PLONGÉE DANS L’UNIVERS DÉJANTÉ D’ADITOTORO, AS DE L’HUMOUR À LA SAUCE ALÉMANIQUE
Blague en vue
Sabrina Luttenberger est autrice viennoise (pour Die Zeit) et accro aux activités de plein air. Pour nous, elle a interviewé la cycliste ultra Jana Kesenheimer. Page 48
Claude Gabriel est vidéaste et photographe. Il documente ici la scène hip-hop suisse.
« Pour moi, Red Bull 60 Seconds est une excellente opportunité de réunir ma passion pour la musique et le cinéma. » Page 64
Benjamin von Wyl écrit des livres et est journaliste à la SRF. Dans notre rubrique On a Positive Note, il nous emmène sur le ring de boxe et nous raconte comment ce sport l’aide à surmonter les traumatismes de son enfance.
Page 96
Des goûts et des couleurs… et de l’humour, on ne discute pas. C’est une question de point de vue surtout (et de culture un peu). Nonobstant, certaines personnalités ont ce petit quelque chose en plus qui leur permet de captiver les foules. Le créateur de contenu, Aditotoro (à découvrir page 36) est de celles-là.
The Red Bulletin est parti à la rencontre d’autres figures de ce type sur les scènes rap du pays : elles avaient soixante secondes pour tout donner. Résultat page 64.
Tout donner, c’est aussi la devise des athlètes de l’équipe Red Bull Skydive qui nous entraînent avec elles et eux dans leur sillage aérien, page 22.
Bonne lecture ! La Rédaction
Héros & héroïnes
Molly Lewis 16
Siffleuse professionnelle
Elena Kratter 18
Athlète paralympique
Oliver David 20
Coach de hockey sur glace
Ce sont les acrobates du ciel : les meilleur·e·s parachutistes nous emmènent dans des vols sauvages autour du monde.
Afro-Pop ou R&B ? Lakna maîtrise les deux. Elle a terminé en tête du concours Red Bull 60 Seconds.
Aditotoro, créateur de contenu suisse allemand, est un phénomène très « couleur locale ». Avec sa coupe de cheveux improbable et ses défis absurdes, il divertit des millions de personnes.
Jana Kesenheimer triomphe sur l’une des courses de vélo les plus difficiles au monde. Quel est le secret de la réussite de cette ultra-cycliste ? Avenir
Exosquelettes et entraîneurs
IA. Quelles innovations attendent les athlètes et le public ?
Ces artistes ont chacun et chacune 60 secondes pour prouver que leur style et leur talent sont les meilleurs. Les boss et les novices sont sur un pied d’égalité dans ce format.
Voyage
On a Positive Note
Clap de fin
New Kia EV3
Kreischberg, Autriche
Obsession
Le professionnel du Slopestyle et du Big Air Clemens Millauer, 29 ans, enchaîne avec une suite de son film Schnitzeltime un hiver après son premier succès. C’est à Kreischberg que ce Backside Lipslide signé Millauer a vu le jour, précisément là où s’entraîne l’équipe de stars dirigée par Clemens, dont la double championne olympique Anna Gasser et Sani Alibabic. Clemens sur l’intrigue de son court-métrage : « Ça commence dans un club. On est ensemble, et on assiste à des événements étranges… Il y a une mystérieuse porte rouge qui ouvre directement sur la piste… Quiconque franchit cette porte commence à développer une obsession pour le snowboard sans limites… et sans retour possible ! » Stranger Things version autrichienne !
Schnitzeltime 2 – no return à voir sur redbull.com
Alpes bernoises, Suisse
Dix fois plus
fort
Les grimpeurs Nicolas Hojac et Adrian Zurbrügg ont fait leur entrée dans l’histoire de l’alpinisme après une ascension inédite car ininterrompue de 37 heures et 5 minutes. Ils sont la première cordée à franchir dix sommets du panorama bernois : l’Eiger (photo), le Mönch, la Jungfrau, le Rottalhorn, le Louwihorn, le Gletscherhorn, l’Äbni Flue, le Mittagsfluh, le Zuckerstock et le Breithorn. 7 029 mètres de dénivelé, 65 kilomètres et dix sommets plus tard, Hojac déclare : « Ce fut l’une des expériences les plus intenses de notre carrière. Nous ignorions si cela était possible, mais n’avons jamais cessé d’y croire. »
Scanne le code pour voir la vidéo de l’exploit. redbull.com
Paris, France Carte postale
La freerunneuse française Lilou Ruel, championne du monde de sa discipline, s’est offert une balade bien particulière dans Paris cet été. Dans sa vidéo du projet Red Bull Stealth Mode, Lilou passe partout, et c’est à peine si on la voit, tant elle est furtive. La voici à Montmartre, instant insolite documenté par le photographe Little Shao. D’ailleurs, où était Lilou le 26 juillet dernier ?
redbull.com
4
palmes de la « Meilleure Actrice » décernées aux interprètes féminines du film Emilia Pérez, dont elle, de Jacques Audiard. Sortie Netflix le 13 novembre.
Petite star devenue grande
À 32 ans, l’actrice américaine
Selena Gomez accède à la consécration : une palme à Cannes, une décoration de l’Ordre des Arts et des Lettres. Quels sont les autres chifres-clés de sa carrière ?
3
le nombre d’albums publiés par Selena Gomez comme chanteuse solo (Stars Dance en 2013, Revival en 2015 et Rare en 2020). Tous les trois ont carcaolé en tête des charts US.
76
Pour 1976, l’année de naissance de sa mère, qu’elle s’est faite tatouer sur le cou en chiffres romains : LXXVI.
106
Le nombre d’épisodes durant lesquels elle a joué le rôle d’Alex Russo dans la série Disney Les Sorciers de Waverly Place de 2007 à 2012, véritable tremplin pour sa carrière.
4
Le nombre de saisons de Only Murders in the Building (avec Steve Martin et Martin Short) qu’elle a déjà produite. La suite arrivera sur Disney+ dans le courant de l’année 2025.
12
Elle a déjà reçu 12 awards Kid’s Choice du réseau américain Nickelodeon. En deuxième place du classement féminin : sa bestie Taylor Swift avec 11 prix.
2009
À 19 ans, Selena Gomez devient la plus jeune ambassadrice de l’UNICEF ; elle a déjà visité des projets au Chili, au Ghana et au Népal.
1
En 2017, Selena Gomez a dû subir une transplantation rénale en raison de la maladie autoimmune dont elle souffre, le lupus.
1,3
milliard de dollars : la hauteur à laquelle s’élève sa fortune, selon Bloomberg, ce qui fait d’elle la plus jeune milliardaire US.
424 000 000
de followers sur Instagram. C’est plus que n’importe quelle autre star féminine. Seuls les footballeurs Cristiano Ronaldo et Lionel Messi comptent plus de followers.
Kirafin
On se fait une toile ?
Dans la salle de bains ou en forêt : le miniprojecteur Nebula
Capsule Air ofre une image parfaite dans toutes les situations et cartonne sur TikTok.
L’objet
Accroché au porte-serviettes ou posé sur le plan de travail de la cuisine : ce projecteur diffuse son image depuis n’importe quel support sur le mur en face. Un socle magnétique permet d’ajuster l’angle de projection. Sa taille (14 cm) permet de l’emmener partout avec soi. La batterie tient jusqu’à deux heures. Il est déjà dispo aux USA (400 $) et devrait bientôt l’être en Europe.
La vague hype
de son vrai nom Jonas Willbold, a 30 ans et divertit son 1,3 million de followers sur TikTok avec des formats comiques. En parallèle, il suit sa passion pour les produits et tendances tech. Pour nous, il analyse les dernières tendances du moment.
Le projecteur de la taille d’une canette de soda est très maniable, et bénéficie de hautparleurs intégrés.
L’avis
Sur TikTok, on le teste dans toutes les pires situations. La vidéo de la créatrice Alina Prokuda a récolté près de quatre millions de vues.
Des fonctionnalités comme un socle magnétique et un trépied rendent le projecteur utilisable dans un max de positions. Grâce à l’autofocus, l’image est toujours nette. Si on recherche la simplicité et l’adaptabilité, j’estime que 400 $, ce n’est pas trop cher.
BILAN
Parfait pour …
… les accros de la télé et les fans de sport qui ne veulent pas rater une miette du spectacle.
Superflu pour …
… les cinéphiles pour qui le cinéma, c’est sacré.
Le nouveau California. L’aventure vous attend.
Le camping-car le plus populaire de Volkswagen Véhicules Utilitaires incarne depuis des décennies une mobilité de camping exceptionnelle combinée à une utilité quotidienne au plus haut degré. Le nouveau California perpétue cette tradition et l’associe à des idées et fonctions innovantes, comme le tout nouveau concept à 3 espaces avec cuisine d’été et sièges flexibles. Le camping intelligent à l’état pur. Montez à bord et profitez pleinement du quotidien et de vos aventures.
Molly Lewis
révolutionne l’univers de la musique, en faisant du sifflotement un art à part entière. Dr. Dre et Mac DeMarco ont adopté ses mélodies, et on a pu l’entendre dans Barbie. S’entraîner ? Très peu pour elle.
Texte Lou Boyd
Photo Brian Overend
Il y a dix ans de cela, Molly Lewis quittait Sydney pour emménager à Los Angeles. Déboussolée et légèrement perdue, la jeune Australienne contemplait la cité des anges en se demandant si elle y trouverait bonheur ou réussite. Elle était loin de se douter que ce seraient quelques sifotements qui la guideraient vers la renommée. Aujourd’hui, à 33 ans, Lewis bouscule l’industrie musicale en faisant carrière dans l’art de sifer des mélodies. Après avoir collaboré avec Dr. Dre, elle a notamment fguré sur la BO du flm Barbie. Mais ce n’est pas tout : l’artiste a également conquis l’univers de la scène en produisant son propre spectacle, Café Molly, qu’elle a présenté accompagnée d’un groupe en live. Son premier album, On the Lips, paru en février, n’est autre que la suite musicale de son show. « Je voulais que l’album soit comme une soirée dans un lounge, avec une intro, quelques reprises et des changements d’ambiance – comme si on entrait dans un club de jazz, tard le soir », explique-t-elle.
the red bulletin : De quelle manière t’es-tu mise à sifer ?
molly lewis : Je n’ai jamais pris de cours. Je jouais du piano, mais j’étais une mauvaise élève. Je n’ai pas appris à lire les notes car comme j’ai l’oreille absolue, je pouvais jouer à l’oreille ; ça me rendait un peu fainéante. Et puis un jour, j’ai commencé à sifer pour moi-même.
Comment tes parents ont-ils réagi en te voyant si intéressée par l’art de sifer ? Ils m’ont encouragée. Ils m’ont même envoyé un documentaire sur un concours
Focus
Naissance Sydney (Australie) Résidence Los Angeles (USA) Professions des parents Ingénieur du son et réalisatrice de film documentaire Palmarès remporte en 2015 les Masters of Musical Whistling Hit Big Enough récolte 73 millions de vues sur YouTube.
de sifage (Pucker Up: The Fine Art of Whistling, ndlr). C’est grâce à eux que j’ai découvert que le monde des sifeurs était grand. Je savais que j’étais douée pour ça, et j’ai commencé à faire des recherches sur des sifeurs célèbres, car c’est un art qui me correspond.
Comment peut-on s’imaginer l’univers du sifement ?
C’est une petite scène avec beaucoup de compétitions. C’est le seul endroit où on rencontre d’autres sifeurs. Ils font principalement des reprises et des variations de chansons connues. Il y a un sifeur de classe mondiale aux Pays-Bas, Geert Chatrou. Il se produit avec le Cirque du Soleil et publie des disques. En gros, c’est surtout lui et moi.
Qu’est-ce que ça fait de travailler dans un domaine où il y a si peu de concurrence ?
(Rires) C’est génial ! C’est difcile de vivre de la musique. De ce point de vue, j’ai beaucoup de chance. Je plains les autres musiciens de L.A. qui essaient de trouver une place dans cet univers impitoyale.
À quelle fréquence pratiques-tu ? Je me sens bête quand je dis ça, mais je
ne m’entraîne pas tous les jours. À l’uni, je suis déjà passée devant des salles où des étudiants en musique s’entraînaient huit heures par jour. Moi, je sife quand je me promène dans un parc ou quand je cuisine à la maison.
Tu as travaillé avec des grands noms de la musique. Comment c’était ? C’était très précipité ! Dr Dre voulait que je fasse une session de studio avec lui. J’ai pensé que je devais improviser sur des beats, mais c’était la première fois que je faisais ça. Alors je me suis assise dans la voiture, parquée devant le studio, et je me suis entraînée à sifer sur ses morceaux. Karen O m’a envoyé un message à l’improviste, elle voulait que je me produise à un événement qu’elle organisait. Après le concert, j’étais en coulisses quand j’ai croisé Johnny Depp et David Lynch. Ils m’ont dit : « Oh, c’est dommage, on a raté ta chanson. Tu pourrais la sifer de nouveau pour nous » ? Donc j’ai recommencé à sifer la chanson juste pour eux. Et maintenant je suis amie avec Mac DeMarco. On a prévu de partir faire du camping ensemble.
L’année dernière, Mark Ronson t’a engagée pour sifer sur la BO du flm Barbie. Comment ça s’est passé ?
Mon producteur est venu un jour au studio et m’a dit : « Mark Ronson voulait ton numéro de téléphone. Prépare-toi à recevoir un appel intéressant. » Quand Mark a appelé, il m’a dit qu’il voulait reprendre le titre de Billie Eilish What I Made For? et, au moment où Barbie remonte le temps et rencontre son créateur, en faire une version somptueusement orchestrée dans le style des années 1930. Je sife la mélodie de Billie pour cette scène.
Est-ce qu’un fan t’a déjà reconnue ? Un jour, j’ai sifé dans la rue et quelqu’un m’a demandé : « C’est toi Molly Lewis ? »
Est-ce que tu penses qu’il y aura bientôt plus de pros du sifement ? Ça devrait être interdit. C’est mon truc.
Instagram : @cafe_molly
« Johnny Depp et David Lynch m’ont demandé un rappel. »
Elena Kratter
voulait à l’origine faire carrière dans le ski alpin.
Aujourd’hui, elle
est double médaillée de saut en longueur aux Jeux paralympiques.
Texte Karin Wenger Photo Yves Bachmann
Ses proches la surnomment Duracell –elle est aussi énergique et vigoureuse qu’une pile électrique. Elle cumule les activités, et excelle dans chacune d’elles. Juste avant de participer aux Jeux paralympiques de Paris, Elena Kratter recevait son diplôme de maturité, après avoir suivi une passerelle de formation pour adultes en Suisse. Consacrer du temps à ses études tout en menant une double de vie de sportive d’élite et de technicienne orthopédique : cela semble relever de l’impossible. C’est pourtant le quotidien de la jeune athlète, qui porte désormais la triple casquette de diplômée, médaillée et employée. « J’ai terriblement besoin de bouger. Et de l’énergie à revendre, déclarait-elle mi-septembre au stade du Letzigrund à Zurich. Je dois vivre à fond, sinon je ne me sens pas bien. »
Deux, chiffres magiques
Elena Kratter, qui a une sœur jumelle, est née prématurément. Son système cardiovasculaire étant fortement afaibli à la naissance, elle a dû subir une amputation de la jambe droite en raison de problèmes de circulation sanguine. Elle revient tout juste de Paris, où elle remporté la médaille de bronze du saut en longueur. Au troisième essai, la Suissesse a pris son élan avant de s’élancer sur la piste, prenant appui sur sa prothèse au moment du saut, s’envolant 4,83 mètres plus loin. Une prouesse qu’elle a accompli poings, serrés, regard et sourire caméra. Une médaille précieuse à ses yeux : « L’année dernière, j’ai dû tellement me battre », déclare-t-elle. Son triomphe à Paris est en grande partie dû à une lutte qu’elle a menée avec bravoure, seule. Car la sportive de haut niveau s’est vue contrainte d’organiser quasiment
Focus
Naissance Vorderthal, Suisse Âge 28 ans Avant la compète elle écoute du classique, du rock ou du R&B – selon son humeur Objectif JO 2028 à Los Angeles Elle fabrique ses propres prothèses
l’entièreté de sa préparation pour les Jeux elle-même, des séances jusqu’aux camps d’entraînement. En tant que parasportive Suisse, l’athlète est souvent livrée à ellemême. Cette médaille est la récompense de son noble acharnement.
