique qu’elle a
donné son nom à la colline elle-même. Le Site transitoire se présente comme une installation monumentale en basalte, « une pierre qui épouse parfaitement l’endroit », composée de trois éléments : un siège, une fenêtre, un sarcophage. « J’ai voulu représenter les trois positions du corps, assis, debout, couché. Les limites de l’homme. » Aujourd’hui, le site, devenu un haut lieu de promenade, fait partie intégrante du patrimoine toscan. « Je
tenais à ce qu’il reste empli de silence et de solitude », précise l’artiste. Pourtant, chaque été, des centaines de spectateurs viennent découvrir un spectacle créé en symbiose avec le Site pour une représentation unique : le 14 juillet dernier, la chorégraphe Lisbeth Gruwez y a ainsi proposé une performance dansée. Jean-Paul Philippe, pour sa part, continue de partager son existence entre la France et Sienne, où il a son atelier.
Le Site transitoire installé sur une colline d’Asciano, au sud de Sienne, matrice de l’œuvre du sculpteur Jean-Paul Philippe
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LES HOMMES DE L’OMBRE
UN AVENIR SEREIN Certains hommes de l’ombre décident un jour de se mettre en pleine lumière : c’est le cas du relieur David Pardo qui ouvre au public Phénix Serein, son atelier-galerie strasbourgeois.
Par Catherine Jordy Photo de Benoît Linder pour Poly
Atelier de reliure d’art Phénix Serein 5, place Arnold à Strasbourg 03 67 07 50 24 www.phenixserein.com
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D
avid Pardo est artisan-relieur, mais aussi éditeur depuis qu’il a repris, il y a quarante ans, la maison d’édition familiale fondée en 1949. Plutôt discret, cet homme n’avait pas forcément de contacts directs avec ses clients, se dédiant à un travail solitaire. Depuis août 2010, il a diversifié ses activités pour sortir de l’ombre, créant notamment une galerie de peintures. Les ateliers / galerie, abrités derrière une belle façade donnant sur la place Arnold tout juste mise en beauté, se déploient dans plusieurs pièces dont l’agencement évoque à la fois un espace de travail, de vie et d’exposition. Une ambiance chaleureuse pour un lieu insolite où s’affirme la personnalité de son propriétaire qui met immédiatement à l’aise le visiteur. Ses activités sont multiples : transmission de son métier de relieur d’art haut de
gamme – il compte aujourd’hui une dizaine d’élèves – stages de reliure pour le grand public ou pièce dédiée à la présentation de tableaux et de sculptures, avec le projet d’instaurer un roulement à raison d’un artiste par mois. Au départ, l’artisan, passionné de reliure (qu’il réalise de A à Z), avait une prédilection pour les ouvrages anciens, Ballades de François Villon ou fabliaux du Moyen-Âge, mais aussi Contes juifs de Sacher Masoch, Faust de Goethe et, pourquoi pas, des textes grivois. Pour les livres qu’il édite, l’impression se fait en caractères de plomb, sur papier chiffon, avec des illustrations commandées à des artistes pour des tirages à 100 ou à 500 exemplaires en moyenne. Le travail est artisanal pour David Pardo, fasciné par les livresobjets et intéressé par une multitude de techniques faisant appel à des savoir-faire parfois inattendus qui requièrent des interventions extérieures spécialisées pour des reliures où sont utilisés émail grand feu, vitrail ou encore plexiglas. Toutes les fantaisies sont permises, y compris une couverture en forme de piano à queue pour un ouvrage consacré au jazz. Pour certaines éditions de prestige, les illustrations nécessitent parfois pas moins de 80 passages de couleurs, au pochoir, pour une seule page. Tous les types de peaux peuvent être utilisées pour les reliures : buffle, chèvre, python, lézard… Notre homme de l’art est un curieux qui ne semble mettre aucune limite à ses recherches innovantes : pour les reliures les plus complexes, trois à quatre années de travail sont nécessaires… contre (au minimum) trois mois pour un travail “simple”. David Pardo, on l’aura compris, est un passeur. Il donne une furieuse envie de l’entendre faire partager son amour des livres et de se mettre à la reliure. Il faut en profiter : la première séance de cours est offerte !
UN REGARD
DE SENDAI À ISHINOMAKI Par Hervé Lévy Photo de Pascal Bastien
Photographes en Alsace 2011, à Mulhouse, à La Filature, du 9 septembre au 23 octobre 03 89 36 28 29 www.lafilature.org
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L’
actualité est un monstre qui dévore tout. Rapidement. Goulument. Aujourd’hui, Tripoli et DSK. Hier ? Le tsunami au Japon et le risque nucléaire à Fukushima. Des visions d’horreur qui flottent dans nos mémoires. Loin. Un mois après la catastrophe, le photographe Pascal Bastien est parti au Pays du soleil levant. Je me souviens encore de son appel : « Je ne pourrai pas prendre une bière avec toi lundi. Je pars à Sendai ». Silence à l’autre bout de la ligne… À son retour il nous livre des images de désolation, évidemment mais
aussi un regard humaniste de la catastrophe. Parcourant à bicyclette les soixante kilomètres de côtes séparant Sendai et Ishinomaki, les deux grandes villes les plus proches de l’épicentre du séisme, il est allé à la rencontre des survivants avec son appareil. Au-delà du travail de photojournaliste publié dans Le Monde Magazine, c’est un point de vue très sensible que nous propose le photographe strasbourgeois. Des clichés ciselés qui, malgré une surcharge de détails, ressemblent souvent à des épures. Comme s’il avait créé de surprenants haïkus visuels.
Où nous trouver
.fr
Prochaine parution de Poly le 29 septembre 2011
Les lieux référents (plus de 120 exemplaires) Bas-Rhin
Strasbourg La Boutique Culture, CG67, Cinéma L'Odyssée, Graphigro, Restaurant la Victoire, CUS, Région Alsace, Pôle Sud Oberhausbergen PréO Haguenau Médiathèque, Théâtre, Mairie Sélestat Frac Alsace, Mairie Schiltigheim Mairie, École de Musique, Le Cheval Blanc Illkirch L’Illiade Bischwiller MAC
Haut-Rhin
Colmar Le Poussin Vert, CG68, Cinéma Colisée Kingersheim Espace Tival Mulhouse Cinéma Bel Air, Mairie Saint-Louis Mairie, Musée Fernet Branca
Franche-Comté
Belfort Centre chorégraphique Montbéliard L’Allan
Lorraine
Forbach Le Carreau
Tout nouveau
Vous vous souvenez du “site” de Poly ? Une sorte de blog famélique au design approximatif.
T-E-R-M-I-N-É !!!!
Histoire d’être en phase avec la nouvelle formule du magazine, nous avons désormais un vrai site, tout beau, tout propre, interactif et efficace. Enfin, nous en sommes très fiers, nous vous laissons le découvrir.
