EN DIRECT SUR LA CHAÎNE L'EQUIPE ET EUROSPORT 12-13
PARTENAIRES
PARTENAIRES DE L’ÉVÉNEMENT
Ines Sakina « Saki »
Segon-Chemaï
Directrice artistique et multidisciplinary designer basée à Paris, son travail mêle photographie, vidéo, images de synthèse et motion design. Elle signe pour ce numéro notre cover dédiée à Faker. Page 28
Hugues Pascot
Journaliste (GQ, France TV, Technikart) passionné par le gaming, la musique et la culture en général, il dresse dans ce numéro le portrait de la Danoise
Mimi Lintrup, l’étoile montante de l’esport au féminin. Page 72
Lucas Jacque
Journaliste spécialisé dans l’esport, il occupe le poste d’éditeur en chef chez Sheep Esports. Passé par Eclypsia et de temps à autres à L’Équipe, il signe ici l’interview d’Hans Sama et aussi le portrait d’Arthur Perticoz. Page 52
Version compétitive du gaming, l’esport pèse très lourd dans l’industrie de l’entertainment.
Organisés dans des arenas, ses grands rassemblements sont suivis en live par des centaines de milliers (parfois millions) de viewers. Dans cet univers, Faker, le joueur coréen de League of Legends (jeu emblématique) est vu comme un dieu de la discipline. Sa saga est ici contée.
Nous dédions nos features aux multiples talents qui contribuent à la réussite et au rayonnement de l’esport : CEO de structure, casteuse, photographe, équipes au top, joueuse internationale. Souvent, ils et elles sont Français·es – car on assure.
Pour aller plus loin, le Red Bull League of Its Own (affrontement amical sur LoL), prévu le 15 décembre à l’Accor Arena de Paris devrait vous permettre de vivre l’esport bien plus intensément. À vous de jouer !
Inspiration
Tshegue 20
Duo hors limites
Mike Coots 22
Marteau des requins
Inès Beraich 24
Coureuse de cœur
Ce qu’il en coûte d’être le Dieu de l’esport.
Phénomène
Pourquoi les streamers d’ici sont exceptionnels.
Compétition
Vous ne connaissez pas l’esport ?
L’histoire de Faker va vous immerger dans sa réalité.
Quelles sont les teams au top sur League of Legends
Les visages de passionné·e·s qui font avancer la scène. Playlist
Cinq tracks gaming chers au DJ français polymorphe.
Portfolio
Antonin Hory fige la vie des ultras de la KCorp.
Profil
Comment la joueuse danoise s’est imposée.
79 Voyage
Forme Mental
Technologie
Fitness 90 Matos
98 Finir en beauté
BRASSÉE PAR CARLSBERG. DESIGNÉE PAR HAY.
Arlberg, Autriche
La liberté
La skieuse Nadine Wallner recherche avant tout la liberté, ce qui la mène là où personne d’autre n’est allé auparavant. Son dernier projet : Backyard. L’Arlberg, c’est chez elle – presque personne ne connaît aussi bien ces montagnes autour de sa base que l’Autrichienne. Un jour, cinq descentes et 3 000 m de dénivelé sur une distance de 30 km, c’est ça, son « backyard ». Comment rester motivé·e, rechercher de nouvelles aventures, relever de nouveaux défis et rester flexible mentalement ? Réponse en photo. redbull.com
Eloy (Arizona), USA Étoiles
Certain·e·s ont cru voir des aliens débarquer ce jour-là. En action, la Red Bull Air Force et le team Red Bull Skydive illuminent le ciel au-dessus de l’Arizona sur cette photo de 2023. Au sein de cette équipe de parachutistes d’élite, l’Américaine Amy Chmelecki, qui pratique depuis 1995. « Fais ce que tu rêves de faire même si tu as peur, tu ne sais jamais où cela pourra te mener ! », dit-elle. Alors, on se jette nous aussi ? redbull.com
Paris
En fleur
Une Brésilienne à Paris : présente dans la Ville Lumière cet été, Letícia Bufoni, légende vivante du skate, en a profité pour se balader. À sa sauce, sur sa planche. Comme pour Lilou Ruel à Montmartre (voir page suivante), cette photo de Teddy Morellec fait partie du projet Red Bull Stealth Mode, dans lequel des athlètes viennent se glisser parmi les riverain·e·s (tout en réalisant des exploits sportifs et créatifs).
Paris, France Carte postale
Comme Letícia Bufoni (page précédente), la freerunneuse Lilou Ruel, championne du monde de sa discipline, s’est offert une balade bien particulière dans Paris cet été. Dans sa vidéo du projet Red Bull Stealth Mode, la Française passe partout, et c’est à peine si on la voit, tant elle est furtive. La voici à Montmartre, un insolite documenté par le photographe Little Shao. D’ailleurs, où était Lilou le 26 juillet dernier ?
redbull.com
Lata Mangeshkar
Wada Karo (MadStarBase Remix) (2024)
« MadStarBase est l’un des premiers crews que j’ai rencontrés en Inde, à Delhi. Ce sont deux DJs et un MC qui s’amusent à remixer des vieux classiques indiens dans des versions clubs. Ils ont sorti ce remix de la chanteuse Lata Mangeshkar en version officielle sur les plateformes récemment. »
Raghav
Teri Baaton (2004)
« Je connaissais déjà ce morceau avant d’aller en Inde, certainement entendu dans un set de Jyoty, une DJ hollandaise basée à Londres. C’est toujours aussi fascinant d’entendre une nouvelle version du Bam Bam Riddim, d’autant plus quand c’est en Hindi. C’est là qu’on se rend compte de l’impact de ce riddim dans le monde. »
SOUND OF INDIA
Le Mauritien basé à Paris est certainement l’un des DJs et producteurs les plus intéressants de sa génération.
Résident de la soirée parisienne la plus enflammée de la capitale, La Creole, et du Rex Club, il est aussi membre du label Boukan Records et anime son émission sur la radio Rinse France depuis 2020, avec des mixs ondoyants aussi divers que les populations parisiennes. Chacune de ses propositions est porteuse d’une énergie positive qui ne manque jamais de faire monter la température et de faire suer celles et ceux qui le retrouvent devant un DJ booth pour valser, taper du pied, twerker et s’agiter sur des rythmes afro-caribéens, de jungle, de techno, de grime, de house, de bass, de dubstep et de shatta. Après sa tournée en Inde qui commençait à New Delhi l’été dernier, et se poursuivait à Chandigarh et Mumbai, nous avons demandé au DJ le plus bouillant, suave et technique quels sont les titres à l’empreinte South Asia qui l’ont marqué lors de son tour.
IG : @grgregreg ; écoutez les derniers mixs de GREG ici :
Parvati Khan
Jimmy Jimmy Aaja (1982)
« Je choisis la facilité avec ce titre mais ça groove tellement ! C’est un énorme hit extrait du film Disco Dancer (1982) réalisé par Babbar Subhash qui raconte l’histoire d’un danseur. Que ça soit en Inde ou à Maurice, tout le monde connaît ce morceau et en garde des souvenirs d’enfance. »
AP Dhillon, Stormzy Problems Over Peace (2024)
« On revient dans quelque chose de plus moderne avec le rappeur indo-canadien
AP Dhillon, qui pose sur de la drill en compagnie de l’Anglais Stormzy, la star du grime. Comme le dit Stormzy lui-même dans l’intro, “This is what happens when you mix Punjab Royalty with South London’s finest“. »
Terra
En éclaireur
Marre de parcourir les commentaires en ligne quand vous visitez un nouvel endroit ? Cette boussole issue de l’IA sera votre guide.
« Vous êtes dans une ville nouvelle et vous voulez un café. Alors vous parcourez les commentaires sur Google Maps, et quand l’un d’eux est négatif, vous passez au café suivant. Ce temps passé devant l’écran, c’est du temps que vous ne passerez pas à profiter de la ville. »
Le ras-le-bol des commentaires passés au crible (review fatigue), c’est ce qui a incité le designeur néerlandais à révolutionner l’un des admirables gadgets de l’humanité : la boussole. Co-fondateur de Modem Works, un studio de
design basé à Amsterdam qui parcourt le spectre des technologies émergentes, Astin le Clercq et son partenaire Bas Van de Poel ont décidé de créer un appareil permettant de « déambuler en conscience ». En partenariat avec le duo de designeurs Panter&Tourron, ils ont développé Terra, une boussole intelligente qui permet d’explorer un endroit sans son téléphone.
Avec un design new age inspiré d’un galet (qui tient dans la main et dont les bords sont doux et tactiles),
Tour de force: (de haut en bas) Terra tient dans la main ; Astin le Clercq, co-fondateur du studio de design Modem Works.
Terra utilise l’haptique et des lumières douces pour guider l’utilisateur·rice à travers un itinéraire concocté sur mesure par l’IA.
Comme pour ChatGPT, l’utilisateur·rice indique sa requête, par exemple « promenade de deux heures dans le Marais, à Paris, en passant par une pâtisserie et un parc », et Terra, à l’aide de l’IA et de Google Maps, génère une série de coordonnées GPS que l’appareil communique ensuite à l’utilisateur·rice. Si vous souhaitez boire un verre, Terra peut vous guider grâce à une flèche lumineuse, puis vibrer doucement à votre arrivée. Si vous vous trompez de route, la flèche vous ramènera sur la bonne voie.
« Dans l’idéal, vous laissez votre smartphone à l’hôtel et ne prenez que Terra, qui vous communiquera un itinéraire basé sur vos préférences », explique le Clercq. Le concepteur parle de dumb tech pour souligner la simplicité de son appareil. Il fonctionne avec une simple batterie rechargeable et un GPS. L’écran est délibérément caché par la coque extérieure à travers laquelle brillent ou s’estompent discrètement les lumières et les animations – ce qui crée, selon le Clercq, une « ambiance technologique ».
Si des prototypes existent, Terra reste un projet open source : le produit n’est pas destiné à la vente. Ses logiciels et fichiers CAO sont téléchargeables gratuitement pour que les personnes qui le souhaitent puissent créer, personnaliser, voire améliorer l’appareil. « L’idée de ce projet est de partager notre vision avec la communauté », explique le Clercq, qui s’oppose au secret traditionnel de l’industrie technologique. « C’est l’occasion de travailler avec des gens qui ont la même vision des choses… » modemworks.com/ projects/terra
Culture US
Mise en selle
Le photographe Ivan McClellan ofre un regard privilégié sur la culture black cow-boy aux ÉtatsUnis, à travers une commuauté qui lui était encore inconnue il y a peu.
La meilleure façon de faire parler un cow-boy ou une cow-girl pour le photographe Ivan McClellan, c’est de lui poser des questions sur son cheval : « Vous lui dites : “Ouah, quel palomino magnifique !”, et la discussion est lancée. »
Cet Américain de 41 ans a photographié des centaines de cow-boys au cours des neuf dernières années. Il immortalise ainsi une partie de la communauté, dont beaucoup – y compris luimême – ignoraient l’existence. « Pour moi, les black cow-boys, ça n’existait que dans Le shérif est en prison (un western-comédie de 1974, ndlr), un pur produit d’Hollywood », explique McClellan depuis sa maison à Portland, Oregon.
Tout a changé en 2015, lorsqu’il a été invité à son tout premier rodéo noir. « J’ai vu des milliers de cow-boys et cow-girls noir·e·s, se souvientil. On entendait du R&B et du hip-hop dans les vans des chevaux. La fumée des barbecues formait un épais brouillard au-dessus de la pelouse. De jeunes hommes caracolaient torse nu, avec des chaînes en or autour du cou et des Jordan aux pieds. Des femmes laissaient flotter leurs longues tresses au vent tandis qu’elles fonçaient à 80 km/h, agrippant les rênes avec leurs longs ongles artificiels…
Haut : une reine de rodéo défile à Okmulgee (Oklahoma), et deux Jumpmen donnent le coup d’envoi d’une course de Pony Express lors du Rodeo Invitational Roy Leblanc dans la même ville.
Bas : l’équipe Pony Express Southside se prépare à entrer dans l’arène à Bristow, Oklahoma. Le cow-boy Marlon Lamont à Okmulgee. Le photographe Ivan McClellan.
C’était irréel. » McClellan vient de Kansas City. Avec les membres de sa chorale, ils et elles étaient les seul·e·s Noir·e·s du public au rodéo American Royal. Découvrir les rodéos noirs fut donc une révélation : « Cette culture était là, sous mes yeux, depuis toujours. Mais je crois qu’un Noir qui incarne les attributs du cow-boy, c’està-dire le courage, l’intégrité, l’indépendance, ça va à l’encontre de l’opinion populaire en Amérique. Du coup, les médias n’en ont jamais parlé. » McClellan se promène dans les recoins du sud des États-Unis. « Je vais dans des endroits qui ne sont même pas sur Google Maps ! » Sans oublier la communauté de cow-boys urbains de Philadelphie ou Los Angeles. Ses clichés sont présentés dans un livre, Eight Seconds: Black Rodeo Culture (éd. Damiani). Le titre fait référence au temps qu’il faut tenir sur un taureau ou un bronco pour se qualifier pour un rodéo. Mais, selon McClellan, le nom de « cow-boy » est trompeur : « Le monde des black cow-boys est fondé sur le matriarcat. Les rodéos sont souvent une affaire de femmes. La communication silencieuse entre l’animal et l’athlète est quelque chose que j’ai remarqué chez les femmes : le cheval ressent l’énergie de sa cavalière. Ils travaillent en symbiose. » Ayant admis que cette culture était « clairement en déclin », McClellan a organisé un rodéo noir dans son propre État. « C’est un truc un peu fou à organiser, parce que Portland est connue comme la grande ville la plus blanche d’Amérique : celle qui se prête le moins à un rodéo. » La première édition, qui a eu lieu l’année dernière, a pourtant rencontré un vif succès : « Comme ils voyaient ça pour la première fois, les gens devenaient dingues. Ils grimpaient sur les clôtures, jetaient leurs chapeaux sur le ring. » eightsecs.com
Macrophotographie
À fond de champis
Lorsque Jay Lichter, passionné de nature, a braqué son appareil photo sur le sol d’une forêt, il a découvert un monde fascinant.
Le week-end, on voit généralement Jay Lichter ramper dans les sous-bois humides des Waitakere Ranges, la chaîne de montagnes située près de chez lui à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Il fouille les morceaux de feuilles, d’herbe et d’écorce à la recherche d’une étonnante merveille naturelle et microscopique : la moisissure visqueuse.
« On ne tombe pas dessus par hasard, explique ce jeune homme de 27 ans qui, la journée, travaille comme chef de projet pour une entreprise d’aménagement paysager. Je passe parfois huit heures sur un sentier qui ne prend que dix
à quinze minutes à parcourir. Mais si vous savez où chercher, votre œil sera attiré par une petite tache de couleur. »
Le compte Instagram de Jay Lichter présente des photos incroyables de ces taches de couleur surnaturelles, avec des éclats de rose, d’aiguemarine, de citron vert et de lavande irisée. À taille réelle, ces teintes extraordinaires sont presque imperceptibles à l’œil nu, certaines ne mesurant qu’un quart de millimètre.
C’est en travaillant comme jardinier que Lichter s’est découvert une passion pour les champignons. Il a donc commencé à étudier la science des sols et à lire des articles
sur l’horticulture, et découvert que dans les conditions d’obscurité et d’humidité favorisées par les champignons, on peut également trouver des moisissures visqueuses. Ces organismes unicellulaires s’installent et se nourrissent de matières organiques et s’agglutinent pour former des masses connues sous le nom de « plasmodes ». On étudie les réseaux sophistiqués de ces structures visqueuses qui inspirent de nombreux domaines, de la pensée créative à l’urbanisme.
Il y a trois ans, Lichter a d’abord photographié ces organismes avec son iPhone, mais il avait du mal à capturer les détails féeriques des organes de fructification, qui libèrent des spores lors de la phase de reproduction.
« C’est une étape particulière de leur cycle de vie, et elle n’est perceptible que pendant une courte période, explique-t-il. Ils sont tellement petits et délicats. Ils apparaissent à la saison des pluies, sont fortement arrosés, puis détruits. Ils sont de nature très éphémère. »
Le Néo-Zélandais utilise désormais un appareil photo macro et le « focus stacking » pour prendre entre 30 et 400 photos et obtenir une image cristalline. Les résultats sont là : Jay Lichter compte plus de 40 000 abonné·e·s sur Instagram, et un livre devrait être publié en 2025 qui comprendra également des clichés de champignons et de moisissures.
S’il est capable d’identifier la plupart des moisissures qu’il rencontre, Lichter utilise la base de données iNaturalist pour confirmer ses dires. Mais l’estimation actuelle de ces substances pour la NouvelleZélande – seulement 200 espèces – est faible, dit-il : « Ce travail m’a permis de mieux appréhender toutes les différentes petites pièces qui composent le monde naturel, qui le rendent possible. »
Instagram : @cyanesense
La vie en miniature : moisissure visqueuse du genre Arcyria sp. face à un crayon (en haut) ; le photographe Jay Lichter.
Fusion incandescente
Dans la chaleur brute de son nouvel EP, Argent, le duo musical Tshegue nous entraîne dans une danse de rythmes et d’émotions où le feu de la rue rencontre l’énergie pure de Kinshasa, Paris et Cuba.
Texte Marie-Maxime Dricot
Inséparables allié·e·s de scène depuis 2016, Faty Sy Savanet et Nicolas « Dakou » Dacunha, ont lâché prise pour mieux se trouver. Plus que jamais, leur musique incarne un cri de liberté, une révolte joyeuse, une urgence de vivre qui s’épanouit entre tradition et modernité. Ensemble, le duo redéfnit le son de la rue, embrassant la complexité du monde tout en revendiquant ses racines et sa liberté, grâce à une vision commune : une générosité instinctive et une créativité spontanée. Sept ans après un premier coup d’éclat avec l’EP Survivor, Tshegue ne cesse de repousser les limites et de bouleverser les codes. Rencontre.
the red bulletin : Sur cet EP, Argent, votre son est brut, organique, parfois sensuel. Il y a une dimension traditionnelle, mêlée à des énergies charnelles et de la colère, avec un esprit contestataire qui se dégage, mais toujours dans un feu de joie. faty: On fait de la musique qui dit les choses. On n’est pas là pour donner des leçons, mais il est certain qu’on a quelque chose de punk. En plus je chante en lingala, donc les interprétations sont multiples. Tout est dans l’intonation avec nous. On laisse les gens rêver, à travers nos vécus et nos sentiments.
