rab! 1.5 . part one

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rab! 3


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rab!


édito Lyon, le 01 juin 2017 Oups. On a recommencé.

“ Dormir est une façon de mourir ou tout au moins de mourir à la réalité”, disait un certain Salvador. Chacune, chacun d’entre nous possède sa propre réalité, depuis la petite fille qui se prend pour un ours bipolaire au sexagénaire convaincu d’être une reine du rap

(g)lucides

alternatif. C’est bien un monde de fous dans lequel nous sommes, mais de fous merveilleux qui existent en créant sans cesse, qui vomissent des idées sublimes et nous renvoient leurs rêves en pleine face. Y a-t-il meilleur combat que celui qui nous fait songer, délirer, désirer ? Voici une moitié de rab!, une tranche bittersweet d’un gâteau d’artistes de partout et nulle part, qui présentent leurs rêves terribles et drôles de cauchemars, leur propre réalité fabuleuse et nevrosée.

rab!

rab! n°1,5 (g)lucides

À vous tous les rêveurs, les dérangés, les bizarres, les introvertis, les lunatiques, les évasifs, les grands gamins, les trouillards, les utopistes, les étranges, les aberrants. Du sucre, que de glucides recrachons toute pensée lucide

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rêveurs rab!

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Ils ont rêvé ce numéro Le Département Des Aberrations est une jeune association étudiante créée en 2016, dont le but est de diffuser l’art étudiant actuel sous toutes ses formes, sous tous ses angles. Avec aujourd’hui plusieurs expositions, scénographies à son actif et des partenariats lancés avec quelques musées et galeries de la ville de Lyon, une poignée d’Aberrants poursuit ce projet de revue qui découle du credo initial du DDA : l’art est partout, accessible à tous, parfois sérieux, toujours aberrant.

denis boyron

guillaume dumont-malet

anouk mousset

léa gélineau

loris pisanu

antoine sintes


SALES GOSSES

EDITO SOMMAIRE

PARA-RÉELs

ENCAPSULÉS (2.0) + Lilas COGNET Hop ! je me casse de mon rêve + KING KOPZ “Je serais monstreux” Bonbon + Lucinda CHILDS Envolée onirique

15 films & séries 21 sons

0+3 5

8

676 30

44 48

50-2x(25x2) 52

VERY RAB! TRIP

+ ILK

74

80 83+1

La pastèque parce que + SHOK “Je serais rebondissant” Bonbon + The Binding of Isaac Fuir maman dans maman

96 10²

CES CHICS FANTOMES + Zdzisław BEKSIŃSKI

106 112

[ zdji-souaf bek-chi-gn-ski ] + Jorge CARRUANA BANCES Pop Corps + Black Mirror S3E4 Une claque néo-pastel Bonbon

remerciements

rab!

Bonbon + KUKU POKES De la marge à ta peau

sommaire

114 116 121-1

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le rêve lucide “ les rêves sont réels - tant qu’ils durent.” Havelock Ellis (1859-1939)

rab!

“ Ca ne fait pas grand bien de s’installer dans les rêves en oubliant de vivre, harry. ”

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Albus Dumbledore

Un rêve lucide est un rêve durant lequel le rêveur a conscience d’être en train de rêver.


aussi dans ce numéro ! sadiques, on a coupé rab! en deux. Si vous voyez une pastèque comme celle-ci en bas ou haut de page, elle est à compléter avec un autre exemplaire !

rab!

rab! n°1,5 : parce que,

rab! n°1,5 : parce que,

éternels gamins, on a laissé pendre des boîtes dans lesquelles vous avez osé glisser vos pires cauchemars et vos rêves d’enfants. Retrouvez ceux des autres sur chaque papier caché dans cet exemplaire. Rions, jugeons et tremblons ensemble.

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10 rab!


stéphane majewski marianne esposito hugo paris laurent pelardy alexis giberti estelle didier claude romain guillien maxime valcarce brice franquesa

Le Département des Aberrations présentait il y a quelques semaines une seconde exposition des œuvres des étudiants de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon : Para-Réel. De quelques coups de crayon, ils divaguent dans leur inconscient pour s’échapper un instant de leur folle vie architecturale. De quelques coups de pinceaux ils effacent coupes et plans de leurs esprits. Comme le disait notre ami philosophe Emile Michel Cioran, “le réel me donne de l’asthme” : à croire qu’il n’était pas le seul à avoir cet opinion, nos artistes aussi s’échappent de leur étouffant quotidien sur le papier. Rétrospective.

rab!

para-réels

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Les rayons de soleil, et l’esprit paisible

Entraînent des métamorphoses incompréhensibles Deux ailes, et des plumes roses

rab!

Puis c’est l’apothéose Mais les étrangers N’acceptent pas nos folles idées D’un pas déterminé, jeunesse militante

S’oppose d’une joie quelque peu arrogante Menacé par ce gouvernement

Chacun doit retourner à sa réalité Les plumes mouillées Attendre indéfiniment sans aucun jacassement Les jeunes oiseaux ne peuvent aujourd’hui plus s’envoler

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L. G. Poétisation d’un rêve 01


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rab!

amĂŠlie tripoz


14 rab! stĂŠphane artiste majewski


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rab!

marianne esposito


hugo artiste paris rab!

Hipster- (mais j’assume pas) -Jésus défendant mordicus son droit de mettre le lait avant les céréales, je fais des trucs avec un ordinateur. J’aime les accidents, l’idée que le Beau c’est le fruit du hasard, la rencontre singulière de paramètres autrement génériques.

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rab!

laurent pelardy


18 rab! alexis artiste giberti


alexis giberti rab!

Et maintenant je me surprends à imaginer l’histoire de chaque rue. Souvent ce sont des histoires tristes.

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20 rab! artiste estelle didier


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rab!

estelle didier


22 rab! artiste maxime valcarce


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rab!

maxime valcarce


24 rab! artiste claude


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rab!

romain guillien


26 rab! briceartiste franquesa


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rab!

brice franquesa


rab!

