The Red Bulletin FR 10/21

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FRANCE OCTOBRE 2021

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LE POUVOIR

DE LA PASSION

KILIAN BRON explore le globe et régale YouTube grâce à un VTT À VOUS DE JOUER !


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LE VÉLO EST UNE LIBERTÉ QUI N’ATTEND PAS.


Éditorial

FRUITS DE SA PASSION Qu’est-ce qui transforme un quotidien convenu en quelque chose de rare, que peu de personnes au monde ont la possibilité d’expérimenter ? Pour Kilian Bron, c’est d’un vélo qu’il s’agit. Passion née le temps d’une descente, dont il a su apprécier et exploiter la haute teneur en possibilités. Des montagnes proches de chez lui aux sentiers du Pérou ou de la Turquie, le Français a fait de son VTT un passeport, un outil, un prétexte pour découvrir le monde, et le faire apprécier. Croyez-le bien, il ne tient qu’à chacun de nous de trouver notre truc à nous, qui métamorphosera nos vies. Et pour vous faire voyager, Kilian n’a pour une fois pas eu à subir un jet lag : c’est en Suisse que le rider et le photographe Tristan Shu se sont rendus pour un trip exclusif, auquel nous dédions notre cover story de quatorze pages. La vôtre s’écrira quand vous le déciderez.

CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

TRISTAN SHU

« Pour cette cover story, ce n’est pas moi qui prenais des photos, mais nous qui créions des images, nous explique le photographe Tristan “Shu” Lebeschu (dont l’ouvrage couvre notamment l’outdoor et l’aérien) sur sa mission avec le pilote VTT Kilian Bron. Une journée avec lui, ce sont 22 km de marche/rando, et plus de 1 500 m d’ascension, de 5 à 23 heures », explique notre ­habitué de GQ, Paris Match ou National Geographic. Page 22

Belle lecture ! Votre Rédaction

TRISTAN SHU (COUVERTURE)

EVELYN SPENCE

En retrouvant Kilian Bron en Suisse, Tristan « Shu » Lebeschu n’a pas juste découvert un pilote inspirant, mais surmotivé, prêt à crapahuter encore et encore pour la bonne photo. THE RED BULLETIN

« J’adore travailler sur des histoires qui me permettent d’apprendre beaucoup – et rapidement – sur un sport, une communauté ou une personne dont je ne savais presque rien auparavant, explique la journaliste basée à Seattle après sa plongée profonde dans l’histoire de Loren Mutch et du roller derby. Dans ce cas, je n’en suis pas seulement sortie informée, mais totalement inspirée. » Evelyn Spence a écrit pour des publications américaines telles que Outside, Skiing, Sunset et Backpacker. Page 52

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CONTENUS

6 Galerie : des performances

à couper le souffle

12 Dans cette bibliothèque,

les livres sont des humains 14 Comment Soufian Mahlouly a fait face à la mort, sans peur 16 Un kit pour donner un côté camping au Tesla Cybertruck 18 L’histoire d’un oiseau blessé qui savait réparer les âmes 20 Ce qui fait danser Leon Bridges 4

22 L e Bron chemin

Comme Kilian Bron avec son mountain-bike, il ne tient qu’à vous de trouver la passion qui vous ouvrira un autre monde.

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Derrière ces grilles, c’est plus que du basket qui se joue.

36 E n mission

Après avoir atteint les plus hautes sphères de la danse debout, Stalamuerte souhaite donner de la force à sa base. THE RED BULLETIN

ANTHONY GEATHERS, CAMERON BAIRD, LEO FRANCIS

octobre 2021


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Changez d’avis sur le roller derby avec Loren Mutch.

44 L a cage affole

Pénétrez sur le terrain de basket le plus chaud de New York.

52 D ’attaque

Là où l’on pourrait voir dans le roller derby un loisir, il s’agit en fait d’un enjeu de société.

64 L e flipper humain

Imaginez un flipper géant, dans lequel la bille est un athlète…

73 Voyage : vous connaissez le

­paralpinisme ? C’est par ici !

78 Montre : 007 est très en retard,

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Le projet flippant du freerunner Pasha Petkuns.

THE RED BULLETIN

mais son Omega, jamais ! 80 Gaming : dans les secrets du jeu de l’extrême, Riders Republic 81 Rétrogaming  : Pong revient 82 Aventure : pas prête pour un trail de 8 000 km… puis y arriver. Comment a fait Elise Downing ? 84 Agenda : sur Red Bull TV ou IRL, ce qu’il ne faut pas manquer 88 Matos : à fond de vélo ! 96 Ils et elles font The Red Bulletin 98 Photo finale : le bon tuyau  5



NOUVELLE-GALLES DU SUD, AUSTRALIE DAVYDD CHONG

Intenable

KAMIL SUSTIAK/RED BULL ILLUME

Les photographes pros la connaissent, cette attente intenable pour un cliché qui risque de ne pas se réaliser. C’était le cas de Kamil Sus­ tiak lorsqu’il braquait son objectif sur le slack­ liner australien Chris Wallace, au-dessus du Blue Mountains National Park. « J’étais prêt à abandonner, raconte le Tchèque, quand tout à coup, le brouillard s’est levé et a dévoilé ce qui se passait autour de nous. Un paysage qu’on croirait d’un autre monde, une heure durant, avant que l’ambiance redevienne normal. » En photo, comme pour Wallace, la frontière est mince entre succès et échec. kamilsustiak.com

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INNSBRUCK, AUTRICHE

Capturé Cette image du skateur autrichien Peter Mader a mené Manuel Kokseder en demi-finale de la c­ atégorie Best Of Instagram du concours mondial de photographie Red Bull Illume. Le photographe tyrolien est surtout connu pour ses clichés de paysages… mais on dirait qu’il ­assure également en sous-sol. koksederphotography.com


ATHÈNES, GRÈCE

Le freerun débarque

MANUEL KOKSEDER/RED BULL ILLUME, ALEX GRYMANIS/RED BULL CONTENT POOL

DAVYDD CHONG

Le Red Bull Art of Motion est aux free­runners ce que le Red Bull BC One est à la communauté du break : une ­compétition mondiale où la créativité est primordiale et le respect durement gagné. Ici, l’athlète grec Dimitris Kyrsanidis et l’Allemande Silke Sollfrank « quittant le navire » en avril dernier pour se préparer aux finales de juillet organisées sur la ­marina Mikrolimano du Pirée, à Athènes. redbull.com

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UTAH, USA

Cavaliers de la nuit

NOAH WETZEL

DAVYDD CHONG

« J’ai demandé à Blake Sommer et Jack ­ raham de me rejoindre sur ce projet pour G une raison bien précise, explique le photographe Noah Wetzel, concernant les as du VTT présents sur ce cliché nocturne et atmosphérique. Outre leur indéniable talent de pilotes, ils sont incroyablement posés et motivés. » Du stoïcisme et de la détermination : des traits de caractère essentiels lorsqu’il s’agit de braver les 40 °C de chaleur diurne du désert de l’Utah puis de shooter à nouveau, au petit matin, dans une atmosphère bien moite de 20 °C… noahdavidwetzel.com

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Lisez l’autre Cette collection hétéroclite d’ouvrages incarnés par des hommes et femmes repose sur un principe : ne jamais juger un livre à sa couverture.

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Que remarquez-vous en premier chez une personne que vous rencontrez pour la première fois ? Sa tenue vestimentaire ? Sa voix ? Ses propos ? Juger l’autre est dans la nature humaine : signes du visage et langage corporel nourrissent nos impressions en fonction de notre vision du monde. Un collectif à but non lucratif de conteurs entend corriger ce réflexe en remplaçant les livres par des personnes. La ­bibliothèque humaine propose « d’emprunter » une personne afin de découvrir son histoire en direct, mettant ainsi vos préjugés au défi. Son fondateur, Ronni ­Abergel, s’est inspiré de ses propres expériences d’adoles-

cent qui jugeait ou était jugé. « J’ai fréquenté un lycée aux États-Unis dans le cadre d’un échange scolaire, se souvient l’homme de 48 ans, né au ­Danemark d’une mère danoise et d’un père juif marocain. Chaque classe avait son original, un élève roux, un introverti, ou un élève d’origine étrangère comme moi. Je ne comprenais pas pourquoi nous avions tant de difficultés à nous entendre. » Un constat qui incite Abergel à créer un espace sûr où l’on peut rencontrer des personnes victimes de stéréotypes, une manière de remettre en question les préjugés, conscients ou inconscients. Au printemps 2000, il lance la première Menneskebiblioteket (biblio-

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LOU BOYD

BIBLIOTHÈQUE HUMAINE

MARTIN KUBERT

Une femme et son nouveau livre : cette bibliothèque humaine est vraiment interactive.

thèque humaine, en danois) au festival de musique de Roskilde, près de Copenhague, durant quatre jours à raison de huit heures par jour avec cinquante « titres » disponibles. Les « livres » sont répertoriés en fonction du type de stigmatisation : tatoués, sans-abri, parents célibataires, adeptes d’une religion donnée… Les « lecteurs » les empruntent pour une demi-heure. Le « livre » s’assoit avec son ­« lecteur », partage son expérience, répond aux questions et aborde des sujets tabous en toute sécurité et liberté, sans craindre d’être jugé. « Nos règles sont simples, explique Abergel. Le livre doit être traité avec respect et retourné à l’heure dans le même état. La consultation s’effectue sur place et déchirer une page est interdit. » La bibliothèque humaine attire des lecteurs désireux d’apprendre quelque chose de nouveau, ou d’interroger leurs propres opinions. « Certains d’entre eux ont traversé tout le pays pour converser avec un auteur en particulier, s’asseoir avec un musulman ou parler à des victimes d’agressions sexuelles, comprendre l’autisme, un jeune parent ou une personne LGBTQ+. Les esprits s’ouvrent et les opinions bougent. » La bibliothèque existe désormais dans plus de 80 pays et une version en ligne a vu le jour. Une simple « carte de bibliothèque » vous permet de consulter les ouvrages disponibles sous forme de premières éditions (les nouveaux venus), de livres reliés (livres et lecteurs se rencontrent face à face) ou d’ebooks. « Notre objectif n’est pas de lutter contre la stigmatisation ou les préjugés, précise Abergel. Nous sommes un espace neutre, une bibliothèque où vous pouvez explorer les thèmes qui vous tiennent à cœur en espérant qu’ils vous enrichissent. » humanlibrary.org


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SOUFIAN MAHLOULY

Son amie la peur A beaucoup appris de la vie, en affrontant ses peurs. Dernièrement, l’entrepreneur et karatéka suisse a pris sa revanche sur la mort grâce aux arts martiaux.

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Les vertus de la douche froide

Soufian s’attelle chaque jour à sortir de sa zone de confort – à commencer par la douche. Tous les matins, il s’asperge d’eau glacée. Même si la force de l’habitude rend la chose plus facile, il y a toujours un instant où il faut se dépasser. C’est cet instant qui importe à Soufian. Voilà pourquoi la confrontation avec le taureau fut bien plus effrayante que sa lutte contre le cancer qu’on lui diagnostiqua à l’âge de 25 ans. La peur liée au taureau n’aura duré que quelques instants, alors que le combat contre le cancer fut long. Il s’agissait d’une forme particulièrement agressive de tumeurs germinales. S’ensuivirent trois opérations et 39 chimiothérapies. La semaine après sa sortie de l’hôpital, il ne pouvait ni manger, ni dormir, trois jours et trois nuits durant. Il entendait ses parents lui parler, mais ne pouvait pas leur répondre. Il rassembla les maigres forces qui lui restaient pour survivre. Cette fois encore, il a tout donné. Soufian a aujourd’hui 34 ans. Et il en est convaincu, c’est grâce aux arts martiaux qu’il a survécu. Le sport l’a rendu plus fort – physiquement et psychiquement, et lui a donné confiance en lui. Même ­pendant la maladie, il a continué à s’entraîner. À peine tenait-il debout qu’il se rendait au dojo. Il se

sentait parfois si faible qu’il devait s’asseoir quelques minutes après être arrivé. Mais la ceinture noire l’attendait. Et aussi son ami Alain, qui l’a accompagné tout au long de sa carrière de karatéka. Ils ont traversé les grandes étapes ensemble : tous les passages de grade pour obtenir une nouvelle ceinture, tous les championnats. Lorsque Soufian revint au meilleur de sa forme, ils décidèrent d’un commun accord qu’il était temps de passer aux choses sérieuses.

La ceinture noire

Un an après son dernier traitement, Soufian a décroché une ceinture noire. Il l’a portée non-stop pendant 24 heures, il l’a même gardée pour dormir. Car elle était devenue le symbole de son retour à la vie, de son retour au combat. Quel défi fut pour lui le plus grand de tous ? Le taureau, se battre, le cancer ? Soufian prend le temps de la réflexion, puis dans une exclamation : « C’est aujourd’hui ! C’est maintenant. C’est le moment présent. » Il raconte l’histoire de sa boîte, Furinkazan, un studio de jeux vidéo. Son équipe et lui-même ont développé un jeu pour smartphone : Opticale. Il s’agit d’un univers parallèle rempli de nombreuses créatures. Une fois encore, les arts martiaux l’ont aidé dans cette tâche car ils lui ont appris à sortir de sa zone de confort. « C’est le plus important dans la vie », conclut Soufian.

La vidéo From cancer to Black Belt est sur YouTube ; opticalethegame.com ; Instagram : @soufiiiaaan

NICOL LJUBIC

Les arts martiaux lui ont appris à dépasser ses peurs. « Quand il t’arrive quelque chose de complètement nouveau, dit-il aujourd’hui, tu dois sortir de ta zone de confort, et la première réaction que cela provoque, c’est la peur. Mais si tu acceptes cette nouveauté, cette expérience, la peur s’estompe. Ainsi, ta connaissance du monde s’élargit et tu découvres de nouvelles ressources en toi. »

LEA KLOOS

Alors que le taureau charge, et que la moindre parcelle de son corps lui hurle de déguerpir, Soufian Mahlouly s’oblige à rester immobile. On peut voir un extrait de cette scène sur son compte Instagram : alors que le taureau semble sur le point d’encorner Soufian, celui-ci exécute un saut par-dessus la bête qu’il amortit en une roulade. Une parade spectaculaire ! C’est son sensei (son maître en arts martiaux) qui a eu l’idée du taureau : il a regroupé ses élèves dans cette arène pour les confronter à leurs peurs. C’est justement dans ces moments-là que Soufian se sent le plus vivant. Son corps et son esprit sont à l’unisson, au maximum de leur concentration, dit-il. Ce sont des occasions comme celles-ci qui lui permirent de développer sa personnalité. Fidèle à sa devise : tout ce que tu cherches, tu le trouveras par-delà tes peurs. À l’âge de 18 ans, il dresse la liste de tout ce qui l’angoisse. À commencer par : se battre. Une excellente raison pour lui de se mettre au ju-jitsu. Quelques années plus tard, son sensei lui propose une nouvelle discipline : le karaté kyokushin. Soufian saisit sa chance et prend part aux combats : full-contact et sans protection. « Lorsque le gong retentit, tu y vas et tu donnes tout, tu risques tout », déclare-t-il, en ajoutant que même si la peur de se battre ne disparaît jamais entièrement, il est possible de l’utiliser et de la maîtriser. Il devient champion de Suisse à tout juste 24 ans.

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« Lorsque le gong retentit, tu y vas et tu donnes tout, tu risques tout. »

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Elon Musk a beau être un boss de l’innovation, son prochain véhicule électrique manque d’un petit quelque chose : un esprit camping.

Vous pouvez vous passer du CyberLandr et dormir dans la benne du Cybertruck, mais ça ressemblerait à un kidnapping.

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­ elon l’entrepreneur amériS cain, le Cybertruck est un « ­véhicule blindé de transport de troupes du futur », tout comme sa commercialisation prévue en 2022. Cela n’empêche pas certains de le transformer sans attendre en camping-car de l’ère spatiale. « À nos yeux, le Cybertruck est un véhicule pour l’aventure, explique Lance King, 58 ans, entrepreneur à Las Vegas et co-créateur (avec Bill French) du CyberLandr. Notre module lui en donne tous les attributs. » Logé dans la benne du Cyber­ truck, le module contient une cuisine avec plancher chauffant, plaques à induction, réfrigérateur et évier avec r­ obinet à commande vocale. Il inclut par ailleurs une douche et un bureau équipé de tables pivotantes et de chaises pliables qui se transforment en lit. « Chaque centimètre est ­exploité », explique King. Mais tout repose sur sa capacité à se déployer. « L’aérodynamisme est un élément clé pour l’autonomie des véhicules

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BEN KEMPTON

Fort ce coffre

Il y a deux ans, Elon Musk dévoilait le Tesla Cybertruck, sa version du pick-up 100 % électrique. Avec son allure d’avion de chasse furtif, sa coque pare-balles en acier inoxydable et son toit transparent en verre blindé, cette Tesla quasi incassable offre une autonomie de 750 km. Et pour couronner le tout, la benne de deux mètres de long évoque un coffre-fort sur lequel se rabat un rideau de type garage.

