The Red Bulletin 04/19 FR

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FRANCE AVRIL 2019

HORS DU COMMUN

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LIGHT CLUB

Dans la Cage Academy, l’avocat aveugle Adola Fofana combat pour se construire, pas pour détruire…




ÉDITORIAL

Ceux de Adola Fofana ont cessé de lui être utiles il y a quelques années. Pourtant, l’avocat de profession en une de ce numéro est un combattant redouté dans la cage de MMA que nous avons pénétrée en Suisse : cette Cage ­Academy, fondée et solidement tenue par Vincent Barro, où Adola et d’autres, hommes et femmes, viennent s’améliorer, se bonifier, se construire. Pas vraiment l’idée ultra-­ violente, sanglante et show-off que vous vous faisiez du free fight ? Ici, c’est du positif que l’on vient encaisser.

Konstantin Reyer, Viennois de 32 ans, a un faible pour les shootings ­d’action. Aux côtés de Sérgio Cosme, il a fait l’expérience d’un sauvetage en jet ski dans les puissantes big waves de Nazaré, au Portugal. Page 24

Dignité et respect sont au cœur de la dynamique de Vincent, qui exige la même discipline dans et hors de la cage, sous peine de renvoi. Une belle leçon d’honneur et d’abnégation que nous ont livré Fofana et les autres fighters de l’Academy. S’ils sont parvenus à devenir meilleurs, peut-être peuvent-ils nous motiver à en faire de même ? Lisez plus ! Votre Rédaction

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CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

CLAIRE SCHIEFFER

Chroniqueuse et randonneuse aguerrie, celle qui a maintes fois foulé les pistes des Balkans et du Moyen-Orient voit en Sarah ­Marquis un mentor : « Ce sujet m’est apparu comme une évidence, tant l’inspiration que cette marcheuse a su ­insuffler dans ses récits de voyage est grande. Amoureuse de nature, Sarah n’a pourtant rien d’une sauvageonne ! Notre entretien fut ­entrecoupé d’éclats de rire et d’anecdotes comiques. » Page 68

SARAH BASTIN

« J’ai commencé par la photo de sport dans le handball et le tennis il y a dix ans, puis je suis venue à la culture en faisant des reportages dans la musique », explique la photographe Sarah Bastin qui s’est rendue chez Sébastien Deswarte pour documenter son incroyable club maison. « Imaginez-vous au milieu d’un loft entouré(e) de quatre ­enceintes de plus d’1,50 m : ça résonne dans tout le corps ! » On monte le son page 46

THE RED BULLETIN

JEREMY BERNARD (COUVERTURE)

OUVREZ VOS YEUX, ILS FONCTIONNENT...



SOMMAIRE avril

REPORTAGES

2 4 Q uinze secondes pour...

… sauver la vie d’un surfeur en danger. Dans l’enfer des grosses vagues de Nazaré, c’est le boulot quotidien de Sérgio Cosme.

36 T he Light Club

Ici, vous trouverez bien une cage de MMA et des combattants de haut niveau, mais n’espérez pas y assister à de la violence gratuite : dans la Cage Academy, c’est du positif que l’on transmet.

4 6 M usique maison

Le système de son que ce Nordiste a dans son loft est digne des clubs new-yorkais mythiques. Pour le plaisir de ses potes.

5 6 L a berline bestiale

Une Kia de série transformée en bolide par deux préparateurs au top et les Drift Brothers pour la pousser à fond : ça dérape !

6 4 P aradis acquis

Un Français s’est dit que les fêtes à Ibiza pouvaient aussi s’apprécier de jour. Il s’y consacre 120 jours d’affilée par an... Un pas après l’autre : ou comment l’exploratrice et auteure suisse Sarah Marquis ne fait qu’un avec la nature.

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ENTRE DEUX MURS D’EAU

Au Portugal, des surfeurs domptent des vagues aussi hautes que des immeubles. Sur son jet ski, Sérgio est prêt à les sauver.

CONFIANTE EN L’UNIVERS

Vingt-cinq ans de marche extrême et d'exploration : Sarah Marquis aime aller là où personne ne vit.

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THE RED BULLETIN

KONSTANTIN REYER, SARAH BASTIN, KRYSTAL WRIGHT

6 8 L a terre à ses pieds


BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

8 Un lac disparaît et un monde

souterrain s’ouvre à nous

12 Quand l’emballage de ce que

vous mangez se mange aussi

13 Abysses : attrapez-les tous ! 14 Deux cousins en mode réunion

de famille auprès d’une momie

16 Quand Charlotte Gainsbourg

fait son cinéma, en chanson

18 Le premier selfie sur Mars 20 La grimpeuse Shauna Coxsey

et sa très rude règle de trois

2 2 Ces robots redonnent de la vie

à des Japonais handicapés

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 78 Voyage : casse-pattes chinois 82 Fitness : l’effet Hypervolt 84 Red Bull TV : trop stylé 85 Agenda : restez branché 86 Gaming : l’attrait de la peur 88 Guide : pour s’équiper VTT 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : Nothing 2 Looz

46 UN CLUB DANS SON APPART’

Avec son installation d’enfer à domicile, Sébastien Deswarte pousse sa passion de la musique et du disque vinyle à fond.

THE RED BULLETIN

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BULLEVARD S T Y L E

Tommaso Santagata (à gauche) et ­Farouk Kadded dans l’abysse du Cénote. Ils scannent au laser 3D les 285 mètres de profondeur.

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D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

ROBBIE SHONE/NATIONAL GEOGRAPHIC CREATIVE

U N


Abysse du Cénote

285 MÈTRES SOUS TERRE

Le tarissement d’un lac dans les Dolomites nous ouvre un monde préhistorique figé dans le temps.

E

n 1994, une équipe de plongeurs marche dans les Dolomites italiennes vers le lac de montagne du parc naturel de Fanes-­SenesBraies. Mais arrivés à destination, aucune trace du lac. Le bassin autrefois recouvert d’eau est devenu un creux avec une énorme masse de glace, et ici et là d’étranges cratères s’enfonçant dans les entrailles de la terre. La nouvelle de ces mystérieux

c­ ratères se répand et bientôt, spéléologues et scientifiques intrigués affluent de tous horizons dans la région. Ils y découvrent une immense entrée de grotte, obstruée depuis des siècles par un passage rempli de glace, tel un bouchon de bouteille de vin : « Une exploration à l’intérieur de la glace s’avère impraticable au-delà de 70 mètres », explique ­Tommaso Santagata, spéléologue italien. Pendant seize ans, les forces de la


nature entravaient l’accès des spéléologues aux cavités cachées de la grotte. L’automne 2010, particulièrement froid, permet enfin une expédition à sec dans l’énorme puits de 160 mètres de profondeur situé sous la couverture de glace. « En y pénétrant la première fois, je suis fasciné par les contours de la glace sur les premiers mètres au-delà de l’entrée, se souvient Santagata, qui participera à une deuxième exploration en 2015. À l’intérieur, on ressent une tout autre sensation ; les murs de glace sont d’une grande beauté, mais aussi fragiles que du verre et donc potentiellement très dangereux. » Les grottes et les océans souterrains constituent l’ultime frontière de l’exploration de la surface de la Terre. Si escalader des montagnes reste, à n’en pas douter, une aventure, les entrailles de notre planète cachent des continents entiers où nul n’a jamais mis pied. « Au début de la descente du grand puits, la taille démesurée de la grotte empêche de voir quoi que ce soit autour. Vous êtes seul sur la corde, laquelle finit 200 mètres plus bas. Le sol ne devient visible qu’à environ 25 mètres du fond, explique Santagata. 10

« LES MURS DE GLACE SONT AUSSI BEAUX QU’ILS SONT DANGEREUX. »

La puissance de la nature est palpable : imaginez cet immense écosystème taillé par l’action de l’eau issue de la fonte des glaces… » La curieuse forme de la grotte des Dolomites, baptisée aujourd’hui abysse du Cénote, fascine les spéléologues et les scientifiques. Son important dépôt de glace la rend précieuse pour l’étude du changement climatique moderne et paléoclimatique dans cette région des Alpes.

Rares sont les chercheurs à avoir pénétré la grotte.

THE RED BULLETIN

ROBBIE SHONE/NATIONAL GEOGRAPHIC CREATIVE

L’énorme bouchon de glace à l’entrée de la grotte a contribué à garder le Cénote dissimulé sous un lac.

« Le fait que les grottes n’aient pas été affectées par l’activité humaine rend leur étude d’autant plus importante, poursuit Santagata. Elles offrent la possibilité d’observer des formes géologiques qui, dans la plupart des cas, n’existent pas à l’extérieur. » Les dépôts glaciers de la cavité la plus profonde n’ont subi aucune contamination avant d’être découverts en 1994. Le photographe basé au Tyrol, Robbie Shone, accompagne Santagata et son équipe afin d’immortaliser la mission d’étude de la grotte par 285 mètres de fond. À l’intérieur, il prend des photos ­hallucinantes de S ­ antagata et de ses coéquipiers suspendus aux cordes, s’accrochant à la paroi tout en essayant de cartographier sa surface au laser 3D. « L’originalité de cette grotte est sa glace qui abrite une multitude de structures étonnantes, révèle Shone. L’extrême verticalité est aussi un aspect intéressant à fixer sur la pellicule. De plus, réaliser des clichés sans les pieds au sol est un vrai défi. Absolument tout, y compris mon ­trépied, doit être vissé à la paroi. » La découverte de l’abysse du Cénote révèle l’immensité d’un monde souterrain qu’il nous reste encore à découvrir, et ce qu’il peut nous apprendre sur notre planète. « L’exploration des grottes sous nos pieds permet d’éclairer des phénomènes fascinants et importants de la ­biologie, de l’archéologie et de la paléoclimatologie, précise Shone. Des connaissances dont le monde actuel a le plus grand besoin. » shonephotography.com

TOM GUISE

B U L L EVA R D



Conçu à partir de déchets organiques, cet emballage alimentaire comestible contribuera-t-il à sauver la planète ?

Scoby peut servir d’emballage alimentaire, de b ­ ocal biodégradable ou de sac à provisions écolo.

F Roza Janusz a créé ­Scoby dans le cadre de ses études à Poznan (Pologne).

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aire pousser ses sacs ou manger les emballages, telle est l’idée de la Polonaise Roza Janusz, designer et créatrice d’un packaging alimentaire écologique : Scoby. ­Janusz rêve d’un monde où les produits que nous fabriquons ne finissent plus dans une ­décharge, mais sont cultivés et ­réutilisés. C’est en cherchant une alternative durable au plastique que la jeune diplô-

mée élabore ce conditionnement dont le nom fait référence à la substance utilisée pour le fabriquer : Symbiotic Culture Of Bacteria and Yeast (trad. culture symbiotique de bactéries et de levures). Cultivé à partir de déchets organiques, Scoby valorise la terre. « Les déchets utilisés varient selon le pays, explique Janusz. En Pologne, ils sont issus des cultures de pommes et de pommes de terre ; en Indonésie, les déchets de noix de coco feront aussi bien l’affaire. » Le processus de fabrication de Scoby est peu ragoûtant : ­Janusz utilise un bouillon de culture contenant du sucre et de la levure, elle y ajoute les déchets et laisse le tout fermenter. Deux semaines plus tard, de fines membranes apparaissent, prêtes à emballer les aliments. Souple et translucide, le Scoby gardera son contenu frais jusqu’à six mois. Légèrement vinaigré au goût, ­Scoby peut être cuit avec les aliments qu’il conserve. « Bientôt, nous cultiverons nos emballages comme nos aliments, en nous souciant de leur provenance, affirme Janusz. Imaginez-vous acheter un sandwich dont l’origine des ingrédients, emballage compris, se situe à moins de 10 km. Faire ses courses avec un cabas ne sera plus le signe d’un engagement en faveur de l’environnement et de la réduction des déchets. Il faudra être plus ambitieux et inventif pour espérer un impact conséquent, poursuit-elle. Nous vivons sur une très petite planète, il nous faut optimiser l’espace et les ressources limitées dont nous disposons. Avec l’augmentation des produits cultivés, le shopping chez IKEA risque de changer. Un jour ­prochain, en y achetant une lampe, nous ferons remarquer au vendeur qu’elle n’est pas tout à fait mûre… » makegrowlab.com THE RED BULLETIN

MARIUSZ RUTKOWSKI

UN EMBALLAGE CONSOMMABLE

LOU BOYD

Cercle vertueux


B U L L EVA R D Le RAD a été conçu pour capturer et étudier les habitants des mers sans les blesser.

Recensement

Les espèces sous-marines sont largement méconnues. Ce nouveau Poké Ball des mers les révèle en toute sécurité.

MONTEREY BAY AQUARIUM RESEARCH INSTITUTE (MBARI)

LOU BOYD

CHRISTINA LOCK

LE POKÉMON DES ABYSSES

1 Le RAD en forme de polyèdre s’approche d’un organisme. THE RED BULLETIN

2 Les pétales mobiles du RAD se referment autour du sujet.

L

es océans recouvrent 70 % de la surface de la Terre, mais restent, estimet-on, à 95 % un mystère pour l’Homme, abritant des centaines de milliers, voire un million d’espèces encore inconnues. Les scientifiques du Wyss Institute de l’Université d’Harvard espèrent améliorer cet état de fait grâce à une nouvelle invention baptisée Poké Ball, un engin conçu pour explorer les mers comme jamais auparavant. L’échantillonneur sous-marin RAD (pour Rotary Actuated ­Dodecahedron) associe la technique de l’origami japonais à celles de la robotique sous-marine.

3 Enveloppée, la créature est analysée et photographiée.

Un mécanisme de prélèvement polyédrique permet aux bords souples de l’échantillonneur de se refermer autour d’un animal sans le blesser. « Certaines créatures des grands fonds comme les éponges sont vieilles de 15 000 ans, explique David Gruber, auteur collaboratif. L’idée est de capturer l’animal, de le photographier à 360 ° afin de pouvoir l’imprimer en 3D à la surface. » Le RAD devrait bientôt être muni d’une « brosse à dents » capable, en chatouillant le captif, de prélever son ADN avant de le libérer indemne. « Les méduses croiront-elles être enlevées par des extraterrestres ou subir un examen médical ?, plaisante Gruber. Notre priorité est de respecter l’intégrité de chaque organisme étudié. » Jusqu’à présent, le RAD a capturé des ­calmars, des poulpes et des méduses par 700 mètres de fond. L’objectif est de développer le dispositif afin de capturer des espèces de grande taille et de lever le voile sur les mystères des abysses. wyss.harvard.edu   13


B U L L EVA R D

Ranulph & Joseph Fiennes

À

75 ans, Sir Ranulph Fiennes est l’un des plus grands explorateurs vivants. Sa vie est hors norme : il fut le premier homme à traverser à pied le pôle Nord et le pôle Sud, il a gravi l’Everest à 65 ans et est parti à la découverte d’une ville perdue dans le désert d’Oman. On connaît son cousin, l’acteur Joseph Fiennes, 48 ans, notamment pour ses rôles dans les films de 1998 Elizabeth et Shakespeare In Love et la série The Handmaid’s Tale (2017). Issus de la même famille, les Anglais ne s’étaient guère ­croisés avant de se lancer dans une aventure commune : réitérer l’expédition de 1969 de Ranulph sur le Nil Blanc. L ­ ’explorateur parcourait alors le plus long fleuve du monde sur deux aéroglisseurs. Les deux hommes reviennent sur leur aventure, dont cette impressionnante visite de la tombe d’un grand prêtre mort il y a plus de 2 000 ans.

the red bulletin : Quel est votre lien familial ? ranulph : Je crois, et Joe me corrigera peut-être, que nos grands-pères étaient frères (Ranulph et Joseph sont cousins au troisième degré, ndlr). joseph : C’est correct. La famille est grande et le lien de parenté est relativement éloigné. Ran voyage sans cesse, du coup on se croise rarement. Joseph, aviez-vous des appréhensions ? j : J’avais des inquiétudes. De ne pas être à la hauteur, d’agoniser sous la morsure d’un serpent ou d’un scorpion, de ne pas m’entendre avec Ran que je connaissais peu. Un mois c’est long quand le courant ne passe pas. Ranulph, doutiez-vous de la capacité de Joe, acteur choyé, à être à la hauteur ? r : Ne connaissant pas d’acteur, je n’avais pas de préjugés. Mais la génétique commune nous

Parlez-nous de la récente ­découverte des tombes de Minya, en Égypte, où repose l’un des grands prêtres du dieu Thot… r : Le guide que nous suivions dans les galeries les avait découvertes huit semaines auparavant, en ignorant si une malédiction n’allait pas s’abattre sur lui… À notre arrivée les lieux étaient sécurisés. j : C’était très excitant de savoir que nous étions parmi les tous premiers à entrer dans le tombeau, à filmer aussi. Voir de si près des sarcophages, des momies, le crâne d’un être mort il y a deux mille ans… c’est indescriptible. On a le sentiment d’empiéter sur leur vie privée. r : Les momies avaient encore des dents. Deux mille ans d’âge et une dentition parfaite ! Avez-vous souffert de la ­chaleur  ? r : Contrairement à l’idée reçue, mes expéditions sont plus familières des canicules que du froid extrême. J’ai donc l’habitude de la chaleur. Mais les médias britanniques semblent plus attirés par les virées dans le grand froid. j : J’étais tellement obsédé par les cobras et les scorpions que j’en oubliais de boire de l’eau. Un détail qui peut vite tourner au drame. S’hydrater est vital. Seriez-vous prêts à le refaire ? r : Cette expédition non, mais il y en a une que je ferais volontiers avec Joe. Sauf que je doute qu’il soit tenté par ce type de danger… j : Si c’est pour me retrouver sur la banquise face à un ours polaire, c’est sans moi.

Cousins de loin : Ranulph et Joseph ont appris à se connaître en Égypte au contact des momies.

