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PRISME NUMÉRO 10, 22 MAI 2014
Le charbon est-il dépassé en Europe ?
La Nouvelle-Zélande rompt avec son passé colonial
SRI LANKA
LA DÉMOCRATIE SELON RAJAPAKSE L’INTERVIEW. Eric Mettout réagit sur le passage de L’Express.fr à un format semi-payant.
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ÉDITO QUAND LA TÉLÉVISION SE PASSE DE L’EUROPE
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imanche, l’heure sera venue de passer aux urnes. Depuis plusieurs semaines maintenant, tout le monde n’a que ce mot dans la bouche : les « européennes » ! Tout le monde ? Non. Résiste encore et toujours un groupe plus qu’important de futurs abstentionnistes. Pour info, 56% des Français considèrent la télévision comme étant la source principale d’information sur les affaires politiques européennes. Si l’on jette un œil à la base de données de l’Ina, il apparaît qu’entre janvier et mars 2014, dans seulement 67 sujets, il est directement question d’institutions européennes. Ajoutez à cela que 8 téléspectateurs français sur 10 ne s’estiment pas très bien, voire pas du tout, informés sur les questions européennes. Il suffit de demander aux habitants de l’hexagone si les membres du Parlement Européen sont élus directement par les citoyens de chaque Etat membre pour se rendre compte que les français arrivent bons derniers avec tout juste 41% de bonnes réponses. Selon Dominique Marchetti, ce désintérêt est dû à la fait-diversification de l’actualité internationale à la TV. Il note, depuis la seconde moitié des années 80, une baisse de la médiatisation : des sommets internationaux, des élections européennes ou nationales, de l’activité des partis politiques ou des politiques publiques. Cela au profit des faits divers et plus précisément des menaces ou événements spectaculaires, à savoir les catastrophes en tout genre. Les chiffres de l’Ina confirment les propos du chercheur. Entre 2003 et 2012, la rubrique « faits divers » enregistre une augmentation quasi constante. Plutôt que de traiter de sujets concernant Bruxelles ou Strasbourg, les pays de l’UE les plus présents aux JT, après les Etats-Unis (of course) sont le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie. Alors, pouvons-nous vraiment établir un lien tangible entre le désintérêt des Français pour l’Union européenne et l’absence de cette dernière dans nos journaux télévisés ? Franchement…oui. Quand on sait que même Facebook s’apprête à mettre en ligne une fonctionnalité pour afficher sur le net avoir voté. Il est temps que les journaux TV arrêtent de donner à leurs téléspectateurs ce qu’ils veulent mais plutôt ce dont ils ont besoin. De la rigueur, de l’ouverture et de la profondeur.
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SOMMAIRE
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Interview. L’Express.fr devient en partie payant
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Le charbon européen sur le déclin
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Immigration au Royaume-Uni : Cameron fait fausse route
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L’Union (Jack) ne fait plus la force
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Au Sri Lanka, les preuves de force du président
sera le premier milliardaire du 9 Qui hip-hop ? SEMAINE PRISME 10 LA L’elevage de poulet à l’Oculus Rift
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INTERVIEW/MÉDIA
ÉRIC METTOUT DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION DE L’EXPRESS
« Je peux vous déshabiller le Wall Street Journal en quelques minutes. » L’Express a décidé, le 15 mai, de rendre son site web en partie payant. Avec la formule du « metered paywall », les lecteurs peuvent désormais lire 15 articles sur le site, avant de devoir s’enregistrer. Au-delà de 20 articles, la lecture devient payante. Entretien avec Éric Mettout, le directeur adjoint de la rédaction de l’Express. ©LEXPRESS.FR
Vous avez mis en place le 15 mai une nouvelle formule payante pour votre site web. Pourquoi avoir changé de stratégie et pourquoi maintenant ? Nous n’avons absolument pas changé de stratégie, on a évolué. C’est une brique de plus dans le travail qu’on fournit, ici en l’occurrence en terme de monétisation des contenus. Nous allons continuer à être un modèle qui vit essentiellement de la publicité. Simplement, il y a un grand mouvement de diversification générale qui nous touche nous, mais pas seulement. On ne peut pas réussir avec un modèle simple. On va évoluer vers des modèles complexes dans lesquels vous aurez de la pub. Là en l’occurrence on teste le Paywall, mais si ça ne marche pas, on essaiera autre chose. Sur Internet, il existe trois formules payantes de sites d’informations : le tout payant, le Freemium* comme Le Monde ou encore votre formule, le Paywall. Pourquoi avoir opté pour celle-ci plutôt qu’une autre ? Le tout payant, ça ne marche que dans des circonstances bien particulières, par exemple dans la presse économique et très pointilleuse ou quand c’est Mediapart. En France, personne d’autre ne peut faire du Mediapart, on ne va pas essayer de faire la même chose qu’eux. Le Freemium ne marche quasiment pas, à part pour Le Monde. Mais c’est un modèle assez particulier puisqu’il mélange le Paywall et le Freemium. Ce sont les seuls qui peuvent se permettre cela parce qu’ils ont
