The Red Bulletin Septembre 2017 - CHFR

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SUISSE

HORS DU COMMUN

Impossible n’est pas

IDRIS ELBA

Star de cinéma, DJ, producteur, combattant…

UNE

VIE À FOND !

HEAVY

MENTAL

Dans la tête de Djibril Cissé

IMMERSION

EN APNÉE Justine Dupont en

profondeur, pour surfer plus gros !

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MUST TECHNO DONT ABUSER

CHEZ SOI

SEPTEMBRE 2017 CHF 3,80


La dose d’adrénaline gratuite de l’année C’est bien connu, émotions fortes et action ne sont pas réservées aux routes goudronnées. Peu importe! La traction intégrale 4x4 intelligente de ŠKODA vous emmène là où votre taux d’adrénaline sera à son maximum. Et elle est gratuite si vous optez pour le break le plus vendu de Suisse avant le 30 septembre 2017. La nouvelle ŠKODA OCTAVIA: la dose d’adrénaline la plus futée de l’année. ŠKODA. Made for Switzerland. Traction intégrale 4x4 gratuite à l’achat d’une ŠKODA OCTAVIA de l’année modèle 2018. Offre valable pour les contrats de vente conclus entre le 1.6 et le 30.9.2017 pour les véhicules en stock et pour les véhicules neufs. Non cumulable avec l’action de leasing destinée aux PME.



ÉQUIPIERS

BIENVENUE

Devon O'Neil

Ce journaliste basé au Colorado a rejoint les montagnes slovènes pour y interviewer l’alpiniste et skieur de l’extrême Davo Karnicˇar, qui se préparait au plus gros challenge de sa carrière : skier le K2. « Davo fut le meilleur guide imaginable dans ces montagnes, dit O’Neil. Il en connaissait le moindre recoin. » Davo, la dernière descente ? en PAGE 52

Bastien Bonnarme

Pour documenter l’apnée de Justine Dupont dans la fosse de La Teste, Bastien a dû exceller en profondeur. « C’était mon premier shooting en bassin, et ma première plongée à 20 m en apnée, j’ai adoré!», dit le photographe d’action et de lifestyle. Un mix de « créativité, d’effort physique et de concentration mentale» parfaitement dosé par Bonnarme. Plongez en PAGE 4 4

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Il y a des types, du genre phénoménal, dont on se demande comment ils font pour gérer – et réussir – plusieurs activités en même temps ! L’Anglais Idris Elba est de ceux-là, en mode Action Man multifonction : comédien (The Wire, Prometheus, Thor, Thor Bastille Day et La Tour sombre en août, James Bond peut-être un jour), DJ, producteur (de séries, notamment), combattant (en kick-boxing), pilote (record de vitesse du Flying Mile, au Pays de Galles, au volant d’une Bentley Continental GT)... Fatigué rien qu’à la lecture de ses hobbies ? Comme lui, d’autres se démultiplient. La Française Justine Dupont, surfeuse en shortboard et longboard, mais pas que, car adepte du SUP (stand up paddle) ou de l’apnée, essentielle à sa progression en « surf de gros », et à découvrir dans ce numéro. Djibril Cissé est aussi un multifonction, mais sûr d’une chose... c’est une chose à la fois. Et pour lui, sur le gazon, un seul truc en tête : le terrain ! Définitivement pas prêt à assumer plusieurs vies ? Avec ses profils hors-normes, The Red Bulletin vous y autorise chaque mois. Par procuration. Bonne lecture ! Votre Rédaction

THE RED BULLETIN

MARCO GROB/TRUNK ARCHIVE (COVER)

Les multifonctions


Challenge the weather.

Retrouvez vos prévisions météo de haute précision, la météo de vos trajets et un radar météo en ligne et sur l’appli.

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SOMMAIRE septembre

BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

10 Face à une éducation stricte,

Ryan Reynolds s’est mis le feu

12 Malgré ses allures de boîte à

pizza, cette platine en jette

13 Un hôtel de rêve en Arctique 14 Neige fondue et chaud kayak 16 Sophie Cookson lâche prise 18 La Red Bull Music Academy

envahira Berlin en 2018

20 Une caravane passe-partout 21 Un couteau à 90 000 CHF.

Et qui coupe bien…

22 Le pit stop en F1, tout un art

GUIDE

Voir. Avoir. Faire. 84 Red Bull TV : au programme ! 88 Montres : le cousin du chan-

LA PLURIELLE

Dans son nouveau film, Noomi Rapace joue sept sœurs à la fois. Le genre d’exploits dont se régale cette adepte du kung-fu et des challenges.

90 Shopping : le top du high-tech

pour ne plus quitter son canap’

96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes You Fly : un vieux pont,

un wakeboard, le bonheur

68 PATROUILLE SUISSE

Ces pilotes sont les ambassadeurs des valeurs helvétiques : précision, discipline, fiabilité…

JIM KRANTZ, SANDRINE DULERMO ET MICHAEL LABICA, VBS

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teur de Maiden est au chrono

89 À noter sur votre agenda


30 BOURRE L’ARÈNE

Face au taureau, un mauvais mouvement peut leur coûter très cher. Du sang aux larmes, découvrez la course de recortadores.

THE RED BULLETIN

REPORTAGES

24 À fond, jusqu’à la mort

En une existence, Idris Elba aura vécu bien plus de vies que nous. Comment fait-il ?

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Du sang aux larmes

Face au taureau, un faux mouvement peut coûter très cher. Découvrez le recorte.

44 Les dimensions de Justine

Pour être au sommet de la vague, Justine Dupont prend son aise au fond de l’eau.

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La dernière descente ?

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L’allumée suédoise

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Précision de haut vol

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Rien sans mental

Dévaler le K2 à ski est l’obsession du Slovène Davo Karničar. Proche de l’exploit ?

Noomi Rapace enchaîne les rôles forts, et a su donner des coups quand il le fallait. Escapade en altitude avec l’escadron F-5E Tiger II de la Patrouille Suisse. Djibril Cissé est devenu un patron du foot en restant focus sur une chose : le jeu ! 7



BULLEVARD U N

ST Y L E

D E

V I E

H O R S

D U

C O M M U N

« JE ME SUIS REBELLÉ CONTRE TOUS LES ASPECTS DE MON ÉDUCATION. » LES FONDEMENTS DE PETER YANG/AUGUST

RYAN REYNOLDS PAGE 10

Enfant, il s’est aspergé avec de l’essence à briquet puis s’est embrasé pour tourner une vidéo amateur : Ryan Reynolds. THE RED BULLETIN

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comportait aussi un aspect positif, celui d’être le dernier d’une fratrie de quatre. Avec le temps, mes parents ont évolué et sont devenus plus permissifs avec moi, jusqu’à dire : « Laissons-le aller sur le toit et tomber si ça lui chante. » Une attitude qui a largement nour nourri mon goût du risque. Quel est l’adulte qui a eu le plus d’influence sur vous ? Mon grand-père peut-être, même si je ne l’ai jamais connu. Il est mort avant ma naissance. Mais on m’avait raconté ses hauts faits. Il est devenu SDF à 14 ans. Pour sur survivre, il squattait les trains et les wagons de marchandises et a enchaîné pendant un an les petits boulots en épargnant tout l’argent qu’il pouvait. L’année suivante, il a repris le chemin de l’école, puis retrouvé les wagons et les petits boulots à nouveau. Il a mené cette vie jusqu’à la fin de ses études pour devenir un anesthésiste reconnu. Un authentique selfmade-man. J’admire la discipline dont il a été capable. On ne peut que s’incliner devant une telle ténacité et cette quête inlassable d’une vie meilleure.

Ryan Reynolds

L’antisuperhéros de Deadpool nous parle d’irrévérence, source selon lui d’émancipation, et de son grand-père passé de SDF à médecin de renom.

« JE ME SUIS ASPERGÉ D’ESSENCE ET EMBRASÉ DÉLIBÉRÉMENT » THE RED BULLETIN

RÜDIGER STURM

he red bulletin : Dans votre dernier film, Hitman & Bodyguard, vous incarnez un garde du corps, en avez-vous un vousmême ? ryan reynolds : Non, avec mon 1,90 m j’aurais l’air ridicule avec un garde du corps à mes côtés. Ça attirerait plus l’attention qu’autre chose. En cas d’urgence, êtes-vous prêt à vous conduire en héros ? Écoutez, j’ai mis au monde nos deux filles, mon appareil reproducteur en a beaucoup souffert, d’ailleurs il m’en veut toujours. Accoucher de deux enfants est en soi déjà héroïque, non ? Néanmoins, je ne conseillerais pas de suivre mon exemple. Deadpool a révélé votre goût pour l’humour cru. D’où vous vient-il ? J’ai reçu une éducation très sévère et fait toute ma scolarité dans une école catholique. J’ai fini par me rebeller contre tous les aspects de cette éducation. Quels ont été vos actes de rébellion les plus forts ? Vous n’êtes pas pressé ? À treize ans, je me suis fait per percer l’oreille pour porter une boucle malgré les mises en garde de mes frères qui étaient sûrs que mon père allait me flinguer. J’ai tourné une vidéo dans laquelle je m’embrase avec de l’essence pour briquet. J’ai eu beaucoup de chance de m’en tirer. Ne faites pas ça chez vous. Visiblement votre père vous a épargné. Je dois mon salut à mes frères aînés qui, pour sauver ma peau, se sont tous fait percer l’oreille. J’imagine qu’avec vos enfants votre conception de l’éducation est toute autre. Oui. Les enfants ont besoin de liberté pour découvrir le monde. Je ne veux pas leur imposer mes préférences. Je les expose à différentes choses afin qu’ils puissent vivre leurs expériences. Mon éducation

PETER YANG/AUGUST

T


BULLEVARD Ryan Reynolds, 40 ans, manie l’humour cru. La faute à son édu­ cation catholique, affirme­t­il.

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BULLEVARD

Spinbox

Le tourne-disque en kit à monter soi-même en cinq étapes sera bientôt une réalité grâce à un projet Kickstarter venu de Taïwan.

UNE BO BOÎ TE À PIZZA? NON, UNE PLATINE!

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DANIEL KUDERNATSCH

Entre Lego et meuble Ikea, la Spinbox est une platine en kit (moteur, (moteur, connexions et enceintes) livrée dans un carton et à monter soi-même.

KAO CHI-SHUN

minutes, c’est le temps qu’il faut pour monter la Spinbox, une platine avec tout le nécessaire et plus encore. Outre sa capacité à lire les galettes 33 et 45 tours, elle tourne même en 78 tours. Le kit inclut aussi un amplificateur, deux enceintes intégrées et une connexion USB. Mais ce n’est pas une raison pour digitaliser tous vos vinyles, même si l’objet le permet, sinon à quoi bon toute cette peine. Pour plus de puissance, la platine peut être raccordée à votre chaîne hi-fi. L’ensemble est livré dans une boîte en carton. Difficile de faire plus simple. La campagne sur Kickstarter dure encore tout le mois d’août, après quoi la Spinbox sera disponible à la commande et à l’achat. kickstarter.spinbox.cc

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B

ørge Ousland n’est pas un hôtelier ordinaire. Avant tout explorateur polaire, il est le premier à atteindre le pôle Nord seul et sans assistance en 1994 et à réaliser il y a sept ans, un tour du pôle sans brise-glace. À présent, le Norvégien se consacre à son rêve : créer un espace pour explorer « l’harl’har monie entre l’homme et la nature » à Manshausen, une île d’à peine 22 hectares située à 100 km à l’intérieur du cercle arctique et foyer de la plus importante colonie d’aigles de mer en Europe.

« Autrefois, l’île était un impor important poste de commerce créé en 1690, elle possède une riche histoire maritime, explique Ousland, qui l’a achetée en 2010. J’ai eu le coup de foudre pour ces îles protégées, leurs plages et leurs montagnes. Ici, je peux m’adonner à mes activités favorites : kayak, plongée, escalade, randonnée, spéléo, voile ou encore la pêche. » manshausen.no/en/

Quatre cabines à ossature de mélèze et murs de verre surplombent la mer pour un spectacle fait de nature et d’aurores boréales. Aux premières loges.

Île de Manshausen

STEVE KING

JUSTIN HYNES

Quoi de mieux qu’un explorateur polaire de légende pour vous initier à la vie en Arctique, le tout dans un cadre élégant ?

CET HÔTEL AU BORD DU MONDE THE RED BULLETIN

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BULLEVARD Descendre la cascade puis virer rapidement à gauche : Evan Garcia vit pour ce genre de défis qu’il relève avec maestria.

R

20 mètres plus bas Accro aux chutes d’eau et aux rapides ? Gold Country en Californie is the place to be.

ERIC PARKER

DANIEL KUDERNATSCH

À FOND, PUIS À GAUCHE

oyal Gorge désigne une section de l’American River, l’un des plus célèbres cours d’eau de Californie. Le passage, très sauvage, serpente sur une centaine de kilomètres à travers Gold Country et comprend de nombreuses cascades périlleuses, des canyons étroits et une myriade de rapides aux chutes vertigineuses. Mais cela ne dure que le temps de la fonte des neiges au mois de juin. La rivière devient alors un paradis pour kayakistes. La cascade ici en photo, appelée Heath 1, soumet l’homme et son embarcation à rude épreuve. L’eau atteint ici une vitesse folle et débouche sur une chute de 20 m de haut. Arrivé en bas, il faut vite pagayer vers la gauche pour enchaîner sur une gorge traversée par une eau déchaînée.

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MYRO WULFF

ANDREW SWANN

Sophie a étudié l'Histoire de l'art et l'arabe, avant de tout lâcher pour se consacrer au théâtre.

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BULLEVARD

À

peine son diplôme d’art dramatique de l’Oxford School of Drama en poche, Sophie Cookson reçoit un coup de fil l’informant qu’elle fait partie du casting de Kingsman : Services secrets, blockbuster réalisé par Matthew Vaughn. Depuis, l’actrice britannique de 26 ans n’a pas chômé : elle partage l’affiche avec Naomi Watts dans la série Gypsy Gypsy, thriller psychologique diffusé sur Netflix, et a tourné dans quatre longs-métrages parmi lesquels Kingsman : Le Cercle d’or signant là un retour à la d’or, franchise qui l’a lancée dans le rôle de Roxy Roxy.

the red bulletin : Vous êtes passée sans transition de l’école à Hollywood. Qu’est-ce que cette expérience vous a appris ?

Sophie Cookson Qu'elle ait à séduire les nommés aux Oscars sur Netflix ou incarner une héroïne dans un film d’action, elle sait comment garder son destin en main : en lâchant prise.

«LE MYSTÈRE VOUS REND SÉDUISANT» THE RED BULLETIN

sophie cookson : À rester en éveil. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Si on m’avait dit que deux mois après avoir fini ma formation en théâtre, je tournerais dans une superproduction hollywoodienne, j’aurais bien rigolé. Sincèrement, il y a eu une période où tout me souriait sans le moindre effort. Mais j’ai appris depuis que tout peut basculer à chaque instant. Quoi qu’il en soit, il faut être passionné par son métier, se donner à fond et persévérer. Comment gérez-vous les auditions ? Le trac est une horreur. Le truc, c’est de se rappeler que tout est dans la tête et d’y aller déter déterminé en se disant : « Il me faut ce rôle » afin de visualiser cette possibilité. Il faut croire en soi et ne pas oublier que l’essentiel est de rester soi-même. Vous arrive-t-il encore d’avoir le trac ? Tout le monde a le trac, c’est humain. Je me souviens d’auditions où je tremblais de tout mon corps. Ça n’est pas le genre de situation qui met en valeur… (rires) Le mieux est de se servir de ses émotions. L’adrénaline peut aider à accentuer le jeu d’acteur. Lors d’une audition, il y a toujours des imprévus souvent dus à l’anxiété et ça peut avoir un effet positif. Mais le mieux c’est encore de ne pas se prendre la tête. J’ai lu que quand vous êtes stressée, vous rêvez que vous perdez une dent. C’est vrai. Ça ne m’est plus arrivé depuis longtemps mais grâce à vous je vais recommencer dès cette nuit. Merci ! (rires) Certains voient dans ce type de rêve la peur de perdre le contrôle. Avez-vous parfois le sentiment de ne pas maîtriser votre destinée ? Absolument. Mais ça concerne tout le monde. Beaucoup d’acteurs ont l’obsession de tout contrôler et pour eux, il n’y a rien de pire que ce métier où votre sort dépend d’un tas de gens. Il faut s’efforcer de bien

faire son boulot sans causer de remous. In fine, avec toutes les forces à l’œuvre dans cette industrie, difficile de contrôler quoi que ce soit. Tout est dans la prise de risque alors ? Oui, mais j’en prends moins ces temps-ci. Quel est le plus gros risque que vous ayez pris ? J’ai abandonné l’université pour prendre des cours de théâtre. J’étais tourmentée par l’idée de le regretter toute ma vie si je n’essayais pas. Pour moi, c’était un risque énorme. Vous incarnez à nouveau Roxy dans Kingsman : Le Cercle d’or. Que réservez-vous aux fans ? En gros, on va encore plus loin. C’est le premier puissance dix : un casting incroyable, plus de combats, d’explosions, tout est en mode XL, en mieux, en plus méchant avec à la baguette un Matthew Vaughn au top de sa forme ! Vous êtes très séductrice dans Gypsy. Êtes-vous à son image dans la vie ? Le mystère rend très séduisant. Mais je suis nulle dans ce domaine. Je crois que je suis du genre à la jouer cool, mais je préfère être séduite. Kingsman : Le Cercle d’or en salles le 11 octobre. Gypsy actuellement sur Netflix.