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Fiennes: Return to the Nile sur National Geographic

LOU BOYD

Prenez un explorateur de renommée mondiale et son cousin acteur à la vie tranquille, puis jetez-les dans une folle aventure. Rencontre avec les Fiennes…

JACK BARNES/NATIONAL GEOGRAPHIC, RUSS MALKIN/NATIONAL GEOGRAPHIC

« NOTRE ADN FAIT DE NOUS DES DOUBLES »

prémunit contre le désastre. Notre ADN fait de nous, à peu de chose près, des doubles. j : Maintenant, prouve-le en jouant du Shakespeare ! C’est valable dans les deux sens.


« LES MOMIES AVAIENT ENCORE DES DENTS ! » Ranulph Fiennes


B U L L EVA R D

JE T’AIME MOI NON PLUS – SERGE G ­ AINSBOURG (1976) « J’ai vu ce film à 18 ans. J’ai raconté à mon père à quel point j’avais été soufflée par son esthétique. Il fait référence à la relation qu’entretenaient mes parents. À mes yeux, ils sont des êtres parfaits, en raison de leurs défauts et non pas malgré eux. »

Charlotte Gainsbourg

« TOUT EN EXTRÊMES »

À NOS AMOURS – ­MAURICE PIALAT (1983) « J’adore Pialat, surtout son réalisme qui crève l’écran. Il est la raison pour laquelle je préfère travailler avec des réalisateurs comme Lars von Trier plutôt qu’avec le gratin californien. Je veux dépasser mes limites, je suis t­ out en ­extrêmes. »

La comédienne et musicienne partage quatre madeleines cinématographiques.

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« C’est l’une de mes expériences émotionnelles les plus fortes. C’est l’histoire de deux enfants et leur manière espiègle et innocente de traverser l’exode de 1940. Ce film a quelque chose d’envoûtant, je connais les dialogues par cœur. C’est lui qui m’a ­poussée à devenir actrice. »

LES QUATRE CENTS COUPS – FRANÇOIS ­TRUFFAUT (1959) « On dirait que Truffaut a ­laissé la caméra tourner. En fait, c’est la marque du talent du réalisateur et des acteurs, Léaud, ­Maunier et Rémy. Si vous ne l’avez encore jamais vu, ­arrêtez tout et regardez-le. Vous ne le regretterez pas. » THE RED BULLETIN

COLLIER SHORR

JEUX INTERDITS – RENÉ CLÉMENT (1952)

MARCEL ANDERS

F

ille de deux icônes, il était quasiment inévitable que Charlotte Gainsbourg embrasse une ­carrière artistique, amorcée à 13 ans avec son père, dans le sulfureux Lemon Incest. Ont suivi des rôles primés dans les films de Lars von Trier Antichrist (2009) et ­Melancholia (2011), plusieurs albums ­salués par la critique dont Stage Whisper (2011), et Rest (2017) en collaboration avec Beck et Daft Punk. D ­ epuis, ­Charlotte G ­ ainsbourg, 47 ans, est devenue une icône à son tour. Elle évoque quatre ­pépites de cinéma essentielles à ses yeux… charlottegainsbourg.com


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Rover Curiosity

CHRONIQUES MARTIENNES

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NASA

LOU BOYD

Entre deux collectes d’échantillons de roches martiennes, l’astromobile ­Curiosity s’autorise un r­ épit pour réaliser ce magnifique selfie à 360 ° sur la planète rouge. Lancé en 2011, l’engin atterrit sur Mars à Aeolis Palus, dans le cratère Gale, le 6 août 2012. Curiosity ­participe à la mission Mars Science Laboratory (MSL), dont le but est de déterminer si un environnement favorable à l’apparition de la vie a existé sur cette planète, d’y établir le rôle de l’eau, d’en étudier le climat et la géologie, et de préparer une éventuelle exploration humaine. mars.nasa.gov

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THE RED BULLETIN

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LOU BOYD OLAF PIGNATARO/RED BULL CONTENT POOL

Coxsey a souffert d’une blessure au tendon dans la main droite mais s’attelle à être fin prête pour les Jeux de Tokyo en 2020.

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B U L L EVA R D

Shauna Coxsey

TROIS FOIS PLUS RISQUÉ

Plusieurs fois médaillée d’or en bloc, Shauna Coxsey fait partie du clan très restreint (elle sont trois !) des femmes ayant escaladé un parcours 8B +. À présent, l’Anglaise de 26 ans prépare les Jeux olympiques de 2020, où elle sera engagée dans sa discipline de prédilection, ainsi qu’en épreuve de vitesse et de difficulté. « J’y ai longuement réfléchi. Ce seront les premiers Jeux à intégrer l’escalade sportive. Mais concourir dans trois disciplines est ­risqué, confie-t-elle. C’est comme demander à Usain Bolt de c­ ourir un marathon et d’enchaîner avec une course de haies. Cela dit, l’escalade de vitesse et de difficulté bonifient ma ­préparation pour le bloc, et au final, j’y vois plus d’avantages que d ­ ’inconvénients. C’est tout ou rien. » redbull.com THE RED BULLETIN

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B U L L EVA R D

REDEVENIR UTILE

Grâce à ces petits robots auxiliaires, les personnes à mobilité réduite retrouvent le chemin de l’emploi.

L Kentaro Yoshifuji, cofondateur et PDG de Ory Lab Inc., s’est servi de son vécu pour aider les autres.

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a science-fiction nous renvoie souvent la vision d’un monde dominé par les robots, où les humains sont devenus obsolètes. Pourtant, dans le quartier de Minato-­ku, à Tokyo (Japon), on peut croiser un véritable bataillon de robots bienveillants. Ces androïdes sont ­pilotés par des personnes souffrant d’un handicap ­physique lourd et qui peuvent ainsi travailler sans quitter leur domicile. Mis au point par le laboratoire tokyoïte Ory, OriHime-D et ses 120 centimètres de haut sont pilotés à distance par une

personne atteinte de maladie dégénérative comme la maladie de Charcot (forme la plus commune de maladie liée aux motoneurones) et se trouvant donc dans l’incapacité de travailler en milieu ordinaire. Extérieurement, le robot est de forme classique. La nouveauté se cache dans son « visage » placide. Les caméras et haut-parleurs intégrés permettent à l’opérateur humain d’entendre, de voir et de manipuler le robot. L’opérateur, rémunéré 1 000 yens (l’équivalent de 8 €) de l’heure, est ainsi en mesure d’interagir avec le client et de prendre, entre autres, la

THE RED BULLETIN

ISSEI KATO/REUTERS, ORYLAB INC

OriHime-D

commande grâce à un logiciel à commande o ­ culaire. Marqué par sa propre expérience ­d’isolement social à la suite d’une maladie liée à l’anxiété durant son enfance, K ­ entaro Yoshifuji, PDG de Ory, est le cerveau de cette innovation. « Je veux créer un monde où les personnes p ­ rivées de mobilité peuvent aussi travailler », annonçait Yoshifuji en novembre dernier lors du lancement d’un « café robot » éphémère dans la capitale ­nippone. « Pourquoi se contenter d’un corps quand on peut en avoir deux ? » Créé en collaboration avec la Nippon Foundation et l’ANA, première compagnie aérienne du Japon et entièrement géré par le personnel de OriHime­D, le café du labo Ory s’inspire du film d’animation futuriste Time of Eve, sorti en 2008, et dans lequel machines et humains collaborent sur un pied d’égalité. Ory prévoit d’ailleurs d’ouvrir un lieu permanent à l’occasion des Jeux paralympiques de 2020 au Japon. Alors, les robots, sontils nos alliés ou nos e­ nnemis ? orylab.com

LOU BOYD

À gauche : OriHime-D sert le café aux clients. Ci-­dessous : l’écran de contrôle à suivi oculaire.


Travis Rice Travis Rice Professional Snowboarder

Professional Snowboarder

Skullcandy partenaire majeur du Red Bull Tout Schuss 2019 Skullcandy partenaire majeur du Red Bull Tout Schuss 2019


Sérgio Cosme (39 ans), sauveteur en jet ski, sur le spot de grosses vagues de Nazaré : la quiétude incarnée malgré le danger extrême.


Quinze secondes pour sauver une vie

SÉRGIO COSME, sauveteur en jet ski, exploite ses talents dans les plus grosses vagues au monde. Un surfeur tombe dans l’Atlantique ? Il le repêche avant que la vague suivante – haute comme un immeuble de dix étages – ne l’emporte. Pour cela, Cosme ne dispose que de quinze secondes. Sa mission : rester zen pour sauver des vies. Texte ANDREAS ROTTENSCHLAGER  Photos KONSTANTIN REYER   25


P Cosme observe l’Atlantique depuis le phare de Nazaré. En cas d’urgence, il n’a que quelques secondes pour évaluer correctement la hauteur des vagues et l’intervalle entre chacune.

Un colosse aquatique abat sa puissance sur le spot de grosses vagues de Nazaré : d’octobre à mars, cette ville côtière du Portugal accueille les plus grosses vagues surfables au monde.

« Quand un surfeur chute dans cet enfer, Cosme n’a que quelques secondes pour agir… et vite ! » 26

ar un matin frisquet de la fin du mois de décembre, Sérgio Cosme se tient à la fenêtre de sa chambre. Perdu dans ses pensées, il sirote une tasse d’expresso corsé en fixant ce point dans l’océan où il a bien failli perdre la vie en 2017. La maison de Cosme est juchée sur une falaise surplombant la plage de sable ocre de Nazaré – une petite station balnéaire à 100 km au nord de Lisbonne, qui est chaque année le théâtre d’un phénomène naturel impressionnant. D’octobre à mars, l’Atlantique produit les plus grosses vagues au monde à Nazaré : des colosses gris foncé pouvant atteindre 30 mètres de haut et pesant plusieurs milliers de tonnes. Cette hauteur exceptionnelle est due à un canyon sous-marin de 200 km de long qui pointe tout droit sur Nazaré, telle une flèche. Les vagues accélèrent dans le canyon, qui remonte juste avant la côte, avant de franchir son extrémité plate qui fait office de tremplin. C’est là que t­ ravaille Cosme, et qu’il a échappé de justesse à la mort.

Sérgio Cosme, 39 ans, les épaules étroites, soixante kilos tout mouillé, est l’un des meilleurs pilotes de jet ski du spot qui offre les plus grosses ­vagues au monde. Il est chargé de veiller sur la poignée de sportifs de haut niveau qui viennent surfer les vagues de Nazaré pendant l’hiver. Avec des vagues d’une telle hauteur, le surf à la rame, à la seule force des bras, ne suffit pas. Les surfeurs de grosses vagues se font tracter jusqu’à elles par des pilotes de jet ski comme Cosme. La première fonction de ces pilotes, c’est donc de faire le taxi. La deuxième est nettement plus risquée : quand un surfeur fait une chute, le pilote de jet ski doit s’élancer dans une mer houleuse et le retrouver sur une zone de plusieurs milliers de mètres carrés, avant de le mettre en sécurité sur la planche de secours accrochée à l’arrière du jet ski et de l’évacuer le plus rapidement possible de la zone dangereuse. S’il n’y ­parvient pas, ils se font happer tous les deux par la vague suivante. À Nazaré, l’intervalle entre deux vagues est d’environ dix à quinze secondes. Si le surfeur ne remonte pas tout de suite à la surface après sa chute, le pilote a encore moins de temps pour le sauver. Il ne lui reste donc plus que quelques fractions de secondes pour prendre une décision vitale : aurai-je le temps d’atteindre le surfeur avant que la prochaine vague ne se brise ? Ou bien dois-je rebrousser chemin et la voir déferler sur lui avant de réessayer à la prochaine ouverture ? C’est tout l’enjeu du boulot de Cosme : ­garder la tête froide pour sauver des vies. THE RED BULLETIN


Sérgio Cosme sur la planche de secours de son jet ski : « Rester cool, ça s’apprend au quotidien. »


« Derrière le surfeur et le jet ski du sauveteur, c’est une avalanche d’eau qui déferle. »

PEDRO CRUZ/WSL BIG WAVE AWARDS

Une sortie record du monde : le 8 novembre 2017, à Nazaré, Cosme (à droite) tracte le brésilien Rodrigo Koxa dans la plus grosse vague jamais surfée (24,38 mètres).

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a journée de travail de Cosme débute dans un garage situé dans l’ancien port de pêche de Nazaré. Un lieu qui oscille entre une boutique de surf d’occasion et une piaule de vieux garçon : combinaisons de plongée humides, paquets de chips entamés, pommeau de douche qui goutte dans un coin en guise de salle d’eau improvisée. Des garages comme celui-là, Cosme en loue trois pour entreposer ses cinq jet skis. À mon ­arrivée, il est penché sur la batterie d’un Yamaha VX vert vif – 100 km/h en pointe, 300 kilos et 110 chevaux. « Pas assez puissant, déclare Cosme. Avec les vagues qu’il y a en ce moment, il faut au moins du 200 chevaux. »

les roues patinent. » À la différence près que, ­derrière sa voiture à lui, c’est une véritable avalanche d’eau qui déferle.

Cosme enfile son gilet de sauvetage, qu’une c­ artouche de gaz peut remplir d’air s’il actionne la manette. Il s’accroche ensuite une ceinture à la taille, à laquelle pendent deux palmes. Les palmes peuvent servir au sauveteur en dernier recours, si le pire des scénarios venait à se produire : le jet ski chavire, surfeur et sauveteur se retrouvent à l’eau et la vague leur envoie l’engin sur la tête. Dans ce cas-là, Sérgio Cosme enfilerait ses palmes. Et il essaierait de regagner la plage à la seule force de ses muscles. Pour quelqu’un qui se retrouve régulièrement dans des situations de danger extrême, le spécialiste semble étonnamment cool. Toujours le sourire aux lèvres, il ponctue toutes ses phrases d’un « Eh ouais, mec ! » complice et les conclut généralement d’un « youhou ! » enthousiaste. Cosme déclare : « Je ne peux pas imaginer de meilleur boulot que celui de sauver des gens. Allez, en route pour le quai ! »

À Nazaré, les vagues peuvent faire s’envoler

des jet skis dans les airs comme des jouets, en arracher les sièges ou en casser le revêtement en plastique. Avant de se risquer à l’eau, il arrime donc fermement tous les clapets et démonte tout ce qui dépasse, comme le rétroviseur. Comme si risquer de se prendre une vague de plusieurs tonnes sur la tête n’était pas suffisant, il faut aussi réussir à contrôler le jet ski dans l’écume pendant les opérations de sauvetage. Quand une vague se brise, le spot de surf se transforme en une gigantesque piscine de mousse. Et comme ladite mousse se compose d’eau et d’air, l’hélice du jet ski a bien du mal à le faire avancer. Cosme doit donner de petits coups d’accélérateur bien dosés pour garder le jet ski en mouvement et éviter qu’il se noie sur place. « C’est comme conduire une voiture en hiver, expliquet-il. Quand on accélère trop sur une route gelée,

Son amour de la vitesse, Sérgio le découvre

avant même d’entrer à l’école. Cosme grandit à Santa Cruz, une ville portugaise sur la côte atlantique. À trois ans, il reçoit sa première mini-moto en cadeau ; à 14 ans, il se tient pour la première fois sur une planche de surf. C’est un enfant plein de vie, qui tombe souvent et qui expose fièrement ses bleus à sa mère. Plus tard, il interrompt ses études d’ingénieur et fait du motocross en compétition. Et c’est aussi à cette époque qu’il commence à tracter ses potes en jet ski dans les vagues. Mais il faudra attendre

Chaque seconde compte

Comment les pilotes de jet ski sauvent les surfeurs après une chute et avant qu’une vague ne les emporte.

vague

5. Le jet ski et le surfeur se sauvent avant la prochaine vague.

vague 2.  Wipe-out 4. Le surfeur se hisse sur la planche de secours. 1. Le jet ski tracte le surfeur dans la vague.

3. Le pilote du jet ski localise le surfeur.

15 se 5 sec

s : ague v x u de Entre 30

0 sec

CHRISTINA LOCK

c 10 se

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Une main secourable : quand un surfeur qui a chuté ne parvient pas à se hisser sur le jet, Sérgio intervient.


Au quartier général : dans un garage du vieux port, Cosme prépare l’un de ses cinq jet skis avant de pouvoir l’utiliser.


jusqu’en 2013 pour que les deux p ­ assions de Cosme, l’océan et les sports mécaniques, se rejoignent – et cela se fait sans trop de cérémonie, puisque c’est une simple recherche internet sur Google qui va lui changer la vie. Il s’agit d’un appel à candidature pour la formation de ­Rescue Operator in Big Wave Surfing. Cosme saute sur l’occasion : « J’avais des centaines d’heures d’expérience en jet ski dans ­l’Atlantique et les sports mécaniques m’avaient donné une bonne perception du timing et des distances. » Sa formation est un succès. À peine un an plus tard, le voilà qui patrouille dans les gigantesques vagues de Nazaré, où se testent déjà à l’époque les meilleurs pros de grosses vagues au monde. Cosme se taille la réputation d’un des meilleurs pilotes du coin, avec plus d’une douzaine de sauvetages et deux records du monde à son actif : en 2017, à Nazaré, il tracte le Brésilien Rodrigo Koxa vers la plus grosse vague jamais surfée : 24,38 mètres. Un an plus tard, il supervise en tant que deuxième sauveteur le record mondial féminin de Maya Gabeira : 20,7 mètres. Cosme le sait : « J’arrive toujours à garantir la plus grande sécurité à mes surfeurs quel que soit le type de vague, mais à Nazaré, il faut aussi savoir s’adapter, improviser et changer de plan à la dernière seconde. »

Le jour où Cosme frôle la mort commence sous les meilleurs auspices. Le 4 janvier 2017, le Portugais tracte le surfeur brésilien Fabiano ­Tissot dans une vague gris foncé de 7 mètres de haut. Tissot réussit un joli ride. Il redescend en suivant le mur de la vague, puis sort de la zone dangereuse. Il se saisit ensuite de la planche de secours et donne le signal de départ à Cosme.

