Résonances M E N S U E L D E L’ E C O L E V A L A I S A N N E
L’école et les métiers de demain
N°2 • Octobre 2018
RÉDUIRE RÉUTILISER REMPLACER RÉPARER RECYCLER www.frappadingues.ch
www.ecole-economie.ch
Partenaires de la campagne de sensibilisation à la gestion des déchets dans les écoles UTO, Uvrier Usine de valorisation thermique des déchets
Fédération des communes valaisannes
ÉDITO
Le temps de la réflexion Pour le dossier de septembre, je m’étais plongée dans le passé, sur les traces de 30 ans d’histoire de Résonances. Avec celui de ce mois, je bascule dans le futur. Au final, j’ai l’impression d’être en total décalage temporel, avec une sensation accrue quant à l’importance de l’histoire et de la projection, tout en ressentant le besoin d’être davantage encore dans l’instant présent. Aujourd’hui, dans le monde du travail et à l’école, c’est donc déjà demain. J’adore l’idée, étant plutôt attirée par toutes les nouvelles technologies. J’imagine volontiers la rédaction de ce numéro, avec l’aide de mon assistant, le robot baptisé « Facio tutto » qui pourrait tout faire à ma place. C’est en confiance que je lui proposerais de prendre les commandes pour certaines tâches. Toutefois, j’aimerais bien conserver le plaisir des rencontres avec les enseignants et les élèves ainsi que le travail rédactionnel. Lui pourrait se charger des activités plus administratives ou en lien avec la recherche documentaire, certes intéressantes, mais souvent gourmandes en temps et parfois fastidieuses. Avec un bon coaching, je suis persuadée qu’il apprendrait vite. Par contre, pas touche à mon salaire. Même si l’argent ne joue qu’un rôle mineur dans ma motivation (facile à dire quand on a un salaire décent, je le concède volontiers), je ne suis pas prête à revenir sur mes acquis. Et c’est bien là que tout se complique. Avec mon esprit curieux, je signerais pour un partenariat sans peut-être prendre suffisamment la mesure des risques. En effet, mon employeur trouverait probablement toutes les qualités au robot qu’il n’aurait pas à payer. J’avoue que la discussion avec les élèves de l’ECCG-EPP de Sion sur les métiers de demain (cf. pp. 12-13) a modéré mon enthousiasme sans frein pour ce que je nomme peut-être un peu vite le progrès. A un moment donné, l’une des jeunes me lance : « On avance, on avance, mais pour aller où ? ». Et un autre dit : « Les adultes vont trop vite, sans prendre le temps de réfléchir, alors que c’est le monde dans lequel nous vivrons qu’ils construisent. » Oups, là l’intervieweuse se retrouve dans une posture délicate, mais fort heureusement elle n’a pas à répondre à leur questionnement et à leurs arguments percutants. Et à la fin de la discussion, je suis foudroyée lorsque l’un des élèves me remercie d’avoir pris le temps de les écouter. C’est vrai cela, pourquoi les adultes en général, les médias et les politiciens en particulier, ne demandent-ils pas davantage le point de vue des jeunes pour construire ensemble la société de demain ?
« Si nous savons ce qu’est le futur, c’est que nous ne regardons pas assez loin devant. » Tim Berners-Lee, principal inventeur du web
« La meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer. » Peter Drucker
Nadia
R ev
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
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Si le robot rédacteur d’une revue ou le robot enseignant sont déjà expérimentés (pour ce dernier, cf. revue de presse p. 44), j’ai trouvé très intéressante la réflexion des élèves quant au monde déshumanisé en préparation. Comme ils le rappellent avec tant de pertinence, on peut dire oui au progrès, mais avec mesure. Prendre le temps, oui prendre le temps d’examiner les avantages et les inconvénients et de débattre plus largement avant d’avancer ou de s’adapter. Merci pour ce sage conseil aux accents philosophiques. Trop influencée par le mouvement environnant, j’avais oublié l’évidence.
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Sommaire ÉDITO
DOSSIER
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Le temps de la réflexion
L’école et les métiers de demain
4 – 15
N. Revaz
RUBRIQUES
16 Premier échange entre l’Université de la Vallée d’Aoste et la HEP-VS - N. Revaz Rencontre du mois 18 Regards croisés de Benjamin Roduit et Mathias Reynard - N. Revaz Version courte 21 Au fil de l’actualité - Résonances Livres 22 La sélection du mois - Résonances 1001 façons d'apprendre 24 Des techniques de yoga contre le stress et pour l’attention - N. Revaz Centre ICT-VS 27 Escape Game pédagogique créé par le centre ICT-VS - E. Fauchère Langues 28 Programme international en Allemagne : une collégienne chanceuse - N. Revaz Concours 30 Concours de slam poésie au secondaire 1 - MV-SE Concours 31 Concours « Les frappadingues de Résonances » - S. Dayer et N. Revaz Mathématiques 33 Championnat international des jeux mathématiques et logiques - S. Python 32 Sciences de la nature 33 SN-SHS : un nouveau site internet pour le cycle 1 - C. Michellod Echo de la rédactrice 33 Tout va très bien - N. Revaz Des chiffres ou des nombres 34 Enumération - I. Mili Education musicale 36 L’éloge de la chanson, deuxième partie - J.-M. Delasoie et B.Oberholzer Echo 37 Echo du Colloque international de l’Ophris sur l’éducation inclusive - N. Revaz Corps et mouvement 40 Sortie imaginaire dans le Val Bergi - M. Bouverat et L. Saillen Doc. Pédagogique 42 La Documentation pédagogique à votre disposition - E. Nicollerat Recherche 43 Recherche sur l’école en Suisse autrefois - CSRE Revue de presse 44 D’un numéro à l’autre - Résonances Du côté de la HEP-VS
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INFOS
46 Infos diverses 48 Infos interview
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Christophe Darbellay et les priorités de l’année scolaire - N. Revaz Des nouvelles en bref - Résonances
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L’école et les métiers de demain Comment préparer les élèves d'aujourd'hui aux métiers de demain ? Quelles compétences clés pour l'école de demain en lien avec l'évolution des métiers ? Jusqu’à quel point l’école doit-elle s'adapter aux métiers de demain ? Et qu’est-ce qui se passe du côté de l’orientation ? Les réponses apportées sont évidemment incomplètes, d’autant plus que divers scénarios pour le futur scolaire et professionnel sont envisageables. Affaire à suivre donc.
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bel avenir pour l’école 4 Un du futur
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L’école et les métiers de demain R. Minsch
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Monde du travail de demain : regard de Daniel Cordonier, chef de l’OSPVR N. Revaz
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Regard de jeunes sur le monde de demain N. Revaz
S. Bétrisey aujourd’hui 5 Enseigner pour demain ! N. Reichenthal Quelles compétences
6 pour les métiers de demain ? F. Pellaud
et avenir 7 Ecole professionnel J.-D. Nordmann
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Grappillage thématique Résonances
former pour former 8 Se les jeunes de la société de demain C. Meier
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Un bel avenir pour l’école du futur Sébastien Bétrisey mais aussi des compétences que les robots ne possèdent pas à ce jour : la communication, la collaboration, la créativité, l’esprit critique et la flexibilité. Que faire pour y arriver ? Premièrement, former les enseignants aux nouvelles technologies car, pour se lancer, il faut oser, s’impliquer mais surtout connaître et se sentir à l’aise avec l’outil utilisé. Deuxièmement, créer les conditions-cadres adéquates. Et, enfin, montrer aux élèves que la technologie peut aussi devenir un instrument de travail qui permet à tout un chacun d’avancer selon ses besoins et son rythme.
MOTS-CLÉS : FORMATION • COMPÉTENCES Face à la numérisation, l’école doit-elle s’adapter ? Poser la question c’est, à mon sens, y répondre. En effet, afin de rester connecté à ses élèves, l’enseignant doit comprendre et entrer dans leur monde… un univers de plus en plus numérisé et « gamifié ». Il faut donc, à côté d’un enseignement traditionnel, parfois proposer aux apprenants des outils interactifs, ludiques, individualisés ou individualisables. Tout ceci afin de présenter des séquences pédagogiques variées et concrètes où le texte peut très bien côtoyer la vidéo, l’image ou une application. L’école du futur, une école sans enseignant ? Non, bien au contraire. En effet ce métier comporte plusieurs facettes et ne se limite pas à la transmission de matière (ce qu’un robot pourrait faire). Un enseignant c’est aussi, et peut-être même surtout, la capacité à être polyvalent, à s’adapter à son public, à communiquer et à faire preuve d’une certaine intelligence sociale… tout ce qu’un robot ne peut, lui, pas faire. La numérisation représente donc une extraordinaire opportunité pour repenser ses pratiques pédagogiques.
« Les élèves doivent développer la communication, la collaboration, la créativité, l’esprit critique et la flexibilité. » Et du côté des élèves ? Des études prédisent que 2/3 des enfants qui sont aujourd’hui à l’école primaire exerceront plus tard un métier qui n’existe pas encore. Que faire ? Evidemment il faut développer des savoirs
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Le monde et l’école de demain seront différents mais une certitude demeurera : se former sera toujours un pari gagnant.
L'AUTEUR Sébastien Bétrisey Responsable d’iconomix (offre de formation en économie proposée par la BNS) pour la Suisse romande et italienne Enseignant au sein de l’ECCG de Sierre (économie et PPI) sebastien.betrisey@snb.ch
Pour L E D O aller S S I E R plus E N C Iloin TAT I O N S www.iconomix.ch
LE DOSSIER EN RACCOURCI Le verbe de ta vie
Lettre à un ado « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Voilà des années qu’on te la pose cette question. Et pour celui qui te la pose, elle ne se réduit qu’à une chose : ton métier. Moi j’aurais une autre question à te poser : Quel est le verbe de ta vie ? Pas le métier, non, le verbe. » Cette lettre écrite par Sarah Roubato en janvier 2017 a été publiée aux éditions La Nage de l’Ourse. www.sarahroubato.com/lettres/lettre-a-un-ado
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DOSSIER
Enseigner aujourd’hui pour demain ! Nadine Reichenthal
t « L'éducation es us pl la l'arme puissante qu'on ur puisse utiliser po . » de on m changer le Nelson Mandela
MOTS-CLÉS : SAVOIR-FAIRE • SAVOIR ÊTRE Est-ce que nous enseignons à nos enfants les bonnes compétences pour demain ? 65 % des élèves scolarisés exerceront des métiers qui n’ont pas encore été créés car 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore selon une étude américaine1 de 2017. La manière dont on nous a appris à réfléchir, à travailler, aujourd’hui, est parfaitement adaptée à un monde qui n’existera plus demain. Pour le WEF2, l’Ecole doit apprendre à nos enfants à développer ces nouveaux savoir-faire et savoir être : 1. Pensée critique et résolution de problèmes : comment poser des questions et réfléchir par soi-même 2. Collaboration et leadership par influence : collaborer plutôt qu’accepter une autorité hiérarchique 3. Agilité et adaptabilité : réapprendre constamment afin de s’adapter à un environnement en constant changement 4. Initiative et capacité à entreprendre : inspirer à être des « faiseurs (Doers) » et des innovateurs 5. Excellente communication orale et écrite : insister sur l’importance d’une communication claire dans le monde de l’économie de la connaissance 6. Accéder et analyser les informations : faire comprendre la différence entre une information factuelle et une fausse information (Fake news) 7. Curiosité et imagination : encourager les enfants à être curieux et créatifs Les employés de demain devront être extrêmement adaptables, être de vrais intra-preneurs et apprendre des nouvelles compétences rapidement.
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Le futur de nos places de travail sera un environnement mouvant constant, présentant des nouveaux défis difficiles et permanents. Dans un monde où la digitalisation et les robots prendront une place de plus en plus grande, il est essentiel de savoir où nous voulons nous trouver. Voulons-nous commander les machines ou être commandés par elles ? Notes 1 DELL www.delltechnologies.com - https://bit.ly/2pgg8Al 2 World Economic Forum : www.weforum.org - https://bit.ly/2Otn20d
L'AUTEURE Nadine Reichenthal Chargée de cours UNIL Directrice UNIL HEC Accelerator Co-fondatrice Graines d’Entrepreneurs www.grainesentrepreneurs.ch
LE DOSSIER EN RACCOURCI RTS
Série sur les métiers de demain Alors que certains métiers sont en voie de disparition, de nouvelles formations apparaissent chaque année en Suisse. Yves-Alain Cornu et Bastien von Wyss se sont intéressés à ces nouvelles filières (spécialiste en restauration de système, technicien en opérations des marchés financiers, superviseur-coach), parfois teintées d'incertitudes. www.rts.ch - https://bit.ly/2NglXfG
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Quelles compétences pour les métiers de demain ? Francine Pellaud l’expression personnelle qui, elle-même, conditionne la confiance en soi, moteur émotionnel essentiel à tout apprentissage. De plus, tout comme l’intelligence, la créativité et la confiance en soi grandissent à travers les confrontations. Confrontations à la matière, à l’information ou aux autres, aux succès que l’on obtient. Et lorsque toutes ces confrontations se retrouvent au sein d’un même projet, le contexte n’en est que plus porteur de sens.
L'AUTEURE Francine Pellaud Un métier de demain, version d’autrefois
MOTS-CLÉS : ADAPTATION • CRÉATIVITÉ Lorsque j’étais petite, le métier d’avenir par excellence était « radio-électricien ». L’avènement de la télévision, des tourne-disques, des cassettophones et des radios de tous formats permettait d’affirmer que « cette profession ne connaîtrait jamais le chômage ». Moins de trente ans plus tard, le métier n’existait plus. Changement de technologies, baisse des coûts de production, obsolescence programmée, autant d’éléments qui ont conduit le consommateur à remplacer l’objet plutôt qu’à le réparer. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres. Alors, quelles pistes l’école devrait-elle privilégier pour permettre aux élèves d’envisager une vie active dans des métiers que nous ne connaissons pas encore, usant de technologies et de connaissances dont nous ne pouvons même pas envisager la nature ? L’objectif final étant d’arriver à une grande capacité d’adaptation et de résilience, le développement de la créativité et des compétences émotionnelles me semblent les deux moteurs susceptibles de porter au mieux les élèves vers ces horizons inconnus. Ancrée dans des approches réflexives centrées sur les multiples changements qui caractérisent notre époque, la créativité permet l’anticipation, la projection, la recherche de solutions innovantes à des problématiques complexes. Elle participe ainsi au développement de
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Professeure spécialisée HEP/PHFR Didactique des sciences, formation générale et éducation au développement durable https://blogs.letemps.ch/francine-pellaud
Pour aller plus loin Dossier préparé par Maridjo Graner. L'école qui avance L'innovation en question. Ecole, changer de cap, mai 2017. www.ecolechangerdecap.net https://bit.ly/2QCpoLJ
LE DOSSIER EN RACCOURCI Archives RTS
Les métiers du futur... en 1960 Plusieurs émissions de la Télévision suisse romande sont consacrées dans les années 1960 aux formations offertes aux jeunes. Avec à la clé une série de professions nouvelles ou promises à un bel avenir (graphiste, radioélectricien, programmeur, apprenti mécanicien, typographe, photographe, téléphoniste, crieur à la bourse). Les innovations technologiques et l'arrivée de l'informatique viendront cependant bouleverser ces métiers qui ont bien changé depuis. www.rts.ch https://bit.ly/2OncnUP
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DOSSIER
Ecole et avenir professionnel Jean-Daniel Nordmann MOTS-CLÉS : INTELLIGENCES • CULTURE Enfant, on me chantait une rengaine : « Pour avoir un bon métier, il faut bien travailler à l’école », lieu commun souvent débité en sa livrée noire de menace : l’incurie scolaire – que je pratiquais avec enthousiasme – allait limiter mes choix professionnels à une liste où ne figuraient – horreur ! – que des activités manuelles et donc subalternes. Rien d’étonnant pour l’étymologiste puisque « métier » dérive des termes latins ministerium, minister et minus. Le minister désigne à l’origine celui qui exerce une activité subalterne, par opposition au magister. Un bon métier ne serait précisément pas un métier. Par chance, de minister dérive aussi ménestrel, à la mission certes mineure mais qui peut consoler de n’être pas un magister.
« L’école doit éviter de trop se préoccuper de l’avenir professionnel de l’élève. » Aujourd’hui, le lien entre assiduité scolaire et succès professionnel ne cesse de se renforcer. De fait, on ne pense plus qu’à ça. Dans quelques articles perpétrés naguère dans Résonances, je dénonçais ce servage volontaire auquel l’école s’abandonne. Reste que – par-delà l’idéal qui voudrait que l’on conçût l’école comme un lieu de formation de l’esprit humain, de la liberté et de la gratuité – il faut bien préparer l’enfant à exercer un bon métier, le qualificatif ne valant pas absolument mais relativement aux aspirations de celui qui l’exercera.
LE DOSSIER EN RACCOURCI #futurdutravail
Série sur les réseaux sociaux Kapaw, média s’adressant aux jeunes générations sur les réseaux sociaux, explore le futur du travail dans une série (Facebook, Instagram). Dans l’épisode 5, Martin Vetterli, président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) évoque comment préparer les nouvelles générations aux jobs de demain. https://kapaw.ch https://bit.ly/2NLXKNC
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Vers des carrières polygames
Mais quelle carrière embrasser ? Quelles carrières plutôt, puisqu’il semblerait qu’en la matière, la polygamie fût désormais la norme. Et puis, il y a quantité de bons métiers d’aujourd’hui voués à disparaître à très court terme… et d’autres dont on n'a aucune idée de ce en quoi ils consisteront. On en revient donc à l’évidence : l’école est au service des intelligences, qu’elle doit former en ses fondements et nourrir d’une culture libérée des critères d’utilité, dont personne ne sait d’ailleurs définir les contours. Comme pour la santé que dégrade l’hypocondrie, c’est en évitant de trop se préoccuper de l’avenir professionnel de l’élève qu’on l’y prépare le mieux.
L'AUTEUR Jean-Daniel Nordmann Enseignant retraité - Fondateur de l’Ecole la Garanderie à Lausanne www.bratzlav.ch www.jardoulens.ch
LE DOSSIER EN RACCOURCI myOrientation
Choisir une profession en 7 étapes myOrientation est un outil permettant aux élèves d’élaborer un projet professionnel. A travers des activités, ceux-ci explorent le monde professionnel, et définissent leurs points forts et leurs intérêts. www.orientation.ch/dyn/show/61007
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Se former pour former les jeunes de la société de demain Caroline Meier aussi leur démarche dans une dimension plus étendue, sur l’acquisition de certaines compétences dont le citoyen de demain aura besoin pour vivre heureux, comme la bienveillance, l’esprit critique, la collaboration, le contact avec la nature, l’ouverture au monde et la créativité. »
MOTS-CLÉS : LIBERTÉ PÉDAGOGIQUE • FORMATION CONTINUE Est-ce que l’école, son programme d’études cadre et la formation des enseignants préparent les enfants pour faire face aux défis du monde professionnel ? Quelles sont les compétences qui seront exigées pour exercer les métiers de demain ? Et quels seront ces métiers ? A l’heure actuelle, le processus de digitalisation touche de nombreux aspects dans le monde professionnel. Comment les nouvelles technologies sont-elles intégrées dans le cursus scolaire ? De nombreux cours existent en dehors du programme (code pour les filles à l’EPFL, Introduction à la robotique, comme activité parascolaire, le programme Graine d’entrepreneurs), mais ils ne sont pas à l’heure actuelle intégrés dans le cursus. Les compétences de communication, d’autonomie, de collaboration sont reconnues comme des compétences clés dans le monde professionnel. Comment ces dernières sont-elles développées au sein de l’école ? En effet, le Plan d’études romand définit une multiplicité d’objectifs pour chaque matière. C’est aux enseignants et aux enseignantes de donner du sens et d’utiliser des méthodes pédagogiques innovantes pour permettre l’acquisition de ces compétences clés. Il y a une marge de liberté de la part des enseignants comme le souligne Emilie Veillon dans l’article « Enseigner à l’école publique autrement » paru dans Le Temps du 28 août 20181. Les enseignantes interviewées « inscrivent
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La question centrale qui se pose est celle de la formation continue des enseignants et des enseignantes. En effet, ils ont une certaine marge de manœuvre pour adapter leur manière d’enseigner et il est important de les former à des nouvelles approches en phase avec le développement des compétences qui seront nécessaires aux enfants, aux jeunes pour s’insérer dans la société de demain. Notes 1 www.letemps.ch - https://bit.ly/2Nlmb5d
L'AUTEURE Caroline Meier Directrice du Secrétariat Fédération Suisse pour la formation continue (FSEA) de Suisse romande
Pour aller plus loin www.alice.ch
LE DOSSIER EN RACCOURCI Revue de l’IFFP « skilled »
La compétence Dans le cadre des championnats suisses des métiers, l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle IFFP a consacré le numéro d’automne de sa revue « skilled » au thème de la compétence, avec notamment un article sur la centralité des compétences transversales. Avec aussi une rencontre avec Andri Rüesch, responsable Swisscom, au cours de laquelle il explique que dans 20 ans on n’apprendra plus un métier, avec un accent plus important sur la formation continue à vie. L’illustration de la couverture du numéro est de Montaine Perraudin, en 1re année de formation de graphiste à l’Ecole cantonale d'art du Valais, Sierre. www.iffp.swiss/skilled
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DOSSIER
L'école et les métiers de demain Rudolf Minsch
MOTS-CLÉS : BASES • CONNAISSANCES INFORMATIQUES • APPRENDRE TOUT AU LONG DE LA VIE Les progrès technologiques bouleversent le monde du travail. Personne ne sait quels métiers les écoliers d’aujourd’hui exerceront un jour. Dès lors, quelles compétences l’école doit-elle promouvoir ? Numérisation oblige, toujours plus de métiers nécessitent des connaissances en informatique. Aussi est-il juste que chaque écolier se frotte à la programmation dès le primaire. L’objectif n’est pas que les écoliers maîtrisent un langage de programmation, mais qu’ils comprennent le fonctionnement de processus numériques : comment automatise-t-on des processus avec des algorithmes ? Comment est-il possible de piloter un robot Lego grâce à l’informatique ? Mais, attention ! Se focaliser sur des connaissances informatiques pures est un peu court. Des bribes de programmation ne permettront pas aux jeunes d’affronter l’avenir. Il est bien plus important qu’ils acquièrent trois choses. Premièrement, des bases solides en mathématiques et dans la première langue. Des connaissances suffisantes dans ces deux matières sont nécessaires pour pouvoir continuer d’apprendre tout au long de la vie. Les écoles ne doivent pas faire de compromis et on ne saurait admettre que 20% des jeunes n’acquièrent pas des compétences suffisantes pour leur permettre de choisir leur propre vie.
