FRANCE
HORS DU COMMUN
En kiosqu e cha 3 e sameqdue mois avei du c
LE HARDOS EST SYMPA SURVIVRE AVEC MIKE HORN
L’EXPLORATEUR
SANSLIMITES
UN SOCIOLOGUE BRISE LES CLICHÉS SUR LE HELLFEST
« J’AI CE FEU EN MOI ! » DU KARTING À LA F1, COMMENT MAX VERSTAPPEN A TRACÉ SA ROUTE
SUIVEZ-NOUS
SFACEBOOK.COM/THEREDBULLETIN U R FAC E B O O K MAGAZINE SPONSORISÉ AVRIL 2017
BI A NC A B UI T E NDAG
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*Capturer Différemment
STABILISATION VIDÉO
ÉTANCHE
CONTRÔLE VOCAL
ÉQUIPIERS
BIENVENUE
Alberto Van Stokkum
Chris Brinlee Jr.
C’est Mère Nature qui porta secours à Chris Brinlee Jr. pendant qu’il documentait en photos le reportage sur Mike Horn. « Au-delà des 60e et 70e parallèles, l’heure dorée dure 8 heures car le soleil est très bas », rembobine l’Américain de 28 ans. Le passage sur la mer déchaînée avant d’atteindre l’Antarctique fut bien moins plaisant : Brinlee Jr. l’a passé plié en deux, « la tête dans un seau », sur le Pangaea, le bateau de l’expédition de Horn. MIKE HORN PAGE 28
Le fond et la forme Coup de frais sur The Red Bulletin ! Votre magazine inaugure sa nouvelle maquette et une section Bullevard plus lisible, focus : matos, engins, personnalités ; ils sont rares, surprennent et donnent envie ((page 11). Des reportages et portraits plus forts, habillés de notre nouvelle typo, la Bullit, dédiés à des profils hors du commun, hyper inspirants. Commençons par Mike Horn, l’explorateur sans limites qui nous accueille à bord de son Pangaea (page 28). Aussi, un nouveau regard sur les headbangers, passés au filtre d’un sociologue venu péter les clichés sur les fans de hard rock ((page 46). Encore ? Max Verstappen, 19 ans seulement, qui s’approprie le circuit de F1 comme personne ((page 64). Et comme bon lui semble. En bonus, on file au sommet, avec les pros skieurs et snowboardeurs du Freeride World Tour ((page 54), des performeurs expressionnistes. Un numéro qui s’accompagne d’une nouvelle distribution : The Red Bulletin est désormais disponible chaque troisième samedi du mois, pour un meilleur moment de lecture. Avec L’Équipe, toujours, et en complément de L’Équipe Magazine. Du fond, de la forme... que du bon ! Bonne lecture ! Votre Rédaction
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THE RED BULLETIN
SEBASTIAN DEVENISH (COUVERTURE)
« Les femmes jouent un rôle majeur dans mon travail, concède le photographe et réalisateur espagnol, ce sont elles qui m’inspirent le plus. » Pas étonnant que le shooting avec la Suédoise Ängie, l’enfant ter terrible du hip-hop, lui ait procuré satisfaction. Et réciproquement : Ängie a pris la pose par un matin froid de janvier à Stockholm – en plein air et à peine couverte dans son négligé de velours rose. ÄNGIE PAGE 4 0
FRANÇOIS D’HAENE FACE AU RECORD DU GR20 DOCUMENTAIRE DISPONIBLE SUR REDBULL.TV
SOMMAIRE avril
REPORTAGES
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Le dernier de son espèce Le plus fort de Mike Horn, sur deux ans, et en cumulé
40 Ängie et ses défauts
Une chanteuse suédoise pas faite pour l’Eurovision...
46 La science du metal
Oubliez de suite tous vos a priori sur les headbangers : un sociologue a étudié de près les fans du Hellfest
54 Sur la pente raide
Les skieurs et snowboardeurs du Freeride World Tour ont une minute pour exceller, en restant eux-mêmes
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Le droit à l’erreur
Le coach du RB Leipzig ne se serait pas fait confiance
64 De prodige à roi ?
Vous aimez le kart ? Max, 19 ans, phénomène F1, aussi
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Profil d’un club select
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Il ne doit en rester qu’un
Un trip à Londres ? C’est ici que vous passerez vos nuits Dans le feu d’une compétition de VTT DH très hardcore
40 VOTEZ ÄNGIE !
« Fume de l’herbe, et mange donc un minou. » Un programme dont la sensation pop Ängie est vraiment très fière.
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BULLEVARD Un mode de vie hors du commun 12 14 16 17 18 20 21 22 24 25 26
Son bureau ? Un volant de F1 Merci à Kim Basinger et Alec Baldwin pour leur Ireland La cabane au bord du gouffre Pour Tom Payne dans Mind Gamers, le talent se downloade Le héros est derrière l’appareil La meule favorite de McQueen Sean Penn donne du sien Vous ne pourrez jamais pécho LaFerrari Aperta. Quoi que... L’étoile Michelin en take-away Kaite Esteba et ses gogo vous réservent une très bonne nuit Le café, meilleur somnifère ?
GUIDE
Voir. Avoir. Faire. 86 Montres : du rêve au poignet 87 Le top des événements à noter 88 90
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96 98
sur votre agenda Red Bull TV : les rendez-vous à ne pas louper ! Action : ce que doit porter l’homme en mouvement Ours : ils font le Red Bulletin Quand le BMX fait le mur
DIRK COLLINS, ALBERTO VAN STOKKUM, PETER J FOX
POSSIBLE ? OUI ! Quand l’explorateur Mike Horn se lance dans une expédition insensée, c’est aussi pour rendre possible l’impossible.
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SÛR DE SES POSITIONS
L’avis des autres ? Peu importe. Pour Max Verstappen viendra un temps pour rétrograder à son tour. D’ici là, il trace sa route. THE RED BULLETIN
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BULLEVARD U N
S T Y L E
D E
V I E
H O R S
D U
C O M M U N
JEREMY JACKSON
CLEMENS STACHEL
L’acteur de The Walking Dead parle de son nouveau film MindGamers.
TOM PAYNE, JÉSUS ET LE DALAÏ-LAMA « JE NE SUIS PAS ÉGOÏSTE, SAUF EN TOURNAGE. » PAGE 17 11
BULLEVARD NEUTRE Un bouton utile quand le pilote fait un arrêt au stand. DIFFÉRENTIEL Permet de contrôler le différentiel qui transmet la puissance aux roues arrière en ajustant la vitesse de la roue d’un côté par rapport à l’autre côté.
TEAM RADIO Pour entrer en contact radio avec son équipe. Après des mois de restriction, les communicommuni cations radio sont revenues en force fin 2016. ÉCRAN Cet écran OLED
peut afficher plusieurs pages d’informations sur la vitesse, les temps au tour, l’écart par rapport au leader, le niveau de batterie, etc.
ÉQUILIBRE DU FREINAGE Cette molette
permet de le répartir vers l’avant ou l’arrière. Sur une F1, emmagasiner de l’énerl’éner gie à partir des phases de freinage, en trouvant l’équil’équi libre entre bonne sensation de pilotage et récupération d’énergie suffisante à un bon temps au tour, est essentiel.
Au volant
Piloter une Formule 1, ça ne se résume pas à aller dans la bonne direction. Avec son lot de boutons et de momo lettes, le volant de F1 d’aujourd’hui est un vrai petit bijou de technologie.
UN TOUR DU PROPRIÉTAIRE ? 12
BOIRE Pendant les courses les plus extrêmes (comme l’étuve Singapour), les pilotes peuvent perdre jusqu’à 4 kg de liquide, soit risquer l’évanouissement, il est donc essentiel de boire. CARBURANT
Brûler du carburant ou en économiser ? Vous pouvez régler vos préférences – la charge max. étant de 105 kg.
THE RED BULLETIN
OPTIONS LOGICIEL
De part et d’autre, ces boutons changent la sélection de la molette multifonction par incréments de − 10 (bouton à gauche) ou + 1 (à droite).
RÉDUCTEUR DE VITESSE EN STANDS
Abaisse immédiatement la vitesse de la voiture à la limite requise dans la pit lane.
RÉGLAGE DU COUPLE Permet au pilote de contrôler le couple du moteur.
Le changement, c’est maintenant
En 2017, la F1 va connaître son plus gros changement de règlement depuis l’introduction des moteurs hybrides en 2014. Mais cette fois, l’accent a été mis sur le châssis et l’aérodynamique. Plus imposantes et plus agressives, les voitures seront dotées de pneus plus larges pour une meilleure accroche et un meilleur appui aérodynamique. L’aileron avant sera également plus large et plus aplati pour aider les pilotes à suivre leurs adversaires. L’aileron arrière sera plus bas, tandis qu’un diffuseur plus large augmentera considérablement l’appui aérodynamique à l’arrière. Résultat : des voitures plus rapides et des temps au tour de 3 à 5 secondes en moins. Mais la conduite sera aussi plus physique. redbullracing.com
RED BULL RACING
JUSTIN HYNES
SÉCURITÉ Fait passer les systèmes en mode sécurité. PNEUS Les différents
types de pneus (pluie, sec) ont des caractéristiques propres. Ce bouton paramètre la F1 en conséquence.
AIDE À L’EMBRAYAGE
Si le pilote ne parvient pas à engager les rapports à l’aise, il peut ajuster l’embrayage.
THE RED BULLETIN
ACTIVATION DE L’ERS La F1 a plusieurs systèmes de récupération d’énergie – ce bouton les active.
MODES MOTEUR
Permet au pilote d’appliquer un paramétrage particulier aux performances du moteur selon les circonstances.
EMBRAYAGE L’un des
grands changements de 2016 concerne le contrôle du démarrage : plus de logiciel complexe à utiliser, les pilotes disposent d’une palette d’embrayage unique. Cela a conduit à une recrudescence de départs impromptus et de changements de position.
MOLETTE MULTIFONCTION
Demandez à un ingénieur F1 ce que contrôle une molette de ce genre et le silence est assourdissant. Ce mystérieux dispositif gère une gamme de modifications logicielles qui ont un impact sur le comportement de la voiture. Lesquelles, au juste?
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BULLEVARD
Q
uand on est la fille d’une bombe aux cheveux blonds et d’un charmeur aux yeux bleus, on a toutes les chances d’hériter de quelques attributs renversants. La génétique a été très sympa avec Ireland Basinger-Baldwin, dont les parents sont (tiens donc) l’actrice Kim Basinger, détentrice d’un Oscar, et de l’acteur Alec Baldwin. Du haut de son mètre 80, avec ses yeux bleu-vert et ses courbes dignes d’une James Bond girl, Ireland est étourdissante. À 21 ans, elle est aussi le produit du tumultueux divorce de ses parents et d’une âpre bataille pour sa garde qui lui a laissé comme une fracture identitaire. Après s’être faite admettre en rehab de son plein gré en 2015 pour « traumatisme émotionnel », Ireland est sortie de cette mauvaise passe avec de meilleures perspectives sur la vie et des relations plus étroites avec sa famille. Mieux dans sa tête et dans son cœur, elle s’est plongée dans sa carrière de mannequin et a retrouvé une confiance en elle. « Je ne me suis jamais regardée dans un miroir en me disant : “T’es trop belle”, a-telle déclaré par la suite. Il a fallu que beaucoup d’autres gens croient en moi avant que je puisse le faire moi-même. » Et si l’on se fie à son compte Instagram, il est évident que ses admirateurs croient en ce qu’ils voient : une jolie jeune femme, affamée de vie. Suivez-la : @humancrouton
California Girl
Longtemps marquée par la rupture de ses célèbres parents, mannequin puis actrice, elle trace enfin sa route.
IRELAND BASINGERBALDWIN EST PRÊTE
Photographie DOUG INGLISH
Ireland a l’une de ses idoles tatouée sur le bras gauche : David Bowie.
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BULLEVARD
En mode précipice
Sujets au vertige, s’abstenir ! La Kanin Winter Cabin, en Slovénie, est un refuge en version extrême. Mais plutôt cool.
JUSTE UNE QUESTION D’ÉÉQUILIBRE
T
trois. Il aura fallu trois délicates tentatives à l’armée slovène avant de réussir à déposer en hélicoptère cet abri hors du commun et à le fixer au sommet du Kanin, à plus de 2 500 mètres d’altitude. Un site à la frontière avec l’Italie, fortement exposé, où règnent souvent les conditions les plus dantesques. Un vent avec des pointes à 150 km/h, jusqu’à 400 litres de pluie par m² et par jour en été, dix mètres de neige en hiver. Mais pourquoi venir planter un refuge ici ? Parce que a) l’homme aime les défis qui sortent de l’ordinaire et b) la vue à 360 ° est
JANEZ MARTINCIC
DANIEL KUDERNATSCH
absolument imprenable par beau temps : les montagnes d’un côté, l’Adriatique de l’autre. À savoir également : le refuge fait 2,4 mètres de large et 4,9 mètres de long, on ne peut y accéder qu’à pied ou en hélicoptère et on y dort (à 9 personnes maximum) au-dessus du vide – mais pas sans style. Plus d’infos sur bovec.si
Venez dormir au-dessus du vide dans la Kanin Winter Cabin, en Slovénie.
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THE RED BULLETIN
BULLEVARD
Tom Payne porte un bandeau MindGamers qui servira à mesurer les émotions des spectateurs lors de l’avant-première à New York et à Los Angeles le 28 mars.
JEREMY JACKSON
CLEMENS STACHEL
Le messie du cloud
Il a apporté un vent nouveau dans The Walking Dead en interprétant le rôle de Jésus. Dans MindGamers, Tom Payne propose des compétences humaines en direct download.
TALENTS À TÉLÉCHARGER THE RED BULLETIN
T
he red bulletin : Dans votre dernier film, MindGamers, il est question d’un ordinateur quantique qui peut transférer les aptitudes d’une personne à d’autres. Vous vous en serviriez dans la vraie vie ? tom payne : Je pense, oui. Le premier truc que je me prendrais, c’est l’aptitude à peindre et à dessiner. Je n’arrive pas à comprendre comment à partir de simples traits, on peut faire émerger
une toute nouvelle interprétation de la réalité. J’envie tellement les gens qui ont ce talent. S’il existait une boutique en ligne de compétences, que pourriez-vous y proposer en téléchargement ? Je suis quelqu’un de très empathique. J’arrive bien à me mettre à la place des gens et à comprendre ce qu’ils ressentent. Je suis toujours surpris quand j’en vois qui en sont incapables. Donc c’est mon empathie que je mettrais en téléchargement. À vos débuts, aviez-vous des acteurs comme modèles ? Pas particulièrement. Je n’ai jamais vraiment été fan d’un acteur plus qu’un autre. À 19 ans, j’ai rencontré le Dalaï-lama lors d’un voyage en Australie. C’est la première personne célèbre à m’avoir profondément marqué. Cette énergie qu’il arrive à transmettre aux autres, c’est vraiment puissant. Mais il faut aussi se montrer un peu égoïste quand on est acteur, non ? Bien sûr ! Sur le plateau de The Walking Dead, j’ai appris l’importance de toujours se regarder aussi un peu le nombril. Dans la plupart des scènes, il y a tout un groupe d’acteurs qui joue. Et il peut arriver que je me mette alors ostensiblement dans l’angle de la caméra. Dans The Walking Dead, vous interprétez Jésus, un personnage pour qui la cohésion et la compassion sont des valeurs essentielles. Quel personnage de la série aurait besoin qu’on le prenne un peu dans les bras ? Daryl, sans aucun doute. Daryl a de toute urgence besoin d’un gros câlin. mindgamersmovie.com 17
LEROY BELLET/RED BULL ILLUME
ANDREAS ROTTENSCHLAGER
BULLEVARD
Multitâche
Leroy Bellet photographie des surfeurs pro en surfant lui-même la vague derrière eux. Une bonne idée. Mais risquée.
