The Red Bulletin Avril 2014 - FR

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avril 2014

hors du commun

GUILL AUME

FORMULE 1 RB10

NéRY

LES SECRETS DE LA RéVOLUTION

LE GR AND AIR DES PROFONDEURS

CERRO TORRE ASCENSION : IMPOSSIBLE

c ar t e b lan c h e à

p h a R rell w illiam s le plein D ’ é M OT I O N S

the red bulletin

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magazine sponsorisÉ




le monde de Red Bull

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contre la montre

En piste pour les 24 Heures de Daytona, le coup d’envoi de la saison automobile aux USA.

trouver sa voie

Pharrell Williams choisit ses mots pour porter ses émotions dans un long entretien. Les frères et sœur Atherton connaissent, eux, le poids des maux qu’ils endurent l’hiver en vue de leur prochaine saison de mountain-bike. L’alpiniste David Lama dans l’ascension du Cerro Torre ou l’apnéiste Guillaume Néry dans sa quête d’esthétisme au plus profond de l’océan, ne dévient pas. Seuls dans leur monde de fisilence. Celui de la RB10 d’Inniti Red Bull Racing en piste pour la nouvelle saison de F1 se nourrit de précision et d’expertises. Bonne lecture ! Votre Rédaction 4

« Un hit est fait par le ­public. Il ne faut pas l’oublier » Pharrell Williams, page 32

the red bulletin


avril 2014

d’un coup d’ailes Bullevard 08 dossier spécial jeux vidéo Trois décennies de pixels animés.

22

reportages 22 Retenez votre souffle

Et expérimentez le base-jump au fond de l’océan avec Guillaume Néry.

il fait la plonge

L’apnéiste Guillaume Néry et son amie Julie Gautier présentent Narcose, une création filmée sous l’eau.

32 Pharrell Williams

Il sort son 1er album solo depuis 2005. Rencontre avec un faiseur de tubes.

46 Rolex 24 at Daytona

Ce qu’on ne ferait pas pour gagner une montre de luxe.

78

54 Sebastian Copeland Sa traversée de l’Antarctique.

finlay mackay (cover), Marcelo Maragni, ian derry, Benedict Redgrove/Red Bull Content Pool, Corey Rich, Mattias Fredriksson, Luis Vidales/Red Bull Content Pool

56 L’union fait la force

Gros plan sur Dan, Gee et Rachel Atherton.

66 les formules du succès

Saison après saison, il relève les défis du règlement. Les bolides d’Adrian Newey ne connaissent pas la défaite.

Il l’a fait !

Le film Cerro Torre, pas l’ombre d’une chance retrace l’exploit de David Lama. À voir au festival Montagne en scène.

89 56 atherton, Ère de famille

Ces frères et sœur dominent le VTT de descente. Coulisses de leurs entraînements 2.0. the red bulletin

coaching avec ricciardo

Force, endurance, vitesse de réaction. Ces trois qualités sont primordiales pour un pilote de Formule 1. Au boulot !

66 Escalade libre

L’Autrichien David Lama et l’équipe du film au sommet du Cerro Torre.

72 Le prophète du ring

Le jour où Cassius Clay est devenu Mohamed Ali.

78 De la RB5 à la RB10

Visite guidée très privée des bijoux élaborés au pays de Sa Majesté.

Action ! 88 89 90 91 92 94 95 96 98

voyages  Escalader les favelas conseils de pro Daniel Ricciardo Clubbing Abu Dhabi ma ville  Miami Wings for life world run B.-A. Musique  Bombay Bicycle Club Jeux vidéo  Le meilleur du meilleur focus Dates françaises à retenir Instant magique Patrick Wider

5


Contributions le quatuor du mois THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Publication & édition Red Bull Media House GmbH Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeurs de la rédaction Robert Sperl & Alexander Macheck Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann

thomas hauser

finlay mackay Le photographe écossais a fait le trajet Europe-Californie pour réaliser la Une du présent numéro de The Red Bulletin. Pour shooter Pharrell ­Williams. L’artiste adulé se plie au jeu de The New York Times Magazine et GQ qui le dépêchent, en plein week-end et en vacances, sur des sets dans le centre-ville désert de Los Angeles. « Pharrell est facile à vivre, facile à diriger, facile à prendre en photo. Mon plus gros défi là-bas, ce fut le soleil, à cause de ma peau translucide. » Pharrell prédit l’avenir, page 32

« Ce combat a changé la face du monde, il marque un tournant dans l’histoire du sport et de l’identité afroaméricaine », confie Thomas Hauser, candidat au Prix Pulitzer. Il a consacré un livre à celui qui deviendra Mohamed Ali. Le 25 février 1964, contre toute attente, Cassius Clay bat le champion du monde en titre Sonny ­Liston. C’était il y a cinquante ans, presque jour pour jour. L’écrivain new-­yorkais relate ici la naissance d’un « révolutionnaire ». L’avènement de « The Greatest », page 72

Il faut se méfier des apnéistes, il faut se méfier de Guillaume Néry. Le dompteur des grands fonds a pris par la main le rédacteur en chef d’un magazine de voile français, l’a promené sur la surface de l’esthétique avant de l’attirer dans les profondeurs de l’art. Plouf. « Vous avez déjà la tête sous l’eau, vos peurs s’estompent et, avides de découvrir que le corps humain peut aller plus bas que les dauphins vous vous jurez, un jour, d’aller à Nice pour essayer l’apnée. » Au plus profond, page 22

6

Managing Editor Daniel Kudernatsch Rédaction Étienne Bonamy, Ulrich Corazza, Werner Jessner, Florian Obkircher, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager, Stefan Wagner Bullevard Georg Eckelsberger, Raffael Fritz, Sophie Haslinger, Marianne Minar, Boro Petric, Holger Potye, Martina Powell, Mara Simperler, Clemens Stachel, Manon ­Steiner, Lukas Wagner Traductions Susanne & Frédéric Fortas, Frédéric Pelatan, Christine Vitel, Gwendolyn de Vries Secrétariat de rédaction Ioris Queyroi, Christine Vitel Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Marion Batty, Eva Kerschbaum Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Directeur), Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette) Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing & management international Stefan Ebner (Directeur), Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming Channel Manager France Charlotte Le Henanff Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer

Mattias Fredriksson Frédéric Pelatan

Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann

Avec les Alpes suédoises en toile de fond, pas étonnant que ce photographe fondu de VTT et de ski ait reçu maintes récompenses pour ses clichés. Les magazines américains Powder et Bike font régulièrement appel à lui. « Je passe plus de cent jours par an sur des skis, la même chose sur une selle. Autrement, comment voulez-vous que je les suive ? À Fuerteventura, je ne tenais pas en place, toujours à pister Gee et Rachel Atherton. J’ai adoré. » Excès de vitesse, page 56

«  Ce combat, Sonny Linston contre Cassius Clay, a changé la face du monde » Thomas Hauser

Publicité Cathy Martin 07 61 87 31 15 cathy.martin@fr.redbulletin.com Emplacements publicitaires Sabrina Schneider Assistante de rédaction Kristina Krizmanic IT Michael Thaler Siège social Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00 Contact redaktion@at.redbulletin.com Web www.redbulletin.com Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays ­suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweït, Mexique, ­Nouvelle-Zélande, Suisse. Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas ­responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Dépôt légal/ISSN 2225-4722

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Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

COURONS POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE INSCRIVEZ-VOUS ! LE MÊME JOUR À LA MÊME HEURE PARTOUT DANS LE MONDE 4 MAI 2014 - 12H00 - HENNEBONT (BRETAGNE)

WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM


à v o u s de j o u e r

le s j e u x v i d é o s s o u f f len t le u r s b o u g i e s

L’avatar D’ELLEN PAGE

Bye Bye, Hollywood

Les jeux vidéos rivalisent avec le 7 e art et lui empruntent même ses acteurs. Est-ce là une simple parenthèse ou la préfiguration de ce que sera à l’avenir le métier d’acteur ? La ­Canadienne Ellen Page, vue notamment dans Inception, a délaissé Hollywood pour prêter son corps, ses mimiques et ses émotions à ­Jodie, le personnage principal de Beyond: Two Souls, un jeu sur PlayStation. Son partenaire, ­Willem Dafoe, est aussi un acteur reconnu. Dans ce jeu à suspense, tous deux cherchent à résoudre l’énigme de la vie après la mort. L’intrigue est digne d’un Oscar et ne manque pas de piquant. L’une des scènes montre une Ellen Page virtuelle nue sous la douche, ce qui est loin d’avoir ravi la vraie Ellen.

Des capteurs de ­mouvements sont disposés sur le ­joli minois de l’actrice. Son visage et ses mimiques ont été scannés pour la recréer ­virtuellement.

8


Nintendo, Playstation & co

SALUT LES CONSOLES ! Les nostalgiques des jeux à l’ancienne ont de quoi se réjouir. 2014 rime avec dates anniversaires !

NES En 1983 cette boîte grise fait un carton au Japon. Nintendo Entertainment System invite le jeu vidéo et le pistolet Zapper dans les chaumières.

SEGA MEGA DRIVE Il y a 26 ans, Sega nous impressionnait avec la 1re console 16 bit – le top à l’époque – et S ­ onic, le hérisson bleu le plus rapide du monde.

Producer(13), The Kobal Collection

johannes lang

PLAYSTATION En 1994, Nintendo et Sega se découvrent un nouveau rival. Sony présente la 1re version de la Playstation. La concurrence ­est rude.

Le 5e opus de Resident Evil a rapporté un milliard de dollars de recettes.

sympas les ­Zombies

SIM CITY Maxis démontrait, il y a 25 ans, que gérer une ville virtuelle est très amusant. Même quand elle est réduite en cendres par des monstres.

FIFA La 1re version ne fait ­référence à aucune ­saison. Lancée en 1993, FIFA International ­Soccer est l’une des séries de jeu qui marche le mieux.

Milla Jovovich. Tous les deux

ans, les créatures porteuses de virus de Resident Evil font leur retour. On ne va pas s’en plaindre car personne ne les traque aussi gracieusement que Milla. Est-ce un pur hasard si le jeu vidéo fait appel à la plus populaire des héroïnes de films d’action ? Absolument pas. Comme la photo le prouve, elle utilise même son NES Zapper ! Un six-coups censé revenir sur les écrans de cinéma dès cette année.

GAME BOY Malgré un processeur limité, un écran monochrome non rétroéclairé, c’est un succès mondial à sa sortie en 1989. Nintendo la livre avec des jeux gratuits.

Tetris Le 6 juin 1984 à ­Moscou, sous l’ère communiste, Alexei ­Pajitnov achève la ­matrice de tous les jeux (170 millions d’exemplaires vendus).

niNtendo DS En 2004, beaucoup la comparait aux Game & Watch des années 80. En tout cas, la DS est devenue la plus populaire des consoles ­portables.

9


B U L L E VAR D

ARBRE DÉCISIONNEL

L’embarras du choix Trouvez le jeu qui vous correspond.

Vous êtes le centre de votre monde et préférez jouer en mode subjectif.

N

Vous aimez tirer sur des humains.

N

O

N Vous êtes un stratège et aimez agir en équipe.

Portal 2, Stanley Parable

Vous préférez ­mitrailler votre adversaire avec des armes ­réalistes.

N

O Vous êtes majeur et savez perdre sans insulter votre adversaire.

Vous êtes du genre bâtisseur et aimez créer et gérer votre propre royaume.

O

O

Vous ne ­supportez pas qu’on touche à votre royaume.

N

Starcraft 2, Supreme Commander

Rollercoaster Tycoon 3, Sim City 4

The Elder scrolls: Skyrim

N

Call of Duty

O Counter Strike GO, Battlefield

N

FIFA 14, NHL 14, NBA 2k14

Team Fortress 2

N

10

O

O N

Awesome­n auts, Strife

Le sport vous ­intéresse du ­moment qu’il est pratiqué par d’autres que vous.

Vous êtes prêts à consacrer le reste de votre vie aux jeux vidéo.

Vous aimez les vastes univers d’exploration et les découvertes.

O N

DOTA 2, League of Legends

Un professeur a trouvé un moyen de rendre les jeux de construction compatibles entre eux.

L’interopérabilité ­désigne la compatibilité entre des appareils réalisés par des fabricants différents. Grâce à l’Américain Golan Levin, professeur d’université en Pennsylvanie, ce terme technique est passé dans le vocabulaire des enfants. Avec son collègue Shawn Sims et une imprimante 3D, il a mis au point le Free Universal Construction Kit. C’est une série de connecteurs qui permettent de combiner les éléments d’une dizaine de jeux de construction différents. « L’idée m’est venue en voyant mon fils alors âgé de 4 ans essayer vainement de construire une voiture à partir d’éléments de K’Nex et de Tinkertoy » se souvient Levin. Les plans des connecteurs sont disponibles gratuitement. « Il existe des services d’impression à la demande où l’on peut les commander. Mais c’est bien plus sympa de les imprimer soi-même en 3D, les enfants adorent. » Des hackers comme ça, on en redemande. Plus sur thingiverse.com/uck/

ESSAYEZ LA PROMENADE

O

à Imprimer soi-même

Courtesy F.A.T. Lab and Sy-Lab

O

pièces manquantes


Le Free Universal Construction Kit, fraÎchement sorti de l’imprimante 3D


B U L L E VA R D

une valeur sûre

jouez au futur

Ubisoft/RedLynx

Quand le sport rencontre la science-fiction, les ­enjeux s’envolent ! Le ­nouveau Trials Fusion.

12


Prochain virage : le vide. La nouvelle ­mouture du meilleur jeu de motocross au monde laisse découvrir un paysage virtuel impressionnant. À ­essayer absolument !


B U LL E VA R D

«   H e y , l e s d i v a s   ! C’est quoi ce délire ? » r i ha n n a da n s Batt l esh i p

se faire des films

transformeurs

des idées bien ficelées

Hollywood lutte pour conserver ses spectateurs. Mais le salut vient des consoles. Quatre de ces films existent déjà et on aimerait bien tourner le cinquième.

Nicolas Cage

GENèSE DU FILM Les figurines transformables du créateur de jeu Hasbro ont déjà connu le succès au cinéma. Que de bons présages pour un jeu aussi populaire que Touché-Coulé.

D ’ O Ù V I E N T L’ I D é E  ? L’un des plus gros cartons des jeux de tir en vue subjective devait forcément ­rapporter des millions. ­Mission accomplie. Le film est aussi captivant que le jeu.

é TA I E N T- I L S S É R I E U X  ?

D E Q U A N D Ç A D AT E  ?

D É J À T O U R N É  ?

Av e c 4 2 milliards de dollars de budget...

Le premier des deux volets sort en salle en 1995. L’affrontement brutal TerriensAliens sur grand écran ­retranscrit très bien l’esprit du jeu et réjouit les fans.

Cambodge 1970, un soldat américain laissé en rade doit désamorcer un champ de mines. Il est tout seul. Et doit se contenter d’un plan de la zone c­ rypté pour y parvenir.

E S T- C E P O S S I B L E  ?

a h , les A N N É E S 9 0  !

slogan

MAIS C’EST…

le pits c h

... Rihanna, bien sûr ! Elle chante si bien...

Le réalisateur Andrzej ­Bartkowiak trouve l’intrigue du jeu – massacrer des monstres infernaux – trop i­rréaliste. Il préfère l’idée d’aller tuer les mêmes monstres sur Mars.

L’ h istoire

MeILLEUR INTERPRÈTE

B O W S E R joué par …

R É A L I S é par …

éQUIPE De TOURNAGE

L’humanité au bord de l’anéantissement, des aliens avec une nette avance ­technologique et des chances de survie égales à zéro. Comment cela peut-il bien finir ?

The Rock

Dennis Hopper dans l’un de ses rôles les plus absurdes : un homme reptile, blond et méchant.

Pa u l W. S . A n d e r s o n qui dirigera également la version cinéma de Resident Evil.

Réalisation : Michael Bay Scénario : Charlie Kaufman Le soldat : Nicolas Cage Son capitaine : Tyrese Gibson Sa femme : Gemma Arterton Son pote : Peter Stormare

E T A P R è S  ?

une S U I T E  ?

cONSÉQUENCES

U N 3 V O L E T E N V U E  ?

REBONDISSEMENT

Peut-être avant la fin d e l ’a n n é e   !

À la dernière mine, les nerfs du héros lâchent. Une forte lumière blanche. Une détonation. Nicolas Cage qui se réveille en sursaut et en nage. Affalé sur son bureau. Il a 40 ans de plus.

D ’a u t r e s e x e m p l e s de jeux Hasbro : Furby, My Little Pony, Play-Doh

14

Un Doom 2 serait en gestation.

Neuf scénaristes et deux ­réalisateurs inconnus. Résultat, l’un des jeux ­préférés des années 80 est devenu le plus grand flop ­cinématographique des ­années 90.

On a souvent vu « Mario » Bob Hoskins dans des projets peu adaptés pour le cinéma comme Spice World ou G ­ arfield 2. Tom Hanks a eu chaud. Il a passé des essais pour le rôle de Mario.

Attention. D e r n i e r. Essai.

e

the red bulletin

Corbis, picturedesk.com (2), The Kobal Collection(2), Süddeutsche Zeitung Photo

ea de maxmi, sunt aut et hitiu ri busmi, sunt aut et hi tiuri b usmi, sunt aut et hitiuri busmi, sunt aut et hitiuri busmi, sunt aut et hitiuri busm , sunt aut et hitiuri busmi, sunt aut et hitiuri busmi, sunt aut e t hit


B U L L E VA R D

Fred est le meilleur ami de 3¶-Ø. Il aime le titiller en s’empiffrant de gâteaux sous son nez.

F red   : 0

VS.

fred |   j eu d ’ é checs   |

L’HOMME CONTRE LA MACHINE. QUI EST LE PLUS FORT ? DUEL SUR L’éCHIQUIER. 3¶-Ø : 1

En mai 1997, Deep Blue bat Garry Kasparov. Un ordinateur plus fort qu’un maître des échecs, une première. Aujourd’hui, Deep Blue ne ferait pas le poids face aux applications mobiles. Échec et mat !

F red   : 1

|   j eu de dames   |

3¶-Ø : 2

tom mackinger

En 2007, un scientifique canadien décode mathématiquement le jeu de dames. Au mieux, le meilleur joueur fera jeu égal avec un ordinateur, quelle que soit la lenteur du PC.

F red   : 1

3¶-Ø |   j eu de g o   |

3¶-Ø est le ­meilleur ami de Fred. Mais ­jamais il ne l’aide pour ses exos de maths.

3¶-Ø : 1

Le « jeu des dieux » asiatique permet plus de combinaisons qu’il y a d’atomes dans l’univers. Un maître de go constitue en soi le meilleur ­ordinateur possible. Ton processeur ne peut rien pour toi !

F red   : 2

|   j eu arimaa   |

3¶-Ø : 2

Arimaa a été développé en 2002 par l’informaticien Omar Syed pour ­sauver l’honneur… humain. Ce jeu, d’une simplicité enfantine, bat n’importe quel ordinateur. Vous êtes sceptiques ? Alors à vous de jouer !

game over !

the red bulletin

15


BULLEVARD

1995

r ayman

1993

need for speed

1994

doom

1991

mortal kombat

1992

Lemmings

1989

The secret of monkey island

1990

prince of persia

1987

zak mckr acken and the alien mindbenders

1988

megaman

1985

the legend of zelda

1986

super mario bros.

1983

tetris

1984

bomberman

1981

donkey kong

space invaders

PONG

1978

1982 ms. pac-man

1980 pacman

1972

Space Invader 8 × 8 pixels : un culte.

Link Depuis 1986, on le confond avec Zelda.

Pong Le premier héros sur ordi est un point.

Donkey Kong Le roi des tonneaux.

Bomberman Un PacMan terroriste : en 198 3 ça passait encore.

Le héros sans nom D’abord prince puis héros de cinéma en 2010.

Super Mario Me voici, me voilà !

tom mackinger

Guybrush Threepwood Maladroit mais exemplaire.

16


BULLEVARD

2011

dishonored

2012 2013

last of us

minecr aft

2009

red dead redemption

bioshock

2007

2010

league of legends

guild wars

2008

portal

2005

world of warcr aft

2003

2006 gears of war

2004

call of duty

2001

battlefield 1942

2002

halo: Combat Evolved

1999

the sims

2000

silent hill

1997

half-life

1998

dungeon keeper

tomb r aider

1996

Lara Croft À la fois icône et c­ aricature. Chell Révolutionnaire : une femme aux traits réalistes. Master Chief La figure sans visage de la série.

Steve On lui a fait la tête au carré.

Gordon Freeman Un physicien peu loquace, c’est bien.

au commencement…

… était le point

Et il portait la vie en lui. Rétrospective des héros de pixels à travers les ans.

Nouvelle vie


B U L L E VA R D

Ikea-art ?

TETRIS grandeur nature

… « The Move Overseas ». L’artiste suédois le plus rangé de sa catégorie expose son installation sur le littoral belge, à Zeebrugge, dans le cadre de l’événement d’art contemporain Beaufort04.

18

Michael Johansson

Michael Johansson présente…


B ULLEVA R D

t o p s

+

f l o p s

Ces gadgets ont suscité l’admiration de tous, aujourd’hui ils sont au rebut.

bingooo! bingooo!

jeu Télé

loto footeux

Pour gagner, il suffit de cocher les classiques du ­commentateur TV dès que vous les entendez. Lorsqu’une ligne ou une colonne est complète, criez « Quine » ! Le match ­promet d’être passionnant.

Le stade est comble.

Jusqu’ici ­l’arbitre est irréprochable.

Deux ­compositions d’équipe sans surprise.

C’est parti ! Que le ­meilleur gagne.

Et déjà, une première occasion.

