The Red Bulletin Février 2018 - FR

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FRANCE

HORS DU COMMUN

EN KIOSQUE CHAQUE 3 e SAMEDI DU MOIS AVEC MAGAZINE SPONSORISÉ FÉVRIER 2018

DOULEUR , PEUR , EGO

RICHARD PERMIN plus fort que tout dans un film au-delà du ski




ÉDITORIAL

L’homme en une de ce numéro ne devait pas skier, mais rester au calme pour se remettre de la fracture de ses deux talons, survenue à Avoriaz. Mais l’appel du ride a été trop fort, amplifié par la voix de Victor de Le Rue. Alors, Richard Permin n’a pas attendu. Il s’est lancé dans cette neige japonaise malgré la douleur et le risque de s’abîmer à nouveau. Et sur du très gros en Alaska, le genre de ligne qui peut vraiment faire flipper un athlète de son niveau, même au meilleur de son ski freestyle.

Canada, Silvertip Lodge, février 2017. Sur le tournage, les photographes se relayent. Ici, le temps se gâte, Grant Gunderson saisit l’instant juste avant que l’hélico ne puisse plus voler. Il faut tracer.

Ces grands moments de ski se trouvent dans le documentaire Sweet & Sour Sour.. Et il y a « tout le reste ». Tout ce qu’implique l’appétit de ski dans des spots d’exception. Et la douleur, la peur, l’ego (que Richard a mis de côté pour que d’autres « améliorent » son bébé)... Tout ça méritait d’être raconté. Pour apprécier plus encore les secondes d’action pure d’un film qui vous emportera au-delà du ski.

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

DOM DAHER

Selon Richard Permin, skieur freeride en une de ce numéro, la photo en question ne montre plus vraiment du ski... « C’est de la plongée, une orgie de neige ! » Et pour le photographe Dom Daher présent au Japon, vallée d’Hakuba, en pleine tempête, pour ne rien louper du tournage du film Sweet & Sour ? « Ce que j’ai eu à skier de plus profond en trente-huit années de pratique. » Page 28

LUKAS MAEDER

Le Suisse a photographié des poids lourds du rap tels Snoop Dogg, Ice Cube ou A$AP Rocky. Des blocks au bloc, nous l’avons sollicité pour un reportage très spécial, dédié à un chirurgien d’exception, le Suisse René Prêtre. Maeder : « René opère tous les jours. Au moment du shooting, il venait à peine de terminer une intervention, avant d’enchaîner avec la suivante. » Page 38

Bonne lecture ! Votre Rédaction

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THE RED BULLETIN

DOM DAHER (COUVERTURE)

L’ENVIE DE SKI, ET « TOUT LE RESTE »



SOMMAIRE février

BULLEVARD Un mode de vie hors du commun 10 12 14 16 18 20 22 24 26

Jon Bernthal : le Punisher nous a laissé la vie sauve... Au Red bull Crashed Ice, ça va foncer et aussi se friter ! La Lamborghini du IIIe millénaire Le BMX Haro Master version Matthias Dandois Claire Foy : la drôle de reine Menno : le roi des moves Oasis pour riders, ou mirage ? Avec le superhéros du rugby Soyons très clairs : ce taco est bien trop cher pour vous

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 82 Red Bull TV : écran total ! 84 Montres : le monopole du cool

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86 Le top des événements à noter

sur votre agenda 88 Pour un total look callisthénie 96 Ours : ils font le Red Bulletin 98 Sur un fil au Liban

RICHARD CROIT…

... qu’un film de ski ne doit pas montrer que du ski. Spécialiste ou non de sa discipline, son Sweet & Sour est à vous.

48 YES WE CANOT!

Ils pousseront, rameront, et tomberont parfois dans l’eau glacée. 6

THE RED BULLETIN


SCOTT SERFAS, BERNARD LE BARS/SIGNATURES, ADAM CORBETT

REPORTAGES

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Plus le choix

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René Prêtre, roi de cœur

Vous allez savoir à quel point Richard Permin aime rider en Alaska... Un artisan du cardiaque auquel des milliers d’enfants doivent la vie.

46 Ross Edgley, homme fort

Quand il se jette dans l’océan pour nager, c’est avec un tronc d’arbre.

48 Marins glacés

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EN MODE FITNESS La callisthénie, c’est leur truc. Une bande d’Anglais vous ouvre la voie de son workout libre. Et on scrute bien leurs équipements.

Leur galère à eux, c’est un canot. Pour lui, ils sont prêts à s’les geler.

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Instinct viscéral

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Destination Red Bull

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Permis de briller

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La survie selon Megan

THE RED BULLETIN

De l’importance de notre appareil digestif et de ceux qui le visitent. Goûter les leçons d’une surfeuse pro, chez elle au Pérou : possible. Pour Kalle Rovanperä, le rallye, c’était OK, mais l’essentiel lui manquait. Sachant qu’elle bosse avec Bear Grylls, ça situe le niveau de Mrs Hine. 7


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BULLEVARD U N

ST Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

À la ville comme à l’écran, Jon « The Punisher » Bernthal est au bord du gouffre.

ERIK TANNER/GETTY IMAGES

JON BERNTHAL « POUR LE PUNISHER, IL N’Y A PAS DE RÉDEMPTION » PAGE 10

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ERIK TANNER/CONTOUR BY GETTY IMAGES

HOLGER POTYE

BULLEVARD

La nouvelle star de Netflix s’appelle Jon Bernthal. C’est à Moscou qu’il a appris à tout risquer par amour.

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T

he red bulletin : Vous avez une apocalypse zombie dans The Walking Dead, et deux guerres mondiales dans Fury derrière vous. Et avec cela, vous avez vécu dans la tourmente. Comment survit-on ? jon bernthal : En restant focus. Est-ce là le conseil que vous donneriez à votre Moi plus jeune ? Évidemment. Et un autre aussi. Lequel ? Se donner le droit à l’erreur ! Mais en évitant quand même de faire les erreurs que j’ai pu faire. J’ai une paire d’années bien rudes derrière moi et j’ai cillé au bord du précipice. Quel précipice ? Je garde ça pour moi. Est-ce que l’intensité de votre jeu sur les planches et à l’écran a à voir avec lui ? Elle a plus à voir avec l’amour.

C’est-à-dire ? Il faut être prêt à tout risquer pour ce que l’on aime. Comment ça marche ? Choisis-toi les meilleurs enseignants. J’ai étudié la comédie à Moscou. Mes profs, lorsqu’ils étaient jeunes, avaient un pied dans un camp de travail car ils avaient produit et joué en secret des pièces de théâtre très critiques envers le régime. Aimez-vous votre vie ? (Il réfléchit mais ne dit rien.) Aimez-vous votre vie ? Maintenant, oui. Avant The Walking Dead, j’étais dans un sacré pétrin. Quel type de pétrin ? Je garde ça pour moi. Et maintenant ? Décidément. À l’époque, j’avais pris une décision. J’ai arrêté de passer du temps avec certaines personnes. Je me suis concentré sur mon boulot. Et j’ai fondé une famille. Êtes-vous un père sévère ? Pas avec mes fils ! Ils sont aussi fous que moi.

Jon Bernthal Il a survécu à une apocalypse zombie, à des guerres mondiales et à son passé : le Punisher nous parle d’amour, de l’instant présent et de l’art de ne pas gratter.

« TOUT RISQUER POUR CE QUE L’ON AIME ! »

Et avec votre fille ? Elle a le droit de tout faire. C’est une princesse. Dur et tendre à la fois, comme le personnage du Punisher de Marvel… Hahaha ! Dans le privé, je ne joue pas les machos. J’ai passé énormément de temps dans des salles de boxe, j’ai beaucoup appris.

peuvent aimer une chose au point de mourir pour elle. J’apprécie les gens qui sont faits de ce bois-là. Quel est l’enseignement le plus important que vous ayez tiré de votre existence jusqu’ici ? Soyez présent. Pardon ? Soyez présent. Je le suis déjà. N’importe quoi. Vous n’êtes pas là. Ou si, là tout de suite peut-être. Mais dans l’instant suivant, vous serez déjà ailleurs. Nous les hommes, nous nous abîmons la santé en essayant d’être partout à la fois. C’est pourquoi nous ne sommes jamais vraiment quelque part. Et ça vaut aussi pour nos relations. Dans quelle mesure ? Nous dépensons notre temps et notre énergie à analyser ce qui ne fonctionne pas dans nos relations. Nous imaginons que là, dehors, il y a un partenaire qui nous attend, qui nous conviendra mieux. Et nous ignorons tout bonnement la personne fantastique qui se tient en face de nous. Ça sonne un peu… … non, c’est très sérieux ! Si vous arrivez à enrayer ce cercle vicieux qui tourne comme un mauvais disque, vous aurez appris une leçon extrêmement importante.

Marvel’s The Punisher : la saison 1 est à voir en ce moment sur Netflix.

Quoi donc ? Les gars qui crient sont inof inoffensifs. Le gars qui vous sourit et vous serre la main amicalement, c’est de lui dont il faut se méfier. Ce sont des clichés. Pas de quoi. Si vous préférez : les brutes sont souvent ceux qui ont le plus de cœur. Et ils

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BULLEVARD

ANDREAS SCHAAD/RED BULL CONTENT POOL, JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL PH CAMY

En pole position, Miikka Jouhkimainen (FIN), suivi de près par Janis Lütolf (SUI) sur la piste du Red Bull Crashed Ice 2017 à Jyväskylä, Laajis (Finlande).

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THE RED BULLETIN


U

Ça va geler ! Les glacediateurs du Red Bull Crashed Ice sont de retour à Marseille les 16 et 17 février pour une épreuve d’anthologie.

IL NE DOIT EN RESTER QU’UN ! THE RED BULLETIN

ne virée à la patinoire qui tournerait au sprint infernal, sur une piste en pente, glacée, intégrant des bosses et virages relevés. À la lutte, quatre riders, mix de hockeyeurs et descendeurs VTT, sur des patins à glace. Le sport ? L’Ice Cross Downhill. Le but ? Aller le plus vite. Trente à soixante secondes par run, selon les pistes. On fonce, on saute, on touche parfois... Et la chute peut être spectaculaire, à des allures pouvant atteindre les 80 km/h sur les sections les plus rapides. Lancé en 2001, et intégré au championnat du monde d’Ice Cross Downhill, le Red Bull Crashed Ice revient en France, à Marseille, pour la seconde fois de son histoire. Et même en hiver, ce sera chaud. « En 2014, sur un run de qualifications à Moscou, je me suis fait une bonne entorse à la cheville, confie Pacôme Schmitt, le seul Français engagé sur l’ensemble des quatre étapes du Red Bull Crashed Ice 2018 (USA, Finlande, France et Canada). Tu peux tomber facilement car la zone de contact, la lame du patin, est très étroite. » Et parce que les riders sont prêts à en découdre, même si les contacts ne sont pas officiellement autorisés. « Si ce n’est ceux qui arrivent dans le feu de l’action, précise Pacôme. La charge n’est en aucun cas bienvenue. » Avec parfois seulement quatre mètres de large sur son parcours marseillais, le Red Bull Crashed Ice promet quoi qu’il en soit son lot de moments intenses, de chutes spectaculaires, et de finishs hyper engagés après un parcours de 340 mètres de long où tout pourra arriver. Au-delà d’un événement sportif hors du commun, le Red Bull Crashed Ice est une prouesse technique, car ce sont 1 800 m² de glace made

Pacôme Schmitt, Français engagé sur l’intégralité du Red Bull Crashed Ice.

in PACA qui sont nécessaires à la réalisation de sa piste, via un système de tapis « refroidissant ». Une fois prête à l’emploi, les riders de tous pays peuvent se familiariser avec elle et y entamer leurs sessions d’entraînement. « C’est là que l’on essaie de repérer les meilleures lignes, dit Pacôme, de travailler les parties techniques, et on ride à plusieurs afin de trouver les meilleurs endroits pour dépasser... » Au cœur de la compétition, Pacôme et ses plus coriaces adversaires (dont Cameron Naasz, vainqueur du titre mondial en 2017) devront répondre aux exigences d’intensité de ce format de course. « Physiquement, il faut tenir la distance. C’est super intense, on donne tout. » Cette année comme en 2017, l’action aura lieu au cœur de la ville : l’axe sinueux qui accueillera ces runs de glisse insensés sera installé entre l’hôtel Intercontinental et le Vieux-Port. Et les vingt mille spectateurs au plus près des glacediateurs. Pour celles et ceux loin de Marseille, Red Bull TV proposera samedi 17 février dès 20 h 45, une retransmission en direct des finales. La chaîne L’Équipe et SFR Sport 3 assureront également une retransmission de l’événement. crashedice.redbull.com

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BULLEVARD

Terzo Millennio

Les voitures d’exception prennent de la valeur avec le temps. La Lamborghini du futur, elle, mise aussi beaucoup sur son capital santé.

Les transmissions individuelles des roues (lumineuses quand la voiture roule) produisent leur propre couple.

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a plupart des Lamborghini ont un nom lié à l’univers des taureaux, en référence à son fondateur, Ferruccio Lamborghini, né sous ce signe. Le Terzo Millennio (trad. troisième millénaire) est l’exception qui confirme la règle. Seconde entorse à la tradition : ce concept futuriste a pour but de réinventer l’auto. L’unique gros moteur cède sa place à un groupe motopropulseur. Chaque roue loge un petit moteur électrique, lesquels sont alimentés par de supercondensateurs qui four fournissent puissance et énergie, tout en générant moins de chaleur. Lamborghini utilisait déjà des supercondensateurs pour alimenter le système start-stop de l’Aventador (2011), mais

ici, ils contribuent à la préser préservation de la carrosserie en fibres de carbone : la voiture stocke et puise l’énergie dans sa propre membrane. Elle contrôle ainsi sa surface en détectant les fissures dans la nanostructure de la carrosserie et en s’auto-réparant grâce à un fluide contenu dans les micro-tubes. Pour l’instant, le Terzo Millennio est encore à l’état de concept car, fruit de la collaboration du constructeur avec les ingénieurs du MIT. Il leur reste bien des défis à surmonter avant de devenir réalité. Dont celui de faire rugir le taureau électrique ! lamborghini.com

THE RED BULLETIN

LAMBORGHINI

Le poste de pilotage est positionné plus en avant – et plus bas – que sur les modèles classiques.

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TOM GUISE

CE SUPERCAR SE RÉGÉNÈRE


hautsde-france


Matthias Dandois Il est tellement à la cool avec les vélos Haro qu’il leur a demandé une version spéciale de leur fameux Master, pour un usage unique !

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uand naît Matthias Dandois en 1989, le Haro Master subjugue la planète BMX depuis cinq ans. La scène du Bicycle Motocross est encore fraîche, et le BMX est dit « freestyle ». Il est une discipline cycliste radicale qui va par la suite se diviser en street et flat (spécialité de Matthias) – pour ses versions les plus urbaines. Pour les quelques passionnés de BMX évoluant alors en France, le Haro Master, création de Bob Haro, dieu vivant du freestyle, est la quintessence du cool. Plus de trente ans plus tard, le Master – quasi identique à l’originel – est toujours proposé par Haro, sponsor d’un Matthias Dandois très fier du modèle Bastille créé précédemment à son goût. Un jour, entre deux tour tournages du programme vidéo déjanté Bouclette Brothers avec son camarade Maxime Musqua, Matthias se réveille avec une envie de spécial. « C’était un samedi, j’ai reçu un SMS de Matthias, explique Colin Mackay, rider de renom, photographe et team manager chez Haro. Il nous demandait si on pouvait lui préparer un modèle exclusif de Haro Master, à sa sauce, de couleur

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Matthias Dandois, 28 ans : « Le Haro Master, c’est une partie de l’histoire du BMX Flatland. »

bleue, tandis que notre ligne commerciale, elle, sortait en jaune. » Les équipes d’Haro s’empressent de sortir et d’équiper le vélo selon les attentes du sextuple champion du monde de BMX flat. L’idée pour le Français étant de rider le Master sur deux rendez-vous majeurs : la Voodoo Jam (Nouvelle-Orléans, USA) et le FISE World Edmonton (Canada). Mais l’ouragan Harvey chamboule tout, et le vélo arrive trop tard à la Voodoo (remportée par Matthias et son Bastille). Le champion le ramène donc en France dans son carton d’expédition. Le temps de rouler avec quelques heures à Paris (photo) et Dandois est de nouveau dans un avion, direction le Canada ! Il s’engage aux FISE World Series sur un vélo qui a donc très peu roulé, et dont les bases arrière ne présentent pas les dimensions les plus favorables à son riding hybride et unique – mixant flat pur et street. Ajoutons aussi un peu plus de poids sur ce Master par rapport à son habituel Bastille. Qu’importe. Remportée par Matthias sur ce vélo exclusif, la finale du FISE World Edmonton est l’un des plus grands moments de BMX flat de l’année : 3 minutes de riding sous haute tension. Et le Master est désormais au repos, exposé sur un mur du salon du Maestro Dandois. @matthiasdandois

AARON ROSS, JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL PH CAMY

UN VRAI COUP DE MAÎTRE

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BULLEVARD

Colonnes du cool : premiers tours de roue au Palais-Royal pour le Master de Matthias. THE RED BULLETIN

