The Red Bulletin 06/19 FR

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FRANCE JUIN 2019

HORS DU COMMUN

Votre magazine offert chaque mois avec

DIABLO Le danseur venu d’ailleurs




ÉDITORIAL

« Dans ce cas-là, j’ramène tous mes amis ! » Extraite du ­fameux Tonton du Bled du groupe 113, cette phase du rappeur Rim’K, on aurait pu l’entendre de la bouche de Diablo. Quand The Red Bulletin lui propose une cover ­story, le danseur se montre enthousiaste, mais veut convier ses potes, ceux qui ont contribué à sa réussite et l’ont toujours soutenu. « Venez chez moi, à Nice, je dirai à tout le monde de se pointer : on va faire un barbecue, il y aura du son, des MC’s, des danseurs, des motos…  »

Chris Saunders (droite) a shooté des crews de danseurs dans son pays d’origine, l’Afrique du Sud, et se pointe à Nice pour s’occuper de Diablo. Du littoral, la mission se prolonge dans le quartier du danseur. Page 24

Diablo tiendra sa promesse (barbecue compris) et un mois plus tard, c’est une journée en immersion dans son quartier des Moulins que nous avons la chance de vivre. Une ambiance authentique pour un shooting photo ­mémorable. Et pour connaître l’histoire d’un street ­dancer parmi les plus doués de sa génération. Lisez plus ! Votre Rédaction

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CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

HEIKO LASCHITZKI

Dans le monde de l’art, le photographe berlinois est connu pour ses portraits de célébrités et ses photos backstage lors des défilés de mode. Mais la passion secrète de Heiko est la plongée et les voyages en Asie du sud-est. Pour notre sujet sur l’apnée dédiée aux débutants, nous l’avons envoyé à Coron, aux Philippines. « C’était dur de ne pas être distrait par la beauté de cet endroit », dit-il. On le croit… Plongez en page 36

MARK BAILEY

Le journaliste anglais a interviewé des athlètes olympiques et des joueurs de foot de la Premier League, mais il a été choqué par la charge de travail physique et la force des danseurs du Royal Ballet de Londres, page 64. « Je les ai vus sacrifier leur journée entière dans une quête de perfection artistique, mais sur scène, ils rendent cela ­facile, dit-il. Et ils vont danser en club même si leurs pieds sont ­défoncés. Respect ! »

THE RED BULLETIN

CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)

LA PROMESSE D’UN BARBECUE



SOMMAIRE juin

REPORTAGES

Pour notre sujet de une, le danseur Diablo a convié une clique de talents aux Moulins, à Nice. Sur son terrain, bien urbain.

36 N os aptitudes profondes

Notre collaborateur a bougé aux Philippines pour s’initier à l’apnée. 48 heures pour atteindre 20 mètres : y parviendra-t-il ?

4 8 C onstruire le possible

L’île aux trésors de Josh Matlock, ce sont des terrains vagues de San Francisco sur lesquels il crée du bonheur : des skateparks.

5 4 C helcee Grimes

Des hits ou des buts, l’artiste et footballeuse anglaise Chelcee Grimes fait ça bien. Un profil rare qui sait se démultiplier.

5 8 L e crack ou le jeu

Ce playground a probablement évité à une bande de potes de tomber dans la came. Trente ans plus tard, tout New York s’y presse.

6 4 À la pointe

Au Royal Ballet de Londres, au-delà des tutus et des collants, on a découvert un monde en pleine révolution technologique.

54 BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

8 Elles font danser vos illusions 12 Ce chien robot vous livrera chez

vous, en « mains propres »

14 Une kayakiste dans un trip solo

en Inde. Et un chameau aussi 16 Ces retraités préfèrent le ­skateboard à la canne tripode 18 Les racines de Cherrie, reine ­indépendante du R’n’B 20 Les chercheurs sous-marins vont pouvoir se reposer au sec 2 2 Une playlist apocalyptique

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 76 Voyage : mettez les voiles ! 80 Fitness : musclé et vert… Hulk ? 82 Gaming : Apex Legends analysé

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84 Red Bull TV : restez branché 85 Agenda : pour ne rien louper 86 Agenda 2 : Red Bull Jour d’Envol 90 Hi-tech : sensations améliorées 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : drapeau humain THE RED BULLETIN

STEPHANIE SIAN SMITH, HEIKO LASCHITZKI, RICK GUEST

2 4 L e phénomène


THE RED BULLETIN

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BULLEVARD U N

S T Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N


La danseuse Dassy Lee est l’une des héroïnes de ­l’hallucinante vidéo tournée à Tricklandia en Slovaquie.

VLADIMIR LORINC/RED BULL CONTENT POOL

Trompe-l’œil

L’ILLUSION D’UNE DANSE

Trois icônes de la street dance dans un projet hallucinant.

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priori, tout sépare l’univers de la street dance, née à New York, de celui des contes folkloriques slovaques. On pourrait donc en toute logique s’étonner de la

décision de Marcel Valko, alias MiniBOJ (directeur artistique d’une compagnie de danse et de la marque de streetwear The Legits) de tourner sa vidéo dans un ­décor de conte de fées en Slovaquie. Tricklandia est

un lieu à mi-chemin entre ­galerie d’art moderne et parc d’attractions, un monde imaginaire conçu autour d’histoires et de mythes de villages et de châteaux ; un jeu entre ­artistes et public élaboré pour leurrer les visiteurs.  9


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e­ nfants. Ici, l’abondance d’éléments visuels est incroyable. Quand je filme, je tends le plus possible vers l’étrange, et un lieu comme ça est rare. L’occasion était trop belle.

the red bulletin : Marcel, en quoi le cadre de Tricklandia vous a-t-il inspiré ? marcel : J’ai d’abord découvert l’endroit avec mes 10

« MÊME LE STAFF DU TOURNAGE PERDAIT L’ÉQUILIBRE. »

C’est quoi le popping ? d : Une danse de rue sollicitant tous les muscles du corps pour être dans le beat jusqu’à en devenir très robotique ­parfois. m : La plupart des gens ne font pas la différence entre popping et hip-hop. Ce n’est pas évident quand on n’est pas ­initié. Le popping est, à mon avis, bien plus difficile que le

La vidéo de Valko exploite les installations trompeuses du lieu.

Quelle place la musique tient-elle dans votre processus de création ? m : C’est le plus important. Une fois que j’ai la musique, je peux envisager tout le reste. Elle inspire tout ce que je filme. Pour cette vidéo, c’était différent. Cet endroit fou a dicté ma vision, il ne manquait plus qu’à trouver la bonne musique. d : Il est important d’avoir un timing qui évolue en permanence et un rythme marqué. Tout est dans l’utilisation du corps pour créer une relation authentique avec le son. Le choix de trois danseuses dans la vidéo était-il important ? m : Ces filles sont la crème du popping, meilleures que la plupart des garçons. Elles ont assuré. d : La street dance est majoritairement un univers de ­garçons, les filles y sont peu présentes. C’était génial d’avoir des femmes puissantes avec différents styles de danse dans une même vidéo. Répéter ce genre d’expérience peut inciter d’autres filles à s’y mettre et leur montrer que les styles féminins sont multiples.

La performance complète de Tricklandia à voir sur redbull.com THE RED BULLETIN

LOU BOYD

C’est lors d’une visite dans ce lieu onirique que l’idée d’une vidéo de danse germe dans l’esprit du réalisateur slovaque. À son invitation, Dassy Lee (Corée), Angyil McNeal (USA) et Kyoka ­Yamamoto (­Japon), trois ­danseuses de street freestyle parmi les meilleures au monde, traversent la planète pour découvrir à leur tour cet endroit fait d’illusions et y chorégraphier des scénarios déroutants. Une performance en vidéo où réel et illusion se confondent au point de faire perdre la tête au spectateur. The Red Bulletin s’est entretenu avec Marcel « MiniBOJ » Valko et la danseuse Dassy Lee à propos de leur processus de création et du rayonnement de la street dance auprès d’une audience féminine.

break à cause de cette contraction de muscles qui en est la base. Vous pouvez pratiquer le popping à fond pendant tout un mois sans forcement progresser. Avec le break, vous répétez un pas de base en six étapes et vous le maîtrisez plus ou moins en un mois. Avec le popping, on s’entraîne inlassablement sans que les résultats soient visibles.

VLADIMIR LORINC/RED BULL CONTENT POOL

Kyoka Yamamoto défie l’apesanteur dans la pièce renversée.

Comment s’est passé le ­tournage dans ce lieu unique et surréaliste ? dassy : Ça restera une expérience géniale. D’innombrables pièces bougent autour de vous dans une ambiance délirante. Y danser ne fut ­cependant pas facile. Tout se reflète, je heurtais les murs parce que j’étais désorientée, au point d’en avoir la nausée. m : En traversant les pièces, les effets d’optique donnent le vertige. On a l’impression d’être attiré au sol, sans repères. L’une des pièces était renversée, une autre recouverte de miroirs… Même le staff du tournage perdait l’équilibre. Il y a aussi la Pièce sans fin, nous savions qu’elle serait idéale pour une session de ­popping, mais capturer toute cette folie à la caméra fut un gros défi.


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Go


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Chien livreur

ANYMAL-­ MACHINE

D’ici 2025, ces robots pourraient bien livrer nos paquets sans que nous ayons à lever le petit doigt. 12

e charmant Petit animal robotisé ne cherche pas une nouvelle maison, il cherche votre maison. Pour livrer votre dernière commande en ligne. Cette vison du futur, Continental (fabricant de pneus et d’accessoires) l’a développée avec la start-up suisse A ­ NYbotics, et présentée au salon CES à Las Vegas en début d’année. Créée en 2016 au sein du laboratoire de robotique de l’ETH Zurich, la start-up a peaufiné un prototype sur quatre pattes inspiré de la nature, jusqu’à le rendre parfaitement robuste et étanche. « ANYmal est un robot-livreur de la taille d’un chien moyen, haut de 50 cm et long de 80 cm, avec une caméra dans la tête, aux articulations

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ANYBOTICS

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souples, capable de sauter, de planifier un mouvement et de se déplacer de manière autonome dans un environnement inconnu, déroule Péter Fankhauser, cofondateur de ANYbotics. ANYmal est en mesure de s’adapter à un environnement conçu pour les humains sans rester bloqué. » Et ainsi résoudre le problème du fameux dernier kilomètre (la dernière étape de livraison, mais aussi la plus compliquée en termes de logistique, entre le centre de dépôt et votre adresse). « Doté d’un software d’IA restreint, ANYmal n’est autorisé qu’à faire ce pour quoi il a été programmé. » Une autre vision du futur, réalisable à plus court terme, consisterait à utiliser ces « animaux-machines » pour effectuer divers travaux d’inspection industrielle ou de sécurité à la place des humains, quand les conditions s’avèrent dangereuses ou l’accès difficile. anybotics.com

CHRISTINE VITEL

ANYmal sait tout faire comme un quadrupède : monter et descendre des marches, enjamber un obstacle, pousser un portail. Et même actionner une sonnette…



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Nouria Newman

PLEIN LE DOS DU KAYAK ?

ALI BHARMAL/RED BULL CONTENT POOL

Cette photo vous ment… Pour son trip de sept jours en kayak en Inde, de la rivière Tsarap au fleuve Indus, Nouria Newman a voyagé en solo. C’est seulement après 375 km d’un ride inédit que la Française a pu s’offrir une balade à dos de chameau. L’aventure et les frayeurs de Nouria en vidéo sur win.gs/LadakhProject

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SKATE OR DIE !

Lena Salmi, Finlandaise dans la soixantaine, a lancé un mouvement mondial de skate et prouve qu’il n’est pas réservé qu’aux ados.

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n février 2018, Facebook poste des photos de ses groupes les plus originaux lors d’une expo à South Bank à Londres. Une communauté en ligne de skateurs en fait partie, mais le choix de ce groupe n’est lié ni au talent, ni aux trophées de ses membres. Pas question ici d’ados prodiges ; la moyenne d’âge des skateurs est plus proche de

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soixante que de seize ans et leur seule motivation est de pratiquer le skate aussi longtemps qu’ils le peuvent. Le groupe Very Old Skateboarders and Longboarders réunit 4 000 membres à travers le monde, âgés en majorité de 60 à 99 ans, et entend casser l’image qu’on se fait de ce sport. Lena Salmi (aujourd’hui 65 ans) et Elizabeth Stuart (67 ans) l’ont créé en 2013, après s’être rencontrées en France lors d’un camp de longboard. Elles y ont ressenti une discrimination du fait de leur âge. « Nous avons été ­traitées comme des vieilles

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BEN AWIN/HYPEBAE

Very Old Skateboarders

dames, incapables de quoi que ce soit, se souvient Salmi. Nous avons pensé que rien ne justifiait ce traitement et que nous étions aussi capables que les autres. L’idée nous est alors venue de créer un espace réservé aux skateurs plus âgés. » En 2019, le groupe prend de l’ampleur. La page Facebook est mise à jour quotidiennement avec des vidéos et des photos de ses milliers de skateurs seniors, tournées lors de compétitions, dans des skateparks. Plusieurs de ces adeptes ont donné une multitude d’interviews dans des médias internationaux. La philosophie du groupe est restée la même : « La seule condition pour adhérer au groupe est de vous être fait la réflexion, un jour ou l’autre, que vous étiez trop vieux pour pratiquer le skateboard, explique Salmi. Notre plus jeune membre était une femme de 50 ans. On l’avait interpellée en lui demandant pourquoi elle pratiquait un truc de gosse… » Pour Salmi, le groupe Very Old Skateboarders existe pour dire aux gens de ne pas juger au premier regard. « Un peu de tolérance, lance-elle. Faire du skateboard à 65 ans est forcément un acte rebelle, mais il n’y a pas plus rebelle que de rester fidèle à soi-même. » Facebook : Very Old Skateboarders and Longboarders

LOU BOYD

« RESTER SOI-MÊME EST CE QU’IL Y A DE PLUS REBELLE. »


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La chanteuse R’n’B suédo-somalienne raconte sans fard le ghetto où elle a grandi, les mères fortes et l’importance d’être une artiste indépendante.

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ée en Norvège de ­ arents somaliens, élevée en p Finlande et en Suède et nourrie aux films Bollywood et au R’n’B américain, Sherihan « Cherrie » Hersi cumule les ­influences culturelles. Son ­second opus Araweelo, sorti en 2018, en est le parfait ­reflet. Elle y transforme l’harmonie sonore du R’n’B contemporain en des hymnes langoureux qu’elle susurre – en suédois – à l’oreille d’une jeunesse qui, comme elle, est issue de cette première génération qui cultive la pluralité culturelle scandinave. L’album lui a valu une ­nomination aux dernières ­Victoires de la Musique suédoises. Sa collaboration avec la star du grime Stormzy – qui a signé en 2016 la version ­anglaise de sa chanson Aldrig igen (må sådär)– et l­ ’intérêt d’artistes d’envergure comme Rihanna, SZA et ­Ariana Grande ont fini par lui offrir une visibilité mondiale.

« JE VIENS D’UN PAYS OÙ LES FEMMES SONT DES HÉROÏNES. » 18

the red bulletin : Le succès viral de 163 För Evigt (trad. 163 pour toujours, ndlr) est une ode à Rinkeby, quartier populaire où vous avez vécu, et considéré par les médias conservateurs comme une « zone interdite »… cherrie : Enfant, si quelqu’un vous demandait dans quel quartier de Stockholm vous habitiez, on évitait de mentionner Rinkeby pour ne pas être étiqueté comme venant du ghetto. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une zone ­interdite. Alors, vous le définiriez comment ? Comme un creuset. Pour moi c’est un lieu très spécial où vivent les gens les plus cool. Grandir au sein de toutes ces influences et cultures différentes rend intelligent, aide à comprendre le monde et à y trouver sa place. Vous avez fait le choix de l’indépendance et refusé les propositions de plusieurs maisons de disques. Pourquoi y tenez-vous autant ? Ce n’est pas facile pour les musiciens de garder la main sur leurs créations. Beaucoup d’artistes connus ne sont pas propriétaires de leur musique, elle appartient à des gens qu’ils ne connaissent pas. Mon indépendance m’est précieuse, elle est un gage de sérénité pour moi et ma famille. Et cela prouve à ceux qui se lancent qu’on peut se passer d’un

Inspirer vos pairs, c’est cela qui stimule votre créativité ? Posséder une maison ou devenir PDG, les gens de Rinkeby n’osent même pas en rêver. Pour eux, voir quelqu’un comme moi, une femme noire musulmane, produire sa ­musique, sillonner le monde ou travailler avec Vogue leur donne de l’espoir. Et il n’y a pas de meilleur moteur que l’espoir pour avancer tous ­ensemble en tant que société. Vos racines somaliennes ­influencent-elles votre ­musique  ? La Somalie est la terre des mille poètes ; faire de la musique était donc naturel pour moi. Dans l’adversité, la musique est un réconfort pour les Somaliens. Les mères somaliennes sont les personnes les plus fortes que je connaisse, ce sont des héroïnes. Venir d’un pays où les femmes sont à l’initiative reflète mon essence, avoir mon propre label Araweelo en est l’expression. Que signifie « Araweelo » ? Araweelo est une ancienne reine de Somalie réputée pour son courage. En Somalie, la femme est la cheffe de famille même si le père est présent. Avoir cette énergie féminine en moi est un moteur. Votre mère est-elle fan de votre musique ? Elle a assisté à quelques concerts. Elle est adorable. Elle parle le suédois mais a du mal à comprendre mes textes, alors elle écoute mes chansons et demande à mon petit frère de tout lui expliquer.

La marque AlphaTauri a rendu visite à Cherrie à Rinkeby. ­Retrouvez la vidéo sur : win.gs/AlphaTauriCherrie ; Twitter : @Chxrrie

FLORIAN OBKIRCHER

« L’ESPOIR EST LE MEILLEUR MOTEUR »

contrat avec un label. Vous pouvez par exemple acheter un ordinateur, apprendre à vous en servir pour ensuite enregistrer vos propres compositions.

CYPRIEN CLEMENT-DELMAS

Cherrie

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Rihanna et Ariana Grande sont fans de ­Cherrie, la reine du R’n’B suédois.

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2. L’atmosphère intérieure est maintenue par une source d’oxygène renouvelable et des extracteurs de dioxyde de carbone. 3. La chambre sèche peut accueillir deux plongeurs à l’aise ou trois en se serrant. 4. La coque en vinyle recouverte de tissu est renforcée par des sangles en nylon et ­dotée de fenêtres.

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5. L’habitat tient dans un sac. Très pratique pour le transport.