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
Deuxièmement, dans un monde qui se numérise, les compétences sociales gagnent en importance. Elles nous distinguent des aides numériques. Des compétences sociales élevées sont en outre indispensables pour un travail en équipe fructueux. Troisièmement, la main-d’œuvre spécialisée de demain doit être capable de résoudre des problèmes complexes. Pour cela, elle doit penser de manière autonome, critique et créative. Driller les jeunes comme cela se fait peut-être encore en Asie est certainement une erreur. Au-delà de toutes les discussions sur la numérisation, les langues étrangères et les méthodes pédagogiques, veillons à ce que l’école ne néglige pas l’essentiel.
L'AUTEUR Rudolf Minsch Responsable Economie générale et Formation, chef économiste à Economiesuisse Responsable suppléant de la direction
Pour aller plus loin Dossier « Numérisation : défis et opportunités pour l’école » https://economiesuisse.ch https://bit.ly/2OBqfL6
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Monde du travail de demain : regard de Daniel Cordonier, chef de l’OSPVR et de micro-entreprises est par ailleurs en constante augmentation. Il en va de même pour les slasheurs, qui cumulent plusieurs activités, pas forcément pour des raisons financières mais plutôt par goût de pratiquer des métiers différents. Parfois, ces activités n’ont strictement rien à voir entre elles, ce qui pose aussi question au niveau de l’orientation. Le profil de celui qui choisit d’être psychologue et artisan sur cuir illustre bien cette plus grande diversité des intérêts professionnels.
MOTS-CLÉS : ORIENTATION • TRAVAIL • DOMAINES • COMPÉTENCES Daniel Cordonier, directeur de l’Office d’orientation scolaire et professionnelle du Valais romand (OSPVR), livre son regard sur l’évolution des métiers, élargissant la discussion aux nouveaux rapports au travail.
INTERVIEW L’orientation est au carrefour de l’école et des professions. Les nouveaux métiers sont-ils dès lors au cœur de la réflexion de l’orientation scolaire et professionnelle ? Je constate que dans la réflexion sur les métiers de demain, on a tendance à se focaliser sur l’émergence des nouvelles professions ou la disparition des anciennes. Mais il n’y a pas que les métiers qui changent, le rapport au travail va également subir de profondes mutations. Et cela, on a tendance à l’oublier. Les attentes face au travail, en termes de valeur et de sens, ne sont déjà plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. Les études sociologiques menées sur les générations Y et Z montrent que l’importance accordée à la dimension relationnelle est plus grande qu’autrefois. Le nombre d’auto-entrepreneurs
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Dans les milieux économiques, on lit régulièrement qu’un nombre important de métiers n’existera plus demain. L’orientation n’est-elle donc pas préoccupée par les évolutions de métiers liés à la digitalisation ? Avec cette constellation de changements, la centration sur les métiers est moins fondamentale. De fait, il y a déjà toute une série de métiers pour lesquels on peut se former qui n’existaient pas il y a dix ans. Sous l’angle de l’orientation, cela ne nous préoccupe donc pas particulièrement, sachant qu’il faut du temps pour qu’une activité ou une fonction émergente devienne une profession officielle, avec une voie de formation et des examens reconnus, ce qui donne la marge nécessaire à l’orientation pour le connaître et adapter son information. Un métier, c’est comme une personne, ça naît, ça vit et ça meurt, mais il y a une certaine durée entre la naissance et l’âge adulte. L’économie donne régulièrement des indications sur des secteurs à repourvoir. Est-ce à dire que vous êtes plus nuancé sur ces besoins, estimant cette boussole imprécise ? L’orientation est toujours réticente à propos des prévisions, car par le passé on a pu expérimenter la complexité de la réalité, avec des professions pouvant passer rapidement de la pénurie à la pléthore ou l’inverse. Au niveau macro-économique, on peut toutefois dire, sans prendre beaucoup de risque pour un horizon d’une dizaine d’années, qu’il y aura de nombreux débouchés dans tout ce qui est du domaine de la santé, de l’aide aux personnes âgées et des MINT (NDLR : (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques). Ressentez-vous une part d’inquiétude croissante chez des parents et des jeunes et si oui, cela intensifie-t-il
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
DOSSIER le rôle d’accompagnant des psychologues-conseillers en orientation ? L’orientation est précisément là pour accompagner les adultes et les jeunes, en les aidant à affronter cette incertitude qu’ils ressentent à propos de l’avenir professionnel. C’est à nous de les guider pour leur faire comprendre que l’important c’est de choisir un premier métier pour avoir une place dans le système de formation, car le diplôme, quel qu’il soit, ouvre vers des passerelles pour se recycler, progresser dans la même profession, ou aller vers un domaine d’activité différent.
«Il n’y a pas que les métiers qui changent, le rapport au travail va également subir de profondes mutations.» Il semble, si j’en crois les différents jeunes rencontrés dans le cadre de Résonances, que certains élèves se sentent trop jeunes au moment de choisir entre études et apprentissage. Partagez-vous ce constat ? Oui, pour une partie d’entre eux. Quelques-uns manquent simplement d’informations, certains ont de la peine à faire le deuil de leur rêve professionnel, d’autres ont peur d’entrer dans le monde des adultes. C’est là que notre formation de psychologues est essentielle pour les accompagner et identifier les motifs de leurs craintes. Faudrait-il réfléchir davantage en termes de domaines plutôt que de métiers, à l’école et pour l’orientation des adultes ? Dès la 1re année du CO, l’orientation va dans cette direction. En alternance avec le Salon Your Challenge, une année sur deux, les élèves ont dans chaque cycle d’orientation une Journée des métiers, dont le nom est plutôt mal choisi puisque cette manifestation met l’accent non pas sur les métiers, mais sur les principaux domaines qui forment l’univers des professions. L’idée est que chaque élève puisse explorer l’ensemble des domaines. En 2019, le concept de cette Journée sera revisité.
Pour ce qui est des adultes, nous figurons parmi les pionniers au niveau de l’identification et de la valorisation des compétences transférables. Nous nous basons sur le référentiel genevois des compétences clés réparties en six domaines (NDLR : 1. Travailler en équipe 2. Encadrer 3. Communiquer 4. Traiter l’information 5. Organiser 6. Résoudre des problèmes). Ces compétences ne sont jamais attestées, alors qu’elles sont très importantes pour la réussite professionnelle. En Valais, nous fournissons des attestations officielles de ces compétences, après les avoir évaluées, en nous référant au règlement valaisan sur la reconnaissance institutionnelle et la validation des acquis. Pour revenir aux robots qui pourraient remplacer les humains dans certaines tâches, est-ce que les professions de l’orientation pourraient être concernées ? Les gens pensent que les seuls métiers menacés par la digitalisation sont ceux qui exigent peu de formation, ce qui est absolument faux, puisque les radiologues ou les juristes pourraient être très rapidement concernés. Et évidemment l’orientation pourrait l’être aussi, en particulier au niveau de la partie informative, que l’on peut imaginer immersive, via une découverte avec des lunettes 3D par exemple. Cela nous donnera des outils plus pointus, mais ce qui ne pourra pas être robotisé, du moins dans un avenir proche, c’est tout ce travail d’accompagnement pour analyser les motivations ou gérer les incertitudes. Pour se préparer à cet avenir, où le robot aura toujours plus d’importance, l’humain doit développer des compétences sociales plutôt que d’essayer de le concurrencer. Propos recueillis par Nadia Revaz
Sites de l’orientation www.vs.ch/orientation www.orientation.ch
Tâches effectuées : adultes versus ordinateurs en 2016 et en 2026
100%
80%
Part des tâches évaluées dans le cadre du programme PIAAC qui pourraient être effectuées par des ordinateurs selon le niveau d’exigences
60%
40%
20% 2016 2026
0 Niveau 1
Niveau 2
Niveau 3
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Niveau 4-5
En se basant sur les tâches du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC), des spécialistes en informatique (voir Elliott, 2017) ont identifié les tâches, parmi celles proposées à des adultes lors d’un test, qui pourraient être effectuées par un ordinateur à l’heure actuelle et en 2026. © Rapport suisse sur l’éducation en Suisse, 2018
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Regard de jeunes sur le monde de demain envisage de suivre l’Ecole de commerce dans un premier temps, et Shaban souhaiterait devenir carrossier. Ils ne sont pas certains de leur choix, se laissant la possibilité d’avoir d’autres projets. Reste qu’un premier constat s’impose : tous ont pour le moment une idée assez classique des métiers qu’ils exerceront. Et s’ils étaient obligés d’opter pour un métier qui n’existe pas encore, que choisiraient-ils ? Ils se verraient alors policier sur internet, pilote de machines autonomes qu’il faut contrôler à distance, juge pour robots ou conseiller en orientation s’aidant d’algorithmes pour aider les jeunes à trouver leur voie. Mais ce serait un choix sans conviction.
Muhamed, Shaban, Arnes, Marine, Martin et Rafaela
MOTS-CLÉS : PROJETS • VISIONS Comment les jeunes imaginent-ils leur avenir professionnel ? De quelle manière se représentent-ils le monde du travail d’aujourd’hui et celui de demain ? A leurs yeux, dans quelle mesure l’école doit-elle s’adapter pour former aux métiers de demain ? Et quelles évolutions envisageraient-ils pour une orientation encore plus efficace ? Nous avons rencontré des jeunes à l’ECCG-EPP de Sion, d’âges et de filières différentes, pour une discussion très intéressante. Il va de soi que l’avis de six élèves n’est pas représentatif, mais leurs arguments enrichissent assurément la réflexion. Martin et Marine sont à l’Ecole de culture générale, en 3e année, Arnes et Muhamed en 2e année d’Ecole de commerce, tandis que Rafaela et Shaban suivent l’année d’EPP (école préprofessionnelle). Martin n’a pas encore de projet défini pour son avenir, hésitant entre plusieurs domaines, Marine se voit en physio, Arnes se projette en coach sportif, Muhamed pense faire du droit et exercer le métier de juge, Rafaela
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Le monde du travail d’aujourd’hui ne leur fait guère envie, sauf à l’un d’entre eux qui se réjouit de quitter bientôt l’école. En écoutant les adultes, ils se disent qu’il y a dans l’univers professionnel plus de responsabilités et de stress qu’en classe et que par ailleurs ça a l’air nettement moins drôle.
LE FUTUR DU TRAVAIL… Interrogés sur leurs valeurs pour leur future vie professionnelle, ils mettent en avant l’importance du plaisir d’exercer l’activité choisie et le relationnel, l’aspect financier ne venant qu’en 3e position. Naturellement si le salaire est très élevé (chiffre articulé : 100'000 francs par mois), ils sont prêts à reconsidérer la question, mais la qualité de vie est primordiale de leur point de vue. Ils ne se voient pas jongler avec plusieurs activités en parallèle, espérant néanmoins pouvoir conserver une place pour un hobby. Dans leur imaginaire, le monde du travail évoluera assurément avec les nouvelles technologies. Ils sont toutefois plutôt inquiets de voir le travail humain remplacé par des robots, craignant une augmentation du chômage. Pour Martin, « comme le robot n’a pas de sentiments, il serait inconscient de lui confier certaines tâches». Pour quelques activités répétitives ou dangereuses, ils sont néanmoins favorables à une délégation des compétences, n’approuvant pas pour autant « la concurrence salariale déloyale ». Pour Muhamed, « les robots ne remplaceront pas
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DOSSIER tous les métiers», citant l’exemple des juges. « Moi je n’irais pas chez un robot médecin, mais pour faire les courses, cela n’est pas dérangeant de passer par une caisse automatique », commente Arnes. « Même si les robots ont une intelligence programmée, nous ne sommes pas en concurrence, car nous avons des compétences différentes des leurs que nous devrons développer davantage encore à l’avenir, de manière à vivre en harmonie », estime Marine. Rafaela pense que les « robots ne remplaceront que partiellement les humains et seulement dans certains secteurs. » Quant à Shaban, il lance : « Imaginez la tristesse d’un patron entouré exclusivement de robots ! ». Si les jeunes notent qu’aujourd’hui il y a toujours un humain derrière chaque robot, selon eux il ne faudrait pas aller trop loin si l’on veut éviter les dérapages. Comment expliquent-ils qu’ils soient moins enthousiastes que certains adultes par rapport aux avancées technologiques ? L’un d’eux rappelle que ce sont eux, les jeunes, qui vivront dans un environnement qu’ils aimeraient que les précédentes générations ne déshumanisent pas trop.
« Rien à faire, ils préfèrent le contact humain à celui des machines. » ET L’ÉCOLE DU FUTUR... Face à cette robotisation, l’école obligatoire doit-elle évoluer, en mettant par exemple le codage ou la logique de la machine au programme ? Si ce sont des adaptations à éventuellement envisager, ce ne sont clairement pas celles qu'ils proposeraient en priorité. « Le codage fait déjà partie de la formation des automaticiens ou des électroniciens, mais avant je ne vois pas trop l’intérêt pour l’ensemble des élèves », analyse Martin. Et d’ajouter : « L’école obligatoire ferait mieux d’intégrer des cours pour apprendre à gérer son argent, à remplir sa déclaration d’impôts et à comprendre les enjeux des votations. » Tous sont d’accord pour que l’école renforce cette dimension liée à la vie quotidienne et citoyenne dans les programmes au CO. Voudraient-ils davantage utiliser l’ordinateur ou la tablette en classe ? La réponse est majoritairement négative, et plusieurs s’estiment déjà beaucoup trop connectés. Pour Marine, « l’école doit privilégier le contact humain, car c’est une force que n’auront pas les robots. » « L’école doit faire attention à ne pas nous rendre encore plus antisociaux », relève Muhammed. Supprimeraient-ils quelque chose au programme dans la scolarité de demain ? Spontanément, ils lancent un débat entre partisans et opposants au maintien des cours d'histoire. Au final, il semble qu’il y ait consensus pour conserver l’histoire, en y consacrant une part plus importante à l’analyse des événements de l’actualité.
