Cerveau & Psycho
N° 102 Septembre 2018
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POURQUOI OUBLIE-T-ON SES PREMIÈRES ANNÉES ?
D : 10 €, BEL : 8,5 €, CAN : 11,99 CAD, DOM/S : 8,5 €, LUX : 8,5 €, MAR : 90 MAD, TOM : 1 170 XPF, PORT. CONT. : 8,5 €, TUN : 7,8 TND, CH : 15 CHF
VAINCRE LA
PHOBIE SOCIALE Les méthodes pour dépasser sa timidité ERREURS MÉDICALES CES MALADIES PSYCHIATRIQUES QUI N’EN SONT PAS
MANQUE DE SOMMEIL DES EFFETS PROFONDS SUR LE CERVEAU ÉDUCATION LA GÉOMÉTRIE STIMULE LA PLASTICITÉ CÉRÉBRALE
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VOTRE ANXIÉ TÉ SOCIALE page 65
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N° 102
NOS CONTRIBUTEURS
ÉDITORIAL
p. 24-31
SÉBASTIEN BOHLER
Alexis Bourla
Chef de clinique à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, il appartient au service de psychiatrie et de psychologie médicale. Ce service est en pointe dans le diagnostic et le traitement des maladies qui miment des troubles psychiatriques, mais ont une cause organique.
p. 60-65
Antoine Pelissolo
Professeur de psychiatrie, praticien hospitalier et chef de service au CHU Henri-Mondor, à Créteil, il est spécialiste des troubles anxieux, de la dépression et des troubles obsessionnels compulsifs.
p. 66-70
Jean-Luc Schwartz
Directeur de recherches au CNRS, responsable du pôle Grenoble Cognition, Jean-Luc Schwartz étudie les processus cognitifs qui gouvernent la communication parlée. Il interroge notre façon de concevoir aujourd’hui des interfaces vocales artificielles.
p. 74-82
Eva Maria Elmenhorst
Responsable des études sur le facteur humain et le sommeil au Centre aérospatial allemand de Cologne, elle étudie les conséquences cérébrales et cognitives du manque de sommeil.
Rédacteur en chef
Au secours, quelqu’un me parle !
O
n n’a jamais autant communiqué qu’aujourd’hui. Le volume d’échanges des e-mails, SMS ou messages via des applications pour mobile comme Facebook ou Whatsapp atteint 438 milliards par jour. Cela fait-il pour autant de nous des êtres hypersociaux ? Il y a une différence entre, d’une part, se connecter à un réseau social, y mettre sa photo et quelques commentaires, répondre à des SMS, et, d’autre part, se diriger vers un inconnu, lui tendre la main et lui parler. Il y a une quinzaine d’années, vous pouviez adresser la parole relativement facilement aux gens dans le métro et engager une conversation. Aujourd’hui, on vous regarde avec des yeux étonnés, pour ne pas dire scandalisés. L’air de dire : « Qu’est-ce qui vous prend d’interrompre ma connexion virtuelle ? » Le lien direct et personnel, facteur de risque, une situation dans laquelle il faut s’exposer, a largement cédé le pas à des dialogues distants, choisis et protégés, où nous pouvons nous assurer que nous donnons la meilleure image de nous-même, et une image si possible retouchable. Dans ces conditions, opérer sans filet, face à un quidam en chair et en os, relève de l’aventure. La souffrance liée à la « phobie sociale », comme on l’appelle, est en progression, nous révèle le dossier central de ce numéro. La peur des autres est peut-être notre peur de l’inconnu, de l’imprévu, du non maîtrisé, de ce qui ne se laisse pas enfermer dans un profil Facebook ou Instagram. D’ailleurs, cette peur se soigne, non pas en fuyant ses semblables, mais en s’y confrontant. En acceptant de s’exposer pour de vrai, non pas seulement pour une webcam, mais en existant sous le regard des autres. On découvre alors qu’ils aiment notre présence. Et même nos visages non retouchés. £
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SOMMAIRE N° 102 SEPTEMBRE 2018
p. 14
p. 24
p. 34
p. 45-65
Dossier
p. 38
p. 45
p. 6-43
DÉCOUVERTES p. 6 ACTUALITÉS L’agressivité, c’est dans les neurones ! Le chocolat améliore la vue Le LSD fait pousser les neurones Êtes-vous un « mangeur sain » ? p. 14 FOCUS
Contrôler le cerveau : un fantasme de plus en plus réel
Une technique de pointe permet d’activer ou éteindre chaque neurone à volonté. Sébastien Bohler
p. 16 C AS CLINIQUE
GRÉGORY MICHEL
p. 24 P SYCHIATRIE
Ces maladies psychiatriques qui n’en sont pas
p. 46 P SYCHOLOGIE SOCIALE
A. Bourla, F. Ferreri et S. Mouchabac
La peur des autres peut causer une anxiété profonde. Lorsqu’elle envahit le quotidien, elle peut devenir invivable.
On croit à de l’anxiété, à une dépression, or c’est une maladie organique ! p. 32 I NFOGRAPHIE
Le toucher dans la peau Notre main possède à elle seule 17 000 récepteurs sensoriels. Ulrich Pontes et Martin Müller
À 8 ans, Noémie se tord de douleur, frissonne, vomit, a du sang dans ses urines… Jusqu’au moment où l’on découvre que sa mère provoque ces symptômes.
Ce numéro comporte un encart abonnement Rue des Étudiants sur une sélection d’abonnés France Métropolitaine. En couverture : © Getty Images/Peter Dazeley
PRISONNIER DU REGARD DES AUTRES Paola Emilia Cicerone
p. 54 P SYCHOTHÉRAPIE
COMMENT GUÉRIR DE SA PHOBIE SOCIALE ?
p. 34 COGNITION
Notre peur du regard d’autrui est souvent liée à un jugement négatif sur soi. C’est aussi cet aspect qu’il faut remettre en cause.
Avant l’âge de 3 ans, les souvenirs sont rares.
Giovanni Sabato
Pourquoi oublie-t-on ses premières années ? Nele Langosch
Moi, Noémie, malade de ma mère
COMMENT VAINCRE LA PHOBIE SOCIALE
p. 38 G RANDES EXPÉRIENCES DE NEUROSCIENCES
LAURA POUPON
Penfield, le cartographe du cerveau Il fut le premier à découvrir que chaque partie de notre corps est pilotée par une zone cérébrale précise.
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p. 60 I NTERVIEW
LES PHOBIQUES SOCIAUX SOUFFRENT DE PLUS EN PLUS
L’injonction à socialiser, plus forte que jamais, exerce une pression grandissante sur les phobiques sociaux. Antoine Pelissolo
p. 65 T EST
ÊTES-VOUS SOCIALEMENT ANXIEUX(SE) ?
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p. 84
p. 66
p. 72
p. 74
p. 86
p. 94
p. 88 p. 92
p. 66-73
p. 74-91
ÉCLAIRAGES
VIE QUOTIDIENNE LIVRES
p. 66 R ETOUR SUR L’ACTUALITÉ
p. 74 N EUROBIOLOGIE
L’interface vocale de Google parle comme vous et moi. Pourtant, ce n’est qu’une machine. Alors, où est la différence ?
La carence sociétale en sommeil a un impact profond sur nos capacités cognitives.
Google Duplex : l’illusion d’humanité Jean-Luc Schwartz
p. 72 PSYCHO CITOYENNE
p. 92-97
Un inquiétant manque de sommeil David Elmenhorst et Eva-Maria Elmenhorst
p. 84 L’ÉCOLE DES CERVEAUX
p. 94 N EUROSCIENCES ET LITTÉRATURE OLIVIER HOUDÉ
CORALIE CHEVALLIER ET NICOLAS BAUMARD
Et si on interdisait les éruptions volcaniques ?
Les cataclysmes font la une des journaux, alors que les famines ou les épidémies font plus de morts. Pourquoi cette absurdité ?
p. 92 S ÉLECTION DE LIVRES Histoire d’un mensonge : enquête sur l’expérience de Stanford Psychologix À quoi pensent les poissons ? Petit traité de cyberpsychologie Burnout La Cognition
La géométrie, à quoi ça sert ?
Cette discipline structure en profondeur notre perception de l’environnement. p. 86 Q UESTION DU MOIS
Qu’est-ce que le coup de foudre ? Bernhard Fink
p. 88 L ES CLÉS DU COMPORTEMENT NICOLAS GUÉGUEN
Le pouvoir des bonnes blagues
Séduction, leadership, performance : être doté d’humour a de nombreux avantages !
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SEBASTIAN DIEGUEZ
Fitzgerald et la dépression
La nouvelle La Fêlure porte les stigmates de la dépression qui frappa Francis Scott Fitzgerald à la fin de sa vie.
DÉCOUVERTES
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p. 14 Focus p. 16 Moi, Noémie, malade de ma mère p. 24 Ces maladies psychiatriques qui n’en sont pas p. 32 Infographie p. 34 Pourquoi oublie-t-on
Actualités Par la rédaction NEUROBIOLOGIE
L’agressivité, c’est dans les neurones !
Des chercheurs ont identifié un petit groupe de neurones qui contrôlent l’agressivité des souris et leur comportement de domination ou de soumission. Et ces neurones existent aussi chez l’homme… S. Stagkourakis et al., Nature Neuroscience, vol. 21, pp. 834-842, 2018.
