The Red Bulletin Aout 2014 - FR

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hors du commun

CLASSIC DRAG

Quand des monstres de propulsion paradent

WA R R E N VERBOOM Du BASE jump au canyoning extrême

SKRILLEX

Sur les routes US avec le prince de l’EDM

Monsieur

Sin City Re n c o n t r e a u Te x as a v e c Robe rt Rodrigu e z l e p l u s s o m b r e des r é a l i sa t e u r s c u l t es

août 2014

the red bulletin

sur facebook

magazine sponsorisÉ


BMW 328, Grand Prix de MontlhĂŠry, 1936

BMW 3.0 CSL, 24 Heures du Mans, 1973

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Le plaisir de conduire


le monde de Red Bull

54

Classic Drag

Le photographe David Harry Stewart au coeur d’une Amérique dévouée à la propulsion.

de retour Robert Rodriguez aime les fouteurs de merde. Bikers vampires, zombies toxiques, antihéros bourrins autant qu’attachants... Sa filmo les réunit tous, et a motivé notre interview. En ­dirigeant Jessica Alba ou Eva Green, le réal’ de Sin City 2 a prouvé qu’il aimait les femmes fortes. Elles sont de retour dans The Red B ­ ulletin : Kayane en tête, la gamine du gaming devenue une « e-athlète » respectée ; à l’instar de Louisahhh !!!, la lady du label Bromance, qui se raconte sans équivoque, à quelques pages du DJ super star Skrillex. Franc-parler toujours, avec Ian Walsh, surfeur hawaïen qu’une détermination d’acier a maintenu au sommet. ­Rester tout en haut ? Impossible pour Warren Verboom. Du coup, il a « réinventé » le canyoning. Bonne lecture ! Votre Rédaction 6

« J’aimerais être un singe femelle » Keri russell, Page 44


Août 2014

d’un coup d’ailes Bullevard 14 Spécial Photos  L’image dans   tous ses états, et bien plus encore !

68

reportages 28 Louisahhh!!!

La Lady de Bromance invite à la trance.

30 Kayane

Ian Walsh

La France tient sa e-gameuse.

Au sommet de la vague du surf professionnel, l’HawaÏen a compris que dépassement de soi rimait avec préparation exigeante.

32 L’attrape-rêves Hunter Lee Soik a décidé d’archiver nos rêves.

36 Robert Rodriguez

46

Du côté d’Austin avec le réalisateur   du nouveau Sin City : j’ai tué pour elle.

44 La planète des singes 2 Russell vs. Serkis : la lutte finale.

46 Skrillex

Michael Muller (cover), david harry stewart, Zak Noyle/A-Frame, John Russo, Brian Bielmann/Red Bull Content Pool, BEN RAYNER, getty Images, Nathan Gallagher

Votre pass all access sur ses dates américaines. Exclusif.

54 Classic Drag

76 Canyoning Extrême

Car il « s’ennuyait » dans le BASE jump, Warren Verboom est devenu le pionnier d’un canyoning new school.

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Photos à gogo !

Pas de Red Bulletin sans photos, notre Bullevard du mois rend hommage à un art en rafraîchissement perpétuel. the red bulletin

Une ligne droite, deux voitures. Drames assourdissants et échappées belles.

Dans l’univers Skrillex

Actuellement en tournée, le jeune DJ est l’exemple vivant que la méthode « Do It Yourself » peut mener… très loin.

88

les atouts de broad

Frappeur à gauche, lanceur à droite, l’Anglais Stuart Broad contribue au renouveau de l’image du cricket.

68 Ian Walsh

Le plus solide des surfeurs livre au Red Bulletin les secrets de sa préparation.

76 Canyoning extrême

Verboom a-t-il réinventé la discipline ?

Action ! 86 Voyages  Bungee à Macao 87 ma ville  Seattle par Jamal Crawford 88 Conseils de pro  Stuart Broad 89 matos  Un buggy dément 90 Montres  Blancpain : la légende 92 clubbing La Santanera au Mexique 93 Musique  Les choix de 50 Cent 94 jeux vidéo  De Halo à Destiny 96 Agenda  Nos incontournables 98 instant magique  Sortie de bunker

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Prolongez l’aventure Avec son nouveau site, The Red Bulletin innove en ligne : plongez au cœur de notre contenu

N

ous aimons les pionniers, ceux qui ­dérangent, prennent d’autres voies, sourire aux lèvres. Ces hommes et femmes d’exception, destinés à dépasser leurs limites – et les nôtres – nous fascinent. C’est pourquoi nous les ­accompagnons dans leurs expéditions, les suivons dans les endroits les plus éloignés de la planète. Nous nous aventurons avec eux dans le vrai de leur quotidien, au plus profond de leur réalité, jusqu’à en frissonner. Nous devenons les témoins de leurs exploits, ceux que ­certains jugeaient insurmontables, inimaginables. Et nous vous en rapportons des contenus historiques : des interviews et photos inédites qui donnent des ailes. The Red Bulletin inspire ses lecteurs avec des images époustouflantes et des histoires inattendues. La version ­intégrale du magazine est désormais disponible en ligne, en haute définition. Rejoignez-nous pour des instants privilégiés, sans vous limiter, partout sur la planète, sur tous les supports numériques. Avec le site redbulletin.com, nous enrichissons le magazine de photos, vidéos et contenus multimédias originaux. Votre kick d’énergie, à tout moment.

C o n t e n u s e n r i c h i s / p h o t o s e t v i d é o s e x c lu s i v e s 8

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Des interviews et­photos inédites qui donnent des ailes The Red Bulletin en numérique : encore plus inspirant !

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redbulletin.com propose des contenus adaptés à la meilleure définition de chaque support numérique. La garantie d’une lecture optimale, dans chaque situation, pour un divertissement hors normes. The Red Bulletin vous invite à une autre expérience de la presse en ligne.

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Contributeurs le trio du mois « C’est tellement plus excitant de capturer un sujet dans son élément ­“naturel”...  » Michael Muller

cole louison

michael Muller

Photographe américain de renom, il a documenté des courses de « classic drag ». Présents sur des rassemblements dans la réserve indienne de Barona, près de San Diego, et sur le lac salé d’El Mirage, dans le désert de Mojave (Californie), David Harry Stewart témoigne de la puissance développée par ces voitures et motos d’exception. Il s’est aussi intéressé à leurs pilotes : « Certains avaient les traits aussi tirés que s’ils revenaient d’une énième mission en Irak. » Classic Drag, p. 54

Sonny Moore, alias Skrillex, l’un des DJ’s les plus en vue du moment, est actuellement en tournée. The Mothership Tour visite 51 villes en l’espace de trois mois. D’où une organisation minutieuse, qui réserve toutefois son lot de surprises. The Red Bulletin a envoyé Cole Louison suivre Skrillex pendant trois jours. « Je m’attendais à tous les excès : des fêtes à n’en plus finir, des filles dans les loges, de la drogue sous toutes les formes… Skrillex a beau être jeune, c’est un pro. Et son public l’adule. » Skrillex, l’électro libre, p. 46

Michael Muller est familier des stars du show-biz. Il a déjà photographié Rodriguez par le passé dans les environs désolantes et désolées d’un hôtel sinistre. Cette fois-ci, la rencontre a lieu à Austin, dans les studios Troublemaker, ­propriété du réalisateur. Ce second shooting prend une tournure très différente. « J’ai lu et entendu des tas de choses à propos de cet endroit. Rodriguez y créé et auto-­produit ses films. C’est tellement plus excitant de c­ apturer un sujet dans son é­ lément “naturel”... » Le fauteur de troubles, p. 36

making of...

Monsieur Sin City

autour du monde

beyond the ordinary

live better A dAy in the life in 2030

drAG ShOW

t h e fa s t and the furIous

ChriStiAn bAle

tOp

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The Red Bulletin paraît simultanément dans onze pays. Vous découvrez ici la couverture d’août de l’édition américaine.

Robert Rodriguez aux studios Troublemaker en shooting pour The Red Bulletin.

Robert Rodriguez sort ce moisci son Sin City : j’ai tué pour elle, qui lui vaut la couverture de ce numéro. Le photographe Michael Muller arrive à Austin, Texas, par un soir d’orage. « Il était 23 h 30. Les éclairs illuminaient le ciel par intermittence et me donnaient l’impression d’être dans un club. L’esprit de fête en moins. J’évitais de regarder par les hublots, j’aurais eu trop peur. » L’avion finit par atterrir sans dommage. Il ne reste plus à Muller qu’à réactiver cette fibre dramatique pour le shooting.

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Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Contributeur indépendant Boro Petric Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Managing Editor Daniel Kudernatsch Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Werner Jessner (Chef de service adjoint), Lisa Blazek, Ulrich Corazza, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager Contributeurs indépendants : Muhamed Beganovic, Georg Eckelsberger, Sophie Haslinger, Holger Potye, Clemens ­Stachel, Manon Steiner, Raffael Fritz, Marianne Minar, Martina Powell, Mara Simperler, Lukas Wagner, Florian Wörgötter

Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) , Rudi Übelhör (Directeur adjoint), Marion Batty, Eva Kerschbaum

Illustrateur Dietmar Kainrath Directeur d’édition Franz Renkin Ventes internationales Patrick Stepanian Emplacements publicitaires Sabrina Schneider

Marketing & management par pays Stefan Ebner (Directeur), ­ Manuel Otto, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Directeur), Walter O. Sádaba, Matthias Zimmermann (Appli) Lithographie Clemens Ragotzky (Directeur), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Abonnements et distribution Klaus Pleninger (Distribution), Peter Schiffer (Abo), Nicole Glaser (Marketing - distribution), Alexandra Ita (Marketing - abonnement), Yoldas Yarar (Marketing - abonnement) Directeur de la publication Wolfgang Winter Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Telefon +43 (0)1 90221-28800 Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com

Direction générale Red Bull Media House GmbH Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

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THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Assistante de rédaction Christine Vitel Traductions et relecture Susanne & Frédéric Fortas, Claire Jan, ­ Frédéric Pelatan, I­ oris Queyroi, Christine Vitel, Gwendolyn de Vries Channel Manager Charlotte Le Henanff Responsable de la publicité Cathy Martin, +33 (0)7 61 87 31 15 cathy.martin@fr.redbulletin.com Siège de la rédaction 12 rue du Mail, 75002 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas ­responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

The Red Bulletin Afrique du Sud, ISSN 2079-4282 Country Editor Angus Powers Editorial Staff Nancy James (Chief Sub-Editor), Joe Curran (Deputy Chief Sub-Editor) Responsable de la publicité Andrew Gillett, +27 (0) 83 412 8008, andrew.gillett@za.redbull.com Subsriptions price: 228 ZAR, 12 issues, www.getredbulletin.com, subs@za.redbull.com South Africa Office Black River Park North, 2 Fir Street, Observatory, 7925 8005 +27 (0) 21 486 8000

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the red bulletin



L a n a i s s a n c e d e l a p h o t o d ’a r t. En 1839 est mis au point le daguerréotype, PREMIER PROCÉDÉ PHOTOGRAPHI q u e . AU J OURD ’ HUI , CET ART EST RÉIN V ENTÉ PAR DE J EUNES PHOTOGRAPHES DU MONDE ENTIER . T h e R e d B u l l e t i n V OUS e x p l i q u e COMMENT .

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Ren Hang


Fred Murray


Bullevard

Jenny Odell

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Bullevard


Samo Vidic

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Bullevard

Dave Lehl


Maxime Ballesteros

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Bullevard

Eva Stenram

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Paulo Calisto


Bullevard

CES ARTISTES DE LA PHOTO Ce qu’ils disent de leur œuvre.

improbable mais vrai Les agences et journaux de presse se constituent de vastes ­répertoires de photos pour illustrer entre autres leurs articles ­et reportages. À part The Red Bulletin, qui oserait publier les photos ci-dessous ?

Ren Hang

Fred Murray

« Je suis incapable d’expliquer ma photo. Elle n’a d’ailleurs pas de titre. »

« Le vent soufflait fort, c’était plutôt risqué. Mais Danny MacAskill a assuré. »

Jenny Odell

SAMO VIDIC

Au sujet de sa carte Google émiettée : « Mon coin favori est The Bean à Chicago. »

« J’aime la boue et la poussière. Mais mon appareil photo apprécie moyen. »

La société des ananas anonymes vous promet de faire beaucoup de bénéfices.

Le meilleur ami du bûcheron… serait donc lui-même ?

Felix Baumgartner rencontre Jinny de mes rêves dans un western trash écolo.

DAVE LEHL « Le message ?   Peu importe si on se ramasse, l’essentiel est de vivre sa vie. »

Maxime ballesteros « Une bonne photo ne flatte pas, elle soulève une question. »

Eva Stenram Sur l’érotisme :   « Ce qui est caché ­révèle le désir. »

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Paulo CalistO « Nous, les humains, sommes insignifiants et pourtant étonnamment courageux. »

Une nourriture saine malgré les microondes nucléaires ?

La Nintendo Wii pour 3e âge. Retirée de la vente après les protestations de la SPA.

the red bulletin

shutterstock(3), getty images(2)

Un baiser d’adieu ? Embrasser ou conduire, il faut choisir !


Bullevard

4 000 000 000 000 Quatre billions plus celle que vous venez de prendre, c’est le nombre de photos prises depuis 1839. Ci-dessous, d’autres événements survenus depuis.

400

INSTANTANÉS EN CHIFFRES

350

Depuis 1925, les appareils compacts figent notre quotidien.

300

FACEBOOK

i N stagra m

350 000 000 PHOTOS/JOUR Snapchat en compte actuellement 400 milliards.

35 MILLIONS DE SELFIES Dont 34 pris dans une salle de bain. Cherchez l’erreur.

250 Milliards d’images Facebook est le plus grand ­vivier de photos au monde.

60 MIllions PHOTOS/JOUR Plus que le nombre de photos prises durant tout le XIXe siècle.

380 mds

250

200

50

1 milliard.

0 1940

1950

1925

1930 1 Mrd.

lroc, griffith university, la chapelle

LA PLUS GRANDE

681 milliards de pixels composent ce cliché de la Lune. Un pixel représente 4 m².

the red bulletin

la plus petite

0,0000002 mm, la largeur de l’ombre de cet atome éclairé par un rayon laser.

le mieux est l’ennemi du bien La compression du format jpeg réduit la taille des fichiers photos à un dixième. Du coup, la capacité des cartes mémoires décuple.

Qui n’a pas sa photo ? Un dixième du nombre total des photos dans le monde, en ­format papier ou numérique, a été pris dans les douze derniers mois.

2013

100

Bébés en séries Que font les ­parents ? Des photos de leur progéniture. Dès 1960, on voit des bébés sur une photo sur deux. « Comme c’est mimi ! »

1997

SOURIEZ ! CLIC ! Leica offre au monde une sen25 mds sation nouvelle, 10 celle de l’instant mds idéal. Le 1er appa3 reil photo de la mds Nombre de photos réalisées par an marque alle1960 1970 1980 1990 2000 2014 mande est 3 Mrd. 10 Mrd. 25 Mrd. 57 Mrd. 86 Mrd. 380 Mrd. commercialisé. 57 mds

1960

86 mds

150

LA PLUS PHOTOGRAPHIÉE Lady Gaga ou Lady Diana ? Difficile de déterminer ­laquelle a le plus ­séduit les objectifs au long de l’histoire. En ­revanche, rien ­d’étonnant à ce qu’il s’agisse d’une lady. Le tout premier ­portrait, datant de 1839, était celui d’une femme : l’assistante du photographe.

25


Bullevard

Que je m’aime !

LA BARBE FÉLINE

la CHASSE AUX stars

Doggy et MOI

ICôNE 2.0

C’est LA solution en cas de défaillance du système capillaire.