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Apprécieraient-ils d’avoir un robot enseignant ? S’ils sont d’avis que le scénario est possible, ils trouvent que les adultes face à eux leur partagent bien d’autres choses que seulement les savoirs au programme. Ils se disent qu’avec le robot les cours seraient « tout carrés » et nettement « moins souriants », parce qu’il manquerait la touche d’humour qui les aide à apprendre. Rien à faire, ils préfèrent le contact humain à celui des machines. Les six jeunes interviewés sont d’avis que l’école, dans le cadre des cours de projets personnels, a raison de vouloir d’abord les orienter par domaines, avant de choisir un plan A et un plan B au niveau des métiers possibles. Par contre, ils n’approuvent pas le fait de devoir déjà choisir en partie leur voie au CO, trouvant que c’est trop tôt. Ils ont fait d’un à plusieurs stages, mais leur piste consisterait à exiger des jeunes qu’ils en effectuent un dans chacun des six grands domaines professionnels, car découvrir avant de choisir leur semble primordial. Certains regrettent qu’on ne les ait pas obligés au CO à faire des stages, car aujourd’hui ils se disent qu’ils seraient moins incertains dans leurs choix. Arnes va jusqu’à proposer plusieurs stages dans un même domaine dans différentes entreprises, considérant que l’ambiance peut donner une fausse image de la profession. Une proposition qui ne fait toutefois pas l’unanimité, et pour la majorité il faut veiller au bon équilibre entre théorie et pratique. Shaban tiendrait compte des intérêts des jeunes, sachant que certains sont par exemple plus attirés par un domaine en particulier. Pour sa part, Rafaela estime qu’il devrait déjà être au moins possible de faire davantage de stages au CO pour ceux qui le souhaitent. Arnes, Marine, Martin, Muhamed, Rafaela et Shaban considèrent que les domaines devraient être davantage présentés en classe, soit via des vidéos, soit en invitant des professionnels, ce qui est rarissime d’après leurs expériences respectives. Trois jeunes initieraient cela dès le primaire, sans aborder les voies de formation et les débouchés, et les trois autres attendraient le début du CO. Si le Salon Your Challenge et la Journée des métiers s’avèrent très utiles, c’est à leur avis insuffisant pour se faire une idée d’un domaine ou d’un métier. Même s’ils savent qu’eux seuls choisiront leur métier au final, ils sont d’avis que tous les élèves devraient avoir au moins une discussion avec le conseiller ou la conseillère en orientation, se jugeant soit trop « flemmards » pour fixer un rendez-vous ou n’ayant pas conscience de la rapidité avec laquelle le temps passe entre le début et la fin du CO. Bref, de leur point de vue, il y a une certitude, à savoir la nécessité de tisser davantage de liens entre l’école et le monde du travail. Propos recueillis par Nadia Revaz
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Grappillage thématique u Apprendre à décoder le monde « Sur le plan scolaire, n’oubliez jamais les humanités. Aucun technicien ne résistera à la croissance exponentielle des automates et de l’intelligence artificielle. Apprendre à coder n’est pas inutile, mais n’oubliez pas que bientôt le code sera écrit par des algorithmes : pisser du code n’est pas un métier d’avenir. Il faut apprendre à décoder le monde plus qu’à coder des programmes informatiques. Vous êtes déjà des encyclopédies technologiques, tentez de devenir des « honnêtes hommes ». Laurent Alexandre in La guerre des intelligences – Comment l’intelligence artificielle va révolutionner l’éducation (Jean-Claude Lattès, 2017)
u La puissance de nos cerveaux « Les succès récents de l'intelligence artificielle peuvent laisser croire que nous avons enfin compris comment imiter l'apprentissage et l'intelligence de l'espèce humaine dans des machines – au point que, selon certains prophètes autoproclamés, les machines seraient sur le point de nous dépasser. Rien n'est plus faux. En fait, la plupart des chercheurs en sciences cognitives, même s'ils admirent les progrès récents des réseaux de neurones artificiels, savent très bien que ces machines demeurent limitées. » Stanislas Dehaene in Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines (Odile Jacob, 2018)
u Vers une humanité plus humaine « Le numérique est une technologie exponentielle. Il aura un impact beaucoup plus important que l'imprimerie n'en a jamais eu. Cela nous place face à des enjeux scientifiques, sociaux, éthiques et politiques qui sont, à mon humble avis, sans précédent. On peut bien sûr se contenter d'espérer que plus les machines sauront effectuer des tâches répétitives et déshumanisantes, plus l'humain pourra consacrer
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du temps à " être humain " – à développer ses potentiels de créativité, d'empathie, de compréhension de soi, de compréhension des autres, à chercher ce qui fait le sens et le sel de la vie, à prendre soin de soi, des autres et de la planète ... C'est le scénario relativement optimiste auquel on peut aspirer. Mais il n'a rien de certain. D'autres scénarios plus sombres, dont se repaît Hollywood, ne sont pas moins crédibles : prise de contrôle par les machines, esclavagisation voire éradication de l'humain... Enfin, la question de la réécriture de notre propre génome et donc du statut même de l'espèce humaine est aujourd'hui posée. » François Taddei, avec Emmanuel Davidenkoff in Apprendre au XXIe siècle (Calmann Lévy, 2018). L'auteur présente son livre : https://youtu.be/BhunNczVNaA
u Vers des carrières plus longues ? « Aujourd'hui, on est censé faire l'apprentissage de son métier dans l'adolescence ou au début de l'âge adulte, puis passer le reste de sa vie dans le même secteur. De toute évidence, on apprend encore dans la quarantaine ou la cinquantaine, mais la vie est généralement divisée en une période d'apprentissage suivie d'une période de travail. Quand vous vivrez jusqu'à cent cinquante ans, il n'en ira plus ainsi, surtout dans un monde constamment ébranlé par de nouvelles technologies. Les gens auront des carrières beaucoup plus longues et devront se réinventer sans cesse, fût-ce à quatre-vingt-dix ans. » Yuval Noah Harari in Homo deus - Une brève histoire du futur (Albin Michel, 2017)
u Une version des métiers du futur « Demain ... Des artibioteurs fabriqueront des objets organiques. Des aspironauticiens élimineront Les déchets en orbite. Des bonhteurs mettront en place des dispositifs pour augmenter Le bien-être dans L'entreprise. Des clapotiseurs diminueront La cacophonie informationnelle causée par Le numérique. Des datacorpeurs exploiteront Les données corporelles. Les donatistes uti-
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DOSSIER liseront des drones pour faire des reportages. Des énergohommes installeront des systèmes de récupération de L'énergie humaine. Des euthanologues assureront La gestion des demandes d'euthanasie. Des fabriquanteurs favoriseront La démocratisation des imprimantes 3D. Des légisboteurs seront spécialisés en droit des robots. Des monnétariens géreront Les monnaies complémentaires. Des prédicticiens utiliseront Les algorithmes pour prévoir des événements. » Anne-Caroline Paucot in Dico des métiers de demain : 100 métiers du futur (Les Propulseurs, 2015)
u Des hommes de trop « Partout des robots obéissant à des ordinateurs prennent la place des hommes. Ils ne tombent guère malades, ils ne sont pas syndiqués, ils n'ont pas d'état d'âme ; la lutte est inégale. Dans une société menée par la compétition, la machine remplace l'homme, et l'homme n'a plus d'utilité. Il n'est même plus nécessaire d'exploiter les travailleurs ; il suffit de se passer d'eux. A l'exploitation a succédé l'exclusion. Comment imaginer que des sociétés puissent rester paisibles quand une foule d'hommes et de femmes s'entendent dire qu'ils sont de trop ? Avec la définition de l'homme que nous avons adoptée, chacun devient lui-même au foyer du regard des autres : pour faire un homme, il faut des hommes. Aucun ne peut donc être de trop, toute élimination de l'un est une déperdition pour tous. » Albert Jacquard in J'accuse l'économie triomphante (Livre de poche, 2000)
u A propos des bullshit jobs « En 1930, John Maynard Keynes prédisait que, d’ici à la fin du siècle, les technologies auraient fait suffisamment de progrès pour que des pays comme la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis puissent instaurer une semaine de travail de quinze heures. Tout laisse à penser qu’il avait raison. Sur le plan technologique, nous en sommes parfaitement capables. Pourtant, cela ne s’est pas produit. Au contraire, la technologie a été mobilisée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Dans ce but, des emplois effectivement inutiles ont dû être créés. Des populations entières, en Europe et en Amérique du Nord particulièrement, passent toute leur vie professionnelle
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à effectuer des tâches dont elles pensent secrètement qu’elles n’ont pas vraiment lieu d’être. Cette situation provoque des dégâts moraux et spirituels profonds. C’est une cicatrice qui balafre notre âme collective. Et pourtant, presque personne n’en parle. » David Graeber in Bullshit Jobs (Les liens qui libèrent, 2018)
u Un métier présenté dans la Revue Panorama, sous la rubrique Trait d’humour Siffleur professionnel, siffleuse professionnelle HES « Popularisé grâce aux westerns spaghettis de Sergio Leone, puis longtemps mis en sourdine, le métier de siffleur.euse professionnel.le retrouve aujourd’hui un second souffle dans le contexte de l’incivilité rampante qui mine notre société. Dispensée en emploi – car il n’y a rien de mieux que de siffler en travaillant ! – la formation de siffleur.euse professionnel.le est enseignée au niveau master, à la Haute école de musique de Champvent (VD). Elle se décline en deux orientations : avec ou sans sifflet. Elle s’adresse aux musiciens professionnels ainsi qu’aux personnes en reconversion, notamment les arbitres, les agents de train, les ornithologues, les gendarmes ou encore les maîtres nageurs. […] » Panorama 4/2018 www.panorama.ch
Une idée de lecture… u Métiers
de demain
Parmi les 50 métiers de demain présentés dans le livre de Martin Rhodes, en voici quelques-uns : bio-informaticien, chef de projet e-CRM, consultant en tourisme durable, data scientist, fundraiser, growth hacker, ingénieur en cloud computing, ingénieur en robotique, risk manager... Martin Rhodes in Les métiers de demain – Serons-nous tous remplacés par des robots ! (Editions de l’Etudiant, 2018)
Pour aller plus loin Pearltree Résonances en lien avec le dossier du mois www.pearltrees.com > L’école et les métiers de demain https://bit.ly/2OrKnj6
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> DU CÔTÉ DE LA HEP-VS
Premier échange entre l’Université de la Vallée d’Aoste et la HEP-VS
Federica, Emilie, Saranda, Sandra Schneider, Ulysse, Hiba, Olivier et Audrey
MOTS-CLÉS : CULTURE • LANGUE En février dernier, un Accord général de coopération et d’échange a été signé entre l’Assessorat de l’Education et de la Culture de la Région autonome de la Vallée d’Aoste, l’Université de la Vallée d’Aoste, le Département de l’économie et de la formation du Canton du Valais et la HEP-VS. C’est dans ce cadre qu’un premier stage d'une semaine a été mis sur pied. Deux étudiantes italiennes, Emilie et Federica, ont participé à deux journées « Culture et Langue ». Les deux stagiaires poursuivront la semaine, en expérimentant trois jours en classe à Fully. Nous avons rencontré Emilie et Federica, après les deux premières journées d’immersion valaisanne, en compagnie d’un petit groupe
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d’étudiants de la HEP-VS (Audrey, Hiba, Olivier, Saranda et Ulysse) et de Sandra Schneider, en charge de la mobilité à la HEP-VS, mais également responsable du Bureau des Echanges Linguistiques (BEL) depuis le 1er septembre dernier. A l’Université de la Vallée d’Aoste, région officiellement bilingue italien/ français, un stage d’une semaine dans une région francophone est obligatoire pour la formation d’enseignants et la plupart choisissent d’aller en France ou en Suisse en raison de la proximité géographique. Cette nouvelle convention de partenariat va assurément contribuer à enrichir la palette des échanges possibles pour la Haute Ecole pédagogique valaisanne. Dans le cadre du cours « Culture et Langue », ils sont 25 de la HEP-VS de St-Maurice en partance pour Brigue,
afin d’y effectuer leur 3e semestre. Des étudiants de la HEP-VS Brigue ainsi que deux jeunes de Zurich viennent en échange durant cette même période dans la cité agaunoise. Et tout ce monde est réuni lors de cette phase de préparation, ce qui contribue « à enrichir le brassage multiculturel », ainsi que le relève Sandra Schneider. C’était idéal d’intégrer les deux Valdôtaines lors de ces deux premières journées autour de la culture et de la langue (deux autres journées sont prévues pendant le semestre), puisque tous devaient ainsi se préparer à leur échange dans une deuxième langue, d’un semestre à la HEP-VS à Brigue ou de trois jours à Fully. Ainsi que l’explique l’une des étudiantes de la HEP-VS, « ce cours leur permet de découvrir les stratégies pour que l’échange se déroule
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RUBRIQUES coup plu. Par contre, à la différence des étudiants de la HEP-VS, elles sont déjà enseignantes. Emilie, diplômée en biologie, et Federica, diplômée du Conservatoire, travaillent l’une au collège et l’autre au lycée, et se forment à l’Université le soir. Le long parcours, jalonné de concours, pour avoir un poste fixe, avec à la clé un salaire nettement moins attractif qu’en Valais, ne les décourage pas, même si elles aimeraient bien avoir des conditions de travail plus agréables. Le parcours des Valdôtaines impressionne les étudiants de la HEP-VS et leur permet de prendre conscience de leur chance de pouvoir espérer décrocher un job à la sortie de leur formation. Federica et Emilie découvrent la HEP-VS, version jardin.
au mieux, via diverses activités ». Et l’un des étudiants d’ajouter : « On s’entraîne à vivre notre semestre à Brigue via des mises en situation, en développant des stratégies de communication. »
DÉCOUVERTE D’UNE RÉGION ET D’UNE ÉCOLE Même si la Vallée d’Aoste est à deux pas du Valais, les deux Italiennes avouent qu’elles ignoraient tout de cette région, jusqu’à son nom, ce qui a de quoi étonner sachant que les Valaisans connaissent Aoste. Leur méconnaissance a permis aux « locaux » de mieux définir ce que représentait le Valais pour eux. Grâce à l’immersion à la HEP-VS, mais aussi dans la famille qui les accueille à Fully, Emilie et Federica soulignent qu’elles sont en train de découvrir de nombreuses similitudes entre le Valais et la Vallée d’Aoste. Par rapport aux stéréotypes qu’elles avaient de la Suisse, elles sont surprises positivement. Les deux Valdôtaines observent quelques différences entre la manière de former à l’enseignement à la HEP-VS et à l’Université de la Vallée d’Aoste. « Habituée aux leçons frontales, je suis frappée par la possibilité de penser et de réfléchir offerte ici et je trouve cela très intéressant », observe Emilie, n’étant pas habituée
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à la démarche de la pratique réflexive dans sa formation. Federica trouve qu’à la HEP-VS, « la préparation pour les stages est complète et très pratique », ayant été étonnée par les mises en situation et le dossier distribué contenant toute une série de phrases écrites dans les deux langues pour les étudiants du Haut-Valais et du Valais romand (Sandra Schneider ajoutera probablement la version italienne). Leur plus grande difficulté lors de ces premières journées aura été la langue de Goethe, sachant que le cours « Culture et langue » est donné pour partie en français et pour partie en allemand. Emilie regrette par ailleurs ne pas parvenir à s’exprimer en français comme elle le souhaiterait. Les étudiants de St-Maurice et d’Aoste ont toutefois un point commun, à savoir l’envie d’enseigner. Federica a envisagé ce métier, parce qu’elle a vécu des expériences négatives avec des enseignants dans son parcours et qu’elle espère donc pouvoir apporter une autre manière de faire, afin de davantage intéresser les élèves. Etudiante, elle donnait des cours de musique, ce qui l’a confortée dans son choix d’orientation professionnelle. Quant à Emilie, elle a commencé des remplacements il y a quatre ans et cela lui a beau-
La richesse de cet échange donne déjà des envies d’Italie à certains des étudiants de la HEP-VS, notamment à Ulysse. Une étudiante de St-Maurice ira prochainement en stage au 5e semestre dans la Vallée d’Aoste. A suivre. Propos recueillis par Nadia Revaz www.hepvs.ch www.univda.it
EN RACCOURCI Matériel pédagogique
Changements climatiques et droits de l’enfant L'Institut international des droits de l'enfant (IDE) met à disposition du matériel pédagogique gratuit sur ce thème. Les activités proposées pour les 3 cycles de la scolarité obligatoire sur 2 à 3 périodes permettent aux enfants de participer à la recherche de solutions face aux changements climatiques, grâce aux droits participatifs que la CDE leur octroie. A télécharger : www.childsrights.org A commander : www.education21.ch https://bit.ly/2MLokSz https://bit.ly/2QGaELT
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> RENCONTRE DU MOIS
Regards croisés de Mathias Reynard et Benjamin Roduit Mathias Reynard : Avant le collège, j’avais envisagé de faire un apprentissage de paysagiste. Pendant le collège, j’ai un instant songé à abandonner pour suivre une formation de vigneron-encaveur, tiraillé entre mon attachement à la terre et mon goût pour les études. C’est Daniel Imholz, mon prof de français et d’histoire, qui m’a influencé dans mon choix. J’aimais les branches qu’il enseignait, mais avec lui je les adorais. Après le collège aux Creusets, partir à l’université pour étudier le français et l’histoire était une évidence. Ayant effectué avec bonheur des remplacements au secondaire I et II, j’ai opté pour le métier d’enseignant.
De gauche à droite sur la photo : Benjamin Roduit et Mathias Reynard, tous deux enseignants et parlementaires fédéraux
MOTS-CLÉS : ÉCOLE • POLITIQUE • ENSEIGNANTS • CONSEILLERS NATIONAUX
Mathias Reynard et Benjamin Roduit sont tous deux enseignants et conseillers nationaux. Tous deux ont étudié le français et l’histoire à l’université. Tous deux enseignent au secondaire. Tous deux sont impliqués dans l’engagement associatif. Si leurs couleurs politiques ne sont pas les mêmes, ils ne sont de loin pas opposés sur tous les sujets. Tous deux défendent une école humaniste, avec des valeurs communes, mais évidemment aussi avec des nuances.
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INTERVIEW Qu’est-ce qui vous a motivé à suivre des études de Lettres et à choisir la voie de l’enseignement ? Benjamin Roduit : Je me suis toujours imaginé exercer ce métier. En 4P, je m’identifiais à mon enseignant qui par la suite est devenu inspecteur. Cela a été un premier jalon. Après l’Ecole normale, j’ai eu une place d’enseignant pour une année. Ensuite, sans poste fixe, j’ai décidé de prolonger ma formation en allant à la faculté des Lettres, après avoir hésité la veille de mon immatriculation avec celle des Sciences, car tout m’intéressait. Dans mon parcours professionnel, j’ai enseigné avec le même enthousiasme au primaire, au cycle d’orientation et au collège.
A quel moment avez-vous eu la fibre politique ? Mathias Reynard : En 1re année du collège. C’est en discutant avec mon ami Sébastien Wüthrich, qui avait des idées à l’opposé des miennes sur bien des sujets, que j’ai vu naître mon intérêt pour la politique. Avec lui, j’ai appris à débattre, tout en respectant le point de vue de l’autre. Benjamin Roduit : Il y a de nombreux points communs entre l’enseignement et la politique, car pour ces domaines, il faut apprécier la rencontre avec les autres et l’échange des idées. Pour ma part, j’ai commencé la politique sur le plan local, au niveau communal. Enseignant et conseiller national, est-ce un bon équilibre ? Mathias Reynard : Je trouve que c’est idéal pour garder les pieds sur terre. La spontanéité de mes élèves me fait du bien.
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RUBRIQUES Benjamin Roduit : Les réactions des étudiants sont souvent stimulantes. Face à eux, on doit parfois remettre en question ses propres fondamentaux. Avec votre double casquette d’enseignant et d’homme politique, quel regard portez-vous sur l’école suisse ? Mathias Reynard : Notre école est de qualité et intègre plutôt bien, en particulier en Valais, cependant il y a plein de choses qui mériteraient d’être améliorées. Il faudrait se questionner sur l’école à horaire continu, sur la mise en œuvre concrète des compétences transversales du PER, etc. Ce qui est fou, c’est le grand écart entre les théories politiques et la réalité sur le terrain. La plupart des politiciens n’ont pas idée de ce qui se vit dans les classes, avec 25, 26 ou 27 élèves, dont une part non négligeable avec des besoins particuliers. Benjamin Roduit : Je ressens aussi ce décalage, dû au fait que les politiciens ont tendance à se référer à l’école de leur enfance et adolescence, alors qu’elle est aujourd’hui bien différente. A leurs yeux, il n’y a que de modestes changements à apporter, pourtant la situation est autre. Assurément l’école suisse est très performante, les résultats PISA ainsi que les classement des universités mondiales le démontrent, mais il ne faudrait pas oublier que c’est notre matière première. A mon sens, il est urgent de s’interroger sur les objectifs que l’on veut assigner à l’école, car le temps scolaire n’est pas extensible à l’infini. Au Conseil national, évoquez-vous les enjeux de l’école de demain ? Mathias Reynard : Même si la scolarité obligatoire est essentiellement du ressort des cantons, et que ce qui touche à la dimension intercantonale se discute principalement au sein de la CDIP pour la Suisse et de la CIIP pour la Suisse romande, il y a néanmoins régulièrement des thématiques liées directement ou indirectement à l’école qui sont abordées au Conseil national, et tout
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particulièrement au sein de la Commission de la Science, de l'Education et de la Culture. Nous regardons ce qui se passe dans les pays voisins, ce qui est essentiel pour se pencher sur les enjeux de l’école suisse de demain. Chez nous, nous avons un extraordinaire laboratoire, avec 26 systèmes scolaires différents, et il serait judicieux de davantage comparer cette diversité. Selon moi, les deux grandes interrogations à avoir concernent la manière dont on organise l’école et ce que l’on veut transmettre comme savoirs et compétences. Je suis d’avis que l'école doit aussi former à la citoyenneté et au vivre-ensemble.
« Les réactions des étudiants sont souvent stimulantes. » Benjamin Roduit
Benjamin Roduit : Sur ces points, j’ai une vision plus traditionaliste. A mon sens, l’école doit assurer pour l’ensemble des élèves la transmission des compétences de base. C’est sa mission prioritaire. Et tout ce qui est mis en place, qu’il s’agisse de la digitalisation ou des mesures d’accompagnement, doit aller dans ce sens. S’il est vrai que les structures sont importantes, l’enseignant, via la qualité de sa relation avec ses élèves, peut en partie compenser le fait qu’il en a 27 dans sa classe. Au niveau des attitudes sociales, l’école ne peut pas tout gérer, dès lors elles sont pour moi subsidiaires. Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes dans une société où la famille est une cellule qui est toujours responsable de l’éducation des enfants et l’école ne doit pas se substituer aux parents. En classe, pour aborder certaines dimensions sociales, il peut bien sûr y avoir des opportunités, mais seulement dans les marges. L’école ne peut pas corriger des dysfonctionnements de la société qui lui échappent complètement.
Sur ce sujet, vous n'êtes pas entièrement d'accord... Mathias Reynard : Dans ma vision, le vivre-ensemble ne doit évidemment pas prendre trop de place par rapport aux compétences de base, mais nous en sommes à des annéeslumière. Je pense qu’il faudrait prévoir quelques heures sur l’année pour avoir une discussion avec les élèves à propos des droits de l’enfant, de l’égalité femmes-hommes, de la lutte contre le racisme, contre l’homophobie, etc. Il est vrai que l’école ne peut pas tout gommer ou réparer, mais elle ne doit pas amplifier certaines inégalités de la société. Benjamin Roduit : Durant mon « année différente », j’ai participé à la formation d’enseignants en Afrique pendant quelques semaines. Et là il était important de réfléchir aux valeurs fondamentales. Si certaines ouvertures peuvent aider l’élève à appartenir au groupe classe, je signe. Par contre, je ne suis pas d’accord avec l’idée d’atténuer toutes les différences. A mon sens, au niveau national, sans empiéter sur les compétences cantonales, ce sont ces principes-là que l’on devrait davantage discuter. Quel est le rôle du Conseil national, en lien avec les questions d’éducation ? Mathias Reynard : Dans le domaine des langues, au nom de la cohésion nationale et de l’harmonisation, nous avons combattu pendant des années pour éviter la suppression du français dans plusieurs cantons de Suisse alémanique. Actuellement, la question des moyens à mettre en place pour favoriser le numérique à l’école fait l’objet de discussions. Concernant la mobilité des jeunes, nous avons été actifs pour les inciter à faire une partie de leur formation dans une autre région linguistique et c’est désormais l’Office fédéral de la culture qui est en train d’en discuter avec la CDIP. Pour le financement des camps, nous allons faire des propositions. Au niveau du secondaire II, nous pourrions aussi mettre des moyens pour
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que tous les jeunes aient un diplôme, mais là encore c’est une question de volonté politique. Benjamin Roduit : Nous pouvons donner des impulsions et des soutiens financiers pour aller dans telle ou telle direction. Même si nous ne pouvons rien imposer, nous avons un rôle de coordination, et pouvons contribuer à mettre la pression pour que certains dossiers soient abordés. Je l’ai fait récemment avec mon postulat « La dyslexie ? Pour enfin y voir plus clair ». C’est également notre mission de relayer certaines problématiques scolaires, notamment avec notre connaissance de l’actualité internationale. Pour exemple, l’Allemagne fait face à une importante pénurie d’enseignants et à une explosion des cas de burn-out et cela devrait nous alerter. Vous êtes tous deux impliqués dans différentes associations, dont certaines liées de près ou de loin à la formation. J’en ai retenu deux :
Mathias Reynard, vous êtes membre du Comité de la Fédération suisse Lire et Ecrire et Benjamin Roduit vous êtes actif au niveau de la Maison d’accueil de l’Ecole des Missions au Bouveret... Mathias Reynard : La réalité de l’illettrisme en Suisse, et en Valais, est inquiétante et questionne l’école, puisqu’elle passe à côté de certains jeunes en décrochage scolaire. Une fois devenus adultes, il faut qu’ils puissent se tourner vers une structure susceptible de les aider et c’est ce que fait Lire et Ecrire.
« La spontanéité de mes élèves me fait du bien. » Mathias Reynard
Benjamin Roduit : A l’Ecole des Missions, une part des activités sera dévolue aux jeunes adultes qui ont décroché, qui n’ont pas terminé leur formation ou qui ont échoué. Il faut que ces jeunes puissent bénéficier d’un soutien et d’un encadrement.