QUI EST LE VRAI HÉROS DE CETTE PHOTO ?*
P
our saisir la beauté brute de ce sport, il faut se tenir le plus près possible du surfeur dans la vague », déclare l’Australien Leroy Bellet. Logique. À 18 ans, ce photographe de l’extrême utilise une méthode particulièrement risquée pour capturer les chevauchées des plus grands surfeurs. Au lieu d’attendre les surfeurs dans l’eau en nageant comme la plupart de ses collègues, Bellet se fait tirer par un jetski pour aller surfer la même vague sur sa propre planche, son Nikon D810 prêt à mitrailler. « Mes photos, je les prends en surfant, explique Bellet, donc j’ai plus de risques de me planter. » Avant que Bellet ne réussisse à prendre cette photo du surfeur Scott Dennis (sur la côte de la Nouvelle-Galles du Sud), il s’est passé quatre mois. « Je ne faisais que tomber, j’ai pété deux planches et j’ai fini trois fois à l’hôpital. » Mais il n’a pas abandonné, et pour une bonne raison : « Surfer, c’est mieux que de se prendre la tête avec de la paperasse. Les jobs de bureau, ce n’est pas mon truc. » leroybelletphoto.com
*Vous ne le voyez pas. Le héros, c’est Leroy Bellet, photographe casse-cou.
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BULLEVARD
Desert Racer
De sa Metisse MK3 Custom, l’acteur féru de sports mécaniques déclarait qu’elle était la meilleure bécane qu’il ait eue. Et c’est son concepteur iconique qui le dit.
teve McQueen tournait quasi sans doublure. Mais le cascadeur Bud Ekins joue un rôle clé à deux reprises : pour le saut à moto dans La Grande Évasion en 1963, et pour avoir introduit McQueen à la première motocross, la MK3, qu’il modifiera pour la course Baja 1000. Un demi-siècle passe et Gerry Lisi, actuel propriétaire de Metisse, reçoit un appel. La copie unique de la McQueen Desert Racer qu’il avait produite pour décorer la vitrine d’un magasin à Londres fait le buzz. « On veut nous l’acheter trois fois par jour », lui souffle le gérant du magasin. Lisi
Lisi a le numéro de cadre d’origine. « Son proprio est assis sur un trésor. »
sent la belle affaire et lance une production de 300 unités conformes à l’originale grâce aux films de famille fournis par Chad, le fils de Steve et avec en prime la signature sur le réservoir du roi de la cool attitude. Cent ont déjà trouvé preneurs dont Jérôme Valcke, magnat du pétrole et exSecrétaire général de la FIFA. metisse-motorcycles.com
METISSE
TOM GUISE
LA MOTO DE MCQUEEN ENVOIE DU (TRÈS) COOL
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Les cadres sont entièrement usinés et équipés de moteurs de Triumph 6T reconditionnés.
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THE RED BULLETIN
BULLEVARD Râle pas, donne un coup de main : Sean Penn vient prêter ses muscles en Haïti.
GETTY IMAGES
RÜDIGER STURM
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he red bulletin : Vous êtes célèbre pour vos actions humanitaires et vous avez tourné The Last Face, un film sur les bénévoles d’une association caritative. Vous essayez de sauver le monde ? sean penn : S’il y a jamais eu un moment où j’ai cru pouvoir le faire, j’ai pris assez d’âge depuis pour ne plus m’en souvenir. Mais vous avez fait beaucoup pour des pays touchés par des catastrophes naturelles comme Haïti. Quelles sont les qualités nécessaires pour une tâche d’une telle ampleur ? Je me vois comme un simple intermédiaire. Je choisis des gens productifs qui ont la capacité de monter des projets pour aider nos semblables. Et vous, en tant que star d’Hollywood, vous vous contentez d’un second rôle ? J’ai travaillé avec Clint
THE RED BULLETIN
Sean Penn Eastwood une fois – un homme de jazz. Dans le jazz, il y a quatre ou cinq musiciens sur scène, et la magie opère. Mais si l’un d’entre eux dit : « Moi, je le fais mieux », ça gâche tout pour les autres. Parce qu’ils ne peuvent plus rien découvrir ensemble. C’est en équipe que ça marche. Quel est le plus gros obstacle à surmonter selon vous ? Aujourd’hui, les gens ne sont plus aussi enclins à montrer leur amour qu’ils l’étaient peut-être encore il n’y a pas si longtemps. Notre génération ne se contente plus de vivre sa vie, chacun veut devenir sa propre marque. La seule solution, c’est de trouver des compromis. Si on veut faire avancer les choses, il faut arrêter avec les « moi, moi, moi ». jphro.org
fait le lien entre l’humanitaire et la sagesse qu’un immense cowboy a su tirer du jazz.
SAUVER LE MONDE À LA CLINT EASTWOOD 21
BULLEVARD
LaFerrari Aperta
Ce supercar est réservé aux super riches, pas vrai ? Eh bien non, pas si vous connaissez la bonne personne.
HORS DE PORTÉE
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signer un document stipulant que s’ils la vendent dans les 18 mois, ils seront blacklistés. Donc je ne pense pas trouver d’Aperta à vendre avant 2018. Et quand ça arrivera, j’espère être le premier à en négocier la vente. » Et il n’aura aucun mal à trouver preneur. Deux clients proposent 6 millions d’euros chacun. « Personne ne la vendra pour ce prix, déclare Tom en souriant. Elle vaut
déjà trois fois plus que son prix sortie d’usine – soit 7 millions d’euros. » Pour 7 millions, Hartley Jnr peut vous aider à avoir une Aperta dans votre allée, mais pas avant 2018. Trop loin ? Espérez qu’un propriétaire casse sa pipe ou s’embrouille avec Ferrari, ou que l’un des 200 heureux possesseurs se lasse de cette voiture. Juste impensable. auto.ferrari.com
FERRARI
a LaFerrari Aperta de Ferrari, conçue pour le 70e anniversaire de la marque, se pose en pièce de collection avec ses 949 ch et ses 350 km/h en pointe. Et 2,3 millions d’euros. Votre chance d’en posséder une : nulle. Avant même la sortie de la version décapotable en septembre, les 200 exemplaires avaient déjà été vendus à des collectionneurs de renom. À moins d’avoir reçu une invitation – peu importe votre notoriété ou votre fortune. À moins que… Tom Hartley Jnr ne vous sauve le coup. Cet Anglais de 33 ans tient un showroom dans le comté rural du Derbyshire au Royaume-Uni, mais il vend des supercars dans le monde entier. Parti de l’école à 11 ans pour vendre des voitures de sport avec son père, il a probablement dealé plus de supercars que quiconque dans le monde. Sa plus grosse vente : une Ferrari Testa Rossa de 1957 pour près de 39 millions d’euros. « Il n’y a pas une seule Aperta sur le marché. Ferrari demande aux acheteurs [de cette voiture] de
ADAM HAY-NICHOLLS
L
La LaFerrari Aperta atteint 200 km/h en sept secondes.
BULLEVARD
Street food
35 ans que Chan Hong Meng tient son échoppe à Singapour lorsqu’il reçoit un coup de fil du plus grand guide gastronomique au monde.
hinatown, Singapour. Le ventre qui gargouille ? Inconcevable avec les douzaines de snacks que l’on compte à chaque coin de rue. Un véritable folklore culinaire pour le nez et les yeux, entre délices malais, chinois, tamouls, tous plus colorés et exotiques les uns que les autres. Il vous en coûtera à peine un ou deux dollars de Singapour, une broutille dans le pays le plus cher du monde. Mais est-ce bon ? Dans la file d’attente près du 335 Smith Street, les avis sont unanimes : c’est un délice ! La queue s’arrête devant le modeste stand du Hong Kong Soya Sauce Chicken Rice & Noodle. L’établissement porte bien son nom : son propriétaire, Chan Hong Meng, qui travaille ici depuis 35 ans, propose une cuisine chinoise en l’honneur de son mentor.
Il y a deux plats à la carte : le poulet sauce soja à la cantonaise et le porc grillé croustillant. Une cuisine simple et raffinée qui a même su séduire les inspecteurs du Guide Michelin, puisqu’ils lui ont décerné une étoile (sur un maximum de trois) en 2016. Lors de la cérémonie, Chan, qui avait d’abord cru à un canular, se retrouve aux côtés du célèbre cuisinier français Joël Robuchon, dont le restaurant du Sentosa-Resort (menus à partir de 500 $ de Singapour !) a décroché trois étoiles. Cette notoriété soudaine a-t-elle changé quelque chose ? Chan et ses commis travaillent toujours autant, 17 heures par jour, préparant 180 poulets du matin au soir. Ce sont 30 de plus qu’avant l’étoile car la file d’attente s’est allongée. Et Chan Hong Meng, vêtu de sa veste de chef immaculée et de son tablier, continue de manier le couteau avec la même sérénité.
Chan Hong Meng dans son stand : viandes de poulet et de porc, version étoilée.
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ROSLAN RAHMAN/AFP/PICTUREDESK.COM
ROBERT SPERL
UNE ÉTOILE AU MICHELIN, À EMPORTER
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BULLEVARD
Kaite Estaba se produit pour Skrillex et dans les plus grands clubs de NY.
PHOTOS COURTESY OF NICHOLAS RHODES/NICKYDIGITAL.COM
ANDREAS ROTTENSCHLAGER
1. Soyez sympa
Envie d’être sur la guest list de votre club préféré ? Alors trouvez qui organise la soirée et écrivez-lui un mail sympa et poli. Vous seriez surpris de voir le nombre de fois où cela peut marcher.
2. Arrivez tôt
La règle de base en club, c’est que ça commence à bouger en deuxième partie de soirée. La plupart des DJ’s se produisent entre minuit et quatre heures du matin. Avant minuit, vous découvrirez de nouveaux artistes bourrés de talent.
3. On se tient !
Les barmen et les organisateurs savent où se déroulent les meilleurs afters. Mais si vous êtes tellement bourré et que vous n’arrivez même plus à parler, ils ne vont certainement pas vous y convier.
THE RED BULLETIN
Mode d’emploi
4. Appréciez le son
Un bon club se reconnaît à la qualité de son installation sonore. Si vous arrivez encore à discuter avec vos potes alors que le DJ a sorti l’artillerie lourde, l’installation est au top. Par contre, si vous avez mal au crâne…
5. Fuyez la RV
Les nouvelles technologies et les applis ont transformé la culture des soirées : gogo danseuses en hologramme et soirées en réalité virtuelle… Laissez votre smartphone de côté, regardez les gens dans les yeux et éclatez-vous plutôt dans le monde réel. Les soirées de Kaite : instagram.com/ teamkittykoalition
Une soirée réussie pour Kaite Estaba, à la tête du Team Kitty Koalition, des gogo danseuses de New York, ça passe par là...
ELLE VOUS SOUHAITE BONNE NUIT 25
BULLEVARD
Pour Ronaldo, rien de tel qu’un bon kawa avant un p’tit somme.
Positionnez-vous
Il n’y a qu’une bonne position pour dormir : sur le côté (droit si vous êtes gaucher, gauche si vous êtes droitier). La raison ? Notre instinct primaire. Si vous êtes droitier et que vous dormez du côté gauche, vous pourrez mieux vous défendre en cas d’attaque surprise. Dans cette position, on signale à notre cerveau qu’on est en sécurité et on l’aide à passer en phase de sommeil.
Nick Littlehales
est le coach sommeil d’équipes reines du ballon rond comme le Real Madrid ou Manchester United. Voici 3 conseils très faciles à appliquer pour bien se reposer.
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La sieste a mauvaise réputation – à tort ! Il existe trois périodes de sommeil naturelles importantes pour les sportifs de haut niveau. Outre le sommeil nocturne, on peut s’octroyer 20 minutes entre 13 et 15 heures et aussi entre 17 et 19 heures. Mon conseil en tant que coach sportif du sommeil : avalez un espresso avant de vous allonger. Ses effets se faisant ressentir au bout de 20 minutes, cela vous donnera un regain d’énergie au réveil.
Que faire quand on est sportif de haut niveau et qu’on n’arrive pas à dormir la veille d’un match ? Ne vous forcez pas à dormir ! Détendez-vous, ne vous mettez pas la pression. Méditez, repassez-vous vos meilleurs buts en vidéo. Le fait de somnoler est aussi une bonne manière de récupérer. On peut tout à fait être au top de sa forme sans avoir dormi profondément pendant la nuit. Mais il faudra vite rattraper ce sommeil perdu. Sleep aux éditions Penguin Life ; sportsleepcoach.com THE RED BULLETIN
ROBERT SPERL
Buvez un café
GETTY IMAGES
DORMEZ COMME UN PRO DU FOOT
Ne dormez pas
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LE DERNIER DU GENRE Les voyages de l’explorateur MIKE HORN dans les régions les plus extrêmes de la planète en ont inspiré plus d’un. Parmi eux, le photographe CHRIS BRINLEE JR., lui-même aventurier en herbe qui, en ralliant l’Antarctique à la voile, a compris une chose : pour réussir l’impossible, il faut faire le premier pas.
Texte : Andreas Tzortzis Photos : Chris Brinlee Jr. 28
Né en Afrique du Sud, Mike Horn s’est installé en Suisse à l’âge de 24 ans. C’est là qu’il décide de consacrer sa vie à l’aventure. Vingt-cinq ans plus tard, il continue de parcourir le monde.
Il y a deux ans, Chris Brinlee Jr. bossait dans une agence de pub à Santa Monica et rêvait d’une autre vie – une vie à la Mike Horn, en somme. Le Sud-Africain s’est bâti une carrière d’aventurier et d’explorateur des temps modernes en descendant l’Amazone à la nage ou en bouclant le tour du cercle arctique à pied et en bateau.
Mike Horn agit aussi pour la préservation de l’environnement. En Antarctique, il prévoit de prélever des carottes de glace pour les chercheurs. À bord du Pangaea, un équipage international composé de pointures de l’aventure, comme le Polonais Jacek Proniewicz (encadré), un ingénieur qui veille à ce que tout fonctionne à bord.
