FÉVRIER 2013
UN MAGAZINE HORS DU COMMUN
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LAVE STORY
MAGAZINE SPONSORISÉ
GEOFF MACKLEY et sa caméra embrasent vos doigts
Haut perché
Marie Martin
Red Bull BC One
RENAUD LAVILLENIE SE LÂCHE !
IL ÉTAIT UNE VOIX L’AMÉRIQUE
MOUNIR DÉCOLLE À RIO DE JANEIRO
Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658
3 PISTES NOIRES APRÈS 2 TARTIFLETTES ?
RED BULL DONNE DES AIIILES. POUR VOTRE SANTÉ, PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE RÉGULIÈRE Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr
LE MONDE DE RED BULL
Février 88
COACHING Rachel Atherton envoie du lourd sur son vélo et vous donne les clefs.
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MARTIN L’AN CHANTEUSE Sa voix dompte Brooklyn. Marie Martin se glisse dans ce numéro.
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KIRWAN MET LE BLUES DE CHAUFFE Direction Auckland dans les pas de John Kirwan, légende vivante du rugby néo-zélandais !
PHOTO DE UNE : BRADLEY AMBROSE. PHOTOS : IMAGO, FOCUS PHOTOGRAPHY, NIC STAVELEY, INTERTOPICS
MELTING-POT Divers et varié, d’hiver et barré ? Plus que jamais, The Red Bulletin s’affiche comme un parfait alliage, un lumineux kaléidoscope de ces femmes et ces hommes, sources d’inspiration salutaires dans le monde (très) prévisible dans lequel nous vivons. « Rien ne développe l’intelligence comme les voyages », écrivait Émile Zola au XIXe siècle. Nous avons donc mis les petits plats dans les grands. Des favelas de Rio à l’archipel du Vanuatu en passant par Thiaroye au Sénégal, découvrez une série de sujets qui, on l’espère, suscitera en vous l’envie de gravir des montagnes à la recherche de vérités... vraies. Comme Renaud Lavillenie dans un entretien déroutant. Le champion olympique 2012 du saut à la perche place la barre à une sacrée hauteur. Bonne lecture ! Votre Rédaction
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OSCAR Ô DÉSESPOIR Le monde du cinéma n’a d’yeux que pour ces statuettes dorées. Cérémonie en bois ? Enquête dans les cordes.
LE MONDE DE RED BULL
Février 76 17
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FITZGIBBONS SE MET À NU Quand The Red Bulletin rencontre Sally, ça fait des vagues.
RED BULL BC ONE Mounir a porté très haut les couleurs de la France à Rio. Reportage.
The Red Bulletin
l’appli !
Retrouvez le contenu de votre magazine préféré enrichi de vidéos complètement dantesques. À télécharger quand vous le souhaitez ! Appli gratuite pour Android & iPad
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FÊTE DU BRUIT ! Le mois de février est celui des carnavals. The Red Bulletin ramène un reportage photos saisissant au cœur des favelas.
08 Photos du mois 14 Énergisant... à petites doses ! 16 I Love Techno allume Montpellier 20 Les secrets du biathlon 22 Sroka à kite ou double 26 Équilibre sur la corde raide
PHOTOS : GETTY IMAGES, KATIE KAARS, MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL, JANE STOCKDALE
FRANCO EN IMPOSE Le comédien James Franco marque les esprits. (Re)découverte.
BE SPECTACULAR
SEBASTIAN VETTEL
CHAMPION DU MONDE DE FORMULE 1
spectacular-eyewear.com
AVANT-PREMIERE
LE MONDE DE RED BULL
Février « Il me
manque deux choses : l’or aux Mondiaux et le record de Bubka »
48 HEAVEN’S BASEMENT
C’est le groupe qui monte en ce début d’année 2013. De la gratte à foison, un gros son et le tour est joué. « Fire, Fire » met le feu dans ce numéro.
Renaud Lavillenie RENAUD MET LE SON À l’aube d’une riche année 2013 – les France, les Europe et les Monde au menu – Renaud Lavillenie se confie sans retenue.
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50 CHEFS DE MEUTE
Au pays de la Teranga, il n’y a pas que les Lions. Qu’il s’agisse de Yekini ou Tyson, les lutteurs sénégalais sont idolâtrés. Reportage sur sable chaud.
Plus
De corps et d’esprit VOYAGE
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MATOS
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UN MONDE
Explorez l’épave du SS Yongala L’Iditarod, vous connaissez ?
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DANS LA GUEULE DU LOUP
Certains volcans sont constamment en activité. Nous partons pour un long voyage dans le Pacifique jusqu’à l’archipel du Vanuatu au nordouest de la Nouvelle-Calédonie.
Événements à ne pas manquer
96 FOCUS
Gros plan sur l’actu
90 NIGHTLIFE
97 KAINRATH
Joli coup de crayon sportif pour ce dessinateur adepte d’un second degré léché
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PLEINE LUCARNE
Christophe Ono-ditBiot livre son point de vue décalé sur le monde
Découvrez quatre pages spéciales pour agrémenter vos nuits. Au menu, un club de la forêt amazonienne et le guide de Red Bull Crashed Ice à Lausanne.
PHOTOS : PAUL CALVER, THOMAS BUTLER, PHILIPP HORAK, BRADLEY AMBROSE
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du mois
Mau i , Hawai i
Dents de la mer
C’est le spot le plus violent au monde. Située sur la côte nord de Maui, Jaws est une vague monstrueuse capable d’atteindre 36 mètres de haut, soit l’équivalent d’un immeuble de onze étages ! Ici, Jason Polakow se sent comme chez lui : « On chevauche une montagne d’eau, dit l’Australien. Le cœur bat la chamade et on ne sait jamais comment se terminera la journée. C’est pourquoi Jaws est unique et exaltante. » Vidéos de Polakow sur www.redbull.com Photo : Tracy Kraft Leboe/Red Bull Content Pool
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São Pau lo, B r é s i l
du mois
Dents cassées
« Un gars pauvre en arrivant, un homme fier en repartant ! » Telle est la devise de l’ex-boxeur Nelson Garrido dans sa mission de Zona Leste à São Paulo. Il aime à répéter que « sur ce ring à ciel ouvert, il n’y a pas d’acte délictueux et, pendant un combat, on ne vend pas de drogues ». Les jeunes boxeurs de ce quartier défavorisé de la mégalopole brésilienne ont droit à un repas chaud et un surplus de confiance en soi au pied d’une double voie rapide… Reportage photo intégral sur www.gudzowaty.com Photo : Tomasz Gudzowaty
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DU MOIS
FRU ITA , É TAT S - U N I S
À PLEINES DENTS
Buffalo Soldiers est aussi un raid initié par le vététiste Suisse René Wildhaber. Il fait référence à une légendaire unité spéciale de l’armée américaine qui, en 1896, teste pour la première fois l’usage de vélos pour ses militaires. « Je voulais remonter aux racines de ce sport, glisse Wildhaber. À l’époque, les soldats “Buffalo” essaient quelque chose de complètement nouveau, tout comme le font de nos jours les sportifs de l’extrême. » Le carnet de voyage de Wildhaber est sur www.buffalo-soldiers.ch Photo : Christophe Margot
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Bullevard Énergisant... à petites doses !
Carnavalesque Le mot « carnaval » désigne une période de réjouissances célébrée comme il se doit. Les usages varient selon la culture. Voici un tour du monde des quatre célébrations les plus débridées.
1. RIO DE JANEIRO Officiellement, le carnaval ne dure que quelques jours. Officieusement, il s’étale sur tout février.
HARPER, OMG La carrière tardive d’Irving Harper est une bénédiction. Irving Harper est un des plus importants designers industriels du XXe siècle. Il écrit l’histoire avec des meubles cultes comme le Marshmallow Sofa. On peut aujourd’hui découvrir d’autres objets d’Harper. Devant sa table à dessin, Harper imagine, reproduit et libère ses doigts de fée. Il met en branle des sculptures en papier dont la richesse du détail fascine. Animaux, constructions abstraites, statues, soit plus de 300 œuvres au total. Certaines atteignent un mètre de haut. « Je n’ai jamais dessiné mes sculptures au préalable. Elles ont jailli de mon imagination. Ce premier jet est l’œuvre finale », précise cet artiste quasi centenaire (95 ans ) ! Ses sculptures en papier sont tellement demandées dans le très exigeant milieu de l’art qu’un recueil lui sera consacré. Plus d’Irving Harper sur www.rizzoliusa.com
2. COLOGNE Le Kölle Alaaf sonne le cri de guerre sur les bords du Rhin. Au menu, bière et fanfares.
Quelques œuvres signées du maître Irving Harper 3. VENISE Avec ses masques baroques, le carnaval italien allie style et mystère.
INSTANTANÉ
ARRÊT SUR IMAGES
Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à : phototicker@redbulletin.com 4. PORT OF SPAIN Rhum et rythmes caribéens mettent Trinidad et Tobago sens dessus dessous.
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Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.
Santiago
Le parapentiste Tom Weissenberger tournoie au-dessus de la capitale chilienne. Juan Luis De Heeckeren
On air
Voix de choc et de charme à suivre en 2013
Paul McCartney (à dr.) avec deux « Nirvanistes » : Krist Novoselic (à g.) et Dave Grohl.
PHOTOS : IRIVING HARPER/RIZZOLI (3), LESLIE WILLIAMSON, EA GAMES, SQUARE ENIX, MAXIS/EA GAMES, CRYSTAL DYNAMICS/SQUARE ENIX, GETTY IMAGES (5), GEPA PICTURES, SOUND CITY
Nirvana is back ! Batteur de Nirvana, il écrit l’histoire de la musique. Devenu leader du groupe Foo Fighters, il remplit les stades. Dave Grohl est l’un des musiciens les plus couronnés de succès de notre époque. Depuis peu, il s’essaie, à 43 ans, à la réalisation. Sound City est un film documentaire réalisé par Grohl l’année dernière avec pour sujet les légendaires studios d’enregistrement californien du même nom. Entre 1970 et 2011 des musiciens comme Trent Reznor (Nine Inch Nails), Tom Petty, Lars Ulrich (Metallica) et Stevie Nicks (Fleedwood Mac) y enregistrent leurs albums. Nirvana ne fait pas exception à la règle. Le groupe enregistre son chef-d’œuvre Nervermind dans les studios de Sound City. En composant la bande originale, Grohl fait à nouveau l’histoire puisque vingt ans après la dissolution de Nirvana, il forme à nouveau le groupe avec pour leader Paul McCartney. Film disponible depuis la semaine dernière sur www.soundcitymovie.com
ANGEL HAZE Rares sont celles et ceux qui possèdent le culot et l’éloquence de cette rappeuse de 21 ans originaire de Detroit.
SKY FERREIRA Musicienne, mannequin et actrice à tout juste 20 ans. Cette reine de l’indie-pop sort un album très attendu au printemps.
I BELIEVE I CAN FLY L’an dernier, à tout juste 17 ans, Sarah Hendrickson remporte la coupe du monde de saut à ski. Entretien. Le saut à ski ne fait pas partie des sports les plus populaires aux États-Unis. Comment l’idée de voler sur des skis vous est-elle venue ? Je grandis à Park City dans l’Utah, non loin du tremplin olympique de Salt Lake City. Un jour, mon frère débute dans le saut à ski. À sept ans, j’en ai eu marre de le regarder. Alors, je me suis lancée dans le grand bain. Dès mon premier saut, la passion pour ce sport s’empare de moi. Qu’est-ce qui fait le charme du saut à ski ? Principalement deux choses : le petit frisson de l’accélération sur le tremplin et la sensation du vol en coussin d’air sous les skis. Une sensation qui ne
DEAP VALLY Les concerts effrénés et les hymnes blues rock décapants du duo californien attirent des fans tels que Jack White.
souffre d’aucune comparaison. Ce n’est pas une sensation étrange ? Bien au contraire ! J’espère d’ailleurs dans le futur pouvoir vivre tout cela sur les plus grands tremplins. Les championnats du monde 2013 à la fin du mois et les Jeux de 2014 sont deux rendez-vous majeurs pour vous… Arriver aux Mondiaux en étant tenante du titre me met un peu de pression. Une médaille serait super. Mon rêve reste néanmoins de participer aux Jeux Olympiques. Ma victoire en présaison à Sotchi en décembre dernier est un signe encourageant ! Suivez Sarah sur twitter.com/schendrickson
Sarah Hendrickson vole vers un podium.
PHOTO GAGNANTE
Anza Ryan Dungey et Marvin Musquin main dans la main en cette nouvelle saison AMA Super cross. Simon Cudby
Belgrade
Le duo monténégrin Who See sur le ring du Dome Omladine pendant Red Bull MC Battle. Marko Djuric
Paia
Les surfeurs de Red Bull Jaws se mettent à l’unisson lors de la cérémonie d’ouverture. Robert Snow
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B U L L E VA R D
Dandois dompte Red Bull Circle of Balance.
Accompagné de ses complices, Maxime Charveron, Julien Massé et Alex Valentino, la star du BMX français, Matthias Dandois, était en représentation pour la 10e et dernière étape des Sosh Ride sessions à la mi-décembre. L’an dernier, les meilleurs riders se sont retrouvés sur des spots indoor ou extérieur à Lille, Paris, Lyon, Hyères, etc. De retour de Berlin, où il a participé avec d’autres riders pros à la 2e série de Back to Berlin streets, Dandois a joué les profs surdoués. Plus sur www.redbull.fr
Vitalic aux platines, ça déménage !
I LOVE… MONTPELLIER Réputée pour ses universités, ses équipes de football et de handball, la ville de Montpellier vibre aussi pour l’électro.
L’univers singulier de Mukai
Signé Mukai
Dès sa deuxième année d’existence, le festival I Love Techno de Montpellier est en passe de devenir la référence en matière de musique électronique. Le 15 décembre, près de 20 000 personnes ont participé à un marathon de dix heures porté par une programmation répartie sur trois scènes. Vitalic, Para One, Étienne de Crécy, The Zombie Kids, Gesaffelstein, Dave Clark, Joris Voorn, Zeds Dead, Chris Liebing ou Carbon Ariways étaient aux manettes. Avec une telle affluence, l’événement montpelliérain marche sur les traces du succès de son illustre aîné belge. I Love Techno existe chez nos voisins depuis 1995 à Gand. En novembre dernier, il a encore réuni plus de 35 000 personnes.
Susumu Mukai aka Zongamin a pris possession de l’espace de la galerie 12Mail à Paris. À 38 ans, l’illustrateur londonien d’origine japonaise surprend par la qualité et l’innovation de son travail. Son œuvre a trouvé chez 12Mail le cadre idéal pour recevoir l’accueil d’un nombreux public sous le charme notamment d’une mission de recherche disparue en essayant de trouver des traces d’Animas, une civilisation avancée qui maîtrisait l’eau et le feu. Plus sur www.12mail.fr
Bologne
Alexandr Grinchuk et Chris Pfeiffer (à droite) front contre front lors de Red Bull Speed Day. Olaf Pignataro
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Plus sur www.ilovetechnofrance.fr
Perth
Cette spectaculaire épreuve de kitesurf a rassemblé 110 riders à Rottnest Island, non loin de Perth, en Australie. Ian Tungsten
Tauplitz Le freeskieur Fabian Lentsch en a jusqu’aux cuisses avant d’atteindre le sommet de cette montagne autrichienne. Mirja Geh
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : RUTGER PAUW/RED BULL CONTENT POOL, SUSUMU MUKAI/12MAIL, GETTY IMAGES
Dandois fait son tour
B U L L E VA R D
EXPLORATION
FRANCO DE PORT
Un pied à Hollywood, un autre dans le cinéma indépendant… James Franco affiche fièrement le port altier des premiers de la classe. The Red Bulletin décortique le CV d’un comédien aux multiples facettes.
« TE D » PO UR LA FA
MI LLE
né à Palo Alto, en CaliJames Edward Franco est le fils de Betsy Lou, est Il 8. fornie, le 19 avril 197 Doug, dirigeant d’une poétesse et éditrice, et de ès une adolescence Apr e. ritim société de fret ma olisme – il entre à heurtée – arrestations, alco glais mais renonce l’an r die l’université pour étu théâtre. pour prendre des cours de nt ailla Il les finance en trav dans la restauration rapide.
À CAUSE DE THE REBEL
Après de petits rôles à la télévision et au cinéma, il conquiert ses lettres de noblesse en incarnant James Dean dans une mini-série télé. Le biopic s’intitule Il était une fois James Dean. Franco s’est mis à fumer, a rencontré les amis de Dean et, comme son héros, vivait seul sur et hors du plateau. Il est sacré meilleur acteur aux Golden Globes, en 2002. Pari gagné.
MOBY DICK
Dans un sketch pour la télé, Justin Timberlake parodie un chanteur qui offrirait une partie de son anatomie, dans un paquet cadeau, à ses admiratrices. Le clip s’appelle Dick in a Box… Deux ans plus tard, en 2008, dans un court-métrage, Franco joue le rôle d’un mec dont la même partie anatomique est au milieu du visage.
PAS DE CHO COL AT
Dans 127 heures, Franco joue le rôle d’Aron Ralston qui, en 2003, doit se coué per le bras gauche alors qu’il est coinc la et r roche un entre sse, creva une dans paroi du canyon dans lequel il est tombé. C’est haut la main (l’autre) qu’il décroche l’Oscar du meilleur acteur dans ce « film d’action dans lequel le héros ne peut pas bouger », selon son réalisateur, Danny Boyle.
GAN ESH
TEXTE : PAUL WILSON. ILLUSTRATION : LIE-INS AND TIGERS
ARTH OU SE & MU LTIPLEX
trer le Il est un des seuls à rencon le cinés dan et ood lyw Hol à succès s trois dan s rôle Ses ma indépendant. es et sing des e nèt pla La , n ma Spider parés com être t ven Délire express peu Broken The et l How , Milk de cès aux suc il a réaqu’ get bud it Tower, un film à pet à la télé si aus ne ton car Il 1. 201 lisé en and Geeks dans le cultissime Freak l. pita Hos l era Gen ie sér et la
APPRE NTI TU RESTE RAS
En 2006, soit dix ans après avoir tout lâché, Franco retourne à UCLA terminer son diplôme d’anglais. Il en repart avec son bout de papier en 2008. Deux ans plus tard, il s’inscrit dans quatre écoles new-yorkaises travailler son jeu d’acteur. Lors du tournage de Délire express, le réalisateur Judd Apatow s’est beaucoup amusé. Franco lisait l’Iliade entre les prises.
En guise de thèse de fin d’études, Franco écrit un roman. En 2010, il publie aussi un recueil de nouvelles, Palo Alto, du nom de sa ville natale. En 2011, une expo lui est exclusivement consacrée à New York et il anime la cérémonie des Oscars. Il a aussi mis de l’argent dans un défilé de mode et publie un recueil de poèmes.
OH , JAM ES !
Jamais plus qu’en 2013, James Franco sera autant James Franco. Il tourne, sous la direction de Seth Rogen, avec qui il a réalisé Délire express, l il joue le rôle de… James Franco. leque un film dans lace et Il sera aussi Hughes Hefner, dans Love e d’Oz. stiqu fanta e mond Le dans cien magi le s. autre les que uns les s Des rôles tout aussi varié dien. comé du te palet la de est en s’il ve Preu Plus sur www.disney.go.com/thewizard
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DÉCOUVERTE
MOON WALK
À quoi ressemblerait un album créé à quatre mains par Buddy Holly et Kanye West ? William Sinclair alias « Willy Moon » a enclenché sous nos yeux la machine à remonter le temps.
: Vos parents vous ont-ils initié à la musique des années 50 ? : Non, sinon aujourd’hui je la détesterais (rires). C’est à Berlin que j’ai découvert, à 19 ans, les disques de Buddy Holly et de Bo Diddley. J’ai tout de suite kiffé. Les morceaux sont si simples et innocents, on se met naturellement à danser.
Sur scène, Moon décroche la lune.
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Date et lieu de naissance 2 juin 1989, à Wellington (Nouvelle-Zélande) Débuts Il habitait Berlin et vivait de petits boulots jusqu’en 2010. Willy Moon a commencé à composer des chansons par ennui et a décroché un contrat d’enregistrement dès son premier morceau. Aujourd’hui, il vit à Londres. Préférences cinématographiques Moon apprécie tout particulièrement Quentin Tarantino : « Je me retrouve beaucoup dans l’art qu’il a de s’emparer de vieux genres et de les retourner complètement. » Mentor Son single Railroad Track est sorti chez Third Man Records, le label de Jack White. En novembre dernier, ils ont partagé une tournée à travers l’Angleterre.