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DAN WILTON/RED BULL CONTENT POOL

FLORIAN OBKIRCHER


BULLEVARD

Du punk à la techno

La Red Bull Music Academy combine festivals, ateliers et ruche créative, un véritable paradis pour musiciens. Pour son vingtième anniversaire, l’académie revient là où tout a commencé.

BERLIN CALLING

Pendant quatre semaines, Berlin vibre au rythme des soirées et des conférences.

THE RED BULLETIN

B

jörk présente son exposition immersive et s’empare des platines lors d’un set en toute intimité, Iggy Pop donne une conférence au théâtre où il retrace sa période punk rock déjantée, Dopplereffekt, stars de la techno, transforment la piscine olympique en club avec système audio sous l’eau. Voilà ce qui arrive lorsque la Red Bull Academy investit une ville. Lors de la précédente édition à Montréal en octobre 2016, la métropole canadienne s’est muée durant quatre semaines en un festival de musique éclectique. Chaque soir un concert ou une soirée en club, des conférences ou des expos de vedettes ou d’artistes originaux. L’Academy célèbre également la génération montante en invitant dans la ville hôte de chaque édition soixante jeunes musiciens prometteurs venant de tous les horizons musicaux et de tous les pays. L’occasion pour eux de bénéficier de l’expérience de légendes, d’échanger avec leurs pairs et de profiter des sessions de studio nocturnes pour élaborer ensemble de nouveaux morceaux. Le site web de l’école de musique itinérante donne une bonne idée du quotidien de l’Academy. Les participants potentiels peuvent s’y rendre et consulter conférences, émissions radio, articles avec entre autres, des sessions en compagnie de légendes telles que Bootsy Collins et Giorgio Moroder ou des artistes de la nouvelle génération comme Will Butler, cerveau du groupe rock Arcade Fire. Après Tokyo, Melbourne, New York, Le Cap et São Paulo, la Red Bull Music Academy revient à Berlin en septembre 2018, vingt ans après sa première édition dans cette même ville. Les inscriptions sont ouvertes aux musiciens jusqu’au 4 septembre. redbullmusicacademy.com/ apply 19


Avec ses suspensions uniques, rien n’arrête le Bruder EXP-6, pas même les dunes.

La cuisine dispose d’un toit panoramique utilisable en mode intérieur ou extérieur, de deux réfrigérateurs, de la clim’, d’une TV HD et d’une douche intérieure et extérieure. Vous souhaitez changer de vie ? Alors donnez votre démission, lâchez votre habitation, investissez dans un robuste 4×4 Bruder EXP-6 à 74 000 € et partez à la découverte des plus beaux coins de la planète, seul ou en famille. La caravane tout-terrain Bruder EXP-6 compte 6 couchages. bruderx.com

PARTOUT POURRAIT DEVENIR CHEZ VOUS ULRICH CORAZZA

est le genre de caravane que vous ne risquez pas de croiser au camping des Flots Bleus. Elle ne manquerait pas de susciter envie et remous parmi les touristes hollandais, grands adeptes de la maison itinérante. Le mobile-home 4×4 Bruder EXP-6 nous vient d’Australie où il se prête parfaitement à l’outback, région éloignée de toute civilisation. Construite sur un châssis robuste, la roulotte est totalement étanche et dispose d’amortisseurs indépendants et télécommandés permettant de rehausser la structure, jusqu’à 31 cm, pour franchir les chemins escarpés, les cours d’eau et toutes autres sortes de bourbier. Et quand le prochain garage se trouve à des centaines de kilomètres, son autonomie devient une vertu. Une centrale solaire de 260 ampères avec sa batterie de stockage et un chauffage au diesel fournissent lumière et énergie à ce camping-car de luxe.

Tracter sa maison partout est désormais possible grâce au Bruder EXP-6, la caravane toutterrain la plus robuste au monde.

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C’

La caravane du baroudeur

Extérieur costaud, intérieur malin : une caravane étanche bien pensée.

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BULLEVARD

V

ous disposez de 90 000 francs, qu’en faites-vous? faites-vous Vous les placez?? Pas très attrayant avec les rendements actuels. Vous acheache tez une Porsche 718 Boxster S? S Encore faut-il qu’il fasse beau pour vraiment en profiter. Une des alternatives possibles est d’acquérir le couteau de cuisine le plus cher et le plus tranchant qui soit, le « Nesmuk JahrhundertmesJahrhundertmes ser ». Fabriqué à Solingen en Allemagne, ville célèbre pour son art de la coutellerie, cet ustensile de cuisine unique présente l’avantage de ne nécessiter aucun entretien, son affûtage et son inoxydabiinoxydabi lité (qu’assure une couche de silicium) sont garantis à vie.

Autre avantage, le couteau ignore la décote contrairement aux voitures, et vos viandes et légumes se découperont comme du beurre. Ce noble obob jet se compose d’un manche en chêne noir vieux de 5000 5 ans, d’une virole en platine sertie de 25 brillants et d’une lame damassée de 18 cm. Un bijou entièrement fait main nécessinécessi tant cinquante étapes de fabrifabri cation et quatre semaines de travail. En comparaison, un couteau japonais haut de gamme aligne 32 couches d’acier, le Nesmuk n’en compte pas moins de 640. Enfin, l’épaisseur de son tranchant est de 0,3 millième de millimilli mètre, parfait pour couper les cheveux en quatre. quatre nesmuk.de

Aiguise-moi ça !

Couteau de cuisine de tous les superlatifs, le Nesmuk Jahrhundertmesser est le plus tranchant et le plus cher au monde. Un investissement pour la vie.

NESMUK

ULRICH CORAZZA

OSERIEZ-VOUS LE MANIPULER? MANIPULER ? Le motif de la lame est obtenu après une série de dix bains dans du chlorure de fer. THE RED BULLETIN

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BULLEVARD

Arrêt au stand

En F1, il exige précision, assurance et synchronisation, au plus vite.

LES SECRETS DU PIT STOP

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2,33 sec d’arrêt

Il est loin le temps où les mécanos refaisaient le plein avec un jerricane et un entonnoir. Aujourd’hui, changer les pneus et ajuster si besoin les réglages de la monoplace est un art en soi. En 2017, les pneus plus gros et plus lourds ont rendu le pit stop un tantinet plus long que ceux de la période faste de l’écurie Red Bull et son record absolu de 1,92 sec au GP des États-Unis, exploit réédité l’an dernier par Williams en Azerbaïdjan. Avec un chrono de 2,33 sec lors de l’arrêt de Max Verstappen au GP de Russie, Red Bull Racing demeure une référence en la matière. redbullracing.com

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1 ROUE ARRIÈRE GAUCHE

Trois mécaniciens par roue : l’un enlève la roue usagée, un autre place la nouvelle et le dernier est en charge du pistolet à écrou.

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THE RED BULLETIN


4 CRIC AVANT

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Le système de pivot à débrayage rapide permet au mécano en charge d’attendre sur le côté, puis de reposer la voiture d’une simple pression de bouton et ainsi dégager la voie.

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5 AILERON AVANT, CÔTÉ DROIT

Comme pour le côté gauche : il faut ajuster si besoin l’aileron et le volet en soutien si l’aileron ou le museau doivent être changés.

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6 ROUE AVANT DROITE

GETTY IMAGES/RED BULL CONTENT POOL JUSTIN HYNES

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Trois autres mécanos. Une des clés du parfait arrêt au stand est l’écrou de roue. Les écuries travaillent avec obsession à un écrou capable d’être vissé et dévissé très vite sans endommager le filetage.

7 STABILISATEUR

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2 ROUE AVANT GAUCHE

Idem qu’à l’arrière. La technique du pit stop est très concurrentielle. Les pistolets pneumatiques sont sans cesse améliorés pour réduire le temps d’arrêt. THE RED BULLETIN

Il maintient la monoplace en équilibre sur les deux crics pendant l’intervention du staff.

3 AILERON AVANT, GAUCHE

Pendant la course, le réglage de l’aileron vise à renforcer l’adhérence. En cas de choc, l’aileron et le museau sont bien sûr remplacés.

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À FOND JUSQU’À LA

MORT TEXTE : RÜDIGER STURM  PHOTOS : MARCO GROB

MARCO GROB/TRUNK ARCHIVE

Partout où il fait irruption, Idris Elba fait mouche. Son charme et son énergie irradient les écrans et les plateaux. L’acteur-producteurmusicien-sportif exècre l’immobilisme. Et il se donne tous les moyens d’atteindre ses objectifs ambitieux.

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« J’AI UN CERVEAU QUI A SANS CESSE

BESOIN DE NOUVELLES

EXPÉRIENCES. »


Le sofa qui trône dans la suite d’hôtel ne servira à rien. Idris Elba souhaite réaliser l’interview debout. Avant de se caler avec désinvolture contre le rebord de la fenêtre. Voici un indice parmi d’autres qui prouve que l’Anglais, Action Man multifonction de 45 ans, regorge d’énergie.

T

he red bulletin : Vous cumulez les jobs : acteur, pilote de course, DJ, kickboxeur, réalisateur. Pourquoi mener cette vie où vous êtes sans cesse à la limite de vos possibilités ? idris elba : Il y a une théorie selon laquelle on ne peut pas profiter à fond de sa vie parce qu’on fatigue ou parce que chaque jour a un nombre d’heures limité. Cette mentalité ne me convient pas, elle est bornée. Je ne crois pas que les pionniers de l’humanité se soient dit : « Hmmm, si nous restons dans notre village toute notre vie, nous irons tous très bien. » Non ! Il faut oser s’aventurer, essayer des tas de choses, aller jusqu’au bout de soi-même. Mais pour vous aussi un jour n’a que 24 heures... Effectivement, il faut bien gérer son temps, organiser précisément sa journée, d’autant plus quand on multiplie les activités. C’est ainsi que j’arrive à donner des interviews pour le film La Tour sombre maintenant, alors que le tournage de mon film en tant que réalisateur débute lundi prochain. Cela dit, vous ne pouvez pas non plus vous passer de sommeil. Vous avez fait une petite sieste juste avant notre entretien... Évidemment, la majorité de la population adulte a besoin de huit à neuf heures de sommeil. Ce qui me pose un vrai problème en ce moment. Mais il est possible de programmer son corps afin de se contenter de moins, à condition que le sommeil soit de très bonne qualité. Quel est votre secret ? Avant de s’endormir, il faut se libérer l’esprit avec une méditation, afin de permettre au corps de déconnecter aussi. L’idée est de considérer le sommeil comme une méthode pour se ressourcer et faire le plein d’énergie concentrée. Votre méthode est-elle reconnue scientifiquement ? Non, mais je suis plus efficace en ayant dormi moins, mais mieux. Plus mon cerveau est stimulé, moins je me sens fatigué. En ce qui concerne la stimulation, vous êtes un expert puisque vous travaillez également en tant que DJ. Comment activez-vous les gens avec de la musique ? Un bon DJ développe des vibes en transformant les énergies. Je joue de la house et j’utilise les ondes sonores des beats pour les créer. Lorsque les gens se rendent dans les clubs, ils sont déjà prêts à se plonger dans cette atmosphère. Mais pour arriver à mettre tout le monde sur la bonne longueur d’onde, au point que tout le monde se dise « Waouh » , il faut un certain savoir-faire. Comment l’avez-vous acquis ? J’ai commencé à 14 ans. À l’époque je ne faisais de la musique que pour mes parents et je les observais : tel morceau créé telle atmosphère, tel autre quelque chose de différent. Un DJ doit intérioriser les ingrédients qui constituent un bon morceau, puis il les mixe habilement, et envoûte son public qui se dit qu’il a passé un moment de ouf qui a le goût de l’exceptionnel. On ne peut pas toujours vivre des moments dingues. Comment gérez-vous le calme ? J’ai beaucoup de mal à rester en place. Je n’ai rien de prévu pour demain par exemple. Je pourrais angoisser, mais je préfère me dire que ce serait une journée idéale pour composer un morceau. Nous pensons qu’il est mauvais de ne jamais déconnecter mentalement. Mais que dire quand, comme moi, on a des neurones qui veulent sans cesse être activés en construisant, en produisant ou 27