M

ais cette fois-là, problème de timing. « Quand je me suis retourné pour regarder Fabiano, la mousse l’avait déjà emporté », se rappelle Cosme. Cosme met les gaz. Dans sa fuite, le jet ski fait une embardée et se renverse sur le côté. Cosme est catapulté dans l’eau. Entraîné par la vague déchaînée, le jet ski de 300 kilos fonce droit sur lui. Pris dans le rouleau, Cosme tourbillonne comme une balle de pingpong dans une machine à laver. Le jet ski le heurte à la tête et à la poitrine. Juste avant de s’évanouir, il actionne la manette de son gilet de sauvetage et refait miraculeusement surface dans un nuage de mousse. « Je n’avais plus de repères, je ne savais plus où était l’avant, l’arrière, en haut, en bas. » Mais Sérgio n’a pas le temps de s’orienter, il entend déjà la vague suivante s’élever derrière lui dans un grondement furieux.

Les entrailles du jet ski de Sérgio. « Pour que je me sente en sécurité à Nazaré, 200 chevaux sous le capot c’est le minimum. »

Cosme : « La colère te pompe de l’énergie. Mieux vaut la refouler. »   33


Cosme essaie de garder son calme et de se l­ aisser porter par l’océan. À l’encontre de tous les instincts dans une telle situation, il parvient à ouvrir les yeux sous l’eau. Il analyse le fond marin, cherche une issue et se traîne jusqu’à la plage, non sans douleurs à la poitrine et à la tête.

Quand on lui demande comment il a pu survivre

dans une telle situation, il répond : « En g ­ ardant mon calme. » Une réponse laconique qui dissimule toutefois une force mentale essentielle pour les surfeurs de grosses vagues et pilotes de jet ski :

« Je suis heureux quand tout le monde rentre sain et sauf. »

Une dernière sortie en jet ski avant le coucher du soleil. Sérgio ne sera jamais aussi célèbre que ceux pour qui il risque sa vie, mais il s’en moque : « Il n’y a pas de meilleur boulot que celui-là. »

Le soir au port : Cosme charge son jet ski sur la remorque de son pick-up. Quand arriveront les prochaines grosses vagues, il sera prêt.

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garder son calme quand une vague énorme vous projette et vous maintient sous l’eau pendant de longues minutes. Pour des cas d’urgence de ce genre, les surfeurs se construisent un « lieu sûr » dans leur tête. Ils enregistrent des pensées dans un lieu particulièrement beau ou un événement heureux sous la forme d’un mantra pour le jour où ils auront besoin de faire appel à des sentiments positifs sur commande afin de retrouver leur calme. Et donc de survivre. Cette technique, Cosme la connaît. Ce 4 janvier, cependant, quand il est pris dans le rouleau de la vague, une seule chose lui traverse l’esprit : « C’est la merde ! » Mais c’est là qu’intervient sa formation. Cosme bannit tout sentiment de peur et de panique de son cerveau. Pratiquant le ­sauvetage en mer et le yoga, il développe cette compétence depuis des années. C’est la grande question : comment retrouver son calme dans des situations qui génèrent tout sauf du calme dans le corps et l’esprit ?

Sérgio m’explique que l’idéal est de s’entraîner par petites étapes. Il intègre donc cette pratique dans son quotidien. « Dans une situation désagréable, les pensées qui n’apportent aucun bénéfice immédiat, on oublie tout de suite ! Vous êtes coincé dans un bouchon ? Votre patron vous engueule ? C’est sûr, ça met les nerfs en boule. Mais objectivement, la colère n’arrangera rien. Il faut donc la refouler. Moi, bien sûr, en cas de situation ­dramatique, je peux compter sur ma formation et sur mes années d’expérience en milieu aquatique. Mais quand il s’agit de garder son calme, je p ­ réfère miser sur des exercices souvent très simples que d’attendre la prochaine urgence mentale, c’est bien plus efficace. » C’est donc un entraînement rapide et relativement facile à mettre en place.

C

e soir, Cosme fait encore quelques tours de jet ski autour du promontoire de Nazaré, sur lequel trône le célèbre phare rouge – le point de vue attitré des cameramen, journalistes et autres touristes pour les jours de grosses vagues. Notre héros rentre trempé de la tête aux pieds. Tout sourire, il pousse son jet ski sur la remorque d’un pick-up. Un homme trempé jusqu’aux os, qui ne deviendra jamais aussi célèbre que ceux pour qui il risque sa vie. Qui gagne tout juste assez pour payer le loyer de ses trois garages et de sa maison et qui se fait inviter à dîner de temps à autre par une amie restauratrice parce que le poster de sa mission record du monde est accroché au mur de son établissement. Ce qui le rend heureux dans son travail ? « Quand la journée s’achève dans mon garage, avec tous mes surfeurs sains et saufs assis à mes côtés », déclare Sérgio. Alors la journée a été bonne.

Instagram : @sergiocosmico THE RED BULLETIN


Soleil et sourire à Nazaré pour Justine Dupont, spécialiste des grosses vagues. Quand elles déferleront, ça va se corser sérieusement...

pour la sécurité. Et comme chaque équipage a son team de sécurité, tout le monde se met en place quand il arrive quelque chose. À Nazaré, il y a aussi une personne sur la ­falaise qui communique avec les jets par talkie-walkie.

« Le surf de grosses vagues, c’est un travail d’équipe » La surfeuse JUSTINE DUPONT est une habituée de Nazaré où elle monte en puissance depuis plusieurs années. Elle entretient une relation très particulière avec son pilote de jet, qui est aussi son compagnon. Texte PH Camy

XABI BARRENECHE/RED BULL CONTENT POOL

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n novembre dernier, Justine Dupont se blessait à l’épaule et au genou lors de l’étape du Big Wave Tour à Jaws (Hawaii). Considérée comme l’une des meilleures surfeuses de gros au monde, la Française nous offre son regard sur la relation entre pilote de jet ski et surfeur depuis le Centre Européen de Rééducation du Sportif où elle se remet en forme. the red bulletin : Tu as participé à des sessions d’anthologie sur le spot de Nazaré. As-tu croisé Sérgio Cosme ? justine dupont : Oui, je le connais, c’est un chouette gars ! Il est venu m’aider plusieurs fois, c’est un très bon pilote et ça se voit qu’il aime THE RED BULLETIN

ça. Il est passionné, à fond, et il est là pour les autres. C’est lui qui a lancé le surfeur sur le record du monde aussi (­Rodrigo Koxa sur la plus grosse vague jamais surfée, ndlr) ! C’est ­Sérgio qui a choisi la vague donc il a participé au record. Le rôle du pilote est hyper ­important. La relation entre surfeur et pilote semble primordiale dans des vagues énormes… C’est un team ! Il y en a un qui choisit la vague et qui te lance au bon endroit et le surfeur qui la surfe, ce qui est presque la phase la plus facile. Si en plus le pilote est très bon, il te lance à l’endroit où ça va être le plus facile et il va choisir la vague parfaite. Le surf de grosses vagues est un travail

d’équipe. Il y a le pilote et le surfeur bien sûr, mais il y a aussi le team de sécurité. Quelle est sa mission ? Comment ses interventions sontelles organisées ? Dès qu’il y a de grosses houles, il y a un deuxième jet ski avec une autre personne dessus

« Je me suis fait écarteler par l’impact de la vague : épaule disloquée et genou abîmé. »

Fred David, ton pilote, est également ton compagnon. Ça apporte quelque chose dans les grosses vagues ? De la confiance bien sûr, même si j’ai tout autant confiance en Pierre Rollet et Julian Reichman, mon team de sécurité. Ce sont aussi de très bons surfeurs. Avec Fred, on se connaît énormément et on a l’habitude de s’entraîner ensemble, donc on a beaucoup d’expérience. Mais avec tout le team, on s’aime profondément, on a un lien très fort et on est là les uns pour les autres. Tu t’es blessée à Hawaii alors que tu étais qualifiée pour la finale du Big Wave Tour. Que s’est-il passé ? J’avais fait mon score mais je voulais surfer une vague magnifique. Malheureusement je n’ai pas eu le temps, je l’ai prise sur la tête. Et ça a été particulièrement violent... Je me suis fait écarteler par l’impact, épaule disloquée et genou bien abîmé, j’ai vu des étoiles, je suis repartie plusieurs fois sous l’eau avec les vagues suivantes. Heureusement, les jet skis ont finalement pu m’aider.

Instagram : @justinedupont33   35


THE

LIGHT CLUB

À Genève, VINCENT BARRO a créé voici vingt ans la Cage Academy, première du genre en Suisse. Où l’on apprend que le MMA (ou free fight), sport médiatisé dans toute sa ­brutalité, peut amener les hommes à se construire… pas se détruire !


Texte PATRICIA OUDIT Photos JÉRÉMY BERNARD

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Dans la Cage Academy du quartier de Carouge, à Genève, on travaille à améliorer les hommes.

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a première fois que l’on croise Vincent Barro, on est forcément intrigué. L’homme impressionne, stature massive et regard intense, le genre qu’on n’a pas envie de chercher et encore moins de trouver. D’autant qu’au sous-sol de la menuiserie familiale, le Genevois, bodyguard international, a créé en 1999 la première cage de MMA de Suisse, où ce sport, curieusement et contrairement à la France, est autorisé. « Au début, la salle faisait environ deux fois la taille de la cage actuelle, je devais avoir une quarantaine de personnes, des débutants, des boxeurs, des lutteurs, des pratiquants de ju-jitsu, bref, différentes origines “martiales”. La première cage, faite maison, avec du filet de foot, on l’a tissée nous-mêmes avec deux trois copains et une amie couturière. Aujourd’hui, la salle fait 400 m². » Elle témoigne du succès du lieu. Drôle d’endroit, drôle de bonhomme pense-t-on. Débuts dans le judo à 4 ans, détour par le BMX, lutte avec les copains, puis, entre 14 et 16 ans, retour vers la boxe chinoise, thaï et anglaise. « À 18 ans, j’ai eu un prof qui faisait du jeet kune do, dont le maître était le descendant de Bruce Lee (qui créa cet art martial à mains nues à la fin des années 60, ndlr). On combattait dans sa cave aménagée, ambiance Fight Club, juste quelques tatamis par terre. Quand on se prenait les murs, granuleux, on se faisait mal. Très mal. » Autre 38

spécialité à l’actif de Vincent, le ju-jitsu brésilien qu’il pratique avec Pedro Martos, le grand champion et prof culte qui l’a initié et l’entraîne depuis huit ans. Barro montre ses trophées italiens de MMA conquis à Naples en 2001 et 2002, rassemblés sur une étagère. En 2003, toujours en Italie, il est abîmé lors d’un combat. Nez qui saigne, lèvre ouverte pour l’adversaire. Combat annulé. « C’est là que j’ai pris conscience des magouilles du milieu. En 2004-2005, ça a commencé à devenir n’importe quoi… Les combats à la carte, où l’on peut choisir son adversaire, et si on le démolit en 2 minutes, ça fait de la pub pour le club… Des matches où il y en a un qui se fait coucher, mais comme on ne veut pas qu’il perde, on stoppe le combat avant les 3 minutes réglementaires. » Vincent refuse de rentrer dans ce jeu, lui qui apprend la droiture à ses élèves veut montrer au travers de ce sport, le MMA, qu’il faut être juste dans la vie. Le Mixed Martial Arts, c’est un mélange de toutes les techniques de combat (lutte, judo, karaté, ju-jitsu, boxe anglaise, boxe thaï…). Des milliers de mouvements possibles, tous les coups presque permis : une réputation de violence à l’état pur, images de brutes sans foi ni loi, sanguinaires, qui s’étripent jusqu’à ce que l’un rende gorge… Cliché définitif. Balayé en quelques minutes, dès le seuil de la porte franchie. Certes, la cage, symbole apparent de bestialité, trône au fond à gauche, impressionnante. Mais Vincent, voix suave, n’a qu’à tourner le dos pour montrer le slogan rassurant de son tee-shirt : « Amateur de violence THE RED BULLETIN


Méfiez-vous des apparences : costaud, Vincent Barro est un combattant aguerri, mais ne veut que propager le bien.

Au travers du MMA, Vincent Barro veut montrer qu’il faut être juste dans la vie. THE RED BULLETIN

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« Ce combat qui n’arrivera pas en dehors du club est un combat de gagné. » VINCENT BARRO

­ ratuite s’abstenir »… On songe d’abord à une plaisang terie, quand, dans ce sport, les blessures sont de plus en plus fréquentes et graves, qu’on n’y compte plus les mâchoires fracturées, quand la super star de l’Ultimate fighting se nomme Conor Mc Gregor, bad boy irlandais connu pour son immodestie et son amour du gros prize money. Quand dérapages et provocations sont devenus des préalables au combat. Vincent Barro sourit. Comprend les a priori. Conscient d’être un peu un ovni dans un milieu où le fair-play semble être parfois un gros mot. Il est 17 heures, et en attendant la séance de 18 h 30 du mardi, il tient à nous faire faire le tour du propriétaire. Ce n’est pas anodin. Là, un bonhomme rouge, un Bob, représentant une silhouette, faite pour tourner autour, travailler la précision. « Le ring, je l’ai fait moi-même, dessous, il y a un matériau d’isolation pour amortir les chocs. » Chez Vincent Barro, les instruments sont hauts de gamme, sur-­ mesure, conçus et réalisés par ce bricoleur amateur de mécanique, pensés pour s’entraîner avec précision et protection. On trouve de la mousse à mémoire de forme sur les sacs muraux, au contraire des matériaux bon marché habituellement utilisés dans les salles de boxe. Ici, un pneu d’une des voitures du boss, fixé sur deux morceaux de bois, pour travailler les crochets et les uppercuts. Fait pour taper vite, pas fort. « C’est ce qu’on explique aux élèves : selon les différents modules, on frappe différemment. En MMA, on utilise beaucoup le bas du dos, j’insiste sur les exercices spécifiques pour ne pas se blesser. » Explosivité et tonicité sont les maîtres-mots du lieu. Encore un pneu neuf avec des profondes rainures, qui, quand on tape, vont tuer les nerfs, en prévision des coups de pied tibias sur tibias. « D’ordinaire, on fait ça avec du rouleau à pâtisserie, c’est comme lisser une pâte à tarte. Avec le pneu, c’est moins douloureux. On se prépare mieux. » La cage de MMA, elle, est fabriquée avec un grillage très robuste, fait pour les avalanches, montée suspendue afin que les athlètes soient protégés par cette élasticité. Quant à la porte-guillotine, elle est fabriquée avec du câble d’ascenseur. « Quand la porte se ferme, les boxeurs changent d’attitude, c’est un peu comme si le piège se refermait, il y a beaucoup de choses qui se passent dans la tête… »

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l’intérieur pourtant, ne pas se faire mal. Ne pas faire mal. C’est le leitmotiv de Barro. Après avoir fait de la compétition, s’être entraîné extrêmement dur, le combattant est entré dans une autre phase. Désormais, quand il entre dans la cage, il se fait plaisir, prend soin de lui et des autres. « On n’est pas là pour se faire des câlins, mais pas non plus pour abîmer l’autre. On est très à

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ENTRAÎNEMENT/ ENSEIGNEMENT : LES BASES DE VINCENT BARRO RESPECT On se salue en se regardant dans les yeux, au début et à la fin de la séance. On ne dit pas de grossièretés. L’insulte, tout comme la bagarre, y compris en dehors de la salle, valent le renvoi. PRÉCISION À chaque atelier sa fonction : le MMA est un sport au registre technique riche et compliqué. Selon les différents modules, on frappe différemment, pas forcément fort. La précision et la vitesse d’exécution sont des atouts que Vincent privilégie dans ses cours. PROTECTION Elle passe par des équipements hauts de gamme faits sur-mesure pour amortir les chocs et protéger les boxeurs, comme en témoigne, entre autres, la présence de mousse à mémoire de forme sur les sacs de frappe. ADAPTATION La cage est ouverte à tous, mais il faut être prêt à y entrer. Pour préparer au mieux ses stagiaires, quel que soit leur niveau de départ (handicap ou non), Vincent Barro a développé des techniques particulières en fonction des aptitudes de chacun. THE RED BULLETIN


Adola Fofana est a­ vocat. Il frÊquente la Cage Academy depuis sept ans. Ce redoutable combattant venu du krav maga est aveugle.