D’une médaille à l’autre
Si Elena Kratter a immédiatement fait l’unanimité auprès du public parisien, sa victoire à Tokyo relevait plus de la surprise, pour elle comme pour les spectateurs et spectatrices. En efet, Kratter était encore une novice à l’époque. Et décrocher le bronze après seulement une année et demie d’entraînement paraissait relever de l’impossible. Pourtant, notre superhéroïne a su une nouvelle fois relever le déf, et est rentrée médaille en poche. Car avant de se révéler en tant que star du saut, Elena en épatait plus d’un sur les pistes de ski. Inscrite à l’école de sport depuis le lycée, la Télévision Suisse la décrivait en 2019 comme « la relève prometteuse que rien n’arrête ».
Le drame est survenu alors que la jeune skieuse était à son apogée. Lors des championnats du monde de 2019, Elena a chuté et s’est blessée, endommageant fortement son genou gauche, qui soufrait déjà en raison d’un surmenage. Son talon d’Achille touché, la sportive s’est vue forcée de mettre un terme à sa carrière fraîchement lancée. « J’ai dû me rendre à l’évidence qu’il était plus raisonnable d’arrêter. C’était dur car j’ai grandi dans l’équipe de ski. »
Un pari osé
Son amour pour la course remonte à son adolescence. Notamment à la première fois où elle a couru avec une prothèse adaptée au sport. C’est durant son apprentissage de technicienne orthopédique qu’elle s’est familiarisée avec cette technologie. Le public étaient amené à tester ces dispositifs complexes et particulièrement onéreux : le prix de certaines prothèses pouvant aller jusqu’à dix mille francs. Mais loin de se préoccuper de l’aspect fnancier, la jeune femme a eu une véritable révélation au moment d’essayer le dispositif. « Je ne voulais pas m’arrêter de courir ! À la fn, les techniciens étaient en train de tout remballer et j’ai continué à courir », se remémore Kratter. Par la suite, la future coureuse a continué de se rendre à cet événement annuel. C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance du para-athlète allemand Johannes Floors. Durant sa rééducation, Floors, qui avait décelé en elle un talent pour la course, a fni par la convaincre. Les deux athlètes ont alors conclu un pari : s’il parvenait à battre le record du monde du 400 mètres, elle devrait participer à une compétition. Fort heureusement, Elena a perdu son pari, et s’est donc retrouvée à sprinter un 100 m. Et c’est sans avoir suivi un seul entraînement pour une telle performance que la sportive a immédiatement battu le record suisse de sa catégorie. « Et puis j’ai directement accroché », raconte-t-elle. Ainsi, durant la période du Covid-19, la jeune femme allait courir dans les bois autour de sa maison familiale, située en Suisse centrale. Jeune prodige encore méconnue, Kratter cochait toutes les cases pour concourir aux Jeux paralympiques. C’est ainsi que la Suissesse s’est retrouvée à frôler le tartan de la piste de Tokyo à l’été 2021. « La médaille de bronze a été une étape importante pour moi. J’avais réussi à me battre pour remonter la pente après une période difcile. »
Après s’être surpassée à Paris cette année, Elena a pris quelques semaines de repos bien méritées. Elle raconte apprécier la rando, la voile et l’escalade de bloc. Avant de relancer son entraîneur au bout de trois semaines : « Quand est-ce qu’on reprend ? »
Instagram : @elenakratter
« Les techniciens étaient en train de remballer. Et moi, je continuais de courir. »
Elena Kratter à propos de son premier entraînement avec une prothèse
de course.
Oliver David
est
le célèbre entraîneur de hockey sur glace de l’EC Red Bull Salzbourg. Son credo ? Il sait qu’il a bien fait son boulot quand il n’a plus rien à faire.
Texte Werner Jessner
Photo Ulrich Aydt
Le hockey sur glace est un sport merveilleux, car on peut être sûr qu’il y aura une équipe gagnante. 0-0, on se serre la main et on dit « Match nul » ? Impensable ! Une équipe doit gagner, l’autre perdre. Oliver David a 46 ans. À la pré-saison, il assumait pour la première fois le rôle d’entraîneur principal d’une équipe professionnelle : l’EC Red Bull Salzbourg. Il se remémore le match de playof n° 7 contre le KAC, qui se déroulait à guichets fermés dans leur aréna : « Après le troisième toucher du palet, j’ai su que nous allions gagner. Tout se passait bien. » Le match n° 6, joué à domicile, avait été clairement perdu. Analyse des erreurs ? Certainement pas ! Lors de la réunion en ligne avant le jour J, Oliver David n’avait évoqué que les bonnes actions de l’équipe. Aux deux tiers du match n° 7, Salzbourg menait 4-0. À la fn du match, le score s’établissait à 6-2. Salzbourg était championne.
Tout change
Pour autant, la collaboration entre l’EC Red Bull Salzbourg et le nouvel entraîneur américain, qui avait formé des ados et futures superstars, a connu des débuts diffciles. Lors de leur premier match, David a vite compris qu’ils perdraient contre le club suédois Skellefteå. Au cours du championnat aussi, les bons résultats se sont fait désirer. « Rejoindre une équipe aussi performante a été la chose la plus difcile que j’aie jamais faite. » David, qui avait déjà postulé pour un poste d’entraîneur à Salzbourg alors qu’il était co-entraîneur en Suisse, quelques années auparavant, parce que la philosophie du EC Red Bull l’impressionnait, n’a rien imposé à l’équipe les premiers temps. Il se défnit d’ailleurs comme « le contraire
Focus
Naissance Los Angeles (USA) Âge 46 ans Résidence avec sa famille à Salzbourg Palmarès
Entraîneur de l’année 2020 Ligue
junior USHL Ironie Il n’a jamais été joueur pro de hockey sur glace
d’un dictateur ». Malgré la pression croissante, il a su garder le fegme qu’il afche invariablement sur le banc. Il observait. Il s’intégrait à l’équipe plutôt que de s’imposer. Il apprenait. « Lorsque vous changez un élément d’une équipe, tous les autres éléments changent aussi. » Ce nouvel élément, c’était lui. Dans ce contexte, chacun devait trouver sa position et la redéfnir avec les autres. Et David aussi.
L’apprentissage par la pratique
Et il a pris son job au sérieux : contrairement à de nombreux collègues d’outremer, il ne se considérait pas comme un travailleur saisonnier. Il a déménagé en Europe avec sa famille et amélioré son allemand : avec lui, c’est tout ou rien. David a grandi en Californie, une région traditionnellement passionnée par le hockey et qui compte trois clubs de NHL et une bonne dizaine d’équipes professionnelles. C’est là qu’il s’est socialisé, qu’il a tout appris sur le hockey – sans grande base théorique. Un homme de terrain qui a gravi les échelons. Sa vie tournait autour du hockey et lui a apporté un élément qu’on ne peut vraiment pas apprendre – contrairement à la technique du patin ou de la crosse, des passes ou des courses : sa créativité.
Les « Eisbullen » se caractérisent par un style clairement reconnaissable, très structuré, axé sur la défense et sur un forecheck infatigable. Pour les novices : les Salzbourgeois maintiennent la pres-
sion et veulent le palet. (Au foot, on parle de pressing.) Oliver David explique : « Les joueurs ont totalement assimilé nos structures. J’ai pu, grâce à cela, intégrer mon idée de créativité. » Une machine bien huilée qui s’est transformée en machine dangereuse pour l’adversaire, car beaucoup plus imprévisible qu’auparavant. L’étape suivante était franchie. Oliver David avait changé l’équipe dont il faisait partie.
Peu, c’est déjà beaucoup
Ce philosophe râblé du hockey sur glace aime s’exprimer, bien et beaucoup : « Je n’ai aucun problème avec les mots. » Ses réponses aux entretiens durent parfois cinq minutes. Elles sont réféchies et vont dans le détail. Mais, selon lui, le but c’est de ne rien dire du tout. Son travail est accompli lorsque le collectif n’a plus besoin de lui. Au cours du match n° 7 de la saison dernière, il a prononcé « peut-être six mots en tout » depuis le banc. Les joueurs se sont coachés eux-mêmes, et il s’est contenté d’observer – et de profter aussi un peu.
C’est sans doute le scénario idéal pour tout·e dirigeant·e : que tout s’imbrique harmonieusement, que chacun·e soit à sa place et s’engage à 100 % et avec plaisir. Ce n’est possible que si tout le monde partage une culture commune, étaye David en bon père de famille. C’est justement ce pour quoi il s’enthousiasme quand il évoque l’équipe du championnat de Salzbourg de l’année dernière (qui d’ailleurs n’était pas très diférente de l’équipe actuelle). Les gars ont adopté des outils professionnels comme l’auto-évaluation volontaire, une évaluation écrite de sa propre performance après chaque match ; le calme et la concentration lors des réunions ; le fait de voir des coéquipiers de ligne avec des iPad faire leur propre analyse vidéo après l’entraînement ; l’éthique professionnelle au gymnase et, de manière générale, l’ambiance et le respect au vestiaire. « Nous apprenons tous ensemble, jour après jour – et avec plaisir ! C’est pour ça que j’adore ce boulot. Et parce que ça ne fnit jamais. » Lorsqu’il a rejoint l’équipe, Oliver David se contentait d’observer silencieusement. Et lors du dernier match de l’année, il avait retrouvé cette position. Mais beaucoup, beaucoup de choses se sont passées au cours des derniers mois.
Instagram : @ecredbullsalzburg
« J’ai peut-être prononcé six mots en tout au cours du match. »
Quand tout va bien, l’entraîneur
assume un rôle
simple observateur.
CORPS CÉLESTES
TÊTE LA PREMIÈRE DANS LES NUAGES. Précision et acrobaties à couper le souffle : la vicechampionne du monde de chute libre indoor, Maja Kuczyńska réalise ici exceptionnellement une démonstration de son talent à l’air libre, à 3 000 mètres d’altitude. Frontflips, backflips, spins : rien ne manque au répertoire aérien de la Polonaise. Athlète : Maja Kuczyńska. Bovec, Slovénie, 2020
Ouvrir simplement les bras et se laisser porter par les airs... Avec une précision époustouflante et une vitesse vertigineuse, ces virtuoses de la voltige concrétisent un rêve, voler, et le réalisent avec une approche très particulière, équipé·e·s de leur parachute et de leur wingsuit : un jour comme des corps luminescents au-dessus des grandes villes, un autre en chute libre au-dessus de paysages isolés. L’équipe de Red Bull Skydive et ses complices nous envolent dans une aventure épique autour du monde.
PLUIE DE COMÈTES. Quatre-vingt secondes, c’est la durée du vol en wingsuit entre le moment où le saut depuis l’hélicoptère et le déclenchement du parachute. L’équipe Red Bull Skydive fait crépiter des cierges magiques inimitables au-dessus de la mer de lumières offerte par la mégalopole brésilienne.
Athlètes : Sebastián Àlvarez, Marco Waltenspiel, Marco Fürst und Dani Roman. São Paulo, Brésil, 2021.
VOL LIBRE. Les 26 Fly Girls, une équipe féminine dirigée par Amy Chmelecki (Red Bull Air Force), ont établi au-dessus de la Floride un record mondial de skydiving en formation verticale. « Nous avions toutes des papillons au ventre et nous avons célébré notre détermination juste avant la Journée internationale des femmes ». Athlètes : Amy Chmelecki et son équipe. Sebastian (Floride), USA, 2018. PANORAMA ANGÉLIQUE.
Cette séquence photographique immortalise le vol des Soul Flyers au-dessus du phare de La Coubre. « C’est un combat mental entre ce que tu veux faire et ce que ton cerveau refuse d’accepter. Et ce combat commence quand tu vois le sol se rapprocher de plus en plus vite. » Athlètes : Vince Reffet et Fred Fugen. La Tremblade, France, 2020. Scanne le code ci-dessous pour voir la vidéo.
QUAND TE REVERRAI-JE, PAYS MERVEILLEUX ? Pourquoi ne pas profiter simultanément du meilleur du ciel et de la terre ? Fred Fugen saute à ski et en parachute au-dessus de la chaîne des Aravis, dans les Alpes françaises, depuis un télésiège suspendu à une montgolfière. Athlète : Frédéric Fugen. Savoie/Haute-Savoie, France, 2022
SPIRIT IN THE SKY. Mission accomplie. Une première mondiale de voltige aérienne a été célébrée avec Red Bull Aerobatic Triple : des avions, des hélicoptères, des sauteurs en wingsuit et des parachutistes étaient réunis lors de l’Airpower 22 dans un spectaculaire travail d’équipe. Athlètes : Marco Waltenspiel et Marco Fürst (dans l’avion : Dario Costa). Styrie, Autriche, 2022.
« Lors de mon passage, j’ai presque touché les pierres avec le bout de mon aile. »
Fred Fugen sur son vol entre les pyramides
LES SOMMETS DU SPORT. Avec deux amis, Fred a réalisé un rêve en 2021 : voler en wingsuit entre les pyramides de Gizeh. La pyramide de Khéphren (sur la photo) et ses 136 mètres n’est certes que la deuxième plus haute, mais reconnaissons-le quand même : c’est le top ! Athlètes : Fred Fugen, Mike Swanson et Vincent Cotte. Gizeh, Égypte, 2021.
DANSER SUR L’AIR. Voici la plus grande soufflerie indoor au monde. Ce simulateur de chute libre mesure 10 m de large sur 32 m de haut. Kyra Poh (au-dessus), de Singapour, et Maja Kuczyńska l’ont transformé en piste de danse pour une chorégraphie aérienne sensationnelle lors de son inauguration. Athlètes : Kyra Poh et Maja Kuczyńska. Abu Dhabi, EAU, 2019.
LONDON CALLING.
Écrire l’histoire à 246 km/h : deux pilotes ont traversé le Tower Bridge pour la première fois en wingsuit et ont immortalisé leur vol historique avec le film Wings Through Tower Bridge. « C’est une sensation extraordinaire que de voler à travers un monument aussi emblématique », reconnaît Waltenspiel.
Athlètes : Marco Fürst et Marco Waltenspiel, Londres, Grande-Bretagne, 2024.
Voir la vidéo ici :
ÉTOILES FILANTES. En formation, la Red Bull Airforce et l’équipe Red Bull Skydive illuminent le ciel au-dessus de l’Arizona.
Athlètes : Amy Chmelecki, Andy Farrington, Jeffrey Provenzano, Luke Aikins, Marco Fürst, Marco Waltenspiel, Max Manow, Mike Swanson, Miles Daisher, Sean MacCormac. Eloy, Arizona, USA, février 2023.
« La peur du vide ? Non, plutôt un sentiment d’ancrage et de respect. Il n’y a que chez le dentiste que j’ai peur.» Marco Waltenspiel
LA MARQUE 4 4 DES SUISSES
Détendues par nature. Et idéales pour tous ceux qui aiment vivre à fond.
La nouvelle Crosstrek 4×4 et la nouvelle Impreza 4×4.
En ville, à la campagne ou à la montagne en toute décontraction : la nouvelle Crosstrek 4×4 est un exemple de polyvalence et de fabilité. Tout comme la nouvelle Impreza 4×4. Les deux modèles séduisent par leur équipement de série comprenant la dernière version du système d’assistance à la conduite EyeSight.
En outre, l’équipement de série comprend :
• Détendue par nature grâce à la technologie hybride effcace SUBARU e-BOXER
• Détendue par nature pour atteindre chaque destination grâce à la transmission intégrale symétrique permanente
• Détendue par nature lors de chaque trajet grâce à des solutions détaillées pratiques
subaru.ch
Modèles représentés : Crosstrek 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 174 g/km, consommation de carburant combinée : 7,7 l/100 km. Impreza 2.0i e-BOXER AWD Advantage, 136/16,7 ch, catégorie énergétique E, émissions de CO2 combinées : 166 g/km, consommation de carburant combinée : 7,3 l/100 km.
Drôle et mordant
Passé maître dans l’art des vidéos absurdes et foutraques sur les réseaux, Aditotoro met K.-O. les codes de l’humour alémanique.
Tel un Ninja à la coiffure improbable, il infiltre les tendances et les travestit à sa sauce depuis plus d’une décennie !
Mais non ?!
à cours d’idées.
se fait renverser par un tapis lors de notre séance photos.
