The Red Bulletin Mai 2013 - FR

Page 1

Un magazine hors du commun

1995

Vent de fraîcheur sur le rap français Herbert Nitsch

Entretien vérité avec l’apnéiste philosophe

d s para i s ur t E rr e Les meilleurs

magazine sponsorisÉ

spots VTT de la planète

MAi 2013




le monde de Red Bull

Mai

28 bikers

The Red Bulletin a fait son choix et vous propose une fantastique chevauchée à travers les pistes VTT les plus grisantes des cinq continents.

Si l’été n’a pas encore officiellement posé sa délicate patte dorée sur votre pupille tout juste dégivrée de la rudesse de l’hiver, place à un somptueux avantgoût de la plus belle des saisons. Inspirez profondément, expirez en continu et vous y êtes. Où ? Dehors, saperlipopette, mai(s) il fait beau ! Allez hop, tous en selle ! Chemins escarpés, vues imprenables, descentes vertigineuses dans les Alpes, The Red Bulletin fait son tour du monde des plus belles lignes à bicyclette comme dirait Montand. Il y en a pour tous les goûts, tous les niveaux. Tous les goûts comme ceux répertoriés dans les cent pages de ce numéro. De 1995, ces six mecs de Paname à l’ascension fulgurante, au duo de charme ­Kurylenko-Sparkes, en passant par l’Arménie, maîtresse d’échecs, la diversité est de mise. Bonne lecture ! Votre Rédaction 4

44

OLGA Kurylenko

Inutile de faire les présentations... Glissez-vous page 44 et ça ira déjà (beaucoup) mieux. the red bulletin

photo de une : John wellburn/red bull content pool. Photos : mattias fredriksson, universal

mai bien sûr !


le monde de Red Bull

d’un coup d’Ailes Bullevard 14 énergisant monde  L’art en folie 16 énergisant France  Fête du mois 17 dans la tête de...  Bradley Cooper 18 Hier et Aujourd’hui  Scooters 22 Mon corps et moi  Derek Wedge 24 formule magique  Kickflip 26 le bon numéro  Imbattables !

78 1995 fois

action 28 B ikers Paradise

Ils sont six. Six parisiens unis comme les cinq doigts de la main. Rencontre avec les nouveaux rois du rap français sur scène cette année.

Tous en piste

40 Mark Wahlberg

Comédien aux multiples facettes,   qui est-il vraiment ? Interview !

photos : william k./red bull content pool, Mark Horsburgh, phil simha, corbis, daniel gebhart de koekkoek

44 Olga Kurylenko

James Bond girl en 2008, elle aime   la France. Alors…

46 C asey Stoner...

… est de retour sur les circuits

46

60

stoner a la rage

nitsch passe à confesse

S’il n’a plus rien à prouver sur deux roues, Casey Stoner emballe sur quatre. Reportage chez lui, à Adelaïde.

L’apnéiste ne s’est toujours pas remis de son cuisant échec de 2012. Immersion dans son cerveau.

56 Katherine Sparkes

Une main tendue pour les peuples

60 Herbert Nitsch

Anatomie d’une catastrophe sous-­ marine. L’Autrichien renaît tout juste de ses cendres.

70 M iracle arménien

Le destin d’un pays sur l’échiquier

78 1995

ça envoie du lourd !

+ de corps et d’esprit

86 piscines à embrasser

Vous l’avez bien méritée votre première « tête la première » de l’année ! On vous emmène plonger très loin d’ici. the red bulletin

70 Grands maîtres

Du pur grand reportage comme The Red Bulletin peut vous l’offrir. L’Arménie, usine à champions d’échecs.

86 voyages  Piscines spectaculaires 88 m atos  Andy Armstrong 90 entraînement  Karim Darwish 92 n ightlife  Oxygénez-vous ! 96 focus  Gros plan sur l’actu française 97 Kainrath  Joli coup de crayon 98 édito  CODB n’en rate pas une

5


Nouvelle

OPEL ADAM

marquez la route de votre empreinte. * www.opel.fr Wir leben Autos : Nous vivons l’Automobile. *ADAM&VOUS. Conso mixte gamme Opel Adam (l/100 km) : 5.1/5.5. Émissions mixtes de CO2 (g/km) : 119/130.




D u baÏ , e . a .u.

boute-en-train Tom Wright, l’architecte anglais de l’hôtel Burj al-Arab, n’imaginait pas que sa plateforme pour hélicoptères servirait de terrain de motocross. Présent à l’étape dubaïote de Red Bull X-Fighters, l’Espagnol Dany Torres démontre que l’endroit en vaut bien un autre pour un tour de chauffe aérien. Seul impératif : la maîtrise de la distance de freinage. La plateforme est perchée à 210 mètres au-dessus du Golfe Persique. Plus sur www.redbullxfighters.com Photo : Balazs Gardi/Red Bull Content Pool

9


Pu r mamarc a , Arg e nti n e

bout de ligne droite

Lors d’un show-run de F1, le pilote a pour mission de recréer l’ambiance des paddocks dans un lieu insolite. Comme sur cette artère principale de Purmamarca, un village indien poussiéreux de la province argentine de Jujuy. Au volant d’une RB7 de 800 chevaux, le Suisse Neel Jani : « Je n’ai pas pu mettre le paquet, nous ­traversions un village, raconte-t-il après coup. Mais l’orage qui s’est invité a rendu l’expérience très excitante. » Plus sur www.neel-jani.com Photo : Gustavo Cherro/Red Bull Content Pool

10



Al AÏ N , e . a .u.

Bout du monde À l’intérieur des terres, à une heure de route de la frontière du sultanat d’Oman, l’oasis d’Al Aïn n’en est pas moins un haut-lieu du surf. C’est que les vagues déferlent sur commande dans le bassin du Wadi ­Adventure Park. Des creux artificiels de plus de trois mètres. L’Australienne Sally Fitzgibbons : « C’est comme s­ urfer sur Mars », a-t-elle révélé, conquise. Plus sur www.wadiadventure.ae Photo : Trent Mitchell/Red Bull Content Pool

12



Bullevard Énergisant… à petites doses !

Venise en ­couleurs Le 1er juin, la Biennale de Venise ouvre ses portes à 150 artistes ­talentueux venus de 37 pays. En voici quatre à ne pas manquer.

1. Sarah Sze L’Américaine crée de grandes ­installations à partir d’objets du quotidien (pailles, post-it, etc).

2. Tavares Strachan Une œuvre vidéo à 360 ° où ce jeune Bahaméen dévoile le premier homme du pôle Nord.

fusion Les meubles néo-baroques du designer italien Ferruccio ­Laviani ressemblent à un arrêt sur image d’un lecteur VHS. Une commode baroque en bois foncé ­finement ornée d’or avec un grand trou fuchsia. Pour l’Italien Ferruccio Laviani, le design de meubles n’est intéressant que lorsque la tradition rencontre la modernité. Mieux encore. Quand deux époques diamétralement opposées se télescopent sans ­airbag. « Je me sens comme un fils r­ ebelle de bonne famille qui installe les biens ­hérités de sa grand-mère dans un squat pour en faire quelque chose de nouveau », explique le designer de 52 ans. Sa collection de l’année dernière F* The Classics dont la commode fait partie est le fruit de cette ­vision. Avec son projet actuel, Good ­Vibrations, il va encore plus loin. L’armoire en chêne (à droite) fabriqué artisanalement par Laviani lui-même pour Fratelli Boffi, un ­designer italien, fait l’effet d’un arrêt sur image à l’aide d’un m ­ agnétoscope. Un ­véritable défi pour ­l’esprit. « L’idée de ­posséder du mobilier qui ressemble à une interruption d’image me plaît, lâche-t-il. Une armoire qui déclenche une décharge électrique quand on passe devant.»

Laviani dessine des meubles pour l’ère numérique.

Plus sur www.laviani.com 3. Joana Vasconcelos La Portugaise réalise des bougeoirs surdimensionnés et des monstres en bouts de tissu.

Instantané

Arrêt sur images

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à :  phototicker@redbulletin.com  4. Akram Zaatari La star secrète de la Biennale ­révèle la part d’ombre de la ­société libanaise.

14

Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

New York

En virée dans les rues de Big Apple, Edwin De La Rosa, un rider BMX, n’oublie pas de se ­désaltérer. Stan Evans the red bulletin


À ­écouter sans compter Trois albums cultes

Sebastian Fuchs, 2,03 mètres et bon pour le contre (à dr.), nouveau partenaire de Julius Brink.

Four Tet Rounds (2003) Ce bijou d’électro soft résonne comme un ­orchestre de jouets faisant du jazz-rock.

photos : ferruccio laviani, Guardian News & Media ltd., tavares Strachan, getty images, picturedesk.com, imago (2), tim lüdin/red bull content pool (2)

Le choix du champion olympique En vue des prochains Jeux Olympiques de Rio, le champion ­allemand de beach-volley Julius Brink cherchait un nouveau partenaire après la Sebastian Fuchs ­retraite de son compatriote J­ onas ­Reckermann. Sebastian Fuchs, 26 ans et 2,03 mètres, est l’heureux élu. « C’est très motivant de faire équipe avec l’un des meilleurs défenseurs de ces dernières années, se réjouit Fuchs, ex-joueur de volley en salle. Julius est un grand ­professionnel. À chaque entraînement et sur chaque échange de balle, il se donne au maximum. Il a une attitude exemplaire. » Quelles qualités apprécie-t-il le plus chez son coéquipier, le champion du monde 2009 ? Fuchs : « Sa gentillesse, sa joie de vivre et son sens de la solidarité… Des traits de ­caractère qui font la différence au quotidien. » Plus sur www.fivb.org

PJ harvey Rid of Me (1993) Un cri de rage grâce auquel PJ Harvey, alors âgée de 24 ans, fait son entrée dans le rock.

Viser haut Considérée comme la pilote la plus talentueuse d’Europe, la Hollandaise Beitske Visser parle de son ambition et de ses modèles. the red bulletin : L’an dernier, vous avez gagné une course lors de votre première saison en ADAC Formel Masters (série monoplace allemande, ndlr), où vous étiez d’ailleurs la seule femme. Cette année, vous voulez décrocher le titre ? beitske visser : Oui. C’est logique aussi car depuis un an, je suis habituée aux voitures de course plus rapides. Et après ? Le titre mondial en F1. En tout cas, je l’espère. Sebastian Vettel ne sera pas forcément d’accord… C’est mon modèle ! Courir contre lui serait un rêve. Comme lui à l’époque, je fais aujourd’hui partie de l’écurie Red Bull Junior.

La star de la NASCAR ­Danica Patrick est la pilote la plus rapide au monde. Est-elle aussi votre modèle ? Bien sûr, mais je compte bien devenir meilleure qu’elle ! Vous avez déjà fait trembler un pilote connu : Ralf Schumacher. Que s’est-il passé ? C’était lors d’une course de kart en Allemagne, à Kempen. Je menais la course depuis un moment et il était deuxième. Au dernier tour, il commet une faute sur moi et reçoit une pénalité de 10 secondes. Il était hors de lui. Finalement, ses protestations ont eu raison de la pénalité. Mais c’était marrant de le voir en colère parce qu’une jeune fille était plus rapide que lui (rires). Plus sur redbulljuniorteam.com

TALKING HEADS SPEAKING IN ­TONGUES (1983) Le meilleur des ­albums du légendaire quatuor punk mené par ­David Byrne.

Beitske Visser bientôt sur un podium de F1 ?

PHOTO GAGNANTE

Nogaro Sébastien Loeb a lancé sa saison en FIA GT Series en France de la meilleure des manières. François Flamand the red bulletin

Colombo Au Sri Lanka, lors de la finale mondiale de Red Bull Campus Cricket, les six capitaines d’équipe posent autour du trophée. Dimitri Crusz

Pretoria

Que de bras dans la capitale sudafricaine, lors des éliminatoires de Red Bull Beat Battle. Mpumelelo Macu

15


Bullevard

Si la période de création a duré près de trois semaines (11 au 31 mars), le projet d’envergure mondiale Red Bull Collective Art a gagné ses lettres de noblesse, tout particulièrement dans les campus de l’Hexagone. Des centaines de futurs diplômés du monde de l’art se sont Toile collective inscrits et ont réservé un créneau sur le site redbullcollectiveart.com. Les étudiants de six des dix meilleures écoles d’art et de design françaises ont eu la chance de pouvoir ajouter leur patte à un Cadavre Exquis géant dans leur campus pendant les ateliers Red Bull Collective Art. Afin de terminer en beauté, huit artistes sélectionnés avec soin ont participé à un Cadavre Exquis live lors de la Nuit des écoles d’Art Parisiennes le 29 mars dernier, dessinant l’un après l’autre sur une toile. Pas moins de 4 000 étudiants étaient présents à l’événement. à noter que des expositions sont prévues dans la deuxième quinzaine de mai à Nantes, Paris et Marseille. Plus sur www.redbull.fr

MCS Extrême met le paquet Vivez en exclusivité ce samedi la troisième manche de Red Bull X-Fighters 2013 sur le site de Glen Helen, aux États-Unis. Tom Pagès y avait lancé sa saison l’an dernier, en arrivant en finale. La collaboration entre MCS Extrême et Red Bull ne s’arrête pas là. Le mois de mai marque aussi le début de la saison des plongeurs de l’extrême avec la première étape de Red Bull Cliff Diving. Retour sur le site de La Rochelle, après une escapade en Corse l’an dernier. L’impressionnante Tour Saint-Nicolas servira de tremplin, à plus de 27 m de hauteur. Frissons garantis ! Une saison à vivre en exclu et en intégralité sur MCS Extrême. Plus sur www.mcsextreme.fr

Nina Kraviz s’apprête à enflammer le ­Weather Festival.

Beau temps sur Paris !

Afin de profiter au mieux du printemps au cœur de la capitale, le Weather Festival vous tend les bras.

Tom Pagès, chaud man

Pour cette première édition, le Weather Festival s’installe à Paris et sa proche banlieue les 17, 18 et 19 mai prochains. à travers une programmation audacieuse et innovante située à mi-chemin entre house et techno, il invite le public à découvrir une sélection d’artistes français et internationaux. Plus de 13 000 personnes sont notamment attendues au Palais des Congrès de Montreuil pour une spéciale May Day samedi 18 afin de célébrer durant plus de dix-sept heures non-stop le meilleur de la musique électronique. ­Demandez le programme ! Kerri Chandler, Nina Kraviz, Marcel Dettmann, Chris Liebing, RPR Soundsystem et Len Faki sont notamment annoncés. Que du beau monde ! Plus sur www.weatherfestival.fr

Texte : Christophe Couvrat. Photos : red bull collective art, sebastian marko/red bull content pool, dalle aprf/Picturedesk.com

Art collectif

Si vous saviez,

que le paysage environnant avait un tel pouvoir apaisant, vous en puiseriez déjà l’énergie. Mikulov

stories.czechtourism.com


Bullevard

dans la tête de…

bradley cooper

Bradley le bel inconnu est devenu Cooper la star de l’écran et un grand acteur en à peine quatre ans. Il est un fantasme pour les femmes, un rival hors-concours pour les hommes.

Sans limites

Blessures secrètes

Bradley Charles Cooper naît le 5 janvier 1975 à Philadelphie. Aujourd’hui encore, il dissimule les blessures ­secrètes de son enfance et cette forme d’angoisse qui l’a longtemps accompagné. « J’avais honte d’un tas de choses », avait-il confié au Hollywood Reporter.

Vive la France

Cooper parle bien le français grâce notamment à un séjour universitaire de six mois à Aix-en-Provence. Après ses études, il intègre l’Actors Studio à New York. En 2011, il en est le premier diplômé à être l’invité de l’émission Inside the ­Actors Studio.

texte : paul wilson. illustration: lie-ins and tigers

Baiser volé

Bradley débute à la télé où il se fait remarquer en 1999 pour un baiser torride donné à Jessica Sarah Parker, alias Carrie Bradshaw, dans un épisode de Sex and the City. Il est aussi un curieux ­présentateur dans la série Globe Trekker avant de décrocher son premier vrai rôle en 2001, celui d’un journaliste dans la série Alias.

Very Good Trip

En 2009, Bradley rejoint Ed Helms, héros récurrent de la version US de The Office, et Zach Galifianakis, figure du stand-up américain, pour tourner Very Bad Trip. Le monde entier va rire de leurs aventures à Las Vegas.

Aux côtés de Robert De Niro, Cooper crève encore l’écran en trader dopé aux pilules miraculeuses dans Limitless ou en ex-prof dépressif dans Happyness Therapy. Pour ce dernier, il aurait mérité l’Oscar sans la concurrence de Daniel Day Lewis, primé pour Lincoln. « Il est très bon et va devenir encore meilleur », pronostique De Niro.

Quoi sa gueule ?

Cooper a une belle gueule. Mais ce n’est pas un macho. « Les gens pensent qu’il joue à être comme ça mais on est très loin de la vérité, révèle Todd Philipps, réalisateur de la trilogie Very Bad Trip. C’est quelqu’un de sensible et de très chaleureux. »

Toujours en scène

À 12 ans, il voit Elephant Man au cinéma et en ressort ­traumatisé. L’an dernier, il a interprété le rôle sur scène et espère le reprendre, cette année, sur les planches de Broadway. Il travaille aussi à un script tiré d’un roman de science-fiction, Hypérion.

Back to Las Vegas

Sur les écrans le 29 mai, le troisième volet de Very Bad Trip marquera la fin des aventures de l’impayable trio, de retour à Las Vegas. Les deux premiers films ont rapporté des milliards de dollars. Chaque acteur a reçu un ­cachet de quinze millions de dollars pour ce final déjanté.

Plus sur facebook.com/thehangover the red bulletin

17


hier et aujourd’hui

scoot toujours

Le scooter, fidèle compagnon à la ville comme à la campagne, est, depuis plus d’un demi-siècle, une élégante alternative à la moto.

cadre

Rumi tient son savoir-faire de l’aluminium de ses a­ nnées de sous-traitant pour l’industrie aéronautique. Il produit ses cadres par moulage alors que la concurrence a encore ­recours à la soudure.

avant

Avec des pneus de 10 pouces, Rumi est très maniable. En reliant le phare à la fourche, un câble – une innovation en 1954 – permet à la « petite fourmi » d’éclairer les virages.