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amélie tripoz lilas cognet Bestias en la sopa lora giraud sweb king kopz julien blatteau + lucinda childs

Notre cerveau cache en chacun de nous un incroyable univers onirique. Des folies, des incompréhensions, des obsessions, des désirs, tant de choses insoupçonnées. Cet organe recèle des trésors encore inconnus pour l’Homme. Seules des ébauches de son fonctionnement nous sont parvenues. Mais beaucoup de ses trésors nous questionnent : pourquoi une licorne utiliset-elle un poireau comme moyen de locomotion? Pourquoi les monstres boutonneux et les êtres humains sympathisent-ils dans notre inconscient et pas dans la réalité? Tant d’interrogations… En effet pendant chaque nuit nos méninges s’emballent, et notre lucidité s’efface, puis nous devenons chacun les acteurs de drames loufoques où la réalité devient absurdité.

rab!

encapsulés

2.0

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rab!

Lieu effrayant, angoissant

L’altitude entraîne beaucoup d’accidents Des souterrains, des ruelles, plan dédalique Foule étouffante, grouillant dans une étroite fourmilière Puis un son strident, panique chimérique Peuple de l’ombre effrayé par la lumière Peuple du froid, poursuivi par la chaleur Les pas s’accélèrent, s’entrecroisent, plongés dans l’horreur Le chaos, la fuite et puis le soulagement Pour un instant

Pour un instant, des étoiles réapparurent dans les yeux de chacun Jusqu’au fracas, tout s’écroule, espoir en miette Reste un écho lointain Et des âmes muettes L. G. Poétisation d’un rêve 02

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rab!

artiste amĂŠlie tripoz


hop! je me casse de mon rêve

lilas cognet zoom

rab!

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“Dans

Nous parlons beaucoup, nous buvons du thé sur une grande table conviviale et Lilas nous parle de tous ses projets qu’elle mène de front. Entre une vie d’illustratrice, de prof, d’indépendante dans la BD, c’est bien ses rêves auxquels elle accorde beaucoup d’importance. Pour tout vous dire, Lilas, le matin elle met le réveil une heure avant de se lever, toutes les dix minutes,... juste pour rêver. Parce que “c’est trop dur de se casser de cette autre réalité !”

mes rêves, je me mets à voler. A voler des chapeaux. ”


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rab!

lilas cognet


lilas cognet artiste rab!

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Il suffit que je fasse un grand pas et que je mette de la poudre sur ma tête et hop ! je me casse de mon rêve.


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rab!

artiste lilas cognet


36 rab! artiste lilas cognet


Son univers ? Il est fantastique. Une accumulation de formes et personnages en provenance directe du monde de la nuit. Ce dernier étant surement influencé par le fait que Lilas soit synesthète : en un mot, cette artiste a la capacité de faire un savant mélange

Sinon, dans notre réalité quotidienne, après un cursus à Emile Cohl, Lilas fonde avec sa bande de potes l’atelier Millefeuille, là où s’est déroulée notre rencontre. “Bonjour, vous cherchez qui ? Allez-y, elle est au fond dans la cuisine.” De la simplicité à revendre dans ce lieu où l’on se sent déjà comme chez soi.

artiste lilas cognet

avec ses sens. Avec un exemple ça donne ça : pour Lilas, le i est rouge, et ainsi, chaque lettre de l’alphabet possède sa propre couleur à laquelle il ne faut point déroger.

rab!

Quand elle était ado, Lilas se réveillait avec un stylo collé à la joue et des mots gribouillés sur un bout de papier, sans aucun sens, du moins pas dans notre réalité quotidienne. Mais peut-être dans une autre dimension... “Mais tu vois, mes rêves ils me font des blagues parfois. Par exemple y a pas longtemps ma mère était déguisée en moine, avec la capuche noire... et d’une voix sombre elle me disait : “Lilas, je vais te révéler la recette secrète de la pâte à crêpes.” Et là, mon réveil sonne ! Trop frustrée, je l’éteins et je retourne dans mon rêve. Et là ma mère qui me sort un truc du genre : “Attends, tu te casses comme ça du rêve et t’as cru que j’allais te révéler la recette ?” C’est un peu comme si le rêve trahissait cette autre réalité...”

A.M.

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le point freud

rab!

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Au premier abord, nos rêves nous apparaissent comme absurdes, dénués de sens. C’est en fait un assemblage de pensées et d’images en provenance directe de nos quotidiens, un peu comme des restes diurnes, qui, réunis à nos désirs et pulsions, donnent vie à de nombreuses incohérences.

Selon Freud, le rêve c’est aussi un assemblage de deux notions : la réalisation explicite des désirs inassouvis de l’enfant, donnant suite à l’idée que le rêve adulte serait la réalisation déguisée de désirs inconscients. Ce cher Sigmund met en opposition le scénario du rêve tel qu’il apparaît dans le souvenir du rêveur, confus et absurde, et de l’autre côté l’ensemble des pensées refoulées qui sont à l’origine du rêve mais dont l’individu n’a pas immédiatement conscience. Une seule règle à garder en tête : ne vous laissez pas abuser par les images, par le “contenu manifeste ” de vos rêves : cette façade neutre ou totalement absurde est créée pour permettre à l’inconscient de s’exprimer pleinement, évitant la censure du moi conscient. Quand les éléments inconscients franchissent la frontière, c’est l’angoisse, le rêveur se réveille.

A.M.


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rab!

bestias artiste en la sopa


40 rab! lola giraud artiste


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rab!

lora giraud artiste


42 rab! julien artiste blatteau


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rab!

artiste sweb


rab!

bonbon (n.m.)

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def : Petite confiserie Ă base de sucre cuit. Populaire : Testicule. Page griffonable, gribouillable, Ă merci de cet exemplaire de rab!


rab! trouve ton chemin !

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je serais monstrueux

king kopz zoom

rab!

Si j’étais une utopie, je serais la paix.

