No 15 l'Ecole primaire, 1er Août 1902

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Ce cours compte six participants seulement, venant tous de cantons différents. La seconde partie du programme sera donnée l'ann{le prochaine. La clôture du cours actuel d'instruction est fixée au 24 juillet, et les examens auront lieu les 22, 23' et 24 du même mois. - Sténographie. - La réunion des instituteurs et amis de la sténographie annoncée dans notre dernier numéro a eu lieu à Romont, le 3 juillet, à l'hôtel de la Croix-Blanche, !:'ous la prési_dence d_e _M. Bonabry. L~s de,ux groupes des duployens et des a1mé-par1S1ens sont tombes d accord pour la fondation d'une Société fribourgeoise de sténographie. Un Comité d'organisation est constitué. Doctorat. - M. l'abbé F . Singy, zélé collaborateur de notre Revue, vient de subir avec succès, à Rome, l'examen final pour l'obtention du doctorat en philosophie. Nos chaleureuses félicitations.

1 crAOUT 1902

XXXl8 ANNÉE

~e r§ulletin pédagogique et

L'Ecole primaire ORGANE DES SOCIÉTÉS FR/BOURGEOISE & VALAISANNE D'ÉDUCATION et du

Musée pédagogique

paraissant les i " et 15 de chaque mois

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A VIS OFFICIELS

RÉD.\CTIO:'i

ABO:-.NE~IENTS Il· ANNO~CES

.\1. Dr.~smornc, Dh·eclcur de l'Ecole normole

lmp,·imel'Îe cotholique1 G1-.1rnPHuc. i 3. )L E. ü111u,uun, sccn!lnirc, !i fl'ihourg-.

de lfo ulol'ivc. près F1·ihourg.

Abonnement ponr lu Suisse, fr. 3. -

Lo Conseil d'Etat <lu canton de Fribourg a fixé à 30 fr. la cotisation que doivent verser les membres de la Ca.isse de retraite du corps_ enseignant. Les sociétaires sont invités à s'acquitter, jusqu'iiu 20 Jmllet courant, entre les mains de M. Corminbœuf caissier à Bel Caux Après ce délai, les cotisations impayées sero~t prises ' en remboursement. * * * 1. Les chants à étudier pendant la présente année scolaire sont les suivants: 1° Le chanteur, N° 34. - 20 Le berger, No 57. - 30 Ro11lez tambours, N° 87. - 4° Les bords de la lib1·e Sa1·ine No 123. B. Voir le Recueil de chants du Valais, dernière édition.'

Dans les écoles de filles et les classes inférieures les No~ 3 et 4 ci-dessus indiqués, pourront être remplacés par deu~ autres chant~ ou par des cantiques. li. Pour le reste, se conformer au programme général, pages 33 et 34. (Communiqué.)

-·=·La principale application qu'on devrait avoir serait de former son Jng~ment, _et de le rendre aussi exact qu'il le peut être, et c'est à quo i devrait tendre la plus grande partie de nos études. On se sert <le la rai~on com~e d'un instrument pour acquérir les sciences, et on_ devrait_ se servir a.u contraire des sciences pour perfectionner sa raison, la Justesse de l'esprit étant infiniment plus considérable que toutes los connaissances spéculatives. > (ARNAULD.) . «

Ponr l'éhungcr, fr. 4.

SOMMAIRE : La Société fribourgeoise cl'Education à Romont (suite el fin). - Int1•oduction à la Psychologie (s uite/. - La lecture ci l'école primaire (suite). - L'instruction publique au temps de la Rome des Papes (suite). - Musée scolaire. - Correspondance. - Chronique scolaire.

La Société fribourgeoise d'Education A ROMONT Suite et fl,n.

La grande salle du Casino de Romont, si vaste qu'elle soit, a pu à peine contenir les flots de convives qui l'envahirent - tel un torrent débordé - à l'issue de la séance du matin. Trois cent cinquante personnes étaient pressées autour des longues tables élégamment garnies. Ce chiffre, qui certes n'est pas atteint chaque année, prouve que nos fêtes pMagogiques n'ont rien perdu de leur attrait. M. .Joye, tenancier de la Maison-de-Ville, s'était chargé de


330 régaler les congressistes. Sous sa direction, le service a été fait de manière à satisfaire même les plus exigeants. Dans la cour du Càsino, la fanfare de Romont nous donne des moments d'exquise jouissance en nous faisant entendre quelques morceaux choisis avec goù.t et exécutés avec une aisance et un brio parfaits, tandis que le canon, braqué sur les vieux remparts, salue de sa voix plus puissante les toasts et les productions diverses. M. Mauroux, préposé aux poursuites, dont la figure sympa. thique ne répond guère aux occupations plutôt désagréables auxquelles il est appelé d'ordinaire, remplit avec humour les fonctions délicates de major de table. Orateurs et chanteurs sont tour à tour l'objet de ses ... poursuiles. Malheureusement il a oublié un débiteur, et encore, quelle malchance ! u~ débiteur qui était à mème de payer longuement : j'ai nommé la Société de chant des instituteurs gruyériens. Probablement la faute en es t aux créanciers, qui n'auront pas su faire marcher à temps les rouages de la procédure. M. Pasquier, instituteur à Villaraboud, s"est chargé do la tâche la plus difficile, mais aussi la plus belle : il porte, en termes heureux, le toast à la sainte Eglise, au Souverain Pontife, au vénéré Chef du diocèse et au clergé. A peine les applauàissements ont-ils cessé que les Instituteurs de la ville de Fribourg - à tout seigneur, tout honneur - commencent avec succès la série des chants. Mgr Tflierrin, révérend curé de Promasens, répond à .M. Pasquier en portant un toast très ~ympathique au corps enseignant fribourgeois . Après un nouveau chœur, exécuté par les instituteurs de la Veveyse, M. Dévaud, à Chavannes-les-Forts, célèbre de sa voix puissante et de ses accents lyriques les louanges de la Patrie suisse et du canton de Fribourg. Je ne crois pas trop m'avcnturer en assurant que M. Dévaud a été très goùté do son auditoire. Soudain, la fanfare attaque les premières mesures du cantique suisse de Zwyssig. Un frisson court dans l'assistance. Et les voix s'élèvent, graves, majestueuses, émues, chantant la patrie aimée. Et le canon rugit aux échos cette heure solen· nelle. Mainte paupière bat plus vite, dissimulant une larme furtive. C'est beau, c'est grand!

Mais les toasts contin uent. M. Bavaud, instituteur à Châtonnaye, salue nos autorités cantonales, M. le Directeur de !'Instruction publique et le corps inspectoral. Les instituteu-rs de la Sarine se produisent dans un beau chœur avec l'habileté qu'on leur connait; puis M. l'inspecteur Oberson souhaite la bienvenue aux deux délégués du Valais : M. l'abbé Dr de Court.eu, inspecteur scolaire et M. l'instituteur Berthousoz, _ainsi qu'à M. l'abbé Snell, représentant de Genève. M. l'inspecteur de la Gruyère célèl,re en termes éloquents l'union plu s intime qui existe maintenant entre la Société pédagogique valaisanne et l'a Société fribourgeoise, grâce à la fusion de leurs organes. M. Philippe Clément, syndic de Romont, poète à ses heures, salue avec humour toutes les convives en leur disant le bonheur qu'éprouvent ses administrés à exercer à leur égard le devoir de l'hospitalité. Dans le bouquet offert, le matin, à M. le Directeur de l'Instruction publique, M. le Syndic de Romont a remarqué des :fleurs aux couleurs variés et il s'est dit qu'au banquet il devait représenter l'une de ces fleurs. Eufin, un silence presque subit fait lever la tête aux plus distraits : M. le Conseiller d'Etat Python prend la parole. « M. Grand, dit-il, vous a déjà rappelé, au nom des autorités, les services rendus au canton par la Société fribourgeoise d'Education. « Or, le peuple fribourgeois a donné. si souvent à ses chefs des témoignages de confiance et de fidélité qu'en retour nous sentons la nécessité de nous dévouer toujours davantage à sa prospérité, et cela surtout dans le domaine de l'instruc tion publique, si important pour l'avenir d'un Etat. « Depuis quelques années, le canton de Fribourg a fait un effort immense, grandiose, dans l'instruction à tous les degré~. Il nous faut maintenant développer ce qui a été créé et en r etirer autant de fruits qu'il sera possible. Jusqu'ici, le succès n'a pas complètement répondu à l'effort; il faut donc que nous tous, chacun dans notre sphère, nous travaillions plus opiniâtrément encore. Les résultats déjà obtenus doivent être pour nous un encouragement à faire davantage. « Messieurs, si nous jetons un coup d'œil rétrospectif sur