« Elle m’a souri dans les toilettes, j’te jure ! »

« J’emmène mon chien en vacances, ça mérite un souvenir. »

Le dalaï-lama, auréolé   d’une lumière divine.

TIR GROUPÉ

sans gravité

Après une victoire

HISTORIQUE

« Mes meilleurs amis.   Et aussi mon meilleur public. »

« Je me suis trompé de film   on dirait... »

« Sois bon perdant et prends   la photo ! »

Churchill avait le bras long. Photo à l’appui !

Espèce menacée

Le premier

Mon beau miroir

SCOTCHé

« On s’regarde jamais   de près… »

L’Américain Robert Cornelius lance la mode en 1839.

« Je pense aux autres, moi,   je partage ! »

Chirurgie esthétique éclair   pour petits budgets.

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the red bulletin

WENN.com, viennareport, Caters (3), AP Photo(3), nasa, library of congress, interTOPICS, picturedesk.com

Le plus courant des modèles, c’est encore soi-même. Pour faire partie de l’élite des autoportraitistes, The Red Bulletin vous donne quelques exemples de selfies tendance.


Bullevard

le coin des geeks Il y a vingt ans, personne n’imaginait pouvoir prendre des photos avec son téléphone. Bientôt, c’est avec des ballons que vous pourrez réaliser vos meilleurs clichés.

APPlis QUIZ Les trois applis que vous aimeriez avoir. Une seule existe déjà. Laquelle ?

B O U LE à f a c e tt e s

ADDfriendZ

Équipé de 36 objectifs, le Panomo est un appareil photo sphérique qui permet la prise d’images à 360°. Jetez-le en l’air et le tour est joué !

Idéal pour les ermites. Et les angoissés de la vie. Avec cette appli, adieu la solitude.

SkinneePix

invisible Le photographe ne se cachera plus derrière son ­appareil. Grâce à un écran transparent ­(Samsung et LG), le modèle et le photographe pourront se regarder droit dans les yeux. Il ne reste plus qu’à inventer l’appareil invisible.

Vos plus belles années sont derrière vous ? Avec SkinneePix, vous restez mince… en photo !

M ISE A U P O IN T La start-up californienne Lytro sort un nouvel ­appareil photo doté de la technologie plénoptique. Elle permet de reconstituer les scènes en relief et de changer à volonté la zone de mise au point.

photo-évolution selon Kainrath Le destin de la photographie, de l’argentique au numérique, vu par notre artiste.

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Déprimé ? Esseulé ? Affligé ? Cette appli vous fera malgré tout un visage radieux !

RÉPONSE : SkinneePix

tom mackinger, dietmar kainrath

smiLAR

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Louisahhh!!!

Lady Bromance

Cette Américaine de 28 ans, aujourd’hui installée à Paris, est tout à la fois une chanteuse, une DJ et une productrice de talent. Seule fille du label ­f rançais Bromance, Louisahhh!!! nous parle de son électro minimale, de son nom de scène et de la mission du DJ.

Un nom court, trois H, trois points d’exclamation comme un grand cri de plaisir. C’est avec ferveur que ses fans l’acclament ce soir-là. La jeune DJ américaine s’est spécialisée dans la musique électronique, une techno sombre et froide. Et ça marche, car Louisahhh!!!, signée sur le label Bromance, est aujourd’hui l’un des DJ’s les plus demandés. En 2011, dans son album Palmaditas de Muerte, elle débite des tranches de guitares flamencos à l’aide de synthés démentiels. Un disque maladif qui devient un must dans toutes les boîtes. Le Lyonnais Gesaffelstein, faiseur de beats avant-gardiste, se penche sur la jeune femme et la prend sous son aile. Les plus grands clubs de la planète la programment. Et en marge de ses sets, Louisahhh!!! produit des disques à la musique enchanteresse. the red bulletin : Comment prononcez-vous votre nom de scène ? louisahhh!!! : Louisa, tout simplement (rires). Il y a pourtant tous ces H et points d’exclamation… J’avais 18 ans et sûrement un peu trop de poudre dans le nez quand j’ai choisi ce nom. À l’époque, je le trouvais trop bon, aujourd’hui j’en ai un peu honte. Maintenant, il est trop tard pour en choisir un nouveau (rires). Night Clubbing est l’un des deux titres de votre EP Traces sorti en mars. Quel est le meilleur moment en soirée ? J’aime quand je suis au milieu de la piste de danse et que les rythmes me boxent la tête. Je m’ouvre alors à la foule. C’est complètement magique de vivre la musique à plusieurs. Danser, c’est une forme de méditation, un regard porté vers soi. Cette façon de voir les choses n’est-elle 28

pas un peu intellectuelle ? Bien au contraire, je considère le clubbing comme une sorte de rituel tribal moderne. S’enfoncer dans une cave pour écouter cette musique répétitive qui vous transporte… Et le DJ ? C’est un chaman, un rôle dans lequel on se sent bien. Votre rêve était-il de devenir une ­prêtresse de la techno ? Je n’ai pas vraiment eu le choix, j’ai horreur de travailler pour les autres. Un DJ doit pourtant « servir » son public. Si tu n’arrives pas à faire danser la salle, tu as plutôt intérêt à changer de métier.

« Je considère le clubbing comme une sorte de rituel tribal moderne » La marge entre artiste et animateur n’est pas large. La question récurrente, c’est : « Est-ce que je sers l’art ou le public ? » Alors ? Je crois qu’on peut satisfaire les deux. Je me considère comme un média. Je ne mixe pas pour flatter mon ego. Je cherche plutôt à établir une connexion entre ma musique et ceux qui m’écoutent. Comment êtes-vous venue aux platines ? Jusqu’à mes 17 ans, je voulais être entraîneur de chevaux. Puis j’ai commencé à sortir. J’ai adhéré tout de suite aux côtés sombres de la nuit. À 20 ans, j’avais déjà une cure de désintox derrière moi. Et je persistais à vouloir devenir DJ. Mes amis

me disaient : « Tu es enfin clean. Tu peux tout faire, sauf un job de nuit. » Mais je voulais persévérer. J’ai réussi. Je flirte avec le diable, c’est sûr. Avant, j’étais shootée, maintenant, je joue devant des shootés. Mais j’ai atteint un point où cette expérience me permet d’aider les autres. C’est ça qui est important pour moi. Bien plus que l’argent, le succès ou le glamour. Votre voix est très présente sur Palmaditas de Muerte, votre dernier album. Êtes-vous plus à l’aise au chant ou à la production ? Ce n’est pas l’un ou l’autre. Enfant, je voulais absolument chanter dans un groupe cool. Chanteuse de dance, je trouvais ça ridicule. Toutes ces minettes, elles n’étaient que des accessoires interchangeables dans la boîte à rythmes d’un producteur star. J’ai appris à programmer mes pistes toute seule, à utiliser les tables de mixage et les ordis pour ne pas être juste perçue comme une petite fille derrière son micro. Aujourd’hui, j’ai deux casquettes, et ça fonctionne. Un jour, pour définir votre musique, vous avez répondu : « Ça sonne comme le rire d’une licorne. » À quoi ressemble le rire d’une licorne ? Sérieusement, j’ai dit ça ? Oui… Je n’en ai pas la moindre idée. Mais si les gens prennent le temps d’y réfléchir, c’est gagné (rires). La licorne, ça vient de moi, c’est mon animal totem. Un cheval magique, quoi de mieux ? Et pourquoi une licorne qui se marre ? Quand les basses grondent dans les enceintes, ça sonne comme des éclats de rire assourdissants. Comme si la salle se remplissait d’une seule vague sonore. Son EPTraces est actuellement dans les « bacs ». Extraits sur www.soundcloud.com/louisahhh the red bulletin

Eric Traoré

Entretien : Florian Obkircher


Nom Louisa Pillot Lieu de naissance New York. Elle vit actuellement à Paris. Débuts Fille d’un compositeur, elle apprend très tôt à chanter et à jouer de la guitare et du piano. Au fil des ans, son instrument majeur devient l’ordinateur portable. Label Bromance, la structure parisienne fondée par le DJ-producteur Brodinki et Manu Barron. Louisahhh!!! porte d’ailleurs comme surnom : « The First Lady of Bromance ». Succès Le tube Your Everything, avec Danny Daze, est le hit de l’été à Ibiza en 2011. Le magazine en ligne Resident Advisor l’inclut dans sa sélection des meilleurs morceaux de l’année.


kayane

Née pour gagner

Kayane, 23 ans, est l’une des rares Françaises à s’être fait un nom dans ­l’univers du sport électronique : championne du monde en 2010, la « pro-gameuse » représente un nouveau genre d’athlètes. Portrait d’une jeune femme tenace. Texte : Alex Nassar  Photo : Olivier Metzger

Ce qui frappe le plus lorsqu’on rencontre Kayane pour la première fois, c’est sa ­douceur et sa gentillesse. Qui pourrait imaginer que cette jolie jeune fille de 22 ans, au visage poupin, est une tueuse sans pitié qui a déjà fait des milliers de victimes sur écran ? Star internationale du jeu vidéo, celle que l’on appelle Marie-Laure dans le civil bénéficie d’une réputation et d’une notoriété qui dépassent largement les frontières de l’Hexagone : « Ça fait toujours ­bizarre d’arriver à Las Vegas pour un tournoi et de signer des autographes. ­Internet me permet de toucher un public très vaste. » Il est loin le temps où la petite fille ­originaire d’Argenteuil (banlieue ouest de Paris) commence à s’intéresser aux jeux de combats (Street Fighter, Soul ­Calibur, Dead or Alive…) Elle n’a alors que 8 ans, et ce sont ses deux frères, de 7 et 11 ans ses aînés, qui décèlent chez elle un don pour la manette et les combats virtuels. Rapidement, ils l’inscrivent à un tournoi : « Les organisateurs ne ­voulaient pas que je participe. Ils pensaient que j’étais la petite sœur d’une ­copine qui m’accompagnait ce jour-là. Et lorsque mon nom a été appelé pour mon premier combat, toute la salle s’est tue et m’a regardée comme une bête curieuse. “Qui est cette gamine qui ose nous défier ?” Le premier type que j’ai affronté avait trois fois mon âge. Il était mort de rire quand il m’a vue... Je l’ai sorti sans qu’il ne me prenne un seul round. » Alors âgée de 9 ans, Kayane se hisse jusqu’en en finale et devient ainsi vicechampionne de France sur le jeu Dead or 30

Alive 2. Pas mal pour une gamine ! Depuis, Kayane a fait plusieurs fois le tour du monde pour affronter les meilleurs joueurs de la planète, inscrivant au passage son nom dans le Livre Guinness 2012 : elle y détient le record mondial ­féminin du nombre de podiums (42 !) au cours de compétitions de jeux de combats. « Quand je joue, je suis habitée d’une haine de la défaite qui me permet de me surpasser et de prendre le dessus sur mes adversaires. La technique est importante,

«Le milieu du jeu ­vidéo est très m ­ acho mais ­aujourd’hui, je sais que je suis crainte et ­respectée  » mais le mental l’est tout autant. On me surnomme “le pitbull”… ce n’est pas pour rien ! » Un pitbull d’une gentillesse rare qui travaille continuellement pour progresser, encore et toujours : « Récemment, j’ai passé un mois au Japon. Les meilleurs joueurs du monde sont là-bas et la mentalité nipponne m’inspire beaucoup. Les J­ aponais ont cette faculté de repousser constamment leurs limites. C’est dans leur culture, dans leur éducation, et c’est pour cela qu’ils sont si forts. » Comme pour tous les sports, il n’y a donc pas de secret dans les

compétitions de jeux ­vidéo : le talent ne suffit pas, et c’est à l’entraînement que se forgent les victoires futures. « Je m’entraîne une à deux heures par jour minimum. Et lorsqu’un tournoi approche, j’étudie les techniques de combat de mes adversaires potentiels. J’essaie d’entrer dans leur tête pour anticiper ce qu’ils vont faire. Parfois, ça se rapproche un peu du poker. Il y a beaucoup de bluff dans les tournois de jeux vidéo. » Aujourd’hui, Kayane est une jeune femme épanouie qui multiplie les activités. En parallèle des compétitions auxquelles elle continue de participer, elle pratique la boxe, anime chaque semaine une émission sur la chaîne de télévision Game One et participe à des événements autour des jeux ­vidéo. Mais son ambition la pousse déjà vers d’autres objectifs : « Mon rêve serait de produire mon propre jeu de combat. J’ai beaucoup d’idées, et je pense qu’un jour, je passerais de l’autre côté du miroir. » En attendant, la championne tenace a encore quelques combats à remporter, et quelques bouches à clouer, dans un milieu qui a encore un peu de mal avec les filles – surtout quand elles sont jeunes et talentueuses. « Le milieu du jeu vidéo est très macho mais aujourd’hui, je sais que je suis crainte et respectée. En treize ans de carrière, j’ai au moins accompli ça, et c’est déjà pas mal. » D’ailleurs, qu’est devenu le premier ­gamer à avoir affronté Kayane lors de son tout premier tournoi en 2001 ? « Je pense qu’il a changé de nom et de pays. C’est mieux pour lui de toute façon... » www.kayane.fr the red bulletin


Nom Marie-Laure Norindr Date et lieu de naissance 17 juin 1991 à Paris Activités L’une des rares e-athlètes au monde, Kayane anime l’émission hebdomadaire Game One e-sports et organise les Kayane ­Sessions à ­travers la France. La pratique du piano est sa deuxième passion. Postérité Kayane figure dans le Livre Guinness des records en 2012, lequel lui attribue le record féminin mondial du nombre de podiums (top 3) au cours de compétitions de jeux de combats.


le

gard

ien de

rê Hunter Lee Soik (ici à Berlin), concepteur de l’appli Shadow, est d ­ évoué à la ­technologie de l’attrape-rêves.

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Vo i c i H u n t e r L e e Soik. Il tient aux rêves, leur donne parole et image, les met en réseau dans une banque de données mondiale. Et sauve la prochaine théorie de la relativité. Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Norman Konrad

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inuit a déjà sonné lorsque Hunter Lee Soik referme la porte de sa chambre d’hôtel dans le centre de Berlin et ouvre son bagage : un petit trolley. « Je n’ai pas besoin de plus », confie-t-il en commençant à déballer ses T-shirts, noirs, l’un après l’autre. Soik n’a que des vêtements noirs. « Dans cette valise, dit-il, il y a tout ce que je possède. » Soik, 32 ans, silhouette d’athlète, porte un survêt’ noir. D’une poche à l’autre, de droite à gauche, s’en balance un fil de chargeur. Le câble relie son iPhone 5 (noir) à une batterie de la taille d’un paquet de cigarettes. « Je déteste être dépendant des prises électriques. » L’Américain est un développeur de médias autodidacte. Il a fondé deux sociétés de production, conçu les appli iPad de Stella McCartney et réalisé en 2011 le concept de vidéo backstage pour la tournée commune de Kanye West et Jay-Z. Watch the Throne a rapporté 75 millions de dollars. C’est lui qui est désormais depuis des mois en tournée mondiale. Pour présenter Shadow, un programme qui enregistre les rêves. D’un point de vue technique, ­Shadow est un réveil intelligent doté d’un logiciel d’enregistrement vocal intégré. Une alarme dont le son augmente progressivement et guide doucement l’utilisateur à travers la phase hypnopompique, frontière entre sommeil et réveil.­


I­ mmédiatement après avoir éteint le réveil, ­l’utilisateur peut dicter son rêve sur son Smartphone. Le logiciel de reconnaissance vocale identifie les mots-clés dans le texte transcrit – par exemple « voiture rouge », « rocher », « gros chien » – et lui envoie des photos ­depuis la banque de données d’images afin de visualiser le rêve. Grâce à Shadow, les utilisateurs peuvent tenir un journal privé ou partager leurs rêves de manière anonyme avec une communauté dans le monde entier. « Pendant plusieurs mois, les tendances générales des rêves seront observées pour la première fois, explique Soik. Les athlètes rêvent-ils différemment des artistes ? Les catastrophes naturelles augmententelles le nombre de cauchemars dans les pays concernés ? »

histoire mondiale du rêve L’idée d’enregistrer les rêves, vieille de 4 700 ans, est déjà présente dans l’épopée de Gilgamesh. L’empereur romain Auguste (14 apr. J.-C.) aurait ordonné à ses citoyens de rapporter tout rêve concernant l’État. En 1900, Sigmund Freud se demandait pourquoi nous oublions nos rêves. Une appli (ci-dessus) devrait résoudre le problème.