Le métier de rêve numéro un de la Gen Z ? Selon les sondages, ce n’est plus médecin, ni pompier, encore moins acteur à Hollywood. Non. Désormais, les moins de 20 ans rêvent de faire de la création de contenu. Mais comment ? Voici le parcours de quelqu’un qui y est parvenu, sans l’avoir jamais vraiment cherché… Projecteur sur Adrian Vogt, 25 ans. Nom d’artiste : Aditotoro. Marque de fabrique : coupe au bol démodée, moustache et attitude pince sans rire. Le Bâlois cumule plus de 100 000 abonné·e·s sur Twitch, plus de 400 000 sur Instagram et plus d’1,5 million sur ses diférentes chaînes YouTube. Ajoutons encore sa présence sur TikTok, où il est suivi par près de 2,5 millions de personnes. Ses publications totalisent plus de 100 millions de likes et 800 millions de vues pour ses shorts. Pour un créateur de contenu suisse, Aditotoro touche un nombre
Moustache et coupe au bol : mettre le laid et l’absurde au goût du jour, un art de vivre pour Aditotoro.
vertigineux de personnes. Difcile, pourtant, de décrire ce qu’il fait. Peut-être parce qu’il fait tout. Ce rôle de créateur de contenu, Aditotoro l’interprète au sens le plus large possible : il fabrique, littéralement, du contenu. Il joue au ping-pong, fait du trampoline, saute d’un plongeoir, va de Milan à Munich en trottinette électrique et aligne 100 000 pas d’aflée. Il tente l’expérience de (sur)vivre sept jours en ne buvant que de l’eau (sous la supervision d’un nutritionniste), chante, dégomme des vannes, donne des conférences. Il est parfois seul, parfois accompagné d’autres énergumènes comme lui. Mais jamais sans sa caméra. En moyenne, il publie une vidéo par jour.
Parmi ses plus grands succès sur YouTube, impossible de ne pas citer la chanson de foot Füllkrug, enregistrée avec son ami et collègue créateur Paulomuc, une vidéo de quatre heures où il énumère tous les noms des villages allemands, ou encore celle sur le coronavirus inspirée du Zündhölzli de Mani Matter, sans oublier cette vidéo de six minutes tournée en 2023 où sa collègue autrichienne Hannah Tulnik et lui-même annoncent avec une bonne humeur contagieuse la fn de leur relation (sans l’avoir jamais ofcialisée auparavant).
Une recette qui marche à tous les coups ? « Les blagues sur les particularités régionales d’un canton à l’autre, explique Aditotoro, ou, plus largement, les vannes sur les diférences entre la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche. » L’humour de l’ancienne génération est élaboré, réféchi, rarement spontané. Tout le contraire de l’humour en ligne où, « souvent, une simple image accompagnée
Les moments de répit sont rares. C’est pour ça qu’il dort en sautant… ou qu’il saute en dormant.
d’une phrase suft. » Ses grands-parents rafolent de ses chansons. Et pour ce qui est de ses blagues ? « La plupart du temps, ils ne les comprennent pas », déplore-t-il.
Les contenus d’Aditotoro ne transmettent pas de message ni ne sont porteurs de sens. Ils ont simplement vocation à faire rire. « Si l’on connaît mes chaînes, on peut plus ou moins deviner où je me situe politiquement, mais je n’en fais pas tout un fan. »
Adrian Vogt prend le temps, et la pose, de la réfexion. « Je ne pense pas qu’il faille impérativement chercher à avoir une résonnance politique juste parce qu’on a une audience et que, théoriquement, on pourrait s’en servir. Si le personnage d’Aditotoro fonctionne, c’est parce qu’il ne se prend pas au sérieux. »
Il est animateur sur les réseaux sociaux, comme Stefan Raab l’était à la télé allemande, ou Arthur à la télé française. Le setting difère, cependant. Fondamentalement, l’humour repose sur un principe simple : la façon dont une blague est prononcée et la personne de qui elle émane vont déterminer la manière dont elle sera perçue. C’est ce qu’on appelle le cadre narratif. Lorsque Arthur apparaît à l’écran, ses fans s’attendent à ce qu’il soit drôle. Il peut l’être (ou pas, tous les goûts sont dans la nature), mais comme les fans sont déjà dans l’attente, il ne leur manque plus qu’une étincelle pour s’esclafer. La moindre (même mauvaise) vanne provoquent l’hilarité. C’est le même principe qu’au musée ou dans une salle de concert : le cadre force la légitimité. On sait que c’est de l’art, même si cela ne ressemble à rien d’extraordinaire.
« Ce qui marche à tous les coups ? Les blagues sur les particularités régionales d’un canton à l’autre, ou, plus largement, les vannes sur les différences entre la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche. »
Il y a peu de sports auxquels Aditotoro ne s’adonne pas, poil au doigt. Il est prêt à tout essayer.
Claquettes Adilette ou Birkenstock ?
Les deux font la paire, ou l’affaire.
Aditotoro ne connaît qu’une seule mesure : la sienne. Il fait ce qu’il trouve drôle, en partant du principe que ça fera aussi sûrement rire les autres. À la télé, cela ne marcherait pas, mais sur Internet, tout est possible.
On doit cette observation à Erving Gofman, qui décrit ce cadre d’interprétation comme un frame. Le problème de cet efet de cadrage, le framing efect, c’est que sans cadre, l’œuvre d’art n’est rien. Sans la télé, Arthur n’est pas marrant. Pour un créateur ou une créatrice de contenu sur Internet, les choses sont un peu diférentes : on peut, dans une certaine mesure, évoluer sans cadre. On se flme en train de faire des choses comme boire une bière, raconter des blagues ou déballer des expressions rigolotes en dialecte tells qu’on les ferait dans la vie réelle. Parce que le cadre est moins rigide qu’à la télévision, ce n’est peut-être pas aussi drôle qu’un spectacle de MarieThérèse Porchet minuté à la seconde près, mais c’est authentique.
Ne vous méprenez pas : Aditotoro est un pro qui ne connaît pas le repos. Chez lui, la frontière entre vie réelle et vie virtuelle est à l’inverse du Röstigraben : inexistante. Il a toujours une idée d’avance. Pas une minute ne passe sans qu’il ne rumine un prochain sujet. Et comme tout pro qui se respecte, il a une équipe de management qui l’épaule. Ce qui ne l’empêche pas de créer ses propres contenus : « J’écris mes blagues, je me flme et je monte mes vidéos tout seul comme un grand », souligne-t-il. Et en toute simplicité. Ses vidéos ont un dénominateur commun : la seule mesure qu’il respecte, c’est la sienne. Il fait des trucs qui le font rire en partant du principe que ça fera aussi sûrement rire les autres.
Cela ne marcherait pas à la télé, où chaque animateur·rice est entouré·e d’une équipe, d’un·e directeur·rice de programme. À la télé, c’est carré : on a un concept, et on s’y tient. Chaque émission a une tonalité à respecter, et se doit de correspondre à une certaine image. Sur Internet, tout (ou presque) est permis. C’est probablement pour cela qu’Aditotoro et son public se ressemblent tant. Deux tiers de ses abonné·e·s sont des hommes et le plus gros de ses fans est âgé entre 16 et 24 ans.
Le succès ne lui est pas tombé dessus par hasard. Il a même mis longtemps à arriver, comme le raconte Aditotoro lors de notre entretien-promenade dans Bâle. L’humoriste avait treize ans quand il a posté ses premières vidéos sur YouTube. Pendant des années, il n’a pas gagné un centime, et au départ, la plupart des vues, c’est à sa mère qu’il les devait (elle qui
continue d’ailleurs de zieuter ses vidéos). Aditotoro ne faisait pas cela pour devenir célèbre. Quand la Gen Z lui demande aujourd’hui des conseils pour se lancer dans la création de contenu, il répond qu’il faut « aimer flmer tout le temps ». Durant notre entrevue, il reste poli et avenant, réféchissant déjà à l’endroit où s’asseoir et boire un verre. Il répond adroitement, avec parcimonie, et aussi avec une grande justesse à chacune de mes questions, sans rouler des mécaniques ni se prendre au sérieux. IRL, son image est fnalement assez fdèle à celle qu’il cultive sur les réseaux sociaux. Le succès d’Aditotoro ne s’est pas déclaré du jour au lendemain. Il n’a pas posté de vidéo virale qui aurait soudainement changé le cours de sa vie. Au contraire, il a fait son petit bonhomme de chemin. « Rien ne sert de courir… », disait la tortue. Laquelle, à force de persévérance, de fabilité et de stabilité (n’est pas Suisse qui veut) a fni par se transformer en Tortue Ninja des réseaux. Le tour de force du maître réside dans l’efet de surprise : personne ne sait ce qu’il postera sur ses chaînes dans les jours à venir, mais tout le monde sait que quelque chose viendra. C’est en 2020 qu’Aditotoro a vu sa cote de popularité s’envoler (quand il délaisse le dialecte suisse-allemand pour parler « juste » allemand). Il s’est longuement tâté et s’est fnalement décidé à faire le saut, sans plus d’idées pour la suite. « Je ne suis pas du genre à checker les statistiques de mes publications souvent, précise-t-il, même s’il admet avoir besoin d’une certaine sécurité. Je dois quand même m’assurer de gagner assez d’argent pour en vivre. »
Le succès n’est pas tombé dans l’escarcelle d’Aditotoro du jour au lendemain. Il poste ses premières vidéos à l’âge de 13 ans. À l’époque, la plupart des vues venaient de sa mère…
Inscope21
« C’est l’un de ces créateurs qui sont depuis longtemps en place, il a notamment marqué la scène
YouTube germanophone. Il fait surtout de l’humour, parfois aussi des sujets plus sérieux. J’ai grandi avec lui, j’aime son humour et la manière dont il monte ses vidéos. Je l’admirais, il reste un modèle pour moi jusqu’à aujourd’hui. »
Instagram : @inscopenico
YouTube : @inscope21
Aditotoro et les gamins en folie
Quels
sont les comptes et qui sont les personnalités qui apportent de la joie à Aditotoro ? Sa palette va du commentateur sportif aux créateurs de contenu avec le cœur sur la main.
Dave
« Il y a deux façons d’être créateur de contenu. Soit on participe à de nombreux événements et on traîne souvent avec beaucoup de gens, soit on fait comme Dave et on raconte sa propre histoire. Il est une grande source d’inspiration pour moi, parce qu’il suit sa voie et qu’on sent qu’il travaille dur pour ses contenus. C’est un perfectionniste, dans le meilleur sens du terme. »
YouTube : @dave_
Malte Zierden
« Il est l’un des TikTokers les plus sympathiques que je connaisse. Il fait vraiment des actions formidables. Il a créé un refuge pour animaux en Ukraine et s’est rendu plusieurs fois dans les zones de guerre pour sauver les chiens abandonnés et blessés. Malte, c’est quelqu’un qu’on ne peut qu’apprécier. »
Instagram/TikTok : @malte.zierden
Rainer Maria Salzgeber
« Ça peut surprendre, mais j’admire vraiment Rainer Maria Salzgeber de la SRF. Il est tellement détendu, spontané et sûr de lui, tout semble facile avec lui. Même quand quelque chose de bête se produit, il en fait une super présentation, aucune gaffe ne le trouble. Il réussit quelque chose de vraiment spécial : rester authentique en toutes circonstances. »
Instagram : @rainer.maria.salzgeber
Yung Hurn
« Beaucoup connaissent Yung Hurn comme musicien, il est l’un des rappeurs les plus connus d’Autriche. Mais il est aussi le chouchou du public sur les réseaux sociaux. Il fait des vidéos géniales, tient des blogs drôles et a une vibe vraiment cool. Ce que j’aime surtout chez lui, c’est son esthétique. Ma chanson préférée, c’est Alleine. »
Instagram : @y.hurn
YouTube : @yunghurnofficial4894
Enfant, Aditotoro grandit à la campagne, dans une ferme réaménagée, avec des parents souvent à la maison : sa mère tient un magasin de feurs, son père dirige un bureau d’études en ingénierie. Il rêve de devenir animateur radio ou commentateur sportif à SRF. « J’enregistrais des chansons qui passaient à la radio sur un vieux magnéto à cassettes et je faisais moi-même la présentation entre les titres, raconte-t-il. En grand fan de Rainer Maria Salzgeber et Sascha Ruefer, je passais des heures devant la télé à regarder les retransmissions de tennis, de ski et de foot. » Il admirait cette totale liberté d’expression.
Rêvant de suivre le chemin de ses idoles, il entre dans une école de commerce et termine avec un CFC en poche. Après une année dans une banque, il obtient un stage à Basilisk, la radio locale de Bâle, convaincu que son rêve va bientôt se réaliser. Quand il a l’occasion de coproduire l’émission matinale, on ne le laisse pas prendre le micro. Il aime faire de la radio mais s’ennuie. Trop de règles, pas assez de liberté. C’est peut-être à ce moment-là que germe l’idée qui va bouleverser sa vie : il n’a qu’à faire, tout seul, ce dont il a envie. À l’époque, il a pour modèles Joko & Klaas et Hazel Brugger, des personnalités déjà présentes sur les réseaux sociaux qui ont fait leurs premiers pas sur des scènes de slam ou à la télé.
Le métier de ses rêves, gamin ?
Animateur radio !
« Avec un vieux lecteur de cassettes, j’enregistrais des chansons qui passaient à la radio, puis je faisais moi-même la présentation entre les morceaux. »
La caractéristique la plus « suisse » de sa personnalité ? Sa fiabilité.
Aditotoro emprunte le chemin inverse, car il réalise qu’il n’a pas besoin d’avoir une image lissée sur Internet. Ironie de l’histoire, c’est précisément pour cela que la télé fnit par s’intéresser à lui : en 2021, il interviewe l’ancien conseiller fédéral Alain Berset pour une émission d’infos satirique sur la SRF.
Bien qu’il fasse une apparition cet automne sur ProSieben dans l’émission TV total Turmspringen (une émission culte
initiée par Stefan Raab, qui invite des célébrités à performer des plongeons), c’est sur le web, avec son authenticité, sa spontanéité et son côté imparfait, qu’Aditotoro révèle tout son potentiel et capte son public. Instagram : @aditotoro
DES AIIILES POUR L‘HIVER.
NOUVEAU
STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.
Ça roule pour Jana
Jana Kesenheimer participe à sa première course d’ultra-cyclisme en 2020. Quatre ans plus tard, elle remporte l’un des concours les plus brutaux du monde. Portrait d’une femme qui aime se dépasser.
Dans les courses cyclistes auxquelles elle participe, Jana Kesenheimer est complètement seule. À quelques détails près, elle doit même planifier tout son parcours.
Les routes de montagne sont exactement le terrain de jeu de Jana : pas moyen de reprendre son souffle.
Quand Jana Kesenheimer arrive à Barcelone après 7 jours, 21 heures et 37 minutes, elle est épuisée mais ravie.
Elle vient de boucler le Three Peaks Bike Race 2021, un véritable calvaire de 2670 kilomètres pour 31 810 mètres de dénivelé positif ralliant la capitale autrichienne à la capitale catalane...
Elle est la plus rapide des athlètes féminines à terminer le Three Peaks Bike Race 2021avec un écart considérable sur ses concurrentes ; seuls quatre athlètes masculins franchissent la ligne d’arrivée avant elle. À l’époque, cela ne fait qu’un an que Kesenheimer participe à des courses d’ultracyclisme. Une progression éclair qui n’a pourtant rien à voir avec le hasard. Originaire d’Allemagne et vivant à Innsbruck depuis sept ans, Jana Kesenheimer a grandi dans une famille très sportive. À 18 ans, elle court ses premiers marathons, puis enchaîne avec le triathlon. Le vélo, elle l’a commencé au berceau, mais c’est dans les Alpes qu’elle réalise toute l’étendue de son potentiel. « J’ai compris que j’étais une cycliste solide, surtout quand la route montait. » Et comme elle est très compétitive, elle veut prouver ses talents sur les courses. Elle participe au Marathon cycliste des cinq lacs de Mondsee, à l’Alpengiro, puis au Tour des Dolomites. Mais son objectif principal reste le marathon cycliste de l’Ötztal, une classique de 227 kilomètres avec quatre cols alpins au menu. « Je voulais être la plus jeune cycliste à rentrer dans le top 10 », explique la trentenaire. Elle se prépare minutieusement, s’entraîne dur, mais fait une terrible chute deux semaines avant le départ.
Jana est en pleine descente, la colonne de voitures devant elle se dissipe lentement. Elle temporise à 50 km/h, alors qu’elle va normalement presque deux fois plus vite dans cette portion. Mais soudain, sa roue avant se coince dans une fissure de l’asphalte. Projetée par-dessus le guidon, elle s’écrase sur le bitume en plein sur le menton. Résultat : triple fracture de la mâchoire et un vélo bon pour la casse.
