The Red Bulletin Août 2013 - FR

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Un magazine hors du commun

AOÛT 2013

Javier Pastore Sta r à d om i c i l e

34e Coupe de l’America

magazine sponsorisÉ

FIGHT CLUB

Reportage à bord des AC72



le monde de Red Bull

Août 64 F1 des mers

Le grand spectacle de la Coupe de l’America est pour bientôt. En attendant, The Red Bulletin ouvre un dossier « flots bleus ».

Photo de Une : GUILAIN GRENIER. Photos : ORACLE TEAM USA/Guilain GRENIER, Norman Konrad

respiration

Le foot, opium du peuple ? à l’heure où la L1 propose une saison de duellistes, ce 22e numéro de la version française de The Red ­Bulletin s’accorde une respiration « ballon rond hexagonal ». Javier Pastore nous ouvre les portes de son havre de paix situé à deux pas de l’Arc de Triomphe, à Paris. Mais, une fois de plus, il y en a pour tous les goûts. De Franco Banfi, photographe génial, à une bande de robots surréalistes, en ­passant par la Coupe de l’America, LE très grand spectacle de ce trimestre, votre magazine aère vos neurones... Bel été à vous !

« Salut ! Je me présente, je ­m’appelle Fingers !  Si t’aimes le hard, tu ne seras pas déçu(e). » Rendezvous page 74.

Bonne lecture ! Votre Rédaction the red bulletin

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le monde de Red Bull

Août d’un coup d’Ailes Bullevard 15 18 19 20 22 24 25 26 28

30 grand bleu

énergisant monde  L’art en folie énergisant France  Fête du mois Mon corps & moi  L’effet Doppler Kainrath  Mon calendrier Hier & aujourd’hui  Cordes à son arc dans la tête de...  Neymar Jr. Animation  Bec et ondes formule magique  Faiseur de pluie le bon numéro  One-Hit-Wonders

Sous l’eau, la vie est belle (Banfi à dr.)

42 Simms se démarque L’agent qui tire les ficelles du ­business Bolt.

44 Kharlan se dévoile

Olga aime l’escrime et TRB aime Olga.

48 Au Peak de leur forme Loeb et sa 208 T16 Pikes Peak.

80

48

58 Pastore se confie

session extraordinaire

La tête dans les nuages

64 34 e Coupe de l’America

Au cœur d’un torride printemps newyorkais, Red Bull Music Academy a fait danser les clubs de la ville.

Exclu ! Dans les coulisses d’un exploit dantesque, celui du duo PeugeotSébastien Loeb à Pikes Peak.

L’Argentin n’est pas connu pour être le plus bavard des joueurs. Présentation dans ce numéro.

74 Robots en goguette

Un robot, ça parle et ça gratte sec !

80 RBMA

Dans la ville, à New York, pour Red Bull Music Academy.

Action !

58 Pastore à l’attaque

Auréolé d’un titre de champion de France avec le PSG, Javier Pastore amorce sa 3e saison en France. Interview ! 4

91 sous le soleil de mexico

Entre cactus et temples incas, il y a aussi, au Mexique, de la tequila et du mezcal. On s’amuse, notamment au Joy.

90 91 92 93 94 95 96 98

Matos  Stefan Bradl Clubbing  Mexico City voyages Abu Dhabi Conseils de pro  Cecilia Baena Ma Ville  Dublin musique  Empire of the Sun Focus  Dates à retenir dans le rétro

the red bulletin

Photos : Franco Banfi, Andrew Woffinden, Dan Wilton/Red Bull Music ACademy, Duhamel Flavien/Red bull Contentpool, Joy Room

reportages 30 Banfi s’extasie

Franco Banfi est le genre d’humain qui préfère la compagnie des animaux.


Vos artistes préférés partagent leurs coups de cœur musicaux : Headphone Highlights sur rbmaradio.com *Morceaux sélectionnés avec soin.

La sélection musicale la plus excitante du web.

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658


contributions Le quatuor du mois THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Publication & édition Red Bull Media House GmbH Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster

FRANCO BANFI

ryan inzana Illustrateur et auteur de BD, Ryan Inzana peut se vanter de voir ses œuvres publiées dans de nombreux magazines, campagnes de publicité, livres et supports à travers le monde. Son travail est reconnu par la très honorable Society of Illustrators. Ses dessins figurent dans la collection d’art permanente de la bibliothèque du Congrès américain. Au sujet de Neymar Jr., il avoue néanmoins : « Je pensais que c’était le nom du bateau d’Hemingway... » Page 24.

Andrew WOFfinden Basé à Londres, ce photographe de stars (Lana del Rey, Salma Hayek, Justin ­Bieber, etc.) shootait pour la ­première fois un footballeur de renommée mondiale. Chez Javier Pastore, Woffinden exerce dans un domaine qu’il apprécie. L’Anglais aime travailler au cœur de l’environnement naturel de ses sujets. Ici, il est servi. Sous les yeux de Chiara, la fiancée de Javier, Woffinden dirige la séance de main de maître. à savourer sans modération, page 58.

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Pendant son enfance à Lugano, le Suisse était loin d’imaginer que les lacs de son pays risquaient un jour de brider ses ambitions. Depuis, Banfi est devenu LA référence en matière de photographie sousmarine. Crocodiles ou hippopotames, il les a tous approchés sans crainte. Son job le plus périlleux jusqu’ici ? Le shooting d’un anaconda bien luné au Brésil. Ce n’est qu’après coup qu’il apprend que ces créatures engloutissent tout ce qui se trouve à leur portée sans ­exception. Photo Call, page 30.

Responsable de la production Marion Wildmann Rédaction Alexander Macheck (Directeur adjoint de la rédaction), Christophe Couvrat (Rédacteur en chef France), Étienne Bonamy, Ulrich Corazza, Werner Jessner, Florian Obkircher, Arek Piatek, Ioris Queyroi, ­Andreas ­Rottenschlager, Stefan Wagner, Daniel Kudernatsch (Tablette), Christoph Rietner (Tablette) Traductions & relecture Susanne Fortas, Frédéric ­Pelatan, Christine Vitel, Gwendolyn de Vries Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Directeur), Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette) Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing & management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Stefan Hötschl, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming

GUILAIN GRENIER Il habite rue Ferrari à ­Marseille et pourtant, son dada, c’est la voile. Le photographe français connaît son sujet sur le bout des phalanges. En 2008, il traverse le Pacifique à bord d’un voilier. En 2013, The Red Bulletin l’envoie en mission dans la baie de San Fransisco. Il choisit sa monture : un hélico. Grenier dégaine son objectif, le team Oracle dans le viseur. Ses clichés restituent l’esprit unique d’une épreuve chargée d’histoire. Reportage en page 64.

« Je pensais que ­Neymar Jr. était le nom du bateau ­d’Hemingway...  » RYAN INZANA

Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer Publicité Cathy Martin, 07 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr.redbulletin.com Emplacements publicitaires Sabrina Schneider Assistantes de rédaction Manuela Gesslbauer, Anna Jankovic, Anna Schober IT Michael Thaler Siège social Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00 Contact redaktion@at.redbulletin.com Web www.redbulletin.com Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays ­suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweit, Mexique, ­Nouvelle-Zélande, Suisse. Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas ­responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs. Dépôt légal/ISSN 2225-4722

the red bulletin


RED BULL

L A T R O P GAMES

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W I NTE R B E RG , alle magne

viser

Lorenz Holder met la barre très haut. Le photographe allemand souhaite révéler en un seul et unique cliché l’esthétisme et l’élégance du Mountain Bike Slopestyle, sous les traits du Français Yannick Granieri. Red Bull Berg Line sert de décor. « à l’image, le rétroviseur provient d’une pelleteuse, explique Holder. La ­difficulté tenait à la fenêtre de tir, très courte, car je voulais avoir le soleil dans le rétro. » Holder déclenche son ­appareil lorsque le Français décolle de la rampe. La première prise est la bonne. En plein dans le mille. Plus sur www.redbull.de/bergline Photo : Lorenz Holder

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G L A S G OW, écoss e

viseur

Sur son vélo, Danny MacAskill arpentait encore il y a quatre ans les rues de Dunvegan, village au charme désuet planté à la pointe nord-ouest de l’écosse. ­Depuis, ce génie du BMX fait carrière sur YouTube. La recette de ce fulgurant succès tient à ses tricks ­insolites, à une maîtrise corporelle digne d’un félin et à un sens poussé de la scénographie. Dans son dernier projet vidéo intitulé Imaginate, l’écossais s’en donne à cœur joie. Sa devise ? « La grandeur vient avant tout de l’intérieur. » C’est beau. Plus sur www.redbull.com/imaginate Photo : James North

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NAPle s , ITALI E

vision C’est à près de 400 km/h que Matthias Dolderer traverse le ciel de Naples à bord de son Zivko Edge 540. Tandis que le pilote ­allemand coupe le souffle des spectateurs venus assister à l’étape italienne de l’America’s Cup World Series, le photographe Olaf ­Pignataro réalise ses clichés grâce à un appareil GoPro fixé sur l’aile gauche. Ici, Dolderer survole le cratère du Vésuve. « La caméra a supporté sans encombres une accélération de 12 G », p ­ récise Pignataro, visiblement satisfait du résultat. Plus sur www.matthiasdolderer.com Photo : Olaf Pignataro/Red Bull Content Pool

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RED BULL ÉDITIONS

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DES AILES POUR TOUS LES GOÛTS.

MYRTILLE. CITRON VERT. CRANBERRY. ET L’ÉNERGIE DE RED BULL. Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr


Bullevard Énergisant… à petites doses !

Dynamite de groupe À la guitare ou au synthé, les 4 nouveaux groupes du label Red Bull Records mettent le feu.

Daniel Simon, lors de la première du film Oblivion dont il a façonné les véhicules futuristes.

BearTooth Caleb Shomo (2e à g.) est leader de ce groupe metalcore. Leur ­,devise : à fond en hurlant !

Five Knives La chanteuse Anna et ces punks électro de Nashville associent sonorités dubstep et basses pures.

Design en folie L’Allemand Daniel Simon invente des motos et voitures futuristes et séduit Hollywood. Visionnaire, Daniel Simon, 37 ans, aime à dessiner des vaisseaux spatiaux et à réinventer motos et voitures dans un look futuriste et chic. Son boulot de designer industriel, notamment chez VW puis Bugatti, lui met le pied à l’étrier. Son premier livre, Cosmic Motors (2007),

Photos : daniel simon (2), Tina Korhonen

New Beat Fund Des Californiens en vogue. Un son cool et bruyant, du Beck à son meilleur. Scare Me est un bijou.

Blitz Kids Ces jeunes rockers venus ­d’Angleterre distordent leurs guitares sur d’incroyables mélodies.

the red bulletin

i­ ntéresse Hollywood. Simon crée la fameuse ­voiture de course pour le blockbuster Tron : L’Héritage. Dans sa nouvelle série de bouquins, The Timeless Racer, on y trouve des voitures imaginaires des années 1981 et 2027. Plus sur www.danielsimon.com

Instantané

arrêt sur images

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à  phototicker@redbulletin.com Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Vila Franco do Campo

Le plongeur de haut vol Orlando Duque se donne du mal pour ­distraire les vaches portugaises. Dean Treml

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Créatif

La ville hôte des JO d’été de 2020 sera connue le 7 septembre. Voici le pire des mascottes.

turin 2006 Les Italiens choisissent Neve et Gliz, une boule de neige et un bloc de glace. On a connu mieux.

Arc-en-ciel en jeu L’an passé, Gee Atherton avait décroché le podium à chaque course. Une habitude perpétuée cette saison sur la plus haute marche. Ses secrets : « Un entraînement entièrement revu et le top en matière de vélo. » Pour le Championnat du monde à Pietermaritzburg, l’Anglais de 28 ans envisage des adaptations : « Le programme s’annonce chargé. Du coup, je dois revoir le poids et équiper le vélo d’une tige de selle à hauteur variable et système hydraulique, et de pneus plus larges. » Ses concurrents directs ? « Ils sont cinq ou six, dont Greg ­Minnaar, Mick Hannah et Aaron Gwin. » À choisir entre la Coupe du monde et le Championnat du monde ? « Remporter la Coupe du monde est plus significatif mais le Championnat du monde revêt plus de prestige. Surtout que le maillot arc-en-ciel est chouette à porter. » Les championnats du monde de VTT ont lieu du 26 août au 1er septembre. Plus sur www.uci.ch

Pékin 2008 Les Fuwa, censés symboliser les 5 éléments feng shui, ressemblent plus à de dociles Pokémon.

L’Américain Pharrell Williams, ­producteur de hits, parle de ses derniers projets, dont la création de la BO d’un film pour enfants. Que ce soit pour lui ou d’autres artistes, il compose les tubes avec une facilité ­déconcertante. Rien que cette année, Pharrell Williams a enregistré avec les Destiny’s Child et le duo Daft Punk avec lequel il a écrit le tube de l’été, Get Lucky. Que fait-il pour se d ­ étendre ? Il compose les bandes originales de films d’animation, comme celle de Moi, moche et ­méchant 2. the red bulletin : Vous naviguez entre plusieurs styles musicaux. Mais le point commun entre tous vos morceaux reste le peps. pharell williams : Pas un jour ne passe sans que l’on nous annonce une catastrophe, les gens s’endurcissent. Notre conscience collective a

besoin d’un peu de gaieté. Travaille-t-on comme à son habitude pour la BO d’un film pour enfants ? Au bout du compte, c’est kifkif, même si bien sûr il faut l’approbation du scénariste et du réalisateur. Les morceaux doivent être homogènes et refléter l’atmosphère du film. Quels sont vos prochains projets ? Actuellement, je produis les ­albums de Jay-Z, Kylie Minogue, Miley Cyrus et ­Jennifer Hudson. C’est dingue, ils veulent tous travailler avec moi ! Je me pince souvent pour m’assurer que tout ça est bien réel. J’en ai des bleus partout. (Rires.) Plus sur www.pharrellwilliams.com Pharrell Williams a plusieurs cordes à son arc.

atlanta 1996 Quant à la créature bleue en baskets, Izzy, on ne comprend toujours pas ce qu’elle représente.

PHOTO GAGNANTE

Tokyo

Ce participant de Red Bull Street Style a la souplesse du danseur de limbo. Naoyuki Shibata

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Hong Kong

Lors de Red Bull Dragon Roar, la batteuse martyrise son tambour pour booster les rameurs. Andy Jones

Potosí

Aaron Colton, un pilote cascadeur a­ méricain, aborde les virages des routes ­boliviennes avec originalité. Patricio Crooker the red bulletin

Photos : imago (2), Getty images (2), Picturedesk.com (2)

Gee Atherton, qui lorgne le maillot arc-en-ciel, ­domine la Coupe du monde de VTT.

star williams



Bullevard

Justice en •goûtevin le 18 août

Depuis sa création, le Festival de la Foire aux vins d’Alsace a vu défiler plus de 600 artistes : Jacques Brel, Ray Charles, James Brown, Indochine, 50 Cent, etc. Pour sa 66e édition, il y en a encore pour tous les goûts. On pourra croiser aficionados des années 80, rappeurs, hard-rockeurs ou insomniaques qui coloreront la Nuit Blanche. Au programme, Deep Purple, Snoop Dogg aka Snoop Lion, 1995 (voir The Red Bulletin de mai 2013), Asaf Avidan, la Nuit Blanche avec Far East Movement, Redfoo (LMFAO), la Hard Rock Session avec Anthrax et Helloween, Sexion d’Assaut, Youssoupha et Justice. Plus sur www.foire-colmar.com

Le rugby à l’honneur ! Dans les arènes basques, il faut du spectacle. Les 16 équipes de cette première édition de Red Bull ­Ovalie ont su relever le challenge. Sur une pelouse synthétique posée sur le sable, un terrain de 35 m de côté, sans poteaux de transformation, un en-but, sa zone bonus et deux équipes de 5 joueurs, le rugby

s’amuse. Les « Wings to Fly », vainqueurs du tournoi, peuvent en témoigner. « Le touché en haut du corps et le plaqué sous la taille gardent un équilibre proche du rugby », résume le Bayonnais ­Baptiste Baratchart. Plus sur www.redbull.fr/ovalie

Il va falloir se mouiller lors de Red Bull Elements.

Lee plein de super

La 3 édition du Red Bull Elements à Talloires, sur et autour du lac d’Annecy le 14 septembre, met encore en ébullition la planète outdoor. Rameurs, trailers, parapentistes et vététistes en rêvent. 70 équipes de quatre concurrents ont rendez-vous avec l’eau, la terre et l’air pour ce relais outdoor unique au monde, dans le décor grandiose du lac d’Annecy. Détournant chaque discipline de son format habituel, Red Bull Elements est taillé pour les amateurs d’adrénaline. L’épreuve d’aviron ouvre la journée avec un parcours de 12,5 km entre plusieurs bouées. à son terme, les rameurs enchaînent par une course à pied d’1 km, leur skiff sur l’épaule, pour passer le relais aux trailers. Ils s’élancent dans la montée de la Tournette longue d’environ 11 km mais avec un dénivelé positif de plus de 1 900 m ! En fin de parcours, les coureurs devront même progresser en se tenant à des câbles ou en empruntant des échelles. Là-haut, les parapentistes s’élancent à leur tour. Ils alternent sprints en l’air et atterrissages pour quelques courses à pied, voile de 6 kg pliée sur le dos, avant de se poser définitivement sur la plate-forme installée sur le lac, dans le Port de Talloires. Il restera aux derniers relayeurs, les vététistes, 1 700 m de dénivelé positif et 25 km pour boucler l’épreuve et rejoindre le bike park d’arrivée via sa ­passerelle suspendue. Ouf ! Les inscriptions sont closes ce 17 août. Plus sur www.redbull.fr

Touché, pas plaqué

Vancouver Les participants de Red Bull Divide and Conquer sautent de leur VTT dans un kayak. Bryan Ralph

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Zeltweg Lors de Airpower 13, l’un des plus importants shows aériens d’Europe, ce skydiver contrôle aisément. Red Bull Skydive Team

New York Pour épater la galerie, installez votre Treequencer dans un studio et pas dans votre ­jardin. Aaron Rogosin, Red Bull Creation the red bulletin

Texte : Etienne Bonamy. Photos : Stef Cande/Red Bull content pool, Julien Poupart/Red Bull Content Pool, Rex Features

Le son se lève à l’est


Bullevard

mon corps et moi

clemens doppler

Le double champion d’Europe de beach-volley ne jure que par les squats. Les deux ruptures des ligaments croisés de cet Autrichien de 32 ans n’y changeront rien.

FORCES DE FRAPPE

SIGNATURES

1 ASSISE

Je mesure 2 mètres pour 85 kg en début de saison. Avoir une bonne ceinture abdominale est essentiel. Pour la renforcer, je fais des exercices sur une surface instable avec un ballon de gymnastique. Deux séances de physiothérapie sont au programme de ma semaine d’entraînement.