La cage de Vincent Barro : le seul endroit où le combat est autorisé. Qui se comportera violemment dans la rue sera exclu de son Academy.

cheval sur la sécurité, sur l’échauffement. Ici les mineurs sont protégés. Dans ces sports-là, la blessure est particulièrement négative, on perd du temps à revenir, on perd des athlètes… Les règles à respecter sont nombreuses. Hélas, les médias ne montrent que les shows agressifs qui cassent ce sport et les élèves.» En boxe, Vincent proscrit les coups à la tête, même avec un casque, pour les moins de 15 ans. La philosophie positive a porté ses fruits. Si ce n’est pas la cour des Miracles, c’est bien la cage des possibles. Car il s’en passe des métamorphoses au sous-sol de la menuiserie. Vincent égrène ses réussites éducatives. Comme Joshua, 9 ans, qui à cause d’une maladie de naissance, a une jambe de trente centimètres plus courte que l’autre. « Après plusieurs opérations, on lui a réduit l’écart à dix centimètres. Depuis qu’il boxe, il a fait des progrès incroyables, à tel point qu’à côté de lui, des enfants en pleine santé passent pour 42

des ­handicapés. » Avec lui, Vincent se concentre sur les changements de jambe, travaille davantage les déplacements. Joshua s’entraîne désormais deux fois par semaine. « C’est un gamin bourré de volonté, s’il continue sur cette voie-là, dans deux ans, il sera ­rétabli, dans cinq ans, il fera des combats et je lui ­prédis un grand avenir. » Donner un cadre, une structure à des jeunes est devenu un sacerdoce. « S’ils ne sont pas bons à l’école, s’ils ont des problèmes de discipline, ils ne sont pas en ordre dans leur tête et ne peuvent pas boxer ­correctement ! » Avant de les laisser frapper le sac, Vincent leur édicte quelques lois inviolables : interdit de se battre dans la rue. Qui dit coup de poing sans gant dit fracture de la main, dit renvoi immédiat du club. « J’en connais qui, à cause de ce genre d’attitude, ont gâché leur carrière. » Chaque incartade est signalée aux autres clubs susceptibles THE RED BULLETIN


Si ce n’est pas la cour des Miracles, c’est bien la cage des possibles. très simple : quand tu arrives, tu dis bonjour coach, tu serres la main à tous, tu regardes dans les yeux. Peu à peu, on a créé un lien de confiance, il s’est mis avec les plus forts du club, a pris de l’assurance, s’est réveillé physiquement et psychologiquement. Ses parents qui étaient contre la boxe ont vu leur fils changer grâce à nous, il a gagné des combats… Chaque année, il m’envoie des messages pour me remercier. Il a 20 ans aujourd’hui, une copine, une vie normale. »

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de les accueillir. Le travail d’éducation creuse très profond. « Ici, on réclame un casier vierge pour les jeunes majeurs. Tous les coaches sont des pacifistes et la ­philosophie pourrait être résumée avec cette maxime : ce combat qui n’arrivera pas en dehors du club est un combat de gagné. Grâce à mon métier de garde du corps, je peux cibler les zones d’inconfort, je leur apprends à flairer le danger, à l’esquiver. Bien agir, c’est séparer ceux qui se battent, en utilisant leur maîtrise à bon escient. » Parmi les élèves qui se sont construits ici, il y a aussi Steven, jeune autiste, dont les autres ados se moquaient au début. « J’ai dit : le premier qui l’ennuie sera renvoyé, on va tous au contraire l’aider comme on peut, et dans deux ans, on sera tous fiers d’avoir fait quelque chose pour lui. » Pour aider Steven, Vincent lui a de suite donné les bonnes cartes : « Comme il était très timide, je lui ai dit qu’ici, c’est THE RED BULLETIN

ans ce Light Club où la vaine brutalité n’a pas droit de cité, il y a aussi et surtout une lumière, un phare. Maître Adola Fofana. Aveugle depuis son entrée en fac de droit, sourire calme, lunettes noires. Il vient d’arriver, venu comme tous les soirs d’entraînement directement de son bureau d’avocat de Genève. En pliant sa canne blanche télescopique, le poids lourd plaisante : « Le parcours du combattant, c’est plus pour rentrer de la salle : 1 h 20 de transport ! J’habite à Lausanne. » Vincent désigne un jeune boxeur pour assister Adola dans ses déplacements. Il enfile son bandeau parce que combattre avec des lunettes c’est compliqué, le bandeau, c’est plus confort. Vincent est le seul qui ait jamais vu ses yeux. Au début, le coach les fermait pour ressentir les choses. « Mais comme je les rouvrais instinctivement, on a fini par combattre dans le noir. C’était très dur, j’ai pris pas mal de coups… » Adola vient du krav manga, avec un petit niveau martial. En sept ans, Vincent lui a appris à boxer, admiratif du bonhomme. « Il fait des interclubs et des sparrings (des combats où les coups sont ajustés mais pas portés, ndlr), il n’est vraiment pas fragile, on le fait tourner avec tout le monde… » Adola a la garde fermée, afin de protéger ses points vitaux, mâchoire, plexus, foie. «Mes repères sont essentiellement sonores, explique-t-il. Dans la rue, je suis habitué à filtrer les sons. J’ai aussi une mémoire spatiale assez développée. Tout comme le toucher. » Adola, plein d’humour, évoque ses rencontres avec le mobilier urbain, plus saignantes parfois qu’un uppercut. Se rit de la difficulté. Affiche des raisons d’homme voyant. « Savoir que je vais pouvoir décharger toutes mes tensions accumulées dans la semaine, c’est la raison principale de ma venue ici. Si j’ai progressé rapidement, grâce à Vincent, c’est que c’est très désagréable de se prendre des coups dans la figure ! On a développé un style personnel qui me correspond : je visualise très bien les choses, je mesure la distance entre mes adversaires. À partir du moment où je sais où se trouve la personne, ce n’est plus un désavantage de ne pas voir. Une fois que je l’ai trouvée, je suis un boxeur normal. » Sur son vélo d’échauffement, Adola, parti pour une heure trente   43


À l’intérieur de la cage, ne pas se faire mal. Ne pas faire mal. Des coups ? Voyez plutôt ici du fair-play, des réussites éducatives, une structure, pour hommes et femmes toutes générations confondues.


Adola et Vincent entrent et sortent de la cage en amis.

Dans ce labyrinthe de ­muscles, rien n’échappe à Adola, l’avocat aveugle. d’entraînement, se livre un peu plus, dit pourquoi il apprécie les sports de combat. « C’est la réalité de la vie, une métaphore, on se prend des coups, on peut en distribuer. Il vaut mieux l’avoir appris ici, plutôt que de prendre une droite en pleine rue et d’être saisi par la peur. On doit tous relever des défis, aveugle ou non. » La salle se remplit peu à peu. Sur la douzaine de combattants, deux jeunes filles, qui frappent mollement le sac, mais que Vincent ne veut surtout pas brusquer : « Elles ont franchi la porte, c’est déjà bien… » Moins de mansuétude pour les garçons. L’un est sommé de retirer sa boucle d’oreille, l’autre écope de vingt pompes pour avoir dit une grossièreté à son sparring partner. On ne plaisante pas avec le respect. « Je veux des gens qui sortent d’ici zen, en contrôle. En dix-sept ans, j’ai renvoyé deux élèves qui sont ensuite revenus s’excuser. Alors, on leur explique qu’ils ne sont pas faits pour ce genre de sport, qu’ils doivent trouver une autre façon de se canaliser. » Toutes les trois minutes, entre souffles rauques et coups amortis, le bip aigu d’une sonnerie vient faire cesser les souffrances. Pause. Les muscles et le cœur asphyxiés ont besoin d’air. Vincent distribue des mitaines de free fight, encourage la jeunesse qui dort à se réveiller, entre et sort de la cage au gré des combats d’entraînement avec ses ouailles, à qui il faut apprendre du geste technique. Puis c’est au tour d’Adola de passer la porte-guillotine. Vincent est inquiet, le lendemain, il a un r­ endez-vous important

et ne doit pas se blesser. Il explique : « Si je me bande les yeux pour que le combat soit équitable, il ne le sera pas ! Adola est redoutable, à armes égales, il peut me mettre en pièce ! S’il n’a jamais combattu contre d’autres non-voyants, c’est que ce ne serait pas correct pour eux ! » Le boss enfile son bandeau bleu. Adola sait combien l’affrontement en aveugle décontenance, d’autant que lui ne fait aucun bruit. Le combat debout confirme l’inégalité du match, Vincent ne peut rien anticiper. Adola pousse d’emblée son adversaire au sol, là où il est le meilleur. Le corps-à-corps remettant tout à plat, l’avocat prend souvent le dessus. Clés de jambe, de bras, rien à faire, il sent tout ce qu’il ne voit pas, et dans ce labyrinthe de muscles, rien ne lui échappe, plus aucune possibilité de fuite pour sa proie. En sueur, Vincent ôte son bandeau. « J’avais oublié à quel point c’est dur de combattre Adola ! Il a une vitesse d’exécution incroyable, a ­progressé en force pure et coordination, il casse la distance. » Adola est un chat. Qui ne se blesse pas. En sept ans de MMA, il s’est luxé deux fois un doigt, quand tant d’autres, ailleurs, se brisent les os. Fin de séance. Chacun défile, se serre la main. Vincent ne partira pas avant d’avoir nettoyé les tapis, pour que la sueur n’ait pas le temps de s’y incruster. À la Cage Academy, tout doit être nickel, le respect passe par là aussi. Adola attend son ami qui ne lui a jamais fait payer de cotisation. « Sa présence est une leçon pour tous les autres. » Avant de se quitter, on va se boire une bière. Rien de tel pour éclairer le reste de la soirée. Et en ressortir avec une autre vision du free fight. Ici, à Carouge, les combats ne se terminent jamais dans le sang, mais autour d’une table, à parler de la vie et de comment, dans ce combat, on peut doucement améliorer les hommes. cageacademy.ch   45


MUSIQUE MAISON Du côté de Lille, un mordu de musique s’est construit le meilleur club privé de France en réunissant les enceintes des plus fameux night-clubs new-yorkais et une dizaine de milliers de vinyles. SÉBASTIEN DESWARTE a dédié la moitié de sa vie et une bonne partie de ses économies à sa passion, sans réclamer la monnaie.


Enceintes, ­platines, lumières, boule à facettes : Sébastien ­transforme son salon en club en un clin d’œil.

Texte SMAËL BOUAICI Photos SARAH BASTIN   47


C

’est un loft en briques rouges discret installé dans une de ces zones pavillonnaires de la banlieue de Lille. Derrière la grille, quelques stères de bois disputent l’allée à un punching-­ ball qui a déclaré forfait. Dans le jardin, le kit complet d’un après-midi d’été, barbecue, table, transat, frisbee, ballon de foot et autres jouets d’enfants. Rien ne permet de soupçonner que, derrière la baie vitrée, Sébastien Deswarte a entreposé assez de matériel pour monter la boîte de nuit la mieux insonorisée du pays. À l’intérieur, sous l’imposante disco ball, une piste de danse est dessinée par quatre énormes enceintes Klipschorn (qui, neuves, valent 10 000 € l’unité), une marque légendaire de la hi-fi utilisée par le pionnier du clubbing moderne et idole de Sébastien, David Mancuso, connu pour avoir lancé en 1970 à New York des soirées gratuites devenues mythiques dans son appartement, renommé The Loft.

Près de l’escalier, un impressionnant buffet blanc barre la route des toilettes : il s’agit d’un caisson de basse Bertha, un autre trésor issu des nuits new-yorkaises, conçu par Richard Long, le sorcier du son qui a designé des clubs mythiques comme le Studio 54 et le Paradise Garage de Larry Levan. Au fond de la pièce, derrière les platines, la table de mixage et des dizaines de bacs à disques débordants, des étagères Expedit d’Ikea (le graal des DJ’s) remplies de vinyles montent presque jusqu’au plafond. À vue d’œil, on dénombre au moins 10 000 vinyles. « J’ai arrêté de compter il y a longtemps ! », rigole ce Dunkerquois d’origine, qui ­collectionne les disques depuis les années 90, la période où il a commencé à s­ ortir dans les boîtes de nuit d’outre-­ Quiévrain.« On sortait tous les week-ends en Belgique, surtout à Louvain, au Food, un club qui programmait des DJ’s de ­Chicago. On s’y sentait comme à la maison. Mes amis passaient me chercher à la sortie du lycée, on partait d’abord à Gand acheter des disques puis on allait danser jusqu’à 9 heures du matin. » Le virus du disco et de la house collé à la peau, ­Sébastien devient DJ sous le nom de ­Mister Coconut, pseudonyme qu’il changera plus tard en Seb le Vinyle. Et dès ses 21 ans, en 1998, il s’envole vers la Mecque de la house, New York. « Je ne connaissais personne, j’étais mauvais en anglais. Le taxi me dépose devant une auberge de jeunesse qui affichait complet, et j’avais oublié ma liste d’auberges de jeunesse dans la voiture. » Touriste solitaire perdu dans les longues avenues de la Grosse Pomme, son aventure prend vite des allures de voyage initiatique, avec des étapes dans les clubs les plus courus des nuits new-yorkaises.

L’obsession du son

Superposition de passions : un tricycle, un caisson de basse Bertha, le modèle utilisé dans les meilleurs clubs new-yorkais, et des œuvres de l’artiste US Keith Haring. 48

Revenu des USA des étoiles dans les yeux et des nouveaux sons plein les oreilles, il repartira une douzaine de fois les années suivantes. Surtout, il constate qu’aucun club français ni belge ne soutient la comparaison avec les américains et leur son « puissant et cristallin ». Déjà accro à l’achat de vinyles, Sébastien commence à s’intéresser au matériel des meilleurs clubs new-yorkais qu’il guette sur Internet et Le Bon Coin. C’est ainsi qu’en quelques années, il acquiert assez de matériel pour « monter deux boîtes de nuit ». THE RED BULLETIN


« Combien de disques ? J’ai arrêté de compter ! » Peu « raisonnable », Sébastien collectionne les disques vinyles depuis une vingtaine d’années.


C’est dans ce quartier de classes moyennes des Hauts-de-France, avec ses briques rouges typiques de la région, que se cache le club privé le mieux insonorisé de l’Hexagone.

En 1999, il achète sa première paire ­d’enceintes Klipschorn à un fan de jazz qui voulait ­débarrasser son garage, à deux heures de route, pour 3 000 €. Cinq ans plus tard, il n’hésite pas à traverser la France en camion et dépenser 3 500 € pour récupérer une nouvelle paire à la frontière espagnole ! Il a aussi fait traverser la planète à ses deux caissons de basse ­Bertha, venus en avion depuis Hawaï, où le célèbre DJ anglais Harvey les avait laissés après avoir fermé son club. « L’occase était trop belle. Harvey avait divorcé et son ex-femme vendait les caissons de basse sur eBay pour 2 000 $ ! J’ai essayé d’enchérir, mais elle avait réservé la vente aux USA, elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un à l’autre bout de la planète demande de lui envoyer ces énormes buffets. J’ai cherché à la contacter par tous les moyens, mais c’est seulement à la fin de l’enchère que j’ai pu lui envoyer un message. Personne ne les avait achetés, on s’est mis d’accord, je les ai fait venir par avion-cargo et un camion les a déposés sur une palette juste devant chez moi. » Mais pour la troisième paire, il n’a eu que 40 km à ­parcourir : « En 2015, mon frère et mon père étaient à un repas de chasse chez un type qui organisait des fêtes de mariage. Dans son garage, il avait une paire de Klipschorn de 1972 qui ­dormaient depuis quinze ans. Mon frère m’envoie la photo par texto, et je lui dis de proposer 500 € (rires). Le type s’est renseigné et les a mises sur Le Bon Coin pour 3 500 €. Quelques semaines plus tard, il ne les avait pas vendues, on est 50

tombés d’accord sur 1 200 € et je suis parti les chercher… Je viens de les remettre à neuf, ce sera la plus belle paire. » La démarche est devenue obsessionnelle au fil des années, et Sébastien, l’un des rares particuliers du pays à avoir un système-son de ce niveau chez lui, s’en rend bien compte : « Je sais que j’ai déjà été déraisonnable, je ne pourrais jamais brancher tout ce matériel. Mais je n’ai jamais pris de crédit pour financer ma passion. Il y a des gens qui roulent en BMW, moi, j’ai une 307 qui a 250 000 km, je n’achète pas de fringues de marque… Je me prive de certaines choses pour essayer d’avoir toujours un peu d’argent de côté, si une occasion se présente. Mais c’est un peu maladif, oui. Et si je rentre chez un disquaire et que je ne trouve rien, je vais quand même acheter un disque que j’ai déjà ! Je me dis que ça fera toujours plaisir à un pote. »

Les copains d’abord

Faire plaisir à ses amis, voilà le moteur de Sébastien. Car tout ce matériel et ces disques ne servent pas qu’à épater la ­galerie. Dans les années 2000, il organisait des soirées dans tous les endroits ­possibles de la région, sur un bateau et même dans un casino, avant de poser ses enceintes dans un bar du centre-ville de Dunkerque, dénommé le Vinyl, en 2007. « On faisait restaurant mais surtout bar dansant. Ma motivation, c’était d’avoir un endroit où l’on pouvait se faire plaisir régulièrement. Mes potes se servaient des bières derrière le comptoir, c’était à la cool. Le bar était situé un peu à l’écart

« J’ai fait venir mes caissons de basse depuis Hawaï par avion-cargo… un camion les a déposés sur une palette juste devant chez moi. » THE RED BULLETIN


Le matériel accumulé par Sébastien au fil des années est impressionnant, même pour les audiophiles et techniciens. Il prend aussi beaucoup de temps pour réparer lui-même les pièces achetées d’occasion, en se documentant sur Internet afin d’obtenir le son parfait. Et chez lui, la musique est partout.

THE RED BULLETIN

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« Ce qui manque dans les clubs, c’est l’échange. » Frustré par les fêtes impersonnelles, Sébastien a créé son club idéal : chez lui, entouré de ses amis.


DANCEFLOOR PARADISIAQUES Ces clubs new-yorkais emblématiques qui ont motivé ­Sébastien Deswarte à créer ses propres lieux de fête.

Le Loft

« Au Loft, il y a à manger, tu amènes ta bouteille. C’est une communauté d’entraide en quelque sorte. » Voilà comment David Mancuso définissait son club lancé en 1970, où défilèrent les futurs grands DJ’s de New York.

Paradise Garage

Tandis que la jet-set se presse aux portes du Studio 54, le ­Paradise Garage devient le ­refuge des communautés noires, latinos et gays, venues vénérer le dieu des DJ’s, Larry Levan. Entre ses murs couverts des dessins de Keith Haring s’y ­trémoussent Madonna, ­Basquiat ou Grace Jones.

Club Vinyl

Le premier club qu’a visité ­Sébastien en arrivant à New York pour voir son DJ fétiche Timmy Regisford, pour ses mix disco/house de douze heures ! « Le son était incroyable ! », se souvient le Français.

