The Red Bulletin_1211_FR

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M ission accomplie !

red bull stratos exclusiF Dans les coulisses de l’exploit signé Felix Baumgartner

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magazine sponsorisÉ

PLUS : Mick Jagger / Danny Brown / Tom Carroll / Mufasa / Public Enemy / Tim Jarvis / Travis Rice / 1995

Un magazine hors du commun

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novembre 2012




LE MONDE DE RED BULL

Novembre 17

42 88

VITE VITO Louie Vito est un extraterrestre du snowboard. The Red Bulletin s’est entraîné avec lui. Aïe !

MICK TA MÈRE Mick Jagger aime donner sa langue au chat. The Red Bulletin célèbre cinquante ans de Stones.

JORDY SMITH À l’occasion de la sortie de Bending Colours, découvrez le surfeur sud-af’.

C’est une idée qui voit le jour en 2005 : un allerretour à la limite de l’espace, en partie à la vitesse supersonique. Fruit d’un travail d’équipe, celui de Red Bull Stratos, elle consacre un aboutissement, des centaines d’heures de travail, d’essais, de doutes et de convictions, dont celle d’écrire le futur. Enveloppé de sa combinaison spatiale, Felix Baumgartner est le visage humain de la mission (p. 30). Ce parachutiste de l’extrême au service de la science n’est pas un fonceur solitaire. Red Bull Stratos est une belle démonstration que le travail d’équipe permet de surmonter les obstacles de manière élégante. Et fêter ensemble cet incroyable succès prend alors tout son sens. Bonne lecture, Votre Rédaction

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USA, USA, USA ! Au pays de la NASCAR, la F1 a du mal à exister. Mais elle revient cette année aux ÉtatsUnis après cinq ans d’absence.

PHOTO DE UNE : PREDRAG VUCKOVIC/RED BULL STRATOS. PHOTOS : GRAEME MURRAY/RED BULL CONTENT POOL, GETTY IMAGES, CORBIS, SUTTON MOTORSPORT IMAGES

CIEL, FELIX !


LE MONDE DE RED BULL

Novembre 60

ACCROCHEZ-VOUS ! Piloté par le génial Travis Pastrana, le commando Red Bull Nitro Circus débarque en Europe.

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ALLÔ BOBO ? Son truc à elle est le très risqué short track. Katherine Reutter peut en témoigner.

HÉROS DU MOIS Après des débuts compliqués, le rappeur de Detroit Danny Brown fait le point dans ce numéro.

18

8 Photos du mois 100 % neige 14 Énergisant... à petites doses 16 Red Bull et Un, double neuf, cinq créent l’événement 20 Hier et aujourd’hui 26 Formule magique 28 Le génie de Michel-Ange

« De la capsule, on ne

PHOTOS : MIKO LIM, CRAIG KOLESKY/RED BULL CONTENT POOL, TOM BAER, PAUL CALVER, ADVENTUREWORLDWIDE.NET

voit rien de ce qu’il se passe dehors. »

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STRATOS-PHÉRIQUE The Red Bulletin vous livre un cahier spécial de douze pages dans le sillage de l’Autrichien Felix Baumgartner. Revivez un des exploits de ce début de siècle.


LE MONDE DE RED BULL

Novembre « La danse

m’a permis d’avoir un point de repère dans la vie. »

22 RED BULL FAIT SON CINÉMA

Tom Carroll, Travis Rice et Ross Clarke-Jones. Ce trio de choc était à l’honneur au Festival International du Film de San Sebastián. Interview croisée.

Mufasa, danseuse

48

RED BULL BEAT IT C’est un diamant brut. Sandrine, alias Mufasa, sera une des stars de Red Bull Beat It le 22 novembre à Paris. Portrait.

52 JARVIS APRÈS SHACKLETON

Tim Jarvis s’attaque à l’expédition d’Ernest Shackleton. Sujet exclusif !

De corps et d’esprit 84

VOYAGES

96 FOCUS

Envolez-vous dans la Gros plan sur région de Córdoba, l’actu française. en Argentine. 97 KAINRATH

86

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L’ART S’EXPOSE À DETROIT

L’évocation de ce seul nom nous plonge au cœur de la révolution industrielle américaine : Detroit. La cité phare de l’automobile renaît aujourd’hui avec notamment la Red Bull House of Art. Découverte.

MATOS Joli coup de Visite guidée dans le crayon sportif. garage de l’écurie 98 PLEINE Toro Rosso. LUCARNE Christophe Ono-dit94 UN MONDE ! Biot livre son point Événements de vue décalé sur planétaires à ne le monde. pas manquer.

90 NIGHTLIFE

Quatre pages choisies avec délectation. Diplo, un club d’Auckland et son colibiri, les tapiocas de Rio de Janeiro et un joli cocktail au menu.

PHOTOS : SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL, JUERGEN SKARWAN, FRÉDÉRIC STUCIN, KAREEM BLACK

Plus


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du mois

GIRDWOOD, États-uni s

Magie blanche

Le rider Travis Rice est un homme envié. Il est jeune, beau, voyage dans les pays les plus e­ xcitants au monde et n’a besoin que d’une planche pour ­émerveiller les foules. En 2011, Rice prolonge sa glisse dans The Art of Flight. Dans ce film documentaire ­exclusivement consacré au snowboard, l’Américain part à la ­recherche de lignes jamais ­exploitées. Pour ceux qui souhaitent admirer ce talent d ­ ’exception de plus près, une stupéfiante version 3D est ­disponible depuis quelques semaines. Plus sur www.artofflightmovie.com Photo : Scott Serfas

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Credits:


G AR H WAL , I N D E

Nuit blanche du mois

De loin, le spectacle est idyllique. De plus près, on saisit le défi. La route de « l’aileron de requin », ­située à la cime du Meru Central (6 310 mètres) dans l’Himalaya indien, est ainsi décrite dans les guides touristiques : « De la neige et de la glace, puis de la glace et de la roche et, au sommet, une falaise en porte-à-faux. » Le camp de base des premiers arrivés – Conrad Anker, Jimmy Chin et Renan Ozturk – devient alors un havre de paix. « Une aventure qui fait danser l’âme », résument-ils à l’issue de leur retour victorieux. Plus sur www.neverstopexploring.com Photo : Jimmy Chin

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BAR I LO C H E , ARG E NTI N E

Blanche neige

Un paysage à couper le souffle et une pente à 45 ° ­recouverte de plusieurs mètres de poudreuse. Voici le terrain de jeu de Red Bull Beyond The Line, une compétition qui rassemble les meilleurs ­freestylers d’Amérique du Sud. Le patron se nomme Tomàs Blanc. Le matador local a aisément dompté ses adversaires. « Je suis heureux ! C’est ma plus belle victoire », commente-t-il par la suite. Plus sur www.redbull.com.ar Photo : Diego Ferreyra/Red Bull Content Pool

du mois


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Bullevard Énergisant... à petites doses.

Räikkönen

Schumacher

Hit Parade The Red Bulletin se met à l’heure de Thanksgiving. Après la dinde, la parade ! Voici les quatre meilleurs défilés à ne pas louper le 22 novembre prochain dans les rues américaines :

1. MACY’S THANKSGIVING DAY, NEW YORK Trois millions de spectateurs assistent à cette grande parade.

2. THANKSGIVING DAY, PHILADELPHIE La plus ancienne (1910), avec les meilleurs danseurs.

AVIS AUX AMATEURS

Glissez-vous dans la peau d’un champion du monde de Formule 1.

Button

Vettel

Les combinaisons enfilées par les pilotes de F1 peuvent résister à des températures qui grimpent à 1 000 degrés et absorber jusqu’à trois litres de sueur durant une course (et le champagne du podium si nécessaire). Elles sont aussi des objets de collection très prisés des fans. Les six champions du monde présents cette année sur la grille de départ font don d’une de leurs combinaisons portée en GP à une vente aux enchères au profit de la fondation Wings For Life qui soutient la recherche contre les lésions de la moelle épinière. Sebastian Vettel, par exemple, y va de sa combinaison portée au Grand Prix d’Australie 2012, gants inclus. « Malgré une saison où l’issue a rarement été aussi incertaine, je me réjouis de voir que tous répondent présent pour soutenir une cause qui nous concerne au premier chef », déclare le double champion du monde. Les six pièces uniques trouveront acquéreur lors des enchères organisées par Bonhams, société reconnue de commissaires-priseurs. La participation est aussi possible en ligne.

Hamilton

Alonso

Une belle collection de combinaisons de F1 pour la bonne cause.

Ouverture des enchères le 3 décembre sur www.bonhams.com 3. AMERICA’S HOMETOWN, PLYMOUTH Tout commence ici. C’est donc la plus fidèle à l’originale.

IMAGES DU MOIS

UN INSTANT SVP !

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à : phototicker@redbulletin.com 4. AMERICA’S THANKSGIVING DAY, DETROIT Défilé réputé pour ses énormes têtes en papier mâché.

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Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnante repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Sakhaline

Armé de son wingsuit, Valery Rozov s’élance à 4 000 mètres d’altitude et réussit la traversée du détroit de Tartarie. Daniel Kolodin


En forme ?

Applis pour améliorer votre condition physique.

PHOTOS : GETTY IMAGES (4), WINGS FOR LIFE, ROMINA AMATO/RED BULL CONTENT POOL, PICTUREDESK, REX FEATURES

Daniel Dennehy dans ses œuvres.

Ramasseurs de balles Quinze mille tifosi déchaînés, l’amphithéâtre de Lecce comme décor et un Japonais en grand vainqueur, oui, c’est du foot et c’est même l’édition 2012 de Red Bull Street Style. Kotaro Tokuda s’impose mais la star de l’événement a bel et bien été Daniel Dennehy. Entré dans la compétition en outsider, l’Irlandais, véritable idole sur son île, décroche un joli ticket pour la finale. Les seize meilleurs mondiaux sont au rendez-vous. Dennehy élimine les favoris les uns après les autres avec une facilité déconcertante. Seule l’expérience du Tokuda force finalement le Dublinois de 21 ans à s’incliner. « Atteindre la finale est déjà fou en soi. » Pour son rendez-vous italien, Daniel Dennehy s’est entraîné de manière, disons, intense. « À raison de quatre heures par jour, en extérieur à défaut de salle, sur le parking près de chez moi, à la lumière d’un lampadaire, qu’il pleuve ou qu’il vente et parfois jusqu’à minuit ! » Cette finale est-elle une consécration ? « Il me manque la victoire. Tokuda mérite de gagner mais je reviendrai ! » Plus sur www.redbullstreetstyle.com

RUNTASTIC PRO Conçue pour l’endurance, cette appli enregistre la distance parcourue, le temps, la vitesse et la quantité de calories brûlées.

AUTHENTIC YOGA Le maître indien Deepak Chopra détaille un certain nombre d’exercices de Yoga pour de meilleures hygiène et tenue corporelles.

LES ROLLING STONES DU RAP

Chuck D fête le jubilé d’argent de Public Enemy. Trois questions à une légende. En 1987, un jeune groupe de rap fait une entrée fracassante sur la planète musique. Public Enemy sort l’album Yo! Bum Rush the Show. Aujourd’hui, il est encore considéré comme une référence. Chuck D, leader du groupe et mémoire vivante du rap, et son acolyte Flavor Flav sont bel et bien de retour.    : Public Enemy, c’est quoi ?   : « Les Rolling Stones du rap. » Flavor Flav et moi en Mick Jagger et Keith Richards. Ça claque ! Les Stones célèbrent leur 50e anniversaire, nous moitié moins. Quels sont les bons côtés d’une carrière de star ?

Parcourir le monde et rencontrer des gens qui vous remercient pour votre musique. Mais si quelqu’un dit : « C’est génial de se cuiter sur vos clips ! », ça nous va aussi. Votre collègue Dr. Dre lance une ligne de casques audio. À quel produit prêteriez-vous votre nom ? À quelque chose que j’utilise vraiment. Un déo peut-être. Si j’en suis satisfait, je n’ai aucun problème à en faire la promo. Je suis incapable de le faire pour la bouffe de McDonalds, par exemple, je trouve la impossible à avaler. The Evil Empire of Everything est dans les bacs. Plus sur www.publicenemy.com. Chuck D n’a rien perdu de sa verve.

GYMGOAL PLUS Cette appli (280 exercices avec démos animées) vous aide dans votre programme d’entraînement et note vos progrès.

PHOTO GAGNANTE

Kyoto Notre champion du monde de BMX, Matthias Dandois, à la rencontre de la culture japonaise. Jason Halayko

Macapá Par 35 °C à l’ombre, le double mixte de l’hémisphère sud s’impose en beach volley. Marcelo Maragni, Red Bull Latitude Zero

Talloires Vive le roi ! Lors de Red Bull Éléments, le vététiste Alexis Vuillermoz et son équipe signent une victoire souveraine. Stef Candé 15


B U L L E VA R D

Nekfeu a mis le feu dans les entrailles de Paname.

Ici, l’important est de participer.

C’est Frappadingue

1995, ICI C’EST PARIS !

Comme son nom l’indique, cette course à pied (ou à quatre pattes) est… dingue ! Le principe est simple : douze kilomètres d’un tracé semé d’embûches (ponts de singes, filets à grimper, etc.). C’est un vrai parcours du combattant avalé dans un bon esprit. 5 400 personnes s’en sont donné à cœur joie sur la Côte d’Opale début octobre. Victime de son succès, il existe quatre Frappadingues par an. La prochaine aura lieu début avril en Aquitaine et s’annonce déjà corsée ! Plus sur www.redbull.fr

Le rendez-vous est fixé en début de soirée dans un local rive gauche. Certains prennent des forces, d’autres vérifient le matériel. C’est que la feuille de route donne le ton : « Si vous ne le sentez pas, n’hésitez pas à décliner l’offre. Nous serons en situation irrégulière, ce qui confère à chacun d’entre nous un droit de réserve et de confidentialité strictes. » Direction une station de métro de l’est parisien. Quelques minutes plus tard, nous remontons à la surface pour la dernière fois avant de s’engouffrer à nouveau dans les entrailles de la ville lumière à travers une bouche d’égouts. « Le plus dangereux, c’est la descente », prévient l’expérimenté chef de meute. Bottes aux pieds, lampe frontale vissée sur le crâne, anorak de circonstance, nous voici vingt-cinq mètres plus bas

Prochaine Frappadingue ? Le 7 avril.

Dallas Le Dragon Rouge dans son dernier tour de piste lors de la course Red Bull Soapbox. Christian Pondella 16

Alcatraz

Hugo « Baby Shaq » Jones (à gauche) défend son titre acquis à Red Bull King Of The Rock 1-on-1. Christian Pondella

avec l’étrange sensation d’un plongeon dans l’histoire de Lutèce. Ici, ce ne sont que kilomètres de couloirs à perte de vue. On est tenté de s’y engouffrer, au risque d’y passer la nuit. Les noms des ingénieurs ayant consolidé les galeries sont gravés aux murs, pour la postérité. Après 45 minutes de marche, nous voici dans le saint des saints. 1995 prend position. Alpha Wann, Areno Jaz, Fonky Flav’, Lo’, Nek le Fennek, alias Nekfeu, et Sneazzy envoient du son. Oui, concert privé sous Paris ! Et là vous vous dites : « Si j’avais su ! » Pas de panique. Red Bull et 1995 remettent ça le 28 novembre prochain dans un lieu tenu secret et uniquement sur invitation. Stay tuned! Connectez-vous sur www.redbull.fr/1995 pour gagner vos places.

Vienne L’équipe Back To The Future s’adjuge

Red Bull Flugtag haut la main à l’issue d’un vol d’1,81 mètre. Philipp Schuster

PHOTOS : FULL FRAME (2), BLEU CITRON

Un-neuf-neuf-cinq a donné un concert unique. J’y étais !


b u l l e va r d

Dans la tête d’une...

Pierre qui roule

Mick Jagger et Keith Richards se rencontrent en juin 1960. Ils ont 17 ans. Les Rolling Stones voient le jour et Jagger tire déjà la langue. Décryptage du personnage. Start Me Up

Michael Philipp Jagger est né le 26 juillet 1943 à Dartford (Kent). Son père est prof d’éducation physique, sa mère coiffeuse. Son jeune frère, Chris, est lui aussi musicien ; son dernier album date de 2009. Jusqu’en 1961, année où il abandonne ses études à la London School of Economy, Mick se faisait appeler « Mike ».

Salut les copai ns

Les Stones donnent leur premier concert au Marquee Club. Deux ans plus tard, ils se trouvent des ­rivaux : les Beatles. L’an dernier, Paul McCartney a passé sa lune de miel chez Mick, sur l’île Moustique. « Paul est très agréable à vivre », confie « la pierre qui roule » à propos du « scarabée ».

texte : paul wilson. ILUSTRACIÓN : lie-ins and tigers

Sym pathy For The Dev il

Accusés de la mort d’un fan lors d’un concert des Stones, les Hells Angels veulent assassiner Jagger dans sa maison de Long ­Island. Mais l’embarcation des motards assassins ­chavire. Jagger produit en 2007 une sitcom sur les ­voleurs qui ont dévalisé son ­appartement de Manhattan.

Langu e pendu e

Chanteur, joueur d’harmonica et créateur du swag façon Stones, Jagger tient la guitare rythmique dans pas mal d’enregistrements. On peut l’entendre dans Sway, Sticky ­Fingers (1971), Stop Breaking Down, Exile on Main Street (1972), et dans Fingerprint File, le dernier titre de leur 12e album (1974).

Satis factio n

Lors de la tournée A Bigger Bang Tour, entre 2005 et 2006, le rég isseur fait ­installer une télé câblée afin de suivre les matches de cricket dan s les loges. En 1997, alors qu’ un tournoi n’est pas diffusé, Jagger crée une société de produc tion pour retransmettre l’épreu ve en ligne. C’est une des célébrit és les plus connues à fréquenter régulièrement les tribunes du Lord’s Cricket Ground de Londre s.

Oh No, Not You Aga in

Keith Richards et Mick Jagger se rencontrent sur le quai de la gare de Dartford, en 1960. L’un a un disque de Chuck Berry sous le bras, l’autre l’aborde. Richards : « Vous devez passer outre les conneries, comme en couple », à propos de leur amitié en dents de scie.

I Wa nna Be You r Ma n

Quand Jagger est anobli par la Reine en 2003, son pote Charlie Watts, le batteur des Stones, déclare : «N’importe qui d’autre, à sa place, aurait été lynché. Il a eu 18 femmes et 20 enfants mais il est noble, c’est fantastique ! » Jaloux ? Charlie n’a eu que 16 femmes et 13 enfants.

Con gratul ati on s

L’an dernier, Mick Jagger enregistre er de nouveau avec SuperHeavy, le « sup mn, Raha AR e, Ston Joss groupe » composé de i un compte ­ arley et Dave Stewart. Il ouvre auss Damian M nnelles. On perso os phot Twitter et l’alimente avec ses pour ses aire ivers d’ann au cade son de une en a retrouvé es ont Ston les où Paris 69 ans, une autre envoyée depuis ain proch le pour ncés anno titres 80 des ­enregistré deux ! GRRR le : -sièc demi du album Plus sur www.rollingstones.com

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B U L L E VA R D

INTERVIEW

D. BROWN : « ON M’A HAÏ » Forgé à la rime par un livre pour enfants et singularisé par une dentition ébranlée, l’Américain Danny Brown revendique vouloir écrire une nouvelle page des rois du flow.

Date et lieu de naissance 16 mars 1981, Detroit Incompatibilité 50 Cent veut lui proposer un contrat. Mais le deal ne se fait pas, le style de Brown ne colle pas avec le gangsta-rap du New-Yorkais. Succès L’an dernier, le deuxième opus de Brown a été sacré meilleur album de l’année par le magazine Spin, la bible US du hip-hop. Il est disponible en téléchargement gratuit.

XXX est le titre du deuxième album de Brown. Il renvoie uniquement à son âge.

18

Coupe de cheveux asymétrique, tee-shirt flashy et jeans slim, Danny Brown, 31 ans, est la nouvelle étoile de la galaxie rap. Il procure au hip-hop ce que David Bowie donnait à la musique rock en son temps, des couleurs. Et pas uniquement à travers la sape. C’est que Danny Brown fait voler en éclat le stéréotype du rappeur macho égocentrique et clinquant qui prédomine pendant de longues années. Avec ses textes empreints d’autodérision, ses beats électro rafraîchissants et sa voix d’ado en mue, il libère le genre de ses éternelles joutes sans intérêt pour savoir « qui a la caisse la plus chère et qui aligne le plus de meufs sur sa banquette arrière ». Rien que pour ça, la jeune génération d’aficionados l’adore.    : Ces temps-ci, les fans de hip-hop semblent plus que jamais désireux de tourner une page. Pourquoi d’après vous ?   : Cela vient d’Internet. Quand j’étais plus jeune, je n’avais que deux sources pour écouter de la musique : les copains et la radio. Et on ne nous servait alors qu’une dizaine de rappeurs, tous soutenus par les majors. Point barre. Aujourd’hui, les règles du jeu sont bien différentes. La ligne de démarcation entre une major qui investit des millions de dollars dans l’album d’un artiste et un ado qui poste un morceau qu’il a lui-

Le rappeur rend ici hommage aux Detroit Tigers.

même bricolé a disparu. Si la musique est bonne, elle trouve sa place. De plus, les jeunes sont toujours à l’affût de nouveauté. Un ado de 16 ans peut aujourd’hui initier une tendance nouvelle et être un expert en musique. C’est vraiment génial ! À vos débuts, votre style ne vous a pas facilité la tâche… On m’a haï, vous voulez dire ! Et certains continuent toujours de le faire. Mais je préfère être détesté qu’entendre dire que ma musique est potable. Étreignez-moi ou crachez-moi à la figure ! Comment êtes-vous venu au rap ? Grâce aux livres pour enfants du Dr. Seuss que ma mère me lisait. Elle m’a dit qu’à l’époque, je marmonnais déjà des rimes. Au lieu de dire « Dad », je disais « Dadmad ». Grâce au Dr. Seuss, j’ai rappé avant même de parler. Vous avez perdu votre dent de devant lors d’un accident et vous ne l’avez pas remplacée. Est-elle devenue une marque de fabrique ? Elle a ses avantages, c’est indéniable. Après les concerts, des femmes me demandent si elles peuvent y glisser leur langue. D’un autre côté, j’apprécierais de remanger normalement un hot-dog. Pouvoir à nouveau mordre à pleines dents, si vous voyez ce que je veux dire…

Danny Brown : Danny Johnson (Fool’s Gold) bientôt dans les bacs.

TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : GETTY IMAGES

Nom, prénom Sewell, Daniel


VITE FAIT, BIEN FAIT

Sportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Sébastien Loeb ne fait pas les choses à moitié. Sur ses terres alsaciennes, le Français décroche un 9e titre de champion du monde des rallyes.

PHOTOS : RED BULL CONTENT POOL/GETTY IMAGES, SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL, TORNADOCHAMPIONSHIPS.COM, GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL

Fort de trois victoires cette année, le NéoZélandais Levi Sherwood termine sur la plus haute marche de Red Bull X-Fighters World Tour 2012.

Sur le lac de Garde (Italie), les Grecs Danis Paschalidis et Kostas Trigonis affichent leur joie après un 2e titre mondial en Tornado.

Déjà sacré en 2007 et 2010, Kenan Sofuoglu décroche un 3e titre mondial en Supersport. Le Turc devient le plus titré de la catégorie.


B U L L E VA R D

HIER ET AUJOURD’HUI

Assurance vie en poche En parallèle à la mission Red Bull Stratos, The Red Bulletin vous détaille l’évolution des déclencheurs de sécurité des parachutes.

CÂBLE DE DÉCLENCHEMENT

L’étrier est relié au câble d’ouverture par une broche tirée hors du loop au moment du déclenchement. Inconvénient ? La broche peut se tordre ou se coincer.

PIÈCE MAÎTRESSE

Ce robuste boîtier en métal contient l’altimètre, l’indicateur de vitesse et le mécanisme de déclenchement. Le câble relié au déclencheur s’arme mécaniquement.

FXC MODEL 12000

Un classique. Robuste et mécanique ce modèle, principalement utilisé par l’armée, fonctionne sans batteries. L’altitude de déclenchement souhaitée doit être réglée avant le saut. Avant d’arriver à ce palier, le parachutiste peut à tout moment décider lui-même de l’ouverture de son parachute. Si la vitesse de chute excède 20 mètres/seconde, un indicateur de vitesse complémentaire déclenche alors l’ouverture. www.fxcguardian.com

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L’acteur Burt Lancaster s’élance, équipé des premiers parachutes à ouverture automatique.

TEXTE : WERNER JESSNER

1970

CONTRÔLE D’ALTITUDE

Le bouton rouge active le système. L’altitude souhaitée pour le déclenchement se règle au préalable grâce à une vis située en-dessous du boîtier. Au-dessus, l’altitude se lit sur l’échelle graduée.


100 millions de sauts effectués pour 3 000 vies sauvées

UNITÉ DE CONTRÔLE

Un système autonome, géré par microprocesseur, mesure sans relâche la pression de l’air et la vitesse de descente et pare à toute situation critique. Même les changements météo n’échappent pas au Cypres.

UN SEUL BOUTON

PHOTOS : KURT KEINRATH, CORBIS, JOERG MITTER/RED BULL STRATOS

UN CUTTER

Contrairement aux précédents systèmes, il n’est pas question, cette fois-ci, de tirer sur un déclencheur. Un cutter pyrotechnique coupe le loop du conteneur de secours. Une technique fiable qui met à l’abri de toute avarie mécanique.

2012

Une simple pression sur le bouton rouge suffit à activer le Cypres. Le reste de la procédure est automatique. Le boîtier comprend aussi un compteur de sauts et affiche la date de la prochaine révision.

AIRTEC CYPRES 2

161 000 unités de ce type d’appareil ont été vendues depuis 1991 pour un total d’environ 100 millions de sauts effectués. Étanche et simple d’utilisation, le Cypres, ypres, fabriqué par l’Allemand Airtec, est muni d’un microprocesseur pour les opérations de mesure. Autrefois, les procédés de déclenchement de sécurité étaient peu fiables. Les systèmes comme ceux développés par Cypres sont aujourd’hui la norme. www.cypres.cc

Pour la mission Red Bull Stratos, Felix Baumgartner compte sur la fiabilité du Cypres 2.

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Action

Tiercé gagnant

En marge de Big Friday, projections en 3D de The Art of FLIGHT et Storm Surfers 3D au très prestigieux Festival du Film de San Sebastián fin septembre, The Red Bulletin a réuni ce qu’il se fait de mieux en matière de glisse. Travis Rice, Tom Carroll et Ross Clarke-Jones ont tracé quelques lignes ensemble. Texte : Christophe Couvrat

Photos : Gunnar Knechtel

L

es poignées de main sont franches. D’un côté, Tom Carroll, égérie du surf dans les années 80, double champion du monde et triple vainqueur à Pipeline, de l’autre, Ross Clarke-Jones, buffle épicurien, premier non hawaïen à s’adjuger le Eddie Aikau Memorial, officieux championnat du monde de (très) grosses vagues. Comme dans Storm Surfers 3D, dont c’était la première européenne, ils se croisent sur les mêmes spots depuis plus d’un quart de siècle. Travis Rice, snowboarder né, se glisse entre ces deux monstres sacrés. L’Américain est venu assister à la première mondiale de The Art of FLIGHT en 3D, son œuvre majeure. Place à Big Friday ! the red bulletin : Dans Storm Surfers 3D, vous avez parcouru 17 000 km à la recherche des plus grosses vagues dont certaines n’avaient jamais été surfées comme le récif de Turtle Dove Shoal situé en pleine mer, à 75 km de Geraldton, bourgade de la côte Ouest de l’Australie. Quel(s) moment(s) garderez-vous en mémoire ? tom carroll : Il y a des scènes à l’issue desquelles mon corps a changé ! Comme lorsque je me fais bouffer par une énorme

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vague avec le jet. J’ai cru que je n’allais pas m’en remettre… ross clarke-jones : Ah oui, c’est vrai ! Là je me marre, mais sur le coup je ne faisais pas le fier quand j’ai vu sa tête. Moi, je retiens que lors de chaque projection à laquelle on a pu assister, il y avait des

tc : Oui tu as raison. On avait 1 500 heures de rush pour 1 h 30 de film à l’arrivée. C’est sûr que le résultat est très pro ! rcj : On a rendu ce film sérieux sans être arrogants nous-mêmes. Quelle(s) qualité(s) chez l’autre aimeriez-vous avoir ? rcj : J’aimerais être organisé, comme lui. Il a 87 planches de surf alignées dans son garage de façon très précise. C’est dingue ! Moi, je ne suis pas comme ça. J’aimerais l’être plus souvent ! tc : Ce mec-là est fou. Pas à moitié, mais complètement ! Beaucoup plus que moi (rires). Estimez-vous avoir atteint vos limites ? tc : Bonne question ! Tout dépend ce que tu appelles limites. Plus tu vieillis, plus tu penses aux conséquences d’une chute. Il y a cette petite voix dans ta tête qui te dit d’y aller ou non. J’ai dépassé la barre des 50 ans. Je suis donc physiquement très différent de ce que j’étais à 20 ou 30 ans. Mon attitude a changé aussi. Je suis plus conscient des risques aujourd’hui. Si tu t’envoies en l’air à 50 ans, tu vas le payer cher. Mais une chose est sûre, je ne pensais jamais faire ça à mon âge. rcj : Oui, le risque est peut-être plus calculé aujourd’hui. Moi, on m’a dit attention, tu es papa... Mais en réalité rien n’a changé !

« C’est comme le chien qui chope un truc et ne le lâche plus. » Tom Carroll

« Moi, on m’a dit attention, tu es papa... Mais rien n’a changé ! »

Ross Clarke-Jones

enfants de 6 ans et des grands parents de 75 ans. C’est la première fois que le surf a été reproduit de façon très précise et non hollywoodienne. Les réalisateurs savaient exactement ce qu’ils faisaient. Ce sont de vrais pros (Chris Nelius et Justin McMillan, ndlr).

2 000 personnes ont assisté à Big Friday.


action

« Le plus dur ? ­poser la voix après le tournage. » Travis Rice

Action ! Tom   Carroll, Travis Rice et Ross Clarke-Jones (de gauche à droite).

Quel sentiment avez-vous au moment d’attaquer une énorme vague ? RCJ : C’est de l’adrénaline avant tout. tc : Voir la vague au loin est la réponse d’un feeling (sic). Là, le danger commence. Et puis action ! Go, go, go ! C’est comme le chien qui chope un truc et ne le lâche plus coûte que coûte. Quand la vague arrive, tu sais que tu ne vas pas la lâcher et vice-versa (Carroll fait mine d’imiter le grognement du chien qui tient un objet ou une proie entre ses dents devant l’assemblée hilare…). Quel est votre avis sur Kelly Slater et

Laird Hamilton, deux autres légendes vivantes du surf ? tc : Kelly est unique. Il fait tout de façon incroyablement méticuleuse. Que ce soit le surf, le golf, etc. C’est un exemple extraordinaire. RCJ : Laird, c’est pareil. Mais toi aussi, Tom, tu es unique. tc : Toi aussi Ross (rires). rcj : Mais on prend peut-être plus de plaisir qu’eux (rires). Comment en êtes-vous venus au surf ? rcj : Je jouais au rugby, au poste de talonneur. Et… (Carroll coupe)

tc : Moi aussi ! Je jouais demi d’ouverture ! rcj : Vous savez, quand vous grandissez en Australie, au bord de l’eau, tout le monde fait du surf. Et puis il y a la notion de danger dans le surf... (Travis Rice débarque.) Messieurs, faisons une place à Travis un instant. Avec le recul, que retenezvous de The Art of FLIGHT ? travis rice : L’action ! À la fin de la journée, le résultat n’en était que meilleur. Vous êtes tous les trois de vrais météorologues… tr : Oui, absolument. On doit apprendre à connaître l’élément liquide. Nous sommes composés d’eau. Cette planète est majoritairement faite d’eau. Celle-ci est partout. La neige, c’est de l’eau. Elle bouge aussi, comme une rivière. Travis, quel a été le plus compliqué dans The Art of FLIGHT ? tr : Le plus compliqué ? Poser la voix, la narration, après le tournage (rires). tc : Dans un studio, on est comme un lion en cage. On a parlé des limites dans vos sports. Qu’en pensez-vous Travis ? tr : Pour moi, les limites sont illimitées. C’est le principe même d’une limite finalement. Ces deux gars-là prouvent que l’âge n’est pas une limite (il montre Tom et Ross). RCJ : Regarde Kelly ! C’est le meilleur au monde. Il a encore faim et écrase tous les gosses. tc : La limite fait appel à l’inconscient. Elle en est le reflet. Quel serait votre rêve ultime ? tc : On le vit en ce moment même ! rcj : C’est ce qu’on voulait faire quand on était gosse… tr : C’est peut-être juste d’être content et satisfait de l’état présent. rcj : Une bonne vague de trente mètres, c’est ça le rêve ! (Rires.) tc : Moi, je suis juste content de faire ce que je fais maintenant. Plus sur www.stormsurfers.com.au,  www.artofflightmovie.com et www.redbull.com

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B U L L E VA R D

MON CORPS ET MOI

KATHERINE REUTTER L’Américaine de 24 ans mène de front rééducation, entraînement et études. Pas question de ralentir pour la double médaillée olympique de patinage de vitesse sur piste courte. www.katherinereutter.com

1 DOS ROND

2 HANCHES IMPARFAITES

J’ai eu des problèmes à la hanche. Cela tient à la forme ovale de la tête de mon fémur. Il doit être sphérique. Des chirurgiens l’ont raboté.

3 PIEDS ARDENTS

J’ai une astuce pour éviter les ampoules. Je mets mes chaussures au four, les fais chauffer et les enfile bien serrées. Elles épousent la forme des pieds.

4 LANGAGE DU CORPS

Je suis une dingue de muscu. J’adore le corps humain. Il me fascine. J’aime tout savoir sur la façon de le nourrir, de l’entraîner et ses réactions. C’est pour cela que j’étudie la physiologie du sport.

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5 ESPRIT SEREIN

Les blessures à répétition ont fait de moi une personne plus posée. Aujourd’hui, je sais focaliser mon énergie pour améliorer mes performances.

6 PREMIERS PAS

À 15 ans, j’ai subi une opération pour éliminer une excroissance osseuse au genou. Ce sport n’est pas bon pour les genoux. TEXTE : LAURA DUNPHY. PHOTO : TOM BEAR

Sur piste courte, le dos doit être... rond pour gagner en vitesse. Il faut rentrer le nombril afin de rehausser les hanches. C’est un problème pour moi, cette position provoque de fortes douleurs.


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b u l l e va r d

Formule magique

Thierry Omeyer lors d’un duel avec le redoutable buteur ­suédois Andreas Nilsson.

L’arrêt Réflexe

texte : martin apolin. illustration : Mandy fischer. photo : imago

Dans le handball, le penalty est une phase de jeu à part. L’intuition domine la réaction. Explications. Le péno en théorie* Un gardien de handball a-t-il le temps de réagir à un tir ? Qu’implique la « réaction » d’un point de vue physiologique ? Il faut d’abord qu’un stimulus électrique optique atteigne le cerveau. Ce dernier analyse la situation et programme une réaction motrice. Cette réponse, toujours sous forme de stimulus électrique, parvient aux muscles (croquis 1). Les temps minima de réaction mesurés qui répondent à un stimulus optique se situent autour de 0,15 seconde. D’après les lois de la physiologie, impossible de faire mieux. Cela vaut aussi pour une réaction simple comme lorsqu’on doit par exemple appuyer sur un bouton lumineux. Mais le gardien de but ne doit pas se contenter de réagir, il doit réagir de manière adéquate (réaction complexe). Cela exige un traitement plus long de l’information. De ce fait, et pour être plus conforme à la réalité, le temps de réaction est estimé à 0,2 seconde. Combien de temps le ballon met-il avant d’atteindre le gardien ? Ce dernier se tient souvent loin devant sa ligne de but – dans le cas d’un penalty tiré à 7 m, il peut avancer à 4 m. Disons que la distance entre le gardien et la main du tireur se situe à 3,5 m. La vitesse correspond à la distance parcourue en un temps donné (v = s/t) et donc, t = s/v. Le graphe du croquis 2 fournit les différents temps que le ballon met pour couvrir cette distance. Même à 40 km/h (11,1 m/s), vitesse plutôt mollassonne, le ballon atteint le gardien en seulement 0,3 seconde. En déduisant le temps de réaction, il ne reste qu’un dixième de seconde au gardien pour diriger le pied ou la main vers le ballon. Avec une vitesse plus conforme à la réalité, soit environ 65 km/h (18,1 m/s), le ballon arrive déjà pendant le temps de réaction. Soit en 0,2 seconde. Une réaction s’avère donc impossible ! Cependant, d’après les statistiques, un gardien de hand a 25 % de chance d’arrêter le tir. D’où vient ce décalage entre les statistiques et notre calcul ? La réponse est dans l’anticipation ! Le gardien connaît les coins préférés du tireur et peut anticiper. Aussi, il peut deviner la direction du tir dès l’esquisse du mouvement du bras. Dans tous les cas de figure, il doit commencer sa parade de défense bien avant le déclenchement. Le facteur chance fait aussi partie d’un arrêt réussi. Reste à savoir pourquoi le gardien se positionne si loin de sa ligne. Pour arriver à la ligne de but, le ballon a besoin de deux fois plus de temps. Mais il y a un hic : le but mesure 3 m de long et un gardien bras ouverts ne couvre qu’environ 1,8 m. Il reste donc 60 cm non couverts de chaque côté ! Pour calculer l’angle de couverture du but quand le gardien se tient à 3,5 m devant sa ligne, il faut avoir recours au théorème de Thalès. Soit : a¹/a² = b¹/b² et ainsi b² = b¹ · a²/a¹ = 1,8 m · 7 m/3,5 m = 3,6 m. L’ensemble du but est couvert même en ayant les bras tendus vers le sol. La pratique du péno « Je cherche à prendre l’ascendant psychologique, explique Thierry Omeyer, gardien des Bleus. Je fixe le tireur du regard. Puis j’essaie de deviner la trajectoire du ballon d’après la position de son bras. Sinon, je m’en remets à mon instinct. » www.ihf.info * Martin Apolin est Docteur en Physique. à 47 ans, cet auteur de plusieurs ouvrages est maître de conférences à l’Université des sciences appliquées de Vienne.

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B U L L E VA R D

CHIFFRES DU MOIS

LES CLEFS DE LA VOÛTE À l’occasion du 500e anniversaire de la voûte de la Chapelle Sixtine, The Red Bulletin vous plonge dans les petits secrets du chef-d’œuvre de la Ville éternelle. Nous sommes en novembre 1512.

La voûte réalisée par Michel-Ange est composée de neuf scènes tirées de la Genèse. Elle est d’une superficie de 520 m2. Il s’agit à l’époque de la plus grande fresque sur plafond au monde. Alors âgé de 33 ans, le maître opte pour la technique la plus difficile, dite Buon Fresco, soit des pigments dilués dans l’eau et appliqués sur de la chaux encore humide. Perché à 20 mètres au-dessus du sol, Michel-Ange délègue peu. Seuls les petits personnages, des arrières plans, la préparation des couleurs et le déplacement de l’échafaudage sont laissés aux soins de son assistant.

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Dieu dans une bulle de cerveau

E.T., l’autre histoire de doigts

4 440 000

Pape Jules II

Près de quatre millions et demi de visiteurs se rendent chaque année à la Chapelle Sixtine. Maurizio De Luca, conservateur en chef des musées du Vatican, en fait des insomnies. Alors que le dépoussiérage de la fresque s’effectue au pinceau tous les deux ans, la forte affluence rend le système d’aération inadapté. La respiration et la chaleur dégagées par les corps humains génèrent une humidité nocive. L’extension des heures d’ouverture afin d’améliorer la répartition des visites est un premier pas vers une solution.

Raphaël Michel-Ange le jour de ses 55 ans

3 000

Michel-Ange obtient 3 000 ducats pour son chef-d’œuvre. Cela équivaut aujourd’hui à deux millions d’euros, soit, à l’époque, trente fois les revenus annuels d’un artiste de renom. Joli pactole ! Il y laisse toutefois une partie de sa santé. Les cauchemars liés à un pape mauvais payeur l’assaillent, ajoutés aux maux de tête et aux douleurs dans le dos en raison de la pénibilité de la tâche. Il évoque ce tour de force artistique : « Ma barbe pointe vers le ciel, je sens ma nuque / Sur mon dos, j’ai une poitrine de harpie, / Et la peinture qui dégouline sans cesse / Sur mon visage en fait un riche pavement. »

La main d’Adam et la main de Dieu sont très exactement situées au centre de la fresque. Ironie du sort, les doigts ne sont pas tous l’œuvre de Michel-Ange. En 1565, un an après la mort du maître, le pape Pie IV charge Domenico Carnevale de (re)peindre l’index et le majeur d’Adam, endommagés par une fissure au plafond. Le fait de confier cette tâche à un artiste inconnu démontre que la création d’Adam n’est pas considérée par tous comme l’élément capital de l’ouvrage. Du moins à cette époque. Qu’en aurait pensé l’artiste ?

La création d’Adam

Au début du XVIe siècle, Michel-Ange règne sur la scène artistique de la Ville éternelle attisant la jalousie de ses paires parmi lesquels Raphaël. C’est ce dernier qui pousse le pape Jules II à choisir Michel-Ange pour réaliser la fresque du plafond de la chapelle Sixtine. Son but ? Voir son rival échouer car Michel-Ange est avant tout sculpteur. Il serait ainsi rejeté par la scène artistique. Le plan de Raphaël échoue. Michel-Ange achève l’ouvrage romain en... 41 mois. Pendant que Raphaël vit un cauchemar, cette performance vaut à MichelAnge d’être surnommé « Il Divino » (le Divin).

La Chapelle Sixtine

2

6

En 1990, l’attention du neuroscientifique Frank Meshberger est attirée par un détail alors qu’il feuillette un livre d’art : la jambe repliée d’un ange possède la forme d’une hypophyse. L’écharpe située en dessous de la tunique revêtue par Dieu ressemble à l’artère qui irrigue le cerveau. Dans une étude, Meshberger démontre que le côté droit de la fresque correspond au détail près à une coupe transversale des six principales régions du cerveau humain ! Près de 500 ans après sa naissance, l’œuvre n’a pas encore dévoilé tous ses secrets. Certains détails cachés peuvent encore apparaître.

Plus sur www.museivaticani.va

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TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : PICTUREDSSK.COM (3), THE KOBAL COLLECTION, DDP, GETTY IMAGES, LAIF

520


* Qui est le meilleur danseur de la soirée ?

Photos : © Little Shao - Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658


action

« Tout là-haut, l’humilité est de rigueur » après des années de tests  et de préparation, la mission  red bull stratos s’est élevée  dans le ciel. soixante-cinq  ans jour pour jour après que  le pilote d’essais américain  chuck yeager ait été le premier  homme à dépasser en avion  le mur du son. le 14 octobre  dernier, Felix baumgartner

30

franchit, sans assistance   motorisée, le mur du son à  1 342 km/h (Mach 1,24) et   établit trois records du monde :  la plus haute altitude d’un vol  en ballon, le saut le plus élevé  (39 045 mètres) et la plus  grande distance en chute libre  (36 529 m). le parachutiste autrichien de 43 ans échoue sim-

plement à effacer le record de  durée d’une chute libre  établi  par joe Kittinger en 1960  (4 minutes et 36 secondes  pour l’ancien pilote de l’us air  Force, 14 secondes de mieux  que baumgartner). porté par  une vitesse de croisière largement supérieure, l’autrichien  rallie la terre plus vite.


photo : predrag vuckovic/red bull stratos

pour red bull stratos, il y  va de bien plus qu’une flopée  de records et de données   précieuses pour la science.  il s’agit d’inspirer l’humanité,  d’oser l’impossible et de se  risquer à l’au-delà de l’horizon. debout sur le seuil de sa  capsule, le nouveau conquérant de la stratosphère lance :

« parfois, il faut aller très haut  pour se rendre compte à quel  point nous sommes petits. »  désormais, il y a un avant et  un après red bull stratos. en  exclusivité pour the red bulletin, Felix baumgartner dévoile  son journal de bord et retrace  les jours qui ont fait de lui un  héros des temps modernes.