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i'instruction dans notre pays, uous pouvons le faire avec une légitime satisfaction. Si nous nous reportons de vingt ans en arrière, nous constatôns que les habitudes ont complètement changé en Suisse au point de vue de l'instruction populaire. Ceux-mêmes qui sont nos adversaires sur ce terrain ont reconnu les efforts réalisés par les Etats confédérés dans cette lutte et cette émulation . Aussi aujourd'hui, personne ne songe plus à arracher aux cantons l'autonomie qu'ils veulent garder dans le domaine de l'école primaire. Il ne s'agit plus que de savoir si on veut, oui ou non, leur donner des nouvelles ressources. Ce résultat, nous le devons aux cantons catholiques et aux autres cantons qui ont su comprendre leur devoir. « Mesdames et Messieurs, il y a deux reproches que l'on ne nous fait pas, à nous Fribourgeois, et que nous méritons pourtant. Nous méconnaissons la valeur du capital intellectuel et du développement de l'instruction. Nous croyons qu'il vaut mieux laisser deux poses de terre de plus à un enfant plutôt que de lui donner une instruction complète pour la profession qu'il a choisie. De là tous les efforts que l'on fait pour se dérober à l'école. De là le peu d'empressement que l'on met à donner consciencieusement les leçons. De là vient que l'on cherche à tuer le temps, que l'on se comporte en mercenaire . Pour s'éviter des ennuis, ~ 'instituteur inscrit quelquefois comme légitimes <les absences illégitimes. Les autorités locales prolongent les vacances. Les parents usent de mille stratagèmes pour obtenir des émancipations avant l'âge légal. Tout cela prouve que nous nous faisons illusion sur le mérite de l'idée, et que nous n'apprécions pas la valeur du capital intellectuel. « Le deuxième reproche à nous faire, c'est que nous méconnaissons le prix du temps. Que de moments gaspillés dans nos (amilles I Que d'heures perdues à ne rien faire, peut-être à médire et à calomnier! Et pourquoi? Parce que nous ne savons pas régler l'emploi de notre temps. Combien d'instituteurs eux-mêmes ne coµiprennent pas l'importance du journal du jour, '.de la distribution rationnelle de leurs occupation<i qui amène l'ordre dans la vie. Il appartient pourtant à l'instituteur d'inspirer aux enfants la valeur de cet autre capital qui est le temps.

« Il y a par contre deux reproches que l'on nous fait et que

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nous ne méritons pas. On nous reproche de manquer, de patriotisme. Or, dès les premiers moments de son entrée dans la Confédération, le canton de Fribourg a donné une preuve de patriotisme unique dans l'histoire du monde. Il a renoncé à sa langue pour s'imposer la langue allemande, afin de témoigner toute sa sympathie à la Confédération dont il commençait à faire partie. Et depuis lors, le peuple du canton de Fribourg a to ujours été patriote ; il a toujours aimé la Suisse sa patrie, sans jamais méconnaitre les avantages apportés par son alliance avec les cantons confédérés. (Bravos.) « Il y a un autre reproche que nous ne méritons pas. On dit que le peuple fribourgeois est l'ennemi du progrès. Cela est faux; notre peuple a toujours été, au contraire, l'a~i du progrès. Il suffit pour cela de rappeler l'établissement des chemins de fer. A cette heure, le peuple fribourgeois a donné également à ses confédérés un exemple unique. Dernièrement, dans une séance solennelle à laquelle j'assistais, un magistrat bernois n'hésitait pas à citer devant ses concitoyens le canton de Fribourg comme un exemple à suivre dans le domaine des chemins de fer. « S'il y a eu quelquefois un ralentissement apparent dans cette marche du progrès, c'est parce qu'on voulait nous y faire arriver en passant par-dessus nos croyances religieuses. Alors le peuple a refusé : ce n'était pas là du progrès véritable. No n, l'Eglise n'est pas hostile a u progrès : c'est un sentiment auq uel j'obéis avec fierté . Il me semble que nous venons de donner une preuve, daus une occasion toute récente, que pour conserver la liberté de notre foi nous pouvons hésiter à aller de l'avant sans être pour tout cela ennemis du progrès. C'est de là même qu'est venue la force du canton de Fribourg. (Applaudissements prolongés.) « Tranquillement, mais sûrement, telle est la devise du peuple fribourgeois. Il a foi dans son avenir. Mais pour qu'il continue à remplir dans la Confédération le rôle q·ui lui appa rtient, il faut qu e nous puissions compter sur le corps enseignant. Dans vos écoles, vous mettrez votre dévouement et votre intelligence au service de cette noble cause. Vous ne serez pas seulement des maîtres objectifs, mais vous donnerez de bonnes idées, vous inspirerez l'amour du canton. Vous cmnprendrez les intérêts du pays, et vous ferez pénétrer ces


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sentiments dans le cœur do vos élèves. En les leur exposant, vous leur donnerez la conception d'une vie juste, chrétienne et pat::-iotique. « Je bois à la santé du canton de Fribourg et à son avenir par le moyen du corps enseignant. » Des applaudissements chaleureux, des accla.mations prolongées disent à leur manière quelle impression ces paroles ont produite. M. le D• de Courten monte à son tour à la tribune et parle en ces termes : « Beaucoup de mes compatriotes auraient tenu à venir renouveler ici une amitié vieille de trente ans. Malheureusement, des occupations pressantes les ont retenus chez eux. M. Pignat, entre autres, ne pouvant quitter son bureau à cause de la maladie de son chef et de la mort de son collègue au secrétariat, m'a chargé de vous taire part de ses meilleurs vœux pour la réussite de cette fête, en vous assurant qu'aujourd'hui il est avec vous de cœur. M. Giroud, inspecteur scolaire, aussi empêché, m'a également chargé de vous faire part de ses meilleurs vœux et de ses regrets de ne pouvoir fraterniser avec vous. « Cette union qui existe si forte entre le Valais et Fribourg a sa cause dans les sentiments catholiques qui animent les deux peuples; j'espère qu'elle subsistera toujours comme la cause subsistera toujours. « Au commencement de cette année, un nouveau lien s'est formé entre nous. Les organes des deux Sociétés <l'Education fribougeoise et valaisanne se sont fusionnés; il ne reste plus maintenant que le Bulletin-Ecole, qui résume les idées des instituteurs, des deux cantons. Cette fusion des deux organes resserrera encore, je l'espère, l'union qui doit persévérer toujours entre nos deux cantons amis. « M. l'inspecteur Oberson vient de vous dire deux mots au sujet d'une affaire pénible qui a été suscitée contre le Valais et contre les instituteurs valaisans. A ce propos, je tiens à vous dire que les instituteurs valaisans ne sont pas solidarisés avec les meneurs de cette ignoble campagne. Il n'y a personne en Valais, parmi les honnêtes gens, qui se solidarise avec eux. Le Valais sera toujour~ contre ceux qui attaquent notre foi, contre ceux aussi qui attaquent le canton de Fribourg et ses belles institutions .

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« .Je forme les veux los plus ardents pour que l'union dure entre nous, pour que nos deux Sociétés <l'Education travaillent toujours au bien et au bonheur de l'enfance et de la jeunesse fribourgooise et valaisanne. » (Applaudissements.) M. Snell, rédacteur au Courrier de Genève, succède à la tribune à M. le D• de Courten. Il a été édifié de notre fête et il nous promet d'en faire un résumé dans son jpurnal. Il le dit d'avance, « cet article sera splendide!! Nous, Genevois, continue l'orateur, nous voulons rester catholiques en même temps que Suisses; c' est pourquoi de plus en plus nous nous tournons du côté de Fribourg. » Dans un toast tout pétillant d'humour, M. l'abbé Comte , révérend curé de Châtel-Saint-Denis, et, comme il le proclame et s'en fait gloire, l'.u n des nobles fils de la Tour-à-Boyer, rappelle les·commencements de la Société fribourgeoise d'F.ducation. Il s'adresse successivement, émaillant son discours de saillies spirituelles, aux représentants du gouvernement , du clergé et du corps enseignant: prœtor, pastor, et prœceptor. Dans ce dernier point, il est heureux de constater en parlant de sa paroisse, quel appui de bons i1J stituteurs peu~ent donner au prêtre. Il termine en appelant les bénédictions de Dieu sur notre Société. Enfin, M. Mathey, instituteur à Belfaux, dans un poétique langage, porte un toast à l'hospitalité· romontoise, à ses autorités ecclésiastiques et civiles et à sa population. M. Ge~dre, instituteur à Cheiry, prononce encore quelques sympatl11ques paroles à J'adresse de M. !'·inspecteur Ga pany, malhe~reuse~ent empê~hé de venir au milieu de nous; puis, la partie offic1elle termmée , les convives commencent à se disperser. Les connaissances se retrouvent, les amitiés attiédies se renouent gràce à la douce« revoyance »; chacun tient à jouir le plus possible et jusqu'au bout de cette belle journée. Et maintenant que ces heures se sont enfuies il ne nous reste plus qu'a. mettre en pratique, le mieux que' nous pourrons, les théories émises et les conclusions adoptées. Puisse c~tte réunion de Romont nous laisser, non seulement les souven~rs d'une tête bien réussie, mais des résultats palpables, sérieux, pour le plus grand bien de notre cher canton de Fl'i bourg. Ch. MAGNE, instituteur.

