Prisme Magazine - Numéro 8

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PRISME NUMÉRO 8, 24 AVRIL 2014

Comprendre le SMIC intermédiaire

Corée du Sud : les médias sous le feu des critiques

PRÉSIDENTIELLES 2016

QUI APRÈS BARACK OBAMA ? L’INTERVIEW. Mykola Cuzin, président de l’association Ukraine 33 revient sur les accords de Genève.


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ÉDITO « UN EX-OTAGE JE DEVIENS»

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ILLOU LENA A

nfin. La date clé est celle du dimanche 20 avril 2014. Les quatre journalistes français retenus en otage pendant dix mois en Syrie sont libres. Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès n’y croyaient plus. Après des mois de captivité, des journées sans soleil, dans le noir, des longues soirées où enchaînés les uns aux autres, ils n’osaient pas imaginer ce qui se passerait demain, les voilà libres, de retour sur le territoire français. Une seule hâte : retrouver leurs familles, rassurer leurs proches, essayer de rattraper le temps perdu. Et pourtant. Leurs premiers pas en tant qu’hommes libres, à nouveau, se hisseront devant les flashs des photographes, les caméras du monde entier, aux micros de nombreuses radios en quête de témoignages. Enfin indépendants pour respirer sereinement après une longue période de chaos. Mais en réalité, les ex-otages auront juste le temps de reprendre leur souffle avant d’être rapidement étouffés par les médias. Quant aux retrouvailles intimes avec leurs proches, il ne faudra pas y compter. Cela peut attendre, non ? La première personne qu’ils retrouveront officiellement sera le président de la République, François Hollande. Drôle de retour au calme lorsque prisonnier, on passe du statut « d’ex-otage » à celui de petite fierté des politiques français, heureux de les accueillir et d’afficher une France capable de surmonter les épreuves. La question s’impose désormais : est-ce que ces quatre hommes, de nouveau libres après une longue période d’attente incertaine le sont-ils vraiment ? La délivrance est une victoire, un soulagement intense. Et après ? Surmédiatisé, ils devront témoigner, porter sur leurs épaules déjà usées le statut d’ex-otage. Dès demain, ils devront, en omettant leur besoin de regagner un peu de tranquillité, vaincre un deuxième traumatisme : celui de l’opinion publique. Dans une prise d’otage, il y a les personnages qui reviennent, les braves qui y perdent la vie – Ghislaine Dupont et Claude Verlon ne reviendront jamais - mais il y a surtout les héros qui s’en tirent, doivent se reconstruire, réapprendre à vivre en surmontant une nouvelle pression, celle des médias.

MENTIONS LÉGALES PRISME, 47 RUE SERGENT MICHEL BERTHET CP606 LYON CEDEX 09 SITES WEB : @PRISMEMAGAZINE HTTP://WWW.FACEBOOK.COM/PRISMEMAGAZINE HTTP://WWW.PRISMEMAGAZINE.WORDPRESS.COM RÉDACTEUR-EN-CHEF : LÉNA AILLOUD SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : KÉVIN CHARNAY MAQUETTISTES : LÉNA AILLOUD JOURNALISTES : LÉA CARDINAL, ELISA BOUVET, IRCHADE KARI, LÉNA AILLOUD, ROMARIC HADDOU, GAUTIER STANGRET, ALEXANDRE FESTAZ, , KÉVIN CHARNAY, ANTOINE DE LONGEVIALLE, LORENZO CALLIGAROT


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SOMMAIRE

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Le traité transatlantique décrypté La souffrance continue des Egyptiennes

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L’efficacité du Smic remise en question

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Présidentielles 2016. Qui succèdera à Obama ?

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Interview. Ukraine : une situation préoccupante malgré les accords de Genève

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Médias. Naufrage du ferry en Corée du sud : les médias pointés du doigt Ces reporters de guerre à la française

LA SEMAINE PRISME 10 9 La communication façon Bachar Al Assad


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FRANCE LE SALAIRE MINIMUM NE FAIT PLUS L’UNANIMITÉ SI LA SUISSE AVAIT UN SMIC, IL SERAIT DE 3240 EUROS

LE SMIC, LA FIN D’UN MYTHE ?

Pierre Gattaz, le président du Medef, s’est déclaré favorable à l’instauration d’un Smic intermédiaire. En fait, une nouvelle rémunération en-dessous du salaire minimal, actuellement fixé à 1445 euros bruts par mois en France. Une mesure qui, selon lui, faciliterait l’arrivée des jeunes sur le marché du travail, et réduirait le nombre de chômeurs. Après tout, ne vaut-il pas mieux être moins bien payé qu’être sans emploi ? Etre moins payé pour être plus compétitif devant l’employeur. C’est ce que souhaite Pierre Gattaz, lorsqu’il a proposé de briser le tabou du Smic, en proposant une nouvelle tranche dans le revenu minimal, spécialement pour les jeunes : le Smic interémédiaire. Une mesure qui pourrait flexibiliser notre marché du travail, mais risquerait de précariser encore plus la situation des jeunes travailleurs. Donner du pouvoir d’achat Le Smic a été créé en 1970. Il remplace le Smig, qui garantissait un salaire minimum par salarié, fixé par décret en Conseil des ministres. C’était le fameux panier de la ménagère, calculé selon les besoins types d’un célibataire vivant en région parisienne. Mais la création du Smic par Jacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre, vient bouleverser tout le système. Car le nouveau Smic n’a pas seulement vocation à garantir un minimum vital, mais à donner du pouvoir d’achat susceptible de booster la consommation. Réévalué chaque année en fonction de l’inflation, il prend également en compte la hausse du salaire moyen. S’il n’a pas cru à la même vitesse durant toutes ces années, il a permis à de