Si j’étais un héros, je serais the Big Lewboski. Si j’étais un verbe, je serais picoler.

Si j’étais une citation, je serais jamais deux sans bœuf n’amasse pas mousse. Si j’étais un animal imaginaire, je serais un gremlin.

Si j’étais un type de ballon, je serais une Montgolfière. Si j’étais une année, je serais 1993.

Si j’étais une musique, je serais the man in me, Bob Dylan. Si j’étais un mot, je serais aventure.

Si j’étais un signe de ponctuation, je serais ? Si j’étais un plat, je serais des ravioles.

Si j’étais une odeur, je serais une odeur d’oignon. Si j’étais un pouvoir, je serais la manipulation. Si j’étais un jeu, je serais Magic the Gathering.

Si j’étais un conte, je serais Petronille [Claude Ponti].

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Manipuler un boeuf ? Le portrait chinois de King Kopz

Si j’étais une lettre, je serais X.

Si j’étais un adjectif, je serais monstrueux.


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rab!

king kopz


48 rab! king kopz


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rab!

king kopz


lucinda childs zoom

rab!

envolée onirique

Pris d’un vertige chaque spectateur se perd dans un univers onirique et hors du temps.

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Dance. 1979. Lucinda Childs. De quelques sonorités, de quelques corps en mouvement naît un rêve ensorcelant. Alternant entre unissons et contrepoints, la danse épouse la musique. Les danseurs virevoltent, farandolent, ils se succèdent puis se répètent. Lucinda Childs use de malice et joue aussi bien avec ses danseurs qu’avec son public. Aidée par l’artiste Sol Lewitt, ils nous emmènent dans un volume multidimensionnel, un dispositif filmique dédouble ce flux de mouvement permanent.

La musique répétitive de Philip Glass dissout toute structure narrative. Dance est une expérience contemplative. A l’image de la régularité des vagues s’étalant sur le sable ou à celle de la profondeur d’un paysage, ce spectacle nous renvoie à des sphères enfouies de nous-mêmes, une rêverie incontrôlable. La pureté et l’abstraction de la danse surpasse ici la narration. Des pas répétés jusqu’à l’ivresse conduisent l’esprit du spectateur à l’envoûtement, à l’hypnose. D’autant plus qu’au mouvement perpétuel de cette chorégraphie s’ajoutent le charme lancinant de la musique et la folie induite par les images filmées. Si vous souhaitez vous égarer, et voyager, Dance est la solution.

vu à l’Opéra de Lyon, 2016 L.G


lucinda childs rab! Sally Cohn, c.2009

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en rab!

15 films + séries

rab!

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Alejandro Amenábar David Fincher Michel Gondry Martin Scorsese Eskil Vogt Paolo Sorrentino Tim Burton Spike Jonze Ben Stiller Christopher Nolan

ont réalisé des films et séries géniaux qui questionnent la réalité plus ou moins tangible dans laquelle nous vivons : rêve, cauchemar, hallucination, gros trip, manipulation ? De quoi renverser votre popcorn et faire travailler vos méninges paranoïaques avant de vous endormir.

the others fight club the eternal sunshine of the spotless mind abre las ojos shutter island


rab!

blind, un rêve éveillé youth alice aux pays des merveilles la science des rêves the good night dans la peau de John Malkovitch la vie rêvée de Walter Mitty inception black mirror utopia

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qui les font triper

21 sons rab!

“Si tu devais en choisir une, quelle chanson te fait rêver, décoller en ce moment ?”

“Ouais, ouais, tu peux en choisir 5 aussi.”

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Voici une petite sélection de chansons par les artistes ayant osé participer à ce rab!

bob dylan

ibrahim malouf

the man in me

la porte bonheur

odezenne

tom waits

je veux te baiser

Altai Kai kай кожонг

all the world is green

boards of canada hi scores


kazy lambitz

hippo campus

point point

got your money

on you

violet

hands

the blaze

ludéal

light asylum

burzum

territory

le jardinier japonais

dark allies

erblicket die tochter des firmaments

November Növelet

soul capsule

le peuple de l’herbe

armand amar

free

lady science

down by law

poem of the atoms

Emerson, Lake & Palmer trilogy

animal collective floridada

rab!

wu-tang x beatles

Youssoupha chanson française

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56 rab!


amélie tripoz léa dedieu auguste fenez sparkle emma debroise mr. thoms shok + Jusa rachel deville + KUKUPOKES titival axel felizat

Finis tes lentilles, mets ton bonnet, range ta chambre, dépêche toi, fais tes lacets, habille-toi, lève-toi, assieds-toi, éteins cette télé, fais tes devoirs, récite, parle. Ne mets pas tes doigts là, ne pointe pas du doigt, ne mets pas tes coudes sur la table, ne souris pas, ne parle pas, ne bouge pas, ne mange pas, ne dors pas ne dors pas ne dors pas. Le monstre sous ton lit, lui il est bien là, il attend chaque nuit que l’autorité protectrice referme la porte. Yeux grands ouverts, le souffle court, sourire terrifiant. Les tentacules gesticulent et s’emparent de tout, les playmobils volent, la peinture gicle et ton esprit s’agite. « Tu veux un ballon Georgie ? » Tu tournes, retournes, retournes, les yeux grands ouverts, le souffle court. Mais tu t’en fous : le monstre c’est toi.

rab!

sales gosses

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rab!

Enfant gaiement

Côtoie un animal imposant Jeu de cou,, jeu de taille On se cache puis se retrouve La grandeur peut être une faille Au supermarché chacun se découvre Enfant gaiement

Retourne dans son zoo Des singes, des loutres, des cormorans Se divertissent dans un joyeux concerto Enfant gaiement Une créativité d’aberrant L.G. Poétisation d’un rêve 03

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rab!

amĂŠlie tripoz


60 rab! lĂŠa dedieu artiste


lĂŠa dedieu rab!

avoir la banane

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je serais du saumon mariné

auguste fenez zoom

rab!

