Histoire et critique de la traduction des auteurs reastrans

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HISTOIRE ET CRITIQUE DE LA TRADUCTION DES AUTEURS : TAHAR BEN JELLOUN ET ASSIA DJEBAR

RELU COȚOFANĂ


Histoire et critique de la traduction des auteurs : Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar Doctorant : Coțofană Relu

SOMMAIRE

1.Introduction……………………….……………………………..……………3 2.La réception de la littérature maghrébine d’expression française en Roumanie……………………….……….………………..…………………….5 3.La réception de la littérature des auteurs Tahar Ben Jellou et Assia Djebar en Roumanie…….………………………………...……….……………….…….11 Tahar Ben Jelloun……………………………….……….………………...…11 Assia Djebar…………………………………………………………………..13 4. Présentation des traducteurs…………………………………………….....15 Cecilia Stefanescu…………………………………………………………….15 Sanda Chiose Stiehler…...……………………………………………………16 Alexandru Brumaru……………………………………………………..……17 Elena Brândușa Steiciuc……………………………………………………...17 Alexandru R. Savulescu……………………………………….…………...…18 5.Analyse critique comparative des traductions………………………..……19 Bibliographie……………………………………………….…………………25 Annexes : Schémas de l’analyse comparative des traductions (L’auberge des Pauvres) (Les Impatients) Elena-Brandusa Steiciuc La francophonie au féminin, Universitas XXI, Iasi, 2008 Echos- Atelier de traduction Contrafort : 7-8 (81-82), iulie-august : Ping-pong critic : Mihai Vakulovski : Noaptea, când tata şi mama fumează kif...

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HISTOIRE ET CRITIQUE DE LA TRADUCTION DES AUTEURS: TAHAR BEN JELLOUN ET ASSIA DJEBAR 1. INTRODUCTION Le roman maghrébin se présente actuellement dans l’espace littéraire francophone comme une zone à la fois des plus provocatrices et des plus séduisantes. Porteurs d’une voix souvent inclassable, les romanciers maghrébins cherchent à imposer de nouveaux types d’écriture, des inventions romanesques dans leur tentative de repenser et de redéfinir le roman. La traduction représente le transfert d’un message d’une langue dite langue-source ou langue de départ à une autre dite langue-cible ou langue d’arrivée. La traduction met en regarde deux langues qui appartiennent à deux cultures différentes marquées par des rapports de force historiquement déterminés. Elles peuvent être toutes les deux des médias de grande communication internationale ou bien l’une, langue dominée, l’autre, langue dominante. Dans ce dernier cas, la traduction, en tant que transfert des idées et des expériences humaines d’un système culturel à un autre, dans un sens ou dans un autre revêt une portée, de toute évidence, différente. Quand ce transfert est effectué d’une langue dominante vers une langue dominée, cette opération joue un rôle très important dans le développement de cette langue, dans son enrichissement et son accès à la modernité. Quand le transfert s’opère de la langue dominée vers une langue dominante, l’activité traductrice permet l’accès à l’universel et le rayonnement de la culture qu’elle véhicule. L’usage d’une langue dans la dynamique de traduction est toujours une forme de reconnaissance et de légitimation de l’autre. La littérature est déjà un fait de culture, la traduction littéraire est donc une activité qui transfère dans une autre langue l’expérience d’une vision du monde participant d’une culture. Traduire un écrivain, c’est aller à la rencontre d’une vision du monde qui s’enracine dans la culture et dans la civilisation d’un espace-temps, établir pour les lecteurs étrangers à la langue-source un espace de culture. L’activité de traduction véhicule vers le lecteur étranger à la langue de cette société du texte des éléments culturels qui déterminent son altérité, des éléments qui peuvent l’amener à prendre la mesure de sa distance. André-Patient Bokiba prétend1 qu’en littérature, l’écriture exophone2 est en soi un exercice de traduction, pas seulement par la pratique de la note de bas de page, un exercice plus ou moins bien réussi, plus ou moins à l’abri d’un ethnocentrisme étouffant. Il ne fait particulièrement allusion à la situation où la culture et la langue ne ressortissent pas au même contexte sociohistorique, où la culture et la langue, le référent et l’outil d’expression peuvent se trouver en relation de décalage dans l’espace et dans le temps. Traduire dans une langue européenne une réalité africaine originaire d’une culture-source orale conduit au phénomène de diglossie littéraire. 1

Bokiba, André-Patient, « La traduction littéraire, vecteur d’interculturalité » in http://ressources-cla.univfcomte.fr/gerflint/chili3/bokiba.pdf, dernière consultation 23.06.2010 2 Les littératures sont dites exophones quand elles s'expriment dans une langue qui n'est pas celle de la culture principale de l'auteur. L'écriture des personnes déplacées, migrantes, exilées, réfugiées, est dite exophone soit par rapport à la langue dominante du pays d'accueil quand elle utilise celle du pays d'origine, soit par rapport au pays d'origine quand elle adopte celle du pays d'accueil. (Jean-Marie Grassin, Université de Limoges http://www.flsh.unilim.fr/ditl/EMIGRATION.htm), dernière consultation le 12.07.2010

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Pour l’écrivain maghrébin, par exemple, une chose est d’écrire dans sa langue maternelle, c’est-à-dire dans la langue de sa culture originelle, autre chose est d’écrire dans une langue d’emprunt, c’est-à-dire de couler sa propre culture dans les catégories d’un médium sinon étranger, mais coexistant avec sa propre langue maternelle. Dans ce deuxième cas, l’acte d’écrire dans sa double postulation linguistico-culturelle infère un processus de négociation toute proche de l’activité de traduction. Il s’agit de confronter sa propre culture à un médium étranger, de produire une « interculture », dans cette cohabitation d’une identité et d’une altérité. Paul Bandia évoque à ce propos l’importance des phénomènes de vernacularisation3 et de diglossie littéraire dans l’écriture africaine d’expression européenne : « (Celle-ci) est en grande partie le résultat de négociations des différences culturelles entre la tradition orale africaine et sa contrepartie européenne, le discours oral. La littérature euro-africaine est caractérisée des formes hybrides qui mélangent les traditions autochtones et occidentales. Cette variété d’écriture postcoloniale est le résultat d’une sorte de bilinguisme radical qui évoque simultanément deux cultures étrangères et distantes. C’est ainsi que l’on peut dire que les littératures euro-africaines sont elles- mêmes des traductions, dans le sens large du terme, qui peuvent aider à éclairer l’impact de la traduction sur une culture source colonisée puis sur une culture linguistique métropolitaine homogénéisante. Dans le contexte postcolonial, l’écrivain africain est souvent un sujet bilingue et biculturel qui a une bonne maîtrise de sa langue africaine et de sa langue européenne d’écriture. Cette caractéristique de métissage culturel chez l’écrivain africain se manifeste dans son œuvre par une diglossie linguistique et littéraire qui met en évidence les relations de pouvoir entre la langue et la culture du « colonisé » et la langue et la culture du «colonisateur ». Du point de vue sociolinguistique, le contact entre ces langues et ces cultures rivales ou distantes soulève la question de leur rapport de force et de leurs effets sur les locuteurs. À un niveau psycholinguistique, les questions posées sont les motivations liées à l’emploi de tel ou tel idiome. Par ailleurs, cette forme de diglossie littéraire soulève également la question de l’identité du texte, de sa nationalité littéraire et de sa géographie linguistique ou de la construction de sa territorialité référentielle4. » On peut parler d’un processus d’écriture-traduction productif d’un texte hybride, métissé, « texte dont le fondement linguistique et culture, assez hétérogène, fait appel à une stratégie de traduction qui tiendra compte et de sa spécificité matérielle et des caractéristiques de la langue/culture réceptrice »5. L’articulation langue/culture trouve sa pertinence dans le fait qu’au-delà du rapport à la langue, les schèmes culturels participent de manière privilégiée de et à la visée de signification de l’œuvre littéraire. 3

La notion de vernacularisation renvoie au fait, pour des populations autochtones, de s'approprier une langue étrangère en la modifiant afin dela rendre capable d'exprimer leurs «manières de penser et de concevoir» (Manessy, 1984). Cette notion est empruntée à la théorie de lapidginisation, où elle décrit un processus intermédiaire qui suit l'indigénisation (la nativization de Hall, 1966) et précède la créolisation proprement dite. La vernacularisation, comme la plupart des phénomènes qui affectent la langue, suscite généralement des réactions divergentes : les protagonistes de l'expansion de la langue étrangère la saluent comme un pas de plus vers la consolidation de son statut international, les puristes y voient une menace pour la survie de la langue dans sa «bonne forme», et les autochtones nationalistes dénoncent en elle la manifestation d'un impérialisme linguistique (Raymond Mopoho, « Vernacularisation et traduction des textes pragmatiques en Afrique » http://www.erudit.org/revue/ttr/1997/v10/n1/037286ar.pdf) dernière consultation: le 17.07.2010. 4 Paul Bandia, « Le concept bermanien de l’Étranger dans le prisme de la traduction postcoloniale », http://www.erudit.org/revue/ttr/2001/v14/n2/000572ar.pdf, p. 125, dernière consultation le 17.07.2010. 5 Paul Bandia, op.cit., p. 136.

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2. La réception des littératures maghrébines d’expression française en Roumanie En Roumanie, l'étude systématique de la langue et des littératures arabes a été lancée en 1957, bien que la langue arabe ait été enseignée et apprise de manière sporadique dans notre pays, à différents moments, dans certaines écoles secondaires ayant une destination particulière (par exemple, au Séminaire Théologique Musulman). L'étude de la langue et de la culture arabe s’est développée plus intensivement avec la première génération de diplômés qui a commencé à être active dans les domaines scientifiques et dans la vie culturelle roumaine. On peut dire qu'il est possible de parler d'une activité de traduction directement de l'arabe et d’une activité de recherche dans le domaine de la langue et de la littérature arabe en Roumanie depuis les années '60-'70. Les premières tentatives dignes de mention ont été faites dès le XIXe siècle par Timotei Cipariu (1805-1887), un grand philologue, avec une bonne maîtrise de la langue arabe. Cependant, le grand nombre des publications mentionnées dans la bibliographie6 élaborée par Ioana Feodorov, reflète les efforts des chercheurs de la section Langue et littératures arabes de l'Université de Bucarest. L’objectif principal de cette bibliographie était de donner une image claire de la contribution des Roumains à une meilleure connaissance et compréhension de la civilisation arabe. Les références qui se trouvent dans cette bibliographie, où nous avons choisi les pays du Maghreb, ont été recueillies principalement à partir des périodiques et des volumes publiés en Roumanie entre 1957 et 2003 : ALGÉRIE Boualem Abdoun - In umbra scărilor /A l’ombre des marches/, trad. Costin Nastac, 15(1972), no.11, p.8. Ahmed Akkaş Celula nr.7 nu mai răspunde, trad. N. Argintescu-Amza, Secolul 20 , 1(1961), no.6, p.39-41 Malek Alloula - Oraşele /Villes et autres lieux, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Djamal Amrani - Piele însorită /L'Été de ta peau, except. le volume publié en Alger, 1981, trad. Ligia Holuţă, « Orizont », 38(1987), no.2, p.8. Noura Bahi - Cîţi copii au murit /Combien d'enfants sont morts, trad. Geo Vasile, « Luceafărul », 30(1987), no.22, p.12. Hamon Belhalfaoui - Pămînt dogoritor /Terre cuite, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Abd al-Hamid ben Haduga - Cele şapte raze /Les Sept Rayons, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 1er vol., p.4-9. Rachid Boudjedra - Melcul încăpăţînat /L'escargot entêté, trad. Mircea Iorgulescu, « R.lit », 15(1982), no.39, p.20-21. Rachid Boudjedra - Viorele roşii /Les Violettes Rouges, trad. Mircea Iorgulescu, « Steaua », 35(1984), no.5, p.44-45. Messaoud Boulanouar – Prefaţa /La préface, trad. Geo Vasile, « Orizont », 26(1975), no.6, 1975, p.8. R. Bunar - Şeih Giuma, trad. Nicolae Dobrişan, CMIN, p.351-359. Mohammed Dib Algeria, Buc., ESPLA, 1er vol.: Dar Sbitar. Incendiul, L’Incendie 6

Feodorov, Ioana- « The Arab World in the Romanian Culture, 1957-2001», Universitatea Bucuresti, 2003http://ebooks.unibuc.ro/filologie/arab/11.htm; dernière consultation le 12 sept. 2010.