Les lieux de diffusion ++ Bas-Rhin
Bischheim Mairie, Centre Culturel, Salle du Cercle, Bibliothèque (Cour des Bœcklin) Haguenau École de Musique, Musée Historique, Relais Culturel Hœnheim Mairie Illkirch Mairie Lingolsheim Mairie Obernai Espace Athic Ostwald Mairie, Château de l'Île, Le Point d'Eau Sélestat ACA Saverne Rohan Schiltigheim Ferme Linck Strasbourg Arte, CIRDD, Espace Insight, FEC, La Choucrouterie, L'Artichaut, Le Kafteur, Lisaa, La Maison des Associations, Stimultania, Strasbourg Événements, 3 magasins Bemac Mésange, Neuhof & St Nicolas, Café Broglie, Snack Michel, Trolleybus, Archives de la Ville de Strasbourg et de la CUS, CEAAC, CRDP, Restaurant Chez Yvonne, Cinéma Star St Éxupéry, IUFM, Afges, Électricité de Strasbourg, MAMCS, TJP Petite Scène et Grande Scène, Espace avenir de l'Université de Strasbourg, CCI de Strasbourg, La Laiterie, les Taps Gare et Scala, Pôle Sud, Le Vaisseau, l'École d'Architecture de Strasbourg, Fnac, BNU, Bibliothèques du Neudorf, Hautepierre, Kuhn, Meinau & de Cronenbourg, Creps Cube Noir, Le Maillon, l'Opéra National du Rhin, l'École supérieure des Arts décoratifs Vendenheim Mairie
Haut-Rhin
Altkirch Crac Alsace Cernay Espace Grün Colmar Hiéro Colmar, Lézard, Le Grillen, Civa, Bibliothèque Municipale, Musée d'Unterlinden, Fnac Guebwiller Les Dominicains de Haute-Alsace, IEAC Huningue Triangle Illzach Espace 110 Kembs Espace Rhénan Kingersheim Créa Mulhouse Société Industrielle, Maison du Technopole, La Filature, Fnac, Bibliothèque Médiathèque, Bibliothèque FLSH, Musée des Beaux Arts, École Le Quai, Bemac, CCI, Kunsthalle, Théâtre de la Sinne, Hôtel du Parc, L'Entrepôt, Musée de l'Impression sur Étoffes, Office du Tourisme Ribeauvillé Salle du Parc Rixheim La Passerelle Saint-Louis Théâtre de la Coupole, Médiathèque Thann Relais Culturel
Franche-Comté
Belfort Mairie, Le Granit, Bourogne Espace Multimédia Gantner Montbéliard Le 10neuf Et dans plus de 100 autres lieux (bars, restaurants, magasins…)
Les lieux de lecture en Alsace cL es salles d’attente des Hôpitaux
Universitaires de Strasbourg c 70 bars c 50 restaurants c 60 salons de coiffure c 40 cabinets médicaux et dentaires
Si vous souhaitez vous aussi devenir un lieu de diffusion pour Poly, n’hésitez pas à nous en faire la demande.
Contact
gwenaelle.lecointe@bkn.fr
BKN – 16 rue Édouard Teutsch – 67000 Strasbourg – tél. 03 90 22 93 30 – fax 03 90 22 93 37 – bkn.fr
Focus référents Centre Chorégraphique de Belfort
Dirigé par Joanne Leighton, le Centre Chorégraphique National de Franche-Comté, installé dans une ancienne caserne, accueille des compagnies en résidence et de nombreux spectacles au cours de l’année. www.ccnfc-belfort.org
Focus ++ Musée Historique de Haguenau
Le Musée Historique de Haguenau présente une collection permanente exhaustive de différentes époques historiques, de l’Âge de Pierre au XXe siècle. www.ville-haguenau.fr
L’Espace Grün
L’Espace Grün, centre culturel de Cernay, propose des projections de cinéma, de spectacles vivants, des conférences ou congrès, dans la salle en gradins pouvant accueillir jusqu’à 430 personnes, la salle modulable ou la salle d’expo… www.espace-grun.net
AILLEURS
UNE AFFAIRE DE GOÛT Pour sa première exposition, à la tête de la Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden, Johan Holten a choisi d’interroger la notion de “goût” dans l’art contemporain.
Par Pierre Reichert À Baden-Baden (Allemagne), à la Staatliche Kunsthalle, jusqu’au 9 octobre +49 7221 30076 400 www.kunsthalle-baden-baden.de
L
e goût – Le bon, le mauvais et le vraiment cher… Voilà un titre d’exposition qui a le mérite de poser une question essentielle dans l’art contemporain : les catégories de “bon” ou de “mauvais” goût sont-elles toujours pertinentes ? Après une plongée au début du XIXe siècle, époque où naissaient les premiers musées de peinture en Allemagne (et où le diptyque beau / laid était figé, chacune de ses composantes possédant une définition claire) est analysé le rôle d’une institution comme la Staatliche Kunsthalle dans la propagation d’un éventuel “bon goût”. Au centre de cette réflexion se trouvent les œuvres de John Bock qui s’interroge sur la quête incessante de nouveauté de l’industrie de la mode pouvant l’entraîner dans des contrées absurdes. Mais aujourd’hui semble apparaître une nouvelle catégorie, transcendant les deux autres, le “cher”, manifeste au cœur des œuvres de Josephine Meckseper ou de Martin Parr (dans sa série Luxury réalisée à Dubaï ou Moscou). Le pognon au-dessus de tout…
Martin Parr, United Arab Emirates. Dubai. DIFC Gulf Art Fair, 2007
VISIONS VIOLONISTIQUES La Philharmonie Luxembourg accueille une des plus grandes violonistes de la scène musicale, l’Allemande Julia Fischer, pour une page contemporaine de Matthias Pintscher. Incontournable. Par Hervé Lévy À Luxembourg, à La Philharmonie, samedi 1er octobre +352 26 32 26 32 www.philharmonie.lu – www.luxembourgfestival.lu
D
ans le cadre du Luxembourg Festival, ce concert du London Philharmonic Orchestra (placé sous la baguette de son directeur musical, Vladimir Jurowski) permettra d’entendre deux classiques du répertoire : Les Créatures de Prométhée de Beethoven et la Symphonie n°4 de Brahms… mais surtout Mar’eh, concerto pour violon et orchestre de Matthias Pintscher (né en 1971) dont la création mondiale aura eu lieu le 11 septembre au cours du Festival de Lucerne. Dans cette œuvre au titre hébreu 62
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– qui peut se traduire par “vision magnifique” – le compositeur allemand livre une page d’une intense contemporanéité « où le passé résonne et respire puissamment ». De quoi magnifier le sublime son de la dédicataire de la partition, la très glamour Julia Fischer, aujourd’hui sans conteste une des violonistes les plus en vue. La virtuose qui n’a pas encore 30 ans a réussi l’exploit, dans un de ses récents disques, de nous passionner pour les 24 Caprices de Paganini. © Kasskara
benoît maire
bientôt le métal entre nous sera changé en or
Les champions de l’humour sont au
kafteur
15.09 J 13.11.2011
19e saison 2011 / 2012 du 23 sept. au 1er oct.
antonia de rendinger et SébaStien bizzotto
Entrée libre tél. +33 (0)3 69 77 66 47
Du 4 au 8 oct.
kunsthalle@mulhouse.fr www.kunsthallemulhouse.com
S Graphisme : médiapop + STARHLIGHT Benoît mairE, Esthétique des différends, figure 5: le menteur, détail, 2011
sé
min
air
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frédo du 13 au 22 oct.
du 3 au 12 nov.
Du 9 au 18 fév.
frédérick SigriSt
cLaire gérard et brock
Du 17 au 26 nov.
Du 8 au 17 mars
WaLLY Du 8 au 17 déc.
bonbon
Jean-JacqueS Du 22 au 31 mars
nicoLe ferroni
Du 12 au 21 janv.
Du 12 au 21 avr.
bernard aziMuth
LeS têteS d’orange
Du 26 janv. au 4 fév.