Qu’est-ce qui a profondément changé depuis la sortie de Telema en 2019 ?
faty: Depuis mon voyage à Kinshasa l’année dernière, j’ai arrêté de me censurer. Je n’y étais pas retournée depuis mes douze ans. J’ai eu un complexe très occidental, alors que j’ai grandi là-bas, où les gens sont sans fltre. Or, en France, il y a des moments où j’ai eu peur de mes mots. Aujourd’hui, je lâche prise totalement. Kinshasa, c’est La Mecque de la musique.
Il y a une liberté incroyable et même si la vie est très dure, les gens vivent pour la musique, ils s’expriment sans s’inventer des vies. On se met à nu et on l’assume. dakou : À Kinshasa, tout est premier degré, c’était fabuleux. On est dans l’urgence dans le bon côté. Être avec Faty là-bas m’a fait redécouvrir mon amie. Mais il faut rester alerte car la République démocratique du Congo est un pays ruiné par la situation politique et par la colonisation. On ne fait pas de la musique que pour la musique, il y a un sens politique dans notre proposition.
La force de l’EP réside dans la témérité et la force des rythmes de percussions. Même si on ne comprend pas le lingala, on a le sentiment de deviner ce que vous racontez et puis parfois il y a aussi de l’image. Dans le clip Sing My Song, réalisé par Naïa Combary, on retrouve une dimension de battle, que raconte l’histoire ?
faty : J’ai voulu faire un tribute à Papy Mbavu qui est très important dans le mouvement Kotazo, qui est l’essence même de la musique de la street. C’est le kuduro avant l’heure. Papy Mbavu est un guerrier, qui a rassemblé tout une génération, et qui a ouvert la parole autour de la culture de rue. Le Kotazo, c’est une façon de vivre entre différentes communautés, le queer et le ghetto. Mais perso, j’utilise ce terme avec ma propre signification, il ne veut pas dire ce que j’essaie d’exprimer.
C’est-à-dire ?
faty : J’ai joué sur les mots. J’ai donné une définition à ce nom de genre de musique. « Kota » en ligala veut dire rentrer et « zo », c’est zoo, donc rentrer dans le zoo. Je pense que c’était le moment d’inviter toutes ces personnes qui nous regardent derrière des grilles à entrer dans notre univers. Sing My Song, c’est un cri de liberté.
Dans Argent, les notions de tradition, modernité, culture et déracinement cohabitent. Pensez-vous que ça soit réellement possible ?
faty : Les traditions, il ne faut pas les oublier. Il faut connaître son histoire pour ne se perdre, c’est ça qui nous répare et qui nous donne une fierté. Nos traditions sont nos racines, et il suffit de regarder l’impact de la colonisation pour s’en rendre compte. Le déracinement, c’est aussi la température, par exemple j’ai grandi en Afrique où il faisait chaud, quand je suis arrivée ici, c’était compliqué. Alors oui, notre corps s’adapte, mais jusqu’à quel point ? Perdre la raison ? La vraie liberté, c’est de savoir d’où l’on vient, pour aller où l’on veut.
En 2018, vous disiez que vous n’étiez ni en revendication, ni énervé, au contraire. Est-ce toujours le cas ?
faty : En vérité, j’ai une colère que j’ai réussi à dompter, j’adore être gentille, j’adore les gens gentils, j’adore quand la vie est douce.
dakou : C’est mieux de parler sans être énervé mais il y a vraiment de quoi l’être. En plus, cet EP on l’a créé dans une certaine forme de colère à cause de son qu’on vit aujourd’hui.
Il y a aussi le titre Easy Money, qui fait écho à l’EP de manière générale.
Focus
Tshegue en concert le 5 mars prochain à la Maroquinerie. IG : @tshegue_official
faty : Easy Money veut tout dire. C’est aussi l’argent facile, qu’on pense pouvoir gagner facilement, à quel prix et comment on se comporte avec ça. C’est l’histoire d’un mec qui revient au bled, habillé tout en blanc avec des mallettes. Il veut montrer qu’il était en Europe et qu’il a réussi, pour impressionner. Puis on se rend compte, finalement, que c’est un cas soc’, un voleur. Easy Money, c’est l’histoire de nos politiciens. C’est le cliché du dictateur en Afrique et ailleurs. Ça peut aussi être le mec qui retourne au pays et qui vend une fausse image de lui-même, parce qu’en vérité, il n’a pas réussi en Europe. C’est un complexe toujours existant car souvent, il y a la famille à soutenir et une pression sociale.
« Soyons honnêtes avec la réussite. Cela éviterait à nos frères de traverser la mer et de croire qu’ils seront mieux en Europe. »
Faty de Tshegue
Réconciliés
Le surfeur hawaïen Mike Coots repousse ses limites : perdre sa jambe à la suite d’une attaque de requin ne l’a pas empêché de continuer à surfer, ni de s’enticher des créatures qui l’ont attaqué.
Texte Jessica Holland
Mike Coots n’avait que 18 ans lorsqu’il a été attaqué par un requin-tigre en faisant du bodyboard près de chez lui, à Kaua’i (Hawaï), et perdu sa jambe droite. Aujourd’hui âgé de 45 ans, il reste un surfeur passionné et a repris ce sport dès que ses médecins l’y ont autorisé. Mike Coots surfe désormais avec une prothèse. Mais le plus remarquable dans son histoire, c’est qu’il se soit entiché des créatures qui l’ont presque tué. Après avoir suivi une formation de photographe, Coots a commencé à plonger avec les requins, à les photographier et à militer pour leur protection. L’année dernière, il a publié un livre de photos étonnamment intimes, Shark: Portraits
The Red Bulletin a rencontré ce surfeur inspirant pour découvrir comment il a surmonté une catastrophe qui a bouleversé sa vie, et finalement réussi à éprouver de la gratitude pour le requin.
the red bulletin : Peut-on décrire l’horreur du combat avec un requin qui vous tient entre ses mâchoires ? mike coots : Il n’y a plus que l’instinct de combat ou de fuite. J’ai essayé de libérer mes jambes de la gueule du requin avec ma main, mais ça n’a pas marché. Alors je l’ai frappé à la tête et il a lâché mes jambes. Ce n’est qu’après, en pagayant, que je me suis rendu compte que l’une d’elles avait été complètement sectionnée. Je n’ai pas ressenti de peur sur le moment, mais un réel sentiment de paix. Une petite vague est venue et je l’ai surfée jusqu’au sable. Un de mes amis m’a fait un garrot avec le leash de mon bodyboard. Puis un autre m’a hissé à l’arrière d’un pick-up et on a foncé jusqu’à l’hosto.
Combien de temps a duré votre rétablissement ?
J’ai failli perdre mon autre pied. J’avais de grosses blessures ailleurs sur le corps, et ma main était très amochée parce que je l’avais plantée dans la gueule du requin. Mais je me suis senti chanceux de me réveiller le lendemain matin à l’hôpital, vivant, avec mes parents à mon chevet. Un mois plus tard, j’étais de retour dans l’eau, mais avec un membre en moins. C’était dur d’apprendre à utiliser une prothèse pour conduire, faire du vélo, courir et reprendre la rando, mais d’une certaine manière j’aimais bien devoir trouver des moyens de m’adapter. J’ai acheté des pieds prothétiques d’occasion sur eBay pour m’en fabriquer un parfait pour le surf.
A-t-il été difficile de retourner à l’eau ? La partie la plus difficile du mois qui a suivi l’attaque, c’était d’être hors de l’eau et de ne pas pouvoir surfer. Statistiquement, c’est beaucoup plus dangereux pour moi de conduire une voiture que d’être dans l’eau avec des requins. Et s’il devait m’arriver quelque chose, autant que ce soit quand je fais quelque chose que j’aime. Si je devais rester assis sur le canapé toute la journée et jouer la carte de la sécurité, je ne me sentirais pas vivant. Retourner dans l’eau a été l’une des plus belles choses que j’ai vécues. Comme rentrer à la maison.
Dans votre activité de photographe, vous recherchez les requins. Pourquoi ? Après l’attaque, j’ai suivi une formation de photographe de mode. Puis un collègue, qui a lui aussi survécu à une attaque de requin, m’a conseillé de regarder un documentaire de 2006 intitulé Sharkwater Ce film m’a totalement bouleversé. Pour chaque requin qui blesse une personne, nous en blessons tellement plus (chaque année, environ 100 millions sont tués pour
leurs ailerons, ndlr). Moi qui aimais l’océan, je me suis senti obligé d’utiliser mon histoire pour aider à rendre les océans plus sains. Avec un groupe d’autres survivant·e·s d’attaques de requins, je me suis adressé au Congrès américain et j’ai obtenu l’adoption d’un projet de loi visant à renforcer la protection des requins aux États-Unis. Désormais, posséder des ailerons de requin est strictement interdit. J’ai également abordé le sujet des zones marines protégées auprès des Nations unies. Puis on m’a invité à faire de la plongée avec les requins et j’ai été fasciné quand j’étais sous l’eau. Pour moi, les requins sont le plus beau sujet à photographier au monde. Ils sont magnifiques.
Qu’est-ce que ça vous a fait de rencontrer un requin-tigre après l’attaque ?
Je ne l’oublierai jamais. C’était à Tiger Beach aux Bahamas, en 2016 (un haut lieu de la plongée avec des requins-tigres, ndlr). J’étais très nerveux, mais aussi très excité. J’ai commencé à photographier de loin, mais après environ dix minutes, j’ai posé l’appareil et simplement profité du moment. C’était impressionnant. Je me suis senti opérer un virage à 180 ° sur ma vision des requins. Certains de mes meilleurs clichés de requins ont été réalisés ce jour-là. Toute la peur semblait s’éloigner.
Pourquoi était-ce si important pour vous d’affronter votre peur ?
Nous avons un dicton, ici, à Hawaï : « Si on peut, on peut. Si on ne peut pas, on peut quand même. » Autrement dit, on peut tout faire, tant qu’on en a la volonté.
Combattre la peur
Lieu de naissance Kaua’i, Hawaï Requins favoris Les grands requins blancs, qu’il photographie à l’abri dans une cage, et les requins-tigres avec lesquels il nage sans protection. Techniques photographiques Coots utilise souvent un objectif portrait pour photographier les requins. « Je veux les photographier d’une manière différente pour qu’on puisse percevoir un peu de nous-mêmes en eux. » Pas de regrets Coots dit que s’il pouvait revenir au jour de l’attaque, il irait surfer, sachant qu’il y perdrait un membre. Découvrez The Call, un doc sur l’incroyable parcours de Coots qui milite en faveur des requins, présenté au Ocean Film Festival ; oceanfilmfestival.co.uk
« Les requins sont le plus beau sujet à photographier. Ils sont magnifiques. »
Coots
Mike
Marathonienne au grand cœur
Suite à un accident de voiture à 16 ans, Inès Beraich pensait devoir renoncer au sport. Grâce à une résilience à tout épreuve, elle est aujourd’hui une marathonienne visant les sommets mondiaux.
Texte Ouafae Mameche
C’est lors de ses derniers jours en Indonésie que nous avons eu Inès Beraich, 23 ans, au téléphone : « Je me sens reposée après ce voyage et c’est important après la longue année que j’ai eue et avant celle qui m’attend. » En effet, tout en cumulant activités pros (en radiologie) et universitaires (deuxième année de master en STAPS), elle va enchaîner trois marathons en quatre mois. Chose inimaginable pour elle il y a quelques années.
Le sport dans le sang
Initiée par son père, Inès a goûté au sport très jeune, ayant un énorme besoin de se dépenser : « J’ai d’abord fait sept ans de football féminin, puis de la boxe anglaise. J’ai touché au rugby, à la danse. J’avais ce goût et cette envie de me dépasser », raconte-t-elle. Le sport lui a permis de développer une combativité et une confiance qui ne la quitteront jamais. Il y a sept ans, lors de ses vacances au Maroc, Inès est victime d’un impressionnant accident de voiture. Alors que le véhicule est bloqué sur une route montagneuse, l’adolescente de 16 ans s’est sacrifiée pour sauver la vie de ses petits cousins à bord : « C’est mon bassin qui a servi de blocage et qui a empêché la voiture d’aller dans le ravin. » Dans l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital, Inès se projette sur sa future vie : « Je pourrai devenir championne de basket-fauteuil, trouver un métier qui accepte mon fauteuil roulant. » La jeune fille fait preuve d’un pragmatisme et d’une résilience assez déroutants pour son âge. « J’étais déjà reconnaissance d’être en vie, je ne voulais pas qu’on annonce à ma mère
le décès de sa fille de 16 ans. Et puis j’ai sauvé la vie de mes petits cousins ! » D’où lui vient cette ténacité ? : « Avoir été sportive toute ma vie fait que j’ai un mental extrêmement résilient », déclare-t-elle. Le verdict des médecins fut sans appel, Inès ne pourra plus faire de sport, même remarcher sera compliqué. « J’étais dans l’acceptation de perdre l’usage de mes jambes mais je me visualisais en train de marcher, courir », dit-elle avec émotion. Armée d’une volonté de fer pour se remettre sur pied, après deux mois alitée, Inès franchit les étapes une à une durant une rééducation qui avance rapidement. Elle sort de son lit, n’a plus besoin de fauteuil puis retire ses béquilles. « J’ai beaucoup marché avant de pouvoir courir. » Et depuis qu’elle court, Inès ne s’arrête plus.
Courir pour revivre
Mètre après mètre, elle augmente les distances, éprouvant une satisfaction indescriptible après chaque séance : « Je dévalais les kilomètres facilement et sans m’en rendre compte. » Elle se renseigne sur la course à pied et découvre la fameuse distance du marathon, 42 kilomètres : « Pour la symbolique de ma vie, je veux courir mon premier marathon ! » Chose faite en 2021, à Paris. « Je me souviens des larmes de joie versées sur la ligne
Focus
Six épreuves attendent Inès Beraich pour mener à bien son projet de boucler les World Marathon Majors.
Berlin : 29 septembre 2024 (achevé)
Chicago : 13 octobre 2024 (achevé)
New York : 3 novembre 2024
Tokyo : 2 mars 2025
Boston : 21 avril 2025
Londres : 27 avril 2025
IG : @ines.brch ; @wmmajors
d’arrivée. Et surtout l’émotion sur la ligne de départ », ajoute-t-elle. Inès enchaîne quatre marathons sans préparation ni encadrement, uniquement motivée par le plaisir que cela lui procure. Elle intègre ensuite un club d’athlétisme qui lui prodigue des entraînements rigoureux et de nouvelles pratiques, comme la préparation physique.
Amoureuse de challenges et symboles, Inès a un nouvel objectif : courir les six plus grands marathons du monde, les World Marathon Majors. « J’ai découvert le marathonien le plus rapide au monde, Eliud Kipchoge. Il m’a inspirée à être la sixième femme de moins de 25 ans et la première Française et Marocaine à les courir. » Mais participer aux marathons de Londres, Berlin, Chicago, New York, Tokyo et Boston n’est pas simple : l’attribution des dossards est soumise au hasard d’un tirage au sort, au paiement d’une agence de voyage ou au sponsoring d’une marque, le tout avec des quotas imposés par pays. « Dans moins de deux ans, j’aurai 25 ans, c’est une course contre la montre qui commence », déclare Inès. Ayant perdu aux tirages au sort, la coureuse a mis son projet en marche pour y arriver. Elle communique naturellement ses objectifs sur les réseaux et laisse le Ciel faire le reste. C’est ainsi qu’elle obtient son dossard pour Londres grâce à un inconnu sur la toile. Pour Berlin et Chicago, c’est par l’intermède de Nike qu’elle en est l’heureuse propriétaire. Quant à New York, elle a eu une place dans une agence de voyage grâce à un désistement. « Ce qui est beau dans mon histoire, c’est le processus par lequel je passe et comment je me démène pour atteindre mon objectif. J’ai confiance en moi et je fais les choses avec la meilleure des intentions. Cet accident est la plus belle chose qui me soit arrivée, c’est un cadeau », dit fièrement Inès.
Depuis quelques années, l’athlète partage son histoire publiquement pour donner des outils et servir d’exemple à qui en a besoin : « Ce n’est pas juste pour courir, c’est pour être reconnaissante d’être en vie, pour les messages que j’ai envie de transmettre. Je veux montrer pourquoi et comment le sport est un moyen puissant d’émancipation. Mon souhait est que la pratique du sport soit un outil pour préserver sa santé mentale et physique. » Pour ce faire, Inès a co-fondé Run’Elles, une association qui promeut la course à pied auprès des femmes. « Pas juste le marathon, ça peut être un kilomètre comme deux. Je mets en avant le mouvement. Chaque pas en avant est une réussite », conclut la jeune femme.
« Ce n’est pas juste pour courir, c’est pour être reconnaissante d’être en vie, pour les messages que j’ai envie de transmettre. »
Inès Beraich, une athlète revenue de loin
PLONGEZ DANS L’ESPORT
DE FAKER, LE « DIEU » DE LA DISCIPLINE, À LOUPIOTE, CASTEUSE FRANÇAISE TRÈS EN VUE, EN PASSANT PAR ARTHUR PERTICOZ, L’UN DES PATRONS DE LA KARMINE CORP - ET SES ULTRAS (LE BLUE WALL), LA JOUEUSE INTERNATIONALE MIMI LINTRUP OU ENCORE HANS SAMA, L’UNE DES MEILLEURES GACHETTES SUR LOL, CES PAGES VONT VOUS PRÉSENTER L’ESPORT TEL QU’IL S’EXPRIME EN 2024. AU-DELÀ DU JEU, VOICI UNE INCARNATION D’UNE SCÈNE SANS CESSE EN ÉVOLUTION : L’ENTERTAINMENT ET LA PERFORMANCE NUMÉROS UN DE DEMAIN ?
Le Red Bull League of Its Own à Berlin (Allemagne), le 9 décembre 2023. Sa prochaine édition est prévue à Paris le 15 décembre 2024.
Univers peuplé de personnages magiques, League of Legends est tout simplement le plus grand jeu d’esport au monde. Mais son personnage le plus extraordinaire n’est pas virtuel, c’est un être de chair et d’os nommé FAKER, l’Invicible Roi Démon.
La légende des légendes
Texte Tom Guise
« Dieu » : le Coréen Lee Sang-hyeok, 28 ans, ou Faker, est considéré comme le meilleur joueur esport de l’Histoire sur le célèbre jeu League of Legends
2013. LoL n’en
est encore qu’à ses balbutiements.