* Freemium : semi-payant
une marque très forte, ce qui n’est pas notre cas et ce qui est le cas de très peu de sites d’infos. Donc la seule évolution qui ne remette pas en cause notre modèle économique de base, c’est-à-dire la pub, c’est le Paywall, parce qu’il ne touche que les lecteurs les plus fidèles, prêts à payer. Cela ne touche que 2 à 3% des internautes de notre site. Le pire, c’est qu’ils ne s’abonnent pas et aillent s’informer ailleurs. Mais cela ne remettra pas en cause le modèle principal qui reste la publicité. Justement, n’avez-vous pas peur de perdre du trafic ? Bien sûr qu’on a peur de perdre une partie de ces 2 ou 3% d’internautes concernés. C’est pourquoi nous avons fixé le curseur à 20 contenus, ce n’est pas du hasard. Si on en perd un peu ce n’est pas très grave. Mais si on en perd beaucoup, il faudra se poser la question de bouger le curseur. On est actuellement en phase de laboratoire, on scrute les réactions, les abonnements, les désabonnements… Si vraiment l’audience du site est en péril, on arrêtera, on passera à autre chose. C’est exactement ce qu’a fait le New York Times, qui a un pilotage extrêmement fin de son Paywall, bien plus que le nôtre. Le curseur est différent selon les rubriques, les formats, et il fonctionne très bien. Ils ont été suffisamment attentifs et souples, à nous de faire pareil. Si, par exemple, un lecteur utilise plusieurs adresses IP pour avoir accès à plus de contenus sur L’Express.fr, n’y aurait-il pas une faille dans ce système ?
Oui, c’est sûr, il y a plein de failles. Il y a possibilité de faire sauter tous les Paywall de la planète, je peux vous déshabiller le Wall Steet Journal en quelques minutes par exemple. Mais cela ne concerne que 0,001% de nos internautes. Ce n’est pas du tout un risque pour nous, contourner un Paywall demande trop d’efforts. Vous avez titré votre article de présentation de la formule « Au pied du mur ». Cela veut dire que maintenant, pour être rentable et faire face à la concurrence, un site web d’infos est obligé de se tourner vers le payant ? Un site web d’info est obligé d’évoluer en permanence sur ses formats éditoriaux et son organisation. Ce n’est pas nouveau. Ici c’est spectaculaire, on a l’impression que tous les sites gratuits passent d’un coup au payant mais ce n’est pas ça du tout. On instaure un Paywall, un mur de paiement à un certain degré de lecture. Mais l’essentiel du site reste gratuit. On va simplement se diversifier. La diversification est bien plus impactante par exemple quand le Figaro rachète des sites et abandonne une partie de sa monétisation à quelque chose qui n’est pas de l’information. Le groupe Express se diversifie aussi, il vend des journaux mais aussi des salons (via L’Etudiant, ndlr). Le Paywall est juste une des idées de diversification, mais ce n’est pas le changement le plus important. Propos recueillis par Elisa Bouvet
LES PAYS ÉMERGENTS TIRENT LA PRODUCTION MONDIALE
INTERNATIONAL
LE CHARBON, ÉNERGIE DU XXIE SIÈCLE ?
LA RUSSIE MENACE DE NE PLUS FOURNIR DE GAZ À L’UKRAINE L’Ukraine bientôt privée de gaz ? C’est ce qui pourrait bien se passer, dès le 3 juin, si Kiev ne paie pas d’avance sa facture du mois prochain, à l’entreprise russe Gazprom. Naftogaz, entreprise publique ukrainienne d’acheminement en gaz, devra avancer pas moins de 1,66 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) d’ici 10 jours, si elle ne veut pas que la Russie coupe le robinet. Une décision qui handicaperait fortement l’Europe, dont le quart du gaz provient de la Russie. L’Ukraine a déjà une dette gazière de 3,5 milliards de dollars envers Moscou, accumulée entre 2013 et 2014. ÉNORME CONTRAT GAZIER ENTRE LA CHINE ET LA RUSSIE Après une décennie de négociations, la Chine et la Russie ont conclu, mercredi, un mégacontrat d’approvisionnement en gaz. Le montant final s’évalue à 291 milliards d’euros, et lie les deux pays pour trente ans. L’accord a été signé par CNPC, le géant pétrolier chinois, avec le russe Gazprom, en présence de Vladimir Poutine et de son homologue chinois, Xi Jinping. La Russie, en froid avec l’Europe, essaye de plus en plus de se tourner vers la Chine, qui souhaite garantir ses approvisionnements énergétiques.