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laire Foy, 33 ans, a reçu un Golden Globe pour son interprétation de la reine Élisabeth II dans la série The Crown sur Netflix. La voilà qui troque robes et bijoux et se glisse dans la peau encrée de souvenirs de Lisbeth Salander, dans la suite de la trilogie Millénium de Stieg Larsson. Ce 4e opus s’intitule The Girl in the Spider’s web, réalisé par Fede Alvarez. Le succès, selon les dires de l’Anglaise, ne signifie pas que sa vie est parfaite. Mais heureusement pour elle, le Boss veille…

the red bulletin : Vous avez joué des personnages qui se surpassent dans des situations extrêmement difficiles. Comme l’épouse d’un homme paralysé dans Breathe. Comment surmontez-vous, à la ville, les moments éprouvants de la vie ? claire foy : Notre existence est un mélange arbitraire de challenges, aussi fascinants qu’absurdes. Et il faut faire avec. On ne peut pas échapper à la réalité, car tôt ou tard elle finit pas nous rattraper. Mais pour être honnête, je dois dire que je trouve les crises bénéfiques. Elles nous apprennent à apprécier ce que l’on a. J’aimerais pouvoir le faire de

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L’un de vos rôles les plus iconiques est celui de la reine. Qu’avez-vous appris d’elle ? Dans la deuxième saison, on s’intéresse à son quotidien, et au fait qu’elle cerne de mieux en mieux le monde dans lequel elle vit. Et que, quoiqu’elle fasse, elle est toujours en poste, elle est toujours « au travail ». Elle ne prend jamais congé. D’un autre côté, pour apprendre à faire quelque chose au mieux, il faut s’y vouer corps et âme. Si vous étiez à la tête du pays, que changeriez-vous ? Quel serait votre premier acte officiel ? J’exigerais la probité ! Je dirais aux politiciens : « Plus de mensonges ni de magouilles. Exprimez vos idées, appliquez-les et tenez parole. » Ils finiraient certainement tous chez le psy, mais ça en vaudrait le coup. Qu’est-ce qui vous donne de l’assurance dans la vie ? Mes amis les plus intimes ! Ce sont les meilleures personnes que l’on puisse s’imaginer. Et la musique de Bruce Springsteen. Elle m’apporte beaucoup de réconfort. Il – le Boss – a toujours été là pour moi, même quand tout allait de travers. La musique est sa passion, ça se ressent. Elle aide à se comprendre, et à comprendre son entourage. Bruce Springsteen, en éternel insatisfait, cherche toujours à en apprendre plus, à en faire

Quels sont ses meilleurs remèdes musicaux quand le blues s’installe ? Le premier, c’est Secret Garden. Je suis aussi une grande fan de If I Should Fall Behind et depuis peu de Racing in the Street. J’écoute très volontiers ses plus grands hits comme Dancing in the Dark ou Tunnel of Love. En fait, j’aime toutes ses chansons. Mais je ne les écoute pas en boucle. Pour chacune d’elles, il faut le bon moment.

La deuxième saison de The Crown est sur Netflix.

Claire Foy La jeune Élisabeth II dans la série The Crown, la femme de Neil Armstrong dans le film Breathe et Lisbeth Salander dans la suite de Millénium au ciné, c’est elle.

« LE BOSS A TOUJOURS ÉTÉ LÀ POUR MOI » THE RED BULLETIN

RÜDIGER STURM

C

Faites-vous des progrès ? Oui. Ça devient plus compliqué quand je suis épuisée et que j’ai la sensation d’être au bout du rouleau. Mais je tiens et je suis fidèle au poste, même quand ma fille de trois ans me réveille au milieu de la nuit.

plus. C’est pourquoi il restera quelqu’un de très intéressant.

JENNIFER S. ALTMAN/CONTOUR BY GETTY IMAGES

manière plus consciente, vivre plus de moments pendant lesquels je vois la beauté des choses au lieu de gamberger et de m’apitoyer sur mon sort. C’est un objectif très impor important pour moi.


BULLEVARD

Claire Foy est aussi crédible sous la couronne que recouverte de tatouages. THE RED BULLETIN

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BULLEVARD Les moves Zombie et Mummy Roll, spécialités de Menno, lui donnent l’avantage dans l’arène.

compétition de breakdance. Et vous, vous remportez le Red Bull BC One sans y avoir recours… menno : Ce n’est pas mon point fort, voilà tout. Dans la salle d’attente, je regardais les gars s’échauffer avec des mouvements très athlétiques. Je me disais : « Mon corps est incapable d’exécuter de telles figures. » Mais ma chance, c’est de l’avoir compris dès le début de ma carrière. J’ai dû me créer un style propre. Si vous n’arrivez pas à être le plus fort, soyez le plus malin. Comment dupez-vous vos adversaires ? J’utilise ma danse et ma réactivité pour les égarer, les piéger tout en développant un style qui se démarque du leur. Je ne serai peut-être jamais le plus acrobatique, mais je suis le meilleur dans ce que je fais.

LE MOVE QUI TUE

E

n novembre dernier, lorsque les B-Boys Wing et Menno montent sur le ring pour l’ultime battle de la finale mondiale du Red Bull BC One 2017 à Amsterdam, la tension est à son comble. Menno, natif de Rotterdam, a déjà été couronné en 2014 à Paris, mais peut-il réitérer l’exploit face au Sud-Coréen, l’un des meilleurs powermovers au monde ? Le Néer Néerlandais y parvient grâce à des moves singulièrement différents de ceux proposés par ses concurrents. Des figures aux noms aussi étranges que Zombie et Mummy Roll…

Y a-t-il un move dont vous êtes particulièrement fier ? Oui, celui que j’appelle Mummy Roll où je vrille en faisant la planche. Je l’ai utilisé au premier round du Red Bull BC One. Il y a aussi le Zombie. Pourquoi « Zombie » ? Je glisse sur l’arrière du crâne et le côté supérieur de mes poignets avec les bras tendus vers l’avant, la posture du zombie en somme mais à l’envers.

bcone.redbull.com

the red bulletin : Ces dernières années, les figures acrobatiques sont devenues l’arme absolue en 20

THE RED BULLETIN

FLORIAN OBKIRCHER

Sacré roi du breakdance lors du très disputé Red Bull BC One World Final 2017, le B-Boy néerlandais Menno, 28 ans, attribue sa victoire à sa faiblesse acrobatique.

RUTGER PAUW/RED BULL CONTENT POOL

Red Bull BC One

Plutôt courageux d’avancer à contre-courant… Je ne l’ai jamais envisagé de cette façon. Pour moi créer des moves est bien plus jouissif que m’entraîner comme un gymnaste. À chaque séance, j’en invente de nouveaux. C’est très addictif !


*Dans la limite des places disponibles, voir conditions sur redbullcrashedice.com Red Bull France SASU, RCS PARIS 502 914 658 - © Red Bull content Pool

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Ici, pour 40 dollars, on peut gravir une dune en buggy et la redescendre en sandboard. Moins cher qu’un forfait de ski.

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THE RED BULLETIN


BULLEVARD

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Le désert est inclus L’oasis mystique de Huacachina se situe au Pérou, dans l’une des régions les plus arides du globe. Ses 96 habitants semblent apprécier le sandboarding.

TANDEMSTOCK

REINER KAPELLER

CECI N’EST PAS UN MIRAGE THE RED BULLETIN

eu importe où le regard se pose : du sable à perte de vue. Des milliards de grains de sable qui s’organisent sous toutes les formes possibles au gré des vents du désert. Et vous voilà, fraîchement débarqué dans un paysage désolé du Pérou, au milieu de nulle part, à l’exception d’une oasis. Elle se nomme Huacachina, déborde de palmiers luxuriants, dispose de chambres d’hôtel et d’une lagune turquoise. Un mirage ? Les fantasmes résultant d’un abus de Pisco, la boisson nationale ? Ni l’un ni l’autre. Comment cette petite entité située dans la province d’Ica à quelques 300 km au sud de la capitale, Lima, a-t-elle pu subsister ? Grâce à une rivière souterraine qui fournit de l’eau minérale et la protège de l’assèchement. Pendant longtemps, les Péruviens se baignaient dans la lagune de Huacachina pour guérir leurs rhumatismes. Il existe de nombreuses légendes pour expliquer l’apparition de l’oasis. Dans l’une des plus enchanteresses, une jeune femme pleure la mort de son amant. Les dieux incas, émus, décident de transformer ses larmes en lagon. D’où le nom « Huacachina », qui signifie la fille qui pleure. Le village isolé a conservé beaucoup de son charme. Surtout à la tombée de la nuit, au sommet d’une dune à quelques centaines de mètres d’altitude, où le soleil couchant enflamme l’horizon. Pour un séjour sous le signe de l’action, il suffit de réserver une virée en sandbuggy. On mettra à votre disposition des planches de sandboard fabriquées par les autochtones. huacachina.com

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BULLEVARD

Beauden Barrett Élu meilleur joueur du monde en 2017, le rugbyman néo-zélandais nous explique pourquoi le célèbre maillot des All Blacks lui donne des superpouvoirs.

L’ambassadeur des montres Tudor a été élu meilleur joueur de rugby de la planète en 2016 et 2017.

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«C’EST L’EXEMPLE QUI MOTIVE L’AUTRE» L’AUTRE THE RED BULLETIN


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TUDOR, GETTY IMAGES

PH CAMY

uatre-vingt-douze kilos pour 1,87 mètre. Un peu léger pour un All Blacks ? Détrompez-vous ! À 26 ans, Barrett est un rouage essentiel des Blacks, comme ont pu s’en assurer les Français battus 18 à 38 au Stade de France quelques heures après notre entretien à Paris. the red bulletin : Vos Blacks sont réputés redoutables, une équipe qui écrase toutes les autres... beauden barrett : On ne se voit pas comme ça. On parle peu aux médias, c’est l’action qui paie, pas les mots. La crainte que l’on inspire peut venir de nos victoires à la chaîne.

THE RED BULLETIN

On trouve trois Barrett au sein des Blacks : Beauden, ici au shoot, et ses frères Scott et Jordie.

Même sur un test match, vous êtes à 1 000 %, motivés à fond, pourquoi ? La meilleure manière d’abor d’aborder ce sport, c’est de jouer chaque match comme si c’était le dernier. Peu importe l’équipe en face. Il n’y a pas de temps mort. Sinon, ce serait déshonorer un maillot qui veut dire beaucoup pour nous. Vous souvenez-vous du jour où vous avez porté ce maillot pour la première fois ? (Il sourit.) Bien sûr ! C’était en juin 2012 contre l’Irlande, un match en Nouvelle-Zélande. Je me suis levé du banc, et là, je me suis senti comme Superman, motivé comme

jamais, c’était le meilleur feeling de mon existence. Ce maillot vous a-t-il vraiment donné de la force ? Oui, j’avais cette énergie en moi, cette puissance. C’était très spécial. Ça l’est toujours. La semaine dernière, vous êtes devenu capitaine des Blacks pour la première fois. Qu’aurez-vous retenu de cette expérience ? Qu’il faut rester concentré sur son propre jeu, car c’est en donnant l’exemple, en assurant à ton poste que tu motives ton équipe.

allblacks.com 25


BULLEVARD Le taco le plus cher au monde contient du bœuf de Kobe, du caviar blanc, et, bien évidemment, de l’or (sic).

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L’homme aux pincées d’or : Juan Licerio, chef du Grand Velas.

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Fastfood de luxe Une envie folle de vous envoler pour le Mexique, un petit creux et 25 000 $ à dépenser ? Nous avons de quoi vous rassasier.

CE TACO EST ASSURÉMENT OR DE PRIX

CHRISTIAN EBERLE-ABASOLO

brie à la truffe et des jalapeños séchés. La tortilla de maïs fait elle aussi sécession : la pâte pour confectionner la galette a été enrichie de son pesant d’or. L’assaisonnement est un savant mélange de sauce chili, de tequila hors de prix, pardon, inégalable, et de Kopi Luwak (un café indonésien tiré des excréments de chats musqués). Et pour parfaire la création, une poignée de feuilles d’or. Verdict ? Aucun pour l’instant. Car pour se l’offrir, il faut réserver la suite du Président du Grand Velas et payer la moitié de la somme en acompte. Afin de ne pas vous étrangler, nous recommandons une petite Tequila Ley 925 Project Meshico 33 (150 000 $ pièce). loscabos.grandvelas.com

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e n’est pas avec un taco que vous brancherez un fin gourmet. Les galettes de blé ou de maïs aux garnitures généreuses et variées rehaussées de sauce piquante se trouvent à tous les coins de rue en Amérique du Nord et centrale, moyennant quelques ronds, entre 50 cents et 2 $ pièce. Reprenons. Ce n’est pas avec n’importe quel taco que vous émoustillerez les papilles d’un fin gourmet. Mais celui-ci devrait vous y aider. Moyennant quelques billets, 25000$ pièce. Si si. Vous avez bien lu. Juan Licerio, chef du restaurant de l’hôtel de luxe Grand Velas à Los Gabos (Mexique), revendique la paternité de cette recette. Et explique que « le taco vaut son prix » ! La liste des ingrédients est un Bottin de produits rares : du bœuf de Kobe, du caviar blanc (de la maison Almas, qui signifie diamant en russe, et autrefois réservé au Shah d’Iran), du homard, du foie gras, du

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Richard Permin se délecte d’une « orgie de neige » au Japon. « Ce n’est plus du ski mais de la plongée ! »


DOM DAHER, GRANTGUNDERSON.COM

À Haines (Alaska), la lumière est trop forte pour filmer. Richard Permin attendra patiemment, près de deux heures, au sommet, avant de se lancer.

Plus le choix

D’une envie absolue de rider en Alaska, le skieur RICHARD PERMIN a fait un film. Mais le ski n’est pas le cœur du sujet. La douleur, l’attente, la peur, et comment mettre son ego à mal s’avèrent finalement l’essentiel aux yeux du Français. Texte : PH CAMY 29


Le spot ultime : l’Alaska à l’état pur, paradisiaque. Richard Permin s’y rend depuis dix ans, pour y filmer des lignes toujours plus folles.

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GRANTGUNDERSON.COM


Hotel Room, ligne hardcore et très raide en Alaska. « C’est une face où tu n’as pas de sortie de secours, dit Richard. Pas le choix, tu y vas ! »


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he red bulletin : Richard, Sweet & Sour est l’histoire assez inédite d’un skieur, vous, et d’un snowboardeur, Victor de Le Rue, qui veulent aller s’éclater en Alaska. Mais en janvier 2016, au début de l’histoire, le skieur se pète les deux talons... Nous sommes en novembre 2017 et entre-temps, vous avez tourné, monté et sorti le film. richard permin : Je devrais skier à nouveau seulement maintenant, en fait.

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Pourquoi ne pas avoir écouté les médecins et patienté gentiment ? Je ne sais pas si j’étais supposé faire je ne sais quoi, mais les médecins m’avaient dit : « Tu en as pour deux ans »... Fuck off ! Je n’allais pas attendre deux ans ! À la fin de l’hiver 2016, Victor m’a appelé : « Rich’, je veux aller en Alaska avec toi, on part tous les deux, et on casse le spot ! » À ce moment-là, je sortais de mon fauteuil roulant... J’ai réfléchi un mois à la proposition de Victor, et puis je l’ai appelé : « Je suis chaud ! » En pleine convalescence ?! Que je réussisse ou je que je ne réussisse pas, j’aurais quelque chose à raconter dans mon film. J’étais prêt à montrer le dark side du truc. J’étais prêt à me mettre en péril, dans le sens où ma performance sportive à l’écran pouvait être mauvaise. Beaucoup d’autres athlètes auraient fui cette option… Ça fait quinze ans que je fais du ski, et chaque année je fais des clips de deuxtrois minutes où je montre le meilleur de mon ski. On me dit : « C’est bien, t’es fort, t’es taré, blabla... » Aujourd’hui, à 32 ans, j’avais envie de raconter quelque chose. Ne pas montrer que le côté strass et THE RED BULLETIN

paillettes du rider top cool qui prend l’hélico… L’idée, c’était de s’ouvrir un peu plus aux gens, de leur montrer qui je suis, quitte à faire passer le ski au second plan. Qu’elle finisse bien ou mal, on la raconterait cette histoire, et il y aurait un mental et un état d’esprit dans ce film. Pourquoi avoir choisi l’Alaska comme point culminant du film ? Avec Victor, on a cette passion commune de l’Alaska, c’est le Graal ! J’ai passé mes dix dernières années à préparer mon trip en Alaska de l’année suivante. Ici, tu skies vite, tu peux aller gros, il y a de la pente, c’est monstrueux. L’humidité des océans autour crée une stabilité du manteau neigeux, la neige est parfaite et tu peux aller à Mach 12. Une fois que tu rentres dans ton run, tu ne peux pas t’arrêter.

RICHARD PERMIN À 32 ans, le Français est un virtuose du freeski : ses sessions en Alaska, sur pentes très raides, régalent la planète freeride chaque année.

Pour assumer un tel niveau de ski en sortant d’une blessure aussi grave, vous avez dû bien douiller ? J’ai skié avec le couteau entre les dents. Au Japon j’ai eu mal, oui. À Silvertip, au Canada, où nous avons également tourné, un peu moins. Ça dépendait, parfois ça se bloque, ou pas. Demain matin, je suis chez le kiné, car je suis toujours en rééducation. J’ai un gros déficit sur ma jambe gauche, j’ai toujours des douleurs. Encore aujourd’hui, je ne peux pas marcher pieds nus... C’est une blessure de merde. Quand vous vous cassez les deux talons sur votre réception à Avoriaz, la douleur est de combien, sur 10 ? Cent ! Je me suis déjà pété le sacrum, des côtes 13 fois, et autres... Mais là, en termes de douleur, les talons, c’était une planète au-dessus. Je ne suis pas douillet, mais j’ai vraiment eu mal. Vraiment. ((Richard nous sort alors les photos de ses

VICTOR DE LE RUE Les top actions dans les top vidéos de snow, c’est son job. Dans Sweet & Sour, ce natif des Pyrénées est un boost pour Richard Permin.