Sorti en 2009, le jeu organise ses premiers tournois depuis 2011. La compétition grandit vite et a déjà produit quelques joueurs célèbres. Mais il manque encore au jeu un véritable héros. Jusqu’à la retransmission télévisée du 6 avril 2013 et un match dans la capitale sud-coréenne, Séoul, qui va tout changer. Équipe locale populaire, CJ Blaze fait figure de grande favorite à la victoire du tournoi du Champions Spring. Leur joueur vedette est un jeune homme de 20 ans, Kang « Ambition » Chan-yong. Dans League of Legends (LoL pour les fans) deux équipes de cinq joueurs s’affrontent pour contrôler un champ de bataille magique divisé en trois voies : celle du haut, celle du bas et celle du milieu. Le joueur qui navigue sur la voie médiane doit être l’un des plus forts de l’équipe, et Ambition est considéré comme le plus grand joueur de voie du milieu de toute la Corée du Sud.
Face à CJ Blaze, une nouvelle équipe, la SK Telecom T1 #2. Leur joueur de voie du milieu ? Une mystérieuse recrue qui fait ses débuts sur le circuit professionnel. Depuis des mois, il domine les classements en ligne sous le pseudonyme de GoJeonPa. Tous les forums s’interrogent sur la véritable identité de GoJeonPa, si bien que lorsqu’un ado de 16 ans du nom de Lee Sang-hyeok monte enfin sur scène pour jouer sous son nouveau pseudo, Faker, l’excitation est palpable. Mais cette soirée allait réserver des surprises encore plus folles.
L’événement qui se produit à la sixième minute de jeu est entré dans les annales de LoL. Ambition observe un court temps d’arrêt pour faire évoluer son personnage, un assassin nommé Kha’Zix. « Quand on fait cette évolution, il y a un bref moment de pause où l’on ne peut rien faire, se souvient Eric “DoA” Lonnquist, l’un des commentateurs ce soir-là. C’est un laps de temps tellement court que personne ne l’exploite. Mais Faker s’est jeté sur l’opportunité. On n’avait encore jamais vu ça. »
En une fraction de seconde, Faker fait évoluer sa propre championne, une traqueuse nommée Nidalee, au niveau couguar, et élimine Ambition comme si de rien n’était. « Si cela avait été un joueur de voie médiane lambda, on n’aurait pas été aussi surpris, explique Jeon Yong-jun, mieux connu sous le nom de Caster Jun, l’un des commentateurs d’esport les plus connus de Corée du Sud. Mais c’était Ambition, là ! » Faker élimine ensuite deux des quatre adversaires restants en moins de 30 secondes. SKT T1 termine la soirée en écrasant CJ Blaze 2 à 0.
« Je me souviens que j’étais furieux, car c’était complètement improbable, se rappelle Ambition. Tout le monde oubliera les 3 000e, 4 000e ou 5 000e kills de Faker, mais personne n’oubliera son premier. Merci de m’avoir tué en premier, Faker. »
Moins de six mois plus tard, SKT T1 remporte le plus grand de tous les tournois, le League of Legends World Championship, plus connu sous le nom de Worlds. Dans le Staples Center de Los Angeles, sous le regard de millions de spectateurs et spectatrices en ligne, Faker soulève le plus grand trophée de toutes les compétitions de gaming, la Coupe de l’Invocateur.
« On ne le savait pas encore, mais en 2013, on a été témoin de la naissance d’une légende, celle de Faker », explique Eefje « Sjokz » Depoortere, présentatrice des Worlds 2013, dans un documentaire sorti cette année pour célébrer l’entrée de Faker dans le Hall of Legends (l’équivalent du Rock and Roll Hall of Fame pour LoL). Nombre de personnes intronisées dans dans le Hall of Legends jusqu’à présent ? Une seule. C’est ainsi que Faker est devenu LE protagoniste principal de LoL
Young Faker : à gauche, le GOAT au centre, en 2015 lors de la finale des Worlds. Son visage dans la Mercedes-Benz Arena accueillant l’event. Ce kid devint une icône mondiale.
Difcile d’expliquer toute l’infuence de Faker sur LoL et, par extension, sur l’esport en général, non parce que ce n’est pas quelque chose de tangible, mais parce que l’étendue de ses victoires est tellement immense.
Après les Worlds 2013, ses collègues et lui remportent à nouveau la victoire en 2015 et 2016, et deviennent la seule équipe à avoir jamais remporté trois titres. Il compte dix titres LCK (League of Legends Champions Korea) à son actif, deux Mid-Season Invitationals (le plus grand tournoi de mi-saison), une médaille d’or aux Jeux asiatiques de 2022 et la Coupe du monde d’esport en 2024. Il est le premier à atteindre 1 000, 2 000 puis 3 000 éliminations en LCK et détient le record du plus grand nombre d’éliminations dans les matches de championnats du monde. En 2017, Faker est élu Meilleur Athlète esport ; en 2019, il fgure sur la liste Forbes 30 Under 30. Mais ce sont les titres que lui ont attribués ses rivaux, ses fans et les médias qui marquent le plus : « le Michael Jordan de l’esport », « l’Invincible Roi Démon », ou encore « Dieu ». « Il est simplement le boss ultime de League of Legends », déclare le Danois Rasmus « Caps » Winther, considéré comme le meilleur joueur occidental de LoL de tous les temps. En 2020, le journaliste sportif d’ESPN, Tyler Erzberger, tweete une image de quatre fgures célèbres : le réalisateur oscarisé Bong Joon-Ho, le footballeur Son Heung-min, le groupe de K-pop BTS, et Faker, légendée ainsi : « Le top 4 de Corée du Sud ». « J’ai été cité au milieu de superstars internationales,
Faker est le boss ultime de League of Legends.
fera remarquer Faker interviewé à ce sujet. C’est sympa d’être mentionné avec eux. Je dois être un peu célèbre à l’étranger, moi aussi. »
Ce qui rend Faker si spécial, c’est sa capacité unique à lire le jeu et à agir en conséquence. En esport, on utilise un terme, meta, pour « most efective tactics available », autrement dit « tactiques disponibles les plus efcaces ». Dans LoL, les meilleurs joueurs maîtrisent ces stratégies optimales ; mais être le premier à les découvrir suppose un talent très rare. « Dans sa carrière, Faker a réalisé plusieurs actions que vous ne pourrez probablement jamais imiter même en vous entraînant jour et nuit et je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il les réalisait pour la première fois », explique Andrew « Vedius » Day, commentateur pour Riot Games, entreprise développeuse et éditrice du jeu LoL
« C’est un précurseur, afrme David “Phreak” Turley, concepteur principal du jeu. Quand on voit ce dont Faker est capable avec les outils que l’on met à disposition, on se dit : “Sérieux ? Ce mec peut vraiment faire ça ?” » LoL propose plus de 160 personnages appelés « champions ». Magiciens, assassins, combattants à longue, courte et moyenne portée. Certains infigent beaucoup de dégâts, d’autres sont capables d’encaisser un max. Chacun dispose de son propre arsenal de capacités, style de jeu, forces et faiblesses et cela se complique encore selon les diférents adversaires afrontés. « Faker a joué 83 champions, soit plus que n’importe qui dans la voie du milieu au cours des compétitions professionnelles, explique Turley. Ce mec peut pratiquement tout jouer et il a souvent été le premier à le faire. »
Pour comprendre son don pour League of Legends, il faut revenir à ses origines. Né en 1996, Lee Sanghyeok grandit dans le district de Gangseo à Séoul. Après le divorce de ses parents, il est élevé par son père, Lee Kyung-joon, et ses grands-parents. Son père le décrit comme un kid un peu solitaire et très vif : il apprend tout seul des langues étrangères ou comment résoudre un Rubik’s Cube, et aime bien les jeux vidéo. « J’ai commencé comme tous les gosses, avec la Playstation et d’autres consoles. Mais quand j’étais jeune, je me fchais pas mal de la compétition », se souvient-il dans un article rédigé par ses soins en 2016 pour The Player’s Tribune. Pourtant, en 2004, alors qu’il a huit ans, son père lui achète un PC et il devient fan de Starcraft, le jeu d’esport le plus populaire de Corée à l’époque. Puis, en 2011, il découvre LoL. « C’est là que je me suis lancé dans la compétition professionnelle. »
À l’école, Lee acquiert son premier surnom de joueur : « Le poing enfammé du Lycée Mapo ». Mais en ligne, il en a un déjà un autre : GoJeonPa. Il joue à un style de jeu appelé SoloQ, où chaque joueur et joueuse est associé·e à d’autres de manière aléatoire, ce qui le forcera à s’adapter et à maîtriser plus de champions dans diférentes confgurations d’équipe. « Mon niveau a continué d’augmenter, on a fni par me faire jouer contre les meilleurs joueurs de Corée, dit-il. J’étais encore amateur, mais j’ai gagné la première place dans le classement des serveurs. » Fin 2016, Faker devient numéro un mondial. Deux ans plus tôt, une équipe chinoise a tenté de le
Son père le décrit comme un kid un peu solitaire et très vif.
À gauche : Faker à NYC, demi-finales des Worlds 2016 ; ci-dessus : T1 à l’attaque (finale des Worlds 2023, Corée du Sud). À droite : le nom de Faker comme celui de Batman dans la nuit (Mid-Season Invitational 2022, Corée du Sud).
recruter en lui proposant un alléchant contrat d’un million de dollars, mais il a refusé. « Je veux rester en Corée et remporter un second championnat du monde », a-t-il expliqué à ESPN. Chaque année, les ofres ont augmenté (10 millions en 2020 pour jouer aux États-Unis, 20 millions de la part de la Chine en 2022). Il a systématiquement répondu par la négative. Et pourtant, il ne fait plus les gros titres à ce moment-là.
En 2013, lorsque Faker est invité à rejoindre SKT T1, il admet ne pas avoir consulté sa famille. « Je leur ai juste dit que ça allait bien se passer, écrit-il en 2016. Ils ne me soutiennent pas vraiment activement, mais je comprends leur inquiétude : l’esport est un milieu très volatile. »
Une inquiétude qui semblait justifée lors de la fnale des Worlds 2017. SKT T1 afrontait Samsung Galaxy, l’équipe qu’ils avaient battue en 2016, et Ambition (premier grand kill de Faker) en était le capitaine. En trois victoires consécutives, Ambition a orchestré sa revanche. C’était la première défaite de Faker en fnale d’un championnat du monde, et pour la première fois, les fans ont vu l’Invincible Roi Démon vaciller. « J’étais juste à côté de lui, se souvient son coéquipier Bae “Bang” Jun-sik après la défaite. Il ne se contentait pas de sangloter, il pleurait à chaudes larmes, de tout son corps. C’était terrible de voir un coéquipier exprimer autant de tristesse. » « J’ai pleuré aussi, avoue son père. Quel parent pourrait retenir ses larmes quand son enfant soufre ainsi ? » Ce fut le début d’une période difcile pour ce joueur jusque-là réputé imbattable. Après une mauvaise performance lors des play-ofs du printemps 2018, Faker s’est retrouvé sur la touche pendant la saison estivale. L’équipe est devenue un véritable déflé de joueurs, les anciens partaient, les nouveaux arrivaient. Cette année-là, SKT T1 a échoué lors des fnales régionales de la LCK et n’a même pas
En 2022, les T1 furent crucifiés en ces lieux.
Vue générale de l’ambiance lors des finales du Championnat du monde de League of Legends le 5 novembre 2022 à San Francisco, en Californie.
Une exécution : les T1 terrassés par DRX lors des Worlds 2022. Notre Faker, pétrifié, assumera-t-il le poids de cette défaite collective ?
Fakermation
L’hymne officiel des Worlds change chaque année: voici les quatre clips vidéo dans lesquels Faker est représenté.
Ignite, feat. Zedd (2016)
En train de manger un brocoli cru en clin d’œil aux Worlds 2015, où un fan lui avait dit que sa coupe de cheveux ressemblait à ce légume. Il avait promis d’en manger un morceau s’il gagnait. Chose promise, chose faite.
Gods, feat. NewJeans (2023)
Une mélodie de k-Pop contagieuse pour ce duel au sommet entre deux anciens camarades de classe, Deft et Faker, en 2022. C’est Faker qui perdra cette fois-ci, comme en cours d’histoire.
Heavy Is The Crown, feat. Linkin Park (2024) Vainqueurs en 2023, les membres de ZOFGK représentent la menace finale dans cette bataille épique au sein du mythique Royaume de Runeterra de LoL.
Rise, feat. The Glitch Mob, Mako, and The Word Alive (2018)
La montée en puissance d’Ambition, l’ennemi juré de Faker, jusqu’à son triomphe en 2017. Qui l’attend lors du duel final ? L’Invincible Roi Démon, bien sûr.
réussi à se qualifer pour les Worlds. Durant les deux étés suivants, Faker s’est de nouveau retrouvé remplacé par de jeunes joueurs. Les fans ont exprimé leur mécontentement, mais la rumeur enfait. « On disait que l’ère de Faker touchait à sa fn, se souvient le commentateur Jun. Ce n’était pas qu’une mauvaise passe, il était devenu trop vieux. » En 2020, l’équipe, renommée simplement T1, échoue de nouveau à se qualifer pour les Worlds. Faker a alors 24 ans.
La carrière d’un joueur pro de LoL est étonnamment courte, l’âge moyen de la retraite tourne autour de 23 ans. Il y a de multiples raisons à cela. Certains ne peuvent tout simplement plus suivre le rythme. Riot Games met régulièrement à jour le code du jeu, ajoute de nouveaux personnages, modife les caractéristiques de ceux déjà existant, ce qui force les joueurs à réapprendre constamment la meta. Et le burnout est une réalité : alors que les athlètes traditionnels s’entraînent jusqu’à huit heures par jour, une analyse de 2019 montre que Faker, par exemple, s’entraîne pendant treize heures, entre scrims (matches d’entraînement), SoloQ et pratique perso. Le reste de la journée, il mange, dort et s’accorde une heure de temps libre. « Même en mangeant, il parlait du jeu, rapporte son ancien coéquipier Lee “Wolf” Jae-wan. En vacances, il jouait au lieu de sortir. »
Et puis, il y a la charge physique. On peut penser que l’esport n’a pas le degré d’intensité du foot, du tennis ou de la F1 (sports où pas mal d’athlètes ont déjà largement atteint la trentaine) mais les séquelles sont parfois graduelles, imperceptibles, ou, pire encore, chroniques. Les mains et les poignets des joueurs de LoL sont soumis à d’énormes quantités de micromouvements. Au cours d’une partie, un joueur ordinaire peut efectuer 100 actions par minute (APM) ; Faker atteint parfois 500 APM en utilisant la souris et les raccourcis clavier non seulement pour déplacer son personnage mais aussi la caméra du jeu, surveiller ses coéquipiers et analyser tout ce qui pourrait lui donner le moindre avantage. Beaucoup de joueurs prennent leur retraite à cause de blessures
devenues permanentes (tendons enfés, compression des nerfs, douleurs au cou et au bas du dos). Un joueur pro de LOL de plus de 30 ans encore actif, ça n’existe pas.
Au début de la saison 2021, Faker décide de se mettre au vert pendant trois semaines. Pas parce qu’il en a marre, mais parce qu’il a besoin de faire une pause et souhaite changer quelque chose en lui. « J’avais un ego démesuré, se souvient-il rétrospectivement. J’agissais uniquement en fonction de mon expérience personnelle. Maintenant, je suis devenu plus objectif, plus fexible. J’ai gagné en maturité. » Cette année-là, T1 s’incline encore aux Worlds. Faker est présent, mais les larmes de 2017 ont séché.
Une image emblématique de la fnale des Worlds 2022 circule un peu partout, si marquante qu’elle a remporté le prix de la photo d’esport de l’année. Après la défaite, debout sur la scène du Chase Center de San Francisco, Faker regarde son coéquipier Ryu « Keria » Min-seok, toujours assis devant son écran. La tête entre les mains, celui-ci semble inconsolable.
2022 devait être l’année de T1, l’année de Faker, son dixième anniversaire dans l’esport professionnel. Au début de la saison, il était devenu le premier joueur de LCK à atteindre 2 500 kills, le deuxième de l’histoire de LoL à dépasser les mille matches professionnels. Une équipe régulière s’était enfn soudée autour de lui : Choi « Zeus » Woo-je, Mun « Oner » Hyeon-jun, Lee « Gumayusi » Min-hyeong et Keria. Les fans leur avaient même trouvé un nom, ZOFGK, les initiales de leurs pseudonymes dans l’ordre où ils jouent sur la carte avec Faker au centre. Au printemps, ZOFGK a terminé la saison invaincue sur un score de 18-0. Avant la fnale des Worlds, 76 % des fans prédisaient la victoire de T1. Leurs adversaires ? DRX, une équipe coréenne d’outsiders dirigée par un ancien camarade de classe de Faker, Kim « Deft » Hyuk-kyu. « Péché d’arrogance », se souvient Oner. Ce sera une leçon d’humilité.
Lorsque le mot « Défaite » est apparu sur l’écran de la cabine de T1, Faker s’est adossé à son siège. Devant plus de 14 000 personnes et des millions de téléspectateur·rice·s, les écrans géants afchent un visage angoissé qui fait bientôt place à la sérénité. « Pas de bol, les gars, mais on a bien joué », dit-il au micro pour galvaniser son équipe avant de les observer tour à tour. À 26 ans, il est le plus âgé. Zeus et Oner sont encore des ados, Gumayusi et Keria viennent d’avoir 20 ans. Alors que ce dernier ne cesse de sangloter, les larmes montent aux yeux de Faker. Le cliché immortalisera ce moment. « Je voulais m’assurer qu’ils allaient bien, se souvient-il. Mes coéquipiers rêvaient de faire la fnale des Worlds. Ils étaient dévastés. Moi, j’étais déjà passé par là plusieurs fois. » Sa dernière victoire remonte désormais à six ans. « J’ai essayé de me projeter sur l’année à venir et de faire en sorte que mon équipe se sente bien. » Mais sept mois plus tard, Faker commence à ressentir une douleur préoccupante. « Au début de l’été, mon bras était était engourdi et j’avais des picotements. Au début, cette perte de sensation dans les doigts ne durait que quelques minutes, mais bientôt c’était
Les T1 partagent avec les Beatles leurs coiffures et une commu de fans planétaire, mais leur truc, c’est l’esport.