301 mineurs ont perdu la vie dans la mine de Soma en Turquie. C’est le bilan définitif de la catastrophe, survenue mardi 13 mai et qui constitue l’accident industriel le plus meurtrier dans l’histoire du pays. Ce drame remet en lumière un métier parfois oublié des Français, celui de mineur. Car si la France a fermé sa dernière mine de charbon en 2004, certains pays européens continuent d’exploiter cette ressource, souvent présente à des centaines de mètres sous terre. Gueule noire, haveuse, grisou. Ces mots ne sont plus vraiment utilisés de nos jours en France. Ils dorment dorénavant au fond des galeries souterraines françaises, fermées petit à petit depuis les années 80. Il ne faut pourtant pas aller bien loin pour trouver des fosses encore en activité. Car le charbon n’est décidément pas une énergie en perdition. Au contraire, il a tendance à gagner du terrain au niveau mondial, même chez nos proches voisins. En 2020, ce sera même la première source d’énergie mondiale, selon l’étude du cabinet spécialisé Wood Mackenzie. L’Allemagne en première ligne Nos voisins d’outre Rhin ne savent décidément plus où donner de la tête. Après avoir décrété, en 2011, que le pays fermerait toutes ses centrales nucléaires à l’horizon 2022, voilà qu’Angela Merkel décide d’accroître la production des 130 centrales à charbon du territoire national, pour pallier au déclin du nucléaire. Une décision paradoxale, quand on sait qu’au départ, le gouvernement a décidé d’abandonner l’atome sous la pression du parti écologiste. Revers de la médaille, les émissions de dioxyde de carbone ont augmenté de 4 %
entre 2011 et 2012. Un chiffre qui fait tâche, à côté de l’objectif de 30 % de réduction des gaz à effet de serre, décidé par la Commission européenne à l’horizon 2030.
émissions de gaz à effet de serre. Une décision qui pourrait sceller le sort des mines.
Le charbon anglais sur le déclin
La scène se déroule en juillet 2012. Des centaines de mineurs sont rassemblés à Madrid, pour protester contre la diminution drastique des subventions publiques dans le secteur minier. Depuis 20 ans, les fosses espagnoles ferment les unes après les autres. Aujourd’hui, il ne reste plus que 8000 gueules noirs et une quarantaine de fosses. En Espagne, la profession de mineur reste très avantageuse socialement. Le gouvernement débourse 600 millions d’euros par an pour payer la préretraite des mineurs, qui partent avant 44 ans et bénéficient d’une pension de 2100 euros par mois. Un coût certain, qui fait que le pays préfère importer du charbon moins cher de pays étrangers. En 2018, plus aucun pays de l’Union Européenne ne pourra subventionner des énergies fossiles non-rentables, sur décision de Bruxelles. Les mines espagnoles, toutes déficitaires, ont donc plus que jamais du plomb dans l’aile.
Dans les années 80, on pensait que Margareth Thatcher avait sonné le glas de l’exploitation minière anglaise. Si énormément de fosses ont été fermées sous l’égide de la dame de fer, le pays n’a jamais complètement abandonné le charbon. Aujourd’hui, UK Coal est la seule entreprise privée encore présente dans le secteur. Mais l’exploitation est limitée et le pays ne compte plus que 6000 mineurs, contre 250 000 en 1984 (date de la grande grève qui a paralysé le pays pendant plusieurs mois). Aujourd’hui, seules 8 mines sont encore en activité, dont 5 à ciel ouvert. Chose étonnante, le charbon représente aujourd’hui 40% de l’électricité anglaise, mais il est importé en grande partie d’Australie et des Etats-Unis. Les réserves du pays, importantes, sont très profondes et souvent difficiles à exploiter, ce qui accroît les coûts de production. De plus, le gouvernement a décidé de fermer plusieurs centrales à charbon, pour diminuer les
Les mineurs espagnols en colère
Antoine DE LONGEVIALLE
Mine de Kellingley, dans le nord de l’Angleterre. ©IMAGEUKCOAL
L’AUSTRALIE PRÉSERVE SON SECTEUR MINIER Tony Abbott, Premier ministre conservateur australien, a annoncé il y a une semaine un plan de rigueur drastique, qui n’épargnera personne sauf les mines de charbon. Retraite à 70 ans, coupe dans la fonction publique, réduction des dépenses sociales, tout y passe. Mais le grand gagnant est le secteur de l’extraction, qui bénéficiera de la suppression de la taxe carbone, mise en place par le gouvernement précédent. Car le Premier ministre compte beaucoup sur l’exportation du charbon pour relancer l’économie, ainsi que sur un projet de deux énormes mines, qui pourraient à elles seules extraire 125 millions de tonnes de charbon par an.