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Introduction à la Psychologie (Suite.)

On doit signaler néanmoins, dans l'~mplo~ d~ cette double méthode introspective, de très réelles imperLcchons, les unes générales, inhérentes à toute observatio!l, et d'autres plus spéciales. Observe~ n'~st pas enc?re expliquer, mal observ~r n'est qu'une comphcat10n de l,a difficult6; p_ar ex_emple, on la justement remarqué! les enquetes par: quest10nnaires rentrent quelquefois dans la httérature, y constituant un genre charmant et pédant, tout comme s'ils étaient de si~ples in,terv~ews. C'est par l'expérimentation psychologique qu on s efforce de remédier à ces défauts; elle est, de la part de l'homme de science une intervention artificielle, le plus souvent active, dans l~ trame ou la file naturelle des faits, qu'elle vient modifier en les faisant varier. Tantôt l'expériment n'est institué que pour mieux observer, c'est l'expériment pour voir; « au moyen d'une certaine excitation, poids, lumière, odeur, {!eu importe, on agit sur la consci~nc~ d'un sujet,_ on la modifie d'une certaine manière : le suJet mterrogé fait part de son introspection, il décrit ce qu'il ressent; puis, on_,modifie l'excitation, on modifie sa nature, son degré, son siege, ses concomitants et on recherche quel est le nouvel état de sensation qui résulte de cette modification ~ t. Tantôt on ex érimente pour contrôler· et v,éi:ifi.er, en vertu d'?n. raisonnement tacite, une hypothèse anterieurement ~t pr~visoirem~nt échafaudée. Quelquefois, c'est la nature qm, faisant varier les phénomènes dans une rencontre assez rare de circonstances, s'est chargée des frais de l'expérimentation et l'offre t~:mte faite {troubles psychiques à la suite d'accidents ou de maladies); il su'mt d'y être atte~tif_ et d'en tirer parti! pouryu q.u~ le savoir-faire et le savoir-vivre du savant parmi les faits, 1 aient rendu circonspect, sagace et diligent. Il fa~t sign~ler ~ncore les expérimentations facilitées par les opérations ch1rurg1cales. Prévenons sur-le-champ une équivoque trop aisément exploitée. L'expérimentation a pour patient le sujet vivant, le composé, homme ou bête. De la bête on peut conclure à l'homme par l'emploi convenable et correct de l'argument d'analogie. Sur l'âme comme ~elle, ,inaccessible ~u conta~t proprement dit, l'expérimentat10n na pas de prises, est-11 besoin de le dire 1 La méthode expérimentale a nécessité la création et l'agen• A.

BINET,

Intrnduction à la Psycholugie expérimentale, ch. rr.

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cernent de laboratoires dotés d'un outillage qui s'augmente et se parfait chaque jour : appareils graphi9ue~ d'enregistr.~ment, électriques, de poids, de mesure, d'exc1tat10n etc., qu 11 faut se contenter de signaler ici, sans plus, dans un cours ou un ouvrage élémentaire de psychologie. Mentionnons encore les suggestions hypnotiques. D'ailleurs, à ce moment de sa_méthode, la Psychologie physique devient de plus en plus spéciale, et la division du travail poussée à son maximum, jusqu'à d~s rarties infinitésimales, n'est plus marquée que par des traits imperceptibles; au surplus, cette Psycholo$"ie q?i prend alors le not? de psychophysique et de psychophys10logie, ne peut et ne doit s·enseigner qu'au laboratoire, sur le vif. Nous ne nous défe_ndrons pas toutefois d'utiliser quelques résultats avér~s, frm_ts de ce récent rameau de la science, nous postant à m1-c_hemin entre les enthousiastes présomptueux de cett~ « umque » Psychologie et les détracteurs défiants ou arriérés de ses « jeux savants ». . . . , Ajoutons qu'à cette phase, dite rnductive, de la meth?de scie'ntifique, au terme de laquelle l'esprit se trouve en possess!on de lois ou encore de causes, succède une phase de déduct10n pure et simple; le terme d'arrivée devient p~incipe et poi!lt de départ, et l'on peut légitimement en exprime~, par_ voie de raisonnement, tout ce qu'il contierit de conr.lus10ns virtuelles. Ainsi, à un nouveau point de vue, la D?éthode, ~otale de la Psychologie doit être appelée analytique et syntl1etique. Quant à la Psychologie métaphysique, sa méthode est plus simple et plus directe : elle suppose 1° ~es faits et 2° des principes intellectuels. Par r~pport ~ux fa1ts, elle profite d<'s conclusions de la Psychologie pl1ys1que et des scien~es naturelles, et elle observe pour son propre comp_te. Pms, à la lumière de premiers principes rationnels, rétl~ch1e et ce~tuJ?lée par les conclusions naturelles ou d'or:dre phys~que dont 11 vient ct'être parlé, elle suit, dans la voie du raison_nement, une double direction - tantôt progressive et analytique, _en concluant des effets connus à la natu·r e des causes proport10nn6es, des phénomènes à la substance, et des propri6tés à l'essence qu'elle symbolise par une définition - tantôt en sens opposé, synthétique et régressive : elle projette alors son foyer sur jes connaisances acquises à la précêdente étape et sur des rapports nouvellement aperçus. Les principes inte_llectu~ls qu'elle ~dopte conjointement avec les faits, sont premiers, s1~ples, évidents, connaissables dans leurs termes; elle les reçoit tout formulés de la raison spontanée, ou renforcés et épur6s par la _raison critique. Ces principes sont pe_u nombreux,. t~ls celui de la contradiction impossible, et celui de la causahte dans sa f?rme première et dans ses variétés dérivées t; ~l n'est pas de science d'ailleurs qui ne les emploie, qu'on le vemlle ou non.

p. 20. • M. Th. Coc:oNNIER, L'A me humaine, p. 15-16; p. 123 et suiv.


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ùtilitë de la Psychologie - L'étude de la Psychologie, on en a fait depuis bien longtemps la remarque 1 , paraît servir utilement à toutes les parties de la science : elle leur offre d'insignes avantages. On ne peut parvenir à une connaissance parfaite des sciences de la morale, sans avoir approfondi le secret rles puissances de l'âme que doivent orner les vertus. Socrate a fondé la Morale scientifique, en lui donnant pour condition l'observance du précepte fameux : « Connais-toi toi-même ». En son « moi », comme individu, il faut apprendre à connaître aussi les autres, et en définitive l'homme. Sans la Psychologie, on méconnaît cette autre condition de la morale, qu'est la liberté, comme aussi l'usage des émotions passionnelles, l'acquisition, l'enracinament ou la force de l'habitude, l'influence des convictions intellectuelles sur la volonté libre, les ressources et la valeur de l'effort volontaire, etc ... La Psychologie s9rt à l'ensemble des sciences naturelles, puisqu'elle complète leurs recherches sur les corps de la nature, parmi lesquels il en est un grand nombre de vivants, l'âme étant source et principe de changement dans les êtres animés. Des arts, telle la médecine thérapeutique pour n'en citer qu'un, peuvent trouver un certain profit dans les analyses psychologiques. Quant à la Métaphysique, il nous est impossible de parvenir à une connaissance scientifique des réalités divines, sinon par les documents que nous acquérons gràce aux efforts et â la considération réfléchie de notre intellect humain 2. Nous devons signaler ici les avantages à tirer de la Psychologie pour l'étude raisonnée de la Grammaire, à cause des rapports de la pensée et de son signe ou substitut qui est le langage parlé ou écrit 3 ; pour la recherche des bases sur lesquelles peut être fondée une réforme de l'orthographe, en tenant compte de ce qu'on appelle types visuel et auditif dans le fait psychique de la représentation cognitionnelle ~; pour l)nterprétation des œuvres littéraires 5 (psychologie de l'invention, de la métaphore, du symbolisme, des passions, etc ... 6). Enfin, la Pédagogie, sous l'influence de la Psychologie, peut s'élever à la dignité et à la noblesse d'un art, et, par conséquent, aspirer à cette espèce d'infaillibilité qui y est contenue 1

ARISTOTE, de l'Ame, li v.

