The Red Bulletin Mai 2018 - FR

Page 1

FRANCE MAI 2018

HORS DU COMMUN

MATTHIAS DANDOIS

ATHLÈTE OU ACTEUR ?

SEXTUPLE CHAMPION DU MONDE DE BMX FLATLAND, IL SE LANCE AU CINÉ DANS MILF D’AXELLE LAFFONT

EN KIOSQUE CHAQUE 3 e SAMEDI DU MOIS AVEC MAGAZINE SPONSORISÉ




ÉDITORIAL

Pour une fois, le Français Matthias Dandois apparaît dans un magazine – presque – sans son vélo. Le sextuple champion du monde de BMX Flatland, 28 ans, est l’invité d’honneur de ce numéro (en page 36), non pas parce qu’il est une icône planétaire de sa discipline (ça, vous le saviez déjà, n’est-ce pas ?) mais surtout parce qu’il sera au cinéma le 2 mai dans une comédie sexy, MILF MILF, réalisée par Axelle Laffont. Un as du mouvement, sur son vélo, il tente un mouvement vers le cinéma, et le fait à fond.

Lieu insolite pour modèle rare : le photographe suisse Cyrill Matter (droite) en plein shooting de notre sujet sur Ido Portal, le fondateur de la movement culture, dans un stock d’huile de palme. Bougez-vous p. 44 !

Mouvement, bien sûr, pour le gourou Ido Portal. Celui dont les superstars du sport (Connor McGregor entre autres) s’arrachent les enseignements vous les propose gratos (page 44). Mouvement encore, en page 26, pour les surfeurs arctiques, ou pour Jim et son musée dédié au skate (page 62). De quoi inspirer votre prochain move ? Bonne lecture ! Votre Rédaction

4

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

FELIPE BARBOSA

« Un challenge très cool », dit le photographe brésilien, et Parisien d’adoption, Felipe Barbosa, à propos de son shooting avec Matthias Dandois et Axelle Laffont. « Je me suis retrouvé face au six fois champion du monde de BMX Flatland et à cette fameuse actrice dans une salle de ciné, raconte celui dont on aime les portraits d’artistes colorés et positifs. Grâce à leur énergie et leur bonne humeur, le résultat fut excellent ! » Page 36

CHRIS BURKARD

« Ne dors jamais. » C’est la règle que le photographe, réalisateur et explorateur Chris Burkard s’est donnée en rejoignant une clique de surfeurs dans les fjords de l’ouest, en Islande. « Voir les vagues rouler dans une baie isolée au sud du Cercle arctique, sous des aurores boréales, fut surréaliste, dit le Californien. Et observer les copains qui surfaient dans une telle ambiance m’a mis dans un état de transe. » Page 26

THE RED BULLETIN

FELIPE BARBOSA (COUVERTURE)

QUESTION DE MOUVEMENT



SOMMAIRE mai

REPORTAGES 26

Ruée vers l’aurore

36

Un rider à l’écran

L’objectif : surfer à la lueur d’une aurore boréale. Sauf que sur les côtes islandaises, le vent peut être votre pote, ou l’inverse. Pour passer du statut de killer du BMX dans la vraie vie à celui de jeune lover inexpérimenté au ciné, il n’a eu qu’un mois.

44 Le numéro de Portal

Si Conor McGregor assure en UFC, c’est peut-être grâce à lui. Plus pacifiquement, Ido Portal est un gourou du mouvement.

52

Carré d’ACES

56

Se perdre : no way

58

Roues en feu

62

Une vie en skate

72

Se la péter au taf

Plutôt que jouer à cache-cache, elles se lançaient dans le rock. C’est compliqué, mais au final, grâce à lui, on ne se perd plus. Le tour du monde en moins de 80 jours, en vélo. Il l’a fait. La dernière visite au musée du skate de Jim, c’est maintenant. Les nazes qui se la racontent au bureau, elle en fait des sketches.

18

26

LE CIEL M’EN EST TÉMOIN

L’Islande n’est pas un spot de surf évident. Le seul pro du coin vous sert de guide pour des sessions sous aurores boréales.

LADY DIANA

Pour faire connaître sa voix, l’Anglaise ne jure que par une voie : celle de l’indépendance. Et ça lui a plutôt réussi jusque-là.

6

THE RED BULLETIN


BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

10 Courir sous l’eau avec un ro-

cher, pour elle, c’est de famille

12 Julien Barbagallo, batteur de 13 14 16 18 20 22 24

Tame Impala, vibre pour elles Shoeshi : pour une fois, mangez de la semelle En Suède, on patine dehors Pliée, cette roue de vélo ne dépasse pas la taille de ce mag Qui est IAMDDB, nouvelle voix urbaine anglaise qui déchire ? Autant en emporte le Défi Le jet-ski qui vole est français Jeffrey Dean Morgan est en marche, et bien vivant

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 80 Red Bull TV : restez branché 82 Montres : le ton Hamilton 84 Agenda : ces événements qui

donnent de l’énergie

88 Matos : cours Forrest, cours ! 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : un kayak à la

CHRIS BURKARD, ALEXIS CHABALA, FELIPE BARBOSA

verticale. Si, si !

36 DANDOIS FAIT SON CINÉMA

Pas dans la salle, mais bien sur l’écran. L’icône du BMX Flatland relève le défi de la comédie, comme il s’engage en compète : à fond !

THE RED BULLETIN

7


INNOVATE OR DIE.

Get Your Ticket: pioneers.io/pioneers18


BULLEVARD U N

ST Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

ROCK ’N’ ROLL

PAUL NICKLEN/NATIONAL GEOGRAPHIC/GETTY IMAGES

Selon la surfeuse hawaïenne HA’A KEAULANA, courir au fond de l’océan avec un rocher de 23 kilos sur les bras peut vous éviter la noyade.

Ha’a Keaulana, 26 ans, s’entraînant à neuf mètres de profondeur dans l’océan Pacifique.

THE RED BULLETIN

9


BULLEVARD

Keaulana (à droite) en apnée aux côtés de sa meilleure amie, Maili Makana, rejoignant un spot à Makaha.

10

THE RED BULLETIN


«LE SURF EST LE LIEN QUI ME RATTACHE À MES ANCÊTRES » Le prénom complet de Keaulana est Kaiha’ale’a, « mer qui danse de joie ».

P

PAUL NICKLEN/NATIONAL GEOGRAPHIC/GETTY IMAGES

our les Hawaïens, le surf est une manière de vivre. Et parfois de mourir. Surnommée « Infamous Pipeline », la vague grondante de la côte nord d’O’ahu peut happer un surfeur, l’écraser contre le récif et maintenir son corps blessé plus d’une minute sous l’eau. Pas étonnant donc que les anciens priaient le prêtre, Kahuna, de bénir leurs planches pour leur protection. Aujourd’hui, leurs descendants, à l’instar de Ha’a Keaulana, respectent toujours la tradition, avec un poil de pragmatisme. La surfeuse de 26 ans, native de Makaha à l’ouest d’O’ahu, s’entraîne par 9 m de fond : elle court pendant plus d’une minute avec un rocher dans les bras. Une technique que lui a apprise son père. « J’étais très jeune et n’en voyais pas l’utilité, se souvientelle. Pour moi ce n’était qu’un jeu, jusqu’à ce que je comprenne que cela préparait au maintien prolongé sous l’eau. » Avec environ 12 secondes entre chaque vague, une apnée d’une minute permet de résister jusqu’à quatre vagues. « L’exercice développe la capacité pulmonaire, et la profondeur prépare à la pression au cas où la vague vous pousserait vers le fond. » Son père, Brian Keaulana,

THE RED BULLETIN

maîtrise le sujet – le rider de grosses vagues a joué son propre rôle dans Alerte à Malibu, et fut en sa qualité de sauveteur, l’un des premiers sauveteurs en jet-ski. Mais son empreinte sur le surf est éclipsée par celle de son propre père. « Mon grand-père faisait partie des premiers beach boys de Waikiki, le berceau du surf, explique Ha’a. Ce sont eux qui ont popularisé le surf en initiant les visiteurs. » Pendant la majeure partie des années 1950, Richard « Buffalo » Keaulana est le champion international de bodysurf de Makaha, un titre qu’il remporte aussi en 1960. Il est l’un des premiers sauveteurs de Makaha et devient, en 1976, barreur de Hokule’a, la pirogue polynésienne à balancier qui reliait Hawaï à Tahiti sans instrument de navigation. Au moment où nous parlons à sa petite-fille, Buffalo (aujourd’hui âgé de 83 ans), organise à Makaha, la 42e édition de son événement Big Board Surfing Classic. « Le nom fait référence aux planches qui doivent mesurer au moins 3 m, précise-t-elle. Une façon pour mon grandpère de préserver la tradition, l’essentiel étant de s’amuser, lire la vague et sentir la connexion avec l’océan. » Les surfeurs pros en quête d’inspiration sont souvent de la partie. « Il y a quelques années, Kelly Slater y participait en canoë surfing, se souvient Keaulana. Cette année, la sur surprise est venue de Hokule’a apparue dès le premier jour dans la baie. Une apparition aussi belle que spirituelle. » Un rappel, si tant est qu’elle en ait besoin, du lien profond qui unit sa famille à la mer. haakeaulana.life 11


Julien Barbagallo

« GAINSBOURG, CE GÉNIE DE LA POÉSIE POP »

Avant Tame Impala, Barbagallo jouait avec le groupe d’indie pop Tahiti 80.

Le batteur de Tame Impala revient sur les titres qui ont forgé sa conscience musicale.

D

epuis la fin des années 2000, Tame Impala est en ligne de front du renouveau du rock psychédélique. Bien que le groupe australien soit en retrait depuis leur album Currents, en 2015, Julien Barbagallo, à la batterie depuis 2012, n’est pas resté inactif. L’auteur-compositeur français a sorti il y a peu son 3e album solo, Danse dans les ailleurs, un alliage de joyaux mélancoliques dans la veine expérimentale de Serge Gainsbourg. Barbagallo nous explique l’influence qu’ont eu l’homme à la tête de chou et d’autres groupes iconiques sur sa musique…

12

AIR SEXY BOY (1998)

« C’est âgé de 10 ans que j’ai découvert ce groupe de rock progressif. Je n’avais aucune idée de ce que Peter Gabriel chantait, j’étais impressionné par la diversité des mélodies et des atmosphères contenues dans ce titre, elles nourrissaient mon imaginaire. Le jeu de batterie de Phil Collins m’épatait aussi. C’était à la fois complexe et groovy. Ça m’a beaucoup inspiré en tant que jeune batteur. »

« Je l’ai entendu à la radio quand j’avais 14 ans. Depuis Genesis, je n’avais pas tant écouté de rock. Ça a été une révélation : le rythme ne changeait pas tout le temps, les mélodies étaient simples. C’est ce qui m’a plu et incité à écrire mes propres chansons. J’étais obsédé par les pitreries des frères Gallagher, alors j’ai acheté une fausse guitare Gibson Les Paul. Je voulais être sur le devant de la scène. »

« J’adore Air, l’un des premiers groupes français de ma génération à avoir un succès international. Je doutais que ce soit possible, d’autant plus qu’ils revendiquent leur côté frenchy. Sexy Boy en est l’illustration parfaite : paroles en français et bande sonore très 70’s. Ils ont aussi prouvé qu’on pouvait expérimenter avec les sons, faire des morceaux de 8 minutes sans voix, et être acclamés. »

SERGE GAINSBOURG VARIATIONS SUR MARILOU (1976) « Pour moi, c’est l’anthologie de la poésie pop. Sept minutes à moitié chantées et à moitié parlées, pas de mélodie sur laquelle se reposer, c’est très perturbant. Le focus porte sur l’instrumental, et le texte qui est sublime. Ça m’a pris des années pour avoir la confiance nécessaire pour chanter dans ma langue maternelle car il est difficile de rivaliser avec la poésie de Gainsbourg. »

THE RED BULLETIN

FLORIAN OBKIRCHER

OASIS SUPERSONIC (1994)

TAJETTE O’HALLORAN

GENESIS GET ’EM OUT BY FRIDAY (1972)


BULLEVARD

Galerie : Vans Old Skool (haut, gauche) ; Pharrell x Adidas NMD (en haut à droite) ; et Adidas Superstar.

V Menu AJ1

SHOESHI

Le chef de sushi Yujia Hu a transformé son art culinaire en une cordonnerie dont vous vous régalerez. Et il vous montre comment faire pareil.

Yujia Hu, chef restaurateur et artiste, nourrit ses deux passions : l’onigiri et le basket.

YUJIA HU

CHRISTIAN EBERLE-ABASOLO

La version comestible de l’Air Jordan 1 de Nike par le chef Hu est fidèle au point d’inclure le logo en algues.

ous prendrez bien un Air Jordan 1 de Nike ? Ou un Yeezy Boost 350 V2 « Zebra » ? Chez Sakana Sushi à Milan (Italie), vous pouvez commander et déguster ces modèles. Depuis 2015, Yujia Hu prépare ces shoeshis tels des sushis classiques, avec du poisson cru, des algues séchées, des légumes et du riz. « Je présente l’art du sushi de manière originale », explique le chef originaire de Chine. À 18 ans, Hu doit quitter son école d’art pour travailler dans le resto familial et se plier à une formation rigoureuse. « Tous les jours, je répétais la même chose, des heures durant. » À 29 ans, Hu a trouvé sa vocation. Il réalise d’abord des portraits de célé-

brités avec des onigiri (boules de riz japonais) qu’il photographie et publie sur Instagram, faisant ainsi la promo de son établissement. « Puis les gens ont commencé à m’écrire et me féliciter pour mon travail, confie Hu. Ça m’a rendu encore meilleur. » Fan de basket, il honore les étoiles de la NBA, puis se met à reproduire leurs chaussures. Ses hôtes viennent du monde entier. Les shoeshis de l’itamae Hu coûtent 25 € et nécessitent jusqu’à 45 minutes de préparation. « Les détails – lacets, logos, œillets – sont ce qu’il y a de plus difficile à réaliser », précise-t-il. Hu a même publié un ouvrage sur la fabrication de shoeshis qui inclut recettes et instructions afin que d’autres puissent aussi vivre son tour tourment : plaisir de manger et mécontentement causé par la destruction d’une œuvre d’art. @theonigiriart

THE RED BULLETIN

13


BULLEVARD

Suède

Stockholm

14

HENRIK TRYGG

TOM GUISE

« Quand la glace est top, nous préférons patiner sans les clients, avoue Trygg. Un de mes amis organise des excursions, équipement compris. C’est accessible à tous. Les groupes lents parcourent 30 km, les rapides une centaine. Ce n’est pas la mer à boire. » iceguide.se

THE RED BULLETIN


« Si vous tombez dans l’eau, rebroussez chemin et patinez sur une glace plus sûre. L’erreur est de s’obstiner dans la même direction. »

Aventure

PATINER SUR UN MIROIR

Voilà une invitation synonyme de danger, sauf en Suède, où c’est une activité de plein air très courue.