Le tir est ­passé à quelques ­centimètres du poteau.

Les équipes s’observent.

Les équipes ne veulent pas concéder un but ­d’entrée.

Un but rapide serait de bon ­augure.

Les deux équipes se connaissent bien.

Ils appliquent les consignes du coach.

Les occasions sont rares d’un côté comme de l’autre.

Des ­occasions franches des deux côtés.

Toujours pas d’ouverture du score.

Que s’est-il passé ?

L’arbitre était pourtant bien placé.

Le ralenti nous en dira plus.

Protester ne sert à rien.

Un but ­mettrait le match sur de bons rails.

La balle est au fond des filets !

Le temps passe et les chances d’égaliser s’amenuisent.

L’arbitre a l’œil sur sa montre.

Les spectateurs commencent à quitter le stade.

Une ­ambiance digne des grands soirs !

super pouvoir Power glove Digne d’une invention du Docteur Emmet Brown, ce gant devait incarner la manette du futur. C’était il y a vingt-cinq ans. Un flop total.

astro le petit robot

Virtual Boy En 1995, Nintendo promettait un monde ­virtuel en 3D. Résultat : une console de jeux à diodes rouges qui donne la migraine.

c’est chic ! OCULUS Rift Financées grâce à la plateforme Kickstarter, ces lunettes devraient enfin tenir les promesses de la 3D. Disponibles dès cette année ?

« Battre une Dame ? Mais vous n’y pensez pas mon cher ! »

m o b i l e s

à

r e n d r e

f o u

producer(5)

dietmar kainrath

j e u x

TOP ELEVEN Ce jeu, c’est le paradis des fans de foot. Pour gagner, investissez dans les joueurs espoirs.

angry birds go! 10/ 10 pour le graphisme et la maniabilité. Améliorez votre kart avant d’acheter des power-ups.

19


B U L L E VA R D

2013 Sony Playstation 4 processeur : 8 x 64 bits, 1,6 Ghz par processeur mémoire : 8 Go couleurs : plus d’un milliard jeu phare : Killzone: Shadow Fall

Na, Super!

Tot!

× 16

2005 Xbox 360 processeur : 64 bits triple cœur de 3,2 Ghz mémoire : 512 MB couleurs : 16,7 Mi jeu phare : Kinect Adventures

Technologie

× 16

Démultiplication

2000

Au fil des générations, la puissance des consoles s’est considérablement accrue.

sony Playstation 2 processeur : 64 bits à 294 Mhz mémoire : 32 MB couleurs : 16,7 Mi jeu phare : GTA: San Andreas

×8 1996 Nintendo 64 processeur : 64 bits de 93,75 Mhz mémoire : 4 MB couleurs : 16,7 Mi jeu phare : Super Mario 64

× 57 1988 Sega Mega Drive processeur : 16 bits de 7,61 MHz mémoire : 72 KB couleurs : 512 jeu phare : Sonic le Hérisson

× 36

1983 Nintendo Entertainment System processeur : 8 bits de 1,66 MHz mémoire : 2 KB couleurs : 48 jeu phare : Super Mario Bros.

× 32

Magnavox Odyssey processeur : aucun (40 transistors) mémoire : aucune (puis 64 bits) couleurs : noir et blanc jeu phare : Pong

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Évolution de la mémoire vive

the red bulletin

sascha bierl

1972


B U L L E VA R D

désenchantement

Game Over

Imaginez que Super Mario ait épuisé toutes ses vies. Une triste vision modelée par le Polonais Kordian Lewandowski.

réponse D’EXPERT

TOtalbiscuit

Les meilleurs jeux selon les ­pros du monde virtuel via YouTube. il est Super

mort

BROTHERS: A TALE OF TWO SONS. « Avec la manette, on dirige deux frères en même temps. On finit par s’attacher à ces frangins. J’ai rarement été aussi ému par un jeu. »

Kordian Lewandowski, producer(6)

BASTION. « Mélange de Diablo et de Zelda, ce jeu se déroule dans un monde post-apocalyptique, avec des niveaux aux couleurs joyeuses, et une bonne dose d’humour grinçant. »

La Pietà Game Over (2008), 200 × 160 × 140 cm, respecte approximativement les dimensions de l’œuvre o ­ riginale de Michel-Ange datant de 1499. Sauf que le marbre est remplacé par du polystyrène artisanal.

JOURNEY. « Une de mes expériences ludiques les plus marquantes, même si une partie ne dure que 90 minutes. Le plaisir d’explorer et de découvrir constitue l’essentiel du jeu. »

de s j eux m o b i le s | | | te s t é s p o ur v o u s | | | au p et i t c o i n Paper train Assurez le bon fonctionnement du trafic ferroviaire. Facile a priori, mais peut devenir très angoissant.

the red bulletin

BADLAND Le préféré de la ­rédaction : simple et captivant. Ses deux minutes par niveau en font un jeu idéal quand on est pressé.

device 6 L’héroïne se réveille amnésique enfermée dans une tour. Pour nous entraîner au cœur de son histoire, le texte défile à l’écran.

21


au plus

profond Comme tous les sportifs de l’extrême, le Français Guillaume Néry traverse une période de questionne­ments. Son salut viendra de ce qui constitue l’âme de l’apnée : la quête esthétique. Texte : Frédéric Pelatan  Photos : Ian Derry

22


« L’instant le plus beau, c’est lorsque j’échappe  à la gravité. C’est une libération, un abandon. Bras ouverts, je vole. »


On pratique un sport très engagé, mais je n’ai pas le sentiment qu’il soit dangereux 24


« J’ai une crainte : que la peur s’installe, et il ne faut pas que cela arrive. Dans notre quête du mètre de plus, il nous faut de la sérénité. »


Guillaume Néry se rêvait astronaute et c’est finalement par en dessous qu’il s’extirpe de la gravité terrestre.


Tout est question de style : si tu es beau, c’est que tu es performant. Si tu es fluide, c’est que tu es sur la bonne voie

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D

ans les allées de l’aéroport Charles-de-Gaulle, Guillaume Néry pousse et porte. Sur le chariot s’amoncèle une bonne trentaine de kilos de bagages. Dans son dos s’agrippe une petite boule de charme : sa fille, Maï-Lou. À ses côtés, son amie-confidentepartenaire d’apnée-réalisatrice-camerawoman, Julie Gautier. La famille Néry fuit l’hiver français et met le cap sur la Polynésie française, pour quatre mois d’exil. Pas forcément idiot, comme choix. Le cheveu en bataille, comme à son habitude, Guillaume Néry semble encore un peu déboussolé par les allers-retours qu’il vient d’effectuer à travers l’Europe. Le dernier, c’était pour un séminaire en Suisse. Un coup d’avion dans un sens, un dans l’autre, un pit-stop à Nice pour achever de préparer les bagages pour le périple, un avion pour Paris d’où il prendra, d’ici deux heures, un vol pour Papeete. Vingt-cinq heures de voyage et, au bout, le paradis. Maï-Lou a grandi et ne perturbe plus les nuits de ses parents, mais le tempo a fini par avoir raison de l’inusable réserve d’énergie de Guillaume. Mais ce n’est pas la fatigue qui assombrit le tout récent recordman de France d’apnée en poids constant (125 mètres lors des championnats du monde, à Kalatama, en Grèce). Pour la première fois, un apnéiste venait de mourir lors d’une compétition organisée par l’Aida, 28

Narcose est le dernier court-métrage du couple : Julie filme Guillaume qui partage ses ivresses


Guillaume Néry met en scène son mariage avec Julie, sous l’eau, et ses amis, autour de l’autel. Quarante secondes de poésie.


« C’est très poétique d’aller faire ses preuves au fond de l’eau. Nous sommes tous animés par la quête de l’esthétique. »


la fédération internationale. Il s’appelait Nicholas ­Mevoli, il vivait à New York, travaillait dans la production vidéo et, en mai dernier, il était le premier apnéiste américain à franchir la barre des 100 mètres en poids constant. En septembre, il prenait la médaille d’argent des championnats du monde en poids constant derrière le Français Morgan Bourc’his. L’accident est survenu le 17 novembre dernier aux Bahamas pendant la compétition Vertical Blue, au cours de laquelle il n’a pas bravé l’impossible. Nick a cherché à atteindre 72 mètres, en poids constant, sans palme. Il a atteint son but, est remonté normalement. Puis son état s’est brutalement aggravé pendant qu’il opérait son protocole de surface. « Toute la communauté est sous le choc, c’est la première fois que ça arrive, confirme Guillaume. On pratique un sport très engagé, mais je n’ai pas le sentiment qu’il soit dangereux, parce qu’on est entourés de protocoles de sécurité. Là, je m’interroge sur ce que je dois faire, oui. Il y a des questions que je me pose régulièrement, je ne trouve pas forcément de

Je suis apaisé, je me mélange au tout, je noie mon ego dans le tout

réponse, mais est-ce que c’est raisonnable de continuer à braver la mort ? J’ai une crainte, c’est que la peur s’installe, et il ne le faut pas. On est animés par l’idée de la quête du mètre de plus, qu’il faut aborder de la manière la plus sereine qui soit. Alors la peur n’est pas un sentiment qu’on doit avoir à ­gérer quand on plonge. » Néry l’avoue : il y a quelques années, il s’est fait une frayeur. « J’ai craché un peu de sang, un jour aux Bahamas, après être descendu dans le Blue Hole, à 80 mètres. Je descends en brasse, je remonte et, une fois en surface, je réalise que je suis essoufflé, j’ai tout le corps tendu. J’avais eu une énorme montée de lactique et il m’a fallu plus de cinq minutes pour recommencer à respirer normalement. » Contrairement à Herbert Nitsch ou Loïc Leferme, Guillaume n’a pas cédé aux sirènes de l’extrême, le no limit. La tentation s’était pourtant montrée insistante. C’est Julie qui le convaincra de ne pas plonger dans l’inconnu. « Julie ne m’a pas mis la pression, rectifie-t-il. Elle m’a juste dit que, si j’avais envie de faire ça, je le ferais sans elle. » Alors Guillaume a choisi la vie et ça lui va bien : « La compétition n’est qu’un prétexte. La vérité de l’apnée, c’est sa part esthétique. Tout est question de style : si tu es beau, c’est que tu es performant. Si tu es fluide, c’est que tu es sur la bonne voie. Le geste est un projet esthétique. C’est très poétique d’aller faire ses preuves au fond de l’eau. Gamin, je rêvais d’exploration et, à ce moment-là, c’est le ciel que je regardais et, un jour, j’ai regardé un documentaire sur Umberto Pelizzari. J’ai découvert un autre monde inconnu. » Dans le bus, avec un copain, ils se défiaient : le premier qui respirait avait perdu. Le soir, dans sa chambre, les bras le long du corps, il pouvait tenir cinq minutes sans respirer, à 14 ans. Il se rêvait astronaute et caresseur de galaxie, mais c’est finalement par en dessous qu’il échappe à la gravité et les seules étoiles qu’il côtoie sont les étoiles de mer, qui flottent entre deux eaux bien audessus de sa tête. Depuis le court-métrage Free Fall, carton du web qu’il a réalisé avec Julie, Guillaume travaille dans la télécommunication de son art et partage volontiers « le moment où je chute, au moment où mon corps est trop dense pour résister. C’est l’instant le plus beau, une libération, un abandon. Bras ouverts, je vole. Alors, je suis apaisé, je me mélange au tout, je noie mon ego dans le tout. » Narcose est le dernier court-métrage en date réalisé par le couple. Julie tient la caméra et multiplie les prouesses d’apnée pour suivre Guillaume, pris dans la fantasmagorie qui naît de la privation d’oxygène, et des profondeurs. Restituer l’exact courant de pensées qui l’agitent lorsqu’apparaît la narcose n’aurait aucun sens : les images se succèdent dans l’esprit à la vitesse de l’éclair. Alors, Julie et Guillaume ont choisi de scénariser les plus fortes, dont le fantasme d’un mariage sous l’eau, en apnée. Quarante secondes de poésie immortelle, au pied de l’autel. Quatorze minutes d’évasion absolue. En ce printemps, Narcose fait le tour des festivals. Il en ressortira que Guillaume Néry est prêt à se marier, à condition que son « oui » prenne la forme d’une bulle d’oxygène. Plus sur www.guillaumenery.fr

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Designer, musicien, artiste & producteur, il cumule les casquettes. Il est passé aussi maître dans l’art de mixer.

pharrell Un touche-à-tout comme lui puise son inspiration un peu partout, et sait apprécier les talents à leur juste valeur. PHARRELL WILLIAMS a carte blanche pour présenter ses coups de cœur artistiques, dans des domaines aussi peu conventionnels que l’art toys ou le BMX. 32

the red bulletin


The Red Bulletin lui a posé quelques questions à l’occasion de la sortie de son nouvel album intitulé GIRL.

prédit

l’avenir Texte : Andreas Tzortzis  Photos : Finlay Mackay


J’ai construit ma carrière sur et j’ai parfois été intoxiqué…

l’amour de la musique

… par des événements calculés, et j’ai eu la b­ êtise de croire

que le résultat final venait de moi 34


L’

homme au chapeau est aussi cool qu’on l’imaginait. D’une voix très douce, il évoque aussi bien les affres de la notoriété ou l’absurdité de concevoir la musique comme un moyen de devenir célèbre. Pharrell ­Williams a passé 23 années à ciseler ce son si particulier qui électrise aujourd’hui les soirées du monde entier. À 40 ans, il traverse le temps avec bonhomie et talent. Ses interprétations de Get Lucky (en collaboration avec Daft Punk) et Blurred Lines, deux tubes ­planétaires, lui ont rapporté quatre Grammy Awards, dont celui de producteur de l’année. Son deuxième après 2004. Composée pour le film Moi, moche et méchant 2, sa chanson Happy est nommée aux Oscars. Son clip long de 24 heures, à voir sur 24hoursofhappy.com, et tourné à Los Angeles met en lumière 300 anonymes et guests qui se dandinent sur le groove entraînant de la chanson. Et puis, il y a ce chapeau improbable porté lors de la cérémonie des Grammy Awards. La dernière apparition d’un tel couvre-chef remonte aux années fastes du crew hip-hop The World’s Famous Supreme Team, sur la tête de Malcom McLaren, l’ex-manitou des Sex ­Pistols venu au featuring. Dessiné par Vivienne ­Westwood, sa compagne, McLaren le portait dans ­Buffalo Gals, une vidéo datant de 1982. Le couple en avait fait un must-have de sa boutique de fringues à Londres. Pharrell Williams se défend de planifier toute mise en place d’une stratégie de buzz et de hits. Il en va ainsi de Girl, son dernier album et premier projet solo depuis In My Mind en 2005. Il débarque en mai dans les bacs.

the red bulletin : Que remarquez-vous en tout premier chez le visiteur qui entre dans votre studio? Pharrell Williams : Trois choses. La première, c’est sa manière de marcher, qui révèle ce que cette personne est venue faire ici. Ensuite, j’essaie de percevoir son énergie. Je sais très vite si la personne a pris le taxi pour venir discuter à la cool, me hurler dessus ou si elle est obsédée par un truc à me dire. Et, troisièmement, le son et l’intonation de sa voix. J’essaie toujours de percevoir s’il y a une bonne juxtaposition entre ces trois éléments. Ce qui est magique, c’est d’être capable de les marier. C’est comme si on te disait qu’on n’associe jamais le chocolat et le beurre de cacahuètes et que, toi, tu répondes : « Mais si, ça s’appelle des Reese’s Cup (une marque de gâteaux aux États-Unis, ndlr) ! » C’est ça, la magie,

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* i n s p i r at i o n /

i n f o r m at i o n

Je suis avide d’apprendre, toujours à la recherche de nouvelles têtes, de lieux ­inconnus, de choses inédites. J’assouvis ma curiosité, c’est vital. J’adore partir en quête d’expériences innovantes qui peuvent faire évoluer ma façon de penser, qui m’ouvrent de nouvelles portes sur ma perception du monde. Si votre cerveau n’est pas sans arrêt en ébullition, vous ne vous rendez pas service. Je suis convaincu que pour avancer, il faut se poser des questions sur notre ­perception du vrai. Voici un florilège de mes sources d’inspiration.

#1

Coarse False Friends 2010

Qui n’aime pas les jouets ? Si, comme moi, vous êtes un grand enfant dans l’âme, un beau jouet va vous ravir. Cette exposition au musée Design ­Exchange de Toronto prouve que les jouets « design » constituent une nouvelle plateforme ­d’expression artistique. Ils s’adressent à notre e­ nfant intérieur.

Ils ressemblent à des jouets. Ils font la même taille et sont fabriqués dans la même matière. Mais, contrairement aux figurines articulées à la G.I. Joe, les « art toys » ne sont pas conçus pour jouer. Ce sont des pièces de collection. Un trait d’union entre culture pop et haute culture, entre les fans de BD et les collectionneurs d’art. Produits en séries limitées de luxe par des designers de renom, les art toys prennent beaucoup de valeur en peu de temps. Ainsi, une poupée de trente centimètres de l’Américain KAWS, un Mickey Mouse à tête de mort, peut atteindre des prix similaires à ceux d’une voiture d’occasion. Ces figurines colorées en plastique ont droit en ce moment

même à leur toute première grande exposition au musée Design ­Exchange de Toronto. This Is Not A Toy se termine le 19 mai et présente cette culture, des origines avec l’artiste Michael Lau dans les années 90 aux créations miniatures de Takashi Murakami et Yoshitomo Nara. Pharrell Williams, collectionneur, est co-curateur de l’expo. « Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai vu des art toys. J’ai eu l’impression de redevenir un enfant. Et j’ai découvert des personnalités de talent, de Jeff Koons à KAWS. C’était comme ouvrir une porte mystérieuse menant dans un autre monde. » Plus sur www.dx.org

florian obkircher

THIS IS NOT A TOY Design


Mon travail consiste simplement à écouter, à tenter de créer et de canaliser

les énergies, en prenant ce qui vient de l’extérieur

c’est ça qui m’intéresse : fondre et mélanger des ­saveurs d’univers différents. Vous avez toujours connu le succès. Ne redoutezvous pas peur que le public boude un jour vos chansons? Oui, si je réfléchissais uniquement en termes de ­succès et de célébrité. Ne craignez-vous même pas de perdre cette dynamique qui accompagne votre carrière? Si ce qui compte, c’est d’être en tête des charts, alors je dois changer de voie. L’industrie de la musique ­repose sur le fait de faire passer une émotion, et ça, ça n’est pas quantifiable. Quand un titre marche, il faut seulement s’en réjouir. Je ne crée pas une chanson pour être célèbre, c’est un paramètre impossible à maîtriser. Je fais de la musique parce qu’elle peut dire quelque chose aux gens. Le succès se laisse donc apprécier de diverses manières... Oui, on peut considérer que le succès signifie aussi que les gens ont adopté puis partagé une chanson ou un album avec des amis qui l’ont cherché à leur tour et téléchargé. Et qu’ils l’ont fait en grand nombre. C’est aussi ça, le succès. Plus jeune, j’envisageais les the red bulletin

choses différemment car je voyais des gens qui évaluaient leur bonheur uniquement à l’aune de leur succès. Il y a une sacrée différence entre apprécier d’être reconnu pour son travail et être accro au succès. Si l’on est accro au succès, on est perdu. Comment avez-vous réussi à vous prémunir du phénomène? J’ai réalisé que ce qui m’apporte vraiment quelque chose, c’est ma curiosité à trouver des sons et des rythmes nouveaux. C’est comme ça que je me récompense, je ne peux rien contrôler d’autre. Quand vous me voyez en train de joindre les mains pour dire ­merci à tout le monde, c’est que j’ai réussi ce que je voulais faire. Ça demande tellement d’efforts de la part de tous. Chacun a un rôle dans le travail, à sa juste place. Moi, je suis heureux d’être là où je suis. Un élément d’un ensemble. Mais vous êtes bien celui qui fait le trait d’union entre tous, non ? Je suis un élément, juste une pièce du projet. Si vous vous prenez pour celui qui met tout en place, qui fait le lien, vous vous prenez aussitôt pour quelqu’un de puissant. C’est comme dans une fourmilière ou une ruche, chacun a sa part de travail. Mon travail 37


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i n f o r m at i o n

#2

BANKS Chanteuse

Une montée de chœurs délicats et envahissants. Puis, un accord de piano discret, quelques beats sifflants et une élégante voix rauque, qui captive instantanément. Banks ne fait pas dans la demi-mesure. Dès les premières notes de son EP, London, l’évidence éclate : cette artiste de 25 ans, originaire de Los Angeles, est là pour durer. Parce que sa musique représente une combinaison longtemps attendue entre une voix R’n’B chaude et pleine de soul, et une musique électro glaciale. C’est minimaliste, étincelant, sexy. Comme si Lana del Rey avait passé une nuit en studio avec James Blake. Même si Banks a sorti son premier single il y a seulement un an, elle compte déjà des stars — dont Pharrell Williams — parmi ses fans. Katy Perry lui a déclaré sa flamme sur Twitter

l’automne dernier – pas mal pour booster une carrière, compte tenu du fait que les cinquante millions d’abonnés de sa compatriote sont au sommet du réseau social. Jillian Banks fait de la musique depuis l’âge de 15 ans. Un ami lui offre un synthétiseur afin de l’aider à surmonter le divorce de ses parents. Et ça marche. Elle jouait pour elle-même.

