No 10 l'Ecole primaire, 25 mars 1886

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Lonnaire. et l'un ou l'autre instituteur.Le premier a complimenté, en termes bien sentis les auteur5. et a pris ensuite la défenstl des commissions scolaires qui étaient asse; mal menées par un ou deux instituteurs. Il dit que le personnel enseignant ne doit pas se gêner de demander l'appui des commissions aussitôt que le besoin s'en fait sentir, et que lorsqu'elles verront qu'on a confiance en elles, les commissions rempliront toutes leurs devoirs. Parmi les obstacles aux progrès et à la discipline énumérés dans quelques travaux est mentionnée la diversité des manuels scolaires. La bigarrure constatée est surtout 1~ fait de la période de transition que nous traversons actuellement. On a aussi critiqué amèrement les modifications apportées au caté~hisme, dont on regrette les anciennes éditions. Le Dél)artement n'a rien à voir en ceci non plus que dans le cartonnage de ce classique, Qui arrive de Genève. Quant aux desideratas, formulés sur les autres ouvrages, le Département s'empressera toujours de tenir compte, dans la mesure du possible, des légitimes aspirations du col'ps enseignant ct des parents. A titre de motion individuelle, un instituteur (d'ailleurs des mieux rétribués) a uppelé en termes assez aigres une proposition qu'il fit à ses collègues, à Monthey, il y a deux ans, en vue d'obtenir une indemnité d'itinéraire pour assistance aux réunions pédagogiques ou une augmentation de traitement. Son initiative a été naturellement applaudie avec chaleur. Aussi a·t·il été décidé de nantir les autres conférences de la résolution confirmée à TrOJsLOrrents, et de s'entendre d'un commun accord pour réclamer collectivement de l'Etat ou des communes un dédommagement des débours nécessités par les conférences. Nous souhaitons que le succès couronne cette démarche. Cependant nous ne voudrions pàs bercer d'illusions les promoteurs du projet. On agira en tout cas prudemment en ne formulant p:~s de trop fortes exigences. afin de ne pas courir le risque de voir la motion obtenir un enterrement Je première classe. At b. messireGaster, invoquant à son tour ses droits, non moins impérieux et reconnus que tant d'autres, il fallut bien lui donner satisfaction, ce qui n'exigP-a du reste pas beaucoup de tiraillements. Un bon diner fut donc servi, arrosé d'un vin qui coula à flots et délia les langues. Toasts, chants, participation de la fanfare de Troistorrents. rien n'a manqué pour exciter l'harmonie et la gaîté. Aussi bien, jamais, depuis l'établissement des coofGrences, y eut· il autant d'entrain que cette fois-ci. Le succès en revient en partie à l'administration de Troistorrents qui fit une réception cordiale et hospitalière à la moins belle moitié, hélas! du corps enseignant des deux districts inférieurs.

Conthey. -Le compte-rendu de la conférence de Chamoson paraîtra dans le prochain numéro, étant arrivé trop tard pour celui-ci.

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. lym• ANNEE

SION

N• 10.

2li ltlars 1886.

l 1CilE PIIIAIIE 1

REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît le 10 et le 25 de chaque mois, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prix d'abonnement pour la Suisse, 2 t'r. - 1Juion postale, 2 t'r. :;o. Annonees, prix 20 cent. la ligne ou son espace.

ATELIER DE

RELIUR~~

Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à une annonce ou à compte-rendu, s'il y a lieu.

ET

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Travail soigné- Prix modérés. Ant. CABRIN, Sion, rue de Conthey.

Pharmacie MULLER à SION Encre excellente à 50 c. le litre. Hectographes, avec encre et instructions, prix 5 fr. On peut se procurer de la pâte hectographique à raison de fr. 2. 50 le kilo.

SO:MMAIRE Culture du cœur. - De l'éducation nationale. - La composition française à l'école primaire. - L•école buissonuière.- Pédagogie au jour le jour. - Marche à suivre dana une leçon de grammaire. -De la puissance du regard humain en fait d'éducation et d'enseignement. - De la correction dea travaux d'élèves dans les écoles primairea. -Variétés: Un examen au temps jadis. - Anecdotes scolaires.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrét. au Départ. de l'Instruction publique, à Sion.


CONFÉRENCES D'INSTIT1JTEUBS Entremont. - La 2m• conférence de ce district aura lieu pour la première fois à Orsières, mercredi 28 avril prochain. Sierra. - La 2m• conférence de ce district se tiendra pour la prenùère fois à Chandolin, jeudi 29 du même mois. Martigny. - La 2- conférence de ce district aura lien à MartignyBourg, jeudi 29 avril, à la maison de commune.

·---------------------------------Les souscripteurs à la Conférence sur l'écriture trouveront celle-ci jointe

au présent numéro. C'est M. Taiclet, nous le rappelons, qui leur en fait gracieusement hommage, et nous ne pouvons dès lors que remercier en leur nom et au nôtre le généreux donateur, devenu notre vénérable ami. Nos abonnés reçoivent également avec celte livraison un supplément contenant une relation de voyage, que l'auteur a bien voulu nous envoyer à l'intention des lecteurs de l'Ecole primaire. ATTENTION Le numéro 11 de l'Ecole primaire paraîtra vers le 15 avril; le numéro 12 et dernier de l'année scolaire, au commencement de mai, cela pour que la livraison tlnale puisse encore apporter le compte-rendu des conférences qui se tiendront du 20 au 30 avril. L'éditeur de cette publication, connaissant la résidence des abonnés valaisans qui quittent leur poste actuel à la fln du mois prochain, expédiera le numéro 12 au lieu du domicile, s'il est different de celui du siége de l'école. Pour les autres cantons, l ' envoi continuera jusqu'au bout avec la suscription ordinaire, à. moins de demandes de changement d'adresse.

CHRONIQUE ET AVIS SCOLAIRES Nécrologie. -Vendredi 19 mars, fête de St-Joseph, un immense convoi accompagnait à sa dernière demeure la dépouille mortelle de M. G-unave Muller, pharmacien, décédé à l'âge de 29 '/, ans seulement. La mention, dans l'Ecole primaire, de cette tin prématurée, pourrait surprendre si nous n'avions hâte d'ajouter que le défunt, ancien maître à l'école industrielle, ct au moment de sa mort membre du conseil municipal et de la commission des écoles de la ville de Sion, vouait un réel intérêt aux questions scolaires. Elle étonnera encore moins lorsque nous aurons rappelé que M. Muller assista à la dernière réunion générale des instituteurs, à Monthey, dans laquelle il porta au banquet le toast à la musique ; qu'il fut enfin un collaborateur dévoué et assidu de notre publication. Il fournit en effet à celle-ci, notamment l'année écoulée, divers articles, ainsi que la primeur d'un petit Cours de comptabilité réuni depuis en brochure et dont maintes feuilles pédagogiques ont fait une critique élogieuse. Notre ami et ancien condisciple, toujours disposé à faire plaisir et à rendre service, traduisit également à l'intention de l'Ecole primaire, divers documents. C'est assez dire que cet auxiliaire nous Hait doublement précieux, et que sa disparition constitue une perte à plus d'un titre. Aussi tenions-nous à décerner à sa mémoire un suprême témoignage de notre reconnaissance, et à demander en même temps à nos lecteurs l'aumône d'une prière pour le repos de l'âme du collaborateur qui vient de nous être enlevé. R. 1. P.

N• 10.

Sion, 25 Mars.

1885-86.

L"itOti JPRlli!ItRJ& ORGANE DE LA.

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION • CULTURE DU CŒUR Protection des petits oiseaux et des auimaux domestiques.

Nous sommes en pleine saison de nids d'oiseaux, et par co~sé­ uent c'est l'occasion ou jamais d'en empêcher la destruct~on. ~'esprit d'humanité, la formation et la cu~tuee ~u cœur, de meme ue le sentiment d'intérêt et de conservatwD: b1e~ entendu, ~ous q mmandent d'ailleurs la protection des pell~s mseaux et , dune :anière générale, celle des animaux domestiques, sur-tout. dans un pays agricole comme le nôtre. A ce sujet on n~us s1gnalc l'existence, dans quelques _can~ns, ~'associations scola1res co~nmc nous en voudrions bien vou· s·établlr également ?ans le nô~re, et dont Je but est de protéger, non seulement les 01seaux, ma1s les animaux domestiques en général. Un règlement, gue nous avo~s sous les yeux, révèle même de la part des assoc1~s une gravité et un intérêt réel qui semblent au-dessus de .leur ag~. ~atm;elle­ ment l'instituteur est le président-né du com1té admm1strat~f ~e l'association, composé de quatre membres ac~s élus à. l~ maJOrité des suffrages. lis sont nom méspour une annee. et réélig•bl.es. ll Y a un secrétaire et un caissier. Ce que no~s aimons le. m1eux de ce règlement, c'est l'article suivant, emp~emt d'une vén~able tendresse d'âme pour les animaux. Le VOJCl textuellement. Tous les membres de l'association prsnnent l'engagemt;nt: . D'être toujours bons,justes et compat~ssants pour les ammaux .domestiques, d' •t de ne pas les tourmenter, les agacer, m cher~her à. l es effrayer , De ne jamais assister à des jeux cruels ou la douleur et la mort e res innocents sont offerts en divertissement ; . , De ne jamais assister, soit dans les cours_, ~oi~ d~n~ les ab~tt~us, à. 1 égor· gement des porcs ou d'autres animaux destines a l alunentatlon , De se constituer les protecteurs des petits oiseaux et les défenseur~ d'autres animaux que l'ignorance et le préjugé persécutent, tels que les msea~x de roie nocturnes, qui ne vivent que des souris ; le hér!s~on, l~ ~usara1~?e, fa chauve-souris, le crapaud qui détruisent une quantite ?ons1derable dmsectes nuisibles et de limaces ; enfin la plus grande enneDUe des vers blancs, la taupe, qui doit être respectée dans les champs et les prés.