B

eaucoup ignorent que notre ville est la capitale mondiale du patinage sur glace, explique Henrik Trygg, photographe. En Suède, nous patinons non-stop de novembre à avril. D’abord sur les petits lacs puis les grands et enfin dans l’archipel. » Le Suédois patine sur les lacs, les rivières et la mer Baltique depuis vingt-cinq ans avec un faible pour la glace noire vierge, la plus fine. « La glace épaisse, sans vie a peu d’intérêt. Nous l’aimons pure, audible, organique. » Une glace qui vit. « Elle se fissure et s’affaisse. La glace d’eau douce est plus rigide, celle de l’archipel, salée, est souple et ondule comme les vagues, on a alors la sensation de patiner sur une côte. » Au contact des

THE RED BULLETIN

patins, la glace émet le son d’un laser. « Plus il est aigu, plus la glace est fine. La plupart des patineurs ne s’aventurent pas à moins de 3,5 cm d’épaisseur. » D’autres sont plus joueurs. « Si on passe à travers, le dispositif de flottaison et des vêtements secs dans le sac étanche nous remettent d’aplomb. Pour sortir de l’eau, un couteau et des cordes font l’affaire. Pas de quoi paniquer, on se change et on repart. » Lors d’une journée type, Trygg et sa complice Mårten Ajne (ici en photo) parcourent jusqu’à 100 km. « Cela peut consister à faire le tour d’un lac ou à se rendre à un endroit précis. Cependant, les virées à l’aveugle sont les plus exaltantes même si le risque guette de rester coincés sur une île avec l’obligation de faire inter intervenir un bateau ou l’hélico. » Trygg et Ajne ont immortalisé leurs escapades dans plusieurs livres. « Nous souhaitions montrer qu’en Suède, la grisaille et le froid n’empêchent pas de s’amuser. » henriktrygg.com 15


BULLEVARD

1

2

Pliée, son diamètre est de 226 mm, ce qui facilite son transport et son stockage.

Sa structure hexagohexago nale isocinétique se déploie comme des fibres musculaires.

4

Une roue compatible avec la plupart des vélos.

3

La roue d’un vélo pliant a un diamètre de 400-500 mm. Celui de la Revolve est de 665 mm.

LA ROUE DE LA FORTUNE

Plus une révolution qu’une réinvention, cette roue, pliée, ne dépasse pas la taille de ce magazine.

D

esigner chez Audi, Alfa Romeo et Maserati, Andrea Mocellin est abonné aux instants eurêka. Pourtant, son meilleur éclair de génie lui vient avec un vélo à Tokyo. « Je ne pouvais l’attacher nulle part. Contraint et forcé, je le trimbalais dans mon minuscule appartement. »

16

Le vélo pliant était la solution mais en partie seulement. Il fallait que les roues le soient aussi. Un jouet fournit l’inspiration : la sphère d’Hoberman, une boule géodésique dotée de joints, similaires à ceux de ciseaux, permettant de la réduire à une fraction de sa taille. Trois ans et quelques dizaines de prototypes plus tard, Mocellin adapte le principe et crée la roue Revolve dont les articulations font passer son diamètre de 665 à 226 mm, soit un tiers de sa taille. Pour la redéployer, une simple pression sur le ver verrouillage magnétique suffit. Revolve n’utilise pas de pneu à chambre à air, ce qui limite les risques de crevaison. Selon Mocellin, un marché important existe pour les roues pliables. « La génération du millénaire voyage différemment. Elle est spontanée

et plus exploratrice que touriste. Un véhicule pliable facile à transporter et à ranger prend tout son sens. » Côté rangement, sac à dos et le casier pour l’avion sont inclus. Hormis son usage pour vélos et fauteuils roulants, Mocellin est convaincu que son invention redéfinira la mobilité. Cela viendra, à n’en pas douter, d’un autre éclair de génie… revolve-wheel.com

Compacte lorsqu’elle est pliée, la Revolve se laisse emporter partout. THE RED BULLETIN

WERNER JESSNER

Revolve



IAMDDB s’est fait remarquer grâce à ses trois EP : Waeveybby Vol. 1 , Vibe Vol. 2 et Hoodrich Vol. 3.

18

THE RED BULLETIN


BULLEVARD

2

D

iana De Brito, alias IAMDDB, est l’une des artistes les plus en vue d’Angleterre. Julie Adenuga, DJ et créatrice de tendances à Beats 1, la radio d’Apple Music, la considère comme l’un des grands espoirs de la musique alors que la BBC l’a placée en troisième position de son prestigieux sondage Sound of 2018 (a lancé la car carrière d’artistes tels Adele et Sam Smith). IAMDDB a déjà enregistré trois EP dans lesquels elle allie des trap beats souples à sa voix soul onctueuse, mais elle n’a toujours pas produit son premier album. Voici cinq choses que vous devez savoir au sujet de la Mancunienne de 22 ans...

1

ALEXIS CHABALA/KINTZING

FLORIAN OBKIRCHER

IAMDDB fait de la musique depuis son plus jeune âge. Elle a enregistré sa première chanson à l’âge de onze ans et un morceau pop, This Moment, sous son véritable nom, il y a quatre ans. Mais c’est en 2015 qu’elle a une révélation. Au cours d’un voyage de six mois en Angola où elle rendait visite à son père, elle s’est jointe au groupe afro-jazz de celui-ci et a participé à une tournée qui incluait une représentation privée pour la famille présidentielle du pays. « À partir de ce moment, j’ai souhaité apprendre à mieux me connaître et ce processus m’a menée où je suis aujourd’hui », dit-elle au magazine Diss.

THE RED BULLETIN

À son retour d’Angola, De Brito s’inscrit à l’université… et l’abandonne aussitôt. À peine assise, elle réalise dans un éclair de lucidité qu’elle a déjà trouvé sa raison d’être : la musique. Inspirée, elle rentre chez elle, et s’installe sur le parquet avec son ordi. En l’espace de quelques heures, elle écrit et enregistre les paroles de Leaned Out, une pièce hiphop embrumée et expressive. Enregistré avec le producteur de Manchester, Inka, ce single allait devenir son premier tube. À ce jour, le clip a été vu plus de six millions de fois sur YouTube.

IAMDDB

DIANA, LADY DU RAP

Vous n’avez pas entendu parler d’IAMDDB ? Il est temps d’ouvrir vos oreilles. L’urban jazzwoman de Manchester est la star de demain.

3

Baignant dans l’environnement musical de son père depuis son plus jeune âge, IAMDDB cite Bob Marley comme sa plus grande influence. Elle plaisante sur le fait qu’il fut sans doute son père dans une vie antérieure. « Bob Marley nous accompagnait partout. Ma manière de composer, d’harmoniser… tout est essentiellement inspiré par lui. » L’influence de Marley se fait particulièrement sentir dans More dans lequel on entend des traces de son phrasé moelleux. Son titre favori ? Waiting in Vain.

4

Après avoir été plébiscitée par le sondage Sound of 2018 de la BBC, IAMDDB est submer submergée d’offres de labels. Elle les refuse toutes afin de pouvoir conserver son indépendance. En tant qu’artiste polyvalente, elle a composé chacune de ses chansons et réalisé ses clips elle-même. Le contrôle créatif et l’authenticité constituent la clé vers le succès. « Nous savons tous que lorsque vous signez chez un label, vous allez à un moment devoir faire des compromis, dit-elle dans une interview pour la BBC, mais IAMDDB ne fait pas de compromis, je vous le garantis ! »

5

La mission artistique d’IAMDDB est de donner de la force aux jeunes femmes. Dans ses chansons, elle encourage ses fans à embrasser leur vulnérabilité et à se tenir droites face aux intimidations. « Le nombre de personnes qui m’ont rabaissée… c’est fou !, confie-t-elle au magazine Trench. La négativité, ça n’en finit pas. Il n’y a que les gens insatisfaits d’eux-mêmes pour agir de la sorte. C’est ainsi que je vois les choses. » Partager ses expériences et aller à la rencontre de ses fans par le biais de sa musique est désor désormais son objectif principal.

iamddb.bandcamp.com

19


Défi Wind

L’APPEL DU VENT

Du 4 au 13 mai, à Gruissan (Aude), 1 800 fans de windsurf et de kitesurf seront réunis pour le Défi Wind et le Défi Kite, challenge sportif et festival (50 000 visiteurs). Néophytes ou pros, ils y croiseront de grands noms tels Bjørn Dunkerbeck, venu avec son équipe du Speed Challenge. Un must.

20

THE RED BULLETIN


BULLEVARD

JEAN-MARC CORNU

PIERRE-HENRY CAMY

Ce combat contre la tramontane, ils viennent surtout pour ça. En wind ou kite, ils seront 1 800 à l’eau.

THE RED BULLETIN

21


BULLEVARD

Zapata Flyride

BATEAU, AVION OU… OVNI? Ce jet-ski volant exécute des vrilles sur commande et n’exige aucune compétence de pilotage.

F

ranky Zapata est célèbre à plus d’un titre. En 2012, l’homme d’affaires français crée le Flyboard, une plateforme fixée aux pieds utilisant de l’eau pompée via un jet-ski pour vous propulser dans les airs et ouvre le mar marché du vol à hydropropulseur. En 2016, Zapata récidive. Il remplace la propulsion à eau par des turboréacteurs et invente le Flyboard Air, une machine volante qu’il pilote sur plus de 2 km et fait ainsi

Franky Zapata a démocratisé l’hydropropulseur. En mode expert, les plus aguerris pourront tenter une double vrille.

22

son entrée dans le Guinness pour le vol en hoverboard le plus long. En 2017, les autorités françaises en interdisent l’utilisation pour non-confor non-conformité aux règles d’exploitation de véhicule volant. Avec sa nouvelle machine volante inspirée du scooter des mers, Zapata qui a débuté comme pilote pro de jet-ski, effectue un retour aux sources. Et cette fois, les autorités ont peu de chance de l’arrêter. Le Flyride reprend l’hydropropulseur du Flyboard, mais n’exige selon Zapata pas de compétence particulière contrairement au premier et sa surprenante version Air. Doté de gyrostabilisation, le Flyride s’équilibre comme un drone, intègre un mode de décollage et d’atterrissage automatique et, clou du spectacle, permet de réaliser des vrilles en appuyant sur un simple bouton. Avec une vitesse de pointe de 35 km/h, le Flyride est le meilleur moyen de goûter au réacteur dorsal du futur. À 4 500 €, tuyaux, ligne de liaison et jet-ski d’alimentation non compris, voler sur l’eau restera un rêve inaccessible pour la plupart d’entre nous. zapata.com THE RED BULLETIN

TOM GUISE

Le Flyride est muni d’un guidon et se pilote comme un jet-ski classique.



BULLEVARD

E

ntre son rôle de Negan dans The Walking Dead et celui du cynique Comédien dans Watchmen, Jeffrey Dean Morgan est devenu une référence parmi les « méchants » sur nos écrans, grands et petits. L’Américain récidive dans le blockbuster Rampage (au ciné le 2 mai). Son talent donne vie à des brutes plus vraies que nature, cette fois aux côtés de Dwayne Johnson et de monstres dévastateurs. Heureusement, l’acteur de 52 ans sait comment ne pas basculer du côté obscur… S’AMUSER EN TRAVAILLANT Le travail doit être source de plaisir. Rampage est le film idéal pour ça, j’ai choisi ce métier pour faire ce genre de truc. J’ai toujours voulu jouer dans un bon film de monstres en plus d’un super western. Deux genres qui ont fait le bonheur de mon enfance, c’est donc le genre de rôles que je kiffe le plus.

PRIVILÉGIER LA FRAÎCHEUR J’incarne rarement un rôle très longtemps. Negan est une exception. L’idéal pour moi, c’est de jouer un an dans une série puis de passer à autre chose. Ou de tourner un film, ce qui nécessite moins de temps. Pour Negan, j’ajoutais régulièrement de nouveaux aspects pour préserver l’intérêt et la fraîcheur du personnage. LA NOTION DE MAL ? UNE QUESTION DE POINT DE VUE Pour moi, Negan n’est pas mauvais. Survivre aussi longtemps dans cet univers nécessite un certain talent. Il s’oppose aux héros que nous suivons depuis sept, huit ans. Ceci étant, je sais bien que mon job, c’est d’incarner le méchant sous toutes les coutures, avec blouson de cuir et armé d’une batte de baseball. Je l’aborde comme un gars qui lutte pour sa survie. C’est plus intéressant.

S’INSPIRER DES MEILLEURS Dwayne est le meilleur dans ce qu’il fait. Un colosse fort comme un roc (sic) qui peut rire de lui-même, toujours bienveillant… Il illumine de sa présence. C’est un gros bosseur. Il a disparu pendant une semaine pour animer l’émission Saturday Night Live, pris un avion pour assister à une première, tout en tenant le rôle titre de ce film. Il mérite largement son statut d’acteur le mieux payé au monde.

@jeffreydeanmorgan

Dans Rampage Jeffrey Dean Morgan est Harvey Russell, agent haut placé.

RESTER FIDÈLE À SOI-MÊME Je n’avais jamais travaillé dans une super production, ni eu à combattre un loup ailé de 15 m d’envergure. J’aborde tous mes rôles de la même manière. Que ce soit Negan dans TWD ou un autre, je suis fidèle à la personne que je suis.

JAMES LUXFORD

Force brute

MATTHIAS CLAMER/CONTOUR BY GETTY IMAGES

«MON JOB EST D’ÊTRE LE MÉCHANT» À l’affiche de Rampage, la star de The Walking Dead JEFFREY DEAN MORGAN se fait très tranchant. 24

THE RED BULLETIN


Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

RED BULL SANS SUCRE MAIS RED BULL QUAND MÊME.

POUR VOTRE SANTÉ, ÉVITEZ DE MANGER TROP GRAS, TROP SUCRÉ, TROP SALÉ. WWW.MANGERBOUGER.FR


Épiphanie : Timmy Reyes prend une pause islandaise sous une aurore boréale.

26


RUÉE VERS L’AURORE Quand le seul surfeur pro d’Islande est invité par le photographe et réalisateur CHRIS BURKARD à participer à un surf trip unique dans une région sauvage de son pays natal, il n’hésite pas un seul instant. L’expédition qui s’ensuivra, avec pour objectif de surfer à la lueur d’une aurore boréale, s’avérera plus ardue qu’il ne l’aurait imaginé. Et restera l’une de ses plus belles expériences. Texte ANTHONY ROWLINSON Photos CHRIS BURKARD


À bord de l’Aurora, Heidar Logi (tout à gauche) écoute le capitaine Sigurdur « Siggi » Jonsson décrire leur itinéraire vers le nord.

eidar Logi et le vent de l’Atlantique nord, c’est une relation qui tient autant de l’amour que de la haine. Ce vent, c’est comme un ami violent, ivre et imprévisible. Il gronde et peut se déchaîner à tout instant. Pour un sur surfeur comme Logi, c’est justement ce caractère impétueux qui en fait un partenaire si précieux. Dans les bons jours, ils s’entendent à merveille : le faiseur de vagues et le surfeur sont en parfaite harmonie. Et c’est ce qui a attiré Logi vers les eaux les plus glaciales de la planète. Parce que quand les vagues sculptées par le vent de l’Atlantique nord sont idéales, aucun surfeur ne peut leur résister. Peu importe que les eaux islandaises descendent à − 8 °C avant de geler. « Le froid, j’y suis habitué », lâche le jeune homme de 25 ans, dont la seule protection contre ces températures est une combinaison de 7 mm d’épaisseur (doublée d’une résistance innée contre le froid). Peu lui importe que l’Islande ne compte aucun magasin de surf pour approvisionner ses 330 000 habitants (dont à peine une vingtaine de surfeurs – Logi, qui vit à Reykjavik, est le premier et 28

unique surfeur pro du pays). Ce qui lui importe, c’est que les eaux hivernales au large des côtes est et nordouest de l’île offrent les expériences de surf les plus pures et les plus singulières au monde. Le surf en Islande, c’est le néant. L’île volcanique, faiblement peuplée, à quelques encablures du pôle Nord, c’est la liberté, l’air pur. La perspective de glisser sur une vague jamais surfée par personne avant vous. Le hic, c’est qu’il faut la trouver avant les autres. C’est la promesse de trésors restant à découvrir qui a attiré Logi et une équipe de quatre autres surfeurs, ainsi que le photographe américain Chris Burkard, dans la région la plus désertique de l’Islande à la recherche du spot parfait, où ils comptent bien surfer à la lueur d’une aurore boréale. C’était compter sans le vent de l’Atlantique nord. Le voyage, organisé par Burkard, est tombé pile en même temps que la pire tempête de neige que l’Islande ait connue en vingt-cinq ans. Les conditions étaient tellement dantesques qu’à un moment de l’expédition où ils roulaient dans deux 4×4, les six voyageurs ont dû s’abriter dans un refuge au bord de la route pendant deux jours pour échapper aux rafales de vent à 260 km/h et assurer leur propre sécurité.