« La période qui a suivie a été difficile, confie-t-elle. Il m’a fallu du temps avant de pouvoir me relancer dans des descentes sans paniquer. » En même temps, elle s’est sentie envahie par un immense soulagement car jusque là, elle n’avait jamais réalisée à quel point elle se mettait la pression. « Ça a été un choc de voir à quel point ce loisir avait pris une place énorme dans ma vie. » Elle décide alors de mettre son programme d’entraînement et l’Ötzi entre parenthèses et de faire juste ce qui lui plaît : du vélo, certes, mais autrement. Kesenheimer se souvient alors de ce bikepacking de 2 500 kilomètres jusqu’à Lisbonne entrepris avec une amie à la fin de leurs études. Elles avaient prévu trois semaines de voyage et bouclent leur aventure en seulement douze jours. Voilà ce qu’elle veut refaire !
En 2020, Jana participe pour la première fois au Three Peaks Bike Race. Départ de Schönbrunn, à Vienne, puis direction Nice. Elle n’emporte que le strict nécessaire.
Jamais sans ma bécane : dès sa plus tendre enfance, Jana fait de longues excursions à vélo en famille. Elle continue aujourd’hui, même si elle est seule en compétition.
Jana ne s’offre que rarement un hôtel pendant une course. La plupart du temps, elle bivouaque dans des endroits qui lui plaisent après une journée de vingt heures à pédaler.
Pour rendre l’ultracyclisme un peu plus supportable, Jana recommande d’écouter des podcasts et surtout d’avoir toujours un coupefaim à portée de main.
Mais chassez le naturel, il revient au galop. « Dans tout ce que j’entreprends, j’ai cette envie irrépressible de pousser les choses à l’extrême », avoue Kesenheimer. Et c’est littéralement ce qu’elle fait en s’inscrivant à sa première épreuve d’ultracyclisme, le fameux Three Peaks Bike Race, avec trois sommets à la clé. L’ultracyclisme est une discipline cruelle. Celles et ceux qui ont entendu parler du Race Across America en savent quelque chose. Les athlètes avalent des milliers de kilomètres d’affilée et doivent souvent gravir des dizaines de milliers de mètres de dénivelé. Les pauses ? Elles se limitent à quelques minutes. Plus de trois ou quatre heures de sommeil par nuit ? Impossible (selon Jana, la privation de sommeil en est « le pire aspect »).
C’est un sport extrêmement exigeant, tant physiquement que mentalement. En plus, les courses auxquelles participe Jana sont autosuffisantes, autrement dit, elle est entièrement livrée à elle-même. Aucune
Parmi les quelques objets que Jana emporte systématiquement lors de ses tours, l’indispensable brosse à dents. Sinon, en ultracyclisme, il faut se contenter du minimum : peu de bagages, peu de repos, peu de sommeil.
Parfois, se rafraîchir dans une fontaine est le seul moyen de garder la tête froide. Ça coule de source, surtout quand on fait 300 kilomètres avec des dénivelés vertigineux et des températures supérieures à 30 °C.
assistance n’est autorisée, même en cas de panne, et c’est elle qui doit planifier la plus grande partie de son itinéraire. Seuls quelques points de contrôle sont imposés par l’organisation. Des épreuves dantesques qui suscitent pourtant un regain d’intérêt avec un nombre de participation en hausse. Kesenheimer devient rapidement une star de la discipline.
jana kesenheimer : Ce qui est particulier, c’est qu’il n’y a pas de motivation extérieure. Il ne s’agit pas de monter sur un podium, il n’y en a pas à l’arrivée. Oubliez aussi l’aspect fnancier, aucun prix n’est attribué. C’est complètement destructeur de se comparer aux autres, parce qu’il s’agit de rester le plus possible concentré sur soi. En résumé, l’ultracyclisme c’est quelque chose que l’on ne fait vraiment que pour soi… et il faut aimer soufrir un peu.
the red bulletin : Donc il faut être un peu maso. C’est clair que ça joue un rôle. Je crois que beaucoup de gens connaissent cette sensation, cette sorte d’intense satisfaction quand on repousse ses limites physiques pour atteindre un objectif, sans que cela devienne trop dangereux. C’est ce que l’on appellerait du masochisme d’un point de vue psychologique.
Les aspects mentaux du cyclisme, Jana Kesenheimer en connaît un rayon. Psychologue à l’université d’Innsbruck, elle a mené des recherches poussées sur le sujet. Bien que spécialisée en psychologie environnementale, son hobby la rattrape dans ses études : Jana a par exemple découvert que le cyclisme pouvait avoir un effet auto-thérapeutique, même si inconsciemment, elle s’en doutait déjà.
À quinze ans, Kesenheimer développe un trouble alimentaire. Cela commence innocemment quand elle décide de se passer de chocolat à Pâques. Puis elle finit par ne plus rien manger du tout. À ce moment-là, ce côté obstiné qui est aujourd’hui sa plus grande force dans les courses longue distance se retourne contre elle. « Je m’étais mis une idée en tête : je voulais être en contrôle total de mon corps », explique-t-elle. Pendant deux ans, l’adolescente souffre d’anorexie. Elle s’en sortira seule, notamment en réalisant que ce comportement compulsif ne la mènera nulle part, surtout d’un point de vue sportif.
jana kesenheimer : J’ai réussi à transformer l’énergie destructrice en positif. Dans l’ultracyclisme, je peux exploiter cette facette de ma personnalité de manière saine et socialement acceptable. Désormais, je vois cela comme une force, et plus comme une pathologie.
Comment tu te sens aujourd’hui au niveau de l’alimentation ?
Grâce à l’ultracyclsime, j’ai appris que je devais être bienveillante avec mon corps et qu’il fallait gérer mes forces. C’est pourquoi je ne me priverai plus jamais de quoi que ce soit. Pendant les courses, manger le plus possible est essentiel.
Quels sont les meilleurs coupe-faim selon toi ?
Les M&M’s. Ça marche toujours. De préférence en paquet de 400 grammes.
Cet instant mémorable où l’on franchit la ligne d’arrivée du Three Peaks Bike Race pour la première fois : en 2020, Jana met une semaine pour aller de Vienne à Nice.
Lors du Transcontinental Race 2024, Jana traverse l’Europe en onze jours seulement. Plus rapide des concurrentes féminines, elle termine 13e du classement général.
À l’arrivée, Jana est heureuse quand elle sait qu’elle a donné le meilleur d’elle-même, et qu’elle a dévoré la course à pleines dents.
Mais les sports extrêmes laissent d’autres cicatrices. Depuis une compétition au printemps dernier, deux de ses doigts sont insensibles. Forcément, Jana n’est pas du genre à proclamer que les courses d’ultra ne se gagnent qu’avec la tête. Ça reste malgré tout « une charge énorme pour le corps ». Lors de la seule course qu’elle a dû abandonner jusqu’à présent, son dérailleur avant se casse dès le premier jour. Toujours aussi têtue, Jana décide tout bonnement de taper dessus chaque fois qu’elle veut changer de vitesse. Pas vraiment idéal. Le deuxième jour, incapable de changer correctement de vitesse, elle développe une grave inflammation du genou et bien malgré elle, se voit obligée d’abandonner. Elle connaîtra par la suite un gros passage à vide mais aura au moins acquis une certitude : abandonner reste toujours une option.
Combien de fois te dis-tu, lors d’une course normale, « ça suffit maintenant » ?
Il y a plusieurs phases où je me demande pourquoi je fais ça. Cela paraît parfois totalement absurde, car
on se pousse à l’extrême, on se prive de sommeil, alors que d’autres continuent de mener une vie normale. La course ne se passe que dans la tête, et c’est parfois très difcile de rester motivée. Il arrive un moment où tout cela ne fait plus aucun sens.
Et ensuite ?
J’ai appris, et je pense que quiconque a déjà roulé plus de cent kilomètres comprendra ce que je veux dire, que ça fnit par s’améliorer. Il faut avoir des petites astuces pour ne pas craquer.
Quel genre d’astuces ?
Pour me distraire, j’aime bien écouter des podcasts. Sur des faits-divers criminels par exemple. J’ai aussi appris que dans une course d’ultra, il faut avancer au jour le jour. Ça m’aide de visualiser un objectif, comme par exemple imaginer quel goût aura le premier croissant que je vais manger en France. Ce sont toujours des objectifs qui touchent au domaine des émotions.
Une tactique qui l’a menée loin, et même très loin, comme en 2022 lorsqu’elle remporte la course
Trans Pyrénées (35 000 mètres de dénivelé positifs de l’Atlantique à la Méditerranée aller et retour) avec une journée d’avance sur la seconde athlète féminine.
La même année, en Suisse, elle réalise le meilleur chrono du Dead Ends & Cake avec un temps de 28 heures et 42 minutes sur environ 450 kilomètres pour 10 000 mètres de dénivelé positif et se classe cinquième au général. Et elle ne doit pas cela uniquement à son talent ou à son obstination.
Pour rester au top, Jana fait du vélo presque quotidiennement et au moins 300 000 mètres de dénivelé positif par an. Elle fait de la musculation une ou deux fois par semaine et autant de séances de kiné. Au cours de l’année, elle participe à trois ou quatre courses d’ultra-endurance, pas plus, sinon elle ne pourrait plus se donner à 100 %, sans compter qu’elle passe déjà toutes ses vacances et la plupart de son temps libre sur son vélo. Elle ne fait plus non plus de marathons cyclistes, à l’exception de l’Ötzi qu’elle termine en 2021 en se classant dans le top 10. « Je suis heureuse de ne plus jamais avoir à le refaire », dit-elle. Elle peut désormais se consacrer entièrement à l’ultracyclisme. Une nouvelle aventure l’attend : la Transcontinentale. Épreuve reine de l’ultra-endurance autonome, elle traverse toute l’Europe. Cette année, le parcours part de Roubaix et se poursuit jusqu’à Istanbul, soit environ 4 000 kilomètres pour 45 000 mètres de dénivelé positif. C’est cette course qui a motivé Jana à pédaler jusqu’à Lisbonne à l’époque. Elle a encore du mal à croire qu’elle y participe enfin. « J’ai un respect immense pour cette épreuve », dit-elle. Mais elle est confiante. Ses succès passés lui ont donné de l’assurance. Elle aborde le TCR comme n’importe quelle autre course. « Si j’arrive au bout en ayant tout donné, je serai en paix avec moi-même. » Si tout marche selon ses plans, elle a prévu de terminer en onze jours. Mais il faudra que tout soit vraiment parfait. Finalement, elle mettra 11 jours, 3 heures et 57 minutes. Une fois de plus, Jana est la femme la plus rapide.
Instagram : @jananas.banjana
LE SPORT DE DEMAIN
Des robots qui servent comme Novak Djokovic, un public qui vote la tactique à adopter et des nanorobots qui stimulent les muscles : Sascha L. Schmidt mène des recherches sur l’avenir du sport. Voici quelques-unes des avancées qui nous attendent.
son ou sa prochain·e adversaire.
The red bulletin : Si nous nous rendions à l’Euro 2044 à bord d’une machine à voyager dans le temps, le foot serait-il diférent de celui de 2024 ? sascha l. schmidt : Autant sur une année, nous avons tendance à surestimer les évolutions technologiques qui peuvent se produire, autant sur une décennie, nous les sous-estimons souvent. Il y a vingt ans, personne n’aurait pu imaginer que des caméras pilotées par l’intelligence artifcielle détermineraient s’il y a hors-jeu ou non, ni que le ballon serait équipé de capteurs capables de détecter une faute de main. Pourquoi ne pourrions-nous pas assister à la fnale de l’Euro dans un espace virtuel d’ici vingt ans ? Ou trouver normal d’avoir des robots arbitres ?
Vous pensez que les supporteurs et supportrices ne feront plus des pieds et des mains pour se procurer des billets pour la fnale de 2044 ?
Le stade de Manchester est d’ores et déjà visible dans son intégralité dans le métavers. Il me sufra donc d’enfler des lunettes de réalité virtuelle et, en tant qu’avatar, je serai aux premières loges pour regarder le match entre amis, le tout depuis mon canapé. De la même manière, un milliard de personnes pourront suivre la fnale dans un stade virtuel.
Qu’est-ce qui pourrait changer dans la manière dont les événements sont retransmis à la télévision ?
Il pourrait y avoir par exemple des expériences personnalisées pour le public : nous regarderions tous les deux le même match, mais votre expérience serait très diférente de la mienne. Parce que l’algorithme saurait par exemple que vous avez envie de voir plus souvent l’entraîneur ou encore la perspective du gardien de but quand l’attaquant court vers lui. À terme, il n’y aura plus d’expérience commune du jeu du point de vue du public.
Qu’en serait-il de l’ambiance générée par les chants de quelque 20 000 fans écossais·es dans une tribune, de la liesse collective lors d’un but, de l’indignation générale en cas de faute ?
La solution pourrait être un hologramme. Vous seriez au stade de Düsseldorf avec 54 000 supporteurs déchaînés, moi avec 75 000 personnes à Munich, Paris ou Tokyo. La fnale serait retransmise dans chaque stade et les joueurs y évolueraient sous forme d’hologrammes sur la pelouse, encouragés par de véritables supporteurs dans les tribunes.
La technologie pourrait-elle également permettre au public d’avoir une plus grande infuence sur le jeu ?
Bien sûr ! En Formule E, il y a déjà eu le FanBoost, qui permettait aux spectateurs de donner un surplus de puissance à certains pilotes. Ce genre de choses serait théoriquement aussi envisageable à l’avenir avec des nanorobots. Aux États-Unis, il existe une ligue de football américain où les fans peuvent se connecter via des NFT et participer au déroulement du match, par exemple en votant sur la stratégie de jeu à adopter ou sur les transferts. Bientôt, ils toucheront aussi des bénéfces – comme des actionnaires.
J’entraîne des jeunes dans un club de foot. Comment la technologie pourrait-elle m’aider à faire comprendre à mon équipe que dans certaines situations de jeu, il est plus judicieux de faire une passe que de dribbler, ce qu’ils et elles adorent faire ? Ce que vous évoquez a un nom : c’est une fonction exécutive chez un joueur –prendre la bonne décision à un moment donné. Des clubs comme le Bayern Munich ou le RB Leipzig ont déjà fait construire des salles d’entraînement avec des écrans interactifs à 360 degrés qui permettent de simuler des séquences de
Prof. Dr. Sascha L. Schmidt
Né en 1971 à Hagen en Allemagne, il a fondé le Center for Sport and Management à la WHU – Otto Beisheim School of Management à Düsseldorf. L’économiste étudie l’avenir du sport en collaboration avec des scientifiques issus de différentes disciplines. Son dernier livre : 21st Century Sports: How Technologies Will Change Sports in the Digital Age
jeu et d’améliorer le temps de réaction des joueurs. La société Beyond Sports met à la disposition de clubs comme l’Ajax Amsterdam des lunettes de réalité virtuelle qui permettent de revivre des séquences d’un match.
Sera-t-il bientôt possible de créer artifciellement des adversaires et de simuler une confrontation avec elles et eux ? Il y aura deux évolutions : la première est celle des jumeaux numériques, qui consiste à créer le double d’un ou d’une athlète spécifque à partir d’enregistrements vidéo ou de statistiques de performances. Cela permet de simuler un afrontement contre cette personne ou de se mesurer à sa forme physique, par exemple dans le cadre d’une course cycliste virtuelle. C’est quelque chose qui se fait déjà plus ou moins aujourd’hui. Le deuxième scénario est celui des robots humanoïdes contrôlés par l’IA, que l’on pourrait paramétrer pour qu’ils imitent fdèlement un style de jeu. Par exemple, si vous avez un robot de tennis, vous pourriez le programmer pour qu’il joue comme Novak Djokovic. Et donc, la balle passerait par-dessus le flet exactement de la même manière, avec la technique de frappe, le slice, la puissance, la longueur d’un coup droit ou d’un service de Novak Djokovic. Cela vous permettrait d’améliorer votre retour. Et vous pourriez aussi vous préparer à votre prochain match en paramétrant le robot pour qu’il imite le style de jeu de votre adversaire.
Si je fais du sport avec un robot et que je me rends compte que ça fonctionne, est-ce que j’aurai plus facilement tendance à accepter la présence de robots
Les stades restent un lieu incontournable du sport. Bientôt, des matches disputés dans d’autres enceintes pourraient y être retransmis par hologramme.
L’IA permet une gestion de plus en plus personnalisée des entraînements.
La prochaine étape ? Des robots humanoïdes qui accompagneraient un entraînement tout en l’évaluant.
Faux frères ! Équipés de lunettes de réalité virtuelle, les athlètes peuvent affronter des jumeaux numériques créés par l’IA afin de s’entraîner et de recréer certaines situations.
LES E-
sportifs et e-sportives prennent jusqu’à huit décisions à la seconde.