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Brinlee Jr. n’avait encore jamais rencontré ni entendu parler de Mike Horn. Ce dont il était sûr, c’est que son job alimentaire ne lui convenait plus. Il a alors quitté Los Angeles pour vadrouiller en Europe du Nord, puis s’est lancé à l’assaut de l’Himalaya, avant de revenir aux USA y explorer les hautes montagnes. Avec peu de moyens – son appareil photo et une stratégie Instagram habile –, il parvient rapidement à gagner sa vie en sillonnant les routes. « Je pense que beaucoup de gens, surtout les Millennials, ma génération, se sentent pris au piège et ressentent cette pression. Des idées plein la tête, mais pas nécessairement le courage ni le savoir-faire pour se lancer, nous confie-t-il. Tout ce qui contribue à vous pousser hors de votre zone de confort peut vous encourager à en faire encore plus. Même de simples petits pas. » Ce sont précisément ces petits pas qui l’ont finalement amené à prendre part à une expé-
dition d’escalade sur glace à Alberta, au Canada. Aux côtés de Mike Horn. Six mois plus tard, il s’envole pour Le Cap afin de le retrouver. Il fera partie du voyage de trois semaines qui conduira l’explorateur en Antarctique, où il tentera d’être le premier homme à traverser le continent austral par ses propres moyens, sans la moindre assistance. « C’est simple : l’expédition Pole2Pole concentre en une seule expédition tout ce que j’ai accompli au cours de ma vie d’explorateur, affirme Horn. Réécrire l’histoire de l’exploration polaire, traverser l’Antarctique sans assistance et en solitaire, était peut-être ma principale motivation. Je voulais aussi que cette expédition ne représente finalement qu’une part infime d’une expédition gigantesque qui engloberait non seulement la traversée de l’Antarctique, mais aussi celles du pôle Nord, des déserts de Namibie, du Botswana... Si je regardais dans un miroir, j’aimerais
y voir exactement ce que je suis en train de faire aujourd’hui. Sentir que ce qu’on fait correspond à ce qu’on a vraiment envie de voir s’accomplir, ça rend la chose naturelle. Et ça devient facile à réaliser, les obstacles tombent d’eux-mêmes. » Horn grandit à Johannesburg, en Afrique du Sud. Il passe sa jeunesse à l’extérieur, et rejoint l’armée avant d’entrer à l’université pour y étudier les sciences du sport. Par peur de l’ennui, il décampe en Suisse à l’âge de 24 ans où il découvre le ski et le parapente. Il décide alors de se forger un destin d’aventurier. La liste des exploits qu’il a depuis réalisés est hallucinante. Y figure par exemple sa descente à la nage de l’Amazone en 1997, équipé d’un simple hydrospeed (un flotteur en fibre de verre), en sur survivant uniquement grâce au produit de sa pêche et aux offrandes de la nature ; ou encore, cinq ans plus tard, ce tour du cercle polaire
« LE RISQUE DE L’ÉCHEC EXISTE, ET C’EST CELA QUI M’EXCITE. CETTE PART D’INCONNU. »
« C’EST SIMPLE : L’EXPÉDITION POLE2POLE CONCENTRE EN UNE SEULE EXPÉarctique en solitaire, soit 20 000 km tracté par un cerf-volant, en remorquant un traîneau derrière lui. En 2006, accompagné d’un explorateur norvégien, il rallie également le pôle Nord au moyen d’une simple paire de skis en plein cœur de l’hiver arctique. Une première. Volubile et inspirant, Mike Horn est doté d’une énergie folle et muni d’une poigne assassine. Un artiste de la survie qui, une fois confronté aux situations les plus extrêmes, peut compter sur son extraordinaire expérience pour le tirer d’af d’affaire. Le plus précieux à ses yeux, c’est ce que ses expéditions lui ont appris au sujet de l’impossible. À savoir qu’il n’existe sans doute pas… du moins pas dans le monde de l’exploration. « À partir du moment où j’ai une idée, j’élabore un plan, avance-t-il. Et quand j’ai élaboré le plan de mon expédition, je me lance et je le réalise. Une fois que tu t’es lancé et que tu concrétises ton plan, cela crée un élan. C’est ça qui inspire les gens. Il suffit de planifier et de mettre en œuvre. » 32
L’initiative ayant inspiré suffisamment de monde, les sponsors s’embarquent dans l’aventure. Mercedes-Benz a été un soutien majeur de Horn, tout comme la maison horlogère Panerai. Ces financements ont été mis à profit pour son aventure la plus ambitieuse : Pangaea, un voilier briseglace de 35 mètres. Il le qualifie de 4×4 des mers construit par environ 200 ouvriers qualifiés dans une favela de São Paulo. Une solution non seulement rentable économiquement mais particulièrement gratifiante pour un homme qui aime s’entourer de gens qui par partagent sa passion de l’exploration. Ce qui nous conduit tout droit au Cap, en ce 19 novembre, où Brinlee Jr. a rejoint Horn et une équipe de 10 autres membres d’équipage chargés de documenter une partie de son expédition Pole2Pole. Une question brûle les lèvres de Brinlee Jr. : pourquoi ne pas prendre l’avion, tout simplement ? « Je voulais me rendre en Antarctique comme les pionniers de l’exploration l’avaient fait avant
moi. C’est ce qui rend les expéditions si risquées. “Risquées” pas uniquement à cause de l’accès difficile, mais dans le sens où la vie d’autres personnes dépend de ce que vous faites, confie Horn. Je ne pense pas que la route la plus facile soit toujours la meilleure. Je pense qu’en surmontant des obstacles, vous accumulez un savoir qui renforce votre capacité à prendre des décisions. » Ils passent les trois semaines suivantes à naviguer à travers les quarantièmes rugissants [en référence aux degrés de latitude], les cinquantièmes hurlants et les soixantièmes mugissants. Des latitudes qui portent décidément bien leur nom, tellement les rafales de vent et les creux de 6 mètres font tanguer l’embarcation. Brinlee Jr., qui n’avait encore jamais navigué
Le passage entre Le Cap et la baie d’Erskine ce sont des vents pouvant s’élever jusqu’à 100 km/h et une houle proche des 10 m de haut. La météo dantesque a fait des dégâts, comme ce trou perforé à travers la coque par le gouvernail rétractable à la suite des chocs induits par la traversée de la glace (à droite). THE RED BULLETIN
DITION TOUT CE QUE J’AI ACCOMPLI AU COURS DE MA VIE D’EXPLORATEUR. »
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Le sommet du mât du Pangaea – qui culmine à 35 mètres – offre la meilleure perspective pour naviguer à travers les champs de glace et déjouer leurs pièges.
« UNE FOIS QUE J’AI UNE IDÉE, JE ME LANCE ET LA RÉALISE. C’EST ÇA QUI CRÉE UN ÉLAN ET QUI INSPIRE LES GENS. » à bord d’un voilier, a passé les premiers jours à vomir dans un seau. Des pièces essentielles du bateau, telles les pistons hydrauliques et les gouvernails, ont été endommagées, nécessitant réparation et maintenance. Ils finissent par atteindre la banquise, plus tôt que prévu. « On arrivait à hauteur des blocs de glace, puis le bateau les a percutés et s’est mis à vibrer d’un bout à l’autre de l’embarcation, raconte Brinlee Jr. J’occupais la cabine située tout à l’avant et la proue s’élevait jusqu’à 3 mètres au-dessus de la mer ; ça secouait sévère. » À plusieurs milliers de kilomètres au large du continent antarctique, Mike Horn et son équipage entament leur lente progression à travers les blocs de glace qui s’entrechoquent avant de rebondir sur la coque du bateau. Ils utilisent un pic pour dégager la glace accumulée autour des systèmes essentiels, tels le gouvernail. « Vous vous demandez souvent : “Mais qu’est-ce que je fous ici ? Pourquoi je n’attends pas, tout simplement ?”, dit Horn. Mais on ne va
Proniewicz se fraie un passage à travers la glace sur un bateau pneumatique (en haut). Des problèmes ont affecté le gouvernail alors que le voilier brisait la glace, causant un trou dans la coque. L’équipage aura passé une demi-journée à tout réparer (en bas).
quand même pas attendre toute notre vie !, s’exclame-t-il. On peut faire tout ce qu’on a envie de faire, parce que quand on se jette à l’eau, c’est pour trouver une solution. On n’attend pas que la solution nous tombe du ciel. » Ses voyages dans l’Arctique l’ont confronté aux conséquences du réchauffement climatique, et l’un des objectifs de son expédition en Antarctique consistera à prélever des échantillons d’eau et de glace au profit de la recherche. Avant de mettre le cap sur le pôle Sud, Mike et les explorateurs en herbe qu’il héberge sur le Pangaea dans le cadre de son programme Young Explorers, partent écumer les mers afin d’y trouver des requins à équiper de balises. « En 25 ans d’exploration, j’ai vu tellement de choses changer, THE RED BULLETIN
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« JE VOULAIS ME RENDRE EN ANTARCTIQUE COMME LES PIONNIERS L’ONT FAIT... C’EST CE QUI REND UNE EXPÉDITION RISQUÉE. » Les grandes figures qui ont précédé Horn dans son périple polaire lui servent de modèles. La tentative de l’explorateur Ernest Shackleton de traverser l’Antarctique d’un océan à l’autre en 1914 fut un échec, et son bateau détruit par les glaces. Mais l’explorateur britannique put sauver les 28 membres de l’équipage.
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Le bateau de 35 mètres de long est doté d’une proue en aluminium plus résistante que les proues en acier. Horn utilise le poids de la proue pour écraser la glace et la percer.
« LA ROUTE LA PLUS FACILE N’EST PAS TOUJOURS LA MEILLEURE. » Horn à l’entame de son périple de 5 100 km au cours duquel il traversera l’Antarctique au moyen d’une paire de skis et d’un kitesurf. Il réussira l’exploit en 57 jours, ne bénéficiant que d’un seul ravitaillement.
EXPÉDITION POLE2POLE
L’aventurier helvético-sud-africain mettra environ deux ans pour parcourir environ 38 000 km à travers terre et mer, du pôle Sud au Groenland, en traversant six continents. Une ambition à la fois pédagogique et écologique : attirer l’attention sur les défis auxquels est confrontée notre planète en plein bouleversement, et profiter de sa présence dans certains des endroits les plus reculés du monde pour prélever des échantillons utiles à la recherche.
3. BOTSWANA 15 JUILLET 15 AOÛT 2016
Horn quitte Monaco à bord de son voilier, le Pangaea, direction la Namibie.
2. NAMIBIE JUIN 15 JUILLET 2016
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Arrivée à Walvis Bay avant de cheminer à travers le Namib (le plus vieux désert du monde), entièrement à pied.
Trek à travers les marais de l’Okavango, sans provisions ni eau fraîche, tout en naviguant le long d’une route depuis longtemps oubliée.
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4. LE CAP, AFRIQUE DU SUD 15 AOÛT NOVEMBRE 2016
Préparation du Pangaea pour traver traver-ser l’océan Arctique. Horn s’investit dans sa mission de balisage des requins.
5. ANTARCTIQUE DÉC. 2016 FÉVRIER 2017
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Traversée en solitaire et à ski du continent arctique via le pôle Sud, en suivant l’itinéraire jadis inauguré par l’explorateur Amundsen. Horn devra tout donner pour arriver avant le début de l’hiver.
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6. NOUVELLEZÉLANDE MARS - MAI 2017
7. AUSTRALIE MAI – JUIN 2017
Nouvelle opération de balisage de requins, en plus d’une étude des coraux et d’une opération d’éveil sur leur dégradation, avant de filer en Papouasie-NouvelleGuinée.
1. MONACO, FRANCE 8 MAI 2016
Exploration du parc national de Fiordland, qui abrite les Fjords situés les plus au sud du monde.
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8. INDE SEPTEMBRE – OCTOBRE 2017
Il prévoit d’escalader certains des sommets de 8 000 mètres « vierges » que le gouvernement indien a récemment ouvert aux alpinistes pour la toute première fois. Puis cap sur Bornéo et l’Indonésie.
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9. OCÉAN ARCTIQUE & GROENLAND MAI – SEPT. 2018
Il prévoit d’entreprendre une traversée en solitaire du Groenland avant d’embarquer à bord du Pangaea pour retourner au bercail.
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témoigne Horn, père de deux filles qui officient au sein de l’équipe d’assistance d’expédition depuis la maison familiale en Suisse. Et en très peu de temps. C’est pourquoi, il est important de faire des analyses de plancton, prélever des échantillons d’eau dans des endroits où presque personne ne va. » Après 21 jours de voyage, le Pangaea atteint le plateau arctique. L’équipage euphorique se prépare alors à laisser Horn à son destin. Il s’entraîne à manœuvrer la voile de kitesurf qui le conduira, lui et son traîneau, à travers le glacier arctique, tandis que Brinlee Jr. et son équipage organisent une soirée de dégustation pour l’aider à sélectionner la nourriture qu’il embarquera avec lui. Au moment où vous lirez ceci, il aura achevé sa traversée de l’Antarctique en solitaire, sur plus de 5 000 km, tout en ayant remorqué derrière lui un traîneau chargé avec trois mois de réserves de nourriture et de combustible. Et il aura été la seule et unique personne à avoir jamais réussi cette prouesse. Puis il prendra la direction du Groenland, en suivant un itinéraire qui le conduira à travers la Nouvelle-Zélande et l’Inde, en passant par l’Indonésie. Tout au long du chemin, il sera animé d’une volonté tout droit sortie d’un autre âge, mêlée de furieuse curiosité et de prise de risque insensée. « Le risque d’échec existe... c’est cela qui m’excite, avoue-t-il. Cette part d’inconnu, c’est ce qui nous donne à tous des frissons. C’est elle qui me motive. » « Il y a l’inconnu réel, ces lieux où l’on ne s’est encore jamais rendus auparavant, et il y a l’inconnu intérieur, c’est-à-dire, ce qu’on découvre lorsqu’on se lance dans ces expériences, explique Chris Brinlee Jr. Et je crois que, pour tout un chacun, ce n’est pas la peine de s’aventurer jusqu’au pôle Sud pour faire ce type d’expériences, parce qu’on est capables de les ressentir intérieurement dès lors qu’on quitte notre zone de confort. Mike Horn est absolument inflexible là-dessus, et c’est aussi un principe sur lequel je peux me reposer dans ma vie quotidienne. Grâce à lui. » Les vidéos de la traversée de Mike Horn sur redbulletin.com 39
ELLE SERAIT LE CAUCHEMAR DE TOUT TÉLÉCROCHET POUR POP STARS : ÄNGIE PROVOQUE. ELLE ADORE LES CONTRADICTIONS. ELLE SE FICHE DES RÈGLES. ET C’EST EXACTEMENT POUR CELA QUE CETTE JEUNE SUÉDOISE MONTE EN FLÈCHE.
« SOYONS FIÈRES DE NOS DÉFAUTS ! » TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER PHOTOS : ALBERTO VAN STOKKUM STYLE : SOO-HI SONG
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« IL N’Y A RIEN DE PLUS ENNUYEUX QUE LA PERFECTION. »
ngie a des fanclubs au Brésil et en Russie, alors que sa musique ne passe pas à la radio. La presse britannique, de The Sun à The Guardian en parle, alors qu’elle n’a sorti que deux chansons jusqu’à présent. Pourquoi ? La Suédoise de 21 ans fait exactement tout ce qu’il ne faut pas faire en tant que jeune star montante : elle ne répond surtout pas aux attentes – et ne prend pas le business trop au sérieux. Elle a commencé à faire de la musique il y a deux ans, en se filmant dans sa baignoire, pétée et rappant n’importe comment, pour rire... et a envoyé la vidéo à un producteur local. Peu de temps après, elle enregistrait sa première chanson Smoke Weed Eat Pussy (« Fume de l’herbe et pratique le cunnilingus », ndlr) dans le studio du DJ star Avicii et signait un contrat avec le géant de l’industrie musicale Universal. De nombreuses chaînes de radio ont trouvé le morceau trop graveleux pour le jouer, mais il est malgré tout devenu un tube – via YouTube. Et grâce à la presse britannique qui l’a élue chanson la plus osée de l’année 2016. Un début de carrière inhabituel. Et pourtant : un lancement bien aux goûts d’Ängie. Car, nous révèle-t-elle lors d’une interview dans son Stockholm natal, pour avoir du succès, il faut mettre son public à l’épreuve. the red bulletin : Comment devient-on la pop star la plus controversée de l’année ? ängie : Dans mon cas, cela a été très simple. Je chante à propos des choses qui me procurent le plus de plaisir. Il va falloir que je vous pose d’autres questions alors... Allez-y ! 42
Smoke Weed Eat Pussy est donc une déclaration autobiographique ? Ma copine venait de me quitter. J’avais beaucoup de temps libre et une vie sexuelle très active. Des chansons sur les drogues et le sexe, ça a toujours existé. Pourquoi pensez-vous que votre tube a tellement échauffé les esprits ? Parce que je suis une fille qui aime les fleurs et les fringues roses. Et parce que les nanas qui aiment les fleurs et les fringues roses ne font habituellement pas de chansons sur l’herbe et les relations bucco-génitales. Vos clips reflètent ce genre de contradictions. Dans une scène, vous jouez à la princesse vêtue de robes couleur guimauve, dans une autre vous montrez vos grands tatouages et fumez un joint. Jouer avec les stéréotypes vous botte ? Absolument. Il n’y a rien de plus ennuyeux dans la vie que la perfection et les évidences. Pour avoir du succès, il faut surprendre. Créer des contrastes. Mais ne perturbe-t-on pas son public de cette manière ? Bien au contraire. Je crois qu’on éveille sa curiosité. Regardez Rihanna. Elle est devenue vraiment cool le jour où elle a montré son côté rebelle. Moi non plus je n’ai pas envie de faire la poupée Barbie. Les gens doivent me voir telle que je suis. Y compris mes vergetures sur les fesses. Pardon ? Récemment, j’ai publié une photo de mes vergetures sur Instagram. Une fan m’a THE RED BULLETIN
« SI TU AS UN BALAI DANS LE CUL, TU NE DEVRAIS PAS ÉCOUTER MA MUSIQUE. » tout de suite écrit pour me dire qu’elle admirait mon courage, car elle avait honte des siennes. C’est absurde ! Mon but est d’aider les jeunes femmes à gagner confiance en elles. Lorsque nous présentons fièrement nos défauts, ils deviennent des atouts. D’où tenez-vous votre confiance en vous, à 21 ans, pour oser faire un bras d’honneur au monde du showbiz et à ses idéaux de beauté ? Ça vient de lui (elle montre le tatouage sur son bras. Un cœur avec Lou Reed écrit à l’intérieur). C’était un songwriter génial – et le plus cool des types. Il se fichait de tout. Il adorait aussi engueuler les journalistes lors de ses interviews. J’espère qu’il serait fier de moi. Est-ce que vos parents sont fiers de la carrière de leur fille ? Mon père n’aime pas mes chansons sur la drogue. Mais ma mère est la plus grande de mes fans. Elle est au premier rang lors de mes concerts. Dernièrement, elle s’est même fait faire un T-shirt avec mon logo à la feuille de chanvre rose, sans me le dire.