Credit: texte : Ulrich corazza. photo : philipp forstner

Le sable exige une détente explosive. Les squats me permettent d’obtenir cette explosivité en deux temps. Je travaille d’abord la puissance avec un poids élevé et des répétitions limitées (130 kg/6 répétitions/ 4 séries). Puis l’explosivité en effectuant les mêmes exercices avec un poids ­réduit, 100 kg, mais en ­accélérant le mouvement. the red bulletin

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Mes tatouages dessinent des moments importants de ma vie. Le premier, un joueur de volley copié sur un magazine de volley-ball américain, remonte à mes 17 ans. Mes parents, passionnés de ce sport, ne m’auraient autorisé aucun autre motif. Sur mon bras, j’ai un as de pique avec pour légende « 03 » et « 07 », les années de mes titres de champion d’Europe. J’espère bientôt y ajouter le « 13 ».

MAILLON FAIBLE

2  c’est d’la bombe

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Les épaules sont généralement les plus exposées à la blessure. La violence des smashes et des services à ­répétition sollicite énormément leurs ligaments et articulations. À l’entraînement, je travaille ces gestes en ­utilisant des bandes élastiques Thera-Band.

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Un mois avant les JO d’Athènes en 2004, je me suis rompu le ligament croisé du genou gauche. Avant une rechute deux ans plus tard sur le terrain ­central à Klagenfurt. La vis posée à l’époque a été retirée en 2011 à ­l’occasion de mon opération du ménisque.

www.doppler-horst.com

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illustration : dietmar kainrath

Bullevard

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/redbulletin

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b u l l e va r d

HIER ET AUJOURD’HUI

Comme arc et flèches

Les flèches

Les flèches légères en ­aluminium étaient ce qui se faisait de mieux. Seul inconvénient : leur fragilité. Elles se tordaient au moindre tir raté.

L’aluminium high-tech a détrôné le bois. Mais depuis 1967, la cible est toujours la même. La preuve.

1967 ARC RECURVE ZOPF X7 Conçu artisanalement par une entreprise familiale d’Autriche, le Zopf X7 se compose de différents bois assemblés qui demandent plusieurs mois de fabrication. Dans les années 70, il séduit surtout par sa poignée en bois exotique massive. Sa ligne travaillée caractéristique et sa stabilité le rendent plus compétitif que les modèles de ­Yamaha, ­le fabricant ­leader à cette époque.

LA POIGNÉE

Aujourd’hui uniquement présente sur les arcs pour amateurs, la poignée faite en bois d’érable et de noyer était, il y a cinquante ans, le nec plus ultra pour les pros. Grâce à sa masse, le palissandre du Honduras ou de Rio assure l­’indispensable stabilité au moment du tir.

Solidement fixées à la poignée, les branches en érable sont assemblées en un seul bloc, puis taillées à la main et renforcées avec de la fibre de verre. Dans les années 60, chaque branche nécessitait trois à cinq couches de bois. ­Aujourd’hui, elles sont avant tout utilisées pour des ­modèles haut de gamme.

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Frantisek Hadas, champion du monde de tir à l’arc en 1938, conçoit pour Zopf le modèle X7. www.ffta.fr

the red bulletin

texte : Arek Piatek

les branches


les flèches

Grâce à son inégalable légèreté, ­l’aluminium est incontournable. Mais aujourd’hui, il ne compose que le noyau de la flèche enveloppé d’une couche de fibres de carbone. À poids égal, la flèche moderne est plus robuste et plus résistante au vent.

LE VISEUR et LE STABILISATEUR En haut : le viseur ­amovible est réglable en fonction de la ­distance de la cible. En bas : trois s­tabilisateurs ­absorbent les vibrations générées par le tir.

2012

photos : kurt keinrath (2), www.bogensport-marktredwitz.de, Action Images/Paul Childs

ARC RECURVE W&W, INNO AL1

la poignée

Les poignées modernes sont des objets de haute précision. Équilibrées de manière optimale, elles gardent leur position ­initiale, même après le tir. Le matériau ? De l’aluminium fraisé.

Le Sud-Coréen Win&Win est leader mondial dans le domaine grâce aux matériaux utilisés (carbone, aluminium, mousse). ­Aujourd’hui, tous les arcs fabriqués sont démontables avec des branches amovibles légères et une partie ­centrale plus lourde que son aînée soixante-huitarde. Cela permet à l’archer de modifier à tout moment la puissance de son arc en changeant de branches.

Les branches

Les branches modernes sont amovibles. Pour permettre un amortissement optimal à vitesse de flèches maximale, elles sont constituées d’un ­ingénieux mélange de ­matériaux : dix à vingt couches, avec des ­nanotubes de ­carbone à l’intérieur du noyau en plastique.

the red bulletin

Aux JO de Londres 2012, l’archer sud-coréen Im Dong-Hyun améliore le ­record du monde avec un total de 699 points.

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Bullevard

Dans la tête de...

neymar Jr.

Le prodige brésilien a éclaboussé de toute sa classe la dernière Coupe des confédérations. Place désormais au Barça et à un éventuel sacre mondial, chez lui, dans moins d’un an. éclairage.

Taillé pour la coupe

Neymar Jr. est connu pour sa coupe de ­cheveux, ce qui agace Pelé pour qui « les-cheveux-c’estquand-même-moinsimportant-qu’uncoup-franc ».

BA-balle

Neymar da Silva ­Santos Junior naît le 5 février 1992 à Mogi das Cruzes, une ville située à 40 km à l’est de São Paulo. Au Brésil, il est presque inscrit dans la loi qu’un enfant doit jouer au foot avec ses copains dans la rue. Naturel pour Neymar Jr.

Même pas peur

Le Brésil compte sur lui en vue d’un e sacre mondial en 6 2014. Mais Ronaldo le juge trop différent et Carlos Alberto l’estime trop jeune. Neymar Jr. n’en a cure.

Envie de sable

à chaudes larmes

Lorsque l’hymne national est joué pour son 225e et dernier match sous les couleurs de Santos, en avril dernier, le joueur ne peut retenir ses larmes : « Dans ma tête, je me ­passais le film de ma vie », avoue-t-il.

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Ney ou Nil ?

Twittos

@Njr92 grimpe dans le top 100 de Twitter. Neymar Jr. compte 7 millions de suiveurs, tout près du très connecté Dalaï-Lama (87e). La référence reste Cristiano Ronaldo, 16e mondial avec 19 millions de fans. CR7 pépie en anglais, ­Neymar Jr. en portugais.

Cachottier

Au magazine Time, en février dernier, Neymar Jr. assure : « J’ai un contrat avec Santos jusqu’en 2014 et je veux l’honorer jusqu’au bout. » Trois mois plus tard, il signe au FC Barcelone pour 57 millions d’euros...

Neymar Jr. aurait toujours été nommé au prix Puskás de la FIFA du plus beau but de l’année, créé en 2009 ? Faux. En 2009, Nilmar, et non Neymar, figure sur la liste. Les deux sont copains. Neymar Jr. gagne le prix en 2011. Plus sur www.neymaroficial.com the red bulletin

texte : paul wilson. illustration : ryan inzana

En 2003, Papa Neymar Senior déménage toute la famille vers le sud, à Santos, sur la côte. « Aujourd’hui, le foot sur la plage avec les copains me manque », dit-il.


Bullevard

vite fait, bien fait

Anchormen. Au Cap, Xee et Moleshe (à dr.) animent Globalize Yourself Stereo.

club, bec et ondes

Texte : Etienne bonamy. Photos : globalize yourself, lance koudele, gepa Pictures/red Bull content pool, craig kolesky/red bull content pool, nina jelenc. illustration : dietmar kainrath

Sakhile Moleshe, un animateur radio sudafricain, livre les nouvelles tendances de la planète électro. Quand il prêtait sa voix au duo dance Goldfish, Sakhile Moleshe sillonnait le monde en se produisant dans les meilleurs clubs et festivals. Un vécu qu’il met aujourd’hui au service de son dernier projet, l’émission de radio Globalize Yourself Stereo. Depuis Le Cap, ­Moleshe et son acolyte Xee présentent deux fois par semaine les dernières pépites électro. Le mardi, ils mettent en jambe les a ­ uditeurs, avec des morceaux au rythme léger, avant d’accélérer le tempo chaque samedi. the red bulletin : Quelle est la ville la plus rythmée ? sakhile molesher : Berlin. J’y étais récemment et j’ai voulu ­aller dans un club. Je m’y suis pointé à 23 heures, tout était ­encore fermé. J’y suis revenu à 1 h 30, le dancefloor était quasi désert. Je suis parti à 5 heures du matin en laissant derrière moi une énorme file d’attente qui s’étirait le long de tout le pâté de maisons. Quelle tendance musicale vous interpelle le plus ? Le kuduro. C’est une musique de danse dure et agressive, avec des paroles en portugais. Né en Angola, ce style musical a depuis gagné tous les clubs d’Europe. Les gens en raffolent. Je trouve aussi le shangaan électro très excitant. Cette nouvelle tendance vient d’Afrique du Sud. Le rythme est incroyablement rapide, deux fois plus rapide que celui de la musique rave. Du coup, les pas de danse sont encore plus fous. En Afrique du Sud, quel morceau tourne en boucle en ce ­moment ? 773 Love de Jeremih. Pendant longtemps, la meilleure house ­venait de Berlin et de Londres. Mais l’Amérique est de retour avec un style qui mélange la musique trap aux rythmes house. On y entend des synthés démentiels, des basses à donf’ et du rap pur et dur sur un tempo endiablé. Le morceau de Jeremih tape en plein dans le mille. Nous voulons détourner nos auditeurs des daubes comme David Guetta et leur faire écouter une ­musique de club ambitieuse.

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Front Blind Mobe, KGB et Back Mobe. Ces tricks permettent au kitesurfeur Aaron Hadlow de s’imposer au Triple S Slick ­Invitational (Caroline du Nord).

En s’adjugeant le GP d’Allemagne de F1, Sebastian Vettel met fin à la malédiction qui le poursuivait jusque-là. Il ne s’était jamais imposé devant son public.

Maxime Richard ­célèbre son premier titre mondial en canoëkayak, à Slokan, en Slovénie. Le Belge a été le plus malin sur un tracé jugé décevant par les participants.

L’Australien Julian ­ ilson (en couverture W du numéro de juillet, ndlr), chipe la victoire à Jordy Smith, sur ses terres. C’était lors de l’étape ASP du Mr Price Pro Ballito.

Plus sur www.redbullmobile.com/globalizeyourselfstereo the red bulletin

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Bullevard

Formule magique

sur un nuage

Magique. Ce n’est pas franchement un tour à la David ­Copperfield mais assurément une expérience unique.

photo : eeftinck schattenkerk. Illustration : Mandy Fischer

L’artiste néerlandais Berndnaut Smilde fait la pluie et le beau temps dans votre salon*. Art instable Cette photo de la maison des grands-parents de Smilde donne l’idée d’un nuage d’intérieur. Comment fonctionne cette installation ? Les nuages se composent de gouttelettes d’eau qui flottent dans l’air. Ces gouttelettes se forment quand la vapeur d’eau présente dans l’air se condense sur des particules de poussière. C’est ce que nous appelons l’humidité. Lorsque l’humidité relative atteint 100 %, autrement dit quand l’air est saturé d’humidité, des gouttes d’eau se forment. La pression totale de l’air, p, est la somme de la pression partielle de l’air sec, psec, et de la pression partielle de la vapeur d’eau, pvap. Si la pression partielle de la vapeur d’eau franchit un seuil donné, la pression de vapeur saturante de la vapeur d’eau dans l’air entre en saturation. La vapeur peut alors se condenser et donner lieu à la formation de gouttes d’eau. L’humidité relative correspond au rapport de la pression partielle de vapeur d’eau contenue dans l’air sur la pression de vapeur saturante soit : f = pvap/psat × 100. La pression de vapeur saturante est fonction de la température, T, comme l’indique la diagonale sur le graphique, psat(T). Si une masse d’air chaud et humide entre en contact avec un sol froid, l’air se refroidit et la pression partielle de vapeur d’eau devient supérieure à la pression de vapeur saturante. En conséquence, du brouillard se forme. La droite horizontale en pointillé sur le graphique représente ce processus. Le point de rencontre avec la courbe psat(T) constitue le point de rosée. Mais il y a une astuce pour créer un nuage. La saturation peut être aussi obtenue en injectant davantage de vapeur d’eau dans de l’air déjà saturé. Pour cela, Berndnaut Smilde humidifie abondamment l’air de la galerie à l’aide d’un vaporisateur d’eau. Puis avec une machine à brouillard, il diffuse de la vapeur dans la pièce. Sur le graphique, la diagonale psat(T) est coupée à la verticale. La saturation est alors atteinte et un nuage de gouttelettes d’eau se forme. Mais pour qu’il flotte dans la pièce, il ne doit ni s’élever ni descendre trop vite. L’accélération verticale d’une particule de nuage, an, dépend de la différence de densité de cette particule et de l’air environnant. Si la densité de la particule de nuage ρn est égale à celle de l’air environnant, ρair, l’accélération est alors nulle et le nuage flotte. Le point de rosée et la densité dépendent de la température qui ne doit pas excéder 20 °C pour rendre possible la création de nuage. Plus sur www.berndnaut.nl * Le Professeur Thomas Schrefl enseigne à l’université de St. Pölten,   en Autriche.

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Bullevard

chiffres du mois

one shot

Dans les pays anglo-saxons, on appelle ça un « one-hit-wonder ». C’est le tube, le best-seller ou l’idée de génie d’une carrière. L’heure de gloire de l’artiste est parfois sans lendemains. Florilège.

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Smiley signé Harvey Ball

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Le duo flamenco espagnol Los del Río, formé en 1962, a patienté 34 longues années avant de sortir son unique tube, la planétaire M ­ acarena. La version remixée en 1996 reste 14 semaines en tête des charts américains, se vend à 11 millions d’exemplaires et bouge le popotin de dizaines de millions de personnes.

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Le premier « one-hit-wonder » de l’histoire ? Le Canon en ré majeur de Johann Pachelbel. En 1969, 264 ans après la mort du compositeur allemand, Jean-François Paillard, chef d’orchestre français, en fait un hit. Depuis, c’est un classique des mariages. Il a ­également fourni la matière ­sonique à des artistes comme Green Day ou U2.

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160

Pendant leurs années KLF, Bill Drummond et Jimmy Cauty squattent le top 10 anglais avec sept singles. En 1988, ils publient en 160 pages Le Manuel du sample ou comment décrocher la première place des charts en s’amusant. Le trio a­ utrichien Edelweiss s’en inspire et leur Bring Me Edelweiss est un succès dans quatre pays en 1989.

Edelweiss atteint des sommets.

Harper Lee ou Truman Capote ?

30 000 000 L’Américaine Harper Lee décroche le prix Pulitzer en 1961 pour son premier roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur vendu à 30 millions d’exemplaires. L’adaptation au cinéma rafle trois Oscars. Mais l’œuvre de ­l’auteur s’arrête là, ­alimentant la rumeur qui attribue à Truman Capote, ami d’enfance et voisin, une partie du roman.

Jimi Hendrix, Norah Jones ou Iggy Pop n’ont jamais été n° 1 dans les charts.

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Le Canon de ­Pachelbel

Los del Rio : Macarena

En 1963, une société d’assurances demande à Harvey Ball, graphiste américain, de lui créer un logo. En dix minutes, Smiley voit le jour : jaune et rond. En 1971, 50 millions de stickers sont déjà vendus. Le succès assure la célébrité de Ball mais pas sa fortune. Il n’avait pas déposé les droits d’auteur du ­précieux logo payé 45 dollars ! the red bulletin

texte : florian obkircher. photo : ddpimages, rex features, frank w. ockenfels, shutterstock, xavier Martin

Quel point commun entre Jimi Hendrix, Iggy Pop, Beck et Norah Jones ? Ils sont des « one-hit-­ wonders » car un seul de leurs titres est entré dans le top 40 des charts américains. Une ­performance moyenne, même si Jeff Beck grimpe à une belle 10e place avec Loser en 1994.


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photo call

Les modèles favoris du photographe Franco Banfi sont des requins, des anacondas, des raies ou des crocodiles. Ce Suisse de 55 ans ouvre le portfolio sublime d’un métier à risques. Immersion. Texte : Arek Piatek

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Photos : Franco Banfi


Quoi ma gueule ?

(Très) gros plan d’un requin bleu, aux Açores, à près de 15 mètres de profondeur.


Bienvenue. Dans un marais brésilien du Mato Grosso, un anaconda de 8 mètres dans l’objectif du Suisse.

oudain, le léopard de mer remarque le plongeur. Et abandonne le pingouin blessé qu’il pourchassait dans l’eau. Comme à son habitude, il a suivi son cruel rituel qui consiste à mordre et à lâcher sa prise. À présent, dans sa ligne de mire, c’est un homme à appareil photo sous-marin. Ce prédateur de 300 kg avance de quelques mètres et s’arrête devant le plongeur. Les yeux dans les yeux. S’il voulait, il pourrait le tuer sur place. À l’instant même. D’une seule bouchée de sa puissante mâchoire, armée de dents aussi tranchantes que des poignards. Ces situations-là font partie du quotidien professionnel de Franco Banfi. Ce Suisse de 55 ans, originaire de Lugano, est l’un des photographes sous-marins les plus prisés au monde. Il a immortalisé de près tout ce qui peut représenter une menace sous l’eau. Comme les crocodiles, requins, anacondas, léopards de mer, calmars géants ou raies. « Je privilégie les espèces difficiles à cadrer », glisse celui qui a découvert la photographie sous-marine par hasard il y a une trentaine d’années. Franco Banfi rembobine : « Des amis m’avaient persuadé de faire de la plongée dans le lac de Lugano. L’univers aquatique m’a aussitôt fasciné. » La photo32

graphie sous-marine devient une irrépressible passion. C’est seul qu’il apprend le métier et acquiert ses connaissances sur les animaux. « Pour se faire remarquer, un photographe doit se montrer innovant. » Sa manière à lui de procéder : « Je ne me précipite pas sur le beau cliché, je recherche d’abord la confiance des animaux. Les photos prennent une nouvelle dimension lorsque des animaux aquatiques dangereux ou farouches s’habituent à ta présence. » Franco Banfi vend ses premiers clichés à une revue de plongée italienne. Il a 25 ans. « Pour une bouchée de pain. » À Cuba, il remporte le Championnat du monde de la photographie sous-marine. Il a 34 ans. À cette époque, ses photos sont depuis longtemps ­publiées dans BBC Wildlife, GEO, National ­Geographic et Stern. Pas du menu fretin. Selon Banfi, l’art de s’approcher des animaux est un mélange de sciences et d’expérience : « Chaque espèce réagit différemment. Je montre du respect à l’animal, jamais de la peur. » Ce principe lui a sauvé la vie lors de sa rencontre avec un léopard de mer : « Je suis resté immobile, maintenant l’appareil photo face à lui. Il est reparti en nageant. » Mais il y a des exceptions : « Si un anaconda devient agressif, mieux vaut disparaître. Ils sont primitifs et attaquent en permanence. » Ici, The Red Bulletin a saisi Banfi. Le photographe a pris la... pause. Le Suisse livre les petits secrets qui se cachent derrière ses grands clichés.