« J’ai skié avec le couteau entre les dents. » Richard Permin 33


Canada, dans l’hélicoptère. Le snowboardeur Victor de Le rue scrute son terrain de jeu. Si un spot paraît accessible, ils le rideront.

Effrayant... Il est difficile de s’imaginer passer de ces horribles cicatrices que vous nous montrez à ces lignes d’enfer que vous envoyez en Alaska... D’ailleurs, dans le film, vous criez votre joie d’y être parvenu : « Un an de galère, et c’est mon troisième run de l’année ! » Il faut savoir que la ligne que je fais au moment où je crie est une ligne assez connue, elle s’appelle Hotel Room. C’est le snowboardeur Jeremy Jones, une légende du snow, qui l’a nommée ainsi. Voilà ce qu’il en dit : « C’est le genre d’endroit, tu y mets une fois les pieds, et tu n’y retournes jamais... » Il y a très peu de riders qui ont skié cette face. C’était la première fois que je la skiais, pour ma troisième ligne de l’année en plus. Vous n’auriez pas pu choisir une ligne un poil plus facile ? Ici, si tu te plantes, t’es vraiment dans la merde. C’est vraiment chaud. De l’autre côté d’Hotel Room, on a une falaise de 200 m et techniquement c’est très très compliqué à skier. Avant de vous lancer, vous exprimez votre peur à haute voix... Là, il n’était même pas question d’avoir peur, mais de surmonter la peur, en mode 34

« Viens Richard, on part en Alaska... et on casse le spot ! » Victor de Le Rue puissance douze. C’est une face où tu n’as pas de sortie de secours. Tu n’as plus le choix. Tout seul, jamais je n’allais là. J’y suis allé parce que Victor était chaud. Tout seul, sans ce projet de film avec Victor, vous ne l’auriez pas fait ? L’élément déclencheur, c’est Victor. Inconsciemment, avec lui, même si on fait de la performance à travers l’image et le voyage, on est des compétiteurs, et quand je me suis retrouvé à côté de lui, et en le voyant rider fort, j’ai eu envie de montrer que j’étais capable, de le suivre.

Le suivre en Alaska, ça veut dire des jours d’attente, pour enfin optimiser une bonne période météo et filmer. Le trip en Alaska a duré un mois, pour skier trois jours... et encore. En se lâchant vraiment, on a skié une journée. Toute cette attente, c’est du mental. Il ne faut pas devenir fou, car tu ne peux pas skier. Et quand le jour J arrive enfin, quel est l’état d’esprit ? Quand tu vas monter dans l’hélico à 7 heures du mat’, il n’y aura pas de temps pour un échauffement, tu es obligé de rentrer dans un truc qui est bien plus gros que tout ce que tu as pu anticiper. Tu ar arrives devant cette face et tu te dis : « Putain, je n’ai pas skié depuis trois semaines, ça fait un an que je suis blessé... Mais qu’est-ce que je fous là, bordel ! » (Rires.) Et vous ne skiez que quelques minutes ! Des secondes! Mais quelles secondes! Sur Hotel Room, on est arrivés très tôt. Mais on a dû attendre jusqu’à 16 heures. Il y avait trop de lumière. Au final, on a fait trois lignes de 15-20 secondes chacune, au coucher du soleil. Donc dans la journée, je skie 1 minute. (Rires.) Et c’est pour cette minute que je reviens en Alaska depuis dix ans. Ces images épatent-elles les pros du ski ou du snow ? Ont-ils apprécié l’association ski-snow qu’honore votre film ? THE RED BULLETIN

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pieds avant et après son opération et nous prévient : « C’est très gore », ndlr).


Chose plutôt rare, le film Sweet & Sour a pour héros un skieur et un snowboardeur, Victor de Le Rue, ici en action.


La vue depuis le camp de base des riders en Alaska. Ces montagnes sont un territoire indien protégé.

Le réal Antoine Frioux et son collègue Guillaume Tessier (avec la doudoune).


Un œil aux images du jour. Richard, Victor et Grégo Campi, second cadreur du film Sweet & Sour, font le point.

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On sait que le milieu du snow ne se mélange pas forcément avec celui du ski, alors qu’à l’inverse, nous on s’en tape complètement. Certains snowboardeurs core ont trouvé ça vraiment cool. Ce n’est pas eux que l’on ciblait à la base, et ils ne vont peut-être pas te dire que c’est le film de l’année, mais ils l’ont sincèrement apprécié. Il s’agit de votre premier film personnel, de votre projet, à la différence de vos productions précédentes dans lesquelles vous apparaissiez parmi d’autres skieurs. Quels ont été les autres challenges, au-delà d’un retour périlleux et douloureux sur les skis ? J’ai dû passer un mois et demi en salle de montage à Paris. Avec le réalisateur principal, Antoine Frioux, qui était aussi le cadreur principal et monteur du film. Il a fait tout le travail de fond, il a tout filmé, tout géré, un travail de fou. Et on a aussi fait appel à Damien de Medeiros et Alexandra Leroux, que l’on connaît pour leurs documentaires de la série Les Nouveaux Explorateurs. Pourquoi avoir fait appel à eux, et ne pas juste œuvrer « en famille » ? Pour que le film soit compréhensible et ludique. Pour qu’il puisse parler à tout le monde. On voulait raconter notre histoire, notre sport, les hauts, les bas, THE RED BULLETIN

« Il fallait que ce film puisse parler à tout le monde. » Richard Permin montrer un an de vie avec nous, pourquoi on est passionnés, pourquoi on se met en danger à ce point-là. Qu’aurez-vous retenu de leur intervention sur la première version du film ? De petits trucs, Damien et Alexandra ont fait des choses énormes, et de grands trucs, ils ont fait une apothéose. On avait une histoire, un clip géant, avec des images magnifiques, mais sans fond, sans âme, sans émotion. Damien et Alexandra ont amené des moments d’émotion, de peur, de doute, de joie. Ils ont amené le spectateur à nos côtés en haut de la face. Confier son film à d’autres, ça a dû être dur pour vous et le réalisateur ? Antoine a bossé énormément sur ce film,

alors donner son bébé à d’autres réalisateurs et les accompagner en postproduction pour faire le montage qu’ils recommandaient, ça a été vraiment difficile, oui. Mais maintenant, il en est très content. Et pour vous ? Tout ce que je ne voulais pas mettre dans le film, Alexandra m’a imposé de les mettre. Rien ne devait passer à la trappe. En leur confiant le film, j’ai mis mon ego de côté. Ils m’ont dit : « Il va falloir que tu sois toi, que tu exprimes tes sentiments, ce que tu as vécu. » C’est pour ça que je ne referai jamais plus un film traditionnel de ski, je partirai dans des documentaires, des choses de ce genre. Avez-vous déjà pensé : « Heureusement que je me suis blessé, sinon je n’aurais jamais fait ce film » ? Non ! J’ai encore mal, je ne peux pas courir et je vais avoir des séquelles à vie. Pourtant, j’admets qu’en tant que sportif, pendant les deux années passées, j’ai acquis beaucoup plus de maturité que sur les dix dernières. Dans ma façon de concrétiser mes projets, de m’entourer, cette blessure m’a fait beaucoup grandir. Elle a peut-être été un point culminant dans ma carrière, finalement.

Sweet & Sour le 22 janvier sur Red Bull TV 37


Le Suisse RENÉ PRÊTRE est l’un des meilleurs chirurgiens cardiaques en pédiatrie au monde. Comment vit-on avec un droit à l’erreur égal à zéro ? Texte : STEFAN WAGNER Photos : LUKAS MAEDER Maquillage : JEHAN RADWAN 38


Ces mains ont sauvÊ 6 000 enfants


« Mon grandpère horloger m’a transmis son talent pour le t­ ravail en filigrane. » Prêtre a grandi dans une fratrie de sept au sein d’une famille ­d’agriculteurs. Il est originaire de Boncourt, canton du Jura (Suisse).


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ené Prêtre, 61 ans fin janvier, professeur à l’université de Lausanne et chef du Service de chirurgie cardio-vasculaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), opère chaque jour le cœur, gros comme une noix, d’un ou deux nouveau-nés. En chirurgie, il n’existe pas de plus gros défi qu’une intervention sur un cœur humain. Une opération peut durer jusqu’à quatorze heures, pendant lesquelles Prêtre se tient immobile, penché sur la table d’opération, quelques gouttes d’eau avalées par le biais d’une paille (pour ne pas avoir à quitter la salle). Son allié : une paire de lunettes grossissantes 5 fois. L’issue d’une opération se joue à quelques millimètres. Parfois moins. Sa réussite appelle des larmes de joie. Son échec signe l’effondrement des parents. Prêtre ne se dédie pas qu’aux tâches médicales, il endosse aussi la part émotionnelle. C’est lui qui mène les entretiens préliminaires avec les parents. Et c’est lui, aussi, qui décroche son téléphone au sortir de la salle d’opération. Nous nous trouvons dans un bureau rempli, au dixième étage de la clinique universitaire de Lausanne. Des œuvres de Beethoven sur CD, une machine à café Jura, des cadeaux encore empaquetés. « La plupart du temps, du vin ou du chocolat », nous dit Prêtre en ouvrant une bonbonnière. Il a l’air étonnamment jeune, sportif. Il s’exprime avec une douceur remar remarquable. Et sourit brièvement en opinant du chef quand je lui raconte qu’en 25 ans de carrière, c’est la première fois que je pleure en préparant une interview. Dans son livre, il évoque les enfants qu’il a perdus, les tragédies, son propre désespoir et celui des parents ; il raconte aussi les vies sauvées de ceux qu’on disait condamnés. the red bulletin : M. Prêtre, il est peu après 14 heures, un jeudi de novembre. Qu’avez-vous accompli aujourd’hui ?

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René Prêtre à propos du travail au CHUV de Lausanne : une opération peut durer jusqu’à 14 heures.

rené prÊtre : Aujourd’hui a commencé hier soir. Mon téléphone a sonné à 23 heures, une urgence. On voulait discuter de la marche à suivre avec moi. À 3 heures du matin, tout était terminé. Le patient va bien. À 7 heures, nous avons opéré un nouveau-né, puis un jeune gar garçon, un cas difficile. Nous avons découvert que la situation était plus compliquée que ce que nous imaginions. Une valve ne fer fermait pas à 100 % alors qu’hier à l’échographie, elle avait l’air parfaitement en ordre. On aurait pu la laisser comme ça, mais je voulais la réparer. Car une valve car cardiaque parfaite signifie une qualité de vie meilleure. Elle grandit comme une valve normale, pas comme une prothèse qu’on doit changer à terme et qui implique qu’on prenne des médicaments. La première opération a duré jusqu’à 10 heures. Et ensuite j’ai pu réaliser l’opération qui était prévue ce matin. Je l’ai terminée il y a 20 minutes. Je suis désolé de vous déranger… C’est une journée ordinaire. Si je skiais, je dirais que c’est une piste rouge, pas noire. Pourrez-vous décompresser ce soir ? Ou au moins éteindre votre portable ? Pas celui de l’hôpital. Mais je le mettrai sur silencieux. Car je suis invité à une collecte de charité au profit de la chirurgie cardiaque en pédiatrie. Ça suffira si je regarde mon téléphone toutes les demiheures pour voir si j’ai reçu un appel.

Vous avez grandi dans une fratrie de sept, à la campagne. Votre unique lien avec la médecine, c’était le vétérinaire. Vous avez financé vos études en étant footballeur en ligue régionale. Ce n’est pas la voie la plus rapide pour se spécialiser en médecine de pointe. S’agit-il d’une vocation miraculeuse ? Non, c’est un hasard. Un ami m’a dit à l’époque : « C’est aujourd’hui la limite pour les inscriptions en médecine. » Comme je ne savais pas quoi faire, je me suis inscrit. Au début, ces études ne me plaisaient pas. En deuxième année, j’ai dû m’occuper de personnes âgées, c’était plus un travail d’accompagnement et de soin que de guérison. On ne pouvait influencer que si peu de choses, ça me déprimait. C’est en assistant à ma première opération, une appendicite, que tout a changé. Grâce à l’intervention du chirurgien, un patient gravement malade était soudain guéri et en pleine santé. Voilà le grand sorcier, il coupe et la maladie disparaît comme avec une baguette magique. Ça me fascinait. Un fils de paysan, des callosités aux mains, où et comment trouve-t-il ce petit truc qui fait de lui un chirurgien de classe mondiale ? Le travail manuel, ça me connaît. À la ferme, nous réparions tout nous-mêmes. C’est comme ça que l’on développe son sens de la mécanique et de la reconstruction en 3D. Mon grand-père horloger m’a transmis son talent pour le travail en filigrane. Enfant déjà, je bricolais des maisons minuscules. C’était mon premier exercice d’agilité et je crois que ce fut la pierre angulaire de mon métier : recoudre et réparer les vaisseaux sanguins d’un millimètre de diamètre chez des enfants. Les mains sont-elles le plus important dans votre métier ? Les yeux, les mains, les doigts, la concentration. On peut améliorer sa vue en por portant des lunettes. Les mains, elles, on ne peut pas les aider. Si on tremble, c’est fini. C’est impossible de ne pas trembler… Je suis relativement bon en ce qui me concerne. À travers mes loupes, pas de tremblements. Ça ne se voit qu’au microscope. Une fois j’ai regardé, j’étais curieux. Quand il faut accrocher un cadre à la maison, vous prenez le marteau ? Et je coupe même du petit bois à la hache ! Les pros expliquent que ce qui leur permet d’exceller dans leur domaine, c’est la passion qu’ils éprouvent pour leur art, leur métier… Le succès n’est 41


que la conséquence logique de cette ardeur. Diriez-vous la même chose ? Oui, absolument. J’adore opérer. Un joueur de tennis qui rate une balle frappera la suivante. Si vous commettez une erreur, vous réduisez une vie à néant. Peut-on réellement éprouver de la joie, si proche de l’abîme ? Bien sûr, à condition de considérer l’intervention chirurgicale comme une possibilité et non un risque. Il y a une notion artistique dans ce que nous faisons. On peut comparer ça à de la sculpture. Nous travaillons en 3D, la part esthétique est primordiale. Si un cœur est joli après sa « reconstruction », il fonctionne mieux. Pourtant, une toute petite erreur et… Les erreurs arrivent. Elles sont inévitables. Mais on peut minimiser leur fréquence. Par exemple, en ne pensant pas à l’échec mais au succès. Stéphane Lambiel, médaille d’argent en patinage artistique en 2006, et à qui l’on demandait s’il avait des appréhensions quant à la chute, expliquait que non, il ne pense qu’au mouvement parfait qu’il doit exécuter. Sa réponse m’a d’abord étonné, et puis j’ai réalisé que je pensais exactement la même chose. Je vois le chemin, pas les obstacles. La solution, pas le problème. Les cas compliqués ne sont pas forcément les plus risqués. Au contraire, la situation devient périlleuse dès que la routine s’installe, car le danger vient de ce que l’on tient pour acquis. Vous avez opéré 6 000 enfants en 30 ans. Il faut préparer chaque opération comme si c’était la première. On mobilise avec la même intensité sa capacité de concentration et son sens des responsabilités. Cela est décisif.

