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LE MOT
raisonnable
En l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron et les siens ont ressorti un argument vieux comme le monde pour mettre les oppositions face à leurs responsabilités: la raison. Ainsi le président de la République entend-il faire croire aux Français qu’il n’est responsable de rien et ses opposants responsables de tout. Comprendre: si les bases d’un accord ou d’un compromis politique n’émergent pas pour assurer une forme de stabilité institutionnelle, c’est que les oppositions ne sont pas raisonnables. Ni même animées par le «bon sens». Ainsi Emmanuel Macron cessa-t-il de faire de la politique et invoqua-t-il la morale pour poursuivre son œuvre. «Je suis sûr qu’il y a des gens raisonnables sur les bancs de la gauche et de la droite», peut-on entendre chez les députés macronistes, les ministres et jusqu’à la première ministre. Par «gens raisonnables», comprendre: des parlementaires d’opposition qui, comme par enchantement, finiraient par trouver des vertus aux réformes qu’ils ont toujours combattues. Drôle de manière de penser et d’envisager la politique. En réalité, l’hôte de l’Élysée considère qu’il incarne une manière raisonnable de faire de la politique. Qu’entre deux radicalités – LFI d’un côté, le RN de l’autre –, c’est la raison du centre, ou peut-être le centre de la raison, qui doit l’emporter. Oubliez les images de manifestants violentés, d’exilés pourchassés, leurs tentes lacérées. Oubliez le mépris. Oubliez ceux qui ne sont rien. Oubliez ces fainéants qui ne traversent pas la rue. Oubliez tout ça. Soyez raisonnables!
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pierre jacquemain