Cours 4

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Cinéma et sciences humaines CIN-­‐2116 Mercredi 19h à 22h, Local B-­‐4245, Pav. Jean Brillant

Chargé de cours: Rémy Besson


Plan de la séance


Plan de la séance 1. IntroducHon : Retour sur les séances précédentes 2. Qu’entend-­‐on par sciences humaines? 3. Qu’est-­‐ce que le cinéma? 4. Conclusion: Quel est le rôle du « spectateur »


QuesHon de la performaHvité de la parole du sociologue


QuesHon de la performaHvité de la parole du sociologue l’image « Nous voulons quiSer un monde où l’image représente et signifie d’emblée quelque chose. Nous voulons donc entrer dans un univers intellectuel où les images apparaissent, agissent avant de prendre sens, avant d’être des images de quelque chose. » Efficacité? « le rapport de conformité entre l’effet produit par une image et l’intenHon qui a présidé à sa réalisaHon » Bartholeyns, Gil et Thomas Golsenne. La performance des images. Bruxelles: ÉdiHons de l’Université de Bruxelles. 2009, p. 20 et 24.


ieu d r u o B e d x travau s e d e c n e u Infl film u d n o H a s i l Sur la réa

Cours 2

u e i d r u o B e d avaux r t s e d n o ' Appropria film e l r u o p i u o Par Agnès Ja dieu r u o B e d e l la paro e d é t i v ' a Perform les r a C e r r e i P de Dans le film Cours 3

eurs t a t c e p s s e l r a p Appropria'on


Retour sur le cours 3: Une tradiHon de la criHque des médias Économie – poliHque – journalisme

hSps://www.youtube.com/watch?v=7y-­‐xS_EB3QI


Retour sur le cours 3: CriHquer la criHque des médias La représentaHon cinématographique

Delage, ChrisHan. Nuremberg: les criminels face à leurs crimes. 2006. Arte/ Phares et balises. France.


Retour sur le cours 3: CriHquer la criHque des médias La représentaHon cinématographique

La séquence de l’huissier dans Ivens, Joris et Henri Storck. Misère au Borinage. Belgique, 1934.


Retour sur le cours 3: CriHquer la criHque des médias La représentaHon cinématographique Dans la séquence de l’huissier, la très grande stabilité du cadre (qui suppose l’usage d’un trépied), le fait que plusieurs points de vue aient été filmés (depuis l’entrée de la maison et depuis le fond de celle-­‐ci), l’inserHon d’un gros plan (sur le visage de l’huissier), l’usage d’un léger panoramique, sont autant d’indices indiquant que la scène a été mise en scène. Les déclaraHons postérieures des membres de l’équipe du film viennent confirmer ceSe impression, si bien qu’Alex Tixhon peut noter que, « la scène de la visite de l’huissier contrecarrée par la solidarité des voisins a été filmée, non sans mal, avec des acteurs amateurs. Le plus compliqué, selon les auteurs, fut de faire endosser les uniformes de gendarmes aux apprenHs comédiens! »

Tixhon, Axel. « Misère au borinage ou le mythe d’une Wallonie en crise ». Dans Cinéma et crise(s) économique(s), Esquisses d’une cinématographie wallone. Namur : Presses Universitaires de Namur – Yellow Now. 2011, p. 47.


Retour sur le cours 3: Premier discours des sciences humaines De l’ordre de l’évaluaHon/experHse J.-­‐J. Becker criHque le film de Frédéric Rossif Mourir à Madrid (1963): J’ai simplement voulu montrer certaines faiblesses, d’un strict point de vue historique, d’un film qui finalement, malgré ses efforts, nous donne une vue trop “tradiHonnelle” de ceSe guerre d’Espagne, que le recul du temps et les ouvrages récents ont contribué à modifier de façon sensible, ce dont les auteurs n’ont guère tenu compte (…) » Dans Le Mouvement social, n°44, 1963, p. 108


Qu’entend-­‐on par sciences humaines?


Les sciences humaines ne se limitent pas à la sociologie (dépasser Bourdieu – séances 2 et 3) Sociologie Sciences poliHques Histoire Anthropologie Géographie humaine Psychologie Psychiatrie etc.