Pourquoi vos chansons parlent-elles toujours de la fumette ? Lorsque j’étais adolescente, je souffrais d’un grave trouble déficitaire de l’attention. Les médecins m’ont prescrit des médicaments, mais ils n’avaient aucun effet. Le fait de fumer des joints m’a aidée à surmonter mes crises d’angoisse et phases dépressives. En plus, cela aide ma créativité. Sans herbe, je n’aurais probablement jamais commencé à écrire des chansons. Comment cela ? Cela fait déraper mon cerveau. Pour la plupart des gens, ce serait une raison pour ne pas fumer. Alors laissez-moi le formuler différemment : cela ouvre des parties de mon cer cerveau auxquelles je n’ai pas accès autrement. Je ressens des trucs que je ne veux pas ressentir. Mais que je dois ressentir, pour trouver mon vrai moi. Et qu’en est-il de l’autre sujet principal des vos chansons ? Vous voulez dire le sexe oral ? Un sujet très important, largement sous-estimé. Dans quelle mesure ? Les hommes se préoccupent trop peu du plaisir de la femme lors des rapports. Parce que les hommes ne sont pas assez sûrs d’eux ? Mais non ! Nous manquons tous d’assurance. Et la seule chose qui aide à sur surmonter le manque d’assurance, c’est de gagner de l’expérience. Permettez-moi de vous demander quels seraient vos conseils ? C’est très simple : parlez avec votre copine. Éteignez le mode macho. Demandez-lui ce qui lui plaît. Et surtout : ne vous imaginez pas que votre technique fonctionne pour toutes les femmes. La plupart des jeunes musiciens débutent leur carrière prudemment, ne veulent pas risquer d’irriter les chaînes radio. Vous en revanche, vous publiez des singles dont les textes sont même trop osés pour le programme nocturne. Aujourd’hui, le public découvre la nouvelle musique sur YouTube. Les chaînes radio ne s’y mettent que lorsqu’un mor morceau a déjà du succès sur le web. Voilà pourquoi je trouve cela plus important de tourner des vidéos cool et d’atteindre les gens par ce biais. Cela dit, même sur votre propre chaîne YouTube, il y a des commentaires de personnes qui trouvent que vous allez trop loin. Que leur répondez-vous ? Sur ce point je m’en tiens à Lou Reed, qui a dit un jour : « Si tu as un balai dans le cul, il ne vaut probablement mieux pas écouter ma musique. » Nouvel album : Spun ; facebook.com/lilweedhoe 45
L’habit ne fait pas le hardos. Ce type qui se rend au Hellfest tous les ans est un sociologue et enseignant respectable. Yeah !
TEDDY MORELLEC
LAMETAL SCIENCE DU Satanistes, incultes, oisifs les hardos ? Que dalle ! Avec ses études sur les festivaliers du Hellfest, le sociologue Christophe Guibert explose vos – nos – idées reçues sur les headbangers. T EXT E : P I E R R E- H E N R I CA M Y
P H OTO G R A P H E : C H R I S SAU N D E R S 47
out le monde côtoie un fan de hard rock. Votre banquier ou votre collègue sont peut-être des fondus de speed metal. Impensable si pour vous le fan de hard doit être forcément hirsute, porter des T-shirts morbides, n’avoir d’intérêt que pour une musique réputée brutale, et n’être que peu visible dans la « société ». En marge du festival Hellfest organisé à Clisson (44) depuis 12 ans, ces a priori envers les amateurs de musique metal ont libéré la parole de certains politiques. Pour eux, le Hellfest rassemble des satanistes sans valeurs, néfastes à l’ordre. Un participant au Hellfest, ami du rock dur et sociologue maître de conférences à l’université d’Angers, Christophe Guibert (40 ans) s’est penché sur les métaleux, afin de faire évoluer les mentalités à leur sujet. La parole à Dr Socio & Mister Metal. the red bulletin : Ce sont les antiHellfest qui vous ont motivé à mener vos enquêtes ? Un ras-le-bol ? christophe guibert : En 2010, il y a eu tout un ramdam politico-médiatique autour du festival, avec des interventions d’élus politiques qui prenaient position contre le Hellfest. Leurs arguments me questionnaient personnellement. C’est un réflexe de compréhension du monde social, de sociologue, qui m’a poussé à lancer ces études : j’entends des discours et il me semble qu’il y a des réalités qui ne sont pas en lien avec ces discours. J’ai spontanément eu l’envie de questionner ces festivaliers, pour savoir si les discours qui les caractérisaient étaient vrais ou pas. C’est pourquoi je vais focaliser mon propos sur les festivaliers du Hellfest, pas les fans de metal au sens large. Comment avez-vous enquêté ? En 2011 puis en 2015, via un questionnaire sur le site Internet du Hellfest, j’ai mené deux enquêtes sur les festivaliers du
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« AU HELLFEST, IL N’Y A PAS DE DÉVIANCE NI DE MEURTRE ! »
assure Christophe Guibert, qui en est revenu vivant.
Hellfest et j’ai récolté les réponses de 8700 personnes en 2011, puis de 10400 en 2015. Ces études étaient motivées par mon approche de sociologue : comprendre l’envers du décor, dépasser les idées préconçues, les croyances et les préjugés. Pourquoi ces clichés autour du metal ? Moins on connaît un univers, plus on a tendance à lui affubler des croyances, des préjugés, négatifs comme positifs. Là où il y a méconnaissance, il y a cliché. Ceux touchant au metal partent, d’une part, de cette méconnaissance, et d’autre part, il est vrai qu’il s’agit d’un univers musical singulier, avec une musique qui se joue plutôt fort, un folklore corporel propre avec les tatouages, les cheveux longs, la prédominance du noir, les crânes, les crucifix renversés... un univers folklorique qui fait qu’on peut se dire à propos des
headbangers, quand on ne les connaît pas : « Mais qui sont ces fous furieux ? » ! Pas que des mecs, visiblement ! Près d’un quart des festivaliers sont des festivalières, pourquoi ? Historiquement, le hard rock est un genre plutôt masculin, mais on observe un processus de féminisation. Le fait que ce festival et le genre metal soient aujourd’hui symboliquement et culturellement plus acceptés et plus acceptables fait que les festivalières s’autorisent plus qu’avant de dire et d’assumer qu’elles sont présentes au festival Hellfest. La bonne réputation du festival rassure et motive donc les filles à s’y rendre ? Je ne pourrais pas le prouver scientifiquement ni statistiquement, mais si l’on s’intéresse au traitement journalistique de ce festival, il est intéressant de voir comment il a évolué. À l’époque des débats politiques, on parlait du Hellfest dans les pages Société ou Politique des grands quotidiens nationaux. Désormais, il est traité dans les pages Culture, car c’est un univers musical culturellement accepté et acceptable. Il n’y a pas de déviance, de meurtre ni de violence au Hellfest. En tout cas, les rapports de gendarmerie montrent bien qu’il ne se passe rien de criminel !
THE RED BULLETIN
NICKO GUIHAL
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JAMAIS
22,6 %
PLUS RAREMENT
18,5 %
« Au quotidien, vous habillez-vous à la mode “metal” (T-shirt de groupe de musique, vêtements gothiques, bijoux, accessoires…) ? » On s’attend à ce qu’une majorité de participants au Hellfest répondent par la positive, mais l’étude de 2015 de Guibert prouve que le hardrockeur n’est pas si évident à identifier.
TOUS LES JOURS OU PRESQUE
16,6 %
RÉGULIÈREMENT (AU MOINS UNE FOIS PAR SEMAINE)
19,3 %
PARFOIS QUELQUES FOIS PAR MOIS
LEÇON #1
ON PEUT ÊTRE METAL SANS SE VÊTIR METAL
22,9 %
LEÇON #2
LE HARDOS A UN HAUT NIVEAU D’ÉDUCATION
MASTER
11,5 %
BTS
13 % 50
« Statistiquement le public est très diplômé avec près des 2/3 des festivaliers titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et près d’un quart des festivaliers titulaires d’un Bac +5 ou plus », dit Guibert. Voici des données révélatrices de cet état de fait en 2015. Bon point au hardos !
SANS DIPLÔME
3,1 %
INGÉNIEUR
8,2 %
LICENCE
15,4 %
LEÇON #3
LE FAN DE HARD N’ÉCOUTE PAS QUE DU HARD
NICKO GUIHAL
Un petit reggae pour se remettre d’une surdose de metal ? 22,9 % des festivaliers interrogés en 2015 se sont déclarés amateurs de sons jamaïcains. On trouve même au Hellfest des amateurs de RnB. De quoi surprendre ceux pour qui le fan de hard n’a d’oreilles que pour... le hard !
RnB
3%
HIP-HOP
JAZZ
REGGAE
CLASSIQUE
15,5 % 26,6 % 22,9 % 39,8 %
HINDOUISTES
0,3 %
BOUDDHISTES
2,5 %
MUSULMANS
1,4 %
AUTRES
JUIFS
11,6 %
0,9 %
SUR L’ENSEMBLE DES 17 % DE FESTIVALIERS QUI SE SONT DÉCLAR DÉCLAR DÉCLARÉ ÉCLAR ÉS CROYANTS
PROTESTANTS
2,6 %
CATHOLIQUES
80,7 % LEÇON #4
LES HEADBANGERS NE SONT PAS SATANISTES 52
La veste à patchs n’a jamais pu se défaire de ce cliché : ils sont satanistes ! Mais les études de Christophe Guibert n’ont pas pu attester la présence de satanistes parmi les fans du Hellfest. Chez les festivaliers déclarés croyants lors de l’étude de 2015, il ressort une majorité de... cathos. THE RED BULLETIN
NICKO GUIHAL
Pourtant, beaucoup restent enfermés dans leurs idées reçues, « le hardos est un oisif, qui ne trouve d’intérêt que dans le metal et la bière »... Il y a quand même un cliché qu’il est difficile de battre en brèche, c’est la consommation de bière certainement plus impor importante que la moyenne au Hellfest (rires). Au-delà, les enquêtes montrent que le taux de chômage chez les festivaliers est largement inférieur à la moyenne nationale. Il y a une sur-représentation des classes sociales les plus favorisées, ingénieurs, cadres supérieurs, chefs d’entreprise, et une sous-représentation des classes sociales les plus modestes. C’est ce qui m’a le plus étonné. Le festivalier hard-rockeur a donc été plutôt studieux, a réussi dans ses études, jusqu’à arriver à des postes dans les fonctions supérieures ? Statistiquement, oui. Ces résultats contredisent l’idée que les participants à un festival dédié au metal seraient oisifs et mal insérés socialement. C’est faux ! On parle d’individus qui sont socialement bien insérés, plus diplômés que la moyenne, qui occupent des positions plutôt élevées dans l’espace social. Attention, chers lecteurs, votre patron est peut-être un inconditionnel de death metal... Exactement ! En France, il y a des manières d’être ou de faire qui sont culturellement codées, il est de bon ton d’écouter tel type de musique plutôt que tel autre, lire tel type de roman plutôt que tel autre. La musique metal fait partie de ces univers culturels plutôt dépréciés, donc si l’on en écoute, on va plutôt le cacher, spontanément. Costume la semaine et pogo le weekend sont donc compatibles. Vous avez observé les danses du Hellfest, quelle serait la plus extrême ? Les plus « tranquilles » s’observent sur les scènes principales, bien que parfois il y ait des pogos géants et des circle pits absolument gigantesques (le circle pit est un mix de danse et de pogo effectué dans un mouvement circulaire ultra-rapide, ndlr). Pour la scène black metal, on n’observe pas de danse, simplement un hochement de la tête au rythme de la musique. Au niveau de la warzone où se produisent des groupes punk ou hardcore, ça bouge pas mal, c’est beaucoup plus en mode pogo. Des clichés à exploser sur ces danses ? Même si elles sont d’apparence plutôt masculines, on y trouve des festivalières. Et dès qu’un festivalier tombe lors d’un circle pit, tout le monde s’arrête, on le
THE RED BULLETIN
« DES PERSONNES RESPECTUEUSES, PAS DES GARS QUI CASSENT TOUT... »
relève, et ça repart ! Je ne parlerais pas d’une sécurisation des corps, mais malgré tout, l’intégrité des corps est respectée. Une bienséance qu’on aimerait retrouver dans les transports en commun... En même temps, c’est une bienséance virile (rires). J’ai pas mal de clichés photo de ces scènes-là que je montre en amphi aux étudiants, je les éclaire sur ces thèmes et beaucoup sont étonnés (rires) ! L’aspect violent (en apparence) de ces danses pourrait conduire à penser que de nombreux débordements arrivent durant un rassemblement metal… Au contraire ! J’ai mené quelques entretiens plus ou moins formalisés avec des acteurs locaux du tourisme, notamment à Clisson, les personnes d’accueil ou responsables de l’office du tourisme, les hôteliers... Tous, quasiment sans exception, disent que les festivaliers et festivalières sont des personnes polies, respectueuses de l’environnement et d’autrui. Pas des gars violents qui cassent tout. Et pas forcément fascinés par la mort ou Satan. Vos études montrent que le rapport à la mort, sa mise en folklore n’est pas une célébration mais un décalage. Pour mieux l’appréhender ? Je n’ai pas la réponse à cette question. C’est compliqué. Est-ce qu’il y a réellement des satanistes au sein du Hellfest, peut-être. S’ils sont présents, ils sont ultra-minoritaires. Je pense que cette idée d’utiliser les symboles de la religion
catholique, de les travestir, en dehors de l’église, ça ne va guère plus loin. Je ne pense pas qu’il y ait un véritable discours philosophique, politique ou religieux à l’égard de la religion catholique parmi une écrasante majorité de festivaliers. Pour beaucoup, le hard est du bruit, mais vos enquêtes ont montré que nombre de festivaliers assistaient au Hellfest pour y apprécier la technique des musiciens en véritables mélomanes ! Quand on n’a pas une connaissance précise de ce genre musical, on peut croire spontanément que c’est brouillon, violent, complètement déstructuré, que ça n’a aucun sens musical. Il n’en est rien. On a affaire à des sous-genres musicaux très spécifiques, avec des techniques de guitare, de basse, de chant ou de batterie tout à fait performantes et pertinentes. Et effectivement, les festivaliers viennent au Hellfest pour apprécier la technique des musiciens. C’est une caractéristique assez singulière, il y a une forme d’investissement culturel dans la musique, une écoute très attentive. Et les hardos n’écoutent pas que du hard, ils sont super ouverts ! Une grande majorité de festivaliers, oui. Les plus diplômés, ceux qui occupent les métiers les plus élevés dans la hiérarchie social, autrement dit, ceux qui possèdent un capital économique et un capital culturel importants, auront tendance à avoir une posture éclectique à l’égard des goûts musicaux. Une très grande partie des festivaliers les plus diplômés vont écouter du jazz, du classique, ou tous les genres musicaux. On parle alors « d’omnivorité culturelle ». Finalement, Christophe, ces headbangers du Hellfest ne seraient-ils pas une espèce de petite société idéale, aimable et passionnée culturellement ? L’apparence, dans le festival, comme s’habiller en noir, se déguiser, mettre son vieux T-shirt de hard… gomme les mar marqueurs sociaux. Ce festivalier est-il un cadre supérieur, un ouvrier ou un chômeur ? Un chef d’entreprise qui roule en voiture de luxe ? On ne sait pas ! Tout cela est aboli pendant trois jours, et cela participe d’un relâchement culturel. On vient s’amuser. On est presque tous égaux ! Découvrez l’envers d’un grand festival metal dans le documentaire Open the doors: Hellfest sur Red Bull TV.