CYBERLANDR

CYBERLANDR

électriques. En intégrant le module à la benne, l’aventure devient possible dans des lieux inaccessibles aux camping-­ cars traditionnels. » Mais le camping-car du futur a un coût. En plus du prix de base d’un Cybertruck, à partir de 33 000 € environ pour le modèle à propulsion ­arrière, le module de King coûte environ 41 000 €. Un prix, selon son créateur, c­ omparable aux autres camping-­cars : « Dans la gamme des 20 500 €, certains n’ont pas de toilettes ni de réchaud. Pour le haut de gamme, il faut compter entre 25 et 50 000 €. Le lambris composite, léger, mais très robuste, explique ce prix. Même un marteau de forgeron rebondit dessus. » Les clients du Cybertruck sont visiblement d’accord, car deux semaines après sa présentation, plus de mille commandes de CyberLandr ont été passées, pour un montant de 41 millions d’euros. Mais le père du Cybertruck ne s’est toujours pas manifesté. « Elon Musk ne nous a pas appelés, confie King. Si nous avions e­ ncore plus de commandes, nous entretiendrions d’excellentes relations avec lui. » La fille de Lance King n’a pas manqué de donner son avis : « C’est la chose la plus laide qu’elle ait vue. » Pas de quoi secouer la foi du concepteur en herbe quant au futur prometteur de son ­CyberLandr. « Dans les vingt prochaines années, le moyen de transport sera une extension du logement, estime-t-il. La vie nomade a le vent en poupe. Si l’on y ajoute la précarité économique, les troubles sociaux ou les catastrophes naturelles, avoir un véhicule qui peut vous mettre rapidement hors de danger est très rassurant. » Pour sa première destination, le CyberLandr a choisi le désert rouge de Moab, dans l’Utah (USA). « Comme un avant-goût de la vie sur Mars. » cyberlandr.com


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SAM BLOOM

Redonner des ailes C’est un oiseau blessé qui a redonné goût à la vie à cette Australienne. Son histoire difficile est aussi la trame du film Penguin Bloom.

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Dans le film, vous êtes d’abord ­réticente à l’idée de garder ­Pingouin. Était-ce le cas ? Non, c’est leur choix artistique. Je l’adorais. Dès l’instant où nous l’avons trouvé, tous les regards se sont tour­ nés vers lui. Depuis mon r­ etour à la maison, j’étais devenue le centre de l’attention, ce que je déteste. L’arrivée de Pingouin a mobilisé l’énergie de toute la famille pour le soigner. Nous avons eu un coup de foudre. Votre première sortie en kayak est un moment clé du film. En quoi retrouver l’océan était crucial ? C’était énorme. J’ai choisi le kayak en désespoir de cause, car ce que j’aimais était désormais inacces­ sible ; j’avais tiré un trait sur tout. Au début, je pratiquais le kayak uni­ quement le samedi matin, puis ce moment est devenu mon préféré de la semaine. Sortir du fauteuil rou­ lant et me retrouver sur l’eau, dans la n ­ ature, était très plaisant. Effrayant aussi ? Terrifiant. Je suis paralysée de la poitrine aux pieds, sans muscles à l’estomac, donc j’ai un sens de l’équi­ libre désastreux. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir Gaye (Hatfield, sa coach de kayak, ndlr) à mes côtés dès le premier jour, elle a été gé­ niale. Je suis tombée à l’eau plu­

sieurs fois, mais je suis très détermi­ née. J’ai toujours cru en moi. Cela a préservé ma santé mentale. Quel accueil le film a t-il reçu ? Les gens nous écrivent qu’ils se sentent désormais moins seuls. Améliorer la vie des gens est grati­ fiant. J’ai échangé sur WhatsApp avec une jeune femme d’une tren­ taine d’années, espagnole, atteinte d’une lésion à la moelle épinière. Elle adorait skier, alors je lui ai sug­ géré d’essayer le surf. J’ai contacté une amie parasurfeuse au Costa Rica pour la mettre en relation avec quelqu’un susceptible d’initier la jeune femme à Barcelone. Après quelques séances, elle m’a envoyé des vidéos. Le sourire sur son visage m’a ravie. Elle s’éclate à faire une chose nouvelle pour elle. Comment avez-vous rejoint la ­fondation Wings for Life ? En Australie et en Nouvelle-Zélande, nous reversons 10 % des droits ­d’auteur à SpinalCure Australia, et faisons de même en Europe, pour Wings for Life. L’avantage est que la totalité de l’argent récolté va à la recherche d’un traitement. En cas de succès, ce serait le plus beau jour de ma vie, imaginable. Je sais bien que cela prendra du temps. J’ai eu mon accident à 41 ans, sans avoir ­réalisé tous mes objectifs, bien que j’aie voyagé et fondé une famille. Lorsque je rencontre des jeunes [at­ teints de lésions], des adolescents ou des jeunes gens âgés de 20 à 30 ans, cela me brise le cœur, car leur vie commence à peine. Plus vite on trou­ vera un traitement, mieux ce sera.

Plus d’infos sur la recherche contre les lésions de la moelle épinière sur wingsforlife.com. Penguin Bloom est disponible sur Netflix.

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RACHAEL SIGEE

the red bulletin : Quels conseils avez-vous donnés à Naomi Watts pour interpréter votre rôle ? sam bloom : Je ne voulais pas d’une fin hollywoodienne typique, où tout va bien dans le meilleur des mondes. Je vais mieux, mais ça ne sera jamais comme avant. C’était sympa avec Naomi, elle tenait à ma présence sur le plateau. Elle voulait que les scènes soient authentiques comme lors­ qu’elle passe du lit au fauteuil roulant.

CAMERON BLOOM

À 41 ans, la vie de Sam Bloom a pris un tournant tragique. En 2013, lors de vacances en famille en Thaïlande, le balcon vétuste de l’hôtel où elle se tient cède. Elle fait une chute de 6 mètres de haut sur du béton, se fracture le crâne et se brise les ­vertèbres T6 et T7. La surfeuse aus­ tralienne, mère de trois enfants, est paralysée de la poitrine aux pieds. Ces graves blessures plongent Bloom dans le désespoir au point de songer au suicide. Un bébé pie blessé découvert avec son mari Cameron, photographe, et leurs fils Ruben, Noah et Oliver près de leur maison sur les plages au nord de Sydney, sera sa planche de salut. Tout comme elle, l’oisillon a survécu à une chute qui lui a abîmé l’aile. Ils l’appellent Pingouin en raison de son plumage noir et blanc et de ses grandes pattes. La famille se consacre à son rétablisse­ ment et Sam Bloom trouve là une nouvelle motivation. Sa confiance revenant progressi­ vement, elle se lance dans le para­ canoë de compétition, puis dans le parasurf, discipline où elle devient championne du monde à deux re­ prises. Mais un autre succès plus inat­ tendu transforme notre héroïne en conférencière : le livre de Cameron sur leur histoire, Penguin Bloom, best-seller international coécrit avec l’auteur australien primé Bradley ­Trevor Greive. Aujourd’hui, Sam, 49 ans, est aussi ambassadrice de Wings For Life, la fondation pour la recherche sur la moelle épinière. ­Penguin Bloom a fait l’objet d’un ­biopic dans lequel Sam est incarnée par ­l’actrice Naomi Watts, nominée aux Oscars. « Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imagi­ né une telle chose », confie-t-elle.


« D’un coup, l’attention que l’on me portait s’est déplacée sur cet oiseau. »

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LEON BRIDGES

Danse assurée Danseur de formation, le chanteur à succès présente quatre chansons qui le font immédiatement swinguer.

Marvin Gaye

Future

James Brown

Club Rock (2012)

Sexual Healing (1982)

March Madness (2015)

The Payback (1974)

« Un monument de la culture danse de Dallas et Fort Worth, ma ville d’origine, dont le style appelé “boogie dancing” est très spécifique. C’est mon hymne personnel ; je l’écoute souvent après une séance photo, il me fait un bien fou. Impossible de ne pas se mettre à danser en l’écoutant, il électrise vos pieds. Cette chanson produit sur moi un effet dont je ne me lasserai jamais. »

« La carrière de Marvin Gaye est un modèle pour moi. Ce n’est pas évident de danser sur ce morceau malgré un groove incroyable. Mais dès que je l’entends, je bouge illico. Il diffère totalement de Club Rock, mais parfois ralentir le rythme permet à la chanson de nous emmener ailleurs. Elle mériterait d’être étudiée dans les écoles de danse, si ce n’est déjà le cas. Un bijou ! »

« Difficile de choisir un titre du rappeur Future tant ils sont nombreux, mais celui-ci est spécial — en discothèque il déclenche une réaction immédiate. Il fédère les gens. Avec mes amis nous dansons et chantons les paroles à l’unisson, comme un seul homme, nos corps sous l’emprise du rythme. C’est l’une des sensations que je préfère. J’ai la banane rien que d’y penser. »

« J’aime le fait que cette chanson regorge d’espace. Un morceau inclassable où tout est permis. Il suffit de voir James Brown à l’œuvre. Idéal pour swinguer en toute liberté, comme j’aime, libéré de toute contrainte ; on exprime simplement ce que la musique nous inspire. J’ai improvisé des pas sur ce morceau, dont je n’ai plus aucun souvenir. »

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THE RED BULLETIN

PAVIELLE GARCIA

Yung Nation

WILL LAVIN

Au début des années 1960, la soul est à son apogée, le père de Todd Bridges n’est alors qu’un enfant. Depuis, le genre a évolué vers des styles variés, mais la musique de Todd, 32 ans, plus connu sous le nom de Leon Bridges, reste ancré dans ce son traditionnel, inspiré du gospel, du jazz et du rhythm and blues. L’auteur-compositeur-­ interprète texan décolle en 2015 avec son tube Coming Home, et remporte quatre ans plus tard un Grammy pour Bet Ain’t Worth The Hand. L’Américain collabore avec des artistes comme Common et John Mayer, et se produit à la Maison-­Blanche lors du 55e anniversaire de Barack Obama. Danseur accompli depuis ses années d’université, il partage ici quatre grooves irrésistibles. Alors on danse ? Gold-Diggers Sound déjà dispo; leonbridges.com



LE BRON CHEMIN Avec ses expéditions en vidéo de par le globe, KILIAN BRON est considéré comme le pilote français le plus créatif de sa génération. Cette icône du VTT nous dit comment trouver notre véritable passion peut transformer une vie. Ce truc, quel qu’il soit, qui motive et façonne un quotidien. Texte PH CAMY  Photos TRISTAN SHU


Un pilote au bout du monde ? Non, juste en Suisse, à quelques centaines de bornes, voire moins, de chez vous. Si vous savez rencontrer votre passion, l’aventure vous tend les bras.

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Pour lui, tout a débuté par une simple descente à VTT, puis son vélo l’a mené dans des endroits toujours plus fous. Le Français Kilian Bron lors d’un shooting exclusif pour The Red Bulletin en juillet dernier.


U

une bicyclette. Tout le monde est ­monté dessus un jour, gamine ou ­gamin. Et puis, voilà. Fin de l’histoire. Pour certains et certaines, ce fut le ­début de L’HISTOIRE. Dans le cas de Kilian Bron, 29 ans, le vélo s’est peu à peu apparenté à un moteur de vie, un passeport, un « prétexte » (il le dit lui-même) pour parcourir le monde, s’ouvrir à l’autre ; et surtout, à l’ailleurs. Pour ce pilote basé en Andorre et àA ­ nnecy, l’important était de se dédier à une passion, et de l’envisager le plus créativement possible. Car, non content de parcourir la planète avec son VTT, Kilian ramène de la plupart de ses trips des vidéos qui font frémir les aficionados du bike autant que les amateurs d’évasion. Profitant de l’un de ses rares jours de pause, il nous raconte comment la passion l’a guidé vers de nouveaux territoires, et comment elle peut être le carburant d’un changement ou d’une orientation de vie. À la portée de tous et de toutes. Si nous ­savons trouver notre « vélo ».

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Quel genre de gamin étiez-vous en société à l’époque ? J’étais un peu passe-partout, pas extraverti, mais pas introverti non plus. Ce gars au milieu, qui ne fait pas de folies. Par contre, je me suis toujours exprimé à travers le sport, que ce soit en ski ou en vélo. J’étais à la fois calme et un peu hyperactif à certains moments. Je suis assez posé, mais je me transforme quand je suis sur mon vélo. Clairement, c’est un moyen d’expression pour moi. On pense souvent que ceux qui se lancent dans une passion au point d’en vivre ou d’y faire carrière ont ­évolué dans une famille ou avec un entourage qui la pratiquait déjà, que c’était « normal ». C’était votre cas ? Non, ma famille n’était pas du tout dans le vélo. Mais c’est vrai que beaucoup de gens qui travaillent dans le vélo ont un lien avec ce milieu à l’origine. Par contre, mon père était chasseur alpin pendant des années, et c’est lui qui m’a donné le goût de la montagne. Mais pas du vélo.

the red bulletin : Kilian, parlez-nous de ce jour où un tour à vélo a fait naître le pilote et créateur de vidéos que le monde entier plébiscite aujourd’hui sur YouTube... kilian bron : J’avais 13 ans, je ne vivais pas loin d’un funiculaire, vers les Arcs, et j’ai suivi des potes qui faisaient de la descente à vélo. À l’époque, je pratiquais le VTT un peu comme tous les mecs de mon âge, j’avais un vélo un peu comme tout le monde. En les suivant pour cette descente, j’y ai tout de suite trouvé quelque chose en plus par rapport à tous les autres sports que j’avais pu pratiquer jusqu’alors, comme le skate, ou le ski.

Comment êtes-vous passé à la vitesse supérieure, de se sentir bien à se jeter à fond ? Les étés suivants, le funiculaire n’était ouvert que deux mois au total, et j’y ai roulé quasiment tous les jours, à deux jours près. Sinon, j’allais rouler au skatepark à côté de chez moi, faire des bosses, comme les autres jeunes par chez moi. Et puis, vers mes 17 ans, je me suis lancé en compétition, jusqu’à atteindre la Coupe du monde en 2011. En parallèle, des teams ont commencé à m’épauler et à me conseiller, et j’ai commencé à m’intéresser aux contenus que l’on peut faire autour du VTT. Je me souviens notamment d’un voyage organisé par la marque Julbo, au Maroc, où j’ai connecté avec les gens des vélos MIA Santa Cruz, qui m’ont guidé, et expliqué comment ça se passait, au-delà du bike. C’est sur ce même voyage que je me suis blessé. J’ai dû stopper le vélo pendant cinq mois...

Qu’est-ce qui s’est passé de si spécial ? En fait, j’étais juste bien sur le vélo. Je sentais qu’il y avait quelque chose, et au bout de trois ou quatre sorties, j’ai compris que c’était le moyen d’aller un peu loin. Que le vélo était l’outil rêvé pour aller explorer un peu à droite, à gauche autour de chez moi, dans les forêts et sur les montagnes autour. Ça a commencé comme ça...

Où en étiez-vous de votre vie personnelle ? J’avais terminé une licence en gestion de projets, et en parallèle j’étais aussi pompier volontaire, une chose qui me tenait vraiment à cœur, et m’assurait aussi quelques revenus. Cette activité a aussi été un moyen de revenir un peu sur terre, de garder un lien avec « la vraie vie », notamment quand j’ai commencé

Vététiste expérimenté ayant atteint le niveau mondial en descente, Kilian allie découverte de nouveaux spots et prouesses de pilotage dans des vidéos YouTube à sensations.

« J’étais ce gars au milieu, qui ne fait pas de folies. » 26

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Kilian Bron, 29 ans, peut se retourner sur une vie déjà bien ­copieuse, motivée par une passion, le VTT, qui l’a mené dans une trentaine de pays.

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« J’ai abordé le vélo comme l’outil parfait pour m’exprimer. » à enchaîner les trips avec le vélo. À cause de cette blessure, je me retrouve donc immobile, avec une rééducation… Du coup, j’ai commencé à me questionner sur ma vision des choses à travers le vélo. J’ai essayé de déterminer toutes les choses que j’aimais vraiment faire, et de trouver des moyens pour les associer, afin de les pratiquer encore plus. Qu’aviez-vous retenu sur votre liste ? Le vélo, bien sûr, mais aussi la production d’images, et le voyage. Comment faire pour que ça devienne un peu ma vie quotidienne, ma routine… C’est un peu particulier d’employer ce terme, mais oui : comment faire pour que ces trois choses associées tiennent la route ? Vous avez élaboré une stratégie pour en vivre ? Non, pas de stratégie. Le mot-clé, c’est la motivation, la passion. J’ai un caractère de passionné, et c’est ce qui m’a toujours guidé dans mes objectifs. La base, c’était le vélo, mais à force de m’entraîner, de persévérer dans ce sport, j’ai pris du recul sur les mauvaises et les bonnes expériences, et puis j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui ont su m’épauler et me guider jusqu’à faire ce que je fais aujourd’hui.

Faire le mur. Kilian en mode plaisir sur un spot d’envergure, dans le cadre d’un futur projet vidéo entièrement ­tourné dans les endroits les plus incroyables de l’outdoor suisse.