«   L’ê t r e h u m a i n o u b l i e 95 % de ses rêves : une immense quantité de données et d’idées disparaît chaque matin »

Les rêves sur t­ éléphone. Le ­créateur de Shadow prévoit un million ­d’utilisateurs d’ici la fin 2014.

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Selon Soik, Shadow peut également changer le monde. « Einstein a d’abord pensé sa théorie de la relativité ; Salvador Dali a peint ses toiles au saut du lit ; l’idée d’une résistance pacifique remonte à un rêve de Gandhi et le monstre de Frankenstein trouve son origine dans un cauchemar de Mary Shelley. Le problème est que l’être humain oublie 95 % de ses rêves : une immense quantité de données et d’idées disparaît chaque matin. Et ce sont exactement ces données que Shadow peut sauver. » L’idée de Soik a reçu un énorme écho médiatique. Depuis qu’il a présenté son projet en octobre dernier sur la plateforme de crowdfunding kickstarter.com, plus de 150 articles ont déjà été publiés dans le monde entier à propos de son programme, qui n’existe d’ailleurs pas encore officiellement. Depuis, Soik partage son temps entre les conférences, les avions et les chambres d’hôtel. « Je vis comme un moine », concède l’ingénieur, qui a mis son appartement à New York en location. Il voyage avec quatre T-shirts et deux jeans qu’il lave dans le lavabo de la salle de bain de sa chambre d’hôtel. Pour le petit-déjeuner et le déjeuner, il se prépare un mélange de vitamines. « Ça va plus vite ! » Soik a engagé dans son équipe des chercheurs spécialistes du sommeil de l’Harvard Medical School et du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ils alimentent les programmes de mises à jour et de questionnaires qui aideront l’utilisateur à se souvenir de ses songes en détail. À partir du 10 août, Shadow sera disponible gratuitement dans l’iTunesStore. « Nous attendons un million de ­téléchargements d’ici la fin 2014. » Il est maintenant 3 heures du matin à Berlin. Soik raconte le rêve le plus étrange qu’il ait fait. « J’étais avec Michael Jordan à une fête au Reichstag de Berlin. Nous montions les marches vers la coupole de verre. Au-dessus de nous flottait un hologramme du slam dunk le plus spectaculaire de Michael. Au moment de pénétrer dans la coupole, je me suis réveillé. » Soik fait ce rêve dans la nuit du 11 novembre 2012, à Mexico. Pourquoi retenir cette date ? « Ce songe m’a marqué de ­manière très singulière. C’est finalement lui qui m’a donné l’idée de cette appli. J’étais curieux de savoir si quelqu’un d’autre sur cette terre avait eu le même rêve. » L’an passé, il a enregistré ce tout premier rêve dans la banque de données de l’application. Au cas où quelqu’un ­rêverait de faire la fête avec Michael ­Jordan au Reichstag, à Berlin. Les lecteurs du Red Bulletin peuvent télécharger l’appli sur discovershadow.com/redbulletin the red bulletin


Pour votre santĂŠ, mangez au moins cinq fruits et lĂŠgumes par jour. www.mangerbouger.fr


le

fauteur de troubles Avec Si n C i t y   : j ’a i t u é p our e l l e , Ro b e r t Ro d r i g u ez livre un blo ck b u ste r «   esti va l   » à sa sa u ce, texa n e. texte : Ann donahue  PHOTOs : MICHAEL MULLER

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“it was Dwight McCarthy! He’s crazy! Crazy! He’s been making threats! And now there’s blood everywhere! Please! Hurry!” Ava Lord


Déchéance et ­rédemption ont toujours coexisté dans la filmographie de Robert Rodriguez

U Les extraits sont issus du 2e tome de Sin City : A Dame to Kill for de Frank Miller.

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ne chaise électrique se trouve d’un côté de la pièce. Elle est plus volumineuse que ce que l’on imagine – plus qu’un siège, c’est un trône – sa présence évoque un monstre de bois dont les sangles de cuir peuvent à tout moment vous enserrer. Un confessionnal occupe l’autre bout de la pièce, autre bloc volumineux de bois sombre – mais les délicates sculptures de motifs décoratifs assurent à celui-ci un aspect éthéré. Les thèmes de la déchéance et de la rédemption ont toujours coexisté dans la filmographie de Robert Rodriguez, aussi rien d’étonnant à ce qu’il ait décoré la salle de conférences de ses ­studios Troublemaker avec ces deux symboles ­insolites de la faiblesse et de la foi. La chaise électrique a servi dans son film Sin City en 2005 ; le confessionnal dans Desperado en 1995. Ces objets remarquables impressionnent, mais on a malgré tout le sentiment que ce sont là des artefacts de films pour lesquels il s’était jadis investi corps et âme – car pour Rodriguez, faire des films c’est à chaque fois explorer de nouvelles voies. Devant l’entrée de son bureau, une œuvre encadrée l’annonce clairement ; c’est une citation de Steve Jobs qui dit, entre autres : « À tous les fous, les marginaux, les rebelles, les empêcheurs de tourner en rond et les inadaptés… si certains pensent qu’ils sont fous, nous voyons

en eux le génie. Les individus assez fous pour croire qu’ils peuvent changer le monde sont aussi ceux qui y parviennent. » Rodriguez est lui, assez fou pour avoir changé le monde du cinéma. En effet, il ne travaille pas sous la tutelle des gros studios de Los Angeles, mais dirige Troublemaker, à Austin au Texas, dans les hangars d’un aéroport désaffecté de la ville. C’est là qu’il a créé de toutes pièces son dernier film, Sin City : J’ai tué pour elle : casting, tournage, costumes, accessoires, musique, effets spéciaux et même l’affiche du film. Quand on pense que ce film, sur les écrans le 22 août prochain, est la suite de Sin City, un film qui a engrangé 158 millions de dollars dans le monde, on se dit qu’avoir autant d’autonomie dans une industrie hollywoodienne obsédée par le résultat est tout simplement impressionnant. « D’autres ont créé le système hollywoodien et son industrie, mais pour quelqu’un de créatif, cela n’a aucun sens, clame Rodriguez. Il faut avoir un petit incubateur d’idées, un espace où on est libre de se tromper, d’essayer des choses. C’est impossible d’aller voir les majors et leur dire : “Je vous emprunte vos studios, mais je ne sais pas encore ce que je vais y faire, j’ai une idée que je veux tester.” Ils vous enverront bouler. » Les génériques des films de Rodriguez ressemblent à une entrée dans un manuel des troubles mentaux, rubrique monomanie : pour Sin City 2, il est à la fois coréalisateur, producteur, compositeur, directeur de la photographie et monteur. « Pendant mon enfance, faire de la photographie, du dessin, de la musique et filmer étaient mes passe-temps favoris. Je suis devenu réalisateur pour prolonger la pratique de ces hobbies. Dans mes premiers films, j’ai tout fait. Puis quand je suis rentré dans le système d’Hollywood, je me suis demandé pourquoi je devrais renoncer à toutes ces choses. Elles font encore partie de ce que j’aime faire le plus. » Cette éthique du travail est le fruit d’années à réaliser des films à petit budget. En 1992, ­Rodriguez monte son premier long-métrage, El Mariachi, l’histoire d’un musicien confondu avec un meurtrier, avec un budget de 7 000 $. Columbia Pictures en acquiert les droits de distribution et ­débourse un million de dollars pour sa promotion. Le film rapporte le double et crée la ­légende Rodriguez, le « réalisateur freestyle » ­capable de tourner un long-métrage en moins d’un mois avec un budget minimum. « J’étais celui qui livrait les films pour pas cher et leur assurait ainsi un bénéfice, renchérit-il. J’ai réalisé El Mariachi depuis mon appartement. Je me suis dit qui n’y avait aucune raison d’être à Hollywood, ils s’en moquent. Du moment que le film arrive sur leur bureau et qu’ils peuvent le distribuer et réaliser un profit, ils se moquent bien de savoir où et comment je le fais. Je pense qu’en vendant ce film, j’ai mis fin au processus d’usage. » La série de films Spy Kids qui débute en 2001, confortera la foi qu’Hollywood place en


“Marv’s a guy you’ve got to be careful around. He doesn’t mean any harm, but he causes plenty." Dwight McCarthy


“then the maybes kick in. Maybe I shouldn’t put the blame on you. Maybe once I let the monster out something bad was sure to happen, just like it always has” Dwight McCarthy


« Je me rendais dans une librairie pour acheter Sin City et réalisais en rentrant à la maison que je l’avais déjà en trois exemplaires » Robert Rodriguez. Les quatre opus ont rapporté depuis plus d’un demi-milliard de dollars dans le monde. Un succès qui octroie à Rodriguez le droit d’entreprendre les projets qui lui tiennent le plus à cœur – et dans son cas c’est le roman graphique violent de Frank Miller. « Je me rendais dans une librairie pour acheter Sin City et réalisais en rentrant à la maison que je l’avais déjà en trois exemplaires. J’en étais dingue, et je savais que personne ne serait capable de l’adapter au cinéma sans le ruiner. » Le style graphique de la BD fascine Rodriguez – Miller procédait par coup de crayons en noir et blanc avec une absence totale de nuance tout comme le sont ses personnages. Il met en scène des criminels défigurés, des prostituées, des policiers revanchards et des politiciens véreux. En 2005, dans le premier Sin City, Rodriguez transpose à l’écran l’univers gore de la BD en utilisant autant que possible le style viscéral de Miller.

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“it takes half an hour to climb the hill out of Sin City, up to where the air blows cool and the rich folks live." Dwight McCarthy


« Dans le premier film, je ne suis pas allé au bout de mon idée, j’ai pensé que le public ne comprendrait pas ce qu’il verrait. Cela aurait été beaucoup trop dérangeant. Et puis les critiques ont trouvé ça visuellement révolutionnaire. Je n’en revenais pas et pourtant j’avais encore beaucoup de marge. »

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epuis, il y a eu quelques ratés dans la carrière de Rodriguez. Le diptyque Grindhouse en collaboration avec Quentin Tarantino n’est pas un succès commercial mais offrira ­l’occasion à Robert R ­ odriguez d’en dériver deux longs-métrages : Machete et Machete ­Kills. Mais à chaque fois qu’il retrouve son bureau à Troublemaker, ses yeux tombent sur les BDs de Miller alignées sur l’étagère derrière son bureau. Après presque dix ans, il était temps pour Rodriguez de revenir à Sin City. Le tournage de Sin City 2 commence avec un coup de fil : Rodriguez contacte Jessica Alba et lui demande de venir aux studios Troublemaker dès que possible. « Je suis entrée en panique et j’ai dit à Robert qu’il me fallait un peu plus de temps !, se souvient-elle en riant. Mais c’est la loi du métier. » Alba faisait partie du casting du premier volet où elle incarnait la danseuse exotique Nancy Callahan, aussi ce coup de fil de Rodriguez ne l’a guère surprise. Six mois auparavant, elle recevait le scénario et préparait avec un ­chorégraphe toutes les danses qu’elle doit ­exécuter dans le deuxième volet. Ce qui a permis de boucler le reste du travail en quelques jours. « Avec lui, ça enchaîne. Il est très serein et attentionné. » Quand le tournage démarre, Alba est la seule actrice dont Rodriguez dispose pour tourner. « Quand vous êtes propriétaire des studios, vous n’avez pas besoin d’autorisation pour commencer. Une fois le train lancé, tout le monde doit le prendre en marche », s’exclame le réalisateur. Ça n’a donc pas traîné, en quelques jours Eva Green signe pour incarner le rôle féminin principal et Joseph Gordon Leavitt pour interpréter le ­personnage à l’obscure mission. Lors du tournage du premier Sin City, ­Rodriguez est l’un des rares à faire jouer ses ­acteurs devant un fond vert, les décors étant ­incrustés par ordinateur a posteriori. Dans les ­locaux de Troublemaker, le plateau accueillant ce fameux fond est immense, un espace caverneux de la taille d’un hangar industriel entièrement peint en vert fluo. Cela peut-être perturbant pour ceux qui n’ont jamais travaillé ainsi. « À son arrivée, Josh Brolin s’enquiert de Mickey Rourke. Je lui réponds que j’ai déjà tourné ses scènes. Ce à quoi il me rétorque, surpris : “Mais toutes mes scènes sont avec Mickey ! Il me trimbale partout, on boit ­ensemble et il me conduit en voiture !” Je le ­rassure, lui explique que je m’en occuperai en

« Je souhaitais ­dépasser ­l’univers de la BD. Je voulais lui rendre justice » temps voulu, et que ça marchera parce ça marche toujours. » Sin City : j’ai tué pour elle se compose de quatre histoires de Miller : l’album éponyme, une autre œuvre, The Long Bad Night, et deux autres non publiées jusqu’ici. La forme narrative en ­vignette renvoie au premier volet, mais Rodriguez veut aller plus loin cette fois-ci, en étant plus brutal, en adéquation avec le style de Miller. Le film respecte l’aspect austère noir et blanc de l’original – avec la 3D en prime. « Je souhaitais dépasser l’univers de la BD. Je voulais lui rendre justice. » Le tournage entier a duré 35 jours, un tiers de ce que nécessitent généralement les blockbusters qui sortent sur les écrans en été. Robert Rodriguez a donc plus de temps à consacrer à ses autres centres d’intérêt. Pendant qu’il travaille à la postproduction de Sin City 2, ­Rodriguez lance El Rey aux États-Unis, une chaîne de télé à l’attention des spectateurs hispaniques parlant anglais. Sa diffusion nationale est assurée à ce jour par DirectTV, Comcast et Time Warner Cable. Elle propose deux séries ­originales : une version télé du film de Rodriguez Une nuit en enfer, tourné en 1996 et Matador réalisé par les créateurs de la série Fringe, ­Roberto Orci et Alex Kurtzman. El Rey fonctionne comme une production de Rodriguez ; la série Une nuit en enfer est tournée dans les studios de Troublemaker – le décor du bar utilisé dans la série sert de vrai bar aux soirées des employés. Pour Rodriguez, tous ses projets créatifs se font selon sa seule volonté, animés par une liberté chèrement acquise, celle d’être un peu fou. « J’ai toujours eu le sentiment d’avoir grandi en faisant des films, chez-moi dans mon jardin, dit Rodriguez. Pourquoi cela devrait-il changer maintenant ? » www.sincity-2.com

TO BE CONTINUED

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de l’homme au

singe

Qui remportera le combat pour devenir le primate en chef ? Des stars de chaque camp de la super­production La planète des singes : l’affrontement vous dévoilent tout. Texte : Paul Wilson

C

ette année, au cinéma, les humains doivent affronter l’attaque de robots transformateurs et de lézards géants, et assister au combat entre des protecteurs superpuissants et des méchants diaboliques. Mais la bataille la plus fascinante, et la plus proche de chez nous, opposera l’humanité aux singes. Dans La planète des singes : l’affrontement, qui se joue dix ans après le soulèvement simien et la pandémie virale qui a éclaté à la fin de l’excellent La planète des singes : les origines sorti en 2011, un groupe de survivants tombe sur la communauté des singes qui s’est agrandie alors que les hommes chétifs ont presque disparu. Andy Serkis, qui reprend le rôle de César, chef des singes, réalisé par capture de mouvements, et Keri Russell, femme leader parmi les ­rescapés, ­racontent leurs versions de l’histoire.