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Part du charbon dans la consommation annuelle d’électricité, en 2013 :
Pologne : 90% Chine : 80% Inde : 68% Allemagne : 45% Royaume-Uni : 40% Australie : 37% Etats-Unis : 37% Espagne : 15% France : 3,6%
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INTERNATIONAL IMMIGRATION AU ROYAUME-UNI
CAMERON S’EST TROMPÉ, MOINS DE ROUMAINS ET DE BULGARES DEPUIS DÉBUT 2014
©REUTERS
Fin 2013, le Premier ministre britannique David Cameron entendait limiter la liberté de circulation « inconditionnelle » des pays de l’Union européenne, par peur d’un arrivage massif de Roumains et de Bulgares à partir du 1er janvier 2014. Aujourd’hui les chiffres lui donnent tort.
David Cameron s’est rapproché de l’Ukip sur la question de l’immigration ces derniers mois.
Depuis le 1er janvier 2014, les Roumains et les Bulgares peuvent circuler librement dans l’Union européenne, et donc au Royaume-Uni, les restrictions mises en place après l’adhésion des deux pays en 2007 étant levées. Et comme Prisme l’avait souligné dans son numéro 6 il y a quelques mois, ce n’était pas vraiment au goût de David Cameron, qui entendait limiter la libre-circulation. Mais c’est surtout l’Ukip (parti antieuropéen et anti-immigration) qui avait été le plus virulent. Si le Premier ministre conservateur s’était « contenté » de ses déclarations, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, par l’intermédiaire de son leader Nigel Farage, avait maintes fois averti contre un « raz de marée » de 26 millions de Bulgares et de Roumains qui viendrait supplanter les Britanniques sur le marché du travail à compter du 1er janvier. Sa prévision faisait l’objet pour les européennes d'une campagne d’affichage, dénoncée par des critiques comme raciste. Une baisse du nombre de travailleurs roumains et bulgares Mais le 14 mai, les premiers chiffres sont tombés. Le Bureau national des statistiques infirme les prévisions de l’Ukip. Au final, le nombre de Roumains et de Bulgares employés au RoyaumeUni a chuté depuis le 1er janvier. Dans les trois premiers mois de l’année, 140 000 Roumains et Bulgares étaient enregistrés
comme étant employés dans le pays, soit une baisse de 4 000 par rapport au trimestre précédent contre une hausse de 17 000, annoncée par le think tank conservateur Migration Watch. « Moins de Bulgares, moins de Roumains. Voici la vérité sur le 'raz de marée' annoncé par l’Ukip » titre The Independant. Si la presse britannique, comme The Independant donc mais aussi The Daily Telegraph ou The Guardian, relaie l’information, le silence est de rigueur côté politique. On peut comprendre que l’Ukip ait fait profil bas à la sortie de ces chiffres, puisqu’ils remettent en cause la base même de sa campagne européenne, ou plutôt anti-européenne. Mais pourquoi les partis traditionnels n’ont pas sauté sur l’occasion pour descendre un adversaire de plus en plus imposant ? Des calculs politiques Toutes les réactions ont été dans la retenue. Notamment celle de David Cameron, qui avait là l’occasion de faire taire quelques uns de ses détracteurs qui l’accusaient de se radicaliser, en se détachant des positions de l’Ukip. Mais il s’est contenté de qualifier les statistiques de « remarquables ». Le parti conservateur comme le parti travailliste est réticent à critiquer ouvertement l’Ukip pour plusieurs raisons, explique The Guardian. Les conservateurs n’ont pas intérêt à « étouffer la préoccupation du pays au sujet de l’immigration » car les Britanniques
ont tendance à faire plus confiance aux conservateurs qu’aux travaillistes sur ce point. Et les travaillistes quant à eux, n’ont pas intérêt à faire tomber l’Ukip car si la popularité du parti d’extrême droite reste élevée, c’est au détriment des conservateurs. Ce serait donc une opportunité pour les travaillistes d’arriver devant les conservateurs aux élections européennes. Enfin, au-delà des petits calculs politiques, une raison toute simple et à la fois plus profonde, explique pourquoi les deux partis traditionnels rechignent à contredire l’Ukip sur la catastrophe de l’immigration. Ils ont peur que les électeurs ne les croient pas. Toujours selon The Guardian, il existe « une méfiance omniprésente de la population vis-à-vis de la classe politique. Les deux sont déconnectées l’une de l’autre. Les politiciens craignent que leurs propos ne soient interprétés comme un déni du problème de l’immigration. » Une situation de méfiance entre élus et électeurs (qui rappelle celle de la France), où les tensions autour de l’immigration sont toujours exacerbées. « La tentation de ne rien dire est donc compréhensible, mais doit être combattue. Car le monde politique doit, avant tout, s'occuper des faits » conclue ainsi The Guardian. Kévin CHARNAY
INTERNATIONAL L’EMBLÈME DU ROYAUME-UNI VIT DES HEURES DIFFICILES
519 milliards de livres. Soit près de 640 milliards d’euros. C’est le poids que pèsent les 1000 personnes les plus riches du Royaume-Uni cette année, selon le palmarès établi par le Sunday Times. Le chiffre a doublé depuis 2009, où, en pleine période de crise financière, la somme s’élevait «seulement» à 258 milliards de livres (316 milliards d’euros). Pourtant, selon des chiffres publiés début mai, le PIB par habitant au Royaume-Uni est «bien en dessous» du pic atteint en 2008.