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S. THOMAS, de Anima I. I lect. l ; C. Gentes I. c. 97. A. VINET, cité par E. RAMBERT, Alexandre Vinet, I. p. 35.

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I.

ch. 1

4 V. EGGER, L'orthographe devant la Psychologie. H.evue internationale de l'enseignement, 15 juin 1900. G JÉRUSALEM:, Die Psychologie in Diensle der Gramma tik und Inlei·pretation. Wien, 1896. G Paul JANET Les Passions dans la littfrature du XVIIe siècle: M etaph'!Jsique et Psychologie I. Introduction. Leçon x1x. ·

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quand il est fermement possédé, co~me aussi à la prornpti_tude, la facilité, la joie dans l'action qu'il confère. C'est par _la q,ue l'art pédagogique se distinguera nettement d'un savoir-faire purement empirique même rempli de finesse, de tact et de cœur, parce que, tout en revêtant ces d~rnières quali,tés, il diminuera la part de l'incertain, du contmgent et de 1 a peu près, dévolue à toute œuvre d'i_nstruction ~t_d'.éduc~tion _1.. Division de la Psychologie. - 1° Division didactique et matérielle de ce manuel. Le cours est divisé en deux livres, conformément à la distinction de la Psychologie physique et métaphysique. Chaque Hvr~ est sous-~ivisé en pa_rt_ies, los parties en .sections, les sections en chapitres, les chavitres en articles. 2° Division formelle et objective. Le Jer livre traite d_ans une première partie, de Psychologie p~ysique g1nérale; ~1 Y est question de la vie et de son principe générique et différentiel, commun à tout vivant corpor~l 2• • Dans la deuxième partie, ~ous traitons _l~ Psychologie ~hy~ sique spéciale. Des deux sect10ns, la premiere est consacree a la Psychologie de la vie végétative; il y a en effet dans la bête et dans l'homme des faits qui, dans la plante, relèvent d'un principe primord~l déterminé. La deuxième section comporte la Psychologie de la vie sensitive : il y ~· dans 1'~1omm~, une activité complexe, r efusée ~u végét~l, mars r épartie.aussi, à des degrés divers, chez le vivan t qu on nomme la bete ou plus instamment l'animal. . . . Le ne livre est affecté à la Psychologie métaphysique : aprcs avoir plus spécialement étudié, soit les faits propres et réser~és à l'àme humaine soit la nature de cette àme, ses pouvoirs, son origine, sa a'estinée, ses co_ndi~ions d'union a 13: matière, on est à même de connaître scientifiquement, du pomt de vue psychologique, l'homme simplement dit.

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La lecture à l'école primaire (Suite.)

Quelle méthode convient-il d'adopter quand on explique un texto 1 En voici la teneur : 1° Situer le texte dans le temps ; 2° L'étudier dans son fond ; , Sur cette question que nous ne pouvons développer ici, voir les specialistes et nolamment G. CoMPAYRÉ, Notions élementaires de Psychologie 1re partie p. 8-10. . 2 S. THOMAS, de Ani mal. 1 lect. 1. In quolibet genere ,. elc .. .


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3° L'étudier dans sa forme; 4° Apprécier quelquefois, mais toujours brièvement, sa valeur esthétique; 5° Insister longuement sur sa valeur morale. 1. Situer le texte dans le temps. - Le texte ayant été lu par le maître et relu par les élèves, il y a lieu souvent de le situer dans le temps, en indiquant brièvement à quelle époque il fut écrit et quel en est l'auteur. Nous disons souvent I non pas toujours. Sans penser le

moindre mal des écrivains qui signent Guichard, Jacquier, Porchat, ou Reyre, il ne nous semble pas qu'il importe aux jeunes élèves de savoir quels ils sont. La chose est déj à différente, si nous avons affaire à quelque talent, comme Florian 1 ou Rollin. Elle devient capitale, si le morceau qu'on explique est d'un grand écrivain, comme La Fontaine, Buffon, Fénelon ou Lamartine. Nbus le disons en commençant : c'est une des tâches de l'instituteur de faire connaître et de faire aimer aux enfants les noms glorieux du pays. Les grands écrivains n'ont pas moins de droits à ce titre que les grands capitaines, les grands savants, les grands bienfaiteurs. Mais prenons garde ici que nous côtoyons .un écueil : il ne faut paii,. tomber dans l'histoire littéraire, encore moins dans la critique. Il faut présenter aux en(ants les grands écrivains d'une manière concrète par quelques particularités biographiques, par quelques anecdotes caractéristiques.

Si nous avions à faire connaître à des enfants pour la pr emière fois le nom de La Fontaine, nous leur parlerions à peu près ainsi : - « La Fontaine est un grand p0ète français, qui vivait il y a environ deux cent cinquante ans. (Nous nous garderions bien d'employer l'expression trop abstraite de « xvne siècle».) Pendant plus de soixante ans, il a vécu d'une vie en apparence oisive. Il se promenait constamment dans la campagnA, regardant tout autour de lui, examinant d'un œil curieux les champs, les plantes, les arbres, les bêtes, les paysans qu'il rencontrait, s'asseyant quelquefois pour rêver près d'une source ou d'un ruisseau. On raconte qu'un jour il suivit, plusieurs heures durant, un convoi de fourmis. - Mais alors, il n'avait rien à faire, c'était un paresseux? - Oh! non, c'est justement parce qu'il avait observé toutes ces choses, quïl a composé de jolies fables, fort amusantes et très utiles pour les petits enfants. On croyait qu'il perdait le temps : il l'employait à bien étudier les animaux pour les peindre ensuite dans ses fables tels qu'ils sont dans la nature, et pour nons donner par leur bouche des leçons de travail, de sagesse et de vertu. » · Voici comment nous présenterions Buffon. - « Mes enfants, Buffon n'est pas seulement un grand écrivain, c'est encore un grand savant. Il vivait près de nos frontières suisses, en Bour-

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rrogne, il y a cent cinquante ans. Tout d'abord, il avait le goùt ctes longs calculs très compliqués, très difficiles, qu'on appelle mathématiques. Mais le roi Louis XV l'ayant nommé directeul' d'un grand jardin qui contenait beaucoup d'animaux et de plantes, il se passionna bientôt pour ses nouvelles fonctions. Il consacra le reste de sa vie à l'étude de ces plantes et de ces animaux, et les décrivit dans un grand ouvrage en plusieurs volumes, l' Histoire naturelle. On dit que, lorsqu'il travaillait, il faisait toilette, mettant son bel habit et ses manchettes de dentelle. On s'en est beaucoup moqué. On a eu tort : c'est le signe du respect qu'il avait pour la science et pour son métier d'écrivain. Apprenez de lui, mes enfants, qu'on n'a jamais pour la science trop de vénération. » Il. Etudier le texte dans son fond. - Après avoir donné ces quelques renseignements sur l'auteur d'où le texte est tiré, on aborde l'explication en commençant par l'étude du fond. Si l'on excepte quelques scènes empruntées aux classiques et qu'il faut rattacher à l'ensemble dont elles font partie, les morceaux qu'on explique dans nos écoles forment un tout distinct: on n'a donc qu'à les considérer en eux-mêmes. La première chose à faire, c'est de dégager l'idée fonda-· mentale, d'indiquer nettement ce que l'auteur a prétendu mettre en lumière. L'idée ainsi dégagée, on montre comment il la développe, en marquant avec toute la précision possible les diverses parties de la composition Prenons un exemple, la fable de La Fontaine intitulée : La laitière et le pot au lait. C'est une fable de difficult6 moyenne.