Faker célèbre sa rédemption devant
6,4 millions de viewers.
19 novembre 2023, au Gocheok Sky Dome de Séoul, lors de la finale des Worlds, Faker et les T1 brandissent la Coupe de l’Invocateur, celle qui vous installe à vie parmi les dieux de LoL
« Notre équipe est vraiment bonne », dit-il sobrement.
toute la journée. » « J’ai pensé : ça y est, le pire a fni par arriver », enchaîne son père.
Faker passe un IRM de la main. « Il n’y avait pas de diagnostic précis ni de véritable traitement », se souvient-il. Commence une longue convalescence, personne ne sait quand ou s’il va revenir.
T1 se trouve déjà en pleine tourmente : après une sensationnelle série de 17 victoires au Spring Split, ils se sont inclinés en fnale, ce qui marque leur quatrième défaite consécutive en tournoi. Le doute s’est installé. « On s’est dit qu’on était peut-être pas compatibles », admet Faker. Puis c’est l’élimination au Mid-Season Invitational. « Après, tout s’est écroulé, dit Keria. On a perdu confance. On ne communiquait plus. »
Faker, absent, est remplacé par un petit nouveau de 17 ans, Yun « Poby » Sung-won. « Ce n’était pas un siège ordinaire, c’était un Saint Graal empoisonné, dit le commentateur Jun. Le médian de T1, la position de Faker. » Broyé par ces attentes impossibles, Poby s’en sort mal. T1 dégringole à la cinquième place du classement d’été ; une chute sous la sixième place et c’en est fni des espoirs de qualifcation pour les Worlds. L’ambiance au sein de l’équipe devient si délétère que Gumayusi reconnaît avoir consulté un thérapeute.
Trente et un jours après s’être éclipsé, Faker fait son retour pour le plus grand bonheur de ses fans. Le retour de la pièce manquante pour la qualifcation de ZOFGK aux Worlds. Faker en profte pour exprimer sa gratitude envers Poby. « Il s’est retrouvé dans une position délicate, confe-t-il. Je le remercie d’avoir tout donné. »
Depuis la première édition en 2011, jamais les championnats n’ont bénéfcié d’une telle aura de mythologie que les Worlds 2023. Ils se déroulent en Corée du Sud, berceau des plus grands joueurs de LoL. La Corée a soulevé à sept reprises la Coupe de l’Invocateur ; seconde meilleure équipe, la Chine ne compte que trois victoires. Mais chaque fois que le tournoi s’est tenu en Corée du Sud, en 2014 et 2018, Faker n’a pas réussi à se qualifer. Pour le public local, le voilà face à son destin. En demi-fnales, T1 est la dernière équipe coréenne dans un tableau dominé par les adversaires chinois. « L’an dernier, on a appris notre leçon et compris que c’était essentiel de jouer avec les ZOFGK au complet », explique Oner. Le destin est parfois cruel. Il peut fnir en tragédie, les glorieux héros se faisant terrasser dans le dernier acte. Mais pas cette fois. Le 19 novembre 2023, au Gocheok Sky Dome de Séoul, sous le regard de plus de 6,4 millions de viewers (plus grande audience jamais enregistrée pour un événement d’esport),
ZOFGK s’impose en fnale, et, dix ans après sa première victoire, Faker devient le seul joueur à soulever la Coupe de l’Invocateur pour la quatrième fois. Au moment de son triomphe, il ne prononce que cinq mots : « Notre équipe est vraiment bonne. » Qatre semaines plus tard, T1 rejoue. Pour utiliser une expression devenue trop rare en compétition, l’ambiance est… ludique lors de ce tournoi d’exhibition Red Bull League of Its Own organisé au Velodrom de Berlin (Allemagne) en l’honneur des champions du monde. Certaines des meilleures équipes professionnelles d’Europe sont venues lui rendre hommage, et peut-être, oui, peut-être, la battre (une équipe réussira). Cela aurait pu être une conclusion digne d’un conte de fées pour ZOFGK, mais les cinq compères ont une autre idée en tête.
Au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue juste après les Worlds 2023, Faker a répondu à une question que beaucoup se posaient. « Je n’ai aucunement l’intention de prendre ma retraite. Je vais continuer à jouer pour T1, dira-t-il calmement. J’ai appris et grandi tout au long de ma carrière. C’est une opportunité rare pour un être humain. »
Et quel rare être humain que Lee Sang-hyeok ! C’est une licorne, un joueur dont l’étoile a brillé plus intensément que nul autre. Et aujourd’hui, à 28 ans, cette étoile semble encore bien loin de s’éteindre.
« Je n’ai jamais pensé que la carrière d’un joueur pro devait être si courte, a-t-il déclaré en 2022. Certains prennent leur retraite, d’autres continuent. Je ne pense pas qu’il y ait une grande diférence entre un joueur au début de la vingtaine et un autre au début de la trentaine. » Mais il a toujours considéré les deux mondes qu’il habite diféremment des autres.
« Je ne peux pas imaginer un jour où les gens parleront de League of Legends sans mentionner Faker, déclare le joueur professionnel vietnamien Đo “Levi” Duy Khánh. Et personne n’a envie de voir ce jour arriver. » Mais en 2017, Faker a donné un aperçu de ce que pourrait être sa vie post LoL. « Je travaillerai sûrement dans l’esport. Et sinon, j’espère travailler dans un domaine où faire évoluer la science et les gens. Travailler avec le cerveau humain. »
Pour l’instant, il se contente de jouer avec nos émotions. Au moment d’écrire ces lignes, ZOFGK continue d’écrire un autre chapitre légendaire dans l’Histoire de LoL : Dernière équipe qualifée, elle s’accroche encore aux Worlds 2024. Mais peu importe le résultat, dans cette saga, Faker a déjà trouvé sa place : celle du plus grand joueur de LoL de tous les temps.
« Rétrospectivement, c’est comme si League of Legends et Faker s’étaient nourris l’un de l’autre, commente Sjokz. Il y avait une place vacante et lui, qui est sorti du rang en déclarant : “Je deviendrai cette icône pour vous.” »
T1 Rose Together, le docu sur l’incroyable année 2023 de l’équipe, à voir sur redbull.tv ; le prochain Red Bull League of Its Own aura lieu à l’Accor Arena (Paris) le 15 déc.
LA FRENCH TOUCH
Depuis quelques années, les streamers français – très souvent issus de l’univers du gaming et de l’esport - se démarquent à l’international par leur capacité à collaborer, à rassembler leurs communautés très fidèles et à organiser des événements qui détonnent par leurs envergures, qualités, et tailles. Pourquoi ?
On est en live le mardi 5 avril 2022 sur l’émission Popcorn sur Twitch lorsque Domingo, une référence pour les fans de gaming et d’esport, et l’animateur et créateur de l’émission, annonce l’arrivée du « Général » Kameto. Depuis trois jours, le très populaire streamer et cofondateur de la Karmine Corp pilote un effort français remarquable pour remporter la pixel war sur le réseau social Reddit. Un jeu simple où chaque utilisateur peut choisir toutes les cinq minutes la couleur d’un pixel sur plusieurs millions qui constituent une gigantesque toile. À la fin, le but est de réaliser une œuvre d’art collaborative. Durant la première édition, en 2017, les œuvres pouvaient être des personnages de BD, des memes. Mais en 2022, lorsque les streamers français, sous l’impulsion de Kameto, découvrent le jeu, ils poussent la notion de collaboration au niveau supérieur et s’emparent de la plus grosse proportion de pixels pour y dessiner une œuvre d’art 100 % chauvine. L’Arc de Triomphe, Zidane, Pesquet, les Daft Punk et un croissant y figurent tous malgré les efforts répétés des streamers nord-
Ci-dessus : ZeratoR au max lors de la Trackmania Cup (2022) ; page de droite : Domingo, l’un des streamers les plus suivis en France sur le plateau de son show Popcorn ; en bas : Michou, qui a fait danser les stars d’Internet ; à droite : la très populaire Maghla, connue pour ses contenus gaming et ses lives Twitch.
américains et espagnols pour rameuter leurs communautés et s’emparer des pixels devenus français. Cocorico. Une fois la guerre terminée et la victoire française assurée, Kameto apparaît avec ses lunettes de général (d’anciennes lunettes d’aviateur) et, interrogé par Domingo, analyse à chaud la victoire : « On est entraînés en France à être soudés : dès qu’on s’organise, les gens comprennent vite, ce qui n’est pas le cas des Espagnols ou des Américains qui étaient plus nombreux mais qui étaient là pour regarder. Ils veulent juste du contenu, ils s’en foutent. Nous, je sentais que tout le monde était impliqué pour mettre son pixel à la seconde près. Eux, ils défendaient leurs communautés en tant que streamers à échelle individuelle. Sauf que nous, le délire c’était que ce soit toute la France. » En effet, la pixel war était une démonstration du savoir-faire du stream français à rassembler, à collaborer et à embêter les streamers espagnols.
Marathon caritatif
Au-delà de la pixel war, le paysage du stream français a été ponctué ces dernières années par des événements d’envergure, parfois diffusés en direct devant un public en présentiel, mais rassemblant surtout plusieurs stars ensemble. Domingo par exemple, en plus de son émission hebdomadaire Popcorn, organise depuis 2021 des compétitions sportives entre streamers, débutant avec L’Échappée, une course cycliste virtuelle diffusée en direct à 200 000 viewers. Des stars du milieu comme Michou, Kameto ou Maghla y participent, apportant avec elles et eux leurs communautés. Il y a aussi le GP Explorer de Squeezie et Gotaga où 22 streamers ont participé à une course de Formule 4 sur le circuit historique Bugatti du Mans, réunissant, en 2023, 60 000 personnes dans les tribunes et presque 1,4 million de téléspectateurs simultanés, un record absolu pour le stream français. Le marathon caritatif ZEvent, à l’occasion duquel s’était tenu le premier GP explorer en 2022, réunit chaque année des millions de spectateurs et récolte des sommes folles pour des organisations caritatives. En 2022, le streamer AmineMaTue, référence dans le monde du gaming, organise le Eleven All Stars, un match de foot entre des streamers français et espagnols, filmé par 22 caméras en direct (plus que les phases de groupe de la Champions league) et réunissant en cumulé près de 1,5 million de téléspectateurs (la France a gagné 2-0. Cocorico bis.)
Depuis l’autre côté de l’Atlantique, les internautes américains s’interrogent sur
Texte Tony Schulze Photos Elliot Le Corre
En haut : Gotaga, un célèbre joueur et streamer français, ex-pro de Call of Duty. Bas : Kameto, Général de la KCorp. En face : Domingo et Bigflo sur le ZEvent.
BIG TIME
Ces événements ont marqué l’Histoire du streaming en France.
Avril 2012
Lancement de la WebTV
Eclypsia qui deviendra une pépinière de talents français.
Septembre 2017
Premier ZEvent : 451 851€ récoltés
Septembre 2019
Première émission Popcorn de Domingo
Mars 2021
Domingo organise le concours sportif L’échappée, 200 000 téléspectateurs.
Avril 2022
La France, menée par Kameto, remporte la pixel war.
Novembre 2022
La France remporte le Eleven All Stars organisé par AmineMaTue, 1 155 000 téléspectateurs.
Octobre 2023
Squeezie et Gotaga organisent le deuxième GP Explorer, 1 300 000 téléspectateurs.
les forums : « Pourquoi nos streamers ne peuvent-ils pas organiser de tels trucs ?! »
Un lien fort
« C’est vrai qu’en France, on propose des programmes qui n’existent pas à l’étranger, on a une mentalité particulière, analyse Théo Kleman, bras droit de Domingo qui prépare avec lui l’émission Popcorn. On investit beaucoup d’argent pour concevoir des concepts intéressants en direct pour le public français qui est exigeant », alors même qu’économiquement, le coût de diffuser en direct un événement est conséquent. « Aux USA, quand ils organisent un événement exceptionnel, ils ne font pas ça en direct, ils le pré-enregistrent pour ensuite le poster sur YouTube. Mais en France, on a une relation peut-être plus importante avec nos audiences qui sont très fidèles. Et elles adorent le direct ce qui nous motive à investir dedans. Et puis, il y a cette magie qu’on adore, sans oublier le défi. Réaliser un direct toutes les semaines, c’est une performance que nos spectateurs reconnaissent. » Une observation que partage Charlotte Errard, qui travaille depuis longtemps dans l’événementiel aux côtés des streamers. « Les Français attendent plus d’authenticité. Ils requièrent plus d’affect, de transparence. Ils sont plus exigeants. Mais une fois que le lien est créé, il est beaucoup plus fort. Ça demande donc plus d’investissement de la part du streamer, mais le public le lui rend en achetant des tee-shirts ou des billets pour les événements en présentiel. » Mais aussi pour suivre son streamer préféré dans ses évolutions. « Lorsque Etoiles (l’un des streamers les plus suivis, ndlr) qui vient du jeu vidéo, propose des émissions sur la culture, on le suit. Et il est reconnaissant parce que c’est grâce à eux qu’il peut avoir des visites privées de musées, qu’il streame en direct. Ça crée un lien fort. »
Respect
Mais les événements français se démarquent aussi par la capacité des différents streamers à collaborer, rassemblant plusieurs audiences ensemble. Pour une bonne partie des têtes d’affiches du Twitch
« Au début, ces events, c’était un pari fou. »
Théo Kleman
français, c’est une habitude qu’on peut retracer à leurs débuts. Pour Domingo, Kameto ou encore ZeratoR, le créateur du ZEvent, leurs premières réelles expériences professionnelles se sont déroulées au sein de WebTV comme Millenium ou Eclypsia, aujourd’hui disparues. Ancêtres de Twitch, le principe était que les divers streamers s’enchaînent pour animer un stream continu avec du jeu vidéo, des chat-shows et autres. « L’ambition et la création de beaucoup de streamers français n’est pas venue de nulle part. Il y en a beaucoup qui sont passés par Eclypsia qui peut être comparée à une sorte de pépinière de talents. Ça a forgé leurs esprits et ça leur a montré, à une époque où beaucoup d’entre eux étaient encore jeunes, qu’il y avait des trucs cool à faire en entreprenant et en collaborant », analyse Théo Kleman. Et puis, plus simplement, le fait d’avoir partagé autant, y compris le déménagement en Angleterre pour certains où Eclypsia s’était installée en 2013, a rapproché. Charlotte Errard travaillait à l’époque chez Eclypsia et se souvient :
« Quand on est jeune streamer, dans un pays étranger, comme Domingo et Kameto, exposés médiatiquement très tôt, forcément, ça crée des liens avec ceux qui partagent la même expérience. Et lorsque ces streamers sont allés voguer ailleurs et faire des choses différentes, ils ont conservé un respect entre eux qui a favorisé les collaborations. »
Du cœur
Cette french touch n’est pas prête de s’arrêter. Les nouveaux talents émergent sans avoir été bercés dans l’univers des WebTV, mais arrivent dans un univers où les anciens ont montré ce qui était possible.
« Au début, c’était un pari fou d’organiser de grands événements en direct. » Mais au vu de la fidélité des audiences, « les marques qui pouvaient être hésitantes à investir il y a quelques années n’hésitent plus aujourd’hui puisque le modèle a été prouvé », explique Théo Kleman. « Ce n’est pas une surprise que ce soit en France qu’il y ait cette particularité. Vous avez vu comment est perçu le public français devant d’autres événements sportifs ? On est un public qui met du cœur. Et quand on combine ça avec des streamers qui sont très fédérateurs, ça crée une communauté forte. C’est aussi ça la french touch », ajoute Charlotte Errard. Une communauté forte qui peut aussi agir lorsqu’il s’agit de reprendre des pixels aux Espagnols. « Quand Kameto demande à sa communauté d’aller fumer les Espagnols, les gens le font », conclut en rigolant Théo Kleman. Cocorico ter.
Players d’élite
Le Red Bull League of its Own (Accor Arena, 15 décembre)
accueillera les meilleures équipes évoluant sur League of Legends. Découvrez ce Hall of Fame de l’esport, pour en savoir plus sur les forces en présence.
Texte Lucas Jacque
Pays : France Création : 2020
La Karmine Corp est depuis quatre ans la principale attraction de la scène française. Fondée en mars 2020 sous le nom de Kameto Corp, elle fait ses premières armes dans la deuxième division tricolore de LoL. L’émulation autour du club est déjà palpable et va croître huit mois plus tard lorsque le streamer annonce l’arrivée de l’équipe en LFL. Au même moment, Prime rejoint Kameto : la Karmine Corp est née. Et la Karmine Corp va tout KC. Elle s’offre le Championnat de France dès sa première participation, mais va surtout remporter trois EU Masters consécutifs en 2021-2022. Après avoir tout gagné en ERL, la Karmine a obtenu fin 2023 sa place pour le LEC. Entre-temps, la KC s’est diversifiée, avec succès. Elle a notamment remporté les premiers Worlds de Teamfight Tactics en 2020, le Major d’Hiver de Rocket League en 2023 ou la Coupe du Monde de Trackmania la même année. L’identité du club lui vient aussi de son énorme fanbase. La KC a multiplié les événements aux allures de démonstrations de force lors des KC Xperience à Bercy ou la Défense Arena. Désormais club résident des Arènes de l’Agora à EvryCourcouronnes, la KC devrait poursuivre dans cette voie.
TARGAMAS
Nom Raphaël Crabbé Âge 24 ans Nationalité Belgique Poste Support
KARMINE CORP
L’ATTRACTION FRANÇAISE
VLADI
Nom Vladimiros Kourtidis
Âge 19 ans
Nationalité Grèce
Poste Mid Laner
CALISTE
Nom Caliste Henry-Hennebert
Âge 18 ans
Nationalité France
Poste ADC
CANNA
Nom Kim Chang-dong
Âge 24 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste Top Laner
Pays : Corée du Sud Création : 2002 T1 est le plus grand club de l’Histoire. Et pour cause, la structure sud-coréenne est la seule à avoir remporté à plusieurs reprises la compétition la plus prestigieuse du paysage esportif : les Worlds de League of Legends. Créée en 2002 sous le nom de SKT T1, l’équipe a même été sacrée quatre fois en treize éditions (2013, 2015, 2016 et 2023). Sa réussite est intimement corrélée à celle d’un homme qui s’est lui aussi imposé comme le plus grand joueur de la planète, tous jeux confondus : Faker.