Moteur

Le rugissement et les 6,5 chevaux de ce moteur à deux temps bicylindre horizontal permettent à ce petit diable motorisé d’atteindre les 100 km/h.

1954 Rumi Formichino 125 établi à Bergame, le fabricant italien Rumi commence à produire des scooters et des ­motos après la Seconde guerre mondiale. Véritable œuvre d’art dans le style et la technique, le modèle Formichino (« petite fourmi » en français) est sa plus grande réussite. La production s’arrête en 1962 lorsque le fondateur de la firme Donnino Rumi décide de se consacrer exclusivement à la peinture et à la sculpture.

18

L’élégance épurée du tableau de bord et un réservoir dissimulé derrière l’unique phare. Plus sur rumi-club.fr

the red bulletin


Bullevard

confort

Un pare-brise réglable, un espace rangement sous la selle et l’ABS sont les éléments de confort du BMW C 600 Sport. En option : la selle et les poignées chauffantes, un GPS, un top-case ou encore un témoin de pression des pneus.

cadre

Chez BMW, le cadre en aluminium coulé contient aussi de l’acier. La roue arrière de 15 pouces est fixée à un monobras oscillant. Les freins ABS assurent une bonne accroche.

Propulsion

Deux cylindres, quatre soupapes, huit valves, boîte de vitesses automatique, injection électronique, catalyseur... Le moteur de 60 chevaux reste ­silencieux et grimpe à une ­vitesse maxi de 175 km/h.

photos : kurt keinrath

2013 BMW C 600 Sport Les maxi scooters protègent de la pluie et offrent une maniabilité aisée, tout en pouvant emprunter l’autoroute comme une moto. La ville est leur terrain de prédilection mais ils peuvent aussi tenir tête aux motards chevronnés sur les routes de campagne sinueuses. Le C 600 de BMW est dix fois plus puissant que le Rumi, pour un poids double et une taille une fois et demie supérieure.

the red bulletin

Le confort moderne : un tableau de bord numérique avec un ordinateur bien à l’abri. Plus sur www.bmw.fr

19


Bullevard

vite fait, bien fait

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

L’Autrichien Kilian Fischhuber est en pleine bourre. L’alpiniste décroche l’or aux Jeux mondiaux militaires avant un 19e titre mondial à Millau.

La sabreuse ukrainienne Olga Kharlan s’impose face à l’Américaine Mariel Zagunis aux Mondiaux d’escrime d’Antalya (Turquie).

Le Français Marvin Musquin s’impose lors du Supercross 250 d’Indianapolis au terme d’une remontée épique.

Chaudron. Les fans de Felix Baumgartner étaient présents au Dock Eiffel.

les double dash doublent la mise

La 3e finale de Red Bull Balle aux Prisonniers a tenu toutes ses promesses mi-avril à Paris. Parfaitement affûtés, impeccablement déguisés, ces étudiant(e)s n’ont qu’un seul objectif : la victoire. Les Double Dash de Poitiers, tenants du titre, les Prison Breakers de Lille et les Jungle de Paris ont déjà participé à cette finale nationale. Les treize autres équipes foulent ce stade ultime pour la toute première fois. Tous avaient savamment préparé leur prestation et pensé leurs tenues. Chorégraphies, chants, cris de guerre, mascottes, accessoires, rien ne manque à ce joyeux petit monde, paré pour faire le show et « tanqué » pour la bataille. L’enjeu est de taille. à la clef, un voyage pour l’ensemble de l’équipe sur un événement phare de Red Bull en 2013 ! La chorale urbaine Sankofa Unit ouvre la compétition et termine de chauffer la salle. À 14 heures, le coup de sifflet donne le top départ des matchs de poules (quatre poules de quatre équipes) d’une durée maximum de trois minutes. La finale oppose les Jungle (STAPS Paris Descartes) aux Double Dash (STAPS Poitiers). Rois de l’esquive, ultrarapides et fins stratèges, les Double Dash creusent l’écart ­rapidement et s’adjugent le match en moins de quinze minutes. Le spectacle est aussi dans les tribunes. Parmi les 250 spectateurs présents, Mathilde et Sarah, deux étudiantes parisiennes, en ont pris plein les yeux : « C’est un truc de dingue ! » Mamadou de Dunkerque espère initier ses potes de fac : « L’an prochain on est là ! » Mention spéciale pour les Spacemen (STAPS Montpellier), ­affublés en astronautes de la NASA, escortés par une horde de ­fervents supporters. Beaucoup plus « terriens », les Podoh-Lanta (IFM3R Nantes), déguisés en hommes des cavernes, ont assuré le show à grand renfort de totems et de cris de guerre. Enfin, les Iron Men (ESC Rennes) ont joué la carte sexy avec des pom-pom girls surentraînées et très remarquées. Plus sur redbull.fr/bap

20

the red bulletin

Texte : Christophe Couvrat. Photos : Red Bull Content Pool, ASP/getty images, heiko wilhelm, nffu.org, cudby s./ktm images. Illustration : dietmar Kainrath

Déjà victorieuse sur le spot australien de Margeret River, la surdouée Carissa Moore (20 ans) récidive à Bells Beach lors du Rip Curl Pro.



Bullevard

MON CORPS ET MOI

derek wedge

Dreadlocks, cicatrices et cuisses qui brûlent, tels sont les signes particuliers du ­récent champion du monde de descente en patins à glace. Plus sur redbullcrashedice.com

cheveux au vent

3

Mes cheveux font partie de moi. Je ne les coupe plus depuis quinze ans et je porte des dreads depuis une dizaine d’années. Ce n’est pas très pratique en compétition. J’ai dû percer un trou à l’arrière du casque pour les faire passer.

impact tardif

4

Je me fais renverser par une voiture à l’âge de quatre ans. Je m’en sors avec une jambe cassée. Et un problème de croissance… dont les séquelles se manifestent vingt ans plus tard. Diagnostic : ­hernie discale ! Je dois donc muscler mon dos pour parer aux douleurs.

1  Aïe j’ai mal

2  objectif vitesse

Pas de casse

5

Jusque-là, je n’ai connu que des bleus et des égratignures. Les cicatrices au coude et au genou viennent du skate. Les initiales tatouées sur ma hanche sont celles de ma maman. Credit: texte : arkadiusz piatek. photo : Thomas Stöckli

À 60 km/h sur la rampe, les crashs sont inévitables. Mais même sans chuter, on n’échappe pas à la douleur. Après la descente, les cuisses brûlent encore de longues minutes, en raison de l’intense effort fourni.

Malgré mes 69 kg, j’ai ­détrôné le champion de Ice Cross Downhill, Kyle Croxall, un colosse de 100 kg. La puissance seule ne suffit pas. La méthode Croxall, c’est de dégager les adversaires de son chemin ; moi je mise sur la vitesse grâce à des jambes ultramusclées et un buste léger.

22

the red bulletin


/redbulletin

e ho Un magazin

rs dU comm

1995

Un / Mai 2013

H Herbert Nitsc

Vent de f r a îc h e u r s uar is le rap franç

e n t r e t ie n V é rtite é aV e c l’a p n é is p h il o s o p h e

pas urrat Edr ries le s m ei ll eu rs

s p o ts V t t d e la p la

TON bOl d’air. Hors du commun

n èt e

TÉLÉCHARGEMENT GRATUIT


Aérien. L’Américain Torey Pudwill l’avoue : « Le kickflip ? Mon trick favori ! »


Bullevard

Formule magique

planche à plein

Texte : Martin Apolin. photo : Atiba Jefferson/Red Bull Content Pool. Illustration : Mandy Fischer

Le kickflip est une figure classique du skateboard. Notre spécialiste* révèle les dessous de l’affaire.

partir en vrille Décoller en skateboard nécessite une maîtrise certaine du principe de levier. Dans un premier temps, le déplacement du poids du corps sur le pied posé à l’arrière fait basculer la planche sur son axe arrière (figures 1 et 2). Le levier à l’avant de la planche étant plus allongé, le centre de gravité situé à peu près au centre de la planche, tend à se déplacer plus vite vers le haut. Ce mouvement se poursuit même lorsque le tail (partie arrière de la planche) touche le sol. Un mouvement rendu possible grâce à l’inertie. À présent, la planche est en rotation autour de son axe transversal, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Comment faire pour l’amener à tourner autour de son axe longitudinal ? Le moment cinétique L est constant. Autrement dit, la planche ne peut pas se mettre à tourner toute seule autour de son axe longitudinal. Un moment de force M est donc nécessaire pour entraîner ce mouvement. À savoir une force de part et d’autre de l’axe de gravitation : M = ∆L/∆t. Le skateur y parvient en grattant le grip (adhésif antidérapant) jusqu’au bout en ligne droite sur le bord gauche de la planche. Dans un premier temps, le skate bascule autour de son axe transversal, dans le sens des aiguilles d’une montre, pour vriller ensuite autour de son axe longitudinal (figures 2 à 5). Skateur et planche flottent alors séparément en l’air, jusqu’à ce que cette dernière ait accompli un tour complet autour de son axe longitudinal, une fois encore grâce à l’inertie. La résistance de l’air étant négligeable, la vitesse horizontale du skateur et de la planche durant la phase de vol est constante. Peu avant le terme de cette rotation (peu après la figure 4), le skateur touche de son pied l’arrière de la planche. Il met ainsi fin à la rotation, produit au passage un nouveau moment de force et se remet dessus. Le tour est joué ! Cela donne une rotation longitudinale en 0,2 seconde (figure 2 jusqu’à peu après la figure 4), soit cinq rotations par seconde ou 300 par minute ! Parallèlement la planche effectue sur son axe transversal une bascule à 90 °, dans le sens des aiguilles d’une montre. Quand le skateur remonte sur la planche, il se trouve au point le plus élevé de sa trajectoire. Ceci nous permet d’estimer la hauteur du centre de gravité du skateboard avec h = (g/2)t² = 0,2 m nécessitant une vitesse de décollage vertical de v = √ 2gh  = 2 m/s. Une vitesse de décollage inférieure demandera une augmentation de la vitesse de rotation de la planche. Patience et longueur de temps « Un skateur a en général besoin d’un an avant de maîtriser le kickflip », note Torey Pudwill (photo). « Il faut d’abord s’exercer sur une pelouse. » Plus sur www.redbull.fr * Le Professeur Martin Apolin a 48 ans. Il est physicien, spécialiste en sciences du sport et enseigne à la faculté de Vienne (Autriche). Il est aussi l’auteur de ­plusieurs ouvrages de référence.

25


Bullevard

CHIFFRES DU MOIS

immortels

C’est bien connu, les records sont faits pour être battus. Mais l’histoire du sport est jalonnée d’exemples qui tempèrent cette assertion.

2 857

Michael Phelps

Wilt Chamberlain

Le meilleur joueur de l’histoire du hockey sur glace ? Un Canadien, bien sûr ! Wayne « The Great One » Gretzky accumule durant sa carrière, de 1978 à 1999, 61 records NHL. Depuis, beaucoup sont tombés mais celui de 2 857 points inscrits (buts et passes décisives) tient toujours et il n’est pas près de tomber.

Des athlètes d’exception comme la gymnaste Larissa Latynina, le nageur Mark Spitz ou encore Carl Lewis totalisent 9 médailles olympiques. Aux JO de 2012, ­Michael Phelps s’adjuge 4 nouvelles médailles d’or (portant son total à 18) et tire sa révérence. Entre jeux olympiques, championnats du monde et pan-pacifiques, « The Baltimore Bullet » ­accumule 71 médailles. Jack Burke

100

« Une Rolls parmi des Volks­ wagen », avait dit le jockey canadien, Chick Lang, au sujet du cheval le plus rapide de tous les temps. En 1973 à Belmont Park, pour les Belmont Stakes, le pursang anglais Secretariat humilie la concurrence avec un temps record de 2 minutes et 24 secondes pour parcourir les 2,4 km, soit la bagatelle de 31 longueurs d’avance.

Voilà un tableau d’affichage historique !

111

Le 6 avril 1893 a lieu à la Nouvelle-Orléans le combat de boxe opposant les Américains Andy Bowen et Jack Burke. Après 7 heures et 19 minutes (le nombre de rounds n’était pas encore limité), l’issue du combat restait toujours indécise. À la reprise du 111e round (!), les boxeurs aux mains brisées ne quittent pas leur coin. À 4 h 43, l’arbitre n’a d’autre choix que de déclarer le match nul.

26

Le 2 mars 1962, Wilt Chamberlain, pivot légendaire des Warriors de Philadelphie, inscrit 100 points face aux Knicks de New-York. Lors de cette saison 1962-63, l’invétéré coureur de jupons marque plus de 4 000 points (4 029 exactement). Un autre record, toujours à battre. Avec 81 points le 22 janvier 2006, seul le Laker Kobe Bryant a depuis dépassé la barre des 75 points.

222

Secretariat

Wayne Gretzky

Le 7 octobre 1916, un match universitaire de football américain oppose les facs de Georgia Tech et de Cumberland. Cette dernière vient de fermer sa section football mais pour éviter toute sanction en cas de forfait, elle compose à la va-vite une équipe hétéroclite de quatorze étudiants. Le résultat est la plus grande défaite de tous les temps : 222 à 0. the red bulletin

texte : ulrich corazza. photos : Getty images (3), picturedesk.com (3)

31

18


BE SPECTACULAR

INFORMATIONS AU 01.39.50.30.20.

SEBASTIAN VETTEL, TRIPLE CHAMPION DU MONDE DE FORMULE 1

spectacular-eyewear.com


Terrasse. Le charme de Finale Ligure, ­bourgade située à michemin entre Menton et Gênes, offre des chemins à la vue rare.

28


jeu de p i st e s p ou r vtt

Des paysages saisissants, des pistes à perte de vue et des cultures qui invitent a u v o ya g e . Vo i l à l e p r o g r a m m e s u r d e u x roues des huit destinations que nous vous proposons ici.

photo : ale di lullo

Texte : Werner Jessner


1

e space sauvage fleuve fraser CA Na da

LA COLOM BI EBRITANNIQUE , terrain DE JEU NATURE L PAR EXC E LLE NC E

notre gUIDE Darren Berrecloth Légende du freeride

s’y rendre La Colombie-Britannique est un terrain de jeu naturel. Depuis les Rocheuses jusqu’à Vancouver, le fleuve Fraser coule sur presque 1 400 km. Les spots de Berrecloth sont accessibles uniquement par bateau. La ville de Williams Lake à sept heures de route, au nord-est de Vancouver, est le point de départ. Plus sur jetboatadventures.com se loger Une tente au bord du fleuve. quand y aller ? De juillet à septembre. à part le vélo La pêche au saumon, suivie d’un barbecue en compagnie d’aigles, de mouflons canadiens et d’ours.

30

photos : John Gibson/Red Bull Content Pool, Mattias Fredriksson (2), Credit: Crispin Cannon/Red Bull Content Pool (2), Ian Hylands/Red Bull Content Pool (2)

« Avec mon vélo, je parcours le monde pour dénicher le spot parfait. Le puissant fleuve Fraser, source de vie de l’ouest canadien, passe pratiquement dans mon jardin, d’où des conditions quasi parfaites. Le sous-sol est suffisamment dur pour offrir des pistes démentes et assez tendre pour assurer une bonne traction. »


2

i ncontournable whi stler Ca na da

« Whistler a été la première station de ski à se transformer intégralement en un site de référence pour VTT pendant la période estivale. Du coup, les visiteurs viennent du monde entier profiter de pistes uniques. Quand on est à Whistler, la motivation ne manque pas. Et il y en a pour tous les niveaux. »

notre guide Brandon Semenuk Vainqueur du Freeride Mountainbike World Tour 2012

WH I sTLE R e st un royaum e où le VTT E ST ROI

s’y rendre À deux heures de route de Vancouver. se loger Hôtel ou appartement, ­Whistler offre un hébergement pour toutes les bourses. coût Forfait journalier à partir de 56 dollars canadiens (env. 42 €). quand y aller ? De juin à septembre. à part le vélo L’été, tout tourne autour du sport-roi local. Mais observer les passants avec une bonne bière et un hamburger au centre du village est tout aussi agréable.


3

adh é re nc e totale big wate r U ta h, usa

notre guide Darren Berrecloth Légende du freeride

« Il m’a fallu trois semaines pour dénicher ce lieu de tournage pour le film Where the Trail Ends. Le terrain en bentonite, une sorte d’argile, est parfaitement praticable et le paysage est l’un des plus beaux au monde. La magie du désert opère même sur un gars comme moi qui a grandi dans une région bien moins aride. »

32

s’y rendre Vol pour Las Vegas ou Salt Lake City, puis 3 à 4 heures de route. Big Water est classée en zone de loisirs. La pratique du vélo fait partie des activités autorisées. se loger Big Water est une bourgade de 400 habitants. Les chambres y sont rares, tout comme les touristes. quand y aller ? Toute l’année. à part le vélo À 300 kilomètres vers le sud, le Grand Canyon est impraticable même pour des freeriders téméraires. Mais il vaut le détour pour une balade à pied, par exemple.


Photos : Scott Markewitz/Red Bull Content Pool, Ian Hylands/Red Bull Content Pool

L’utah et son é poustouflante vari été de paysage s


4

Au pi e d de l’ H i malaya Mustang n é pa l

« Des descentes démentielles, d’innombrables single tracks (sentier à voie unique, ndlr) et des sentiers de cross-country tout en souplesse. Avec en prime, une vue imprenable sur l’Himalaya. Ma piste favorite mène à Lo Manthang, l’ancienne ville impériale du Mustang. »

le né pal offre une vue à coupe r le souffle sur l’H i malaya

photos : Blake Jorgenson/Red Bull Content Pool (2) Credit: christoph malin, Richard bull, holzknecht seefeld

notre guide Mads Mathiasen Salarié chez himalayan-trails.com

s’y rendre Le Mustang se situe à l’ombre de l’Annapurna. L’aéroport le plus proche est à Jomosom, un autre plus important se situe dans la capitale Katmandou. se loger Dans les tea-houses, ces auberges tenues par des locaux. Autre option, le camping. coût Compter 500 dollars (soit 380 €) pour le permis d’entrée dans le Mustang. Valable dix jours. Au Népal, prévoir entre 100 à 250 dollars par jour (soit 80 à 190 €). quand y aller ? De mi-avril à fin juin. à part le vélo Impossible d’approcher de plus près les 8 000 mètres d’altitude du Dhaulagiri et de l’Annapurna. Certains ­chapitres de l’histoire de ­l’alpinisme s’envolent.