Beaucoup de nos lecteurs sont passionnés par le vélo, l’image, le voyage, mais il n’existe qu’un seul Kilian Bron. Pourquoi ? L’important pour moi, c’était de trouver ma signature. J’ai toujours essayé de me différencier à travers les choses que je fais. J’aime beaucoup m’inspirer d’autres athlètes, même dans d’autres sports, sans les copier. Pour autant, ce n’est pas juste faire les choses différemment qui me motive, mais les faire parce qu’elles me plaisent, parce qu’elles me passionnent. Je pense que j’ai abordé le vélo comme un outil : l’outil parfait pour m’exprimer. Ensuite j’y ai associé des mots, comme   29


« Le mot-clé, c’est la motivation, la passion. » Mission, qui est le nom d’une de mes web-séries. Avec Mission, je prenais mon vélo pour m’évader en montagne, aller trouver de nouveaux endroits… Tu sais quand tu pars, tu ne sais jamais vraiment ce qui va se passer en route et quand tu vas revenir. Je pense que c’est ça ma signature, ma différence, tout en gardant une approche artistique dans ma manière de communiquer et de partager tout ce que l’on fait à travers des photos, des vidéos, et même des articles. Finalement, des contenus vélo, sur YouTube, il y en a des tonnes, de même pour la guitare ou l’automobile… Alors, comment rester original quand on veut propager sa passion, pour finalement pouvoir en vivre ? Si tu commences par te mettre dans ta bulle, vélo ou autre, à ne plus regarder autour de toi pour faire ton truc, ce n’est pas la bonne voie. C’est important d’être curieux de ce qui se passe dans ton milieu, ton univers, mais aussi d’être curieux d’autres pratiques, d’autres choses. Je m’intéresse à ce que font les autres, je lis des bouquins, je regarde des documentaires, je discute avec des potes au restaurant, de sujets variés, et à un moment, j’ai un déclic, un flash, et je note une idée qui me passe en tête, puis je la range dans ma boîte à idées. Vous en faites quoi ? Quand j’ai terminé ma saison, quand je n’ai plus la tête à fond dans mes projets, je reprends ces idées, et c’est là que j’arrive à être créatif. Je peux aussi me balader sur Instagram, regarder des photos, voir des trucs un peu décalés. J’établis des liens entre les choses, et il y a des concepts qui naissent, des trucs un peu originaux qui prennent forment. On ne part sur rien de précis au départ, et puis la curiosité et le remue-méninges font leur travail. Vous employez le « on ». Comment est constituée votre équipe type sur un projet de vidéo ? 30

Seul sur un petit sentier ou sur une course mass start de type Mégavalanche, Bron roule avec la même intensité : à fond !

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Kilian Bron dans l’œil du photographe d’aventure Tristan Shu. Deux talents créatifs associés pour rendre le VTT surprenant.

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« Si tu commences par te mettre dans ta bulle, vélo, ou autre, ce n’est pas la bonne voie. »


« Ce que j’essaie de partager avec les gens, c’est : “Vous aussi vous pouvez y arriver.” »


dienne, physique notamment, pour entretenir votre passion ? Oui, je m’entraîne régulièrement, je roule peut-être 200 fois sur une année, et puis je suis encore sur le circuit des courses de vélo, avec des mass starts, trois ou quatre à l’année dont la Mégavalanche, où ça a encore bien marché cette année (Kilian a terminé deuxième de l’édition 2021 de cette course marathon avec départ en ligne, ndlr). Je reste un compétiteur dans l’âme, même dans mes projets vidéo, je me challenge tout le temps. Je donne tout ce que j’ai.

Avant de filer en Suisse, une pause énergisante face à l’un des cinq lacs de la région de Zermatt. Pour en voir plus, en vidéo, rendez-vous sur redbull.com.

Idéalement, il y a : un filmeur, un gars qui fait du drone en FPV (pour First ­Person View, ou vue subjective, ndlr) et un photographe. Je peux citer Pierre Henni et Mathieu Ruffray, qui sont mes cameramen et monteurs principaux, et Pierre Dupont sur le FPV. Et combien de partenaires, ou ­sponsors, viennent vous apporter leur soutien sur un projet vidéo ? Je ne raisonne pas en termes de partenaires sur un projet précis, comme peuvent le faire les influenceurs. J’ai une quinzaine de partenaires qui me suivent chaque année, et qui m’accompagnent à plus ou moins grande échelle selon le projet. Mon partenaire principal, le plus engagé sur mes projets, est la marque de vélos Commencal. Et d’autres ne sont pas forcément liés au VTT, comme les voitures Škoda, ou encore les montres ­Tissot, même s’ils sont légitimes dans le vélo pour le chronométrage. Je pense aussi au site internet Private Sport Shop. Ça me permet de toucher des publics différents, pas forcément concernés par le VTT. Ils m’emmènent vers un public moins averti. Vous n’hésitez pas à dire que le vélo, dans lequel vous vous investissez depuis une quinzaine d’années, peut être vu comme un prétexte, un passeTHE RED BULLETIN

port qui vous a ouvert le monde… Oui, sans lui, je pense que je n’aurais jamais pu voyager autant ni rencontrer autant de monde. Mais j’aurais vécu des choses différentes, dans d’autres domaines, parce que je suis quelqu’un d’entier. Avec mon caractère passionné, je me serais laissé guider par autre chose. Combien de pays avez-vous visités ? Une trentaine. Parmi les plus marquants il y a eu la Nouvelle-Zélande, la Namibie, ou le Canada, la Mecque du VTT. Sans le vélo, seriez-vous allé aussi loin dans vos rencontres, ou vos découvertes d’autres pays ? Probablement que non. Mais finalement, ce vélo, c’est un peu comme allez boire un coup et rencontrer des personnes. C’est en sortant pour boire un coup que tout cela arrive, en fait. Le bistrot, c’est bien, mais avec un peu d’exercice, c’est mieux. Est-ce que vos projets impliquent une routine quoti-

« Je roule peutêtre deux cents fois par an. »

Certains vététistes assidus sont plus inspirés par vos vidéos et vos courses mass starts, que par les évolutions de certains champions professionnels de la descente. Pourquoi, selon vous ? Pour commencer, je respecte énormément tous ces champions, et il peut m’arriver de discuter avec certains d’entre eux comme Loïc Bruni, auquel j’exprime toute mon admiration pour tout ce qu’il a réussi à faire, cette rigueur d’entraînement à laquelle il se contraint, et qui à l’inverse, me retourne le compliment. Peut-être que j’inspire des gens parce que j’apporte ma petite touche en plus. Laquelle ? Rester humain et accessible. Que l’on puisse se reconnaître dans ce que je fais. C’est cela que j’essaie de partager : « Vous aussi vous pouvez y arriver. » Et quand je conçois une vidéo en Turquie avec toutes les montgolfières, avec ces belles lumières (Follow The Light, ndlr) tu peux avoir envie d’aller là-bas même si tu ne fais pas de vélo. Il y a des gens qui m’écrivent pour savoir où c’est, pas pour le vélo, juste pour y aller. Qui vous motive en dehors du vélo ? En ce moment, quelqu’un comme ­Thomas Pesquet. J’aime beaucoup ce genre de personnes, qui disent les choses simplement, même s’ils font des trucs extraordinaires. Pour certains, les endroits où vous roulez semblent aussi inaccessibles que l’ISS dans lequel se balade cet astronaute français... En fait, c’est plus simple que ça. J’ai commencé sur un vélo de base, donc l’essentiel, c’est de se réveiller. Et là : c’est parti !

Instagram : @kilianbron   35


En mission

L’enfant prodige de la scène hip-hop suisse, CÉDRIC JORGE BORGES, alias STALAMUERTE, 28 ans, fait preuve d’une ambition plus grande que celle de seulement gagner des battles. Grâce à ses chorégraphies engagées, le champion du monde danse pour sensibiliser contre l’intolérance et le racisme. Texte SMAEL BOUAICI  Photos GIAN PAUL LOZZA


TOUJOURS EN MOUVEMENT

Stalamuerte en pleine performance au bord du lac Léman, dans sa ville natale de Vevey.

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Une

nouvelle vague agite le Léman. Il est 8 heures du matin ce mardi de juin et, tandis que le quai de Vevey se remplit peu à peu, Stalamuerte, 28 ans, est déjà en train de danser au bord du lac, enchaînant les mouvements avec cette sou­ plesse caractéristique et cette grâce inimitable qui a fini par le porter au sommet de sa discipline en 2019, le légendaire concours Juste Debout à Paris (l’équivalent d’un champion­ nat du monde de danse urbaine). Un succès qui a trans­ formé en locomotive de la danse suisse le jeune ado qui ­assistait, devant ce même lac, à son premier battle il y a quinze ans. Fasciné, il embarque alors tous ses camarades dans sa nouvelle passion et ébauche ses premiers pas dans la cour du collège des Crosets. Il est ensuite repéré par Mam’s Goku, qui devient son « sensei », son professeur pour la danse et son mentor pour la vie. Cédric Jorge Borges ap­ prend les bases du locking, du breaking, du popping ou de la house dance. Mais c’est le freestyle qui séduit cet athlète, car il permet de combiner tous les styles de danse, en toute spontanéité, et à l’envi : « Il n’y a rien de plus vrai et de plus beau que le freestyle, estime-t-il. C’est là où tu peux être ­toi-même et montrer aux gens qui tu es vraiment. Pour moi, le freestyle, c’est la vie. C’est comme ça que Stalamuerte est né et c’est comme ça qu’il va mourir. »

« Il n’y a rien de plus vrai et de plus beau que le freestyle. » 38

Bonne pioche : Stalamuerte, son nom de scène, est composé du surnom qu’on lui donnait quand il était gamin (« Stala ») et du cri de guerre hasta la muerte (trad. jusqu’à la mort). Il va également de pair avec « Diablo », le nom de son partenaire de danse. Ensemble, les fans les appellent « los Diablos de la muerte » : les diables de la mort.

Un respect gagné à Paris

Un premier workshop en Italie en 2014 le conforte dans l’idée qu’il peut faire carrière. Mais c’est en allant défier les danseurs parisiens, après avoir tout ga­ gné en Suisse, durant le Juste Debout dans la capitale française, qu’il se dé­ couvre vraiment. « Paris a le public le plus difficile. Ils ne sont pas gentils avec toi, il faut que tu prouves que tu as ta place. » Il en revient gonflé de confiance, en lui et en son style de danse atypique. Quand Cédric danse, il distille dans son hip-hop une touche de ballet clas­ sique. Ses mouvements souples et gra­ cieux sont sa manière de s’exprimer : « Il a fallu que je gagne à Paris pour que mon style de danse soit respecté. » Avec le temps, Stalamuerte façonne son style en l’agrémentant d’éléments hip-hop afin de ne plus se heurter aux ­reproches des fans. « J’ai poussé mon style dans ses retranchements. Et du coup, ­aujourd’hui, il n’y a aucune limite dans ma danse. » Stalamuerte en a fait son mantra : « Essaye de repousser les limites du pos­ sible, pousse jusqu’où tu peux pousser, entre en transe et laisse-toi aller. C’est ce que je dis toujours à mes élèves. » À son retour de France, sa bande de copains est impressionnée en voyant le changement dans son attitude. Le déclic qu’il a vécu à Paris, il n’a même pas ­besoin d’en parler : il se ressent dans ses mouvements. Avec le temps, la danse est devenue son moyen de communication de prédilection : « Je ne suis pas le mec qui va trop raconter sa vie, alors qu’en danse, je vais raconter tout ce qui se passe dans ma tête. Et ça va être facile de l’exprimer. » Enfant « turbulent », la danse lui a permis de se canaliser, de maîtriser les muscles les plus isolés de son corps, et d’atteindre une forme de transcendance. THE RED BULLETIN


« Paris a le public le plus difficile. Ils ne sont pas gentils avec toi, il faut que tu prouves que tu as ta place. »

INCARNER UNE VISION

« En danse, je vais ­raconter tout ce qui se passe dans ma tête. Et ça va être facile de l’exprimer. »


« Tu rentres dans l’atmosphère du son, puis tu ramènes ton monde dans le son. »

JUSQU’À BASCULER

« Plus je danse longtemps, plus je laisse aller mon corps, explique Stalamuerte, jusqu’à finir par être en transe totale. »


PASSER LE RELAIS

Stalamuerte veut uti­ liser sa célébrité de champion du monde pour attirer l’attention sur les jeunes talents. Si vous voulez savoir pourquoi l’homme est célèbre : scannez le QR code et découvrez les étapes les plus im­ portantes de sa carrière dans le documentaire One Life One Dance.

« Quand je danse, je suis dans une transe, décrit-il. Tu rentres dans l’atmosphère du son, puis tu ramènes ton monde dans le son. Au début du battle, je suis conscient de ce que je fais, je sens chaque mouvement dans mon corps. Et plus le temps passe, plus je laisse mon corps aller, pour que, dans les dernières secondes, ce ne soit que de la transe. Je n’ai plus besoin de réfléchir, je laisse totalement aller mon corps. » Et quand il entre dans cette « zone », tout peut arriver, même les mouvements les plus extraordinaires, comme lors du premier round de sa finale victorieuse au Juste Debout avec son binôme Diablo, quand il attrape la jambe de son partenaire et enchaîne avec une fluidité divine deux tours les yeux vers le ciel, soulevant les exclamations du public. « J’étais en train de regarder le plafond et je me disais : “Ça fait un moment que je suis en train de tourner !” C’est ça qui est beau dans le freestyle, ces choses qui n’arrivent que sur le moment. » Il repart de Paris avec le trophée, soulagé. Car au même moment, la maladie de sa mère se complique. THE RED BULLETIN

« Cette compétition, c’était très spécial pour moi. Il fallait que je ramène ce trophée avant qu’elle parte, que je rentre en disant : “Maman, c’est fait, c’est bon.” C’était trop. Les gens ne le savent pas, mais Juste Debout, c’était plus profond que ce qu’ils ont vu sur scène. »

Ce qu’il aime et ce qui le révolte

Stalamuerte s’est juré que la suite de sa carrière serait plus profonde après ce titre de champion de monde. Profonde comme l’empreinte qu’il veut ­laisser sur le monde de la danse. Plus ­déterminé que jamais, il veut profiter de sa nouvelle notoriété pour aider sa communauté, et mettre en avant de nouveaux talents. « Ce serait ingrat de ma part de ne pas en faire profiter les   41


autres. J’ai de l’exposition, et si je peux l’utiliser pour partager ce que j’aime, je vais le faire. » Ce qu’il aime, mais aussi ce qui le ­révolte, constitue l’ADN de son boulot. Comme les contrôles au faciès, une discrimination que ce fils d’immigrés capverdiens a subie tout au long de sa vie. C’est ce que dénonce la performance Jusqu’ici tout va bien, créée en 2017 à Bienne pour l’émission World of Dance, mais censurée par les organisateurs parce que « trop engagée ». « Je les avais prévenus pourtant », rappelle Stalamuerte, qui a mis en ligne le film en mai dernier sur Cubique, une plateforme connectée engagée, dédiée aux danseurs et à leurs histoires, pour sensibiliser aux problèmes de société. Le film se termine sur l’image de son corps meurtri qui saigne. Le message est univoque : peu importe la couleur de peau, c’est la même chose qui coule en nous. « Les contrôles au faciès sont une réalité en Suisse, dit Cédric. C’est important d’éduquer la nouvelle génération. Parce que tout part des parents. » Le film est d’ailleurs utilisé dans certaines écoles pour évoquer le racisme avec les élèves. Et le Veveysan prépare déjà la suite. Un nouveau court-métrage sur le même thème est déjà écrit, ne reste qu’à trouver la bonne équipe et le bon moment. « Visuellement parlant, ça va être quelque chose », prévient-il.

Avant de partir

Le danseur s’est aussi mué en directeur artistique pour son premier clip estampillé Hastalamuerte, sorti en mai, sur un morceau du rappeur Mega, un de ses amis d’enfance – les mêmes qu’il entraînait sur un carton pour danser quinze ans auparavant. « Et je peux dire officiellement que ce sera désormais une série ! Le deuxième épisode arrive bientôt avec un rappeur français que tout le monde écoute en ce moment. » À terme, avec sa troupe, Cédric voudrait développer une activité de « fournisseur de clips » pour rappeurs. « Ce sont eux qui vont venir nous chercher pour faire des collabs. On va changer les règles. » Mais sa grande envie du moment, après une année de Covid, c’est la scène. Et son grand projet, c’est ce spectacle d’une heure sur lequel il travaille d’arrache-pied avec ­Diablo, devenu, plus qu’un partenaire, un véritable alter ego. « C’est un show qui va parler de nos vies, de nos similitudes, de ce qu’on a vécu et des morts qu’on a eus. On veut amener tout ça sur scène. On va pouvoir cracher tout ce qu’on a dans notre cœur et dans notre âme. Ça va être 42

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LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL

« Ce serait ingrat de ma part de ne pas en faire profiter les autres. »

quelque chose de très gros, qui nous ­permettra de mettre plein de jeunes en avant. Parce que la suite, c’est eux. » Stalamuerte a les idées très claires en ce qui concerne son avenir. La suite, pour lui, se déroulerait plus en coulisses que sous les spotlights. Il aimerait que son association avec Diablo débouche sur une entreprise, pour encadrer leurs activités, que ce soit battles, soirées, clips, merchandising ou mannequinat. Le duo planche aussi sur un projet d’émission qui mixerait rappeurs et ­danseurs. « Avec Diablo, on a toujours dit qu’on ne voulait pas avoir 35-40 ans et faire encore des battles. À 40 piges, on aimerait être assez grands pour ne plus avoir ­besoin d’être devant la caméra. » Stala­ muerte intervient régulièrement dans des écoles de danse comme à la Deekay Dance School à Lausanne pour transmettre son savoir-faire, ou lors de workshops en Chine, au Japon, et en Ukraine. Il aimerait donner de l’ampleur à la famille qu’il a créée autour de lui, Crazy Sweetness (« folie douce »), qui regroupe des gens qui ont la même vision de la danse que lui. Une structure encore informelle qu’il rêverait de transformer en école de danse, avec, pourquoi pas, des filiales à travers le monde. « J’ai envie de faire travailler des petits qui m’aiment et que j’aime, et qu’on avance ensemble. Et demain, quand je partirai, ils auront tous les bagages. Ce sera à eux de faire tourner l’école. Je veux vraiment créer un monde, que les gens disent : “Stala, il a beaucoup fait avant de partir.” » Jusqu’où peut-il aller ? Comme dans sa danse, le Suisse ne se fixe aucune limite. « Tant que tu ne me verras pas partout dans la rue en tournant la tête, c’est que je ne suis pas encore au summum. » Instagram : @stalamuerte_stylezc


LA SCÈNE DANS LE SANG

Le quai en bordure de lac offre une belle exposition, mais rien ne remplace une vraie scène. Stalamuerte bosse déjà sur un nouveau spectacle.