« Le secret de ma banane vient de la cire. Après le peigne, place à la fixation laquée »
Votre choix de mélanger rock’n’roll et hip-hop est le résultat d’un long processus ? Non. Mon approche est très mathématique. Quand je commence à enregistrer un morceau, j’ai déjà en tête chaque note. L’idée de réunir ces deux genres était très claire dès le départ parce que personne ne l’avait fait jusque-là. Les arrangements de vos morceaux sont sobres. Pourquoi ? Mon studio d’enregistrement se compose de mon ordinateur portable et de ma guitare. J’aime l’idée de mobilité. Je ne veux pas faire de musique avec un orchestre, je me sentirais dépendant. Et la contrainte stimule ma créativité. Regardez la période bleue de Picasso.
Dans quel genre êtes-vous le plus à l’aise ? Je ne veux être dans aucun genre, je fais de la musique « Willy Moon ». Avant, il y avait dans la pop deux à trois mouvements dominants à la fois. On était soit punk, soit hip-hop. Aujourd’hui, Internet change la donne, toute l’histoire de la pop est accessible d’un seul clic. Il est possible de créer son propre style, de le composer selon ses propres goûts. C’est génial. Quel est le secret de votre banane ? Il vient de la cire, puis d’un gel tenue moyenne. Après le peigne, place à la fixation laquée. Le single Railroad Track est extrait de son premier album qui sort en mars. Plus sur www.willymoon.com
TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : ISLAND RECORDS, REX FEATURES
Willy Moon a du style. Le costume lui sied à merveille, tout comme la banane. Il a la cool attitude de James Dean, le regard ravageur de Marlon Brando. À 23 ans, le jeune Néo-Zélandais a l’univers de la mode à ses pieds mais c’est avec sa musique aussi géniale que simple qu’il impressionne, notamment l’immense Jack White, ex-White Stripes. Moon associe le son binaire du rock’n’roll à un rythme hip-hop. Sur scène, il roule des hanches et se mue en crooner facétieux. Son deuxième single Yeah Yeah a été choisi par Apple comme bande-son des campagnes publicitaires de ses derniers iPod. La sortie de son premier album le mois prochain risque d’avoir l’effet dévastateur d’un tsunami.
pa a&S sa Se alas h T adir el Ag Sofit ouvrez ue, déc e lantiq t ouvell a n n a ie cé ap -être. d de l’o halassothér n r o ie b b u e A al ne t ne esc el et u esse d’u un hôt O n, prom io MOROCC t a r IR é AD AG gén 80010
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HIER ET AUJOURD’HUI
Tirer le gros lot Spécialité française depuis de nombreuses années, le biathlon s’est modernisé pour devenir plus spectaculaire. Explications.
BANDOULIÈRE
La sangle du SSG 69 est en cuir. En cas de pluie, elle s’imbibe d’eau et s’alourdit. Les carabines modernes sont équipées de sangles en mousse rembourrée, plus légères et hydrofuges.
SOUS SCELLÉS
EFFET DE RECUL
La crosse de la carabine pèse 4,7 kg. Elle est en plastique et longue de 110 cm. L’important effet de recul de ce grand calibre provoque souvent des bleus à l’épaule.
1976 STEYR MANNLICHER SSG 69 Le CIO n’intègre le biathlon comme discipline sportive autonome qu’en 1954. « Il faut ensuite attendre plus de vingt ans pour le passage du grand au petit calibre permettant à plus de nations de participer à la coupe du monde », raconte l’Autrichien Alfred Eder, pionnier de ce sport. Les athlètes étaient couchés sur des cibles de 12,5 cm (distance : 150, 200 et 250 m) et debout sur des « targets » de 25 cm (distance : 100 m).
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Alfred est le père de Simon (à droite) et le témoin du changement de calibre. Plus sur biathlonworld.com
TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTOS : KURT KEINRATH (2) MARCEL LAMMERHIRT/RED BULL CONTENT POOL, IMAGO
Le poids de déclenchement de la détente, c’est-à-dire la force nécessaire pour appuyer sur celle-ci, est de 1 à 1,5 kg. La balle de 7,62 mm atteint une vitesse de 850 m/s.
CHARGEUR
Cinq balles de calibre 22 long rifle peuvent être placées dans la crosse. En coupe du monde, la vitesse de ces balles de 2,6 g (5,56 mm) ne doit pas excéder 380 m/s.
DÉTENTE
Le système de réarmement rectiligne permet de réarmer sans bouger le coude, permettant ainsi de gagner du temps et améliorer la visée. Il a été breveté par Fortner.
SUR MESURE
La crosse est en balsa léger avec un noyau en bois dur pour fixer le canon. Un revêtement en carbone augmente la rigidité et protège ainsi le bois des intempéries et des chutes.
2013 ANSCHÜTZ KK 1827 FORTNER En à peine seize secondes et demie, Simon Eder atteint cinq fois la cible. Mais ce record n’est pas homologué. Depuis 1978, les athlètes doivent atteindre des cibles de 45 mm (tir couché) et de 115 mm (tir debout) situées à 50 m. Les carabines ne pèsent plus que 3,5 kg et sont fabriquées sur mesure. « Cela réduit le temps passé au stand de tir, explique Eder. Mais atteindre la cible incombe toujours à l’athlète. »
L’Autrichien Simon Eder est une des stars de la discipline. Plus sur www.edersam.com
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B U L L E VA R D
L’INUSABLE MONSIEUR SROKA
Sportif de l’extrême au cou bardé de médailles, Bruno Sroka a relevé tous les défis. Le seul homme à avoir passé le Cap Horn en kitesurf ne désespère pas de voir son sport inscrit aux Jeux Olympiques.
Taille, poids 1,89 m ; 79 kg Résidence Brest Palmarès Champion du monde PKRA 2007 4e mondial (slalom) et 3e Championnat d’Europe (2012) Triple vainqueur de la Coupe du monde de Kite racing (2007, 2009 et 2010) Triple champion d’Europe et de France Vice-champion du monde vagues 2004 Vainqueur de Red Bull Kite Quest 2012 Autres passions Surf, stand-up paddle, parapente, snowboard
Seul au monde. Le Cap Horn dompté en kitesurf ! Le Brestois mesure aujourd’hui la portée de son exploit.
Bruno Sroka est un homme en colère. Lorsqu’il apprend fin 2012 que la Fédération internationale de voile (ISAF) fait machine arrière, le Brestois voit rouge. Annoncé comme nouvelle discipline olympique aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016, le kitesurf en est finalement exclu. « Sincèrement, je n’y ai pas cru, souffle-til. La Commission de l’ISAF s’est réunie pendant toute une semaine. Jusqu’au vendredi soir, nous avions confirmation qu’elle voulait garder le kite aux Jeux. Mais, le samedi, un nouveau Président a été élu. Il a remis en cause les décisions antérieures pour des raisons politiques. » Sroka enchaîne : « J’ai été déçu de voir la manière dont ça s’est déroulé. Le choix n’a pas porté sur le potentiel de ce sport. Quoi qu’il en soit, ce ne sera pas pour 2016. Peut-être 2020 ? On a perdu une bataille mais on n’a pas perdu la guerre… » En 2020, Sroka aura… 44 ans. Il sera frais comme un gardon. L’homme aime avoir les bras qui brûlent. Le mental tient l’assemblage : « Une traversée, c’est l’apprentissage de la persévérance mais aussi le maintien de la motivation et de la concentration au plus haut point. » Ce colosse affable est fou de sport, d’aventure et de cette envie de donner un sens à sa vie. Il fait partie de ces quelques sportifs de très haut niveau soucieux de hisser leur art au pinacle des causes
Nullement rassasié, Bruno Sroka aime relever de nouveaux défis.
humanistes. Gamin, Sroka faisait de la planche à voile et frémissait aux exploits du véliplanchiste Alain de Rosnay qui arpentait les mers du Globe en portant un message. Au sommet de sa carrière et, surtout, en pleine guerre froide, De Rosnay avait traversé le détroit de Béring avec, sur la voile, les drapeaux américain et soviétique. En kite, Sroka prend le relais. En janvier 2009, après un énième cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens, il traverse le golfe d’Aqaba. Les États riverains se nomment Israël, Égypte, Jordanie et Arabie saoudite… Sur sa voile, une colombe de la paix. Sroka a aussi navigué pour lui. Et plutôt très bien. Il a été un des rares à remporter les classements PKRA (Professional Kiteboard Riders Association) et KPWT (Kiteboard Pro World Tour). C’était en 2009. Il a aussi réalisé un rêve qui l’obsédait depuis ses 8 ans : le Cap Horn. Température ambiante 0 °C, eau à 3 °C, cinq centimètres de neige sur le bateau accompagnateur, de la grêle sur le visage et neuf heures de navigation âpre et violente avec des pointes de vent à 40 nœuds et des creux de cinq mètres. Il lui faudra quatre tentatives. À la première, il avait passé le caillou le plus mythique des océans, puis avait chuté. « Franchir un rocher de quatre kilomètres de large, ça n’a pas de sens, peste-t-il. Même ma grand-mère aurait réussi. Je voulais faire cent milles pour avoir un intérêt sportif. » Prochain défi ? Rallier la pointe Finistère et Cork dans la même journée. Soit 430 km. Plus sur www.brunosroka.com
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« Franchir un rocher de quatre kilomètres de large, ça n’a pas de sens. Même ma grand-mère aurait réussi. Je voulais faire cent milles pour qu’il y ait un intérêt sportif »
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT ET FRÉDÉRIC PELATAN. PHOTOS : JEAN MARC FAVRE/WOOLOOMOOLOO
Date et lieu de naissance 9 juin 1976 à Clamart
les
croisieres
electro paris - hiver 2013
EMBARQUEMENT AU PIED DE LA TOUR EIFFEL DE 21H30 A 1H : MIX DE DJ RECONNUS TOUS LES JEUDIS ET SAMEDIS DU 17 JANVIER AU 23 MARS 2013 Places limitées (200 personnes par bateau)
TARIF : 13€ 1h30 DE CROISIERE SUR LA SEINE
Prix nets TTC.
Départ à 21h30, fin de la soirée à quai
Réservations :
une société du groupe
www.bateauxparisiens.com 0825 01 01 01 (0,15€ / min)
En partenariat avec :
B U L L E VA R D
1 ÉTAT D’ALERTE
Dès qu’il s’engouffre dans la vague, le corps entre en état d’urgence. Le surf exige une capacité de réaction immédiate et un excellent sens de l’espace, en plus de solides connaissances du comportement de l’océan.
MON CORPS ET MOI
SALLY FITZGIBBONS Championne du monde junior en 2008, la surfeuse Australienne accède à l’ASP World Tour la saison suivante. Invariable vice-championne du monde depuis 2010, la gauchère de 22 ans ambitionne cette année la plus haute marche.
2 PHASE D’APNÉE
Fin 2011, je me suis brisé le poignet gauche dans la vague de Cloudbreak, aux Îles Fidji. Je suis trop descendue sous l’eau et je me suis retrouvée projetée contre le récif. J’ai écopé de six semaines d’arrêt. En plein été australien, ce n’était vraiment pas cool, j’ai cru devenir folle.
3 LA COLONNE
Lors de ma première année sur l’ASP World Tour en 2009, je me suis blessée au dos dès l’épreuve d’ouverture, à Gold Coast. Cinq mois de rééducation ont été nécessaires pour me remettre d’aplomb. Mais j’ai disputé les dernières compétitions dans la douleur pour conserver ma place la saison suivante sur le circuit pro.
Plus sur www.sallyfitzgibbons.com
Régulièrement, je participe à des stages d’entraînement Red Bull. Entre autres, à un cours d’apnée l’an dernier. J’y ai appris à retenir ma respiration jusqu’à quatre minutes et à ne pas paniquer en cas de situation critique dans l’eau. Cela peut sauver la vie d’un surfeur.
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Le surf sollicite simultanément les muscles du tronc, du dos, des jambes et des fessiers. De ce fait, mon entraînement porte sur l’ensemble du corps. Les cuisses sont parmi les plus performants de mes groupes musculaires. Je les renforce avec des squats variés pour faire face à des figures de plus en plus exigeantes. Vidéos exclusives de la belle Sally Fitzgibbons sur l’appli iPad de The Red Bulletin !
TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTO : KATIE KAARS
5 À BOUT DE SOUFFLE
4 (IN)FLEXIBLE
VITE FAIT, BIEN FAIT
Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.
L’Autrichien Gregor Schlierenzauer a remporté pour la deuxième fois de sa carrière la Tournée des Quatre Tremplins. C’est du saut à ski.
PHOTOS : GETTY IMAGES, ALLI SPORTS (2), PICTUREDESK.COM. ILLUSTRATION: DIETMAR KAINRATH
Grâce à un Triple Cork 1440 déployé dans le Colorado, le snowboarder américain Mark McMorris anime le Dew Tour.
La Canadienne Kaya Turski, reine du slopestyle et de l’ironie, fait une razzia sur le Dew Tour. Nous sommes toujours dans le Colorado, à Breckenridge.
Le fondeur norvégien Petter Northug n’a laissé que des miettes à ses adversaires lors des 35 km de Toblach. À 27 ans, il est incontournable.
B U L L E VA R D
FORMULE MAGIQUE
SUR LE FIL
GYMNASTIQUE DES NOMBRES* Un objet est en équilibre lorsque la perpendiculaire du centre de gravité passe par la surface d’appui. Ceci se vérifie lorsqu’on tend un fil imaginaire sur toute la longueur de la surface d’appui. Dans le cas de notre artiste funambule sur vélo, la surface d’appui n’excède pas la largeur du câble. Pour garder l’équilibre, il faut s’assurer que la perpendiculaire du centre de gravité passe en permanence par cette étroite surface d’appui. Si elle en sort, cela génère un moment de force (M) qui fait basculer l’artiste (Fig. A). On dit que M = F · r, F étant le poids du vélo, de l’artiste et de la barre et r l’écart normal de la force de l’axe de rotation qui, dans notre cas, est égale à celle du câble. Pour un vélo en situation normale, c’est-à-dire sur route, la surface d’appui est tout aussi étroite. Si on se penche trop, on exécute un léger virage et le vélo se redresse (chose impossible sur un câble). La deuxième loi de Newton qui veut que la force soit égale à la masse multipliée par l’accélération (F = m · a) s’applique par analogie à la rotation : le moment de force est égal au moment d’inertie multiplié par l’accélération angulaire (M = I · α). En combinant les deux équations de M on obtient α = F · r/I. À poids et angle de déviation égaux (valeurs identiques de r) la vitesse angulaire est de ce fait indirectement proportionnelle au moment d’inertie : α ~ 1/I. En d’autres termes, si par exemple le moment d’inertie est deux fois supérieur, l’accélération angulaire se réduit alors de moitié. Le moment d’inertie montre à quel point il est difficile de mettre un objet en rotation. Il se calcule avec la formule I = ∑i mi · ri² , mi étant la masse de chacun des éléments et ri leur distance de l’axe de rotation. C’est ici qu’intervient la barre d’équilibre. Elle peut mesurer jusqu’à 20 mètres de long et peser jusqu’à 30 kilos. Sa masse et surtout la distance entre ses extrémités et l’axe de rotation augmentent considérablement le moment d’inertie de l’ensemble, et selon α ~ 1/I, l’artiste bascule beaucoup plus lentement. Par ailleurs, la barre lui permet de se stabiliser. Si, par exemple, l’acrobate menace de basculer vers la droite, donc dans le sens des aiguilles d’une montre, il tourne la barre de même dans cette direction (Fig. B). Le maintien du moment cinétique induit un déplacement du corps et du vélo dans le sens inverse des aiguilles d’une montre permettant ainsi à notre funambule de se redresser. MISE EN PRATIQUE En 2008, l’Américain Nik Wallenda parcourt pas moins de 72 mètres lors de son record du monde sur vélo à une hauteur de 41 mètres. « Je viens d’une famille de funambules, dit-il. The show must go on! » Plus sur www.nikwallenda.com * Le Professeur Martin Apolin a 47 ans. Il est physicien, spécialiste en Sciences du sport et enseigne à la faculté des Sciences de Vienne. Cet Autrichien est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.
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ILLUSTRATION : MANDY FISCHER. PHOTO : BULLS PRESS
La slackline (ou funambulisme) compte de plus en plus d’adeptes. Si cette discipline vous tente, voici le dessous des cartes.
Nik Wallenda dans ses œuvres en 2008 lors de son record du monde établit à Newark, dans la grande banlieue de New York. À vélo, c’est plus compliqué…
B U L L E VA R D
CHIFFRES DU MOIS
HARLEY-DAVIDSON
Célébrée par le duo Gainsbourg-Bardot à la fin des années 60, cette moto de légende fête ses 110 ans. Pour vous, records de vitesse, crises profondes, clubs de bikers et emblèmes tatouées. À toute berzingue !
Cal Rayborns Streamliner
Le plus grand fabricant américain de motos est au bord de la faillite en 1981. Sommé par la banque de fournir des garanties, Willie Davidson, petit-fils du fondateur, aurait eu cette réponse célèbre : « Je possède le seul logo au monde que les gens se font tatouer. » Un crédit de 80 millions de dollars est accordé, l’entreprise est sauvée.
En 1900, deux jeunes inventeurs, William S. Harley et Arthur Davidson, s’affairent dans le garage d’une arrière-cour de Milwaukee pour développer un engin motorisé à deux roues. Ils achèvent leur prototype en 1903 : un vélo à cadre renforcé avec un moteur monocylindre de deux chevaux et courroie de distribution. Leur premier client est un certain M. Miller de Milwaukee mais il ne restera pas le seul. En 1907, l’Harley-Davidson Motor Company Inc. produit et vend déjà 150 motos.
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Billy Idol
Jay Leno
L’Harley-Davidson connaît aussi une carrière au cinéma : Peter Fonda et Dennis Hopper meurent à son guidon, Arnold Schwarzenegger et elle sautent d’un pont. En dehors des plateaux, des stars tels Elvis Presley, Elizabeth Taylor ou Jay Leno s’affichent avec elle. En 1990, le chanteur Billy Idol, à l’apogée de sa carrière, termine sa virée à Los Angeles tragiquement. Heurté par une voiture, l’Anglais est sauvé par une opération d’urgence mais une longue rééducation de six mois met un terme à sa vie professionnelle.
Aujourd’hui, le chiffre d’affaires annuel d’Harley-Davidson s’élève à 4,6 milliards de dollars auxquels s’ajoutent environ 250 millions de dollars générés par la vente de vêtements au logo de la marque et 750 millions par la vente d’accessoires moto. Le catalogue 2013 des accessoires propose environ 9 000 articles et pièces détachées au long de 833 pages.
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En 1970, la marque souhaite, à travers une tentative de record du monde de vitesse, redorer son image pour contrer la concurrence japonaise. Dans le Grand Désert de sel de l’Utah, le pilote américain Cal Rayborn tente, au guidon du Streamliner en forme de torpille, de battre le record de 405 km/h détenu par Yamaha. Sa première tentative, soldée par une grave chute, est un échec. Quelques jours plus tard, il établit un nouveau record à 427,25 km/h. Il faut attendre 1985 pour que Dan Kinsey atteigne 460 km/h sur une Harley équipée d’un seul moteur, la Tenacious.
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1953
Tatouages à gogo
Hells Angels
Film culte : Easy Rider
Impossible d’évoquer les Hells Angels sans parler d’Harley-Davidson et viceversa. Lors de la création en 1948 du célèbre gang californien de motards, il suffisait pour en être membre de posséder une moto, quelle qu’elle soit. C’est en 1953 que la marque devient le symbole du gang. Sonny Barger, le leader fondateur des Hells Angels : « Nous avons choisi l’Harley parce que Indian, son concurrent américain, a cessé sa production. À ce jour, je roule sur une Harley bien que ma préférence se porte plus sur une BMW ou une Triumph. » Plus sur www.harley-davidson.com
TEXTE : ARKADIUSZ PIĄTEK. PHOTOS : HARLEY DAVIDSON, GETTY IMAGES (4), CORBIS
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DANSER AU NOM DU PÈRE 30
Bienvenue au cœur de la favela Vila Vintém, nichée dans la banlieue de Rio de Janeiro. à l’heure du carnaval, la foule envahit les rues pour célébrer l’ultime répétition en costumes de l’école de samba Unidos du Padre Miguel... Texte : Damian Platt Photos : Jane Stockdale
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Au contraire des autres écoles de samba, Unidos de Padre Miguel est restée fidèle à ses racines – la vie et les habitants de sa favela. Après d’ultimes répétitions, les danseurs sont à la fête.
Musique et danse sont inséparables. Une basse couvre le martèlement des tambours et s’immisce sous la peau. Les enceintes, authentique mur du son, bloquent la rue. C’est l’heure du baile funk.
