Cerveau & Psycho
N° 103 Octobre 2018
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LES ONDES DE NOS SMARTPHONES MENACENTELLES NOTRE CERVEAU ?
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LES POUVOIRS DE LA RESPIRATION Comment le souffle synchronise le cerveau et dissipe le stress
LE SYNDROME DU CHAMPION DU MONDE COMMENT LE FOOT NOUS MONTE À LA TÊTE
RELIGION AVONS-NOUS BESOIN DE CROIRE ? TESTOSTÉRONE L’HORMONE DU LUXE
6 techniques
de respiration PAR CHRISTOPHE ANDRÉ PAGE 48
Tous les papiers se recyclent, alors trions-les tous.
C’est aussi simple à faire qu’à lire.
La presse écrite s’engage pour le recyclage des papiers avec Ecofolio.
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N° 103
ÉDITORIAL
NOS CONTRIBUTEURS
SÉBASTIEN BOHLER
p. 32-39
Thomas Similowski
Chef du service de pneumologie, médecine intensive et réanimation au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles-Foix, à Paris, et directeur d’une unité de recherche mixte Sorbonne Université-Inserm, il est spécialiste de la neurophysiologie respiratoire.
p. 58-66
Scott Atran
Directeur de recherche en anthropologie au CNRS, professeur associé à l’université du Michigan, spécialiste du terrorisme et des religions, Scott Atran analyse la désaffection des valeurs fondatrices des démocraties au profit des extrémismes et populismes identitaires.
p. 68-70
Stéphane Epelbaum
Neurologue à l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, chercheur à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, à Paris, il s’intéresse aux problématiques du diagnostic et du traitement de la maladie d’Alzheimer dans sa phase précoce.
p. 72-73
Coralie Chevallier
Chercheuse en sciences cognitives et sciences du comportement à l’Inserm, à l’École normale supérieure de Paris, elle encourage l’utilisation des sciences du comportement pour l’optimisation et l’évaluation des politiques publiques.
Rédacteur en chef
Des petits trous, encore des petits trous
D
ans la chanson de Serge Gainsbourg, le poinçonneur des Lilas dit sa lassitude des petits trous. À force d’en faire toute la journée, il finit par en voir partout et ça le rend fou. Et pourtant, nous sommes faits de petits trous. Nous en avons dans le crâne, dans la poitrine et dans la peau. Figurez-vous qu’on vient de trouver que notre os crânien est criblé de trous microscopiques, de 25 millièmes de millimètre (p. 14). Ces orifices servent à envoyer dans notre cerveau, depuis la moelle osseuse du crâne, des cellules immunitaires pour combattre les infections. Un peu plus bas dans notre corps, quand nous respirons, à chaque inspiration un demi-milliard d’alvéoles pulmonaires se dilatent et laissent passer l’oxygène dans le sang, par des trous plus petits encore, nanométriques, par millions de milliards (p. 32). Enfin, tout autour de notre corps, notre peau est garnie de 5 millions de pores qui transpirent… et relâchent parfois des hormones. On a ainsi récemment découvert que la testostérone peut passer à travers les pores de la peau. Ses effets sont multiples. Un des plus surprenants est de créer une attirance pour les habits et les montres de marques, ou les voitures de luxe (p. 74)… Et tout ça passe par des trous ! Nous sommes des êtres perméables. Y compris mentalement. Nous buvons les idées qui nous entourent. Si les trois quarts de l’humanité sont religieux, c’est parce que cela permet de se sentir en lien avec les autres, comme unis par des pores spirituels (p. 58). Parfois, nos pores mentaux s’ouvrent en grand et nous intégrons les arguments de nos opposants pour parfaire notre vision de la réalité (p. 78). D’autres fois, nous les fermons et devenons dogmatiques. Vivre sans trous serait impossible. Et même si, comme le dit le poinçonneur des Lilas, on finit toujours dans un grand trou, reconnaissons qu’il y a là une forme de logique. £
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SOMMAIRE N° 103 OCTOBRE 2018
p. 9
p. 14
p. 16
p. 31-57
Dossier
p. 24
p. 31
p. 6-28
DÉCOUVERTES p. 6 ACTUALITÉS La solitude, c’est dans les gènes ? Des neurones coupe-faim Le bisphénol en cause dans l’autisme ? Pourquoi s’endort-on en voiture ? Le saucisson rend-il bipolaire ?
p. 22 I NFOGRAPHIE
p. 14 FOCUS
Notre crâne serait criblé de trous microscopiques
Ces infimes canaux servent à acheminer les cellules immunitaires vers le cerveau. Sébastien Bohler
p. 16 C AS CLINIQUE LAURENT COHEN
Les clés de la beauté Un beau visage repose souvent sur huit éléments morphologiques que les chercheurs ont mis au jour. Anna von Hopffgarten et Yousun Koh
p. 24 G RANDES EXPÉRIENCES DE NEUROSCIENCES
LAURA POUPON
LES POUVOIRS DE LA RESPIRATION p. 32 N EUROBIOLOGIE
COMMENT LA RESPIRATION SYNCHRONISE LE CERVEAU Conscience de soi, pensée, émotions : tout est influencé par la respiration, grâce à des connexions entre poumons et cerveau. Thomas Similowski
Le théorème du calmar
À la fin des années 1930, deux neurobiologistes découvrent, dans le système nerveux du calmar, la clé du fonctionnement de nos neurones.
p. 40 I NTERVIEW
APPRENDRE À MIEUX RESPIRER, C’EST APPRENDRE À MIEUX VIVRE Guillaume Néry
p. 46 P SYCHOLOGIE
UN SOUFFLE SI APAISANT
La femme qui voyait des chevaliers partout
Stress, anxiété, insomnies : bien respirer aide à aller mieux. Six méthodes pour y arriver. Christophe André
Quand madame D. voit des chevaliers en armure déambuler dans la rue, elle se pose des questions. Son cerveau lui joue-t-il des tours ?
p. 54 N EUROSCIENCES
QUAND LE SOUFFLE VIENT À MANQUER
Souffle court, sensation d’étouffement, angoisse : comment soulager la détresse psychique liée aux maladies respiratoires ?
Ce numéro comporte un encart abonnement Psychologies Magazine et First Voyages sur une sélection d’abonnés France Métropolitaine. En couverture : © Sylvie Serprix
Thomas Similowski
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5
p. 58
p. 68
p. 78
p. 86
p. 74
p. 94
p. 88 p. 84
p. 92
p. 58-77
p. 78-91
p. 92-97
ÉCLAIRAGES
VIE QUOTIDIENNE LIVRES
p. 58 R ETOUR SUR L’ACTUALITÉ
p. 78 P SYCHOLOGIE SOCIALE
Emmanuel Macron le prétend. Vrai ou faux ? Scott Atran
Comment aborder un débat pour apprendre, et non pour dominer ?
p. 68 S ANTÉ MENTALE
M. Fisher, J. Knobe, B. Strickland et F. C. Keil
p. 72
Avons-nous besoin de religion ?
Malades d’Alzheimer, débrouillez-vous !
Dérembourser les traitements qui ralentissent la progression d’Alzheimer : une décision incompréhensible.
Vous avez dit : débat constructif ?
p. 84 L’ÉCOLE DES CERVEAUX
CORALIE CHEVALLIER ET NICOLAS BAUMARD
65 millions de sélectionneurs
Pourquoi tout le monde croit-t-il avoir la recette d’une équipe de foot idéale ? p. 74 N EUROBIOLOGIE
Testostérone sous le T-shirt à 300 millions
Notre attirance pour les marques (comme celle du nouveau T-shirt de Roger Federer) serait due à une hormone : la testostérone. Sébastien Bohler
L’École du cerveau p. 94 N EUROSCIENCES ET LITTÉRATURE
OLIVIER HOUDÉ
Stéphane Epelbaum
p. 72 PSYCHO CITOYENNE
p. 92 S ÉLECTION DE LIVRES Qu’est-ce qui fait sourire les animaux ? Savoir, penser, rêver La douleur n’est pas une fatalité ! Mon programme anti-dépression Psychologie des enfants très doués
Platon, nouveau modèle éducatif ?