Si j’étais un cauchemar, je serais Un tsunami en Bretagne

Si j’étais une utopie, je serais un monde où l’on payerait en bisous Si j’étais une heure de la journée, je serais 14h30 ( la sieste) Si j’étais un héros, je serais Le surfeur d’argent ou Flash Si j’étais un animal imaginaire, je serais un pokémon

Si j’étais un type de ballon / balle, je serais une balle de ping pong Si j’étais une année, je serais 1995

Si j’étais une invention, je serais une planche de surf

Si j’étais une musique, je serais “surfing usa” des Beach Boys Si j’étais un mot, je serais Bonjour

Si j’étais un plat, je serais du saumon mariné

Si j’étais un rêve d’enfant, je serais un nuage supersonique Si j’étais un jeu, je serais les petits chevaux

Si j’étais une lettre, je serais La lettre a élise (aha)

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Le portrait chinois d’Auguste Fenez.

Si j’étais un adjectif, je serais spontané Si j’étais une émotion, je serais Heureux


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rab!

auguste fenez


64 rab! sparkle artiste


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rab!

sparkle


66 rab! sparkle artiste


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rab!

sparkle


rab!

bonbon (n.m.)

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def : Petite confiserie Ă base de sucre cuit. Populaire : Testicule. Page griffonable, gribouillable, Ă merci de cet exemplaire de rab!


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rab!


emma debroise rab!

Epuré Miro Matisse gAuguin

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Du pasquier gkEro Bingo atelier Rachel levit trOpical naIf Stylisé Enfantin


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rab!

mr. Thoms


72 rab! shok + jusa artiste


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rab!

shok + jusa


74 rab! artiste rachel deville


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rab!

rachel deville


de la marge a ta peau

kuku pokes zoom

rab!

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Féministe aux cheveux jaunes et verts et aux jambes recouvertes de tatouages, Kuku Pokes est une femme à la personnalité éclatante. Discuter de son travail, c’est retourner en enfance. Quand je vois ses petites illustrations, impossible de ne pas penser à ces nombreux dessins crayonnés inconsciemment dans la marge de mes cours de français. La différence c’est que Kuku marque à vie ses tatoués avec ses créations. Dans cet univers décalé, son aiguille la guide, rien ne semble l’effrayer, elle est intrépide. Qu’ils soient tout petits ou de la taille d’un ventre, Kuku laisse la porte ouverte à l’improvisation et au défi lorsqu’elle tatoue. Grâce à son esthétique à la fois engagée et insouciante, elle te gravera inévitablement un sourire aux lèvres. Pop, Punk et Comique, avec Kuku Pokes on s’égaye : c’est épidermique !

L.P.


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rab!

kuku pokes


78 rab! artiste titival


titival rab!

Bienvenue chez titival, moitié folle riant de la moitié normale. Enfant poli ou garçon dérangé ? L’un m’ennuie, l’autre me fait flipper. Lequel des deux m’anime le mieux ? Je ne veux pas choisir, je dessine.

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80 rab! axel artiste felizat


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rab!

axel felizat


82 rab!


amélie tripoz + ilk + shok laurent pelardy K-ROL paul colombat léa dedieu alexis giberti denis boyron ariane yadan

Immobile, les yeux clos, tes cils battent. Tes yeux regardent à l’intérieur de toi le nouveau monde qui s’ouvre et se développe. Mini-toi, tu sautes et gesticules dans un monde qui s’effondre et recule. La lame tombe, les pièces tintent, les moteurs démarrent, les bouches s’ouvrent, croquent, déchirent et mâchent. Tu entends ces bruits, tu frémis. Tu te retournes, tu remets ton oreiller en place, contrarié.e, tes cils battent. Ton cœur aussi bat, mais pas dans ta poitrine, dans ta tête. Des pattes d’araignées gigantesques cliquettent sur ce cœur qui se démène. Tes cils battent. Mini-toi, tu sautes d’un tableau à l’autre et tu hurles à chaque toile. Tes cils, paupières tremblent et ton visage dégouline, tu ne sais trop où aller, “mets ton ciré”. Une main fripée attrape ton poignet, ses ongles rouges comme des yeux te crient de les suivre, croquer la rose madder dans les limbes d’un Tibre éteint.

rab!

very rab trip

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rab!

Un simple effleurement puis plus rien, Ils s’envolaient tous un à un Un geste, une sensation, un égarement, le vide Mon crâne était devenu un désert aride

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La tête dégagée de toute pilosité Des couleurs apparaissent, rose, rouge, jaune, un vif ensemble pigmenté Les sens aux aguets, résonnent les babillages des enfants, le grincement de la chenille, l’odeur des confiseries Mais ce paysage naïf et enfantin nous mène cette nuit à l’ennui La calvitie nous éloigne de l’enfance Voyons c’est une évidence!


amélie tripoz L. G. Poétisation d’un rêve 04

rab!

Corps nu allongé dans mon espace Indifférence je replonge dans ma tasse Plénitude, des bouteilles, des bouteilles, suis-je emparé d’une ivresse insensée? Saoul de mes folies, de mes amis, de cette chenille, de ma calvitie, non, non saoul de jus de fruit Il ne faut pas arrêter, boire, boire, un improbable goût de litchi Cette bouteille de vin m’appelle je dois le transvaser Stop! Le nu se manifeste violemment Puis se transforme, rappel du bon vieux temps Pensée politique, vote, élection puis Mélenchon, mon ami est indécis Que faire? Est-ce un reflet de mes intérêts? Politique, amitié, pilosité, beuverie

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rab!

zoom

ilk

une pastèque parce que

On plonge avec lui dans un univers fantaisiste et grouillant d’images délirantes (d’accord, un artiste pas si simple que ça) qui lui permet de réaliser de nombreuses oeuvres, notamment des graffitis dès 1998. Fort de cet éclectisme, il est diplomé en art plastiques en 2002. Après celà, son univers fantasmagorique l’amène à travailler dans la création de packagings pour Disney.

