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La citadelle génoise et les vieilles pierres bonifaciennes

The Genoese citadel and the old stones of Bonifacio

On this limestone plateau overlooking the Mediterranean Sea, which offers a breathtaking view of Sardinia, is anchored the citadel of Bonifacio.

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Tantôt composée de granit ou de schiste, la Corse est constituée dans sa partie la plus méridionale de calcaire. Au sein de cet espace géologique se trouve une presqu’île du bout du monde qui invite à la rêverie. Côté mer, d’imposantes falaises sont battues par les vents et les embruns alors que le côté terre est formé d’un goulet. Ce couloir naturel et étroit, qui est taillé dans le relief, débouche sur un port abrité des coups de mer souvent rudes dans le détroit. Il procure aux marins un refuge bienvenu lors des tempêtes. Enfin, sur ce plateau calcaire en surplomb de la mer Méditerranée qui offre une vue imprenable sur la Sardaigne, est ancrée la citadelle de Bonifacio. Accrochée à même la falaise qui tombe à pic dans les eaux cristallines, la cité génoise n’a cessé de se métamorphoser pour passer d’un modeste petit port de pêche au XIIe siècle à une forteresse imprenable au XVIIe siècle. À l’extrémité sud de la Corse se trouve une fine bande de terre qui se détache du reste de l’île. Presqu’île de 1,5 km de long pour 250 mètres de large et 70 mètres de haut, la nature a bien fait les choses et va faciliter la fortification du site. Reconnu depuis l’Antiquité, le port de Bonifacio est particulièrement bien abrité et est suffisamment profond pour accueillir des embarcations de commerce. Implantée stratégiquement avec sa position centrale au carrefour des principales routes commerciales, la cité connaît un essor à partir du Moyen-Âge. Alors que le port de pêche est administré par les Pisans depuis le XIe siècle, la puissante république de Gênes convoite cette position stratégique. Située au nord de l’Italie, la ville-état tire sa puissance du commerce en Méditerranée et fait de Bonifacio un objectif de première importance pour sécuriser ses routes maritimes. En 1195, les Génois s’en emparent et s’y installent de façon pérenne. Conscient de l’importance de ce site, Gêne va lancer un projet architectural d’envergure pour transformer le bourg en une ville moderne selon un plan orthonormé. La population va alors fortement s’accroître et Bonifacio va même devenir la localité la plus peuplée de Corse.

Composed of granit, sometimes of shale, Corsica is made of limestone in its southernmost part. In this geological space, a peninsula, at the end of this world, invites to daydreaming. On the seaside, imposing cliffs are battered by winds and sea sprays, whereas the land side is shaped by a gully. This natural and narrow corridor, which is carved into the relief, leads to a harbor, sheltered from the rough seas in the strait. It provides a very welcome refuge for sailors during storms. Finally, on this limestone plateau overlooking the Mediterranean Sea, which offers a breathtaking view of Sardinia, is anchored the citadel of Bonifacio. Clinging onto the cliff that falls steeply into the crystal clear waters, the Genoese city has never ceased to metamorphose from a modest little fishing harbor in the 12th century, to an impregnable fortress in the 17th century.

At the southern end of Corsica, a strip of land stands out from the rest of the island. This peninsula of 1.5km long, 250 meters wide and 70 meters high, has had nature making it well done, to transform it into a fortified location. Known since Antiquity, the harbor of Bonifacio is particularly well sheltered and is deep enough to accommodate commercial vessels. Strategically located, at a main trade crossroad, the city experienced a boom from the Middle Ages. While the fishing harbor was administrated by the Pisans since the 11th century, the powerful Republic of Genoa coveted this strategic position.

Located in the north of Italy, at this time, the city-state draws its power from trade in the Mediterranean Sea, and Bonifacio becomes a main target. In 1195, the Genoese seize it and settle permanently. Aware of the importance of this location, Genoa will launch a major architectural project to transform the town into a modern city according to an orthonormal plan. Population will then increase sharply and Bonifacio will even become the most populated city in Corsica. In order to assert its military and commercial power, the Genoese Republic had a fort built on the highest point of the peninsula. The city becomes one of the centerpieces of the Genoese strategy, its main function being the defense of the sea space. But this stronghold, well positioned, is still coveted by powerful empires who would like to pass it under their banner. In 1420 and 1553, the city faced increasing attacks, becoming more daunting, and needs to rethink its defense system in order to counter new invasion attempts. Following the siege of the Aragonese, the Genoese tackled the problem of supplies by cutting the staircase of the King of Aragon, then later, by drawing a plan for a brand new building. Both technical and ingenious, it will be a military reference for the next three centuries : the bastion. Intended to absorb the energy of cannonballs, three bastions are built to lock the access to the citadel. The most famous one is called the Bastion de l’Étendard . The Genoese will solve a last problem : access to water. Indeed, during a siege, water, as well as food, are vital resources. A major urban program is designed to collect rainwater using the roofs of buildings. It is then transported, through ceramic conducts, to cisterns of all sizes which are located under the city. This clever system, that recovers water, makes it possible to store three million liters of water and is still in operation today. Despite all the ingenuity and intelligence of the Genoese, the fortifications of the citadel will eventually be overtaken by the technological leaps that will follow one another over time. After the Second World War, peace reigned throughout Europe and Bonifacio lost its military importance. The Genoese city, after eight architectural evolutions and adaptations to new military strategies, has become one of the tourist wonders of Corsica, which is visited each year by a crowd of onlookers.

Afin d’affirmer sa puissance militaire et commerciale, la république génoise fait édifier sur le point le plus haut de la presqu’île un fortin. La ville devient l’une des pièces maîtresses des Génois dont la fonction principale est la défense de l’espace maritime. Mais cette place forte, si bien positionnée, est convoitée par de grandes puissances qui aimeraient qu’elle passe sous leur bannière. En 1420 et en 1553, la ville fait face à des attaques de plus en plus redoutables et doit repenser son système de défense afin de contrer de nouvelles tentatives d’invasion. Suite au siège des Aragonais, les Génois s’attaquent au problème du ravitaillement en taillant l’escalier du Roi d’Aragon, puis plus tard, en dressant le plan d’un édifice radicalement nouveau. À la fois technique et ingénieux, il va être la référence militaire durant les trois prochains siècles, il s’agit du bastion. Destinés à absorber l’énergie des boulets de canon, les bastions sont construits au nombre de trois afin de verrouiller l’accès à la citadelle. Le plus célèbre d’entre eux porte le nom de bastion de l’Étendard. Les Génois vont régler un dernier problème : l’accès à l’eau. En effet, lors d’un siège, l’eau tout comme la nourriture sont des ressources vitales. Un programme d’urbanisme d’ampleur est pensé afin de collecter l’eau de pluie à l’aide des toitures des bâtiments. Elle est alors acheminée, grâce à des conduits en céramique, dans des citernes de toutes les tailles qui sont situées sous la ville. Ce système astucieux de récupération permet de stocker environ trois millions de litres d’eau et fonctionne encore actuellement. Malgré toute l’ingéniosité et l’intelligence des Génois, les fortifications de la citadelle finiront par être dépassées par les bonds technologiques qui vont se succéder à travers le temps. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la paix règne à travers toute l’Europe et Bonifacio perd de son importance militaire. La cité génoise, après huit siècles d’évolution architecturale et d’adaptation aux nouvelles stratégies militaires, devient l’une des merveilles touristiques de la Corse qui est visitée chaque année par une foule de badauds.

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