Comme Platon, le ministre de l’Éducation nationale entend enseigner aux enfants « le vrai, le beau et le bien ». Dépassé ? p. 86 L A QUESTION DU MOIS Christoph Böhmert
p. 88 L ES CLÉS DU COMPORTEMENT NICOLAS GUÉGUEN
Le syndrome du champion du monde Pourquoi gagner la Coupe du monde ne vous laissera pas indemne.
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SEBASTIAN DIEGUEZ
La Fontaine : Pourquoi la Cigale est prise au dépourvu
Non, la Cigale n’est pas à blâmer pour son imprévoyance. La réalité est tout autre : la pauvreté rend difficile la réflexion sur l’avenir.
DÉCOUVERTES
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p. 14 Notre crâne serait criblé de trous microscopiques p. 16 La femme qui voyait des chevaliers partout
Actualités Par la rédaction PSYCHOLOGIE
La solitude, c’est dans les gènes ? Vous avez tendance à vous retrouver seul et à fuir la compagnie des autres ? Ce tempérament serait dû, à 98 %, à vos gènes. On vient d’en identifier quinze qui jouent un rôle prépondérant. Felix R.Day et al., Elucidating the genetic basis of social interaction and isolation, Nature communications, 3 juillet 2018.
«
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©Antonio Guillem / shuttestock.com
a solitude prolongée assombrit et désenchante, elle répand l’effroi dans l’âme la plus forte », écrivait George Sand en 1843. En France, une personne sur dix vit isolée. Une situation qui, si elle peut être vécue positivement, a souvent des effets secondaires négatifs. Les études épidémiologiques montrent qu’elle est souvent associée à de la dépression, en particulier chez les personnes âgées. Elle serait aussi nocive pour la santé que le tabagisme ou l’obésité… QUI SONT CES ÂMES SOLITAIRES ? Pourquoi certaines personnes ontelles tendance à fuir les relations sociales, ou se retrouvent-elles plus facilement isolées malgré elles ? Une équipe de l’Institut de la science métabolique de l’université de Cambridge, dirigée par Felix R. Day, vient de révéler que la propension au repli sur soi (ou, inversement, le goût des interactions sociales), pouvait être liée à des
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p. 22 Les clés de la beauté p. 24 Le théorème du calmar
PSYCHIATRIE RETROUVEZ LA PAGE FACEBOOK DE CERVEAU & PSYCHO
Le soleil chasse les TOC . E. Coles et al., Journal of M Obsessive, Compulsive and Related Disorders, vol. 18, pp. 25-30, 2018.
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n France, plus d’un million de personnes souffrent de troubles obsessionnels compulsifs, les TOC. Mais ailleurs, la proportion varie : une analyse réalisée par le psychologue Meredith Coles et ses collègues de l’université de Binghamton a montré que la prévalence de ces troubles dépend de la latitude : plus vous vivez près de l’équateur et moins vous avez de chances d’être atteint. À l’inverse, en remontant vers le nord ou en descendant vers le sud, le risque augmente. Comment expliquer cet effet étrange ? C’est la quantité de soleil qui semble être la clé. La durée et l’intensité de l’ensoleillement influent sur le sommeil, dont la qualité est un facteur protecteur contre les TOC. Les personnes souffrant de TOC ont généralement du mal à s’endormir le soir, étant perturbées par la multiplication de pensées négatives et par les symptômes liés à leur pathologie. Ces personnes retardent ainsi leur heure d’endormissement et ont tendance à se réveiller plus tard le matin. Ce réveil tardif réduit le temps passé au contact de la lumière du jour. Au point de provoquer, chez certains, une désynchronisation des cycles de sommeil qui se traduit à son tour par une aggravation des symptômes. Les heures de coucher et d’endormissement sont donc des éléments essentiels dans le traitement de ce trouble. Et si les TOC sont influencés par la lumière, celle-ci pourrait aussi les soigner. Ainsi, les thérapies visant à resynchroniser l’horloge circadienne, par l’exposition à la lumière, pourraient apporter un petit rayon de soleil aux personnes souffrant de ce trouble. £ C. H.
© Andrey Popov / shutterstock.com
déterminants génétiques. Ils ont pour cela analysé des données médicales, génétiques ainsi que des informations sur le mode de vie, les antécédents médicaux et les comportements alimentaires de 500 000 volontaires (âgés de 40 à 69 ans) ayant répondu à des questionnaires ciblés. Ils ont ainsi identifié 37 loci (emplacements d’un gène sur son chromosome) pour lesquels les gènes sont surexprimés chez les adeptes d’interactions sociales, et 15 autres loci dont les gènes sont naturellement surexprimés chez les grands solitaires. Puis, pour tester la force de cette corrélation, les scientifiques ont sélectionné, au sein d’une nouvelle base de données génétiques, des personnes présentant une surexpression des 15 loci, avant d’aller vérifier si elles étaient bel et bien solitaires. Leur prédiction s’est révélée exacte dans 98 % des cas. Finalement, en exploitant la même base de données, les chercheurs ont montré que la solitude était associée à un plus fort risque d’obésité et de dépression. Ainsi, identifier les facteurs de risques de la solitude ou de la dépression pourrait aider les médecins à agir préventivement afin de diminuer la mortalité associée. Mais il ne faut pas à tout prix stigmatiser la solitude. Comme le disait Gustave Flaubert : « À force de me trouver mal dans ma solitude, j’arrive à m’y trouver bien. » £ Claire Heitz
DÉCOUVERTES A ctualités
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NEUROENDOCRINOLOGIE
Le bisphénol en cause dans l’autisme ? S. A. Johnson et al., Plos One, 18 juin 2018.
epuis quelques années, le bisphénol A, un plastifiant présent dans les emballages alimentaires, les téléphones portables, les jouets des bébés, etc., est suspecté de provoquer des maladies comme des cancers ou des troubles autistiques. Une nouvelle étude de Sarah Johnson, de l’université du Missouri, et de ses collègues apporte des arguments à l’appui de cette hypothèse en montrant que, si des souris sont exposées à du bisphénol A, leurs petits-enfants présentent des symptômes de type autistique. En l’occurrence, ces descendants ont des vocalisations bien différentes de celles des souriceaux dont les grands-parents ont grandi dans un environnement non pollué, par exemple ils émettent des « syllabes » plus courtes juste après la naissance. Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien, une molécule qui ressemble à nos hormones et peut ainsi soit mimer, soit bloquer leurs actions, et donc modifier leurs fonctions. Il provoque ainsi des troubles de la communication chez des petits dont les parents ont été exposés in utero à ce perturbateur endocrinien. Deux causes sont envisagées, sans que les chercheurs ne puissent vraiment trancher : soit les parents ne prennent pas correctement soin de leurs petits parce que le polluant a modifié
Épanouis dans l’amour libre
E
nviron 4 % des Américains seraient engagés dans des relations amoureuses « ouvertes », où les partenaires s’autorisent mutuellement d’autres histoires sexuelles et romantiques. Mais s’y épanouissent-ils ? Pour le savoir, la psychologue Jessica Wood et ses collègues des universités de New York
leur cerveau et leur aptitude à « materner », d’où une modification des vocalisations des bébés qui rechercheraient plus d’attention ; soit les souriceaux ont développé des anomalies cérébrales de la communication qui se seraient « transmises » sur deux générations. Dans cette expérience, l’exposition des grands-parents au perturbateur se faisait via la nourriture pendant deux semaines avant leur accouplement, ce qui provoquait dans leur sang des concentrations en polluant relativement élevées par rapport à celles que l’on peut détecter chez l’homme. Mais nous ne subissons pas l’influence d’un seul perturbateur endocrinien : plusieurs molécules nous contaminent à petite dose, et peut-être l’accumulation de leurs effets est-elle délétère. Toujours est-il que les chercheurs n’hésitent pas à faire un lien avec l’autisme : des anomalies semblables de l’aptitude à communiquer, provoquées par les perturbateurs endocriniens et transmises de génération en génération, pourraient exister chez l’homme. Les perturbateurs endocriniens seraient alors un facteur de risque des divers troubles autistiques, qui recouvrent plusieurs symptômes : interactions sociales réduites voire absentes, gestes répétitifs, et communication verbale souvent altérée. £ Bénédicte Salthun-Lassalle
et de Guelph, au Canada, ont interrogé 142 d’entre eux, qui avaient un partenaire « principal » – ou tout du moins envers lequel ils se sentaient engagés – et s’autorisaient quelques incartades. Les chercheurs ont évalué divers paramètres, comme la qualité de la communication ou le bonheur trouvé dans la relation. Et la comparaison avec des personnes « monogames » a montré qu’en moyenne, les partisans de l’amour libre étaient aussi satisfaits qu’elles. £ Guillaume Jacquemont
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fois plus de problèmes mentaux, comme une anxiété ou une détresse d’intensité clinique, chez ceux qui s’occupent d’un proche en phase terminale d’un cancer.