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Sur l’ultime stop du FWT, les inclinaisons atteindront presque 60 degrés. Comparez : Le Tunnel, fameuse piste noire à l’Alpe d’Huez, en fait 35...
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SUR LA PENTE RAIDE
JEREMY BERNARD/FREERIDEWORLDTOUR
QUELQUES TACHES DE NEIGE ENTRE LES ARÊTES ROCHEUSES. DES INCLINAISONS À 60 °. FROID ET TEMPÊTE. LE FREERIDE WORLD TOUR EST LA COMPÉTITION DE SKI ET DE SNOWBOARD LA PLUS EXTRÊME AU MONDE. SON MESSAGE VAUT AUSSI AU QUOTIDIEN : LE SUCCÈS APPARTIENT À CEUX ET À CELLES QUI CHERCHENT LEUR PROPRE CHEMIN. TEXTE : ALEX LISETZ
Le champion du monde en titre Loïc Collomb-Patton lors de l’ascension du redoutable Bec des Rosses.
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THE RED BULLETIN
Les riders doivent aussi intégrer l’attente à leur art. En janvier, à cause de la météo, après des jours en alerte, la première étape à Chamonix n’a pas eu lieu.
L’ÉQUILIBRÉE
TERO REPO/FREERIDEWORLDTOUR, DAVID CARLIER/FREERIDEWORLDTOUR
u bout de deux mètres, il n’y a plus de plan B. Tu sautes dans le couloir et prends de la vitesse aussi vite qu’en chute libre, 80, 90, 100 km/h. Le passage clé est là bien plus vite que tu ne le pensais, une aiguille rocheuse file à quelques centimètres de toi. Désormais, c’est ton tronc cérébral qui prend le contrôle. Tu fonces sur la falaise. Un 360, légèrement incliné sur le dos, ça va le faire ? À l’atterrissage tu t’enfonces profondément dans la neige, mais tu restes sur tes jambes. Les endorphines profusent. Et tu sais qu’à partir de maintenant, le run sera un pur délice. » Chaque participant au Freeride World Tour pourrait raconter des histoires comme celle-ci : des expériences entre ivresse et lucidité, flow et concentration. Car lors de ce championnat du monde informel des freeriders, il ne s’agit pas vraiment de gagner contre les autres. « Nous voulons exploser les limites, dit le skieur suisse Jérémie Heitz, les limites de notre sport et nos propres limites. » Depuis 2008, les meilleurs freeskieurs et freeskieuses, snowboardeurs et snowboardeuses en ont l’occasion cinq à six fois par an. Les compétitions dans les disciplines Line, Air, Style, Flow, contrôle et technique ont lieu sur des flancs de montagnes sur lesquels d’autres ne penseraient jamais à skier. Seuls les points de départ et d’arrivée sont définis : le trajet entre les deux est entièrement libre.
L’INDIVIDUALITÉ COMME FORMULE GAGNANTE
« Et c’est justement ça qui est génial dans le Freeride World Tour », dit la double championne du monde Nadine Wallner (Autriche). Car au final, ce n’est pas celui qui a accompli ses exercices le plus sagement qui remporte la victoire. Mais celui qui a su donner libre cours à son savoir-faire et à son imagination. Wallner rentre tout juste d’une randonnée sur sa montagne locale, l’Arlberg. Elle vient de faire quelques descentes qu’elle aurait qualifiées d’irréalisables il y a trois ou quatre ans. Pas seulement pour elle, mais pour tout le monde. Ici, sur l’Arlberg, elle connaît chaque rocher, mais lors de la compétition, tout reste à découvrir : les riders n’ont pas le droit de s’entraîner sur la pente où ont lieu THE RED BULLETIN
« ÇA NE SERT À RIEN DE COPIER UN STYLE QUE TU NE SENS PAS. » THE RED BULLETIN : Dans la plupart
des sports, il existe une formule très simple pour gagner. Celui qui atteint la ligne idéale dépasse la ligne d’arrivée en premier. Celui qui montre la combinaison de tricks la plus complexe obtient le plus de points du jury. Quelle est la formule pour gagner le Freeride World Tour? NADINE WALLNER : Il n’y a pas de formule, et c’est ce qui rend le Tour tellement beau. Chacun fait son truc et va jusqu’au bout de ses limites – avec ses talents et ses possibilités. Faire ton truc, quoi que fassent les autres ? Bien au contraire. Nous, freeriders, aimons échanger nos idées et nous inspirer des rides des autres. Mais cela ne me sert à rien de copier un style s’il ne me correspond pas du tout. Devrions-nous aussi être plus freestyle dans nos buts quotidiens ? Le mieux est de poursuivre ses rêves sans perdre le sens de la réalité. C’est le panachage qui fait la différence.
NADINE WALLNER, 27 ANS (AUT)
Championne des Freeride World Tour 2013 et 2014 (Ski)
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« EXPLOSER LES LIMITES, NO LIMIT. » JÉRÉMIE HEITZ
CHRISTOFFER SJOSTROM/FREERIDEWORLDTOUR, DAVID CARLIER/FREERIDEWORLDTOUR, TERO REPO/FREERIDEWORLDTOUR
Les vidéos GoPro depuis les hélicos vous feront frissonner même depuis un canapé douillet (gauche).
Le Français Julien Lopez a déclenché une avalanche lors de la compétition de 2015 à Kappl.
L’AVENTURIER
« MES POINTS FORTS ME DONNENT CONFIANCE LORS DE LA COMPÉTITION. » THE RED BULLETIN : Monsieur Heitz,
devrions-nous écouter nous-mêmes plus que les autres ? JÉRÉMIE HEITZ : C’est tout du moins comme cela que je l’ai fait. Je me suis fixé 15 descentes hyper-difficiles voire irréalisables sur une liste de tâches à remplir, et personne n’a cru en moi. Jusqu’à ce que mon film La liste soit dans la boîte…
En quoi vos qualités de spécialiste steepski vous aident-elles lors du Freeride World Tour? Surtout du point de vue mental. Elles me donnent confiance en moi. La confiance génère-t-elle le succès ? Seulement si elle est fondée. Lors du World Tour, tous sont des skieurs fantastiques. Mais en terrain particulièrement raide, c’est moi le meilleur.
Le secret du succès est donc une base solide de compétence à laquelle s’ajoute un supertalent ? À peu près. Complétez par une volonté permanente de vous perfectionner, et vous serez parmi les meilleurs.
JÉRÉMIE HEITZ, 27e ANS (SUI) e
2 du FWT 2015, 3 du FWT 2014 (Ski)
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L’ANALYTIQUE
« CHAQUE MÈTRE DU PARCOURS EST PROGRAMMÉ D’AVANCE DANS MA TÊTE. »
FELIX WIEMERS, 28 ANS (GER) e Deux riders à un passage clé dans le Verbier. La finale aura lieu du 1er au 9 avril.
les courses, on étudie le terrain la veille de la compétition, par un « face-check » depuis le flanc opposé, avec des jumelles et la caméra du portable. Ce jour-là, chaque rider analyse la montagne à sa façon : Jérémie Heitz, le casse-cou suisse du steepski voit « des turns rapides », qui iront « peutêtre jusqu’à 120, 130 km/h ». Felix Wiemers, le meilleur Allemand du Tour, a découvert des endroits prédestinés à faire des tricks de freestyle. Et Léo Slemett, le jeune Français, se réjouit du terrain variable « parce qu’il correspond bien à sa polyvalence ». C’est à celui ou à celle qui réussira le mieux à concilier sa personnalité et son savoir-faire sur les skis (ou sur le snowboard) qui accomplira le run parfait. Mais comment y arrive-t-on, lorsqu’on sait qu’un jury examine scrupuleusement chaque move ? « Je skie exactement comme si j’étais toute seule », s’exclame Nadine Wallner. Plus tard, lors de la compétition, les spectateurs verront autant de descentes différentes que de riders. Car chacun défie avant tout le plus coriace des adversaires : soi-même. « Évidemment, on veut être meilleur que les autres, lâche Wiemers, mais on veut surtout surpasser le rider qu’on était hier. » C’est peut-être bien la célébration des points forts individuels lors du Freeride World Tour qui est aussi le secret de cette communauté harmonieuse : « Nous nous réjouissons aussi d’un bon run réussi par une concurrente, dit Nadine Wallner, ce qui n’est pas le cas chez mes amies en ski de course. » 60
LE COMPÉTITEUR « FAIS CE QUE TU AIMES, PAS CE QUE LES AUTRES VEULENT VOIR. »
LÉO SLEMETT, 23 ANS (FRA) e
5 du FWT 2016 (Ski) THE RED BULLETIN : Un freerider exprime sa personnalité sur ses skis. Mais est-ce réellement possible lorsque chaque move est scruté par un jury ? LÉO SLEMETT : Certains préfèrent se montrer dans des vidéos uniquement. Mais pour moi, la compétition est une forme d’expression supplémentaire, un défi en plus : vais-je arriver à rester fidèle à moi-même, tout en sachant que le jury va me juger ? Comment reste-t-on soi-même quand il en va de la victoire ? En faisant ce que l’on aime et ce que l’on trouve juste – et non ce qu'on croit que les autres veulent voir. Pourquoi n’est-il pas judicieux de s’adapter aux attentes des autres ? On ne se développe que lorsqu’on emprunte de nouveaux sentiers. C’est ce que j’adore dans la pratique du ski : les riders réunis dans un top 5 font du ski de manière totalement différente – et pourtant chacun est génial à sa propre manière.
7 du FWT 2016 (Ski) THE RED BULLETIN : Qu’est-ce qui est plus utile lorsqu’on doit descendre une pente quasiment verticale à ski : être particulièrement fou ou particulièrement intelligent ? FELIX WIEMERS : Pour la préparation, il te faut ton cerveau : nous analysons la montagne depuis le versant d’en face, nous rappelons exactement chaque détail et prévoyons une ligne radicale, mais faisable. Lors de la descente, il vaut mieux déconnecter le cerveau et réaliser son idée de manière intuitive. Chaque freerider exprime son individualité avec sa ligne et son style de conduite. Qu’apprenons-nous sur vous en vous regardant skier ? Si on m’observe de manière superficielle, on me prendra probablement pour un type enjoué, car je viens du funpark et aime bien insérer des backflips... Et quel est votre vrai point perso ? Aucun move ne m’arrive par hasard. Je suis un type très réfléchi, concentré, et chaque mètre du parcours est programmé d’avance dans ma tête – comme un coureur alpin qui connaît chaque porte par cœur.
THOMAS BEKKER/FREERIDEWORLDTOUR, DOM DAHER/FREERIDEWORLDTOUR
Les pros du Freeride World Tour (ici, l’Américain Colin Boyd) trouvent toujours une ligne, même en terrain très rocheux.
« POURSUIS TES RÊVES. » NADINE WALLNER
LE DROIT À L’ERREUR RALPH HASENHÜTTL, entraîneur du RB Leipzig, a réussi à faire de la plus jeune équipe de la Bundesliga son meilleur promu en 50 ans d’existence. Une interview autour des remplaçants, des petits cons, du dimanche matin au bureau et d’autres aspects de la victoire.
Texte : Stefan Wagner
Photo : Oliver Jiszda
the red bulletin : Ralph, le terrain d’entraînement du RB Leipzig est entouré de citations de grands athlètes de différentes disciplines. Laquelle vous parle le plus ? ralph hasenhüttl : Celle de Michael Schumacher. « Un seul bouquet pour le vainqueur et tant de vases à remplir. » Cela signifie que même dans un sport individuel comme celui de Schumacher, la victoire est une affaire d’équipe. Et qu’il faut réussir à ne pas avoir une trop haute opinion de soi-même. Vous êtes un bon entraîneur car vous n’avez pas une trop haute opinion de vous-même ? C’est même essentiel dans ma vie. Quand tout fonctionne bien, le club, la direction, les masseurs, les attachés de presse, tout, alors la victoire est notre victoire à tous, et donc aussi un peu la mienne. Le truc, c’est de changer son mode de pensée habituel : ce n’est pas moi qui suis important et ce n’est pas grâce à moi que cela fonctionne. Tout le monde est impor important et c’est grâce à chacun que cela fonctionne. D’après mon expérience, c’est ça, la clé du succès. J’ai apporté quelques citations pour faire écho à celles du terrain d’entraînement. J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez. La première est de 62
Pep Guardiola. « La victoire résulte bien plus des doutes que des certitudes. » Remplacez « doutes » par « remises en question » et ça me va. C’est mieux de se remettre en question que d’avoir des doutes. La deuxième citation est de vous : « Le secret de ma réussite ? Ne pas baisser les bras quand quelque chose ne fonctionne pas. » C’est ma façon de faire, quand j’essuie un revers, je ne me laisse pas abattre. La citation n’exclut pas la possibilité d’échouer. Ce qui compte au contraire, c’est la manière de réagir, adopter une attitude constructive, coûte que coûte. Et encore une autre de vous : « Le football est un jeu d’erreurs. » Vous parlez de cette technique d’attaque ultra-agressive utilisée par votre équipe qui consiste en gros à pousser l’adversaire à la faute quand il a la balle, c’est ça ? C’est un peu plus compliqué que cela. C’est aussi la façon dont on gère les erreurs. En fait, ce que je veux, c’est que mon équipe fasse des erreurs après avoir récupéré la balle. Ça me plaît quand un joueur perd le ballon trois fois en dribblant mais qu’il réussit à passer la quatrième fois. Un joueur qui sait qu’il a le droit de faire des erreurs, ça engendre la possibilité d’un risque, un risque qui peut nous mener à la victoire. « C’est dans les mauvais jours qu’on voit la véritable valeur des gens », a dit Jürgen Klopp. Je valide à 100 %. Quand je vois le Bayern, tout ce qu’ils gagnent dans leurs mauvais jours… Certains disent que le Bayern a juste du bol. Ils ont tort. Le Bayern a un tel niveau à la base ! Ce n’est que dans leurs meilleurs jours que les autres arrivent à les égaler. Donc, d’emblée, le Bayern a déjà très peu de chances de perdre. « Je ne pourrai jamais recruter un petit con qui joue super bien », encore de Klopp. Ce n’est pas tout à fait ce qu’il a dit, c’était plutôt : « Je me demande bien le niveau d’excellence qu’un joueur devrait avoir pour que j’arrive à l’accepter s’il se comporte comme un petit con. » Je le sais parce que j’ai moi-même repris cette citation. Mais ce sont justement des joueurs comme ça qui font la marque d’une équipe ! Avec mon système de jeu, je ne pourrais pas accepter un joueur à l’ego surdimensionné dans mon équipe. Mais que faites-vous quand, comme un fait exprès, un joueur de votre équipe marque le but de la victoire à la 90e minute sans avoir couru comme un dératé avant, ni même avoir attaqué sans relâche le possesseur du ballon ? THE RED BULLETIN
L’ego, ce n’est pas son truc. Ralph Hasenhüttl a mené le RB Leipzig aux sommets de la Bundesliga, mais il ne se serait jamais fait confiance personnellement en tant que joueur.