© SpeedKingz / shutterstock.com
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l vous contredit très souvent, est méchant avec ses camarades et menace son entourage verbalement ou physiquement. Cet enfant est agressif, ce qui, selon différentes études scientifiques, serait associé à un risque accru de basculer dans la délinquance ou l’exclusion sociale. D’où vient tant d’agressivité ? De multiples facteurs entrent en jeu, dont son environnement et ses liens affectifs. Des paramètres qui influent probablement sur différentes régions cérébrales, et peut-être sur celle que Stefanos Stagkourakis et ses collègues, de l’institut Karolinska, en Suède, viennent d’identifier chez les souris, mais qui existe aussi chez l’homme : ce noyau contient les neurones responsables de l’agressivité des rongeurs. On sait que l’agressivité est un comportement social inné, notamment entre les mâles d’une même espèce, les agressions entre femelles étant rares et en général limitées à la protection de la progéniture. C’est notamment ce qui se passe chez les
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ses premières années ? p. 38 Penfield, le cartographe du cerveau NUTRITION RETROUVEZ LA PAGE FACEBOOK DE CERVEAU & PSYCHO
Le chocolat améliore la vue J . C. Rabin et al., JAMA Ophthalmology, 26 avril 2018.
en lien avec le comportement de souris placées en présence d’un autre mâle introduit dans leur environnement : 77 % des résidents devenaient alors agressifs, les autres se soumettant à l’intrus. Chez les premiers mâles, des neurones bien particuliers du noyau prémamillaire s’activaient fortement, alors qu’ils restaient inactifs chez les souris non agressives. LES NEURONES DE L’AGRESSIVITÉ ACTIVÉS PAR LA LUMIÈRE Puis, par des manipulations dites optogénétiques, les chercheurs ont contrôlé l’activité de ces neurones grâce à la lumière : en les « allumant », ils rendaient agressifs des rongeurs inoffensifs ; en les « éteignant », ils transformaient des mâles hargneux en agneaux. Et ces neurones restaient actifs longtemps, jusqu’à deux semaines après la stimulation. Cela inversait même les relations de domination entre les rongeurs. Comme le noyau prémamillaire est connecté à d’autres régions de l’hypothalamus, les chercheurs supposent que ces neurones sont la plaque tournante des comportements agressifs dits sociaux qui expliquent la hiérarchie entre mâles, la soumission et la dominance. Une meilleure compréhension de la façon dont ils sont régulés devrait améliorer nos connaissances sur les comportements et troubles agressifs. £ Bénédicte Salthun-Lassalle
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e chocolat n’est pas qu’un petit plaisir fugace : il serait aussi bon pour le moral et la santé cardiovasculaire, en particulier quand il est noir et donc riche en cacao. Jeff Rabin et ses collègues de l’école d’optométrie de Rosenberg, au Texas, viennent de mettre en évidence un autre bénéfice étonnant : il améliorerait la vue. Les chercheurs ont donné à manger une barre de chocolat noir à une trentaine de participants, avant de leur faire passer un test de vision deux heures plus tard. Résultat : leur acuité visuelle a progressé de 4 % et leur capacité à distinguer de faibles contrastes lumineux a bondi de 5 à 15 % (par rapport aux membres du groupe contrôle, qui ont avalé du chocolat au lait, bien moins riche en cacao). Comment l’expliquer ? Une hypothèse est que les flavonols, un type particulier de polyphénols abondant dans le cacao, stimuleraient l’afflux de sang vers la rétine et le cortex visuel, notamment en raison de leur effet vasodilatateur. Mieux approvisionnés en glucose et en oxygène, l’œil et le cerveau traiteraient plus efficacement le signal lumineux. Cette amélioration reste légère et disparaît probablement assez vite, car les flavonols sont rapidement éliminés. « Des expériences complémentaires seront nécessaires pour déterminer la durée de ces effets et leur influence sur les performances dans notre vie quotidienne », concluent les chercheurs. Peu de chances, donc, que le chocolat remplace vos lunettes ! £ Guillaume Jacquemont
© Marcos Mesa Sam Wordley / shutterstock.com
rongeurs, les combats entre mâles s’arrêtant quand un des protagonistes prend une posture de soumission. Mais les comportements agressifs existent dans toutes les espèces animales, y compris chez l’homme, dans les cours de récréation à l’école jusqu’aux champs de bataille en temps de guerre… Une enquête Inserm révélait déjà il y a quelques années que 57 % des Français âgés de 8 à 11 ans contredisent ou contestent souvent les autres, 19 % se disent hostiles visà-vis d’autrui, 11 % détruisent leurs affaires et 13 % (surtout des garçons) reconnaissent menacer les autres de leur faire du mal. Or, par le passé, plusieurs noyaux cérébraux, de petits ensembles de neurones, situés notamment dans l’hypothalamus et l’amygdale, ont été associés à l’agressivité, et de façon plus précise au comportement d’attaque (de combat), spontané et de courte durée. En revanche, ils n’étaient pas liés aux confrontations qui servent à établir la hiérarchie entre mâles, lesquelles constituent une forme d’agressivité sociale sur le long terme. Les chercheurs se sont donc intéressés à un autre noyau de l’hypothalamus, le prémamillaire ventral, que l’on sait impliqué dans l’agressivité maternelle, les comportements d’accouplement et surtout parce qu’il est connecté à la majorité des autres régions de l’hypothalamus. Ils ont étudié l’activité neuronale de cette région
DÉCOUVERTES A ctualités
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CHRONOBIOLOGIE
Se lever tôt, le secret d’une longue vie ? . L. Knutson K et M. Von Schantz, Chronobiology International, publication en ligne du 11 avril 2018.
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Les tétons défient l’évolution
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es spécialistes de l’évolution supposent couramment qu’un caractère morphologique varie d’autant plus qu’il ne sert à rien. En effet, la sélection naturelle impose des contraintes strictes : si des animaux doivent passer par un petit trou pour se nourrir, leur espèce ne comprendra pas de géants ; en revanche, si la taille n’a pas
diurnes), constitue l’équivalent d’un jet-lag qui finit par peser sur l’organisme. Que faire si l’on est clairement du soir ? Heureusement, cette tendance n’est déterminée qu’entre 20 % et 50 % génétiquement, selon les estimations. Ce qui signifie que l’on peut agir via d’autres facteurs : ainsi, s’exposer tôt le matin à de la lumière vive (par une marche matinale en été, ou de la luminothérapie, en hiver), avance la phase des horloges biologiques et permet d’évoluer vers un chronotype plus matinal. Autre possibilité : adapter ses horaires de travail. Si vous avez vraiment trop de mal à démarrer tôt le matin, et si ces difficultés persistent malgré tous vos efforts pour vous coucher tôt et vous exposer à de la lumière intense en matinée, obtenir de votre employeur de commencer (et finir) votre journée plus tard relâchera la pression sur votre organisme. £ S. B.
d’utilité particulière, elle sera libre de prendre toutes sortes de valeurs… Ashleigh Kelly, de l’université de Queensland, et ses collègues ont mis cette théorie à l’épreuve, grâce à un auxiliaire précieux : le téton. Sa taille variet-elle moins chez la femme que chez l’homme, à qui il ne sert à rien ? Eh bien non, ont constaté les chercheurs, après l’avoir mesurée chez une soixantaine de participant(e)s. Dans l’état actuel des connaissances, un bébé sachant téter tétera des tétons variés. £ G. J.
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35 %
des femmes françaises et 30 % des hommes ont déjà renoncé à aborder quelqu’un qui leur plaisait en raison de complexes liés à leur poids. Source : Sondage Ifop pour Naturavox paru le 6 juin 2018
© Podis /shuttestock.com
e monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, selon l’adage. Mais pas seulement ! Être frais et dispos aux premières heures de la journée favoriserait également une bonne longévité. Selon une étude réalisée par les universités de Surrey, en Angleterre, et de Chicago, aux États-Unis, auprès de 433 268 personnes suivies sur six ans et demi, avoir un profil de lève-tôt diminue de 10 % le risque de mourir prématurément d’une maladie cardiovasculaire, endocrine, rénale, respiratoire ou gastro-intestinale, ou encore d’être atteint par une maladie psychiatrique ou neurologique. Environ 25 % des gens sont tout à fait du matin, plus efficaces et alertes aux premières heures de la journée, alors que 10 % sont clairement du soir. Ils se sentent d’attaque pour des séances de travail tardives… et pour des sorties festives. Outre un régime plus riche en graisses et en sucres que celui des lève-tôt, ils sont davantage touchés par des problèmes d’alcool ou de toxicomanie, peut-être parce que le mode de vie nocturne y expose davantage. En outre leur décalage par rapport aux rythmes de vie dominants (travail et vie de famille sont majoritairement
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PSYCHIATRIE
Le sexe favorise la mémoire
Le LSD fait pousser les neurones C. Ly et al., Cell Reports, vol. 23, pp. 1-13, 2018.
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lus de 6 000 personnes âgées en moyenne de 66 ans ont passé en 2012 puis en 2014 un test de mémoire et ont raconté leur vie, notamment sexuelle. Les chercheurs australiens ayant analysé ces résultats ont ainsi montré que les participants qui avaient le plus d’activité sexuelle et de liens affectifs avec leur partenaire étaient aussi les plus performants aux tests pratiqués à ces deux dates. Mais toutes les personnes âgées voyaient leurs aptitudes mnésiques diminuer en 2 ans ! Le sexe et l’affection favorisent donc la mémoire, mais n’empêchent pas entièrement son déclin lié à l’âge. Des études antérieures réalisées chez l’animal ont en effet montré que l’activité sexuelle favorise la croissance des neurones dans l’hippocampe, une région cérébrale justement impliquée dans la mémoire. £ B. S.-L.
L’œil, fenêtre sur Alzheimer
© Lightspring / shutterstock.com
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our suivre l’évolution d’une maladie d’Alzheimer, observer la rétine des patients pourrait se révéler très utile. Une étude des universités de Belfast et de Londres a montré qu’on y trouve plus de taches jaunes appelées druses. Ces microdépôts de graisse, de protéines et de phosphate de calcium se forment plus rapidement chez les malades que chez d’autres personnes. Pour qu’elles soient considérées comme un biomarqueur d’Alzheimer, il faudra monter des études chez des sujets sains, et observer sur plusieurs années s’il existe une corrélation entre ces signaux et l’éventuelle apparition de symptômes. Auquel cas, cet examen simple offrirait une alternative avantageuse aux IRM surchargées en France, six fois moins nombreuses que leurs voisines allemandes... £ S. B.
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e LSD est une drogue hallucinogène : sa consommation entraîne des perturbations de la vision des couleurs, de la perception des sons, voire de son propre corps, ainsi que des phénomènes de dépersonnalisation ou de résurgence d’événements refoulés. Mais il a un autre effet potentiellement intéressant : il fait pousser les neurones et exerce un effet antidépresseur puissant. Lors d’une dépression majeure, le cerveau s’atrophie dans sa partie antérieure. Une zone essentielle à la régulation de l’humeur et de l’impulsivité, le cortex préfrontal, rétrécit. Au micro scope, les dégâts sont impressionnants : les prolongements des neurones (aussi bien l’axone que les dendrites) se rétractent, les épines dendritiques essentielles aux contacts avec les neurones voisins s’étiolent, et les connexions elles-mêmes, les fameuses synapses, sont éliminées. D’où l’idée de refaire pousser ces cellules agonisantes avec un engrais neuronal. Les neurobiologistes ont infusé du LSD (mais aussi un extrait de liane appelé ayahuasca) dans des boîtes de culture contenant des
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neurones de rats. Après 24 heures de traitement, ils ont vu les neurones allonger leurs axones, densifier leurs ramifications et multiplier leurs épines dendritiques. Le même phénomène s’observe in vivo chez des larves de drosophile et des alevins de poissons-zèbres… À la clé, l’identification du mécanisme d’action du LSD : il stimule une sous-classe très précise de récepteurs de la sérotonine, un médiateur impliqué dans la dépression. Ce qui est le point de départ d’une cascade de réactions biochimiques dans les neurones, qui stimule leur croissance. D’où le nom donné au LSD et à ses acolytes : psychoplastogènes, ce qui signifie « stimulateurs de la plasticité psychique ». Leur avantage : provoquer la repousse des neurones aussi bien que d’autres molécules comme la kétamine, mais sans l’addiction que suscite cette dernière. Et maintenant que les différents acteurs moléculaires de cette croissance sont identifiés, le but est de concevoir par drug design des psychoplastogènes non hallucinogènes ! £ S. B.