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Ocean Space Habitat

UNE NUIT CHEZ LES POISSONS

Cet explorateur de l’océan permet de se reposer sous l’eau grâce à sa tente sous-marine. Même la nuit ? 20

es grands fonds marins ont toujours fasciné les humains : des histoires du capitaine Némo à la cité de l’Atlantide, ils n’ont cessé de titiller notre curiosité et notre imagination. Une tente sous-marine permet désormais à l’homme de respirer, manger et se reposer à une vingtaine de mètres de fond, rapprochant ainsi le mythe de la vie sous-marine du réel. Le concept est assez simple. Fabriquée en vinyle et en nylon avec des sangles en

polyester, Ocean Space ­Habitat dispose de ventilateurs pour la circulation d’air et des épurateurs de dioxyde de carbone garantissant une atmosphère respirable pendant six heures. « C’est le ­principe du verre retourné dans un évier pour créer une poche d’air, explique son co-créateur, l’océanologue américain Michael Lombardi. En gros, c’est une tente remplie d’air qui déplace l’eau en créant un vide. » Aujourd’hui, l’exploration du monde du silence est limitée en durée et en fréquence. Si l’on compare notre connaissance des profondeurs marines avec l’exploration de l’espace, nous voyons que douze personnes ont marché sur la Lune contre trois s­ eulement au fond des mers. « Depuis plus d’un demi-siècle, la règle des 18 mètres pendant 60 minutes s’impose aux plongeurs pour éviter l’accident de décompression. Mais avec un habitat sous-marin, un chercheur pourra passer six heures ou plus à travailler par 18 mètres de fond sur une journée. » La prochaine étape est de tenter des descentes de nuit. « Le niveau de dioxyde de ­carbone et d’oxygène doit être surveillé et ajusté en permanence, ajoute Lombardi. L’objectif à douze mois est d’élaborer des protocoles permettant d’y passer la nuit. On apprend toujours quelque chose lors d’une balade l’après-midi, mais une virée nocturne ou le temps d’un week-end promet des découvertes de toutes sortes dans ce milieu. J’espère que notre relation à l’océan passera de la visite furtive vers un lien plus fort avec et dans la mer. » L’Atlantide n’est peutêtre qu’un fantasme, mais cette tente pour deux pourrait être une avancée de l’Homme vers une vie sous-marine. oceanopportunity.com THE RED BULLETIN

LOU BOYD

1. L’habitat gonflable s’attache à des brides fixées au fond de la mer.

CHRISTINA LOCK

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MICHAEL LOMBARDI

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UNDERWORLD BORN SLIPPY (1995) « Cette mélodie traduit parfaitement une nuit de fête enivrante, souvenir de moments plus joyeux, moins sombres. Dans les années 90, la Grande-Bretagne était un lieu plutôt hédoniste pour les m ­ usiciens de la britpop et une jeune génération d’artistes investissant l’art moderne et la mode. C’est avant mon époque, mais la ­période gagne à être redécouverte. »

REM IT’S THE END OF THE WORLD AS WE KNOW IT (AND I FEEL FINE) (1987) « Ce serait fun de sauter et ­pogotter en ­chantant cette chanson pendant l’apocalypse. La musique ­exprime parfois l’impensé, mais c’est aussi une échappatoire, une diversion. Il faut aller vers ces moments ; ils sont un ­réconfort dans le monde mal ­barré où nous v­ ivons. Alors prenez la pilule bleue et laissezvous aller. »

Bastille

« POUR DANSER ET PLEURER ENSEMBLE » ormé en 2010 par le chanteur londonien Dan Smith, le groupe Bastille cartonne avec Pompeii, quatrième single tiré de Bad Blood, un premier album sorti en 2013. À peine un an plus tard, le titre est le plus streamé de tous les temps au Royaume-Uni et vaut aux musiciens le British Breakthrough Act (prix du meilleur espoir) aux BRIT Awards 2014. Après le ­succès mondial de Happier (2018), avec en guest le producteur de musique américain Marshmello, le quatuor double la mise avec Doom Days, un opus que Smith décrit comme « une fête apocalyptique ». D’où son choix d’enregistrer le morceau Earth en guise d’adieu. La fin du monde approche, alors écoutez ça. bastillebastille.com

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THE BEATLES BECAUSE (1969)

MOBY PLAY (1999)

« Pour nous, une bonne soirée c’est avec des potes qui ne sont pas dans la musique et qui ne font pas péter le champagne avec des mannequins, ce n’est pas notre vie. La dernière nuit sur Terre, on la passerait ensemble, à danser et à pleurer. Musicalement, il faudrait quelque chose qui apaise. Une belle manière de quitter la scène. »

« C’est la bande-son idéale pour l’after de la fin du monde. Vous connaissez le podcast Heavyweight de l’humoriste canado-­américain Jonathan Goldstein ? Dans l’un des épisodes, un gars prête des CD de gospel à Moby qui les sample, puis le gars réclame ses CD sans jamais les récupérer. C’est hilarant, il faut l’écouter. » THE RED BULLETIN

UNIVERSAL MUSIC

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MARCEL ANDERS

Les as de la pop made in UK livrent leur playlist pour une fête apocalyptique.


Skullcandy partenaire majeur de Red Bull Dernier Mot 2019


UNE ICÔNE Là d’où il vient, aux Moulins, on a dédié une fresque à Diablo. Il honore ce quartier dans le monde entier.


AUX ORIGINES D’UN PHÉNOMÈNE

Avec son style unique et ses mouvements quasi surnaturels, il s’est créé sa propre dimension. DIABLO nous a conviés dans le quartier qui l’a vu devenir un phénomène de danse, pour honorer ceux qui l’ont toujours soutenu. Le temps d’une journée, aux Moulins, nous étions ailleurs.  Texte PH CAMY  Photos CHRIS SAUNDERS

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« LES GARS… SORTEZ VOS TÉLÉPHONES ! » Dans ce quartier de Nice, une block party bat son plein. Comme celles qui ont initié le mouvement hip-hop à New York il y a une quarantaine d’années. Des platines, des enceintes, des rappeurs, du graff, un barbecue… Des danseurs, aussi. Parmi eux, le prodige du secteur. Diablo, 26 ans. C’est pour lui que l’un des jeunes sur la cinquantaine présente recommande de sortir les smartphones. Dans le cercle de danse formé quelques minutes plus tôt à même le bitume, Diablo délivre une performance qui vous fait instantanément comprendre pourquoi ce type élevé dans l’environnement urbain et brut que nous découvrons aujourd’hui, très loin des ambiances carte postale de la Côte d’Azur, s’est imposé ces dernières années comme l’un des meilleurs street dancers au monde. Comme son corps se désarticule pour laisser tous ses membres bouger d’une façon hallucinante, Diablo ouvre une porte vers une dimension artistique sauvage autant qu’esthétique, dont l’ADN se trouve ici, sur cette Place des Amaryllis où se côtoieront jeunes et anciennes générations, dans un esprit de

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bonne humeur. Ici, aujourd’hui, c’est la fête, mais sur cette même place, quelques mois plus tôt, un jeune a perdu la vie, fauché par des balles destinées à un autre. Un drame lié à une dette de drogue, dont témoigne aujourd’hui ce petit arbre entre la sono et le barbecue, orné de fleurs et de messages rendant hommage au disparu. La French Riviera, façon promenade des Anglais, c’est là-bas, une quarantaine de minutes à pied en traçant à droite, après la Poste et le supermarché à l’angle de l’avenue Martin Luther King. Sa route, Diablo l’a poussée encore plus loin, jusqu’en Angleterre ou aux USA, et s’est fait un nom en dansant. Auprès de stars de la musique et en brillant lors des rassemblements de danse urbaine les plus reconnus. Mais aujourd’hui, c’est chez lui, dans son quartier d’enfance, aux Moulins, qu’il tenait à nous inviter.

O SUR SON TERRAIN Observez bien les pieds de Diablo quand il danse. Il a foulé le bitume de Nice de nombreuses années avant de s’envoler à l’international, pour y bâtir une carrière qui fait la fierté des siens.

n rencontre Diablo pour la première fois fin 2018, autour d’un plat asiatique – chez Quan Viet, Paris 17. Il habite officiellement en Île-de-France depuis quelques mois. Comme on envisage de lui dédier un article, le danseur nous annonce être « chaud », mais propose que nous venions là d’où il vient, à Nice, pour y rencontrer ses talentueux amis et leur offrir de la visibilité dans le sujet. Né d’une mère béninoise et d’un père espagnol, Diablo avance rarement seul et veut honorer ceux qui l’ont accompagné et soutenu ces quinze dernières années. Nous le recroisons début mars. La veille, il a marqué l’histoire de la street dance. Devant les 17 000 spectateurs de l’AccorHotels Arena venus assister au Juste Debout, en duo avec son partenaire Stalamuerte, Diablo a remporté le titre en hip-hop. Et sur la route de sa finale, dans une ambiance de folie, il a battu les Twins, des jumeaux réputés indétrônables parmi les plus célèbres danseurs new school de la planète. Des frères originaires de ­Sarcelles devenus millionnaires en remportant un concours de danse télévisé aux ÉtatsUnis lancé par la chanteuse Jennifer Lopez. On les a aussi vus très souvent aux côtés de Madonna, avec laquelle ils dansent depuis des années. Des missions internationales, Diablo en connaît très tôt. « Quand j’avais 16 ou 17 ans, l’équipe d’une artiste américaine m’avait contacté pour un casting, et j’ai passé du temps à Londres du coup », raconte le danseur installé dans un VTC qui nous transporte du phare de Nice (où nous réalisions quelques photos) jusqu’aux Moulins. En 2012, il danse au Super Bowl d’Indianapolis avec Madonna.  Le Niçois a alors 19 ans et se produit devant 114 millions de téléspectateurs lors du mega show musical donné à mi-match de l’événement majeur du football américain. THE RED BULLETIN


EN MODE VIP Dans le cercle, pour quelques dizaines de personnes. Un mois auparavant, Diablo dansait devant 17 000 spectateurs lors du Juste Debout.


LA PUISSANCE Elle lui vient de ceux qui l’épaulent depuis des années. Rude, ici en photo, a motivé Diablo à se jeter dans la danse, lui évitant de mauvaises routes.


WALTER/DZIO Walter, aka Dzio, l’homme au bonnet derrière Diablo, est un as local du spray can art. On lui doit la fresque monumentale dédiée au danseur.

De l’expérience du Super Bowl, il retiendra cependant que « les Ricains sont meilleurs que nous tous ». « Eux, c’est zéro erreur. Juste avant le début du show, j’étais sous la scène, et là, la lumière s’éteint… “Let’s go, let’s go !” Un mec se précipite sur moi et me fout un glaive et un bouclier dans les mains. Là, on monte sur scène, et sur les écrans géants, je vois un décompte destiné aux s­ pectateurs du stade : “Allumez tous vos briquets à 5, 4, 3...” » Sur ce même Super Bowl, la chanteuse anglaise M.I.A. s’autorise un doigt d’honneur face caméra. « Elle est descendue de scène

« IL VOULAIT ÊTRE EXCELLENT. POUR LUI, C’ÉTAIT ÇA OU RIEN. MANGER ET DANSER, POINT ! » RUDE

et un van de flics l’attendait », se souvient Diablo, épaté par cette scène. Comme par le fait que notre VTC ait bien voulu nous conduire dans son quartier. Il lui recom-­ mandera un « petit passage fourbe » pour rejoindre le spot plus rapidement (oui, Diablo sait dire non à Madonna et à Waze).

SELIM Cuisinier audacieux, cet ami de Diablo ­rejoindra bientôt San Francisco et l’équipe d’une cheffe française triplement étoilée, ­Dominique Crenn.

JENNA Cette jeune vidéaste habituée des événements hip-hop locaux a trouvé en Diablo et son crew Genesis des talents d’exception à documenter.

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e danseur est aujourd’hui sollicité pour des shows, des clips, et passe en mode battle lors des événements de danse où ses moves, très particuliers, en ont fait une référence. À ses débuts, pourtant, son style en laissait beaucoup perplexes. Nommer sa danse est en soi un challenge. « On ne peut pas donner de nom à sa danse. Même le terme “new style” ne lui correspond pas », explique Rude, type imposant aux locks planquées sous un bob et qui a poussé Diablo à persévérer dans la danse alors que de mauvaises routes s’offraient à lui. Danseur lui aussi, Rude est très proche de Diablo. « Nos mères se connaissaient très bien, on était comme cousins. Je l’ai intégré très jeune à mon crew, Genesis. Au début, quand on dansait contre des breakers, les mecs se moquaient de nous. Les gars de Paris nous appelaient “les mangeurs de pâtes”, car pour eux, Nice c’était en Italie. Nous, on était pas là pour faire des phases, on avait besoin de ressenti, de bouger. Tout le monde sait danser ou peut apprendre à danser, mais nous, les Genesis, on cherchait un truc au-delà de la danse. C’est ça qui explique notre style particulier et celui de Diablo. » Quelque chose de mystique ? « Je ne sais pas si c’est le mot, s’interroge Rude, mais ce qui est sûr c’est qu’on avait envie d’ouvrir des portes, de passer dans un ailleurs. La danse,   29


TOUJOURS À FOND ! Ils l’ont vu danser des dizaines de fois, mais ses amis sont toujours abasourdis par les nouveaux ­moves et l’engagement de Diablo.

« DIABLO A UNE FAÇON D’OCCUPER L’ESPACE QUI LUI EST PROPRE. IL DÉGAGE QUELQUE CHOSE, DE BONNES ÉNERGIES. » JENNA

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UN BON BURN POUR FÊTER ÇA Aujourd’hui, c’est le titre de Diablo au Juste Debout que l’on célèbre. L’occasion de sacrifier un peu de gomme sur la place des Amaryllis.


la musique, on ne savait pas faire autre chose, mais ça nous a évité d’autres voies. » Celle de la danse, hip-hop, street, debout, appelez cela comme vous voudrez, Diablo s’y engouffre avec une envie gigantesque. « Il voulait être excellent. Pour lui, c’était ça ou rien. Manger et danser. Point. » Alors que nous rejoignons la Place des Amaryllis où se tiendra la fête, la sono balance le titre Paradise, du rappeur belge Hamza.

L

e paradis, aujourd’hui, aux Moulins, c’est cette place d’une centaine de mètres carrés, entourée des commerces de base : boucherie, épicerie et barPMU. Au centre, la fameuse sono, un barbecue acheté le matin même par Diablo et ses potes, une petite table de fortune pour poser le pain, les sauces, les brochettes et les merguez qui vont bientôt passer au gril. Au contrôle de la braise, on trouve notamment Gak, le grand frère de Diablo. Il s’assurera que la cuisson soit toujours au top – à aucun moment nous ne manquerons de gourmandises à griller. Des jeunes se regroupent peu à peu, gagnés par le son, ou simplement curieux de voir ce qu’ont organisé Diablo et son équipe. Entre deux sandwiches, certains se mettent à danser. Derrière les platines, aux côtés de Rude (qui a réalisé la musique de l’incroyable vidéo de Diablo filmée au drone pour le projet ­Follow me), on trouve MK, alias Malik, le THE RED BULLETIN

Sénégalais passé par l’Afrique du Sud pour ses études et devenu analyste financier dans une boîte locale. « J’ai lâché ce job pour me consacrer à fond à la production d’instru, explique ce proche de Diablo aux fines tresses. Côté son, je suis sur de la house, de la deep house. Je ne sais pas trop si je vais ­passer ce genre de truc aujourd’hui », plaisantet-il. Tout au long de la journée, on pourra apprécier les créations sonores de Rude et MK, futuristes et solides. Les danseurs présents apprécient, comme les rappeurs qui s’expriment ici. Ils se passent le micro en toute détente, même si Diablo nous a avertis : « Dans mon quartier, si tu rappes mal, tu te fais tailler ! » À deux pas du sound system, une fresque murale lui a été dédiée. La première fois que Diablo a été élevé au statut d’icône du quartier, c’était lors de son passage dans le programme La meilleure danse, sur W9, en 2011.

L’ÉMOTION ET LA FORCE Au micro, le frère de Diablo rend un intense hommage au parcours du danseur. Chacune de ses prestations ou de ses victoires lors d’un événement est un regain de force pour son quartier.

« CE PETIT FRÈRE, C’EST UNE GROSSE FIERTÉ POUR NOUS. ET POUR LES JEUNES D’ICI, C’EST UNE RÉFÉRENCE. » DZIO   33


UNE DERNIÈRE AVEC L’ÉQUIPE Diablo s’était engagé à réunir beaucoup de monde en ce jour de fête et de shooting photo. Ils étaient en effet un bon nombre au rendez-vous...