Source : G. Grande et al., Palliative Medicine, 21 août 2018.
© Tarasyuk Igor / shuterstock.com
D
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NEUROBIOLOGIE
Les vaisseaux, architectes de notre cerveau
Des neurones coupe-faim . Xinwei Luo et al., Science S vol. 361, pp. 76-81, 2018.
L
es innombrables artérioles et veinules qui sillonnent notre encéphale sont cruciales pour la construction du cerveau. Des chercheurs de l’université Goethe, à Francfort, ont constaté que ces minces vaisseaux libèrent des molécules nommées laminines, qui tapissent leurs parois externes. Ces molécules permettent alors à une classe importante de cellules du cerveau, les cellules gliales, de s’ancrer sur les vaisseaux et, de là, de promouvoir la croissance et la disposition organisée des neurones alentour. Le réseau vasculaire du cerveau, dont la longueur totale équivaut à la distance Paris-Marseille, servirait donc d’échafaudage pour la constitution de ses structures les plus importantes, comme le cortex. £ S. B.
Un patch pour mesurer le stress ?
© arda savasciogullari / shutterstock.com
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t si l’on pouvait vous dire en temps réel votre niveau de stress, qui augmente en fonction de votre état émotionnel ou est le signe d’une pathologie, chronique notamment ? L’équipe d’Alberto Salleo, à l’université Stanford, vient de développer un patch cutané qui évalue précisément dans la sueur le taux de cortisol, une hormone sécrétée en cas de stress. Sur la peau, la membrane du patch fixe le cortisol, puis on enlève ce dernier et l’on mesure avec un dispositif portable simple les flux d’ions qui traversent la membrane, ceux-ci dépendant de la quantité de cortisol fixé. La concentration en cortisol est ainsi obtenue en quelques minutes, alors que les méthodes actuelles nécessitent plusieurs jours d’analyse sanguine. Voilà un patch peut-être utile pour garder le contrôle… £ B. S.-L.
I
ls sont 60 000. Une poignée de neurones, comparé aux 100 milliards du cerveau humain. Ce sont pourtant eux qui déterminent en grande partie notre envie de manger. Lorsqu’on les active, le sujet se met à manger. Dès qu’on les bloque, il cesse de s’alimenter. Ces neurones sont localisés dans une toute petite zone du cerveau appelée noyau tubéral latéral de l’hypothalamus. Par le passé, on avait déjà remarqué que des patients victimes de lésions accidentelles profondes proches de ce noyau tubéral latéral étaient atteints d’hypophagie, c’est-àdire qu’ils mangeaient très peu. Récemment, des neurobiologistes des universités de Singapour et de Shanghai ont découvert l’équivalent du noyau tubéral latéral chez des souris. Puis ils ont pris le contrôle des neurones de ce noyau par une technique appelée chimiogénétique. Tout d’abord, ils ont injecté dans le cerveau de leurs souris de laboratoire un virus pourvu d’un fragment d’ADN qui s’est introduit dans les neurones du noyau tubéral latéral. Là, le gène a produit une protéine qui s’est logée
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dans la membrane des neurones. Enfin, les chercheurs ont injecté à l’animal une molécule activatrice qui s’est fixée sur la protéine, provoquant son activation. Les neurones se sont alors allumés. Et dans les minutes qui ont suivi, les souris se sont ruées sur la nourriture. Lorsque la même opération a été répétée en injectant, non plus une molécule activatrice, mais une molécule inhibitrice qui bloquait la protéine en question, les animaux ont au contraire diminué leur ration de 40 %. Proposera-t-on un jour aux individus obèses un système d’extinction à volonté de leur noyau tubéral latéral lorsqu’ils seront pris d’une envie subite de frites ou de chocolat ? Évidemment, mieux vaut contrôler notre faim par des moyens naturels, comme manger lentement, éviter de s’alimenter face à un écran et dormir suffisamment. Mais l’identification de ce petit circuit pourrait déboucher un jour sur la découverte de nouveaux médicaments ayant la propriété de le cibler exclusivement. L’appétit sera-t-il alors devenu une science exacte ? £ Sébastien Bohler
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La femme qui voyait des chevaliers
partout
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DÉCOUVERTES C as clinique
LAURENT COHEN Professeur de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
L’été dernier, l’artiste Abraham Poincheval a sillonné la Bretagne en armure. Ce chevalier n’est donc pas une illusion visuelle, contrairement à ceux que voit madame D., touchée par le syndrome de Charles Bonnet.
© Matthieu Verdeil ; Abraham Poincheval, Le Chevalier errant, L’homme sans ici, 2018 ; Festival Lieu mouvant ; galerie Semiose
Madame D. souffre de drôles d’hallucinations visuelles ! Ses carottes râpées se soulèvent de son assiette pour se coller au plafond, un troupeau de bœufs passe sous ses fenêtres, et surtout des chevaliers en armure déambulent partout dans la rue autour d’elle. A-t-elle perdu la raison ?
EN BREF ££Madame D. a des visions pour le moins étranges, mais elle n’est pas folle : elle a conscience que ces scènes ne sont pas réelles. ££Sa pathologie est liée à une vision déficiente : son cerveau ne recevant plus assez d’information des yeux, il les invente !
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e n’avais jamais entendu parler de Charles Bonnet ni du syndrome qui porte son nom lorsque madame D., une femme d’environ 80 ans hospitalisée dans le service de neurologie où je suis chef de clinique, me raconte qu’elle a depuis quelque temps des visions fort inquiétantes. Le premier phénomène auquel a assisté cette patiente, ancienne professeur d’université en histoire, a été le décollage de ses carottes râpées, qui ont quitté son assiette pour se coller au plafond. Par la suite, elle a vu, sous ses fenêtres, un large troupeau de bœufs entrer dans les jardins du Sénat. Traversant Paris en voiture (heureusement conduite par une nièce), il lui a semblé voyager dans les décors d’un film médiéval, avec chevaliers en armure déambulant sur les trottoirs, tours à créneaux et maisons à pignons. Alors même que nous discutons, elle m’avoue voir avec
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DÉCOUVERTES L ’infographie
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Les clés de la beauté À la télévision, dans les magazines de mode ou les publicités, nous voyons bien souvent des individus au visage attirant. Quelles particularités les rendent donc si agréables à regarder ? Texte : Anna von Hopffgarten/Illustration : Yousun Koh
JEUNESSE Un visage d’aspect jeune est généralement plus attirant que des traits âgés. Au cours de l’évolution de l’humanité, l’attirance pour les visages jeunes aurait été un avantage car leur propriétaire est souvent en meilleure santé et plus fertile.
MINCEUR Les personnes ayant un indice de masse corporelle modéré sont généralement perçues comme plus attirantes que celles qui sont en surpoids. Seules les personnes pour qui la santé de leur partenaire représente un aspect essentiel préfèrent les visages un peu plus ronds.
TEINT En dehors du bronzage qui fait bonne impression en périodes de vacances, les études montrent que nous sommes plutôt attirés par une peau légèrement rosée, reflet d’une bonne irrigation sanguine. Cela va jusqu’à nous faire apprécier, selon certaines expériences, les personnes qui mangent beaucoup de carottes, dont le teint peut être un peu orangé.
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L’EFFET « MOYENNE » Les visages de dimensions moyennes passent pour ennuyeux parce qu’ils ne posséderaient pas de traits distinctifs, mais les études révèlent qu’ils sont en réalité perçus comme très attirants. Et ce, aussi bien pour des habitants de pays industrialisés que dans les peuples de chasseurscueilleurs d’Afrique. Une explication possible : les visages moyens résulteraient de combinaisons de gènes très variés qui s’égaliseraient, mais qui procureraient aussi une plus grande résistance aux maladies.