Quant aux moyens de protection, le territoire de la commune est divisé en plusieurs régions, dont chacune est pla~e sous la surveillance particulière d' un groupe de membres actifs: chaque


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groupt' nomme son chef; les chefs de groupes indiquent les nids qui ont été reconnus, ainsi que le uombrc d'œufs ou de petits qu'ils contiennent, si l'on a pu s'en assurer sans troubler le père e~ la mère.,ns indiquent encore l:époque où le~ petits ont quitté le md pour s envoler. Quand un md a été détrwt ou enlevé par une personne étrangère à l'association, les chefs de groupes en font la déclaration au président qui, s'il le juge à propos, signale à J'autorité l'auteur du délit pour être puni d'après le code pénal ou la loi sur la matière. Si le coupable est un associé, il subit d'abord une réprimande secrète, où l'on cherche à le ramener à de meilleurs sentiments; en cas de récidive, il est expulsé de l'association et soumis de plus à une punition. Il va sans dire qu'à. la fin de l'année des récompenses sont distribuées aux plus méntants. (A suivre.) DE L'ÉDUCATION NATIONALE L'éducation nationale n'est au fond qu'une partie de l'éducation morale ayant pour but de former l'enfant en vue de la natiùn dont il est membre, par le développement du patriotisme. la conservation et l'amélioration en lui du caractère national. ' La diversité des nations est un fait naturel et partant providentiel. Tout le prouve : différence de sol, de climat, de races, de langues et de mœurs. Chaque créature humaine reflète dans son individualité physique, intellectuelle et morale, les influences du milieu géographique où elle naît et que l'hérédité lui avait déjà transmises. C'est par une si admirable disposition que la divine Providence dans le dessein de peupler toute la terre, a mis au cœur de chaqu~ homme un attachement presque invincible pour le lieu qui l'a vu naî~re : Le L~pon languit loin de sa hutte couverte de neige, et le negre souptre après les sables brQlants et arides de ses déserts. Ce fait incontestable de la distinction des peuples fut confirmé par la conduite et les enseignements du Christ, de ses premiers Apôtres, et, dans la suite des temps, par l'Eglise catholique qui ne cessa de proclamer, non seulement la légitimité, mais l'obligation étroite de l'amour de la patrie eL des devoirs qu'il impose. En effet, le divin Fondateur du christianisme réserva pour la nation juive la primeur de son Evangile et de ses miracles. Sur ce dernier point, il feignit même de pousser l'exclusivisme jusqu'à ses dernières limites, refusant d'abord à la Chananéenne la guérison de sa fille par ces paroles dures en apparence: •J'ai été envoyé aux brebis de la maison d'Israël. • Mais en cette circou-

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stance même, comme dans la parabole du Samaritain bienfaisant ur un .Juif, il révéla l'existence de deux vertus supérieures à ramour de la patrie : la foi en Dieu et la charité pour le prochain, à quelque nation qu'il appartienne; sentiments insépaeables, d'origine toute céleste, dont l'univeesrllc expansion réalisera un jour la prophétie d'un seul troupeau sous un seul pa.ste.ur: et non d·'un seul ct unique troupeau sans pasteur, cette ch1mere que la philanthropie maçonnique et athée voudrait substituer au véritable triotisme, sous le nom menteur de république et .de fraternité ~iverselles. C'est dans le premier sens, point dans le second, que saint Paul écrivait aux Colossiens : • Il !1'y a plus ni grec, ni scythe, ni juif, ni barbare. • Tout est falt un seul peuple dans le sein de l'Eglise romaine. Au moment le plus solennel de sa vie terrestre, à la veille de subir sa douloureuse Passion et faisant son entrée triomphale dans 1a capitale de la Judée, le Fils de David voulut manifester le plus tendre amour pour son ingrate patrie, et particulièrement pour la ville déicide. En prévision des maux inénarrables qui, par un juste jugement de Dieu, al~aien~ fondre sur la ci.té coupable, il s'écda dans un transport d'emotwn ct les yeux pl ems de larmes: • Jérusalem, Jérusalem, malheureuse ville, j'ai voulu rassemlJler tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes et tu ne l'as pas voulu. » • Tels furent les sentiments du divin Maître, voyons sa doctnne. Conformément à une prophétie relative à la venue du Messie, la Judée avait passé sous la domination romaine. Questionné malicieusement par les Pharisiens à savoir s'ils devaient payer le tribut à César, n leur répondit par cette parole célèbre : « Rer.dez à César cc qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. • Et lui-même dans une autre circonstance, joignant l'exemple au précepte, il accomplit un miracle pour procurer à saint Pi~rre la pièce de monnaie requise en tribut. Au cours de sa PassiO?'. Il motiva ses enseignements et ses actes en proclamant la divme origine du pouvoir en face de Pilate qui en était un dépositaire. • Quoi ! vous ne répondez point, lui dit celui-ci. Ignorez-,·ous donc que j'ai le pouvoir de vous. délivrer. 01,1: de vous fa~·e .mourir? Vous n'auriez aucun pouvorr sur mm s il ne vous ava1t eté donné d'en-Haut •, lui fut-il répondu. L'enseignement et les exemples des disciples sont conformes à cenx du maître. • Soyez soumis à l'autorité pour l'amour de de Dieu • écrit saiut Pierre dans sa première épitre. • Que tout le monde,' ajoute saint Paul, se soumette aux autorités supérieures, car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c'est Dieu qui les a élablies toutes. Le prince est le ministre de Dieu


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P?ur le. bien ..• Ce même ~pôtre1 qui s'était réclamé avec tant d énerg1e du titre et ~e~ prerogative~ de citoyen romain lorsqu'on vo~lut le fla~e~l~r, prec1se aux chrét1ens leurs devoirs envers lea pmssances leg1tlmes, auxquelles ils doivent la triple dette do • respect, du tribut et de l'impôt». Dans la s~ite des .siècles, l'Eglise, pa~ l'organe des Conciles et des Souver~ns Pont1res, ne cessa de !'llamtenir et de propager Iea mêmes .e~~e1gn.ements; et, après avOir été la plus grande puitJ.. s~nce cmhsatr1ce, elle reste encore aujourd'hui la plus grande smon la seule puissance conservatrice. La voix du Pape n'est-eU~ pas, en effet, la plus éloquente et la plus efficace protestation contre les menées secrètes de la révolution cosmopolite comme la ~d~lité à ses co~seils serait _la meilleure sauvegarde de la ~­ cunt~ des Souverams, d~ la pa~x, de la tranquillité des peuples! Car c est pour eux auss1 qu'a eté prononcé l'oracle évangélique : • Cherchez d'ab?rd le royaume de Dieu et sa justice ; Je reste vous sera donne par surcroît. • On le voit, Je sentiment religieux s'accorde parfaitement avec les tendances du cœur humain, pour nous prescrire le patriotis(A suivre.) me ou l'amour bien entendu de la patrie. L.l. COltiPOSITION FR..tNÇAISE A L 'ÉCOLE PRIMAIRE (Suite et fin.)

Da.ns le cours intermédiaire, les enfants commencent à lire et à ~r1re. On peut donc alors leur donner de petits devoirs écrits m~ sans .reno~cer pour cela aux: exercices oraux, qui doivent con~nuer J~squ à la fin des études. n ne suffit pas, en effet., de savmr exprimer ses pensées pa~ écrit, il faut aussi, et plus souvent encore, les formuler de vtve voix. Les élèves sont aJ)I>eteiS· à devenir conseillers municipaux, etc. Le''talent de la "' sera donc utile, sinon indispensable. ~es exerci~es écrits sero~t d'abord très simples, toujours relatifs aux obJets connus de 1 enfant, et d'ailleurs toujours accomP!lgnés, autant. qu.e.possible, de l:ex?ïbition de ces objets. Ils conSisteront en de~mhons, en descr1ptwns, en comparaisons faciles. On pourr~ conhnuer pa~ de petits récits, et faire faire, par écrit, des exerCices analogues a ceux du cours élémentaire accoler dt>s épithètes convenables aux noms écrits sur· le tableau n~ir ou par le maitre. En ~ême temps, les élèves apprendront de petits morceaux d~ poés1e et de prose, convenablement choisis, qui contribueront à orner leur mémoire et à former leur style. Pour les récits, le maitr e fera mieux d'écrire au tableau ou de dicter un canevas, afin d'habituer les enfants à ne pas écrire sans