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trad. Ov. Constantinescu, 1957, 376 p. ; 2eme vol., Zorile, trad. Sanda Rogalski, 1958, 192 p. Mohammed Dib - Cine îşi aduce aminte marea /Qui se souvient de la mer, trad. Alexandra Bărăcilă, Buc., Ed. Univers, Col. Globus, 1981, 207 p. Mohammed Dib, Jocul masacrelor sau portretul libertăţii /Jeu de massacre ou le portrait de la Liberté, trad. Matei Călinescu, « Tribuna » , 2(1958), no.25. Mohammed Dib, Oraş /La ville, VR , 11(1958), no.6, p.62. Mohammed Dib Poemul Algeriei /Poème d’Algérie, trad. G. Demetru Pan, « Luceafărul » , 1(1958), no.4, p.14. Mohammed Dib - Viaţa astăzi /La vie aujourd’hui, trad. Ştefan Bitan, « Tribuna », 18(1974), no.8, p.16. Mohammed Dib - Zorii mijesc, trad G. Demetru Pan, VR , 11(1958), no.6, p.62. Assia Djebar -Nerăbdătorii /Les Impatients, trad. Alexandru Brumaru, Buc., Ed. Univers, 1982, 227 p. Abu al-'Id Dodo - Norii /Les Nuages, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 1er vol., p.11-25. Mulud Feraoun - Fecior de om sărac /Le fils du pauvre, trad. Em. Serghie, Buc., ELU, 1966, 160 p. Malek Haddad - Ei intră-n legendă, trad. Ştefan Bitan, « Tribuna », 18(1974), no.8, p.16. Malek Haddad - Ultima impresie, trad. Sergiu Dan, Buc., 1961, 153 p Djamal Imaziten - Patrimoniul eului, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Raşida Khuazam - Poèmes, trad. Ruxandra Budeanu, « Ecart » , April 21, 2000, nr.80. Mostefa Lacheraf - Algerul roşu, trad. Geo Vasile, « Orizont », 26(1975), no.6, p.8. Abdel Hamid Laghouati - La alegere, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Mouloud Mammeri - Somnul celui drept / Le Sommeil du juste, trad. Sînziana DragoşColfescu, Préface par Gh. Dragoş, Buc., Ed. Univers, 1979, 160 p. Abdallah Mazouni - Greva cerşetorilor/ La grève des mendiants, trad. Rodica Florescu, « Astra », 17(1983), no.5, p.16. Abdallah Mazouni - Meseria bogaţilor /Le métier des riches, trad. Rodica Florescu, « Astra », 17(1983), no.9, p.16. Ana Melouah - Flori de măr / Fleurs de pommiers, prés. et trad. Ioan Popovici, « TR », 14(1985), no.297, p.2. Said el-Metredi Poèmes, trad. Dumitru M. Ion and Carolina Ilica, AFINP, p.144149. Jamel Moknachi - Şapte ani / Sept années, trad. Geo Vasile, « Orizont”, 26(1975), no.6, p.8. Nasira Muhammadi - Poèmes, trad. Ruxandra Budeanu, « Ecart » , April 7, 2000, no.78. Hamid Nacer-Khodja - Ceea ce urmează, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Yousef Sebti - Noaptea nunţii / Nuit de noces, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Hamid Skif - Contra-poem / Anti-Poème, trad. Costin Nastac, « Luceafărul », 15(1972), no.11, p.8. Nordine Tidafi - Chemările mele, trad. Elena Iftimie, « R.lit.”, 4(1971), no.2, p.21. 6


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MAROC Ahmad 'Abd as-Salam Al-Baqqali - Răzbunare, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.143-160. Abd al-Magid Ben Jallun - Hoţul de vise /Le voleur de rêves, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2nd vol., p.136-141. Abd al-Majid Ben Jallun - Pescarul / Le pecheur, trad. Nicolae Dobrişan, CMIN, p.363368. Tahar Ben Jelloun Copilul de nisip. Noaptea sacră /L’enfant de sable. La nuit sacrée, trad. Sanda Chiose et Gabriela Abăluţă, Préface Constantin Abăluţă, Buc., Ed. Univers, 1996, 287 p. Revues: Grete Tartler, « RL » , 1996, no.10, p.13. Tahar Ben Jelloun Noaptea greşelii / La nuit de l’erreur, trad. Nicolae Baltă, Buc., Ed. Univers, Col. Romanul secolului XX, 1999, 224 p. Revues: - « RL », (19)1996-1997, no.51-52, p.31. Abdel Ouahab Errami – Poèmes, trad. Dumitru M. Ion and Carolina Ilica, AFINP, p.9399. Abd ar-Rahman Al-Fasi - Bu Şinaq, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.128-134. Mohammed Aziz Lahbabi - Clipa /L’Instant, trad. Elena Iftimie, « R.lit. », 4(1971), no.2, p.21. Mohammed Aziz Lahbabi In zorii erei noi. Sîntem ca soarele, trad. Adrian Barbu, « Tribuna » , 7(1963), no.8, p.12. Mohammed Aziz Lahbabi - O poetă din Fes, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.96-127. Mubarak Rabi - Sînge şi fum, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.161-165. Muhammad Zafzaf - Se poate întîmpla, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.166173. TUNISIE Badreddine Abassi - Un început de vară, trad. Elena Iftimie, « R.lit.”, 4(1971), no.2, p.21. Muhammad Al-Anni - Glasul muezinului, trad. Mioara Dobrişan, CMIN, p.371-381. Samir Al-'Ayyadi - Faţa cerului, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2nd vol., p.313-335. Abou El-Kacem Chabbi - Profetul nerecunoscut, prés. et trad. Constant Petrescu, « R.lit. », 17(1984), no.42, p.20. Nafila Dhahab - Prinţesa adormită, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2er vol., p.307-311. 'Ali Al-Du'aji - N-a dormit nopţile trecute, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.286289. Mustafa Fersi - Pămîntul de foc, trad. Alexandru Balaci, « Luceafărul », 11(1968), no.11. Mustafa Fersi - Culoarele, trans. Teohar Mihadaş, « Tribuna », 18(1974), no.2, p.16. Melika Golcem Ben Redjeb - Femeia arabă, trans. Geo Vasile, « Luceafărul », 31(1988), no.10, p.8. Sophie Al-Goulli - Cîntul I [Chant I], trad. Teohar Mihadaş, « Tribuna », 18(1974), no.2, p.16. Raşed Hamzaui - Buletinul, sans Omul care a băut rîul, prés. et trad. Virginia Burduja, « CL », 1976, no.1, p.16. 7


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Ahmad Hasun - Sărbătoarea naşterii ei, trad. Nicolae Dobrişan, CMIN, p.382-387. Ibn Hani - Floare de rodiu. Lacrimi şi patimi, trad. Grete Tartler, « Luceafărul », 18(1975), no.15, p.8. Muhammad Salih Al-Jabiri - Lacrimile pămîntului, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.301-306. Muhammad Salih Al-Jabiri - Marea îşi risipeşte epavele, trad., Préface et notes Nicolae Dobrişan, Buc., Ed. Univers, 1986, 203 p. Ezzedine Madani - Te voi construi, o ţara mea, prés. et trad. Virginia Burduja, « CL », 1976, no.1, p.16. Muhammad Al-'Arusi Al-Matwi - A doua încercare, trad. Nicolae Dobrişan, ANA, 2eme vol., p.291-299. Şams Nadir (Mohamed Aziza) Astrolabul din mare. Proză arabă contemporană, trad. and glossaire Ioana Feodorov, Préface Leopold Sedar Senghor, Introduction Virgil Cândea, Buc., Ed. AGNI, 1994, 93 p. Revues: George Grigore, « VR » , 1995, no.9-10, p.156-157. Gabriela Ursachi, Povestiri arabe în lectură românească, « RL » , 1994, no.42, p.7. « Luceafărul » , 1994, no.8(187), p.4. O carte arabă pentru cititorii români, Lumea magazin , 1994, no.9, p.24. Riahi Radhia Poèmes, trad. Dumitru M. Ion and Carolina Ilica, AFINP, p. 202-207. Noureddin Sammoud - Drama lui Sisyphe / Le drame de Sisyphe, trad. Teohar Mihadaş, « Tribuna », 18(1974), no.2, p.16. Mahmud Tunsi - A alerga după pîine, prés. et trad. Virginia Burduja, « CL », 1976, no.1, p.16.

Littérature maghrébine- traductions Publications avant 1989 EDITIONS

ALGERIE MAROC TUNISIE

Univers

3

2

1

Editura pentru Literatură Universală 1

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Publications des littératures maghrébines dans des revues avant 1989 REVUES

ALGERIE MAROC TUNISIE

Astra

4

-

-

Romania literară

2

1

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Luceafărul

9

-

3

Tribuna

4

1

3

Astra

2

-

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Viața românească

2

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1

Convorbiri literare -

-

3

4

4

1

2

Lumea magazin

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ANA

2

CMIN AFINP

1

2

2

Ecart-apr.2000

2

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Steaua

1

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Réception critique de la littérature maghrébine de langue française dans le milieu universitaire roumain UNIVERSITE STEFAN CEL MARE SUCEAVA -Atelier de traduction ; -Anale Litere

UNIVERSITE DE CRAIOVA

UNIVERSITE UNIVERSITE BABES-BOLYAI BUCAREST CLUJ

-Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) MÉTISSAGE CULTUREL Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones

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DE


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Elena Brândușa Steiciuc, professeur à l’Université « Ștefan cel Mare » de Suceava, spécialiste en littérature francophone, affirme dans son étude Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie7 qu’en Roumanie on a constaté pendant les dernières années un intérêt accru pour l’étude des littératures francophones, surtout en milieu universitaire. Récemment on peut trouver quelques échos dans divers manuels de français pour les classes terminales du lycée. Elena Brandusa Steiciuc y écrit quelques caractéristiques de la littérature d’expression française du Maghreb: « Ancrée dans deux cultures radicalement différentes, deux histoires, deux langues, cette littérature représente une entité originale, qui a pris contour surtout après la seconde guerre mondiale, pendant la période post - coloniale, qui commence en 1956 au Maroc et en Tunisie et en 1962 en Algérie. Influencée par le patrimoine arabe et berbère, imprégnée par une sensibilité et par les éléments d’un imaginaire très différent de l’imaginaire européen, cette littérature est écrite en français, la langue de l’ancien colonisateur. Elle est donc forcément le lieu d’une rupture, d’une contradiction. À ses débuts cette production littéraire se fait l’écho du mouvement de libération nationale et elle porte l’empreinte des revendications des colonisés, de la violence avec laquelle on les réprimait, bref, l’empreinte d’une quête de l’identité collective et individuelle. Parmi les romans qui reflètent les horreurs de la guerre, citons L’Opium et le Bâton de Mouloud Mammeri et Les Alouettes Naïves d’Assia Djebar. Les auteurs des années ’80 donnent libre cours à leur révolte individuelle (Rached Boudjedra, La Répudiation ; Driss Chraïbi, Le passé simple ; A. Khatibi, La mémoire tatouée) en parallèle avec une sévère critique sociale et politique (Rachid Mimouni, L’honneur de la tribu ; Le fleuve détourné). On assiste également à un renouvellement de l’expression, à un retour aux traditions d’oralité du conte arabe, exploitées entre autres par Tahar Ben Jelloun (L’Enfant de sable ; La Nuit sacrée) ».8

La traduction de ces productions littéraires, surtout pour ce qui est de la prose (nouvelle ou roman) demande au traducteur de surmonter au moins deux types de difficultés:  les difficultés qui tiennent à la spécificité culturelle du Maghreb, à des repères culturels avec lesquels le public roumain n’est pas familiarisé ;  des difficultés provenant du style de tel ou tel auteur, de son rapport plus ou moins «problématique » à la langue. Pour le premier type de difficultés, signalons le fait que le traducteur doit expliquer, par des notes, des termes comme : Aïd, baraka, canoun, casbah, djellaba, djemaa, djinn, fantasia, fondouk, fqih, hadith, hammam, henné, imazighen, lalla, médina, oukil, roumi,kif etc. pour n’en citer que les plus fréquents; il s’agit d’éléments constitutifs de la civilisation spirituelle et matérielle du Maghreb, dans le contexte de la culture islamique, dont la compréhension est une condition sine qua non pour faire passer le message. C’est probablement la raison pour laquelle la littérature maghrébine d’expression française est très peu traduite en roumain, de grands noms, même des noms de fondateurs du roman maghrébin moderne (Kateb Yacine, Albert Memmi, Driss Chraïbi) restant pratiquement inconnus au public de chez nous. Un des premiers romans dont on connaît la version roumaine est Le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, un des représentants de la première vague d’auteurs maghrébins Fecior de 7

Steiciuc, Elena Brandusa , Atelier de traduction No.1, « Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie », 2004,ed. Universitatii Suceava, p.83. 8 Steiciuc, Elena Brandusa , Atelier de traduction No 1. « Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie », 2004,ed. Universitatii Suceava, p.83.