SES GRANDS RÔLES

« LE PREMIER ASTRONAUTE ÉTAIT UN

ENFANT » ENFANT. 28

THE RED BULLETIN

PICTUREDESK.COM, INTERTOPICS, SONY PICTURES

Pas encore

en apprenant quelque chose de nouveau ? La d’Oscar, mais il simple perspective de ne rien faire me paraît n’en est pas loin. bizarre. Même en vacances, je vais attraper mon ordinateur et me mettre à écrire. Que se passe-t-il dans votre tête quand vous battez un record de vitesse, comme en 2015, raison pour laquelle j’ai voulu trouver une au volant d’une Bentley sur une plage du solution pour solliciter tout mon corps. Et pays de Galles ? Ou bien lorsque vous gagnez lorsque je m’y suis mis, c’était terriblement un match de kick-boxing ? difficile. J’avais fait du kick-boxing étant jeune, THE WIRE 2002-2004 C’est comme télécharger la mise à jour d’un et ça ne me faisait pas peur. Parfois, je me dis Trois saisons dans le rôle logiciel sur son portable. On se rend compte que j’aurais pu devenir un champion si j’avais du baron de la drogue que c’est possible alors qu’avant, on n’avait continué l’entraînement à l’époque... car je Russell « Stringer » Bell peur de ne pas en être capable. L’enveloppe prenais vraiment beaucoup de plaisir dans ce dans la série lui ont valu sa et le téléphone sont les mêmes ; les capacités, sport, rien ni personne n’aurait pu m’arrêter, percée aux États-Unis. elles, sont nouvelles. J’adore cette sensation. si j’avais choisi de ne faire que cela. L’année dernière, vous avez assommé votre Avez-vous l’intention de vous remettre au adversaire, plus jeune et plus expérimenté combat maintenant ? que vous, lors d’un match pro de kickJe continue l’entraînement. Mais je ne peux pas boxing. me permettre de faire des combats professionnels. C’est trop dangereux. J’ai 45 ans. À cet Je me suis entraîné pendant un an et j’ai appris âge-là, le corps est autrement affecté par les à gérer mentalement de nombreux problèmes, BEASTS OF NO NATION blessures et met plus de temps à se régénérer. les blessures par exemple. Mon adversaire ne 2015 Craignez-vous vos adversaires en dehors s’était peut-être pas entraîné aussi durement, Sa prestation en commandu ring ? Dans l’adaptation cinématogracar il avait de bonnes chances depuis le début. dant rebelle africain lui phique du roman de Stephen King La Tour Peut-être qu’il pensait ne pas avoir de difficulvaut le Screen Actors Guild tés contre moi. Moi en revanche je savais : voilà sombre par Nikolaj Arcel, le héros que Award et un Golden Globe. un combat où je pourrais être blessé, et j’étais vous incarnez est poursuivi par le mystérieux Homme en noir (joué par Matthew fermement décidé à tout faire pour que cela McConaughey)... n’arrive pas. Il existe un adversaire redoutable, qui finit La victoire et la défaite sont-elles donc toujours par nous avoir, tôt ou tard : la mort. toujours une question de détermination ? Mon père est décédé il y a trois, quatre ans, Si tu veux venir à bout d’un défi, il faut savoir et je me souviens l’avoir observé pendant son exactement quel but tu veux atteindre. Si tu LA TOUR SOMBRE 2017 enterrement. J’étais complètement déboussolé : vois ton but et les obstacles sur ton chemin, Malgré l’intercession de voilà, et c’est tout ? La personne qui a influencela ne suffit pas. Il faut les visualiser dans les Daniel Craig, nous n’avons cé ma vie comme personne finit dans cette moindres détails. pas encore le plaisir de voir boîte ? Pas de générique, pas de musique, pas Quelles sont les qualités requises pour cela ? Elba en 007. Mais il joue du gun dans ce film costaud. de fanfare. Sa vie s’est subitement terminée. Pas la peine d’être un superhéros. Je peux Pourtant, il n’avait que 72 ans et avait encore chanter, si je veux, et lorsque j’essaye de chanter une note, je l’imagine, et ainsi j’y arrive. Il y a une part de tant de projets. C’est là que je me suis dit que lorsque c’est fini, notre cerveau qui rend concret ce qu’elle voit. Le premier astroc’est fini. Il n’y a pas de deuxième chance. Lorsque le bon Dieu naute était un enfant qui s’est dit qu’un jour il marcherait sur la te dit qu’il est l’heure de partir, tu t’en vas. Mais jusqu’à ce que ce lune. Et il y est parvenu. Cet enfant a trouvé comment se faire moment-là arrive, je fais tout ce que je veux. Tant que je serai sur former par la NASA et de cette manière il a atteint la lune. Voici Terre, j’en profiterai un maximum. tout le processus. Est-ce qu’une vie éternelle vous tenterait ? Vous pourriez donc aussi aller vous balader sur la lune ? On vit éternellement lorsqu’on sème suffisamment de graines. Non. Vous non plus d’ailleurs. Parce que nous ne nous le sommes Dans la nature, ce sont les arbres qui produisent le plus de jamais imaginé avec autant de précision et de conviction que le semences qui sont les plus répandus. petit futur astronaute. Quelles sont vos graines ? Y a-t-il des défis qui vous intimident ? Mon art, mes films, ma musique, ma littérature : tout cela constitue mon âme. Lorsque tu regardes un film avec un acteur qui Bien sûr. Par exemple la boxe thaï. On me demande souvent si n’est plus en vie, tu vois son âme. Il renaît. Et c’est la raison pour c’est une lubie liée à une crise du milieu de vie. Probablement, laquelle il est présent à ton esprit pour toujours. D’une certaine jusqu’à un certain point. L’âge, ce n’est qu’un chiffre. Mon corps manière, c’est aussi ce que l’on vit avec ses enfants. J’adore obet mon esprit se croient plus jeunes qu’ils ne le sont. C’est la server mon fils de trois ans. J’arrive déjà à percevoir ce que j’ai semé en lui. Il foisonne d’idées. Et peut-être qu’un jour il lira mes interviews et se dira : « Ah, voilà pourquoi mon père travaillait tout le temps. Je vais faire pareil. Parce que moi aussi je sais faire ça. Mais je serai encore plus malin que lui. » Comment aimeriez-vous qu’on vous garde en mémoire ? J’aimerais qu’on dise de moi : « Lorsque je pense à ce type, je sais tout ce que j’aimerais encore faire dans ma vie car lui non plus ne tenait pas en place. » La Tour sombre, le 9 août au cinéma.


« IL FAUT OSER S’AVENTURER,

ALLER JUSQU’AU BOUT DE SOI-MÊME. »


À CINQ MILLIMÈTRES DE LA MORT TEXTE : ANDREAS ROTTENSCHLAGER PHOTOS : JIM KRANTZ

En Espagne, la course de recortadores est considérée comme la reine des disciplines de la tauromachie sans mise à mort. Trois conditions pour pratiquer ce sport, vieux de 4 000 ans : être courageux, très sportif et... un peu fou.

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Pour les recortadores espagnols, un dixième de seconde peut tout faire basculer. Ici, «Pakito» Murillo dans les arènes de Las Ventas, à Madrid.


L’art de l’esquive. Cette figure, qui consiste à se cambrer pour éviter de justesse la charge du taureau, a donné son nom à la course : le recorte.


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LE HÉROS Eusebio Sacristán, Castillan de 27 ans, meilleur recortador du pays. Spécialité ? Le saut périlleux au-dessus du taureau.

Lorsqu’il part pour une course et quitte le domicile parental, Eusebio « Use » Sacristán adresse à sa mère cette phrase qu’elle préfèrerait ne jamais entendre :

« Maman, tu sais, il se peut que je ne revienne pas ce soir. »

Puis, son sac de sport sur le dos, il se met en route pour le prochain combat. Propre, rasé de près, il a pris soin de ne rien avaler durant les 12 dernières heures. Pour une raison pratique : en cas d’accident, il devra sans doute être opéré. D’où la nécessité d’avoir le ventre vide.

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THE RED BULLETIN


LA BÊTE Un toro bravo de l’élevage Toropasión : ces taureaux de combat sont originaires d’Espagne et peuvent peser jusqu’à 600 kilos.

V

oici l’histoire des recortadores, que l’on entend essentiellement dans les provinces espagnoles du pays Basque, de Navarre, de Catalogne, d’Aragon, et de Castilleet-Léon. Voici l'histoire des prouesses humaines en termes de courage et de passion, où la vie ne tient parfois qu’à un écart microscopique de quelques millimètres. Voici une histoire plus ancienne encore que celle des traditions liées à la tauromachie issues du XVIIIe siècle : il y a 4 000 ans de cela, des fresques murales représentaient déjà des hommes sautant par dessus des taureaux lancés contre THE RED BULLETIN

eux. Voici l'histoire actuelle de ces hommes, jeunes et athlétiques, qui s’élancent, bras déployés, au-dessus des bêtes, les toros bravos, ou qui se cambrent à l’extrême pour éviter, de justesse, les longues cornes pointues de ces imposants ruminants. Voici l'histoire de blessures, trop fréquentes, et de larmes de joie ver versées à la fin d’un combat duquel tous les protagonistes ressortent saufs. Notre histoire commence par une rencontre avec deux recortadores, un samedi du mois de juin, dans la propriété d’un éleveur de taureaux de la province de la Rioja, à 200 kilomètres de la capitale espagnole. Eusebio Sacristán, 27 ans, est le champion national de recorte 2016 : vif et alerte, le jeune homme affiche une stature de gymnaste olympique et un regard

franc que viennent souligner deux épais sourcils soigneusement épilés. Son ami Saúl Rivera, du même âge mais d’apparence plus posée, fait lui aussi partie des meilleurs pratiquants du pays. Dans 24 heures, Eusebio et Saúl se retrouveront dans les arènes de Las Ventas à Madrid pour affronter, en demifinale du championnat Recortadores de élite, un adversaire redoutable : robe noire de jais, poids frisant la demi-tonne, et trônant au sommet du crâne : deux masses pointues et cornues prêtes à embrocher les audacieux (et les malheureux imprudents) qui auraient la témérité de se planter dans leur trajectoire. Il s’agira alors de faire preuve d'agilité pour les éviter, ces cornes, mais en s'appliquant à respecter le code : c’est tout l’art du recorte. Esquiver la bête, savoir s’en écarter gracieusement, de la façon 35


DANS L’ARÈNE Les arènes de Las Ventas, inaugurées en 1931 et ­situées dans le quartier madrilène de ­Salamanca, sont le haut-lieu de la culture taurine en Espagne. Elles peuvent accueillir près de 24 000 spectateurs.


la plus pure, la plus esthétique, et la plus « in extremis » possible. Une chorégraphie de l’évitement en somme. Pour cela, il existe trois grandes techniques : l’écart ; le recorte proprement dit, une figure amenant le pratiquant à se cambrer le plus possible pour créer un axe de passage au taureau en lui tournant le dos ; et le saut, figure spectaculaire qui consiste à exécuter un saut périlleux ou un saut de l’ange, dans la trajectoire de charge de la bête. Compte tenu des risques encourus, les primes allouées dans ce sport traditionnel paraissent bien maigres. « J’exerce le recorte parce que j’aime et je respecte les taureaux », nous explique Eusebio. Saúl d'ajouter : « On fait ça pour se mesurer à la mort. » Approbation de son ami : « La question n’est pas de savoir si tu vas te blesser, mais plutôt combien de fois. » Huit fois, c’est le bilan de l’année dernière pour notre champion espagnol. La pire attaque s’est produite le 16 septembre 2016, à Logroño (Rioja). La vidéo de l’accident qui circule sur YouTube n’est pas à recommander aux âmes sensibles : on y voit Eusebio piétiné par un taureau, s’effondrant sur la piste en perdant connaissance. Des collègues accourent alors pour le traîner en toute hâte hors des pattes du bovin. Eusebio nous montre la vidéo et d’autres clichés sur lesquels il apparaît en sang, après les combats. Il ne cherche pas à dissimuler sa fierté : « On mesure un recortador à sa capacité à encaisser les coups et à s’accrocher. » Comment se forge-t-on un tel mental d’acier ? « Il faut avoir une confiance absolue en soi-même. Je rentre sur la piste avec la certitude que je suis capable d’ affronter n’importe quel taureau. » En bon recortador, il ne boit pas d’alcool, connaît son poids au décigramme près et s’astreint à un entraînement de gymnaste pour perfectionner sa technique de saut. Autre point essentiel que doit connaître toute personne confrontée à des animaux potentiellement dangereux : savoir quoi faire en cas d’attaque. Saúl nous explique : il faut se recroqueviller sur le sol et mettre la tête dans ses bras en attendant les secours. Eusebio objecte : tout ça, c’est de la théorie. Lui essaie en général de se relever et de courir le plus vite possible pour semer la bête. THE RED BULLETIN

« La question n’est pas de savoir si tu vas te blesser, mais plutôt combien de fois. »

LES RITUELS Avant la demifinale, les recortadores sortent leurs talismans et leurs gris-gris ; nombre d’eux sont catholiques. En bas : un toro bravo dans les galeries souterraines des arènes.

Les deux hommes sont nerveux. « Tu penses au taureau ? », demande Eusebio. « Oui. » Puis nos compères sautent dans l a voiture et repartent vers Madrid. Jour J-1 : préparation mentale intensive. Comme toutes les nuits précédant une grande compétition, Saúl et Eusebio dor dormiront ce soir auprès de leurs familles. Dimanche matin, dans le quartier de Salamanca. Les arènes de Las Ventas se dressent fièrement sur la place, telle une citadelle de briques rouges dans la

lumière déjà chaude de la matinée. Inaugurées en 1931, et parmi les plus grandes au monde, elle peuventt accueillir près de 24 000 spectateurs et sont un passage obligé pour tous les aficionados de tauromachie. C’est ici notamment que se déroule la plus prestigieuse fête taurine du pays, la Feria de San Isidro, chaque année aux mois de mai et juin. Eusebio arrive en voiture. Il a mal dormi et il a faim. Saúl se pointe derrière lui, bref salut, puis les deux disparaissent dans les galeries souterraines des arènes. 37


LA FINCA Toropasión, situé au nord de Madrid, est un collectif d’éleveurs de toros bravos. Avec un cartel de plus de 900 têtes, il est aujourd’hui le plus important pourvoyeur national.

Onze heures. Dans les vestiaires, c’est un défilé incessant de recortadores, venus des quatre coins du pays. Tous ont entre 20 et 30 ans, la coiffure impeccable et la barbe taillée au millimètre près. Accolades chaleureuses, embrassades fraternelles. Ici, point de concurrence, mais un profond sentiment d’appartenance. La superstition fait évidemment partie du tableau : Saúl sort un à un ses amulettes, chapelets et autres gris-gris pour conjurer le mauvais sort – des cadeaux de sa mère, de ses tantes et de ses sœurs – et les embrasse religieusement avant de faire le signe de croix. Eusebio a enfilé son porte-bonheur : un vieux slip acheté il y a neuf ans et maintes fois raccommodé depuis. Les hommes, sans arme ni protection corporelle, arborent la tenue traditionnelle : chaussettes en crochet, pantalon de soie, vestes finement brodées. Seule incartade à la tradition : les chaussures de sport, dont les semelles sont parfois renforcées de pointes. 38

À midi pile, les héros de la journée s’avancent sur la piste et se mettent en place pour le premier combat. Les règles sont les suivantes : un combat oppose à chaque fois trois recortadores et un taureau. Le jury note les figures qu’ils choisiront tour à tour pour esquiver les charges de l’animal. Les deux mieux notés de chaque groupe s’affronteront en finale. La seule protection dont disposent les hommes sur le terrain, c’est l’allée de contre-piste qui entoure les arènes et des panneaux de protection derrière lesquels ils peuvent se réfugier en cas de danger. Cependant, cela ne leur sera d’aucune utilité si l’animal se met à balancer des coups de corne à la sauvette. Car il reste une chose que personne dans les gradins ou sur la piste n’arrivera à prévoir aujourd’hui : c’est le comportement du taureau. Justement, le voilà qui débarque : une demi-tonne de muscles fonce droit vers les tenues soyeuses et colorées qui l’attendent de pied ferme. Vingt secondes

plus tard, c’est l’accident, le premier de la journée. Le jeune Dani Plata voulait ouvrir la danse par un quiebro – l’écart, en français, qui consiste à s’écarter d’un pas sur le côté au passage du taureau – mais à genoux, pour plus de difficulté : une manœuvre risquée, trop sans doute, car le taureau se jette sur le recortador qui, ne pouvant se relever pour l’esquiver, se retrouve soudain coincé sous les sabots de la bête, qui donne des coups de cornes vers le sol, comme pour lui faire comprendre qui est le roi de l’arène. Les camarades recortadores accourent aussitôt pour détourner l’attention du taureau et permettre à Dani de se libérer. THE RED BULLETIN


Un silence tendu : dans le corridor de Las Ventas, les recortadores attendent avant d’entrer dans l’arène.

Les hommes, sans arme ni protection, arborent la tenue traditionnelle : chaussettes en crochet, pantalon de soie et vestes brodées. Celui-ci, encore sous le choc, se traîne péniblement hors de la piste. Le combat reprend : Eusebio rentre alors en scène, les mains dans les poches, affichant une nonchalance quelque peu déroutante. Et pour cause, le recortador s’apprête à faire ce que personne n’a enTHE RED BULLETIN

core osé aujourd’hui : il s’élance le premier, à la rencontre du taureau qui court alors vers lui, puis juste avant le choc fatal, bondit au-dessus de la bête en effectuant un tirabuzón – un saut périlleux avec une demi-vrille. Réception tout en grâce, bras tendus : le tenant du titre

salue en direction des gradins, où s’agite une nuée d’éventails noirs ou colorés. C’est qu’il fait déjà plus de 30 °C à l’ombre… Le groupe de Saúl s'apprête maintenant à entrer dans l’arène. Le jeune homme a l’intention d’essayer son 39



LES SAUTS Seuls les recortadores les plus aguerris tentent de sauter par dessus le taureau. Sur la photo : Saúl Rivera dans un saut de l’ange irréprochable. 41


Applaudissements d’encouragement dans le public. Quelques instants plus tard, le jury annonce la sélection des finalistes : Eusebio fait partie des cinq concurrents à être choisis pour le combat final. À ce niveau-là de la compétition, l’arène est dominée par les vrais pros du recorte. Simón Gómez, notamment, à la posture si particulière : tête baissée, bras tendus comme un Christ, on dirait qu’il prie pendant que la demi-tonne sombre fonce inexorablement sur lui. Le public, quant à lui, en aura pour son compte d’émotions, lorsqu’Eusebio le sauteur se fera encorner par el toro en plein vol plané. Le champion devra aller se réfugier dans la contre-piste pour récupérer.

LES ATTAQUES En haut : Dani Plata se retrouve pris au piège dès le début du combat. En bas : en coulisses, un recortador blessé.

impressionnant salto del ángel. Il attend que le taureau charge vers lui, et bondit par dessus ses cornes. Trop tôt. Une petite erreur de quelques dixièmes de seconde, qui va le faire atterrir non pas derrière le taureau comme il l’avait prévu, mais juste à côté de lui, un emplacement très dangereux puisque le taureau l’a vu et se met à le poursuivre. Saúl s’échappe de justesse et court se réfugier dans la contre-piste. Il doit patienter jusqu'à ce qu'une nouvelle occasion se présente : pendant ce temps-là, ses collègues enchaînent les

recorte. Le public madrilène, particulièrement friand de ces figures, applaudit, ravi. Puis vient un nouveau face-à-face entre Saúl et le taureau : nouvelle charge, nouvel élan, cette fois-ci pris au bon moment, les bras se tendent, la figure et la réception sont parfaites. Saúl jubile, le poing dressé. Pendant la pause, les hauts-parleurs donnent des nouvelles du camarade blessé. Il est à l’hôpital : un menton balafré, une déchirure de 20 centimètres de long sur les fessiers, mais Dani Plata est hors de danger, tout va bien.