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jeté, en quelques lignes, les principaux traits de leur traCe cane,'as pourra être dressé en commun, après la lecture récit, à l'aide de questions posées habilement par le maitre. La correction des devoirs se fera toujours à haute voix, soit tables, soit au tableau noir, en commun, et, autant qu'on le - ..,... ,rrll ~ par les enfants eux-mêmes. Il ne faut pas être bien inpour apercevoir les défauts de style, les erreurs de jugeles incorrecLions des termes. Les enfants ont déjà le senti_ _ ..,.. , du bien, du beau et du vrai, ils seront donc les juges nade leurs condisciples. On ne saurait trop saisir les occasions leur élocution et leur jugement. JI est bon aussi, je que les devoirs, après la correction, soient recopiés avec un cahier au net. Ce ne sera pas seulement un exercice ce sera encore et surtout une leçon d'ordre. Rien n'est dans l'école, et l'emploi du cahier unique, que l'on re•1œtnmam1e aujourd'hui avec un certain engouement, n'est peutpas sans inconvénient. Je me rappelle encore avec plaisir l!.c:omme:nt je remettais an net, en m'appliquant de mon mieux, petites rédactions, me8 autres devoirs et même mes dictées. Quel est l'homme, d'ailleurs, qui ne fasse aucune correction, le lendemain, dans un travail écrit la veille ? J'ai encore une observation à ajouter au sujet des devoirs écrits, quoiqu'elle ne touche qu'indirectement à la question qui nous occupe. On ne doit mettre entre les mains des enfants, pour l'enseignement de la langue, aucun ouvrage cacographique ou cacologique. Assez de termes impropres, de mauvaises constructions grammaticales échapperont chaque jour aux élèves sans qu'on leur donne des livres qui en fourmillent. Comme il n'y a qu'un nombre restreint d'enfants qui passent dans le cours supérieur, l'instiLuteur, pour remédier à cet inconvénient inhérent à l'école, devra, vers la fin de l'année scolaire, exercer les élèves du cours moyen à dresser des factures, des comptes, des mémoires, à écrire quelques lettres d'affaires et de commerce, afin que ces enfants puissent au moins se suffire à eux-mêmes quand ils seront devenus hommes. Pour l'enseignement du style dans le cours intermédiaire, il pourra se servir des ouvrages tout préparés qu'il a entre les mains. n trouvera aussi d'excellents modèles dans les différents journaux pédagogiques. Les élèves du cours slJpérieur, déjà familiarisés avec les tournures grammaticales, avec la conjugaison des verbes et l'emploi de ~haque espèce de mots, feront des exercices de plus longue haleme, quoique semblables : descriptions, récits, narrations, comparaisons, dialogues~ lettres, parallèles, etc. La lecture de quelques

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m~rceaux ch?isis de nos meilleurs prosateurs et de nos meilleurs

poeles, dont 1ls apprendront des extraits par cœur continuera à former leur intelligence, leur jugement et leur style. En même temps? dans ,Ie cours de langue française, l'analyse grammaticale et logique, l_étude des préfixes et des suffixes, celle des racines de la ~orm_atwn des D?-~ts, et quelques notions claires sur réty~ mologw, aideront postbvement à la clarté et à la précision du langage. . D'~i~eurs, ,il ,sera ~on, dans le cours supérieur, d'exposer avec SimpliCité et .a l occaswn les qualités, les formes, les défauts du style, l~s me11leurs moyens de présenter ses idées, d'amener ses conclusiOns, ~e réfuter les erreurs que J'on combat. . Aux exerciCes qu~ nous avons cités plus haut, l'instituteur aJouter~ la reprodu~LIOn de l~~ures intéres~antes ou utiles, faites avec som par le maitre et SU1V1CS de queshons aux élèves sur Je sens des mots et l'objet traité. Des lectu~e~ ~ombreuses et choisies, faites dans les meilleurs auteurs,_ fam1hartseront les élèves avec une langue pure, avec des CXJ?resswns ~orrectes, claires et élégantes, avec une morale sohde et éclai:ée. Ces lectures, commencées dès l'enfance, combattr:ont p~ut-etre avec avantage le mauvais goût, la frivolité, les max1m~s Immorales trop répandues dans les ouvrages qui pullulent aujourd'hui plus que jamais. ~'enseignet?ent du style, comme de tout le reste d'ailleurs. ne dolt pas ~OnSISter Seulem~nt à Orner J'esprit, il doit être aussi une occaswn de former le Jugement et d'anoblir le caractère. C~mme dans le cours i~termédiaire, les devoirs seront corrigés publiquement,, ~ haute voiX et ayec le plus grand soin, par le maître et les .ele~es. Les fautes. d orthographe, de français et de style seto11t Impltoyabl~mf'nt SJ~nalées. On pourra, de temps en t~mps, echanger: ~es cahiers et faire exécuter en silence la correction par les VOisms, qui souligneront les incorrections de toute nature, sauf à expliquer ensuite de vive voix le motif qui les a déterminés à marquer la faute. pans les écoles rurales, les leçons ne doivent pas avoir les m~mes ~aract~res que dans les écoles urbaines. Naturellement, les SUJe.ts d exercices ne seront pas les mêmes à la campagne et à la Vlll~. A la camp~gne, la vie des champs en fet'a presque tous les frais : les sema11les, les moissons les vendancres la fenaison e~ d' J.' "t ~ ' . aut r~s 1a1 s ~Hal?gues seront 1,objet, de récits ou de lettres. Mais• a_la v1lle, la v1e n e~t ~lus la même; aussi les exercices seront-ils différ~nts : la ~escnpt10n des ateliers, des monuments, le récit des f~tes, des evénements de la cité, des lettres relatives à l'apprentissage, etc., tels seront les devoirs donnés aux écoliers des

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villes. Mais le but sera le même : il wnsistera à exprimer facilement et correctement, en parole et par écrit, la pensée de l'homme. A. CHARBON, instituteur à MontbOUtY (Loiret). L'ÉCOLE BUISSONNIÈRE Gauserie pédagogique.

Non, ce n'est pas du tout ce que vous croyez. - Il ne s'agit pas des heures volées à l'école et passées à gaminer sur les chemins en plus ou moins honnête compagnie. D'ailleurs, c'est de nos petits qu'il est question, et ceux-ci ne s'écartent guère .... C'est donc autre chose que j'ai voulu dire: l'école au grand air, la leçon par les champs. Mais encore, non, ces mots ne rendent pas bien ma pensée ; on pourrait croire que je veux parler de faire la classe dans la cour de l'école, par un beau temps, ou bien encore la leçon aux enfants assis en rond daus le jardin : pratique excellente, quand elle est possible, mais enfin simple changement de local.- Je cherche un mot qui n'existe pas pour exprimer cet.te éducation toute spontanée et involontaire que l'enfant. sc fait à lui-même par les yeux, au hasard des choses rencontrées, observation fugitive, mais impression durable, procédé naturel qui a plus de part qu'on ne saurait croire dans le développement intellectuel du petit être, et qui peut acquérir une portée infiniment plus grande encore par notre intervention sous forme de causerie instructive, de petites leçons brèves, à bâtons rompus, en quelques mots, à propos d'un rien, à propos de tout et parmi tout, parmi les jeux, en récréation, en promenade, en congé, en marchant, en errant, en buissonnant, dans le petit bois, dans l'avenue, le long du sentier, au jardin. - Je dirai encore autrement : la leçon de clwses à travers choses. - Car, au point de vue de la pratique de l'enseignement, on peut distinguer deux sortes de leçons de choses ; la leçon de chose réglementaire et celle que j'appellerai adventice, occasionnelle. Nous entendons par leçon réglementaire celle qui est prévue par les règlements scolaires et les programmes, qui a son heure fixe et sa durée limitée entre les autres exercices de l'école, dont le sujet a dü être déterminé et la matière préparée à l'avance. C'est la leçon de choses à l'état complet, sous la forme et dans les conditions qui comportent tous les développements dont le procédé en lui-même est susceptible, et la mise en œuvre de tous ses moyens. De celle-là il n'est pas question en ce moment. Nous entendons par adventice toute leçon faite en dehors de ces prévisions réglementaires, en dehors de l'beure consacrée, toute


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leçon improvisée, par exemple, en présence d'un objet d'un phénomène qui s'offre accidentellement à l'observation et p~ur ne pas laisser échapper l'occasion. Or, ces occasions se présentent à chaque instant; l'art est de les saisir. - C'est un insecte que les enfants ont pris sur une feuille et qu'ils viennent vous apporter; un oiseau qu'ils ont vu ravir, sur la fenêtre, un brin de fil, un duvet pour son nid : ou bien encore une frêle églantine éclose au coin de la haie, parmi les buissons, et dont vous voulez leur faire admirer la grâce délicate et sentir le parfum : vous dites quelques mots de l'insecte du nid, de la fleur. Ou bien encore c'est un arc-en-ciel qui appa~ raît dans les nuages; ou c'est une source fraîche sous la roche un caillou poli qui brille dans le lit du ruisseau : moins encore' une feuille, une feuille détachée de l'arbre et qui vient en tour~ billonnant se poser sur la nappe tranquille de l'étang; peut-être des laboureurs occupés dans les champs, et dont les travaux rustiques auront excité la curiosité des enfants. On s'arrête, on veut voir. L'observation appelle l'explication. Et, si vous-même n'en prenez l'initiative, les interl'Ogations pressantes de vos petits questionneurs, - ils le sont, ils doivent l'être, et s'ils ne l'étaient pas, ce serait votre faute, - infailliblement vous y amèneront. • Qu'est-ce que cela"? Pourquoi ceci? A quoi sert telle chose ? • - Vous ne pouvez pas ne pas répondre ; vous répondez, et c'est une leçon, une vraie, si courte qu'elle soit. Mais elle n"en a pas l'air ... , et c'est ce qui en fait le charme. Elle est amenée, non imposée. Elle est en dehors de la classe et du règlement. Une leçon? Plutôt un spectacle, auquel vous convient. des enfants, sans insistance aucune, sans pression. Voici le fait à observer, • la chose à voir • ; la flenr, ou l'insecte, ou le travail rustique : • Voyez enfants ; n'est-ce pas joli? n'est-ce pas curieux ? • Vous vous adressez à deux ou trois seulement ; tout de suite un petit groupe se forme. On s'approche, on se serre. Tous viendront, soyez sûr; d'autant plus empressés qu'on ne les appelle pas. Tel est l'enfant, et tels sont ·aussi bien des (A st~ivm) hommes.