DÉCOUVERTES F ocus
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SÉBASTIEN BOHLER Docteur en neurobiologie, rédacteur en chef de Cerveau & Psycho.
NEUROSCIENCES
Contrôler le cerveau : un fantasme de plus en plus réel Des chercheurs français et californiens ont mis au point une méthode pour activer ou éteindre sur commande n’importe quel neurone du cortex cérébral. La porte ouverte au contrôle de notre monde mental et émotionnel. Source : A. R. Mardinly et al., Precise multimodal optical control of neural ensemble activity, Nature Neuroscience, vol. 21, pp. 881-893, 2018.
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ans le film Eternal sunshine of the spotless mind, le jeune Joël fait appel à une entreprise de biotechnologies pour retirer de son cerveau le souvenir de la femme qu’il aime, et qui vient de le quitter. C’est la seule solution qu’il a trouvée pour continuer à vivre sans elle. Les employés de la firme Lacuna débarquent donc chez lui et retirent le souvenir correspondant de ses neurones. Certains d’entre vous se souviennent peut-être des images du film. On y voyait une constellation de neurones verts et orange, révélés par imagerie cérébrale, que les employés de la firme Lacuna inactivaient. C’était en 2004. Aujourd’hui, ces images sont produites pour de vrai dans un laboratoire de biologie cellulaire et moléculaire de l’université de Berkeley, en Californie, sur de véritables cerveaux – de souris, heureusement ! Elles sont devenues réalité. Vous pouvez les visionner sur le
lien suivant : https://www.youtube. com/watch?v=SrOjJBjkH_w. Dans la récente édition du journal Nature Neuroscience, Alan Mardinly, Ian Antón Oldenburg et Nicolas Pégard publient la description d’une méthode qui permet d’allumer ou d’éteindre sur commande, à distance, n’importe quel ensemble de neurones, avec une précision cellulaire (un neurone précis, et non son voisin, est ciblé). Si l’on suppose que chacun de nos souvenirs, de nos pensées ou de nos émotions est créé par l’activation d’un réseau précis de neurones dans notre cerveau, cette opération reviendrait à prendre le contrôle de notre monde mental, à terme. UN LOGICIEL D’HOLOGRAPHIE « GRAVE » NOTRE CERVEAU L’opération a été réalisée pour l’instant sur des souris, dans le but de mettre au point la méthode. Ce travail réunit les percées technologiques
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DES MOLÉCULES RÉTINIENNES POUR PRENDRE LE CONTRÔLE DU CERVEAU Les chercheurs ont façonné des molécules capables de provoquer des courants électriques puissants dans des neurones dès qu’elles sont éclairées par des lasers à une certaine longueur d’onde. De telles molécules, appelées opsines, existent déjà à l’état naturel chez de nombreux organismes, comme les bactéries mais aussi de nombreux mammifères. Chez l’être humain, elles portent le nom de rhodopsines. Logées dans les neurones de notre rétine, elles transforment la lumière en électricité et envoient ainsi des messages nerveux au cerveau qui crée alors les images que nous voyons. Mais les opsines naturelles ne sont pas suffisantes pour contrôler tous les neurones du cerveau, car elles ne réagissent pas assez rapidement ni assez puissamment. Nicolas Pégard et ses collègues les ont donc modifiées par génie génétique, en y introduisant des mutations qui les ont rendues spécifiquement sensibles à la lumière infrarouge, tout en étant plus rapides et plus efficaces. Dès lors, les neurones exprimant ces « super-opsines » devenaient manipulables par des lasers pilotés par un logiciel holographique.
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© Shutterstock.com/Gorodenkoff
sont visualisés à l’aide d’une technique d’imagerie par fluorescence : le principe repose sur le fait qu’un neurone actif libère des stocks internes d’ions calciums, qui deviennent fluorescents en présence d’un révélateur biochimique précédemment introduit dans l’animal. En d’autres termes, les neurones actifs s’illuminent. Et ils peuvent être repérés avec une précision maximale grâce à la même technique de microscopie appliquée pour l’excitation des neurones : la microscopie biphotonique.
les plus avancées de ces dernières années en physique et en biologie. L’appareil qui va prendre le contrôle des neurones est un système de lasers biphotoniques piloté par un logiciel holographique : en clair, l’utilisateur définit les coordonnées 3D des neurones qu’il souhaite activer ou éteindre, par exemple 50 neurones. Le logiciel d’holographie pilote alors des faisceaux laser de manière à ce qu’ils se focalisent, à travers les tissus vivants du cerveau, sur les points définis dans cette matrice 3D à 50 points. Il utilise la dernière technique de stimulation à deux photons qui permet de focaliser l’énergie en tout lieu à l’intérieur du cortex cérébral, sans échauffer l’épaisseur du tissu vivant alentour. En un mot : l’énergie du laser se portera uniquement sur les 50 neurones ciblés. Si le système fonctionne, c’est parce que les neurones de l’animal de laboratoire ont préalablement été rendus activables. Pour cela, la
souris a été modifiée génétiquement. Elle possède un gène qui dote tous ses neurones de molécules photosensibles : ces dernières, une fois atteintes par le laser holographique, changeront de conformation chimique, adopteront une forme tubulaire formant de petits trous dans les membranes des neurones, ouvrant le passage à des ions qui entreront dans les neurones et créeront en eux un courant électrique. Le neurone sera alors activé au sens propre, exactement comme dans les conditions naturelles qui donnent naissance à un état mental. DES NEURONES MUNIS D’INTERRUPTEURS ON-OFF Et c’est bien ce qui se produit. La vidéo présentée par le laboratoire de Berkeley montre le film de l’activation d’une portion d’un quart de millimètre cube de cortex cérébral de souris par le système holographique. Les neurones que l’on voit s’allumer
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VOS PENSÉES SE LAISSERONTELLES METTRE EN CAGE ? Avec ce type de technologie, les neurosciences pourraient entrer dans une nouvelle ère : celle du contrôle très précis des réseaux de neurones qui gouvernent notre vie intérieure, mais aussi nos comportements. Plusieurs barrières restent à franchir. Tout d’abord, les systèmes de stimulation biphotonique ne peuvent encore atteindre les profondeurs du cerveau, surtout chez un être humain dont l’encéphale est beaucoup plus volumineux. Deuxièmement, il faut pratiquer une ouverture dans l’os du crâne pour illuminer directement la matière cérébrale. Pas très pratique pour intervenir dans la mémoire d’un individu. Et puis, d’autres limites conceptuelles seront peut-être indépassables : photographier un souvenir à un instant donné et le réactiver en stimulant les mêmes circuits de neurones par holographie est envisageable tant que le souvenir en question est pris en charge par un même réseau neuronal. Cela peut être le cas pendant quelques jours ou plusieurs semaines, mais il est tout à fait possible que, au-delà de quelques mois ou années, le souvenir « migre » vers d’autres parties du cerveau, insaisissable, remodelé, pris en charge par d’autres réseaux. Nul doute que les neurones organiseront la résistance. £
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Moi, Noémie,
malade de ma mère N° 102 - Septembre 2018
DÉCOUVERTES C as clinique
GRÉGORY MICHEL
Professeur de psychologie clinique et de psychopathologie à l’université de Bordeaux.
À 8 ans, Noémie se tord de douleur, frissonne, vomit, a du sang dans ses urines… Les examens ne donnent rien. Jusqu’au moment où l’on découvre que sa propre mère provoque ces symptômes. Un cas de perversion qui porte un nom : le syndrome de Münchhausen par procuration.
EN BREF ££Noémie, 8 ans, semble malade, mais les pédiatres ne trouvent aucune cause… ££Toutefois, les symptômes de la jeune fille n’existent qu’en présence de sa maman…
© Getty Images/moodboard
££C’est sa mère qui les provoque, pour attirer l’attention des médecins ! Une pathologie psychiatrique appelée syndrome de Münchhausen par procuration. ££La détection du sang de la mère dans les urines de la fille a permis d’identifier le trouble et de proposer à toutes les deux les thérapies adaptées.
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uand je suis entré pour la première fois dans la chambre d’hôpital de Noémie, j’ai découvert une princesse siégeant sur un trône… Du haut de ses 8 ans, la jeune fille m’attendait, assise en tailleur au milieu du lit, sans aucune crainte, et refusa tout net d’échanger avec moi : « Je ne comprends pas pourquoi je suis ici. J’ai déjà rencontré des docteurs mais de toute façon personne ici ne sait ce que j’ai. » Et ajoute : « Personne ne pourra me guérir, je veux voir ma maman. » Notre première rencontre ne dure donc que quelques minutes. J’essaie alors de savoir pourquoi elle est hospitalisée dans notre service de psychiatrie infanto-juvénile. Avant son arrivée dans notre unité, Noémie était dans le service de pédiatrie générale à cause de douleurs abdominales aiguës et latéralisées, accompagnées de brûlures lors de la miction et de sang dans les urines. Mais les pédiatres que j’ai interrogés m’ont raconté une histoire bien
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Ces maladies psychiatriques qui n’en sont pas Comment les démasquer ? EN BREF ££Dès qu’un patient présente un symptôme psychologique, comme une joie de vivre en berne, les médecins ont tendance à diagnostiquer une maladie psychiatrique.
© Lightspring / shutterstock.com
££Pourtant, nombre de symptômes de ce type ont des causes organiques, comme une carence en vitamine, une inflammation ou un trouble hormonal. ££Tous ces cas sont pris en charge par l’organopsychiatrie, mouvement qui se développe et qui atteste des connaissances croissantes sur les interactions entre le corps et le psychisme.