SYMÉTRIE Plus les deux moitiés du visage d’une personne sont semblables, plus nous trouvons cette personne esthétique et attirante. La symétrie est un signal de la qualité génétique, notamment un reflet de la vitalité immunitaire, qui fait que les personnes au corps très symétrique sont statistiquement en meilleure santé.
FÉMINITÉ/MASCULINITÉ Les femmes aux traits très féminins (et ayant de forts taux d’œstrogènes) sont souvent très appréciées des hommes. L’inverse est moins vrai, certaines femmes trouvant un côté froid, dominant et peu empathique aux hommes dont les traits sont trop fortement masculins. Les préférences sont ici plus diverses.
FAMILIARITÉ Plus nous voyons un stimulus visuel, plus ce stimulus à tendance à nous plaire. Les psychologues nomment ce phénomène effet de simple exposition. Il vaut aussi pour les visages : des participants à une expérience trouvent plus attirante une personne lorsqu’ils ont vu auparavant un autre individu qui lui ressemble…
RAYONNEMENT Les traits de personnalité comptent parmi les critères les plus importants lors du choix d’un(e) partenaire. C’est probablement pour cette raison que nous sommes séduits par les personnes dont les traits faciaux semblent refléter la nature intérieure.
Source : A. Little, Facial Attractiveness, Wires Cognitive Science, vol. 5, pp. 621-634, 2014.
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Š Illustrations de Lison Bernet
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DÉCOUVERTES G randes expériences de neurosciences
LAURA POUPON
Chercheuse associée au département de Santé de l’University College de Londres.
Le théorème du calmar À
chaque mot que vous lisez sur cette page, des millions de neurones s’échangent des influx nerveux à une vitesse phénoménale. Aujourd’hui, nous savons comment ces influx prennent forme. Ils sont créés par de minuscules canaux dans nos neurones, qui laissent aller et venir des charges électriques créant des courants ioniques ultrarapides. Ce mécanisme était inconnu il y a un siècle. Pour le mettre au jour, il a fallu la rencontre de deux scientifiques de génie : Andrew Huxley et Alan Hodgkin. À eux deux, ils écriront une des plus belles pages de l’histoire des neurosciences, qui éclaire encore notre compréhension des mécanismes fondamentaux du mouvement, de la perception et de la pensée. Andrew Huxley est né dans une famille prestigieuse : le grand-père n’est autre que Thomas Huxley, frère d’armes de Charles Darwin, vainqueur du débat historique qui opposa la théorie de l’évolution au clergé anglican, et qui se solda par le KO de l’Église. Et puis il y a les deux
À la fin des années 1930, cherchant à comprendre comment nos neurones conduisent l’électricité, deux neurobiologistes se penchent sur le système nerveux du calmar… Et découvrent le potentiel d’action, clé des neurosciences modernes.
EN BREF ££Comment les neurones échangent-ils de l’information ? En 1930, la taille infime des cellules nerveuses rend les observations difficiles. ££Deux biologistes décident d’étudier les neurones du calmar, qui sont dix millions de fois plus épais que ceux de l’homme. ££Ils découvrent que l’électricité se propage grâce à des portes microscopiques dans les neurones, laissant passer des atomes chargés. Ce phénomène sera nommé potentiel d’action.
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demi-frères, Julian et Aldous. Julian, premier directeur de l’Unesco, fondateur du WWF… Et Aldous, le grand romancier, dystopiste, satiriste, nommé sept fois pour le prix Nobel de littérature et auteur du Meilleur des mondes… Que faire, quand on a douze ans et qu’on évolue au milieu de ces géants ? Pour l’instant, le jeune garçon est bien loin de se poser toutes ces questions. Sa passion, c’est le bricolage. Il passe son temps à sculpter des objets tels que des chandeliers à l’aide du tour à bois qu’il a reçu de ses parents. C’est qu’il a de l’or dans les mains. Et cet or lui sera très utile. Tout au long de sa carrière scientifique, il fera assaut d’habileté pour concevoir les appareils destinés à ses recherches : microscopes, microtomes, micromanipulateurs. Car il va s’agir d’aller vers l’infiniment petit, vers la structure des neurones et vers les machines biologiques qui produisent l’électricité à la base du fonctionnement de notre cerveau.
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Dossier
COMMENT LA RESPIRATION SYNCHRONISE LE CERVEAU
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Souffle et cerveau sont si étroitement liés que la respiration a une influence décisive sur notre psychisme. Elle module aussi bien la conscience de soi que les capacités cognitives et les émotions.
Par Thomas Similowski, pneumologue et directeur de l’unité de recherche Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique, Inserm-Sorbonne Université.
À © Croisy ; Morphart Creation ; Lifestyle Graphic / shutterstock.com
EN BREF ££Des recherches récentes indiquent que la respiration synchronise l’activité cérébrale et joue un rôle dans la conscience de soi. Elle est aussi étroitement liée aux centres émotionnels du cerveau. ££En conséquence, quand elle est perturbée, les émotions s’emballent et les performances cognitives baissent. ££À l’inverse, la pratique d’exercices de respiration permet d’agir sur le stress et l’anxiété.
vous qui lisez ces lignes, j’ai une demande un peu particulière à adresser : pourriez-vous, s’il vous plaît, accélérer les battements de votre cœur ? Et maintenant, les arrêter totalement ? Je vous laisse quelques secondes pour essayer. À présent, pourriez-vous arrêter de respirer ? Respirer plus vite et plus fort ? Si vous êtes normalement constitué, vous avez échoué aux deux premiers exercices, et réussi aux deux suivants. C’est que la respiration est une fonction bien particulière : comme les pulsations cardiaques, elle est automatique, fonctionnant même pendant le sommeil, et autorégulée (elle s’intensifie par exemple à l’effort sans que nous y prêtions attention) ; mais à l’inverse de ces dernières, il est aussi possible de la commander volontairement. On peut ainsi retenir son souffle pour nager sous l’eau, éviter une mauvaise odeur, être le plus silencieux possible… mais également s’en servir pour communiquer, que ce soit à travers un simple soupir d’exaspération ou par le biais de la parole : en court-circuitant le contrôle automatique de la respiration, nous sommes capables de doser subtilement notre souffle pour produire des mots, des intonations ou des phrases. L’origine évolutive de cette possibilité étonnante de « jouer » avec sa respiration reste mystérieuse. Peut-être s’agit-il d’une adaptation ancestrale à un mode de vie semi-aquatique : c’est un avantage certain quand il faut plonger pour accéder à des ressources alimentaires, comme des poissons ou des coquillages. Quelle que soit son origine, cette particularité est permise par
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INTERVIEW
GUILLAUME
NÉRY DOUBLE CHAMPION DU MONDE D’APNÉE.
APPRENDRE À MIEUX RESPIRER, C’EST APPRENDRE À MIEUX VIVRE
© Neryblue
Guillaume Néry, vous avez déclaré récemment dans une conférence : « Apprendre à faire de l’apnée, c’est aussi apprendre à mieux respirer. Et apprendre à mieux respirer, c’est apprendre à mieux vivre. » Qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour vous ? Dans l’apnée, on apprend bien sûr à suspendre sa respiration, mais on applique aussi diverses techniques de souffle pour être plus détendu et tenir plus longtemps. Ce sport m’a
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Après plusieurs minutes passées dans les profondeurs, Guillaume Néry remonte vers la surface. Juste avant d’émerger, il expulse l’air vicié, chargé en CO2, de ses poumons. La photographie a été prise lors d'une plongée d’entraînement en Crête, quelques jours avant une tentative de record du monde.
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DOSSIER L ES POUVOIRS DE LA RESPIRATION
UN SOUFFLE SI APAISANT… Par Christophe André, médecin psychiatre.
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Régulation du stress, lutte contre lʼinsomnie, contrôle des émotions et de lʼattention… Savoir bien respirer apporte un véritable avantage pour vivre mieux. Alors, comment sʼy prendre ?