le directeur parti, j'allais à Pierre, à Jacques, à Paul et à Henri, et je leur adressais des observations. Toutefois, je remarquais, pendant toute la durée du jour, que, si, à chaque instant, j'avais supposé le directeur présent, 'tout mon temps se serait passé à reprendre celuici celui-là et cet autre. Et je pouvais, d'autre part, me rendre cette ju~tice que, dans son ensemble, ma classe, une classe de cinquante élèves, marchait bien, qu'on y faisait des progrès, ,Hier, le directeur est revenu, et il a recommencé son eternel: .:Etienne par-ci, Joseph par-là: vous ne le voyez donc pas h Impatiente, je lui ai repondu: .: Si! monsieur le directeur, je l'ai vu, mais j'ai fait comme si je ne l'avais pas vu ! » Le directeur m'a .regarde entre les deux yeux: «Monsieur, m'a-t-il dit, se faire le complice du mal, quand on est là pour l'empêcher, c'est pis que si on le faisait soi-même. » Et, sur ce grand mot, il m'a tourné les talons. Eh bien ! qu'il en p(:'nse ce qu'il voudra, ce n'est pas qu'un grand mot. Les enfants doivent se taire, se bien tenir, être attentifs en classe, etc. : cela est entendu, cela est vrai, incontestablement vrai d'une manière générale. Si ces règles n'étaient pas généralement observees, à proprement parler, il n'y aurait pas de classe. Mais, dans le detail, il faut savoir se montrer indulgent, surtout quand les enfants sont jeunes, comme c'est mon cas. Les exigences de la discipline sont-elles donc si rigoureuses qu'il faille toujours et quand même réprimer l'enfant, l'empêcher de remuer, de dire un mot à son voisin, même de rire un peu s'il en a envie~ li me semble que toute pédagogie vraiment intelligente, c'est-à-dire respectueuse de la nature, condamnera l'excès de rigueur. S'il est avec le ciel des accommodements, il doit en exister aussi avec le règlement de l'école. L'enfant n'est pas une statue: il a besoin, assurément plus que nous, de mouvement, d'expansion, je dirai volontiers de caprice. Tant que ce caprice n'est pas nuisible à autrui, nuisible surtout à l'ensemble, tolérez-le, fermez les yeux : votre autorité même gagnera à être menagee. Et votre élève ne sera pas une machine, un automate, ce sera un enfant vivant. Celui qu'on appelle un enfant sage est-il, le plus souvent, un enfant vivant î Vous connaissez là-dessus le mot exagere dans la forme, vrai au fond, de Mm• Pape-Carpantier : « Sage ! celui qui ne crie, ni ne rit, ni ne remue. Mais, s'il se trouve jamais un tel enfant parmi vos élèves, enterrez-le, c'est un enfant mort! »Je crois qu'il ne faut enterrer personne avant le temps, pas plus les enfants trop sages que les autres: mais, n'en déplaise à mon directeur, je ne tiens pas aux enfants trop sages. * ,. Hier un de mes élèves avait, pendant la leçon de dessin, po~ssé le coude à son voisin et lui avait glissé quelques mots à voix basse. Je l'ai grondé. Puis, réflexion faite, je me suis dit qu'après tout j'avais peut-être eu tort. L'attention que réclame la leçon de dessin ne peut-elle pas se concilier avec un peu de relâche du côté de la discipline~ Quand je laisserais, je ne dis pas causer, mais dire un mot de temps à autre pendant la leçon de dessin, serait-ce grand dommage~ Vouloir im-

PÉDAGOGIE AU JOUR LE JOUR

(Observations consignées dans le Manuel général.)

,. * ,. J'ai affaire à un directeur très consciencieux, consciencieux

j~squ'à

la _vétille: Il a la manie d'entrer dans ma classe à l'improVIste, et, Immediatement, sans plus ample examen, il vient à moi, se penche à mon oreille, et me dit: «Pierre se tient mal · Jacques ne suit pas ; Paul a parle à son voisin ; Henri s'étire et Mille: vous ne le voyez donc pas ? » Les premières fois, je ne repondais rien ;


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poser à des élèves, pendant toute la durée de la classe un silence absolu, vouloir réprimer tous leurs mouvements, tous' leurs petits éca~ts, toutes. leurs gamineri~s inoffensives (et je sais que beaucoup de ~~unes maltres Y. ~ont. port~~ natu~ellement), n'est-ce pas, en défimtlve, chose ausst mutile qu Impossible ~ Et n'y a-t-il pas lieu de chercher quelque moyen de ménager leur bonne volonté et d'économiser leur obéissance ~ Je pense qu'il est certains exercices, tels qu'une leçon de grammaire, la correcti?n d'une _dictée d'orthographe ou d'un problème, pendant lesquels tl faut enger des élèves un silence complet. Mais _je ne ~ois _aucun inconvénient à ce que, pendant une leçon ?e dessm ou d écrtture _par exemple, ou de travail manuel dans les ecoles de filles, on latsse les enfants se communiquer au moins d~ temps à autre et à b~tons. ro~pus leurs observations, pourvu, bten entendu, que cette hberte qu on leur laisse ne tourne pas au désordre. ,. *"' Samedi soir, Paul B. n'avait pas su sa lecon · le maître de sa classe la lui a donnée à copier. Lundi, Paul B. ~st revenu en classe n~ sacha~t p~s ~a 1~9?n e~ ~e rayant pas copiée. Courroucé, car pareille att:atre ~tatt deJa arr1vee a ce petit, le maître l'a envoyé, p~ur toute la J_ournee,. apprendre sa leçon, la copier deux fois et fatre le~ d~v?trs du JOUr dans un local contigu à la salle de clas~e ; a, mtdi,.,ol? a ap~orté à diner au pénitent dans sa retraite. C est la qu.e J ~~ trouve Paul B. un peu penaud, mais beaucoup plus occupé a smvre les mouches qu'à apprendre la lecon et à s'acquitter du pensum. • . Je_l'~i ~ri~ à part dans mon cabinet, et, sans lui faire de reproches, Je lm at dt~te mot _apr~s ~ot. sa. leçon .une première fois, puis une seconde fOis ; ensmte Je lm at dtt : «Recitez-moi votre lecon ». Et c?mme il ne la s~~:vait pa_s ?u prétendait ne pas la savoir:je la lui at , comme on _dit , sermee. presque ligne par ligne , puis demip~rase par dem1-~hrase.' pm~ ~hrase ,par phrase, l'obligeant à répeter cha_que partie apres mm, ,1usqu'a ce qu'il fût bien évident qu'il n_e pouvait pas ne, pas la savoir. Cela fait : «Allez, lui ai-je dit, réCite~ votre leçon a M. G.» Il y est allé, et, à cette condition, il a repr1s sa place dans la classe. . La p~nition infli~ée par ~· G. était-elle juste~ Peut-être, mais Je n_e sats ~rop. Etatt-elle utile et bien avisée~ car après tout c'est touJours la que nous devons viser avec nos élèves. Je ne le crois pas. De deux choses l'une, ou Paul B. était un entêté, ou c'était un paresseux. ~ vec ~n ~ntêté, vous risquez beaucoup à employer le système qut constste a doubler les pensums. Qui de nous n'a assisté à des scènes _co~me celle-ci~.« Pierre, vous avez poussé Joseph, vous me ferez du hgnes ». - Pierre secoue la tête. - « Vous me ferez vingt lignes.,.- Pierre secoue encore la tête. -«Vous me ferez trente lignes •:- Pierre sec~ue toujours la tête.- «Vous me ferez quarante hgnes ». - « Cmquante lignes.,. - c:Soixante lignes l,. -

«Cent lignes.» - Et ainsi de suite, maitre et élève s'échauffant et ni l'un ni l'autre ne voulant céder. Encore une fois, cela, au fond, peut être juste. Juste, mais absurde. Si vous voulez corriger un entêté, ce ne sera jamais en vous montrant plus entêté que lui : vous le piquez au jeu, voilà tout. Avee un paresseux, aviez-vous beaucoup plus à gagner en l'envoyant hors de la classe 1 Je vous ai dit que j'avais trouvé Paul B. guignant les mouches. Et il est probable qu'il eût continué ainsi jusqu'au soir, sans grand profit pour la discipline, à coup sûr sans aucun profit pour son instruction. Je crois que mon procédé valait mieux ; il est vrai que je l'ai pris snr mon temps, et qu'il m'a donné de la peine ; mais remarquez que c'est de la peine que je me serai donnée une fois pour toutes ; il y a gros à parier qu'avec moi, sachant ce qui l'attend, Paul B. ne s'y laisserait plus prendre.