nombreux salariés de conserver leur pouvoir d’achat. Néanmoins, le salaire minimum attise de plus en plus les critiques, et pas seulement celles de Pierre Gattaz. Car le Smic horaire français s’élève à 9,53 euros brut de l’heure, soit la deuxième place au classement mondial, juste derrière le Luxembourg. Tantôt adulé, tantôt fustigé, de nombreuses études montrent que le Smic tirerait les salaires vers le bas, et que chacune de ses revalorisations provoquerait des dizaines de milliers de suppressions d’emplois. Son niveau élevé serait aussi un frein à l’embauche, et empêcherait de nombreux chômeurs de trouver du travail. Si le Smic fait définitivement partie du paysage français, certains pays en Europe n’ont pas d’équivalent. D’autres l’ont adopté, mais la philosophie du système n’est pas toujours la même. Petit tour d’horizon. L’Europe du smic Aujourd’hui, 21 des 28 Etats membres de l’Union européenne ont instauré un salaire minimum. Nos voisins hispaniques le connaissent sous l’appellation SMI, qui signifie salaire minimum interprofessionnel. Il s’élève en 2014 à 752,85 euros par mois, soit presque deux fois moins qu’en France. Là-bas, il

est plus considéré comme un indicateur économique qu’un mode de rémunération. Pour preuve, moins de 1% des salariés espagnols touchaient le SMI en 2011, contre 13% en France, d’après le ministère du Travail. Le Royaume-Uni s’est lui aussi doté d’un Smic, mais plus récemment, car c’est le Premier ministre travailliste, Tony Blair, qui l’a instauré en 1999. D’un montant de 1216 euros par mois, il sera revalorisé de 11% à l’horizon 2015-2016. En Belgique et en Irlande, le système est quelque peu différent, car dans ces deux pays, le salaire minimum évolue en fonction de l’âge et de l’expérience du salarié. Ainsi un travailleur belge touche 1347 euros s’il a 21 ans, mais 1440 euros s’il a plus de 22 ans. Les pays qui n’ont pas de salaire minimum ne sont pas en reste pour autant. Le plus souvent, des conventions collectives régissent les salaires, comme c’est le cas en Italie et en Autriche. En Suède, en Finlande et au Danemark, l’Etat laisse le soin à chaque branche professionnelle de définir un salaire minimal. Si bien qu’au final, il est souvent plus élevé que la moyenne européenne. Antoine DE LONGEVIALLE

Le smic mensuel brut en Europe, au 1er janvier 2014 : -Luxembourg : 1921 euros -Grèce : 683 euros -Hongrie : 344 euros - Pays-Bas : 1485 euros -Pologne : 387 euros -Roumanie : 190 euros

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Pierre Gattaz a proposé mardi 15 avril la création d’un Smic intermédiaire.

Cela pourrait bientôt devenir une réalité. Nos voisins helvètes, habitués des référendums d’initiatives populaires, voteront le 18 mai prochain sur l’instauration d’un Smic. La gauche et les syndicats, à l’origine de l’initiative, proposent de créer un revenu minimal de 3240 euros par mois, un montant qui ne concernerait que 9% des suisses. La droite et le patronat ont manifesté leur opposition au projet. Il faut dire que dans la confédération, le salaire médian atteint 4845 euros ! Autant dire que peu de monde doit se sentir concerné.

ANGELA DIT OUI AU SMIC Début avril, le Conseil des ministres allemand a adopté une loi instaurant un salaire minimum. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2015, mais une période de transition est prévue pour certains secteurs, qui sont encore sous le coup d’un accord de branche. Ils devront néanmoins l’appliquer au plus tard en 2017. Son montant s’élèvera à 8,50 euros bruts par heure, et devrait concerner plus de 4 millions de salariés. Selon un sondage récent, 56% des Allemands pensent que cette mesure va renforcer l’économie du pays.

COPÉ FAVORABLE AU SMIC JEUNE DE PIERRE GATTAZ Le président de l’UMP a déclaré, jeudi, qu’une telle mesure aurait du sens dans « une approche globale » : « Je pense que s’il s’agit de dire on va écraser la rémunération des jeunes parce qu’ils sont jeunes et on va les sous-payer, ça n’a pas de sens », a-t-il déclaré sur France 2. En revanche, l’homme se déclare favorable à cette réforme si elle reste temporaire, et qu’elle sert de « marche pied » à un moment de la vie.