« Ils avaient organisé une projection de l’émission dans mon collège ! », se souvient ce phénomène de la danse au visage tatoué. La fresque, c’est Walter, alias Dzio, qui l’a réalisée il y a une quinzaine de jours, et il se charge aujourd’hui d’un graff éphémère peint sur une surface en plastique, tendue entre un poteau et un tronc d’arbre. « Diablo, je l’ai vu grandir et progresser, dit Dzio. Avec d’autres potes, on l’accompagnait sur des événements. Ce petit frère, c’était une grosse fierté pour nous. Et pour les jeunes d’ici, c’est une référence. Il y a une sacrée culture ici, et un vrai melting pot. »

À

mesure que l’après-midi avance, la sauce culturelle prend, et l’on s’attarde volontiers sur celle de Selim, 27 ans, casquette camouflage et T-shirt vert, comme sa préparation maison, qu’il applique avec son petit pinceau à même les brochettes et cuisses de poulet. Depuis neuf ans, c’est

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avec une brigade, dans le feu d’une cuisine, qu’il s’exprime : après une école hôtelière, Selim a évolué dans le métier avec une approche fraîche, des envies d’expérimentation, car « les possibilités dans la cuisine, c’est sans fin ». Il vient d’achever sa mission de sous-chef dans un établissement de Monaco et s’engage dans une aventure américaine, aux accents bretons. « En 2016, quand la Française Dominique Crenn a été désignée meilleure cheffe au monde, je lui ai envoyé un message de félicitations sur Instagram, auquel elle n’a pas répondu. Trois ans plus tard, elle est devenue la première cheffe à obtenir trois étoiles au Michelin aux ÉtatsUnis. Je lui ai écrit à nouveau, et cette fois, elle m’a répondu. Nous avons commencé à échanger. » Curieuse du profil de Selim, Dominique Crenn lui propose de venir faire des essais à San Francisco et lui finance avion et séjour. « En arrivant aux douanes aux THE RED BULLETIN


States, les types ont commencé à être suspicieux, raconte Selim. Ils m’ont mis dans un bureau à part pour me cuisiner… Je leur ai expliqué ce que je venais faire. Ils en ont douté et ont appelé Dominique, qui leur a confirmé qu’elle voulait collaborer avec moi et les a informés sur l’envergure de son restaurant et de ses relations locales, notamment un gouverneur. Les gars m’ont immédiatement laissé partir. » Dans deux mois, Selim rejoindra les équipes de Dominique Crenn à San Francisco, en mode « recherche et développement », pour expérimenter des recette innovantes à ses côtés, et l’accompagner dans ses missions ponctuelles hors la Bay Area. « Comme ­Diablo, que je connais depuis une douzaine d’années, je pense que s’exporter est un moteur, explique Selim. J’ai beaucoup voyagé, en Afrique, en Europe, au Pérou ou encore en Colombie, et à chaque fois, j’ai essayé d’y retenir l’essence du pays, pour l’intégrer à mes créations, idéalement. » Passion, acharnement et milliers d’heures de travail caractérisent le cuisinier et son pote danseur. « La cuisine, si tu ne vis pas pour ça, n’essaie même pas, insiste Selim. Et si tu vis pour ça, alors transpire, et ça viendra. »

C’

est bientôt au tour de Diablo de transpirer, car le cercle de danse qui s’est formé en fin d’après-midi monte en puissance. Alors que ses collègues Jalel, Kézia et Mino (Genesis en force !) commencent à mettre la barre haut, il se lance à son tour, pour le plaisir des chanceux assistant au show. Un style de danse unique, le plus haut niveau mondial, c’est maintenant que ça se passe, dans un quartier de Nice, et c’est gratuit ! Les absents auront de bonnes raisons de rager, mais p ­ ourront se rattraper sur la vidéo qu’est en train de leur concevoir Jenna. Cheveux, gilet et Vans noirs, l’ancienne étudiante en cinéma suit la team Genesis depuis un bon moment. Elle dit s’être « formée » sur cette équipe. « Je connais Diablo depuis une quinzaine d’année, raconte-t-elle. Au début, je le croisais sur des événements

« JE CONNAIS DIABLO DEPUIS UNE DOUZAINE D’ANNÉES, ET COMME LUI, JE PENSE QUE S’EXPORTER EST UN MOTEUR. » SELIM THE RED BULLETIN

hip-hop, sur des battles. À l’époque, on n’avait jamais vu quelqu’un danser comme lui. Il était différent des autres, avec son visage très fin et ses cheveux longs. C’était un ovni. On est devenus potes et il a bien voulu participer à mon premier projet vidéo d’école. Par la suite, j’ai réalisé pas mal de vidéos avec Genesis. » L’équipe de Diablo s’impose pour Jenna comme un sujet toujours frais et innovant. « Ces gars ne sont jamais dans la redondance et Diablo a une façon d’occuper l’espace qui lui est propre. Il dégage quelque chose, de bonnes énergies. » Comme notre photographe Chris Saunders, qui ne sait plus où donner de l’objectif, Jenna se glisse alors au sein du cercle de danse pour ne rien louper des moves de Diablo. Elle ne manquera pas non plus cette session de « burn », proposée par un pote motard de la bande. La gomme du pneu arrière de sa moto chauffe à fond et un épais nuage commence à dissimuler la foule, qui en redemande. Plus loin, un autre lève la roue avant d’un puissant cross. Le bruit de son moteur parvient à peine à couvrir la clameur de la ­clique : « Diablo ! Diablo ! Diablo ! Diablo ! » Tous font corps autour du danseur. Son frère, Gak, le tient par le cou. Il s’empare du micro pour rendre hommage au titre remporté par Diablo au fameux Juste Debout de l’Accor­Hotels Arena, un équivalent de coupe du monde de danse debout : « Yeaaaah, il aurait pu faire la fête n’importe où dans le monde, hurle Gak, mais il a choisi de faire la fête chez lui, aux Moulins ! » La foule scande : « Moulins ! Moulins ! Moulins ! » Et Gak d’enchaîner, alors que Diablo, en larmes, est submergé par l’émotion : « Partout où vous irez, soyez fiers d’où vous venez, soyez fiers de qui vous êtes, car vous êtes des champions. Tous les petits qui sont là, tous les anciens qui regardent, vous êtes des champions ! Mentalité de champion ! Moral de champion ! Discipline de champion ! Diablo est venu célébrer sa fête aujourd’hui, et redonner sa fierté à ceux qui le méritent. Vous l’avez porté quand il faisait les émissions à la télé, vous l’avez soutenu, il a battu les Twins ! » Les soutiens de Diablo entrent en transe, l’ambiance est incroyable… « Les gars, le FC Moulins a battu le Real Madrid : Diablo est champion du monde ! » Gak a galvanisé la foule, et s’en retourne acheter du charbon pour le barbecue en nous adressant un salut amical. Tandis qu’un jeune MC d’une douzaine d’années peut-être a intégré la session open mic (surchauffée précédemment par les groupes GMG et RKG) pour envoyer quelques rimes prometteuses, soutenu par un quartier qui ne semble pas prêt à cesser les festivités. Jusqu’à tard ce soir, tous prolongeront la célébration. Instagram : @diablopremier   35


THE R ­BULLETEID A TESTÉN P O U R VO US

NOS APTITUDES PROFONDES

Nous ne savons pas toujours ce dont nous sommes vraiment capables. Comme par exemple apprendre à plonger par 20 mètres de profondeur sans bouteille d’oxygène, tout ça en 48 heures. The Red Bulletin a donc envoyé un novice tester la PLONGÉE EN APNÉE aux Philippines. Texte ANDREAS ROTTENSCHLAGER  Photos HEIKO LASCHITZKI 36


Un bleu à la mer Notre rédacteur plonge en apnée près de l’île de Coron, aux Philippines. Sa monitrice Mary Jane Paula se précipite pour lui porter assistance.


L’experte La monitrice de plongée en apnée Mary Jane Paula (28 ans) enseigne à ses élèves à plonger avec une seule inspiration. On vient la voir du monde entier. « La plupart s’étonnent de ce dont ils sont capables. »


U

ne minute avant ma dernière plongée, je m’agrippe à la bouée orange à deux mains et m’efforce de respirer calmement. Je me trouve dans une mer vert émeraude près de l’île de Coron, aux Philippines. Autour de moi la lumière du soleil miroite à la surface de l’eau. Paula, ma monitrice, nage à côté de moi et me fixe à travers son masque. Dans quelques secondes, je suis censé plonger 20 mètres plus bas. Avec une seule inspiration. Et sans bouteille d’oxygène. C’est l’examen qui validera mon aptitude à la plongée en apnée. L’essai ne sera transformé que si je suis mentalement prêt et complètement décontracté. Je respire profondément et essaie de faire abstraction des clameurs du groupe de voyageurs chinois qui – quelle ironie – se baigne pas loin exactement en même temps que nous. Puis je donne le signe du départ à Paula.

ISTOCK/GETTY IMAGES

Deux semaines plus tôt : le coup

d’envoi de ma carrière d’apnéiste est donné à Vienne (Autriche), alors que je me retrouve, en chaussettes et caleçon, sur la table d’auscultation d’une spécialiste de la plongée sous-marine. Elle me colle des capteurs sur le torse pour mesurer ma fréquence cardiaque, puis me demande de souffler dans un tube en plastique qui ressemble à un éthylotest. Au bout de cinquante minutes, je suis déclaré « apte à plonger ». Pour ce qui est de ma capacité pulmonaire, elle m’explique que j’ai de la marge. Ma mission, puisque je l’accepte : apprendre l’apnée en immersion libre en deux jours, moi qui suis une bille dans ce domaine. Atteindre vingt mètres de profondeur avec une seule inspiration, THE RED BULLETIN

Beauté singulière : les falaises de calcaire noir sont caractéristiques de l’archipel des Philippines. C’est à bord d’une pirogue à balancier, typique de la région, qu’il est le plus aisé de découvrir le coin.

sans oxygène. Le cours d’apnée pour débutant se déroule à 300 kilomètres au sud de Manille, aux Philippines, sur l’île de Coron. ­Selon Forbes, elle compte parmi les dix plus beaux endroits de la planète pour faire de la plongée sous-marine. Un problème cependant : ma carrière sous-marine est jusqu’ici une succession de moments de solitude. Je ne connais pas les techniques de respiration. La seule que je maîtrise, c’est l’hyperventilation panique. J’ai déjà les oreilles qui se bouchent par deux mètres de profondeur. Et au lieu de m’extasier sur les joyaux de la nature avec mon masque et mon tuba, je fixe, médusé, l’étrange faune qui règne sous l’eau. Vingt mètres de fond, ça me paraît irréalisable. Et si je n’ai plus d’air, là en dessous ? Que se passera-t-il ? Je n’ai que peu de certitudes dans la vie, dont celle-là : si tu ne respires pas, tu meurs. En même temps, la plongée en apnée est considérée comme un sport « mental » où l’on apprend à défier ses peurs. Il en va de la pleine conscience, de la relaxation et de l’exploration des limites mentales. Une autre raison d’essayer : Google déverse des images insolemment belles en réponse à « île de Coron ».

Afin de me préparer au mieux

pour mon aventure sous-marine, je m’achète deux petits bouquins

« J’ai peu de certitudes dans la vie, dont celle-là : si tu ne respires pas, tu meurs. » Mer de chine méridionale

Mer des Philippines

Busuanga

Manille

Coron

Île de Coron Îles Calamian

PHILIPPINES Lac de Sulu

Paradis profond L’île de Coron se situe à 300 kilomètres au sud de Manille, dans la mer de Sulu. L’aérodrome ­local est sur l’île avoisinante de Busuanga.

Mer des Célèbes

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sur le sujet que je lirai pendant les 19 heures que durera le voyage ­aller. La plongée en apnée ou plongée en immersion libre (les termes sont synonymes) est une technique de plongée utilisée depuis près de deux mille ans par les pêcheurs. Les compétitions en apnée libre existent depuis les années 1960. La meilleure performance dans la discipline immersion libre (plongée le long d’un filin, sans palmes) est établie à 125 mètres. Inimaginable ! Détenteur du record, le Russe Alexey Molchanov peut retenir sa respiration pendant plus de huit minutes. Je referme mon livre, pousse mon verre de Blanc sur le côté et inspire profondément, bien calé dans mon siège. Lorsque je me redresse, une éternité plus tard, rubicond et suffoquant, le chronomètre de mon iPhone indique 1:05 minute. Voilà pour la motivation.

L

e matin suivant, à Coron Town, province de ­Palawan, Philippines. Dans une salle de conférence ­traversée de lumière m’attend la monitrice qui veillera sur moi ces 48 prochaines heures. Elle se prénomme Mary Jane Paula Jumuad-­ Craciun, est âgée de 28 ans, et arbore une longue chevelure noir de jais. C’est une petite femme sûre d’elle, qui rit volontiers. Mary Jane, que tous appellent « Paula », est l’ancienne détentrice du titre

national en immersion libre, et la maman d’un garçon d’un an. ­Depuis 2016, elle a déjà formé 300 personnes à la plongée en apnée. Le slogan de l’école de plongée qu’elle a fondée avec son mari : Deux jours, vingt mètres, une inspiration. « Il n’est pas nécessaire d’être un athlète de haut ­niveau pour atteindre vingt mètres de fond, déclare-t-elle. La capacité à se relâcher mentalement en un instant est bien plus importante que la force musculaire. » Dans les heures qui suivent, Paula m’apprend à réaliser une manœuvre d’équilibrage, c’est-à-dire à compenser la pression de l’air qui protège du phénomène « oreilles bouchées » quand on est sous l’eau (se pincer les narines et souffler légèrement). Elle m’apprend aussi que l’hyperventilation panique ne fait pas partie des techniques de respiration traditionnellement employées en plongée. « On commence par inspirer profondément en gonflant le ventre et le thorax, puis on expire doucement », explique Paula. Elle forme un « O » avec la bouche et ­aspire de l’air. En expirant lentement, elle fait le même bruit qu’un bateau pneumatique qu’on ­dégonfle  : tsssssssssss. La préparation respiratoire, appelée breath-up, est censée ralentir le rythme cardiaque et remplir les vaisseaux sanguins avec le maximum d’oxygène. On répète

Avant chaque plongée, on fait les exercices de respiration accroché à la bouée.

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La technique Cours d’apnée pour ­débutant, premier jour : les coups de palmes de notre cobaye Andreas ne parviennent pas à convaincre sa monitrice.


« Je suis sûr d’être allé très profond… » « Quatre mètres », me dit Paula.


La force du souffle Paula explique la technique de respiration Pranayama à notre ­auteur, afin qu’il soit plus serein sous l’eau.

Le calme avant le départ Grâce aux exercices de ­respiration (ou breath-up), Andreas fait ralentir son rythme cardiaque.


Une technique simple pour évacuer le stress Inspiration

6 sec

Rétention

(apnée poumons pleins)

6 sec

6 sec 6 sec

Rétention

(apnée poumons vides)

(par le nez)

Expiration

(par la bouche)

La respiration carrée fait partie des exercices standard de respiration issus du yoga Pranayama (la discipline du souffle). Mary Jane Paula : « Ça apaise en l’espace de quelques secondes. Même pendant une réunion éprouvante. »

l’exercice (inspiration et expiration) cinq fois de suite. Puis on termine avec une dernière longue inspiration. Avant de plonger. À la fin de la formation théorique, Paula me montre une vidéo de démonstration dans laquelle on voit un homme au corps athlétique et musclé se mouvoir élégamment le long d’un filin vers les abysses, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les ténèbres. « C’est de l’apnée en immersion libre, me dit Paula. C’est ce que tu vas faire maintenant. » J’essaie de sourire avec assurance. Le voyage en avion, long et éprouvant, les sept heures de décalage horaire, ma piètre tentative pour retenir mon souffle… tous ces mauvais souvenirs s’évanouissent quand j’arrive pour la première fois sur la rive du lac Barracuda, notre QG sur l’île de Coron, à dix minutes en bateau à moteur au sud de Coron Town (qui, elle, ne se trouve pas sur l’île de Coron, ­logique, non  ?).

D

e l’eau transparente et turquoise émergent d’impressionnantes falaises de calcaire noir. Chaque photo prise ici a le potentiel d’une carte postale. Les plongeurs débutants bénéficient des conditions les plus favorables : une eau à 28 °C et une vue dégagée jusqu’à 14 mètres de fond. J’enfile tant bien que mal la combinaison en néoprène qui me boudine, je nettoie mes lunettes de plongée avec de la salive comme Paula me l’a montré et je me jette à l’eau. Paula tire une bouée orange derrière elle. Notre base de plongée. À l’autre bout pend un câble de trente mètres de long que Paula leste lorsque nous atteignons le milieu du lac. L’une des qualités de notre coach, c’est qu’avec elle, les élèves n’ont ni le temps ni l’occasion d’avoir des doutes. « On y va », lance-t-elle à la ronde. Pour mon premier essai, je progresse le long du filin vers les profondeurs marines, pieds devant. Paula plonge à côté de moi. Deux longueurs de bras, une manœuvre d’équilibrage. Et un eurêka : réalisée de manière préventive, la manœuvre d’équilibrage permet d’éviter que les oreilles ne se bouchent. La vue sous l’eau est fantastique : des parois rocheuses vertigineuses recouvertes de mousse toute verte. Et pas de méduse dans les parages. En rejoignant la surface, un sentiment de fierté m’inonde. J’ai dû plonger très profondément. « Quatre mètres », me dit Paula en me montrant l’écran de son ordinateur de plongée qu’elle porte au poignet gauche.

Nous changeons de discipline et

passons au poids constant (c’està-dire sans câble). L’immersion libre avec les palmes est la technique idéale pour faire des virées découverte pendant les vacances.

« Ton cerveau te dit que tu ne peux pas descendre plus bas, dit Paula en se tapotant le front. Alors tu dois te rebeller contre lui. » THE RED BULLETIN

Au lieu de m’agripper à la bouée pour faire le breath-up, je fais ma préparation en barbotant dans l’eau, avec mon tuba. On s’enfonce dans l’eau à la manière d’un canard (ou duck dive). La technique : incliner le haut du corps à 90 ° vers le bas, allonger le corps et glisser dans les profondeurs avec de légers coups de palme. Sauf que dans la pratique, après avoir plongé sous l’eau, j’oublie le rythme de nage. La tête et le torse sont immergés, les jambes gigotent dans l’air. J’ai l’air d’un idiot. Une fois encore, Paula vient à ma rescousse avec sa ferme décontraction. Sous l’eau, elle corrige la position de mes jambes et m’encourage à rester immergé quand je m’apprête à retourner à la surface. Je préfère nettement la plongée le long du câble. À la fin de la journée, j’atteins les dix mètres de profondeur. Bien plus que ce que j’aurais imaginé. Mais encore loin de mon objectif.

« Le premier jour, on a fait de la

technique, reprend Paula sur le ponton. Demain, nous allons lancer un défi à ta volonté. » Quand je lui dis que je ne me sens pas ­capable de plonger à 20 mètres, Paula balaye mon objection en me racontant son histoire. « Jusqu’en 2014, je ne savais pas nager. J’ai rencontré mon mari à cette époque, un moniteur de plongée en apnée. Je l’ai regardé faire, et je me suis demandé pourquoi moi aussi je ne pourrais pas, puisque lui le pouvait ? Nous sommes tous les deux des êtres h ­ umains… » En 2015, cinq mois après avoir démissionné de son poste de comptable, avoir appris à nager et s’être entraînée comme une forcenée, elle établit le record national pour les dames dans la catégorie « poids constant », avec 32 mètres. « Ton cerveau te persuade que tu ne peux pas aller plus loin, dit-elle en se tapotant le front. Mais tu dois te rebeller contre lui. Ne pense pas aux chiffres, mais à ta respiration. Cela t’aidera à te détendre. »

Le lendemain, 4 h 15. Assis en tailleur dans mon lit (ah, les bienfaits du jetlag…), je fais mes exercices de respiration. Durant leurs entraînements, les apnéistes   43


U

Paula compte le temps (bottom time) qui deviendra une unité de profondeur à notre prochaine plongée.

­ tilisent la technique de respirau tion Pranayama issue du yoga. Certaines techniques renforcent le diaphragme ou échauffent les poumons. Ou permettent de se ­relâcher mentalement en quelques secondes. Je peux le confirmer, les inspirations et les expirations lentes permettent de se calmer et d’évacuer les pensées négatives, au moins pour un moment. J’ai rarement été d’aussi bonne humeur à cinq heures du matin.

Tout au fond

Le cours décisif de l’après-midi

25 m

débute avec une surprise. Deux élèves nous accompagnent au lac. Chen, 22 ans, de Chine et ­Henry, 28 ans, d’Angleterre. Tous deux sont des apnéistes confirmés. Au lieu de profiter de l’enseignement de Paula en exclusivité, Chen, Hendrick et moi sommes tous trois accrochés à la bouée orange. Pendant les breath-ups, je m’efforce d’éteindre les bribes de conversation qui me parviennent. Un excellent exercice, me dis-je. Il y aura certainement plein d’autres moments où je voudrai faire abstraction des conversations des autres. Malgré tout, la pression monte. À travers mon masque, je vois Hendrick disparaître loin après les quatorze mètres de profondeur claire. Il a sûrement dépassé mon objectif du jour alors qu’il n’en est qu’à l’échauffement… Au premier essai, j’atteins neuf mètres. Loin, très loin de mon objectif. 44

Comparaison entre amateur et pro sur une plongée en immersion libre (en se tirant le long d’un filin).