MARCHE A SUIVRE DANS UNE LEÇON DE GRAMMAIRE L'instituteur qui donne une leçon de grammaire, a en vue une science et un art. Mais on le sait, une science ne s'enseigne que par une _exposition raisonnée, tandis qu'un art ne s'acquiert que par une pratique longue et constante. Cette remarque suffit pour établir que les lois de la grammaire doivent être basées sur des principes et appliquées ensuite au langage parlé et au langage écrit. Comme l'artisan qui revoit et ajuste chaque pièce de son travail avant d'en faire un seul tout, ainsi l'instituteur passe en revue chacun des principes qui ont rapport à la règle qu'il va exposer. S'::~git­ il, par exemple, d'enseigner l'accord d'un verbe ayant pour sujet deux mots au singulier, le maître posera les questions suivantes : Quand un nom est-il au singulier 1 Combien faut-il, au moins, d'êtres désignés pour qu'un nom soit au pluriel 1 Comment s'accorde le verbe 1 etc., etc. C'est maintenant que commence la leçon proprement dite. Appuyer une règle sur des exemples, c'est être logique ; déduire un e règle d'exemples choisis, c'est être méthodique. Cette dernière voie est la plus conforme à l'esprit de l'enfant et la plus propre à maintenir son attention. Qu'on nous permette de reprendre la règle précitée. En comparant les deux exemples suivants : Deux fleuves ar_-ros.ent la Belgique; la Meuse et l'Escaut ();,-rosent la Belgique, l'mstttnteur a_mènera ses élèves à dire que l'action exprimée par arroser est faJte, dans les deux cas, par deux sujets exprimés d'une manière différente; et, sans difficulté, il fera conclure qu'arroser doit être au pluriel dans la deuxième phrase. La règle établie pour l'exemple écrit au tableau, sera appliquée à d'autres phrases données par le maître, et enfin généralisée pour tous les verbes ayant deux ou trois sujets partiels. C'est ici que la grammaire cesse d'être une science et devient un art, ou pour mieux dire, c'est ici que la pratique remplace la théorie. Pour que l'enseignement pratique grammatical soit pratique, il faut


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que les notions apprises soient appliquées. Un exercice écrit, une dictée ou un exercice d'invention semblent répondre à cette nécessité, et il paraîtrait que le maître peut indifféremment pre!!Crire l'un ou l'autre de ce!l devoirs. A notre avis, l'exercice écrit est le plus propre à être imposé immédiatement après la leçon de grammaire : il repose l'attention de l'enfant en la soumettant à un travail varié ; dans une classe com~ posée de plusieurs divisions, il permet au maître de s'occuper de tous ses élèves, et enfin il est le plus facile des trois devoirs proposés cidessus. Qu'une dictée vienne après le devoir écrit, elle aura l'avantage de mieux graver la règle dans l'esprit, car elle demande une plus grande attention et un concours plus actif de la part du jugement. Enfin l'exercice d'invention, à cause de sa difficulté, ne peut venir qu'en dernier lieu : son objet sera la composition d'un certain nombre de phrases ayant trait à la règle exposée. Une lecon donnée suivant cette marche, sera profitable, s'il est vrai, ains·i que le dit un savant, qu'une théorie ne peut être comprise et retenue qu'autant qu'elle a été souvent répétée et souvent appliquée. Enfin elle requiert l'exercice de toutes les facultés : l'attention se maintient aisément tant par les exemples écrits au tableau que par la variété des exercices qu'elle prescrit; le jugement et le raisonnement n'ont pu rester inactifs, lorsqu'il s'est agi de percevoir les rapports et de relier les connaissances nouvelles aux ancienn~s la mémoire a dû travailler pour rappeler la règle toutes les fms qu'elle a été appliquée, et enfin le sentiment moral a pu trouver un profit à propos d'une phrase donnée en application et relevée par le maître. En donnant la lecon de grammaire, suivons le chemin que nous venons de tracer, ii nous conduira à donner aux enfants la connaissance théorique et pratique de la matière enseignée et à développer harmoniquement toutes leurs facultés. Nous pouvons dire avec quel. que assurance que nous aboutirons à la double tin de tout enseigne~ ment, savoir : l'instruction et l'édqc!J.tion, X.

De la puissance du regard humain en fait d'éducation et d'enseignement. « Le regard de l'homme, dit un proverbe, peut dompter les lions et les tigres, :. et quiconque a vu un dompteur qe bêtes fauves péné~ trer dans la cage d'un lion, d'un tigre ou d'u11e hyène, sans autre arme défensive que son fouet, pui11les forcer- à ae courber so~~~. sa volonté, ne démentira pas la vérité littérale de ce dicton, M~1s il Y a bien d'autres circonstance!! dans lesquelles se révèle la puissance du regard humain. Qui donc ne sent pas la puissance dominatrice du regard plein de reproches que le Sauveur captif jeta sur saint Pier.re devenu apostat~ Ce regard en disait cent fois plus qu'un long discours : aussi «Pierre alla-t-il dehors et pleur~ ~m~re:ment. - Quel

monde d'amour et de bonheur ne rayonne pas dans les yeux d'une mère contemplant son nouveau-né qui dort dans son berceau~ Où est le poète capable de décrire tout ce que renferme ce regard 1 Et si l'innocence méconnue lance, dans un regard indicible, à ses persécuteurs triomphants, sa dernière protestation, ou si l'homme d'honneur anéantit par un coup d'œil de mépris et refoule, pour ainsi dire, dans l'abîme le misérable fripon qui l'a trompé, osera-t-on nier la puissance souveraine du regard 1 Lecteur, vous-même vous l'avez éorouvé dans telle ou telle circonstance de votre vie ! Vous vous râppelez malgré vous un regard inoubliable, de bonheur ou de douleur, peu importe, qui vous a pénétré jusqu'au fond de l'âme et qui s'y est imprimé en traits ineffaçables. Et d'où nous vient cette puissance du regard 1 L'œil est la fenêtre de l'âme. Le principe divin qui demeure en nous brille à travers cette fenêtre, sur le monde extérieur. Et plus cette âme est pure, plus elle est l'image de la divinité, plus son idéal est élevé et véritablement vivant, plus aussi elle possède de puissance dans son regard. Tous les hommes savent et sentent cette puissance ; les bêtes fauves comme les animaux domestiques en ont l'instinct et pour ainsi dire la conscience. Hé quoi 1 des écoliers ne le sentiraient pas aussi 1 Et le maître ne saurait pas, lui, que le regard est un des moyens les plus efficaces de discipline, toujours à sa disposition ! Y a-t-il en effet, récompense plus douce pour un enfant studieux et réussissant dans les études que d'entendre son maître ou sa maîtresse lui dire, tantôt en quelques paroles, tantôt plus longuement: «C'est bien cela, enfant! c'est bien ! continue ainsi. :. Mais aussi la punition la plus cruelle pour un enfant bien disposé, punition suffisante parfois pour le désespérer, c'est le regard irrité de son maitre mécontent. Il y a bien d'autres merveilles dans le regard de l'homme. On raconte que l'oiseau, saisi à improviste par un serpent, reste sans force et sans volonté comme s'il était attiré par un aimant irrésistible, fasciné qu'il est par un regard implacable de l'horrible bête. Quelque chose d'analogue se passe tous les jours dans la société humaine, tantôt pour le bien, tantôt pour le mal. Ainsi l'œil est un rayon céleste qui nous attire vers le ciel, ou bien un feu follet qui nous entraîne vers le maL Grâce à son regard, l'ange nous apparaît dans toute sa beauté lumineuse, grâce à son regard aussi, le démon se montre trop souvent dans son infernale beauté. Eh bien, cher instituteur, c'est à toi maintenant que je m'adresse ; si ton cœur est rempli d'un véritable amour pour ta belle et sainte vocation, si tu aimes réellement l'enfance, il faut que cet amour se révèle dans tes yeux, il faut que tes élèves y lisent un sentiment si tendre, et en même temps une telle fermeté, qu'ils se sentent à la fois attirés et maîtrisés par ton regard 1 Ce regard doit pénétrer l'âme de l'enfant, comme un rayon de vie, pour l'échauffer et l'enflammer 1 Comment un instituteur au regard indécis pourrait-il fixer l'attention de l'enfant 'l Comment l'élève dont les yeux errent, comme le papillon, d'objet en objet, pourrait-il suivre un exposé sérieux, dif~


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ficile parfois à comprendre et demandant une certaine concentration de toutes les forces de son intelligence 1 La tranquillité, l'ordre, l'attention , la discipline, le progrès, sous le rapport de l'éducation comme d<' l'instruction, deviennent choses inaccessibles pour l'instituteur qui ignore la puissance du regard, ou ne sait pas employer ce talisman merveilleux. Au lieu de répéter sans cesse toute une kyrielle de mots comme ceux-ci : 'l'enez-vous tranquilles ! - Faites attention ! au lieu de toute une série d'avertissements et même de punitions, il suffit souvent de ce mot : «Regardez-moi ! :. Oui, regardez-moi ! afin que je puisse vou.s façonner et vous tenir pour ainsi dire dans ma main . Regardez-mOI ! afin que je vous montre avec quel sérieux on doit aborder le travail. Regardez-moi 1 afin que mon entendement s'épanche dans votre cœur. Regardez-moi 1 afin que rna volonté s'empare de votre volonté pour lui donner plus d'énergie. Oui, regardez-moi! afin que toute mon âme passe dans Ja vôtre pour la rendre r~ison~able et ~ert.ueu~e .. Mais que dis-J e 1 ce mot : Regardez-moi 1 doit devemr b1entot mutile, lorsque la chose s'est r éalisée, lorsque l'habitud.e. en est .prise, et cela arrive toujours et partout oû se montre un veritable educateur. Pour rna part, lorsque j'entre dans une école, je distingue au premier coup d'œil l'esprit qui y règne.: i.ci des ye,ux brillan~s et pleins de vie, se portant vers l'homme qm Siège sur l estrade, la ces yeux sans expression, a demi morts pourrait-on dire, errant dans le vague et se promenant de tous les côtés .... . Il est impossible de se tromper à de pareils signes. En résumé, le maître qui ne connaît pas la puissance du regard est véritablement à plaindre. Jamais il ne r éussira à faire ce qu'on appelle une bonne classe, car illui manque un instrument non moins précieux qu'indispensable, la clef qui ouvre à la fois l'intelligence et le cœur en d'autres termes, ce rayon de l'esprit qui part de l'âme, pour re~hauffer d'autres âmes et dont l'inffucnce est irrésistible. (E lsass-Lothringische S chulblat t .)