Vous avez évoqué en passant que les erreurs sont inévitables. Pouvez-vous vraiment vous permettre de dire ça ? Il faut être honnête. Et l’on doit toujours faire de son mieux. Une erreur qui se produit à cause d’un manque de concentration ou de préparation est impardonnable. Pourquoi menez-vous les entretiens avec les parents vous-même ? N’est-ce pas une charge supplémentaire que de gérer ces peurs, ces angoisses ? Ne serait-ce pas plus simple de vous en tenir au fait, de ne considérer que l’organe minuscule à réparer ? Bien sûr, je me battrais tout autant, mais quelque chose manquerait. Il se passe quelque chose dans ce bureau, lors de l’entretien. Des parents me confient la vie de leur enfant, ils me la remettent entre les mains. Cette marque de confiance, je n’ai pas le droit de la trahir. Il arrive, mais c’est très rare, que nous nous retrouvions dans une situation sans issue, que nous ne puissions plus rien faire. Mais on se démène quand même, et parfois, on arrive à s’en sortir. S’il ne s’agissait que d’un organe, ou d’une noix comme vous dites, on ne pourrait rien faire de plus. Je me souviens d’un cas très, très difficile. En tant que chirurgien, l’ego ne fait pas défaut, mais là… Les parents de cet enfant voulaient un deuxième avis. Au fond, j’espérais qu’ils choisiraient l’autre chirur chirurgien. Mais ils sont revenus. L’opération se passait mal, nous avons lutté pendant des heures, j’ai réalisé qu’il n’y avait plus d’espoir. Nous étions épuisés. Je suis sorti pour parler aux parents qui attendaient dans le couloir. Je leur ai expliqué que rien ne marchait, que l’opération était vaine. La mère s’est effondrée. Elle a tant

« Les parents me confient la vie de leur enfant. Je n’ai pas le droit de faillir. » 42

pleuré, c’était impressionnant. Le père était au bord du gouffre. Je ne pouvais pas supporter de voir ça. Je leur ai dit que nous allions essayer encore une fois. Je suis retourné dans la salle d’opération, nous avons tout repris depuis le début, ça a duré des heures. Tous dans l’équipe, nous avons repoussé nos limites. Et finalement, tout s’est bien terminé. Combien de temps cette opération a-t-elle duré ? Je ne sais pas… Quatorze heures peutêtre ? On arrive parfois le matin en salle d’opération, et puis tout à coup, il est minuit. Mais peu importe. Être pro ne suffit pas. Il faut avoir un cœur qui vibre pour ça. Je veux rendre heureux, je veux aider, j’en ai la possibilité. C’est notre privilège. Vous parlez de privilège… Si vous détournez l’attention ne serait-ce qu’une seconde, un enfant meurt ! Et si vous passez au rouge, quelqu’un mourra aussi. La concentration s’entraîne comme un muscle. Je sais rester concentré, ça fait trente ans que je fais cela tous les jours. Et je peux me brancher sur deux systèmes en parallèle. D’un côté, les mains qui effectuent les mouvements de manière automatique pendant que le cer cerveau réfléchit à un angle d’attaque, une stratégie. Mon travail est difficile et délicat, mais je n’accomplis pas de miracles. 98 % des interventions chirurgicales se déroulent sans encombre. Pourtant, on vous interroge quasi exclusivement sur les problèmes que vous rencontrez. Moi y compris. Cela vous dérange-t-il ? Ce sont 95 %. Il y a 2 à 2,5 % de mortalité, et autant de complications. Je comprends parfaitement que vous me questionniez là-dessus. C’est normal. Votre plus belle réussite dernièrement ? C’était lundi. Un garçon âgé de quelques jours. L’anesthésiste a vu la valve et m’a dit que je ne pouvais pas la recoudre, impossible. Et pourtant… Au final, elle était superbe. Ce sont des moments particuliers, quand un collègue voit une limite et que vous la dépassez. La plus belle récompense, n’est-ce pas la gratitude des parents ? Émotionnellement parlant, oui. Techniquement parlant, non. Les parents ne peuvent pas différencier la dextérité de la prouesse. Recoudre un espace entre les atriums est à la portée de tout le monde. Les parents, eux, sont tout aussi émus et reconnaissants que si j’avais sauvé leur enfant en lui faisant un massage cardiaque. THE RED BULLETIN


Oui, c’est une tragédie. Nous avons procédé à une opération non pas parce qu’il était en danger de mort, mais parce que nous voulions améliorer sa qualité de vie. L’intervention n’avait rien de spectaculaire. Peu avant la date de l’opération, la mère de l’enfant a eu peur. Elle voulait l’annuler. Je l’ai persuadée de la faire quand même. Après l’opération, il y a eu une hémorragie, le sang ne circulait plus. Le cerveau de Robin a manqué de sang un peu trop longtemps. J’étais incapable de regarder les parents dans les yeux. Et après, vous avez voulu arrêter. Oui, j’allais très mal. Vraiment très mal. Pourquoi avoir continué malgré tout ? C’est suite à de longues et nombreuses discussions avec mon anesthésiste, en qui j’ai une confiance sans borne, et avec le directeur de la clinique. Je savais que j’avais pris toutes les précautions nécessaires. Et que le temps est un allié. C’est comme après un ratage total depuis le plongeoir de dix mètres. On fait un plat sur l’eau, ça fait atrocement mal. On ne peut plus s’imaginer remonter dessus. Et finalement, on réessaye. On commence à trois mètres, et puis cinq, etc. Robin est un cas sur 6 000. Il y en a eu trois, quatre au total.

En 2009, René Prêtre a été élu « Suisse de l’année ». Au moment du gala retransmis à la télé, il était en mission au Mozambique.

Avez-vous fêté cette victoire lundi ? C’était magnifique ! On voyait à l’échographie le cœur se remettre à battre, devenir vigoureux, et voir la vie revenir. On pouvait voir la valve qui fermait et s’ouvrait parfaitement bien, plus de turbulences… Ça donne des frissons dans le dos d’obser d’observer cette beauté, le charisme du cœur… Dans des cas comme celui-ci, ouvre-t-on une bonne bouteille le soir ? Ah non. Je peux boire un verre, mais pas deux. Il faut penser au lendemain. Il y a des jours pourtant où il vous est impossible de répondre présent… Dans votre livre, vous parlez de Robin, un garçon de 11 ans gai et plein de vie.

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Et à l’inverse, combien de vies avezvous sauvées ? Combien d’enfants seraient morts sans votre intervention ? Par an, disons vraisemblablement trois ou quatre. Plus de pouls, plus de contractions, l’enfant est presque mort, mais on le récupère à temps. C’est un bilan positif, bon même. Mais on n’échange pas une vie contre une autre. Les parents que vous avez devant vous ont perdu leur enfant, vous vous sentez responsable. Vous ne vous affranchirez jamais de ce sentiment. Le bébé de lundi serait-il décédé sans votre intervention ? Je ne pourrais pas prétendre avoir sauvé une vie. Sa qualité de vie aurait été médiocre, oui. Il n’aurait pas pu jouer avec ses camarades à l’école. Et chaque infection aurait pu être mortelle pour lui. Il aurait pu vivre jusqu’à 30 ou 40 ans maximum. Et maintenant, grâce à l’opération ? La nouvelle valve ne tiendra pas une vie entière. Mais quarante ans, facilement. Ensuite il faudra la changer, mais ce sera simple. Enfant, il pourra jouer, courir, faire du sport. Il pourra vivre jusqu’à 70 ou 80 ans… Une vie presque normale. 43


La chirurgie ­cardiaque pour enfants tient de la sculpture : « Si le cœur est joli à voir, il pourra mieux fonctionner. »


Vous avez donc bien sauvé une vie ! Si on veut. Mais il faut rester prudent, tout spécialement après un succès comme celui de lundi. La joie qu’on en retire peut être enivrante. Mais on n’est pas tout-puissant, on n’est pas Dieu sur Terre. La nature a toujours le dernier mot. Dans notre métier, l’humilité est primordiale. Un chirur chirurgien qui n’a de respect pour l’acte chirur chirurgical, c’est dangereux et suspect. Vous êtes un jeune sexagénaire. Que transmettez-vous, qu’enseignez-vous à vos collègues plus jeunes ? L’adresse… … oui forcément. Mais la stratégie est tout aussi importante. En réalité, nous ne travaillons pas en trois, mais en quatre dimensions si on prend le facteur temps en compte. Parfois, il faut parfois être très rapide dans l’exécution, il faut anticiper. Ou alors il faut visualiser mentalement le procédé de l’opération à l’envers. La virtuosité du chirurgien ne vaut rien s’il ne comprend pas la stratégie à appliquer. Une fois dans l’une impasse, on ne peut plus faire machine arrière. No way out. À quoi reconnaît-on qu’un jeune chirur chirurgien sera un bon chirurgien ? On s’en aperçoit vite. L’application, le zèle, l’implication. Les bons se sentent toujours responsables et concernés. Ils prennent des initiatives et n’attendent pas qu’on leur demande quelque chose. Ils se documentent, ils font des recherches et ont déjà commencé à lire avant qu’on leur donne la bibliographie, ils cherchent la discussion… Les bons rayonnent. Ils aiment ce qu’ils font. À New York, au début de ma carrière, mon chef m’a dit que pour devenir un bon chirurgien, il fallait opérer dix heures par jour pendant dix ans, “ten years, ten hours” ! J’ai ri. Et je sais maintenant à quel point il avait raison. J’ai oublié une chose importante : pour devenir chirurgien cardiaque en pédiatrie, vous n’avez pas besoin d’avoir un don en la matière, vous devez simplement avoir un sens de l’esthétique et être capable de produire quelque chose de plastiquement beau, car sinon, cela ne fonctionnera pas. Un exemple. On demande aux étudiants de dessiner un visage. Ils font les yeux, le nez, la bouche… mais l’ensemble reste inerte. D’autres produisent un visage qui irradie et qui dégage une présence. Ce sont eux que je cherche. Vous paraissez plus jeune que votre âge. D’où vous vient cette énergie ? Je ne connais rien d’autre que le labeur. Quand j’avais 7 ans, il allait de soi que je m’occupe des vaches, que je conduise le tracteur. Quand il y avait du travail dans THE RED BULLETIN

« L’humilité est primordiale, surtout après une réussite. Un chirurgien qui n’éprouve pas de respect devant l’acte chirurgical, c’est dangereux. »

Des lunettes grossissantes 5 fois : Prêtre opère le cœur (de la taille d’une noix) des nouveau-nés et coud sur des vaisseaux sanguins d’un millimètre de diamètre.

les champs, mon père venait nous cher chercher à l’école pour que nous l’aidions. Il faut traire les vaches samedi et dimanche inclus. Quand j’ai commencé le foot, j’ai dû me lever encore plus tôt pour pouvoir aller aux entraînements. Et qu’est-ce que vous croyez ? Quand trois ou quatre urgences se présentent en même temps, nous ne démissionnons pas. Vous imaginez si on laissait tout en plan sous prétexte qu’on est fatigués ? (Il rit de bon cœur.)

À quelle fréquence consultez-vous pour votre cœur ? Moi ? Jamais… Ah si, une fois, avant un voyage au Mozambique, j’avais des douleurs bizarres. J’ai fait un électrocardiogramme. Sinon, c’est surtout ma tension que je vérifie régulièrement. Les médecins seraient donc les plus mal lotis en termes de prévention médicale ? (Il rit.) Oui. Mais je devrais penser à mes enfants… À Lausanne, on trouvera facilement quelqu’un pour me remplacer. Au Mozambique en revanche ? et au Cambodge ? La première fois que je suis allé en Afrique, nous avons opéré 25 ou 30 enfants en l’espace de douze jours. Ils seraient tous morts au bout de quelques mois ou années si nous n’étions pas intervenus. Ils couraient dans les couloirs de l’hôpital, leurs petits corps noirs dans les grandes blouses blanches. Ils riaient. À ce moment-là, à cet endroit-là, j’avais la sensation d’être irremplaçable. Ici à Lausanne, si je me casse une jambe, nous avons un problème un jour ou deux. J’ai de très bons confrères dans l’équipe, et au pire nous pouvons envoyer les enfants à Zurich. Aucun enfant ne mourra à cause de ma jambe cassée. Les cas compliqués que l’on rencontre ici en Suisse, mon ego en est friand. Mais mon vrai rôle, c’est au Mozambique et au Cambodge que j’en prends la mesure. En m’occupant des cas normaux que personne ne traite. L’expérience vous rend-elle meilleur ? Ou avez-vous l’impression qu’en vieillissant, vous perdez de votre habileté ? Je suis encore au top, mais je vais commencer à devenir de moins en moins bon. J’ai un jeune chirurgien dans mon équipe qui est aussi bon que moi. Quand il sera meilleur, c’est lui qui fera les opérations très difficiles, car ce travail n’est pas ma propriété, il ne m’appartient pas. Je n’opérerai peut-être plus de nouveau-nés, car ce sont des opérations très, très difficiles. Je m’occuperai alors des enfants à partir de trois mois. Et puis quelques années plus tard, seulement des enfants à partir d’un an… Et il reste encore tant à faire au Mozambique et au Cambodge.

le-petit-coeur.ch

Et au centre bat le cœur – Chroniques d’un chirurgien cardiaque pédiatrique, Arthaud, 350 pages, ISBN : 9782081397538

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TAKE FIVE

Le strongman ROSS EDGLEY nage avec…

… UN TRONC D’ARBRE Il a grimpé une corde aussi haute que l’Everest et gagné un marathon en tirant une Mini. À présent, il traverse l’océan en traînant un tronc d’arbre. Mais pourquoi diable ?

2 Il n’y a pas de précédent

C’est inédit. Des navigateurs aguerris m’ont conseillé. « Une grosse corde coule, on l’utilise pour ralentir les bateaux. » J’ai donc pris la plus fine possible, proche du fil dentaire. Le tronc d’arbre ne se comporte pas comme le corps d’un nageur. Vous passez la vague mais lui reste de l’autre côté et vous tire en arrière. Ramenezle à vous et il vous cogne les tibias. J’y ai laissé plusieurs ongles d’orteils.

3 La mer est invincible

À cinq kilomètres du rivage, l’équipe me dit : « Ross, tu es dans un mauvais courant, tu recules. » J’ai baissé la tête et me suis mis à nager. Trois heures après, je sors la tête de l’eau et lance au capitaine : « Où en sommes-nous ? » Il me répond que je n’ai pas avancé d’un iota. J’ai réessayé cinq fois, en vain. Le courant me ramenait toujours vers Sainte-Lucie. J’en rageais.

4 J’ai essayé le chemin inverse

Cette fois, j’étais dans le sens du courant, j’ai avalé toute la nourriture en un éclair. Mon glycogène musculaire était au plus bas, je peinais à sortir les bras de l’eau, je voyais des étoiles. « Les gars, il me faut des bananes », ai-je crié. « Tu les as toutes mangées », me répond-on. « Mais il y en avait 25 ! » « Ouais, mais tu les as toutes mangées. » J’ai arrêté au kilomètre 41, mais j’ai battu mon record précédent de 40 km avec un tronc d’arbre.

« Les marées et les courants sont amplifiés lorsque vous portez un arbre. »

1 Le tronc d’arbre ne se comporte pas comme le corps d’un nageur. Vous passez la vague mais lui vous tire en arrière. » ROSS EDGLEY

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Je suis doué pour ça

L’an dernier, j’ai bouclé un triathlon avec un tronc d’arbre sur le dos. J’ai été nul à vélo et à la course à pied, mais plutôt rapide dans l’eau jusqu’à dépasser des concurrents. Des amis l’ont remarqué et m’ont conseillé de me limiter à la partie natation. Nous avons contacté le club BodyHoliday aux Antilles. Peu de temps après, je me retrouvais aux Caraïbes avec un tronc sur le dos. L’idée était d’aller à la nage de Sainte-Lucie à la Martinique, soit 35 km à vol d’oiseau, sauf que ma trajectoire était celle d’un bateau ivre.

5 L’échec a le goût du succès

Pour moi, ne pas atteindre la plage était un échec total. Alors, quand des amis m’ont envoyé leurs messages de félicitations, j’ai demandé pourquoi. Ils m’ont répondu : « Tu as nagé plus de 100 km avec un tronc de 45 kg. » J’ai appris à me fixer des objectifs irréalistes car on bat des records en essayant de les atteindre. Avaler 25 bananes en est un en soi.

rossedgley.com Entretien : TOM GUISE Photo : DANI DEVAUX THE RED BULLETIN


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Marins glacés

Le 11 février, une quarantaine d’équipages s’affronteront sur le Saint-Laurent en partie gelé lors du légendaire DÉFI CANOT. On vous embarque sur la dernière édition. Épique (à glace). Texte : PATRICIA OUDIT

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Photos : BERNARD LE BARS


Canoter au Québec, ce n’est pas bucolique comme chez nous. Ou si, en mode bûcheron !


Le canot à glace, c’est avant tout et surtout de la glisse. La science de la cire (fartage du bateau) donne lieu à tout un tas d’intox et de rumeurs.

Canotiers parés : la slush, neige fondue qui fait fuir les appuis lors de la trotte (partie glissée), est l’une des raisons pour lesquelles les compétiteurs se préparent aux chocs, mode Do It Yourself. Ici, pose de jambières sécurisée par du gros scotch.


A

u-dessus du Saint-Laurent, le pont Jacques Cartier a fini par s’évanouir dans la brume. La tempête de neige n’a fait que forcir depuis que les équipages sont partis par − 23 °C. Du bord de la banquise qui fige le Vieux-Port de Montréal dans trente centimètres de glace, les voici qui arrivent. Les derniers Dauphins (type de canot le plus représenté, cent kilos en moyenne pour neuf mètres de long) surgissent telles des embarcations de naufragés. On plaint les cinq rameurs qui piochent dans la slush, puis poussent leurs bateaux à la façon de bobbeurs, dans un sprint effréné sur les derniers cent mètres. Les voici, gel et givre mêlés, gisant, carbonisés sur la neige. Les derniers hectomètres du Défi Canot offrent un parfait résumé de l’effort requis. L’aventurière Mylène Paquette avait prévenu : il faudrait en avoir sous la tuque (le bonnet), mais pas que. Car le canot à glace, c’est avant tout de la glisse. L’avantveille, dans le secret des hangars, les équipes ciraient trois heures durant le dessous du canot, indispensable travail d’orfèvre : une première couche de graphite, cire hydrophobe pour boucher les micro-fissures, on brosse, puis on chauffe au chalumeau pour étaler la cire, puis rebelote avec des couches de cires qui varient en fonction de la température de THE RED BULLETIN

Le parcours récompense l’endurance : 17 km autour du Vieux-Port, à boucler trois fois dans la catégorie des amateurs qui ne laissent aucun répit. Et la neige vient parfois compliquer le défi, créant des irrégularités dans le relief que chacun souhaite lisse.

Pour mieux accrocher, les pros portent des chaussures moulées. Les autres achètent des vis au rayon bricolage.

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L’aventurière Mylène Paquette avait prévenu : il faudrait en avoir sous la tuque (le bonnet), mais pas que.