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ouveau-nés, nous entrons dans la vie par une grande inspiration. Et nous quittons l’existence en rendant notre dernier souffle, dans une ultime expiration ; le terme « expirer » est même, dans de nombreuses langues, un équivalent de « mourir ». Voilà pourquoi, depuis toujours, les humains associent le souffle à la vie. Et à son corollaire, le bon fonctionnement du corps et de l’esprit. Dès le premier millénaire avant notre ère, le taoïsme chinois et l’hindouisme insistent sur l’importance d’un « fluide vital » irriguant notre corps, une sorte d’énergie ou de souffle intérieur, dont la respiration serait une des manifestations. Les Chinois nomment cette énergie Qi et les Hindous Prana (c’est un des concepts clés du yoga). Un peu plus tard à l’ouest, le pneuma des Grecs renvoie, comme la rûah des Hébreux, aux
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DOSSIER L ES POUVOIRS DE LA RESPIRATION
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Lors d’une crise d’asthme, la respiration devient sifflante et difficile en raison d’une contraction des bronches. On dilate alors ces dernières grâce à des médicaments administrés par un inhalateur.
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QUAND LE SOUFFLE VIENT À MANQUER Souffle court, sensation d’étouffer, anxiété incontrôlable… Les maladies respiratoires causent une souffrance psychologique particulièrement intense. Comment la soulager ? Par Thomas Similowski, pneumologue et directeur de l’unité de recherche Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique, Inserm-Sorbonne Université.
EN BREF ££Une respiration difficile entraîne une sensation de menace vitale et de perte de contrôle, source d’une violente souffrance psychologique. ££Pour l’apaiser, on cherche à corriger les anomalies de l’appareil respiratoire, mais aussi à « tromper » le cerveau et à apprendre aux patients à ne pas se focaliser sur leur souffrance. ££Le retour du souffle apporte une sensation de bien-être indescriptible, qualifiée de « félicité respiratoire » par certains pneumologues.
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uand la respiration devient un combat, une souffrance, la vie se rétrécit autour de ce souffle qui manque. C’est par ces termes que la Fondation du souffle, qui finance des recherches dans le domaine des pathologies respiratoires, souligne à quel point ces maladies sont difficiles à vivre. Dans les formes sévères, en effet, l’anxiété devient permanente et la détresse envahit le discours du patient (« j’étouffe », « l’air ne rentre pas à fond », « j’ai peur »…). C’est au point qu’un courant de pensée récent considère que la prise en charge de la souffrance respiratoire est un droit humain fondamental, au même titre que celle de la douleur, et que faillir à cette prise en charge est une faute non seulement médicale, mais aussi sociale.
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ÉCLAIRAGES p. 68 Malades d’Alzheimer, débrouillez-vous ! p. 72 65 millions de sélectionneurs p.74 Testostérone sous le T-shirt à 300 millions
Retour sur l’actualité SCOTT ATRAN
Directeur de recherche en anthropologie au CNRS, professeur associé à l’université du Michigan, spécialiste du terrorisme, des conflits et des religions, intervenant au Conseil de sécurité des Nations unies, au Sénat américain et au forum économique de Davos.
Avons-nous besoin de religion ? En déclarant que « nous avons besoin de religion », Emmanuel Macron a-t-il outrepassé son rôle présidentiel ? Sur quels éléments se fonde cette affirmation ?
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LE 26 JUIN 2018, une accolade rare entre un pape et un président français.
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uand Emmanuel Macron a déclaré, au cours d’une visite au Vatican au mois de juin 2018, que « nous avons, anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement, besoin de la religion », bien peu de gens, dans la presse et encore moins parmi les scientifiques ou les intellectuels, ont posé la question : « Quelles sont les preuves historiques, morales ou scientifiques d’une déclaration aussi radicale, venant du dirigeant d’un des régimes séculiers les plus anciens et les plus révolutionnaires ? » Qu’est-ce qui autorise Macron à une telle assurance ? Pour savoir si le président français pouvait – ou non – se permettre cette affirmation, il est indispensable de revenir sur le contexte sociopolitique global actuel en Europe. LE POPULISME IDENTITAIRE, SYMPTÔME D’UN VIDE DE SENS Les valeurs de la démocratie ouverte et libérale semblent aujourd’hui perdre du terrain dans le monde entier devant les nationalismes ethniques xénophobes et devant les idéologies religieuses. La « destruction créative » associée aux marchés globaux a transformé les habitants des régions les plus reculées de la planète en acteurs compétitifs qui cherchent le progrès et l’accomplissement personnel dans l’accumulation matérielle et à travers tous ses symboles, mais sans un sens de la communauté et d’un but moral commun. Le pari de la mondialisation forcée échoue tout particulièrement lorsque les sociétés ne disposent pas du temps suffisant pour s’adapter à l’innovation incessante et au changement. Lorsque leurs membres ne sont pas mus par des aspirations, alors
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L’ACTUALITÉ Au mois de juin, Emmanuel Macron, en visite au Vatican, déclarait : « Nous avons anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement, besoin de la religion. » Sur quoi repose une telle affirmation ? LA SCIENCE Selon Scott Atran, toute société fonctionne autour de rituels qui coordonnent les individus et leur confèrent un sentiment d’appartenance et d’unité. Ces rituels s’organisent autour de valeurs considérées comme sacrées, c’est-à-dire prédominantes sur tous les autres termes du contrat social, et résistantes aux changements à travers le temps. Mais le sacré peut prendre le nom de Dieu, de Nation, d’idéologies… Du fait qu’il relie les individus, il procède de la religion, au sens premier de relier, ou religere.
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L’AVENIR
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Les valeurs essentielles de l’Occident libéral ne sont plus tenues pour sacrées, la plupart de nos concitoyens n’étant pas prêts à d’importants sacrifices pour les défendre. Dans le vide qui en résulte s’engouffrent les nationalismes populistes et les extrémismes destructeurs, comme Daech. Il est urgent de resacraliser les principes qui fondent nos civilisations.
ÉCLAIRAGES S anté mentale
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Malades d’Alzheimer,
DÉBROUILLEZ-VOUS ! Par Stéphane Epelbaum, chercheur à l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.
Le gouvernement vient de dérembourser les seuls traitements quelque peu efficaces pour soulager les symptômes des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Une décision incompréhensible pour les médecins, les patients et leurs familles.
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onnaissez-vous les médicaments Aricept, Ebixa, Exelon ou Reminyl ? Peutêtre pas, sauf si l’un de vos proches est atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce qui est assez probable étant donné que 1 million de Français sont aujourd’hui concernés par la plus fréquente des pathologies neurodégénératives, mais dont on ignore encore la cause. Aucun traitement curatif n’existe à ce jour, mais ces quatre médicaments sur le marché depuis une vingtaine d’années, régulièrement prescrits, ralentissent le déclin des fonctions cérébrales et permettent aux patients de vivre un peu mieux un peu plus longtemps. Pourtant, le gouvernement a décidé de les dérembourser depuis le 1er août 2018. Est-ce une bonne idée ? Bien sûr que non, et la plupart des personnes concernées de près ou de loin par cette pathologie n’ont pas compris cette mesure ! Car la maladie
EN BREF ££La maladie d’Alzheimer est la plus fréquente des neurodégénérescences. Elle concerne de plus en plus de personnes. ££Aucun traitement curatif n’existe, mais 4 médicaments ralentissent le déclin cognitif des patients. ££Alors pourquoi le gouvernement vient-il de les dérembourser ? La recherche avance et il ne faut pas baisser les bras !
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d’Alzheimer est un problème de santé publique majeur, qui ne va pas s’arranger de cette manière… Plusieurs raisons font de cette dégénérescence, qui conduit à la démence, c’est-à-dire à l’incapacité de s’occuper de soi-même à cause d’un déclin cognitif, une urgence sanitaire. D’abord, parce que le grand âge en est le princip al facteur de risque et que l’on vit en moyenne de plus en plus vieux. Le nombre de patients atteints de la maladie devrait donc doubler d’ici à 2050 si l’on ne découvre pas d’ici-là un traitement efficace, au moins pour retarder son apparition. Ensuite, c’est une pathologie grave sur le plan personnel, mais aussi pour l’entourage familial et professionnel, notamment des plus jeunes patients, puisqu’elle aboutit en quelques années à une totale perte d’autonomie. Du fait de l’altération prédominante de la mémoire, certains
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proches de patients ont même l’impression que ces derniers perdent leur identité. Il faut donc considérer que si 1 million de personnes souffrent d’Alzheimer, c’est 3 millions de Français qui sont concernés en incluant les aidants. Or ce soutien apporté aux malades est parfois si lourd que la surmortalité guette ces aidants, épuisés par cette tâche et ne prenant plus soin d’eux-mêmes.