d'aider l'élève à acquerir des connaissances et surtout de le mettre à même d'e.n ac9uerir par ses propres eff~rt~. C'est pourquoi, dans le~ le~ons, I~ doit le faire pens~r, ~arler, ecrœe, agir , et, dans l'applicatiOn, euger que son travail so1t exact et bien exécuté. « Il est de toute impossibilité, évidemment, que le maitre corrige lui-même tous les devoirs des élèves. « La plus grande partie de la correction se fait en classe par les procédés suivants : « i • Procédé de correction simultanee, par le maître seul · « 2• Procédé de correction simultanee, avec le concours de~ élèves. Chacll:n ~'eux corrige à haut~ voix une partie de devoir et rappelle les prmcipes et les r ègles qm s'appliquent aux difficultes que l'on rencontre. « 3• Procédé simultané mutuel, avec échange de cahiers · « 4• Procédé de correction de :démonstration au tableau' noir. Ce procédé est le plus intuitif, celui qui excite et maintient le plus l'attention et l'émulation et par conséquent celui qui doit être le plus souvent employé. Il est très désirable qu e l'instituteur sache faire u~age. d~ 1~ ?raie, a;~c h~bileté, avec ordre et avec goût, afin de n offrir a 1 œil et a 1 mtelhgence de ses élèves que de bons exemples et de bonnes démonstrations. « ~· ~rocédé mut~el. Quelques élèves des plus avancés corrigent ~es d~ctees, les devoirs orthographiques, de calcul, etc.,des divisions mfér1eures. Ce moyen fait gagner au maître un temps précieux et n:est _Pas sans avantage pour ~es moniteurs. Il développe leur a~ti­ VIté mtellectuelle, leur perspiCacité et grave définitivement dans leur mémoire les connaissances dont ils font l'application dans ce travail. · «Le procédé de correction individuel par le maître en dehors de la classe, s'applique principalement aux rédactions ~t aux cahiers spéciaux de devoirs mis au net. La correction effective de toutes les rédacti?ns et la .revu~ minuti~use des cahiers est un peu assujettissante, Il est vra1, mais elle n est point fastidieuse au bon maître car ~ .sait combien il en.est indemnisé par la vue des progrês rée~ des eleves, par la connaissance personnelle qu'il fait de chacun d'eux et par les rensei~nements qu'il recueille sur la marche générale de sa classe. Supprimer cette correction ou la fair e à demi ce serait lai~ser entrevoir aux élèves que la négligence est permise: et les autoriser en quelque sorte à omettre des devoirs ou à travailler avec plus ou moins d'attention; ce serait tuer l'application le progrès et surtout l'éducation. • ' p'autre pa~t, ~u sujet de la correction, nous relevons les lignes smvantes qu ecr1t le Fr. Albert dans l'Education: «Que signifie un cahier d'écriture qui n'est pas journellement vù par le maître YEt celui d'orthographe où les fautes non corrigées montren~, aux yeux des moins clairvoyants, l'ignorance de l'élève, appro~vee ~~ quelque sorte par la négligence de l'instituteur L. . « L apprec1ati~n motivée ~u maître est un stimulant pour l'élève a nul autre pareil ; elle soutient son courage et son application et

DE LA CORRECTION DES TRAVAUX D'ÉLÈVES DANS LES ÉCOLES PRiliiAIRES La Revue pedagogique de Paris nous apporte un extrait du Bulletin de Saône et Loire, par lequel l'inspecteur d'académie adresse aux instituteurs «quelques conseils pédagogiques » : i 0 Sur la nécessité de la r épartition mensuelle des matières du progTamme ; 2° sur la préparation de la classe ; 3• sur la correction du travail des élèves. Sur ce dernier point surtout, il donne de judicieux conseils qui sont bons à retenir. Ecoutons-le : « Il ne suffit pas, dit-il, que les leçons soient convenablement préparées, bien données et compr ises ; il faut encore qu'elles soient retenues et parfaitement appliquees, et ce dernier résultat ne s'obtient que par le travail de l'élève dirigé et contrôlé régul ièrement. L'instruction ne se donne pas : elle s'acquiert. Le rolc du maître est


160 devient la cause de progrès étonnants : ample récompense de l'instituteur attentif, courageux et exact. » -

Snpplêment l l' Et 0LE PRI1 AIR E.

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VAB.JÉPJ!IBS Un examen au temps jadis. (Suite et fin.) Sur ces entrefaites, entre un paysan qui vient payer ses intérêts. n pose sur la table quarante louis d'or, demande une quittance et ajoute qu'il laisse le surplus pour les pauvres. La main droite de l'inspecteur souffrait du rhumatisme, il prie donc l'instituteur d'être son secrétaire. Mais il faut faire le compte et voir si tout est juste. TI s'agit d'une règle d'intérêts, puis d'une transformation de monnaies, le tout compliqué de multiplications et de divisions, tant de nombres entiers que de fractions ; rapidement, toutes les opérations sont faites et la quittance libellée. Le jour tombe sur son déclin, et l'inspecteur propose de faire un tour de jardin avant la nuit. Le jardin est grand et beau, seulement ici et là. des branches gourmandes menacent d'é· puiser la sève des arbres ; notre jeune homme, sans prendre le temps de la réflexion, tire son co!!.teau de sa poche, émonde arbres et arbrisseaux, puis arrache un paquet de mauvaises herbes qu'il jette avec une poignée de mousse dana l'étang où paasent les cygnes. Cela fait, il rentre à la cure, se demandant avec une assez grande inquiétude quand l'examen v o. commencer. Il fait déjà sombre, le chemin de retour est long, et c'est le lendemain de bonne heure qu'il doit entrer en fonctions. • Monsieur l'inspecteur, demande-t-il respectueusement, pourrais-je vous prier de bien vouloir commencer l'examen? Je serais bien embarrassé, si demain je ne pouvais montrer mon certificat.- Commencer l'examen, s'écrie l'inspecteur, enjouant l'étonnement le plus profond? Mais j'ai cru qu'il était terminé. Voulez-vous quelque chose de plus? Une traduction grecque ou hébraïque ? la solution de difficultés du droit canonique ? l'interprétation d'un passage difficile des épîtres ? ... Tenez, dès votre entrée, j'ai vu, car je ne dormais pas, comme vous l'avez cru, que vous êtes un brave et modeste jeune homme. J'ai vu, à votre prière secrète, au mouvement de vos lèvres, j'ai entendu à votre amen si franc et si joyeux, que vous savez, disons mieux, que vous possédez votre catéchisme. La géographie ? mais ma pipe de tabac, si complaisamment chargée par vous, vous a fourni l'occasion de me prouver que vous la connaissez. Votre calligraphie est fort belle, votre calcul rapide et sftr ; vous connaissez suffisamment la culture des arbres fruitiers et vous sauriez pratiquer l'émondage dans une école comme dans un jardin . .Ma main, il est Yrai, est un peu paralysée, je vais cependant vous faire votre certificat ; et comme il est trop tard pour partir aujourd'hui, je vous conduirai moimême demain à votre école. Au surplus, si vous tenez encore à être examiné, je suis votre homme. • Notre ami n'y tenait pas spécialement; et pendant que son certificat s'écrivait, il s'installait au piano et chantait d'une voix douce et vibrante un joyeux hymne d'actions de grâces. (L'Union jurassienne.) ~

Anecdotes scolaires. Pmsée. - Les principes religieux inculqués au cœur de l'enfant sont comme des clous d'or sur lesquels frappent les années et qu'aucune tenaille philosophique ne peut complàtement arracher.

LA 'BAS. -oC'est de là-bas que je veux vous entretenir aujourd'hui, de l'Orient, la terre de ma dilection. Ma pen_sée y retourne sans cesse, comme on revient touJours sans se lasser jamais, à ces toiles merveilleuses dont les contours et tous les personnages nous sont restés bien gravés dans le cœur. c·~tait _en 1880, . une belle journée de printemps, ~e . 2~:> avr1~. Pa1·tis de Beyrouth la veille, nous ettons arnvés dans la même nuit en rade de Tripoli. Les messageries maritimes y font escale. Nous avions ainsi la bride sur le cou. Qui n'en aurait pas profité 'P Il y a des chances, on ne le sait que trop, qui ne se rencontrent pas deux fois dans la vie. Et puis, sur la mer pas une rid~, au ciel pas un nuage, sous nos yeux la côte avec ses perspectives baignées de lumière· et plus loin et pl•ts haut, Tripoli, la vieille ville' turque, taciturne dans sa splendeur, fièrement campé& sur sa colliuP, avec ce quelque chose de farouche et de mystérieux qui excite la curiosité comme un défi. En fallait-il davantage pour nous faire pr0ndre la volée 't Depuis le matin, rangés autour du paquobot, l'œil sur nous, les indigènes avec leurs barques et leurs caïques n'attendaient qu'un signe. Il y en avait bien là plus d'une vingtaine, prêts à s'élancer sm· nous au moindre clignement d'œil. C'est au plus habile, à qui entassera le plus de paesag~rs dans son esquif, et à chaque station le même tumulte se renouvelle . Ce sont les mêmes scènes, le même déluge de paroles et de belles