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Le carnaval de Rio reste le plus connu. Avant d’accueillir la Coupe du monde 2014 et les JO 2016, la ville se pare de ses plus beaux costumes
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io et tout le Brésil se préparent à la grande trêve du carnaval, l’événement de l’année pour les Cariocas. Une immense parade colorée, rythmée et kitsch pour ceux qui la regarderont à la télévision ou mieux, pour ceux qui auront pu s’offrir une place à 720 € dans les tribunes du Sambadrome. Chaque tableau de cette gigantesque parade est réalisé par une école de danse locale. Pour celle des Unidos de Padre Miguel, créée en 1957 au cœur de la favela de Vila Vintém, le carnaval est l’affaire de tous. Depuis plus d’un demi-siècle, cette petite troupe de quartier rêve de briller un jour au firmament du carnaval. À sa façon. Les Unidos défendent leur identité, très éloignée des grandes écoles. Tous les habitants du quartier sont concernés par l’aventure. On vient ici par passion, pas pour gagner de l’argent. Faire partie des Unidos, c’est l’occasion de s’illustrer dans la mégapole carioca comme jamais les habitants de la favela ne pourront le faire, eux qui ne peuvent se payer un ticket au Sambadrome. Pour les danseurs et les musiciens, le carnaval est la récompense d’une année de travail acharné, l’occasion de révéler l’étendue de leurs talents. Contrairement aux autres écoles, ici les participants ne paient ni leur inscription ni leur costume. En échange, tous s’engagent à assister assidûment aux répétitions et à représenter l’école avec fierté. Pour financer le projet, différents événements ont permis de récolter des fonds. En 2011, Unidos se classe 2e de sa catégorie. « C’était beau comme si on avait ramené le titre chez nous », résume Joao, un des participants, sourire aux lèvres.
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Les répétitions se déroulent en plein air. Une façon d’associer tout le quartier au projet et de montrer que l’école appartient à tous. En ces jours de carnaval, la vie semble paisible dans les favelas. Une ambiance de fête qui est la bienvenue.
Ici, on danse par passion et non pour l’argent. La fiertÊ de la favela est en jeu
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Throughout the year an ultra-motivated team of volunteers work to design and create the theme. From the floats to the costumes to the drums - everything‘s built from scratch.
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CREDIT:
Les volontaires travaillent tout au long de l’année sur le thème du carnaval. La conception des chars et la musique des percussions sont le fruit de vraies réflexions.
Pascoal a t oujours vécu à Vila Vintém. Depuis l’enfance, comme ses amis, il s’est engagé en faveur des Unidos de Padre Miguel. Il a tout sacrifié à l’école de samba. Il n’a pas le choix. Il se dévoue comme jamais.
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This is the moment everyones waited for. .
CREDIT:
Les Unidos entrent dans le Sambadrome. Peu avant, un décor, une immense guitare, s’était coincé sous une passerelle. Le péril est écarté, le sourire revient.
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N’étant qu’une école de troisième « division », Unidos n’apparaît qu’à la fin du défilé. Elle pénètre dans le Sambadrome à 17 h, au moment où l’ambiance est la plus survoltée. D’ailleurs, la Avenida a des airs de volcan.
Au terme du défilé, les costumes sont récupérés et rangés avec soin pour être éventuellement réutilisés l’année suivante. Tous repartent vers Vila Vintém pour une fête mémorable.
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Pour les membres d’Unidos, le carnaval est la récompense d’une année de travail acharné 41
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« Le record du monde me semble
ACCESSIBLE » Six mois après son sacre olympique, Renaud Lavillenie est un homme apaisé mais déterminé. À 26 ans, le Clermontois dévoile deux manques majeurs : le titre de champion du monde et les 6,14 mètres « himalayesques » de Sergueï Bubka. Avant de bisser aux JO de Rio de Janeiro en 2016 ? Textes : Christophe Couvrat
Photos : Paul Calver
Dehors, il fait gris. La pluie, froide, n’accorde aucun répit. Bienvenue à ClermontFerrand. Confortablement installé, Renaud Lavillenie est un volcan. Il trépigne d’impatience et se lâche. En cette fin d’automne, le Clermontois a faim. Faim de reprendre la compétition. Faim de titres. Faim de gloire. Faim de s’envoler vers d’autres cieux. À La Réunion avec l’équipe de France en décembre dernier ou dans le Nevada, à Reno, au spectaculaire National Pole Vault Summit de janvier, en guise de hors-d’œuvre à une riche saison post-olympique (Championnat d’Europe indoor début mars et Mondiaux en août). En attendant, Lavillenie savoure un succulent duo hachis parmentiersalade verte marqué à la culotte par une savoureuse crème (très) brûlée. 42
: Je vous tends une… perche. Comment êtes-vous tombé dans la marmite ? : Annie, ma grandmère, faisait de l’athlé. Elle était championne régionale du 100 mètres. Mon grand-père a aussi coaché mon père lorsque celui-ci était adolescent et débutait à la perche. Ma mère est sortie de la maternité un samedi. Ce jour-là, mon père avait une compétition, il m’a posé sur le tapis de perche qui faisait 25 m2. Je faisais 50 cm, ç’aurait pu faire une belle photo ! Quels sont vos premiers souvenirs, dans cette discipline ? J’avais quatre ans. Je faisais semblant de courir avec une tringle à rideaux. Plus tard, je sautais dans le jardin avec une barre de fer longue de deux mètres.
Mission À ses débuts, certains le jugent « pas assez de physique ». Ils s’apercevront plus tard que Lavillenie a bel et bien les trois qualités indispensables pour la pratique du saut à la perche de très haut niveau : vitesse, technique et coordination. « À l’arrivée, je claque les perfs et ils se retrouvent comme des cons. »
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Le foot, le rugby ou le basket ne vous intéressaient pas ? À un moment, on a quitté Cognac pour Grenade-sur-l’Adour dans les Landes. J’avais des copains qui faisaient du basket. Ça m’a tout de suite plu. J’en ai fait pendant trois ans de la 6e à la 4e. J’étais meneur. Ensuite, je suis revenu à Cognac. J’ai repris la perche, sans me poser de questions. Pendant ces trois ans, je n’en ai pas touché une seule. J’arrivais à couper un morceau de branche assez solide pour sauter dans les champs, par-dessus une remorque, des trucs comme ça… C’était juste pour le plaisir de s’envoyer en l’air, j’avais ça dans le sang. C’était ma passion. Finalement, votre taille n’a jamais été un problème (il mesure 1,77 m, ndlr)… (Il soupire.) On me l’a rabâché plein de fois. Je n’y accordais aucune importance, j’aime la perche tout simplement. Je ne me
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Oui, c’était pile la période où j’ai bien exsuis pas dit : « Je ne suis pas assez grand, plosé. J’ai décroché d’un endroit pour racje ne vais pas pouvoir faire de la perche ». crocher de l’autre (sic). Ça tombait à pic. Après, j’ai aussi eu de la chance mais j’ai Et, là, vous décollez… pu démontrer à tous ces pseudos invenEn 2007, je vais à Bordeaux rejoindre le teurs du sport qu’on peut y arriver. Leurs groupe Mesnil, Dossevi… J’avais validé à remarques rentraient par-là (il montre son Poitiers ma 1ère année en deux ans. Je me oreille, ndlr) et ressortaient direct. Ça dis que je veux quand même aller plus montrait bien la philosophie ambiante, loin. Manque de chance, je passe de 5,45 dans le genre : « Tu fais du sport car t’es à 5,70 m pendant l’hiver bon et pas parce que tu l’aimes. » 2008 et j’obtiens mes deux Moi c’était l’inverse. C’est toute la premières sélections en différence. C’était bien marrant Date et lieu senior et un contrat chez tous ceux qui disaient : « Vous avez de naissance ASICS. Cette année-là, il y vu comme il est ! » Au final, je 18 septembre 1986, avait les Mondiaux de Vaclaque des perfs et ils se retrouvent Barbézieux-Saint-Hilaire lence et les Jeux de Pékin comme des cons ! Taille 1,77 m mais je ne les ai pas faits. Poids 69 kg Vos parents vous répétaient-ils Palmarès J’ai rejoint Clermont car souvent : « Il faut d’abord que JO : 1er (2012) j’ai vu que la fac n’était pas tu sois bon à l’école » ? e CM : 3 (2009, 2011) loin du stade. Je passe Tout le temps, oui (rires) ! Je faiCE : 1er (2010, 2012) 5,81 mètres durant l’hiver sais le minimum mais j’avais de Records et 6 mètres le 21 juin bons résultats. Je participais à des 6,03 m en salle, 6,01 m en extérieur 2009. Là encore, mon anmeetings régionaux et je gagnais née a été interrompue… 50 euros par ci, 80 par là. Après, ... car vous aviez des quand j’ai eu le bac (scientifique, résultats. Vous changez ndlr), j’ai beaucoup progressé. Après deux échecs à de coach l’an dernier. Un Je suis parti de Cognac pour aller 5,91 m, la barre est à choix pour le moins suren Staps (fac de sports, ndlr) 5,97 : « Je ne voulais prenant ! Tout semblait à Poitiers. En un an, j’ai gagné pas revivre Daeghu (3e). vous réussir (Philippe 50 centimètres, je suis passé Je me dis : 5,97 m, tu les as faits il y a un d’Encausse remplace de 4,70 à 5,20 mètres. Là, ça mois et là, il y a des Damien Inocencio après commençait à devenir sérieux. Je super conditions, t’es les JO de Londres, ndlr)… gagnais 100, 200 voire 300 euros. en forme, t’as juste à Pas vraiment. Certains Normalement, tu fais des études tout donner dans pensaient même que j’aupour gagner de l’argent dans la l’ordre. » Dos au mur, rais pu le faire bien avant. vie. Moi, je considérais que je perLavillenie est aussi le meilleur. Le relationnel est aussi dais mon temps car je gagnais de important que le sportif. l’argent en faisant de la perche. Quand on n’est pas sur la même longueur Vous étiez destiné à une carrière d’ondes, ça ne sert à rien de forcer les de prof de sport… choses. Avec Damien, il n’y avait pas de Oui, sauf que c’était la fameuse période différence au sein du groupe d’entraînedes grèves (en mars 2006 contre l’instaument, qu’il s’agisse d’une fille qui végétait ration du CPE, contrat première embauche, ou d’un gars qui préparait les JO. Mais j’ai décidé par le gouvernement Villepin, ndlr) ! aussi entendu à mon sujet : « Il aurait pu On avait l’impression que pour être prof être entraîné par un boulanger et passer de sports, il fallait surtout être intello 6 mètres… » plutôt que sportif. Le rapport avec les Ça rappelle la Russe Yelena Isinbayeva… élèves était inexistant alors que, pour Exactement ! Elle a attendu l’hiver 2011 moi, il est primordial. pour changer d’entraîneur. Elle a perdu D’où le décrochage… plus de deux ans en raison de résultats moins bons. Moi, j’ai fait ce choix pour, justement, éviter de perdre deux années. Matos Rio est dans trois ans, c’était le bon mo1. Sa montre-bracelet calcule la dépense ment pour changer. Ce n’est pas ça qui va énergétique. Aussi, les perches ont leur me perturber. Celui qui fait les perfs c’est propre longueur et une dureté unique. l’athlète, pas l’entraîneur. J’ai changé de Lavillenie les personnalise. 2. Ces pointes sont celles de Londres. Elles coach car c’est un cheminement qui va me doivent avoir un bon compromis entre mainpermettre de progresser. tien et semelle dynamique afin de mettre Justement, quel est votre souhait d’ici en avant ses qualités de pied et de vitesse. aux Jeux de Rio de Janeiro de 2014 ? 3. Le pot à magnésie est un accessoire Je veux des titres. D’ici là, tous les ans, il indispensable pour mettre du grip entre y a un championnat d’Europe en salle et les mains et la perche. Il est personnalisé pour… « ne pas se le faire piquer ». un championnat du monde en extérieur
BIO EXPRESS
LONDRES 2012
Bestial Renaud Lavillenie est une bête d’entraînement capable d’enchaîner 35 sauts dans une séance normale et jusqu’à… 90 au maximum. Démentiel.
« Certains se prennent pour des stars, d’autres sont louches. Quitte à passer pour un connard, je préfère rester dans mon truc »
« QUAND ON PARLE DE LA FRANCE CES DERNIERS TEMPS, CE N’EST PAS FORCÉMENT EN BIEN. NOUS CONTRIBUONS À REDORER LE BLASON DU PAYS » ou vice-versa. Sans oublier la Diamond Jean Galfione. Philippe Collet était aux League. Jeux aussi. J’ai vibré pour eux et, auDes titres mais pas les records de jourd’hui, ils vibrent pour moi. Ça fait Sergueï Bubka (6,15 mètres en salle chaud au cœur. Et, dans dix-quinze ans, et les 6,14 mètres franchis à Sestrières je vibrerai pour la nouvelle génération ! le 31 juillet 1994, ndlr) ? Celle de votre frère Valentin ? (Direct.) Le record du monde passe après J’espère qu’il sera au prochain Championles titres. Il me semble accesnat d’Europe (en salle, du 1er au 3 mars à Göteborg, ndlr). sible. Dur mais accessible. Il Être ensemble à Rio, c’est me manque deux choses : l’or l’objectif ! aux Championnats du monde Pas superstitieux mais conservateur : « Je Il est plus fort que vous et ce record. Un titre, tu l’as garde tout ! Dossards, au même âge (Valentin a à vie. Jean (Galfione, ndlr) n’a chaussures, combis, 21 ans, ndlr) ? plus que son titre d’Atlanta. médailles, accréditaNon (rires) ! Mais il a tout ! Il Vous croisez souvent les tions, etc. Il me faudrait a les conseils sportifs et per« vieilles gloires » de la une pièce entière pour sonnels sur la gestion du quofaire un petit musée. » perche française ? tidien, les avantages de l’équiJ’ai très peu croisé Pierre pement, le panel de contacts qui s’offrent Quinon (Champion olympique aux JO de à lui et les meetings qu’il n’aurait jamais Los Angeles en 1984 et décédé en août 2011, faits s’il s’était appelé autrement… Quand ndlr). Je connais Thierry Vigneron depuis tu te retrouves avec Bolt lors de ta première 2005, nous avons de très bons rapports. compétition, tu as envie d’y retourner ! Il Mais celui dont je suis le plus proche est
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m’accompagnait au début en tant que spectateur, puis acteur de second rôle puis de premier plan. Bientôt, il ne dira plus : « C’est grâce à mon frère mais grâce à moi ! » En quoi êtes-vous différents ? On a un saut différent. Il n’y a pas la même maîtrise. À Lyon, cet automne, il est tombé au bord du tapis, la barre est retombée sur lui. Moi, ça ne m’était jamais arrivé. Il a beaucoup d’énergie mais elle n’est pas totalement maîtrisée. Jeune, il sautait un peu plus haut que moi mais n’a jamais réussi un championnat de France. Moi, en sautant moins haut, j’étais capable d’être en finale chez les jeunes. Il a mis du temps pour avoir sa première médaille aux France. Moi, ça faisait deux ans que j’étais sacré. Quelle est l’ambiance en équipe de France ? Je m’entends très bien avec Christophe (Lemaitre, ndlr). Il y en a que je ne peux pas voir, avec qui je ne parle pas. On ne peut pas avoir des affinités avec tout le
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envie de venir dans l’athlé. Vous en avez discuté Lorsqu’on demande avec eux ? au « Maître » de nous Ce ne sont pas des perparler de Renaud sonnes avec lesquelles je Lavillenie, les mots discute beaucoup. Ce n’est fusent : « C’est un grand pas ma discipline. J’ai déjà athlète. Il l’a prouvé à assez de choses à gérer Londres. On connaît la tradition française comme ça ! dans cette discipline. Les gains en meeting sontPeut-il sauter plus ils équitables ? haut que 6,14 ou Il y a un fossé entre ceux 6,15 mètres ? Pourquoi qui raflent médaille sur pas. Il arrive peu à peu médaille et les athlètes à maturité pour battre ces records. » qui sont en finale sans rien gagner. Pour ces derniers, ce sera de plus en plus dur. Quel est le salaire annuel de Renaud Lavillenie ? L’an dernier, ça s’est chiffré en quelques centaines de milliers d’euros. Ç’a été l’année la plus lucrative de ma carrière. Je gagne plus que très bien ma vie. J’exerce ma passion, c’est une chance. Mais il y a les impôts… La France a-t-elle un problème avec l’argent ? Il y a un très gros problème ! La prime olympique est imposable depuis cette année. 50 000 euros nous ont été versés par le CNOSF après les Jeux. L’État nous donne de l’argent pour qu’on en redonne ensuite ! Pour beaucoup d’athlètes, 50 000 euros ça représente la moitié des gains d’une saison, voire même plus. Quand on parle de la France dans le monde ces derniers temps, ce n’est pas forcément en bien. Or, nous contribuons à redorer le blason du pays. Quel est votre avis sur le souhait du gouvernement de taxer les plus hauts (Il se remet en condition.) J’attends pour monde. Certains se prennent pour des revenus à 75 % ? faire mon 1er essai à 5,60 mètres. Ils me stars, d’autres sont louches mais je n’ai Le plus ahurissant, ce sont les avantages font attendre, attendre… J’entends du jamais eu de clash. Quitte à passer pour accordés aux politiques. Ils ont énormébruit et je saute. J’apprends l’histoire enun connard, je préfère rester dans mon ment d’argent et, en plus, ne paient rien. suite ! Après le meeting, le seul truc dont truc. Le terrain va changer ma vie, pas Nous, en tant que sportifs de haut niveau, on s’est souvenu, c’est le clash. Rien sur les ce qui se passe à l’hôtel. on va gagner notre vie pendant dix ans. perfs des uns ou des autres. Vous faites des jaloux avec Et après ? Il faut être assez intelligent pour C’est vraiment moche. Après, Lemaitre ? s’assurer de l’après-carrière si on ne veut quand on voit que Mekhissi C’est sûr. Ce n’est même pas la pas tout perdre. D’ici là, on passe notre est impliqué dans un truc aux peine de se poser la question ! temps à payer, payer et encore payer. Lavillenie est plutôt Championnat d’Europe l’été du genre… catégorique. Vos relations avec Teddy Après, quand on a besoin d’aide pour déÀ la question : dernier (en juin, à l’issue de Tamgho sont-elles cordiales ? velopper le sport en général, il n’y a pas « Vous prenez quoi à son titre européen sur 3 000 m C’est spécial. Il est adorable, grand-chose. C’est un peu dommage. Hooker et Otto ? », la steeple à Helsinki, en Finlande, super sympa mais, à côté, il y a À vous entendre, Paulette, votre réponse fuse : « Rien ! » le vice-champion olympique un changement qui est là (sic). arrière-grand-mère décédée en 2011 À Bubka ? « Son record ! 2008 et 2012 avait violemJ’ai été déçu d’entendre tous ces à l’âge de 88 ans, aurait été fière Sous pression, il est monstrueux. » ment repoussé la mascotte de bruits. Pour avoir fait des meede vous… la compétition qui lui tendait tings avec lui, c’est un mec bien. Oui ! Nous étions très proches. Elle suivait un cadeau, ndlr)… Chacun son tempéraVous étiez en plein concours lors de mes résultats. Paulette a tout connu, ment, ses pensées mais on doit se montrer « l’échange » Mehdi Baala-Mahiedine la guerre, la récolte des pommes de terre irréprochables. Certains se plaignent du Mekhissi en juillet 2011 sous l’œil des pour nourrir la famille… Ça permet manque d’argent, du manque de sponsors caméras du prestigieux meeting de de relativiser. Plus sur www.iaaf.org mais ce genre d’images ne donne pas Monaco…
BUBKA, FAN DE
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HEAVEN´S BASEMENT
« Nous voulons laisser notre empreinte » Ces quatre jeunes Anglais surdoués ont atteint l’Olympe du hard rock en à peine quelques mois. Tout sauf un groupe de plus. Interview bruyante.