Surfer ici, c’est réservé aux plus téméraires.

Justin après une session de surf sur la route de la côte nord-ouest. « Il voulait surfer à tout prix pendant le trip, dit Logi. Il a même e­ ssayé de surfer le mascaret d’une rivière ! »


Un groupe moins déterminé se serait peut-être résigné suite à cette pause forcée. Il doit bien y avoir une raison pour que si peu d’Islandais vivent à l’extrême nord-ouest de l’île et pour que le surf en Islande soit considéré comme une activité réservée aux plus téméraires. Mais abandonner aurait été trahir la philosophie de cœur de Burkard qui plaide pour « accepter l’incertitude ». Quelques jours plus tôt, avant que la tempête Diddú ne s’abatte sur le pays, Logi, Burkard et les autres repèrent un spot au large et s’y rendent en bateau. Ils surfent un peu, mais, alors qu’ils sont en mer, les nuages se font de plus en plus menaçants, et les bulletins météo de plus en plus alarmants, les obligeant à abandonner l’eldorado tant recherché. Ce front météorologique s’avérera être la tempête du quart de siècle – un déchaînement qui fera fermer les ports et obligera les Islandais à se barricader chez eux. «On était sur le bateau et on avait à peine commencé à pagayer que Siggi, le capitaine, nous a appelés en urgence pour nous dire: “Il faut rentrer – maintenant!” C’est le pire ouragan qui se soit abattu sur notre pays. En l’espace de quelques minutes, les vents ont

commencé à faire rage. C’était l’une des météos les plus dingues que j’ai connues de toute ma vie – et j’ai toujours vécu en Islande, donc point de vue climat, il en faut beaucoup pour m’impressionner.» D’autres plus pragmatiques et moins téméraires auraient tenu compte des alertes, ils auraient renoncé. Pas pour Burkard and co. Leur détermination s’est accrue. La récompense : une expérience qu’ils considéreront un jour comme la plus folle de toute leur vie, une session de surf entre amis dans l’immensité des eaux de l’océan Arctique, sous un ciel étoilé à la lueur d’une aurore boréale. Il aura fallu une audace unique pour que cette aventure devienne réalité, même si, comme Logi le reconnaît volontiers, la chance a aussi joué un rôle dans l’histoire. « Surfer en Islande, c’est quitte ou double. On passe beaucoup de temps à chercher les vagues. Ça peut vraiment être désespérant, ou alors on a un gros coup de bol. Et à la clé, on vit des expériences indescriptibles – peut-être les plus belles de toute une vie. » Under An Arctic Sky, le documentaire de Chris Burkard sur cette aventure épique, est à voir dès maintenant sur Netflix.

Préservée et quasi inhabitée, la région des fjords de l’ouest de l’Islande offre des terrains de jeu inexploités aux surfeurs courageux en mal d’aventure. « Je n’ai pas envie que l’Islande devienne une destination de surf à la mode », déclare Heidar Logi.

30


« L’appel a retenti : “Il faut rentrer – maintenant !” »

Reyes surfe par − 6 °C. L’Aurora se tient derrière la vague, peu avant l’alerte météo signalant une énorme tempête au large qui les contraindra à rentrer au port.


« Le vent est impétueux, il peut se déchaîner à tout instant. »

Logi : « Enfant, on me répétait que l’eau, c’était dangereux. Moi, j’ai trouvé mon truc là-dedans. »


« À des moments, on pensait à ce qu’on aurait pu faire d’autre de notre temps, car courir après les vagues nous semblait futile et égoïste, glisse Logi. Mais voir ses amis surfer la vague de leur vie au milieu de nulle part, c’est tellement inspirant qu’on se dit que ça vaut carrément le coup. »

Pont inférieur de l’Aurora. Quand une bande de jeunes surfeurs idéalistes et passionnés poursuit le rêve d’une session de surf lointaine, la plus terrible des tempêtes ne peut pas les arrêter – bien qu’ils aient été forcés de retourner brièvement dans les terres pour se mettre en sécurité. THE RED BULLETIN

33


Le surf en Islande, c’est le néant.

34

THE RED BULLETIN


Le ciel se pare de vert sous l’effet de la lumière, tandis que Logi et Quintal rament dans l’obscurité pour surfer dans une eau glaciale en dessous de zéro. « C’est pour des moments comme ça qu’on vit, déclare Logi. On a bien dû passer une heure et demie à admirer l’aurore boréale et les millions d’étoiles ; on a même vu quelques étoiles filantes. Ce sont des choses dont il faut se souvenir, même s’il fait froid, c’est un moment tellement spécial qu’il faut en profiter. Je me suis dit que je resterais aussi longtemps que l’aurore boréale serait là, et c’est ce que j’ai fait. » THE RED BULLETIN

35


Le 2 mai, l’icône du BMX Flatland, 28 ans, apparaîtra sur les écrans de cinéma dans le film MILF.

UN RIDER À L’ÉCRAN En vingt ans d’une pratique acharnée, MATTHIAS DANDOIS est devenu un boss du BMX. Pour se lancer dans la comédie, à l’occasion du premier film d’AXELLE LAFFONT, il n’a disposé que d’un mois. Texte PH CAMY Photos FELIPE BARBOSA 36


Il n’en revient pas. Devenir acteur, entre deux compétitions, était un challenge. Relevé avec force.


P

arcourir la planète pour y exceller sur les plus exigeantes compétitions, tout donner, même sur des exhibitions, ou des projets vidéo, c’est le quotidien de l’athlète français Matthias Dandois, 28 ans, star du BMX Flatland, discipline unique, d’artiste, où le rider évolue avec son vélo autant que l’inverse, sur des surfaces plates (d’où Flatland). Quelques mètres carrés, depuis sa piste en bois dans le jardin de ses parents à Épinay-sur-Orge, jusqu’à ses spots parisiens, et les événements les plus prisés de la scène, et énormément d’acharnement, d’entraînement, à répéter, des dizaines, centaines de fois de nouveaux

tricks, jusqu’à créer un genre hybride où Flatland et Street (évolution sur tout ce que l’urbain peut offrir) se mêlent, ont fait de Matthias un athlète unique, l’un des plus créatifs de la planète vélo.

CE SERA LUI, POINT BARRE

Ce vélo, c’est bien lui qui propulse aujourd’hui Matthias sur les écrans de cinéma. Quand la comédienne et réalisatrice Axelle Laffont, personnage populaire à l’énergie folle, le voit évoluer sur son fidèle Haro l’été dernier à Marseille, c’est le flash. Ce type sur son bike, très doué et très tatoué, à l’aise devant une foule et les objectifs, est celui qui doit rejoindre le trio de mecs de son premier longmétrage, MILF. Une comédie romantique où Virginie Ledoyen, Marie-Josée Croze et elle-même vivent une aventure avec trois jeunes types, joués par Waël Sersoub, Victor Meutelet et Matthias

Dandois, donc. Notre champion dit oui. Passe un casting. Se révèle à l’aise. Puis un autre casting, le call back, où il se voit confirmé dans l’aventure. Qu’importe que certains dans l’entourage d’Axelle lui déconseillent d’engager cet inconnu total sur son premier film (un challenge), qu’importe qu’il n’y connaisse rien au métier d’acteur, à l’acting, à une production de cinéma : ce sera lui. Point barre. Il reste alors à Matthias un mois, incluant trois heures de préparation à la comédie avec Axelle, et 20 heures avec une coach, avant le tournage. Le tout entrecoupé de compétitions, notamment aux USA. Notre athlète de haut niveau a donc trop peu de temps pour se préparer à l’une des expériences les plus enrichissantes de sa vie d’homme (ça, il ne le sait pas encore). Devenir comédien le temps d’un film, en novice total. Et découvrir le métier en direct, lors du tournage.

La comédienne et réalisatrice Axelle Laffont (à droite) a repéré Matthias lors d’une compétition. Il était le profil idéal pour le casting de son film MILF, mais n’avait aucune expérience. Axelle a misé sur lui malgré tout. Et ne le regrette pas.

38

THE RED BULLETIN


Hyper convivial et pro, Matthias dĂŠtient six titres de champion du monde de BMX Flatland.


Un œil à la bande-annonce du film, l’occasion de se marrer à nouveau pour les comparses.


MATTHIAS DANDOIS : LE MOTIVÉ Quand Matthias Dandois répond présent, il le fait avec passion.

« Avant d’être confirmé, sur le film, j’étais persuadé que je n’aurais pas le rôle. J’étais un peu con dans ma tête, je n’avais pas envie de faire autre chose que du vélo, rembobine le sextuple champion du monde de BMX Flatland. Quand finalement Axelle m’appelle pour me dire que j’ai le rôle, tout prend son sens dans ma tête : “Puisqu'Axelle me fait confiance, je vais tout faire pour ne pas la décevoir.” »

«Ne pas parler est ce qu’il y a de plus difficile à jouer.» Axelle Conversation avec Axelle Laffont et Matthias Dandois sur les principaux enseignements de ce projet fou.

BIEN CONNAÎTRE SON TEXTE AVANT LE TOURNAGE

Axelle : Plus tu connais ton texte, plus tu peux t’en dégager et être dans l’émotion et le caractère du personnage. Si tu connais à peine ton texte, tu es tellement dans l’angoisse de ne pas le connaître que ça se voit dans ton regard. Je l’avais bien expliqué à Matthias, du coup il a été ultra bon élève là-dessus et il connaissait son texte par cœur. Il a eu direct une intelligence du texte. Matthias : De ma confirmation sur le film à ma première scène sur le tournage, il s’est passé trois semaines et dix séances THE RED BULLETIN

de deux heures de préparation. Pas forcément du coaching de type « mets ton corps comme ça, fais tel regard, etc ». Il s’agissait plus de reprendre des scènes du scénario, pour que je connaisse très bien mon texte, afin de ne pas être perdu le jour du tournage, à chercher mes mots. C’est le pire, et il faut donc savoir son texte sur le bout des doigts. Et en même temps, ne pas trop se l’approprier avant le tournage. Axelle : En fait, il faut apprendre son texte de manière neutre, c’est la base.

ÉCOUTER ET INTÉGRER LES INDICATIONS DES PROS

Axelle : Quand tu choisis un comédien, tu ne sais pas comment il va réagir. Tu peux lui donner des indications qu’il n’entendra jamais, qu’il ne comprendra pas, et alors il n’en fera qu’à sa tête. Si un gars n’est pas mal pour un rôle, mais qu’il ne suit pas les indications, c’est une perte de temps inouïe. Dans le cas de Matthias, on a fait deux coachings de quatre-vingt-dix minutes chacun, puis une pause de quatre jours. Et quand on s’est revus le jour du

call back avec la comédienne Marie-Josée Croze qui devait lui donner la réplique, il avait intégré toutes les choses que je lui avais indiquées auparavant. Là je me suis dit : « Le mec a vraiment tout compris. » Matthias : Durant ces trois heures de coaching avec Axelle, j’ai reçu énormément d’informations, j’ai appris plein de choses intéressantes. Ce fut une mise à niveau intense et expresse. Et le fait que MarieJosée soit une actrice et joue le texte du film, ça m’a mis en condition. Tu te sers de l’énergie de la personne face à toi pour vivre le moment plus intensément, pour mieux jouer. C’est un peu comme en BMX. Quand tu fais un battle face à un petit jeune qui arrive et qui foire tout, tu n’as pas envie de te surpasser. Là, je n’étais pas en compétition contre MarieJosée, mais je me suis servi de son énergie et de son expérience pour donner mon maximum.

L’IMPORTANCE DU REGARD

Matthias : Une chose très importante qu’Axelle m’a rappelée, et que j’ai trouvée un peu compliquée à appliquer, c’est que 41


quand tu as une conversation avec quelqu’un dans la vie, tu ne la regardes pas 100 % du temps dans les yeux. Moi, j’avais tendance à fixer la personne, comme un con. C’est un peu troublant, tu dois penser à ton texte et avoir des attitudes naturelles. D’où l’importance de bien connaître son texte, car si tu dois penser à ton texte, et aussi penser à regar regarder un peu à gauche, un peu à droite, ça fait beaucoup d’éléments à gérer, et ça se voit dans tes yeux. Une caméra, ça décuple ce que tu as dans les yeux. Le moindre haussement de sourcils... En plus j’ai des yeux hyper expressifs... ((Matthias hausse les sourcils, les yeux écarquillés, et se marre.) Axelle : J’attache énormément d’impor d’importance au regard. Tu dois tellement exister quand tu n’as pas de texte, dans un naturel de la vie, c’est compliqué quand tu ne connais pas du tout ce métier. Matthias a très vite intégré ces trucs-là. Son défaut majeur, en effet, c’est de froncer les sour sourcils en écartant les yeux. (rires)

RESTER DANS SON PERSONNAGE DURANT LES SILENCES Axelle : L’une des bases, pour un comédien ou une comédienne, c’est surtout de continuer à être dans son personnage dans les silences, et ce n’est pas quelque

«Gérer mon corps fut le plus compliqué... alors que sur un vélo!» Matthias chose qui vient naturellement. Un comédien est aussi vachement fort dans l’intensité du regard et dans ce qu’il dégage, même quand il ne parle pas. C’est ce qu’il y a de plus difficile à jouer. Tu dois aussi apprendre à ne pas balancer ta réplique dès que l’autre acteur te donne la sienne, il doit y avoir un temps de réflexion, comme dans la vie. Quand tu apprends un texte en débutant, tu as tendance à coller les phrases les unes aux autres. Matthias : Quand j’ai débuté mes séances de préparation avec la coach, qui s’appelle Michelle, je ne savais pas quand dire mon texte, quand intervenir. Pour cela, j’ai aussi dû apprendre où arrivaient les répliques de l’autre. Ça a été une grosse partie du

job. Et savoir utiliser les silences, en effet, ne pas répliquer juste après l’autre per personne, avoir ce temps de réflexion naturelle que tu as dans la vie. L’écoute de l’autre étant super importante.

PENSER AUSSI AU RÔLE DE SON CORPS

Matthias : Je ne savais pas quoi faire de mon corps et de mes bras ! Gérer mon corps fut le plus compliqué. Si tu me mets sur un dancefloor, c’est l’enfer. Alors que sur un vélo ! (rires) Quand on te pointe une caméra dessus, tu as une position de corps... bizarre... c’est dur à dire avec des mots. C’est comme quand on te colle au tableau en 4eB. Sauf que là tu es filmé, ça doit être réaliste. Donc on a pas mal bossé sur la gestuelle : comment mettre ses mains, comment placer ses épaules... Quand je suis stressé, j’ai tendance à dodeliner... Axelle : (rires) Il dodeline, comme Louis de Funès ! C’est vrai que le travail du corps est très important au cinéma, même pour des acteurs confirmés. La gestuelle apporte énormément au personnage. Plus tu travailles ça, plus ton personnage devient fin et intéressant. En débutant, tu avances avec ton côté naturel, ce qui est proche de toi, mais plus tu avances dans le métier, plus tu vas montrer que tu sais faire des choses différentes, plus tu vas chercher un personnage et pas ce que tu es toi, plus c’est fort à l’image.

ET LES SCÈNES DE SEXE ?