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om sărac, Bucureşti, Editura pentru Literatură Universală, 1966. Em.Serghie, qui signe la version roumaine, est un des «pionniers» de la traduction de la littérature maghrébine et il remplit très consciencieusement son devoir, même si parfois son texte peut manquer de précision ou bien peut contenir des versions inexactes. Le plus souvent, il réussit pourtant à bien intégrer les termes d’origine arabe ou kabyle (écrits en italiques dans le texte de départ ; expliqués par des notes en bas de page, dans la variante roumaine. Pendant les années ’ 70-’ 80 on traduit d’autres auteurs représentatifs du courant dominant de l’époque dans la littérature maghrébine d’expression française : Albert Memmi : Somnul celui drept (Le Sommeil du juste), Bucuresti, Ed. Univers, 1979, traduction roumaine signée par Sînzîiana Dragos-Colfescu. Le roman de Mouloud Mammeri est précédé d’un Cuvînt înainte signé par Gheorghe Dragoș et cet élément paratextuel facilite beaucoup la compréhension du contexte socioculturel (l’Algérie depuis la seconde guerre mondiale et jusqu’à la veille de l’indépendance) Avec Les Impatients (Nerabdatorii, deuxième roman d’Assia Djebar, la «révoltée» du roman maghrébin, traduit par Alexandru Brumaru, on passe à un texte d’une autre facture, à une écriture féminine qui impose pour la première fois dans cet espace culturel la question du statut de la femme ; l’action du roman se passe en milieu urbain, les personnages sont plus cultivés. Concernant la littérature maghrébine d’expression française après 1989 en Roumanie, Elena Brândușa Steiciuc remarque: « Quant à la traduction de la littérature maghrébine d’expression française après 1989 - période où l’on assiste en Roumanie à une nouvelle stratégie éditoriale, à l’apparition de nouvelles maisons, à la disparition de la censure politique de la période totalitaire – on peut affirmer que cette fois les éditeurs qui publient des traductions d’auteurs maghrébins font leur choix en fonction du succès littéraire, mais aussi de caisse, remporté par tel ou tel auteur. »9

3. La réception de la littérature des auteurs Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar en Roumanie

TAHAR BEN JELLOUN Tahar Ben Jelloun est l'écrivain marocain le plus célèbre aussi bien au Maghreb qu'en Europe. Il s'est fait connaître par un premier récit, Harrouda10, que certains ont considéré comme un roman à scandale. Depuis le prix Goncourt qui lui a été décerné en 1988, il jouit d'une grande notoriété. Les débuts de la carrière de Tahar Ben Jelloun (né à Fès en 1944) sont d'abord consacrés au journalisme. Dès 1971, il collabore à divers journaux marocains, avant d'apporter une collaboration assidue au journal français Le Monde. De formation philosophique, il présente son Doctorat de 3è cycle en psychiatrie sociale : son essai La plus haute des solitudes (1977) est issu de cette thèse. Il a maintenu un contact régulier avec le 9

Steiciuc, Elena Brandusa , Atelier de traduction No.1, « Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie », 2004,ed. Universitatii Suceava, p.88. 10 Tahar Ben Jelloun, Harrouda ,Edition Denoël, Paris ,1973.

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public maghrébin grâce à la chronique hebdomadaire qu'il donne depuis 1983 sur les ondes de Médi I. L'existence de l'écrivain se partage entre Paris et Tanger (où il a élu domicile depuis qu'il a quitté Fès en 1955). Il est de plus en plus sollicité par les mass-médias occidentaux pour toutes les questions en rapport avec le monde arabe, et plus spécialement les problèmes concernant les communautés immigrées, problèmes qui retiennent son attention depuis les débuts de sa carrière. Le public s'est parfois montré réticent devant l'audace de ses écrits ; les universités, en revanche, ont consacré de nombreux travaux à son œuvre qui constitue maintenant une référence obligée. L'œuvre de Tahar Ben Jelloun côtoie le conte, la légende, les rites maghrébins, les mythes ancestraux. L'originalité de Ben Jelloun réside dans son art de saisir tous les aspects de la tradition et de la culture maghrébine en une symbiose singulière avec la vie au quotidien et les problèmes sensibles de la société. D'où une écriture qui dérange par ses modalités et ses thèmes privilégiés, parce qu'elle met en scène des sujets tabous ou des êtres exclus de la parole. Enfance saccagée, prostituée, immigré, fou combien sage, homme-femme, et tant d'autres figures livrées à l'errance peuplent l'univers romanesque de Ben Jelloun. Ces personnages, refoulés dans le silence ou l'indifférence, font émerger un langage interdit, en relation avec le corps, la sexualité ou le statut de la femme. Ce qui est souvent irritant pour le lecteur conformiste, d'autant plus que celui-ci est confronté aux pièges d'une écriture chaotique : écriture du leurre et de la discontinuité, qui rend le récit impossible. En effet, dès les premiers romans, et plus particulièrement Harrouda (1973) et Moha le fou, Moha le sage (1978), on se heurte non seulement à la violence érotique de la mise en spectacle du corps féminin, mais aussi aux difficultés d'une écriture complexe qui brouille l'interprétation. Cependant, avec La Prière de l'absent (1981) et L'Enfant de sable (1985), les romans de Ben Jelloun retrouvent un caractère plus sécurisant, en redevenant plus conformes au schéma du roman traditionnel, du moins en apparence. Tahar Ben Jelloun prend comme personnages les figures de l'immigré, de la prostituée. Ses personnages qui viennent du conte, de la légende ou du mythe, n'existent que dans un monde imaginaire. Ses récits se laissent gouverner par les désordres de la mémoire et l'insubordination de l'imagination. Les premières publications de Tahar Ben Jelloun avaient été des poèmes : L'Aube des dalles et Homme sous linceul de silence (Casablanca, 1971). Il est resté fidèle à cette inspiration poétique dans Cicatrices du soleil (1972), Le Discours du chameau (1976), Les amandiers sont morts de leurs blessures (1976), A l'insu du souvenir (1980), La Remontée des cendres (1991). L'ensemble des poèmes de Tahar Ben Jelloun a été repris dans un volume de Poésie complète (1995). En Roumanie, Tahar Ben Jelloun, avec ses six romans traduits en roumain, reste le plus populaire écrivain maghrébin: -Copilul de nisip (L’enfant de sable), Bucureşti, Ed. Univers, 1996, traduction roumaine de Sanda Chiose ; -Noaptea sacră (La Nuit sacree), Bucureşti, Ed.Univers, 1996, traduction roumaine de Gabriela Abaluta ; -Noaptea greşelii (La Nuit de l’erreur), Bucureşti, Ed. Univers, 1999, traduction en roumain de N. Baltă ; -Azilul saracilor (L’Auberge des pauvres), Piteşti, Ed. Paralela 45, 2002 dans la traduction roumaine de Cecilia Ştefănescu ; -Iubiri vrajitoare (Amours sorcières), Piteşti, Ed. Paralela 45, 2004 traduit par Alexandru R. Săvulescu ; 12


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-Islamul pe intelesul copiilor (L’islam expliqué aux enfants), Chișinău, Ed. Cartier, 2008, dans la traduction roumaine de Ioana-Crina Coroi. Elena Branduşa Steiciuc affirme que la plus réussie de ces sept traductions est Azilul săracilor. Cecilia Ştefănescu, romancière et traductrice préserve dans le texte cible cette oralité qui caractérise le style benjellounien, une oralité ayant ses racines dans le conte arabe et dans des traditions très anciennes, mais qui ici se rapporte à des réalités italiennes. Après 1989 les plus importantes Editions qui publient les œuvres de Tahar Ben Jelloun sont : Univers, Paralela 45 (collection « Bibliothèque érotique ») et Polirom. Voici une classification11 des problèmes soulevés par la traduction de l’œuvre benjellounienne: 1. Les difficultés de traduction qui tiennent à la spécificité culturelle du Maghreb :  L’emploi des mots étrangers au français, mots arabes qui couvrent quatre registres: vestimentaire (djellaba, haïk), de la religion (sourate, al fajr, minbar, mihrab, jnouns), noms et adjectifs désignant une fonction sociale( chikha, cheikh, khammas, haj, moulay, fidai), noms de lieux- registre de l'urbanisme (Bab al Khokha, médina, souk, derb, borj;  Il n'hésite pas à utiliser des termes arabes difficilement prononçables;  La graphie du terme contribuent pour une bonne part à l'impression d'étrangeté du mot: de Mahomet, il reviendra à Mohammed plus proche de la prononciation arabe, Fass est la transcription arabe de Fès;  L’emploi des mots quelque peu passés dans la langue française, mais dont l'usage est plutôt restreint : minbar, mihrab, zaouïa, médina, kif, couscous, maajoun;  La construction d’une séquence hétérogène en introduisant des mots de différentes langues étrangères : termes espagnols (el hombre; socco chico; vera cruz), termes anglais (pudding; the big knife), termes arabes (haschich; maajoun; chkaf; sebsi). 2. Les difficultés de traduction concernant le style: l’allitération, l’esprit ludique, le lyrisme débordant, l'invention de nouvelles formes argotiques et des néologismes.