Match sur le terrain de la West 4th Street à New York : l’atmosphère est intense.

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LA CAGE


C’est sur la West 4th Street que se trouve le terrain de basket le plus légendaire de New York City. Ses grilles attirent des stars comme Denzel Washington, et des joueurs de toutes origines ethniques qui viennent y gagner respect et notoriété, dans un brassage unique en son genre. Visite d’un lieu mythique et symbolique.

AFFOLE

Texte DAVE HOWARD Photos ANTHONY GEATHERS


Le

terrain est petit.

C’est la première chose qui frappe quand on entre dans le West 4th Street Courts à New York. Si la ligne des trois points était placée à la distance réglementaire de la NBA – comme une concession aux professionnels qui s’entraînent parfois ici – elle serait pratiquement au niveau du cercle central. En assistant à un match de la Summer League disputé dans la Cage ou “The Cage”, comme on appelle en anglais ce lieu légendaire, on a l’impression que des géants ont envahi un terrain de jeu pour enfants. C’est quand on essaie de savoir dans quelle mesure les dimensions du t­ errain

Des cracks du basket pendant la préparation d’un match éliminatoire des Summer Leagues 2016 : qualifier le jeu dans la Cage de « physique » est un euphémisme.

« Tu n’as pas intérêt à montrer tes faiblesses, sinon, tes adversaires te bouffent tout cru. » 46

diffèrent réellement des dimensions normales que les choses deviennent intéressantes. Google propose une grande fourchette d’estimation allant d’« un peu plus petit que la norme » (comme le dit la page d’accueil officielle de New York City Parks) à « la moitié de la norme de 94 pieds » (28,65 mètres). Même les légendes de la Cage restent vagues à ce sujet : les joueurs peuvent s’y sentir à l’étroit, disentils, voire un peu claustrophobes. Kenny Graham, fondateur des Summer Leagues (qui ont fait de la West 4th Street un haut lieu du streetball) et un nom incontournable pour les initiés des playgrounds dans le monde entier, se contente de hausser les épaules et de répondre que le rectangle vert est « réputé pour ses multiples dimensions ». « C’est ce que les gens aiment dans cet endroit. » Sous-entendu : à quoi bon gâcher son plaisir en se prenant la tête pour quelques centimètres ? Non seulement les dimensions particulièrement exiguës du lieu contribuent à son aura, mais elles exercent aussi une influence sur le jeu lui-même. Ceux qui comptent sur la vitesse et l’agilité rencontreront des problèmes car on y est tellement serré qu’on a l’impression qu’il y a deux fois plus de joueurs sur le terrain que d’habitude. Le grillage qui l’entoure ajoute à la sensation d’enfermement. La Cage récompense ceux qui font des tirs précis ou savent récupérer les rebonds dans un minimum d’espace ou, mieux encore, qui parviennent à prendre leur place dans cette zone que les vétérans appelaient autrefois « la vallée de la mort ». Qualifier le jeu de « physique » est ici un doux euphémisme... Et comme on se trouve à New York, certains spectateurs qui se pressent contre la grille depuis l’extérieur sont de sacrés chahuteurs : quand vous vous plantez, ils vous le font savoir. Jason Curry est le fondateur et président de Big Apple Basketball. Petit, il a vu son père participer à des matches amicaux improvisés ici, appelés pickup games. Plus tard, Curry a aussi joué et entraîné les meilleurs joueurs de West 4th. Après avoir commis une erreur sur ce terrain, il s’est dit : « Ça se passerait mieux n’importe où ailleurs. » Beaucoup de joueurs rencontrent des problèmes en raison de l’exiguïté du terrain, explique-t-il. « C’est un peu la loi de la jungle, ici. Les gens du coin le savent : tu n’as pas intérêt à montrer tes faiblesses, sinon, tes adversaires te bouffent tout cru. » THE RED BULLETIN


Dans la Cage : seuls la compétence, la ténacité et le respect comptent.

Dans le dernier quarttemps de ce match serré, la tension sur et à l’extérieur du terrain est palpable.

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Les matches chaudement disputés dans la Cage attirent de nombreuses stars locales.

Des célébrités du hip-hop y passent régulièrement et EA Sports a même recréé le terrain pour un jeu vidéo. 48

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Le terrain est une vaste scène

Lorsque Kenny Graham a découvert cet endroit en 1976 et participé à des matches improvisés, il a immédiatement senti que ce terrain était différent. En tant que livreur d’épicerie, il passait beaucoup de temps dans les rues. Contrairement aux terrains de basket habituels de New York où l’on ne trouvait que des gens du quartier, les joueurs de tous les coins de la ville se retrouvaient ici – ce qui voulait dire des joueurs du monde entier. « On y ­rencontre encore aujourd’hui des Juifs, des Italiens, des I­ rlandais, des Noirs, des gars du coin, etc. On ne trouve ce genre de diversité dans aucun autre park du pays. » L’emplacement particulier joue lui aussi un rôle. La plupart des terrains de basket extérieurs de New York sont cachés dans des coins reculés de la ville, mais West 4th se trouve à Greenwich ­Village, sur la Sixième Avenue, l’une des principales artères de Manhattan. La ­station de métro West 4th Street est une plaque tournante du réseau de transports publics – une sortie se trouve juste à côté de la place. « C’est presque comme si tu jouais en plein Broadway, dit Jason Curry. Tous les yeux sont sur toi. » Les matches ont longtemps attiré les passants. Il y avait une ligue dans les années 60 mais elle n’a survécu que quelques années. Lorsque quelques entraîneurs ont décidé de réorganiser la West 4th League, Kenny Graham a vu le potentiel de quelque chose de grand. Il a été engagé par la ligue et deux ans plus tard, il en était le co-commissaire et directeur. Dans ces rôles, le talent de Graham pour créer une marque est devenu manifeste. Il a créé le Kenny Graham’s West 4th Street Pro Classic avec son propre logo et son propre merchandising. Au début des années 80, les Summer Leagues attiraient de plus en plus de gros noms des ligues universitaires, voire des rangs professionnels. Les choses se sont enchaînées : plus le niveau était élevé, plus les foules étaient nombreuses, et les noms sont donc devenus encore plus gros. Même Julius Erving, alias Dr. J, l’un des meilleurs joueurs de la NBA dans les années 70, est venu dunker à la Cage. Rapidement, ce ne furent plus seulement les joueurs de New York qui honoraient le petit terrain de leur présence. Jason Curry se souvient qu’une THE RED BULLETIN

« C’est presque comme si vous jouiez en plein Broadway – tous les yeux sont rivés sur vous. » fois, il y a une dizaine d’années, Dwight Howard est soudainement apparu – c’était à l’époque où il était considéré comme le joueur le plus intéressant du basket mondial – juste pour regarder un match. La culture pop a suivi. Des stars telles que Denzel Washington et Spike Lee sont venues faire un tour. Des célébrités du hip-hop y passent et des publicités pour des campagnes nationales y sont tournées. Et si vous ne pouvez vous rendre à la West 4th Street en personne, vous pouvez désormais y aller virtuellement dans le jeu vidéo NBA Street V3 d’EA Sports. La pandémie a imposé un arrêt d’un an des Summer Leagues. Lorsque la ville retrouvera son animation, les touristes se joindront à nouveau aux habitués de la Cage. Graham y vendra des casquettes et des maillots à des personnes originaires de Corée du Sud, de Norvège ou du ­Brésil, leur donnant l’impression d’être l’épicentre du monde du basket.

Le terrain est un refuge

Jack Ryan a grandi à Brooklyn et était fou de basket. À douze ans, personne de son âge ne lui arrivait à la cheville ; son frère, de quatre ans son aîné, le laissait jouer avec ses amis. Une fois qu’il les a surpassés, Ryan s’est dit qu’il était temps d’aller voir du côté de Manhattan. « Je me suis dit, okay, voyons à quel point je suis vraiment bon », se souvient-il. L’endroit où il devait aller était clair : le terrain de West 4th Street. C’est ainsi que la légende de « Black Jack » Ryan est née dans les années 80. Ryan est également devenu célèbre pour avoir refusé des offres d’universités et de la NBA – son immaturité et une enfance difficile y ont certainement beaucoup contribué. Le surnom que lui donna son père était un vilain mot commençant par « f », et sa vraie maison était la West 4th Street. Black Jack et le terrain étaient faits l’un pour l’autre. Il a un jour été ­renvoyé d’une équipe universitaire pour

Devant la grille de West 4th Street : le public est connu pour être impitoyable.

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avoir trop frimé, mais ce playground a d’autres règles : dans la Cage, son jeu fluide était une arme. Un jour, alors que Ryan venait de marquer 44 points contre Phil Sellers, un ancien pro des Pistons de Detroit, un pote l’interpelle sur cet exploit. Il lui répond : « Phil Sellers, c’est qui ? » Chris Mullin, membre du temple de la renommée, et lui-même une légende du basket new-yorkais, a un jour déclaré que Black Jack était le meilleur tireur qu’il ait jamais vu en dehors de la NBA. À West 4th, l’enfant de la balle a trouvé sa famille. Ici, il y avait une certaine stabilité : comme par exemple la propension du marqueur Omar à boire un peu trop avant chaque match et à se tromper dans ses calculs, ce qui obligeait Graham

à le corriger. Malgré ses erreurs, Omar est resté responsable du marquage des points, et c’est justement ce qui plaisait à Ryan : les railleries du présentateur, les compétitions de danse, les règles strictes de Kenny Graham contre la violence... Tout cela apportait une certaine stabilité à un gamin dont l’univers était si fragile. Jack Ryan a été MVP (most valuable player, joueur le plus utile à son équipe) dans l’une des ligues et son mollet arbore un tatouage du logo de West 4th. Aujourd’hui, il continue de se réunir avec Leo, Sherm, Doc – tous les mecs avec lesquels il s’est lié d’amitié au cours de ses presque quarante ans sur le terrain. « Maintenant que je suis plus âgé, c’est ma famille, dit Ryan. West 4th Street est ma deuxième maison. Mon arrière-cour. »

Position de combat : des joueurs de la ligue hommes de New York prêts à en découdre.

L’animosité disparaît au moment où tout le monde se rassemble pour le match suivant. 50

Le terrain est une communauté

Cela peut paraître étrange car le jeu si physique frise l’hostilité pure et simple. Après quelques échauffourées, Kenny Graham a établi des règles de tolérance zéro. Toute personne qui les enfreint peut être expulsée. Mais les joueurs s’estiment beaucoup entre eux. L’animosité soigneusement préparée et entretenue disparaît au moment où tout le monde se rassemble pour le prochain round ou le prochain match. « Malgré les luttes sans merci, il règne une camaraderie incroyable, dit Jason Curry. Tous ceux qui entrent sur le terrain font preuve de respect. » Les gens veillent les uns sur les autres. Pour beaucoup, les matches dans la Cage constituent une partie importante de leur vie. Soixante-dix équipes au sein de ligues différentes s’affrontent ici : 20 pour les hommes et les lycéens, 16 pour les femmes, 14 pour les équipes juniors. Graham, aujourd’hui âgé de 69 ans, ne montre aucun signe de fatigue, bien qu’il affirme être à la retraite. Dans la West 4th, dit-il, « on voit les fruits de mon travail ». Pour l’instant, il essaie de faire connaître au monde entier la magie de ce lieu, le mélange multiculturel de la Cage. Il travaille d’ailleurs avec les autorités de la République dominicaine sur un programme d’échange. Un projet qui lui a permis de passer le temps durant la pandémie, mais bientôt, il sait que les choses sérieuses vont reprendre : les joueurs reviendront, sans faute. Les fans qui occupent le même endroit près du grillage soir après soir pendant les Summer Leagues reprendront leur poste. La Cage existe depuis maintenant si longtemps qu’elle fait partie des histoires de famille : les rassemblements sont multi-générationnels. Les parents transmettent solennellement à leurs enfants l’expérience du jeu ou du spectacle à la West 4th Street comme s’il s’agissait d’un héritage. Cet endroit est une capsule hors du temps. Au fil des années, Manhattan a changé, en évolution constante, se transformant sans cesse. Des bâtiments sont démolis, d’autres construits, des restaurants changent de mains et d’identité, des parcs tombent en ruine et renaissent. Quant à ce petit rectangle niché au cœur de Greenwich Village, il semble bien qu’il soit devenu éternel.

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Deux équipes de lycéens se partagent la Cage qui est beaucoup plus petite qu’un terrain de basket normal.

Tous les matches sont intenses, mais le point culminant est le match des All-Stars, comme celui-ci : c’est là que les meilleurs de la saison s’affrontent.

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La star des Rose City ­Rollers, l’Américaine Loren Kaplan Mutch, sur la piste d’Oaks Park à Portland, dans l’Oregon, le 22 mars.


D’ATTAQUE

Aux sceptiques qui pensent encore que le roller derby n’est qu’une histoire de coups de coudes et de bas résille, la quadruple championne du monde américaine LOREN KAPLAN MUTCH est là pour prouver qu’il s’agit de bien plus qu’un divertissement sur roulettes. Texte EVELYN SPENCE  Photos CAMERON BAIRD

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En tant que jammeuse de haut niveau pour les Rose City Rollers, Mutch, 28 ans, est un élément clé dans l’évolution de son sport.


V

endredi soir au Luuwit Skate Spot, dans l’est de la ville de Portland. La voix de Dolly Parton s’échappe d’une sono de chantier avec son accent du Tennessee, se mêlant de manière improbable avec le bruit des roues des quads frappant la surface du bowl de skate local. S’il s’agissait d’un mois d’avril normal, Loren Kaplan Mutch, une bloqueuse étoile des Rose City Rollers, l’équipe de roller derby quatre fois championne de la Women’s Flat Track Derby Association (WFTDA), ne serait jamais venue dans ce simple skatepark avec ses coéquipières, Mia Palau, 36 ans, et Julie « Angela Death » Adams, 39 ans. Celles qui se font appeler les Send Friends. Elle serait plutôt au Hangar, fermé depuis mars 2020, où les matches de roller derby ­affichent le plus souvent complet en quelques minutes. L’athlète de 28 ans, serait en train de donner au max, et d’esquiver un pack de bloqueuses. Mais la COVID a changé la donne. Même si Mutch s’est essayée au park pour la première fois qu’en août 2020, elle est en passe de surpasser ses mentors. « J’ai l’impression d’avoir assisté à l’évolution ultra-rapide d’une skateuse de park, déclare Palau, en regardant Mutch réussir une figure après l’autre. Elle assimile les choses très vite. Elle est vraiment, vraiment douée. » Il semble que presque tout ce que Mutch a accompli ces dernières années fait partie d’une trajectoire ascendante et qu’elle a entraîné le roller derby avec elle : après des années de combat contre des polypes récurrents des cordes vo-

cales et une série d’interventions chirurgicales délicates, elle peut enfin prendre la parole – pour Black Lives Matter, pour l’émancipation des femmes, mais surtout pour ses coéquipières transgenres et non binaires. Elle est également passée du statut de rideuse junior chétive à celui d’as plutôt musclée de dynamophilie (ou force athlétique, ou encore powerlifting). Accompagnée depuis 2017 par Red Bull – le coup de pouce le plus médiatisé qu’une joueuse de roller derby ait jamais obtenu – et avec ses plus de 20 000 followers sur Instagram, elle est l’une des influenceuses les plus suivies de ce sport. Avec sa détermination de prendre le roller derby au sérieux et d’incarner le rôle d’une compétitrice d’élite, Loren Mutch pousse son sport de niche vers de nouveaux sommets. D’une certaine manière, des soirées comme celle-ci – le soleil se couchant à la fin d’une session COVID de cinq heures – l’ont obligée à faire une pause au milieu de son ascension ininterrompue. Mais Mutch ne peut s’empêcher de viser l’excellence : les Send Friends me racontent, avec un air conspirateur, que dès qu’elle rentre chez elle, elle remplit un tableur avec le nom des figures qu’elle a tentées, celles qu’elle a réussies et le temps précis qu’elle a passé à s’entraîner. « La connexion entre son cerveau et son corps est tout simplement incroyable, dit Palau. Elle parvient à visualiser quelque chose et elle le réalise ensuite. » Si vous n’avez pas porté attention au roller derby ces dix dernières années, vous pensez probablement qu’il est encore ce sport de niche combinant une théâtralisation ostentatoire, des faux airs de catch, des bas résille, des pseudonymes loufoques, et un soupçon de rugby. Un genre de cabaret   55