Saúl bondit sur le taureau. Et commet une erreur irréparable… 42

Fin de combat. Les concurrents attendent anxieusement l’ultime classement du jury : le vainqueur de la journée sera finalement Jonathan Estébanez, petit homme souple et agile au brushing impeccable, et maître incontesté du recorte. Eusebio termine troisième, parvenant ainsi à se qualifier pour la finale. Il est heureux, nous dit-il, alors qu’il se repose sur le canapé des vestiaires, uniquement vêtu de son antique slip porte-bonheur. Lundi, il retrouvera son quotidien : sa copine, son boulot à l’usine d’embouteillage. Saúl, lui, retournera à l’usine Renault, où il travaille comme ouvrier. Ce qu’ils recherchent, nous explique Eusebio, « c’est la montée d’adrénaline que tu ressens lorsque le taureau passe près de toi et que tu rends compte qu’il n’aura suffit que de cinq millimètres pour éviter la mort ». Nous quittons Eusebio et Las Ventas pour le retrouver, deux semaines plus tard, au même endroit, pour la grande finale du championnat de Recortadores de élite. Elle réunit les vainqueurs de toutes les compétitions de recorte du pays. Pour remporter l’épreuve, Eusebio devra user de sa botte secrète : un salto mortal invertido sans grand élan, effectué en arrière et les deux mains dans les poches dans la phase d’impulsion, de vol et de réception. Ovation du public. Le jury est conquis : pour la deuxième fois, Eusebio Sacristán est couronné champion de recorte. Lorsqu’il gravit les marches qui le séparent de son trophée, ses collègues s’écartent solennellement en une haie d’honneur. Alors notre héros, submergé par l’émotion, lève un regard vers le ciel avant de fondre en larmes. toropasion.net THE RED BULLETIN


Les recortadores s’agenouillent devant leurs taureaux en signe de respect. Dans le recorte, les bêtes ne souffrent pas.

La pression tombe et on respire à nouveau normalement après l’épreuve : les recortadores sont des amateurs. Le lundi, ils retrouvent leur job.


Texte : Patricia Oudit Photos : Bastien Bonnarme

JUSTINE EN EAUX LIBRES


À 25 ans, Justine Dupont est une waterwoman accomplie. Suivons-la lors d’un training d’apnée, discipline qui l’aide à défier les vagues géantes.

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« À 20 MÈTRES, C’EST COMME UN ARRÊT SUR IMAGE, UNE PAUSE. »

UN CALME ABSOLU

La décontraction et le lâcher-prise sont les bases d’une discipline proche du yoga.

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20 MÈTRES PLUS BAS

Départ pour un voyage subaquatique. Le combat contre la grosse vague se gagne aussi sous l’eau.



D

ans la fosse de la Teste-de-Buch en Gironde, Justine s’est trouvé un nouveau monde, un autre monde. Celui du dessous, quand elle, la surfeuse française glisse tout là-haut, très au-dessus du lot, perchée à parfois trente mètres de haut. Comme l’hiver dernier à Nazaré (Portugal), spot sacré du surf de gros. Là, cette fois, c’est à 20 mètres de fond qu’elle éprouve des sensations inédites, apaisantes, loin du fracas souvent assourdissant du lineup. Il y a le silence d’abord, qui la berce, l’enveloppe. « En bas, il n’y a plus aucun bruit. C’est comme un arrêt sur image, une pause. Puis il y a cette liberté incroyable en trois dimensions, cette légèreté, cette concentration à vivre le moment présent. C’est magique. » Depuis deux ans, Justine s’entraîne en apnée en piscine deux fois par semaine et se rend, dès qu’elle le peut, en fosse, coachée par le grand expert de l’apnée et de la chasse sous-marine, Laurent Gamundi qui, avec son club Biarritz Chasse Océan, propose un programme spécifique d’apnée pour surfeurs. « Aujourd’hui, je me sens très à l’aise. Au début, j’avais du mal à lâcher prise, je pensais trop à la finalité, au temps passé sous l’eau qui ne serait pas suffisant si me retrouvais sous Belharra (Pays basque) ou Nazaré (Portugal). » Puis au fil des sessions, la notion de performance a cédé la place au relâchement, celui qu’il faudra quérir au plus profond de soi lorsque la correction,

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En mode debrief avec son coach d’apnée, Laurent Gamundi, du club Biarritz Chasse Océan.

forcément, viendra. La jeune femme a bien sûr déjà connu ça. Correction, rouste, wipe-out, raclée : peu importe le nom qu’on lui donne, le résultat est le même, des tonnes d’eau qui vous happent, vous essorent avant de vous rejeter comme un chiffon. « Les spasmes, les secousses, le diaphragme qui tape, les muscles engorgés qui brûlent et ne répondent plus, oui, ça peut faire très mal… » confirme Justine qui n’a jamais connu la syncope et son traumatisme. Au contraire, elle dit avoir vécu ces moments sous l’eau avec un certain plaisir. « C’est curieux à entendre mais j’ai souvent aimé le temps que j’ai dû passer sous l’eau. Je suis alors face à l’océan, seule. Il me rappelle que c’est lui qui décide. Tout ce que je peux faire, c’est me préparer le plus minutieusement possible à l’affronter de la meilleure façon. Savoir que quand le ventre et le cœur se serrent, j’ai le temps pour résister. Dans ce genre de vagues, le risque numéro un, c’est évidemment la noyade. Et je surferai toujours mieux, plus détendue, en acquérant la certitude qu’en tombant, j’ai de plus en plus de

marge de sécurité. » Dans Jours barbares (prix Pulitzer de la biographie), l’écrivain journaliste surfeur William Finnegan décrit parfaitement les raisons et les conséquences de ce machiavélique engloutissement. « Quand quelqu’un se noie dans une grosse vague, il est rarement possible d’en déterminer la raison exacte, mais il me semblait qu’une apnée sur deux vagues d’affilée devait en être à l’origine. […] La plupart des surfeurs peuvent retenir leur souffle plusieurs minutes ; mais sur la terre ferme ou dans une piscine. Quand on est ballottés par une grosse vague, dix secondes vous font l’effet d’une éternité. Au bout de trente, tout le monde ou presque frise l’évanouissement. […] Réprimer ce réflexe qui vous incitait à aspirer de l’eau dans vos poumons était effroyable, frénétique. » Sanglot, spasme, cri étouffé. Le souffle qui vient à manquer peut virer au cauchemar, réveillant peurs irrationnelles, démons enfantins. Ancien bodyboardeur, Laurent Gamundi, apnéiste et chasseur sous-marin aide donc les big wave surfeurs en quête de sérénité subaquatique, à les THE RED BULLETIN


DU FOND VERS LES SOMMETS

Fin de remontée après une descente de 20 m et une apnée de près d’1 min 30 s.


JUSTINE ET SA QUÊTE DU « GROS »

En quatre années, la waterwoman est montée en puissance.

2013

Justine est la première sursur feuse à défier Belharra à 15 m. Ce run de 30 sese condes changera sa vie.

2014 2016

Devient chamcham pionne d’Europe de longboard. Décroche le titre de vice-championne du monde de surf de grosses vagues à Hawaii derrière la locale Paige Alms, dans des vagues de 8 m.

2017

Elle surfe le monstre de Nazaré (Portugal), à près de 30 m. Là aussi, exploit inédit chez les femmes.

SON MOMENT

Sereine, la surfeuse contemple la surface, comme si le temps s’était arrêté...

déceler puis à les faire disparaître, peu à peu. Pour certains d’entre eux, il faut par parfois des mois. Justine, elle n’en a pas for forcément besoin, la peur des grosses vagues remontant à son enfance s’est envolée depuis longtemps. Mais on peut toujours faire reculer les limites. « C’est tout le propos du travail de mentalisation qui compte pour 60 à 70 % des performances en apnée, sachant que dans cette discipline, on est surtout en compétition avec soimême, assure Laurent Gamundi. Cet ef effort consiste à faire en sorte, par exemple, que le cerveau associe un mot plaisant à une sensation qui ne l’est pas forcément, du moins au début, pour lui permettre de rentrer plus vite dans la phase de bienêtre. » Apprendre à gérer le stress, l’oxygénation, la respiration abdominale... Lors de ces entraînements, on n’est pas loin du 50

yoga. « C’est un processus d’autant plus important pour les surfeurs de gros qu’ici, sur la côte basque, la vie sous-marine et la vision qu’on en a n’ont rien à voir avec la quiétude et la chaleur de la Méditerranée, poursuit-il. L’eau est froide, chargée, foncée, voire noire quand on s’y enfonce. C’est parfois très glauque. Et c’est là qu’on va affronter ses peurs les plus ancrées, les plus intimes. » En juin dernier, Justine, entourée d’autres big wave surfeurs, a pu tester une remontée avec gueuse in situ sur le spot de Belharra, une sortie encadrée par Laurent Gamundi. Justine : « Psychologiquement, il est important de visualiser le lieu. Même si c’est évidemment par temps calme, on plonge à 25 m sous l’endroit où la vague se lève. Cela agit comme une démystification. C’est ça le travail de

l’entraînement : se préparer à relever des défis plus durs que ceux que l’on sera amenés à vivre en réalité, car il y a peu de chances que Belharra m’envoie par 25 m de fond, même déchaînée. » Ne pas être dans l’agonie toutefois, conserver le plaisir, quand bien même on entre dans le vif de l’apnée quand on a envie de respirer. Dans le monde pro du surf de gros, le gigantisme des vagues surfées requiert une maîtrise totale du stress. Pour être bon sur l’eau, il faut assurer sous l’eau. Chacun sa méthode, comme le note Bastien Bonnarme, le photographe qui signe ces prises de vue dans la fosse. « Shane Dorian fait du crossfit, Greg Long du yoga, Mark Healey de la chasse sousmarine… Concernant l’apnée chez les surfeurs, il y a deux écoles : l’approche physique, qui consiste en un travail THE RED BULLETIN


dynamique, un peu à la façon d’un Laird Hamilton qui tracte des poids sous l’eau. Et celle, plus psychologique, adoptée par Justine. C’est l’une des rares à s’entraîner ainsi, c’est un cas assez unique, une athlète complète. Si elle ne se blesse pas, ça va être énorme. » Dans la fosse de la Teste-de-Buch, la surfeuse promise à un avenir hors-norme, ne fait pas qu’enchaîner des allers-retours à 20 m de fond. Elle s’astreint à des exer exercices très ciblés qui lui apprennent à économiser l’oxygène, à ne pas chercher à remonter prendre de l’air, coûte que coûte. Parmi ces exercices, Laurent Gamundi en évoque un, particulièrement riche en enseignement. « On nage jusqu’au fond de la fosse, pour accrocher des haltères. Le taux de CO² dans le corps continue de s’accumuler, mais psychologiquement, le fait de se poser à 20 m apaise cette soif d’air, agit comme si on avait un peu respiré. Quand on va se retrouver sous une grosse vague, on adoptera ce réflexe. De toute façon, rien ne sert de faire des dizaines de brasses pour lutter contre un amas d’air et d’eau sur lequel on a aucune possibilité d’appui. Plus on se relâche,

plus on va tenir sans paniquer. » À 17 ans, Justine, dotée d’un bon cardio, tenait 3 min 30 s en apnée statique. Le dernier test lui octroyait 40 secondes de plus. « C’est juste pour avoir un repère, savoir où j’en suis, un peu comme je vais plonger sous Belharra. L’eau est trouble au départ, mais quand on s’approche du fond, tout s’éclaire, un peu comme quand on sort la tête de l’eau ! » Lever la part d’inconnu,

« PLUS ON SE RELÂCHE, PLUS ON TIENT SANS PANIQUER. »

procéder étape par étape pour réduire les risques n’empêche pas la vice-championne du monde de surf de gros d’aller au combat. « Je l’ai vue à Belharra ne pas prendre le sled (planche de sauvetage jet-ski, ndlr) alors qu’elle savait qu’elle allait se faire tabasser, s’épate Bastien Bonnarme. Et ça, c’est rare, même chez les garçons. » En waterwoman stakhanoviste, épaulée par son préparateur physique, Brice Benhadj, elle prend tout ce qui est bon à prendre, ne laissant absolument rien au hasard, décloisonnant les disciplines pour ne faire plus qu’une avec l’élément. « J’ai commencé le SUP (stand up paddle, ndlr) depuis un an, cela me donne encore un point de vue différent sur la vague. C’est une façon pour moi de rester connectée au milieu et une manière très efficace de me gainer, de travailler le cardio et la rame. Je fais beaucoup de natation et plus particulièrement de la nage en eau libre, il faut avoir de l’endurance au cas où on lâche le leash… Je possède aussi une planche de paddleboard (comme celle utilisée par les sauveteurs en mer, ndlr). Je pratique le bodysurf avec mon compagnon Fred David, le meilleur des profs (Fred David a été champion du monde de la discipline en 2012 et est nominé pour les XXL Awards du tube de l’année 2017, tout comme Justine en catégorie Ride of the year, ndlr). J’ai aussi un programme de préparation physique adapté pour renfor renforcer le bas du corps, à base de fentes, de squats car en tow-in, il faut être solide sur ses cuisses. C’est bien simple, même faire la cuisine fait partie de ma préparation ! » Quand on lui demande depuis quand elle a commencé le surf de gros, Justine répond pourtant : « Cet hiver, car c’est la première fois où j’ai plus tourné qu’en shortboard, où j’ai dédié une majorité de mon temps à cette activité. » L’automne prochain sera consacré à Belharra, mais surtout à Nazaré et ses grosses fréquences de houle, parfaites pour se confronter régulièrement à la bête et engranger de la confiance. Justine y tentera des trajectoires différentes, encore plus engagées, surfera en tow-in, mais aussi à la rame (à la seule force des bras). Elle aura le temps de voir la vague, dans tous ses états. Sens dessus dessous. Du 1er au 10 septembre prochains, Justine Dupont s’alignera sur les championnats du monde de SUP au Danemark. justinedupont.fr ; @justinedupont33

Fin de session. Justine prolonge parfois avec de la chasse sousmarine que son coach lui a fait découvrir.

THE RED BULLETIN

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LA

DERNIÈRE

Il y a presque deux décennies, l ’alpiniste slovène DAVO K ARNIČAR fut le premier et l ’unique à avoir relié à ski le sommet de l ’ Everest au camp de base. Après cet te descente épique, l ’idée s’est installée en lui d ’accomplir la même prouesse sur le K2 – le deuxième sommet le plus haut après l ’ Everest réputé être le pic le plus dangereux. Personne n’est jamais par venu à skier ­d epuis le sommet du K2, et Karničar, à 54 ans, pense qu’il est a ­ ujourd ’hui temps de s’at taquer à son plus grand challenge.


Karnicˇar grimpe vers le départ de ce qu’il appelle « la descente de l’extrême », au-dessus de son village natal Jezersko, Slovénie.

DESCENTE ?

TEXTE : DEVON O’NEIL PHOTOS : CARLOS BLANCHARD 53


IL EST À PEINE 8 HEURES UN MERCREDI MATIN LORSQUE DAVO KARNIČAR LANCE SON PREMIER YODEL.

Le son perce une épaisse couverture nébuleuse et résonne sur les murs alpins qui dominent, ramenant de la vie dans cette cuvette silencieuse. Bientôt, les nuages s’éclipseront pour dévoiler la piste de ski la plus abrupte de Slovénie, une corniche de neige extraordinairement escarpée où l’on s’expose à la mort. Karničar y a skié la première fois dans les années 1980. « Cela ressemble en premier lieu à de la roche et de la glace, dit-il. Mais si on a un peu plus de neige, c’est skiable. » Le début du mois de mai est chaud et fertile à Jezersko, village de 600 habitants où Karničar a vécu toute sa vie. De nombreux locaux cultivent alors leurs terres. Lui a d’autres plans. En juin, il s’envolera pour Islamabad, Pakistan, puis fera un trek dans le massif du Karakoram jusqu’au point de départ du K2 à 8 611 mètres, la seconde montagne la plus haute du monde, qu’il veut skier à l’âge de 54 ans. Personne ne l’a encore fait de haut en bas. Nombreux sont ceux qui ont essayé, dont Karničar lui-même, 24 ans plus tôt. Ses skis ont été emportés par une tempête à 7 895 mètres d’altitude, mettant fin à sa tentative. Le K2 a tué deux des aspirants les plus qualifiés au cours des huit dernières années : l’Italienne Michele Fait et le Suédois Fredrik Ericsson. 54


Sondant le terrain depuis la passerelle du refuge ˇ eška kocˇa, ou « chapeau tchèque », dont C son père a été le gardien pendant 40 ans.