AXELLE LAFFONT : LA TENACE

Pourquoi sa comédie, MILF, est un projet au long cours. « C’est un film que j’ai écrit il y a cinq ans, explique la comédienne et réalisatrice, et que je devais faire avec une autre production, il y a trois ans. Mais j’ai laissé tomber à l’époque. Et finalement, j’ai récupéré les droits, je me suis rebattue pour lui donner vie. Je l’ai réécrit. J’ai fait 198 versions du scénario et nous l’avons tourné en septembre l’année dernière. »

Matthias : Il faut savoir que j’ai failli me faire amputer le pied dès le début du tournage. (rires) Suite à une infection que j’ai chopée aux US et qui a tourné en staphylocoque doré... On m’a finalement traité aux antibiotiques, et comme le planning de tournage avait été chamboulé, ma toute première scène a été une scène d’amour avec Marie-Josée Croze ! Ce jeudi fatidique arrive, je suis en béquilles... Marie-Josée a été hyper bienveillante, elle m’a donné un conseil qui m’a vraiment débloqué : « Fais comme si j’étais ta copine, on le fait naturellement. » Axelle : MILF est un film très charnel. Je tenais à ce que ce côté charnel soit assumé, donc j’avais bien demandé aux six comédiens principaux qu’on les voit plus ou moins nus, même si je ne pense pas avoir abusé avec les scènes de nu, car contrairement à ce que les gens croient, je suis assez pudique. Et démarrer au cinéma avec une scène d’amour, c’est particulier, en effet. (rires)

MILF, le premier film d’Axelle Laffont, à découvrir en salles dès le 2 mai. 42

THE RED BULLETIN


Style IRIS GONZALES  Maquillage TINA SOLDBERG Axelle porte un T-shirt MILF LE FILM, une veste et un jeans ISABEL MARANT ÉTOILE, des chaussures ISABEL MARANT ; un T-shirt noir ISABEL MARANT. Matthias porte une veste et un pantalon MINO, un T-shirt et des chaussures VANS.

Le film MILF à l’écran, dans cette salle de Studio Canal, Matthias ne résiste pas à l’appel des tricks.


Ido Portal, g ­ ourou en action. « Je veux comprendre le ­mouvement dans son ensemble, voilà mon objectif. »

44


« Je me suis ­souvent fait virer des salles de sport » Les singes, les artistes et les enfants sont sa source d'inspiration. IDO PORTAL a fait du mouvement son domaine d’expertise. Il ­entraîne le corps et l’esprit des sportifs de haut niveau. La bonne nouvelle : son enseignement fonctionne sur tout le monde, même sur vous. Texte ANDREAS ROTTENSCHLAGER Photos CYRILL MATTER


« Je travaille souvent avec des bâtons. ­Légers et peu coûteux, on peut les ­tenir en équilibre et les lancer. »


Icône de la move­ ment culture, Ido Portal se prête au jeu du photo­ shooting à Berlin.

P

our comprendre le succès d’Ido Portal, entraîneur de « mouvements », il suffit de jeter un coup d’œil à son emploi du temps. Deux semaines avant notre rencontre à Berlin (Allemagne), Ido corrigeait la technique de lancer de Michael Lorenzen, joueur de baseball qui évolue chez les Reds de Cincinnati (USA). Une semaine plus tard, il peaufinait la chorégraphie d’une production bollywoodienne de plusieurs millions de dollars en Bulgarie. Pendant notre entretien, il envoie des SMS à Anthony Ervin, nageur américain double médaillé d’or aux JO (2000, 2016), un client qu’il entraîne depuis de nombreuses années. Ido Portal a fondé la movement culture. L’Israélien n’enseigne pas des disciplines THE RED BULLETIN

individuelles, comme le crossfit ou le yoga, mais la diversité des mouvements du corps humain. C’est en préparant Conor McGregor en 2015 avant le Championnat du monde en poids plumes en arts martiaux mixtes qu’il est devenu célèbre (McGregor aussi d’ailleurs). Il a fait ramper l’Irlandais comme un lézard, lui jetait des cartes à jouer qu’il devait attraper en vol. Conor McGregor remporte le combat par K-O en 13 secondes lors du premier round. Depuis, les meilleurs sportifs paient des montants à six chiffres pour un coaching privé de deux semaines avec Ido. Google, Facebook et autres font appel à lui pour entraîner leurs employés. Lorsque vous le rencontrez, Ido vous fait davantage penser à un prof de sport fraîchement douché avec son T-shirt, ses baskets et son sac à dos. L’ancien entraîneur de capoeira ne souhaite pas révéler son âge, mais partage volontiers les principes de base de son enseignement.

«Si vous voulez être normal, j’ai une mauvaise nouvelle: vous l’êtes déjà. Homer Simpson, c'est vous !»

47


«LA RESPIRATION, LE COMBAT, LA DANSE…» Le principe de la movement culture

the red bulletin : Monsieur Portal, vous êtes une star mondialement reconnue en matière d’enseignement du mouvement. Vous a-t-on vraiment déjà exclu d’une salle de fitness ? ido portal : Je me suis souvent fait virer des salles de sport, oui. Pourquoi ? Un fois, c’est parce que je faisais le poirier sur les appareils. C’est arrivé à Berlin. L’employé avait peur que je me blesse. Pourtant, je suis plus stable sur mes mains que la plupart des gens ne le sont sur leurs pieds. Je peux tenir en équilibre sur une main pendant une minute. La plupart des gens n’y arrive même pas sur un seul pied. Votre objectif n’est pourtant pas de faire des poiriers spectaculaires… Vous enseignez le « mouvement » à des sportifs de haut niveau. Qu’est-ce que les non-sportifs font donc de travers ? Pour eux, le mouvement n’est pas un exercice. Ils ne pensent pas à leur corps, car il est là dans tous les cas, jusqu’au moment où celui-ci les lâche. Si vous vous foulez la cheville, vous reprenez immédiatement conscience de votre corps. Vous avez fondé la movement culture. De quoi s’agit-il ? La movement culture regroupe toutes les connaissances acquises sur le mouvement humain : la respiration, le combat, la danse, la position assise, une démarche nonchalante…

48

«Ce muscle, près de mon coude: il n’existe pas sous cette forme dans les livres d’anatomie.» Vous avez élaboré cette méthode lors d’un voyage de plusieurs années à travers le monde au cours duquel vous avez suivi l’enseignement de différents maîtres : artistes de cirque, yogis, spécialistes des arts martiaux, danseurs. Comment les avez-vous choisis ? Par thèmes. Par exemple, je voulais apprendre le thème de l’équilibre avec un maître du poirier. Un homme qui aurait consacré toute sa vie à faire le poirier. Je pensais qu’il aurait la réponse à la question de l’équilibre. À la place, j’ai découvert qu’il avait la réponse à la question du poirier. Mais dès qu’il devait trouver son équilibre sur ses pieds, il n’était plus aussi « calé ». Je veux comprendre le mouvement dans son ensemble, voilà mon objectif. Les spécialistes m’ont souvent profondément déçu. Quels sont ceux qui vous ont positivement surpris ? Les singes et les jeunes enfants. Pardon ? Observez-les. Lorsque des singes sortent d’une nouvelle habitation, ou que de jeunes enfants se tiennent debout pour la première fois, ils doivent appliquer leurs connaissances du mouvement dans un contexte complètement nouveau. C’est

le mouvement dans sa forme brute. C’est captivant. À l’inverse, la plupart des adultes veulent se spécialiser, améliorer une aptitude qu’ils possèdent déjà de toute façon. Existe-t-il un adulte qui serve de modèle à un multitalent du mouvement ? Jackie Chan. Il sait se battre, danser, virevolter et chanter, et ce, malgré son grand âge. Et Charlie Chaplin, bien entendu. Un comique ? Chaplin était à la fois acrobate et cascadeur. Son jeu était extrêmement physique. Il pouvait marcher de différentes manières très expressives, et exprimait ses sentiments uniquement avec les muscles de son visage. Les acteurs et actrices d’aujourd’hui devraient davantage s’entraîner au mouvement, au même titre que les sportifs amateurs et le personnel de bureau.

«ON PEUT MÊME ENTRAÎNER SES POILS» Des mouvements qui éveillent les sens

Si vos conseils ne m’aident pas à m’améliorer, que vais-je tirer de vos enseignements ? Vous découvrirez de nouveaux mouvements. Vous voyez ce muscle, près de mon coude ? (Ido montre une protubé protubérance dure, de la taille d’une bille.) C’est le musculus pronator teres (du latin : muscle rond pronateur, ndlr), il permet la rotation de l’avant-bras. Dans les livres d’anatomie, il n’a pas cette forme. Il faut dire qu’on l’utilise rarement. Il permet d’être rapide. (Ido illustre avec sa main gauche, qui émet un sifflement bref.)

THE RED BULLETIN


« Je peux vous enseigner quinze façons différentes de rouler sur le sol. »

«Charlie Chaplin est mon modèle. Il était à la fois acrobate, casse-cou et cascadeur.»

Comment peut-on le faire travailler ? En ouvrant le bouchon d’une bouteille fermé très fort. De petits mouvements pour un grand résultat. Un autre exercice facile à réaliser : placer un élastique autour du pouce et de l’auriculaire et l’enlever sans s’aider de l’autre main. Dans mes cours, je travaille chaque partie du corps : les oreilles, les yeux, les poils… Les… poils ??? Fermez les yeux et imaginez que quelqu’un vous frôle le bras avec sa main. Votre corps utilise les poils comme capteurs pour déterminer la position de la main étrangère.

Expression libre : dans sa jeunesse, Ido dirigeait une école de capoeira. Depuis, il a dit adieu aux disciplines individuelles. THE RED BULLETIN

Quel intérêt ? Vous élargissez le champ de votre perception sensorielle. Vous auriez pu le faire, mais vous ne l’avez jamais appris. Pareil avec les peurs : si un exercice vous met mal à l’aise, je vais précisément aller dans cette direction. Cela n’a pas l’air très plaisant. Le plaisir n’est pas un bon guide de vie. 49


Ido, seigneur des ­anneaux. Il consacre six à huit heures par jour à ses exercices de mouvement. Voyez le résultat.


«Le plaisir n’est pas un bon guide de vie. Pourquoi être heureux quand on peut être intéressant?» La découverte de quelque chose d’inconnu a plus de sens. Mon philosophe préféré, le Slovène Slavoj Žižek, dit : « Pourquoi être heureux quand on peut être intéressant ? » Est-ce pour cette raison que des athlètes de haut niveau vous paient autant ? Parce que vous leur enseignez des choses nouvelles ? Il y a des vidéos de vous en train de lancer des cartes à jouer à la figure de Conor McGregor… Cet exercice lui a appris à passer rapidement d’un plan A à un plan B, voire à un plan C, en cas de nécessité. Dans un combat d’arts martiaux mixtes, vous ne savez jamais si votre adversaire veut vous taper,

vous lancer, vous donner un coup de pied ou vous étrangler. Lorsque je lance des cartes sur vous, vous faites des pronostics sur leurs directions de vol. Mais les cartes changent de direction en permanence. Vous devez donc changer et adapter votre plan en conséquence. On voit aussi McGregor ramper sur le tapis comme un lézard. On connaît ces mouvements animaux du fitness. « Mouvements animaux » (rires). Quelle image sexy. Il ne faisait pas le lézard. Alors que faisait-il ? L’idée est de renforcer la connexion du combattant avec le sol. Face à un combattant de MMA qui est aussi un bon lutteur, le sol peut devenir un ennemi dont vous n’avez pas besoin sur le ring. Les mouvements de reptation sont une manière d’apprivoiser le sol, de se familiariser avec lui.

« NOTRE CERVEAU EST UN OUTIL PUISSANT» Les mouvements qui nous rendent plus intelligents

Une de vos vidéos YouTube a particulièrement retenu mon attention. Vous roulez dans l’herbe avec vos élèves, comme de jeunes enfants qui jouent… …parce que le jeu est une part essentielle de nos vies. L’instinct du jeu est si profondément ancré en nous que nous ne pou-

MOBILE, TOUT SIMPLEMENT

Ido Portal ne jure que par ces trois équipements.

1. Balle de tennis

Quand un partenaire fait défaut à l’entraînement, prenez un objet réactif et imprévisible comme une balle de tennis. Elle rebondit, on peut jongler avec ou la boxer contre le mur.

2. Anneaux de gymnastique

Idéal pour muscler le torse. Vous pouvez travailler en dessous ou au-dessus d’eux. Ils tournent à 360°. Comme ils désignent toujours votre point faible, ils vous rendent encore plus fort.

3. Bâtons de bois

Les bâtons se prennent bien en main. Parfaits pour travailler l’équilibre ou entraîner son partenaire à éviter les coups. Je pratique cette méthode avec des pros des arts martiaux mixtes et avec ma mère de 67 ans. THE RED BULLETIN

vons pas l’ignorer. Le collègue de bureau qui fait cliquer son stylo ? C’est son corps qui crie : « Allons jouer ! » Mais la plupart répondent : « Je suis un adulte sérieux. » J’aimerais bien jouer. Mais si je fais des roulades dans l’herbe dans un parc, on va s’interroger sur ma santé mentale… C’est dommage. Nous nous jugeons au travers des yeux de la société et ça nous empêche de suivre nos passions. Voilà comment les gens deviennent déprimés. J’ai l’impression que depuis quelque temps, les gens ont de plus en plus tendance à se détacher du regard extérieur. Et vous partagez ce point de vue. Soyez fou ! Conor McGregor est fou, Elon Musk aussi. Si vous voulez être normal, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer… Laquelle ? Vous l’êtes déjà ! Vous êtes Homer Simpson ! Vous avez un problème si vous n’avez pas envie de rouler sur le sol. Dans vos vidéos, vous insistez sur les effets positifs du mouvement sur notre cerveau. Y a-t-il des mouvements qui nous aident à être plus intelligents ? Tout ce que vous apprenez depuis zéro. Vous vous retrouvez alors en position de débutant ! Notre cerveau est un outil puissant. Quand on le sollicite pour un nouvel apprentissage, il établit de nouvelles connexions neurologiques. Alors pour être plus intelligent, il me suffit de me rouler dans l’herbe comme quand j’étais gamin ? Ce serait merveilleux, malheureusement c’est loin d’être aussi simple. Dommage. Je pourrais vous montrer quinze façons différentes de rouler et la manière de les associer entre elles. Votre cerveau a besoin d’un plan à long terme qui respecte la complexité de votre corps. Et si je n’ai pas la patience d’attendre aussi longtemps ? Prenez une feuille de papier, inventez et écrivez une histoire courte tout en comptant à rebours et à voix haute de vingt jusqu’à zéro. C’est un bon exercice pour gérer simultanément différents flux d’informations. C’est aussi très efficace quand vous faites du sport. Si l’exercice est trop facile pour vous, écrivez sur un thème défini et comptez de trois en trois, de cent jusqu’à zéro.

Instagram : @Portal.Ido 51


Cartes sur table : The Aces enflamment la scène à Washington (USA).

ELIZABETH BROWN, ALEXANDER BORTZ

CARRÉ D’AS

Elles ont tout juste la vingtaine, jouent au sein du groupe pop rock THE ACES depuis dix ans, et sont sur le point de passer à la vitesse supérieure… Texte DAN HYMAN 52

THE RED BULLETIN


Quand elles ont commencé à jouer dans les salles de concert de l’Utah, les Aces étaient encore mineures.