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promesses. On vous entoure, on s'empare de vous, et avant que vous ayez pu crier gare, vous êtes séparé de vos compagnons, et emporté à coup~:~ de rames vers le rivage. Ce jour là étant un jour d(' fête pour les Musulmans, il y avait grande animation tout le long de la côte. Les femmes du pays dans leurs plus beaux atours, s'accordaient le plaisir d'une promenade sur l'eau. Avec des élans de gaieté enfantine elles se pressaient sur la berge, et par familles, par bandes, elles s'alignaient dans de longues chaloupes qui ne s'éloignaient jamais beaucoup de la rive. Do11ce flânerie qqe celle de se jeter dans une embarcation, et de se laisser bercer ainsi sur la nappe azurée 1 C'était un charme pour les yeux qu13 de suivre les évolutions de cette flotille bariolée. Avec leurs vêtements aux couleurs voyantes, bleus# rouges, orangés ou verts, et leurs voiles plus blancs que la neige, ces femmes offl·aient le plus pittoresque assemblage de teintes et de nuances qui se puisse imaginer. Essayez maintenant de jeter cette éclatante bigarrut·e, touta cotte ot·gie de couleurs sur un paysage aux tons chauds, avec quelques palmiers, et une met· de saphir aussi limpide que le ciel qu'elle reflète, et vous aurez une ces marines lumineuses que le pinceau de Joseph Vernet fit passer devant nous. Nous abordons. Rangée au bord de la mer, et serrée contre la rive, Tripoli la ville bassA, la marine, comme on l'appelle ici, entrepôt du commerce de la pro· vince, n'a d'autre attrait que celui que présente toujours sous le flamboiement de la lumière, le moindre groupe d'habitations quand celles-ci sont batgnées par les flots. Des hangars et des greniers, des maisons à moucharabieds, â'autres à l'eut·opéenne avec des croisées à grandes vitres, constructions banales et sans grâce; de loin en

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loin un café bien ouvert à la brise où, dans la pénombre de la toiture et des piliers, trônent quelques fumeurs, silencitlux ct méditatifs; toute la ville est là. Rien de plus. Le soleil brûlait. La route s'étendait devant nous blanchii et sohtaire. Ni ânons, ni bourri· quets; des chevaux encore moins. Le tram a tout éclipsé. Plus de cris, ui de bramées, ni ce va· carme assourdisant que font à la porte des villes les montut·es et leurs moukres, et les bandes de chameaux agenouillés sur le pavé. Au lieu de ce pittoresque désordre, une longue file de wagons poudreux rangés sur les rails, attendent l'heure réglementaire. Au bord de la route, une bat·aque, où quei1Jues employés en costume nn.tional vendent les billets pour la course . Tout se passe dans l'ordre. On se presse autour du guichet. Des femmes voilées attendent leur tour. Comme on le voit, l'inveulion a pris. Peut-être la nouveauté y estelle pour quelque chose? C'est Midhal·Pacha gouverneur de Syrie qui en a fait l'essai. La population lui en a su bon gré, et chacun d'en profiter. Et notts, - nous ' faisons comme tout le monde. • C'est ainsi que nous nous entassons dans le tram. Pour dirA toute la vérité. la perspective de faire pédestrement sous les feux du soleil de Syrie, trois kilomètres dans le:· ornières d'une chaussée poussière use, n'eût tenté personne, malgt•é la couleur locale et l'originalité de l'aventure. Et nous voilà derrière les •:hassis de nos boites, à contempler le paysage. Par-dessus les haies de nopals qui bordent la route, on ne voit qu'enclos etjardins débot"dant de végétation. Entremêlés aux lentisques et aux grenadiers, les orangers, les oliviers et les mûriers s'y pressent dans un fouillis indescriptible. Toute la gamme


5 des tons verts y éclate dans ses notes les plus gaies. Nos yeux s'en repaissent. Le parcours n'est pas long. Bientôt le tramway nous dépose au pied de la colline où la ville en ampbithéâtre, étage ses éh·oites ruelles. D'un aspect plus sévère à m(sure que l'on s'en approche, la vieille cité, hé1·issée de maisons dont chacune ressemble à une citadelle, se dresse sur notre tête. Avant q•1e d'~ pénétrer, nous faisons un détour pour rendre visite aux Filles de la Charité. Leur maison, nous dit on: n'est pas loin de là. Nous ne tardons pas à la découvrir au milieu des arbres, blanche habitation aux blanches murailles, habitation idéale, où l'on voudrait couler sa VIe dans la paix du séjour, et le charme de la nature. Des murs l'enserrent, ellA et son domaine. Une gdlle nous en ouvre l'entrée. Par des allé~s gravelées, nous traversons une vaste pelouse s~méfl d'arbres à fruits et d'arbres à fleurs. Au centre il y a une belle fontaine. La va, que en marbre blanc, porte en lettres dorées et en caractères français, l'inscription suivante : Don de son altesse Midhat-Pacha, 1879. Puis voici la maison, encadrée de verdure, le front au soleil levant, gracieuse dans son austérité. La plus cordiale hospitalité nous attendait sur son seuil. Encore ici, comme sur tout le littoral, c'était la France, sous les emblêmGs de la cha.rité qui, la première, nous souhaitait la bienvenue. Dans un voyage en Orient, rien de plus instructif et de plus in:éressact à suivre que les écoles tenues par les missionnaires et les diverses congrégations religieuses qui ont dressé leur tente sur ce sol antique. Rien de pareil aussi pour faire tomber nos préjugés légendaires à l'égard d'une race que nous avons pris l'habitude de considérer comme fort inférieure à la nôtre,

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accoutumés que nous sommes à ne voir en elle que des fnmeurs d'opium, ou des femn.es confinées dans le harem. Je le confesse haut~ment. En visitant les nombreuses classes des différents établissements d'éducation, que la charité et la religion ont fon· dés sur les rivages du Levant, j'ai toujours éprouvé pour ma part, un profond sent.iment d'humiliation mêlé à beaucoup d'envi~, à la vue de ces jeunes générations si largement dotées des dons de l'esprit, que l'étude semble n'être qu'un jeu pour elles. Soit qu'on les écoute parler le français, leur langue d'adoption, soit qu'on p1·ête l'oreille à leurs rèponses, tout ensemble si nettes et si poétiques, ou que tout simplement on contemp!e ces longues ftles de têtes intelligentes alignées d~r­ rière leurs pupitres, jeunes garçons ou jeunes filles, aux pi'Unelles veloutées, à la noble pres· tance, on s'incline et J'rm salue en eux une race élue, les descendants des patriarches. On les di· rait tous de sang royal. Pour nous guider dans la villf', les Sœurs nous donnèrent deux fillettes de dix à onze ans, leurs écolières, toutes denx indigènes. L'une parlait le français le plus pur, avec les intonations fraîches et suaves que les Ol'ientaux donnent à notre lan· gue, tandis que sa compagne, nouvelle venue à l'orphelinat. ne connaissait que l'arabe. Mais si cette demière ne pouvait pas converser avec nous, ses yeux et sa mimique tenaient lieu de paroles. Aucune expression ne pounait rendre la vivacité et l'énet·gie de ce visage enfantin, pas plus 1rue le jet lumineux de son regard Il semblait que le trop plein de son intelligence débordât par ses yeux. Je n'ai jamais vu d~ physio· nomie comparable à la sienne. Première ment, nous nous dirigeons vers la forteresse dont les créneaux se découpent sur le


1 6 ciel. Noire, haute, carrée, et de sinistre appa· rence dépaysée dans les splendeurs du ~aysa:;;e comU::e le serait un gibet dans un paradts, elle s'élève sur la hauteur à peu de dist~nce de la ville. Tout autour, le sol érllil}é, et mts. à nu par les éboulements, nous montre. ses entratlles rougeâtres et calcinées, d'où surgtt çà e_t là un bouquet d'oliviers ou quelque large figmer aux branches tortueuses. Un sentier jeté en lacet s~r la pente nous amène à la base du so~bre _édtfice. Pas vestige de remparts. On ne -yo!t Dl fossé, ni pont levis, mais des poutres. brtsees; des ronces et des cailloux, tous les stgn~s dun~ pro· fonde incurie. Des enfants groupes au pted de ces hauts murs, jouent sur un tas de décombres, Point de gardes à l'extérieur, pas mêm_e ~no seotinelle. Cela resto muet, cela ne nous dtt nen, mais cela nous regarde d'un air menaçant comme tout ce qui est de mauvais augure. Nous nous enhardissons. La curiosité nous pousse. Par u.ne porte ouverte nous pénétrons. sous une voute obscure, silAncieuse, où le br~It de_ nos ,pas retentit dans le vide et éveille l attentiOn d un de~ gardiens. Nos interprè.t~s, les ~~ux fi!~ette~ lut expliquent que nous desirons v1s1ter l1nténeur. Moyennant le backschich, la chose s'arra~ge. Il nous fait signe de le suivre. Par un esca~u~r délabré il nous conduit à travers des escaliers encore 'pt us délabrés, et des salles, .noires et . nues où le jour n'entre qu'à demi. D _etage en etage, nous arrivons à une sorte de pet1te pl~teforme en ruine, qui se projette à une hauteur ve_t·llgme~se a~ dessus du sol. Ce n'est pas sans un sentiment d effl·ot que l'on se hasarde à poser le p!ed sur un plancher disjoint et vacillant que souti_enD;ent des po~­ trelles vermoulues. Il pat·ait offm SI peu de se· curité. Mais quel coup d'œil Y Notre héroïsme s'en trouve récompensé. La contrée entière, la ville et ses miovets, le golte et la mer, la terra e\ les arbres, encadrés