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Andy Serkis


John Russo(2), fox film

Keri Russell

the red bulletin : Comment se passe La planète des singes du point de vue de votre espèce ? ANDY SERKIS : Nous vivons dans une société utopique plutôt idyllique créée par César, dans laquelle les humains ne tardent pas à arriver. En tant que leader, César a mis de l’ordre entre les tribus de gorilles, chimpanzés et orangsoutans. Les primates ont vu les humains s’éteindre ; ils croient que les hommes ont disparu jusqu’à ce que ceux-ci s’introduisent dans leur royaume. Cela déclenche chez César une chaîne très compliquée de réactions : comment trouver un accord avec les humains plutôt que de les combattre ? KERI RUSSELL : Les humains ont vu le pire et les survivants sont très mal en point. Ils ont tant perdu et sont unis par une sorte de paix fragile qu’ils ont the red bulletin

créée pour eux-mêmes. Et, pour diverses raisons, ils doivent se rendre dans la forêt, où ils tombent sur les singes. Les deux camps ont ce besoin inné de protéger leur famille. Au début, aucun d’eux n’est vraiment conscient de la situation de l’autre. Qu’en est-il de la relation de vos deux personnages ? AS : César est marié et père d’un ado et d’un bébé. Il apprend à connaître certains humains et essaye de trouver un moyen pacifique de s’entendre avec eux. Parmi eux, il y a Malcolm, veuf et père d’un ado, un scientifique qui tente de réactiver une centrale électrique, et une femme prénommée Ellie. Une relation étroite naît entre elle et César. KR : Ellie était infirmière et a lutté contre le virus pendant des années. À présent, les rescapés ont réalisé qu’ils étaient

immunisés. Le virus était une grippe simienne, ce qui explique ses craintes, mais, avec son passé médical, Ellie sait qu’il a été créé par des scientifiques. Elle est moins effrayée par les singes que stupéfaite par leur apparence et par les événements survenus. Elle tient vraiment à César et réalise très vite qu’il n’est pas un singe comme les autres. Quels sont les défis qu’ont impliqués ces rôles ? KR : Nous, les humains, nous sommes juste là, à demi-nus, dans le royaume des singes. Andy est très impliqué dans son jeu, et je me devais de l’être au moins autant à ses ­côtés. Il en va de même pour tous les autres acteurs qui jouent des singes. Des traceurs réalisaient les cascades. C’était renversant. AS : Près de 95 % du film ont été tournés dans la forêt tropicale à Vancouver, entre la fin de l’hiver et le début du printemps. Il faisait un temps glacial. Puis nous sommes descendus à la Nouvelle-Orléans en été et nous avons tourné en pleine humidité. Croyez-moi, ce n’est pas le rêve d’être à côté de quelqu’un qui porte une combinaison de capture de mouvements en plein cœur de l’été. C’est un travail très physique, car tu utilises des muscles que tu n’utilises pas pour jouer un humain.

« J’aimerais être un singe femelle » Keri Russell

« Les primates ont vu les ­humains s’éteindre » Andy Serkis Voudriez-vous être dans l’autre camp ? AS : Mon dieu, non. KR : J’aimerais être un singe femelle. Il est toujours intéressant de disséquer la bataille du côté des singes, c’est moins glauque que ce que nous pouvons être dans nos vies compliquées. De plus, le travail des acteurs qui jouent les singes est vraiment incroyable. Lors du tournage de La ­planète des singes en 1968, les acteurs jouant les singes déjeunaient entre eux. C’était tribal. Cela s’est-il reproduit ? KR : C’était un peu ça. Lescomédiens impliqués dans l’apprentissage des singes ont travaillé ensemble pendant des mois avant que les acteurs qui jouent les humains ne les rejoignent, donc c’était un peu chacun dans son camp, c’est sûr. Ce sont tes semblables. Quel camp gagnerait si un véritable conflit opposait les humains aux singes ? AS : Les humains ont perdu leur capacité à subvenir à leur besoin de manière autonome. Je miserais donc sérieusement sur les singes. KR : Ces films s’appellent La planète des singes, pas La planète des humains. Le film La planète des singes : l’affrontement sort le 30 juillet sur les écrans. www.dawnofapes.com

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Skrillex entre en scène, ses fans de Louisville, ne s’en remettront jamais.

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Trois cents concerts par an et plusieurs labels, le jeune DJ américain de 26 ans est un homme pressé. The Red Bulletin a suivi l’étoile ­montante de la musique électronique dans les coulisses de son impressionnante tournée. Texte : Cole Louison Photos : Ben Raynor


Louisville, kentucky. Il est 18 heures et le thermomètre affiche encore 27 °C. Une odeur de goudron s’échappe de la route qui traverse le magnifique bois du parc municipal Iroquois où se niche l’amphithéâtre du même nom : une scène à ciel ouvert. Cette route sans marquage est encombrée de voitures et du public du concert à venir, qui affiche complet. Pas moins de 3 000 spectateurs, de toutes tailles, couleurs et âges. Beaucoup arborent un look étudié : cheveux jetés en arrière sur crâne à moitié rasé, lunettes noires, et grosses boucles d’oreilles rondes. D’autres ont opté pour le style « dance », tout en perles fluo, bandeaux et combinaisons moulantes, comme dans les années 90. De nombreux motifs révèlent aussi des planètes, des étoiles et des têtes de Martiens tout ­sourire. Un clin d’œil à la couverture de ­Recess, le premier album de celui que tous attendent : Skrillex. Terri Macskimming est l’une d’eux, sa ­tenue n’a rien d’extraordinaire. En tout cas, c’est une maman tout excitée d’être là avec ses enfants. « Mon fils de 12 ans m’a parlé du dubstep, je n’avais aucune idée de ce que c’était. J’adore, dit-elle. C’est une musique pour danser mais douce en même temps. Je n’aurais jamais cru que ce soit possible. » Passé par la case metal avec son groupe From First To Last au milieu des années 2000, Skrillex est aujourd’hui l’un des princes de l’EDM – electronic dance music –, le style musical qui explose en ce moment aux États-Unis. Les adolescents américains en raffolent. Il y a cinq ans, quelques producteurs comme David Guetta se sont mis à collaborer avec des artistes pop, vulgarisant ainsi la trance, la house et le dubstep, ces styles musicaux confinés. Aujourd’hui, les jeunes musiciens d’EDM se produisent dans des stades et en prime time sur les scènes des festivals. D’après Forbes, les revenus des dix DJ’s les mieux payés au monde ont totalisé 125 millions de dollars en 2012. Plus que l’ensemble des salaires des basketteurs des Lakers de Los Angeles. Sonny John Moore, alias Skrillex, est sur la liste. 48


en 2011, skrillex a aligné 322 shows. parfois trois par nuit

Étiqueté « pousseur de boutons » par certains, Skrillex rétorque que ­l’émotion ressentie par le public n’est pas feinte.


En quatre ans à peine, cet Américain de 26 ans qui a arrêté sa scolarité au lycée, a raflé six Grammy Awards. Il cumule 17 millions de fans sur sa page Facebook et engrange quinze millions de dollars par an, tout en distribuant sa musique gratuitement. En backstage, à quelques heures du début du concert, un petit gars vêtu de noir aux cheveux humides sort de sa loge et pique un sprint à travers l’allée encombrée d’écriteaux indiquant la direction vers la scène, le buffet ou le bus. Skrillex frôle les passants qui s’agrippent à leur pass. Seule la bonne couleur permet de profiter du plus haut niveau d’accès. Il se poste à l’entrée de la scène où le duo soul Milo & Otis, venu de Californie, assure déjà la première partie de son concert. Sonny – c’est comme ça que tout le monde l’appelle en tournée – se tient à la limite de la lumière tricolore. Il bat le rythme de la tête et entonne quelques paroles, jette un coup d’œil à son portable craquelé, puis retourne à toute berzingue vers sa loge. Avant qu’il ne claque la porte, on entraperçoit une bouffée de fumée, un ordinateur portable, des bouteilles renversées sur une table.

Si le public marche à fond, c’est que la connexion avec la musique est réelle

« Il est épuisé », lance Skaruse, le fidèle assistant du jeune DJ. Il nous explique que Skrillex travaille à la touche finale d’un morceau qu’il a composé le jour même. Il s’agite sans arrêt et dans tous les sens, Skrillex est un passionné. Et tout l’intéresse. La source de tant d’énergie ­demeure un mystère quand on sait à quel point il a été débordé ces dernières années. En 2011, il a aligné 322 shows. ­Parfois trois par nuit. Soit deux sets, plus un after. Fin 2013, il a bouclé l’enregistrement de ­Recess, son premier album studio, après six maxis, composé de morceaux compacts, denses, enjoués et vivants. Ce soir, c’est le troisième concert de la nouvelle édition de son Mothership Tour : 23 dates à travers l’Amérique, essentiellement sur des scènes en plein air. D’ailleurs, Skrillex s’est fait tatouer l’avant-bras d’un « M », l’initiale du nom de la tournée. « Le plus important, c’est l’expérience », dit-il à propos de cette tournée, un concept vieux de quelques années qu’il a repensé en y ajoutant des effets lumière dernier cri, un vaisseau spatial sur mesure conçu pour l’occasion avec un cockpit d’où Sonny, en DJ-capitaine, contrôle tout. Alimenté par un système hydraulique, le vaisseau s’élève au-dessus du public en expulsant de la fumée tandis que des images – allant de décors de synthèse hypnotiques au clip de Full House dans lequel figurent Oncle Jessie et Steve Urkel, deux personnages de séries US à succès des années 90 – sont projetées en boucle sur un écran géant. Depuis son lancement en 2011, la tournée Mothership s’est sacrément développée. Le spectacle et la musique de Skrillex soulèvent un intérêt grandissant. Un jeune DJ à la coupe de cheveux farfelue qui initie de nombreux Américains au dubstep et bluffe son public avec un show visuel renversant, ça ne court pas les rues aux États-Unis.

Un show de Skrillex peut s’apparenter à un défilé de déjantés.

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« le plus important, c’est l’expérience » skrillex

Après s’être fait un nom dans de petits clubs, Skrillex ­attire désormais les foules dans les plus grands festivals.


Pour cette tournée, Skrillex a choisi de faire étape dans des salles et des clubs de taille moyenne. Mais il promet de faire table rase cet été de toutes les tournées passées. Son équipe et lui ont travaillé plus de cinq mois dans un hangar de 3 000 m² au centre de Los Angeles, à réfléchir, ­expérimenter, construire et reconstruire un jeu de lumières complexe, un vaisseau spatial de la taille d’un hélico, un écran de trois étages – un mur liquide luminescent – dressé derrière lui. Il devrait aussi compter sur des projecteurs ­rotatifs fixés à des bras mécaniques, des pointeurs à faisceaux lumineux très compacts aux couleurs de l’arc-en-ciel. Six ­canons positionnés sur le devant de la scène cracheront en alternance fumée et feu. Démonté, tout cet équipement remplit huit semi-remorques. Autour de sa loge où un grand écriteau indique Skrill-Ville, les fans se font de plus en plus bruyants. Skaruse s’active aux côtés des autres membres du staff. Autour du cou, tous portent le convoité pass « accès illimité », ces tickets noirs ­barrés de trois griffes rouges. Le logo de l’artiste présent sur son album et tout le merchandising. Un bruit de laser expulsé de la loge retentit à travers tout le hall. ­Interdiction d’entrer. « Il est en pleine création », lance Skaruse. Ce dernier et son équipe sont en train de planifier l’après-spectacle. Ce soir, ce sera couvre-feu. Dès la fin du concert, à 22 h 50, ils remballeront tout et traceront la route dans la foulée. Ils dormiront dans le bus, comme à chaque fois qu’un nouveau concert est programmé dès le lendemain. Prochaine étape : Cleveland. Avec une arrivée sur place prévue à 4 heures du matin. 52

Pour le moment, dans une autre pièce, les techniciens prennent leur repas au milieu des machinistes, des assistants et bien d’autres encore. Ici, prévaut une hiérarchie complexe entre le staff de la tournée, les assistants, la sécurité de la tournée, la sécurité locale, la police, l’équipe médicale, la régie, le responsable signalétique en charge de baliser la zone de concert, la scène, la cantine et les loges. Ceux qui s’affairent autour de la scène portent des boots et des jeans où pendent des mousquetons bourrés de clefs. Leur peau est vierge de tatouages ou recouverte d’encrages défraîchis. Tattoos ou rien. Cette galerie de personnages semble ­experte en teufs mais bien qu’ils passent du bon temps, ils n’ont rien vu des folles soirées qui rythment à l’occasion la tournée d’un Skrillex déjanté. Un journaliste a été témoin d’un jogging en groupe juste

avant le début d’un concert et de la ­ résence d’un mixeur à jus sur un buffet p bio. L’unique virée s’étant limitée à quelques verres dans un triste bar ­d’Oklahoma City où s’agitaient une ­danseuse solo et une serveuse topless. Rien de bien folichon. Cela tient peut-être au fait que le show demande beaucoup d’énergie. Si Skrillex court, enregistre, crie en permanence, l’atmosphère change à mesure que l’heure du concert approche. Ce soir-là à Louisville, il est assis dans la cabine pour un réglage lumières. Il parle peu. Ses yeux sont rivés sur le panneau de contrôle fixé au premier balcon. « Le projecteur bleu sur moi crée une ambiance d’hôpital, dit-il. Je n’aime pas du tout. Hors de question. On peut essayer d’autres teintes ? » La ­lumière disparaît. Dans l’obscurité, quelqu’un lance une blague. Des rires

the red bulletin


Bête de scène, ­Skrillex embarque son public dans une ambiance ­mystérieuse et futuriste.