Cours 4:

Les sciences sociales sur, avec et en uFlisant le cinéma. 1 Réflexion méthodologique sur l’arHculaHon entre cinéma et sciences humaines

Apports de l’historiographie à ceSe réflexion Éviter les fausses évidences

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Des arHculaHons entre ces différentes sciences humaines et le cinéma existent depuis longtemps

Un film de mise en scène réalisé en 1960 peut très bien n’avoir jamais aucun intérêt arHsHque, mais contenir des renseignements d’une valeur inesHmable pour les historiens de l’an 2000. La conserva'on, sans aucun tri préalable, de tous les films de mise en scène, de tous les documentaires et de toutes les actualités est donc souhaitable et même indispensable dans l’intérêt des historiens futurs. Sadoul, Georges. « Cinémathèques et photothèques ». Dans Charles Samaran (dir.) L’histoire et ses méthodes. Paris: Gallimard, 1961, p. 1171


Des arHculaHons entre ces différentes sciences humaines et le cinéma existent depuis longtemps Très curieusement, l’anachronisme est le danger qui menace le plus gravement les historiens : pour apprécier la valeur historique de La Marseillaise, doit-­‐on prendre en considéraHon la RévoluHon française d’ Aulard – celle qu’ont entrevue les réalisateurs pendant leur scolarité -­‐, celle de Mathiez – contemporaine du tournage-­‐, celle des années 50 ou des années 70? La conformité à la problémaHque retenue par les spécialistes est-­‐elle d’ailleurs un critère pour des œuvres où tout personnages, lieux, costumes, discours, faits, est nécessairement reconstruit et parHellement imaginaire? Sorlin, Pierre. « Clio à l’écran, ou l’historien dans le noir ». Revue d’histoire moderne et contemporaine, avril-­‐juin 1974, p. 253.


Sciences humaines sur / avec / en images Il est entendu que, tradiHonnellement, ce champ se divise en deux sous-­‐spécialités, la sociologie sur les images et la sociologie avec les images. La première porte sur l’analyse de sources et d’objets visuels partagés au sein d’une culture donnée, alors que la seconde s’intéresse aux prises de vue effectuées par les chercheurs. (…) Depuis une quinzaine d’années, une troisième spécialisaHon entre en émergence : la sociologie en image. Plus réflexive, ceSe manière de faire conduit à s’interroger sur la place des images dans les modes de communicaHon des résultats de recherche. Besson, Rémy. Compte rendu de Maresca, Sylvain et Michaël Meyer. Précis de photographie à l’usage des sociologues. Rennes: PUR. 2013.


Sciences humaines sur / avec / en images Une première manière de faire des sciences humaines sur les images consiste à adopter une approche généHque, c’est-­‐à-­‐dire à revenir sur les condiHons de producHon des i m a g e s p o u r e n c o m p r e n d r e p l u s précisément la significaHon. Il peut alors s’agir de contextualiser, d’appréhender des dimensions économiques et techniques, de savoir comment s’est déroulé le tournage et le montage, etc. C’est la démarche adoptée par Alex Tixhon pour saisir que Misère au borinage est le résultat de mises en scène.

CeSe démarche est moins criHque (au sens d’une criHque des médias) que compréhensive.


Sciences humaines sur / avec / en images

Capture d'écran de Willemont, Jacques. Moussem. 1969. Issue du cours en ligne: Ce que nous apprend l’anthropologie [en ligne]


Sciences humaines sur / avec / en images

Jean Rouch et Edgar Morin

Jean Rouch


Sciences humaines sur / avec / en images


Qu’est-­‐ce que le cinéma?


L’histoire culturelle du cinéma Le cinéma ne se limite à ses formes canoniques L’objet cinématographique lui-­‐même ne se résume pas dans la forme canonique du long métrage de fic'on mais doit être abordé, analysé et interprété dans toute sa diversité – de format, de genre, de statut, etc. –, du «documentaire» aux «actualités», du film d’amateur au cinéma d’auteur. C’est parce que l’art au XXe siècle ne se limite pas, en vertu d’on ne sait quelle élecHon, au cinématographe, c’est parce que le cinéma ne se limite pas aux films, c’est parce que le film ne se limite pas au long métrage, bref c’est parce que le cinéma n’est pas fait par des cinéphiles pour des cinéphiles que son histoire ne peut être seulement une histoire de l’art mais qu’elle est aussi celle d’un spectacle – ce qui n’est aucunement synonyme –, celle d’une société, celle d’une naHon. Ory, Pascal. « IntroducHon ». Revue d’histoire moderne et contemporaine, 51-­‐4, 2004, p. 8.


Le cinéma ne se limite à la somme des films

Gaudreault, André. 2007. Cinéma et aIracFon. Paris : CNRS ÉdiHons, p. 120 et p. 145

Ce à quoi nous faisons de toute évidence référence, lorsque nous parlons aujourd’hui de cinéma – même si la chose peut n’être qu’implicite –, c’est à ceSe ins'tu'on qu’est devenu le cinéma [entre 1890 et 1915] avec ses règles, ses contraintes, ses exclusions et ses procédures. [le processus en quesHon] suppose régulaHon, régularisaHon et consolidaHon des rapports entre les intervenants (stabilité), élecHon de praHques qui apparHendraient en propre au média en quesHon, le différenciant des autres médias (spécificité), et instauraHon de discours et de mécanismes sancHonnant lesdits rapports et praHques (légiFmité).