Les médicaments actuellement disponibles pour ralentir l’évolution de la maladie d’Alzheimer viennent d’être « déremboursés ». Pourtant, même s’ils ne guérissent pas les patients, ils sont efficaces contre les symptômes.
UN CHOIX POLITIQUE INCOMPRÉHENSIBLE Alors pourquoi le gouvernement vient-il de prononcer le déremboursement des quatre seuls traitements un peu efficaces pour enrayer durant quelques mois l’avancée des symptômes de la pathologie ? Les raisons restent très obscures aux communautés scientifique et médicale. En effet, ces médicaments ont prouvé leur efficacité dans diverses études aussi bien effectuées par
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ÉCLAIRAGES N eurobiologie
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Testostérone. sous le T-shirt. à 300 millions. Par Sébastien Bohler, rédacteur en chef de Cerveau & Psycho. Docteur en neurosciences, auteur du blog « L’actu sur le divan ».
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’information est tombée peu avant le début du tournoi de tennis de Wimbledon : le tennisman Roger Federer vient de signer un contrat avec la marque de vêtements Uniqlo, pour un montant de 300 millions de dollars. Sachant que le maestro ne jouera probablement pas plus de trois ou quatre ans avant de prendre sa retraite, l’investissement peut sembler de pure perte. Pourquoi les marques brassent-elles autant d’argent ? Évidemment l’enseigne vestimentaire japonaise espère des retombées pharaoniques de ce contrat, et de façon générale toutes les marques tablent sur des héros « bankables » pour multiplier leurs dividendes. En plein mondial de football, les
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L’équipementier japonais Uniqlo vient de verser 300 millions de dollars à Roger Federer pour qu’il porte ses tenues. Au même moment, des scientifiques ont découvert le ressort de notre attirance pour les marques : c’est la testostérone.
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Plus cher que l’or. Quelques centimètres carrés de toile rouge se monnayent près d’un tiers de milliard d’euros. Le logo est l’exemple d’une convention sociale qui acquiert sa valeur parce qu’elle est désirée par des millions de personnes. Derrière ce désir : une molécule, la testostérone.
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VIE QUOTIDIENNE P sychologie sociale
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Vous avez dit : débat constructif ? Par Matthew Fisher, Joshua Knobe, Brent Strickland et Frank C. Keil.
L’envie d’avoir raison empoisonne presque systématiquement les débats. Pourtant, lorsqu’on se fixe pour objectif d’apprendre, et non de dominer, tout se met à changer. Même notre regard sur ce que nous pensons être la vérité devient plus nuancé.
ors de la campagne pour les élections présidentielles de 2016 aux États-Unis, au cours du dernier débat entre les candidats Donald Trump et Hillary Clinton, une question concernant le président russe Vladimir Poutine fut posée. « Il n’a pas de respect pour elle », déclara Donald Trump, en montrant du doigt Hillary Clinton. « Poutine, d’après tout ce que je vois, n’a pas de respect pour cette personne. » Les deux candidats essayèrent ensuite d’aller vers une compréhension plus nuancée des difficiles questions politiques en jeu. Hillary Clinton lança : « Suggérez-vous que l’approche agressive que je propose échouerait à dissuader l’expansionnisme russe ? »
££Lors des débats, nous cherchons le plus souvent à prendre l’ascendant sur nos adversaires. À plus forte raison si nous croyons à l’existence d’une vérité unique. ££Pourtant, lorsque les protagonistes se donnent pour objectif d’apprendre et non de dominer, leur conception devient moins figée et s’ouvre à un certain relativisme. ££Faut-il renoncer à croire en une vérité objective ? Non, mais encore faut-il admettre que nous ne la détenons pas d’emblée et que le débat peut servir à l’approcher.
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© Philippe Huguen / AFP
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EN BREF
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Sommet de débat de « catch » : l’affrontement entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne des législatives de juin 2012. La présidente du Front National avait exhibé un faux tract attribué à son opposant, où celui-ci aurait fait l’éloge de l’immigration.
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VIE QUOTIDIENNE La question du mois
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NEUROBIOLOGIE
TÉLÉPHONE PORTABLE
Des ondes dangereuses pour le cerveau ?
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LA RÉPONSE DE
CHRISTOPH BÖHMERT
Psychologue à l’institut technologique de Karlsruhe, en Allemagne.
ans le monde, plus de personnes ont aujourd’hui accès à un téléphone portable qu’à des toilettes. Et une bonne partie de ces personnes passent plusieurs heures par jour à tenir leur téléphone contre leur oreille. Pas très rassurant, dès lors, de penser que les rayonnements émis par ces appareils pourraient provoquer des tumeurs ! De telles peurs sont tenaces et parfois même alimentées, épisodiquement, par des études scientifiques. Mais la plupart de ces études sont entachées de graves défauts méthodologiques qui ne permettent pas de les prendre au sérieux. La téléphonie mobile repose sur l’utilisation d’ondes électromagnétiques
à haute fréquence qui se propagent très rapidement. Ce type de rayonnement non ionisant ne renferme pas assez d’énergie, à la différence de la radio activité, pour arracher des électrons de leurs molécules et endommager le patrimoine génétique. Quels risques pour la santé peuvent alors être envisagés ? Lorsque nous téléphonons, notre tête absorbe une partie de l’énergie radiative, ce qui produit un échauffement des tissus. Cet échauffement se limite toutefois à la peau et ne s’étend pas aux structures plus profondes comme le cerveau. Et, à ce jour, les scientifiques, en dépit de recherches intensives, n’ont pu mettre au jour
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aucun mécanisme par lequel cet effet thermique de surface se traduirait par un effet sur notre corps. Aussi bien du côté de l’Organisation mondiale de la santé que du ministère des Solidarités et de la Santé, l’avis rendu est clair : les valeurs maximales d’exposition établies internationalement sont suffisantes pour prémunir d’un quelconque danger pour la santé. Toutefois, l’organisation internationale de recherche contre le cancer de l’OMS, l’Iarc, qualifie le rayonnement des téléphones portables de « potentiellement cancérogène ». Il pourrait favoriser l’apparition de gliomes, la forme la plus courante de tumeur cérébrale.
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Bibliographie
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R. Baan et al., Carcinogenicity of radiofrequency electromagnetic fields, Lancet Oncology, vol. 12, pp. 624-626, 2011.
Sur quoi repose cet av is ? Principalement, sur une étude réalisée dans plusieurs pays et appelée Étude Interphone. Cette étude n’a pas mis en évidence de lien général entre l’utilisation du téléphone portable et les gliomes. Elle a observé une légère augmentation du taux de cancer spécialement chez des personnes ayant passé au moins une demi-heure au téléphone chaque jour pendant dix ans, mais elle révèle aussi une légère baisse chez celles ayant téléphoné entre 15 et 30 minutes quotidiennement… Un résultat peu conclusif, donc, qui pourrait fort bien être le fait du hasard. En outre, aucune relation entre la dose d’utilisation et les effets potentiels n’est apparue au cours de cette étude. Autre motif de scepticisme : si l’utilisation du téléphone portable était réellement responsable de la formation de
Les études sur les effets du rayonnement des téléphones portables sont pour la plupart entachées d’erreurs méthodologiques. N° 103 - Octobre 2018
tumeurs cérébrales, ces dernières auraient dû voir leur fréquence augmenter ces dernières années, ce qui n’est pas le cas. Les chercheurs ont également examiné si les ondes des portables pouvaient avoir un impact sur la qualité du sommeil, les capacités de concentration ou la mémoire. Là encore, aucun effet très net ne s’est dégagé. Dans certaines études, les sujets testés parvenaient moins bien à se concentrer en présence de ces ondes, dans d’autres ils y arrivaient mieux ! Pourquoi avons-nous du mal à envisager l’existence d’éventuels effets positifs des ondes de téléphonie mobile ? Cela pourrait bien tenir à une particularité de ces ondes elles-mêmes. Nous ne pouvons pas les percevoir avec nos sens habituels, et pourtant nos appareils reçoivent pléthore de messages, d’appels et de données en permanence. Cette contradiction engendrerait une méfiance de base, du même type que celle que nous déployons face aux organismes génétiquement modifiés ou les nanomatériaux – même si, dans ce dernier cas, le danger réel n’est pas forcément absent. On peut certainement avoir une foule d’ennuis avec un téléphone portable – un accident de la circulation, une baisse des résultats scolaires parce qu’on passe trop de temps à écrire des SMS – mais pour l’instant, rien ne permet de dire que les ondes en ellesmêmes sont nocives. £
VIE QUOTIDIENNE L es clés du comportement
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NICOLAS GUÉGUEN Directeur du Laboratoire d’ergonomie des systèmes, traitement de l’information et comportement (Lestic) à Vannes.
