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L’OBJET
L’AVION
Est-on libre de rêver d’avion? La polémique a fait grand bruit. «L’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants», a déclaré la nouvelle maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’huy, en mars 2021. En cause, le coût carbone de l’aérien et ses conséquences sur le réchauffement climatique. Pour l’élue, aussitôt étiquetée «ayatollah verte», il y a urgence à déconstruire et à repenser nos imaginaires. Elle appelle à une société de la sobriété à l’heure où explose la pollution liée aux jets privés – rêve de milliardaires s’il en est –, qui représentent environ 10% des avions au décollage depuis la France et qui polluent dix fois plus que n’importe quel vol commercial et cinquante fois plus qu’un train. Vertigineux. Sauf que… Sauf que l’avion fait rêver. C’est un fait. Un rêve souvent inaccessible pour les plus modestes, qui payent cher la facture climatique, et qui revendiquent pourtant leur liberté de voler sans en avoir le privilège. Une liberté d’aujourd’hui qui nous condamne demain? L’envie d’ailleurs, de voyages au bout du monde, fait rêver. Le désir de prendre de l’altitude, de la hauteur participe de ce rêve. C’est un fait. S’attaquer à l’aérien, c’est s’attaquer à un rêve de gosse qui irait d’Icare jusqu’au pilote de ligne en passant par Saint-Exupéry. «Coucou Poitiers! Les rêves restent toujours libres. Signé Icare», a twitté l’insoumis Mélenchon. Un message à peine dissimulé à l’élue poitevine. C’était un peu vite oublier qu’Icare est mort d’avoir volé trop haut – déplumé par la cire fondue. Comme un avion sans ailes.
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pierre jacquemain, illustration anaïs bergerat