Body & Soul

« Une soirée d’appartement ­devenue trop grande pour tenir dans un salon. » C’était le concept des fêtes Body & Soul, lancées un dimanche après-­ midi de 1996 devant quarante personnes par le Français François K, Joe Claussell et Danny Krivit. Démarrées au Club Vinyl puis devenues itinérantes, elles sont la référence des amateurs de house new-yorkaise. THE RED BULLETIN

Les enceintes Klipschorn, créées en 1946 par le pionnier de l’audio américain Paul W. Klipsch, font toujours figure de référence soixante-dix ans plus tard pour leur son cristallin.

pour ne pas attirer de clientèle opportuniste, je voulais recevoir des gens qui connaissaient cette musique. C’était ambitieux pour Dunkerque, mais au début, ça marchait. Le bar fermait à 2 heures, puis on baissait le rideau et on continuait la fête. Mais on a commencé à avoir quelques problèmes avec le voisinage qui se plaignait du volume sonore. Je pouvais comprendre, on avait des vibrations sur trois maisons ! Alors j’ai tout insonorisé et là, plus de problèmes. Sauf qu’au bout de deux ans, une nouvelle voisine est arrivée, et elle appelait la police tout le temps. J’ai réalisé de nouveaux travaux d’insonorisation, j’ai fermé les fenêtres, j’ai arrêté la partie restauration pour créer un sas à l’entrée, mais elle a continué. J’avais plus de désagréments que de plaisir au final, donc au bout de trois ans, on a décidé d’arrêter. » De cette expérience, il tire la conclusion qu’il n’est pas fait pour le business. « Je n’ai jamais réussi à me vendre. Je vois

plein de DJ’s qui font leur com’ sur ­Facebook, mais j’ai du mal à me mettre en avant. Les gens qui savent que j’ai tout ce matériel s’attendent à ce que je monte un club, mais il y a un côté financier qui me dérange. David Mancuso n’a jamais fait de ses fêtes quelque chose de commercial, et c’est lui qui a duré le plus longtemps ! J’ai beaucoup de respect pour cette vision. Je fais ça par passion, si je peux mixer à gauche à droite, pourquoi pas, mais je n’en ferai plus mon métier », explique-t-il, jugeant de toute façon la carrière de DJ « épuisante ».

Un club à la ferme ?

Après une quinzaine d’années à mixer et monter des soirées, Sébastien se retire donc du circuit et s’en va fonder une famille du côté de Lille. « J’étais fatigué d’organiser des fêtes, je fais ça depuis que j’ai 18 ans. J’en ai soupé de porter du matériel, entre les enceintes, les amplis, le câblage, passer une journée à tout   53


DISQUAIRE DAY Le vinyle en vedette Comme Sébastien, ils sont des ­milliers à adorer le disque vinyle. C’est pour eux qu’a été inventé le ­Disquaire Day, une fête du vinyle et journée internationale célébrant les disquaires indépendants dont la neuvième édition aura lieu le samedi 13 avril 2019.

S’il avoue un faible pour le disco et la house, Sébastien est capable de mixer soul, hip-hop, reggae ou rock. Il n’a qu’à piocher parmi les milliers de disques soigneusement rangés et classés dans des bacs.

« Si je rentre chez un disquaire et que je ne trouve rien, je vais quand même acheter un disque que j’ai déjà ! » ­ écharger, monter, puis, à 6 heures du d matin, tout démonter et recharger dans le camion… » Il travaille d’abord dans un magasin de matériel audio et d’instruments de musique, puis reprend des études pour devenir ingénieur commercial dans une banque. Aujourd’hui, S ­ ébastien se sert de son matériel d’exception pour régaler ses amis lors de soirées privées organisées par sa femme, qui l’a toujours accompagné dans sa passion. « Elle est super ! On se connaît depuis vingt-cinq ans, elle adore recevoir autant que moi – et il faut avoir envie pour accueillir parfois 80 personnes et tout bouger dans le salon. Elle est plus dans la com’ et dans l’échange que moi. C’est elle qui crée les invitations via des événements Facebook, elle répond aux messages… Les réseaux sociaux, ce n’est pas trop mon truc. » Et dans ces fêtes à la ­maison, il retrouve un esprit disparu dans les boîtes de nuit, ­selon lui. « Ce qui 54

manque dans les clubs, c’est l’échange. C’est ce que j’aime dans mes soirées : on se fait un barbecue, on mange, on rigole et puis on met la musique, mais rien n’est forcé. » Peu avant Noël, le couple a organisé une nouvelle soirée privée en compagnie de quelque 80 amis et amis d’amis, avec l’entrée gratuite, suggérant simplement une donation à une association pour les enfants handicapés. Comme toujours, l’idée est de faire profiter les copains plutôt que de faire fructifier cette caverne d’Ali Baba de la musique en louant sa sono à un club ou un organisateur de ­soirées de la région. « Je ne la loue jamais, parce que c’est très particulier comme matériel. Quelqu’un qui ne sait pas manier le sound-system pourrait tout me cramer. » Mais l’idée de créer un club dans sa maison, à l’instar de son idole David Mancuso, lui trotte toujours dans la tête. « On a le projet de revendre ce loft pour trouver un corps de ferme à la campagne et ainsi disposer d’un endroit dédié à la musique. L’idéal serait d’avoir un dortoir ou un terrain pour les tentes pour accueillir les copains. Mais ce ne sera pas quelque chose de commercial. Si tu montes un club, tu dois y être tous les vendredis et samedis, et ce n’est plus un truc qui me fait envie. Ce qui me fait continuer, c’est de jouer pour mes amis et de rencontrer de nouveaux passionnés. »

Déclinaison du Record Store Day anglo-saxon et organisé par le CALIF (Club Action des Labels et des ­disquaires Indépendants Français), le Disquaire Day a aidé le retour en grâce du vinyle, support roi des années 70. Depuis son lancement en 2011 en France, Belgique, Suisse et au Luxembourg, le Disquaire Day a pris une ampleur considérable. Chaque année, en avril, les disquaires indépendants voient des passionnés faire la queue sur parfois 200 mètres pour mettre la main sur des vinyles en éditions limitées, vendues seulement ce jour-là. En 2018, 235 disquaires indépendants dans 90 villes françaises ont participé, proposant quelque 250 références pressées en exclusivité pour cette journée. Alors que près de 3 000 disquaires avaient disparu depuis le début des années 80, une centaine se sont créés depuis une dizaine d’années et ils sont aujourd’hui deux fois plus nombreux qu’en 2011. Le vinyle représente 75 % de leurs ventes et ces petits commerçants réalisent, grâce à cette seule journée, l’équivalent de leur score de Noël. Face à ce raz-demarée, le principal fabricant de vinyles au niveau mondial, l’entreprise française MPO, a dû remettre à neuf en ­urgence des vieilles presses à vinyles pour tenir la cadence, passant de 2,5 millions à 15 millions de disques pressés par an depuis 2011. Plus de mille artistes de tous les styles musicaux participent à l’événement chaque année, entre séances de dédicaces, showcases en magasin, concerts, DJ sets… À Paris et en régions, plusieurs lieux accueilleront des marchés aux vinyles et autres conventions de labels indépendants, et des dizaines de clubs laisseront les diggers (ces mélomanes spécialisés dans les disques rares) prendre le contrôle de la piste de danse pour les soirées de clôture Disquaire Day Nights. Red Bull accompagnera évidemment l’événement en acheminant son fameux Boom Bus avec une programmation de DJ’s toujours aussi pointue. THE RED BULLETIN


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LA BERLINE BESTIALE Quand on transforme une Kia de série en bête de puissance de 600 chevaux et qu’on la confie aux ­furieux DRIFT BROTHERS, l’histoire dérape très rapidement. Texte SCOTT JOHNSON  Photos AGNIESZKA DOROSZEWICZ

Une Kia Forte très, très transformée photographiée à Gräfenhainichen (Allemagne), le 13 novembre 2018.

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l est un peu plus de 9 heures en ce matin d’octobre et une pluie froide fouette le terrain de Ferropolis, un complexe industriel près de la ville de Gräfenhainichen en Allemagne. Le grondement d’une BMW E30 noire parcourant le circuit de course brise le silence. Une épaisse fumée s’échappe des passages de roue lorsque la voiture freine brusquement et glisse latéralement comme si la surface noire en dessous était faite de glace plutôt que d’asphalte. L’impression d’un accident au ralenti. Mais l’accident ne se produit pas. Comme une danseuse, la voiture glisse simplement d’un demi-arrêt précaire à un autre, accélérant et décélérant dans un chaos parfaitement chorégraphié. La BMW s’immobilise finalement et un homme à l’allure athlétique et sportive, vêtu d’un sweat à capuche, en jaillit. Elias Hountondji constitue la moitié d’une équipe de course professionnelle allemande connue sous le nom de The Drift Brothers. Une fratrie de pros du drift, une discipline de plus en plus populaire au sein de l’écosystème tentaculaire du sport automobile. Les frères ont un public fidèle sur le circuit européen et prévoient de faire leurs débuts américains cette année dans la Formula Drift Series. Le drift, la dérive, combine vitesse, agilité et performance – ce qu’Elias appelle l’« art de contrôler une caisse alors qu’elle est incontrôlable ». Il sourit, lève le pouce et fait un signe de tête vers la piste où l’odeur âcre du caoutchouc brûlé flotte dans l’air. « Ai-je besoin d’en dire plus ? » Son frère Joe observe la scène et acquiesce. Il est temps de se préparer pour l’événement principal de la journée. Ferropolis, littéralement « ville du fer », et ancienne mine, n’est plus aujourd’hui qu’un témoignage des réalisations du progrès industriel. De nos jours, ce site est la plupart du temps utilisé comme lieu de concert pour certains des plus grands événements européens. Il accueille aussi parfois des courses importantes sur son circuit. Et aujourd’hui, deux frères passés maîtres dans le pilotage radical de précision. L’objet de leur affection mécanique se trouve tout près : une Kia Forte 2019 récemment expédiée de Californie et qui a ensuite été démontée et reconstruite de toutes pièces. Elias, qui, lorsqu’il n’est pas pilote de course travaille comme ingénieur en aérospatiale, ouvre le capot, regarde à l’intérieur et aime ce qu’il y voit : un moteur Kia Stinger V6 rouge équipé d’un turbocompresseur pour une vitesse et une poussée accrues. « Trop cool ! », s’exclame-t-il. Elias s’emballe pour ces détails avant de grimper à bord pour se faire

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une idée de l’intérieur spartiate de la Kia. Il en est tout aussi satisfait. « J’adore le dépouillement interne de la voiture. C’est une voiture de course bien sûr, mais ils ont gardé le tableau de bord original de Kia, ce qui veut dire qu’en théorie, je peux passer d’une station de radio à l’autre si j’en ai envie. » Finalement, l’équipe de soutien des frères arrive. Une foule de mécaniciens automobiles, de cameramen, de techniciens du son – même un pilote de drone pour prendre des photos aériennes des inévitables tête-àqueue et donuts – se sont installés dans l’atelier. Les techniciens allemands s’émerveillent du mélange de berlines prêtes à rouler avec les dernières avancées technologiques : des fourches Ferrari pour les bras de suspension ! Des tuyaux d’échappement à l’avant ! Un changement de vitesse séquentiel à 6 rapports ! C’est une créature américaine totalement hybride de l’autre côté de l’océan. « Quand on est chargé de construire une voiture comme celle-ci, il faut vraiment faire preuve d’imagination », lance un mécanicien. Après avoir vérifié la pression des pneus et inspecté le moteur, les Drift Brothers enfilent leurs combinaisons de course. Des deux frères, Joe, un homme d’affaires quand il n’est pas en course, se décrit luimême comme un conducteur davantage « pratique et intuitif » tandis qu’Elias dit de lui-même qu’il est « l’ingénieur ». La course exige les deux domaines de compétences, ce qui donne aux frères une longueur d’avance lorsqu’ils essaient quelque chose de nouveau pour voir. « Je ne reconnais pas la voiture, alors je dois m’y habituer », dit Elias. Pour toute réponse, Joe hausse les épaules et sourit. Un soleil faible perce à travers les nuages parsemés et la pluie s’est arrêtée. L’équipage est prêt. Les frères montent à bord, Elias au volant. En quelques secondes, il propulse la Kia dans les coins les plus ­reculés de l’ancienne mine, enveloppé de vitesse et de beaucoup de fumée.

L

e drift est apparu pour la première fois au ­Japon, dans les années 1970, lorsque les coureurs du championnat All Japan Touring Car ont commencé à expérimenter de nouvelles méthodes de pilotage. La technique qu’ils ont développée peut sembler totalement insensée pour un non-initié : une voiture qui drifte glisse souvent sur le côté ; ses pneus pointent dans la direction opposée à celle du véhicule en mouvement ce qui crée une énorme tension, du bruit et des panaches de fumée de 30 mètres. « Il s’agit essentiellement d’un derby de collision, d’une course sur route et d’une teuf de

Fous du volant « C’était vraiment cool », dit Elias Hountondji (gauche). Lui et son frère Joe ont été sollicités pour ­tester les limites compétitives de la Kia… et les dépasser.

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Les Drift Brothers veulent s’engager pour la première fois en Formula Drift aux US.

RACE SERVICE

En trois mois, un duo de préparateurs californiens a transformé une Kia Forte de série en une bête de compétition.

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Pour Elias, le drift « est l’art de contrôler une caisse alors qu’elle est incontrôlable ».

burns, tout en un, tout en roulant à 130 kilomètres à l’heure le long d’un mur », explique Andrew ­Laputka, dirigeant de RS Services, le chef de projet pour la construction de la Kia. Bien sûr, derrière le spectacle, il y a la science. Les pneus de la voiture perdent de l’adhérence, mais un conducteur expérimenté garde le contrôle suprême d’un véhicule qui drifte lorsqu’elle se déplace latéralement dans un virage, une figure parfois appelée « crab walk ». Et c’est là que réside le frisson, la sensation de puissance pure et simple que procure cette combinaison de physique, de volonté et de cran. Ce phénomène devient populaire. Ce qui a commencé comme le passe-temps excentrique de quelques coureurs japonais a finalement gagné en popularité auprès d’un public de coureurs et de spectateurs. Des compétitions officielles de drift ont rapidement fait leur apparition ailleurs en Asie, puis en Australie, en Europe et aux États-Unis. Comme d’autres constructeurs automobiles, Kia a montré de l’intérêt pour cet univers et s’est associé à RS Services, qui a accepté d’aider à transformer une des berlines commerciales de l’entreprise, la Kia Forte, en une voiture de course fonctionnelle. La Forte est une berline compacte à deux portes à la structure robuste et au prix de départ d’environ 60

16 000 €. Mais pour réussir en tant que voiture de drift, tout le véhicule devait être changé. Et vite : Kia tenait à avoir un résultat à présenter avant le début des salons de l’automne. Pour ce faire, l’entreprise s’est tournée vers ces deux improbables mécaniciens ­basés à San Diego. Martin Muench est un doux Japonais grand et élancé, mais sa réserve naturelle disparaît lorsqu’il est question de drift, ce qui est souvent le cas. Muench, 38 ans, a grandi dans une petite ville de l’île japonaise de Honshu, où vivent encore sa mère et sa sœur. Enfant, il est tombé amoureux des voitures de drift qui roulaient dans le quartier. « Je les ai toujours aimées parce qu’elles étaient basses et bruyantes et qu’elles frottaient le sol. On voit une voiture de drift passer et c’est tout de suite “Wow, c’est cool.”. » Muench a déménagé en Californie à l’adolescence et après l’université, il a décroché un emploi de mécanicien haut de gamme. Un jour, au Coronado Speed Festival, alors qu’il montrait la voiture de drift qu’il avait construite luimême, un type s’est pointé et a mis la tête sous le capot de celle-ci. Il a dit qu’il avait entendu Muench la conduire et qu’il aimait la façon dont le moteur sonnait. Il s’est avéré que ce curieux était Steve Maxwell, connu des amateurs de voitures du monde entier sous le nom de « Ferrari Steve ». La réputation

Force motrice « Elle se pilote très bien », dit Joe après avoir envoyé et dérapé à fond sur le circuit de Ferropolis. Son frère ajoute : « La caisse de drift idéale est comme un gant qui vous va à la perfection. »

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RACE SERVICE

Les Drift Brothers au calme… Pas pour longtemps : une fois la Kia Forte inspectée par leurs mécanos, ils la mettront à rude épreuve à nouveau.