Nous adressant à des enfants après avoir lu le _morceau, nous leur dirions : «: Vous avez 'là l'llistoire d'une paysanne qui voit les rêves de sa folle imagination s'évanouir au · moindre accident : voilà l'idée générale. » Puis, passant au développement de l'idée, nous leur ferions reconnaitre dans ce récit quatre parties successives: 1° la marche de Perrette vers la -:me;_ 1° les cinq projets de la laitière et son bonheur; 3° la dés11lus10n de la pauvre femme, et 4° la morale. Et après la recherche des idées accessoires qui développent chacune de ces quatre parties, les élèves peuvent lire au tableau noir le plan qu'a suivi l'auteur. Le voici : I. Exposition : Marche de Perrette vers la ville : 1° Pot au lait bien posé sur sa tête. 2° Assurance d'arriver sans encombre à la ville. 3° Sa démarche dégagée. 4° Sa mise légère. IL Nœud: Projets de la laitière et aon bonheur: 1° Projet d'acheter un cent d'œufs. 2° Projet d'élever des poulets. 3° Projet de se procurer un porc. 4° Projet de l'engraisser. 5° Projet rle le vendre pour acheter une vache et son veau.


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6• Elle saute de joie. III. Dénouement: Désillusion de la pauvre femme: 1° Le lait tombe. 2° Rêves évanouis. lV. Moralité : Rien ne sert à se promettre un brillant avenir, si l'on no sait pas profiter du présent. N'insistons pas trop longuement sur cette partie de notre tàche. Il est bon cependant de ne point la négliger. Il est fort utile que l'enfant sache, au moins sommairement, comment un écrivain compose, ne fût-ce que pour apprendre tout doucement, presque sans effort, à composer lui-même. En appelant son attention sur la manière dont un auteur développe une idée, on prépare dirtJctemont le travail si délicat de la composition française. (A. suivre.) *** • ~ e $e o - - - -

L'INSTRUCTION PUBLIQUE AU TEMPS DE LA ROME DES PAPES (Suite.)

Nous avons parlé des écoles dirigées par des maitres laïques; nous étudions aujourd'hui les Etablissements congréganistes. Saint Josepll Calasance tient incontestablement une des premières places parmi les éducateurs des classes populaires. Venu d'Espagne à Rome, en 1592, première année du pontificat de Clément VIII, il se distingua par sa science éminente; le célèbre cardinal Marc-Antoine Colonna le choisit comme conseiller intime et théologien. Membre de l'archiconfrérie des Saints-Apôtres établie en vue de distribuer des secours aux pauvres, Joseph Calasance, tandis qu'il remplissait ses fonctions avec un zèle infatigable, acquit rapidement l'expérience que l'ignorance est, avec l'oisiveté, la mère féconde de la misère et du vice. Il avait, en effet, déco uvert un grand nombre de garçons délaissés .d ans les rues par leurs parents occupés à ga.gner çà et là leur salaire. Il se convainquit aussi que l'instruction catécllétique dominicale ne pouvait étendre son influence à une semaine tout entière; les bonnes impressions reçues dans ces jeunes àmes s'effaçaient rapidement au contact des compagnons dissipés, au milieu du vacarme et des jeux des places et des carrefours. Ces petits Romains étaient en train de devenir, au XVI 0 siècle déjà, ce que les Genevois du xxme siècle appellent chez eux des pirates de rues. Il y avait bien à Rome les maîtres des écoles régionnaires, qui recevaient alors de moclestes honoraires. Ils se montraient peu di:;posés à accepter, sans une augmentation de traitement, ces espiègles abandounés.

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Plusieurs propositions faites par Calasance au Sénat, aux .Jésuites et aux Dominicains, restèrent sans résultat imm6diat. La pauvreté du Trésor d'une part, les règlements du Collège romain, qui n'admettait que des enfants sachant lire et écrire, les Constitutions approuvées en vue de buts essentiellement différents, d'autre part, furent les motifs all6gués par les uns et les autres. Notre futur saint avait au moins fait accepter son projet et reçu de chaudes félicitations. En face dléls pressants besoins dont il était le spectateur quotidien, .Joseph Calasance se mit à l'œuvre. Sou3 le patronage et avec le concours du Sénat, il ouvrit la première écolo gratuite à Sainte-Dorothée au 'frastévère. Le curé de cette 6glise lui offrit des locaux et devint son collaborateur. Nous ne suivrons pas saint Calasance dans les nombreux travaux de son infatigable apostolat et de son zèle ardent. Ce savant jugé digne et capable de conseiller et de guider les princes de l'Eglise à une époque difficile, trouve tout son plaisir à se consacrer, au retour, au bonheur de malheureux enfants qu'il arrache à l'ignorance, au vice et à la misère. 1 Après le curé don Brendani, deux autres confrères se joignirent au fondateur. Comme l'œuvre de l'instruction populaire est un acte de piété et la meilleure pratique de la p hilanthropie, la nouvelle institution reçut le nom d'Ecoles pies ou Scuole pie, d'où est venue, par abréviation, l'appellation de Scolopes, sous laquelle sont c_onnus les disciples de J. Calasance. Les matières du programme se distribuent comme suit : catéchisme, lecture, écriture, arithmétique, etc. Le matériel est entièrement gratuit. La mort enleva à Calasance son ami Brendani, et l'extrême fatigue de ses deux autres collaborateurs les éloigna de l'école. Le maitre s'entoura, à ses propres frais, de nouveaux auxiliaires ; il jeta plus tard la base d'une union de prêtresinstituteurs et fut lui-même établi supérieur avec le nom de préfet des Ecoles pies. Fait remarquable, l'apôtre des abandonnés reçut, dans ses écoles, un grand nombre d'enfants juifs; bien plus, il désapprouvait et condamnait hautement· dans ses prédications l'habitude barbare qu' avait. une partie du peuple de mépriser et de railler les Israélites. Le nombre des élèves s'éleva à plus d'un millier ; des écoles pies furent établies dans plusieurs quartiers, au palais Vestri, au palais Cenci; en 1746, au Collège Calasance fondé en l'honneur du maitre, puis près de San Pantaléon, à Saint-Laurent au Borgo. Divers bienfaiteurs et la Chambre apostolique - Ministère 1

Consulter pour les détails : Vie de Saint-Joseph Calasanee ;

1. Timon-David.

2. Tosett1: P. U. Vitn, di S. Gi useppe Calasanzio ;

:3, Les archives de la Congrégation des Etudes.


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des Finances -:- dotèrent les établissements de Scolopes. Le programme rev1sé et étendu embrassa l'enseignement primaire co_~plet et l'enseignement secondaire inférieur, soit les prem10~es cl.asses de nos gymna~es modernes: En 1868, les Scolopes ava10nt a Rome deux étabhssements prmcipaux : l'un à San Pantaléon avec 200-250 élèves, l'autre à Saint-Laurent in Borgo avec 150-200 élèves. Quant au courageux fondate_ur, chacun sait que .Joseph Ca_l~sance, orné des dons des miracles, de prophétie, de l'intmtwn des consciences, mourut le 22 aoùt lo48. Il avait refusé les plus grandes dignités ecclésiastiques afin de se donner jusqu'au dernier instant à ses chers malheureux. Benoît XIV le béatifia et Clément XIII lui décerna les honneurs des saints. Il nous reste à parler des Pères de la Doctrine chrétienne des Frères des Ecoles chrétiennes, des Frères de Notre-Dam~ de la Miséricorde. Nous ferons ensuite brièvement l'histoire des Ecoles paroissiales. Ce sera la matière de nos prochaines notes. ( A suivre.) Dr F. SrNGY.

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LE MUSÉE SCOLAIRE La question du Musée scolaire a été mise à l'étude et discutée dans plusieurs de nos conférences régionales. MM. les instituteurs Saut~ux à Posieux e_t, Tinguel_y à Ependes ont présenté, sur cette importante matrere, de tort bons rapports que j'ai consultés pour élaborer le petit travail que je me permets de présenter aujourd'hui. Chaque clas_se doit être 'f!.ou_rvtf,e d'un ~usée scolaire. Il y a deux an_s déJà que la Soc1éte fr1bourgeo1se d'éducation -tirait la co~clus10n précédente du rapport qui lui était présenté et je n'hésite pas à demander aujourd' hui : Quelles sont les écoles q~i possMen~ les collections désirées t? Il est vrai qu'il est bien plus facile de désirer un Musée scolaire que de trouver le moyen de s'en procurer les différents éléments. Ici comme dans beaucoup d'autres cas, il faut se mettre réwl~ment à l'œuvre. ' Voici les écoles qui, dans la Sarine, possèdent actuellement un Mus~e scolaire: Ependes, g.; Essert; Farvagny, f.; Marly, g. et f.; Noreaz, g. et f.; Posat; Posieux; Praroman, g.; Prez. D~ns d'au~res classes -. que nous nommerons plus tard - les Musees scolaires sont en voie de formation. (Note de l'inspectem·.)