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Si un cargo (comme ici en arrière-plan) sillonnait le SaintLaurent juste avant la course, toute la glace protégée pendant des semaines serait brisée. Simon Lebrun, organisateur et pilote, veille au grain. Selon lui, « si cela se produisait, la course y perdrait en variété et forcément, en intérêt ».

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Entre la trotte (faire glisser le canot, un genou calé sur le bateau), et la rame, il faut choisir. La difficulté : rester synchro pour ne pas perdre de temps lors des transitions. Pas facile de naviguer à contre-courant quand celui-ci forcit jusqu’à 10 nœuds, par − 23 °C et qu’on risque bien de passer à la baille si la glace craque.


Après un sprint givré qui fait monter le cœur comme dans un 400 m, les coureurs vont se mettre à l’abri de la tempête dans les vestiaires du port. Ce sera l’état de glace absolu.

la glace entre − 32 et + 10 °C. « Un canot non ciré, explique Brendan Martin-Kapfer, colosse et capitaine des glaces de l’équipe des Draveurs de Montréal, c’est 70 % de ton énergie qui part dans le vide. Ciré, tu lâches ton bateau et il glisse tout seul ! » Les pros qui ont développé une science de la cire ont un budget fluor de 125 $ juste pour farter la lisse (le rail sous le

Les canotiers lâchent, épuisés, en quête de souffle, les muscles en feu.

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canot) sur une course, quand Brendan et ses amis dépensent seulement 180 $ de cire par an ! Le jour de l’épreuve, le vestiaire devient royaume de la customisation, dans des odeurs de camphre, qui selon le bon mot d’une concurrente sentira bientôt l’esprit d’équipe. « Un peu de Jig-A-Loo (un lubrifiant canadien à base de silicone, ndlr) sous les fesses moulées

d’une culotte de néoprène pour que ça glisse quand tu rames, et un peu sur les tibias pour ne pas accrocher le bord du canot », détaille Mylène Paquette qui les harnache de jambières en mousse, scotchées avec du tape (du ruban adhésif). Si son équipe, grâce à une coéquipière podologue, a de belles chaussures moulées en plastique comme les pros, la grande majorité recourt au système D : chaussures de rugby sur lesquelles on a vissé des crampons de chenilles de motoneige ou de simples vis. Les perfectionnistes les liment pour qu’elles soient encore plus affûtées. Pas question de riper sur la glace lorsque le bateau glisse à 25 km/h au milieu des consignes aboyées par le capitaine des glaces et répercutées par le perroquet (le troisième rameur), au barreur : « Babord, ba, tribord, tri ! » Cette année, la neige a insonorisé les raclements des canots sur la glace, celui des rames, équipées de pics, et des coques qui s’entrechoquent. Mais la glace épaisse a quand même cédé sous les 105 kilos de Brendan. « Ça m’a gelé jusqu’au-dessus des épaules : pris dans cette armure de glace, pas facile de ramer ! » Et de se hâter pour rejoindre le vestiaire. Où l’on sent bien l’esprit d’équipe, et surtout la fierté d’avoir ramé, trotté, tout donné. deficanotaglace.ca 55


INSTINCT VISCÉRAL

Une science nouvelle révèle que l’intestin pourrait être la carte mère du corps humain. Et déjà, les nutritionnistes s’activent pour créer le régime du futur. Illustrations : HERI IRAWAN

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Texte : WILL COCKRELL

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La variété des bactéries et des éléments nutritifs du système digestif a une influence directe sur un individu.


26 ans, en 2015, la triathlète canadienne Kirsten Sweetland touche physiquement le fond. Loin d’être une banale baisse de forme, courante chez les sportifs d’endurance, l’athlète (29 ans aujourd’hui) passe d’une cinquième place mondiale à littéralement ne plus pouvoir quitter son lit au réveil. « Je dormais 18 heures par jour et mon cerveau était au ralenti, se souvient-elle. Écrire une phrase me prenait dix minutes et mes membres étaient engourdis. Quelque chose clochait mais je n’arrivais pas à en déterminer l’origine. » L’une des rares choses dont Sweetland est sûre, c’est que son microbiome intestinal – l’ensemble des micro-organismes peuplant l’appareil digestif humain – est mal en point. À l’automne 2014,

ON TEND À IGNORER L’IMPACT D’UN MICROBIOME INTESTINAL DÉRÉGLÉ SUR LE SYSTÈME IMMUNITAIRE ET LES PERFORMANCES EN SITUATION DE STRESS. 58

S’agissant de l’équilibre du microbiome, l’une des erreurs à ne pas commettre est de « réparer » ce qui marche. Sans symptômes réels – ballonnements, nausées, constipation, système immunitaire faible ou mauvaise haleine – méfiez-vous des modes autour de la santé digestive. Si vous soupçonnez un réel problème après avoir passé en revue les aliments suspects, essayez ces astuces avant de vous lancer dans d’onéreuses analyses.

elle et plusieurs autres triathlètes contractent un parasite au cours d’une épreuve internationale de natation en Suède. Et malgré une quatrième place et une belle remontée au général de la compétition, l’épreuve marque le début de sa chute. Légère les premiers mois, la fatigue accompagnée de maux d’estomac finit progressivement par l’écraser. Sweetland qualifiera 2015 comme étant probablement l’année la plus difficile de sa carrière. Son entraîneur la présente à Chris Talley, un nutritionniste qui conseille et encadre des athlètes de haut niveau depuis plus de deux décennies. À l’aide d’analyses de sang, d’urine et de selles, Talley détermine avec précision ce qui se passe dans l’intestin d’un individu. « Chez Kirsten, la quantité de métabolites bactériens était quarante fois plus élevée que chez une personne lambda, un cas rencontré moins de dix fois parmi les milliers de patients que j’ai eus à traiter », explique-t-il. La chose qui s’est invitée dans l’organisme de la jeune athlète ce jour-là en Suède était en train de détruire le microbiome intestinal de son hôte. Talley devait agir sans plus attendre, d’abord en éliminant le parasite, puis en reconstituant la flore intestinale de la jeune fille qui en avait désespérément besoin. Comprendre l’état de Sweetland aurait nécessité des mois à quiconque,

1/ UN RÉGIME VARIÉ La première chose à envisager en faveur d’un intestin sain est une alimentation variée dans la durée. La diversité bâtit les fondations et la régularité permet à votre intestin de s’adapter.

aussi la décision de son équipe de se concentrer d’abord sur l’intestin illustre l’importance acquise par la science nutritionnelle. « Il y a plus de microbes dans l’intestin que de cellules dans tout le corps humain, explique Talley. Cela peut avoir un impact négatif considérable sur les performances et l’état de santé général. » Une étude probante et publiée récemment affirme que notre microbiome intestinal, plus connu sous l’appellation de « bactéries intestinales », est en quelque sorte la carte mère de tous nos organes. Mais si l’idée qu’il existe de bonnes et de mauvaises bactéries est largement répandue – l’explosion récente des probiotiques le prouve si besoin est – on tend à ignorer l’énorme impact qu’un microbiome intestinal déréglé peut avoir sur notre santé, de notre système immunitaire à nos perfor performances en situation de stress. Alors que le débat fait rage pour savoir si notre microbiome est plus largement prédéterminé à la naissance ou par le fait d’avoir, enfant, joué ou pas dans les bacs à sable, de récentes décou-

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À

TESTEZ VOTRE INTESTIN


vertes avancent l’idée qu’il est possible de réguler le stress, le courage et l’humeur par l’intestin à l’aide d’un régime alimentaire adapté. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, des équipes de football américain de la NFL aux Navy SEALS (marine de guerre américaine), tous ont recruté un spécialiste du microbiome. Cela contribue surtout à répandre l’idée que chacun peut exercer un contrôle sur son microbiome. Talley confirme une évolution de la science en ce sens, mais alerte sur les dangers de brûler les étapes. « Plus j’en apprends sur l’intestin, plus je comprends que nous ne savons rien, prévient-il. C’est un domaine où le savoir est fragile, l’humilité est donc de mise. Nous vivons une euphorie comparable

à celle du début de la révolution industrielle où l’on découvrait soudain que des tâches pouvaient être mécanisées. » Talley souligne par ailleurs, que les besoins nutritionnels varient d’un individu à l’autre. La seule façon de savoir avec certitude ce qui se trame dans votre intestin est de se soumettre à des analyses coûteuses et de consulter un spécialiste capable d’en interpréter les résultats qui, pour le commun des mortels, sont aussi énigmatiques que des hiéroglyphes. Les analyses complexes de Talley détectent les microdéficiences qu’un nutritionniste lambda équipé d’un peu plus que votre journal alimentaire ne saurait déceler. Dans un avenir proche, son travail pourrait être accessible à tout un chacun sous une forme vulgarisée et moins onéreuse. Talley dispose d’une base de données comportant les profils nutritionnels de plus de 5 000 athlètes – du professionnel de basket aux surfeurs d’élite – soit des données précieuses pour une nouvelle science prometteuse. En attendant, sa démarche empirique guidée fera l’affaire. « Nous maîtrisons bien la détection de problèmes, précise-t-il. La solution, elle, reste compliquée. »

L 2/ LES PROBIOTIQUES Ils fournissent les bonnes bactéries à votre intestin (surtout après une longue période d’antibiothérapie). Le yaourt est l’un des probiotiques alimentaires les plus courants, comme les aliments fermentés (cf. 3). Les suppléments de probiotiques sont si efficaces qu’ils peuvent être la meilleure des solutions.

e cas de Kirsten Sweetland n’en reste pas moins troublant. Son état s’améliore un temps grâce au régime du diététicien Talley, dans lequel on trouve de tout, du cœur de bœuf riche en CoQ10 et puissant booster de cellules, aux graines de tournesol riches en vitamine E. Les produits laitiers et le gluten sont bannis tout comme les œufs à cause de leurs protéines atypiques. Puis, étrangement, l’état de Kirsten Sweetland se dégrade. Telle une scène de la série télé Dr House, une demi-douzaine de médecins, gastro-entérologues et spécialistes des maladies infectieuses, se penchent sur son cas. Alors que le diagnostic contredit toutes les conclusions, son microbiome intestinal va

« LA DIVERSITÉ DE LA FLORE INTESTINALE IMPORTE PLUS QUE LA PRÉSENCE DE BONNES OU DE MAUVAISES BACTÉRIES. CE QUI EST BON OU NUISIBLE VARIE D’UN INDIVIDU À L’AUTRE. » CHRIS TALLEY jouer un rôle surprenant dans la guérison. Au moment où Sweetland contracte le parasite, une équipe de chercheurs basée à Cork, en Irlande, fait une découverte élucidant bien des questions sur son état. Quelques années plus tôt, cette même équipe tentait de prouver que le microbiome intestinal d’un athlète de haut niveau diffère de celui du quidam. Les membres de l’équipe nationale irlandaise de rugby leur servaient alors de cobayes. Avant même de lancer l’étude, les chercheurs de Cork étaient convaincus que la compréhension du fonctionnement du système digestif des athlètes livrerait d’importants secrets ouvrant la voie vers le surhomme qui dort en chacun de nous. En avril dernier, après six années d’études, l’équipe publie enfin ses résultats. L’étude conclut avec une quasi-certitude que la variété des bactéries et des éléments nutritifs chez les rugbymen influe sur tout, de l’amélioration des performances à la récupération accélérée. Les chercheurs parviennent même à identifier des nutriments spécifiques ayant la propriété de réparer les tissus, tels que les protéines de lactosérum. Voilà le genre de découverte que tout spécialiste du microbiome espérait faire un jour. « Nous pensons à présent que de légères modifications dans le régime alimentaire et de l’exercice permettent à tous de réaliser des performances proches de celles de ces athlètes », déclare la responsable de l’étude, Orla O’Sullivan. Si les nouvelles d’Irlande provoquent un soulagement parmi la communauté des nerds du microbiome, c’est bien l’influence de ces 59


3/ LES ALIMENTS FERMENTÉS

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t ce qu’elle fait se résume en un mot selon Talley : la variété. « Il y a dix ans, je commençais à comprendre qu’une flore intestinale variée importait plus que la présence de bonnes ou de mauvaises bactéries, explique-t-il. Car ce qui est bon ou mauvais varie d’une personne à l’autre. Pour moi, la solution est très simple : un régime strict mais varié. » Exit les engouements pour le chou frisé et autres probiotiques, c’est rarement efficace. Le chou frisé cultivé dans certaines régions peut par exemple, être chargé de métaux lourds, très nocifs pour la santé intestinale. De même, les probiotiques peuvent générer un excès d’acide lactique particulièrement nuisible pour les athlètes qui en produisent déjà beaucoup avec leurs entraînements. « Les triathlètes sont en général soucieux de leur alimentation, explique Sweetland. Mais ils peuvent être excessifs en éliminant par moment les glucides ou les graisses par exemple. De plus, des habitudes peuvent vite s’installer comme manger certaines

« L’IDÉE QU’ON PEUT AGIR SUR LE CERVEAU VIA L’INTESTIN EST UN CHANGEMENT DE PARADIGME RADICAL ET CE, MALGRÉ L’EXISTENCE ANCESTRALE D’EXPRESSIONS TELLES QUE “LE SENTIMENT” OU “L’INSTINCT VISCÉRAL”. » JOHN CRYAN

choses avant de nager, et d’autres après. Je m’efforce à présent de manger varié. J’ai compris qu’il ne fallait rien écarter. La vieille règle de l’assiette composée ou de manger suffisamment de bonnes choses pour se protéger des mauvaises, reste d’actualité. » Un bon microbiome intestinal n’est en somme pas le seul privilège des athlètes.

C

ela vous semble familier ? Eh bien ça l’est. Hippocrate affirmait déjà il y a plus de 2 400 ans que la santé commence dans l’intestin ; dans les années 50 et 60, les chercheurs évoquent le « microbiote » intestinal. Peu de temps après, les probiotiques deviennent un remède naturel et commun pour parer aux problèmes digestifs. Mais la recherche sur le microbiome doit son accélération récente à une avancée majeure de ces dernières décennies, sans laquelle l’étude sur l’équipe de rugby n’aurait pas eu lieu : le séquençage génétique automatisé. Les scientifiques peuvent, comme avec l’ADN,

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découvertes sur les diagnostics et les prescriptions de nutritionnistes tels que Talley qui, in fine, modifiera nos habitudes alimentaires. Pendant une bonne partie du XXe siècle, nous avons systématiquement éradiqué les bactéries, bonnes et mauvaises, sans distinction aucune. Ce n’est qu’au début de ce millénaire que la consommation de probiotiques régénérant la flore intestinale s’est généralisée. Les bienfaits du yaourt étaient certes connus de tous, mais l’importance d’avoir un intestin sain l’était beaucoup moins jusqu’à récemment. Perplexe devant l’aggravation de l’état de Sweetland malgré des semaines d’enrichissement de son microbiome intestinal, Chris Talley décide néanmoins de garder le cap, persuadé que c’est là qu’il faut d’abord agir. Entre-temps, Sweetland et son équipe apprennent une nouvelle inattendue : elle est aussi atteinte de la maladie de Lyme, un gène dormant que le parasite a probablement activé. La nouvelle permet d’expliquer de nombreux symptômes mais ne pousse pourtant pas Talley à changer de tactique. Avec la perspective de longs mois d’un traitement antibiotique lourd exigé par la maladie de Lyme, la bonne santé intestinale de Sweetland devenait plus importante que jamais. En d’autres termes, il est impossible de guérir l’un sans l’autre. « Soigner mon intestin n’était pas forcément logique, mais cela nous aidait à poser les bonnes questions », explique Sweetland. Bien qu’elle n’hésite d’ailleurs pas à reconnaître l’efficacité des traitements parallèles de ses médecins, elle met l’amélioration de son état au crédit de Talley. « Cela illustre bien la difficulté d’identifier les problèmes dans l’intestin, explique ce dernier. Si elle n’avait pas résolu le problème nutritionnel, je ne suis pas sûr qu’elle aurait guéri aussi vite sa maladie de Lyme. » Les effets inattendus d’un intestin sain furent en effet impressionnants. « Mon médecin n’en revenait pas, rapporte Sweetland, dont le prompt rétablissement lui a même permis de participer aux Jeux de Rio de 2016. Je dois certainement faire quelque chose que les autres ne font pas. »

La choucroute, le kimchi, le kéfir et le très tendance kombucha regorgent de ce qu’on nomme « les bonnes bactéries » et peuvent aussi faire office de probiotiques.


cartographier et cataloguer le microbiome intestinal. Et à l’instar de la génétique, cette étape initiale est essentielle à la manipulation. Un chercheur en particulier a pu, grâce à la technologie, cartographier le microbiome plus vite et à moindres coûts, repoussant ainsi les limites plus que tout autre. John Cryan, neuroscientifique également basé en Irlande, a passé toute sa carrière

4/ LES PRÉBIOTIQUES De nombreux nutritionnistes prescrivent des fibres insolubles, résistant à l’acide gastrique, comme les poireaux, l’ail, les oignons ou les asperges, pour renforcer les bonnes bactéries déjà présentes dans votre intestin. L’autre prescription de plus en plus courante consiste à éviter tous les aliments prébiotiques quand ceux-ci renforcent les mauvaises bactéries, ce qui a pour effet de « réinitialiser » votre microbiome intestinal.