Arrivé en 2013, le Mid Laner est un exemple de fidélité unique qui a contribué à toutes les victoires de T1 (l’équipe est rebaptisée ainsi en 2019) : les quatre couronnes mondiales, mais aussi les dix titres de LCK, la ligue coréenne. Star internationale au palmarès inégalé, Faker est aussi un modèle de résilience. Après une année 2020 difficile, il a reconstruit sur deux ans un projet de rookies autour de lui. Depuis 2022, Zeus, Oner, Gumayusi et Keria entourent donc la légende. Finaliste malheureux des Worlds pour sa première année, le cinq a pris sa revanche en 2023 pour réinstaller T1 tout en haut de la hiérarchie mondiale.
ZEUS
Nom Choi Woo-je Âge 20 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste Top Laner
ONER
Nom Mun Hyeon-jun Âge 21 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste Jungler
FAKER
Nom Lee Sang-hyeok
Âge 28 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste Mid Laner
GUMAYUSI
Nom Lee Min-hyeong
Âge 22 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste AD Carry
LE SOMMET MONDIAL
KERIA
Nom Ryu Min-seok
Âge 22 ans
Nationalité Corée du Sud
Poste Support
G2 ESPORTS
LES SAMOURAÏS EUROPÉENS
BROKENBLADE
Nom Sergen Çelik
Âge 24 ans
Nationalité Allemagne-Turquie
Poste Top Laner
MIKYX
Nom Mihael Mehle
Âge 25 ans
Nationalité Slovénie
Poste Support
YIKE
Nom Martin Sundelin
Âge 23 ans
Nationalité Suède-Pérou
Poste Jungler
CAPS
Nom Rasmus Winther
Âge 24 ans
Nationalité Danemark
Poste Mid Laner
HANS SAMA
Nom Steven Liv
Âge 25 ans
Nationalité France
Poste AD Carry
Pays : Allemagne
Création : 2013 Depuis 2019, une équipe règne sans partage sur la scène EMEA de League of Legends : G2 Esports. Les Samouraïs ont empilé les titres du LEC, s’offrant douze des seize trophées remis ces cinq dernières années. Ils ont également remporté le MSI 2019, l’unique titre international de l’Europe depuis l’arrivée des SudCoréens et des Chinois. Le tout avec un dénominateur commun : Caps, incontestablement le meilleur joueur du Vieux Continent. Mais l’empire de G2 est plus vaste encore. Le club allemand, lancé en 2013 sous le nom de Gamers2 par l’ancien joueur professionnel Ocelote et par le fondateur de l’ESL Jens Hilgers, joue le haut de tableau de la plupart des scènes principales de l’écosystème. Sur Counter Strike par exemple, le palmarès de la structure est bien fourni. Et ce notamment grâce à une année exceptionnelle en 2023 avec le doublé IEM Cologne – IEM Katowice, deux monuments de la scène. Sur Rocket League, G2 a atteint trois fois la finale des Mondiaux. Sur Rainbow Six Siege, G2 a remporté le Six Invitational, le Graal de R6, à deux reprises… Bref, G2 est LA fierté européenne.
GENTLE MATES
LA NOUVELLE DONNE
Pays : France Création : 2023
L’histoire de Gentle Mates débute par un secret qui ne pouvait être moins bien gardé. Avant de révéler l’implication de Squeezie, Brawks et Gotaga dans le projet en avril 2023, le roster Valorant venait de disputer un segment dans le Championnat de France sous le nom de SBG. Soit les initiales des trois influenceurs. SBG, devenu M8, a en tout cas connu une première saison idyllique : l’équipe a remporté les deux splits de l’année mais a surtout fait sensation lors du tournoi VCT Ascension EMEA. Pas forcément favori, Gentle Mates a en effet remporté la compétition et obtenu pour deux ans sa promotion dans l’élite locale, le VCT EMEA. En 2024, le club est arrivé sur League of Legends, en LFL. Malgré un roster promis aux plus hautes sphères, la machine s’est enrayée et les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Gentle Mates a en revanche été plus en réussite sur Rocket League, remportant le premier Major de son histoire à Copenhague, en mars. L’équipe, aussi présente sur Fortnite et sur Age of Empires, dispose d’une importante fanbase, importée des communautés de ses trois têtes d’affiche.
VISAGES de l’esport
Compétition, cast, business… Focus sur trois talents français de l’esport qui contribuent à faire avancer cet univers dans leurs champs d’expertise respectifs.
1. TOUJOURS PLUS LOIN
Steven « Hans Sama » Liv est le meilleur joueur français de League of Legends. À 25 ans, l’AD Carry de G2 Esports revient sur son ascension tumultueuse vers les sommets de l’Europe et se livre sur les missions qu’il lui reste à accomplir.
Drapé de l’étendard tricolore, Steven « Hans Sama » Liv débarque sur la scène de l’Accor Arena pour conclure, en apothéose, sa première saison de LCS EU, le championnat d’Europe de League of Legends Sourire jusqu’aux oreilles, l’AD Carry de Misfits Gaming savoure l’ovation que lui réservent les 10 000 personnes venues assister à la grande finale de l’édition 2017, contre G2 Esports. Quelques heures plus tard, la nouvelle pépite française est battue, 3-0. Mais sa présence sur cette scène relève déjà d’un exploit. En un an, le lycéen est devenu finaliste des LCS et s’en va même découvrir les Worlds. Depuis, le chemin de Hans Sama l’a conduit jusqu’à la demeure de son bourreau de 2017, G2. Le Français y collectionne les titres depuis 2023. Mais son dessein est plus grand.
the red bulletin : Comment t’est venue l’envie de devenir joueur professionnel ?
steven liv : J’ai commencé le tennis à 6 ans, afin de devenir tennisman. Mais j’ai tourné le dos à ce rêve à 14 ans, pensant ne pas arriver à percer. Au même âge, j’ai rencontré des joueurs pros sur LoL. J’avais
surtout pour but d’impressionner mon grand frère, je jouais juste pour m’amuser, en tryhardant et en massacrant tout le monde. Mais beaucoup de gens me disaient que j’étais un prodige. Donc j’ai pensé : « Peutêtre qu’il y a une chance que je devienne pro. »
Comment ton entourage t’a-t-il accompagné ?
En première, en 2016, j’ai joué les Challengers Series, le tournoi pour se qualifier en LCS. On a eu une discussion avec mes parents pour savoir si je devais continuer le lycée ou essayer de devenir pro. Ils étaient plutôt contre cette idée. Mon père a toujours voulu que je devienne une star du tennis, mais quand il m’a emmené en LAN, il a vu que les gens parlaient de moi et il est devenu plus réceptif. Ma mère, pas vraiment. Finalement, on s’est dit que j’allais tenter une année pour voir ce que ça donne. Pendant cette année, j’ai réussi à me qualifier aux LCS avec Misfits, à arriver en finale du segment d’été et en quart de finale des Worlds, contre Faker (Lee Sang-hyeok).
Ces Worlds en 2017 ont donc été un tournant ?
Ça changé ma vie. Je me souviens du match contre
« Je veux montrer que je ne suis pas un gars de 25 ans en fin de carrière. »
T1 comme si c’était hier. Quand j’étais à deux doigts de gagner contre eux, ça pouvait être la meilleure journée de ma vie. Avant qu’on les affronte, je les voyais comme des titans, imbattables. Les tuer, je ne pouvais pas le croire. Les meilleurs joueurs au monde, tu ne les tues pas. Finalement, ils n’ont pas gagné les Worlds. Peut-être que c’était à cause de nous…
Après un passage chez Rogue, tu pars en 2022 chez Team Liquid en LCS NA avec une équipe taillée pour jouer la gagne, mais rien ne se passe comme prévu. Comment t’es-tu relevé de cette période avant d’intégrer G2 en 2023 ?
Chez Liquid, je n’arrivais pas à retrouver mon niveau. De retour en Europe, j’ai joué en SoloQ et me suis mis en tête de prendre le rank 1 et prouver que je n’étais pas devenu nul. Et j’ai réussi, mais je me suis dit que ce n’était pas assez. Alors je suis allé en Corée du Sud pour arriver rank 1 là-bas. J’ai joué 300 games et je suis arrivé rank 15. Sans ça, je n’aurais pas été aussi bon au segment d’hiver 2023, avec G2. J’étais vraiment prêt au Winter, on détruisait tout le monde. D’ailleurs ma première game était sur Draven et j’ai pris un pentakill (éliminer les cinq ennemis d’affilée, ndlr).
En quoi tes champions Draven et Kalista sont-ils particuliers pour toi ?
Dans le jeu actuel, tout le monde doit jouer agressif. Pour se démarquer, il faut prendre des angles de jeu qui pourront te donner de l’avantage, du contrôle. Draven, c’est un champion qui nécessite beaucoup de prises de risques. Mais quand je le joue, je ne pense vraiment pas à ça. Je pense seulement à la manière dont je vais écraser les adversaires à chaque sbire tué. Jouer des champions comme Draven ou Kalista, ça m’apporte beaucoup de confiance.
As-tu conscience d’être une source d’inspiration, et la transmission de valeurs est-elle importante ?
Oui, ça motive à se surpasser, car je ne veux pas que d’autres me dépassent. Je ne suis pas dans la transmission parce que je me concentre beaucoup sur moi, pour aller le plus loin possible.
Comment veux-tu que l’on se souvienne de toi ?
Comme d’un AD Carry exceptionnel. Je veux aussi gagner des tournois internationaux, parce qu’il y a peu de personnes qui se souviennent du Hans Sama qui a presque battu T1. Gagner les Worlds est un objectif, mais je n’ai pas envie de m’arrêter là si j’y arrive. Je veux devenir un joueur impressionnant, montrer que je ne suis pas un gars de 25 ans en fin de carrière. Je veux être reconnu pour mon investissement, comme un gars qui arrive toujours à progresser.
« Je ne suis pas dans la transmission parce que je me concentre beaucoup sur moi, pour aller le plus loin possible. »
2.
L’ÉCLAIREUSE
À seulement 22 ans, Loupiote, alias Lou Henguelle, est devenue la voix française des commentaires du jeu vidéo Valorant, tout en étant streameuse mais aussi joueuse pro. Un parcours marqué par de la détermination, dans l’esport mais aussi en dehors.
Quarante minutes top chrono : le jour de notre rencontre, Loupiote doit jongler entre plusieurs emplois du temps. De passage à Paris pour un événement organisé par une marque qui la sponsorise, Lou Henguelle, de son vrai nom, prend le temps de se poser avec The Red Bulletin pour retracer son parcours. Juste après, elle devra pourtant foncer vers la Gare du Nord, direction Lille où elle vit, pour suivre ses études de Sciences politiques. Tout cela en menant en parallèle sa carrière de joueuse esport professionnelle, de streameuse sur sa chaîne Twitch, mais aussi de commentatrice officielle pour le jeu vidéo Valorant. Oui : le quotidien de Loupiote est particulièrement bien rempli. « Je fais aussi du piano et du handball. Mais je sèche pas mal les entraînements en ce moment avec tout ce que j’ai à faire », explique-t-elle en riant. Avant d’ajouter : « C’est vrai que j’ai tendance à souvent dire que j’ai plusieurs mondes. Le monde de l’esport, le monde du stream, et le monde des études. »
Passion Valorant
Depuis quatre ans, Loupiote alterne les activités et les casquettes, au rythme d’un emploi du temps chargé. Une triple vie qui ne lui fait pourtant pas peur, notamment parce qu’elle est animée d’une chose : la passion. Celle-là même qui la fait tomber dans le jeu vidéo à la fin de l’adolescence, alors que ses parents ne la laissent pas vraiment trop jouer à la console jusqu’à sa majorité. « Je m’étais acheté une Xbox sur Le Bon Coin à 16 ans, mais je me la suis faite confisquer par mes parents parce que je criais et je rageais trop. Et aussi parce que, dans leur tête, une jeune fille ne devait pas trop jouer aux jeux vidéo, s’amuse-t-elle avec du recul. Donc je regardais plutôt mes amis jouer à Fortnite, en attendant depouvoir le faire moi-même plus tard. » Son bac en poche, elle monte alors s’installer à Lille pour suivre des études en sciences
« J’aimerais faire bouger les politiques publiques sur l’esport. »
Ici : Loupiote en mode étudiante, elle suit un cursus en Sciences politiques.
À droite : son côté esport, en guest de la Red Bull Gaming Ground, à Paris.
« J’ai aussi envie d’apporter une contribution à la société. »
politiques début 2020. Et elle peut, enfin, s’acheter un PC. « C’était en plus la période du Covid, donc tous les cours étaient diffusés via Zoom. J’avais un écran avec mon cours, et je jouais sur le deuxième. » Elle rigole : « Mes excuses à tous mes profs. » À la même période, Loupiote fait deux découvertes importantes : le jeu vidéo de tir compétitif Valorant au printemps 2020(« C’est vraiment ce jeu qui m’a rendu addict ») suivi de la plateforme de streaming vidéo Twitch quelques mois après. Sur les conseils d’un ami, elle commence alors à diffuser ses parties en ligne sur le jeu fin 2020 devant des dizaines de personnes, tout en organisant quelques mois plus tard un tournoi dédié sur sa chaîne Twitch, où elle s’essaiera à commenter elle-même les matches des joueurs et joueuses professionnel·le·s invité·e·s.
Un événement particulièrement important dans le parcours de Loupiote : à la suite de ce tournoi, la Nordiste est en effet contactée par les équipes françaises de Valorant en personne pour commenter les compétitions du jeu sur leur chaîne officielle. « J’étais à l’aise à l’oral et je me suis dit que ça pouvait être une super expérience. Il a fallu essuyer quelques plâtres au début parce que les mecs n’avaient pas l’habitude d’entendre une voix féminine commenter des matches d’esport, mais on a fait avancer les choses. »
Peu de temps après, Valorant annonce aussi la création de Game Changers, une ligue dédiée aux femmes et aux communautés marginalisées, avec des tournois dédiés. Compétitrice dans l’âme, Loupiote va se lancer un défi et élever son niveau pour pouvoir prétendre à rejoindre une équipe professionnelle en tant que joueuse. « Je partais de loin, mais en voyant qu’il y avait cet espace plus inclusif où je pouvais avoir ma place, je me suis mise à m’entraîner à fond le soir après les cours avec une équipe. »
Faire bouger les choses
Un challenge d’autant plus grand pour une raison : son départ pour une année au Japon, dans le cadre d’un échange à l’étranger. Sans jamais sacrifier aucune de ses passions, la jeune femme va alors poursuivre ses études, apprendre le japonais en seulement quelquesmois en suivant des cours tous les jours, et devenir joueuse pro au sein de la structure Grow Gaming. « J’ai joué avec les meilleures équipes féminines du Japon, c’était ma première expérience de joueuse pro, et je commentais aussi des matches à côté : tout s’imbriquait parfaitement. » À son retour en France en 2023, c’est la structure française Zerance qui la recrutera en tant que In Game Leader, soit capitaine de son équipe, en charge des choix stratégiques et de la coordination entre coéquipières lors des parties. Pas vraiment unesurprise lorsqu’on voit tout son parcours : « Dans la vie de tous les jours, je n’ai pas peur de prendre des responsabilités. Même si je fais une erreur, je préfère la faire et l’assumer, du moment qu’on se bouge tous ensemble et que ça nous fait progresser. »
Streameuse, commentatrice, compétitrice : Loupiote est aujourd’hui sur tous les fronts de l’esport. Et ses ambitions, liées à ses études, pourraient l’emmener encore plus loin. « D’ici trois ou quatre ans, je me verrais bien en cabinet de conseil ou assistante parlementaire, je sens que j’ai aussi envie d’apporter une contribution à la société. » Et pas dans n’importe quel domaine : « Je pense avoir développé une expertise par rapport aux jeux vidéo, et j’aimerais bien l’utiliser pour faire changer les choses au niveau européen ou français sur ce sujet. Notamment pour faire bouger les politiques publiques au niveau de l’esport. » De quoi encore plus remplir son agenda. Devant ou derrière l’écran.
X : ZER Loupiote @louhngle ; Twitch : @Loupiote3
« Je vis des moments incroyables et j’ai l’impression de réaliser mon rêve. »
3. CE RÊVE BLEU
Entrepreneur à succès depuis ses 22 ans, Arthur Perticoz a rejoint, en octobre 2022, la Karmine Corp en tant que CEO.
Un accomplissement pour ce passionné de jeux vidéo qui vit aujourd’hui son rêve.
Des journées types, Arthur n’en a pas vraiment. En ce mercredi d’octobre 2024 par exemple, le CEO de la Karmine Corp jongle entre un échange avec un fonds d’investissement, un point mensuel avec les clubs de la Ligue française de League of Legends, une réunion avec le comité exécutif de la KC ou encore une présentation pour Riot Games. Sans oublier le mercato, sur LoL, Valorant ou encore Rocket League, qui occupe chaque année tous les esprits à l’automne.
Bref, à 34 ans, Arthur Perticoz est un homme pressé. Et pas seulement depuis son arrivée au club, en octobre 2022. À 22 ans déjà, en parallèle de ses études, le futur patron de la Prestigieuse lançait son premier business, Omnis Event. Si la plateforme de conseils juridiques à destination des BDE en écoles supérieures n’a vécu qu’un an, elle aura permis au jeune Arthur de prendre la voie de l’émancipation. Un impératif pour cet enfant de la capitale, issu de la classe moyenne. « Je ne voulais pas être une charge pour mes parents, qu’ils se sacrifient pour moi », détaille-t-il.
Piqué par cette première expérience, Arthur Perticoz se lance rapidement dans de nouveaux projets et enchaîne deux succès majeurs : Wynd en 2014, devenu un géant du commerce unifié, puis majelan, un « Netflix du podcast », cofondé en 2019 avec l’ancien patron de Radio France, Mathieu Gallet. Après trois ans, l’entreprise est revendue et lui quitte le navire. Puis, les étoiles s’alignent : une story Insta pose les germes de l’idylle à venir entre le jeune entrepreneur et la KC. Une connaissance d’Arthur Perticoz y apparaît aux côtés d’Amine « Prime » Mekri. Le post attise la curiosité d’Arthur, alors simple fan. Puis, de fil en aiguille, rendez-vous est pris avec Kamel « Kameto » Kebir.