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Nous aurions besoin d'un guide, et c'est précisément ce qui nous manque. Loin de moi la prétention de venir, par les quelques lignes qui vont suivre, combler cette lacune. Non, je me permets simplement de vous donner connaissance des différents procédés et modes de classement que j'ai suivis pour établir une petite collection scolaire. J'espère que plusieurs de mes aimables collègues suivront mon exemple. Ils nous fourniront des senseignements bien plus précieux et utiles que ceux que je vais donner.

De l'établissement du Musée L'arrangement des collections est une question plus ou moins subordonnée au goùt de chacun et surtout à l'emplacement dont on peut disposer. Il y a deux conditions essentielles à remplir : c'est qu'on puisse distribuer les échantillons dans un ordre méthodique et qu'ils soient à l'abri de la poussière. Les vitrines, les armoires ont pour grand avantage de permettre, d'examiner d'un seul coup d'œil un ensemble plus ou moins étendu; mais elles ont pour inconvénient d'occuper trop de place. Les meubles à tiroir sont, au contraire, les plus économiques d'espace et ce n'est pas un médiocre avantage, surtout lorsque la place disponible est restreinte. Mais, par contre, l'examen des séries ne peut s'y faire que successivement et beaucoup d'échantillons volumineux ne peuvent être rangés à leur place. On peut, du reste, adopter une combinaison mixte : des meubles à partie supérieure vitrée et à partie inférieure occupée par les tiroirs pour les séries classées. C~tte dernière combinaison est certainement préférable; car elle permet de disposer, dans les vitrines, les échantillons trop grands pour être placés dans les tiroirs. Les dimensions des meubles varieront suivant les salles de classe. Cependant, elles seront aussi grandes que possible. Modes de classement pour les différentes collections Dans les vitrines ou les tiroirs, les échantillons de minéraux, roches, fossiles, coquilles, etc... sont séparés par espèce dans des cuvettes en carton. Chaque boîte est pourvue d'une étiquette verticale qui peut être lue facilement. Le maîti·e doit fabriquer lui-même les cuvettes et les étiquettes. Les boîtes auront les dimensions suivantes : · Longueur 8 cm. - ~argeur 5 ½ cm. - Hauteur 2 cm. Il est évident qu'on peut en fabriquer de plus petites. Toutefois, il est préférable d'adopter un modèle unique et assez grand pour contenir des échantillons qui puissent laisser dans l'esprit de nos élèves une impression vraie, exacte et durable. Pour le rangement des cuvettes, l'instituteur placera de


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p_1,~its gradins à l'in~érieur de son armoire. Gràce à cette dispos1t10~, Il trouvera immédiatement l'échantillon dont il aura besom. , La collection d_ont nous venons de parler se range encore d une autre rnan!ère : On peut placer les minéraux, roches , etc ... sur un petit socle en bois portant l'étiquette sur l'une de ses faces. On fixe ensuite l'écbar.tillon au moyen de colle ou plutôt de fil de fer . On pourrait aussi fixer les minéraux sur des cartons. Cependant cette dernière méthode n'est pas rec?mmandable p_arc~ que l~s, échantillons se brisent p lus ta~1 le~ent lorsqu Ils viennent a etre heurtés accidentellement; pms. ils ne sont pas aussi faciles à examiner, et, lorsqu'on reçmt de nouveaux exemplaires d'une espèce, on est forcé de tou! décoller po1;1r_ adopter un n?uvel arrangement. Quel que smt le mode su1v1 par le collect10nneur il faut avoir soin de mentionner sur l'étiquette autant que po;sible : le terrain le nom, l'espèce et la localité où l'échantillon a été trouvé'.

Liquides Pour le classement et la conservation des corps liquides, le maitre devra employer des flacons en verre. La Maison Derrolle à i=:aris fournit pour ce genre de collection des bocaux qm sont tres r~com!Dandables. Ces derniers récipients sont plats et renflés mtérieurement, ce qui leur donne une grande surface t?ut . en étant d'une faible capacité. Pour les fermer, on emploie simplement de la vessie qui est mouillée légèrement et maintenue à _l'ai?e d'un fil quelconque sur l'ouverture. M. ~eyrolle fabrique. ces bocaux en 4 grandeurs différentes. Les prix en sont les suivants : N° 1 (56/27milim.) le cent fr. 10, la douz. fr. 1,30, la p. fr. 0,15 2 69/ 38 » » 11 » )1 1 40 » 0 15 3 87/45 » » 12 » » 1'55 )> 0'20 4 102/57 » •» 15 » » 1'.95 » o'.25 Je recommande spécialement l'achat de quelques douzaines de ces bocaux. La dépense ne serait pas bien considérable.

Graines !,,es gr~ines des diflérentes_ plantes (céré~les, pois, fèves, trefl~, c_afé, ~t? ... ) seront placees dans de petites boîtes vitrées tabnquees, 1c1 encore, par le maitre lui-même. Ces boites auront les dimensions suivantes : , Longueur 7 ½ cm. - Largeur 6 cm. - Hauteur 3 1/ cm. Elles seront munies d'un couvercle qui s'enlève f'a~ilement. l_-ln~ des, grandes_ faces de la boîte sera en verrd. Ces pièces très faciles a confecti_onner conviennent parfaitement pour le rangement de plusieurs collections. Tout en étant utiles elles sont très jolies : surtout si l'on a su adopter un modèle u'nique.

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Divers Pour le classement de plusieurs échantillons (cuirs, chanvre, lin, etc ... ) on emploie des cartons. Avant de commencer une collection dans ce genre, les maîtres feront bien d'aller visiter Je Musée pédagogique de Fribourg. Là, ils trouveront les magnifiques tableaux mu raux avec échantillons en nature, préparés par la Maison Deyrolle à Paris. (A suivre.)

.J.

CRAUSAZ,

inst.

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CORRESPONDANCE Conférence pédagogique de la Veveyse Le 7 juin la pittoresque cité de Châtel-Saint-Denis recevait dans ses murs le corps emeignant de la Veveyse, réuni au grand complet, sous la présidence de M. l'inspecteur Currat. M. Comte, rév. curé de Châtel, M. Chiller, directeur de l'Ecole secondaire, M. l'abbé Colliard et M. Cardinaux, professeur, honorent l'assemblée de leur précieuse et sympathique présence. M. le Président les en remercie et regrette, ainsi que tous les membres de la réunion, l'absence de M. le préfet Oberson, empêché par une grave indisposition. . Après la lecture du protocole, on passe aux différents tractanda. Etat des écoles. - L'organisation des classes et la composition des cours laissent beaucoup à désirer. Il y a certaines anomalies qu'il faut absolument faire disparaître. Un passage de 2 ans au cours inférieur et de 3 ans a u plus au cours moyen doit être en général suffisant. M. l'inspecteur a trouvé dans ses visites 256 élèves en retard sur un total de 1325. C'est beaucoup trop. En tenant compte des différents facteurs en présence, on obtient une moyenne du 19 % ce qui prouve un recul bien prononcé. A quelle cause attribuer cet état de choses? Sans doute l'alcool joue trop souvent ici son rôle de malheureuse hérédité, mais la défectuosité des procédés ou du travail de l'instituteur n'y seraitelle pas pour une bonne part? Il y a lieu de porter remède, sans retard à cette plaie de nos classes en stimulant ces écoliers stationnaires, peu doués quelquefois, paresseux ou délaissés le plus so uvent . On est encore inclin à négliger l'école pendant le semestre d'été. Que de soins et de sacrifices cependant ne demande-t-elle pas de la part du maître! Les jeunes élèves doivent lire pour le 15 nove mbre au p lus tard. La chose est possible puisqu'elle s'obtient dans la généralité des écoles. M. l'inspecteur déclare tenir compte de l'âge de l'enfant dans l'octroi des notes. Rien de plus juste et de pl us naturel, en efîet, qu'un jeune élève, appartenant à un cours supérieur, obtienne, avec · les mêmes réponses, une meilleure note qu' un condisciple plus âgé, mais faisant partie d'une section inférieure. D'autre part, il est évident qu'un écolier âgé de onze ans, par exemple, doit ou devra it