INTERNATIONAL LE TRAITÉ DEVRAIT RENTRER EN VIGUEUR EN 2015

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MAYDAY : LE TRAITÉ TRANSATLANTIQUE VA-T-IL ÊTRE RATIFIÉ ? Le traité TAFTA (Transatlantique Free Trade Area) ou TTIP (Transatlantique Trade and Investment Partnership) ne fait pas l’unanimité. Pourtant soutenu par les entreprises transnationales américaines et européennes, il est fortement décrié par les ONG qui le caractérisent de « sommet de la honte ».

Officiellement, l’essence de ce traité est de renforcer les échanges économiques entre les Etats-Unis et l’Europe. Il prévoit la suppression des droits de douane – la même que celle orchestrée lors du lancement du grand marché unique européen – l’harmonisation des normes réglementaires ou encore la mise en place d’une procédure de règlement de différends. Le marché visé, composé de 820 millions de consommateurs, représente le tiers des échanges commerciaux, soit la moitié du PIB mondial. L’impact économique qu’aurait ce traité sur l’Europe est toutefois à relativiser. Le Center of Economic Policy Research (CEPR), qui se base sur un document de la Commission, calcule une augmentation du PIB de 0,5 point, soit environ 120 milliards d’euros par an. Une hausse qui avantagerait essentiellement le secteur de l’automobile (+40% d’exportations), la métallurgie (+12%), l’agroalimentaire et la chimie (+9%). En revanche l’économiste et professeur à Bruges, Clives George, précise bien au site Rue89 que « le gain attendu n’est pas immédiat : dans le scénario du CEPR, on aboutit au surplus promis de 0,5 point au bout de dix ans seulement ». D’autres reproches sont faits au traité, notamment sur la fragilisation de la protection environnementale et du consommateur (exportations de produits OGM, du bœuf aux hormones), les pertes d’emploi (alors que l’ALENA, lancée en 1993, prévoyait la création de 20 millions d’emplois, celle-ci en aurait provoqué la perte de 900 000), le renforcement du pouvoir des transnationales (à l’instar du traité l’AMI) et le danger que ce traité représente pour les libertés publiques. Un contexte obscur, aux apparences de déjà-vu Mais ce qui déplaît le plus aux détracteurs du traité transatlantique, c’est le manque

de transparence. Si le mandat de négociation, qui dessine les grandes lignes directrices du traité, a été mis à disposition du public, ce n’est pas grâce aux pays membres, mais grâce à des fuites sur le site de BFM-TV. L’UE avance une volonté stratégique de ne pas dévoiler à l’autre parti, soit les USA, toutes les cartes de son jeu. Une réponse valable. Si l’on omet le fait que cela fait presque 20 ans que ce traité cherche à être ratifié. En effet, négocié entre 1995 et 1997, l’AMI (Accord Multilatéral sur l’Investissement) avait été abandonné parce qu’il accordait trop de pouvoirs aux multinationales. Lui aussi avait été discuté à l’ombre de

«Le Traité est comme Dracula : il meurt à être exposé en plein jour.» l’OCDE. Dans le même ordre d’idée, l’Accord commercial anti-contrefaçon (Acta) avait été ratifié par seulement huit des 40 nations concernées. Le Parlement européen l’avait rejeté en 2010. Il concernait, entre autre, les droits sur la propriété intellectuelle. Cette fois-ci, pas question de mettre le TTIP sous la lumière des projecteurs trop vite. Susan George, présidente d’honneur d’Attac, disait du traité de l’AMI qu’il « est comme Dracula : il meurt à être exposé en plein jour ». Une expression que l’on serait tenté de réutiliser aujourd’hui.

non sans surprise des syndicats et des ONG, comme Attac, mouvement altermondialiste, qui reprochent d’avantager les investisseurs à défaut des citoyens. Certains partis de gauche s’opposent aussi au traité transatlantique (le Parti communiste, le Parti de gauche ou encore EELV) ainsi que le Front national. Marine Le Pen lui a d’ailleurs déclaré « la guerre » lors d’une visite au salon de l’Agriculture, très vite accusée par Jean-Luc Mélenchon de « tartufferie ». Si l’on rajoute à cette liste certaines communautés locales – la région Paca et l’Ile-de-France, pour ne citer qu’elles – on obtient un profil assez fidèle de l’opposition. A l’inverse, les syndicats patronaux soutiennent ardemment le traité. Ils ont d’ailleurs mis en place un lobby, « Business alliance for TTIP », preuve de leur volonté à aider le gouvernement dans cette entreprise. François Hollande déclarait par la même occasion, le 11 février, vouloir accélérer le bouclage des négociations, les élections européennes en mai pouvant ralentir, voire interrompre, un traité censé entrer en vigueur en 2015. Un point sur lequel l’UMP et le Parti populaire européen (PPE), regroupant les députés de la droite européenne, sont en accord. Le PS, quant à lui, a du mal à trouver sa place sur cet échiquier. Il est partagé entre le gouvernement et une base plutôt hostile. Pour les confédérations syndicales AFL-CIO (aux Etats-Unis) et Etuc (en Europe), les négociations ne semblent pas les inquiéter. La CFDT, en revanche, reste muette sur le sujet.