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de Maxwell était légendaire. Un jour, quand il était ­enfant et alors qu’il travaillait dans le garage Citroën de son père, un client a déposé sa Ferrari 308 pour une vidange d’huile. Maxwell, alors âgé de 13 ans, a vu en un coup d’œil qu’elle avait besoin d’une sérieuse intervention. « J’étais tellement déçu quand j’ai vu cette voiture. Elle fonctionnait si mal. » Il a démonté la voiture et l’a réparée lui-même. Après avoir ensuite essayé la voiture et constaté qu’elle roulait parfaitement, le client, aux anges, est revenu remercier le père pour découvrir que c’était en fait le fils qui l’avait réparée. La réputation de Ferrari Steve était née. Depuis, Maxwell reçoit la visite d’un flux constant de fidèles clients propriétaires de Ferrari en provenance de tout le pays. « Je n’ai jamais fait de publicité depuis », dit-il. Muench et Maxwell sont restés en contact et sont devenus amis. Maxwell a par la suite ouvert son propre atelier et a commencé à réaliser des pièces automobiles sur mesure, fabriquant des montants, des bras et des rotors de frein à partir d’épais blocs d’acier et d’aluminium. Puis Muench s’est associé avec lui. « Il peut littéralement imaginer n’importe quoi et le faire mieux que tout ce que l’on trouve sur le marché », dit Muench avec admiration. Le duo s’est lancé dans le projet Kia à une condition : qu’ils puissent transformer la voiture comme ils le voulaient. « Si on ne me laisse pas jouer le jeu comme j’en ai envie, alors je n’ai pas du tout envie de jouer », dit Maxwell. Le défi que les mécaniciens ont dû relever était clair : transformer une modeste voiture de route en un puissant engin de course. Il se mettent au travail, et en l’espace de trois mois, éviscèrent la voiture pour la réimaginer à leur goût. Ils l’ont transformée, passant d’une traction avant à une traction arrière. Ils ont retiré l’ancien moteur et l’ont r­ emplacé par le ­Stinger. Et alors que le moteur précédent était placé à l’avant de la voiture, ils ont coupé le dernier tiers de la voiture puis ont déplacé le moteur aussi loin que possible sur le châssis pour améliorer la vitesse et la répartition du poids. Ils ont déplacé le dossier du siège du conducteur d’environ 38 centimètres. « Quand il s’agit de voitures de course, ce n’est pas le confort qui compte, dit Laputka, surtout quand on veut mettre un gros moteur dans une petite voiture. » Et alors que dans une voiture ordinaire, les sièges bougent, dans cette nouvelle Kia améliorée, les sièges sont fixes mais les pédales sont ajustables afin de s’adapter aux tailles et aux poids des différents conducteurs. « C’est un vrai tour de force et c’est ­vraiment sympa, dit Laputka. Nous n’aimons pas les voitures qui driftent à basse vitesse, dit Maxwell. Ça doit aller vite. »

De nos jours, une course de drift classique est une épreuve avec juges. Deux voitures, l’une à la suite de l’autre, font chacune un tour de piste. Les juges notent la performance de chaque voiture sur des critères tels que la vitesse, le contrôle du véhicule dans ce que l’on appelle les zones d’écrêtage sur la piste, l’agilité et un critère intangible, la qualité du spectacle. Alors qu’ils construisaient la voiture, Maxwell et Muench ont fait des choix de conception qui, à leur avis, optimiseraient la performance globale de la Kia dans toutes ces catégories. Et quand ils ont terminé, la berline réimaginée était prête à rouler avec les meilleures voitures.

T

rois mois plus tard, de retour en Allemagne, une petite foule regarde la Kia négocier les virages sur le circuit de Ferropolis, projetant des torrents de fumée de ses roues épaisses. Le rugissement du moteur est typique de toute course, mais lorsque la Kia accélère après un virage particulièrement réussi, le niveau sonore de la voiture augmente soudainement de plusieurs décibels. Elle se met alors à sonner comme un feu d’artifice du nouvel an avec son moteur pétaradant. Elias se sent plus à l’aise, accélère et freine plus brutalement et drifte dans les bords de la piste sur des roues qui grincent. Après six ou sept tours, il s’arrête et cède le siège du conducteur à son frère. Joe monte et reprend là où son frère avait interrompu après une démonstration de sa technique personnelle de conduite. L’enthousiasme est contagieux. « Joe malmène vraiment la voiture », s’exclame un mécanicien. La piste est encore humide après la pluie du matin, mais les pneus de la Kia fument dur. Après quelques tours d’essai, Joe entraîne la voiture dans un drift au ralenti, une vrille serrée dans laquelle la voiture, comme une supernova en implosion, semble s’effondrer sur elle-même pendant que l’intensité du moteur augmente. Les ingénieurs regardent, stupéfaits par le spectacle. La voiture est pratiquement enveloppée de fumée. On dirait presque qu’elle est en flammes mais Joe persiste à maintenir la Kia dans une giration serrée génératrice de fumée pendant plusieurs belles mais angoissantes secondes avant de s’arrêter. Les Drift Brothers émergent et échangent un « high five » enthousiaste. Après quelques analyses post-parcours, les frères concluent : la Kia a passé le test avec brio. « Elle va vraiment bien ! », dit Joe. Il y a toujours une place pour l’amélioration, bien sûr. Elias aurait souhaité que le levier de vitesses soit un peu plus près du frein à main, par exemple. « La caisse de drift idéale est comme un gant qui vous va à la perfection », dit Elias. Plusieurs des touches personnelles que Muench et Maxwell ont introduites ont été chaleureusement adoptées par les frères allemands. « Ce que j’ai trouvé vraiment cool, c’est le fait que depuis le siège du conducteur, on peut voir le feu provenant des échappements de la partie avant de la voiture », dit Elias. Pour un Drift Brother, le bonheur peut être aussi simple. Aujourd’hui, sur ce circuit allemand, une voiture de série transformée en bête de puissance a été poussée au max par ces as du volant. Et nous n’étions qu’une petite dizaine à apprécier ce moment rare.   61



La voiture semble surgir de la fumée, comme si elle était en train de brûler.

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PARADIS CONQUIS

Avec ses fêtes diurnes, YANN PISSENEM a transfiguré Ibiza et son milieu des boîtes de nuit. Le fondateur du Ushuaïa Ibiza Beach Hotel révèle comment le fait de dormir pendant des mois par terre dans son bar et aller à l’opéra dans sa jeunesse en ont fait un magnat de la nightlife de La Isla Blanca.  Texte PIERS MARTIN

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ROBERTO CASTANO

i vous faites partie des trois millions de ­touristes ayant passé leurs vacances à Ibiza l’été dernier, il y a de fortes chances pour que vous ayez rendu visite à l’un des clubs tenus par Yann Pissenem. En dix ans, le quadragénaire français, entrepreneur de la vie nocturne, a revitalisé le théâtre festif de l’île, initiant des événements diurnes de plein air qui ont lancé une nouvelle tendance g ­ lobale dans les métropoles européennes, de Londres à Berlin. THE RED BULLETIN


“I try to be myself… I don‘t want to hide what I think and feel“ «  Nous avons réuni deux générations de fêtards à Ibiza. » Yann Pissenem (à gauche) et la scène du Ushuaïa Ibiza Beach Hotel (droite) – l’ultime fête de jour et de nuit sur l’île.

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the red bulletin : Qu’est-ce qui vous a conduit à la Playa d’en Bossa à Ibiza? yann pissenem : Quand je suis venu pour la première fois à Ibiza, c’était en 1994. Je venais pour faire la fête, pour voir l’île. Je suis allé au Space où j’ai vu des fêtes géniales. Quand je suis revenu avec mon frère en 2008, nous avons découvert que tout avait changé. Plus d’after-party, personne qui dansait sous le soleil ou la lune. Il y avait quatre boîtes qui ressemblaient plutôt à des entrepôts, juste de grandes boîtes de nuit sombres. J’ai vu qu’il y avait un créneau sur le marché. 66

En 2017, Pissenem fait émerger son superclub Hï Ibiza des cendres du Space.

Quelle conclusion avez-vous tiré de cette observation ? Je voulais créer quelque chose de festif en journée, j’ai donc décidé de mettre l’après-midi à profit. C’est ainsi que nous avons transformé Ibiza en réunissant deux générations de fêtards. Les plus jeunes ont la possibilité de faire la fête au soleil, les plus âgés n’ont pas ­besoin d’attendre cinq heures du matin pour que la tête d’affiche commence à jouer.

ROBERTO CASTANO

En 2008, il a lancé le Ushuaïa Ibiza Beach Club sur la Playa d’en Bossa, avec en tête son nouveau concept de fête d’après-midi. Deux ans plus tard, la teuf de clôture attirait 14 000 personnes. En 2011, Pissenem a inauguré le Ushuaïa Ibiza Beach Hotel pouvant accueillir 7 000 personnes, qu’il décrit comme « un parc d’attractions pour adultes » et qui, pendant la journée, baigne dans la fête, des piscines aux restaurants et au club, tandis que le soir les parties privées peuvent aussi investir les chambres. En 2017, la même équipe a lancé Hï Ibiza, modernisation somptueuse du mythique Space, une des boîtes les plus appréciées de l’île. Pissenem en a parcouru du chemin depuis son premier boulot d’ado chez McDonald’s, dans le Nord-Est de la France. « J’ai fait plein de burgers et me suis souvent brûlé les mains », rembobine-t-il installé dans son bureau à Ibiza, occupé à mettre la dernière main au planning de cette saison. L’an dernier, parmi les DJ’s résidents on comptait les plus grands noms au monde, de David Guetta à Martin Garrix et Kygo. D’après Pissenem, l’élément déterminant de son succès est un sens poussé du contrôle. Il supervise tous les détails des plus de 250 shows que sa compagnie, The Night League, produira dans différents lieux, et qui verront passer quelque 1,5 million de personnes au cours des cinq mois que dure la saison. « Si je ne maîtrise pas tous les détails, ça me rend ­nerveux », dit Pissenem, qui exerçait en tant que juriste avant de faire ses premières armes dans ­l’hôtellerie à Barcelone au cours du boom des années 1990 qui a suivi les Jeux olympiques. Pissenem est un fan de techno dans l’âme. « Nous allions en Belgique à des raves en forêt, se souvient-il de ses aventures de jeunesse. J’écoutais Nirvana et U2, mais c’est la musique électronique qui a toujours été ma vie. » Cette passion a mené Pissenem au sommet de son art, et il a la ferme intention de ne pas se reposer sur ses lauriers.

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Mais vous ne pouvez évidemment pas contrôler chaque détail des 250 shows et plus que vous montez chaque année ? J’ai la chance d’avoir une équipe formidable pour m’épauler. Mon frère en fait partie, c’est un génie de la production. C’est la personne qui m’est la plus proche et c’est peut-être pour cela qu’il est capable de transformer mes idées en projets concrets. Nous discutons des concepts et il arrive avec des plans en 3D et des scénographies pour nos shows.

Une des leçons les plus importantes ayant favorisé votre succès ? Ma mère est professeure d’anglais et est très calée en arts. Mes parents m’emmenaient au théâtre une fois par semaine et à l’opéra une fois par mois. Ils m’ont élevé en m’inculquant la conviction que la compréhension de la culture et l’apprentissage permanent sont les choses les plus importantes de la vie.

La rumeur dit qu’après la première saison du Ushuaïa Beach Club en 2008, vous avez continué à dormir dans le bar avec votre chien... Oui, j’étais venu dans l’île pour l’été, je n’avais donc pas de maison pour l’hiver, et comme j’avais tout mon équipement dans le club sur la plage, j’ai décidé d’y rester avec mon chien, sans lumière ni électricité. J’ai dormi par terre pendant quatre mois. De nombreux entrepreneurs du monde de la nuit tentent leur chance à Ibiza. La plupart échouent. Quel est votre secret? Tu dois contrôler toutes les étapes de la mise en place et tout superviser depuis l’ébauche d’une idée jusqu’à ce que les clients quittent ta boîte et montent dans un taxi. Un minuscule détail peut tout mettre par terre. Nous discutons de chaque détail en matière de création, marketing, développement, commercialisation, mais aussi réalisation. THE RED BULLETIN

À votre avis, que vous reste-t-il à apprendre ? Dans mon domaine tout particulièrement, je dois ­rester en contact avec les goûts de la jeune génération. Je suis les jeunes talents et tente de pressentir qui ­repoussera les limites de la dance music. Quelle est votre journée-type pendant la saison des fêtes? Je me réveille à midi, lis et réponds à tous les messages depuis mon portable. Après, je vais courir, puis je reviens prendre une douche avant d’aller au Ushuaïa. Là, je réunis l’équipe, on fait le point et on lance la fête de cinq heures du soir à minuit. Ensuite, je traverse la rue et continue ma soirée au Hï Ibiza ; et enfin vers huit heures du matin, je rentre chez moi. Je m’occupe de mes chiens, je m’accorde un break pendant une vingtaine de minutes car je ne peux pas m’endormir tout de suite, et je passe du temps avec ma femme et notre bébé. Cela, je le répète 120 jours d’affilé.

Les fêtes d’inauguration du Ushuaïa et du Hï Ibiza auront lieu le 18 mai. Pour en savoir plus : theushuaiaexperience.com   67


LA TERRE À SES PIEDS L’exploratrice et auteure SARAH MARQUIS explore les coins les plus reculés de la planète, seule et à pied. Ses expéditions en conditions extrêmes lui ont appris une chose : c’est en se reconnectant à la vie sauvage que l’on découvre sa nature profonde et celle de l’humanité. Texte CLAIRE SCHIEFFER  Photos KRYSTLE WRIGHT

En solo et en sac à dos : Sarah Marquis aime marcher là où personne ne voudrait vivre (ici, dans la partie ouest de la Tasmanie, janvier 2018).

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« Face à la nature, il suffit parfois de faire confiance, de tout son être, à l’univers. » En 25 ans d’expéditions, la Suissesse a plusieurs fois frôlé la mort.


L

a première fois que Sarah Marquis ressent le besoin de se connecter à la nature, elle a huit ans : partie explorer avec son chien les recoins de son Jura natal, elle découvre une grotte peuplée de chauves-souris, dans laquelle elle décide de passer la nuit. Entre-­temps, la Suissesse de 46 ans est devenue exploratrice du National Geographic et spécialiste de la marche extrême dans les coins les plus hostiles de la planète. Au cours de ses expéditions solo, elle a appris à faire confiance aux lois de l’univers et à comprendre le lien qui unit, depuis la nuit des temps, les Hommes à la nature. Cette symbiose, Sarah Marquis nous explique comment la vivre au quotidien. Rencontre avec une femme qui a passé la majeure partie de sa vie sur Terre à mettre un pied devant l’autre.… the red bulletin : Sarah Marquis, votre première expédition, à 21 ans, n’a duré que quelques jours mais fut un désastre d’un point de vue technique : vous n’étiez ni préparée ni équipée du bon matériel. Pourtant, ces quatre jours ont changé votre vie à jamais. Pourquoi ? sarah marquis : C’était en Nouvelle-­ Zélande, dans un tout petit village, et je ne savais pas quoi faire dans le coin : la dame du Tourist Information Center m’a conseillé ce tour de quatre jours dans la forêt, et je suis partie, seule avec mon gros sac à dos. J’avais emmené des bouquins, une radio, plein de trucs improbables… bref, tout sauf ce qu’il me fallait ! Mon sac était trop lourd, il a plu sans arrêt, je marchais dans la boue… et puis malgré tout, au bout de ces quatre jours, je suis arrivée dans une clairière bordée d’arbres et de fougères géantes d’un vert éclatant, et j’ai ressenti ce moment de symbiose, de communion avec la nature. J’ai su que j’étais au bon endroit et j’ai ressenti une vague de chaleur qui me traversait. Ce jour-là, j’ai eu un avantgoût de ce que pourraient être d’autres THE RED BULLETIN

expéditions. C’est l’élément déclencheur, étonnamment au bout du monde, en ­Nouvelle-Zélande, qui explique qu’aujourd’hui encore, à 46 ans, je continue à faire des expéditions.

céramique, qui me permet de boire à peu près n’importe quelle eau sur la planète. Je dois être capable de boire de l’eau ­polluée ou douteuse, voire de l’eau avec des animaux morts dedans…

En vingt-cinq ans, le contenu de votre sac à dos a dû changer : quels sont aujourd’hui les objets indispensables à chacune de vos expéditions ? Pour ce qui est du matériel, je dois faire le bon compromis entre un matériel léger et efficace, mais qui soit aussi très robuste et résistant aux conditions de voyage les plus rudes. C’est mon challenge ! Dans mon sac à dos, on trouvera forcément un panneau solaire, qui recharge toutes les batteries de mon matériel électronique, comme mon trackeur, ma balise, mon téléphone satellite, mon GPS, etc. Et bien sûr – c’est sans doute l’élément le plus important – ma pompe à eau MSR, à filtre

Vous ne partez jamais sans votre théière, non plus. Oui ! Je la trimbale aux quatre coins de la planète : c’est mon outil psychologique. Quand tout va mal, je m’arrête, et je me fais un thé. Je me crée cette bulle où j’arrive à m’extraire de la difficulté de mes journées, et cette pause me permet de remettre les compteurs à zéro, de repartir dans un autre état d’esprit. Vous savez, la puissance de l’esprit sur le corps, c’est quelque chose de réel : il faut toujours être positif à 100 % et pas seulement à 99,9 %. C’est ça la difficulté ! Alors, quand je vois que je m’éloigne de ma positivité, je m’arrête. Peu importent l’endroit et

Après des semaines de pluie, une éclaircie, ­instant rêvé pour un thé.

Désormais spécialiste des baies sauvages, ­Sarah Marquis présente ici la D ­ aniella Tasmanica.

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« Une fois sur le terrain, il faut lâcher prise complètement. » Des mois, voire des années de préparation avant chaque expédition. Pour pouvoir, une fois sur place, ne s’en remettre qu’à son instinct.


l’heure. Ces gestes, qui sont toujours les mêmes, créent comme un rituel, et ce rituel déclenche en moi un espace-temps où j’arrive à me glisser, où il fait chaud, où il n’y a pas de problème. Et je ressors de cette pause-thé avec une nouvelle énergie et toujours très positive. Vous avez parcouru des dizaines de milliers de kilomètres, seule, dans les coins les plus reculés du globe. Qu’avez-vous appris ? Ces vingt-cinq ans d’expérience m’ont aidée à comprendre mon positionnement dans un environnement hostile, où je dois gérer les conditions climatiques, les prédateurs, mon approvisionnement en eau et en nourriture – tout ça ensemble. Et cette capacité à lire la nature, dans ses plus petits détails, m’a aussi aidée à lire les gens, à lire le monde dans lequel on vit. De la même façon qu’on lit le décor naturel, en fait. Et apprendre à lire ce décor, ça prend du temps. Rien ne va vite. Ce sont ces expériences, souvent extrêmes, hors de ma zone de confort, qui m’ont appris, par exemple, qu’au pied de tel arbre, il y a ce type de plantes, et qu’il y a des oiseaux qui mangent ce type de plantes, et puisque je sais que cet oiseau ne s’éloigne pas plus de cinq kilomètre de son nid, je sais qu’autour de cet arbre, dans un périmètre de cinq kilomètres, il y aura un point d’eau. Mais je ne sais pas où. C’est comme une chasse au trésor ! Ces connaissances, vous les avez donc ­acquises en autodidacte ? Oui. Avant de partir, je me renseigne sur la faune et la flore, les conditions climatiques, et je lis beaucoup l’histoire du pays. Tout ça, c’est dans ma tête lorsque je me retrouve sur le terrain : en situation extrême, il y a plein de petites infos sur le passé du pays qui vont remonter. Ce sont comme des couches qui s’accumulent, ça me donne un savoir du pays, qui est important, mais que je n’ai pas expérimenté, ce ne sont que des mots. Ce savoir est donc là pour me rassurer avant de partir, me donner l’impression de maîtriser mon contenu. Il évite que je construise une peur à l’intérieur. Par contre, une fois sur le terrain, c’est l’inverse qui se passe : il faut lâcher prise complètement, mais ­toujours avec ce savoir dans la tête. Les plus grands dangers viennent-ils de la nature ? Non, jamais. La nature se lit. On peut évidemment avoir des surprises, mais en gros, la nature se lit. Les animaux ont un territoire : il faut donc toujours se demander qui est le maître des lieux où l’on passe.