ASSIA DJEBAR Assia Djebar est peu connue dans l’espace roumain, tout d’abord parce qu’elle n’a pas été traduite dans notre langue, même si d’autres pays lui ont réservé une bonne réception. L’écrivaine d’origine algérienne Assia Djebar a produit une œuvre complexe. Sa bibliographie comprend des romans (La Soif, Les Impatients, La Femme sans sépulture, Les Alouettes naïves, Ombre sultane, Vaste est la prison, L’amour, la fantasia, Nulle part dans la maison de mon père), des nouvelles (Femmes d’Alger dans leur appartement) et des poésies (Poèmes pour une Algérie heureuse). Son premier roman, La Soif, a paru aux éditions Julliard en 1957. C’est seulement en 1982 que les Roumains font connaissance avec Assia Djebar, par l’intermédiaire de la traduction d’Alexandru Brumaru du roman Les Impatients/ Nerăbdătorii, roman qui a paru en France, aux éditions Julliard, en 1958. Plus de deux décennies séparent la parution du roman en France de sa traduction en version roumaine. 11

Ben Abda, Saloua, Bilinguisme et poétique chez Tahar Ben Jelloun, thèse en doctorat, Paris 4, 1991in http://www.limag.refer.org/Theses/BenAbda.PDF-dernière consultation: le 16. 07. 2010

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En avril 2003 la revue Convorbiri literare de Iaşi publie la traduction d’Elena – Brânduşa Steiciuc d’un fragment du roman La Femme sans sépulture / Femeia fără mormînt, roman publié aux éditions Albin Michel en 2002. Ces deux traductions sont tout à fait insuffisantes, mais elles représentent un premier pas vers la connaissance de la première femme maghrébine membre de l’Académie française. Ce qui fait la spécificité de l’œuvre djébarienne c’est la présence d’éléments appartenant à la culture et la langue arabe, différents de la civilisation européenne, de mots qui assurent une certaine «couleur locale». Pour les termes provenant de l’arabe qui désignent le rang des personnes ou les parties d’une maison, Alexandru Brumaru préfère garder la variante en arabe. C’est un moyen d’introduire le lecteur dans la vie ordinaire des personnages pour que ceux-ci en observent les traditions et la diversité culturelle. « Une silhouette fuyante de djinn12, un corps qui courait »13 devient en roumain « o siluetă de djinn care trecea repede, un corp care fugea. »14 Dans sa traduction, Elena – Brânduşa Steiciuc trouve nécessaire d’introduire des explications pour les mots arabes, et cela donne la possibilité d’une lecture continue. Assia Djebar a du inventer la langue pour exprimer différents mondes culturels, affectifs et sociaux. Le livre est construit en plusieurs registres et plusieurs idiomes. Assia Djebar est aussi réalisateur et créateur d'images. Son français est somptueux, plein d'adjectifs qui éveille des sentiments visuels, auditifs, tactiles et olfactives. La difficulté de la traduction des codes et des registres est la même pour le lecteur comme pour le traducteur.

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Djinn – (mot ar.) esprit de l’air, bon génie ou démon, dans les croyances arabes.(Le Petit Robert, Paris, 2001, p. 752). 13 Djebar, Assia – Les Impatients, Éditions René Julliard, Paris, 1958, p. 35. 14 Djebar, Assia – Nerăbdătorii, Editura Univers, Bucureşti, 1982, p. 28.

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Les traductions des auteurs Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar en Roumanie EDITIONS

ASSIA DJEBAR

TAHAR BEN JELLOUN

UNIVERS

Nerăbdătorii (Les Impatients), Editura Univers, Bucureşti, 1982, traduction de Alexandru Brumaru.

-Copilul de nisip (L’Enfant de sable), Bucureşti, Ed. Univers, 1996, traduction de Sanda Chiose ; -Noaptea sacră (La Nuit sacree), Bucureşti, Ed.Univers, 1996, traduction rouma de Gabriela Abaluta ; -Noaptea greşelii (La Nuit de l’erreur), Bucureşti, Ed. Univers, 1999 traduction en roumain de N. Baltă. -Azilul saracilor (L’Auberge des pauvres), Piteşti, Ed. Paralela 45, 2002 dans la traduction roumaine de Cecilia Ştefănescu ;

PARALELA 45

-Iubiri vrajitoare (Amours sorcières), Piteşti, Ed. Paralela 45, 2004, traduit par Alexandru R. Săvulescu. CARTIER- CHIȘINĂU

-Islamul pe intelesul copiilor (L’islam expliqué aux enfants), Chișinău, Ed. Cartier, 2008, dans la traduction roumaine de Ioana-Crina Coroi.

4. Présentation des traducteurs ŞTEFĂNESCU, Cecilia Cecilia Ștefănescu est née en 1975 et elle vit à Bucarest. Elle a rencontré un succès avec son premier roman Legături bolnăvicioase (Liaisons maladives), qui fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Romancière, elle est aussi connue pour ses traductions, notamment celles de Daniel Pennac et de Tahar Ben Jelloun. 15


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Publiée auparavant dans les volumes collectifs Ferestre 98 (Ed. Aristarc, 1998) et Tescani 40238 (Ed. Image, 2000). “ Ni trop jeune ni trop âgée ”, selon ses propres mots, au moment de la révolution de 1989, elle profite pleinement de la nouveauté du monde qui l’entoure et en nourrit sa prose. Etudiante à Bucarest dans les années 90, elle se glisse dans son premier roman, dans la peau d'un personnage aux multiples identités, déambulant à la frontière de deux mondes et de deux époques qui sont les reflets des distorsions de l’ancienne et de la nouvelle société roumaine. 15 Activités littéraires: Son prochain roman, intitulé Intrarea soarelui (L’Impasse du Soleil) sera édité par Polirom. Cecilia Ştefănescu est considérée en Roumanie comme une représentante de la nouvelle vague.      

Azilul săracilor, L’auberge des pauvres, de Tahar Ben Jelloun, trad. Cecilia Ştefănescu. Iaşi : Polirom, 2002. Legături bolnăvicioase, ediţia a 2-a, revăzută. Iaşi : Polirom, 2005. 192 p. Liaisons maladives, trad. Laure Hinckel, éd. Phébus, Micuţa vânzătoare de proză /La Petite Marchande de prose, de Daniel Pennac, trad. Cecilia Ştefănescu. Iaşi : Polirom, 2004. 440 p. L’après-midi de Sal, trad. Laure Hinckel dans Les Belles Etrangères. Douze écrivains roumains. Paris : L’Inventaire, 2005 Poeme şi proză scurtă în grup. Bucureşti : Image, 2000. 120 p

CHIOSE, Sanda Stiehler Sanda Stiehler Chiose est membre de l’Union des Ecrivains de Roumanie depuis 1991. Elle a été professeur de français, latin et roumain à un lycée de Bucarest, puis documentariste à la Bibliothèque Centrale Universitaire de Bucarest, ensuite rédacteur à l’Edition Univers et actuellement établie en Autriche, à Vienne. Sa dernière traduction du français en roumain a été L’enfant de sable de Tahar Ben Jelloun en 1995.

Traductions du français vers le roumain:     

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Robert Escarpit, De la sociologia literaturii la teoria comunicării, Ed.Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti,1980. Ahile Emilianides, Povestiri cipriote, Junimea, Iaşi, 1982. Pierre de Boisdeffre, Dragostea şi plictisul, Ed. Eminescu, Bucureşti, 1983. Eugen Cizek, Secvenţă romană (Nero), Ed. Politică, Bucureşti, 1986. Tahar Ben Jelloun, Copilul de nisip, Univers, Bucureşti, 1995.

Présentation des 12 auteurs roumains dans le cadre Les belles étrangères 2007.

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Articles en allemand:    

« Vorwärts mit Gott !“Die „neue“ Rechte in Rumänien (in Zusemmenarbeit mit Heinrich Stiehler), in: QUO VADIS ROMANIA?, Wien, Nr.4/1994 Dorotheum- 300 Jahre alt, in: KULTURMAGAZIN DER WIENER FREMDENFÜHRER, 2007. Der Kursalon und 150.Geburtstag: Carl Auer von Welsbach, in KULTURMAGAZIN DER WIENER FREMDENFÜHRER, 2008. 150. Todestag Ignaz Bösendorfer, in: KULTURMAGAZIN DER WIENER FREMDENFÜHRER, 2009.

BRUMARU, Alexandru Essayiste et philosophe, personnalité importante pour la culture roumaine, Alexandru Brumaru est le plus éminent disciple de Constantin Noica. Traducteur du roman Les Impatients / Nerăbdătorii d’Assia Djebar, paru en 1982 aux Éditions Univers, Bucureşti. Livres importants : Fiinţă şi loc – essai (Editura Dacia, Cluj-Napoca, 1990), Despre fiinţa românească – essai (Editura Viitorul Românesc, Bucureşti, 2001), Fiinţa muzicală – essai (Editura Grinta, Cluj-Napoca, 2005); Masca Princepelui (Editura Dacia, Cluj-Napoca 1977), Pariul cu legenda sau Viaţa lui Petre Ţuţea aşa cum a fost ea (Editura Athena, Bucureşti 1995), Repere ale Gândirii româneşti – en collaboration avec Vasile Gogea – (Editura Grinta, Cluj-Napoca 2003), Destin deturnat. Schiţă monografică Mihai Arsene (Editura KronArt, Braşov 2007).

STEICIUC, Elena – Brânduşa Professeur à l’Université « Stefan cel Mare » de Suceava où elle est HDR et professeur associé à l’Université « Al. I. Cuza » de Iasi, Elena-Brandusa STEICIUC est membre du C.I.E.F. (2006), de l’AIEQ (2005), de l’ALMI (Association Littéraire Maghrébine Internationale, 2005), et de CEACS (Central European Association for Canadian Studies, 2004). Elle a soutenu sa thèse de doctorat à l’Université de Bucarest en 1997 : Patrick Modiano- une lecture multiple. Dans le domaine de la traduction elle a rendu en roumain des ouvrages comme : Patrick Modiano : Voyage de Noces, V. Jankélévitch : Le Pur et l’Impur et des fragments des oeuvres de : Michel Tournier, Louis Guilloux, Antonin Artaud, Luc Lang, Anne Hébert, Olivier Rolin, Patrick Chamoiseau, Assia Djebar, Daniel Maximin, Danielle Forget, Tahar Ben Jelloun, Eveline Caduc.

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SĂVULESCU, Alexandru Alexandru R. Săvulescu est consultant en problèmes de communication dans des projets pour la préservation de l’environnement et président de l’Association Roumaine des journalistes pour l’Environnement. Le traducteur a suivi les cours de l’Université de Bucarest, la Faculté de Géologie Géographie, en 1983, en complétant ses études après 1989 à l’occasion d’une bourse offerte par Reuters, à Oxford, au Royaume Unit et puis par NCNB à Washington DC, aux Etats Unis. Au présent il est doctorant à l’Université de Bucarest – Ecole doctorale en écologie. Il est l’auteur ou co-auteur des 19 volumes dans le domaine de la préservation de l’environnement et de la communication, collaborateur d’un court métrage documentaire. Son activité de journaliste d’environnement a été récompensée par des prix nationaux et internationaux. D’autres activités: 

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-Instructeur à la Fédération Roumaine de Spéléologie / la Société Ornithologique de Roumanie / le Club Ecologique UNESCO Pro - Nature, Fondation Civitas pour la Société Civile, Fondation pour le Développement de la Société Civile-FDSC, Nederlands Organization for International Development and Cooperation NOVIB, USE EURO MED/ Fondation des Jeunes Journalistes; -Lecteur au Centre Régional de la Préservation de l’Environnement pour l’Europe Centrale et de l’Est-REC, UNEP/GEF, à l’Ecole de Journalisme et des Sciences de la Communication de l’Université de Bucarest, au Centre pour Journalisme Indépendent, à la Faculté des Langues et des Littératures Etrangères, Central European University. Activités littéraires: -En 2004 Alexandru R. Săvulescu a traduit le roman Amours sorcières de Tahar Ben Jelloun, Editions Seuil, Paris, 2003 sous le titre Iubiri vrajitoare , Edition Paralela 45, Pitesti, Bibliothèque érotique. -En 2006, toujours dans l’Edition Paralela 45, collection Bibliothèque érotique il a publié la traduction du roman La plus belle histoire d’amour, auteurs: Simonet Dominique ; Courtin, Jean; Weine Paul, sous le titre Cea mai frumoasa istorie a iubirii.

