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3. L’enjeu qualitatif
3. L’enjeu qualitatif
La qualité de l’eau et les intrants* utilisés en agriculture sont un sujet majeur du territoire du Grand Auxerrois. Ils sont travaillés par la Chambre d’agriculture de l’Yonne et la recherche (INRAE) depuis la fin des années 1980 pour le nitrate et depuis les années 2000 pour les résidus de produits phytosanitaires. Les connaissances sur des pollutions diffuses et les transferts dans le milieu ont beaucoup progressé mais il reste des zones d’ombre, surtout sur les produits phytosanitaires où la complexité des molécules et de leur interaction dans le milieu est très importante.
La protection des eaux superficielles liée aux ruissellements a beaucoup progressé depuis 2006, avec notamment la mise en place de bandes enherbées le long des écoulements d’eau jugés prioritaires. Les exutoires de drainages* doivent être aménagés afin d’être tamponnés avant leur arrivée aux cours d’eau. Du travail reste à faire avec les collectivités sur les bassins d’orages ou toute autre retenue visant l’écrêtage d’épisodes pluvieux violents.
La protection des eaux souterraines et principalement celle alimentant les captages d’eau potable est aujourd’hui, sur le territoire du Grand Auxerrois, un enjeu majeur.
Même si de nombreux travaux ont permis une progression significative sur les captages prioritaires du Grand Auxerrois, le défi reste de taille et risque d’être amplifié par le changement climatique. 38 aires d’alimentations de captage sont situées en partie ou en totalité sur le territoire du Grand Auxerrois. 58 % sont classées prioritaires (Grenelle, Conférence Environnement, SAGE, SDAGE). Elles couvrent environ 59000 ha de surface agricole, soit environ 51 % du territoire agricole du Grand Auxerrois.
Sur cet enjeu, la gouvernance locale doit s’établir sur la base d’un dialogue concerté entre la collectivité et les agriculteurs du territoire. Tous les acteurs de l’eau potable et les services de l’Etat dans l’Yonne poussent à ce dialogue, avec chacun leurs outils réglementaires et financiers. Ces outils peuvent nourrir une réflexion commune, globale et non militante pour la construction des projets de protection des ressources en eau.
L’agriculture a une part importante à jouer à travers toute sa diversité.
SCoT du Grand Auxerrois / diagnostic agricole / version projet mars 2022 156
Figure 100 : Photo Chambre d’agriculture de l’Yonne – AAC* pilote Brienon-sur-Armançon
SCoT du Grand Auxerrois / diagnostic agricole / version projet mars 2022 157
La préservation durable des ressources en eau pour l’alimentation en eau potable n’est efficiente que si un dialogue consensuel s’installe autour d’un projet de territoire respectant des objectifs partagés et clairement définis par l’ensemble des acteurs et partenaires. La collectivité, et surtout ses élus, ont le rôle d’installer et de rendre actifs les acteurs du territoire, au-delà des débats d’idée, sur des projets et actions opérationnels. - Définir et partager une stratégie par Aire d’Alimentation de Captage (AAC*) qui vise le temps long, mais avec des échéances intermédiaires (modification des systèmes agricoles, temps de réalimentation des nappes souterraines) - Installer les conditions d’un dialogue entre les élus de la collectivité et les agriculteurs ou leurs représentants ; - Mettre en mouvement tous les agriculteurs concernés, les accompagner pour qu’ils s’approprient les enjeux et les intègrent à leurs systèmes de cultures et de production. - Favoriser la mise en place de systèmes de culture résilients et d’innovation répondant aux enjeux de l’eau (gestion foncière, installations agricoles, création ou soutien de filières locales...). - Animer et nourrir la construction partagée et interactive du projet agricole de protection de l’eau, notamment à l’aide d’un outil d’évaluation « opérationnel » permettant de suivre l’efficacité des actions dans le temps.
Ce projet s’inscrit dans une logique de résultats pour évaluer le projet et le faire progresser. Cette logique repose sur
3 piliers qui doivent fonctionner en synergie, pour atteindre des objectifs partagés : la gouvernance territorialisée, la vie du projet et son évaluation.
L’évaluation en continu des résultats obtenus
Le projet agricole pour la qualité de l’eau doit être construit pour afficher les résultats concrets à atteindre pour les parcelles et l’eau du territoire. Ces résultats sont formalisés, chaque année, dans un outil qui permet d’évaluer le projet, en comparant les actions réalisées aux actions prévues et les résultats obtenus à ceux attendus. Cet outil, véritable tableau de bord, décrit annuellement, via des indicateurs de résultat, les différents maillons de la chaîne des relations causales du projet de protection du captage : les actions effectivement mises en œuvre, les résultats obtenus dans les parcelles agricoles, jusqu’aux résultats en termes de qualité de l’eau. Il compare ce que l’on obtient à ce que l’on attendait. Il est au service des acteurs du territoire pour identifier ce qui est réussi et ce qui l’est moins, pour les aider à analyser et comprendre l’origine des difficultés à « produire » une eau de qualité.
C’est l’outil utilisé pour analyser la situation, dialoguer et orienter les décisions. Pour être robuste, il doit s’appuyer principalement sur la base d’observations et de mesures de terrain qui alimentent des indicateurs simples et compréhensibles par les acteurs agricoles et non agricoles. Cet outil doit rendre transparents les résultats obtenus collectivement par les agriculteurs. Il permet une « mise en tension objective » autour des résultats attendus et obtenus et est un moteur puissant du projet sur la durée.
Cette logique permet une gestion dynamique et dans la durée du projet agricole de protection de l’eau pour chaque AAC* .
La synergie des enjeux de protection de l’eau et du changement climatique amène à rechercher une convergence pour les systèmes agricoles.
SCoT du Grand Auxerrois / diagnostic agricole / version projet mars 2022 158
SCoT du Grand Auxerrois / diagnostic agricole / version projet mars 2022 159