Le timing ne pouvait être meilleur : en pleine expansion, le Blue Wall a un « besoin vital » d’un profil comme le sien. Lui vient tout juste de quitter majelan et est à la recherche d’un nouveau défi à relever. Le mariage semble évident. D’autant que pour la première fois de sa carrière, Arthur Perticoz a l’occasion de conjuguer ses deux plus grandes passions :
l’entrepreneuriat bien sûr, et les jeux vidéo. Car depuis tout petit, ces derniers font partie intégrante de sa vie. Sur Gameboy, PlayStation, Xbox… Arthur Perticoz s’est créé des « espaces de rêve et de performances » dans des « mondes imaginaires ».
Ce n’est peut-être d’ailleurs pas un hasard si, plus jeune, les jeux de gestion – à commencer par Football Manager – lui étaient si chers. « Je ne peux pas faire comme si je ne voyais pas la connexion logique, même si, sur le papier, ce n’est pas évident », sourit-il. L’idée de s’investir dans ce milieu lui avait d’ailleurs traversé l’esprit quelques années plus tôt, en 2017. « Quand j’ai quitté Wynd, je voulais monter un club esport. Et je suis très content de ne pas l’avoir fait parce que ça aurait été une catastrophe. (rires) Mais c’est un chouette lien entre le passé et le présent. »
Cinq ans plus tard, le voilà à la tête de l’équipe française la plus populaire. Mais en acceptant d’enfiler le Bleu (couleurs de la KCorp) de travail, Arthur Perticoz a aussi fait un choix fort, celui de tout miser sur un secteur loin de pouvoir lui garantir la providence. Le milieu demeure instable économiquement et la Karmine Corp est un ovni, l’une des rares structures rentables de l’écosystème. « Je gagnerais trois fois plus si j’étais patron de n’importe quelle autre entreprise, assure-t-il. Mais je ne suis pas là pour m’enrichir. Vers mes 26 ou 27 ans, j’ai pris la décision que j’avais un set de valeurs qui dépassait des sommes astronomiques. J’y gagne ailleurs, je vis des moments incroyables et j’ai l’impression de réaliser mon rêve. » L’autre conséquence de ce rêve, c’est un soudain changement de statut. Arthur Perticoz a en effet été exposé abruptement à l’immense communauté de l’équipe. D’ailleurs, le CEO ne devait originellement pas sortir de l’ombre. Mais l’entreprise en a eu besoin « pour répondre, pour rassurer ». Et s’il en avait « un peu peur » au début, Arthur prend de la place. À tel point qu’il est désormais lui aussi, l’un des visages de la Karmine. Mais ce costume d’homme à tout faire a un prix. « Je sors assez peu, je ne fais pas la fête, je rentre tôt quand j’ai des dîners avec des amis… Je ne peux pas dire que ma vie est équilibrée, confesse Arthur Perticoz. Je maîtrise le déséquilibre avec des moments très importants dans la semaine qui me servent de compensation. Le samedi matin je prends un café ou un thé en terrasse pendant deux heures et je peux jouer à un jeu, scroller Twitter… C’est un équilibre précaire mais qui tient. » Ainsi, malgré le « stress inhumain » inhérent à sa position, Arthur Perticoz l’assure, il est aujourd’hui plus apaisé qu’il ne l’a jamais été.
De quoi envisager sereinement l’avenir. De la KC d’abord, qui parle aujourd’hui « en mois » alors qu’elle parlait « en jours » il y a deux ans. De l’écosystème ensuite, plus lucide qu’auparavant sur la réalité économique du milieu : « Il vaut mieux accepter que l’on est plus petit que ce qu’on pouvait espérer il y a cinq ans en tirant la courbe, mais que même ce plus petit est déjà assez grand pour qu’on soit un joli secteur. »
Quant à son futur chez la KC, la question peut paraître précipitée. Pourtant, Arthur a déjà bien mûri sa réflexion : « Quand j’estimerai que la Karmine est suffisamment stable ou qu’elle a besoin d’une autre typologie de dirigeants que moi, je partirai. »
X : @ArthurPerticoz
Chris Huelsbeck
Stage 1-1 (Super Turrican)
« En 1965, l’Amiga qui a vu naître la franchise Turrican était un ordinateur célèbre pour ses capacités audio en avance pour l’époque, et c’est vite devenu le terrain de jeu favori du compositeur allemand Chris Huelsbeck. Avec Super Turrican il passe à la Super Nintendo et les possibilités s’élargissent encore. Il signe avec ce morceau un thème pop synthétique romantique aux variations euphoriques digne de Moroder période Never-Ending Story. »
Toru Minegishi
K.K. Bossa (Animal Crossing)
« L’univers musical d’Animal Crossing supervisé par Kazumi Totaka est un écosystème musical à lui tout seul, qui inclut tous les genres et tous les styles pour ravir les habitant·e·s de nos villes, villages et îles (selon les jeux) préférés. K.K. Bossa est donc une bossa nova jouée dans les jeux par le petit chien K.K. Slider, l’avatar in-game de Totaka. C’est un morceau si simple et si beau, qui, à mon sens, porte en lui une mélancolie et une sensibilité pop typiques des relectures japonaises des musiques dérivées du jazz. »
Teki Latex
Le DJ parisien propose quatre morceaux emblématiques, venus du gaming, qui le font vibrer.
Teki Latex, figure incontournable de la scène électro et véritable blender sonore, traverse les genres avec aisance, passant de la techno à la pop accélérée, du hardcore au booty. Toujours prêt à enflammer les foules, ses sets sont des œuvres qui combinent pépites underground, hymnes nostalgiques, et tracks venant du monde du gaming. Lors de ses lives, il cumule les clins d’œil à cet univers, comme avec la version de Take on Me de a-ha par Clay K Slider, inspirée par le travail de Kazumi Totaka pour Mixmag Lab, réf directe à Animal Crossing. Plus qu’une performance, ces moments sont l’extension de son univers créatif, où chaque morceau provoque une euphorie collective.
Jake Kaufman Strike the Earth! (Shovel Knight)
« Jamais je n’aurais cru autant aimer un morceau de chiptune s’apparentant à du metal symphonique croisé avec de la musique baroque. Shovel Knight essaie de reproduire en 2014 les émotions que nous faisaient ressentir les platformers 80s, de l’esthétique au gameplay jusqu’à la musique. Non seulement le jeu y arrive, mais il transcende tous ces points et ce thème, composé par Jake Kaufman, est instantanément devenu un classique du genre. »
Koji Kondo
Gusty Garden Galaxy (Super Mario Galaxy)
« La franchise Mario regorge de chefs-d’œuvre, pour la plupart composés par la légende Koji Kondo, mais ce morceau orchestral prouve que son talent de compositeur est tout à fait suprême et transcende les genres, restant intact lorsque la technologie permet de passer de la ritournelle chiptune au thème épique joué par un orchestre symphonique. On se croirait devant une BO de John Williams. »
IG : @tekilatex
Les derniers mix de Teki Latex ici :
Playlist
Une vie en bleu
Depuis 2021, Antonin Hory documente la vie du Blue Wall, les fans de la structure esport française Karmine Corp. Lui-même un ultra de la KCorp, le photographe fige l’intensité des déplacements de ces passionnés - en même temps qu’il vibre pour son équipe favorite.
Texte et photos Antonin Hory
Dusseldorf (Allemagne), PSD Bank Dome, 12.08.23 / Rocket League World Championship « Je me souviens très bien de ce moment, c’était au début du BO (meilleur des x parties, ndlr) contre Complexity, gagné 4-3 par la KC. Pour nous c’était très intense, nous étions venus à 500 pour soutenir notre équipe jusqu’en Allemagne, notre plus gros déplacement, et chaque match était éliminatoire. Ici, nous pouvons voir, du dessus, une partie du parcage brandissant les écharpes de l’association en direction de la scène et des joueurs. Une manière de montrer à l’équipe qu’on est là pour la soutenir jusqu’au bout. Aussi, une preuve de la fierté que nous avons à porter nos couleurs, nous serons toujours là pour défendre notre blason. »
« Soutenir les joueurs de la KCorp, quoi qu’il arrive. »
Antonin Hory, photographe officiel du Blue Wall
« Je suis né à Mayotte en 2003. Depuis mon plus jeune âge, ma mère a fait en sorte que j’aie un appareil photo dans les mains. C’est en photographiant la faune et la flore de mon île que j’ai commencé à me découvrir une passion pour la photographie.
J’ai réalisé la majeure partie de ma scolarité en métropole, à Beaune en Bourgogne, où j’ai continué la photographie. Puis c’est pendant le confinement, en 2020, que j’ai réalisé que c’était la voie que je voulais suivre. En effet ça m’a permis d’avoir une échappatoire durant ces temps compliqués. Je regardais déjà un peu d’esport à ce moment-là mais c’est la Karmine Corp qui m’a insufflé l’amour pour ce milieu.
En 2021 lorsque la KC était en LFL (Ligue Française de League of Legends, ndlr) je suis allé voir les LFL Days à Aix-en-Provence. Je me souviendrai toujours de cet événement, c’était incroyable d’être avec d’autres personnes qui partagent la même passion et de pouvoir mettre des visages sur des pseudos.
À la suite de ça, l’association Le Blue Wall a été créée fin 2021. Je venais de commencer mes études de photographie, j’ai alors demandé s’il était possible d’être photographe pour eux. Le président de l’époque, lui aussi prénommé Antonin, et celui qui allait devenir mon responsable, Lucas, m’ont fait confiance et m’ont proposé de devenir photographe officiel. Me voilà un mois plus tard à Barcelone pour photographier nos ultras lors d’un showmatch mémorable contre KOI, l’équipe de l’influenceur espagnol Ibai. Depuis, je n’ai pas arrêté.
Voilà maintenant quatre ans que je photographie nos ultras à chaque déplacement de l’association. Le Blue Wall, c’est avant tout une grande famille, contente de se réunir à chaque événement pour soutenir le club. Le Blue Wall est une réelle force pour les joueurs que nous soutenons, nous sommes là pour mettre l’ambiance et leur montrer que nous sommes présents pour les soutenir, quoi qu’il arrive. » behance.net/antoninhory
Berlin (Allemagne), Velodrom, 12.12.23 / Red Bull League of Its Own « Dans les trois photos de cette double page, nous pouvons voir ce qui définit notre identité en tant qu’ultras du Blue Wall : nos drapeaux, notre banderole, les fumigènes bleus ou encore nos écharpes. Tous ces moyens de montrer nos couleurs et la fierté qui nous anime. Nous sommes des ultras, prêts à nous déplacer peu importe l’endroit pour soutenir le club que nous aimons et montrer au monde que la Karmine Corp et ses supporteurs sont les meilleurs. »
Nice, Palais Nikaïa, 7.02.24 / LFL Days Spring
Boulogne-Billancourt Seine Musicale, 21.07.22 / LFL Prixtel Day Summer
Rotterdam (Pays-Bas), Ahoy Arena, 11.12.22 / RLCS Fall Split Major « Notre premier déplacement à l’étranger. Pour marquer le coup, le pôle supporteurs de l’asso avait réalisé un tifo de nos joueurs déguisés en braqueurs. Pour pousser l’animation plus loin, ses membres s’étaient déguisés en braqueurs eux aussi. Ici, Kateh, notre président actuel et à l’époque batteur du pôle supporteurs. »
Boulogne-Billancourt, La Seine Musicale, 16.02.23 / LFL CIC Day
« Durant les cortèges et rassemblements avant les événements, c’est une coutume pour nous d’utiliser des fumigènes et des torches. Cela participe à l’ambiance et à montrer que nous sommes là, prêts à soutenir notre équipe. J’ai donc pu réaliser ce portrait d’un ami portant cette torche avant notre arrivée à la Seine Musicale. »
Évry-Courcouronnes, Les Arènes, 20.09.24 / Ouverture des Arènes
« Voici une photo de Peepo, la mascotte non officielle de la Karmine Corp, lors de son happening devant les Arènes. Ce lieu en banlieue parisienne devenu le “stade officiel” de la Karmine Corp, et inauguré en septembre dernier. Cette fois Peepo s’était déguisé en Jinx, personnage de League of Legends et de la série Arcane, pour reproduire une magnifique scène de la série où Jinx utilise elle aussi un fumigène bleu. »
Paris, Accor Hotel Arena, 21.06.22, / KCX2
« Cet événement marque un tournant pour l’association, en effet c’est la première fois que nous avions des drapeaux : ils participent véritablement à l’identité de notre rassemblement d’ultras. Le KCX, ou Karmine Corp Experience, est une fête pour l’ensemble du club et ses supporteurs. Le Blue Wall est acteur de ce show et ce jour-là durant l’entrée des drapeaux, j’ai ressenti la communion entre Le Blue Wall et le reste des supporteurs. Nous étions plus de 12 000 personnes au total. »
Évry-Courcouronnes, Les Arènes, 20.09.24 / Ouverture des Arènes
« Comme en témoignent les sourires sur cette image, ces deux premières soirées aux Arènes étaient placées sous le signe de la joie et de la fête. Les moments de communion entre le club et ses supporters sont toujours inoubliables. »
Nice, Palais Nikaïa, 08.02.24 / LFL Days Spring
« Les ultras dos à la scène sautant épaule contre épaule. Ces moments-là sont marquants pour moi car les adhérents du parcage ne font plus qu’un.
C’est un message d’unité, peu importe nos origines ou notre sexe, nous sommes tous unis et regroupés au même endroit grâce à la même passion qui nous anime. »
Nice, Palais Nikaïa, 05.07.23 / LFL Days Summer
« Chaque événement a une énergie différente, chaque lieu aussi, mais ce qui ne change jamais c’est la ferveur inépuisable des ultras de l’association. Avant le match, pendant ou après, les ultras sont prêts à se casser la voix et donner toute leur énergie pour soutenir les équipes du club. »
Évry-Courcouronnes, Les Arènes, 20.09.24, / Ouverture des Arènes
« L’ouverture des Arènes marque un grand tournant pour le club mais aussi pour nous, les ultras. À la manière d’autres sports où les équipent jouent dans leur stade, nous pouvons enfin dire que nous avons “notre maison”. Ce soir-là, j’ai pu voir de la joie et des sourires sur le visage de chaque personne présente. C’est une soirée inoubliable qui nous ouvre un nouveau chapitre. »
From SHY to SHINE
Figure incontournable de l’esport, Michaela « mimi » Lintrup incarne le talent brut venu des terres nordiques du Danemark. Leader incontestée de G2 Gozen sur Valorant, elle s’est imposée par une ascension fulgurante et un engagement indéfectible pour redéfinir les codes du gaming.
Retour sur le parcours d’une prodige qui réécrit les règles du jeu.
Texte Hugues Pascot
Sur la scène esport actuelle, Michaela « mimi » Lintrup est une compétitrice redoutable. Si son nom de scène évoque un personnage a priori charmant et inoffensif, la réalité est bien différente. Inflexible et concentrée, elle se montre clutch dans les moments décisifs sur le jeu video FPS Valorant, où elle s’impose depuis plusieurs années maintenant comme l’une des meilleures joueuses internationales. À 27 ans, mimi n’est pas seulement une performeuse exceptionnelle. En tant que In-Game Leader (IGL) de son équipe G2 Gozen, elle conduit ses coéquipières vers la victoire avec une passion et un engagement qui ne faiblissent pas. Pour comprendre ce qui anime cette joueuse hors pair, il faut remonter à ses origines, loin des arènes et des compétitions, dans la paisible ville côtière de Sønderborg, au Danemark.
Une étoile montante scandinave
Pour mimi, tout commence à la maison, dans une agglomération de 70 000 âmes avec « un beau château et son centre-ville cosy » selon elle. « C’est grâce à mon frère que j’ai découvert les jeux vidéo. Avec seulement dix mois d’écart, nous avons grandi ensemble », raconte-t-elle en riant. Dès son plus jeune âge, les jeux vidéo prennent une place centrale dans sa vie : « On avait une PlayStation One à la maison, mon frère et moi forcions notre mère à jouer pendant qu’on la regardait. » Mais c’est avec l’arrivée du PC familial et surtout son initiation à Counter-Strike par son frère qu’elle se lance dans l’univers de la compétition. À côté des jeux vidéo, Michaela a découvert la compétition grâce au volley, mais une carrière à haut niveau semblait com-
LINTRUP
Mimi lors de la séance photo à Dronningens Tværgade pour le projet Red Bull We,The Danes, à Copenhague, Danemark.
promise. « J’étais trop petite pour aller plus loin, alors je me suis tournée vers le gaming. » Et ce sera le bon choix puisqu’à seulement 16 ans, mimi fait son entrée dans le monde de l’esport en intégrant une équipe régionale. Alors que ses camarades de classe poursuivent leurs études, elle prend un tout autre chemin. « L’école ne m’a jamais vraiment intéressée, donc j’ai décidé de suivre une autre voie. » Et même si ce choix semblait risqué, Mimi n’a pas hésité. Contrairement à ce que vivent de nombreux· ses aspirant·e·s joueur·euse·s, mimi a bénéficié d’un soutien indéfectible de la part de sa mère. « Elle a toujours voulu que je fasse quelque chose qui me passionne. C’était certes difficile pour elle de comprendre comment je pourrais vivre de ça, mais quand j’ai commencé à gagner de l’argent dans les tournois, elle a réalisé que c’était possible », se souvient-elle avec gratitude.
Mimi va donc s’investir pleinement dans sa carrière de joueuse professionnelle de Counter-Strike: Global Offensive (CS:GO). Progressivement, elle arrive à se faire remarquer et intègre en 2016 sa première équipe d’esport professionnelle, la Team Secret. Au cours de ses premières années dans le monde compétitif et professionnel de l’esport, mimi remporte plusieurs titres importants notamment l’IEM Katowice en 2016 et 2017, ainsi que les Copenhagen Games et l’ESU Masters 2017.