5

dive rsité alpi ne Tyrol au t r ich e

« Les montagnes tyroliennes regorgent de conditions idéales pour le VTT. Encore récemment, l’infrastructure laissait à désirer mais les choses ont bien ­évolué. Innsbruck et ses communes voisines Steinach am Brenner et Serfaus allient la beauté du paysage et le ­plaisir du vélo. »

notre guide Georgy Grogger Concepteur de bikeparks chez www.trailsolutions.at

s’y rendre Vol pour Innsbruck ou Munich. se loger L’offre est riche en raison d’importantes infrastructures pour les sports d’hiver. coût L’entrée pour la journée au bikepark coûte 30 €. quand y aller ? En octobre, l’air est clair, les couleurs incroyables et les pistes bien travaillées. à part le vélo Aux perpétuels clichés sur les chants et tenues des Tyroliens, la ville étudiante d’Innsbruck oppose une légèreté et une urbanité tout italienne.

LE TYROL regorge De CONDITIONs IDéALES et ve rdoyante s

35


6

bon h eur e n harde alpe d’ hue z f r a nce

notre guide René Wildhaber  Sextuple vainqueur de   la Mégavalanche

« La Mégavalanche   de l’Alpe D’Huez est la plus grande course au monde. Amateurs et pros s’y côtoient. 2 000 bikers partent depuis   le sommet du Pic Blanc à 3 300 mètres d’altitude pour une arrivée à Allemont, à 720 m. Les plus rapides bouclent le parcours en 50 minutes, les plus lents en une demi-journée. »

36

Credit:

s’y rendre Par la route, en empruntant les 21 célèbres virages en épingle qui font la renommée du Tour de France. Les aéroports les plus proches sont Grenoble et Turin. se loger Le logement en appartement ou en hôtel est inclus dans   le package d’inscription à la course. coût Pour accéder à la course et au téléphérique, il faut payer 55 €. quand y aller ? La semaine de la Mégavalanche 2013 a lieu du 8 au 14 juillet. à part le vélo Se délecter d’une tartiflette.

2 500 M èTRE S de desc e nte pour un plai si r INTE NSE e n ACC é Lé RÉ


photos : Stefan Hunziker, Lukas Maeder/Red Bull Content Pool


7

sous la m e r Turfan, dé se rt de Gobi CH i n e

notre guide Jack Ho  Chercheur de pistes

quand y aller ?

Mars, avril et octobre, quand les températures deviennent supportables. à part le vélo Turfan se trouve sur la route de la soie où d’innombrables cultures, 2 000 ans durant,   y ont laissé trace de leur passage.

Credit: photos : John Wellburn/Red Bull Content Pool, graeme murray/Red Bull Content Pool (3), Jack Ho

UNe AI RE DE JEU ­P ITTORE SQUE conçue POUR LA DE SCE NTE

« Les Monts ­Flamboyants du Turfan semblent avoir été formés pour la descente. C’est une aire de jeu pittoresque, mise en   valeur dans le film Where the Trail Ends. Turfan est la région la plus chaude de Chine, jusqu’à 40 °C en été,   de quoi décourager les bikers les plus hardis. »

s’y rendre Depuis Pékin, prendre un vol intérieur pour Ürümqi, puis trois heures de route jusqu’au Turfan. se loger Large choix d’hôtels étoilés. Il vous faut compter une ­cinquantaine de dollars (soit 40 €) la nuit. coût 120 dollars (soit 90 €) pour le visa et 400 (soit 310 €) pour le vol intérieur. Sur place, le prix des navettes varie selon les itinéraires,   le véhicule et le nombre de personnes.


8

paradi s pe rdu Rotorua Nou v e l l eZ é l a n de

DE S c h e m i ns situé s À que lques e ncablures DE LA VILLE

notre guide Brook Mcdonald Top descendeur

« Rotorua a tout : des pistes cross-country sans fin, des lignes de descente géniales, toutes praticables à l’année. Le tout à deux pas de la ville. Seul Whistler peut rivaliser mais Rotorua est bien moins chère. »

s’y rendre L’aéroport international d’Auckland est à quatre heures de route au nord. se loger Motels, cottages et lofts sont équipés pour accueillir les bikers aux abords des sites. Sinon, la location d’un camping-car à Auckland est une bonne option. coût Le coût de la navette : 10 dollars néo-zélandais (soit 6,40 €). quand y aller ? Quand l’hiver sévit dans l’hémisphère nord, son pendant sud jouit de l’été. Nous recommandons donc d’y aller en janvier, au moment où le froid est le plus désagréable chez nous. à part le vélo Profiter des sources thermales de Rotorua.

Ces pistes en vidéo sur l’appli pour tablettes The Red Bulletin !

39


mark wahlberg

ange et démon Texte : Rüdiger Sturm Photos : Dewey Nicks/Trunk Archive

C’est un Mark Wahlberg bien calme que The Red Bulletin rencontre. Le geste, le ton et le regard confortent cette impression. L’explication ne tarde pas à venir : un gros manque de sommeil et une journée marathon d’interviews. À première vue, l’acteur américain de 41 ans, à l’affiche de la comédie d’action Pain and Gain qui sort au mois d’août, ressemble à un gentil garçon. Mais dès ses premiers mots, il se révèle avant tout déterminé. On se dit que son étonnante carrière au cinéma n’est pas le fruit du hasard. 40


Délinquant, chanteur, acteur star, père de famille... Le corps athlétique de Mark Wahlberg abrite un homme aux multiples facettes.


L’opiniâtreté de ce catholique pratiquant, père de quatre enfants, ne s’est pas forgée dans le milieu du show-business ni durant ses années de rappeur au sein du crew Marky Mark and The Funky Bunch, mais bien au long de son adolescence délinquante à Boston. the red bulletin : Plus jeune, vous avez eu des soucis avec la justice... mark wahlberg : (Il coupe.) J’ai été un temps un petit délinquant mais j’ai eu une seconde chance, au contraire de mes potes de l’époque qui sont soit morts, soit en prison. Sur une peine de deux ans pour coups et blessures, vous avez passé quarantecinq jours en prison. Comment passe-ton de détenu à star d’Hollywood ? Parfois, je me le demande moi-même. J’ai tout simplement ressenti le besoin et le désir de changer ma vie. Je me suis donné à fond pour arriver à quelque chose de positif. Je ne croyais pas qu’un tel voyage serait possible mais j’ai bossé très dur. Quand on n’a plus rien à perdre, on a la niaque. C’est plus facile à dire qu’à faire… À ma sortie de prison, je suis retourné dans mon ancien quartier mais je n’avais plus envie de fréquenter les gars du gang. Ça a été difficile, je les croisais tous les jours. Pour eux, soit vous êtes avec eux, soit vous êtes contre eux. C’est vite devenu compliqué. Que s’est-il passé ? Beaucoup de choses. Mais j’étais déterminé à mettre un terme à tout cela. Aujourd’hui, mon seul souhait est d’encourager d’autres jeunes à en faire autant. C’est le sens de la fondation que j’ai créée pour les enfants des quartiers difficiles de Boston où j’ai grandi. Dans vos derniers films Broken City et Pain and Gain, vos personnages sont en conflit avec la loi. Ces rôles vous inspirent-ils ? Oui, je puise dans ma propre vie. J’essaie toujours de trouver des rôles auxquels je peux m’identifier. J’utilise ainsi mon vécu de manière positive et j’incarne le ressenti de ces personnages bien mieux que par le seul biais d’une technique d’acteur. Parfois, je vois d’autres acteurs dans ce genre de rôle et je me dis qu’ils ne sont pas crédibles. Le métier de comédien vous permetil de vous confronter à vos vieux démons ? 42

Absolument. Il me permet d’explorer mon côté sombre. Ceci explique mon attirance pour les personnages extrêmes. C’est mon exutoire, j’apprivoise mes démons. À la fin d’une journée de travail, je suis content d’avoir pu extérioriser mon agressivité, mes passions, mes émotions. Vos quatre enfants connaissent-ils le passé de leur père ? Ils sont encore jeunes, entre neuf et trois ans. Un jour, je leur raconterai s’il le faut, mais le plus tard possible. Le but n’est pas de leur cacher mon passé mais je ne veux pas non plus qu’ils se disent : « Papa a vécu des situations graves mais à la fin, tout s’est arrangé. Nous pouvons faire tout ce que nous voulons et tout finira bien. » Ce serait leur envoyer de mauvais signaux. Je ne connais personne d’autre qui a survécu au milieu que j’ai fréquenté, en ayant pris les décisions qui ont été les miennes. Dans votre cas, le séjour en prison semble avoir agi comme un déclic... Oui, mais pas en ce qui concerne ma relation aux femmes. La première fois que je suis tombé amoureux, j’étais très attentionné. Mais lorsque j’ai atterri en prison, ma belle ne voulait plus avoir affaire à moi et encore moins m’attendre. Aujourd’hui, tout ça est bien loin et je ne lui en veux plus. Mais à l’époque, j’ai eu le cœur brisé et j’avais décidé de ne plus jamais être amoureux. Beaucoup de personnes, par la suite, ont souffert de ma dureté. C’est seulement quand j’ai rencontré ma femme et que nous avons eu notre première fille que j’ai réalisé qu’il y avait un sens à tout cela. Maintenant, j’ai le plus grand respect pour les femmes et je l’inculque à mes garçons. Ils ne doivent pas faire les mêmes erreurs que moi. Quelle est la chose la plus importante que vous apprenez à vos enfants ? D’aimer Dieu et de le servir. C’est la clé, tout le reste en découle. Donc vous êtes croyant... Je suis catholique pratiquant. Tous les dimanches, je me rends à l’office. Après tout, j’ai beaucoup à me faire pardonner. La route vers la lumière est longue.

sur le fil du

rasoir Inculpé pour tentative de meurtre, cocaïnomane, mannequin pour sousvêtements, rappeur... La vie de Mark Robert Michael Wahlberg est variée. Elle débute le 5 juin 1971 à Boston. Benjamin d’une fratrie de neuf enfants, il s’illustre pendant l’adolescence dans la délinquance. Après plusieurs altercations avec la police, il est condamné, à 16 ans, à deux ans de prison pour agression. Quarante-cinq jours plus tard, il est libéré. Dès lors, sa vie prend une autre tournure. Dans les années 90, il caracole au hit-parade avec son groupe hip-hop Marky Mark and The Funky Bunch. Il pose pour ­Calvin Klein, puis Hollywood l’appelle. En 1997, sa carrière décolle grâce à son interprétation d’une star de film X dans Boogie Nights. Les films En pleine tempête et Les Rois du Désert sont deux nouveaux tremplins vers le succès, avant une nomination aux Oscars en 2007 pour son jeu d’acteur dans Les Infiltrés. L’an dernier, la comédie déjantée Ted a rapporté près de 555 millions de d ­ ollars. Pour ceux qui seraient tentés d’acquérir un morceau de vie de l’acteur quadra, sa villa, avec salle de fitness et terrain de basket digne des Boston Celtics dont il est fan, est à vendre. Son prix ? 14 millions de dollars. the red bulletin


Conscience. Aujourd’hui, Wahlberg travaille son image de... Mark sous les sunlights d’Hollywood.

Je commence mes journées par prier à genoux. Ma foi m’a beaucoup aidé à devenir le père et le mari accompli que je suis aujourd’hui et à réaliser tous mes objectifs personnels et professionnels. Que pensez-vous des personnes qui ne prennent pas votre foi au sérieux ? Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Pour ma part, j’ai choisi une voie et je m’y tiens. Je reste un être très tolérant mais ma foi et mes convictions sont profondément ancrées en moi. L’Eglise catholique fait l’objet de nombreuses critiques pour sa rigidité et ses positions conservatrices... Je ne souscris pas à toutes les positions de l’Église. Ma foi s’adresse avant tout à Dieu. À quels moments de votre vie votre foi vous aide-t-elle ? Quand je dois faire face à la perte d’un être cher ou lorsque quelque chose me donne du chagrin. Ma sœur est décédée le jour de la naissance de ma fille. Mon père est mort il y a cinq ans, ça a été un coup très dur pour moi. Grâce à ma foi, j’ai pu apprécier à leur juste valeur les moments et les expériences que nous avons partagés. Ma foi me permet de faire la part des choses et d’aller à l’essentiel. Pensez-vous que votre père est toujours présent ? the red bulletin

Absolument. D’ailleurs, mon plus jeune garçon lui ressemble énormément, dans sa façon de bouger, de parler ou d’être grognon. Mon fils a en lui quelque chose d’un vieux monsieur. C’est très étonnant ! Que pensez-vous de la maxime biblique « tendre l’autre joue » ? En pratique, l’idée est difficilement réalisable mais j’essaie de l’appliquer autant que possible. J’espère seulement ne jamais avoir à vivre une situation d’horreur comme celle des parents dont les enfants ont été massacrés à l’école

«   J ’a i e u d e la chance au contraire de mes potes qui sont soit morts, soit en prison »

de Newtown, dans le Connecticut. Dans de tels cas, il faut être en mesure de se protéger et parfois c’est la seule option. En même temps, il faut être capable de pardonner. Ma foi me permet d’accepter beaucoup de choses qu’en temps normal je ne pourrais tolérer. Mais ce n’est jamais facile car il y a aussi en moi un côté qui dit : « Tu m’as fait du mal, tu dois payer. Peut-être qu’après c’est toi qui pourrais m’accorder ton pardon ? » Qui a été la première personne à vous pardonner ? Ma femme. Mes fils adorent le paintball et un jour, ils m’ont demandé s’ils pouvaient tirer sur quelqu’un. J’ai refusé. Un de mes potes participe à l’occasion à des tournages où il reçoit de vrais coups. Mes fils m’ont demandé s’ils pouvaient tirer sur lui. Mon pote a accepté et on lui a donc tiré dessus. Ça a été un moment hilarant que nous avons filmé et que nous visionnions régulièrement jusqu’au jour où ma femme l’a vu. Elle était furieuse et j’ai eu droit à une sacrée engueulade. Ma pénitence a duré un bout de temps. À la maison, le boss c’est donc madame. Pour elle, avez-vous fait beaucoup de concessions ? Il y a eu quelques décisions difficiles à prendre mais nécessaires. Quand je l’ai connue, j’habitais avec cinq ou six potes, mais j’ai tout de suite senti qu’avec elle, c’était spécial. Je me suis décidé à quitter la colocation et à emménager avec elle dans ma première maison. Quand j’ai trouvé la maison, mes potes comptaient tous y habiter avec moi. Ma réponse fut nette : « Désolé les gars, mais cette fois c’est sans vous. » C’est le jour où ils sont tous sortis de ma vie. Cette époque vous manque-t-elle ? Leur influence était mauvaise. Avec eux, c’était la bringue non-stop. Ils seraient surpris de voir à quel point leur vie avancerait s’ils arrêtaient l’alcool et la tournée des grands-ducs. Aujourd’hui, il m’arrive d’être debout à 5 heures du matin et de jouer au basket. Deux heures plus tard, j’emmène mes enfants à l’école. Vos enfants sont-ils plus sages que vous ne l’étiez ? Bien sûr, même si mon dernier fils essaie, du haut de ses quatre ans, de me mettre des coups en dessous de la ceinture. Il arrive parfois à me surprendre et ça fait mal. Mais quand je le regarde faire, je ne peux m’empêcher de rire. Vous aussi vous savez nous faire rire… Aucun problème. Pensez à mon rôle dans Boogie Nights où j’avais un énorme pénis en plastique fixé au mien. Plus sur www.brokencitymovie.com et www.painandgainmovie.com

43


Date et lieu de naissance 14 novembre 1979 à Berdiansk, Ukraine Profession Comédienne/mannequin Langues Russe, anglais et français Premier rôle Passagère d’un taxi dans le clip de Seal Love’s Divine (2003) Rôle dramatique Petite amie de Ben Affleck dans To the Wonder (2012)

«  Je démonte un 9 mm en huit secondes »


Olga Kurylenko

Le feu sur la glace À l’écran, Olga Kurylenko est une James Bond girl à l’instinct de tueuse. Dans la vie, c’est une star sans histoire. L’actrice francoukrainienne de 33 ans se livre sans fard pour The Red Bulletin. Texte : Andreas Rottenschlager

Olga Kurylenko évolue dans la cour des grands. Pour preuve, le budget de 120 millions de dollars de son dernier film, le blockbuster Oblivion dans lequel elle joue aux côtés de Tom Cruise. L’exmannequin n’en est pas à son premier coup. En 2008, sa carrière prend une dimension nouvelle avec son rôle de James Bond girl dans Quantum of Solace, loin du glamour habituel, car elle y suait sang et eau pour venger le meurtre de ses parents.

photos : universal

the red bulletin : Êtes-vous encore capable de démonter un 9 mm Rohrbaugh R9 en huit secondes ? olga kurylenko : Mon arme dans Bond ? Bien sûr. J’ai récemment reparlé à mes coachs de tir et ils ne se sont toujours pas remis de ma performance. À la fin du tournage, j’étais même plus rapide qu’eux. Quand avez-vous eu Daniel Craig au téléphone pour la dernière fois ? Jamais, il ne m’a pas donné son numéro (rires).

mes envies sont restées les mêmes. Quel est le souvenir le plus marquant de votre enfance à Berdiansk ? Nager dans la mer jusqu’à en devenir bleue de froid. Quand j’étais enfant, je passais des journées entières à la plage. Ma mère avait du mal à me faire sortir de l’eau. Vous êtes repérée, à l’âge de 13 ans, par un chasseur de mannequins, puis vous vous installez seule à Paris, à 16 ans. Quelles ont été les recommandations de votre mère ? Elle m’a dit : « Sois heureuse, tu vas dé-

ma fille à part pour lui expliquer comment cette profession fonctionne en réalité. Le dernier film d’Olga Kurylenko, Oblivion, est un film de science-fiction sur la fin des temps articulée autour d’une grande conspiration et assorti d’effets spéciaux dernier cri. Tom Cruise y incarne le héros d’un monde anéanti par des aliens. À ses côtés, Kurylenko joue le rôle d’une mystérieuse femme sortie d’une capsule spatiale.