12 h 16

diManche  14 OctObre 2012

instant histOrique :

Felix baumgartner saisit la  portée de son exploit quelques  secondes après avoir posé le pied  sur la terre ferme dans l’état  américain du nouveau-Mexique.


17 h

Mercredi   10 Octobre 2012

FElix Baumgartner : « Bien

sûr, je me suis préparé physiquement : endurance

de base, force, endurance dans l’effort… La totale. Il est clair   que ma performance physique ne va pas se limiter aux quelques minutes de chute libre, il faut que je sois au top pour les   jours éprouvants qui vont ­précéder le saut. »  Andy Walshe : « Au cours

des jours précédents   le lancement, je fais   subir à Felix une dernière

phase intense d’entraînement   en salle de gym. Avant seulement un entraînement cardio léger,   la veille du départ. » (Andy ­Walshe est responsable haute performance de Red Bull ­Stratos)

18 h

vendredi   12 Octobre 2012

FELIX Baumgartner : « Je fais

la connaissance de Klaus à Leogang   (Autriche), lors   du tournage d’une ­publicité. Le courant passe

immédiatement entre nous.   À mes yeux, il est bien plus qu’un kiné : il prend la mesure de mon état physique et sait ce qu’il faut faire pour me rendre le plus ­performant possible. Klaus ­appréhende le corps comme un tout. Il sait jauger l’état de mes réserves d’énergie. Il n’aime pas être sous les feux de la rampe   et j’ai dû le convaincre de venir   à Roswell. C’est important pour moi de l’avoir à mes côtés lors   de la dernière phase. »

saut, le niveau d’énergie de Felix est à son maximum. On peut le voir sur son

v­ isage. Très peu sont capables d’atteindre un tel niveau de ­détente et de concentration. » (Klaus Hammerle est kinésithérapeute en médecine douce)

photos : joerg mitter/red bull stratos

Klaus hammerle : « Avant le


action

10 h

lundi   13 Octobre 2012

FELIX Baumgartner : « Toute

ma famille est là : ma c­ ompagne Nici, que vous voyez sur cette photo durant notre café matinal, ma mère, mon frère et mes amis les plus proches. Pour la plupart, c’est leur ­premier voyage aux états-Unis. Je crois que pour tous, cette aventure restera inoubliable. Que les personnes les plus importantes dans ma vie soient là pour le ­projet le plus grand de ma ­carrière est essentiel pour moi. »

2 h 40

dimanche   14 Octobre 2012

FELIX Baumgartner :

« La veille du saut, pas

­facile de trouver le ­sommeil. Vers 2 heures du

­ atin, je me lève, avale encore m un milk-shake à la fraise et   prend la route pour l’aéroport.   Il y avait beaucoup de vent mardi dernier, nous espérons cette   fois une météo plus favorable. Avant que les choses sérieuses ne commencent, Don Day, Joe

Kittinger, Art Thompson et Andy Walshe passent tout en revue avec moi. À 3 h 10, je monte une dernière fois dans la capsule, seul et en tenue civile, pour ­récapituler une par une et dans le calme les étapes les plus ­importantes. »

33


Action

5 h 18

dimanche   14 Octobre 2012

FELIX baumgartner : « Luke ­Aikins (à gauche sur   la photo) et Mike Todd sont avec moi dans la caravane Airstream.

Pour la dernière fois, j’enfile la combinaison pressurisée, pour la dernière fois je respire de l’oxygène pur afin d’éliminer l’azote dans mon sang. Pendant ce temps, le ballon est déployé dehors et arrimé à la capsule grâce au Flight Train. À 7 h 04 tapantes, Andy Walshe ouvre la porte de la caravane. Le soleil teint l’horizon de Roswell d’un rouge écarlate. Pas de signe de vent. La journée s’annonce magnifique. »

34


7 h 07

dimanche   14 Octobre 2012

FELIX baumgartner : « Un ­ hariot élévateur nous c hisse, Mike Todd et moi,

au niveau de la capsule. Mike m’attache au siège. Comme   pour tout, il s’agit de suivre une procédure stricte et ne pas en dévier. RAS. Maintenant, il faut attendre le feu vert du météorologue Don Day pour le gonflage du ballon. Aujourd’hui, cela ­prendra presqu’une heure et ­demie. Pour éviter que je ne transpire trop, de l’air froid est injecté à l’aide d’un tuyau dans   la capsule. Mais j’ai rapidement froid et demande à l’équipe de retirer le tuyau. »

9 h

dimanche   14 Octobre 2012

FELIX baumgartner : « Le ­ ommando responsable c du gonflage du ballon

photos : joerg mitter/red bull stratos (2), balazs gardi/red bull stratos (3)

arrive à 8 h 44 tapantes. À présent, l’hélium s’engouffre dans   la gigantesque poche qui doit me mener dans la stratosphère. Il y a cinq jours, nous en étions à ce même stade mais le vent trop fort pour le dessus du fragile ­ballon nous avait contraint à ­renoncer au départ. Le ballon était ­fichu. Dans ce cas, le vent tord la poche du ballon et le ­départ devient impossible.   Ce jour-là (mardi 9 octobre,   ndlr), je n’en croyais pas mes yeux, j’ai dû puiser pour encaisser le choc. Là, c’est notre ­dernier ballon et aujourd’hui,   tout se passe bien. »

9 h 31

dimanche   14 Octobre 2012

FELIX baumgartner :   « Décollage ! Le moment

pour lequel nous travaillons ­depuis toutes ces années. De   la capsule, on ne voit rien de ce qu’il se passe dehors. On espère seulement que l’équipe assure. »

don day : « Le départ raté

du 9 octobre nous a appris à être encore plus précis et à mettre Felix dans les airs plus tôt. Nous avons une fenêtre de tir entre 9 h 20 et 9 h 40. Ed Coca, le ­responsable du ballon, donne son feu vert. Un départ parfait,   il était impossible de faire mieux. Si on avait perdu ce ballon, il aurait fallu attendre juillet prochain pour une nouvelle tentative. » (Don Day est l’un des météorologues de Red Bull Stratos)


9 h 40

diManche  14 OctObre 2012

Felix bauMgartner : « les    reMières Minutes de vOl  p sOnt les plus critiques.

11 h 31

diManche  14 OctObre 2012

Felix bauMgartner : « nOus avOns un prOblèMe.  un prOblèMe de taille. apparemment, le désem-

buage de la visière du casque ne fonctionne pas, ma   respiration à l’intérieur se condense. ceux qui ont   descendu une piste noire avec un masque de ski embué  peuvent avoir une idée du risque encouru pour une chute  libre à la vitesse du son depuis la stratosphère. et, en plus,  en combinaison pressurisée. la mission est sur le point  d’être interrompue. joe Kittinger décide de limiter le  contact radio qui me relie à la base de contrôle à nous  deux uniquement pour régler la situation directement. »

11 h 45

diManche  14 OctObre 2012

art thOMpsOn : « nOus deMandOns à Felix de

décOnnecter le systèMe de déseMbuage  de sa visière du circuit électrique de la capsule pour

le  relier à celui placé sur son abdomen prévu pour   l’alimentation pendant la chute libre. sur les caméras  de contrôle, nous pouvons voir que le chauffage   fonctionne à nouveau. Mais la décision de sauter ou  non dans ces conditions  revient à Felix. » (art thompson  est responsable technique de red bull stratos)

MiKe tOdd : « jusqu’à Maintenant, le déseM-

buage de la visière ne nOus a pOsé aucun  sOuci. dans la stratosphère, de simples détails peuvent

devenir de réels problèmes jusqu’à nous obliger à interrompre la mission. » (Mike todd est l’ingénieur en   systèmes de survie de red bull stratos) Felix bauMgartner : « Malgré cette histOire

de  déseMbuage, la décision de sauter me revient.  Mon  intuition va se révéler être la bonne, je veux aller  au bout. »

photos : joerg mitter/red bull stratos (4), jay nemeth/red bull stratos (3)

à faible altitude, je n’ai aucune  chance de quitter la capsule  à temps pour descendre en parachute si quelque chose tourne  mal. en regardant les images,  je réalise à quel point le ballon,  petit et étiré, est proche de la  terre alors que la faible pression  extérieure dans la stratosphère  lui permet d’être bien rond et  bien gonflé. cette photo devrait  être utilisée en cours de   physique pour expliquer la   pression atmosphérique. »


action

12 h 07

diManche  14 OctObre 2012

Felix bauMgartner : « il n’y a pas de MOts pOur

expriMer ce que je ressens Maintenant.

des milliers de fois, j’ai répété dans ma tête cet instant mais rien ne peut préparer à l’immensité de  ce moment, entre un ciel d’un noir profond au-dessus  de soi et la rotondité de la terre au-dessous. Face à  moi, j’ai un vide de 39 kilomètres et je me dis : “voilà  j’y suis.” c’est le moment pour lequel j’ai tant travaillé  depuis si longtemps. un instant unique. personne  ne s’est trouvé à cette altitude avec pour seule   protection une simple combinaison pressurisée. la  biographie de joe Kittinger porte le titre malicieux  come up an get Me (en français, Monte et attrapemoi), c’est un privilège de se retrouver ici.  j’éprouve alors une grande humilité devant l’univers  et j’ai conscience de ma propre insignifiance. avant de   sauter, je me dis : “je rentre.” c’est exactement ce que  je ressens alors. j’ai atteint le point le plus éloigné de  mon voyage et à partir de maintenant, je suis sur le  chemin du retour. c’est une métaphore et en même  temps une réalité. le saut est parfait. pendant les premières trentequatre secondes, je fais une chute de rêve. avant que  la grande lessive céleste ne commence son essorage. »

37


Action

12 h 07

dimanche   14 octobre 2012

FELIX baumgartner : « J’essaie de me stabiliser. Je ne sens rien : pas de repères, pas

d’air, pas de bruit. Il n’y a que le néant. Les points de repère manquent, je n’ai même pas conscience de ma vitesse.   Peut-être que je franchis déjà la vitesse du son mais évidemment, je ne peux pas l’entendre puisque je suis plus rapide que le son.   Une partie de l’équipe de sauvetage qui se trouve près de mon point calculé d’atterrissage —   des hommes passés par la CIA   et des hommes de combat —   m’a raconté plus tard qu’elle avait entendu deux détonations : une première à mon entrée dans   la zone supersonique, et une ­seconde quand les masses d’air plus dense m’ont ramené à une ­vitesse subsonique. »

12 h 07

dimanche   14 octobre 2012

je tourne autour de mes trois axes corporels. Il s’agit du fameux flat spin auquel nous nous attendions. Je dois le maîtriser au plus vite pour ne pas perdre connaissance à cause d’un trop grand flux sanguin dans mon cerveau. Déplier un bras compliquerait la situation. Je mets mes bras le long du corps et réussis de cette manière à me stabiliser avec une demi-pirouette en ­arrière. Une manœuvre répétée avec Luke ­Aikins. Après plus de 40 secondes de vrille incontrôlée, je réussis   à prendre une ­position de saut sûre et à ouvrir comme prévu mon parachute à une altitude   de 1 585 mètres. »

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photos : Jay nemeth/red bull stratos (3), predrag vuckovic/red bull stratos

FELIX baumgartner : « C’est parti, et sans transition. De manière incontrôlée,


12 h 16

dimanche   14 octobre 2012

FELIX baumgartner: « L’atterrissage est parfait. L’équipe d’intervention me donne la direction du vent par radio pour que je dirige mon

­parachute avec précision. Avec seulement 3,4 G, ce dernier atterrissage en combinaison pressurisée est le plus doux que j’aie jamais réussi. »  jon clarke : « Felix était dans l’espace et comme

un astronaute, il n’a pas eu de contrôle sur sa position pendant plusieurs secondes. Il a subi comme prévu une période où il a tourné sur lui-même mais y a survécu. Nous avons démontré que cela était possible. La performance de Felix doit être reconnue. Les records qu’il a établis le resteront peut-être encore plus longtemps que ceux de Joe (Kittinger, ndlr). » (Jon ­Clarke est le responsable ­médical de Red Bull Stratos)


13 h diManche 14 OctObre 2012 Felix bauMgartner : « c’est Fait ! j’atterris en

sécurité, je suis vivant. le prOjet red  bull stratOs est un succès. je ne peux que

art thOMpsOn : « les dOnnées scientiFiques  que nous avons recoltées avec red bull stratos comprennent la totalité des valeurs biométriques de Felix :  du subsonique au transsonique jusqu’au supersonique et retour. ces données sont intéressantes pour  la médecine et vont contribuer à développer des   traitements en cas d’accident dans le régime   supersonique. les niveaux de performance de la   combinaison, du casque, des gants et du parachute  vont aider à améliorer la sécurité des équipements   futurs. nous sommes les premiers à fournir de tels  renseignements. l’us air Force, la nasa et des   entreprises privées veulent avoir accès à ces   informations. tous ont intérêt à savoir ce qu’il se  passe lors d’une sortie à une telle altitude. il faudra  du temps pour analyser les données du flat spin et  en  tirer des modèles de survie utilisables par des   parachutistes moins expérimentés que Felix lors  de sauts à une si haute altitude. » (art thompson est  le responsable technique de red bull stratos)

photos : joerg mitter/red bull stratos (3)

tomber à genoux et lever mes mains vers le ciel. je  sais que le matin même, joe Kittinger et son équipe  avaient encore prié en demandant à des anges   gardiens de me protéger. accompagné de l’équipe  d’intervention, Mike todd est le premier à accourir  vers moi. ces dernières années, il a été comme une  mère pour moi. il fut le dernier à me dire au revoir  dans la capsule et le premier à m’accueillir à mon   retour sur la terre ferme. nous tombons dans les bras  l’un de l’autre. un hélicoptère nous ramène à la base  de contrôle. art thompson, joe Kittinger et toute  mon équipe sont là. je suis submergé. je suis de   retour sur terre. »


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13 h 47

diManche  14 OctObre 2012

Felix bauMgartner : « MOn équipe. red bull stratos est  un travail d’équipe. Même si c’est moi qui suis maintenant  sous les feux de la rampe, cette idée, devenue un projet  puis un succès, reste l’œuvre de tous. tous les problèmes  rencontrés pendant ces cinq années de travail, nous les  avons surmontés ensemble. d’ailleurs, lors de la dernière   réunion, joe Kittinger reconnaît que l’équipe de red bull  stratos est la meilleure avec laquelle il ait travaillé. je ne  connais pas de meilleur compliment. »

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Photos : ryan miller/ red Bull Content Pool

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Smith, la nouvelle Vague

À l’occasion de la sortie de son nouveau film, Bending Colours, quelques proches de Jordy Smith dessinent un portrait méconnu de la star sud-africaine du surf. Rafraîchissant. Texte : Simon Nicholson


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Jordy Smith, de star du surf à star de cinéma.

C’est probablement le spot le plus marrant pour moi de composer avec mouvementé que j’ai jamais filmé. quelqu’un d’aussi réfléchi et déterminé Il y a toujours de la houle, les alizés alors que je suis habitué à une indépensoufflent de la côte, la présence des récifs dance totale dans mon boulot. oblige à être très précis sur chaque vague Votre collaboration s’est-elle passée mais c’est parfait pour les figures. On a eu sur le mode amical ou purement dans de la chance avec ce spot. Et le respect professionnel ? avoir avec nous Julian (WilUn mélange des deux. On est son, surfeur australien, ndlr), devenus amis en travaillant c’était génial. Dans Modern sur Modern Collective (sorti Collective, Jordy surfe avec en 2009, ndlr). C’était génial deux « goofy footers » (pied comme ça peut l’être entre droit à l’avant, pied gauche à deux copains qui font le tour l’arrière, ndlr). Là, pouvoir se du monde pour filmer leur mesurer à un « regular foot » passion. C’est plus difficile l’a motivé. Les gars se sont lâdepuis qu’il est dans le Top 10 « L’île de la chés. C’est parfait que le film mondial et ambitionne d’être Réunion est se termine là-dessus. champion du monde : on ne le spot le en impliquant Kai neville peut pas partir quand on veut. Mais quand on est allés de plus mouve- dans la réalisation de ce nouveau projet, Jordy smith nouveau à la Réunion pour menté que prouve qu’il a pris sa carrière le film, on a retrouvé le j’ai jamais bien en mains. le sud-afrimême plaisir. filmé. Il y a cain n’a que 24 ans mais il se smith avait un rôle majeur toujours de confronte au business de son dans Modern Collective et sport depuis près de vingt le tournage sur l’île de la la houle et ans. tout juste relancé par réunion était un moment les récifs une 5e place à trestles, étape fort du film. C’était d’ailleurs obligent à californienne de l’asP World pratique puisque quelques être très tour qui s’est tenue en heures d’avion séparent précis. » septembre, Jordy confie ses l’afrique du sud du départeimpressions de tournage... ment français d’outre-mer. Kai Neville, THE RED BULLETIN : Comen y retournant pour Bending réalisateur ment s’est déroulé le travail Colours, y avez-vous retrouvé avec Kai neville ? les mêmes sensations ?

PHOTOS : CRAIG KOLESKY/RED BULL CONTENT POOL (3), GETTY IMAGES, ASP/KIRSTIN SCHOLZ, RYAN MILLER/RED BULL CONTENT POOL

est aujourd’hui une réalité. Produit par red Bull media house avec le soutien de o’neill, Bending Colours, réalisé par Kai neville studios, a suivi le sudafricain Jordy smith pas à pas. Kai neville, jeune cinéaste australien, a récemment révolutionné la façon de filmer le surf avec des réalisations telles que Modern Collective et plus récemment Dear Suburbia. Parce qu’il cherche à faire ressortir la culture surf et la passion qui porte ses personnages plutôt que d’être dans le culte des stars de l’asP World tour. Kai neville aime allier les performances sportives et les détails du quotidien en les illustrant de prises de vue étonnantes et d’innovations musicales. le résultat est unique. surprenant. il joue sur l’émotion. le réalisateur aussie ne donne pas seulement envie d’aller surfer, ses longsmétrages suscitent une certaine idée pour vivre mieux et profiter de l’instant présent. C’est pourquoi Jordy smith l’a choisi pour mettre en boîte Bending Colours, un film qui lui ressemble. Jusqu’à la fin du montage, on a collé aux basques de Kai neville pour en savoir plus sur cette aventure avec le champion du monde WQs 2007. THE RED BULLETIN : racontez-nous en quelques mots votre film Bending Colours... KAI NEVILLE : Jordy Smith est un personnage public, pris dans le tourbillon du surf moderne. Le film révèle un autre homme, juste attaché au plaisir de surfer. Jordy raconte son évolution de son plus jeune âge à aujourd’hui. On a détaillé son style grâce à la technologie des caméras HD Phantom qui offrent des ralentis incroyables et permettent un regard neuf sur le surf. Jordy smith s’est-il impliqué dans la réalisation à travers un certain nombre de directives par exemple ? On a fait le film ensemble. À l’arrivée, le film porte sa griffe. Même s’il est jeune (le Sud-Africain a 24 ans, ndlr), Jordy a eu des idées très précises sur les musiques et les prises de vue qu’il voulait. C’était


Smith en pleine action aux Maldives (ci-dessus), pendant le Vans Triple Crown à Hawaï (ci-dessous), à Teahupoo, en Polynésie Française (en bas à gauche) puis au New Pier de Durban (à gauche).


JORDY SMITH : Vraiment bien. On avait fond mais smith « explose » dans la badéjà bossé ensemble sur un tas de films, il garre. out ! logie passe en demi-finales. existe une réelle amitié entre nous. Être C’est la règle du jeu mais il en faudrait face à la caméra n’est jamais évident mais davantage pour mettre à mal leur il faut essayer de se sentir le plus à l’aise longue amitié. travis logie est le mieux possible pour être soi-même. Il n’y a pas placé pour raconter son pote et sa quête eu de galères, toute l’équipe était cool. On d’un premier titre mondial que tout le a toujours passé du bon temps ensemble monde prédit au minot sud-africain. THE RED BULLETIN : depuis même quand il fallait attendre qu’il est sur le circuit, Jordy longtemps les vagues. On smith a une vraie admiraconnaît tous la frustration de tion pour vous. À ses débuts, ces moments-là. son attitude arrogante Que vous a apporté ce film ? dérangeait. Comment l’avezJ’ai pu surfer avec Tom Curren vous changé ? (professionnel dans les années TRAVIS LOGIE : Il a débarqué 80. Triple champion du monde, et il voulait flinguer tout le l’Américain est le père de la surmonde. Mais à des moments feuse française Lee-Ann Curren, « Dans précis, il a eu besoin de ndlr). Me retrouver sur les conseils. Je crois que j’ai réussi vagues, juste avec lui, était l’un certaines conditions, à lui apprendre à respecter ses de mes vieux rêves. Je le suis concurrents. On peut vouloir depuis que je suis gamin, je l’ai Jordy surfe éclater l’adversaire dans une toujours admiré. Ça me détend beaucoup série et rester correct une fois de le voir surfer. Il m’a fait mieux que la manche terminée. Il faut prendre des trajectoires diffédes gars savoir dépasser le résultat. rentes sur la vague et tenter Parfois, il ne savait pas des choses que je n’avais jamais qui gagnent s’arrêter. J’étais comme lui au osées. C’était génial de l’avoir à aujourd’hui début. Il est arrivé avec une côté de moi, j’ai enfin trouvé des réputation d’arrogant mais les trucs que je voulais amélioépreuves après quelques mois, il était rer depuis longtemps dans mon du circuit. » déjà l’un des mecs les plus surf. En le regardant, ça m’a Travis Logie, appréciés du circuit. aidé à le faire. Que doit-il faire pour gagner Que voulez-vous que les spec- ami et le titre mondial ? tateurs retiennent du film ? surfeur pro Être prudent mais pas trop. Je souhaite juste qu’ils comIl surfe juste et, dans certaines conditions, prennent toute la puissance et la techbeaucoup mieux que des gars qui gagnent nique qu’un surfeur met dans chaque aujourd’hui des épreuves. À mon avis, mouvement. Pourtant, surfer semble si fac’est seulement une question de confiance cile. Avec la technologie des caméras en soi. Quand elle sera de retour, il sera Phantom, on a pu détailler chaque geste. dans la bagarre pour le titre. Je ne l’ai Les gens pourront se rendre compte comjamais vu aussi affûté et concentré. Ça va ment ça se passe vraiment. venir, il suffit d’une fois. après les trips entre amis à surfer sans pression, une toute autre réalité rattrape Jordy smith : l’univers de la compétition pro. ici, pas de place pour les sentiments. en août dernier, un tournant crucial dans la course au titre mondial, smith a payé cher pour apprendre. opposé sur le spot de teahupoo à travis logie, son ami d’enfance et copain sur l’asP World tour, le sud-africain a pris la réalité en pleine gueule à tahiti, l’étape où les vagues sont les plus grosses et violentes du circuit. « Papy » du Pro tour et mentor de smith, travis logie, 33 ans, se doit d’atteindre les demi-finales pour échapper aux qualifications futures. Quant à smith, 2e au classement mondial, il veut entamer sa seconde partie de saison à fond. Chacun sait que l’autre va tout envoyer, les deux se donnent à 46

PHOTOS : RYAN MILLER/RED BULL CONTENT POOL, BRIAN BIELMANN/RED BULL CONTENT POOL, ASP/KIRSTIN SCHOLZ

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Les scènes les plus spectaculaires de Bending Colours ont été tournées au large de La Réunion. En bas à gauche : Jordy Smith se prépare à surfer Teahupoo.