fusent, Skrillex reste de marbre. Il prend une gorgée d’une tasse rouge ou tire une taffe sur une American Spirit et regarde droit devant. Il est dans le cockpit du vaisseau. Un mastodonte, une chose obscure, métallique et anguleuse d’un gris foncé qui semble être prête à décoller. Le technicien lumières appuie sur un bouton et deux faisceaux fins et pâles, d’un bleu délavé, apparaissent. Il acquiesce : « Ouais. Ouais. OK. Voyons voir ? » Ça le fait. Très EDM. De bonnes ­vibrations, partout. « Avec l’EDM, l’ambiance est bon enfant », dit Caleb Meyer, un malabar de la sécurité, positionné entre la scène et le public. Plus que quelques minutes avant l’entrée sur scène de Skrillex à bord de son vaisseau spatial. Meyer parle dans sa radio, tout en invitant les spectateurs à gagner leur place. Autour de lui, ça s’agite comme dans une fourmilière, mais pas de quoi l’affoler. « Les gens sont là pour s’amuser. Le plus difficile est de les maintenir sur leur siège. » On lui souhaite bon courage. Tous sont déjà debout. Skrillex

skrillex est fidèle à l’esprit « diy » des concerts punk qu’il appréciait gamin the red bulletin

vient d’entrer sur scène dans son éclatant vaisseau qui émet un bourdonnement grave et rythmé. Lui s’affaire au-dessus de sa table de mixage et lève la main pour ­répondre aux milliers d’autres qui le saluent. Le vaisseau s’élève progressivement dans un nuage de fumée et une explosion de lumières. En moins d’une minute, il se ­retrouve devant ses platines, sa coupe « mullet » déjà trempée. « Vous allez bien ?! », lance-t-il au moment où la lumière, variant du rouge au vert martien, atteint le public. La foule entre en éruption. Oui. Tout va bien. Pour les fans, pour l’agent de sécurité et pour Skrillex. La musique du jeune DJ ricain a été la cible de critiques acerbes. Le Canadien Deadmau5, producteur à succès, a qualifié Skrillex et d’autres musiciens d’EDM de « pousseurs de boutons ». Après le concert, on questionne Sonny sur le sujet. « Il n’y a aucune controverse car je m’en tape royalement, dit-il. Je ne me sens pas du tout insulté. Les Ramones jouaient avec trois accords. L’essentiel n’était pas ces trois accords mais l’énergie qu’ils ­déployaient à les jouer. Ces critiques, c’est du pain béni. Cela prouve que ma musique dérange. Elle n’est pas conventionnelle. » Il fait référence à la configuration de sa tournée et ajoute que n’importe qui peut créer et mettre de l’EDM en ligne, mais pas forcément avec talent. « C’est une relation du sommet vers la base. Si le public marche à fond, c’est que la connexion avec la musique est réelle. Impossible de tricher. C’est ce que je ressens avec mon public, on partage une ­passion authentique. » ­Authentique, son public l’est sans conteste. L’énergie positive que dégagent toutes ces mains tendues est bien réelle. Le concert est fini,

les fans de Skrillex font déjà la queue à l’extérieur, par milliers. Parmi eux, un ­petit groupe attend d’être conduit par un assistant pour rencontrer le héros du soir. L’un d’eux, Paxton Titus, 15 ans, vient d’Howell, une petite ville du Michigan. Il tient un portrait au crayon de l’artiste réalisé par son frère Carver, 10 ans. « Sa musique est différente de tout ce que l’on peut écouter sur Sirius XM, dit-il en référence à cette radio US sans pub. Il prouve qu’on peut être créatif sans tomber dans la facilité de l’électro où dans 95 % des cas, c’est toujours pareil. On entend des voix féminines, un crescendo débouchant sur une ligne de basses, un temps et puis à nouveau le rythme. Skrillex a une structure et un son énorme uniques. » « Sa musique met du baume au cœur », renchérit Mandee Edwards, 24 ans, originaire de St Louis qui porte des bottes style gogo, une houppe noire et blanche qu’elle a elle-même confectionnée. Une porte s’ouvre. Skrillex se presse vers eux en leur lançant un « Heeeeeeeeyyyyy ! » Il sert les mains, donne des accolades, pose pour les selfies, signe des autographes sur des photos, des pass, des T-shirts, une veste de chef cuistot, un paquet de cigarettes, des armes… Même sur des hanches où ils seront transformés en tatouage, lui diton. Il dédicace le portrait du frère de ­Paxton et le fait photographier. Au bout d’une demi-heure, son manager lui fait signe qu’il doit y aller. Il remercie ses fans, s’excuse d’un signe de la main et finit par s’éclipser. Après Louisville, direction ­Cleveland, puis Detroit. Deux concerts sont également programmés au Canada, à Toronto. Passer la frontière avec tout ce petit monde, de nuit, ne sera pas une mince affaire. Le jeune DJ américain a toujours été très proche de ses fans. Que ce soit après les concerts, à l’occasion de rencontres ­organisées, via son profil Instagram ou en leur donnant la primeur de sa musique. Cette attitude-là est liée à l’esprit DIY, « Do It Yourself », des concerts punk qu’il appréciait gamin. Créer et mettre sa ­musique en ligne est pour lui une nécessité. Être toujours ouvert est essentiel. « C’est une manière de faire les choses et d’obtenir un retour immédiat. Et si c’est surfait, comme un concert punk dans un bar à 20 dollars la bière, les jeunes ­n’adhèrent pas, tranche-t-il. Ils veulent de l’authentique. Une vidéo sur YouTube montre un enfant de deux ans qui danse sur l’une de mes chansons. C’est cool parce qu’à cet âge-là, on est difficilement influençable. On écoute ma musique et on ressent quelque chose ou pas. » www.skrillex.com

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Classic

Drag LES RÈGLES SONT TRÈS SIMPLES, ET LES MÊMES DEPUIS 60 ANS : UNE LIGNE DROITE, DEUX COULOIRS, DEUX VOITURES, FEU VERT ET plein GAZ ! LeQUel DES DEUX pilotes sera LE PLUS RAPIDE SUR 400 mètres ? ACCÉLÉRATION TOTALE, RECORDS, DRAMES ASSOURDISSANTS ET ÉCHAPPÉES BELLES : Le photographe David Harry Stewart vous immerge dans la mythique classic Drag.

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Le « drag racing » débute dans l’illégalité : après la Seconde Guerre mondiale, les vétérans américains sont en mal d’adrénaline. À la même époque, la voiture se ­démocratise. Les courses de vitesse se propagent rapidement. Depuis les années 50, elles se pratiquent sur des bases aériennes désaffectées ou sur circuits.

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LE « DRAG racing » EST UN SPORT BINAIRE : C’EST VOUS OU L’ADVERSAIRE. ­G éNéRALEMENT, LES JEUX SONT FAITS AU BOUT DE QUELQUES MÈTRES


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UN DÉBUTANT AMBITIEUX DEVR A ­A LIGNer 400 CHevaux POUR ­C OMMENCER. L A ROUTE VERS LE SOMMET RESTE OUVERTE


LE « BURNOUT » MÉTHODIQUE DES PNEUS FAIT PARTIE DU RITUEL D’AVANT-COURSE. IL ASSURE UNE ­A DHÉRENCE MAXIMALE AU DÉPART


Casque, minerve et combinaison anti-abrasion, les pilotes attachés au baquet s’accroupissent dans leur véhicule qui, telle une cage, est entouré de plusieurs mètres de tuyaux d’acier. En « drag racing », quand les choses tournent mal et que le puissant bolide quitte sa trajectoire, mieux vaut ne pas s’attarder à l’intérieur. La vocation de ces voitures est d’aller vite, pas de s’immobiliser.

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On doit l’idée astucieuse d’équiper d’un moteur surdimensionné des voitures de classe moyenne aux­légendaires Muscle cars des années 60 et 70. Elles se nommaient alors Barracuda, Fury, Superbird ou encore Charger et avaient cette même ligne : dangereusement belle. Une tradition qui perdure, surtout parmi les pilotes de « drag racing ».

LE BON GOÛT N’A PAS D’ÂGE : ON N’EST JAMAIS TROP JEUNE POUR LES 12 SECONDES MAGIQUES DU QUART DE MILE ­expérimentées DANS UNE VOITURE QUADR AGÉNAIRE 62


Le moteur V8 de ce classique ­possède jusqu’à 8 litres de ­cylindrée, et sur le capot, des prises d’air de l’épaisseur d’un homme.

Une bonne occasion de se retrouver entre sympathisants de la furie automobile : dans certaines parties des États-Unis, le « drag racing » prend des ­allures de fête populaire. Ses deux grandes fédérations, la NHRA et l’IHRA, distinguent cent catégories différentes permettant ainsi au plus grand nombre de ­glaner au moins un titre. Les ­motards sont aussi les bienvenus.

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L’ŒIL RIVÉ SUR LES FEUX DE DÉPART : LE TEMPS DE RÉACTION MOYEN DE L’HOMME SE SITUE ENTRE 200 ET 300 MILLISECONDES À l’instar des gamers ou des sprinteurs de haut niveau, les pilotes de « drag racing » soignent leur temps de réaction. Les meilleurs atteignent 120 millisecondes. En comparaison, un temps inférieur à 100 millisecondes est considéré en athlétisme comme un faux ­départ. Chaque centième de seconde gagné réduit l’investissement dans la voiture.


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Le pied droit sur l’accélérateur, le gauche sur le frein. Le manche à vitesse automatique positionné sur D. Chauffer les gommes des pneus. S’avancer sur la ligne de départ au millimètre près. Guetter les feux de départ surnommés « l’arbre de Noël ». Lâcher le frein, tenir le volant fermement et sentir la douce folie de l’accélération, encore et ­encore, aussi longtemps que la boîte de ­vitesses tiendra.

PETITS, LÉGERS, ET très ­S TYLÉS : LES CLASSIQUES COMME CE 72 CHEV Y NOVA SONT VOUÉS À COURIR LES PISTES DE DR AG AD VITAM ÆTERNAM 66


www.dhstewart.com


Le surf de très haut niveau est désormais porté par des hommes comme Ian Walsh, un performeur extraordinaire soumis à des séances d’entraînement exigeantes. Sport parmi les plus purs, il pourrait bientôt intégrer un matériel innovant associé jusqu’alors à la science-fiction. Défiant les capacités de l’homme et de la technologie, le surf de demain prendra une vague futuriste.

Au-delà du 68


Zak Noyle/A-Frame

Originaire de Maui, Ian Walsh est l’un des surfeurs de grosses vagues les plus solides au monde, un passionnÊ de performances extraordinaires.


IAN WALSH

Un jour qu’il a été pris sous une vague immense, au large de Maui, cherchant l’air, l’athlète a voulu comprendre ce que son corps avait subi. Surfer comme il l’avait toujours fait n’était plus suffisant pour réussir, ni pour ­survivre. Dans cet entretien, ce spécialiste des vagues géantes nous parle de l’évolution de sa préparation, un entraînement de haut niveau qui peut faire la différence quand l’océan se révèle un adversaire redoutable. Entretien : Stuart Cornuelle

the red bulletin : Vous avez grandi à Maui et commencé le surf enfant. Tout naturellement. ian walsh : Nous avons de grosses ­vagues tout l’hiver. J’ai commencé à les surfer très jeune. Mais c’est à l’adolescence que le surf a pris beaucoup d’importance. Pour rien au monde je n’aurais raté l’occasion d’accompagner mes frères et mes amis lorsqu’ils allaient surfer. Pourquoi vous êtes-vous dit qu’il fallait s’entraîner ? Un jour, au niveau d’un récif extérieur, j’ai été vraiment secoué. Je suis resté sous l’eau très longtemps, j’ai été entraîné vers le fond et ai eu des éraflures sur tout le corps. C’était la troisième planche de la journée que je brisais, j’étais déjà fatigué, un peu découragé. J’ai commencé à réfléchir : je ne pouvais plus me contenter d’un bol de céréales le matin avant d’aller surfer. Je devais me préparer. Après deux ou trois incidents de ce type, j’ai rencontré quelqu’un qui ouvrait un club de gym près de chez moi et il m’a montré comment m’entraîner hors de l’eau. En quoi consistaient ces premières séances de conditionnement physique ? Au début, je travaillais avec un rouleau en mousse pour le relâchement des ligaments et de tout le corps. Je faisais des ­séries

Brian Bielmann/Red Bull Content Pool, christian anwander

Ian Walsh au quotidien, sur une vague d’O’ahu, Hawaï, en novembre 2013.

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the red bulletin


Walsh a combattu ses p ­ roblèmes de souffle en s’exerçant avec détermination à pouvoir tenir sous l’eau une fois happé par les vagues.

«  J ’ai commencé à réfléchir  : je ne pouvais plus me contenter d’un bol de céréales avant d’aller surfer »


Pour s’entraîner, Ian Walsh ­associe surf, ­préparation physique et exercices ­d’apnée. Et il surfe toujours plus.

«  La démarche est bien plus professionnelle. Les dix meilleurs ­s urfeurs s’entraînent toute l’année. Et ils ont des coaches  » d’exercices, avec une préparation physique par circuit. Pas vraiment de levée de poids, car le but n’était pas de prendre du volume. Je voulais que tout se mette en place, que mon corps fonctionne de manière plus harmonieuse, plus cohérente, pour démarrer au quart de tour. J’alternais les exercices pour tout synchroniser. Est-ce que vous travailliez déjà beaucoup sur le souffle ? Non, je faisais juste quelques exercices à la gym. À l’époque, je ne parlais pas beaucoup de mon problème de respiration. Qu’est-ce qui vous a fait réaliser que vous ne parveniez pas à retenir votre respiration ? Si vous regardez ce que certains surfeurs sont capables de faire, vous verrez que ce sont tous des plongeurs fantastiques. Ils ont fait de la chasse sous-marine, allaient pêcher. Ils ont tout simplement d’excellentes capacités pulmonaires. J’ai toujours eu l’impression que je ne pouvais pas plonger aussi profond qu’eux, que je 72

the red bulletin


Ademir Da Silva, Masters/A-Frame, Brian Bielmann/Red Bull Content Pool

ne parvenais pas à rester sous l’eau comme eux. Même enfant, quand j’essayais de retenir ma respiration pendant 45 secondes ou une minute, assis sur le canapé, j’avais du mal. Qu’avez-vous fait pour changer la donne ? C’était en octobre 2010. J’ai lu un article sur un apnéiste et sa femme [Kirk Krack et Mandy-Rae Cruickshank] qui entraînaient des sportifs, Tiger Woods, David Blaine, etc. J’ai découvert leur technique et vu comment ils développaient différents niveaux de capacité pulmonaire et enseignaient aux athlètes à respirer autrement. À l’époque, Red Bull venait de lancer son programme haute performance. J’ai pris quelques captures de l’article et ai envoyé un e-mail à Andy Walshe, en charge du programme. Je lui ai demandé si je pouvais m’entraîner avec Kirk Krack, s’il était possible de le joindre. Et quelques mois plus tard, Kirk était chez moi, à Maui. Nous avons eu cinq jours pour mettre les choses à plat. Que vous a-t-il fait faire ? Le premier jour, Kirk est venu dîner avec ma famille. Et là, il m’a demandé de m’allonger et de retenir ma respiration pendant une minute. Puis il a m’a montré comment ralentir ma fréquence cardiaque en expirant plus de dioxyde de carbone que je n’inspirais d’oxygène. Grâce à ce déséquilibre, j’ai alors eu plus d’espace pour inspirer l’oxygène. Et lorsque j’ai retenu ma respiration pour la première fois, j’ai tenu trois minutes. Après ça, l’hiver est arrivé et je suis allé surfer au spot de Jaws. Un jour de grosses vagues, j’ai été happé et suis resté sous l’eau pendant vraiment longtemps. Je me souviens être remonté à la surface et avoir eu moins de deux secondes avant d’être frappé par une autre vague énorme. J’ai appliqué instinctivement ce que j’avais appris. Je suis passé immédiatement en respiration diaphragmatique et ai pu contrôler ma fréquence cardiaque en une seconde, approximativement, puis suis passé sous l’eau, et cette fois-ci, ça s’est bien mieux passé. Lorsque je suis rentré chez moi ce jour-là, j’ai tout de suite écrit à Andy Walshe. Pour les ­remercier, lui et Kirk. Comment vous entraînez-vous aujourd’hui ? J’ai un bon programme, que j’applique pendant six semaines avant l’arrivée de l’hiver, dont un entraînement respiratoire de quatre ou cinq jours. Je m’entraîne en piscine, je fais des exercices d’apnée statique (visage sous l’eau en r­ etenant sa respiration, ndlr) et quelques exercices de plongée libre. J’essaie de m’habituer à rethe red bulletin