Franco Banfi est ­photographe sous-­ marin depuis une ­trentaine d’années. Il a ­débuté sa carrière à 25 ans. the red bulletin


île de raies

« Ces spécimens géants de l’île mexicaine de Socorro (“au secours” en français, ndlr) m’ont accepté en quelques jours. Leur peau est aussi rugueuse que du papier de verre. J’ai posé mes mains sur eux et je me suis laissé tirer dans l’eau. Quand j’ai lâché, ils sont revenus vers moi et nous avons repris le voyage. Magique ! »


Fort en gueule

« Les caïmans mesurent jusqu’à deux mètres de long. Durant la journée, ils ouvrent leur gueule menaçante dans l’eau et restent dans cette position, juste pour se rafraîchir. Au Brésil, j’ai nagé jusqu’à ce reptile, en veillant à rester face à lui. C’est une espèce qui mord de côté... »


À vue de nez « Le requin-tigre est imprévisible.

De ses dents, il peut briser la carapace d’une tortue géante. Aux abords de la côte africaine, nous les avons appâtés avec du sang de poisson. Celui-ci s’est approché de moi. Dangereusement. On voit l’ombre de mon appareil sur sa gueule. »

Un blanc d’exception

« J’ai fait ce cliché, primé plusieurs fois, dans la mer Blanche, au nord de la Russie. En général, les bélougas craignent l’homme. Mais ce gaillard extrêmement curieux et joueur a fait exception à la règle. Il s’est tellement approché que j’ai dû le repousser plusieurs fois avec l’appareil pour le photographier tranquillement. » 35


Credit:


Appâts d’odeurs

Credit:

« Pour photographier des requins, il faut tendre un appât qu’ils peuvent sentir mais sans pouvoir l’atteindre. Ici, il s’agit de morceaux de poissons dans des cages (à gauche, sur la photo). Dès que les prédateurs arrivent, la séance photo peut commencer. Ce cliché me montre sur la côte des Bahamas, à 15 mètres de profondeur, entouré de 25 requins-citron. »

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Scoop manqué

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« Personne n’a encore réussi à photographier la naissance de raies sauvages. Avec un océanologue, j’ai accompagné cette femelle en gestation pendant une semaine dans l’Atlantique (en prenant garde à son dard mortel). Malheureusement, nous l’avons perdue de vue. Il nous est ­resté des photos de l’animal dans sa longue quête d’une frayère. »

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Moby Dick

« Les baleines ressentent notre nervosité. Elles s’apaisent si on reste calme. Ce cliché est le résultat de l’harmonie entre l’homme et l’animal. Je m’attendais à ce que ce cachalot disparaisse dans les profondeurs. J’ai plongé en premier et pris la photo pendant qu’il glissait le long de moi, en me regardant. » 40


Un dur à digérer « J’ai pris cette photo dans le marécage

brésilien de Pantanal. Les anacondas guettent leurs proies sur la rive. Ils dévorent même des crocodiles. Ce spécimen avait déjà mangé, il ne s’intéressait pas à nous. Néanmoins, lorsqu’il s’est senti importuné, il a ouvert sa gueule à 180° en direction de l’appareil photo. C’était le signal pour nous de déguerpir... »

Le géant, cet angoissé

« On entend souvent dire que les calmars géants agrippent les plongeurs avec leurs tentacules et les entraînent dans les profondeurs. Nous avons rencontré ce colosse, plutôt peureux. Le flash l’a fait tressaillir. Il s’est enfui, avant de réapparaître bien plus tard. » Plus sur www.banfi.ch


portrait

Simms dope Bolt Il faut avoir la santé pour coller aux basques d’athlètes comme Usain Bolt ou Mo Farah. Mais Ricky Simms, leur agent irlandais, ne manque pas de souffle.

double médaillée olympique du 5 000 et Ricky Simms affiche un sourire gourdu 10 000 mètres, la Kényane Vivian mand : « Je ne voudrais pas vexer Usain, ­Cheruiyot. Un rôle qui lui colle naturellemais je crois que je peux le battre. » Une ment à la peau. petite dose de malice et d’orgueil n’a Il a été formé à l’université de Jor­jamais fait de mal à personne, surtout danstown à Belfast, où il décroche un diquand on gère les affaires de l’homme plôme en Sport et sciences de l’éducation le plus rapide de la planète. Et comment physique tandis qu’il réalise que, sur la battre Bolt ? « Sur les longues distances, piste, malgré ses bons résultats internatoutes celles supérieures au mile. » Il ne sourit plus, il se marre. L’athlète le plus charismatique au monde est accompagné dans ses affaires, depuis une dizaine d’années, par un agent qui a le sens de la compétition. Simms, 38 ans, est né à ­Milford, dans le comté du Donegal, en Irlande du Nord. Sous son élégance décontractée d’agent de stars de la piste se cache un vrai sportif. De bon niveau d’ailleurs. S’il n’a pu se hisser au rang mondial à la fin des années 90, il en a gardé le sens de la compétition. On ne devient pas le patron de Pace Sport Management, agence leader mondial en athléLa carrière dorée de Bolt doit beaucoup à Ricky Simms. tisme, sans l’instinct de compétiteur. tionaux chez les moins de 23 ans irlan« Si on s’agite, c’est pour que nos sportifs dais, il ne progresse plus. Il met alors le aillent bien. Si les athlètes se portent cap sur Teddington, dans le Middlesex, bien, on se porte bien. » pour connaître les ficelles du coaching et Alors Ricky se plonge dans les comptes du management avec l’agent d’athlètes de l’agence, toujours en quête d’une soluKim McDonald. tion qui permettra de générer un plus Lorsque ce dernier, à l’âge de 45 ans, gros chiffre d’affaires pour ses athlètes et décède brutalement en 2001, Simms et clients. Parmi eux, il y a Mo Farah, star sa compagne, l’Allemande Marion britannique du fond et double champion Steininger, reprennent la clientèle de olympique à Londres (5 000 et 10 000 m). McDonald, déjà riche de quelque Il a rejoint Simms alors qu’il était encore 80 noms. La majorité d’entre eux choisit simple assistant commercial dans une de faire confiance au couple débutant. boutique de sport. «Nous avons eu la chance de pouvoir Simms reste avant tout et principalecompter sur des athlètes de bon niveau et ment un coach, qui détaille encore sur le une structure solide. Notamment des papier les programmes d’entraînements coureurs de fond kényans. Cela dit, les et de course de nombre de ses athlètes, patrons de meeting ne nous ont pas dont la triple championne du monde et 42

facilité la tâche. Kim négociait l’engagement d’un athlète à 10 000 $ pour une course mais, pour nous, au dernier moment les promoteurs disaient: “Eh bien non, en fait, on ne paye que 3 000 $.” Il faut bosser très fort pour expliquer ça ensuite aux athlètes. » La petite entreprise devient une affaire florissante lorsqu’un grand jamaïcain de 15 ans, sprinteur de formation, débarque chez Pace en 2003. Simms devine l’immense potentiel de Bolt. « Tout le monde parlait de ce gosse qui gagnait chez les moins de 20 ans. C’était un géant. Je me souviens avoir dit : “Ce garçon va révolutionner le sport.” Mais on courait le risque d’avoir en réalité un gamin de 15 ans enfermé dans le corps d’un adulte de 25 ans. » À 22 ans, Bolt est un extraterrestre aux JO de Pékin en 2008 avec son triplé magique, mais c’est Simms qui a du mal à redescendre sur terre. Un planning de voyages démentiel l’entraîne bien loin de l’activité routinière de Pace. Le phénomène ­jamaïcain accapare toute son énergie. « Notre façon de bosser a changé au cours des cinq dernières années. Nous avons une microsociété qui s’occupe ­exclusivement de Bolt et une autre de ­Farah. Et on pourrait presque consacrer tout notre temps auprès d’eux». Il lui faut penser à la suite. À la recherche d’une nouvelle star. « Je crois qu’il sera difficile de retrouver un autre Bolt au cours de notre carrière mais il y a beaucoup de sprinteurs talentueux en Jamaïque. Nous avons Kemar Bailey-Cole qui vient de courir le 100 mètres en 9’’97. Cette saison, il devrait montrer qu’il peut aller encore plus vite. » Ça promet. Simms veille sur lui. Plus sur www.pacesportsmanagement.com the red bulletin

Photo : DPPimages (1), ricky simms

Texte : Declan Quigley


Principaux clients Usain Bolt, Mo Farah, Vivian Cheruiyot, Kemar BaileyCole, Christine ­Ohuruogu (400 m), Phillips Idowu (triple saut) « Juste 8’5’’ d’écart ! » D’après le Finn Valley ­Athletics Club de Donegal, où Simms a eu une licence, son meilleur chrono sur 10 000 m est de 35’05. Celui de Mo Farah : 26’46. Grande famille Ricky est l’aîné de dix frères et sœurs. Foot toujours Inconditionnel des Reds de Liverpool, Simms va souvent à Munich voir jouer le Bayern. Il soupire : « J’aurais aimé être joueur de foot. »


sabre au clair L’escrimeuse ukrainienne Olga Kharlan dévoile à The Red Bulletin les détails de sa ­préparation pour empocher ce mois-ci, à Budapest, son premier titre mondial en individuel. Entretien à bâtons rompus avec une fille qui n’a pas froid aux yeux. Texte : Ruth Morgan

etite, Olga Kharlan rêvait de devenir ballerine. Par chance pour le sport ukrainien, elle a renoncé le jour où elle a saisi une épée. C’était il y a douze ans. Aujourd’hui âgée de 22 ans, Olga et son fidèle sabre ont déjà remporté deux médailles olympiques, la première en or et par équipes aux JO de ­Pékin en 2008, avant de décrocher à Londres le bronze en individuel l’été dernier. La quadruple championne d’Europe rêve d’une nouvelle gloire aux « Monde » de Budapest et compte sur du poisson séché, sa petite voix intérieure et Marilyn Manson pour y parvenir. 44

Photos : Sergei Chyrkov

the red bulletin : L’escrime est un sport méconnu. Comment l’avez-vous découvert ? olga kharlan : Je me rappelle très bien le jour où j’ai entendu parler d’escrime pour la première fois. J’étais une enfant très énergique et je dansais beaucoup. Mais quand j’ai eu 10 ans, ma mère m’a dit : « Olechka, je suis désolée, nous ne pouvons plus payer tes cours de danse. » Mon parrain était entraîneur d’escrime et a suggéré que je vienne dans son club. Quand avez-vous réalisé que l’escrime était votre passion ? Au début, je faisais de l’escrime juste pour m’amuser, mais je me suis découvert une

passion pour ce sport quand j’ai commencé à obtenir des résultats. J’avais une ­véritable soif de victoire ! J’aime aussi que l’escrime soit un sport inhabituel : pour gagner, il faut duper son adversaire. C’est amusant d’expliquer ce cinéma aux gens. Il existe trois types d’arme dans ­l’escrime de compétition : l’épée, le fleuret et le sabre. Pourquoi le sabre ? L’épée et le fleuret sont des armes d’estoc, le sabre est une arme de taille. C’est la seule arme avec laquelle on peut marquer des points en touchant son adversaire avec le tranchant de la lame. C’est une arme très agile qui rend la discipline the red bulletin


Précoce. Olga Kharlan a débuté l’escrime à 10 ans. Aujourd’hui, elle est championne olympique.


i­ ncroyablement rapide. Le sabre demande plus d’énergie ; avec l’épée et le fleuret, il y a beaucoup d’inaction et d’attente. Que répondez-vous à ceux qui disent que l’escrime n’est pas un sport très physique ? Tous les sports sont physiquement fatigants, et le sabre ne fait pas exception à la règle. Il demande beaucoup de force et d’endurance. Nous nous déplaçons les jambes semi-fléchies. Les genoux et le dos sont constamment sous pression, et par conséquent souvent blessés. Et nous sommes couverts de bleus en ­permanence à cause des coups. Est-il facile de se déplacer dans toute cette tenue de protection ? L’un des aspects qui rend l’escrime aussi difficile est la masse de l’équipement que nous devons porter. À lui seul, le masque pèse près de 2 kg. Sans parler de la veste, de la sous-cuirasse qui nous protège des blessures, du pantalon et des chaussures. Et les escrimeuses portent en plus un ­protège-poitrine. Il peut faire très chaud là-dessous ! Dans quelle mesure un combat ­d’escrime est-il exigeant ? L’aptitude psychologique est aussi importante que la forme physique. Tout peut basculer en une seconde. Aussi, en plus de l’entraînement dans la salle d’escrime, nous sommes coachés par un psychologue. Il me donne des stratégies pour me concentrer. Votre première passion, la danse, vous manque-t-elle ? J’aurais peut-être pu devenir une grande danseuse, j’aimais la samba et le cha-cha, mais je ne le saurai jamais. Je regarde parfois des compétitions de danse de ­salon pour leur beauté, mais mon intérêt s’arrête là. Mon cœur appartient à un autre sport. J’espère accomplir encore de magnifiques choses en escrime. Qu’avez-vous ressenti en décrochant le bronze en individuel à Londres ? Avant Londres, je pensais que je serais ­déprimée si je ne gagnais pas l’or comme à Pékin (en 2008, elle avait gagné l’or olympique en sabre par équipes, ndlr). Mais j’ai réalisé que l’on était un gagnant dès qu’on montait sur ce podium olympique. J’aurais aimé monter un peu plus haut, mais j’ai encore le temps de gravir les marches. Attendons de voir ce qu’il ­adviendra en 2016. Comment se décompose votre entraînement ? Je m’entraîne environ huit heures par jour, six jours par semaine. Je commence par un entraînement physique général, puis je passe à l’entraînement d’escrime où nous nous exerçons longuement à des 46

mouvements particuliers et au peaufinage de notre technique. Pouvez-vous manger normalement ? Je ne fais pas souvent de régime. J’adore le salé, en particulier le poisson séché. C’est mon péché mignon. Bizarrement, je n’aime pas le chocolat, mais je peux parfois, très rarement, manger d’un trait une plaque entière de chocolat au lait. Après, j’ai juste encore envie de poisson séché. Avez-vous parfois envie d’éteindre votre réveil, d’oublier l’entraînement et de rester avec vos amis comme une fille « normale » de 22 ans ? Je n’ai pas beaucoup de temps libre, c’est l’aspect le plus difficile de mon métier. Mais quand j’ai le temps, j’aime voir mes amis extérieurs au sport, en particulier deux amies que je connais depuis l’âge de 6 ans. Avec elles, je ne suis pas obligée de parler d’entraînement ou de compétition. Nous allons au cinéma, nous ­papotons et rions. De vraies filles quoi ! Moi aussi, il m’arrive d’en avoir assez de l’escrime ! Discuter avec votre petit ami est-il ­parfois problématique, comme il est également escrimeur ?

« J’aime que l’escrime soit un sport inhabituel : pour gagner, il faut duper son adversaire. C’est amusant d’expliquer ce cinéma aux gens »

Attaque. Kharlan (à gauche) s’apprête à glaner un second sacre mondial de rang.

the red bulletin


photo additionnelle : daniel kolodin/red bull content pool

Oui, je sors avec un autre adepte du sabre, Dima, et nous parlons souvent de nos compétitions. Nous nous donnons même des conseils. Mes entraîneurs ­préféreraient que je sois célibataire, mais ma relation avec Dima n’a jamais été un obstacle. Elle m’est plutôt d’une grande aide. Quel style de musique vous met ­d’humeur à combattre ? J’adore écouter de la musique : en voiture, chez moi, pendant l’entraînement. Parfois, je ne peux pas me préparer à un combat sans musique. J’ai tous les styles sur mon iPod, de Metallica à Justin ­Bieber. Quand mon copain écoute mon baladeur, il est toujours surpris du choix the red bulletin

« La confiance est une étrange chose. J’ai besoin de me distraire de mes pensées négatives. Ma voix intérieure m’aide. Je me parle souvent »

de mes chansons. Il s’étonne : « Tu as ­Marilyn Manson ?! » Vous accordez beaucoup d’attention à votre apparence. Appréciez-vous d’être cataloguée comme une pin-up ? Je suis très flattée que les gens aiment mon look, mais les compliments m’embarrassent. J’ai adoré être photographiée pour un magazine masculin ukrainien, mais il y a eu des conséquences négatives. Mes parents n’ont rien dit, mais mes entraîneurs n’ont pas compris pourquoi nous (Olga et 2 de ses coéquipières, ndlr) avions fait ça. Après, j’ai dit que je ne ­voulais plus poser pour d’autres revues de ce type… Mais qui sait ? Vous vivez toujours dans la ville où vous avez grandi, Mykolaïv, près d’Odessa. Êtes-vous une célébrité locale ? Pas vraiment, car l’escrime n’est pas très populaire en Ukraine. Si on me reconnaît, c’est uniquement à cause de ma voiture, ou plutôt de ma plaque d’immatriculation personnalisée, avec mon nom et les anneaux olympiques (la voiture était un ­cadeau de la fédération ukrainienne ­d’escrime après qu’Olga Kharlan a remporté l’or olympique en 2008). C’est génial d’être reconnue, car cela signifie que les gens connaissent l’escrime. Pensez-vous quitter un jour votre ville natale ? J’ai toujours vécu à Mykolaïv et j’adore cet endroit. Tous mes proches y vivent. Je partage une maison avec mes parents et mon chien. Ma mère me prépare toujours un repas quand je reviens d’une compétition. J’adore son bortsch (potage à base de betterave, ndlr). J’aimerais y rester toute ma vie. Aucun autre endroit ne vous a tentée ? Oh, j’adore Las Vegas ! Nous y avons disputé une compétition trois ans de suite. Puis elle a été supprimée, ce qui est dommage, car je n’avais pas 21 ans à l’époque et je n’ai pas pu expérimenter les joies de Vegas. La prochaine fois, j’irai en touriste ! êtes-vous toujours nerveuse avant un combat ? Et comment ! La confiance est une étrange chose. Je peux être confiante une minute et ne plus l’être deux secondes après. J’ai besoin de me distraire de mes pensées négatives. Ma petite voix intérieure m’aide aussi. Je me parle souvent à voix basse. Quel est votre état d’esprit à l’approche des Championnats du monde ? Mon objectif est d’y décrocher l’or individuel, comme aux prochains Jeux de Rio en 2016. Il va falloir que je travaille dur pour y parvenir, mais si je réussis, je serai la plus heureuse du monde. Plus sur http://fencing2013.hu