Prononcées en août dernier, les paroles de travis logie étaient prémonitoires. Jordy smith a réussi sa meilleure performance de l’année en atteignant les quarts de finale à trestles (Californie), stoppé par un étonnant Joël Parkinson (futur finaliste) après une notation controversée dans la dernière manche (à l’heure où nous mettons sous presse, le Rip Curl Pro disputé sur le spot de Peniche au Portugal n’a pas débuté). Frustré, smith a préféré balayer toute polémique : « Ça fait du bien d’être de retour. » retrouver la confiance après sa blessure en 2011 n’a pas été simple. il lui a fallu réapprendre à repousser ses limites sans douter. il a su aussi bien s’entourer. Josh Kerr, son nouveau compagnon sur le World tour, est l’une de ces bonnes personnes. leur passion commune pour les figures les plus osées a créé entre eux une émulation naturelle. Josh Kerr : Quand il est en possession de tous ses moyens, il dégage sur l’eau une vraie force. J’adore ses enchaînements sans déchet de mouvements dingues. C’est très rare. lui le réussit à chaque fois. il a tout. un surfeur complet, voilà ce qu’est Jordy smith. s’il gagne des millions d’euros, ce n’est pas seulement parce qu’il est l’un des meilleurs surfeurs mondiaux, il est aussi un visionnaire, un homme qui change la donne dans son sport. au sommet de son art, là où il faut toujours prouver qu’on est le meilleur, là où la pression est la plus grande et les enjeux impitoyables, Jordy smith est à son aise. mais dans Bending Colours, tout le grand cirque du circuit pro est volontairement mis de côté pour mieux montrer son talent et la beauté de ce qu’il sait faire sur la vague, son domaine. Ce film sur Jordy est sans doute un message d’espoir, d’aventure et d’ouverture. il va peut-être bousculer pas mal d’idées reçues. Voilà en quoi son portrait est moderne et vivant, résolument porteur d’avenir. il témoigne d’une confiance aveugle dans le futur et la quête d’originalité. le besoin d’être soi-même, tout simplement. Plus sur www.redbull.com/bendingcolours

Bending Colours est produit par Red Bull Media House.

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Une fleur, Deux peaux


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Véritable surdouée des arts musicaux, Sandrine ­Lescourant, alias Mufasa, est une star dans le milieu des danses urbaines. The Red Bulletin dresse le ­portrait de celle qui ­devrait marquer de son ­empreinte Red Bull Beat It le 22 novembre prochain au Pavillon Champs-Elysées.

D Texte : Christophe Couvrat Photos : Alex de Mora

un regard malicieux, comme pour marquer son territoire, elle balance au bout de quelques minutes : « C’est bien, tu ne me poses pas la question qui tue : C’est quoi pour toi, la danse ? » Ouf, c’était moins une. Au premier regard, on se dit : « Cette fille me rappelle quelqu’un ». Alors oui, on l’a vue en action dans ces duels endiablés où elle prend un malin plaisir à damer le pion aux garçons, comme en juin dernier sur l’esplanade du Trocadéro pour l’édition 2012 de Red Bull Beat It. Au bout de quelques minutes, le verdict tombe. Erykah Badu ressemble à s’y ­méprendre à Sandrine Lescourant, alias Mufasa. C’est l’inverse ? Oui, peut-être. Un morphing des deux frôlerait sans doute la perfection faite femme. Voilà, satanée impression physique, quand tu nous tiens. Une fois de plus, dans cette société de l’image, le piège referme ses portes. Un conseil, ce n’est pas la meilleure façon d’aborder la belle. Oui, le physique, cette infime couche ­corporelle, superficielle à souhait, a joué tant de tours à Mufasa. Elle en fait un spectacle qui porte bien son nom : ­Enveloppes timbrées (Compagnie Trafic de Styles, ­chorégraphe Sébastien Lefrançois). La première se tiendra dans le cadre du

f­ estival H2O le 15 décembre prochain : « Il faut avoir avant d’être, glisse-t-elle du haut de ses 25 ans. Quand tu es au lycée et que tu n’as pas la dernière paire de Nike et le survêt qui va avec, ça peut mal tourner. Quand j’étais gamine, je ne quittais jamais mon survêt Sergio Tacchini bleu marine. C’était la classe totale. Être ado nécessite une vraie organisation, tu es conditionné par les magazines. Je suis réticente sur ce qu’on fait paraître sur moi. J’ai du mal avec les piédestaux gratuits. » Mufasa sait de quoi elle parle. Née à Drancy, elle fait ses armes à Aulnay-sousBois, dans le « 9-3 ». La danse, la musique commencent à envahir son univers. Il y a le reggae de Bob Marley écouté par papa et… la lambada. Oui, la lambada ! « J’avais 2 ou 3 ans et je bougeais mes hanches devant la télé avec mes

« Il faut avoir avant d’être. Quand t’es au lycée et que t’as pas la dernière paire de Nike, ça peut mal tourner. Être ado est une vraie organisation. » 49


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Mufasa aura 26 ans le 4 décembre prochain. Entre Red Bull Beat It et le spectacle Enveloppes timbrées, cette fin d’année s’annonce festive et ­intense pour la danseuse.

couches », rigole-t-elle aujourd’hui. ­Dolorès comprend vite. Alors qu’elle lui cherche une activité, sa mère l’inscrit à la danse. Classique pour commencer. Ce sera sous la houlette de Madame Bitar. « J’étais un vrai garçon manqué. J’avais mon caractère. J’envoyais tout bouler, très tôt. » Elle a aussi donné dans le foot : « Un jour, j’ai fait 107 jongles, c’est mon ­record ! » Le père de Mufasa est souvent absent. L’adolescente le vit finalementplus comme un soulagement qu’autre chose. Dolorès assume tout. Salariée chez Carrefour ­depuis 17 ans, cette maman de trois e­ nfants – il y a aussi deux « petits » frères, Brian et Toni, qui ont dépassé la vingtaine – est une superwoman : « Je voulais réussir pour elle, murmure Mufasa. J’ai grandi pour la rendre ­heureuse. C’était mon ­crédo. » Elle a 13 ans quand sa mère est mutée à Antibes, dans les Alpes-Maritimes. « Ce déménagement tombait à pic. Je commençais à faire des conneries », se souvient Mufasa. Dans le Sud, elle découvre 50

le soleil, la plage et… Angelo di Monaco, docteur ès modern-jazz : « C’est mon mentor. Quand tu es ado, tu te cherches. Lui, il m’a appris à faire des parallèles entre la danse et la vie. Il m’a fait grandir. J’ai bu ses paroles complètement. » À partir de là, la danse n’est plus un hobby. Mufasa fait de cet art une profession de foi. « J’ai la

Mufasa a eu une vraie ­révélation avec le hip-hop. Après avoir fait ses armes au pied des marches du Palais des Festivals, à Cannes, au sein du groupe Egotrip’ , elle « s’aventure sur Paris » pour vivre de sa passion.


« C’est très ­français de mettre les gens dans des cases. On te freine beaucoup dans ce pays. » sensation d’être moi quand je danse, concède-t-elle. C’est un peu cliché mais c’est vrai. La danse m’a permis d’avoir un point de repère dans la vie. » Dolorès veille. Pas de diplômes, pas de carrière dans la danse. Mufasa met les bouchées doubles. Bac en poche, elle s’adjuge un BTS en Communication, puis une licence en Administration économique et sociale. Sa mère est aux anges. « J’ai même été RH à la communauté d’agglomération de ­Sophia-Antipolis, glisse-t-elle. Là, j’ai compris que travailler derrière un bureau de 10 heures à 18 heures, ce n’était pas pour moi. Je me suis dit : Soit tu continues à vivre comme un mouton, soit tu danses. » Le choix est vite fait. Le risque fait partie intégrante de la vie de Mufasa. Ça se voit. Sur scène, elle laisse une jolie place à l’improvisation : « Je suis en totale analyse de moi tout le temps car j’aime la pédagogie, la méthodologie. Tout est aléatoire et ponctuel, sur le moment, à l’instant. » Passionnée, Mufasa tente en permanence d’ouvrir de nouvelles brèches. La chorégraphie, la danse afro, le hip-hop et les cours donnés aux plus jeunes rythment aujourd’hui son quotidien entre deux entraînements drastiques : « C’est très français de mettre les gens dans des cases. On te freine beaucoup dans ce pays », sourit-elle à pleines dents. Cette diagonale enchanteresse qui barre son visage et illumine la pièce se fige soudain, en un éclair, comme pour mieux convaincre : « Je n’ai pas eu une ­enfance toujours rose, reconnaît-elle sans s’apitoyer sur son sort. J’ai gardé des ­cicatrices comme tout le monde. Ça m’a appris à ne jamais considérer les choses comme acquises. Mais je vis de ma ­passion. C’est un super cadeau de la vie. » Plus sur wwww.redbull.fr/danse

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« Les difficultés sont juste des obstacles à surmonter » Ernest Shackleton

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« Shackleton est une légende. Je lui rends hommage » Tim Jarvis L’Australien Tim Jarvis et son équipage s’apprêtent à reproduire à l’identique l’opération de survie menée en 1916 par Ernest Shackleton en Antarctique Sud. Une expédition quasi suicidaire qu’ils éprouveront en janvier. Récit inédit. Texte : Ruth Morgan et Ioris Queyroi

Photos : Paul Calver


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90°

75°

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Les chiens de l’équipage devant L’Endurance, broyé par la banquise le 21 novembre 1915.

CAP HORN

ILLUSTrATION: kErSTIN LUTTENFELDNEr

im Jarvis vient de passer quatre jours sur l’eau à bord d’une minuscule embarcation de bois. L’Australien a dû caser son 1,94 mètre dans l’habitacle à côté de ses cinq compagnons, tous souffrant du mal de mer. Pas de problème. Depuis longtemps, cet aventurier de 46 ans est habitué aux environnements les plus hostiles. Il a échappé aux ours polaires, navigué sur des eaux glaciales ou encore escaladé plusieurs montagnes. Cet entraînement au large des côtes Sud de l’Angleterre n’était qu’une banale préparation à une prochaine105° aventure. La plus périlleuse qu’il ait jamais connue : revivre la mission de survie dans l’Antarctique Sud d’Ernest Shackleton à l’aide des équipements dont disposait, à l’époque en 1916, le légendaire Irlandais. Pour ce défi, six hommes dont barry Gray, un expert en survie des british royal Marines, vont se lancer sur les flots peu fréquentables du terrible océan Atlantique Sud où ils séjourneront pendant au moins deux mois. Leur embarcation, une réplique à l’identique du James Caird utilisé par Shackleton, n’a pas de quille et est ballottée en permanence par les vagues. Jarvis en rigole : « J’ai l’impression d’être une balle de ping-pong dans une bétonneuse. » Mais il n’a pas l’air très soucieux de ce qui l’attend au Pôle Sud. équipé de sa tenue vintage burberry couleur pierre, il observe chaque détail, sans oublier de 120° charrier ses compagnons. La jetée en bois du vieux chantier naval de Portsmouth est jonchée d’objets hors d’âge : un chronomètre chromé, des lainages tricotés à la main, de vieilles caisses en chêne remplies de sachets de thé et de rations de bovril.

AMÉRIQUE DU SUD

« à bord de la réplique, j’ai l’impression d’être une balle de ping-pong dans une bétonneuse. »

OCÉAN PACIFIQUE


60°

seuls au monde

3

45°

Tim Jarvis énumère ici tous les pièges possibles. LE DÉPART DE L’ÎLE DE L’ÉLÉPHANT « Nous allons tenter de filer plein Nord en venant de l’Ouest. La force du vent risque de nous pousser au cœur de l’Atlantique mais nous devons essayer de rester aussi près que possible du côté sudaméricain. Si nous dérivons trop à l’Est, nous finirons sur les côtes africaines. »

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L’ATLANTIQUE SUD « C’est l’océan le plus agité de la planète et notre canot n’est pas fait pour l’affronter. C’est une vielle embarcation à rames sans quille. L’eau peut s’infiltrer à travers la coque, nous pouvons chavirer à tout moment. Et si l’un de nous tombe à l’eau, nous ne pourrons pas faire demi-tour pour aller le rechercher. »

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Les îles Malouines

24 avril 1916 7 À bord du James Caird, Shackleton et ses hommes voguent vers la Géorgie du Sud.

Île de l'Éléphant

LES DANGERS DE LA TRAVERSÉE DE L’ÎLE « Il y a moins de neige qui recouvre les crevasses en montagne que lors du passage de Shackleton. Ça rend le parcours plus dangereux et renforce le risque de chute. Nous emportons quelques mètres de corde de chanvre, moins extensible que celle d’aujourd’hui. Si l’un de nous tombe dans une crevasse, nous devrons l’en extraire avec ça. »

L’ARRIVÉE EN GÉORGIE DU SUD « C’est une passe très étroite où la montagne plonge à pic dans la mer. Le vent et les courants venus d’Antarctique frappent la côte Sud, le seul endroit où l’on peut accoster. Nous n’aurons droit qu’à un seul essai. Il faudra repérer la brèche, affaler les voiles, sortir les rames et foncer. Nous risquons de nous fracasser contre les rochers, ça fout la trouille ! »

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Géorgie du Sud 3 4

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1 6 16 avril 1916 Les embarcations accostent sur l’Île de l’Éléphant.

10 mai 1916 8 Après dix-sept jours de tempête, les six hommes atteignent la Géorgie du Sud.

5 9 avril 1916 L’équipage embarque dans trois canots de survie : le James Caird, le Dudley Docker et le Stancomb Wills.

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4 21 novembre 1915 Ils campent sur la banquise à la dérive. Shackleton et son équipage assistent impuissants au naufrage de L’Endurance.

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1 DÉPART 5 décembre 1914 Partis d’Angleterre en août à bord du navire L’Endurance, Shackleton et son équipage quittent la station baleinière de Grytviken. 9 ARRIVÉE 19 mai 1916 Les trois derniers rescapés, Shackelton, Worsley et Crean, mettent 36 heures pour franchir les sommets des glaciers de la Géorgie du Sud et rejoindre la station baleinière de Stromness.

7 décembre 1914 2 L’Endurance se frotte pour la première fois à la banquise.

E

3 18 janvier 1915 Le trois-mâts goélette est pris dans les glaces.

L’expédition d’Ernest Shackleton 1914–1916 L’expédition de Tim Jarvis début 2013

BARRIÈRE DE GLACE RONNE

BARRIÈRE DE GLACE FILCHNER

500 Miles 1 000 Km


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« Shackleton est un personnage de légende. J’aurais bien aimé partager une pinte avec lui. »

Le canot de survie, le James Caird.

À l’heure du temps en pleine mer.

Le chrono marin « Ce chronomètre marin Thomas Mercer a été spécialement conçu pour donner l’heure exacte en mer, s’exclame Jarvis. C’est un élément essentiel quand on sait que les chronos à pendule peinent à cause du mouvement de la mer. Impossible de naviguer sans l’heure exacte même si on sait à tout moment où peut se trouver le soleil. Les éléments du chrono reposent sur un socle qui leur permet de rester toujours en équilibre stationnaire même si la mer et le bateau bougent. »

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Pour l’heure, tout semble incongru au milieu des joggers et des promeneurs qui passent par là. Mais, en janvier prochain, quand Jarvis atteindra les rivages du bout du monde sur cet océan déchaîné au milieu des neiges de la Géorgie du Sud, il se retrouvera comme en 1916. « La tenue gratte un peu et pèse son poids, lâche-t-il. Elle est tellement différente à tous points de vue. On s’adapte. » Jarvis fait référence à sa propre expérience. Son dernier séjour polaire, en avril 2007, a été la réplique du voyage en 1912 dans l’Antarctique de l’explorateur australien Douglas Mawson. Il a utilisé l’équipement d’époque. Cette initiative a poussé Alexandra Shackleton, la petite-fille d’Ernest Shackleton et sa plus proche parente, à proposer à Jarvis de se lancer sur les traces héroïques de son grand-père. L’Australien est face à son plus grand challenge au large. « J’ai fait un peu de navigation à la voile comme membre d’équipage sur un

plus gros bateau. Là, je pars dans l’inconnu. Shackleton est un personnage de légende, je l’admire. J’aurais bien aimé partager une pinte avec lui. » Son poste de dirigeant associé d’un cabinet de consulting en architecture lui prend beaucoup de temps mais Jarvis est très proche de Shackleton. Depuis l’enfance, l’aventure et l’exploration tiennent une place majeure dans sa vie. Tout a commencé en Malaisie où il a vécu gamin. Pendant plusieurs jours, il s’aventure dans la jungle avec son chien. Plus tard, en jouant au rugby en Angleterre, il se blesse à la jambe. Pour sa rééducation, il utilise un rameur d’appartement. Il s’inscrit ensuite à une compétition nationale d’ergomètre qu’il remporte en battant plusieurs membres d’équipage olympique. « Une fois que vous avez découvert ce dont vous êtes capable, explique-t-il. Vous vous dites : Putain, je pourrais en faire plus ! » C’est à l’âge de trente ans qu’il attaque les expéditions sérieuses. En faire plus pour Jarvis, cela signifie financer lui-même un voyage au Pôle Sud en 1999. La première de ses nombreuses expéditions qu’il met à profit pour étudier les risques encourus par les changements climatiques. Il concède : « Ça peut vite dégénérer. Vous devez surveiller comment évolue la situation : perte de dents, engelures, risque de chute dans une eau glacée. Je ne sais pas comment je vais trouver la force pour repartir chaque jour. En fait, je me dis que tant que j’atteins l’étape suivante, j’avance. » S’il avait eu le choix, Ernest Shackleton se serait bien passé en 1914 d’achever sa mission exploratrice de façon aussi périlleuse. Son objectif initial était d’être le premier à traverser le continent antarctique mais son bateau, pris peu à peu dans la banquise, se broie dans l’étau des glaces et finit par couler. Après une semaine de mer à bord de trois petits canots de sauvetage, il réussit avec ses vingt-six compagnons d’aventure à rallier l’Île de l’éléphant. Dès lors, Shackleton décide de se lancer dans une incroyable mission de survie pour aller chercher du secours dans l’une des stations baleinières


Jarvis à la proue de sa réplique du James Caird. L’agence de voyages d’aventure Intrepid Travel a collaboré à l’organisation de cette expédition Shackleton.


Boussole « Comme celle emportée par Shackleton, notre boussole vient de la maison E. Dent & Co à Londres. Lourde d’une tonne, elle est installée dans le cockpit et est éclairée de l’intérieur, détaille Jarvis. Curieusement, la nôtre a une petite fissure sur le verre du dessus. » Là encore, comme celle de Shackleton.