Benjamin Roduit Professeur de français et d’histoire au LycéeCollège des Creusets dès 2017-2018 (auparavant : 18 ans d’enseignement du français et de l’histoire au Lycée-Collège de l’Abbaye de St-Maurice, puis 13 ans de direction au LycéeCollège des Creusets à Sion) Conseiller national PDC dès le 26.02.2018 Certificat de maturité pédagogique et Brevet pédagogique pour l'enseignement primaire Licence ès lettres (histoire suisse, histoire moderne et contemporaine, littérature française) et Diplôme de maître de gymnase (DMG) de l'Université de Fribourg Auteur notamment de : Les collèges en Valais de 1870 à 1925 : tradition ou modernisation (Société d'histoire de la Suisse romande, 1993) Une année différente : à la grâce de Dieu (ouvrage co-écrit avec son épouse Anne, Editions St-Augustin, 2018)
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Quelle est votre « résolution » d'enseignant pour cette année scolaire ? Benjamin Roduit : Même si cela ne va pas forcément faire plaisir à mes étudiants, ayant effectué quatre semaines de cours linguistiques intensifs en Allemagne cet été, j’ai pu mesurer l’importance de la concentration et de la variété des activités, c’est pourquoi je vais être exigeant au niveau de la rigueur dans les apprentissages. Mathias Reynard : Cette année, en 11CO, je vais enfin pouvoir travailler avec les nouveaux moyens d’enseignement en SHS. C’est un travail d’appropriation conséquent, mais pour l’instant je suis très content de ce que je découvre et mets en place avec mes élèves. Avec ma classe de français, j’aimerais bien monter une pièce de théâtre. Propos recueillis par Nadia Revaz
Mathias Reynard Enseignant au CO de Savièse depuis 2010-2011 Conseiller national socialiste dès le 05.12.2011 Vice-président de la Commission de la Science, de l'Education et de la Culture (CSEC) Master ès lettres (français, histoire et philosophie) de l’Université de Lausanne Diplôme d’enseignement pour le degré secondaire I et les écoles de maturité de la HEP-VS Auteur notamment de : Les débuts du Parti socialiste valaisan 1900-1929 (Parti socialiste du Valais romand, 2013)
Déclinaisons de Résonances Résonances se décline en une version papier, un site compagnon et une application. www.resonances-vs.ch
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES > VERSION COURTE
Au fil de l’actualité Journée de formation du Réseau valaisan d’écoles 21
Santé des enseignants Depuis 2013, le Réseau valaisan d’écoles 21 organise tous les ans un après-midi de formation et d’échanges sur des thématiques chères à ses membres. Cette année, la demi-journée s'articulera autour de la santé des enseignants. Elle aura lieu le mercredi 7 novembre 2018 au Lycée-Collège des Creusets à Sion. Au programme, une conférence de Pierre-André Doudin (professeur honoraire à l’Université de Lausanne) et des ateliers. Le délai d’inscription est fixé au 19 octobre 2018. www.promotionsantevalais.ch https://bit.ly/2pewAkY
Enquête en 2 volets sur Arte
Demain, l’école
(l’après-midi) à Martigny une conférence-formation inédite en lien avec l’éducation humaniste. Jacques Lecomte (Dr en psychologie, conférencier et écrivain – auteur notamment de « Le monde va beaucoup mieux que vous ne le pensez » et « La bonté humaine ») apportera les réponses et éclairages de l’éducation humaniste à la question « Des élèves heureux apprennent-ils mieux ? » Réservations obligatoires avant le 9 novembre 2018. http://ecolemartigny.ch https://bit.ly/edu-humaniste
Les neurosciences et le numérique sont en train de révolutionner les apprentissages. Nourrie d'expériences scientifiques, Arte propose une enquête en deux volets sur l'école du futur (un tour du globe des systèmes pédagogiques – du bon usage du cerveau). Vidéo du volet 1 disponible jusqu’au 13.11.2018. https://www.arte.tv/fr https://bit.ly/2QH74RR
Agenda en ligne Divers événements (conférences, expositions…) figurent sur le site de Résonances, sous l’onglet « A vos agendas » : https://bit.ly/2rXwNtK
EN RACCOURCI Numérique au Québec
Formations gratuites en ligne Journée du digital Conférence de Jacques Lecomte à Martigny
« Des élèves heureux apprennent-ils mieux ? » Les écoles communales de Martigny, en partenariat avec la HEP-VS, organisent le mercredi 14 novembre 2018
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Plusieurs mondes thématiques Le jeudi 25 octobre 2018 aura lieu la deuxième Journée suisse du digital proposant plus de 80 manifestations gratuites réparties entre une quinzaine de localités du pays, dont Sion. www.digitaltag.swiss/fr
Dans le cadre du plan numérique au Québec, des formations gratuites, en lien avec la robotique, la flotte d’appareils mobiles, les laboratoires créatifs et les nouvelles approches pédagogiques, sont accessibles via Carrefour éducation. https://carrefour-education.qc.ca https://bit.ly/2CNj4yd
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> LIVRES
La sélection du mois
La Riposte Chaque gouvernement charrie avec lui son lot de remèdes miracles pour réformer l'Ecole : dédoublement des classes, méthode syllabique, semaine de quatre jours, réforme du baccalauréat, rétablissement de l'autorité, etc. Pêle-mêle, on invoque les neurosciences et les évaluations internationales, le bon sens de Descartes et la pédagogie de Maria Montessori. Afin d'y voir plus clair, Philippe Meirieu s'interroge : quels enfants voulons-nous former ? Pour quel monde ? Et comment faire en sorte que l'Ecole de la République tienne sa promesse de justice et de solidarité ? Un livre qui aura assurément ses fans et ses détracteurs. Philippe Meirieu. La Riposte - Ecoles alternatives, neurosciences et bonnes vieilles méthodes : pour en finir avec le miroir aux alouettes. Paris : Editions Autrement, 2018. Citation extraite de l’ouvrage « On répète à satiété que l'on veut “la réussite de tous”, mais sans définir clairement celle-ci, ni même esquisser le type d'homme et de société que l'on veut
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promouvoir. On affirme qu'il faut que nos enfants sachent lire, écrire, compter, s'exprimer, connaissent notre histoire et comprennent le monde, mais sans jamais dire pourquoi ni, surtout, pour quoi. On invoque sans cesse l'efficacité de l'école, mais on la réduit systématiquement à une somme d'objectifs individuels mesurables, sans prendre en compte l'importance de la fréquentation d'une institution qui n'est pas seulement destinée à “apprendre”, mais aussi à “apprendre ensemble”. On veut former des citoyens lucides, capables de vivre au quotidien les valeurs de la République - liberté, égalité, fraternité, laïcité -, mais sans jamais en tirer les conséquences sur l'organisation des établissements et des enseignements, les regroupements d'élèves et les méthodes pédagogiques... On perd ainsi toute chance d'avoir de vrais débats autour de principes structurants, et a fortiori d'esquisser des visions d'avenir susceptibles d'être de véritables “attracteurs”, permettant aux parents de dépasser ce qu'ils perçoivent comme l'intérêt immédiat de leurs propres enfants. »
Osez les pédagogies coopératives En 2009, Sylvain Connac publiait Apprendre avec les pédagogies coopératives. Ce nouvel ouvrage de 2018 s’inscrit dans la complémentarité de celui de Sylvain Connac en interrogeant les conditions d’adaptation des pédagogies coopératives au second degré. Comment faire avec la multiplicité des intervenants, l’adolescence, les emplois du temps figés, la perspective d’un examen final et l’orientation à venir… ?
Guillaume Caron, Laurent Fillion, Céline Scy et Yasmine Vasseur. Osez les pédagogies coopératives au collège et au lycée. Paris : ESF / Cahiers pédagogiques, 2018. Avec une boîte à outils téléchargeable. www.esf-scienceshumaines.fr https://bit.ly/2OBmZzz Citation extraite de l’ouvrage « Lorsque l'on se lance, il faut probablement avoir en tête que la perfection pédagogique n'existe pas. Nous revendiquons ce droit à l'imperfection. Nous pouvons parfois avoir l'impression que l'on attend des pédagogies “alternatives” ce que l'on n'attend pas de pédagogies plus classiques. Il faudrait qu'elles réussissent sans faille et sur tous les plans. Si nous avons le sentiment d'avoir avancé sur bien des points, les difficultés n'ont pas disparu de notre quotidien. »
Et aussi Des femmes en littérature Sous la direction de Djamila Belhouchat, Céline Bizière, Michèle ldels et Christine Villeneuve. Des femmes en littérature. 100 textes d'écrivaines à étudier en classe. Paris : Belin éducation, 2018.
Drôle d'herbier Adrienne Barman. Drôle d’herbier d’après la pédagogie Montessori. Genève : La Joie de lire, 2018. Cahier d’activités dès 4 ans.
Enseigner les mathématiques à l'école A travers des notions théoriques, des conseils pratiques et des exemples concrets, cet ouvrage de Thierry Dias, notamment professeur à la HEP-Vaud, permet aux professeurs des écoles de construire et de consolider les connaissances nécessaires pour enseigner
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RUBRIQUES sereinement et efficacement le fonctionnement du cerveau avec des les mathématiques. pratiques pédagogiques très concrètes. Les principales difficultés, Les auteurs, des experts issus du monde langagières ou enseignant et des neurosciences, mathématiques, notamment s'appuient sur de nombreuses celles liées à la construction expérimentations conduites en classes du nombre, sont présentées auprès de 7000 élèves et 600 enseignants et analysées en lien avec les pour illustrer le fonctionnement pratiques des enseignants cognitif de l'apprenant, et ainsi lutter ainsi qu'avec les avancées des plus efficacement contre les difficultés recherches en didactique et les scolaires. Les axes fondamentaux de l'apprentissage sont traités : mémorisation, compréhension, attention et fonctions exécutives, apports des neurosciences. En modifiant l'image trop souvent négative que l'on a de la discipline, Enseigner les Enigmes mathématiques mathématiques à l'école incite La suggestion et logiques à faire des mathématiques avec plaisir, favorisant ainsi la du mois de Sébastien Le nouveau livre Python, responsable réussite de tous ! d’Augustin Genoud du GVJM intitulé « Enigmes Thierry Dias. Enseigner les mathématiques et mathématiques à l'école. Une logiques » et paru aux éditions Loisirs et démarche positive pour des Pédagogie est constitué de cinquante apprentissages réussis. Paris : activités divertissantes à découvrir à l’aide Magnard, 2018. d’un crayon, d’un bout de papier et des dizaines de milliards de neurones de notre cerveau. Citation extraite de l’ouvrage Cet ouvrage, qui s’adresse à tous les jeunes, de 9 à 99 « La place des compétences ans, permet d’explorer certaines notions mathématiques langagières dans comme, notamment, les nombres triangulaires, les suites de les apprentissages Fibonacci, le nombre d’or, les nombres premiers, le carbone mathématiques est 14 et les radians. Vous y trouverez également des énigmes importante. Pour des qui raviront les fans du Championnat international des jeux élèves en difficulté sur mathématiques et logiques. Augustin Genoud, notre collègue le plan de la maîtrise de qui prépare les problèmes de la première étape de notre l'écrit, de l'oral ou de la concours de novembre depuis plus d’un quart de siècle, est lecture, les environnements l’auteur du site suivant dédié aux jeux mathématiques et d'apprentissage qui leur sont logiques : www.jeuxmath.ch proposés dans les tâches mathématiques doivent Augustin Genoud. Enigmes mathématiques et logiques. donc être adaptés. Et, même Lausanne : LEP, 2018. si cela semble relever de https://editionslep.ch/enigmes-mathematiques-et-logiques l'évidence, j'aime à rappeler qu'un élève qui ne sait pas lire ne pourra pas résoudre de façon autonome un problème Jour de match énoncé par écrit. » La suggestion « Jour de match », du mois de Daphnée c’est une bande Constantin Raposo, Les neurosciences dessinée en noir enseignante cognitives et blanc, qui parle dans la classe de foot ! L’auteur a su mettre l’intensité, le suspense et les A l'heure où les neurosciences émotions qui accompagnent un match cognitives font une entrée important, vraiment on se croirait massive dans le monde devant sa télé à regarder la Champions de l'éducation, certaines League. Mais plus encore, on peut idées reçues sont encore s’imaginer joueur, supporter, ou commentateur. On a même trop répandues. Cet envie d’encourager bruyamment les joueurs, de chanter, ouvrage s'appuie sur les d’applaudir. Bref un petit livre sympa pour les fans de foot. dernières recherches et une méthodologie rigoureuse pour combattre ces « neuromythes » et mieux relier la théorie sur
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Antoine Trouvé. Jour de match. Genève : Editions La Joie de Lire, 2018.
implication active. Avec des fiches pour expérimenter et se former, des fiches théoriques, des fiches pédagogiques et des fiches numériques. Jean-Luc Berthier, Grégoire Borst, Mickaël Desnos, Frédéric Guilleray. Les neurosciences cognitives dans la classe : Guide pour expérimenter et adapter ses pratiques pédagogiques. Paris : esf Sciences humaines, 2018. Préface d’Olivier Houdé. http://sciences-cognitives.fr Citation extraite de l’ouvrage « Il n'y a pas de révolution dans l'apport des neurosciences cognitives dans l'apprentissage, et nul n'a la prétention d'inventer aujourd'hui ce que des générations de pédagogues ont construit et pratiqué. Mais il s'agit d'opérer une évolution, en partant des compétences professionnelles de chacun, en les prolongeant, les affinant, les combinant. A contrario, il serait faux, voire contre-productif, de dire que tout se faisait déjà, et correctement. »
Cherchez la petite bête Un livre qui chante la nature à deux voix, en informations scientifiques et en poésie. Un livre pour tout savoir sur 40 petites bêtes que l’on rencontre sur notre chemin. Qui sont-elles ? Comment vivent-elles ? Et quel est leur poème ? Alain Boudet (poèmes et fiches descriptives) et Solenn Larnicol (images). Cherchez la petite bête. Rue du monde, 2018. Album jeunesse dès 6 ans. Citation extraite de l’ouvrage « Les fourmis construisent des fourmilières souvent très volumineuses pour héberger les milliers d'individus de la colonie. »
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> 1001 FAÇONS D’APPRENDRE
Des techniques de yoga contre le stress et pour l’attention MOTS-CLÉS : CALME • ENFANT • CONCENTRATION • ADOLESCENT • ENSEIGNANT Dans le cadre des formations continues de la HEP-VS, Vivian Lagier, formatrice et professeure de yoga, et Anne-Marie Bornet, enseignante à Sion, dispensent des cours de techniques de yoga comme appui pédagogique aux écoles. Un premier cours sur trois jours a eu lieu en juin, un deuxième a démarré le 12 septembre et d’autres sont prévus. Vivian Lagier et Anne-Marie Bornet proposent une approche ludique du yoga et de la pratique attentionnelle pour les élèves, afin de les aider à découvrir leurs potentialités au niveau des intelligences multiples dans un climat calme, sans tablette, sans ordinateur et sans pression. Ces journées de formation contiennent aussi des pistes pour permettre aux enseignants de mieux gérer leur propre stress. Ce mois, nous avons donc choisi de nous intéresser à ces outils susceptibles de contribuer indirectement à mieux enseigner et à mieux apprendre, en retrouvant un rythme plus adapté à l’humain, en particulier dans notre société ultraconnectée. Evidemment, le yoga n’est que l’une des clés possibles pour renouer avec le calme intérieur, en laissant de côté les multiples sources de dissipation. Vivian Lagier, d’origine suisse par son père, est née et a grandi en Argentine. Elle a d’abord obtenu une licence en histoire des religions, avant de faire une formation en yoga thérapie et en eutonie, tech-
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De gauche à droite : Vivian Lagier, formatrice et professeure de yoga, et Anne-Marie Bornet, enseignante à Sion, devant un tableau de Patricia Maret-Francey, enseignante
nique de Gerda Alexander. Toujours en Argentine, elle a créé la première formation en yoga, sous la loi nationale de l’éducation et en accord avec le Lonavla Yoga Institute. Installée en Suisse depuis 2004, elle a donné divers cours, avant de se consacrer à la formation et à la recherche en yoga, notamment pour les enfants, ayant constaté leur difficulté à se concentrer, ce qui a pour conséquence de les mettre en situation d’échec scolaire. A Paris, Vivian Lagier a rencontré Micheline Flak. Avec Jacques de Coulon, ancien recteur du collège Saint-Michel à Fribourg, cette dernière a beaucoup contribué pour l’introduction des pratiques de yoga en classe en France et en Suisse.
Anne-Marie Bornet est dans sa 42e année d’enseignement et a toujours travaillé dans les petits degrés. Cette année, elle a des 3H. Il y a quelques années, elle s’est sentie épuisée par son métier. Partant du constat que les élèves avaient changé, elle s’est dit que c’était à elle d’évoluer. Elle a commencé par les activités proposées dans Calme et attentif comme une grenouille par Eline Snel, et a pu observer une meilleure réceptivité de ses élèves. Cela lui a donné l’envie de poursuivre dans cette direction, en suivant une formation avec Fabrice Dini et une autre à Paris avec Jeanne Siaud-Facchin. Ayant vu que Vivian Lagier donnait une formation en lien avec le yoga pour
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RUBRIQUES
Posture de l'arbre
Posture du palmier
Position du papillon
les enfants à Sion, elle n’a donc pas hésité à y participer. De cette rencontre est née l’envie de proposer aux enseignants du Valais romand une formation continue pour partager quelques-unes des techniques du yoga. Pour l’enseignante sédunoise, après avoir transformé sa posture professionnelle, exercer son métier est un plaisir retrouvé et le climat en classe, en s’améliorant, est devenu plus propice aux apprentissages.
leur place, ils ferment les yeux, une minute ou deux, pour écouter leur respiration. Au début, je demande à ceux qui n’arrivent pas ou ne veulent pas fermer les yeux de fixer un point. Je leur dis qu’ils doivent laisser passer les idées qui traversent leur esprit, comme s’il s’agissait de regarder les nuages dans le ciel. Après cela, mes élèves vont par exemple faire l’arbre ou le papillon. En fin d’année, ils ont le choix parmi un éventail plus large de postures. De temps à autre dans la journée, je les arrête pour qu’ils se posent tranquillement. Au fur et à mesure que l’année scolaire avance, ce sont les enfants qui me réclament ces petits moments de calme. Au total, cela me prend peutêtre 5 minutes le matin et 5 minutes l’après-midi.
sophie yogique dans les écoles, ni de faire juste ou bien. Le yoga, en tant que méthode, se base sur des techniques motrices ou sensorielles qui ont fait leurs preuves et qui permettent d’être en conscience dans l’instant présent, ce qui est essentiel pour la capacité de l’attention. Olivier Jorand, spécialiste des neurosciences cognitives, l’explique très bien (NDLR : cf. interview d’Olivier Jorand en juin 2015 dans Résonances et ses cours de formation continue à la HEP-VS - http://bit.ly/2NHqgQN et www.hepvs.ch).
La première formation, dispensée en juin dans le cadre des cours au catalogue de la HEP-VS, a été appréciée des participantes (à noter que les cours sont évidemment aussi ouverts aux hommes), puisque les remarques mettaient en avant un cours trop court. Pour la suite, Vivian Lagier et Anne-Marie Bornet pensent cibler par degrés, car l’approche est différente pour les enfants ou pour les ados. Elles sont toutes deux satisfaites de cette collaboration, leurs connaissances du yoga et de la classe étant complémentaires. INTERVIEW
« Vivian Lagier et Anne-Marie Bornet proposent une approche ludique du yoga et de la pratique attentionnelle pour les élèves. »
Parmi les réticences à introduire quelques techniques de yoga dans la classe, il y a le manque de temps. Concrètement, à quelle dose faut-il les expérimenter pour en mesurer les bienfaits ? Anne-Marie Bornet : Dans ma classe, les élèves commencent la journée en coloriant leur cahier de mandalas. Ensuite, soit assis en rond, soit à
Vivian Lagier : A mon sens, on peut très bien consacrer au début cinq minutes, puis seulement deux pour stimuler, équilibrer ou calmer les élèves. Il ne s’agit pas de faire un véritable cours de yoga en classe, mais d’utiliser quelques techniques ludiques trois à quatre fois par jour selon l’état des enfants. L’objectif n’est pas d’introduire la philo-
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Le yoga contribue-t-il rapidement à calmer les élèves ? Vivian Lagier : L’enseignant percevra que ces quelques minutes investies sont vite récupérées, puisque les élèves font preuve de davantage d’attention lors des phases d’apprentissage. Différentes recherches menées un peu partout dans le monde démontrent l’impact du yoga sur l’attention et le rendement scolaire des enfants et des adolescents. Simplement faire le bruit de l’abeille ou pratiquer la respiration alternée agit sur l’ouïe ou l’odorat. Cela dit, si l’enseignant est lui-même stressé, il ne pourra pas aider les élèves à se détendre pour bénéficier de ces techniques simples. Anne-Marie Bornet : Je vois les effets avec la règle de l’humeur que mes élèves utilisent. Souvent ils déplacent la pince à linge après ces petits exercices qui leur permettent de
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se recentrer sur eux-mêmes et de prendre conscience de leur souffle intérieur. Je ne leur demande pas les raisons qui motivent le passage d’une humeur à l’autre, mais c’est un indicateur utile, même sans leur poser de questions. Preuve qu’ils aiment bien ces petits exercices, certains enfants en font profiter leur famille. Pourriez-vous suggérer un exercice facile pour la dimension sensorielle et motrice ? Vivian Lagier : Pour le côté moteur, s’il s’agit de jeunes enfants, on peut leur faire jouer la petite fleur qui est fatiguée et qui a sommeil. C’est un bon exercice de transition. La fleur
s’étire, et dans un grand bâillement, le sommeil la surprend. Elle se relâche en se repliant sur elle-même et la nuit passe. C’est le matin, le soleil commence à caresser ses pétales et elle ressent les dernières gouttes de rosée. Toute contente, elle s’étire et ses pétales, dans un grand mouvement, disent bonjour au soleil. Avec les 6-7-8H, on peut utiliser d’autres images ou faire la posture du palmier, ce qui prend moins de deux minutes et favorise la détente et le tonus musculaire. Les adolescents, tout comme les enseignants, peuvent pratiquer les sept mouvements de la colonne vertébrale assis sur leur chaise.