Le syndrome du
champion du monde Après la victoire de la France en finale de la Coupe du monde, des hordes de supporteurs en liesse ont envahi les rues du pays. Comment le football nous procure-t-il de telles émotions ?
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e 15 juillet 2018, la France devient championne du monde de football pour la seconde fois. Près de 20 millions de téléspectateurs ont suivi l’événement dans le pays, et près de 1 milliard dans le monde. Aussitôt, c’est la liesse populaire : des cohortes de supporteurs hurlent leur joie, une foule immense déferle sur l’avenue des Champs-Élysées, les drapeaux et les maillots de l’équipe de France fleurissent partout… Les années de Coupe du monde sont coutumières de ces scènes : les deux dernières éditions,
EN BREF ££Les psychologues ont constaté que nous nous identifions à une équipe de foot lorsqu’elle gagne, et bien moins lorsqu’elle perd. ££Notre but serait de rehausser notre estime de soi « par procuration ». Pour cela, nous aimons porter le maillot du vainqueur, mais pas celui du vaincu… ££Heureusement, nous pouvons aussi apprécier un autre pays que le nôtre, lorsqu’il devient champion du monde.
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en 2010 et 2014, ont aussi vu des foules en délire envahir les rues du pays vainqueur – respectivement l’Espagne et l’Allemagne. Une telle extase ne pouvait qu’attirer l’attention des chercheurs en psychologie, intrigués depuis longtemps par l’incroyable pouvoir du football sur notre psychisme. À quel point la victoire d’une équipe transforme-t-elle ses supporteurs ? Cette influence dure-t-elle ? Change-t-elle plus largement l’image du pays ? QU’IMPORTE LE SPECTACLE, SEULE LA VICTOIRE COMPTE La première conséquence d’une victoire, et la plus évidente, est qu’elle donne du plaisir aux supporteurs. En témoignent les manifestations de joie parfois paroxystiques dont nous avons été témoins, voire acteurs. Et n’en déplaise au
© Charlotte-Martin/www.c-est-a-dire.fr
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LIVRES
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p. 92 Sélection de livres p. 94 La Fontaine, pourquoi la Cigale est prise au dépourvu
SÉLECTION
A N A LY S E Par Dalila Bovet
MÉDECINE La douleur n’est pas une fatalité ! d’ Odile Robert Quæ
PSYCHOLOGIE ANIMALE Qu’est-ce qui fait sourire les animaux ? de C arl Safina La librairie Vuibert
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ans cet ouvrage, Carl Safina mène l’enquête pour sonder les émotions et les capacités cognitives des animaux. Sur plus de 500 pages, ce spécialiste de la vie marine et vulgarisateur expérimenté nous offre une description détaillée et passionnante des éléphants, des loups et des orques, et, de façon plus éparse, de nombreuses autres espèces. Pour se documenter, il est allé les observer sur le terrain et a rencontré plusieurs spécialistes, qui les ont étudiées pendant des dizaines d’années. Le résultat est un récit au style vivant et facile à lire, où l’auteur, assumant sa subjectivité, mêle études scientifiques et anecdotes tirées de sa vie personnelle ou racontées par ces experts. Carl Safina présente ainsi un vaste panorama des capacités animales, abordant des notions très diverses : sens esthétique, utilisation d’outils, théorie de l’esprit, conscience de soi, effets de la domestication… Il nous décrit la façon dont chaque individu a sa personnalité (« J’ai constaté […] qu’Eliot était le boute-en-train, Eudora l’excentrique, qu’Edwina était impopulaire », raconte Cynthia Moss à propos d’un troupeau d’éléphants, qu’elle a passé 40 ans à étudier). L’auteur nous parle aussi longuement des capacités d’empathie, d’entraide et de coopération. Au passage, il réhabilite quelques animaux souvent dévalorisés, comme certains reptiles et poissons, dotés de personnalités distinctes, d’intelligence et de sensibilité. Il montre enfin à quel point chacune des trois espèces phares de son ouvrage, bien que protégée en théorie, est menacée à court terme par les activités humaines. On peut reprocher à l’auteur quelques approximations dans les descriptions des expériences et une vision un peu trop critique des chercheurs : à le lire, on a parfois l’impression qu’ils en sont restés au modèle behavioriste, qui se limite à décrire le comportement des animaux, alors que la plupart d’entre eux acceptent aujourd’hui de prendre en compte leurs états mentaux. Son ouvrage n’en représente pas moins une somme de connaissances considérable, remarquablement documentée et qui mérite largement d’être lue. Dalila Bovet est maîtresse de conférences au Laboratoire d’éthologie et cognition comparées de l’université Paris-Ouest.
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ÉPISTÉMOLOGIE Savoir, penser, rêver de C ollectif Flammarion
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ans cet ouvrage collectif et pluridisciplinaire, vous trouverez notamment les témoignages du neurologue Lionel Naccache, de la primatologue Jane Goodall et de la psychologue Nicola Clayton. Mais au-delà des contributeurs issus des sciences cognitives, il intéresse par sa façon d’explorer des questions clés pour tout scientifique : comment trouver de nouvelles idées ? Jusqu’où se fier à son intuition ? Comment interpréter ce qu’on observe ? Quand une hypothèse se révèle compliquée à confirmer, faut-il persister ou l’abandonner ? Une belle leçon de science, par certains de ses plus éminents représentants.
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u moment de l’invention de l’anesthésie, vers le milieu du xixe siècle, la volonté d’abolir la douleur est vue comme un « défi lancé à Dieu lui-même », selon l’historien Antoine de Baecque. Heureusement, nous n’en sommes plus là. De nombreux chercheurs et médecins se mobilisent pour combattre les douleurs chroniques, qui toucheraient 22 % de la population mondiale, selon l’OMS. Un combat retracé dans ce livre, dont Bernard Calvino, grand spécialiste du sujet, est le conseiller scientifique. L’auteure y présente un panorama des connaissances sur la douleur aussi complet qu’accessible, avec un souci constant d’être au plus près des souffrances vécues par les patients.
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COUP DE CŒUR Par Pascale Colé
PSYCHOLOGIE Psychologie des enfants très doués d’Arielle Adda Odile Jacob
PATHOLOGIE Mon programme anti-dépression de Mademoiselle Caroline et Christophe André L’iconoclaste
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’il est si difficile de guérir d’une dépression, c’est notamment parce qu’elle enferme dans une spirale d’émotions, de pensées et de comportements négatifs. Ce livre vous aidera à casser cette spirale. Il combine le témoignage de l’illustratrice Mademoiselle Caroline, qui a elle-même vécu cette expérience, avec des exercices issus des thérapies cognitivocomportementales et des pratiques méditatives. En parallèle, le psychiatre Christophe André dissèque avec une grande finesse le fonctionnement mental des dépressifs et donne point par point des conseils pour remonter la pente.