Oblivion se déroule dans le futur. À quoi ressemblera le monde en 2073 ? J’espère que notre planète sera toujours là. Peut-être que les voitures auront disparu et que nous nous ­déplacerons en bubbleship (la mininavette spatiale pilotée par Tom Cruise dans le film, ndlr). Qu’avez-vous appris aux côtés de Tom Cruise ? Tom est un grand professionnel. Il n’est pas du genre à débarquer sur le plateau juste pour jouer sa scène. Il discute de chaque séquence, y Olga Kurylenko est née en 1979 à Bercompris des plus petits plans. Avant diansk, une ville industrielle grisâtre le tournage, ensemble nous avons près de la mer d’Azov en Ukraine. Ses passé le scénario en revue, assis à parents divorcent lorsqu’elle a trois Dans Oblivion, Olga Kurylenko est en mode Cruise contrôle. une table avec la possibilité pour ans. Olga est élevée par sa mère et sa couvrir Paris. C’est ta récompense même chacun de proposer des améliorations grand-mère, elles partagent un appartesi ta carrière échoue. » Elle n’aurait jamais pour son personnage et ses dialogues. ment avec d’autres membres de la famille. pu me payer un tel voyage. Il existe un Tom est très consciencieux et en attend Olga prend des cours de piano et de danse proverbe russe qui dit : « Voir Paris et tout autant de ses partenaires. classique dans une Union Soviétique en mourir. » Cette ville m’a toujours fascinée. Quel a été votre plus gros challenge sur plein effondrement. Deux ans plus tard, vous faisiez la coule tournage ? verture de Vogue. Que pensez-vous du Nous avions un prototype de bubbleship. Vous avez grandi dans un milieu momonde du mannequinat ? Le cockpit était accroché à une grue qui deste. Cela laisse-t-il des traces ? Si j’avais une fille, j’essaierais de la disle faisait tourner pour simuler les vols en Quand on subsiste avec moins que le misuader d’y entrer. Un tel esprit de compépiqué. C’était comme être dans une manimum vital, on n’a pas d’autre choix que tition ne peut être bon pour l’équilibre des chine à laver, en mode essorage. Il m’a de s’adapter. On réalise alors qu’on a beenfants, on se demande en permanence fallu un mois d’entraînement pour ne plus soin de peu pour vivre. Venir d’une face qu’on pourrait faire en cas d’échec. J’ai avoir la nausée ! mille riche et devenir ensuite pauvre est Oblivion est déjà dans les salles. eu la chance de commencer à travailler à mon avis bien pire. Aujourd’hui, j’ai la Plus sur www.oblivionmovie.com tout de suite. Je pense que je prendrai chance d’avoir un train de vie aisé. Mais the red bulletin

45


STONER À NOUVEAU CASEY Mécontent de l’évolution du MotoGP, Casey Stoner se tourne désormais vers la course automobile. reportage à Adelaïde, à l’occasion de la manche d’ouverture des Dunlop Series.

photo : Mark Horsburgh

Texte : Josh Rakic

46



48

the red bulletin


photos : Getty images (2), Mark Horsburgh

Admirateurs. À l’Adelaïde Clipsal 500, une horde de fans entoure Stoner (ci-dessus). Jamie Whincup, Casey Stoner et Mark Webber près des stands durant le Top Gear Festival de Sydney (cicontre, de gauche à droite). Au côté de sa Holden Commodore, le débutant le plus célèbre du championnat australien du V8 Supercars, lors de la manche d’ouverture à Adelaïde (à gauche).

the red bulletin

délaïde, Australie. Il a la tête baissée et le visage masqué par la longue visière de sa casquette. Casey Stoner n’est clairement pas à son aise. Le double champion du monde de MotoGP peine à fendre la foule de fans qui l’enserre. Poliment, il sourit pour les photos et signe des autographes tout en avançant. Il essaie de chasser la pression qui l’accompagne à quelques heures de se lancer dans un nouveau défi. Même si Stoner, 27 ans, a derrière lui douze saisons en Championnat du monde de moto, la renommée et la médiatisation restent des compagnons encombrants. Ce week-end-là, au Clipsal 500, lors de la première manche des Dunlop Series, il n’a aucune chance de passer inaperçu. L’Australien, pilote pour un an de l’écurie Triple Eight Race Engineering, est l’attraction vedette de la nouvelle saison de l’antichambre du V8 Supercars. Le choix de Stoner de quitter l’écurie Honda et

l’élite mondiale du MotoGP pour la deuxième division du championnat australien de voitures de tourisme ravit la foule de fans présente au bord du circuit. Autant qu’il a désespéré les paddocks du MotoGP surpris par la retraite anticipée d’un des pilotes les plus doués de sa génération. En conséquence, les télés australiennes sont toutes présentes à Adélaïde pour diffuser les courses en direct. Du jamais-vu. Cette décision de Stoner a semé le trouble. Pourquoi avoir préféré une épreuve australienne confidentielle plutôt que le WRC, la NASCAR ou l’IndyCar, beaucoup plus médiatiques ? « Je ne voulais pas repartir aux quatre coins du monde pour la compétition. J’ai envie de courir là où je peux aussi profiter de la vie et m’installer sans avoir à traîner ma petite famille dans d’incessants voyages. » Dans le motor-home du team Triple Eight, à l’écart de l’agitation, il s’amuse avec sa 49


« J’aime ma famille, la pêche, mes potes et la course. et la victoire ! »

50

the red bulletin


the red bulletin

photos : Getty iamges (2), Daniel Kalisz, Mark Horsburgh

Concentration. La classique ­préparation mentale d’avant-course (page de gauche). Même sur quatre roues, Stoner démontre qu’il sait ­aller vite. Ses chaussons personnalisés ne le quittent pas.

fille Alessandra, un an, assise sur ses genoux. « Depuis des années, je suis le V8 Supercars, je me suis toujours passionné pour ce championnat. » L’Australien, invariablement peu disert, fait court dans l’explication. Il confie que même pendant son adolescence, il restait souvent seul dans son coin. Et, hormis la présence de sa femme Adriana, il a passé la plupart de ses huit saisons en MotoGP dans une solitude assumée. Stoner n’a rien d’asocial mais il préfère privilégier son cocon familial. « Certains pilotes recherchent la célébrité et la reconnaissance, ils courent les soirées, squattent la une des magazines. Pas moi, tranche-t-il. J’ai juste la passion des motos et des voitures depuis que je suis gamin et je suis devenu plutôt bon dans ce domaine. Je n’en ai jamais fait une question d’argent. Je ne suis pas un exemple, juste un mec qui aime sa famille, la pêche, boire quelques bières avec des potes et la course. Et la victoire ! », lâche-t-il dans un sourire. Aucune fausse modestie chez Stoner qui se dévoile sans en rajouter. Il avoue ne pas aimer le changement. Au moment de sa signature chez Honda en 2010 après quatre années chez Ducati, il avait pris soin d’emmener le plus de membres de son staff, pour continue à travailler avec des gens qui lui font confiance depuis des années. Rhys Edwards, responsable com51


52

Pause. Avec son pote, l’Australien Jamie Whincup, autre pilote engagé en V8 Supercars, Casey décompresse entre deux manches (ci-dessus).

Adélaïde pour le soutenir. « Si vous faites partie de ses proches, il faut être digne de sa confiance, poursuit Edwards. En privé, loin de toute agitation médiatique, Casey est très marrant. C’est quelqu’un de généreux et de très chaleureux. C’est dommage que 99 % des gens ne sachent pas qui il est vraiment dans la vie. » Ils ne savent pas non plus que Stoner n’a qu’une seule exigence : des repas sans lactose, une allergie qui le met à plat. Il est intraitable sur le sujet. Dès que possible, il partage pourtant le même menu que les autres à la cantine de son équipe Triple Eight. Pas question d’être à part, pas le genre à exiger un traitement de faveur. D’ailleurs, il donne régulièrement du « nous » plutôt que du « je » quand il évoque la compétition et sa préparation. Stoner sait ce qu’il veut, ou plutôt ce qu’il ne veut pas être : un héros. « Beaucoup de gens ne comprennent pas Casey, et notamment son comportement vis-à-vis des médias et des fans, ajoute Edwards. Mais je sais qu’il est profondément reconnaissant envers tous les gens qui le soutiennent. Il est timide, tout simplement, et il déteste être mis en avant. Les médias, ça fait partie de son boulot, mais il n’aime pas ça. » Pendant ces deux jours de courses, ­Casey Stoner, la superstar du week-end, jouera le jeu pour les sponsors et les fans. L’Australien n’aime pas parler de lui, mais

photos : Mark Horsburgh (2), Daniel Kalisz

munication de l’écurie ­Honda Racing, confirme : « Casey prend le temps de choisir ceux qui sont tout près de lui. » Tatoué du chiffre 27 sur son poignet gauche, en souvenir du numéro de course de Stoner, Edwards avait rejoint Honda en même temps que l’Australien, après avoir travaillé en F1 pour Ferrari et Renault. Il fait partie, à l’instar de l’Anglais Chaz Davies, pilote en Superbike, et de Chris Hillard, manager d’Alpinestars en MotoGP, du ­petit cercle des proches. Le trio est ici à

the red bulletin


« Le vrai fan est celui qui n’attend rien. Ça, c’est bien »

the red bulletin

53


Supporter. Au long de ses ­annÊes MotoGP, Stoner a toujours suivi le championnat V8 Supercars.

54

the red bulletin


photos : Mark Horsburg

il suffit d’évoquer le sport australien, un de ses sujets favoris, et il est intarissable. C’est souvent le cas en conférence de presse, Stoner démarre au quart de tour, sans retenue. Comme ici où très vite la discussion s’est amorcée sur les difficultés actuelles des Socceroos, la sélection australienne de football. Elle aurait pu s’éterniser tant Stoner semble passionné par le vétéran Harry Kewell (34 ans) qui s’est engagé il y a quelques semaines en faveur du club qatari de Al Gharafa. Afin de réduire son retard sur un emploi du temps très chargé, Stoner saute dans une voiturette de golf dès le terme de la course de ce samedi, bouclée à la 14e place après un départ en 30e position. La veille, 12e au départ, lui et sa Holden Commodore avaient abandonné au bout de quelques tours à cause d’un pneu éclaté. Derrière la voiturette, un fan italien. Sac à dos à l’épaule, casquette sur la tête, appareil photo en main et drapeaux aux oreilles, il court, tel un Forrest Gump du Piémont. Il piste Stoner depuis la veille. Sur la banquette arrière, l’attaché de presse de l’Australien fait comprendre avec véhémence à cet individu potentiellement gênant que le pilote ne peut s’arrêter. Stoner est attendu par des dizaines de journalistes pour une énième conférence de presse et il est déjà en retard. Sous le soleil brûlant d’Adélaïde, n’importe quel être humain aurait renoncé à ce type de course-poursuite, perdue d’avance. Pas notre homme. La scène est surréaliste. Il a déjà parcouru la moitié de la distance et franchi deux contrôles de sécurité quand Stoner fait stopper le véhicule. « On est très en retard », lance l’attaché de presse. Stoner se retourne et rétorque, droit dans les yeux, un cinglant : « Je m’en arrangerai. » Le chauffeur s’arrête, l’Australien vient à la rencontre du fan, passe les bras autour de ses épaules et échange quelques mots avec lui. « Je voudrais juste faire une photo, plaide, haletant, Massimo, ce napolitain aux faux airs de pizzaïolo. Casey, t’es mon héros. J’adore ta façon de piloter. » Stoner prend la pose en souriant. épuisé, Massimo restera là de longues secondes immobile, dans le brouhaha général, à regarder s’éloigner sa nouvelle idole. Longtemps, il a soutenu Rossi... « Le vrai fan, le genre de type que j’apprécie, confie Stoner, c’est celui qui n’attend rien, ne demande rien. Il est poli et te montre que c’est un vrai fan de moto. Ça, c’est bien. Tous ces admirateurs qui se plantent devant vous pour avoir une signature sans même vous dire bonjour ou merci, ça m’énerve. » Après des années à voyager autour de la planète, Stoner est ravi de se poser durablement sur sa terre the red bulletin

« Les fans qui ­réclament un a ­ utographe sans dire bonjour ni merci, ça m’énerve » natale. Un retour au pays sans motivation financière. Il a renoncé à une offre de douze millions d’euros pour rester en ­MotoGP et a préféré quitter l’élite mondiale de sa discipline pour l’anonymat d’une autre. « Si on me demande de choisir où je veux vivre dans le monde, je choisis l’Australie sans hésitation, jure-t-il aussitôt, en

V8 Supercars, kézako ? Les bolides des Dunlop Series V8 Supercars, la seconde division du championnat australien de voitures de tourisme, sont équipés d’un moteur V8 cinq litres qui leur permet d’atteindre une vitesse de 300 km/h. Cette compétition compte sept manches, avec deux courses chaque week-end. Les pilotes engagés sont quatorze à conduire une Ford Falcon et seize, dont Casey Stoner, une ­Holden Commodore. Ce modèle fait partie du patrimoine automobile aussie.

regardant sa femme Adriana. Si je n’avais pas été obligé de voyager sur tous les continents pour mon boulot, je m’en serais volontiers passé. À l’exception des états-Unis où avec Adriana, on adore se balader. Mais je ne suis jamais aussi heureux que quand je suis chez moi, ça fait tellement longtemps qu’on vit loin de nos familles et amis respectifs. » Stoner a tout de l’Australien taiseux qui, s’il n’était pas aussi connu, ne déparerait pas derrière le comptoir d’un magasin de pêche avec un chapeau de paille sur la tête. Ce samedi, de retour à l’hôtel après des tours de piste, Stoner, serein et heureux, nous montre le jardin où il a demandé « maladroitement » à Adriana de l’épouser. C’est sûr, l’Australien est un homme comblé qui a toujours tout fait très vite. Dans ces conditions, et compte tenu de son glorieux passé, on se dit que l’ex-­ pilote moto double champion du monde pourrait connaître le succès sur quatre roues. Plus vite que prévu. Plus sur www.v8supercars.com.au

55


katherine sparkes

Au cœur de l’action L’Anglaise Katherine Sparkes, à la tête d’une structure de l’économie sociale et solidaire, relève tous les défis : l’aide aux SDF ou la traversée de la baie de San Francisco à la nage. Texte : Ruth Morgan  Photo : Shamil Tanna

E

n ce matin de printemps très frisquet à Bristol, Katherine Sparkes, installée dans un café, observe les nageurs qui enchaînent les longueurs dans la piscine extérieure voisine. Elle s’inquiète de son niveau en crawl. À juste titre. En septembre prochain, elle se lance dans une traversée à la nage périlleuse, entre l’île d’Alcatraz et San Francisco. Contre les courants marins et les requins. Et, là, elle ne se trouve pas au mieux. « À chaque fois que je bats des jambes, j’ai l’impression de partir en arrière, lance la jeune Anglaise de 32 ans. Il y a encore du boulot. Mais, dès que je vois de l’eau, j’ai envie de m’entraîner. » Cette année, elle va aussi prendre part à une randonnée nocturne en roller à Paris, à une course cycliste de 260 km en Italie et à l’ascension d’une montagne au Brésil. Un échantillon des treize défis que Katherine Sparkes s’est lancé pour rapporter des dons à sa fondation Flamingo. À la tête de son agence de relations publiques éponyme, elle se dépense sans compter. Spécialisée dans la responsabilité sociale des entreprises (RSE), elle l’a créée à tout juste 22 ans. Avec un sacré mental. « Je suis devenue bonne à tout faire. Un jour, en réunion de travail avec des chefs d’entreprise, le lendemain sur un échafaudage dans une maison de retraite ou endormie dans un hamac au ­Kenya. » Cette Anglaise trentenaire a le don de s’adapter à toute situation. Ce jour-là, juchée sur ses hauts talons, elle a le look « executive woman ». Un comble 56

pour celle qui avoue se sentir « beaucoup plus à l’aise en treillis au milieu de nulle part, entourée de gamins ». Pour le succès de Flamingo, Sparkes dévoile sa vraie personnalité. À mi-chemin entre les relations publiques et l’action humanitaire, avec son équipe elle permet au monde de l’entreprise de s’im-

« Je n’avais pas d’argent, pas de business plan. Juste un ordinateur » pliquer dans des projets solidaires. En dix ans, elle a mené à bien plusieurs opérations caritatives, comme la construction d’écoles ou de huttes en terre pour des enfants en Thaïlande, la collecte de vêtements pour des SDF chômeurs de GrandeBretagne ou celle de soutiens-gorge dont la revente en Afrique a permis à des femmes de financer leur micro-entreprise.

Elle a même récupéré des instruments de musique au profit d’enfants déshérités du monde entier. « La démarche de responsabilité sociale d’une entreprise lui permet de renvoyer l’ascenseur à la communauté, explique la jeune femme. Nous accompagnons toutes sortes de boîtes, petites ou grandes. Il y a cinq ans, personne n’avait entendu parler de RSE en GrandeBretagne. Je m’investis dans quelque chose qui a toujours eu du sens pour moi. Si une société réalise une bonne action, elle en retirera des bénéfices. Avec les retombées médiatiques et les éventuelles distinctions, elle améliore son image. Les jeunes préfèrent travailler pour des entreprises engagées socialement. Donc tout le monde est gagnant. » Le système a fait ses preuves. Chaque année, depuis son lancement dans un petit appartement pris en colocation, le chiffre d’affaires de l’agence de Sparkes est en progression. Il y a dix ans, la diplômée en journalisme sans expérience effectuait ses premiers pas dans la jungle londonienne des relations publiques. Depuis, elle a fait son chemin : « J’ai toujours su que je voulais faire quelque chose pour aider les gens. » Elle insiste : « Quand mon idée a pris forme, je me suis lancée. Les gens s’imaginent qu’il est difficile de trouver sa place dans le monde de l’entreprenariat, c’est faux. Je n’avais pas d’argent, pas de business plan. Juste un ordinateur. » Il va lui servir à concrétiser un premier projet d’aide aux enfants. Gamine, elle récupérait déjà les cannettes en aluminium pour des associations de charité. À l’école, elle the red bulletin


Top 10 Nommée l’an dernier parmi les dix jeunes entrepreneurs les plus remarquables au monde. Bon plan Administratrice d’une organisation caritative. « Certains jeunes pensent ne pas être à leur place dans ces organismes. Ces derniers, au contraire, adorent avoir des jeunes dynamiques au sein de leur conseil. Et vous, ça vous donnera une bonne idée de la façon dont ce business fonctionne. »

Touche-à-tout. Sparkes est née à Bristol. 32 ans plus tard, elle érige des écoles en un mois, comme ici, au Kenya (page de gauche).