0 m Cours débutant : 1er jour, env. 10 m Cours débutant : 2e jour, env. 20 m

Plongeur aguerri (3 à 5 semaines de pratique), env. 50m 50 m

75 m Record du monde Femmes : 97 mètres, Sayuri Kinoshita, Japon 100 m Record du monde Hommes : 125 mètres, Alexey Molchanov, Russie 125 m

ne fois de plus, ma lumière dans la nuit s’appelle Paula. Sous l’eau, elle est rayonnante de ­zénitude. Avec une économie de gestes précis, elle redresse ma ­posture (tête trop penchée), la traction des bras (trop rapide) et compte mon bottom time (chaque seconde supplémentaire que j’ajoute au point le plus profond de ma progression en apnée pour remonter à la surface) pour le changer en unité de profondeur à ma prochaine tentative. À 14 mètres de fond et 10 secondes de bottom time, j’arrive à mes limites. « Très bien, me dit Paula quand je lui en fais part. C’est maintenant que le cours va devenir intéressant pour toi. » Je fais donc l’expérience à l’aune de mon propre corps de ce que Paula nous expliquait ce matin pendant la session théorique : en arrêtant de respirer, le taux de dioxyde de carbone dans le sang augmente et le corps génère un réflexe respiratoire. C’est là que la bataille mentale décisive se joue, que chaque apnéiste doit combattre un jour ou l’autre : céder au réflexe respiratoire ou persévérer avec la volonté de poursuivre l’apnée. Curieusement, ma limite mentale se situe précisément à l’endroit où l’eau du lac se réchauffe. L’activité volcanique des environs fait monter la température du lac à partir de quatorze mètres de fond. Paula en fait un défi. Dès que je sens l’eau se réchauffer entre mes doigts de pied, je fais encore quatre longueurs de bras vers le bas. « Quatre ? », je répète ahuri. « Ou cinq si tu veux te challenger. » Paula veut me tirer vers la barre des vingt mètres. Et comme je ne veux pas perdre la face devant elle, j’accepte.

Une minute avant ma dernière plongée, je m’agrippe à la bouée orange à deux mains et m’efforce de respirer calmement. C’est exactement le moment que le groupe de touristes chinois choisit pour faire son apparition. Pendant mes breath-ups, je plonge à l’intérieur de moi. J’évacue le monde extérieur en expirant très fort. Les vacanciers qui font trempette. Chen et Henry accrochés à ma bouée. Je me sens THE RED BULLETIN


« Qu’est-ce qui est plus fort ? La volonté de retenir ton souffle ou le réflexe respiratoire ? »

Chaque mètre compte Au deuxième jour, Andreas progresse plus profondément dans le lac. Poussée d’adrénaline : à partir de 14 mètres de profondeur, la température de l’eau monte à 38°C.


« Je me hâte le long du câble. Et regarde vers le haut. Je n’aurais pas dû. »


Paula et Andreas lors du débriefing post-plongée sur le ponton du lac Barracuda.

Pausebouée La coach et le néophyte à la surface du lac ­Barracuda. L’endroit est idéal pour les débutants, car il n’y a ni ­vagues, ni courant.

bien, mon ventre se gonfle d’oxygène. Ma confiance en moi grandit à chaque nouvelle respiration. Je prends une ultime inspiration et donne le s­ ignal du départ à Paula. Je progresse prestement vers les profondeurs : deux longueurs de bras, une manœuvre d’équilibrage. P ­ aula, ma compagne de sécurité, flotte à côté de moi. Ma vue se brouille. Les détails du monde sous-marin disparaissent derrière un voile vert. Une longueur de bras supplémentaire. Puis une autre. Et encore une autre. L’eau dépasse maintenant largement les 30 °C. J’ai l’impression d’être dans une baignoire d’eau chaude. Encore une longueur de bras. Paula plante ses yeux dans les miens. Elle me montre une longueur de bras. Je me tire vers le bas et je tiens ma position. Et c’est là que le réflexe respiratoire arrive. Une contraction dans le thorax. Je veux respirer. Je cède brièvement à la panique. Paula me donne le signal pour remonter. Je commence à me hâter vers la surface. Hors de la baignoire d’eau chaude. Une des règles d’or de Paula est de ne pas regarder vers le haut quand on rejoint la surface, afin de ne pas se laisser impressionner par la distance qui reste à parcourir. Et c’est pourtant exactement ce que je fais. Je n’aurais pas dû. Ma bouée, qui indique la surface, flotte comme un point minuscule loin, très loin au-dessus de moi. Je me tire le long du câble de manière rapide et maladroite. À chaque mètre, la pression sur mon thorax est plus forte. En émergeant, je respire. Paula

commence la respiration de récupération (­recovery breathing), des inspirations à 100 % et des expirations à 50 % pour rehausser le ­niveau d’oxygène dans le sang le plus vite possible. « Devine quelle profondeur tu as atteint », me taquine-t-elle, impassible, quand nous avons terminé. Je ne suis pas encore en mesure de parler. Paula me montre l’écran de son ordi de poche. J’y lis « 12:43 ». Ça fait moins de treize mètres. Ce n’est pas possible ! Il me faudra quelques instants pour réaliser que j’ai lu le mauvais chiffre à l’écran. 12:43, c’était l’heure. Je regarde une ­seconde fois le poignet de Paula. « 22,4 m », c’est la profondeur. Ma performance. Paula me gratifie d’un high-five détrempé.

P

lus tard dans la soirée, nous sommes attablés à Coron Town pour le dîner d’adieu. Dehors, les tuktuk à trois roues pétaradent dans les rues bondées. À l’intérieur, Paula me parle d’un élève qui l’a beaucoup marquée : Marc, un Anglais, qui peut maintenant plonger jusqu’à 42 mètres. Et qui a 63 ans. « La plupart des débutants se sousestiment. Mais à la fin, ils sont surpris de voir la profondeur qu’ils atteignent quand ils combattent leurs limites mentales. » « Pareil pour moi, lui dis-je. Et maintenant, grâce à toi, je connais mes limites. » « Pas du tout. Tu viens à peine de découvrir ton potentiel ! »

freediving-coron.com Instagram : @mj_paula   47


CONSTRUIRE LE POSSIBLE

En Californie, passionnés et convaincus par le Do It Yourself, des skateurs prennent possession de terrains laissés à l’abandon et offrent à la communauté des kids locaux les skateparks qu’elle mérite. Texte NORA O’DONNELL Photos MATT EDGE

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Ce skatepark de San Francisco a été bâti par des skateurs comme Josh Matlock, ici en action.


31 mars 2019, en mode team building : Matteo Robins, Matt Mehl, George Rocha, Julian Snellgrove, Josh Matlock, Andy Ferguson, Tony Aloy et Danielle Rode.

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THE RED BULLETIN


Le

paysage américain est constellé des vestiges des

activités du passé – aciéries closes, complexes touristiques abandonnés et restaurants condamnés. À l’image de ces 150 hectares dans la Bay Area de San Francisco – où les prix de l’immobilier sont pourtant parmi les plus élevés du pays. Bienvenue sur Treasure Island, une île artificielle que des centaines de milliers de banlieusards croisent tous les jours en empruntant le Bay Bridge, sans lui accorder la moindre attention. Mais le potentiel d’un terrain vague ou d’un immeuble abandonné n’échappe pas à certains. Notamment aux skateurs. À commencer par Josh Matlock, en pleine contemplation d’un court de tennis en piteux état sur le côté est de Treasure Island, à y projeter ses rêves de béton. L’endroit parfait pour un skatepark. « Quand on met tout son cœur à l’ouvrage, dit-il, la récompense est au bout du tunnel. » Un tunnel sacrément long pour Matlock, 43 ans, l’un des meneurs de la communauté de skateurs de l’East Bay. Élevé par une mère célibataire et droguée, après une adolescence tumultueuse, il est passé maître dans l’art de construire des skateparks en ­béton dans tout le pays. Aujourd’hui, la Bay Area grouille de skate­ parks, mais du côté d’Oakland, depuis longtemps aux prises avec les difficultés, c’était loin d’être le cas. Làbas, la scène du skate a mis plus de temps à décoller et encore aujourd’hui, le financement des projets de loisirs n’est pas la priorité de la ville. Ici, c’est à l’initiative de bénévoles comme ­Matlock que des skateparks ­parviennent à sortir de terre. Ils dénichent des lieux cachés et s’occupent de la construction eux-mêmes, sans passer par les formalités administratives et autres demandes d’autorisation. Construite à l’origine pour l’exposition universelle de 1939, Treasure Island est saisie par la marine américaine pendant la Seconde Guerre mondiale et devient alors un terrain d’entraînement à la guerre nucléaire, jusqu’à la fermeture de la base en 1997. Après une décennie d’élimination des déchets radioactifs, les logements des militaires ont été transformés en locations subventionnées par la ville pour 2 500 résidents. La marine a fini par restituer l’île à la ville de San Francisco, mais d’immenses parcelles sont toujours inoccupées. Un plan de développement de cinq milliards de dollars pour 20 000 nouveaux résidents est en cours, mais nécessitera vingt ans de travaux. Et c’est ainsi que Matlock et sa petite équipe commencent à construire des skateparks de leurs propres THE RED BULLETIN

Construire des skateparks là où il n’y a rien, pour les kids : une joie pour Josh Matlock.

mains. Des chantiers qu’ils poursuivent jusqu’à l’arrivée de la police ou des promoteurs immobiliers. ­Matlock le sait, cela aidera une flopée de skateurs à trouver leur voie – comme ça l’a aidé lui.

Q

uand Matlock arrive à Oakland il y a de cela 18 ans, pas le moindre skatepark à l’horizon. À l’époque, il a tout juste la vingtaine et cherche encore sa voie. « J’étais vraiment un petit con, dit-il en évoquant sa jeunesse. Quelque part, je pense que je serai toujours un petit con. » Après avoir enchaîné les petits boulots pendant quelques années, il est engagé dans une scierie. Il commence alors à passer le mot auprès des skateurs du coin qu’il peut avoir de bons prix sur le bois s’ils veulent construire des rampes. Et c’est là qu’il reçoit un appel du Wizard qui lui demande s’il pourrait dénicher du béton pour des gars qui construisent un spot secret. Le « Wizard », c’est Mark Leski, un constructeur qui connaît les créateurs de Burnside, un park légendaire de Portland, dans l’Oregon, dont la création au début des années 90 a marqué l’émergence du mouvement des skateparks DIY (pour Do It Yourself).

« QUAND ON MET SON CŒUR À L’OUVRAGE, LA RÉCOMPENSE EST AU BOUT DU TUNNEL. »   51


La rampe que Matlock a aidé à construire n’aura pas le temps de marquer l’histoire des skateparks. Elle restera en place moins d’une semaine avant d’être détruite. Mais un autre passage sous le pont de l’autoroute est un lieu parfait pour remettre ça. Bordertown est né. Pendant plus d’un an, les nombreux modules installés ici échappent à la vigilance du propriétaire des lieux, à savoir Caltrans, le département des Transports de Californie. Ses employés ­finissent par tomber sur le park en août 2005, alors qu’ils recensent les campements de SDF sous l’autoroute. Ils ont alors la surprise de découvrir un skatepark en béton élaboré. Caltrans menace de démolir le park, mais Matlock et ses gars font face : ils poursuivront le chantier. Cette fois, plusieurs personnalités politiques répondent à l’appel, impressionnées par l’ingéniosité du park et par les témoignages des résidents du coin, qui décrivent le quartier comme plus propre et plus sûr.

« CES GAMINS VENAIENT DE FAMILLES OÙ ILS N’AVAIENT QU’UNE SEULE ENVIE : FUIR. »

Ce soutien politique permet la signature d’un bail de cinq ans entre Bordertown et Caltrans. De leur côté, les skateurs continuent à recueillir des fonds pour le park en créant une association à but non lucratif. À l’expiration du bail en 2010, Caltrans cesse de coopérer. En 2011, des employés de Caltrans arrivent tôt le matin le lendemain de Thanksgiving et démolissent tout. « Ça leur a pris à peu près douze heures, raconte Matlock. Quand ils ont eu fini, on aurait dit qu’il n’y avait jamais eu de skatepark à cet endroit. »

D’

autres projets DIY fleurissent en ville, mais aucun en coopération avec les autorités locales. Enfin ça, c’était avant l’arrivée de K-Dub. Keith Williams (peintre de profession, skateur par passion) débarque à Oakland en provenance de Los Angeles en 1998. Quelques années plus tard, il commence à enseigner l’art au lycée d’Oakland. Son cours d’art avancé a lieu tous les matins et Keith remarque que ses élèves, un groupe multiculturel composé de garçons et de filles afro-américains, latinos, asiatiques et blancs, viennent à l’école en skate. Avec eux, il lance un club de skateboard et les conduit dans différents skateparks de la Bay Area parce qu’il n’y en a pas à Oakland. En 2005, Williams crée les Hood Games. « Mon objectif, c’était de mixer des éléments de la culture hip-hop, musique et performances artistiques en live, au skate et d’intégrer tout ça à la communauté », ­explique Williams. Le concept fait tout de suite un ­tabac. « D’un seul événement, on est arrivés à quelque chose comme cinquante, c’est un truc de fou ! » Après environ deux ans d’événements, les autorités locales donnent leur accord à Williams pour trouver un lieu adapté à la construction d’un spot permanent pour skater. Williams jette son dévolu sur le DeFremery Park dans West Oakland, haut lieu des ­réunions et événements des Black Panthers dans les années 60, et son grand parking vide. Notamment soutenu par la marque locale de jeans, Levi Strauss & Co, qui injectera 700 000 dollars au total dans le projet, le Town Park, comme on l’appelle aujourd’hui, est une oasis bétonnée de rampes et de bosses, embellie d’œuvres de street art vivantes. Une success story pour Williams, mais sa plus grande réussite, c’est la communauté qu’il a contribué à créer et le soutien qu’elle apporte à ses jeunes. « J’ai vu des gamins qui venaient de familles où ils n’avaient qu’une seule envie : fuir, explique Williams. Je les ai vus se trouver une famille à Town Park. Mais ceux qui se perdent en chemin, ceux qui sont avec nous étant jeunes et que l’on voit faire ce qu’ils peuvent pour s’en sortir en grandissant, ceux-là ­reviennent plus tard pour nous serrer dans leurs bras, et ce n’est que de l’amour. »

A La liberté ressemble à ça : rider un spot que l’on a bâti soi-même, avec ses potes.

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près la destruction de Bordertown par ­Caltrans, Matlock arrête un temps la construction. Il travaille de manière plus régulière avec une entreprise de construction et se syndicalise. Il s’installe avec sa copine, Liz Thayer, une créatrice de vêtements, avec qui il a une fille, Pepper, qui a maintenant six ans. Et il arrête de boire, car c’était devenu un problème. THE RED BULLETIN


Keith « K-Dub » Williams, le cerveau derrière le park d’Oakland.

Mais l’envie de remettre ça le titille, alors quand un ami lui parle d’un spot sur Treasure Island, M ­ atlock ne peut pas résister. « Il me fallait quelque chose pour ne pas partir en live. » Au bout de près d’un an de construction sur des courts de tennis à l’abandon, le projet est repéré par Rich Rovetti, directeur adjoint du parc immobilier pour l’autorité de ­développement de Treasure Island. Loin de les dénoncer pour construction illégale, Rovetti informe Matlock qu’ils peuvent poursuivre le chantier du s­ katepark du moment qu’ils paient un loyer. Un espoir ! Épaulé par Bob O’Leary, un ami skateur et avocat, Josh Matlock crée une association à but non lucratif et surmonte les embûches juridiques. Cette fois, la mairie les soutient et l’autorité de développement les autorise à poursuivre le chantier. Ces temps-ci, Matlock et une poignée de constructeurs se retrouvent à Treasure Island chaque weekend. C’est le cas en ce samedi brumeux de mars. Parmi ces constructeurs dévoués, Danielle Rode est l’une des seules femmes à participer au chantier. Un ami lui a parlé de ce skatepark DIY en construction sur Treasure Island et elle a voulu ajouter sa pierre à l’édifice. « Quand je suis arrivée ici, dit-elle, il y avait un groupe de gens qui faisaient du skate, mais en fait, ces skateurs étaient en train de construire leur propre terrain d’expression ! » THE RED BULLETIN

Williams et les membres de son crew. Dans ce skatepark, chacun(e) a contribué à sa réalisation ou à son amélioration, et prend d’autant plus de plaisir à le rider.

Ainsi, Josh Matlock a rencontré plusieurs jeunes curieux, arrivés sur l’île avec l’envie d’aider. Certains, un peu perdus, se tournent vers lui pour lui demander conseil. « Ça les empêche de faire des conneries, dit-il, et il y a peut-être un moyen d’être… comment on dit, déjà ? Un modèle à suivre ? Peut-être que j’en suis un, en fait… »   53


CHAMPIONNE DE SA LIGUE Beaucoup rêvent du job idéal. CHELCEE GRIMES en a deux : star montante de la musique et footballeuse professionnelle, le tout à seulement 27 ans. Histoire d’un succès en deux mi-temps. Texte PIERS MARTIN Photos STEPHANIE SIAN SMITH

« Je suis une Jekyll and Hyde. Mais chezmoi, les deux personnalités sont vitales », explique la native de Liverpool de sa voix suave, pendant que les décors de la séance photo pour The Red Bulletin sont démantelés. Installée dans un canapé au coin d’un studio ensoleillé au bord d’un canal à l’est de Londres, la jeune femme de 27 ans, joviale et affable, arbore haut orange vif, pantalon marron, des New Balance aux pieds et une chaîne en argent avec son prénom autour du cou. Chelcee Grimes est une auteure-compositrice qu’on s’arrache. Elle a écrit des succès pour Dua Lipa, Kylie Minogue, Ke$ha et Tom Walker, et collaboré avec Calvin Harris et le producteur RedOne (Lady Gaga, Nicki Minaj) à Los Angeles. En 2018, elle se lance dans une carrière solo avec Just Like That et I Need a Night Out. Son premier album sortira en 2020. Mais ce n’est pas tout. Grimes est aussi footballeuse professionnelle. Avant-centre du Fulham FC Femmes, Grimes totalise trois buts en FA Cup cette saison. En dehors du terrain, elle réunit 54

ses deux passions en animant sa propre émission en ligne sur BBC Sport, Chelcee Away. En juin et juillet, elle couvrira avec l’équipe de la chaîne, et sur COPA90, site populaire de fans de foot, la Coupe du monde féminine en France. « Je suis pas mal occupée en ce moment, dit-elle modestement. C’est un peu la folie, mais je suis ravie. » Ces dernières années, Grimes n’a pas chômé en effet. La veille, elle était à Anfield pour rencontrer Jürgen Klopp dans le cadre d’un projet de branding. Un rêve devenu réalité pour cette supportrice des Reds de Liverpool. Après l’interview, elle a rendez-vous dans un studio à Londres pour finaliser l’enregistrement de son prochain single, Girls, dont elle espère qu’il sera l’hymne non officiel de la Coupe du monde féminine. Le lendemain, une session d’écriture l’attend à Ealing avec Naughty Boy (« je l’ai rencontré la semaine dernière et à présent on collabore »), et elle conclura sa semaine par une participation au championnat du jeu vidéo FIFA eWorld, le Graal pour elle. « Je vis un rêve éveillé », lance-t-elle le visage rayonnant. Ce succès dans deux carrières de prestige, a peu à peu promu Grimes au rang de célébrité et d’ambassadrice du football féminin, une notoriété qu’elle gère bien, grâce à son calme naturel et la passion pour ce qu’elle fait, partageant ses expériences avec les jeunes fans qui voient en elle un modèle à suivre. Mais elle a aussi assez vécu pour savoir qu’elle évolue dans des univers très versatiles. À l’âge de 17 ans, Grimes décide d’en finir avec le foot alors qu’elle est sur le point de passer professionnelle. En cause, l’impossibilité du football féminin de ­subvenir alors à ses besoins. D’autant plus THE RED BULLETIN


« Pour mes essais à Liverpool, je n’avais même pas de paire de crampons. »

La tête dans le son et les pieds dans le jeu : Chelcee vit ses deux passions, la musique et le foot, à 200 %.


qu’un contrat de disque juteux lui est proposé. « On agitait un chèque sous mes yeux alors que le football ne m’avait pas donné un sou en huit ans, dur de refuser dans ces conditions. J’ai donc choisi la musique et renoncé au foot. » Si le choix s’imposait, il nous faut, pour mieux saisir sa portée, revenir sur ce que le football représente pour elle.