« BANKS NE FAIT PAS DANS LA DEMIMESURE. SA MUSIQUE EST MINIMALISTE, ­É TINCELANTE, SEXY »

« Écoutez bien ! Banks sera la prochaine grande révélation. » « Je pouvais exprimer tout ce que je voulais dans mes chansons. Insultes, secrets, agressivité... C’était incroyablement libérateur. Je suis devenue accro. » Elle n’a commencé à partager sa musique avec le reste du monde qu’après avoir terminé ses études de psychologie, en postant sa chanson Before I Ever Met You sur SoundCloud. Zane Lowe, DJ, animateur-radio et faiseur d’opinion influent la découvre par ce biais et la programme dans son émission sur BBC Radio 1. Son conseil : « Écoutez bien. Banks sera la prochaine grande révélation. » La prophétie s’accomplit. En quelques mois, Banks décroche un contrat d’enregistrement. Puis la marque de lingerie Victoria’s Secret utilise son titre Waiting Game dans sa nouvelle campagne de pub. En janvier, la BBC la désigne révélation de l’année dans le cadre du concours Sounds of 2014, une référence dans la découverte de nouveaux talents, tels que Frank Ocean, Adele, Florence and The Machine. Ces temps-ci, Banks s’est un peu retirée de la scène londonienne afin de travailler sur son premier album. Il devrait sortir en cours d’année. Avec elle en studio, des producteurs de musique électro qui ont le vent en poupe en ce moment, Totally Enormous Extinct ­Dinosaurs, Lil Silva et Shlomo ; ce dernier travaille avec elle sur son dernier single, Brain, sur la table de mixage. Tout le buzz autour, Banks ne l’entend qu’indirectement. Les réseaux sociaux, ce n’est pas son truc. Elle délègue volontiers à son équipe de managers. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne se préoccupe pas de ses fans. Elle a même publié son numéro de téléphone personnel sur Facebook en ajoutant : « Si jamais vous avez besoin de parler, appelez-moi ! » Alors, lui estil arrivé de regretter d’être aussi accessible ? « Pas encore. La plupart des gens m’écrivent des messages vraiment très sympas, affirme-t-elle en souriant. Ce que je préfère, ce sont les SMS dans lesquels les gens me disent que mes chansons les ont aidés lorsqu’ils se sentaient seuls. » Pour ceux qui auraient envie de la contacter, lancez-vous. Voici son ­numéro : 00 44 323 362-2658. Plus sur hernameisbanks.com

florian obkircher

* i n s p i r at i o n


consiste simplement à écouter, à tenter de créer et de canaliser les énergies, en prenant ce qui vient de l’extérieur. Du coup, je suis content quand des chansons deviennent ce qu’elles sont, parce que ce n’est pas seulement de mon fait. Certains producteurs sont persuadés de savoir créer des hits sur commande. Vous aussi ? Non. La musique ce n’est pas une loterie où vous ­espérez que votre numéro va toucher le gros lot par hasard. On n’est pas tous pareils sur la ligne de départ. Raisonner comme ça, c’est une autre façon de concevoir ce métier. Je ne suis pas fait pour ça. Il y a tellement de gens qui aiment tant de choses si différentes. On a besoin que les choses nous ressemblent, non ? Vous imaginez un monde où il y aurait de ­l’uniformité partout ? C’est drôle en fait, la musique est peut-être le seul univers dans lequel certains vivent encore avec l’illusion qu’il existerait une ­recette magique pour réussir à coup sûr. Il suffirait de l’appliquer. Un peu simple. C’est valable aussi pour le cinéma à Hollywood. Oui, mais il existe des festivals qui mettent en valeur les films indépendants. Hélas, la musique indé n’est pas récompensée avec la même médiatisation. Les films ont l’avantage de vous parler par l’image et le son tandis que la musique n’offre que le son. L’industrie de la musique a connu une crise terrible car elle a continué à croire que le son restait le plus important. Or, le modèle est en train de changer. Tout le monde commence à comprendre que les plus jeunes veulent un support visuel. C’est pour ça que YouTube a une audience supérieure à n’importe quelle station de radio. Avez-vous toujours pensé au visuel ? Oui, comme la plupart des musiciens. À votre avis, la musique contribue-t-elle à l’émotion que procure un film ? Un film a plusieurs façons de vous toucher. En ­revanche, la musique s’adresse directement à l’imagination, l’image vient occuper l’esprit. Un film, c’est une interprétation montée par le réalisateur, avec la musique en soutien. Les deux travaillent ensemble pour pousser le spectateur exactement là où le réalisateur compte l’emmener. L’industrie cinématographique l’a très bien compris. Le monde de la musique est enfin en train de l’intégrer. Car les artistes indépendants se disent : « Je ne veux pas laisser interpré-

La musique est peut-être le seul dans lequel certains vivent encore avec l’illusion qu’il existerait une r­ ecette pour réussir à coup sûr

univers

magique

the red bulletin

ter par un autre ce que j’ai ressenti quand j’ai créé ce titre. Je vais donc vous montrer. » Maintenant on constate que ces groupes et artistes indépendants produisent la meilleure musique car ils l’ont aussi imaginée en 3D, telle qu’elle doit être. Y a-t-il un album ou un artiste qui fait ça à merveille ? Des artistes très populaires se sont déjà interrogés sur ce processus. Regardez Beyoncé. Ses visuels sont si forts que le seul marketing qu’elle a à faire, c’est de poster des images sur Twitter ou Instagram. Je ne suis pas totalement convaincu par sa méthode mais elle s’est complètement fondue dans le concept. Elle a sorti un tas de vidéos avec sa musique et a proposé le tout en mode : « Ceci est mon art. » Pas de gadgets, pas de campagne de pub. Ça a vraiment fait grincer les dents dans l’industrie du disque même si certains ont dit : « Ce n’est que Beyoncé. » Mais ces personnes soi-­disant intelligentes et surtout arrogantes sont complètement dépassées. Ceux qui restent dans le coup raisonnent avec un temps d’avance et estiment que, ce qui marchera, c’est ce qui occupera tout l’esprit de l’auditeur-spectateur. À vos débuts, vous êtes-vous battu contre l’industrie du disque ? J’étais un gamin, je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Ma seule certitude, et c’est ce qui me motive aujourd’hui encore, c’était de faire de la musique qui me ressemble. J’aime la structure d’un bon accord, les belles mélodies et les chants qui enivrent. Girl, votre nouvel album, est le premier en solo depuis In My Mind en 2005. Arrive-t-il au bon moment? Je ne sais jamais ce genre de choses. D’autant que je n’ai jamais été chanceux avec les projets mûris depuis trop longtemps. Dire que ça va être comme ça, et comme ci… cela s’appelle de l’ego. On peut s’y référer parce que l’ego, c’est fondamentalement notre ­expérience et le souvenir de nos expériences. « Je sais ça, et ça, et donc ça va donner ça… » Mais quand on est persuadé de savoir, on risque aussi d’être sourd à ce qui se passe là, juste à côté, et qui peut bouleverser tous nos plans. J’ai maintenant 40 ans, j’ai appris à être ouvert d’esprit et à me servir de mes expériences. Quand quelque chose me touche, je me laisse embarquer instantanément, parce que cette émotion du moment je ne pourrais plus l’entendre après, la vivre à nouveau. Je dois rester ouvert. J’essaie, ­j’essaie fort. Comment faites-vous ? Je travaille beaucoup pour réussir à me dépouiller de toute forme d’ego surdimensionné, afin de rester en éveil pour ne pas manquer des morceaux, des bouts de mélodie, des points de vue, de nouvelles façons de penser la musique. Si je me présentais face à la musique avec des idées bien arrêtées, je pourrais passer à côté du meilleur de ce qui peut m’arriver. Quand on m’a offert la chance incroyable de travailler sur le film Moi, moche et méchant 2, j’ai écouté. Je ne me suis pas pointé en disant : « Je suis capable de faire des chansons, et tout et tout… » Ils avaient fixé une direction, ils savaient ce qu’ils voulaient. Grâce à cette façon de faire, j’ai appris à toucher le plus grand nombre et à ouvrir mon monde musical à tous. 39


La plupart des chansons que nous entendons sont écrites

sur les femmes, pas pour les femmes

Okay, j’ai une mélodie, j’ai les paroles, mais est-ce que c’est aussi accessible que ça devrait l’être ? La partition a-t-elle été interprétée aussi bien que possible ? Le son est-il clair, la diction bonne ? En d’autres termes, est-ce que c’est audible ? Cela pourrait ne pas l’être parce que mon ego me dit que le morceau serait bonifié en faisant ça comme ça. Mais, si je le mets de côté et laisse parler mes émotions, il en sort un morceau meilleur. Cette leçon a-t-elle été difficile à apprendre ? C’est grâce à ça que la chanson Happy est arrivée. Je le jure : j’ai imaginé neuf versions différentes pour cette petite scène du film. Neuf ? Oui, et ce n’est que lorsque j’ai fini, à court d’idées, que j’ai obtenu la version qui me plaisait. Je pensais que Gru (le héros du dessin animé, ndlr) était méchant et abruti dans Moi, moche et méchant. C’était une erreur. Du coup, j’ai ruminé tout ça neuf fois pour pouvoir être suffisamment ouvert et réaliser que Gru était fou furieux dans le premier film, mais vraiment heureux dans le second volet. Dès lors, comment écrire une chanson sur un personnage ­heureux et proposer une ambiance imparable ? La bonne version s’est imposée. Aviez-vous déjà les bases ? Non, rien du tout ! C’est ce que j’essaie de vous dire. On part avec des a priori si on se fie à son ego. Il faut rester savoir rester ouvert, à l’écoute. Mais vous avez quand même construit votre ­carrière sur un ­savoir-faire et quelques certitudes ? Non, je la construis sur l’amour de la musique et j’ai parfois été intoxiqué par des événements calculés et j’ai eu la ­bêtise de croire que le résultat final venait de moi. Une chanson est de votre fait. Un hit, en r­evanche, est fait par le public. Il ne faut pas perdre ça de vue. Quel but ce nouvel album vous permet-il d’atteindre ? J’y suis allé les yeux fermés mais qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? Vous posez vous-même les questions… Cela signifie-t-il : « Je suis tellement bon que je peux le faire les yeux fermés ? » Non. Quand quelqu’un dit qu’il fait quelque chose les yeux fermés, il est censé vouloir dire qu’il ne s’est pas posé de questions sur l’opportunité de le faire, que c’est une seconde ­nature, qu’il n’a pas d’état d’âme. Je n’ai pas regardé aux alentours ce qu’untel était en train de faire. 40

Si je mets mon ego de côté et que je laisse the red bulletin


parler mes Êmotions, il en sort un morceau meilleur­


* i n s p i r at i o n /

i n f o r m at i o n Si l’art n’a pas de but, quel intérêt ? Les gars de Cyrcle ont très bien saisi cela. Ils sont engagés dans leur art, ils créent des poèmes visuels pour attirer l’attention. Cyrcle fait accéder le street art à un stade de créativité supérieure.

#3

Vous formez une équipe depuis 2010. Comment en êtes-vous arrivés là ? TORRES : Davey m’a fait découvrir des aspects de la typographie, le design, la sophistication épurée. Je courais partout dans L.A., à peindre des murs, ce genre de conneries. Au-delà de nos valeurs proches, nous avions un rêve conceptuel de ce que nous voulions faire. Je ne voulais pas me contenter de faire des graffitis et lui ne voulait pas se contenter de faire du design. Vous peignez des murs, vous réalisez des courts-métrages et vous

construisez des sculptures en forme de crânes à partir de fleurs — y a-t-il un fil conducteur dans votre travail ? LEAVITT : Personnellement, je n’ai jamais voulu me cantonner à un seul style parce que ce n’est pas ma façon de vivre. Je suis bipolaire, carrément maniaque, parce que je change tout le temps. Pour évoluer, nous devons trouver de nouveaux outils et puis nous ­devons apprendre à nous en servir. T : Chacune de nos créations commence par une idée, un concept et un message. Ensuite, on cherche comment exprimer ce message de manière visuelle. Et c’est sous cet aspect que notre travail ne s’arrêtera jamais de changer. Parce qu’il ne nous est pas inspiré par un style, il nous est inspiré par une idée. C’est cela qui nous donne la liberté de faire tant de choses différentes. Que voulons-nous que la sculpture exprime ? Quels matériaux peuvent nous aider à exprimer cela ?

« NOUS NE SOMMES PAS INSPIRÉS PAR UN STYLE, MAIS PAR UNE IDÉE »

L : Les moments où nous avons une bonne raison d’acheter un nouvel outil sont toujours très excitants. Nous avons commencé avec la marque la plus pourrie qui existe. Et puis on s’est payé un DeWalt (le nom d’une marque d’outils, ndlr) et tout a changé. Plus de précision dans nos angles et dans nos coupes. On économise maintenant pour se payer une machine laser. On a hâte de l’avoir. On regarde sur YouTube pour savoir comment le manier. Votre devise est « We Never Die » (Nous ne mourrons jamais, ndlr). Le nom du groupe de Pharrell, N.E.R.D.,

signifie « No One Ever Really Dies » (Personne ne meurt jamais vraiment, ndlr). Est-ce une coïncidence ? T : Oui, totalement. L : Mais en fait, ce n’en est pas une dans le sens où, si c’est sa devise, c’est aussi le genre de personne qu’il est. Et c’est le genre de personne que nous sommes nous aussi. Nous nous retrouvons dans son style. Il pourrait être musicien, chanteur de hip-hop ou ­producteur. Mais il fait tout et il est ­ouvert au changement. Exactement comme nous. Plus sur cyrcle.com florian obkircher

Ce duo originaire de Los Angeles fait cohabiter des éléments opposés du monde des arts — le graffiti et le design graphique — à travers d’imposants motifs et de minutieux détails. Ce concept simple, David « Rabi » Torres et Davey Leavitt l’appliquent depuis quatre ans. Ils ont peint la façade d’une maison dans un style façon gravure sur bois. Ils ont raconté l’histoire coloniale américaine à partir de gigantesques imprimés pop art. Ils ont découpé leur propre œuvre pour la réassembler en nid d’abeilles façon puzzle. Pour Cyrcle, la seule règle, c’est qu’il n’y a pas de règle.

CYRCLE, Theonepointeight

CYRCLE Artistes


vous L’objectif, c’est ce queti êtes censés faire. L’inten on, c’est ce sur quoi la chose est fondée

J’ai cherché au fond de moi ce que je ressentais. Si je dis que je l’ai fait les yeux fermés, cela veut dire que je me suis mis à l’épreuve afin de savoir si j’allais m’engager. Et donc me libérer des influences extérieures. Du coup, j’ai pu composer en ne tenant compte que de mes sentiments, libéré de mes ­pensées. À chaque fois que j’ai trop pensé à ce que je faisais, j’ai merdé. Du coup, vous êtes-vous demandé quelle sonorité donner à l’euphorie ? Et à la tristesse ? Et au vertige ? Avez-vous cherché à greffer une sonorité sur chaque émotion ? Tous les musiciens font pareil, je ne suis pas différent. Mais nous cherchons tous à faire les choses à notre façon. Et cette façon de faire, nous définit. C’est ­l’empreinte digitale de notre esprit. Beaucoup de gens font de la musique et la plupart la font de la même manière. Notre façon de faire est révélatrice de qui nous sommes. N’avez-vous jamais eu peur d’explorer d’autres directions? Qu’est-ce que j’ai à perdre ? Si j’ai peur de l’échec, je ne ferai jamais de la bonne musique. C’est un sentiment qui a souvent été récompensé, mais est-ce positif pour autant ? Je pourrais me dire : « Je pense ceci ou cela », le mettre en application et ne pas avoir de récompense au bout. Je crois que c’est à ce moment charnière que beaucoup de gens trébuchent et se disent : « Je ne ferai jamais mieux, je ferais bien de ne pas aller dans cette direction. » Tout ça nous traverse l’esprit. Pourquoi avoir baptisé cet album Girl ? Parce que c’est une proposition majeure. Mais permettez-moi de faire une digression sur le contenu pour revenir sur les intentions, pour que vous compreniez bien la manière que j’ai de faire de la musique. Au départ, je savais que le fil rouge, c’était la fête, la célébration et je voulais que tout ait un ­caractère d’urgence, quelque chose qui interpelle. Vous vouliez signifier aux gens : « Arrêtez-vous et écoutez » ? La plupart du temps quand vous faites attention aux paroles d’une chanson, sauf s’il s’agit de celles d’un vrai bon musicien-compositeur, le sens est the red bulletin

t­ oujours générique. Nos sentiments sont uniques ­parmi tant d’autres. Les sentiments, c’est ce qui nous distingue du reste du règne animal. Nous avons, nous ressentons des sentiments qui peuvent nous amener à faire des choses folles ou étonnantes. Vous sentez quand quelqu’un est dans votre dos, même si la personne ne fait pas de bruit. Quand vous marchez dans une pièce, vous devinez la personne qui ne vous aime pas. Vous pouvez ressentir quand il se passe quelque chose entre deux personnes. C’est ça, percevoir un sentiment, mais nous le dédaignons. Avec cet album, j’ai voulu capitaliser autour de cette ­notion pour ­tenter de faire quelque chose de ­vraiment stimulant. Afin d’entrer en résonance avec les femmes ? Totalement. Les femmes ont été tellement capitales dans ma carrière. Qu’avez-vous besoin de savoir sur une femme pour lui dédier un texte, une mélodie ? La plupart des chansons que nous entendons sont écrites sur les femmes, pas pour les femmes. Ce n’est pas vraiment pour elles, c’est du marketing sur leurs préoccupations. Ce sont surtout des préjugés. Des idées préconçues. Mon leitmotiv, c’est de faire les choses avec du plus profond de mon âme. N’écrivons pas seulement, bêtement sur elles, mais écrivons ­selon leurs envies et préoccupations. Le seul moyen de le faire, c’est de se baser sur les sentiments. Qu’est-ce qu’elle va vous dire ? Qu’est-ce qu’elle va pouvoir répondre ? C’est une sorte de tentative pour les comprendre et les satisfaire ? Je voulais composer une musique que les filles écoutent et qu’elles vivent comme une évasion. C’était mon intention. Votre musique a-t-elle toujours été pensée pour les femmes ? Oui. C’est un objectif, mais je ne veux pas entrer làdedans pour l’instant. Mais c’est mon intention. On est animé d’un objectif et d’une intention. L’objectif, c’est ce que vous êtes censés faire. L’intention, c’est ce sur quoi la chose est fondée. Et, ce que je veux, c’est que tout ceci soit basé sur les sentiments. Mon espoir, c’est que les femmes disent que cette musique se ressent bien. Pas une prise de tête. Qu’elles soient ­habitées par ce feeling. Les gens sont fatigués de ­réfléchir. On reçoit des infos tragiques sans arrêt. Les gens ont besoin de ressentir. Leurs esprits sont submergés par tant de sales nouvelles : des tueries dans les écoles, des agressions sexuelles, des kidnappings, la course à l’armement nucléaire… 43


* i n s p i r at i o n /

i n f o r m at i o n

Tout le monde sait faire du vélo, mais combien de personnes savent en faire de manière artistique ? Lorsque Nigel Sylvester tourbillonne dans les airs avec son BMX, ça va audelà du simple divertissement. Il repousse les limites du possible dans son domaine. Et prend toujours un non pour un oui.