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MInutes

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S ec o n d es


millièmes

Sébastien Loeb, au volant d ’u n p r oto c r é é p o u r l ’o cc a s i o n , a p u lv é r i s é l e r e c o r d d e P i k e s P e a k I n t e r n at i o n a l H i l l C l i m b . T h e R e d ­B u l l e t i n é t a i t d a n s l e Colorado pour la 91e édition de cette vertigineuse course américaine de côte.

photo : flavien duhamel/red bull content pool

T e xt e   : W e r n e r Jess ner


photos : Flavien duhamel/red bull content pool

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«   Ave c u n e vo i t u r e aussi puissante, si je commets l a m o i n d r e e­ r r e u r , je finis dans le vide »


Fusée. Peugeot Sport a mené le projet Pikes Peak 2013 à bien. Rien n’a été laissé au hasard : un moteur de 875 chevaux sur un prototype 208. Tel le baron de ­Münchhausen, Loeb est ­propulsé à plus de 4 000 mètres d’altitude.

ous les ans, à la fin du mois de juin, Éric, Mary et sa belle-mère Mary-Joe quittent leur Kansas natal pour visiter l’Amérique. Cette année, Mary-Joe a ­choisi le ­Colorado, de Pueblo à Colorado Springs jusqu’au point d’orgue : Pikes Peak, le sommet de l’America’s Mountain. Il y a 120 ans, en juillet 1893, la poétesse ­Katharine Lee Bates trouvait l’inspiration dans ce paysage et rédigeait les ­paroles de l’hymne patriotique America the Beautiful. La route serpente sur cette montagne très appréciée des touristes, les virages se suivent sans qu’on en voit la fin. Tout est plus raide et plus étroit que dans le ­Kansas de nos trois aventuriers. Mary se cramponne à la poignée du plafond du break, les frisettes blanches de MaryJoe volent dans le rétroviseur. Mais Éric

est maître de la situation. Il a passé la plus petite vitesse et éteint la climatisation, comme l’exigeait un panneau au péage. Sur cette montagne, les glissières de sécurité sont rares, Éric s’efforce de ne pas regarder le précipice. De curieuses traces de pneus défigurent les virages étroits, tellement étroits qu’Éric doit ­s’arrêter pour voir plus loin. Derrière lui, le trafic des touristes forme un bouchon, mais il n’y prête pas attention. Certaines traces de pneus terminent dans le gouffre. Sur le siège passager, Mary cherche de l’air, ­tandis que Mary-Joe rit sur la banquette arrière. « L’ivresse de ­l’altitude », pense Éric en amorçant le ­lacet suivant. Dans quelle aventure ont-ils embarqué ? Un vent glacial tourbillonne au ­sommet de Pikes Peak. L’ascension a duré à peine une quarantaine de minutes, pour une vingtaine de kilomètres parcourus. Tous trois ont remercié Dieu, avant de se tourner à l’est, vers les Great Plains. Après avoir acheté un cendrier, un pull et quelques aimants pour le frigo familial à la boutique de souvenirs, ils s’engagent dans la descente. 1 440 mètres plus bas, des mécaniciens expérimentés examinent une dernière fois les voitures et motos qui vont s’attaquer à ces vingt kilomètres, à l’occasion d’une des mythiques courses américaines. La 91e édition de la « course vers les nuages », la course de côte sur le sommet du Pikes Peak, composée de 156 virages


photo : alastair ritchie


Dans certains virages, c o m m e l e «   D e v i l’ s P l ay g r o u n d   » , à 4   0 0 0 m d ’a l t i t u d e , les voitures atteignent des vitesses de plus de 200 km/h

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photos : alastair ritchie (5), werner jessner (4), garth milan/red bull content pool, flavien duhamel/red bull content pool (2)

Tôle. Tous types de ­véhicules roulent à Peak vers le sommet. Ces catégories très­ ­hétéroclites procurent ­autant de plaisir aux ­coureurs qu’aux ­spectateurs ­amassés le long du tracé.

On l’entend, avant de le voir. Chaque changement de vitesse est une explosion

r­ essemble plutôt à du bricolage amélioré. Difficile de viser la victoire dans ces conditions-là. Encore moins quand ­l’adversaire s’appelle Sébastien Loeb et qu’il conduit une Peugeot 208 T16 de 875 chevaux (voir l’article intitulé Bête de scène dans le numéro de juin sur votre ­tablette numérique, ndlr). Chez les spectateurs agglutinés dans les lacets de Pikes Peak, la question n’est pas de savoir si Loeb peut battre le record, mais de combien il l’améliorera. Lors de l’entraînement, le nonuple champion du monde des rallyes a devancé ses concurrents de plusieurs secondes par k ­ ilomètre, dont le tenant du titre, Rhys Millen. L’Amérique aime les vainqueurs, tout le monde l’attend. La pression sur l’Alsacien de 39 ans est colossale.

et dont l’arrivée se juge à 4 300 mètres ­d’altitude. Les Vatanen, Unser, Andretti et Millen y ont bâti leur légende. À la fin des années 80, les Européens ont fait connaître la course pour la ­première fois en pulvérisant le record du parcours, au volant de voitures de rallye déjantées. Sur la route empierrée qui mène au sommet, leurs quatre roues ­motrices de plus de 500 chevaux franchissaient le mur du son en 11 minutes. Du jamais-vu. Depuis l’an dernier, la route est ­entièrement goudronnée. Le « club des 9 minutes » compte cinq membres depuis fin 2012 : le Néo-Zélandais Rhys Millen, détenteur du record avec 9’46’’164, le Français Romain Dumas, le Japonais ­Nobuhiro Tajima, ainsi que les deux ­motards les plus rapides, les Américains Carlin Dunne et Greg Tracy. Lors de leur prochaine tentative, ces deux derniers ne consommeront pas une goutte d’essence, mais accorderont leur confiance à l’énergie électrique. Aucune course n’est autant prédestinée à l’utilisation de véhicules électriques que celle-ci, car les moteurs conventionnels ont à lutter en altitude contre une perte massive de puissance. En dépit de gros turbocompresseurs, l’oxygène vient à manquer pour la combustion. Les pilotes qui ne perdent en altitude qu’un quart des chevaux utilisés dans la vallée ont bien fait leurs devoirs. Les véhicules électriques ne connaissent pas ce problème, mais ils en ont d’autres. Par exemple, les batteries, qui bien qu’elles n’aient pas à tenir très longtemps pour cette course de 20 km, sont plus lourdes qu’un moteur essence. Des constructeurs, à l’instar de Mitsubishi, revendiquent quelques avancées techniques, mais pour l’instant ça

’est la pause entre deux courses d’entraînement, Loeb s’est retiré dans son motor-home. Ses yeux bleus, mis en ­évidence par sa barbe grisonnante de cinq jours, brûlent d’énergie. Parfaitement ­détendu, il est avachi sur un banc. Ses bras, puissants pour son gabarit, témoignent du travail accompli pour le domptage de cet animal sévèrement motorisé. « Pour avoir confiance dans la voiture, il fallait d’abord que je découvre à quel point elle était nerveuse et ce que je pouvais faire avec elle. Lors d’un test en France, nous avons identifié ses principaux problèmes : transmission trop longue, suspension trop ferme, direction trop directe. Lors de la première course américaine, la voiture a fait ce que je lui demandais. Cette ­machine est follement rapide. » Est-il ­possible dans le contexte vertigineux de Pikes Peak de rouler à 100 % de la vitesse ? Surtout qu’à l’inverse du WRC, ­aucun copilote ne va lui annoncer la texture des virages. Loeb ­hésite : « Disons à 99 %. » Connaît-il le ­parcours par cœur ? Il sourit : « Avant même d’arriver sur place, j’avais intégré l’enchaînement ­complet des virages. J’ai étudié des vidéos, puis je suis venu avec mon Daniel (Elena, ndlr), j’ai fait le p ­ arcours et rédigé un livre de prières. Exactement comme lors d’une spéciale de rallye. En WRC, nous n’avons droit qu’à deux passages : le premier sert à r­ édiger le livre de prières, le second à le contrôler. Ici, j’ai totalement innové à partir du troisième passage. Cent mètres avant chaque 55


Credit:

Heureux. Sébastien Loeb vient d’ajouter une ligne de choix à un palmarès encyclopédique.


photo : flavien duhamel/red bull content pool

v­ irage, je disais à Daniel ce qui devait suivre et il me contrôlait. Je disais : « 120 gauche » et il me corrigeait. Par exemple, « 120 gauche plus ». Au total, nous avons fait neuf p ­ assages et je n’ai plus fait de fautes les trois dernières fois. » C’est aussi un point indispensable : la perfection. Sébastien Loeb ne voulait pas procéder autrement. « J’ai abordé Pikes Peak comme tous mes projets : avec ­professionnalisme, une bonne équipe et les plus hautes exigences. Venir et me contenter de piloter ne m’aurait pas ­motivé. Je veux battre le record. Et je sais qu’ici, il n’y a pas de place pour la moindre erreur. »

t ils existent vraiment, ces endroits où la route finit dans le néant 500 m plus bas, sans glissière de sécurité. À certains d’entre eux, comme dans la combinaison de virages ­appelée poétiquement « Devil’s Playground », à 4 000 mètres d’altitude, les voitures de la catégorie Unlimited la bien nommée ­atteignent des vitesses de plus de 200 km/h. Loeb : « Avec une voiture aussi puissante, si je commets la moindre ­erreur, je finis dans le vide. Je dois être incroyablement précis. Les gens ne peuvent peut-être pas le comprendre, mais c’était plus facile avant sur le gravier. On peut beaucoup plus travailler la voiture sur ce revêtement-là. » Les nuages approchent, la météo annonce quelques gouttes le jour de la course. À 3 heures du matin, un convoi de plusieurs kilomètres gravit la montagne et passe devant les légions de campeurs qui ont fait le voyage dès le samedi. Ce weekend, il est interdit de faire du feu. Le ­Colorado est touché par de violents incendies de forêt et attend la pluie. Gênés, les spectateurs font cuire leur viande dans un barbecue-boule ou se rabattent sur des sandwichs. Au sommet, il fait frisquet. L’eau de la fonte des neiges de la veille est encore gelée au bord de la route. Soudain, des supermotos, des motos de course, des vieilles bécanes… quelques intrépides au cœur plus gros que le reste rappellent que les sidecars existent toujours. L’un d’eux, Johnny Wood, est à deux doigts de décharger sa passagère Giorgina Gottlieb dans l’avant-dernier virage. À l’arrivée, celle-ci est pendue à son cou, en larmes. Le passager de Bruno Marlin, the red bulletin

son fils Jérémy, se penche tellement dans le feu de l’action que la visière du casque du jeune Français glisse sur l’asphalte. L’Américain Wade Boyd sort vainqueur, devant le Japonais Masahito Watanabe. Bien que concurrents sur le parcours, ils tombent dans les bras l’un de l’autre au sommet, heureux comme jamais. Le concurrent n’est pas l’adversaire. Ce sont plutôt la montagne et la météo. C’est tout aussi valable pour Sébastien Loeb, le premier à prendre le départ dans la catégorie voitures. Si tout se passe comme prévu, il gagnera, c’est clair. La seule interrogation, c’est le chrono. On l’entend, avant de le voir. Chaque changement de vitesse est une explosion, décuplée par les parois rocheuses des Rocky Mountains. C’est un staccato d’explosions qui se rapproche, toujours plus près. Entre Devil’s Playground et le sommet, la route ne cesse de disparaître et de réapparaître, l’œil a du mal à se concentrer. En principe, la silhouette de la Peugeot 208 T16 devrait surgir à tout moment en bas. Mais non, elle a déjà une terrasse d’avance et se trouve sur la corniche ­suivante. L’oreille avait dupé l’œil. Plus tard, la télémétrie annoncera que le pilote français a dépassé les 240 km/h. La bête sauvage et son aileron ultra-puissant ­s’approchent bruyamment, virage après virage. Elle disparaît, réapparaît, file à toute allure. Elle était facilement à 170 km/h dans ce double virage à droite de 60 °, et aurait pu finir sa course 300 mètres plus bas. À l’intérieur du virage, la roue avant était sur la ligne blanche, l’infime limite entre l’asphalte et le précipice. Mais Loeb a offert une ­démonstration de précision absolue, l’un de ces moments dont lui seul est capable dans le sport automobile. Au drapeau à damier, le chrono ­affiche 8’13’’878. Une minute et 32 secondes de moins que le record de Millen d’août 2012. Incroyable ! Ce dernier, t­ enant du titre déchu, termine second en 9 minutes et 2 secondes. Mieux que son ancien record, mais insuffisant face à la maestria « loebienne » et à la fiabilité de son bolide surpuissant. Le Français, premier pilote à passer sous la barre des 9 minutes, se montre heureux et soulagé, en haut à 4 300 m d’altitude. « Je me sentais bien dans la voiture, alors j’ai décidé d’attaquer plein pot. Pikes Peak était le moment fort de ma saison et ce record a beaucoup d’importance à mes yeux. » En octobre, il ­disputera, chez lui, en Alsace, son ultime rallye, avant de se lancer dans le Championnat du monde des voitures de tourisme l’an prochain, avec une Citroën

« Pikes Peak était le ­m o m e n t f o r t de ma saison. Ce record a beaucoup d’importance à mes yeux » qui n’aura que le tiers de la puissance du ­proto aux 875 chevaux, élaboré pour Pikes Peak. Entre-temps, la montagne s’est souvenu pourquoi les gens appelaient l’épreuve aux 156 virages, « la course vers les nuages ». Elle attire un fort contingent de nuages blancs, gris, noirs et les agite avec violence. Pluie, grêle, neige, brouillard, vent… Les 24 dernières voitures mettront tout l’après-midi pour atteindre le nirvana. Il n’est plus question de record. C’est maintenant le tour de la bricole, des constructions de fabrication personnelle, transformées et boisées, des équipes familiales. Les spectateurs croisent le dernier d’entre eux, ils le saluent avec respect et enthousiasme. Sébastien Loeb attend ­toujours au sommet, dans le grésil et le brouillard. Tous descendront en même temps, le pilote amateur et le nouveau ­détenteur du record. Tous égaux devant la montagne. Un incroyable calme règne dans l’hôtel Best Western de Manitou Springs, où Éric, Mary et Mary-Joe se sont retirés pour se remettre de leurs aventures de la veille. Mary-Joe ronfle doucement sur la véranda, Mary feuillette la presse. Pendant qu’Éric suit, avec sa tablette, la retransmission de la course sur internet. L’année prochaine, Éric promet d’envoyer les deux filles au sommet par le train à crémaillère, alors que lui en viendra à bout sans freiner dans aucun des 156 virages. Prenez place à bord de la Peugeot 208 T16 Pikes Peak de Sébastien Loeb et foncez jusqu’au record dans l’édition pour tablettes siglée The Red Bulletin.

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Pa stor e com m e c h e z lu i

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Arrivé au Paris-SG à l’été 2011 pour la coquette somme de 42 millions d’euros, Javier Pastore espère franchir un palier cette saison, en vue, notamment, de la Coupe du monde. À 24 ans, le milieu de terrain argentin a gagné en maturité sur le terrain comme en dehors. Ça se voit, ça s’entend. Entretien. Texte : Christophe Couvrat Photos : Andrew Woffinden

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the red bulletin : Javier, quel type de gamin étiez-vous ? Javier Pastore : (Sans hésiter.) J’avais toujours un ballon sous le bras. À l’école, j’attendais avec impatience la sonnerie de la récréation pour jouer au foot. Mes pensées pour ce sport étaient quotidiennes. Jouer au foot me mettait en joie, me ­rendait heureux. Vous avez pratiqué d’autres sports ? Oui, j’ai joué au basket dans mon quartier avec le groupe d’amis que j’avais. Ça a duré quelque temps. Le clan Pastore est très uni. Mais celle dont vous êtes le plus proche reste votre mère… Oui, c’est elle qui m’amenait aux entraînements de foot quand j’étais petit. Mon père Juan Carlos avait une entreprise de métallurgie, il était moins disponible. ­Patricia a tout fait pour moi. Mais je suis proche de mes deux parents. Je ne les remercierai jamais assez. Ils m’ont tout donné, je n’oublierai jamais leurs sacrifices. J’ai toujours mis un point d’honneur à leur prouver que je pouvais devenir un grand joueur de football. Il y a aussi votre sœur et vos deux frères... Oui, Lorena a 29 ans, Ariel 27 et Juan ­Manuel, 20 ans. Vous voyez, je ne suis pas le petit dernier (rires). Ma famille a toujours été ma première source de motivation. Être ce que je suis, jouer en Europe, 60

gagner un titre, pour eux aussi, c’était un rêve. Comme disputer une Coupe du monde et enfiler le maillot de la sélection. Je le vois dans les yeux de ma mère. Elle veut que je lui garde mon maillot après chaque match. Elle les veut tous d’ailleurs. Elle doit en avoir une centaine. C’est comme si c’était elle qui jouait ! Le surnom « El Flaco » (le maigre, ndlr) vous colle à la peau depuis votre plus jeune âge. Qui en est l’instigateur ? Ce surnom vient de mon oncle Mario (le frère de sa mère, ndlr). J’avais 7 ans. Ensuite, mes amis s’y sont mis. En Argentine, il est très commun de se donner des surnoms. On me demandait : « Comment

Double contact Date et lieu de naisance : 20 juin 1989, à Córdoba (Argentine) Taille, poids : 1,87 m ; 78 kg Clubs : Paris SG (depuis 2011), Palerme (2009-2011), Huracán (2007-2009), Club Atlético Talleres de Córdoba (2002-2007) Palmarès : Champion de France 2013

Photo : Christian Gavelle/PSG via Getty Images (1)

e rendez-vous est fixé à 14 heures. À 14 h 03, Javier Pastore est là, sur le pas de la porte d’une résidence cossue située à deux pas de la Porte Maillot, à Paris. Le maître des lieux entame la visite guidée, propose un café et se montre affable, comme rarement depuis qu’il a rejoint le PSG de QSI (Qatar Sports Investments, ndlr). Ses parents, sa petite amie Chiara et des proches discutent dans la cuisine pendant que l’ex-idole de Palerme prend ses aises en cette fin mai triomphante.

tu t’appelles ? » et je répondais : « El F ­ laco ! » Aujourd’hui, tout le monde ­m’appelle ainsi, plus personne ne ­m’appelle Javier. Votre don pour le geste technique qu’est la passe n’est plus à démontrer… (Sourire gêné.) J’ai toujours préféré faire la dernière passe, tirer les coup-francs, tenter des gestes techniques comme les sombreros, etc. Ce sont des choses que je faisais tout le temps quand j’étais gamin. Très tôt, j’aimais faire marquer mes potes plutôt que de marquer moi-même. J’ai toujours été plus heureux dans cette configuration. Quelle est votre première image du football ? Quand j’allais voir les matches de Talleres de Córdoba, l’équipe de ma ville. C’était tous les dimanches avec mon père et mes frères. Ces joueurs-là étaient mes idoles. Je vivais pour ces rencontres et mon équipe, je ne parlais que de ça. Aussi, je jouais avec les équipes de jeunes du club, ce qui me donnait parfois le droit d’être sur le terrain en tant que ramasseur de balles. Quand ce n’était pas le cas, j’allais en tribunes avec mon père. Vers 1516 ans, je m’entraînais souvent avec l’équipe première. Après, à la télé, j’ai beaucoup aimé Gabriel Batistuta de la Fiorentina (1991-2000, ndlr), et Juan ­Román Riquelme par la suite. Ce sont donc vos idoles ? Non, plus tard vers 16-17 ans, il y a eu Kaká. Nous sommes grosso modo ­positionnés au même poste et on a le même physique. C’était un exemple, une inspiration, sans aucun doute. J’essaie de copier certaines choses, notamment son volume de jeu. À 17 ans, vous avez failli signer en ­faveur de l’AS Saint-Étienne…

Décollage. Cette saison, Paris compte bel et bien sur Javier Pastore. the red bulletin


« Quand on joue contre une petite équipe, on a un souci de motivation »

«Mais je suis proche de mes deux parents»


Oui, Talleres de Córdoba avait un accord avec Saint-Étienne qui pouvait choisir cinq jeunes à l’essai pendant un mois. Il ne s’est rien passé. On est revenus au pays, personne ne nous a rien dit. Ensuite, au bout de trois mois, j’ai été transféré à Huracán, à Buenos Aires. Depuis, à chaque fois que je vais jouer à SaintÉtienne, je croise des gens du club qui me disent : « Je voulais que tu restes, j’avais demandé qu’on t’achète.… » J’étais un gamin sans la technique que j’ai aujourd’hui. Ça arrive à beaucoup de joueurs. Vous êtes plutôt Boca ou River ? (Il se marre.) Je n’ai jamais eu de préférence. Beaucoup de joueurs importants ont porté le maillot des deux équipes. Après, jouer à Boca doit vraiment être ­différent. Les supporters, l’ambiance au

« En sélection, Messi joue plus pour l’équipe, et ça, ça change tout »

Parenthèse. Une salle de jeux a été aménagée au sous-sol de la maison.