LE K2 A HANTÉ DAVO KARNIČAR TOUT AU LONG DE SA CARRIÈRE.

Tenant une photo composite le montrant debout, avec ses skis, devant le ressaut Hillary du Mont Everest, après avoir réussi l’unique descente complète en octobre 2000.

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né pour skier les plus hauts sommets du monde, et lui-même en vient à l’admettre. « C’est mon mode de vie. » Lui, ses trois frères et sa sœur ont un avantage. Leur père, Andrej, était gardien d’un refuge de montagne pendant 40 ans et moniteur de ski reconnu localement. Leur enfance a été rythmée par le télésiège qui passait au-dessus du refuge, Davo se levait avant l’aube pour s’entraîner. Les aller-retour à l’école étaient, eux, plus compliqués : le seul moyen d’atteindre la vallée était d’emprunter un sentier de randonnée à découvert, nécessitant des câbles pour s’accrocher. Karničar rejoint l’équipe de ski alpin de Slovénie à l’adolescence et participe à la Coupe d’Europe et au circuit NorAm, manquant de peu les slaloms de la Coupe du monde. Après sa retraite, il devient entraîneur pour l’équipe de Yougoslavie. Puis, au début des années 1990, il passe quatre ans en tant que technicien pour l’équipe de Norvège au Championnat du monde. Dans la vingtaine, il se met à l’escalade, et décide de combiner ses qualités de skieur et de grimpeur pour s’attaquer à des terrains plus techniques. Il persiste à croire que l’escalade en solo est un des meilleurs entraînements pour un objectif comme le K2, car l’ensemble des disciplines requiert responsabilité et précision extrêmes. « Je ne recherche pas les gros risques, mais ils sont à prendre en compte. » L’indépendance de

Karničar a un prix. Lors de son premier essai de l’Everest, par l’arête nord-est en 1996, il est pris dans la sinistre tempête qui a emporté huit vies, et est projeté en bas de la montagne dans des températures atteignant − 50 °C. Il perd deux doigts suite à des engelures. (Cet été au K2, il utilisera une paire de bottes Scarpa deux tailles plus grandes pour favoriser la circulation sanguine et éviter les

Bottleneck*

K2 : SKIER LA ROUTE CESEN Des deux voies les plus empruntées pour escalader le K2, la Cesen, ou Basque, est bien plus praticable que l’Abruzzi. Chacune nécessite de descendre le Bottleneck*, étroit

couloir dangereusement exposé juste en dessous du sommet. Dave Watson, seul homme l’ayant skié, affirme que l’inclinaison de la pente est de 60 degrés au sommet. THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES

Karničar a l’expérience pour lui. Grimpeur et skieur aguerri, il a 33 ans en 1995 quand il descend ses premiers « hauts » sommets (plus de 8 000 m), le Shishapangma et l’Annapurna. Le 7 octobre 2000, il réalise l’unique descente de l’Everest depuis le sommet jusqu’au camp de base. En 2006, il est le premier à skier les Sept Sommets. Malgré ce palmarès historique, le K2 le hante. C’est l’un des rares pics dépassant les 8 000 m qu’il n’ait pas encore skié. Karničar, père et grand-père, sait que cette opportunité peut être la dernière. Des années durant, il jure de ne pas retenter le K2 et ainsi épargner à sa famille un stress intenable. L’un de ses coéquipiers y meurt en 1993. Par la suite il perd son frère aîné et son meilleur ami dans des accidents de montagne. Malgré l’engagement et les qualifications exceptionnelles de Karničar, chaque fois qu’il baisse la garde, le K2 le rappelle à lui. « Très souvent, je me dis que cette montagne est trop. Trop grande, trop escarpée, trop dangereuse. Je ne devrais pas. Et puis par parfois… Il marque une pause. Je pense que c’est faisable. » Finalement, il a cédé : à sa confiance en lui, à son destin, dit-il. Cela explique pourquoi il grimpe dans le brouillard alpin alors que le soleil illumine la vallée, pourquoi il arrête de chasser la neige sur son front, et pourquoi il yodèle en pensant à son plus beau défi. De nombreuses personnes disent que Karničar est


« C’est mon mode de vie », concède Karnicˇar. Pour les autres, il est né pour skier les plus hauts sommets.

« J E ME DIS SOUVENT QUE, NON. CETTE MONTAGNE EST TROP GRANDE, DANGEREUSE. ET À D’AUTRES MOMENTS, JE ME DIS QUE C’EST POSSIBLE. »


engelures.) Sa descente victorieuse de l’Everest quatre ans plus tard, par le col sud au Népal, où les neiges d’été abondantes ont permis de skier sur les amas de roches du ressaut Hillary, ont engendré deux choses : Karničar est devenu un héros planétaire ; et il promet à sa famille qu’il abandonnera son rêve de descendre le K2. J’espère que je pourrai tenir ma promesse titre le magazine People en décembre 2000. Son attention est toute tournée vers sa quête des Sept Sommets en novembre 2006, mais l’attrait pour le K2 se réveille. En 2008, lui et sa seconde femme, Petra, alpiniste accomplie, font un trek du glacier du Baltoro au camp de base du K2, juste de quoi jeter un œil au sommet. Et voir s’envoler sa résolution. L’année suivante, pendant une expédition sur le mont Manaslu (8 156 m), le huitième pic le plus haut du monde, son meilleur ami et partenaire de longue date, Franc Oderlap, est touché à la tête et tué par la chute d’un gros morceau de glace, Karničar étant à seulement 10 m derrière lui. Dévasté, il rapatrie le corps d’Oderlap. Marié et père de trois jeunes enfants avec Petra, en plus de ses trois enfants, alors adultes, nés de son premier mariage (ses enfants sont « son plus beau cadeau »), il renonce une nouvelle fois à l’idée de skier le K2. « Je me couche et commence à penser au K2, et je me dis que pour moi c’est absolument impossible.

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Je devrais rester ici avec mes enfants et ne pas chercher à faire autre chose. » Que peut donc avoir le K2 pour fasciner les esprits aussi mesurés ? Escaladé la première fois par une cordée italienne en 1954, un an après la première ascension de l’Everest, le K2 et sa réputation de « Montagne Sauvage » (pratiquement une personne sur quatre meurt dans une expédition) invitent à la peur et au challenge. Techniquement élevé, avec des pentes très escarpées, exposées à de hauts risques et soumis à de rudes conditions météorologiques, il n’existe qu’une seule fenêtre de temps au milieu de l’été, contrairement au Népal et au Tibet pendant le printemps et l’automne. « Aussi loin que l’alpinisme peut aller, je ne pense pas qu’il y ait quelque chose de plus énorme que skier à partir du sommet du K2 », déclare Dave Watson, un Américain qui, en 2009 à l’âge de 33 ans, amorce sa descente à ski 200 m en dessous du sommet. Il reste la seule personne à skier le Bottleneck, une pente inclinée à 60°, et exposée à des risques mortels. « Personne ne peut se fier à ce que l’on en dit. C’est comme marcher sur la lune. » Viki Grošelj, le premier Slovène à entreprendre le K2 (l’un des dix sommets de 8 000 m qu’il a escaladés) croit que si Karničar skie le K2, cela restera dans les mémoires. « Je dirais que cette montée et cette descente sont plus dures que l’Everest, malgré tout le respect que j’ai pour lui », dit Grošelj, 65 ans, lors de la conférence de presse tenue par la chaîne de centres commerciaux Tuš, le premier sponsor des expéditions de Karničar. Ce dernier estime le projet à 90 000 $,


malgré une petite équipe. Il compte sur un ami slovène, Boris Repnik, ainsi que sur quatre porteurs pakistanais pour aider à fixer les cordes et transporter le matériel jusqu’au Camp 3 sur la route Cesen, là où il devra alors procéder seul. L’entraînement est la dernière de ses préoccupations. Bâti comme un lutteur olympique, 1,72 m et biceps d’acier, il fait le même poids que lorsqu’il tenta le K2 en 1993 et gravit l’Everest en 2000 : 75 kilos. « Je n’ai pas besoin d’aller à la gym. Nous avons une salle à disposition à l’année », explique Karničar en pointant la chaîne des Alpes depuis son allée. Je lui demande s’il est obsédé par K2. « J’essaie de ne pas l’être. » Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas étudié les tentatives précédentes et travaillé pour améliorer ses chances. Fredrik Ericsson, par exemple, chuta lorsque ses skis, alors attachés à l’extérieur de son sac-à-dos et placés au niveau de sa taille, heurtèrent la piste sur la Bottleneck, lui faisant perdre l’équilibre et le conduisant à la mort. Karničar a collaboré avec Elan, son sponsor depuis ses douze ans, pour

QU’EST-CE QUI FASCINE TANT, MÊME LES ESPRITS LES PLUS MESURÉS, DANS LA MONTAGNE SAUVAGE ?

Karnicˇar a parcouru maintes fois le sentier ˇ eška de randonnée du C kocˇa depuis son enfance, il l’empruntait pour se rendre à l’école.


«  L E MEILLEUR MOYEN DE RENTRER EST DE NE PAS PENSER À MA FAMILLE. JE DOIS ÊTRE EN COMMUNION AVEC LES MONTAGNES.  »

Descendant une piste escarpée lors d’un entraînement en mai 2017 : « Pas­ ­besoin d’aller à la gym. J’ai une salle à dispo à l’année », s’exclame Karnicˇar.


LES DESCENTES À HAUT RISQUE DE DAVO KARNIČAR 1989 : skie la Lauper Route sur la face nord-est du mont Eiger, une descente que Davo qualifie de « plus dure qu’il ait jamais faite ». Réalisée avec des skis slalom. 1993 : première tentative de ski sur le K2. Abandonne après qu’une tempête a balayé ses skis. 1995 : réussit sa première descente du dénivelé de 8 090 m de l’Annapurna avec son frère Andrej (ou Drejc). Ils ont skié sur plus de 3 000 m à la verticale. Drejc perd huit orteils suite à des engelures. 1996 : tente de skier les 8 850 m de dénivelé depuis la face nord de l’Everest et est pris dans la fameuse tempête rendue célèbre par le livre Tragédie à l’Everest de Jon Krakauer. Il continue à pied à partir de 8 290 m d’altitude lorsque le temps lui permet ; perd deux doigts à cause d’engelures. 2000 : première et unique descente complète de l’Everest, cette fois sur la face sud au Népal. Part du sommet à 7 heures du matin le 7 octobre, par – 32 °C, et continue de skier sur 5 300 m, 3 500 m de descente en 4 h 40. 2001 : skie les 5 895 m du Kilimanjaro, plus haut pic d’Afrique, avec des skis miniatures de 100 cm et son fils Tadej, 15 ans. 2002 : il skie les 5 642 m du Mont Elbrouz, plus haut sommet d’Europe, skié pour la première fois en 1986 avec son frère Luka. 2003 : au mois de janvier, il skie les 6 962 m de l’Aconcagua, la plus haute montagne d’Amérique du Sud. Puis au mois de juillet, il s’envole pour l’Australie et skie les 2 228 m du Kosciuszko, le plus haut sommet skiable sur ce continent. Drejc le rejoint pour la dernière descente, leur premier voyage international ensemble depuis l’Annapurna. 2004 : skie le plus haut sommet d’Amérique du Nord (6 190 m), le Denali, au mois de mai. Il écrit plus tard : « Je n’ai jamais yodelé autant que sur cette montagne. » 2006 : termine la conquête des Sept Sommets le 28 novembre par une descente brumeuse des 4 892 m de Vinson, Antarctique. 2016 : skie la face ouest et les 6 034 m du Tocllaraju au Pérou, sans doute la descente la plus technique des Andes. Teste les skis pliants Elan avant le K2. 2017 : retour au Pakistan pour la deuxième tentative de K2, plus de 20 ans après la première. THE RED BULLETIN

En 1996, après une mémorable tempête dans l’Everest, il perd deux doigts à cause d’engelures.

concevoir une paire de skis pliants qu’il peut mettre dans les poches arrière de son sac, loin de portée et moins en prise au vent. Si besoin, il peut utiliser un appareil à oxygène d’appoint pour « être frais » pour la montée, même si cela n’est pas son but. Karničar assimile rapidement les conditions de la compétition, afin de les maîtriser. Il n’aurait sûrement pas voulu retenter l’expérience si quelqu’un avait déjà skié le K2. « Je suis lucide : une grande partie de mon souhait est d’être le premier…Ce genre de motivation, ce n’est pas bon, mais c’est vrai. » Le lendemain, je rejoins Karničar chez lui et assiste à des scènes de vie quotidienne. Petra s’occupe de leur fils, Martin, qui fêtera ses un an quand Karničar sera sur le K2. Il reste du gâteau d’anniversaire de leur fils Izidor, coureur de ski nordique de 15 ans, qui a skié le Mont Elbrouz avec son père, deux semaines plus tôt. « Je n’ai pas peur, parce que je lui fais confiance », affirme Izidor à propos du projet paternel. Et Davo de traverser la pièce pour embrasser son fils. Petra, elle aussi, fait confiance à son mari. Elle l’a rencontré lors d’un séminaire de ski qu’il dirigea en 2000. Elle sait ce que le K2 représente pour lui. « Je le soutiens », souligne-t-elle. Une photo de Karničar, très croyant, serrant les mains du Pape Jean Paul II et tenant les skis qu’il a utilisés pour l’Everest, est accrochée au mur. Karničar tient Martin dans ses bras pendant que ses autres enfants l’observent. Bien que la famille accepte son ambition, son absence prochaine flotte dans l’air. De même que la gravité du K2. Karničar aura des photos de sa famille au

camp de base, mais il ne les emportera pas avec lui sur la montagne. « Là-haut, je crois fermement que le seul moyen pour que je puisse revenir est de ne pas avoir ma famille à l’esprit. Je dois être en communion avec les montagnes, tout voir et tout entendre. C’est plus sûr ainsi. » Je demande à Karničar s’il a imaginé le sentiment qu’il aurait après avoir réussi sa descente. « Ce n’est pas mon but, cette euphorie post exploit. Je ne suis pas assez fort. Le K2 est tellement énorme que personne n’est assez fort. » Son regard s’éloigne. Comme pour chasser le moindre doute, il hausse la voix : « Je sens que je peux le faire ! » Qui d’autre sinon lui ? Le 7 juillet, j’appelle Karničar par téléphone satellite. Il est au camp de base du K2 et termine son petit-déjeuner. Il s’apprête à entamer un trek de 96 km vers Skardu, première étape d’un voyage d’une semaine le ramenant chez lui, un mois plus tôt que prévu. Karničar part sans même tenter la descente en ski de ses rêves, remise en cause par une douleur de dos survenue peu après son arrivée au camp de base. En voulant dégager un bloc de pierre afin d’installer sa tente, une douleur fulgurante lui a traversé le haut du corps. Il s’est donné deux semaines pour guérir. Mais la douleur est restée « aussi intense qu’avant ». Par deux fois, il a testé sa résistance en skiant du Camp 1 à 6 000 m, où l’inclinaison des pentes frise les 55°. Après la deuxième descente, bien qu’anéanti, il capitule. « J’estime que si je dois me préparer [à avoir mal] à chaque virage, cela devient trop dangereux. Cette montagne est si importante que l’on doit y aller au top de sa forme, et croire sans l’ombre d’un doute. » Par ailleurs, la route n’offrait pas les conditions optimales, trop de roches étant plus exposées qu’en temps normal entre 6 000 et 7 000 m d’altitude. « À cause de cette portion, cela aurait été extrêmement dur d’effectuer une vraie descente à ski. » Karničar accepte son sort mais ne cache pas sa déception. « Je suis insatisfait pour l’instant. Mais heureux d’être en bonne santé, de pouvoir marcher. Plusieurs per personnes m’ont accompagné et nombreux sont ceux qui ont prié pour que tout se passe bien. C’est la volonté de Dieu que cela se termine ainsi. » Suite à sa blessure, il éprouve un profond sentiment de gratitude envers tout ce qu’il a pu accomplir jusque-là, y compris la descente de l’Everest, confie-t-il. Il semble être en paix. Je ne peux m’empêcher de le questionner, une dernière fois : est-il résolu à renoncer au K2, ou se lancera-t-il un jour dans une nouvelle tentative ? « Il est trop tôt pour vous répondre », conclut-il. 61


L’ALLUMÉE SUÉDOISE Texte : Tom Guise Photos : Sandrine Dulermo et Michael Labica

Noomi Rapace s’appréhende avec des gants et ne se laisse pas apprivoiser. Hackeuse écorchée vive dans la trilogie Millennium, ultime ­survivante du Prometheus de Ridley Scott, l’actrice suédoise revient ce mois-ci avec Seven Sisters du Norvégien Tommy Wirkola, un film où elle joue sept femmes différentes, mais la même personne à la fois. Schizo, Noomi ?