BMX rider

Nigel Sylvester n’a pas gagné en crédibilité avec ses allées et venues au milieu du trafic, ni en sautant pardessus des pots de fleurs avec son BMX le long de Merrick Boulevard, dans le Queens. « On me traitait de Blanc. Personne ne comprenait cette culture. » Sylvester a tiré profit de la fantastique vitrine qu’est YouTube. Ses vidéos présentent son étrange talent en BMX à travers les rues de New York. Les sponsors sont arrivés d’eux-mêmes, notamment le fabricant de vélos Brooklyn Machine Works. L’an dernier, Sylvester, par le biais d’amis communs, a associé Pharrell Williams à sa marque. Que représente la participation de Pharrell Williams pour votre milieu ? Tout a commencé avec le skate. Voir quelqu’un comme lui s’y mettre, ça en a fait une activité cool et acceptable. Les gamins du quartier ont commencé à faire du skate et on n’avait jamais vu cela avant. Et il est tout aussi influent dans le milieu culturel. Pourquoi ? Il est producteur et la musique compte tellement. J’espère qu’il en sera de même pour la culture BMX. Je suis fan de lui depuis des années. Il adhère à la culture BMX depuis longtemps. Il faisait du vélo dans le clip Provider (N.E.R.D, 2001, ndlr), je l’ai vu très jeune et ça

m’a marqué. Je voyais quelqu’un qui me ressemblait faire la même chose que moi. J’ai donc continué. Pourquoi était-ce important ? La vraie culture BMX n’était pas du tout populaire. On me traitait de Blanc et on se moquait de moi. Dans mon quartier, on ne comprenait pas cette culture. J’avais sans cesse affaire à des rabatjoie et à des « haters » mais je me suis accroché et j’ai réussi à en faire ma carrière. Qu’est-ce qui vous a incité à persévérer ? J’aime la liberté ! Pour moi, c’était le meilleur moyen de m’exprimer. Quand j’étais petit, je faisais de la musique, je

« J’UTILISAIS LES RUEs DE MON QUARTIER POUR m’EXPRIMER. C’ESt COMME SI NEW YORk ÉTAIT MA TOILE »

jouais au basket et au football, mais il y avait quelque chose dans le vélo que j’aimais vraiment. C’est un sentiment que j’ai eu très tôt, alors je me suis entraîné, et j’étais doué. J’ai eu des résultats. Je voyais des mecs comme Dave Mirra (BMX rider pro, ndlr) qui faisaient cela à haut niveau, et je me disais : « S’il y arrive, alors c’est possible. » Mais avec mon histoire, dans mon milieu, le résultat a été différent. J’ai pris un chemin complètement opposé. C’est-à-dire... La manière classique d’y arriver, c’est de travailler dur afin d’intéresser les sponsors et de participer à des contests. Ensuite, plus on en gagne, plus on devient célèbre. Plus jeune, je ne pouvais pas participer aux compétitions, je n’avais pas accès aux skateparks où se tenaient ces contests. Donc, j’ai dû trouver un autre moyen de m’en sortir. Heureusement, le street, qui consiste à rouler sur les rails et à utiliser le mobilier urbain, était en train de devenir très populaire. J’utilisais les rues de mon quartier pour rider et pour m’exprimer. C’était comme si New York

était une toile et que je peignais sur tout ce qu’elle avait à m’offrir. Je pouvais associer le BMX à mon style de vie — à base de musique, d’art, de mode — et intégrer tout cela à mes rides. À chaque fois que je postais une vidéo, je faisais en sorte d’inclure cet aspectlà, ainsi je réussissais à intéresser différents types de personnes et à faire connaître ce que je faisais. De grandes entreprises ont vu cela et se sont dit : « Waouh, ce gamin n’est pas comme les autres. » Je n’ai pas participé aux X Games. J’ai utilisé Internet et le bouche-à-oreille. Sur quoi espérez-vous que cette ­collaboration va déboucher ? Je veux donner aux enfants la possibilité d’aspirer à faire partie de ce milieu pour faire du bon boulot sur le plan industriel. J’espère qu’en collaborant avec quelqu’un comme Pharrell, nous pourrons toucher le grand public et montrer au monde ce qu’est la culture BMX. Les gens en ont une image très réductrice. Ils pensent qu’il n’y a qu’un seul type de personne qui fait du BMX. Plus sur nigelsylvester.com

Andreas Tzortzis

#4

nigel sylvester


Un hit est fait par le public. lI ne faut pas perdre ça de vue C’est d’autant plus vrai aujourd’hui… Tout à fait, maintenant qu’on a en permanence dans la poche cette télécommande qui sert de téléphone et qui propose vingt fonctionnalités si bien faites qu’on ne peut plus vivre sans. Téléphoner pour parler, c’est sans doute la moins utilisée de toutes. Avec ça, nous continuons à recevoir en flux continu toutes les images et toutes les informations qui nous sollicitent tellement l’esprit que nous avons perdu le goût de ressentir les choses comme on les aime. Voilà pourquoi j’espère avoir fait la musique que je voulais et je prie pour que les femmes la ressentent ainsi. Steve Jobs a rendu l’ordinateur très intelligent. Mais nous sommes des humains et savons faire ce qu’aucun ­ordinateur ne saura jamais faire : éprouver des sentiments. C’est encore ce qui fait de nous une race supérieure sur cette planète. Êtes-vous un « diffuseur » d’émotions ? Peut-être, en ce moment. N’était-ce pas déjà le cas au début de votre carrière ? Si. Comme je l’ai dit, quand j’ai réalisé que penser n’était pas ma manière première de faire mais que ressentir me correspondait davantage, j’ai réalisé que the red bulletin

les gens méprisaient ce que les autres ressentaient. J’ai toujours senti la musique, depuis que je suis ­gamin. Mais j’ai réalisé ces dix dernières années que c’était ma raison d’être. Avant, je ne pensais pas à tout ça. La musique était au même niveau que les jets privés, les Ferrari, les bijoux, toutes ces choses qui ne signifient rien en fait. Les Ferrari vieillissent et se déprécient aussitôt que vous commencez à les conduire. C’est pareil pour n’importe quelle voiture. Vous êtes obligé de les changer au bout de deux ans parce que, si vous attendez deux années de plus, vous perdrez beaucoup d’argent. J’aime les voitures, encore aujourd’hui. Mais là on est hors sujet. Ce qui, au bout du compte, a de la valeur ce sont les sentiments qui vous animent et les expériences de vie qui les ont fait naître. C’est aussi ce que vous donnez aux autres, non? C’est ça, la richesse. Une expérience partagée. La chose la plus cool à dire, quand vous parlez d’un voyage, c’est où vous êtes allés et si vous y avez passé du bon temps. Le premier mot qui vous vient, quand vous décrivez tout ça, c’est : « C’était génial. » La sortie du nouvel album de Pharrell Williams, GIRL, est prévue pour le 3 mars. Plus sur pharrellwilliams.com

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À plein régime devant les illuminations de la grande roue. Les heures précédant minuit sont bien les plus belles des 24 Heures de Daytona.

dayto Texte : Werner Jessner

photos : Julie Glassberg & Marcelo Maragni


Credit:

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Les 24  H eures de Daytona en Floride mettent à l’épreuve les meilleurs pilotes mondiaux depuis 1966. Chaque début de saison, la course d’endurance écrit la légende. 47


Les imposantes tribunes d’acier frémissent quand la meute de bolides s’arrache de la ligne de départ

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the red bulletin


U Les 24 heures ne sont pas de tout repos pour les mécanos de chaque équipe. Leur quotidien se découpe entre « coups de feu » quand la voiture rentre au stand et longues périodes d’attente. Compliqué.

n parfum de nostalgie flotte sur cette ligne de départ avec le souvenir, dans les années 60, de la présence de Linda Vaughn, alias Miss Hurst Golden Shifter. Le poster de la playmate à la superbe poitrine s’affichait dans les chambres d’adolescents et les ateliers de garages de l’Amérique. Depuis près d’un demi-siècle, l’inoubliable pin-up blonde est toujours l’invitée permanente et remarquée des 24 Heures de Daytona, l’épreuve d’endurance culte qui donne en Floride le coup d’envoi de la saison américaine du sport automobile. Elle fait partie de la légende. Comme ces anciens pilotes de Formule 1 et gentlemen drivers qui composent chaque année un peloton hétéroclite tout au long des 24 heures de course et des 695 tours du Daytona International Speedway Beach. Les vitesses dépassent largement les 300 km/h. Jusqu’à ses 70 ans, Paul Newman en a pris le départ et des pilotes chevronnés comme Mario Andretti, Alfred ­Unser, Hurley Haywood ou encore Chris Amon y ont triomphé. La carrière d’Adrian

Le circuit du Daytona ­International Speedway s’autoproclame très ­humblement « le centre du monde des courses ».

Newey, le directeur technique actuel de Infiniti Red Bull Racing, a décollé à Daytona. En 1983, ce jeune ingénieur avait transformé en peu de temps une ­voiture aux performances moyenne en leader ­surprise de la course. Seuls des problèmes moteur à l’avant-dernière heure de course ont privé in extremis l’équipage d’un succès et du prix accordés aux vainqueurs : une superbe montre Rolex offerte par l’horloger de luxe helvétique qui a accolé son nom à l’épreuve désormais appelée « Rolex 24 at Daytona » aux États-Unis. Cette année 2014 marque le début d’une nouvelle ère. Opposés pendant deux longues années, GrandAm et American Le Mans Series ont fini par s’entendre pour lancer d’un commun accord le nouveau Championnat d’endurance américain, l’United Sports Car (USC). Daytona donne le coup d’envoi. Soixante-huit voitures y prennent le départ, réparties en quatre catégories. Dans la plus prestigieuse, celle des « Protos », les représentants de l’ex-GrandAm défient les monoplaces découvertes de l’American Le Mans Series. Les prototypes GT Daytona se partagent le peloton de tête. « On a l’habitude de dire dans les courses d’endurance que la régularité l’emporte sur la vitesse mais là, les choses sérieuses ont commencé dès le premier tour, explique le Mexicain Guillermo “Memo” Rojas, triple vainqueur à Daytona. Les courses de 24 heures sont devenues des sprints de longue durée. » À l’heure du départ, des dizaines de milliers de spectateurs garnissent les travées du gigantesque Daytona International Speedway. Les imposantes tribunes 49


ces nuits transforment les jeunes espoirs en pilotes chevronnĂŠs

Les plus jeunes fans allument des feux de camp.


Dans l’idéal, on fait un check complet au stand. Dans la réalité, on a ­rarement le temps.

d’acier en frémissent, quand la meute de bolides s’arrache de la ligne de départ. Au bout d’un quart d’heure, on assiste aux premiers dépassements, tant les différences de performance restent grandes entre les pilotes. Et pourtant, les sélections ont déjà écarté nombre de véhicules et d’écuries cageots incapables de se mêler à une épreuve aussi relevée. En course, le danger est permanent. À 16 h 58, après 2 heures et 47 minutes, le leader du moment, Memo ­Gidley, déboîte pour dépasser un véhicule trop lent et, sans doute ébloui par le soleil the red bulletin

rasant face à lui, percute par l’arrière à pleine vitesse cette Ferrari n°62 de Matteo Malucelli, ralentie par une casse mécanique. Le choc violent propulse les deux voitures en l’air. Elles finissent leur course disloquées sur la piste jonchée de débris. Deux amas de ferrailles. « Pendant un long moment, on ne voyait rien du tout », précise un pilote choqué. La course est interrompue, le temps de ­désincarcérer l’Américain Gidley de l’habitacle de son bolide. Les organisateurs suspendent l’épreuve pendant plus de 90 minutes. Au final, les deux pilotes, transportés à l’hô-

pital sortent indemnes du carambolage. Daytona connaît le prix des accidents. Ils font autant partie de la légende de la course que Linda Vaughn, l’hymne américain entonné avant le départ, la messe du dimanche ou l’immense camping installé en contrebas de ce circuit. Il est très strictement divisé en trois secteurs : le nord populaire, l’est riche et le sud conservateur. Au nord, la foule prend ses quartiers entre les virages 3 et 4. L’emplacement est couvert de petites tentes instantanées et de canettes de bière. Les spectateurs sont venus en 51


Dans l’ultime quart d’heure, les choses prennent encore une nouvelle tournure

­ ick-up, camionnettes et autres engins p motorisés agricole bizarres. Logique, il faut acheminer suffisamment de bois pour entretenir la braise des indispensables barbecues, qu’on aime allumer dans cette partie nord du camping. Ici, les pompiers veillent. Avant minuit, on entend les premiers beuglements de ceux qui trébuchent sur les cordes des tentes. À l’intérieur de quelques-unes, des couples se rapprochent. Au sud, place forte des camping-cars, ce n’est pas la même ambiance. Les emplacements sont soigneusement délimités, d’imposants auvents barrent la vue sur le circuit aux passants. C’est un jardin idyllique avec, en bruit de fond, des 52


Pas de victoire cette année. Le team Ganassi, habitué des podiums autour du triple champion Memo ­Rojas (en bas à gauche).

Les concurrents de ­l’ex-GrandAm défient et dominent les protos ­monoplaces découvertes l’American Le Mans Series.

­ oteurs huit cylindres. Ici, on débarque m avec sa chambre, sa cuisine et les toilettes et on cuit les steaks sur un barbecue à gaz. Les morceaux de viande, aussi bien que les ventres des mangeurs, sont plus volumineux qu’au nord. On a affaire à des campeurs expérimentés, tous détenteurs d’un écran plat installé dans le camping-car. Les plus riches se retrouvent dans le secteur est. Peu d’agitation aux alentours, tout le monde est là à l’heure pour le dîner. On se regroupe pour le stationnement par marques automobiles. Le parking Porsche est le plus grand : on peut ici choisir la 911 de ses rêves, couleur et modèle au choix. Toutes les combinaisons the red bulletin

imaginables sont présentes. Il y a aussi une flopée de Corvette, de Camaro et de Mustang, modèles plutôt banals ici sur le continent américain du sport automobile. Et pourtant, les 24 Heures de Daytona ont toujours eu un côté européen dans leur ambiance, ce qui se reflète dans les passions des visiteurs. Quatre heure et demie du matin est une bonne heure pour porter son attaque en course. Les mécaniciens dorment recroquevillés dans les stands, les pilotes – la brosse à dents dans la bouche – traînent les pieds à travers le camp. Il est temps de passer à l’attaque. Les grandes écuries ont relevé leurs pilotes expérimentés, qui ont conduit toute la nuit, au profit d’autres plus rapides. Même si la température du parcours empêche d’améliorer les records de vitesse au tour, pas question de faire du sentiment à cette heure-là. L’Autrichien Klaus Bachler, 22 ans, descend de sa Porsche 911 GT3 RS après un relais sans faute. Au lieu de filer se reposer tout de suite, il est convoqué aussitôt pour un débriefing par le staff. Des nuits qui transforment les jeunes espoirs en pilotes chevronnés. Dans l’ultime quart d’heure, les choses prennent encore une nouvelle tournure. La voiture de sécurité, une mesure très appréciée aux États-Unis pour faire grimper la tension, fait son entrée sur le circuit après une collision et provoque aussitôt le regroupement de tout le peloton. Les cartes sont rebattues. Dans trois des quatre catégories où l’on se bagarre ­encore pour le podium, le dénouement approche.

L

a télévision retransmet en direct ce dernier quart d’heure américain. Le moneytime ! Pour les spectateurs et téléspectateurs, c’est du suspense garanti. Jusqu’à l’avant-dernier virage, la lutte reste indécise. Dans la catégorie reine des GT Daytona, les voitures se frottent, la victoire se joue là. Et quand le drapeau à damier est abaissé, c’est le signal pour libérer la foule électrisée en tribunes. Le public se rue sur la piste, entoure les pilotes, assaille les voitures. Des confettis pleuvent, de la musique, des larmes, des montres pour les vainqueurs. Le Manceau Sébastien Bourdais, ancien pilote de Toro Rosso en F1, s’impose au volant d’une Corvette DP de l’écurie Action Express Racing. La première victoire française depuis Emmanuel Collard en 2005. En conférence de presse, il exhibe fièrement son chrono Rolex: « Daytona est l’une de ces courses que l’on veut gagner une fois dans sa vie. Je me souviendrai de cette victoire à chaque fois que je regarderai mon poignet. » Plus sur www.imsa.com

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Sebastian Copeland

Rage de glace

Le photographe franco-britannique a traversé l’Antarctique malgré deux côtes cassées et parcouru le Groenland en kitesurf. Leonardo DiCaprio est l’un de ses plus fervents fans. Sebastian Copeland confie ses secrets de survie.

the red bulletin : Lors de votre traversée du Groenland en 2009, le blizzard vous a bloqué sept jours sous la tente. Comment avez-vous fait pour ne pas devenir fou ? sebastian copeland : Au début, l’adrénaline m’a gardé éveillé. Je craignais de voir la tente emportée par la tempête à tout moment. Le vent soufflait dessus à 130 km/h, il était impossible de dormir. C’est comme si elle avait été posée devant un réacteur d’avion. De quoi avez-vous parlé avec Eric ­McNair-Landry, votre partenaire d’expédition, durant ces sept jours ? On ne part pas en expédition polaire pour se faire des amis. L’important est d’avoir avec soi un professionnel, comme Eric, qui augmente vos chances de mener la mission à bien. Nous n’avons pas vraiment disserté sur nos jeunes années. La plupart du temps nous restions plongés dans nos pensées. De temps en temps, on jouait aux échecs. Comment renforce-t-on son mental pour une telle expédition ? Le mental prime sur le physique, c’est une évidence. En fait, la condition physique constitue la partie la plus facile de la préparation, il suffit de se rendre dans une salle de musculation. Apprendre à gérer la douleur, c’est bien plus compliqué. Pour m’y préparer, je fais des séances de marche de deux heures en montagne, équipé d’un gilet de 50 kilos. Au bout de cinq minutes, je suis épuisé mais je dois tenir malgré la souffrance. Si vous échouez dans cet exercice, mieux vaut ne pas aller vous frotter à l’Antarctique. Au Groenland vous vous êtes déplacé en kitesurf avec des skis aux pieds, établissant au passage un nouveau record de distance de 594 km en 24 heures (l’aventure est racontée dans le documentaire The Greenland Victory, ndlr). 54

Quand trouviez-vous le temps de vous alimenter ? Nous préparions nos repas matin et soir dans de la glace fondue. Aujourd’hui, on trouve toutes sortes de plats lyophilisés. Du bœuf bourguignon aux fettuccine alfredo. L’apport nécessaire en féculents et en lipides est crucial. Entre deux, je grignotais des noix du Brésil. Elles offrent le

« On a du mal à dormir sous la tente quand le vent souffle à 130 km/h » meilleur rapport poids/apport calorifique. Le choix de la nourriture demande un soin scientifique. Chaque calorie compte. On dort mal avec un vent qui souffle à 130 km/h sur la tente. Dans vos photos et vos documentaires, vous évoquez les méfaits liés au changement climatique. Nous sommes de plus en plus déconnectés des conséquences de nos comportements. Aujourd’hui, on règle sa facture d’électricité ou le ramassage de ses ordures ménagères avec un chèque, sans réfléchir au

reste. Mais après des semaines au milieu d’un désert enneigé, la découverte de la moindre boîte de conserve vous choque, croyez-moi. Je maudis les responsables de ces déchets. Comment avez-vous convaincu ­Leonardo DiCaprio de préfacer votre livre The Global Warning (paru en 2007, ndlr)? Aux États-Unis, je travaille pour la Croix Verte Internationale, une ONG à but environnemental. En 2002, j’ai préparé avec Leo une initiative en vue du Sommet de la Terre à Johannesburg. Par la suite, il a souvent assisté à mes conférences. Pour moi, Leo est l’une des célébrités les plus concernées par la cause environnementale. Son engagement est réel, cela n’a rien d’une posture. En 2011, vous vous cassez deux côtes dès le début de votre expédition en Antarctique. Comment avez-vous tenu pendant les 75 jours de l’expédition ? En manœuvrant avec le kitesurf, je suis retombé sur un sastruga, une irrégularité topographique saillante formée par le vent. Quelques jours avant l’expédition, j’étais au Cap et je dînais avec un ami aventurier qui a connu la même mésaventure. Je lui avais demandé comment il avait géré sa blessure. Il m’a répondu qu’il avait pris des antalgiques pour poursuivre son expédition. J’ai fait la même chose. Quelles leçons tirées de vos expéditions vous servent au quotidien ? Primo, se lamenter sur son sort n’a jamais résolu aucun problème. Deuxio, il faut savoir rester humble en toutes circonstances. Les expéditions exigent un grand ego mais rien ne vaut un désert de glace pour vous apprendre l’humilité. Vous descendez de l’avion, vous posez les deux pieds sur la glace et, devant vous, il y a plus de 4 000 km à parcourir. Ça calme. Plus sur www.sebastiancopelandadventures.com the red bulletin

Sebastian Copeland

Interview : Andreas Rottenschlager


L’explorateur ­Sebastian Copeland, ici en 2009, sur la route du pôle Nord : « Se lamenter est vain ! »

Lieu et date de naissance 3 avril 1964 en Angleterre Profession Photographe, aventurier, défenseur de l’environnement Films Into The Cold: A journey of the Soul (2010) sur sa marche de 600 km vers le pôle Nord Across the Ice: The ­Greenland Victory (2013) sur sa traversée du ­Groenland en kitesurf Relations célèbres Copeland est le cousin d’Orlando Bloom et il a été marié à l’actrice Brigitte Nielsen


pas sag e e n fo r c e En préparation, les Atherton ­repoussent les limites dans leur quête de la perfection en VTT descente.


e d s è c x e

e s s e vit

ondial m t i u c se cir sur le erton s’impo à j é d e h l e r è g n l a f r at r i e At i m a r t i a l , a u l e ’ u q Bien bike, ement quas oire. n t i a a t r n o u b n d u m o r u n e n t r a î l e s e t e n l asson e o ik c e t h i v s î l e s e s p a gons   : M a t t i a s F r e d r t e c œ u r Rdu t h M o r g a n P h o texte :

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les liens du sang « Quand mes frères ont commencé à rider, je n’ai pas eu envie de rester seule à la maison le week-end, raconte Rachel. Ils continuent à m’aider, je n’en serais pas là sans eux. »

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ant « en ét t et or plus f dun plus e peut n r a n t, o u s pl aller pousvite et us ser pl ps » m longte


ENTE, C S E D « EN PTER A D A ­ T ON PEU SE S LA VITE IQUEMENT » IF ­S C I E N T

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C flexibilité

« Mon entraînement  a souvent changé au cours de ces dernières années, raconte Gee. Chaque nouvelle ­saison est une remise en question. Tant mieux, je n’aime  pas la routine. »

e jeudi matin, Rachel Atherton, 26 ans, est installée dans un laboratoire de l’université de Birmingham, une petite pièce inondée de lumière blafarde. Y trônent un squelette et un tableau blanc recouvert d’équations partiellement effacées. Un drôle d’endroit pour une rencontre avec une des meilleures descendeuses VTT du monde. Rachel pédale avec ardeur sur un vélo d’intérieur. Ses cheveux blonds attachés, les joues creusées, elle respire bruyamment et son haut à manches longues est trempé de sueur en dépit de la température fraîche de la pièce. Assis à ses côtés, son préparateur physique et deux physiologistes suivent du regard la transcription de ses efforts en lignes compulsives sur un moniteur situé à sa gauche. La ligne rouge suit sa fréquence cardiaque, la bleue sa cadence de pédalage, et la verte révèle la puissance qu’elle développe sur son instrument de torture. Toutes les trois minutes, la résistance augmente et un nouveau palier s’affiche sur le graphique. À intervalles réguliers, l’un des physiologistes se penche sur elle pour prélever une goutte de sang à l’index droit de la Britannique. Le prélèvement révèle la quantité d’acide lactique qu’elle est en train de produire et est aussitôt reporté sur le graphique. Rachel et son frère Gee sont au sommet mondial du VTT descente, mais ils continuent à repousser les limites de leur sport, animés d’un objectif : la course parfaite. Leur obsession les a menés à décortiquer tous les aspects de leur préparation physique en la faisant traduire en courbes et

lignes brisées, en tableaux de statistiques, et à barder leurs vélos d’appartement et leurs VTT de power meters et de moniteurs cardiaques. Depuis près de deux ans, Dan, l’aîné de 33 ans qui brille en enduro descente, Rachel et Gee (29 ans, champion du monde de descente en 2008 et vainqueur de la Coupe du monde de la spécialité en 2010) quittent régulièrement leur nord natal du pays de Galles pour s’entraîner avec leur nouveau préparateur physique. Alan ­Milway, 33 ans, est un scientifique du sport, ancien préparateur de l’équipe ­nationale anglaise de motocross et lui-même ancien coureur de VTT descente. C’est un fervent adepte des données chiffrées plutôt que des impressions ressenties. Un peu comme la souris de Matrix, version Midlands, il est capable de décrypter une somme de chiffres et de définir le profil du sportif qui se cache derrière. Et d’y lire ses points forts et ses faiblesses. « J’ai sans doute une manière différente de regarder les athlètes, glisse-t-il. Pour moi, les chiffres sont le point de départ d’un tout. Un grand nombre de coaches que je connais ne se fondent pas sur des éléments tangibles, vérifiables. Beaucoup d’entre eux pensent que, si leur sportif sort complètement épuisé de la salle de sport, ils ont fait du bon boulot. Je privilégie une approche plus académique. » Milway est l’un des premiers à avoir conçu un programme d’entraînement basé sur des données scientifiques et destiné aux riders professionnels d’enduro, de mountain bike longue distance, mais aussi aux coureurs de trails, avec les montées et les descentes comme ruptures de rythme.