T

he Aces ont toujours su qu’elles avaient du talent. Mais ces derniers temps, le quatuor féminin commence à se surprendre lui-même lorsqu’en tournée, ses performances sont saluées par ses pairs et que ses membres réalisent qu’elles sont plus aguerries sur scène que le groupe en tête d’affiche. « C’est fou de réaliser que nous jouons depuis douze ans ensemble », s’étonne Alisa Ramirez batteuse et sœur cadette de Cristal, l’auteure et chanteuse principale du groupe. « C’est devenu une seconde nature chez nous. » À l’âge où les enfants jouent à cachecache, les sœurs Ramirez faisaient déjà de la musique. À huit ans, Alisa et Cristal font le bœuf au foyer familial de Provo dans l’Utah (USA). Elles épluchent les vidéos YouTube de leurs groupes favoris et travaillent leur jeu en vue de devenir une version féminine des boys bands qu’elles idolâtrent. « Car c’est ce que nous voulions faire ! On ne voyait jamais de groupe de filles », se souvient Cristal. Après avoir recruté Katie Henderson (guitare solo) et McKenna Petty (basse) alors qu’elles sont encore au collège, The Aces n’ont aucune difficulté à se faire engager, bien qu’encore mineures, puisque la majorité des salles de concerts de l’Utah ne vendent pas d’alcool et s’adressent à un public tous âges confondus. Encore ados, les quatre musiciennes jouent dans la plus grosse salle de Provo, une jolie ville qui n’offre guère de distractions. « Nous avons confiance en nous depuis notre plus jeune âge et étions conscientes de notre potentiel, poursuit Cristal. Nous ne nous sommes jamais sous-estimées. » Les jeunes adultes, malgré une longue expérience de la scène, vivent un tournant dans leur carrière avec la sortie d’un premier album ce mois-ci : When My Heart Felt Volcanic. La création de leur groupe de rock au collège était motivée par le fantasme d’être des rock stars, et la réelle volonté de faire de la musique ensemble. Au lycée, alors que leurs camarades envisagent d’embrasser des 54

THE RED BULLETIN


Carré gagnant, dans le sens horaire, partant du haut à gauche : Cristal Ramirez (voix), McKenna Petty (basse), Alisa Ramirez (batterie), et Katie Henderson (guitare solo).

THE RED BULLETIN

ELIZABETH BROWN (4) FACEBOOK @ESTORIEPHOTOGRAPHY

«Nous ne nous sommes jamais sousestimées.» carrières traditionnelles, elles redoublent d’efforts. « C’était trop beau pour que ça s’arrête ! », se souvient Alisa. Les musiciennes travaillent d’arrache-pied depuis leurs débuts, et, en choisissant de renoncer aux études universitaires pour se concentrer sur leur musique, les enjeux prennent une autre ampleur. « Tout est devenu plus intense », précise Cristal. Sans soutien de l’industrie musicale, les adolescentes sont forcées de devenir autonomes : elles se construisent un réseau, cultivent leurs contacts pros, s’associent avec des producteurs rodés. C’est quand le buzz autour d’elles s’amplifie que les labels les approchent. En 2016, The Aces signent chez Red Bull Records. Avec leur EP sorti en 2017, I Don’t Like Being Honest, elles commencent à faire parler encore plus d’elles. Des singles qui les ont fait connaître, Physical et Stuck (écoutés plus de sept millions de fois sur Spotify), se dégage leur sonorité si spécifique : une harmonie serrée, des hooks puissants, des guitares entraînantes et un drumming propulsif. « Le processus de recherche a duré trois ans, nous sommes allées puiser au plus profond de nous-mêmes pour nous essayer à différentes choses », confie Alisa au sujet des innombrables chansons qu’elle et sa sœur ont composées pour cet album. Retenons Lovin’ Is Bible, baigné de reverb, et Volcanic Love, taillé sur mesure pour les arénas. Ces deux titres respirent la new wave et la pop des années 80, deux styles que le groupe affectionne. Conservant à l’esprit l’acuité de leur enfance, Cristal, Alisa, McKenna et Katie n’ont pas perdu de vue le fait que les femmes sont sérieusement sous-représentées sur la scène du rock. Elles s’enorgueillissent, avec légitimité, d’être une source d’inspiration pour les jeunes musiciennes d’aujourd’hui. « À chaque fois qu’un commentaire sexiste nous est adressé, des jeunes filles viennent nous voir, les larmes aux yeux, pour nous dire à quel point nous les inspirons, déclare Petty avec fierté. C’est pour cela que nous persévérons. » redbullrecords.com

55


TAKE FIVE

CHRIS SHELDRICK ou comment…

NE PLUS JAMAIS SE PERDRE EN CHEMIN Le fondateur de what3words, un Anglais de 36 ans, a reconfiguré le monde et changé la vie des visiteurs du festival de Glastonbury grâce… aux facteurs de Mongolie. degrés et des plus et moins. Je voulais trouver une manière de faire plus simple. C’est avec un ami mathématicien que l’idée d’utiliser des mots nous est venue. Si nous divisions le monde en carrés de 3×3, 40 000 mots produiraient suffisamment de combinaisons pour identifier chacun d’eux avec une formule unique de 3 mots.

3 Reconfigurer le monde

Nous avons quadrillé le monde, déterminé une liste de mots et créé un algorithme qui attribue une combinaison unique à chacun de ces carrés. Cette grille peut être superposée à tous les plans existants. Le choix des mots est le fruit du hasard, allant de mots courts et simples pour les villes et villages (mon bureau à Londres se trouve à index-home-raft) à des mots plus longs pour les zones rurales. Les noms insolites comme dodécaèdre sont réservés à des endroits tout aussi singuliers.

4 Connaître son public L’application what3words est disponible en 22 langues.

1 Déterminer le problème Les noms insolites comme dodécaèdre sont réser réservés à des endroits tout aussi singuliers. » CHRIS SHELDRICK

J’ai dirigé un festival de musique pendant 10 ans. Je galérais pour réunir les musiciens sur les sites des gros concerts, car ils possèdent de nombreuses entrées ; et à la campagne, il y a une rue longue de 6 km avec un seul code postal. Quand j’attendais 40 personnes, je recevais 40 appels me disant qu’elles s’étaient perdues.

2 Trouver une solution simple

J’ai essayé de leur faire utiliser le système de la latitude et de la longitude mais sans succès, à cause des décimales, des 56

What3words est un système qui s’utilise de manière complémentaire. C’est pourquoi nous sommes à la recherche d’innovateurs ambitieux qui pourraient le présenter à des communautés de passionnés qui passent leur temps hors des sentiers battus notamment. Les spots de leur univers ont désormais une adresse. Nous nous sommes aussi associés au festival de Glastonbury (où 200 000 personnes convergent vers un champ, à la recherche de leur tente). Et avec Mercedes pour son système de navigation.

5 Penser large

Nous consacrons donc du temps à définir nos groupes d’utilisateurs. La Mongolie est le premier pays avec lequel nous nous sommes associés, car étant très étendu, le service postal a du mal à retrouver ses clients. Notre objectif : faire de what3words une norme universelle.

what3words.com Entretien RUTH MORGAN Photo LEVON BISS THE RED BULLETIN



ROUES EN FEU ARRIVÉE

DÉPART


De haut en bas : e 34 jour : attentif à la vie sauvage le long de la Grande Baie australienne. e

78 jour : arrivée à Paris après 29 000 km de route. e

41 jour : répit bienvenu le temps d’une descente sur une autoroute australienne.

MARK BEAUMONT

Le cycliste pro MARK BEAUMONT avait un rêve : faire le tour du monde à vélo en quatre-vingts jours. C’est chose faite grâce à une aptitude à endurer le supplice comme personne. Texte RUTH MORGAN THE RED BULLETIN

59


M ark Beaumont, cycliste écossais d’ultra-endurance, impressionne le monde en bouclant le 18 septembre 2017 son tour du monde en 78 jours, 14 heures et 40 minutes, écrasant au passage le record précédent – établi en 2015 par le Néo-Zélandais Andrew Nicholson – de près de 45 jours, mais aussi son propre objectif de 80 jours. Un exploit dont il rêve depuis longtemps malgré une cadence surhumaine. Pour atteindre son objectif, il doit parcourir en moyenne 390 km par jour, quelle que soit la météo, soit 17 heures sur 24 en selle et cinq heures de sommeil par nuit maximum. Bien qu’aguerri aux distances extrêmes (il a déjà un tour du monde à son actif), l’athlète de 35 ans n’était pas préparé à la douleur mentale et physique qu’impose un tel défi. Ni à ce que son mécanicien s’improvise assistant dentaire… the red bulletin : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer un tel défi ? mark beaumont : Le tour du monde à vélo représente le Graal en cyclisme d’endurance, le reste n’est rien en comparaison. L’idée m’obsède depuis que j’ai 12 ans, en pédalant sur les routes d’Écosse. Je m’y prépare donc depuis 22 ans. En 2008, vous bouclez un tour du monde en 194 jours avec un record à la clé. Pourquoi le refaire ? 60

La première fois c’était un record en mode randonnée, cette fois c’est un record de vitesse. En 2008, j’étais seul, sans assistance. Ici, avec la performance comme enjeu principal, j’étais entouré d’une formidable équipe et mon seul souci était d’accumuler le maximum de kilomètres possible. C’est le même record mais les dimensions sont incomparables. Étiez-vous confiant de pouvoir atteindre l’objectif de 80 jours ? En ultra-endurance, vous êtes votre principal adversaire. Il y a deux ans, j’ai réalisé avec mon équipe une série de tests pour déterminer notre objectif. Pédaler 17 heures par jour avec seulement cinq heures de sommeil, c’est très difficile et assez violent. Il faut donc être très lucide quant à l’objectif que vous vous fixez. Que ce soit possible ne m’a pas surpris, je suis surtout rudement soulagé.

Ci-dessous : e 23 jour : traversée de la République de Bouriatie (Russie). e

61 jour : pause à Weyburn (Canada). e

55 jour : sur l’autoroute avec le véhicule de soutien et les bisons en Alaska (USA).

Pourquoi soulagé ? Ni mon équipe ni moi-même n’avions la certitude que je pouvais tenir 390 km par jour des semaines durant. Le départ a été un grand moment de solitude. Une tâche dantesque m’attendait et tous les regards étaient braqués sur moi. Le moindre retard, même la première semaine, et c’était cuit. On ne rattrape jamais les kilomètres perdus. Le défi en soi vous a-t-il galvanisé ou fait douter ? J’étais au top de ma forme et déter déterminé comme jamais, ce qui laisse peu de place au doute. La pression était énorme et très intimidante, mais vous êtes aussi totalement concentré sur la tâche à accomplir. Je ne me suis pas permis d’envisager la possibilité de renoncer. Le mot d’ordre était simple : sauf risque critique, abandonner n’était pas une option. Quel a été le passage le plus difficile ? J’avais conscience de n’avoir rien entrepris de plus difficile. Ce le fut, d’une brutalité inouïe. Après deux mois, j’avais le sentiment en traver traversant les Prairies canadiennes et en remontant la côte est d’avoir épuisé toutes mes pensées et toutes les ruses du sportif d’endurance alors que des semaines me séparaient encore du but. J’étais physiquement THE RED BULLETIN


«À chacun son Everest, là était le mien. Être le premier à le gravir n’a pas de prix.»

lessivé, mentalement abattu. Pour Pourtant, les jours les plus difficiles étaient ceux où rien de particulier n’arrivait en dehors des kilomètres accumulés de 4 heures à 22 heures. Une souffrance sans fin que je ne souhaite à personne. Que faites-vous pour gérer mentalement ? Je focalise sur la vision d’ensemble. Je suis doué pour garder à l’esprit ce pourquoi nous sommes là. Ensuite, je me concentre sur des objectifs proches comme l’étape à venir. L’astuce consiste à tronquer l’étape sans penser à ce que vous ferez dans une semaine. Vous êtes-vous retrouvé dans des situations critiques ? Le neuvième jour, j’ai fait une chute à Moscou. Il était environ 5 heures du matin, il avait plu et il faisait encore nuit. J’ai roulé sur ce que je croyais être une flaque d’eau, mais en fait c’était un nid-de-poule. Résultat : des dents cassées et une méchante fracture au coude gauche. Rouler est devenu une tor torture. Les routes abîmées de Russie créaient des vibrations à travers le guidon. Les dix-sept heures de vélo ont tourné au supplice, me forçant à adopter une position bancale avec, à la clé, des problèmes au dos et à la nuque.

MARK BEAUMONT

En plus des dents cassées… Au moins, on a pu régler ce problème. L’ambassade de GrandeBretagne à Moscou nous a fourni du composite. Un diplomate a fait 800 km de voiture à l’est de la ville pour nous l’apporter. Nous étions dans un endroit désert quand une voiture noire s’arrête. Un jeune homme en sort et nous remet un sac avec le nécessaire. Avec mon mécano pour assistant dentaire, mon manager de rendement a entrepris de soigner mes dents. J’étais si fatigué que j’ai dormi pendant l’intervention. Quel est le secret pour ne jamais abandonner ? En ultra-endurance, c’est la capacité à supporter la souffrance. Ça semble pitoyable exprimé ainsi. C’est ce que j’ai fait de plus difficile dans ma vie, pédaler 78 jours d’af d’affilée, du lever au coucher du soleil. J’ai traversé le désert de Gobi, THE RED BULLETIN

le Yukon au milieu des troupeaux de bisons des bois et des ours. C’était fantastique.

Ci-dessus : e 56 jour : concentration totale en grimpant une côte raide en Alaska. e

24 jour : séance de physio en Mongolie lors d’une récupération entre deux étapes.

CONQUÉRIR LE MONDE À VÉLO Les fondamentaux de l’endurance de Mark Beaumont

1

LA CAPACITÉ DE FAIRE DES SIESTES ÉCLAIRS

« Tous les matins à 8 heures, une sieste de 8 minutes me requinquait. Au-delà, ce n’est plus une sieste éclair. »

MANAGER DE RENDE2 UN MENT TENACE

« Laura Penhaul gérait tout pendant que je pédalais. Elle est intraitable. Elle a traversé l’océan Pacifique à la rame avec un équipage 100 % féminin et était la physio de l’équipe GB aux derniers JO. »

3 SE DISTRAIRE

« Le matin, j’écoutais de la musique et le soir des podcasts. J’ai dû me passer plus de 300 émissions Desert Island Discs (BBC Radio) qui donnent un aperçu de ce qui motive les gens, chose importante quand vous êtes engagé dans un défi aussi obsessionnel et personnel. »

4 CAFÉ ET CHOCOLAT

« Pour m’encourager, un ami propriétaire d’une chocolaterie, Coco Loco, m’a concocté des biscuits avec un message porte-bonheur écrit sur chacun d’eux. »

5 UNE POTION MAGIQUE

« Le cycliste que je suis ne jure que par le baume à la papaye fermentée du Dr. Pawpaw. Cela peut paraître bobo mais c’est génial pour soigner les irritations dues à la selle et celles des pieds. »

Avec de bons et de mauvais moments… Oh oui. J’ai adoré la Mongolie. Le vide total. La beauté de la steppe mongole et du désert de Gobi où l’horizon infini ne connaît ni clôture ni arbre. J’ai atteint l’hémisphère sud en hiver, en Nouvelle-Zélande j’ai traversé les montagnes enneigées autour de Queenstown et de Wanaka dans le froid, la veste couverte de glace et avec des températures négatives, mais c’était mer merveilleux. Certaines virées matinales resteront gravées à jamais. Votre record sera-t-il battu ? Parcourir 390 km par jour pendant deux mois et demi exige une résilience hors du commun. Cela n’a rien à voir avec être rapide, être un bon sprinter ou un bon grimpeur. À mon avis, peu de coureurs sont prêts à aller aussi loin. Je n’ai pas le profil type du cycliste avec mon 1,92 m et mes 87 kg, j’aurais plutôt fait un bon rugbyman dans une autre vie. Ma corpulence n’est pas celle du lévrier moyen. Je suis curieux de voir ce que l’avenir nous réserve. Le referiez-vous ? C’est fait et j’en suis infiniment soulagé. Je ne le referais pour rien au monde. À chacun son Everest, là était le mien. Être le premier à le gravir n’a pas de prix – je vous défie de me citer le nom de la deuxième personne à avoir escaladé l’Everest. J’ai prouvé que l’impossible était possible. Mais en réalisant un tour du monde en moins de quatre-vingts jours, j’ai placé la barre très haut.

markbeaumontonline.com 61


UNE VIE

Pulp68, c’est le musée du skate de Genève. JIM ZBINDEN, le skateboss, « Voici toute la beauté du skate... ... un art éphémère où l’on passe des heures à créer un design en sachant qu’il sera détruit en quelques secondes. » Jim Zbinden lui a dédié 40 ans de sa vie.