Un traité vivement critiqué mais aussi largement soutenu Malgré une volonté d’harmoniser les normes en vigueur, le traité transatlantique semble plutôt unifier ses détracteurs. Sous l’étendard anti-TTIP se regroupent

Alexandre FESTAZ


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INTERNATIONAL

99 % DES ÉGYPTIENNES AGRESSÉES SEXUELLEMENT

LES ÉGYPTIENNES, NOUVELLES MARTYRES

Depuis la chute de l’ancien président Hosni Moubarak, les Égyptiennes peinent à se faire une place dans la société. Très souvent cibles de violences sexuelles, ces femmes souhaitent se faire entendre. La Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH) vient de rendre un rapport accablant sur les violences sexuelles que subissent les Égyptiennes. plainte, aucun agresseur n’a été poursuivi. Les politiques font l’impasse Alors que le pays se concentre sur les derniers rebondissements politiques, les violences faites aux femmes demeurent impunies. Ces violences passent à la trappe. Selon la FIDH, « il faudrait une volonté politique pour réformer le système de justice afin d’éliminer toutes ©RFI

L’Égypte, le pays arabe le plus dur pour une femme ? C’est ce qu’affirmait une étude de la Thomson Reuters Foundation sur les droits des femmes dans le monde arabe, l’année dernière. À en croire le rapport public rendu au Caire par la FIDH la semaine dernière, le bilan est toujours aussi désolant. Sous le régime du Conseil Suprême des Forces Armées, les manifestantes deviennent la cible des militaires, sujettes à des violences, y compris par des médecins certifiés, qui les menacent de viols. Sous le mandat de Mohamed Morsi en juin 2012, les femmes furent attaquées par des jeunes garçons et des hommes, lors des manifestations sur la place Tahrir. Entre novembre 2012 et juillet 2013, il y a eu plus de 250 cas de violences, dont des viols, faites aux Egyptiennes. Le rituel est souvent le même : des dizaines d’individus isolent une femme, lui arrachent ses vêtements pour se livrer ensuite à des attouchements, parfois plus, dans ce que beaucoup qualifient de « cercle de l’enfer ». Selon une étude de UN Women publiée en avril 2013, 99,3 % des Egyptiennes déclarent avoir été agressées sexuellement, tandis que 91 % ne se sentent pas en sécurité dans la rue. En février 2013, des organisations de défense de droits des femmes adressent une lettre au président Morsi et dénoncent « le ciblage des activistes féministes pour sanctionner leur participation à la vie publique et les exclure de la vie politique ». Les Égyptiennes cherchent avant tout une reconnaissance dans la société, dans la vie publique mais aussi politique. Si les plus courageuses d’entre elles ont bravé ce tabou et ont porté

les discriminations contre les femmes dans le droit et la pratique ». Si on souhaite améliorer la situation actuelle et la reconnaissance des femmes, une condamnation publique des violences doit être engagée par les leaders politiques, à chaque nouveau problème. Comment la situation des Égyptiennes peut-elle s’améliorer sans loi punissant les violences sexuelles ? De nombreuses agressions ont eu lieu lors des manifestations ayant marqué la révolte contre Hosni Moubarak il y a trois ans, mais aussi sous le règne

des militaires ayant assuré la transition du pouvoir. Dans le rapport de la FIDH, une victime témoigne : « plusieurs hommes m’ont violée avec leurs doigts en même temps. J’étais sur le sol et les hommes me tiraient les cheveux, les jambes et les bras en continuant de me violer». Le statut de la femme dans les pays musulmans Le statut des femmes doit désormais évoluer. Si les Egyptiennes sont en quête de reconnaissance, elles attendent des actes de la part des politiques. Malheureusement, il n’y a pas qu’en Égypte que le problème persiste. Lié aux conflits, les violences sexuelles sont très nombreuses en Centrafrique. La situation s’améliore, le gouvernement a mis en place une législation spécifique sur la protection des femmes contre la violence et a reconnu la violence sexuelle comme un crime. Au Pakistan, les jeunes filles se retrouvent entre les mains de ravisseurs qui les contraignent à se marier. Si elles se manifestent, elles subissent des violences sexuelles, du trafic humain à la prostitution. En Algérie, il reste beaucoup à faire pour garantir une totale protection aux femmes agressées sexuellement. Les Algériennes ne sont pas encore assez protégées, des réformes sont nécessaires. Même si le pays qualifie le viol de crime, aucune loi ne punit la violence envers les femmes. L’Égypte, comme de nombreux pays musulmans, a encore beaucoup à prouver concernant la place des femmes et leur rôle dans la société. Léa CARDINAL