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stade… Je crois que si je devais choisir, j’opterais pour Boca Juniors. Quel type de relation, voire d’admiration avez-vous pour Diego Maradona ? J’ai eu de très bonnes relations avec lui. Il a été un sélectionneur très important pour moi car il m’a fait disputer ma première Coupe du monde (en 2010, ndlr). C’est une compétition incroyable, magnifique. Il a su me donner un surplus de confiance et m’a toujours soutenu. Comment est-il au quotidien ? Il est à la fois très libre et très dur, par ses paroles. Il provoque beaucoup mais reste à tes côtés. Pendant les mises au vert, on a eu de bonnes discussions, des anecdotes avec d’anciens joueurs. Il a aussi gardé de jolis gestes ! Un jour, à l’issue d’un entraînement, c’était atelier frappes en dehors de la surface pour tout le monde. Lui y compris. Avant de s’élancer, il me disait ce qu’allait faire le ballon. « Poteau gauche rentrant », « poteau droit rentrant » et trois fois de suite, il l’a fait. Je n’y croyais pas. Aujourd’hui encore, il a une frappe de balle incroyable. Ça m’a vraiment surpris. Avez-vous digéré le goût d’inachevé qu’a laissé la sélection argentine lors de cette Coupe du monde 2010 ? C’était une compétition étrange. Nous avions une grande équipe. Lors des premiers matches, on a fait de grandes choses. Et puis il y a eu cette rencontre face à l’Allemagne. On prend un but rapidement et là on s’est perdus. (L’Argentine est éliminée en quarts de finale par l’Allemagne sur le score de 4-0. Pastore joue 20 minutes, ndlr.) Pendant cette Coupe du monde, on a joué avec trop d’attaquants et je crois que ça nous a condamnés. Face à l’Allemagne, notamment, ça ne pardonne pas. Quel est le véritable problème de ­l’Argentine  ? (Ferme.) Dans cette équipe, il y a de très bons joueurs. Tous ont un statut de star. Pour un technicien, ce n’est pas simple de faire jouer une équipe qui a autant de très bons joueurs. L’an prochain, au Brésil, ce bémol ne sera plus qu’un mauvais souvenir ? Ce qui est sûr c’est que cette Coupe du monde sera très disputée. Beaucoup de sélections ont un super niveau. Nous, ­depuis 2010, on s’est vraiment améliorés. On l’a d’ailleurs prouvé cette année (grâce à un point ramené en juin dernier d’Équateur lors de la 13e journée des éliminatoires de la zone Amsud, l’Albiceleste a déjà son billet pour la Coupe du monde 2014, ndlr). Il y a de bonnes relations entre les joueurs. Il y a un grand potentiel. Les ­gamins que nous étions ont bien grandi. Nous sommes plus matures. ­L’expérience est là. Ça va jouer en notre faveur. the red bulletin


Photo : David gray/Action Images (1)

Fiston. Il y a comme de la filiation dans l’air entre Diego Armando et Javier en Afrique du Sud, en 2010.

Je pense que l’Argentine peut faire un grand Mondial. La grosse différence entre 2010 et 2013 est-elle liée au fait que Lionel Messi a enfin trouvé la bonne carburation en sélection ? L’équipe ne joue plus uniquement pour lui. Déjà, il joue plus pour l’équipe et ça, ça change tout. Et puis, le jour où il a été nommé capitaine, il a su mettre l’équipe sur de bons rails. Peu nombreux sont les joueurs capables d’agir de la sorte. C’est le joueur le plus doué que vous ayez côtoyé ? De ceux que j’ai vus, oui, sans aucun doute. Un joueur qui gagne quatre ­Ballons d’or d’affilée et qui inscrit saison après saison toujours plus de buts, ­personne ne le fait. On va attendre ­longtemps avant d’en avoir un autre comme lui. Votre position sur le terrain posait ­problème à votre arrivée au PSG. ­Depuis, vous avez trouvé votre salut… La première année, je jouais devant, près de la surface de réparation. La saison dernière, j’ai reculé, jouant plus au milieu, dans l’axe ou sur un côté, assez libre en fait. Je me suis vraiment senti à l’aise dans cette position lors des deux derniers mois. J’ai terminé la saison heureux de jouer à ce poste. the red bulletin

Vous avez ouvert votre palmarès sous le maillot parisien. Quel est votre ­sentiment  ? Je suis très satisfait. Vous savez, ce n’est pas facile de changer un club en deux ans. Ils (Qatar Sports Investments, ndlr) l’ont fait en très peu de temps. Ils ont aussi ­recruté les joueurs qu’il fallait pour gagner. À Barcelone, lors de ce fameux quart de finale retour de Ligue des champions, vous ouvrez le score. Ce but vous ­permet d’y croire ! Oui et on y a cru ! Mais on savait que le Barça pouvait marquer à tout moment… Et ça n’a pas loupé (1-1 au final, le PSG est éliminé en quarts, ndlr). On a tout de

« C’est mieux pour moi d’avoir moins de responsabilités »

même prouvé qu’on avait le niveau pour jouer ces matches-là. Avez-vous été déçu par le niveau de jeu du FC Barcelone ? Déçu, non. Mais il est normal qu’ils aient baissé de niveau. Les joueurs ne jouent pas de la même façon. Ils attaquent moins. Et puis, sans Leo (Messi, ndlr), ce n’est pas la même équipe. Le PSG version QSI semble réellement plus à son avantage contre les grosses écuries… Oui, face à Valence aussi on a fait un ­super match (au tour précédent, en 8e de finale, ndlr). Contre les grandes équipes, en général, on a toujours bien joué. On est meilleurs. Je ne sais pas si c’est un problème mais on doit y remédier. On doit gagner tous les matches. Quand on joue contre une petite équipe, on a un souci de motivation. Or, on doit jouer de la même façon, tout le temps. Le montant de votre transfert a défrayé la chronique en 2011 (Pastore a été acheté à Palerme pour 42 millions ­d’euros, ndlr). Deux ans plus tard, tout est oublié ? Oui, c’est le cas. Avec les joueurs qui sont arrivés, la pression n’est pas que sur moi, on ne regarde plus uniquement moi. Il y a de grands joueurs achetés aussi très cher. C’est beaucoup d’argent. C’est mieux pour moi d’avoir moins de responsabilités. D’autres joueurs ont ce poids-là. Je suis plus tranquille, c’est sûr. Quand la pression est repartie sur les épaules de tes coéquipiers, c’est mieux. Quel souvenir gardez-vous de Carlo ­Ancelotti  ? Des entraîneurs comme lui, je n’en ai ­jamais eu. J’ai demandé à beaucoup de joueurs plus expérimentés ce qu’ils en pensaient. Tous m’ont dit qu’en tant que personne, il n’y en a pas deux comme lui, au-delà de la tactique et du football. C’est dommage qu’il soit parti. Il aurait pu faire grandir le club. Quels sont vos objectifs personnels et ceux du club pour la saison qui vient de débuter ? Passer un tour supplémentaire en Ligue des champions (soit une demi-finale, ndlr) et remporter le championnat. Quel est votre avis sur les débordements qui ont suivi les célébrations du titre de champion, fin mai sur la place du Trocadéro, à Paris ? J’ai vu les images après coup. Il n’y avait pas que des supporters du PSG. Il y avait aussi des gens qui ont profité de la situation pour casser. Vous appréciez tout de même Paris ? Bien sûr ! C’est la plus belle ville du monde. Seul problème, la météo ! (Rires.) 63


photo : ORACLE TEAM USA/Guilain GRENIER

Envol. Montés sur foils, les AC72 se soulèvent de l’eau dès que la vitesse du vent atteint 9 km/h.


100 %

pur-sang

À des vitesses proches de 80 km/h, les catamarans de la    Coupe de l’America déchirent les eaux de San Francisco.    Fascinants, brutaux et meurtriers,  les AC72 inaugurent une    nouvelle page de l’histoire de la navigation. Visite guidée    avec James Spithill, le génial skipper d’Oracle Team USA.   Texte : Andreas Tzortzis

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Vitesse. Le bateau traverse la baie à 72 km/h. Seuls les dérives et les gouvernails sont plongés dans l’eau.

À l’occasion de la 34e édition de cette compétition qui existe depuis 1851, il ­défendra le mythique trophée du 7 au 22 septembre prochain, à la tête d’un équipage international fort de onze membres expérimentés. Son challenger sera le vainqueur de régates éliminatoires disputées par trois syndicats : le favori Emirates Team New Zealand, la formation suédoise Artemis et les Italiens de Luna Rossa. S’opposeront des bêtes de course et de carbone, des catamarans entraînés par une aile en carbone plus grande que celle d’un Boeing 747, capables d’accélérations

pouvant atteindre les 80 km/h. « Personne, pas même nous, les professionnels, n’imaginait ce que serait la réalité d’aujourd’hui, s’exclame James Spithill. Nous avons fait un saut quantique ! » Ces catamarans AC72, pour 72 pieds soit 22 m de longueur à la flottaison, sont plus rapides, plus agressifs, plus spectaculaires que tout ce que le vent n’a jamais poussé sur l’eau. Et ils sont plus dangereux. Le 9 mai dernier, le bateau suédois d’Artemis chavire lors d’un entraînement dans la baie de San Francisco. Pris au piège sous le bateau durant une dizaine the red bulletin

photos : Cameron Baird/Red Bull Content Pool

el un groupe de dockers qui jouent des coudes en passant la porte d’un bar, le vent s’engouffre entre les piliers du Golden Gate. Il fouette les moutons d’écume sur les vagues de la baie de San Francisco, court sur les jolies collines d’Angel Island, siffle à travers les fenêtres d’Alcatraz et soulève les casquettes de la tête des touristes. Des bateaux sont ­penchés sur l’eau, l’extrémité de leurs voiles est fortement malmenée par les r­ afales de 25 nœuds. En deux mots, pas loin de 50 km/h. Mais le calme règne sur le catamaran de 22 mètres de long dont l’aile rigide qui fait office de voile est aussi haute qu’un immeuble de treize étages. « Et elle ne fait pas de bruit », précise James Spithill. Cet Australien roux de 34 ans est le skipper du defender, Team Oracle USA, lauréat de l’édition précédente en 2010 face aux Suisses d’Alinghi. En février de cette ­année-là, à Valence il était devenu le plus jeune skipper à gagner le trophée de la Coupe de l’America, l’aiguière d’argent.


« À la moindre    inattention, le bateau    te brise en mille    morceaux »,  lâche James    Spithill, le skipper    d’Oracle. Il y a un an,    lors d’un entraînement    son bateau a piqué du    nez et s’est brisé  the red bulletin

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« À bord, dans un espace    restreint, chacun travaille    très dur.  Mais lorsque    tout fonctionne, c’est    simplement géant »

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Précision. Sans relâche, le bateau exige de son équipage une quête vers la perfection.

en 1983 à Newport, la victoire d’Australia II, le premier bateau étranger à rafler le trophée d’argent depuis le lancement de la Coupe de l’America. À l’époque, Spithill avait trois ans. Sept ans plus tard, il gagnait sa première course dans un youyou en bois qu’il avait sauvé de la casse avec sa sœur et son père. Aujourd’hui, il est le skipper d’un bateau à 10 millions de dollars et les membres de son équipage sont originaires de huit pays différents. Jamais la voile ne l’a ­autant fasciné.

bestial

« La toute première fois que je suis monté à bord, j’étais intimidé. Pourtant, j’avais une idée de ce qui m’attendait. Avec les ingénieurs, nous avions discuté du design pendant de longues heures, des dessins CAO et de tout le reste. La construction du bateau, c’est comme faire du poney, alors que se tenir dessus, c’est plutôt comme chevaucher un pur-sang. Dès que le bateau est mis à l’eau et que l’aile est fixée, il commence à vivre. À ce momentlà, tu sens son impatience, son envie de s’élancer. Tout est si agressif, si ­conséquent, si pointu. Un vent de 9 km/h suffit à soulever sa coque. La moindre inattention, et le bateau te brise en mille morceaux. À bord, dans un espace ­restreint, chacun travaille très dur. Mais lorsque tout fonctionne, c’est ­simplement géant.  »

photos : ORACLE TEAM USA/Guilain GRENIER

Boussole et muscles de minutes, l’Anglais Andrew Simpson, double médaillé olympique de voile, meurt. L’accident déclenche de virulentes discussions. Sceptiques et partisans de la nouvelle génération de voiliers débattent de la nécessité de modifier les règles. ­Notamment de réduire de 60 à 42 km/h la vitesse maximale du vent autorisée au moment des courses. La catastrophe, James Spithill et son équipage y ont échappé de justesse. En octobre 2012, lors d’une banale journée d’entraînement, le catamaran d’Oracle the red bulletin

Team USA chavire par l’avant. En piquant du nez, le bateau se fracasse et jette à la mer, dans une eau froide et agitée, son onze d’équipage. Au-delà de leur dangerosité, ces bateaux ont le pouvoir de hisser haut la voile, à un nouveau niveau, en tant que sport et événement médiatique. Les AC72 doivent offrir à la Coupe de l’America la médiatisation dont elle a cruellement besoin, à l’instar de la voile, pour justifier les centaines de millions ­investis. James Spithill le sait. Lui qui se rappelle encore la joie qu’avait suscitée,

« Tu ne peux pas sous-estimer le bateau, car tu es beaucoup trop sous pression. Il faut se concentrer à 100 %. Sur les autres bateaux, tu peux t’accorder une petite pause, mais ici, il ne faut même pas y ­penser. On n’a même pas le temps d’avertir ou de préparer quelqu’un à quelque chose. Tu peux oublier les “Hé, fais gaffe” ou les “Attention à ceci et cela”. Il faut garder la tête froide quand le bateau file à toute allure. Et tes hommes doivent prendre les bonnes décisions, seuls, même s’ils sont tous à bout de forces. Il te faut des gars hypercomplets. 69


Tu peux avoir à bord le sportif le plus ­affûté au monde, s’il n’est ni un excellent stratège, ni un navigateur de classe mondiale qui sait précisément ce qui se passe et ce qui l’attend, il n’y arrivera pas. Tu peux avoir le tacticien le plus génial, s’il n’est pas un super athlète, il restera toujours planté au milieu. Peu à peu, nous récoltons la reconnaissance que nous ­méritons. Nous avons accueilli à bord des footballeurs, des rugbymen, des pilotes… Ils en sont restés bouche bée. Ils ne pensaient pas que la voile ressemblait à ça. »

Le goût du risque

« On parle là d’un catamaran en fibre de carbone de 22 mètres de long avec une aile de 40 mètres de haut. Si tu n’as pas conscience qu’un tel engin représente un certain risque, t’es mal embarqué… À la fin de la journée, les navigateurs sont sur le bateau, parce que c’est là qu’ils veulent être. Ils savent qu’ils jouent gros. Mais qu’est-ce qui n’est pas risqué dans la vie ? Tous aiment relever des défis, se dépasser et ces expériences les enrichissent. La manœuvre la plus dangereuse consiste, lorsque tu perds le cap, à diriger le bateau, aile ouverte, vent de face, de manière à avoir un vent arrière. À ce moment-là, le bateau a fortement tendance à piquer du nez. Une très bonne coordination est primordiale entre le barreur, le régleur de l’aile, le régleur de la voile avant et le reste des gars aux manivelles. Il faut être parfaitement précis, et si tout se passe bien, le bateau te récompense

avec une accélération explosive qui le propulse de 18 à 72 km/h. C’est une ­sensation prodigieuse.  »

Dans le même ­b ateau

« à bord, prendre une seule mauvaise ­décision peut se révéler dramatique. Et on a rarement plus qu’une fraction de seconde pour se décider. Autant dire qu’on a une chance de s’en sortir que si on devance nos actions d’une ou deux étapes. L’obligation de la responsabilité est plus présente que jamais. Nous ne devons pas oublier que la voile est un sport d’équipe. Lors d’un Grand Prix de Formule 1, si le pilote commet une erreur, il se met lui-même en danger. En voile, une seule erreur peut mettre toute une équipe en difficulté. Il faut toujours être conscient de cela. »

éprouvante arène

« Une fois qu’on a navigué dans la baie de San Francisco, on est sûr de pouvoir affronter les pires conditions. Tu es venu à bout du brouillard, des ferrys, ­d’Alcatraz, des courants et d’un territoire qui change tous les jours de caractère. Le défi est quotidennement renouvelé. Et quand on rentre au dock, on sait qu’on a vraiment accompli quelque chose. On a dû donner beaucoup, mais on a reçu énormément en échange. »

Et la voile vira de bord

« Notre sport peut enfin défier toutes les autres disciplines et à tous les niveaux. J’aime les monocoques, les nombreuses facettes de la voile et il a toujours été juste de nous comparer à la Formule 1, notamment sur la technique et la performance des ingénieurs et des constructeurs. Mais aujourd’hui, les exigences sportives sont incroyables. Quand je rentre le soir, j’attends le lendemain avec impatience. Il n’y a rien de plus stimulant que de faire de la voile. Cette passion e­ xigeante demande beaucoup de sacrifices, la famille par exemple. Mais ça en vaut la peine. »

photos : ORACLE TEAM USA/Guilain GRENIER

« Le bateau te    récompense avec une    accélération explosive,    en passant de 18 à    72 km/h.  Cette passion    exigeante demande    beaucoup de sacrifices,    la famille par exemple.    Mais ça en vaut    la peine »


Figure. Dans la baie de San Francisco, Oracle Team USA vient de virer de bord et serre le vent. En arrière-plan, le Golden Gate e­ njambe majestueusement le plan d’eau.