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a psychologue Arielle Adda a passé plus de trente ans à écouter de jeunes surdoués. Et cela se sent, tant elle en parle avec précision et tendresse. Dans cet ouvrage, elle aborde leur personnalité et leurs forces, mais aussi leurs vulnérabilités. Toujours avec le double souci de les comprendre et de les aider. Nombre de questions pratiques sont ainsi traitées. Par exemple, faut-il communiquer les résultats des tests de QI aux proches, à l’école, à l’enfant lui-même ? Et comment s’y prendre ? De petits encadrés de conseils jalonnent aussi l’ouvrage, qui permettra aux parents et aux éducateurs d’accompagner au mieux ces enfants parfois déroutants…
ENSEIGNEMENT L ’École du cerveau d’Olivier Houdé Mardaga
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e ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a souvent affiché sa volonté d’utiliser les connaissances issues des sciences cognitives pour adapter l’enseignement à l’école. Mais que peuvent réellement apporter ces connaissances aux pratiques pédagogiques ? Depuis quelques mois, les parents assistent, désemparés ou incrédules, à un débat virulent sur ce sujet. Olivier Houdé, chroniqueur dans les colonnes de Cerveau&Psycho, propose d’apaiser ce débat. Instituteur de formation et aujourd’hui directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant, à la Sorbonne, il montre dans cet ouvrage que certaines pratiques actuelles, largement acceptées par le monde enseignant, sont tout à fait compatibles avec les résultats scientifiques, qui non seulement les confirment, mais permettent aussi de proposer des développements nouveaux. Les études récentes ont par exemple précisé pourquoi un engagement actif des élèves favorise l’apprentissage. Ainsi, la neuropédagogie, ou neuroéducation, s’inscrit dans la filiation des fondateurs de l’éducation nouvelle, comme Maria Montessori. Mais elle bénéficie en plus des nouvelles connaissances sur la façon dont le cerveau apprend, régule l’attention ou inhibe les automatismes mentaux néfastes. Olivier Houdé décline les applications de ces connaissances pour les apprentissages scolaires fondamentaux : la lecture, l’écriture, le calcul et le raisonnement. Il plaide aussi pour l’éducation artistique et culturelle, trop souvent réduite à des portions congrues. Enfin, il traite avec une grande précision de l’introduction du numérique dans les classes et de l’utilisation des écrans en général. Outre des propositions concrètes pour adapter l’enseignement, il évoque avec une rigueur bienvenue des expériences trop souvent mal interprétées, comme celle dite « du Marshmallow » (qui a montré qu’en moyenne, de jeunes enfants capables de résister à la tentation de manger un marshmallow réussissent ensuite mieux dans la vie). Il livre ainsi un ouvrage très accessible, qui constituera un outil précieux pour les parents et les enseignants, mais également pour les chercheurs et les étudiants concernés par les questions éducatives. Pascale Colé est professeure de psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille.
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LIVRES N eurosciences et littérature
SEBASTIAN DIEGUEZ Chercheur en neurosciences au Laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’université de Fribourg, en Suisse.
La Fontaine
Pourquoi la Cigale est prise au dépourvu
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Dans sa célèbre fable, La Fontaine se refuse à condamner explicitement la Cigale pour avoir manqué de prévoyance. De fait, les recherches modernes la dédouanent en partie : et si son dénuement l’avait rendue incapable d’envisager l’avenir ?
n ciselant ses fables, La Fontaine entend joindre l’utile à l’agréable – « il faut instruire et plaire », écrit-il dans l’une d’elles. L’utile, avec les fameuses « moralités » qui conseillent sur les comportements à suivre, l’agréable grâce à la composition poétique de ces histoires, leur brièveté, et bien sûr les scènes pittoresques où apparaissent divers animaux. Depuis leur première publication en 1668, d’innombrables générations d’écoliers ont pu juger si elles procurent plaisir et sagesse, ou si elles constituent surtout une corvée fastidieuse et désuète de mémorisation. Mais le pire serait sans doute de croire que l’on connaît La Fontaine au point de pouvoir se passer de le lire. Une erreur souvent commise avec la toute première fable de son recueil, dont le caractère subversif et polémique ne s’est jamais démenti. Il s’agit de La Cigale et la Fourmi.
EN BREF ££La fable La Cigale et la Fourmi est souvent vue comme une apologie de la prévoyance et une condamnation de la paresse. ££En réalité, la morale est plus ambiguë, La Fontaine ne condamnant pas explicitement la Cigale. ££De fait, l’incapacité d’envisager l’avenir n’est pas forcément due à un manque de volonté : les recherches modernes montrent que c’est la pauvreté elle-même qui altère les prises de décision à long terme.
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Chacun croit comprendre cette histoire, où se mêleraient une mise en garde contre l’oisiveté et un éloge de l’épargne laborieuse. Or est-ce vraiment cela qu’il faut en retenir ? Très vite, la fable a frappé par son apparente cruauté. Les pauvres seraient pauvres par leur faute, car paresseux et se reposant trop sur l’assistance de Fourmis dures à la tâche. En somme, ils mériteraient leur sort… Insupportable pour les lecteurs humanistes et chrétiens de l’époque, qui eurent tôt fait d’inverser la lecture : âpre au gain, égoïste, railleuse, cynique et cruelle, la Fourmi donne un très mauvais exemple en condamnant à mort la Cigale, qui, après tout, est aussi « sa voisine » et ne demande qu’un misérable grain. C’était la conviction de Rousseau dans L’Émile, qui s’alarmait que la lecture de la fable fasse d’un jeune lecteur « le plus odieux de tous les monstres », puisqu’il prendrait spontanément le parti de la Fourmi, « le beau rôle », et deviendrait
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À retrouver dans ce numéro
p. 10
21 MILLIONS
de photos ont été nécessaires pour établir la première carte complète, neurone par neurone, du cerveau de la fameuse drosophile, la mouche à vinaigre, dont on compte maintenant décortiquer le moindre des comportements. p. 78
OBJECTIVISME
Il existe deux types de débatteurs : les relativistes, qui pensent que la vérité s’atteint par le débat contradictoire, en apprenant des arguments de l’adversaire, et les objectivistes, qui pensent qu’elle existe de manière objective, et qu’il s’agit alors de marquer des points contre ses opposants. p. 88
p. 46
COHÉRENCE CARDIAQUE
Inspirer pendant 5 secondes, puis expirer pendant 5 secondes, et recommencer plusieurs fois, sur une durée totale de 5 minutes. Cet exercice semble stabiliser les battements cardiaques. Le pratiquer trois fois par jour, chaque jour de l’année, constituerait le point de départ d’une bonne hygiène respiratoire.
OPPORTUNISME DE GROUPE
Quand l’équipe de France gagne, nous disons deux fois plus souvent « nous » à propos des joueurs, que lorsqu’elle perd. Dans ce cas, il faut dire qu’ils sont tellement mauvais.
p. 68
400
Le nombre d’études infructueuses pour trouver un traitement curatif de la maladie d’Alzheimer. Mais les traitements existants ont l’intérêt de ralentir l’évolution des symptômes.
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NEURONE GÉANT
Avec 1 mm de largeur, le neurone géant du calmar est 10 millions de fois plus épais qu’un neurone humain. Et bien plus aisé à manipuler en l’absence d’outils de haute précision. Ce qui était le cas d’Alan Hodgkin et Andrew Huxley dans les années 1930, quand ils découvrirent la conduction électrique dans les neurones.
PUB DE MACAQUE
Des singes macaques voyant un logo apparaître à côté du visage d’un mâle dominant de leur troupe se mettent illico presto à désirer ce logo. Les humains, eux, font des publicités où des célébrités posent à côté de marques pour des vêtements, des montres ou des voitures.
p. 72
PRÉTENTIEUX
Nous serions 60 % à nous croire meilleurs conducteurs que les autres sur la route. Mais aussi meilleurs sélectionneurs que Didier Deschamps… Enfin, jusqu’à récemment.
Imprimé en France – Roto Aisne (02) – Dépôt légal octobre 2018 – N° d’édition M0760103-01 – Commission paritaire : 0723 K 83412 – Distribution Presstalis – ISSN 1639-6936 – N° d’imprimeur 18/08/0006 – Directeur de la publication et gérant : Frédéric Mériot
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Cerveau & Psycho
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N° 91 Septembre 2017
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N° 98 (avr. 18) réf. CP098
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Novembre 2017
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L’incroyable pouvoir du cerveau physionomiste
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N° 96 (févr. 18) réf. CP096
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