Anne-Marie Bornet : Pour le côté sensoriel, j’invite mes élèves à faire un scan corporel adapté aux enfants. Ils sont couchés, parfois sur un coussin, mais sans tapis. Je leur raconte une brève histoire où la fourmi monte sur une jambe, s’arrête au niveau du genou, puis continue sa promenade jusqu’à la tête. J’ai trouvé cet exercice de la petite fourmi dans le livre de Jeanne Siaud-Facchin intitulé Tout est là, juste là. J’utilise également les ouvrages de Stéphanie Couturier pour apprendre à mes élèves la gestion des émotions avec des astuces faciles à mettre en pratique. Propos recueillis par Nadia Revaz
Pour aller plus loin
Des livres Micheline Flak et Jacques de Coulon. Des enfants qui réussissent - Le manuel du yoga à l’école. Paris : Editions Payot et Rivages, Petite bibliothèque Payot, 2016 (réédition).
Martine Giammarinaro et Dominique Lamure. Yogito Un yoga pour l'enfant - Guide pour les parents et les enseignants. Montréal: Editions de l'Homme: 2015 (réédition). Laurent de Brunhoff. Babar - Le yoga des éléphants. Hachette jeunesse, 2004 (réédition).
Emmanuelle Poliméni (textes) et Mélisande Luthringer (illustrations). 52 postures de yoga pour les enfants. Editions 365, 2016. Deux sites Site du Centre de formation et de recherche en yoga www.centre-formation-yoga.ch Recherche sur le yoga dans l’éducation (RYE) www.rye-yoga.fr
EN RACCOURCI Les indicateurs de l’OCDE
Regards sur l’éducation 2018 Publication de référence sur l’état de l’éducation dans le monde, Regards sur l’éducation : Les indicateurs de l'OCDE fournit des données clés sur la structure, le financement et la performance des systèmes d’éducation des 35 pays de l'OCDE ainsi que d’un
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certain nombre de pays partenaires. Avec plus de 100 tableaux et graphiques, et un corpus encore plus riche de données consultables, le pdf du rapport peut être téléchargé ou commandé en ligne. https://dx.doi.org/10.1787/eag-2018-fr Cinéma des écoles et de la jeunesse
Reflex, festival romand Chaque année, ce festival romand du cinéma des écoles et de la
jeunesse organise un concours de films de 3 minutes, réservé aux jeunes de 12 à 26 ans (répartis en trois catégories). L'édition 2019 sera consacrée à la désinformation dans les réseaux sociaux ou fake news. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 13 janvier 2019. http://festivalreflex.ch
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RUBRIQUES > CENTRE ICT-VS
Escape Game pédagogique créé par des enseignants du centre ICT-VS MOTS-CLÉS : MITIC • PER • ÉNIGMES • 7H-8H Le centre ICT-VS est l’organe valaisan en charge de l’intégration des MITIC dans les écoles valaisannes, de la scolarité obligatoire au secondaire. Riches de leur expertise, des collaborateurs du centre ont décidé de créer un Escape Game pédagogique. Si le but officiel fut de développer des compétences et des connaissances techniques chez l’élève, ce fut aussi l’occasion d’y associer des enseignants intéressés par les Escape Games et les MITIC. Le 26 juin dernier, 12 enseignantes et enseignants se sont donné rendez-vous pour poser les bases de cette expérience pédagogique à visée MITIC pour les 7H-8H. Précisons que, contrairement à un Escape Game traditionnel, les élèves ne se retrouvent pas piégés, mais ils doivent résoudre une série d’énigmes afin de permettre à d’autres de s’échapper.
SCÉNARIO ET DÉROULEMENT Les élèves devront en effet venir en aide aux conseillers d’Etat. Ils ont été kidnappés et cachés par des avatars maléfiques qui ont pris le pouvoir. Leur première décision a été de supprimer les vacances scolaires. Il faut donc rechercher les conseillers. Une fois retrouvés, ils devront être conduits dans un lieu secret afin de reprendre le pouvoir et réautoriser les vacances scolaires, le tout, dans un temps imparti. Des énigmes originales ont été créées pour chaque conseiller d’Etat et les 12 enseignants l’ont fait avec zèle, utili-
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sant finement les TIC. Le 13 août, ils ont pu expérimenter le jeu et découvrir ce que les autres ont pu imaginer. Après la vidéo de lancement, 5 groupes reçoivent la première enveloppe contenant le début de leur enquête. Ils devront trouver le nom du conseiller d’Etat et le lieu où il est retenu. Les réponses mises en commun permettent d’accéder à la partie finale. Dans cette dernière, toute la classe travaille à la récolte d’indices permettant de se rendre dans un lieu secret. Tout a été articulé afin que les objectifs du PER soient remplis dans la démarche, notamment MSN25, SHS23, FG21.
OUTILS TECHNIQUES UTILISÉS Notons que les participants ont été formés à l’utilisation de ces outils afin qu’ils puissent générer du contenu pour leur énigme de manière autonome. En voici quelques exemples. Les QR codes renvoient vers du contenu Internet en les scannant. Les courriels permettent de donner l’illusion de converser avec une personne réelle. Des cartes géographiques online proposent des options de personnalisation. Les logiciels de morphologie permettent de faire parler un personnage réel ou fictif. Enfin, des logiciels de retouche de sites Web officiels permettent de créer des contenus fictifs. Durant l’Escape Game, chaque outil utilisé offre une palette de fonctionnalités très utiles. Mais, l’intérêt réside également dans la réflexion sur la possibilité de créer du faux contenu par leur biais : générer des fake news,
Des cartes géographiques online proposent des options de personnalisation.
faire parler une personne de manière fictive ou créer de fausses vidéos. Cet Escape Game est, de plus, la possibilité de connaître des outils adaptés aux âges des utilisateurs et qui protègent l’élève. L’Escape Game est, pour ainsi dire prêt à l’emploi. Et les collaborateurs du centre ICT-VS se tiennent à disposition pour tester en classe cette activité ludique. Eric Fauchère www.ictvs.ch
A vos agendas Pour tester cet Escape Game : mardi 30 octobre à 17 h 30 à l’Ecole primaire (Complexe des Muverans) à Leytron ou lundi 5 novembre à 17 h 30 à l’Ecole primaire de Martigny-Croix. Infos et inscriptions : huit.re/egpvs En plus, testez quelques outils de l’Escape Game via www.resonances-vs.ch https://bit.ly/2xyjnXM
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> LANGUES
Programme international en Allemagne : une collégienne chanceuse
De gauche à droite : Claudia Stolte, Alexia Gay et Corinne Barras
MOTS-CLÉS : CONCOURS • LANGUE • CULTURE • SECONDAIRE II Alexia Gay, étudiante en 4e année au Lycée-Collège de la Planta à Sion et qui a effectué sa 2e année au LycéeCollège Spiritus Sanctus à Brigue, a eu la chance d’être invitée cet été pendant un mois en Allemagne dans le cadre d’un programme international offert à environ 450 jeunes issus de plus de 90 pays. Afin d’en savoir plus sur cette initiative de la Conférence permanente des ministres de l’enseignement des Länder en République fédérale allemande, nous avons rencontré l’étudiante qui a bénéficié de cette opportunité ainsi que Claudia Stolte, attachée de presse à l’Ambassade d’Allemagne à Berne, et Corinne Barras, responsable du Bureau des Echanges Linguistiques (BEL) partie en retraite au 31 août 2018 (cf. encadré pour les coordonnées actuelles), pour leur rôle de coordinatrice et de relais dans le cadre de ce projet.
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Le Pädagogischer Austauschdienst (PAD), qui est l’un des services du secrétariat de la Conférence permanente des ministres de l’enseignement, organise ce programme international depuis 1952. Pour permettre une familiarisation avec la langue et la culture allemandes et donner une image moderne de l’Allemagne, un concours offre chaque année la possibilité à des jeunes de 15 à 17 ans de diverses régions du monde de vivre cette aventure. En 2018, c’est le Valais qui concourait au niveau de la Suisse romande, tout comme il y a quatre ans, aussi le Bureau des Echanges Linguistiques a servi d’agent de liaison. L’Ambassade d’Allemagne à Berne, via son attachée de presse, a sélectionné un jeune du Tessin et Alexia Gay pour le Valais. « Les ambassades, en coordination avec les ministères de l’éducation et de la culture des différents pays, choisissent des jeunes motivés, ouverts et tolérants, car il s’agit d’un programme international visant à
offrir un aperçu de la diversité des régions en Allemagne tout en favorisant la rencontre avec les autres cultures du groupe », explique Claudia Stolte. Et d’ajouter : « Les participants doivent avoir un bon niveau d’allemand pour pouvoir s’intégrer dans le groupe, d’autant plus qu’ils ont à présenter leur pays devant les autres». Alexia et son camarade tessinois ont donc présenté la Suisse, par le biais d’un quiz assez drôle, avec des « Toblerone » à gagner. « Ce programme est un véritable cadeau pour les jeunes et à mon sens les enseignants devraient relayer avec encore plus d’enthousiasme l’information auprès de leurs étudiants lors de la phase de sélection », souligne Corinne Barras. INTERVIEW D’ALEXIA GAY Par quel biais avez-vous eu connaissance de ce concours ?
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RUBRIQUES C’est mon professeur d’allemand qui m’a proposé de remplir les documents pour la sélection, me disant qu’il était convaincu que c’était une opportunité intéressante pour moi. La dimension internationale de ce programme m’a tout de suite intéressée. Mes parents m’ont encouragée à déposer ma candidature, ayant également compris que c’était une formidable occasion à saisir. Comment résumeriez-vous votre découverte de l’Allemagne via ce programme international ? C’était un voyage en divers endroits de l’Allemagne, d’abord quelques jours à Bonn. Ensuite, pendant deux semaines à Lindau, j’étais seule dans une famille d’accueil adorable, et à l’école je retrouvais des jeunes de mon groupe. Nous avions quelques cours avec nos correspondants, mais nous avons aussi bénéficié de cours spécifiques. Ensuite, nous avons découvert Hambourg et Berlin. Dans les villes, nous logions dans des hôtels. Que vous a apporté ce voyage ? C’était bien sûr intéressant pour mieux connaître la culture allemande, mais aussi pour l’ouverture d’esprit, car dans mon groupe ainsi que dans les autres que j’ai un peu côtoyés, il y avait un grand mélange de nationalités. Quelles étaient les provenances des participants de votre groupe ? Dans le mien, il y avait le Tessinois ainsi que des jeunes de Russie, d’Israël, du Salvador, d’Italie et des PaysBas. Nous avions aussi une Reiseleiterin (NDLR : Alexia demande à Corinne Barras et à Claudia Stolte la traduction, ne trouvant plus le mot de guide en français) et des accompagnateurs. Dans notre groupe, une élève allemande de 19 ans nous accompagnait tout en faisant vraiment partie de l’équipe. C’était notre correctrice. Entre vous, parliez-vous toujours l’allemand ? Oui, même si parfois certains essayaient de tricher et de parler anglais.
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Que retenez-vous culturellement ? Avant ce séjour, je ne connaissais l’Allemagne qu’à travers Europa-Park, aussi mon regard s’est nettement enrichi. C’est un pays qui ressemble à la Suisse, tout en étant un peu différent. J’ai trouvé les Allemands ouverts et souriants. Au niveau culinaire, j’ai pu apprécier les bretzels. A Berlin, qui est une ville très moderne, on ressent quand même que c’est un lieu chargé d’histoire.
« J’ai trouvé les Allemands ouverts et souriants. » Avez-vous fait des découvertes musicales, cinématographiques ou littéraires ? Nous sommes allés une fois au cinéma pour voir un film récent. En famille d’accueil, j’ai écouté un peu de musique moderne allemande. Pour ce qui est de la littérature, on en a parlé avec nos professeurs. J’étais surprise de voir que par exemple en Russie ils abordaient aussi des auteurs allemands en classe.
classe. L’organisation des bancs est moins carrée, comme c’est du reste aussi le cas à Brigue, ce qui donne plus envie d’apprendre. Auriez-vous amélioré quelque chose dans le cadre du programme international en Allemagne ? J’aurais trouvé bien d’avoir plus d’activités mêlant les groupes, comme ce fut le cas lors de la présentation des pays et de la dernière soirée sur un bateau à Berlin. Si vous étiez ambassadrice de ce programme, que diriez-vous aux jeunes qui hésiteraient à se porter candidats à ce concours ? Je leur dirais la chance incroyable de pouvoir faire partie de ce programme, pour améliorer leurs compétences linguistiques, pour élargir leurs horizons culturels et se faire des amis dans différents pays. Le temps passe tellement vite qu’on n’a pas une minute d’ennui et que chaque instant est à savourer. Ce voyage est une merveille et au retour on a plein de souvenirs. Propos recueillis par Nadia Revaz
Après cette immersion, êtes-vous encore plus motivée pour apprendre l’allemand ? Absolument, mais je ne retournerai pas forcément tout de suite en Allemagne, car en Suisse nous avons plein de possibilités pour apprendre l’allemand, que ce soit à Zurich ou à SaintGall. A l’université, j’aimerais étudier la germanistique. Y a-t-il des idées de l’école allemande qu’il serait judicieux d’importer en Valais ? Au collège à Sion, certains professeurs font des liens avec l’actualité, et c’est appréciable. Ce qui me semblait toutefois plus agréable en Allemagne, c’est la relation avec les professeurs qui est moins distante qu’ici. Au début, j’étais un peu déstabilisée, mais ensuite j’ai trouvé que c’est une bonne chose que d’avoir plus de liens avec les enseignants, même s’il y avait en même temps plus de bruit dans la
Pour en savoir plus Internationales Preisträgerprogramm Pädagogischer Austauschdienst (PAD) des Sekretariats der Kultusministerkonferenz www.kmk-pad.org/pad Ambassade d’Allemagne à Berne www.bern.diplo.de
A propos du BEL Sandra Schneider, responsable du BEL depuis le 1er septembre 2018 (adjointe au BEL depuis 2004) Lise Broccard, adjointe au BEL pour le Valais romand depuis le 1er septembre 2018 Pascal Imhof, adjoint au BEL pour le Haut-Valais depuis le 1er septembre 2018 (avant collaborateur) www.vs.ch/bel
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> CONCOURS
Concours de slam poésie au secondaire 1 MOTS-CLÉS : MÉDIATHÈQUE • SERVICE DE L’ENSEIGNEMENT • ÉTINCELLES DE CULTURE
Informations pratiques :
La Médiathèque Valais et le Service de l’enseignement reconduisent pour l’année scolaire 2018-2019, le concours de slam poésie auprès des classes du Secondaire I du Valais. Ce concours s’intègre au programme des cours de français et musique et offre des supports pédagogiques adaptés. Son but est de familiariser l’élève avec la poésie et la prise de parole en public. Le concours est introduit par les enseignants de français et musique mais la classe doit être inscrite dans le cadre de son programme de français. Des séquences pédagogiques sont à disposition, sur demande auprès de mv-sion-slam@admin.vs.ch; le programme « Etincelles de culture » proposera des ateliers. Des dossiers pédagogiques peuvent être téléchargés sur le blog : https://slamvs.wordpress.com/supports Les pré-inscriptions se font auprès de la Médiathèque Valais jusqu’au 12 octobre 2018. Par cette annonce,
« Les pré-inscriptions se font auprès de la Médiathèque Valais jusqu’au 12 octobre 2018. » l’enseignant de français manifeste l’intérêt de sa classe pour le concours. Dans un 2e temps, chaque classe décidera des slameurs la représentant. Les finales régionales seront organisées la semaine du 25 mars 2019 dans les sites de la médiathèque. La grande finale cantonale aura lieu courant mai dans un théâtre valaisan. Les finalistes seront « coachés » par des professionnels des arts de la scène. Comme à
chaque édition, des prix récompenseront les meilleurs élèves et la classe du grand vainqueur. Médiathèque Valais Service de l'Enseignement Pour toutes informations : https://slamvs.wordpress.com Pour les pré-inscriptions : mv-sion-slam@admin.vs.ch
> PU B LICITÉ
Livre valaisan pour enfants Walliser Kinderbuch Disponible sur | Erhältlich unter: valexperience.com
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RUBRIQUES > CONCOURS
Concours « Les frappadingues de Résonances » MOTS-CLÉS : TOUS LES DEGRÉS • 5R Le concours « Les frappadingues de Résonances » reprend du service. Cette année, c’est un concours coorganisé par Ecole-Economie et Résonances pour - de déchets et + de tri qui vous est proposé (liste des partenaires sur le site). Un thème qui assurément intéressera vos élèves, étudiants ou apprentis.
DE QUOI S’AGIT-IL ? Dans le cadre de la campagne de sensibilisation à une meilleure gestion des déchets à l’école, plusieurs activités sont prévues, dont un concours d’idées (du projet à sa réalisation). Il est basé sur la démarche des 5R (réduire, réutiliser, remplacer, réparer, recycler). Le site www.ecole-economie.ch propose des contenus pédagogiques pour se familiariser avec la thématique.
QUELS OBJECTIFS ? Valoriser les projets développés par les écoles ou les classes Recueillir des idées qui pourront être utilisées par d’autres écoles
QUI PEUT PARTICIPER ? Catégorie A : Cycle 1 (1H-4H) Catégorie B : Cycle 2 (5H-8H) Catégorie C : Cycle 3 (CO) Catégorie D : Secondaire II général et professionnel
JUSQU’À QUAND PARTICIPER ? Dernier délai : 30 avril 2019
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
COMMENT PARTICIPER ? Promouvoir votre idée réalisable dans une école avec un slogan, un bref argumentaire incluant des indications sur la mise en œuvre de l’idée ainsi qu’un visuel (dessin, photographie ou vidéo). Compléter le formulaire à télécharger depuis www.frappadingues.ch ou www.ecole-economie.ch et l’adresser à concours@frappadingues.ch (toute la procédure pour joindre les visuels est indiquée dans le formulaire). Indications concernant la manière de remplir ce formulaire 1 page au maximum. Validez les textes (orthographe, style) de ce document avant la remise de l’idée. Ce descriptif illustré sera publié tel quel sur internet. Intégrez des photos ou autres éléments visuels. La promotion de l’idée par l’image est essentielle. Renvoyer le formulaire à : concours@frappadingues.ch.
QUELS SONT LES CRITÈRES D’ÉVALUATION ? Critères principaux Pertinence, faisabilité et originalité de l’idée en lien avec la gestion des
déchets, intérêt pour d’autres écoles de reprendre l’idée du projet. Critères secondaires Qualité de l’argumentation, créativité, mise en valeur de l’idée, slogan. Les critères seront pondérés selon les catégories.
QUELS SONT LES PRIX DÉCERNÉS AUX CLASSES PAR LE JURY ? Prix par catégorie : 1er prix : 300 francs, 2e prix : 200 francs, 3e prix : 100 francs. Prix spécial du jury : 400 francs. Le jury sera composé de professionnels de la gestion des déchets et de créatifs.
QUAND LES PRIX SERONT-ILS REMIS ? La remise des prix se fera fin mai 2019. Les résultats seront publiés en fin d’année scolaire sur les sites : www.frappadingues.ch et www.ecole-economie.ch Stéphane Dayer Nadia Revaz
www.frappadingues.ch
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> MATHÉMATIQUES
33e Championnat international des jeux mathématiques et logiques MOTS-CLÉS : ÉNIGMES • TOUS LES DEGRÉS
INFORMATIONS GÉNÉRALES
bénévoles (GVJM) qui s’occupe de ce championnat. Adresse Sébastien Python Route de la Forêt 125 - 1926 Fully Tél. : 079 444 93 62 E-mail : sebast.python@gmail.com
But Développer l’esprit de recherche, de créativité, de logique, d’astuce et d’intuition à l’aide d’énigmes mêlant humour et rigueur.
Notre site www.gvjm.ch
Remarques Ce concours est approuvé et encouragé par le Département de l’économie et de la formation. Il est organisé dans une quinzaine de pays par la Fédération française des jeux mathématiques (FFJM). En Valais, c’est un groupe d’enseignants
Etapes 1/ Qualification régionale, le mercredi après-midi 28 novembre 2018, dans les centres scolaires régionaux. Environ 2500 participants ! 2/ Finale valaisanne, le samedi 16 mars 2019 au collège des Creusets à Sion. 500 à 550 qualifiés.
3/ Finale suisse à l’EPFL - Lausanne, le samedi 18 mai 2019. 4/ Finale internationale à Paris, fin août 2019. Lors des 3 premières étapes, les premiers (environ 20%) de chaque catégorie sont qualifiés pour l’étape suivante. Catégories CM = élèves de 6H et 7H C1 = élèves de 8H et 9 CO C2 = élèves de 10 CO, 11 CO et 1re année du Collège L1 = élèves de la 2e à la 5e année du Collège Ce concours a lieu en dehors des heures de classe. S. Python
32e championnat des jeux mathématiques et logiques Qualification régionale valaisanne du 22 novembre 2017
Quel est le nombre préféré de Tournesol ?
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8. Tournesol La somme des chiffres du nombre cherché est forcément égale à 4 puisque le nombre possède 4 chiffres. Cherchons tous les nombres de 4 chiffres dont la somme donne 4, en allant du plus petit au plus grand afin de ne pas en oublier. Comme un nombre ne peut pas commencer par 0, les nombres possibles sont 1003, 1012, 1021, 1030, 1102, 1111, 1120, 1201, 1210, 1300, 2002, 2011, 2020, 2101, 2110 et 2200. Parmi ces 16 nombres, 1210 et 2020 satisfont aux conditions de la donnée. Le nombre préféré de Tournesol est 1210 ou 2020.