Sa plus grande victoire – moins visible mais non moins importante – est personnelle : c’est la confiance en soi qu’elle a acquise et qui lui a longtemps manqué. « L’une des choses qui m’a le plus
« Je pense que le gaming est quelque chose qui ne vieillira jamais. »
aidée à surmonter ma timidité, c’est le streaming, confie-t-elle. Au début, parler devant un public sans vraiment le voir a été un boost de confiance énorme, tout comme le fait de jouer sur scène. » Pour mimi, chaque étape a été une leçon de dépassement personnel. « Mon premier stream m’a terrifiée. Ma première interview m’a terrifiée. La première fois que j’ai dû parler en public, j’étais terrifiée. Mais ce qui m’a paru insurmontable la première fois, est devenu plus facile la seconde. » Cet effort pour se dépasser lui a permis de transformer sa timidité en une force, rendant son jeu et son leadership d’autant plus solides. Et pour gérer les moments de stress avant les grandes compétitions, elle a un rituel simple et efficace. « Je me prépare, me maquille pour me sentir bien car quand tu te sens bien, tu joues bien. J’écoute de la musique qui stimule, je parle avec mes coéquipiers, et je fais un bon repas. Si tu te concentres sur des choses positives dans ta journée, le stress d’un match important disparaît. » Cependant, mimi n’a pas connu que des moments faciles. En 2017, elle a ressenti pour la première fois le besoin de faire une pause. « Notre équipe ne fonctionnait plus ensemble, et mentalement, je n’étais vraiment pas dans un bon état », se souvient-elle. Elle a alors décidé de quitter son équipe et de mettre sa carrière compétitive en suspens pendant près d’un an. Cette parenthèse lui a permis de redéfinir ses priorités. « Ce temps m’a été vraiment bénéfique. La leçon la plus importante que j’en tire, c’est qu’il faut faire ce qu’on veut vraiment et arrêter de vivre selon les standards des autres. Si tu ne vis pas ta vie à toi, à quoi bon ? »
De CS:GO à Valorant
L’année 2021 marquera un véritable tournant dans la carrière de mimi puisqu’elle va quitter le jeu vidéo CS:GO pour se tourner vers Valorant. Elle va donc rejoindre l’équipe féminine
Michaela Lintrup lors des finales mondiales du Red Bull Campus Clutch à São Paulo, au Brésil, le 16 décembre 2022.
«
Un jour, nous verrons des femmes sur la scène T1, mais cela prendra du temps, car il faut d’abord que plus de filles se lancent dans la compétition. »
Mimi explique qu’avec plus de participantes, « on découvrira des joueuses talentueuses, et on les verra évoluer vers le plus haut niveau ».
« Ce qui me paraissait insurmontable la première fois est devenu plus facile la seconde. »
Valorant au sein de la mythique organisation G2. « Ça a toujours été une équipe que je respecte énormément, surtout avec leur histoire dans Counter-Strike. » Cette nouvelle aventure a ouvert la voie à un parcours exceptionnel, couronné par des victoires, dont la plus mémorable reste son triomphe au Championnat Valorant en 2022, un moment qu’elle décrit comme « l’un des plus grands accomplissements de ma carrière ». Mais avant cette consécration, le chemin n’a pas toujours été simple. Passer de Counter-Strike à Valorant a constitué un immense défi, même pour une joueuse aussi expérimentée que Mimi. « J’avais l’impression d’avoir un avantage grâce à mon expérience compétitive, mais avec Valorant, il a fallu réapprendre beaucoup de choses, autour notamment des capacités spéciales des agents. Au début, j’ai essayé de jouer aux deux jeux en même temps, mais c’était impossible. Il fallait choisir. » Un choix difficile mais nécessaire pour mimi, qui avoue que le monde de Counter-Strike l’a épuisée mentalement. « J’étais dans un mauvais état psychique, donc la transition vers Valorant m’a apporté une nouvelle énergie, une nouvelle envie de progresser. » Si mimi revit parfois ses anciens matches avec nostalgie, elle ne ressent aucun regret d’avoir abandonné CS, surtout depuis la sortie de Counter-Strike 2. « Quand je regarde CS maintenant, je me dis que je suis contente de ne plus y jouer. Valorant est là où je me sens bien. Il y a encore tellement de buts à atteindre. » Ces objectifs, notamment la victoire au Championnat Valorant et la qualification pour le Valorant Champions Tour (VCT), sont au cœur de sa motivation actuelle. « Le fait qu’il y ait toujours de nouvelles choses à découvrir, comme des changements de méta ou de nouvelles cartes, rend le jeu excitant. » Dans son rôle de leader, mimi s’appuie sur une tactique et une vision de jeu réfléchies. « Je suis avant tout une joueuse stratégique. En tant qu’IGL, je dois constamment anticiper ce que l’ennemi va faire et comment nous pouvons réagir. » Son rôle est avant tout défensif et de soutien, mais elle sait être offensive quand la situation l’exige. « Je ne suis pas la joueuse agressive de l’équipe, mais quand c’est nécessaire, je n’hésite pas. »
Au-delà de la compétition, mimi a dû relever un défi supplémentaire : se faire une place en tant que femme dans une industrie dominée par les hommes, même si elle affirme que désormais, ce n’est plus vraiment un problème : « À ce stade de ma carrière, les choses ont bien changé. Au départ, il fallait trouver ma place, mais maintenant que je me suis fait un nom, les gens me voient autrement. » Elle admet que la scène Valorant est bien plus accueillante que celle de Counter-Strike, où elle avait commencé sa carrière. « Counter-Strike était beaucoup plus toxique. Les gens disaient que les femmes ne devraient pas avoir leur propre tournoi. Mais dans Valorant, la communauté est beaucoup plus inclusive et soutient énormément la scène féminine. » Notamment grâce à l’arrivée de Riot Games dans les tournois féminins, qui leur a permis d’intégrer le circuit principal du VCT. Aujourd’hui, Mimi gère non seulement sa carrière compétitive, mais elle continue à interagir
«
Je ne suis pas la joueuse agressive de l’équipe, mais quand c’est nécessaire, je n’hésite pas. »
avec ses abonné·e·s sur Twitch et Instagram. « C’est vraiment important pour moi de rester connectée avec les gens qui me suivent. Au final, si personne n’est là pour regarder ce que je fais, personne ne s’y intéresse », explique-t-elle. Ce lien avec sa communauté est ce qui donne du sens à son travail.
Évasion nécessaire
Cependant, gérer une carrière esport tout en créant du contenu n’est pas sans générer de la pression. « Je me sens responsable, c’est sûr. Il m’arrive même parfois de me sentir coupable si je prends du temps loin du streaming. Mais je pense que c’est important de montrer à ceux qui me soutiennent que je les apprécie, car s’ils ne se sentent pas valorisés, peut-être cesseront-ils de me suivre. » Mimi a passé plusieurs années à trouver un équilibre entre ses entraînements intensifs et son rôle de créatrice de contenu. « S’entraîner sept à huit heures par jour et enchaîner avec trois à cinq heures de streaming est épuisant. C’est comme si ta journée entière était vouée au travail. Mais j’ai réussi à trouver un moyen pour ne pas avoir l’impression de ne faire que bosser. » Alors, pour s’évader un peu, Mimi voyage. « C’est tellement enrichissant, surtout quand tu sors de l’Europe », dit-elle. Qu’il s’agisse de l’Asie, de l’Amérique ou de l’Afrique, elle est fascinée par la diversité des modes de vie dans le monde.
Parmi ses périples les plus marquants, mimi cite son séjour au Japon, un moment qu’elle chérit particulièrement. « Je suis allée au Japon l’année dernière avec mon copain, et c’était vraiment incroyable. » La globe-trotteuse insiste sur son souci d’échapper à la monotonie du climat danois : « Je viens du Danemark, où il fait tout le temps gris et pluvieux. » Pour autant, mimi ne manque pas de vanter la qualité de vie exceptionnelle qu’offre son pays d’origine : « On a de la bonne nourriture, un bon système éducatif, un bon environnement de travail. Les salaires sont corrects, et on a accès à des soins de santé gratuits, explique-t-elle, tout en ajoutant en souriant, et puis l’été, c’est sympa ».
Le combat continue
Pour mimi, l’avenir de l’esport est prometteur car porteur de changements profonds, notamment en ce qui concerne la diversité et le rôle des femmes dans cette industrie. « Je pense que le gaming est quelque chose qui ne vieillira jamais et il devient même de plus en plus populaire », explique-t-elle. Bien que la présence féminine sur les scènes compétitives de haut niveau demeure minoritaire, elle est convaincue que cela changera. « Un jour, nous verrons des femmes sur la scène T1, mais cela prendra du temps, car il faut d’abord que plus de filles se lancent dans la compétition. Avec plus de participantes, on découvrira des joueuses talentueuses, et on les verra évoluer vers le plus haut niveau. »
Quant à ses propres ambitions, elles sont tout aussi audacieuses. « J’aimerais vraiment gagner le championnat cette année, mais je rêve aussi de voir mon équipe devenir la première team féminine à se qualifier pour le VCT », dit-elle avec détermination. D’ailleurs, le prochain grand défi de Mimi est déjà fixé, ce seront les VCT Game Changers qui se dérouleront du 8 au 17 novembre, à Berlin. Un rendez-vous crucial où elle espère non seulement se démarquer individuellement, mais aussi continuer à porter haut les couleurs des femmes dans un milieu encore largement dominé par les hommes. Pour mimi, l’inclusion et l’émergence des talents féminins ne sont pas une question de si, mais de quand
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LA BRETAGNE À TEAHUPO’O
Le surf rêvé en Polynésie
VOYAGE/ TEAHUPO’O
« Quand tu
es dans l’eau, tu découvres un panorama incroyable, avec des montagnes très abruptes et verdoyantes. Quant aux vagues, elles sont plus rapides, plus intenses et plus grandes.
J’étais loin de ma Bretagne. »
J’ai l’impression de rêver alors que je ne vois rien. Nous sommes en voiture et il fait nuit noire. Ian Fontaine, un surfeur breton qui connaît très bien Tahiti, fait office de guide touristique nocturne et nous décrit les paysages que l’obscurité cache. Je me sers de mon imagination pour tenter de visualiser ce que dissimule cette île. À la descente de l’avion Air Tahiti Nui, le choc thermique m’avait surpris. Je ne suis bel et bien plus dans ma Bretagne natale. Une fois arrivé·e·s chez Mike Henry, qui nous héberge, mes compagnons de voyage Maëlys, Théo et moimême nous écroulons dans nos lits. C’est bizarre de s’endormir alors que l’on est en train de rêver.
Il y a quelques mois, en septembre 2023, je me suis rendu au Red Bull Local Hero Tour, un événement au cours duquel 72 jeunes surfeurs et surfeuses de Bretagne ont eu l’occasion de rencontrer les stars du surf Justine Dupont, Michel Bourez et Kauli Vaast, et de profiter de
leurs expertises et conseils pour progresser. Lorsque j’ai appris que cela se passait chez moi, sur la presqu’île de Crozon, je me suis tout de suite inscrit. Lorsque le jour J est arrivé, la météo était forcément très bretonne. Une grosse tempête nous a obligé·e·s à nous abriter dans un local. Heureusement, l’ambiance et la rencontre étaient tellement sympas qu’on a rapidement oublié la pluie. C’était fou de rencontrer ces pros que je voyais depuis des années surfer à la télé. Et une fois dans l’eau, c’était impressionnant de les voir fracasser dans des conditions vraiment pas faciles. À la fin de la rencontre et de la session de coaching, une compétition était organisée et j’en suis sorti vainqueur. Le prix était une expérience irréelle, aller à Tahiti passer une semaine avec Kauli et Michel (qui a été plus qu’un guide pour nous durant le séjour). Je rêve ?
Neuf mois plus tard, je n’en reviens toujours pas lorsque je me lève à l’aube chez Mike, le lendemain de notre arrivée
Ambiance potache : la Polynésie française sous la surface.
Galette breto-polynésienne : Michel Bourez, Ian Fontaine, Théo Julitte, Elias Moal, Maëlys Jouault et Kauli Vaast.
MARAMA
Lumières incroyables sur le panorama féérique qui tendait les bras à nos ami·e·s breton·ne·s, le point final de l’incroyable Red Bull Local Hero Tour.
à Tahiti. Avec Maëlys et Théo (qui ont remporté leurs éditions du Local Hero Tour), nous allons voir le spot depuis le bord. Il y a un lever de soleil magnifique, et on peut apercevoir au loin la vague de Teahupo’o. C’est à ce moment-là que je me suis dit : « Je suis vraiment arrivé. » Mais on ne tarde pas trop, on se précipite à la maison pour enfiler nos boardshorts. C’est pour moi une grande première, je n’ai jamais surfé en short de ma vie… Passer de la combinaison intégrale 5/4 mm à juste un short et un top, ça fait bizarre au début, mais on s’y habitue très vite. On prend ensuite notre premier petit-déjeuner, salade de fruits, accompagnée d’un petit miel de coco, délicieux !
On a de la chance pour cette première journée, les conditions ne sont pas trop intenses, et nous donnent le temps de nous adapter au spot, de prendre de nouveaux repères et de comprendre comment fonctionne la vague. C’est assez déstabilisant à surfer au début : j’ai du mal
Y aller
Polynésie française
Air Tahiti Nui propose cinq vols par semaine toute l’année depuis Paris. Partez si possible entre septembre et novembre pour profiter des meilleurs prix.
Le vol dure vingt heures.
à distinguer les séries qui arrivent, et quand elles arrivent, j’ai vraiment l’impression qu’elles sortent de l’eau d’un coup. On sent vraiment que la vague est puissante et le take-off peut être assez engagé à partir d’une certaine taille. C’est vraiment incomparable par rapport aux vagues de chez moi. Plus rapide, intense. Teahupo’o est la plus creuse et la plus puissante des vagues que l’on aura l’occasion de surfer, mais il y a plein d’autres spots sur l’île, notamment dans le nord où nous nous sommes rendus avec Michel. Des sessions plus tranquilles avec des vagues à manœuvres. Mais je dois dire que Teahupo’o reste le spot incontournable. Après cette première session, on retourne sur terre manger un morceau au snack qui se trouve juste devant le spot, au bord de la plage où je goûte pour la première fois le poisson cru en sashimi à la coco. J’en ai mangé à presque tous les repas de la semaine. Ensuite, on saisit les raquettes de ping-pong pour une petite
Ici : Maëlys Jouault à l’attaque dans la mythique vague de Teahupo’o, réputée très coriace. En bas : Elias au top.
partie digestive avant de retourner à l’eau. J’apprends aussi à connaître mes deux compagnons, Maëlys Jouault et Théo Julitte. Nous nous sommes rencontré·e·s au moment de prendre l’avion. Ce sont des super surfeurs et on s’est tous les trois très bien entendu·e·s. Théo est le pêcheur du groupe, il avait même pris sa canne dans son boardbag. Entre deux sessions, il faisait quelques lancers depuis le bord ou en bateau, et il a même réussi à attraper un joli poisson le dernier jour. Maëlys, quant à elle, était mon adversaire au pingpong, on s’est bien tiré la bourre !
Durant les sessions, je dois régulièrement me pincer lorsque Michel Bourez et Kauli Vaast sont dans l’eau à côté de moi. C’est fou de les voir surfer la vague. Ça se voit tout de suite qu’ils sont chez eux. Ils nous donnent régulièrement des conseils sur notre placement, sur les vagues à choisir, et ça nous aide à mieux comprendre le spot. Le soir, nous prenons l’apéro ensemble en sirotant une Hinano, bière locale, avant de dîner et de se coucher tôt pour être en forme le lendemain.
La meilleure session pour moi s’est déroulée le matin du deuxième jour. Les conditions étaient annoncées bonnes. On était dans l’eau alors que le jour se levait et on a bien fait, une session magique. Nous étions seulement quatre Breton·ne·s au pic des vagues parfaites, sans vent. C’était vague sur vague pendant deux heures. Dire qu’on a surfé la vague
mythique de Teahupo’o à quatre, le pied. Ce qui m’a frappé le plus là-bas, c’est que toute la vie locale est centrée autour du surf. Les enfants du village se retrouvent tous sur le beach break, leur terrain de jeu. Le surf fait partie intégrante de leur quotidien et de leur culture, c’est une véritable passion partagée par toutes les générations. Quand tu arrives sur un spot, ne pas oublier de dire bonjour à tout le monde !
Mais en tant que Breton·ne·s, on se devait de leur faire découvrir aussi un peu notre culture. Nous avons donc organisé une soirée crêpes à laquelle nous avons invité les parents de Kauli. Top moment. À la fin de la semaine, nous sommes parti·e·s explorer une partie plus sauvage de l’île, guidé·e·s par Michel, Kauli et Naiki, son frère. Nous avons fait de la plongée pour découvrir les fonds marins de Tahiti, avec ses poissons et ses coraux. J’ai été vraiment impressionné par le nombre d’espèces et leur diversité de couleurs, tout cela dans une eau translucide. Juste après, ils nous ont amenés à une cascade avec un spot pour sauter de la falaise. Enfin, nous avons décidé d’aller surfer sur un spot dans le nord. Il était 13 heures, et toute l’équipe avait faim. On a donc quitté le bateau en jet-ski avec Kauli pour aller chercher à manger dans un snack local. Quand j’ai vu qu’il avait remporté l’or cet été, j’étais tellement content. Malheureusement, le rêve s’est terminé. Mais je compte déjà y retourner. Le plus dur fut de devoir repasser du short à la combi.
À CONNAÎTRE
Où manger ?
« Le snack de Teahupo’o devant le spot, c’est souvent là qu’on allait manger après les sessions. Super bon, très copieux, parfait pour repartir surfer après. Le Manoa aussi, à Taravao, est une super adresse ! »
Où loger ?
« Pendant la semaine, nous avons séjourné chez Tahurai Homestay, à seulement 2 minutes à pied du spot. Mike, le propriétaire, a été aux petits soins pendant tout notre séjour. »
Si la météo est mauvaise
« Je vous recommande une visite du marché couvert de Papeete pour goûter des spécialités locales. »
À ne pas oublier
« Pour nous, Bretons et Bretonne, la crème solaire est indispensable ! On a aussi pris un casque. Pour surfer ce genre de vagues, ça aide à se sentir en confiance. Sans oublier la trousse de secours et les crêpes de secours, on ne sait jamais ! »
Tahiti Mo’orea
Tahiti Nui
Teahupo’o
Tahiti Iti
31 JAN-2 FEV 2025
FORME MENTALE /
UTILE SERA LA CHUTE
La championne d’escalade Sasha DiGiulian nous explique pourquoi l’échec est sa plus grande force.