Les poings fermés, le chanteur Aaron Buchanan s’égosille et secoue sa crinière blonde. Genoux à terre, Sid Glover serre sa guitare de toutes ses forces. Formé en 2008, le quatuor Heaven’s Basement dévoué au heavy metal ne donne pas dans la demi-mesure. Bon Jovi, Deftones ou encore Papa Roach ne s’y sont pas trompés, ils les ont conviés à leur tournée. : Comment êtes-vous tombés dans le rock ? : J’ai reçu ma première guitare à quatre ans, je dormais avec. C’était une extension de mon corps. : Il y a une vidéo de moi où je joue de la batterie dans ma chambre sur un morceau d’Aerosmith. J’ai six ans, je suis torse nu et le projecteur est ma lampe de chevet. C’est vrai que l’un de vos premiers concerts s’est joué dans le stade de Manchester City ? C : Oui, mais pas comme tête d’affiche. S : Bon Jovi était en tournée. Une radio locale s’occupait de choisir le groupe de la première partie, ce dernier devait être originaire de Manchester. Nous avons menti et avons décroché le job. C : On nous avait donné quinze minutes de scène. Pas assez à notre goût. S : Notre temps de scène a été doublé après que le manager de Bon Jovi a assisté à notre balance ! Vous êtes réputés pour être des bêtes de scène. Quel est votre secret ? : La magie opère quand on joue ensemble, c’est le cas de nos groupes favoris. Les Pink Floyd, Led Zeppelin ou Aerosmith… De Freddie Mercury, j’ai appris à chanter et à me déplacer sur scène. C : Le plus important, c’est de ne pas faire les choses à moitié. Si tu veux démolir ta guitare ou te jeter dans le public, il faut y aller franco. 48
Photo : Thomas Butler
Richie Heavanz, votre premier chanteur a quitté le groupe en 2010 du jour au lendemain... S : Richie nous a plantés à une semaine de la tournée. Nous avons demandé en catastrophe au chanteur d’un groupe ami de le remplacer, mais il a perdu sa voix au bout
Le chanteur Aaron Buchanan et le guitariste Sid Glover sur scène à Manchester.
de quelques concerts, à la suite de quoi j’ai hérité du micro au pied levé. Comment s’est faite la rencontre avec Aaron ? S : Nous avons auditionné des centaines de chanteurs. Plus qu’un excellent vocaliste, nous voulions quelqu’un prêt à tout donner. C’est lui que nous cherchions. A-t-il eu droit à un bizutage ? S : Et comment ! D’abord, il a emménagé dans la maison du groupe. Ensuite, on lui a fait prendre une énorme cuite pour voir sa réaction et s’assurer qu’il ne se transforme pas en monstre une fois bourré. Et, dans une fête foraine à Nottingham, Aaron a dû s’introduire dans les coulisses à l’insu des agents de sécurité. Il a dû passer ce genre de tests avant de pouvoir intégrer le groupe. Nous devions
être sûrs qu’il serait prêt à se jeter d’une falaise pour le groupe. Vous vivez tous ensemble ? C : Oui, ça resserre les liens. Les autres groupes pètent les plombs en studio ou dans le bus de tournée. Vivre ensemble au quotidien nous permet d’éviter cet écueil. C’est incroyable comme cette confiance aveugle et cette chimie opèrent sur scène. Dès nos premiers concerts avec Aaron, les gens ont eu l’impression qu’il avait toujours fait partie du groupe. Avez-vous déjà eu envie de tout arrêter ? C : Au début, c’était compliqué. Une fois, en tournée, nous n’avions plus d’argent pour manger. La faim nous a poussés à voler notamment dans les stations-service. Quand nous faisions les premières parties de grands groupes, nous nous glissions dans leurs loges pour finir les restes de leurs plateaux traiteur. Ça peut sembler glauque mais au bout du compte, ces péripéties sont celles qu’on aime se remémorer. Vous en êtes à peine à vos débuts... C : Il n’y a pas si longtemps, quelqu’un nous a demandé ce que nous ferions si les gens détestaient notre album. Je sais que cela n’arrivera pas mais je n’ai pas hésité à répondre : « Continuer ! » Nous sommes au summum de notre forme, nous avons faim, nous voulons laisser notre empreinte avec nos prestations en concert. Et ça marche : d’une nuit à l’autre, les salles et les foules grandissent. L’album Filthy Empire (Red Bull Records) sort en février. Plus sur www.heavensbasement.com La session d’enregistrement au Red Bull Studio de Londres et le lien pour télécharger Fire, Fire sont sur l’appli pour tablettes The Red Bulletin.
PHOTO ADDITIONNELLE : GETTY IMAGES
Texte : Florian Obkircher
Heaven’s Basement : le guitariste Sid Glover, le bassiste Rob Ellershaw, le batteur Chris Rivers et Aaron Buchanan, le chanteur (de g. à dr.)
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DE HAUTE
LUTTE
La lutte sénégalaise est une des pratiques sportives les plus anciennes d’Afrique occidentale. Aujourd’hui, elle est plus populaire que le football. Ces combats d’homme à homme sont régis par des règles simples et directes où tous les coups sont permis. Et c’est la foule, en transe, qui valide les victoires. Reportage à Dakar et dans ses environs. Photos : Philipp Horak
PHILIPP HORAK A TRAVAILLÉ SON REPORTAGE PHOTO DANS L’ESPRIT DU FILM 7 915 KM RÉALISÉ PAR NIKOLAUS GEYRHALTER. UN ROAD-MOVIE MAGNIFIQUE SUR LA MAGIE DU DAKAR. INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES SIGNÉES CHRISTOPHE COUVRAT ET PAUL FAYE.
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Les origines de la lutte sénégalaise remontent à la nuit des temps. Aussi loin que la tradition orale veut bien se souvenir de ces combats anciens. Autrefois, ces affrontements étaient organisés à l’ombre des baobabs, dans les villages reculés, une fois passé l’hivernage (saison des pluies et des récoltes, ndlr). Mbalax, djembés, boubous, c’était la fête autour de ces lutteurs, dignes représentants du clan local. Ils se battaient pour la gloire et l’honneur de ceux à qui ils appartenaient. Au fil des décennies, ils ont fini par drainer les spectateurs vers les légendaires stades de Dakar, Demba Diop et Iba Mar Diop. La lutte s’est professionnalisée avec un prize-money, un classement national et des stars comme s’il en pleuvait. Cette discipline est enseignée dans certaines écoles coraniques. De Dakar à Tambacounda, de Thiès à SaintLouis, la lutte sénégalaise est un phénomène de société, gage d’unité nationale. Bienvenue au pays de la Teranga.
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GRIGRIS SUR SABLE CHAUD Paradoxalement, la lutte n’est pas la partie la plus importante de ces affrontements car ils ne durent jamais très longtemps. Le folklore ambiant joue un grand rôle. Avant d’en découdre, les lutteurs font le tour de l’arène, en file indienne, sous les acclamations de leurs supporters et amis. Chaque gladiateur est entouré d’un véritable staff qui fait office d’autorité spirituelle. Les marabouts exercent une réelle influence dans ce pays de confession majoritairement musulmane. On les présente comme des hommes sages, des guérisseurs et des références morales à consulter régulièrement. Les actes de foi sont nombreux. Avant le début du combat, chaque geste est pesé. Un rituel impose aux lutteurs de se purifier d’eau dite « magique » et de prononcer des incantations. Le corps est bardé de grigris. Chaînes métalliques, plumes de coq, bracelets en cuir aux bras et aux chevilles sont légion. De petites bourses recèlent des mélanges d’herbes secrètes. Les recettes sont jalousement gardées par les marabouts. Le pouvoir est là pour ces gaïndés (« lions » en sénégalais) des temps modernes. Le vaincu n’hésitera pas à saluer l’influence positive des marabouts d’en face plutôt que de reconnaître ses propres faiblesses.
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ŒIL POUR ŒIL La concentration est de rigueur. Les lutteurs se jaugent, se regardent en chiens de faïence. Puis, flanqués de leur garde rapprochée, ils quittent le coin de l’arène qui leur est dévolu. S’amorce alors le face-à-face tant attendu, yeux dans les yeux, toutes incantations dehors et avec cette démarche si particulière. Le combat, tel un coït précoce, est une empoignade atavique, brutale et soudaine. L’adversaire doit être mis au sol. Peu importe la manière et la partie du corps mise à mal. Les coups de poing au visage sont même autorisés. Trois juges observent le bras de fer. En l’absence de règles strictes, cela va assez vite. Même si une mise à terre semble évidente, les discussions vont bon train entre clans rivaux, jusqu’à ce qu’une décision tombe à l’unanimité. C’est de bonne guerre. Une liesse générale s’empare des travées du stade pendant que le perdant s’échappe, tête basse et bouche cousue, par une porte dérobée.
LE COMBAT, COÏT PRÉCOCE, EST UNE EMPOIGNADE ATAVIQUE, BRUTALE ET SOUDAINE. L’A DVERSAIRE DOIT ÊTRE MIS AU SOL. PEU IMPORTE LA MANIÈRE ET LA PARTIE DU CORPS MISE À MAL
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LES PATRONYMES SONT RÉVÉLATEURS. DOUBLE LESS, MANGA II, GRIS BORDEAUX, BOMBARDIER OU YEKINI ONT ÉTÉ ÉLEVÉS AU RANG DE DEMI-DIEUX GUERRIERS SAÏ SAÏ Dans l’arène, les lutteurs sont presque nus. Un caleçon et basta ! Il s’agit de réduire au minimum les zones de prises en main. En revanche, tous affichent une impressionnante musculature, entretenue par le très sain Thieboudienne, fameux riz au poisson et un des plats nationaux du Sénégal. Ces hommes sont conscients de l’effet hypnotique du biceps sur l’adversaire comme sur les spectateurs. Ces héros d’Afrique Subsaharienne signent des contrats publicitaires
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de centaines de milliers de Francs CFA après chaque victoire (plusieurs milliers d’euros). Leur notoriété outrepasse les religions et les ethnies. L’attrait porté par le public rappelle celui rencontré par les gladiateurs de la Rome Antique ou, plus près de nous, celui des Japonais pour les Sumotoris. Mais ces Dieux du Stade ne peuvent combattre ad vitam aeternam. Quand vient l’heure de la retraite, ils embrassent souvent une seconde vie, celle de marabout. Belle preuve de mysticisme ambiant.
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DÉCOUVERTE
À tout bout de chant À New York, on n’entend qu’elle. Ou presque. Marie Martin est la nouvelle voix française qui fait chavirer l’Amérique. Cette Bretonne de 34 ans est déjà en haut de l’affiche avant la sortie prochaine de son premier album.
Une voix sucrée salée, très jazz-soul, vous prend aux tripes. Marie Martin a construit un pont entre la côte est des États-Unis et le Finistère. Ploemeur et Big Apple n’ont jamais été aussi proches. Dans son « ghetto » de Bed Stuy à Brooklyn, « Mwarrrry Mwouarrrteen », petit bout de femme d’1,57 mètre, s’est vu affublée du surnom de « M&M’s » de la part de ses voisins commerçants : « C’est lié à mes initiales, bien sûr, mais aussi à ma grande faiblesse, le chocolat… » Le ton est donné. La Bretonne sait cultiver l’art de la dérision dans la jungle newyorkaise. Il en faut pour se frayer un chemin parmi les stars du music-hall. Marie Martin est tombée dedans dès son plus jeune âge. Cette Liza Minelli à la française insiste pour préciser qu’elle a fait ses gammes à « Lanester et non à Ploemeur », villes tout juste séparées de cinq kilomètres. Martin est la petite fille d’une mélomane et d’un chanteur, Martial, leader quinze années durant des Music Men, un orchestre de bal : « Mon père travaillait la semaine puis partait en tournée du vendredi soir au dimanche après-midi, rembobine-t-elle. Il a ensuite chanté avec le Big Band de Lorient au début des années 80 avant de monter son propre groupe de reprises. À la maison, nous chantions tout le temps. » Dans la famille Martin, je voudrais aussi un oncle et un cousin, tous deux batteurs professionnels. À cinq ans, « petite Marie » passe ses journées à fredonner des mélodies pendant que ses copines jouent à la poupée. Nullement rassasiée, la gamine s’aperçoit rapidement qu’elle n’en a pas assez et décide d’entamer une première carrière de chan56
teuse, violoniste, danseuse classique et… comédienne : « Je faisais du théâtre pour enfants. » Le tout avant dix ans. Et cette voix en or aime les choses bien faites. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’une sélection naturelle s’opère. Adieu danse maléfique pour corps meurtri et bonjour sonates ! De sessions d’enregistrement pour La Star Ac’, séries TV ou longs-métrages en concerts dans les meilleures salles
« On aime trop coller une étiquette en France. On considère qu’élargir son répertoire veut dire qu’on s’éparpille »
(Sentier des Halles, Réservoir…), Marie Martin écume Paris. Aujourd’hui, elle ne regrette nullement d’avoir sauté dans le premier avion pour tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique. C’était en 2007. « Le regard un peu dur des musiciens parisiens me terrorisait, se souvient-elle sans amertume particulière. Je ne suis jamais montée sur la scène d’une jam-session à Paris. Le fait d’être mise à nue, d’avoir à improviser, ce n’était pas moi. Et puis, on aime trop coller une étiquette en France. On considère parfois qu’élargir son répertoire ou ne pas s’arrêter à un instrument veut dire qu’on s’éparpille. Ici, c’est un atout. » Personne ne l’attend. Elle n’a pas le choix et doit forcer son caractère. « Il fallait que j’aille à ces fameuses jamsessions. C’était le seul moyen de rencontrer des musiciens. Je devais me surpasser, chanter avec des tueurs. J’y ai pris goût. Ç’a été la meilleure école de ma vie. » Le coup de foudre est réciproque et la mène jusqu’à la consécration du Blue Note en passant par le Zinc Bar ou la BAM (Brooklyn Academy of Music). Mais, comme d’habitude, elle en veut plus. SoNuVo, trio jazzy, voit le jour. Elle chante aussi avec les Nubians, ou lors de soirées privées dans les plus beaux hôtels de Nassau ou de Miami. En seulement cinq ans. Quand on connaît la concurrence qui prévaut à New York, le bilan est positif. Largement. Montreux lui tend alors les bras. C’était l’été dernier. « J’ai terminé troisième du concours de chant du festival de jazz de Montreux. J’ai aussi réalisé un de mes rêves en rencontrant Quincy Jones. Il présidait le jury. » Plus sur www.marie-martin.net
PHOTOS : DELPHINE LE BERRE, FOCUS PHOTOGRAPHY LLC
Texte : Christophe Couvrat
Date et lieu de naissance Née le 20 janvier 1979, à Ploemeur (Morbihan) Résidence Brooklyn, New York
Le premier album de Marie Martin est attendu outre-Atlantique. Elle prévient : « Il sera très groovy avec des morceaux jazzy brésiliens, voire espagnols. »
Idoles Stevie Wonder, Prince et Sting. « Ils sont uniques, clame-t-elle. Aussi, Rachelle Ferrell, grande technique, Tania Maria, improvisations vocales à couper le souffle, Me’shell Ndegeocello, fusion soul-jazz-pop très talentueuse. » Projets Myriam a cinq ans de plus que Marie. C’est sa sœur aînée. « Elle chante et a écrit deux textes pour moi, précise la benjamine. Nous pourrions former un binôme ! »
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OSCARS RISÉE Cet hiver encore, la moitié de la planète se cassera la tête pour savoir quel film triomphera aux Oscars. The Red Bulletin a enquêté auprès de votants et protagonistes influents pour tenter de percer le mystère de cette grand-messe du cinéma. Existe-t-il une formule gagnante ? Éléments de réponse en trois prises. Texte : Rüdiger Sturm
MODE D’EMPLOI Éviter le zéro pointé 58
Illustrations : Carlos Coelho
Généralement, le film lauréat raconte l’histoire peu banale d’un homme blanc. C’est le meilleur moyen de se mettre le jury dans la poche. Aussi, l’Académie n’apprécie que modérément les scènes de brutalité et encore moins celles de nu. Les thrillers psychologiques mettant en scène lesbiennes ou cow-boys gays n’entrent même pas en ligne de compte. La règle est claire : tout prétendant aux Oscars doit afficher un registre dramatique, les comédies n’ayant que rarement leurs chances.
TIRER LES FICELLES C’est l’histoire d’un hommestatue tailladé de toutes parts. Une lutte fratricide s’engage. À l’arrivée, la statuette dorée n’écoute que son instinct. Les notions de bien et de mal sont sacrées. La morale n’est pas corrompue.
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C
’est en partie à Bethlehem que se joue le destin de Hollywood. Bethlehem dans l’État américain du Connecticut. C’est là que vit et prie Mère Dolores, une sœur de 74 ans. Cette bénédictine fait partie de ceux qui peuvent améliorer le sort de nombreux faiseurs de cinéma. Elle est une des 5 783 votants de l’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma (AMPAS) qui décerne la récompense la plus convoitée : l’Oscar. Quiconque peut y prétendre du moment que son œuvre, d’une durée minimale de quarante minutes, reste à l’affiche d’un cinéma commercial du comté de Los Angeles au moins pendant sept jours consécutifs. Pour les Oscars 2012, pas moins de 265 productions sont en compé-
tition. Deviner celle qui raflera le jackpot pour le meilleur film défie toute logique. À première vue. Cette année, quelques productions sont favorites : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow sur la traque de Ben Laden, Argo de Ben Affleck sur le sauvetage d’otages en Iran ou encore l’ode de Spielberg à Lincoln mais les pronostics divergent fortement quant à celui des trois ayant les meilleures chances. S’il y a bien une mission impossible au monde, c’est celle de produire un film qui gagnerait à coup sûr l’Oscar. Di Caprio qui avec J. Edgar n’a obtenu aucune nomination l’an dernier : « Tout n’est qu’un grand jeu de hasard. » Un avis partagé par Jodie Foster, lauréate en 1991 pour son interprétation dans Le silence des agneaux : « C’est comme dans une tombola, vous êtes assis là et vous vous dites : Pourvu qu’ils piochent mon numéro. »
Seul Saul Zaentz, l’un des producteurs les plus primés de l’histoire des Oscars avec trois statuettes au compteur, ose proposer une recette certaine : « Il faut être verni. Lorsque nous avions remporté l’Oscar du meilleur film avec Vol au-dessus d’un nid de coucou, on nous avait considérés comme des veinards, après celui d’Amadeus comme de sacrés veinards et après celui du Patient Anglais comme de putains de veinards. » Mais il est dans la nature des vainqueurs de minimiser leur victoire. Il y aurait donc une recette qui permettrait d’augmenter significativement ses chances de remporter la fameuse statuette. Plus exactement un plan en plusieurs étapes. C’est là qu’interviennent les personnes comme Mère Dolores, qui dans une autre vie fut ellemême actrice ayant eu le privilège d’échanger des baisers avec Elvis.
La marche vers l’Oscar s’oriente inévitablement dans la direction « d’un homme suivant les traces de son destin ». Les performances d’acteurs ont une influence significative. Le meilleur film repart généralement avec l’Oscar du meilleur comédien. Il faut aussi prévoir beaucoup d’argent et l’investir de manière intelligente et agressive pour décrocher le gros lot. Si vous souhaitez l’emporter, Harvey Weinstein, le roi des producteurs, peut alors vous être d’une grande aide.
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Une bonne dose de testostérone
Les Oscars se déroulent en terre de Country for Old Men avec un accent sur Men. Le cas de Mère Dolores est de ce point de vue une exception. 77 % des membres sont des hommes. Des hommes blancs pour être plus précis. Les Noirs ne représentent que 2 % du groupe et les Hispaniques encore moins. On ne sera donc pas surpris que le thème récurrent du meilleur film aux Oscars tourne autour de l’histoire d’un homme, de type caucasien. Généralement un individu exceptionnel aux prises avec des forces extérieures contre lesquelles il s’affirme et se révèle pour l’emporter à la fin, au moins au niveau moral. Des exemples ? Rocky, The Artist, Million Dollar Baby, Un homme d’exception, Gladiator, Le discours d’un roi, La liste de Schindler, Danse avec les loups, Braveheart, American Beauty. Vous en voulez encore ? Kramer contre Kramer, Démineurs, Platoon, Shakespeare in Love, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Forrest
L’Oscar 2013 du meilleur film est attribué à…
Trois longs-métrages arrivent en tête de liste : Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, Argo de Ben Affleck et le biopic Lincoln signé Steven Spielberg.
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Gump, Les Infiltrés… On a parfois droit à des variantes. Dans Slumdog Millionaire et dans Gandhi, la couleur de peau change. Dans Le silence des agneaux et Titanic, le sexe diffère. Mais une Clarice sans son Hannibal ou une Rose sans son Jack existeraient-elles ? Dans Amadeus ou dans Rain Man, deux hommes se partagent le thème récurrent, trois dans Traffic et une pléiade dans Le retour du Roi. Dans No Country For Old Men, l’odyssée des testostérones connaît une fin désastreuse. La formule utilisée en 1961 dans La Lame nue a lancé la marche vers l’Oscar. Une recette qui peut être encore affinée. La brutalité passe mal auprès de nos papys, si celle-ci n’est pas justifiée par une fin plus noble. La nudité encore moins. En général, les films lauréats sont destinés au grand public. Le film anglais Shame (2011) primé aux festivals et encensé par la critique n’aurait jamais dû espérer être nominé, chose qu’il n’a d’ailleurs pas obtenue. Comme dans tout conservatisme, il n’y a pas de place pour le réactionnaire. Une moyenne d’âge de 62 ans signifie que les membres sont de la génération hippie et ont commencé leur carrière cinéma dans les années 70, à une époque où le cinéma hollywoodien produisait les films les plus osés et les plus progressistes de son histoire. Il était éclairé, original et socialement engagé. Une étiquette que la plupart des exemples cités peuvent revendiquer. Mais gare à ne pas en faire trop. Des cow-boys homosexuels, ça ne passe pas du tout. Brokeback Mountain en sait quelque chose. Il faut en effet tenir compte des « mangeurs de steaks », un terme qui désigne les techniciens et artisans du cinéma dont la culture est machiste et partagée par un nombre important de membres de l’Académie. Une fois l’axe narratif établi, il ne faut pas donner dans la fausse modestie. Un film susceptible de gagner aux Oscars doit se prendre au sérieux et l’affirmer. Cela explique pourquoi une comédie n’a pratiquement aucune chance. « Il faut un drame et il doit être de taille », témoigne Wolfgang Petersen, premier Allemand depuis 1947 à être nommé en 1981 dans la catégorie meilleure mise en scène pour Le bateau. La taille du drame concerne aussi la durée du film. Des épopées longues de plus de deux heures sont appréciées aux Oscars, sans pour autant être un must comme le prouvent The Artist et ses cent minutes. Bien sûr, la durée ne suffit pas. Un autre coup d’œil sur la composition des membres montre que 21 % des votants sont des acteurs, 1 205 précisément.