TROIS FEMMES MILITAIRES INTERPELLENT LE MINISTRE DE LA DÉFENSE Trois femmes militaires victimes d’agressions sexuelles ont demandé à être reçues par JeanYves Le Drian. «Nous aimerions que l’institution prenne réellement ses responsabilités : nous entendons parler de transparence et nous voudrions croire que ce n’est pas une éphémère entreprise de communication», écriventt-elles dans un texte paru dans Le Monde hier. La Défense avait annoncé le 15 avril un plan d’action contre les violences sexuelles et le harcèlement dans les armées, tout en affirmant l’importance de poursuivre la féminisation des armées. LE MARÉCHAL SISSI QUASIMENT SEUL EN LICE POUR LA PRÉSIDENCE Les présidentielles en Egypte opposeront l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi au leader de gauche Hamdeen Sabbahi. Le scrutin ne se jouant qu’entre deux candidats, il n’y aura qu’un tour les 26 et 27 mai. Al-Sissi, personnalité la plus populaire du pays depuis qu’il a annoncé en juillet la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, est donné vainqueur. Pour déposer leur candidature, ils devaient chacun rassembler 25 000 signatures d’électeurs. Al-Sissi en a remis 200.000 à la commission électorale et Sabbahi seulement 30 000. DES ENREGISTREMENTS INAUDIBLES AU PROCÈS D’ALJAZEERA Le parquet égyptien a produit mardi des enregistrements inaudibles, présentés comme de nouvelles preuves dans le procès des journalistes d’Al-Jazeera. Le parquet cherchait à prouver que les journalistes manipulaient les images de leurs reportages en produisant des vidéos sans lien avec leur travail. Au total, 16 Egyptiens sont accusés d’appartenir à une «organisation terroriste» -les Frères musulmanset 4 étrangers de leur avoir fourni «argent, équipements et informations» pour «diffuser de fausses nouvelles» et faire croire à une «guerre civile». La prochaine audience a été fixée au 3 mai.


ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AMÉRICAINES DE 2016

INTERNATIONAL

QUAND LES ÉTATS-UNIS REGARDENT VERS L’AVENIR

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Cela fait près d’un an que Barack Obama a été réélu. De l’autre côté de l’Atlantique, tous les yeux sont rivés sur la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 8 novembre 2016 et sur celle ou celui, qui deviendra peut-être le 45ème Président des Etats-Unis.

Jeb Bush

Personne ne s’est officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle américaine de 2016 et pourtant les volontaires se bousculent au portillon de la Maison Blanche. Depuis la réélection d’Obama en novembre 2012, républicains et démocrates s’activent en coulisse pour trouver la personne qui sera, peut-être, à la tête de la première puissance mondiale. Et depuis quelques temps, plusieurs personnalités s’imposent comme les favoris. Bush et Clinton, le retour des dynasties politiques américaines En 1993, le républicain George H. W. Bush et le démocrate Bill Clinton s’affrontaient pour la présidence des Etats-Unis. S’en est suivi 32 ans où il y a eu un Bush ou un Clinton à la Maison Blanche et au gouvernement, et ça ne semble pas près de changer avec Jeb Bush et Hillary Clinton. L’un est l’ancien gouverneur de Floride et le petit-frère du 43ème Président des Etats-Unis George W. Bush ainsi que le fils du 41ème Président des Etats-Unis. Tandis que l’autre, est l’épouse du 42ème Président des Etats Unis, ancienne sénatrice de New York et Secrétaire d’Etat durant le premier mandat de Barack Obama. Alors qu’Hillary Clinton reçoit le soutien du plus riche comité politique de gauche aux Etats-Unis « Priorities USA Action », qui a confirmé en janvier qu'il lèverait des fonds pour soutenir une éventuelle candidature de la démocrate ; Jeb Bush participait fin mars à un dîner à Las Vegas organisé par la 8ème fortune mondiale, le milliardaire

Hilary Clinton

Sheldon Adelson. Il rassemblait 70 grands donateurs du Parti républicain ainsi que d’autres potentiels candidats à la primaire républicaine. Quand Hillary Clinton déclarait le 8 avril devant un parterre d’hommes d’affaire et potentiels donateurs pour sa campagne électorale qu’elle « pensait » à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle, Jeb Bush affirmait le 6 avril dans une interview pour la chaîne Fox qu’il prendra une décision à la fin de l’année. Mais leur pédigrée politique ne leur assure pas la victoire. Même si les sondages donnent Hillary Clinton en tête, son âge pourrait être un obstacle vu qu’au moment de l’élection. Elle aura 69 ans et sera beaucoup plus âgée que ses potentiels adversaires, dont Jeb Bush qui a 8 ans de moins. Autre obstacle de l’expremière dame : le bilan et l’impopularité du président démocrate Obama qui pourrait ternir sa candidature. Quant à Jeb Bush, son patronyme serait un frein dans sa campagne vu que son frère a été le Président le plus haï des Etats-Unis avec son intervention en Irak qui a fait scandale. Tout comme ses positions en faveur de l’immigration qui fait grincer des dents au sein du Parti républicain. Joe Biden : un caillou dans la chaussure d’Hilary Clinton ? Côté démocrate, le Vice-Président Joe Biden s’impose de plus en plus comme le concurrent d’Hillary Clinton. Et même si, selon un sondage Fox News, 69% des Américains veulent voir Clinton candidate démocrate en 2016, cela n’effraie pas