« L’escalade est un sport de revers. On tombe peut-être plus de 90 % du temps, dit Sasha DiGiulian, 31 ans, grimpeuse américaine qui a fait carrière en surmontant les obstacles, avec plus de trente premières ascensions féminines à son actif. Cela m’entraîne à accepter mentalement l’échec comme une partie du processus. Parfois, nous percevons le progrès comme une progression linéaire et quotidienne. Mais il arrive que le recul vienne avant la progression, et grâce à la chute omniprésente dans mon sport, j’ai appris à me relever encore et encore. Comme dit le proverbe : “Sept fois à terre, huit fois debout.” »
C’est ce qui est beau dans l’escalade : on apprend à s’attendre à ce que, si on ne tombe pas, on n’est pas allé·e assez loin. « Dans l’escalade, la force mentale doit être aussi forte, voire plus forte que le physique, car c’est comme un puzzle interactif en direct. Vous regardez cette falaise vierge en essayant de comprendre les séquences à aborder et les façons dont vous pouvez assembler tous ces morceaux apparemment disparates
d’une paroi rocheuse dans votre esprit. Ensuite, vous mettez votre corps au défi de réellement le faire. Avoir un esprit fort vous permet de penser en dehors des a priori, d’être plus créatif, et de vous donner les compétences pour évaluer les risques, et donc opérer aussi prudemment que possible dans des conditions extrêmes. »
Sasha DiGiulian a été de nombreuses fois en difficulté physique, comme lors de son ascension de la Logical Progression, une célèbre voie à Chihuahua, au Mexique, qu’elle a été la première grimpeuse à conquérir en mai 2021. Elle la réalise cinq semaines après sa dernière opération en 2020, après avoir été diagnostiquée de dysplasie de la hanche, (une anomalie du développement de l’articulation de la hanche à la naissance) et qui a entraîné cinq opérations en 18 mois. « Je me suis battue sur la paroi rocheuse, alors que je n’étais pas prête physiquement. Mais mentalement, j’étais convaincue que j’en avais besoin pour surmonter ma peur. C’était une partie importante de mon retour physique et mental. »
« Pour réussir, il faut passer par l’échec plusieurs fois, dit York-Peter Klöppel, responsable de la performance mentale au Red Bull Athlete Performance Center. Même les plus grands de l’histoire du tennis, comme Federer, Nadal et Djokovic, perdent 45 % des points dans un match. En escalade, chaque chute est instructive. C’est la seule façon de découvrir ce qui fonctionne ou pas. »
« On dit que les meilleur·e·s athlètes ont la mémoire courte ; il faut apprendre des expériences pour avancer rapidement. Cela peut leur prendre du temps, mais l’important est qu’à un moment donné, on trouve un moyen d’avancer. Trouvez les personnes en qui vous avez confiance et parlez-en. C’est la meilleure façon de le digérer. Si vous gardez tout pour vous, ce sera plus difficile. »
« Nous avons tous tendance à éviter les situations où nous savons que nous allons échouer. Mais c’est bien de se préparer à en passer par là. »
TECHNOLOGIE / PRÊT·E·S À SWYTCHER ?
Le kit Swytch est censé transformer n’importe quel vélo en e-bike en un tour de main. Est-ce que ça fonctionne vraiment ?
Notre expert high-tech Kirafin nous donne son avis.
L’objet
Le kit comprend une roue avant, un moteur de 250 watts, un capteur de pédalage et une batterie, qui peuvent être montés en trois gestes simples. Un câble permet de tout connecter. Ainsi, un vélo ordinaire devient un e-bike capable de rouler à 25 km/h.
La vague hype
Fini le pédalage fastidieux ?
Le kit complet pèse entre 2,2 et 3,7 kg. Quant à l’autonomie, elle est correcte : jusqu’à 90 km.
tude de vidéos sur ce kit. Rien que la vidéo de @thejunglebadger a déjà cumulé plus de 18 millions de vues.
Indispensable pour…
... qui envisage depuis longtemps de passer à l’e-bike mais ne veut pas se séparer de son vélo adoré.
Superflu pour…
C’est tentant. Pas étonnant que la communauté cycliste s’emballe et poste une multi-
… qui n’utilise son vélo que pour aller acheter les croissants le dimanche.
Kirafin
Jonas Willbold, de son vrai nom, a 29 ans et divertit son 1,3 million de followers sur Tik Tok avec des formats humoristiques. En parallèle, il nourrit sa passion pour les produits et tendances technologiques.
DES AIIILES POUR L’HIVER.
ÉDITION LIMITÉE
Goût mûre givrée & vanille
FITNESS/ NOUVEAU SOUFFLE
B-Boy Johannes « Hatsolo »
Hattunen explique pourquoi le breaking devrait être un élément essentiel de votre routine fitness.
Les headspins, les flips, les freezes défient la gravité. Le breaking est l’une des formes de danse les plus physiques, nécessitant une force phénoménale, une endurance et une créativité lors d’un battle ou d’un cypher de 60 secondes. Johannes « Hatsolo » Hattunen le sait mieux que quiconque. Ayant découvert le breaking à la fin des années 90, ce Finlandais de 39 ans a dédié sa vie à ce style de danse, participant à des compétitions mondiales telles que le Red Bull BC One, tout en animant des séances de coaching dans son gymnase à Helsinki. Hatsolo croit que le breaking est une excellente forme de fitness pour toutes et tous, quel que soit l’âge ou les capacités. « Il n’est jamais trop tard pour commencer, dit-il. En Suède, il y a une breakeuse nommée Krazee Grandma, qui a commencé autour de la soixantaine. Même si vous êtes blessé, il vous reste toujours une manière de danser. Beaucoup de danseurs de haut niveau ont créé leur style après s’être blessés, et cela transforme la danse en quelque chose d’unique. » Pour Hatsolo, le breaking est une activité sociale, communautaire, où s’amuser et écouter de la musique font partie du package – plus comme un jeu que comme une course ou une séance de musculation : « Il n’y a ni gagnant ni perdant. Vous réussissez ou vous échouez. Et si vous échouez, vous réessayez. »
L’attrait
des mélanges
« Le breaking inclut des mouvements de cardio et de callisthénie (exercices de poids corporel), explique Hatsolo. Vous devez vous mettre dans des positions physiques difficiles [et] c’est excellent pour votre souplesse. Mais les avantages vont au-delà de la danse : il y a beaucoup de transferts de compétences avec différents sports, loisirs, voire la vie quotidienne. Par exemple, j’ai commencé à jouer au padel et j’ai trouvé beaucoup de similitudes avec le breaking dans la rotation, dans le fait de se baisser pour mieux jouer la balle. »
LE MOUVEMENT DE HATSOLO POUR DÉBUTER
Le Toprock consiste à danser debout. Il existe des centaines, voire des milliers de pas uniques. Si vous commencez par les bases, essayez le two-step. Imaginez que vous vous tenez au milieu d’un cercle. Avancez avec votre pied droit pointant à 10 heures. Ramenez votre pied droit en arrière. Répétez de l’autre côté, en visant votre pied gauche
entre une et deux heures. C’est un exercice pour tout le corps et une excellente façon de réveiller le système nerveux pour des mouvements ou des exercices plus grands. Gardez-le léger et essayez de rester sur la plante des pieds. Essayez-le pendant 30 secondes, puis reposez-vous pendant 30 secondes, et faites quelques rounds pour sentir le mouvement. Vous le sentirez bientôt dans vos mollets, c’est sûr. La finale mondiale du Red Bull BC One aura lieu à Rio de Janeiro (Brésil), le 7 déc. 2024. En direct sur Red Bull TV ; redbull.com
Brûler les calories
Une étude des scientifiques de l’Université de Brighton, avec l’aide de danseurs et danseuses de la City Academy de Londres, a révélé que la danse de rue, comme le breaking, brûle environ 600 calories par heure, ce qui équivaut à des formes courantes de cardio comme le cyclisme, la natation et la course. Mais la conso de calories dure au-delà de la session de breaking, offrant plus de résultats pour votre entraînement. L’entraînement par intervalles à haute intensité favorise une consommation supérieure d’oxygène post-exercice (EPOC), un effet où votre corps continue de brûler des calories pour récupérer.
Déplacez-vous
« Lors d’un circuit training, il est bon d’incorporer un type de mouvement qui accélère votre fréquence cardiaque, soit en courant, en utilisant un vélo d’assaut ou un rameur, explique Hatsolo. Le breaking fait augmenter le rythme cardiaque, et vous pouvez faire des mouvements spécifiques comme des pompes, des abdominaux ou des tractions entre les deux pour renforcer les parties du corps sur lesquelles vous vous concentrez. »
Nouvel acteur majeur de l’esport, Continental passe à la vitesse supérieure
Continental est une marque reconnue dans le monde de l’automobile axée sur la précision, et pour partager ses technologies, l’entreprise est friande de partenariats. Depuis 2023, elle s’intéresse et s’implique judicieusement dans une toute nouvelle scène : l’esport.
Fondé en 1871 en Allemagne, Continental est un équipementier historique. Son fer de lance ? La sécurité au travers de ses pneumatiques, qu’elle souhaite promouvoir dans bien des industries. Déjà très présent au sein du Tour de France, son nouveau coup de cœur se porte sur une scène à l’essor mondial considérable, qui remplit des stades entiers et qui soulève des foules : l’esport, dans lequel elle s’est insérée l’année dernière. Un véritable défi puisque parler sécurité et technologie allemande aux jeunes Français n’est pas chose aisée : « Nous voulions partager cette notion de sécurité, mais d’une manière plus fun, en touchant une communauté qui ne nous attend pas sur le sujet du pneumatique », déclare Léa Lucas, en charge des partenariats chez Continental.
Associé à la célèbre agence esport ZQSD, Continental s’est lancé dans l’esport au travers de l’Ascension
Hopscotch et Continental UNE ALLIANCE PRÉCIEUSE
Hopscotch, groupe spécialisé dans le numérique, a travaillé avec ZQSD Productions sur l’Ascension 2023. Célèbre agence esport et événementielle impliquée dans le ZEvent ou le Red Bull Tour Infernale, elle a noué une solide relation avec Continental. « On leur a fait une totale confiance et il y a eu beaucoup de paris fous sur différentes activations, explique Léa Lucas. Une relation au-delà du simple lien sponsor-organisateur. »
2023. Une compétition de grande ampleur sur le jeu Trackmania organisée par l’incontournable streamer ZeratoR. Elle s’est déroulée en trois étapes, remplissant chaque salle dans laquelle elle s’est déroulée. « L’Ascension était un pari. Au départ, Trackmania n’avait pas besoin de nous, mais nous avons vu une opportunité lorsque ZeratoR a cherché à se réinventer, avoue Léa. Nous avons été très bien accompagnés par les équipes de ZQSD qui maîtrisent vraiment leur sujet. » Pour le coup, Trackmania est un jeu de course un peu spécial : les circuits s’envolent dans les airs, la précision est millimétrée et la vitesse hallucinante, avec tout un jeu d’adhérence. « Il y a un fort lien à la route, aux différentes surfaces », continue Léa. Pour sensibiliser les milliers de spectateurs présents sur place, Continental a organisé des animations physiques qui ont rencontré un large succès. « Sur la première date, on avait un énorme simulateur pour jouer à Trackmania. Mais sur la deuxième, on a décidé de casser les codes. » De fait, ce n’est ni plus ni moins qu’une opération de pit stop qui fut instaurée : comme en Formule 1, les joueurs ont pu changer des pneus Continental en étant chronométrés, en compagnie d’influenceurs et de commentateurs. « Tout le monde s’est pris au jeu. On a pu transporter notre univers dans le jeu vidéo et l’esport. » L’un des défis de la marque est notamment d’adopter les codes de l’esport tout en proposant une expérience différente, afin que les différents univers se rencontrent. Continental a même eu droit à ses propres circuits, créés en live par ZeratoR lui-même. « On lui a laissé carte blanche », poursuit Léa. Sur la piste, un gigantesque pneu Continental peut même être aperçu, faisant partie intégrante de l’environnement. Une inclusion maligne qui a rencontré l’énorme audience du streamer, se montrant très positive à l’égard de l’équipementier.
En 2024, Continental a décidé de passer un cap en devenant sponsor de la LFL 2024, ligue nationale du phénomène League of Legends, pourtant loin d’être un jeu de course. « On avait aussi à cœur d’aller toucher des cibles qui ne sont pas forcément dans l’automobile et d’accompagner la LFL avec un angle encore jamais pris. » C’est donc directement in-game que l’activation fut faite : l’entreprise a alors pris
À gauche : des fans de Continental lors de L’Ascension à Lyon en 2023. Cette page : ZeratoR, organisateur de l’événement, en mode challenge.
toutes les statistiques des différents bonus disponibles dans le jeu, pour essayer de les coupler avec ceux des différents pneus Continental. « Nous sommes particulièrement fiers de la manière avec laquelle la marque s’intègre à chacune de ses compétitions via des activations inédites comme le changement des maps dans League of Legends qui s’apparente, en LFL, à un changement de pneumatiques », rajoute Bertrand Amar, Head of esport chez Webedia.
2024 s’est aussi poursuivie avec un retour sur Trackmania, cette fois au sein de la prestigieuse Trackmania World Cup 2024. De même, Continental est aussi devenu le sponsor de la Flip & Spin 2024, compétition européenne organisée par Webedia sur Rocket League. Titre très prisé de l’esport, ce dernier se plaît à mélanger la voiture et le football avec une intensité folle. On y retrouve donc la marque directement dans le jeu, même si le
plus gros de l’opération s’est déroulé à la Paris Games Week 2024. Làbas, la Trackmania World Cup 2024 comme la Flip & Spin 2024 y ont tenu leur grande finale, devant des milliers de spectateurs.
Continental a d’ailleurs eu droit à son propre stand. « Nous avons eu trois espaces dédiés à Trackmania, League of Legends et Rocket League avec des animations très spécifiques. L’idée était de proposer aux spectateurs de venir faire des rencontres avec des streamers, de créer du contenu sur les réseaux sociaux… ou de changer des pneus. »
Cette année charnière dans l’esport n’est que le début pour Continental, qui compte bien y proposer de nouveaux formats et s’y développer davantage. « Je pense que ces prochaines années dans l’esport peuvent vraiment faire ressortir l’ADN de Continental tout en ayant une légitimité », conclut Léa. On la croit sur parole.
Webedia UN PARTENAIRE D’AVENIR POUR CONTINENTAL
Leader français du divertissement web, Webedia a travaillé avec Continental sur tous ces événements prestigieux. « L’esport se rapproche d’année en année du modèle du sport dans sa construction et sa distribution, déclare Bertrand Amar, à la tête de l’esport chez Webedia. Le fait que Continental, qui est une marque majeure du monde du sport, s’intéresse à l’esport est valorisant pour tout l’écosystème. Pour Webedia, c’est aussi une grande fierté que d’avoir le soutien de Continental sur trois de nos compétitions majeures que sont la LFL, la Trackmania World Cup et Rocket League’s Flip & Spin. » À l’avenir, les deux entités souhaitent continuer leur collaboration et poursuivre leur vision commune dans l’e-sport. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Continental approche d’autres jeux vidéo et compétitions.
Rédaction
Karin Boba, Paul Neusiedler
Photos Max Manavi-Huber
Conception du set & stylisme
Karin Boba
1/ Vision intelligente. Lunettes de soleil connectées avec caméra 12 MP, ultra grand-angle, et système audio à cinq micros. Meta Wayfarer de Ray-Ban ; à partir de 329 € ; ray-ban.com
Tenue/ Veste Retro Denali par The North Face, 200 € ; casquette Roam 6 Panel de Mons Royale.
1/ Pratique. Enceinte Bluetooth compacte pour l’extérieur avec tuner DAB+ et FM intégré. Woodland Mini de Pure, 79,99 € ; pure-audio.com
2/ Cinématographique.
Caméra d'action robuste et étanche Insta360 X4 avec vidéos 360 ° en 8K. Effet perche à selfie invisible et stabilisation FlowState. Particulièrement cool : montage assisté par IA. Insta360, à partir de 299 € ; insta360.com
3/ Belles performances. Smartphone pliable Galaxy Z Flip 6 avec nouveaux capteurs de 50 MP et 12 MP ultra grand-angle pour des prises de vue nettes et détaillées. À partir de 1 199 € ; samsung.com
4/ Radical. Casque audio robuste et flexible AirPods Max avec un excellent ajustement et une suppression active du bruit. Apple, 579 € ; apple.com
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1/ Tout-en-un. Système hi-fi stéréo Colourful, parfaitement assorti, composé d’une platine vinyle Debut Carbon Evo, d’enceintes Speaker Box 5 S2 et de l’amplificateur stéréo MaiA S3. Pro-Ject, env. 1 950 € ; project-audio.com
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M.Zuiko Digital ED 100–400 mm F5.0–6.3 IS, 1 299 € ; objectif ultra grand-angle M.Zuiko Digital ED 9–18 mm F4.0–5.6 II, 699 € ; omsystem.com
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1c/ Stream Deck convivial et compact avec 8 boutons personnalisables et 2 points tactiles Stream Deck Neo pour gérer les réunions, la musique, les chats en direct, les applis et bien plus encore. elgato.com
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3/ Innovant. Casque de streaming/gaming léger Virtuoso Pro avec conducteur en graphène moderne et design ouvert. Elgato, à partir de 199 € ; disponible sur corsair.com
1/ Endurant. Casque haut de gamme Dyson OnTrac avec une excellente isolation acoustique et un confort supplémentaire. Dyson, 499 € ; dyson.fr
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Tenue/ Veste coupe-vent NSE × Yinka Ilori par The North Face, 160 € ; thenorthface.fr
3/
3/ Haut de gamme. Smartphone avec caméra Zeiss Vivo V40, équipé d'un objectif grand-angle de 50 MP et de la technologie Aura Light, qui capture chaque instant quelles que soient les conditions d'éclairage ; vivo.com
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1/ Dynamique. Casque OverEar Sonos Ace avec audio 3D sans fil, suppression active du bruit et environ 30 heures d'autonomie. Sonos, 499 € ; sonos.com
2/ Petit mais puissant. Enceinte innovante Apple HomePod mini avec audio à 360 ° et d’infinies possibilités d'utilisation. Apple, 109 € ; apple.com
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Le Red Bull Kumite, tournoi de Street Fighter où les joueurs et joueuses s’affrontent dans une cage, a révolutionné l’esport en offrant une plateforme prestigieuse aux jeux de combat. Depuis sa création en 2015 à la Salle Wagram à Paris (que rappelle cette photo), cet événement a attiré les meilleur·e·s joueurs et joueuses au monde, grâce à son format unique et spectaculaire, déchaînant des affrontements intenses dans des arènes emblématiques. Après des rendez-vous historiques en Afrique du Sud et à New York en 2023 et 2024, rendez-vous l’an prochain à Paris pour la finale mondiale de son dixième anniversaire.
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