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Luxe, musique, mode, fruits, chats.

Ilk, ou ce simple artiste vivant dans les ténèbres de la banlieue parisienne, plongeant son inspiration depuis son plus jeune âge dans la musique métal, les films d’horreur et, peu s’en faut, dans les cartes Magic et Warhammer.

L’homme aux pastèques a de nombreuses cordes à son arc ! En parallèle, son style personnel se développe en peinture, graphisme, illustration, typographie. Et nous Aberrants, ne sommes pas les seuls à succomber à son univers abracadabrant, car il réalise dans le monde entier des expositions et collaborations avec des marques. L.G.


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rab!

ilk


88 rab! artiste ilk


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rab!

ilk


90 rab! paul colombat


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rab!

paulartiste colombat


je serais rebondissant

SHOK zoom

rab!

Si j’étais un rêve, je serais incompréhensible, même par Freud et toute sa clique.

Si j’étais un cauchemar, je serais une invasion extraterrestre ou zombie.

Si j’étais une heure de la journée, je serais une heure de la nuit, l’heure où l’obscurité nous révèle un autre monde.

Si j’étais un héros, je serais l’enfant caché de Clint Eastwood et d’Odile Deray. Si j’étais un jeu, je serais transportable dans une poche. Si j’étais un verbe, je serais facile à conjuguer.

Si j’étais une citation, je serais trempe du pain sec dans l’eau, ça restera du pain

sec, du pain sec mouillé. Si j’étais un animal imaginaire, je serais une baleine aux nageoires de plumes

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Absurde, facile à conjuguer, le portrait chinois de Shok

pour pouvoir explorer la mer et le ciel.

Si j’étais un type de ballon, je serais rectangulaire et rebondissant.


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rab!

shok


94 rab! artiste shok


shok Si j’étais une année, je serais l’année où le lecteur lit ces lignes, car rien ne vaut le présent.

Si j’étais une musique, je serais tantôt techno répétitive et planante, tantôt instru de rap rythmé et profonde, tantôt ethnique, mystique Si j’étais un adjectif, je serais absurde.

Si j’étais une odeur, je serais l’odeur des fraises des bois.

rab!

et inspirante.

Si j’étais un pouvoir, je serais en cours de chargement. Si j’étais un conte, je serais Dracula. Si j’étais une lettre, je serais β.

Si j’étais un rêve d’enfant, je serais l’exploration de l’univers habillé en voyageur de l’espace voyageant dans une fusée conçue entre amis.

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96 rab! laurent pelardy


Je ne trouve plus Monsieur Sommeil depuis les 3h. Toujours dans ma petite case à la Réunion, je n’ai qu’une chose à faire: penser. Quelle horrible chose lorsque l’on a de l’imagination. J’imagine tous les monstres possibles sortant des placards, de sous le lit. Si j’avais su, à 10 ans, que j’aurai encore plus peur dans le noir à 21... J’étais loin de l’imaginer. Je me voyais grande, forte, n’ayant peur de rien. Et finalement, je n’ai pas l’impression d’avoir grandi ni d’avoir pris de la force à ce niveau là. Le pire des monstres: celui avec une tête de corbeau, des mains en pointes et une grande cape noire à capuche. Pour me rassurer après l’avoir imaginé me

k-rol artiste rab!

Il est 4h37.

sauter dessus, je me dis qu’il est gentil au fond, comme tous les monstres sûrement. Ils sont seuls, tristes et surtout super moches. Qui peut les aimer ? Ils n’ont pas le choix, ils doivent vivre de la peur des petits enfants (ou des grands cette nuit...). Il arrive, me prend le visage avec ses mains pointues lorsque j’arrive à voir cette lueur au fond de ses yeux noirs : l’espoir d’une amitié. Il n’y a pas meilleure heure que 4h42 pour faire une nouvelle rencontre. Ça y est, nous sommes là, tous les deux, et je lui dis que je comprends sa solitude. Il m’emmène alors faire le tour de l’île sur son dos en volant. C’est génial. J’adore ce monstre là.

K-ROL

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rab!

bonbon (n.m.)

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def : Petite confiserie Ă base de sucre cuit. Populaire : Testicule. Page griffonable, gribouillable, Ă merci de cet exemplaire de rab!


rab! trouve ton chemin !

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100 rab! lĂŠa dedieu


lĂŠa dedieu rab!

rouler un patin

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FUIR MAMAN DANS MAMAN

the binding of isaac zoom

rab!

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Bienvenue sur The Binding of Isaac, le chef-d’œuvre vidéo-ludique d’Edmund McMillen. Aujourd’hui, rab! vous parle du 10ème art avec ce jeu vidéo indépendant sorti en 2011 sur la plateforme de jeux dématérialisés Steam.

Tu es Isaac, jeune enfant vivant avec sa mère très (trop) pieuse. Jusqu’au jour où Dieu demande à Maman de te tuer. Tu t’enfuis alors dans le sous-sol de la maison, t’enfonçant de plus en plus loin dans les profondeurs d’un monde alliant scatophilie naïve, traumatismes infantiles , sexualité morbide et références bibliques. Ah, et ce n’est pas un cauchemar, tu es là pour t’amuser.