Shade Aid récupère des lunettes de soleil en faveur des pays défavorisés (en haut). The Little Learners Project encourage massivement l’éducation des jeunes par la lecture et l’écriture (ci-dessus).

organisait les collectes d’objets ou de fonds dans le même but. « Tout ça m’a façonnée pour accomplir ce que je fais aujourd’hui. Je ne me voyais pas passer la plus grande partie de ma vie à seulement travailler, j’avais aussi envie de m’investir le plus possible dans des actions caritatives. La seule issue, c’était de trouver un boulot qui me permette de le faire. » Le premier client de Sparkes a été le patron d’un pub où elle bossait à mitemps. Après avoir tenté en vain de l’engager, c’est lui qui a été emballé par son projet de partenariat. Aujourd’hui, il est toujours son client. « Récemment, on a lancé une opération avec cette chaîne de pubs, confie la jeune femme. Ils voulaient promouvoir le fait qu’ils retransmettent le foot à la télé mais il n’y avait aucune retombée presse à en attendre. À la place, on leur a proposé une campagne du fair58

Quatuor de choc Katherine Sparkes est l’une des dix lauréates du prix décerné par la Jeune Chambre Internationale aux meilleurs projets dans le domaine des Entrepreneurs sociaux. À ses côtés se trouvaient : Bobby Kensah, Angleterre Il a créé le réseau Phase-One qui aide les jeunes défavorisés à trouver du travail. Il s’investit aussi en faveur de délinquants désireux de sortir de la criminalité. Tendai Concilia Wenyika, Zimbabwe Elle a fondé le Zimbabwe Young Women’s Network et la Zimbabwe Entrepreneurs Youth Association. Sa détermination inspire les jeunes à devenir euxmêmes actifs au sein de leur communauté. Aisling Neary, Irlande Elle met à profit son expérience de sage-femme pour les plus démunis à travers le monde. Avec les 26 000 € récoltés, Neary fait construire une école dans un village au Ghana.

play en demandant aux gens de ramener au pub leurs maillots de foot pour les gamins en Afrique. On en a récolté 20 000, dont plusieurs offerts par des people ou des politiques. Ça leur a fait une pub du tonnerre. On a emmené dix patrons de cette franchise au Cap, en Afrique du Sud, pour rencontrer les gamins que nous aidions. C’était génial. Ils n’avaient jamais vécu un truc pareil. Nous encourageons toujours les démarches personnelles de ce genre, on ne veut pas de sociétés qui se contentent de signer un gros chèque. » Depuis longtemps, nombreux sont ses clients à avoir été primés pour leur engagement social. Sparkes n’a elle-même été récompensée qu’à la fin de l’année dernière par la Jeune Chambre Internationale (JCI), une organisation mondiale qui soutient les projets de développement des jeunes entrepreneurs. Parmi ses anciens membres, on compte Kofi Annan, Al Gore ou John Kennedy. La consécration pour Sparkes. « Jamais je n’aurais pensé être choisie », jure-t-elle. Elle s’est donc rendue en novembre à Taïwan lors du congrès mondial de la JCI pour récupérer sa distinction. « Une expérience inoubliable », se souvient-elle. K ­ atherine Sparkes a beau avoir reçu plusieurs prix ces dernières années, travailler aujourd’hui à Bristol, sa ville natale, avec une équipe permanente de cinq personnes et vingt autres mobilisables à tout moment, une décennie après ses débuts, sa vision de l’entreprise reste identique. « Je n’ai toujours pas de business plan, ritelle. Si j’en prépare un, il est bon à jeter la semaine suivante. Je crois que beaucoup de choses se font à l’instinct, avec les tripes. On doit être capable de s’adapter vite et d’aller de l’avant. Je ne m’embarrasse jamais avec la paperasse. Pas question de se prendre non plus la tête avec de longues réunions inefficaces. On s’en tape ! Ce qui compte, c’est le résultat. On plante la petite graine avec ces sociétés en espérant qu’elle va pousser et grandir. » Avec son business florissant, la jeune fille bonne à tout faire s’est aussi muée en ­patronne. Ce qui la préoccupe désormais, c’est d’améliorer son crawl. Plus sur flamingo-creative.co.uk et jci.cc the red bulletin

photos : Flamingo Creative (3)

« Beaucoup de choses se font à l’instinct, avec les tripes. On doit être capable de s’adapter vite »



au-delà du

possible Le 6 juin dernier, Herbert Nitsch s’est attaqué à son record du monde de plongée en apnée. Une tentative qui a manqué de lui coûter la vie. En exclusivité pour The Red Bulletin , l’Autrichien de 42 ans revient sur les faits, pour la première fois. Texte : Ron Mueller et Arek Piątek

60


photo : phil simha

Inconscient. Herbert Nitsch a perdu connaissance durant la remontĂŠe.


Baie de Santorin, 6 juin 2012, 14 h 28. Point sécurité avant la tentative.

62

the red bulletin : Comment allezvous aujourd’hui ? herbert nitsch : Je vais de mieux en mieux. Mais le chemin est encore long avant que je ne puisse dire : « Je vais bien », même si je marche par mes propres moyens, sans chaise roulante, ni canne ou déambulateur. C’est déjà un grand progrès. Mais je suis encore raide comme du bois. À la moindre inattention, ma jambe droite se met à pendiller à la hanche. Quand j’essaie de marcher, cela en devient comique, ma démarche est entre le pas de l’oie et la lambada...

photos : phil simha, maria ziegelböck

H

erbert Nitsch est le meilleur apnéiste de tous les temps. L’Autrichien de 42 ans compte 31 records dans une flopée de disciplines, notamment en No Limit, la plus exigeante et la plus risquée de toutes (descente sur une gueuse lestée, remontée selon la méthode de son choix). En 2006, Nitsch est le premier à atteindre les 183 mètres de profondeur d’une seule respiration. Un record qu’il améliore un an plus tard en poussant jusqu’à 214 mètres. En juin dernier, au large de l’île grecque Santorin, l’ancien pilote d’avion avait décidé d’aller encore plus loin, en s’enfonçant à une ­profondeur « inatteignable » selon les ­médecins. La marque ? 244 mètres. La ­tentative échoue, Nitsch est remonté à la surface, inconscient. Depuis, les avis sur son état de santé fluctuent.

«  L’objectif n’était pas d’atteindre 800 pieds mais 1 000. Je sais que c’est jouable »

Grand Bleu. Au long de sa carrière, Herbert Nitsch a é­ tabli 31 records d ­ ’apnée officiels (reconnus par l’AIDA). Il en détient encore deux, réalisés aux ­Bahamas et en... Grèce (VWT et No Limit).



autopsie d’un désastre 6 juin 2012, Amoudi Beach, Santorin. Retour en images sur une dramatique plongée.

14 heures

14 h 30

14  h  3 3

14  h  3 4

Ultimes préparatifs dans la baie de l’île de Santorin. Arrimé à une gueuse de plongée spéciale, Herbert Nitsch cible une profondeur de 244 mètres, d’une seule inspiration. Avant de refaire surface, indemne, 4 minutes 30 plus tard.

Nitsch glisse au rythme de 3 m/s. Environ 90 secondes plus tard, à 244 m sous l’eau, il ouvre deux bouteilles d’air comprimé dans la gueuse. L’air le propulse vers la surface. À 80 m de profondeur, Nitsch est censé quitter la gueuse, poursuivre son ascension jusqu’à 10 m de profondeur avant un palier de décompression, vital, d’une minute.

La gueuse inoccupée bondit de l’eau. Des plongeurs partent à la recherche de Nitsch qui...

... réapparaît à la surface, trente secondes plus tôt que prévu. Du sang s’échappe de son nez et il a l’air désorienté après avoir tenté d’arracher le masque de plongée d’un plongeur secouriste déconcerté.

14 h 35 Nitsch replonge avec une bouteille d’oxygène en compagnie des plongeurs secouristes.

14 h 55

14  h  56

Nitsch remonte à nouveau. Son visage est ravagé de douleurs. Il n’est visiblement pas lucide.

Des assistants hissent Nitsch, mal en point, sur une vedette rapide qui fonce vers le continent. L’Autrichien est transporté à l’hôpital militaire d’Athènes où la chambre de décompression est réglée au niveau affiché par le profondimètre. Soit 249,5 mètres.

64

the red bulletin


refaire surface Sous l’eau, tout peut aller très vite scenario prévu

scenario avéré

0 mètre 4’30

5

Nitsch refait surface, lucide. Il fait le signe : « OK ».

10 m 3’

0 mètre 4’ Des plongeurs remontent Nitsch à la surface de l’eau.

4

Palier de décompression, environ 1’30.

80 m 2’22 Nitsch quitte la gueuse et remonte seul à la surface.

10 m 2’44 La gueuse s’immobilise. Les plongeurs interviennent.

3

2

100 m 2’15

1

249,5 m 1’25 Nitsch atteint la profondeur record.

the red bulletin

photos : phil simha (4), Peter de Hueber (2), zwefo

Perte de conscience soudaine à environ 100 mètres de profondeur.

En tendant l’oreille, on perçoit une légère hésitation encore dans la parole… Légère ? Vous êtes très indulgent. Quand j’essaie de parler vite ou d’utiliser des mots difficiles à prononcer comme « complexification », ma langue ne suit plus le rythme de l’influx nerveux entre elle et le cerveau. Cela devient un bredouillement, comme si j’avais un peu trop bu. Par contre, je parle avec moins de gêne en ­anglais qu’en allemand. C’est surprenant, je ne sais pas pourquoi. Mais dans l’ensemble, la partie droite de mon corps reste encore très restreinte. Et vous êtes droitier... Oui. Remplir par exemple une tasse de thé de ma main droite est une catastrophe. J’ai dû apprendre à écrire de la main gauche, pour pouvoir au moins faire une signature. Avec la main droite, mon écriture tremblante est proche de celle d’un écolier qui essaie décrire comme un adulte. Elle change d’une lettre à l’autre. Pour exercer ma main droite, je l’utilise en priorité pour me brosser des dents. Je passe à la gauche uniquement quand je ressens de la fatigue à l’épaule. D’un point de vue médical, votre accident en juin était-il un AVC, un accident vasculaire cérébral ? En gros, l’air est composé de 20 % d’oxygène et de 80 % d’azote. En plongée, l’oxygène dans le sang est consommé et l’azote comprimé. Si on remonte trop vite, l’azote se dilate de manière quasi explosive, ce qui ­provoque dans le sang un phénomène comparable à l’ouverture d’une bouteille de champagne. En remontant, les bulles d’azote formées causent une ­série d’attaques cérébrales. Quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez de ce 6 juin 2012 ? Je ne sais pas trop. Depuis l’accident, nous avons analysé maintes fois la vidéo de Santorin et mes souvenirs finissent par se confondre aux images. Mais le plus important, c’est que nous pouvons nous expliquer l’accident avec suffisamment de certitude. Et en déduire que ce cas n’a aucun antécédent. Que s’est-il passé pendant ces quatre minutes de descente puis de remontée ? J’ai atteint les 244 mètres visés. En ­remontant, j’ai perdu connaissance à ­environ 100 mètres de profondeur. Du coup, je n’ai pas pu quitter la gueuse comme prévu. C’est la coque en carbone qui entraîne l’apnéiste vers les profondeurs, puis le remonte… Oui. D’après le plan de plongée, j’ai quitté la gueuse pour remonter doucement par mes propres moyens et effectuer un dernier palier d’une minute à 10 mètres.

« Je n’étais pas aventurier. En matière de sécurité, j’ai contribué au renouveau de mon sport » En principe, c’est une formalité mais j’ai perdu connaissance à cause de l’ivresse des profondeurs. Les médecins, eux, ­attribuent mon évanouissement à ­l’accident de décompression. Résultat, la gueuse est remontée trop vite et ne s’est arrêtée qu’une fois arrivée à 10 mètres avec à son bord, moi inconscient. À cet endroit, l’arrêt et automatique. Quand ils ont vu que j’avais perdu connaissance, les plongeurs-secouristes m’ont détaché de la gueuse et m’ont sauvé de la noyade. Vous avez repris conscience à la surface de l’eau. Mais vous êtes aussitôt redescendu. Pourquoi ? J’avais récupéré de l’oxygène pur et j’ai replongé à dix mètres pour éviter l’accident de décompression. En cas d’accident, c’est un réflexe que tout plongeur intègre jusque dans son subconscient. Je n’ai aucun souvenir de ces minutes-là. En cas d’attaque cérébrale, les troubles neurologiques provoquent de la ­difficulté à s’exprimer, à trouver ses mots et des pertes de mémoire. Les problèmes que vous évoquez sont mon lot quotidien. Mais à force, j’ai ­développé un don de reformulation quand je sens qu’un mot ne vient pas. Si vous me posez deux questions en une, je répondrai à la première partie et j’oublierai probablement la deuxième. Récemment, le mot de passe de mon ordinateur m’est revenu par hasard. Idem pour les noms, ils disparaissent pratiquement tous de ma mémoire. Si sur mon téléphone je n’avais pas enregistré les noms de tous mes interlocuteurs, je serais perdu aujourd’hui. À quelle(s) partie(s) du corps les bulles d’azote causent-elles le plus de dégâts ? Plusieurs zones de mon cerveau sont 65


66

« L’azote se dilate de manière quasi explosive. ça provoque dans le sang un phénomène comparable à l’ouverture d’une bouteille de champagne » clinique d’Athènes. Des tuyaux sortaient de mon corps, à des endroits où il n’y a pas d’orifices. Les messes basses des médecins… Les infirmières qu’on entend derrière son dos… Je ne voulais rien savoir mais en même temps, je ne pouvais pas faire autrement. Les bribes qui me parvenaient étaient si effrayantes que je me disais : « C’est fichu. » Ma ­hantise est d’être une charge pour les autres. Si c’est le cas, autant en finir tout de suite. Par « en finir », vous voulez dire… (Il coupe.) Qu’un jour, sur ma chaise roulante au balcon du centre de rééducation, j’étais en train de regarder vers le bas et je me suis dit : « Deux étages, ça peut faire mal mais le sol est en terre, pas en bitume. Donc la probabilité de survie est trop élevée. » Une amie, chirurgienne traumatologue, m’a raconté que ceux qui passent à l’acte et s’en sortent ne sont plus beaux à voir. Alors, mieux vaut être sûr de son coup. J’avais décidé d’attendre jusqu’à mon retour à Vienne. Mon appartement est au 26e étage. Vous avez renoncé en raison de... (Il coupe.) De l’amélioration significative de mon état et de la promesse faite à mon père. Sait-on à quel moment l’apitoiement sur soi doit cesser ? Oui, le quotidien devient un camp d’entraînement. Au téléphone, je fais les cent pas pour m’entraîner à marcher. Je vais au marché pour faire face au regard des autres. Je recommence aussi à sortir le soir. Une distraction autrefois est aujourd’hui une partie intégrante de mon programme. Je dois faire mes preuves. Tout est-il de l’ordre du possible ou y at-il des choses que vous ne pouvez plus réaliser ? Que disent les médecins?

photo : Maria ziegelböck

concernées, par chance plutôt les parties inférieure et arrière de la tête. Mais pas au niveau frontal où se situent les ­caractéristiques liées à la personnalité. Je suis toujours la même personne du point de vue du caractère, même si je suis encore loin d’être redevenu complètement moi-même. L’altération n’est qu’extérieure. Cela implique aussi que vous êtes pleinement conscient de vos séquelles : la démarche raide, la parole hésitante, la main droite un peu gauche… Oui, sans oublier les trous de mémoire... Tout cela, je le vois, je l’entends et je le ressens clairement. Quand je cherche le nom de quelqu’un que je connais depuis des années, je m’en rends parfaitement compte. Parfois, c’est gênant. Une fois, j’ai demandé à une fille avec qui j’avais été si on se connaissait. Quand j’ai le moral, l’humour et l’autodérision permettent de dédramatiser mais dans les mauvais moments, j’ai l’impression de devenir fou. Comment vit-on avec de tels troubles quand on a toujours été en excellente forme et qu’on a repoussé des limites jusque-là jugées infranchissables ? D’un côté, il m’arrive de trouver cet état de pleine conscience regrettable, mais c’est aussi une chance. Regrettable parce que parfois c’est très déprimant et une chance parce qu’ainsi je peux travailler de manière plus efficace. Comment se passe votre rééducation ? Je travaille beaucoup seul, en faisant des exercices d’équilibre comme me tenir sur une jambe ou lire à voix haute à la maison pour améliorer ma diction. Pendant un certain temps, je suis allé à la clinique de traumatologie de Meidling à Vienne mais ils n’étaient évidemment pas préparés à un cas comme le mien. Comment le pourraient-ils ? Ma rééducation clinique ambulatoire ressemble à celle d’un patient de 75 ans et de 100 kilos, victime d’un AVC et qui n’aurait jamais pratiqué de sport de sa vie. Je construis par exemple des ­petites tours à l’aide de petits objets, sans toujours y parvenir. Surtout quand la maladresse s’en mêle et fait tomber de la table les pièces multicolores. Des choses simples qui rendent l’échec d’autant plus difficile à vivre. Déprimant. Parfois, j’envie presque les patients qui ont eux aussi le cerveau endommagé mais ne sont pas conscients de leur état. Quelles places occupent chez vous le désespoir, la peur et la colère ? Pas de colère, plutôt de la peur et surtout du désespoir. Autant de désespoir qu’il est possible d’en ressentir. Le moment le plus difficile a été la rééducation à M ­ urnau en Allemagne, juste après mon séjour à la

« J’ai suivi   une rééducation qui ressemble à celle d’un patient   de 75 ans et   de 100 kilos,   victime d’une   attaque et qui n’a jamais pratiqué   de sport. »



Défi. Selon différents instruments de mesure, Herbert Nitsch aurait atteint 249,5 mètres. Mais suite à son accident, il considère avoir « échoué ».