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Rations et réchaud À droite : « Le réchaud est un Primus, le même que celui utilisé par Shackleton. En un siècle, le matériel n’a pas changé, dit Jarvis. On a fait le plein de Bovril (un extrait de bœuf à diluer dans l’eau), de pemmican (de la poudre de viande séchée et de fruits), de biscuits, de sucre, de beurre, de nougat et de sachets de thé. De quoi faire un bon hoosh d’explorateur (ragoût composé de tous les aliments de l’expédition). »

Voiles « Toutes nos voiles sont cousues mains. Ce détail a son importance car au Royaume-Uni, seulement deux ou trois personnes savent encore le faire. Nous en avons retrouvé une : Philipp Rose Taylor, vieux loup de mer qui vit à Weymouth. La qualité de son travail est incroyable. »


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« Il ne faut pas s’attendre à être secourus. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. »

PHOTO ADDITIONNELLE : Corbis (2), Picturedesk (2)

Tenues Burberry Ci-dessus et ci-contre : « À l’époque de Shackleton, la tenue Burberry était l’équivalent du Gore-Tex d’aujourd’hui. Le créateur du modèle a disparu depuis longtemps, comme les vêtements Burberry d’alors. Quand il a été question de recréer les tenues pour le téléfilm sur Ernest Shackleton avec Kenneth Brannagh dans le rôle de l’explorateur, ils ont dû copier les vêtements. Je les utilise pour l’expédition, précise Jarvis. Il n’y a aucune isolation, ça stoppe juste le vent. Je porterai aussi des gants en fourrure de castor. »

de la Géorgie du Sud, à plus de 1 200 km de l’Île de l’éléphant où il laisse vingtdeux personnes. En mai 1916, Shackleton et quatre de ses hommes réussissent l’exploit de rejoindre la station Stromness pour demander l’envoi de secours. Soit 658 jours après avoir quitté Londres. Ils ont affronté les flots de l’Atlantique Sud, navigué au milieu de la banquise, escaladé des montagnes glacées avant d’atteindre la station baleinière avec, pour unique aide, une hachette de menuisier et un petit bout de corde en chanvre. Cette aventure est reconnue comme l’une des plus grandes opérations de survie de l’Histoire. « Quand tu rentres chez toi en voiture, tu roules peinard en seconde. Dans une expédition, tu es à fond en permanence. Tu es tout le temps en éveil. J’aime ce genre de situations. J’en suis accro. » La détermination de l’Australien est saisissante. Il est en train de jeter un œil sur le bateau de secours, la seule concession faite à la technologie au cours de l’expédition. Il sera stationné dans l’Atlantique Sud. « La possibilité d’être secouru entame ta détermination, lâchet-il. C’est un dilemme que Shackleton n’a pas connu. C’est un sujet de réflexion pour nous. Échapper à la mort est la meilleure des motivations pour continuer. Les problèmes que l’on pourrait rencontrer se poseront de la même façon avec l’éventuel bateau de secours. Ça ne m’inquiète pas du tout que nous n’ayons à compter que sur nous-mêmes. » Entre la possibilité d’un chavirage, l’impossibilité de récupérer un équipier tombé à la mer et le combat contre les vents, ce n’est pas gagné. Puis, il y aura l’escalade sans équipement des montagnes de glace et le piège des profondes crevasses, fatales à tout pas de travers. Le défi est immense. De toute façon, rien ni personne n’empêcheront Jarvis de monter à bord de son embarcation de bois de moins de sept mètres. « Ma plus grande peur n’est pas de perdre un orteil, concède-t-il. C’est plutôt de connaître l’échec. » Plus sur www.timjarvis.org et sur www.shackletonepic.com

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nitro circus TRUBLION GÉNIAL OU VRAI CASSE-COU, L’aMÉricain EST Le MaÎtre À Jouer DE SA DÉLIRANTE cavaLerie MotorisÉe. TOUT CE QUI A DEUX OU QUATRE ROUES DOIT POUVOIR VOLER OU SAUTER. DÉCOLLAGE IMMINENT. texte : Josh dean et Christophe Couvrat photos : miko lim


L Action

a visite guidée débute par le bac à mousse. L’aménagement le plus incongru de cette propriété située dans l’est du ­Maryland, un état posé au nord-est des États-Unis. Mais pas tant que ça, on est chez Travis Pastrana. Pas moins de huit hectares sont dédiés à l’art de ce pilote motorisé en tout genre. Dotée d’un toit ­rétractable, c’est donc une fosse taillée comme une piscine et remplie à ras bord de morceaux de mousse bleue et jaune qui nous souhaite la bienvenue. Plus qu’un jouet, c’est un outil de travail. Le meilleur ami des casse-cous ­professionnels. Autour, une grande ­maison où ont été aménagés un bar, des salles de sport et de jeu. Sans oublier une ­piscine, un skatepark, un parcours de ­motocross freestyle et une grange. ­Remplie de jouets plutôt motorisés. Les frères Pagès s’éclateraient dans ­l’environnement de leur idole absolue. Vélos, motos, skateboards, véhicules à quatre roues ou encore jouets pour ­enfants... Ces dix dernières années, ­Pastrana et ses amis ont grimpé sur tout ce qui peut l’être. Une belle bande de trompe-la-mort. Une monture, une ­accélération, une rampe, une figure ­improbable, souvent dangereuse, avant un plongeon dans cette fosse bleue et jaune qui pue mais sauve les vertèbres.

« Chaque soir, la trentaine de participants devra tenter quelque chose de nouveau. » 62

Devant une foule déchaînée, Travis Pastrana met le feu pendant le Nitro Circus Tour.

Au fil du temps, ils ont fait grimper les paris, osé plus que jamais. Le projet Nitro Circus est né. Au départ, point de rendezvous entre potes gentiment frappés, c’est aujourd’hui une émission de télé-réalité sur MTV et la production de vidéos, d’un film 3D en cours de tournage et de tournées live. Malgré le succès à travers les états-Unis, l’Australie et la Nouvelle-­ Zélande, Pastrana entend renouer avec la simplicité de son idée originelle. Il explique  : « Revenons à la raison pour laquelle nous avons commencé le Nitro Circus, à savoir le bac à mousse qui est chez moi où tous ces gens peuvent tester des ­figures pour les X Games. » En se promenant dans sa propriété en ce jour de septembre, Travis confie que le Nitro Circus a été conçu pour que ses membres renouent avec la spontanéité de leurs débuts. Une tournée européenne est à leur programme. Stockholm, le 18 novembre, est l’étape inaugurale. Treize dates suivront en trois semaines, jusqu’à l’Angleterre,

Voilà un moyen ­efficace ­d’éviter les files ­d’attente au supermarché.

pour conclure, le 5 décembre. « Il n’y a pas deux spectacles identiques. Chaque soir, chacun des trente participants devra ­tenter quelque chose de nouveau pour lui. C’est la seule exigence imposée. » Travis Pastrana a à ses côtés quelquesuns des meilleurs skaters, p ­ ilotes de BMX et de motocross de la ­planète. De quoi être témoin de nouvelles figures en exclusivité mondiale. Le ­baptême du spectacle, tenu au MGM Grand de Las Vegas, avait produit quinze avant-premières. Pastrana  : « Tous les soirs, on présente la plus belle figure de chaque discipline des X Games. On ressent une certaine fierté à sortir du conventionnel. »

D

éfileront des skateboards, des motos, des BMX, mais aussi des rollerblades, des scooters, des roller-skis, des voitures de Barbie. Ainsi que des Big wheels. Aaron « Wheels » Fotheringham, paraplégique, est l’un des personnages récurrents. Son flip avant casse la baraque, il est devenu l’un des plus célèbres casse-cous en fauteuil roulant. « Aaron n’avait pas de structure pour montrer ses exploits, concède ­Pastrana. Il nous a convaincus qu’il ­pouvait et savait sauter. On a plusieurs athlètes incroyables comme lui. C’est cette richesse et cette qualité qui font l’excellence du Nitro Circus. » Pogo Fred va pogoter sur quelques dates de la tournée européenne. Le pogo, c’est ce jouet rigolo, une sorte de piston sur lequel on se plante debout tel un ­kangourou à un pied et sans mains.


Le show de Pastrana fait aussi la part belle au BMX.

photos additionnelle : garth milan/red bull Content Pool, chris Tedesco/red bull content pool

Joli ballet de FMXer au cœur de la nuit.

Dans sa glacière, Andrew Broussard n’a pas froid aux pieds. C’était l’an dernier à Las Vegas.

Le pogo, c’est ce jouet rigolo, sorte de piston sur lequel on se plante debout. Lors d’une escale à Sydney au printemps ­dernier, la Canadienne Jolene Van Vugt établissait un record de vitesse. Cette ­vedette du motocross habituée du Nitro ­pilotait des toilettes motorisées construites par les ingénieurs du Nitro Circus. Elle a porté le record de 68 à 74 km/h, gagné son entrée dans le Livre Guinness des ­records et fêté cela comme il se doit. Le seul qui évite de se rompre les os chaque soir, c’est le boss. Non pas que Travis Pastrana ait la trouille, mais il se remet de fractures à la cheville et au pied subies lors des X Games 2011. Avant la tournée européenne, son épaule aura aussi à supporter un poil de chirurgie ­réparatrice. Il sera Monsieur Loyal, au sourire large mais à l’âme fourbe, qui ­invite ses potes à aller toujours plus haut. Sa femme, Lyn-Z Adams Hawkins (oui, il 63


Lyn-Z Adams Hawkins veille sur Travis Pastrana. Il l’a demandée en mariage l’an dernier pendant un show (ci-dessous).

Des milliers de pièces de polystyrène amortissent les chocs au domicile de Travis Pastrana.

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astrana s’y enterre quand il travaille une nouvelle figure et lorsqu’il a besoin de repos. Après l’accident des X Games qui a torpillé la première saison de sa vie nouvelle de pilote de NASCAR, Pastrana est resté cloué au lit quatre semaines durant. Pendant trois mois, il a dû garder la jambe surélevée pour éviter les phlébites autour des vis qui maintenaient en place ses os pulvérisés. Il a pu se marrer malgré tout. On lui a construit un fauteuil spécial pour jouer au jeu d’arcade Big Buck Hunter et en dispu64

« nous ne soMMes pas asseZ paYÉs par rapport auX risques. » ter les championnats du monde. Travis a terminé huitième. Il compare sa convalescence longue et douloureuse à l’enfer sur Terre. Depuis, il n’est pas remonté sur une moto. En revanche, il a couru 25 courses en Nationwide, la deuxième division NASCAR, sans véritablement être à son avantage. Au volant de sa Ford du team Roush Fenway Racing, il n’est jamais rentré dans les dix premiers. Mais il y a pire que de se balader à travers l’Europe, dans un bus de copains, pour se faire une santé. Avant de rencontrer un public énamouré, Travis Pastrana a le mot gourmand : « Les gens aiment et viennent voir ce genre de sports parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver, reconnaît-il. Cette incertitude est autant stimulante pour le public que pour les sportifs. Nous ne sommes pas assez payés par rapport aux risques que nous faisons prendre à notre corps mais nous nous produisons face à des gens qui paieraient pour savoir faire ce qu’on fait. On prend un tel pied, c’est imaginable ! » On confirme. À les voir à l’œuvre, la joie de vivre est au rendez-vous. Plus sur www.nitrocircuslive.com

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tournÉe 2012 : 18.11 20.11 21.11 23.11 24.11 26.11 28.11 30.11 1.12 3.12 4.12 5.12

STOCKHOLM HAMBOURG BERLIN VIENNE VIENNE PRAGUE DÜSSELDORF ANVERS ARNHEIM LONDRES MANCHESTER BIRMINGHAM

photos additionnelle : garth milan/red bull Content pool

s’agit bien d’un seul et même être humain) est l’une des personnes qu’il aura à pervertir. Sans trop de mal. Elle a exécuté un back-flip la deuxième fois qu’elle s’est lancée sur un motocross. Il y a peu, elle a demandé à son époux de construire dans leur skatepark un quarter-pipe encore plus grand, encore plus fou, pour s’entraîner à envoyer du gros à l’occasion du Nitro Circus. C’est fait, une nouvelle rampe géante de quinze mètres trône dans le jardin domestique. Sur un engin à quatre roues, elle est en train de dévaler une pente raide, elle s’arrête dans un crissement de pneus suraigu. Travis l’observe : « Lyn-Z aime tellement la moto qu’elle ferait peur à l’enfer. » Elle est née en Californie, c’est là-bas que le couple passe la majorité de son temps. Le Maryland est « la résidence d’été », ils n’y traînent jamais longtemps.


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Cheval detroit

La Red Bull House of Art crée l’événement au cœur du bouillonnement artistique d’une ville qui renaît de ses cendres. Au triple galop. Visite guidée. Texte : Tamara Warren

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Photos : Brian Sorg


MOTOR CITY Des envoûtantes peintures à l’huile de Michelle Tanguay aux patchworks de Corey Birdwell, bienvenue à la Red Bull House of Art. Le soi-disant déclin de Detroit semble bien loin.


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la MotoWN oU le deSiGN iNdUStriel oNt ProPUlSÉ detroit aU SoMMet. MATT EATON Le conservateur de la Red Bull House of Art traque les artistes en quête de reconnaissance et portés par une énergie différente. « Chercher les gens qui, à l’aide de leurs créations, vont en inspirer d’autres », explique Eaton.

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dossée contre un pan de mur, cette grande peinture à l’huile représente un homme et une femme habillés en tenue de soirée devant un étalage très élaboré de nourriture. On y distingue pêle-mêle des artichauts, du vin rouge et des assiettes où reposent deux inquiétantes têtes de porc avec leurs petits yeux noirs brillants comme des billes. L’homme, cigarette dans une main gantée, fixe l’horizon quand la femme semble lui murmurer quelques douceurs à l’oreille. Le tableau est l’œuvre de Michelle Tanguay, 24 ans, une des huit artistes retenus par la Red Bull House of Art, mélange d’espace de travail et de galerie d’exposition destiné à inspirer et révéler la scène locale. Les artistes de Detroit et de ses environs bénéficient ici d’un soutien primordial pour achever leur travail et avoir la chance de l’exposer au public. Forte d’un très riche patrimoine, la ville regorge de jeunes créateurs.

La meilleure preuve se trouve dans les trésors gardés dans les salles du Detroit Institute of Arts et du Musée d’art contemporain. Ils révèlent la place de la cité de la voiture dans l’art de la communauté afro-américaine. Certaines œuvres sont uniques. « Detroit possède un passé excessivement riche en matière de création et de liberté artistique. Cela va du label Motown à la musique techno en passant par le design industriel », précise Matt Eaton, conservateur de la Red Bull House of Art qui tire profit de cet héritage pour se projeter vers le futur. Installée dans les anciens locaux de la brasserie E and B, elle a pignon sur une rue pavée de l’Eastern Market, ex-quartier phare des années de la prohibition. Les 14 000 mètres carrés de l’immeuble ont été aménagés en ateliers et galeries divers. La Red Bull House of Art a ouvert ses portes en mai dernier avec une programmation assurée par Eaton.


BEN SAGINAW Ses peintures à l’huile révèlent des créatures monstrueuses et ses dessins à l’encre des portraits de criminels. « J’adore cette forme d’esthétisme. C’est dur de réaliser une belle œuvre d’art joyeuse. » ALLISON VINE Grâce à la Red Bull House of Art, Vine ose élargir sa palette artistique. Pour la première fois, le maquillage l’inspire (ci-dessus).

Tous les trois mois, un panel de nouveaux artistes est mis en avant. L’exposition actuelle a démarré le 24 août. Les artistes choisis pour travailler dans un atelier du site bénéficient de subventions et d’un espace dans le périmètre commun d’exposition de la galerie où ils peuvent vendre leurs œuvres. Les éventuels bénéfices leur reviennent. La plupart des galeries prélève une commission de 50 %. « Cela ne consiste pas seulement à mettre en lumière les talents locaux car cette démarche ne conduit généralement pas à grand-chose, raisonne Eaton. Ça consiste plutôt à chercher les gens qui vont en inspirer d’autres, à

trouver des personnes impliquées et passionnées par l’art. On leur donne aussi la possibilité de travailler dans un atelier avec d’autres gens inspirés. » Entre la conception de l’œuvre et l’exposition à proprement parler, huit semaines s’écoulent. Red Bull s’engage d’ailleurs à ouvrir la galerie pour les trois prochaines années. « J’en ai carrément pleuré quand j’ai reçu le mail de Matt Eaton », confesse Tanguay. Elle penche la tête sur le côté pour regarder son œuvre. Une fois achevée, elle a installé sa toile de telle façon qu’elle peut l’observer depuis son poste de travail. Des tubes de peintures à

l’huile et des brosses sont éparpillés sur le sol. Deux autres tableaux en chantier sont posés sur leur chevalet. L’un d’eux représente le portrait d’une jeune femme tétant une ventouse... Tanguay a pour ambitieux projet de réaliser quinze peintures sur toile et petits panneaux de bois. Un travail qui demande du temps. C’est une évidence. Elle doit étendre plusieurs couches d’huile et patienter encore quelques jours pour que tout soit sec. À ses yeux, un tel endroit est l’opportunité d’élargir ses activités bien au-delà de ses études à l’Université des Beaux-Arts. Tanguay réside aussi dans Eastern Market et son marché fermier local très prisé du samedi. Dans le box voisin, Corey Birdwell allume un appareil pour se livrer à ses créations photographiques. Ce jeune artiste de 23 ans, diplômé du College of Creative Studies de Detroit en photographie, travaille ses clichés sur papier 69


COREY BIRDWELL Diplômé du College of Creative Studies, Corey Birdwell est un passionné de photographie. Il est arrivé avec son enthousiasme à la maison de l’art estampillée Red Bull. Birdwell manipule ses reproductions photographiques sur papier velin et feuille d’or.

velin et feuille d’or. Il fait aussitôt défiler des images surprenantes, superpositions de collages. Un vrai patchwork photographique. « J’ai découvert ça à l’école et je suis tombé dingue de ce procédé, raconte Birdwell. Je ne m’en lasse pas. » L’action de la Red Bull House of Art suscite un vif intérêt au sein de la communauté artistique de Detroit. Le grand public s’y est aussi rapidement intéressé. La galerie ne désemplit pas à son ouverture en juin et, depuis, un flot ininterrompu de visiteurs se presse chaque weekend. Elle est ouverte le samedi de 10 heures à 15 heures, quand le marché bat son plein juste à côté. En semaine, c’est seulement sur rendez-vous. En charge de la réhabilitation des lieux, l’architecte Tadd Heidgerken a conservé l’aspect industriel de l’ancienne brasserie tout en y ajoutant un zeste de modernisme : « Quand on est entrés ici pour la première fois, on venait pour tout déblayer. Finalement, on a surtout parlé de ce qu’il fallait conserver. » 70

«travailler aUX CÔtÉS d’artiSteS eN deveNir oBliGe À Se SUrPaSSer eN PerMaNeNCe. » Keri MortiMer Heidgerken donne vie à un environnement fonctionnel polyvalent pour des ateliers pouvant s’adapter selon les choix de chacun. Dans le hall d’exposition, il opte pour un espace très éclairé sous un haut plafond de 4,50 mètres. Soit une touche de raffinement qui tranche avec les galeries traditionnelles de Detroit, bien plus austères. « J’ai voulu donner le sentiment qu’on entre dans un monde à part. J’espère que la surprise est à la hauteur du travail exposé ici », détaille l’architecte. Une audace en harmonie avec l’approche plus classique de l’immeuble. « Nous essayons de minimiser notre empreinte sur cet espace. On a marié les murs blancs avec ces colonnes d’acier rouillé qui étaient déjà là. »

L’ambiance du lieu inspire les artistes. Ben Saginaw, présent dans la première exposition : « C’est très excitant de pouvoir pénétrer dans cet endroit quand on veut, pour travailler comme on veut, assure-t-il. Je pense que se retrouver dans un espace commun avec d’autres personnes que tu apprécies, ça procure une très bonne énergie et ça te donne encore plus envie de venir. » Dans le travail de Saginaw, on retrouve des influences gothiques. Il s’en dégage une sensibilité très sombre. Ses toiles à l’huile représentent des monstres et ses dessins à l’encre des portraits de criminels sordides. « Je crois que le concept de représenter la monstruosité est important, qu’il s’agisse de criminels ou de créatures. C’est plus facile pour moi de


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KERI MORTIMER De jour, c’est une artiste commerciale. De nuit, elle prend le temps de réaliser des peintures très personnelles. « Je ressens ça comme une œuvre globale, jure-t-elle. Je suis attirée par les couleurs des sucreries comme l’orange des Tic Tac. » Un collectionneur privé vient de lui passer commande d’une œuvre.

dessiner des sujets sombres. J’adore cette forme d’esthétisme. C’est dur de réaliser une belle œuvre d’art qui soit joyeuse. » Saginaw a longtemps utilisé l’encre traditionnelle japonaise sumi pour ses travaux. Il s’agit d’un clin d’œil aux ancêtres de sa mère. Depuis qu’il peut profiter à sa guise des matériaux, il ajoute les peintures à l’huile à sa palette pour préparer son exposition. « J’avais toujours utilisé de la peinture industrielle et de l’encre, affirme-t-il. Dès que j’ai eu l’opportunité d’expérimenter autre chose, j’ai ajouté la peinture à l’huile pour voir ce que cela donnerait. C’est vraiment enrichissant et très différent. Je pense continuer à l’utiliser. » Beaucoup de jeunes artistes collectionnent les petits boulots pour payer leur loyer. Ouvert de jour comme de nuit, l’atelier s’apparente à un sanctuaire pour donner libre-cours à la création. Keri Mortimer fait partie des artistes retenus dans la première manifestation. Le jour, elle réalise ses œuvres d’art

MICHELLE TANGUAY À 24 ans, la Red Bull House of Art est un tournant dans la carrière de la jeune artiste. « J’en ai carrément pleuré lorsque Matt Eaton m’a envoyé un mail disant qu’il était d’accord », souffle-t-elle.

commerciales et la nuit, elle vient ici composer des pastels hallucinés. « Je ressens ça comme une œuvre globale, détaille-t-elle à propos de sa série de travaux qui évoque le thème du dépassement de soi pour surmonter ses peurs. Travailler aux côtés d’autres artistes en devenir oblige à se surpasser en permanence. Ça n’a rien à voir avec la production artistique commerciale que je connais. Je suis très attirée par les couleurs crues des sucreries, comme l’orange des Tic Tac. » Son travail a tapé dans l’œil de plusieurs collectionneurs privés. Allison Vine est occupée dans son bureau à faire le tri entre fards à joues, tubes de rouge à lèvres, fonds de teint et mascara dont elle se sert pour ses créations. Vine a l’habitude de travailler avec de la vaseline et autres produits insolites. C’est la première fois qu’elle a recours au maquillage. À suivre, assurément. Plus sur www.facebook.com/RedBullHouseOfArt

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LA (RE)conquête De l’Ouest Au milieu des années 70, la Formule 1 était sur le point d’entrer au Panthéon des sports mécaniques Us. Mais l’idole Mario Andretti, dernier champion du monde américain, décide de bifurquer vers le CART et la NASCAR. Le désintérêt grandit. La discipline se ­cantonne alors aux ­seconds rôles. ­L’accueil de deux Grands Prix, l’un à Austin, le 18 novembre prochain, l’autre sur les rives de Manhattan en juin 2013*, lance l’ultime défi de la F1 : l’Amérique. * à l’heure où nous mettons sous presse, le GP   du New Jersey n’est pas confirmé par la FIA.

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photos : Sutton Images, getty images

Textes : Ann Donahue et Christophe Couvrat


grand prix usa 2012 action

Le 18 novembre, Austin accueille le premier Grand Prix couru aux états-Unis depuis cinq ans. En 2013, Manhattan servira de décor à la F1*.