8. Tournesol (C1, C2, L1) (coef. 8) Le nombre préféré de Tournesol est formé de 4 chiffres. Le premier chiffre indique combien il y a de 0 dans ce nombre, le deuxième combien il y a de 1, le troisième combien il y a de 2, et le dernier combien il y a de 3.
1. Le nombre Plus petit nombre : 1027.
1. Le nombre (CM) (coef. 1) 2017 s’écrit avec quatre chiffres. Quel est le plus petit nombre de quatre chiffres que l’on peut écrire en utilisant un 2, un 0, un 1 et un 7 ? Note : un nombre ne peut pas commencer par un 0.
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RUBRIQUES > SHS-SN
SHS-SN : un nouveau site internet pour le cycle 1
https://animation.hepvs.ch/shs-sn-c1
MOTS-CLÉS : SCIENCES DE LA NATURE • SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES Très proches au Cycle 1, SHS (géographie histoire) et SN (sciences) sont désormais présentées sur un seul et même site, tout nouveau tout beau !
CONTENU Sur le site, l’enseignant trouve des informations sur le travail de l’animation, des indications et conseils pour enseigner ces branches, notamment un fil rouge quelque peu modifié, ainsi que quelques explications sur l’évaluation dans ces degrés du cycle 1. Il y trouve également une série d’articles et précisions directement en lien avec les séquences tirées du moyen d’enseignement officiel. L’espace « membre » donne accès à diverses ressources supplémentaires, photos ou évaluations ! L’animation vous encourage donc à vous y connecter afin de profiter pleinement de ce qui vous est mis à disposition (même identifiant et mot de passe que pour les autres sites de l’animation). Petit à petit, les articles seront modifiés, améliorés, remplacés par d’autres. Le site est amené à évoluer
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au fur et à mesure des expériences, des nouveautés, des trouvailles, dans le but d’accompagner au mieux les enseignants sur le terrain. Les sites de l’animation SHS-SN cycle 2 et cycle 3 et le nouveau site cycle 1 sont liés entre eux : l’enseignant peut passer d’un site à l’autre en un clic. Reste donc préservée la verticalité chère au PER ; de la 1H à la 11CO, on aborde la géographie, l’histoire ou les sciences avec les mêmes « lunettes » ! Pour découvrir le travail effectué en collaboration avec Dominique Pannatier, l’animation vous encourage à aller surfer, chercher, fouiller, explorer et à faire des retours via le formulaire de contact afin de correspondre au mieux à vos besoins ! Un site internet ne fait pas l’enseignement, et l’animation reste évidemment à votre disposition pour intervenir dans votre classe, le mardi et le jeudi ! N’hésitez pas à prendre contact… Corinne Michellod Animatrice SHS-SN Cycle 1
https://animation.hepvs.ch/shs-sn-c1
Echo de la rédactrice Tout va très bien Il y a quelques semaines, je croise une enseignante lassée qu’on lui dise que tout va bien dans toutes les écoles du canton et que c’est donc elle le problème. Non, dans sa classe, elle a des difficultés. Elle n’en peut plus de ces phrases dignes de la méthode Coué, dans le style de la très vieille chanson « Tout va très bien, Madame la Marquise. » Elle l’assure, tout ne va pas très bien, même si la situation n’est pas au plus mal pour autant. Ce qu’elle demande, c’est juste un peu d’aide pour trouver des solutions à des problèmes bien réels, aussi ces discours qu’elle juge mielleux font effet contraire et l’exaspèrent. Quelques jours plus tard, je rencontre une autre enseignante qui n’en peut plus de toutes ces injonctions au bonheur à l’école. Si elle ne remet pas en question l’importance de tendre vers des émotions plus douces, elle estime que la barque de l’élève vivant heureux dans une école heureuse dérive, en raison de certains qui ont mal compris l’esprit de ces méthodes bienveillantes. Elle est d’avis que les élèves et ellemême également doivent parfois pouvoir s’autoriser une once de colère, sans avoir en écho immédiatement des messages d’interdiction concernant l’expression de certaines émotions jugées négatives. Toujours dans le trop ou le trop peu, comment trouver le bon dosage ? Une chose est certaine, l’être humain, même au XXIe siècle, est encore en phase d’apprentissage, devant se battre avec ses convictions et ses émotions. En soi, c’est réjouissant. Nadia Revaz
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> DES CHIFFRES ET DES NOMBRES
Enumération
MOTS-CLÉS : NOMBRE • COMPTAGE • 1H-2H Lors du numéro de septembre, nous avions proposé une première rubrique consacrée à l’introduction des nouveaux moyens d’enseignement de mathématiques (1H-2H). Nous souhaitons profiter de la vague pour présenter quelques nouveautés qui figurent dans les contenus mis à disposition des enseignants, notamment dans le chapitre du nombre. En effet, en plus de proposer une répartition des activités suivant les axes thématiques du PER et de les incorporer dans une structure pouvant être déclinée dans une séquence d’enseignement (activité d’introduction, d’entraînement, etc.), quelques ajouts inspirés de recherches en didactique et d’analyses de situation menées en classe ont été introduits
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dans ces moyens. Parmi elles, la distinction effectuée par Briand (1993) entre l’énumération et le dénombrement de collections.
UNE PREMIÈRE SITUATION « NON-MATHÉMATIQUE » Afin d’illustrer notre propos, nous développerons l’étude de deux situations très classiques dans les petits degrés (1H-2H) que nous avons pu observer dans le courant de l’année 2018. La première ne relève absolument pas des mathématiques mais a été proposée dans le but de reconnaître les différentes lettres de l’alphabet (inspirée par une activité décrite par Laparra & Margolinas, 2016). Après avoir fourni une enveloppe à l’élève contenant des petits rectangles de papier sur chacun desquels une lettre majuscule est imprimée, l’enseignant demande à celui-ci de poser la lettre juste en dessous de
celle qui lui est identique. Dans notre exemple, l’élève est amené à reconstituer « MONSIEUR LOUIS », c’est-àdire que, lorsqu’il pigera (NDLR : au Québec, piger signifie piocher) un R dans l’enveloppe, il a pour consigne de le poser sur la dernière case du premier mot. Comme indiqué plus haut, l’intention de l’enseignant est ici de proposer à l’élève une activité autonome qui lui permette de travailler la reconnaissance de lettres. Toutefois, en y regardant de plus près, le travail de l’élève s’avère plus riche que la seule reconnaissance qui lui est demandée. Supposons, de manière tout à fait raisonnable, que l’enseignant introduise des « leurres » dans ses enveloppes, c’est-à-dire des lettres qui ne figurent pas dans le texte « MONSIEUR LOUIS ». Par exemple un Z. Si ce Z venait à être pigé et reconnu
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RUBRIQUES comme ne correspondant pas aux lettres du texte, deux possibilités s’offrent désormais à l’élève : la première consiste à se débarrasser de la lettre en la remettant dans l’enveloppe, la seconde en la posant ailleurs (on notera qu’il est totalement inutile de déterminer exactement où, l’important est que ce soit ailleurs). On constate que la première possibilité peut générer de grandes difficultés, au cas où l’élève viendrait à régulièrement piger son Z par la suite. La tâche peut alors prendre un temps infini voire aboutir à un échec sans que les capacités de l’élève à reconnaître des lettres ne puissent pour autant être remises en question. La seconde possibilité, quant à elle, nécessite de recourir à un implicite qui n’a jamais été formulé dans les consignes : à l’aide d’une organisation spatiale, distinguer les lettres déjà traitées de celles qui ne le sont pas encore… Cette répartition des objets dans l’espace, a priori anodine, est la condition sine qua non pour que chaque lettre ne soit traitée qu’une et une seule fois et ne pas se lancer dans une boucle aussi répétitive que décourageante. On notera que le nombre de lettres ici importe peu : nous ne sommes pas dans une tâche numérique. Toutefois, de cette capacité à distinguer les objets traités de ceux qui ne le sont pas encore dépend, entre autres, la réussite de la tâche. Toute personne ayant cherché quelle était la clé de son trousseau correspondant à la serrure qu’il tente d’ouvrir conviendra que cette rigueur et cette discrimination peuvent permettre d’économiser de précieuses minutes…
UNE SECONDE SITUATION Si le lien avec l’apprentissage du nombre peut à ce stade sembler obscur, alors le lecteur est invité à déterminer le nombre de mots contenus dans cette phrase (en l’occurrence, en faisant fi du contenu de la parenthèse, 28). Pour réussir cette tâche de dénombrement, le lecteur-compteur aura forcément eu recours au
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
principe présenté précédemment : il lui est indispensable d’appliquer une procédure permettant de ne traiter chaque mot qu’une et une seule fois : en les appréhendant dans le sens de la lecture, en les barrant une fois comptabilisés, en ne considérant d’abord que les noms communs puis les déterminants (ce qui serait surprenant, mais bon, chacun son truc…). On comprendra dès lors que le principe d’énumération (qui consiste à ne traiter chaque objet qu’une et une seule fois) est nécessaire au comptage (qui consiste à déterminer le nombre d’éléments qui composent une collection d’objets en les traitant un à un), lui-même constituant une procédure particulière de dénombrement (qui consiste à déterminer le nombre d’éléments qui composent une collection d’objets). Ainsi, un enseignant qui, après avoir organisé les bureaux de sa classe en lignes et en colonnes, cherche à dénombrer ces derniers aura certainement recours à une procédure de dénombrement qui ne relève pas totalement du comptage (notamment en multipliant le nombre d’éléments d’une ligne par le nombre de colonnes…). De la même manière, les programmeurs informatiques auront reconnu dans ces principes des signes certes précurseurs mais ô combien tangibles avec les notions de boucle, de condition d’arrêt, de tri, etc.
DANS LES MOYENS D’ENSEIGNEMENT ROMANDS (MERS) Au regard de ces résultats issus d’analyses de situations et de pratiques dans les classes, la distinction de tous ces procédés et concepts ainsi que l’importance du travail de l’énumération ont été explicitées dans les nouveaux MERs, en introduisant notamment un nouvel « apprentissage visé » dans l’axe thématique consacré aux nombres et en proposant plusieurs activités telles que « Jardins de Fleurs » dont nous vous proposerons une analyse dans notre prochaine rubrique. Au plaisir de vous retrouver. Ismaïl Mili larpem@hepvs.ch
Bibliographie Briand, J. (1993). L’énumération dans le mesurage des collections. Un dysfonctionnement dans la transposition didactique. Université Sciences et Technologies, Bordeaux I. Laparra, M., & Margolinas, C. (2016). Les premiers apprentissages scolaires à la loupe: Des liens entre énumération, oralité et littératie. Bruxelles: De Boeck.
C’était écrit il y a 100 ans… Lien vers les archives complètes www.resonances-vs.ch https://bit.ly/2qPNOoZ
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> ÉDUCATION MUSICALE
L’éloge de la chanson, deuxième partie MOTS-CLÉS : TECHNIQUE • PAROLES • MÉLODIE En septembre, nous vous avons entretenus de l’importance du chant dans les cycles 1 et 2. Nous poursuivons aujourd’hui avec quelques propositions pour un travail efficace en éducation musicale. Nous espérons qu’elles vous aideront pour vos cours.
QUAND Il est préférable de pratiquer l’éducation musicale à une fréquence régulière : une fois par jour, selon le temps que vous avez dans votre degré scolaire : 90 minutes de 3H à 6H et 45 minutes en 7H et 8H. Pour les 1H et 2H, il y a une attribution Arts de 20 à 25% du temps horaire1.
ATTITUDE Au cours d’une séance, pensez à alterner les positions. Nous pouvons chanter assis avec une attitude souple, tonique et dynamique pour le travail d’apprentissage. Nous réserverons la position debout pour l’échauffement en début de séance et l’interprétation finale d’un chant. Evitons les positions molles et sans tonus.
ORGANISATION Il est bon d’instituer une sorte de rituel dans votre séance. Par exemple, nous pouvons prévoir quelques étapes : Un réveil corporel et des jeux vocaux2 La conduite de l’apprentissage du chant nouveau L’interprétation d’une partie ou de tout le chant en cours d’apprentissage L’exploitation de chants en technique, travail du rythme et de l’intonation… La mémorisation du répertoire : interprétation de chants déjà appris
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Chanter assis avec une attitude souple, tonique et dynamique pour l’apprentissage
L’écoute d’œuvres, d’extraits musicaux, pour la formation du goût et de l’oreille
APPRENTISSAGE DE NOUVELLES CHANSONS Nous travaillerons par imprégnation pour le début du cycle 1 et poursuivrons par le dialogue chanté à partir du milieu de ce cycle (méthode perroquet). Dans les 2 cas, il faut une gestuelle pour la cohésion du groupe.
PRÉSENTER LA CHANSON Pour susciter l’intérêt des élèves, nous présenterons l’œuvre, soit en version enregistrée (version originale ou bonne version) soit avec votre propre interprétation. Il est aussi important de contextualiser cette chanson, d’en donner le sens général ou d’expliciter quelques mots de vocabulaire.
ENSEIGNER LA CHANSON Il est important de procéder par un va-et-vient entre l’enseignant et les élèves. Si nous travaillons les paroles seules, ne pas avoir peur de les reprendre en alternant l’expression. Pour la mélodie, procédez de la même manière en répétant de courtes cellules musicales. Il est néces-
saire de prendre le ton pour être dans la bonne tessiture. Ensuite, travailler les transitions entre les phrases. Si un élément pose un problème, il faut le reprendre pour avoir une imprégnation juste. Quand l’enseignant chante, les enfants écoutent et inversement. Il sera judicieux de ne pas utiliser d'accompagnement musical pendant cet apprentissage pour mieux entendre les éventuelles erreurs et pouvoir les corriger. L’objectif est de bien fixer la mélodie du refrain et/ou du premier couplet dans cette première étape. Nous espérons que ces quelques conseils vous aideront dans votre travail durant cette année scolaire. Jean-Maurice Delasoie Bernard Oberholzer Notes Grille horaire des Ecoles du Valais romand 11 février 2015 (décision du Conseil d’Etat). 2 Vous trouvez un dossier en téléchargement sur notre site. 1
https://animation.hepvs.ch/ musique
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES > ÉCHO
Echo du Colloque international de l’Ophris sur l’éducation inclusive Une table ronde sur les pratiques inclusives effectives, sous l’angle des expériences et des transformations, a réuni Guy Dayer (chef de l’Office de l’enseignement spécialisé, Valais), Gérard Aymon (directeur du Cycle d'Orientation du Val d'Hérens) Alexandre Dayer (enseignant, école primaire, Monthey) et Manuella Salamin (présidente de l'Association des maître.sse.s de l'enseignement spécialisé du Valais romand). Cette table ronde valaisanne a permis d’ajouter une dimension très concrète à ce colloque, tout en faisant écho aux conférences et ateliers. La conférencière Marianne Frenay de l’Université catholique de Louvain (Belgique)
MOTS-CLÉS :TRANSITIONS • TRANSFORMATIONS • ROUTINES Le 8 e Colloque international de l’Ophris (Observatoire des pratiques sur le handicap - Recherche et intervention scolaire), dont le discours d’ouverture a été fait par Christophe Darbellay, conseiller d’Etat et chef du Département de l’économie et de la formation de l’Etat du Valais, a eu lieu les 28 et 29 août 2018, à Bramois (Université de Genève / Valais campus), autour de la thématique « Education inclusive : Transitions - Transformations - Routines ». C’était la première fois que l’Ophris, dans le cadre de ses colloques internationaux, se réunissait hors de France. Une réussite au vu du nombre et de la diversité des profils des participants. JeanPhilippe Lonfat, chef du Service de
Résonances • Septembre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
l’enseignement, et plusieurs cadres du SE étaient présents lors de ces journées, ce qui démontre l’intérêt pour la thématique à l’aune de l’Ecole valaisanne. Ce colloque, organisé sous la responsabilité de l’Université de Genève et soutenu par la HEP-Valais, le Réseau Recherche en pédagogie spécialisée et d’autres instituts, a accueilli quatre conférenciers de renom (Gérard Bless de l’Université de Fribourg, Serge Ebersold du CNAM à Paris, Marianne Frenay de l’Université catholique de Louvain et Julie Ruel de l’Université du Québec en Outaouais), ainsi que différents chercheurs, formateurs et professionnels scolaires dans le domaine de l'éducation inclusive. Jean-Marie Lavanchy et Marie-Paule Matthey, de la HEP-VS, faisaient respectivement partie du comité scientifique et du comité d’organisation de cette manifestation.
INTERVIEW Le commentaire de Serge Ebersold, CNAM, Paris En tant que titulaire de la chaire accessibilité au Centre national des arts et métiers et chercheur au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique au CNAM, vous vous intéressez aux transitions juvéniles. Diriez-vous que ces dernières se généralisent ? Absolument, les transitions dans l’univers professionnel se sont démultipliées avec la précarisation de l’emploi. Dans le parcours scolaire aussi, la question de la continuité ou de la rupture de la scolarisation peut être délégitimée d’une année à l’autre. Par ailleurs, du fait que les définitions du handicap ne sont pas toujours les mêmes entre l’univers scolaire et professionnel, il est illusoire de croire que les rythmes peuvent s’accorder sans ajustement.
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Les différences d’approches de ces transitions sont-elles grandes au niveau international ? Dans certains pays, la scolarisation en milieu ordinaire relève d’une rationalité éducative, avec des soutiens interdépendants et tournés vers le système. Le milieu spécialisé est alors une ressource pour l’ensemble des acteurs. Dans d’autres pays, sans changer de rationalité, on fait de la scolarisation en milieu ordinaire, parce que le spécialisé coûte trop cher et dès lors on confronte les acteurs des systèmes éducatifs à toute une série d’injonctions paradoxales. Une approche plus systémique serait-elle souhaitable ? Il faudrait aller vers la mise en compétence de l’ensemble des acteurs. Un élève à besoins éducatifs particuliers invalide les enseignants, parce qu’il remet en cause leurs routines, ce qui conduit à devoir s’interroger sur sa pratique. Si d’autres routines ne sont pas pensables, l’élève devient alors insupportable. C’est en cela que la notion d’accessibilité est intéressante. L’accessibilité est-elle liée seulement au handicap ? Non, pour moi c’est un nouvel imaginaire social qui est largement lié aux mutations des systèmes éducatifs, dans une école post-disciplinaire. Se saisir de cette notion d’accessibilité comme un imaginaire social à partir duquel se repense quelque chose qui est de l’ordre d’un nous solidaire et d’une école démocratique permettrait de soutenir les acteurs de l’école, dans des petits pas de côté qui peuvent se faire à l’échelon de l’établissement. Si l’on poursuit dans la direction actuelle, l’école inclusive pourrait devenir une violence symbolique pour tout le monde. Aujourd’hui, les enseignants se sentent obligés de sous-traiter à d’autres la prise en charge de la difficulté scolaire, s’estimant démunis et insuffisamment soutenus pour individualiser les pratiques et repenser la
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relation enseignant-enseigné. Au cours de leur formation, il faut dire qu’on ne leur fournit en général pas assez de moyens pour penser l’innovation ordinaire et ainsi mieux répondre aux particularités des élèves.
« Si l’on poursuit dans la direction actuelle, l’école inclusive pourrait devenir une violence symbolique pour tout le monde. » Quel devrait être le rôle des chercheurs dans ces transformations ? Nous avons une responsabilité dans les pôles de certitudes que l’on devrait proposer aux enseignants. Nous ne nous sommes pas suffisamment interrogés sur les effets des logopèdes (NDLR : logopédistes en Suisse romande) ou des autres personnes qui accompagnent l’élève avec un handicap. Et quand on dit spécialisé, c’est spécialisé en quoi ? Est-ce qu’on est spécialisé parce que l’on a suivi un cursus spécifique ou parce que l’on participe à la mise en compétences des acteurs de l’école ? Il y a là un champ pour des recherches.