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5. Critique des traductions La spécificité de l’écriture franco-maghrébine et les difficultés de traduction en roumain Regina Keil-Sagawe, après une longue pratique de la traduction comme de l’enseignement de la traduction de textes maghrébins d’expression française, notamment à l’Institut de Traducteurs et d’Interprètes de l’Université de Heidelberg, a essayé de condenser, de façon largement inductive, ses expériences permettant au traducteur d’identifier et de contourner les pièges (présumés ou réels) les plus répandus16 . Selon Regina Keil-Sagawe, avant de traduire des auteurs maghrébins de langue française, on prendra soin :  dans un premier temps, d’acquérir un maximum de connaissances sur le Maghreb, ses langues, littératures et cultures voire de se munir du savoir-faire nécessaire pour accéder aux sources et moyens de renseignement indispensables ;  reconnaître et identifier le caractère-palimpseste du texte maghrébin dans ses multiples formes et mélanges, à tous les niveaux de la langue, notamment en vue : - de la phonétique/ phonologie (xénolecte / ethnolecte) ; - du lexique (arabismes/berbérismes/dérivations lexicales, néologismes sémantique) ; - de la syntaxe/ du rythme/ de la prosodie ; - de l’intertextualité (modèle littéraires, citations, allusions) ; - des références religieuses (citations coraniques, « Allah »).  ensuite, dans un deuxième temps, d’analyser et de déterminer le fonctionnement des phénomènes détectés au niveau du texte, pour développer, en fin de compte, en vue de différents facteurs : -type de texte/ modalité de présentation (prédominance forme/contenu, poésie/polar, oralité/ scripturalité etc.) ; - public cible (jeunes/adultes, degré distance culturelle entre texte-source et lecteurcible) ;  usances éditoriales des stratégies de traduction appropriées à chaque cas concret, stratégies à réviser dans un dialogue continuel avec l’éditeur. Nous voulons suivre les conseils de Regina Keil-Sagawe dans la critique de la traduction des œuvres de Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar. Dans notre thèse nous essayerons de faire une analyse critique des textes traduits en roumain en tenant compte :

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Schéma développé initialement pour un séminaire « Systematisierte Kulturspezifik des Übersetzens frankomaghrebinischer Literatur ins Deutsche », auprès de l’Institut für Translatologie de l’Université d’Innsbruck (Autriche), en décembre 2002 in La main de Fatima. Problématique du transfert culturel dans la traduction/réception de littérature maghrébine d’expression française en allemand http://www.uebersetzungswissenschaft.de/keil-Fatima.pdf dernière consultation: le 12.07.2010.

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-si le traducteur s’est muni d’un maximum de connaissances sur le Maghreb, ses langues, littératures et cultures, du savoir-faire nécessaire pour accéder aux sources et moyens de renseignement indispensables; -s’il a reconnu et identifié le caractère-palimpseste du texte maghrébin dans ses multiples formes et mélanges, à tous les niveaux de la langue, notamment en vue: -dans quelle mesure le traducteur a analysé et déterminé le fonctionnement des phénomènes détectés au niveau du texte, pour développer, en fin de compte, en vue de différents facteurs : -type de texte/ modalité de présentation (prédominance forme/contenu, poésie/polar, oralité/ scripturalité etc.) ; -public cible (jeunes/adultes, degré distance culturelle entre texte-source et lecteur-cible); -usances éditoriales des stratégies de traduction appropriées à chaque cas concret, stratégies à réviser dans un dialogue continuel avec l’éditeur. Dans l’article Textures publié dans Atelier de traduction, No 10, Editura Universităţii Suceava, 2008, Michel Ballard fait une analyse comparative des plusieurs retraductions de la nouvelle Araby de James Joyce. L‘analyse est faite phrase par phrase, pour mettre en évidence la subjectivité des traducteurs. Les textes comparés sont en relation d’équivalence. Nous voulons faire dans cette étude une analyse pareille, mais, malheureusement, la littérature maghrébine d’expression française est peut traduite en Roumanie. Par exemple, pour L’Auberge des pauvres il n’y en a qu’une seule traduction appartenant à Cecilia Stefanescu. C’est pourquoi nous essayerons de faire une analyse comparative entre la traduction et notre traduction. Nous avons choisi un fragment de L’Histoire de la Vieille quand elle était belle et jeune (Povestea Baborniţei pe vremea cînd era frumoasă şi tînără). Le terme « Baborniţa » semble plus connoté pour « la vieille ». Notre traduction utilise le terme « Batrâna », terme proche de la traduction littérale : Povestea Batrânei pe vremea cînd era frumoasă şi tînără. Voici la définition dans le dictionnaire DEX 1998 : BABÓRNIŢĂ, baborniţe, s.f. Babă urâtă şi rea; cotoroanţă. ♢ Vrăjitoare En français signifie une vieille laide et méchante, une sorcière. Le mot baborniţa (babornitza) peut-être employé aussi comme un appellatif malicieux. L’unité Est-ce parce que tu n'es pas venu, comme les autres, me confier ton histoire, que j'ai envie d'inverser les rôles et de te raconter la mienne? a été traduite :Oare pentru că n-ai venit, cum au făcut ceilalţi, să-mi povesteşti propria ta istorie mă voi apuca să ţi-o povestesc eu pe-a mea? Cette unité semble en roumain un peu confuse. Notre traduction: Şi pentru că n-ai venit, aşa cum au facut ceilalţi, să-mi spui povestea ta, n-ar fi mai bine să inversăm rolurile şi sa ţi-o povestesc eu pe-a mea ? Ainsi, nous avons évité la répétition să-mi povesteşti / să-ţi povestesc, aussi nous avons eu la possibilité d’employer le segment omis inverser les rôles et nous avons fluidisé la phrase interrogative (rhétorique) complexe concernant la syntaxe.

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L’unité j'écoute, je réceptionne, je mouds et ensuite je classe passée en roumain Eu ascult, bag la cap, o întorc pe toate feţele est une bonne solution, très expressive. On remarque ensuite une très bonne traduction de l’histoire de la vieille qui est une alternance récit-discours spécifique à l’oralité du style benjellounien. Ce petit récit est très bien traduit, la traductrice a réussi admirablement reproduire la poéticité du style de conteur oriental de Ben Jelloun : Texte original : Sois patient si tu veux connaître l'histoire d'Anna Maria Arabella, née probablement d'une lave du Vésuve et qui a brûlé tout ce qu'elle a aimé, tout ce qu'elle a serré contre son coeur, contre ses yeux, tout ce que ses larmes heureuses ont baigné. J'ai été un feu dévastateur aimé par les hommes au péril de leur vie. Je ne faisais rien pour les attirer. Il suffisait d'apparaître, d'être là, dans ma beauté naturelle, dans 1'harmonie des choses. On me disait que j'avais les plus beaux yeux de Naples. Regarde-les, ils sont toujours aussi beaux, bleus comme l'azur. Tu sais, seuls les yeux ne vieillissent jamais. L'âge passe et ne les touche pas. J'avais une chevelure longue et douce comme la soie, je n'employais jamais de teinture, que du henné importe du Maroc. J'étais mince, oui, p'tit mec, j'étais svelte et mince, avec une poitrine ferme, des hanches larges, juste ce qu'il faut pour recevoir l'amour. Ma peau, ah! ma peau ointe d'huile spéciale qu'on me rapportait de Tunisie, ma peau couleur miel naturel! Ce corps, je l'entretenais avec bonheur. J'aimais m'en occuper, me disant que c'était l'enveloppe de l'âme, le voile mystérieux du souffle le plus profond. Texte traduit : Ai răbdare dacă vrei să afli povestea Anei Maria Arabella, născută probabil din lava Vezuviului şi care a pîrjolit tot ce-a iubit, tot ce-a strîns în braţe, tot ce-a privit, tot ce a scăldat cu lacrimile sale de fericire. Eram un foc devastator, pe care bărbaţii îl iubeau cu preţul vieţii lor. Nu făceam nimic pentru a-i atrage. Era de ajuns să apar, să fiu acolo, în frumuseţea mea naturală, în armonia lucrurilor. Mi se spunea că am cei mai frumoşi ochi din tot Neapolele. Priveşte-i, şi acum au rămas la fel, albaştri ca azurul. Ştii, numai ochii rămîn tineri. Timpul trece fără să-i atingă. Aveam părul lung şi mătăsos, nu foloseam niciodată vopsea, numai henna importată din Maroc. Eram subţire, da, drăguţule, eram zveltă şi subţire, cu sînii tari, cu şolduri largi, exact ce trebuie pentru a primi dragostea. Pielea mea, ah! pielea mea unsă cu ulei special, adus din Tunisia, pielea de culoarea mierii! Acest corp era întreţinut cu bucurie. Îmi plăcea să mă ocup de el, spunîndu-mi că era: învelişul sufletului, vălul misterios al celui mai profund suflu. Pour l’unité Le mien (le temps) n'est pas compté, je devrais dire: n'est plus compté. Le tien? traduit : Al meu e nesfîrşit, ar trebui să spun: nu mai are sfîrşit. Al tău? nous avons traduit: Zilele mele nu sunt numărate, ar trebui să spun : nu se mai pun la socoteala. Ale tale ? Le verbe compter pourra ainsi être employé. On observe ici que la traduction de Cecilia Stefanescu contient un faux-sens « nu mai are sfarsit », on pourrait croire qu’elle est immortelle. Ici notre traduction a gardé le sens. L’unité Je te laisse mariner dedans jusqu'à ce que tu sentes le vinaigre et l'ail traduite Te voi lăsa să fierbi în ele pînă ce vei simţi oţetul şi usturoiul. Nous traduisons : Te las la marinat împreuna cu ele (iluziile) pîna ce vei mirosi a oţet şi a usturoi. Nous pouvons garder le sens des verbes mariner et sentir. La marinade, le vinaigre et l’ail (ici au sens figuré). Dans le fragment choisi nous avons une seule objection. Le terme « braise » qui 21


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signifie en roumain « jar », « carbune incins » plutot que « tăciune ». Nous employons pour l’unité et que chaque mot tombe sur ta peau comme une braise au lieu de : fie ca fiecare cuvînt să-ţi cadă pe piele ca un tăciune cette solution :fie ca fiecare cuvant sa te ardă pe piele ca jarul…. L’unité affalée sur de grands coussins, je me faisais servir a boire et regardais la ville se couvrir du soir et allumer ses lumières / răsturnată între pernele mari, îmi turnam ceva de băut şi priveam cum seara pune stăpînire pe oraş şi se aprind luminile. Le verbe s’affaler a comme synonymes s'allonger, se vautrer. Nous pourrions traduire cette unité : tolănită între pernele mari, îmi turnam ceva de băut şi priveam cum seara pune stăpînire pe oraş şi se aprind luminile. Le sens du terme tolănită est plus prôche de affalée. La romancière et la traductrice Cecilia Stefanescu a réussi une très bonne traduction de ce roman même si l’écriture est plus facile et plus compréhensible que celle des premiers romans de Tahar Ben Jelloun où il employait plusieurs mots arabes.

Assia Djebar-Les Impatients Nous avons choisi quelques fragments du roman Les Impatients17 d’Assia Djebar, la traduction de ces fragments, version roumaine d’Alexandru Brumaru18 et notre version.

17 18

Djebar, Assia-Les Impatients, Paris, Ed. Julliard Brumaru, Alexandru, Nerabdatorii, Bucuresti, Ed. Univers 1982.

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Histoire et critique de la traduction des auteurs : Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar Doctorant : Coțofană Relu Le texte original Version roumaine d’Alexandru Version personnelle Les Impatients, Paris, Ed. Julliard, Brumaru p. 16.

Nerabdatorii, Bucuresti, Ed. Univers 1982. P. 10.

Ce fut sur un visage que j’ouvris les yeux. Un visage d’homme où j’ai remarquai d’abord les yeux étroits qui riaient. Je ne bougeai pas. Il me semblait avoir atterri au large d’une nuit chaude, durant laquelle le soleil m’eut recouverte d’un vêtement d’or. Le visage restait la dans cette lumière qui le baignait. Les cils des yeux noirs battaient ; j’ai remarqué la bouche aux lèvres minces. Mais j’y lus un sourire ironique. Je me secouai, puis, confuse, me soulevai. Je cherchai le boléro sur l’herbe pour en recouvrir mes épaules. L’homme se mit à rire : - Ne vous dérangez pas pour moi ! Un moment interdite, puis vexée de paraître pudibonde, je me rassis. Debout devant moi il était si grand qu’il me fallait lever les yeux pour rencontrer son regard. Je le trouvais beau.