62


EN SKATE

nous accueille dans son repaire… pour une dernière visite avant déménagement. Texte PATRICIA OUDIT Photos DOM DAHER


« La VHS, une époque pas si lointaine... 411 était la référence du vidéo-mag. » 64

THE RED BULLETIN


LES GAME AND WATCH DE NINTENDO Page de gauche, photo en haut à gauche : « Il faut expliquer le concept de ces jeux vidéo aux jeunes générations : en gros, ça servait de montre dans la poche et on pouvait jouer avec ! Tous les six mois, on attendait un nouveau modèle. Aujourd’hui, toute la collection ne prendrait qu’un méga… Une autre époque également ! »

L’ART DU SKATEBOARD Page de gauche, photo en haut à droite : « C’est l’un de mes livres cultes. Il est sorti il y a quatre ans : The Art of Marc McKee. L’un des plus grands designers du skate selon moi. Quelle que soit la marque de planches pour laquelle il ait travaillé, je suis fan. »

LA PLANCHE GABRIEL RODRIGUEZ « C’est grâce à elle que j’ai recommencé le skate quand j’ai arrêté la première fois à 18 ans. J’aime la dualité entre le fond tapisserie mémère et la perceuse hardcore, tiré d’un film gore, The Driller Killer. J’ai ce tattoo sur le bras. » THE RED BULLETIN

65


LA PARTIE MUSÉE DU SHOP « Classifier les choses n’est pas si important. Il y a des tableaux Excel pour cela !, explique Jim, le patron des lieux. Mais dans ma vie, j’aime le chaos, le mélange des styles et des époques. Dans cette pièce, on trouve beaucoup d’objets cultes, extraordinaires, très rares ou signés, mais seuls les aficionados les retrouveront ! Ça fait aussi partie du jeu de les laisser pratiquement anonymes, entourés de coups de cœur personnels. »

« Dans ma vie, j’aime le chaos, le mélange des styles et des époques. » 66



« C’est quoi, le skate ? Un outil ? Un style de vie ? Une philosophie ? »

LES BASKETS AIRWALK JASON LEE « C’est mon Graal, cette paire. J’ai mis du temps à la trouver, c’était en 1995. La vidéo de promo était ahurissante, on y voyait la légende Jason Lee faire les plus beaux 360 flip du monde, ce skateur avait un flow de folie sur sa board. Jeff, un pote à moi, les utilisait pour bricoler. C’est lui qui me les a données. »

VESTIGES DU SIÈCLE PASSÉ « Il s’agit de planches de skate qui datent vraisemblablement du début des années 1970. Certaines de nos donations nous sont faites sans indication d’origine ou de provenance. Je devine à peu près la date de ces skateboards en fonction des roues en métal ou en pierre. Mais ces modèles n’ont aucune marque. Contextualiser ces objets peut parfois être un vrai challenge ! »

68

THE RED BULLETIN


DES TRÉSORS « Glanés ici ou là, comme cette portière de Simca Rallye 2, un cache de motocross appartenant au pilote US Malcolm Stewart, ou encore au Français Tom Pagès. Les sports motorisés sont mon autre grande passion. »

PLUS QU’UNE PLANCHE « Le modèle King Size Matt Hensley de la marque H-Street (à droite) est légendaire car il se compose d’une feuille de métal censée renforcer la planche, mais les colles n’ont pas réussi à faire tenir la couche supplémentaire. »

LA VHS THE END « J’en ai un exemplaire original. Sorti en 1998, c’est le meilleur film de skate de tous les temps, avec la scène où un rider poursuivi par son ombre se fait décapiter ! On y voit Bucky Lasek, Jeremy Klein, Willy Santos… »

L’ÂGE D’OR DES MAGS « Ces magazines, américains pour la plupart, on les collectionnait, on courait tous après, et il n’était pas facile d’en trouver. Ma plus belle collection ? L’intégrale de Big Brother, le magazine qu’éditait Larry Flynt, le fondateur de la revue pornographique Hustler. » THE RED BULLETIN

69


« Déménager, encore... Je devais rester six mois ici, j’y suis resté dix ans. » 70

THE RED BULLETIN


C « QU’EST-CE QUE LE SKATE ?, s’interroge Jim Zbinden. Un outil ? Un style de vie ? Une philosophie ? » Dans son sanctuaire (ci-dessous), le Genevois essaie d’être le chaînon manquant entre la cave et la déchetterie, entre choses à jeter et perles incroyables. Un antre où rien ne se perd, et où tout se récupère. Une façon aussi de lutter contre la culture dominante du foot. David contre Goliath. Jim contre Cristiano. Encore un combat… Mais Jim aime ça.

THE RED BULLETIN

e matin de janvier 2018, en arrivant devant l’ancien poste de police transfor transformé en musée-shop au numéro 115 sur la route de Vernier à Genève, Jim Zbinden trouve une lettre des huissiers. « Les serrures avaient été changées. Curieusement, je ne me suis pas énervé. Je m’étais dit que quand cela arriverait, cela ne devrait pas me toucher. Au contraire, chaque fin est un début. » Lorsque nous lui avons rendu visite fin octobre, Jim pressentait que l’épée de Damoclès allait bientôt tomber. Il s’y attendait depuis des années. « Vous avez été les derniers témoins de ce lieu. Depuis, j’ai envahi le garage d’un ami avec des palettes de 10 m³ pleines de tout ce qui m’était le plus précieux. Le reste, je vais gérer petit à petit, jusqu’à ce que tout soit rasé en mars. » Soutenu par les nombreux témoignages de solidarité spontanés, Jim avance. Comme un skate qui dévale l’asphalte et ride chaque obstacle. L’histoire commence en 1978. Lorsque son garagiste de père rentre à la maison avec un skate sans truck sauvé d’une poubelle. « J’avais 8 ans. Mon père a sacrifié ses roues de roller pour me faire une board. Je m’en

servais uniquement pour me déplacer, je ne sautais pas… » Soudain, la ville rétrécit, on découvre un autre usage aux bancs publics, plus seulement réservés aux vieux ni aux amoureux. « À cette époque, je baignais dans l’univers du rock-punk et toute l’iconographie rebelle qui lui est liée, j’étais passionné de jeux vidéo… tout ça se rejoignait. » Jim passe alors son temps entre le Trash Gang Skatepark à 5 minutes de chez lui et le terrain vague avec des courbes propices au skate, juste en face. Une effervescence qui trouve son apothéose dans les années 1990-95, celle des Big Pants, Small Wheels, avènement de l’ère new school. « Graf, vidéo, rap, rock, photo, c’était la fusion, l’explosion de marques, une opulence de sponsors et de médias. » Jim a un quart de siècle. En 1995, un vieux local se libère aux EauxVives (l’un des plus grands quartiers de la ville), l’asso Pulp68 est née. Pas de prêt bancaire pour « ce sale petit anarchiste punk ». Tant pis ou tant mieux, ce sera une base arrière pour l’association qui s’autofinance avec la vente de produits de seconde main. Cette même année, son truck le flingue. Chute, hôpital. Quintuple fracture de la cheville et autant de réductions sans anesthésie qui le font s’évanouir sous la douleur. Fini le skate. Ou juste un peu avant que la souffrance ne le rappelle très vite à l’ordre. Mais Jim Zbinden n’est pas du genre à laisser tomber. Impossible de lâcher ce milieu, son milieu. Le musée grandit au fil des apports privés qui constituent peu à peu une collection. Elle culmine aujourd’hui à 700 planches et plus de 5 000 pièces, piles de magazines, flippers, consoles de jeux vintage… Boards Farrah Fawcett, pop art, Star Wars, Booba, The Doors… Partout, du sol au plafond, des spécimens comme le techni-ski (un skate avec des bâtons), le skate à moteur, le skate-avion… Dans sa vie faite de ollies et de coups bas, l’homme ne cède pas. Même s’il doit déménager pour la cinquième fois, peu importe. « On ne sait jamais ce qui peut se passer. Je devais rester six mois ici, j’y suis resté dix ans… » À la place du musée, il y aura un projet immobilier de plus. À 48 ans, perdu pour la vie normale qui le « tuerait », Jim taille sa route dans cet écosystème vital. Il a designé le skatepark de Lancy (canton de Genève), un succès. Quant à son musée… « Je mise tout sur une vaste maison avec jardin promise à la démolition. Cela fait quelques mois que je me bats pour cet endroit. Le fait d’avoir été évacué brutalement va peut-être empêcher la destruction de la maison et permettre notre relogement. » Jim l’a dit : chaque fin est un début. 71


COMMENT SE LA PÉTER EN RÉUNION…

… MINE DE RIEN Il y a une vie après Google : c’est ce que nous prouve SARAH COOPER, ex-graphiste devenue comédienne. Elle a osé quitter la boîte mythique de la Silicon Valley pour réaliser un rêve : faire rire. Son sujet de prédilection ? Le monde du business, évidemment. Texte SETH ABRAMOVITCH Photos KLARA FUCHS


L’humoriste Sarah Cooper est prête à faire des efforts surhumains pour vous aider à réussir dans votre boulot.

73


Les illustrations sont tirées du livre de Cooper 100 trucs infaillibles pour avoir l’air intelligent en réunion.

74

Yahoo! aussi drôle que prolifique. Peu de temps après la fameuse décision, Sarah se lance dans la création d’un blog, où elle consigne scrupuleusement toutes ses observations sur son passé de tech designer abonnée aux grandes boîtes californiennes. Très vite, le succès florissant de son blog la conforte dans l’idée qu’elle peut aller encore plus loin : c’est donc en 2016 que sort son premier bouquin, 100 Tricks to Appear Smart in Meetings (trad. 100 trucs infaillibles pour avoir l'air intelligent en réunion, paru aux éditions Dunod), qui jette un regard acerbe et hilarant sur le corporate world et ses absurdités. Un puit sans fond, manifestement, puisque Sarah prépare actuellement la sortie du deuxième tome, How to Be Successful Without Hurting Men’s Feelings (trad. Comment faire carrière sans blesser l’ego de vos collègues mâles), une sorte de guide de survie très second degré destiné à toutes les business women dont les quenottes rayent autant le parquet que leurs homologues masculins. Un livre qui, comme le premier opus, sent le vécu. Parce que de l’instinct de survie et du second degré, il en faut un sacré paquet lorsqu’on est une femme noire et que l’on s’attaque à ces deux domaines typiquement dominés par les mâles blancs que sont le stand-up et la technologie. Or, ça tombe bien, la belle adore enfoncer les portes et casser les stéréotypes. Une force de caractère qu’elle puise dans ses origines jamaïcaines et dans son enfance. Débarquée à l’âge de trois ans aux States, la petite Sarah développe très tôt un goût prononcé pour le théâtre et la comédie. Mais au moment de s’inscrire à la fac, ses parents inter interviennent : pas question de devenir clown ! Pour les rassurer, elle décroche un diplôme d’économie (« à peu près aussi utile qu’un diplôme en théâtre »). Le seul truc qui la passionne durant ses études, c’est le design multimédia. Bingo : après son Master, elle décroche illico un job chez Yahoo!. Tout semble alors indiquer le début d’une vie bien pépère. Pourtant, très vite, la junior designer s’ennuie. Elle finit par quitter Yahoo! pour tenter une carrière dans le théâtre. Elle a alors 30 ans et se voit obligée de retour retourner vivre chez papa-maman. Une décision qu’elle a failli regretter, tant les débuts ont été difficiles : « Je me plantais systéTHE RED BULLETIN

SARAH COOPER

u début de ses spectacles, il y a une blague que Sarah Cooper adore lancer lorsqu’elle parle de la seule vraie grande décision qu’elle ait jamais prise dans sa vie : « J’ai lu un article, un jour, qui disait : “Quitte ton boulot, vis enfin tes rêves !” Alors j’ai quitté mon taf... et puis j’ai réalisé que ce genre d’articles était écrit justement par les gens qui voulaient te piquer ton poste. » Si vous êtes apprenti comédien et que vous survivez à l’aide de petits boulots et d'opportunités ponctuelles en tous genres, cette conclusion risque de vous paraître légèrement exagérée. Pourtant, avant de se lancer dans la comédie et de découvrir les joies de la vie d’artisteclown aux fins de mois incertaines, Sarah Cooper avait un job de rêve... celui qu’on ne quitte pas comme ça, du jour au lendemain : elle était chef de projet et à la tête d’une équipe de design chez Google. « Tout le monde pensait alors que j’étais folle », se souvient-elle. Quatre années, un blog et un livre à succès plus tard, plus personne ne doute de la santé mentale de cette « ex » de Google et de


« Les anecdotes, tu les puises dans ton quotidien. Plus ta vie est riche, plus tu en as. »


« Se lever soudainement en réunion matiquement aux auditions. Je ne savais jamais comment faire. » Finalement, elle tente les sessions open mic dans les bars, et bizarrement, ça marche. La sauce prend, le public en redemande, elle se rend compte que son talent est là : elle sera humoriste. « Je racontais des histoires de mon quotidien de fille de parents immigrés qui ne se sont jamais vraiment sentis afro-américains, ou de ma vie de fille célibataire et de tous mes plans drague foireux. » Sarah fait rire, le public aime, mais l’argent ne rentre pas. Perpétuellement fauchée, elle doit se rendre à l’évidence : il est temps de retourner à la réalité et de chercher un nouveau vrai gagne-pain. Sa « solution de repli », comme elle l’appelle aujourd’hui, n’est rien de moins qu’un poste de tech designer au QG new-yorkais de Google. Sarah se rend alors compte d’une chose : tout ce qu’on raconte sur l’ambiance de travail chez Google est vrai. « C’est l’entreprise idéale. Tout est fait pour que l’on s’y sente bien. Il y a une bibliothèque, des cafétérias à chaque étage pour prendre ses repas gratos, des pièces ou des petits recoins cachés où l’on peut se réfugier pour bosser tranquille ou piquer un somme – ce que j’ai d’ailleurs fait très souvent. »

L

es repas à l’œil, les petites siestes ni vu ni connu, tous ces avantages qui feraient baver d’envie n’importe quel employé n’arrivent pas à lui faire oublier sa passion. Sarah y pense sans arrêt, continue d’écumer les comedy clubs de New York, et finit par mener une double vie. Lors d’un spectacle, un certain Todd Glass, connu dans le milieu, lui lance : « C’est dans ton quotidien que tu puises toutes tes anecdotes. Plus ta vie est riche, plus tu en as. » Une remarque qui va l’inciter à garder son job, puisqu’il lui sert désormais de véritable mine de blagues pour ses spectacles. Sarah observe, Sarah prend des notes. Tout y passe : les fanatiques de la boîte (« … qui sont tellement fiers de bosser chez Google qu’ils portent tout le temps leur badge, même pendant l’amour »), la cool-attitude qui cache mal un gros problème de diversité raciale (« Chez Google, les nouveaux employés sont communément appelés les newglers, les anciens sont gentiment affublés du terme grayglers, et les employés noirs, 76

TRUCS ET ASTUCES Assurer dans la sphère pro, c’est du sérieux. Cooper détaille ici quatre de ses meilleurs trucs pour montrer qu’en réunion, le boss, c’est vous.