Joe Biden

Biden, qui a confié lors d’une interview pour ABC en janvier : « Je n'ai pas pris de décision sur ce que je vais faire (en 2016, ndlr). Si je suis candidat, ce ne sera pas à cause des personnes qui le seront ». Chose qu’il a répété sur CBS News lors d’un entretien conjoint avec Barack Obama le 16 avril, avant que le Président ne déclare : « J’ai quelqu’un à mes côtés, qui je pense à la fin sera considéré comme le meilleur vice-président de l’histoire. Je l’ai déjà dit, c’est un bon partenaire dans tout ce que je fais. Je sais que nous avons eu une extraordinaire secrétaire d’Etat, qui nous a rendu un grand service et qui a travaillé avec Joe et moi pour nous aider à faire des Etats-Unis un pays plus en sécurité (Hillary Clinton, ndlr) ». Mais Obama a beau affirmé qu’il n’a pas de préférence entre son ancienne secrétaire d’Etat et son « partenaire », on constate que depuis un an, Joe Biden est devenu de plus en plus présent sur la scène médiatique avec l’aide de Washington. Lors de la fusillade de Newton dans le Connecticut en décembre 2012, Obama a envoyé Biden. C’est encore Joe Biden qu’a envoyé Washington à la cérémonie de commémoration des attentats du marathon de Boston le 15 avril 2014, et c’est lui qui a été envoyé en Ukraine le 22 avril pour soutenir les autorités ukrainiennes. Biden, Clinton, Bush, qui sera le prochain locataire du bureau ovale ? Seule certitude, la campagne en interne a déjà commencé. Irchade KARI


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INTERVIEW MYKOLA CUZIN

PRÉSIDENT DU COMITÉ POUR LA DÉFENSE DE LA DÉMOCRATIE EN UKRAINE ET DE L’ASSOCIATION UKRAINE 33.

« L’administration russe a ouvert la boîte de Pandore»

Depuis jeudi dernier et la signature des accords de Genève, la situation dans l’est de l’Ukraine ne s’est toujours pas améliorée. Pourquoi cet accord diplomatique est si difficile à mettre en œuvre ? Ces accords sont difficiles à appliquer car l’administration russe a ouvert la boîte de Pandore. Elle a envoyé des gradés de son armée et des espions dans l’est de l’Ukraine pour prendre le contrôle de bâtiments officiels, mais n’assume pas les accusations qui lui sont portées, prétextant que les miliciens bloquant les bâtiments officiels sont des séparatistes ukrainiens pro-russes. Les choses n’avancent donc pas. D’autre part, Vladimir Poutine reconnaît la présence de près de 40 000 militaires de son armée proches de la frontière ukrainienne par le risque de guerre civile entre russophones et ukrainophones. Mais ce n’est pas le cas. Tous les observateurs de l’ONU présents sur place ont pu infirmer ces propos car aucune exaction contre les séparatistes russophones n’a été perpétrée. Et on voit très bien qu’il y a la mise en place d’une scène de théâtre qui ne correspond pas à la réalité. Le conflit tend en effet à une guerre de la désinformation, mais quel est l’intérêt pour les Russes d’aboutir à cela ? L’intérêt est de créer un appel au secours qui justifierait une intervention armée de la Russie pour venir en aide aux ressortissants russophones en danger dans l’est du pays. Dans les récents événements de l’attaque de Slaviansk, certains éléments sont troublants et vont totalement en ce sens. Des médias russes ont commencé à parler de l’événement avant que celui-ci n’ait lieu dans les faits et la carte de visite d’un des assaillants supposé s’est révélé être un grotesque faux. Tout est fait en sorte pour orchestrer le conflit et légitimer une intervention militaire russe. Mais l’Ukraine, elle, doit faire en sorte de stabiliser sa situation. Car si les troubles s’étendent

au reste du pays, il n’y aura pas d’élections présidentielles le 25 mai prochain.

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Depuis plusieurs semaines, des séparatistes pro-russes ont pris d’assaut des bâtiments officiels dans plusieurs villes de l’est de l’Ukraine dans le but de montrer leur détermination à intégrer la Fédération de Russie. Alors que l’état ukrainien a lancé une opération antiterroriste contre ces militants, les chefs de la diplomatie ukrainienne, russe, européenne et américaine se sont entendus jeudi dernier sur plusieurs points à Genève afin d’éviter que la situation ne s’aggrave. Mais les principales mesures de ces accords, telles que le désarmement des groupes armés illégaux et la libération des bâtiments publics officiels ukrainiens, tardent à être mises en application. L’occasion de faire le point sur le contexte actuel en Ukraine, ainsi que sur les enjeux des accords de Genève avec Mykola Cuzin.