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% des membres de l’Académie sont des comédiens. Il y a une religieuse.
QUI VOTE ? Et il faut les pourvoir en rôles d’exception : « Une performance d’acteur marque les gens. Cela permet de construire tout un film autour de celle-ci », explique en bonne connaisseuse Robin Swicord, membre de l’Académie et nominée en 2009 pour la meilleure adaptation avec L’étrange histoire de Benjamin Button. Que les « meilleurs films » décrochent aussi un Oscar du meilleur acteur n’est pas non plus le fait du hasard. C’est le cas de seize des vingt-cinq films cités ci-dessus. Pour les créatures d’Avatar, le combat était en revanche perdu d’avance. D’autant plus que James Cameron avait bafoué la reine des actrices, Meryl Streep, à l’occasion d’une cérémonie.
Salutaire divinité
Nous le répétons, l’élément le plus important est une histoire d’hommes avec une trame dramatique susceptible de toucher la sensibilité des votants et leur demandant une bonne dose de patience. Une fois ces prérequis réunis, une prière de Mère Dolores ne fait pas de mal. Mais sans un minimum de qualité, cela ne marche pas. Et vouloir faire un bon film équivaut à vouloir « mettre un éclair en bouteille », comme le dit Akiva Goldsman, le scénariste primé d’Un homme d’exception. Ou pour citer Keira Knightley pressentie cette année pour une deuxième nomination grâce à son jeu dans Anna Karenine : « Je l’ai vécu tellement souvent.
PHOTOS : WARNER BROS, DREAMWORKS/TWENTIETH CENTURY FOX, ANNAPURNA PICTURES
Aux Oscars, il s’agit surtout de satisfaire les goûts de l’Académie, composée principalement d’une horde de retraités. Leur moyenne d’âge : 62 ans. Elle était encore plus élevée il y a quelques années. Seulement 14 % des votants de Hollywood ont moins de 50 ans. Peut-on s’étonner dès lors que Pulp Fiction a été si peu honoré, comme le fantasme lesbien de Black Swan ? Que le traumatisme d’un roi anglais puisse dégommer The Social Network, le film sur Facebook ?
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77
% sont des hommes blancs. Il n’y a que 2 % d’Afro-Américains.
14
% d’entre eux ont moins de 50 ans. La moyenne d’âge monte à 62 ans.
5 783 membres de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences délivreront les statuettes dorées le 24 février prochain. Larmes et cris de joie seront au rendez-vous.
Vous avez le meilleur scénario, le meilleur metteur en scène, le meilleur de tout mais les choses ne se goupillent pas comme il faut. » Est-ce à dire que tout est affaire de hasard ? L’œuvre de Dieu ? Les exemples de flops produits par l’association de grosses pointures sont légion et inversement, des metteurs en scène et des scénaristes peu expérimentés raflent régulièrement la statuette. À l’instar des réalisateurs novices, Kevin Costner et Mel Gibson. Avant American Beauty, Sam Mendes était metteur en scène de théâtre, Le discours d’un roi était le premier véritable long-métrage de Tom Hooper. Dans la même veine, Michel Hazanavicius a éclipsé un Alfred Hitchcock ou un Stanley Kubrick. Le Français a reçu l’Oscar du meilleur réalisateur pour The Artist, les deux autres sont morts bredouilles. Martin Scorsese, nominé à cinq reprises, avait enfin remporté en 2007 sa première statuette pour Les Infiltrés. Il n’avait guère pris cela au sérieux : « Après les Oscars, mon agent n’arrêtait pas de m’appeler pour me dire : Tu es au courant que Les Infiltrés a gagné ? On s’est beaucoup marrés. »
Le Roi Harvey
Harvey Weinstein. Même ses adversaires les plus acharnés reconnaissent qu’il sait mieux que quiconque faire campagne. Les films produits par son ancienne compagnie Miramax totalisent 249 nominations et soixante victoires aux Oscars.
Dont trois pour le meilleur film. Ces dernières années, il a gardé la main avec Le discours d’un roi et The Artist. Cela tient pour une part à son flair mais aussi à sa lutte infatigable pour gagner chaque votant. Il va jusqu’à appeler les membres de l’Académie chez eux pour s’assurer qu’ils ont bien vu ses films. Et pour cela, il dépense et se dépense sans compter : mailings, annonces publicitaires, projections et soirées. Il aurait investi quinze millions de dollars (soit plus de onze millions d’euros) pour permettre à Shakespeare in Love d’atteindre la plus haute marche en éclipsant des favoris comme Le Soldat Ryan. Il faut compter en moyenne un budget communication de deux millions de dollars (soit un million et demi d’euros) pour une nomination. Si vous ne disposez pas d’un Harvey Weinstein dans vos rangs, vous pouvez toujours vous inspirer des producteurs du petit film Les Démi-
« C’est une véritable campagne électorale où il faut serrer des mains et poser pour la photo »
neurs qui avaient mené avec succès une campagne à la David contre Goliath face au gigantesque Avatar en 2010. Bien sûr, il y a les ceux qui font la moue. « Les Oscars sont devenus un concours de popularité », selon le vétéran Mike Medavoy, responsable de studios impliqués dans des films comme Rocky ou Le silence des agneaux, et lui-même nominé trois fois en tant que producteur pour le meilleur film. « C’est une véritable campagne électorale où il faut serrer les mains et poser pour la photo. » George Clooney le concède : « Je me suis senti sali après coup. » Mais pour le lauréat, cela est rentable. Une nomination dans la catégorie du meilleur film booste les entrées de 22,2 %, auxquels s’ajoutent 15,3 % supplémentaires en cas de victoire. Par contre, ce prix recèle en lui une déception : l’éclat des Oscars se conserve mal. « Chez moi, elles prennent la poussière », reconnaît Meryl Streep à propos de ses trois statuettes. « J’ai dû l’emballer pour qu’elle ne rouille pas à cause de l’air marin », se souvient Halle Berry. Dustin Hoffman semble leur avoir trouvé une utilité, sensuelle qui plus est : « Toutes les nuits, je me couche avec mes deux Oscars. Je leur fais des mamours. Cela ne pose aucun problème : elles sont asexuées et ma femme n’a rien contre. » Mère Dolores n’en dirait pas autant mais elle n’a jamais eu de statuette. Plus sur www.oscars.org
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Jouer avec le feu
Geoff Mackley consacre sa vie à filmer les catastrophes naturelles. En août dernier, le Néo-Zélandais est venu poser à quelques mètres de la lave du mont Marum, un cratère actif de l’archipel volcanique du Vanuatu. Chaud devant. Texte : Robert Tighe Photos : Bradley Ambrose
Passion brûlante. Nathan Berg, l’assistant de Geoff Mackley, contemple le lac de lave du mont Marum situé sur l’île d’Ambrym (archipel du Vanuatu).
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C ette question n’a cessé de hanter l’esprit de Geoff Mackley tout au long des dix dernières années : « Que ressent-on face au lac de lave du mont Marum ? » Depuis le 10 août dernier, il a la réponse. « Ça ressemble à la surface du soleil, crie-t-il dans sa radio à Bradley Ambrose qui filme la scène cent mètres plus haut, appuyé sur un éperon rocheux. C’est comme dans mes rêves les plus fous. » Et pourtant, le volcan Marum niché sur l’île d’Ambrym de l’archipel du Vanuatu et perdu dans l’océan Pacifique sud a tout pour faire reculer les plus téméraires. Il a la particularité d’abriter au fond de son cratère des lacs de lave régulièrement en activité. Depuis 1997, Mackley a dépensé près de 350 000 euros en expéditions sur l’île pour rallier la rive du lac en fusion après avoir descendu en rappel une paroi verticale de 400 mètres. « J’ai dû m’y rendre treize ou quatorze fois, compte Mackley mais les prises de vue en bas, ça fait quinze ans que je les avais en tête. Dans les premiers voyages, on avait l’habitude de transporter tout notre matériel jusqu’au sommet du cratère et, à cause de la pluie, on restait sous les tentes pendant des semaines avant de 64
Bradley Ambrose, un des cameramen : « Nathan descend la falaise, habillé d’une combinaison ignifugée et d’un masque respiratoire. Il nous a aidés à tester tout le matériel et savait quoi faire en cas d’urgence. »
repartir sans rien voir. Du coup, j’ai suffisamment appris pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Au début, on a connu des soucis avec l’équipement et les tentes, c’est pourquoi on utilise aujourd’hui du matériel de haute technologie. Mais les problèmes ont été souvent causés par les membres de l’expédition. » L’été dernier, Mackley est accompagné de Bradley Ambrose et de Nathan Berg, deux compatriotes néo-zélandais, et du cinéaste américain Rui Cavender. Ambrose, un cameraman free-lance, a connu Mackley il y a quelques années à l’occasion d’un reportage sur un accident
routier. Depuis, ils travaillent ensemble. Quant à Berg, il était plongeur dans un bar lorsqu’Ambrose, le beau-père de son meilleur ami, lui propose de rejoindre l’équipe. L’adolescent de 18 ans, qui n’a jamais quitté son île, saute sur l’occasion. « Je ne leur coûte pas très cher, rigole-t-il. En plus, je suis en forme, je bosse à fond et je fais ce qu’on me dit. » Les trois Kiwis arrivent à Port-Vila, la capitale du Vanuatu, dans les derniers jours de juin avant que Cavender ne les rejoigne une semaine plus tard. Les caprices de la météo et la perte d’une partie des équipements indispen-
« C’EST COMME DANS MES RÊVES LES PLUS FOUS »
Dans la brume : « Les drapeaux de la NouvelleZélande et du Vanuatu flottent sur le campement, note Ambrose. On aperçoit au fond le nuage de gaz toxiques qui vient vers nous. »
sables les privent jusqu’à mi-juillet de l’hélicoptère préposé au transport de la tonne et demie de matériel au sommet du volcan. Aussi pesante que la pression qui les accompagne pour réussir la mission. « Lors de mon dernier séjour, il y a deux ans, on avait réussi à tourner de bonnes images, glisse Mackley, dont les cameramen étaient alors des alpinistes qui ont pu descendre à 50 mètres du lac. » Le NéoZélandais poursuit : « La seule façon de faire mieux, c’était d’aller au bord de la lave. » Depuis ses débuts comme reporter d’images il y a vingt ans, Mackley adore filmer l’action au plus près. À l’époque, les incendies et les accidents de la route jonchaient son quotidien, jusqu’en 1995 et l’éruption d’un volcan de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, le Ruapehu. Il file là-bas avec sa caméra et progresse dans la neige pendant cinq heures pour se rapprocher du cratère fumant. Ses images font le tour du monde. Une société de production anglaise lui achète quinze minutes de son reportage au tarif de quinze euros la seconde ! Au total, il empoche 13 500 euros. Le prix de son audace. C’est le déclic. Sa carrière prend une nouvelle direction, il va parcourir le monde en quête de reportages, là où se trouvent l’événement et le danger. Il ramène des États-Unis des images de tornades, capture le tsunami qui a inondé la ville thaïlandaise de Phuket et ravagé l’océan Indien en décembre 2004 ou encore couvre la guerre en Afghanistan. Mais les volcans restent sa passion. La chaîne américaine Discovery Channel lui commande une série de reportages sur le sujet. Son nom : Volcano Detectives. Pour le tournage, Mackley approche l’un des volcans les plus actifs au monde, le mont Yasur sur l’île Tanna du Vanuatu. Lors de ce séjour, les habitants lui révèlent l’existence d’un lac de lave immense sur l’île d’Ambrym. « Mes accompagnateurs disaient que c’était faux, raconte Mackley. Que s’il y avait un lac de lave, 65
Ambrose, ici à droite : « Nous nous apprêtons à descendre dans le cratère avec Geoff. Nous portons des masques à gaz et des visières à l’épreuve de la chaleur. Ils protègent nos yeux des pluies acides. »
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tout le monde le saurait et que ce serait devenu une attraction touristique. Tout de suite, j’ai voulu en avoir le cœur net. » Le Néo-Zélandais n’a pas les moyens de louer un hélicoptère, il effectue à pied les 1 334 mètres d’ascension du mont Marum. Il en atteint le sommet et découvre, déçu, qu’un récent tremblement de terre a enseveli la lave sous les rochers. Mackley détaille : « On n’apercevait plus que quelques panaches de fumée sortant de la roche. » Mais, quelques mois plus tard, il apprend que la lave est réapparue à l’air libre. Il décide de retourner sur place. « C’est sûr qu’elle était là, au fond d’un énorme trou. La météo était terrible et je savais qu’on risquait de ne l’apercevoir que quelques secondes entre deux averses. Mais je voulais descendre la voir. Je savais ce qui m’attendait, à quel point ce serait dur d’y aller et de descendre. J’étais accompagné de guides d’Ambrym qui avaient l’expérience d’expéditions dans l’Everest, on est arrivés là-haut mais au dernier moment, ils m’ont dit : “Pas question de descendre là-dedans.” Je ne pensais pas qu’ils refuseraient si près du but. » Beaucoup d’autres lacs de lave existent dans le monde, mais d’après Mackley « ils sont dangereusement instables ». Alors que le niveau de la masse rocheuse en fusion du mont Marum, qui peut dépasser 1 250 °C, est toujours resté stable depuis que Mackley s’y rend. Il précise : « Le lac de Marum n’est pas éruptif. La pression se libère régulièrement. Dans la plupart des cas, il faut éviter de s’approcher trop près de la lave, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. » Dès lors, comment peut-il deviner les réactions des entrailles du Marum ? « Je ne sais pas vraiment, admet-il, mais c’est facile de regarder jusqu’où la lave est montée récemment. Si je descends plus bas que ce niveau, là oui, c’est risqué. »
PHOTOS: RUI CAVENDER
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u début de l’été, Mackley établit son campement sur la plaine de cendres au sommet du volcan, dans un endroit désertique. Non loin du camp, depuis une étroite crête rocheuse il peut apercevoir le lac incandescent, situé 400 mètres plus bas. Même à cette distance, le chaudron de lave de presque 200 mètres de diamètre – la taille de deux terrains de football – dégage une lueur intense. « C’est fascinant, souffle Ambrose. On dirait une 67
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créature vivante. » Leur camp de base compte sept tentes : une pour chaque membre de l’équipe, une pour les réunions, une pour le guide et le générateur électrique et un abri où l’on peut cuisiner, regarder des films et se remonter le moral quand la météo gâche tout. L’altitude, la chaleur et les émanations de gaz toxiques du volcan perturbent la météo en permanence. « Il a dû faire beau et ensoleillé pendant seulement cinq jours depuis qu’on est là, râle Bradley Ambrose. On a l’impression de vivre dans un nuage. » Mackley poursuit : « Le ciel aurait dû être dégagé mais il a plu à grosses gouttes au sommet du volcan. Si on avait eu un temps clément, une semaine nous aurait suffi. »
L Irrespirable : « Les nuages de gaz passaient la plupart du temps au large du camp, précise Ambrose. Mais, cette fois, Nathan s’est fait surprendre sans son masque. » Descente aux enfers (ci-dessus) : « Le lac de lave au sommet du cratère du Marum. »
« S’IL Y AVAIT UN LAC DE LAVE ICI, TOUT LE MONDE LE SAURAIT. CE SERAIT DEVENU UNE ATTRACTION TOURISTIQUE » 68
e mauvais temps a aussi un impact sur le budget de l’expédition qui a enflé « de plus de 30 000 euros », selon Mackley. Le séjour sur le volcan ne devait pas aller au-delà de trois semaines, il va dépasser trentehuit jours. Ce qui signifie plus de fournitures, de rotations d’hélicoptère. Sans oublier l’argent versé aux habitants du village voisin de Ranvetlam. « On aurait pu laisser l’hélicoptère là-haut, près du camp, et ne rien dépenser mais cela aurait été stupide, concède Geoff Mackley. Sur une île, on est à l’écart de tout, entourés de gens pour qui on est une source de revenus. On a passé un accord avec le village qui nous a fourni des guides. Ce ne sont pas vraiment des guides mais c’est un deal pour que tout se passe bien. Sur l’île, ces gars-là ont des armes et des machettes. » Lors de ses voyages précédents, Mackley avait passé un accord avec le village de Lalinda, perché sur le versant opposé du volcan. Les relations avaient fini par se dégrader car les villageois exigeaient une rançon de plusieurs centaines de dollars en échange de la restitution du matériel qu’ils avaient volé à l’équipe. L’un d’eux avait frappé le pilote de Mackley avant de menacer de tirer sur son appareil s’il survolait le village. Sur l’île d’Ambrym, la vraie menace reste le volcan, bien plus dangereux que la colère de quelques villageois. « Tout ce qui se passe là-haut peut nous tuer lentement, précise Mackley. Parfois la nuit, nous sommes obligés d’enfiler un masque à gaz pour éviter d’être asphyxiés dans notre sommeil,
« Nathan est à cinq mètres du sommet, raconte Ambrose. La lueur orange vient du lac de lave, 400 mètres plus bas. » Geoff, Rui et Nathan remplissent un gros sac de sable pour arrimer les cordes de rappel. Dans cette plaine de cendres désertique, il n’y a rien pour les attacher (à droite).
comme le vent peut rabattre sur le camp les gaz toxiques du cratère. Aussi, l’hydrogène sulfuré et le dioxyde de soufre qui s’échappent dans l’air forment des pluies acides qui peuvent brûler notre peau. Les habitants de l’île disent que le Marum est « l’entrée de l’enfer ». Mackley est d’accord : « Il y a des moments où je me demande ce que je fais là. » Jusqu’à présent, les grosses pluies et la mauvaise visibilité ont empêché les membres de l’expédition de commencer à escalader et à filmer. À la première amélioration, ils installent dare-dare les cordes et les pitons pour préparer le chemin que Mackley, Ambrose et le matériel de tournage descendront à flanc de paroi. Mackley est le premier à s’élancer, il progresse le long de la corde de 200 mètres. Juste avant d’être à bout de corde, il se pose sur une plateforme, large d’une dizaine de mètres. Un répit pour préparer la seconde partie de la descente. Ambrose rejoint Mackley promptement. Tout comme les caméras suspendues au bout d’une autre corde. La descente finale attendra, le temps se gâte à nouveau. La tentative est reportée. Pendant près de deux semaines, la pluie ne s’arrête pas. Tout le monde reste à l’abri sous les tentes. Démoralisant. Au 45e jour de l’expédition, la chance tourne enfin. Le 10 août, Mackley profite d’une éclaircie pour une nouvelle tentative. Après deux heures de descente, il atteint le fond du cratère et marche sur une cinquantaine de mètres au pied de la falaise, à seulement trente mètres au-dessus de la surface bouillonnante de lave. Vêtu d’un T-shirt et d’un pantalon cargo, il ne reste que cinq ou six secondes à l’observer avant de battre en retraite en raison de la chaleur insoutenable. « Je ne
m’attendais pas à aller si loin, reconnaîtil, mais après quinze années de tentatives, il était hors de question de ne pas le faire alors que j’étais arrivé en bas. » Le lendemain, la météo est à nouveau conciliante, Mackley a revêtu une combinaison ignifugée et un masque respiratoire. Cette fois, il reste quarante-cinq minutes au bord de la lave à observer le bouillonnement du magma rouge-orangé brillant. Le reportage de Mackley et de son équipe a été vu plus de deux millions de fois dans les jours qui ont suivi sa mise en ligne sur le Web. Depuis, le Néo-Zélandais a été approché par la BBC et des chaînes coréennes et japonaises voudraient se rendre avec lui sur l’île d’Ambrym pour tourner de nouveaux reportages. « À ce moment-là, je planais, se rappelle Mackley à l’évocation de ces minutes d’émerveillement venues ponctuer des années de patience. Quand je suis arrivé tout en bas, j’étais si épuisé et déshydraté que je ne pensais à rien. » Et ce bruit ! « C’est le même vacarme qu’un océan en furie puissance 10. Je suis resté là jusqu’à ce que je commence à manquer d’air. Je ne voulais pas partir tant ce spectacle était fascinant. » Plus sur www.geoffmackley.com
AMBRYM C’EST OÙ ?