Les Rose City Rollers ont mis 150 paires de patins dans ce fourgon pour leurs événements en plein air.

de la bousculade sur roulettes. Exact ? Ces idées préconçues sont les résidus de la longue histoire du roller derby dont la popularité a évolué en dents de scie, passant des marathons épiques dans le Chicago de la Dépression aux pistes surélevées et aux duels cinématographiques des années 1970, pour aboutir à la création de sa version moderne au Texas, en 2002. Aujourd’hui, à son plus haut ­niveau, les shorts en jeans et les paillettes ont largement cédé la place au spandex et aux dossards ajustés. De plus en plus d’athlètes, dont Mutch, utilisent leurs véritables noms. Et si ce sport est toujours très divertissant (et régi par des règles très précises, très proches du fullcontact), le roller derby d’élite exige de la puissance, de la finesse, de l’endurance cardio-vasculaire et une communication rapide – et pour une jammeuse comme Mutch, la capacité d’esquiver, de virevolter, de se déplacer latéralement et même de sauter par-dessus la limite intérieure des courbes de la piste. « Il n’y a pas beaucoup d’autres sports qui peuvent créer des athlètes aussi complets », dit-elle. Sa propre progression a suivi celle de son sport à bien des égards. Née à Seattle mais élevée dès ses 8 ans à Port Orchard, dans l’État de Washington, Mutch décrit ses parents comme étant « plutôt punk rock ». Elle pensait qu’elle finirait par devenir artiste. Musicienne. Son père, un skateur de longue date, l’emmenait parfois au skatepark. « Je trouvais ça trop cool, dit-elle. Je voulais être comme les mecs de Lords of Dogtown : Tony Alva, Jay Adams et Stacy Peralta. » Mais elle a surtout passé la plupart de son temps à suivre le parcours traditionnel des activités de la jeunesse américaine : football, 56

danse, gymnastique, basket. « J’étais ­médiocre en tout, dit-elle. Et j’étais une skateuse épouvantable. » Mais lorsqu’elle essaie le roller derby à 14 ans – avec les Kitsap Derby Brats – cela fait tilt, du moins sur le plan émotionnel. « Quelque chose en moi m’a dit : “Oh, ça je peux le faire.” Et à mon premier tournoi junior, je suis tombée amoureuse. J’avais trouvé mes semblables. »

À

l’adolescence, Mutch n’était pas vraiment une mésadaptée. Elle voulait simplement trouver un endroit où s’intégrer, se sentir valorisée, appréciée, entendue. Pendant ces années et au début de la vingtaine, elle a souffert de polypes récurrents des cordes vocales qui l’enrouaient à un point tel que sa voix n’était pas plus forte qu’un murmure. Les enfants lui disaient qu’elle sonnait comme si elle fumait une cartouche par jour. Sa réserve n’était cependant pas de la timidité. « Ce n’est pas que je manquais de confiance en moi, dit Mutch. C’est juste qu’on ne pouvait littéralement pas m’entendre. » Pour elle, l’acceptation de la

« J’étais furieuse. J’ai enlevé ce short et ce rouge à lèvres stupide. Je voulais être dans mon élément. »

communauté du roller derby a été particulièrement importante au cours de ces années. « Je m’en rends compte au fur et à mesure que j’en parle, mais je n’avais pas besoin de faire semblant. Je suis passée par tellement de phases et de styles différents pour trouver qui j’étais, et le roller derby en a été la première étape. » En 2007, lorsque Mutch a commencé le roller derby, le sport était plus punk qu’aujourd’hui, ce qui correspondait à l’atmosphère chez elle. Mais si le roller derby a des racines dans la contre-culture américaine, c’est aussi un sport d’équipe très structuré : un juste équilibre pour quelqu’un comme Mutch qui, sans le savoir à l’époque, recherchait à la fois une identité de groupe et un défi physique. Son expérience dans d’autres sports lui a donné une bonne base pour les mouvements latéraux et les esquives. Mais à l’époque, dit-elle, « j’étais une toute petite chose. J’étais la meilleure joueuse d’une équipe qui perdait tous ses matches ». À 18 ans, elle a brièvement joué dans une petite ligue pour adultes, les Slaughter County Roller Vixens, avant de rejoindre les Rose City Rollers en 2012. Juste assez pour avoir une révélation. « J’avais l’un de ces petits shorts à froufrous et du rouge à lèvres, et je prenais des coups, dit-elle. Je me faisais renverser, puis je me relevais et je me faisais renverser à nouveau. À la mi-temps, je me suis dit : “J’emmerde ce short.” J’étais furieuse. Je l’ai enlevé ainsi que ce rouge à lèvres stupide. Je voulais être sérieuse et avoir l’air dans mon élément. » Mutch s’empresse toutefois de préciser qu’il ne s’agit pas d’un jugement sur les autres joueuses qui choisissent de s’amuser avec leur personnage et leur apparence ; pour elle, laisser tomber les costumes était un THE RED BULLETIN


« Elle est comme notre Super-Souris », dit Kim Stegeman, fondatrice des Rose City Rollers, à propos des talents de Mutch.

moyen d’améliorer son jeu. Dans les années qui ont suivi, de plus en plus d’athlètes ont fait de même. En 2014, à l’approche des tout premiers championnats WFTDA de l’équipe, Mutch est passée à la vitesse supérieure et cela a payé : elle faisait partie de l’alignement de départ, et dans le tout premier jam du premier match, elle a marqué 30 points contre les Windy City Rollers de Chicago. (La plupart des matches se soldent par des scores à un chiffre des deux côtés.) Elle a été nommée joueuse la THE RED BULLETIN

plus utile à son équipe du tournoi. Pour les observateurs, elle révélait un potentiel dont presque tout le monde était conscient. « Je la connais depuis qu’elle joue dans la ligue des jeunes, et même à l’époque, je me disais : “Merde, elle est comme Super-Souris” », explique Kim Stegeman, qui a fondé les Rose City Rollers en 2004 et qui en est maintenant la directrice exécutive. Puis, en 2016, Mutch a retrouvé sa voix. Après sa quatrième et dernière opération du polype, ses coéquipières pou-

vaient enfin entendre ce qu’elle disait – dans le caucus et sur la piste – par-dessus les cris des spectateurs. Deux ans plus tard, elle a remporté la Coupe du monde avec USA Roller Derby, et les RCR sont maintenant au sommet de la WFTDA. Pourtant, même si le roller derby est passé de 30 ligues aux États-Unis en 2006 à 451 réparties sur six continents juste avant le début de la pandémie, il y règne toujours un esprit de bricoleur, « pour les patineuses par les patineuses ». Et c’est à dessein, explique Stegeman. « Nous avons   57


Que davantage de personnes se mettent au roller, pour faire du roller derby, ­patiner dans les parcs ou juste circuler en ville : elle en rêve.

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Loren pousse son sport de niche vers d’autres sommets parce qu’elle le prend au sérieux.


« Si vous voyez une fille faire quelque chose que vous ne pouvez pas faire, c’est Loren. »


créé un groupe pour les femmes de 20 à 30 ans qui souhaitaient appartenir à une communauté et participer à des compétitions, où l’on peut s’amuser et se faire des amies », explique-t-elle. Presque tous les postes sont occupés par des bénévoles, des arbitres aux marqueurs en passant par les personnes qui servent la bière, et presque toutes les joueuses sont des amateurs. « Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de personnes qui gagnent leur vie en jouant au roller derby, dit Mutch. Elle fait partie de ce groupe, mais elle a mis le temps : elle a eu une flopée de « McJobs » dans le commerce de détail, a été skate serveuse dans un Sonic Drive-In et rejoint le syndicat local des menuisiers. Plus remarquable encore, le roller derby a conservé une valeur fondamentale qui le distingue vraiment des autres sports d’élite : l’acceptation des femmes transgenres, intersexes et des joueuses non binaires et expansives. Si vous vous identifiez comme femme, vous pouvez participer. Point barre. « Nous avions le contrôle de ce à quoi nous voulions que la ligue ressemble, et nous l’avons ancrée dans l’autonomisation et l’inclusion », déclare Stegeman. Membre de l’équipe de Mutch, Oona Roll s’identifie comme non binaire et sait que si sa transition devait arriver, cela se passerait sans qu’elle n’ait à abandonner son sport. Autre membre de l’équipe et pratiquant le roller derby depuis de nombreuses années, OMG WTF, 42 ans, a

« Elle est forte, rapide, agile, explosive, et sa proprioception est exceptionnelle », déclare Quint Fischer, entraîneur de force et de conditionnement.

e­ ntraîné Mutch et l’équipe nationale en 2016 tout en prenant un congé pour faire sa transition, avant de revenir patiner avec Rose City en 2018. La société américaine n’est pas forcément à l’image de son équipe – au moment de mettre sous presse, 115 projets de loi contre les transgenres ont été proposés dans une trentaine d’États – et c’est pourquoi Mutch se transforme peu à peu

En mars, Mutch a épousé Sophie Kaplan, détentrice du record d’Oregon en powerlifting. THE RED BULLETIN

en une militante convaincue. « Elle a pris sa place, dit Oona. Je vois qu’elle réalise qu’elle n’est plus une petite fille. Elle a un public maintenant. » Stegeman approuve : « J’ai constaté sa croissance en tant qu’athlète qui a pris conscience de son influence. »

P

arce qu’il s’agit de roller derby et non de la National Basketball Association ou de l’équipe des ÉtatsUnis féminine de soccer, Mutch n’a pas de mentors ni d’instances dirigeantes qui lui disent ce qu’elle doit dire ou ne pas dire, et une partie de son parcours consiste simplement à trouver sa propre version de l’équilibre. Mais plus question de rester silencieuse. « Avec tant de projets de loi anti-trans récemment introduits, j’espère que les gens pourront regarder le roller derby et voir comment les athlètes transgenres concourent dans un sport full contact, dit-elle. Je peux vous dire pour l’avoir vécu que cela ne donne pas nécessairement un avantage à quiconque. Et je vous battrais malgré tout sur la piste. » À Odd Barbell, une salle de sport axée sur la musculation située à l’extrême sud-est de Portland, les murs sont ornés de drapeaux du Wu-Tang et de la Pride et le tableau noir est rempli des objectifs de ses clients en matière de powerlifting. Le week-end dernier, Mutch a épousé sa petite amie de longue date, Sophie   61


Kaplan, détentrice du record de l’État de l’Oregon en dynamophilie en plus de travailler sur une maîtrise en médecine sportive et un doctorat en chiropraxie. Elles se sont rencontrées en faisant du CrossFit, où Kaplan se rendait et vérifiait le temps de Mutch pour ensuite ­essayer de faire mieux. Aujourd’hui, Sophie Kaplan est entraîneure à Barbell et c’est donc là que Loren Mutch s’entraîne le plus souvent. « Si vous voyez une fille faire quelque chose que vous ne pouvez pas faire, c’est probablement Loren », lance la propriétaire Melanie Schoepp de l’autre côté de la pièce. Les jours importants, Mutch court des sprints, soulève des poids et effectue des séries de sauts avec poids. L’entraîneur de force et de conditionnement de Red Bull, Alex Bunt, qui a commencé à travailler avec elle ce printemps, ne savait d’abord pas comment la mettre au défi. « J’ai fait défiler son fil Instagram et j’ai montré à tout le monde ce truc dément où elle sautait d’une position à genoux sur ses pieds, puis sur une boîte de 75 cm dans un pistol squat parfait, dit-il. Pour elle, j’ai donc conçu un programme pensé pour moi-même – et je fais ce genre de choses depuis quinze ans – puis je l’ai rendu difficile au point d’être moi-même incapable de le faire. » Selon lui, Mutch ne s’entraîne pas pour le roller derby en soi, mais plutôt pour l’explosivité et la puissance générale, pour l’accélération permettant de se ­lever du sol et de sprinter, pour la force permettant de résister et de pousser à travers un mur de bloqueuses. L’approche de Mutch en matière de fitness est l’une des principales raisons pour lesquelles elle parvient à élever l’athlétisme du roller derby à un autre niveau. « Chaque année, elle devient de plus en plus rapide, de plus en plus forte, déclare OMG. Elle est extrême-

ment déterminée à exécuter chaque mouvement aussi parfaitement que ­possible, et s’il n’est pas parfait, il l’est la fois suivante. » Son engagement pour ce sport s’étend également à une nouvelle génération. Au cours des dernières années, elle s’est rendue dans le monde entier pour coacher, mais elle donne également des cours aux patineuses juniors de Rose City. « C’est un peu comme si Michael Jordan entraînait des gosses de 7 ans », dit Stegeman. Mais tout le monde s’accorde à dire que Mutch est aussi la première à faire passer son équipe avant elle, à rediriger le crédit et à signer chaque autographe à chaque tournoi. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle pense être une star ou comment elle fait évoluer le sport, elle a du mal à répondre, comme si elle ne réalisait pas son impact et comme si elle était trop timide et modeste pour le revendiquer. « Il est étonnant de voir à quel point elle reste humble malgré son talent, ajoute Kaplan. Tout ce qu’elle veut, c’est de voir tout le monde arriver au sommet avec elle. » Mais il s’agit de plus que cela. Elle veut que davantage de personnes tombent amoureuses du roller, sous toutes ses formes. C’est déjà le cas : l’une des retombées de la COVID est que les ventes de patins à roulettes ont explosé. Ces dernières années, le roller derby a été diffusé sur ESPN et il est question d’une ligue professionnelle. Et Mutch ne voudrait être nulle part ailleurs. « Je veux que les gens réalisent à quel point nous travaillons dur et à quel point il est difficile de jouer au roller derby à notre niveau, dit Mutch. L’autre jour, ­Sophie m’a dit que lors de notre première rencontre, elle croyait que j’avais une attitude je-m’en-foutiste. » Elle se tait un moment. « Mais elle a réalisé que je prenais cela au sérieux. Très. »

« Il faut que les gens réalisent que nous travaillons dur et à quel point le roller derby à notre niveau est difficile. »


Loren Mutch contribue sûrement à ­améliorer l’image du roller derby, mais il s’agit surtout de s’amuser et de développer une communauté.

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Vision du monde : le freerunner letton Pasha Petkuns voit ses rêves devenir réalité.


Texte HOWARD CALVERT Photos LEO FRANCIS

Le flipper humain PASHA PETKUNS est l’un des free­runners les plus investis au monde, et il aime voir grand. Pour son dernier projet, la limite entre ses rêves et la réalité a complètement disparu.