Avec des implants, cela pourrait aller bien au-delà.
dans mon quotidien ? Qu’il s’agisse d’un aspirateur ou bien d’un robot qui s’occuperait de mes grands-parents ?
Pourquoi les gens ont-ils des réticences ?
Souvent parce qu’ils n’ont pas sufsamment de connaissances ou d’expérience en la matière. Je suis convaincu que le sport peut contribuer à faire tomber les barrières technologiques comme psychologiques.
Les personnes qui utilisent un cardiofréquencemètre pour leurs séances de running seront plus susceptibles de suivre leur sommeil avec une montre connectée. Les wearables sont très répandus dans le sport amateur. Quand je fais du vélo, j’ai une ceinture cardio qui contrôle mon rythme cardiaque, le pédalier mesure la puissance développée en watts et le compteur enregistre le dénivelé. Est-ce qu’il y a encore quelque chose qui n’est pas tracké ?
Absolument pas. Il faut penser aussi au domaine des pilules et implants intelligents. Lors du marathon des championnats du monde de Doha en 2019, des pilules équipées de puces électroniques ont été utilisées pour mesurer la température interne des athlètes et ainsi prévenir les risques de coup de chaleur. Si l’on se projette très loin dans l’avenir, il y aura des nanorobots, c’est-à-dire de minuscules robots de la taille d’un grain de sable, que l’on pourra faire passer dans la circulation sanguine pour prévenir les blessures, mais aussi pour stimuler les muscles.
Quels sont les changements à venir en matière d’équipements sportifs ?
Les magasins de sport seront amenés à changer du tout au tout : à la place de lieux destinés à la vente de marchandises, on aura des espaces d’expérimentation, avec une vaste extension des techniques d’analyse. Vous n’achèterez donc plus simplement le modèle de raquette de Roger Federer produit à la chaîne, mais une raquette 100 % adaptée à votre style de jeu et à votre morphologie. Aujourd’hui, pour tester vos chaussures, vous courez quelques mètres dans le magasin. Dans le futur, votre course sera analysée sur une longue distance, pour savoir ce qu’il vous faut pour les dix derniers kilomètres.
On disposerait alors de l’équipement parfait, mais cela n’empêcherait pas de s’entraîner par exemple avec une mauvaise technique de course ou de tir...
Une IA qui vous parlerait via votre montre connectée ou vos AirPods pour vous signaler vos erreurs, ce n’est pas une idée totalement futuriste. L’intelligence artifcielle pourrait permettre de mieux cibler la gestion de l’entraînement et la prévention des blessures. La prochaine étape serait un robot humanoïde capable d’accompagner un entraînement tout en l’évaluant – et comme il se base sur des données, il serait même plus apte à le faire qu’un être humain. Même l’entraîneur de foot allemand Julian Nagelsmann n’a pas toujours l’historique complet des blessures de chacun de ses joueurs sous la main.
La psychologie est d’une importance capitale dans le sport. Une IA sauraitelle trouver les mots justes dans les vestiaires si l’équipe est menée 2 à 0 ? Pour ce qui est de l’analyse des données, oui. Mais la psychologie, c’est bien plus que des chifres. Si Jürgen Klopp dit exactement la même chose qu’un autre entraîneur dans les vestiaires, les joueurs seront tout de même plus sensibles à son discours. Même si la robotique et l’IA vont continuer de s’améliorer dans ce domaine et devenir plus empathiques, une machine ne pourra jamais vraiment remplacer un entraîneur pour la causerie d’avant-match ou pour une accolade avec un joueur. Cependant, même un Jürgen Klopp pourrait tirer proft d’un robot d’entraînement qui lui indiquerait les axes d’amélioration.
Comment le corps des athlètes va-t-il changer ?
Le meilleur exemple est le sport paralympique, où les athlètes ont besoin de prothèses et établissent de nouveaux records grâce au développement de ces dispositifs. Ou encore les personnes âgées, qui ont besoin d’une prothèse de hanche ou de genou. On peut dès lors imaginer avoir en face de soi des personnes d’apparence tout à fait normale, mais qui ont des pièces en titane dans le pied, ce qui rend leur tir deux fois plus puissant. La binarité s’estompe progressivement. On ne peut plus faire de distinction claire : l’être humain d’un côté, la machine de l’autre. Ce qui nous place devant de nouvelles interrogations : qui pourra encore participer à telle ou telle compétition ? Ou devrait-il y avoir une catégorie ouverte, dans laquelle tous les dispositifs d’aide seraient autorisés ?
Quelles catégories seraient envisageables ?
Il y en a cinq. Le premier groupe serait donc l’athlète normal sans assistance technique. Le deuxième, c’est l’athlète
avec une aide technologique, comme par exemple l’athlète paralympique, mais cela inclut également les exosquelettes, par exemple les dispositifs d’aide à la course, qui permettent d’atteindre des vitesses incroyables ou de devenir beaucoup plus fort. On pourrait envisager de munir les athlètes de ce genre de combinaison robotique afn de gommer les diférences d’âge, de poids et de sexe. Cela permettrait à un septuagénaire d’afronter un jeune de 20 ans. Ce serait génial, déjà !
Nous n’en sommes qu’à la deuxième catégorie, il en reste trois… Exact. La troisième catégorie est celle des robots athlètes, qu’ils s’afrontent sur un ring de boxe ou qu’ils jouent aux échecs. Il y a déjà quelques exemples : la Coupe du monde de football des robots autonomes ou encore des voitures de course pilotées par l’IA dans une série Indy dédiée aux États-Unis. Il n’y a personne dans le cockpit, et c’est plutôt entre les ingénieurs logiciels que la compétition se joue. Le quatrième groupe serait celui des athlètes « mentaux ». Les précurseurs sont noatemment les e-sportifs et e-sportives, qui disposent de capacités étonnantes en matière de vision périphérique, visualisation spatiale et vitesse de réaction. Un e-sportif prend jusqu’à huit décisions à la seconde. Avec des implants cérébraux, cela pourrait aller bien au-delà.
Et la cinquième catégorie ?
Ce serait des sportifs virtuels, c’est-à-dire un hologramme ou un avatar qui en affronterait un autre. Il y a déjà des combinaisons très intéressantes : au taekwondo, par exemple, deux combattant·e·s, homme et femme, équipé·e·s de capteurs, peuvent s’afronter de manière virtuelle. En pratique, l’absence de contact physique retire tout avantage à l’homme, qui est plus fort. Les deux athlètes sont équipé·e·s de capteurs et leurs mouvements sont directement transposés en temps réel dans des avatars de force équivalente.
Si les personnes handicapées disposaient de technologies qui les rendaient aussi performantes que les personnes non handicapées, voire plus, est-ce que cela ne pourrait pas changer notre regard sur le handicap ?
Dans ce domaine aussi, le sport pourrait être un précurseur, non ?
Le potentiel est énorme pour le sport paralympique dans son ensemble. Il y a une phrase que j’aime à ce sujet : “The old odd becomes the new cool”
Ce qui revient à dire que l’athlète jusqu’alors limité devient le plus cool.
Freestyle Nation
Que ce soit dans toutes les playlists ou encore en tant que secret bien gardé : avec Red Bull 60 Seconds, des artistes de tout le pays prouvent leur talent. Avec sa diversité toute helvétique, la scène hip-hop est aussi grandiose que variée.
Le concept est simple, le défi est de taille : un micro, une instru et soixante secondes pour balancer un freestyle. À ce jour, une soixantaine d’artistes ont produit un morceau de cette manière. Nous vous en présentons dix, des noms bien établis dans la scène, mais aussi des talents à suivre de près. Car l’année prochaine, on passera des réseaux sociaux à la scène live. Restez connecté·e·s !
Dans la musique de Lakna, différentes influences se mêlent. Ce qui est toujours présent chez cette artiste hip-hop : du R&B anglophone.
Lakna
se situe dans l’afropop et envisage de conquérir la France.
« Seul comme un solo de sax / Seul comme un solo /T’es seul comme un solo de sax », résonne la voix magnétique de Lakna sur le refrain de son titre éponyme. Cette dernière n’en finit plus de captiver l’auditoire, en Romandie tout comme dans la capitale de l’Hexagone, où elle s’est installée depuis peu. De son propre aveu, l’artiste
mi-suisse, mi-burkinabée, admet avoir opté pour la France afin de franchir un palier dans sa carrière, elle qui a longtemps écumé les événements prestigieux de Suisse romande tels que le Paléo et Montreux Jazz Festival. Souvent cataloguée comme une figure R&B, Lakna considère davantage son univers tourné vers l’afro-pop, genre qu’elle a su cultiver au gré de ses disques. Dernière sortie en date, l’EP (UTC-0) dont l’intitulé fait écho au fuseau horaire du Burkina Faso, est un clin d’œil à ses origines. Avec pour fil rouge son métissage, le cinq-titres se mue en melting-pot de ses influences :
« Mes goûts varient selon la saison. En ce moment, l’ambiance est plutôt ensoleillée. »
« Mes principales sources d’inspiration sont des artistes comme Amaarae, Aya Nakamura ou H.E.R. De manière générale, j’adore le R&B anglais mais mes goûts varient souvent selon la saison. » À l’écoute du projet, on devine l’attrait de Lakna pour les performances live, tant l’ensemble résonne comme quelque chose de résolument organique dans sa conception. Un second opus est prévu afin d’accompagner l’EP, dont le choix du nom trotte déjà dans la tête de la chan-
Nom Lakna Zerbo Âge 22 ans Représente Fribourg Nb d’écoutes sur Spotify par mois 5 901; Instagram @itslordlakna
teuse fribourgeoise : (GMT+1), en référence au fuseau horaire de la Suisse. « J’aimerais ramener des sonorités bien plus solaires que sur (UTC-0). Actuellement, je m’entoure d’une équipe parisienne pour coordonner mes futurs projets et, enregistrer en studio ! »
KT Gorique
Que ce soit dans la musique ou le cinéma, cette artiste cartonne.
« L’écriture avant le blase/Le cœur avant les liasses, tu t’rappelles ?/Soldat du hip-hop à la vie, à la mort », rappe KT Gorique sur l’intro de son album Tentative de survie Huit ans après la parution de ce premier disque (qui contient des feats avec Senamo et Hugo TSR), l’artiste n’a rien perdu de sa superbe, écumant les scènes avec la même énergie qu’à ses débuts. Matrixée par les Fugees, Missy Elliott, Keny Arkana, Bob Marley ou encore DJ Arafat, la Valaisanne se plonge très tôt dans la culture Hip-Hop. Déjà en 2012, celle-ci se révèle aux
La Valaisanne allie des lyrics percutants à du trap soulful. À 21 ans, elle est la première femme à remporter le championnat du monde de freestyle rap.
Nom Caterina Akissi Amenan Mafrici Âge 33 ans Représente Martigny Nb d’écoutes sur Spotify par mois 47 300 Instagram @ktgoriquelavraie
yeux du monde avec End Of The Weak ; première Helvète, première femme ainsi que plus jeune participante à remporter la célèbre compétition de freestyle rap. Repérée dans la foulée par le réalisateur français Pascal Tessaud, KT Gorique impressionne au cœur du long-métrage Brooklyn centré sur le parcours d’une jeune rappeuse en devenir, un vrai rôle de composition. Elle est aussi à l’aise devant la caméra sur le grand écran que sur le petit, notamment dans la première saison de Nouvelle École, série diffusée sur Netflix. Bien que déjà en place dans le milieu avec de nombreux projets au compteur, KT s’est lancée dans l’aventure télévisuelle en 2022, avec, pour fait d’armes, un battle mémorable ainsi
qu’une cinquième place méritée, renforçant davantage sa fanbase grandissante. Paru quelques mois plus tard, son EP New Babylon lui permet d’obtenir le précieux sésame qu’est le Best Act Romandie. Décerné lors de la cérémonie des Swiss Music Awards, le prix récompense chaque an-
née les meilleur·e·s artistes suisses. Avide de nouvelles expériences, la native d’Abidjan a récemment revisité les titres de sa discographie version symphonique avec l’Orchestre de Chambre de Genève, et prévoit quelques surprises pour la fin de l’année.
est fier de son succès. Il a désormais d’autres priorités.
Des disques d’or aux millions de streams, en passant par une nomination aux Swiss Music Awards, Xen compte depuis des années parmi les leaders du rap en Suisse. Mais tout le monde commence au bas de l’échelle et il n’a pas fait exception. À l’époque, c’est un CD du rappeur américain Tupac qui lui fait décou-
Nom Shkelzen Kastrati Âge 34 ans
Représente Dietikon (Zurich)
Nb d’écoutes sur Spotify par mois 102 700 Instagram @xenofficial
vrir et aimer le rap. Il ne lui faut pas longtemps pour se retrouver lui-même en studio, et son premier album sort en 2015. Le Zurichois se rend vite compte que son talent peut lui permettre de viser plus haut. « Après cet album, j’ai compris que je pouvais aussi gagner de l’argent en faisant du rap. En l’espace d’un an, on a décroché un disque d’or. À l’époque, je pensais qu’il y aurait 500 personnes tout au plus qui achè-
teraient l’album, mais en fait, il y en a eu des milliers. » C’est donc avec une certaine fierté qu’il repense aux années passées. Si Xen avait un conseil à donner à son jeune moi, ce serait le suivant : « Reste comme tu es et sois fort. Je suis fier d’être là où j’en suis aujourd’hui. Mais je lui conseillerais quand même d’être un peu moins rancunier. Il y a des choses sur lesquelles j’aurais pu lâcher prise plus rapidement. » S’ensuivent quatre autres albums et plusieurs singles qui rencontrent un grand succès. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le titre Alé a déjà été écouté plus de 4 millions de fois. Quant à Motivé, il a dépassé les 5 millions de streams. Sa volonté de réussir se ressent dans ses textes : “Ich ha immer meh welle. Vorem Komma noch chli meh Stelle.” (trad. J’en ai toujours voulu plus. Un peu plus de place avant la virgule), rappe-t-il dans son single phare, Meh welle. Toujours
fidèle à son style au fil des ans, les patterns de rimes de Xen lui donnent une identité unique. Et il peut compter sur une vaste communauté de fans : « Si ma carrière musicale s’arrêtait aujourd’hui, je serais heureux quand même. J’ai beaucoup apporté au rap suisse et j’ai moi-même beaucoup appris. J’ai accompli tout ce que je voulais. » Xen est manifestement satisfait de la trajectoire qu’il a suivie. Et son évolution aussi s’entend dans ses textes. Dernièrement, il a sorti un single intitulé Vater vo 3, qui reflète ses nouvelles priorités dans la vie : « Quoi qu’il puisse encore se produire, je l’accepterai. Mais je ne ferai plus rien contraint et forcé. J’ai une famille maintenant, et c’est ce qui compte le plus pour moi. »
« Au début, je pensais que 500 personnes maximum achèteraient l’album… pas des milliers ! »
Ele A
a toujours voulu aller loin. Elle était déjà sur scène au festival de Sziget.
Pour faire carrière dans l’industrie musicale, il faut être patient. C’est quelque chose en tout cas que les artistes fraîchement débarqué·e·s entendent souvent de la bouche de leurs aîné·e·s. Ce qui rend le parcours de la rappeuse Ele A d’autant plus étonnant. Deux ans à peine se sont écoulés depuis la sortie de son premier titre. Elle avait 20 ans à ce moment-là.
Nom : Eleonora Antognini
parce que je n’aurais jamais pensé que j’en arriverais là un jour. »
Mais ce succès n’est pas le fruit du hasard. À l’écoute, ses morceaux dénotent un grand professionnalisme. Chaque beat est à sa place, la vibe oscille entre pop, rap lancinant et influences lounge subtiles. Sur le plan linguistique aussi, Ele A ne se fixe aucune limite : elle chante en italien, mais ses concerts sont également très prisés en Suisse alémanique. Elle s’est même produite au festival Sziget de Budapest : « J’adore être sur scène devant des personnes qui ne parlent pas ma langue. Si ça leur plaît, cela prouve à quel point la musique est universelle. Pas besoin de comprendre les paroles quand on ressent la vibe. »
L Loko (à gauche) et Drini sont d’accord : « Nous sommes des maîtres pour réaliser ce que tout le monde pense être impossible. »
Âge : 22 ans Représente : Lugano Nb d’écoutes sur Spotify par mois : 364 0800 Instagram : @eleee.a
Depuis, elle a déjà fait plusieurs tournées en Italie et en Suisse. Elle-même a du mal à y croire : « J’ai toujours eu de grands rêves, mais j’ai toujours gardé les pieds sur terre. Déjà parce que je suis consciente de tout le travail qu’il faut abattre pour réaliser ce genre de rêve. Et puis,
Ele A compte bien poursuivre dans cette voie : « Il y a encore tant de choses que j’aimerais accomplir. J’ai l’impression de n’en être qu’au tout début de ma carrière. Mais là d’où je viens, on n’exprime pas ses vœux à voix haute, sinon ils ne se réalisent pas. » On a donc hâte de voir ce qu’Ele A nous réserve pour l’avenir.