Est-ce que la non-tenue de ces élections serait justement un moyen pour la Russie de profiter de la situation et d’accroître son influence sur le reste du pays ? Oui, car la bonne tenue de ces élections est un objectif prioritaire pour la survie de l’Ukraine. Le gouvernement provisoire en place a peu de poids et peut permettre à la Russie d’avancer dans sa progression. C’est ce qu’il faut absolument éviter. Une situation instable a déjà permis à la Russie d’annexer la Crimée. Maintenant, les activistes pro-russes agissant actuellement à l’est de l’Ukraine ne sont que quelques centaines et sont organisés uniquement en petits groupes. Cela ne suffira pas à orienter l’Ukraine dans le sens voulu par Moscou. D’autant plus que contrairement aux cartes montrant une Ukraine divisée en deux entre ukrainophones à l’ouest et russophones à l’est lors des élections présidentielles de 2010, seules 4 des 24 régions de l’Ukraine sont réellement russophones, soit seulement 15% de la population totale. Cette histoire où l’on présente les russophones contre les ukrainophones n’a pas de sens car ces derniers sont largement majoritaires. Et ils le démontreront en se rendant aux urnes le 25 mai prochain. Pour revenir aux accords de Genève, certains observateurs estiment qu’ils bénéficient davantage à la Russie qu’à l’Ukraine. Partagez-vous cet avis ?

Ces accords sont avant tout une avancée dans le sens où c’est la première fois que l’Ukraine était invitée à se prononcer sur son avenir avec la communauté internationale. Mais le fait que ces accords aient été signés en l’état par le représentant russe constitue une réelle surprise. Néanmoins, il ne faut pas crier victoire, car sur les 100 dernières années, la Russie n’a signé d’accords que lorsque ceux-ci lui étaient favorables. Et elle cesse de les respecter quand elle le veut. Le dernier exemple en date est le non-respect du mémorandum de Budapest* qui a été bafoué par l’annexion pure et simple de la Crimée le mois dernier. Mais le but de cette réunion à Genève était avant tout de rétablir le dialogue que de signer quelconque accord. Propos recueillis par Gautier STANGRET * Le mémorandum de Budapest est un accord, signé le 5 décembre 1994, par lequel l'Ukraine accepte de se défaire de son stock d'armes nucléaires en contrepartie de garanties pour sa sécurité, son indépendance et son intégrité territoriale, notamment de la part de la Russie.


MÉDIAS LES FAIBLESSES DE L’INFORMATION EN CONTINU ATTEIGNENT LEUR APOGÉE EN CORÉE DU SUD

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Les critiques sont vives concernant les méthodes et la déontologie véhiculées par les chaines d’information en continu. « Aucune information n’est vérifiée, leur seul intérêt est de diffuser une information avant leur concurrent » se plaignent régulièrement journalistes et politiques. Cette course fait parfois des victimes, et l’imprécision dans une situation aussi grave qu’a vécu la Corée du Sud il y a quelques jours ne peut être tolérée. Récit d’une journée catastrophe. Tout commence le 16 avril au matin. Les informations parlent du naufrage d’un ferry au large de Jindo. Le gouvernement annonce à 10 heures que 477 passagers étaient à bord du ferry, dont 325 lycéens de Danwon. Heureusement, les bulletins de 11 heures rapportent que tous les étudiants vont être secourus. Mieux, les parents de ces derniers reçoivent à la même heure des SMS confirmant le sauvetage de leurs enfants. La guerre des chiffres a alors commencé, le nombre de personnes disparues, le total de passagers, tout devenait de plus en plus imprécis dans les rédactions coréennes. A 16h30 le pire est annoncé. Après une erreur de comptage, le nombre de rescapés est passé de 368 à 164. L’opération de sauvetage réussie n’est plus d’actualité, l’heure est au recueillement. Les journalistes

montent toutefois au créneau, accusant le gouvernement d’avoir divulgué des informations imprécises. Mais les critiques se tournent rapidement vers la course à « l’information de dernière minute » à laquelle se sont livrés les médias sudcoréens. Aucun d’entre eux n’a posé de questions sur les informations qu’ils recevaient. Les journalistes ont disparu pour laisser place à des sténographes. La bataille d’audience qu’ils ont livrée était visible par tous. Tous les moyens étaient bons pour gagner la bataille de l’info. Ainsi, à 14h40, est visible sur la page d’accueil du journal The Etoday, l’article intitulé : « Titanic, Poséidon, quels autres films de naufrage ? ». La société publique MBC détaillait ensuite le montant des indemnités qui pourraient être réclamées. C’est le présentateur vedette Suk-hee Son

qui tente de s’excuser le lendemain : « Aujourd'hui, beaucoup de téléspectateurs ont été choqués par certaines questions que notre reporter a posé à un étudiant rescapé durant le reportage sur le naufrage du ferry. Aucune excuse ni explication ne seront nécessaires. En tant que présentateur expérimenté et directeur exécutif du département d'informations, je suis fautif, j'aurais dû transmettre ce que j'avais appris aux jeunes présentateurs. Je vous présente mes sincères excuses ». Trop tard, le mal est fait et les Coréens réalisent à leur dépend que cette frénésie, ce champ de bataille à l’information, n’est bon pour personne. Lorenzo CALLIGAROT