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oomi Rapace n’a pas choisi son pseudonyme par hasard : sauvage, obstinée, elle sait sortir les griffes pour obtenir ce qu’elle veut. Un instinct de chasseresse qui l’accompagne depuis l’enfance, passée dans la nature auprès d’un beau-père éleveur de chevaux. « J’ai commencé par le judo, à 10 ans. Puis j’ai essayé la boxe thaï, le kung fu, et la plupart des autres formes d’arts martiaux. J’étais une vraie cogneuse, et je n’hésitais pas à me battre pour quelque chose qui me tenait à cœur. Mais je savais aussi être loyale. Plus tard, j’ai compris que la colère ne menait à rien, et j’ai fini par apprendre à m’imposer d’une façon plus civilisée, par le sourire et le dialogue. » Assagie, notre belle Suédoise ? Pas tellement, à en juger par sa filmographie, d’où émane un goût prononcé pour les rôles de guerrières excessives et tordues. Lisbeth Salander, évidemment, celle par qui la gloire arrive, créature punk vicieuse autant que géniale sortie de la trilogie Millennium de Stieg Larsson. Mais il y a aussi Elizabeth Shaw, héroïne combative autant que philosophe du Prometheus de Ridley Scott, qui n’hésite pas à s’ouvrir le ventre pour en faire sortir l’indésirable alien et à vouloir converser avec le Créateur de l’humanité. Ou encore la Sim de Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, gitane un peu trop douée pour les combats à l’arme blanche et qui vient au secours d’une autre tête brûlée du cinéma – Robert Downey Jr. THE RED BULLETIN


« Enfant, je me battais, je cognais pour ce qui me tenait à cœur. »


« Jouer sept sœurs à la fois a été la chose la plus dure de ma carrière. »


« On s’est bien marrés ensemble : il aime le kung fu, comme moi, j’ai donc pu m’entraîner avec lui et son sifu (maître kung fu, ndlr). Ça m’a fait tellement plaisir, même si je dois faire attention avec le sport, mon corps ayant tendance à prendre très vite en muscles. Je dois donc adapter mon activité sportive aux types physiques que je joue. » Pour autant, il serait injuste et faux de réduire la Noomi à une actrice physique ou à un beau minois, tant les personnages qu’elle choisit d’incarner sur surprennent par leur complexité et les multiples facettes qu’elle sait leur donner. Quoi de plus normal, donc, d’avoir pensé à elle pour incarner, dans le film Stockholm du Canadien Robert Budreau ((prochainement en salles), la plus célèbre « foldingue » de Suède, celle qui donnera naissance au syndrome du même nom en tombant amoureuse de son ravisseur (Ethan Hawke) dans une prise d’otages en 1973. « Avant de tourner ce film, je me demandais comment cette femme avait pu en arriver là. Elle qui a deux enfants et un mari, en arrive à tomber amoureuse de ce type, ce voleur, et change de camp. Elle prend sa défense, va lui rendre visite en prison, refuse de porter plainte. Mais j’ai fini par comprendre cette femme lorsque je l’ai incar incarnée à l’écran. C’est ce qu’il y a de magique dans ce métier : on se met soudain à comprendre tellement de choses. En ce sens, ce rôle a été un vrai choc pour moi. » C’est que la Rapace, en bon oiseau de proie, aime prendre possession de ses personnages : « Sans aller jusqu’à l’identification totale, disons qu’ils m’influencent sur le moment. Peu importe qu’ils soient complètement décalés, ou paumés, j’ai besoin, en tant qu’actrice, de chercher ce lien qui va nous unir, de creuser au plus profond de moi, même si cela peut être désagréable ou ef effrayant. » C’est aussi pour cela qu’elle est toujours en quête de nouvelles rencontres avec elle-même. « Je suis comme une éponge qui absorbe les personnalités, les expériences. Un jour, alors que je m’étais blessée sur un tournage et que je me suis retrouvée coincée sur un lit d’hôpital, ma première réaction a été de me dire : voilà ce que ça fait d’être incapable de marcher, de bouger, de se lever pour aller aux toilettes... Je me voyais en perspective, comme un sujet d’observation. » Un sujet d’observation, elle l’est définitivement de par son parcours atypique : née d’une mère suédoise et d’un père espagnol chanteur de flamenco qu’elle n’a pratiquement pas connu, elle passe une partie de son enfance en Islande au milieu des chevaux de son beau-père, et fréquente l’école Waldorf, dont elle se dit être un pur produit. Fondées par Rudolf Steiner, « ces écoles alternatives encouragent la création artistique et laissent les

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« Je ne veux pas être parfaite, je veux être vraie. » enfants évoluer à leur rythme. Nous n’avions pas d’examens, passions beaucoup de temps à jouer dehors... Comme nous habitions loin de l’école, je ne traînais jamais avec mes amis après l’école, je rentrais retrouver mon chien et mon cheval. En fait, j’étais déjà à l’époque un peu marginale, avec mes cheveux noirs alors que mes sœurs étaient blondes comme les blés, mon père inconnu, mon côté borné et bagarreur. À 7 ans, j’ai su que je voulais devenir actrice. À 15 ans, je suis partie vivre toute seule à Stockholm pour y apprendre la comédie, et un an plus tard, je décrochais mon premier rôle et débutais dans mon nouveau métier. » C’est sans doute ce caractère obsessivement indépendant et opiniâtre qui aura amené le Norvégien Tommy Wirkola à la choisir pour interpréter le rôle de Karen Settman, ou plutôt les sept différentes Karen Settman, dans le film Seven Sisters (sortie le 30 août). L’histoire : en 2073, alors que la Terre est surpeuplée, le gouvernement instaure un contrôle strict des naissances et inter interdit à quiconque d’avoir plusieurs enfants. Dans ce contexte, Terrence Settman (Willem Dafoe) tente de cacher l’existence de ses septuplées, en ne les autorisant à sortir qu’un jour de la semaine et les faisant passer pour une seule et même jeune femme, Karen. Un sacré défi, que la comédienne scandinave a su relever, tout en subtilité et en nuances : « Il fallait créer sept personnages, sept individualités différentes, mais sans pour autant tomber dans les clichés de l’intello, la bimbo, le garçon manqué... Pour cela, j’ai travaillé sur les petits

détails : chacune avait ses musiques préférées et son parfum. Entre deux personnages, je me douchais, puis, portant un nouveau parfum et avec une nouvelle playlist dans les oreilles, j’étais prête pour me refaire maquiller et rentrer dans le personnage suivant. C’est la chose la plus dure que j’aie jamais faite. Je me retrouvais à jouer seule avec moi-même, dans une pièce parsemée d’écrans verts, de mar marquages et de lignes de toutes sortes et où résonnaient les dialogues que j’avais pré-enregistrés. Chaque geste et chaque prise de parole étaient calculés à la seconde près, afin de faire croire qu’il y a bien sept personnages différents devant la caméra. » Les sept sœurs que joue Noomi s’appellent comme les sept jours de la semaine. Quand on lui demande de quelle sœur Noomi se sent la plus proche, elle hésite : « Ma sœur trouve que Samedi me ressemble le plus, parce que c’est la plus féminine. Mais j’ai aussi une petite préférence pour Mercredi, parce qu’on partage la même passion pour les arts martiaux. » Noomi Rapace chercherait-elle à gommer son côté femme fatale ? « Je pense qu’une actrice doit s’interdire d’être coquette ou superficielle : au début, j’avais tendance à faire très attention à mon apparence, à cacher mes défauts au lieu de me concentrer sur mon jeu d’actrice. Puis un jour, j’ai décidé de ne plus me laisser enfermer dans ma coquetterie. Désormais, chaque fois que je me vois et que je me trouve horrible, il y a une autre voix qui dit : “Et puis merde ! Je ne veux pas être parfaite, je veux être authentique et vraie.” En ce moment, je travaille justement sur un rôle comme ça, une femme hyper féminine, complètement obsédée par son apparence physique. Pour moi, c’est un défi de plus : je sais que de toute façon, je n’arriverai pas à me libérer de mes défauts, je suis trop faible pour me vaincre. » Seven Sisters, sortie sur Netflix le 30 août 2017.

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Voltige aérienne en avions de chasse : certaines figures de la Patrouille Suisse atteignent les 1 000 km/h.

ESPRIT D’ÉQUIPE ET CHAUSSETTES BLANCHES : UNE S­ ESSION D’ENTRAÎNEMENT AVEC LA P­ ATROUILLE SUISSE, L’EXEMPLE MÊME D’UNE ­SYNERGIE PARFAITE. TEXTE : ALEX LISETZ

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HORLOGERIE DE HAUT VOL


VBS


Survol en formation de base Delta : pas d’assistance technique, chaque pilote s’oriente uniquement au jugé, en se calant sur le nez et le réacteur de l’avion d’à côté.


C’EST D’ABORD UN DEVENIR PILOTE

simple grondement de tonnerre qui résonne au loin dans le ciel sans nuage. Puis des points rouge et blanc viennent moucheter le fond bleu. Cinq F-5E Tiger II s’approchent du nord-est de la base aérienne d’Emmen, près de Lucerne. Les avions de chasse en formation dite de « tunnel » laissent de la place pour un sixième au centre. La radio grésille : « Fix tre. Fix due. Fix uno. » Le pilote solo qui se présente face à la formation à une vitesse de 1 000 km/h indique les points fixes qu’il dépasse. Un instant plus tard, il traverse le « tunnel », frôlant d’à peine quelques mètres les têtes de ses meilleurs potes. Cette figure incroyable, l’une des plus spectaculaires du programme de la Patrouille Suisse, est parfaitement réussie. Le commandant Nils Hämmerli arrête la vidéo. « Il y a encore deux ou trois choses à améliorer », résume-t-il dans un pincement de lèvres. Ici, la per perfection, c’est loin d’être suffisant.

FACTEUR TEAM 1

LA FRANCHISE

Il est midi. Les pilotes de la Patrouille Suisse analysent l’entraînement du lundi matin dans leur salle de réunion, qui donne sur la tour de contrôle. Nils Hämmerli a la parole: «À l’entrée du virage, tu aurais dû te positionner un ou deux mètres plus vers l’extérieur…», «… Pense à la parallaxe, tu dois voler plus en décalé.» Le pilote incriminé hoche la tête d’un air concentré. «Cette franchise dans nos échanges, c’est là que réside la force de notre team», explique Hämmerli. «Chacun d’entre nous doit être en mesure d’émettre des critiques et de les accepter.» Justement, Gunnar Jansen montre l’exemple. «Alerte stand à saucisses», criet-il, alors que, pendant dix à vingt secondes, on ne voit que des points éloignés sur l’écran. La prochaine fois, il fera passer son escadron plus rapidement à la prochaine figure: «Là, tout le monde aurait déjà migré vers le stand à saucisses.»

FACTEUR TEAM 2

L’IDENTIFICATION

Jansen « Gandalf » et ses compères font le métier dont tous les pilotes suisses rêvent. Les fans d’aviation envient les pilotes de la Patrouille Suisse pour leur prestige et leur quotidien trépidant, pour les beaux voyages et les flashs des photographes. Mais ce qu’ils ignorent, c’est qu’un pilote Briefing avant l’entraînement. Les pilotes passent en revue le programme, l’itinéraire et la météo.

PREMIÈRE ÉTAPE : LA CANDIDATURE

VBS, KATSUHIKO TOKUNAGA/DACT,INC.

Les Forces aériennes suisses sont à la recherche de nouveaux talents ambitieux. Infos : sphair.ch

DEUXIÈME ÉTAPE : LA SÉLECTION

Conditions : nationalité suisse, être âgé entre 17 et 20 ans, en bonne santé et de bonne réputation.

TROISIÈME ÉTAPE : LE COCKPIT

Une formation de base semestrielle sur PC-7, Pilote de ligne (1 an), Spécialisation (2 ans).

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«À 300 MÈTRES PAR SECONDE, ON N’A PAS LE TEMPS DE DISCUTER.» Prêts à embarquer (à droite) : les pilotes avec leur combinaison ignifugée et leur parachute dans le dos.

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KATSUHIKO TOKUNAGA/DACT,INC(2), VBS/DDPS–LW

aspirant à ce genre de chose ne risquerait certainement pas de décrocher une place dans le cockpit. « Les gens avec des motifs égoïstes n’ont pas leur place chez nous », déclare Martin Schär, qui occupe la position 3 dans la formation, à gauche der derrière le leader. « Nous avons tous un seul et même objectif : montrer ce dont les Forces aériennes suisses sont capables. Et être les ambassadeurs des valeurs de la Suisse : précision, discipline, fiabilité… » Quand bien même on le réveillerait en sursaut à trois heures du matin, Schär

La figure Mirror (en haut) : deux jets volent dos à dos du point de vue du spectateur.

Les techniciens de l’équipe au sol (à droite) font partie du team fixe eux aussi. THE RED BULLETIN


nous ressortirait la même réponse mot pour mot. « Chaque team, selon lui, a besoin d’une mission claire. Tout un chacun doit savoir pourquoi il fait des efforts – et être en mesure de s’identifier à 100 %. »

FACTEUR TEAM 3

L’ALCHIMIE

Schär est le rookie de la Patrouille Suisse. C’est seulement depuis Pâques dernier qu’il arbore le badge caractéristique jaune sur fond rouge. Et s’il est si bien intégré THE RED BULLETIN

au team, ce n’est pas un hasard. « Avant de choisir nos candidats, nous les obser observons pendant des années », explique le commandant, Nils Hämmerli. Et les aptitudes professionnelles ne font pas tout. « Dans une patrouille acrobatique, chacun met sa vie entre les mains des autres, déclare Hämmerli, donc il faut que ça colle entre les pilotes. On prend le meilleur tiers des candidats, on sélectionne ceux dont le caractère est le mieux adapté, puis on procède à un vote démocratique. Un seul veto de n’importe quel membre

du team et le candidat est hors course. » Résultat : un team soudé dans lequel chacun porte une confiance aveugle à ses coéquipiers.

FACTEUR TEAM 4

LA DÉMOCRATIE

Il n’y a pas que pour le recrutement des nouveaux membres que les pilotes de la Patrouille Suisse utilisent leur droit de vote. « Presque toutes nos décisions se font de manière démocratique, explique 73


1

3

2

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5

6

Haute précision : l’escadron F-5E Tiger II en ­formation.


LA FORMATION 1

LEADER

Gunnar « Gandalf » Jansen est le leader de l’escadron depuis 2017, il dirige la formation et donne les ordres.

2

AILE DROITE

Lukas « Bigfoot » Nannini vole en décalé à droite de Gandalf et suit chacun de ses mouvements.

Gunnar Jansen, le leader, de l’organisation jusqu’aux détails purement techniques. » Selon lui, le paritarisme renforce un team de l’intérieur : « Parce que six personnes ont plus d’idées qu’une seule. Et parce que ça nous pousse à faire plus d’efforts. On le voit bien dans d’autres domaines de la vie de tous les jours : plus on met de cœur à l’ouvrage, plus on s’engage pour un projet. » Le statut de chaque membre du team n’entre pas en compte pas dans les discussions. « J’ai un immense respect pour la longue histoire du team et j’en apprends des tonnes jour après jour, explique Martin Schär, le rookie. Mais, parfois, un regard neuf venu de l’extérieur, ça aide. Un rookie peut remettre en question des choses auxquelles plus personne ne pense parce qu’elles semblent évidentes, alors qu’on pourrait peut-être les aborder de manière tout à fait différente. »

«CHAQUE PILOTE DOIT S’IDENTIFIER À 100%!»