« NOUS PENSONS QUE DE LÉGÈRES MODIFICATIONS DE VOTRE RÉGIME ACCOMPAGNÉES D’EXERCICES POURRAIENT VOUS AIDER À TENIR UNE FORME PROCHE DE CELLE D’UN ATHLÈTE DE HAUT NIVEAU. » ORLA O’SULLIVAN à étudier le cerveau. Mais lorsqu’il apprend que le microbiome intestinal peut agir sur les fonctions cérébrales, Cryan déplace son attention vers le bas du corps. « Un neuroscientifique est formé pour ne s’intéresser qu’à ce qui se passe entre le cou et le haut du crâne, explique-t-il. Une idée fait débat au sein de notre communauté. » Cryan se demande même qui du cerveau ou de l’intestin contrôle l’autre. Les spécialistes de microbiome rappellent souvent que le microbiome intestinal et le cerveau ont un poids similaire. Afin d’appuyer leur conviction sur le lien existant entre microbiome intestinal et cer cerveau, Cryan invente avec son équipe le terme de « psychobiotique », une liste d’aliments et de suppléments servant à réguler notre humeur, notre cognition et notre stress. À présent, il recherche le moyen de garantir une régulation positive. « L’enjeu est de contrôler la performance, l’attention, la concentration, la prise de décision, le stress et la clarté de pensée », précise-t-il. Cryan compare déjà ses notes avec des nutritionnistes du sport. Le but est de concocter des régimes bénéfiques au cerveau. « En situation de stress, lors d’un lancer à trois points décisif par exemple, eston capable de maîtriser son stress ? », s’interroge-t-il. Cryan collabore par ailleurs avec l’armée de l’air américaine afin de réduire le stress des pilotes de chasse par l’alimentation. « L’idée qu’on peut agir sur le cerveau via l’intestin est un changement radical de paradigme

et ce, malgré la présence ancestrale dans le langage d’expressions telles que “le sentiment” ou “l’instinct viscéral”, poursuit-il. En revanche, suggérer que nous avons tous besoin de probiotiques, de plus de kimchi et de fibres, comme le font nombre de nutritionnistes, est simpliste. De même, il n’existe pas d’aliment spécifique pour réduire l’anxiété et rendre plus courageux. Nous savons seulement qu’un intestin sain est peut-être la clé pour lutter à la fois contre les maladies, la dépression et améliorer nos performances athlétiques. » Cryan pense que la manipulation de notre intestin est à portée de main. « Cela prendra la forme d’une pilule ou d’un régime, prévoit-il. Dans le cas d’une pilule, celle-ci ne saurait être générique mais conçue pour un microbiome donné. Quoi qu’il en soit, les récentes découvertes sur l’intestin auront au moins démontré leur importance. »

À

travers son épreuve, Kirsten Sweetland a renouvelé son respect de la santé intestinale et du rôle clé qu’elle joue dans tous les aspects de sa vie, dans et hors du sport. « On n’imagine pas la cascade de problèmes que peut déclencher un intestin mal en point », confie-t-elle. Toujours pas convaincu ? Alors méditez l’anecdote de ce neuroscientifique qui depuis, passe plus de temps à étudier l’intestin que le cerveau. « Des gens m’ont demandé s’il y avait un domaine de la santé où le microbiome n’intervient pas, raconte John Cryan. La réponse est probablement non. Dans l’histoire de l’évolution, les microbes étaient là les premiers. » tedmed.com

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Destination Red Bull vous emmène dans des lieux hors du commun. Dans ce numéro, nous vous proposons un plongeon dans un océan de magie sous l’œil averti de l’icône du surf SOFÍA MULÁNOVICH. Texte : CHRISTIAN EBERLE-ABASOLO

ALFREDO ESCOBAR/RED BULL CONTENT POOL

S’ÉVADER SUR LA PLUS LONGUE VAGUE AU MONDE


Dans le tempo : SofĂ­a MulĂĄnovich danse avec les vagues.

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L

es vagues de Chicama peuvent porter ceux qui les chevauchent jusqu’à une minute, une éternité en surf. Situé à environ 600 kilomètres au nord de Lima, la capitale péruvienne, le lieu est baigné par des eaux aux vagues uniques au monde. La côte aux paysages lunaires à la beauté insolite et au climat idéal attire les amateurs de swell venant de toute la planète. Sofía Mulánovich ne fait pas exception.

« Depuis que j’ai découvert ces vagues sans pareille, je reviens ici régulièrement. » La jeune femme sait de quoi elle parle. Véritable icône au Pérou, la championne du monde 2004 sera aussi votre coach si vous le souhaitez. Destination Red Bull vous propose un voyage à Chicama pour surfer la vague la plus longue au monde, rencontrer des chamanes et profiter de toutes les vertus de l’eau de mer. 64

SIMON WILLIAMS/ RED BULL CONTENT POOL

« “LES PROBLÈMES NE SAVENT PAS NAGER”,””, M’A TOUJOURS DIT MON PÈRE. »


SofĂ­a en apnĂŠe sous la vague. Le cours de surf aborde aussi les techniques de respiration.


« LE SURF, C’EST MA VIE. J’Y AI TOUT APPRIS. »

Pour Sofía, rien de tel que le grand air et l’océan.

C’est plutôt intensif ? C’est le cas. Le cours dure six jours et inclut outre le coaching sur l’eau et sur terre, la technique de respiration, l’analyse vidéo, la méthode d’entraînement et des exercices pratiques sur l’eau. Mais pas d’inquiétude, le plaisir reste notre priorité pour développer la confiance en soi. Le surf est-il une école de la vie ? C’est juste. Je le pratique depuis l’enfance. Le surf m’a tout appris. C’est toute ma vie. Surfer est pour moi le moyen idéal de m’exprimer, de me réaliser. 66

Le surf est aussi lié au Pérou, non ? Le surf a une longue histoire au Pérou. C’est pourquoi j’emmène mes hôtes à Huanchaco pour admirer les caballitos de totora, de petites embarcations sur lesquelles les pêcheurs chevauchent les vagues. Certains prétendent qu’elles seraient les ancêtres du surf. Un camp de surf pour amateurs de culture donc…

« SOUS FORME DE LARMES, DE SUEUR OU DE VAGUES, LE SEL GUÉRIT DE TOUT. »

Le programme inclut aussi une visite de la célèbre Dame de Cao, une momie de femme issue de la culture Moche ((contemporaine des Mayas, entre le I er et le VII e siècle après J.-C., ndlr) prouvant qu’à l’époque, une femme pouvait exercer le pouvoir. J’emmène ensuite le groupe voir des sites cérémoniels pour rencontrer des chamanes, rendre hommage à l’océan et invoquer l’énergie positive. L’océan possède-t-il des pouvoirs magiques ? C’est évident. Dans l’eau on se sent libre. « Les problèmes ne savent pas nager », m’a toujours dit mon père. De plus, sous forme de larmes, de sueur ou même de vagues, le sel guérit tout. Une chose est sûre : quelles que soient les difficultés que l’on peut traverser par moment, on se sent toujours mieux après avoir surfé.

Toutes les infos sur le voyage, nouvelles offres et réservations sur : destination.redbull.com THE RED BULLETIN

ENRIQUE CASTRO MENDIVIL/RED BULL CONTENT POOL

the red bulletin : Pourquoi Chicama est-il le spot idéal pour perfectionner son surf ? sofía mulánovich : Parce qu’ici on peut surfer longtemps sur chaque vague, au point que les jambes tremblent. L’équipe d’enseignants et moi-même avons ainsi le temps de repérer ce qui va et ce qui ne va pas chez les élèves. En termes de productivité, on ne fait pas mieux que ce cours.


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Au volant, les qualités du ­pilote de rallye Kalle Rovanperä sont une évidence, et ce depuis son plus jeune âge.


PERMIS DE BRILLER Le champion KALLE ROVANPERÄ conduit des voitures de rallye depuis ses 10 ans. Alors que le monde du WRC l’attend de pied ferme, le jeune Finlandais prometteur doit encore régler un détail : passer son permis de conduire. Texte : JUSTIN HYNES

Photos : JAANUS REE

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Rovanperä en action dans sa M-Sport Ford Fiesta R5.

« Après ma première voiture de rallye, je n’ai plus voulu essayer d’autres voitures de course. » Rovanperä se prépare pour la première épreuve du rallye GB, au pays de Galles.

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C L’adolescent avec son père, Harri Rovanperä, ancien champion WRC.

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et adage, « la valeur n’attend pas le nombre des années », est bien connu et se vérifie de plus en plus souvent à mesure que nous avançons dans le XXIe siècle. Prenons par exemple le domaine du sport automobile, avec « Baby Schumi » aka Sebastian Vettel, propulsé dans le milieu professionnel à l’âge de 19 ans, et sacré plus jeune vainqueur de l’histoire de la Formule 1 deux ans plus tard. Cela juste avant que Max Verstappen le détrône en 2016, devenant à son tour le plus jeune vainqueur de Grand Prix à très exactement 18 ans et 227 jours. Et ce n’est pas fini, car depuis quelques mois, le sport automobile compte un challenger ultra-précoce de plus, mais cette foisci dans la discipline du rallye. Il s’agit du jeune Finlandais Kalle Rovanperä, 17 printemps au compteur et la niaque d’un jeune loup que rien n’effraie. Certes, jusqu’à cet automne, la notoriété du jeune homme ne dépassait guère la région septentrionale de l’Europe. Et pourtant : ce n’était qu’une question de temps avant que le monde découvre enfin cette graine de star, fils de Harri Rovanperä, ancien champion de WRC et pilote chez Ford, SEAT, Peugeot, Mitsubishi puis Škoda. Le rejeton semble d’ailleurs porter chance au clan Rovanperä : quatre mois après sa naissance, le 1er octobre 2000, son paternel remporte sa seule victoire en WRC au Rallye de Suède. Kalle développe très tôt un amour sans bornes pour tout ce qui roule (vélo, quad, moto – tout y passe) mais surtout une prédisposition exceptionnelle. À tel point que papa n’hésite pas à lui faire essayer une voiture de rallye... pour voir. Une révélation pour le gamin : ce sera le rallye, ou rien. Une enfance peu banale, donc, dont témoigne une célèbre vidéo, visionnée plus d’un 1,7 million de fois sur YouTube et dans laquelle on le voit drifter avec aisance et jubilation sur les terrains les plus glissants de sa Finlande natale. Il a alors huit ans à peine et ses pieds ont du mal à toucher les pédales.

« Je ne me souviens pas vraiment de ce moment, j’étais trop jeune », raconte l’adolescent Rovanperä, comme si cette époque était déjà bien lointaine. « D’où me vient cette passion des voitures ? Franchement, je n’en ai aucune idée. Avant de conduire ma première voiture à sept ans, j’avais évidemment essayé le vélo, mais là, au volant de ma première voiture de rallye, tout était facile et naturel, je ne sais vraiment pas pourquoi. Après ça, je n’ai plus voulu essayer d’autres voitures de course. » À 13 ans, Rovanperä commence à se lancer dans la compétition – « C’était la suite logique des événements : à ce stade, soit tu continues à rouler comme un taré, soit tu décides d’en faire quelque chose » – mais les circuits finlandais sont interdits aux adolescents sans permis. C’est donc dans les pays voisins, en Lettonie puis en Estonie, moins restrictifs, qu’il fera ses

« À ce stade, soit tu continues à rouler comme un taré, soit tu décides d’en faire quelque chose. » premières armes. Des voisins plus souples, certes. Pourtant, « ça n’a pas été facile de convaincre les gens que je pouvais participer, que j’avais le niveau. Mon père a dû batailler pour obtenir les autorisations, mais pour moi, c’était facile, parce que j’avais pas mal d’années d’expérience en rallye », se souvient-il. Avant de conclure, dans un euphémisme typiquement finlandais : « Je ne sais pas trop ce que les gens ont pensé de moi au début, mais finalement, ils ont bien vu que je faisais l’affaire. » Là-bas, alors qu’il est uniquement habilité à courir les épreuves spéciales dans la catégorie R2, avec un co-pilote adulte (ce sera Risto Pietiläinen, l’ancien co-pilote de son père) pour assurer la liaison sur route, Kalle Rovanperä remporte le championnat ouvert de R2. En 2015, il essaie la Škoda Fabia S2000, puis la R5. Les résultats sont bluffants. En Lettonie, il remporte alors les huit épreuves du 71


Avec son copilote, le Finlandais Jonne Halttunen.

PlongĂŠe dans les eaux du pays de Galles au rallye de GB.

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« Est-ce que je suis exigeant ? Oui, tout à fait. Mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. »

@WORLD/RED BULL CONTENT POOL, DUTCH PHOTO AGENCY/RED BULL CONTENT POOL

Rallye Alūksne. Lors du Rallye Liepāja – une des manches du championnat européen – il fait le même temps que le vainqueur de la série, Ralfs Sirmacis, qui conduit une Fabia R5. Voilà pour le horsd’œuvre. Le plat principal vient avec le championnat lui-même, lors duquel il remporte cinq victoires sur les huit épreuves de la compétition : il termine à la première place avec 21,5 points d’avance sur son plus proche rival, Jānis Vorobjovs, un pilote presque trois fois plus âgé que lui. « La Lettonie, ça a été très important pour moi, nous explique Rovanperä. J’y ai appris tout ce que je sais sur le monde du rallye – comment se déroule une compétition, comment comprendre les notes, et tout ce qu’il faut faire – tout ça, je devais aussi l’apprendre. »

S

es prouesses lors des championnats de Lettonie, puis celles qu’il réalise un peu plus tard dans la mère-patrie – grâce à une autorisation spéciale de la fédération finlandaise du sport automobile – finissent par attirer de plus en plus de regards, et pour finir, de véritables sponsors. Il a 16 ans lorsqu’il signe avec Red Bull, tout comme Verstappen à l’époque où le Belge avait signé la première fois avec la compagnie autrichienne. L’année précédente, Tommi Mäkinen, chef d’équipe chez Toyota WRC, lui avait déjà donné un avant-goût du niveau d’élite en lui faisant essayer la Yaris WRC 2017. Verdict du quadruple champion de WRC : « Bon, très bon. » Mais c’est au patron de M-Sport, Malcolm Wilson – ce dénicheur de jeunes talents avait aussi lancé la carrière de Jari-Matti Latvala à l’âge de 17 ans – que Rovanperä doit son entrée dans la cour des grands. Sélectionné pour participer au rallye de GrandeBretagne, dernière manche du Championnat du monde des rallyes 2017, au volant THE RED BULLETIN

d’une R5 Fiesta, le jeune homme devait pourtant régler une dernière formalité afin de finaliser son inscription : obtenir son permis de conduire. C’est donc le lundi 2 octobre 2017, un jour après ses 17 ans et trois semaines avant le jour J, que Kalle se présente à l’examen : « Si j’étais stressé ? Un petit peu, sans doute... Sans permis, pas de rallye de Grande-Bretagne. Mais finalement, tout s’est bien passé. » Pour le rallye par contre, ce fut une autre paire de manches : confronté pour la première fois à un niveau d’excellence mondiale, la jeune recrue affiche des temps très corrects – une troisième place aux épreuves 15 et 21, tout de même – mais termine à la quinzième place du classement final en WRC2. « Je n’étais vraiment pas satisfait : le plus dur pour moi a été de devoir apprivoiser une nouvelle voiture et de conduire avec des pneus Michelin, que je n’avais pas utilisés depuis cinq ans. Bref, c’était très difficile, mais j’ai aussi beaucoup appris », explique-t-il, lucide mais confiant. « C’est une manche de WRC, alors forcément je m’attendais à un très haut niveau, et c’est exactement ce qu’il me faut pour sortir de ma zone de confort et m’améliorer. J’ai tendance à juger mes performances très sévèrement, et les gens me disent souvent que je suis trop exigeant, mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Je ne vise que les bons résultats. » L’année 2018 se poursuivra donc avec Wilson chez M-Sport, même si rien n’est encore fixé. On annonce quelques manches de WRC – celles autorisées aux moins de 18 ans – et notamment un championnat de Grande-Bretagne, mais aussi un travail d’équipe avec Latvala, et même – pourquoi pas – une première tentative de battre le record de son compatriote, sacré plus jeune champion de WRC à 22 ans. « Malcolm a fait du bon boulot avec Jari-Matti, et j’ai encore cinq ans devant moi pour remporter mon premier WRC. » Un brin présomptueux ? Pas tant que ça. Maintenant qu’il a son permis, Kalle Rovanperä a vraiment toutes les cartes en main pour aller loin, très loin. Twitter : @KalleRovanpera

LES PRODIGES Ces jeunes recrues du

sport auto sont les stars de demain. JUJU NODA 11 ANS

Quand on est très jeune, très précoce et qu’on est une fille, on fait (encore) figure d’ovni dans le monde très masculin du sport auto. Mais la petite Japonaise, fille du coureur de Formule 1 Hideki Noda, force déjà l’admiration : première écolière à conduire une F4 (la vidéo est à voir sur YouTube), Juju Noda rêve de devenir « la première Japonaise championne de F1 ».

LANDO NORRIS 18 ANS

Vainqueur dans toutes les catégories où il a concouru, le petit génie anglais sur asphalte est devenu, à 14 ans, le plus jeune champion de karting de l’histoire. Depuis, il enchaîne les victoires et les titres en monoplace et vient d’être couronné plus jeune champion d’Europe en F3 FIA. Rien d’étonnant à ce que McLaren l’ait choisi comme pilote de réserve en F2 pour 2018.