Archipel du Vanuatu
Située à environ 2 500 km au nord-est des côtes australiennes, Ambrym est une île volcanique de l’archipel du Vanuatu, appelé autrefois Nouvelles-Hébrides.
Volcan Marum Plaine de cendres
10 km 10 miles
« IL FAUT ÉVITER DE TROP S’A PPROCHER. ON NE SAIT JAMAIS CE QU’IL PEUT SE PASSER » 69
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John Kirwan, la légende du rugby néo-zélandais, a accepté une mission compliquée. Le nouveau coach des Auckland Blues doit remettre sur pied une équipe malade et victime du désamour de ses supporters. Les états de grande dépression, John Kirwan connaît. Dans un livre qui a fait un tabac en librairie, All Blacks Don’t Cry, l’ancien prodigieux trois-quarts aile, champion du monde 87, a raconté son long combat contre cette maladie. Sans le dire, les Auckland Blues traversent une période de déprime profonde depuis plusieurs années et la saison dernière a poussé vers le lugubre. Elle restera comme la pire de toute l’histoire de la franchise d’Auckland avec, en point d’orgue, une série de sept défaites consécutives et le départ à l’intersaison de deux stars vers des contrées plus conquérantes : le centre Ma’a Nonu et le pilier gauche Tony Woodcock, incontournables leaders du quinze kiwi. Du coup, les supporters des Bleus de l’Eden Park ont fui le stade où s’est construit le mythe All Blacks. Mais Kirwan s’estime armé pour mener les prochains combats : faire renouer les siens avec le succès et faire revenir les gens au stade. « Quand je suis revenu d’Italie (il a coaché la sélection de 2002
Kirwan
A LE BLUES Texte : Robert Tighe 70
photo : Getty images
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SIR JOHN KIRWAN Date et lieu de naissance 16 déc. 1964 à Auckland Mémorable Il a inscrit 35 essais en 63 rencontres internationales. Kirwan a notamment dégainé lors du match d’ouverture de la première Coupe du monde de rugby, le 22 mai 1987, en passant en revue neuf Italiens. Passions « J’ai besoin de nourrir mon esprit. Je lis, je surfe, je nage. J’ai commencé la guitare et, bien que ça ressemble encore à des cris de chat, j’aime ça. »
à 2005, ndlr), j’ai revu pas mal de choses à la télé sur les Blues. Je suis passionné par cette équipe, mordu de cette région et de cette ville. Nous vivons dans la plus grande ville rugbystique au monde, nous avons le plus grand stade du pays, et tous ces gens méritent une très grande équipe. Il n’est pas possible de jouer dans ce stade de légende sans 50 000 personnes autour de nous. » Le défi est énorme. Kirwan le sait. Il devra composer avec un effectif disparate, fait de cireurs de banc, de recrues médiocres et de trois stars vieillissantes : Keven Mealamu, Ali Williams et Piri Weepu. Même avec ces trois noms estampillés All Black, passer devant le Hall of Fame de la franchise, dans les entrailles du stade, laisse un arrière-goût bizarre. 72
S’y côtoient les photos de l’immense Carlos Spencer, un des demis d’ouverture les plus géniaux, Nick Evans ou encore l’actuel Toulousain Luke McAlister. Mais, Kirwan n’a pas peur : « Ce genre de joueurs va naître spontanément si nous développons tout notre potentiel. Nous devons créer la prochaine génération, je pense sincèrement qu’il y a, dans mon effectif, deux ou trois joueurs qui ont la capacité de devenir des superstars. Mais, avant tout, il faut sauver le bateau des eaux, redorer notre blason cette année, reconquérir le respect. Et, pour ça, il va falloir aller au charbon. » Sur les trentedeux joueurs sous contrat, seize sont des nouveaux venus et onze n’ont aucune expérience du Super XV. La moyenne d’âge est de vingt-trois ans. Kirwan assume : « Je sais que j’ai pris de bonnes décisions sur le recrutement, mais aussi de mauvaises. Mais un jeune joueur de rugby, c’est comme un cheval. On peut le regarder pendant des heures mais tant qu’on n’a pas sauté avec, on ne sait pas ce qu’il a dans le ventre. Ce qui est sûr, c’est que nous avons choisi ces jeunes joueurs en pariant qu’ils seraient les Nonu ou Woodcock de demain. » Le manque de puissance charismatique, sur la pelouse, se compense chez les Blues par le staff, étincelant, qui entoure Kirwan. Wayne Shelford, troisième ligne centre de légende chez les Blacks, dont il fut capitaine, mais aussi Eric Rush, Michael Jones, tueur d’attaques qui ne jouait jamais le dimanche du fait de sa religiosité, Gus Collins et Craig Innes sont autant d’amis et d’anciens équipiers venus soutenir leur pote dans son entreprise de redressement productif. Le ralliement le plus surprenant est celui de Shelford, qui avait raffûté la venue de Kirwan. Il estimait que l’expérience internationale du All Black blond, ancien sélectionneur de l’Italie et du Japon (2007-2011) ne représentait pas une garantie suffisante. « Buck n’avait pas tort sur tout, affirme Kirwan. Quand j’ai passé l’entretien, je savais que mon CV présentait des faiblesses. C’est pourquoi j’ai proposé aux dirigeants de monter autour de moi la plus formidable équipe de coaches. » Mais ce n’est
PHOTOS : GETTY IMAGES, REUTERS, NIC STAVELEY
« Le rugby ne s’analyse pas. J’aime juste jouer à ce jeu »
L’ancien ailier All Black a entraîné les sélections de l’Italie et du Japon (ci-dessous).
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qu’après avoir décroché le job que Kirwan a pu obtenir l’accord de Graham Henry. L’entraîneur des Blacks champions du monde 2011 est conseiller technique, en charge de la défense des joueurs d’Auckland, et mentor. De Kirwan ? Peutêtre mais la prise est assurément jolie. Henry pourrait aider à chasser cette idée préconçue, toujours en circulation, que les grands joueurs font rarement de grands entraîneurs. Dans son autobiographie intitulée Running on Instinct, l’ailier avait écrit : « Pour moi, le rugby ne s’analyse pas. Il n’a pas à être débattu ni dépecé. J’aime juste jouer à ce jeu. Mon boulot, c’est d’aider ces jeunes hommes à donner le meilleur de ce qu’ils ont, en les préparant mentalement et physiquement. Et, pour cela, il faut recréer le climat de 74
Ancien coach assistant des Blues en 2001, JK est promu entraîneur en chef en juillet dernier. Visiblement, il sait s’entourer. Pour attaquer sa première saison de Super XV, Kirwan s’est attaché les services de Graham Henry (1). Mais pas que... L’ancien sélectionneur des Blacks champions du monde 2011 travaillera aux côtés de Mick Byrne, en charge des avants et du jeu au pied, et de Grant Doorey, patron des lignes arrières et du travail technique. Kirwan a aussi fait appel à l’expérience et au sens tactique d’anciens internationaux : le troisième ligne centre Wayne Shelford (2), le flanker Michael Jones et ses 55 caps (3), la légende du rugby à sept Eric Rush (4), le trois-quarts aile ou centre Craig Innes (5), Gus Collins (6) et le centre Joe Stanley (7). Ce kaléidoscope de génie est une bénédiction pour Kirwan. Tous ont aussi une expérience unique en Super XV.
Kirwan aime bien le Bleu. Ici, celui de l’Italie (2002-2005).
« J’exerce le plus beau métier au monde, je fais ce que j’aime » pression d’un match tous les jours à l’entraînement. » Compte tenu de tout ce qui a été dit et écrit sur son prédécesseur, Pat Lam, John Kirwan sait à quoi s’attendre : son inexpérience du Super XV va le soumettre inévitablement au feu des critiques. Dans All Blacks Don’t Cry, il avait expliqué que sa dépression s’était nourrie de la peur de l’échec. « C’était ma plus grande crainte, rappelle-t-il aujourd’hui avant d’affirmer que l’idée d’échouer avec les Blues ne l’effraie pas. Ces émotions ne font plus partie de ma vie. Oui, je veux réussir, oui, je sais qu’il va y avoir des obstacles, mais je n’en ai pas peur. » Il dut bien y avoir des moments où, au cours des six derniers mois, il s’est dit qu’il ferait mieux de retourner dans sa maison, en Italie. « Un de mes amis italiens m’a demandé s’il était bien normal de quitter une maison vénitienne pour retourner en Nouvelle-Zélande. Le rugby m’a offert une vie, il m’a tout donné. Avec les Blues, on est toujours en lune de miel puisqu’on n’a pas encore disputé de match. J’exerce le plus beau métier au monde, je fais ce que j’aime. J’ai vu ce qui grippe la mécanique. Quand tout ça sera réglé, je pense que nous aurons de bons résultats. » Le premier match de la saison se rapproche : un déplacement le 23 février chez les Hurricanes. Ensuite, les Crusaders viendront à l’Eden Park, juste avant les Bulls, puis des voyages vers les Waratahs australiens et à Hamilton pour affronter la franchise néo-zélandaise des Chiefs, tenante du titre. Sans surprise, Kirwan est réticent à donner des pronostics. « Ce serait comme me tirer une balle dans le pied. Mais la vraie victoire reste de faire revenir les supporters au stade. À moi de composer une équipe qui saurait se faire aimer. » Soudain, il raconte une histoire. Un jour, au volant de sa voiture, Kirwan croise un travesti de 1,80 mètre. « Quand je l’ai vu, je me suis dit que j’aurais gagné mon pari quand tous les styles de personnes qui fourmillent dans cette ville auront envie de venir nous voir. Autrement dit, quand tout le monde se libérera pour un match des Blues. » Plus sur www.superrugby.co.nz
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MOUNIR SUR LE TOIT DU MONDE Dans la fournaise d’une nuit carioca, le Français Mounir Biba a remporté, en décembre dernier, la finale de Red Bull BC One, le championnat du monde de breakdance. Reportage à Rio de Janeiro sur cet exploit d’envergure.
PHOTOS : MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL
Texte : Cassio Cortes
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Mounir décolle. Vicious Victor, Lil Zoo, le prodige japonais Issei, Sunni et le régional de l’étape, Klesio affûtent leurs armes (de gauche à droite en médaillon).
Les seize finalistes de Red Bull BC One ont chauffé le bitume de Copacabana.
I
ci, on l’appelle le Labyrinthe, un bâtiment droit comme un I et planté au sommet de la favela Tavares Bastos, au milieu des quartiers sud de Rio de Janeiro. Depuis quinze ans, il appartient à un ancien correspondant de la BBC au Brésil, qui a transformé l’immeuble en un bar-hôtel déjanté après être tombé amoureux de Rio et de cette favela où il a rencontré sa future femme. Parvenus enfin au sommet du dédale d’escaliers dans les entrailles du Labyrinthe, on sort à l’air libre pour prendre le spectacle en pleine figure. Irréel dans un tel lieu. 78
Vingt-quatre musiciens de samba tapent comme des dingues sur leurs percussions, flanqués de quatre superbes danseuses. Au milieu du décor, seize des meilleurs breakdancers de la planète se déhanchent sur un minuscule terrain de foot en ciment entouré d’immenses immeubles, si tassés les uns contre les autres qu’ils semblent monter jusqu’au ciel. Le site est aussi surprenant que la vue sur le Pain de Sucre que l’on découvre depuis la cime de l’immeuble. Avant la finale de Red Bull BC One, on ne pouvait rêver d’un plus bel endroit pour découvrir l’ambiance de la cité carioca. On rejoint les stars de l’imminent show du soir qui dansent et suent sous un impitoyable soleil pour honorer les toutes dernières exhibitions. Les cloques apparues sur les mains des B-Boys après leurs passages sur le ciment brûlant en témoignent. Malgré les 40 °C à l’ombre et un taux d’humidité proche de 80 %, l’Américain Roxrite, tenant du titre, porte une veste en nylon sur sa large chemise. Un choix vestimentaire rembourré dont il explique aussitôt la raison : « Une douleur musculaire me lance dans le bas du dos
mais ça ira mieux dès que mon corps sera chaud. » À 30 ans, il vient chercher à Rio un doublé inédit : « Je veux être le premier à remporter le titre deux années d’affilée. Quelques-uns des anciens champions s’estiment au-dessus de ça parce qu’ils ont remporté une fois la ceinture mondiale. Pas moi. Je n’ai pas peur de redescendre dans l’arène et de faire face une nouvelle fois à la concurrence. » Ils sont quinze, déterminés à Iui piquer sa ceinture mondiale. À commencer par Klesio, le seul Brésilien de la finale. Quelques mois plus tôt à Mexico City, il a gagné sa place en triomphant lors des qualifications sud-américaines. À l’opposé de Roxrite, trapu et musclé, Klesio, 22 ans, est un athlète longiligne qui vient des quartiers pauvres de la banlieue de Brasília. Pour qui ne connaît rien au breakdance, le frêle gamin semble n’avoir aucune chance face à la puissance musculaire d’un athlète comme Roxrite, au cours d’un match qui exige une incroyable débauche d’énergie. Or, la classe de Klesio saute aux yeux dès les premiers rythmes puissants des musiciens de samba. « Tous les gamins brésiliens grandissent en dansant là-dessus, précise Klesio. C’est ça qui me procure le plaisir de breaker et qui définit mon style. » Comme lui, cinq autres danseurs ont dû passer par le marathon des qualifications continentales au long de l’année 2012 pour gagner leur ticket pour Rio. Plus de mille breakdancers engagés, soixante cyphers partout dans le monde, six finales de zones et une poignée d’élus. Le Marocain Lil Zoo s’est imposé dans la zone Afrique et Moyen-Orient. Le Coréen Shorty Force a triomphé en Asie Pacifique, le Bulgare Slav en a fait de même en Europe de l’Est et DOMkey est sorti vainqueur des qualifications de la zone nord-américaine. À ce quintet, il faut ajouter Mounir Biba. Après deux échecs en 2008 et 2011, le danseur angevin membre du Vagabond Crew a remporté le cypher français, tenu à Lille en avril dernier, puis les éliminatoires de la zone Europe de l’Ouest à Rotterdam. Sélectionnés par un jury d’experts pour compléter le Top 16 de cette finale, neuf autres B-Boys de l’élite mondiale du breakdance visent la suprême ceinture : Hill (Mexique), Arex (Colombie), Sunni (Grande-Bretagne), Issei (Japon), Differ (Corée du sud), ExacT (Russie), Vicious Victor et Kid David (USA). Junior, la légende française de retour à ce niveau sept ans après sa dernière apparition où il avait gagné son surnom, « l’extraterrestre », a hâte d’en découdre (retrouvez le reportage que nous lui avons consacré en septembre dernier sur l’appli tablettes).
PHOTOS : MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL (2), DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL
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Breaking bad : dans le quart de finale qui l’oppose à Mounir, le Brésilien Klesio (ci-dessus) ne peut rien face aux moves du futur vainqueur.
Fermée en 1976 et reconvertie en centre culturel au début des années 90, une ancienne fonderie du XIXe siècle, la Fundição Progresso, est l’arène de l’affrontement final. Le passé industriel du lieu où l’on y transformait la fonte est idoine pour offrir une chaude ambiance. Sans air conditionné. L’arène de trois mille places, spécialement aménagée pour la finale de BC One autour du « ring » de danse, ajoute à l’atmosphère étouffante. « Comme chaque personne dégage 80 watts de chaleur par heure, explique Hello Haas, le directeur de la production de Red Bull BC One, je vous laisse faire le calcul. Vous avez intérêt à boire beaucoup d’eau. » Le public vient de partout. Dès 8 heures du matin, soit douze heures avant le début du show retransmis en direct à la télévision dans dix pays – dont le Brésil et partout dans le monde en streaming sur www.redbullbcone.com – un groupe d’ados qui agite le drapeau de l’État d’Amazonie, distant de 4 000 kilomètres de Rio, est déjà posté devant l’entrée. À 17 heures, le mercure, qui 79
Trois mille fans dans l’arène surchauffée de la Fundição Progresso sont venus assister au sacre de Mounir (ci-dessous et à droite). La demi-finale fratricide Junior-Mounir divise le clan tricolore. Le Coréen Differ, tout sourire dans les bras de Mounir, est un des favoris de la prochaine édition dans son pays (à droite).
flirtait avec les 42 °C en début d’aprèsmidi, commence tout juste à retomber quand les juges arrivent sur place. Rien que du beau monde avec Neguin, le héros local champion 2010, aujourd’hui danseur aux côtés de Madonna, et d’autres stars du breakdance comme Storm, Taisuke, Moy et Niek. « J’ai prévenu les autres juges : Attendez-vous à découvrir une ambiance comme jamais vous n’en avez connu », glisse Neguin en entrant dans la salle. Il est 19 heures, les portes s’ouvrent. La grande bousculade des trois mille fans lui donne raison. En quelques minutes, plus un centimètre carré n’est libre. L’ambiance monte, la chaleur étouffe. Une heure plus tard, Hill et Slav se présentent pour le premier battle. Ils transpirent à grosses gouttes. La moiteur ambiante rend d’autant plus glissante la surface de la piste et dégage un surcroît de tension. Hill, présenté comme le plus agile de ce Top 16, écarte Slav d’entrée, puis se débarrasse en quarts de finale de Vicious Victor (vainqueur d’un ado japonais Issei âgé de 15 ans). 80
Pour le Mexicain, la compétition s’arrête au tour suivant, éliminé en demi-finale par le Coréen Differ. Favori du public, il avait déjà su faire monter la pression en dominant Roxrite, sans doute encore handicapé par ses douleurs lombaires, en quarts. C’est officiel, la couronne mondiale est à prendre. Elle a alors de bonnes chances de filer en France. L’autre demi-finale propose un duel franco-français entre Mounir Biba et Junior. Du jamais vu à ce niveau dans
MOUNIR EST VENU A RIO POUR LE TITRE. , C ETAIT SON REVE. IL EST DEVENU REALITE
PHOTOS : MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL, DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL, ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL
ACTION
le BC One. C’est la revanche du battle du cypher de Lille au printemps 2012. Un one-to-one où Mounir ne fait pas figure de favori face à Junior, l’idole du public de la Fundição. Un duel suivi en tribune par un autre Français, Lilou, double vainqueur en 2005 et 2009. L’engagement des deux danseurs rend l’issue du face-à-face aussi pesante que la chaleur. Le verdict du jury électrise un peu plus la foule en désignant Mounir vainqueur, 3-2. « Il a affiché une telle confiance en lui, c’est le secret du succès, explique Neguin en justifiant le vote des juges. Il nous a montré combien il était
habité par sa danse, c’est le truc le plus important en B-Boying. » En finale, Mounir doit affronter Differ, l’autre coqueluche de la salle. La cote du Coréen n’a cessé de grimper tout au long de la soirée. Ses pas de danse empruntés au désormais planétaire Gangnam Style et son expression artistique innovante ont tout balayé. Il est le favori. Pour cet ultime battle, le règlement prévoit cinq passages pour chaque concurrent contre trois aux tours précédents. Au total, chaque finaliste sera passé sur le ring à quatorze reprises. Une vraie torture physique dans cet immense sauna. Mounir le sait. Sûr de son style aérien et de ses expressions, il ne laisse rien paraître de la fatigue qui le gagne. Il a enfilé son sweat gris pour le premier passage, histoire de se chauffer. Il est imbattable. Differ ne peut supporter la comparaison. Épuisé, il baisse d’intensité au fur et à mesure malgré le soutien du public. À l’unanimité des cinq juges, Mounir l’emporte. À pleines mains, il tient enfin la ceinture du vainqueur du plus grand événement mondial de breakdance. « Avant d’attaquer la finale, j’étais cuit comme jamais mais en arrivant sur le plateau, j’ai vu que Differ était encore plus fatigué que moi », raconte l’Angevin encore en sueur. Ne jamais céder, c’est le credo de son année : « Le cypher national, la qualification européenne, et depuis quatre mois, un entraînement très dur, j’ai tout sacrifié. Je suis venu à Rio pour le titre. Gagner Red Bull BC One, c’était un rêve. C’est devenu une réalité. » Une détermination inflexible qui n’a pas échappé aux cinq juges tout au long de son parcours. « Dans cette fournaise, Mounir est toujours resté au même niveau, sans commettre de fautes. Propre dans ses mouvements, toujours en rythme avec la musique », justifie Niek, le Néerlandais du jury. Sur la scène et en coulisses, Mounir répond aux interviews, sourit, tout à son bonheur. Il n’a de cesse d’exhiber fièrement sa ceinture, avant d’apercevoir Differ, son adversaire de la finale. Le Coréen récupère : « C’était un battle superbe, ça restera un grand souvenir pour moi. » Mounir l’interpelle : « L’année prochaine, elle sera à toi », lance-t-il en montrant la ceinture. En fin d’année, Red Bull BC One fêtera son dixième anniversaire en Corée du Sud. Differ jouera à domicile. Plus sur www.redbullbcone.com Visionnez le meilleur de Junior et Mounir à Rio de Janeiro sur la version tablettes totalement gratuite de votre mensuel !