Când am deschis ochii, am văzut o faţă. O faţă de bărbat pe care am remarcat înainte de toate ochii strâmţi care râdeau. Nu m-am mişcat. Mi se părea că am aterizat în largul unei nopţi calde în timpul careia soarele mă acoperise cu un veşmânt de aur. Faţa era tot acolo în această lumină care o scălda. Pleoapele ochilor negri se închideau şi se deschideau; am remarcat gura cu buze subţiri. Dar am citit pe ele un surâs ironic. M-am scuturat, apoi, ruşinată, m-am ridicat. Îmi căutam boleroul în iarbă pentru a-mi acoperi umerii. Bărbatul începu să râdă : - Nu vă deranjaţi pentru mine ! Am rămas surprinsă un moment, apoi din dorinţa de a nu părea excesiv de pudică, m-am aşezat din nou. În picioare, în faţa mea, părea atât de înalt încât trebuia sămi ridic ochii pentru a-i întâlni privirea. Îl găseam frumos.

Când m-am trezit am văzut o faţă. Era faţa unui bărbat pe care am remarcat mai întâi ochii înguşti care râdeau. Nu m-am mişcat. Mi se părea că m-am trezit în largul unei nopţi calde, în timpul căreia soarele mă acoperise cu un veşmânt de aur. Faţa continua să rămână în această lumină care o scălda. Ochii cei negri clipeau; am remarcat o gură cu buze subţiri. Dar am citit pe ele un zâmbet ironic. Mam scuturat, apoi, confuză, m-am ridicat. Îmi căutam boleroul pe iarbă pentru a-mi acoperi umerii. Bărbatul începu să radă. - Nu vă deranjaţi pentru mine ! Am rămas surprinsă un moment, apoi din dorinţa de a nu părea excesiv de pudică, m-am aşezat din nou. În picioare, în faţa mea, părea atât de înalt încât trebuia sămi ridic ochii pentru a-i întâlni privirea. Îl găseam frumos.

Le texte original

Version roumaine d’Alexandru Brumaru

Version personnelle

Les Impatients, Paris, Ed. Julliard, p. 238

Avec ménagement, car c’était la première fois depuis longtemps, j’ai pense à moi. Avais-je perdu cette grâce ? Je n’en savais rien. Peut-être est-il plus difficile, me dis-je, de la conserver en

Nerabdatorii, Bucuresti, Ed. Univers 1982, p. 224

Cu menajamente, căci era pentru prima dată după mult timp, m-am gândit la mine. Am pierdut eu oare această favoare ? Nu ştiam. Poate este mai greu, îmi spuneam, s-o păstrezi în afara 23

Cu menajamente, căci pentru prima dată după mult timp m-am gândit la mine. Oare mi-am pierdut această graţie ? Nu ştiam. Poate e mult mai greu, zic eu, să o păstrez în afara închisorilor,


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dehors de toutes les prisons, en dehors de la jeunesse qui, après tout, n’est qu’une autre prison. Je me sentais vieille, car c’est-à-dire indifférente à moi-même. Mais heureuse. Pleine de ce bonheur pur que donne le spectacle des autres, quand ils sont fiers. Et armés, devant la vie, devant tous ses mensonges, toutes les patiences, de provocation inutile.

închisorilor, în afara tinereţii, care, până la urmă, nu este decât tot o închisoare. Mă simţeam bătrână, adică indiferentă faţă de mine însămi. Dar fericită. Plină de fericirea pură pe care ţi-o dă spectacolul altora, când sînt mândri, şi înarmaţi de o provocare inutilă în faţa vieţii, în faţa tuturor minciunilor ei, a tuturor răbdărilor ei.

în afara tinereţii care, până la urmă, nu-i decât o altă închisoare. Mă simţeam bătrână, adică indiferentă faţă de mine însămi. Dar fericită. Plină de fericirea pură pe care o dă spectacolul altora, când sunt mândri. Şi înarmaţi în faţa vieţii, în faţa tuturor minciunilor lor, tuturor rabdarilor, a provocării inutile.

Nous sommes ensuite sortis. Je montai dans sa voiture. - Je voudrais retourner au foyer, dis-je sèchement. J’ai décidé de me mettre au travail. - J’ai décidé autre chose, répondit-il sur le même ton. De le voir continuer à conduire calmement me rendait furieuse. Non, je l’avais dit un jour, je ne savais pas à qui, je n’aurais jamais de maître ; jamais.

Am ieşit. Am urcat în maşina lui. - Aş vrea să mă întorc la cămin, am spus eu sec. Am hotărât să mă pun pe lucru. - Eu am hotărât altceva, răspunse el pe acelaşi ton. Mă înfuriam văzându-l continuând să conducă cu calm. Nu, o spusesem într-o zi, nu mai ştiu cui, n-am să am niciodată un stăpân ; niciodată.

Am ieşit. Am urcat în maşina lui. - Aş vrea să mă întorc la cămin, am spus eu sec. Am hotărât să mă pun pe lucru. - Eu am hotărât altceva, răspunse el pe acelaşi ton. Văzându-l continuând să conducă cu calm mă înfuria. Nu, o spusesem într-o zi, nu mai ştiu cui, n-am să am niciodată un stăpân ; niciodată.

Les Impatients, Paris, Ed. Julliard, p. 200.

Nerabdatorii, Bucuresti, Ed. Univers 1982, p. 185

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BIBLIOGRAPHIE Ben Abda, Saloua, Bilinguisme et poétique chez Tahar Ben Jelloun, thèse en doctorat, Paris 4, 1991in http://www.limag.refer.org/Theses/BenAbda.PDF-dernière consultation: le 16. 07. 2010 Berman, Antoine - Pour une critique des traductions: John Donne. Paris, Éditions Gallimard, «Bibliothèque des idées», 1995 Ballard, Michel - Atelier de traduction No.10,Textures,2008, Editura Universităţii Suceava,p.203-225 Bandia,Paul- Le concept bermanien de l’«Étranger » dans le prisme de la traduction postcoloniale », http://www.erudit.org/revue/ttr/2001/v14/n2/000572ar.pdf, Bokiba, André-Patient, La traduction littéraire, vecteur d’interculturalité in http://ressourcescla.univ-fcomte.fr/gerflint/chili3/bokiba.pdf; 27 sept. 2010 Djebar, Assia – Les Impatients, Éditions Julliard, Paris, 1958 Djebar, Assia – Nerăbdătorii, Editura Univers, Bucureşti, 1982 Djebar, Assia – La Femme sans sépulture, Éditions Albin Michel, 2002 Sherry Simon TTR : Traduction, terminologie, rédaction, vol. 8, n° 1, 1995, p. 82-287. Rachel Bouvet, Université de Montréal, Surfaces, Vol.V.04 (v.1.0F -19/12/1995) Steiciuc, Elena Brandusa - Atelier de traduction No.1,Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie,2004,ed. Universitatii Suceava, p.83. Steiciuc, Elena – Brânduşa – l’article «Sur la traduction des littératures francophones en Roumanie. La littérature maghrébine» dans la revue Atelier de traduction, no. 1, Editura Universităţii Suceava, 2004 Le Bœuf, Christine – l’article «Traducteur littéraire. Devenir la voix de l’auteur» dans la revue Le français dans le monde, no. 361, jan-fév 2009 Seleskovitch, Danica – Lederer, Marianne – Interpréter pour traduire, Didier Érudition, Paris, 1993 Tahar Ben Jelloun, Harrouda, Edition Denoël, Paris ,1973

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INDEX DES TERMES I. Mots étrangers au français:

1- Registre de la religion : sourate, al fajr , minbar, mihrab, jnouns

A Al fajr La prière de al-fajr (appelée aussi as-soubh), prière de l'aube, composée de deux rakah. Son temps commence à l'apparition de l'aube véritable (al-fajrou s-sadiq) qui est une lueur blanche transversale à l'horizon est, et il finit au lever du soleil.(Wikipedia).

J Jnouns Dans la montagne, chez les berbères, les jnouns arpentent les sentiers principalement le soir ou à la nuit tombée. Les jnouns sont les démons, les esprits qui se tiennent la derrière vous, se pressant pour regarder par dessus votre épaule. Ils vous accompagnent partout. Parfois vos propres jnouns se prennent de querelle avec ceux de votre interlocuteur. C'est ce qui explique ces subites bouffées d'antipathie qui vous submergent parfois sans raison apparente lors d'une première rencontre. A l'inverse si vos jnouns et les siens sont amicaux, alors d'emblée vous devenez les meilleurs amis du monde. (Shergui, les carnets du Maroc, Gorges du Dades , juillet 2000).

M Mihrab Dans une mosquée, le mihrab (‫[ ِمحْ راب‬miḥrāb], sanctuaire), souvent décoré avec deux colonnes et une arcature, est une niche qui indique la qibla, c'est-à-dire la direction de la ka'ba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. Il est souvent au milieu du mur de la qibla. A préciser que le mihrab n'a jamais été préconisé par le Prophète. En effet, cette innovation date de la fin du premier siècle de l'Hégire. Cependant, les théologiens de l'Islam ont été unanimes à juger le mihrab comme une bonne innovation religieuse.(Wikipedia).

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Minbar Le minbar est une sorte d'escabeau servant de chaire d'où le khatib (imam ou mollah) fait son sermon (khutba) lors de la prière du vendredi (jumu`ah) dans une mosquée.(Wikipedia).

S Sourate Une sourate ou surate (‫[ سورة‬sūraʰ], sourate; rangée de pierres; mur) est une unité du Coran formée d'un ensemble de versets. Le mot sourate est souvent traduit par «chapitre» par comparaison avec les chapitres de livres de la Bible. Il y a en tout 114 sourates de longueurs inégales : la plus courte contient 3 versets et la plus longue 286. Elles sont présentées dans un ordre de longueur sensiblement décroissant, et non dans l'ordre chronologique de la Révélation faite par Allah à Mahomet (Muhammad). La toute première, la Fatiha est cependant très courte et a un statut particulier. Appelée « Le prologue » par traduction du terme fatiha, elle se présente comme une invocation et est récitée lors de chaque prière (Wikipedia).

2- Registre vestimentaire : djellaba, haïk.

D Djellaba Le jilbab ou djellaba (arabe: ‫ )جلباب‬est un vêtement en forme de longue robe, avec ou sans capuchon, porté traditionnellement par les hommes et les femmes, en Afrique du Nord et culturellement par les musulmans et musulmanes pour se conformer aux critères de pudeur exigés par l'islam. Très ancien, et parent du caftan turc, c'est un vêtement confortable. Il peut également être porté de différentes matières en fonction du climat et être adapté pour des cérémonies religieuses ou pour des festivités. (Wikipedia).

H Haïk Dans une vaste aire géographique allant du moyen-atlas cœur du sahara , subsistent encore de nos jours des costumes féminins dont l'origine remonte au 27


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temps des romans. A voir la grande variétè de ces costumes , on a du mal à croire qu'ils sont pratiquement toutes des variantes d'une même technique vestimentaire très simple , qui tient à la fois du chiton grec et péplum romain : celle du drapé. Il s'agit d'une longue étoffe - environ (1,50x 1,40) " izar " enroulé puis maintenu à la taille par une ceinure et ramené ensuite sur les épaules pour y être fixée par des fibules Excellentes tisserandes , les femmes bèrbères tissaaient elle-mêmes leur " izar " de cotonade ou de laine, que leur " hendira ", une sorte de petite couverture en laine leur servant de manteau et qui constitue une pièce capitale du vêtement bèrbère. Les décors, la longueure et la façon de porter la " hendira " varient d'une tribu à l'autre et permettent ainsi l'identification de l'appartenance tribale de celle qui la porte . *moins varié que le costume des femmes rurales, le costume traditionnel des citadines se caractérise par la sobriété de l'habit d'extérieur (haïk et djellaba) et par grande richesse de l'habit d'intérieur (caftans et gandoura) Du haïk à la djellaba A la différnce de la femme rurale, surtout bèrbère du haut et moyen-atlas et de la femme saharienne , qui ne se voile pas le visage, la citadine marocaine, elle, ne pouvait pas sortir dans la rue , al début des années 50 du moins , sans être drapée du " haïk " ,grande pièce de laine ou de coton d'environ cinq mètre sur un mètre soixante, qui dissimule les formes du corps et voile les traits du visage . (Artswira, Maroc-website).