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DÉCOUVERTES P sychiatrie
Par Alexis Bourla, Florian Ferreri et Stéphane Mouchabac, psychiatres à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Dépression sévère ? Schizophrénie ? Non : carence en vitamines. Tel est l’étonnant diagnostic que reçoivent certains patients, victimes de pathologies dites organopsychiatriques. Véritables caméléons, ces pathologies miment toutes sortes de maladies mentales et provoquent souvent une longue errance médicale.
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icolas est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui a tenté de se suicider en avalant des produits toxiques. Quand il arrive à l’hôpital, l’urgence est de le sauver et les chirurgiens doivent lui enlever une partie de l’estomac et de l’œsophage. Ensuite, le diagnostic tombe : dépression sévère. On lui prescrit des médicaments et une psychothérapie, qu’il suit pendant quelque temps, puis on le perd de vue. Les années passent et Nicolas est à nouveau amené aux urgences, cette fois par la police et dans un état d’agitation important. Vivant dans la rue depuis presque un an, il ne prend plus soin de lui, parle tout seul, répond aux questions de manière totalement inadaptée et souffre d’hallucinations auditives. Les soignants s’interrogent, enquêtent, et reconstituent peu à peu les parties manquantes de son histoire. Quelques mois après sa dépression, alors qu’il s’en était remis, il a vu son état se dégrader de nouveau progressivement. Il a fini par quitter sa
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DÉCOUVERTES L ’infographie
Le toucher dans la peau
Savez-vous quel est notre plus grand organe sensoriel ? La peau ! Notre main possède à elle seule 17 000 récepteurs sensoriels. Les influx nerveux sont traités par plusieurs relais avant de donner naissance à une perception tactile créée par notre cerveau. Texte : Ulrich Pontes – Illustration : Martin Müller
Les terminaisons nerveuses libres réagissent à la chaleur et aux stimulations mécaniques intenses, comme la douleur. Les cellules de Merkel sont présentes dans la peau glabre (et dans la peau poilue, à droite).
LES CORPUSCULES DE MEISSNER réagissent aux mouvements latéraux de la peau par un signal court, par exemple quand un objet poisseux nous glisse des doigts.
Thalamus
Noyau cunéiforme Noyau gracile
1
LES CELLULES SENSORIELLES Selon le type de toucher, différents récepteurs sont activés et envoient des signaux électriques, via des fibres sensitives, en direction de la moelle épinière.
peau glabre
LES CORPUSCULES DE RUFFINI réagissent à des étirements de la peau par des signaux de fréquence progressivement décroissante, par exemple lorsqu’un objet nous reste collé entre les doigts.
F. McGlone et al., Discriminative and affective touch : Sensing and feeling, Neuron, vol. 82, pp. 737-755, 2014 ; H. P. Saal et S. J. Bessemer, Touch is a team effort : Interplay of submodalities in cutaneous sensibility, Trends in Neurosciences, vol. 37, pp. 689-697, 2014 ; V. E. Abraira et D. D. Ginty, The sensory neurons of touch, Neuron, vol. 79, pp. 618-639, 2013.
N° 102 - Septembre 2018
LES CORPUSCULES DE VATER-PACINI réagissent par des signaux courts à des changements de pression à la suite de vibrations, par exemple lorsque nous caressons une surface ondulée.
Martin Müller
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Cortex somatosensoriel primaire Cortex orbitofrontal
CORTEX SOMATOSENSORIEL PRIMAIRE Il rassemble les stimulations externes et la perception proprioceptive (lorsque nous sentons nos muscles). Chaque partie du corps est affectée à un petit territoire dans cette aire.
4
Cortex somatosensoriel primaire
3
2
4
PERCEPTION ET ÉVALUATION Après un autre relais dans le thalamus, la « porte vers la conscience », les signaux arrivent enfin dans le cortex cérébral. Plusieurs aires du cortex se chargent alors de traiter les aspects perceptifs et émotionnels de l’information.
3
L’ENTRÉE DANS LE CERVEAU Les signaux empruntent deux voies séparées pour atteindre deux régions enfouies du tronc cérébral, les noyaux gracile et cunéiforme. À ce niveau, les fibres issues des moitiés droite et gauche du corps se croisent.
2
UNE CONNEXION DANS LA MOELLE ÉPINIÈRE Chaque récepteur appartient à un neurone dans un ganglion spinal (nœud nerveux situé dans la moelle épinière). Dès ce premier relais, les cellules nerveuses commenceraient à intégrer les signaux issus de différents récepteurs tactiles.
Insula Thalamus
AUTRES AIRES CORTICALES Les contacts charriant une valeur émotionnelle, comme une caresse ou un pincement douloureux, excitent d’autres régions du cerveau, notamment l’insula et le cortex orbitofrontal.
peau poilue
Fibres nerveuses afférentes dotées de différentes vitesses de conduction de l’influx. Aβ | fortement myélinisées | 60 m/s environ Véhiculent les informations importantes pour la motricité. Aδ | faiblement myélinisées | 10 m/s environ Transmettent les signaux de température, de douleur, et ceux issus des follicules pileux. C | fibres non myélinisées | 1 à 2 m/s Sensations de douleur, d’irritation et de chaleur. Perception de contacts émotionnels.
Récepteurs des follicules pileux
Cellules de Merkel
TYPES Aβ, Aδ réagissent par l’émission d’un signal court, lorsque le poil est déplacé latéralement, par exemple par le vent ou par un insecte rampant sur la peau.
réagissent à la pression en envoyant des signaux électriques aussi longtemps que celle-ci se maintient ; leur grande sensibilité et leur finesse de résolution spatiale leur permettent par exemple de détecter des corps étrangers ou des aspérités sur une surface lisse.
TYPE C réagissent par des signaux continus quand le poil est mis en mouvement, entraînant une sensation agréable lors de contacts plaisants comme les caresses ou les étreintes.
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Pourquoi oublie-t-on ses premières années ?
EN BREF ££Avant l’âge de trois ans, nous avons très peu de souvenirs consistants. ££À cet âge, la durée de vie des souvenirs est très brève dans le cerveau. ££Pour que des souvenirs durent plus longtemps, il faut leur associer des mots. Or le langage des premières années est balbutiant. ££Parler régulièrement avec son enfant de ce qu’il a vécu augmente les chances qu’il retienne des souvenirs anciens.
DÉCOUVERTES C ognition
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Par Nele Langosch, psychologue et journaliste scientifique.
Si nous n’avons pratiquement aucun souvenir avant l’âge de 3 ans, c’est parce qu’à cet âge le cerveau est en pleine reconstruction. Les souvenirs n’y durent pas longtemps, et il faut passer par le langage pour les consolider.
orsque, adultes, nous repensons à notre enfance, nous nous heurtons à une barrière infranchissable. Alors que les heures passées sur les bancs de l’école ou pendant des vacances insouciantes nous reviennent aisément en mémoire, tout ce qui s’est passé avant l’âge de nos 3 ans semble comme frappé d’oubli. Ce mur blanc qui se dresse au seuil de nos primes années fut identifié il y a déjà cent vingt ans par la psychologue britannique Caroline Miles. Dans une étude pionnière menée au cours de l’hiver 1893-1894, elle avait demandé à cent femmes de se rappeler leur premier souvenir d’enfance, et avait constaté qu’ils se situaient aux alentours de 3 ans. Ce phénomène porte aujourd’hui le nom d’amnésie infantile et a représenté un véritable casse-tête pour Miles et les psychologues qui, après elle, se sont attaqués à cette énigme. Pourquoi ce voile tiré sur nos premières années ? La réponse la plus intuitive est que les tout-petits ne sont pas encore capables de former de véritables souvenirs. Un avis
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© Shutterstock.com/Purino
L
Penfield Le cartographe du cerveau
Au début des années 1930, un jeune neurologue canadien, Wilder Penfield, découvre que les différentes parties de notre corps sont représentées sur une carte mentale à la surface de notre cerveau. En explorant ce continent nouveau, il pose les bases de notre vision moderne de l’homme neuronal.
E
n cette fin de l’année 1928, un jeune neurologue américain se tient face à sa patiente, un scalpel à la main. Il vient de s’installer au Canada, à l’invitation du recteur de l’université McGill, à Montréal. Wilder Penfield a 37 ans. Il est déjà considéré par ses pairs comme un des plus brillants neurologues de sa génération. Diplômé de Princeton, il a étudié sous l’égide de celui qu’on considère comme le père de la neurochirurgie moderne, Harvey Cushing, et a reçu une proposition de David Rockefeller pour fonder à New York un institut de recherche et de traitement sur l’épilepsie. Seules des luttes d’intérêt dans le milieu de la neurologie nord-américaine ont fait capoter le projet, le poussant à migrer vers le Canada. Mais au moment d’inciser le
EN BREF ££Passionné par les rapports entre le cerveau et « l’âme », le neurologue canadien Wilder Penfield entreprend dans les années 1930 de cartographier la surface du cerveau humain. ££En stimulant électriquement le cerveau de patients, il découvre que chaque partie de notre corps est pilotée (et sentie) par un territoire bien précis du cortex. ££Il pose ainsi les jalons d’une représentation « localisationniste » de l’être humain.
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DÉCOUVERTES G randes expériences de neurosciences
LAURA POUPON
Chercheuse associée au département de Santé de l’University College de Londres.
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Dossier
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PRISONNIER DU REGARD DES
Les personnes atteintes de phobie sociale ne supportent pas le regard des autres ; elles n’ont aucune confiance en elles et craignent que l’on se moque d’elles.
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Préférer s’enfermer chez soi plutôt que de sortir, trouver un travail que l’on peut réaliser à domicile, ne pas supporter d’être en présence d’autres personnes : c’est la phobie sociale, une forme d’anxiété profonde qui envahit le quotidien au point de devenir invivable pour certains.
AUTRES
Par Paola Emilia Cicerone, journaliste scientifique.
EN BREF ££Si une personne ne supporte pas la présence des autres, elle souffre peut-être de phobie ou anxiété sociale. ££Ce trouble mental a de graves conséquences : repli sur soi, isolement, déscolarisation, perte d’emploi et absence de vie affective.
© Carla Francesca Castagno /shutterstock.com
££L’objectif est de le détecter et diagnostiquer dès l’enfance et de ne pas le confondre avec la timidité.