FACTEUR TEAM 5

LA STRUCTURE

3

AILE GAUCHE

Martin « Jaydee » Schär vole à gauche dans une position aussi stable et précise que possible.

4

SLOT

Rodolfo « Roody » Freiburghaus vole derrière le leader. Il assure la symétrie de la formation.

KATSUHIKO TOKUNAGA/DACT,INC, VBS/DDPS (7)

5

2e SOLO

Michael « Püpi » Duft corrige les petits écarts dans la formation. Deuxième soliste.

6

1er SOLO

Gaël « Gali » Lachat exécute des figures en solo et mène certaines parties de la formation.

Restriction de taille : la démocratie s’ar s’arrête au cockpit. « À 300 mètres par seconde, on n’a pas le temps de discuter », dit Gunnar Jansen. En tant que leader, il établit le programme avant le vol et donne des ordres par radio comme « Position transversale gauche ! » ou « On va se prendre des G ! » À l’image de Jansen, chaque pilote a une position qui correspond précisément à ses aptitudes. « Pour qu’un team fonctionne, chacun doit faire ce qu’il sait faire de mieux, déclare Jansen. C’est pour cela que nous discutons souvent pour savoir à qui attribuer tel ou tel job. » Une fois les tâches répar réparties, chacun doit savoir exactement ce qu’il a à faire. Trop tard pour les doutes et les objections. Et Martin Schär de surenchérir : « Le leader pourrait se diriger tout droit vers la falaise, je maintiendrais précisément ma position à ses côtés. Point. »

FACTEUR TEAM 6

L’ESPRIT D’ÉQUIPE

Esprits rationnels, passez votre chemin : les conditions sine qua non pour un team performant ont déjà été évoquées. Mais la clé d’un véritable esprit d’équipe, ce sont ces petits rituels irrationnels que per personne de l’extérieur ne peut comprendre. Des exemples ? Chaque pilote de la Patrouille Suisse doit obligatoirement porter des chaussettes blanches lors des démonstrations. Et en cas d’oubli, c’est sans chaussettes dans les bottes de vol. Après avoir endossé leur parachute, tous

les pilotes de la Patrouille Suisse se souhaitent mutuellement bon vol avec quelques tapes dans le dos. Mais le point essentiel, c’est le rituel d’intégration : la tradition veut que chaque membre de la Patrouille Suisse apprenne sa nomination sous forme d’une blague. « En 2010, je rentrais de vacances et quand je suis arrivé à l’aéroport, un chien renifleur de drogues m’a aboyé dessus, se rappelle notamment Gandalf, le leader du team. « Donc, les douaniers ont ouvert mes bagages et là, mon sang n’a fait qu’un tour : il y avait une douzaine de petits paquets scellés dans mes vêtements – et même quelques-uns dans mon bagage à main. Je me voyais déjà en prison, et ma carrière de pilote aux oubliettes… jusqu’à ce que je repère le fameux badge de la Patrouille Suisse entre les paquets. » Depuis, Jansen a lui-même concocté un certain nombre de blagues pour accueillir les petits nouveaux. « Mais à l’aéroport, j’ai toujours des sueurs froides. » Un sacrifice qui vaut la peine pour avoir l’honneur de faire partie de la Patrouille Suisse. patrouille-suisse.ch

LE COMMANDANT

Nils Hämmerli (« Jamie ») échafaude les stratégies à long terme et supervise les pilotes depuis le sol.

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DJIBRIL CISSÉ AVAIT UN OBJECTIF SUR

LE TERRAIN : LE TERRAIN. INVITÉ D’UNE SÉRIE DOCUMENTAIRE SUR RED BULL TV, L’UNE DES GRANDES FIGURES SPORTIVES DU DÉBUT DE CE SIÈCLE EXPLIQUE QUE, AU FOOT, LA TÊTE SERT AVANT TOUT POUR CE QU’ELLE RENFERME.

« LE TALENT N’EST RIEN SANS FORCE

MENTALE » TEXTE : ANDREW SWANN ET PH CAMY  PHOTOS : NIKA KRAMER / RED BULL CONTENT POOL   77


«LA SAISON

est probablement terminée pour l’attaquant de Liverpool et de l’équipe de France. Djibril Cissé a été opéré, hier, avec succès, après avoir eu la jambe gauche fracturée samedi, lors du match à Blackburn... » Publiées dans le quotidien Libération le 1er novembre 2004, ces lignes semblaient, alors, en accord avec l’opinion de la plupart à propos de Djibril Cissé, un joueur star de l’équipe de France de football, visiblement condamné à ne jamais terminer sa saison dans le championnat anglais au sein de Liver Liverpool. Sept mois plus tard, le même Cissé plante l’un des tirs au but qui permettront à son équipe de remporter la Champions League lors d’un match de légende (Liverpool mené 3-0 à la mi-temps) contre Milan. Comment ? Grâce à la force mentale – à en croire l’intéressé. Le fameux attaquant de 36 ans (qui a intégré en juillet dernier, en tant que numéro 9, une équipe suisse de troisième division, le Yverdon-Sport FC) vient transmettre sa sagesse dans une série documentaire de Red Bull TV et TAG Heuer intitulée The Streets Don’t Lie (trad. la rue ne ment pas) dans laquelle, épaulé par des coachs des staffs Red Bull, il arpente les rues de

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Londres, Berlin et Paris à la recherche de joueurs en quête d’une deuxième chance. Afin d’en savoir plus sur la force mentale, nous nous sommes posés avec Djib, celui qui a – entre autres – lancé la mode des coiffures improbables dans le football et qui est devenu DJ et créateur de mode après avoir quitté le terrain. the red bulletin : Quelle part de ce que vous avez appris sur le terrain vous sert-elle aujourd’hui en tant que DJ et businessman ? djibril cissé : Une grosse part en fait. Ça m’a tout d’abord appris à ne jamais abandonner, quand bien même les choses peuvent sembler difficiles. La vie n’est pas facile, et parfois, tu ne peux pas faire ce que tu voudrais, mais le football m’a appris que tu dois toujours donner le meilleur et tracer tes propres chemins, c’est ma philosophie au quotidien. Et ça a payé... Durant votre carrière, vous avez eu beaucoup de succès : vainqueur de la Champions League, 248 buts, 41 sélections en équipe de France, pour ne citer que certains de vos exploits. Si vous pouviez revenir en arrière, est-ce que vous feriez certaines choses différemment ? Pas vraiment. Les blessures sont les blessures et tu dois faire avec. Concernant les choix que j’ai faits dans ma vie, j’en suis très content, et puis tu sais, si je changeais une chose dans ma carrière, je pourrais aussi changer cent autres choses. Et peutêtre que je ne serais pas là devant toi en tant que vainqueur de la Champions League... C’est quoi le plus dur quand on est footballeur ? À première vue, tu peux te dire que la vie de footballeur n’est pas facile : bien manger, rester discipliné, etc. Mais c’est juste l’un des aspects du jeu. Tu sais, les joueurs de football sont payés conséquemment pour faire exactement ces choses-là. Et tu ne peux pas exceller sans sacrifices. Et si tu compares ça à bien d’autres jobs, ça n’est vraiment pas difficile. Et concernant les tentations hors du terrain ? La gloire, la fortune, la fête ?

41 sélections et 9 buts en équipe de France, Djibril Cissé, 36 ans, a toujours le football au corps. THE RED BULLETIN


« LE VRAI FACTEUR X EST DANS LA TÊTE. » THE RED BULLETIN

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Je ne peux parler que de mon expérience et te dire que toutes ces choses n’ont jamais été un problème pour moi. Je savais ce que je voulais, je voulais être le meilleur possible, et ça, ça n’arrive pas en sortant le soir et espérant être capable d’assurer le lendemain. Il semble que certains joueurs aient essayé... Ils ont essayé, et ils se sont plantés ! Je ne dis pas que j’ai été un ange durant ma carrière, mais je me suis toujours donné à 100 %. On a vu tellement de joueurs de classe mondiale se vautrer et gâcher leur potentiel à cause de problèmes hors du terrain. Quelle est l’importance de la discipline dans le succès ? Je pense que ça concerne plutôt ta mentalité. Ça dépend à quel point les joueurs sont forts mentalement pour faire face aux challenges : comment réagissent-ils aux blessures, que font-ils de leur argent… Tout le monde n’est pas assez fort pour se remettre d’un coup dur. C’est ça qui fait la différence, c’est ça qui fait un vainqueur de Champions League ou de Coupe du monde. Du point de vue de leurs qualités, la plupart des joueurs sont

«UNE OCCASION LOUPÉE ? PENSE DÉJÀ À LA PROCHAINE !» au même niveau, mais le vrai facteur X est dans la tête. Sont-ils là pour se dépasser sur le terrain d’entraînement ou travailler sur leurs faiblesses ? Est-ce que les terribles blessures que vous avez subies ont eu un impact sur votre vision de la vie, sur votre vie après le foot ? Je ne suis pas ce genre de personne. J’ai toujours essayé de trouver du positif dans tout ce qui m’est arrivé. La seule chose à laquelle je pensais quand je devais me remettre d’une blessure, c’était comment 80

revenir au top de ma forme, encore plus fort qu’avant. Abandonner le football n’a jamais été une option, même avec ces blessures. Pourtant, votre première blessure en 2004 a bien failli vous faire perdre l’usage de votre jambe. Malgré les pronostics, vous êtes revenu sur le terrain cette même saison. Comment ? Tout était dans la tête. Ton corps réagit conformément à ce que tu lui dictes. Si tu doutes de toi et de tes chances de t’en remettre, alors ton corps va réagir néga-

De terribles blessures et une prothèse à la hanche n’ont jamais altéré la bonne humeur du Djib.

tivement. Si au contraire tu t’autorises mentalement à prendre ton temps, sans te prendre la tête, pour rebondir tout en confiance, alors ton corps va suivre. C’était mon état d’esprit à ce moment-là. Le staff médical m’avait dit que je serais out pour la saison, et je leur ai répondu que non. Je leur ai prouvé qu’ils avaient tort. Je savais que je pouvais me remettre rapidement, et c’est ce que j’ai fait, et j’ai mis un penalty en finale de la Champions League cette même saison. Malgré tout, avez-vous eu peur que THE RED BULLETIN


«SI T’ENTRAÎNER DEVIENT UNE CORVÉE, ARRÊTE LE FOOT.»

cette blessure puisse être le point final de votre carrière alors que vous étiez probablement à votre top ? Quel conseil donneriez-vous à de jeunes joueurs dans une situation de blessure similaire ? Je n’ai jamais douté de ma capacité à me remettre, et je leur dirais de penser ainsi. Ils doivent être forts. Ce n’est pas simple, mais ils sont les seuls à même de déterminer leur destin. L’entourage médical peut les aider à se remettre, les guider dans le processus de rétablissement, mais si le joueur n’est pas au bon endroit mentalement, ou qu’il n’est pas prêt à passer des heures en rééducation, alors il n’y arrivera pas. Si tu es blessé, la seule chose qui importe, c’est ta force mentale. Et tu peux te retrouver bien seul. C’est dur. La famille et les amis ne peuvent-ils pas aider ? Ouais, ils peuvent, mais si tu vois les choses avec lucidité, tu es seul. C’est toi qui es blessé, pas ta femme, pas tes gosses. Ils t’apportent le soutien et la joie dont tu as besoin… car on en a vraiment besoin dans ces cas-là ! Mais en ce qui concerne le processus même de rémission, revenir sur le terrain, c’est juste toi et toi-même. En parlant de soutien, vous êtes impliqué dans un show sur Red Bull TV qui concerne de jeunes joueurs prometteurs qui n’arrivent pas à s’imposer, auprès desquels vous intervenez pour leur donner une seconde chance. Y-a-til eu un moment dans votre carrière où vous vous êtes dit que vous ne parviendriez pas à vous imposer ? Pas quand j’étais jeune. À la fin de ma carrière, j’ai essuyé quelques refus quand j’ai essayé de revenir, à cause de ma prothèse de hanche, mais j’ai eu la chance de ne pas avoir vécu cette situation durant l’essentiel de ma carrière. Je suis vraiment concerné par ces joueurs qui vivent cela, pour qui le football est la vie, et c’est formidable de pouvoir rendre quelque chose à ces gars, de leur donner une opportunité de revenir. C’est quelque chose de majeur pour eux. Je suis très fier de participer à ce programme.

THE RED BULLETIN

Djibril Cissé auprès de l’un des jeunes joueurs qu’il va épauler sur Red Bull TV.

Que faut-il à un joueur aujourd’hui pour se faire remarquer ? Il doit briller, être unique, être le meilleur sur le terrain à sa position. C’est aussi simple que cela. Tout le reste ne dépend que de sa mentalité. Imaginez la situation suivante : vous êtes sur le bord du terrain, observant des joueurs de 16 ou 17 ans, à l’entraînement. À quoi faites-vous attention ? Le talent n’est pas tout, alors je vais me concentrer sur leur capacité à se battre pour quelque chose. Pour un attaquant, la première chose que je vais observer, c’est comment il réagit s’il loupe une occasion. Je vais l’observer durant les cinq minutes suivantes, qui sont essentielles, et analyser son langage corporel, son régime et sa façon de communiquer. Est-il déjà concentré sur sa prochaine opportunité, ou encore en train de ruminer sur cette occasion manquée ? Si c’est le cas, le joueur est foutu pour le reste du match. Quel a été le meilleur conseil de coach que vous ayez reçu durant votre carrière ? Le premier que m’a donné Guy Roux, mon coach à Auxerre, avant mon premier match. Il m’a dit de rester totalement concentré sur le jeu, et de ne regarder que le terrain. De ne pas regarder la foule pour essayer d’y voir ma famille ou mes amis, auquel cas je serai perdu comme un

lapin dans le faisceau des phares, et cela pourrait affecter mon jeu. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais. Vos potes et votre famille vous attendront après le match, mais ces 90 minutes sont intégralement pour le foot. Vous avez suivi le conseil de Guy Roux durant toute votre carrière ? Oui, et plus particulièrement avant des matches costauds, là où beaucoup de potes et de membres de ma famille avaient fait le déplacement pour assister au match. Tu aimerais bien savoir s’ils sont assis à de bonnes places et bien reçus, mais tu dois te concentrer sur le match, « oublier qu’ils existent » jusqu’à la fin du match. Pas facile, mais ça aide à rester concentré, l’esprit sur le jeu. Quelles seraient les trois recommandations de Djibril Cissé à de jeunes footballeurs qui veulent accomplir de grandes choses ? Donnez-vous à 100 %, tous les jours, dans tout ce que vous faites. Lors des rassemblements, face à la presse, le jour du match. Mais surtout à l’entraînement. On joue comme on s’entraîne. Si vous ne bossez pas durement à l’entraînement, alors vous ne récolterez rien de bon le jour du match. Seconde recommandation : soyez mentalement fort. Vous allez faire face à des challenges tout au long de votre carrière. Une mauvaise décision sur le terrain, une blessure ou une erreur fatale peuvent vous briser en tant que pro, et il faut s’en remettre le plus rapidement possible. Et ça, ça dépend de votre force mentale, pas de votre talent sur le terrain. Et enfin, la troisième « reco » du Djib ? Se faire plaisir, s’éclater, mais pas trop. Celle-là est peut-être un peu contradictoire, mais le football n’est qu’un jeu au final, un beau jeu. On doit l’apprécier le plus possible, mais sans jamais oublier que c’est un jeu où les enjeux sont énormes, et donc à prendre au sérieux. Vous êtes payés pour faire quelque chose que vous aimez, et vous pouvez vivre cette passion au quotidien, alors n’oubliez jamais à quel point vous êtes chanceux. Si arrive un jour où l’entraînement devient une corvée, alors ce sera le jour où vous devrez arrêter de pratiquer le football. The Streets Don’t Lie, présenté par TAG Heuer, dès le 18 août sur Red Bull TV.

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Attention les yeux quand nos audacieux pilotes dévalent la piste périlleuse dans leurs caisses déjantées – propulsées par la seule pesanteur et les acclamations des fans! Toutes les infos sur: Partenaires officiels:

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guide Voir. Avoir. Faire.

20 août

PRIS EN PLEIN VOL

BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL

Rien n’arrête les virtuoses du Red Bull Joyride, référence absolue des contests VTT slopestyle, pas même la loi de la gravitation. Plus de mille riders pros mettent le cap sur Whistler en Colombie-Britannique pour un parcours très aérien. À suivre sur Red Bull TV.