S Saroual Le terme saroual qui est utilisé, aurait pu être traduit par "pantalon" . Mais cette traduction n'aurait pas indiqué le véritable sens de ce terme dans la mesure où il désigne un genre particulier de pantalon qui ne ressemble pas à ce que l'on trouve en Europe . D'autre part, par ce terme, T. Ben Jelloun donne des éléments culturels, puisque il s'agit, ici, d'un pantalon typiquement marocain, porté par la femme sous les autres vêtements : " Sans m'en rendre compte je retirai ma djellaba . J'avais en dessous juste un saroual large "

3- Noms et adjectifs désignant une fonction sociale : chikha, cheikh, khammas, haj, moulay, fidai.

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C Cheikh Un cheik, chaykh, cheikh, scheich, schérif ou sheikh (arabe: ‫[ شيخ‬šayḫ], maître; vieillard; sage) est, chez les Arabes, un homme respecté en raison de son grand âge ou de ses connaissances scientifiques ou religieuses. Ce titre correspond au sage. Une fille ou une épouse d'un cheik (le seigneur) s'appelle parfois cheykha (arabe : ‫)شيخت‬, mais ce terme peut avoir différentes interpréations péjoratives suivant les pays(Wikipedia).

F fidaï: - (de l'arabe) n. m. (pluriel fidayins, fedayines, fidayine) Assez fréq. Combattant qui lutte pour la récupération des terres considérées comme revenant de droit aux arabes. Spécialt. résistant palestinien,(Le Nouveau Petit Robert de la langue française,2008).

H Haj, hadjji Hajji (arabe : ‫ )الح ّجي‬ou El-Hajj, est un titre honorifique donné à un musulman qui a accompli la pèlerinage à la Mecque (Hajj)[1], et est souvent employé pour désigner un aîné car cela prend du temps d'accumuler les fonds nécessaires à la réalisation du pèlerinage. Le titre est placé avant le nom d'une personne dans les langues occidentales. Il provient de l'arabe al-Hajj, qui en arabe suit le nom d'une personne. Dans certaines régions, le titre a passé les générations jusqu'à devenir un patronyme. Un tel usage peut-être constaté, par exemple, dans le surnom Bosniaque Hadžiosmanović, qui signifie à l'origine fils de Hajji Osman. (Wikipedia).

M Moulay Moulay est un titre porté par les marocains qui font parti de la descendance de Al Hassan et Al Hussein (petit fils du prohète Mahomet). C'est l'équivalent marocain du titre Sayyid utilisé par le reste du monde arabe. Il est notamment porté par les deux dynastie Alaouides et Idrissides. Aujourd'hui, il est interdit de le rajouter à son patronyme sans prouver sa descendance.

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4- Noms de lieux, registre de l'urbanisme : Bab al Khokha, médina, souk, derb, borj...

B Bab El Khokha

Cette porte est construite par Idriss II au IX ème siècle sous le nom de bab el kanissa qui a été détruite en 1145 par Abdel Moumen Ibn Ali , elle fut rebâtie en 1204 par El nacer Ibn Mansour et pris le nom de Bab El Khokha , cette porte a disparue vers la moitié du siècle dernier .

D Derb Derb est un quartier populaire au centre d'Oran‫ وهران‬, en Algérie. Il se trouve dans le premier arrondissement de Sidi El Houari, entre les quartiers de Casbah, St Louis et Vieux Port. On y trouve le Club de football CDJ (Club Des Joyeusetés) et le Stade Calo. Derb El Houde, un quartier juif à Oran a conservé très longtemps son aspect pittoresque, et les touristes s'y font toujours conduire. Il s'agit du quartier israélite ou Derb. Dès l'an 1000, la communauté est structurée. Aux XIIIe et XIVe siècles, les juifs de la Méditerranée occidentale font le commerce avec les juifs d'Oran.

II. Emprunts Variation du degré d'étrangeté des mots: 1. Mots dejà integrés: médina, marabout, kif…

Le kif est est une poudre de haschisch (résine de cannabis) mêlée de tabac(Wikipedia).

Un marabout (‫[ َمربوط‬marbūṭ] ou ‫[ ُمرابِط‬murābiṭ], celui qui est attaché) est un homme ascète (rarement une femme), le plus souvent se réclamant de l'islam ou de syncrétisme musulman. Considérés comme un saint homme et un sage, les marabouts-m'rabet font l'objet d'un culte populaire en Afrique du Nord et sous d'autres formes dans toute l'Afrique. Grand marabout toucouleur (1853)

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Par ces faits, ils sont considérés par certains savants sunnites comme mécréants. Le Saint-Patron donne parfois son nom à un lieu-dit, à un village, à une ville. Il lui offre protection et bénédiction. Le terme désigne aussi le tombeau à coupole (‫[ قُبّت‬qubba]) de la personne vénérée (saint). C'est dans une zaouïa, le lieu de culte où se réunissent des milliers de fidèles chaque année. (Wikipedia) Une médina (‫)المدينت العتيقت‬, désigne une ville ancienne par opposition à une ville moderne de type européen. Ce terme est surtout employé dans les pays du Maghreb, en Afrique de l'Ouest et en Afrique de l'Est. Une médina se caractérise par ses échanges avec les zones rurales environnantes qui la nourrissent et par les activités marchandes qui la soutiennent, malgré les remparts qui la ferment et la protègent de la menace des envahisseurs. Une grande partie d'une médina est occupée par les souks. (Wikipedia).

2. Mots qui contiennent des phonèmes ou des combinaisons de phonèmes inusités en français et qui n’ont pas été assimilés: qahwat, haïk.

3. Les mots qui sont des emprunts déjà codifiés dans la langue française ne sont pas demarqués : c'est le cas de marabout, djinns, souks.

III. Du bilinguisme au plurilinguisme.

-termes espagnols : el hombre; socco chico; vera cruz. -termes anglais : pudding; the big knife. -termes arabes : haschich, maajoun, chkaf, sebsi... On trouve chez notre auteur : Mi`rage et mirage Le mi`rage est selon la tradition, l'ascension nocturne du prophète sur un cheval nommé al-Bourak. Ben Jelloun nous dit : "*...+ Fass élue par le Prophète ! Il l'aurait nommée sur son cheval la nuit du Mi`rage." La lettre "aïn" étant imprononçable en français, ce terme devient homophone de mirage.

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IV. Calques, arabismes Selon le linguiste Humbley (Vers une typologie de l'emprunt linguistique. Cahiers de lexicologie, T.II, 1974, p.62) : "Le calque est une variété d'hybride dont les composants sont des unités de la langue I; on peut la définir comme la reproduction d'une structure lexicale étrangère avec des éléments de la langue I, qui a un sens différent de celui de la somme des éléments et qui, en principe, correspond au modèle."

On note les traductions littérales suivantes d'expressions arabes, que nous avons fait suivre de l'expression en dialectal marocain, translittérée : "nuit de toutes les nuits" : "laylat kul al layali"; ( La Prière.Op. cit., p.131). "coupeurs de chemins" : "Qata`in al turuq"; ( Harrouda. Op. cit., p.36.) "que le fer m'emporterait" : "lhadid yakhudhni"; ( Ibid., p.50 ) "Ils ont payé de leurs yeux" : "fdaw bi `aynayhum"; (La Réclusion. Op. cit., p.36). "ses paroles l'ont précédé" : "klamu sibqu; (Moha. Op. cit., p.118).

V. Traduction de l’auteur "Mahia, une eau de vie à base de figues que préparait le vieux rabbin de Meknès." ( La Prière. Op. cit., p.40 ) "[...] les Khammas : les ouvriers qui trimaient chez les colons." La Prière. Op. cit., p. 39.

"zoufvris (mot bâtard-insulte voyou-célibataire-ouvrier)"( Harrouda. Op. cit., p.176). "djellaba en laine tissée à la main par les paysannes d'Azrou"( La Prière. Op. cit., p. 39.)

Signifiants cummulés: "La première prière du jour al fajr"; "Saint Moulay Idriss Zarhoun". Mots composés : fqih-charlatan.

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VI. Termes explicités par le contexte (Harrouda)

Les auteurs ont parfois jugé nécessaire d'introduire dans leurs textes des termes non traduits et qui ne se trouvent pas dans un dictionnaire français .

Aïd el Kébir ( p. 83 ) est la plus grande fête de l'année musulmane, celle où les fidèles sacrifient le mouton ; fqih (p. 106 ) est une personne qui connaît bien les versets coraniques ; kasbah (p. 122 ) c’est la section ancienne d'une cité ; khamsa (p. 143 ) est le chiffre cinq qui symbolise un rempart contre le mauvais oeil . kissaria ( p. 59 ) qui est une galerie marchande; mouloud ( p. 109 ) est la fête de célébration de la naissance du prophète Mohamed ; tolbas est le pluriel de taleb vu plus haut et qui signifie les lecteurs de Coran (p. 99) et à la même page" bir " est le puits ; watani ( p. 73 ) et " fidaï" ( p.83 ) sont des synonymes qui représentent les nationalistes ;

Index des notions clés A L’absence du dialogue entre les maris: „Après tout, nous n’avons jamais eu la chance de nous parler. Des mots circulaient entre nous sans jamais se rencontrer.” (l’Auberge des Pauvres p. 33)

L’amour:

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Histoire et critique de la traduction des auteurs : Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar Doctorant : Coțofană Relu „Il n’y a pas plus beau, plus fort que l’amour volé, l’amour clandestin, celui qui nous met en danger, qui nous fait vibrer jusqu’à frôler la mort.” (l’Auberge des Pauvres p. 91)

L’amour et l’écriture: „Je n’avais jamais écrit à ma femme. Peut-être parce que je n’avais plus rien à en attendre, plus rien à découvrir, surtout rien à lui dire. Elle non plus ne m’écrivait pas. Mon cas était plus grave: un écrivain, même de province, devrait écrire de temps en temps à son épouse.” (l’Auberge des Pauvres p.30.)

C Corps déchu ( L'Ecrivain public à L'Enfant de sable. L'Ecrivain public) met au premier plan la présence d'un enfant-voyeur.

D Délire dans le bain maure: „Je sus que plus jamais je n’aurais tant de créatures entre mes doigts. Je circulais d’un corps à l’autre, d’un corps l’autre. Je buvais le lait de leur bouche. J’avançais ma nudité dans des sexes qui murmuraient mon délire et j’appris la chair rose mon miroir où seul l’œil est visible. Je lisais dans les plis du front. Paumes. Bras. Nombrils. Je me donnais au vent. Arrivé aux reins, je sus que c’était la fin du voyage.” (p. 36)

Différence « J'écris pour dire la différence » « La nature crée des différences ; la société en fait des inégalités »

E L'enfant-narrateur livre ses souvenirs sur un femme chaotique et selon un discours poétique marqué par l'enchantement de la prise de la parole. Les enfants-oiseaux - les oposants du système politique marocain (Harrouda). Entretien avec la mère : „Je suis né de la souffrance d’une procréatrice qui a coupé le cordon ombilical de l’endurance dans le sang aveugle. Ma mère, une femme. Ma mère, une épouse. Ma mère, une fillette qui n’a pas eu le temps de croire à sa puberté. Ma mère je t’écoute.” (p. 66)

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L'errance et l'exclusion : Un récit, caractérisé par l'absence d'un déroulement chronologique et la mouvance de l'écriture romanesque, se construit à partir de l'une des figures typiques de la société : le fou. Considéré et nommé par égard majdoub, le fou est doté d'une certaine sagesse dans la mentalité maghrébine. Comme Harrouda, il parcourt librement la ville et attire les enfants livrés à eux-mêmes, qui sont séduits par l'euphorie de sa parole. Ses mots, taillés dans les méandres du silence, se situent en marge du langage codé et échappent ainsi au pouvoir de la doxa.( Moha le fou, Moha le sage,Harrouda)

F Faire parler le corps réfugié dans le silence, celui de la mère, qui est par la dédicace la destinatrice explicite du livre ; l'axe initial de la narration est articulé sur les souvenirs et les fantasmes de l'enfant narrateur.