The Binding of Isaac appartient à cette catégorie de jeux à l’univers généré aléatoirement (dits ‘’roguelike’’) : à chaque partie Isaac souffrira dans un sous-sol différent, à chaque vie il devra fuir maman par un autre chemin, et à chaque mort il aura tout perdu sinon les souvenirs de sa course cauchemardesque. Le système même du jeu se rapproche ainsi de ces rêves à jamais inaccessibles une fois qu’on se réveille haletant et jurant, empêtré dans des draps moites. Et parfois tant mieux. Une autre des spécificités de The Binding of Isaac est la quantité d’objets qui amélioreront (ou pas) tes capacités, voire affecteront totalement ta manière de jouer. Ceux-ci changent à chaque course, si bien que les combiner fera de toi un être unique, à l’apparence

h sm


the binding of isaac rab!

n hi o e s g u n o i h w l a l r a d m , f l h e t s i m w i h g to n i y d a l e p h c t a d w an m e o h m t s i n h o s as t s r e a c h t d o a o m r s i b h d n n

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104 rab! denis artiste boyron


The Binding of Isaac, c’est ce cauchemar que tu redemandes, ce cauchemar où tu veux sans cesse retourner, ce cauchemar où tu t’amuses tant que devoir en partir te frustre pour la journée... The Binding of Isaac : quand les délires traumatiques d’un enfant menacé de mort ressemblent à un rêve. Alexis Giberti

the binding of isaac

prendras, cela sera toujours le mauvais.

rab!

changeante : Isaac utilisera tout ce qu’il peut pour survivre, du soutien-gorge de maman à une bible satanique, du SaintGraal au corps décapité de ton chien. Et oui, dans The Binding of Isaac, tu te bats avec tes larmes. Et les larmes de sang font encore plus mal. Qu’il s’agisse de résidus fécaux, de tumeurs volantes ou de fœtus explosifs, nombreuses seront les créatures à te barrer la route. Les boss étant un mélange de tout cela, en plus gros plus gore plus glauque, le tout saupoudré de références bibliques. L’objectif n’est finalement jamais énoncé, tout juste comprendras-tu qu’il te faut continuer à avancer dans chaque niveau pour y trouver le boss qui s’y cache, et une fois celui-ci vaincu descendre au niveau suivant pour t’enfoncer toujours plus loin, toujours plus profond, passer des caves aux grottes, des grottes aux abysses, des abysses à l’utérus... Le jeu offre de nombreuses fins alternatives, et les deux niveaux dans l’utérus de maman ne sont qu’une étape avant d’autres, certaines évoquant le paradis ou les enfers. Quel que soit le choix que tu

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ariane artiste yadan rab!

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Le polaroïd fabrique des images qui sont de l’ordre du souvenir, de l’image mentale, de l’univers de l’intime, du monde onirique.


ariane yadan rab!

L’autoportait me permet de parler à la fois de ce que je suis et aussi de la précarité de l’existence l’humaine.

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108 rab!


Le silence est de mise, un vieux manoir aux tuiles qui grincent et au parquet qui vole. Le coucou tinte 36 fois, le thé est prêt, on va pouvoir y baigner des truites. Les spectres s’assoient dans le vide et sourient aux rideaux. Et toi, tu es là et tu ne vois rien. Mais ouvre tes yeux, pauvre inconscient ! Le monde ne s’arrête pas à ce que tu vois, joues, pries, hurles ! La camisole n’est qu’une enclume, ils sont bien là, mais leur thé est froid. Des jambes se croisent sur les nonfauteuils, une allumette craque et hurle, la cuillère fait parler la porcelaine, un sucre se noie. Tu hurles toujours, et ce n’est plus aux rideaux qu’ils sourient, mais à toi pauvre mortel. Que ta volonté soit faite, reste chic, rejoint la fête.

amélie tripoz paul colombat + jorge carruana bances + Zdzisław Beksiński

Ces artistes morts, géniaux ectoplasmes, chics fantômes, qui continuent de nous hanter, encore et toujours. Hommage.

rab!

chics fantômes

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rab!

Expédition spatiale On tombe on tombe pour s’envoler Projection astrale On ne peut plus bouger Flotter et se contempler Dans ces miroirs déformés En tête à tête avec nous-mêmes Toujours le même dilemme Corps torsionnés Frissons incontrolés Pourvu que la lumière revienne L. G. Poétisation d’un rêve 05

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rab!

amĂŠlie tripoz


112 rab! paulartiste colombat


rab!

ils sont morts mais d’une manière ou d’une autre ils sont toujours là . il y en a même qui parlaient du rêve ! whitney houston - Edie britt - Salvador dali tinkerbell hilton - Walt Disney - Lolo Ferrari - Roméo & Juliette - André Breton - Edna Krapabelle - Lewis Carroll - Donna Summer - David Carradine - Antoni Pitxot - Camille Claudel - George Michael - Venus Xtravaganza - Piotr Illitch Tchaïkovski - Satoshi Kon - Madame Grès - CLÉOPATRE VII - Luigi Nono - Daniel Balavoine - Judy Garland - Frida Kahlo - dumbledore Zdzisław Beksiński - m - prince - jorge carruana bances

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[ zdji-souaf bek-chi-gn-ski ]

Zdzisław Beksiński zoom

rab!

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21 février 2005. Soir. L’appartement est sourd. Et muet. Le téléphone sonne, en vain. Tout est calme. On frappe à la porte, personne ne vient ouvrir. Un trou commence à se dessiner sur le mur en placo qui donne sur le couloir. Deux personnes rentrent. Où est-il? Personne dans le salon. La chambre. La cuisine. Il n’est pas là. Il est toujours là. Il est forcément là. La porte du balcon grince et un léger courant d’air se fait sentir. Et s’il était dehors?… Voilà. Il est là. Allongé. Un liquide rougeâtre coule encore de ses nombreuses plaies au ventre. Il dort, enfin. Il git devant eux, le dernier cadavre de ce grand artiste. Le plus beau cadavre. Le plus réel. L’ultime. Le sien. Celui de Zdzisław Beksiński.

C’est ce soir-là que l’artiste a rejoint son œuvre pour toujours, devenant ainsi l’un de ces personnages morbides qu’il avait l’habitude de peindre. Il ne sera pas donné à tous d’apprécier les visions d’horreur, le caractère


C’est un talent rare. Le genre d’artiste capable de sortir les monstres affreux cachés au fin fond des placards de votre esprit, de vos cauchemars les plus solitaires, et de vous les recracher en pleine face de telle façon que vous ne pouvez plus bouger, et vous restez immobile, paralysé par la fascination qu’une telle horreur procure.