Le VTT descente, une discipline extrême dans laquelle les coureurs dévalent à 80 km/h des chemins jonchés de racines et de cailloux est un autre sport où il « enseigne ». « La descente, c’est une méthodologie complexe, précise Milway. Les coureurs y vont au feeling mais souvent, ce qu’ils ressentent n’est pas conforme à la réalité. Les données de puissance que nous relevons précisent combien de temps et comment Gee ou Rachel ont pédalé sur un tronçon, avec quelle énergie, à quelle vitesse tournaient leurs jambes. Si c’est une descente, il y a une vitesse de rotation optimale qu’on peut tracer sur un graphique. Et, une fois que vous avez toutes ces données, vous pouvez ajuster la vitesse en vous appuyant sur ces données certifiées. Peu de gens se penchent là-dessus. » Gee s’est rapproché de Milway à la fin de l’année 2012 après avoir repéré les succès de ses élèves, dont Danny Hart, champion du monde en downhill. Il l’a convaincu de rejoindre son staff. « J’ai regardé les données des Atherton et j’ai dit à leur agent de me donner un hiver avec eux. Malgré leurs très bons résultats, ils n’étaient nulle part au sommet et ça laissait pas mal de marge pour améliorer leurs performances. » Ça a bien marché. Malgré une succession de petites blessures, Gee a mené le classement de la Coupe du monde jusqu’à l’ultime épreuve, avant de finir 2e. Rachel a connu la meilleure saison de sa carrière : championne de Grande-Bretagne, championne du monde et vainqueur des World Cup Series. Elle a remporté la première course avec une marge de 10 secondes. Du jamais-vu, la victoire se compte d’habitude en dixièmes de seconde. Ce jour-là au labo, Rachel prépare la reprise de la Coupe du monde, au printemps, en se servant des données enregistrées trois semaines après son titre de championne du monde décroché en septembre dernier. Elle doit se battre contre ses chiffres de référence. L’Anglaise vient tout juste de boucler son troisième et dernier test du jour, dix sprints secs au maximum de sa puissance. Épuisée, elle s’écroule sur le vélo. Elle a tourné à 218 révolutions par minute. Seulement deux de moins que sur les données précédentes. Trois jours plus tard, le coach, la fratrie Atherton, leur ami de toujours Marc Beaumont, coureur de descente et d’enduro, et Martin Maes, un prodige de l’enduro âgé de 16 ans, débarquent aux îles Canaries, à Fuerteventura. La clientèle du complexe Playitas est surtout constituée de sportifs de haut niveau. L’équipe de Suède de judo s’est fait remarquer en réquisitionnant l’intégralité des haltères et des poids. 62

L

e staff de la fratrie Atherton a pris ses quartiers pour quinze jours. Au menu de ce premier stage de l’année : force et endurance. Quand la Coupe du monde de descente a vu le jour en 1998, ce genre de stage commando n’existait pas. Grand ­buveur de whisky et chanteur rock, l’Américain Shaun Palmer était monté sur le podium de l’UCI World Cup habillé d’une veste dorée et d’une couronne. Juste après, il avait entamé une tournée en bus avec ses potes, histoire de ne pas descendre seul les quelques bonnes bouteilles qu’il lui restait. Quant à l’entraînement, c’était un gros mot. « Avant, raconte Gee, ce n’était pas le tout d’être un descendeur. Il fallait aussi se conduire comme une rock star, éviter les entraînements et faire la fête la veille des compétitions. Certains s’entraînaient un peu, mais pas trop parce que, même si ce n’était pas de la triche, c’était considéré comme tel. »

Tandis que Palmer recomptait ses titres mondiaux en faisant la couverture des journaux, une nouvelle génération, saine et consciencieuse, dont les Atherton font partie, a surgi pour le détrôner. Dire que les premiers entraînements de Dan et Gee étaient artisanaux est un euphémisme. « Notre méthode en junior, s’esclaffe Gee, c’était de regarder Rocky pour faire monter l’adrénaline et de peindre sur les murs du garage des phrases fortes. » Leur passage chez les seniors a rapidement été accompagné de travail en salle de musculation, de sessions de route et de remise en forme avec des spécialistes. Comme eux, le monde professionnel a procédé à un grand bouleversement des mentalités et des méthodes. « Avec mes frères, j’ai un coach depuis l’âge de 16 ans, souligne Rachel. Plus ça va, plus on est focalisés sur l’entraînement et de moins en moins sur la fête. Entre la première et la troisième place, ça peut se jouer à quelques dixièmes de secondes. Alors, on est en permanence à la recherche de nouvelles façons de faire pencher le résultat en the red bulletin


LA PLAGE SANS L E S VA C A N C E S Les Atherton ont ­choisi le complexe de Playitas, à Fuerteventura, pour leur premier stage d’avant-saison. Quinze jours sur place à travailler la puissance.

t de es n O   « pl u s en s u pl és sur s i f ocal ne m en t aî l ’ en t r i ns o et de m sur ns en m o i » e  la f ê t


notre faveur. » Les méthodes scientifiques des Atherton sont un sujet tabou. Trop précieux pour être partagé, au risque de renseigner la concurrence avide. « On a besoin de confidentialité, explique Gee. Il y a des choses dont nous ne parlerons pas, parce que tout ceci reste de la compétition. Tout se sait dès qu’une personne aperçoit un élément nouveau. Aux Championnats du monde, c’est de notoriété publique que l’équipe de France surveille tout. Il y a toujours quelqu’un dans la hutte de départ pour étudier ce qu’il y a sur votre vélo et ce que vous portez. Du coup, tout le monde sait que nous utilisons les pédaliers équipés de power meters. Mais, à moins d’avoir quelqu’un comme Alan capable de déchiffrer les données, ça ne leur servira à rien. » Comme tout entraîneur, Alan Milway est conscient que sa valeur réside dans sa faculté à garder ses poulains au-dessus du lot. « Nos méthodes sont innovantes. Ce que nous considérons comme normal n’a pas été imaginé par d’autres. Je veux rester le plus utile possible à mes athlètes et, le meilleur moyen de l’être, c’est de faire ce que les autres ne font pas. » Les premières sessions de l’après-midi avaient jusqu’alors été consacrées au vélo. Changement de programme ce matin : musculation pour tous. Les salles sont devenues une seconde maison de l’équipe Atherton depuis que Milway a fait du renforcement musculaire une priorité. « Je savais que c’était par ce paramètre qu’ils auraient des résultats, précise l’Anglais. » Rachel a gagné autant en densité musculaire qu’en confiance. « La puissance, c’est la principale évolution depuis que je travaille avec Alan. Cela a été un gain énorme pour moi. Grâce aux tests, on voyait bien que le pédalage était mon point faible. Je suis bien plus forte maintenant. Sans ces données, il y a toujours moyen de se trouver des excuses mais, avec elles, impossible de se mentir. Attaquer une descente en sachant qu’on a la puissance pour bien faire, mentalement, ça change tout. Ça a sans doute fait la différence l’an dernier. » « Tout est simple, en réalité, explique Gee. Si je suis plus fort et plus endurant, je peux aller plus vite et pousser plus longtemps. Au cours des deux dernières années, j’ai connu les plus durs accidents de ma carrière. Je sais qu’Alan m’aide à chasser le souvenir de cette période. Nous avons besoin d’une vision scientifique des choses. Ça ne sert à rien d’avoir un super vélo si on ne sait pas le pousser dans ses limites. L’homme et la machine doivent être une équipe et nous savons maintenant comment y parvenir. »

Pour devenir un meilleur rider a m é li o r ez v o s pe r f o r m a nces g r â ce a u x c o nseils v ip du At h e r t o n R a cin g T e a m .

10 trucs tip-top 1

MULTIPLIEZ LES DISCIPLINES

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étirez-vous

« Le vélo de route se rapproche des efforts à produire en mountain bike. En termes d’intensité, vous développez aussi des sprints courts et brutaux. Sur une piste de descente, le risque de chute est élevé. Préférez le vélo de route, c’est plus sûr. » –Alan Milway, préparateur physique.

« J’ai commencé à faire beaucoup de yoga pour le dos et les hanches, parce que mon dos commençait à souffrir. La douleur a fini par disparaître. Ça fait une énorme différence pour moi, je m’étire pendant une demi-heure avant une séance et pratiquement tous les soirs, entre 60 et 90 minutes. On le fait aussi à la salle. Même si ce ne sont que des mouvements basiques, ouvrez vos fléchisseurs des hanches et des épaules, vous verrez comme ça aide votre pédalage et votre récupération. Surtout si vous faites du vélo de route, à cause de la posture. » – Rachel Atherton

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soignez vos virages

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soulevez de la fonte

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Selle basse

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ouvrez les yeux

« Dans un virage, beaucoup de coureurs ont les pieds à la même hauteur sur les pédales. Mais si vous positionnez le pied extérieur en bas, et en haut le pied intérieur, le poids de votre corps va vous aider à rester compact et vous pourrez vous pencher un peu plus. Si vos pieds sont à la même hauteur, votre centre de gravité sera plus haut, vous perdrez en vitesse et en stabilité. » – Rachel Atherton

« Si en salle vous cherchez un mouvement qui pourrait vous aider à vélo, ­optez pour le deadlift (soulevé de barre au sol). C’est simple à apprendre et vous pouvez rajouter du poids au fur et à mesure. Cela fait une grosse différence en termes de puissance. On travaille les jambes, les fesses, le dos, les épaules, c’est un mouvement complet. Si vous n’avez qu’une demi-heure devant vous, voici une bonne façon d’en tirer profit. » – Rachel Atherton

« Si vous roulez en cross-country, vous positionnez votre selle assez haut pour grimper, mais de nombreux coureurs ne pensent pas à la rabaisser en descente. Si elle est trop haute, elle vous fera pencher en arrière ou vous poussera à vous porter vers l’avant, donc en déséquilibre. Si la selle est abaissée, le vélo bouge mieux dans les descentes et vous tournerez mieux, comme votre poids est mieux centré. Il existe maintenant des tiges de selle réglables, c’est devenu facile. » – Rachel Atherton

« L’endroit où vous regardez influe sur l’endroit où vous arrivez. Votre corps suit votre ligne de mire et un virage survient généralement en suivant votre mouvement de tête. Entrez dans le virage, gardez vos yeux sur le point de sortie, et tout votre corps s’enroulera autour de la courbe, en cherchant la sortie et sans subir le virage. » – Gee Atherton Positionner votre pied extérieur en bas vous rendra plus compact dans les virages.

Plus sur personalbest.redbull.com

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the red bulletin


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réglez vos suspensions

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entraînez-vous à deux

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sortez de votre zone de confort

« Beaucoup de riders ont du mal à ­régler leur vélo : ça va de la pression des pneus aux suspensions. Réglez vos suspensions en fonction des conditions. Il y a un enfoncement maximal quand vous vous ­asseyez sur la selle qui ne doit pas dépasser le tiers de la suspension. Si elle est mal réglée, vous allez trop vous affaisser. Je vois plein de gens dans cette situation et je comprends mieux pourquoi ils n’arrivent pas à pédaler. » – Marc Beaumont

« Entraînez-vous avec quelqu’un d’aussi en forme, rapide et endurant que vous. Vous vous motiverez mutuellement et vous allez progresser en même temps. Avec mon partenaire d’entraînement, nous roulons beaucoup ensemble, on compare donc nos performances et nos notes. C’est aussi plus amusant et ça motive d’avoir avec soi quelqu’un avec qui on peut se changer les idées. » – Gee Atherton

« Quand vous entrez en piste, ne vous en tenez pas à ce que vous savez faire. Construisez de nouveaux tronçons sur une piste adaptée à votre niveau, mais avec une part de défi, ou prenez le temps de voyager pour découvrir des endroits qui vous offriront de nouvelles expériences. » – Gee Atherton

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Apprenez le freinage efficace

« Si vous êtes sur une piste rapide, vous devez être agressif sur votre freinage, plutôt que de vous laisser glisser lentement. Lorsque vous êtes à pleine ­vitesse en ligne droite, freinez très fort le plus tard possible, au moment où vous en avez vraiment besoin. Nous travaillons ça et beaucoup de coureurs le font également. C’est tentant de freiner progressivement, mais c’est une mauvaise habitude. Si vous êtes précis sur vos points de freinage, vous sentirez mieux la piste et vous verrez tout de suite la différence. » – Gee Atherton

Montée en puissance Ce gain de force a été un progrès essentiel pour ­Rachel, qui peut désormais lever 50 kilos en soulevé de barre au sol.

Alan Milway (au centre), toujours à l’affût de données à travailler.

Le revêtement lisse de la route est plus sûr que les pierres des chemins. the red bulletin

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david lama/red bull content pool

Le 21 janvier 2012, David Lama, 21 ans, est le premier Ă escalader le Cerro Torre, sans aide matĂŠrielle.


Comme   un Géant  Planté sur la frontière entre Chili et Argentine, le massif du Cerro Torre haut de 3 128 m est le défi ultime en ­escalade libre.

Sentinelle imposante dans la cordillère de ­Patagonie, le Cerro Torre a été gravi en escalade libre en janvier 2012. Un film met en lumières ­l’exploit de David Lama accompagné de Peter ­Ortner. Le duo d’alpinistes autrichiens a dompté « la montagne impossible ». Texte : Alexander Lisetz

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A près plus de trois ans de vaines tentatives, David Lama est le premier à gravir sans assistance matérielle la célèbre « voie du Compresseur » sur le Cerro Torre, une des références mondiales de l’alpinisme. Le jeune autrichien a progressé à mains nues grâce aux rares anfractuosités naturelles de la roche. Cordes et pitons servaient uniquement à assurer sa sécurité en cas de chute. Il lui a fallu 24 heures pour escalader ce pic mythique.

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Depuis le 21 janvier 2012, un seul homme au monde sait ce que cela fait d’avoir gravi en ascension libre le Cerro Torre par son arête sudest. Il est Autrichien, son nom : David Lama, 23 ans. Dès le 13 mars, il va partager ses sensations avec plusieurs centaines de milliers de personnes. Ce jour-là sort le documentaire de Thomy Dirnhofer sur son exploit. Cerro Torre, pas l’ombre d’une chance raconte en images cette aventure unique. Les curieux vont la découvrir comme s’ils étaient eux-mêmes accrochés à flanc de paroi, aux côtés de « l’acrobate ». « Je montre une vraie histoire, insiste son réalisateur. On n’est pas dans un simple film d’action. » Les spectateurs finissent par ressentir les engelures, les doigts crevassés et les muscles douloureux comme l’alpiniste. Mais ils partagent aussi le soulagement d’avoir atteint le sommet. La victoire d’un homme à laquelle personne ne croyait. David Lama soigne pourtant son originalité en respectant les traditions. À 10 ans, il devient le plus jeune grimpeur au monde à réussir une voie 8a. Il rafle la Climbing World Cup à 15 ans. Du jamais-vu. Mais il veut escalader plus haut. Toujours. À 18 ans, il se promet d’être le premier à gravir le Cerro Torre sans assistance matérielle. Pour les spécialistes, il n’a pas l’ombre d’une chance. Déterminé, en 2009 il s’envole pour la Patagonie accompagné d’une équipe de tournage. Il n’a que 19 ans. Six semaines sont prévues pour réaliser le documentaire. Cela va prendre trois ans. David Lama est obsédé par ce monstre de granit coiffé d’une petite calotte glaciaire. À sa seule évocation, les souvenirs affluent. « Mon

Le film Cerro Torre, pas l’ombre d’une chance, d’un réalisme pointilleux, place le spectateur au plus près du duo de grimpeurs. Les moyens techniques déployés sont faramineux, les images éblouissantes.


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casque brisé par la chute d’un bloc de glace. Sans lui… Et puis les premières secondes du film que le réalisateur m’a montrées. » L’émotion est palpable. « Je me suis dit que je n’avais jamais vu d’images d’escalade aussi géniales. C’est seulement à ce moment-là que j’ai réalisé que le type sur l’écran, c’était moi. » Si le spectateur ressent au plus près ce qu’a vécu Lama, ce n’est pas uniquement grâce à la qualité technique du Lumix-GH3, l’appareil photo que Peter Ortner, son compagnon d’escalade, et lui, avaient avec eux au long des 3 128 mètres d’ascension. Ce n’est pas non plus dû à l’animation graphique 3D qui retranscrit les dimensions de la paroi d’une façon réaliste et intimidante, ni non plus aux spectaculaires prises de vue Cineflex réalisées depuis un hélicoptère, les premières jamais tournées en Patagonie. ­David Lama : « C’est aussi parce que nous n’avons retiré aucun cameraman, aucun hélicoptère apparaissant dans un plan. Tout est là, sans rien cacher, même les

Mythes et Scandales

Le Cerro Torre est le sommet roi de l’Amérique du sud. Murs lisses, mauvaise météo en permanence, accès périlleux… Les 3 128 m de ce bloc de granit aux parois verticales vertigineuses sont le cauchemar des alpinistes. L’Italien Cesare Maestri en est venu à bout le premier. Non sans mal. Et en suscitant la polémique. En 1959, il affirme avoir atteint le sommet. Son compagnon, Toni Egger se tue à la descente. Seule sa parole fait foi. Mais sa version brouillonne est démentie par le 3e équipier, Cesarino Fava, resté plus bas. L’ascension n’est pas validée. En 1970, Maestri et son expédition s’y prennent à deux fois, en utilisant un compresseur pour forer la roche et fixer des centaines de pitons pour ainsi tracer leur voie vers le sommet.

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­ ésitations. » Le propos ne dissimule pas h non plus l’hostilité que l’Autrichien doit vite affronter de la part de ses pairs. En effet, au cours du premier été austral consacré à la tentative d’ascension, l’équipe de tournage place sur la roche une trentaine de nouveaux pitons pour assurer la sécurité de travail des cameramen. Le monde de l’escalade hurle au sacrilège ! Le Cerro Torre est un monstre sacré. Pour apaiser la fronde, Lama explique : « Les pitons ne serviront qu’à l’équipe de tournage. Moi, évidemment, je grimperai en escalade libre. » En vain. Ça débine tous azimuts. Le jeune grimpeur doit changer ses plans. « Il était devenu évident qu’on allait aussi me juger sur le travail de l’équipe de tournage. Elle devait donc se passer des nouveaux pitons et se contenter des vieux, plantés dans la paroi quarante ans auparavant. » Les moindres faits et gestes de Lama sont épiés par le petit monde de l’alpinisme. Cela a aussi du bon. « Les critiques m’ont forcé à m’endurcir. Je me suis demandé ce qui était vraiment important pour moi. Une chose est devenue évidente. Je l’avais ressentie dès le début sans pouvoir la définir précisément. C’était à moi de choisir le style d’escalade le plus beau et le plus propre qui soit, et de n’accepter aucun compromis. » 70

« Les critiques   m’ont forcé à   m’endurcir   comme grim-   peur. Je me   suis demandé   ce qui était   vraiment   important   pour moi »  Ce n’est qu’au troisième été de David en Patagonie qu’une fenêtre météo favorable se présente. Enfin. Mais quelques jours avant le départ pour l’ascension finale, tout doit être repensé à la hâte. Une cordée américano-canadienne vient de retirer les pitons qui zébraient la paroi depuis des décennies. C’était l’unique chance pour l’équipe de tournage de progresser à côté de Lama et Ortner dans le « Headwall », la partie critique de l’ascension. Il ne reste plus que deux possibilités : soit les cameramen s’arrêtent au début du Headwall – on ne verrait pas les alpinistes dans le passage

le plus spectaculaire, mais le film montrerait une bonne partie de la progression, soit l’équipe tente le tout pour le tout en changeant de versant et escalade le pic par sa face ouest verglacée, la « voie Ferrari ». Du nom de Casimiro Ferrari, l’alpiniste italien à la tête de la première expédition parvenue au sommet du Cerro Torre, en 1974 avec une assistance matérielle. Si l’ascension se passe bien, ce choix offrira des images à couper le souffle. Là, les risques sont mortels. Le moindre faux pas est fatal et met un terme définitif au projet. « Quelle option avons-nous choisi selon vous ? », s’amuse Lama. Les images saisissantes du film se passent de commentaires. Au sommet, lorsqu’ils se serrent dans les bras et célèbrent cette toute première ascension libre, Peter Ortner, entièrement nu, entame une danse de la joie sur le sol glacé. Heu-reux. « Pour moi, c’est la scène la plus cool du film », insiste Lama. Il l’a regardée un nombre incalculable de fois. Jusqu’à ce que la nostalgie reprenne le dessus. David, accompagné de Peter, s’est envolé pour la Patagonie en début d’année. La traversée du Fitz Roy, la chaîne secondaire du Cerro Torre, l’appelait à nouveau. Plus sur david-lama.com & cerrotorre-lefilm.fr

Le film Cerro Torre, pas l’ombre d’une chance, produit par Red Bull Media House, fait partie de la sélection du festival Montagne en Scène et sera projeté le 31 mars à Paris, au Grand Rex. Plus d’infos page 96. the red bulletin

ken robinson/red bull content pool

L’arête sud-est du Cerro Torre. Le « Headwall », le passage le plus périlleux, est tout près du sommet (à gauche). Lama et Peter Ortner, son compagnon, qui a lui aussi grimpé sans matériel (à droite).