Du 3 au 19 mai
Le grandiLoquent toPick MouStache PoéSie cLub
Le caPitaine SPrÜtz
Réservations : 03 88 22 22 03 - www.kafteur.com 3 rue Thiergarten à Strasbourg (quartier gare)
séminaire communication SÉMINAIRE COMMUNICATION & ressources & RESSOURCES
L’ÉCONOMIE DE L’ART L’économie de L’art LA CULTURE : et deET LaDE cuLture : QUELS NOUVEAUX queLs nouveaux ENJEUX ? enjeux ? SÉMINAIRE ORGANISÉ
séminaire organisé EN PARTENARIAT en partenariat AVEC L’OBSERVATOIRE avec L’observatoire DES POLITIQUES CULTURELLES des poLitiques cuLtureLLes JEUDI 29 SEPTEMBRE jeudi 29 septembre À SÉLESTAT à séLestat (67) (67) inscription obligatoire : www.formations.culture-alsace.org agence culturelle d’alsace 1 espace gilbert estève - route de marckolsheim 67600 sélestat - tél. : 03 88 58 87 58 www.culture-alsace.org
AILLEURS
DANS LE RÉTROVISEUR Voiture fétiche est une étonnante exposition qui retrace un siècle d’histoire de l’art par le prisme de l’automobile. Des Futuristes aux contemporains, tous ont fantasmé sur quatre roues qui ont changé notre civilisation pour le meilleur… et pour le pire. moteurs de tous poils. La collection du musée regorge ainsi d’œuvres qui en sont directement inspirées
Chris Burden, Trans-fixed, 1974, Jasper Johns Collection © Chris Burden Photo: Charles Hill
Par Dorothée Lachmann
À Bâle (Suisse), au Kunstmuseum, jusqu’au 16 octobre +41 61 206 62 62 www.kunstmuseumbasel.ch
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i l’on considère qu’elle est née en 1886 avec la Patent-Motorwagen Nummer 1 de Carl Benz, l’automobile fête ses 125 ans : un siècle et quart qui l’a vue se transformer de façon spectaculaire, à la vitesse effrénée des progrès techniques, devenant le reflet par excellence de l’évolution culturelle et sociale de notre civilisation. Pas étonnant donc qu’elle soit omniprésente dans le domaine de l’art. Pour Jean Tinguely, la voiture était même « la plus belle œuvre d’art » du monde. À tel point qu’il lui construisit un autel avec deux châssis de bolides de course. On connaît la passion du sculpteur, ami de Jo Siffert et Niki Lauda, pour la Formule 1, la vitesse et les
Avec l’exposition Voiture fétiche, c’est tout un pan de l’histoire de l’art qui défile à travers les pare-brise. Au début du XXe siècle les Futuristes, vénérant l’empire de la machine et le mythe de la vitesse, y trouveront un nouvel idéal de beauté. Les œuvres de Giacomo Balla et Luigi Russolo, qui ouvrent l’exposition dans une véritable ivresse sensuelle, témoignent de cette esthétique inédite de l’accélération permanente. Dans les sixties et les seventies, le Pop Art exalte l’American Way of Life, intrinsèquement lié à la voiture. On découvre ainsi les Disasters Series et autres Cars d’Andy Warhol, autour des regards les plus marquants que cette période a portés sur l’automobile. En Europe, le Nouveau Réalisme – César, Mimmo Rotella et… Jean Tinguely – transforme la machine en œuvre d’art, l’affiche, la compresse, la superpose, la détruit. Traversée de l’histoire mais aussi parcours thématique, puisque l’exposition aborde la voiture sous le signe du fétichisme qui projette l’humain dans l’objet, lui accordant jusqu’au pouvoir de former un mode de pensée et d’action. Celui de la marchandise d’abord, faisant la part belle aux laques et aux chromes, à la production en chaîne et à l’accumulation. Fétichisme religieux ensuite, avec les autodafés et cimetières automobiles qui ont inspiré bien des créations plastiques. Fétichisme sexuel enfin, où règnent la puissance motrice et les courbes féminines. L’accident, la vitesse, la circulation, la fuite, autant d’évocations de la voiture dans tous ses états, où se croisent Brassaï et James Dean, Man Ray et Anton Stankowski, Jacques-Henri Lartigue et Andrea Zittel. Conçue en forme de roue, l’exposition tourne autour d’un axe central : la grande réalisation de Damian Ortega, Cosmic Thing, une Coccinelle Volkswagen qui se répand comme une explosion dans l’espace.
www.ja-at.eu
les journées de l’architecture die Architekturtage 30.09 , 04.11 2011 Architecture sur mesure | Architektur nach Maß
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Vendredi 7 octobre à 18 heures : Soirée d’ouverture au Zénith de Strasbourg avec l’architecte Massimiliano Fuksas Entrée à retirer à inscription@ja-at.eu
AILLEURS
DES COLLAGES IMMÉDIATS L’artiste britannique John Stezaker collecte des images anciennes qu’il assemble, créant des séries surréalistes. Présentés au Mudam, ses collages faits main happent le regard.
L’épisode est relaté par André Breton : Alberto Giacometti musarde au marché aux puces de Saint-Ouen. Il découvre un objet qui attire son attention, l’inspire et lui permet d’enfin finaliser une sculpture laissée en chantier. Telle est la base de la démarche de l’Anglais né en 1949 à Worcester. Passionné par les assemblages de Joseph Cornell (proche du Surréalisme), Stezaker, grand glaneur, collecte les photos découvertes chez les libraires, dans les rayons poussiéreux de boutiques d’occases ou les allées des vide-greniers. Il n’utilise pas d’images contemporaines, d’où cette atmosphère étrangement rétro émanant de ses œuvres, accentuée par la technique old school de l’artiste qui, à l’heure du numérique, travaille à l’ancienne, sans assistance par ordinateur.
Pair IV, 2007
Par Emmanuel Dosda
À Luxembourg, au Mudam, jusqu’au 11 septembre +352 45 37 851 www.mudam.lu
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a vieille carte postale d’un site naturel simplement plaquée au beau milieu d’une photographie de star oubliée du grand écran : l’idée paraît banale, peu spectaculaire, surtout si le collage s’avère, à première vue, incongru, les lignes du paysage ne suivant pas strictement les traits du visage. Le spectateur est pourtant très vite bluffé par les rébus visuels de John Stezaker : son œil s’engouffre littéralement dans les cascades, falaises et rivières, il traverse les grottes ou tunnels, comme s’il pouvait pénétrer dans les pensées des personnages (méconnaissables car “masqués”), lire dans leur âme. Il s’agit ici de la série Mask que l’artiste a débutée dès le commencement des années 1980. Depuis le milieu des 70’s, Stezaker réalise des juxtapositions d’“images trouvées”. Il insiste au gré de ses interviews : ce sont davantage les reproductions qui viennent à lui que l’inverse, rappelant ainsi les Surréalistes pour lesquels la notion de hasard fut déterminante.
Difficile, dès lors, de ne pas songer aux collages de Kurt Schwitters ou Max Ernst, aux photomontages de John Heartfield… Les moyens mis en œuvre par Stezaker sont élémentaires : il recadre, retourne, accole les images “volées” à leur auteur. Il s’agit souvent, comme c’est le cas pour la série Marriage, de photos de héros de films des années 1930-1940. Le plasticien combine deux personnages, créant des êtres hybrides, masculins / féminins, des “monstres” sacrés du ciné issus de l’âge d’or hollywoodien. Ses cadavres exquis sont autant d’arrêts sur image qui plongent le regardeur dans un temps révolu, ouvrant des brèches et bouleversant l’ordre des choses. Il n’hésite pas, avec Untitled (1977), à tout bêtement retourner le cliché montrant un pianiste et sa muse. Le reflet, dans l’instrument, de cette dernière domine ainsi le musicien : d’un simple geste, il a “changé le sens” de la photographie.