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terrain de jeu Un vent légèrement inférieur à 40 km/h souffle tous les après-midi de septembre sur la baie de San Francisco. C’est une zone de régates en vue, aussi bien de l’eau que de la terre, et un parcours qui conduit les catamarans géants au plus près de la péninsule. La baie de San Francisco est l’endroit idéal pour cette ­exceptionnelle course de voile. Découvrez ici une ­cartographie détaillée.

duel

Du 4 juillet au 30 août, trois équipes s’affrontent lors de la Coupe Louis-Vuitton    pour gagner le droit de défier en septembre les Américains de Team Oracle,    tenants du titre de la Coupe de l’America.  72

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équipages

Une baie, un type de bateau, une course. Mais chaque équipage doit relever ses propres défis pour gagner cette bataille navale. Kimball L ­ ivingston* évalue les forces en présence.

T e am O r ac l e

photos : Guilain GRENIER, Chris Cameron, Luna Rossa, Sander van der Borch, picturedesk.com (3), getty Images. Illustration : sascha bierl

Représentant le Golden Gate Yacht Club, San Francisco Directeur Général : Russell Coutts (NZL) Skipper : James Spithill (AUS) « Coutts a d’abord contacté Dean Barker, qui s’est aussitôt tourné vers James Spithill. Pour l’instant, ça n’a pas l’air d’être une erreur. Le tenant du titre est fort, bien placé et Oracle a remporté plusieurs victoires sur les AC45 (versions de 45 pieds des bateaux actuels qui ont disputé en avril dernier les World Series, les régates préparatoires à la Coupe de l’America, ndlr). Il faudra compter sur la fiabilité du matériel et aussi sur un peu de chance. Jamais une Coupe de l’America n’a eu autant   de variables. »

Em i r at e s T e am N e w Z e ala n d Représentant le Royal New Zealand Yacht Squadron, Auckland DG : Grant Dalton (NZL) Skipper : Dean Barker (NZL) « Les Néo-Zélandais disposent   du meilleur bateau, de l’équipe   la plus expérimentée, du plus long temps passé sur l’eau et de la   plus grande confiance. Leur état d’esprit est même meilleur que   celui d’Oracle : ils doivent gagner !   S’ils échouent, leur gouvernement réduira les subventions. Les Néo-­ Zélandais sont la seule équipe ­subventionnée par un gouvernement, la perte de ces 30 millions   de dollars les contraindrait à prendre un nouveau départ. »

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avis d’experts Qui gagnera la 34e édition de cette joute d’exception ?

Luc Alphand Multiple vainqueur de la Coupe du monde de ski et du Paris-Dakar

« Oracle est le grand favori. Les Américains sont en avance sur   les plans technique   et ­tactique. Parmi les challengers, l’Emirates Team New Zealand   sort du lot. L’organisation de la Coupe de l’America est ­sensationnelle. Parfois, il faut savoir   se détacher des anciennes traditions. La compétition n’en ressort que plus professionnelle, plus puissante, plus innovante sur le plan technique.   Et plus exigeante à bien des égards pour les participants. Je connais cela, j’ai toujours aimé le principe et la culture du défi. » M i c k e y Ha r t Ancien batteur de Grateful Dead et compositeur de la musique ­officielle de la Coupe de l’America « Je m’intéresse au rythme de la compétition. Pour moi, la Coupe de l’America est une danse, un ballet sur l’eau entre l’homme, le bateau et l’océan. Ces types donnent tout et ils sont les maîtres du rythme. Qui remportera la course ?   Ils sont un certain nombre à lutter… Ce qui m’importe, c’est qu’ils créent cette chorégraphie. Je veux savoir ­comment sonnent le bateau et l’eau. Ensuite, j’intégrerai le son dans ma musique pour cette épreuve de légende. »

Luna Rossa C h all e n g e

A rt e m i s

Représentant le Circolo della Vela Sicilia, Palerme DG : Patrizio Bertelli (ITA) Skipper : Max Sirena (ITA)

Représentant le Royal Swedish   Yacht Club, Saltsjobaden DG : Paul Cayard (USA) Skipper : Iain Percy (ANG) Barreur : Loïck Peyron (FRA)

« Max Sirena était notamment le skipper du trimaran d’Oracle qui a remporté la Coupe en 2010. Le bateau est une copie du bateau néozélandais, mais le Team New Zealand a continué à l’améliorer. Nous ne savons pas comment les Italiens s’en sortent dans la baie. Ils n’ont participé à aucun des 2 premiers duels, après avoir contesté les nouvelles recommandations de sécurité. »

« Cette équipe aura du mal à se ­remettre de la mort d’Andrew Simpson en mai dernier (piégé sous le bateau après un chavirage, ndlr). Depuis, le team a subi de nombreux départs. Tant qu’ils n’auront pas terminé la construction de leur bateau de remplacement, ils ne disposeront d’aucun point de repère. Ce sont eux qui ont passé le moins de temps sur l’eau. Ça s’annonce très difficile. »

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* Kimball Livingston navigue lui-même dans la baie de   San Francisco depuis des décennies. Cet Américain a relaté   les huit dernières éditions de la Coupe de l’America. La plus   vieille course du monde est le sujet du cours qu’il dispense   à l’université californienne de Berkeley.

E d d i e J o r da n Ancien pilote de F1 et propriétaire d’écurie « Je pense que s’il y a beaucoup de vent… Les Américains essaieront sûrement de faire annuler la course en cas de vent fort… Qu’importe.   Si le vent souffle violemment et que les Néo-­ Zélandais peuvent naviguer, ils gagneront   la finale. » N e v i ll e C r i c h t o n Millionnaire, passionné de voile, vainqueur de la régate Sydney-Hobart « Si les teams Oracle et New Zealand s’affrontent en finale, Oracle a l’avantage sur les parcours   avec vent de face, tandis que New Zealand est   plus rapide sur les parcours avec vent arrière.   En général, le Team New Zealand est supérieur   aux autres équipes. » Les AC72 en action dans la baie de San Francisco ?   C’est dans l’édition gratuite pour tablettes siglée   The Red Bulletin !

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Compressorhead p e ut se va nte r d’êt re le seul vrai g roup e de heav y meta l.

L e t r i o d e r o b o t s a ll e m a n d s j o u e l e s p l u s g r a n d s c l a s s i q u e s d u h a r d r o c k . C ’ e s t S û r QU ’ UN GUITARISTE a u d o i g t é d é m u lt i p l i é , UN BASSISTE À L A T Ê TE D ’ACIER ET UN BATTEUR AU X QUATRE BRAS , Ç A EN V OIE DU L OURD . Texte : Florian Obkircher

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photos : Norman Konrad


fingers Gu i ta r e

Il possède 78 doigts pour balancer les plus grands riffs du rock


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es épaves de voitures démontées, des bâtiments industriels désaffectés... Nous voilà dans un désert industriel, au nord-ouest de Berlin. Aux alentours, aucun signe de vie, si ce n’est l’écho du bruit qui s’échappe d’un hangar voisin. Boum ! Boum ! Boum ! On suit la piste de ce grabuge rock pour pénétrer dans une petite salle de répèt. Semblable à celle de tout jeune groupe qui aime à transformer le garage familial en pétaudière sonore, elle est placardée aux murs d’affiches de concert et saturée d’amplis. Mais, surprise, ici les musiciens sont des robots ! Le trio se chauffe sur un classique d’AC/DC. Un colosse métallique et ses quatre bras se déchaînent sur la batterie. Un deuxième, avec lunettes de soleil et santiags, tricote un solo à la guitare. Le bassiste secoue sa tête d’acier au rythme du groove alors que ses doigts glissent ­agilement le long du manche. Une scène surréaliste, tout droit sortie d’un film de

robots dandinent aussi leur cuirasse grâce à des vérins pneumatiques. En janvier dernier, le trio de « musiciens » allemands fait sa première en live au festival australien Big Day Out. Devant 50 000 spectateurs, Compressorhead y donne cinq concerts, truffés de reprises de Nirvana, des Ramones ou encore de Motörhead. Sur le net, leurs vidéos sont cultes, vues par plusieurs millions d’internautes. The Red Bulletin a rencontré les phénomènes. the red bulletin : Stickboy, que faisais-tu avant ta carrière de rock star? stickboy : Dans ma première vie, j’étais dans les sports mécaniques. Certaines de mes pièces faisaient partie d’une moto de cross, d’autres d’un moteur diesel de ­camion venu de l’ex-RDA, tout comme les pointes de ma crête d’iroquois. Mes jambes sont faites de cylindres pneumatiques et d’amortisseurs prélevés sur une mobylette italienne. Te souviens-tu de tes débuts à la ­batterie  ? s : Oui, j’avais des problèmes de coordination. Pas étonnant avec quatre bras ! Je ­tapais si fort que la batterie finissait ­toujours à terre. Fingers, qu’est-ce qui fait de toi un ­guitariste à part ? fingers : Je peux jouer en même temps les solos et les accompagnements, et donc faire le boulot de deux « sacs à chair ». Ma technique vient d’un séquenceur qui contrôle les pistons pneumatiques fixés

À p rop os de L emmy de Motörhead :

«   I l a p o s t é u n e v i d é o d e n o u s t r o i s s u r l a pa g e Fa c e b o o k d e s o n g r o u p e av e c c e c o m m e n ta i r e   : I l fa u t l’av o i r v u p o u r l e c r o i r e   !   » science-fiction. Bienvenue chez Compressorhead, un trio allemand de heavy metal, et entièrement fait de métal. Il y a six ans, Frank Barnes, un artistetechnicien berlinois, recycle des robots industriels et conçoit Stickboy, le premier batteur tout de fer. Grand comme un homme, ce dernier est « un musicien doté de quatre bras et deux jambes mais sans cerveau », précise son créateur. Barnes l’envoie en tournée, accompagné de deux robots-danseuses de pole dance. Il tient bon. Avec l’aide de Kernschrott et de ­Robocross, collectifs d’artistes spécialisés dans le recyclage des métaux, Frank Barnes crée tout un groupe. Surgissent Bones, le bassiste, et Fingers, le guitariste à 78 doigts. Programmés pour jouer, les 76

sur des rails qui se déplacent le long du manche grâce à de l’air comprimé. Auparavant, ces pistons étaient utilisés pour la fabrication de téléphones portables et servaient à tester le bon fonctionnement des touches de clavier. L’arrivée des écrans tactiles les a mis au rebut. Pourquoi 78 doigts ? f : Les doigts de ma main gauche sont fixés sur deux rails pour me permettre de couvrir la totalité du manche. Cinq doigts sur l’un des rails et sept sur l’autre. En multipliant le tout par les six cordes, on arrive à un total de 72 doigts auquel il faut ajouter les six doigts de la main droite, soit un doigt pour chaque corde. Dès votre premier concert, vous partagez la scène avec les Red Hot Chili

s t i c k b oy Batteur

a débuté entouré de deux robots de pole dance Peppers. Comment ça s’est fait ? s : J’avais déjà joué dans ce festival il y a quelques années. À l’époque, j’étais accompagné de deux robots danseuses de pole dance. L’organisateur avait aimé et m’avait dit : « Si tu montes un groupe, fais-le moi savoir. Je vous programmerai les yeux fermés. » Quel accueil vous a réservé le public ? s : Très bon. Quand on a joué TNT d’AC/ DC, des milliers de fans ont repris les paroles. Nos concerts sont de gigantesques karaokés. Les paroles des chansons sont projetées sur grand écran et le public se transforme en chanteur du groupe. Justement, pourquoi n’avez-vous pas de chanteur ? s : Ça fait un moment qu’on cherche la perle rare. Nous ne l’avons pas encore trouvée. Un robot ou un humain ? s : Peu importe. Du moment qu’il arrive à faire surchauffer nos circuits. Apparemment, quelqu’un aurait contacté Stephen Hawking (célèbre astrophysicien anglais, ndlr). Lui au moins, on le comprendrait. Quel est votre premier choix ? s : Lemmy Kilmister de Motörhead ! Il paraît que c’est un de vos fans… s : C’est vrai. Lemmy a posté sur la page Facebook de son groupe une vidéo où l’on reprend Ace of Spades, un de leurs titres. Il a écrit : « Il faut l’avoir vu pour le croire ! » En deux jours, la vidéo a été visionnée plus d’un million de fois sur YouTube. Aujourd’hui, on dépasse les cinq millions. bones : Depuis, un groupe de robots ­hollandais a repris notre version de Ace of Spades avec une guitare acoustique et une flûte de pan. Quand on parle d’Allemagne et de robots, on pense tout de suite au groupe Kraftwerk. s : Des pseudo robots ! b : Tu ne peux pas dire ça ! Il y a trente ans, ils avaient déjà des robots sur scène. Il faut au moins leur reconnaître ce mérite. Ça répète un groupe de robots ? s : Oui, mais pas aussi souvent que les humains. Nous sommes synchrones d’origine et communiquons via un séquenceur the red bulletin



bones Bassiste

Credit:

Le plus jeune du groupe a d’énormes pa l u c h e s m a i s l a s e n s i b i l i t é f r e e-j a z z de Charles Mingus


MIDI. Mais il arrive que nous soyons en décalage. Quels types de problèmes rencontrezvous ? s : Les réglages doivent être régulièrement revus. Moi, par exemple, je fais mes roulements de tambour d’une seule main. Après cinq millions de roulements, il peut arriver que mon articulation soit légèrement déréglée. Dans ce cas, il faut la réajuster par ordinateur. Par ailleurs, mes articulations doivent être remplacées tous les deux ans. En tournée, qu’emportez-vous dans vos bagages ? s : Des vis et des écrous. On les remplace au moins une fois par jour ! f : Le compresseur à air comprimé ! C’est notre nerf de la guerre ! Combien de compresseurs emportez-vous ? f : Un seul, de 11 kW. Il est de la taille d’une armoire. C’est le quatrième membre du groupe et probablement le plus important. Sans lui, pas de groupe. b : (Il coupe.) …d’où le nom du groupe ! D’ailleurs, comment voyagez-vous ? s : Dans d’énormes valises. À l’aéroport, les sept membres de notre équipe ­s’occupent de notre enregistrement. On est trop grands pour être des ­bagages à main. C’est comme si vous voyagiez en couchettes… s : Exactement. Mais dormir dans notre cas signifie être en mode veille. Comme tout rocker, vous connaissez la gueule de bois du matin. Cela ressemble

s : Des tas ! Ça va d’anciens appareils é­ lectroménagers à des jouets high-tech. Quand il accueille Compressorhead, le promoteur doit-il prévoir un chariot-élévateur ? b : Oui, nous sommes des gars plutôt ­costauds. Un groupe de heavy metal au sens premier du terme. Les membres de Metallica pèsent à eux tous 400 kilos, Compressorhead bloque la balance à 1 300 kg ! Sans compter le compresseur ! Les scènes des festivals sont-elles assez solides ? s : Pas vraiment. Après nos premiers concerts en Australie, on a réalisé qu’on était trop lourds pour la scène principale. Ils en ont construit une pour nous. Avant le rappel, sortez-vous de scène avec le chariot élévateur ? s : Non, nous restons sur scène. Mais ­attention, pas immobiles comme des manches ! f : Je peux même sauter, du moins de quelques centimètres. Je rejoins ce que Keith Richards a dit un jour, à savoir qu’il avait le plus petit lieu de travail au monde. Un mètre carré ! Parce que sur scène, il reste toujours au même endroit.

L es p oid s lourd s du heav y meta l :

«   M e ta l l i c a c ’ e s t 4 0 0 k i l o s t o u s e n s e m b l e . Nous, on en pèse 1 300. Sans le compresseur ! » à quoi chez vous ? s : Dans notre cas, on perd des boulons, on pète des câbles et on a les valves qui fuient. Quel est le péché mignon d’un groupe de robots ? s : Nous aimons l’alcool éthylique qui flotte dans l’air. Personnellement, j’ai aussi un faible pour l’huile lubrifiante à base de lithium. À chaque gorgée, mes articulations deviennent étonnamment souples. Avez-vous des groupies ? the red bulletin

b : Moi, mes chenilles me permettent de me déplacer entre mes camarades et le bord de la scène. Vous ne vous jetez jamais dans la foule ? s : Trop dangereux pour le public. Sans parler des tracas judiciaires qui s’en suivraient. Avez-vous déjà vécu un blackout sur scène ? b : Oui, à cause du courant pollué. Nous étions en train de mettre le feu sur scène,

et soudain, plus rien. L’horreur. f : Lors des festivals en plein air, les groupes électrogènes sont reliés les uns aux autres, cela produit du courant pollué qui peut mettre les appareils hors tension. Nos circuits électroniques sont très fragiles. De Led Zeppelin à AC/DC, votre répertoire se compose de classiques rock. Pourquoi le rock ? s : Cela semble évident, non ? (Rires.) Pourquoi les machines devraient-elles produire du synthé-pop insipide ? Ça veut dire que Compressorhead peut aussi faire du free-jazz ? Improviser ? b : Cette idée nous trotte dans la tête depuis un moment. On réfléchit à improviser et donc à se passer de la console MIDI. Mais le rock’n’roll nous tient trop à cœur. Cela est-il possible techniquement ? s : En ce moment, nous travaillons avec des producteurs qui composent de la musique pour nous. Des rythmes qu’aucun batteur humain ne pourrait produire. ça ouvre de nouvelles possibilités. Ce qui est amusant, n’est-ce pas justement que vous repreniez des morceaux créés par des « sacs à chair » ? s : C’est clair. Quand les fans connaissent un morceau, ils chantent plus facilement avec nous. Cependant, on ne peut pas construire une carrière seulement sur des reprises. Comment devient-on musicien-robot ? s : La manière la plus sûre est de mourir et de revenir à la vie sous forme de machine à rock. Aidé en cela par les « sacs à chair », comme dans notre cas. b : Beaucoup de robots industriels sont mis à la casse dès qu’ils deviennent obsolètes. C’est pour eux que nous avons créé l’Alliance Chrétienne des Robots. De quoi s’agit-il ? s : Notre équipe (le collectif allemand Kernschrott, ndlr) reçoit régulièrement des robots usagés, ils viennent notamment d’universités et d’entreprises. Après une révision dans notre atelier, ils reçoivent une nouvelle affectation, comme dans notre bar à robots que nous emportons souvent en concert. Les « sacs à chair » placent leur verre sur un tapis ­roulant, une machine y verse de la vodka puis un singe-robot finit de préparer la boisson en y urinant du jus d’orange. Le verre arrive au bout de la chaîne, prêt à être consommé. Avez-vous imaginé un plan B ? s : Dans une troisième vie, je me verrais bien faire partie de la première équipe de robots-catcheurs. Ça serait aussi rock’n’roll, non ? Plus sur www.compressorheadband.com, www.robocross.de et www.kernschrottrobots.de

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Séance de nuit. Louis Baker (en haut) est à la ­guitare. D’autres sont à la boîte à rythmes.