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Pasha Petkuns

C

Multiball : l’armée de clones de Petkuns part en voyage – grâce à un jeu sur l’image ; (en bas) un alignement vertical.

haque enfant rêve de ce qu’il veut devenir lorsqu’il sera grand : athlète, musicien, enseignant ou vétérinaire. Pasha Petkuns voulait être une Tortue Ninja. Comme tant d’enfants dans les années 1990, ce jeune de Daugavpils, en Lettonie, était un fan de ces superhéros qui habitent les égouts. « J’avais l’habitude de jouer aux Tortues Ninja avec mes amis, nous imitions tous leurs mouvements, se souvient-il. Et tous les jours à quatre heures, nous rentrions chez nous en courant pour voir la série à la télé. » Mais il y avait l’un des « héros à carapace » auquel Pasha s’identifiait particulièrement : « Je jouais toujours Raphaël, la tête brûlée. C’était mon préféré. » Tout le monde s’en doute, Petkuns n’est pas devenu une Tortue Ninja. Mais il a suivi l’exemple de son héros-antihéros à d’autres égards. Aujourd’hui, à 28 ans, Petkuns est un casse-cou de la vie réelle, l’un des plus grands freerunners au monde – un sport qui allie la gymnastique aux arts martiaux et aux mouvements de break dance pour transformer les villes en terrains de jeux urbains. La sortie, en 2009, d’un showreel auto-produit lui apporta une certaine reconnaissance dans le milieu du parkour, et c’est ce qui s’ensuivit qui a fait de lui une superstar. Après trois victoires consécutives (une fois en 2011, deux fois en 2012) aux Red Bull Art of Motion – une compétition mondiale de freerunning et de parkour – suivirent deux victoires lors de la Coupe du Monde de parkour. Ce succès lui valut le surnom de « The Boss », et depuis, ses vidéos époustouflantes sur TikTok attirent plus de 5,2 millions d’abonnés. Un rebelle ? Sans aucun doute. Une tête brûlée ? Pas tant que ça. Malgré son art de la mise en scène, Petkuns est avant tout un rêveur. Et il y a quelques années, un nouveau rêve a commencé à prendre forme dans sa tête... 66

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ela commence par le réveil du Letton à l’intérieur d’un flipper géant. Tout d’un coup, le piston le projette vers le haut – car Petkuns est la bille ! Désorienté, le petit freerunner s’active pour comprendre ce qui se passe alors qu’il rebondit sur les bumpers. Comme toutes les tables de flipper, celle-ci aussi a un thème : les monuments du monde entier. Petkuns s’agrippe à la Tour Eiffel avant d’en tomber, glisse le long de la Grande Muraille de Chine et atterrit sur une pyramide Maya. Chaque fois qu’il tombe entre les batteurs, il est à nouveau projeté dans le jeu, où il s’adapte rapidement en glissant, se basculant et pivotant autour des obstacles. « Coupez ! », crie le réalisateur Mike Christie, et un Petkuns épuisé repasse entre les grands batteurs mécaniques – chacun actionné par deux hommes costauds – pour atterrir sur un tapis de sécurité. « C’est mon rêve depuis longtemps », dit Petkuns à propos de cette vision absurde. Mais alors qu’autrefois ce n’était que l’œuvre de son imagination hyperactive, aujourd’hui c’est une réalité tangible. Nous sommes en mai 2020. À l’intérieur d’un hangar caverneux au nord-ouest de Londres, sous les projecteurs, se dresse ce monument à la hauteur des rêveries de notre athlète letton. Ni les mots – ni même les images de cet article – ne peuvent lui rendre justice. Un mur haut comme cinq étages et incliné à 45 ° s’élève vers le plafond. L’arrière n’est qu’un treillis d’échafaudages, tandis que la face avant est une table de flipper surdimensionnée, parfaitement réalisée, avec des bumpers qui brillent, des rails et ces batteurs géants. Ce flipper pèse 23 000 kilos. Une fois construit, il a dû être scié en deux de crainte qu’il n’endommage le toit. Un caméraman est assis au bout d’une nacelle élevée au maximum, tandis qu’un drone muni d’une caméra plane au-dessus de l’installation. C’est un projet de film depuis une bonne décennie. « Le plus grand défi, c’était l’ingénierie », explique Mike Christie, celui-là même qui a produit la vidéo tout aussi surréaliste et enjouée, Imaginate, de la légende de vélo trial Danny MacAskill, en 2013. « Il nous a fallu huit mois pour trouver comment construire ce flipper. La plupart des entreprises que nous avons approchées trouvaient l’idée amusante, mais disaient que nous étions fous. » Il est difficile de rendre l’impressionnante pente de cette construction – une chute de montagnes russes s’en approche probablement le mieux. Petkuns explique que lorsque vous vous trouvez sur la surface inclinée, vous avez l’impression d’être debout et couché en même temps. Sur les moniteurs, nous regardons Petkuns s’arrêter à mi-prise pour se servir une canette de Red Bull, mais la gravité affecte le liquide de manière qu’il semble se déverser latéralement. « Je joue avec la gravité, dit-il. Le premier jour, je me suis vraiment demandé ce que je faisais. Le mur était énorme, irréel. Les constructeurs ont commencé par dire : “Ça ressemble à un drôle de jeu.” Mais pendant le montage, ils se sont repris : “Ce 68

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Pasha Petkuns

« Le premier jour, je me suis demandé ce que je faisais. C’était surréaliste. » n’est pas un jeu, c’est une machine à tuer.” J’ai bien réfléchi : “Je suis prêt. Je me suis entraîné et je sais que je vais me régaler. Je sais ce que je fais.” Il m’a fallu quatre semaines pour arriver à contrôler ma vitesse. Je fais plus que juste sauter contre un mur. Je surfe dessus, littéralement. » Pendant son adolescence, la fascination de Petkuns pour les Tortues Ninja a été remplacée par de nouveaux modèles : Jackie Chan, Jean-Claude Van Damme et les stars du cinéma muet comme Buster Keaton ou Charlie Chaplin. « J’essayais d’imiter leurs sauts et leurs mouvements. À l’âge adulte, j’ai réalisé qu’il y avait tellement de choses à apprendre – ce sont eux qui ont commencé à expérimenter le mouvement. En revoyant ces films muets maintenant, je me sens comme un archéologue découvrant et travaillant sur la façon dont ils ont fait leurs mouvements. » L’aspect comique de ces films est quelque chose que Petkuns a ajouté à son style de freerunning ; combiné avec son don pour l’acrobatie, ça l’a aidé à construire son énorme public sur les médias sociaux. « Le mouvement, c’est plus qu’un simple geste, dit-il. C’est une manière de communiquer qui se retrouve dans toutes les situations car, contrairement au langage parlé, le mouvement est omniprésent. C’est cela que nous faisons : raconter des histoires par le mouvement, qui est un domaine sans limite à explorer. »

A Une dinguerie : (en haut) il a fallu trois ans pour développer et tester cette monstrueuse machinerie avant de pouvoir la construire ; (à gauche) Petkuns revoit la séquence avec le réalisateur Michael « Frosti » Snow ; (ci-dessus) un caméraman perché sur une nacelle capture les tricks de Petkuns pour une perspective surélevée. THE RED BULLETIN

u milieu des années 2000, alors que l’intérêt de Petkuns pour les performances artistiques et la déconstruction anatomique grandissait, il était attiré par les premières vidéos de parkour sur YouTube. L’une s’est avérée être une révélation : un clip de 2006 intitulé The Russian Climber, avec le pionnier letton du parkour Oleg Vorslav. Petkuns dit l’avoir visionné « au moins mille fois ». Il s’est fixé pour objectif d’apprendre à faire un gainer, un backflip effectué en avançant, tout en se constituant une réserve de figures. « Les tricks étaient ma monnaie. Je ne voulais pas être un freerunner classique, je voulais être différent. » Petkuns pense que son penchant pour la prise de risques est de famille. Il se souvient de la fois où sa mère a sauté de leur balcon du deuxième étage après s’être enfermée dehors. « Elle s’est accrochée au balcon et elle a sauté. En atterrissant, elle s’est pris le genou dans l’œil. Elle comprend parfaitement ce que je fais : elle a toujours dit que si elle était plus jeune, elle essaierait avec moi. »   69


Visite en coup de vent : le freerunner traverse l’Argentine lors de son tour du monde en flipper.


Pasha Petkuns

« Si je veux faire un slide sur la tête, je le ferai. Qui a dit impossible ? »

Musclé : en 1923, le casse-cou du film muet nommé Harold Lloyd se ­retrouvait suspendu à une horloge ; son fan Petkuns reprend le flambeau.

Assez vite, Petkuns se met à participer à des compétitions, mais ce n’est que lorsqu’il cesse de suivre les règles du freerunning que son travail est remarqué. « Les gens me disaient que je devais apprendre les choses d’une certaine façon. Mais si je veux glisser sur la tête, je le ferai. Qui dit que je ne peux pas ? On se met des limites tout seul en prétendant qu’on ne peut faire les choses que d’une manière particulière et pas autrement. Le corps est un instrument et c’est toi qui en joues. » Les victoires lors de compétitions mondiales se multiplient et, peu de temps après, ce fan de films d’action est courtisé par Hollywood. Petkuns déménage à Los Angeles, il y travaille comme cascadeur sur le film d’action 6 Underground, de Michael Bay en 2019, et pour Wonder Woman 1984, l’année dernière. Il apparaît également au Cirque du Soleil. Il ne lui restait qu’à être à l’affiche de son propre blockbuster. Les origines du projet de flipper de Petkuns remontent à 2010, après la construction d’un nouveau pont à Daugavpils. « Ce pont avait des murs inclinés, se souvient-il. Nous avons commencé à glisser en dessous, et il y avait des colonnes sur lesquelles on pouvait rebondir. Puis quelque chose a fait clic dans ma tête : et si on ajoutait des rails et des obstacles et qu’on faisait des flips ? J’ai appelé cela le “freesliding”. Je pensais que ce serait un truc de malade de construire un mur énorme avec des obstacles dessus. » Mais c’est un téléphone mobile Nokia 3200 qui a tout déclenché. « Il y avait un jeu de flipper dessus, et j’ai réalisé que le freesliding y ressemblait, poursuit Petkuns. J’adorais que le flipper soit si aléatoire. Quand nous avons commencé à travailler sur le projet, j’ai associé le flipper à la vie – elle nous envoie par-ci par-là et nous n’avons qu’à rebondir. » Ce n’est qu’après avoir partagé sa vision avec le directeur THE RED BULLETIN

sportif de Red Bull Art of Motion, Nico Martell, que Petkuns a trouvé quelqu’un sur la même longueur d’ondes que lui. « Je lui ai dit : “Un mur incliné en guise de flipper? Go !”, rigole Martell sur le plateau du tournage. Il a fallu trois ans de développement et de tests pour en arriver là. Quand on est en haut du mur et qu’on regarde vers le bas, c’est là qu’on réalise à quel point c’est fou. » Pasha Petkuns reprend place dans le flipper pour une autre prise, et l’ambulancier, Chris Hewitt, se tient prêt avec des sacs de glace. « Je dois penser au pire, anticiper que Petkuns se casse une jambe par exemple, ou qu’il se blesse à la tête », dit-il. En 2013, alors qu’il effectuait un flip à quatre twists, il s’est disloqué le coude en atterrissant sur un trampoline. Un clip Instagram, cumulant plus de 500 000 vues, montre un Petkuns hurlant à l’agonie pendant qu’on lui replace l’avant-bras. « C’était plutôt horrible, se souvient-il. Je venais juste d’annoncer que je voulais en faire un dernier. Il faut respecter le danger du sport et être responsable. On ne peut pas déconner et penser qu’on est en mesure de tout contrôler. Il faut accepter que ­certains tricks sont irréalisables et passer à autre chose. »

A

ujourd’hui, sur le plateau, il échappe de justesse à ce que son projet soit mis en stand-by. Alors qu’il effectue une figure apparemment simple, une douleur dans la main le stoppe. L’équipe ne veut prendre aucun risque et interrompt le tournage immédiatement. Huit heures plus tard, Petkuns sort d’un service de chirurgie orthopédique dans le nord de Londres. « Ce n’est pas cassé, rayonne-t-il, levant son pouce blessé. Je suis toujours heureux quand je surmonte une blessure. Cela signifie que je sais ce qui peut arriver et comment y faire face. » Être propulsé dans tous les sens à l’intérieur d’un flipper géant semble une métaphore bien choisie pour les défis que l’univers a lancés à Pasha Petkuns ; peu importent les pirouettes, le Letton conserve une conception simple de la vie. « Si tu veux être un gosse, sois un gosse. Si tu veux construire un flipper géant de 20 mètres de haut, tu en es capable. Fais ce qui te rend heureux. Je ne dois écouter personne, juste faire ce que je fais. C’est ton moment – alors savoure-le ! » Le film Human Pinball de Pasha Petkuns sort le 24 septembre. Visionnez-le en scannant ce QR code ou rendez-vous sur Red Bull TV ; redbull.com

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PERSPECTIVES

JAKE HOLLAND

CALUM MUSKETT

Expériences et équipements pour une vie améliorée

PARALPINISME MONT-BLANC

avec le guide alpiniste Calum Muskett   73


PERSPECTIVES voyage

« Le retour à travers les glaciers et les murs de roche rendent la descente souvent difficile et périlleuse. Désormais, ce n’est pas à pied que je redescends, mais par les airs. » Calum Muskett, alpiniste et guide de montagne

S

ur l’étroite crête menant au sommet du mont Blanc, la neige crisse sous mes pieds. Plus que quelques pas, et me voilà sur le toit de l’Europe. Des nuages voilent le versant français de la montagne, et la brise glaciale couvre mes cils de gel. Il est 7 heures du matin en ce 1er septembre 2019, pour ma première expédition sur le mont Blanc. L’interdiction estivale de pratiquer le parapente dans la région est à présent levée. Je suis pris de nausée alors que je défais mon sac. L’effort pour atteindre le sommet m’a épuisé. La vallée de ­Chamonix est à plus de 3 500 mètres en contre-bas. D’ici, le retour du mont Blanc à travers les glaciers et les murs de roche rend la descente difficile et périlleuse. Désormais, ce n’est pas à pied que je l’effectue, mais par les airs. Je pratique l’alpinisme depuis 2006, après une formation sur les falaises et les rochers au nord du Pays de Galles, mon pays natal. Aujourd’hui alpiniste et guide de montagne professionnel, je vis au rythme des saisons et partage mon temps entre les montagnes du parc national de Snow­ donia au Pays de Galles, et la vallée du Giffre en Haute-Savoie. Il y a deux ans, mon initiation au parapente m’a ouvert à de nouveaux horizons. L’ascension du mont Blanc nécessite normalement trois jours, le recours à deux téléphériques et un voyage en train. Désormais, je peux quitter Chamonix au petit matin, gravir la montagne et être de retour à temps pour un second petit-déjeuner. Voler a quelque 74

Solide comme un roc sur la voie Incroyable.

chose de libérateur : la pression liée au décollage où nulle erreur n’est permise disparaît aussitôt que mes pieds se balancent dans le vide, se jouant ainsi des lois de l’évolution pour rejoindre un temps le domaine des oiseaux. Je démêle les lignes recouvertes de givre et étends la voilure. Dix minutes plus tard, je m’élance dans le vide et l’air frais du matin en direction de l’Italie, heureux de ne pas avoir à marcher davantage, et me réjouissant par avance du cappuccino qui m’attend au café près du terrain d ­ ’atterrissage. Le paralpinisme a le vent en poupe. Comme son nom l’indique, il associe parapente et alpinisme. Les restrictions limitées et une excellente infrastructure font des Alpes un endroit idéal pour la THE RED BULLETIN


PERSPECTIVES voyage

Comment s’y rendre Lieu Vallée de Chamonix Aéroport le plus proche Genève, Suisse

France Italie

Ascension Via 6 téléphériques Altitude Plus de 4 000 mètres, regroupant 11 des plus importants sommets du massif du MontBlanc. Restrictions ­saisonnières L’accès au massif est fermé en juillet et en août.

JAKE HOLLAND

CALUM MUSKETT

Temps fort : Muskett au petit matin sur la crête enneigée menant au bivouac Eccles.

Décollage immédiat : le Gallois prend son envol à 4 000 mètres d’altitude. THE RED BULLETIN

pratique de la discipline. Celle-ci ne date pas d’hier. Il y a quarante ans, des pionniers tels que le Français Jean-Marc ­Boivin, décollaient déjà des plus hauts sommets de la planète. Le décollage réussi de Boivin depuis l’Everest en 1988 marque l’apogée de cette époque pionnière. Depuis, la technologie et l’intérêt pour le parapente ont privilégié le vol de distance, en améliorant notamment la glissance et la portance des ailes. L’actuel record du monde de distance est de 564 kilomètres en ligne droite, établi par trois pilotes brésiliens en 2016, tandis que le plus haut vol jamais enregistré a été réalisé la même année par le Français Antoine Girard, au-dessus du Broad Peak au Pakistan avec une incroyable altitude de 8 157 mètres. Les précurseurs du paralpinisme portaient d’énormes sacs de plus de 12 kilos (sans compter l’équipement d’alpinisme), rendant les expéditions en montagne pour le moins peu commodes. Les progrès technologiques récents ont permis de mettre au point des voilures « monocouche », les classiques étant à double couche avec alvéoles d’air. Ces nouvelles ailes équipées d’un harnais de sécurité ultraléger pèsent à peine 1 kilo et se rangent dans un sac de taille moyenne. Cette évolution a donné un nouveau souffle à ce sport. Mais vitesse et légèreté ne sont qu’une facette du paralpinisme ; pour moi, le véritable attrait se situe dans son association avec l’escalade technique, dont les descentes en rappel peuvent être longues et risquées.   75


PERSPECTIVES voyage

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« Le paralpinisme a le vent en poupe. » Calum Muskett

ultralégère. Un endroit de rêve pour un premier vol ! J’entame ma course de décollage équipé de crampons pour plus d’adhérence à la neige. L’aile légère s’élève rapidement et sans difficulté au-dessus de ma tête. Dès que le bord d’attaque flirte avec le soleil, l’air chaud de la vallée s’engouffre dans la voilure et me soulève délicatement. Derrière, Jake et Paul décollent en toute sécurité et manifestent leur joie. Ces expériences partagées font du paralpinisme un sport unique. Autrefois le moment le plus pénible de la journée, la descente est à présent attendue avec impatience. Nous atterrissons dans la vallée près du café, et planifions déjà notre prochaine aventure.

Calum Muskett est alpiniste professionnel, guide de montagne et ambassadeur de Rab, Scarpa et Petzl. Retrouvez ses cours d’alpinisme et de ski sur mesure sur muskettmountaineering.co.uk THE RED BULLETIN

JAKE HOLLAND

Septembre 2020, je suis de retour sur le mont Blanc en compagnie de mes amis Paul et Jake. Nous tentons une deuxième ascension en empruntant la voie « Incroyable », la plus difficile sur le Pilier Rouge du Brouillard, un imposant monolithe de granit posé à 4 000 mètres ­d’altitude. Il fait beau, et le soleil est ­cuisant. La fonte de la neige dévoile une vertigineuse paroi rougeâtre, que nous gravissons à la main. Après une journée d’escalade, nous atteignons le refuge Eccles, une minuscule cabane en tôle suspendue sur le versant du glacier et point de décollage fiable. L’emplacement est impressionnant, et la pente convexe enneigée fortement inclinée idéale pour s’envoler – du moins lorsqu’elle n’est pas verglacée. Paul et Jake se tiennent debout sur une corniche taillée dans la neige à 30 mètres de moi. Encadré par Jake, Paul s’apprête à effectuer son baptême avec une aile tandem monocouche

CALUM MUSKETT

Itinéraire de vol : (ci-dessus) Muskett survole le glacier du Brouillard et ses nombreuses crevasses ; (ci-dessous) atterrissage imminent dans le Val Veny, en Italie.