« Comment se répand le cinéma? » -­‐ Robert Mandrou

Des Histoires du Cinéma, il ne saurait être quesHon de dresser le catalogue, même sommaire: elles sont trop nombreuses et anecdoHques, de faible uHlité pour nous (…) [concernant la réparHHon géographique des salles en France] quelle formule invoquer? une vie collecHve tradiHonnellement plus ardente que dans le Nord? le goût du spectacle? Assurément l’essor du cinéma paraît lié à l’animaHon antérieure de la vie publique. Mandrou, Robert. « Histoire et cinéma ». Les Annales ESC, 13/1. 1958, p. 140 et p. 149.


« Comment se répand le cinéma? » -­‐ Emmanuel Éthis L’histoire sociale du cinéma et de ses publics est inséparable de l’histoire de la construcHon, de la transformaHon, du déplacement ou de la dispariHon de ses salles. Les livres, revues, magazines, journaux, émissions de radio et de télévision ayant pour objet principal le cinéma se mulHplient abondamment. A la fois, ils fournissent des guides à la consommaHon filmique en salles et à la télévision, et posent des repères essenHels qui vont servir d’assise à une ins'tu'onnalisa'on de la culture cinématographique.

Éthis, Emmanuel. Sociologie du cinéma et de ses publics. Paris: Armand Colin, 2014, p. 28 et 101


Le cinéma ne se limite à ses lieux canoniques

La sor'e du cinéma de son temple a eu lieu. L’Écran de la salle s’est transféré sur d’autres écrans, notamment ceux qui se réparHssent actuellement en quatre grands types: la télévision plasma ou cristaux liquides; l’ordinateur ou les tableSes; le téléphone mobile; enfin, les média-­‐façades formées de LED. Le cinéma est désormais partout, dissimulé, peut-­‐être sous d’autres habits ou confondu avec d’autres images. Il survit en tant qu’offre télévisuelle, mais également comme fichier téléchargeable sur réseau, comme œuvre conservé sur un DVD ou une clé USB, sous la forme d’un film enHer, ou « en pillules » comme sur YouTube; il survit même remonté comme dans le cas des mash-­‐up ou des re-­‐cut trailers, à consommer chez soi, présenté dans les transports en commun, transformé en installaHon arHsHque, à échanger entre fans. Case†, Franscesco. 2012. « Trajectoire de la relocalisaHon ». Théorème, n° 15 : Le cinéma en situaHon, p. 66.


Le cinéma ne se limite à ses lieux canoniques Le cinéma se relocalise en rendant disponible dans d’autres lieux ce que je veux voir, ou en proposant ailleurs les condiHons opHmales dans lesquelles le voir. Dans le premier cas, l’objet de la vision m’est livré à l’endroit même où je me trouve à un moment donné; dans le second, un environnement pour le visionnage est mis en place là où c’est possible. D’un côté, il s’agit d’un déplacement, un delivery; de l’autre, d’une nouvelle organisaHon de l’espace, un se†ng. Case†, Franscesco, p. 68.


Retour sur la performaHvité du film qui dépend aussi de sa diffusion

87 305 entrées en Europe en 2001 vs. 142 247 vue pour une mise en ligne parmi d’autres (source: hSp://lumiere.obs.coe.int/web/search/index.php)


Retour sur la performaHvité du film qui dépend aussi de sa diffusion

Extraits de Misère au borinage diffusés sur mon compte YouTube comme support d’un cours et d’un arHcle scienHfique, reHrés par YouTube après une demande du Fonds Henri Storck pour aSeinte aux droit d’auteur (sic).


Sciences humaines sur / avec / en images Une deuxième manière de faire des sciences humaines sur les images consiste à étudier de façon diachronique leur circula'on dans l’espace public pour comprendre plus précisément leur-­‐s foncHon-­‐s sociale-­‐s. Les modes de diffusion, les discours produits sur les images, les appropriaHons arHsHques, ludiques, pédagogiques, poliHques, etc. sont alors à prendre en compte. De nouveau, la démarche est moins criHque, que compréhensive. Poursuivons avec l’exemple de Misère au Borinage en s’interrogeant (rapidement) sur sa circulaHon.


Une exposi'on, un film, des ar'cles, un manuel, etc.


Quel est le rôle du « spectateur »?


Quel est le rôle du « spectateur »? 1. Rôle du spectateur dans un modèle dominé par la performa'vité des images En plus des films, le cinéma c’est aussi ce que les spectateurs font avec les images en mouvement qui sont diffusées. 2. Rôle du spectateur dans un modèle de l’appropria'on des images En plus des films, le cinéma, c’est aussi ce que les spectateurs/usagers produisent à parHr des images en mouvement qui sont diffusées. 3. Rôle du spectateur des amateurs comme producteurs d’images Le cinéma ce sont aussi les images en mouvement produites par les amateurs.


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