Marriage (Film Portrait Collage) LXI, 2010
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AILLEURS
JEUX D’EGO « Je est un autre », écrivait Arthur Rimbaud. À l’ère d’Internet, « Je est une multiplicité d’autres. » Démonstration au Casino Luxembourg avec une exposition au titre signifiant, Second Lives, regroupant photographies, vidéos et installations.
objet (Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin) s’intéressent au processus d’hybridation entre l’humain et le cheval : injection, sous contrôle scientifique, de sang du mammifère, utilisation de prothèses créant une silhouette équine…
Aneta Grzeszykowska, Untitled Film Stills, 2006 © Raster, Varsovie
Par Raphaël Zimmermann
À Luxembourg, au Casino Luxembourg (Forum d’art contemporain), jusqu’au 11 septembre +352 22 50 45 www.casino-Luxembourg.lu
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ous-titrée Jeux masqués et autres je, l’exposition explore « ce désir si particulièrement humain qui consiste à se projeter dans le corps d’un autre et d’incarner, d’être, ne fût-ce que pour un instant, un autre personnage bien différent de celui qu’on est dans la vraie vie » expliquent les commissaires Paul di Felice, Kevin Muhlen et Pierre Stiwer. Avec Second Life, ce jeu de masques a pris une nouvelle dimension qu’explorent des artistes comme Christopher Baker, Kaori Kinoshita et Alain Della Negra dont les vidéos analysent le rapport virtuel / réel de fanatiques du jeu en ligne ou Beryl Koltz qui a suivi un homme allant rencontrer, une femme qu’il n’avait jamais vue auparavant, alors que leurs avatars sont mariés. Loin des univers parallèles, d’autres tentent de pousser les limites de la “vraie vie” le plus loin possible. Les artistes de Art Orienté
Représentation de la représentation : comme le fit Cindy Sherman dans les années 1970, Aneta Grzeszykowska se projette hors d’ellemême en démultipliant ses autoportraits ou, à l’inverse, dans une autre série, en effaçant sa présence dans ses photographies de famille, montrant que toute image est potentiellement mensongère. Voilà également le credo de Joan Fontcuberta : dans sa série Deconstructing Osama, il invente un terroriste islamiste. Faux articles de journaux, couvertures de magazine bidonnées… La fiction – aux accents surréalistes et drolatiques – tient la route. Le portait se fait parfois multiple et vient illustrer l’uniformisation croissante à l’œuvre sur toute la planète : dans la série Paris-New York-Shanghai, le photographe Hans Eijkelboom réalise des frises où les villes sont différentes, les êtres humains aussi…mais leur costume est partout le même. C’est une impression de la même essence que l’on expérimente devant Hello World ! or : How I Learned to Stop Listening and Love the Noise, une installation de Christopher Baker. Des milliers et des milliers de messages personnels trouvés sur le Net sont ici alignés comme à la parade. Une masse informe et bruyante noyant chaque individu dans un collectif angoissant. Sont-ils réels ? Si oui, qui sont-ils ? Qu’ont-il à dire de si important ? Et moi, devant eux, les regardant, perplexe. … Qui suis-je ?
AILLEURS
À FOND LA FORME Par Irina Schrag À Thionville, au Théâtre en Bois et au centre ville, vendredi 23 et samedi 24 septembre & à Manderen, au Château de Malbrouck, dimanche 25 septembre 03 82 82 14 92 – www.nest-theatre.fr
Le Nord Est Théâtre de Thionville débute sa saison avec Court toujours, festival pluridisciplinaire de la forme brève.
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L’Après midi d’un Foehn © Jean-Luc Beaujault
u NEST, on n’aime pas les carcans reléguant les formes brèves au rang de spectacles mineurs ou les enfermant sous l’appellation d’“étapes de travail” en vue d’un futur format plus abouti. La deuxième édition du festival Court Toujours qui leur est dédié, réaffirme une certaine radicalité dans l’expérimentation et concentre des talents à découvrir de lieux en lieux (le Beffroi et le Casino de Thionville, le Théâtre en Bois, mais aussi le château de Malbrouck). Une douzaine de spectacles n’excédant jamais 45 minutes y sont joués plusieurs fois par jour : du cirque véhiculé tendance théâtre de rue avec Makadam Kanibal, de surprenantes acrobaties de la vie quotidienne par Rhizikon ou encore un improbable ballet de nymphes en sacs plastiques prenant vie grâce aux effluves de ventilateurs dans L’Après midi d’un Foehn. La compagnie Non Nova livre ici une poésie toute en sensibilité et en douceur. La dose de magie qui anime avec brio ces vulgaires déchets de la vie contemporaine scotchés est tout simplement unique, inédite et incroyablement envoûtante.
HUMOUR DE CIMETIÈRE Plus d’un an qu’il attendait ça. Michel Didym retrouve un Théâtre de la Manufacture tout rénové, tout beau qu’il inaugure avec la création des Chroniques d’une haine ordinaire de Desproges. u bien, là où ça fait mal ! La saison théâtrale nancéenne débute sous la houlette d’un rapporteur inégalé, pourfendeur de son temps, de nos petites mœurs et grands travers. Le directeur de la Manufacture new-look, Michel Didym, souhaite en faire « une utopie partagée, un lieu où être engagés ensemble, dans le débat du monde ». Quoi de mieux que « la langue fracassante et jubilatoire » de Pierre Desproges dont « la pensée du monde et le regard acéré mettent à nu nos aspirations ». Après Les Animaux ne savent pas qu’ils vont mourir, le metteur en scène s’attaque à un versant plus sombre et ambivalent de l’artiste, des pages méconnues dans lesquelles l’irrévérence tutoie la subtilité pour mieux remuer l’inconfort de nos idées. Sur scène, deux comédiennes charismatiques, Christine Murillo et Dominique Valadié, portent avec finesse les subtilités de textes audacieux, drôlement graves, dangereusement jouissifs qui ne reculent devant aucun sujet : « La mort est la chose la plus extraordinairement amusante du monde puisqu’elle atteint dans l’absurde des sommets inaccessibles à tous les autres avatars de la condition humaine. » Du Desproges, sans peurs et sans reproches.
Par Daniel Vogel À Nancy, au Théâtre de la Manufacture, du 14 au 22 septembre 03 83 37 42 42 – www.theatre-manufacture.fr
© MMichel Birot / conception graphique populardesign.fr
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14 > 22 Septembre 2011 CRéation
CDN de Nancy Lorraine Poly-142 Septembre 11
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EN TOUTE AMITIÉ La prestigieuse collection de Karl Im Obersteg est une histoire d’amitiés où plonge le Kunstmuseum Basel. Y sont présentées une centaine d’œuvres (Chagall, Picasso, Jawlensky…) et une sélection de lettres témoignant des liens entre collectionneur et artistes.