E

levée à Aigburth, Liverpool, le club des Reds tient vite une place importante dans sa vie : « Si vous naissez dans une famille qui supporte les Reds, vous n’y échapperez pas. » Elle doit son prénom à son père. « Chelsea était une petite équipe à l’époque, c’est pas comme s’il voulait m’appeler Tottenham par exemple », plaisante-elle. Ma mère a dit : “D’accord, c’est un joli ­prénom mais

Engagée à Fulham, Chelcee a aussi joué à Liverpool, Everton, avec les Tranmere ­Rovers et les Spurs.

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on va modifier l’orthographe”, comme sur mon passeport que j’exhibe promptement quand on ne me croit pas. » Enfant unique, Grimes comprend vite que le foot sera le seul moyen de s’entendre avec les garçons, ses cousins ou ceux de sa rue. « C’était ça ou rester à la maison faire des devoirs. Après des débuts difficiles, les progrès sont vite ­arrivés. J’étais la première choisie dans l’équipe. » Son grand-père remarque une annonce du centre de formation Ian Rush (fondateur et ancienne idole des Reds) dans le journal local. Sa mère l’y inscrit. Elle est l’unique fille. Les Liverpool Ladies (rebaptisées depuis Liverpool FC Women), qui s’entraînent sur le même terrain, la remarquent. « Elles me proposent de faire un essai. À l’époque, je n’avais même pas de crampons ! Mais ma prestation les a

convaincues, et j’ai pu intégrer les U10 de Liverpool, avant de signer un contrat pour cinq ans. » Quant à la musique, c’est une passion que Chelcee développe un peu plus tard : ado, elle est fan de pop et grandit avec les tubes de J-Lo, Beyoncé, Pink et Kanye. À la maison, sa mère préfère la dance, son beau-père Sting, et Simon & Garfunkel. Pour son diplôme de fin d’études secondaires, Grimes opte pour la spécialité musique pour mettre les chances de son côté. De fait, un professeur ayant remarqué ses talents d’écriture l’encourage en ce sens. À 16 ans, elle décroche un contrat d’enregistrement de six mois grâce à un concours sur Juice FM, une radio locale. Ryan Babel, ailier hollandais de Liverpool est le propriétaire du studio, l’occasion pour la jeune Anglaise d’assister à tous les matches des Reds et d’apprendre les ficelles de l’enregistrement avec l’ingénieur de Babel. La voilà mordue de musique. En plus du plaisir de chanter, Chelcee découvrir celui de se produire sur scène. « Je jouais tous les soirs à Liverpool. Le buzz attirait toujours plus de public, se souvient-elle. Les jeunes se tatouaient les textes de mes chansons dont j’avais moimême oublié les paroles. The Truth était l’une d’elles, un gamin se l’était entièrement tatoué. Je leur disais : “Ne faites pas ça, vos mères vont hurler.’’ Mais en observant le phénomène j’ai compris que quelque chose se passait. » Une chose qui la mettra devant un choix cornélien : le football ou la musique. Ce sera la seconde. Elle signe un contrat avec le label RCA. « Ils voyaient en moi l’Alicia Keys anglaise », confie-t-elle, mais rapidement, son manager est licencié ; son successeur l’ignore pendant deux ans, avant de la débarquer sans préavis. Désorientée, abattue et fauchée, Grimes s’installe à Londres et poursuit son rêve d’auteure-­ compositrice en enregistrant seule où elle peut, dans une chambre, un sous-sol. Aujourd’hui, Grimes juge cette période sans complaisance. « À 18 ans, à part jouer au foot, j’avais peu vécu. Après une année blanche, j’ai écrit quatre chansons et obtenu très vite un contrat de disque, pas vraiment mérité, pour être honnête. » Elle se fixe alors de nouveaux défis. « J’ai voyagé, appris à me connaître et me suis lancée dans l’écriture. Un jour, quelqu’un m’appelle et me dit : “Nous apprécions vos talents de compositrice et vous proposons un contrat de publication.” J’ai accepté même si c’était la scène que je visais. » Elle THE RED BULLETIN


17 ans et l’époque où j’écrivais des chansons dans ma chambre, livrée à moimême. » En composant pour Dua Lipa, Lana Del Rey et Ellie Goulding, Grimes se découvre un talent pour les mélodies à succès et les rythmes accrocheurs. « Dans le milieu, ma rapidité de création est devenue un gag », avoue-t-elle.

PHOTOGRAPHY ASSISTANTS:PAOLINA STADLER, MARIA MONFORT PLANA, STYLING:EMILY ROSE MOLONEY, HAIR & MAKE-UP:ALICE HOWLETT

S

se retrouve à Copenhague pour une séance d’écriture avec le producteur danois Cutfather. Hantée par le mal du pays, Grimes compose I Feel Like I’m A ­Million Miles Away, titre qu’interprétera Kylie Minogue en 2014. Elle collabore ensuite avec Steve Mac, l’un des producteurs les plus en vue de la pop moderne, avec à son actif d’énormes succès comme Shape Of You (Ed Sheeran), Symphony (Clean Bandit) et What About Us (Pink). « On ne peut que se bonifier avec de grands joueurs à ses côtés », lance-t-elle en unissant ses deux passions par la métaphore. Mais Grimes ne manque pas de confiance en elle : « Je suis une Scouser (terme désignant l’accent de Liverpool, ndlr). Il y a dans l’eau de Liverpool, THE RED BULLETIN

« Les jeunes se tatouaient les textes de mes chansons. » quelque chose qui nous pousse à penser que tout est possible. Je n’oublierai jamais la finale de la Ligue des champions en 2005 (match héroïque contre l’AC Milan à Istanbul, ndlr). Être mené 3:0 et revenir, se battre et gagner en 45 minutes incarnait tout ce en quoi je crois. J’ai vu que la beauté pouvait jaillir du combat. » Avec le recul, Grimes estime que son parcours a été formateur. « Je suis professionnelle depuis seulement quatre ans, mais j’ai beaucoup évolué depuis mes

i comme Grimes, vous écrivez une chanson par jour, certaines finissent par trouver un écho. L’une d’elles, 11:11, inspirée par son père, est reprise en 2016 par l’artiste sud-coréenne Taeyeon et deviendra un énorme succès, avec plus de 52 millions de vues sur YouTube. « On ne se rappelle pas toujours tout ce que l’on a écrit, mais celle-ci est spéciale, confie-t-elle. Christian Vinten (co-auteur, ndlr) me demande un jour sur quoi je n’ai jamais écrit. Je réponds : “Mon père, bizarrement.” Il est mort quand j’étais enfant, et je crois que j’ai évité le sujet depuis. Ma mère me disait toujours de faire un vœu à 23 h 11, et ce vœu était qu’il vienne et me parle. » Si Grimes apprécie son succès d’auteure-­ compositrice, elle n’a pas pour autant renoncé à la scène et à ses chansons à elle. Une persévérance qui finit par payer l’an dernier avec l’enregistrement de ses propres morceaux. Mais le foot a laissé un vide. En matant la Coupe du monde féminine de 2015, elle remarque, parmi les joueuses anglaises sur le terrain, certaines de ses anciennes co-équipières. « Il fallait que j’y retourne. J’ai contacté des équipes et obtenu des essais avec Wimbledon, les Spurs et West Ham. Les trois m’ont proposé un contrat, c’était dingue. » Elle signe à Fulham et part s’y installer, même si, après la sortie de l’équipe masculine de la Premier League, son avenir au club demeure incertain. Cet été, Grimes sera au rendez-vous pour la coupe du monde féminine en France et espère que ses reportages pour la BBC et COPA90, un média foot en ligne influent, motiveront plus de filles à jouer au foot. À sa façon, la jeune femme s’est inventé la vie qui lui va. « Je suis la preuve vivante qu’on peut s’épanouir dans plusieurs choses à la fois, poursuit-elle. En studio, j’écris des chansons pour les groupes parmi les plus prestigieux au monde. Je joue pour Fulham tout en enregistrant mon propre album. C’est ça mon combat. » Dans la vie comme dans sa carrière, Chelcee Grimes est bien plus que la somme de ses rencontres. chelceegrimes.com   57


LE CRACK OU LE JEU Comment la DYCKMAN LEAGUE, qui célèbre son 30e anniversaire cet été, a offert une alternative à la drogue pour devenir une place forte du basket new-yorkais et transformer un quartier à jamais. Texte DAVID HOWARD Photos ANDRE JONES

B

ien avant l’arrivée des Kevin Durant, Kemba Walker et autres demi-dieux du basket, les gros sponsors, les caméras, les rappeurs et la centaine d’équipes jouant les soirs d’été devant des foules compactes de 2 000 spectateurs… bien avant tout cela, il n’y avait que trois potes. Trois potes, un ballon et un terrain. Kenny Stevens, Omar Booth et Michael Jenkins ont grandi ensemble dans les complexes d’immeubles de Dyckman à Inwood, au nord de Harlem, tout en haut de Manhattan, à New York (USA). Amis depuis leur plus tendre enfance, les trois jeunes hommes aimaient tous les sports mais le point culminant chaque année était la Holcombe Rucker League, un tournoi de basket-ball à l’échelle de la ville qui se tenait autrefois à Harlem. Leur terrain à eux, le noyau de leur vie et de leur amitié, c’était le Monsignor Kett 58

­ layground. Et bien qu’ils aient grandi et P commencé à s’éloigner les uns des autres, ce terrain de basket restait le lien qui les unissait. « Le terrain, explique Stevens, c’était la maison. » À l’époque, fin des années 1980, Stevens était étudiant et jouait au basket au Kingsborough Community College, tandis que Booth jouait à West Virginia State et Jenkins travaillait à plein temps. Mais quand les longues journées d’été arrivaient, qu’ils étaient tous rentrés et réunis à la maison, ils se réjouissaient à l’idée de trouver des potes pour jouer, d’acheter des bières, et de s’asseoir dans le parc pour se marrer et vanner pendant des heures à propos d’une interception ou d’un lay-up refusé. C’était à peu près ce qu’on pouvait espérer de mieux à Dyckman à une époque où une épidémie de drogue sévissait dans le quartier. « Le crack a dévasté beaucoup de familles, poursuit Stevens. THE RED BULLETIN


Depuis trente ans, la Dyckman League est un incontournable estival à New York. Six équipes jouaient dans la ligue originale. Cette année, Dyckman en accueillera plus de cent.

THE RED BULLETIN

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De nombreuses ­légendes du streetball, parmi les plus talentueuses de New York, ont fait leurs premières armes à Dyckman.

Le sport était notre refuge. » À New-York sévissait aussi la folie du streetball, du basket de rue dont l’engouement explosait aux quatre coins de la ville, au Rucker Park de Harlem et sur la West 4th Street dans le Lower Manhattan en particulier, attirant des foules surchauffées. Stevens, Booth et Jenkins se font alors la réflexion qu’en réunissant d’autres amis et leurs amis, ils pourraient mettre sur pied un petit événement, voire leur propre tournoi de streetball. On forma six équipes, on établit un calendrier. Et même s’il n’y avait pas de public, même si personne ne leur prêtait attention, les joueurs prenaient les choses très au sérieux. Ils jouaient dur, et bien que le climat restât amical, personne ne voulait perdre. Stevens, Booth et Jenkins prennent rapidement conscience de la nécessité d’avoir recours à des arbitres. Chaque équipe s’engage donc à verser cinquante dollars pour embaucher des 60

pros en vu des matches encore à jouer. C’est ainsi qu’ils réalisent leur premier modeste investissement dans la Dyckman Basketball League fraîchement créée. Le peu d’argent restant suffisait à peine pour un trophée. « On n’allait pas loin avec cinquante dollars, dit Stevens en riant. Mais on a fait en sorte que ça marche. »

L

a façon dont Dyckman est devenu « The » Dyckman, qui célèbre aujourd’hui son trentième anniversaire, est l’histoire d’une progression lente et régulière, sur le long terme, entrecoupée de bonds météoriques en avant. La ligue a eu son petit succès, et le nombre d’équipes est passé à dix la saison suivante, puis à douze quelques étés plus tard. Lors de la sixième saison, les organisateurs ajoutèrent des divisions incorporant des joueurs aux âges et aux habiletés

différentes. Des gradins furent installés et bientôt un commentateur se mit à improviser et à décrire l’action dans une sono. Stevens et les autres ne sont pas les inventeurs de cette formule qui s’inspirait des succès passés de Rucker Park et de West 4th, mais le coin possédait déjà un fier héritage, ayant accueilli une génération plus tôt les premiers paniers de Lew Alcindor qui allait se faire connaître sous le nom de Kareem Abdul-Jabbar. À l’occasion du dixième anniversaire de la ligue, Converse s’engage en tant que sponsor. Ce qui attire les meilleurs joueurs des équipes universitaires. Stevens s’est auparavant assuré que le quartier entier soit au courant que la ligue est son événement, créé pour ­Dyckman par les gens de Dyckman. La nouvelle se répand et diverses personnalités du basket-ball commencent à faire le trajet jusqu’au bout de Manhattan pour participer aux matches et jouir de THE RED BULLETIN


Chris McCullough (à gauche) et Rondae Hollis-Jefferson des Nets de Brooklyn ont joué à Dyckman.

l’animation locale. Marcus Camby est le premier joueur de NBA à se présenter, à la fin des années 1990, alors qu’il jouait pour les Knicks de New York. C’est là que Stevens réalise pour la première fois que Dyckman était en train de devenir un événement, un lieu et un nom à l’importance plus grande qu’il ne l’imaginait. Actuelle star de la NBA jouant pour les Hornets de Charlotte, Kemba Walker, qui a grandi dans le Bronx, a commencé à jouer à Dyckman quand il était collégien, et s’y pointe toujours depuis, année après année. « Il y a de la magie à Dyckman, s’exclame Bobbito Garcia, joueur de streetball et légende américaine du hiphop qui a joué au Madison Square Garden, et sur les terrains internationaux. Le seul moment de ma vie d’adulte où j’ai été ébranlé, c’était lors de mon premier match à Dyckman. » « Apporte ton don, pas ton nom. » Le slogan de l’endroit lui était familier, mais THE RED BULLETIN

« À Dyckman, nous étions viraux bien avant que le mot “viral” n’existe. »

ne lui parlait pas. Il se prend une claque : au lieu de l’applaudir pour le remercier d’être venu, la foule, sous l’impulsion d’un ­élément perturbateur, commence à le charrier à cause des toutes dernières ­baskets Adidas (basses, considérées comme non adaptées pour jouer) qu’il portait ce jour-là. Tout le monde se fout de lui. « Je suis allé à Dyckman et j’étais un nobody, se marre Garcia. Sacré accueil ! » En juillet 2011, Dyckman accueillait le match de streetball de la décennie à New York : l’équipe Nike contre l’équipe Ooh Way, l’une comme l’autre remplie de légendes locales. Trois mille personnes s’y entassent, occupant le moindre espace, peu importe la visibilité réduite, y compris au sommet des arbres. Les policiers ont dû intervenir pour chasser les enfants d’un toit voisin. Nombre de légendes urbaines sont associées à Dyckman. À en croire l’une   61


Le coup d’envoi de la 30e saison de Dyckman aura lieu en juin.

d’elles, certains soirs, un conducteur du métro de la ligne 1 qui passe au-dessus du terrain s’attardait à la station Dyckman Street pour pouvoir mater le match en cours, puis repartait dans la nuit après un coup d’avertisseur, comme une dédicace aux joueurs.

O

n ne sait jamais qui viendra. C’est la première chose à savoir au sujet des matches à ­Dyckman. En 2011, quand le milliardaire Mark Cuban, propriétaire des Mavericks de Dallas, vient en spectateur (ce qui n’a pas manqué de provoquer des remous dans la foule), personne ne prend la peine de prévenir Sharon Bond, la vice-présidente marketing de Dyckman. Pareil pour l’apparition du boxeur Floyd Mayweather l’été dernier. Idem avec les mégastars comme Kevin Durant, qui a participé à un match en 2011 et est revenu en spectateur en 2016 et en 2018. 62

« On ne sait jamais qui va venir, insiste Bond. Il faut juste être là. Nous étions viraux avant que le mot “viral” n’existe. » La deuxième chose, c’est que personne autour de Dyckman ne se soucie de savoir quel VIP pourrait se présenter un soir de match. Ils iront au parc de toute façon. « Ceux qui rendent cela réellement, concrètement possible, ce sont les membres de la communauté, développe Bond. Ils viennent tous les jours, ils apportent leur énergie, c’est comme un ciment qui nous tient. Les joueurs de NBA et les rappeurs se réunissent ici à cause de cette énergie. » Lorsqu’il passe dans le coin, la saison terminée, Stevens est ravi de constater que personne n’a vandalisé le terrain, les gradins ni les lumières comme dans les années 80. Pour les enfants qui grandissent dans le quartier aujourd’hui, ce serait comme souiller les murs de leur propre chambre. « Si vous vivez à ­Washington Heights ou à Inwood, c’est

un tournoi auquel vous aspirez, explique Garcia. Les enfants du coin ne rêvent pas de devenir assez bons pour jouer en NBA, ils rêvent de devenir assez bons pour jouer à Dyckman. » Et pour ceux qui ne possèdent pas les compétences de l’élite, il existe d’autres points d’entrée. Chaque été, quelque 125 jeunes obtiennent un emploi d’été rémunéré auprès de la ligue en collaboration avec un programme municipal. D’autres jeunes s’impliquent de différentes façons, certains en participant au programme d’entraînement tout au long de l’année. Tout cela est l’une des réalisations dont Stevens est le plus fier en tant que directeur exécutif des opérations de ­Dyckman Basketball. « L’inspiration que nous procurent les visages de ces enfants, sachant qu’ils n’ont nulle part où aller – ils sont là tous les étés – est inestimable », souligne-t-il. THE RED BULLETIN


Kevin Durant, qui a joué un match à Dyckman en 2011, y a fait une visite surprise l’été dernier.