« JE SAIS CE QUE ÇA FAIT DE DEVOIR APPRENDRE,
D'ÉCHOUER ET DE PRENDRE EXEMPLE SUR LES AUTRES. ÇA M’AIDE À ENCOURAGER MES JOUEURS. »
Avec moi, il n’aurait même pas marqué. Parce que je l’aurais sorti avant. « En tant qu’entraîneur, je n’aurais jamais recruté Hasenhüttl, le joueur… » … celle-là, elle ne peut être que de moi ! Parce que Hasenhüttl en tant que joueur, il n’a certainement jamais été dans le viseur de Guardiola, de Klopp ou de Rangnick. Vous n’étiez pas si mauvais ! Huit sélections en équipe nationale, quatre fois champion d’Autriche, THE RED BULLETIN
une montée en 1re division avec Cologne… Je ne me serais pas pris dans mon équipe parce que, sur le plan physique, ça n’aurait pas collé avec mon système de jeu, manque de rapidité. Mais Hasenhüttl en tant que mec, je n’aurais pas hésité. Quand j’étais joueur, je savais faire passer l’équipe avant mon ego. Je pouvais me sacrifier pour l’équipe. Vous étiez un avant-centre solide classique. Et votre job, c’était de marquer des buts. Comment se sacrifie-t-on pour une équipe dans ce cas-là ? En créant des intervalles où l’on sait que le ballon n’ira sûrement pas. Et offrir ainsi à un coéquipier un espace suffisant pour avoir l’opportunité de marquer un but. Ou bien en apportant sa contribution à la victoire de l’équipe depuis le banc des remplaçants. En quoi contribue-t-on à la victoire depuis le banc des remplaçants ? Les remplaçants en font souvent bien plus que ceux qui sont restés à l’intérieur. Ils représentent le niveau général du reste de l’équipe et sont très importants pour l’ambiance. Être sur le banc des remplaçants, c’est un vrai test : il faut être plus investi, s’entraîner encore plus dur, même si personne ne fait vraiment attention à toi. C’est tout sauf facile, mais c’est extrêmement important pour chaque équipe. Pourquoi êtes-vous meilleur en tant qu’entraîneur que vous ne l’étiez en tant que joueur ? Je n’avais pas vraiment de don en tant que joueur, et c’est certainement un gros avantage. Je sais ce que ça fait de devoir apprendre quelque chose, de ne pas y arriver et de devoir prendre exemple sur les autres. Donc j’ai l’impression de pouvoir aider plus facilement mes joueurs, et je suis peut-être aussi plus compréhensif et plus patient que d’autres. La dernière citation aussi est de vous. Vous avez dit : « Si vous perdez cinq matches de suite, vos joueurs ne croiront plus ce que vous leur dites. » Je n’arrive même pas à m’imaginer la situation. Raconter à mes joueurs, cinq semaines durant, que tout ce qu’ils font, c’est génial. Qu’il faut juste continuer à faire ce qu’on fait, et peut-être qu’on recommencera à gagner – avant d’essuyer de nouvelles défaites. Pfff, ça me paraît vraiment compliqué. Quelle a été votre plus longue série de défaites en tant qu’entraîneur ? Trois matches de suite. À Ingolstadt. Après avoir décidé de quitter le club. Cela a joué sur ces trois défaites de suite ? Avec le recul, je pense que oui. Je n’étais peut-être plus aussi à fond, plus concentré à 100 %, peut-être à peine moins, mais en Bundesliga, ça ne pardonne pas. 63
CELUI QUI POURRAIT DEVENIR ROI
À 19 ans, le pilote Red Bull Max Verstappen a déjà un Grand Prix et plusieurs podiums à son actif et nombreux sont ceux qui le voient comme l’un des plus grands de la F1. Mais qu’est-ce qui le rend si spécial ? TEXTE : JUSTIN HYNES
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VLADIMIR RYS
des plus grands pilotes de F1, il y a toujours des moments décisifs marqués d’excellence, et ceux qui font passer un jeune pilote de à surveiller à champion en devenir. Pensez à Jackie Stewart, vainqueur du Grand Prix d’Allemagne en 1968 sous une mauvaise météo : l’écart sidérant (quatre minutes) qui le séparait de son principal rival reste inoubliable ; Ayrton Senna et son premier tour de piste du GP d’Europe à Donington en 1993 qui le hisse de la cinquième place à la première pourtant sous la pluie, une manœuvre époustouflante ; ou les prouesses de Schumacher qui, au début de sa carrière, réussit à se dégager de la septième position du classement et à se qualifier pour l’écurie Jordan à Spa-Francorchamps en 1991. L’an dernier, sur le circuit d’Interlagos à São Paulo, pour ceux restés hors piste malgré une pluie diluvienne, LE moment est arrivé au bout de trois heures d’un Grand Prix du Brésil marqué par les nombreuses pauses imposées par les voitures de sécurité et les arrêts. Avec 16 tours restants, Max Verstappen, le pilote Red Bull Racing âgé de 19 ans, s’arrête au stand pour s’équiper de pneus pluie, se retrouvant à la 14e place. Pour Pourtant, sur le temps restant de la course, le Néerlandais passe à travers la meute, comme s’il avait trouvé une voie complètement sèche. En cinq tours, il remonte en septième position, et à l’arrivée, on le retrouve en troisième place derrière la Mercedes de Nico Rosberg et le vainqueur Lewis Hamilton. La performance de Verstappen au Brésil a été un moment décisif, un sommet pour le plus jeune pilote de l’histoire. « Quelque chose de vraiment spécial », pour Christian Horner, boss de son écurie. Le triple champion Niki Lauda s’empressa d’ajouter : « Verstappen était extraordinaire. Je savais qu’il était bon, mais il a montré à tout le monde ce dont il est capable. » Six mois plus tôt, le jeune Néerlandais avait fait fort, avec une victoire lors de sa première sortie avec l’écurie Red Bull Racing, en Espagne. Mais sa prestation à São Paulo s’imposait comme un symbole fort : elle venait clore une période compliquée pour le jeune talent. Dans les semaines précédant la course, sa conduite agressive tous azimuts lui avait valu les critiques de nombreux rivaux. Le vétéran Kimi Räikkönen l’a descendu en flammes en Belgique et le quadruple champion Sebastian Vettel l’a traité de « bâtard » à Mexico. Son style a même mené les instances dirigeantes de la F1 à redéfinir ce qui était permis ou non en termes d’attaque. Pour les médias, Verstappen allait de toute façon causer un drame. Le Brésil a balayé toutes ces critiques sous la tourmente. À tel point que l’un des coéquipiers de Senna, Gerhard Berger, dix fois champion du Grand Prix, a fait une comparaison entre le jeune pilote et la légende brésilienne. « Quand je vois Max, Senna me vient à l’esprit, exprime Berger après la course d’Interlagos. C’est la première fois que je dis ce genre de chose, parce que j’ai été assez proche d’Ayrton et que je pense qu’il était le meilleur. J’ai toujours respecté cela et donc évité les comparaisons, mais avec Max c’est difficile de ne pas le faire. » Ce mois-ci, Verstappen entame sa troisième saison de F1, sa première campagne complète avec l’écurie Red Bull Racing. Et les règles ont énormément changé pour 2017, déplaçant l’attention du moteur vers le traditionnel châssis et les forces aérodynamiques de l’équipe de Max. 66
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DANS LE RÉTRO
Toujours au Max : « Quand tu es jeune, tu essaies d’atteindre le meilleur résultat, tout le temps. Tu as ce feu en toi ! »
te mène pas à la réussite. Votre père, Jos, vous a donné ces conseils. En tant que pilote de F1, il avait la réputation d’être déterminé. À quel point était-il exigeant ? Il était souvent très sévère avec moi, mais je suis content qu’il l’ait été parce que ça m’a mené là où je suis. Il n’était pas du genre « il faut que tu gagnes », ou « il faut que tu sois comme ci, comme ça ». Sa rigueur concernait la préparation, il faisait en sorte que je sois impliqué dans l’effort et non que je voie cela comme un jeu. À un moment, ça devient ta profession et tu dois t’investir. Mais pour les résultats, il n’a jamais été autoritaire. Il y a un vieil adage en F1 qui dit que la valeur n’attend pas le nombre des années. Pensez-vous qu’une année supplémentaire en GP2 ou GP3 avant la F1 aurait été bénéfique ? Non. Je pense que cela aurait été plus difficile. Il faut un peu de chance [pour rentrer en F1] et si tu n’es pas dans la bonne équipe, au bon moment… alors peut-être que tu as une mauvaise saison
En vue d’une saison où il pourrait transformer sa percée en véritable consécration, The Red Bulletin est allé au contact du Néerlandais pour revenir sur son parcours et voir où le futur peut le mener…
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Verstappen a de grandes chances d’atteindre les sommets de la F1 en 2017.
« PLUS JEUNE, J’AURAIS FACILEMENT PU DEVENIR FOOTBALLEUR, MAIS TRÈS TÔT J’AI SU QUE LE KART ÉTAIT MA VOIE. »
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DAVID CLERIHEW/RED BULL RACING, VLADIMIR RYS
the red bulletin : Revenons sur vos premiers souvenirs de conduite. Vous aviez quatre ans la première fois que vous vous êtes assis au volant d’un kart. La course automobile était-elle programmée pour vous ? max verstappen : J’avais un choix à faire, parce que c’est à toi de dire à tes parents si tu veux faire de la course ou non. J’aurais facilement pu devenir footballeur, mais très tôt dans ma carrière j’ai réalisé que le kart était la direction à prendre, car c’était ce que j’aimais. Mon père ne m’a jamais forcé la main. Je me souviens qu’à quatre ans, je l’appelais et lui disais : « Je veux faire du kart. » Sa première réponse était : « Non, pas avant tes six ans. » Mais j’ai tellement insisté que deux ou trois semaines plus tard, j’avais mon kart. Votre père a été pilote de Formule 1 et votre mère, Sophie Kumpen, championne de karting. Le livre de Malcolm Gladwell, Outliers: The Story of Success, estime que le grand esprit sportif s’acquiert, que 10 000 heures d’entraînement mènent au « nombre magique de la grandeur ». Cela est-il vrai ? Est-ce l’acquis contre l’inné ? Ça semble un peu trop facile. Premièrement, il faut du talent. Si tu n’as pas de talent, ça ne fonctionnera jamais. Tu peux t’entraîner pendant un million d’heures ; tu n’y arriveras pas. Bien sûr, j’ai été chanceux avec mes parents, il m’ont correctement guidé et entouré. Il faut apprendre dès le plus jeune âge et être orienté vers la bonne direction, mais il faut aussi avoir un certain talent. Répéter uniquement le même geste encore et encore ne
« JE NE PEUX PAS CHANGER. SI TU ES UN ATTAQUANT, TU NE PEUX PAS TOUT À COUP DEVENIR UN DÉFENSEUR, C’EST TA NATURE. »
Passé Maître
4 étapes marquantes qui ont mené le jeune Max Verstappen parmi les plus grands de la F1. 1. Vs Marcus Ericsson – Grand Prix de Chine 2015 Dès son troisième GP, Verstappen s’est fait connaître comme pilote sans pitié, en serrant de très près le Suédois avant de tenter le tout pour le tout et de freiner dans la chicane. Max en est sorti premier.
2. Vs Felipe Nasr – Grand Prix de Belgique 2015 À Spa, Verstappen a pourchassé Felipe Nasr et fait une embardée à balle à l’extérieur du virage de Blanchimont. Il a raclé la bordure, avancé aux côtés de Nasr jusqu’à la chicane du Bus Stop et est parti en trombe par l’intérieur.
3. Vs Nico Rosberg – Grand Prix du Brésil 2016 Sous une pluie torrentielle, Max a trouvé une adhérence là où personne ne pouvait. Lorsque Rosberg a serré l’intérieur de la piste jusqu’au troisième tour, Verstappen s’est déporté sur l’extérieur en dépassant l’Allemand.
4. Vs Sergio Pérez – Grand Prix du Brésil 2016 Pour le podium, il devait surpasser Perez. Il a essayé de doubler le Mexicain par l’extérieur au dixième tour et malgré quelques dérapages sur la bordure, il a tenu bon. Il a ensuite roulé à côté de Perez pour enfin dépasser la Force India au douzième tour.
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et que les gens se font une autre idée de toi. Je suis content de la façon dont ça s’est passé. C’était risqué de me lancer aussi jeune, mais j’avais confiance. Après votre première saison chez Toro Rosso, vous avez été appelé l’année dernière dans l’écurie Red Bull Racing juste avant le Grand Prix d’Espagne. Vous avez alors remplacé le pilote russe Daniil Kvyat. Un changement capital pour vos carrières respectives. La Formule 1 est-elle un sport cruel ? Grâce à l’expérience de mon père, j’ai été préparé au fait que ce monde-là peut être difficile. Mais à la fin de la journée, tu dois donner le meilleur en tant que pilote ; tu dois aller chercher les meilleures opportunités pour toi. Alors oui, c’est cruel, mais de nombreux pilotes ont eu à vivre ce genre de choses. Vous avez remporté votre premier Grand Prix avec Red Bull Racing, et remporté sept podiums, marqué 204 points et terminé cinquième au Championnat du monde de F1 en 2016. Comment justifier cette amélioration ? Je gagne en expérience de course en course. Ce n’est pas une chose figée pour laquelle tu peux dire « j’ai appris ça ou amélioré ça », je pense que tout fonctionne à 95 pour cent, et chaque fois que tu t’améliores d’un pour cent sur un aspect, alors il y a un pour cent qui agit sur autre chose. On essaie d’atteindre les 100 pour cent. On ne sait pas quand cela arrivera, mais on y travaille doucement. Tout n’était pas rose tous les jours l’an dernier. Vous avez également eu droit à de nombreuses critiques. Avez-vous été surpris par certains commentaires que les gens ont pu avoir à votre égard ? Cela m’importe peu. Chacun a le droit d’avoir son opinion. Tout de même, certains pilotes vous ont pris à partie lors du briefing d’Austin. Comment prend-on ça ? Aviezvous envie de vous lever et de partir ? Ouais, mais je suis de nature plutôt calme. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Je ne changerai pas mon style de conduite. Ils doivent faire avec. Impossible de vous faire changer ? Je ne pense pas que ce soit possible. C’est comme avec un footballeur : si tu es attaquant, tu ne peux pas tout à coup devenir défenseur. Ta nature est d’être attaquant et même si l’on te dit que tu dois devenir
défenseur, l’attaquant reste en toi. C’est comme ça que ça fonctionne. Alors non, je ne changerai pour personne. La F1 a une très courte mémoire et au Brésil vous avez été acclamé comme le prochain Ayrton Senna. Était-ce une sorte de revanche ? Non, parce qu’il s’agit de F1 : tu n’es bon que par rapport à ta dernière course. Une course et on parle de toi positivement, une autre et ça peut être vraiment négatif. C’est pour ça que c’est mieux de ne pas suivre les médias. Je ne suis ni sur Twitter, ni sur Facebook ni sur Instagram. À São Paulo, vous avez trouvé des trajectoires sorties de nulle part. Comment avez-vous fait ? C’était du bon sens. Quelque chose que tu apprends en karting. Tu essaies toujours différentes voies et mon père m’a précisément appris à faire cela sous la pluie : les points d’adhérence peuvent changer extrêmement vite. Une fois que tu es sûr d’avoir trouvé cette adhérence, tu freines plus tard, plus fort ; ça génère plus de température. La température va des disques aux jantes, réchauffe le pneu et ça va de mieux en mieux. Alors pourquoi personne n’a fait de même ? La plupart des mecs plus âgés ont oublié, en ne faisant pas beaucoup de karting, ne s’entraînant pas sous la pluie. Peut-être pensent-ils aller plus vite d’une manière plus complexe, alors qu’en fait c’est plutôt basique. Parlons des plus âgés... Les critiques portées contre vous sont venues de pilotes comme Räikkönen et Vettel, qui, quand ils sont arrivés en F1, ont essuyé les mêmes critiques de rivaux plus âgés prétendant qu’ils prenaient trop de risques, qu’ils devaient se calmer. Ont-ils oublié le feu de leur jeunesse ? Plus on vieillit, plus on devient prudent. C’est normal. Je pense que quand j’aurai 65 ans, je serai pareil ! Plus tu es jeune, plus tu cherches le meilleur résultat, tu as ce feu en toi ! C’est peut-être moins le cas avec les années. En ce moment, êtes-vous plutôt en mode risques acceptables ou vraiment limites ? Le premier. Je pense que je me trouve là en ce moment, dans une zone de risques acceptables. Avez-vous tendance à être sans pitié, cet instinct nécessaire à qui veut devenir champion ? Oui, je pense. Il faut avoir cet instinct si on veut obtenir quelque chose en F1. Cela ne vient pas tout seul. Il faut travailler, se battre, sur et à l’extérieur des circuits. Vous avez un coéquipier coriace dans votre équipe, Daniel Ricciardo. La relation entre pilotes est toujours plus facile quand l’équipe ne se bat pas pour les plus grands enjeux. Et s’il y a un titre en jeu ? Il doit y avoir un respect mutuel en dehors et sur les circuits et je pense qu’on s’en sort très bien. Même si on commence à s’affronter pour un championnat du monde, je pense qu’il y aura toujours autant de respect car c’est une des valeurs qui rassemblent les pilotes. Dans des cas comme ça, on est amenés à voir qui est le plus rapide sur le circuit, mais toujours dans un esprit sportif, et je suis sûr que ça se passera de cette manière entre Daniel et moi si ça se présente. Vous avez 19 ans, vous avez gagné un Grand Prix, fini cinquième seulement de votre deuxième saison, figurez parmi les plus grands pilotes de F1 et vous pour pourriez continuer pendant 20 ans. Où s’arrête le talent ? J’espère que ce sera à l’âge de la retraite. Et j’espère que d’ici là, je continuerai à m’améliorer. redbullracing.com 69
Profil d’un superclub À quoi reconnaît-on un club select ? Sei Moon, co-gérant de la très chic boîte de nuit londonienne Drama Park Lane, livre le secret. Et on va le croire, puisque des stars telles que Leonardo DiCaprio, Usain Bolt et Rihanna viennent passer des nuits dans son club. Texte : Florian Obkircher Photos : Alex de Mora
Danseuses torrides, afflux de célébrités, puissants beats hip-hop : la recette du succès du Drama Park Lane.