JOURNALISTES OTAGES : RÉSULTAT D’UNE MÉTHODE À LA FRANÇAISE ? Après dix mois de captivité en Syrie, ils sont de retour. Les quatre journalistes français retenus en otages ont été libérés samedi, et ont directement rejoint l’hexagone dans la nuit, transportés par un avion militaire en provenance de la Turquie. Une patrouille de l’armée turque les a retrouvés dans la nuit de vendredi à samedi, près d'Akçakale, une petite ville au sud-est du pays. Didier François, grand reporter d'Europe 1, Edouard Elias, photographe, Nicolas Hénin, reporter indépendant pour Le Point et Arte et Pierre Torres, photographe indépendant ont été enlevés en juin dernier par le plus radical des groupes djihadistes en Syrie, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Un retour très médiatisé, notamment sur les détails de leur captivité. Mais ces 10 mois sans voir le soleil ne semblent pas les arrêter pour autant. Au micro d’Europe 1, Didier François semblait plutôt favorable à un retour sur le terrain : « Pas tout de suite, je ne suis pas "neuneu" non plus. Mais oui, s'il le faut. J'ai raté le début de la Centrafrique, l'Ukraine me passionne. Je veux vivre, voir les miens, faire le travail que j'aime et repartir. »

Des reporters français trop imprudents ? Si les quatre journalistes sont désormais en sécurité, quatre autres n’ont pas eu cette chance l’année dernière. En effet, Ghislaine Dupont et Claude Verdon ont été exécutés au Mali le 2 novembre, tout comme Yves Debay en janvier en Syrie et Olivier Voisin, en Turquie suite à ses blessures en Syrie. Si on compare le nombre d’otages français tués depuis 2012 aux reporters d’autres nationalités, le bilan est plutôt lourd. En effet, la France est en première position, avec pas moins de huit morts, contre quatre aux Etats-Unis et trois au Japon. Preuve d’imprudence, comme le reprochait Nicolas Sarkozy à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier en 2008 ? Depuis 2012, les « zones meurtrières » comme le Mali et la Syrie, intéressent plus les médias français que

les autres. La couverture française du Mali est très importante, la France ayant un plus grand nombre d’expatriés et d’intérêts dans ce pays que les autres. Et la façon des journalistes français de couvrir les conflits diffère à celle des anglo-saxons. Les médias britanniques et américains sont souvent accompagnés par d’anciens militaires, et suivent des règles strictes, comme l’interdiction de pénétrer dans certaines zones. En France, c’est sur la formation que tout se joue : stages d’information sur les risques en zone de conflit, formation sur les armes chimiques et sur les gestes médicaux d’urgence. La méthode « à la Française » laisse donc une liberté totale aux reporters de guerre. Liberté que ces derniers revendiquent et ne laisseraient pour rien au monde. Quitte à y laisser leur vie. Elisa BOUVET


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LA PHOTO DE LA SEMAINE

©DR

LA SEMAINE PRISME

Bachar Al Assad rend visite aux chrétiens de Maaloula.

Le coup de com’ d’Assad. de Romaric Haddou

Les sorties publiques de Bachar al-Assad sont rares depuis le début de la guerre civile, il y a trois ans, en Syrie. Si bien qu’à chaque fois, elles ont une portée symbolique forte. C’était encore le cas, dimanche 20 avril, dans la petite localité chrétienne de Maaloula, au nord-est de Damas. Contrôlée et vandalisée par les djihadistes du Front al-Nosra depuis décembre, la ville vient d’être reprise par l’armée syrienne avec le soutien du Hezbollah. Pour un Assad en pleine campagne, soucieux de protéger les minorités face aux « terroristes », il n’y avait pas meilleur estrade en ce week-end de Pâques. Ainsi, la page Facebook du régime et la télévision d’Etat ont largement relayé l’événement. «Le jour de la résurrection du Christ, et du coeur de Maaloula, le président Assad souhaite de joyeuses Pâques à tous les Syriens, et le rétablissement de la paix et de la sécurité à l’ensemble de la Syrie » pouvaiton lire sur le célèbre réseau social. Une opération de communication renforcée par l’actualité internationale et la libération des quatre journalistes français. Pendant qu’Assad pointait du doigt les rebelles, les otages accablaient indirectement leurs geôliers en détaillant des conditions de détentions très difficiles.


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