Stevens, Omar Booth et Michael Jenkins se retrouvaient pour s’affronter sur ces mètres carrés qui allaient devenir la place forte du basket new-yorkais. Vers 16 heures, à Dyckman, l’atmosphère change. On lance les préparatifs et soudainement, il y a de l’électricité dans l’air. « Vous détournez votre attention, dit Bond, et tout cela se produit en quelques secondes. » À 18 heures, alors que la chaleur poisseuse perd un peu de sa vigueur et que les ombres s’allongent, les 1 600 places assises se remplissent, la p ­ lupart par des gens du quartier. Un DJ pousse la musique et les speakers prennent leurs micros. Les équipes se r­ assemblent pour un entre-deux sur le terrain central ; la ­soirée est lancée. Cette transformation est surprenante, sauf pour quiconque a vécu autour de Dyckman et la voit se reproduire systématiquement à chaque fin de journée, l’été, depuis trente ans. Ceux qui ont assisté au tout premier tournoi organisé à la hâte ont encore du mal à assimiler le fait que Dyckman soit maintenant devenu « The » Dyckman.

Ce qui est remarquable quand on s’y intéresse, c’est le nombre de personnes impliquées à Dyckman. Les familles du quartier dont les enfants participent aux matches travaillent aussi à subvenir à leurs propres besoins en vendant des saucisses, des chiche-kebabs et des boissons sur des stands tout autour du terrain. Côté spectateurs, les habitués ont des sièges assignés de facto, de sorte que les nouveaux arrivants qui tentent de s’y incruster se font refouler vers l’arrière. Lors des plus grosses soirées, la foule déborde sur le terrain... Si vous visitez le Monsignor Kett ­Playgound à l’heure du déjeuner n’importe quel jour de l’été, vous n’y verrez rien de plus que des paniers et des sièges vides, quelques enfants et un ballon. ­L’endroit semble plus propre et plus pimpant que la plupart des autres terrains de jeu municipaux, mais sinon c’est exactement comme à l’époque où Kenny THE RED BULLETIN

« Les gosses d’ici ne rêvent pas de devenir assez bons pour jouer en NBA. Ils rêvent de devenir assez bons pour jouer à Dyckman. »

S

auf que, au fond, ce qui se passe maintenant au Monsignor Kett Playground est exactement comme lorsque les trois amis ont débuté : le même terrain, la même communauté et le même jeu, mis en valeur dans toute sa grâce et sa force, sa férocité et sa beauté. Pour Stevens, qui est toujours un bon ami de Booth et de Jenkins, et qui entraîne maintenant les fils des joueurs de playground qu’il a entraînés quand il était plus jeune, Dyckman reflète la vie elle-même. Vous pouvez gagner en âge et devenir plus sage, mais vous n’avez pas besoin de grandir totalement, parce que vous avez toujours le jeu. « Beaucoup de choses se sont passées depuis, articule Stevens dans un rire léger. Je ne réalise même pas que cela fait trente ans, parce que j’ai l’impression que c’était encore hier. »

L’édition 2019 du tournoi de Dyckman se tiendra à New York et aura lieu sept jours sur sept, pendant dix semaines, de juin à août. dyckmanbasketball.com   63


À la pointe Texte MARK BAILEY Photos RICK GUEST

La science du sport peut-elle révolutionner le ballet ?

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THE RED BULLETIN


William Bracewell, l’un des premiers solistes du Royal Ballet de Londres, conjugue grâce et puissance à la perfection.


L’élégance et la beauté du ballet dissimulent des corps meurtris, des muscles endoloris de la souffrance et de la pression. Mais au Royal Ballet de Londres, les choses évoluent, grâce à une nouvelle génération de danseurs. La science du sport renforce leurs corps et leurs esprits – propulsant leur art dans le futur.

Q

uand Gemma Pitchley-Gale n’est pas chaussée de ses pointes roses, en pleine séance de pirouettes à la Royal Opera House, le fief londonien du célébrissime Royal Ballet, elle est souvent en train de soulever des haltères en fonte à la salle de sport. Malgré un physique menu, la danseuse a déjà réussi à soulever 97 kg – plus du double de son propre poids, 47 kg. « Les gens s’imaginent qu’on passe nos journées à virevolter en studio, qu’on est maigre, ­fragile et qu’on ne mange rien, s’amuse la jeune femme originaire du sud de Londres. Alors quand ils voient tout ce dont on est capables, ils n’en reviennent pas. » Sa collègue, Claire C ­ alvert, qui a interprété la fée Dragée dans Casse-Noisette, a elle-même établi un record perso de 99 kg en squat. Les danseurs masculins de la compagnie ne sont pas en reste. William Bracewell peut soulever

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ses 75 kg en enchaînant 45 extensions de mollets. À chaque entraînement quotidien, Alexander Campbell soulève en cumulé un poids total de 3 655 kg, soit à peu près le poids d’un Ford T ­ ransit chargé. Et Matthew Ball peut supporter l’équivalent de quatre fois son poids en effectuant un squat statique sur une seule jambe. « J’ai montré à mes parents une vidéo de moi en train de soulever des poids et ils m’ont dit : “Mais tu as le droit de faire ça ?”, raconte le jeune homme de 26 ans avec le sourire. Le truc, c’est que quand j’atterris après un grand saut, j’ai l’équivalent de 500 kg de force qui passe dans mes jambes, donc il faut bien que je m’entraîne pour. » Si les danseurs d’aujourd’hui passent tant de temps à la salle de sport, c’est pour une raison : le ballet est un univers magnifique, mais aussi brutal, fait de muscles endoloris et d’épuisement intense. Pour maîtriser le sublime jeu de pieds de ballets emblématiques comme le Lac des cygnes, Cendrillon ou encore Roméo et Juliette, ces artistes peuvent enchaîner jusqu’à six heures de répétitions complexes par jour et parfois quatre représentations en public par semaine. Sur le plan physique, le prix à payer est immense : les danseurs du Royal Ballet – qui sont une centaine, et dont les pieds meurtris sont gravement esquintés par les ampoules, ongles noircis, coupures, contusions et autres déformations – consomment en moyenne 12 000 chaussons par an. Avec une moyenne de 6,8 blessures par an, de l’entorse du pied à la déchirure musculaire, le taux de blessures des danseurs est comparable à celui des joueurs de football américain. « Le matin au réveil, on ressent un mélange de courbatures, de douleurs et de craquements, en gros », explique Gemma Pitchley-Gale en riant. Après 75 minutes d’échauffement, les choses sérieuses commencent. « Il nous arrive de répéter de midi à 18 h 30 sans faire de pause ou THE RED BULLETIN


RÉSILIENCE Claire Calvert

Claire Calvert : une force brute ­absolue et une souplesse rare.

Première soliste (en dessous de l’étoile), Claire Calvert a été victime d’une lésion ostéochondrale (une petite blessure du cartilage) au niveau du fémur en 2013. Elle voit son muscle diminuer de moitié et se retrouve avec un trou d’un centimètre dans le cartilage. Pour ­reconstituer ses muscles et ses articulations, elle se met aux squats lestés et aux soulevés de terre. « J’en ai fait quelque chose de positif, explique la jeune femme de 31 ans. Je m’entraînais depuis l’âge de 11 ans, sans aucun véritable suivi. Là, j’ai eu le temps de réfléchir. Je me suis demandé comment m’améliorer en tant que danseuse et je me suis dit que je devais me mettre à fond au sport. Je suis ­revenue plus forte et plus heureuse. »


­ ouvements. Autant un joueur de football a le m droit de manquer les filets et un musicien peut se permettre une fausse note isolée, autant chaque pas du danseur se doit d’être impeccable afin que se crée sur scène cette délicatesse et cette précision propres à une œuvre artistique. « Cette manière qu’ils ont d’utiliser leur perception kinesthésique et leur mémoire musculaire de manière cognitive pour réaliser des suites de mouvements complexes est vraiment propre à leur discipline, déclare Retter. Et même si le mouvement est modifié, ils n’auront qu’à le refaire quelques fois et ce sera intégré. Une telle neuroplasticité, c’est tout bonnement incroyable. » C’est justement ce niveau de précision qui fait toute la difficulté – et toute la beauté – du ballet. « Le ballet, c’est un art esthétique. En pratique, telle partie du bras devra être positionnée exactement comme ça et tel doigt devra être ici, explique Claire Calvert. C’est en cela que le ballet est unique. Le corps humain s’adapte à tout, mais personne n’est fait pour le ballet. L’en-dehors (quand un danseur fait pivoter ses jambes au niveau des hanches, et que ses genoux et ses orteils pointent vers l’extérieur, ndlr), ce n’est pas prévu par la nature. » Sac de sable et box de pliométrie : Claire bosse ses muscles profonds.

presque, confie Claire Calvert. Dans la pratique, c’est interdit – en général, on a une heure pour manger – mais parfois, c’est comme ça que se passent les répétitions. » Et puis vient le moment de la représentation, à la fois éblouissante et éreintante, devant 2 250 spectateurs. De retour chez eux vers 1 heure du matin pour certains, les danseurs doivent être au studio à 9 h 30 le lendemain. Ce rythme de vie éreintant n’avait jamais incité quiconque à analyser tout ce que subissaient les corps des danseurs, jusqu’en 2013, date à laquelle le Royal Ballet ouvre la Mason Healthcare Suite – un établissement de haute qualité avec dix-sept experts en science du sport, physiothérapie, nutrition, massage, rééducation et psychologie dans le but de réduire les blessures, de combattre la fatigue et d’améliorer les perfs. « J’ai été choqué quand j’ai vu la charge de travail des danseurs, admet Greg Retter, le directeur clinique du service de santé du ballet, ancien responsable de la rééducation pour l’équipe olympique de Grande-Bretagne. Les danseurs se donnent à 100 % à chaque répétition, plusieurs fois par jour. Les athlètes échelonnent les entraînements par rapport aux compétitions, mais les danseurs, eux, s’entraînent continuellement de septembre à juin, et ils répètent souvent six ballets à la fois. C’est un bouillonnement constant. » Un rythme difficile mais nécessaire, car les danseurs doivent faire preuve sans jamais faillir d’une précision extraordinaire dans leurs 68

P

our aller plus loin, l’équipe de Retter a commencé à tout analyser, de la force d’atterrissage des danseurs aux schémas d’activation de leurs muscles. Ils ont utilisé la même technologie de plateformes biomécaniques que celle employée par l’Agence spatiale européenne, ainsi que des unités d’électromyo-

La musculation peut diminuer le risque de blessure de 59 %.

THE RED BULLETIN


Gemma Pitchley-­ Gale développe sa force sur un reformer de Pilates de haut niveau.

graphie (EMG) pour l’analyse des muscles, des masques à oxygène et des moniteurs de fréquence cardiaque. L’équipe a également subventionné un étudiant en doctorat de l’université St Mary chargé de mesurer les performances des danseurs à l’aide d’accéléromètres. Sous l’œil pragmatique de la science du sport, le ballet s’est révélé être un véritable tumulte de membres gorgés d’acide lactique, de fréquences cardiaques en folie et de muscles en manque d’oxygène. Les danseurs masculins subissent des forces pouvant atteindre 610 kg lors des atterrissages. Les danseuses, elles, peuvent encaisser 410 kg de force – à peu près la même puissance qu’un coup de poing balancé en pleine course par ­Conor McGregor. Même le stress de se produire face à un public peut entraîner une augmentation de 8 % du taux de lactate dans le sang. Mises bout à bout, ces données constituent une véritable révélation : voilà des années que les athlètes, aventuriers et soldats s’étaient tous mis à la science du sport, alors que les danseurs, eux, n’avaient jamais bénéficié d’un entraînement musculaire adéquat, de conseils nutritionnels, de protocoles de rééducation ou d’innovations technologiques pour les aider à supporter la charge physique sans égale qui pesait sur leurs épaules. Les douleurs et les blessures étaient inévitables. « Quand je suis sortie de la Royal Ballet School en 2005, on se contentait d’un peu de Pilates et de quelques étirements, se remémore Gemma Pitchley-Gale. Il y avait deux pauvres vélos elliptiques qui traînaient dans le couloir. » À l’image de Gemma, des danseurs proactifs ont cherché de l’aide à l’extérieur en travaillant avec un coach personnel. Pour d’autres, la santé n’était pas une priorité : l’ancien soliste Eric Underwood a avoué avoir succombé à l’alcool, à la cigarette et aux hamburgers, tandis que le danseur ukrainien Sergeï Polunin a un penchant pour les soirées endiablées et les substances illicites. En réalité, pour que tous les danseurs comprennent l’intérêt THE RED BULLETIN

d’intégrer la science du sport à leur p ­ ratique, il fallait d’abord que les mentalités changent. Les danseurs sont des artistes, pas des athlètes. Leur objectif, c’est de créer de l’émotion à travers les sublimes mouvements de leurs corps. Ils font donc instinctivement passer des concepts non quantifiables tels que la grâce et l’élégance avant de vulgaires statistiques comme la force des jambes ou la hauteur des sauts. « Il y a cette croyance que le ballet n’est qu’une question d’art – et c’est le cas, déclare Retter. Mais la force, la condition physique, le bien-être psychologique et une bonne nutrition permettent aux danseurs d’effectuer des chorégraphies complexes et d’exprimer des émotions sur scène. Et aujourd’hui, on peut le dire aux danseurs : “C’est sur cette base que vous pourrez réaliser une magnifique performance.” » Les recherches innovantes menées par le Royal Ballet ont d’ailleurs coïncidé avec une révolution plus vaste en science de la danse. En 2012, plusieurs universités et établissements de danse du Royaume-Uni se sont associés pour lancer l’Institut national de médecine et de science de la danse (National Institute of Dance Medicine and Science, NIDMS), une organisation qui promeut la recherche dans ce domaine. Et on ne peut plus ignorer ses découvertes. Une étude a démontré qu’au bout d’un an de musculation, les danseurs avaient 59 % de risques en moins de se blesser. Un autre rapport nous apprend qu’en six

« Le corps humain s’adapte à tout, mais personne n’est fait pour le ballet. »   69


Alexander ­Campbell : un danseur précurseur de la révolution par la science du sport.

semaines de conditionnement physique, les danseurs peuvent améliorer leurs compétences esthétiques en optimisant le contrôle de leurs mouvements, leur perception spatiale, leur synchronisation et leur précision rythmique. En quête de perfectionnement et convaincus par cette accumulation de preuves, de nombreux danseurs avant-gardistes se sont désormais ouverts à l’innovation. Le plus frappant dans cette révolution, c’est bien la vision de ces danseurs sveltes effectuant des squats lestés ou balançant leurs kettlebells dans la salle de sport du complexe. La musculation les protège des blessures musculaires, les aide à répartir leurs forces à l’atterrissage, stimule la santé de leurs os et leur permet de sauter plus haut. Mais pour que les danseurs deviennent plus forts sans trop augmenter leur masse musculaire afin qu’ils ne perdent rien de leur grâce, les scientifiques du sport ont recours à des techniques innovantes. Les danseurs se tiennent sur

FITNESS Alexander Campbell Originaire de Sydney, le danseur étoile de 32 ans a interprété des rôles comme celui du Prince dans Casse-Noisette. « C’est en répétant sans cesse que l’on développe nos compétences techniques. Mais quand on est épuisé, on est forcément moins performant. » Alors il fait du rameur à chaque fois que cela s’impose pour tenir le rythme de ses rôles à venir. « J’ai commencé la danse classique à 5 ans, et je faisais aussi du football australien et du cricket. Quand j’ai parlé des bottes de récupération et des bains glacés à mes camarades, ils m’ont ­demandé : “À quoi ça sert ?” Maintenant, on les utilise tout le temps. »

« Le corps entier est sollicité : il y a le côté technique et le côté émotionnel. » 70

des plateformes biomécaniques qui mesurent leur force explosive et ils soulèvent des haltères équipés de codeurs linéaires qui enregistrent la vitesse du mouvement. En effectuant peu de répétitions avec des poids élevés et en se concentrant sur leur vitesse explosive, les danseurs contractent leurs muscles de manière plus efficace tout en augmentant la magnitude de ces impulsions électriques, ce qui leur permet de développer de la force brute – sans entraîner une croissance musculaire disproportionnée. William Bracewell n’en revenait pas. « J’ai remarqué un grand changement dans ma capacité à gérer les répétitions. Je ressentais moins de douleurs après avoir dansé, et j’ai pu constater une amélioration de tous les problèmes que je pouvais avoir dans le bas du dos, au niveau des chevilles et des genoux. » Même sur scène, il a remarqué la différence. « Ça donne confiance. Quand on arrive à soulever un poids quatre ou cinq fois de suite tout en sachant qu’il est plus lourd que la personne qu’on porte, on se dit : “Ça semble facile maintenant.” » Figure de proue de la nouvelle génération de danseurs, Matthew Ball raffole des séances de musculation. « Le ballet, c’est une manière stylisée de se mouvoir, tout dans la beauté et les lignes, rien à voir donc avec notre comportement biomécanique naturel, explique-t-il. En étant plus fort, on donne à son corps la possibilité de gérer ça. Mon obsession, c’est d’arriver à sauter le plus haut possible. Donc j’adore faire des squats lestés, ­augmenter ma force maximale et la mesurer. » Au Royal Ballet, la technologie est désormais employée systématiquement au service de l’art. Parmi les nouveaux gadgets disponibles, il y a notamment les machines de Gyrotonic, un système de câbles qui améliore la souplesse à travers des mouvements fluides spécifiques à la danse, THE RED BULLETIN


FORCE Gemma Pitchley-Gale Originaire du sud de Londres, la jeune femme de 32 ans est première ­artiste, et un membre ­chevronné du corps de ballet, réputé pour ses chorégraphies de groupe complexes sur scène. Sur son compte Instagram, les poses de ballerine et selfies en backstage côtoient des ­vidéos d’elle en train de soulever des poids à la salle de sport. « Mon but n’est pas de prendre de la masse, ce n’est pas une option quand on est danseuse, mais ça me rend plus forte, tout simplement. Ça me plaît tellement que je suis justement en train de terminer ma formation pour devenir coach personnel. »


ou encore les enveloppes de jambes de cryothérapie Game Ready, également utilisées par l’équipe de football de Manchester City, ou les bottes de récupération gonflables RPX, qui aident à éliminer l’acide lactique après les répétitions. « Ça donne une impression super agréable, comme si on avait du sang neuf dans les jambes », explique Gemma Pitchley-Gale. Toutes les activités sont supervisées sur Smartabase, une plateforme d’analyse des données utilisée par les joueurs de football américain des Cowboys de Dallas. Les danseurs d’aujourd’hui bénéficient même des neurosciences et de la psychologie. Avec l’aide de la psychologue du travail Britt Tajet-­ Foxell, les artistes s’exercent à combattre l’anxiété en superposant des images positives sur leurs