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Le San Francisco F 1 Fan Club au grand complet : Malcolm, Kate, Peter, AJ, Robert et Tim (de g. à dr.).

suppOrters

Les rADiés De LA F1

iL y a sans doute pLus d’habitants à monaco que de Fans de F1 sur Le soL us. état des Lieux. Le Kezar pub de san Francisco est niché au cœur du district de haight-ashbury et à quelques mètres à peine du golden gate park qui plonge dans l’océan pacifique. Comme son nom l’indique, l’endroit rend hommage à l’ancien stade des 49ers, le Kezar stadium, situé quasiment en face. Le pub est l’endroit péféré des fans de baseball en semaine avant de devenir plus européen le week-end. Rugby et football sont alors les rois de la salle entre fléchettes et bières brunes. 10 heures. Dans la salle principale, ça vocifère en direction de l’écran de télévision fixé au-dessus du bar. un match de crosse ? Les Jeux des highlands ? allez savoir. Voilà à quoi, en amérique, se résume parfois la condition d’un fan de Formule 1. Il cherche simplement à regarder le grand prix de monaco en différé et ne trouve que l’arrière-salle d’un bar qui diffuse des sports parfois étranges. D’après les instances officielles, plus d’un demi-milliard de téléspectateurs ont regardé, à travers le monde, les grands prix de la saison 2010. mais aucune des trois dernières courses retransmises aux états-unis n’a dépassé 74

le million de téléspectateurs selon l’institut nielsen media Research. C’est dire ! Il y a donc de la marge. plusieurs raisons expliquent ce manque d’engouement pour la F1. Certaines sont logistiques. La chaîne thématique des sports mécaniques, speed, un canal très confidentiel, diffuse la plupart des courses, retransmises en direct. Les grands prix courus en europe passent trop tôt le matin pour les fans de la côte ouest et ceux disputés en asie en pleine nuit pour les fans de la côte est. À choisir, les américains préfèrent se lever ou se coucher tard pour un des trois sports majeurs du pays (foot us, baseball, basketball). L’autre raison est d’ordre social. Le cœur de l’amérique bat au rythme de la nasCaR. Cette discipline très spectaculaire est encadrée par un marketing bien rodé et des références liées à l’histoire du pays. Les premières courses remontent à l’époque de la prohibition et aux poursuites entre police et contrebandiers qui trafiquaient leurs voitures pour aller plus vite. La concurrence dans le sport automobile est vive pour le grand cirque de la F1 en quête de

reconnaissance au pays de la voiture. Il faut du show ! or, les douze prochains mois pourraient donner le coup d’envoi du début de la conquête de l’ultime bastion de la planète automobile qui résiste encore à l’emprise de la F1. grâce aux grands prix d’austin et du new Jersey, l’année prochaine sera l’occasion d’une couverture médiatique sans précédent aux états-unis pour ce sport. L’émergence de deux jeunes pilotes américains, alexander Rossi et Conor Daly, peut également y contribuer. en 2013, le réalisateur Ron howard livrera aussi son dernier long métrage, Rush, un film qui retrace la rivalité de la saison 1976 entre niki Lauda et James hunt. avant ce déferlement médiatique sur le sol américain, les inconditionnels locaux ont encore l’impression d’appartenir à un cercle réduit d’initiés. Doté de deux mille membres recrutés sur les différents réseaux sociaux, le San Francisco Formula One Fan Club est le plus important des états-unis. son fondateur peter habicht affirme que plusieurs dizaines de membres se retrouvent régulièrement au Kezar pour suivre les courses. sauf si les stars locales des giants ou des 49ers jouent à la même heure. alors, ils doivent se rabattre vers un circuit de go-kart situé en banlieue. habicht fait partie des inconditionnels. Il tient un blog sur la F1, visite les circuits en construction et organise pour le club les déplacements,

photos : BRyCe DuFFy, aFp/getty Images

usgp


grand prix usa 2012 action

Malgré un décalage horaire défavorable, Monaco est le seul rendez-vous de l’année suivi avec assiduité par les Américains.

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1950-1960 500 Miles d’Indianapolis  Indianapolis Motor Speedway (Indiana) 1959  GRAND PRIX DES ÉTATS-UNIS  Sebring International Raceway (Floride) 1960  GP DES ÉTATS-UNIS  Riverside International Raceway (Californie) 1961-1980  GP DES ÉTATS-UNIS  Watkins Glen International (New York) 1976-1983  GP DES ÉTATS-UNIS OUEST   Long Beach (Californie) 1981-1982  GP CAESARS PALACE  Las Vegas (Nevada) 1982-1988  GP DE DETROIT  Detroit (Michigan) 1984   GP DE DALLAS  Dallas (Texas) 1989-1991 GP DES ÉTATS-UNIS  Phoenix (Arizona) 2000-2007 GP DES ÉTATS-UNIS  Indianapolis Motor Speedway (Indiana) 2012  GP DES ÉTATS-UNIS  Circuit of the Americas (Texas)

Départ du GP de Watkins Glen en 1966.

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« La F1 est considérée comme un sport pour riches. Un billet long courrier est nécessaire pour y assister. » les projections et les conférences au ­musée de l­ ’automobile du coin. Il dénonce le faible relais par les médias américains de son sport favori : « Si vous observez l’éventail de divertissements proposés ici – films, jeux vidéo, télé – le sport automobile ne représente qu’une sous-partie de la tranche consacrée aux sports mécaniques. Une sous-partie qui fait la part belle au NASCAR, regrette-t-il. Promouvoir la ­Formule 1 dans ce pays est une tâche ­difficile. La connaissance et la compréhension de ce sport demandent du temps. » Les fans-clubs comme celui de Habicht pullulent. Ils sont plusieurs à l’occasion du Grand Prix de Monaco, à s’être donné rendez-vous au Kezar. Autour d’un petitdéjeuner et d’un Bloody Mary, ils encouragent leur écurie favorite. Une toute autre ambiance entoure Chris Dove, un néo-San Franciscain débarqué du Montana. Depuis trois ans, c’est en solitaire qu’il se lève au beau milieu de la nuit pour suivre les courses sur Speed. « Je ne connaissais qu’un seul autre fan jusquelà. Mais il est riche et assiste aux courses en live. » Pour Dove, c’est l’une des raisons qui explique qu’en Amérique les fans se ­limitent à un noyau de passionnés : « La F1 est encore considérée comme un sport pour riches. Il faut obligatoirement se payer un billet d’avion transatlantique pour assister à un Grand Prix. » En comparaison, la NASCAR américaine reste proche et accessible. Chris Dove poursuit : « La F1 est bizarrement très européenne. Si vous demandez à un Américain moyen s’il a entendu parler de Vodaphone ou de Sauber (sponsors majeurs d’écuries), il vous regardera avec des

photos : Thomas Butler, Alvis Upitis/Getty Images, A. Jones/Getty Images

La F1 AUX usa

yeux ronds. » Au Kezar, les fans exultent, la Red Bull de Mark Webber vient de ­franchir en vainqueur la ligne d’arrivée à Monaco. D’autres se sont offert le long déplacement en Principauté pour admirer de près l’épingle du Grand Hôtel et la ­nouvelle chicane. Si les fans de F1 sont une espèce rare en Amérique, assister à une course à l’étranger, c’est toucher le Graal. « C’est comme avoir à choisir de ­déjeuner entre Chez Panisse (un restaurant français réputé de San Francisco) et le McDo », souligne Terry Griffin, photographe de Formule 1 à la retraite. « Il y en a toujours qui vont préférer McDonald’s. Généralement, les pro-NASCAR. » Difficile de débattre avec Griffin ­pendant une exposition consacrée à la Formule 1 et au beau milieu de la collection Mallya à Sausalito, au bord de la baie de San Francisco. Une collection de ­voitures de sport rutilantes et en parfait état d’une valeur de trente millions de dollars. ­Vijay Mallya est le président du conglomérat ­indien UB Group qui inclut notamment Kingfisher Beer et Kingfisher Airlines. Plus important pour les amateurs de F1, il est surtout responsable et copropriétaire de l’écurie Force India. Michael Page, conservateur de la collection, s’assure de maintenir les voitures de Mallya en parfait état de marche au cas où leur propriétaire, de passage dans sa résidence voisine, ­voudrait franchir le Golden Gate Bridge au volant de sa Rolls Royce Silver Ghost 1913 ou de sa Porsche 550 Spyder 1955. Maintenir les voitures en état de marche relève d’une prouesse technique que Page, passionné de F1, ne manque pas d’apprécier à sa juste valeur. « En Formule 1, tout est dans la technique, souligne-t-il. La technologie présente dans une monoplace dépasse de loin celle d’une Indycar. » Ceux qui l’apprécient sont récompensés. Le nombre de bienfaiteurs de l’association Make a Wish issus des rassemblement des fans de F1 à San Francisco a doublé. Alors qu’à Sausalito, la maîtresse de maison, posée sur d’interminables talons aiguilles, s’affaire autour d’une Mercedes 300 SL Gullwing rouge, le Grand Prix de Monaco est rediffusé sur le grand écran au-dessus du bar. L’instant est d’un convivial et d’un luxe incroyables. Les amateurs savourent mais ne s’en laissent pas conter. « Si vous ne connaissez pas ce genre de personnes, vous êtes condamné à regarder la course tout seul chez vous, résume amèrement A. J. Rosensky, membre du club San Francisco. Ça devient vite pesant car au niveau de l’ambiance, cela n’a rien à voir. » Ainsi va la vie de la F1 outre-Atlantique avant le rendezvous du 18 novembre prochain à Austin.


grand prix usa 2012 action

Aujourd’hui porte-parole du GP d’Austin, Mario Andretti est le dernier pilote américain à avoir remporté une course en F1.

usgp

Légendaire

« Ce serait bien d’en organiser cinq ! »

L’exploit date de 1978. La dernière victoire d’un américain en F1 est vieille de près de 35 ans. Mario Andretti s’­impose aux Pays-Bas, sur le circuit de ZanDwoort. Le retour en Indycar dès l’année suivante du pilote Lotus-Ford estompe peu à peu l’aura de la discipline aux états-Unis. ­Andretti n’a jamais oublié ni cette course ni cette saison où il est sacré champion du monde. À 72 ans, l’ancienne star du sport automobile US, aujourd’hui porteparole du GP d’Austin, jouit d’une popularité inaltérée outre-Atlantique. The Red ­Bulletin lui a posé quelques questions. 77


Le domicile de Mario Andretti est une vraie caverne d’Ali Baba.

VaINQUEURs aMÉRICaINs EN F1 Mario Andretti (12 succès) 1968–1972, 1974–1982 Dan Gurney (4) 1959–1968, 1970 Phil Hill (3) 1958–1964, 1966 ; Champion du  monde 1961 Bill Vukovich (2) 1951–1955 Peter Revson (2) 1964, 1971–1974 Johnnie Parsons (1) 1950–1958 Lee Wallard (1) 1950–1951 Troy Ruttman (1) 1950–1952, 1954,  1956-1958, 1960 Bob Sweikert (1) 1952–1956 Pat Flaherty (1) 1950–1959 Sam Hanks (1) 1950–1957 Jimmy Bryan (1)  1952–1960 Rodger Ward (1)  1951–1960, 1963 Jim Rathmann (1)  1950, 1952–1960 Richie Ginther (1)  1960–1967 Le premier américain champion du monde de F1, Phil Hill.

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THE RED BULLETIN : Deux questions pour le prix d’une. Le moment est-il bien choisi pour le retour du Grand Prix des États-Unis et Austin est-il l’endroit approprié pour l’accueillir ? MARIO ANDRETTI : L’effort d’investissement dans les infrastructures a été énorme et nécessaire. nous disposons de plusieurs bijoux de circuits en piste ovale, en revanche, pour ce qui est des circuits sur route, tous les équipements existants sont dépassés. Jusqu’ici, nous n’avions rien à offrir. avec le circuit d’austin, nous tenons quelque chose dont nous pouvons être fiers. Cela fera une différence durable pour la Formule 1 car j’y vois un facteur de stabilité. La F1 a beaucoup déménagé aux états-unis et monté la tente pour le week-end autour d’un circuit provisoire. toujours du provisoire. nous ne pouvions pas continuer de la sorte. Vous avez testé le circuit à bord d’un SUV (Sport Utility Vehicle Vehicle). Cela n’a rien à voir avec une monoplace mais ç’a donné quoi ? oh, vous savez, j’ai seulement roulé sur une partie du tracé. trois ou quatre

virages, les seuls qui étaient alors goudronnés. Le truc le plus sympa, ç’a été de malmener le suV. Les ouvriers postés dans les virages ont pris de gros risques (rires). Ils s’en souviennent encore mais ils m’encourageaient. C’est ce que nous voulons entendre : les cris d’encouragement et le crissement des pneus. Lors de l’ouverture officielle, je ferai un tour de piste à bord d’une voiture de course. La sensation devrait être différente d’un suV... Les Américains peuvent-ils à la fois apprécier la NASCAR, l’Indy et la F1 ? Y a-t-il de la place pour ces trois sports mécaniques aux États-Unis ? Je pense que oui. Vous aurez toujours des fans purs et durs qui resteront cantonnés à leur discipline favorite. mais nous arrivons à proposer des passerelles à la majeure partie des fans. Beaucoup de pilotes

« À austin, aVec ce circuit, nous tenons QueLQue chose dont nous pouVons Être Fiers. »


photos : Christopher Lane, Bernard Cahier/The CAhier Archive, HErmann Tilke

grand prix usa 2012 action

NASCAR suivent les courses de F1 et vice-versa. Nous nous encourageons les uns les autres. À quel niveau se situe le soutien des ­entreprises américaines  ? Si ça doit se faire, le moment n’a jamais été aussi favorable pour ouvrir la brèche. Lorsqu’il y a un intérêt mondial pour quelque chose, il devient impossible de l’ignorer. Cet événement va être le point de départ d’une nouvelle ère. Beaucoup diront : « Incroyable ! L’Amérique a fini par rejoindre le monde moderne. » Ce circuit a un niveau de classe mondiale. L’investissement y est solide et l’environnement ­différent. Avant, tout nouveau pays qui ­accueillait un Grand Prix nous éclipsait. Là, ce n’est plus le cas. Que doit-on faire pour avoir de nouveau un pilote américain sur la grille de départ ? La difficulté, c’est de trouver des individus qui soient motivés pour courir en F1. Au contraire des autres pays et nationalités, pas besoin, en Amérique, de voyager pour réaliser une brillante carrière dans les courses automobiles. On peut être comblé avec une carrière de NASCAR. Quand je courais, la F1 ne quittait jamais mes pensées. À mon avis, il serait judicieux que la FIA permette, lors de certaines courses, l’engagement d’une troisième ­voiture par écurie. Nous pourrions découvrir de nouveaux talents qui pourraient battre les pilotes confirmés. Pas mal d’années se sont écoulées mais, avec le recul, quel effet cela fait-il d’être assis dans le baquet d’une F1 ? C’est comme un avion de chasse, conçu pour un but unique : la vitesse. Une Indycar représente un compromis parce qu’elle tourne dans un ovale. Elle est plus lourde et freine moins bien. Une stock-car a des vitres, un toit, un pare-chocs. À bord d’une F1, le casque n’est pas climatisé, il n’y a pas de place pour garder un chapeau à côté de soi et pour le remettre avant de sortir du baquet. Quel souvenir gardez-vous de vos ­années en F1 ? Je ne considérerais pas ma carrière comme pleinement accomplie sans mon passage en F1. Cette discipline est à ­l’origine de ma passion pour le sport auto. La situation de la F1 semble évoluer ­positivement avec, à la clef, un second Grand Prix dans le New Jersey dès ­l’année prochaine. Que rêver de mieux ? Entre nous, s’il y a bien un pays qui a la superficie pour ­accueillir sans problème deux Grands Prix, c’est bien les états-Unis. Et si ça ne tenait qu’à moi, j’en organiserais cinq. ça serait bien !

Décompte

pari TEXAS

Plus connue pour ses énormes ­festivals de musique comme le SXSW et l’Austin City Limits que pour sa ­passion de   la F1, Austin, charmante ville texane, accueille le GP des USA. Retour sur trois mois tendus.

27 AOÛT / J-83 AVANT L’USGP Dave Doolittle se rappelle de ce jour de juillet 2010 quand la FIA, instance dirigeante de la F1, désignait Austin pour organiser le Grand Prix des états-Unis. Il était assis à son bureau dans les locaux de l’Austin American Statesman, le journal où il travaille. Les chaises de tous ses collègues ont pivoté de concert dans sa direction. Ils étaient médusés. C’est que Doolittle est l’unique fan de F1 au journal. D’après lui, la réaction du public a été mitigée. Les fans de sport et les mordus de ­voitures ont été surpris mais une partie des contribuables est exaspérée à l’idée que des fonds publics soient ­utilisés pour la construction du circuit d’une discipline aussi peu médiatisée. « Je pense que 10 % des gens de cette ville adorent l’idée et 10 % la détestent, résume-t-il. Et les 80 % restants s’en fichent totalement. » 28 Août / J-82 Dans le hall des bureaux de l’exécutif du Circuit of the Americas, situés sur Congress Avenue dans le centre d’Austin, un compte à rebours est installé. Les chiffres digitaux d’un rouge vif égrainent les jours et les heures et rappellent aux employés que le moment de relâcher la pression n’est pas encore venu. « À moins de 300 ou 200 jours, on se dit qu’il n’y a pas le feu, soupire Bruce Knox, vice-président exécutif de COTA (acronyme donné à ce nouveau circuit). Mais le passage de trois à deux chiffres rend très nerveux. » La dernière course de F1 aux États-Unis s’est

déroulée sur le circuit d’Indianapolis, bastion historique du sport automobile. Pourquoi Austin aujourd’hui ? L’une des raisons tient à la logistique. La capitale texane est à trois heures de vol des côtes Ouest et Est du pays, comme de la frontière canadienne. La disponibilité du terrain et des fonds grâce à un groupe d’investisseurs avec à leur tête les magnats texans Red McCombs et Bobby Epstein est une seconde explication. La vente des tickets est un succès. La zone des places de deuxième catégorie affiche déjà complet (Pass 3 jours à 159 $ donnant accès à l’espace vert le long du circuit et Pass 3 jours à partir de 269 $ pour des places en gradins). 15 % des billets vendus jusque-là l’ont été à des fans étrangers venus de trente-sept pays différents. Le nom du circuit, avec Americas au pluriel, n’est pas un hasard. La frontière mexicaine est à quatre heures de route depuis Austin, et Knox assure que les supporters de Sergio Perez, le pilote mexicain de Sauber, sont des passionnés. 29 Août / J-81 En ce moment, seules les libellules et les camions bennes tournent autour   du Circuit of the Americas. Sur le site, 900 employés du bâtiment se relayent jour et nuit, sept jours sur sept. Long de 3,4 miles (5,515 km), le site s’étend sur 11 000 hectares de garrigue texane très animale : cerfs, sangliers, dindes, serpents à sonnette. Conçu par le cabinet Tilke Engineers & Architects, le tracé rend hommage au virage en épingle d’Istanbul ou au gauche-droite-gauche d’Hockenheim. Alors que les dernières couches de bitume finissent de sécher, une légère odeur d’asphalte chaud flotte au-dessus du point le plus élevé, à l’endroit où se trouve le premier ­virage, à gauche, qui conclut une ­montée abrupte avec quarante mètres de ­dénivelé au bout de la ligne droite   de départ. On y voit les gratte-ciels du centre d’Austin se dessiner au loin.   Un signe que les projets d’envergure ­finissent toujours par s’élever.

Un aperçu du tracé d’Austin.

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superstAr

sebAstiAn WHO ? Le pLus jeune doubLe champion du monde de F1 est un des piLotes Les pLus céLèbres au monde. mais à neW yorK, sebastian vetteL est une personnaLité Lambda. récit. Il s’affiche tête basse pour ne attirer l’attention. À la frontière américaine, sebastian Vettel accède aux formalités de contrôle des passeports. Il vient de disputer le grand prix du Canada, à montréal, conclu à la quatrième place. Décevant malgré une belle pole position et le meilleur temps au tour du circuit gilles Villeneuve à la moyenne de 210 km/h. L’allemand tente d’échapper à une bonne vingtaine de ses fans histoire de profiter d’un instant de solitude et revivre tranquillement sa course dans la tête mais aussi envoyer quelques messages à ses proches. L’agent examine son passeport avant de relever la tête et d’adresser un sidérant : « Quel a été l’objet de votre voyage au Canada, monsieur ? » L’allemand embraye : « Le grand prix de montréal. » Le douanier acquiesce d’un air goguenard puis ajoute : « Vous avez pu avoir de bonnes places ? » L’anecdote est révélatrice. Bienvenue en amérique. Être double champion du monde de Formule 1 ne garantit aucune notoriété de ce côté-ci de l’atlantique. situation inhabituelle pour Vettel, tout juste âgé de 25 ans. une saison est faite de vingt courses dans des endroits aussi différents qu’abu Dhabi, monaco ou singapour. où qu’il soit, le pilote allemand est accueilli comme une véritable star hollywoodienne. Vettel est un prodige du volant. un pilote dont le nom est toujours précédé de la mention « le plus jeune de tous les temps » lorsqu’on évoque ses performances en F1. Le plus jeune pilote en tête d’une course, le plus jeune à décrocher la pole, le plus jeune à gagner un grand prix, le plus jeune champion du monde et, enfin, le plus jeune double champion du monde. après une domination outrageuse en 2011 – Vettel remporte onze courses pour l’écurie Red Bull Racing et décroche quinze poles – les pontes de la réglementation ont imposé, cette saison, certaines règles qui ont eu une incidence directe sur les pneumatiques. une seule marque pour une nouvelle image diversement appréciée. 80

C’est peu de le dire. Le mélange de gommes utilisées dans leur fabrication entraîne des conditions de pilotage parfois imprévisibles. « Les pneus se dégradent rapidement, regrette Vettel. pas en un seul tour mais presque. » Résultat, les sept premières courses sont remportées par sept pilotes différents. Du jamais-vu. Vettel vit une année bizarre, un peu dans l’expectative. Il donne l’impression d’être tendu après sa récente domination de la discipline. « J’aspire à ce que le meilleur soit devant moi », veut croire le jeune allemand. Il a encore quelques années devant lui. Ça devrait le faire. parmi les milliers de blogs qui com-

sCHUMI JOUE À DOMICILE Fort de ses cinq victoires au GP des états-Unis (toutes acquises chez Ferrari), Michael Schumacher est indétrônable sur la plus haute marche du podium. Graham Hill (BRM) et Jim Clark (Lotus) arrivent derrière avec trois succès dans leur besace. Le groupe des doubles vainqueurs est un trident de choc : Jackie Stewart (Tyrrell et Matra), James Hunt et Ayrton Senna (tous deux au volant d’une McLaren). Enfin, Lewis Hamilton (McLaren) s’est octroyé le dernier Grand Prix yankee. C’était en 2007, à Indianapolis.