Par Dorothée Lachmann Tableau d’Alexej von Jawlensky, Kind, 1909, Sammlung Im Obersteg (Depositum im Kunstmuseum Basel) À Bâle, au Kunstmuseum, jusqu’au 16 octobre +41 61 206 62 62 www.kunstmuseumbasel.ch
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n 1919, de nombreux artistes étrangers sont en exil en Suisse. C’est aussi l’année de la terrible grippe espagnole qui aurait fait plus de 30 millions de victimes à travers l’Europe. Karl Im Obersteg (18831969), jeune entrepreneur de transport bâlois, en réchappe. Il passe sa convalescence dans le Tessin et le climat doux d’Ascona, lieu de rendez-vous d’artistes et d’intellectuels. Dans ce refuge suisse se nouent des amitiés qui résisteront aux années. Elles seront le point de départ de la formidable œuvre de collectionneur de Karl Im Obersteg. Il rassemblera quelque 140 pièces signées des grands maîtres du XXe siècle : Kandinsky, Klee, Rodin, Cézanne, Maillol, Modigliani, Picasso, Poliakoff, Dubuffet… L’exposition Amitiés artistiques éclaire cette collection sous l’angle de l’humain, évoquant les rencontres et les liens qui l’ont nourrie, loin des achats anonymes dans des galeries ou des ventes aux enchères. Face aux œuvres de Jawlensky ou de Chagall, nous découvrons ainsi leur correspondance avec ce bienveillant mécène, émaillée d’anecdotes qui brossent un passionnant tableau de la situation des artistes dans l’entre-deux-guerres. Dans ces lettres, il est question d’affaires bien sûr, mais aussi
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de confidences intimes, parfois émouvantes, comme ces courriers d’Alexej von Jawlensky – qui souffre de rhumatismes incurables – évoquant ses peines et ses douleurs, sa paralysie et son isolement. Grâce à son amitié avec lui, Im Obersteg a constitué la plus grande collection helvète dédiée à l’artiste. Les échanges épistolaires avec Marc Chagall ne manquent pas de piquant et révèlent, par exemple, comment cinq œuvres majeures du peintre russe sont venues enrichir l’ensemble rassemblé par le Suisse. Ces lettres soulignent aussi l’exigence et l’acuité du collectionneur, notamment lorsqu’il découvre au détour d’une lecture qu’existe une deuxième version du Juif en noir et blanc. Or lui-même possède ce qu’il pense être l’exemplaire unique. La suite de la correspondance tirera l’affaire au clair… Les nombreuses lettres présentées en parallèle des peintures, dessins et sculptures permettent de comprendre comment la collection Im Obersteg s’est constituée, au fil de ces années où bon nombre d’artistes furent persécutés dans leur propre pays. Le rôle du collectionneur est ici central. Mais l’exposition rend surtout hommage au couple indissociable artiste / mécène, ferment précieux de la création.
Jean-Paul Philippe Archéologies intérieures
5 juin > 11 décembre 2011 ESPACE D’ART CONTEMPORAIN FERNET-BRANCA
2 rue du Ballon - 68300 Saint-Louis - T +33 3 89 69 10 77
SAINT-LOUIS / ALSACE www.museefernetbranca.org
PROMENADE
LA MONTAGNE DES DIEUX Un (faux) temple, un (vrai) site archéologique gallo-romain, le lieu (présumé) de la conception de Victor Hugo : le Donon est un des endroits les plus fascinants de la région. Partons à l’assaut de ses pentes sous les auspices de Teutatès et de Mercure.
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À
quelque 390 mètres d’altitude, Wackenbach est la dernière “excroissance” de Schirmeck : le hameau est le point de départ idéal pour une randonnée conséquente en direction du Donon. Pour les moins ingambes – charmante terminologie tout droit sortie d’un Guide Vert des années 1950 – la promenade pourra se faire au départ de la Maison forestière du Donon. C’est moins long (deux heures maximum), moins pentu… mais moins glamour. Manque la montée apéritive sur le mythique GR 5 1, via Grandfontaine et ses anciennes mines. Indispensable pour se mettre en jambes et, comme l’affirma un d’entre nous de manière étonnamment phallocrate, pour « aérer les filles » qui nous accompagnaient. Regards de stupéfaction. Un coup d’œil distrait sur l’ancienne forge abritant le Musée du Framont2 (fermé pour le moment, mais la visite virtuelle est possible) qui rassemble un grand nombre de 2 CV… et c’est parti !
nous découvrons un “bidule” lounge avec spa et piscine. Les volumes des pièces ont toujours une altière noblesse (ouf) et les mets sont goûteux. Passons donc sur le décor… De toute manière personne n’est là pour manger un Grenadin de veau avec sa poêlée de girolles (19 €). Trop plombant pour ce qui nous attend. Certains, mutins, veulent éviter la montée, vantant les mérites du Sentiers des bunkers (croix bleue) qui pourrait faire un bel itinéraire bis de sept kilomètres plutôt plat. Il faudra revenir pour que les désirs des amoureux du premier conflit mondial soient comblés. Grimpette vers le Donon, donc. Après un passage près d’un remonte-pente qui a connu des heures meilleures, nous arrivons au pied des monumentaux escaliers de l’Empereur… Quelques marches à gravir pour apercevoir l’émetteur qui fait vaguement penser à la fusée d’Objectif Lune et c’est l’entrée sur le site qui culmine à 1 009 mètres d’altitude, où souffle le puissant vent de l’histoire.
Entrée
Plat
Les choses sérieuses débutent au col du Donon où Le Velleda3 (fondé en 1896), fichtrement bien situé, a subi un récent lifting, hum… douteux. On avait quitté, il y a bien longtemps, un hôtel-restaurant au charme suranné avec tables et chaises de métal peintes en rouge ou bleu sur la terrasse. Voilà que
Les premières traces humaines remontent au début du Néolithique, entre 5 000 et 2 000 avant Jésus-Christ. Grâce à sa situation sommitale, à la frontière des territoires de trois peuples celtes, les Leuques (au sud), les Médiomatriques (au nord) et les Triboques (à l’est), l’endroit est vite devenu un lieu de
Par Hervé Lévy Photos de Stéphane Louis pour Poly
Sentier de grande randonnée n°5 : long de 2 600 kilomètres environ, il relie la Mer du Nord et la Méditerranée 2 http://musee2cv.free.fr 3 www.restaurant-velleda.com 4 Limite (militarisée) entre l’Empire romain et les “barbares” germaniques 1
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culte important qui tire son nom d’un mot gaulois signifiant “montagne” ou d’un autre qu’on pourrait traduire par “enceinte fortifiée”. Deux étymologies rappelant qu’à l’époque on vénérait ici Teutatès et Vogesus (qui donna son nom à tout le massif) principalement. Les Romains – comme ils le firent souvent – conservèrent la vocation sacrée du lieu, mais le vouèrent, entre le Ier et le IIIe siècle, à un de leurs dieux : Mercure. Des copies de stèles votives disposées dans les années 1930 sont là pour le rappeler… Le temple est abandonné lorsque le Limes4 craque de toutes parts : s’en suivent pillages et destruction orchestrée par les moines au VIIIe siècle… Au XVIIIe, par un clin d’œil de l’histoire, leurs “successeurs”, Hyacinthus Alliot et Petrus Alliot, abbés – respectivement – de Moyenmoutier et Senones menèrent les premières fouilles et mirent à jour les vestiges des temples. Au fil des campagnes, un abondant matériel fut découvert, désormais exposé à Épinal et Strasbourg (voir encadré). Quant au temple massif que l’on découvre aujourd’hui, il s’agit d’un musée bâti en 1869 (vidé en 1958) qui avait alors remplacé une pyramide géodésique permettant de vérifier la mesure de la perpendiculaire à la méridienne de l’Observatoire de Paris.