«
J
’ai demandé à mes étudiants de lever la main s’ils éprouvaient une forme d’embarras à parler en public. Ils étaient assez nombreux dans ce cas. Je leur ai ensuite dit que leur carrière en dépendait. Ils ont alors tous accepté de s’exprimer devant les autres. » C’est ainsi que Carlo Faravelli, psychiatre et professeur à l’université de Florence, décrit la différence entre timidité et phobie (ou anxiété) sociale. La première est un trait de caractère ; la seconde, un trouble mental qui rend la vie impossible et a parfois de graves conséquences, comme la déscolarisation, la perte d’emploi et la solitude. Les étudiants de Faravelli étaient donc timides, mais pas phobiques. L’un des principaux spécialistes de ce trouble anxieux, Franklin Schneier, de l’université Columbia à New York, explique : « D’une certaine façon, nous pouvons dire qu’il existe un continuum entre la maladie parfois désignée par l’acronyme anglais SAD (Social Anxiety Disorder, trouble d’anxiété sociale) et la timidité, mais nous ne parlons de phobie sociale que lorsque le problème est si grave qu’il compromet la possibilité de mener une vie normale. »
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N°96
Mars 2018 Les découvertes des neurosciences pour ne pas se laisser submerger
NOS ENF W ANTS SO SURBONT OKÉS Pag
CHARGE MENTALE
RECONNAÎTRE UN VISAGE ENTRE MILLE
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Les découvertes des neurosciences pour ne pas se laisser submerger
ALLÉGER SA CHARGE MENTALE
N° 96 Février 2018
L’ART DE PERDRE UTILISER SES DÉFAITES POUR FORGER SON ESTIME DE SOI
RECONNAÎTRE
UN VISAGE ENTRE MILLE L’incroyable pouvoir du cerveau physionomiste NÉGOCIATION E-MAIL OU TÉLÉPHONE ?
SE PARLER À SOI-MÊME EST-CE GRAVE ?
AUTISME SI LE COUPABLE ÉTAIT L’INTESTIN ?
SEXUALITÉ LE RAZ DE MARÉE DU PORNO VIRTUEL ALIMENTATION LES VÉGANS ONT-ILS UNE PERSONNALITÉ À PART ?
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MONTESSORI LA MÉTHODE QUI FAIT DU BIEN AU CERVEAU TEST ÊTES-VOUS ACCRO À LA NOURRITURE ?
SOMNILOQUIE LES MOTS QU’ON DIT EN DORMANT
NEUROSCIENCES DES CELLULES DE PEAU POUR GUÉRIR DE PARKINSON
TRAVAIL À QUOI DEVRAIT RESSEMBLER UN BUREAU IDÉAL
ÉCOLE LAISSEZ LES ENFANTS COMPTER SUR LEURS DOIGTS !
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VACCINS OBLIGATOIRES LA CONTRAINTE EST-ELLE EFFICACE ?
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?
Et autres psys en ligne NEUROSCIENCES DES SOUVENIRS OBSERVÉS AU MICROSCOPE
ÉDUCATION CE QUE LES ENFANTS APPRENNENT EN NOUS OBSERVANT
N° 90 Juillet-Août 2017
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LES CHEMINS DE LA VIE INTÉRIEURE
PAR CHRISTOPHE ANDRÉ
Sommeil, alimentation, écrans…
TROUVEZ LE BON
TEST
QUEL EST VO CHRO TRE NOTYP E ? Page
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RYTHME SYNCHRONISER SES HORLOGES BIOLOGIQUES POUR SE SENTIR MIEUX CHAGRIN D’AMOUR L’EFFET PLACEBO APAISE LA DOULEUR
PEUR DE L’AVION LES MOYENS DE S’EN DÉBARRASSER MALADIE DE HUNTINGTON QUAND UN GÈNE BÉNÉFIQUE DEVIENT DESTRUCTEUR
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N° 92 (oct. 17) réf. CP092
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Juillet-Août 2017
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LES SECRETS SONT-ILS TOUJOURS BONS À DIRE ?
SANTÉ QUAND LE SEXE PROTÈGE DES MALADIES
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Cerveau & Psycho
Cerveau & Psycho
ONYCHOPHAGIE COMMENT NE PLUS SE RONGER LES ONGLES
PERSUASION COMMENT OBTENIR UN SERVICE À COUP SÛR
27/11/2017 10:14
N° 95 (janv. 18) réf. CP095
Comment nos premières années forgent (ou pas) notre caractère
LES NOUVELLES RAISONS D’ESPÉRER
N° 91 Septembre 2017
21/12/2017 14:14
N° 96 (févr. 18) réf. CP096
TROUVEZ LE BON RYTHME Synchroniser ses horloges biologiques pour se sentir mieux
ANORGASMIE LES THÉRAPIES QUI FONCTIONNENT
N°91
Septembre 2017
Novembre 2017
AFFAIRE GRÉGORY UNE EXPERTISE PSYCHOLOGIQUE DÉLIRANTE
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Et autres psys en ligne
Des clés pour apaiser ses relations avec les autres
N° 92 Octobre 2017
L’HYPNOSE, LE POUVOIR DE VOUS TRANSFORMER
ALZHEIMER
ENFANCE ?
Les nouvelles raisons d’espérer
HARCÈLEMENT SEXUEL LE CALVAIRE DES VICTIMES
PAR CHRISTOPHE ANDRÉ
ALZHEIMER
MALADIE DE CHARCOT UN ESPOIR DE THÉRAPIE ?
LA MÉDITATION THÉRAPEUTIQUE
N°92
QUE RESTE-T-IL DE NOTRE
QUE RESTE-T-IL DE NOTRE ENFANCE ?
LA FORCE DE LA
NON-VIOLENCE
Douleur, dépression, Alzheimer…
Douleur, dépression, Alzheimer...
LA MÉDITATION THÉRAPEUTIQUE
LA FORCE DE LA NON-VIOLENCE
Des clés pour apaiser ses relations avec les autres
AVEC MATTHIEU RICARD
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LES ÉMOTIONS QUI FONT BIEN DORMIR
26/01/2018 15:04
N° 97 (mars 18) réf. CP097
LES APPLIS QUI SOIGNENT
N°93
Octobre 2017
Cerveau & Psycho
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N° 93 Novembre 2017
Cerveau & Psycho
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N° 94 Décembre 2017
LE LOGICIEL QUI LIT LES ÉMOTIONS DANS LE CERVEAU
N° 98 (avr. 18) réf. CP098 Cerveau & Psycho
N° 99 (mai 18) réf. CP099
Comment nos premières années forgent (ou pas) notre caractère
Cerveau & Psycho N°94
Cerveau & Psycho
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Décembre 2017
Cerveau & Psycho
Cerveau & Psycho
N° 95 Janvier 2018
DÉVELOPPEZ VOTRE CERVEAU ALTRUISTE
Janvier 2018
N°95
N° 100 (juin 18) réf. CP0100
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N° 101 (juil. août 18) réf. CP0101
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Février 2018
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Alléger sa
L’incroyable pouvoir du cerveau physionomiste
Cerveau & Psycho
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N° 97 Mars 2018
Cerveau & Psycho
N°97
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DOSSIER X XXXXXXXXXXXXXXXXXX Comment guérir de sa phobie sociale ?
COMMENT GUÉRIR DE SA
PHOBIE SOCIALE ?
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Pour surmonter sa peur des autres, il faut… s’y confronter ! À petites doses, d’abord, pour s’apercevoir qu’ils ne nous jugent pas aussi négativement que nous le faisons à propos de nous-mêmes. Par Giovanni Sabato, journaliste scientifique.
EN BREF ££Bien que la phobie sociale soit très difficile à vivre, beaucoup de personnes touchées ne reçoivent aucun soin. ££Il existe pourtant des traitements à l’efficacité validée, comme la thérapie cognitivocomportementale, qui vise à diminuer les pensées négatives et à « s’exposer » progressivement aux autres, afin de surmonter peu à peu son anxiété.
© Shutterstock.com/Clever Pencil
££La phobie se déclenche souvent dès l’enfance et il faut alors la soigner le plus tôt possible.
des individus atteints de phobie sociale cherchent à se soigner, en général après l’âge de 15 ou 20 ans. Souvent, ce sont des complications associées qui les poussent à consulter. Nombre de phobiques souffrent en effet de dépression ou d’alcoolisme, ayant tendance à boire quelques verres pour se détendre dès qu’ils sont avec les autres…
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our traiter un problème, encore faut-il admettre son existence. Et c’est là la première difficulté que pose la phobie sociale (aussi appelée anxiété sociale). Du fait que cette maladie se déclare souvent dès le plus jeune âge, les personnes qui en sont atteintes ne l’identifient pas toujours comme un trouble chronique et tendent à la considérer comme un trait de caractère : elles peinent à socialiser, tout simplement. Pour certains individus, en particulier ceux qui sont stigmatisés, la peur d’autrui est un défaut pénible, mais pour d’autres, c’est juste leur « façon d’être ». Ils trouvent alors que leur phobie correspond à l’image qu’ils ont d’eux-mêmes, ce qui, en un sens, est pire encore, car on a alors d’autant moins tendance à rechercher de l’aide. Neuf personnes sur dix se déclarent plus ou moins timides et il n’est pas toujours évident de savoir à partir de quand la situation devient pathologique. On estime que seulement la moitié
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LES SIGNES QUI DOIVENT ALERTER Pietro Grimaldi, psychothérapeute et viceprésident de l’Association italienne des troubles d’anxiété sociale (AIDAS), donne quelques indices pour apprendre à reconnaître la frontière entre timidité et phobie : « Quand une personne est dans l’évitement systématique et qu’elle n’arrive pratiquement plus à fréquenter des amis, à passer des entretiens d’embauche ou à nouer des relations sentimentales, il faut intervenir », explique-t-il. « La situation est différente si le malaise est moins envahissant et que le sujet parvient à conserver une vie sociale. Même s’il reste en retrait et prend peu la parole, il est présent et interagit tant bien que mal avec les autres ». Les femmes ont encore plus de mal que les hommes à demander de l’aide, selon Liliana Dell’Osso, directrice de la clinique psychiatrique de l’université de Pise : « Il n’y a pas si longtemps, une attitude en retrait et une affirmation personnelle modérée étaient des traits recherchés chez les femmes. Et d’aucuns considèrent encore de nos jours comme normal qu’une jeune fille soit timide, éprouve de l’embarras en public et renonce à sa carrière pour sa famille. Il est donc essentiel que les symptômes psychiatriques de ce
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INTERVIEW
ANTOINE PELISSOLO PSYCHIATRE, DIRIGE LE SERVICE DE PSYCHIATRIE DU CHU HENRI-MONDOR, À CRÉTEIL.