photos : getty Images

usgp

mentent la F1 à longueur d’année, certains font l’exégèse de chaque commentaire désinvolte de Vettel, analysant ses moindres gestes lors de ses échanges avec son coéquipier australien mark Webber. et bien sûr, les inévitables chasseurs d’autographes et les acclamation des supportrices. « Les cris des jeunes filles, je gère cela plutôt bien », plaisante le pilote Red Bull. C’est vrai qu’il y a pire. La prochaine étape du grand cirque de la F1 aux états-unis est une bouffée d’air frais pour Vettel. outre-atlantique, la F1 n’est pas au centre de toutes les attentions (cf. pages 46 à 48). Ceci explique pourquoi l’amérique est depuis longtemps la destination préférée de villégiature de nombreux pilotes qui échappent à l’attention incessante dont ils font l’objet partout ailleurs. Le plus grand pilote de tous les temps, michael schumacher, passe ses vacances dans les Rocheuses. Les photos de Lewis hamilton pratiquant l’escalade dans le Colorado ont fait le tour du web cet été. L’an passé, sebastian Vettel s’envole à san Francisco pour descendre en voiture la Pacific Coast Highway jusqu’à Los angeles et filer ensuite à Las Vegas à travers le désert. Que conduit un double champion du monde quand il n’est pas sur un circuit ? « une voiture de location tout simplement », répond-il en haussant les épaules. « J’adore les usa, particulièrement les paysages naturels que je souhaite mieux connaître. » Depuis sa première course au grand prix des états-unis en 2007 sur le circuit d’Indianapolis, il a une réelle affection pour ce pays. Il avait terminé 8e, devenant à 19 ans, le plus jeune pilote à entrer dans les points en grand prix. une performance réalisée après une adolescence passée au volant de karts dans des championnats mineurs. À 18 ans, il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire de sa vie. Vettel est sur le point de s’inscrire à la fac quand la Formule 1 frappe à sa porte. sa première séance ne se passe pas comme il le souhaite. « Je me souviens m’être dit : C’est un sport d’hommes et je ne suis qu’un garçon garçon, raconte Vettel. J’arrête. » La puissance d’une F1, les vitesses du monstre V8 et ses 900 chevaux pouvant atteindre les 18 000 tours/min ne l’effraient plus. au contraire. « Il faut la conduire pour comprendre », reconnaît l’allemand. Le serveur du Lavo à l’angle de la 58e rue et de madison avenue est l’archétype du serveur pas franchement physionnomiste. Il sait opérer selon un certain nombre d’indices contextuels relevés face à lui lui. Dans le cas présent, il s’agit du quatuor de personnes qui encadre le champion : « sebastian a un avion


grand prix usa 2012 action

à prendre ce soir, il doit être servi en ­priorité. » Que Vettel soit un VIP, c’est ­indéniable pour le serveur qui, à l’évidence, ne le reconnaît pas. Il ne fait que s’en douter. Après un demi-verre de bière, Vettel raconte sa journée. Il est à New York pour une conférence de presse autour du projet du futur Grand Prix d’Amérique 2013, sur un circuit enjambant l’Hudson River à Weehauken, dans le New Jersey. Vettel y effectue plusieurs tours de piste au volant d’une Infiniti G coupé IPL d’une puissance de 348 chevaux sur un tracé urbain comparable à celui de Montréal ou de Monaco. Le parcours démarre le long de l’Hudson. Il affiche un dénivelé de 48 mètres. Vettel pense pouvoir dépasser la barre des 320 km/h dans la ligne droite où, depuis les tribunes, on peut admirer les gratte-ciels de Manhattan. « Les passages rapides et flottants ne manquent pas, c’est un régal pour les pilotes, souffle Vettel. Il faut beaucoup de cran. Cela va être un pur plaisir. » Au retour, malgré tous ses efforts, l’escorte policière censée l’accompagner ne tient pas la distance dès que Vettel fonce sur les dos d’âne à plus de 130 km/h en montée. Après avoir avalé quelques donuts non loin de ce qui sera le futur accès au couloir des stands, le pilote Red Bull dépose ses passagers – un peu

« Une personne m’a ­reconnue, s’exclame ­Sebastian Vettel dans un large sourire. C’était un touriste européen ! »

L’Allemand Sebastian Vettel passe incognito aux états-Unis.

s­ ecoués – devant le terminal des ferries. Mais sa journée n’est pas finie. Il doit enchaîner avec une rencontre avec la presse américaine que l’on qualifiera de légèrement déconcertante. Extraits : « Aimezvous l’idée d’être Allemand ? » Vettel, interloqué, retourne la question : « Et vous, vous aimez l’idée d’être Américain ? » Le lendemain, Sebastian Vettel ouvre un œil à six heures du matin, décalage ­horaire oblige. Il quitte sa chambre du ­Rivington Hotel situé dans le Lower East Side pour se promener dans les rues de Manhattan. Incognito. Il marche longtemps et apprécie ce rare moment de solitude entre gratte-ciels avec, pour seule compagnie, ses pensées et les ­premiers rayons de soleil d’un matin de juin. « Une personne m’a reconnue, dit-il en riant. Il s’agissait d’un touriste ­européen ! » C’est étrange mais on s’en ­serait douté. C’était trop beau. Plus sur www.redbullracing.com

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Contenu 84 VOYAGES Découvrez l’Argentine, un pays grand comme cinq fois la France 86 PRENEZ LE PLI Le chef mécano de la Scuderia Toro Rosso présente son matos 88 AU BOULOT Louie Vito 90 NIGHTLIFE Quatre pages spéciales pour profiter de la nuit sous toutes ses coutures 94 AGENDA Tour du monde des meilleurs plans Red Bull 96 FOCUS Événements à ne pas louper en France 97 KAINRATH 98 PLEINE LUCARNE L’œil de CODB

PHOTO : SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL

PLUS

DE CORPS D’ESPRIT

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C’est dans le décor des chutes du Niagara que la saison de Red Bull Crashed Ice sera lancée le 1er décembre prochain. Kyle Croxall (photo) est le tenant du titre (page 94).


plus de corps ET d’esprit

Let’s go ! Le bon plan du mois

I believe I can fly Córdoba, Argentine.

Le chemin le plus direct vers le ciel se trouve dans la pampa ­argentine. On le doit au Suisse Andy Hediger et à son Aeroatelier.

Andy Hediger est le fondateur de l’université d’aviation sportive basée à La Cumbre.

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Un saut pour une expérience aérienne unique en Argentine.

nécessaires et, peu après, se retrouvent aux commandes d’un appareil. » Le concept : Une première expérience de vol avec un minimum de formalités ­administratives quelle que soit la ­discipline de l’aviation sportive. Aucun certificat médical n’est requis (sauf pour les sauts en solo), seule une bonne condition physique est importante car il n’y a pas de véritable risque. En ­revanche, Hediger porte plus d’attention à la maîtrise de l’aérodynamique et de la météorologie. Facturés à l’heure (environ 90 euros les soixante minutes de théorie ou de vol), les cours sont personnalisés en ­fonction des souhaits des élèves-­ pilotes. L’Aeroatelier va bientôt être en ­mesure de délivrer des licences dans les ­différentes disciplines.

La pratique : La meilleure entrée en matière est le parapente. Elle est sans réelle difficulté. On y apprend les principes de base de l’aérodynamique et du pilotage. Longtemps théâtre des championnats ­nationaux argentins, la montagne du Cuchi Corral et son microclimat s’y prêtent parfaitement. Cerise sur le ­gâteau : croiser un condor au-dessus du haut plateau du Cuchi Corral est chose plutôt fréquente. En vol à voile (planeur utilisé : Swift ou Pipistrel Taurus), on apprend à se familiariser avec la puissance des ailes, l’impact de l’envergure, le phénomène thermique et les sensations provoquées par les loopings et les virages en apesanteur. Le saut en parachute/Skydiving (en ­tandem pour les non-licenciés) est le

texte : ulrich corazza. Photos : Alfredo Escobar/Red Bull Content Pool (3), Hangar 3 (2), Gustavo Cherro/Red Bull Content Pool

Andy Hediger, 46 ans, est chef-pilote. À l’actif de ce Suisse ailé, trente ans de vols. D’abord concepteur et testeur de voiles de parapente, il devient champion du monde dans cette même discipline en 2000 et, six ans plus tard, vice-champion du monde de vol à voile. En 1994, fuyant l’hiver européen, il découvre ­l’Argentine. Quelques années après, il reprend ­l’aéroclub de la Cumbre alors dans un ­piteux état. C’est ici, dans la province de Córdoba, au milieu de la pampa, qu’il fonde, en 2007, l’Aeroatelier, une université d’aviation sportive. L’idée : « Depuis le début, ma vision était d’ouvrir les gens à l’aviation sans qu’il soit question de paperasse, explique le Suisse dont la devise est “Voler, ­apprendre, sentir”. Les participants entrent directement dans le vif du sujet, reçoivent les connaissances théoriques


plus de corps ET d’esprit

meilleur choix pour une montée d’adrénaline assurée. Après un saut depuis un avion turbopropulseur, le Cessna Grand Caravan, vous apprendrez à chuter en stabilisant votre corps, faire des figures et atterrir en douceur. Il vous faudra tout de même quelques jours d’entraînement pour y parvenir. Assis dans ULM Trike biplace, vous filerez à quelques mètres au-dessus de la pampa avec la sensation d’être au guidon d’une moto volante. Le pied total ! Le char à cerf-volant est lui aussi grisant autour de la piste de décollage du club. Par bon vent, on peut atteindre 80 km/h.

Vol en Trike : pure sensation de moto filant à vive allure au-dessus du sol.

Informations Situation Perché à 1 200 mètres d’altitude, l’Aeroatelier se situe près de La Cumbre, à environ 100 km de Córdoba, au centre nord de ­l’Argentine. Une atmosphère détendue règne dans ce village au charme british de 8 000 habitants. Aux portes des hangars s’étendent vers l’ouest 450 km de pampa, de montagnes et de désert. De l’espace à perte de vue. S’y rendre Par avion depuis Buenos Aires (65 minutes) ou Santiago du Chili (90 minutes) jusqu’à Córdoba où les participants sont transférés, selon la météo, en voiture (une heure de route) ou en avion. Quand y aller ? La meilleure période pour voler va ­d’octobre à avril : températures agréables entre 25 et 30 °C, 250 heures d’ensoleillement par mois (excellent pour le ­thermique). Rappel : dans l’hémisphère Sud, les saisons sont inversées. Et à part ça ? Juste derrière le hangar, vous pouvez vous essayer au polo. D’autres chevaux, mécaniques ceux-là, vous emmènent en balade en motocross ou en quad. Pour des ­activités plus calmes, privilégiez le 18 trous du golf de La Cumbre ou une randonnée équestre à travers la Sierra ou la vallée du Rio Pinto. La Cumbre attire aussi les amateurs d’ésotérisme et d’ovnis qui considèrent la région comme l’un des ­meilleurs endroits pour observer des ­extraterrestres. Joli programme ! Contact et réservations sur www.aeroatelier.com

Saut en ­tandem : montée d’adrénaline garantie.

La douceur des températures au-dessus du Cuchi Corral offre une excellente thermique.

argentine Córdoba

Buenos Aires

Lancé à 80 km/h, le char soulève des nuages de poussière.

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Le gardien du temple est en... stand-by. Corrado Cardinali et son ĂŠquipe prennent soin des STR7 de Vergne et Ricciardo durant vingt GP en 2012.

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

PRENEZ LE PLI L’INDISPENSABLE POUR LES PROS

La guerre des boulons Seize mille. C’est le nombre de pièces de F1 présentes à Faenza, au siège de Toro Rosso. Corrado Cardinali est chef mécanicien de la Scuderia. L’Italien présente ici quelques-uns de ses outils. 1. Pistolet Il est utilisé lors des ravitaillements pour changer les pneus mais aussi pendant les préparatifs d’avant course. Ces pistolets à air comprimé sont beaucoup plus maniables et plus rapides que ceux utilisés dans les garages classiques. Aujourd’hui, un acte de plus de trois secondes lors de l’arrêt au stand est considéré comme trop lent.

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2. Ventilateur à air froid Il nous sert à abaisser la température des freins en carbone quand la voiture s’arrête au stand. Surtout pour les freins

« Tout acte dépassant trois secondes est devenu trop lent. »

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TEXTE : WERNER JESSNER. PHOTO : JIŘÍ KŘENEK

avant dont la température atteint plusieurs centaines de degrés, nécessitant beaucoup d’air pour les refroidir. Notre équipe utilise deux sortes de ventilateur de refroidissement. Le modèle à l’image et un autre plus petit, sans fil, utilisé lorsque la voiture est à l’arrêt dans le stand. 3. La servante Là se trouvent tous les outils nécessaires au démontage complet d’une Formule 1, jusqu’à la dernière vis (clefs à pipe et à cliquet, clefs dynamométriques, tournevis...). Une servante complète est dédiée à chacune des voitures. On l’utilise en permanence, que ce soit en course, en essais ou entre deux saisons. Elle fait partie de la monoplace.

4. Boîte à outils Chaque mécano possède une boîte à outils personnelle, composée d’instruments qui lui sont chers. On est tous très attachés à elle. 5. Oh hisse ! C’est le cric utilisé pour soulever la voiture lors des ravitaillements. Le levier sert à reposer la voiture quand les quatre pneus sont changés et que le voyant lumineux signale que l’équipe a terminé. Ici aussi, il en va de dixièmes de seconde. 6. Lollypop Accroché à une barre, ce panneau est utilisé pour donner le feu vert au pilote. Ces dernières années, toutes les écuries passent aux feux de signalisation. On a suivi le mouvement. En revanche, on continue à utiliser ce bon vieux lollypop en séances de qualifications. Il a le grand avantage de ne jamais tomber en panne... 7. L’ordinateur incassable Il contient tous les systèmes nécessaires à la mise en route d’une F1. Ces ordinateurs sont très onéreux. Similaires à ceux utilisés par les militaires, ils sont étanches, résistants aux chocs et incassables. Pourquoi ? En cas de pluie sur la grille, les voitures doivent pouvoir être mises en route. Par ailleurs, le retour dans l’allée des stands se fait parfois dans une grande agitation et un sprint effréné. 8. Fuel In/Out Lors de l’intervention des mécanos, ce panneau indique si le ravitaillement en carburant est terminé ou non. La pompe est également dotée d’un dispositif de sécurité. www.scuderiatororosso.com

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

AU BOULOT

Droit de Vito

S’ENTRAÎNER COMME UN PRO

Peu de snowboarders s’entraînent aussi dur que Louie Vito. Vainqueur du Dew Tour en half-pipe, l’Américain travaille avec des footballeurs US et des boxeurs en vue des JO 2014 de Sotchi.

ÉNERGIQUE

La capacité à envoyer du lourd et à se réceptionner convenablement dépend d’un entraînement spécifique. Voici le détail. LUNDI Matin : 90 minutes de travail des jambes à la limite de la résistance, avec sprints rapides et sauts en extension. Après-midi : 50 minutes de travail fractionné. MARDI Matin : 60 minutes d’exercices avec des cônes. Sauts et vrilles à 90, 180 et 720 degrés. Après-midi : 50 minutes d’ascension d’escaliers avec poids. MERCREDI Matin : travail du haut du corps avec exercices dédiés au torse, aux épaules et aux bras entre chaque série. Après-midi : 60 minutes en fractionné (30 secondes soutenues puis 30 secondes de sprint).

JEUDI Matin : 60 minutes d’exercices autour de cônes, avec changements d’appuis. Après-midi : 40 minutes de course sur tapis roulant, en fractionné. Vitesse maxi : 22,5 km/h. VENDREDI Matin : 60 minutes de travail de renforcement du dos. Après-midi : 50 minutes d’exercices avec cônes (20 fois 40 sprints en avant et 40 en arrière), entrecoupés de tractions. SAMEDI 60 minutes de footing pour récupérer.

www.louievito.com

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TEXTE : ANDREAS TZORTZIS. PHOTOS : ZACH HOOPER/RED BULL CONTENT POOL, CHRIS SHONTING/RED BULL CONTENT POOL

Le souvenir du podium olympique du half-pipe des JO 2010 est toujours un cauchemar pour Louie Vito. Les trois marches ont été la propriété des Américains Shaun White (Or) et Scott Lago (Bronze) et du Finlandais Peetu Piiroinen (Argent). Classé 5e, Vito n’a pas apprécié. On le comprend. « Je voulais une médaille, c’était une obsession. » Pour oublier Vancouver, Louie a changé à peu près tout. Fini l’alcool et la malbouffe. Objectif ? Une meilleure hygiène de vie. Il s’inspire donc du boxeur Floyd Mayweather ; Apolo Ohno, le patineur de vitesse médaillé d’or en short track, lui fait découvrir l’exigence du plus haut niveau. Depuis qu’il a commencé à suivre son coach John Schaeffer, Vito multiplie les séances d’ascension d’escaliers avec des joueurs de foot américain et enchaîne les gestes de frappe avec des boxeurs professionnels. Autant de « gourmandises » ajoutées à son planning d’entraînement. « En vieillissant, on voit les choses autrement, raconte Louie. Mon ami Kevin Pearce s’est très gravement blessé à la tête, puis il y a eu le décès de Sarah Burke. Notre sport est dangereux et la vie peut basculer d’un coup. Je veux jouer ma chance à fond pour 2014. »


SUPERVISEUR DE LA MUSIQUE

ET

MUSIQUE DE

PRESENTENT UNE PRODUCTION

COSTUMES DE

PRODUIT PAR

SUPERVISEUR DES EFFETS SPECIAUX

ET

HISTOIRE DE

MONTAGE

DECORS SCENARIO DE

DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE REALISE PAR

EXECUTIFS BILL POPE, ASC PRODUCTEURS

ET


plus de corps et D’esprit

Nightlife La nuit ne nuit pas à la santé

Action

Ski nocturne Les plus Pas envie de subir les pistes ­surchargées en journée ou désir de conclure... une journée de boulot de manière sportive ? C’est possible (horaires d’ouverture en soirée de 18 heures à 23 heures). Autre bonus, les ­remontées mécaniques les nuits de pleine lune, c’est super ­romantique ! Les moins S’habiller chaudement. Les températures auront nettement chuté et les pistes s­ eront dures et verglacées. Les domaines Aux états-Unis, principalement à Vail, il existe plus de 200 domaines skiables avec des pistes accessibles en soirée. Le Keystone ­Resort propose quinze pistes éclairées. En ­Europe, seules les stations de Söll (Autriche), ­Gstaad (Suisse) et Tignes (France) sont équipées pour la pratique du ski nocturne.

Nouveauté

Paul fait sauter la Banks Paul Banks en solitaire. Le chanteur d’Interpol évoque ici son identité musicale et sa passion du surf. En 2002, son premier opus est élu meilleur album de l’année par des ­magazines comme Pitchfork. Antics se vend à 500 000 exemplaires. Grâce à son style affirmée, Interpol détonne dans le monde de l’indie rock. La voix envoûtante de Banks est au cœur de morceaux sombres, entre post-punk déjanté et mélodies mélancoliques. Le talent du New-Yorkais de 34 ans ne se limite pas à sa voix. Il est aussi un des meilleurs paroliers du moment. Après un premier coup d’essai en solo sous le pseudonyme de Julian Plenti, il réitère l’expérience sous son vrai nom. The Red Bulletin : Votre nouvel ­album solo est signé de votre nom.

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Pourquoi ? Paul Banks : Le pseudonyme Julian Plenti datait d’avant la période Interpol et mon premier album solo était une compilation de morceaux écrits à mes débuts. Avec ce nouvel opus, le pseudonyme était devenu superflu. Vous avez fait des études de littérature. Cela vous influence-t-il ? Les lectures qu’on assimile intègrent votre univers de pensée. En ce sens, la littérature s’invite dans mes textes. La pochette est un cliché réalisé à ­Panama City. Pourquoi ? On me pose souvent la question de ­l’influence de New York... Mais je suis plutôt un surfeur dans l’âme. Beaucoup de mes morceaux ont vu le jour à ­Panama. Il paraît que l’art se nourrit de la souffrance, c’est loin d’être mon cas. La mer et le soleil sont mes plus grandes sources d’inspiration.

Paul Banks : Banks est déjà dans les bacs. Plus sur www. bankspaulbanks.com

Dandysme

« Une vie heureuse est faite de journées planifiées et de nuits livrées au ­hasard. » Mignon McLaughlin, romancière (1913-1983)


cocKtaiL

Drive in saveur exotique, fraîcheur et effet stimulant. Voici le cocktail du mois de novembre. Le drive In, une création sans alcool du hangar 7 (établissement unique basé à salzbourg, fief des Flying Bulls, composé de restaurants et de bars), est un mélange glacé de jus d’ananas, de kiwi, d’orange et de citron avec du Red Bull. un classique du Mayday Bar depuis bien longtemps. sa préparation facile est à la portée de tout barman, amateur compris.

CLUB

TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : EMI MUSIC (2), GETTY IMAGES, RED HUMMINGBIRD (4), FOTOSTUDIO EISENHUT & MAYER

DU MOIS

RED HUMMINGBIRD 84 Federal Street Auckland, Nouvelle-Zélande www.redhummingbird.co.nz

cLuB

« Un colibri rouge dans les yeux » Red Hummingbird. Entre discothèque et jungle, le meilleur club d’Auckland est un paradis où l’on danse en compagnie d’oiseaux et de l’esprit de la forêt. Le nom renvoie ... ... au colibri. Parce qu’il est toujours en mouvement même s’il a l’air d’être immobile. L’accueil au bar est chaleureux mais à l’intérieur du club, l’ambiance évolue en permanence. L’inspiration pour la déco est puisée ...

INGRÉDIENTS 6 cl de jus d’orange 6 cl de jus d’ananas 1 cl de jus de citron 1 cl de sirop de kiwi 1 cl de sirop Blue Curaçao (sans alcool) Red Bull Glaçons Brochette de fruits (ananas, fraise, kiwi…)

PRÉPARATION Mettre tous les ingrédients dans un shaker avec les glaçons. Agiter vigoureusement, verser dans un verre et ajouter le Red Bull. Ne pas oublier les fruits pour la décoration et la paille.