Au musée
L
es fouilles les plus importantes ont été menées, dans les années 1920 et 1930, par Fanny Lacour, conseillée par le grand archéologue Robert Forrer qui publia, en 1937, Vogesus-Vosegus et Sécate-Ecate au Donon et la découverte d’un bas-relief inédit, dans les Cahiers Alsaciens d’Histoire et d’Archéologie. Pour éviter pillages et dégradations, les nombreuses trouvailles faites au Donon ne sont plus exposées dans le “temple musée” du sommet, mais réparties entre deux institutions. Au Musée départemental d’art ancien et contemporain d’Épinal, on découvre notamment un bas-relief représentant la lutte entre un lion et un sanglier. Au Musée archéologique de Strasbourg se trouve ce Dieu au cerf, devenu une des figures emblématiques du Donon (datant du début du IIIe siècle), une divinité forestière et barbue qui tient une hachette et porte une besace remplie de pommes de pin, dans laquelle on peut reconnaître les traits de Vogesus. www.musees.strasbourg.eu – www.vosges.fr
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Dessert
Dieu au cerf (© Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola)
Au milieu des luzules – fort denses et vertes vu les précipitations abondantes de cet été pourri – l’errance est douce, entre un puits sacré de plus de sept mètres de profondeur et la découverte d’un bas-relief. Encore une copie… Un dernier effort permet d’atteindre la table sommitale, lieu idéal pour se sustenter de quelques œufs durs, salades et autres gâteaux accompagnés d’une abondante goulée de vin rouge. Couché sur le dos, le nez dans les nuages gris. Ne penser à rien… ou plutôt si, à faire un tour plus tard, une fois la digestion achevée, histoire de lire les milliers de graffitis laissés dans la roche, “œuvres” pour beaucoup de soldats du premier conflit mondial qui fit ici plus de 400 victimes, mais aussi de touristes du XIXe siècle qui, tel Lord Byron au Temple de Poséidon du Cap Sounion, voulurent laisser une trace pour l’éternité. Ne nous attardons pas trop : la pluie menace à nouveau. Elle est déjà tombée par courtes et désagréable saccades au cours de la montée. Après quelques mètres – il faut se retourner pour ne pas la manquer – une inscription dans le grès annonce : « En ce lieu le V floréal An IX fut conçu Victor Hugo ». Mythe ou réalité ?
PROMENADE
En se souvenant des mots du poète évoquant, dans Le Rhin, ses impressions du haut de la Cathédrale, on peut rêver que ce soit vrai : « On a Strasbourg sous ses pieds, vieille ville à pignons dentelés et à grands toits chargés de lucarnes, coupée de tours et d’églises. »
Dangereusement belle
S
ur les pentes du Donon, poussent en abondance de splendides digitales (qui fleurissent de mai à juillet / août), une des fleurs les plus mignonettes du massif vosgien qui inspirèrent Robert Desnos : « La digitale au clair matin / Dit-il, dis-tu, dis-je ? / La digitale au clair matin / Dresse sur sa tige / Des grappes de fleurs cramoisies / Dit-il, dis-tu, disje ? / Dis-je bien ainsi ? / Dis-je ? » On s’émerveille devant ces champs violacés ou roses (le genre regroupe une vingtaine d’espèces) de plantes de la famille des Scrofulariacées dont le nom provient du latin “digitus” qui signifie doigt. Mais attention, la belle est toxique : huit grammes de feuilles ingérés et… couic !
Après un passage, au début de la descente, devant un abri sous roche (qui servit de refuge aux soldats qui y ont gravé un jeu de marelle), la progression se fait malaisée sur un étroit sentier, au milieu des futaies. Arrivée au Col entre les deux Donons… Les plus courageux pourront gravir le Petit, les autres en feront le tour avant d’entamer un lent retour, laissant derrière eux les dieux oubliés.
Le Donon depuis Wackenbach
NORD
Distance 12 km Temps estimé 4 h Dénivelé 600 m
961m
LE PETIT DONON
1009m
LE DONON
COL DU DONON
Raon l’Étape 30km
“
Quant au temple massif que l’on découvre aujourd’hui, il s’agit d’un musée bâti en 1869 (vidé en 1958) qui avait alors remplacé une pyramide géodésique
Temple
732m
BAS DONON
464m
GRANDFONTAINE GR
5
FRAMONT
387m
WACKENBACH
D
Schirmeck 3km
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GASTRONOMIE
POUR L’AMOUR DU PRODUIT Une maison historique, une vue imprenable sur la plaine d’Alsace et une cuisine délicate signée Guillaume Hannauer. Voilà le trio gagnant qui attire les gourmets aux Tommeries, restaurant du Château d’Isenbourg.
Par Hervé Lévy Photo de Geoffroy Krempp Le Château d’Isenbourg est situé à Rouffach. Son restaurant est ouvert tous les jours (midi et soir). Vendredi 30 septembre est organisée, avec le concours d’un œnologue de la maison Taittinger, une “Soirée Champagne” (apéritif & dîner gastronomique au Champagne à 98 €) 03 89 78 58 50 www.isenbourg.com
C
hef au Château d’Isenbourg depuis deux ans – après y avoir secondé Julien Binz qui officie désormais au Bristol de Colmar – Guillaume Hannauer a su, très rapidement, y imprimer sa marque et entraîner, sur les hauteurs de Rouffach, d’où le panorama est exquis, une clientèle exigeante. Son art ? Le concentré de ses nombreuses expériences (à La Pyramide de Vienne, deux Macarons au Michelin, par exemple) et de ses voyages (deux années aux USA, où il œuvra notamment au Paradou, une des meilleures tables du pays). Le cuisinier de 33 ans revendique une « cuisine de goût marquée par la simplicité ». Point de fioritures, ni de chichis dans des créations dont l’épicentre est le produit : « C’est sur lui que je me concentre explique le chef. » En témoigne la structure de la carte
(La rascasse / La lotte / La langoustine, etc.) où figurent des trésors comme un somptueux Filet en mille-feuille de foie gras, artichauts crémeux et croustillants accompagné de son jus corsé (dans le “chapitre” Le bœuf, 39 €). Une alliance de goûts et de textures d’une implacable évidence alliant de manière surprenante historicité d’un plat de viande et modernité du traitement du légume. Cette exactitude dans le rapport aux matières premières se retrouve avec l’excitante Tour croustillante, cœur caraïbe, glace crème brûlée, espumas Expresso (dans le “chapitre” Le chocolat, 15 €). Finalement, la cuisine de Guillaume Hannauer a la semblance du lieu qui l’abrite, un hôtel ★★★★ à l’élégance affirmée qui a su s’ancrer dans la contemporanéité.
HISTOIRE & GASTRONOMIE E
n 2007, le Strissel lançait un repas médiéval à l’occasion des Journées du patrimoine : deux ans plus tard, neuf autres établissements proposaient des manifestations mêlant patrimoine et gastronomie sous l’intitulé “Les restaurants ont une histoire”. Du Dauphin à la Maison des Tanneurs en passant par À La Hache, Yvonne ou les Armes de Strasbourg, le Tire Bouchon, Zuem Strissel, le Gurtlerhof, le Gruber et le Lohkäs, fleuriront à nouveau des menus nous plongeant dans le Moyen-Âge ou l’Empire (période bénie où l’on se passionnait pour la Poire belle Hélène)
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servis en costume dans une ambiance sonore appropriée… Certains hôtels se sont joints à l’événement avec des packages. Rajoutez quelques animations et une promenade à la découverte du riche patrimoine hôtelier (par Jean-François Kovar le 17 à 18h et le 18 à 10h30 départ de La Cour du Corbeau) et vous comprendrez qu’on peut manger et / ou dormir intelligent. À Strasbourg, samedi 17 et dimanche 18 septembre dans les lieux participants
itaelenne p a C ropé eu
L’abonnement Famille ! Venez écouter la musique classique en famille à petits prix !