PERSPECTIVES montre PORTER

Décoder 007 Qui est Bond ? C’est la question que s’est posée l’horloger ­Omega pour réaliser la dernière montre du super espion...

peut attendre, l’horloger a pu compter sur la précieuse collaboration de Daniel Craig, l’interprète de Bond, dans le processus de développement. « J’ai fait quelques suggestions et ils les ont suivies », dit-il à propos de son Omega Seamaster Diver 300M 007.

Craig a proposé l’ajout d’un bracelet NATO et l’utilisation de titane, plus léger, au lieu d’acier inoxydable : « La différence n’est que de quelques grammes mais je peux la porter sans même y penser. » Omega a également doté la montre d’un cadran et d’une lunette couleur brun tropical et d’une luminescence vintage « fauxtina » pour indiquer où se trouve 007 dans sa vie au début du film. « En Jamaïque, sur son bateau, à la retraite en quelque sorte, explique Craig. C’est tout à fait logique. » Ensuite, il y a le lien avec l’armée et un rappel de l’histoire de l’auteur Ian Fleming qui voyait Bond comme un ancien commandant de la marine. Au-dessus de l’indicateur de six heures figure

une flèche, un signe qui apparaît sur toutes les montres de l’armée britannique et qui est reproduit sur le fond du boîtier au-dessus du chiffre 0552 (le code du personnel de la marine), 923 7697 (indiquant une montre de plongée), A (indiquant une couronne vissée) et 007 62 (l’indicatif d’appel de Bond et l’année du début de la série de films). « Vous avez cet ­héritage avec Omega et les montres de l’armée britannique, dit Craig. Je voulais relier tout cela. » Pratiquement tous les thèmes de Bond – de l’original emblématique de Monty ­Norman, à Radiohead et Sam Smith, en passant par No Time To Die de Billie Eilish – contiennent un code caché : quatre accords simples, l’harmonie d’ouverture. Des codes secrets perceptibles par tous. C’est l’essence même de James Bond.

Mourir peut attendre le 6 octobre en salle. Avant-première mondiale le 29 septembre à Monaco ; omegawatches.com THE RED BULLETIN

TOM GUISE

La montre de OO7, comme sa voiture et sa tenue, doit incarner son identité.

L’acteur Daniel Craig a participé au développement de la montre.

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Le détail : la flèche (bas du cadran) est l’une des caractéristiques des montres militaires britanniques.

OMEGA

C’est à un très haut niveau d’exigence qu’a été confrontée la maison Omega en devenant le fabricant de la montre personnelle de 007, une relation qui a commencé avec le film GoldenEye de 1995. La montre-bracelet de l’agent secret – comme sa voiture, sa tenue vestimentaire, sa boisson de prédilection et sa bande sonore – doit incarner qui il est. Bond est un homme de contrastes : distingué mais courageux, glamour mais discret, ses accessoires sont la propriété des services secrets britanniques. L’horloger suisse a parfaitement répondu à ces attentes, en particulier avec sa ligne de montres de plongée Seamaster 1957, inspirée des montres de la marine britannique de la Seconde Guerre mondiale. Chic, élégantes, mais surtout fonctionnelles. Omega a créé une Seamaster que porte James Bond dans chaque film de la série depuis GoldenEye. Pour la dernière aventure de 007, Mourir



PERSPECTIVES gaming Au naturel

Le jeu transmet l’expérience DIY de Rampage. « Les riders passent n’importe où, une multitude de parcours sans éléments en bois, pour une sensation très naturelle, explique Rémi. Nous avons visité Zion et pris des photos pour le recréer, en nous concentrant sur ses éléments emblématiques, et sur des détails pour créer une atmosphère », ajoute Orlane Guignard, responsable produit.

Boosté à la POV

Les séquences filmées sur le casque révèlent la réalité du rider, et des infos précieuses aux développeurs. « Les GoPro ont été un outil énorme, dit Salomon. Avec le point de vue du coureur et les bruits de respiration et de pneus. C’est ce qu’on appelle le “game feel” (le ressenti de jeu, ndlr). C’est comme parcourir Rampage. »

Plutôt flippant

Ce que vous réserve le jeu vidéo de sports extrêmes le plus ambitieux jamais conçu. Dans le domaine du VTT freeride, rien n’est plus gros que le Red Bull Rampage. Au milieu du grès aride du parc national Zion dans l’Utah, les concurrents partent d’un minuscule plateau situé à 240 m de haut. Mais il n’y a pas de parcours : les riders et leurs équipes ont quatre jours pour construire leurs propres lignes avec des pelles et des pioches, avant de naviguer entre les falaises quasi verticales et les canyons vertigineux. Leur toile vierge. C’est là que naissent les ­légendes et les sensations ­virales : le backflip de Kelly McGarry au-dessus d’un canyon, le no-hander de 18 m de Kyle Strait en 2013 et en 2015, la chute d’une falaise de 9 m de Nicholi Rogatkin… qui s’est relevé, s’est épousseté et a terminé son run. 80

La plupart des vététistes d’élite n’y pensent même pas, et seul un nombre limité de coureurs sont invités (15 cette année). Mais nous pouvons maintenant tous le vivre grâce au jeu vidéo Riders Republic. Rampage n’est qu’un événement parmi d’autres dans l’énorme monde ouvert du jeu Riders Republic. Outre Zion, il simule six autres parcs nationaux américains : Yosemite, Bryce Canyon, Grand Teton, Canyonlands, Sequoia Park et Mammoth Mountain, permettant aux joueurs d’explorer et de s’affronter à vélo, en ski, en snowboard, en wingsuit et même en motoneige. Les développeurs d’Ubisoft Annecy ont étudié la géomorphologie et les données altimétriques pour simuler les types de sol, les climats, la

flore et la faune, puis ont reproduit les vélos et l’équipement de marques telles que Santa Cruz, Specialized et YT, construisant ainsi un métavers pour les fous d’action. « Nous sommes basés dans les Alpes où nous avons beaucoup de pistes de VTT. L’équipe d’Ubisoft Annecy a donc développé un état d’esprit de rider, explique Rémi ­Salomon, concepteur de ­niveau. Il s’agit de profiter du plein air avec les autres et d’essayer les choses les plus dingues. »

« Grâce au “game feel”, c’est comme parcourir Rampage. »

Entre amis

Au centre du monde se trouve Riders Ridge - un espace social (imaginez un festival) où les joueurs peuvent se retrouver. « Nous avons beaucoup investi dans la partie multijoueur, explique Salomon. Vous découvrirez des courses Mass Start dans lesquelles jusqu’à 50 joueurs sur les dernières consoles et 20+ sur les versions plus anciennes s’affrontent simultanément. » Celles-ci s’inspirent d’événements réels comme la Mégavalanche de l’Alpe d’Huez.

Riders Republic le 28 octobre sur PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series X/S, Google Stadia et Microsoft Windows ; ubisoft.com THE RED BULLETIN

STU KENNY

Façon Rampage

UBISOFT ANNECY

EXPÉRIENCE

« Plus le saut est haut, plus il fait peur, explique Rémi. Et nous sommes concentrés sur la création de ce vertige. De même, plus la piste est petite, plus elle est stressante, et Rampage a la piste la plus ­petite du jeu. Nous avons analysé les expériences les plus stressantes, pour donner une impression de danger. »


PERSPECTIVES gaming JOUER

La partie sans fin Avant le beer pong, il y avait Pong, sans lequel bien des jeux vidéo n’existeraient pas. Quarante ans après sa création, il refait parler de lui.

L’Atari Mini PONG Jr est doté de molettes identiques à celles de la borne d’arcade originale, servant à déplacer la « raquette ».

TOM GUISE

En ce soir du 29 novembre 1972, l’ambiance dans la taverne d’Andy Capp à Sunnyvale, en Californie, est classique : les clients boivent un verre, fument à l’intérieur et jouent au billard. À un détail près. Juste à côté des flippers on trouve un meuble jaune arborant le mot « Pong ». Les débuts de la borne d’arcade, ou l’ancêtre du jeu vidéo. Les graphismes et le ­gameplay simples de Pong – un point rebondit entre deux lignes pour simuler le tennis de table – ont été conçus par Allan Alcorn pour Atari lors d’une session d’essai. Son génie consiste à appliquer la physique élémentaire au rebond de la « balle » couplée à l’accélération progressive de l’échange. Le jeu est si ­addictif qu’au plus fort de la « Pong-mania », les USA comptent plus de 35 000 bornes. Une version domestique – l’une des premières consoles de jeux – voit le jour en 1975 et fait d’Atari le premier grand nom du jeu vidéo. La société Atari initiale a disparu depuis longtemps, mais Pong lui a survécu. Sa dernière incarnation, Atari Mini PONG Jr, reprend la version originale à un et deux joueurs, avec des effets sonores rétro et les graphismes emblématiques sur un écran LCD portable de 30 cm. Selon certains, les clients de la taverne d’Andy Capp faisaient la queue pour y jouer dès le premier soir. Près de 40 ans plus tard, la partie n’est pas terminée. arcade1up.com

THE RED BULLETIN

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PERSPECTIVES tenter sont une distance faisable même en marchant. À quoi bon planifier chaque jour sans savoir jusqu’où on tiendra. »

Ne soyez pas prêt

« Je n’ai pas eu besoin de tenir la forme pour courir 8 000 km ; l’essentiel était de tenir le premier jour. La forme vient en chemin, en courant environ 15 km par jour pendant les deux premiers mois, puis progressivement 30 km et enfin 45 à 60 km. »

Divertissez-vous

« Avec le recul, on garde un bon souvenir des galères liées à la météo, à un terrain ardu et aux longues distances. La monotonie en revanche, me pesait et me donnait souvent envie d’abandonner. Au sud du Pays de Galles, je me suis dit que si j’atteignais la frontière écossaise, je ferais le tour de l’Écosse à vélo. Une carte “Sortez de prison” dont je n’avais pas besoin, mais qui m’a aidée mentalement. »

AUTO-AVENTURE

Juste faites-le

Croyez en l’autre

En 2015, Elise Downing est à un tournant de sa vie. Fraîchement diplômée, l’Anglaise de 23 ans occupe un emploi peu gratifiant et son couple bat de l’aile, une vie plus subie que choisie. « L’idée de travailler dans un bureau durant les quarante prochaines années m’horrifiait », se souvient-elle. Un problème de livraison change son destin. Downing conçoit l’idée de courir le long du littoral britannique en consultant la carte du Royaume-Uni pour livrer un client. Elle découvre que nul avant elle n’y avait songé et décide sur un coup de tête de parcourir les 8 000 km de côtes, barda sur le dos. Downing admet qu’elle était totalement inapte à relever le défi : « Je n’avais jamais fait d’ultratrail, seulement 82

deux piètres marathons dont un où j’ai fini en marchant pendant 12 km, en pleurs. » D’après ses calculs, le voyage durera 10 mois avec un budget quotidien de 12 euros, notamment en bivouaquant en pleine nature. Pour ce faire, Downing économise pendant six mois. Avant de quitter son emploi, elle postule à une bourse d’aventure, emménage dans une colocation moins coûteuse au bout d’une ligne de métro de Londres afin de réaliser plus d’économies. Une planification à minima. « Je ne savais pas ce que

« Tenter une action un peu folle est positif même sans aller au bout. »

je faisais », avoue Downing, qui ignorait comment monter une tente, lire une carte et courir avec un sac de 20 kg sur le dos. D’où tirait-elle une telle assurance ? « Je suivais de grands aventuriers en ligne, poursuit-elle, et je me suis dit que si eux y arrivaient, alors je le pouvais aussi. » Le 27 août 2016, 301 jours, sept paires de baskets et un hiver britannique très humide plus tard, Downing remplit sa mission. Elle nous livre les leçons qu’elle en a tirées…

Planifiez (un peu)

« Suffisamment pour votre ­sécurité, mais pas au point de vous décourager. J’utilise la liste d’équipement d’Anna McNuff pour la course d’endurance et le schéma de ses aventures : 25 à 30 km par jour

« La générosité des gens était incroyable, certains m’hébergeaient la nuit, d’autres faisaient un bout de chemin avec moi, me nourrissaient ou me laissaient prendre une douche. Je lisais des histoires à leurs enfants. L’accueil et la confiance dont j’étais l’objet furent une leçon d’humilité. »

Réinventez-vous

« Nous nous limitons en pensant savoir qui nous sommes et de quoi nous sommes capables. Alan Watts, le philosophe et auteur, disait : “Vous n’êtes pas obligé d’être la même personne que vous étiez il y a cinq minutes.” Tenter une action un peu folle, qui a priori ne vous ressemble pas, est positif même si vous n’allez pas au bout. »

Le livre d’Elise Downing Coasting: Running Around the Coast of Britain – Life, Love and (Very Loose) Plans est disponible en anglais ; elisedowning.com THE RED BULLETIN

KATIE SPYRKA

Cette femme a entrepris un trail de 8 000 km, en solo, le long des côtes britanniques. Sans préparation, sans expérience, ni sens de l’orientation.


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PERSPECTIVES agenda

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octobre, Bordeaux EN DANSE LIBRE

DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL, TOMISLAV MOZE/RED BULL CONTENT POOL, PARABLEWORKS/RED BULL CONTENT POOL, BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, BORIS BEYER//RED BULL CONTENT POOL, KATIE LOZANCICH SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL

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Le Red Bull Dance Your Style est de retour avec sa formule unique : des battles de danse sur des morceaux inattendus, entre grands classiques et hits d’aujourd’hui, avec comme seul juge, le public ! Hip Hop, locking ou popping : peu importent leurs styles, seize danseurs et danseuses devront s’imposer en un contre un en improvisant sur du ­Rihanna, Boney M., Michael Jackson ou Céline Dion… ! Après chaque battle, le vainqueur est désigné par la foule, grâce à un carton bleu ou rouge. Et c’est aux Bassins de Lumières à Bordeaux que ça se passe. redbull.com

octobre, Bakou, Azerbaïdjan LE DERNIER PLONGEON Une saison très spéciale du Red Bull Cliff Diving World Series s’achève avec l’élite du plongeon extrême voyageant là où l’Asie occidentale rencontre l’Europe de l’Est, en Azerbaïdjan. Dans un lieu hors du commun de sa capitale, Bakou, au cœur de l’une des réalisations architecturales les plus en vue de la ville, le Deniz Mall va offrir un point de vue absolument inédit aux plus belles performances du plongeon de haut vol. Un événement à suivre en direct sur Red Bull TV. redbull.com

ONE EXTRAORDINARY YEAR Ce long-format lève le voile sur ce qu’un an de plus a signifié pour les futures stars de 2020. Pour des milliers d’athlètes du monde entier, 2020 devait être leur plus grande année, puis la pandémie mondiale a frappé et le monde s’est arrêté, et le sport avec. Les athlètes qui s’étaient entraînés sans relâche pour se produire sur la scène mondiale ont été mis sous clé. Ce qui s’est passé au cours des 12 mois suivants a donné naissance à One Extraordinary Year, un documentaire qui retrace les revers et les changements de paramètres avec le même objectif un an plus tard. Les défis de 2020 n’ont pas empêché certains des meilleurs athlètes au monde de réaliser leurs rêves en 2021. Suivez les parcours inspirants de six sportifs, dont Miles Chamley-Watson (US, escrime), Niamh Emerson (Royaume-Uni, heptathlète) ou Cecilia Carranza (Argentine, voile) dans leur détermination à gagner l’or. redbull.com 84

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PERSPECTIVES agenda ACCOMPLICE C’est un moment gravé dans notre mémoire. C’était peut-être un cadeau d’anniversaire. Ou peut-être avez-vous économisé chèque après chèque pour finalement en acheter un. Quelle que soit la manière dont vous avez rencontré votre premier vélo, ce sont les coups de pédale qui ont suivi qui vous ont accroché à quelque chose d’intangible. L’aventure. La connexion. La ­liberté. Les producteurs de UnReal et le ­réalisateur de Where The Trail Ends nous présentent ACCOMPLICE, un hommage à toutes les aventures folles que nous a permis de vivre notre meilleur acolyte : notre bike. À voir sur Red Bull TV, ce film vous emmène dans des spots époustouflants avec les meilleurs riders et célèbre plus qu’un simple mode de transport : un véhicule pour l’esprit humain. redbull.com

PAST, PRESENT, FUTURE Suivez sur Red Bull TV l’ascension de Vali Höll, 19 ans, prodige du VTT descente. Sous contrat avec un fabriquant de vélo dès ses 12 ans, l’athlète autrichienne a gravi les échelons de la descente au plus haut niveau pour devenir l’une des coureuses les plus prolifiques que ce sport ait connues. Après avoir remporté toutes les courses de sa première saison de Coupe du monde junior, et avec deux titres mondiaux dans cette catégorie, sera-t-elle capable de continuer à gagner contre les meilleures du monde en élite ? redbull.com THE RED BULLETIN

2 octobre, Mandelieu-La-Napoule ATTRAPE-MOI SI TU PEUX ! 250 fondus de VTT, de tous niveaux, hommes et femmes, à la poursuite des champions du monde Loïc Bruni et Myriam Nicole ? Vous ne rêvez pas, c’est le Red Bull Campo ! Une compétition en mode mass-start où l’objectif est simple : se faire rattraper le plus tard possible par les champions le temps d’une folle poursuite. Rares sont les rendez-­vous sportifs où les amateurs ont l’occasion de se mesurer aux pros qu’ils admirent. Si le spot est idyllique (Mandelieu-La-Napoule, Alpes-Maritimes), alternant sous-bois et chemins de terre, avec une remarquable vue sur la mer, le tracé comporte des sections étroites et vraiment techniques qui mettront les participants à rude épreuve. redbull.com   85


L’EXPÉRIENCE VTT DH AUX GETS AVEC

FOX RACING Lors de l’étape française 2021 de la Coupe du Monde UCI de VTT Downhill (DH) aux Gets, la célèbre marque d’action sports FOX Racing a convié trois personnalités du sport et de l’entertainment à vivre l’expérience du VTT descente sous les conseils du quintuple champion du monde et ambassadeur Fox : Loïc Bruni. Retour sur cette expérience de ride.