Zdzisław Beksiński rab!

malsain que l’on peut voir dans ses peintures, mais l’oeil avisé y trouvera une beauté inégalée. Une monstrueuse attirance derrière ces visages macabres, ces corps grotesques et ces paysages d’effroi.

Cette oeuvre est hors du temps. Hors des différences. Elle est intemporelle. Elle est universelle. Elle nous fait peur, parce qu’elle parle de nous. Tous. Sans exception. L’artiste construit une illusion, dérangeante de familiarité. Est-ce réel? Peut-être. Mais ça, lui seul peut nous le dire.

Stéphane Majewski Pierre-Emmanuel Letournel

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pop corps, dure réalité

jorge carruana bances zoom

rab!

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Par la censure exercée à Cuba d’où il est exilé dès les années 1970, Jorge Carruana Bances doit passer son art sous silence, une censure qui s’exerce plus généralement sur l’histoire de l’art cubain. Pièce maitresse du puzzle pop et de la peinture post moderne, il s’approprie la peinture comme instruments de discours.

“Populaire, éphémère, jetable, bon marché, produit en masse, spirituel, sexy, plein d’astuces, fascinant et qui rapporte gros ”. C’est en ces mots que Richard Hamilton décrivait le Pop. Si je devais n’en garder qu’un pour décrire l’œuvre Pop de Jorge Carruana, ce serait sans hésitation : sexy. Bien entendu, ces corps de femmes dénudées participent à ce sex-appeal, mais quelques part ce qu’il y a de plus sexy dans ces toiles, c’est leurs revendications politiques. Jorge défie la censure avec des images considérées comme pornographiques. Ces images de nudités n’ont pourtant rien de bien choquant, surtout an regard de problèmes bien plus graves que Jorge


artiste jorge carruana bances rab!

aborde à de nombreuses reprises dans son travail. L’objectivation de la femme, les individus noyés pendant leur tentative d’immigration, la violence de la guerre froide : des réalités nouvelles. Les femmes nues posent avec des objets de consommation. Les symboles de l’URSS communiste émergent au milieu de compositions complexes tout droit tirées de l’iconographie publicitaire. Carruana se sert de la surabondance d’image, de l’oxymore visuel et de l’esthétique Pop pour faire passer ses messages. Bien que ces tableaux puissent être sujets à des interprétations multiples, voire contradictoires, ils suffisent à interpeller et à soulever le débat. Carruana nous invite ainsi à réfléchir sur les systèmes qui construisent notre monde, à voir si nos valeurs s’alignent ou non avec ces systèmes, et à agir contre les systèmes en désaccord avec nos idéaux. Observer, c’est Pop. Critiquer, c’est Politique. Se révolter, c’est Sexy.

L.P.

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la claque néo-pastel

black mirror S3e4 zoom

rab!

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C’est certain, vous avez dû entendre parler de Black Mirror, la mini-série électro-choquante récemment reprise par le Dieu-Tout-Puissant Netflix. “Est-ce qu’on va trop loin ?” est au départ la question-thème de cette série britannique. Chaque épisode, indépendant et souvent génial, traite du lien entre technologie exacerbée et moeurs sociales. Enregistrer ses souvenirs, bloquer des personnes réelles, cloner un être cher disparu, instagramer toute sa vie. Autant de perspectives pas si éloignées de nous, potentiellement flippantes, et exploitées au cours des 13 épisodes selon un fil d’Ariane trash et poétique.

San Junipero, l’épisode quatre de la troisième saison est une fable technologique mettant en scène une relation amoureuse entre deux femmes, qui se rencontrent dans la ville du même nom. Yorkie est inhibée, timide et maladroite, Kelly est décomplexée et entreprenante : chacune vivant une réalité, elles en partagent une troisième qui nous est, pour un moment, cachée. Dès la première seconde, vous plongez tête-baissée dans un univers graphique rétro-nostalgique, un filtre hollywoodien des années 80 qui ne laisse passer que des nuances pastel et acidulées. Disco, pop, néons, whiskycoca, sexe. Le plus jouissif, dans Black Mirror, c’est le hic à chaque épisode : tout commence normalement, jusqu’à ce qu’on repère ces signes qui font complètement basculer le sens de l’histoire. Ici par exemple, le génie du montage joue sur votre compréhension du contexte, qui passe de ceci, naïve : San Junipero est une ville festive, colorée de la côte américaine. Les habitants y semblent heureux.


black mirror rab!

OOH, BABY, DO YOU KNOW WHAT THAT’S WORTH ? OOH, HEAVEN IS A PLACE ON EARTH !

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120 rab! denis artiste boyron


C’est la grosse claque. Subtilement, on apprend que cet ville idyllique est virtuellement créée de toute pièce et sert de cloud pour regrouper les esprits et intelligences de ceux d’entre nous qui sont morts ou en phase terminale de maladies incurables. Une thérapie de nostalgie immersive, décrite par une Kelly de 80 ans, réelle, sur le point de mourir, qui teste la version bêta de San Junipero en se promenant parmi les époques de sa jeunesse. “Ca semble si réel. Ca paraît si réel ! Touche !” On vous offre l’alternative : mourir dans l’inconnu ou passer de l’autre côté, dans une nouvelle réalité où tout semble possible, où vous pouvez ne ressentir aucune douleur et vous amuser pour toujours, sans date limite, sans temporalité fixe. Le rêve de l’éternité palpable à la portée de tous.

black mirror

San Junipero est une ville fictive, un programme dans lequel sont téléchargées les consciences des morts.

Quel fantasme n’est-ce pas, cette idée de vie après la mort ? La vie, définie et surtout quantifiée dans son sens qu’elle a un début et une fin, segmentée en périodes, de l’enfance, à l’âge adulte, à la vieillesse. Qu’adviendrait-il de ces symboliques compartimentées si l’on considère que par delà notre corps éteint, la conscience perdure ? San Junipero propose d’ausculter, façon high tech, une petite partie de ces croyances, en survolant au passage la question de l’euthanasie, du choix de la réalité dans laquelle chacun peut s’épanouir. Et au lieu d’une morale consciencieuse, Black Mirror propose ici une posture poétique : un enchaînement final de scènes au ton doux-amer, soutenues par une bande son qui donne envie de danser...à en mourir.

rab!