En mai dernier, Red Bull Music Academy s’arrêtait à New York. Une soixantaine de jeunes artistes venus du monde ­entier y ont cultivé leur talent musical, en compagnie notamment de Blondie, Philip Glass et James Murphy. Texte : Florian Obkircher Photos : Dan Wilton & Christelle de Castro 80

Ils se mettent à

flow the red bulletin


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L

a table de mixage est grosse comme une voiture. Ses innombrables boutons de ­réglages font penser à un tableau de bord de vaisseau spatial. De part et d’autre, des enceintes, des pieds de micro et une batterie complètent le mobilier. Le studio d’enregistrement est plein à craquer. Assis dos au pupitre, un homme aux cheveux ébouriffés et à la barbe grisonnante s’adresse à son auditoire. « Vous voulez savoir comment j’obtiens ce son étouffé à la batterie ? », questionne-t-il, large ­sourire au visage. Il se rapproche de la batterie. « Eh bien, je vais vous le dire… Je découpe des tapis de souris d’ordinateur et je les colle sur les caisses. » Joignant le geste à la parole, il s’exécute aussitôt puis prend une baguette et tape sur la caisse claire. Boum, Boum, Boum ! « Pas mal comme son, non ? » L’assistance apprécie. Les uns avec étonnement, les

autres avec admiration. L’homme s’appelle James Murphy. Avec son label DFA, ce New-Yorkais quadragénaire crée les tendances du dancefloor. Avec son groupe LCD Soundsystem, il a vendu des millions d’albums et a été nommé aux Grammy Awards à trois reprises. En ce moment, ce producteur de 43 ans peaufine la sortie du 4e album d’Arcade Fire, dieux du rock indé. Mais ce soir, le public de Murphy compte seulement 31 apprentis musiciens. La rencontre se déroule en mai dernier, à Manhattan, dans l’un des neuf studios d’enregistrement du camp de base de Red Bull Music Academy. Depuis 1998, RBMA court le monde en faisant halte chaque année pendant un mois dans l’une des métropoles de la ­musique : Le Cap, Berlin, Melbourne ou São Paulo, et New York maintenant. À chaque édition, un vieux bâtiment situé en centre-ville est rénové, puis doté de studios d’enregistrement et d’un auditorium. Des locaux qui permettent d’accueillir 62 jeunes invités, musiciens, ­producteurs, chanteurs ou DJ’s venus du monde entier et représentants de genres musicaux éclectiques. Durant deux périodes de deux semaines chacune, tout ce petit monde joue de la musique, échange, partage ses compétences avec de grands noms du métier venus les conseiller. À New York, les participants côtoient le maître du son, Brian Eno, le baron de la techno, Richie Hawtin, le compositeur

DFA Records fête ses douze ans. La Red Bull Academy célèbre   très joyeusement ­l’anniversaire du label de James Murphy   (à droite) lors d’une folle soirée dans un club de New York.

« J’étais là quand le premier synthé a été branché ! » Cette phrase démarre souvent les histoires relatées par les légendes vivantes qui viennent partager leur savoir, assises sur le divan de Red Bull Music Academy. Un grand sofa qui a accueilli, entre autres stars, Debbie Harry (à gauche) et Giorgio Moroder   (à droite) au cours des quatre semaines new-yorkaises.


« Red Bull Music Academy est un espace où tout devient possible » Louis BAker

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Philip Glass et, donc, James Murphy. « Pour moi, Red Bull Music Academy est un espace où tout devient possible », jure Louis Baker, un Néo-Zélandais de 23 ans. Cette opportunité qui lui est donnée de jouer avec des musiciens originaires de 29 pays différents lui ouvre l’accès à un réseau international. Sans oublier les ­précieux conseils sur place des pros du milieu. Une situation inenvisageable dans son pays où un jeune musicien comme lui se sent « plutôt esseulé ». Il y a quelques mois, des amis lui parlent de l’Academ et Louis tente sa chance illico en déposant sa candidature. Retenue. « La NouvelleZélande, c’est génial mais on est un peu livré à soi-même avec ses idées. À l’Academy, je réalise que je ne suis pas le seul fou à vouloir vivre de sa passion. Cela donne du courage et de la force. » Arrivé à New York depuis une dizaine de jours, il n’a pas consacré une seule minute au tourisme. C’est que le programme est chargé au camp de base de l’Academy. Du « pur stress », selon Louis. Réveil à 10 heures puis petit-déjeuner où on ­débriefe la soirée de la veille. Au programme de la journée, deux masterclasses et, à la pause-café, le travail des morceaux de chacun, plus quelques interviews à la radio de l’Academy ou avec des envoyés spéciaux de la presse internationale. Enfin, la nuit est consacrée à l’enregistrement en studio ou à une virée dans les clubs de la ville. Il n’en manque pas dans Big Apple. C’est l’occasion de partager la scène et les platines avec des légendes de la musique. Inespéré quand on débarque sans réputation de NouvelleZélande ou du Nigeria. Ce soir, justement Louis Baker est à l’honneur. Sitôt la conférence de James

Né à Montréal, le Canadien Sinjin Hawke vit aujourd’hui à Barcelone. Ses mix faits de house, dance et soul consacrent sa réputation.

Après le concert de Louis Baker dans l’église, nombre de participants de l’Academy prennent le chemin de China Town. Au club Le Baron, ­Kraftmatiks, stagiaire nigérian, se produit avec quatre autres camarades. Le Londonien Bok Bok (en haut), producteur de house, est parmi le public. Le jour précédent il était encore assis sur le divan de l’Academy. Nick Hook, un participant de 2011, en profite pour le saluer chaleureusement.

Les académiciens disposent de neuf studios d’enregistrement. Carrot Green (Brésil) et Pleasure Cruiser (Japon) peaufinent ici leur morceau commun.

Murphy achevée dans un studio de l’Academy, il saisit sa guitare et file dare-dare en compagnie d’autres académiciens. ­Direction la West Park Church sur la 86e rue. Dans cette cathédrale en briques du XIXe siècle, il doit assurer la première partie de Pantha du Prince, fer de lance de la house, lequel a donné la veille une conférence à l’Academy. En chemin, Baker se montre nerveux à l’idée de sa toute première scène hors de Nouvelle-Zélande. Une heure plus tard, le voilà face au public. Le temps de prendre une profonde inspiration et il se lance. Après deux ­minutes seulement, sa voix aérienne et ­puissante, rappelant celle de Jeff Buckley, plonge l’auditoire dans un silence de… cathédrale. Ses morceaux folks donnent la chair de poule à des spectateurs qui, dans cette atmosphère de recueillement, sont littéralement suspendus aux lèvres


Musique non-stop (de gauche à droite). Le visionnaire du son, Brian Eno, en interview sur le divan. Ça rigole à la soirée DFA. Distribution du Daily Note, le quotidien de Red Bull Music Academy. Shadowbox, participante new-yorkaise, en concert. Un zèbre fêtard à l’heure du couvre-feu.

photo additionnelle : anthony blasko

du jeune musicien. L’instant a quelque chose irréel. L’artiste et sa guitare hypnotisent des centaines de personnes. À l’issue de ce concert, Just Blaze, le célèbre producteur de hip-hop qui a collaboré avec Jay-Z, Eminem et Kanye West, est séduit. « Ce gars est incroyable. Il est bien parti pour durer. » Blaze, 35 ans, est l’un des quatre tuteurs du studio de la RBMA. Un musicien expérimenté qui apporte, depuis sa première conférence en 2006 à Melbourne, un soutien de tous les instants aux jeunes talents de l’Academy. « Avant, beaucoup de DJ’s cachaient la pochette de l’album qu’ils passaient. Le secret était de mise, explique-t-il. Red Bull Music Academy a changé la donne. Aujourd’hui, le partage de son savoir technique est une composante, et pas des moindres, de la culture musicale. » Comment conçoit-il son rôle de tuteur ? Comme celui d’un guide dans leur cheminement musical. Ces relations lui sont aussi bénéfiques. « Quand je travaille en studio avec quelqu’un comme Louis, c’est pour moi une source d’inspiration », reconnaît-il en désignant le Néo-Zélandais. Avant de lui demander : « Tu viens avec nous au Baron ? » Une proposition alléchante d’autant que quatre étudiants s’y produisent. Mais Baker décline l’invitation. La journée a été longue et celle à venir s’annonce encore plus chargée avec de nouveaux conférenciers sur le divan. Peu après le petit-déjeuner, une dame en tee-shirt noir à l’effigie des Ramones et lunettes de soleil pénètre dans l’auditorium. Un homme aux cheveux gris la suit. Bienvenue à Debbie Harry et Chris Stein, les membres de Blondie, icônes punk de New York et symboles de la cool attitude. Pendant plus d’une heure, ils évoquent the red bulletin

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Lors de sa conférence, la légende de la techno, Richie Hawtin (ci-dessus en portrait), embarque les participants dans une époque où la musique dance électro en était encore à ses balbutiements. En 2006, quand Skream, ­pionnier du dubstep (au centre en pleine action) prend place sur le divan, il n’a alors que 20 ans. À l’époque, il est plus jeune que la plupart des ­académiciens. Aujourd’hui, superstar, il offre aux New-Yorkais le son d’une bass british lors d’une soirée de ­l’Academy. De son côté, DâM-Funk ­(ci-contre à droite) montre au cours d’un concert privé à quoi ressemble le funk du XXIe siècle avec en prime une petite danse au sol.

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L’Anglais T Williams et sa casquette en plein ­travail. Il remixe notamment les morceaux de Jessie Ware et Disclosure.

«N’ayez aucune crainte, profitez à fond ! » Mathew Jonson

Just Blaze (ci-dessus), producteur hip-hop renommé, fait partie de l’équipe d’encadrement au studio de l’Academy. Jusqu’à quelle heure travaille-til la nuit avec ses élèves ? « La plupart du temps jusqu’à cinq heures du matin, dit-il. Mais ça ne pose pas de problème. Pour moi, la musique n’est pas un travail, c’est avant tout du plaisir. »

the red bulletin

devant les apprentis les années 70 dans le quartier du Lower East Side. Un temps, Debbie y a vendu des bougies pour gagner sa vie. Ils reviennent sur les virées nocturnes qui les entraînaient au club Max’s Kansas City jusqu’au petit matin, en compagnie d’Andy Warhol et des ­Ramones. Ou encore sur l’enregistrement de leur hit Call Me avec le pionnier du disco, Giorgio Moroder. Quand le morceau D ­ enis se fait entendre, Harry fait la moue et raconte qu’elle n’aimait pas ce titre. Stein intervient. « On comprend ­facilement pourquoi, elle ne fait que chanter “Doobie-Doo”. ça n’est évident pour personne d’ailleurs. » Voilà les ­académiciens qui éclatent de rire. La conférence qui suit ne manque pas d’humour non plus. Lee « Scratch » Perry, pionnier du dub et producteur d’un bon nombre d’albums de Bob Marley, a de quoi dire. Le septuagénaire jamaïcain est aussi un as de la table de mixage. Profondément reggae, il diffuse un son qui semble venir d’une autre planète, tout comme son look. Il porte une casquette de baseball à miroirs et une barbe fuchsia. À 77 ans, Lee Perry ne manque pas de charme et reste un phénomène. Il cause de son univers, de la nécessité de « tuer le diable », de l’essence charnelle du reggae, et de la vie qu’un rythme de grosse caisse peut à lui seul restituer dans sa totalité. Un discours cosmique de plus d’une heure où l’on perçoit tous les tenants et aboutissants de l’univers, sans avoir pris aucune substance illicite. La sagesse de Perry hantera les discussions jusqu’au dîner, pendant qu’une flopée d’élèves s’enferment déjà en studio. Durant ces heures nocturnes, l’Academy devient un lieu d’enchantement. De jeunes producteurs pleins d’enthousiasme naviguent d’une cabine à l’autre, avec

sous le bras une boîte à rythmes et un casque. Les morceaux créés en live sont ensuite testés par les amateurs de hip-hop pour déterminer leur capacité à être samplés. Dans l’une des cabines, Just Blaze est assis devant un écran d’ordinateur. Il travaille un nouveau morceau en compagnie de Sinjin Hawke, venu de Barcelone. À l’aide d’un logiciel, ils sélectionnent une voix soul qu’ils incorporent à l’arrangement en augmentant sa tessiture pour ­obtenir une voix à la Mickey Mouse. Pour Blaze, « il manque encore une harpe ». Hawke est d’accord. Aussitôt le fichier importé, ils testent le résultat. Un monstre de basses jaillit des écrans de contrôle. Un morceau à enflammer le dancefloor. « On n’a pas encore fini, juge Hawke. Mais on progresse. C’est bien. » Dans le studio voisin, le Canadien ­Mathew Jonson, spécialiste de techno, ­dirige un atelier audio. Les questions ­récurrentes concernent la façon dont ­Jonson arrive à créer l’énorme épaisseur de ses morceaux, leur configuration en mode live et la manière de maîtriser un synthétiseur, grand comme une armoire, d’où sort une multitude de câbles. Regroupés autour de leur tuteur, les jeunes musiciens écoutent avec attention les ­explications. Mathew les invite ensuite à prendre les commandes : « N’ayez pas peur jeunes gens, profitez-en à fond ! » En quelques minutes, l’atelier se transforme en une séance de house effrénée. D’autres étudiants se joignent à eux, s’emparent des synthés disponibles et y vont de leur contribution. Les sons produits s’empilent en couches sonores successives qu’unit un unique rythme trépignant. Une expérience hypnotique. L’un des participants concède : « C’est comme si le temps était suspendu. » Il est déjà quatre heures du matin. L’heure de pointe dans les couloirs des studios. Louis Baker est là aussi. Il vient de finir l’enregistrement de sa partie de guitare dans un morceau R’n’B de Kraftmatiks, un académicien originaire du Nigeria. Sa sixième collaboration depuis le début de l’Academy. « J’essaie tous les genres, je m’efforce d’ôter mes œillères et d’accepter tous les défis. » Pour aujourd’hui, il a eu son compte. Baker jette sa veste par dessus son épaule et se dirige vers la sortie lorsque son nom se fait entendre. C’est Anna Love, une Américaine. Baker a accepté de faire une voix pour elle. « Allez, Louis, tu m’as promis qu’on l’enregistrerait aujourd’hui », lance-t-elle. Baker ­reprend son souffle, réfléchit un instant et retourne en studio malgré la fatigue. L’oreiller attendra encore un peu. Plus sur www.redbullmusicacademy.com

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SUCRES.

RED BULL.

Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658

CALLORIES.

RED BULL ZERO CALORIES. Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr


Ce lecteur MP3 accompagne en musique vos plongées sous-marines de l'été. MUSIQUE, page 95

Quoi de neuf en août ?

action !

photos : extremdesert.com, finis

m at o s   /   c l u b b i n g   /   v o ya g e s   /   c o n s e i l s d e p r o   /   m a v i l l e   /   MUSI q u e   /   f o c u s

Reprenez du désert

Un vrai circuit de montagnes russes au milieu de nulle part.

the red bulletin

Avec ses dunes de 400 mètres, le plus vaste désert de sable au monde est un incroyable terrain de jeu pour buggys à Abu Dhabi. Voyages, page 92

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Action !

matos

100 % H I -TEC H Gonflage Dès qu’une situation de chute est détectée, l’airbag de 4 litres d’air se déploie en 3/100e de seconde.

L’airbag Les tests effectués le prouvent. L’impact des chocs encaissés par l’épaule en cas de chute est amorti de 85 %.

éviter la casse

Arai VX-3 Les joues a­ movibles de ce casque réduisent le risque d’abîmer les ­cervicales lors de l’intervention des secours. Télémétrie L’électronique du D-Air sert de télémétrie et aide à l’analyse du ­pilotage a ­posteriori.

Discrétion L’appareil pèse 650 grammes. ­L’électronique et le ­système de gonflage tiennent dans le dos.

www.araihelmet.com

TOUR DE COU Seuls quelques ­esprits chagrins critiquent encore son port pourtant essentiel à la protection des cervicales.

L’Allemand Stefan Bradl est pilote ­officiel du team LCR Honda en Moto GP.

L’électronique

Tenue de survie MotoGP Stefan Bradl dévoile le matos qui évite de graves lésions. Ces acrobates de la piste en ont bien besoin. Le jeune pilote allemand (22 ans) connaît l’efficacité de la combinaison airbag Dainese D-Air Racing. Il a participé à son développement et l’a lui-même testée une vingtaine de fois au moins. « En cas de chute, l’airbag se déclenche à coup sûr, explique-t-il. La saison passée à Indianapolis, par exemple, j’ai fait un high side et suis retombé

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L’algorithme d’activation se base sur des données fournies par trois accéléromètres, trois gyroscopes et un GPS.

sur l’épaule. Sans le D-Air c’était au minimum la clavicule cassée. La chute a été sans conséquence. » En 3/100e de seconde, l’airbag s’est gonflé et a enveloppé l’épaule, les clavicules et le cou tout en stabilisant le casque. Bradl : « Le port est confortable. » Plus sur www.dainese.com

Protection La veste de protection Poc Spine offre une grande mobilité. La coque est intégrée au vêtement et va sous toutes les tenues. www.pocsports.com

the red bulletin

Photos : Kurt Keinrath, Oskar Kihlborg, Gold & Goose/Red Bull Content Pool

www.leatt-brace.com


Action !

clubbing

MEZCAL vicieux La boisson des soirées ­locales

Tout le monde connaît la tequila. Mais le goût véritable du mezcal est dans ces 2 variétés.