«  Avant, je surfais tout l’hiver. Mais j’y allais tellement à fond que je ­m’épuisais  »

tenir ma respiration, jusqu’au point de rupture. Quant au reste de mon programme, le voici : le matin, je me réveille tôt et je vais surfer quelques heures, puis je reviens à la maison, je prends un second petit-déjeuner. Ensuite, je me rends à la gym pendant deux ou trois heures. Je ne lève pas beaucoup de poids. Je fais beaucoup d’exercices en utilisant mon propre poids, comme des tractions en pronation, et un nombre incalculable d’exercices de préparation physique, par circuit. Ensuite, je déjeune, je fais une longue promenade à vélo, 55-65 km environ. Certains jours, je fais des exercices de Pilates ou du yoga en fin de journée, pour me détendre. Sauf si les vagues sont bonnes. Alors là, je retourne surfer. Et ce n’est qu’une partie du training… Oui. Après la première semaine, je fais mes exercices d’apnée pendant les exercices de préparation physique par circuit à la gym. Je fais des exercices respiratoires avec des inhalations similaires à celles que je prends avant de passer sous l’eau. Comme ma fréquence cardiaque est plus élevée, j’ai vraiment plus l’impression d’être en train de surfer que lorsque je place mon visage sous l’eau, en retenant

ma respiration. C’est là que je sens que les choses deviennent vraiment sérieuses. On dirait un « bootcamp » hors saison. Oui, sauf qu’il n’y a pas de hors saison en surf. C’est ce qui est difficile : vous devez trouver le temps. Et je veux avoir le temps de surfer. Donc, si je suis en plein entraînement, mais qu’on annonce de belles vagues en fin de saison en Indonésie, je vais m’échapper et aller les surfer. L’année dernière, je me suis trop entraîné et je pense que je n’ai pas passé assez de temps dans l’eau. J’ai l’impression que beaucoup d’athlètes font cette erreur. Ils sont obnubilés par le fait d’aller à la gym, de s’entraîner régulièrement, alors qu’en fait, ils devraient passer plus de temps à pratiquer leur sport. Les exercices de préparation ne sont qu’une mise au point. Où puisez-vous votre motivation ? L’entraînement m’apporte beaucoup. Je m’en rends compte depuis plusieurs années. Avant, je surfais tout l’hiver. Puis, je basculais dans l’hiver de l’hémisphère Sud et je surfais tout l’été. En général, dès le mois d’août ou de septembre, j’y étais allé tellement à fond que j’étais épuisé. Il y a quelques années de ça, j’ai arrêté de suivre ce rythme. J’ai décidé de cesser de voyager à partir d’une certaine période de l’année, de rentrer chez moi afin de me concentrer et de me préparer pour l’hiver. Grâce à cela, j’ai remarqué à quel point je me sentais mieux pendant toute la saison. Pratiquez-vous d’autres sports ? Après mon opération du genou, l’année dernière, j’ai fait beaucoup de vélo en montagne et sur route. Et j’aime vraiment ça. Si les vagues ne sont pas grosses, je fais des courses downwind en paddleboard. Et je fais également du snowboard. Mais même si ça me plaît beaucoup de monter en altitude à la recherche de la poudreuse, c’est beaucoup d’efforts. Et cela fait donc vraiment partie de la préparation physique. J’ai aussi fait pas mal de boxe pendant quelques années, avec de la coordination œil-main et beaucoup de travail sur la vitesse, avec des exercices de frappe sur pads ou du sparring. De bons exercices de cardio. Avez-vous remarqué un changement d’attitude chez les surfeurs vis-à-vis de l’entraînement ? Oui. Des surfeurs les plus expérimentés aux juniors, la démarche est bien plus professionnelle qu’il y a quinze ans. À présent, les dix meilleurs surfeurs au monde s’entraînent toute l’année. Et ils ont des coaches. Et si vous regardez les meilleurs juniors, c’est la même chose. Je crois que c’est dû à la longévité de certains des sportifs. Leur carrière parle pour eux. On voit qu’ils ont su prendre soin d’eux. 73


le surf high-tech Ce que les avancées ­d ’aujourd’hui annoncent de demain

LE CŒUR (Effort) Cet adhésif autocollant imperméable, souple et fin, ressemble à un simple pansement. Il dissimule en fait une micropuce ultracompacte qui recueille des données avant, pendant et après la vague : température corporelle, fréquence cardiaque et respiration. Les données sont stockées localement puis envoyées en temps réel, via Bluetooth, au coach resté sur le rivage.

LES PIEDS (Pression/Contrôle)

LES MAINS (Battement/Puissance) Avant, on ne pouvait qu’émettre des ­hypothèses sur la puissance des battements du surfeur en train de ramer. À présent, grâce à un mince bracelet caoutchouté équipé de petits accéléromètres, les chercheurs peuvent mesurer cette puissance. Fixé au poignet, il permet d’analyser du motif cyclique des battements du surfeur. Les données, ­enregistrées localement dans la micropuce, permettront aux physiologistes de créer un programme d’entraînement basé sur la longueur des bras de l’athlète, ainsi que sur la force nécessaire, au niveau du haut du corps et des épaules, pour ramer dans les vagues.

Tentant de quantifier la répartition de la pression utilisée par les ­surfeurs pros quand ils se mettent debout sur leur planche, des ­chercheurs ont inséré dans les combinaisons des semelles intérieures sur mesure, dotées des s­ ystèmes Pressure Profile développés en ­Californie. Des ­capteurs mesurent le pourcentage de pression du pied avant sur la planche et le comparent à celui du pied arrière. Cette donnée est enregistrée et transmise via Bluetooth ou Wi-Fi aux caméras haute vitesse de l’équipe afin d’analyser visuellement les mouvements des pieds du surfeur sur la planche.


HUMAIN 2.0

Straley/A-Frame, michael darte

tom mackinger

Les sportifs professionnels affinent leur entraînement et leur alimentation en fonction de leurs besoins. Mais la ­p rochaine révolution se fera dans la tête. Texte : Ann Donahue Les surfeurs professionnels s’enorgueillissent de leur esprit zen, des valeurs pacifiques de leur sport, inextricablement associé aux vagues et aux merveilles des océans. L’environnement extraordinaire joue un rôle, mais la raison fondamentale de ce bien-être est dans la tête. La psychologie du sport est certes attestée, mais une nouvelle discipline dépasse les discours sur l’estime de soi. Dans ce domaine de recherche, les scientifiques s’intéressent au cerveau comme à un muscle, surveillant ses réponses et l’entraînant à mieux faire. Il n’est plus question de ce que le cerveau d’un individu peut lui fait ressentir, mais de ce qu’il lui fait faire. « Un surfeur s’entraîne pour de meilleures performances. Son coach met le focus sur ses muscles, sa concentration et tout ce qui est lié au corps et que le sportif peut contrôler, précise Moran Cerf, chercheur en neurosciences. Ce qui nous intéresse, c’est d’aller voir ce qu’il se passe dans leur cerveau. » Moran Cerf enseigne aux États-Unis, à UCLA et Northwestern University. Ses recherches portent sur la surveillance et le suivi des réponses du cerveau d’athlètes lorsqu’ils pratiquent leur sport, l’objectif étant de comprendre comment le cerveau contrôle les réactions physiques du corps. Prenez un exemple de monitorage cérébral de même type que ce que Cerf peut réaliser : un sportif de haut niveau est invité à courir sur un tapis de course aussi longtemps que possible. Deux heures plus tard, saisi par des crampes musculaires et dégoulinant de sueur, l’athlète presse le bouton Stop. Est alors invité sur le tapis un homme lambda, au gabarit d’Homer Simpson. Même énoncé : courir aussi

Savoir que votre activité cérébrale est mesurée vous donne la capacité de modifier son fonctionnement the red bulletin

longtemps que possible. Au bout de trois minutes, il cherche l’air, appuie sur le bouton Stop, trébuche en descendant et court avaler un beignet pour « récupérer ». A priori, ces deux coureurs n’ont rien en commun. Pourtant, quelques secondes avant d’abandonner, leurs cerveaux respectifs ont présenté une activité similaire, qui pourrait se traduire par : « Stop ! C’est terminé ! Je n’en peux plus, j’arrête ! » Et ainsi, l’instruction a été donnée aux muscles d’interrompre la course. Il importe peu que l’un des coureurs soit un marathonien et l’autre, un mollasson. La question clé, c’est comment bloquer dans le cerveau cette activité qui donne l’ordre d’abandonner afin d’améliorer l’endurance du sportif ? « Dans le cerveau, deux volontés s’affrontent. L’une dit : “Je n’en peux plus”, et l’autre la contredit : “Je dois continuer”, explique le chercheur. Nous pouvons étudier le cerveau, identifier l’état dans lequel il était lorsque les coureurs se sont arrêtés et faire passer un message simple : “Tu peux faire mieux.” » Savoir que le cerveau, et non les muscles, définit le seuil à ne pas dépasser peut permettre d’améliorer les performances sportives. Reconnaître que vous tentez de retarder l’activité cérébrale qui vous pousse à abandonner augmente votre endurance. Pour le marathonien,

cela peut représenter un gain de dix minutes, même s’il se sent épuisé. Pour ­Homer Simpson, cela peut signifier courir pendant encore deux minutes afin d’atteindre le seuil encourageant de cinq minutes sur le tapis de course. On peut considérer qu’il s’agit du principe d’incertitude d’Heisenberg appliqué aux neurosciences : savoir que votre activité cérébrale est mesurée vous donne la capacité de modifier son fonctionnement. Quel que soit le sport, il y a ce qu’on ­appelle « l’avantage du terrain ». Avec les progrès à venir du monitorage cérébral, les scientifiques seront sans doute capables d’identifier pourquoi un cerveau réagit mieux lors d’une compétition à domicile. « Un athlète d’Hawaï s’en sort mieux si la compétition de surf se déroule chez lui que si elle se passe en Afrique du Sud, explique Moran Cerf. Un surfeur d’un autre pays sera désavantagé. Il est donc injuste que le surfeur en compétition chez lui obtienne la meilleure place. » Autre choc à venir : l’utilisation du monitorage cérébral afin de faciliter le recours aux membres artificiels, même chez des personnes valides. Les chercheurs n’en sont qu’au stade expérimental, chez l’animal. Cette recherche se développe sur deux axes : des électrodes sont implantées dans le cerveau d’un singe et raccordées à un bras prothétique, alors que le bras valide de l’animal est attaché. Au bout d’une semaine, le cerveau du singe s’est adapté et est capable de faire bouger la prothèse. Nous pénétrons alors dans le monde de la science-fiction : une fois le bras valide libéré, le singe est capable de bouger ses trois « bras ». De nos jours, ce type de manipulation chez l’homme est impensable. Mais est-ce que ce sera toujours le cas ? Lorsque nous aurons assisté à cinq JO et qu’aucun record mondial ne sera plus battu, toucher au corps humain relèvera-t-il encore de l’impossible ? Moran Cerf est persuadé que, dans certains sports, la limite de ce que l’homme pouvait réaliser a été atteinte. Selon lui, avec le monitorage cérébral et les modifications du corps humain qui s’ensuivront, le sport pourrait ainsi conserver son piquant et rester l’aventure palpitante que nous connaissons. « Il y a 60 ans, les gens trouvaient intolérable toute idée de manipulation du corps humain. Aujourd’hui, des adolescentes de 12 ans se font faire des implants mammaires, rappelle Cerf. Nous en arriverons au point où, au lieu de s’entraîner pendant six mois en montagne, ils s’achèteront des jambes artificielles. Nous permettrons aux hommes et femmes d’améliorer leur corps et créerons ainsi la version 2.0 de l’être humain. » 75


L’homme qui

tombe à pic L à o ù d ’a u t r e s v o i e n t u n e cascade, le canyonneur f r e e s t y l e W a r r e n Ve r b o o m exploite une aire de jeux. Son défi : pour exécuter ses d r o p s , ­s a l t o s , c o r k s e t slides, il doit évoluer sur quelques rares centimères, au milieu de rochers pointus e t d ’a r ê t e s i n v i s i b l e s . Dangereux. Tex t e   : A l e x L i s e t z Photos : Jozef Kubica

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Un hobby rafraîchissant : Warren Verboom s’est lancé dans le ­canyoning freestyle, car le BASE ­jump le lassait.


W

arren Verboom est un petit garçon dans le corps d’un homme de 32 ans. Ce jeune garçon se manifeste dans le pétillant de ses yeux, lorsque Warren Verboom parle de drops dans l’eau blanche et de saltos au-dessus des arêtes d’une cascade. Verboom l’aîné et Verboom le cadet ont conclu un deal : le jeune garçon trouve les idées folles et le courage de les mettre en œuvre ; l’homme de 32 ans apporte son expérience et son savoir-faire, et éprouve une grande ­satisfaction à chaque trick réussi. « Même pas cap », lance l’enfant lorsqu’il a concocté une nouvelle épreuve de courage. Et le corps adulte répond à chaque fois : « On parie que si ? » C’est ainsi que Warren Verboom a d’abord appris le saut à ski, puis le BASE jump et le vol en wingsuit. « Mais, un jour, dit-il, la peur de sauter m’a quitté. C’est le moment où j’ai commencé à m’ennuyer. » Voilà pourquoi le Suisse a inventé une discipline sportive qui cache encore beaucoup de « même-pas-cap » : le canyoning freestyle. Première règle du canyoning freestyle : oublier tout ce que vous savez sur le canyoning. En canyoning, on passe un ravin de haut en bas en suivant toujours le cours de l’eau. « C’est une belle aventure dans la nature », explique Warren Verboom. Mais le garçon fébrile à l’intérieur de son corps ne se satisfait pas des Sim dolutat aliquis belles aventures dans la nature. alis dolutate faci blaC’estSequat pourquoi ore minisi. lo- Warren, 1,80 mètre et 80accaboris kilos de rat muscles, combine le rErspit, rerrovidi sum fugiti ­canyoning à des éléments d’autres culparior omnisports :accae il saute de pierre en pierre au hicmilieu ta d’une cascade tel un freerunner, 78

se jette dans les profondeurs tel un plongeur de haut vol, lit la roche tel un grimpeur et le cours de l’eau tel un kayakiste. « Le canyoning freestyle a un énorme potentiel, affirme-t-il, car il permet aux sportifs de toutes les disciplines de se réinventer. » Des spots ­inconnus attendent d’être découverts. De nouveaux tricks pourraient être ­inventés ou adaptés à l’environnement tridimensionnel (roche, eau et précipice). Mais le jeu avec les forces primitives rugissantes contraint surtout chacun à affronter ses peurs. « Lorsque je me tiens en haut, sur l’arête d’une cascade, et que je réfléchis à la ligne sur laquelle je pourrais glisser et sauter... », dit-il avant de marquer une pause volontaire. À présent, les yeux cerclés de petites rides qu’accentue son sourire ressemblent de nouveau à ceux d’un petit garçon devant la vitrine d’un magasin de jouets, « alors je le ressens à nouveau, ce fourmillement ».

DU BASE JUMP DEPUIS son LIT MEZZANINE Warren a ressenti cette sensation pour la première fois à trois ans, alors qu’il regardait le sol de sa chambre d’enfant depuis son lit mezzanine. « Même pas cap », a-t-il pensé à l’époque. Et son jeune corps maigrichon a répondu : « On parie que si ? » Ce fut alors la première fois que Warren retrouva ses camarades de jeu avec un plâtre, qu’il arborait comme un trophée. « Le frisson que j’ai ressenti à l’époque, le triomphe d’avoir vaincu la peur – ce sont les sentiments que je ­recherche », explique-t-il. Le prix à payer pour entrer dans le pays inconnu, au-delà de la peur, s’est élevé

Première règle du canyoning freestyle : oublier tout ce que vous savez sur le canyoning


La notion de rock’n’roll pour Warren Verboom : un salto arrière dans un mini bassin peu profond qu’il doit viser au ­millimètre près.


Saut à 11,5 mètres de hauteur, tic-tac, sideflip-backflip : Verboom combine des éléments de freerunning et de plongeon de falaise avec du canyoning classique.


jusqu’à aujourd’hui à dix fractures, une douzaine de claquages et de contusions ainsi qu’une fracture du crâne. « Mais il ne m’est encore jamais rien arrivé de sérieux en canyoning freestyle », assure-t-il. Rien de sérieux signifie : seulement une rupture du ligament et quatre ­déchirures du tympan.