à cela, soudain lucide :

Oooh, baby, heaven is a place on earth...

G.D-M.

Black Mirror, saison 3, épisode 4 (2016) réalisé par Owen Harris avec Gugu Mbatha-Raw et Mackenzie Davis

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l’horoscope optimiste

rab!

bonbon (n.m.)

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def : Petite confiserie à base de sucre cuit. Populaire : Testicule. Page griffonable, gribouillable, à merci de cet exemplaire de rab!


bélier

Juin est un mois durant lequel vos capacités intellectuelles seront au beau fixe. Faites confiance aux astres et prouvez à votre famille jusqu’ici sceptique de votre intelligence que non, votre cerveau ne baigne pas dans de la javel.

Vous êtes habité d’un sentiment d’invincibilité et d’aventure. Mais pourquoi vouloir à tout prix tenter de nouvelles choses alors que vous pourriez n’essayer aucune chose ? Continuez à avoir une vie monotone, cela est plus sûr.

lion

balance

L’arrivée de Jupiter dans votre signe vous aidera à faire des compromis. Si votre entourage accepte d’arrêter de parler de votre personnalité exécrable en votre absence, envisagez d’arrêter de parler de votre vie pathétique en permanence.

vierge

Juin sera beaucoup plus tranquille que Mai sur les plans sentimental et professionnel. En effet, tout semble parfait depuis que vous avez compris qu’il suffisait que votre amant et votre supérieur soient une seule et unique personne.

Vous cherchez à apprécier les plaisirs de la vie… peut-être trop. Vous nourrir exclusivement de beurre salé nourrira votre esprit, mais vous fera du mal côté cœur. Vos artères seront bouchées à 87% le 18 Juin. Aussi, votre partenaire vous trompe.

scorpion

Vos partenaires vous trouveront quelque chose d’étrangement attirant, ce qui relève certainement du désespoir de leur part étant donné votre aptitude innée à être répugnant. En Juin, vous serez 20% sexy, 80% dégoutant.

rab!

verseau

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rab!

gémeaux

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Juin sera votre mois ! La chance est avec vous, les opportunités professionnelles se multiplient et votre force séductrice est plus puissante que jamais. Tout semble vous sourire... Sauf vos amis jaloux qui vont sortir de votre vie un par un.

poissons

cancer

Il serait probablement plus sage de ne plus parler. Du tout. Difficile de dire s’il s’agit de votre haleine ou juste du razle-bol de votre entourage, mais vous êtes perçu comme le film Shrek 4 : mauvais, odorant et clairement de trop.

Le mois de Juin sera placé sous le signe de l’introspection et de la découverte de soi. Le conseil de notre rédaction : soyez toujours vous-même. Sauf si les gens ne vous aiment pas. Dans ce cas, changez ce que vous êtes, ou soyez quelqu’un d’autre.

sagittaire

taureau

Vénus entre dans votre signe et vous offre une vie sentimentale de qualité. Vos relations seront sensuelles, vos hormones en feu et vous serez avec un peu de chance le fier détenteur d’une maladie incurable : l’herpès.

capricorne

La présence de Pluton dans votre signe est synonyme de changement. Une rencontre avec Jésus ? Une intolérance au gluten ? Une passion pour le crochet ? Difficile à dire, mais une chose est sûre, vous allez devenir terriblement ennuyeux.

Saturne veille sur vous, mais il n’agira pas en votre faveur car vous ne le méritez pas. En 2017, vous n’avez cessé de vous plaindre. Si les autres planètes ont su être patientes, préparez-vous à prendre cher. Saturne sera

beaucoup moins bienveillant.


merci

merci

et en particulier Lora Giraud Maxime Felizat Samantha Olagbemiro Julien Blatteau Georgina, de Bestias en la Sopa pour leurs créations originales ! Alexis Giberti Pierre-Emmanuel Letournel Stéphane Majewski Julien Marie Elisabeth et Patrick Mousset Sally Cohn Sylvie Malet Frédéric Gilet pour leur précieuse contribution Axel Felizat Marie-Annick Rabefiraisana Alisone Chanet l’association AAA ENSAL pour leur soutien et leur amour

rab!

remerciements (de nombreuses peluches d’enfant ont été maltraitées pendant la rédaction. C’est mal. Pardon.)

aux 32 géniaux artistes ayant participé à ce numéro

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rab!

1,5

(g)lucides

juin 2017

imprimĂŠ le 29 mai 2017


à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon

R V B

111 204 216


rab! 150 mg / ml, Revue des ABerrations en concentré. Composition • 1 page contient 150 mg d’aberration. Excipients. Colorants. Indications : Traitement symptomatique des troubles du sommeil, du réveil, de la neurasthénie, de la paranoïa et de l’allergie aux cosmoschtroumpfs. Posologie : Enfant et surtout adulte : selon la sévérité des symptômes, 27 pages de rab! doivent êtres instillées 0 à 50 fois par jour, à intervalles irréguliers, dans le cul de sac conjonctival de l’oeil malade. Chez l’enfant, aucun avis médical n’est nécessaire. Chez l’adulte non-plus. Contre-indications : Hypersensibilité au sucre, à la niaiserie et à l’art sous toutes ses formes. effets indésirables : Hallucinations passagères ou chroniques durant la journée. Confusion motrice directionnelle, confusion de la perception de la réalité. Troubles de la personnalité. Gêne passagère (malaise, picotement). Légère toux. Délires extralucides. Absences. Conservation : à vie. Garantie : aucune. Prix : gratuit. Exploitant : Département des Aberrations - ENSAL - 3, rue Maurice Audin - 69120 VAULX- EN-VELIN. vous tenez cette revue à l’envers. by


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