« On n’a pas besoin de comprendre les paroles, tant qu’on ressent l’ambiance. La musique est universelle. »
Rising star : la Tessinoise
Ele A rappe en italien, mais ses concerts sont aussi très fréquentés en Suisse alémanique.
L Loko & Drini rêvent d’une tournée
dans les stades en Suisse.
De la rue aux charts : c’est le cliché par excellence dans le hip-hop. Et c’est exactement ce qu’a réussi à faire le duo de rappeurs le plus célèbre de Suisse en ce moment. L Loko & Drini sont passés des rues de Zurich aux plus hautes sphères de la scène musicale suisse. Leur titre culte Will Nomeh leur a valu un Swiss Music Award pour le Best Hit de l’année 2022. Mais le chemin a été long pour en arriver là. Les paroles de la chanson en attestent : “Mis ganze Läbe en Druck ha, han dänkt, dass ich druf gahn, doch bin ok. Öb das alles mal ufgaht, mis Baby
seit mer, I don’t know.” (trad. Toute ma vie, j’ai été sous pression, j’ai cru que j’allais y passer, mais ça va. Si tout cela s’arrête un jour, bébé, je ne sais pas.)
Aujourd’hui, le duo peut se targuer d’avoir réussi son pari. Outre ce single, ils ont lancé un mouvement qui a déjà paralysé des quartiers entiers de Zurich, tant les gens voulaient voir leurs idoles sur scène. « Grandir dans les Kreis 3 et 4, c’est loin d’être la moyenne en Suisse. On a beau avoir rêvé de toutes ces choses, on n’aurait jamais pu en imaginer autant. La seule chose que l’on pouvait faire, c’était essayer de les concrétiser », déclare Drini, en évoquant leurs succès des dernières années. Aujourd’hui, leur quotidien est fait de grandes scènes de festival et de concerts à guichets fermés. Mais cela ne les empêche pas de garder les pieds sur terre. Leur plus grand succès jusqu’ici ? « Les moments partagés avec nos fans, quand
on voit la lueur dans leurs yeux. Et le soutien quotidien de nos familles. C’est aussi ce qui nous motive le plus. » Que celles et ceux qui s’imaginent que les deux Zurichois n’ont plus la niaque depuis qu’ils connaissent la gloire se détrompent ! « On a un rêve : une tournée des stades en Suisse.
Noms Rafael Luna, Valdrin Hasani Âge 31 ans Représentent Zurich Nb d’écoutes sur Spotify par mois L Loko: 96 250, Drini: 95 000 Instagram @llokoluna, @drinero34
Ça peut paraître dingue, mais on est un peu passés maîtres dans l’art de mettre sur pied des choses que tout le monde pense impossibles. » Les paroles de leur dernier single BIG sont au diapason : “Mir sind alli CEOs, d Wält isch für mich grenzelos.” (trad. Nous sommes tous des CEO, le monde n’a pas de frontières pour moi). Effectivement, rien ne leur semble impossible.
Le hip-hop joue à domicile
Près de soixante artistes
de Suisse se sont illustré·e·s depuis 2021 dans le format
Red Bull 60 Seconds.
Quelles sont leurs origines ?
Morat
Cinnay cinnaythesavage
Julz julz3280
Henniez
Nayana nayanajcd
Vevey
Komai komai_12.30
Mega megalasphere
Genève
Izos izoslatrap
Dibby Sounds dibby.officiel
Lee Boma leebomaofficiel
Mea mea_musique
VL VL
Vodoo voodoovxen
Di-Meh dimehtodo
Mara Maraflm
Bâle
Paco paconullzwei
Morrow young_morrow
Bienne
Motis motis62
Dustyy hdustyy
Bizzy Ape bizzy.ape
Morges
YWIS ywis_allache
Berne
SGB sgb_bricks
Midas midas_bdc
Z the freshman zthefreshman
Lausanne
Badnaiy badnaiy
Nathalie Froehlich nathalie_froehlich
Tom D. 247tomd
Beka 247beka_
Shaim shaimlemagnifik
Prettyboy goldenblack_13
Kingzer kingzer243
Winterthour
Jamal jamalbrr
Kitoko _kitokomusic
Lucerne
Eliel officialeliel
Zurich
LLoko & Drini llokoluna, drinero34
Cachita caachiiita
Mercee merceemusic
Lievin lievinnewaura
Prinz Norin prinznorin
papipasion papipasion
AP Vise apvisemusic
Noa Faith noafaith
EAZ eazofficial
Xen xenofficial
Les Reufz lesreufzh
Estella Paez estella_paez
Lum lumakesounds
Ryan 87 87.ryaan
Yverdon-les-Bains
Dyno Dyno274
Fribourg
Christos777 777christos
Antoino antonio.wav
Lakna itslordlakna
Sion
Nae nae.so_
Maienfeld
Gigi badbgigii
Zoug
Weibello Weibello
Laax
Sirius sirius7031
Wollerau
ISMA seasideisma
Arth
Lexi lexi.6410
Lugano
Ele A eleee.a
Mattak mmattak
Moudon
Sekzy sekzyofficial
Martigny KTGorique ktgoriquelavraie
Sirius fait en sorte que le romanche soit présent dans le rap.
Le jour où Sirius a découvert le hip-hop, c’était avec Sido, un grand nom du rap en Allemagne. « À 12 ans, je me suis acheté un album de Sido. Tout d’un coup, ma vie ne tournait plus qu’autour de cette musique. » Le début d’une histoire d’amour. Le jeune Sirius se met alors à écrire des textes et tente de composer ses premiers morceaux. Il se rend vite compte qu’il lui est
Nom Djego Deflorin Âge 30 ans Représente Laax (romanche) Nb d’écoutes sur Spotify par mois 720 Instagram @sirius7031
Jusqu’à aujourd’hui, Sirius est resté fidèle au romanche ce qui fait de lui un artiste de niche. Cela a des avantages et des inconvénients : « D’un côté, c’est super de contribuer à la préservation de la langue. Je reçois régulièrement des compliments sur ma musique de la part de personnes qui ne comprennent même pas le romanche. D’un autre côté, ça peut être frustrant d’ouvrir son cœur dans une chanson, en sachant que peu la comprendront. » Exemple tiré d’un de ses morceaux. “Co segl’ ins sur l’umbriva, sch’il sulegl ei cuvretgs?” (tiré de Mir’a mi els egls feat. Tiziana Defuns), ce qui signifie : Comment sauter par-dessus l’ombre quand le soleil est caché ?
plus facile d’écrire dans sa langue maternelle. Il opte donc pour le romanche et devient ainsi l’un des rares à assurer la représentation de la quatrième langue nationale suisse dans le rap : « Je me suis rendu compte que cela plaisait aux gens. Pour la première fois, j’ai pris conscience de mon propre talent. »
Le rappeur attache en effet une importance toute particulière aux paroles de ses chansons et à leur sens profond, ainsi qu’aux beats puissants qui lui permettent de rester fidèle à ses modèles old school. On l’entend aussi dans le titre Curdaus : “Tut mo la verdad. Sun sgulaus sc’in ballon, memia ault mintgaton e lu curdaus sin beton.“ (trad. Ce n’est rien que la vérité. Je me suis envolé comme un ballon, je suis monté bien trop haut à certains moments et je suis
retombé sur du béton.) Voilà maintenant de nombreuses années qu’il est présent sur la scène rap suisse. Ce qu’il souhaiterait pour l’avenir ? « Je rêverais de me produire dans un grand festival. Cela me donnerait l’occasion de montrer tout ce que j’ai appris ces quatorze dernières années et de prouver que l’on peut aussi réussir en faisant du rap romanche. »
Gigi se réjouit de la sortie de son nouvel album : « Ce sera mon plus grand succès. »
Gigi
contribue à élever le rap féminin à un nouveau standard.
Sortie de nulle part, la Grisonne a vite montré qu’elle n’était pas là pour plaisanter. En 2021, Gigi sort ses premiers titres, avant de faire une apparition au fameux SRF Bounce Cypher : chaque année, cet événement est l’occasion pour les actrices et acteurs de la scène rap suisse de se rencontrer et de se livrer à des confrontations en public. Avec sa prestation, Gigi fait entrer le rap féminin dans une toute nouvelle ère en Suisse. Dès le départ, Gigi n’hésite pas à monter au créneau. Elle se montre aussi offensive que vulnérable et honnête dans ses textes. En témoigne son premier single,
Sans complexe, badass, honnête : Badnaiy à propos d’elle-même.
Herzkopf, avec notamment des passages comme celui-ci : “Schüssed uf min Name, doch jede Schuss god Abseits” (trad. Tire en mon nom, mais chaque tir est hors-jeu.) Mais aussi des témoignages d’une grande vulnérabilité : “Schenke dier nie meh das Herz, du hesch es broche” (trad. Ne donne plus jamais ton cœur, tu l’as brisé). Et elle fait un carton : Gigi est déjà montée sur diverses scènes de festivals et a participé à plusieurs émissions de télé. Chaque mois, plus de 10 000 personnes
Nom Giulia Maria Gort
Badnaiy insuffle
l’ambiance dans ses morceaux.
Au sein du panorama hip-hop romand, Badnaiy détonne. Il faut dire que depuis ses débuts en 2018, la Lausannoise n’a eu de cesse d’expérimenter de nouvelles sonorités, parfois bien loin du carcan rap qui l’a révélée.
Varié, puissant, mélodieux. Voilà ce que répond l’intéressée à l’évocation de
où je me disais : “Pince-moi, je rêve.” » Mais Gigi sait combien ces instants peuvent être fugaces. Et c’est pour cela qu’elle s’efforce de vivre dans l’instant présent : « J’essaie de faire attention à ce que rien ne m’échappe. »
Âge 24 ans Représente Maienfeld Nb d’écoutes sur Spotify par mois 12 400 Instagram @badbgigii
écoutent sa musique sur Spotify. Parfois, elle a même du mal à croire à son propre succès : « Cette année, je suis montée plusieurs fois sur scène et il y a eu des moments
Entre deux concerts, Gigi travaille à son prochain album, dont elle pressent qu’il sera sa plus grande réussite : « J’ai énormément travaillé dessus, personne ne pourra m’enlever ça. » Même si elle préfère se concentrer sur le présent, Gigi se projette aussi dans l’avenir : « J’aimerais toucher plus de gens, être sur scène avec un groupe et participer à tous les grands festivals. ». Cela ne surprendra personne si elle y arrive bientôt.
Nom Anissa Saib Âge 24 ans Représente Lausanne Nb d’écoutes sur Spotify par mois 1 390 Instagram @badnaiy
son style musical. Si les deux derniers termes ont toujours fait écho à sa discographie, ce n’est que récemment que l’éclectisme a pris une tournure importante au cœur de ses compositions, comme en témoigne son second album With Love.
Paru à l’été 2023, faisant suite à une période de disette artistique, le disque met en exergue le savoir-faire de la rappeuse en termes de beatmaking ; dix des quinze pistes ont en effet été conçues par ses soins. Trap, électro-Pop, acid house orientale… La Suissesse ne se refuse rien et tend même à produire pour d’autres : « En parallèle de l’auto-production de mes projets, je travaille régulièrement avec des artistes, donc attendezvous à me voir créditée sur quelques sons à venir prochainement. »
Que les fans de la première heure se rassurent, si elle aspire à se diversifier, Badnaiy n’a rien perdu de son flow vivace lorsqu’elle kicke : « C’est quoi ton prix/Paraît que tout se monnaie. /C’est que du biz’/J’dirais pas qu’on se connaît. / J’ramenais la maille, /mon équipe consommait. /Quand j’avais rien/c’est qui qui me consolait ? », débite la badgirl sur le bien nommé No Joke. Déterminée quant à la suite de sa carrière, celle-ci confie : « Je vais sortir un single par mois en prévision de mon prochain EP prévu pour la fin de l’année. Je suis dans l’optique de revenir avec la vibe qui m’a fait kiffer à mes débuts, c’est-à-dire une énergie intense, badass même ! Préparez-vous car ça va rapper fort… et sans filtre ! »
Cinnay
s’est constamment réinventé sur le plan musical.
La Suisse a beau être petite, le fossé entre Suisse romande et Suisse alémanique, communément appelé Röstigraben, n’en reste pas moins étonnamment profond. Beaucoup échouent à le franchir. Et c’est justement en cela que Cinnay se distingue des autres : le Moratois ne se contente pas de passer allègrement d’un côté à l’autre de cette barrière, il parle aussi couramment le français en plus de l’allemand. Quant à sa musique, elle ne laisse
personne indifférent. Il y a sept ans, il a sorti ses premiers titres et n’a cessé, depuis, de se réinventer musicalement. Si pourtant le nom de Cinnay ne vous évoque rien, écoutez donc Pipe Up! C’est le titre qui lui ressemble le plus : « C’est un morceau plein d’énergie et de boost, et il a beaucoup de flows et de mélodies différents, c’est vraiment ce qui me caractérise. C’est une chanson good mood, et elle me décrit aussi très bien en tant qu’être humain. » Des composantes d’EDM, une pointe d’hyperpop ou encore du boom bap : Cinnay innove et multiplie les influences. Cela tient notamment au fait qu’il s’implique tout au long du processus créatif, de la production au mastering, en passant par le mixage : « Cela me
Cinnay fait sauter le Röstigraben avec ses chansons : pas étonnant, sa musique dégage une joyeuse énergie.
« Si on veut réussir sur le long terme, il faut des personnes avec les mêmes valeurs autour de soi.
»
Nom Yannick Oppliger Âge 25 ans Représente Morat Nb d’écoutes sur Spotify par mois 7 500 Instagram @cinnaythesavage
permet de garder la maîtrise de mon art et d’intégrer mes apports créatifs jusqu’au résultat final. » Cinnay est l’un de ces artistes qui ne se contentent pas du plus petit dénominateur commun : « On devient plus critique au fil des ans. Aujourd’hui, je réfléchis plus longtemps avant de décider de sortir un titre ou non. » Rien d’étonnant à ce que ses singles soient toujours dans le top. Enfin, le succès de Cinnay passe aussi par une bonne équipe. Ces dernières années, un mouvement et collectif d’artistes, Netrum Records, s’est formé autour de lui : « Si l’on veut réussir sur le long terme, il est important de s’entourer de personnes qui partagent les mêmes valeurs et en qui l’on a confiance. »
Le nouvel album de Dibby a été comme une thérapie pour lui : « Maintenant, je me sens mieux. »
Dibby
Sounds brandit fièrement le drapeau LGBTQ.
« Au-delà du côté LGBT et parfois militant de ma musique, j’aime définir mon style musical par le terme “queer”, simplement car je trouve qu’il ne rentre dans une aucune case. »
Oscillant entre rap, pop et R&B, Dibby a pris soin de peaufiner son univers créatif,
à mi-chemin entre trap et pop, au fil du temps. Actif depuis une dizaine d’années dans le son, le Genevois aime citer un triptyque d’artistes américains comme références majeures : Kanye West, Travis Scott et Kendrick Lamar.
« Kanye et Travis pour le côté musical, la vision, le choix des sonorités ainsi que la direction artistique. Kendrick Lamar pour l’importance de l’impact textuel. » Un flow incisif et des lyrics engagés, Dibby ne laisse pas indifférent, comme en atteste le
« Je qualifie ma musique de “queer” – elle ne rentre dans aucune case. »
single Pédé. Sur une production revisitée du classique Temps Mort de Booba, le Suisse brandit fièrement l’étendard LGBT avec un franc-parler qui le caractérise : « C’est pas juste pour l’buzz/que tu m’écoutes penser./Que le hip-hop français se fasse ensemencer./Ils
Nom Alexander Dejanovski
Âge 25 ans Représente Genève Nb d’écoutes sur Spotify par mois 849 Instagram @dibby.officiel
veulent pas valider/franchement c’est naze./Et laisse pas trop traîner ton fils/bientôt il sera fan de Lil Nas. »
Prévu pour fin octobre, son nouvel album Hardcœur se veut davantage introspectif que les précédents. « Les thématiques que j’aborde sont très personnelles. J’avais envie que ce disque s’apparente à un exutoire, presque une thérapie. Je me suis promis d’aller mieux lors de la sortie du projet, beaucoup de gens se reconnaîtront dans mes paroles. Quand je repense à mon état mental et émotionnel l’année passée à la même période, je suis content d’en être arrivé là. Je vais effectivement beaucoup mieux. »
Au sein d’un milieu encore très codifié, Dibby compte bien durer, lui qui fait assurément partie de la relève du rap sauce helvétique.
