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L'île de Cavallo

Bout de terre qui émerge des entrailles de la Méditerranée, Cavallo est un petit caillou d’un kilomètre carré solidement amarré en plein cœur du Parc marin des Bouches de Bonifacio. Implanté à seulement deux kilomètres de distance de la côte, ce fragment de granite, qui est bordé par une eau à la couleur azur, a des allures d’atoll du Pacifique. Cette destination confidentielle entre luxe et beauté sauvage fait partie de l’archipel des îles Lavezzi constitué d’un ensemble de huit îlots. Ils sont le vestige d’un couloir terrestre qui reliait la Corse et la Sardaigne il y a approximativement 20 000 ans de ça, n’en faisant alors qu’une seule et même île. Documenté par de nombreux historiens, il semblerait que cet étroit passage aujourd’hui disparu ait été d’une grande importance pour la circulation entre la Corse et la Sardaigne, comme en atteste la présence d’abris sous roche.

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Plus tard, durant l’Antiquité, alors que la Corse est administrée par les Romains dont l’empire est en pleine expansion, Cavallo va connaître une période d’activité intense. À la recherche de toujours plus de ressources et de matériaux, les Romains décidèrent d’exploiter le granite de l’île en y créant des carrières. Taillée par des prisonniers, la roche extraite était destinée à l’édification de nombreux monuments, dont des temples. Les enquêtes successives menées sur le terrain montrent que les carrières sont en partie submergées, ce qui prouve une hausse constante et régulière du niveau marin depuis cette époque. Sur l’île, les occupants ne font pas que tailler des blocs de pierre, mais entretiennent également des oliviers et pratiquent la céréaliculture, bien que cette production devait être extrêmement limitée. Y ont aussi été retrouvées des traces de métallurgie.

Sébastien Leroy

La chute de l’Empire va marquer le début d’une longue phase d’inoccupation qui va s’éterniser jusqu’au XIX e siècle où, selon certains récits populaires, un berger vint s’installer avec son troupeau. Seule île habitée de l’archipel, c’est à partir de 1970 que l’urbanisation va se développer et faire de ce petit joyau l’un des sites les plus convoités de Méditerranée. Si l’on construit à Cavallo, on ne le fait pas en dépit du bon sens. L’architecture a été intégrée astucieusement et en harmonie avec son environnement, comme en témoigne la conception de certaines maisons qui ont été bâties sur un modèle troglodyte.

Loin de la cohue estivale qui se joue chaque année dans l’extrême sud de la Corse, l’île fait bénéficier à ses résidents d’un privilège rare : la tranquillité. Dans un cadre enchanteur, avec en toile de fond la Sardaigne, les estivants profitent des bonheurs de Mare Nostrum. Ici, on se laisse happer par une douce oisiveté lors des longues et chaudes journées d’été. Après un moment de relaxation sur un transat, il est agréable de se rafraîchir dans la grande bleue et d’y explorer ses eaux cristallines. Pourvue de 450 anneaux d’amarrage, l’île offre également les emplacements nécessaires pour y stationner des embarcations qui permettront de prendre le large et de jouir des plaisirs nautiques. Avec des centaines de kilomètres de rivage, la Corse et la Sardaigne regorgent de criques paradisiaques où il fait bon jeter sa serviette et pique-niquer.

Visite à Cavallo - ZERI

Rédaction : Sébastien Leroy

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