QU’EST-CE QUE LE COMMONWEALTH ? Comme quinze autres Etats indépendants tels que l’Australie ou le Canada, la NouvelleZélande appartient au Royaume du Commonwealth. Cette organisation, qui réunit les anciennes possessions de l’Empire britannique, reconnaît comme chef d’Etat le souverain du Royaume-Uni, la Reine Elizabeth II. Mais cette reconnaissance est avant tout symbolique, puisque la Reine est représentée dans chacun de ces pays par un gouverneur général local, nommé en consultation avec le Premier Ministre, le plus haut poste de l’exécutif, à qui elle transmet ses pouvoirs, quasi-exclusivement protocolaires et apolitiques. LE CAS DES TUVALU Le premier ministre républicain des Tuvalu Kamuta Latasi, qui souhaitait sortir de la monarchie constitutionnelle, avait décidé de changer de drapeau en 1995, sans pour autant consulter la population. Cette dernière s’était alors insurgée devant cette initiative, allant jusqu’à boycotter ce nouvel étendard lors de festivals, comme le rapporte Tuvalu News. Ce n’est qu’en 1997 que le drapeau avec l’emblème britannique fut rétabli, lorsque Bikenibeu Paeniu renversa Latasi du pouvoir grâce à une campagne pour conserver le statut de monarchie.
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Le premier ministre néo-zélandais, John Key, a annoncé il y a quelques semaines son intention de retirer l’Union Jack du drapeau national. Un souhait appliqué par certains pays par le passé et envisagé par d’autres. L’Union Jack est-il sur le déclin ? Très populaire et régulièrement utilisé à des fins commerciales, l’étendard britannique tend pourtant à s’effacer sur les drapeaux de ses anciennes colonies. Dernier exemple en date : celui de la Nouvelle-Zélande. John Key, le premier ministre du pays des kiwis, a annoncé le 11 mars dernier, lors d’un discours à l’Université Victoria de Wellington, la tenue d’ici à 2017 d’un referendum sur le changement du drapeau national. « Il traduit une période coloniale et postcoloniale dont la Nouvelle-Zélande est sortie, a-t-il affirmé. Il sousentend une domination du Royaume-Uni qui n’existe plus. » Depuis 1907, la Nouvelle-Zélande est en effet indépendante, mais son drapeau a, à l’instar d’une demi-douzaine d’anciennes c o l o n i e s britanniques, conservé l’Union Flag dans son coin supérieur gauche. Une référence à son passé colonial et à son appartenance au Royaume du Commonwealth La Nouvelle-Zélande, mais aussi l’Australie ou les Tuvalu Par son souhait de changer de drapeau, John Key n’entend toutefois pas abolir la monarchie, impliquant de facto le changement de drapeau, comme ce fut envisagé en Australie en 1999 (la question avait été soumise à referendum et avait recueilli un « non » à une courte majorité) ou au Tuvalu en 1995. Pour John Key, il s’agit donc de donner une image « plus moderne », d’après ses termes, à cette identité nationale. La trop grande similitude avec le
drapeau australien ou encore l’absence de signe maori sont des éléments récurrents qui reviennent dans le débat. Un débat qui a également existé, et qui perdure dans une moindre mesure, en Australie. L’expremier ministre aussie Paul Keating (1991-1996), avait par exemple fait du changement de drapeau son cheval de bataille. Il était notamment soutenu par l’organisation Ausflag, qui milite pour la création d’un drapeau « plus représentatif ». Cette dernière s’est notamment illustrée par