« La difficulté, c’est de rester toujours positive à 100%. » Est-ce un loup, un ours ou des oiseaux ? Avant de m’endormir à même le sol, je dois savoir qui habite là. Ça va déterminer l’endroit où je vais poser ma tente : sur la crête d’une montagne, en bas d’un arbre, ouvert dans la plaine pour voir qui me vient dessus. Autre point important : les conditions météo. En Mongolie par exemple, il y a de violentes tempêtes de plaine, et j’ai dû passer des nuits entières à subir la foudre et ces éclairs de chaleur sans rien pouvoir faire. Mais à un moment donné, il faut avoir confiance en l’univers. Il faut avoir la foi : pas la foi religieuse, mais cette foi en l’univers, de tout son être. Difficile de faire confiance à quelque chose qu'on connaît si peu... Mais cette foi, elle se construit. Il y a un rythme, une dualité dans la nature, qui a un sens. Petit à petit, au fil des jours ou des semaines, une harmonie va se créer entre moi, qui me déplace à pied, et la nature. C'est ce que j'ai compris au cours de mes pérégrinations : que nous faisions partie de la nature, que nous étions la nature. Et je vous parle aujourd’hui, donc c’est que tout va bien (rires). Vous résumez votre mission de vie en ces termes : « Je suis comme un pont entre la nature et les Hommes. » ­Qu’essayez-vous de transmettre, concrètement, à travers vos livres ? Je vis dans la nature, et j’ai réalisé que cette connexion avec elle n’était pas seulement incroyable pour moi, mais aussi pour le reste des Humains sur cette planète. Donc je suis un porte-parole, pour nous, Humains, qui vivons pour la plupart dans des immeubles, entourés de béton et de câbles électriques. C’est beaucoup plus difficile dans ce cas de se connecter à la Terre que pour moi, dans ma petite tente, qui dors directement sur le sol. Mais ce que je veux partager avec les Hommes, quand je retourne à la civilisation, c’est tout ce qui se passe quand on sort de sa zone de confort, c’est cette découverte de qui nous sommes, nous, en tant   73


En 2015, lors de la traversée en solo des Kimberley, en Australie.

La marche en solo est-elle le meilleur moyen d’apprendre à se connaître ? Complètement. Parce que la plus belle des expéditions, c’est celle qui se joue à l’intérieur. Quand je pars, je brave les éléments, les obstacles, mais ce ne sont là qu’un écho sur mon intérieur. Si j’arrive à réaliser tout cela, c’est parce que je sors de ma zone de confort et que j’ai compris qu’en étant positive seulement à 99 %, ça m’affecte. C’est donc à travers ces expéditions que j’ai compris les outils que j’avais pour affronter la vie en général et pour me connaître, surtout. Connaître nos outils intérieurs et réaliser l’ampleur de notre force intérieure.

« La plus belle des e­ xpéditions, c’est celle qui se passe en notre for intérieur. »

Sarah Marquis : quelques chiffres C’est le premier pas qui compte.

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C’est l’amplitude des températures (de − 35 °C à + 35 °C) que Sarah a dû affronter lors de son expédition de 3 ans entre la Sibérie et l’Australie, en passant par le ­désert de Gobi et la jungle du Laos.

40 000

C’est le nombre de kilomètres qu’elle a ­parcourus à pied, soit la ­circonférence de notre planète. À partir de ce chiffre, Sarah a ­cessé de compter les ­bornes qu’elle accumulait.

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2 000

Le nombre de km que supportent ses paires de chaussures en moyenne.

510

jours en situation de survie dans l’Outback australien (20022003), à chercher elle-même sa nourriture et son eau.

9

heures de marche par jour en moyenne, avec un sac de 30 kg sur le dos (et selon les expéditions, une charrette de 17 kilos).

autour de moi, je sens le vent, les arbres, j’ai une sensibilité extrême qui fait que je peux m’identifier à toute cellule vivante. Donc il y a comme une prise de conscience complète qui se passe au fond de moi. À chaque retour d’expédition, j’ai grandi. Et j’ai appris quelque chose de plus, à chaque fois. Il y a une évolution, et c’est pour cela qu’en partant ainsi toute seule, au bout d’un moment, je remarque que je ne suis pas seule. Mon être a fondu pour fusionner avec tout ce qui m’entoure, donc il n’y a jamais un sentiment de solitude. Et quand, par ce petit pont, je reviens dans la société, j’ai beaucoup plus d’empathie pour les gens. Beaucoup plus de compréhension. Et de détachement. Cette connexion subtile que j’ai avec l’univers m’aide à comprendre aussi beaucoup mieux les Humains.

qu’êtres humains. C’est quelque chose de ­supérieur et donc automatiquement, il y a un respect de la vie qui s’installe, de la vie dans la nature, de la vie entre les êtres humains, de la vie dans ce que nous consommons – c’est pour cela d’ailleurs que je suis devenue végane. Et j’ai ce devoir, cette mission de vie, de parler de ce respect, de planter des graines, à travers mes livres, mes conférences. En quoi la connexion avec l’univers peut-elle être un remède contre la ­solitude  ? C’est intéressant comme question, parce qu’avec le fait d’être seule dans la nature aussi longtemps et de passer plusieurs mois sans voir personne, il m’arrive parfois, lorsque je reviens à la civilisation, d’avoir mal à la gorge parce que je n’ai pas utilisé mes cordes vocales pendant deux ou trois mois. Comme je suis longtemps dans la nature, je dois souvent lâcher prise. Je me compare à un petit glaçon qui fond au soleil : je perds mon identité et je deviens nature. Je sens tout ce qui se passe

Tout le monde en est capable, alors ? Nous sommes tous des chercheurs, des explorateurs ! Mais nous, là, tous seuls dans nos cocons, nous n’allons nulle part parce que, justement, on se rend malades, stressés. Parce qu’au fond de nous, on a tous un animal sauvage qui demande à courir tout nu dans une plaine, à sentir le vent, à respirer l’air pur. On a cette part animale en nous. On a cet instinct, qui a été au fil des siècles, avec la société, les religions, la rigueur sociale, complètement étouffé. Pour résumer : comprendre sa vie intérieure et sa relation avec la nature est essentiel à l’espèce humaine. Parce que cela va déterminer sa survie, sa prise de conscience, et entraîner un respect plus grand pour la vie et pour l’Autre, pour l’univers et pour tout ce qui nous entoure. Et ça, c’est la seule façon de s’en sortir.

J’ai réveillé le tigre, de Sarah Marquis. Un récit initiatique sur son expédition dans la région la plus sauvage de l’île de Tasmanie. Parution : avril 2019 chez Michel Lafon. sarahmarquis.ch THE RED BULLETIN


« Dans ces expéditions, j’ai réalisé l’ampleur de notre force intérieure. » Durant son dernier périple, Sarah Marquis a dû marcher trois jours dans la jungle la plus dense avec 35 kg sur le dos… et une épaule fracturée.


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Vos fascias vont adorer l’Hypervolt, outil de massage régénérant.

Quand un spécialiste de l’horreur analyse les jeux Resident Evil...

Du bon matos pour sortir de votre tanière et partir à vélo.

FAITES LE MUR !

ADVENTURE MARATHONS

Boucler un marathon sur la Grande Muraille de Chine avec 5 164 marches sur le parcours, c’est une vraie dinguerie ! PAGE 78

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GUI D E

Faire.

Les nombreuses marches et la surface inégale du marathon de la Grande Muraille en font un défi unique.

MARATHON ÉPIQUE

LE MARATHONIEN PASSE-MURAILLE Être un marathonien aguerri suffit-il pour venir à bout du périlleux tracé et des 5 164 marches de la Grande Muraille de Chine ? La réponse du journaliste américain Brian Metzler.

T

rente minutes de course à ­peine après avoir démarré le marathon de la Grande ­Muraille, et déjà mes forces se font la malle. Malgré des dizaines de marathons au compteur, je suis plus essoufflé que jamais au bout de seulement six kilomètres !

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Je suis tellement à bout que j’en ai la tête qui tourne et le cœur qui bat à tout rompre. Étourdi et frustré, j’atteins ­enfin le sommet d’une côte ardue et entame la descente sur de vieilles marches taillées dans d’énormes blocs de granit. Mais au bout d’une

Brian Metzler reprend ses esprits avant de repartir.

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voyage

CONSEILS DE VOYAGE

B.A.-BA CHINOIS

Grignoter du scorpion et être attentif à ­l’utilisation des baguettes avec le bol de riz… Tout ce qu’il faut savoir pour voyager dans l­ ’Empire du milieu.

Passe de Huangya

L’escarpement de certaines sections du parcours oblige à les escalader à la main.

Pékin

Chine

La course se déroule sur la passe de Huangya de la Grande Muraille, 120 km à l’est de Pékin.

UN VOYAGEUR AVISÉ… SIX CONSEILS POUR UN SÉJOUR EN CHINE MALIN 1. Les sites historiques. Visitez la Place Tiananmen en écoutant la Symphonie n° 9 de Beethoven en hommage au soulèvement des étudiants en 1989.

ADVENTURE MARATHONS, GETTY IMAGES

« On a loupé le leader ! » Vous avez du bol : il en reste 2 499 autres.

vingtaine de foulées, je trébuche sur le bord d’une marche et perds subitement le contrôle. Je parviens à rester debout, vire à droite et m’écrase contre le muret d’un mètre de haut bordant la muraille, heurtant de plein fouet la roche froide et rugueuse. Alors que je m’efforce désespérément de m’agripper au rebord pour éviter une chute fatale dans la forêt dix mètres plus bas, je m’écorche méchamment le genou droit, les côtes et l’avant-bras. J’ai couru des marathons dans bien des métropoles du globe, et j’ai un faible pour les parcours insolites : les routes accidentées des Alpes françaises, les sentiers reculés du parc national Torres

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« Six kilomètres sur la Grande Muraille : je n’ai jamais été aussi essoufflé ! » del Paine au Chili, ou les terrains de haute montagne pauvres en oxygène des ­Rocheuses du Colorado. Cette course-ci se déroule sur la section montagneuse de la Grande Muraille de Chine, la passe de Huangya, à environ 120 kilomètres à l’est de Pékin. J’ai toujours voulu visiter la Grande Muraille, alors courir ce marathon unique et éminemment

2. Mangez local. Savourez le canard rôti, célèbre ­spécialité pékinoise, et faites un détour par les restaurants de la rue Wangfujing pour déguster du scorpion en brochette. 3. Pollution de l’air. Fléau des villes chinoises, ­surtout à Pékin, le smog a ­depuis longtemps poussé les habitants à adopter le masque de respiration.

4. Respectez le riz. Ne j­ amais planter ses baguettes droites dans un bol de riz. Cette pratique honore un défunt récent. 5. La file d’attente : un sport national. Restaurants, trains ou bus, gruger dans la file d’attente est courant (et pas mal vu). Faites-en autant ou ratez le bus ! 6. Souriez, vous êtes ­filmé. Les Chinois adorent photographier les étrangers avec leur smartphone et le font sans d ­ emander − même la ­serveuse au restau.

LES STATS DU MARATHON 2 500 Nombre de participants maximum. 3 heures 9 minutes 18 secondes Meilleur temps réalisé en 2013 par trois coureurs qui ont fini à égalité : Jorge Maravilla (USA), Jonathan Wyatt (Nouvelle-Zélande) et Dimitris Theodorakakos (Grèce). 19 Nombre de participations du Danois Henrik Brandt, le seul à avoir couru toutes les éditions de la course depuis sa création en 1999.

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Faire.

voyage

SE PRÉPARER

5 164 MARCHES VERS LE SUCCÈS

Le marathon de la Grande Muraille est l’un des plus difficiles au monde. Voici comment l’appréhender pour le terminer.

PRÉPARATION PLAN D’ENTRAÎNEMENT Seize à vingt semaines axées sur une e­ ndurance de ­ lusieurs heures et sur le développement de l’aérobie. p ÇA VA MONTER DUR Musculation et travail en côtes. Vous serez prêt lorsque vous parviendrez à monter un gratte-ciel à pieds.

LA COURSE ÉCHAUFFEMENT Faites des exercices en écoutant Party Till We Die à fond pendant que les MCs de la course dirigent une séance de danse ­énergique. ESCALADER Certaines sections de la Muraille sont si raides qu’elles doivent être ­escaladées une main par-dessus l’autre pour garder l’équilibre. COLLATION Œufs durs et algues rôties sont communément consommés par les locaux avant la course.

DURÉE Ajoutez 30 à 40 pour cent de temps à votre meilleur chrono sur route. SUCRERIE Beaucoup de locaux mangent des bonbons ­laiteux pour se requinquer. Enveloppés dans du papier de riz comestible, ils ­procurent chacun 25 mg de glucides. PARCOURS La course traverse de nombreux villages traditionnels où il n’est pas rare de voir un natif tordre le cou d’un canard pour ­préparer le repas.

Au terme de cette course, les coureurs partagent un sentiment de soulagement et d’allégresse.

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La merveille : 42,2 km de course sur une fortification de 21 196 km de long.

difficile est devenu le point culminant d’un séjour d’une semaine en Chine. Pendant les premiers kilomètres, je suis ébloui par le paysage, l’esprit du lieu et le poids de l’histoire, mais bien vite la complexité du tracé relègue le tout au second plan. Le parcours de 42,2 kilomètres compte plus de 900 mètres de dénivelé et 5 164 marches posées par les paysans, soldats et forçats mille cinq cents ans plus tôt, sous la dynastie Qi du Nord. À intervalles réguliers, je traverse une tour en brique qui surplombe la Muraille. De là, autrefois, les gardes signalaient l’arrivée d’envahisseurs avec des signaux de fumée. Elle constitue un obstacle redoutable avec son escalier labyrinthique et ses marches abruptes. Heureusement pour moi et pour mon corps malmené, l’une de ces tours fait office de poste de secours, offrant aux coureurs bouteilles d’eau, biscuits, bananes et – chose étrange – des tomates ­cerises. Sur la Grande Muraille, il ne faut pas plus de quinze minutes pour se rendre compte que les sections (ces tronçons recouverts de pavés de tailles ­disparates) se suivent mais ne se ressemblent pas. Il est donc

impossible d’adopter une foulée ou un rythme régulier. Cette prise de conscience a bien failli causer ma perte. Aux portions pavées succèdent des sections imposant une cadence très soutenue, comme si l’on courait sur des charbons ardents. On y rencontre aussi des escaliers de pierre si escarpés qu’il faut pratiquement les escalader à la main pour les franchir. Entre les paysages de montagne à couper le souffle qui défilent devant les yeux et les bribes d’une douzaine de langues différentes qui me ­parviennent aux oreilles, difficile, au milieu de cette ambiance internationale, de rester concentré sur la course. Je passe la ligne d’arrivée une poignée de secondes après un Chinois portant une casquette des New York Yankees. Malgré la barrière de la langue, nous nous donnons l’accolade en signe de reconnaissance de l’effort et de la performance. Nous partageons le sentiment que le marathon de la Grande Muraille est une aventure unique dont l’extrême exigence est largement compensée par la satisfaction qu’il procure. Great Wall Marathon, le 8 mai 2019. albatros-adventure.com

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ADVENTURE MARATHONS

RENFORCEMENT DE BASE Le renforcement musculaire assure une meilleure ­stabilité sur les marches et les sols accidentés. Les jambes et les poumons ne suffisent pas.



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Faire.

training

SAVOIR-FAIRE

ÇA PEUT AUSSI MARCHER

Pas de pistolet masseur à disposition ? Qu’à cela ne tienne. ROULEAU DE ­RÉCUPÉRATION Masser les fascias soulage. Ces tissus conjonctifs assurent la stabilité du système musculosquelettique. Longtemps ignorés, on sait aujourd’hui que le massage des fascias avec un rouleau accélère considérablement la régénération des muscles.

Contre les douleurs musculaires, les athlètes, dont la star du tricking Bailey Payne, ont adopté l’Hypervolt, un outil de massage hyper efficace.

C

ela ressemble à une perceuse et dans une certaine mesure, ça l’est. Un outil de haute technologie qui soulage raideurs et douleurs musculaires en débitant 3 200 percussions par minute. L’Hypervolt ne s’adresse pas vraiment aux âmes sensibles. En revanche, de la reine du ski Lindsey Vonn à l’as du tricking (mix d’arts martiaux, ­d’acrobatie et de gymnastique) Bailey Payne, les athlètes ne jurent que par les pouvoirs ­régénérateurs de ce masseur à percussion. « Je l’utilise aussi souvent que possible : avant l’entraînement et après l’effort pour les courbatures, explique ce dernier. Sa façon de vous secouer est tout simplement géniale ! » Hypervolt est l’invention de l’Américain ­Anthony Katz, un ancien entraîneur de basket-ball. Depuis le lancement de l’Hyperice en

Un kilo pour trois heures d’autonomie, l’Hypervolt ­régénère vos muscles où que vous soyez.