68

chien qui barbote. Mon bras droit et ma jambe droite ne sont pas synchrones mais je nage toujours plus vite qu’un ­nageur du dimanche. Vous avez fait de l’apnée à un niveau jugé impossible et vous avez vécu des choses que personne avant vous n’avait connues. Les sommets atteints...

« U ne fois, j’ai demandé à une fille avec qui j’avais été si on se connaissait »

(Il coupe.) Les fonds atteints, vous voulez dire ? (Rires.) Les profondeurs sont les seuls sommets que je connaisse. Les conséquences de votre accident sont-elles le prix à payer ? Non. Si j’avais su que cela se terminerait ainsi, je ne l’aurais pas fait. En aucun cas. êtes-vous allé trop loin ? Oui et non. Non parce que j’ai toujours été très prudent et plus conscient des dangers que n’importe qui. Je ne suis pas un aventurier, bien au contraire. En matière de sécurité, j’ai beaucoup contribué au renouveau de mon sport. C’est notamment ce qui m’a permis d’être aussi ­performant. En apnée, on ne s’améliore pas en devenant plus bête. Mais l’inverse est vrai. Avez-vous franchi la limite du ­raisonnable  ? Dans la mesure où j’ai lancé ma tentative de record malgré des signes avant-­ coureurs négatifs. C’était une erreur de l’avoir fait. J’ai subi une série d’incidents malheureux, la loi de Murphy à l’état pur : le mauvais temps, le bateau qui dérive parce que l’ancre ne tient pas, un navire de pêche qui accroche notre ancre et ­entraîne notre bateau. Sans oublier sur place, l’absence de caisson de décompression par manque de financements qui avaient finalement décidé de ne pas nous suivre. En amont, beaucoup de pépins liés à l’organisation s’étaient accumulés, comme des ennuis inattendus avec les administrations. La veille même de l’incident, je signais encore un contrat avec un sponsor à 2 heures du matin. Je crois ­pouvoir dire que si une seule de ces ­circonstances n’avait pas eu lieu, tout ­aurait fonctionné. La poisse normale est toujours gérable. Vous étiez votre propre gestionnaire administratif ? Oui. L’organisation à Santorin devait être prise en charge par le sponsor principal mais lors des négociations préliminaires, l’un des accords a été remis en question. J’ai été obligé de m’occuper de tout. Bien sûr, des proches m’ont prêté main forte. Par exemple, mon père qui a mis en place tout le dispositif de sauvetage. Vous alliez plonger à presque 250 mètres d’une seule inspiration et, au lieu de vous y préparer, pendant des semaines vous vous êtes occupé de toute la logistique et même de négocier des contrats jusqu’à la veille de votre tentative de record... Avant l’événement, je ne dormais pas plus de quatre heures par nuit, tant il y avait à faire. J’avais prévu une tout autre organisation mais à la dernière minute, un sponsor m’a lâché. Tout à coup, ces gens ne voyaient plus les choses comme on les the red bulletin

photos : Maria ziegelböck, phil simha (2)

Ah ! Les médecins… Si on s’en tient aux premiers pronostics, mon état actuel est déjà un miracle. Pour l’instant, j’essaie de faire en sorte que celui qui ignore mon accident ne se rende compte de rien. Plongerez-vous à nouveau ? C’est déjà fait. Fin septembre, près de Vienne, dans le lac Neufeldersee. C’était l’un des derniers jours ensoleillés de l’automne. Je ne suis descendu qu’à trois mètres mais c’était quand même agréable. Dans l’eau, rien ne peut vous arriver, ni tomber, ni vous faire mal. Nager est ce dont je profite le plus. En ce qui concerne ma motricité, cela fonctionne bien mieux que je ne le pensais. Même si ça ressemble peut-être moins à de la nage qu’à un


avait prévues. D’un autre côté, ça faisait déjà quelques années que je m’occupais de plus de choses. Ma pratique de la plongée n’est pas motivée par l’argent, c’est un hobby. La paperasse se faisait en parallèle, ce n’était jamais très compliqué. À Santorin, il y a eu aussi l’incident avec l’Association Internationale pour le Développement de l’Apnée (AIDA). Leur représentant avait quitté l’île avant votre tentative de record… Rien de bien grave. À ma connaissance, personne de chez eux n’avait fait le déplacement. Le problème, c’est que le sponsor de l’AIDA est un concurrent des miens. L’AIDA a essayé de faire croire que leur sponsor était le promoteur de mon ­record. Au début, nous étions parvenus à un terrain d’entente mais à la dernière minute, ils se sont retirés. L’AIDA n’a ­jamais décommandé, c’est moi qui l’avais retirée de la liste des invités. Cela explique-t-il pourquoi votre record n’est pas reconnu officiellement ? Ça n’a pas d’importance. D’abord, ce n’est pas la seule organisation, ensuite une douzaine d’ordinateurs de plongée ont été utilisés lors de ma tentative. C’est une preuve. La reconnaissance d’une association quelle qu’elle soit n’y change rien. Pourquoi ne pas avoir repoussé la tentative ? Plusieurs dizaines de journalistes étaient venus du monde entier, les sponsors voulaient évidemment une forte exposition médiatique avant le début de l’été. La pression était forte. Elle était financière aussi, j’avais engagé mon propre argent, pas moins de 100 000 euros. Décaler aurait eu un impact financier et médiatique important. Mais l’idée de reporter l’événement m’a beaucoup travaillé. Quel est l’élément déterminant qui vous a poussé à tenter le record ? L’objectif n’était pas d’atteindre 800 mais 1 000 pieds (pratiquement 305 mètres, ndlr). Je sais que c’est possible. Les 800 pieds n’étaient qu’une étape intermédiaire. Nous sommes encore tellement loin de la limite. Cela ne demande pas des conditions parfaites. Je me disais que j’allais avoir les tympans perforés avec à la clé quelques semaines de douleurs tout au plus. Quelques heures de sommeil en plus ou en moins me paraissaient avoir peu d’importance. C’est probablement là mon erreur. Quels sont vos projets ? D’abord, je dois poursuivre ma rééducation physique et psychologique. Peu de gens savent que l’apnée de compétition ne représentait que 5 % de mes occupations, je donnais notamment beaucoup de conférences. Mes expériences de pilote the red bulletin

« Ma hantise est d’être une charge pour les autres. Si c’est le cas, autant en finir tout de suite » d’avion et de plongeur en apnée m’ont permis d’acquérir un large éventail de compétences, comme l’optimisation d’une organisation ou la gestion du risque. Je dois continuer à m’appuyer là-dessus. Lorsqu’un constructeur de gueuses m’avait fait défaut, je m’étais mis à la ­fabriquer moi-même avec un ami et nous avions réalisé des merveilles. À cette ­occasion, j’avais aussi appris à travailler

le carbone et la fibre de verre. J’aimerais utiliser tout ce savoir-faire pour construire un bateau sur lequel je pourrais vivre, ­traverser les océans et donner des conférences. Un bateau autonome qui allierait économie, sport et écologie. Il pourrait rester des mois sans source d’énergie ­externe et ne fonctionnerait qu’avec des panneaux solaires. Il y a des plans qui ­circulent pour un sous-marin inédit. ­Plusieurs personnes sont déjà allées sur la lune mais seulement trois jusqu’au plus profond des mers. Ce serait un beau challenge. Plus sur www.herbertnitsch.com

Retrouvez les performances d’Herbert Nitsch en vidéo dans l’application gratuite pour tablettes The Red Bulletin.

69


échecs et

classe

L’Arménie et ses stratèges règnent en maître sur le monde des échecs. Ce petit état montagnard serait-il le pays le plus intelligent du monde ? the red bulletin a voulu en avoir le cŒur net. Reportage à Erevan. Texte : Andreas Rottenschlager

70

Photos : Daniel Gebhart de Koekkoek


Génie . Haik Martirosyan n’a pas 12 ans. Il est double champion d’Europe de sa catégorie.


Désuet. Longtemps sous le joug communiste, Erevan reste agréable à vivre.

S

urnommée par les guides touristiques « le pays des pierres », la république ­d’Arménie, coincée entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, est située sur les contreforts méridionaux du Caucase. C’est un État pauvre dont le PIB par habitant se ­limite à 2 845 dollars (chiffres donnés par le FMI en 2010), soit moins que le ­Swaziland ou les Tonga. 3,2 millions d’habitants y vivent. Mais cette ancienne république soviétique abrite le centre mondial de la gymnastique intellectuelle. L’Arménie est l’actuelle championne du monde d’échecs par équipes. Lors de ­l’ultime Coupe du monde, le mini-état avait dominé en 2011 l’ogre chinois. ­Organisée tous les deux ans, l’épreuve a lieu cette année en Turquie, à Antalya, en décembre prochain. 72

RUSSIe KAZAKHSTAN

Mer Noire

GéORGIe Tbilissi ARMéNIe Erevan

TURKMéNISTAN AzerbaïdjaN Bakou

tUrquie

Mer Caspienne Téhéran syrie Bagdad

IRAN

IRAQ

Une nation enclavée Selon le magazine américain Forbes, l’Arménie, dotée d’une faible superficie de 29 800 km2, était en 2011 « la deuxième plus faible économie du monde ». Ses meilleures exportations : les joueurs d’échecs et... le cognac. the red bulletin


« J’aimerais que les échecs soient considérés comme une forme d’art. Mais c’est avant tout un combat. Un grand tournoi nécessite plusieurs mois de préparation  » Tigran L. Petrossian Neurones. échecs obligatoires à l’école. L’académie de Lputian (en haut).

L’an passé, à Istanbul, l’Arménie a confirmé sa domination en remportant le tournoi international, l’Olympiade des échecs, qui a réuni des équipes de quatre joueurs venus de 149 pays. Le puissant voisin russe avait calé à la seconde place. Les avis sont unanimes, les Arméniens sont « les prodiges des échecs ». La BBC les a même qualifiés de « peuple le plus intelligent au monde ». Quels sont les secrets de ce petit état pour produire autant de cracks de la gym cérébrale ?

délire des neurones

La capitale Erevan est encaissée dans une large cuvette, à environ 1 200 mètres d’altitude. Des barres HLM s’alignent tristement le long de ses faubourgs. Le centreville, encore majoritairement composé de the red bulletin

constructions monumentales, date de l’époque soviétique. Dans un joyeux concert de klaxons, les innombrables taxis Lada s’agitent dans un trafic très dense. Ici, les échecs ont le statut de sport national. Ça dure depuis 1963, année du sacre mondial de Tigran Petrossian. Surnommé « Tigran de fer », il est mort en ­héros national en 1984. Aujourd’hui encore, des timbres à son effigie perpétuent sa gloire. L’actuel champion d’Arménie est bel et bien vivant, assis dans son bureau aux murs lambrissés de bois. Il se nomme ­Tigran L. Petrossian. « Mon père m’a appelé ainsi en hommage au champion disparu. Le nom n’est pas toujours facile à porter. » à 28 ans, ce jeune homme au visage rond impressionne. « Les échecs sont en Arménie ce que le football est au Bré73


Champion. Tigran L. Petrossian est une figure emblématique du pays.

sil », atteste ce membre de l’équipe nationale. T ­ igran est une pop star. Sa photo orne les panneaux publicitaires, partout les e­ nfants sollicitent son autographe. En septembre dernier, le président Serge ­Sarkissian, tout juste réélu, était venu accueillir à l’aéroport l’équipe nationale après sa victoire à l’Olympiade. C’est que l’Arménie de 2013 se cherche des héros. Elle continue d’endurer les répercussions traumatisantes liées au génocide arménien de 1915. À la fin des années 90, une grave crise économique secoue le pays. Ses joueurs d’échecs représentent une nouvelle source de confiance, susceptible de remplacer une image écornée. « J’aimerais que les échecs soient considérés comme une forme d’art, dit Tigran en regardant par la fenêtre. Mais c’est 74

avant tout un combat. Un grand tournoi nécessite plusieurs mois de préparation pour être prêt à jouer dix jours d’affilée au plus haut niveau, à raison de sept heures par jour. D’autant que le moindre mouvement hasardeux peut tout anéantir. » La pression sur ces joueurs est grande. Leurs parties sont disséquées à la télévision et ils sont des modèles pour les jeunes. Lors des tournois tenus à Erevan et comptant pour le classement national, jusqu’à 200 enfants se creusent les méninges devant l’échiquier. Dans la salle, la tension est palpable et seuls les cliquetis des pendules rompent à quelques secondes d’intervalle le silence régnant. Pour son entraînement, Tigran L. Petrossian s’appuie sur une base de données, riche de cinq millions de parties. Il analyse

maître mot Avec 34 champions titrés pour 3,2 millions d’habitants, l’Arménie est le pays le plus densément peuplé en grands maîtres internationaux. La Chine en compte 31 pour 1,3 milliard d’habitants et les états-Unis 77 pour 315 millions. En Arménie, les grands maîtres sont des salariés de l’état et le président de la fédération n’est autre que Serge Sarkissian, le président de la République. the red bulletin


Les joueurs d’échecs représentent une source d’inspiration. À l’automne dernier, le président Serge Sarkissian a accueilli l’équipe nationale en personne à l’aéroport.

Idoles. à Erevan, un panneau publicitaire à la gloire de l’équipe nationale. On peut y lire : « Nos véritables héros. »

the red bulletin

75


échecs en boîte La première forme du jeu d’échecs remonterait au VIe siècle. La fédération internationale, la FIDE, compte 177 pays qui s’opposent lors de tournois individuels ou par équipes. Avec 2 872 points au classement Elo, le prodige norvégien Magnus Carlsen (22 ans) est le n° 1 mondial. « La partie du siècle » a opposé en pleine guerre froide, en 1972, l’Américain Bobby Fisher au Russe Boris Spasski. Fisher est sorti vainqueur des 21 confrontations. Les experts estiment que le nombre possible de positions des pièces lors d’une seule partie s’élève à 2,28 × 1045. Le Cubain Raúl Capablanca, champion du monde de 1921 à 1927, préconisait l’approche suivante : « Prévoir un seul coup d’avance à la fois, mais toujours le bon. »

76

the red bulletin


Voici un exemple de manuels scolaires enseignant les échecs. Smbat Lputian, directeur de l’académie de Erevan : « Les échecs sont aussi importants que de savoir lire et écrire. » (page de gauche)

des finales et reconstitue les séquences de coups des grands maîtres. L’Arménien se distingue pour son style agressif : « J’accélère la partie en sacrifiant des pions. » Il se dit capable de rejouer de mémoire la moitié des cinq mille parties professionnelles à son actif. Comment est-ce possible ? « Du poisson et du miel, sourit-il. Cela booste la performance cérébrale. » Le statut de grand maître international permet à Petrossian de percevoir un salaire d’état. Ses objectifs pour l’avenir ? « Devenir champion du monde et pourquoi pas ­décrocher un ­deuxième titre à l’Olympiade. Le peuple arménien a besoin de nos victoires. »

Photo additionnelle : Time Life Pictures/Getty images

star académie

à Erevan, lorsqu’on arpente le quartier résidentiel de Chengavit, on est loin d’imaginer qu’un centre de formation mondialement réputé se trouve dans les parages. La plupart des constructions sont des préfabriqués ; des trous béants agrémentent les rues où errent des chiens peu accueillants. Pourtant, au 34 de la rue Chevtchenko se dresse l’Académie arménienne des échecs. L’unique bâtiment récent du voisinage. Deux étages, une façade plane et une pelouse fraîchement tondue. Smbat Lputian en est le directeur. « La crise a poussé beaucoup de nos meilleurs entraîneurs à quitter le pays, raconte ce grand maître international de 55 ans. Le risque de perdre tous nos talents était réel. » Lputian a fondé l’académie en 2002. Elle a formé mille huit cents professeurs qui encadrent environ mille jeunes, âgés de 5 à 18 ans. « Un ou deux seulement atteindront le niveau international », juge Lputian. the red bulletin

Les tournois sont le ticket d’entrée à l’académie, l’état prend en charge les coûts de formation. L’Arménie compte ­aujourd’hui trente-quatre grands maîtres, dont sept formés à l’académie. La façon de jouer de ses compatriotes ? « La capacité de tirer le meilleur de leur situation, dit Lputian. Quelles que soient les chances de succès. » D’après lui, le miracle armé-

le plus grand Ce héros national en Arménie est né le 17 juin 1929 à Tbilissi (Géorgie). À 13 ans, il perd ses parents. Petrossian gagne sa vie comme cantonnier et la nuit, dévore les livres sur les échecs. Le 20 mai 1963, il devient le 9e champion du monde en battant le Russe Mikhaïl Botvinnik. Erevan est en liesse. Tigran Petrossian est mort en 1984. L’an dernier, l’Arménie lui a dédié un 4e monument.

nien des échecs tient plus à l’innovation qu’à l’origine des joueurs. L’état favorise l’éclosion de surdoués mais encourage aussi le plus grand nombre. En 2011, l’Arménie a été le premier pays au monde à introduire les échecs parmi les matières scolaires obligatoires. Depuis, tous les enfants de 7 à 10 ans apprennent à sacrifier les pions et à mater le roi. « L’apprentissage des échecs est aussi important que celui de la lecture et de l’écriture », dit ­Lputian qui participe au développement du programme scolaire avec des psychologues. « Les enfants apprennent notamment à assumer les conséquences de leurs actes. » Le directeur nous fait découvrir les locaux de son académie : une salle de tournois avec tribune de presse, des chambres d’hôtel avec sauna pour les joueurs invités et au sous-sol, une salle de musculation. Il lance : « Il n’y a pas de succès sans une bonne forme physique. » Lputian est un homme introverti dont la gestuelle trahit rarement la pensée. Mais, durant cette visite, un sourire illumine son visage en permanence.