L’EAU EST PLUS FORTE QUE vous Warren, fils d’une Suisse et d’un Néerlandais, s’est installé dans le Tessin il y a deux ans, car la nature y est particulièrement adaptée pour les canyonneurs. Le ravin dans lequel il s’entraîne aujourd’hui en est un parmi tant d’autres : le Val d’Iragna, apprécié des canyonneurs pour ses épineux rappels. Warren a emporté un guide de canyoning usé dans lequel sont décrits avec précision tous les sites clés du ravin. « Pas de canyoning pendant la fonte des neiges » est-il écrit en gras, et des images qui inspirent le respect en illustrent les raisons : les masses d’eau titanesques qui forment cette cascade au printemps sont plus fortes que n’importe quel canyonneur bien entraîné. En ce lundi de la fin du mois de mai, les images du guide ont l’air calmes face à la réalité grondante. Sur un plateau, à proximité des chutes d’eau, Warren se boudine dans sa combinaison. « Le secret, crie-t-il à travers le fin brouillard des gouttes d’eau, c’est de travailler avec la force de l’eau plutôt que contre. » Il grimpe le mur qui longe la cascade à l’aide de trois, quatre prises à la va-vite et se tient en équilibre sur une pierre ronde tellement étroite qu’il n’y a pas assez de place pour ses deux pieds. Là, il fait abstraction du bruit, de l’humidité, du froid jusqu’à être pleinement concentré. À sa droite, l’eau se précipite dans le val, dix mètres le séparent du prochain bassin. Mais il faut encore songer à une chose. Sa zone d’atterrissage mesure seulement deux fois deux mètres et est de profondeur inégale. « Il ne faut pas que je plonge au milieu de l’eau, explique-t-il, car c’est trop peu profond. Je dois me rapprocher le plus possible du rocher sur la gauche. » Et de préciser : « Celui que l’on ne voit pas d’ici. » Warren s’agenouille, puis il se lance à l’aveugle. Sous lui, le

mur n’est pas vertical, il forme seulement une pente escarpée : il doit donc d’abord gagner deux mètres de distance de sécurité par rapport au mur. Puis il se tourne dans un backflip avant d’atterrir dans l’eau, les pieds en premiers. « Dans une eau aussi peu profonde, tes jambes sont tes amortisseurs », ­explique-t-il plus tard. Mais la réussite d’une figure se décide beaucoup plus tôt : au moment du saut. « Il faut être stable sur ses deux jambes et très calme à l’intérieur de soi, peu importe la profondeur du précipice sous ses pieds. Et, pour sauter, il faut être absolument sûr de réussir le saut avec la précision que tu as imaginée. » Warren Verboom a appris cette ­méthode lors des 2 000 sauts en parachute qu’il a effectués. Et la peur ? Quand la peur vous prend-elle,

­ arren, ce fourmillement que vous W avez évoqué ? « Beaucoup, beaucoup plus tôt, répond-il. La peur vient quand j’ai une nouvelle idée qui paraît totalement folle. Et lorsque je comprends qu’il faut que je la mette en pratique parce que je ne pense qu’à ça. »

D’ABORD PLONGER, PUIS SAUTER L’activité de Warren Verboom ne semble pas raisonnable à tout le monde. « Ils pensent que je suis fou parce qu’ils voient seulement un type réaliser des backflips depuis une cascade. Mais ils ne voient pas ce que j’ai fait avant. Que je suis déjà descendu en rappel x fois depuis cet emplacement. Que je connais chaque pierre et chaque remous. Que je fais une 81


plongée de reconnaissance dans la zone d’atterrissage avant chaque saut, même si j’ai déjà atterri plusieurs fois sans problème. » Warren a un côté joueur, casse-cou, mais il est également un stratège froid qui planifie ses visions avec patience et clairvoyance, et les concrétise étape après étape. C’est le cas pour ses objectifs sportifs immédiats, mais également pour le plan directeur avec lequel il veut établir le canyoning freestyle comme nouveau sport extrême. Il y a trois ans, il a regroupé autour de lui une équipe composée d’anciens plongeurs de falaise, freerunners et gymnastes : l’équipe « Deap ». En 2012, il a rallié des sponsors à sa cause, tourné The Beginning avec l’équipe Deap et posté des vidéos vertigineuses sur YouTube. À présent, il sort son deuxième film, Continue. Et son prochain projet consistera à concevoir et faire fabriquer de l’équipement professionnel pour canyonautes. « Bon, je veux dire, regardez-nous, dit-il en écartant les bras, on a l’air de clowns. Des combinaisons en néoprène de plongeurs, des casques de skateboardeurs, des sangles de grimpeurs et rien de tout cela n’est vraiment idéal pour nos exigences. »

ATTERRISSAGE DE PRÉCISION « Là où j’ai le plus de plaisir, précise Warren Verboom, c’est quand je combine plusieurs éléments dans un run. » Cette fois, il se trouve sur un plateau horizontal à 18 mètres au-dessus du bassin et regarde la cascade qui gronde dans le val à sa droite. Il pousse et saute, les jambes en avant, à trois mètres dans une rigole lisse qui le fait descendre presque à la verticale comme les toboggans d’aventure à la piscine. Pour répartir le choc, il doit toucher la rigole simultanément avec les épaules, le dos et les jambes tout en soulevant la tête. « Un peu comme ça, dit-il, comme un judoka qui donne une projection d’épaule. » Warren réussit à atterrir précisément au bon endroit. Un peu au-dessus, c’est trop peu profond, un peu trop en dessous, c’est trop abrupt. Un peu plus sur la gauche, il y a une arête vive. Et un peu plus sur 82

S ’ i l n ’a p a s assez de vitesse au bon moment, i l s ’é c r a s e r a contre un rocher la droite, il serait catapulté en dehors de la rigole. Il s’exerce à la précision de ses figures, à la piscine et sur trampoline, car il faut que tout soit au point dans la cascade. L’eau tumultueuse dans la rigole le projette quelques mètres plus bas et le catapulte ensuite sur un kicker. S’il n’a pas assez de vitesse à ce moment, il s’écrasera contre un rocher. Mais Warren continue de voler dans les airs, il montre encore un gainer grab flip et plonge ensuite dans le grand bassin dans lequel la cascade se jette à la périphérie d’Iragna. Lorsqu’il se hisse hors de l’eau, il ne peut s’empêcher de regarder en l’air. « Là-haut, cet autre promontoire rocheux », dit-il. S’il sautait à l’arrière depuis celui-ci, il aurait encore le temps de faire un cork avant d’atterrir dans la rigole. « Même pas cap », dit le petit garçon en lui.


Un gainer grab flip avec de petites difficultés supplémentaires : sous le point de saut, la roche s’avance ­encore de deux mètres, et la zone ­d’atterrissage ne sera visible que ­pendant le vol.



Quoi de neuf en août ?

Exit les enceintes 80’s calées sur l’épaule, place au haut-parleur pour iPhone. MUSIQUE, p. 93

action ! v o ya g e s   /   m a   v i l l e   /   c o n s e i l s   d e   p r o   /   m at o s   /   c l u b   /   m u s i q u e   /   j e u x   v i d é o

L’élastique ? Fantastique !

Prenez une bonne impulsion depuis la tour de macao pour fendre l’air en cinq secondes, ­Certainement les plus longues de votre vie. AJ Hackett

voyages, page 86

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Action !

voyages

BLOCNOTES Ce qu’il faut faire à Macao

vroum Ne ratez pas le GP de F3, une bataille fantastique à ­travers les rues de la cité chinoise. Les meilleurs sont ­venus : Michael Schumacher y a même gagné. macau.grandprix. gov.mo

M acao  avez-vous le courage de vous jeter de 233 mètres de haut, accroché à un bout d’élastique  ? La plateforme qui vous le permettra, positionnée au sommet de la Tour Macao dans la ville chinoise du même nom, est communément appelée bungee. Depuis son ouverture, en 2006, nombreux sont ceux qui ont fendu l’air de la ville, à 200 km/h pendant les cinq secondes de chute. Henrique ­Ferreira, un des managers de la tour, a sauté 17 fois mais est encore considéré comme un simple débutant par quelques membres du personnel de la Tour, certains affichant 900 sauts au compteur… Même après tant de sauts, le trac ­persiste. « Que ce soit votre dixième ou millième saut , votre cœur battra toujours à tout rompre lorsque vous vous approcherez de l’extrémité de la plateforme », confie Ferreira. ­Miguel Soares, un ingénieur en électricité de 29 ans originaire du Portugal, a mis trois ans pour trouver le courage de sauter. « Sitôt inscrit, j’ai perdu le sommeil. À chaque fois que je ­montais sur la ­plateforme, j’étais terrifié. J’ai fini par Les prix débutent surmonter ma peur. À la fin du compte aux alentours de à ­rebours, j’ai sauté. La première 360 $ (260 €). ­seconde, c’est l’horreur. Après, j’avais ­Réservez au moins deux mois à l’avance. la sensation de voler. Et je ne pensais ajhackett.com/macau qu’à une chose : ­recommencer ! » 86

PANORAMA Empruntez le téléphérique qui grimpe jusqu’à Guia Hill, la vue y est superbe. Puis à vélo, parcourez « le chemin aux 33 virages ». en.macautourism. gov.mo

conseil gardez la tête haute « Il vaut mieux de ne pas regarder en bas, dit ­Miguel Soares. Vraiment. 233 mètres, c’est juste un chiffre. Mais ça prend une tout autre réalité quand, pendant le saut, les voitures ont la taille d’objets microscopiques. Ça fusille le mental. »

Ne ratez pas le spectacle.

« Faites l’effort de garder les yeux ouverts, recommande

­Henrique ­Ferreira. Comme je paniquais, je n’avais pas ­ouvert les yeux lors de mon premier saut, jusqu’à ce que je rebondisse. Résultat, j’ai raté une vue ­incroyable. »

jeu Survivre à un saut à l’élastique peut vous donner la sensation d’avoir de la chance. Profitez-en et visitez l’un des casinos de ­Macao, comme le Wynn Macau. wynnmacau.com

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AJ Hackett, macau.grandprix.gov.mo, shutterstock(2)

Tombé du ciel

Rassurezvous, l’espérance de vie à Macao est de 84 ans et demi. La plus élevée au monde.


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ma ville

N 4 5 t h S t

1

Seattle  L’Américain Jamal Crawford confie que son talent de basketteur doit beaucoup à la météo capricieuse de sa ville natale. Celle qui a vu naître le grunge.

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Élu meilleur 6e homme de la saison pour la seconde fois de sa carrière, Jamal Crawford joue pour les Clippers de Los Angeles. Mais il se languit de sa ville natale, sur la côte ouest. « Seattle est la plus belle ville du monde, si différente du reste du pays, assure l’arrière de 34 ans. C’est là-bas que vivent les gens les plus cool des États-Unis. » Depuis la disparition de la franchise des Supersonics en 2008, transférée à Oklahoma City, la ville émeraude, véritable pépinière à champions, n’héberge pourtant plus d’équipe NBA. « Ici, il pleut tellement qu’on passe son temps à l’intérieur. J’ai grandi dans une salle de basket. Ça a directement eu une influence sur mon jeu et sur qui je suis devenu. » nba.com/clippers

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lake Washington

Pluie de dribbles

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A u r o r a Av e N

Jamal Crawford vient de boucler sa 16e saison en NBA

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Getty Images, shutterstock(4)

Andy and Brian Kamenetzky

les bons plans de jamal

1 Seattle Pro-Am

Basketball Seattle Pacific University « Une flopée de joueurs a promis de venir participer à cette ligue d’été, organisée entre le 5 juillet et le 30 août. Dont Rajon Rondo, Gerald Wallace et Paul George. »

2 Key Arena

305 Harrison St. « Cette salle omnisport et de concerts est top, d’abord parce qu’elle est belle. Il peut y faire si noir que toute l’attention se porte sur la scène. J’y ai notamment vu Sade et Kendrick Lamar. »

musique Ils font vibrer Seattle

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3 Pike’s Place Market

4 Dick’s Drive-In

5 Seward Park

86 Pike St. « Mon grand-père a habité dans le coin. Quand je vois une photo de l’endroit, je peux voir l’appartement où il vivait. N’oubliez pas de visiter l’étal de poissons, absolument unique en son genre. »

115 Broadway E « C’est un must. Le rappeur Mackelmore a tourné une vidéo en partant du bas de Broadway pour finir au sommet de ce drive-in. Les milk-shakes y sont si bons que même Bill Gates vient ici. »

« Ce quartier au sud de la ville est situé sur le lac Washington. Installez-vous au bord de l’eau et laissez votre regard se perdre du lac jusqu’au mont Rainier, à 90 km de là. »

EMP Museum

El Corazon

Seattle Center Fountain

Ce musée à l’architecture déroutante propose une expo exclusive sur Nirvana. empmuseum.org

Pearl Jam a joué son 1er gig dans ce bar, anciennement appelé « The Off Ramp ». elcorazonseattle.com

Construite en 1962, on se balade volontiers autour de cette fontaine. seattlecenter.com

5895 Lake Washington Blvd. S

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Action !

conseils de pro Un Anglais polyvalent : frappeur gaucher, Broad est un lanceur droitier très rapide.

À 28 ans, Stuart Broad est capitaine de l’équipe d’Angleterre de cricket.

Lancer parfait   c ricket  Stuart Broad dévoile ses secrets de préparation pour ­e xceller à son poste de lanceur. « Je joue au poste le plus difficile et le plus exigeant au cricket, je suis un lanceur rapide », explique Stuart Broad, en pleine préparation pour un voyage en Inde, rythmé par cinq tests et six matches en Twenty20 (variante plus rapide). « À chaque fois que je lance, mes genoux et mes chevilles supportent dix fois le poids de mon corps. Un jour de test-match, nous portons un GPS. Entre la marche, la course et le sprint, nous faisons 18 kilomètres, si bien que nos jambes sont épuisées à la fin de la journée. Le taux de blessures est élevé chez les lanceurs, car nous subissons beaucoup de fractures de stress aux pieds et au dos, où les os sont sous pression en permanence. Cela nous impose de nous préparer au mieux. Mais comme nous jouons jusqu’à 250 matches par an, il est impossible de faire une préparation trop poussée, qui ­raidirait notre corps. Il faut qu’on soit prêts à jouer. » stuart-broad.com

exemple

E s s ay e z à l a m a i s o n « La puissance du lanceur ne vient pas des épaules mais des jambes. Pour les travailler, je fais des fentes. C’est aussi très bon pour les cuisses, les fessiers et les ischio-jambiers. Et le cœur. »

1

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Tout pour la vitesse

« Avant de nous lancer les balles entre joueurs, nous les couvrons de bandes de fibres de carbone. Je peux lancer à 145 km/h, c’est plus rapide que la moyenne. À cette vitesse, la balle ­s’envole. À l’entraînement, on met une intensité plus forte qu’en match. »

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Pieds joints, un poids dans chaque main. « Raisonnablement lourds, pour travailler le cardio. »

Un pas en avant, genou plié, en gardant la cheville en ligne. Poussez le bras opposé vers le plafond.

Un angle de 90 ° avec les jambes, dans une fente. Le genou arrière ne touche pas le sol. Tendez le bras.

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Nathan Gallagher (2), schecker.de

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L’année dernière, Derek Murray et son frère Jason célébraient leur premier titre en BITD-Serie à l’occasion du Vegas to Reno, une compétition tout-terrain sur 870 km, la plus longue des États-Unis… avec un ­véhicule utilitaire développé par leurs soins. Le Can-Am Maverick Max 1000R modifié est équipé

d’un moteur bicylindre de 101 chevaux à ­refroidissement liquide – le plus puissant de ce type. « Notre quad est particulièrement fiable, explique Murray. Comparé à nos concurrents, nous avons connu peu d’incidents. Sauf erreur de pilotage, le Maverick vous emmènera toujours à bon port. » murrayracing.com

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MENUDO Cette soupe ­populaire à base de tripes ou de pieds de porc n’est pas du goût de tous. Relevée aux piments rouges et aux ­oignons, elle fait des miracles.