INTERVIEW Le commentaire de Marie-Paule Matthey, HEPVS (membre du comité d’organisation du colloque) Que retirez-vous de ce colloque ? Des pistes pour réfléchir autrement. Pour exemple, Teresa Assude, de l’Université Aix-Marseille, a évoqué dans l’un des ateliers les dispositifs de soutien préventifs en mathématiques et cela m’a semblé intéressant pour voir l’appui à l’intégration, non pas comme une remédiation aux difficultés des élèves à besoins éducatifs particuliers, mais comme une prévention de leurs difficultés, en
leur assignant un rôle plus valorisant dans la situation d’enseignement. Les questions qu’ils posent pour comprendre l’activité peuvent être utiles à tous. Lors de sa conférence, Mariane Frenay, de l’Université catholique de Louvain, a mis en évidence l’importance du climat de classe pour favoriser l’intégration des élèves à besoins spécifiques, ce qui a conforté l’une de mes intuitions. Ce colloque me permettra de reprendre certains contenus avec mes étudiants à la HEP-VS, avec moins d’efforts à fournir pour les convaincre de lire ces auteurs, puisqu’ils les auront entendus, ce qui donne une proximité différente avec la recherche. Au niveau des transitions vers une autre école ou une autre filière, que retenez-vous ? Avant ce colloque, la question des transitions, tout en faisant le constat que cela ne se passait pas très bien, je la définissais comme le travail des structures. Le concept de la personne en devenir de Serge Ebersold, repris dans certains ateliers, a modifié mon regard. Cette posture peut paraître théorique, mais je pense que prendre conscience de ce changement d’identité, grâce à l’apport des chercheurs, est important. Ce qui peut surprendre, mais ce constat est valable pour d’autres colloques, ce sont les flottements au niveau des définitions, sachant que tout le monde n’évoque pas la même chose en parlant de transition, d’intégration, d’inclusion... Chaque théoricien va définir un certain nombre de concepts dans un cadre théorique donné. Dès lors, il n’y a pas une seule définition de la transition. Ce qui a peut-être manqué aux chercheurs, c’est de dire d’où ils parlaient, ce qui arrive souvent dans les colloques, faute de temps ou parce que l’on suppose que cela relève d’un implicite partagé. Dans ma perception, l’intégration sous-tend un effort de la part de l’élève pour s’adapter. S’il
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RUBRIQUES y a inclusion, l’élève fait partie de la classe, avec ce qu’il est et ce qu’il sait, sans avoir cette pression de réussite. Le travail de l’élève consistant à s’adapter aux autres et à la norme demeure, mais sans cette pression inutile. Je crois néanmoins important de réfléchir aux limites de l’inclusion. Et au niveau de la transformation des valeurs, des pratiques, des postures, qu’avez-vous appris ? Les apports du colloque m’ont permis de percevoir un peu
autrement les transformations des pratiques. Coralie Delorme, de l’Université de Genève, a utilisé le terme de transformations silencieuses, ce qui me semble approprié. Manuella Salamin, présidente de l’AMES, ou Alexandre Dayer, enseignant à Monthey, ont expliqué dans le cadre de la table ronde qu’ils étaient incapables de dire précisément les transformations de leur pratique. C’était l’occasion de prendre le temps de réfléchir à ces micro-changements qui se font au quotidien, sans qu’il n’y ait
besoin d’une injonction spécifique. Quant aux routines de fonctionnement, sont-elles un frein ou un levier ? Les deux. Ce qui est important, c’est d’apprendre à repérer ce qui fonctionne ou pas. Les routines peuvent être des freins et c’est le cas de certaines formes d’évaluation si routinières qu’elles empêchent de se poser la question de la différenciation. Dans d’autres situations, ce sont des leviers pour plus d’inclusion.
Le commentaire de Guy Dayer, chef de l’Office de l’enseignement spécialisé Quel est votre bilan général suite au colloque de l’Ophris ? Au niveau du canton, pouvoir accueillir un colloque de dimension internationale qui essaie de faire des liens entre la recherche et le terrain est une formidable chance. Comme les résultats de la recherche en éducation ont hélas nettement moins de crédit que dans d’autres domaines, ce colloque était une occasion de démontrer leur importance si l’on ne veut pas rester sur ses acquis, ses intuitions et ses valeurs. Les conférences plénières que j’ai entendues,
notamment celle de Gérard Bless ou de Julie Ruel, étaient très intéressantes. Concernant les ateliers que j’ai suivis, je suis un peu plus mitigé, car les contextes étant éloignés des nôtres, il m’a semblé difficile d’en retirer directement quelque chose. Par contre, c’est toujours enrichissant de découvrir ce qui se fait ailleurs et d’élargir son réseau. Comment s’est déroulée la table ronde valaisanne à laquelle vous avez participé ? C’était une table ronde proche du
terrain, avec des intervenants ayant des rôles complémentaires. Nous avons eu de bons retours. Mon seul souci, c’est d’avoir dépeint une situation un peu trop idéaliste ou simple, sachant que l’inclusion reste toujours quelque chose de difficile qui se fait au quotidien dans les classes.
Le commentaire de Greta Pelgrims, Université de Genève (co-responsable du colloque et membre du comité d’organisation) Pourquoi avoir articulé ce colloque international autour de l’éducation inclusive via les transitions, transformations et routines ? Entre le réseau Ophris qui mène ses travaux depuis une dizaine d’années et ce que l’on sait par ailleurs via les publications et les pratiques, nous avons pensé que c’était le moment d’avoir le recul sur l’école inclusive et ses transitions, transformations et routines. Lorsque l’on peut suivre les situations, que nous disent-elles des
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ajustements et des reconstructions identitaires et professionnelles qui seraient nécessaires ? Dans les parcours scolaires, dès avant l’entrée à l’école et jusqu’à la formation professionnelle, il reste des zones de vulnérabilité lors des transitions. L'inclusion est-elle parfois remise en question ? Dans les décisions prises en faveur de l’inclusion, il y a quantité d’enjeux d’orientation, d’octrois de mesures,
et il arrive que la séparation puisse intervenir à nouveau dans le parcours. Quant à l’entrée dans la profession, elle est un passage particulièrement délicat. Propos recueillis par Nadia Revaz
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> CORPS ET MOUVEMENT
Sortie imaginaire dans le Val Bergi Localisation : entre 15 et 30 km de l’école Utilisation des transports publics Découvrir une vallée à pied Visiter un village S’approvisionner dans la nature et dans un petit commerce local qui propose des produits de la région. Rencontrer des personnes qui peuvent nous parler de l’histoire de la vallée
Dialogue entre Myriam et Lionel
MOTS-CLÉS : SORTIE DE CLASSE • MOBILITÉ • ALIMENTATION Entre plaisir, météo, découverte, alimentation, sécurité,… une sortie de classe se prépare. Idéalement, les enfants devraient être au cœur de ce projet piloté de manière souple par l’enseignant.e. De nos jours, les enfants ont déjà à leur actif de multiples expériences et découvertes réalisées en famille ou dans le cadre extrascolaire. Comment innover et donner du sens à une sortie d’automne ou de printemps ? Nous vous proposons de suivre Myriam et Lionel qui aident Fabienne à innover dans l’organisation de sa sortie de classe de 7H.
A partir de ces contraintes, les enfants ont choisi le Val Bergi, vallée située à 20 km de leur école après des recherches sur internet, de l’observation de cartes et discussions en famille. Innover c’est peut-être déjà prendre le temps de la découverte des lieux près de chez soi qui sont un peu moins accessibles ou promus par les offices du tourisme et les promoteurs d’activités récréatives.
SE DÉPLACER Lionel propose de penser à se déplacer principalement à pied et un peu en transport public. Pour ne pas perturber l’organisation habituelle des élèves, le rendez-vous reste devant
le préau à l’heure scolaire habituelle. De là, s’organise le déplacement à pied jusqu’au transporteur public. Aujourd’hui, les déplacements sont souvent source de stress (changements à effectuer : ne perdre personne, retards possibles, gares à traverser). Les déplacements à pied ne coûtent rien et entrent dans une logique de développement durable et de promotion de la santé. Ce type de mobilité lente permet de prendre le temps d’observer, d’avoir conscience de son corps dans l’espace. Le bruit inhérent à un groupe confiné dans un bus ou train n’existe pas en extérieur ; vous et vos élèves en serez moins fatigués.
SE NOURRIR Myriam, quant à elle, suggère de partir à la recherche d’aliments de saison, de la région et bio, en favorisant, si possible, les producteurs locaux. Pourquoi, par exemple, ne pas partir à la recherche de bolets, prendre rendez-vous avec le contrôleur de champignons du Val Bergi et les cuisiner ensuite avec lui sur un feu de bois ? Ou chercher des baies ou fruits pour le dessert que l’on pourrait agrémenter de produits locaux ?
UN PROJET QUI A DU SENS L’école de Fabienne est à Maville. La classe a déjà effectué des visites de la ville et des alentours. Fabienne souhaite proposer un cadre de réflexion induisant une sortie différente dans un endroit que peu ou pas d’enfants connaissent. Pour cette réalisation, quelques contraintes-idées et pistes s’appliqueront :
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La carte imaginaire du val Bergi avec des champignons ou des baies à découvrir...
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RUBRIQUES Ceci ne remplace bien sûr pas le(s) repas conçu(s) préalablement par les enfants. Que peut-on manger lors d’une sortie d’un jour ? Les enfants vont devoir répondre à cette question tant du point de vue économique qu’alimentaire dans les semaines précédant la sortie en pensant encore à : Qu’apprécie-t-on manger et boire lorsque l’on est dehors ? Faut-il manger plus si l’on marche un jour que si l’on est à l’école ? Quels enfants ont des allergies ou intolérances alimentaires ? Comment s’organiser pour manger quelque chose de chaud ? Comme conserver et transporter ce que l’on emmène ? Que peut-on acheter sur place ? Quoi, quand et où ? Quel budget établir pour la sortie de classe ? S’il pleut ou s’il fait froid, qu’est-ce qui va changer ? Myriam et Lionel se retrouvent dans une auberge d’un hameau du Val Bergi et échangent sur leurs idées de sortie de classe idéale ; idées que vous trouvez ci-dessus sous forme d’interrogations. Ensuite, Fabienne devra organiser sa sortie avec ses élèves, les rendre actifs aussi bien avant que durant la sortie. Pourquoi ne pas proposer aux élèves un questionnaire à remplir durant la sortie, faire des photographies qui pourront être utilisées aussi bien lors de cours que pour un compte rendu aux parents. Lionel a repéré le trajet qu’il devra refaire avec Fabienne ou lui proposer de le parcourir peu de temps avant sa sortie en incluant aussi bien les conseils de Myriam que les suggestions des élèves. Il faudra donc situer les coins à champignons ou baies, selon la saison, ou éventuellement les chalets d’alpage dans lesquels il est possible de s’abriter ou de manger ainsi que les commerces locaux pour l’achat de produits de consommation.
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ALLER À LA RENCONTRE
Si nécessaire et en fonction des activités prévues, trouver un.e accompagnant.e qui puisse activement participer au projet des élèves et aux activités prévues.
Lionel et Myriam habitent la même région que les élèves de Fabienne. De ce fait, ils connaissent très bien les ressources locales comme les associations du patrimoine bâti et naturel, des producteurs, l’auberge du Val ainsi que les anciens et anciennes des villages du Val. Il est donc facile pour eux d’organiser des rencontres entre les habitants et les élèves de la classe de Fabienne.
Faire des expériences sur le terrain en impliquant activement les élèves, en essayant de trouver les meilleures solutions possibles tout en respectant les directives du Service de l'enseignement n’est pas impossible ! Le risque zéro n’existe pas.
Si, vous n’avez pas la chance de connaître des spécialistes de la région, il est envisageable d’organiser une sortie du même type en « échange » avec une autre classe.
Osons donner du temps, de l’espace, de la liberté à nos élèves pour qu’ils développent leurs propres jeux et intérêts. Faisons aussi confiance aux enfants !
Pourquoi ne pas imaginer que la classe d’un village du Val Bergi organise la venue et la découverte du Val pour les enfants de Maville et vice versa?
A travers ce texte à deux mains, nous avons insisté sur l’organisation, l'alimentation et le respect du développement durable… mais n’oubliez pas la surprise, la découverte, le risque, l’aventure, la réflexion, le désordre, l’imprévisible et le dynamisme. Soyons-en de fervents instigateurs pour le bien-être de nos élèves.
LES IMPRÉVUS À ANTICIPER Les imprévus sont de divers ordres : bobologie, météo, trafic routier, environnement,… D’où l’importance de se renseigner avec précision sur la région peu avant de s’y rendre. Pour les changements de météo : prévoir des raccourcis, un plan B ou la possibilité de rentrer plus vite que prévu. Piqûres de guêpes, abeilles ou autres insectes : un « aspi venin ». Une trousse de secours comprenant au moins quelques pansements, une bande élastique collante, une couverture de survie, un téléphone portable chargé avec tous les n° des parents des élèves, etc.
ASSURER LA SÉCURITÉ Respecter les Directives relatives à la sécurité et à l’organisation des activités physiques et sportives scolaires (https://animation.hepvs.ch/ education-physique) Informer la Direction de l’école du projet ; pour une sortie de plus d’un jour s’en référer à l’inspecteur
Aussi bien l’enseignant.e que les enfants doivent trouver du plaisir à ces sorties ! Myriam Bouverat didacticienne EN, HEP-VS Lionel Saillen animateur EPS, HEP-VS
Ressources utiles Le supplément Sortir ! édité en 2017 par l’Educateur et à télécharger www.le-ser.ch https://bit.ly/2MV2dJK Directives relatives à la sécurité et à l’organisation des activités physiques et sportives scolaires du canton du Valais https://goo.gl/RciHqK (actuellement en révision) Cartes SuisseMobile www.schweizmobil.ch/fr/ete.html
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> DOC. PÉDAGOGIQUE
La Documentation pédagogique à votre disposition MOTS-CLÉS : ÉQUIPE • COLLECTIONS
La rentrée n’est certainement plus qu’un lointain souvenir mais sans doute êtes-vous en quête de nouvelles idées pour varier vos activités, de solutions pour gérer une situation complexe, surmonter une difficulté avec vos élèves ou d’informations pour vous documenter sur une nouvelle thématique. Les équipes de la Documentation pédagogique sont à votre disposition pour vous renseigner, conseiller et guider dans les fonds spécialisés en sciences de l’éducation, pédagogie, didactique et psychologie. N’hésitez pas à les solliciter sur les sites de la Médiathèque Valais St-Maurice, Sion et Brigue, les trois sites qui hébergent des collections spécialisées dans ces domaines.
QUELQUES SUGGESTIONS DE LA RENTRÉE DISPONIBLES À LA MÉDIATHÈQUE VALAIS ST-MAURICE Aide aux DYS de Christophe Chauché (Tom pousse) Niv. 1 : 376.3 CHAU Analyses de situations pour bien débuter dans l'enseignement de Françoise Clerc (Hachette) Niv. 1 : 371.21 CLER Gérer les élèves à besoins spécifiques : un nouveau défi pour l’école de Geneviève Vandecasteele (De Boeck Education) Niv. 1 : 376.3 VAND
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Haut potentiel : récit de Jacqueline Thibault (L’Harmattan) Niv. 1 : 376.5 THIB La boîte à outils de la confiance en soi de Annie Leibovitz (Dunod) Niv. 1 : 159.923.2 LEIB Manuel de survie à l’usage de l’enseignant (même débutant) de François Muller (L’Etudiant) Niv. 1 : 371.2 MULL Parcours HP : mieux comprendre pour mieux accompagner de Carine Doutreloux (Erasme) Niv. 1 : 376.5 DOUT Vous souhaitez suivre l’évolution de nos collections au fil des mois ? Notre rubrique « Nouvelles acquisitions »
publiée sur le site de la Médiathèque Valais (menu déroulant : collections) est incontournable. Nous y égrenons mois après mois toutes les nouveautés acquises. Bonne année scolaire et au plaisir de vous rencontrer dans nos espaces, de vous renseigner ou simplement d’échanger avec vous. Evelyne Nicollerat Médiathèque Valais St-Maurice evelyne.nicollerat@admin.vs.ch
Pour en savoir plus www.mediatheque.ch https://explore.rero.ch/fr_CH/vs
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RUBRIQUES > RECHERCHE CSRE
Recherche sur l’école en Suisse autrefois MOTS-CLÉS : SCOLARISATION • HISTOIRE DE L’ÉDUCATION
L’ÉCOLE ET LA SOCIÉTÉ VERS 1800 : LA SCOLARITÉ DANS LA RÉPUBLIQUE HELVÉTIQUE On ne sait que relativement peu de choses sur les origines et le développement de l’école en tant qu’institution et de la scolarité en Suisse. Selon les recherches effectuées jusqu’à présent, les écoles à la fin du XVIIIe siècle étaient plutôt chaotiques, n’étaient pas fréquentées régulièrement et les enseignants n’étaient pas formés en conséquence. En analysant l’enquête de 1799 concernant la fréquentation scolaire de l’époque, connue comme « enquête Stapfer », la présente thèse consacrée à la question de la fréquentation scolaire aide à mesurer l’importance accordée à l’école dans la société vers 1800. L’étude est centrée sur la question de savoir combien d’enfants suisses allaient à l’école vers l’an 1800, donc à l’époque de la République Helvétique. L’échantillon de l’enquête comprend environ 100 communes et leurs 126 écoles, réparties sur tout le territoire suisse. Parmi elles figurent des communes catholiques ou réformées, urbaines ou rurales ainsi que des communes facilement accessibles ou isolées en plaine ou en montagne. A l’aide d’une analyse quantitative et qualitative, le chercheur calcule, compare et interprète les valeurs concernant la fréquentation de l’école et se penche sur la scolarité telle qu’elle a été vécue
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dans certains villages et villes sélectionnés. Il analyse ensuite une thèse sur la fréquentation scolaire à cette époque. Les résultats montrent, par exemple, que la fréquentation scolaire dépendait de facteurs locaux, comme l’accessibilité de l’école. Plus le chemin de l’école était long et difficile, moins les enfants allaient à l’école. L’âge des élèves jouait lui aussi un rôle: les plus grand.e.s abandonnaient l’école pour aider leurs parents à la maison. L’identification avec l’école au sein de la société (communale) ainsi que la situation financière de la communauté scolaire avaient elles aussi un impact sur le taux de fréquentation scolaire. Les enseignants présentaient différents niveaux d’éducation et leur expérience professionnelle divergeait : métier artisanal (25%) / agricole (13,5%), famille d’enseignants/ métier d’enseignant (23,2%), formation religieuse / hors prêtres / pasteurs (8%), ancien militaire (5,4%), métier commercial (4,5%) ou prêtre / pasteur (1,8 %). Institution : Université de Luxembourg, Fakultät für Sprachwissenschaften und Literatur, Geisteswissenschaften, Kunst und Erziehungswissenschaften; 2, avenue de l'Université; L-4365 Esch-sur-Alzette. Chercheurs : Michael Ruloff, Dr. ; Phd Supervisor: Univ.-Prof. Dr. Daniel Tröhler. Publications : Ruloff, Michael Christian : Schule und Gesellschaft um 1800. Der Schulbesuch in der Helvetischen
Republik. Bad Heilbrunn: Verlag Julius Klinkhardt 2017, 241 S. - (Studien zur Stapfer-Schulenquête von 1799) – (Zugl. : Luxemburg, Univ., Diss., 2016) – URN: urn:nbn:de:0111pedocs-146361 [Dissertation der Universität Luxembourg]. CSRE
Pour en savoir plus Magazine CSRE # 3 | 2018 Possibilité de s’abonner en ligne au magazine www.skbf-csre.ch/fr/ recherche-en-education/ magazine-csre https://bit.ly/2QI2JxH Site internet du CSRE www.skbf-csre.ch
Document IRDP : Statistiques de l’ERF 2018 Les statistiques de l’Espace romand de la formation (ERF) de l’année 2018 sont réunies par l’Institut de recherche et de documentation pédagogique (IRDP) dans un document accessible en ligne. Ce document est complémentaire aux informations disponibles sur le site de l’IRDP. www.irdp.ch https://bit.ly/2PQsA57
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> REVUE DE PRESSE
D’un numéro à l’autre Japon
Des robots deviennent professeurs Des robots pour apprendre l’anglais aux enfants : le Gouvernement japonais a décidé de se tourner vers les technologies pour tenter d’intéresser les élèves aux langues étrangères dans un archipel peu polyglotte. Le projet pilote sera mené dans 500 écoles à partir de la rentrée scolaire prochaine, en avril 2019, pour un budget d’environ 250 millions de yens (près de 200 000 euros). Sud Ouest (21.08)
Médiation
Solution à la violence La médiation existe au sein des CO valaisans depuis plus de trente ans et dans les classes primaires depuis deux ans. A Sierre, on apprécie la méthode et on a fait de la médiation les bases du projet « Stop on discute » qui se réalise pour la troisième année d’affilée avec les élèves de 8H qui deviennent, ainsi, les référents pour les plus petits qui savent qu’eux aussi, un jour, deviendront à leur tour des médiateurs. Le Journal de Sierre (24.08)
Rentrée scolaire
seconde personne est bénéfique dans une classe. L’objectif est de l’élargir à tout l’arc jurassien. Le Matin Dimanche (27.08)
Organisation scolaire
Les effectifs ne gonfleront pas Il n’y aura pas de hausse d’un élève par classe dans les écoles neuchâteloises. Le Gouvernement a fait savoir que la hausse des effectifs par classe, prévue initialement dans son plan financier de législature 2019-2022, avait été abandonnée à la suite des premières manifestations de mécontentement de députés et des syndicats de l’enseignement en décembre 2017. Arcinfo (31.08)
Pénurie d’enseignants
Berlin engage des profs sans diplôme Particularité cette année : près des deux tiers des nouveaux enseignants n’ont aucun diplôme de pédagogie. Berlin manque de profs, et le constat s’étend du primaire au secondaire, où les enseignants non qualifiés représentent 30 à 70% des recrues. En tout, 2700 personnes ont été embauchées, dont 1700 hors circuit classique. Pour rassurer, le Sénat de Berlin affirme que nombre d’entre eux ont déjà une expérience pédagogique puisqu’ils ont donné des cours de langue aux réfugiés, dans les « classes de bienvenue ». Une évaluation de la mesure doit se faire dans le courant de l’année scolaire. Le Courrier (1.09)
Conjugaison