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répondre avec plus d'assurance ,1ue eelui qui ne compte que huit ou neuf printemps. Il découle de ces deux remarques que le maître qui garde, au delà de l'àge légal un bon écolier dans un cours inférieur ou qui l'y fait passer pour ie jour de la visite, dans l'espérance d'obtenir une meilleure moyenne, manque de loyauté et se trompe grossièrement en croyant tromper l'examinateur. Les maîtres et maîtresses sont priés de communiquer à M. l'inspecteur la liste de leurs élèves appartenant à chaque cours, avec indication du nom des parents ou du tuteur et de l'année de naissance. Ceux qui n'ont pas encore expédié la liste des nouveaux él èves (1895), l'enverront en même temps. A ce sujet plusieurs membres de la réunion font remarquer, avec raison, que si l'art. 22 de la loi reste parfois en souffrance, il faut en accuser quelques secrétaires communaux qui ne daignent pas transmettre à l'instituteur la liste en question à temps vou lu ou qui ne la communiquent pas du tout. C'est ce qui s'est produit cette année. Dans certaines écoles, on se montre trop faciles dans l'octroi des notes données en vue de la visite officielle. Les résultats obtenus ne permettent pas toujours à l'examinateur de faire concorder son appréciation avec celle du maître. 11 faut être moins généreux ou, pour mieux dire, plus juste. Les nntes de conduite et d'application doivent être données avec discernement et sévérité, mais sans partialité et surwut sa ns ressentiment; il faut qu'en tout temps l'instituteur puisse ju~tifier la raison d'être de ces notes. A propos de l'examen proprement dit M. l'inspecteur se déclare mécontent de l'attitude et des procé·jés de certains éducateurs. Ils in terviennent à tout propos, interrompent l'examinateur sans cause ni raison, vont, viennent, circulent dans les bancs à droite et à gauche en se permettant des indications ou même des corrections et bavardent sans relâche avec l'un ou l'autre des membres de la Commission. Ils deviennent agaçants, fatiguent ~1. l'inspecteur. et font preuve de beaucoup d'indélicatesse. Les feuilles d'examen ont été, en général, bien préparées. L'emploi des formulaires destinés aux élèves rocrutables est prohibé dans les visites d'école primaüe. Etat des branches. - La Bible aurait dû donner de meilleurs résultats. li faut, dans cette branche, attri buer le principal rôle à l'intelligence des faits et ne pas se contenter d'un exercice essentiellement mnémonique. L'enseignement des deux Testaments est tout autre que celui de l'histoire et doit reposer avant tout sur l'amour de Dieu et la piété. Il est utile de faire ressortir les rapports existant entre le catéchisme et la bible et de les indiquer par une annotation à la fin de chaque chapitre d'histoire sainte. · Lecture. - Dans les coul's inférieurs, 50 élèves ont été trouvés ne sachant pas encore lire; ils en étaient au syllabaire ou ânonnaient avec plus au moins de difficulté dans les premières pages du manuel. Cette proportion est trop forte et dépasse celle de 1901 (4! élèves.) Ce résultat est dû en partie du moins, a u peu de soin accordé aux débutants pendant le semestre d'été. Une légère amélioration est à signaler dans l es cours moyens. Cet enseignement devrait être plus intuitif; la leçon de choses doit to ujours précéder la lecture; la grammaire et la rédation ne viendront qu'en 3 01 c lieu. Ici les :viusées scolaires sont appelés à

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. les servw . es et M·. l'inspecteur espère beaucoup rendre d'rncontestab 1 : 0 1 cours supérieurs n'on t Je leur établissement dans toute\èes A part quelques classes 11s e. ~~ue de liaisons d'inflexions de o-uère brillé, si ce n'est pa\ e mdt ns la lecture ~ll l'on constate ~oix et même de ponctua ion '~ uleux et de' heurté. encore comptes rendus trop fidèles Il y aquelque toujourschose trop de de bo,urr~? rec1 a 10c~a.nis . et trop bien fai~s en sont la preu~~~erner la proposition princi_pale L'analyse log.1que app{et~1 f,idée principale des idée_s accesso1~es. des subordonnees, ou P ~ 1, 1 , ve s'attache à la pensee secondaire, Or, dans de sonc?te. .c~mpte re~ u,essee;tielle . Conclusion: l'analyse logique laissant l~ pensee paraît être negltgee. . 1 s sont bonnes ou passables; le plus Grammaire. - Quelq~es ef~ ~édiocrité. 11 y a trop d'hésitation grand nombre restent ~ans_ surtout la conjugaison par pr~podans l'analyse. La _conJ uga1s~?, tant de fois recommandé, la1s~e sitions, more_n fac1:e elt p~~;J~s~tion le verbe ne s'emploie jam i.s partout à des1rer. Dans a? . . cadré dans une phrase. Smseul, il se tr~uve, pour ams1. d~1;dee~u verbe que l'on appelle, non veillons et sOignons la c?nna1ss_ sans raison, l'âme et la ~rn du d1scou:s~ heureux de constater une 01·thographe. -. M. 1 mspe~leu{ranclle en faisant abstraction de sensible améliora~10~ _dans /e. e mble s>'arroger encore la part du quelques écoles ou l etour er~e b·~ués à relire leurs travaux et ont lion. Les élèves n'y sont pas l''~d~cation de leurs fautes les laisse si peu d'amour-pro_Pre que t . omment cet enseignement est insensibles. fl est. desolant de ~o~~ ~aprice du maitre tient heu de donné dans certames classes ou

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méthode. . . urs inférieurs, les résultats obtenus Composition. - Dans les co . M l'inspecteur avoue que le sont moindre~ 9-ue paf ,te t pas~t a quelque peu surpris les élè"._8S; 1 nouveau procede dont Ts ~ide d'examen la réussite peut etrc néanmoins, quel que so! e . ré aration 'a été bonne. . considérée comme certame, s1 l~ p p ramme comporte la connaisN'ou blions pas. non ·plus, qf~ \ pr~ii"ule dans les énumérations. sance de l'emJ?l?t du_ po1~t te . ed ~te d~ns les cours moyens_; ~ part Une petite ame l10rat10n s eS pro t ~ s d'ordre dans les 1dees et quelques exceptions_, ?n Y cons a e P1u la disposition des, alm~~s. . ler dans les cours supérieurs. Le même progres es s1~°:a , à l' ssemblée Les bonnes classes sont designefs t t~ l'année· qui suit la visite ll ne faut ~as do~ner duyan. ,ouce ·our-là. Le livre de lecture officielle les suJ~t~ qm ont étf tra\\~\ 1 fiut savoir et vou loir pu!ser est une mine precieuse dans ~,ue différents donnés dans la mcme en tout temps. Pl us1eur_s s~Je s 'bl séance rendent la cor;.ectwn impo~r les enfants qui vous sont Enfin ajoute M. l mspecteur, e e ré'udices. que toutes vos confié1c1 ~u-dessus du tteràre à ~ei~~~!tfi~ don{ l'instJu.ction n'est que leçons tendent surtou 1eu

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le co~plément ! 1 t't l dans les cours inférie urs, légère avance O Ec1·iture. - P u recu. st le bilan de cette branche. . . dans les deux autres cours . t~~ \ e tolérée dans les sections mfeUne écriture. fine ne. s~~ra~ rea \onsacrée aux débutants afin de rieures: Une au sea~cel spect1\_el'e~ploi de la ligne double. les habituer reg age e '


850 Caicui m·al. - Quelques cours supérieurs ont très bien reussi. Par contre, les cours moyens inférieurs ont fléchi. A quelle cause attribuer ce recul si ce n'est à l'ignorance de la table de multiplication. Le maître doit connaître d'une manière sûre le 2me cahier ùe calcul afin de savoir employer tous les petits moyens propres à un enseignement profitable. Calcul écrit. - En général les cartes ont été jugées trop difficiles ce qui n'a pas empêché la réussite de quelques bonnes écoles. M. l'inspecteur a tenu compte de ces diffi cultés, surtout dans les cours de filles. Les cartes Reinhard ne peuvent être employées à l'école primaire; elles ne sont nullement en rapport avec les séries que nous avons entre les mains. Laissons-les aux recrutables pour les exercices de récapitulation. Le maître peut se créer lui-mêm-e des cartes graduées avec des problèmes tirés des 3me 4me et 5me cahiers. Il serait à désirer que l'on en imprimât nne série à l'usage de nos écoles. En résumé, cette branche est en progrès et M. le président espère une marche toujours ascendante. Géographie . - Quelques bonnes écoles dont les notes ne peu vent compenser le recul général : telle est la situation de cette branche. Les trois régions de la Suisse ne sont pas assez connues. Les différentes chaînes de montagnes et leurs sommités, les rivières et les vallées sont trop souvent confondues et forment un vrai labyrinthe oü se perdent la plupart des élèves. 11 y a toujours trop d'hésitation dans la description d'un canton; il faut suivre un canevas, toujours le même; celui dont s'est servi la manuel lui-même. Dans les cours moyens, on connaît mieux les généraliLés ùe la Suisse que son canton, ce qui a lieu d'étonner quelque peu. La partie géographique du cours moyen sera révisl'\e. Histoire. - Cette branche a pris le pas de la géographie. Le manuel Fragnière et Koller n'est plus de saison et doit être laissé de côté. Servons-nous de nos livres actuels; on a fait ùe récentes découvertes historiques dont ces recueils ont profité; ùe plus, les faits y sont présentés sous un meilleur aspect bien que difiérent. lnst1·uction civique. - Cette partie du programme reste stationnaire. Le maître est trop vite content des réponses de ses élèves et ne suit pas assez le manuel. Les tableaux: synoptiques sont nécessaires. M. le président recommande l'élaboration et l'emploi d'un questionnaire. Enfin il faut observer qu'il est en droit d'exiger des élèves ùemandant leur émancipation tout le programme des branches nationales et même de la Bible. Chant. - A quelques exceptions près on ne tro uve touj ours pas de plain-chant et peu de théorie. Les morceaux demandent à être mieux étudiés. 11 ne faut rien changer à h mélodie qui doit être chantée telle qu'elle ~st écrite. BuRLET, Alphonse, secrétaire.