/redbulletin

© Jörg Mitter

LI K E WHAT YOU LI K E

TON MOMENT.

HORS DU COMMUN


Texte : Thomas Hauser

Sueddeutsche Zeitung Photo

La victoire de Cassius Clay face à Sonny Liston le 25 février 1964 bouleverse le monde du sport et de la politique. Être Noir en Amérique devient alors source de fierté. Une force qui résonne aujourd’hui encore.


e d t n e m L’avène

« the

» t s e t a e Gr

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LE 25 FÉVRIER 1964 à ­Miami, ., CASSIUS MARCELLUS CLAY JR Y 22 ans, SE TIENT FACE À SONN ­LISTON, ­favori et champion du monde en titre

A

u début des années 60, le sport est l’un des quelques domaines de la société américaine où la discrimination envers les Noirs est encore très vive. Mais, à de nombreux égards, le sport reflète le conservatisme américain. Les athlètes noirs peuvent devenir des stars selon des codes établis. Le championnat du monde des poids lourds est le titre mythique de la boxe. Son détenteur devient

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Lancé à 11 heures, le combat se tient au Miami Beach Convention Center. Surnommé « The Louisville Lip » (la lèvre de Louisville), Cassius Clay envoie un direct du gauche à Sonny « The Black Bear » Liston.

un modèle et est supposé montrer l’exemple. C’est-à-dire faire preuve de modestie, respecter l’autorité et accepter une hiérarchie sociale qui considère les AfroAméricains comme des citoyens de seconde zone. Clay : « Beaucoup de Noirs pensaient d’ailleurs que c’était mieux d’être Blanc. » Il va mettre KO ce cliché. En 1961, un an après son titre olympique qui l’a révélé à Rome, Cassius Clay fait la connaissance de Sam Saxon, membre des Black Muslims, un mouvement musulman américain guidé par son leader auto-proclamé de la Nation of Islam, Elijah Muhammad. Il prône le séparatisme noir. Le mouvement jugé très radical par les autorités américaines est particulièrement surveillé. Clay accepte l’invitation de Saxon à assister à un service de la Nation of Islam au temple (rebaptisé plus tard mosquée) de Miami puis se laisse endoctriner. Selon la Nation of Islam, les Blancs seraient des démons créés génétiquement par un scientifique diabolique avec une grosse tête dénommé M. Yacub. Il existerait un vaisseau-mère de 800 mètres de large en forme de roue, dirigé par des

hommes noirs dans le ciel, et, le jour du châtiment choisi par Allah, 1 500 vaisseaux venus du vaisseau-mère lâcheraient des explosifs mortels, détruisant tout sur Terre en épargnant les vertueux. Aucune de ces visions ne fait partie de la pensée islamique traditionnelle, aucune d’elles ne trouve de justification dans le Coran. De plus, alors que les concepts de paradis et d’enfer sont des éléments centraux de la religion musulmane, la Nation of Islam les rejette tous les deux. De manière plus significative, pour la plupart des Américains, l’islam adhère au postulat selon lequel les cœurs et les âmes n’ont pas de couleur. Les ministres du culte de la Nation of Islam prêchent que, pour les Noirs américains, intégration signifie destruction. Clay se convertit en toute discrétion à la Nation of ­Islam après ce premier combat contre Liston. Le jeune boxeur sent une force qui l’accompagne. Betty Shabazz, la femme de Malcolm X, partisan d’Elijah Muhammad, se souvient : « Mon mari sermonnait [Clay] sans arrêt parce qu’il était non seulement the red bulletin

Sueddeutsche Zeitung Photo, corbis

Sur un ring, Sonny Liston, champion du monde des poids lourds, est un monstre. Froid. Déterminé. Avant d’être boxeur, dans le passé, il a connu la prison pour vol à main armée. À sa sortie, il est engagé comme homme de main par un gang. Et c’est la mafia qui va faire de lui un boxeur de classe mondiale au début des années 60. Programmé pour être le numéro 1, Sonny met K-O Floyd Patterson, le tenant du titre mondial des lourds, et lui prend sa ceinture en 1962. Même punition pour la revanche quelques mois plus tard. À chaque fois, il s’impose avant le terme du 1er round. Alors quand, début 1964, il affronte le jeune Ali, beaucoup prédisent le pire au challenger. « Je me rappelle avoir été très nerveux ce soir-là, raconte l’écrivain David Halberstam, prix Pulitzer en 1964. Clay semblait si jeune et si vulnérable. J’étais inquiet de ce qui allait lui arriver. » Clay confirme: « Juste avant le combat, tandis que l’arbitre nous donnait ses instructions, Liston me fixait du regard si intensément que j’étais mort de trouille. Sonny Liston frappait fort et je me suis dit qu’il allait me tuer. Mais je n’avais plus d’autre choix que de me battre. Pendant le premier round, j’ai dansé autour de lui, à droite, à gauche. Je le touche sur deux enchaînements, il m’envoie une droite à l’estomac. À la fin du round, quand je retourne dans mon coin, je me sens bien parce que je sais que je ne vais pas y laisser ma peau.» Pour Ali, la légende commence.


Quelque chose d’enduit sur les gants de Liston trouble la vision de Clay. Après le 4e round, il revient dans le coin en criant : « Je n’y vois rien ! » Au milieu du 5e round, il recouvre la vue. L­ iston abandonne

jeune, fort et habile, mais aussi un homme qui croyait en Dieu. Ils parlaient continuellement de la manière dont David avait tué Goliath et du fait que Dieu ne laisserait pas perdre quelqu’un qui croyait en lui, quelle que soit la force de son adversaire. » Cette force, elle l’habite dans ce combat contre Liston, Quand Clay passe à l’offensive au 3e round. Mort Sharnik, journaliste sportif à l’époque, n’a pas oublié le moment où tout bascule. « Liston semblait indestructible, mais les mains de Cassius tournaient à toute vitesse. Il avait une manière de frapper en faisant tourner son poing au moment de l’impact qui produisait l’effet d’un couteau plutôt bien aiguisé. Il touche Liston avec un jab du gauche suivi d’un direct du droit. C’est comme percer le blindage d’un cuirassé. On voit aussitôt apparaître un gros cocard sous l’Œil droit de Sonny, puis une coupure sous l’autre Œil. Incroyable. La peau de Liston semblait tellement épaisse, je ne pensais pas qu’elle éclaterait comme cela. Je me suis dit : “Mon Dieu ! Cassius Clay est en train de gagner le combat.” » Mais le scénario est à rebondissements. Au 4e round, Clay commence à avoir des problèmes de vue. Une pommade, très probablement astringente et appliquée illégalement sur les gants de Liston par l’un de ses hommes de coin au terme du 3e round, aveugle temporairement le challenger. Angelo Dundee, l’entraîneur de Clay, se remémore : « Cassius est revenu dans le coin après le 4e round et a commencé à crier : “Je n’y vois rien ! Mes yeux !” Quelque chose n’allait pas. Il pleurait. Il disait : “Enlève-moi les gants ! On rentre !” Vous pouvez imaginer ce qui se passait dans sa tête. Il est en train de gagner le combat et, subitement, il ne voit plus. Je lui ai dit : “Oublie ces conneries. C’est le championnat du monde. Assieds-toi.” Je l’ai poussé sur sa chaise, j’ai attrapé une serviette et une éponge, je lui ai nettoyé puis rincé les yeux. J’ai réajusté son protègedents, l’ai redressé en lui soufflant : “C’est le moment, grand chef. Reste loin de lui. Cours !” » Y retourner pour le 5e round, c’est « incroyablement courageux », dé-

clare le Dr. Ferdie Pacheco, le médecin de Clay. « C’était comme aveugler quelqu’un et puis l’envoyer affronter Mike Tyson, ditil. Cassius s’est montré très intelligent sur ce coup. Il est resté hors de portée, a tendu sa main gauche, a touché Liston lorsqu’il était trop près pour le déconcentrer. C’était une performance stupéfiante. Voilà un boxeur tel Godzilla et dont le règne durera peut-être mille ans. Personne ne peut lui résister. Cassius n’y voyait rien, mais c’est Liston que ça handicapait. » Au milieu du 5e round, Clay recouvre la vue. Le round suivant, Clay « pilonne » Liston. Dominé, le champion en titre n’arrive pas à porter le moindre coup à son challenger. Sonné, juste avant le début du 7e round, Liston abandonne.

L

a victoire de Clay révèle l’étendue immense des talents qui vont faire de lui un boxeur de légende : vitesse, coups vifs, jeu de jambes magistral, créativité, courage et génie défensif. L’actualité qui va suivre sa victoire occulte pourtant en grande partie la portée de son exploit sportif. Un jour après le combat, Clay tient une conférence de presse et annonce renoncer à la religion chrétienne. Le jour suivant, lors d’une seconde conférence de presse, il explique qu’il est devenu un disciple du très controversé Elijah Muhammad. Dix jours plus tard, à son tour, le dirigeant de la Nation of Islam proclame que « le nom de Clay n’a aucune signification divine. J’espère qu’il acceptera qu’on l’appelle par un nom meilleur. Mohamed Ali est le nom que je lui donne pour aussi longtemps qu’il croira en Allah et qu’il me suivra ». Clay était devenu champion du monde, mais c’est Mohamed Ali qui faisait désormais l’actualité. Robert Lipsyte, qui couvrait le match Clay-Liston pour le New York Times, déclare par la suite : « À ce momentlà, la presse n’avait pas le choix. Nous étions happés par l’histoire et nous nous devions de la suivre. Clay ne pouvait pas être déchu de son titre. Les gens se retrouvaient avec un champion du monde des poids lourds qui scandait : “Je n’ai pas à être celui que vous voulez que je sois. Je suis libre d’être moi-même.” L’Amérique blanche voulait des athlètes modèles, bon chrétien, petit soldat exemplaire de la démocratie américaine, à l’image de Joe Louis. » Nombre de citoyens américains, noirs comme blancs, critiquent l’attitude de Clay. « Je n’ai jamais approuvé les déclarations d’Elijah Muhammad décrétant que l’homme blanc était le diable et que les Noirs devaient lutter pour un développement séparé, une sorte d’apartheid améri75


cain, révèle Arthur Ashe, légende noire du tennis et vainqueur de plusieurs tournois du Grand Chelem. Je réprouve cette idéologie raciste. » Pour beaucoup, Ali incarne le symbole ultime de la black pride (la fierté d’être Noir) et de la résistance des Noirs face à l’injustice de l’ordre social. De 1964 jusqu’à sa conversion à l’islam orthodoxe en 1975, il se conduit en porte-parole très médiatique de la Nation of Islam. Il prêche l’opposition à l’intégration, l’opposition au mariage interracial et la nécessité d’un état noir indépendant. « Nous ne sommes pas tous frères, proclame Ali. Vous pouvez dire que nous sommes frères, mais nous ne le sommes pas. » Il est ouvertement engagé dans la lutte. À l’époque, les jeunes Américains âgés de 18 à 26 ans sont appelés pour la guerre du Vietnam devenue un conflit majeur. Le service militaire est obligatoire. En 1964, Ali est classifié 1-Y : recalé, en raison d’un résultat médiocre à un test d’aptitude mentale du service de sélection. Au début de l’année 1966, pour augmenter le contingent d’appelés envoyés au Vietnam, l’immunité due à de « mauvais » résultats aux tests est levée. Mohamed Ali devient admissible. Il exige un ­report. Hélas, le 17 février 1966, il est reclassifié 1-A : disponible pour le service militaire obligatoire. Plusieurs heures plus tard, Ali, désabusé, lâche aux journalistes : « Je n’ai pas de problèmes avec les Viêt-congs (les miliciens combattant les armées américaines et sud-vietnamiennes, ndlr). » Dès le lendemain, ses propos font la Une des quotidiens américains. Le 28 avril 1967, il refuse d’incorporer l’armée américaine, invoquant ses croyances religieuses. Dans la foulée, les commissions sportives des différents États lui retirent son titre et lui interdisent de boxer. Moins de deux mois plus tard, il est condamné à cinq ans de prison pour refus d’incorporation. Il n’effectue pas sa peine, mais reste banni du monde de la boxe pendant plus de trois ans avant que la Cour suprême des ÉtatsUnis annule finalement sa condamnation. Ali peut enfin remonter sur un ring. En 1974, il détrône George Foreman à Kinshasa et reprend le titre qui lui avait été in76

justement retiré. Elijah Muhammad s’éteint le 25 février 1975. « Son fils a pris la place de dirigeant. Nous n’avons pas été surpris parce qu’on nous avait dit que Wallace succéderait à son père. Mais ce qui nous a interpellés, c’est la nouvelle direction que Wallace a fait prendre à la Nation. Wallace savait, par le biais de ses études, que son père n’enseignait pas le vrai islam, il nous a alors transmis la vraie signification du Coran. » La mort d’Elijah Muhammad marque un changement radical du positionnement de la Nation of Islam et des déclarations publiques du champion à propos des races. Par le passé, Ali, figure publique et figure privée, souffrait de cette ambivalence. Il semblait remettre en question l’idée que les Blancs seraient fondamentalement diaboliques. Il peut désormais soulager sa conscience : « Je ne déteste pas les Blancs. C’était une autre histoire, c’est du passé. »

A

li a combattu pour la dernière fois il y a plus de trois décennies. Sa santé s’est nettement détériorée depuis, mais il reste l’athlète majeur de l’époque contemporaine. Son histoire d’amour avec l’Amérique et avec le monde atteint son apogée en 1996 quand il est choisi pour allumer la flamme lors de la cérémonie d’ouverture des 26e Jeux Olympiques d’Atlanta. Trois milliards de téléspectateurs à travers le monde l’applaudissent devant leurs postes, unis par leur amour et leur attachement envers un seul homme. On a tendance à penser que les engagements

les plus revendicatifs d’Ali datent des années 60, lorsqu’il était surveillé de près, que sa conduite frisait régulièrement la provocation. On l’adulait ou on le détestait. À cette époque, Ali affirme que les principes comptent, que l’égalité entre les peuples est juste et bonne, que la guerre du Vietnam est une erreur. Il est dans la provocation permanente. Sûr de lui. « Je suis tellement beau », dit-il. Et clame : « Black is beautiful. » Reggie Jackson, joueur entré au panthéon du baseball, le Hall of Fame, évoque ce point lorsqu’il déclare : « Avez-vous la moindre idée de ce qu’Ali représentait pour les Noirs ? En tant que jeune Noir, il m’arrivait d’avoir honte de ma couleur, d’avoir honte de mes cheveux. Et Ali m’a rendu fier. Maintenant, je suis aussi heureux d’être Noir qu’un Blanc peut l’être. Ali a contribué à ce processus d’évolution. Pensez-y ! Est-ce que vous comprenez ce que cela a fait aux Afro-Américains de savoir que l’un des icônes du sport mondial, à la fois beau physiquement et très charismatiques était noir? Ali a aidé les gens de ce pays à sortir de leur esclavage mental. Grâce à Ali, le fait d’être Noir a changé du tout au tout pour des millions de personnes. » Aujourd’hui, Ali est un symbole de tolérance et de compréhension. « Lorsque j’étais jeune, on m’a inculqué le mépris de l’autre, on me disait que les Blancs étaient des démons. J’y croyais, et j’avais tort. La peau ne fait pas d’un homme un démon. Ce qui compte, c’est le cœur, l’âme, l’esprit. Mépriser quelqu’un à cause de sa peau, c’est ridicule. Peu importe la couleur à l’origine de cette haine. C’est tout simplement stupide. » Mais Ali ne renie pas ses engagements passés auxquels il a cru. « Elijah Muhammad était un homme bon. Même s’il n’était pas le messager de Dieu, nous pensions qu’il l’était. Elijah nous a appris à être indépendants, à nous purifier, à être fiers et forts. Si l’on regarde ceux que nous étions à cette époque, nombre d’entre nous n’avaient pas de respect pour eux-mêmes. Nous ne possédions rien après avoir vécu aux États-Unis pendant des centaines d’années. Elijah Muhammad essayait de nous élever et de sortir notre peuple de la misère. Je pense qu’il avait tort quand il parlait des démons blancs, mais il a considérablement contribué à ce que les gens cessent d’avoir honte d’être Noir. Je ne vais pas donc m’excuser pour ce en quoi j’ai cru. » L’écrivain américain Thomas Hauser est l’auteur de Muhammad Ali: His Life And Times, une biographie de référence sur Ali. Il vient de publier Straight Writes And Jabs: An Inside Look At Another Year In Boxing. Son e-mail : thauser@rcn.com the red bulletin

ddp images, Keystone

« Lorsque j’étais jeune, on m’a inculqué le mépris de l’autre, on me disait que les Blancs étaient des d­ émons. J’y croyais, et j’avais tort. Ce qui compte, c’est le cœur, l’âme, l’esprit »


Clay remporte le championnat du monde des poids lourds. Une première. Quelques jours plus tard, il se convertit à l’islam et devient Mohamed Ali. the red bulletin

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RB8 ·20 12

RB7 · 20 11

Cette saison, beaucoup de choses vont changer en Formule 1. Comment l’écurie infiniti Red Bull Racing, quadruple championne du monde en titre, a-t-elle préparé sa nouvelle monoplace avec autant d’inconnues ? Texte : Werner Jessner

formule

magique


les bébés de Newey

L’Anglais Adrian Newey est le concepteur des monoplaces de l’écurie Infiniti Red Bull Racing. Pour la première fois, il révèle les secrets de ses machines à gagner. Découvrez en quoi cette saison constitue le début d’une ère nouvelle.

RB6 ·2010

Thomas Butler

RB9 ·2013

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M ilton Keynes, Angleterre, début 2012. Un groupe de travail, composé d’ingénieurs de Red Bull Racing et de Renault Sport, discute, portes closes, du packaging de la monoplace RB10. Composants, taille et emplacement, tout y passe. À cet instant, même la RB8 avec laquelle Sebastian ­Vettel, récent double champion du monde, doit entamer sa quatrième saison chez Red Bull Racing, n’a pas encore été dévoilée au public. Le groupe de travail connaît dans les grandes lignes les 80

contours du futur règlement qui prévoit l’utilisation d’un moteur V6 turbo et deux sources de récupération d’énergie, thermique et cinétique. Renault, motoriste de Red Bull, doit procéder à d’innombrables essais pour mettre sur pied un groupe électrogène compétitif. Au début de la saison 2013 – pendant que Vettel, triple champion du monde, profite de quelques jours de vacances d’hiver – un groupe de travail sur l’aérodynamique se réunit pour étudier en détail le nouveau règlement,

RB10 ·2014

désormais officialisé. Au printemps 2013 – alors que Vettel vire en tête du classement des pilotes – l’équipe en charge de la RB10 s’étoffe. Avec un Fernando Alonso en grande forme et un Lewis Hamilton sur Mercedes à ne pas sous-estimer, on décide de maintenir les ressources principales sur l’évolution de la RB9 jusqu’à la fin de la saison et de ne pas basculer dès l’été l’essentiel de l’équipe sur la RB10. Adrian Newey, directeur technique de ­Infiniti Red Bull Racing : « Avec le recul, the red bulletin


secrets de fabrication aux origines RB5 (2009) Classement ­constructeurs : 2e (vainqueur : Brawn) Classement pilotes : 2e (Vettel) et 4e(Webber) Champion du monde : Jenson Button

Benedict Redgrove/Red Bull Content Pool(2), Getty Images/Red Bull Content Pool(2)

« En 2009, le nouveau règlement introduit des modifications majeures au niveau de l’aérodynamisme. Nous passons l’année 2008 à les analyser dans les moindres détails et à produire une base solide. Le changement le plus important concerne l’élargissement de l’aileron avant. Dorénavant, nous devons rediriger les entrées d’air à l’extérieur, le long des pneus avant. Cela nous oblige à

il aurait été plus judicieux de concentrer plus tôt tous nos efforts sur la nouvelle voiture. Mais on ne pouvait pas s’imaginer dès le mois d’août que la RB9 dominerait à ce point la fin de saison. » Le nouveau règlement va imposer une approche radicalement différente. Le centre de la voiture – qui inclut le châssis, le moteur, le système de refroidissement, les pontons, la boîte de vitesses et les systèmes de récupération d’énergie – est conçu pour assurer un rendement moteur et une efficacité de refroidissement optimaux, sans toutefois compromettre l’aérodynamisme de la voiture. En revanche, l’avant et l’arrière sont pensés dans un but exclusivement aérodynamique. Quoique l’aileron avant puisse être un vrai cassetête. Adrian Newey : « Cette saison, la largeur de l’aileron avant ne devra pas dépasser le milieu des pneus. D’un point de vue aérodynamique, c’est le pire emplacement. Le museau pose un autre problème : le règlement prévoit deux niveaux différents, le cockpit et le museau, offithe red bulletin

concevoir des baquets avant aux extrémités de l’aileron. Notre nez initial est médiocre, mais dès Silverstone nous passons à cette version élargie et rehaussée qui évoque un bec de canard, permettant à l’aileron avant de mieux remplir sa fonction. La deuxième réussite de cette voiture tient à sa boîte de vitesses plus allongée grâce à laquelle nous faisons d’une pierre deux coups : une meilleure répartition du poids du moteur vers l’avant et une utilisation de suspensions PullRod à l’arrière. Une solution techniquement plus élégante même si en termes de place elle est un peu plus gourmande. Le troisième point notable est le diffuseur ascendant avec ailette. La concurrence trouve une faille dans le règlement et introduit le double diffuseur. Son autorisation ultérieure relèvera d’une décision politique. Au final, la RB5 ne remporte pas le titre mondial mais préfigure les nombreuses victoires de ses descendantes. Les premiers succès et la seconde place au classement des constructeurs fournissent à l’équipe la confiance nécessaire à la lutte pour la couronne mondiale. »