Fass (Fès), ville magique, est le lieu d'expression de la doxa, les enfants retrouvent leur liberté dans la ville sans nom baptisé ville à venir. Plus tard "Tanger-la-trahison" offre son hospitalité aux enfants marginalisés par la cité ancestrale.

I Identité

Le problème de l’identité dans l’amour: „Est-ce l’amour que j’aime, est-ce la femme que j’aime ou est-ce une image de moi qui circule dans d’autres yeux?” (l’Auberge des Pauvres p. 101)

Les structures narratives de Ben Jelloun jouent habituellement sur l’ambiguïté de l’identité (d’ailleurs jamais déclarée) entre la personne de l’auteur et celle des narrateurs. Ce jeu d’identité est dû principalement aux masques et les rôles (désignés respectivement par l’« émigré », le « scribe » et l’« homme pressé ») que l’auteur attribue à ses narrateurs assumant une fonction de porte-parole.

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Le mythe de la différence – selon lequel la forme autobiographique, voire le genre romanesque seraient en partie ou entièrement incompatibles avec la conception de l’individu dans l’espace culturel arabo-musulman – elles doivent rejeter systématiquement toute approche générique « à l’occidentale ».

P La prise de la parole dénonce les aspects tragiques de la vie conjugale, tandis que les fantasmes de l'enfant permettent au corps-objet de résister aux servitudes sexuelles : La prise de la parole - effectuée plus tard par la mère – se double d'une mise en accusation des pères, tous morts ou absents.

La prostituée, désignée comme "un oiseau/ un sein/ une femme/ une sirène/ taillés dans le livre" (p.7), développe l'ambivalence des signes : l'antériorité de Harrouda prépare et atténue la violence des propos de la mère. Harrouda est ainsi le double et l'antidote de la mère.

T Tanger est à la fois la projection et la négation de Fass. La ville qui célèbre la ruine du mythe donne au récit un souffle de déréalisation, exaltant la circulation du délire. „La cité fabuleuse. Le symbole même de la trahison. Zone ouverte à l’aventure du jeu et de la mort. La ville vendue au plus offrant. Le manuscrit volé. Le caftan d’une jeune mariée taché de sang. Le voile du corps esclave. L’amour voilé de deux jeunes filles. L’oiseau des sables blessé.” (Harrouda p. 138)

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amitié, amour, rêve, excès, temps, dire, passion, différence, désir, chose...

Citations Tahar Ben Jelloun Je considère qu'un ami est celui qui ne ment pas, ne fait pas semblant et parle avec toute la sincérité, la franchise que l'amitié véritable requiert. C'est ce que j'appelle l'exigence amicale : dire ce qu'on pense sans, bien sûr, être blessant. ..l'amour n'atteint la maturité et la sérénité qu'aidé par l'amitié. Il faut du temps, de la générosité et de la lucidité. Le mot et le verbe son ce par quoi je réalise la non-ressemblance et l'identité La liberté n'est rien si elle ne respire pas dans le corps et l'esprit de l'homme, de tous les hommes, sans distinction ethnique, religieuse ou géographique. L'amitié qui se lit sur les visages et dans les gestes devient comme une prairie dessinée par un rêve dans une longue nuit de solitude. L'amitié ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement, elle permet d'en partager le poids, et ouvre les portes de l'apaisement. L'amitié est une religion sans Dieu ni jugement dernier. Sans diable non plus. Une religion qui n'est pas étrangère à l'amour. Mais un amour où la guerre et la haine sont proscrites, où le silence est possible. L'ami est-il celui qu'on peut déranger ? Oui, surtout s'il peut être utile. La nature crée des différences ; la société en fait des inégalités.

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Annexe 1 Diversité des cultures, unicité de la langue

La francophonie au féminin Elena-Brandusa Steiciuc Universitas XXI, Iasi, 2008

(par Jean-Pierre Longre)

A Suceava, capitale de la Bucovine, cette belle région de l’extrême nord roumain, l’Université abrite un département de français particulièrement dynamique ; revues francophones (La Lettre R, Atelier de Traduction), colloques, tables rondes et rencontres diverses sont à mettre à l’actif d’un petit groupe d’enseignantes qui non seulement défendent la tradition francophone de la Roumanie, mais illustrent et renouvellent la connaissance de la littérature mondiale de langue française. A la tête de cette équipe, Elena-Brandusa Steiciuc poursuit avec La francophonie au féminin une exploration de ce domaine déjà entamée dans plusieurs ouvrages antérieurs, dont Panorama des littératures francophones. Roman (2001) et Horizons et identités francophones (2006). Ici, l’étude tourne autour d’un double axe : l’écriture féminine (comme l’indique le titre) et la « situation bilingue » avec le français en tant que langue d’élection. Ainsi, comme le signale Liliana Ramorosoa dans l’avant-propos, se construit « la parfaite harmonie des points de vue et des voix de la « francophonie au féminin » et mieux encore, celle de la vision du monde qu’elle met en partage ».

Cette harmonie s’assortit – sans que ce soit contradictoire – d’une pluralité qui reflète parfaitement la raison d’être de la littérature francophone : la diversité des cultures et des langages dans l’unicité de la langue. Les onze textes qui composent l’ouvrage relèvent de deux formes, l’essai et l’entretien, et dans tous les cas concernent des écrivaines actuelles et des œuvres récentes. A côté d’études fouillées sur Nancy Huston, Brina Svit (Moreno et Un cœur de trop), Agota Kristof (La trilogie des jumeaux), Eveline Caduc (La maison des chacals) et Malika Mokeddem (L’interdite, Les hommes qui marchent et Le siècle des sauterelles), venues respectivement du Canada anglophone, de Slovénie, de Hongrie et d’Algérie, c’est tout naturellement la littérature d’origine roumaine qui est à l’honneur. Oana Orlea avec Rencontres au fil du rasoir, Rodica Iulian avec Le repentir et Cornelia Petrescu avec Semper stare sont, chacune dans son genre (construction formelle, récit-réflexion sur l’art, témoignage personnel), représentatives de plusieurs aspects de cette littérature. Et les dialogues avec Felicia Mihali (qui relate son expérience de l’autotraduction), Irina Mavrodin (figure emblématique de la francophonie roumaine, dont les multiples ouvrages permettent de réfléchir à la compatibilité de la traduction avec la création) et Angela Furtuna (qui insiste sur la francophilie au sein de l’Europe d’aujourd’hui) ne font que confirmer la richesse de la littérature franco-roumaine. La francophonie au féminin est un livre essentiel pour qui veut approfondir la double problématique de l’écriture féminine et de l’écriture d’expression française. Livre essentiel qui, espérons-le, n’est qu’une étape de plus tout au long d’un parcours exploratoire qui doit se poursuivre.

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Annexe 2 Contrafort : 7-8 (81-82), iulie-august : Ping-pong critic : Mihai Vakulovski : Noaptea, când tata şi mama fumează kif...

Ping-pong critic Mihai Vakulovski

Noaptea, când tata şi mama fumează kif... La sfîrşitul romanului Noaptea greşelii de Tahar Ben Jelloun, scris la "Paris - Tanger Pont-Audemer" între decembrie 1991şi iulie 1996 şi publicat în România (Editura Univers, Bucureşti, 1999, traducere de N. Baltă) la doi ani după apariţia lui la Editions du Seuil, Salim, un personaj aproape episodic, care se trezeşte pe post de personaj principal, îi scrie lui Salman Rushdie o scrisoare. Fiindcă ştie că oricum autorul Versetelor Satanice n-are cum să primească o scrisoare din lumea musulmană, Salim o scrie pe paginile albe de la sfîrşitul romanului Harun şi Marea poveştilor, spunîndu-i idolului său că, deşi "aici" aproape nimeni nu i-a citit cărţile, ca şi oriunde altundeva, numele lui este cunoscut. Dragă cititorule, deşi nu cred că Tahar Ben Jelloun îţi este un nume tocmai familiar, dacă pierzi Noaptea greşelii, nu că ai face o greşeală fatală, dar ai şi aflat că merită s-o citeşti, aşa că, pînă una-alta, îţi mai ţin de urît, nu numai pentru că o istorisire nepovestită este o istorisire moartă, cum spune acest scriitor marocan Tahar Ben Jelloun. Tahar Ben Jelloun poate fi comparat cu djinii din Tanger, numiţi şi oamenii casei, cei care ocupă locurile părăsite, în special subsolurile şi fîntînile de sub case, făcîndu-i pe superstiţioşi să înnebunească, iar Noaptea greşelii - cu kif-ul consumat peste tot de locuitorii romanului. Dacă l-ar citi, cei care l-au condamnat la moarte pe Ruschdie şi-ar da seama că indianul e un dulce în comparaţie cu Jelloun. Noaptea greşelii este un roman savuros, scris cu multă plăcere, în care naratorul, oricare ar fi el, încearcă să creeze o situaţie cît mai realistă şi mai veridică şi în acelaşi timp cît mai misterioasă, mai fictivă. Zina, personajul principal, se aseamănă tot atît de tare cu stilul cărţii, ca şi cu oraşul Tanger, locul acţiunii şi celălalt personaj principal, sau cealaltă faţă a personajului principal, Zina confundîndu-se adesea cu Tangerul şi invers, iar Tangerul seamănă leit cu Marocul, care, se înţelege, simbolizează lumea musulmană cu toate caracteristicile ei. Deşi are un stil foarte actual şi modern, autorul păstrează atmosfera misterioasă a ţinuturilor copilăriei, ţinîndu-se foarte aproape de tradiţiile populare, cum se întîmplă, în muzica actuală, cu Sepultura sau Zdob şi zdub, care au combinat rockul cel mai dur cu folclorul, brazilian şi românesc. Un început foarte tare, cu personajul principal ca narator (o naraţiune la feminin!), care promite un text de referinţă, ce pur şi simplu te absoarbe, un sfîrşit cam fîsîit însă, în care funcţia de narator e transmisă din mînă în mînă (sau din gură în gură), de parcă nu numai celelalte personaje s-au speriat de farmecele personajului principal, dar şi autorul. Întîmplări neverosimile, fiecare loc şi fiecare om avînd ceva de spus şi, mai ales, ceva de ascuns. Mozaic de întîmplări, multitudine de situaţii, care nu încheagă un subiect cursiv, dar formează o atmosferă, o stare de spirit, cum ar zice Traian T. Coşovei. O viaţă speriată de superstiţii, religioase şi "tribale", sociale, începînd cu naşterea, cu naşterea bunicilor bunicilor personajelor, care oricum se nasc sau măcar sînt concepute - de către părinţi (şi aici survine iarăşi o îndoială, vagă, dar obligatorie), într-o zi nefastă şi nepotrivită, cînd nu trebuie să ai altă îndeletnicire decît rugăciunea. Deşi abracadabrat la maximum, Tahar 39


Histoire et critique de la traduction des auteurs : Tahar Ben Jelloun et Assia Djebar Doctorant : Coțofană Relu

Benn Jelloun are un stil simplu şi nimic nu e întîmplător în roman, începînd cu numărul personajelor ce vor fi sacrificate şi terminînd cu numărul părţilor cărţii.

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