THE RED BULLETIN

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GUIDE

Voir. Le host Kyle Ng (droite) porte un masque à gaz fait de baskets par l’artiste Gary Lockwood.

LA RUE PREND LE CONTRÔLE

Ce mois-ci, il sera question de style. Que ce soit pour la sape, le maniement du ballon rond ou les tricks à vélo, il va y avoir du show.

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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Ng prend la pose lors du tournage à Castel Gandolfo, en Italie.

THE RED BULLETIN


1 THE RED BULLETIN

septembre NOUVEAUTÉ

SOCIAL FABRIC

Derrière chaque vêtement se cache une aventure. Telle est la devise de cette nouvelle série qui nous entraîne dans le monde fascinant, surprenant et amusant de la mode masculine. À chaque épisode de Social Fabric, l’animateur et styliste de mode urbaine Kyle Ng explore l’ADN culturel des tendances à l’œuvre et nous plonge dans l’univers unique des collectionneurs, célébrités, excentriques et artisans mordus de fringues.

CHRIS LOMAS/RED BULL CONTENT POOL (2), JUSSI GRZNAR/RED BULL CONTENT POOL, NIKA KRAMER/RED BULL CONTENT POOL, MARC MÜLLER/RED BULL CONTENT POOL

août / septembre

20 18 2

août

NOUVEAUTÉ

RED BULL JOYRIDE

Le plus grand contest de VTT slopestyle au monde revient en Colombie-Britannique pour une nouvelle démonstration défiant les lois de la gravitation. Plus de mille riders pros s’affrontent lors d’une finale explosive, point d’orgue du Whistler Moutain Bike Festival.

août

NOUVEAUTÉ

STREETS DON’T LIE

Ce docu en trois parties suit l’ex-buteur français de Liverpool Djibril Cissé en quête de jeunes talents. Pour trouver ces perles rares, Cissé sillonne les rues de Londres, Berlin et Paris. Les heureux élus bénéficieront d’une semaine de stage à la Red Bull Academy.

septembre

LIVE

DISTRICT RIDE

Le centre historique de Nuremberg accueille à nouveau la crème des freeriders à l’occasion de la 5e édition de ce concours slopestyle en ville. Les participants accompliront leurs tricks dans cinq quartiers différents, et dans les rues le public sera au plus proche de l’action.

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BREITLING NAVITIMER RATTRAPANTE

Précision décuplée Le design de la Navitimer a beau avoir plus de 60 ans, son calibre avec chronographe à rattrapante est toujours aussi sophistiqué. Sa trotteuse supplémentaire permet de chronométrer deux temps en simultané. breitling.com

Le prix de la Track 1 (50 ex.) se monte à 1/10e de celui d’une Porsche Singer.

LE CHRONO POUR MOTEUR Rob Dickinson a baigné dans la musique. Chanteur du groupe rock Catherine Wheel dans les années 90, il est aussi le cousin de Bruce Dickinson, le leader d’Iron Maiden. Mais sa célébrité, il la doit à son entreprise Singer Vehicle Design basée à Los Angeles. Il y restaure et revisite des Porsche 911 à refroidissement à air datant d’avant 1998 en les dotant d’une carrosserie en carbone et d’un moteur boosté. Le prix? 400000 € pièce. Dickinson connaît aussi la longue histoire qui unit l’auto à l’horlogerie, alors lorsque l’occasion d’y contribuer s’est présentée, il ne s’est pas fait prier.

SINGER REIMAGINED TRACK 1

Un futur rétro

Le défi du chronographe – créer un chronomètre lisible dans un cadran de montre – occupe les horlogers depuis près de 200 ans. Marco Borraccino, ex-responsable du design chez Panerai, en a eu l’idée mais il aura fallu que sa passion pour les Porsche le mette sur le chemin de Dickinson afin de la concrétiser. Avec la Track 1, le chronomètre joue les premiers rôles. Sa trotteuse surdimensionnée domine l’aiguille des minutes et celle des heures reléguées en périphérie pour afficher l’heure via deux disques tour tournants. Cet ingénieux mécanisme en composite de diamant et de nickel préféré aux roues dentées pour un mouvement fluide et sans vibrations a nécessité le génie d’un troisième homme, Jean-Marc Wiederrecht. Résultat : le trio réussit à réinventer le chrono. singervehicledesign.com

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ORIS CHRONORIS WILLIAMS 40TH ANNIVERSARY LIMITED EDITION

Pour le palmarès

Depuis ses débuts en 1977, l’écurie F1 de Frank Williams a glané neuf titres mondiaux comme constructeur et sept titres pilotes. Avec cette montre d’excellente facture, l’écurie signe une nouvelle victoire. De quoi enrichir la salle de trophées. oris.ch

CARL F BUCHERER MANERO FLYBACK CHRONOGRAPH

Jumping back

Flyback se réfère à la fonction retour permettant de faire repartir le chrono de zéro d’une simple pression sur le poussoir. Une fonction classique des montres des années 70 qui fait son comeback. carl-f-bucherer.com

THE RED BULLETIN


GUIDE août / septembre

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au 12 août Rock Oz’Arènes Pendant 2 000 ans, le public d’Avenches se délectait de spectacles sanguignolents mettant en scène des combats de gladiateurs et d’animaux. De nos jours, les mœurs ont heureusement changé. L’amphithéâtre remarquablement bien conservé situé au nord des Alpes accueille des concerts plus ou moins civilisés de musique rock et pop. En tête d’affiche de cette édition 2017: Ben Harper, Patrick Bruel, et Marilyn Manson. Avenches ; rockozarenes.com

3

septembre TriStar Triathlon Adeptes de la brasse, attention : c’est le vélo qui est à l’honneur ici. Deux distances au choix : 55,5 (500 m de nage, 50 km de vélo, 5 km de course) ou 111 (deux fois plus de bonheur kilométré). Le champion d’Ironman Ronnie Schildknecht et l’ex-cycliste Fabian Cancellara seront sur la ligne de départ. tristartriathlon.com

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Faire. septembre À la poursuite de Cancellara « J’ai épinglé Fabian Cancellara ! » Celui qui veut déclamer cela haut et fort dans le cercle des cycliste a deux occasions de se mesurer au champion olympique (potentiellement affaibli, lire ci-contre) : entre Aigle et Villars-sur-Ollon (le 10 sept.) puis Lugano (le 23). Seulement 333 coureurs pro par étape ! D’Aigle à Villars-sur-Ollon et Lugano ; chasingcancellara.com

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septembre au 8 octobre

FIT X MORE SALON DU FITNESS

Ceux pour qui la notion d’active lifestyle implique plus qu’un statut sur les réseaux sociaux devrait filer ni une ni deux à Fit X More. Le nouveau salon autour du fitness propose des espaces d’entraînement, workshops, séances d’initiation et conférences sur la diététique. Sans oublier la compète de sport, où les amateurs pourront tester leur aptitudes face aux pros.

FITXMORE, LUMINOX

Messe Zurich ; fitxmore.ch

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août Luminox Spec Ops Challenge D’un simple clic, il est possible de gagner des billets pour participer au Luminox Spec Ops Challenge présenté par Tough Viking, les 15 km les plus infernaux de Scandinavie, au départ de Stockholm. La course propose aux plus valeureux de se défier dans différentes catégories et disciplines, à savoir plonger dans une eau glacée, soulever des pierres, sauter par-dessus un feu. Le voyage et l’hébergement sont compris dans le lot. Stockholm ; luminox.com

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GUIDE

Du haut (sens horaire) : TV HiSense 65 p N6800 4K ULED HDR-Plus, hisense.co.uk ; enceinte connectée Devialet Gold Phantom 4500 W, devialet.com ; clavier gamer Razer Ornata Chroma à touches méca-membranaires et souris Razer Orochi, razerzone.com; e-télécommande connectée Logitech Companion, logitech.com ; Console Nintendo Switch et manettes Joy-Con ; nintendo.com


L’AUDIOPHILE

LE SON D ’HIER À DEMAIN

De la droite (sens horaire) : magnéto à bobines ReVox B77, revox.com ; studio de musique modulaire Roli – séquenceur Loop Block, deux Lightpad Block à surface sonore, clavier Seaboard Block à touches pression et un contrôleur Live Block, roli.com ; platine Clearaudio Ovation avec châssis en sandwich de contreplaqué Panzerholz et aluminium aussi résistant qu’un pare-balles, rempli de 100 000 microbilles métalliques antirésonance, clearaudio.de ; enceintes sans fil portable en alu Bang & Olufsen BeoSound1 360°, bang-olufsen.com

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LA MAISON CONNECTÉE APPAREILS INTELLIGENTS POUR VIVRE MALIN

De la gauche (sens horaire) : ordinateurs portables gaming Razer Blade Pro, Razer Blade et Razer Blade Stealth, razerzone.com ; Xbox One S avec la manette blanche ou grise de Battlefield, xbox.com ; casque de jeu Logitech G433 avec son positionnel et surround 7.1, gaming.logitech.com ; caméra d’intérieur Nest 1080p Full HD, grand-angle 130°, vision nocturne, micro et haut-parleur, nest.com ; haut-parleur connecté Google Home avec assistance numérique, madeby.google.com

Page opposée (sens horaire) : batterie Powerwall Tesla lithium-ion, tesla.com ; robot compagnon NAO Softbank Robotics, ald.softbankrobotics.com (confié à The Red Bulletin par Robots of London, robotsoflondon. co.uk) ; vidéoprojecteur LG Minibeam PW 1000G sans fil, lg.com ; Cozmo, robot intelligent et programmable d’Anki, anki.com ; caisson de basses sans fil Sonos, sonos.com

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GUIDE


GUIDE

De la gauche (sens horaire) : enceinte colonne Bowers & Wilkins 804 D3 en bois de rose, bowers-wilkins.co.uk ; sac Ă dos SUBPAC M2 pour RV, musique et films pour un son qui traverse le corps, subpac.com ; console de jeu Sony PlayStation 4 Pro 4K HDR, playstation.com ; casque audio gaming Astro A40 TR avec suppression de bruit, astrogaming.com ; aspirateur robot Dyson 360 Eye cyclone-technology, dyson.com


SURBOOSTÉS UTILISATEURS EN PUISSANCE

De la gauche (sens horaire) : purificateur d’air de table Dyson Pure Cool Link, dyson.com ; TV connectée Samsung 55’’ QLED Ultra HD, samsung.com ; Microsoft Surface Pro avec stylet et souris Surface Arc Mouse, microsoft.com ; circuit auto connecté Anki Overdrive, anki.com

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AUTOUR DU MONDE

OURS Directeur d’édition Robert Sperl Rédacteur en chef Alexander Macheck Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Responsable de la production Marion Wildmann Managing Editor Daniel Kudernatsch

The Red Bulletin est actuellement distribué dans sept pays. L’édition autrichienne consacre son sujet de couverture au champion de Moto GP italien, Valentino Rossi.

Rédaction Stefan Wagner (Chef de service), Ulrich Corazza, Arek Piatek, Andreas Rottenschlager

Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Directeur des ventes Franz Renkin

Édition web Christian Eberle, Vanda Gyuris, Inmaculada Sánchez Trejo, Andrew Swann, Christine Vitel Maquette Marco Arcangeli, Marion BernertThomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Rudi Übelhör (Dir. adjoint), Marion Batty, Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza

Emplacements publicitaires Andrea Tamás-Loprais Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Martina Maier, Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart

THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886

THE RED BULLETIN Mexique, ISSN 2308-5924

Country Editors Pierre-Henri Camy, Arek Piatek

Country Editor Luis Alejandro Serrano

Country Coordinator Christine Vitel

Équipe éditoriale Inmaculada Sánchez Trejo (Rédactrice adjointe), Marco Payán

Country Channel Management Melissa Stutz Responsable de la publicité Marcel Bannwart, marcel.bannwart@ch.redbull.com Abonnements Service des lecteurs, 6002 Lucerne Hotline : +41 (041) 329 22 00 getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com

Fabrication Michael Bergmeister Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Michael Menitz (Digital) Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Maximilian Kment, Karsten Lehmann Office Management Kristina Krizmanic, Petra Wassermann Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldas Yarar (Abonnements)

THE RED BULLETIN Allemagne, ISSN 2079-4258 Country Editor Andreas Rottenschlager Révision Hans Fleißner Country Channel Management Isabel Schütt Country Project Management Natascha Djodat Responsable de la publicité Martin Olesch, martin.olesch@de.redbulletin.com

THE RED BULLETIN Autriche, ISSN 1995-8838 Country Editor Ulrich Corazza Révision Hans Fleißner Country Channel Management Thomas Dorer Responsables de la publicité Alfred Vrej Minassian (Dir.), Thomas Hutterer, Cara Schlesinger, Bernhard Schmied, anzeigen@at.redbulletin.com

Directeur de la publication Wolfgang Winter Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, A-1140 Wien Téléphone +43 (0)1 90221-28800 Fax +43 (0)1 90221-28809 Web www.redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Christopher Reindl, Andreas Gall

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Country Project Management Helena Campos, Giovana Mollona Responsable de la publicité Humberto Amaya Bernard, humberto.amayabernard@mx.redbull.com

THE RED BULLETIN Royaume-Uni, 2308-5894

Management par pays & Marketing Stefan Ebner (Dir.), Magdalena Bonecker, Thomas Dorer, Manuel Otto, Kristina Trefil, Sara Varming Maquette marketing Peter Knehtl (Dir.), Simone Fischer, Alexandra Hundsdorfer

Révision Alma Rosa Guerrero

Country Editor Justin Hynes Équipe éditoriale Tom Guise, Florian Obkircher Secrétariat de rédaction Nancy James (Chef de service), Davydd Chong (Chef de service adjoint) Publishing Manager Ollie Stretton Responsable de la publicité Mark Bishop, mark.bishop@uk.redbull.com

THE RED BULLETIN USA, ISSN 2308-586X Country Editor Andreas Tzortzis Équipe éditoriale Nora O’Donnell Révision David Caplan Publishing Manager Cheryl Angelheart Country Project Management Melissa Thompson Responsables de la publicité Los Angeles Dave Szych, dave.szych@us.redbull.com New York Regina Dvorin, reggie.dvorin@us.redbullmediahouse.com

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Le cadran noir à effet miroir dévoile un imprimé blanc et orange, des aiguilles en superluminova et une fenêtre de date et de jour à 3 heures. Le boîtier en plastique blanc mat arbore des rayures multicolores imprimées se poursuivant le long du bracelet en silicone blanc mat. Ce modèle de course est complété par un passant en silicone noir et une boucle en plastique noir mat. swatch.ch

4 ADIDAS SPORT EYE­ WEAR BACKLAND DIRT Le design minimaliste des nouveaux masques Backland Dirt d’adidas Sport eyewear garantit un champ de vision immense. Chaque détail peut ainsi être capturé immédiatement pendant un trail. Les masques de vélo sont pourvus des points forts technologiques comme le protecteur de nez amovible, les verres et leur revêtement ultra-antibrouillard et un système roll-off disponible en option. adidassporteyewear.com

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GUIDE

Le plein d’action.

La Seine, un pro du wakeboard (l’Autrichien Dominik Hernler), un photographe (l’Autrichien Sam Strauss) et une péniche : top combo pour une session wake menée en juin, à Paris et dans ses environs. Parmi les spots listés par Blackbird Production – organisateurs de ce « tour » fluvial – l’ancien pont de Poissy. Ici « augmenté » d'un kicker pour un trick de folie. Best of vidéo sur redbull.com

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« Avec la péniche, on a pu accéder à des spots incroyables ! » De l'ancien pont de Poissy, il ne reste que six arches. Suffisant à Dominik Hernler pour en faire son terrain de jeu du jour.

SAM STRAUSS/RED BULL CONTENT POOL

Poissy, France

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Le prochain numéro de The Red Bulletin sortira le 10 septembre 2017.

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ANGE GARDIEN (à partir de CHF 35 par an)

LA CARTE DE SAUVETAGE D’AIR ZERMATT Joue la sécurité lors de toutes tes randonnées: avec la carte de sauvetage d’Air Zermatt. Nous te protégeons dans la Suisse entière, que tu aies besoin d’un hélicoptère, d’une ambulance ou même d’un avion. Et si la nécessité d’un conseil médical ou d’un vol de rapatriement se fait sentir un jour ou l’autre à l’étranger, tu peux aussi te fier à Air Zermatt.

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