LES PHOBIQUES SOCIAUX SOUFFRENT DE PLUS EN PLUS Est-ce que la phobie sociale est un trouble qui a tendance à se développer ? Il n’y a pas plus de personnes atteintes de phobie sociale aujourd’hui que par le passé. La prévalence n’a probablement pas évolué. En revanche, il est certain que de plus en plus de patients souffrent et consultent pour cette raison. Notre nouveau mode de vie, hyperconnecté et hypersocial, fait que cette phobie devient un handicap quotidien. Notre société est très exigeante en termes
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de communication et d’échanges avec autrui, notamment dans le domaine professionnel où il est souvent nécessaire de parler en public et de se montrer. Tout cela aggrave les difficultés des personnes touchées par la phobie sociale ; ce qui les amène à demander plus souvent de l’aide.
Au lieu d’interagir avec les autres, la personne sociophobique se regarde elle-même en permanence, avec la peur de ne pas être « comme il faut ».
De plus en plus de patients viennent donc vous consulter pour cette pathologie ? Oui, mais c’est aussi parce qu’aujourd’hui le trouble est mieux connu – pas encore suffisamment à mon avis – et que le diagnostic existe. Il y a plus de vingt ans, même les médecins ne connaissaient pas cette phobie. Aujourd’hui, ils sont au courant, mais ce n’est pas une pathologie que l’on remarque facilement en consultation, et quand une personne a des difficultés à communiquer ou à s’exprimer en public, le fait d’en parler avec son médecin est très difficile ! La majorité de mes patients se sont renseignés par eux-mêmes en lisant des articles, des livres ou en voyant des reportages. Ils ont cherché des informations à propos de leur souffrance et en ont trouvé ; c’est ce qui les a motivés à venir consulter, car ils savent que l’on peut les aider. Et nous rencontrons non seulement des adultes, mais aussi des adolescents, encore plus fragilisés dans ce nouveau contexte où la pression et la « compétition » sociales de la performance et de l’apparence sont amplifiées.
rarement phobique social à 40 ans. La pathologie existe dans tous les pays, même si les chiffres varient d’une étude à l’autre, car ils dépendent des questions posées lors des tests. Par exemple, dans tous les pays asiatiques, la prévalence est plus faible – ce qui est d’ailleurs le cas pour beaucoup de pathologies psychiatriques –, mais il s’agit de biais culturels : les symptômes ressentis sont un peu différents, par exemple les anxieux ne disent pas avoir peur du jugement d’autrui, mais plutôt de déranger les autres par leur attitude.
Combien de personnes sont touchées en France ? A-t-on des estimations ? Environ 3 % de la population française adulte est concernée, plus souvent les femmes que les hommes. Le trouble est donc fréquent. Et il y aurait autant de jeunes, voire d’enfants, car la phobie sociale apparaît vers l’âge de 5 ans, en maternelle (pour les formes les plus graves), ou à l’adolescence, car d’autres facteurs sociaux interviennent à cette période de la vie. Mais nous disposons de moins d’estimations scientifiques pour les jeunes. En tout cas, on devient très
Quelle différence feriez-vous avec la timidité ? La prévalence de 3 % concerne effectivement la phobie sociale « maladive », et non la timidité. Pour un professionnel, distinguer les deux phénomènes est assez simple, mais pour le grand public, c’est plus compliqué ; je ne peux pas donner de critères facilement exploitables pour faire son autodiagnostic. Il existe plusieurs degrés de timidité et même une superposition partielle entre ce trait de personnalité et la phobie sociale ; certains phobiques sociaux sont de grands timides et inversement, mais
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ce n’est pas toujours le cas. La timidité, c’est la peur du regard d’autrui par manque de confiance en soi, quand on ne connaît pas du tout une situation ou quelqu’un. Mais ceci seulement au début, lors des premières expériences. Quand on est dans l’interaction, assez rapidement, on arrive finalement à se concentrer, à réaliser ce que l’on a à faire et l’on reprend confiance en soi. Alors si on se retrouve dans le même contexte quelque temps après, on sera moins timide. La phobie sociale procède du même sentiment de peur du regard d’autrui, mais le sujet est très angoissé avant la rencontre, pendant – si bien que l’événement se déroule mal –, et encore davantage après. Il a l’impression que tout s’est mal passé, même si ce n’est pas le cas, car de toute façon, il porte systématiquement un regard négatif sur lui-même. De sorte qu’il a encore plus peur que la situation se reproduise. Le phobique social porte un regard très négatif sur ses propres compétences et ses qualités, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Et cette conviction est renforcée à chaque confrontation, notamment à cause d’une tendance à l’auto-observation excessive qui le
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ÉCLAIRAGES p. 66 Google Duplex, l’illusion d’humanité p. 72 Et si on interdisait les éruptions volcaniques ?
Retour sur l’actualité
8 MAI 2018 La grand-messe annuelle de Google dévoile le dernier bijou technologique de l’entreprise.
JEAN-LUC SCHWARTZ
Directeur de recherches au CNRS au Laboratoire GIPSA-lab, unité mixte du CNRS, de Grenoble-INP et de l’Université de Grenoble-Alpes.
Google Duplex
L’illusion d’humanité Si l’interface vocale Google Duplex est une indéniable réussite technologique et un joyau de l’intelligence artificielle, elle n’a rien saisi du langage humain ni de l’humanité de nos voix. N° 102 - Septembre 2018
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écemment, une vidéo a fait le tour d’Internet et des réseaux sociaux. On y voyait un développeur de chez Google faire une démonstration de la nouvelle interface vocale Google Duplex, lors d’un de ces grands shows qu’affectionne le groupe, au mois de mai. Le public était médusé. Le système présenté lors de cette grand-messe était un assistant téléphonique automatique capable de discuter avec les propriétaires d’un salon de coiffure ou d’un restaurant pour prendre rendez-vous pour ses clients. Il s’exprimait comme l’aurait fait une véritable personne souhaitant se rendre chez le coiffeur ou réserver sa table préférée avec des amis, en employant un ton et des
© Getty Images/ Justin Sullivan / Employé
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inflexions de la voix absolument typiques de celles que nous employons dans la vie de tous les jours. L’illusion était parfaite. Les personnes chargées de prendre les appels dans le salon de coiffure ou au restaurant étaient persuadées d’avoir affaire à un vrai client, et non un robot. Parmi la foule rassemblée dans ce temple high-tech qu’est le rendez-vous annuel de deux jours des aficionados de Google à San Francisco, des cris d’admiration ont fusé de toutes parts. L’assemblée était fascinée, parcourue d’un frisson d’admiration et d’inquiétude mêlées : ça y est, s’est-on dit, nous y sommes, la voix est donnée à un robot, et la voix c’est la vie, les secrets les plus intimes de notre humanité pensante et parlante dévoilés. Google aurait-il compris ce qui fonde notre humanité et notre identité vocale ? Et au-delà de cela, est-on en train de s’acheminer, pièce par pièce, vers la création d’un être humain complet ?
L’ACTUALITÉ
LA SCIENCE
L’AVENIR
Au mois de mai, lors de la conférence annuelle I/O de Google, l’entreprise a présenté un algorithme qui parle exactement comme un être humain. Il prend des rendez-vous chez le coiffeur ou réserve des tables au restaurant, et ses interlocuteurs n’y voient que du feu. Les intelligences artificielles auraient elles saisi quelque chose de ce qui fait notre humanité profonde ?
Les algorithmes de ce type ne font que stocker et assembler des milliers d’éléments de production vocale d’une personne. Ce faisant, ils reproduisent le langage humain, comme un appareil photo reproduit les traits d’un visage. Mais le machine learning n’intègre aucune des données profondes du langage humain, que ce soit au niveau cognitif ou émotionnel.
L’intelligence artificielle est condamnée pour l’instant à apprendre en permanence des situations ou des contextes nouveaux, sans être capable de généraliser, de combiner et d’abstraire. L’intelligence des machines devra s’inspirer de celle du vivant si elle veut progresser. Mais faut-il absolument que les robots ressemblent à s’y méprendre aux humains ?
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VIE QUOTIDIENNE
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p. 84 La géométrie, à quoi ça sert ? p. 86 Qu’est-ce que le coup de foudre ? p. 88 Le pouvoir des bonnes blagues
Un inquiétant manque
sommeil
de
Par David Elmenhorst et Eva-Maria Elmenhorst.
À l’heure où nous dormons de moins en moins, quels sont les effets du manque de sommeil sur nos capacités cognitives ? Récemment, des laboratoires ont repéré les changements délétères qui se jouent dans nos cerveaux. Plus que jamais, il est temps de prendre son sommeil au sérieux.
EN BREF ££Lorsque nous restons trop longtemps éveillés, une substance nommée adénosine s’accumule dans notre cerveau. ££Cette molécule crée un besoin de dormir, mais altère aussi les rythmes circadiens. Après quelques nuits trop courtes, nos capacités cognitives s’effondrent. ££Environ un tiers des personnes résiste très bien au manque de sommeil, leur cerveau étant probablement moins sensible – pour des raisons génétiques – aux effets de l’adénosine. Mais un autre tiers subit des effets handicapants.
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l est encore tôt quand nous arrivons au laboratoire sur le sommeil du centre d’études spatiales et aéronautiques de Cologne. Au-dehors, les premiers rayons de l’aube pointent tout juste. Lorsque nous pénétrons à l’intérieur des locaux, la luminosité est à peine plus élevée : seulement de 100 lux, pas franchement de quoi combattre la somnolence. Nous allons dans quelques instants réveiller nos patients, et relever les enregistrements de leur activité cérébrale réalisés durant la nuit. L’une d’entre eux, Sarah, n’a eu le droit de dormir que cinq heures au cours des cinq dernières nuits. Rien d’étonnant si elle est fatiguée et peu loquace. Avant qu’elle se lève pour de bon, il lui reste à subir une prise de sang. Puis, en guise de petit-déjeuner, elle aura droit aujourd’hui à une solution sucrée.