Le roi du grip RB6 (2010) Classement ­constructeurs : ­champion du monde Classement pilotes : champion du monde (Vettel) et 3e (Webber) « Cette voiture est entièrement conçue autour du double diffuseur. La transmission est allongée pour exploiter chaque millimètre du diffuseur qui commence sous le moteur ! Nous abaissons aussi les sorties d’échappement au maximum pour envoyer une partie des gaz dans l’une des jupes du diffuseur. Nous obtenons ainsi plus d’appui au sol. Le reste des échappements est redirigé derrière la roue arrière afin de ne pas augmenter les turbulences d’air, inévitables à cet endroit. La ­voiture est rapide, même si au départ elle n’est pas équipée du F-Duct développé par McLaren qui permet de briser le flux d’air sur l’aileron arrière. Le système

date de la guerre froide. Les Américains l’avaient développé pour que leurs avions de combat puissent continuer à fonctionner au cas où l’électronique serait parasitée par l’ennemi. Dans la bataille pour le titre, chaque dixième compte. Nous intégrons donc ce système après coup. Comme nous ne pouvons plus modifier le châssis, nous utilisons les ouvertures destinées aux faisceaux de câbles pour laisser passer l’air dans le cockpit. Par chance, elles sont assez grandes ! C’est seulement lorsque nous parvenons à casser le flux d’air sur la surface principale de l’aileron arrière que nous gagnons la partie. »

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La soufflerie ­permanente RB7 (2011) Classement ­constructeurs : ­champion du monde Classement pilotes : champion du monde (Vettel) et 3e (Webber) « Cette saison marque l’interdiction du double diffuseur. La RB6 est la voiture à la déportance la plus élevée de l’histoire de la F1, bien plus encore que les voitures à jupes des années 80. Nous mesurons jusqu’à 5,5 G d’accélération transversale, permettant de négocier comme jamais le virage de Copse à Silverstone et celui de Barcelone, juste avant la ligne droite de retour. Il a fallu trouver un autre moyen de créer l’appui au sol. En positionnant les sorties d’échappement plus à l’extérieur. Les gaz sont alors expulsés entre les roues arrière et le plancher de la voiture, la scotchant au sol. Cela ne fonctionne que si le flux est permanent. On a dû réaliser une cartographie du moteur pour trouver comment produire des échappements même quand le pilote n’appuie pas sur la pédale. Le chrono réalisé est presque aussi bon que celui de la RB6 ! Au début, les pots d’échappement se brisent les uns après les autres, à cause de leurs formes inhabituelles. La solution vient en ajoutant de la matière et en modifiant son traitement. Mes voitures s’alourdissent après leur 1re sortie. »

La bouteille virtuelle RB8 (2012) Classement constructeurs : ­champion du monde Classement pilotes : champion du monde (Vettel) et 6e (Webber) « Le règlement cette saison introduit des limitations concernant l’emplacement des sorties d’échappement et interdit l’utilisation des diffuseurs soufflés, indispensables quand le pilote n’accélère pas. Nous venions de passer deux années à perfectionner cette technologie. L’interdiction nous fait très mal. McLaren sort ses échappements à effet Coanda : les gaz sont poussés dans une zone en espérant qu’ils soient dirigés là où ils doivent produire leurs effets. L’idée ne m’enchante guère. Je décide d’orienter le flux sous les roues. Si ce n’est pas bien fait, la voiture sera mauvaise car on perd à l’arrière la forme de goulot très important pour l’aérodynamisme. Le règlement comporte une faille. À 100 mm au-dessus de la ligne zéro de la voiture, certaines limitations liées à la carrosserie disparaissent. C’est exactement dans cet espace que nous posons un conduit d’aération destiné à produire l’effet du goulot de bouteille. Résultat : stabilité et maniabilité. »

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Derniers perfectionnements RB9 (2013) Classement ­constructeurs : ­champion du monde Classement pilotes : champion du monde (Vettel) et 3e (Webber) « Même si presque aucun composant de la RB8 n’est réutilisé pour la RB9, elle se rapproche malgré tout d’une RB8 bis. Le plus gros défi de cette année concerne les pneumatiques dont l’usure est trop rapide. Les saisons précédentes, nous avons conçu des voitures qui devaient leurs bons chronos aux virages rapides, là où les pneus sont le plus sollicités. Nous devons donc réduire cette charge, aussi bien au niveau technique que d’un point de vue du pilotage individuel. Il nous a fallu un certain temps pour comprendre comment maintenir les roues dans une zone de température optimale. C’est le résultat d’un travail mené de longue haleine et dont les bases avaient été jetées avec la RB5. Même si dans l’ensemble Sebastian Vettel s’en est mieux sorti que Mark Webber, la RB9 n’a pas été conçue à sa seule attention, loin s’en faut. Mark est très doué pour sentir l’aérodynamisme de la voiture, Seb lui, sait parfaitement gérer les pneumatiques. Pour l’équipe, l’association de leurs deux talents constitue la combinaison idéale. Avec des pneus moins sensibles que les Pirelli de 2013, la différence entre eux deux aurait été beaucoup plus faible. Comme en 2009, le règlement de cette saison introduit à nouveau des modifications majeures. La RB10 sera le point de départ d’une nouvelle génération de voitures, à l’instar de la RB5 il y a cinq ans. »

ciellement pour des raisons de sécurité mais il omet de prendre en considération la connexion qui les relie. On hérite ainsi d’une solution esthétique très discutable. » L’abaissement du nez est censé éviter le décollage de la voiture en cas d’accrochage, comme ce fut le cas pour Mark Webber à Valence en 2010. À présent, l’inverse pourrait se produire s’il y a accrochage : la voiture de derrière ­passerait sous la voiture de devant, ce qu’on appelle communément le submarining. Dans cette éventualité, le casque des pilotes deviendrait le premier point d’impact. Or, cette saison, il faudra pourtant faire avec ces nez qui ont essuyé de sévères critiques lors de la présentation aux équipes. Seules des raisons de sécurité – un ou plusieurs accidents avec submarining – permettraient de revenir sur cette règle. Ou si un consensus entre toutes les écuries est trouvé. Peu probable. C’est ailleurs que se situe le problème majeur, dans le nouveau mode de propulsion plus exactement. Jusque-là équipé d’un moteur V8 atmosphérique, le packaging était si bien rodé que chaque équipe savait exactement ce qu’il fallait faire. Cette année, on plonge dans l’inconnu et avec une contrainte supplémentaire : le refroidissement des unités électroniques. Contrairement à l’eau ou à l’huile qui peut être exploitée sans problème à des températures de plus de 100 °C, l’électronique devient inopérable au-delà de 60 °C. Un défi majeur pour les ingénieurs, particulièrement pour les ­ ahreïn par courses dans les pays chauds, B exemple, où la température ambiante atteint 50 °C. En conséquence, les systèmes de refroidissement sont plus volumineux, compromettant l’aérodynamisme de la monoplace. Autre point sensible, l’emplacement des batteries que le règlement impose de placer sous le réservoir, qui jusqu’à présent pouvait aussi se loger près de la boîte de vitesses. Un point qui met les ingénieurs face à deux difficultés : un centre de gravité plus élevé et un environnement très hostile aux batteries. La fiabilité et la résistance de celles-ci seront, c’est sûr, des sources d’inquiétudes, notamment lors des premières courses. Dans les cercles des techniciens rôde le spectre du tout nouveau Boeing 787, cloué au sol durant de longs mois pour un problème de surchauffe de batterie, en dépit des énormes moyens techniques dont dispose l’un des plus grands groupes au monde. L’unité de contrôle des systèmes de récupération d’énergie est l’un des rares composants du packaging qui laisse une marge de ­manœuvre aux ingénieurs. Faut-il le the red bulletin

David Clerihew/Red Bull Content Pool(3), Thomas Butler

secrets de fabrication


« La RB10 sera le point de ­départ d’une nouvelle génération de voitures, à l’instar de la RB5 il y a cinq ans »


Comment fonctionne une unité de propulsion ? Cela paraît complexe et ça l’est : moteur à combustion, système de contrôle, turbo compresseur, système d’injection, MGU-H récupérateur d’énergie thermique et MGU-K récupérateur d’énergie cinétique (constituent à eux deux le ERS, Energy Recovering System) et accumulateur d’énergie doivent pouvoir interagir afin de tirer le maximum de l’énergie chimique disponible. Toutefois, deux éléments viennent entraver cet objectif : le volume de carburant pour la course est limité à 100 kg et le débit de carburant à 100 kg par heure. Il faut ajouter à cela la limitation du régime moteur plafonné à 15 000 tours/minute. Quand le pilote appuie sur la pédale d’accélérateur, le système doit calculer la puissance à fournir en fonction de la pression sur la pédale. Que le moteur à combustion V6 Turbo de 1 600 cc soit en mesure de le faire est une chose, encore faut-il que cela se fasse d’une part sans dépasser la limite du débit de carburant autorisée et qu’il y ait suffisamment d’air pour la combustion. Afin d’augmenter le rendement du moteur, il s’agit donc dans un premier temps d’alimenter le turbo agrandi à cet effet, en partie avec l’énergie électrique stockée pour emmener plus d’air dans la chambre de combustion. En cas d’insuffisance, le MGU-K pourra être mis à contribution pour augmenter la propulsion. Ce dispositif résulte de l’évolution du KERS et constitue une propulsion quasi hybride activable via des moteurs électriques. De son côté, la puissance restituée par MGU-K ne doit pas excéder 120 KW (environ 163 CV) pour une durée de 33,33 secondes par tour. Au total, l’unité de propulsion (moteur turbo et ERS) développe plus de 800 CV, soit presque autant que le moteur V8 atmosphérique. Pour une récupération maximale de l’énergie sans impact négatif sur la tenue de route, le contrôle du circuit de freinage arrière ne sera plus hydraulique mais électronique (brake-by-wire).

Exemple d’interaction des systèmes. Voyez comment toute l’énergie disponible est mobilisée lors d’un dépassement.

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Dans l’ensemble, le moteur turbo V6 et sa c­ apacité de récupération de l’énergie seront aussi puissants que l’ancien V8.

Poids minimal du moteur : 145 kg. La batterie, elle, doit peser entre 20 et 25 kg.

­ ositionner au-dessus des batteries et p ­rehausser un peu plus le réservoir ? Ou plutôt le placer dans les pontons mais gratter sur la ­performance ? L’essieu arrière qui sert en même temps d’aileron comme chez McLaren, ou le nez de la Mercedes constituent-ils tant d’avantages qu’il faudrait ­reconsidérer toute l’approche de l’aéro-­dynamique ? Une chose est sûre, quand la saison démarrera, l’aérodynamisme ne sera pas au centre des priorités. Il s’agira avant tout de cerner le comportement des moteurs et de régler la stratégie de course en fonction du volume de carburant autorisé : faudra-t-il partir fort pour ensuite ­lever le pied ou bien l’inverse ? La voiture de sécurité aidera-t-elle à économiser le carburant ? Autant de questions auxquelles les équipes devront d’abord répondre avant que l’aérodynamisme ne puisse jouer à nouveau un rôle prépondérant, comme lors de la ­saison passée. Cette année, les unités de propulsion devront accomplir environ 5 000 km. Deux fois plus qu’avant. De plus, les besoins réels en refroidissement s’avèrent supérieurs aux projections. Cela explique pourquoi actuellement toutes les voitures excèdent le poids minimum de 695 kg, ­pilote compris. « Avec Sebastian (Vettel, ndlr) et Daniel (Ricciardo, ndlr) nous atteindrons tout juste cette limite, estime Adrian Newey. Mark Webber aurait été désavantagé cette saison. » La première course de la saison à Melbourne le 16 mars est donc particulièrement guettée par tout le monde. Spectateurs compris. Dans les stands, les équipes, les ­ingénieurs, les sous-traitants et les pilotes vont enfin avoir un début de réponse aux questions soulevées ces dernières ­semaines. Mais il ne faut pas s’attendre à trouver si tôt toutes les solutions. En ­attendant, il faut se contenter des prévisions de Rob White, le directeur général adjoint de ­Renault F1 : « En Australie, à Melbourne et pour les Grands Prix qui suivront (en Malaisie, le 30 mars ; à ­Bahreïn, le 6 avril ; à Shanghaï, le 20 avril, ndlr), l’objectif prioritaire de toutes les voitures équipées de moteurs Renault sera de finir la course sans rencontrer de pépins. » Une gestion qui n’a rien de surprenant. À l’heure des premiers réglages, chacun au sein du peloton de la Formule 1 veut se tester en minimisant les risques. Emmener la voiture dans les points à chaque arrivée demeure une ­obsession. Dès la première course, tous les points comptent. C’est un élément du règlement qui ne change jamais d’une saison à l’autre. Plus sur www.infiniti-redbullracing.com the red bulletin

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Si tu grimpes à Rio…

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On ne choisit pas ses origines. Au brésil, l’escalade est une voie « sacrée » pour sortir des favelas. ­L’élévation, dans tous les sens du terme. VOYAGES, p. 88

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MAIS CE N ’EST PAS TOUT À PART grimper, ON PEUT…

SURFER Les meilleures ­vagues de Rio déferlent à Prainha, à 30 km de la mégapole carioca. L’endroit offre un excellent spot de surf et un parc naturel pittoresque. prainhario.com.br

À Rio, l’escalade sans fin Depuis 2008, les autorités de Rio œuvrent à la réduction de la fracture sociale entre les quartiers asphaltés de la classe moyenne et les favelas qui les entourent. Les offensives de la police contre le crime organisé ont ramené un zest de sécurité et ont ouvert à l’escalade quelques falaises, autrefois épines dorsales de favelas comme Rocinha. Aujourd’hui, Rio est l’un des plus grands centres d’escalade urbaine au monde. Faciles d’accès, ses sites attirent aussi bien les débutants que les plus aguerris. Le sud de la ville offre de nombreux spots pour une ascension rapide, histoire de se dégourdir les doigts et de profiter de la splendide vue sur le site des JO de 2016. « Grimper ici est une tout autre expérience, concède l’Américaine Colette McInerney. Je suis dingue du Brésil et de Rio. » « La ville se prête à tout type d’escalade », explique Lucas Marques, un grimpeur local qui a fait découvrir à McInerney la colline Dois Irmãos. « La beauté et la facilité d’accès aux collines attirent des casse-cou du monde entier. À Rio, le même jour vous pouvez aller au travail et faire de l’escalade. » Il y a peu, Marques et McInerney ont négocié, deux fois en quatre heures, le passage de la falaise nommée PaL’école d’escalade trick White. Un moment mémode Rio propose des rable pour la demoiselle : « Être en séances dans et aux même temps si proche de la ville, alentours de la ville de l’océan et des collines était gri(à partir de 38 €) : sant et différent de tout ce que companhiada escalada.com.br j’avais connu ailleurs. » 88

De l’escalade, et en toile de fond, les baraques de la favela de Rocinha.

MANGER Attablez-vous près du gardecorps qui sépare le Bar Urca du rivage de la baie de Guanabara. Sa bière glacée et ses empanadas sont réputés. barurca.com.br

RECOMMANDATION D’INITIÉ LA PéRIODE IDéALE « Pour grimper à Rio, la meilleure période va de mai à septembre, dit Rubens Ferreira, moniteur à Companhia da Escalada. Il fait très chaud à Rio mais à la mi-juin, durant l’hiver austral, les températures sont agréables et les pluies rares. »

Une attraction locale

L’escalade attire de plus en plus d’adeptes venant des bidonvilles aux pieds des collines. « C’est un sport très éprouvant, physiquement et psychologiquement, dit Andrew Lenz, fondateur d’une école de grimpe dans la favela de Rocinha. Il allie l’utile à l’agréable en préparant les plus doués à réussir dans les autres domaines de leur vie. » escaladaurbana.com

S’ENVOLER Pour ceux que l’escalade n’aurait pas rassasiés, le vol en deltaplane est une alternative pour voir la ville du ciel. rioasadelta.com.br

the red bulletin

Marcelo Maragni(2), Corbis

e scaladE URBAINE  LES AFFLEUREMENTS GRANITIQUES DES favelas DE RIO SONT AUJOURD’HUI UN PARADIS POUR GRIMPEURS.


Action !

conseils de pro

Chez Infiniti Red Bull ­Racing, Daniel Ricciardo est le nouveau coéquipier   de Sebastian Vettel.   Il remplace Mark Webber   parti à la retraite.

Au taquet dans le baquet

David Robinson/Red Bull Content Pool, nico bustos, Shutterstock

Tony Thomas

hery irawan

F1  DANIEL RICCIARDO RÉVÈLE la rude préparation physique d’un pilote. « Le pilotage exige une forme optimale, dit l’Australien Daniel Ricciardo, 24 ans. Soit de la force, de l’endurance et de la vitesse de réaction. L’intensité et la longueur des courses ne tolèrent aucun surpoids. Mon entraînement physique privilégie l’explosivité et le dynamisme par l’exécution rapide de séries à répétition plus élevée. Par ailleurs, la nuque d’un pilote demande une attention toute particulière à cause de la force de gravité subie dans les virages. Il y a aussi la position assise inclinée vers l’arrière qui s’apparente à un exercice d’abdos continuel. Tout cela implique un gros travail au niveau de la ceinture abdominale et des fessiers. À la fin d’une course, on a les fesses en compote ! Pour freiner, il faut des jambes solides. Pendant une course, on pousse environ 500 fois une charge de 100 kg. L’endurance et les efforts lors d’un Grand Prix font de la F1 la plus physique des courses automobiles. »

LE TEN N IS AU SECO U RS

L’Australien  Daniel Ricciardo  au gainage.

FA I T E S - E N A U TA N T C H E Z V O U S « L’allongement du muscle moyen fessier est fondamental pour les pilotes »,   précise Stuart Smith, l’entraîneur australien de Ricciardo. Il détaille ici les mouvements   de l’exercice qui développe ce muscle au niveau des hanches.

1

Démarrer en position de gainage latéral.   L’équilibre du corps au contact du sol est maintenu par l’avant-bras, le coude et l’épaule.

3

2

Élever le corps jusqu’à former un triangle. Seuls le pied inférieur et l’avant-bras sont au contact du sol. L’élévation se fait à la force des abdos.

4

D’un AS DU VOLANT

DE LA BALLE !

« Avec mon coach, je travaille ma vitesse de réaction, dit Ricciardo. Par exemple, je me mets face à un mur, il me lance des balles de tennis et je dois me retourner et essayer de les rattraper au vol. Difficile mais excellent pour la coordination des yeux et des mains. »

the red bulletin

Lever la jambe supérieure tout en redressant le corps grâce à la ceinture abdominale et le pelvis. Très efficace pour renforcer la stabilité des hanches.

Baisser les deux jambes dans un mouvement   de ciseaux pour solliciter le muscle moyen fessier qui absorbe les forces dans les virages.

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Action !

Clubbing

Die Tanzfläche im Sound fasst 650 Raver.

et à part ça ? TROIS raisonS supplémentaires d’aller à ABU DhABI

en temps et en or L’Emirates Palace Hotel dispose d’un distributeur d’or, entièrement ­plaqué or. Selon le cours du jour, on peut retirer 1,5 gramme ou 10 grammes.