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Vous avez toujours rêvé d’une balade dans le Grand Nord ? L’Iditarod se dévoile page 86.
Inhalt
80 REISE-TIPP Red Bull X-Fighters
82 GET THE GEAR Ice-Cross-Downhill 84/85 KULINARIK Daniel Humm, „Coda alla vaccinara“ 86 TRAINING Tao Berman, Christian Schiester 88 HANGART-7 89 THE STROKES 90 CLUB & CD 91 TAKE 5 Jamie xx 92 TOP-SPOTS 94 SAVE THE DATE 96 RED BULL TV-FENSTER bei ServusTV 98 KOLUMNE mit Christian Ankowitsch
PLUS
DE CORPS D’ESPRIT
+
Ent in velisit lor in utpat. In exercidui te dolor senibh er si bla feummod ea covmmy nullan ut augait et, quat.
Contenu 84 VOYAGE L’épave du SS Yongala gît au large de la côte est de l’Australie 86 PRENEZ LE PLI Dallas Seavey déploie son matos 88 AU BOULOT La vététiste Rachel Atherton livre ses secrets d’entraînement 90 NIGHTLIFE Quatre pages spéciales pour profiter de la nuit sous toutes ses coutures 94 AGENDA Les meilleurs plans Red Bull 96 FOCUS Événements à ne pas louper en France
98 PLEINE LUCARNE L’œil de CODB
PHOTO : DDP/AP
97 KAINRATH
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
LET’S GO !
Monde englouti
LE BON PLAN DU MOIS
TOWNSVILLE, AUSTRALIE. Il
y a 102 ans, le SS Yongala sombrait au large des côtes australiennes. L’épave est devenue un lieu unique d’exploration pour plongeurs.
Hors du temps
« Si je devais choisir une dernière plongée avant de mourir, ça serait le Yongala », a lâché la réalisatrice de films sous-marins, l’Australienne Valerie Taylor dans une interview au Sydney Morning Herald. Disparue en 1911, l’épave du SS Yongala n’est pas sans raison une star pour les amateurs de plongée. La coque de ce bateau à vapeur, long de 106 mètres, est restée jusqu’à aujourd’hui intacte, permettant l’apparition d’une incroyable biodiversité marine. « La nature s’est emparée de cette œuvre du cerveau humain pour la transformer en un récif vivant qui régale les sens. C’est le site sous-marin le plus grandiose qu’il m’a été donné de voir », raconte Taylor.
À trente mètres de profondeur, l’épave du SS Yongala est un paradis aquatique.
Dernier voyage
Le navire a été baptisé Yongala (« eau vaste ») en l’honneur d’une petite ville située dans l’État d’Australie méridionale. Jusqu’au 23 mars 1911, il a effectué son habituel trajet de fret et de transport de passagers, entre les mines d’or de l’Australie Occidentale et les ports de l’Est : Sydney, Melbourne, Cairns. Lors de son
99e voyage de Brisbane à Townsville, le Yongala fait naufrage. À bord, 122 personnes meurent. Depuis, le colosse de métal gît dans les fonds sablonneux de la réserve marine de la Grande Barrière de corail, à 80 kilomètres au sud-est de Townsville et à 20 milles marins du récif corallien le plus proche. Longtemps introuvable, l’épave est repérée seulement en 1947 par un dragueur de mines de la marine australienne. Mais il faut attendre 1958 pour qu’elle soit formellement identifiée après que deux plongeurs locaux ont remonté l’un des coffres-forts du bateau. Gros poissons
Disparu en 1911, le SS Yongala ne sera identifié que 47 ans plus tard par deux plongeurs australiens.
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À partir des années quatre-vingt, des clubs de plongée commencent à organiser des expéditions régulières pour faire découvrir l’épave qui gît à trente mètres de profondeur. Chaque année, le Yongala attire environ 6 000 plongeurs. Sur les forums, un plongeur a émis l’hypothèse que le Yongala aurait eu à son bord des matières radioactives, expliquant pourquoi « la vie marine, ici, avait un petit quelque chose d’un monde mutant ». Autour de l’épave, on peut observer
TEXTE : ROBERT TIGHE. PHOTOS : GETTY IMAGES (3), DDP, QUEENSLAND MUSEUM
Seconde vie
Les plages de la côte nord-est de l’Australie sont un parfait refuge pour les solitaires amoureux de calme.
des mérous géants, des tortues, des serpents de mer, des requins-tigres, des raies léopards, des barracudas et autres Lutjanidae. Parfois aussi des requinsbaleines, des requins-bouledogues et des raies-guitares à nez rond. Ne pas chatouiller les locaux
La grande majorité des habitants du Yongala est inoffensive, mais en janvier 2002, un plongeur suédois a eu la mauvaise idée de titiller un mérou de 1,4 mètre. Mauvaise pioche ! Ce dernier a tenté de mordre l’intrus scandinave à plusieurs reprises et lui a laissé des traces de morsures sur l’oreille droite et des griffures au visage. « Ce mérou cherchait juste à affirmer sa place hiérarchique dans la chaîne alimentaire », précise l’Australien Paul Crocombe du centre local de plongée sous-marine Adrenalin Dive. Alerte à Yongala
Townsville, charmant petit port de pêche.
En octobre 2003, le Yongala fait les gros titres des journaux. Tina Watson, une Américaine en lune de miel, meurt au cours d’une plongée avec son mari Gabe, plongeur-sauveteur expérimenté. Ce dernier a été condamné en Australie pour homicide involontaire. Il a récemment été extradé vers les États-Unis.
INFOS VOYAGE S’y rendre Adrenalin Dive à Townsville et Yongala Dive dans la ville de Ayr proposent des expéditions pour le Yongala. Depuis Ayr, comptez une demi-heure pour rejoindre l’épave, et trois heures de bateau en partant de Townsville. Par grosse mer et vent fort les plongées peuvent être annulées. Meilleure période De septembre à janvier, les vents sont faibles, la température de l’eau agréable et la visibilité sous l’eau est bonne (1015 mètres). De juin à septembre, le temps est plus capricieux mais la visibilité est meilleure (20-25 mètres). On peut apercevoir des baleines à bosse. Bon à savoir Si vous avez le mal de mer ou que vous souffrez d’aquaphobie, rabattez-vous sur le Reef HQ de Townsville, le plus grand aquarium de récif corallien. Vous profiterez des merveilles de la Grande Barrière de corail au sec. Plus sur www.yongaladive.com.au et www.adrenalindive.com.au
L’œil du cyclone
La Grande Barrière de corail fascine.
Un ouragan est à l’origine du naufrage du Yongala, il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui encore, les cyclones sont fréquents dans la région. En 2011, Yasi arrachait la majorité des coraux situés à la surface du bateau. La tempête n’a heureusement pas poussé la population marine à l’exode. Depuis, les coraux ont repoussé et l’épave continue d’abriter la faune du Pacifique.
SS Yongala Townsville
AUSTRALIE Brisbane
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
PRENEZ LE PLI
La classe ce Dallas !
L’INDISPENSABLE POUR LES PROS
L’an dernier, Dallas Seavey est devenu, à 25 ans, le plus jeune vainqueur de l’Iditarod. Voici le matos avec lequel il affronte la course de chiens de traîneaux la plus dure au monde et les tempêtes de l’Alaska. 1. Chiens d’attelage Je démarre avec seize Huskies d’Alaska. Dès que l’un d’eux fatigue, je le libère dans l’un des vingt points de contrôle et je poursuis la course avec un chien en moins. Régulièrement, un vétérinaire ausculte les chiens à ces points de contrôle. 2. Traîneau Je le fabrique moi-même. Pour obtenir un maximum de légèreté et de solidité, j’utilise des crosses de hockey en fibre de carbone, de l’aluminium renforcé et des matières plastiques à structure moléculaire dense. Les traîneaux de compétition pèsent environ 20 kg. Trois traîneaux, pas plus, sont autorisés par course. 3. Freins L’attelage s’immobilise à l’aide d’une pédale de frein dont les pointes en acier inoxydable permettent un ancrage net dans la neige ou la glace. 4. Réchaud à gamelle Fait maison, cet appareil de cuisson fonctionne avec un combustible à base d’alcool. Il me permet de faire fondre la neige pour boire et de préparer une épaisse soupe de viande pour les chiens. 5. Louche en alu Quand la température est de − 40 °C, chaque chien brûle entre 8 000 et 12 000 calories par jour. Cette louche me sert de mesure pour la nourriture des chiens. 6. Couchage Integral Designs Je prends trente à quarante minutes de pause dans la journée. Juste le temps d’une sieste éclair. Je me glisse tout équipé dans ce sac de couchage, résistant jusqu’à − 15 °C.
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7. Section cordon élastique Les laisses bleues et noires sont faites sur mesure. En cas de freinage brusque, elles jouent un rôle d’amortisseurs entre les chiens et le traîneau. 8. Harnais Taiga En tissu léger imperméable avec des zones de pression limitées, il est réalisé sur mesure pour chacun des chiens et conçu pour des courses longues distances.
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9. Patins Prairie Bilt Sleds Runner Plastic Pour ne pas avoir à les farter, j’ajoute aux patins un revêtement en plastique dont la composition varie avec le type de neige. Je remplace ce revêtement tous les 80 à 120 kilomètres.
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10. Lampe Black Diamond Durant l’Iditarod, les coureurs passent beaucoup de temps dans l’obscurité. La lumière de cette lampe frontale offre une puissance de 100 lumens. 11. Moufles Wiggy En cas de froid extrême, je peux enfiler ces énormes moufles sur mes gants fins et fonctionnels. Elles me servent parfois aussi de coussin dans le sac de couchage. 12. Mukluks Joe Reddington Wiggy La plupart du temps, je cours près du traîneau ou je le pousse à l’aide d’un pied et d’un bâton de ski. Ces bottes en mousse compacte dotées d’une épaisse semelle en caoutchouc sont résistantes jusqu’à − 45 °C. J’arrive même à les enfiler en route sur mes chaussures de courses légères et isolantes. Plus sur www.iditarod.com et www.aksleddogtours.com
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9 Les températures flirtent avec les − 50 °C, les vents soufflent jusqu’à 145 km/h. Éprouvant. Au long des 2 000 km de course, les chiens de Dallas Seavey consommeront 900 kg de nourriture.
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TEXTE : ULRICH CORAZZA. PHOTO : MICHAEL DeYOUNG
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
S’ENTRAÎNER COMME UN PRO
Atherton détonne
RACHEL ATHERTON. À 25 ans, la double championne du monde de descente en VTT s’astreint à d’éprouvantes séances d’entraînement. Démonstration.
Sans un maintien en forme strict et régulier, Rachel Atherton ne pourrait perdurer au sommet du VTT féminin. L’Anglaise détaille : « La descente est une discipline courte et intensive. Au bout de trente secondes, les brûlures musculaires arrivent immanquablement. L’entraînement permet à mon corps d’assimiler plus d’acide Rachel lactique. Les secousses violentes engendrées par les sauts Atherton sollicitent principalement les jambes, le torse et le tronc. » En cas de chute à grande vitesse, une musculature étoffée offre une meilleure protection au corps. C’est pourquoi Atherton ne compte pas les heures qu’elle passe en salle de musculation. Mais elle sait aussi se faire plaisir : « À table, je donne libre cours à mes envies. Il faut être léger sur un vélo. Ce n’est pas le cas en descente. Si je devais avoir sans cesse l’œil sur mon poids, je changerais de sport. »
LES TRUCS DE RACHEL
La patience est une vertu
« Après une blessure, on veut souvent remonter trop vite sur le vélo. Il est essentiel de laisser suffisamment de temps à son corps pour une récupération complète. Un impératif compris au prix fort. Après une première blessure à l’épaule mal cicatrisée, j’ai rechuté et dû faire l’impasse sur la quasi-totalité de la saison 2011. L’an dernier, j’avais renoncé à la première compétition, en Afrique du Sud, pour m’accorder un mois de plus de récupération. Au final, malgré une course en moins, j’ai remporté le championnat du monde et mon épaule a tenu le choc. »
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WORKOUT À chaque intersaison, Rachel Atherton s’entraîne dans le nord du Pays de Galles, entourée de ses frères Gee et Dan. Voici le menu de l’une de ces intenses semaines, entre janvier et mars. LUNDI ET JEUDI 9 heures : séance fitness (échauffement avec un rouleau en mousse). 10 heures : circuit training. Quatre exercices (une minute par exercice), cinq répétitions : • fente avec un médecine-ball au-dessus de la tête • fente avec un BOSU Ball • pompes • tractions 11 h – 14 h : pause 14 h – 17 h : vélo en extérieur MARDI ET VENDREDI Musculation 9 heures : membres supérieurs. Une série de 15 répétitions, • développé épaules • développé couché • rowing avec barre en pronation 10 h 30 : renforcement du tronc : une minute de gainage frontal puis latéral. 11 h 30 – 14 h : pause 14 h : musculation des jambes (15 minutes d’échauffement, puis 15 minutes d’ergomètre). Une heure d’entraînement avec une barre chargée ou une barre
à squats (50-60 kg). Trois séries de 15 répétitions : squat, fentes avants puis soulevés de terre. 15 h 30 – 18 h : repos Soirée : 90 minutes de yoga MERCREDI ET SAMEDI Entraînement en descente ou sessions de cross, de dirt et de motocross. DIMANCHE Matinée : 90 minutes de yoga
Aidée de son frère Gee, Rachel Atherton bosse.
La vidéo de Rachel Atherton, la reine de la descente en VTT, est disponible sur l’application iPad de The Red Bulletin ! Plus sur athertonracing.co.uk
TEXTE : RUTH MORGAN. PHOTOS : SVEN MARTIN, YORICK CARROUX/RED BULL CONTENT POOL
AU BOULOT
L’épreuve de descente de la Coupe du monde de VTT est très spectaculaire. L’Anglaise Rachel Atherton est, ici, dans son élément.
LA N A F E G PA ETIN ! R E D BU L L
MMUN O C U D S R O ÊTRE H S U O -V Z E T I S OU H A PAGE E R T O N Z E LETIN L U B D E CONSULT R / M OOK.CO B E C A .F W W W N! A F Z E N E V E ET D
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Nightlife La nuit ne nuit pas à la santé
ACTION
Adrénaline on ice LE RETOUR Après un premier passage en 2009, le championnat du monde de Ice-Cross-Downhill est de retour à Lausanne, le 2 mars prochain. COUP D’ENVOI À partir de 19 heures, les cracks de Ice-Cross-Downhill se ruent sur les 440 mètres du parcours éclairé de mille projecteurs de cinq cents watts et parsemés de sauts, de virages serrés et de pentes abruptes. Entrée libre. LES FAVORIS Le champion du monde, le Canadien Kyle Croxall, a remporté la manche d’ouverture tenue près des chutes du Niagara. Le public suisse fonde, lui, ses espoirs sur son compatriote Kilian Braun.
NOUVEAUTÉ
« Atomic Underdog » Jamie Lidell s’attaque à l’élaboration d’un funk pour le XXIe siècle. L’Anglais parle aussi d’Amy Winehouse. Grâce à son bijou Multiply sorti en 2005, il a ramené la soul dans le conscient de la pop et ouvert la voie à Amy Winehouse et consorts. Quand le renouveau s’amorçait, Jamie Lidell passait déjà à autre chose. Surfer sur la vague n’est pas le genre de cet Anglais de 39 ans. Son dernier opus est une quête d’univers sonores nouveaux. Si Prince produisait encore des albums géniaux, ils auraient sans aucun doute une Lidell « touch ». The Red Bulletin : Vous avez enregistré votre nouvel album électro à Nashville, capitale de la country. Étonnant ! Jamie Lindell : Mon appartement à New York était trop exigu. À Nashville, je disposais d’un grand studio où
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je pouvais installer tous mes synthés. Comment jugez-vous le renouveau de la soul ? Quand j’avais fait écouter Multiply aux responsables de mon label, ils s’étaient montrés dubitatifs à l’idée d’un album soul. Ce n’était pas très tendance à l’époque. Mais il contenait aussi quelques morceaux électro. Ensuite, Amy Winehouse a donné toute son ampleur à ce phénomène. Je voulais plutôt être la version soul abstraite. Quel genre de musique vous inspire ? À Nashville, j’ai passé beaucoup de temps en voiture à écouter la radio. Il y a là-bas une super station funk dont le morceau fétiche est Atomic Dog de George Clinton. Il passe une fois par jour. Je l’ai tellement adoré que je me suis moi-même surnommé « Atomic Underdog » !
Jamie Lidell (Warp) sort le 18 février. Extraits et dates de tournée sur www.jamielidell.com
DANDYSME
« La nuit est la moitié de la vie. C’est la moitié la plus belle » Johann Wolfgang von Goethe, poète (1749-1832)
COCKTAIL
Umhlanga Sling Derrière le bar du luxueux hôtel Oyster Box à Umhlanga Kelly, une ville côtière d’Afrique du Sud, John Bauwer est une star. Il est le créateur du Umhlanga (prononcer « Umschlanga ») Sling, un mélange frais et fruité d’eau-de-vie de canne à sucre, de jus de mangue, d’ananas et parfumé de menthe fraîche. Le nom du cocktail est un clin d’œil à son double, le Singapour Sling mondialement connu, servi lui à 9 000 km de là, au bar du Raffles Hotel de… Singapour.
CLUB DU MOIS
INGRÉDIENTS 1 dose de cachaça 1 dose de jus de mangue 1 dose de jus d’ananas Feuilles de menthe Glaçons
PRÉPARATION Mettre tous les ingrédients dans le shaker, agiter et verser dans un verre à cocktail. Décorer le verre avec une tranche d’ananas.
PHOTOS : PICTUREDESK.COM, JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL, GREEN VALLEY (4), FOTOSTUDIO EISENHUT & MAYER
GREEN VALLEY Rua Mamoré, 1083, Rio Pequeno Camboriú, Brésil www.greenvalley.art.br
CLUB
« UN DJ avec canon à brouillard » Green Valley. Erick Morillo et Steve Angelo sont unanimes : le meilleur club au monde se trouve dans la forêt équatoriale brésilienne. Immersion ! Le nom fait référence à… … notre emplacement. Le club se situe au milieu de la forêt équatoriale, dans une petite vallée entourée de lacs. Il n’y a pas de murs, les soirées sont à ciel ouvert. Nous célébrons l’harmonie entre la technique et la nature.
Il peut accueillir… … jusqu’à 10 000 personnes. Record atteint lors de la soirée David Guetta. Les meilleures soirées sont… … en février pendant le carnaval. Cinq jours de fête non-stop. En temps normal, nous ouvrons de 23 heures à 7 heures, le lendemain. La soirée décolle… … quand les quatre machines à feu crachent au signal du DJ d’immenses flammes dans le ciel. Le DJ dispose aussi d’une machine à brouillard. Le plus beau compliment… … nous vient régulièrement des DJ’s de passage chez nous. Erick Morillo et Steve Angelo sont unanimes : « C’est le meilleur club au monde. » Et pour se détendre… … il y a notre pizzeria maison. Un lounge avec canapés et vue sur nos lacs est prévu à cet effet. Un taxi pour le centre-ville revient à… … environ 30 reais (soit 11 euros). La plupart de nos clients viennent en voiture. Interview : Eduardo Philipps, proprio
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
YELLOW SUBMARINE (1966) De prime abord, le morceau semble simple. Une mélodie et un texte sur un marin, un peu sur le modèle d’une chanson pour enfants. En écoutant attentivement, on découvre une autre strate musicale : le bruit de vagues, le son d’un sous-marin et une fanfare. Selon moi, ce morceau constitue le pendant acoustique des images baroques de Jan Vermeer : l’œuvre d’art recèle en elle-même une autre œuvre.
PAUSE
Kra werk façon Beatles Karl Bartos. Le « Monsieur Rythmes » de Kraftwerk, le mythique groupe allemand des seventies, a marqué l’histoire de la musique électronique. Il a puisé ses idées dans les morceaux des Beatles.