dans les profondeurs lumineuses d'un horizon bleuâ.tre, se dét·oulaient en un arc immAnse, avec une intensité de couleurs, et je ne sais quoi de jeune et de frais, de serein et de triomphant, que l'ardeur du jour n'enlève point aux paysages de l'Orient. La mer au large, à peine ridée par la brise, tranchait d'une ligne d'indigo les limpidités du ciel; la tArre éclairée de rayons d'or y jetait ses milles découpures, et sous nos pieds la ville, solennelle et mystérieuse comme une ville en· dormie, achevait le tableau. Nous nous acheminons vers la ville. Bâtie en gradins, comme je l'ai dit, sa pm~ition est des plus pittoresques. Un gros torrent écumeux pres· que une rivière, la traverse en mugissant. Il saute et rebondit enLre une double ceinture d'ha· bitations et Je jarùins, inondant de sa fine poussière les jets de verdure qui s'échappent des terrasses. Le bruit et la vue de CAS eaux jaillis· santes ajoutent un singulier attrait à l'originalité du siLe. Comme toutes les villes orientales, Tripoli a ses bazars où, dans le demi-jour des longues voûtes, s'alignent les marchands. Accroupis dans leurs niches, avec une incroyable dignité d'attitude, silenmeux. impassinles, têtes d'émirs ou de palrlat·ches, barbes noires ou barbes blanches, ils évoquent dans nott·e souvenir l'image de ces grandes. figures historiques, rois de la Bible ou pt·inces de l'Orient, califes ou chefs de tribus, dont l'histoire, embellie par la légende, a charmé notre ':!Dfance. Ni offres, ni appels. Avec un suprême respect de soi, ces gens·là ne réclament pas notre attention, ils ne vous sollitiitent point. Vous passeriez ainsi des heures à erret· dans les bazars, sans qu'ils se départent jamais de leur dignité bau• taine. La plupart fumem le narghilé, d'autres étudient Je Koran , quelques uns lisent leurs journaux. Que si vous vous approchez de leur

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Trois-Torrents, le 16 mars 1886.

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étalage avec 11intention d'examiner quelque objet qui aura excité votre convoitise, calmes, respectueux, avec peu de paroles, et une patience que rien ne lasse, ils dérouleront sous vos doigts les merveilleuses étoffes lamées d'or et de satin, les tapis aux mille couleurs, les écharpes chatoyantes. Ils videront leurs coffr~8. Par poignées ils en sortiront le.:~ chapelets d'ambre et de malachite aux glands d'01·, les colliers de perles fines, les bracelets ciselés. Ils ouvriront les cassettes d'argent niellé où sont renfermées les gemmes. Ils feront défi ler sous vos yeux ébahis dA tant de richesses, les turquoises et let~ émeraudes, et vouR laisseront tat,•r et retourner vingt fois, tel ou tel brillant dont la grosseur ou l'éclat vous aura fasciné. vl·US n'achetez riflD? Pour cela ils ne vous regardent pas de travers. Sans mot dire, sans murmure, toujours dignes, ils replient leurs marchandises, ils les rangent dans leurs cofft·ets, et de nouveau un moment après, assis sur leurs nattes, ils se replongent dans leurs belles rêveries. Quelques instants ap1·ès, nous étions à la Marine. Sous le rayonn~:~ment du couchant, notre paquAbot mouillé à peu de distance, reluisait de tout l'éclat de ses cuivres. Sa masse puissante laissait tumber sa g!"ande ombre glauque et veloutée sm· la surface transparente que l'a.;stre à son déclin couvrait d'innombrables petites buées purpurines. Le temps a coulé. Six ans bientôt ont passé sur ce beau soir, mais mes impressions ont conservé toute la vivacité, tou!e la fraîcheur du premier moment. Je ferme les yeux, je retourne f:'n arrière, et ma pensée se berce avec douce émo· ti on sur les flots bleus du golfe et de la mer. Aujourd'hui encore, en écrivant ceci, il me semble y avoir trempé ma plume. MARlû***·

Monsieur le Rédacteur de l'Ecole primaire, Dans le compte-rendu de la réunion des instituteurs de Monthey-St-Maur ice, tenue à Trois-Torrents le 25 février dernier, compte-rendu que Yous avez publié dans l'Ecole prirn.aire n• 9, jo trouve cette phrase : « On a aussi critiqué amèrement les modifications apportées au catéchisme dont on regrette les anciennes éditions. )) Bien que j 'aie assisté à la conférence du commencement à la fin, je n'ai aucun souvenir d'avoir entendu ces critiques pleines d'amertume. Il y a été question du catéchisme, il est vrai, en ce sens que le cartonnage n'on est pas des meilleurs et que, à l'imitation d'autres classiques il en existe simultanément deux éditions différentes à l'école, mais il n'a pa; été dit un mot concernant les modifications apportées au texte du catéchisme. MM. les instituteurs sont trop attachés à l'Eglise et professent trop de respect pour ce qui émane de leur Chef spirituel, pour ignorer qu'il ne leur appartient pas de porter un jugement sur le contenu du catéchisme. J e tenais à donner ces explications, car la phrase citée plus haut aurait pu être comprise dans un sens tout autre ct faire supposer que MM. les instituteurs s'étaient permis, dans leur conférence, de critiquer amèrement ce qu'a fait l'Ev~que du Diocèse ct de désapprouver publiquement ce qu'il a approuvé, et cela sans provoquer aucune observation de la part des ecclésiastiques préEcœuR, curé. sents à la réunion.

Echos des confé rences. Conthey. - Le 2 mars les instituteurs de notre district se trouvaient réuni<! en confére nce à Chamoson. La séance, présidée par M. l'inspecteur Paccolat s'ouvrit à 10 heures. MM. Hopfner, directeur de l'école normale, Lamon, ins: pecteur dos écoles primaires de Sion, l'autorité ecclésiastique et civile de Chamoson, ainsi que plusieurs autres membres honoraires, avaient bion voulu par leur présence, montrer l'intérêt qu'ils por tent au progrès de nos écolos. ' Neuf instituteurs, désignés par le sort, lurent leurs compositions qui obtinrent les éloges de tous les membres honoraires. Cette lecture fut suivie d'une discussion des plus animées à laquelle prirent part : MM. Hopfner Lamon, Paccolat, Crittin, etc. ' La séance, terminée à 12 '/ 2 heures, fut suivie d'un excellent banquet. Bientôt la coupe pleine du bon vin de Chamoson, répandit la gaîté dans tous les cœurs. Toasts et chants se succédèrent avec le plus vif entraîn. ~lais l'heure du ?épart avait .sonné. Chacun songeait à regagner ses pénates, lorsqu'une plme battante vmt déconcerter la plupart des instituteurs, et les obliger à jouir de la bienveillante hospitalité qui leur était si généreusement offerte par la population de Chamoson. A. D.

BIBLIOGRAPHIE 1.:11 .T:EIV1n1 CD!I!'OYBII'

Quoique le Jeune Citoyen soit d~jà un peu connu dans notre canton nous croyons devoir attirer encore l'attention sur cette humble publication: Comme son titre l'indique, i~ est destiné aux jeunes gens de la Suisse romande, et plus particulièrement à ceux qui se préparent à leurs examens de recrues. Jusqu'ici, les promesses consignées dans son programil}e ont été fidèlement remplies.


Une partie générale traite des sujets intéressants et instructifs, se rapportant aux diverses branches de réconomie sociale. - Des sujets de lecture expliqués en vue des questions qui peuvent être adressées aux recrues. - Des sujets de composition (sujets des examens), accompagnés de directions et explications sur les lettres et autres actes usuels. - De l'arithmétique (problèmes donnés aux examens), avec problèmes expliqués et le calcul du tant pour cent. - De la géographie, de l'histoit·e, de l'instruction civique, traitées au point de vue le plus pratique possible, et résumées par des questions qui ont pour but de ·donner aux jeunes gens une idée exacte des connaissances exigées par les examens auxquels ils sont appelés. Le Jeune cito.11en forme chaque année un volume d'environ 200 pages, paraissant en 10 numéros, de novembre à mars. - La série de 18851886 sera livrée, brochée, pour le prlx de 1 fr., plus les frais d{' port, à toute personne qui en fera Ja demande à M. Payot, libraire, à Lausanne, ou à l'éditeur de l'Ecole primaire, à Sion. Disons, en terminant, que le comité airecteur, de rédaction et coHaborateurs du Jeune Citoyen est ainsi composé: L. Beausire, F. Gaillard-Ponsaz, P. Golaz, L. Pelet, C. Pelichet, A. Reitzel, E. Trolliet, P . Vitloz, tous à Lausanne, A. Matthey, à Montreux, L. Genoud, à Onnens (Fribourg), H. Gobat à Corgémout (Jura-B.), C. Thorens, à Lancy (Genève), P. Pignat, à

Sion.

IVm• AKNÉE

SION

N• 11.

15 Avril 1886.

PillAIlE REVlTE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE I,A

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION

lletite poste. - MM. L. M. à R.; F. R. à D. -Merci pour envoi du n° 9 de l'Ecole.

................................... REÇU de la librairie F.

PAYOT,

rue de Bourg, à Lausanne:

L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît le 10 et le 25 de chaque mois, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages.

Exercices d"arithmétique

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Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à une annonce ou à compte-rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE

ATELIER DE

RELIUR~~

ET

Encadrement de .,;ravures Travail soigné - Prix modérés. Ant. CABRIN, Sion, rue de Conthey.

Alleluia ! - Expositions scolaires locales et annuelles. - Culture du cœur.- L'école buissonnière.- De la récitation à. l'école primaire au point de vue intellectuel, moral et patriotique.- De l'enseignement collectif.- La gaieté à. l'école.- Pédagogie au jour le jour. - Variétés: Quelques anomalies de la langue française. - Poésie: L'envers du ciel. - Anecdotes scolaires.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrét. au Départ. de l'Instruction publique, à Sion.

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