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LA PRESSION DE SOMMEIL : LE BESOIN PHYSIOLOGIQUE DE DORMIR C’est alors qu’elle nous décrit les sensations qu’elle a éprouvées pendant son sommeil. « Après mes quatre premières nuits courtes, je me suis endormie très vite le cinquième soir, confie-t-elle. Mais ensuite, entre le moment où j’ai fermé les yeux et celui où je me suis réveillée, je ne me rappelle plus rien. Je ne pense pas m’être réveillée une seule fois. » Cette étudiante participe à une étude sur le sommeil que nous menons dans notre laboratoire. En collaboration avec le centre de recherche de Jülich, nous cherchons à déterminer les conséquences directes d’un manque de sommeil chronique. Sarah commence à éprouver les symptômes typiques de ce qu’on appelle une pression croissante de sommeil : un besoin de dormir qui s’accentue à mesure que la durée de veille augmente. Si elle le pouvait, elle s’allongerait maintenant et continuerait à dormir. Les résultats des questionnaires qu’elle a passés ces derniers jours montrent
VIE QUOTIDIENNE L a question du mois
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NEUROBIOLOGIE
Qu’est-ce que le coup de foudre ?
LA RÉPONSE DE
N
«
BERNHARD FINK
Anthropologue, spécialiste du comportement sexuel et de la sélection des partenaires, à l’université Georg-August, à Göttingen, en Allemagne.
os regards ne se sont croisés qu’une fraction de seconde, et chez moi cela a été suffisant pour tout bouleverser. » Ainsi s’expriment bien souvent les personnes qui disent avoir vécu un coup de foudre. Dès la première rencontre, de profonds changements se sont joués en elles. Mais faut-il vraiment accorder du crédit à ces témoignages ? Peut-on réellement succomber à la vue d’une personne inconnue, pour ainsi dire instantanément ? Et ce choc initial peut-il en soi être considéré comme de l’amour ? Lorsque nous tombons amoureux, il s’ensuit des modifications importantes de certains processus biochimiques dans notre cerveau. Les zones cérébrales sensibles à des molécules comme la dopamine et l’ocytocine sont les
premières affectées. L’ocytocine, souvent appelée hormone de l’attachement, est impliquée dans toute une série de processus physiologiques, notamment chez la mère au moment de l’accouchement puis de l’allaitement. Mais cette molécule a aussi une influence sur certains de nos comportements d’affiliation, en augmentant l’attirance et le désir, et en réduisant le stress que nous ressentons. La dopamine, de son côté, stimule le désir et la motivation, constituant un puissant moteur du désir. DES MODIFICATIONS BIOCHIMIQUES INTENSES ET ULTRARAPIDES Tomber amoureux provoque un sursaut d’intensité des signaux nerveux associés à la libération d’ocytocine et
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de dopamine. De ce point de vue, cet état affectif mobilise les mêmes centres de la récompense que ceux stimulés par les drogues. Les études menées grâce aux techniques les plus récentes de neuro-imagerie ont montré que les régions de notre cerveau qui utilisent la dopamine comme messager chimique voient leur activité augmenter lorsque nous contemplons un portrait de l’élu(e) de notre cœur. Mais lorsque nous vivons un coup de foudre, la situation est particulière car nous manquons encore fortement d’informations sur la personne qui est à l’origine de notre désir. Dans ce cas, c’est l’attirance physique qui passe au premier plan. Aujourd’hui, on ignore encore avec quelle rapidité les changements
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Bibliographie F. Zsok et al., What kind of love is love at first sight ?, Personal Relationships, vol. 24, pp. 869-885, 2017. H. Fisher, Pourquoi nous aimons, Robert Laffont, 2006.
biochimiques précédemment cités se mettent en branle. La plupart des études sur l’amour sont réalisées avec des personnes qui sont déjà dans une relation sentimentalement bien établie. Pour que les circuits neuronaux du lien amoureux s’établissent clairement dans le cerveau d’une personne, il faut qu’un nombre suffisant d’expériences et de moments d’intimité aient été partagés au sein du couple. Ce n’est qu’à partir de ce moment que l’on peut véritablement parler d’amour au sens où nous l’entendons habituellement. LE REGARD QUI TUE : UN CONTACT OCULAIRE SOUTENU ET PROFOND Il existe certainement un facteur déclenchant de ce processus. Le rôle du regard a été maintes fois souligné, et il est certainement très important. Un contact oculaire profond et soutenu entre les deux protagonistes semble avoir le pouvoir de déclencher la cascade de réactions biochimiques évoquée plus haut. Ainsi, des études ont montré par exemple que l’on trouve un visage plus attirant lorsque l’on croise directement le regard de la personne. Ce moment où les regards se croisent et restent
Un contact oculaire direct et soutenu est souvent le déclencheur d’une attirance physique qui libère des cocktails d’hormones dans notre cerveau. braqués l’un sur l’autre, se traduit par une activation des aires émotionnelles de notre cerveau et de notre circuit de la récompense. Cela suffit-il à garantir un amour durable dans l’avenir ? Le plus souvent, ce n’est pas le cas, mais on observe toutefois que le motif d’activation cérébrale correspondant perdure chez les partenaires qui restent longtemps amoureux l’un de l’autre. Comme s’ils avaient la capacité d’entretenir cette flamme initiale, y compris sur un plan neurobiologique. Quand le coup de foudre part d’un regard, ce facteur déclenchant s’accompagne généralement d’une forte
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attirance corporelle, comme l’a attesté une étude réalisée en 2017 par des chercheurs de l’université de Groningue, aux Pays-Bas. Mais notre cognition n’est pas en reste : l’impression positive que produit en nous une personne attirante nous conduit presque toujours à l’idéaliser. Nous sommes prompts à lui attribuer une multitude de qualités, même sans savoir objectivement si elle les possède ou non. LA CRISTALLISATION, OU QUAND L’ESPRIT S’ALIGNE SUR LE CORPS Cette tendance semble être une caractéristique centrale du sentiment amoureux. Si l’amour ne reposait que sur des faits, il n’aurait pratiquement aucun effet sur nous. Ce que nous considérons comme un coup de foudre n’est donc finalement qu’une attirance physique qui augmente notre disposition à entamer une relation. Pour que cette inclination première débouche sur un lien véritable, il faut apprendre à connaître l’autre. C’est seulement lorsque les sentiments ont acquis une certaine épaisseur, après que la première impression a intégré une vision plus réaliste de l’autre, que l’on peut parler d’amour. £
VIE QUOTIDIENNE L es clés du comportement
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NICOLAS GUÉGUEN Directeur du Laboratoire d’ergonomie des systèmes, traitement de l’information et comportement (LESTIC) à Vannes.
Le pouvoir des bonnes blagues Cohésion du groupe, performances au travail, séduction… La capacité à distiller quelques bonnes blagues est un atout dans de nombreux domaines !
Q
uel est le poisson qui passe toute sa vie dans le ventre de sa mère ? Réponse : le poisson panné. Un peu tirée par les cheveux, cette blague ? Peut-être. Mais mine de rien, je viens de vous mettre un outil précieux entre les mains. Car quelques plaisanteries distillées à bon escient pourraient bien vous ouvrir les portes du succès professionnel et amoureux… LA BLAGUE DU CHEF Par exemple, les managers ont tout intérêt à s’accorder un petit trait d’humour de temps en temps, à en croire les travaux de Wayne Decker, du Salisbury State College, aux États-Unis. Ce chercheur a demandé à plusieurs centaines d’employés de diverses organisations d’évaluer, d’une part, leur satisfaction au travail, et, d’autre part, le goût de leur patron pour les calembours. Il a eu la surprise de constater que les deux aspects
EN BREF ££Quand un manager a tendance à blaguer, ses employés sont en moyenne plus satisfaits au travail et plus performants. ££L’humour est aussi une arme de séduction efficace pour les hommes. ££Mais attention aux blagues sexistes : les recherches suggèrent qu’elles augmentent les violences sexuelles envers les femmes et que nous sous-estimons souvent leurs nuisances.
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étaient intimement liés. Le score de satisfaction professionnelle grimpait ainsi de 17 % quand le manager était un joyeux drille. Les employés le jugeaient en outre plus mature, amical, plaisant, populaire… Finalement, tout cela pourrait découler d’un effet de bonne humeur. L’humour, ont constaté Robert Franklin et ses collègues de l’université d’État de Pennsylvanie, aurait la capacité d’activer le circuit cérébral de la récompense, impliqué dans les sensations de plaisir et de désir. En présentant des enregistrements de one-man-show à des participants allongés dans un appareil d’IRMf, les chercheurs ont observé que plus ceuxci trouvaient le spectacle drôle, plus l’activité neuronale était intense dans des zones associées au circuit de la récompense, comme le noyau accumbens. L’équipe de Christopher Robert, de l’université du Missouri, a toutefois nuancé les bienfaits associés à l’humour du patron : pour qu’il améliore la satisfaction au travail d’un employé,
© Charlotte-Martin/www.c-est-a-dire.fr
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LIVRES
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p. 92 Sélection de livres p. 94 Fitzgerald et la dépression, quand le cerveau se fêle
SÉLECTION
A N A LY S E
Par Sebastian Dieguez
PSYCHOLOGIE ANIMALE À quoi pensent les poissons ? de J onathan Belcombe La Plage
PSYCHOLOGIE SOCIALE Histoire d’un mensonge : enquête sur l’expérience de Stanford de T hibault Le Texier Zones
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ertaines expériences de psychologie ont acquis un statut quasiment mythique. Abondamment diffusées auprès du grand public, elles sont incontournables dans les cours d’introduction à cette discipline. C’est le cas de la « simulation de prison » menée par le psychologue américain Philip Zimbardo dans les locaux de l’université Stanford. Au début des années 1970, Zimbardo recrute des jeunes gens, qu’il distribue au hasard dans des groupes de « gardiens » et de « prisonniers ». L’expérience devait durer deux semaines, mais elle tourne mal : les gardiens deviennent sadiques et cruels, les prisonniers passifs et déprimés, et au bout de six jours il faut se décider à y mettre un terme. Conclusion : la seule attribution d’un rôle social peut transformer les individus, et le contexte exerce un pouvoir absolu sur les dispositions individuelles, expliquant notamment les phénomènes de violence sociale et carcérale. Voilà pour la légende. Car au terme d’une enquête approfondie sur cet épisode, pour laquelle il a compulsé nombre d’archives et interviewé quelques protagonistes de l’époque, le chercheur en sciences sociales Thibault Le Texier conclut à l’imposture. Son analyse est aussi virulente qu’implacable. Loin d’explorer scientifiquement une question, Zimbardo a procédé à une démonstration : les résultats étaient connus à l’avance, les communiqués de presse rédigés avant même la fin de l’« étude » et les « gardiens » encouragés à se montrer violents. Globalement, les événements ont été rapportés de façon partielle et montés en épingle. Il s’agit donc, au final, d’une sorte d’expérience de téléréalité scénarisée de bout en bout, où chacun « jouait le jeu ». Mais pourquoi une telle mascarade ? Le Texier l’explique habilement par divers facteurs historiques, sociologiques, politiques, médiatiques et psychologiques. Aussi instructif que passionnant, son récit devrait être lu par tout enseignant ou étudiant en psychologie, afin d’éviter les errements de la science-spectacle. Sebastian Dieguez est chercheur au Laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’université de Fribourg, en Suisse.