royale britannique –le succès rencontré lors de la visite de Kate et William le mois dernier en atteste-, John Key a cité dans son discours l’exemple du Canada, qui avait connu pareil cas de figure en 1965. Le drapeau rouge canadien arborant l’Union Jack, appelé Red Enseign, a fini par être remplacé par la désormais célèbre feuille d’érable rouge sur fond blanc. Ce changement ne s’est toutefois pas effectué par referendum, mais par l’établissement d’un comité, notamment influencé par l’impopularité de la Red Enseign au Québec. Trois des dix provinces canadiennes (l’Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique) ont néanmoins tenu à conserver l’Union Jack sur leur drapeau, en guise de protestation contre cette modification. Mais audelà du débat instauré en Nouvelle-Zélande, l’Union Jack vit peut-être ses dernières heures sous sa forme actuelle. Car si l’Ecosse devient L’actuel drapeau Néo-zélandais. indépendante le 18 des actions avant et pendant septembre prochain (par la les Jeux Olympiques de voix d’un referendum), l’une Sydney en 2000, et appelle des conséquences directes encore aujourd’hui à disputer pourrait être le changement les rencontres sportives sous du drapeau du Royaume-Uni. un autre étendard. Mais ces Créé en 1707 lors de l’union initiatives peinent pour le de l’Angleterre et de l’Ecosse, moment- à obtenir un soutien l’Union Jack n’aurait alors plus populaire. Un sondage de raison d’exister selon 65% Newspoll réalisé en 2004 des personnes interrogées par montre d’ailleurs que 57% le Flag Institute de Londres. des Australiens sont opposés D’autant plus que pour le au changement de drapeau. président de cet institut Charles L’écart est encore plus Ashburner, interviewé par le important en Nouvelle-Zélande journal canadien La Presse, où un sondage effectué en « si l’Écosse se sépare, les février dernier révèle que pressions publiques pour 72% des répondants se changer le drapeau seront disent contre un drapeau sans énormes. » De quoi renforcer référence au passé colonial. les convictions de ceux qui ne veulent plus de l’Union Jack Le modèle canadien sur leur drapeau. ©GETTYIMAGES
LES MILLIARDAIRES BRITANNIQUES TOUJOURS PLUS RICHES
L’UNION JACK, SYMBOLE EN PÉRIL ?
Pour essayer d’inverser la réticence d’un électorat toujours aussi séduit par les valeurs véhiculées par la famille
Gautier STANGRET
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INTERNATIONAL
SOUS LE RÉGIME RAJAPAKSE, LE PAYS PERD SON CARACTÈRE DÉMOCRATIQUE
SRI LANKA : UNE ÎLE À LA DÉRIVE
Après une guerre civile qui a couté la vie à des dizaines de milliers de personnes, le Sri Lanka peine à se reconstruire sereinement. La faute à un gouvernement autoritaire et violent qui fait régner la terreur et donne au pays des allures de dictature. ©Lefteris Pitarakis
religieuses ont fortement augmenté en 2014. Le Vatican vient d’ailleurs d’annoncer que le pape François se rendra sur place d’ici janvier 2015. Sur l’île, les minorités chrétiennes, musulmanes et hindoues sont largement discriminées dans un pays où la majorité bouddhiste est alliée au pouvoir. Et la récente création d’une « police spéciale », dépendant directement du Premier ministre n’inspire pas vraiment confiance. Officiellement, elle aura pour objectif d’« enquêter sur les constructions non autorisées de lieux de culte, les affrontements religieux » mais aussi « les conversations illégales » ou « les troubles à l’ordre public ». Des prérogatives floues qui font craindre un renforcement des abus. Et un accroissement de la terreur qui s’empare peu à peu du pays.