Fiesta. Mexico City n’a plus rien à envier à Ibiza.

Joy Division

texte : alejandro GarcÍa williams. Photos : rodrigo jardÓn (2), Joy room (2)

mexico city JOY ROOM EST un club extravagant, rEPÈRE D’une JEUNESSE DORÉE qui préfère le champagne au mezcal. La file d’attente devant le Joy Room est longue. Très longue. C’est comme ça depuis cinq ans et son ouverture dans le plus chic sanctuaire de boutiques de mode de la ville. Les fêtes ici sont les plus incroyables du Mexique : grandiloquence de la déco intérieure, immenses dancefloors, jets d’eau et douches au champagne jusqu’au bout de la nuit. La densité de stars au mètre carré y est aussi élevée. On peut y croiser The Black Eyed Peas ou encore Coldplay. Quand les grands noms de la musique internationale sont de passage à Mexico pour un concert, les afters se font au Joy Room. Et c’est toujours ici que la Tricolor, l’équipe nationale de football, fête ses victoires. JOY ROOM Antara Fashion Hall Mexico City, MX, 11520 www.joyroomantara.com

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Près de 800 noctambules se dandinent au Joy.

Clubs à gogo

Mezcal ­ anzantes D Une institution. C’était LA boisson de fin de journée de la classe ouvrière. Fabriquée à partir de pulpe d’agave de différentes variétés, son goût est très doux et légèrement fumé, à 45 °. Très macho...

LE JOY ROOM N’EST PAS LE SEUL CLUB DANS LA GALERIE ANTARA. D’AUTRES S’Y SONT INSTALLÉS, LE CHIC DU CHAMPAGNE EN MOINS.

FAT CROW Bar à concerts. Déco à la Twin Peaks. RAGGA Club spacieux avec un sushi-bar. Les jeunes y ont leurs habitudes. VOILÀ Salle rouge velours pour concerts indie, comme le groupe Ratatat.

Mezcal Pierde Almas Le nom de cette noble marque ­signifie « âmes perdues ». D’ailleurs, on s’y perd facilement (45 % d’alcool !) Ce breuvage rare, estampillé commerce équitable, est produit et distillé en quantité l­imitée dans le sud du pays.

the red bulletin


Action !

Voyages

1001 nuits Le top d’Abu Dhabi

Pleins Gaz Si le désert ne vous suffit pas, lancezvous sur le circuit de Yas Marina, le tracé du Grand Prix de Formule 1 d’Abu Dhabi, au volant d’une Aston Martin de location. www.yasmarina circuit.com

Dune bashing Dans le désert, le code de la route est… invisible. à Abu Dhabi plus qu’ailleurs. Profitez-en au volant d’un buggy surpuissant. Nul besoin d’être un génie pour deviner pourquoi ce paysage de dunes au sud-ouest d’Abu Dhabi s’appelle « The Empty Quarter ». Ce dernier marque à l’est le prolongement du désert Rub al-Khali, le plus grand tas de sable du monde, du haut de ses 650 000 km2. Soit la superficie de la France. L’absence totale de ­réglementation routière fait de l’Empty Quarter ­l’endroit parfait pour le dune bashing, la promesse d’un plaisir maximal au volant. Comment s’y prendre ? Louer une jeep tout-­terrain et un chauffeur, ou piloter vous-même un buggy du désert aux 70 chevaux sous le capot, pour une ­vitesse maximale sur le plat de 100 km/h. « J’ai parcouru de nombreux déserts, mais aucun n’arrive à la cheville de l’Empty Quarter, concède Joost Welmers, un directeur marketing néerlandais de 29 ans. On est sur la Lune. Les montées s’élèvent jusqu’à 400 mètres et sont très raides. Votre guide vous montre le chemin. Puis vous roulez à toute berzingue, comme dans un grand huit de dunes. » à partir de 829 € pour un circuit de 2 jours avec buggy. Plus sur www.xtremedesert.com

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Bien grillé Abu Dhabi est connu pour ses steaks. Dans un décor chic, le ­restaurant The Blue Grill de l’hôtel Yas Island Rotana sert la meilleure viande de la ville. www.rotana.com

Plus de sable ?

CONSEIL AUX PILOTES FATIGUÉS : UNE OASIS DANS LE DéSERT

Trouver un 5 étoiles dans l’Empty Quarter ? « Aucun ­problème », assure Joost Welmers, un adepte du buggy. Il conseille le Qasr Al Sarab, « lieu idéal pour se détendre, surtout après deux jours de sueur et de sable ». Plus sur www.qasralsarab.anantara.com

Un buggy à trois roues, une voile, une plage déserte et le tour est joué. Vous dites char à voile ? Vous y êtes. www.dreamdays.ae

Jamais sans son équipier

« Dans le désert, aucun panneau ne signale le danger, rappelle Maurits

Knopjes d’Xtreme Desert. Il n’y a rien pour prévenir un effondrement de terrain. C’est pourquoi des guides accompagnent tous nos circuits. Personne ne voyage seul dans l’Empty Quarter ! »

the red bulletin

texte : ruth morgan. photos : Xtremedesert.com (2), shutterstock (2)

Bain de sable

Le « Dune Bashing » se passe de code de la route.


Action !

conseils de pro Baena en action. La championne du monde est un monstre d’entraînement. Cecilia Baena, 26 ans, Colombienne, sextuple championne du monde de patinage de ­vitesse, recordwoman du monde du 500 m.

Comme sur des roulettes

texte : ulrich corazza. photos : shutterstock, camilo rozo/red bull content pool (2). illustration : heri irawan

Aux fondus de roller Cecilia Baena offre son expertise. Entraînement, nutrition, matériel ou prévention des chutes, elle livre de précieux conseils. à suivre bien entendu. Règle n°1 ? S’astreindre régulièrement à l’entraînement. En rollers ou sur son vélo de course, Cecilia effectue environ 4 000 km par an. Elle ajoute à ce programme trois séances hebdomadaires de muscu : squats (avec 100 kg), soulevés (avec 80 kg) ou 100 crunchs. La nutrition est essentielle. Il faut passer d’une alimentation spontanée à une alimentation planifiée : « Avant une longue séance d’entraînement, on doit faire le plein de glucides sinon on perd du poids. En période de compétition, je mange principalement du poulet ou du poisson. La viande rouge me donne des crampes. » Un dernier conseil ? « En cas de chute, ne jamais poser les mains pour se réceptionner au risque de se blesser gravement les poignets et les doigts. » Mieux vaut atterrir sur les coudes ou les genoux qui sont protégés. Plus sur twitter.com/ChechyBaena

T R A V A I L L E R l’ E N D U R A N C E M U S C U L A I R E « Ces deux exercices très simples – à effectuer tous les jours pendant quelques minutes seulement – perfectionnent la technique et augmentent fortement l’endurance et la tonicité des cuisses. »

1

Plier les jambes à e­ nviron 100 °, le haut du corps vers l’avant.

Effectuer lentement un mouvement de squat avec la jambe gauche.

Le pied droit ne touche pas le sol. Les bras servent de balancier.

Enchaîner le mouvement cinq fois puis passer sur l’autre jambe.

Flexion sur la jambe gauche, en gardant la main droite en avant.

En s’aidant des bras, prendre son élan sur le pied gauche pour sauter.

Réception sur le pied droit. Répéter l’exercice avec le pied gauche.

2

ENTRETIEN roulements à billes

Nettoyage à l’essence

« Je recommande un nettoyage à ­l’essence au moins toutes les deux ­semaines, détaille Cecilia. Si le métal est sec, un peu d’huile dans les roulements fera l’affaire. Le choix des roues est également crucial et dépend de la surface où l’on va rouler. N’hésitez pas à demander conseil dans un magasin spécialisé. »

the red bulletin

Revenir dans la même position qu’au début de l’exercice n° 1.

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Action !

ma ville

Dublin City

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5 maj eu r Le top à Dublin

L’aventure est dans la rue

Plus sur www.maserart.com

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St. kevin’s uth

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samhain festival Le 31 octobre, 20 000 personnes en tenues flashy envahissent joyeusement les rues de Dublin pour célébrer le Halloween celtique. Un feu d’artifice clôt cette soirée « mortelle ». www.visitireland.com

quartier pauvre sans chaînes de grands magasins. Les gens sont très accueillants. Souvent, je peins ici en discutant avec les passants.

Fringe Festival

1 The Bernard Shaw

South Richmond Street Ce vieux pub est un endroit ­loufoque. Vous pouvez y voir des expositions ou acheter une pizza dans le bus à étage situé dans le jardin. Et profiter de la musique toute la nuit.

Dublin D’un MAGASIN DE DISQUES DÉJANTÉ au coin de BAIGNADEs proche de la maison d’enfance de BONO, Maser, l’artiste de rue, vOUS fait découvrir SA VILLE NATALE. Il s’est fait connaître en étalant son slogan « Maser loves you » sur les murs de Dublin. Aujourd’hui, ses peintures sont remarquées aux États-Unis, en ­Angleterre, en Suède ou en Espagne. Mais le « Banksy irlandais » est toujours resté fidèle à sa ville natale : « C’est à Dublin que je préfère vivre et peindre. Ici, je ressens un formidable esprit de solidarité. Même les touristes sont accueillis comme des membres de la ­famille irlandaise. Sans oublier les nombreux lieux démentiels où je flâne pour trouver l’inspiration. »

St. Stevens Green

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Grove Road

Depuis dix ans, Maser marque de son ­empreinte le paysage urbain irlandais.

Trinity College

2

St. Patrick’s Park

New Bride Street

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the coombe

3

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Trois rendezvous à ne pas manquer

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4 Kilmainhan Gaol

Inchicore Road À chaque fois, cette prison du XVIIIe siècle m’inspire de nouvelles choses. Le film Au nom du père y a été tourné, et ­l’héroïne révolutionnaire Anne Devlin y a été emprisonnée il y a 300 ans. J’ai peint un ­portrait d’elle dans Dublin 8.

3 Dublin 8

Kevin Street et alentours Dans le vieux Dublin, c’est un

www.fringefest.com

Electric Picnic

2 All City Records

Temple Bar Ce magasin de disques atypique vend des bombes de peinture. La boutique propose aussi une galerie d’art de rue et un excellent café. On y coupe même les cheveux.

En septembre, Dublin accueille sur scène des artistes internationaux pendant 16 jours. 500 événements, dont des spectacles de danse et des pièces de théâtre, attirent 150 000 visiteurs.

5 Hawk Cliff

Vico Road Ce rocher légendaire est tout près de la maison de Bono, le chanteur de U2. On s’y baigne à l’ancienne en sautant depuis le rocher. Mais je n’ai jamais vu Bono à l’eau.

Le « Glastonbury » irlandais remporte tous les ans un sacré succès. Les têtes d’affiche de la 10e édition, du 30 aôut au 1er septembre, sont Fatboy Slim, Björk et Arctic Monkeys. www.electricpicnic.ie

the red bulletin

photos : maser (2), the bernard shaw, all-city records, lusciousblopster

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Garden of Remembrance

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Phoenix Park

Dublin, Irlande

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5

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Capetown, South Africa

Phoenix Park


Action !

conseils d’un Top DJ

musique

Cinq règles d’or pour ­survivre dans le microcosme de la musique

Empire of the Sun est formé de Nick Littlemore (photo) et Luke Steele.

Forts de costumes à l’image de leurs tubes synthépop, hauts en couleur, les duettistes australiens d’Empire of The Sun sont les nouveaux princes ­charmants de la planète pop. Foisonnante comme les films Disney, leur musique est riche en rythmes disco. À écouter dans Ice On The Dune, leur deuxième et dernier album, ou dans le spectacle actuel du Cirque du ­Soleil, ­Zarkana, dont la musique est signée Nick Littlemore, la moitié bouclée du groupe. Il dévoile les cinq morceaux qui ont nourri sa créativité.

« Brian Eno ? Vraiment du grand art » nick littlemore Delta blues, électro français et folk nord irlandais... Tel est le melting-pot qui a influencé le dernier opus d’Empire of The Sun.

texte : florian obkircher. photos : universal music (2), finisinc.com, christelle de Castro/red Bull Content Pool

1

Dr. John

I Walk On Gilded…

Plus sur www.empireofthesun.com

2

Brian Eno By This River

Ce morceau de Dr. John, sur son premier album Gris-Gris, je l’ai découvert à 21 ans. Le passage où il chante en ­léger décalage une même phrase avec cinq autres chanteurs devant un seul micro m’a immédiatement plu. Cet effet crée un écho de voix humaine, c’est ­génial. J’essaie de le reproduire aussi bien qu’eux.

Tiré de l’album Before and After Science, c’est un morceau calme, doux et fantastique. À lui seul, il démontre la capacité d’Eno à réduire les harmonies et éléments d’un morceau à leurs plus pures essences. Pas une note n’est de trop et toutes sont parfaitement placées. C’est un morceau simple et captivant à la fois. Vraiment du grand art.

4

5

The Korgis

Everybody’s Got To…

J’étais encore mineur au ­début des ­années 90 quand passait un r­ emix de ce morceau dans les soirées rave où je m’incrustais régulièrement. Depuis, une flopée de reprises ont suivi. Mais aucune ne surpasse la version ­originale sortie dans les années 80. Pour moi, elle symbolise le morceau pop parfait : simple, sentimental et ­facile à retenir.

the red bulletin

Soak

Sea Creatures

Soak est une musicienne nord-irlandaise très douée. Le ­morceau Sea Creatures est énorme. Et pas seulement parce qu’elle a 17 ans. Je suis fan de mélodies et de textes, et cette chanson associe les deux à merveille. Elle évoque le ­passage à l’âge adulte vu par un enfant. Le résultat est d’une grande sensibilité. Ce n’est pas vraiment pas du « Soak o ­ péra ».

3

Ruth

Polaroïd/Roman/Photo

Cela peut ­paraître étonnant mais ­Paris est la ville la plus cool au monde. J’ai grandi en Australie mais j’ai toujours gardé un œil sur la scène musicale française. Ruth est un groupe parisien injustement oublié. Polaroïd/Roman/Photo a un groove génial. Je ne comprends rien au texte mais l’écoute de ce morceau me met toujours de bonne humeur.

à l’ eau q u o i   ! 100 % innovant

à Vau-l’eau Pour tous les plongeurs accros à la ­musique, ce lecteur MP3 étanche est idéal. Le casque se positionne devant les oreilles et le son est diffusé par conduction ­osseuse. Oui, les mouvements de vos ­articulations aident le son à se propager. Vous dites trempé jusqu’aux os ? Plus sur www.finisinc.com

L’Américain Seth Troxler, sacré DJ de l’année 2013.

1 Vous envisagez la musique sérieusement ? Alors, laissez tomber tout le reste ! Petits ­boulots et autres distractions.

2 Soyez toujours poli et aimable, c’est ­important. Si vous ne l’êtes pas, cela se saura en un rien de temps.

3 Rencontrez des gens et faites-vous des contacts. Les labels préfèrent travailler avec des artistes qu’ils connaissent.

4 Si vous envoyez une démo à un label, personnalisez votre démarche. Un simple lien internet a des chances d’être ignoré.

5 Pas plus de quatre singles par an. Un suffit. Plus vous sortez de morceaux, plus les médias se feront plaisir de vous démonter. www.redbullmusic academy.com/ lectures/seth-troxler

95


Action !

focus

en bref notre sélection, en bonne ­compagnie

16 vendredi

Le XV d’août On oublie tout. Toulon comme Clermont rêvent de nouveau au titre au terme de la saison de Top 14 qui reprend déjà. 16-17.08, www.lnr.fr

7

samedi

La Francophonie est à Nice pour ses 7e Jeux. Au menu, compétitions sportives (foot, judo, athlé, etc.) et culturelles (photographie, création numérique, etc.) entre quarante délégations ­francophones. 7-15.09, www.nice2013.fr

En cette période délicate pour les Bleus, l’atout n° 1 s’appelle toujours Ribéry.

06.09, Tbilissi

En voyage d’affaires

Septembre, c’est la rentrée officielle des Bleus de ­Deschamps. Après leur sombre tournée sud-américaine en juin, ils effectuent deux déplacements délicats à l’est : la Géorgie à Tbilissi (le 6) et la Biélorussie à Minsk (le 10). En jeu, la qualif pour le mondial brésilien. La France, 2e de son groupe derrière l’Espagne, sait-elle encore voyager ? www.fff.fr 21-24.08, Aurillac Jusqu’au 13.10, Aubagne

Picasso, passion céramique Jusqu’au 01.09, Paris

Pur design Quinze années de création des jeunes designers, Ronan et Erwan Bouroullec, revisitées dans une exposition unique. www.lesartsdecoratifs.fr

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L’exposition, à Aubagne, donne l’occasion de découvrir 150 œuvres souvent inédites de l’artiste, exceptionnellement prêtées par des collections particulières. Alors que l’on célèbre le 40e anniversaire de sa disparition, ces pièces témoignent de la passion de Picasso pour la céramique après la Seconde Guerre mondiale. www.picasso2013.fr

Tous dans la rue Le 18e Festival du théâtre de rue d’Aurillac, le must du genre en France, attend la grande foule. Plus de 100 000 visiteurs devraient envahir les rues de la capitale du Cantal. Pour cette 27e édition, les organisateurs proposent toujours une programmation éclectique dans Aurillac et les communes avoisinantes. En marge de la sélection officielle, il existe une foule d’autres représentations. Au total, près de 500 compagnies se présenteront à Aurillac. www.aurillac.net

8

dimanche

Arriba la vuelta En hommage au 100e Tour de France, la Vuelta rejoint les sommets de Peyragudes. Les 232 km d’Andorre à la station pyrénéenne constituent la plus longue étape du tour espagnol. 24.8-15.9, www.lavuelta.com

the red bulletin

Texte : Etienne Bonamy. Photos : DPPI, Les Arts Decoratif, VINCENT MUTEAU/Festival d’Aurillac

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© Jörg Mitter

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dans le rétro

Cela ne tient qu’à un cheveu

photo : gamma keystone/getty images

On a lu des histoires plus tirées par les cheveux... Celle qu’a ­vécue cette jeune Suédoise, Wiggy Strongscalpsson, n’est pas banale. Ni récente. Nous sommes le 31 juillet 1968 à Oslo, lors de la toute première Coupe du monde de coiffure. En présence d’une forte concurrence internationale, quand on possède un modèle avec une si belle et si longue chevelure, il faut s’élever audessus du lot. Suspendue à un filin, la belle s’est donc envolée. Audacieuse et légère. Aérienne. Comment la chevelure a-t-elle tenu ? Mystère. Personne n’a ­jamais vendu la mèche.

the red bulletin numéro 23 sera disponible le 11 septembre 98

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