-·=·On dispose de son caractère quand il est fle xible; qu and il est faible, il est à la disposition de tout le monde.

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Chronique scolaire France. - L'exécution du récent décret de M. Combes, ministre de l'Intérieur, ordonnant la fermeture dans le délai de lrnit jours de 2500 écoles libres tenues par des congréganistes, a soulevé d'indignation la conscience publique. A Paris et dans plusieurs villes, les agents du pouvoir ont été accueillis aux cris de : Vive la liberté! A bas les tyrans! Arménie. - Dans une école d'Erzeroum se trouve une fort intérèssante carte géographique de l'an 1640. Elle représente les deux hémisphères. Les intervalles et les angles de la carte sont occupés par des fig·ures :1.llégoriques parfaitement exécutées. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette' carte, c'est le dessin assez parfait du cours supérieur du Nil et de la r{)gion des grands lacs. Vers le milieu du XVIl0 siècle, on avait donc sur les origines du Nil des connaissances presque aussi certaines qu'à notre époque, après les grandes explorations de l'intérieur de l'Afrique. Confédédtion. - Dans une conférence qui vient d'avoir lieu à Berne, les directeurs cantonaux de l'instruction publique ont entendu un rapport de M. Munzinger, député au Conseil des Etats, sur les subventions de la Confédération à l'ôcolo primaire. Au cours de la discussion, MM. Python et Wirz ont déclaré adhérer en principe aux décisions du Conseil national, tout en se réservant de revenir, dans la Commission du Conseil des Etats, sur la proposition Curti. La conférence a insisté sur la nécessité de reviser le règlement des e:itamens des recrues, qui date de 1879, et la majorité des participants s'est déclarée pour le maintien de l'inscription des votes pédagogiques dans le livret de service. Schwyz. - Le Theresianum d'Ingenbohl, dil'igé par les Sœurs de la Sainte-Croix, a clôturé ses cours, le 31 juillet, après deux jours d'examens. Le programme de ces derniers jours ne comptait pas moins de 14 productions musicales et poétiques. L'Institut a été fréquenté par 175 élèves, dont 26 ont suivi les cours de l'Ecole normale française. L'ouverture de la prochaine an née scolaire est fixée sur le mardi, 6 octobre. Fribourg. - Mercredi, 23 juillet, Mgr Pellerin, vicaire général, a présidé la distribution des prix au pensionnat de Sainte-Ursule. Les élèves ont réjoui l'assistance par des chants exécutés avec beaucoup de goût.


XXXIe ANNÉE -

Durant l'année scolaire 1901-1902, les classes du Pensionnat ont réuni 240 élGves et l'école frœbélienne 50. Le compte rendu que nous avons sous ·les yeux constate le développement de l'écol~ frœbé!ienne, si appréciée des familles et si agréable aux Jeunes enfants. La section commerciale, établie il y a quatre ans, a compté 17 élèves, toutes étrangères au canton de Fribourg. La rentrée du Pensionnat est fixée au 29 septembre et l'ouverture des cours au 5 octobre. - . Collège Saint-Michel. - Le Collège a clôturé l'année scolaire 1901-1902 le samedi 26 juillet dernier. La distribution des prix a eu lieu à la grande saHe de la Grenette. Elle a été rehaussée de la présence de NN. SS. les évêq ues Deruaz et Paccolat, de Monsieur le Directeur de l'Instruction publique l'it de M. Charles Weck, conseiller d'Etat. Dans son rapport, M. Jo recteur Jaccoud a constaté que les cours ont été su ivis par ::l92 élèves, chiffre qui n'a jamais été atteint les années précédentes . .- . Ecole normale. - Lundi dernier, 28 juillet, la Comm1ss10n des Etudes a procédé aux examens qui couronnent la fin _d u semestre. Les assistants ont vivement regretté l'absence obhgée de M. Python, chef du Département de l'instruction publique, empêché d'assister à la cérémonie de la distribution des prix. A cette occasion, M. le Directeur Dessibourg a lu un rapport documenté dans lequel il a relevé le nombre des élèves qui ont fréquenté l'Eco!e pendant l'année scolaire écoulée, la bonne marche de l'établissement et les améliorations désirables qui sont à réaliser. A la fin, Mgr Esseiva a bif'n voulu adresser une vibrante allocution, dans laquelle il a félicité les lauréats et donnô de précieux encouragements aux maîtres et aux ~lèv_es. Au mo~ent où le Bulletin va paraître, 13 aspirants rnshtuteurs subissent devant le jury cantonal l'examen en vue de l'obtention du brevet de capacité. -

:N'0 16.

15 AOUT 1902

352 -

Ecole seèondaire des jeunes filles de la ville de Fribourg.

- En tête du catalogue-programme de l'Ecole secondaire des filles figure un compte rendu fort intéressant de M. le chanoine Quartenoud, directeur, présenté aux autorités cantonales et communales le jour de la clôture des cours, le 28 juillet. On y trouve aussi un rapport semé d'éloges de Mme CoradiStahl, inspectrice fédérale, sur les cours de coupe de confection, de cuisine et de lingerie. ' L'année scolaire 1902-1903 commencera le 29 septembre et l'examen des nouvelles élèves aura lieu le même jour, à 9 b. ~

On est toujours petit quanù on n'est granù que par la vanité.

je <§ulletin pédagogique L'Ecole primaire ORGANE DES SOCIÉTÉS FR/BOURGEOISE & VALA ISANNE D'ÉDUCA T/O N et du

Musée pédagogique

paraissant les i" et 15 de chaque mois ABONNEI\IE.'ffS ll· A:\'NOî\"CES .\1. OF.ssmounr., Dircclcur de l'Ecl'lle normale de rJauterive~ près F,·ilJourg .

lmpl'imer ie cntholîquo. Crnucl'Rue. 13. M. E . Gnr.~1Aun1 secrétAil'c, i'.1 FrilJ<n11·g.

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SOMMAIRE : La nou1,elle carte de , la Suisse . -'--- Deuœ mots de

réponse. - Réflexions d'un jeune instituteu1·. - Leçon clc géographie . - Correspondance. - Chronique scolaire. _ - A1, is officiels. - Con,q rès Maria l.

La nouvelle carte de la Suisse Sous le même titre déjà, cette revuA a exposé les nombreuses études exigées pour l'établissement de la uouvelle carte de la Suisse et a montré les difficultés sérieuses vaincues par le zèle et la persévérance des collaborateurs pour mener à bonne fin l'importante entreprise. L'instituteur, dont l'une des préoccupations constantes doit être d'enrichir son mobilier scolaire, aura accueilli aussi avec joie la nouvelle de la distribution gratuite de cette carte à toutes les écoles publiques où la géographie figure au programme. Dans bon nombre de classes, maitre et élèves ont maintenant la carte sous les yeux; il ne sera donc pas déplacé d'en faire ressortir ici les nombreux mérites techniques et pédagogiques. La carte est dressée à l'échelle de 1 : 200000; elle mesure à l'intérieur de l'encadrement 185 cm. sur 12\J cm. soit une surface de 222. dmq. totalement employée à la représentation du terrain. La moitié environ de cette étendue - 103.5. dmq. -


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