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PSYCHOLOGIE Psychologix de G rady Klein et Danny Oppenheimer Les Arènes BD
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ès l’introduction, l’ambition est posée : l’objet de la psychologie n’est rien de moins que « la totalité de l’expérience humaine ». C’est donc cela que se propose d’explorer cette bande dessinée, coécrite par un psychologue et un dessinateur. Et elle y parvient plutôt bien ! Perceptions, mémoire, émotions, stress, motivation, personnalité… En 224 pages instructives et drôles, elle balaie les découvertes édifiantes ou insolites réalisées par les chercheurs. Le format dessiné apporte un vrai plus, notamment dans la partie sur les illusions visuelles. Une initiation ludique et passionnante à la psychologie.
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oilà un ouvrage qui émerveille presque à chaque page, tant il regorge d’anecdotes et de résultats scientifiques étonnants. L’éthologue Jonathan Belcombe nous y raconte que le thon est plus étroitement apparenté à l’homme qu’au requin ou qu’une collègue océanographe a sympathisé avec un mérou. On y découvre surtout les diverses expériences suggérant que les poissons ressentent consciemment la douleur, communiquent entre eux, utilisent des outils… Bref, qu’ils sont bien plus sensibles et intelligents que ce qu’on suppose couramment. Et donc qu’ils méritent toute leur place dans le nécessaire débat éthique sur notre comportement envers les animaux.
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COUP DE CŒUR Par Nicolas Gauvrit
PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL Burnout de N adia Droz et Anny Wahlen Favre ROBOTIQUE Petit traité de cyberpsychologie de S erge Tisseron Le Pommier
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omment interagironsnous avec des machines capables de nous parler et de nous regarder dans les yeux ? Le psychiatre Serge Tisseron, membre de l’Académie des technologies, s’est penché sur le sujet. Son ouvrage intéresse autant par les questions qu’il pose que par l’état des lieux qu’il dresse : vous connaissiez peut-être l’existence de robots chiens, mais saviez-vous que certaines machines exercent les personnes autistes à reconnaître les émotions ou que des chercheurs japonais testent des robots hôtesses dans les supermarchés ? Soudain, les multiples possibilités – et dangers – de la robotique deviennent très concrètes.
«L
es gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur ». C’est en ces termes que le psychanalyste américain Herbert Freudenberger décrit le burn-out, qu’il a été le premier à modéliser. Dans cet ouvrage clair et documenté, deux psychologues du travail font le point sur ce syndrome. Après avoir examiné ses causes et sa prévalence, elles donnent des pistes pour le prévenir. Cela passera par une réflexion profonde sur nos modes d’organisation du travail.
SCIENCES COGNITIVES L a Cognition de T . Collins, D. Andler et C. Tallon-Baudry (dir.), Gallimard
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es sciences cognitives sont souvent confondues avec les neurosciences, qui en représentent la partie la plus médiatisée. Elles vont pourtant bien au-delà, formant une harmonieuse macédoine de matières qui, toutes, tentent de décrypter le fonctionnement des machines pensantes que nous sommes. Philosophie, linguistique, psychologie, informatique, biologie, sociologie, économie même sont de ces disciplines diverses dont l’objectif est d’analyser l’humain. Écrit par un collectif de professeurs et de chercheurs du domaine, cet ouvrage s’ouvre sur l’infiniment petit et se poursuit par un zoom arrière vertigineux, jusqu’à décrire la société dans son ensemble. Il commence ainsi par présenter les neurotransmetteurs qui titillent en permanence nos quatre-vingt-dix milliards de neurones. Ensuite, il passe aux échanges incessants d’informations au sein de ce réseau prodigieux. Puis aux synchronisations qui s’opèrent d’une partie du cerveau à l’autre, et qui sont peut-être à l’origine de la conscience. Les auteurs enchaînent sur le raisonnement, avec ses multiples biais, et le langage, grâce auquel nous interagissons avec nos semblables. Sans oublier les émotions, qui sont aussi une des clés de nos communications, puisque nous les partageons sans cesse avec les autres, notamment par des postures et des expressions du visage. Enfin, à l’échelon le plus large, sont évoquées les sociétés et les cultures qui naissent de ces échanges permanents et de l’éducation des jeunes générations. Exigeant mais accessible sans connaissance préalable, cet ouvrage offre une idée précise de ce qu’apportent les sciences cognitives à la connaissance du psychisme et du comportement humains. En plus de 700 pages agréablement denses, on découvre les théories majeures sur ce sujet qui nous passionne tant : nous-mêmes. Sur chaque grande question, les auteurs prennent soin de restituer les débats agitant la recherche : le langage est-il propre à notre espèce ? Les expressions des émotions sont-elles universelles ? Au final, ils livrent une somme considérable, qui pourrait vite devenir la référence sur le sujet. Nicolas Gauvrit est chercheur en sciences cognitives au laboratoire Chart de l’École pratique des hautes études, à Paris.
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LIVRES N eurosciences et littérature
SEBASTIAN DIEGUEZ Chercheur en neurosciences au Laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’université de Fribourg, en Suisse.
Fitzgerald et la dépression
Quand le cerveau se fêle
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umeur maussade, idées noires, perte d’énergie, sommeil perturbé : les principaux symptômes de la dépression sont bien connus. Mais quand tous se combinent, au point de nuire considérablement à la vie sociale, familiale et professionnelle de la personne, voire de la pousser au suicide, il n’est pas si facile de saisir ce qui fait le cœur de la souffrance du dépressif. Pour cela, rien ne dépasse la valeur du témoignage. Et quand le patient est un écrivain, qu’il fait œuvre de saisir la complexité humaine et d’exprimer les infinies nuances des sentiments, son vécu devient accessible à tous avec une netteté et une force irremplaçables. Les récits autobiographiques sur la dépression abondent : on pense par exemple à Face aux ténèbres, de l’écrivain américain William Styron, et à Route de nuit, du philosophe français Clément
« Toute vie est bien entendu un processus de démolition » : non seulement Fitzgerald a fini sa vie dans une dépression profonde, mais il a projeté ce pessimisme sur toute l’humanité. Qu’est-ce que cela nous dit sur le cerveau des dépressifs ?
EN BREF ££Dans sa courte nouvelle La Fêlure, Fitzgerald raconte la dépression dont il a souffert à la fin de sa vie. ££Mais au lieu de se rapporter à des événements précis, il s’en remet souvent à des généralités ou des lois abstraites. ££Ce fonctionnement mental est caractéristique de la dépression, où les patients tirent sans cesse des conclusions négatives et très globales sur la vie.
N° 102 - Septembre 2018
Rosset, deux plongées pénétrantes dans cette nuit de l’âme. Mais c’est dans La Fêlure, publié en 1936 par Francis Scott Fitzgerald (1896-1940), qu’on en trouve l’exposé le plus poignant et le plus évocateur. DES ANNÉES FOLLES À LA DÉPRESSION Cet ouvrage marque d’autant plus les esprits que Fitzgerald reste le représentant par excellence de l’âge du jazz faste et insouciant. Il a vécu et décrit par le menu cette époque, dans les années 1920, où tous les excès étaient permis et où la jeunesse découvrait son pouvoir. Son roman le plus connu, Gatsby le magnifique (1925), évoque à merveille cet état d’esprit, même s’il annonce aussi la fin prochaine de l’innocence. De fait, suite à la crise de 1929, les années 1930 seront bien plus sombres. De multiples bouleversements
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Le saviez-vous
p. 60
ÉREUTOPHOBIE
L’éreutophobie (du grec éreuthos, « rouge » et phobia, « peur ») est un trouble anxieux caractérisé par une crainte obsédante de rougir. Un supplice en public, qui devient moins pénible lorsqu’on a compris que le rougissement n’empêche pas de communiquer. p. 84
ALLOCENTRAGE
Lorsque vous vous repérez sur une carte en imaginant le chemin à parcourir entre deux points que vous n’occupez pas, vous adoptez une perspective allocentrée, et non égocentrée. Une démarche difficile à adopter pour un enfant de moins de 7 ans, mais que l’apprentissage de la géométrie tend à favoriser. p. 88
p. 86
REGARD DE BRAISE
Un coup de foudre est souvent déclenché par des regards qui se croisent et restent braqués l’un sur l’autre. Il en résulte l’activation de zones émotionnelles, et plus particulièrement d’un ensemble de neurones appelé système de la récompense, qui libère de la dopamine et crée une puissante motivation à aller à la rencontre de l’autre…
BLAGUEUR DRAGUEUR
« Dans la rue, le blagueur qui aborde une femme obtient son numéro personnel dans 43 % des cas, mais seulement 16 % du temps s’il ne plaisante pas. » Nicolas Guéguen, université de Bretagne Sud
p. 24
10 %
des diagnostics psychiatriques sont erronés, passant à côté d’une maladie organique dont les symptômes font penser à un trouble mental.
p. 74
p. 16
DOCTOR ADDICT
Les doctor addicts sont des personnes qui cherchent à tout prix à être prises en charge par des médecins. Ayant souvent évolué eux-mêmes dans le milieu des soins, ces accro des hôpitaux tentent d’attirer la compassion des praticiens, et n’hésitent pas, pour cela, à simuler des symptômes inexistants.
DETTE DE SOMMEIL
Le manque de sommeil des Français coûterait 100 milliards d’euros à l’économie. Se coucher plus tôt – et limiter l’usage des écrans qui retardent l’endormissement – permettrait donc de résorber chaque année la dette de la France, qui se creuse actuellement de 60 milliards par an.
p. 34
PETIT MAORI
Chez les peuples maori, les enfants ont des souvenirs plus anciens qu’en Europe. Explication : les mères passent plus de temps à parler avec leurs petits de leurs toutes premières expériences, ce qui leur évite d’être effacées au cours du temps.
Imprimé en France – Roto Aisne (02) – Dépôt légal septembre 2018 – N° d’édition M0760102-01 – Commission paritaire : 0718 K 83412 – Distribution Presstalis – ISSN 1639-6936 – N° d’imprimeur 18/06/0022 – Directeur de la publication et gérant : Frédéric Mériot