Pendant une quinzaine d’années, il a fait partie du groupe électronique le plus novateur de tous les temps. Lorsque Kraftwerk bouleversait les seventies et le monde de la pop de ses morceaux futuristes et que ses quatre musiciens originaires de Düsseldorf se muaient en hommesmachines pour livrer des hits comme Das Model ou Computer Liebe, c’est Karl Bartos qui signait ces rythmes révolutionnaires. Il a quitté le groupe en 1990 : sa collaboration avec les leaders, Florian Schneider et Ralf Hütter, n’évoluait que trop lentement à son goût. Depuis, le percussionniste de formation classique est un artiste solo et enseigne, à Berlin, les techniques de création sonore. Pour son 5e album, Off The Record, le musicien de 60 ans a remis sous tension ordinateurs à rythmique et synthétiseurs pour concevoir un projet pop-électro phénoménal. Son inspiration, depuis son enfance, lui vient des rois de la pop : les Beatles. Il a 12 ans quand, en 1964, il entend pour la première fois A Hard Day’s Night. Il est subjugué. Et confie aujourd’hui : « Sans ces gars de Liverpool, leurs visions et leurs mélodies, le son de Kraftwerk n’aurait jamais vu le jour. »
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TOMORROW NEVER KNOWS (1966) Avec un tempo de 128 beats par minute, ce morceau dépasse le rythme classique imposé par l’électro. Ringo Starr joue à un niveau dingue et dans un nuage de sons dilués, John Lennon cite The Psychedelic Experience, la bible des drogues de Timothy Leary, avec un effet très étrange dans la voix. À l’époque, le morceau avait fait l’effet d’un ovni. À juste titre.
BEING FOR THE BENEFIT OF MR. KITE! (1967) Ce morceau est un voyage dans le monde du cirque. Les Beatles y utilisent des gammes musicales de l’époque victorienne. Ils développent aussi une méthode de création que nous adopterons plus tard. Ils ont enregistré le son d’anciennes orgues à vapeur puis fait un nouveau montage avec les bandes magnétiques pour créer ainsi des phrases musicales et des sons innovants.
PETITE FAIM
Gatsby tient Le Cap Entre la casquette de Robert Redford et le gros appétit des habitants du Cap, l’origine de ce sandwich sudafricain reste indécise...
CE QU’UN GATSBY DOIT SAVOIR FAIRE Tout d’abord caler. Un Gatsby remplit copieusement cette mission. C’est un sandwich énorme dans lequel peuvent cohabiter beaucoup d’aliments. À l’aide d’un couteau, on ouvre le pain pour y déposer de la salade. Puis on peut ajouter, au choix, différents ingrédients : steak masala, poulet, saucisses de Francfort, poisson ou calamars. Mais pour obtenir l’appellation de Gatsby, il faut encore y ajouter une bonne dose de frites et de sauce, comme la thousand island ou encore la achtar (une sorte de sauce chutney originaire d’Inde, à base de fruits marinés aigres-doux).
PHOTOS : KATJA RUGE, PRESS (3), FOTOSTUDIO EISENHUT & MAYER
QUELLE EST L’ORIGINE PROBABLE DU GATSBY ? Plusieurs versions existent. La moins spectaculaire veut que le sandwich concentre tout simplement les restes oubliés du frigo et qu'ils soient logés entre deux tranches de pain.
INVENTION D’UN CHEF MAORI… Cette version farfelue dit que le chef spirituel d’une tribu maorie en est le créateur. Il aurait pris la baguette d’un Français, l’aurait ouverte en deux avant d’y ajouter une saucisse polonaise, puis d’y mordre dedans. Des années plus tard, il aurait vendu cette préparation en Afrique du Sud lors d’un match de rugby. Conquis, les habitants du Cap auraient dare-dare adopté la recette.
… OU HOMMAGE DISCRET À ROBERT REDFORD ? Cette troisième version raconte qu’un jour de 1976, Rashaad Pandy, le propriétaire d’un restaurant fish and chips alors en rupture de poisson, aurait concocté aux travailleurs affamés un sandwich avec tout ce qu’il pouvait encore trouver. Le pain utilisé pour ce premier Gatsby aurait eu une forme ronde, en référence à la casquette gavroche de Robert Redford dont le film, Gatsby le Magnifique, était alors à l’affiche du cinéma jouxtant le restaurant.
OÙ TROUVER LES MEILLEURS GATSBY ? Au Cap, cette question est source de discorde. Dans la plupart des palmarès officieux, le restaurant Ottery Farmstall, situé dans le sud-est de la ville, arrive en tête. Certains choisissent plutôt le Golden Dish, d’autres le Athlone Fisheries. Celui de Rashaad Pandy, l’un des pseudo-inventeurs, décroche tout juste la troisième place. À CHAQUE TAILLE, SON PRIX Un Gatsby peut nourrir toute une famille. Mais l’avènement de la nourriture équilibrée a favorisé l’apparition de versions plus mesurées : le « Half-Gatsby » ou le « Quarter-Gatsby ». Certains snacks proposent aussi des minis. La fourchette de prix varie de 3,50 euros pour un mini à 8,50 euros pour la taille maousse.
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Un monde en action 8
Février & Mars 2013
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Sport 20. 2 – 3. 3, VAL DI FIEMME, ITALIE
Championnat du monde de ski nordique Le Val di Fiemme accueille les 49e Championnats du monde de ski nordique. Au programme : saut à ski, ski de fond et combiné nordique. En 2011 à Oslo, deux pays s’étaient partagé l’essentiel des 21 médailles d’or en jeu : la Norvège avait dominé le ski de fond grâce à Petter Northug (3 médailles d’or, 2 d’argent) et Marit Bjørgen (4 or, 1 argent). L’Autrichien Gregor Schlierenzauer (grand tremplin) avait raflé l’or en saut à ski comme son compatriote Thomas Morgenstern (petit tremplin), les deux équipes masculines et Daniela Iraschko chez les dames.
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2–13. 3, GOLD COAST, AUSTRALIE
ASP World Tour
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La saison débute sur la Gold Coast australienne, l’un des spots les plus fréquentés au monde. L’accumulation de sable près de Snapper Rocks favorise la constitution d’un banc qui peut offrir des conditions difficiles et des vagues extrêmement étendues. L’enthousiasme sera délirant quand les deux stars locales, Stephanie Gilmore, quintuple championne du monde, et Joel Parkinson, lui aussi sacré en 2012, se jetteront à l’assaut des déferlantes, respectivement lors du Roxy Pro et du Quicksilver Pro. Les Françaises Maud le Car et Justine Dupont seront elles aussi aux antipodes sur le Tour secondaire.
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2 En 2011, Petter Northug avait survolé les débats.
Stephanie Gilmore très à son aise sur la Gold Coast.
2–19. 3, FUKUOKA & TOKYO (JAP), SAN JUAN (PRI), PHOENIX, MIAMI & SAN FRANCISCO (USA), TAICHUNG (TPE)
3–10. 3, CHILI
Atacama Crossing
World Baseball Classic Organisé pour la 3e fois après les éditions de 2006 et de 2009, ce tournoi est le seul à réunir des baseballeurs pros de la Major League américaine et d’autres ligues majeures. Une phase de poules départage d’abord les seize meilleures équipes. Puis quatre équipes s’affrontent, après un second tour, pour une place en finale, jouée le 19 mars à l’AT&T Park de San Francisco. Les États-Unis visent la finale, ce qui serait étrangement une première pour eux. Mais ils devront battre le Japon, double tenant du titre.
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Longue de 250 km, cette course fait partie de la fameuse série des 4 Deserts, des mégas marathons courus dans les zones inhabitées les plus inhospitalières au monde. Au Chili, environ 200 participants s’apprêtent à souffrir comme jamais au cœur du désert le plus aride de la planète. Dans l’Atacama, La pluviométrie est de 0,5 mm par an, l’amplitude de la température (40 °C le jour/5 °C la nuit) et l’altitude (jusqu’à 3 000 mètres) rendent les conditions extrêmes. L’an dernier, l’Espagnol Garcia Beneito avait établi un nouveau record en bouclant les six étapes en 23 heures et 46 minutes.
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Le Japon pour un triplé au World Baseball Classic ?
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Hadaka Matsuri
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La température est négative, 9 000 hommes marchent à travers les rues d’Okayama à moitié nus. On dirait un projet du photographe américain Spencer Tunick mais c’est en réalité un rituel nippon vieux de 767 avant J-C dont la curiosité attire des milliers de visiteurs du monde entier. Sa signification ? Le shin-otoko, le chef spirituel de la cérémonie, absout ces hommes dénudés de leurs actes répréhensibles. Vous pouvez noter cette date sur votre agenda et préparer votre voyage pour l’an prochain.
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12.2, LA NOUVELLE-ORLÉANS, ÉTATS-UNIS
Mardi Gras
Le plus coloré et le plus bruyant des carnavals américains est célébré depuis 1857 à La Nouvelle-Orléans. Avant le mercredi des Cendres, un million de personnes se bousculent dans les rues du quartier français. Fanfares et chars multicolores défilent et une appétissante odeur de grillades flotte dans l’air. Au long de la parade, des colliers en perles de verre sont jetés du haut des chars aux badauds. Surprenant et amusant. La ville garde une activité culturelle très intense.
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Mardi gras est tendance à La Nouvelle-Orléans. 26.2-31.3, FAIRBANKS, ALASKA, USA
5.–10. 3, VOSS, NORVÈGE
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Mondiaux FIS de ski freestyle
Chaque année, le plus grand festival mondial d’art sur glace réunit les meilleurs sculpteurs, venus de trente pays pour transformer des blocs de glace en œuvres d’art. Lors de l’épreuve Single Block Classic, chaque équipe reçoit un bloc glacé de quarante tonnes à transformer en une gigantesque œuvre plastique en deux jours seulement. 50 000 visiteurs bien emmitouflés se précipitent dans cet éphémère musée à ciel ouvert, remplis de palais de glace raffinés et de statues plutôt imposantes.
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À 100 kilomètres à l’est de Bergen, se déroulera le premier Championnat du monde de ski freestyle, sur et au-dessus du sol norvégien. Six disciplines sont au programme de cette 15e édition : saut acrobatique, bosses, bosses en parallèle, skicross, half-pipe et slopestyle. Lors des derniers Mondiaux en 2011, Jennifer Heil, Alexandre Bilodeau et consorts avaient permis au Canada d’être à la fête dans la Deer Valley, nichée dans l’Utah. La délégation canadienne avait remporté huit médailles d’or sur douze possibles.
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PHOTOS : GETTY IMAGES (3), TODD GLASER, PICTUREDESK.COM, ICE ALASKA KAREN H. CLAUTICE
Championnat du monde de Ice Art
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Culture
Wong Kar-wai, président du jury de la Berlinale.
7-17.2, BERLIN, ALLEMAGNE
15-16.2, REYKJAVIK, ISLANDE
Berlinale
Sónar s’exporte
le plus grand festival public au monde. 6 C’est Pendant dix jours, 430 000 visiteurs prennent d’assaut les salles de cinéma qui projettent 400 films. Le président du jury de cette 63e édition est le réalisateur chinois Wong Kar-wai. L’auteur du mythique In the Mood for Love annoncera en clôture du festival le gagnant du prestigieux Ours d’or. À cette occasion, Claude Lanzmann recevra un prix pour l’ensemble de sa riche carrière, marquée par Shoah, son film documentaire de 9 h 30 sur l’Holocauste.
Aucune autre ville de taille comparable ne peut se targuer d’avoir produit autant de musiciens à succès. De Björk à Sigur Rós, Reykjavik est une métropole européenne à la créativité méconnue. Les organisateurs de Sónar, un festival catalan de musique électro, ont décidé d’y exporter l’événement. Aux côtés d’artistes islandais comme GusGus, Ólafur Arnalds et Retro Stefson, de grosses pointures internationales seront de la « party » (comme James Blake, Squarepusher et Modeselektor).
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En Alaska, la glace est dans tous ses états.
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Focus Février & Mars 2013
23-24 FÉVRIER, COUPE DU MONDE DE SKI ALPIN, MÉRIBEL
Méri... belles
Une semaine après la fin des Mondiaux de Schladming (Autriche), la Coupe du monde féminine de ski alpin revient sur le versant français des Alpes. La station de la Tarentaise accueille une descente (le 23) et un super-combiné (le 24). Une bonne répétition pour Méribel qui organisera les finales de Coupe du monde en 2015. www.meribel.net
Show à Bercy
Fans de la glace et du « puck », la finale de la Coupe de France ne se rate pas. C’est l’événement annuel médiatique pour la fédération française de hockey sur glace. Le match attire plus de 12 000 spectateurs à Bercy. Du show et des chocs ! Comme un petit air de NHL. www.hockeyfrance.com
Génial imposteur ? Célébré dans ce lieu en 1980, Salvador Dalí est à nouveau à l’honneur dans la capitale. Peintures, sculptures, dessins, photos ou vidéos évoquent le génie et la personnalité de l’artiste espagnol, figure majeure de l’art du XXe siècle. L’expo rassemble quelques-uns de ses chefs-d’œuvre cultes dont le célèbre tableau mémoire communément appelé Les montres molles. La persistance de la mémoire, www.centrepompidou.fr
JUSQU’AU 21 AVRIL, EXPO LINDER, MUSÉE D’ART MODERNE, PARIS
6 MARS , LIGUE DES CHAMPIONS
Seul Paris Le Paris SG version qatarie veut devenir un grand d’Europe. Pour la première fois depuis 2001, le club est de retour en 8e de finale de la Ligue des Champions. Sa présence dans le Top 16 européen va donc lui permettre de s’étalonner. Pour voir plus loin, il faut déjà se débarrasser de Valence. Le match retour a lieu au Pars des Princes. www.psg.fr Paris comptera une fois de plus sur Ibra.
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JUSQU’AU 25 MARS, SALVADOR DALÍ, CENTRE POMPIDOU
La griffe Linder Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective de la carrière de Linder Sterling, alias Linder. Deux cents œuvres de l’artiste féministe britannique (photos montages, vidéos, costumes) mettent en exergue la femme objet à travers la mode, la musique et les arts visuels. www.mam.paris.fr
Linder dévoile visages et âmes comme jamais.
TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : SALVADOR DALI/MOMA NEW YORK/SCALA, LINDER, ACTION IMAGES
17 FÉVRIER, FINALE DE LA COUPE DE FRANCE DE HOCKEY SUR GLACE, PARIS BERCY
Les montres molles, sans doute l’œuvre la plus connue de Dalí.
ILLUSTRATION : DIETMAR KAINRATH
K A I N R AT H
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M
ais regardez le donc, ce pays ! Engoncé dans sa frilosité, n’osant plus rien, tout recroquevillé, on dirait un bernard-l’ermite, pointant tout juste l’extrémité de ses pinces hors de sa coquille de peur de se faire manger le reste ! Alors que, franchement, nos musées sont pleins, nos mathématiciens rayonnent, nos architectes élèvent des tours partout à la surface du globe, Enki Bilal vampe les collectionneurs chinois, Omar Sy triomphe à Los Angeles comme « The Artist » Dujardin et le chien Uggie avant lui, et que février a aussi un quatorzième jour. Pourquoi je parle du 14 février, fête de l’amour depuis l’Antiquité (chaque 14 février, en l’honneur du dieu Lupercus, des jeunes gens ivres et à moitié nus couraient dans les rues de Rome armés de peau de chèvre pour aller toucher les jeunes filles qui se laissaient faire parce que c’était le dieu de la fertilité…) ? Parce qu’il y a une semaine, j’interrogeais un ami indonésien sur le rivage d’une plage du bout du monde. Je précise « indonésien » parce que c’est important. Pour Emmanuel Todd, le démographe que le monde nous envie, l’Indonésie est la prochaine grande puissance planétaire. Donc quand mon ami indonésien parle, il faut comprendre que c’est notre futur maître qui s’exprime. Respect. « Pour toi, ça représente quoi l’Europe par rapport à l’Asie ou aux États-Unis ? », je lui demande. Et Agung (c’est son prénom) me répond : « Les États-Unis, c’est la liberté, l’Asie, c’est le travail et l’Europe, c’est la culture. » La culture ? « Oui, tout ce qui élève, me dit-il, l’art, l’élégance, le patrimoine qui connecte au passé... » Et comme je lui objecte que la Chine a construit, en 2011, 395 nouveaux musées, il me rétorque : « Ah oui ? Et pour quel effet ? Toute la chine déferle dans les musées européens. Et je te rappelle à combien a été estimée la tour Eiffel quand un cabinet d’experts s’est amusé
Pleine lucarne
L’amour et le bernardl’ermite Et si le redressement productif passait par la fusion des corps ?
à le faire : 435 milliards d’euros, excusemoi, mais le patrimoine culturel, ça pèse. » Continuant mon enquête, je demande alors au futur maître du monde : « D’accord pour l’Europe, Agung, mais la France, ça représente quoi pour toi ? » Il marque une pause et, les yeux devenus si pétillants que je me suis senti immédiatement propulsé dans la peau d’une proie, il lance : « La France, c’est l’amour ! » Et du coup, sur cette plage du bout du monde où le plancton phosphorescait, j’ai repris confiance en mon pays. Parce qu’il aurait dit « la sidérurgie » ou « les voitures low cost », je serais allé illico me noyer
dans les vagues écumeuses. Mais il avait dit l’amour ! On était sauvés ! Car Lakshmi Mittal peut voir fondre sa fortune, les tours de Shanghai s’écrouler, les puits de pétrole se tarir, de l’amour, il y en aura toujours. C’est la seule ressource naturelle inépuisable, regardez donc autour de vous ! Tenez, vous, oui, Monsieur, levez la tête : ces gambettes gainées de cuir caramel, soutenant ce corps emmitouflé de laine caressante d’où émerge cette jolie tête aux grands yeux de chats, sommée d’une cascade de cheveux blonds, ne vous donnent-elles pas envie d’échanger sur le redressement productif sur une peau de bête, au coin du feu ? Et vous, Madame, regardez donc ce jeune homme, là, cet étudiant sanglé dans sa parka d’esquimau, il a de beaux yeux bleus limpides, il a la vie devant lui, mais il a un peu froid et serait tellement bien entre vos doux bras tièdes, contre votre gorge de cygne devenue valeur refuge. Et si la relance de l’économie passait par l’amour ? Bilan carbone hyperpositif, recyclage possible, flexibilité de l’outil de production, absence de barrières douanières et, surtout, gratuité de la main-d’œuvre, franchement que demander de plus à cette géniale matière première ? On s’entête avec le gaz de schiste, il y a plus énergique et moins polluant : le soupir orgasmique. Avec, en plus, l’avantage démographique. Deux êtres qui s’aiment en produisent parfois un troisième, et la démographie, c’est le nerf de la guerre de la croissance. Alors ce soir-là, sur le sable de cette plage, j’ai fait l’amour en pensant à l’avenir économique de la France. Et celui-ci souriait. Un petit cri surgit soudain de la bouche de ma partenaire. Une créature des sables venait de lui pincer les fesses. C’était un bernard-l’ermite. Sorti de sa coquille, il s’était décoincé. Agrégé de Lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.
THE RED BULLETIN France / Numéro 16 – Février 2013 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media House GmbH. Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Erik Turek & Kasimir Reimann (DA), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Miles English, Kevin Goll, Peter Jaunig, Carita Najewitz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner (Rédacteur en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photos); Lisa Blazek (Rédactrice) ; Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablette) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, NouvelleZélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis. www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France 64 rue de Cléry 75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche HeinrichCollin-Strasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 Imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou cathy.martin@ fr.redbulletin.com Dépôt légal/ISSN 2225-4722 Nous écrire letters@redbulletin.com Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
THE RED BULLETIN NUMÉRO 17 SERA DISPONIBLE LE 13 MARS 2013 98
ILLUSTRATION : ALBERT EXERGIAN
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Cold Smoke Awards: Best Overall Film & Best Cinematography
Filmfestival Thunersee: Best Documentary
Byron Bay International Film Festival: Best Documentary Award
Internationales Bergund Abenteuerfilmfestival Graz: Kamera Alpin in Gold Award
Anchorage International Film Festival: Special Performance
Newport Beach Film Festival: Audience Award Winner Action Sports Feature
Whistler Film Festival: Best Mountain Culture Film
IF ALL GOES WELL YOU ARE A HERO. IF IT GOES WRONG YOU ARE DEAD.
AVAILABLE NOW COLLECTORS EDITION
includes DVD, Blu Ray, and Digital Download
and on iTUNES
PLANETWATCH GMBH & CO KEG PRESENTS “MOUNT ST. ELIAS” CO-STARRING PAUL CLAUS STEVEN SIIG RUEDI HOMBERGER DIRECTOR OF PHOTOGRAPHY GUENTHER GOEBERL CAMERAS GUENTHER GOEBERL PETER THOMPSON MICHAEL KELEM CHRISTOF OEFELEIN JIM SURETTE ROBERT FROST FRANZ RECKENWALD MIKE SINGLE MUSIC ANDREAS FREI LUDWIG HEILE MATT REARDON DOLBY MIX TREMENS FILM-TONSTUDIO ANMATION BERND WARMUTH KARIM SHAFIK MICHAEL SUMPER LOCAL LINE PRODUCER JOHN MARKEL ANDY SALEK BEZI FREINADEMETZ EXECUTIVE STORY COMMISSIONER PHILIPP MANDERLA EXECUTIVE PRODUCER GERALD SALMINA WRITTEN, DIRECTED AND PRODUCED BY GERALD SALMINA
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Whistler Film Festival: Best Mountain Culture Film