... dans des objets collectionnés depuis des années : appareils photo anciens, bois de cerf, plantes. On dit qu’à l’approche de la mort, on voit défiler sa vie devant ses yeux : moi, je verrai mon club à ce moment-là. Quand on entre dans le club on se retrouve ... … quasiment dans une forêt. Arbustes et buissons recouvrent les murs. En plus, on regarde un colibri rouge les yeux dans les yeux, l’œuvre de Flox, un artiste urbain. La nuit la plus folle ... … reste la soirée d’ouverture. des créatures sur échasses semblables à des oiseaux, des esprits de la forêt pleins d’audace, un sans-abri et un danseur expressionniste formaient un ballet insolite sur la piste de danse. Le club peut accueillir ... … environ 200 personnes. On trouve le meilleur encas... ... au Bellota, un bar à tapas voisin. Les plats y sont excellents. Après y avoir goûté, vous ne mangerez plus jamais de cheeseburgers gras. Interview : Luke dallow, propriétaire.

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plus de corps et D’esprit

Clint Eastwood Le père de l’antihéros au cinéma. Dans le western spaghetti Le Bon, la Brute et le Truand, Eastwood incarne le sale type le plus cool de tous les temps. J’adore aussi ses films plus ­récents comme Gran Torino où il joue un retraité aigri. Une interprétation au naturel au vu de son intervention lors de la convention du républicain Mitt Romney. Ou peut-être qu’il se prépare pour un ­prochain rôle ? Cela ne m’étonnerait pas de lui.

Pause

« JCVD est incroyable ! » Diplo. Il crée des hits pour Beyoncé, Usher et met le feu en club. L’Américain est à l’image de ses héros au cinéma. Le DJ globe-trotteur nous révèle ici ses trois stars préférées de films d’action. Il est le plus actif et le plus courtisé des producteurs. Au cours de cette dernière décennie, Diplo a contribué à l’éclosion de la rappeuse M.I.A. et a fait connaître la musique baile funk, du funk carioca, dans le monde entier. Avec son label Big Dada, il mise sur des talents tels Crookers ou Lunice et produit des hits pour des stars comme Beyoncé, Usher et No Doubt. Le week-end, il officie en tant que DJ dans au moins trois pays différents. Ces derniers temps, il tourne avec son groupe Major Lazer qui sort un ­nouvel album, Free the Universe. Avec la participation vocale de Santigold, il y développe sa version électro de la dance jamaïcaine. Le logo de Major ­Lazer représente un héros de fiction du même nom tout en muscles, un Rambo version rasta. Pas étonnant lorsqu’on sait que cet Américain de 33 ans est un grand amateur de films d’action. Une passion qui transparaît dans la musique de Major Lazer entre sonorités dancehall et électro house qui déménagent. Bref, un véritable cocktail Molotov acoustique. Un peu à l’image du trio de comédiens qui l’ont inspiré.

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Jean-Claude van Damme Un type incroyable. Adolescent, il fait une apparition dans Breakin’ , un film de break. Mais c’est Bloodsport, un de mes préférés, qui lance sa carrière. Il raconte l’histoire d’un karatéka occidental qui se rend à Hong Kong pour ­disputer un tournoi où rien ne lui résiste. Et puis, il y a le film JCVD, une autocritique de son propre personnage. Vous saviez qu’ado, il avait été rappeur ? Je vous le dis, ce type est ­incroyable !

Sylvester Stallone Sly a beau mal vieillir à cause des injections de botox qui lui donnent un visage à faire peur, jamais je n’oublierai l’impact de Rambo sur moi quand j’étais enfant. L’histoire du film est celle que chante Bruce Springteen dans Born in the USA, celle d’un vétéran du ­Vietnam de retour au pays et à qui tout le monde tourne le dos. Mon père était un de ­ceux-là. Malgré d’énormes difficultés, il a payé mes études. Je lui en suis reconnaissant.

Petite faim

Si tu vas à Rio... Dans la nuit de la mégapole brésilienne, une crêpe à base de racines provenant d’une sorte de palmier permet de se ­requinquer. Les menus de Rio de Janeiro rivalisent de créativité pour accommoder cette croustillante tapioca.

Que sont les Tapiocas ? Voilà belle lurette que la ­farine de tapioca, produite à base de racines de yucca, fait partie de la cuisine ­raffinée d’une région comme celle présidée par Rio de ­Janeiro. Tous ses habitants en raffolent. Elle se lie très bien, son goût est neutre et elle donne aux autres ingrédients (fromage ou ­légumes) une texture ­originale. Frit ou cuit, le manioc servi en accompagnement dans les plats d’Afrique de l’Ouest provient lui aussi des ­ racines de yucca.


Texte : klaus kamolz. photos : Rex Features (2), Kobal Collection, Fotostudio Eisenhut & Mayer

UNE PRÉPARATION PARTICULIÈRE Pour obtenir la farine de manioc dont sont faites les crêpes ­brésiliennes, il faut râper la ­racine, la laisser tremper pendant quelques jours, la presser puis la faire griller lentement. La poudre ainsi obtenue est humidifiée à l’eau ou avec un mélange d’eau, de lait de coco et d’un peu de graisse. Ensuite, on la saupoudre dans une poêle légèrement ­huilée, on comprime la masse avec une spatule jusqu’à ce qu’elle se lie et devienne ­croustillante. Puis on la retourne avant de répéter le même ­processus.

Un MONDE COLORÉ Quand les habitants de Rio ou les touristes sont de sortie le soir, ils mangent bien souvent un menu complet de tapiocas. D’abord, le salé avec des crêpes farcies de légumes, de fromage (souvent de Catupiry, un fromage frais brésilien), de flocons de noix de coco ou bien de carne de sol (viande de bœuf séchée). Puis, le sucré avec des crêpes à la banane grillée, à la cannelle, au Nutella, au caramel, etc.

Tapiocas pour la maison Au Brésil, le polvilho doce (doux) et le polvilho azedo (aigre) sont les deux mélanges possibles pour faire les tapiocas. La farine s’obtient aisément via Internet ou dans des magasins d’alimentation exotique. Compter deux à trois euros pour 500 grammes. Thé à la Tapioca La dernière mode rayon boissons s’appelle le Bubble Tea. De ­petites perles visqueuses donnent au thé une consistance légèrement gluante. Ce sont des perles de tapioca.

OÙ LES TROUVER À Rio ? La grande majorité des stands se trouve à proximité des plages, surtout à Ipanema, et autour de la station de métro de Carioca. La nuit entière baigne dans une odeur de farine de manioc ­grillée. Selon la farce, compter 80 cents à 2,30 euros pour une ­tapioca. Elle s’accompagne le mieux d’un jus ­pressé ou d’un smoothie de fruits exotiques. Au Brésil, il n’y a que l’embarras du choix.

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Un monde en action Novembre & décembre 2012

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Sport 16–18/11, PRAGUE, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

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Tchèques en bois ?

C’est bien connu, le Trophée de la Coupe Davis est considéré comme un des plus beaux saladiers au monde. Mais cela n’empêche pas les deux finalistes, la République Tchèque et l’Espagne, de le convoiter. Les Ibériques, tenants du titre et quintuples vainqueurs de l’épreuve, débarquent à l’O2 Arena de Prague avec l’étiquette de favoris. Néanmoins, les Tchèques gardent toutes leurs chances de décrocher leur premier titre depuis 1980. L’équipe menée par Tomáš Berdych a le réel avantage de jouer devant son public et sur un revêtement défavorable aux Espagnols.

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La F1 sous des airs de samba

Chip and putt à Dubaï Les soixante meilleurs golfeurs du Tour Européen se qualifient depuis maintenant quelques années pour le Dubai World Championship. Ça s’appelle la Race to Dubai. Forte d’une dotation de huit millions de dollars, cette épreuve est une des mieux pourvues de l’année. En 2011, l’Espagnol Álvaro Quirós empoche un chèque de 922 645 euros pour son succès. Le point d’orgue de la saison a lieu sur le Earth Course, long de 7 018 mètres et conçu par Greg Norman. Une végétation atypique et un sable de bunker blanc comme neige, spécialement importé de Caroline du Nord, font du parcours un lieu séduisant.

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25/11, SÃO PAULO, BRÉSIL

Dernière ligne droite d’une saison haletante. Les pilotes s’élanceront pour soixante-et-onze tours (305,909 km exactement) à 1 000 m d’altitude sur le circuit d’Interlagos. Les moteurs seront mis à rude épreuve sur ce tracé sinueux et très bosselé. À noter aussi qu’une forte humidité et une chaleur accablante seront de la partie. Le profil de la piste contraint les ingénieurs à faire le grand écart entre puissance pour lignes droites et suffisamment d’adhérence pour les sections étroites et sinueuses. En 2011, Red Bull Racing décrochait le doublé, Webber finissant devant Vettel.

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Ryan Sandes, vainqueur de la dernière édition.

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22/11-3/12, ANTARCTIQUE

Le dernier désert Les participants de l’unique course à pied de plusieurs jours dans l’Antarctique ne bénéficient pas du regard encourageant des spectateurs. Ils se contentent de ceux de milliers de manchots. Dans un froid glacial (−20 °C), les coureurs s’affrontent en six étapes sur un parcours de 250 kilomètres avec, par endroit, un mètre de neige. Pour y être admis, il faut avoir participé à au moins deux des trois autres courses dites des 4 Deserts (la Course du dernier désert en Antarctique, la Marche de Gobi, la Traversée de l’Atacama et la Course du Sahara). Lors de la dernière édition, en 2010, le Sud-Africain Ryan Sandes s’imposait. Il est le premier à remporter les quatre épreuves.

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Driver sous le décor des tours de Dubaï.

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Kyle Croxal joue à domicile début décembre.

PHOTOS : GETTY IMAGES (2), ZANDY MANGOLD/RACING THE PLANET, JOERG MITTER/RED BULL CONTENT POOL, DDPIMAGES, PICTUREDESK.COM

22–25/11, DUBAÏ, EAU

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

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Porter Robinson, expert du dubstep. 6

6-8/12, SENTOSA, SINGAPOUR

Zouk Out

Températures estivales, la plage et la crème des DJs. Avec ses 25 000 visiteurs sur le dancefloor, le Zouk Out est le plus grand festival dance d’Asie. Quatorze heures de fête non-stop sur la plage de la petite île de Sentosa avec des pointures comme A-Trak, Calvin Harris, Hardwell et l’enfant prodige du dubstep Porter Robinson aux platines.

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6-9/12, MIAMI, ÉTATS-UNIS

1/12, CHUTES DU NIAGARA, CANADA

Miami, d’art et d’essais

Red Bull Crashed Ice Le Ice Cross Downhill World Championship 5 s’apprête à vivre sa troisième saison avec, cette année, quatre étapes au programme. Les chutes du Niagara et leurs 55 mètres de hauteur serviront de décor à l’une des courses les plus spectaculaires qui ont lieu dans le monde des sports d’hiver. Les organisateurs attendent 80 000 spectateurs au moment où les virtuoses sur patins s’élanceront comme sur une piste de boardercross, sur un tracé truffé d’obstacles pour en découdre lors de duels fascinants. Le Canadien Kyle Croxall, tenant du titre, compte bien, du haut de ses 24 ans, utiliser l’avantage de jouer à domicile.

Culture

En 2002, la très respectable foire d’art contemporain helvétique, Art Basel, lance sa version américaine en Floride. En seulement quelques années, elle devient le rendez-vous incontournable des personnalités et des esthètes de la côte Est. On peut y croiser Kanye West, Naomi Campbell ou encore Michael Douglas qui naviguent entre les nombreux vernissages. Plus de 260 galeries du monde entier exposent les œuvres de plus de 2 000 artistes. L’élève semble avoir dépassé le maître, non seulement au nombre de célébrités mais aussi en terme de ventes, disent certains galeristes influents.

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Rihanna annonce six nominations aux MTV-EMA. 16-24/11, GIJÓN, ESPAGNE

Gijón fait son cinéma Qu’ont en commun les géants du film indépendant Aki Kaurismäki, Todd Haynes, Paul Schrader et Kenneth Anger ? Ils sont tous passés par Gijón, dans les Asturies. Quelle est la particularité de ce festival ? Un jury de cinq professionnels et une délégation de jeunes cinéphiles âgés de 17 à 26 ans décernent, sur un même pied d’égalité, le prix du meilleur film. L’année dernière, le festival récompensait le long métrage de Valérie Donzelli, La Guerre est déclarée. Le nord de l’Espagne est décidément très active dans le 7e art. Le festival de San Sebastián avait lieu fin septembre.

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11/11, FRANCFORT-SUR-LE-MAIN, ALLEMAGNE

My Taylor is rich ?

Des milliers de fans dans la salle des fêtes de Francfort et plus de 22 millions devant les écrans télé. Tels sont les MTV Europe Music Awards. Ils récompensent les plus grandes stars de l’année dans quinze catégories principales. L’événement tourne autour d’un duel entre deux princesses de la pop : Rihanna et Taylor Swift. La première est nominée six fois, la seconde cinq fois et elles sont en compétition directe dans trois catégories. Ces trophées sont particulièrement convoités par les artistes car les fans votent en direct.

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17/11, SYDNEY, AUSTRALIE

Festival Harvest Beck, Sigur Rós, Grizzly Bear, Beirut, Liars et Mike Patton, tel est la palette de la salve d’indie rock en forme de liste de vœux qu’on envoie à un organisateur de festival. Des vœux exaucés ! Du moins pour les fans australiens. Cette manifestation se distingue par sa programmation soignée. Ici, on fait plus dans la qualité que dans la quantité. Les prix des billets sont raisonnables et le festival est à taille humaine. Un vrai coup de cœur.

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L’œuvre de Richard Williams à Art Basel Miami.

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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT

Focus Fin d’année & début 2013

JUSQU’AU 28 JANVIER, EDWARD HOPPER, GRAND PALAIS

Et hop Hopper !

Antre du BMX et de Red Bull Skylines le 2 novembre dernier, le Grand Palais fait aussi la part belle à Edward Hopper. Ce peintre newyorkais du XXe siècle affiche la particularité de provoquer chez l’observateur lambda toutes sortes de constructions mentales. À l’heure où les États-Unis viennent de connaître une échéance présidentielle, cette expo tombe à pic pour mieux se plonger dans les obscurs paradoxes d’un pays en éternelle mutation. www.grandpalais.fr L’étonnante architecture du Quai Branly sur les bords de Seine.

21-25 NOVEMBRE, MONDIAUX DE KARATÉ, PARIS

Pour cette 21e édition, les Championnats du monde de karaté retrouvent Paris pour la première fois depuis quarante ans. Bercy s’apprête à accueillir un millier d’athlètes de cent nations différentes. Lolita Dona, Jessica Hugues, Romain Lacoste ou Jonathan Plagnol vous attendent nombreux dans les travées du POPB. Si le judo ou le taekwondo sont présents tous les quatre ans aux JO, le karaté n’a toujours pas droit de cité. Vous avez dit injuste ? www.karateparis2012.com

17 NOVEMBRE, FRANCE-ARGENTINE, LILLE

Une tournée SVP !

Après avoir affronté l’Australie le week-end dernier, les Bleus de Philippe Saint-André n’auront pas la partie plus aisée ce samedi face aux Pumas. En guise de dessert, les îles Samoa se dressent à l’horizon la semaine prochaine. Coincé entre le Top 14 et la Coupe d’Europe, ce brelan de rencontres automnales tombe plus ou moins bien. Finalement, le seul intérêt de ce match contre les Argentins est sans doute le dépaysement dans le Grand Stade Lille Métropole, habituellement réservé au LOSC. www.ffr.fr Dusautoir ne perd pas le nord.

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JUSQU’AU 20 JANVIER, AUX SOURCES DE LA PEINTURE ABORIGÈNE, MUSÉE DU QUAI BRANLY

L’art aborigène des seventies Ne vous fiez pas aux apparences ! Il ne s’agit pas ici de remonter le temps jusqu’à la naissance de l’art aborigène mais plutôt de donner un coup de projecteur sur la communauté des Papunya. Dans les années 70, ces artistes offrent une nouvelle perspective en transposant sur des panneaux de bois recyclés les motifs de peintures rituelles éphémères. Forte de 160 toiles, l’exposition retrace l’évolution de cet art depuis les premiers panneaux jusqu’aux grandes toiles du début des années 80. www.quaibranly.fr

JUSQU’AU 17 MARS, VAN GOGH ET LE JAPONISME, LA PINACOTHÈQUE

VVG, l’expo majeure Maître incontesté des couleurs et dompteur génial des éléments de dame nature, Vincent Van Gogh était aussi bipolaire, torturé à souhait, sujet à d’intenses crises de schizophrénie et à de régulières hallucinations. Le peintre néerlandais du XIXe siècle vouait un culte à Hiroshige dont l’univers de paix intérieure contraste avec le sien. www.pinacotheque.com

Route de campagne en Provence, la nuit, 1890.

TEXTE : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : GETTY IMAGES, COLLECTION KRÖLLER-MÜLLER MUSEUM

Karaté kids


ILLUSTRATION : dietmar kainrath

K a i n r at h

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Ç

a y est : à partir de maintenant, dire que quelqu’un a un « culot stratosphérique » n’est plus ­seulement une façon de parler. Car j’y suis, dans la stratosphère. La seconde couche de l’atmosphère, entre la troposphère et la mésosphère. J’ai bien appris mes leçons, hein ? J’adore ça, dire que je me prépare à fond, que j’ai bien fait mes devoirs. Rien ne m’énerve plus qu’on me réduise à un mec en manque qui ne vit que pour le prochain shoot d’adrénaline. Bon, c’est vrai qu’on n’est pas très nombreux non plus, en ce moment, dans la stratosphère, et qu’il faut avoir du matos dans la combinaison pour se retrouver là où je suis, par chance suffisamment entravé par mon scaphandre pour que mes genoux ne se mettent pas à danser le twist... Mais non, je n’ai pas peur : c’est ­nerveux. Rendez-vous compte ! Sous mes pieds, posés sur le barreau de cette échelle qui me fait penser à celle d’une piscine municipale, pas d’eau mais 39 045 mètres de vide. Oui, de vide, car à cette altitude, même les nuages ont rendu l’âme. Leur absence me comble en m’offrant un spectacle grandiose : celui d’un disque couleur sable, qui devient bleu pâle quand mon regard s’égare sur ses courbes qui éclairent d’un halo bienfaisant le noir absolu déployé tout autour. La frontière de l’espace. C’est magnifique et c’est atroce de vérité : il faut donc aller si haut pour se rendre compte de notre petitesse? Brrrr… Mais non, je n’ai pas peur : c’est nerveux. Et je suis impatient. De rentrer vivant à la maison. « Laisse ton ange gardien prendre soin de toi », me murmure dans le casque ce bon vieux Joe… Il a raison, Joe. Après tout, en 1999, le fils de Dieu ne m’a t-il pas accueilli dans sa main ? Je me suis même assis sur son pouce… Bon, ­d’accord, c’était une statue, celle du Christ qui se dresse tout en haut du mont Corcovado, et domine tout Rio. Et puis c’était pour un saut, mais n’empêche,

Pleine lucarne

Je suis Felix Baumgartner Christophe Ono-dit-Biot dans la peau du BASE jumper. Attention, texte stratosphérique.

symboliquement, c’était quand même la main de Jésus, et s’il n’avait pas aimé, il ne ­l’aurait pas ­permis, cet exploit… Mon ange gardien, donc. Je dois bien en avoir un, pour avoir le droit de contempler aujourd’hui ce s­ pectacle… « Si les anges volent, c’est parce qu’ils se prennent euxmêmes à la légère », disait Chesterton. Le spectacle est magnifique mais ­terriblement dangereux. Et je veux juste rentrer à la maison. Ce serait un peu ­ridicule qu’un type avec « Born to fly » tatoué sur l’avant-bras s’écrase comme

une fiente de pigeon parisien sur la tête d’un touriste coréen. La comparaison m’est venue comme ça. C’est pas très ­élégant, mais faut bien que je dédramatise. Que je revienne sur terre… « Garde la tête baissée, détache la lanière de ton casque, allume la caméra… » Bien reçu Joe. J’admire Joe. 83 ans, ancien colonel de l’US Air Force, Étoile d’argent, Légion du Mérite, Cœur Pourpre, Médaillé de l’Air, surtout le ­premier homme à s’être élancé dans le vide à des dizaines de milliers de mètres d’altitude avec un simple parachute. Un extraterrestre, qui me parle depuis une base située à Roswell… Comme ma femme et ma mère, deux extraterrestres elles aussi, car je prétends que quand on laisse son fils ou son mari sauter en parachute depuis l’espace, on n’est plus vraiment humain. On est mieux que ça. Moi, c’est Felix Baumgartner. J’ai 43 ans. Je suis né à Salzbourg, comme Mozart, mais mes partitions, je les écris à la vitesse du son : 343 mètres par seconde. Sauf que là, Joe m’a dit que ça allait vraiment secouer. Il y a un moment où je vais partir en vrille. Et au bout d’un certain temps, j’aurai devant mes yeux un voile gris, puis un voile noir à cause de l’accélération qui ­privera de sang mon cerveau. Sans ­compter les écarts de température qu’il va falloir ­supporter : 10 °C à 39 000 mètres, 70 de moins à 10 000, et 80 de plus à ­l’arrivée. Mais je me dis que si le ballon d’hélium a tenu malgré le froid coupant qui l’avait rendu aussi fragile qu’une boule de sapin de Noël, eh bien le corps de ­Baumgartner aussi tiendra. ­Verdammt! Qu’est-ce que c’est beau… Qu’est-ce que c’est bon... Allez, on y va. Dans moins de dix minutes, on verra bien si je porte bien mon ­prénom. Felix. ­Heureux. Agrégé de lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.

The Red Bulletin France / Numéro 13 – Novembre 2012 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media House GmbH. Directeur de la publication Alexander Koppel Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeur d’édition Franz Renkin Directeur artistique Erik Turek Directeur créatif Kasimir Reimann Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Miles English, Kevin Goll, Peter Jaunig, Carita Najewitz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner, Nadja James (Rédacteurs en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photos); Lisa Blazek (Rédactrice); Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablettes) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis www. redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France Red Bull SASU, 12 rue du Mail, F-75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche Heinrich-Collin-Strasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 Imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr.redbulletin.com Dépôt légal/ ISSN 2225-4722 Nous écrire letters@redbulletin.com Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

The red bulletin numéro 14 sera disponible le 12 décembre 98

illustration : albert exergian

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