C’était le 18 mai 2009. Il y a tout juste cinq ans, la mort du chef suprême des Tigres tamouls mettait fin à un long conflit au Sri Lanka (voir « Le saviez-vous ? »). Le week-end dernier et comme chaque année à cette époque, Cingalais et Tamouls se sont replongés séparément dans leurs douloureux souvenirs. Ils ont prié leurs morts et leurs disparus pendant que, dehors, le gouvernement commémorait sa victoire à grand renfort de parades militaires. Ce jour-là aurait pu marquer le début d’une nouvelle ère. Il s’agit, au mieux, d’un nouveau chapitre. Même si le président Mahinda Rajapakse, réélu en 2010 pour un deuxième mandat, s’efforce de vanter les qualités de son pays la réalité est effarante. Les fiefs tamouls, dans le nord et l’est du pays font régulièrement l’objet d’une violente répression alors que les tensions
Un système clanique et rétrograde « Le Sri Lanka est un pays où les voix critiques sont souvent attaquées ou même définitivement condamnées au silence ». C’est ce qu’a déclaré Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits
de l’Homme après avoir visité le pays en août dernier. Une phrase qui met en lumière de graves entorses aux libertés individuelles. Ainsi, sur l’île, tout le monde est familier des camionnettes blanches qui sillonnent les rues quotidiennement et sont les yeux et les oreilles du président. Dans ce système autoritaire, Mahinda Rajapakse a pris le soin d’installer ses proches à tous les postes clés si bien qu’on parle désormais du clan Rajapakse. Un clan qui est en train de créer son propre système de valeurs. Un système où le patriotisme occupe une place centrale et où libertés individuelles et droits fondamentaux, des principes assimilés à l’Occident, sont rejetés. S’il restreint la marge de manœuvre des journalistes et des organisations non gouvernementales, le pouvoir se montre beaucoup plus conciliant avec les délinquants et les criminels. Ainsi, le gouvernement songe à instaurer une loi permettant à un violeur d’épouser sa victime, si elle l’accepte. Un arrangement avec la loi et la morale qui souligne une statistique effrayante : 14,5% des Sri Lankais admettent avoir déjà violé. Un problème qui incombent….aux femmes, selon Chamal Rajapaksa, oncle du président : « Le regard que les hommes portent sur les femmes doit évoluer et il ne tient qu’aux femmes […] de faire en sorte que ce changement s’opère ». Aux stigmates de la guerre civile, il faut donc ajouter cette dérive violente et autoritaire qui tend à amputer la République Démocratique Socialiste du Sri Lanka d’une grande partie de son nom. Romaric HADDOU
LE SAVIEZ-VOUS ? Le Sri Lanka sort de près de trente ans de guerre civile. De 1983 à 2009, selon le « bornage » officiel, deux camps se sont opposés dans un conflit extrêmement violent. D’un côté, les forces gouvernementales issues de l’ethnie majoritaire cingalaise. De l’autre, les séparatistes tamouls des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (LTTE). Ces derniers se sont révoltés contre la politique jugée discriminatoire du régime de Colombo. Au plan linguistique ou encore religieux, les populations tamoules étaient effectivement stigmatisées. Mais les Tigres se sont radicalisés et ont fini par faire régner un climat de terreur sur l’ensemble du territoire. Parallèlement, les leaders du gouvernement sri lankais ont poursuivi leur politique de tolérance zéro à l’égard de l’ethnie minoritaire en ayant notamment recours aux exactions. Marquées par la brutalité, ces 26 années de guerre civile ont ravagé le pays. Plus de 100.000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres, principalement des Tamouls, sont toujours portées disparues. En mai 2009, la mort de Velupillai Prabhakaran, chef des séparatistes, a signé l’arrêt officiel du conflit et la victoire des forces gouvernementales.
INTERNATIONAL
DES CONCERTS DE RAP AUX DINERS D’AFFAIRES
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CES RAPPEURS QUI RÊVENT DE DEVENIR LE PREMIER MILLIARDAIRE DU HIP-HOP
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Ils s’appellent Dr Dre, Jay Z et Puff Daddy. En plus d’être rappeur, ils jonglent avec les casquettes de chefs d’entreprise, propriétaires de clubs de basket, et ont un patrimoine évalué à plusieurs centaines de millions de dollars. Mais aujourd’hui ces rappeurs en costards cravates ne rêvent que d’une chose, devenir le premier milliardaire du hip-hop et entrer dans l’histoire.