Voyage / Playlist / Montre / Accessoires / Agenda
HANG LOOSE À HAWA Ï
Bien plus que du surf, une escapade au paradis.
VOYAGE/
HAWA Ï : SES HAUTS ET SES BAS
Les vagues ici sont gigantesques et font le bonheur des adeptes du surf. Mais l’archipel réserve d’autres surprises… au-delà de la mer de nuages. Bienvenue à Big Island et Oahu, des îles où l’adrénaline rime avec lave et requins.
Ce qui commence comme une excursion tranquille vers l’un des deux volcans actifs d’Hawaï se transforme en véritable épopée. Tandis que nous entamons le chemin retour dans le Parc national des volcans d’Hawaï, une certaine fébrilité se fait sentir parmi les rangers. La raison ? « Le Kilauea entre en éruption ! » Après une inactivité de 28 jours – une éternité pour l’un des volcans les plus actifs au monde – le voilà qui se réveille. Nous nous mettons rapidement à la recherche d’un point de vue sécurisé. Le vent nous est favorable, les gaz toxiques de dioxyde de soufre et d’acide chlorhydrique s’envolent dans une autre direction. Depuis notre emplacement, nous profitons d’une vue imprenable sur le cratère en ébullition. En quelques minutes, un gouffre vide devant nous se remplit de lave d’un rouge incandescent. Des gerbes de 30 mètres de haut jaillissent dans le ciel.
Expédition martienne
Le jour suivant, nous nous lançons dans l’ascension du Mauna Kea, un volcan inactif. Loin du cliché hawaïen, le sommet reste ici enneigé toute l’année. Mesuré depuis sa base, c’est-à-dire depuis le fond de l’océan, le Mauna Kea culmine à 10 203 mètres et dépasse ainsi le mont Everest. Il atteint tout de même 4 207 mètres au-dessus du niveau de la mer. Tel est notre objectif du jour. Pour nous y rendre, nous empruntons en voiture la Saddle Road, la « route de l’Ensellement » car son tracé entre le Mauna Kea et le Mauna Loa (l’un des volcans les plus actifs au monde) a la forme d’une selle. Un arrêt d’au moins trente minutes est nécessaire à la station de base afin de s’acclimater avant toute expédition, et éviter le mal de l’altitude qui commence souvent par des maux de tête et des nausées, et qui peut mal finir.
« Du bikini à la neige en un clin d’œil. »
Sturma, autrice et aventurière
« Avec seulement 60 % d’oxygène dans l’air, les efforts physiques deviennent difficiles. À chaque pas, j’ai l’impression que ma veste est une combinaison spatiale. »
Le ranger nous briefe, nous recommande d’être attentif·ve·s les un·e·s aux autres et de progresser lentement. Pendant l’ascension, les paysages nous rappellent des photos de Mars. Nous sommes subjugué·e·s. Je résiste à l’envie de ramener une pierre volcanique – selon la mythologie hawaïenne, « la malédiction de Pele » pourrait s’abattre sur moi. Cette légende liée à la déesse du volcan peut sembler être une simple histoire pour effrayer les touristes, mais elle peut aussi rapidement prendre la forme d’une amende salée à l’aéroport, car il est interdit d’emporter des pierres et des plantes. Mais revenons à notre ascension : avec seulement 60 % d’oxygène dans l’air, l’effort physique s’intensifie. À chaque pas, j’ai l’impression que ma veste, pourtant légère, est aussi lourde qu’une combinaison spatiale. Alors que j’ai encore à la bouche le goût d’un malasada (beignet) dégusté sur une
« Mon euphorie me fait oublier toute scène sanglante de films de requins. »
PAS ÉTONNANT qu’un observatoire ait été construit sur Mauna Kea (en haut). La vue y est dégagée comme nulle part ailleurs.
SHARK ATTACK Notre rédactrice plonge en apnée avec des requins, au large d’Oahu.
plage de sable noir, j’ai maintenant les doigts gelés. Après cinq heures d’ascension ininterrompue, nous atteignons le sommet. La descente se fait plus rapidement par la route qui conduit à l’observatoire. Là, la nature nous offre un coucher de soleil spectaculaire.
Le big boss des profondeurs
Le lendemain, en pleine forme et revitalisé·e·s par du Kalua Pork (porc cuit lentement dans des feuilles de bananier), nous prenons cette fois-ci la direction des abysses. Au crépuscule, nous enfilons nos combinaisons néoprène et plongeons au large de Kona, sur la côte ouest. Rapidement, les premières raies manta se
Conseils de voyage
Street food
Les food trucks d’Oahu sont réputés, mais c’est chez Foodland que vous trouverez les meilleurs poke bowls. Au supermarché, on peut trouver de l’ahi (thon) frais, un délice à ne pas rater.
Mobilité
Louer une voiture est un must. L’appli Turo permet d’en louer une à un particulier. Pour gravir le Mauna Kea, un 4 × 4 s’impose.
La meilleure période
Autour de Noël, c’est très prisé et donc cher. Il est par contre possible de visiter l’archpiel hawaïen toute l’année, les températures variant entre 25 et 32° C.
montrent et valsent autour de nous. Nous faisons encore plus fort au large d’Oahu, quelques îles plus loin, où nous partons plonger en apnée pour rejoindre les requins des Galapagos, une espèce qui peut mesurer jusqu’à trois mètres. Notre guide, qui veille aussi à notre sécurité, observe attentivement leur comportement. Les requins ne sont pas agressifs, sauf lorsqu’ils se sentent menacés. Pendant la plongée, l’important est de maintenir un contact visuel et de montrer qui est le boss. Soudain, ils se dispersent, car le big boss, le vrai – un requin-tigre de cinq mètres – vient observer le spectacle. Mon pouls s’accélère, mais la joie de vivre cette expérience surpasse toute peur. De retour à bord, notre guide nous explique : « Ce serait bien plus effrayant de ne plus voir de requins dans nos océans. Ils sont vitaux pour notre écosystème. » Épuisée par toutes ces émotions, je me réjouis à l’idée de déguster le meilleur açaï bowl du coin. Ils ont tellement bonne réputation que peu après, je tombe nez à nez avec Lewis Hamilton, le septuple champion du monde de F1, dans la file du « Haleiwa Bowls ». Il passe des vacances de surf à Hawaï.
Instagram : @petschistorm
DES AIIILES AVEC UN NOUVEAU GOÛT.
SANS SUCRE
STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.
PLAYLIST/ HÉROÏNES INTEMPORELLES
Amy Taylor affiche une vision singulière du monde actuel. Elle cite ici quatre titres en hommage aux femmes qui l’ont influencée.
Malgré sa taille menue, l’Australienne est une force de la nature. Avec ses hauts de bikini riquiqui et ses mini-jupes, son goût assumé pour les jurons, ses hurlements et ses poses provocatrices, et des prestations scéniques énergiques, elle transforme chaque salle de concert en sauna. Grâce à Amy Taylor, Amyl & The Sniffers est devenu l’un des groupes les plus en vogue de la planète rock : tournées sans fin, critiques élogieuses, et fans célèbres comme Green Day ou Foo Fighters. L’année 2024 semble être celle de la consécration internationale pour les quatre de Melbourne, dont le groupe a été fondé en 2016. En 2019, Amy a défilé pour Gucci pendant la Fashion Week de Milan. En 2023, elle a épousé le cinéaste John Angus Stewart. Elle sélectionne pour nous quatre chansons qui ont inspiré sa manière de chanter, son écriture et son look.
Amyl and the Sniffers en concert le 26 novembre aux Docks, à Lausanne. amylandthesniffers.com
The Plasmatics
Monkey Suit (1980)
« Pour moi, la chanteuse Wendy O. Williams était parfaitement à l’aise avec son corps. Elle maîtrisait sa sexualité et le pouvoir, et exprimait son dédain pour le système et l’hypocrisie de la société moderne. Elle jonglait avec la dystopie et s’attaquait à des sujets comme le changement climatique. C’était très avant-gardiste. Cette chanson est l’une de ses plus belles. »
Grace Jones Pull Up To The Bumper (1981)
« Il y a quelques mois, on jouait à un festival auquel elle participait aussi. Ça nous a vraiment touchés. Je crois que Bryce et Declan ont pleuré. On était sous le charme de ce qu’elle dégage sur scène. Avec sa force et sa douceur, sa beauté et sa créativité, elle incarne tout ce qu’un live peut représenter pour moi. C’est ma chanson préférée de Grace Jones. »
Iris DeMent Warriors Of Love (2023)
« Je pense qu’Iris est une vraie poète. J’aime sa voix et je me reconnais complèment dans sa vision des choses. Ce morceau est extrait de son nouvel album, qui est sorti récemment. J’aurais aimé qu’il sorte avant le nôtre, on aurait pu s’imprégner de son point de vue sur le monde. Elle aborde beaucoup de sujets auxquels je réfléchis, et ça me parle vraiment. »
X-Ray Spex Identity (1978)
« Je ne connaissais pas encore Poly Styrene, la chanteuse de X-Ray Spex, quand nous avons lancé le groupe. Et quand quelqu’un nous a fait remarquer qu’on leur ressemblait, j’étais vraiment sur la défensive. Mais je l’ai écouté et j’ai adoré les paroles, la prestation scénique et la voix. C’est un de mes groupes préférés. À écouter absolument ! »
MONTRE/ L’ESPRIT DE L’AVENTURE
Sur Terre ou en l’air, la légendaire maison horlogère suisse au sablier ailé accompagne les records sportifs et les performances épiques depuis ses débuts. La nouvelle Longines Spirit Flyback est un magnifique symbole de l’esprit pionnier de la marque.
La fonction Flyback permet à l’aiguille de revenir instantanément à zéro en une seule pression du bouton-poussoir, ce qui s’avère particulièrement utile dans l’aviation.
L’aviatrice Amelia Earhart portait une montre Longines lors de son vol en solo et sans escale au-dessus de l’Atlantique, entre le Canada et l’Irlande du nord.
La pilote américaine Amelia Earhart a volé aussi haut que personne avant elle (5 613 mètres), a fondé en 1929 la première association de femmes pilotes et a traversé, en 1932, l’Atlantique en solitaire et sans escale, en moins de quinze heures ! La célèbre maison horlogère étoffe aujourd’hui sa ligne Spirit Flyback. La haute précision est assurée par le calibre Longines exclusif L791.4, équipé d’un spiral en silicium et de composants novateurs qui lui garantissent une résistance aux champs magnétiques dix fois supérieure à la norme de référence ISO 764. Ajoutons-y une réserve de marche de 68 heures, un mouvement certifié chronomètre par le COSC et un fond transparent qui révèle la minutie du calibre et de sa masse oscillante, et on obtient l’un des modèles les plus époustouflants de l’année. 5 800 CHF, longines.ch
1/ LOOK DELUXE
/ Veste de ski et de snowboard møre Gore-Tex, Norrøna, 699 CHF
/ Lunettes de ski
lofoten, Norrøna, 189 CHF
/ Balaclava tricotée
Colmar, 65 CHF
/ Sac à dos de ski
Verte 12, Gregory, 84 CHF / Gants en cuir étanches
Eiger Free, Mammut, 190 CHF
/ Skis départ 1.0, Salomon, 600 CHF
Texte
Karin Boba
Assistante
Petra Sturma
Photos
Max Manavi-Huber
Design & stylisme
Karin Boba
2/ COOL & SAUVAGE
/ Veste triple épaisseur
SCOTT Vertic Ripstop, 380 CHF
/ Pantalon triple épaisseur SCOTT Vertic
Ripstop, 330 CHF
/ Casque de ski SCOTT
Flow Pro Mips, 200 CHF
/ Lunettes de ski
SCOTT React, 250 CHF
/ Gants de ski SCOTT
Explorair Pro GTX, 99,90 CHF
/ Bâtons de ski
SCOTT Sea, 50 CHF
/ Chaussures de freeride
SCOTT Hint 130 GW, 750 CHF
/ Ski de freeride
SCOTT Sea 116, 790 CHF
/ Sac à dos de ski 25L
avec sac avalanche SCOTT
Patrol Ultralight E2,
1 300 CHF
ACCESSOIRES /
DESCENTE STYLÉE
Les premiers flocons sont tombés, la nouvelle saison de ski est à nos portes. Voici comment briller, sur les pistes mais pas seulement !
3/ SAFARI
PARTNERLOOK LUI
/ GORE-TEX Veste de snowboard Burton [ak] Tuvak
GORE-TEX C-KNIT 3L, 980 CHF
/ GORE-TEX Pantalon de snowboard Burton [ak] Tuvak
GORE-TEX C-KNIT 3L, 840 CHF
/ Botte de snowboard
Burton Swath BOA, 460 CHF
/ Splitboard all mountain/ freeride Burton Family
Tree Hometown Hero Camber, 1100 CHF
/ Fixations de splitboard
Burton, 610 CHF
/ Bonnet Aze, Haglöfs, env. 30 CHF
/ Gants en cuir Zenith.Gtx
Trigger Zanier, 130 CHF
/ Lunettes de ski Connor
RIG Reflect, Sweet Protection, env. 200 CHF
/ Casque Obex Pure, POC, 179 CHF
/ Sac à dos de splitboard
Splitpack 30 Phantom, Nitro, 150 CHF
4/ SAFARI PARTNERLOOK ELLE
/ Casque Grimnir 2Vi Mips –Natural Carbon, Sweet Protection, 450 CHF / Lunettes de ski Durden RIG Reflect, Sweet Protection, 130 CHF / Veste de snowboard
Burton [ak] Upshift GORE-TEX 2L, 555 CHF / Pantalon de snowboard
Burton [ak] Summit GORE-TEX 2L, 470 CHF / Bottes de snowboard
Nitro Scala Boa 2025 Ice-White, 350 CHF / Snowboard Nitro Fate 2025, 570 CHF / Fixations de snowboard
Nitro Ivy 2025, 300 CHF / Tour de cou Double Up en mérinos Mons Royale, 45 CHF / Gants X-Treme.XGX, Zanier, 179 CHF
5/ FORT EN CONTRASTES
/ Doudoune matelassée
ODORU V3.Y8.02, AlphaTauri, 600 CHF
/ Ski de freeride QST 106, Salomon, 800 CHF
/ Fixations N S/LAB
SHIFT 13 MN, env. 550 CHF
/ Casque de freeride Banff Mips, Alpina, env. 190 CHF
/ Lunettes de ski Slope Q, Alpina, 169 CHF
/ Gants Spark, Black Diamond, env. 110 CHF
/ Balaclava en mérionos Santa Rosa, Mons Royale, 44,95 CHF
/ Midlayer Trail Polartec Power Grid,Peak Performance, 160 CHF
6/ EN EXPÉDITION / Bandeau Graphic Performance, Dynafit, 25 CHF / Lunettes de soleil unisexe Alpine Evo, Dynafit, 190 CHF / Veste à capuche en mérinos Sella, Salewa, 190 CHF / Sac à dos d’hiver Sella 24L, Salewa, 210 CHF / Gants Session Tech, La Sportiva, 85 CHF
7/ POLYVALENT
/ Skis allround et fixations H-Power 78 + SPX 12, Van Deer Red Bull Sports, 1 528 CHF
/ Chaussures de ski Lange
130 Van Deer Edition, Van Deer Red Bull Sports, 750 CHF
/ Veste de ski Terrex
Xperior 2L Insulated Rain. RDY, Adidas, 400 CHF
/ Pantalon de ski Terrex
Xperior 2L Insulated, Adidas, 300 CHF
/ Midlayer Aenergy, Mammut, 120 CHF
/ Bonnet Watch, Black Diamond, 40 CHF
/ Sac à dos de ski Latnja 18, Haglöfs, 160 CHF
/ Gants de ski Hevon Prime 3D, Leki, 165 CHF
/ Lunettes de ski Blackcomb Q-Lite, Alpina, 179 CHF
/ Casque de ski Nax, Alpina, 169 CHF
8/ PEAU DE PÊCHE
/ Foulard Eiswand, Mammut, 43 CHF
/ Bonnet Fleece, Mammut, 32 CHF
/ Veste de ski Johanne, Kari Traa, dès 339 CHF
/ Pantalon de ski Johanne, Kari Traa, 299 CHF
/ Lunettes de ski Fovea, POC, 229 CHF
/ Gants Amp Merino, Mons Royale, 69.95 CHF
/ Sac à dos Targhee FT 35, Gregory, dès 183 CHF
/ Skis allmountain
Black Pearl 94, Blizzard, 790 CHF
/ Fixations SQUIRE 11
Demo, Marker, dès 170 CHF
/ Bâtons de ski Neolite
Airfoil, Leki, 79.90 CHF
AGENDA/ SAISON CHAUDE
Break, clash et gaming : ces événements vont vraiment mettre
le feu. À ne pas manquer !