30 € l’abonnement Adulte + 3 € l’abonnement Enfant Les concerts des mercredi 18 janvier et mardi 3 avril 2012
BKN.FR - PHOTO : PASCAL BASTIEN // LICENCES D’ENTREPRENEURS DE SPECTACLES N° 2 : 1006168 ET N°3 : 10066169
concert au choix + 1dans les concerts de la saison, à l’exclusion des concerts des 19 et 31 décembre 2011, et des 25 et 30 mars 2012. Exemple : Pour une famille composée de deux adultes et deux enfants : 2 x 30 € + 2 x 3 € = 66 € pour 3 concerts pour toute la famille,
soit 5,50 € par personne et par concert ! Bulletin d’abonnement à compléter page suivante
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SAISON 2011>2012
experts-comptables
ARCHITECTURE
REBONJOUR MONSIEUR COURBET Le musée Courbet, dédié à l’enfant du pays d’Ornans, vient de rouvrir ses portes. L’agence Ateliers 2/3/4/ a proposé un habile dialogue entre le peintre, sa ville et le paysage, un adroit jeu de volumes et de transparences.
Par Emmanuel Dosda
Musée Courbet, 1 place Robert Fernier, à Ornans (25) 03 81 86 22 88 www.musee-courbet.fr
“
Établir une relation forte entre l’esprit de Courbet et la spatialité des lieux
Le Conseil Général du Doubs est le maître d’ouvrage du musée qui s’inscrit dans le programme Pays de Courbet, pays d’artiste www.doubs.fr *
Le musée Courbet vu de la Loue © J. Varlet
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n Enterrement à Ornans (1849-1850), Bonjour monsieur Courbet (1854), Le Renard pris au piège (scène de chasse de 1860 conservée au musée ornanais) ou L’Origine du monde (1866) sont autant d’œuvres signées Gustave Courbet, né en 1819 à Ornans, dans le Doubs*, et mort en 1877 à La Tour-de-Peilz en Suisse. Après l’épisode de la Commune de Paris, de mars à mai 1871, courte période d’insurrection contre le pouvoir dans laquelle il s’est investi, Courbet est obligé de s’y exiler, dès 1873. Le musée qui lui est dédié, fermé depuis 2008 pour travaux, voulait offrir un édifice à la hauteur de cet artiste fort en tempérament qui, engagé politiquement et artistiquement, défendra une peinture réaliste – « Faire de l’art vivant, tel est mon but », affirmait-il –, parfois jugée “laide” à l’époque, souvent scandaleuse. Le nouveau musée n’occupe plus seulement l’hôtel Hébert, sa maison natale. En s’étendant à deux édifices mitoyens,
la maison Borel et l’hôtel Champereux, il a quadruplé sa surface, passant de 500 à 2 000 m2. Pour Christine Edeikins, architecte de l’agence Ateliers 2/3/4/, le pari était de mettre en relation « une ville dont l’architecture est remarquable et un programme à l’ambition forte » et d’intégrer un musée techniquement moderne dans une enveloppe patrimoniale. Les transitions de bâtisse à bâtisse, matérialisées par la taille en biais de l’épaisseur des murs, correspondent aux passages d’une période à l’autre.
Un parcours chronologique
Le visiteur déambule d’abord dans l’hôtel Hébert, s’imprégnant de l’ambiance boisée de ses pièces inscrites à l’Inventaire des Monuments Historiques et contemplant les œuvres de jeunesse de Courbet. Ensuite, de la maison Borel à l’hôtel Champereux, il découvre les premiers tableaux réalistes de l’artiste, tra-
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a Maison européenne de l’architecture – Rhin supérieur Europäisches Architekturhaus – Oberrhein
verse la galerie des révolutions – pièce peinte en rouge vif évoquant la révolution de 1848 instaurant la seconde république –, se familiarise avec ses grands formats, découvre ses « suiveurs », prend connaissance des prises de position du peintre durant la Commune avant son exil en Suisse… Il traversera notamment la Boîte noire, “excroissance” visible de l’extérieur évoquant, en sons et en images, la “rupture artistique” de Courbet. Une des parois reprend les dimensions d’Un Enterrement à Ornans traitant en 315 x 668 cm d’un sujet de la plus grande banalité, loin des grandes fresques historiques de l’époque. En fin de visite, il marchera sur un plancher de verre frôlant le lit de la Loue afin d’accéder au jardin, précédemment “caché” et ici ramené dans le dispositif. Le visiteur passe ainsi d’espaces « abstraits » (la galerie des révolutions) à des espaces plus « sensuels » baignés de lumière. Des parties ont été créées : le nouvel accueil du musée, dans l’ancienne cour de l’hôtel Champereux, avec son pavage et son revêtement en lait de chaux, la cafétéria en fond de jardin et la galerie suspendue au-dessus de la rivière, « comme un trait d’union entre les maisons. » Christine Edeikins insiste sur l’étroite collaboration avec Guliver Design en charge de la muséographie : « Nous avons fait des choix communs, architecturaux ou
scénographiques, afin d’établir une relation forte entre l’esprit de Courbet et la spatialité des lieux. » Il y a bien quelques matériaux sophistiqués, localisés dans la galerie des révolutions et la Boîte noire (recouverte de maille en inox), mais les matières utilisées sont généralement « simples », voire « rustiques, à l’image du peintre ».
Emmener le paysage à l’intérieur
Le lien au site est une donnée « fondamentale » pour les réalisations de l’agence Ateliers 2/3/4/. « Sans forcément faire une architecture contextuelle, nous cherchons toujours à prolonger l’espace privé et public. » L’introduction du paysage dans le musée, grâce à de grandes baies vitrées, permet de bien saisir la relation « affective et physique » de Courbet à son territoire. Pour Christine Edeikins, « il n’a cessé de se revendiquer de la Franche-Comté, et d’y retourner, afin de tirer de quoi exprimer sa peinture. » L’architecte fut inspirée par le talent et le caractère de ce peintre « fort en gueule », auteur des Casseurs de pierres et ami de Proudhon. « J’ai eu le sentiment de rester fidèle à la manière d’être de Courbet, à sa liberté de penser et de conception, au-delà des conformismes et des idées reçues. L’histoire de l’architecture est faite de ruptures. »
Ateliers 2/3/4/ L’agence parisienne créée en 2005 rassemble, autour d’« intérêts communs », des architectes qui ont débuté leurs études au même moment. Avec plus de 70 collaborateurs, Ateliers 2/3/4/ a réalisé des projets très hétéroclites en France et dans le monde : des logements à BoulogneBillancourt, des tours à La Défense ou au Vietnam, une église au Liban, une maison des Arts et de la Culture à Beyrouth… www.a234.fr
La “boîte noire” qui surplombe le hall d’accueil du musée
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DESIGN
NATURAL BORN STICKER Franck Blériot a de la chance, « il ne prospecte quasiment pas ». Son entreprise de design mural, Osmoze, implantée à Nordhouse, à 20 kilomètres au Sud de Strasbourg, tourne. De Shanghai au Crédit Municipal de la capitale alsacienne, il rhabille les espaces.
Par Marion Wagner
Atelier de design mural Osmoze 7 rue des violettes à Nordhouse 03 90 29 97 27 www.osmoze.fr
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é à Strasbourg il y a 38 ans, Franck Blériot est devenu « serial entrepreneur », montant sa première entreprise à 27 ans, puis continuant, au rythme d’une tous les 18 mois. Formé au marketing, il brasse les métiers, accumule les compétences : manager, publicitaire, éditeur, producteur de vidéo ou de musique, scénographe, metteur en scène. Il dessine aussi. Depuis qu’il a cinq ans. De cette carrière, retenons en particulier le lancement, remarqué par les médias, de My Face en Europe. Importé de Chine, le processus immortalise le quidam en une statuette en plastique à partir de deux photos et d’un modèle de tronc. « Ça ne sert à rien, mais c’est fun ».