PRÉCISION William Bracewell Premier soliste du Royal Ballet, le jeune homme de 28 ans est un habitué des rôles difficiles. « Le plus compliqué pour moi, ça a été Obsidian Tear (ballet de 2016 du chorégraphe Wayne McGregor, ndlr). C’était intense : 25 minutes de danse non-stop, mais un rendu incroyable. » Le danseur fait très attention à son alimentation afin d’optimiser ses performances. « C’est une question de l­ogique : des pâtes deux heures avant une représentation pour avoir de l’énergie et des protéines après pour réparer les muscles. » Il a aussi appris des techniques de visualisation. « Il n’y a pas deux ballets qui se ressemblent. Je les imagine comme des maisons décorées dans différents styles. Si vous allez à Buckingham ­Palace, vous ne vous comporterez pas de la même manière que si vous alliez dans une ferme. Penser ainsi m’aide à rester focus. »

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pensées négatives : une danseuse a ainsi arrêté de considérer sa cheville blessée comme une branche cassée et a remplacé cette pensée par des images réconfortantes d’eau qui coule et de ciel bleu. Les danseurs se détendent en créant des suites de souvenirs évoquant des représentations couronnées de succès. « Après une grave fracture du pied, j’avais peur à chaque fois que je faisais un saut, mais Britt m’a aidée avec des répétitions d’images positives de mes performances passées », explique Gemma Pitchley-­Gale. Ils apprennent également à neutraliser les effets du stress en compartimentant les différentes parties de leur vie – comme le ballet, la famille et les finances – dans des pièces imaginaires et en « nettoyant » systématiquement cha-


« Les danseurs bénéficient même des neurosciences et de la psychologie. » cune d’entre elles. Leur programme de répétition est tellement chargé que même le fait de manger correctement représente un enjeu de taille pour les danseurs. « Il nous arrive d’avoir seulement quinze minutes de pause avant de nous y remettre, donc pour ne pas se sentir trop lourds, on évite les plats de pommes de terre », explique Claire Calvert. Elle se rappelle ce nutritionniste qui était si inquiet quand il est venu visiter la compagnie dans les jours précédant l’ouverture du service de santé : « Quand il a vu comment ça se passait, il nous a dit : “Si j’étais vous, j’aurais toujours des encas avec moi et je me contenterais d’un gros repas le dimanche.” Il ne savait tout simplement pas quoi nous dire d’autre. » Désormais, ils suivent des régimes alimentaires intelligents et spécifiques à la danse établis par la nutritionniste du Royal Ballet, Jacqueline Birtwisle. Pour avoir de l’énergie, les danseurs consomment des aliments faciles à digérer comme du porridge, des œufs brouillés, du risotto, du houmous, de la salade, du yaourt à la grecque, des baked beans ou des Buddha Bowls (repas végétariens complets dans un bol). Ils mangent des poissons gras riches en oméga-3 (saumon, maquereaux, anchois, sardines et harengs) pour optimiser la récupération musculaire et préfèrent l’huile d’olive, pour ses vertus anti-inflammatoires, à l’huile de tournesol. Après une représentation tard dans la soirée, un repas lourd peut être difficile à digérer, ils optent alors pour des smoothies à base de purée d’oléagineux pour réparer les muscles. Et comme ils passent beaucoup de temps à l’intérieur, ils prennent aussi de la vitamine D, d’autant plus qu’il a été prouvé qu’elle augmentait de 18,7 % la force isométrique des danseurs – celle qui est renforcée par des exercices « statiques » comme le gainage.

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ien entendu, on ne peut pas convaincre tous les danseurs d’adopter cette nouvelle dynamique et certains ont toujours des réticences par rapport à son approche scientifique. « Il y a toujours une certaine scission, mais elle n’est plus aussi marquée qu’avant, admet Retter. Tout d’abord parce que nous avons des danseurs qui passent par la Royal Ballet School et qui apprennent désormais en quoi leurs capacités physiques peuvent les aider. Et ensuite parce que maintenant, nous avons ces “champions” au top qui réalisent que cet apport scientifique ne les détourne pas de leur expression artistique, mais l’améliore au contraire. » THE RED BULLETIN

FOCUS Matthew Ball En mars dernier, Matthew Ball reçoit un appel du ­directeur du Royal Ballet : le danseur étoile David ­Hallberg s’est blessé au mollet en interprétant le rôle principal d’Albrecht dans Giselle. Lui, qui n’a interprété ce rôle qu’une seule fois, doit le remplacer. « Quand on n’a pas d’autre choix, on s’en ­remet à sa routine. J’étais moins stressé qu’avant d’autres représentations. » Devenu danseur étoile ­depuis, M ­ atthew a développé des stratégies pour rester concentré sur scène. « En donnant un ­signal au cerveau pour qu’il se concentre sur quelque chose de facile à identifier. Si mes émotions prennent le dessus, si ma fréquence cardiaque s’affole, je pose ma main sur mon cœur pour concentrer tous mes efforts dessus. »

La science ne remplacera jamais le talent nécessaire pour créer de la beauté artistique sur scène. Et si le rôle principal d’un danseur est de transcender les limites de son corps afin de susciter une émotion chez son public – faisant ainsi passer le sport au rang d’art –, la science a un rôle de soutien essentiel à jouer. « Quand on participe à une course, on court tout simplement, dit Claire Calvert. Nous, on doit se mouvoir avec grâce, être élégants, sourire et créer une réaction émotionnelle, même si à la fin, on n’en peut littéralement plus. Faire des squats, ce n’est pas cela qui m’aidera à faire 32 fouettés, il faudra quand même que je m’exerce à effectuer les pas. Mais je suis désormais armée d’une force et d’une confiance qui me permettent d’être plus présente dans ma performance, je peux donc mieux me concentrer sur l’histoire ou le personnage. » Ce sentiment est peut-être bien la pierre ­angulaire de toute cette révolution dans le ballet. Les danseurs doivent exécuter des chorégraphies précises et soumises à un contrôle rigoureux, mais d’une certaine manière, ils peuvent exprimer leur personnalité dans le cadre de cette performance. « C’est quand on a confiance que l’on laisse transparaître notre joie naturelle dans nos performances », explique Claire Calvert. En associant les valeurs traditionnelles du ballet que sont la discipline et la persévérance aux idées nouvelles de la science, les danseurs créent un équilibre parfait – sur scène et en dehors. « La transition est déjà en marche, déclare Gemma Pitchley-Gale. On est en plein dedans. »   73


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guide au programme

DE L’ULTRAFOND AUX HAUTS FONDS

Ancien coureur longue distance, Christian Schiester sillonne les océans sur un voilier. Si vous êtes sympa, il vous attend aux îles Salomon.

HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL

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SA SALLE À LUI ? DES HECTARES !

RED BULL JOUR D’ENVOL À LYON

DU BON MATOS POUR S’ÉVADER

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Pour le fitness, Tom Kemp s’entraîne à la ferme. Tout équipé !

THE RED BULLETIN

Le 30 juin, des engins non motorisés vont planer à Confluence.

Gaming, cinéma ou musique : améliorez l’expérience, chez vous.

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GUI D E

Faire.

Home sweet home sur l’océan : les hôtes de Christian Schiester explorent les îles Salomon à bord de El Toro.

LES ÎLES SALOMON

UN YACHT ET MILLE ÎLES Destination Red Bull vous fait découvrir le monde avec des athlètes de classe mondiale. Déconnexion totale à bord du voilier de Christian Schiester, ex-pointure de l’ultratrail.

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epuis 2016, je sillonne le globe à la barre du « El Toro », mon voilier de 18 mètres après une vie de coureur d’ultratrail et 160 000 km dans les jambes. Le bercement des vagues a remplacé la douleur des ampoules, et nez au vent, je

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­ avigue vers l’inconnu. Sept n ­années pour le voyage d’une vie. Après une carrière axée sur l’obsession de terminer les courses, je souhaite à présent vivre cette communion avec la nature dans sa totalité et en pleine conscience, en mer comme sur terre.

Compagnons de voyage : Christian Schiester et Daniela.

THE RED BULLETIN


voyage

Infos voyage

AU NOM DU ROI

En 500 ans d’histoire, la moitié du monde a tenté à un moment ou un autre de conquérir les îles Salomon.

Îles ­Salomon Buala Gizo

L’ex-marathonien trouve toujours le temps de courir sur les plages visitées.

Auki Tulaghi

Situé au sud-est de la Nouvelle-Guinée, dans l’océan Pacifique, ­l’archipel compte environ un millier d’îles.

Honiara Kirakira

BON À SAVOIR

JUERGEN SKARWAN, HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL, GETTY IMAGES

WERNER JESSNER

ORIGINE Un navigateur européen les découvre en 1568 et donne au plus grand archipel de la mer du Sud le nom du roi ­biblique Salomon. Cependant, la présence des premiers habitants remonte à environ 30 000 ans. HISTOIRE Après leur découverte, esclavagistes, missionnaires, colons britanniques, allemands, japonais et américains y ont jeté l’ancre avant que le pays ne devienne ­indépendant en 1976.

Les îles Salomon restent une destination relativement peu touristique.

­ écouvrir loin des foules ses tréD sors ­cachés, s’immerger dans d’autres cultures, saisir ce qui unit les humains, ce qui les distingue. Appréhender pleinement la fragilité de la planète. Préparer soimême ses repas mais aussi les ­hisser à bord : thon, calamar, ­maquereaux. Présente à mes côtés, mon amie Daniela m’accompagne par vents et marées, par temps calme ou par tempête, sur une plage ­paradisiaque ou sur le pont. La beauté et la diversité rencontrées tout au long du voyage ont vite transformé les Autrichiens purs et durs que nous sommes, habitués aux montagnes et aux terrains ­solides, en amoureux de l’océan.

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« Nous souhaitons communier avec la nature avec tous nos sens. » J’ai toujours pensé que la voile et la course à pied n’avaient rien en commun. Pourtant, les deux activités partagent des aspects communs comme la solitude, l’invitation à la réflexion, une lente progression vers l’objectif, mais aussi la nécessité de voyager léger. Courir seul à travers le Sahara oblige à emporter le strict minimum, il en va de même en mer.

MATOS Trois choses indispensables à bord selon Christian.

LUNETTES SPECT Un ensoleillement maximum : les Spect de la ­collection Red Bull s’y adaptent à merveille. specteyewear.com T-SHIRT ALPHA-TAURI La technologie innovante Taurex permet au corps de recycler sa propre énergie sous la forme de rayons infrarouges en améliorant au passage la circulation sanguine et l’absorption d’oxygène. alphatauri.com

ÉCOUTEURS JABRA Pour écouter de la musique, j’utilise un modèle classique à la barre, et des intra-auriculaires quand je cours. jabra.com

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Faire.

voyage

DESTINATION RED BULL

L’AVENTURE AVEC DES STARS DU SPORT

Tester la moto avec des pros du MotoGP ou le plongeon de haut vol avec un champion du monde ? Ces voyages sont pour vous.

LESOTHO

LES AÇORES

AVEC ORLANDO DUQUE Masque et tuba, baignades, observation de baleines et initiation au plongeon de haut vol (tous niveaux) avec le champion du Red Bull Cliff Diving.

MUMBAI

AVEC LES RED BULL BC ONE ALL STARS Rencontre et training au sommet avec les meilleurs B-Boys lors de la finale mondiale du Red Bull BC One, avant de plonger dans la vie nocturne de Mumbai.

BARCELONE

AVEC SETE GIBERNAU ET DANI PEDROSA Formation top niveau à la conduite de MotoGP sur circuit privé exclusif avec Sète Gibernau et ­entrées VIP au Grand Prix de Catalogne.

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Skipper en action : Christian Schiester ajuste la position de la voile à l’aide du Winsch.

Nul besoin d’Instagram ou de Facebook pour avoir la sensation d’exister. Nous voyageons autour du monde d’ouest en est, c’est-àdire à contre-courant des vents dominants. Cela rend le voyage plus long, mais nous avons tout le temps. En outre, cela r­ eprésente le plus grand défi en termes de navigation, un défi qui exige d’être autosuffisant et prêt à ne pas croiser âme qui vive pendant 2 500 milles nautiques soit environ deux mois. Nous nous trouvons actuellement près de l’île de Komodo, une île à l’est de l’Indonésie connue pour ses fameux dragons : des varans restés imperméables à l’évolution des espèces. Notre route se poursuit ensuite vers l’Australie, avec une escale aux îles Salomon. Destination Red Bull vous offre la possibilité d’y vivre les aventures de votre choix encadrées par des athlètes. L’itinéraire d’une semaine à travers les îles Salomon que ­Daniela et moi-même vous proposons sera fonction de la houle et de la météo. La perspective de vivre des jours de rêve, réduits

à l’essentiel : eau ­salée, énergie ­éolienne, soleil, maillot de bain, T-shirt, serviette de bain et le temps devant soi. Beaucoup de temps. Si par le p ­ assé certaines étapes furent éprouvantes, m’obligeant souvent à rester plus de 24 heures à la barre à lutter seul contre le vent et les vagues, le mois de septembre, période ­prévue pour accueillir nos hôtes, ­promet des conditions bien plus clémentes, voire paradisiaques, pour admirer l’archipel aux mille îles. Durant la saison sèche, l’alizé balaie ces îles des mers du Sud et assure des conditions de navigation idéales avec un faible taux d’humidité dans un climat connu pour être très humide le reste du temps. Le soir venu, nous retrouvons la terre ferme sur une plage sauvage abandonnée depuis de longs mois, pour faire un feu et griller le poisson pêché le jour même. Ce qui donnera à chacun l’occasion de comprendre pourquoi les îles Salomon sont aussi appelées « les îles du ­bonheur »… christian-schiester.com

Infos et réservations

destination.redbull.com

THE RED BULLETIN

HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL

AVEC ALFIE COX Le Sud-Africain, légende de l’enduro, vous fera ­découvrir une semaine durant les plus belles pistes de moto sur le parcours du Rallye Roof of Africa.


UBIC 40 Polyvalence et modularité 40 litres - 1.230 kg

THE RIGHT STUFF TO RISE Bellabouvier

Simon

THE RIGHT STUFF TO RISE UP *Le bon choix pour s’élever - Millet©Clément Hudry


GUI D E

Faire.

fitness

SYSTÈME D

SUER AU VERT

Marre de rester enfermé ? Tom Kemp vous ­explique comment transformer votre ­jardin ou le square d’en face en salle de gym improvisée. POIDS Tout ce que vous pourrez trouver fera l’affaire : sac de sable, pack de bouteilles d’eau ou votre sac à dos ­lesté. Soyez créatifs ! EXERCICES Soulevez le poids cinq fois du sol au plafond, puis ­parcourez trente fois une ­distance de 25 mètres avec, et terminez par une série de dix burpees.

L’expert en fitness Tom Kemp en plein entraînement à la ferme : « Je me suis toujours senti à l’étroit dans les salles de gym. Ma vie se joue dehors. »

RÉPÉTITIONS Faites autant de séries que possible en quinze minutes en insérant un sprint de 100 mètres entre chaque série.

LA FERME À FITNESS

L

e succès de la méthode de Tom Kemp est étroitement lié à sa simplicité et à son originalité. Ce coach personnel de 26 ans a grandi au sein d’une ferme de 250 hectares dans le sud de l’Angleterre. « Je passais mes journées dehors. Il y avait toujours quelque chose à faire, » rembobine-t-il. Adolescent, la séance hebdomadaire à la salle de gym ne lui suffisant pas, il crée son propre circuit d’entraînement à la ferme familiale où les machines ne manquent pas. Kemp utilise nombre d’entre elles dans son programme d’exercices combinant strongman, bodybuilding, callisthénie et ­cardio.

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En 2016, il lance Farm Fitness. Un an plus tard, le m ­ agazine Men’s Health salue son concept et le hisse au rang des meilleurs au monde. Les athlètes pros du pays (dont les rugbymen des Wigan Warriors) s’entraînent avec lui. Ils soulèvent des sacs de céréales, traînent d’énormes pneus de tracteur, agitent des chaînes métalliques à satiété. « Nul besoin d’équipement complexe ou de programmes sophistiqués pour retrouver la forme », e­ xplique Kemp. Sa ­devise : revenir à l’essentiel. Des exercices simples pour un rendement maximum à condition ­d’aller jusqu’au bout de soi. farm-fitness.co.uk

Tom Kemp, créateur de Farm Fitness

FLORIAN STURM

Quand les sacs à grains remplacent les haltères. L’Anglais Tom Kemp réinvente le fitness armé d’une idée simple.

« Nul besoin d’équipement complexe pour atteindre la forme. »

Kemp dirige lui-même le camp d’entraînement à la ferme.

THE RED BULLETIN

CHRIS PARKES

LA FORME EST DANS LE PRÉ



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Faire.

gaming

STRATÉGIE D’ÉQUIPE

L’UNION FAIT LA FORCE Jeu de type battle royale, Apex Legends a une règle simple : jouer en équipe ou ­mourir. Une leçon de vie…

P

ersonne n’est fait pour vivre seul, et c’est à force de solidarité que l’humanité a pu s’en sortir jusque-là. Ce principe ne s’est jamais autant ­vérifié que dans le jeu de tir en ligne Apex Legends. Huit heures après sa mise en ligne inopinée en février, le jeu enregistre un million de joueurs et plus de 50 millions au bout d’un mois. Une popularité due en grande partie à son gameplay en équipe très gratifiant doublé d’un système de communication simple et ­rapide, transmettant des informations vitales aux coéquipiers. Un simple clic signale la présence d’objets, un double-clic celle d’ennemis et un clic maintenu ouvre un menu de messages prédictifs instantanés. Plus ­besoin d’aborder des inconnus ou de deviner les intentions d’un partenaire sans micro, engagé dans une zone ­ennemie. « Les meilleures équipes allient interdépendance et confiance mutuelle », explique Jo Owen, ­expert en leadership qui, pour découvrir les s­ ecrets d’une équipe soudée, a délaissé les salles de r­ éunion managériales pour vivre aux côtés de tribus au fin fond de la jungle. Il analyse ici les compétences des joueurs d’Apex Legends (AL) et les confronte à la réalité.

LEADER D’EXCELLENCE AL choisit au hasard le jumpmaster : ce coéquipier peut alors décider des points de chute sur la carte et diriger la troupe au sol en balisant à l’aide de pings la route à suivre, en accord avec les autres membres, bien sûr. Être leader se mérite, et ce n’est jamais a­ cquis. Dans une entreprise, beaucoup confondent le grade et la capacité à diriger. Or, l’un ne présuppose rien de l’autre : au final, seuls les actes comptent et leur mise en œuvre. Dans le jeu, si votre leadership n’est pas à la hauteur, vous êtes remplacé en trente ­secondes.