7
décembre
Red Bull BC One World Final
21
et 22 novembre
Open-i
AInspire, connecte et éveille. C’est cette devise qui accompagnera la rencontre de personnalités créatives et innovantes du monde des affaires et de la science. L’objectif de l’événement ? Promouvoir les collaborations et consolider le rôle de la Suisse en tant qu’économie la plus innovante au monde. Rendez-vous au Kongresshaus de Zurich. open-i.swiss
8
décembre
Red Bull Gaming World
Quand le Brésil vibre au rythme des breakbeats et pas de la samba, cela signifie : la plus grande compétition de break au monde entre dans sa phase finale. Avec deux représentant·e·s de la Suisse. B-Girl Becca et B-Boy Lotus ont déjà remporté pour la deuxième fois le titre national et vont maintenant affronter l’élite mondiale du break. Pour suivre en live la finale mondiale Red Bull BC One 2024 depuis Rio de Janeiro, il te suffit de scanner le code ci-contre.
13
décembre
Red Bull Sound Clash
Deux équipes, deux scènes, un seul gagnant : le Red Bull Soundclash est de retour en Allemagne. Cette foisci avec Summer Cem & KC Rebell (équipe bleue), qui affrontent Ski Aggu & 01099 (équipe rouge). Le PSD Bank Dome à Düsseldorf se transforme en arène pour l’événement de rap allemand le plus sauvage de l’année. redbull.com
La mélodie de Tetris ou le Shoryuken de Street Fighter 2 : pure nostalgie. Est-ce que la génération plus âgée est capable de maîtriser les jeux plus récents – et vice-versa ? Lors des Red Bull Gamerations, trois équipes réparties par âge s’affrontent au Verkehrshaus de Lucerne dans quatre titres légendaires allant de 1980 à aujourd’hui. Avec la participation de : Aditotoro, Maelo, T-Ronimo, Flavio Leu, Simobonito, ML Gamer. redbull.com
19
novembre
Digitaltag 2024
À quoi ressembleront nos environnements de travail dans le futur et comment les organisations évolueront-elles ? Comment l’être humain collaborera-t-il et interagira-t-il avec des systèmes intelligents ? Le thème de la journée numérique est The Future of Work avec des ateliers et diverses opportunités de réseautage. digitalzentralschweiz.ch
et 17 novembre
Directeur de la publication
Andreas Kornhofer
Rédacteur en chef
Andreas Rottenschlager
Responsable éditorial
Stephan Hilpold
Directeur exécutif de la création
Markus Kietreiber
Direction créative
Erik Turek (dir.), Kasimir Reimann
Maquette
Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Miles English, Kevin FaustmannGoll, Carita Najewitz, Tara Thompson
Rédaction photo
Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty (adj.), Susie Forman, Rudi Übelhör
Gestion de la rédaction
Marion Lukas-Wildmann
THE RED BULLETIN Suisse ISSN 2308-5886
Rédaction
Anna Mayumi Kerber (dir.), Christine Vitel
Country Project Management
Meike Koch
Traductions & correction
Willy Bottemer, Valérie Guillouet, Gwendolyn de Vries, Lucie Donzé (corr.)
Ventes médias & partenariats
Christian Bürgi (dir.), Marcel Bannwart, Lauritz Putze, Michael Wipraechtiger
Abonnements
Prix : 28 CHF 8 numéros/an getredbulletin.com, abo@ch.redbulletin.com
Impression
Quad/Graphics Europe Sp. z o.o., Pułtuska 120, 07-200 Wyszków, Pologne
Publication conformément au §25 de la loi sur les médias
Moto GP de Valence
Depuis 1999, la série de courses se déroule sans interruption à Valence, en Espagne. Cette année encore, le Circuito Ricardo Tormo est la dernière étape des compétitions pour le titre. Honda y a remporté dix victoires, Yamaha huit. Cependant, les rapports de force ont considérablement changé. Un week-end plein de suspense et d’action en perspective. motogp.com
28
16 novembre au 3 décembre
Managing editor
Ulrich Corazza
Global content
Tom Guise (dir.), Lou Boyd
Publishing management
Sara Car-Varming (dir.), Hope Elizabeth Frater, Melissa Stutz
Direction artistique commerciale
Peter Knehtl (dir.), Lisa Jeschko, Martina Maier, Julia Schinzel, Florian Solly
Direction des opé. éditoriales
Sigurd Abele
Direct to consumer business
Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Matteo Luciani, Melanie Schmid, Katharina Tirouflet, Yoldaş Yarar
Management vente et projets spé.
Klaus Pleninger
Fabrication & production
Women’s EHF EURO 2024
Les meilleures équipes féminines de handball d’Europe vont se disputer le titre dans trois pays : en Autriche, en Hongrie et en Suisse. L’équipe suisse, en tant qu’hôte, fait partie du groupe D et va d’abord faire ses preuves devant plus de 6 000 spectatrices et spectateurs à la St. Jakobshalle de Bâle, lors de la phase de poules. ehfeuro.eurohandball.com
Veronika Felder (dir.), Martin Brandhofer, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig
Iconographie
Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovic, Josef Mühlbacher
Finances
Žiga Balič, Nora Kovacs-Horvath, Simone Kratochwill
Managament de projet publishing
Katrin Dollenz
Assistante du mngt général
Sandra Stolzer
Directeur général Red Bull
Media House Publishing
Stefan Ebner
Adresse de la publication
Am Grünen Prater 3 1020 Wien, Autriche Tel. : +43 1 90221-0 redbulletin.com
Propriétaire médias et éditeur
Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700
Directeurs généraux
Dietmar Otti, Christopher Reindl, Marcus Weber
Les informations sur le propriétaire des médias sont disponibles directement à l’adresse suivante : redbull.com/im/de_AT
THE RED BULLETIN
Allemagne
ISSN 2079-4258
Rédaction
David Mayer
Country project management
Natascha Djodat
THE RED BULLETIN France ISSN 2225-4722
Rédaction
Pierre-Henri Camy (dir.),
Marie-Maxime Dricot, Christine Vitel
Country project management
Kevin Variengien
THE RED BULLETIN Grande-Bretagne
ISSN 2308-5894
Rédaction
Ruth McLeod
Country project management
Ollie Stretton
THE RED BULLETIN Autriche ISSN 1995-8838
Rédaction
Nina Kaltenböck (dir.), Lisa Hechenberger, Petra Sturma
Country project management
Julian Vater
THE RED BULLETIN USA ISSN 2308-586X
Rédaction
Peter Flax (dir.), Melissa Gordon, Nora O’Donnell
Country project management
Branden Peters
De jeunes talents littéraires de Suisse se livrent sur des sujets qui leur tiennent à cœur, en leur donnant un twist positif.
Comment Benjamin von Wyl fait la paix avec son enfance grâce à la boxe
Vendredi dernier, tout s’est mis à tanguer autour de moi. Il m’a fallu peut-être trois secondes avant de reprendre mes esprits. Rester en mouvement, tendre les poings, baisser le menton. Dévisager l’autre comme un joueur de poker en mode prédateur. Sobre, mais ivre de l’instant présent. L’entraînement continuait. Pour ce round… et pour quelques rounds de plus.
En rentrant chez moi, j’ai touché mon menton, senti la douleur, cuisiné, mâché, mâché, mâché et tant pis si ça faisait mal. J’ai quand même avalé un Dafalgan. Samedi, j’ai touché mon menton et senti la douleur. Dimanche, j’ai touché mon menton et senti le souvenir de la douleur. Lundi, elle était encore là. Je ne saurais dire quand elle a enfn disparu. Je m’étais pris un sacré coup, un crochet mal dosé. Du gauche ou du droit, d’ailleurs ? Quand j’essaie de m’en rappeler, les souvenirs se mélangent à des scènes de flms. Comme celles de Fight Club
L’auteur du coup avait de l’expérience, il était tout à fait capable de s’adapter au niveau de son adversaire. Mais il n’avait pas boxé depuis longtemps. Il n’a pas bien dosé sa frappe. Une maladresse, en somme. Comme quand un vélo nous coupe la route par inadvertance. Je ne lui en ai pas vraiment voulu, pas même sur le moment, comme cela aurait été le cas si quelqu’un m’avait insulté dans la rue.
Le sparring est un match d’entraînement amical. Le but est de porter des coups, d’encaisser, d’apprendre quelque chose. Pas de récolter une commotion cérébrale par semaine. Il ne s’agit pas, comme dans Fight Club, de détruire, mais d’acquérir de l’expérience. Quand je repense au moment du coup, je pense à des flms. Pendant le sparring, je ne pense jamais aux flms.
J’observe les yeux, les bras et tout le corps de la personne en face de moi. C’est une concentration totale, j’oublie le pourquoi ou le comment ou même que je suis en mouvement. Tenir bon, un éclair de volonté, de survie, jusqu’à cligner des yeux ou remarquer que l’adversaire ne peut plus suivre. Pourtant, parfois, même pleinement concentré, surgissent des souvenirs de ma jeunesse. Pour une fraction de seconde. Comme quand Tyler Durden apparaît subitement dans Fight Club le temps d’une image.
Des souvenirs qui remontent, comme cette fois, en neuvième, où l’on m’a couru après autour du collège (un bâtiment neuf, tout blanc, où nous, autres élèves, avions planté des arbres). Je me suis défendu, mais j’ai fni avec un large bleu sur la tempe. Cette fois, en dixième, où l’on m’a bombardé de fumier jusqu’à ce que je riposte, haletant, ravalant ma morve, essuyant mon sang. Déjà, à l’époque, l’école était une bâtisse d’un autre temps. J’ai vécu dans la peur jusqu’à ce que je change de collège. Cette fois, en onzième, où deux types m’ont coincé au fond d’une cour et m’ont frappé l’entrejambe. Encore et encore.
Une bonne partie de ma jeunesse s’apparente à un combat, physique ou non. J’ai toujours essayé de tenir bon. De ne pas plier. Quelque chose à voir avec ce que mon cerveau pubère prenait pour de la dignité. Les sports de combat ne m’intéressaient pas à l’époque, mais Fight Club, si. Le livre et le flm avaient implanté en moi cette idée que l’on devient presque immortel quand on se fche des coups. Peu importe ce qu’on te prend, si tu continues de rire et de te moquer des provocations des autres (comme les coups de poings), tu deviens plus fort. C’est ce qui m’a permis d’afronter mes bourreaux. Une stratégie de défense valable, mais quand il n’y a plus rien à défendre, cette forme d’autodestruction se retourne contre soi.
Souvent, après l’entraînement, m’enveloppe une profonde quiétude. Très, très profonde.
Parfois, c’est à moi de diriger l’échaufement en début de séance. Ma voix doit être forte, mais peut prendre des tonalités dures ou chaleureuses. La plupart de ceux qui obéissent à cette voix d’un air bravache sont des ados. Masculins, bien sûr. Je n’aimerais pas être à leur place. À leur âge, j’étais gros, je bafouillais, et j’avais bien compris qu’il était encore plus humiliant de se faire cracher dessus par un groupe de flles que par des garçons. Quand j’étais jeune, Internet me semblait déjà un lieu sans foi ni loi, et il fallait encore 90 secondes pour charger une image.
« La boxe […] peut tout autant être une fuite en avant, une façon d’éviter de se confronter au passé. Mais ce sport, en ce lieu précis, me procure une quiétude existentielle. »
J’imagine que dans le monde numérique d’aujourd’hui, le degré d’insécurité des ados est immense. J’espère que l’entraînement les aide. Tout comme la concentration qu’ils trouvent ici. Pour se recentrer. Pour être moins victime de harcèlement ou pour qu’on leur fche simplement la paix.
La boxe ne fait pas tout, évidemment. Une société dont les lois et les valeurs seraient tirées des flms de Rocky serait un lieu de vie étrange et probablement brutal. Je n’irais jamais afrmer non plus que les sports de combats sont bénéfques en toute occasion et pour tout le monde. Si la boxe me fait du bien, cela tient surtout à Mergim Vukshinaj, notre entraîneur, et à l’ambiance familiale qu’il propage et que les autres reprennent comme un fambeau.
Le fait de s’entraîner à outrance ne nous rend pas meilleurs. Et les hormones du bonheur ne font pas forcément le bonheur, car on peut exploiter cette concentration et cette sensation d’euphorie à mauvais escient. Beaucoup de boxeurs et de boxeuses ont sûrement déjà oublié que c’est la sportivité qui prime, même quand les coups font mal. Consciemment ou pas, il y a forcément des entraîneurs qui ne transmettent pas ces valeurs.
La boxe ne remplace pas la thérapie. Elle peut tout autant être une fuite en avant, une façon d’éviter de se confronter au passé. Mais ce sport, en ce lieu précis, me procure une quiétude existentielle.
Parfois, je me demande à quoi ressemblerait ma vie si j’avais commencé la boxe à 13, 14 ou 15 ans plutôt qu’à 32. Mais je n’arrive pas à me représenter ce que je serais devenu alors. Je ne peux pas non plus me fgurer ce que c’est d’être en paix, sans avoir vécu l’expérience de ces pensées qui déflent à toute vitesse pendant des années.
Je ne dirais pas que c’est en me mettant à la boxe que j’ai commencé à me confronter à ma jeunesse. Beaucoup de choses m’y renvoient. Comme le miroir de la salle de bain. La cicatrice sous mon sourcil droit est un autre lien physique avec cette adolescence. Je ne me souviens plus de ce coup non plus. Je me souviens du sang, de la morve, du soufe court, du trajet chez le médecin.
Si j’avais vraiment été blessé vendredi dernier, je me serais évidemment inquiété pour ma santé. Une fois guéri, je n’aurais sans doute pas recommencé à m’entraîner avec le mauvais doseur. Mais émotionnellement, ce coup n’aurait laissé aucune trace. Parce que nous nous battons sportivement. Les coups sont du sport. Et le sport eface les souvenirs de ces autres coups portés au nom de la violence.
BENJAMIN VON WYL est auteur et journaliste, natif d’Argovie. Il travaille pour Swissinfo, rédige une chronique pour le magazine culturel null41, et vient de publier un troisième roman (en allemand): Grosswerden und Einknicken benjaminvonwyl.ch
9 questions à Franny
Vous êtes des millions à suivre la créatrice de contenu de 20 ans, Francesca Dougan, lorsqu’elle commente des courses de F1 ou dévoile les coulisses des événements de danse, sur fond d’auto-dérision.
La chason en tête de ta playlist en ce moment ?
Jealousy, de Khalil Harrison.
RAPIDE 636 000 personnes suivent Franny sur Instagram, et 2,5 millions sur TikTok. @almost.cesca
Ton objet favori ?
Mon chien ! Mais non, c’est un être vivant…. Mes peluches.
Pourquoi réalises-tu des vidéos de F1 ?
J’avais vraiment sous-estimé ce sport. Ce que les pilotes de course doivent endurer – c’est complètement dingue ! Et tout ce qui se passe autour, le gossip... quel cinéma !
Plaisir
caché ?
J’adore mater des sitcoms : How I met your Mother, Friends, New Girl, Brooklyn Nine-Nine
Les sports que tu pratiques ? La danse. Le golf. J’ai aussi fait de la boxe pendant deux ans et joué au foot pendant huit ans.
Ton rituel de voyage?
J’arrive à l’aéroport environ sept heures avant le vol. Ensuite, je vérifie si la porte d’embarquement existe bien. Auquel cas, j’ai encore plein d’heures devant moi pour les perdre à ne rien faire.
Préférerais-tu voyager dans le futur ou dans le passé ?
J’irais plutôt dans le futur, pour voir à quoi mes petits-enfants ressembleront quand je serai vieille.
Peut-être que je découvrirais aussi que je perds mes cheveux et que je devrais sans doute me soucier un peu plus de ma santé capilaire…
Le métier de tes rêves, enfant?
Sirène (rires). Non, comédienne ou puéricultrice.
Possèdes-tu des connaissances inutiles dont tu es fière ? Je connais énormément de types de bois. Ça vient de ma formation (en design multi-disciplinaire, ndlr).