Combler le vide
Le design mural et le graphisme d’espace, impulsés par Osmoze depuis un peu plus d’un an, eux, tendent à « sublimer les espaces ». À grands coups de stickers XXL dessinés à
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la main dans son atelier, Franck Blériot rend les intérieurs et les façades « plus conviviaux, plus agréables, plus contemporains. J’essaye de combler le vide, de faire en sorte que le mur raconte une histoire. Aujourd’hui, lorsque je vais dans une zone industrielle ou à la Défense, je me dis que mon marché est démentiel » explique-t-il. À la question de savoir s’il faut toujours habiller l’espace, le designer répond simplement : « le dessin doit être beau, au sens collectif, pour s’excuser de prendre la place du vide ». Et le “beau, au sens collectif”, késako ? « L’incarnation dans le design d’une forme de diktat contemporain, culturel et industriel. » Sa démarche s’accompagne d’une exigence : rendre le design accessible à tout le monde. Comprenez Rebook, Adidas, le Crédit Municipal de Strasbourg, le métro de Shanghai ou la galerie marchande d’Auchan à Metz-Sémécourt et… des particuliers, de plus en plus nombreux, dont certains gagnent « un peu plus que le Smic » qui
font appel à ses services, sur mesure. Une fois contacté il agît comme un « psycho-designer. Je me rends sur place, je me pose, j’écoute les clients, leurs envies, leurs goûts, leurs failles, leurs dates-clés. Un dirigeant d’entreprise va me parler de sa vie, de son passé, de ses parents, de son parcours… » À lui ensuite de proposer un dessin qui sera imprimé sur du vinyle, découpé puis posé à la main. « Je demande au client de ne pas être présent pendant l’installation, de partir une semaine. En général, à son retour, il dit «Ouahou, je ne savais pas que c’était possible. Vous m’avez changé la vie». C’est le point d’orgue de mon métier, pour moi le pari est gagné ».
Marketer les sols
L’inspiration est en provenance directe de son parcours marketing. « Le plaisir des mots et leur utilisation mercantile me viennent du milieu de la publicité. J’écris les poèmes et les textes de mes dessins. J’aime les mots qui rassemblent. J’ai peu de références littéraires, je suis dans la pure spontanéité et ne m’inspire aucunement de ce qui a été fait dans le passé. J’ai beaucoup lu Verlaine, j’aime Houellebecq et Beigbeder, ce qui est décalé ». Pour l’aspect visuel, Franck Blériot évoque Dali, son approche des mots et de l’écriture, Mirό pour le graphisme épuré et les univers digitaux et végétaux. « On m’a dit un jour que j’écrivais avec des images et que je peignais avec des mots. J’aime bien cette formule ».
Brûler les verrues dans la ville
Designer-psychologue, l’homme rêve de grands espaces, en redresseur de torts d’une certaine laideur urbaine. Ses terrains de jeu préférés sont ceux où il peut « rendre les choses gigantesques : j’ai un projet en cours pour faire l’hypermarché design de 2020 ». Autre chantier, les distributeurs de billets, ces « verrues dans la ville », qu’il redessine pour une banque française qui doit rester anonyme. Les appliques de vinyle, se maintiennent sans problème dix ans à l’extérieur, vingt à l’intérieur. On les décolle en tirant dessus. Quoi de plus simple alors, que d’imaginer redessiner, au fur et à mesure des modes et des envies, le centre administratif de Strasbourg, « une catastrophe moche au possible » ? Ou l’intérieur des hôpitaux, qu’il connait bien, décorés, à l’heure actuelle, de quelques « motifs moisis » ? « Marketer les murs, les sols, doit servir à créer de nouveaux univers, à impulser des émotions et à positiver. » Signe d’une volonté sans failles d’embellir les choses, il veut faire de l’humanitaire. Un chantier par an. « J’aimerais offrir du design apparent à des gens qui n’y n’ont pas accès, à l’Armée du Salut par exemple, pour faire plaisir à ceux qui ne voient que quatre murs toute la journée, leur dire qu’ils ne sont pas seuls ».
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LAST BUT NOT LEAST
Par Emmanuel Dosda Photo d'Eric Chenal
Sélest’art, du 24 septembre au 30 octobre, à Sélestat, au Frac Alsace, à la Médiathèque, la Bibliothèque Humaniste, etc. 03 88 58 85 75 www.selest-art.fr
Vous venez du street art. Quelle est votre dernière prise de courant peinte dans la rue ? C’était il y a deux semaines, à Luxembourg. L’idée est de “débrancher” la ville. Ça me défoule, par exemple, de “débrancher” des distributeurs de banque : elles te prennent de l’argent juste parce que tu en retires ! C’est une rébellion adolescente, aussi engagée qu’un album des BB Brunes, mais bon… Allez-vous abandonner les ruelles et trottoirs pour les galeries d’art contemporain ? Jamais. Je viens de la rue et je ne trahis pas mes origines. Mes influences urbaines se reflètent dans mon travail, c’est indéniable, mais de manière détournée, métaphorique ou poétique. La dernière fois qu’on vous a demandé d’expliquer votre travail, qu’avez-vous répondu ? Rhabille-toi d’abord !
Né en 1978 à Messancy en Belgique, The Plug vit et travaille à Luxembourg – www.the-plug.be
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Une de vos pièces se nomme I Love You but I’ve Choosen Darkness. Ce titre – étrange pour quelqu’un qui travaille avec la lumière… – est un clin d’œil à un groupe rock. Quels sont vos derniers coups de cœur musicaux ? Cette œuvre est faite à partir d’une table que j’ai récupérée dans un centre de shoot pour toxicos. Il y a eu quelques OD dessus… Mon travail consiste à sortir le beau de la violence, mais là, c’était assez dur, d’où ce titre sombre. Pour ce qui est de la musique, je suis un malade de ska, de oï et de punk. Je suis un Fred Perry boy de la première heure !
Fate will tear us apart (Stefano) consiste en la retranscription, en néons, de la ligne de destinée de la main d’un détenu. Vous vous intéressez beaucoup à ceux qui vont vivre leurs derniers jours derrière les barreaux… Je m’intéresse aux codes et aux valeurs des milieux considérés comme marginaux et violents. Je travaille beaucoup en immersion afin de transformer les chutes en envol. La marginalité, c’est ce qu’il a de plus beau : Take a walk on the wild side ! Avec votre installation vidéo Hooligan’s Pilgrimage, vous faites le parallèle entre les tribunes d’un match de foot et une procession religieuse. Les supporters sont les derniers des croyants ? Les croyants de toute sorte, comme les supporters, se mettent sur la gueule… mais j’ai plus de respect pour les hooligans car ils se battent à la régulière. Dans vos installations, il y a beaucoup de barrières anti-émeutes. Quelle fut votre dernière manif’ ? Pour réclamer plus de moyens dans la lutte contre le graffiti ! Dernières réalisations. Deux néons de la série Fate will tear us apart prochainement présentés lors de Sélest’art.
Visuel Kathleen Rousset, conception graphique Polo - Licences d’entrepreneur de spectacle : n˚ 1 1009853 (22/10/07) - 1005523 (13/06/07) n˚ 2 1006179 (22/10/07) n˚ 3 1006180 (22/10/07)
s Tap n s e L e saiso les 10 pectac de s
Les Taps, théâtre actuel et public de Strasbourg saison 2011-12
Taps Scala (Neudorf) et Taps Gare (Laiterie)
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Photos non contractuelles. Septembre 2011.
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