Maxime Musqua, 34 ans, vidéaste et amuseur p ­ ublic. Un futur grand du DH Le week-end fut excellent, c’était mon premier contact avec la nature après ces mois confinés. J’ai adoré les sensations de vitesse pendant les de.+scentes : plus je m’entraînais, plus je me sentais libre sur le vélo et je prenais du plaisir à enchaîner les virages. J’étais crispé au début, mais grâce aux conseils de Pef et de Loïc Bruni, j’ai vraiment eu l’impression de level-up assez rapidement : j’ai commencé la journée dans la position d’un cow-boy bien crispé au-dessus de sa selle et je


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crois qu’à la fin je m’en sortais mieux. En tout cas la sensation de progression quand tu commences est extrêmement satisfaisante, et si tu ne fais pas trop le fou, tu peux vraiment passer un bon moment dès le début en g ­ érant bien ta vitesse et tes freins. Durant la compétition, j’ai été hyper impressionné par l’engagement des riders, surtout dans les conditions extrêmes qu’ils ont dû subir ce weekend, sous la pluie et dans la boue. C’était vraiment un ­super show, avec ce petit stress permanent en plus, dû à la dangerosité de la discipline. Donc, pour résumer ce week-end aux Gets avec Fox Racing, il y avait tout ce que j’aime : du sport, de la nature et de l’adrénaline !

Matthias Dandois, 32 ans, neuf fois champion du monde de BMX Flat. Vélo différent, engagement similaire J’ai vécu une expérience incroyable aux Gets ! C’était la deuxième fois que je faisais de la descente, dans les meilleures conditions possibles : équipement de fou (équipement Fox Racing + vélo Santa Cruz), encadré par Pef, avec mon pote Maxime Musqua et l’athlète Romane Miradoli. Ça change de ce que j’ai l’habitude de faire sur mon vélo qui est beaucoup plus petit et rigide, mais après deux ou trois virages, j’ai appris à laisser faire le vélo et vraiment profiter de ce ride mortel ! J’ai adoré regarder la compétition l’après-midi et apprécié encore plus le niveau des pros après avoir descendu la montagne moi-même. La compétition en DH hommes a été un peu faussée par la pluie, mais c’était quand même génial à regarder. Il y avait une ambiance de dingue avec les tronçonneuses et cet Obélix perdu dans la montagne. Avec une jolie soirée pour couronner le tout ! Le lendemain, c’était Hit the Park, une grosse session avec des pros organisée par Fox Racing sur un terrain truffé de bosses et de dénivelés engageants. J’ai pu rouler avec de gros noms du MTB : Lolo (Loïc Bruni), les frères ­L acondeguy, le « P’tit Junior » qui avait gagné la veille. Gros respect à Maxime Musqua, qui n’avait jamais fait de VTT descente mais qui a terminé le week-end entier !

Romane Miradoli, 27 ans, double championne de France de Super-G. Du ski alpin au VTT Le regard, la lecture du terrain, les appuis et l’engagement sont des caractéristiques clés du vélo DH que l’on retrouve dans ma discipline, le ski alpin. Et comme j’aime ­repousser mes limites et sortir de ma zone de confort, je pense que cette pratique du VTT, à laquelle je me suis initiée grâce à une amie, est un réel plus pour mon sport ! J’ai eu la chance de partager le week-end de Coupe du Monde de MTB aux Gets avec le team Fox Racing, et je me suis sentie privilégiée d’être entourée de professionnels pour supporter nos pilotes frenchies ! Ce fut un superbe moment de partage à la fois sur le terrain, sur les pistes entre Morzine et les Gets comme à l’arrivée de la course ! La discipline de la descente en elle-même ressemble énormément à la mienne avec ses entraînements les jours précédant la course et la course en une manche. On n’a pas vraiment droit à l’erreur ! Ce sont des sports d’adaptation permanente, ingrats parfois, mais c’est aussi pour ça qu’on les aime et qu’on s’entraîne dur pour atteindre nos objectifs !

foxracing.fr


PERSPECTIVES cyclisme

ÇA VA ROULER Notre sélection pour améliorer, ou débuter, votre aventure à vélo.

COMME PAR MAGIE GBOOST KIT GBOOST 2021 Dès 899 € ; gboost.bike Avec son kit électrique, la jeune entreprise française Gboost offre une seconde vie à votre vélo musculaire. Le kit s’installe très facilement, comme un accessoire, sans modification du vélo et sans outils spéciaux, et il est éligible aux aides locales.

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PERSPECTIVES cyclisme

RASSURANT Fox Racing Speedframe Pro 159,99 € ; foxracing.fr Ce casque de VTT offre des fonctionnalités telles que le système de protection MIPS, une visière ­multiposition entièrement réglable et un système de rétention à 360 degrés. De plus, il est équipé d’une protection intérieure en EPS double densité.

LE GRAVEL AU CORPS

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BMC Urs 01 One 8 999 € ; bmc-switzerland.com/fr

Wahoo Elemnt Bolt 279,99 € ; fr-eu.wahoofitness.com

Cet URS de la marque suisse présente une géométrie progressive et un cadre optimisé pour un pilotage agressif en gravel. Il offre un angle de chasse ouvert à 70 ° pour une partie avant et un empattement longs, gages de votre stabilité.

Cette mise à jour du BOLT dispose d’un écran couleur net et de fonctionnalités de navigation étendues. Depuis son lancement en 2017, ce compteur GPS connecté a été adopté par les cyclistes sur route, les triathlètes et les vététistes.

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ENCORE MEILLEUR Canyon Grail:On 5 299 € ; canyon.com Plus qu’un Grail à moteur, le Grail:On est construit autour d’un moteur Bosch Performance Line CX Gen4, avec quatre niveaux d’assistance (Eco, Tour, Sport et Turbo). Ce dernier offre un couple énorme de 85 Nm et jusqu’à 340 % d’assistance de la puissance de pédalage.

VUE DÉGAGÉE Julbo Rush 110 € ; julbo.com Leur écran parfaitement ventilé offre à ces lunettes un champ de vision latéral et vertical maximum, et leurs branches Flex³ s’ajustent parfaitement pour un maintien et un confort total. Et assurent une compatibilité avec tous les casques.

DE CONFIANCE Deuter Attack 16 200 € ; deuter.com Ce sac à dos offre une protection dorsale amovible contre les chocs multiples et épouse la forme du corps grâce aux bords hauts de ses stabilisateurs de hanche. Et il reste fermement maintenu lors des descentes engagées.

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PERSPECTIVES cyclisme SANS LES MAINS Abus Bordo SmartX 249,95 € ; abus.com Le premier antivol pliable intelligent, mains libres, car contrôlable par smartphone via l’application ABUS SmartX, qui permet une « manipulation » via une connexion sûre et cryptée. Un petit moteur, situé à l’intérieur de l’antivol, déclenche le mécanisme de verrouillage via une commande sans fil.

POLYVALENTE Patagonia Dirt Roamer 240 € ; eu.patagonia.com Respirante, cette veste est conçue pour les changements de météo et d’altitude spécifiques à la pratique du VTT. Elle évacue la chaleur dans les montées, protège du vent et des pluies légères dans les descentes ainsi que sur les crêtes, et sa matière stretch accompagne tous les mouvements. Confection Fair Trade Certified™.

CONSISTANTE Polar Vantage M2 299,90 € ; polar.com Cette smartwatch fournit des conseils et données pour accompagner vos perfs, et des fonctions essentielles pour rester connecté. Elle permet jusqu’à 100 heures d’entraînement en continu, dispose d’un assistant de ravitaillement intelligent et offre des prévisions météo sur les deux jours à venir.

TÉMÉRAIRE Cannondale Tesoro Neo X Speed 6 199 € ; cannondale.com Un vélo électrique robuste et confortable pour les trajets et les transports à grande vitesse. Construit pour résister au pire que la ville puisse offrir. Où il prospère ? En ville et en banlieue, dans les rues bondées. Pour quelle pratique ? Longues distances à vive allure. Assistance jusqu’à 45 km/h, batterie de 625 Wh, et autonomie jusqu’à 117 km. THE RED BULLETIN

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PERSPECTIVES cyclisme AMBITIEUX BMC Twostroke O1 Three 3 399 € ; bmc-switzerland.com Pour arpenter les sentiers de XCO ou pulvériser les KOM, ce BMC assure nos arrières. Angle de chasse de 67 °, partie avant longue et angle de selle de 75 ° ; Avec lui, partez à la conquête des ­terrains les plus meubles et escarpés avec une répartition du poids idéale.

TRÈS URBAIN Cycles Cavale Rivage Dès 3 450 € ; cavale.cc Facile à enjamber, le Rivage allie légèreté, élégance et simplicité d’utilisation. La qualité de fabrication, le design développé avec les Cycles Alex Singer et la sélection rigoureuse de ses composants en feront votre meilleur atout au quotidien. Poids : 15 kg. Autonomie : 50 km. Puissance : 250 w.

ENCORE MIEUX Le Velo Mad Le Sport+ 2 290 € ; levelomad.com Le Sport+ offre quelques améliorations majeures au très réussi modèle Sport. Entre autres, un moteur central à capteurs de couple garantissant autonomie et légèreté et une batterie intégrée au cadre pour un look et des lignes plus affinés. Son poids ? 19,5 kg. Et son autonomie ? 80 km.

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PERSPECTIVES cyclisme UN FONCEUR Cannondale Jekyll 2 Dès 3 450 € ; cannondale.com/fr-fr Même s’il peut se vanter de bénéficier d’un sérieux concentré de technologies, ce n’est pas un frimeur, mais un fonceur. Où ? Sur les terrains montagneux accidentés, abruptes, rapides. Pour ? Courses d’enduro, bike park ou des descentes à pleins gaz.

LONDONIEN Brompton Cloud Blue Dès 1 665 € ; fr.brompton.com Le vélo pliable Brompton M6L Cloud Blue est fait main à Londres et il dispose d’un plateau 6 vitesses, de gardes-boue inclus et d’un éclairage Dynamo qui alimente les feux avant et arrière à partir du moyeu. Son poids est d’environ 12,22 kg.

DURABLE Girs RNR 2 990 € ; girs-bikes.com Ce vélo de la marque française Girs permet d’adapter deux tailles de roues à son châssis, grâce à un triangle arrière spécialement conçu. Il permet aussi une transmission double ou simple plateau (le support de dérailleur peut être retiré). Conçu pour durer, le cadre du RNR est garanti 5 ans.

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SALVATEUR Abus Moventor Quin 149,95 € ; abus.com La technologie ABUS QUIN, sur ce casque Moventor, offre une détection de chute : un accéléromètre qui détecte et évalue les collisions. Et si cela arrivait, une procédure d’urgence avertit une personne choisie en amont en envoyant les coordonnées GPS du smartphone.

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RESTEZ À L’ÉCOUTE

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La montre 9 Peak est la plus fine, la plus petite et la plus résistante jamais conçue par la marque finlandaise Suunto. Ses fonctionnalités de pointe intègrent plus de 80 modes sportifs, ainsi que 170 heures d’autonomie en suivi GPS.

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Les casques à conduction osseuse AfterShokz aident à conserver une oreille sur des dangers éventuels. Des transducteurs émettent des mini vibrations qui passent par les os des tempes et des joues pour arriver à l’oreille interne. L’oreille reste libre. THE RED BULLETIN


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À L’INTÉRIEUR Wahoo Kickr 1 199,99 € ; fr-eu.wahoofitness.com Plus puissant, précis et réactif, le home trainer KICKR est adapté aux cyclistes les plus exigeants, offrant une expérience d’entraînement ultime en intérieur. Notamment avec son étalonnage automatique, qui permet une puissance exceptionnellement précise.

ON S’APPLIQUE Strava 7,99 €/mois ; strava.com Lancez Strava sur votre smartphone en début ­d’activité et suivez vos performances en live, puis analysez vos données après l’effort. Et en rejoignant le club Red Bull France, participez à des challenges exclusifs, lisez des articles inédits et intégrez une communauté de passionnés.

PROTECTRICE Fox Racing Ranger Windbloc Fire 220 € ; foxracing.fr Une veste softshell isolée conçue pour le VTT et dont le look conviendra aussi au quotidien. Les manches et le bas du dos en Polartec® Windbloc® offrent une protection maximale contre le vent, l’eau et le froid. THE RED BULLETIN

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MENTIONS LÉGALES

THE RED BULLETIN WORLDWIDE

The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans six pays. Vous découvrez ici la couverture de l’édition britannique, consacrée à la triathlète Lucy Charles-Barclay. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas r­ esponsable des textes, photos, ­illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

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Direction générale Alexander Müller-Macheck, Sara Car-Varming (adj.) Rédacteurs en chef Andreas Rottenschlager, Andreas Wollinger (adj.) Direction créative Erik Turek, Kasimir Reimann (adj.) Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Cornelia Gleichweit, Kevin Goll Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction web Christian Eberle-Abasolo (dir.), Marie-Maxime Dricot, Melissa Gordon, Lisa Hechenberger, Elena Rodriguez Angelina, Benjamin Sullivan Responsable des contenus audios Florian Obkircher Projets spécifiques Arkadiusz Piatek Gestion de la rédaction Ulrich Corazza, Marion Lukas-Wildmann Gestion de l’édition Ivona Glibusic, Bernhard Schmied, Melissa Stutz, Anna Wilczek Directeur exécutif Stefan Ebner Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice de Co-édition Susanne Degn-Pfleger Gestion de projet Co-édition, Marketing & Communication B2B Katrin Sigl (dir.), Mathias Blaha, Katrin Dollenz, Thomas Hammerschmied, Teresa Kronreif (B2B), Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner (communication), Jennifer Silberschneider Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Gestion commerciale Co-édition Alexandra Ita Rédaction Co-édition Raffael Fritz (dir.), Gundi Bittermann, Mariella Reithoffer, Wolfgang Wieser Directeur exécutif de la création Markus Kietreiber Gestion de projet création Elisabeth Kopanz Direction artistique Co-édition Peter Knehtl (dir.), Erwin Edtmaier, Andreea Parvu, Carina Schaittenberger, Dominik Uhl Design commercial Simone Fischer, Martina Maier, Alexandra Schendl, Julia Schinzel, Florian Solly, ­S tephan Zenz Abonnements & Distribution Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Nicole Glaser, Victoria Schwärzler, Yoldaş Yarar Service de publicité Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & Production Veronika Felder (dir.), Friedrich Indich, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailović, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Finances Mariia Gerutska (dir.), Klaus Pleninger MIT Christoph Kocsisek, Michael Thaler Opérations Melanie Grasserbauer, Alexander Peham, Thomas Platzer Gestion de projet Dominik Debriacher, Gabriela-Teresa Humer Assistante du Management général Sandra Artacker Éditeur et directeur général Andreas Kornhofer Adresse Am Grünen Prater 3, 1020 Vienne, Autriche Téléphone +43 1 90221-0 Fax +43 1 90221-28809 Web redbulletin.com Propriétaire, éditeur et rédaction Médias Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber

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HORS DU COMMUN Retrouvez votre prochain numéro en octobre en abonnement avec et avec dans une sélection de points de distribution et sur abonnement. RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL

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Le bon tuyau Fort du succès de son projet vidéo Tours et Détours qui a enflammé YouTube, le wakeboarder français Jules Charraud s’est rendu sur le contest Red Bull Wake Capital qui a transformé Hambourg (Allemagne) en place forte de son sport en août dernier. Parmi les modules invraisemblables que l’élite mondiale du wake était venue y rider aux abords de la Philarmonie de l’Elbe, Jules s’est fait plaisir avec cette énorme section cylindrique parfaitement adaptée à son attaque généreuse.

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Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 21 octobre 2021.

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Pour finir en beauté


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JAMES BOND’S CHOICE Sur les traces d'un mystérieux ennemi, James Bond s'engage dans une ultime mission équipé de son OMEGA Seamaster Diver 300M : un garde-temps taillé pour l'action auquel

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