A BU DHABI  CLUB o1ne a l’allure d’UN VAISSEAU SPATIAL POSÉ SUR LA VILLE DéSERTique. ON y AGITE BOUTEILLES DE CHAMPAGNE ET BOMBES de PEINTURE. Paré du plus grand mur de graffitis privé au monde, le O1ne assure son entrée au Livre Guinness des records dès son ouverture en octobre dernier. Pas moins de 6 000 bombes de peintures et 19 artistes internationaux ont embelli la façade ­bétonnée haute de 17 mètres. L’intérieur est réservé aux VJ’s, avec plus de 350 m² de surface de projection : un autre record potentiel. Ici, les top modèles et les magnums à bulles sont légions. Un podium éclairé sur lequel se produisent des stars de rap US, telles que Ludacris et Lil’Kim, traverse le club en son centre et crée sur le dancefloor une ambiance de défilé de mode à bord d’un vaisseau spatial. Mais comment y entrer ? Chafic el-Khazen, le gérant du club : « Soit en réservant une table VIP, soit en tentant sa chance à ­l’entrée, au bras de deux dames. Attention, tenue ­correcte exigée ! » O1NE Yas Island Leisure Drive, Gate 8, Yas Island Abu Dhabi, VAE www.o1neyasisland.com

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Un défilé de mode intergalactique.

les clubs les plus… grands, vieux et chers. respectivement :

le Privilege, Ibiza Sept étages, des plafonds hauts de 25 mètres, une ­piscine intérieure immense et 10 000 clients chaque soir. Un plan des lieux est même remis à l’entrée. Indispensable pour s’orienter dans le plus grand club au monde. le Moulin Rouge, Paris Le plus ancien club en activité au monde a ouvert ses portes en 1889. Comme la Tour Eiffel. Il est toujours un lieu d’innovation. La Machine, la boîte collée au Moulin, accueille les DJ’s les plus en vue du ­moment. le Club 23, Melbourne Le Club 23 sert le cocktail le plus cher au monde : The Winston à 9 230 euros le verre. Un prix justifié par l’utilisation d’un prestigieux cognac, très rare : la Cuvée Leonie. Le préféré de ­Winston Churchill.

pour de faux Depuis 2002, la participation d’enfants-jockeys aux courses de chameaux d’Al Wathba est interdite. Des robots de trois ­kilos les ont remplacés sur le dos des camélidés.

en chute libre En suspension à un mètre du sol, la soufflerie verticale de l’Abu Dhabi Country Club, 643 KW de puissance, vous fait vivre les sensations d’une chute libre.

the red bulletin

sky-management.net(2), Getty Images, skyventure.com

Des graffitis très spatiaux


Action !

ma ville

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David « LEBO » LeBatard : l’art en plein cœur de Miami

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floride  LE MIAMI DES OFFICIERS CROCKETT ET TUBBS AVEC SES TRAFIQUANTS DE DROGUE EN ­B ATEAUX À MOTEUR ET VESTONS PASTELS EST UN MUSÉE. L’ARTISTE DE RUE LEBO présente LES CÔTÉS COOLS DE LA RÉALITÉ. S

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2 Panther Coffee 2390 NW 2nd Ave. « Le Wynwood Art District – haut lieu de rencontre des esprits excentriques et créatifs de Miami – existe seulement depuis 2003. Soixante-dix galeries et musées. Et au milieu, ce café convivial. »

Julia Tuttle Causeway

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5 Montgomery Botanical Center

mes coins préférés

1 South Pointe Park 1 Washington Ave. « Plus loin, le South Beach est un espace un peu, hum… narcissique. Mais ici, au début du quartier, les skateurs côtoient les retraités dans une atmosphère très agréable et détendue. »

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Bay Harbor Islands

Virginia Key

Plus sur www.lebostudios.com albert exergian

Hialeah

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Oleta River State Park

I-95 Express (Tollroad)

Opa-Iocka Executive Airport

L’art de David « LEBO » Le Batard est un mélange coloré de plusieurs disciplines : culture pop, peintures murales, installations. Autrement dit : un reflet de la diversité trépidante de Miami. Lorsqu’il n’est pas occupé dans sa galerie, dans le Wynwood Art District de Miami, Le Batard aime se plonger dans la culture de rue de sa ville natale. « Il y a des millions de peintures murales ici. Le mieux est de sortir et de se balader dans la ville », recommandet-il… ou de prendre un vélo en libre-service à South Beach pour explorer les locaux captivants du coin. « Je m’intéresse en particulier aux lieux qui réunissent des gens très différents », explique LEBO.

Jason Koerner, Corbis(3), Getty Images, shutterstock

Collins Ave

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3 Le Tub 1100 N. Ocean Dr. « Sur les trois kilomètres de la promenade d’Hollywood Beach, Le Tub est une référence : des plats délicieux, pas de carte de crédit, des baignoires et des toilettes en guise de décoration. »

4 Los Ranchos Steakhouse 401 Biscayne Blvd. « J’ai grandi dans Little ­Havana. La population du quartier est majoritairement hispanophone. Tous adorent ce steakhouse aux airs ­espagnols. »

5 Bill Baggs Park 1200 Crandon Blvd. « Situé à la pointe sud extrême de Key Biscayne, c’est l’endroit idéal pour faire du stand up paddle. Cela dit, toute la Floride est très propice à ce sport, car nous n’avons pas de vague. »

en vélo

à pied

en Kayak

Vivez une expérience à couper le souffle dans la nature avec une boucle de 24 km avant le lever du soleil.

Le sentier de 5 km commence à l’Oasis Visitor Center et traverse un marécage de 75 cm de profondeur.

Terminez le voyage par un tour en kayak de 5,6 km. N’oubliez pas votre spray anti-insectes !

www.nps.gov/ever/planyourvisit/tamiami-trail-triathlon.htm

the red bulletin

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Action !

world run

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Au top

Tous pour un !   W ings For Life World Run  Un seul top départ pour six continents  : le dimanche 4 mai 2014 se déroulera une épreuve unique en son genre. La première course à pied globalisée de l’histoire, ouverte à tous ceux qui veulent se mesurer au monde. 1. les modalités

4. le CLASSEMENT

Le 4 mai 2014 à 10 heures (Temps Universel), le coup d’envoi sera ­donné à 35 courses dans 33 pays. Trente minutes après, les poursuivants en voiture seront lâchés. Le dernier coureur à être rattrapé sera déclaré vainqueur.

Le dernier homme et la dernière femme à être rattrapés seront les vainqueurs mondiaux et gagneront un voyage exclusif autour du monde. Un vainqueur national sera aussi ­désigné dans chaque pays. Le classement en ligne permet à chacun de situer sa performance.

2. LES POURSUIVANTS Les voitures « chasseuses » augmentent partout leur vitesse au même rythme. Les coureurs rattrapés au fur et à mesure seront éliminés. La distance parcourue s’établit à l’endroit où le coureur est doublé par la voiture.

5. LES PARTICIPANTS

3. les parcours

6. la Mission

Ils sont de cinq natures différentes : en milieu côtier, fluvial, urbain, pleine campagne et sur plateau. Les infos météo, tous les détails concernant les parcours et un ­calculateur distance/temps de course pour une vitesse donnée sont disponibles sur la page ­d’accueil de l­ ’événement.

De l’amateur au champion olympique. Le but ? Courir aussi longtemps que possible et ainsi soutenir la recherche pour soigner la paraplégie. Chaque coureur apporte son aide, chaque kilomètre compte.

« Courir pour ceux qui ne peuvent pas le faire », telle est la devise de Wings for Life World Run. Les bénéfices seront reversés à la ­fondation Wings For Life qui soutient la recherche sur les lésions de la moelle épinière dans le monde entier. Plus sur www.wingsforlife.com

Participez à Wings for Life World Run ! Inscription en ligne jusqu’au 20 avril sur wingsforlifeworldrun.com

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s hopping  LE COUREUR DE L’EXTRÊME CHRISTIAN SCHIESTER vous guide en termes d’éQUIPEMENT de course.

1

LES CHAUSSURES

Mieux vaut les acheter chez un spécialiste. Ne pas hésiter à prendre conseil, faire analyser sa foulée et sa voûte plantaire. Un bon amortissement sera ainsi la priorité d’un runner sur asphalte.

2

les vêtements

3

l’équipement technique

Si vous avez un peu froid en sortant de chez-vous alors votre tenue est adéquate. Optez pour des textiles ventilés ayant des éléments réfléchissants. Attention aux zones irritantes sur longue distance !

Le physique est primordial mais l’analyse de données (le rythme cardiaque, les distances parcourues…) que permet la technologie est source de motivation surtout chez les coureurs débutants.

+

LA TOUCHE DU PRO

cHAUSSETTES DE ­COMPRESSION

Elles ont réduit mon scepticisme initial à néant : la compression des muscles du m ­ ollet agit positivement sur la performance et ­réduit jusqu’à 20 % le temps de récupération.

« La ­technologie est source de ­motivation  » Christian Schiester : ­ambassadeur de Wings For Life World Run

the red bulletin


1, 2, 3 vos compagnons de course

PLEINS FEUX Les réflecteurs à l’épaule, au dos et aux bras en font une silhouette ­remarquable.

PROTECTION DISCRÈTE Une membrane triple épaisseur préserve de l’humidité, la couche extérieure en fibre synthétique de la pluie et du vent.

CamelBak Dart

CONCENTRÉ D’ÉNERGIE Logée dans la poche, la batterie rechargeable via USB fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement des LED.

Idéal pour les séances longues, ce sac d’hydratation light de 270 g peut, outre les 1,5 l d’eau, contenir aussi K-way et Smartphone. camelbak.com

Jürgen Skarwan/Red Bull Content Pool, Philip Platzer, kurt keinrath

X-Bionic Effektor La compression partielle stimule la circulation ­sanguine, élimine le lactate et améliore l’apport en ­nutriments. x-bionic.com

Au clair de lune  Tao Illuminator Jacket  COURIR DE NUIT SANS LAMPE FRONTALE  ? C’EST POSSIBLE. cettE VESTE vous OUVRE LA VOIE. Voir et être vu n’est pas une question d’ego mais de sécurité pour le runner. Avec cette veste, récompensée au Plus X Award (prix de l’innovation technologique), fini les couleurs flashy pour assurer une visibilité ­passive. Entièrement noire, elle intègre deux lampes LED qui illumineront votre course en pleine obscurité. Plus sur www.tao.info

the red bulletin

RAYONNEMENT La nuit, les deux lampes LED ­produisent un angle lumineux de 60 degrés.

Garmin Tactix Une montre étanche et robuste intégrant pulsomètre, GPS, boussole, rétroéclairage à vision nocturne et des tracés encore plus précis. garmin.com

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Action !

musique

p è l er i nage Les Bombay Bicycle Club ne viennent pas d’Inde mais de Londres. Aucun lien non plus avec le vélo. Jack Steadman, le chanteur, et son guitariste Jamie M ­ acColl ont fondé ce quatuor indie en 2005. Flaws, leur second album, s’affirme en 2010 comme le grand espoir de l’indie pop anglaise. Ce chefd’œuvre folk tout en légèreté intègre le Top 10 des hit-parades britanniques alors que le magazine NME décerne au groupe le trophée de la meilleure nouveauté de ­l’année. Leur dernier et 4e effort studio So long, See You Tomorrow unit électro enjouée et mélodies pop euphoriques. MacColl vous dévoile les morceaux qui stimulent sa créativité.

Playlist Jamie MacColl, LE G­ UITARISTE Du combo anglais ­BOMBAY ­BICYCLE CLUB dévoile son top five musical.

Extrait sur bombaybicycleclubmusic.com

1 MacColl & Seeger 2 Arthur Russell The First Time Ever I Saw…

Love is Overtaking Me

Je ne peux qu’être subjectif quant à ce morceau. Parce que mon grandpère en est l’auteur ! Mes parents m’ont dit qu’il l’avait composé pour ma grandmère en 1958. À peine l’avait-il terminé qu’il la lui chanta au téléphone. Si ça, ce n’est pas du romantisme ! Selon moi, c’est la plus belle chanson d’amour de tous les temps.

Jack, notre chanteur, a découvert ce disque, et ce track en particulier, alors que nous étions en train de composer notre deuxième album. En un rien de temps, on l’avait adopté comme étant le morceau préféré du groupe. C’est du disco folk, une chanson qui pourrait aussi bien passer à mon mariage qu’à mon enterrement.

4 Fryars

5 LCD Soundsystem

Mon morceau préféré de ces dernières années. Bientôt, Fryars sera consacré meilleur compositeur de notre génération, j’en suis convaincu. Ce jeune Londonien n’a pas son pareil pour raconter la tristesse. Ses paroles, par exemple « on your own, feeling like you don’t belong » exprime avec justesse la réalité, sans pour autant tomber dans le larmoyant.

Ce morceau n’a pas son pareil pour faire danser les foules ou émouvoir les fans. Voire les deux en même temps. J’ai ­assisté à plusieurs des concerts de LCD Soundsystem, et à chaque fois, je voyais dans le public des hommes pleurer toutes les larmes de leur corps, en se balançant et en gesticulant, complètement euphoriques.

On Your Own

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All My Friends

Elvis Presley Graceland, Memphis 600 000 adeptes par an. La visite inclut la Jungle Room, le studio d’enregistrement au décor kitch dans lequel Presley enregistra ses 2 derniers disques.

3 Glen Campbell Wichita Lineman

Un couplet unique et un refrain à couper le souffle. Wichita Lineman est remarquable par sa sobriété musicale. Je ne me lasse pas de l’écouter. Et puis le texte ! « And I need you more than want you, and I want you for all time »… À mon sens, ce sont les meilleures rimes suivies de l’histoire de la musique contemporaine.

Jimi Hendrix 23 Brook Street, Londres Hendrix décrivait cet appart sous les toits – proche de celui où mourut Haendel – comme le seul endroit où il se sentait chez lui. En 2015, ce sera un musée.

UNE GRATTE D’ENFER le gadget du Mois

Beethoven JamStik Elle se range dans tous les sacs grâce à ses 38 cm de longueur. Jamstik est la guitare du futur. Via bluetooth, des capteurs intégrés transmettent à l’iPad la position des doigts. Idéal pour les musiciens en vadrouille qui désirent enregistrer un riff dare-dare. Plus sur www.jamstik.com

Pasqualatihaus, vienne Le compositeur a vécu dans cette maison entre 1804 et 1814. Il y composa les 5e et 6e symphonies ainsi que La Lettre à Élise. On peut y voir, entre autres, l’un de ses pianos.

the red bulletin

florian obkircher

Des larmes sur le dancefloor

QUAND LA DEMEURE DU MUSICIEN SE FAIT MUSÉE, L’HISTOIRE PREND VIE

bbc, corbis(2), shutterstock

Jamie MacColl, 25 ans, petit-fils des légendes folk Ewan MacColl et Peggy Seeger.


Action !

jeux vidéo

Pièce par pièce Des puzzles qui boostent le QI

Blek

L’arme fatale de la PS4

paul wilson

InFAMOUS  : Second son  Le troisième volet de la saga débarque avec un nouveau personnage. Les fans trépignent d’impatience. Disponible uniquement sur PlayStation 4, InFamous: ­Second Son, c’est LE jeu que les détenteurs de cette console ­attendaient. Il se joue en monde ouvert. Surabondance d’actions, vaste terrain de jeux et graphisme impressionnant, ce troisième opus, sept ans après le dernier, multiplie les bonnes surprises. On relève la subtilité des dialogues, écrits avec justesse, et les prises de vue soignées. Notamment lorsque Delsin Rowe, le héros nouvelle génération originaire de Seattle, exécute une de ses prises spéciales en s’élevant dans les airs. Au sommet de son extension, il se tourne alors face caméra, avec un sourire à la Superman en route vers la Terre. La manette Dual Shock 4 est aussi astucieusement utilisée. Quand Delsin scanne son empreinte digitale, le joueur doit glisser un chiffre sur l’écran clavier. Mais ce que InFamous: Second Son réussit le mieux, sans doute mieux que tous les jeux à ce jour, c’est de mettre en valeur la nouvelle expérience de jeu et le visuel ­spectaculaire qu’offre la PS4. Tout en gardant un côté résolument « vieux jeu » : il n’y a pas de mode multijoueur en ligne. Il vous faudra réunir vos potes autour du téléviseur pour voir les meilleurs à l’œuvre. Une façon de jouer jadis très appréciée ! Sortie en France et en Europe le 21 mars.

Delsin Rowe a des arguments… convaincants !

Il s’agit de dessiner une ligne pour tracer le chemin menant à tous les cercles colorés. Un défi étonnant, élégant et un tantinet planant. Blekgame.com

Bie ntôt

Le choc des robots

Dans TitanFall, Call Of Duty rencontre Halo.

La bêta-test de ce 1er jeu de tir en vue subjective a eu lieu en février. Très attendu, il sort sur Xbox One en mars. Conçu par la moitié des développeurs de Call Of Duty, c’est un jeu de tir total où l’on se bat contre ou derrière les commandes de robots de fer surdimensionnés. Incroyable ! Plus sur titanfall.com

Duet Vous guidez deux vaisseaux en évitant les obstacles qui se dressent sur leurs trajectoires. Un jeu pour les oreilles aussi : la bande-son est sublime. duetgame.com

Threes

Du neuf avec du vieux Une PS4 aux allures de Nintendo ? Vue de l’extérieur, la PlayStation 4 ravive des souvenirs. La ­nouvelle console de Sony vous projette trente ans plus tôt, à une époque où elles ressemblaient à des photocopieurs. Grises et massives. Cet habillage façon Nintendo ravira tous les nostalgiques des années 80. Disponible aussi sur Xbox One. Plus sur house ofgrafix.net

Vous assemblez des tomettes numérotées pour en former de plus grandes. Terriblement addictif. threesgame.com

Plus sur suckerpunch.com

the red bulletin

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Action !

événements

31.03-01.04, Paris, puis en tournée jusqu’au 16.05

Montagne en scène La summer edition du plus gros festival de film de montagne de France fait étape dans onze villes après une avant-première d’exception les 31 mars et 1er avril au Grand Rex à Paris. Huit films d’alpinisme, d’escalade, de canyoning, de parapente et de kayak seront suivis de l’intervention des sportifs et des réalisateurs, pour des soirées de partage et d’émotion. www.montagne-en-scene.com 24-27.04, Montpellier

Teddy Riner

Jusqu’au 06.07, Paris

De Louxor à Paris L’expo raconte en tableaux, plans originaux, objets archéologiques, etc. le voyage épique de cet obélisque de 220 tonnes offert par le vice-roi d’Égypte à la France. www.musee-marine.fr

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L’Arena de Montpellier accueille pour la première fois les championnats d’Europe de judo individuels et par équipes. En France, le judo est un art martial et… ­populaire, on attend donc la foule et les médailles ­tricolores. Et surtout Teddy R ­ iner pour le spectacle. Le judoka le plus ­titré de l’histoire n’est jamais rassasié de victoires. www.ffjudo.com

26-30.03, Paris

Très trait neuf Le Drawing now Paris s’impose comme LA référence dans le domaine du dessin contemporain. La 8e édition du salon parisien s’installe cette année sous le Carreau du Temple rénové et l’espace Commines. Quatre-vingts galeries françaises et internationales sont sélectionnées pour l’événement qui permet d’aller à la rencontre de plus de 400 artistes de la scène contemporaine. www.drawingnowparis.com

the red bulletin

ken robinson/red bull content pool, Photo RMN -Les frères Chuzeville, Getty Images(3), Le Gun & Galerie Suzanne Tarasieve, Paris, Courtesy de l’artiste et Anna Schwartz Gallery, Sydney, sarbacane, MOMA, New York/Scala, Florence

Cerro Torre, pas l’ombre d’une chance est au programme du festival Montagne en scène.


19.04, Saint-Denis

Jusqu’au 27.04, Paris

Objectif coupe

Planches d’histoire

La Coupe de la Ligue est une épreuve que les clubs de foot pros entament à l’automne avec leurs remplaçants mais qui se termine par une finale qui pèse dans le palmarès du vainqueur. L’OL et le PSG pensent exactement ça. Les deux clubs ont fait de cette coupe leur ­objectif. www.lfp.fr

De l’auto-fiction à la BD-reportage, plus de 500 documents souvent inédits (planches, croquis, objets, films, etc.) appartenant à 117 artistes évoquent le phénomène migratoire dans la BD, de 1913 à 2013. De Goscinny à Bilal, l’expo prend son temps pour raconter les courants qui ont façonné son évolution. www.histoire-immigration.fr

en bref notre sélection, en bonne ­compagnie

22 samedi

TOUT DROIT Dans Le derby pyrénéen 100 % free-ride, on ne se prend pas la tête. Départ au sommet du Pic du ­Midi, au-dessus du Tourmalet pour 1500 m de dénivelé. Le premier arrivé en bas a gagné. Pigé ?

Jusqu’au 20.04, Lyon

Passion moto 42 artistes contemporains livrent dans l’expo Motopoétique leur relation à la culture moto à travers 200 œuvres empreintes d’une forte sensation pour la machine. Il flotte autour d’elle une nostalgie et une poésie inédites. Un rendez-vous pour passionnés. www.mac-lyon.com/

www.trophee desderbys.com

13 DIMANCHE

09.04, Le Mans

Femmes d’affaires L’équipe de France féminine de football poursuit son parcours de qualification à la Coupe du monde 2015. La sélection de Philippe Bergeroo reçoit l’Autriche dans le superbe MMArena où jouaient encore les pros du Mans l’an dernier. En faillite, le club a disparu. Heureusement, les filles viennent relever le niveau. Et l’ambiance. www.fff.fr

CLASSIQUE On ne se lasse jamais de voir le peloton cycliste professionnel sur les pavés du Nord. Poussière, pluie, soleil ou vent, il faut tout affronter en avril. Gagner à Roubaix, c’est monter au paradis. 13.04, Roubaix www.letour.fr

2

mercredi

VYNIL

Jusqu’au 09.06, Paris

Henri Cartier-Bresson Voilà la première rétrospective de l’œuvre du photographe français décédé il y a dix ans. Plus de 350 tirages, films et documents offrent une relecture du travail de ce pionnier du photo-journalisme, du Surréalisme à la Guerre froide. L’expo évoque aussi l’homme, son engagement politique, ses passions. www.centrepompidou.fr the red bulletin

Trevor Jackson déclare sa passion du vynil à la galerie 12Mail jusqu’au 16 mai. Le DJ londonien a conçu au Red Bull Studio Paris la bande son inédite d’un disque produit pour l’exposition. www.12mail.fr

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instant magique

Aigle, Suisse, 28 août 2013 La décharge où sont entreposées ces tôles gigantesques se situe dans le canton de Vaud. Le skateur Patrick Wider les découvre par hasard, au cours d’une virée en voiture. La tentation est trop forte. Octave Zang braque son appareil. Et fait une photo… rock’n’roll !

«  En posant mon board en haut, j’ai senti les dix tonnes d’acier ­vibrer sous moi » Octave Zangs

Patrick Wider, skateur

the Red Bulletin n° 30 paraîtra le 9 avril 2014 98

the red bulletin


Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

RECHERCHE PILOTES DE CHOC.

COURSE RED BULL CAISSES À SAVON 2014. #CAISSESASAVON

15 JUIN, DOMAINE NATIONAL DE SAINT-CLOUD, ÎLE-DE-FRANCE.. Pour participer : redbullcaissesasavon.fr

Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. www.mangerbouger.fr



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