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« Désolé miss, Usain Bolt ne passe pas nous voir ce soir... » Régulièrement, des célébrités prennent les platines du DPL.
« Chez nous, il est fréquent que des stars comme Idris Elba prennent le micro pour un rap. »
Les huit commandements du club parfait selon Maître Sei Moon À toute heure de la nuit, les danseuses du DPL envoient leurs sexy déhanchés de twerk depuis la cabine du DJ.
1. Le degré de notoriété Qu’est-ce qui fait la différence entre un bon club et un excellent club ? Le premier vient à vous, notamment grâce à une intense publicité, tandis que c’est à vous de trouver le second. La raison ? Une grande visibilité n’attire pas forcément le meilleur public. Et être en bonne compagnie est essentiel pour une nuit réussie. À l’entrée du Drama Park Lane, aucune enseigne lumineuse. Au contraire, on n’arrive dans le club qu’en passant par l’entrée en béton du garage souterrain de l’hôtel Hilton. Nous avons emprunté cette réserve extérieure au Studio 54. Ils suivaient exactement cette politique au début : « Si vous ne nous connaissez pas, pas de problème ! »
3. La sono Ne vous laissez pas impressionner par la taille des enceintes. De bons baffles ne se voient pas forcément, mais on doit les sentir. Faites le test sur le dancefloor : comment ressent-on le son ? Ça grésille ? Vous devez hurler à l’oreille de votre partenaire pour vous faire entendre ? Ces signes indiquent que le son est mauvais. Lorsque nous avons monté l’installation sonore, il était important que, quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans le club, on perçoive la même qualité de son, constante et puissante. Regardez aussi la marque du système de sonorisation : Funktion One, c’est la Ferrari des enceintes.
2. La sélection de DJ’s 4. L’effet Tout le monde peut engager un de surprise DJ star. Notamment les clubs avec des milliers de visiteurs. Mais on reconnaît un bon club en mesurant la popularité de ses DJ’s en relation avec sa capacité. Chez nous, des personnalités comme Guy Gerber et Major Lazer (dont le tube Lean On est la 2e chanson la plus écoutée sur Spotify : 900 millions de diffusions) mixent régulièrement devant 300 clubbeurs qui dansent. Les artistes se régalent à se produire dans le club qui leur convient. La dernière fois, Diplo était tellement séduit par les shows de nos danseuses qu’il les a filmées et a partagé la vidéo via Snapchat.
Des VIP de luxe comme Drake louent la pièce dorée à l’arrière du club pour leur entourage : 30 000 euros la nuit. OKLM.
Travailler dur cinq jours par semaine, être coincé à courir comme un hamster sur sa roue dans sa cage. Qu’est-ce que vous souhaitez pour votre weekend ? Vous évader, vous voulez être surpris. Et c’est exactement ce qu’une excellente boîte de nuit doit offrir. Chez nous, il est fréquent que des célébrités comme Idris Elba prennent le micro pour un rap. Que Rita Ora danse dans la cabine des DJ’s. Qu’Usain Bolt se rende spontanément à la table de mixage et joue des tubes hip-hop. Pourquoi fontils cela ? Non pas parce qu’ils y sont tenus par contrat mais parce qu’ils sont chez nous des clients, et qu’ils profitent exactement comme tous les autres de ces moments de fête où tout semble possible. 73
7. L’intérieur
5. Le public Personne n’aime passer une partie de la nuit à attendre dans la rue plutôt que sur le dancefloor. Pourtant : évitez les clubs où il n’y a pas de file d’attente. Un restaurant vide ne donne pas envie de s’y installer, non ? L’affluence à l’entrée d’une boîte de nuit reflète sa qualité. Je recommande la chose suivante : si vous souhaitez rentrer au DPL, alors présentez-vous dès 22 h 30, une demi-heure avant l’ouverture. Car à partir de 23 h, ce sont 150 personnes devant l’entrée. Quant au code vestimentaire : tenues smart casual et chaussures de sport décontractées sont les bienvenues.
6. La localisation Dans le business éphémère des clubs, il n’est pas possible de prédire l’histoire d’un local en misant sur sa qualité et son aménagement. Notre club lui-même n’existe que depuis un an et demi. Et plus simplement ? Regardez où se trouve la boîte, car souvent cela donne une idée du quartier où elle se situe. Le DPL est un bon exemple : notre club est le seul sur Park Lane, la rue la plus chère sur le plateau du Monopoly. Directement sur Hyde Park, dans la cave de l’hôtel Hilton. Que dire de plus sur l’exclusivité du Drama Park Lane !
Qu’il s’agisse d’un bunker en béton ou d’un décor psychédélique, il n’y a pas un look qui caractérise un grand club. Ce que tous les clubs de ce rang ont en commun, c’est un aménagement constamment en work in progress, afin que les clients aient à chaque visite le sentiment d’une nouvelle expérience. Nous invitons tous les trois mois un artiste, telle l’icône de pop-art Ben Levy à réaménager complètement le DPL. En ce moment, une boule disco en forme de requin est suspendue au plafond, les bouteilles de champagne sont servies sur des chariots jaune fluo et nous avons un mur composé de chats porte-bonheur qui lèvent la patte.
8. La taille Quand on parle de grands clubs, beaucoup pensent à ces immenses discothèques à Ibiza avec des milliers de personnes qui dansent chaque nuit. La vie nocturne a désormais tendance à s’orienter vers les clubs boutiques. Car le jeune public, la génération du millénaire, privilégie une ambiance intime au divertissement de masse. Finalement, la taille du club est une affaire de goût, mais pour les stars comme Rihanna et Leonardo DiCaprio, l’atmosphère intime de notre club est LA raison pour laquelle ils y reviennent. dramaparklane.com
Le paradis des danseurs : de 23 h à 4 h du matin, du jeudi au dimanche.
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DJ Hennie V a été baptisé « President of Nightlife » dans sa ville, Toronto. Parmi ses fans : Lady Gaga et Kid Rock.
Le vendredi, le thème est « hôtel » : les serveurs sont déguisés en cuisiniers et les danseuses en femmes de chambre.
«Évitez les clubs où il n’y a pas de file d’attente. L’affluence à l’entrée d’une boîte reflète sa qualité. »
VUE PAR BEAUCOUP COMME LA COURSE DE DESCENTE VTT LA PLUS DURE AU MONDE, LE RED BULL HARDLINE EST UNE BÊTE FÉROCE DRESSÉE POUR NE FAIRE QU’UNE BOUCHÉE DES RIDERS NON PRÉPARÉS. MAIS QUELLE FORCE I NVISIBLE POUSSE DONC LES CONCURRENTS À SE JETER DANS LA GUEULE D’UN TEL MONSTRE ? TEXTE : MATTHEW RAY PHOTOS : RICHIE HOPSON
RESTER 76
QU’UN
RICHIE HOPSON, BORIS BEYER/RED BULL CONTENT POOL
IL NE DOIT EN
RUARIDH CUNNINGHAM Le rider écossais et vainqueur du Red Bull Hardline 2015 va enfourcher son VTT pour défendre son titre.
Joe Smith reprend son souffle après son dernier run au Red Bull Hardline 2016. Il espérait décrocher la victoire et améliorer sa perf de l’année précédente (2e), mais il a dû se contenter de la huitième place.
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« SIK » MICK HANNAH
Le rider australien « Sik » Mick Hannah nous donne la réponse. « Il est impossible d’évaluer ce qu’on fait en se basant sur des vidéos ou des photos qui ne rendent pas compte de l’ampleur des difficultés. Quand je suis venu ici, j’étais soufflé par l’immensité du lieu. » L’aveu est de taille pour un homme qui a terminé deuxième aux championnats du monde de VTT 2013 et troisième lors de l’épreuve de coupe du monde de Cairns, en Australie, en 2016. Bien que les riders réunis ici soient tous des professionnels aguerris participant à la coupe du monde de descente, le Red Bull Hardline est une course qui leur inspire un profond respect et qui les oblige à repousser leurs limites, ne serait-ce que pour se présenter sur la ligne de départ. L’homme qui a amené les concurrents au bord de ces limites est le maître du VTT Dan Atherton. C’est en 2013 qu’Atherton décide de concevoir une course de descente sur ses terres. Il souhaitait alors offrir un véritable challenge aux meilleurs riders du monde. Mais même lui ne se doutait pas de l’ampleur que son initiative pourrait prendre. « J’ai créé un genre de monstre qui vit désor désormais en parfaite autonomie », nous explique-t-il. « Cette course est assurément un cran au-dessus, affirme Hannah. Les sauts ne sont pas les plus longs et les difficultés techniques ne sont pas les plus corsées, mais ce qui la rend si exigeante, c’est l’association entre passages en forêt, THE RED BULLETIN
DAN HEARN/RED BULL CONTENT POOL, RICHIE HOPSON
lerté par un cliquetis et un vrombissement intenses, un amas de spectateurs scrute l’étroit sentier duquel sur surgit un rider vigoureusement secoué par un pierrier densément fourni, épaules relevées et bras placés pour absorber les chocs. Le rider et le VTT fusent à toute allure, en passant à quelques mètres seulement des visages de la foule. La vitesse et la proximité de l’action sont telles que la seule manière d’appréhender les mouvements est de se mettre en mode rafale, à la manière d’un appareil photo. Le rider atterrit sur une longue rampe en bois, puis accélère en moulinant intensément avant de se propulser dans le vide, comptant sur sa force et sur la providence pour l’aider à traverser ce gouffre improbable de près de 20 mètres. Nous sommes au pied du Road Gap sur le Red Bull Hardline 2016, au fin fond de la vallée de Dyfi, au Pays de Galles. On vient y admirer les riders qui s’élancent loin au-dessus du sol, parcourant des distances aériennes insensées, sans aucune assistance. Il faut le voir pour le croire. C’est un saut gigantesque, et l’on en vient à se demander si les athlètes qui se préparent aux premiers runs de cette course titanesque ont réellement conscience du défi terrifiant qui les attend.
« L’ASSOCIATION ENTRE LES PASSAGES EN FORÊT, LES PIERRIERS, DROPS, STEP-UP, STEP-DOWN ET DOUBLES REND CETTE COURSE EXIGEANTE. »
JOE SMITH
Le Gallois n’est plus un inconnu sur cette course contraignante et se sent manifestement très à l’aise sur ses terres.
La vallée de Dyfi, dans le Powys (Galles centrales) offre un cadre extraordinaire au Red Bull Hardline. Mais pour les riders, y compris Taylor Vernon (photo), pas le temps de s’arrêter pour profiter du paysage.
pierriers, drops, step-up, step-down et doubles qui vous obligent à adapter votre technique en permanence. » Malgré leur allure paisible et débonnaire, les montagnes de la vallée de Dyfi acheminent depuis la nuit des temps des tor torrents d’eau de source vers la mer, façonnant des pistes escarpées et plongeantes, idéales pour être dévalées en VTT. En outre, elles sont particulièrement hautes. La course présente en effet un dénivelé supérieur à celui de la coupe du monde à Fort William. Ses pentes vertigineuses et ses sauts démesurés confrontent chaque rider à ses propres limites. Vieux renards chevronnés comme les jeunes loups débordant de confiance.
E
n ce jour d’entraînement, la chaleur du soleil d’automne dissipe les nuages tandis qu’une fraîche brise dévale de la montagne. Une météo proche de la perfection, à l’extrême opposé de celles de l’an dernier, quand des vents violents et des pluies torrentielles avaient réduit en miettes les riders et ruiné leurs sauts. « Ça relevait presque de l’épreuve de survie, confie le vainqueur surprise de l’édition 2015, Ruaridh Cunningham. L’entraînement ressemblait à Hunger Games, les riders décollaient des tremplins mais disparaissaient dans les arbres à droite ou à gauche. Cette année, je dois sans cesse repousser mes limites, mais quand les sauts proposés sont les plus gros que tu aies jamais tentés, tu kiffes. » Malgré la camaraderie bon enfant qui règne sur cette course, personne ne la prend à la légère admet Cunningham. « Les principales difficultés sont impressionnantes, mais même si vous les enle80
« EN 2016, L’ENTRAÎNEMENT C’ÉTAIT DU HUNGER GAMES , TU DÉCOLLAIS DES TREMPLINS ET PUIS TU DISPARAISSAIS DANS LES ARBRES. » RUARIDH CUNNINGHAM
vez, ça reste une course d’enfer, hyper technique, avance-t-il. La section intermédiaire à l’air libre est super raide, très rocailleuse et étroite, sans compter que nos VTT ont des roues gonflées à bloc et des suspensions plus dures pour gérer les gros sauts, les chocs et les réceptions. [Dan Atherton] a créé un vrai monstre, mais on est là pour l’affronter. » L’Écossais a déjà triomphé ici par le passé, et il est convaincu qu’il est de taille à se mesurer au monstre. « Je ne viens pas ici pour gagner à tout prix, précise-t-il prudemment, mais si je suis mon plan à la lettre et que je sors la course dont je me sens capable, je pense que j’ai de réelles chances de gagner. En tout cas, demain, au départ, une fois le chrono lancé, je serai prêt. » Il est fort à parier que Bernard Kerr ne sera pas loin derrière. Le rider anglais a réalisé une percée cette saison sur le circuit de la coupe du monde, terminant à la quinzième place. Il est réputé pour être très à l’aise sur les sauts de grande amplitude, mais la course l’a déjà durement atteint. « J’ai fait une lourde chute hier, regrette Kerr. J’ai super bien négocié le step up Renegade les trois premières fois, puis en l’abordant au passage suivant, j’étais vraiment trop relax et je me suis retrouvé beaucoup trop court. J’ai lâché le vélo dans les airs pour assurer ma chute, j’ai atterri sur le dos dans la zone de réception, et deux autres riders ont failli m’écraser. Ça vous secoue pas mal et vous rend vénère. J’ai mal à la nuque et au dos, mais j’ai ridé aujourd’hui. Donc tout va bien. » Le matin suivant est porteur de bonnes nouvelles : le Français Alexandre Fayolle est sorti de l’hôpital, et même s’il ne pourra prendre part à la course aujourd’hui, il fait savoir qu’il va bien. C’est un soulagement pour Hannah. « Je côtoie Alex de très près tout au long de la saison et j’apprécie énormément de l’avoir comme coéquipier, confie-t-il, tout en admettant que sa chute l’a beaucoup affecté. Dur de rebondir après un tel choc et de rester concentré avant d’enfourcher son vélo à son tour. Ça nous rappelle que, même si cette course est dans nos cordes, quand ça
BERNARD KERR
Le rider anglais à la troisième place en 2015 est sorti vainqueur du Red Bull Hardline 2016. « J’étais confiant à l’approche de la finale, mais je savais aussi que je pouvais ruiner mes chances en une fraction de seconde. »
RUTGER PAUW/RED BULL CONTENT POOL, RICHIE HOPSON
MICK HANNAH
Le vétéran australien, alias « Sik » Mick a assuré le spectacle cette année, enchaînant les suicides no-handers – sa marque de fabrique – tout au long du parcours.