En finir avec l’accord du verbe avoir Deux professeurs belges veulent que le participe passé du verbe avoir soit toujours invariable, car les élèves perdent leur temps à apprendre des règles jamais assimilées. Ils défient l'autorité de l'Académie française. Selon ces deux professeures, « il serait tellement plus riche de se consacrer à apprendre à nos enfants tout ce qui permet de maîtriser la langue plutôt qu’à faire retenir les parties les plus arbitraires de son code graphique ». Le Matin.ch (3.09)
Grand-maman et grand-papa retournent à l’école
Quatre Valaisans en or au SwissSkills
Des retraités bénévoles retournent sur les bancs d'école pour épauler les enseignants. C'est le concept Win3 imaginé dans l'arc jurassien. Une première romande. Le concept Win3 est appelé à faire des petits et à se développer dans un avenir proche. Il a été prouvé que la présence d’une
Les jeunes Valaisans ont brillé à Berne à l’occasion des fameux SwissSkills (championnats suisses des métiers non-académiques dans les domaines de l’artisanat, de l’industrie et des services). Amélia Brossy (assistante en soin et santé communautaire), Sébastien Zenhäusern (catégorie soudure), André Vegas Machado (assistant en promotion de l’activité physique et de la santé) et Maxime Bagnoud (caviste) se sont ainsi montrés les meilleurs dans leur domaine et ont remporté l’or. Si Rémi Heredo (automaticien) s’est paré d’argent tout comme le Fribourgeois Nicolas Rohrer, qui a suivi toute sa formation de pâtissier-confiseur à Crans-Montana chez David
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Formation
Pasquier, Line Dorsaz (viticultrice) et Manon Cheseaux (caviste) ont, elles, récolté le bronze. Cela signifie qu’il y aura 6 ou 7 représentants romands dans la sélection suisse pour les prochains WorldSkills en Russie. Le Nouvelliste (17.09)
Coaching
Conseils pour lutter contre l’indiscipline Selon le Fribourgeois Jean-Claude Richoz, pour apprendre à s’imposer, les enseignants peuvent s’inspirer des arbitres du sport. « La situation s’est détériorée à partir des années 2000-2010, avec une indiscipline qui est peu à peu devenue chronique et qui s’est répandue à tous les degrés de la scolarité. Il faut établir une bonne relation affective avec les élèves et poser un cadre de travail très clair et structuré dès les premières minutes de l’année scolaire. » Migros Magazine (3.09)
Intégration
Les réfugiés accueillent les habitants de Matran La Maison de formation et d’intégration, gérée par le département Fribourg de Caritas Suisse a ouvert ses portes au public. Cette maison abrite actuellement 41 âmes, venues de Syrie, d’Erythrée et d’Afghanistan principalement. L’objectif de cette structure est d’accompagner les réfugiés – qui ont obtenu l’asile dans notre pays – dans un cadre « sécurisant et bienveillant ». Le Courrier (4.09)
Ecole
Défis santé En Valais, 31 établissements scolaires ont fait la démarche de devenir
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
RUBRIQUES des écoles en santé et durables en adhérant au réseau valaisan d’écoles21. Certains projets sont coûteux et les écoles manquent de ressources financières pour les concrétiser. Le réseau d’écoles21 peut leur apporter un soutien financier. Le Réseau d’écoles21 s’adresse aussi bien aux écoles de la scolarité obligatoire qu’à celles du secondaire II général et professionnel. Le Nouvelliste (6.09)
Ecole obligatoire
Métier d’enseignant généraliste revalorisé La Société pédagogique vaudoise (SPV) ressort de l’eau un serpent de mer : l’unification du statut des profs de l’école obligatoire. Intitulé « 10 mesures pour une école de qualité », il s’agit d’un catalogue d’actions inscrites dans une vision globale, pour lesquelles veut se battre l’association ces prochaines années. La formation pour l’enseignement primaire devrait avoir le niveau d’un master. 24Heures (7.09)
Arabe à l’école
Un instrument de prévention de l’islamisme L’essayiste Hakim El Karoui préconise, entre autres mesures, le développement de l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles pour « réduire l’attractivité des cours dans les écoles coraniques et les mosquées ». Selon lui, à l’école, l’élève aura un point de vue différent de celui qu’il peut entendre à la mosquée grâce à un éclairage historique et anthropologique. Le Parisien (11.09)
Enquête
Les jeunes préfèrent le bénévolat à la politique Non, les jeunes ne se fichent pas de tout. Certes, l'engagement dans des partis politiques ou des syndicats n'a plus leur faveur depuis longtemps, mais
Résonances • Octobre 2018 Mensuel de l’Ecole valaisanne
ils s'intéressent néanmoins à la vie civique. C'est ce que nous apprend l'étude française « Bénévolat, projets citoyens, élections, vie du lycée... : les lycéens veulent-ils encore s'engager ? » publiée vendredi 7 septembre par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), l'un des volets de sa grande enquête nationale sur l'école et la citoyenneté qui porte sur 16 000 collégiens et lycéens et qui sera présentée en 2019. Le Monde (8.09)
Education en France
Journées trop chargées Des journées très chargées pointées du doigt par l'étude annuelle « Regards sur l’éducation » de l'OCDE, qui s'intéresse à l'organisation du temps scolaire dans tous ses pays membres. Les écoliers français travailleraient 100 heures de plus que leurs voisins européens, sur un temps plus court. Plus de journées de cours, mais moins longues : la solution est prônée par la FCPE depuis longtemps. Pour l'association de parents d'élèves, il faut repenser les rythmes scolaires en école élémentaire, trop souvent considérée comme le parent pauvre de l'Education nationale. Franceinfo (11.09)
Société
Sciences
L’importance des études Pour la sortie du documentaire « 16 levers de soleil » sur la mission Proxima de l’Agence Spatiale Européenne, Thomas Pesquet, le plus célèbre des astronautes français, parle de son rapport à l’école et à la pédagogie. « Je sais ce que je dois à chacun de mes professeurs. C’est grâce à eux qu’il y a des parcours comme les miens et comme tant d’autres. Le système éducatif français m’a permis de beaucoup recevoir. Sans l’école publique, gratuite et obligatoire, je n’aurais sans doute pas fait grandchose de ma vie. Je sais qu’on ne leur dit pas souvent merci, moi je le dis : merci à vous ! » Vousnousils.fr (17.09)
Education
Directeur d’école, un métier insuffisamment reconnu
Mon enfant déteste son instit
Selon l’OCDE, les directrices et directeurs d’école, en France, gagnent seulement 7% de plus que le salaire moyen d’un enseignant. On les dit « en première ligne » sur toutes les questions scolaires : de sécurité, de climat, de dynamique collective, de projet… On dit aussi qu’ils « jonglent avec les tâches » relatives aux enseignants, aux élèves comme aux parents, qu’ils alternent missions administratives et pédagogiques. Pour quelle reconnaissance ? L’étude plaide en faveur d’une réforme. Le Monde (11.09)
Que faire lorsqu’un gamin se plaint de sa maîtresse et ronchonne, chaque jour davantage, au moment d’aller en classe ? Philippe Theytaz, coach en relations humaines, explique comment empoigner le problème. En résumé : Ne pas paniquer – Changer de perspective – Ne pas dénigrer l’instit – Impliquer l’enfant – Rencontrer l’enseignant – Eviter de déplacer l’élève – Soigner. Migros Magazine (17.09)
Patois
Glossaire sur la toile Le Glossaire des patois romands est désormais consultable en ligne. Vingt ans de travail intense pour parvenir à numériser les 8 volumes d’un ouvrage qui, 100 ans après sa création, est toujours en cours de rédaction. Alors que la version papier est payante, sa version électronique est gratuite. www.unine.ch/gpsr Arcinfo (13.09)
La revue des médias Futur
Apprendre au XXIe siècle, avec et par la science Le magazine de l'éducation de France Culture conjugue le verbe apprendre au futur. Premier chapitre dans le cadre du magazine Etre et savoir, avec François Taddei, ingénieurgénéticien, spécialiste des sciences de l'apprendre, et Elena Pasquinelli, philosophe, spécialiste des sciences de la cognition. (France Culture, 16.09) www.franceculture.fr/ https://bit.ly/2NUQbEG
Improvisation
Fribourg : épanouissement des jeunes. Une association Impro-FR a été créée dans le but d’organiser des matches d’impro entre les cycles d’orientation. Le but de la nouvelle association est de promouvoir l’improvisation théâtrale dans le cadre scolaire, d’abord au cycle d’orientation, puis éventuellement au niveau secondaire II (collège, école de culture générale, etc.). Des premiers contacts ont eu lieu dans ce but avec la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS). Cette dernière confirme qu’elle va analyser cette demande d’intervention dans le cadre scolaire. La Liberté (17.09)
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Christophe Darbellay et les priorités de l’année scolaire Afin d’évoquer les colorations majeures de l’Ecole valaisanne pour 2018-2019, nous avons rencontré Christophe Darbellay, chef du Département de l’économie et de la formation, qui apprécie toujours autant qu’en 2017 la diversité de ses fonctions, allant de l’enseignement à l’agriculture, en passant entre autres par l’industrie et le tourisme. Lors de cet entretien, nous avons zoomé ses deux priorités pour la formation, à savoir la digitalisation et le maintien de bonnes conditions-cadres, dont le temps d’enseignement au premier cycle. Evidemment d’autres nouveautés et défis attendent l’Ecole valaisanne… Comment vont se dessiner les contours de la digitalisation dans les classes pour cette année scolaire ? Le 25 octobre, lors de la journée suisse du digital, le robot Thymio sera testé dans certaines écoles, car il est important de préparer les jeunes à la digitalisation qui les environne déjà et qui va prendre de plus en plus de place dans leur vie professionnelle et personnelle. Il ne s’agit évidemment pas de maîtriser le langage de la programmation, mais de comprendre la logique de la machine. D’autres actions en lien avec la digitalisation sont-elles d’ores et déjà prévues pour la suite ? Le point le plus important concerne la formation des enseignants. Romain Roduit, qui travaille à la HESSO Valais et qui est le « pape » de la robotique ludique en Valais, a déjà formé une soixantaine d’enseignants, dont une dizaine ont accepté d’être des ambassadeurs de
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ellay, chef Christophe Darb atten nm de An as © Thom
du DEF
Thymio le 25 octobre dans différentes écoles. Pour élargir la formation, nous collaborons avec Francesco Mondada, professeur à l’EPFL et « papa » de Thymio, à partir de modules adaptés pour ne pas être trop chronophages et qui seront peut-être proposés en partie sous forme de MOOCs. Lorsqu’un enseignant sera estampillé « Thymio », il recevra une valise avec plusieurs robots pour initier ses élèves à la pensée computationnelle. Ces derniers pourront par exemple donner au robot les instructions pour faire un dessin ou un parcours, ce qui peut s’intégrer dans de nombreuses branches d’enseignement.
La robotique, est-ce pour vous le seul axe de la digitalisation pour cette année scolaire ? Non, cette année nous mettons aussi l’accent sur l’éducation aux médias ainsi que sur la dimension de la prévention, avec une offre de formations continues renforcée. Par ailleurs, il y a la problématique des équipements à résoudre. Le centre ICTVS, qui est là pour accompagner la digitalisation dans les écoles sur le plan pédagogique et technique, a mené une enquête auprès des établissements de la scolarité obligatoire, dans le but de connaître l’état des lieux en matière d’infrastructures. Résultat, si nous sommes très bons en ce qui concerne le taux d’équipement en tableaux blancs interactifs, nous sommes très mauvais dès qu’il est question d’ordinateurs, de tablettes ou de connectivité. En l’absence de matériel ou avec des équipements trop anciens dans nombre d’écoles, nous nous classons au-dessous de la moyenne suisse et derrière la Roumanie au niveau international. Même si l’équipement est du ressort des communes, il va falloir que le Canton donne l’impulsion pour rattraper rapidement ce retard. En ce moment, un peu partout il y a régulièrement débat entre
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i NFOS DU DEF RUBRIQUES davantage d’écrans à visée pédagogique en classe ou à l’opposé moins d’écrans à l’école en raison des addictions, des problématiques oculaires, etc. Ressentez-vous ce tiraillement ? Il est bien clair que les élèves ne passeront pas leurs journées devant des écrans et qu’ils seront sensibilisés à certains dangers du numérique. Le socle de l’Ecole valaisanne reste constitué des fondamentaux et du bilinguisme et l’écran comme le robot ne doivent être utilisés que lorsqu’il y a une plus-value pédagogique. Le Centre cantonal ICT-VS est principalement concerné par la digitalisation du côté de la formation, mais j’imagine qu’il y aura des collaborations, notamment avec la HEP-VS... Notre fer de lance de la digitalisation dans les écoles est monté en puissance, avec l’engagement de plusieurs nouveaux collaborateurs, aussi le Centre ICT-VS est désormais au cœur des relations avec la HEP-VS, avec les directions des établissements scolaires, avec l’antenne valaisanne de l’EPFL, etc. Le Valais doit devenir pionnier de la digitalisation au niveau de la formation et de l’économie. Il m’arrive d’entendre des enseignants qui craignent un empiétement de l’économie sur la formation. A la tête du Département qui rassemble ces deux domaines, que leur répondez-vous ? Il ne faut pas avoir de crainte, car il n’y a pas de soumission de l’école à l’économie, pas plus que l’inverse. Les deux doivent par contre être reliés et ce Département rassemblant les deux domaines est une opportunité pour le Valais. Si dans le Haut-Valais le Lehrplan21 accorde une place très claire aux médias et à l’informatique, au niveau romand, avec le PER, cela fait partie de la formation générale, sans être toujours mis en œuvre sur le terrain. Un changement est-il envisagé pour corriger cela ?
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C’est une question qui se pose actuellement dans le cadre des ajustements prévus au niveau intercantonal pour le Plan d’études romand. L’objectif n’est pas de tout refaire, mais de tenir compte d’une réalité qui a beaucoup évolué depuis la rédaction du PER.
« Le 25 octobre, lors de la journée suisse du digital, le robot Thymio sera testé dans certaines écoles. » Cette année, vous portez une attention particulière au cycle 1. Pourquoi ce choix ? Pendant très longtemps, les deux premières années d’école ont été la dernière des priorités, alors que c’est dès la 1H-2H que les apprentissages fondamentaux se mettent en place. Augmenter le temps d’enseignement à ces degrés, sachant qu’actuellement nous sommes 23e au niveau national, sera une chance pour tous les élèves, dont ceux à besoins particuliers. Si l’on ne fait rien pour ces premiers degrés de la scolarité, on continuera à se retrouver, comme c’est le cas aujourd’hui, avec des jeunes en échec, et pas seulement des étrangers, à la sortie du système. Après discussion avec les communes, car il pourrait y avoir à certains endroits des changements organisationnels, une nouvelle dotation horaire sera mise en place pour les premiers degrés de la scolarité obligatoire. C’est essentiel si l’on veut conserver une école parmi les plus performantes de Suisse. Dans un deuxième temps, il s’agira d’examiner le temps scolaire en 9-11CO, sachant qu’actuellement nous sommes 21e au niveau suisse. Et pour le maintien des bonnes conditions-cadres dans la formation, sur quelles dimensions mettez-vous le focus ? La santé des enseignants et leur qualité de vie sont fondamentales à mes yeux. Dans le cadre du réseau
cantonal d’écoles en santé, une conférence et des ateliers s’articuleront du reste autour de ce thème le 7 novembre. Par ailleurs, nous devons chercher les solutions pour pallier la pénurie des enseignants, avec la génération des baby-boomers qui arrive en fin de carrière et la mise en place de modifications que nous souhaitons douces au niveau de la caisse de pension, de façon à ce qu’il n’y ait pas trop de départs à la retraite. En l’état, nous augmentons la voilure du côté du nombre de jeunes enseignants, avec davantage d’étudiants à la HEP-VS. Nous devons également inciter les hommes à réintégrer ce métier aujourd’hui essentiellement féminin, et peut-être encourager le personnel à temps partiel à augmenter un peu son pourcentage d’activité. Si cela ne suffisait pas, les étudiants de la HEP-VS en dernière année de formation pourraient avoir une classe régulière à temps partiel, comme cela s’est fait à certaines époques à l’Ecole normale. Dans le numéro de septembre de Résonances, il était question de Graines d’entrepreneurs, programme notamment testé en Valais lors de deux camps d’été. Développer l’esprit d’entreprise à l’école obligatoire, en complément à Apprendre à entreprendre au secondaire II, estce essentiel pour former les jeunes de demain ? J’ai été membre du jury de Graines d’entrepreneurs et cette expérience m’a convaincu que ce programme permettait aux jeunes de faire preuve d’une grande créativité, via une approche ludique. J’encourage les CO à faire bénéficier leurs élèves de ces journées d’initiation, qui peuvent tout à fait s’intégrer dans le cadre du PER. Demain nous aurons besoin de davantage d’entrepreneurs, et si l’esprit d’entrepreneuriat se développe dès l’école obligatoire, cela pourrait aider les jeunes dans leur choix d’orientation professionnelle. Propos recueillis par Nadia Revaz
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i NFOS DIVERSES
Des nouvelles en bref
Unidistance
« La philosophie ’est ne sert à rien. C st e e en cela qu’ell essentielle. » en Raphaël Enthov
Stratégie nationale au niveau de la CDIP Le samedi 15 septembre 2018, UniDistance a battu deux records : d’une part, 207 diplômés ont reçu leur diplôme universitaire à la Simplonhalle de Brigue. D’autre part, l’institution a franchi la barre des 1700 étudiants. Du jamais vu ! https://unidistance.ch Expérience non-fumeur
Ouverture des inscriptions L'adresse du mois Association valaisanne de parents d’enfants à haut potentiel www.avpehp.ch
L’école bouge
Nouvelle plateforme A l’été 2017, Swiss Olympic a repris le programme de promotion de l’activité physique « L’école bouge » de l’Office fédéral du sport. « L’école bouge » est désormais disponible en tant que plateforme en ligne où se trouvent de nombreux nouveaux exercices physiques, qui peuvent être sélectionnés en fonction de la situation aussi bien pour la stimulation et la relaxation que pour l’apprentissage. www.ecolebouge.ch
Laura Vouardoux, collaboratrice spécialisée Laura Vouardoux a changé de fonction au sein du Service de l’enseignement, passant de collaboratrice administrative à collaboratrice spécialisée. Avec cette modification de son cahier des charges, elle a un rôle de soutien plus marqué dans la gestion des RH internes du Service. Elle est notamment en charge de façon autonome de la gestion du personnel de nettoyage de nos écoles cantonales et de la gestion des e-dossiers du personnel administratif et d’exploitation. Elle assure également le suivi des mises au concours des postes relatifs au personnel enseignant des écoles secondaires du 2e degré. Son implication dans le suivi des dossiers en lien avec l’EtatMajor du Département de l’économie et de la formation et dans l’administration des dossiers relevant de la Direction du Service est aussi plus importante. www.vs.ch/enseignement
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Actif auprès des jeunes, le CIPRET propose depuis de nombreuses années le concours Expérience nonfumeur aux classes de 8H à 11CO. Il est un moyen pour les enseignants de thématiser le tabac en classe avec le challenge du concours qui motive les élèves. Les classes participantes s’engagent à ne pas consommer de produits contenant de la nicotine pendant six mois. A la fin de l’année scolaire, un tirage au sort désignera les classes remportant un bon de voyage CFF d’une valeur de 500 francs. Le CIPRET-Valais tire également au sort deux classes supplémentaires qui recevront un soutien financier pour leur promenade d’école. Les enseignantes et enseignants peuvent inscrire leur classe en ligne. Le délai d’inscription est fixé au 31 octobre 2018. www.experience-nonfumeur.ch Foyer La Chaloupe à Collombey-le-Grand
Pôle dédié à l’enfance Le foyer La Chaloupe a déménagé et se mue en pôle de compétences et de référence dédié à l’enfance. Depuis sa création, en 2002, le Foyer La Chaloupe accueille des jeunes, garçons et filles, en âge de scolarité, confrontés à des difficultés personnelles, familiales, sociales et/ou scolaires. Elle leur offre un cadre sécurisant et stimulant, en placements d’urgence, de courte, moyenne ou longue durée, en collaboration avec les familles et les partenaires impliqués dans le placement. www.foyerlachaloupe.ch Concept haut-valaisan
Boussole pour le processus orientation Depuis début 2018, les conseillers et conseillères de l’Office de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière du Haut-Valais utilisent un nouveau concept d’orientation et les instruments de travail qu’ils ont eux-mêmes conçus pour l’accompagner. Au cœur de ce concept figure le modèle GUIDE, qui s’appuie sur des découvertes scientifiques en matière de ressources pour la carrière. www.panorama.ch https://bit.ly/2DqRabN
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Résonances La revue Résonances, qui fait suite à L’Ecole valaisanne parue de 1956 à 1988, à L’Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu’à L’Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de l'économie et de la formation (DEF), via le Service de l’enseignement (SE). Edition, administration, rédaction DEF / SE – Résonances – Place de la Planta 1 Case postale 478 – 1951 Sion – Tél. 027 606 42 18 www.resonances-vs.ch Rédaction Nadia Revaz – nadia.revaz@admin.vs.ch – Tél. 079 429 07 01
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Cet ouvrage propose une découverte du Valais à travers treize rencontres avec des femmes et des hommes attachés à leur terre, à leur métier. 8. CLAUDINE ET YVON RODUIT FULLY LA COMBE D’ENFER PARADIS DES NECTARS
1. ALBIN ZEITER ET LES FAMILLES D’OBERGESTELN MOUCHOIRS ET CHAMPS
9. JOËL FLOREY GARDE-FAUNE DANS L’ÉCRIN DU VAL D’ANNIVIERS
2. SONJA GERBER ABEILLES SAUVAGES, LE MONDE CACHÉ DES HYMÉNOPTÈRES VALAISANS 3. PHILIPPE CURDY LES COLS ALPINS DÉVOILENT NOTRE PASSÉ 4. GINETTE ET MICHEL GAUDIN HÉRENS, UNE RACE UNIQUE ET DES PAYSANS ARTISANS 5. PIERRE-ALAIN ZUBER UNE ŒUVRE ACCORDÉE AU BOIS
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