TAMARA MOLINARO 20 ANS

Tombée dans le monde du rallye quand elle était petite (elle conduit depuis ses 12 ans), cette jeune Italienne est pressentie comme la digne héritière de Michèle Mouton, seule femme à avoir remporter un WRC. Suivie de près par Red Bull, Michèle Mouton et par sa co-pilote Fabrizia Pons, elle a terminé championne d’Europe du rallye féminin 2017 et 10e en catégorie ERC3.

CHARLES LECLERC 20 ANS

Pour ce jeune pilote monégasque, les héros de son enfance étaient les pilotes de F1 qui couraient le Grand Prix chaque année en bas de chez lui. Fils d’un ancien pilote de course et filleul de feu Jules Bianchi, Leclerc possède un palmarès qui vient confirmer cette prédestination naturelle : vainqueur en GP3 et F2, il est actuellement membre de la Ferrari Driver Academy et entrera sans doute en F1 cette année. 73


Megan Hine explore les mĂŠcanismes psychologiques de la survie, et leur application au quotidien.

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« LA PEUR PEUT ÊTRE ENVAHISSANTE, MAIS CE N’EST PAS UNE ÉMOTION NÉGATIVE » LA SURVIE SELON MEGAN HINE Texte : PAUL WILSON

Photos : ADRIAN MYERS


« SI VOUS RÉFLÉCHISSEZ DE MANIÈRE LUCIDE À UNE SITUATION, AUSSI DINGUE SOIT-ELLE, VOUS ÊTES CAPABLE DE DEVENIR LE HÉROS DE VOTRE PROPRE VIE. »

M

egan Hine, l’une des meilleures expertes en survie et guides nature au monde, travaille dans les coulisses de programmes télévisés d’aventure, y compris ceux animés par le maître du genre, Bear Grylls. Elle s’occupe des repérages et de l’organisation des épreuves destinées aux participants. Elle emmène aussi ses propres clients dans quelques-uns des lieux les plus hostiles de la planète, en toute sécurité. Dans son livre Mind of a Survivor, Megan explore diverses techniques de survie et explique comment les appliquer dans des situations moins dangereuses. Inspirante, elle révèle comment prendre les meilleures décisions, gérer le stress et avancer au quotidien. Ces leçons, elle les a elle-même apprises au fil de ses expériences, par exemple lorsqu’elle a survécu à une piqûre de scorpion mortelle, été traquée par des lions, échappé aux tirs d’armées rebelles et dû composer avec les egos démesurés de stars de la télé-réalité qui s’essayaient à la survie. Elle raconte ses aventures à The Red Bulletin, et nous dit pourquoi il vaut mieux regarder The Walking Dead que lire une dizaine de livres sur le leadership et le management. 76

the red bulletin : Selon vous, en quoi les compétences de survie sont-elles utiles au quotidien ? megan hine : Je me suis demandé ce qui amène aujourd’hui les gens à tant souffrir de stress et de dépression. Est-ce que la nature sauvage peut nous aider ? Dans des conditions extrêmes, on montre ses véritables émotions. Imaginons qu’une personne dérive en mer à la suite d’un accident, ou qu’elle se cramponne au bord d’une falaise : bien sûr, elle va ressentir du stress et de la peur, car ce n’est pas dans la nature des choses. Si vous êtes capable d’apprendre à gérer ces situations extrêmes, dans lesquelles l’origine de la peur et de l’anxiété est évidente, vous pouvez le mettre en application dans la vie quotidienne, qui nous bombarde de nombreux stimulus générateurs de stress. Facile, pour vous, étant donné que vous avez passé beaucoup de temps dans des conditions extrêmes ? Au travers de mon livre et des réseaux sociaux, je souhaite rendre ce que je fais plus accessible et être plus proche des gens. Si je publie des photos de moi agrippée à une paroi rocheuse et en train de jouer avec des hélicoptères, ils se diront : « Waouh ! C’est cool… mais quel est le rapport avec moi ? » Avec mon livre et certains messages que je publie sur les réseaux sociaux, je tente de faire prendre conscience aux gens que je ressens les mêmes émotions que tout le monde, et que je passe par les mêmes processus de réflexion. Seul l’environnement change. Alors quelles techniques utiliser ? La planification est très efficace. Imaginez

constamment des scénarios dans lesquels vous êtes le véritable acteur de votre vie. Si vous réfléchissez de manière lucide à une situation, aussi dingue soit-elle, vous êtes capable de devenir le héros de votre propre vie. Vous pouvez conduire votre cerveau à penser que vous contrôlez tout. En menant cette réflexion par anticipation, vous vous départez de cette émotion. Après tout, c’est vous le héros. Vous allez y arriver ! Votre cerveau ne sait pas faire la différence entre l’attaque d’un lion et la menace que vous pouvez ressentir en découvrant la vie parfaite d’un ami sur Facebook. Il réagit exactement de la même façon : peur, stress, adrénaline. Quand je raconte certaines de mes histoires, beaucoup me disent : « Je ne pour pourrais jamais faire ça. Même pour conduire les enfants à l’école, je suis stressé(e) ! » La seule différence dans ma situation, c’est qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Il faut absolument faire quelque chose, sinon vous allez mourir. Si vous ne déposez pas vos enfants à l’heure, c’est regrettable, mais ça ne va pas non plus vous tuer. Vous pouvez donc vous préparer à combattre le stress en énumérant les moyens dont vous disposez pour gérer la situation. Quand cela devient une réalité, vous êtes paré : c’est une seconde nature. Cela m’a bien servi récemment, quand je me suis retrouvée piégée sous les tirs croisés de deux tribus kenyanes en conflit. Cet épisode n’est pas relaté dans votre ouvrage… Non, ça m’est arrivé après l’écriture du livre. Je travaillais au Kenya avec deux collègues. Nous étions en train d’installer une corde pour traverser un cours d’eau. Quelques jours plus tôt, un habitant du coin avait été dévoré par un crocodile de la rivière qui se trouvait juste en dessous de nous. J’étais d’un côté de la rivière, en train d’installer ma corde, et mes collègues étaient de l’autre côté quand on a soudain entendu des rafales de tirs. J’ai plongé dans une petite excavation et THE RED BULLETIN


L’Anglaise se décrit ainsi : « consultante en survie, meneuse d’expédition et catalyseur d’aventure ».


« IL EST IMPORTANT D’ÉCOUTER SES ÉMOTIONS, DE FAIRE UNE PAUSE, D’ANALYSER LA SITUATION, PUIS DE SE DEMANDER QUOI FAIRE DE CETTE ÉMOTION. »

Bear Grylls dit de Megan qu’elle est « plus forte que 99 % » des hommes qu’il connaît.

quelque chose a ricoché sur le sable juste à côté de moi. C’était comme dans les films. À ce moment-là, j’ai réalisé que les tirs se dirigeaient vers moi et j’ai pensé que des gens étaient réellement en train de me tirer dessus. Je me disais : « Oh merde ! On doit se sortir de là. » L’endroit le plus sûr se trouvait sur l’autre rive : une plus grande grotte dans laquelle les gars s’étaient réfugiés. J’ai réussi à ramper jusqu’à la rivière et à passer de l’autre côté pour les rejoindre à l’abri. Les balles ricochaient sur la voûte de la grotte. Ça a bien duré un quart d’heure. Nous avons découvert par la suite qu’il s’agissait de deux tribus, dont l’une avait volé plusieurs centaines de chèvres à l’autre. Les gardes locaux avaient préparé une embuscade juste au-dessus de l’endroit où nous étions. On ne nous tirait pas dessus. Nous étions pris dans des tirs croisés.

Dès le plus jeune âge, quand j’étais en colère ou effrayée, c’est ce que je faisais immédiatement. J’ai développé naturellement cette capacité à gérer la peur en m’exposant à une multitude d’expériences. La peur peut être envahissante, mais ce n’est pas forcément une émotion négative. C’est un mécanisme de survie dicté par le subconscient. Si vous avez peur, c’est sans doute votre subconscient qui tente de vous faire parvenir une pensée, de vous avertir d’un changement dans votre environnement ou de vous prévenir d’un danger. Il est important d’écouter ses émotions, de faire une pause, d’analyser la situation, puis de se demander quoi faire de cette émotion. C’est une technique que vous appelez STOP (Sit down, Think, Observe, Plan), pour S’asseoir, Réfléchir, Observer, Planifier… Exactement. S’asseoir et réfléchir sont

Le terrain de jeu préféré de Megan Hine ? Les montagnes enneigées !

Et vous avez géré la situation parce que vous aviez planifié une solution pour ce type de situation ? Pas exactement. J’avais regardé autour de moi et réfléchi à l’endroit le plus sûr en cas de besoin. Dans votre livre, vous parlez d’une « boîte mentale » qui permet de compartimenter les émotions difficiles. Cela ne revient-il pas à réprimer des sentiments négatifs, ce qui n’est pas recommandé ? 78

« Dans la nature, la seule personne avec laquelle on est en compète, c’est soi-même. »

les choses les plus difficiles à faire quand on est stressé ou qu’on a peur. Pour y parvenir, essayez de faire des exercices de respiration profonde. J’ai découvert ces exercices pendant mes cours de yoga. Ils sont très efficaces pour calmer la peur. Vous racontez un vol d’hélicoptère mouvementé pendant lequel les exercices de respiration n’ont pas fonctionné… De manière générale, je déteste l’hélicoptère. Mais ce vol était particulièrement pénible. J’étais incapable de calmer mon anxiété par la respiration quand soudain j’ai eu l’image d’une rose à l’esprit. Cette image me venait de l’enfance. Y penser m’a fait sourire et m’a calmée. J’avais même l’impression de sentir son parfum. Pourquoi croyez-vous en la puissance de la nature pour combattre le stress ? Parce que ça a marché sur moi de nombreuses fois, et que ça marche encore, même si ça veut juste dire aller s’asseoir sur un banc dans un parc. Je recommande vivement aux gens d’aller dans la nature et d’essayer de la comprendre. Il est inutile de se percher sur des falaises vertigineuses, mais explorer un territoire inconnu peut s’avérer très utile. Si avec vos amis vous louez les services d’un guide nature pour une journée, vous apprendrez énormément de choses, y compris toutes les compétences de base pour évoluer dans la nature, comme l’orientation et l’équipement. Vous pouvez profiter des enseignements de personnes qui ont déjà vécu ces expériences. Puis aller quelque part et vous imprégner de l’environnement en toute sécurité. Où que vous soyez dans la nature, il est incroyable de voir à quelle vitesse le stress s’évanouit et les choses sont mises en perspective.

Le livre de Megan Hine : Mind of a Survivor: What the wild has taught me about survival and success est disponible en anglais. Suivez-la sur Twitter : @Meg_Hine THE RED BULLETIN


HORS DES SENTIERS BATTUS Loin des touristes, voici cinq escapades sauvages auxquelles les baroudeurs en herbe pourront se frotter… 1. LE PAYS DE GALLES

« Je pense sincèrement que le Royaume-Uni fait partie des environnements les plus extrêmes, notamment l’Écosse, le pays de Galles et le Lake District, en raison de la météo très changeante. Il existe le triangle d’hypothermie : lorsque le froid, le vent et l’humidité sont en déséquilibre, ce qui arrive souvent, il y a de fortes chances que vous souffriez d’hypothermie. Au pays de Galles, vous pouvez expérimenter les quatre saisons en une seule journée ! »

2. LA VANOISE, FRANCE

« Cette région alpine comprend un parc national, un massif montagneux et la station de Val d’Isère. Elle reste sauvage et assez reculée. On y voit d’ailleurs des loups. Ici, le niveau d’aventure augmente progressivement. J’adore la montagne. C’est l’environnement que je préfère. Quand j’ai commencé à bosser dans le secteur du plein air, je pensais devenir guide de montagne. C’était ce vers quoi je tendais. Et d’un coup, je me suis retrouvée dans la jungle, dans le désert... »

3. LES JUNGLES D’ASIE

« Si vous êtes tenté par l’exploration de la jungle, certaines régions de Thaïlande sont idéales. Le Brunei sur l’île de Bornéo possède aussi des jungles plutôt accueillantes. Cela vaut mieux que de choisir directement l’Amazonie, où les serpents mortels, les insectes et autres dangers pullulent. Je ne veux pas dire qu’une escapade de ce type en Thaïlande ou au Brunei est un jeu d’enfant. Comme pour tous ces environnements, vous devez toujours être accompagné de personnes expérimentées. C’est la clé. »

4. LE PARC TORRES DEL PAINE, CHILI

« En Patagonie, l’une de mes régions favorites. La météo y est aussi capricieuse qu’au RoyaumeUni : c’est un sacré défi ! Il y a des endroits d’une beauté exceptionnelle qui attirent beaucoup de touristes. On dirait le pays de Galles sous stéroïdes. Dans certaines parties de la Patagonie, on parle d’ailleurs gaélique, car une communauté galloise s’y est installée il y a près de 150 ans. »

5. L’ARAGON, ESPAGNE

Megan Hine préconise d’évoluer en pleine conscience, d’être à l’écoute de ses ressentis et de son corps.

« Goûtez aussi aux environnements désertiques. En Europe ou à proximité, vous verrez des lieux incroyables, par exemple au Maroc et dans certaines régions d’Espagne. Elle possède des milliers de kilomètres carrés très isolés et totalement sauvages. Je viens justement d’effectuer une mission en Aragon. On y trouve des gorges somptueuses, des sites d’escalade géniaux et de grandes étendues boisées. Ensuite, à vous de choisir : traverser ces régions en 4×4 ou le hors-piste pour du camping sauvage. »


ANNÉE CHARGÉE EN PERSPECTIVE ?

Pour votre santé pratiquez une activité physique régulière. www.mangerbouger.fr


guide uide Voir. Avoir. Faire.

25 janvier

RALLYE DE MONTE-CARLO

JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL

Le Championnat du Monde des Rallyes de la FIA est de retour pour une 46e édition avec en ouverture le Rallye de Monte-Carlo. Les pilotes vont affronter neige, verglas et un parcours aux difficultés accrues. À suivre sur Red Bull TV.

THE RED BULLETIN

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GUIDE

Voir.

LES HÉROS DE L’HIVER

Si les températures ont chuté il n’en est rien sur Red Bull TV, en attestent les rendez-vous du mois. Attention chaud devant !

REGARDEZ RED BULL TV

partoutRed Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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25 au 28 janvier

LIVE

RALLYE DE MONTE-CARLO CHAMPIONNAT FIA

De nuit, le pilotage de l’Allemand Armin Kremer se fait lumineux.

Le Championnat du Monde des Rallyes 2018 débute par la 86e édition du Monte-Carlo, pendant lequel les pilotes testeront leurs nouvelles voitures en conditions de course réelle. Modifié à 50 %, le parcours confirme son caractère verglacé.

THE RED BULLETIN


janvier/février

Musique triée sur le volet et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…

4

février

LIVE

SIMPLE SESSION

L’une des plus grosses compétitions de BMX au monde depuis dix-huit ans, la Simple Session, regroupe les meilleurs riders du globe dans la Saku Arena de Tallinn en Estonie.

Le Néerlandais Kevin Abbring sera à l’œuvre lors du Monte-Carlo 2017.

THE RED BULLETIN

JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL (3), SCOTT SERFAS, ANDREAS SCHAAD/RED BULL CONTENT POOL

PEAK TIME

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janvier

À LA DEMANDE

SWEET & SOUR

Ce film raconte les joies et les peurs du freeskieur Richard Permin et du snowboardeur Victor de Le Rue. Les deux Français s’aventurent au cœur de l’Alaska en quête de défis et de sensations fortes.

février

À L’ANTENNE

en semaine de 17 à 19 h GMT

Votre dose quotidienne de nouveautés, d’actuali­ té musicale et d’inter­ views d’artistes émer­ gents, présentée par la journaliste et DJ Vivian Host. Une émission où Host reçoit les stars montantes – Yellow Days, prodige britannique du soul blues, et le rappeur jamaïcain Hood­ Celebrityy y ont récem­ ment fait halte – et met à l’honneur des scènes musicales locales, comme le hip­hop de la Nouvelle­Orléans.

LIVE

RED BULL CRASHED ICE

À Jyväskylä, en Finlande, second round de la saison, ça va balancer. L’élite de la descente sur glace s’affronte sur l’une des pistes naturelles les plus folles au monde. La suite ? À Marseille, le 17 février, aussi sur Red Bull TV.

À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM

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GUIDE

Avoir.

montres L’édition TAG Heuer d’Alec M. est limitée à 200 exemplaires.

MEISTERSINGER NEO PLUS GREEN

Vert émeraude

Les montres mono aiguille sont la marque de fabrique de l’horloger allemand. Les minutes se déterminent par la position de l’aiguille entre deux chiffres marquant les heures. Une sophistication sobre qui se prolonge dans le cadran en émeraude. meistersinger.com

TUDOR BLACK BAY RED

Rouge bordeaux

LA GRIFFE MONOPOLY EN ÉDITION LIMITÉE En 1935, l’Américain Charles Darrow devient le premier millionnaire grâce à un jeu de société en cédant les droits de du Monopoly à l’éditeur Parker Brothers. Et tant pis s’il n’était qu’un plagiat de Landlord’s Game. En signant ses œuvres de son pseudonyme associé à la mascotte en haut-de-forme du célèbre plateau, l’artiste graffeur new-yorkais Alec Monopoly fait œuvre de réappropriation. Sa signature a séduit de nombreuses célébrités dont Robert De Niro, Snoop Dogg, Miley Cyrus et TAG Heuer qui en a fait son « artiste provocateur » attitré. Bonne pioche !