« IL EST IMPORTANT DE SE RAPPELER LES FAITS. LA CONFIANCE N’EST PAS QU’UNE QUESTION DE FEELING ; ELLE REPOSE SUR LA VÉRITÉ ET DES FAITS AVÉRÉS. » « SIK » MICK HANNAH
Dan Atherton, créateur du Red Bull Hardline (à gauche) et son frère Gee rejoignent les spectateurs pour assister au final run de l’édition 2016 sur grand écran.
tourne mal, ça peut faire très mal. Il faut respecter cela. » Compte tenu de l’extrême niveau d’exigence de cette piste, certains riders n’ont encore jamais parcouru l’intégralité de la piste sans s’arrêter avant de se lancer dans les runs de qualification. « C’était mon premier run complet, affirme Ruraidh Cunningham en commentant sa descente. Physiquement, le parcours est très dur parce qu’il n’y a aucun répit – ou alors, si vous avez l’impression de vous reposer un peu, c’est que vous êtes dans les airs ! Cette course se gagne et se perd dans les passages entre les sauts, les sections techniques dont personne ne parle. Dans ce run, j’ai un peu cafouillé, j’ai perdu du temps. »
G
RICHIE HOPSON
ee (32 ans), le frère de Dan Atherton (35 ans), donne le ton. Passant outre une douleur à l’épaule provoquée par une chute à l’entraînement, il réalise un temps de référence qui suscite l’admiration de ses concurrents. Il aura fallu un run infernal de Cunningham pour déloger Atherton de la première place, mais le plus jeune des deux riders admettra après coup qu’il a dû évoluer à un niveau inédit pour prendre la tête, à ses risques et périls. « C’était sauvage. J’ai commis de telles erreurs, raconte-t-il. Ça m’a mis en rogne et j’ai essayé de me rattraper en en remettant une couche. Mais ça ne fonctionnait pas, et en abordant le step up Renegade, j’ai essayé de me détendre. Et à partir de là,
Adam Brayton dans un run agressif qui semblait devoir lui offrir la deuxième place du podium devant Ruaridh Cunningham. Mais le natif du district de Lake terminera finalement de très peu à la troisième place.
tout a fonctionné comme sur des roulettes. » Sur les vingt riders qui se sont présentés au départ en début de semaine, seuls quatorze sont allés au bout. Un taux d’échec particulièrement élevé. On pourrait s’attendre à ce que les riders insouciants prompts à foncer dans le tas sans calculer fassent plutôt partie des recalés du final run. C’est pourtant exactement l’impression qu’a laissée Bernard Kerr lors de son mémorable final victorieux : téméraire, approximatif et fascinant à observer. La vitesse à laquelle il a évolué est tout aussi incroyable, et si l’on en juge par l’expression de ses yeux à l’arrivée, elle était aussi affreusement dangereuse. « C’était chaotique mec, totalement, lâche-t-il. Mon temps de qualification m’a donné confiance, mais j’ai répété pendant tout le weekend que je prenais du plaisir et je pense que c’est cela qui m’a aidé à être plus rapide. »
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inalement, Bernard Kerr relègue Cunningham à peine plus de deux secondes derrière lui et remporte la victoire. Infime écart pour une course aussi technique et exigeante, et celui qui sépare les concurrents suivants l’est encore plus : Cunningham ne devance Adam Brayton et Gee Atherton, troisième et quatrième, que d’une seconde. Mais sans doute cet écart reflète-t-il la différence entre la simple capacité à maîtriser le parcours et l’aptitude à dompter la bête. Cette différence se situe sans doute quelque part entre le ride sauvage à l’extrême limite et l’art de transformer l’excès de confiance en parfaite maîtrise. Grâce à Kerr et Cunningham, et tous les riders qui ont bravé la course de descente la plus dure au monde, ces forces malgré tout antagonistes ont offert un spectacle à couper le souffle. Regardez la course sur Red Bull TV. 83
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Avoir. Cette montre suit l’explorateur Mike Horn sur son projet fou : Pole2Pole.
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Au sommet
L’alpiniste Ed Viesturs a réalisé l’ascension des quatorze sommets de plus de huit mille mètres sans apport d’oxygène. Et s’est servi de cette montre en acier 39 mm, garantie pour 5 ans de service à n’importe quelle altitude. rolex.com
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GUIDE
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Faire.
mars/avril avril Marathon de Paris La fameuse épreuve parisienne bat tous les records cette année avec 57 000 inscrits prêts à traverser la capitale en petites foulées. 42,195 km, c’est long, mais quand on s’élance des Champs-Elysées pour courir vers le Bois de Vincennes et revenir vers celui de Boulogne, en longeant les berges de la Seine, ça vaut quelques courbatures, et le déplacement, même si l'on ne court pas ! C’est pour participer à une telle aventure que 22 000 coureurs étrangers s’inscrivent. So French ! Champs-Elysées, Paris schneiderelectricparismarathon.com
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Chamonix-Mont-Blanc, un site exceptionnel et de réputation mondiale, de l’incroyable téléphérique de l’Aiguille du Midi à 3 842 m aux superbes vues sur toute la chaîne du MontBlanc depuis le Brévent. C’est dans ce cadre rare que se déroulera l’Unlimited Festival, 5 jours de ski et de musique pour une expérience hors norme. Pour l’inauguration de l'event, le téléphérique de Planpraz vous mènera de nuit à 2 000 m, en pleine montagne, découvrir le travail réalisé par Kosme & Konstantin Sibold entre les murs du Red Bull Studios Paris. Un rendez-vous unique. Chamonix, chamonix-unlimited.com
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mars-8 avril Cap Morbihan
La course croisière EDHEC, premier événement sportif étudiant d‘Europe, est à quai dans le port du Crouesty à la sortie du Golfe du Morbihan. Les 3 000 étudiants vont se défier dans les différentes épreuves des trois trophées sur terre, sable et, bien sûr, en mer avec les incontournables régates qui ont bâti la légende de l’épreuve. Port du Crouesty, Arzon, ccedhec.com
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avril-13 août Jah approuve Historique ! C'est un entêtant parfum de Jamaïque qui va flotter sur la Philarmonie de Paris. L’expo Jamaica Jamaica ! dévoile de nombreux objets, images et films rares qui présentent les multiples facettes de cette petite île par le prisme de sa musique universelle, du reggae jusqu’aux musiques urbaines contemporaines, sans oublier l’icône Bob Marley. Paris, philharmoniedeparis.fr
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avril Jours boueux Le Mud Day est de retour avec le printemps. Six épreuves en France sont au programme en six mois. La première se déroule en Provence dans le parcours forcément boueux au bord du lac de Peyrolles. Tout est réuni pour assurer l’ambiance et offrir les difficultés aux participants. Seul ou en équipe, il suffit d’oser. Le calendrier du tour est sur le site. Lac de Peyrolles Pays d'Aix, themudday.com
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Sac à dos Bristol
Avant de partir en vadrouille au bout du monde, n’oubliez pas d’assurer vos arrières avec ce résistant fourre-tout au hâle naturel fait de coton huilé de la compagnie British Millerain et ourlé de cuir clouté. nixon.com
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Dénicher des écouteurs qui tiennent en place pendant une activité physique intense se révèle être plus fatigant que le sport lui-même. Ceux-là se montrent à la hauteur. Sans-fil, ils ne vont pas se décrocher de vos oreilles au moindre mouvement ; les ailettes auriculaires et les embouts très ergonomiques les maintiennent sans souci dans le conduit auditif ; les nano-joints et pellicules étanches assurent leur résistance, peu importe les conditions. Avec huit heures d’écoute et seulement 15 minutes de charge, vous pourrez tester toutes sortes de météo et de sport. jaybirdsport.com
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GUIDE adidas Veste Z.N.E. 90/10 Les défis du quotidien requièrent 90 % de mental et 10 % de physique. adidas a littéralement intégré cette notion dans la fabrication de cette veste, laquelle a inspiré les commentaires de nombreux athlètes comme le joueur de l’équipe Manchester United Paul Pogba (en photo), notamment à propos de sa doublure intérieure. adidas.com
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Vans Gilbert Crockett Pro 2 Le skateur US Gilbert Crockett ne fait rien comme les autres. Idem pour cette paire à son image. La technologie Wafflecup (semelle extérieure) offre une bonne adhérence, une couche de cuir suède (à l’extrémité) maximise le renforcement, et la semelle intérieure assure le confort et protège des impacts. vans.com
Oakley Jawbreaker L’étrange design de ces lunettes solaires pour le cyclisme vous garantit de faire tourner les têtes, mais il épargnera au moins la vôtre grâce à la vision périphérique de cette visière. Conçues en collaboration avec le champion du monde et sprinter Mark Cavendish, elles assurent un champ de vision 44 % plus large que les lunettes standard, avec une protection maximale et un système de ventiventi lation incomparable. Les verres se changent facilement pour adapter les lentilles aux variations de lumière. oakley.com
Mons Royale
adidas
Redwood VT
Legging Tech Fit Tough Long
Les moutons sont paisibles en pleine nature, peu importe le temps grâce à leur toison. Fait de merinos (une laine ultrarésistante), ce T-shirt régule votre température corpocorpo relle par temps chaud ou froid. La marque néo-zélandaise néoassure de ne pas faire de vous un mouton. monsroyale.com
Lululemon Veste Surge Light Une veste de course pour tous les rythmes et conditions. Fabriquée en maille légère et aérée, ventilée par des coupes laser, elle absorbe la transpiration et se roule dans sa propre poche si l’atmosphère se réchauffe. lululemon.com
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Une deuxième peau que la vôtre vous permettra de rester au sec. La combinaison du coton et des matières synthétiques hydrophiles conduisent la chaleur et la transpiration sur la couche extérieure pour être rapidement évacuées, tandis que, stratégiquement placées, les coutures ultra douces évitent l’irritation. Cette sous-couche alliant stretch et effet de compression offre même une protection solaire d’indice SPF50+. adidas.com
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GUIDE
DC Shoes Conover Pocket T-shirt Le T-shirt a depuis longtemps dépassé sa vocation première pour devenir un moyen d’expression cool en matière de style. Ce modèle ramène le T-shirt à son essence, pièce de travail et d’entraînement sous-estimé avec ses petits plus : une poche poitrine et un ourlet double qui lui confère LE détail stylistique d’importance et que l’on peut assortir avec n’importe quel imprimé coloré. dcshoes.com
Skullcandy
Crusher Wireless
Ces écouteurs entièrement couvrants ne passent pas inaperçus. Les coussinets mémorisent la forme de vos oreilles. Vous ressentez les vibrations des basses grâce à la technologie stéréo haptique, réglable de chaque côté. Sans-fil et avec une autonomie de 40 heures, ce casque vous entraîne dans des contrées sauvages, car son isolation phonique bloque les interférences. skullcandy.com
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Quiksilver
Reebok
Rio Negro
InstaPump Fury
Le sweat s’est fait connaître comme vêtement de sport par les lycéens américains dans les années 1930. Son style a peu changé depuis, mais son image s’est totalement modifiée. Celui-ci combine toutes ses caractéristiques indémodables : confortable, chaud, et vraiment très cool. quiksilver.com
Il est rare que l’originalité perdure, mais la paire Pump de Reebok est restée punk depuis ce jour de 1991, où la star de la NBA Dee Brown avait gonflé ses chaussures avant un slam dunk victorieux retransmis à la télé. Aujourd’hui, ce modèle utilise le même système de gonflage pour un maintien parfait, et ce, allié aux technologies modernes comme la semelle intermédiaire qui absorbe les chocs et la voûte en Graph-Lite. Vous pouvez aussi personnaliser vos modèles. Carrément original ! reebok.com
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Montane T-shirt Sonic Ce T-shirt fait tout en moins : moins de poids, d’odeurs et d’humidité grâce à un tissu respirant, et moins d’exposition aux UV grâce à une protection SPF 50+. montane.co.uk
Puma
Nike
Ignite Limitless Extreme Hi-Tech
Ce modèle de chaussures est fait pour battre le pavé et pour pratiquer le parkour. Le design ultra-performant intègre une protection de cheville en polyuréthane thermoplastique et une tige composée d’une matière inspirée du Kevlar. Le renforcement de la semelle en caoutchouc avec des éléments de cristal de carbone amplifie l’action. puma.com
Under Armour Threadborne Fitted ¼ Zip LE T-shirt de sport par excellence : confortable et aéré, avec un traitement anti-odeurs, une coupe près du corps antistatique, sa matière respirante chasse la transpiration en restant sèche. underarmour.com
Voilà un T-shirt aussi pointu que la technologie le permet : une matière pour se surpasser, une ventilation ciblée, une amplitude de mouvements grâce aux manches raglan, et des coutures imperceptibles pour un confort maximal. nike.com
OnePiece Out Hoodie Ce vêtement outdoor provient du fabriquant de l’ultime vêtement détente, le onesie. Avec une double couche pour une chaleur extrême, il est en coton durable, conçu pour améliorer le quotidien des fermiers et participer au respect de l’environnement. On est loin du laisser-aller. onepiece.com
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Pro Hypercool
adidas Short Tango Player Icon Stopper des buts et protéger la planète ! La technologie ClimaLite garantit ce short aéré et sec, et les fibres recyclées sont bonnes pour l’environnement. adidas.com
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OURS
AUTOUR DU MONDE THE
REAL
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Stunt performer Matt Mullins takes a hit from his wife, Alicia Vela-Bailey, who doubles for Gal Gadot in Wonder Woman
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THE RED BULLETIN Afrique du Sud, ISSN 2079-4282 Country Editor Louis Raubenheimer Secrétariat de rédaction Nancy James (Chef de service), Davydd Chong (Chef de service adjoint) THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel
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Country Editor Luis Alejandro Serrano
Abonnements Prix : 12 €, 12 numéros/an, getredbulletin.com Siège de la rédaction 12 rue du Mail, 75002 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
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Dans sa vidéo Walls, le BMXer pro Sebastian Keep défie les lois de la gravité. Meilleur exemple : ce saut depuis la balustrade d’un pont pour piétons, après lequel Keep atterrit à 9,7 mètres de hauteur sur la façade d’un immeuble (!), avant de foncer sur la chaussée en empruntant la rampe. Visionnez cette folie sur : redbull.com/bike
« Une manière originale de se servir d’un vélo... » Sebastian Keep (34 ans) envoie des tricks en BMX sur des façades d’immeubles. Tout simplement.
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