Convertir les pourcentages

« Ça fait toujours son petit effet dans un meeting. Un type sort un pourcentage, du genre ’’25 % des gens cliquent là’’. Là, un collègue intervient : ’’Mmm... autrement dit, une personne sur quatre…’’ Immédiatement, le génie des maths, c’est lui, forcément. »

Revenir en arrière

« Ça marche pour toutes les présentations Powerpoint. Demander de ’’revenir un peu en arrière’’, c’est la preuve que vous avez vu quelque chose que les autres n’ont pas relevé. Après, vous pouvez poser une question comme ’’et ça veut dire quoi, exactement, ces chiffres ?’’ Parce que vous vous intéressez vraiment à ce que dit l’intervenant, n’est-ce pas ? » THE RED BULLETIN


pour faire les cent pas vous donne un air compétent.» Prendre du recul

« Un truc génial à dire lorsque vous êtes complètement largué et que vous n’avez strictement rien à dire : stopper net la discussion enflammée qui se déroule devant (et sans) vous en balançant un ’’hey, les gars, prenons un peu de recul. On essaie de résoudre quel problème, au juste ?’’ Tout le monde va essayer de répondre, et vous devenez celui qui dirige la réunion. »

on les appelle par leur prénom »). C’est alors que la jeune humoriste ressort un vieux carnet d’observations qu’elle avait commencé à écrire pendant sa période Yahoo!. Elle y retrouve une anecdote qui l’avait marquée à l’époque : c’était lors d’une énième réunion d’équipe qui s’étirait en longueur et où tout le monde s’ennuyait ferme, un type s’était soudain levé, dirigé vers le tableau blanc, et y avait dessiné un diagramme de Venn (des cercles qui se recoupent). Tout à coup, la salle s’était animée, les commentaires fusaient, on discutait de la taille des cercles, de leurs positions, et Sarah était fascinée : avec ses deux cercles dessinés sur le white board, ce type venait d’avoir une idée de génie. Comme ça, l’air de rien…

A

SARAH COOPER

Faire les cent pas

« Je l’ai souvent vu faire, chez Google : des gens se lèvent en plein meeting, font les cent pas, se plantent devant la fenêtre ou s’adossent au mur, l’air très absorbés... Les autres se demandent à quoi il ou elle peut bien penser. Ça donne l’air intelligent. » THE RED BULLETIN

Au fil des années, elle s’est rendu compte qu’il s’agissait finalement de tactiques diablement efficaces : lancer un « Hey, les gars, prenons un peu de recul et examinons tout ça calmement » surtout quand on n’a rien à dire. Ou encore se lever en pleine réunion et se mettre à faire les cent pas, l’air absorbé par ses (non-)réflexions. Sarah se souvient également de cette fois où un jeune manager avait brusquement quitté la salle pour prendre un appel soi-disant urgent. « Quand il est revenu, les gens le regardaient différemment. Comme quelqu’un de très occupé, et donc de très compétent. » Sans trop y croire, Sarah finit par poster une partie de ses observations sur le Net : ses 10 Tricks to Appear Smart in Meetings ont un succès immédiat. Elle décide alors de lancer son blog, The Cooper Review, et quitte définitivement Google pour se consacrer entièrement à son nouveau métier : tourner en dérision le monde du travail. C’est évidemment ce monde-là qui constitue le sujet de son deuxième livre (à paraître), How to Be Successful Without Hurting Men’s Feelings, mais pas seulement, car ce deuxième opus dissèque plus particulièrement les relations hommesfemmes et s’inspire des expériences personnelles de Cooper, dans le monde de la technologie évidemment, mais aussi dans celui de la comédie-spectacle, deux domaines traditionnellement masculins s’il en est. « J’étais souvent la seule femme à monter sur scène », explique-t-elle.

Au début, elle essaie d’imiter ses collègues mâles, mais ça sonne faux. « Ça m’a pris du temps de comprendre que je devais tout simplement être moi-même et apporter ma propre énergie, même si elle est différente. » Une révélation qu’elle avait d’ailleurs déjà eu lorsqu’elle était chef d’équipe. « Je regardais un manager et je me disais : bon, il est là parce qu’il a appliqué telles et telles méthodes, mais moi, ce n’est pas ainsi que j’ai envie de gérer mon équipe ou ce projet. Je savais que je devais suivre ma propre voie. » C’est exactement ce qu’elle continue de faire : alors qu’on s’attend, en lisant le titre de son deuxième livre, à un recueil de slogans féministes, la jeune Américaine prend son public complètement au dépourvu en lui balançant à la figure un second degré aussi sarcastique (voire cruel !) qu’efficace. « Mon livre parle de ce qu’on appelle les doubles standards, auxquels les femmes doivent faire face dans le monde du travail ou ailleurs. Un exemple typique ? Le sourire. Une femme qui ne sourit pas, c’est louche, ça lui donne un côté un peu salope. En même temps, il ne faut pas trop sourire non plus. Du coup, mon conseil, c’est : essayez de trouver un sourire in-between, misourire mi-grimace, même si cela vous donne l’air complètement malade. » Évidemment, la gente masculine en prend pour son grade, mais toujours avec humour : Sarah invente par exemple une série d’autocollants à distribuer à ses collègues mâles comme autant de bons points pour les récompenser de bien se tenir (comme celui-ci : « Je n’ai montré mon sexe à personne aujourd’hui », un exemple parmi d’autres). Si elle-même n’a jamais été victime de harcèlement sexuel, elle n’a pas été sur surprise, en juin 2017, de l’affaire Uber qui a abouti à la démission de son PDG, Travis Kalanick. « Pendant très longtemps, les femmes ont dû se la boucler et tout simplement “faire avec”. Surtout celles qui voulaient faire carrière. » Carrière : un mot que la jeune femme a définitivement rayé de son vocabulaire pour vivre sa passion. Ce qui ne l’empêche pas de rester pragmatique. « C’est un vrai boulot. Quelque soit ce que tu fais, quel que soit ton niveau, ce qui compte, c’est toujours de se fixer le prochain défi. »

thecooperreview.com 77


Ne manquez pas votre magazine The Red Bulletin

THE RED BULLETIN HORS DU COMMUN

The Red Bulletin distribué gratuitement chaque troisième samedi du mois sous blister avec le magazine Prochaine sortie le samedi 19 mai dans une sélection de points de vente en France Métropolitaine.


guide Voir. Avoir. Faire.

28 avril

RALLYE WRC D’ARGENTINE

JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL

Depuis 1980, année de son inscription en WRC, le rallye d’Argentine alterne routes montagneuses et pistes en gravier (photo : l’Estonien Ott Tänak, 3e au classement). La 5e étape du Championnat 2018 est à suivre sur Red Bull TV.

THE RED BULLETIN

79


GUIDE

Voir.

C’EST UNE ORGIE DE COURSES

VTT en Croatie, rallye en Argentine et course à pied pour celles et ceux qui ne peuvent pas courir sont au menu sur Red Bull TV ce mois-ci.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

80

22 avril

EN DIRECT

COUPE DU MONDE DE VTT DOWNHILL

Un nouveau tracé attend l’élite du VTT de descente (ou downhill) pour le 2e round de la Coupe du monde 2018. L’île de Lošinj, au large des côtes croates, offre un cadre unique à la compétition avec un parcours serpentant le long de pistes rocailleuses pour emprunter ensuite les rues pittoresques de la ville médiévale de Veli Lošinj et finir sur le port. Près de 300 concurrents et concurrentes se lanceront dans ce nouveau défi. À suivre en direct.

THE RED BULLETIN


avril / mai

Myriam Nicole (France), lors de la CM à Leogang, en Autriche en juin.

Aaron Gwin (USA) célèbre sa victoire à Val di Sole, en Italie, en août.

THE RED BULLETIN

BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL (2), JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL, KIN MARCIN FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN, GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL

Musique de très haute qualité et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…

28

au 30 avril

EN DIRECT

RALLYE D’ARGENTINE

Avec un parcours alternant routes étroites et rocailleuses, traversées de rivières et chemins de gravier à e sillons, la 5 manche du Championnat du monde promet l’un des grands défis de la saison. Direct intégral.

MOVEMENT FESTIVAL LIVESTREAM

6 6

mai

EN DIRECT

WFLWR 2018

Course mondiale pour la recherche sur les lésions de la moelle épinière, Wings For Life World Run est de retour. Suivez les milliers de participants sur la planète courir pour celles et ceux qui ne le peuvent pas.

mai

EN DIRECT

MOTOGP ROOKIES CUP

La saison Rookies Cup débute à nouveau sur le circuit de Jerez (sud de l’Espagne). Sa conception triangulaire se conclut par un virage en épingle à cheveux et une descente en ligne droite jusqu’à la ligne d’arrivée. Un must.

26 mai

À L’ANTENNE

Organisé à Détroit, berceau de la techno, le Movement est LE festival annuel de musique électro en Amérique du Nord. Cette année, la scène Red Bull Music accueille entre autres Diplo, Modeselektor, Laurent Garnier, DJ Premier, BADBADNOTGOOD, DJ Holographic (en photo). Red Bull Radio retransmet en direct et en streaming les festivités durant les trois jours (26, 27 et 28 mai), avec au menu des DJ sets et des concerts live.

À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM

81


GUIDE

Avoir.

montres

Cette édition limitée est livrée avec un bracelet en cuir fauve (ici en photo) ou en acier inoxydable.

OMEGA SEAMASTER RAILMASTER

Sur des rails

Conçue en 1957 pour les cheminots, la montre Railmaster pouvait résister à des champs magnétiques de 1 000 gauss. Cette version réactualisée peut endurer des champs 15 fois plus élevés, soit jusqu’à 15 000 gauss. omegawatches.com

CHEF DE FILE

Hamilton est depuis longtemps associée à l’histoire de l’aviation. Fondée en Pennsylvanie en 1892, l’entreprise décolle en 1918 en devenant le fournisseur de l’aéropostale américaine lors de l’ouverture de la liaison WashingtonNew York. En 1926, Richard E. Byrd, le premier à survoler le pôle Nord, l’arbore à son poignet, comme Hegenberger et Maitland, auteurs du plus long vol transpacifique entre le continent US et Hawaï. En 1930, la marque devient le gardetemps officiel de 4 compagnies aériennes américaines. Avec tant de loyaux services, Hamilton est tout indiquée comme chronométreur officiel de Red Bull Air Race.

82

RAYMOND WEIL TANGO 300

Le grand bleu

HAMILTON KHAKI X-WIND AUTO CHRONO ÉDITION LIMITÉE

Instrument de vol

À l’occasion de son centenaire au service de l’aviation, Hamilton sort un modèle adapté aux rigueurs du ciel. Le nom X-Wind fait référence à son calculateur d’angle de dérive, un mécanisme sophistiqué qui, associé aux instruments de vol, détermine via la lunette tournante, les vents latéraux. Son boîtier en acier inoxydable embarque un imposant cadran de 45 mm avec index lumineux et bien lisible de jour comme de nuit. À l’intérieur, le premier mouvement Hamilton à spiral en silicone, antimagnétique et moins sensible aux chocs, améliore la résistance de la montre et la longévité de sa précision. La production est limitée à 1918 unités, petit clin d’œil à l’année marquant les débuts de la saga aéroportée de Hamilton. hamiltonwatch.com

Le nombre 300 indique le niveau d’étanchéité de cette montre de plongée, soit 300 m. Boîtier et bracelet en acier inoxydable et verre saphir, la montre est aussi à l’aise dans les activités sociales à l’air libre. raymond-weil.co.uk

PORSCHE DESIGN CHRONOGRAPH 911 TURBO S

La bonne conduite

Il y a les montres de pilote et puis il y a la montre 911 Turbo S conçue avec des matériaux premium (boîtier en titane, cadran en carbone, bracelet en cuir de siège) et un fond imitant les jantes. porsche-design.com

THE RED BULLETIN


Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

DISPONIBLE SUR

TÉLÉCHARGEZ

L’APP !

COURONS POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE OÙ QUE NOUS SOYONS - AVEC L’APP 6 MAI 2018 - 13H 100% DES FONDS SONT REVERSÉS À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM


GUIDE

Faire.

5

avril / mai mai Battle Of The Year Le Monster Blaster Battle Of The Year est toujours un moment très attendu à Montpellier. La finale du BOTY est la plus grande manifestation de danse hip-hop française pour Kids (une grande première cette année), B-Boys et B-Girls, en 1 vs 1 ou groupe vs groupe. Les meilleurs crews qualifiés de France métropolitaine et des DOM-TOM y joueront leur place pour la finale internationale. Montpellier ; botyfrance.com

9

au 13 mai

LE FISE, ÉVIDEMMENT !

Plus de 20 ans après sa première édition, le Festival International des Sports Extrêmes est le plus grand rendez-vous annuel de sport freestyle en Europe. Avec les meilleurs riders, place aux compétitions de skate, BMX, roller, mountain bike et wakeboard dans le centre-ville de Montpellier. Le FISE, c’est aussi pour les visiteurs une foule d’animations et d’initiations aux sports les plus fun. Un must ! Montpellier, Zénith Sud ; fise.fr

84

Cet event lifestyle regroupe toutes les disciplines d’eau : kite, wake, paddle pendant 5 journées de compétitions. Il y en a pour tous, avec en guests quelques grands riders européens. On y pratiquera même du skate sur une rampe posée sur une île artificielle au-dessus des flots de la mer du Nord. Bluffant. Gravelines ; tripnkite-gravelines.com

27

avril au 27 mai Neymar Jr’s Five : les qualifs ! Les qualifications, ouvertes aux femmes, du tournoi de football à 5 créé par la star brésilienne du Paris SG s’enchaînent chaque week-end de printemps. Paris, Annemasse, Lyon, Metz, Bondues (59), Marseille, Antibes, Tours et Cesson-Sévigné (35), le 27 mai, sont encore au programme pour se qualifier à la grande finale à Praia Grande au Brésil. Partout en France ; neymarjrsfive.com

18

mai NL Contest Le festival strasbourgeois des cultures urbaines, rôdé depuis 2005, se veut le plus large possible. Sports (roller, skate, freestyle scooter, etc.) et cultures (breakdance, graffiti, street workout freestyle, etc.) mêlent compétitions, animations et ateliers pendant 3 jours. Et, en plus, il offre une programmation musicale de ouf sur la grande scène. Strasbourg, la Rotonde ; nlcontest.com

THE RED BULLETIN

BOTY, CEDRIC DERODOT

27

avril La Conviviale Trip’N Kite


Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658


GUIDE

Faire.

avril / mai

28 au 30 avril

ENDURO TOP

L’enduro bourguignon ajoute une journée supplémentaire et un prologue qui définit les départs du lendemain. Dimanche, c’est 1 h 30 d’enduro solo. Le lundi, la ronde dure 3 heures sur le même parcours. Avec chrono et franchissements pour booster les sensations. Entrée libre. Salives ; enduro-top.fr

Après le succès de sa première édition, 10 000 participants et 100 artistes, le Paco Tyson remet ça en plus grand avec ses trois scènes sur le nouveau site de la Chantrerie. Volonté identique : offrir au public un large panel de DJ’s représentant autant la techno, la house, la hardcore que la psytrance. Dans la programmation, avec Laurent Garnier ou Vini Vici, on trouve aussi Jayda G (photo) et la présence du Red Bull Boom Bus.

NICOLAS MARTIN, FARAH NOSH

27

au 28 avril Paco Tyson

Nantes, la Chantrerie ; pacotyson.fr

86

THE RED BULLETIN


ABONNEZ-

VOUS

DÈS MAINTENANT! Recevez votre magazine directement chez vous :

18 € SEULEMENT POUR 12 NUMÉROS Simple et rapide, je m’abonne en ligne sur :

COUPON D’ABONNEMENT

À compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe à affranchir à : THE RED BULLETIN (ABOPRESS) - 19 rue de l’Industrie - BP 90053 – 67402 ILLKIRCH OUI, je m’abonne à THE RED BULLETIN : 1 an d’abonnement pour 18 € seulement Mme

Melle

TRBMAG

PASSEZ VOTRE COMMANDE ICI

getredbulletin.com

M.

Nom Prénom Adresse CP

Ville

Email Je demande à recevoir gratuitement la newsletter THE RED BULLETIN Je joins mon règlement par : Chèque bancaire ou postal à l’ordre de THE RED BULLETIN DATE SIGNATURE Offre valable uniquement en France métropolitaine. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 12 rue du Mail, 75002 Paris.