Un univers de jeu post-apocalyptique.

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JO OWEN Meneur d’hommes

Entrepreneur et auteur primé, l’Anglais est ­l’initiateur de huit organisations à but non lucratif totalisant un chiffre ­d’affaires annuel de plus de 120 millions d’euros. Il donne des conférences sur le ­leadership et le ­travail en équipe, et a vécu avec des tribus indigènes. Apex Legends est ­disponible sur PC, PS4 et Xbox One

CARTE DE LOYAUTÉ Les dirigeants d’une société préféreront toujours les incompétents aux déloyaux. La loyauté vient de la prise de conscience que l’union fait la force. C’est l’une des principales ­raisons du succès de AL : contrairement à d’autres jeux de tir en équipe, la ­stratégie du loup solitaire n’est pas viable. Au fond, Apex ­Legends est une guerre tribale, d’un genre assez brutal. Je l’ai constaté en étudiant les tribus. Leurs membres, loyaux à 100 %, ont compris que sans elles, leurs chances de survie sont minces. JEU DE RÔLE L’interdépendance et la confiance mutuelles ne suffisent pas à créer une équipe. Chacun doit être conscient de son rôle et de sa place. Suis-je le plus exposé ou le planqué ? Les personnages d’Apex ­Legends correspondent aux archétypes de jeu vidéo standard de ­défense, d’attaque et de renfort, mais il faut aussi comprendre la ­façon dont les rôles de vos coéquipiers ­interagissent avec le vôtre. Choisir un rôle de médecin, puis combattre en première ligne n’a ­aucun sens. C’est comme choisir un conseiller f­ inancier accro aux jeux d’argent…

THE RED BULLETIN

MATT RAY

Trio de choc : Bloodhound, Wraith et Gibraltar, personnages AL.

LA LUCIDITÉ EST ESSENTIELLE Les habitués de jeu de tir multijoueurs avec micro sont coutumiers des messages du type « il y a un ennemi près de cet arbre » avec un inévitable « quel arbre ? » en réponse. Demandez à un collègue de modifier un rapport et il vous répliquera « modifier quoi, quel rapport ? »… Ne laissez pas de place à l’interprétation, soyez explicite. La confiance exige une bonne communication. Avec AL , elle est fréquente et sans ambiguïté. Un ping ciblant un arbre spécifique ne laisse aucun doute.

FICHE EXPERT

ELECTRONIC ARTS

LA CONFIANCE EST CLÉ Dans AL, vous faites équipe avec des inconnus, ce qui soulève le problème de la confiance. Dans le monde du travail comme dans la vie, la confiance se bâtit de deux façons : par les expériences en commun qui créent du lien, ou par vos actions qui vous donnent une crédibilité. Le système de ping remplit la seconde exigence en tenant votre équipe informée (même de vos pauses pipi réelles), tout en éludant habilement la première. Ne pas avoir à parler, à envoyer de SMS ou à voir ses coéquipiers est génial. Du moment que vous savez tirer, soyez qui vous voulez.


ALPHATAURI.COM


GUI D E

Voir.

Un vent de liberté souffle ce mois-ci sur Red Bull TV : sur un dancefloor au Japon, sur les falaises aux Açores ou sur les pistes en Autriche.

Musique de très haute qualité et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…

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Le Japonais Leo lors des qualifications de 2018.

er

juin   DIRECT

RED BULL DANCE YOUR STYLE : FINALE AU JAPON

Red Bull Dance Your Style inspire et cultive la créativité en offrant des lieux d’expression de danse de premier choix et en présentant de nouvelles scènes et de nouvelles ­communautés. Après les qualifications l’hiver dernier, l’heure de la finale nationale ­nippone à Tokyo a sonné. Qualificative pour la finale mondiale à Paris le 12 octobre.

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juin   DIRECT

RED BULL CLIFF ­DIVING, PORTUGAL

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d ­ irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c­ réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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C’est l’une des aventures exclusives ­proposées par Destination Red Bull, en compagnie d’Orlando Duque. Suivez toutes les étapes de l’événement ici.

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juin   DIRECT

UCI MTB WORLD CUP, AUTRICHE

La Coupe du monde VTT s’agrandit cette année, avec huit étapes pour les riders. Nous vous ouvrons une f­ enêtre sur l’étape alpine de cette édition.

THIS SIDE OF NOWHERE

17 juin

SUR LES ONDES  Dans son émission (chaque 3e lundi du mois, 19 heures GMT+1), ­Veronica Vasicka explore l’univers d’artistes qui ont façonné la musique électronique underground. La reine de l’électro new-yorkaise et le fondateur du label Minimal Wave se penchent sur les esprits rebelles du DIY autant que sur l’héritage de la batterie et les racines du synthé, avec des bandes-sons japonaises et australiennes, jusqu’à l’histoire du Fairlight. À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM

THE RED BULLETIN

JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL, DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL, BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL

LES BONS MOVES

juin


Faire.

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juin / juillet juin Grand Prix de France F1 Un an après le retour du GP de France au calendrier mondial, le circuit Paul Ricard s’est encore amélioré pour le show F1. Pierre Gasly, promu au volant d’une monoplace du team Red Bull Racing cette saison, sera l’une des attractions de la course. Le pilote normand de 23 ans a désormais le potentiel pour viser les podiums. Au Castellet, il sera soutenu. Le Castellet ; gpfrance.com

31

mai au 15 juin

QU’IMPORTE VOTRE STYLE

Hip-hop, breakdance, locking ou popping, l’essentiel c’est d’afficher son style pour enflammer la salle et rallier les suffrages. Le Red Bull Dance Your Style saison 2 met les danseurs en freestyle total face au seul verdict des spectateurs à chaque battle. Tout démarre à Lille le 31 mai, puis ce sera Paris, Bordeaux. Et une finale nationale à Marseille le 7 septembre. La voie à suivre vers la grande finale internationale à Paris le 12 octobre.

GETTY IMAGES, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL

Lille, Paris, Bordeaux ; redbull.com

6

juin au 7 juillet Coupe du monde féminine de foot C’est l’événement football de l’année. Pour la première fois depuis sa création officielle en 1991, elle se déroule en France dans neuf villes. Les Bleues figurent parmi les favorites de ce tournoi à 24 équipes. Tout commencera par un France-Corée du Sud à Paris dans un groupe où se trouvent aussi la ­Norvège et le Nigeria. Demi-finales et ­finale ont lieu à Lyon. Le succès populaire est déjà assuré. Allez les Bleues ! Neuf stades en France ; fr.fifa.com/womensworldcup/

THE RED BULLETIN

15

juin Football à 5 : la grande finale  Le Red Bull Neymar Jr's Five, tournoi de foot à 5, monte en pression. Tenues jusqu’au 25 mai à Marseille, les qualifications régionales ont fait le tri. Les meilleurs accéderont à la ­finale française à Paris du 1er juin, qualificative pour une place pour celle, internationale cette fois, à Praia Grande, au Brésil. Paris ; redbullneymarjrsfive.com

15

juin Red Bull Font&bleau Les neuf qualifications régionales menées depuis le 28 mars ont désigné les meilleures : les 40 équipes de trois grimpeurs qui s’affronteront lors de la ­finale du Red Bull Font&Bleau en forêt de... Fontainebleau ! Cette année, un nouveau chaos est exploré, offrant une trentaine de blocs sur lesquels il faudra aller vite, sans lâcher prise. Un travail d’équilibriste. Fontainebleau ; redbull.com

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Voir.

30 juin

RED BULL JOUR D’ENVOL

Le premier à l’eau a perdu ! Quand le pilote doit quitter son poste, à Nashville (USA).

PRÊT(E)S POUR LE GRAND SAUT ? Voler. Léonard de Vinci en rêvait déjà en 1480 sur ses célèbres plans. Plusieurs centaines d’années plus tard, des engins volants bizarres et innovants prennent leur envol sur le Danube, à Vienne (Autriche) : c’est la ­naissance de Red Bull Flugtag. Le principe ?

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S’élancer depuis une plateforme juchée à 6 m au-dessus d’un plan d’eau et prolonger au maximum sa prestation dans les airs.

160 fous volants Depuis sa création en 1992, l’événement a parcouru la planète entière, rassemblant les engins les plus fous et des participants de toutes nationalités. Ce 30 juin, ils seront près de 160, répartis en 40 équipes, à relever le défi à la Darse de Confluence à Lyon pour le Red Bull Jour d’Envol, nouveau nom de

l’événement en France. Sandwich, dragon… tous les designs sont permis pour l’engin dans lequel prendra place chaque équipe. Mais les concurrents sont tenus de respecter les règles : leur création ne doit pas dépasser les 180 kg, 5 m de largeur et 5 de longueur. L’équipe devra aussi avoir le sens du spectacle en proposant une chorégraphie en introduction de sa prestation pour séduire les juges et obtenir le maximum de points !

THE RED BULLETIN

MATT SHAW/RED BULL CONTENT POOL, BERNARD BIANCOTTO/RED BULL CONTENT POOL, FRENCH PAON PAON

Le plus original des concours d’envol s’installe à Lyon, à la Darse de Confluence, le 30 juin prochain. Le principe de cet événement barré : concevoir, construire et piloter un engin ­volant non motorisé pour planer plus loin que les autres. Turbulences assurées !


Lyon

2009 à Marseille, une première en France Il y a dix ans, le Red Bull Flugtag débarquait en France. Sous le soleil marseillais, cette première édition d’un événement innovant a surpris et intrigué de nombreux spectateurs, puisque près de 50 000 personnes étaient présentes sur site. Une popularité inattendue à l’époque, qui satura la corniche de la cité phocéenne. C’est sur les plages du Prado, spot idéal de par sa superficie, que se sont élancées les équipes engagées, sous les yeux de juges prestigieux invités pour l’occasion. Laure Manaudou, Luc Alphand ou encore le champion de BMX Matthias Dandois étaient en effet chargés de noter les sardines et ­savons volants en compétition, récompensant les prestations et l’audace des ­participants.

Septembre 2009 : Marseille inaugure un nouvel aérodrome.

Les chiffres aussi s’envolent

3 500 000

Le nombre cumulé de spectateurs sur les 150 événements qui se sont déroulés à travers le monde depuis la création du Red Bull Flugtag, en 1992. Cette année à Lyon, 20 000 personnes sont attendues pour encourager les 40 équipes engagées.

Team French Paon Paon

« UN MOMENT EN FAMILLE ! »

78,5

mètres, soit le record de distance établi par les Chicken Whisperers en 2013 à Long Beach, aux États-Unis. Malins, les cinq poussins californiens avaient imaginé une structure double, dont la base à roulettes leur a permis de prendre une grande vitesse sur la plateforme de lancement.

plastique et moi, je fais un doctorat en physique ! Bref une équipe 100 % féminine avec des profils assez complémentaires !

mais on vient surtout pour s’amuser et pour vivre un moment en famille et entre amies.

Qu’est-ce qui vous a motivées à vous lancer dans l’aventure ? On avait vu pas mal de vidéos de l’événement, mais toutes tournées à l’étranger. Comme cette année c’est à Lyon, on a sauté sur l’occasion ! Certaines d’entre nous ont participé au Red Bull Caisses à Savon en 2014 et avaient adoré l’ambiance et la phase de préparation.

Comment allez-vous fabriquer votre ovni ? On dispose d’un atelier où l’on a suffisamment de place pour le construire. Côté matériaux, on va utiliser des tubes en plastique léger et du tissu. Clémence, qui étudie la mode, va pouvoir apporter sa touche créative pour décorer le paon. Notre père est menuisier, il sera aussi de bon conseil pour la partie plus technique.

Une pour toutes : cette équipe participe surtout pour le fun, en famille.

Une baleine, un smartphone, un Jean-Claude Dusse… Les engins « volants » les plus insensés sont attendus sur le Red Bull Jour d’Envol. L’équipe féminine des French Paon Paon a misé sur les plumes. Claire nous explique ce concept ailé.

THE RED BULLETIN

THE RED BULLETIN : Qui sont

les French Paon Paon ? CLAIRE : Nous sommes quatre :

trois sœurs et une amie de la famille. Nous ­suivons toutes les quatre des parcours assez différents : Elsa é­ tudie le marketing, Clémence la mode, Aude l’art

Comment votre équipe peutelle faire la différence ? Côté technique, on a fait des calculs pour que notre machine plane le plus longtemps possible. On va construire un engin hyper coloré, et faire une choré inspirée du french cancan, ça va être drôle ! Gagner, ce serait top

Pourquoi un paon ? On voulait quelque chose de très coloré et qui puisse planer ! Du coup on a pensé à cet oiseau ; il volera avec ses grandes ailes ! On a hâte de le voir prendre son envol.

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Voir.

Lyon

La règle de 3

PAS LÀ QUE POUR PLANER Pour espérer la victoire, les 40 équipes devront séduire un jury qui les notera selon 3 critères. 1. Distance Celle réalisée avant de toucher le plan d’eau par chacun des ­engins volants engagés. 2. Créativité Celle des participants sur la conception de leur engin : celleci sera évaluée entre 1 et 10. 3. Mise en scène Avant le départ, les concurrents effectueront une chorégraphie très (voire très très) originale de 20 secondes minimum.

Dans la poche ? Des kangourous se lancent à Kobe (Japon), en 2015.

Sur votre plan de vol L’instant Instax. La marque d’appareil photo ­instantanée sera présente sur le village du Red Bull Jour d’Envol et proposera aux visiteurs de son stand de gagner le dernier vol de la journée à bord de l’engin spécial Instax. Pour tenter de participer à cette expérience inédite, le public sera invité à se faire prendre en photo, puis un pilote sera tiré au sort.

Une appli exclusive. Sur le site de l’événement, à l’aide d’un QRcode, les spectateurs pourront télécharger l’application Red Bull Jour d’Envol. Elle leur offrira une mise à jour permanente du déroulé de l’événement, et proposera toutes les infos essentielles pour apprécier le show dans les meilleures conditions (infos sur les équipes, accès, règlement).

Pas besoin de passeport pour embarquer. Venez vivre un moment convivial en famille sur le village de l’événement et profiter des animations mises en place pour l’occasion. L’entrée est libre ! Red Bull Jour d’Envol, dimanche 30 juin, à partir de 14 heures à ­l’espace Confluence. flugtag.redbull.com/fr

Situé en plein cœur de la Confluence, entre Rhône et Saône, le bar-restaurant Le Selcius est un lieu de convivialité réputé de la région. Avec ses DJ’s internationaux, ses performeurs et soirées thématiques, Le S ­ elcius Club et son fameux lounge s’est imposé comme le spot idéal pour la soirée d’ouverture du Red Bull Jour d’Envol. Les DJ’s résidents Aurélien Ronco et Anthony Partamian y enchaîneront leurs meilleurs sets pour faire monter les degrés… celsius ! Attention, l’événement est ouvert au public dès 23 heures, mais les places seront limitées. Soirée d’ouverture du Red Bull Jour d’Envol au Selcius, Lyon Confluence, le samedi 29 juin. selcius.fr

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L’événement prendra son envol au Selcius.

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JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL, STUDIO TONIR

Décollage au Selcius



DE L'AUTRE CÔTÉ

Votre matos hi-tech a désormais la capacité de vous transporter ailleurs. Sur un circuit, dans une salle de concert ou de ciné… Avec eux, c'est chez vous partout. Texte WOLFGANG WIESER

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MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans sept pays. Le groupe pop ­Bilderbuch nage à contre-courant dans l’édition autrichienne. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas r­ esponsable des textes, photos, ­illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteurs en chef adjoints Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English, Tara Thompson Directeur photos Fritz Schuster Directeurs photos adjoints Marion Batty, Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner, Arek Piatek, Nina Treml, Stefan Wagner Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur global Media Sales Gerhard Riedler Directeur Media Sales International Peter Strutz Directeur commercial & Publishing Management Stefan Ebner Publishing Management Sara Varming (Dir.), Bernhard Schmied, Melissa Stutz, Mia Wienerberger Communication Christoph Rietner Directeur créatif global Markus Kietreiber Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier Emplacements publicitaires Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Production Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Fabrication Veronika Felder Office Management Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl

THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project M ­ anagement Alessandra Ballabeni, alessandra.ballabeni@redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne Fortas, Suzanne K ­ říženecký, Claire ­Schieffer, Jean-Pascal Vachon, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Publicité PROFIL 134 bis rue du Point du jour 92100 Boulogne +33 (0)1 46 94 84 24 Thierry Rémond, tremond@profil-1830.com Elisabeth Sirand-Girouard, egirouard@profil-1830.com Arnaud Lietveaux, alietveaux@profil-1830.com

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor David Mayer Révision Hans Fleißner (Dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Natascha Djodat Publicité Matej Anusic, matej.anusic@redbull.com Thomas Keihl, thomas.keihl@redbull.com

THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Christian Eberle-Abasolo Révision Hans Fleißner (Dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Publishing Management Bernhard Schmied Directeur Media Sales Alfred Vrej Minassian Media Sales anzeigen@at.redbulletin.com

THE RED BULLETIN Mexique, ISSN 2308-5924 Country Editor Luis Alejandro Serrano Rédactrice adjointe Inmaculada Sánchez Trejo Secrétaire de rédaction Marco Payán Relecture Alma Rosa Guerrero Country Project Management Giovana Mollona Publicité Humberto Amaya Bernard, humberto.amayabernard@redbull.com

THE RED BULLETIN Royaume-Uni, ISSN 2308-5894 Country Editor Tom Guise Rédacteur associé Lou Boyd Rédacteur musical Florian Obkircher Directeur Secrétariat de rédaction Davydd Chong Secrétaire de rédaction Nick Mee Publishing Manager Ollie Stretton Publicité Mark Bishop, mark.bishop@redbull.com

THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country Editor Arek Piatek Révision Hans Fleißner (Dir.), Petra Hannert, Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek Country Project Management Meike Koch Publicité Marcel Bannwart (D-CH), marcel.bannwart@redbull.com Christian Bürgi (W-CH), christian.buergi@redbull.com

THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Rédacteur en chef Peter Flax Rédactrice adjointe Nora O’Donnell Éditeur en chef David Caplan Directrice de publication Cheryl Angelheart Publicité Todd Peters, todd.peters@redbull.com Dave Szych, dave.szych@redbull.com Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com

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HORS DU COMMUN Le 27 juin avec    et le 4 juillet avec  dans une sélection de points de vente et en abonnement RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL


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DAVID MAYER

Drapeau allemand Il ne peut pas s’en empêcher : même lorsqu’il va à la plage, ici à Santa Monica, en Californie, le grimpeur de l’extrême Alexander Megos est toujours à l’affût d’une action pour booster son adrénaline. Alors à Muscle Beach, l’Allemand s’amuse avec le photographe et joue des muscles, pour le plaisir. Les expéditions de Megos sur redbull.com

Le prochain THE RED BULLETIN n° 89 disponible dès le 27 juin 2019 98

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Le plein d’action.




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