La Santanera

Il était un temps où sortir à Playa del ­Carmen était une chose incongrue pour les mélomanes noctambules tels que ­Alejandro Gámez. « Les clubs passaient surtout de la pop grand public, se souvient-il. Et la psy-trance dominait les soirées sur la plage. Un cauchemar. » En 2004, Gámez décide de remédier au problème, et ouvre dans cette ville du sud-est du Mexique La Santanera, un des plus beaux clubs underground du pays. Entre les deux étages et la grande terrasse sur le toit, des DJ’s renommés viennent y jouer leurs sons au milieu d’un décor surréaliste. Tout en enseignes lumineuses trash, avec une boule à facettes, un autel kitsch pour se protéger des balles du trafiquant de drogue local Jesús Malverde, des palmiers et des lustres chinés. Cet intérieur rappelle le Titty ­Twister, le bar servant de repère à des vampires dans le film Une nuit en enfer de Robert Rodriguez. Gámez : « On veut se démarquer de nos voisins de la plage. Et justement, ça plaît beaucoup ! » La Santanera Calle 12, Mza. 30 Loc. 2 Playa del Carmen, Q Roo, Mexico 77710 lasantanera.com

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La boule à facettes tourne toute la nuit jusqu’à 6 heures.

SUGGESTIONS DU patron TROIS TUYAUX D’ALeJANDRO GÁMEZ

la boisson Préférez un shot d’eaude-vie mexicaine pure aux cocktails. « Le mezcal Papadiablo est un must. À tasser juste après avec un verre de bière. » la tenue « Certains clients sont très chics. Mais ici, ça ne se voit pas. » Que faire ? Pour ­Gámez : « Soyez vousmême et vous attirerez tous les regards. » le Flirt « La question D’où viens-tu ? est, à La Santanera, la plus efficace pour engager la conversation, ajoute le boss. Notre clientèle est internationale et Playa del C ­ armen est un ­endroit cosmopolite. »

POZOLE À l’époque maya, cette potée au ­poivron, maïs, viande de porc, ­origan et radis était un plat festif. Aujourd’hui, on le sert les lendemains de soirées arrosées.

CHILAQUILES Grasses, salées et délicieuses. Servies avec du fromage, de la sauce piquante et des œufs au plat ou du poulet, ces tortillas permettent au corps de faire le plein de minéraux.

the red bulletin

Bennett Sell-Kline for TheBPMFestival.com(3), shutterstock.com

P laya Del Carmen  ce club mexicain COOL ET KITsCH rappelle le titty ­twister, ce bar routiers vu dans un film DE ROBERT RODRIGUEZ.


Action !

musique

new Toys Curtis Jackson est un dealer de drogue de 24 ans lorsqu’il échappe de peu à la mort lors d’une fusillade en pleine rue, à New York, en mai 2000. L’incident change sa vie. Sous le nom de 50 Cent, Jackson se concentre sur sa carrière dans le rap. En 2003, il enregistre avec Dr. Dre son premier album Get Rich or Die Tryin’ qui devient le 4e album hip-hop le plus vendu. L’amorce d’une carrière exceptionnelle. Depuis, 50 Cent a tourné des films, écrit des livres, créé le design de chaussures de sport et de casques. A-t-il encore du temps pour la musique ? « Bien sûr, mais Rome ne s’est pas faite en un jour », nuance-t-il, sûr de lui quant au succès de son prochain album Animal Ambition, le premier depuis cinq ans. 50 Cent se raconte ici en musique. 50cent.com

Curtis Jackson, alias 50 Cent, 39 ans, rappeur et homme ­d’affaires.

50 Cent, côté face  Playlist  Hymne pour fumeurs de stupéfiants, titres soul et grands ­c lassiques  : 50 Cent vous offre un aperçu de son univers musical.

1 Marvin Gaye

2 Rick James

3 Michael Jackson

« En 1970, la ­plupart des chansons de soul parlaient d’amour. Jusqu’à ce que Marvin Gaye rompe la tradition. Il a écrit des morceaux sur les injustices sociales, comme Inner City Blues. Ce titre est malgré tout d’une telle douceur qu’on pourrait la chanter sous la douche. Gaye ne prêche pas la bonne parole, il observe. C’est pourquoi je le vénère. »

« Le meilleur hymne des ­fumeurs par le type le plus cool du monde. Rick James était le père de tous les mauvais gars, malgré ses collants et sa frange rasta. Peu de temps avant sa mort, dans un sketch génial avec l’acteur Dave Chappelle, il parlait de ses excès de rock-star égocentrique. À voir impérativement sur YouTube ! »

« L’album Thriller a fait de lui le héros de ma jeunesse. Pour moi, c’est cette chanson sortie en 1992 qui est la meilleure. Notamment à cause du clip vidéo, un voyage de neuf minutes dans l’Égypte ancienne. Inégalé jusqu’à aujourd’hui. Le seul artiste qui pourrait suivre ses traces, c’est Justin Bieber. Je le pense sérieusement ! »

4 Curtis Mayfield

5 Prince

« La meilleure bande-son de tous les temps. Quand tu écoutes Pusherman, tu ressens l’atmosphère du film Super Fly, tu imagines tous ces gangsters cools des seventies. La musique de Mayfield est presque le principal héros du film. C’est un album-concept dense et cohérent. C’est ce à quoi je voulais parvenir avec mon dernier album Animal Ambition. »

« Avec ce disque, Prince s’est surpassé. Ce titre est intemporel, c’est pour moi le meilleur compliment pour une chanson. Comment est-ce qu’on écrit une chanson hors du temps ? Je ne sais pas. Un artiste essaie de faire de chaque titre qu’il écrit un classique. Il n’y a pas de recette pour ça. Ou si c’est le cas, Purple Rain en est un exemple. »

Inner City Blues

KATHERINE HAWTHORNE

Pusherman

the red bulletin

Mary Jane

Purple Rain

Trois applis pour tous les amoureux de musique

Beatguide Elle donne des infos sur les fêtes et événements de quinze villes dans le monde, et permet aussi d’écouter une programmation DJ et de choisir où sortir.

Remember The Time

WhoSampled L’application a­ nalyse votre ­bibliothèque ­musicale et met en évidence les chansons qui ont été pompées par les stars.

Au d i o Acti f Le gadGet du mois

Grace Digital Eco Extreme

D’une autonomie de batterie de 30 h, le Digital Eco Extreme est un hautparleur portable pour iPhone. Il est en même temps une protection car ce gadget est hermétique à la poussière, ­résistant à l’eau et survit à une chute de 10 m de haut. Un must pour les aventuriers amateurs de musique.

PhonoPaper Elle permet de voir et d’imprimer la représentation graphique d’un son. Et de retranscrire n’importe quel son ­visuellement.

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Action !

jeux vidéo

500 millions de dollars servent le marketing autour de Destiny. La raison du succès ?

Petits plaisirs Bientôt sur ­ ablettes et t smartphones

Darklings

La 2de version de ce jeu d’aventure en noir et blanc. Son élégant mécanisme vous invite à tirer les symboles sur l’écran pour sauver les étoiles. Sur iOS. mildmania.com

Face à sa destinée

bie ntôt

En vert et contre tous

Destiny  Les développeurs de Halo vont-ils trouver le succès une fois de plus avec leur tout dernier jeu  ? En 2001, la révolution Halo faisait franchir d’un seul coup deux générations à l’univers du gaming. Cette série de jeux de tir futuriste servait de prétexte à l’achat de votre première Xbox. Depuis, la Xbox 360 a été surpassée en performances par la Xbox One. Halo existe toujours, mais le développeur qui l’a conçu, Bungie, n’en est plus en charge. Après Halo: Reach, le dernier opus sorti en 2010, Bungie s’est mis à travailler sur Destiny, qui entre ce mois-ci dans sa phase beta, afin que les fans puissent participer à la détection et à la correction des bugs, avant la livraison d’une version définitive en septembre. C’est un jeu de shoot’ em up surprenant et hyper excitant dans un univers de science-fiction, dans la veine de Halo, mais magnifié par des graphismes incroyables. Bungie innove en faisant évoluer le jeu vers une formule baptisée « shooter en monde partagé », totalement nouvelle. L’apport massif d’éléments des modes multi-joueurs, comme ceux de World of Warcraft, nuira-t-il aux jeux de tir subjectif ? Les questionnements des fans sont partagés par ceux du marché : 500 millions de dollars, c’est le budget dédié aux stratégies marketing de Destiny. Une poignée de dollars de plus que pour le 7e épisode de Star Wars réalisé par J.J. Abrams. destinythegame.com

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le combat

Plants vs Zombies avait montré son efficacité sur smartphones. Ce jeu d’aventure et de stratégie vient de sortir sur console. Ce mois-ci, la dernière version, déjà disponible sur Windows et les deux Xbox, fait ses premiers pas sur PS3 et PS4. Boosté pour la Playstation, le combat entre une armée de plantes puissantes et une horde de zombies se joue à coups de haricots et de petites provocations. popcap.com

Au-delà du réel

Madden NFL fête ses 15 ans

Il est quasi impossible de trouver un jeu de sport aussi parfait. Madden approche au mieux l’action 3D de la vraie compétition. Lorsque vous jouez, c’est comme si vous étiez immergé dans un match de NFL. Dans cette 15e et dernière édition, on y voit même reproduit à l’identique les tatouages des joueurs. Du jamais vu. Cette nouvelle version, disponible ce mois-ci, promet d’être la plus aboutie de toutes.

OC:TANE Un soupçon de W ­ ipeout pour la course futuriste, une bonne lampée de Tron, et jusqu’à huit adversaires en mode multijoueurs. Sur ­Android et iOS. syncinteractive.co.uk

80 Days Comme dans Le tour du monde en 80 jours, ce défi rétro-futuriste narre une folle aventure qui se décline en centaines de routes et de villes, et mille intrigues et dangers. Sur iOS. inklestudios.com

easports.com/madden-nfl

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E In L A n E rÉ InE d LIn A AL nA É r d A n É rPHOTOS À Ad SÀ ES

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Red Bull Records artist Blitz Kids I Credit: James Embrey Hall

pro ch a in n u m éro ec le 13 AOÛT av al rn u jo e votr

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mun Hors du com n u m m n om un c m u m d o s c r u u o m d H s r o o c H u d Hor s

Magazine gratuit distribué avec le quotidien chaque ­deuxième mercredi du mois. Dans la limite des stocks disponibles.


Action !

événements Les Bleus, ­champions­ ­d’Europe en 2013

30.07, Rouen

Travaux d’été Les basketteurs français jouent à Rouen, contre la Belgique. Il s’agit du premier match amical de leur préparation estivale à la Coupe du monde de basket-ball, qui se déroulera sur les parquets espagnols fin août. Champions d’Europe 2013, les Bleus devront se passer de Tony Parker, leur populaire ­meneur de jeu. Le joueur NBA des San Antonio Spurs ayant ­choisi de faire un break bien mérité après son titre de ­champion NBA. Comptons sur lui l’an prochain pour jouer la qualification aux Jeux Olympiques de Rio 2016. ffbb.com

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Jusqu’au 31.08, Arles

Objectif Bailey Essentielles, les Rencontres photographiques d’Arles ouvrent leur été avec l’exposition consacrée à l’œuvre de ­David Bailey. Le photographe anglais, âgé de 76 ans, a travaillé pour les plus grands magazines de mode des années 60. Son objectif a ainsi saisi les portraits de dizaines de musiciens, écrivains ou mannequins. rencontres-arles.com

the red bulletin


en bref

À partir du 12.07, Paris

En mode majeure Les années 50 sont décisives pour la Haute-­ couture française. Les créateurs s’appellent Dior, Cardin, Givenchy ou Balmain. Le palais Galliera, musée de la mode de Paris – qui n’ouvre ses portes qu’à l’occasion de ses expositions ­temporaires – rend hommage à cette ­décennie dorée en présentant une centaine de pièces issue de ses collections. La nostalgie n’a jamais été aussi moderne. palaisgalliera. paris.fr

La mode en noir et blanc

notre sélection, en bonne ­compagnie

20 DIMANCHE

GRIMPETTE

11-12.07, Paris

Expérience électro Deux scènes et deux jours très orientés électro, c’est la proposition de The Peacock Society Festival, installé dans le Parc floral du Bois de Vincennes. Un rendez-vous singulier, et l’un des musts à Paris cet été. Richie Hawtin, Cassius, Kerry Chandler et les nouvelles références, notamment françaises, comme Brodinski, Bambounou et French Fries, font l’affiche parmi les dizaines d’artistes annoncés. peacocksociety.tumblr.com

ville-briancon.fr

27

01-17.08, Marcoussis

DIMANCHE

Allez les Petites !

Bellenger/IS, Rencontres Arles, grégoire alexandre, Matthew J. Oliver, I.PICAREL/FFR

Briançon et le Mondial de l’escalade accueillent la Coupe du monde de la discipline, catégorie « difficile ». Avant les ­finales, dimanche, une semaine d’animations booste le 25e anniversaire de l’épreuve.

éQUILIBRISTES Les accros du trial ont leur sommet à La Mongie (Hautes-Pyrénées) sur les pentes du Pic du midi pour le Grand Prix de France. Cette Coupe du monde attire tous les virtuoses du franchissement sur un parcours de folie.

La France accueille pour la 1re fois la Coupe du monde de rugby. Ça se passe sur les terrains du Centre technique national de Marcoussis et du stade Jean-Bouin à Paris. Douze équipes sont qualifiées, dont le Kazakhstan, le Canada ou encore l’Espagne. Parmi les formations historiquement liées à l’ovalie, on suivra de près la France, vainqueur du Tournoi des Six Nations 2014. Elle rêve d’un titre que les All Blacks ont empoché en 2011.

ffmoto.org

28

ffr.fr

JEUDI

Jusqu’au 27.07, Avignon

03.08, Lorient

08-10.08, Marseille

15.08, Embrun

Moreau Rocks

Lorient monte le son

La révolution Bielsa

Si pas sérieux…

Le festival d’Avignon baisse le rideau le 27 juillet. Ce soir-là, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, le groupe les Têtes Raides, accompagné de l’actrice Jeanne Moreau, 86 ans, mettra en musique les mots de plusieurs grands poètes : Apollinaire, Artaud, Queneau ou Rimbaud. Unique. festival-avignon.com

Lorient et ses bagadoù, c’est l’image du Festival inter-­ celtique de Lorient. Ce ­dimanche, au Slipway, le Red Bull Boom Bus offre une rencontre musicale folle, mêlant la tradition des binious et bombardes du Bagad de ­Lorient à l’électro des DJ’s, Raymon Laser et Samifati. redbull.fr

Un petit mois après le Mondial, le championnat de France redémarre son feuilleton de Ligue 1 aux 38 épisodes. On connaît les stars sur le terrain. À Marseille, l’attraction sera sur le banc, avec le bouillant Marcelo Bielsa. L’entraîneur argentin de l’OM promet la révolution. lfp.fr

the red bulletin

3,8 km de natation dans le lac, 186 km de vélo à l’assaut des cols alpins et les 42,195 m d’un marathon, l’Embrunman est taillé pour les costauds. Depuis 1984, les amateurs d’Ironman, triathlon de l’extrême, connaissent le rendez-vous estival mythique dans les Hautes-Alpes. Le ­record ? 9 h 34’10’’. embrunman.com

GO WEST

50e anniversaire du jumelage Bordeaux/L.A. Le musée des BeauxArts girondin accueille fin août l’expo Road Trip: Photographs of the American West. L’Ouest mythique du XIXe au XXIe en photos. musba-bordeaux.fr

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instant magique

Les participants au tournoi de golf King of Greens sont souvent des sportifs issus d’autres disciplines. Cette année, on retrouvait à Windlesham (Angleterre) le snowboardeur écossais Ben Kilner et le skieur norvégien Per Kristian Hunder (photo), en pleine réalisation d’une ­superbe sortie de bunker capturée par ­l’excellent Lorenz Holder. www.redbull.fr

Les sorties de bunker sont faciles : il suffit de ne pas toucher la balle Un vieux conseil de golfeur lorenz holder

Pour une poignée de sable

the Red Bulletin numéro 33 paraîtra le 13 août 2014 98

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