l’espoir d’haik

Du haut de son 1,50 mètre, Haik ­Martirosyan est le plus grand talent du pays. Cet enfant fluet aux cheveux courts et au regard vif est double champion d’Europe des moins de 12 ans. Haik et sa mère Ayser s’entassent quotidiennement avec onze autres personnes dans un taxi collectif pour se rendre à Erevan. Les minibus du constructeur automobile russe GAZ mettent plus d’une heure pour parcourir les cinquante kilomètres qui séparent le village natal d’Haik de l’académie des échecs. Il y joue depuis qu’il a fêté ses 6 ans. Sa mère : « Un jour, il s’est mis à battre des adversaires de plus en plus âgés. Il ne craint pas les coups risqués. » Depuis, cette infirmière a quitté son emploi pour se consacrer pleinement à la carrière du fiston prodige. « L’objectif est qu’il devienne grand maître le plus vite possible. » D’ailleurs, Haik répond déjà aux médias comme un vrai professionnel, chemise sagement rentrée dans son pantalon et mains croisées derrière le dos. « Ce que j’aime dans les échecs, c’est toute cette gymnastique cérébrale. Par contre, je ne suis pas assis toute la ­journée devant l’échiquier, je pratique aussi plusieurs sports. » Son modèle ? « ­Petrossian, le champion du monde. » Haik disparaît derrière une porte massive de l’académie. Le travail reprend ses droits. Au menu ? Les ouvertures. Pas de doute, le prochain grand tournoi est en vue. Do not disturb. Plus sur www.chessacademy.am

77



79


I

ls aiment la jouer à domicile. Le rendezvous est donc fixé au cœur du XIVe arrondissement de Paris. Pas mieux que le comptoir du Naguere, rue Daguerre, à Denfert. C’est qu’on se sent pousser des rimes... d’enfer au contact de ces p’tits gars-là. Il est 11 h 45, le café tourne à flot, histoire de digérer au mieux la semaine de tournage du clip de Bla bla bla, à Los Angeles. 1995, c’est quoi ? Une histoire qui coule de source. Six potes dingues de rap et un peu visionnaires unissent leurs talents, à force de jouer les MC’s et les beatmakers dans les mêmes soirées de la ­moitié sud de Paname. En chœur : « Dans toutes les teufs où y’avait un mic, il fallait qu’il y ait un représentant du POS (l’ancien nom du groupe signifie, au choix, “Porteur Officiel de Sac à dos”, “Petite ­Organisation Secrète” ou ­“Procurateur d’Orgasme ­Sismique”, ndlr). » Vieux briscard du haut de ses 23 ans, Alpha Wann dégaine d’une langue mitraillette : « On était du même lycée avec Sneazzy et Nekfeu, à fond dans le rap depuis des années. Moi, j’aimais aussi le basket car j’en avais marre de jouer au foot sous la pluie. » Fou rire général. Fonky Flav’ est le plus âgé. Il a 25 ans : « On avait l’impression d’être les derniers mohicans d’un délire rap freestyle. À l’époque, soit tu étais sur le terrain, soit on ne te connaissait pas. Rien ne t’était donné gratuitement, il ­fallait aller chercher la visibilité. » Voilà, c’est ça 1995. Six garçons dans le vent qui ne se prennent pas la tête. Pas envie de se faire cirer les pompes, encore moins d’être encensé. Le 19 avril dernier à Paris, le groupe a enflammé le Palais des Sports. Une salle 100 % assise. Pari tenu. C’est que « un neuf neuf cinq » ou « undoubleneufcinq » dégage une authenticité et une sincérité sans faux-semblant. 1995 n’est en guerre contre personne. Ni la société, ni l’époque. Mais le chemin a été chaotique. Alpha Wann : « Aucun d’entre nous n’a attendu un coup de 80


Gros. 1995 met en transe 250 fans lors d’un concert secret organisé par Red Bull en février dernier aux portes de Paris.

Sorti fin 2012, l’album Paris Sud ­Minute parle de filles, de drogue, du temps qui passe trop vite, des inégalités, des soirées... D’où le titre de l’outro, C’est ça notre vie. Rien de plus normal quand on a une vingtaine d’années. Textes ­simplistes diront certains. Fonky Flav’ au sujet de Bla bla bla : « L’important est de faire parler de soi. En bien ou en mal. L’ignorance nous touche plus qu’un avis négatif. » Alpha Wann : « être contesté, c’est être constaté. » Deuxième fou rire général, sous vos applaudissements. Tiens, une télé au-dessus de nos têtes. Le verdict tombe. Paris jouera Barcelone en quarts de finale de la Ligue des Champions. Hologram Lo’, beatmaker né : « Fin février, à La Rochelle, il y avait un Paris SG-Marseille pendant les répétitions. J’étais en train de rafraîchir mon live streaming lorsque, soudain, ils se prennent en pleine face un Mathieu-­ Valbuena-qui-accélère ! » à la fois cocasse, quand on supporte le Paris SG, et trompeur car, face à l’éternel rival marseillais, les coéquipiers de ­Zlatan Ibrahimovic s’imposent à deux reprises cette année, en championnat comme en

main. D’ailleurs, on n’est jamais mieux branlé que par soi-même (sic). » Fonky Flav’ : « On avait des étoiles plein les yeux. Certains ont profité de cette naïveté pour nous mettre des bâtons dans les roues. C’était le début. Depuis, on s’est refermé sur nous-mêmes. Tous les six, on s’est serré les coudes. Ça s’est fait naturellement. » Pas besoin d’accord parental explicite, tout est allé très vite. Fonky Flav’ prend la main : « On a été validés très tôt par un ­article dans Le Monde, indique-t-il. Et puis il y a eu l’Olympia. Quand tu montres ça à tes parents, ça aide ! Même s’ils ne comprennent pas notre musique, ils s’aperçoivent que c’est fait sérieusement. » ­Alpha Wann : « Ma mère a des collègues de travail qui sont fans. » the red bulletin

81


Trilogie Paris Sud Minute, 2012, La Suite, 2012, La Source, 2011. Après deux EP qui se font ­rapidement remarquer, 1995 sort Paris Sud Minute le 31 décembre dernier. ­L’album fait un carton.

Coupe (sur le même score, 2-0). À 22 ans, Lo’, source musicale du sextette a de belles i­ nfluences : seventies, eighties, la ­Motown, Earth Wind and Fire ou Sly and the Family Stone. Ça s’entend. Comme sur l’instru 103. Fonky Flav’ : « Lo’ ne ­respecte pas les règles, il sort des sentiers battus. D’où des trucs archi-innovants à l’arrivée. » On pensait avoir tout vu avec les fans de Claude François ou la culotte de ­Madonna, mais les concerts de 1995 ­provoquent un raz-de-marée de jeunes filles en rut. Il s’y passe parfois des choses inavouables. Les dessous volent. Certaines en furie, d’autres en léthargie, la plupart en orgasmie : « Un jour, on nous a monté sur scène un nouveau-né, se souvient Darryl Zeuja, 23 ans. Mais ce n’était 82

pas celui d’Alpha ! » Le Franco-Guinéen éclate de rire. Et avec les filles, c’est plus facile depuis que vous êtes connus et ­reconnus ? Alpha Wann : « Tout ce qui t’élève dans la société va t’aider avec les femmes. L’argent, le pouvoir, la célébrité... » Fonky Flav’ : « S’il y a un truc qui sort de l’ordinaire dans la rue, tu vas l’observer. » Darryl, en se marrant : « Ça n’a jamais marché avec les filles ! » Mais alors, quel est le porte-flingue de 1995 ? Alpha Wann : « Nous sommes tous gangster et gentleman à la fois, sinon ça ne marche pas. Et puis, moins les gens en savent sur ta vie privée, mieux tu te portes. On est capable de flinguer et de donner des ­bouquets de fleurs, les flingues et les roses quoi ! » Darryl : « Ou des bouquets de flingues ! » Nouveau fou rire.

À l’heure où les monstres sacrés du rap français s’amusent à envoyer des rimes sur un ring, « un neuf neuf cinq » taille sa route et regarde cet affrontement de loin, avec un soupçon d’indifférence. Le ­chemin de l’inspiration et de l’innovation musicale reste le seul et unique credo reconnu par la bande. Alpha Wann conclut : « Les rappeurs sont plein d’ego. La compétition a toujours existé. On ne peut pas juger. On regarde et on apprécie le spectacle. Nous, on croit au pouvoir du divertissement. » Le gong a sonné, les secondes sont comptées. Il est temps de se séparer. Au fait, pourquoi 1995 ? En chœur, ils ­dégainent : « Oh, non ! Elle était sympa l’interview jusqu’à présent… » Rideau. Plus sur www.redbull.fr/1995 the red bulletin


ON NE MAÎTRiSE PAS LE DESTiN. CELA POURRAiT

Publicité gratuite.

ÊTRE MOi. OU VOUS. David Coulthard.

LES LéSIONS DE LA mOËLLE éPINIèRE DOIVENT POUVOIR ÊTRE GUéRIES.

Les lésions de la moëlle épinière peuvent toucher tout le monde. En soutenant les meilleurs projets de recherche spécialisés dans la guérison des lésions de la moëlle épinière à travers le monde, la fondation Wings for Life encourage les plus grands progrès scientifiques et médicaux. Nous garantissons que cent pour cent de tous les dons sont investis dans la recherche sur la moëlle épinière.

Votre contribution fait toute la différence. Vos dons sur www.wingsforlife.com

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658.

13 fois vainqueur de Grand Prix de Formule 1 et Ambassadeur Wings for Life.


plus

de corps d’esprit

+

Le comédien Andrew ­Garfield est Spider-Man à l’écran. Les Armstrong père & fils, cascadeurs pros, lui inculquent les ­ficelles du métier. à découvrir en page  88.


Contenu 86 VOYAGES Tour du monde des piscines les plus… 88 PRENEZ LE PLI Dans l’atelier de Spider-Man 90 CONSEILS DE PRO Entraînement ­privé avec Karim Darwish 92 NIGHTLIFE Quatre pages ­spéciales pour profiter de la nuit sous toutes ses coutures 96 FOCUS Événements à ne pas louper en France 97 KAINRATH

photo : rex features

98 PLEINE ­LUCARNE L’œil de CODB

85


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

1. la plus élevée Hôtel Marina Bay Sands, Singapour Depuis la piscine de l’hôtel, les clients observent tranquillement l’agitation de la mégalopole 200 mètres plus bas.

Top piscines

Let’s go ! Le bon plan du mois

Nichée à 200 mètres de hauteur, cernée

de glace ou sous l’emprise d’un océan déchaîné... Bienvenue dans le monde des piscines hors normes. 6. la plus idyllique

5 4

1 3

86

6 2

Hôtel Alila Ubud, Bali Elle surplombe le fleuve Ayung et la canopée de la forêt tropicale. Son bassin s’apparente à un ­reflet du paradis.

the red bulletin


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

2. la plus sauvage Bondi Icebergs, Australie Elle est située sur la fameuse plage de Bondi Beach, à Sydney. Le déferlement des vagues garantit une eau toujours renouvelée.

3. la plus grande

texte : ulrich corazza. Photos : Corbis (3), imago, reuters, mauritius images

Complexe San Alfonso, Algarrobo, Chili Avec ses 1 013 mètres de longueur et ses 250 millions de m3 d’eau, vous nagez ici dans la démesure.

5. la plus chaude Blue Lagoon, Grindavik, islande Riche en minéraux et proche des 40 °C, cette eau thermale fait un bien fou, surtout au cœur de l’hiver islandais.

4. la plus profonde Némo 33, Bruxelles, Belgique Conçue spécialement pour la pratique de la plongée, il faut descendre à 35 mètres pour toucher son fond.

the red bulletin

87


3

10

6 4

2

texte : florian Obkircher. photo : annie collinge

1

Casse-cou. Andy Armstrong, 59 ans, et son fils James (à droite) travaillent actuellement au tournage de L’Extraordinaire Spider-Man 2.

88

the red bulletin


Plus de Corps et D’esprit

Prenez Le pli L’indispensable Pour les pros

Spider-Man existe !

Andy Armstrong fait exploser des voitures et propulse dans les airs des super-héros comme Spider-Man ou Thor. Cet Américain de 59 ans, coordinateur de cascades, ouvre les portes de son atelier.

9

7

1. Treuil électronique Fixé à une grue, il permet à ­Spider-Man de voler à travers les rues de Manhattan. Accroché à un câble très fin, le cascadeur est treuillé sur une distance équivalente à cinq pâtés de maisons. 2. Mannequin Crash Test La cascade doit être à la fois spectaculaire, reproductible et totalement sécurisée. Pour s’assurer une sécurité maximale, nous utilisons des mannequins en plastique rigide. 3. Ratchet C’est un cylindre qui fonctionne à l’air comprimé, utilisé pour la projection en arrière d’un cascadeur équipé d’un corset à sangles. J’utilise cet appareil entre autres pour simuler l’onde de choc d’une explosion.

8

5

4. Matelas de cascade Il fallait un sacré talent pour camoufler ces matelas Amspec d’une épaisseur pouvant aller jusqu’à un mètre. Aujourd’hui, avec le numérique, on les fait tout simplement disparaître au montage. 5. Gel Action Fire Pour les scènes de torche humaine, ce gel est appliqué sur toutes les parties du corps non couvertes. Il protège la peau des flammes pendant environ 40 secondes, après quoi il faut rapidement les éteindre. 6. Combinaison NOMEX® Pour les scènes de feu, nous utilisons les mêmes combinaisons que celles des pilotes de course. Elle est portée sous les vêtements pour rendre la cascade la plus réaliste possible. Lors du tournage de Hoffa,

the red bulletin

Danny DeVito me voyant en flammes s’était mis à hurler « Aidez-le ! » 7. Voitures miniatures Une course-poursuite est toujours mise au point avec des voitures d’enfants. Le plan des rues est dessiné sur papier, puis chaque cascadeur y reproduit les déplacements prévus. Ce moment est un retour à ­l’enfance. 8. Extincteurs Dans les scènes de grande explosion, il n’est pas rare d’avoir dix personnes transformées en torche humaine. Dans ce cas, nous prévoyons six ­extincteurs par cascadeur : deux au départ de l’action, deux à l’arrivée et deux à michemin pour parer à toute éventualité. Au total, il faut compter plus de cent extincteurs par film. 9. Tablette Je réalise et filme en studio toutes les cascades. Puis je les montre à l’équipe. Pour un film comme L’Extraordinaire ­Spider-Man, mon iPad, « ma Bible », comptait 200 cascades préparées. 10. Corset de protection Le dos et le cou sont les talons d’Achille du cascadeur. Une faiblesse qui fait de ce corset en fibres de carbone un must. Dans Le Frelon Vert, mon fils arrache le toit d’un bus avec sa voiture et exécute des tonneaux. Ce harnais à sangles lui a permis de s’en sortir sans une égratignure. Taurus World Stunt Awards, le 10 mai à Los Angeles : taurusworldstuntawards.com

89


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Furieux. L’été, Karim Darwish passe près de 25 heures par semaine sur le court.

Semaine type ­d’entraînement lundi 9 h : échauffement (2 km pour 4 min au km), puis 15 minutes de stretching. 9 h 45–10 h 30 : travail de jambes (50 répétitions de 30 secondes avec 10 sec. de récupération). 11 h 30–13 h : séance technique. 18 h–19 h 30 : match avec l’équipe nationale. mardi 18 h–20 h : séance avec l’équipe ­nationale, puis stretching et une heure de massage. Mercredi 9 h 30 : travail foncier. 4 x 800 mètres (2’30’’ à 2’40’’, l’unité), 5 x 400 mètres (70 à 75 sec.), 6 x 200 mètres (30 sec.) 12 h–13 h : technique (amortis, etc.) 18 h–19 h 30 : séance avec l’équipe nationale. jeudi 9 h 30 – 11 h : musculation. 4 séries de 12 à 15 répétitions sur la presse à jambes, développés épaules, flexions biceps/triceps, 4 x 30 répétitions de soulevés de terre, 4 x 40 abdos. 11 h–12 h 30 : technique (attaque, etc.) vendredi Jour de repos.

au boulot s’entraîner comme un pro

Karim Darwish. à chacun de ses entraînements, le joueur de squash égyptien est à fond avant l’apparition d’énormes douleurs. Voici pourquoi.

« Le squash, c’est ma vie. » C’est avec ces mots que le 6e joueur mondial résume son amour pour ce sport. Durant l’intersaison, en juin et juillet, le champion du monde par équipes 2009 et 2011 aiguise en égypte sa puissance, sa rapidité et son endurance. La recette est simple : « À chaque entraînement, je me donne à 120 % pour être à 100 % en compétition. Certains matins, je me réveille avec des douleurs, mais c’est ce que j’aime. C’est le signe que je progresse. » à 31 ans, Darwish est affûté comme jamais. Il semble rajeunir de jour en jour lorsqu’on voit son ­programme d’entraînement. Plus sur psaworldtour.com 90

dimanche 9 h : musculation (voir jeudi). 11 h–12 h 30 : technico-tactique. 18 h–20 h : match.

Les astuces de Karim

Déplacements à gogo ! « Le travail des jambes est l’alpha et l’oméga du squash. Avant toute chose, il faut choisir de bonnes chaussures. Elles doivent être extrêmement légères (environ  350 g), offrir un bon soutien et une bonne adhérence (j’utilise des Asics Gel Blade 3). Pendant un match de squash, on couvre environ 15 kilomètres, dévoile Darwish. Savoir se déplacer de manière économe est capital. Voici d’ailleurs une petite suggestion pour gérer ses efforts : faites des sprints de 30 secondes en partant du centre du court vers les quatre coins. Répétez l’exercice 30 fois. »

Darwish se teste au Diagnostic Training Center de Thalgau, en Autriche.

the red bulletin

texte: ulrich corazza. photos : Tomislav Moze/Red Bull Content Pool

Entre les murs

Samedi 9 h 30 : travail foncier. 8 x 400 mètres (68 à 72 secondes au 400 m), avec une minute de récupération. 11 h 30–13 h : séance technico-­ tactique. 13 h–13 h 45 : séance de frappes. 18 h 30–20 h : match.


Vos artistes préférés partagent leurs coups de cœur musicaux : Headphone Highlights sur rbmaradio.com *Morceaux sélectionnés avec soin.

La sélection musicale la plus excitante du web.