P.Diddy
3,2 milliards de dollars, c’est la somme que s’apprête à débourser Apple pour racheter la société Beats Electronics. Cofondée par le rappeur américain Dr Dre, à l’annonce du rachat, ce dernier s’est autoproclamé le 9 mai, « premier milliardaire du hip-hop » dans une vidéo publiée sur Facebook. Une affirmation démentie par le magazine américain Forbes, qui estime que la fortune de Dre s’élèverait à 800 millions de dollars après la vente. Mais même si Dr Dre n’est toujours pas le premier milliardaire du hiphop, grâce à la vente de sa société de casques audio il devient le rappeur le plus riche au monde devant Puff Daddy (700 millions $) et Jay Z (520 millions $). Et il se rapproche un peu plus de l’objectif numéro un de tous ces rappeurs multimillionnaires : devenir le premier milliardaire du hip-hop. Des rappeurs capitalistes “ I’m not a businessman, I’m a business, man ”. Cette phrase, rappée par Jay Z dans sa chanson « Diamonds From Sierra Leone », reflète la capitalisation du hiphop. C’est lorsque le groupe de rap RUN DMC, est devenu le premier non-sportif à signer un contrat publicitaire d’un million $ avec Adidas dans les années 1980, que le capitalisme s’est imposé comme une valeur incontournable du hip-hop et qu’il est devenu une arme pour s’imposer dans le milieu. 40 ans après, l’exacerbation du capitalisme du hip-hop est telle, que c’est
Dr Dre
à coup de billets verts que les rappeurs s’affrontent pour gagner la couronne de rappeur le plus puissant de tous les temps. Et la solution des magnats du rap, pour remporter ce titre, se résume à : devenir le premier milliardaire du hip-hop. Pour ce faire, Jay Z est devenu en 2007 : actionnaire minoritaire de l’équipe de basket des Nets de Brooklyn, copropriétaire de la chaîne de restaurants et de boîtes de nuit 40/40, il a vendu sa marque de vêtement Rocawear pour 204 millions de dollars et il est à la tête des labels Roc Nation et Roc-A-Fella. Alors que Puff Daddy a amassé des millions en vendant 50% de son label Bad Boy Records à Warner Music pour 30 millions de dollars en 2005, en créant sa marque de vêtement Sean John et en devenant ambassadeur et manageur de la marque de Vodka Cîroc, dont il touche 50% sur les profits réalisés. Mais c’est Dr Dre qui tire son épingle du jeu, en étant le producteur de Snoop Dogg, Eminem et 2Pac, en fondant le label Death Row Records en 1991 et en cofondant avec Jimmy Iovine la société de casques audio Beats Electronics en 2008, qui est un succès planétaire. Les rappeurs : seuls businessmen de la musique ? Le rap n’est pas le seul genre musical à détenir des artistes aux CV d’hommes d’affaires qui courent après le milliard. En effet la pop a accueilli sa première
* je ne suis pas un homme d’affaire, je suis une affaire mec !
Jay-Z
milliardaire en mars 2013, selon New York Magazine, en la personne de Madonna. Grâce à ses ventes de disques, sa tournée MDNA Tour qui lui a rapporté 300 millions de dollars, sa ligne de vêtements Material Girl, sa chaîne de clubs de gym Hard Candy et ses partenariats avec les marques Vita Coco et Smirnoff, la reine de la pop est la chanteuse la plus riche du monde. Dans le rock, c’est Bono, le chanteur du groupe U2, qui s’impose comme le businessman, avec une fortune de 600 millions de dollars et ses 1,5% de parts de Facebook qu’il détient et qui sont aujourd’hui estimées à 750 millions de dollars. Dans l’univers du RnB c’est l’épouse de Jay Z, Beyoncé, qui domine avec un patrimoine de 350 millions de dollars obtenu par les recettes de sa tournée Mrs. Carter Tour, ses contrats pour PEPSI et H&M, sa ligne de vêtements House Of Dereon et son parfum Heat. Cette capitalisation de l’industrie de la musique permet aux artistes d’éviter de voir leurs revenus diminuer à cause des ventes de disques moribondes. Car revenus astronomiques ne riment pas forcément avec succès commercial dans les bacs. Parmi les cinq plus gros vendeurs de disques en 2013, on ne retrouve aucun des rappeurs multimillionnaires et aucun homme et femme d’affaire de l’industrie de la musique cités ci-dessus. Irchade KARI
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LA PHOTO DE LA SEMAINE ©Austin Stewart
LA SEMAINE PRISME
Un poulet avec un prototype d’Oculus Rift.
Quand les poules auront des dents… et des Oculus Rift de Lorenzo Calligarot
La réalité virtuelle est en passe de devenir une réalité tout court. Développé par une filiale de Facebook, l’Oculus Rift se présente sous forme de masque et permet d’être plongé dans un monde fictif. Le projet d’un professeur assistant américain de l’université de l’Iowa ? Utiliser cette technologie pour l’élevage des poulets. En effet, la production intensive américaine empêche les volailles de grandir en plein air. Son idée est donc de projeter virtuellement une vie de plein air (herbes, poulets virtuels, buissons) à des bêtes élevées en batterie. Souvent pointées du doigt par les associations de défense des animaux et les éleveurs artisanaux, « les usines à Nuggets » amélioreraient leur image auprès du grand public, selon l’instigateur du projet. Austin Stewart voit même plus loin et après les poules, ce sont les animaux déprimés des zoos qui pourraient en être dotés pour retourner virtuellement à la vie sauvage. Cette idée à mi-chemin entre Matrix et Chicken Run se heurte néanmoins à une réalité économique : le coût de ces étranges binocles. Mais on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs et peut-être que cette idée se transformera un jour en poule aux œufs d’or.