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Les résultats de l’Hypervolt se font sentir : 3 200 coups par minutes sur les muscles et les fascias.

2012, la première version du pistolet massant haut de gamme par pression à froid, l’appareil est d ­ evenu le chouchou des pros du fitness. ­L’Hypervolt reflète un principe-clé du travail de Katz, à savoir que la récupération est aussi importante que l’entraînement. Sans fil, ­l’instrument de massage par vibration peut s’appliquer avec précision sur les zones musculaires tendues afin de soulager les muscles douloureux et d’augmenter la circulation et les flux sanguins dans les tissus. La vitesse de percussion des quatre têtes interchangeables s’augmente ou se réduit selon la ­partie du corps traitée. « La tête en forme de balle convient au massage des tissus en profondeur, précise Payne. De plus, le pistolet est très silencieux, n’émettant qu’un léger bourdonnement. » De quoi distinguer l’Hypervolt de la perceuse. hyperice.com/hypervolt

HYDROTHÉRAPIE Après l’entraînement, se doucher à l’eau froide puis à l’eau chaude cinq fois en alternance pendant 30 secondes. L’eau glacée évite les douleurs musculaires, l’eau chaude améliore la circulation sanguine. SE RESTAURER Pour stimuler la croissance des muscles après l’entraînement, rien de tel que les p ­ rotéines : viandes maigres, poisson, tofu, lentilles, ­légumes secs, etc.

« J’utilise le ­pistolet aussi ­souvent que possible, avant et après l’entraînement. » Bailey Payne, as du tricking

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FLORIAN OBKIRCHER

ARME DE ­DÉTENTE MASSIVE

HYPERVOLT

HYPERVOLT


4 MAI

© Crédit photo : Simon Cousi - Bboy Junior / Wanted Posse / RB BCOne All Stars.

Attitude présente

ZENITH SUD MONTPELLIER

FESTIVAL A CHANGE OF DIRECTION DU 27 AVRIL AU 4 MAI

Battle 1vs1 Bboys & Bgirls / Stages / Circles Vibes / Concerts / Soirées / Projections / Expositions / Rencontres & Débats

INFO & BILLETTERIE : WWW.BATTLEOFTHEYEARFRANCE.COM Disponible dans tous les points de vente habituels : fnac.com, magasins Fnac, Carrefour, magasins U

Boty_France Battle Of The Year France


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Voir.

mars / avril La B-Girl Sayora en action à Zürich (Suisse), au Red Bull BC One Camp.

Parmi les temps forts du mois, d’historiques moves en breakdance, les stars des sports de neige en Suisse et un guide bien sapé prêt à vous faire voyager.

12

avril   À LA DEMANDE

RED BULL BC ONE DE A À Z

Plongez dans l’histoire de l’événement. ABC of… Red Bull BC One vous dit tout sur le breakdance depuis les origines jusqu’aux battles de B-Boys et B-Girls du présent. Montez le son et entrez dans la légende.

au 31 mars   LIVE

FREERIDE WORLD TOUR VERBIER

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d ­ irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c­ réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Admirez l’élite mondiale du ski et du snow freeride dans l’ultime confrontation en ­vitesse et adresse lors de la grande ­finale sur le mythique Bec des Rosses.

23

mars   À

13 mars  ON AIR

23 REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

THE FEDERATION SOUND

Natif de Brooklyn, Max Glazer a été le DJ de Rihanna lors de sa tournée mondiale et a bossé avec tout le ­gotha, de Sean Paul à Vybz Kartel. Tous les mercredi (21 heures GMT) cet expert ­reconnu du reggae et de dancehall régale dans son émission en alternant dubplates, remixes de feu et ­interviews pointues d’artistes iconiques tels que Chronixx et Jillionaire du groupe Major Lazer.

LA DEMANDE

HUBERTUSJAGD

Le prince Hubertus von Hohenlohe, skieur alpin d’origine mexicaine, pop star et célèbre photographe d’art, vous emmène à la découverte d’incroyables destinations à travers le monde.

À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM

THE RED BULLETIN

LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL, NICOLE FARA SILVER/RED BULL CONTENT POOL, SERVUS TV/GEORG KUKUVEC, FWT

TOUR DU MONDE DU STYLE

Musique de très haute qualité et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…


Faire.

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mars et 6 avril Red Bull Tout Schuss Le premier ou la première en bas gagne la course ! Les deux dernières étapes de l’édition 2019 ont lieu à Risoul (30 mars) et Avoriaz (6 avril). Plus de 300 participant(e)s partiront en sprint en même temps vers leurs skis ou snowboards pour tracer jusqu’au pied des pistes où un afterski bien mérité les attend. Risoul et Avoriaz ; redbull.com/toutschuss

2

mars / avril au 7 avril Dooinit Festival L’événement hip-hop rennais propose une prog’ ambitieuse pour sa 10e édition avec en live les légendes new-yorkaises Masta Ace et A.G., le Californien Caleborate ou encore Nolan the Ninja de Detroit. Concerts, mais aussi conférence, projection, ateliers MAO, battle de danse et pour finir une Block Party au Parc des HautesOurmes ! Rendez-vous incontournable et intergénérationnel, le festival satisfera tous les fans de culture afro-américaine et les amateurs de boom bap ! Rennes ; dooinit-festival.com

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL

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au 13 avril L’EDHEC à flots Le premier événement sportif étudiant d’Europe est de retour. Depuis 50 ans, au printemps, la Course Croisière EDHEC fait ­naviguer plusieurs milliers d’étudiants venus des quatre coins du monde. Si les plus sportifs tenteront de glaner un des trois trophées (mer, terre et sable) lors d’épreuves de haut niveau, tous se retrouveront le soir pour profiter des mythiques soirées sous le Chapiteau. Les Sables d’Olonne ; cce.fr

mars

RED BULL NEYMAR JR’S FIVE

Plus de 125 000 joueurs de 62 pays ont participé en 2018 à ce tournoi de foot à 5 de N ­ eymar. Cette année, les qualifications des teams hommes et femmes se dérouleront du 9 mars au 25 mai dans une quinzaine de villes françaises. La finale aura lieu à Paris début juin. Les formations victorieuses seront envoyées chez la star du PSG au Brésil pour la ­finale internationale. France entière ; redbullneymarjrsfive.com

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au 24 avril Red Bull Paper Wings Rejoignez les 50 000 participants de la plus grande compétition de vol d’avions en papier au monde et devenez l’un des trente « qualiflyers » de la finale nationale à Paris. Les qualifications ont lieu sur 30 campus, avec deux catégories : plus long temps de vol et plus grande distance parcourue. La catégorie Voltiges aériennes sera accessible sur Instagram et un jury désignera le ou la gagnante qui défendra les couleurs de la France lors de la finale mondiale. France étudiante ; paperwings.redbull.com

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Faire.

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SCIENCE DE LA PEUR

LES BÉNÉFICES DE L’ANGOISSE Resident Evil 2 vous fera trembler, vous rendra heureux. Et vous sauvera la vie.

L

es jeux sont conçus pour nous stimuler. La série des Resident Evil a une technique spéciale pour cela : nous effrayer à mort. Lorsque la version ­originale de Resident Evil 2 sort sur PS en 1998, elle ­devient LA référence du survival horror. Vingt ans plus tard, le remake a mis sa terreur au point grâce à des techniques cinématographiques, un son à rendre claustro et une perspective caméra à l’épaule qui immergent les joueurs dans un cauchemar plus réel que nature. Pourquoi une personne saine d’esprit aspirerait-elle à cela ? On peut interroger les 3 millions de joueurs qui ont acheté ce jeu la semaine de sa sortie, ou demander au Danois Mathias Clasen, spécialiste de l’horror ­fiction, en quoi la peur peut avoir des effets positifs. LES JUMP SCARES Vous marchez dans un hall sombre lorsque – VLAN ! – des zombies surgissent. Un choc implacable. « Les réactions d’épouvante sont contrôlées par un circuit de la peur qui fonctionne depuis des millions d’années dans le but de nous maintenir en vie. Il est ancré dans notre cerveau, et c’est pourquoi on a ces jump scares (sursauts, ndlr) devant un film d’horreur. » L’amygdale, centre de la terreur du cerveau, envoie de l’adrénaline dans notre corps, ce qui augmente l’afflux de sang vers les muscles. Bref, c’est une décharge.

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Jump scares : une claque d’adrénaline !

LA DÉSORIENTATION Le changement fréquent des angles de prise de vue dans RE2 nous trouble de manière subliminale. « Les perspectives en hauteur suggèrent que le joueur est exposé à quelque chose d’horrible et d’imminent », explique Clasen. Cela intensifie l’empathie du joueur envers son personnage, ce qui est gratifiant sur le plan émotionnel lorsqu’il s’en sort. « “Il n’y a pas d’horreur sans amour”, disait S ­ tephen King. Il faut être investi dans un personnage pour que cela marche. » LE SUSPENSE... L’attente d’un événement effroyable est souvent pire que l’événement en soi et nous plonge dans un état d’alerte ou d’hyper-­vigilance. « Lorsqu’un film d’horreur se déroule, vous savez que quelque chose d’horrible va arriver – vous ne savez pas quoi, mais vous savez que c’est là. Nous apprenons ce que c’est d’avoir vraiment peur, et comment réagir face à des émotions négatives. » Notre fréquence cardiaque augmentant de 14 bpm d’un coup, autant dire que RE2, c’est un peu comme un

é­ chauffement sportif. Autre effet : la production de globules blancs, nécessaires pour combattre les infections, augmentent, de même que l’hématocrite, signe d’une brève recrudescence de l’endurance et des fonctions cognitives. LE DESIGN SONORE L’université d’Amsterdam a démontré qu’une musique angoissante provoquait une réaction d’alarme, qui nous fait tendre les muscles pour être prêts à combattre, fuir ou faire dans son froc. On utilise également des infrasons qui se situent hors de la plage d’audition humaine. « L’anxiété attire notre attention sur ce qui est nuisible à notre bien-être, conclut Clasen. Certains naissent sans pouvoir ressentir la peur ; ils ne vivent en général pas bien vieux. »

PROFIL ­D ’EXPERT

MATHIAS CLASEN Pro de l’horreur

Non seulement il est professeur de biologie comportementale de l’être humain et de psychologie évolutionniste et cognitive à l’université danoise d’Aarhus, mais il est aussi spécialiste de l’horreur, auteur de la thèse Monstres et ­histoires d’horreur : une approche bioculturelle et de nombreux livres dont Pourquoi l’horreur séduit. Resident Evil 2 est dispo sur PS4, Xbox One et PC.

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Ce mec a une sale tronche.

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LA MENACE POTENTIELLE Ce qui est presque semblable à un humain, comme un zombie, nous met mal à l’aise. « Nous ne savons pas si nous sommes en danger ou non, et donc nous sommes effrayés, dit Clasen. Lors d’une étude, on a montré à des macaques des photos de macaques “zombifiés”. Ils ont réagi de manière très prononcée, ce qui nous suggère que ce phénomène biologique est commun à la psychologie de tous les primates : un mécanisme qui s’est développé pour nous protéger de potentielles infections. Et nous savons tous que les zombies sont i­ nfectieux. » Cela nous aide à reconnaître des menaces potentielles.

CAPCOM

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EN FUITE

gaming


EMIL SOLLIE / RED BULL CONTENT POOL

HORS DU COMMUN

RETROUVEZ THE RED BULLETIN le 18 avril avec    et le 2 mai avec  dans une sélection de points de vente et en abonnement


IL EST TEMPS DE SORTIR ! Le matos VTT qu’il vous faut pour vos virées du week-end. À deux, ou pas. Photos DAVID EDWARDS

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La tenue de Jack : veste LEATT DBX 4.0 All Mountain, short DBX 5.0 et casque en acier DBX 4.0 V19.3, leatt.com ; sac à dos OSPREY Raptor 10, ospreyeurope.com ; haut à manches longues MADISON Alpine, madison.cc ; vélo CANYON Strive CFR 9.0 Team, canyon.com ; et gants personnels. La tenue de Sylvia : casque BELL Sixer MIPS helmet, bellhelmets.com ; sac à dos OSPREY Salida 8, ospreyeurope.com ; sweat à capuche ENDURA Singletrack et gants Hummvee Lite gloves, endurasport.com ; short CUBE Square Baggy Shorts Active, cube.eu ; vélo SPECIALIZED Stumpjumper Comp Alloy, specialized.com


Casque GIRO Montaro MIPS, giro.com ; lunettes ZEAL OPTICS Magnolia, zealoptics. com ; veste SCOTT SPORTS Trail MTN WB 40, scott-sports.com ; sac à dos CUBE Edge Trail X Action Team, cube.eu ; haut ION PRODUCTS Scrub Amp, ion-products.com


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Casque CUBE Badger, cube.eu ; lunettes de soleil 100 % Glendale Soft Tact Raw, ride100percent.com ; sac hydratation ZÉFAL Z Hydro XL, zefal.com ; haut ION PRODUCTS Traze Amp CBlock SS, ion-products.com ; coudières BLISS PROTECTION Arg Vertical, blisscamp. com ; gants TSG Mate, ridetsg.com ; ENDURA MT500 Spray Baggy Shorts II et genouillères MT500, endurasport.com ; chaussettes IXS Socks 6.1, ixs.com ; chaussures SHIMANO ME7, shimano.com ; vélo YETI SB150, yeticycles.com

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Casque MET Roam, met-helmets.com ; lunettes de soleil 100 % Speedcraft, ride100percent.com ; veste SPECIALIZED Therminal Alpha et short Andorra Comp, specialized.com ; sac à dos à protection dorsale EVOC Neo 16L, evocsports.com ; tee-shirt ENDURA Singletrack Core Print, gants MT500 et chaussettes Coolmax Stripe, endurasport.com ; chaussures ION PRODUCTS Raid Amp II, ion-products.com ; vélo SPECIALIZED Stumpjumper Comp Alloy, specialized.com

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LE DMR Sect, c’est un peu un BMX auquel on aurait mis des roues de VTT : un vélo suffisamment léger pour les amateurs de tricks et assez costaud pour être mis à l’épreuve.

Vélo DMR Sect, dmrbikes.com


Casque BLUEGRASS EAGLE Legit Carbon, bluegrasseagle.com ; lunettes TSG Presto Chopper, ridetsg.com  ; veste ENDURA SingleTrack Durajak, endurasport.com ; sac à dos à protection dorsale EVOC FR Lite Race 10L, evocsports.com ; haut LEATT DBX 2.0, leatt.com ; short de vélo DAKINE Thrillium, dakine.com ; gants ION PRODUCTS Traze, ion-products.com ; chaussettes cyclistes STANCE Endo Crew, stance.eu.com ; chaussures FIVE TEN Sleuth DLX, adidasoutdoor.com/ fiveten ; vélo INTENSE Tazer eMTB, intensecycles.com

Pour certains, rouler à VTT électrique, c’est tricher, mais une fois testé ce vélo Intense Tazer à assistance, beaucoup pourraient y trouver leur avantage.


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Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir du haut à gauche : poignets DMR DeathGrip, dmrbikes.com ; multi-outils 20-en-1 CUBE Cubetool, cube.eu ; lampe bleue avant EXPOSURE LIGHTS Diablo MK10 avec fixation casque, exposurelights.com ; potence USE Vyce Stem, ultimatesportsengineering.com ; pédales plates DMR Vault Brendog, dmrbikes.com ; roues HALO Chaos Wide Boy, halowheels.com ; pédales en alliage GUSSET S2, gussetcomponents.com ; roue HALO Chaos Wide Boy, halowheels.com.

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MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans sept pays. L’édition autrichienne actuelle consacre sa couverture au prodige viennois du basket-­ball : Jakob Pöltl. Depuis 2016, il est le ­premier de son pays à évoluer en NBA. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas r­ esponsable des textes, photos, ­illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteurs en chef adjoints Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English, Tara Thompson Directeur photos Fritz Schuster Directeurs photos adjoints Marion Batty, Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner, Arek Piatek, Stefan Wagner Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur global Media Sales Gerhard Riedler Directeur Media Sales International Peter Strutz Directeur commercial & Publishing Management Stefan Ebner Publishing Management Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Manuela Gesslbauer, Melissa Stutz, Mia Wienerberger Communication Christoph Rietner Directeur créatif global Markus Kietreiber Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier Emplacements publicitaires Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Fabrication Veronika Felder Office Management Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project M ­ anagement Alessandra Ballabeni, alessandra.ballabeni@redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne Fortas, Suzanne K ­ říženecký, Claire ­Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Publicité PROFIL 134 bis rue du Point du jour 92100 Boulogne +33 (0)1 46 94 84 24 Thierry Rémond : tremond@profil-1830.com Elisabeth Sirand-Girouard : egirouard@profil-1830.com Arnaud Lietveaux : alietveaux@profil-1830.com

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor David Mayer Révision Hans Fleißner (Dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Natascha Djodat Publicité Matej Anusic, matej.anusic@redbull.com Thomas Keihl, thomas.keihl@redbull.com

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Le prochain THE RED BULLETIN n° 87 disponible dès le 18 avril 2019 98

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Si, comme le danseur américain RoxRite, vous aimez avoir la tête à l’envers, rendez-vous au Nothing 2 Looz à Colomiers (région de Toulouse) le 6 avril. Y seront réunis les meilleurs danseurs de toutes les disciplines des danses hip-hop, ainsi que de prodigieux kids de moins de 14 ans, en mode battle. Le futur du breakdance ! Infos : nothing2looz.com


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THE RIGHT STUFF TO RISE UP Millet©Matt Georges



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