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Nightlife La nuit ne nuit pas à la santé

Nouveauté

Action

« J’ai un faible pour les antihéros » Talib Kweli, tête pensante du hip-hop, évoque sans fard le Printemps arabe et la révolution ­musicale sur la toile. Talib Kweli a débarqué sur la scène hiphop en 1995. Ses textes engagés et pleins de poésie, base de son « conscious rap » situent d’emblée le New-Yorkais aux antipodes du gangstarap. À 37 ans, il est aujourd’hui l’un des ­rappeurs les plus en vue au monde. Sa conscience politique ne lui a pas fait oublier comment faire ­décoller une soirée. Son sixième album réussit ce grand écart avec brio. The Red Bulletin : L’agitation dans l’intro de l’album rappelle l’ambiance d’une manif… Talib Kweli : L’intensité du Printemps arabe m’a beaucoup impressionné. L’album en est le reflet. Il est construit comme une journée dans ma vie. Il y est question de politique, d’amour et de mon action dans la musique. Pour cet album, vous utilisez votre propre label. Pourquoi ? Dans les années 90, l’argent n’était pas un problème et je passais alors beaucoup de temps en studio. Aujourd’hui, je suis aussi chef d’entreprise. Le challenge me plaît parce qu’il rime avec

Le dernier album Prisoner of Conscious de Talib Kweli est déjà dans les bacs. Plus sur talibkweli.com

92

i­ndépendance. Des rappeurs comme Kendrick Lamar, qui a collaboré à ­l’album, se sont imposés sur le net, sans le soutien d’une maison de disques. Vous avez étudié l’art dramatique. Si votre nouvel album était un film, qui en serait le réalisateur ? Wes Anderson. J’admire son originalité et nous avons en commun un faible pour les antihéros, moi à travers mes textes et lui avec ses films.

Plus beau la nuit TENDANCE Ces dernières années, les courses nocturnes (du demi-fond au marathon) se ­développent dans de nombreuses villes. AVANTAGES L’été, les températures sont plus douces la nuit et la pollinisation par le vent y est réduite, un plus pour les coureurs allergiques. POINTS D’ATTENTION Prévoir une lampe frontale. La course de nuit sollicite une concentration plus importante, le rythme biologique doit être préparé à la course nocturne. L’entraînement doit donc être adapté.

Dandysme

« La vie est ce que vous faites quand vous ne trouvez pas le sommeil » Fran Lebowitz, romancière américaine

the red bulletin


Cocktail

Bouquet de vanille Le cocktail du mois est « une invention audacieuse », explique son créateur, Michael Steinberg, barman au Mayday du Hangar-7, à Salzbourg. « Quand on choisit les ingrédients pour un cocktail, le persil n’est pas ­forcément le premier qui vient à l’esprit. Pourtant, cette herbe de cuisine se marie très bien avec le soda de gingembre et l’Angostura. » Légèrement aigre dans un premier temps, le goût de ce cocktail sans alcool a en bouche un arôme corsé incomparable, dominé par le gout de la vanille et du persil.

Club du Mois Club

Photos : DOROTHY HONG/Vision Music, getty images, fabrik (3), Fotostudio Eisenhut & Mayer

« Une nouvelle dimension » Chaque week-end, 3 500 noctambules transforment ­Fabrik, cet ancien entrepôt de la banlieue madrilène, en un village enflammé par les meilleurs DJ’s. Des gros bras crachent du feu à côté de jeunes femmes en tenue légère dansant dans des verres à cocktail géants. Les ­lumières laser fusent à travers l’espace. Accrochés au plafond, des canons géants déversent sur le dancefloor leurs salves de neige carbonique. D’immenses tours d’enceintes projettent des basses menaçantes et du haut de la scène, le DJ électrise des milliers de danseurs. Fabrik est le club de tous les s­ uperlatifs. Ses lumières multicolores ouvrent une porte sur une dimension p ­ arallèle. Une image qu’aime utiliser le manager Daniel ­Perellón pour décrire son royaume. Fabrik a ouvert en 2003 dans la banlieue de Madrid en ambitionnant de rivaliser avec les mégas clubs d’Ibiza. Et ça marche : trois dancefloors, chacun d’eux digne à lui seul d’un grand club, des ­restaurants, une boutique, plusieurs zones de détente et des espaces VIP,

the red bulletin

INGREDIENTS

PRÉPARATION

12 cl de soda de ­gingembre 2 traits d’Angostura 2 cuillères de sucre ­vanillé 4 tranches de limette 10 feuilles de persil Glace pilée

Écraser les tranches de limette, le persil et le sucre vanillé dans un verre. Ajouter l’Angostura, le soda de gingembre et la glace. ­Mélanger le tout jusqu’à ce que le sucre soit dissous. Pour la déco, quelques brins de persil enrobés de sucre vanillé.

dont un en plein air avec sa propre mare aux canards. Un lieu géant qui appelle des maîtres de cérémonie tout aussi grands. Les samedis, des DJ’s comme Umek, Steve Bug, Ben Sims et Carl Cox, grands noms de la techno et de la progressive officient aux platines. Mais les bons plans sont les soirées costumées à thème du dimanche, comme la Tim Burton. Quand Alice au pays des merveilles danse au rythme de la house avec Edward aux mains d’argent, la porte sur une nouvelle dimension est alors grande ouverte. Bienvenue ! Fabrik Avenida de la Industria 82 28970 Humanes de Madrid, Espagne Plus sur www.grupo-kapital.com/fabrik

93


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Nightlife

1

L’art contemporain inspire le groupe Phoenix et son chanteur Thomas Mars.

Dan Flavin (1933-1996)

Pour mon anniversaire, ma femme m’a offert une de ses esquisses. Ses installations minimalistes sont très évocatrices. Il a inspiré notre nouveau jeu de lumières. Je suis fasciné par l’aspect éphémère des tubes de lumière fluorescente qu’il utilise dans ses œuvres. Des œuvres dont le prix ne cesse d’augmenter alors que leur durée de vie s’amenuise.

2 Donald Judd (1928-1994)

L’un des meilleurs designers de sa génération. Avec Internet, on peut ­réaliser soi-même ses meubles. Cela pose la question de la primauté entre le concept et sa réalisation. Cela se retrouve aussi dans la musique pop. N’importe qui peut produire chez lui un album. Mais je pense qu’avoir les meilleurs outils du monde est vain sans de bonnes idées.

Take 3

« Je n’ai pas d’explication » Phoenix. Le groupe indie est grand amateur d’art. Son ­chanteur Thomas Mars décrit ses guides favoris. 2009 a été une année phare pour Phoenix. Le quatuor versaillais a vendu plus d’un million d’exemplaires de son album Wolfgang Amadeus Phoenix. L’année suivante, il remportait le Grammy du meilleur album de ­musique alternative. Des récompenses justi-

94

fiées pour ces musiciens qui, depuis treize ans, enthousiasment le monde avec leurs morceaux indie-pop, de petits bijoux d’élégance intemporelle et d’émotion. L’inspiration, le groupe la puise dans des arts proches du sien. Thomas Mars compose les bandes originales des films de sa femme, la réalisatrice Sofia Coppola. Phoenix est fan d’art contemporain. « Nous adorons Dan ­Flavin et Edward Ruscha. Leurs œuvres sont aussi minimalistes qu’innovantes », confie le chanteur de 36 ans. C’est ce que le groupe tente de retranscrire en musique dans son 5e et dernier opus Bankrupt! « Quand on m’interroge sur le sens du titre de l’album, je suis toujours tenté de répondre à la manière d’Ed Ruscha : Je n’ai pas d’explication. » Il présente les trois artistes contemporains dont les travaux ont servi de matière première à leur dernier album. Plus sur www.wearephoenix.com

3 Edward Ruscha (*1937)

J’aime l’art de ce géant du pop art, et encore plus son attitude en interview où il dit clairement qu’ergoter sur l’art est futile. Quand on lui demande pourquoi il choisit un fond bleu, il répond simplement : « Je n’ai pas d’explication. » J’adore cette attitude. C’est comme s’il disait : « Regardez et laissez l’œuvre agir. Alors, vous comprendrez. Ou pas. »

the red bulletin


PETITE FAIM

Mexique Cocktail de ­crevettes À Veracruz, sur la côte caraïbe du Mexique, la crevette domine la culture street-food locale.

texte : klaus kamolz. Photos : getty images (4), corbis (2), ddpimages, imago, Fotostudio Eisenhut & Mayer

CREVETTEs À TOUTES LES SAUCES Bubba, l’ami de Forrest Gump, pouvait égréner durant des ­minutes des plats à base de ­crevettes. Une performance qu’il aurait pu rééditer à Veracruz, un véritable paradis pour les amateurs de street-food où la crevette est reine. Elle est ­partout : dans les tacos, les ­omelettes, avec du riz, consommée grillée, cuite, frite ou crue. Ce cocktail local, servi dans les rues dans un verre conique, une assiette ou un gobelet, est un passage obligé. IMPÉRATIFS Coctel de camarones, c’est ainsi qu’on nomme ce plat affiché sur les menus des restaurants et les panneaux des marchands ambulants, appelés palapas à ­Veracruz. Il s’accompagne ­impérativement de crackers (voire de tortillas de maïs ou de nachos) et d’un toro ou torito, un cocktail rafraîchissant sous forme de milk-shake au rhum et aux fruits ­exotiques… qui, à ­Veracruz, n’ont rien d’exotiques !

Le cocktail de crevettes : un délicieux moyen d’apaiser sa faim.

the red bulletin

VERACRUZ EN ACCÉLÉRÉ Ici, la sauce cocktail, mélange de mayonnaise et de ketchup, n’a pas cours. Frais et léger, le cock-

tail de crevettes se prépare en un rien de temps : cuire les ­crevettes, puis les faire mariner dans de l’huile d’olive avec de l’ail, de la ciboulette, du p ­ iment et du jus de citron vert. Écraser des tomates, couper des avocats en dés et hacher la c­ oriandre. Mélanger le tout avec de la sauce chili. C’est prêt ! bon à savoir À base de chair de crabe et de homard, vuelve a la vida, qui ­signifie « retour à la vie » en ­espagnol, est une variante régénérante. Pourquoi ce nom ? Parce qu’il est efficace contre... la gueule de bois.

95


PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Focus Mai & Juin 31 MAI, FINALE DE LA COUPE DE FRANCE, SAINT-DENIS

Une coupe de printemps

2012 avait été l’année Wiggins. L’Anglais ne peut plus se cacher...

1 er JUIN, FINALE DU TOP 14, STADE DE FRANCE

2–9 JUIN, CRITéRIUM DU DAUPHINé

26 journées de championnat, les barrages, les demi-finales et enfin l’ultime explication au Stade de France. Il faut avoir la foi et les muscles pour aller jusqu’au bout dans le championnat de France de rugby. Un marathon pour costauds. À l’arrivée, il reste le bonheur de brandir les quelques kilos du bouclier de Brennus qui récompense la meilleure équipe de la saison. Allez-y, poussez, poussez ! Plus sur www.lnr.fr

Le Britannique Bradley Wiggins s’est révélé sur les pentes alpines du Dauphiné, l’an dernier, en remportant l’épreuve. On connaît la suite : victoire dans le Tour de France en juillet et titre olympique à Londres. Le Critérium offre la meilleure répétition qui soit à une Grande boucle qui fête fin juin sa 100e édition. Le vainqueur du Dauphiné pourrait bien être aussi sur le podium final du Tour en juillet sur les Champs-Élysées.

Un bouclier à soulever

JUSQU’AU 1 er SEPTEMBRE, EXPOSITION RODIN, ARLES

Rodin et l’Antiquité

Le musée d’art antique d’Arles présente en parallèle œuvres antiques et créations de l’artiste (sculptures, dessins) pour témoigner de l’empreinte laissée par l’Antiquité dans la vie et l’œuvre du sculpteur. Cette expo « Rodin, lumière de l’antique » permet de saisissants allers-retours entre Antiquité et création contemporaine. L’exposition s’installera au musée Rodin à Paris en novembre. Plus sur arles-antique.cg13.fr Rodin illumine les strates de l’Homme

96

Joue-la comme Wiggins

Plus sur www.letour.fr

JUSQU’AU 7 JUILLET, CINEMATHèQUE, PARIS

Pialat, peintre et cinéaste Les succès du cinéaste Maurice Pialat sont connus jusqu’à son tout dernier film, Le Garçu, en 1995. Mais sait-on qu’il a été aussi, et d’abord, un peintre de talent dans les années 40 ? En confiant à la ­Cinémathèque de Paris tableaux, photos, notes et archives de son mari, Sylvie Pialat offre aux visiteurs une rétrospective inattendue de la longue carrière d’un artiste aux nombreuses facettes. Plus sur www.cinematheque.fr

L’enfance nue, drame de la fin des années 60

the red bulletin

Texte : Christophe Couvrat. photos : getty images (2), Christian Baraja/musÉe rodin (1)

Pour une fois, la finale de la Coupe de France clôt la saison, quelques jours seulement après la fin du championnat de Ligue 1 et juste avant le départ des Bleus de Didier Deschamps pour leur tournée sud-américaine en Uruguay et au Brésil. Les pros ont pris l’affaire très au sérieux dans cette édition 2013 de la coupe. La preuve ? Les derniers clubs amateurs en course ont tous été sortis en 8e de finale. Plu sur www.fff.fr


illustration: dietmar kainrath

k a i n r at h

the red bulletin

97


F

estival. Mot magique. Avec « ­estival » et « carnaval ». Quand je l’entends, les souvenirs crépitent : tapis rouge et souliers vernis, gambettes de star et olive verte dans le Martini. Le festival de Cannes, évidemment. Pete Doherty, coiffé d’un chapeau de quaker, costumé de noir, une fine chaîne d’acier par-dessus sa cravate, me tendant sa bouteille de Bourbon après la projection de Confession d’un enfant du siècle et me confiant que quand il était jeune, il travaillait dans un cimetière et qu’il avait « adoré ça ». Ou Emmanuelle Devos, lâchant dans le taxi pour Cannes confidentiel : « Dès que j’arrive à Cannes, je me transforme en conne. » La faute aux belles robes, aux photographes, à la compétition entre actrices, à la jalousie qui monte et à la peur de ne pas être assez glamour… La plus belle pause pipi de ma vie : coincé entre Bob de Niro et James Woods pendant l’entracte de la version longue de Il était une fois en A ­ mérique. « Ça te fait quoi de te revoir ? », demande Bob de Niro à son vieux pote. « On avait la classe », répond James Woods en urinant sur la faïence. C’est ça pour moi un festival : un moment où le corps reprend ses droits, où même les légendes ont une vessie. Je dis « festival » et je pense à « musical ». Je me souviens de la boue et des tentes igloo, de la bière et des guitares, des filles et des garçons électriques ­poursuivant le même rêve de ressusciter les grands-messes de l’île de Wight ou de Woodstock… Pourquoi Woodstock est-il légendaire ? Parce que son programme politique, ainsi rédigé par Michael Lang (à ne pas confondre avec Jack) en 1969, fait toujours rêver : « Trois jours de paix et de musique. Des centaines d’hectares à parcourir. Promène-toi sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toimême tes repas et respire de l’air pur. » Un festival est le lieu d’une utopie. 125 000 personnes pour Avignon et ses théâtres (et on dit que c’est élitiste !),

Pleine lucarne

Quel régal, c’est festival ! Le soleil revient, les festivals battent leur plein. CODB se sent devenir homo festivus. 700 000 à Lorient pour le festival Interceltique (et on dit que la cornemuse n’a pas d’avenir !) : comment expliquer ces centaines de milliers de gens qui migrent, ensemble, vers un même endroit, pour partager une même émotion... Facebook et YouPorn n’ont donc pas tout tué ? « Les réseaux sociaux invitent de plus en plus à se retrouver dans la vie physique. Les échanges virtuels ne suffisent plus », écrit Rémy Oudghiri dans son remarquable Déconnectez-vous (Arléa). Il paraît qu’aux états-Unis, on appelle ça la révolution de la « real life ». Le festival serait-il le levier de ce formidable retour à l’humain ? Torse nu devant une scène de rock avec une

fille sur les épaules qui t’enserre le cou de ses cuisses ou en smoking sur un tapis rouge, même sensation de faire p ­ artie d’une grand-messe profane, ­d’oublier son petit Moi pour le grand Nous, le grand Tout... Essayiste brillant mais scrogneugneu, Philippe Muray le déplorait avant de mourir. Un nouvel homme est né, non plus l’homo sapiens sapiens, « l’homme qui sait qu’il sait », mais l’homo festivus festivus, « l’homme qui fête la fête ». Un homme pour qui, dénonçait-il, « tout se dissout dans l’effervescence de la fête, dans l’étalage d’une “fierté” unanime dont les individualités sont euphoriquement abolies », Après l’Histoire, I. Ah ! ce que ça l’agaçait, ces grandes célébrations collectives ! Mais comment pouvait-il oublier, ce mécontemporain, que dans cet appétit pour le festif se cachait une vibrante nostalgie pour ces grands festivals antiques dont les orgies en bikini de Spring Break sont l’avatar actuel : saturnales, lupercales, avec ces hordes de jeunes gens habillés de peaux de bouc et coursant les filles ? Un appel à la résurrection de ces dionysies, pleines d’alcool et de spectacles, qui faisaient dire à Nietzsche, fantasmant à mort : « Sous le charme de Dionysos, non seulement le lien se renoue d’homme à homme, mais la nature (…), hostile ou asservie, fête sa réconciliation avec l’homme, son fils ­prodigue. L’esclave devient un homme libre… » ? Comment pouvait-il ignorer que toujours, lorsque le soleil paraît ­au-dessus de ces grandes villes où nous vivons, toujours plus connectés et toujours plus solitaires, le besoin de peau, de sueur, de nerfs, de communier sans autre dieu que nos idoles, se fait sentir, exigeant d’être assouvi collectivement ? Festival. Festivital. Agrégé de Lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.

The Red Bulletin France / Numéro 19 – Mai 2013 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media House GmbH. Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Erik Turek & Kasimir Reimann (DA), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Miles English, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner (Rédacteur en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photo); Lisa Blazek (Rédactrice); Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablettes) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis. www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France 64 rue de Cléry, 75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 Imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou cathy. martin@fr.redbulletin.com Dépôt légal/ISSN 2225-4722 Nous écrire letters@redbulletin.com Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

The red bulletin numéro 20 sera disponible le 12 juin 98

the red bulletin

illustration : albert exergian

PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT


RED BULL ÉDITIONS

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

DES AILES POUR TOUS LES GOÛTS.

MYRTILLE. CITRON VERT. CRANBERRY. ET L’ÉNERGIE DE RED BULL. Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.