TAG HEUER FORMULA 1 ALEC MONOPOLY SPECIAL EDITION

Le temps, c’est de l’argent L’horloger suisse Heuer n’est pas novice en affaires, loin s’en faut. En 1985, l’entreprise, fondée en 1860, fusionne avec le groupe TAG et se paie ainsi une santé financière. À présent, avec Alec Monopoly comme ambassadeur artistique, la marque espère séduire durablement la génération Y amatrice de montres de luxe. Premier fruit de ce partenariat, ce garde-temps à quartz classique arbore au dos du boîtier en acier le prénom de l’artiste « Alec » et sur le cadran de 41 mm la figure de « M. Monopoly ». Si la simplicité du dessin s’apparente à une provocation de l’artiste, sachez que celui-ci s’est inspiré en partie de Bernard Madoff, star déchue de la finance à Wall Street et condamnée depuis pour fraude. tagheuer.com

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S’associer à un ambassadeur cristallisant l’attention médiatique est très en vogue chez les horlogers. Tudor ne fait pas exception, le facteur inspirant en plus. Ce modèle de plongée classique à couronne proéminente a séduit Lady Gaga. tudorwatch.com

HUBLOT BIG BANG CHELSEA FC

Heure bleue

Cette montre officielle à la couleur de Chelsea et de son logo au lion plaira aux fans. À l’instar de l’équipe, elle donne beaucoup à voir, en témoigne sa lunette en fibre de carbone de texalium. hublot.com

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GUIDE

Faire.

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janvier au 31 mars Red Bull Tout Schuss Le Tout Schuss est de retour (et gratuit) pour sa troisième édition et cinq dates dans les stations des Alpes et des Pyrénées. Dès le 20 janvier à Cauterets (65), skieurs et snowboardeurs, femmes et hommes, déguisés ou pas, en forme ou pas, seront attendus au sommet. La règle ? Un départ déchaussé avec un sprint de 100 m dans la neige et après, tout schuss jusqu’en bas. Qui sera le premier ? Qu'importe, ça se fêtera à l’after ski. Cauterets ; redbull.com/toutschuss

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au 28 janvier

Après avoir prolongé son bail avec l’écurie privée britannique M-Sport, Sébastien Ogier, quintuple champion du monde WRC et déjà vainqueur en Principauté il y a un an, est encore au départ. Comme favori. Avec son copilote Julien Ingrassia, il va découvrir un parcours modifié à 50 % par rapport à 2017. Cela suffira-t-il à perturber le Gapençais qui connaît par cœur ces routes ? Pas sûr. Monaco ; acm.mc

20 86

au 21 janvier 24MX Alestrem Créé par le Moto-Club Welcome TT en 2015, le 24MX ALESTREM n’avait qu’une ambition : devenir le défi d’une vie pour les amateurs de franchissement de tous niveaux. Si la plus grande épreuve française d’enduro extrême est réputée accessible avec un niveau de difficulté croissant, elle demeure l’une des plus difficiles au monde. En 2017, quatre participants seulement l'ont bouclée. Alès ; 24mx-alestrem.com

8

au 9 février Mondial de l’improvisation Le Mondial de Lyon est une référence dans l’univers de l’improvisation. La programmation de cette onzième édition va offrir du spectacle et de l’inattendu au public. Avec six comédiens professionnels qui viendront partager l’expérience avec les spectateurs, il risque d'y avoir de bonnes surprises. Lyon, Bourse du travail ; improetcompagnie.com

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au 22 mars Open Freestyle Tour Trois semaines après les Jeux, la finale de la Coupe du monde de half-pipe attire les meilleurs mondiaux à Tignes pour décrocher le titre de numéro 1 mondial et le Globe de Cristal de la discipline. Beaucoup d’animations seront proposées en marge de l’événement : finale amateurs de ski freestyle en format JIB session, démo et show freestyle. Tignes ; tignes.net

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GUILLAUME ARRIETA/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD/RED BULL CONTENT POOL, JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL, FLAVIEN DUHAMEL

RALLYE DE MONTE-CARLO


janvier / février / mars

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février Lille Battle Pro Après le succès à Marseille puis à Toulouse, ces deux dernières années, le championnat du monde de danse hip-hop investit cette fois la grande scène du Zénith de Lille. Le jury récompensera les meilleurs kidz et crews internationaux du breakdance sortis des qualifications. On y attend également de pied ferme les huit Red Bull BC One All Stars qui allumeront assurément le feu dans les battles. Lille, Zénith ; battle-pro.com

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au 28 janvier Enduropale La plus grande course de deux roues sur sable en Europe revient au Touquet. Le dimanche, en début d’après-midi, 200 000 spectateurs sont attendus le long du parcours dans les dunes pour assister à la grande bagarre entre pilotes confirmés. Qui succédera au Belge Daymond Martens, lauréat 2017 ? L’enduropale, c’est aussi, en 3 jours, des courses de motos vintage, de quads ou la Sand session Red Bull pour les juniors et les espoirs. Le Touquet, Grande plage ; enduropaledutouquet.fr

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TIENS BON LA BARRE

La callisthénie, ou muscu fonctionnelle, s’appuie sur le poids du corps. Des sportifs anglais ont développé une approche qui aide à libérer l’esprit, la vie et la communauté. Photos : ADAM CORBETT, Styling : SARAH ANN MURRAY

Il y a quatre ans, le studio Brixton Street Gym s’installe dans ce parking désaffecté au sud de Londres après que les entraînements de ses membres (ils s’exerçaient dans un parc voisin) suscitent le rejet des riverains. « En extérieur, nous disposions de barres parallèles, explique Lex Bwalya, l’un des doyens. En aménageant la salle, nous avons ajouté une troisième barre tout en les allongeant pour faire de la place aux jeunes. Puis nous avons commencé à nous ­déplacer sur ces trois barres, les seules du genre. Nos exercices au départ statiques ont évolué en enchaînements fluides que nous appelons “le flow”, une série de mouvements imbriqués les uns aux autres jusqu’à ne faire plus qu’un. Cette expérience nous permet de voir les choses sous un angle nouveau. » 88


Darren porte un débardeur NIKE Zonal Cooling, nike.com ; short CUBE WS baggy, cube.eu ; caleçon long imprimé NEW BALANCE Impact Tight, newbalance.fr ; ­chaussures de course UNDER ARMOUR UA Charged Bandit 3, underarmour.fr


GUIDE

Lex (à gauche) porte des chaussures de course NEW BALANCE 880v7, newbalance.fr ; caleçon HUMMEL Lola seamless, hummel.net ; brassière de sport ROXY Sand To Sea, roxy.fr. Sabsz (à droite) porte des chaussures de sport NIKE Air Zoom Fearless Flyknit, nike.com ; caleçon long BJÖRN BORG Connie et brassière de sport Solid Medium Support sport top, bjornborg.com. Page suivante : Anthony porte un débardeur NIKE Breathe, nike.com ; des écouteurs sans fil JAYBIRD Run, jaybirdsport.com

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« Comment peut-on vivre sans connaître ce dont son corps est capable ? Allez au bout de vos limites mais sans les dépasser. Osez et découvrez le spectre de vos capacités physiques. » ANTHONY FERGUSON

Anthony Ferguson (photo) : « J’ai été renversé par une voiture. La salle de gym ne voulait pas de moi. Alors c’était le parc ou rester à ne rien faire. C’est là que tout a commencé. Ma ligne était d ­ écente, mais athlétiquement parlant, j’étais mal. J’étais incapable de soulever mon propre poids. Quand ma forme s’est améliorée, je n’ai pas rejoint une salle de sport classique. Aujourd’hui, je suis végétalien – la malbouffe est ­incompatible avec mon hygiène de vie. Pour progresser plus vite, le corps a besoin d’énergie propre et efficace. Ici, on ne vise pas la performance mais le dépassement de soi. Je me sens bien et travaille mieux. Mes capacités ont été multipliées par 50. »


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« Après une bonne séance, le stress disparaît car toute la colère est évacuée par l’entraînement. Vous êtes fatigué et content et votre corps est dans un état propice à la détente mentale et physique. » DARREN MASSAY

« Le corps vous fait savoir lorsque vous êtes prêt à passer à autre chose, explique le coach Jamal Jackson. C’est plus facile quand vous êtes entouré de gens qui vous poussent plus que vous ne le feriez vous-même. Sans eux, je n’aurais jamais atteint le niveau qui est aujourd’hui le mien. Ce que nous réalisons ici, nous le devons au soutien mutuel des uns et des autres pour aller au bout de nos limites. »

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De la droite dans le sens de l’horloge : Matthew porte un caleçon long NIKE Pro HyperWarm, nike.com ; chaussettes STANCE Relic Crew Fusion, stance.com ; semelle intérieure ENERTOR Comfort, enertor.com ; basket UNDER ARMOUR Charged Ultimate TR 2.0, underarmour.com. Anthony porte un débardeur NIKE Breathe, nike.com ; pantalon HUMMEL Cole, hummel.net. Matthew porte des écouteurs JBL Reflect Mini BT Bluetooth, fr.jbl.com ; tee-shirt O’NEILL Ribbon Falls Hybrid, oneill.com ; polaire à capuche SURF PERIMETERS The Pulse, surfperimeters.com. Darren porte une veste softshell O’NEILL Exile, oneill.com

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Tenue de Matthew : gants ­d’entraînement NIKE Havoc, nike.com ; débardeur ­TOTALOXYGEN Small Logo, ­totaloxygen.com ; short SCOTT RC Run Hybrid, ­scott-sports. com ; collant de compression 2XU Reflect, 2xu.com ; et un poids de 20 kilos.


« Il s’agit de liberté, lance Ferguson. Je me vois mal aller à la salle à heure fixe. Je préfère me mettre à une barre et faire des tractions jusqu’à maîtriser l’exercice avant d’enchaîner. J’ai commencé par une petite échelle de suspension de la moitié de ma taille sur une aire de jeux. Du moment que j’arrive à joindre les jambes, tenir en équerre et effectuer squats, box jumps, poirier et frog stand, ça suffit. Dans une chambre ou un parc, peu importe. » Anthony porte un débardeur NIKE Breathe, nike.com ; montre APPLE Watch Series 3 (GPS + SIM) avec bracelet en nylon tissé, apple.com ; pantalon ­HUMMEL Classic Bee Klein, hummel.net


GUIDE

« Tout est bon pour s’entraîner, même un pneu. C’est l’état d’esprit depuis le début : voir un pneu et se dire : “Je vais m’amuser à le retourner.” Utiliser ce que nous avons au mieux de nos capacités. » JAMAL JACKSON

Ci-dessus dans le sens des aiguilles d’une montre : Lex porte des lunettes de soleil ADIDAS Zonyk Aero Pro, adidas.com ; bralet MANDUKA Lavender Sheen, manduka.com ; soutien-gorge ALO Sunny Strappy, thesportsedit.com ; top O’NEILL Low Back et legging de surf, oneill.com. Matthew porte une veste à capuche NIKE Therma-Sphere Max, nike.com ; short DARE2B Men’s Intersperse, dare2b.com ; caleçon long NIKE Pro HyperWarm, nike.com. Sabsz porte un teeshirt dos nu SISLE Sorella, sisle.co.uk ; brassière NIKE Dri-FIT et gilet, nike.com ; leggings SEAFOLLY Palm Beach, seafolly.com ; chaussures de course UNDER ARMOUR SpeedForm AMP 2.0, underarmour.fr Retouches digitales : Nicholas Butler. Assistant photo : Guillaume Mercier. Coiffure et maquillage : Amber Sibley. Modèles : Lex Bwalya, Sabsz, Matthew Ruiz, Darren Massay, Anthony Ferguson. Emplacement: Brixton Street Gym, 6 Somerleyton Road Brixton, SW9 8ND Londres. Brixton Street Gym fait partie de Block WorkOut Foundation, un organisme caritatif aidant les jeunes de tous horizons à développer leur potentiel et à adopter une meilleure hygiène de vie. blockworkoutfdn.org THE RED BULLETIN

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GUIDE

Autour du monde.

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

ROYAUME-UNI UNE VIE DE ROBOT

Février est placé sous le signe de la solidarité. Issus du monde pro ou associatif, de Lausanne à Rochester, sportifs, médecins ou ingénieurs… tous nous parlent d’engagement, de vision et d’esprit d’équipe.

Les intelligences artificielles doivent leur existence aux humains. L’inverse se vérifiera-t-il un jour ?

The Red Bulletin en E-Paper sur redbulletin.com

Tengo un gran plan El actor londinense JOHN BOYEGA ha cambiado el mundo en la gran pantalla, con papeles de alto perfil en los filmes Star Wars: el despertar de la Fuerza y Detroit. Pero a sus 25 años él tiene objetivos aún más nobles. Texto: Rüdiger Sturm Fotografía: Shamil Tanna

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MEXIQUE JOHN BOYEGA Le stormtrooper a de nobles desseins dans la vie comme au ciné.

UNCHARTED

In Cordova, Alaska, the allure of new terrain attracts experienced skiers.

PNH/SVERRE HJORNEVIK

TERRITORY With new terrain opening up across North America, it’s never been easier to taste adventure skiing in the backcountry. Here are five destinations where going astray is the whole point.

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ÉTATS-UNIS VACANCES À LA NEIGE Colorado, Alaska, Vermont, Californie, Canada… Partez à la découverte des contrées sauvages nord-américaines où profiter au max des sports d’hiver.

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Words: Megan Michelson

« LES CAS COMPLIQUÉS NE SONT PAS FORCÉMENT LES PLUS RISQUÉS. » SUISSE RENÉ PRÊTRE Le chirurgien cardiaque pédiatrique parle de son métier et d’un élément crucial : le sens de l’esthétique.

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février

MENTIONS LÉGALES FRANCE

Rédacteur en chef Alexander Macheck

„WER EXISTENZIELL GEFORDERT IST, KANN AUSSERGEWÖHNLICHES LEISTEN“

Er kämpfte sich mit der Machete durch einen verminten Dschungel. Arbeitete in einem EbolaLager bis zur völligen Erschöpfung. Und hatte den Mut, sämtliche Waffen aus dem Spital in Benghazi zu verbannen. Für Ärzte ohne Grenzen reist TANKRED STÖBE an die gefährlichsten Plätze dieser Welt. Seine Erkenntnis: „Anderen zu helfen hilft mir, das Leben zu verstehen.“ Text: WOLFGANG WIESER Fotos: CHRISTOPH VOY

Dr. Tankred Stöbe, 48, arbeitet für Ärzte ohne Grenzen. Sein Metier: der tägliche Kampf ums Überleben.

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ALLEMAGNE UN MÉDECIN SANS FRONTIÈRES

« Apporter de l’aide à autrui me permet de comprendre la vie. » Le Berlinois Tankred Stöbe s’exprime sur ses missions au sein de l’organisation MSF.

AUTRICHE NIKOLA BILYK L’international de 21 ans est l’un des plus grands espoirs du handball autrichien. Il évolue actuellement en équipe nationale et dans l’équipe allemande THW Kiel.

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Leila Domas, leila.domas@fr.redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric Fortas, Susanne Fortas, Suzanne Kříženecký Kříženecký, Audrey Plaza, Claire Schieffer, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an, getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Publicité PROFIL, 134 bis rue du Point du jour 92100 Boulogne, +33 (0)1 46 94 84 24, Thierry Rémond : tremond@profil-1830.com Elisabeth Sirand-Girouard : egirouard@profil-1830.com Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

Rédacteur en chef adjoint Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Directeur photos Fritz Schuster Directeur photos adjoint Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Christian Eberle-Abasolo, Arek Piatek Maquette Marco Arcangeli, Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Management par pays & Marketing Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Kristina Hummel, Stephanie Winkler Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Office Management Kristina Krizmanic Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com

Marins glacés

Le 11 février, une quarantaine d’équipages s’affronteront sur le Saint-Laurent en partie gelé lors du légendaire DÉFI CANOT. On vous embarque sur la dernière édition. Épique (à glace). Texte : PATRICIA OUDIT

Photos : BERNARD LE BARS

Canoter au Québec, ce n’est pas bucolique comme chez nous. Ou si, en mode bûcheron !

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FRANCE DÉFI GIVRÉ À MONTRÉAL Nos cousins québécois en ont sous la tuque ! On les a suivis : 17 km sur le St-Laurent gelé, par – 23°C, à pousser un canot… ou comment braver l’ennui.

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Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl

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GUIDE

Le plein d’action.

La beauté de ces rochers détachés du continent au large de Beyrouth se prête aux contemplations. En septembre dernier, les flâneurs assistent à un spectacle d’un genre différent. Alex Mason y a tendu sa slackline, à 60 mètres au-dessus de la mer. « Le défi était surtout psychologique. Le réel obstacle, c’était le fait d’être exposé, d’être une prise au vent et autres aléas. » redbull.tv

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« Des vagues, du vent, et même des marteaux-piqueurs ! » Le slackliner américain Alex Mason à la lutte avec sa concentration dans un environnement en pleine effervescence. Et en travaux.

ROY MRAD/RED BULL CONTENT POOL

Raouché, Liban

makes you fly

The Red Bulletin n° 74 sortira le 17 février 2018

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