GUI D E 1 HOKA ONE ONE MACH

Hoka rime avec confort, Mach avec rebond et ­retour dynamique. Cette Hoka est légère, env. 213 g, avec un drop faible entre le talon et l’orteil et une semelle intermédiaire à double densité (amorti au talon et avant-pied stable). 140 € ; hokaoneone.com 2 NEW BALANCE 890 V6

1

Faible drop, semelle ­intermédiaire en mousse pour un poids de 255 g, la New Balance 890 V6 est rapide. Adaptée aux séances soutenues et à la compétition, sa conception mise à jour améliore l’espace autour de ­l’orteil et réduit ainsi le risque d’ampoule. 120 € ; ­newbalance.com 3 PUMA SPEED 600 IGNITE 3

Votre accélérateur estival : l’Ignite 3 propose une empeigne en mesh Netfit ultra respirant et ajustable à la forme des pieds grâce à son ­système de laçage et son retour d’énergie ­dynamique. 130 € ; puma.com

FAITES VOS COURSES Chaussures, technologie, ­vêtements accessoires, nous avons sélectionné le meilleur pour vous permettre de finir fort sur route ou ­chemin ­tracé.

2

Texte TISH HAMILTON Photos DIMITRI NEWMAN

3


ROUTE

UA HOVR SONIC CT 4

La nouvelle Sonic profilée combine semelle avec technologie HOVR pour un amorti optimal et capteur au milieu du pied droit qui transmet à l’appli MapMyRun les infos vitesse, distance, cadence et longueur de la foulée. 120 € ; ­underarmour.com 5 ASICS GEL NIMBUS 20

Ce modèle neutre à coussins d’air en est à sa 20e version, autant dire qu’il a ses adeptes. Ceux-ci ne jurent que par sa semelle intermédiaire FlyteFoam light, le gel amortisseur sur toute la longueur du pied et un mesh souple qui met l’orteil à son aise. Cette édition ­platinum célèbre vingt ans de culte. 180 € ; asics.com

4

6 NIKE EPIC REACT FLYKNIT

Les runners en ont rêvé, Nike l’a fait : amorti ­exceptionnel et retour d’énergie prodigieux grâce à l’association d’une empeigne Flyknit épousant la forme du pied et d’une semelle en mousse React légère ­ultra-dynamique. ­Rejoignez la file d’attente. 150 € ; nike.com 7

ON CLOUD X

Volez vers votre séance d’entraînement dans ces chaussures légères et fermes grâce au rembourrage sous le pied (le nuage), une tige en mesh respirant et un renfort au milieu du pied pour plus de maintien et de solidité aux ­mouvements latéraux. 140 € ; on-running.com

5

7

6

89


SENTIER 1 SALOMON S/LAB SENSE ULTRA 2

La mise à jour de ce modèle phare apporte un fit plus précis, un chausson intérieur revu sans couture ni frottement. Les deux bandes latérales et la tige de soutien Sensifit enveloppent le milieu du pied. Les crampons au talon et à l’avant sécurisent le grip et la propulsion. 180 € ; salomon.com

2 SALEWA ULTRA TRAIN 2

3 LA SPORTIVA BUSHIDO MOUNTAIN RUNNING

Conçue pour la vitesse et l’entraînement en montagne, l’Ultra Train 2 s’appuie sur la pratique de sports d’altitude. Le laçage s’inspire de l’alpinisme et la semelle signée Michelin du VTT pour plus d’adhérence et de grip sur surfaces humides et glissantes. 150 € ; salewa.com

4

SAUCONY KOA TR

Ce modèle hybride neutre passe sans problème, du bitume au sentier. Sa semelle en mousse amortit la foulée et ses crampons de 3,5 mm sont fluides sur route et accrocheurs sur les sentiers. L’avant oblique augmente la stabilité et laisse plus de liberté à l’orteil. 120 € ; saucony.com

Protection idéale sur terrain parsemé de racines et de pierres : la semelle extérieure enveloppe la semelle intermédiaire pour booster l’adhérence et la stabilité. L’épaisse pointe en TPU protège l’orteil, et le médio-pied rigide stabilise la foulée. La structure est imposante mais étonnamment agressive et souple. 130 € ; sportiva.com

1

2

3

4


GUIDE

TECH 1 GARMIN FORERUNNER 235

Marathoniens aguerris ou coureurs de loisir, tous vantent la facilité d’usage de cette montre connectée, son suivi d’activité, le moniteur de fréquence cardiaque optique, le téléchargement sans faille sur Garmin Connect et la synchronisation aisée avec Strava ou applis similaires. Effet garanti ! 270 € ; garmin.com

3 ÉCOUTEURS SPORT SANS FIL JAYBIRD RUN TRUE

4 ÉCOUTEURS SKULLCANDY METHOD BT SPORT

Confortables, résistants à la transpiration et commandes principales sur l’oreille. Les écouteurs Run diffusent un son cristallin, en particulier en fréquences moyennes et hautes. Sa charge rapide de 5 minutes fournit 1 heure de lecture en plus. 199 € ; jaybirdsport.com

5 FITBIT IONIC SMARTWATCH

Ces écouteurs Bluetooth, au son doux, sont reliés à un tour de cou avec boutons de commande. Les coureurs de longues distances apprécieront leur résistance à la transpiration et aux intempéries, ainsi que les 9 heures d’autonomie en charge pleine. 44,99 € ; skullcandy.com

2 ÉCOUTEURS SANS FIL BOSE SOUNDSPORT FREE

Ces écouteurs aux basses puissantes ont une autonomie de 5 heures avec commandes sur l’oreillette. Leur résistance à la sueur et à la pluie ne court-circuitera pas votre playlist. Les embouts de plusieurs tailles assurent un port optimal. L’étui de recharge à indicateur LED est très esthétique. 199,95 € ; bose.com

Intuitive, la Ionic avec GPS intégré permet le suivi d’activité et de la fréquence cardiaque en course à pied, équitation ou natation. Elle élève le niveau de certaines fonctions clés : elle stocke 300 titres, prend en charge des applis telles que Starbucks et Fitbit Pay où une carte de crédit peut être enregistrée, et a une impressionnante autonomie de 3 jours. Son écran tactile imposant reste une affaire de goût. 349,95 € ; fitbit.com

6

HUAWEI WATCH 2

Robuste et sportive, la Huawei Watch 2 pour Android Wear 2.0 intègre un GPS, une puce NFC et un écran personnalisable, sans oublier toutes les fonctions que l’on attend d’une montre connectée : suivi d’activité, moniteur de fréquence cardiaque et séances pré-installées, téléphoner et SMS en 4G. 289 € ; amazon.com

2 3

1

4

6

5

91


1

2

3


GUIDE ICEBREAKER FLUID ZONE LONG SLEEVE ZIP 1

Ce gilet ajusté en laine mérinos propose des poches latérales zippées et des zones de ventilation au dos et sous les bras pour une bonne régulation thermique. 159,95 € ; icebreaker.com 2 NIKE SHIELD CONVERTIBLE RUN JACKET

Cette veste à capuche imperméable à taille haute se plie et se range dans une poche se portant en ceinture. Des poches zippées accueillent téléphone, clés et cartes de crédit. 100 € ; nike.com 3 LEGGING DE COMPRESSION 2XU MID RISE 7/8

VESTE PATAGONIA HOUDINI 4

Ultralégère, résistante aux intempéries et respirante, Houdini la bien-nommée disparaît dans sa propre poche petite comme la main, avec attache renforcée pour mousqueton. Joli tour ! 100 € ; patagonia.com

SAPES

SHORT SAXX KINETIC RUN 5’’ 6

Pour ceux qui cherchent un short ample avec une doublure confortable avec un bon maintien : les neuf panneaux en mesh de la doublure réussissent ce tour de force. Les coutures inversées évitent toute irritation malvenue. 75 € ; saxxunderwear.com

5 UA THREADBORNE STREAKER SHIRT

La technologie Microthread permet à ce T-shirt ajusté à coutures plates de sécher plus rapidement, d’éviter les frottements et de s’étirer sans absorber la transpiration. 30 € ; underarmour.com 5

4

En plus d’assurer une bonne compression aux cuisses, fessiers et mollets, ces collants 2XU disposent d’une large ceinture pour soutenir l’abdomen et cacher une poche près du corps dédiée aux effets personnels. 100 € ; 2xu.com

6

93


GUI D E 1 CASQUETTE BUFF PRO RUN

Protège du soleil et sécurise vos lunettes grâce à des fentes latérales. Elle ­affiche un UPF 50 +. Respirante, son bandeau intérieur évacue transpiration et eau et garde vos yeux au sec. 26,95 € ; buffusa.com

2 SAC USWE ­ ERTICAL 10 V ­HYDRATION PACK

Son harnais maillé vous garde au frais et ses poches embarquent téléphone et collations, mais le clou du sac est son réservoir ­d’hydratation Shape-Shift de 1,5 litre doté d’une large glissière à remplir de glace les jours de grande chaleur. Pour le nettoyer, il suffit de le retourner. 126,95 € ; uswe-sports.com

3 LUNETTES DE ­ OLEIL OAKLEY FLAK S DRAFT PRIZM ROAD

Ces lunettes HD à verres roses issues de la ligne Flak intègrent une ventilation fiable alliée au design semicontour. Le système de ­déblocage permet un ­changement rapide des verres (vendus séparément). 182 € ; oakley.com

1

2

3


ACCESSOIRES

4

5

6

4 CHAUSSETTES STANCE MINIMALISM CREW

En alliant avec astuce ­design original et exigences techniques, la jeune société Stance a gagné le cœur des runners. Ces chaussettes d’équipage tiennent leur promesse via une conception anatomique spécifique à chaque pied, la compression, le renfort talons et ­orteils et des motifs inspirés des impressionnistes. 18,90 € ; stance.com

6 ADIDAS ZONYK AERO MIDCUT PR

GANTS NIKE DRI-FIT TEMPO 360 FLASH RUN 5

Les gants soyeux Dri-Fit gardent vos mains au chaud et au sec, l’index et le pouce sont compatibles avec l’écran tactile. Les rayures réfléchissantes aident à ­rester visible. 28 €; nike.com

Lunettes idéales pour ­athlètes multisports, les ­Zonyk sont légères avec un contraste fort. La monture épouse le contour du visage et protège des impacts. La mousse amovible des branches évite la trans-­ piration dans les yeux. Environ 150 € ; ­adidassporteyewear.com

95


GUIDE

Autour du monde.

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

FRANCE MATTHIAS DANDOIS

Profitez du printemps pour bouger, expérimenter, vous glisser dans la peau de la version améliorée de vous-même, celle que vous êtes sur le point de devenir grâce aux conseils judicieux de nos guest-stars.

Le rider français nous raconte sa première fois à l’écran, le grand. Dirigé par Axelle Laffont, il est à l’affiche de MILF.

The Red Bulletin en e-paper sur redbulletin.com

KTM/PHOTOSDAKAR.COM

Laia Sanz, KTM-Werkspilotin: 100 Prozent Zielankünfte beim härtesten Motorsport-Event der Welt – also 100 Prozent richtig gemacht

DIESE FRAU SCHLÄGT 9 VON 10 MÄNNERN BEI DER RALLYE DAKAR Weil sie ihre Träume lebt, obwohl ihr alle davon abgeraten haben. Die Spanierin LAIA SANZ und ihr 15-Punkte-Programm für ein erfolgreiches Leben an der Spitze.

Text WERNER JESSNER

64

AUTRICHE LAIA SANZ La pilote espagnole revient sur sa route tracée vers les podiums, battant nombre de ses homologues masculins au Dakar.

Freddy Lau, Kino-Grenzgänger und Hobbygolfer, beim Red BulletinShooting in Berlin: „Neugier ist der beste Antrieb für ein interessantes Leben.“

„ICH DARF DAS EIGENTLICH NICHT SAGEN …“

« IL N’ASSUME PAS SON CRIME... ÇA LE TOURMENTE. »

… aber für The Red Bulletin tut er es doch: FREDDY LAU, 28, prägender Schauspieler seiner Generation, erzählt von seinem Leben zwischen Baukränen, Wettmafia und Filmset. Eine Begegnung in 20 Szenen. Text ANDREAS ROTTENSCHLAGER

Fotos DAVID FISCHER 33

ALLEMAGNE FREDERICK LAU L’acteur berlinois parle cash. On lui trouve même des airs de jeune Brando.

96

SUISSE AXEL PETERMANN Le profiler allemand révèle que souvent, contrairement aux polars, un meurtrier ne tue qu’une seule fois.

THE RED BULLETIN


mai

MENTIONS LÉGALES FRANCE

Ido Portal, movement guru: “To hell with what other people say!”

“I’ve been thrown out of gyms on many occasions” Monkeys, comedians and children inspire him, and he earns six-figure sums through his private training sessions. Movement expert IDO PORTAL gives top sports stars’ minds and bodies a workout. The good news is that his teachings will work for you, too Words ANDREAS ROTTENSCHLAGER

Photography CYRILL MATTER

30

ROYAUME-UNI IDO PORTAL Pragmatique, l’Israélien applique le b.a.-ba : I-do.. Il a réuni ses adeptes autour de ce qu’il appelle la movement culture. culture. Tenté ?

ÉTATS-UNIS THE DAWN WALL C’est le nom du nouveau documentaire qui met en lumière l’ascension fulgurante de Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson le long de la paroi Dawn Wall d’El Capitan (Yosemite).

EL SECRETO ES LA PASIÓN La mayoría de los atletas e investigadores del deporte coinciden en que la clave para lograr un mejor desempeño –correr más rápido, aguantar más kilómetros, por ejemplo– está en la mente. JUAN LUIS BARRIOS, el mejor fondista mexicano en la actualidad, no opina lo mismo. Para él, el corazón es el que domina y el que te hace sacar lo mejor de ti. Cuerpo y mente son los que hacen caso

El atleta mexicano se destaca por su resistencia al correr los maratones más pesados... y lo disfruta.

Texto KARINA RODRÍGUEZ Fotografía MAURICIO CARRANZA 48

THE RED BULLETIN

THE RED BULLETIN

MEXIQUE JUAN LUIS BARRIOS La clé pour être plus endurant et performant ? L’esprit. Ou le cœur, selon Juan Luis Barrios, coureur de fond mexicain à qui la pasión donne des ailes.

THE RED BULLETIN

49

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Alessandra Ballabeni, alessandra.ballabeni@redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne Fortas, Suzanne Kříženecký, Audrey Plaza, Kříženecký Claire Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an, getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Publicité PROFIL, 134 bis rue du Point du jour 92100 Boulogne, +33 (0)1 46 94 84 24, Thierry Rémond : tremond@profil-1830.com Elisabeth Sirand-Girouard : egirouard@profil-1830.com Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteur en chef adjoint Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Directeur photos Fritz Schuster Directeur photos adjoint Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Christian Eberle-Abasolo, Arek Piatek Maquette Marco Arcangeli, Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur commercial Franz Renkin Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Management par pays & Marketing Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Julia Gerber, Kristina Hummel, Melissa Stutz Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer, Martina Maier Directrice Commercial & International Publishing Birgit Gasser Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Office Management Kristina Krizmanic, Yvonne Tremmel Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl

97


GUIDE

Le plein d’action.

98

Le Français Tom Dollé, 17 ans, exécute un blunt : un demi-tour dans les airs, avec le kayak le plus à la verticale possible, pour retomber en surf arrière.

PIERRE-HENRI CAMY

Hawaï sur Rhône : cette vague statique, exceptionnelle par sa situation et sa puissance, se situe à 15 minutes du centre de Lyon. « Là où un spot de surf va évoluer en fonction de la houle et de la marée, ici la forme et la taille de la vague dépendent du fond de la rivière et de son débit », précise Kevin Saussure, le photographe. Un spot rare pour le kayakiste freestyle Tom Dollé.

« Se retrouver dans cette position est très complexe.»

TOUS DROITS RESERVES-KEVIN SAUSSURE

Lyon, France

makes you fly

THE RED BULLETIN n° 77 sortira le 19 mai 2018 THE RED BULLETIN




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.